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La juriste française Sophie Lemaître publie Réduire au silence, un livre dans lequel elle décrit « comment le droit est perverti pour bâillonner médias et ONG » dans des régimes autoritaires… mais aussi dans des démocraties comme la France. Sophie Lemaître, docteure en droit, dépeint un phénomène mondial, le lawfare, qui menace gravement la liberté d'expression et l'espace civique. Si ce concept vient du domaine de la guerre, il « se transvase très bien pour tout ce qui est atteinte à la liberté de la presse, à la liberté d'expression et à la liberté d'association », explique-t-elle. Elle qualifie cette pratique d'« arme de dissuasion massive parce que le droit n'est plus à nos côtés, il est utilisé contre nous, contre la liberté d'informer et notre droit d'être informé ». Les cibles sont clairement identifiées : les journalistes et les défenseurs des droits humains. La stratégie est simple : « à partir du moment où vous travaillez sur des sujets qui dérangent des intérêts puissants, qu'ils soient politiques ou privés, on va utiliser le droit pour vous réduire au silence ». Les « poursuites bâillons » ou SLAPP (Strategic lawsuits against public participation) sont emblématiques de cette tactique. Leur objectif premier n'est pas de gagner le procès, mais d'« épuiser financièrement, émotionnellement, personnellement » la cible. Ainsi, dit-elle, « c'est la procédure qui vous étouffe ». La diffamation est la procédure la plus couramment travers le monde. Son danger réside dans le fait que « dans plein de pays, la diffamation est criminalisée. Donc, on peut avoir une une amende, mais on peut également aller en prison. » L'effet est « vraiment dissuasif. (...) Est-ce que vous allez continuer à écrire sur la corruption ou sur les atteintes dans l'environnement ? Vous allez peut-être vous poser deux fois la question avant de publier un article ou une enquête sur le sujet. » Sophoe Lemaître cite l'exemple du groupe français Bolloré qui a déposé « une vingtaine de plaintes en diffamation » dès qu'un article « pouvait déranger ». Les poursuites transfrontalières, où la plainte est déposée « non pas dans le pays dans lequel le journaliste vit mais à l'étranger », amplifient la difficulté : « Vous ne connaissez pas le pays, vous ne maîtrisez peut-être pas la langue. Clairement vous ne maîtrisez pas le système judiciaire. Donc ça va vous obliger à devoir trouver un avocat spécialisé et ça va vous coûter beaucoup plus cher. » Les États ne sont pas en reste. « Ils ont tout un arsenal disponible qu'ils peuvent utiliser contre les médias et les associations. » Les lois sur les « agents de l'étranger » en Russie, en Hongrie ou en Géorgie en sont un exemple typique. Les avocats qui défendent des journalistes deviennent eux aussi parfois des « cibles prioritaires ». Face à ces menaces, Sophie Lemaître souligne l'importance de la riposte et de l'union. Elle mentionne la « directive européenne contre les poursuites bâillons » comme un pas significatif. Pour les citoyens, l'action est cruciale : « une première chose que l'on peut faire, c'est de repartager quand vous voyez des enquêtes de journalistes, repartager leurs enquêtes. [...] alertez, parlez-en autour de vous. » Elle conclut sur le « sentiment d'urgence » qui l'a fait écrire ce livre : « On est à un point de bascule. On peut très facilement aller du côté d'une démocratie illibérale ou une autocratie. » Il est donc « essentiel de se mobiliser, de soutenir les associations, les journalistes, mais aussi les magistrats qui sont ciblés ».
Au terme d'une intense journée politique et sociale… avec d'un côté la passation de pouvoir à Matignon entre François BAYROU et Sébastien LECORNU, un fidèle du président ; et de l'autre des blocages et des tensions un peu partout en France… Alors que nous racontent ces deux images qui viennent se percuter ? Comment sortir du blocage, à tous les sens du terme ? On en débat avec nos invités : ▶︎Michaël FŒSSEL Philosophe, auteur de « Une étrange victoire : l'extrême droite contre le politique » aux éditions du Seuil (18.10.24)▶︎Julien JEANNENEY Professeur de droit public à l'Université de Strasbourg, auteur de « Contre la proportionnelle » aux éditions Gallimard, collection Tracts (21.11.24)▶︎Blanche LERIDON Directrice éditoriale de l'Institut Montaigne, chargée d'enseignement à Sciences Po, essayiste▶︎Jean GARRIGUES Historien, président de la Commission internationale d'histoire des assemblées, auteur de « Les Avocats de la République. Ceux qui l'ont construite, ceux qui la défendent » aux éditions Odile Jacob (10.09.25)▶︎Eléonore CAROIT Députée Renaissance de la 2e circonscription des Français établis hors de France
À la veille de la fameuse journée de mobilisation du 10 septembre et de l'appel à “bloquer le pays”... Un mouvement qui rappelle par le mouvement des Gilets Jaunes mais qui s'en éloigne aussi sur certains points… Nous allons essayer avec nos invités d'en prendre la mesure : Où le situer dans l'histoire des mouvements sociaux et des révoltes populaires ? Que nous dit cet appel au blocage de l'état de notre démocratie ? On en débat avec : ▶︎ Nicolas FRAMONT Fondateur et rédacteur en chef de Frustration magazine, militant Bloquons Tout, auteur de « Saint Luigi » aux éditions Les Liens Qui Libèrent (03.09.25)▶︎ Bastien FRANÇOIS Professeur de science politique à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne▶︎ Emmanuelle ANIZON Grand reporter à l'Obs▶︎ Perrine SIMON-NAHUM Historienne, philosophe, directrice de recherches au CNRS et professeure attachée au département de philosophie de l'ENS-Ulm, « Aron critique Sartre » aux éditions Calmann Levy (12.03.25)▶︎ Mathieu LEFÈVRE Député Renaissance du Val-de-Marne
Le retour de C CE SOIR au terme d'une journée politique cruciale… François BAYROU renversé à une large majorité par les députés et nous allons essayer avec nos invités de prendre la mesure de la crise dans laquelle semble s'enfoncer le pays… Tous les regards sont désormais tournés vers Emmanuel MACRON, plus que jamais en première ligne… Alors que peut-il faire ? Comment sortir de l'impasse ? On en débat avec : Rémi LEFEBVRE Professeur de science politique à l'Université de Lille et Sciences Po Lille, auteur de "Leçons d'Introduction à la Science politique - 5e édition" aux éditions Ellipses (02.09.25)Virginie CALMELS Présidente de Croissance Plus, présidente fondatrice de CV Education (école FUTURAE), ancienne vice-présidente déléguée des RépublicainsPierre-Henri TAVOILLOT Philosophe, maître de conférence à l'université Sorbonne-Paris IV, président du Collège de philosophie, auteur de « Voulons-nous encore vivre ensemble ? Les défis de la convivialité » aux éditions Odile Jacob (06.11.2024)Julie SOUMAN Co-fondatrice du Mouvement des Mères Isolées (MMI), participante au mouvement "Bloquons Tout"Maud VERGNOL Co-directrice de la rédaction de l'HumanitéJean-Marc DUMONTET Chef d'entreprise, producteur de spectacles
Cet été, Marsactu vous propose d'écouter ou réécouter les épisodes phares du Bocal.Le Bocal, c'est le podcast d'enquêtes de la rédaction de Marsactu, le journal indépendant d'investigation basé à Marseille.Des collab' du RN jusqu'à l'engrenage du narcotrafic, en passant par le vrai business des faux livreurs...Marsactu vous invite dans les coulisses de ses enquêtes.Pour aller plus loin, rendez-vous sur marsactu.fr. Bonne écouteS'abonner à la newsletter du BocalFaire un don à MarsactuS'abonner à MarsactuHabillage sonore : Ici ThomasVisuel : Check Ça !Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Tous les matins dans Europe 1 Bonjour, Laurent Tessier revient sur le meilleur de l'émission de Pascal Praud et vous de la veille et vous livre en avant-première les sujets sur lesquels vous pourrez réagir en direct entre 11h et 13h, au 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou sur nos réseaux sociaux. Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d'Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur grandes thématiques développées dans l'émission du jour.Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
La 37e édition du festival international de photojournalisme Visa pour l'image se tient jusqu'au 14 septembre, à Perpignan. 26 expositions à voir, dont celle du photographe français Pascal Maitre, qui s'est intéressé aux villes qui explosent comme Kinshasa, Dacca et El Alto. Marine de La Moissonnière l'a rencontré. À lire aussiPhotographie : Virginie Nguyen Hoang reçoit un Visa d'Or pour son webdocumentaire sur l'Ukraine
La 37e édition du festival international de photojournalisme Visa pour l'image se tient jusqu'au 14 septembre, à Perpignan. 26 expositions à voir, dont celle du photographe français Pascal Maitre, qui s'est intéressé aux villes qui explosent comme Kinshasa, Dacca et El Alto. Marine de La Moissonnière l'a rencontré. À lire aussiPhotographie : Virginie Nguyen Hoang reçoit un Visa d'Or pour son webdocumentaire sur l'Ukraine
« Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza par l'armée israélienne, il n'y aura bientôt plus personne pour vous informer. » Ce cri d'alarme mondial, lancé lundi 1er septembre par RSF et Avaaz, a rallié 250 médias de plus de 70 pays. Dans L'atelier des médias, Steven Jambot reçoit Thibaut Bruttin, secrétaire général de RSF, pour mettre des mots sur cette situation critique. Depuis le 7 octobre 2023 et l'invasion de la bande Gaza par l'armée israélienne, 220 journalistes ont été tués dans l'enclave palestinienne, un chiffre que RSF n'avait « jamais recensé » dans un « espace aussi resserré ». Plus grave encore, 56 d'entre eux auraient été « ciblés dans l'exercice de leur fonction », explique Thibaut Bruttin, qui souligne des « pratiques particulièrement criminelles de la part des forces armées israéliennes ». À écouter aussiRami El Meghari, correspondant de RFI: «On ne se sent en sécurité nulle part à Gaza» Des figures emblématiques comme Anas Al Sharif, collaborateur d'Al Jazeera et lauréat du prix Pulitzer, ont été « désigné[es] comme une cible » par l'armée israélienne, avant d'être tué lors d'une frappe qui a également coûté la vie à six autres journalistes. RSF dénonce une « spirale de l'impunité » alimentée par ces actions. Trois demandes urgentes face au « huis clos » Face à cette urgence, RSF a formulé trois demandes clés : L'évacuation d'urgence des journalistes qui souhaitent quitter Gaza –environ 50 personnes avec leurs familles. Une quinzaine d'entre eux sont des collaborateurs de médias français. La fin de l'impunité des crimes commis par Israël contre les reporters. Un accès indépendant pour la presse internationale au territoire palestinien enclavé. Depuis 23 mois, Gaza est un « huis clos » sans journalistes étrangers. L'armée israélienne prétexte une incapacité à les protéger, mais RSF dénonce une volonté délibérée d'empêcher « d'établir la réalité de ce qui se passe », qu'il s'agisse de la famine, de potentiels crimes de guerre, voire d'un « génocide ». Protéger le journalisme indépendant face à la propagande Des campagnes de discrédit sont menées contre les journalistes palestiniens qui se trouvent à Gaza, les accusant parfois d'être soutiens du Hamas. Cependant, Thibaut Bruttin insiste sur une distinction essentielle : « On ne parle pas des reporters […] qui travaillent pour le Hamas », mais de « collaborateurs de médias historiquement établis, réputés pour leur fiabilité comme l'Associated Press, RFI ou The Guardian ». Il est crucial de ne pas « confondre la presse indépendante avec la communication du Hamas ». L'espace du journalisme indépendant, pris « entre deux feux » des propagandes israélienne et du Hamas, est gravement menacé, estime Thibaut Bruttin. Le secrétaire général de RSF voit en cette crise une « érosion de principes qui étaient consensuels il y a dix ans » concernant la protection des journalistes en zone de conflit, notamment ceux inscrits dans la résolution 2222 du Conseil de sécurité des Nations unies. RSF exhorte donc l'ONU à « réaffirmer la validité des postulats de cette résolution » lors de la 80e assemblée générale, qui doit s'ouvrir dans quelques jours. Thibaut Bruttin appelle aussi les citoyens à s'informer sur ce conflit pour ne pas « effacer la gravité de ce qui s'y passe » et à soutenir les journalistes palestiniens qui sont « l'honneur de la profession ».
Invités : - Matthieu Valet, eurodéputé et porte-parole du Rassemblement national. - Ophélie Roque, professeure de français et journaliste. - Raphaël Stainville, directeur adjoint de la rédaction du JDD. Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Hans Silvester, un nom qui parle plus par son regard que par sa signature, et c'est précisément cela qui définit son héritage.Né en 1938 à Lörrach, il devient photographe presque naturellement dès l'adolescence, sa passion s'épanouissant à l'école de Fribourg. Dès 1960, la Camargue le marque. Sa première œuvre, Camargue, magnifiée par un texte de Jean Giono, lui ouvre les portes d'un monde qui l'absorbe.En 1962, plantant sa tente en Provence, il devient globe-trotter. Hans a photographié dans plus de 70 pays, et pourtant, son œuvre reste intimiste, lente, humaniste. Il est un voyageur sans folklore, qui refuse l'exotisme, et cherche le lien plus que l'image.En 1965, il rejoint RAPHO, l'agence photographique mythique française et entre dans la lignée des plus grands photographes humanistes. RAPHO a représenté des des légendes telles que Robert Doisneau, Willy Ronis, Sabine Weiss, Janine Niepce, Édouard Boubat. Et plus tard Hans Silvester, Marc Riboud, François Hers,..En 1977, il devient un fondateur visuel de l'aventure éditoriale de GEO, le magazine référence de la photographie-reportage et réalise la couverture du numéro 0.Dès les années 70, Hans Silvester dénonce La déforestation en Amazonie, La pollution des rivières françaises, La surexploitation forestière en Amérique du Nord. Il fait œuvre militante avec des images sensibles, éloignées du spectaculaire et fidèles à sa sobriété.Puis, dans les années 2000, l'Éthiopie. Sa fascination pour les peintures corporelles des peuples de la vallée de l'Omo le pousse à s'y immerger. Il documente ce que personne d'autre n'a su photographier ainsi, en prenant le temps de vivre avec eux, souvent accompagné de sa femme Dora.Son travail est un témoignage exceptionnel de ces arts vivants, éphémères et habités, comme une empreinte du lien entre l'homme et la nature. Il n'a pas photographié les guerres, mais un autre type de fragilité, celle des Peuples Racines, des cultures en voie de disparition, de ces formes d'expression immatérielles.Cette quête, silencieuse et respectueuse, est la quintessence de son regard.En 2022, il est couronné du Prix International Planète Albert Kahn, honneur rare rappelant la portée historique et sensible de sa carrière.Hans Silvester, c'est un photographe hors mode, hors frontières, un témoin aux aguets, qui documente plus qu'il ne capture.Ses images nous racontent autre chose que des histoires.Elles nous rappellent qui nous sommes, et ce qui importe.Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Après le Covid, Luca a dit stop à la rédaction d'articles. Pourquoi ? -Tâches répétitives et bureaucratiques -Télétravail à 100%-Et surtout, une clause de cession Une fois sortie de ce secteur, une question survient : où aller ? Que faire ? C'est en lisant des témoignages issus du livre “La révolte des premiers de classe” de Jean-Laurent Cassely, que ça a fait tilt dans la tête de Luca : “Et si moi aussi, je devenais crémier-fromager ?”#Journaliste #Fromager #Reconversion #Changementdevie #TémoignageSoutenez ce podcast http://supporter.acast.com/les-deviations. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Elles s'appellent Anita, Luz Mila, Graciela, Rissel et Marie. Elles vivent au Pérou, en Argentine, en Bolivie ou en Albanie. Elles sont mères, cheffes d'entreprise, commerçantes, agricultrices… Et elles ont toutes accepté de répondre à cette question : Que signifie être une femme dans le monde d'aujourd'hui ?Dans ce tout nouveau format Regards croisés, je vous propose un voyage à travers leurs récits. Un moment d'immersion, à leurs, côtés pour questionner leurs visions du genre dans leur monde.
À la Une de la presse ce lundi 1er septembre, cette opération de Reporters sans frontières (RSF) dans 150 médias internationaux pour protester contre la mort des journalistes à Gaza, le plan d'évacuation et de reconstruction de l'administration Trump pour l'après-guerre dans l'enclave et le fossé qui se creuse de plus en plus entre l'école publique et l'école privée en France, en ce jour de rentrée des classes.
Depuis quelques années, Cyril Dove Lichan, ex-journaliste sur NRJ puis sur France 3 Régions, s'est lancé dans un nouveau défi : devenir totalement indépendant, jusqu'à créer un nouveau concept : le Néo Journalisme. Dans le podcast "Les passeurs de clés", il nous invite à découvrir des personnalités inspirantes dont le point commun est la transmission d'expériences, comme des clés de vie. Toujours à l'écoute de nouveaux projets et dans la création de nouveaux concepts, il nous dévoile ses prochaines aventures.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Nous parlons aujourd'hui des journalistes palestiniens tués à Gaza par l'armée israélienne. Plus de 210, selon Reporters sans frontières, qui appelle à une mobilisation des médias le 1er septembre. Une « mobilisation d'ampleur » : c'est dans ces termes que l'ONG Reporters sans frontières (RSF) a appelé jeudi 28 août les médias du monde entier à réagir face à ce qui ressemble de plus en plus à une tuerie de masse de journalistes, dans une échelle sans précédent. Plus de 210 journalistes tués, dont au moins 56 ciblés par l'armée israélienne ou tués dans l'exercice de leur travail. En juin, l'association avait déjà réuni 200 médias pour appeler à protéger les journalistes de ce massacre. Mais depuis le 10 août et la frappe qui a tué six journalistes, dont le correspondant d'Al Jazeera Anas al-Sharif, on constate que ce sont des groupes entiers de reporters qui sont ciblés. Lundi, cinq journalistes ont été tués dans une autre frappe, double celle-là, sur l'hôpital Nasser, dans le centre de Gaza. Parmi eux des collaborateurs des agences Reuters et AP. Et c'est ce qui a conduit les ONG RSF et Avaaz à mobiliser 150 médias du monde. Faire pression sur les dirigeants du monde pour forcer Israël Ces organisations demandent à faire pression sur les dirigeants du monde, pour qu'ils appellent Israël à cesser ses crimes contre les journalistes, également pour permettre des évacuations et un accès indépendant à la presse internationale. L'appel est signé par Mediapart et L'Humanité en France, Le Soir et La Libre Belgique, le Frankfurter Rundschau en Allemagne, The Independent au Royaume-Uni, L'Orient-Le Jour au Liban, mais aussi la radio et télévision publique espagnole. À lire aussiLes journalistes gazaouis en colère contre l'indifférence générale, mais déterminés à continuer à raconter Un clivage dans les médias Il y a malgré tout un clivage dans les médias sur cette question. On comprend pourquoi en lisant un article du média israélien +972. Il montre qu'une cellule secrète dite de « légitimation » du renseignement militaire israélien vise à réunir des éléments contre des journalistes locaux prétendument liés au Hamas. Elle a œuvré pour faire du journaliste assassiné Anas al-Sharif, prix Pulitzer et vedette d'Al Jazeera, un bras armé du Hamas jusqu'en 2017, ce que contestent la chaîne et les organisations de journalistes. Cette cellule vise donc à jeter le discrédit sur les reporters palestiniens. Avec un crescendo : au début, Israël faisait mine de mener une enquête, comme quand la présentatrice d'Al Jazeera Shireen Abu Akleh a été tuée à Jénine, en 2022. Ensuite, il cible et discrédite les photo-reporters et cameramen palestiniens. Enfin, il en arrive à assumer des assassinats ciblés de journalistes. Une photographe canadienne de Reuters, Valérie Zink, a préféré démissionner cette semaine plutôt que de cautionner les pratiques de son agence de presse comme d'AP ou des grands journaux américains (New York Times, Washington Post). Des pratiques qui consistent à reprendre, malgré les faits, la propagande d'Israël. À lire aussiGaza: vingt morts dont cinq journalistes dans une frappe israélienne sur l'hôpital Nasser de Khan Younès
Vivons-nous une grande marche arrière dans notre rapport au travail ? 4 ans après la pandémie de Covid qui promettait de redéfinir sa place dans nos vies, des grandes entreprises décident de mettre fin au télétravail, pendant qu'à l'Assemblée Nationale, la rengaine du “travailler plus” fait son retour dans les débats. Alors les Français sont-ils des paresseux qu'il est temps de remettre au travail ? Les jeunes rejettent-ils la valeur travail ou nous invitent-ils plutôt à la repenser ? On en débat ce mercredi 23 octobre 2024 avec : Apolline Guillot Rédactrice en chef de Philonomist; "Qu'est-ce qu'un salaire 'décent' ?" avril 2024Dominique Méda Philosophe, Le Travail (Que sais-je ?, PUF, nouvelle édition 2022)Anne de Guigné Chroniqueuse éco - Le FigaroPaul Magnette Président du Parti socialiste belge, auteur de "L' autre moitié du monde; Essai sur le sens et la valeur du travail", aux éditions de la Découverte, janvier 2024Nicolas Framont sociologue et rédacteur en chef de Frustration Magazine, "Vous ne détestez pas le lundi, vous détestez la domination au travail", aux éditions Les Liens qui Libèrent, octobre 2024Olivier Babeau économiste, essayiste et président de l'Institut Sapiens
Autochtone, c'est le podcast voyage qui fait le portrait d'habitant·es du monde dont l'histoire personnelle résonne avec celle de leur pays.Cette saison, on change de rythme : deux fois plus d'épisodes, et deux formats complémentaires. Le temps de tourner de nouveaux épisodes, ailleurs. Rendez-vous donc deux fois par mois avec :
La démocratie sénégalaise pourrait-elle perdre l'un de ses piliers, sa presse, libre, qui est pourtant une référence dans toute l'Afrique de l'Ouest ? Les nouvelles préoccupantes sur la santé économique des médias sénégalais se multiplient. Dernière en date : un plan de restructuration dans le groupe Futurs médias de Youssou N'Dour, annoncé par la direction, à la suite de graves difficultés financières. D'où vient cette situation de fragilité ? Que faire ? Ibrahima Lissa Faye est responsable de la Coordination des associations de presse du Sénégal. Il est l'invité de Laurent Correau. RFI : Est-ce qu'il faut s'inquiéter de l'état du quatrième pouvoir, de l'état de la presse, au Sénégal, aujourd'hui ? Ibrahima Lissa Faye : Il y a de quoi s'inquiéter parce qu'il y a des menaces réelles sur la survie de la presse au Sénégal. Depuis plus de 17 mois, les entreprises de presse ont une trésorerie déficitaire parce qu'il y a eu un ensemble de mesures inappropriées prises par l'État qui fragilise la survie des entreprises de presse et qui les met dans une situation extrêmement compliquée. Et aujourd'hui, toutes les entreprises de presse privées vivent avec des arriérés de salaires, des arriérés de location et du matériel vétuste qui n'a pas pu suivre une maintenance correcte. Donc, il y a des risques d'extinction de certains médias. Un journal sénégalais titrait récemment « GFM, Walf et Sud, les géants de la presse sénégalaise s'effondrent ». Est-ce que ça va jusque-là ? Est-ce que vous diriez qu'effectivement ces trois groupes, qui sont des piliers de la démocratie sénégalaise autant que des éléments de son patrimoine intellectuel, sont menacés ? Ils sont bien menacés, que ce soit Sud, Wal Fadjri et GFM, les fleurons médiatiques du Sénégal sont menacés. Parce que si vous prenez par exemple Sud, les employés étaient sur le point d'aller en grève. Et si c'était le cas, c'est clair que le titre allait disparaître. Pour ce qui est de GFM, la direction a annoncé une mesure sociale pendant un licenciement technique de beaucoup de travailleurs, et le syndicat refuse et a sorti un communiqué pour dénoncer cela. Pour Wal Fadjri, ils sont dans les mêmes difficultés que tout le monde. Donc, pour vous dire que la situation est quasi pareille dans toute la presse privée. Qu'est-ce qui provoque ces difficultés financières des médias ? En réalité, c'est à cause du gel des contrats publicitaires venant des entreprises publiques et parapubliques, mais également aussi le blocage depuis 2024 du Fonds d'appui et de développement de la presse, le FADP, mais également aussi la situation économique extrêmement tendue du pays qui fait que, en fait, le privé, sa marge publicitaire, c'est juste autour de 15%/20 %. Et donc, avec 15%/20 %, on ne peut même pas gérer les charges courantes. Qu'est-ce qui peut être fait pour essayer de renverser cette situation ? Moi, je pense qu'en fait, le pouvoir et les acteurs des médias doivent discuter. Mais surtout que le ministre descende de son piédestal pour parler avec les acteurs des véritables problèmes et qu'au plus haut niveau qu'il y ait une volonté aussi de trouver des solutions. Les acteurs proposent, mais au niveau de l'État, on n'a pas de répondant. Nous sommes face à un mur qui est là et qui, malheureusement, ne nous offre aucune opportunité. Il y a tout de même des mesures positives qui ont été prises par les nouveaux pouvoirs publics : l'enregistrement des médias sur une plateforme pour plus de transparence ou l'actualisation de la loi sur la publicité. Oui, ça, ce sont des mesures importantes. Il faut les saluer. Nous ne sommes pas d'accord sur la démarche. Il aurait pu quand même le faire avec les acteurs. Les médias sénégalais sont considérés comme des références pour l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest. Comment est-ce que vous voyez les conséquences de ce risque d'effondrement de la presse privée sénégalaise pour la démocratie dans la région, de manière plus générale ? Ce que j'ai l'habitude de dire, c'est que si aujourd'hui on néglige les médias sénégalais jusqu'à ce que les fleurons mettent la clé sous le paillasson, il y a des forces obscures – nous sommes dans une région très menacée, avec une insécurité qui est là – qui pourraient en tout cas s'accaparer nos médias ou venir avec une autre offre qui peut ne pas nous arranger. Nous nous battons pour que ces fleurons de la presse sénégalaise demeurent, pour que, en fait, l'identité de la presse sénégalaise continue et perdure. On n'est pas là pour un pouvoir ou pour des lobbys. La presse est là pour l'information, elle est là pour les populations. Et donc, c'est important que cette presse-là garde cette indépendance pour qu'elle puisse servir tout le monde.
Florent Daudens, responsable de la presse chez Hugging Face et enseignant à l'UdeM, explique que l'IA est d'abord utilisée pour améliorer la productivité, mais qu'elle sert de plus en plus à créer de nouveaux produits et expériences. Selon lui, le journalisme, par son agilité et sa curiosité, est bien placé pour s'adapter, notamment en enquête où l'IA permet d'exploiter d'immenses volumes de données. Florent Daudens estime que les journalistes doivent apprendre à « parler à la machine » et à coder avec l'IA, tout en gardant deux atouts essentiels : le jugement éditorial et la curiosité.
La gauche à deux ans de la prochaine présidentielle et un nom qui revient sur toutes les lèvres et qui s'affiche à la Une des magazines, celui de Jean-Luc MÉLENCHON… Meilleur espoir de son camp en 2027 selon ses partisans, nouveau diable de la République pour ses détracteurs, qui voient en lui le principal obstacle au retour de la gauche au pouvoir… Alors l'avenir de la gauche passe-t-il par le Mélenchonisme ou par la mise en place d'un cordon sanitaire avec le leader de LFI ?On en débat ce mercredi 7 mai avec nos invités : ▶︎ Julia CAGÉ, économiste et professeure à Sciences Po Paris. Co-autrice avec Thomas Piketty d'histoire du conflit politique" (09/2023, éditions du Seuil).▶︎ Astrid DE VILLAINES, Journaliste, productrice de l'émission « Sens politique » sur France Culture▶︎ Eve SZEFTEL, Directrice de la rédaction de Marianne▶︎ Thomas LEGRAND, Journaliste et éditorialiste politique Libération▶︎ Usul, journaliste et vidéaste▶︎ Jean-Pierre MIGNARD Avocat au Barreau de Paris, membre du PS
Coup de projecteur sur le nouvel homme fort de la droite française, Bruno RETAILLEAU, ministre de l'intérieur et désormais patron du parti Les Républicains… Son histoire vendéenne, sa pensée, son idéologie, où l'inscrire dans l'histoire de la droite française ? De quelle droite Bruno RETAILLEAU est-il l'héritier ? Quelles conséquences cette prise de pouvoir peut-elle avoir sur une droite en pleine recomposition à deux ans de la présidentielle ? On en débat ce mercredi 21 mai avec nos invités : ▶︎ Sylvain BOURMEAU, Journaliste, professeur associé à Paris I, directeur du journal AOC, producteur de l'émission « La Suite dans les idées » sur France Culture▶︎ Nelly GARNIER, Vice-présidente Les Républicains, directrice de l'observatoire des crises nouvelles de Havas Paris▶︎ Baptiste ROGER-LACAN, Historien, auteur de « Le Roi : une autre histoire de la droite » aux éditions Passés composés (12.03.25)▶︎ Jean LEBRUN, Ancien producteur de Radio France▶︎ Pauline DE SAINT REMY, Journaliste, Directrice adjointe de la rédaction Politico France, directrice de l'ouvrage « La Surprise du chef : de la dissolution aux élections, 28 jours qui ont stupéfié la France » aux éditions Denoël (09.10.24)▶︎ Lou FRITEL, Reporter politique à Paris Match en charge du suivi des droites
Journalisme de solutions, enquêtes de terrain, droit de suite sur les échecs : comment informer et inspirer sans pratiquer un journalisme de "bonnes nouvelles" ? À l'occasion de la sortie du Guide du Marseille Désirable et des sept ans de son média en ligne, Nathania Cahen, cofondatrice, ouvre les coulisses de Marcelle devant le micro de Soluble(s).Dans une France où 82% des citoyens se disent fatigués de l'actualité et où la confiance envers la presse plafonne à 32%, Marcelle trace un autre chemin depuis la région Sud.Un journalisme de solutions rigoureux"Un média de solutions, c'est juste un pas de côté ; on n'édulcore rien, on informe", explique Nathania Cahen. Lancé en 2018, Marcelle applique une méthode stricte : "On ne traite un sujet qu'une fois la solution éprouvée." Le média privilégie le retour d'expérience sur les initiatives déjà testées, couvrant dix thématiques, de l'alimentation à la mobilité.Une approche terrain assumée80 % des articles sont réalisés en rencontrant directement les protagonistes. "On a vraiment beaucoup de plaisir à rencontrer les gens dont on parle", précise la cofondatrice. L'équipe de quatorze journalistes assume aussi la transparence avec la rubrique "Ça a tourné court", analysant les projets avortés.Un modèle économique communautaireSans publicité, Marcelle fonctionne grâce aux abonnements et au parrainage de rubriques par des entreprises et institutions locales (hôpitaux de Marseille, Mucem, etc… ). "On fonctionne comme une communauté de valeurs. C'est donnant-donnant", détaille Nathania Cahen.L'ancrage marseillaisLe *Guide du Marseille Désirable* illustre cette philosophie avec 230 adresses durables. Un événement le 16 octobre à La Cômerie donnera vie à ce projet. Parallèlement, 22-med étend l'approche aux 22 pays méditerranéens, avec des contenus traduits en onze langues.Écoutez. POUR ALLER PLUS LOINS'informer avec Marcelle sur : https://www.marcelle.media/ En librairie : *Le Guide du Marseille Désirable* Rédaction : Agathe Perrier, Audrey Savournin, Maëva Gardet-Pizzo, Marie Le Marois et Nathania CahenIllustrations : Stéphan Muntaner et Olivier Jullien.(EMCG, 17 €)https://www.leslibraires.fr/livre/24539768-le-guide-du-marseille-desirable-marcelle-emcg Suivre Marcelle sur Instagram : https://www.instagram.com/marcelle.media/ Le live du Guide du Marseille désirable by Marcelle à La Cômerie (Marseille, 6e) - 16 octobre 2025.Et aussi : le média 22-med : https://www.22-med.com/ TIMECODES00:00 Introduction01:15 Le parcours de Nathania Cahen03:06 La genèse de Marcelle05:55 Le journalisme de solutions07:51 Le contexte & La méthode de travail 09:30 Les thématiques traitées par Marcelle13:23 L'équipe et l'organisation14:43 Le Guide du Marseille Désirable19:22 Le modèle économique 21:43 L'éducation aux médias24:00 22-med et l'extension méditerranéenne26:16 Merci à Nathania Cahen !27:13 Fin Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
49 jours de témoignages, de récits de violences sexuelles, 49 jours à décortiquer la vie et l'histoire d'une famille, la famille PELICOT, rongée par le mensonge, l'inceste et le déni… Alors que gardera-t-on de cette affaire? Peut-elle durablement faire changer la société ? On en débat ce jeudi 21 novembre avec : ▶︎ Iris BREY Journaliste, autrice, essayiste, docteure en théorie du cinéma, spécialiste de la question du genre et de ses représentations▶︎ Marion DUBREUIL, Journaliste judiciaire RMC▶︎ Cécile Cée Autrice illustratrice, « Ce que Cécile sait / Journal de sortie d'inceste » aux éditions Marabout (25.09.2024)▶︎ Marc CRÉPON, Philosophe, directeur de recherche au CNRS, directeur du département de Philosophie de l'École normale supérieure▶︎ Rachel Flore Prado Avocate au barreau de Paris, autrice de « Combattre le cyber sexisme » aux éditions Leduc (26.10.21)▶︎ Cécile Ollivier, Grand reporter police/justice Elle France
Journaliste et écrivain, Giuliano da Empoli est un des esprits les plus brillants du moment. L'auteur des Ingénieurs du chaos ou du roman Le mage du Kremlin est l'invité de ce numéro d'Idées pour parler des « prédateurs qui sont au pouvoir aujourd'hui sur tous les continents ». (Rediffusion) Ancien adjoint au maire en charge de la culture à Florence, conseiller politique du président du Conseil italien Matteo Renzi, il a publié son premier livre en 1996, Un grande futuro dietro di noi à propos des difficultés rencontrées par les jeunes Italiens. En tant qu'auteur et commentateur politique, il intervient régulièrement dans des émissions télévisées et radiophoniques en Italie et en France. Il publie aujourd'hui L'heure des prédateurs chez Gallimard. « Aujourd'hui, l'heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d'une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l'épée. Ce petit livre est le récit de cette conquête, écrit du point de vue d'un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d'un monde, au moment où il sombre dans l'abîme, et l'emprise glacée d'un autre, qui prend sa place. », écrit-il dans ce récit. Au micro de Pierre-Edouard Deldique, Giuliano da Empoli nous fait voyager de New York à Riyad, de l'ONU au Ritz-Carlton de MBS, « là où le pouvoir s'acquiert par des actions irréfléchies et tapageuses, où des autocrates décomplexés sont à l'affût du maximum de chaos, où les seigneurs de la tech semblent déjà habiter un autre monde, où l'IA s'avère incontrôlable ». L'auteur qui a une parfaite connaissance du milieu politique regarde sans ciller : « L'union de la rage et des algorithmes ». Il préconise de « réinventer une propagande adaptée à l'ère des selfies et des réseaux sociaux » car « le moment que nous vivons est machiavélien ». Idées, le magazine qui interroge ceux qui pensent le monde. Programmation musicale : Edouard Ferlet – Herd instinct
Journaliste et écrivain, Giuliano da Empoli est un des esprits les plus brillants du moment. L'auteur des Ingénieurs du chaos ou du roman Le mage du Kremlin est l'invité de ce numéro d'Idées pour parler des « prédateurs qui sont au pouvoir aujourd'hui sur tous les continents ». (Rediffusion) Ancien adjoint au maire en charge de la culture à Florence, conseiller politique du président du Conseil italien Matteo Renzi, il a publié son premier livre en 1996, Un grande futuro dietro di noi à propos des difficultés rencontrées par les jeunes Italiens. En tant qu'auteur et commentateur politique, il intervient régulièrement dans des émissions télévisées et radiophoniques en Italie et en France. Il publie aujourd'hui L'heure des prédateurs chez Gallimard. « Aujourd'hui, l'heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d'une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l'épée. Ce petit livre est le récit de cette conquête, écrit du point de vue d'un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d'un monde, au moment où il sombre dans l'abîme, et l'emprise glacée d'un autre, qui prend sa place. », écrit-il dans ce récit. Au micro de Pierre-Edouard Deldique, Giuliano da Empoli nous fait voyager de New York à Riyad, de l'ONU au Ritz-Carlton de MBS, « là où le pouvoir s'acquiert par des actions irréfléchies et tapageuses, où des autocrates décomplexés sont à l'affût du maximum de chaos, où les seigneurs de la tech semblent déjà habiter un autre monde, où l'IA s'avère incontrôlable ». L'auteur qui a une parfaite connaissance du milieu politique regarde sans ciller : « L'union de la rage et des algorithmes ». Il préconise de « réinventer une propagande adaptée à l'ère des selfies et des réseaux sociaux » car « le moment que nous vivons est machiavélien ». Idées, le magazine qui interroge ceux qui pensent le monde. Programmation musicale : Edouard Ferlet – Herd instinct
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection des sportifs, celles et ceux qui mouillent vraiment le maillot, je vous propose d'écouter... Odile Baudrier et Gilles Bertrand.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2021.
Retour sur une petite musique qui monte dans les démocraties occidentales : la remise en cause de l'État de droit. Donald Trump aux États-Unis, Viktor Orban en Hongrie, et même ici en France, des attaques qui se multiplient contre un “gouvernement des juges” qui entraverait l'action politique… La France est-elle vraiment sur une pente illibérale ? On en débat ce mercredi 4 juin avec nos invités : ▶︎ Patrice SPINOSI Avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, Auteur de « Menace sur l'état de droit, comment préserver nos démocraties », Allary éditions, 2025▶︎ Pierre-Henri TAVOILLOT Philosophe, maître de conférence à l'université Sorbonne-Paris IV, président du Collège de philosophie, auteur de « Voulons-nous encore vivre ensemble ? », Odile Jacob, 2024▶︎ Gilles MENTRÉ Haut Fonctionnaire, ancien conseiller à la présidence de la République (Sarkozy), Auteur de l'ouvrage « Les deuxpouvoirs : la démocratie directe au secours de la démocratie représentative » Gallimard en janvier 2024▶︎ Natacha POLONY Journaliste et essayiste▶︎ Eugenie MERIEAU Constitutionnaliste, politiste, juriste, maîtresse de conférence à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheuse associée à Sciences Po, autrice de « Constitution », édition Anamosa, mai 2025▶︎ Aurélie FILIPPETTI Directrice des Affaires Culturelles à Paris, Enseignante à Sciences Po, professeure de littérature, romancière, ancienne ministre de la Culture et de la Communication (2012-2014), ancienne députée
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection des sportifs, celles et ceux qui mouillent vraiment le maillot, je vous propose d'écouter... Emilie Gral.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2024.Après Marie-Thérèse Lacombe, Nicole Fagegaltier, Danièle Dastugue, Danielle Puech, Sarah Singla, Emmanuelle Gazel et Josette Hart, dans la première saison, Ginette Marchive, Pauline Broqua, Audrey Dussutour et Catherine André, dans la deuxième saison, je vous propose d'embarquer pour une troisième saison des Pionnières. Aujourd'hui, avec Emilie Gral.Nous avions rendez-vous chez elle, à Saint-Affrique. Elle nous accueille avec un enfant malade sous le bras, une chienne qui la suit partout jusqu'aux entraînements et une vieille chatte recueillie il y a plusieurs années. Et c'est dans sa véranda qu'elle nous installe. Entre ses vélos, son home trainer, sa collection de baskets et ses malles de voyage.A quelques mois des Jeux paralympiques de Paris, la Saint-Affricaine est encore en lice pour décrocher son billet olympique. Classée au 10e rang mondial de sa catégorie en para-triathlon, elle doit grapiller une place pour s'offrir ses troisièmes olympiades, à la maison, dont elle rêve. Déjà en 2004 et en 2008, elle était alignée au départ des épreuves de natation sous la bannière française, lors des Jeux olympiques d'Athènes et de Pékin. Elle a, dans son palmarès, plusieurs records du monde de natation. Recalée par la Fédération pour participer aux Jeux de Londres, jugée trop vieille à 27 ans, c'est avec le triathlon qu'elle revient en force, 12 ans plus tard. Mais dans cette année effrénée, entre deux déplacements aux quatre coins du monde pour récupérer ces précieux points, Emilie Gral a pris le temps de s'installer au micro de Finta !Du sport de haut niveau qui lui a permis d'accepter son handicap et d'en faire une force, des sacrifices qu'implique sa pratique sportive, de son choix de vivre à Saint-Affrique sans renoncer à ses rêves internationaux, de sa multi-casquette de maman-élue départementale-maître-nageur-féministe, nous en parlons dans cet épisode.Comme à toutes les femmes de cette série Pionnières, je lui ai demandé de commencer en complétant cette phrase… Je ne serais pas arrivée là si…
De la douceur du cocon familial aux tranchées en Ukraine.Philomène Remy a fait un choix rare : quitter des certitudes pour affronter l'incertitude et l'âpreté du monde.Grand reporter, elle ne se contente pas de couvrir l'actualité, elle la construit au plus près du réel.Centrafrique, Cisjordanie, Liban, Gaza, Ukraine, autant de terrains sanglants qu'elle aborde non comme une simple liste de conflits, mais comme des lieux où des vies continuent, coûte que coûte. Sans fabriquer de sensationnel, sans aplatir les nuances, Philomène laisse au réel la place d'être complexe. Son travail donne au monde une chance de se dire.Elle signe aujourd'hui des reportages pour En société (France 5), après être passée par Ligne Rouge (BFM), France 24 et Channel 4. Ce qu'elle explore avant tout, ce sont les marges humaines des crises : l'éthique du regard, la confiance avec les témoins, et la responsabilité que porte chaque image.Pour réaliser « Russie, les enfants volés d'Ukraine », elle affronte l'enfer de la guerre avec son équipe de BFMTV, traverse tout le pays en voiture et tente de se rendre en Crimée. Son travail est primé au festival de télévision de Monte-Carlo par un jury prestigieux.Philomène Remy incarne un journalisme exigeant, respectueux, profondément humain, exactement ce dont on a besoin aujourd'hui.Dans cette conversation, on parle de cette ligne de crête où le métier rencontre l'éthique. Une ligne qu'elle ne lâche jamais.Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection des sportifs, celles et ceux qui mouillent vraiment le maillot, je vous propose d'écouter... Pierre-Olivier Murat.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2023.Chemise à fleurs, cheveux gominés peignés en arrière, à la fois bourru et discret, Pierre-Olivier Murat a imprégné le Rodez Aveyron football de sa patte depuis 2006, quand il en devient le président. Jamais prolixe, il s'autorise quelques sorties médiatiques bien senties. Quand ses joueurs et joueuses sont ciblés, Murat sort les griffes. Il accepte volontiers d'encaisser les coups, de cravacher, besogneux, pour son club. Après des premières années de présidence difficiles, marquées par des galères financières, Murat a réussi à stabiliser ses deux équipes premières, hommes et femmes, en Ligue 2 et à faire monter les U19 en National. Mais derrière le masque du président, et actionnaire majoritaire du Raf, l'homme garde ses secrets. Murat ne s'épanche jamais. Parler de lui, il n'aime pas ça. Après plusieurs mois à jouer au chat et à la souris, il a accepté de se livrer au micro de Finta ! Et je l'en remercie très sincèrement.Pendant notre échange, j'ai appris qu'il était encore plus superstitieux que ce que je ne pensais, qu'il apprécie ses moments seul, qu'il s'ennuie vite quand tout va bien et qu'être plouc le rend fier. Mais avec Pierre-Olivier Murat, nous avons surtout parlé : de sa carrière avortée de footballeur professionnel, de son rôle de président qu'il endosse depuis 17 ans et qu'il compare à celui d'un chef d'entreprise avec l'inconnu des résultats sportifs en plus, et de son amour viscéral pour ce club qui lui a donné sa première licence. Je vous laisse avec notre conversation. Bonne écoute !
Pour ce dernier numéro avant une interruption estivale, L'atelier des médias accueille la journaliste Matilde Meslin, qui est spécialisée dans l'écoute et la critique de podcasts. Avec Steven Jambot, elle a sélectionné des podcasts originaux en français sortis ces derniers mois. Certains sont indépendants, d'autres produits par des studios (comme Louie Media), ou par des médias plus établis, comme Arte Radio et la Radio Télévision Suisse (RTS). • Kashalal (Arte Radio), un documentaire de Mehdi Ahoudig et Thomas Pendzel. Réalisation Samuel Hirsch. • Zoom info (RTS), la série sur le Tibet produite par Michael Peuker, diffusée initialement dans l'émission Tout un monde • Passages : Une dernière chance de fuir (Louie Media), par Jeanne-Marie Desnos ; Louise Hemmerlé à la production. Réalisation Théo Boulenger. • Chefs, par David Ordono. • Adapte-moi si tu peux par Victoire Bocquillon, Pascale Charpenet, Marianne Hugo et Jeanne Liénard. • Systémique, par Roman Facerias-Lacoste. Production : Orson Production & La fabrique des parallèles. • Archives du crime (INA) sur Simone Weber, par Véronique Chalmet. • Amour jungle, L'été de Ben Mazué
Un journaliste incarcéré au Bénin avec l'aide de la Côte d'Ivoire, des éditorialistes ciblés au Sénégal… Ces trois pays ont une longue tradition de respect de la liberté d'expression, mais la situation des journalistes se dégrade depuis des semaines au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Au Bénin, cela fait maintenant plusieurs années que journalistes et médias sont régulièrement pris pour cible. Quelle est précisément la situation dans ces pays ? Comment en est-on arrivé là ? Sadibou Marong, le directeur du bureau Afrique de Reporters sans frontières répond à Pierre Firtion. RFI : L'histoire a défrayé la chronique. Hugues Comlan Sossoukpè est incarcéré depuis huit jours à Ouidah au Bénin. Ce journaliste critique du régime béninois vivait depuis 2019 au Togo avec le statut de réfugié politique. Mais le 13 juillet, il a été extradé par la Côte d'Ivoire alors qu'il participait à un forum à Abidjan. Les autorités ivoiriennes l'ont-elles piégé selon vous ? Sadibou Marong : Nous pouvons valablement parler de piège comme nous pouvons aussi parler d'une mission professionnelle de journaliste qui s'est finalement transformée en traquenard. Le journaliste béninois, Hugues Comlan Sossoukpè, qui est journaliste réfugié au Togo depuis quelques années et qui est aussi le directeur du média béninois d'investigation Olofofo, a officiellement été invité par le ministère ivoirien de la Transition numérique pour couvrir un événement sur l'innovation digitale. Il a été considéré comme un journaliste, et là, je cite les propos du ministère, « un journaliste reconnu de la sous-région dans ce domaine ». Comment expliquer un tel acte de la part des autorités ivoiriennes ? C'est compliqué, car c'est inédit. On pourrait même considérer qu'un tel acte pourrait étonner pratiquement tous les défenseurs de la liberté de la presse d'une manière générale. Surtout par exemple quand on sait que la Côte d'Ivoire, ces dernières années, était assez bien classée au classement mondial de la liberté de la presse avec des bonds assez intéressants. Il n'y a qu'en 2025 que le pays a assez reculé. Mais il est aussi clair que cette liberté de la presse en Côte d'Ivoire était encore étroitement liée au contexte politique. Il y a aussi l'influence de certains partis, des responsables politiques dans les médias qui devenaient très grands. Dans tous les cas, c'était quand même un environnement assez intéressant. Disons que les médias évoluaient en Côte d'Ivoire jusqu'à ce que l'on se rende compte effectivement qu'il y a eu un peu ce traquenard-là. Et on ne peut pas dire que les autorités n'ont pas été complices. On peut fondamentalement dire que les autorités ivoiriennes étaient au courant, avaient certainement dû être consultées et avaient donc donné leur accord et leur aval pour pouvoir livrer ce journaliste-là. Cela est extraordinairement grave d'autant plus que c'est un journaliste réfugié. On comprend aussi que c'est le début, peut-être, d'un durcissement de la situation. La Côte d'Ivoire va vers une élection présidentielle en octobre prochain et on a vu récemment des menaces contre des correspondants de la presse internationale de la part de certains partisans politiques. À lire aussiBénin: le journaliste Comlan Sossoukpè mis en examen et placé sous mandat de dépôt Cette dérive, elle est en revanche beaucoup plus visible au Bénin, où la presse est ciblée depuis plusieurs années... Le régime du président Patrice Talon à son arrivée était jugé relativement stable. Mais ces dernières années quand même, c'est un régime qui est nettement imprévisible par rapport à la liberté de la presse. Actuellement, dans le contexte actuel, on voit que les voix indépendantes et les journalistes critiques, même modérés, sont perçus avec une attention assez croissante. Le cas de Hugues Sossoukpè est là. Je pense que les autorités béninoises l'attendaient. Ils faisaient tout pour essayer de l'avoir. Mais auparavant, on a vu aussi une vague de suspension de médias et d'instrumentalisation des régulateurs. Le régulateur des médias, la HAAC, a pris des décisions qui sont pour nous très disproportionnées avec une vague de suspension des médias. Il y a eu des vagues de répression. Et comme on va vers une élection également dans ce pays-là, on voit les dispositions de surveillance qui s'intensifient. Le climat se charge lentement mais sûrement au Bénin. Le Bénin, la Côte d'Ivoire, on parle là de pays où la liberté d'expression a longtemps été respectée. C'est le cas aussi au Sénégal. La situation des journalistes s'était améliorée, on va dire entre 2024 et 2025, mais là, depuis quelques semaines, on dénombre à nouveau des attaques contre la presse. Au Sénégal, bien que le pays ait fait un bond de 20 places lors du dernier classement mondial de la liberté de la presse, nous avons commencé à observer beaucoup de faits nouveaux ces derniers mois. Il y a la question des détentions de commentateurs et de chroniqueurs dans les médias. Par exemple, il y a le journaliste Bachir Fofana et les commentateurs Badara Gadiaga, Abdou Nguer qui utilisent les médias pour jouir de leur liberté d'expression au Sénégal. Et tout cela, ce sont des choses qui reviennent. Et l'impression qu'on a, c'est plus qu'une sorte de contrôle du narratif, disons, des voix discordantes. Et ces voix discordantes, de notre point de vue, doivent pouvoir être acceptées dans un État démocratique. Maintenant, ce qui est le plus important pour nous, c'est l'appel que nous avons lancé aux autorités qui ont commencé à s'atteler à faire des concertations. Mais aussi à réconcilier les résultats des assises nationales dans la presse, des concertations, disons, du secteur de la communication. Il faut réconcilier tout cela. Et également aussi s'atteler à renforcer les capacités des organes de régulation des médias. À lire aussiSadibou Marong (RSF): «Les journalistes des radios communautaires paient un lourd tribut dans la région du Sahel» À lire aussiSadibou Marong: «La situation des journalistes en Afrique subsaharienne ne s'est pas améliorée»
Éric Scherer a longtemps eu des positions de vigie de l'écosystème médiatique et de ses évolutions. Il a notamment été directeur de la stratégie à l'Agence France-Presse (AFP) puis directeur du MédiaLab, chargé de l'innovation et de la prospective à France Télévisions. Il prend sa retraite et a accepté de revenir, au micro de L'atelier des médias, sur les révolutions des médias à l'ère numérique... et aux temps nouveaux de l'intelligence artificielle. Au début de cet entretien de plus d'une heure, Éric Scherer exprime son attachement à la profession de journaliste. « Je suis très très fier d'avoir cette carte de presse et de l'avoir eue sans discontinuité depuis depuis 40 ans, depuis juin 1985, quand je suis entré stagiaire à l'Agence France-Presse. » Puis il reprend la célèbre formule de Jacques Chirac : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Pour lui, ce fut un « sentiment assez pénible » de voir ses collègues et supérieurs ne pas vouloir anticiper les bouleversements du secteur des médias. Il décrit la situation actuelle avec le développement rapide de l'intelligence artificielle qui bouleverse tout. « Le numérique était finalement peu de choses à côté de ce qui est en train de se passer », assure-t-il. Éric a été le témoin privilégié de tournants majeurs, de l'échec du Japon à saisir la vague dématérialisée – malgré son avance électronique – ou encore l'explosion du web 2.0 aux États-Unis au milieu des années 2000. En France, Éric Scherer a lancé en 2007 le blog AFP Media Watch sur lequel il alertait les patrons de presse de la révolution en cours. Ils « disaient une chose : "Ça tiendra bien jusqu'à ma retraite." Je trouvais ça fondamentalement criminel, égoïste », se souvient-il. Il rapporte aussi l'arrogance d'un dirigeant de Google venu dire aux patrons de journaux français : « Vos contenus ne valent rien. Ils ne valent rien et ce sont des atomes dans un univers. Donc ne demandez pas d'argent. » Pour Éric Scherer, le journaliste est « extraordinaire[ment] conservateur », souvent trop la tête dans le guidon pour s'intéresser à l'économie de son secteur. Il illustre ce déni en donnant l'exemple de l'échec de la télévision à comprendre la transition vers le streaming. Il se désole que les réseaux sociaux, initialement perçus comme une « démocratisation » des outils de production, soient devenus des « déversoires de haine, des déversoires de complotisme, des déversoires de fake news, sans contrôle ». Aujourd'hui, l'heure est à l'intelligence artificielle. « Le numérique était une blague à côté de ce qui est en train d'arriver », avertit Éric Scherer. Face au « pillage » des contenus par les entreprises d'IA – souvent sans compensation –, l'UER (Union européenne de radio-télévision, ou EBU), dont il a présidé le comité News, a formulé cinq grandes demandes aux plateformes : la permission (demander l'accord pour utiliser les contenus), la compensation (rémunération), l'intégrité (protection de la source et de la marque), le pluralisme (diversité des informations traitées) et l'aide à la lutte contre la désinformation. Il reste optimiste sur le rôle des journalistes, même si les défis sont immenses. « Pour le coup, je suis assez convaincu que l'IA ne va pas remplacer les journalistes. En revanche, un journaliste qui sait utiliser l'IA, qui en est familier, va remplacer un journaliste qui ne le sait pas et celui qui ne veut pas s'y mettre est cuit, à mon sens. » Fraîchement retraité, Éric Scherer poursuit une vie d'« explorateur », souhaitant voyager – à Taïwan, notamment – et mettre derrière lui la veille effrénée du secteur des médias.
Les journalistes et experts de RFI répondent également à vos questions sur les violences communautaires dans le sud de la Syrie et des corps de bébés morts bientôt exhumés en Irlande. Côte d'Ivoire : l'extradition du Béninois Comlan Sossoukpè était-elle légale ? Le journaliste béninois Comlan Sossoukpè a été interpellé en Côte d'Ivoire alors qu'il bénéficie du statut de réfugié depuis 2019. Les autorités ivoiriennes étaient-elles en droit de procéder à son extradition, malgré les protections accordées par la Convention de Genève relative au statut des réfugiés ? Avec Benoît Almeras, correspondant de RFI à Abidjan. Syrie : violences communautaires dans le sud du pays Des importants combats font rage dans le sud de la Syrie, dans la ville de Soueïda, entre les Bédouins et les Druzes. Quelles sont les raisons et les origines de ce conflit ? Comment se positionnent les autorités syriennes face à ces combats ? Syrie : des bombardements israéliens pour « défendre » la communauté druze En réponse à l'entrée de l'armée syrienne à Soueïda, Israël a lancé des bombardements dans la ville afin de « défendre » les combattants druzes. Pourquoi l'État hébreu s'intéresse-t-il particulièrement à la communauté druze en Syrie ? Avec ces frappes israéliennes, y a-t-il un risque de généralisation du conflit au reste du Proche-Orient ? Avec Thomas Pierret, chargé de recherches à l'Institut de Recherches et d'Études sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM). Irlande : les corps de centaines de bébés enterrés bientôt exhumés En Irlande, des centaines de nouveaux nés décédés et enterrés par des religieuses dans les années 1970 vont être exhumés. Comment en est-on arrivé à une telle décision ? Cette mesure a-t-elle été appliquée sur l'ensemble du territoire irlandais ? Les familles des victimes peuvent-elles espérer que justice soit rendue, plus d'un siècle après les faits pour certains cas ? Avec Clémence Pénard, correspondante de RFI à Dublin.
L'Institut Reuters, rattaché à l'université d'Oxford, mène chaque année une grande enquête sur l'état de l'information dans le monde. Pour discuter de son édition 2025, parue récemment, L'atelier des médias reçoit la directrice de l'école de journalisme de Sciences Po Paris, Alice Antheaume qui a supervisé la partie française de cette étude internationale. Le Reuters Institute publie chaque année son Digital News Report, rapport mondial sur l'état de l'information, une vaste enquête menée auprès de 100 000 personnes réparties dans 48 pays. Les données du rapport 2025 révèlent une poursuite de l'exode des audiences des médias traditionnels vers les plateformes comme YouTube et les réseaux sociaux. La télévision poursuit sa baisse continue comme source d'information. Les podcasts connaissent un dynamisme notable, offrant des « voix nouvelles dans des formats différents » et s'adressant davantage aux moins de 35 ans avec des formats « plus incarnés » et moins liés à l'actualité chaude. La confiance dans les médias demeure « très mitigée », la France se classant à une décevante 41e position sur 48 pays, avec seulement 29 % des sondés déclarant une confiance satisfaisante. Alice Antheaume explique ce faible score par un « mauvais esprit français », culturellement méfiant, et une « mauvaise compréhension de ce qu'est notre métier » de journaliste, le travail de vérification étant « sans doute mal saisi ». Cette défiance est fortement corrélée à une crise de confiance plus globale envers les institutions. Concernant le paiement pour l'information en ligne, la France affiche un faible taux de 11 %, un chiffre « stationnaire » depuis des années. Pour Alice Antheaime, une des explications réside dans une « mauvaise éducation » à la valeur de l'information, le public ayant été habitué à l'accès gratuit via internet. De fait, seuls 11% des Français déclarent avoir reçu une éducation à l'information, soit le plus mauvais score parmi les pays étudiés. Pour y remédier, Alice Antheaume insiste sur l'importance de « nommer les choses » et d'instaurer de la « récurrence » dans l'éducation aux médias et à l'information (EMI) dans les cursus scolaires. Face à l'« accablement » et l'« impuissance » ressentis face aux nouvelles, 36 % des Français disent éviter activement l'information. Dans ce paysage, de nouveaux acteurs tels que HugoDécrypte attirent les jeunes audiences, avec 22 % des moins de 35 ans en France qui consultent ses contenus. Ses formats sont qualifiés de « très pédagogique » et aident à une meilleure compréhension d'un monde complexe. Malgré une perception peu populaire et des conditions d'exercice difficiles, le métier de journaliste conserve une « attractivité folle » chez les jeunes, assure Alice Antheaume. Mais une école de journalisme comme celle de Sciences Po Paris doit s'attacher à former les étudiants pour qu'ils puissent « durer dans ce métier », assure la directrice. La formation insiste sur le fact-checking, le reportage de terrain, et la compréhension des grands enjeux mondiaux. L'intégration de l'intelligence artificielle (IA) est également primordiale, avec des ateliers où les étudiants « ont produit des prototypes pour des médias déjà installés en intégrant et de l'info et des outils d'intelligence artificielle tout en se questionnant sur l'éthique ».
En Ukraine, au Proche-Orient, en Afghanistan, en Irak, avant au Kosovo ou en Centrafrique, elles suivent les guerres et les conflits internationaux au plus près du terrain. Depuis le milieu du XIXème siècle, les femmes ont en effet rejoint les rangs des reporters de guerre pour raconter les combats et leurs conséquences au milieu des destructions, des morts et de la douleur des survivants. Alors qu'elles ont parfois dû vaincre les préjugés, elles ont aussi contribué à transformer une discipline au départ très masculine. Pourquoi ont-elles choisi cette vie hors du commun ? Entre le danger, la peur, la souffrance des autres, quel est l'envers d'un théâtre de guerre ? Et comment concilier le grand reportage avec son quotidien et sa vie de famille ? Avec : • Dorothée Ollieric, grand reporter à France télévision. Autrice de Maman s'en va-t-en guerre (Éditions Du Rocher, 2025) • Manon Loizeau, grand reporter indépendante et réalisatrice de documentaires, dont un avec la journaliste Ksenia Bolchakova, Ukraine, sur les traces des bourreaux diffusé sur Arte en 2024. Lauréate du Prix Albert Londres en 2006. La chronique Mondoblog chez les voisins avec Tanguy Lacroix. • Le blogueur béninois Mawutondji Gérard Godonou parle de l'instrumentalisation des médias par les terroristes. • Ali Abdelkader Foulaty, blogueur tchadien, est fier que son pays soit peuplé par 10 millions de chameaux, un record mondial. Puis Ecoutez le monde de Monica Fantini. Promenade sonore à Ziguinchor, de l'aube à la nuit. Programmation musicale : ► La route de Vénus – Emily Loizeau ► Vilin Manièr – Maya Kamati.
En Ukraine, au Proche-Orient, en Afghanistan, en Irak, avant au Kosovo ou en Centrafrique, elles suivent les guerres et les conflits internationaux au plus près du terrain. Depuis le milieu du XIXème siècle, les femmes ont en effet rejoint les rangs des reporters de guerre pour raconter les combats et leurs conséquences au milieu des destructions, des morts et de la douleur des survivants. Alors qu'elles ont parfois dû vaincre les préjugés, elles ont aussi contribué à transformer une discipline au départ très masculine. Pourquoi ont-elles choisi cette vie hors du commun ? Entre le danger, la peur, la souffrance des autres, quel est l'envers d'un théâtre de guerre ? Et comment concilier le grand reportage avec son quotidien et sa vie de famille ? Avec : • Dorothée Ollieric, grand reporter à France télévision. Autrice de Maman s'en va-t-en guerre (Éditions Du Rocher, 2025) • Manon Loizeau, grand reporter indépendante et réalisatrice de documentaires, dont un avec la journaliste Ksenia Bolchakova, Ukraine, sur les traces des bourreaux diffusé sur Arte en 2024. Lauréate du Prix Albert Londres en 2006. La chronique Mondoblog chez les voisins avec Tanguy Lacroix. • Le blogueur béninois Mawutondji Gérard Godonou parle de l'instrumentalisation des médias par les terroristes. • Ali Abdelkader Foulaty, blogueur tchadien, est fier que son pays soit peuplé par 10 millions de chameaux, un record mondial. Puis Ecoutez le monde de Monica Fantini. Promenade sonore à Ziguinchor, de l'aube à la nuit. Programmation musicale : ► La route de Vénus – Emily Loizeau ► Vilin Manièr – Maya Kamati.
durée : 00:05:42 - La Revue de presse internationale - Les titres de cette revue de presse : les journalistes étrangers ne peuvent toujours pas entrer dans Gaza sans surveillance; Forbidden Stories poursuit l'enquête d'un journaliste assassiné au Paraguay; la suspension des aides américaines fragilise le journalisme indépendant.
Le projet « Alianza Paraguay » a été révélé aujourd'hui par Forbidden Stories, l'ONG Organized Crime and Corruption Reporting Project et 10 médias d'Amérique latine et d'Europe. Trois enquêtes parties de la mort d'un journaliste Leo Veras, qui révèlent l'imbrication du crime organisé avec les pôles de pouvoir du pays. => Forbidden Stories. Le projet « Alianza Paraguay » nous emmène au Paraguay et plus précisément dans la ville de Pedro Juan Caballero à la frontière avec le Brésil. Un point stratégique au cœur de l'Amérique du Sud, point-clé des circuits de trafics illégaux d'armes, de cigarettes et de drogue et lieu de danger pour les journalistes dans un pays où l'impunité et la corruption font loi. C'est dans cette ville que collaboraient deux journalistes, le Paraguayen Candido Figueredo et le Brésilien Lourenço « Leo » Veras. Après avoir travaillé pendant des années de l'autre côté de la frontière sur le crime organisé et les réseaux de trafiquants de la région, Leo Veras était venu poursuivre ses recherches à Pedro Juan Caballero. Il y a finalement été tué le 12 février 2020 de douze balles dans le corps. Son collaborateur a été obligé de quitter le pays. « Ils ont offert des milliers de dollars à qui rapporterait ma tête », témoigne Candido Figueredo pour le projet « Alianza Paraguay ». Mais qui sont- « ils »? Qui sont ceux qui ont tué Leo Veras ? Qui sont ceux qui font la loi à Pedro Juan Caballero, et plus largement au Paraguay ? « Il n'y a jamais eu ni justice ni d'enquête », affirme Cinthia Gonzalez, la veuve de Leo Veras pour « Alianza Paraguay ». Poursuivre l'enquête de Leo Veras C'est donc là que le consortium Forbidden Stories entre en scène. Son objectif est de finir les enquêtes de journalistes réduits au silence. De nombreux médias latino-américains et européens ont participé au projet « Alianza Paraguay ». « C'est un sujet qui touche à beaucoup de pays », explique Mariana Abreu, l'une des journalistes qui a mené l'enquête pour Forbidden Stories. Les conséquences sont particulièrement ressenties dans les pays d'Amérique latine où des membres du crime organisé agissent dans le cadre du trafic d'armes. Il y a beaucoup d'armes qui partent d'Europe, des États-Unis. Elles sont importées au Paraguay puis trafiquées dans des pays d'Amérique du Sud, au Brésil principalement, mais en Bolivie aussi, en Argentine… Ces armes sont utilisées par le crime organisé dans des opérations de trafic de drogue, d'armes ou dans des assassinats. In fine, ce sont les civils et parfois les journalistes qui en font les frais. » Le résultat de ce travail mené depuis un an et demi est donc publié aujourd'hui par Forbidden Stories et d'autres médias collaborateurs tels que la Nacion en Argentine, Révista Piaui au Brésil ou encore La Diaria en Uruguay et IrpiMedia en Italie. Un système criminel tentaculaire L'enquête est segmentée en trois chapitres, l'un est donc le prolongement du travail de Leo Veras et Candido Figueredo, l'autre est l'enquête menée sur la mort de Leo Veras et enfin le dernier tourne autour de la mort d'un député et homme d'affaires paraguayen corrompu. « Leo Veras est le lien entre toutes nos enquêtes, développe Mariana Abreu. Il y a d'abord le sujet sur lequel il enquêtait, le trafic d'armes à la frontière, d'autre part rien n'a véritablement été fait par la justice au Paraguay pour retrouver, incarcérer et juger les hommes qui l'ont tué. Aujourd'hui ils sont tous en liberté. Il y en a même qui ont pris la fuite après avoir été libérés. Enfin le troisième volet porte sur un grand personnage politique du Paraguay qui a été tué en fin d'année dernière. Eulalio « Lalo » Gomes Batista avait beaucoup de liens et avec le pouvoir au Paraguay, et avec les gangs de crimes organisés à la frontière. Il a notamment influencé des juges au Paraguay pour que l'assassin de Leo Veras puisse être libéré. » Derrière le meurtre de ce journaliste, l'un des plus gros groupes criminels d'Amérique Latine Primeiro Comando do Capital. Venu du Brésil, le PCC est très installé dans la région frontalière et possède de nombreuses alliances avec des figures paraguayennes dans la justice comme dans la politique. Au total, 19 journalistes ont été tués au Paraguay en un peu plus de 30 ans, dont sept à Pedro Juan Caballero. Deux autres journalistes ont été tués au Brésil de l'autre côté de la frontière. Après avoir lutté pour mener l'enquête pendant un an et demi, l'objectif d'« Alianza Paraguay » est d'être lu à travers le monde. Car « le Paraguay est actuellement dans un angle mort médiatique, souligne Mariana Abreu. Le pays est coincé entre de grandes puissances d'Amérique latine auxquels l'actualité internationale s'intéresse. Cet angle mort a aussi permis que cette impunité se développe et que tous ces meurtres de journalistes restent impunis. » Haïti- Gonaïves dans l'enfer du Black-out La ville des Gonaïves, chef-lieu du département de l'Artibonite est privée de courant depuis 5 ans déjà. Pas d'électricité malgré la présence dans la ville d'une centrale électrique, cadeau de l'ancien président vénézuélien Hugo Chavez. Depuis 2020, il n'y a pas de carburant pour faire tourner la centrale. Ronel Paul a joint les habitants qui se débrouillent comme ils peuvent face au silence des autorités. Salvador – la répression contre les ONG La situation des droits de l'homme est de plus en plus critique au Salvador, nouvelle illustration il y a quelques jours, avec l'arrestation d'un avocat connu pour son opposition au président Nayib Bukele. Les interpellations sont de plus en plus nombreuses. Le pouvoir étouffe les voix dissidentes et a même fait voter une loi désignant les ONG comme agents étrangers. On en parle avec Achim Lippold.
Kati Bremme, directrice de l'innovation à France Télévisions et rédactrice en chef de Méta-media.fr, est l'invitée de L'atelier des médias pour discuter du dernier numéro du cahier de tendances de France Télévisions. Son titre : Bienvenue en post-réalité, une époque marquée par l'IA générative et ses défis pour les médias. Kati Bremme définit la « post-réalité » : ce monde où l'IA générative produit des contenus « plus vrais que la réalité », où des images et des vidéos quasi indiscernables du réel inondent internet, créant une « hyperréalité » où « l'illusion est plus crédible ». Cela instaure un « doute numérique » constant : tout contenu en ligne est par défaut suspecté d'avoir été généré. Ce flux inclut le « slop », ce « nouveau spam » composé de contenus créés par IA et générés en masse. Les IA, basées sur des probabilités, « hallucinent » sans distinguer le vrai du faux. Elles facilitent la « propagande assistée par intelligence artificielle » et l'usurpation d'identité médiatique pour désinformer. Face au « doute numérique » généralisé – il concerne près d'un internaute sur deux –, les médias publics doivent affirmer leur rôle de « média de confiance ». Leur valeur réside non pas dans la génération de contenu IA, mais dans la vérification des faits et la « relation humaine avec nos publics », rappelle Kati Bremme. Le journaliste devient « créateur de sens », au-delà de la curation d'informations omniprésentes. Il doit « décrypter, mettre dans le contexte » et « incarner l'information ». Ceci exige un retour au « terrain comme seule épreuve tangible du réel », pour reprendre les mots de Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart, pour une confrontation directe à la réalité et aux personnes, démarche différenciante. Les IA conversationnelles deviennent en quelque sorte un « nouveau public » pour les journalistes, remâchant leurs contenus. Cela ouvre la voie aux « formats liquides » qui s'adaptent aux utilisateurs. Dans ce contexte, l'IA offre un « dividende d'intimité » : les internautes se permettent de lui poser des questions bêtes, sachant qu'ils ne vont pas être jugés – tout l'inverse des réseaux sociaux. Cependant, l'hyperpersonnalisation menace de créer des « bulles solipsistes », enfermant l'individu dans son raisonnement, ce qui nuit au débat démocratique. Face à l'hégémonie des géants technologiques, les médias sont dans une situation « perdant-perdant ». Aussi, iI est crucial de comprendre les intérêts économiques, d'être transparent sur l'utilisation de l'IA... et de chercher des alternatives, explique Kati Bremme.
RFI reçoit Eloïse Layan de Forbidden Stories et Wethzer Piercin d'Ayibopost qui signent une longue enquête très documentée sur l'assassinat de deux journalistes haïtiens. Néhémie Joseph est mort le 10 octobre 2019, à Mirebalais, alors qu'il travaillait sur la contrebande à la frontière entre Haïti et la République dominicaine. Gary Tess, lui, dénonçait sur les ondes les mauvaises pratiques des hommes politiques haïtiens. Néhémie Joseph était un journaliste engagé, «un battant», raconte Eloïse Layan. Il se savait menacé. Il l'avait d'ailleurs écrit sur les réseaux sociaux une dizaine de jours avant sa mort, se disant la cible d'un complot ourdi, entre autres, par l'ancien sénateur Rony Célestin. «Il a trouvé la mort par des sbires du pouvoir en place», dénonce sa famille. Néhémie Joseph travaillait sur des sujets sensibles, notamment sur la situation de chauffeurs routiers rackettés par les gangs et obligés de transporter des armes. Un trafic dans lequel Rony Célestin était vraisemblablement impliqué. Forbidden Stories a décidé de poursuivre ses investigations. Eloïse Layan s'est rendue en Haïti et a marché dans les pas du journaliste haïtien à la frontière, à Belladère. Elle a recueilli de nombreux témoignages anonymes. Certains mettent en cause les agents de douane qui ne vérifient pas correctement les chargements, raconte la journaliste. Le nom de Rony Célestin revient également régulièrement. «Même les rapports d'experts des Nations disent que c'est un contrebandier qui a des liens avec les groupes criminels», précise Eloïse Layan. «C'est l'homme le plus puissant du département du Plateau central. Mais son influence s'étend jusqu'à Port-au-Prince.» Gary Tess, 39 ans, animait une émission sur une radio des Cayes dans laquelle il épinglait la classe politique haïtienne. Il a été tué le 18 octobre 2022. Le principal suspect est l'ancien procureur Ronald Richemond. Le journaliste l'accusait de voler des terres. Lui nie les accusations. Mais «il est mis en cause par de nombreuses personnes, dont certains de ses anciens collaborateurs», raconte Wethzer Piercin. «Même si Ronald Richemond est inculpé, le dossier traîne. Il y a une véritable omerta car les gens ont peur de parler. On ne sait pas si la justice va pouvoir mener son enquête jusqu'au bout», complète Eloïse Layan. Le travail d'Eloïse Fayan et Wethzer Pierin est à lire sur les sites de Forbidden Stories, du Monde et d'Ayibopost. Donald Trump a-t-il vraiment gagné en faisant voter sa loi budgétaire ? Aux États-Unis, la presse revient sur la loi budgétaire que Donald Trump a réussi à faire voter par le Congrès hier (3 juillet 2025) et se demandent s'il s'agit vraiment d'une victoire. Le Washington Post se fait l'écho des inquiétudes de certains républicains. Le sénateur de Caroline du nord, Thom Tillis, a mis en garde Donald Trump, le week-end dernier. «Vous faites une bêtise», lui a-t-il dit au téléphone, raconte le journal. Selon ce sénateur, les coupes dans Medicaid prévues par la loi Budgétaire, vont coûter cher au parti : elles vont lui faire perdre la majorité à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat, en 2026. Donald Trump a renié l'une de ses promesses de campagne, écrit le Washington Post, qui était de ne pas toucher au système de santé. Pour Josh Hawley, sénateur du Missouri, cité par le New York Times : «Nous ne pouvons pas être le parti des travailleurs si on supprime aux travailleurs leur sécurité sociale». Un argument que balaie du revers de la main le camp Trump. Pour le président et ses alliés, c'est une bonne chose que cette loi ait été votée bien avant les élections de mi-mandat. Les effets économiques seront visibles avant le scrutin, se réjouissent-ils, raconte Politico. En avril 2025, six mois avant les élections, quand ils rempliront leurs déclarations d'impôts, les Américains verront l'impact de la suppression des taxes sur les pourboires et sur la sécurité sociale. Quant à Medicaid, le camp Trump a prévu la parade : ils comptent «vendre les coupes dans le programme d'assurance maladie pour les Américains à faibles revenus comme une lutte contre le gaspillage, les fraudes et les abus», écrit encore le site d'information en ligne. Les États-Unis et la Colombie au bord de la rupture diplomatique En Colombie, la presse revient sur la détérioration des relations entre Bogota et Washington. Hier, les deux pays ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs. Cela fait plusieurs mois que la crise couvait. El Espectador dresse la liste de tous les points de crispation qui ont jalonné cette escalade. Il y a tout d'abord eu le refus de Bogota d'accepter le retour de Colombiens entrés illégalement aux États-Unis, puis la question des droits de douane, les remontrances de Washington qui trouve que Gustavo Petro n'en fait pas assez en matière de lutte contre le trafic de drogue et, en réponse, le refus de la Colombie d'extrader vers les États-Unis des responsables de groupes armés. Et puis, il y a eu «la goutte d'eau qui a fait déborder le vase», termine El Espectador : Gustavo «Petro a accusé de membres du Congrès américain d'avoir participé à la préparation d'un coup d'État afin de le renverser». Cette dispute intervient au pire moment, explique El Espectador. La ministre des Affaires étrangères colombienne a démissionné hier. Or, «le président et son entourage ne savent pas mener à bien des négociations sensibles. Ils sont trop dogmatiques», estime Lawrence Gumbiner, ancien diplomate américain. Et dans 15 jours, se termine la pause sur les tarifs douaniers décrétée par Donald Trump. Dans les colonnes de la Semana, l'ancien ministre de la Défense et ancien ambassadeur à Washington, Juan Carlos Pinzón demande au gouvernement colombien de «faire preuve de bon sens et de faire passer les intérêts nationaux avant ses intérêts partisans, politiques et électoraux». Le journal de la 1ère En Guyane, le principal d'un collège s'est donné la mort.
Comment vit-on et relate-t-on la pire attaque terroriste survenue dans le pays dans lequel on vit ? Comment témoigner ensuite d'une guerre quand l'accès au terrain est interdit, que les récits se percutent et que le choix de chaque mot devient un enjeu à part entière ? Le journaliste Samuel Forey a été confronté à toutes ces questions. Installé à Jérusalem entre 2020 et 2025, il y a assuré une partie de la correspondance du Monde à partir de l'été 2023.Depuis l'attaque du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, il nous raconte la guerre à Gaza ainsi que ses conséquences pour les Palestiniens (57 000 d'entre eux ont péri) et pour les Israéliens, alors que 49 otages sont encore retenus à Gaza. Avant de clore ce chapitre et de s'installer au Caire, où il continuera à travailler pour Le Monde, il évoque, dans cet épisode du podcast « L'Heure du Monde », les coulisses d'une guerre, mais aussi d'un métier : journaliste en zone de conflit.Un épisode de Marion Bothorel. Présentation et rédaction en chef : Claire Leys. Musiques originales : Amandine Robillard. Réalisation : Amandine Robillard et Quentin Tenaud. Dans cet épisode : extraits de deux journaux télévisés de TV5Monde diffusés les 24 décembre 2021 et 22 juin 2023 ; d'une vidéo d'Associated Press publiée le 27 mars 2023 ; du JT de 20 heures de France 2, de celui de 20 heures de TF1, des journaux de 8 heures et de 19 heures de France Inter et d'un direct à l'antenne de France 24, tous diffusés le 7 octobre 2023.Cet épisode a été diffusé le 3 juillet 2025. Hébergé par Audion. Visitez https://www.audion.fm/fr/privacy-policy pour plus d'informations.
Depuis quelques années, la scène musicale électronique irakienne se développe. C'est à Erbil, au Kurdistan irakien, que ce genre musical se fait le plus entendre, à l'occasion de grandes célébrations qui réunissent plusieurs milliers de mélomanes pour danser aux rythmes de DJs parfois venus de l'étranger. Ces fêtes s'ouvrent de plus en plus aux femmes irakiennes, qui, elles aussi, souhaitent s'imposer comme DJ et passer derrière les platines. De notre correspondant à Erbil, Elles sont cinq femmes, la vingtaine, toutes réunies par leur passion de la musique électronique dans le studio de l'ONG Action Humanitaire et Journalisme à Erbil. Pour une semaine, la DJ française Olympe 4000 leur enseigne les ficelles du métier. Nour, concentrée sur ses platines numériques, raconte sa rencontre avec la techno : « J'ai commencé à aller à des fêtes, à vraiment aimer la musique, se remémore-t-elle. J'avais envie d'essayer, je me suis mise à le faire pour rigoler chez mes amis. Ma copine jouait et je m'amusais à appuyer sur les boutons avec elle... Puis je me suis dit que je devais apprendre, que je devais devenir une DJ moi aussi, parce que je m'en sortais super bien. » Cette passion n'a pourtant rien d'évident lorsqu'on est une jeune femme ayant grandi à Bagdad, comme en témoigne une de ses camarades, DJ 5AM. « La perception est négative... Particulièrement pour les filles, partage-t-elle. Les hommes, personne ne les jugera. Mais nous sommes des filles en Irak et toutes les femmes DJ seront confrontées à leur jugement ». Ayant déjà fait les frais de cette défiance, la musicienne préfère rester discrète. « Je l'ai personnellement expérimentée avec mon chef, raconte la jeune femme. Il a souligné que j'avais une position élevée dans l'entreprise, pourquoi est-ce que je choisirais alors de devenir DJ ? Je lui ai dit que c'était juste un loisir. Ça ne l'a pas tout à fait convaincu, mais je me moque de son opinion. J'ai fait ce que je voulais. » À lire aussiRegards sur l'Iran : l'art comme acte de résistance Cette persévérance suscite l'admiration d'Olympe 4000. La DJ est une habituée des clubs européens, mais c'est sa première expérience en Irak, où elle s'est fixé plusieurs objectifs au cours de la formation qu'elle dispense auprès de Nour, 5AM et leurs camarades. « J'essaie de les accompagner dans le développement de leur carrière, de faire en sorte qu'elles s'autonomisent et surtout leur donner confiance, explique-t-elle. Il y en a quelques-unes qui savent déjà mixer, mais qui ne se sentent juste pas légitimes de jouer devant un public. Le peu d'amis DJ qu'elles ont autour d'elles, ce sont principalement des hommes. » Encore balbutiante, la scène électronique émergente d'Erbil se veut inclusive et protectrice, des valeurs au cœur des soirées que Nour organise avec ses amis. « Lors de nos évènements, de nombreuses femmes dansent librement, c'est un environnement sécurisant : nous nous efforçons de créer un espace où elles se sentent à l'aise de faire ce qu'elles veulent, tous leurs droits sont garantis », témoigne la DJ. L'un des principaux obstacles à l'expansion de cette industrie musicale, c'est la difficulté pour ses artistes de voyager afin de se produire en Europe où les visas sont délivrés au compte-goutte pour les Irakiens. Pas de quoi effrayer Nour : « Je rêve en grand : je me vois un jour jouer dans les grands festivals. Je sais que j'en suis capable, et j'y arriverai un jour. » À lire aussiMusique : où sont les femmes ?
Olivier Legrain, un millionnaire français mécène de la presse indépendante, cosigne avec le journaliste Vincent Edin un livre intitulé Sauver l'information de l'emprise des milliardaires (Payot, 2025). Dans L'atelier des médias, tous deux détaillent la mainmise d'une dizaine d'oligarques, en France, sur les secteurs de la presse et de l'édition. Ils avancent aussi des pistes de solutions face au péril que cette situation fait peser sur la démocratie française. L'entretien débute par la présentation du livre Sauver l'information de l'emprise des milliardaires, publié par l'éditeur français Payot en mai 2025. Olivier Legrain, millionnaire français et mécène de la presse indépendante, et Vincent Edin, journaliste indépendant, y décrivent la « concentration inédite des médias français » aux mains de « 10 milliardaires qui accaparent à eux seuls 90 % des ventes de quotidien nationaux, 55 % de l'audience des télévisions et 40 % de celle des radios ». Olivier Legrain explique cette concentration par un « capitalisme d'influence » et une « guerre culturelle et idéologique ». Il affirme que pour ces milliardaires, « perdre de l'argent est complètement secondaire ». Les menaces sur la démocratie et la qualité de l'information Olivier Legrain exprime son inquiétude et sa révolte face à cette situation, prévenant d'un « risque très important » de « vrai basculement dans notre pays » lors de la présidentielle de 2027. Il dénonce une « information à bas coût » qui « bafoue » la Charte de Munich. Vincent Édin critique le manque de fermeté du régulateur français des médias (l'Arcom), soulignant que les chaînes de Vincent Bolloré ont été « sanctionnées 52 fois pour manquement à leurs obligations à la déontologie journalistique » sans interdiction temporaire d'émettre. Le projet d'une Maison des médias libres à Paris Olivier Legrain, multimillionnaire, affirme que l'achat de médias n'est « absolument pas [sa] philosophie ». Il se considère comme un citoyen engagé, utilisant son patrimoine pour « la liberté de la presse, le côté pluraliste » et l'accueil des réfugiés en France. Depuis une décennie, Olivier Legrain a accompagné financièrement plus de 50 médias indépendants. Son projet de la Maison des médias libres, situé au 70 boulevard Barbès à Paris, représente un investissement de 25 millions d'euros pour 4 500 m² et 350 postes. L'objectif est de « créer de l'émulation » et des « synergies » entre les médias indépendants, leur permettant de mutualiser des fonctions et de « créer une puissance de feu supplémentaire ». Vincent Edin perçoit ce lieu comme un « petit phalanstère qui protège les médias indépendants » et un moyen de « se rassembler pour pas se faire écraser ». L'ouverture est espérée durant l'année 2027. Pistes de solutions et réformes Les auteurs plaident pour « changer les lois » afin d'interdire à un milliardaire de posséder plus d'un média, souhaitant qu'ils « ne fasse plus système ». Ils proposent un renforcement des sanctions pour les manquements à la déontologie et une distribution plus proportionnelle des aides à la presse. Olivier Legrain souligne l'importance de « sanctuariser le service public de l'information » et milite pour un « droit d'agrément » des journalistes sur la nomination de leur directeur de la rédaction. Vincent Édin plaide pour généraliser l'éducation aux médias (EMI) à tous les âges, car l'information est un « bien commun » et non une marchandise. Un combat pour le pluralisme et la démocratie Olivier Legrain explique qu'ils se bat pour que « la science, les faits, les sources fiables soient débattues sans être considérés comme des opinions comme les autres », et pour « sauver le pluralisme de l'information ». Pour lui, l'information, la justice et la science sont « les trois combats fondamentaux pour une démocratie ». Il conclut en citant Jacques Kayser (1955) : « L'information, au lieu d'être un bien commun au service des peuples tend à devenir une marchandise livrée aux lois du profit. »
Ce soir, vous avez choisi la radio pour vous informer, et c'est déjà une très bonne chose. Mais vous avez en plus choisi RFI. Et là, disons-le franchement : c'est encore mieux. Parce que ce soir, vous aviez le choix. Le choix d'aller chercher vos infos sur X, TikTok ou Instagram. Le choix de swiper entre une vidéo de guerre, un tutoriel de cuisine, une citation de Gandhi... Le choix de zapper, de cliquer, de commenter, de partager. Et c'est exactement ce que fait une majorité de jeunes Américains – près de 54%, selon le dernier Digital News Report du Reuters Institute, ne s'informent plus que par les réseaux sociaux. Pourquoi ? Parce que l'info y est plus courte, plus rapide, souvent plus ludique, plus incarnée. Parce qu'on peut s'informer comme on veut, quand on veut, sans ordre, sans filtre… enfin ça c'est ce qu'on pense. Mais voilà : cette information-là, aussi fluide soit-elle, est parfois incomplète, biaisée, ou pire : manipulée. Alors on pose la question ce soir, en toute franchise : - Les médias traditionnels sont-ils devenus obsolètes ? - Doivent-ils se réinventer, ou mourir dignement ? - Les réseaux sociaux sont-ils des caisses de résonance dans nos conflits ? Pour en débattre - Sophie Jehel, professeure en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris 8, au Laboratoire CEMTI (Centre d'études sur les Médias, les Technologies et l'Internationalisation), spécialiste des pratiques numériques et informationnelles des jeunes - Vincent Berthier, responsable du bureau technologies et journalisme chez Reporters sans frontières (RSF) - Fabrice Epelboin, entrepreneur, enseignant, spécialiste des médias sociaux.
Ce soir, vous avez choisi la radio pour vous informer, et c'est déjà une très bonne chose. Mais vous avez en plus choisi RFI. Et là, disons-le franchement : c'est encore mieux. Parce que ce soir, vous aviez le choix. Le choix d'aller chercher vos infos sur X, TikTok ou Instagram. Le choix de swiper entre une vidéo de guerre, un tutoriel de cuisine, une citation de Gandhi... Le choix de zapper, de cliquer, de commenter, de partager. Et c'est exactement ce que fait une majorité de jeunes Américains – près de 54%, selon le dernier Digital News Report du Reuters Institute, ne s'informent plus que par les réseaux sociaux. Pourquoi ? Parce que l'info y est plus courte, plus rapide, souvent plus ludique, plus incarnée. Parce qu'on peut s'informer comme on veut, quand on veut, sans ordre, sans filtre… enfin ça c'est ce qu'on pense. Mais voilà : cette information-là, aussi fluide soit-elle, est parfois incomplète, biaisée, ou pire : manipulée. Alors on pose la question ce soir, en toute franchise : - Les médias traditionnels sont-ils devenus obsolètes ? - Doivent-ils se réinventer, ou mourir dignement ? - Les réseaux sociaux sont-ils des caisses de résonance dans nos conflits ? Pour en débattre - Sophie Jehel, professeure en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris 8, au Laboratoire CEMTI (Centre d'études sur les Médias, les Technologies et l'Internationalisation), spécialiste des pratiques numériques et informationnelles des jeunes - Vincent Berthier, responsable du bureau technologies et journalisme chez Reporters sans frontières (RSF) - Fabrice Epelboin, entrepreneur, enseignant, spécialiste des médias sociaux.
« Informer à l'heure de la post-vérité » était le sujet d'une table ronde du 3e Festival international du journalisme de Carleton-sur-mer, au Québec, mi-mai 2025. L'atelier des médias propose un compte rendu des échanges qui réunissaient une universitaire et trois directeurs de médias francophones canadiens. Il a été question d'intelligence artificielle, de régulation des plateformes ou encore de la notion de confiance. Marie-Ève Carignan est professeure titulaire au Département de communication de l'Université de Sherbrooke et cotitulaire de la chaire Unesco en prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violents. Elle a aussi aussi été responsable des communications et analyste au Conseil de presse du Québec. Marc Gendron est éditeur chez Le Soleil et directeur principal croissance numérique des Coops de l'information Luce Julien est directrice générale de l'information à Radio-Canada depuis 2018. Brian Myles est le directeur du quotidien Le Devoir depuis 2016 mais il y travaille depuis trois décennies. Il a enseigné le journalisme à l'UQAM, de 2000 à 2016. Il a aussi été président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) de 2009 à 2013. Marie-Ève Carignan commence par rappeler que la post-vérité est un concept qui, bien qu'il ait été le mot de l'année du dictionnaire Oxford en 2016, ne fait pas l'unanimité parmi les chercheurs. Ce terme est apparu pour décrire une ère où l'on accorde moins d'importance aux faits et à l'information factuelle, et davantage aux émotions et aux croyances personnelles. Une époque du « tout se vaut ». Les évolutions technologiques, notamment la démocratisation d'Internet, l'explosion des réseaux sociaux et l'intelligence artificielle (IA), ont eu un impact sur le secteur des médias, ces derniers ayant perdu leur « centralité » dans la diffusion de l'information. Aujourd'hui, « n'importe qui peut devenir un créateur et surtout un diffuseur de contenu », et sur l'espace numérique, « on est presque tous à armes égales », explique Marc Gendron, du quotidien Le Soleil. Les théories du complot, auparavant confinées à des cercles restreints, peuvent désormais être diffusées à grande échelle et atteindre des personnes sensibles à ce type de propos. L'IA a encore amplifié ce phénomène, permettant l'existence de « fermes à fausses nouvelles ». Cependant, Brian Myles, directeur du quotidien Le Devoir, rappelle que « le premier facteur de désinformation, c'est un être humain », soulignant que la désinformation précède largement la révolution numérique. Pour lui, l'enjeu de notre époque est le passage de l'insulte « fake news » appliquée aux médias traditionnels à « un empire de fausses nouvelles » qui a engendré une « communauté qui est dans la croyance pour ne pas dire dans la crédulité », menant à une ère où « ce n'est plus je pense donc je suis, c'est je le pense donc c'est vrai ». Il précise que des études montrent qu'une personne sur quatre s'informe désormais sur les réseaux sociaux, et la moitié des personnes interrogées dans ces études considèrent Facebook comme « très crédible », alors que la plateforme a été un puissant véhicule de désinformation. Le blocage des contenus d'actualité sur Facebook et Instagram au Canada depuis le 1er août 2023, riposte de Meta à une loi canadienne obligeant le géant américain à payer les médias pour reprendre leur contenus, a eu des impacts mitigés. Un tiers des Canadiens ne sauraient même pas que les contenus d'actualités sont bloqués sur ces plateformes, rappelle Marie-Ève Carignan. À l'inverse, Brian Myles qualifie ce blocage de « bénédiction », car cela a poussé les utilisateurs à chercher directement l'information, apportant plus de trafic direct et d'abonnements numériques pour son média. À écouter aussi«L'ère de la post-vérité»: le regard d'un économiste sur les effets du capitalisme numérique Face à ces défis, plusieurs pistes de solutions ont été proposées pour continuer d'informer à l'ère de la post-vérité : Rétablir la confiance : Brian Myles insiste sur le fait que la confiance est le bien le plus précieux des journalistes. La transparence est essentielle : sur les méthodes, la structure de propriété, la séparation entre faits et opinions, l'admission et la correction des erreurs. Il faut également des journalistes de terrain qui reflètent la réalité des gens, des médias capables de connecter avec leur public et des espaces de rétroaction intégrants le lecteur. Développer les communautés et la proximité : Marc Gendron souligne l'importance de réinvestir dans des espaces de commentaires modérés sur les environnements propres (sites et applications) des médias pour créer un engagement et une communauté autour des contenus. Il faut que les médias de proximité aillent sur le terrain, fassent écho aux préoccupations des gens pour rétablir un lien de confiance fondamental. Le dialogue social : Marie-Ève Carignan mentionne des projets mettant en relation des personnes aux croyances radicalement opposées (par exemple, sur l'immigration ou le changement climatique) pour encourager l'écoute et l'ouverture aux différentes opinions. Des méthodes comme l'« entretien motivationnel » ont montré leur efficacité pour amener les gens à réfléchir à leurs valeurs et potentiellement modifier leurs croyances, notamment en santé publique. L'éducation aux médias : Marie-Ève Carignan et Luce Julien insistent sur le potentiel de l'éducation aux médias (EMI). Des projets pilotes ont montré que les participants comprennent mieux le fonctionnement des médias et sont plus ouverts aux sources d'information, mais ces initiatives manquent de financement et de structuration uniforme. La régulation des plateformes numériques : Le problème de l'économie des médias en crise est que la création de contenu dédié à chaque réseau social n'est pas rentable, car les médias sont « écartés de la chaîne de valeur » et ne tirent pas de revenus de ces plateformes. Brian Myles insiste sur l'absence d'un cadre réglementaire juste pour les plateformes numériques. Il affirme que les plateformes ne sont ni de simples compagnies de technologies ni des médias traditionnels, mais un « entre-deux ». Il suggère que des actions judiciaires antitrust aux États-Unis, visant à démanteler des géants comme Google et Facebook, pourraient potentiellement « régler l'enjeu pour nous tous ». Le rôle des gouvernements : Marie-Ève Carignan considère l'information comme un « bien public » qui coûte cher à produire et devrait être financé par le gouvernement par le biais des taxes, et non pas seulement par l'abonnement. Brian Myles s'inquiète de la « montée des gouvernements populistes qui arrivent avec un agenda de remise en question des institutions médiatiques » et qui « vont laisser le mensonge investir l'espace d'élaboration des politiques publiques », ce qui est « profondément dangereux dans une démocratie ». Malgré ces défis, Luce Julien offre une note d'espoir, affirmant que « l'industrie va mal » financièrement, mais que « on fait du meilleur journalisme qu'on en faisait il y a plusieurs années », avec par exemple de nombreux médias réalisant du journalisme d'enquête de qualité. Elle encourage les citoyens à « poser des questions aux médias » s'ils doutent d'un reportage, soulignant l'importance du lien direct avec le public.
Dans son récit, Stéphane Bern nous raconte l'histoire d'Elisabeth de Miribel, la première combattante de la France Libre qui a dactylographié l'appel du 18 juin. Au Coeur de l'Histoire est réalisée par Guilaume Vasseau. Rédaction en chef : Benjamin Delsol. Auteur du récit : Tony Liégois. Journaliste : Clara Leger. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Dans son récit, Stéphane Bern nous raconte l'histoire d'Elisabeth de Miribel, la première combattante de la France Libre qui a dactylographié l'appel du 18 juin. Au Coeur de l'Histoire est réalisée par Guilaume Vasseau. Rédaction en chef : Benjamin Delsol. Auteur du récit : Tony Liégois. Journaliste : Clara Leger. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.