POPULARITY
Categories
La démocratie sénégalaise pourrait-elle perdre l'un de ses piliers, sa presse, libre, qui est pourtant une référence dans toute l'Afrique de l'Ouest ? Les nouvelles préoccupantes sur la santé économique des médias sénégalais se multiplient. Dernière en date : un plan de restructuration dans le groupe Futurs médias de Youssou N'Dour, annoncé par la direction, à la suite de graves difficultés financières. D'où vient cette situation de fragilité ? Que faire ? Ibrahima Lissa Faye est responsable de la Coordination des associations de presse du Sénégal. Il est l'invité de Laurent Correau. RFI : Est-ce qu'il faut s'inquiéter de l'état du quatrième pouvoir, de l'état de la presse, au Sénégal, aujourd'hui ? Ibrahima Lissa Faye : Il y a de quoi s'inquiéter parce qu'il y a des menaces réelles sur la survie de la presse au Sénégal. Depuis plus de 17 mois, les entreprises de presse ont une trésorerie déficitaire parce qu'il y a eu un ensemble de mesures inappropriées prises par l'État qui fragilise la survie des entreprises de presse et qui les met dans une situation extrêmement compliquée. Et aujourd'hui, toutes les entreprises de presse privées vivent avec des arriérés de salaires, des arriérés de location et du matériel vétuste qui n'a pas pu suivre une maintenance correcte. Donc, il y a des risques d'extinction de certains médias. Un journal sénégalais titrait récemment « GFM, Walf et Sud, les géants de la presse sénégalaise s'effondrent ». Est-ce que ça va jusque-là ? Est-ce que vous diriez qu'effectivement ces trois groupes, qui sont des piliers de la démocratie sénégalaise autant que des éléments de son patrimoine intellectuel, sont menacés ? Ils sont bien menacés, que ce soit Sud, Wal Fadjri et GFM, les fleurons médiatiques du Sénégal sont menacés. Parce que si vous prenez par exemple Sud, les employés étaient sur le point d'aller en grève. Et si c'était le cas, c'est clair que le titre allait disparaître. Pour ce qui est de GFM, la direction a annoncé une mesure sociale pendant un licenciement technique de beaucoup de travailleurs, et le syndicat refuse et a sorti un communiqué pour dénoncer cela. Pour Wal Fadjri, ils sont dans les mêmes difficultés que tout le monde. Donc, pour vous dire que la situation est quasi pareille dans toute la presse privée. Qu'est-ce qui provoque ces difficultés financières des médias ? En réalité, c'est à cause du gel des contrats publicitaires venant des entreprises publiques et parapubliques, mais également aussi le blocage depuis 2024 du Fonds d'appui et de développement de la presse, le FADP, mais également aussi la situation économique extrêmement tendue du pays qui fait que, en fait, le privé, sa marge publicitaire, c'est juste autour de 15%/20 %. Et donc, avec 15%/20 %, on ne peut même pas gérer les charges courantes. Qu'est-ce qui peut être fait pour essayer de renverser cette situation ? Moi, je pense qu'en fait, le pouvoir et les acteurs des médias doivent discuter. Mais surtout que le ministre descende de son piédestal pour parler avec les acteurs des véritables problèmes et qu'au plus haut niveau qu'il y ait une volonté aussi de trouver des solutions. Les acteurs proposent, mais au niveau de l'État, on n'a pas de répondant. Nous sommes face à un mur qui est là et qui, malheureusement, ne nous offre aucune opportunité. Il y a tout de même des mesures positives qui ont été prises par les nouveaux pouvoirs publics : l'enregistrement des médias sur une plateforme pour plus de transparence ou l'actualisation de la loi sur la publicité. Oui, ça, ce sont des mesures importantes. Il faut les saluer. Nous ne sommes pas d'accord sur la démarche. Il aurait pu quand même le faire avec les acteurs. Les médias sénégalais sont considérés comme des références pour l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest. Comment est-ce que vous voyez les conséquences de ce risque d'effondrement de la presse privée sénégalaise pour la démocratie dans la région, de manière plus générale ? Ce que j'ai l'habitude de dire, c'est que si aujourd'hui on néglige les médias sénégalais jusqu'à ce que les fleurons mettent la clé sous le paillasson, il y a des forces obscures – nous sommes dans une région très menacée, avec une insécurité qui est là – qui pourraient en tout cas s'accaparer nos médias ou venir avec une autre offre qui peut ne pas nous arranger. Nous nous battons pour que ces fleurons de la presse sénégalaise demeurent, pour que, en fait, l'identité de la presse sénégalaise continue et perdure. On n'est pas là pour un pouvoir ou pour des lobbys. La presse est là pour l'information, elle est là pour les populations. Et donc, c'est important que cette presse-là garde cette indépendance pour qu'elle puisse servir tout le monde.
Journaliste et écrivain, Giuliano da Empoli est un des esprits les plus brillants du moment. L'auteur des Ingénieurs du chaos ou du roman Le mage du Kremlin est l'invité de ce numéro d'Idées pour parler des « prédateurs qui sont au pouvoir aujourd'hui sur tous les continents ». (Rediffusion) Ancien adjoint au maire en charge de la culture à Florence, conseiller politique du président du Conseil italien Matteo Renzi, il a publié son premier livre en 1996, Un grande futuro dietro di noi à propos des difficultés rencontrées par les jeunes Italiens. En tant qu'auteur et commentateur politique, il intervient régulièrement dans des émissions télévisées et radiophoniques en Italie et en France. Il publie aujourd'hui L'heure des prédateurs chez Gallimard. « Aujourd'hui, l'heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d'une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l'épée. Ce petit livre est le récit de cette conquête, écrit du point de vue d'un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d'un monde, au moment où il sombre dans l'abîme, et l'emprise glacée d'un autre, qui prend sa place. », écrit-il dans ce récit. Au micro de Pierre-Edouard Deldique, Giuliano da Empoli nous fait voyager de New York à Riyad, de l'ONU au Ritz-Carlton de MBS, « là où le pouvoir s'acquiert par des actions irréfléchies et tapageuses, où des autocrates décomplexés sont à l'affût du maximum de chaos, où les seigneurs de la tech semblent déjà habiter un autre monde, où l'IA s'avère incontrôlable ». L'auteur qui a une parfaite connaissance du milieu politique regarde sans ciller : « L'union de la rage et des algorithmes ». Il préconise de « réinventer une propagande adaptée à l'ère des selfies et des réseaux sociaux » car « le moment que nous vivons est machiavélien ». Idées, le magazine qui interroge ceux qui pensent le monde. Programmation musicale : Edouard Ferlet – Herd instinct
Retour sur le verdict prononcé hier à l'encontre du chirurgien pédocriminel Joël LE SCOUARNEC. 20 ans, la peine maximale, mais sans rétention de sûreté. Du côté des 299 victimes, c'est la colère et l'incompréhension : elles dénoncent un rendez-vous manqué avec la justice, avec les politiques, avec la société. Alors pourquoi ce procès hors-norme n'a-t-il pas provoqué la même onde de choc que celui de Mazan ? Est-ce la société toute entière qu'il faut mettre sur le banc des accusés ? Faut-il faire évoluer la loi pour mieux protéger les enfants ? On en débat ce jeudi 29 mai avec nos invités : ▶︎ Louise COLCOMBET Grand Reporter police/justice au Parisien▶︎ Gabriel Membre d'un collectif de victimes de JLS▶︎ Hugo LEMONIER Journaliste, auteur de « Piégés, dans le « journal intime » du Dr Le Scouarnec » (éditions Nouveau Monde, février 2025)▶︎ Denis SALAS Essayiste et ancien magistrat▶︎ Marie GRIMAUD Avocate au barreau de Paris et avocate des parties civiles dans le procès Le Scouarnec
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection "à boire et à manger", celles et ceux qui font le bon goût aveyronnais, je vous propose d'écouter... Sébastien Blaquière.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2025.Juillet 1998. Tous les yeux sont braqués sur Zidane et l'équipe de France, qui vient de décrocher son ticket pour la finale de la Coupe du monde. En attendant le coup d'envoi, ce dimanche 12 juillet au Stade de France, la fête est partout. Dans chaque ville, sur chaque place de village, drapée de bleu-blanc-rouge. à ce même moment, dans un petit local de Saint-Geniez, il en est un qui vit ses premiers pas de brasseur. Dans l'effervescence nationale, les tout premiers fûts de la bière d'Olt coulent dans les bars du village. La Brasserie d'Olt est née, en fanfare.Tandis que la France ne compte alors, qu'une poignée de brasseries artisanales, Sébastien Blaquière arrive avec l'âme d'un pionnier, qu'il revendique aujourd'hui, parce qu'il se souvient avoir débroussaillé le chemin à mains nues. Vingt-sept ans plus tard, plus de vingt micro-brasseries ont fleuri en Aveyron à ses côtés.De son flair précurseur, de la concurrence locale qu'il a longtemps attendue, de son influence japonaise qui l'a poussé à aller voir du pays pour s'imprégner d'autres cultures avant de revenir entreprendre au bercail, de la difficulté de recruter à la campagne, qui n'entache pas pour autant son attachement viscéral à son village natal : dans cet entretien, nous avons cheminé entre tous ces sujets. Et puis j'ai aussi appris que l'alcool, lui, il n'y tient pas outre-mesure, que la personnalité de Marie Talabot, figure de la cité marmotte au XIXe siècle, l'accompagne depuis l'enfance, et que les Parisiens ont été les premiers à croire en son breuvage. Bonne écoute !
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection "à boire et à manger", avec celles et ceux qui font le bon goût aveyronnais, je vous propose d'écouter... Pauline Broqua.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2023.Après Marie-Thérèse Lacombe, Daniele Puech, Nicole Fagegaltier, Danielle Dastugue, Emmanuelle Gazel, Sarah Singla et Josette Hart, qui se sont livrées dans la première saison des Pionnières, je vous propose de compléter la collection. Aujourd'hui, avec Pauline Broqua.Premières gelées, la brume s'accroche encore aux pieds de vigne. Sur les coteaux d'Entraygues, littéralement entre les eaux, à la confluence de la Truyère et du Lot, vit Pauline Broqua. Elle a posé ses valises ici il y a près de 5 ans, après avoir troqué son tablier de sommelière, à Toulouse, contre le sécateur de vigneronne, en Aveyron. Moins de 5 ans et déjà une reconnaissance qui dépasse largement les frontières du département pour son vin naturel sous l'AOP Entraygues le Fel.Son caractère, sa détermination et sa revanche sur la terre s'entendent dans sa voix. Être vigneronne c'est signer, pour elle, un retour au monde agricole dans lequel elle a grandi et qu'elle s'était promis de ne jamais retrouver. Si l'appel de la terre a été plus fort, c'est parce qu'elle a trouvé, sur ce bout de terre nord-aveyronnaise, un terrain de jeu préservé de l'agriculture intensive, en phase avec sa volonté de travailler éco-logique.Comme toutes les Pionnières de la collection de Finta, je lui ai demandé de commencer par cette phrase, à la manière d'Annick Cojean. Je ne serais pas arrivée là, si…Retrouvez ici l'intégralité de la collection des #Pionnières. Les #Pionnières ont défriché des chemins, ouvert des voies, porté une voix en Aveyron et parfois bien au-delà. Toutes ont en commun ce territoire. A partir de la ruralité, qui les a naturellement façonnées, le témoignage de ces « Pionnières » contribue à penser le rapport à l'accomplissement des femmes à la campagne, au féminisme et à l'enclavement, d'hier à aujourd'hui.
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection "à boire et à manger", avec celles et ceux qui font le bon goût aveyronnais, je vous propose d'écouter... Marie-Thérèse Lacombe.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2021.Sur le chemin des Pionnières, je me suis invitée chez l'une des plus grands chefs aveyronnais. Depuis trente ans, son nom et son restaurant n'ont pas quitté le guide Michelin, qui ne compte qu'une quinzaine de femmes parmi ses étoilés. Dans le village de Belcastel, qui l'a vue grandir, mon invitée a perpétué la tradition familiale en reprenant l'auberge que tenait sa grand-mère, puis sa mère avant elle, alors qu'elle n'avait qu'une vingtaine d'années. Rejointe par sa soeur Michèle en 1987, c'est en 1991 qu'elle décroche son étoile. Derrière ses lunettes rondes, qui ne sont pas sans rappeler deux autres chefs aveyronnais, son sourire semble familier, comme l'impression de la connaître depuis toujours. Preuve qu'elle est, en Aveyron, une personnalité incontournable. A jamais la première et encore unique étoilée du département. Mon invitée, c'est Nicole Fagegaltier.
Un procès qui choque la France et qui pourrait bien être un procès pour l'histoire… Certains l'appellent le procès des viols de Mazan, d'autres le procès Pélicot, 51 hommes sur le banc des accusés, alors de quoi ce procès est-il le nom ? Est-ce le procès d'un monstre et de ses complices ou au contraire le procès de 51 hommes ordinaires ? Est-ce une affaire exceptionnelle ou est-elle, au contraire, affreusement banale ? On en débat ce jeudi 12 septembre 2024 avec : Anne BOUILLON, Avocate pénalisteMathieu PALAIN, Journaliste, « Les Hommes manquent de courage » aux éditions de L'Iconoclaste (22.08.24)Marion DUBREUIL, Journaliste judiciaire RMCCamille FROIDEVAUX-METTERIE, Philosophe, « Patriarcat, la fin d'un monde » aux éditions du Seuil (31/05/2024)Ivan JABLONKA, Historien, écrivainVictoire TUAILLON, Journaliste, productrice des podcasts « Les Couilles sur la Table » et « Nous faire justice »
On croit savoir.On fantasme.On juge très vite.Mais rarement on écoute.Lena Fire, elle, assume tout.Son métier. Son image. Son plaisir.Et surtout. Sa passion du sexe.Pas celle qu'on caricature. Une passion réelle, exigeante, traversée de choix, de limites, de liberté.Actrice X, oui. Et pleinement consciente.Le corps comme terrain d'expression. Le sexe comme langage. Le désir comme matière première.Elle est venue à TOKIO avec cette clarté peu commune, celle de ceux qui n'ont rien à cacher, rien à vendre, rien à prouver.Mais que sait-on vraiment d'une actrice X ?De ce qu'elle traverse, de ce qu'elle choisit, de ce qu'elle encaisse, de ce qu'elle transforme.Lena ne cherche pas à provoquer.Elle explique. Elle éclaire. Elle remet à l'endroit.Et derrière chaque mot, il y a cette évidence :elle sait ce qu'elle fait. Et pourquoi elle le fait.Elle déroule le fil d'une parole rare, lucide, entière, crue parfois, mais jamais gratuite. Pas pour se justifier mais pour faire savoir.Cette émission n'est ni un aveu, ni un manifeste.C'est un contrechamp.Et peut-être une invitation à poser un autre regard, un regard qui n'efface pas.Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Donald Trump tente-t-il stratégiquement de renverser la table ou est-il en train de tomber dans le piège de Vladimir Poutine ? Sommes-nous en train d'assister à un renversement total des alliances internationales ? À l'entrée dans une ère “Trumpo-Poutinienne” où deux leaders forts décident entre eux de l'avenir du monde ? Dans ce moment inédit, que peuvent encore les Européens pour soutenir l'Ukraine et assurer leur propre sécurité ?▶︎ Laure MANDEVILLE Grand reporter au Figaro, ancienne correspondante àWashington (2009-2016)▶︎ Michel GOYA Ancien colonel des Troupes de marine, historien, essayiste▶︎ Veronika DORMAN Journaliste à Libération, еx-correspondante à Moscou▶︎ Jean-François COLOSIMO Historien, documentariste, essayiste, éditeur, auteur de « Occident, ennemi mondial n°1 » aux éditions Albin Michel (02.04.24)▶︎ Anne-Lorraine BUJON Directrice de la rédaction de Revue Esprit, conseillère du programme Amériques du Nord à l'IFRI (Institut français des relations internationales)▶︎ Claude GUIBAL Grand reporter à la Rédaction Internationale de Radio France
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection des indétrônables, ces invités qui nous ont livré de vraies masterclasses, je vous propose d'écouter... André Valadier.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2022.Son charisme, sa voix, sa sagesse. Il est, solidement ancré sur son plateau de l'Aubrac, la voix d'un territoire fier de sa mue, à qui l'on prédisait un temps le dépérissement. Ses traditions, incompatibles avec la mondialisation et l'ouverture du marché. Ses sols, trop hostiles. Ses hommes, passéistes. Et puis, sans crier gare, le sursaut d'une génération de jeunes éleveurs, soucieux de faire front commun par amour de leur terre. André Valadier sera l'un d'eux, si ce n'est leur meilleur ambassadeur. Maire de La Terrisse pendant cinq mandats, puis Vice-Président de la Région Midi-Pyrénées en charge de l'agriculture pendant quatre mandats, trait d'union par-delà les clivages politiques. Celui qui répète à l'envi qu'il faut risquer de déplaire pour être utile attire la sympathie, et s'affirme comme une personnalité fédératrice, pragmatique, qui a su mettre au profit de l'Aubrac tous les apprentissages de sa vie.De ce parcours, qu'il a souvent raconté, j'ai tenté de le faire bifurquer. De nos deux heures et demi de conversation, chez lui au cœur du plateau de l'Aubrac, je vous livre un morceau. Bonne écoute.+ Pour aller plus loin, je vous conseille vivement la biographie écrite par Daniel Crozes aux Editions du Rouergue : André Valadier, l'Aubrac au cœur.Découvrez tous les précédents épisodes de Finta! et leurs coulisses sur www.fintapodcast.fr A bientôt !
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection des indétrônables, ces invités qui nous ont livré de vraies masterclasses, je vous propose d'écouter... Marie-Thérèse Lacombe.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2022.En choisissant d'intituler cette série « Pionnières », je ne pouvais pas passer à côté d'une Pionnière s'il en est, en Aveyron. C'est chez elle que je débute cette série. Parce qu'au-delà de son rôle de premier plan dans l'agriculture aveyronnaise, mon invitée a écrit un livre-témoignage, également baptisé « Pionnières » aux éditions du Rouergue. Mon invitée, c'est Marie-Thérèse Lacombe. C'est en rencontrant son époux, Raymond Lacombe, qu'elle arrive en Aveyron. Elle a une vingtaine d'années. Ils auront quatre enfants. Son époux, lui, aura vécu une vie d'engagements : maire de Camboulazet, il sera président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles, plus connue sous l'acronyme FDSEA, avant d'en prendre la présidence nationale pendant six ans, à la fin des années 1980. Décédé en 2002, Raymond Lacombe reste une figure nationale et historique du militantisme agricole. Loin de rester passive à ses côtés, Marie-Thérèse Lacombe bouscule les codes attendus pour les femmes d'agriculteurs à l'aube des années 1960. Elle refuse de voir sa parole confisquée, son rôle cantonné au foyer et s'affranchit fièrement des carcans bien ancrés dans la campagne aveyronnaise. Cette campagne imprégnée et racontée comme étant dominée depuis toujours par le masculin. C'est nier le rôle des femmes dans les fermes quand les maris ont été mobilisés pendant la guerre, c'est nier aussi la place occupée par les femmes dans le quotidien des fermes. Bien que la reconnaissance du statut de « conjointe collaboratrice » ne date que de 1999. Et il faudra attendre 2019 pour que le droit au congés maternité soit voté en France. Avec et autour de Marie-Thérèse Lacombe, c'est tout un mouvement qui va prendre la parole pour affirmer la place des femmes dans la modernisation des campagnes et du milieu agricole en général.
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection des indétrônables, ces invités qui nous ont livré de véritables masterclasses je vous propose... Michel Bras.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2023.Il a choisi de l'intituler « Cheminement ». Ce livre, comme emballé dans une carte topographique de son si cher Aubrac, est un hommage à ses petits-enfants. Une trace écrite à quatre mains pour conter le chemin parcouru, semé de rêves, de doutes, d'échecs aussi, mais surtout de belles étoiles avec une ancre solidement jetée sur ce plateau de l'Aubrac qu'il n'a jamais quitté depuis ses six mois. Ce désert, invitation permanente à la méditation et la contemplation, Michel Bras l'a sillonné, de long en large, et par tous ses travers.De ses premiers pas, jusqu'à emboîter ceux de sa mère dont il reprendra sans entrain le restaurant laguiolais, Michel Bras a défriché des voies culinaires inexplorées, quitte à passer pour un ovni herbacé, quitte à prendre le risque de déplaire. Il a suivi sa voie à grandes foulées, tracé sa route jusqu'à être désigné meilleur chef du monde par ses pairs. De lui en cuisine, on loue la poésie et l'émotion qu'il est parvenu à faire entrer dans l'assiette.Et s'il a officiellement raccroché son tablier aujourd'hui, à 77 ans, Michel Bras n'a jamais cessé de s'engager pour le bien-manger auprès de diverses associations. De lui, j'ai appris qu'il était une boule de stress, qu'il a toujours détesté qu'on l'appelle « chef », qu'il n'est même pas sûr d'être réellement cuisinier et qu'il croit dur comme fer à la nouvelle génération pour secouer le monde. Et c'est à la table de sa cuisine, son chat sur les genoux, que Michel Bras a accepté de livrer un bout de lui au micro de Finta ! C'est un honneur, cela va sans dire. Je vous laisse avec notre discussion. Bonne écoute.
Soirée événement, un documentaire très puissant puis un débat, consacrés à un sujet qui touche des centaines de millions de parents un peu partout dans le monde : l'emprise des réseaux sociaux sur la vie de leurs enfants et les conséquences, parfois dramatiques, qui en découlent…Meta (comprenez FaceBook et Instagram), TikTok, Snapchat, Discord et Twitter, devenu X… Des géants de la tech ultra-puissants, utilisés par les ⅔ des habitants de la planète mais qui sont aujourd'hui sur le banc des accusés… Poursuivis par des parents qui leur reprochent d'avoir volontairement favorisé l'addiction de leurs enfants à leurs réseaux sociaux et de ne pas les avoir protégés des contenus les plus violents et dangereux…Nous allons ce soir vous présenter “5 femmes” qui ont décidé de défier ces “Big 5”, ces 5 géants du numérique… Elles sont mères de familles endeuillées, adolescentes rescapées, militantes ou avocates ; elles sont Françaises, Espagnoles ou Américaines, et elles ont toutes une conviction : les réseaux sociaux tuent et sans régulation, ils continueront de provoquer la mort d'enfants et d'adolescents…On se retrouve ce mardi 10 décembre 2024 pour en débattre sur ce plateau, juste après ce documentaire : Emprise numérique, 5 femmes contre les Big 5 avec : ▶︎ Véronique BÉCHU, Autrice de «Derrière l'écran. Combattre l'explosion de la pédocriminalité en ligne» aux éditions Stock (24.04.24), commandante de police, cheffe du pôle stratégie de l'Office mineurs (OFMIN), membre de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants)▶︎ Elisa JADOT Journaliste, autrice, réalisatrice, documentaires « Emprise numérique : 5 femmes contre les Big 5 » (2024) et « Enfants sous influence » (2023)▶︎ Laure BOUTRON-MARMION Avocate au barreau de Paris, associée du cabinet Boutron-Marmion Associés, fondatrice du collectif Algos Victima▶︎ Stéphanie MISTRE Membre du collectif Algos Victima, mère de Marie▶︎ Raphael GRABLY Rédacteur en chef adjoint web BFM Business, chef du service tech de BFMTV▶︎ Thierry BRETON Ancien commissaire européen au marché intérieur (2019-2024)
L'apaisement est-il possible entre la France et l'Algérie ? Après des mois de tension et d'invectives les deux présidents ont donné le sentiment ces derniers jours de vouloir faire redescendre la pression… Comment retrouver le chemin de la raison voire de la réconciliation ? Nous allons en débattre alors que s'ouvre une semaine décisive pour l'avenir de l'écrivain Boualem SANSAL, qui risque de passer la fin de sa vie dans une prison algérienne. On en débat ce lundi 24 mars avec nos invités▶︎ Benjamin STORA Historien, professeur à l'Université Paris XIII, auteur de « L'Algérie en guerre 1954 - 1962. Un historien face au torrent des images » aux éditions de l'Archipel (17.10.2024), co-auteur de la bande dessinée « Les Algériens en France - Une histoire de générations » aux éditions La Découverte (12.09.24), « L'Arrivée De Constantine à Paris 1962-1972 » aux éditions Taillandier (07.09.23)▶︎ Slimane ZEGHIDOUR Écrivain, journaliste, éditorialiste TV5 Monde, auteur de « Sors, la route t'attend » aux éditions Les Arènes (2017)▶︎ Dorothée-Myriam KELLOU Réalisatrice, journaliste, autrice de « Nancy-Kabylie » aux éditions Grasset (18/10/2023)▶︎ Meriem AMELLAL Journaliste France 24▶︎ Paul MORIN Docteur en sciences politiques, docteur associé à Sciences Po, producteur du podcast « Sauce Algérienne », auteur de « L'Algérie de Macron : les impasses d'une politique mémorielle » aux éditions PUF (29/05/2024)▶︎ Eric FOTTORINO Journaliste, écrivain, co-fondateur de l'hebdomadaire Le 1, du magazine Zadig, de la revue Légende, auteur de « Des gens sensibles » aux éditions Gallimard (06-03-2025)
Pour ce dernier numéro avant une interruption estivale, L'atelier des médias accueille la journaliste Matilde Meslin, qui est spécialisée dans l'écoute et la critique de podcasts. Avec Steven Jambot, elle a sélectionné des podcasts originaux en français sortis ces derniers mois. Certains sont indépendants, d'autres produits par des studios (comme Louie Media), ou par des médias plus établis, comme Arte Radio et la Radio Télévision Suisse (RTS). • Kashalal (Arte Radio), un documentaire de Mehdi Ahoudig et Thomas Pendzel. Réalisation Samuel Hirsch. • Zoom info (RTS), la série sur le Tibet produite par Michael Peuker, diffusée initialement dans l'émission Tout un monde • Passages : Une dernière chance de fuir (Louie Media), par Jeanne-Marie Desnos ; Louise Hemmerlé à la production. Réalisation Théo Boulenger. • Chefs, par David Ordono. • Adapte-moi si tu peux par Victoire Bocquillon, Pascale Charpenet, Marianne Hugo et Jeanne Liénard. • Systémique, par Roman Facerias-Lacoste. Production : Orson Production & La fabrique des parallèles. • Archives du crime (INA) sur Simone Weber, par Véronique Chalmet. • Amour jungle, L'été de Ben Mazué
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection pour se reconnecter aux lieux, s'ancrer sur le territoire, je vous propose d'écouter... Rachel Girbelle.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2024.C'est l'histoire d'une épicerie qui renaît de ses cendres, là, au milieu de la place du village. A Bozouls, à quelques pas du précipice qui fait la notoriété du village, l'Epicerie du Trou a ressuscité il y a dix ans, quand un trio d'amis, attablés à la terrasse d'en face, s'est lancé le défi de raviver la flamme. Mais si l'on s'arrête sur les belles renaissances, en creux, ce sont toutes les disparitions des commerces de proximité que l'on devine. Aujourd'hui, l'Epicerie du Trou emploie cinq personnes, pour un seul équivalent temps plein. Il y a donc Rachel Girbelle, sa sœur Claire Marlet, qui a relancé l'épicerie en 2014, leurs parents, et Hélène. Une affaire de famille dans laquelle chacun peaufine son rayon. Si bien que l'Epicerie du Trou déborde largement de l'épicerie de village que l'on imagine. Elle est à la fois crèmerie, librairie, boutique de cadeaux, lieu de vie et de rencontres, en relevant le défi d'une sélection fine de produits sourcés localement tout en assurant un service de proximité précieux pour les voisins.Alors avec Rachel, on a causé du défi que cela représente, de faire vivre un commerce de village toute l'année, d'amener à changer des habitudes de consommation pour ne pas regretter que les petites échoppes baissent le rideau, et de prendre conscience que nos choix de consommation sont toujours des choix politiques et engagés.Bonne écoute !
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection pour se reconnecter aux lieux et au territoire je vous propose... Michaël Fayret.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2024.Entre Michaël Fayret et moi, c'est d'abord l'histoire de rendez-vous ratés et reportés. Nous étions finalement ravis de nous donner rendez-vous dans son lotus, une tente en forme de lotus qui a fleuri sur ses terres cet été. Mais c'était sans compter la pluie qui, sur la toile de tente, nous a dissuadés. Nous voilà donc à l'abri, à quelques pas des terres agricoles familiales qui l'accueillent, sur la commune de Sainte-Croix, voisine de Villefranche-de-Rouergue.Son métier, c'est d'envoyer des fleurs dans les assiettes de grands chefs. Chaque semaine, ce sont une quarantaine de variétés qui partent aux quatre coins du pays. Producteur de fleurs et de plantes comestibles, Michaël Fayret est aussi botaniste de terrain. La cueillette sauvage, qu'il pratique et qu'il transmet, fait le lien entre ses souvenirs d'enfance, d'une grand-mère qui cueillait le pissenlit et ajoutait des pâquerettes à chaque salade, et des savoirs ancestraux évaporés entre les générations.Alors, avec Michaël Fayret, on s'est demandé ce qu'il restait de sauvage autour de nous, comment faire revenir une part de sauvage dans notre alimentation tout en le préservant. Et c'est là que Michaël m'a livré l'objectif de sa vie : ne pas laisser plus de traces qu'un chevreuil de son passage sur Terre. J'aime encore le laisser dérouler sa théorie. Ça commence tout de suite… Bonne écoute !
☀️ Pour l'été, je vous propose de plonger dans les archives de Finta! pour découvrir ou redécouvrir, entendre ou réentendre les épisodes qui m'ont marquée depuis le début du podcast. Aujourd'hui, dans la collection pour se reconnecter aux lieux et au territoire je vous propose... Lilian Derruau, ou Wally... pour les intimes.Cet épisode a été publié pour la première fois en 2024.Sur les planches, on s'affaire autour de l'échelle et du tourne-disque qui résument la scénographie de son dernier spectacle, « Ma Distinction ». Dans quelques heures, il le donnera sur la scène de la MJC de Rodez, le théâtre des Deux points, qu'il connaît bien.Cela fait plus de 40 ans que Lilian Derruau, sous son masque de Wally, traîne ses guêtres sur les scènes de France. Chanteur, humoriste, chansonnier, il assume aujourd'hui de se définir comme un artiste, tout simplement. Dans son dernier spectacle, un récit écrit comme une trace pour ses petits-enfants, Lilian Derruau convoque la sociologie de Bourdieu pour apaiser ce sentiment de ne plus être à la place qui lui était destinée. Il assume de s'être décalé, non pas pour s'élever, mais horizontalement. Comme s'il voulait mieux regarder ce milieu dans lequel il a baigné, qui l'a façonné, et dont il a fait un pas de côté.De son enfance dans les lotissements ouvriers de Viviez, de l'usine qui régissait toute sa vie, du mépris qu'il a parfois ressenti par l'institution culturelle, de l'Aveyron qu'il n'a jamais pu quitter, regrettant de ne pas avoir eu ce choix : c'est dans les loges de la MJC, entourés de miroirs entêtants et de néons criants, que nous nous sommes retrouvés, Lilian Derruau, Wally, Finta ! et moi.Si vous êtes curieux, je vous invite à faire un saut sur mon site, fintapodcast.fr, je vous y partage les incroyables photos de Mathieu Lacout, qui a assisté à notre enregistrement. Bonne écoute !Vous pouvez également écouter ou réécouter l'histoire du Bassin minier de Decazeville dans ce triptyque documentaire de Finta! : Mines de rien.
“baby killers”, “génération kalach”, “génération shooters”, des expressions comme des titres de films de mafia ou de gangsters qu'on entend partout depuis 48h après deux assassinats impliquant des adolescents à Marseille la semaine dernière…un jeune de 15 ans lardé de 50 coups de couteaux avant d'être brûlé vif ; puis un chauffeur VTC froidement abattu d'une balle dans le crâne par un autre ado de 14 ans… Deux crimes qui illustrent un phénomène inquiétant : des tueurs à gages de plus en plus jeunes, de plus en plus violents, recrutés sur les réseaux sociaux et qui deviennent la nouvelle main d'œuvre du crime organisé… Qui sont ces jeunes, quel est leur profil, leur motivation ? Comment expliquer cette perte totale de repères ? Est-il encore possible de sortir cette génération des griffes du crime organisé ? Avons-nous les armes et la volonté politique pour lutter contre la fascination de ces jeunes pour la violence et l'argent facile ? On en débat ce jeudi 10 octobre 2024 avec : Emilie FRÈCHE Écrivaine, scénariste, réalisatrice, autrice de « Le Professeur » aux éditions Albin Michel (16.10.2024) et co-autrice de « Le Cours de Monsieur Paty » aux éditions Albin Michel (16.10.2024)Mahi TRAORÉ Proviseure au lycée polyvalent Lucas-de-Nehou à Paris, autrice de « Moi, proviseure...journal impertinent d'une cheffe d'établissement combative » aux éditions Robert Laffont (10.10.2024)Sébastien LEDOUX Maître de conférences à l'Université de Picardie Jules Verne (UPJV), chercheur en histoire contemporaine, spécialiste des enjeux mémoriels, co-auteur de "Une école sous le choc : Le monde enseignant après l'assassinat de Samuel Paty" aux éditions Le Bord de l'Eau (04.10.2024)Frédéric LETURQUE Maire d'Arras, conseiller régional des Hauts de France, président de l'Association des Maires du Pas-de-Calais AMF 62Elena PAVEL Professeur d'histoire-géographie dans un collège du XIXème arrondissement de Paris en réseau d'éducation prioritaire (REP), coordinatrice au Centre pour l'éducation aux médias et à l'information (CLEMI) 2nd degré
Un journaliste incarcéré au Bénin avec l'aide de la Côte d'Ivoire, des éditorialistes ciblés au Sénégal… Ces trois pays ont une longue tradition de respect de la liberté d'expression, mais la situation des journalistes se dégrade depuis des semaines au Sénégal et en Côte d'Ivoire. Au Bénin, cela fait maintenant plusieurs années que journalistes et médias sont régulièrement pris pour cible. Quelle est précisément la situation dans ces pays ? Comment en est-on arrivé là ? Sadibou Marong, le directeur du bureau Afrique de Reporters sans frontières répond à Pierre Firtion. RFI : L'histoire a défrayé la chronique. Hugues Comlan Sossoukpè est incarcéré depuis huit jours à Ouidah au Bénin. Ce journaliste critique du régime béninois vivait depuis 2019 au Togo avec le statut de réfugié politique. Mais le 13 juillet, il a été extradé par la Côte d'Ivoire alors qu'il participait à un forum à Abidjan. Les autorités ivoiriennes l'ont-elles piégé selon vous ? Sadibou Marong : Nous pouvons valablement parler de piège comme nous pouvons aussi parler d'une mission professionnelle de journaliste qui s'est finalement transformée en traquenard. Le journaliste béninois, Hugues Comlan Sossoukpè, qui est journaliste réfugié au Togo depuis quelques années et qui est aussi le directeur du média béninois d'investigation Olofofo, a officiellement été invité par le ministère ivoirien de la Transition numérique pour couvrir un événement sur l'innovation digitale. Il a été considéré comme un journaliste, et là, je cite les propos du ministère, « un journaliste reconnu de la sous-région dans ce domaine ». Comment expliquer un tel acte de la part des autorités ivoiriennes ? C'est compliqué, car c'est inédit. On pourrait même considérer qu'un tel acte pourrait étonner pratiquement tous les défenseurs de la liberté de la presse d'une manière générale. Surtout par exemple quand on sait que la Côte d'Ivoire, ces dernières années, était assez bien classée au classement mondial de la liberté de la presse avec des bonds assez intéressants. Il n'y a qu'en 2025 que le pays a assez reculé. Mais il est aussi clair que cette liberté de la presse en Côte d'Ivoire était encore étroitement liée au contexte politique. Il y a aussi l'influence de certains partis, des responsables politiques dans les médias qui devenaient très grands. Dans tous les cas, c'était quand même un environnement assez intéressant. Disons que les médias évoluaient en Côte d'Ivoire jusqu'à ce que l'on se rende compte effectivement qu'il y a eu un peu ce traquenard-là. Et on ne peut pas dire que les autorités n'ont pas été complices. On peut fondamentalement dire que les autorités ivoiriennes étaient au courant, avaient certainement dû être consultées et avaient donc donné leur accord et leur aval pour pouvoir livrer ce journaliste-là. Cela est extraordinairement grave d'autant plus que c'est un journaliste réfugié. On comprend aussi que c'est le début, peut-être, d'un durcissement de la situation. La Côte d'Ivoire va vers une élection présidentielle en octobre prochain et on a vu récemment des menaces contre des correspondants de la presse internationale de la part de certains partisans politiques. À lire aussiBénin: le journaliste Comlan Sossoukpè mis en examen et placé sous mandat de dépôt Cette dérive, elle est en revanche beaucoup plus visible au Bénin, où la presse est ciblée depuis plusieurs années... Le régime du président Patrice Talon à son arrivée était jugé relativement stable. Mais ces dernières années quand même, c'est un régime qui est nettement imprévisible par rapport à la liberté de la presse. Actuellement, dans le contexte actuel, on voit que les voix indépendantes et les journalistes critiques, même modérés, sont perçus avec une attention assez croissante. Le cas de Hugues Sossoukpè est là. Je pense que les autorités béninoises l'attendaient. Ils faisaient tout pour essayer de l'avoir. Mais auparavant, on a vu aussi une vague de suspension de médias et d'instrumentalisation des régulateurs. Le régulateur des médias, la HAAC, a pris des décisions qui sont pour nous très disproportionnées avec une vague de suspension des médias. Il y a eu des vagues de répression. Et comme on va vers une élection également dans ce pays-là, on voit les dispositions de surveillance qui s'intensifient. Le climat se charge lentement mais sûrement au Bénin. Le Bénin, la Côte d'Ivoire, on parle là de pays où la liberté d'expression a longtemps été respectée. C'est le cas aussi au Sénégal. La situation des journalistes s'était améliorée, on va dire entre 2024 et 2025, mais là, depuis quelques semaines, on dénombre à nouveau des attaques contre la presse. Au Sénégal, bien que le pays ait fait un bond de 20 places lors du dernier classement mondial de la liberté de la presse, nous avons commencé à observer beaucoup de faits nouveaux ces derniers mois. Il y a la question des détentions de commentateurs et de chroniqueurs dans les médias. Par exemple, il y a le journaliste Bachir Fofana et les commentateurs Badara Gadiaga, Abdou Nguer qui utilisent les médias pour jouir de leur liberté d'expression au Sénégal. Et tout cela, ce sont des choses qui reviennent. Et l'impression qu'on a, c'est plus qu'une sorte de contrôle du narratif, disons, des voix discordantes. Et ces voix discordantes, de notre point de vue, doivent pouvoir être acceptées dans un État démocratique. Maintenant, ce qui est le plus important pour nous, c'est l'appel que nous avons lancé aux autorités qui ont commencé à s'atteler à faire des concertations. Mais aussi à réconcilier les résultats des assises nationales dans la presse, des concertations, disons, du secteur de la communication. Il faut réconcilier tout cela. Et également aussi s'atteler à renforcer les capacités des organes de régulation des médias. À lire aussiSadibou Marong (RSF): «Les journalistes des radios communautaires paient un lourd tribut dans la région du Sahel» À lire aussiSadibou Marong: «La situation des journalistes en Afrique subsaharienne ne s'est pas améliorée»
Éric Scherer a longtemps eu des positions de vigie de l'écosystème médiatique et de ses évolutions. Il a notamment été directeur de la stratégie à l'Agence France-Presse (AFP) puis directeur du MédiaLab, chargé de l'innovation et de la prospective à France Télévisions. Il prend sa retraite et a accepté de revenir, au micro de L'atelier des médias, sur les révolutions des médias à l'ère numérique... et aux temps nouveaux de l'intelligence artificielle. Au début de cet entretien de plus d'une heure, Éric Scherer exprime son attachement à la profession de journaliste. « Je suis très très fier d'avoir cette carte de presse et de l'avoir eue sans discontinuité depuis depuis 40 ans, depuis juin 1985, quand je suis entré stagiaire à l'Agence France-Presse. » Puis il reprend la célèbre formule de Jacques Chirac : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Pour lui, ce fut un « sentiment assez pénible » de voir ses collègues et supérieurs ne pas vouloir anticiper les bouleversements du secteur des médias. Il décrit la situation actuelle avec le développement rapide de l'intelligence artificielle qui bouleverse tout. « Le numérique était finalement peu de choses à côté de ce qui est en train de se passer », assure-t-il. Éric a été le témoin privilégié de tournants majeurs, de l'échec du Japon à saisir la vague dématérialisée – malgré son avance électronique – ou encore l'explosion du web 2.0 aux États-Unis au milieu des années 2000. En France, Éric Scherer a lancé en 2007 le blog AFP Media Watch sur lequel il alertait les patrons de presse de la révolution en cours. Ils « disaient une chose : "Ça tiendra bien jusqu'à ma retraite." Je trouvais ça fondamentalement criminel, égoïste », se souvient-il. Il rapporte aussi l'arrogance d'un dirigeant de Google venu dire aux patrons de journaux français : « Vos contenus ne valent rien. Ils ne valent rien et ce sont des atomes dans un univers. Donc ne demandez pas d'argent. » Pour Éric Scherer, le journaliste est « extraordinaire[ment] conservateur », souvent trop la tête dans le guidon pour s'intéresser à l'économie de son secteur. Il illustre ce déni en donnant l'exemple de l'échec de la télévision à comprendre la transition vers le streaming. Il se désole que les réseaux sociaux, initialement perçus comme une « démocratisation » des outils de production, soient devenus des « déversoires de haine, des déversoires de complotisme, des déversoires de fake news, sans contrôle ». Aujourd'hui, l'heure est à l'intelligence artificielle. « Le numérique était une blague à côté de ce qui est en train d'arriver », avertit Éric Scherer. Face au « pillage » des contenus par les entreprises d'IA – souvent sans compensation –, l'UER (Union européenne de radio-télévision, ou EBU), dont il a présidé le comité News, a formulé cinq grandes demandes aux plateformes : la permission (demander l'accord pour utiliser les contenus), la compensation (rémunération), l'intégrité (protection de la source et de la marque), le pluralisme (diversité des informations traitées) et l'aide à la lutte contre la désinformation. Il reste optimiste sur le rôle des journalistes, même si les défis sont immenses. « Pour le coup, je suis assez convaincu que l'IA ne va pas remplacer les journalistes. En revanche, un journaliste qui sait utiliser l'IA, qui en est familier, va remplacer un journaliste qui ne le sait pas et celui qui ne veut pas s'y mettre est cuit, à mon sens. » Fraîchement retraité, Éric Scherer poursuit une vie d'« explorateur », souhaitant voyager – à Taïwan, notamment – et mettre derrière lui la veille effrénée du secteur des médias.
Les journalistes et experts de RFI répondent également à vos questions sur les violences communautaires dans le sud de la Syrie et des corps de bébés morts bientôt exhumés en Irlande. Côte d'Ivoire : l'extradition du Béninois Comlan Sossoukpè était-elle légale ? Le journaliste béninois Comlan Sossoukpè a été interpellé en Côte d'Ivoire alors qu'il bénéficie du statut de réfugié depuis 2019. Les autorités ivoiriennes étaient-elles en droit de procéder à son extradition, malgré les protections accordées par la Convention de Genève relative au statut des réfugiés ? Avec Benoît Almeras, correspondant de RFI à Abidjan. Syrie : violences communautaires dans le sud du pays Des importants combats font rage dans le sud de la Syrie, dans la ville de Soueïda, entre les Bédouins et les Druzes. Quelles sont les raisons et les origines de ce conflit ? Comment se positionnent les autorités syriennes face à ces combats ? Syrie : des bombardements israéliens pour « défendre » la communauté druze En réponse à l'entrée de l'armée syrienne à Soueïda, Israël a lancé des bombardements dans la ville afin de « défendre » les combattants druzes. Pourquoi l'État hébreu s'intéresse-t-il particulièrement à la communauté druze en Syrie ? Avec ces frappes israéliennes, y a-t-il un risque de généralisation du conflit au reste du Proche-Orient ? Avec Thomas Pierret, chargé de recherches à l'Institut de Recherches et d'Études sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM). Irlande : les corps de centaines de bébés enterrés bientôt exhumés En Irlande, des centaines de nouveaux nés décédés et enterrés par des religieuses dans les années 1970 vont être exhumés. Comment en est-on arrivé à une telle décision ? Cette mesure a-t-elle été appliquée sur l'ensemble du territoire irlandais ? Les familles des victimes peuvent-elles espérer que justice soit rendue, plus d'un siècle après les faits pour certains cas ? Avec Clémence Pénard, correspondante de RFI à Dublin.
L'Institut Reuters, rattaché à l'université d'Oxford, mène chaque année une grande enquête sur l'état de l'information dans le monde. Pour discuter de son édition 2025, parue récemment, L'atelier des médias reçoit la directrice de l'école de journalisme de Sciences Po Paris, Alice Antheaume qui a supervisé la partie française de cette étude internationale. Le Reuters Institute publie chaque année son Digital News Report, rapport mondial sur l'état de l'information, une vaste enquête menée auprès de 100 000 personnes réparties dans 48 pays. Les données du rapport 2025 révèlent une poursuite de l'exode des audiences des médias traditionnels vers les plateformes comme YouTube et les réseaux sociaux. La télévision poursuit sa baisse continue comme source d'information. Les podcasts connaissent un dynamisme notable, offrant des « voix nouvelles dans des formats différents » et s'adressant davantage aux moins de 35 ans avec des formats « plus incarnés » et moins liés à l'actualité chaude. La confiance dans les médias demeure « très mitigée », la France se classant à une décevante 41e position sur 48 pays, avec seulement 29 % des sondés déclarant une confiance satisfaisante. Alice Antheaume explique ce faible score par un « mauvais esprit français », culturellement méfiant, et une « mauvaise compréhension de ce qu'est notre métier » de journaliste, le travail de vérification étant « sans doute mal saisi ». Cette défiance est fortement corrélée à une crise de confiance plus globale envers les institutions. Concernant le paiement pour l'information en ligne, la France affiche un faible taux de 11 %, un chiffre « stationnaire » depuis des années. Pour Alice Antheaime, une des explications réside dans une « mauvaise éducation » à la valeur de l'information, le public ayant été habitué à l'accès gratuit via internet. De fait, seuls 11% des Français déclarent avoir reçu une éducation à l'information, soit le plus mauvais score parmi les pays étudiés. Pour y remédier, Alice Antheaume insiste sur l'importance de « nommer les choses » et d'instaurer de la « récurrence » dans l'éducation aux médias et à l'information (EMI) dans les cursus scolaires. Face à l'« accablement » et l'« impuissance » ressentis face aux nouvelles, 36 % des Français disent éviter activement l'information. Dans ce paysage, de nouveaux acteurs tels que HugoDécrypte attirent les jeunes audiences, avec 22 % des moins de 35 ans en France qui consultent ses contenus. Ses formats sont qualifiés de « très pédagogique » et aident à une meilleure compréhension d'un monde complexe. Malgré une perception peu populaire et des conditions d'exercice difficiles, le métier de journaliste conserve une « attractivité folle » chez les jeunes, assure Alice Antheaume. Mais une école de journalisme comme celle de Sciences Po Paris doit s'attacher à former les étudiants pour qu'ils puissent « durer dans ce métier », assure la directrice. La formation insiste sur le fact-checking, le reportage de terrain, et la compréhension des grands enjeux mondiaux. L'intégration de l'intelligence artificielle (IA) est également primordiale, avec des ateliers où les étudiants « ont produit des prototypes pour des médias déjà installés en intégrant et de l'info et des outils d'intelligence artificielle tout en se questionnant sur l'éthique ».
En Ukraine, au Proche-Orient, en Afghanistan, en Irak, avant au Kosovo ou en Centrafrique, elles suivent les guerres et les conflits internationaux au plus près du terrain. Depuis le milieu du XIXème siècle, les femmes ont en effet rejoint les rangs des reporters de guerre pour raconter les combats et leurs conséquences au milieu des destructions, des morts et de la douleur des survivants. Alors qu'elles ont parfois dû vaincre les préjugés, elles ont aussi contribué à transformer une discipline au départ très masculine. Pourquoi ont-elles choisi cette vie hors du commun ? Entre le danger, la peur, la souffrance des autres, quel est l'envers d'un théâtre de guerre ? Et comment concilier le grand reportage avec son quotidien et sa vie de famille ? Avec : • Dorothée Ollieric, grand reporter à France télévision. Autrice de Maman s'en va-t-en guerre (Éditions Du Rocher, 2025) • Manon Loizeau, grand reporter indépendante et réalisatrice de documentaires, dont un avec la journaliste Ksenia Bolchakova, Ukraine, sur les traces des bourreaux diffusé sur Arte en 2024. Lauréate du Prix Albert Londres en 2006. La chronique Mondoblog chez les voisins avec Tanguy Lacroix. • Le blogueur béninois Mawutondji Gérard Godonou parle de l'instrumentalisation des médias par les terroristes. • Ali Abdelkader Foulaty, blogueur tchadien, est fier que son pays soit peuplé par 10 millions de chameaux, un record mondial. Puis Ecoutez le monde de Monica Fantini. Promenade sonore à Ziguinchor, de l'aube à la nuit. Programmation musicale : ► La route de Vénus – Emily Loizeau ► Vilin Manièr – Maya Kamati.
En Ukraine, au Proche-Orient, en Afghanistan, en Irak, avant au Kosovo ou en Centrafrique, elles suivent les guerres et les conflits internationaux au plus près du terrain. Depuis le milieu du XIXème siècle, les femmes ont en effet rejoint les rangs des reporters de guerre pour raconter les combats et leurs conséquences au milieu des destructions, des morts et de la douleur des survivants. Alors qu'elles ont parfois dû vaincre les préjugés, elles ont aussi contribué à transformer une discipline au départ très masculine. Pourquoi ont-elles choisi cette vie hors du commun ? Entre le danger, la peur, la souffrance des autres, quel est l'envers d'un théâtre de guerre ? Et comment concilier le grand reportage avec son quotidien et sa vie de famille ? Avec : • Dorothée Ollieric, grand reporter à France télévision. Autrice de Maman s'en va-t-en guerre (Éditions Du Rocher, 2025) • Manon Loizeau, grand reporter indépendante et réalisatrice de documentaires, dont un avec la journaliste Ksenia Bolchakova, Ukraine, sur les traces des bourreaux diffusé sur Arte en 2024. Lauréate du Prix Albert Londres en 2006. La chronique Mondoblog chez les voisins avec Tanguy Lacroix. • Le blogueur béninois Mawutondji Gérard Godonou parle de l'instrumentalisation des médias par les terroristes. • Ali Abdelkader Foulaty, blogueur tchadien, est fier que son pays soit peuplé par 10 millions de chameaux, un record mondial. Puis Ecoutez le monde de Monica Fantini. Promenade sonore à Ziguinchor, de l'aube à la nuit. Programmation musicale : ► La route de Vénus – Emily Loizeau ► Vilin Manièr – Maya Kamati.
durée : 00:05:42 - La Revue de presse internationale - Les titres de cette revue de presse : les journalistes étrangers ne peuvent toujours pas entrer dans Gaza sans surveillance; Forbidden Stories poursuit l'enquête d'un journaliste assassiné au Paraguay; la suspension des aides américaines fragilise le journalisme indépendant.
Le projet « Alianza Paraguay » a été révélé aujourd'hui par Forbidden Stories, l'ONG Organized Crime and Corruption Reporting Project et 10 médias d'Amérique latine et d'Europe. Trois enquêtes parties de la mort d'un journaliste Leo Veras, qui révèlent l'imbrication du crime organisé avec les pôles de pouvoir du pays. => Forbidden Stories. Le projet « Alianza Paraguay » nous emmène au Paraguay et plus précisément dans la ville de Pedro Juan Caballero à la frontière avec le Brésil. Un point stratégique au cœur de l'Amérique du Sud, point-clé des circuits de trafics illégaux d'armes, de cigarettes et de drogue et lieu de danger pour les journalistes dans un pays où l'impunité et la corruption font loi. C'est dans cette ville que collaboraient deux journalistes, le Paraguayen Candido Figueredo et le Brésilien Lourenço « Leo » Veras. Après avoir travaillé pendant des années de l'autre côté de la frontière sur le crime organisé et les réseaux de trafiquants de la région, Leo Veras était venu poursuivre ses recherches à Pedro Juan Caballero. Il y a finalement été tué le 12 février 2020 de douze balles dans le corps. Son collaborateur a été obligé de quitter le pays. « Ils ont offert des milliers de dollars à qui rapporterait ma tête », témoigne Candido Figueredo pour le projet « Alianza Paraguay ». Mais qui sont- « ils »? Qui sont ceux qui ont tué Leo Veras ? Qui sont ceux qui font la loi à Pedro Juan Caballero, et plus largement au Paraguay ? « Il n'y a jamais eu ni justice ni d'enquête », affirme Cinthia Gonzalez, la veuve de Leo Veras pour « Alianza Paraguay ». Poursuivre l'enquête de Leo Veras C'est donc là que le consortium Forbidden Stories entre en scène. Son objectif est de finir les enquêtes de journalistes réduits au silence. De nombreux médias latino-américains et européens ont participé au projet « Alianza Paraguay ». « C'est un sujet qui touche à beaucoup de pays », explique Mariana Abreu, l'une des journalistes qui a mené l'enquête pour Forbidden Stories. Les conséquences sont particulièrement ressenties dans les pays d'Amérique latine où des membres du crime organisé agissent dans le cadre du trafic d'armes. Il y a beaucoup d'armes qui partent d'Europe, des États-Unis. Elles sont importées au Paraguay puis trafiquées dans des pays d'Amérique du Sud, au Brésil principalement, mais en Bolivie aussi, en Argentine… Ces armes sont utilisées par le crime organisé dans des opérations de trafic de drogue, d'armes ou dans des assassinats. In fine, ce sont les civils et parfois les journalistes qui en font les frais. » Le résultat de ce travail mené depuis un an et demi est donc publié aujourd'hui par Forbidden Stories et d'autres médias collaborateurs tels que la Nacion en Argentine, Révista Piaui au Brésil ou encore La Diaria en Uruguay et IrpiMedia en Italie. Un système criminel tentaculaire L'enquête est segmentée en trois chapitres, l'un est donc le prolongement du travail de Leo Veras et Candido Figueredo, l'autre est l'enquête menée sur la mort de Leo Veras et enfin le dernier tourne autour de la mort d'un député et homme d'affaires paraguayen corrompu. « Leo Veras est le lien entre toutes nos enquêtes, développe Mariana Abreu. Il y a d'abord le sujet sur lequel il enquêtait, le trafic d'armes à la frontière, d'autre part rien n'a véritablement été fait par la justice au Paraguay pour retrouver, incarcérer et juger les hommes qui l'ont tué. Aujourd'hui ils sont tous en liberté. Il y en a même qui ont pris la fuite après avoir été libérés. Enfin le troisième volet porte sur un grand personnage politique du Paraguay qui a été tué en fin d'année dernière. Eulalio « Lalo » Gomes Batista avait beaucoup de liens et avec le pouvoir au Paraguay, et avec les gangs de crimes organisés à la frontière. Il a notamment influencé des juges au Paraguay pour que l'assassin de Leo Veras puisse être libéré. » Derrière le meurtre de ce journaliste, l'un des plus gros groupes criminels d'Amérique Latine Primeiro Comando do Capital. Venu du Brésil, le PCC est très installé dans la région frontalière et possède de nombreuses alliances avec des figures paraguayennes dans la justice comme dans la politique. Au total, 19 journalistes ont été tués au Paraguay en un peu plus de 30 ans, dont sept à Pedro Juan Caballero. Deux autres journalistes ont été tués au Brésil de l'autre côté de la frontière. Après avoir lutté pour mener l'enquête pendant un an et demi, l'objectif d'« Alianza Paraguay » est d'être lu à travers le monde. Car « le Paraguay est actuellement dans un angle mort médiatique, souligne Mariana Abreu. Le pays est coincé entre de grandes puissances d'Amérique latine auxquels l'actualité internationale s'intéresse. Cet angle mort a aussi permis que cette impunité se développe et que tous ces meurtres de journalistes restent impunis. » Haïti- Gonaïves dans l'enfer du Black-out La ville des Gonaïves, chef-lieu du département de l'Artibonite est privée de courant depuis 5 ans déjà. Pas d'électricité malgré la présence dans la ville d'une centrale électrique, cadeau de l'ancien président vénézuélien Hugo Chavez. Depuis 2020, il n'y a pas de carburant pour faire tourner la centrale. Ronel Paul a joint les habitants qui se débrouillent comme ils peuvent face au silence des autorités. Salvador – la répression contre les ONG La situation des droits de l'homme est de plus en plus critique au Salvador, nouvelle illustration il y a quelques jours, avec l'arrestation d'un avocat connu pour son opposition au président Nayib Bukele. Les interpellations sont de plus en plus nombreuses. Le pouvoir étouffe les voix dissidentes et a même fait voter une loi désignant les ONG comme agents étrangers. On en parle avec Achim Lippold.
Kati Bremme, directrice de l'innovation à France Télévisions et rédactrice en chef de Méta-media.fr, est l'invitée de L'atelier des médias pour discuter du dernier numéro du cahier de tendances de France Télévisions. Son titre : Bienvenue en post-réalité, une époque marquée par l'IA générative et ses défis pour les médias. Kati Bremme définit la « post-réalité » : ce monde où l'IA générative produit des contenus « plus vrais que la réalité », où des images et des vidéos quasi indiscernables du réel inondent internet, créant une « hyperréalité » où « l'illusion est plus crédible ». Cela instaure un « doute numérique » constant : tout contenu en ligne est par défaut suspecté d'avoir été généré. Ce flux inclut le « slop », ce « nouveau spam » composé de contenus créés par IA et générés en masse. Les IA, basées sur des probabilités, « hallucinent » sans distinguer le vrai du faux. Elles facilitent la « propagande assistée par intelligence artificielle » et l'usurpation d'identité médiatique pour désinformer. Face au « doute numérique » généralisé – il concerne près d'un internaute sur deux –, les médias publics doivent affirmer leur rôle de « média de confiance ». Leur valeur réside non pas dans la génération de contenu IA, mais dans la vérification des faits et la « relation humaine avec nos publics », rappelle Kati Bremme. Le journaliste devient « créateur de sens », au-delà de la curation d'informations omniprésentes. Il doit « décrypter, mettre dans le contexte » et « incarner l'information ». Ceci exige un retour au « terrain comme seule épreuve tangible du réel », pour reprendre les mots de Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart, pour une confrontation directe à la réalité et aux personnes, démarche différenciante. Les IA conversationnelles deviennent en quelque sorte un « nouveau public » pour les journalistes, remâchant leurs contenus. Cela ouvre la voie aux « formats liquides » qui s'adaptent aux utilisateurs. Dans ce contexte, l'IA offre un « dividende d'intimité » : les internautes se permettent de lui poser des questions bêtes, sachant qu'ils ne vont pas être jugés – tout l'inverse des réseaux sociaux. Cependant, l'hyperpersonnalisation menace de créer des « bulles solipsistes », enfermant l'individu dans son raisonnement, ce qui nuit au débat démocratique. Face à l'hégémonie des géants technologiques, les médias sont dans une situation « perdant-perdant ». Aussi, iI est crucial de comprendre les intérêts économiques, d'être transparent sur l'utilisation de l'IA... et de chercher des alternatives, explique Kati Bremme.
RFI reçoit Eloïse Layan de Forbidden Stories et Wethzer Piercin d'Ayibopost qui signent une longue enquête très documentée sur l'assassinat de deux journalistes haïtiens. Néhémie Joseph est mort le 10 octobre 2019, à Mirebalais, alors qu'il travaillait sur la contrebande à la frontière entre Haïti et la République dominicaine. Gary Tess, lui, dénonçait sur les ondes les mauvaises pratiques des hommes politiques haïtiens. Néhémie Joseph était un journaliste engagé, «un battant», raconte Eloïse Layan. Il se savait menacé. Il l'avait d'ailleurs écrit sur les réseaux sociaux une dizaine de jours avant sa mort, se disant la cible d'un complot ourdi, entre autres, par l'ancien sénateur Rony Célestin. «Il a trouvé la mort par des sbires du pouvoir en place», dénonce sa famille. Néhémie Joseph travaillait sur des sujets sensibles, notamment sur la situation de chauffeurs routiers rackettés par les gangs et obligés de transporter des armes. Un trafic dans lequel Rony Célestin était vraisemblablement impliqué. Forbidden Stories a décidé de poursuivre ses investigations. Eloïse Layan s'est rendue en Haïti et a marché dans les pas du journaliste haïtien à la frontière, à Belladère. Elle a recueilli de nombreux témoignages anonymes. Certains mettent en cause les agents de douane qui ne vérifient pas correctement les chargements, raconte la journaliste. Le nom de Rony Célestin revient également régulièrement. «Même les rapports d'experts des Nations disent que c'est un contrebandier qui a des liens avec les groupes criminels», précise Eloïse Layan. «C'est l'homme le plus puissant du département du Plateau central. Mais son influence s'étend jusqu'à Port-au-Prince.» Gary Tess, 39 ans, animait une émission sur une radio des Cayes dans laquelle il épinglait la classe politique haïtienne. Il a été tué le 18 octobre 2022. Le principal suspect est l'ancien procureur Ronald Richemond. Le journaliste l'accusait de voler des terres. Lui nie les accusations. Mais «il est mis en cause par de nombreuses personnes, dont certains de ses anciens collaborateurs», raconte Wethzer Piercin. «Même si Ronald Richemond est inculpé, le dossier traîne. Il y a une véritable omerta car les gens ont peur de parler. On ne sait pas si la justice va pouvoir mener son enquête jusqu'au bout», complète Eloïse Layan. Le travail d'Eloïse Fayan et Wethzer Pierin est à lire sur les sites de Forbidden Stories, du Monde et d'Ayibopost. Donald Trump a-t-il vraiment gagné en faisant voter sa loi budgétaire ? Aux États-Unis, la presse revient sur la loi budgétaire que Donald Trump a réussi à faire voter par le Congrès hier (3 juillet 2025) et se demandent s'il s'agit vraiment d'une victoire. Le Washington Post se fait l'écho des inquiétudes de certains républicains. Le sénateur de Caroline du nord, Thom Tillis, a mis en garde Donald Trump, le week-end dernier. «Vous faites une bêtise», lui a-t-il dit au téléphone, raconte le journal. Selon ce sénateur, les coupes dans Medicaid prévues par la loi Budgétaire, vont coûter cher au parti : elles vont lui faire perdre la majorité à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat, en 2026. Donald Trump a renié l'une de ses promesses de campagne, écrit le Washington Post, qui était de ne pas toucher au système de santé. Pour Josh Hawley, sénateur du Missouri, cité par le New York Times : «Nous ne pouvons pas être le parti des travailleurs si on supprime aux travailleurs leur sécurité sociale». Un argument que balaie du revers de la main le camp Trump. Pour le président et ses alliés, c'est une bonne chose que cette loi ait été votée bien avant les élections de mi-mandat. Les effets économiques seront visibles avant le scrutin, se réjouissent-ils, raconte Politico. En avril 2025, six mois avant les élections, quand ils rempliront leurs déclarations d'impôts, les Américains verront l'impact de la suppression des taxes sur les pourboires et sur la sécurité sociale. Quant à Medicaid, le camp Trump a prévu la parade : ils comptent «vendre les coupes dans le programme d'assurance maladie pour les Américains à faibles revenus comme une lutte contre le gaspillage, les fraudes et les abus», écrit encore le site d'information en ligne. Les États-Unis et la Colombie au bord de la rupture diplomatique En Colombie, la presse revient sur la détérioration des relations entre Bogota et Washington. Hier, les deux pays ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs. Cela fait plusieurs mois que la crise couvait. El Espectador dresse la liste de tous les points de crispation qui ont jalonné cette escalade. Il y a tout d'abord eu le refus de Bogota d'accepter le retour de Colombiens entrés illégalement aux États-Unis, puis la question des droits de douane, les remontrances de Washington qui trouve que Gustavo Petro n'en fait pas assez en matière de lutte contre le trafic de drogue et, en réponse, le refus de la Colombie d'extrader vers les États-Unis des responsables de groupes armés. Et puis, il y a eu «la goutte d'eau qui a fait déborder le vase», termine El Espectador : Gustavo «Petro a accusé de membres du Congrès américain d'avoir participé à la préparation d'un coup d'État afin de le renverser». Cette dispute intervient au pire moment, explique El Espectador. La ministre des Affaires étrangères colombienne a démissionné hier. Or, «le président et son entourage ne savent pas mener à bien des négociations sensibles. Ils sont trop dogmatiques», estime Lawrence Gumbiner, ancien diplomate américain. Et dans 15 jours, se termine la pause sur les tarifs douaniers décrétée par Donald Trump. Dans les colonnes de la Semana, l'ancien ministre de la Défense et ancien ambassadeur à Washington, Juan Carlos Pinzón demande au gouvernement colombien de «faire preuve de bon sens et de faire passer les intérêts nationaux avant ses intérêts partisans, politiques et électoraux». Le journal de la 1ère En Guyane, le principal d'un collège s'est donné la mort.
Comment vit-on et relate-t-on la pire attaque terroriste survenue dans le pays dans lequel on vit ? Comment témoigner ensuite d'une guerre quand l'accès au terrain est interdit, que les récits se percutent et que le choix de chaque mot devient un enjeu à part entière ? Le journaliste Samuel Forey a été confronté à toutes ces questions. Installé à Jérusalem entre 2020 et 2025, il y a assuré une partie de la correspondance du Monde à partir de l'été 2023.Depuis l'attaque du Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, il nous raconte la guerre à Gaza ainsi que ses conséquences pour les Palestiniens (57 000 d'entre eux ont péri) et pour les Israéliens, alors que 49 otages sont encore retenus à Gaza. Avant de clore ce chapitre et de s'installer au Caire, où il continuera à travailler pour Le Monde, il évoque, dans cet épisode du podcast « L'Heure du Monde », les coulisses d'une guerre, mais aussi d'un métier : journaliste en zone de conflit.Un épisode de Marion Bothorel. Présentation et rédaction en chef : Claire Leys. Musiques originales : Amandine Robillard. Réalisation : Amandine Robillard et Quentin Tenaud. Dans cet épisode : extraits de deux journaux télévisés de TV5Monde diffusés les 24 décembre 2021 et 22 juin 2023 ; d'une vidéo d'Associated Press publiée le 27 mars 2023 ; du JT de 20 heures de France 2, de celui de 20 heures de TF1, des journaux de 8 heures et de 19 heures de France Inter et d'un direct à l'antenne de France 24, tous diffusés le 7 octobre 2023.Cet épisode a été diffusé le 3 juillet 2025. Hébergé par Audion. Visitez https://www.audion.fm/fr/privacy-policy pour plus d'informations.
Après l'Allemagne, qui a renforcé les contrôles aux frontières il y a un mois, la Pologne rétablit la vérification des papiers aux points de passage à partir du 7 juillet 2025. Entre Francfort sur l'Oder et Slubice Les contrôles aux frontières et les embouteillages sont devenus une réalité dans de nombreux pays au sein même de l'Union européenne en particulier pour les frontaliers qui se déplacent quotidiennement d'un pays à l'autre. Hier mardi (1er juillet 2025) Varsovie a annoncé le rétablissement des vérifications des papiers à partir du 7 juillet, avec l'Allemagne, mais aussi avec la Lituanie.Depuis le mois de mai 2025, le nouveau gouvernement allemand avait quant à lui renforcé les contrôles existants, dans le but de réduire l'immigration illégale.Delphine Nerbollier s'est rendue à la frontière germano-polonaise : elle l'a constaté, les contrôles ne laissent personne indifférent. Reportage. La chronique musique de Vincent Théval : The Raveonettes Lucifer (Danemark) Journalisme en danger ? L'Europe est la région du monde où la liberté de la presse et le travail des journalistes sont les mieux respectés, selon Reporters sans Frontières. Mais l'organisation note un recul général. L'Irlande du Nord est aujourd'hui le territoire le plus dangereux du Royaume-Uni pour les journalistes, c'est la conclusion d'un rapport accablant d'Amnesty International. Plus de 70 cas d'intimidation, d'agressions et de menaces de mort ont été recensés depuis 2019 à l'encontre de journalistes dans le cadre de leur travail, sans qu'aucune poursuite judiciaire n'ait eu lieu à ce jour. Certains professionnels interrogés par l'organisation ont raconté qu'ils équipaient leur domicile d'alarmes reliées directement aux commissariats de police. Ce climat de violences est le fait de groupes paramilitaires et criminels qui subsistent. Alors que la liberté de la presse est fragilisée un peu partout à travers le monde, à Belfast cette situation glaçante évoque les heures sombres de la période du conflit nord-irlandais, également appelé Les troubles. Reportage, Clémence Pénard. Chaque année, quand l'ONG Reporters Sans Frontières publie son classement de la liberté de la presse dans le monde, la Grèce est le dernier de la liste des pays européens. En 2025, la situation y est toujours jugée problématique, fin de citation. Pour comprendre cet inquiétant constat, les explications de Joël Bronner, Il s'est entretenu avec une journaliste d'investigation.
Depuis quelques années, la scène musicale électronique irakienne se développe. C'est à Erbil, au Kurdistan irakien, que ce genre musical se fait le plus entendre, à l'occasion de grandes célébrations qui réunissent plusieurs milliers de mélomanes pour danser aux rythmes de DJs parfois venus de l'étranger. Ces fêtes s'ouvrent de plus en plus aux femmes irakiennes, qui, elles aussi, souhaitent s'imposer comme DJ et passer derrière les platines. De notre correspondant à Erbil, Elles sont cinq femmes, la vingtaine, toutes réunies par leur passion de la musique électronique dans le studio de l'ONG Action Humanitaire et Journalisme à Erbil. Pour une semaine, la DJ française Olympe 4000 leur enseigne les ficelles du métier. Nour, concentrée sur ses platines numériques, raconte sa rencontre avec la techno : « J'ai commencé à aller à des fêtes, à vraiment aimer la musique, se remémore-t-elle. J'avais envie d'essayer, je me suis mise à le faire pour rigoler chez mes amis. Ma copine jouait et je m'amusais à appuyer sur les boutons avec elle... Puis je me suis dit que je devais apprendre, que je devais devenir une DJ moi aussi, parce que je m'en sortais super bien. » Cette passion n'a pourtant rien d'évident lorsqu'on est une jeune femme ayant grandi à Bagdad, comme en témoigne une de ses camarades, DJ 5AM. « La perception est négative... Particulièrement pour les filles, partage-t-elle. Les hommes, personne ne les jugera. Mais nous sommes des filles en Irak et toutes les femmes DJ seront confrontées à leur jugement ». Ayant déjà fait les frais de cette défiance, la musicienne préfère rester discrète. « Je l'ai personnellement expérimentée avec mon chef, raconte la jeune femme. Il a souligné que j'avais une position élevée dans l'entreprise, pourquoi est-ce que je choisirais alors de devenir DJ ? Je lui ai dit que c'était juste un loisir. Ça ne l'a pas tout à fait convaincu, mais je me moque de son opinion. J'ai fait ce que je voulais. » À lire aussiRegards sur l'Iran : l'art comme acte de résistance Cette persévérance suscite l'admiration d'Olympe 4000. La DJ est une habituée des clubs européens, mais c'est sa première expérience en Irak, où elle s'est fixé plusieurs objectifs au cours de la formation qu'elle dispense auprès de Nour, 5AM et leurs camarades. « J'essaie de les accompagner dans le développement de leur carrière, de faire en sorte qu'elles s'autonomisent et surtout leur donner confiance, explique-t-elle. Il y en a quelques-unes qui savent déjà mixer, mais qui ne se sentent juste pas légitimes de jouer devant un public. Le peu d'amis DJ qu'elles ont autour d'elles, ce sont principalement des hommes. » Encore balbutiante, la scène électronique émergente d'Erbil se veut inclusive et protectrice, des valeurs au cœur des soirées que Nour organise avec ses amis. « Lors de nos évènements, de nombreuses femmes dansent librement, c'est un environnement sécurisant : nous nous efforçons de créer un espace où elles se sentent à l'aise de faire ce qu'elles veulent, tous leurs droits sont garantis », témoigne la DJ. L'un des principaux obstacles à l'expansion de cette industrie musicale, c'est la difficulté pour ses artistes de voyager afin de se produire en Europe où les visas sont délivrés au compte-goutte pour les Irakiens. Pas de quoi effrayer Nour : « Je rêve en grand : je me vois un jour jouer dans les grands festivals. Je sais que j'en suis capable, et j'y arriverai un jour. » À lire aussiMusique : où sont les femmes ?
Olivier Legrain, un millionnaire français mécène de la presse indépendante, cosigne avec le journaliste Vincent Edin un livre intitulé Sauver l'information de l'emprise des milliardaires (Payot, 2025). Dans L'atelier des médias, tous deux détaillent la mainmise d'une dizaine d'oligarques, en France, sur les secteurs de la presse et de l'édition. Ils avancent aussi des pistes de solutions face au péril que cette situation fait peser sur la démocratie française. L'entretien débute par la présentation du livre Sauver l'information de l'emprise des milliardaires, publié par l'éditeur français Payot en mai 2025. Olivier Legrain, millionnaire français et mécène de la presse indépendante, et Vincent Edin, journaliste indépendant, y décrivent la « concentration inédite des médias français » aux mains de « 10 milliardaires qui accaparent à eux seuls 90 % des ventes de quotidien nationaux, 55 % de l'audience des télévisions et 40 % de celle des radios ». Olivier Legrain explique cette concentration par un « capitalisme d'influence » et une « guerre culturelle et idéologique ». Il affirme que pour ces milliardaires, « perdre de l'argent est complètement secondaire ». Les menaces sur la démocratie et la qualité de l'information Olivier Legrain exprime son inquiétude et sa révolte face à cette situation, prévenant d'un « risque très important » de « vrai basculement dans notre pays » lors de la présidentielle de 2027. Il dénonce une « information à bas coût » qui « bafoue » la Charte de Munich. Vincent Édin critique le manque de fermeté du régulateur français des médias (l'Arcom), soulignant que les chaînes de Vincent Bolloré ont été « sanctionnées 52 fois pour manquement à leurs obligations à la déontologie journalistique » sans interdiction temporaire d'émettre. Le projet d'une Maison des médias libres à Paris Olivier Legrain, multimillionnaire, affirme que l'achat de médias n'est « absolument pas [sa] philosophie ». Il se considère comme un citoyen engagé, utilisant son patrimoine pour « la liberté de la presse, le côté pluraliste » et l'accueil des réfugiés en France. Depuis une décennie, Olivier Legrain a accompagné financièrement plus de 50 médias indépendants. Son projet de la Maison des médias libres, situé au 70 boulevard Barbès à Paris, représente un investissement de 25 millions d'euros pour 4 500 m² et 350 postes. L'objectif est de « créer de l'émulation » et des « synergies » entre les médias indépendants, leur permettant de mutualiser des fonctions et de « créer une puissance de feu supplémentaire ». Vincent Edin perçoit ce lieu comme un « petit phalanstère qui protège les médias indépendants » et un moyen de « se rassembler pour pas se faire écraser ». L'ouverture est espérée durant l'année 2027. Pistes de solutions et réformes Les auteurs plaident pour « changer les lois » afin d'interdire à un milliardaire de posséder plus d'un média, souhaitant qu'ils « ne fasse plus système ». Ils proposent un renforcement des sanctions pour les manquements à la déontologie et une distribution plus proportionnelle des aides à la presse. Olivier Legrain souligne l'importance de « sanctuariser le service public de l'information » et milite pour un « droit d'agrément » des journalistes sur la nomination de leur directeur de la rédaction. Vincent Édin plaide pour généraliser l'éducation aux médias (EMI) à tous les âges, car l'information est un « bien commun » et non une marchandise. Un combat pour le pluralisme et la démocratie Olivier Legrain explique qu'ils se bat pour que « la science, les faits, les sources fiables soient débattues sans être considérés comme des opinions comme les autres », et pour « sauver le pluralisme de l'information ». Pour lui, l'information, la justice et la science sont « les trois combats fondamentaux pour une démocratie ». Il conclut en citant Jacques Kayser (1955) : « L'information, au lieu d'être un bien commun au service des peuples tend à devenir une marchandise livrée aux lois du profit. »
Chaque week-end dans Europe 1 Matin Week-end, Julia Vignali reçoit une personnalité qui se confie pendant quelques minutes.Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Ce soir, vous avez choisi la radio pour vous informer, et c'est déjà une très bonne chose. Mais vous avez en plus choisi RFI. Et là, disons-le franchement : c'est encore mieux. Parce que ce soir, vous aviez le choix. Le choix d'aller chercher vos infos sur X, TikTok ou Instagram. Le choix de swiper entre une vidéo de guerre, un tutoriel de cuisine, une citation de Gandhi... Le choix de zapper, de cliquer, de commenter, de partager. Et c'est exactement ce que fait une majorité de jeunes Américains – près de 54%, selon le dernier Digital News Report du Reuters Institute, ne s'informent plus que par les réseaux sociaux. Pourquoi ? Parce que l'info y est plus courte, plus rapide, souvent plus ludique, plus incarnée. Parce qu'on peut s'informer comme on veut, quand on veut, sans ordre, sans filtre… enfin ça c'est ce qu'on pense. Mais voilà : cette information-là, aussi fluide soit-elle, est parfois incomplète, biaisée, ou pire : manipulée. Alors on pose la question ce soir, en toute franchise : - Les médias traditionnels sont-ils devenus obsolètes ? - Doivent-ils se réinventer, ou mourir dignement ? - Les réseaux sociaux sont-ils des caisses de résonance dans nos conflits ? Pour en débattre - Sophie Jehel, professeure en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris 8, au Laboratoire CEMTI (Centre d'études sur les Médias, les Technologies et l'Internationalisation), spécialiste des pratiques numériques et informationnelles des jeunes - Vincent Berthier, responsable du bureau technologies et journalisme chez Reporters sans frontières (RSF) - Fabrice Epelboin, entrepreneur, enseignant, spécialiste des médias sociaux.
Ce soir, vous avez choisi la radio pour vous informer, et c'est déjà une très bonne chose. Mais vous avez en plus choisi RFI. Et là, disons-le franchement : c'est encore mieux. Parce que ce soir, vous aviez le choix. Le choix d'aller chercher vos infos sur X, TikTok ou Instagram. Le choix de swiper entre une vidéo de guerre, un tutoriel de cuisine, une citation de Gandhi... Le choix de zapper, de cliquer, de commenter, de partager. Et c'est exactement ce que fait une majorité de jeunes Américains – près de 54%, selon le dernier Digital News Report du Reuters Institute, ne s'informent plus que par les réseaux sociaux. Pourquoi ? Parce que l'info y est plus courte, plus rapide, souvent plus ludique, plus incarnée. Parce qu'on peut s'informer comme on veut, quand on veut, sans ordre, sans filtre… enfin ça c'est ce qu'on pense. Mais voilà : cette information-là, aussi fluide soit-elle, est parfois incomplète, biaisée, ou pire : manipulée. Alors on pose la question ce soir, en toute franchise : - Les médias traditionnels sont-ils devenus obsolètes ? - Doivent-ils se réinventer, ou mourir dignement ? - Les réseaux sociaux sont-ils des caisses de résonance dans nos conflits ? Pour en débattre - Sophie Jehel, professeure en sciences de l'information et de la communication à l'Université Paris 8, au Laboratoire CEMTI (Centre d'études sur les Médias, les Technologies et l'Internationalisation), spécialiste des pratiques numériques et informationnelles des jeunes - Vincent Berthier, responsable du bureau technologies et journalisme chez Reporters sans frontières (RSF) - Fabrice Epelboin, entrepreneur, enseignant, spécialiste des médias sociaux.
Aucun journaliste ne sait plus ce qu'est une bonne nouvelle. Dixit le Dalaï Lama qui a raison à 90%, mais qu'on va néanmoins contredire ESM en accueillant Kalidou Sy, un confrère de France 24. Évidemment si vous avez suivi ses enquêtes au Burkina Faso ou au Niger dans les années 2020, les nouvelles (liées à l'insécurité) n'étaient pas reluisantes, il en a d'ailleurs tiré le podcast Échos du Sahel. Mais peut être que Kalidou Sy se rapproche d'une autre définition Le journaliste s'occupe de choses qui disparaissent. L'écrivain est un journaliste de l'éternel (merci Jean-François Somain). En signant le documentaire Yambo Ouologuem, la Blessure - l'histoire de cet écrivain malien prix Renaudot 1968, encensé puis disgracié par la France littéraire - notre journaliste remet sur le dessus de la pile le nom d'un écrivain africain qui ne peut pas complètement disparaître.
« Informer à l'heure de la post-vérité » était le sujet d'une table ronde du 3e Festival international du journalisme de Carleton-sur-mer, au Québec, mi-mai 2025. L'atelier des médias propose un compte rendu des échanges qui réunissaient une universitaire et trois directeurs de médias francophones canadiens. Il a été question d'intelligence artificielle, de régulation des plateformes ou encore de la notion de confiance. Marie-Ève Carignan est professeure titulaire au Département de communication de l'Université de Sherbrooke et cotitulaire de la chaire Unesco en prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violents. Elle a aussi aussi été responsable des communications et analyste au Conseil de presse du Québec. Marc Gendron est éditeur chez Le Soleil et directeur principal croissance numérique des Coops de l'information Luce Julien est directrice générale de l'information à Radio-Canada depuis 2018. Brian Myles est le directeur du quotidien Le Devoir depuis 2016 mais il y travaille depuis trois décennies. Il a enseigné le journalisme à l'UQAM, de 2000 à 2016. Il a aussi été président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) de 2009 à 2013. Marie-Ève Carignan commence par rappeler que la post-vérité est un concept qui, bien qu'il ait été le mot de l'année du dictionnaire Oxford en 2016, ne fait pas l'unanimité parmi les chercheurs. Ce terme est apparu pour décrire une ère où l'on accorde moins d'importance aux faits et à l'information factuelle, et davantage aux émotions et aux croyances personnelles. Une époque du « tout se vaut ». Les évolutions technologiques, notamment la démocratisation d'Internet, l'explosion des réseaux sociaux et l'intelligence artificielle (IA), ont eu un impact sur le secteur des médias, ces derniers ayant perdu leur « centralité » dans la diffusion de l'information. Aujourd'hui, « n'importe qui peut devenir un créateur et surtout un diffuseur de contenu », et sur l'espace numérique, « on est presque tous à armes égales », explique Marc Gendron, du quotidien Le Soleil. Les théories du complot, auparavant confinées à des cercles restreints, peuvent désormais être diffusées à grande échelle et atteindre des personnes sensibles à ce type de propos. L'IA a encore amplifié ce phénomène, permettant l'existence de « fermes à fausses nouvelles ». Cependant, Brian Myles, directeur du quotidien Le Devoir, rappelle que « le premier facteur de désinformation, c'est un être humain », soulignant que la désinformation précède largement la révolution numérique. Pour lui, l'enjeu de notre époque est le passage de l'insulte « fake news » appliquée aux médias traditionnels à « un empire de fausses nouvelles » qui a engendré une « communauté qui est dans la croyance pour ne pas dire dans la crédulité », menant à une ère où « ce n'est plus je pense donc je suis, c'est je le pense donc c'est vrai ». Il précise que des études montrent qu'une personne sur quatre s'informe désormais sur les réseaux sociaux, et la moitié des personnes interrogées dans ces études considèrent Facebook comme « très crédible », alors que la plateforme a été un puissant véhicule de désinformation. Le blocage des contenus d'actualité sur Facebook et Instagram au Canada depuis le 1er août 2023, riposte de Meta à une loi canadienne obligeant le géant américain à payer les médias pour reprendre leur contenus, a eu des impacts mitigés. Un tiers des Canadiens ne sauraient même pas que les contenus d'actualités sont bloqués sur ces plateformes, rappelle Marie-Ève Carignan. À l'inverse, Brian Myles qualifie ce blocage de « bénédiction », car cela a poussé les utilisateurs à chercher directement l'information, apportant plus de trafic direct et d'abonnements numériques pour son média. À écouter aussi«L'ère de la post-vérité»: le regard d'un économiste sur les effets du capitalisme numérique Face à ces défis, plusieurs pistes de solutions ont été proposées pour continuer d'informer à l'ère de la post-vérité : Rétablir la confiance : Brian Myles insiste sur le fait que la confiance est le bien le plus précieux des journalistes. La transparence est essentielle : sur les méthodes, la structure de propriété, la séparation entre faits et opinions, l'admission et la correction des erreurs. Il faut également des journalistes de terrain qui reflètent la réalité des gens, des médias capables de connecter avec leur public et des espaces de rétroaction intégrants le lecteur. Développer les communautés et la proximité : Marc Gendron souligne l'importance de réinvestir dans des espaces de commentaires modérés sur les environnements propres (sites et applications) des médias pour créer un engagement et une communauté autour des contenus. Il faut que les médias de proximité aillent sur le terrain, fassent écho aux préoccupations des gens pour rétablir un lien de confiance fondamental. Le dialogue social : Marie-Ève Carignan mentionne des projets mettant en relation des personnes aux croyances radicalement opposées (par exemple, sur l'immigration ou le changement climatique) pour encourager l'écoute et l'ouverture aux différentes opinions. Des méthodes comme l'« entretien motivationnel » ont montré leur efficacité pour amener les gens à réfléchir à leurs valeurs et potentiellement modifier leurs croyances, notamment en santé publique. L'éducation aux médias : Marie-Ève Carignan et Luce Julien insistent sur le potentiel de l'éducation aux médias (EMI). Des projets pilotes ont montré que les participants comprennent mieux le fonctionnement des médias et sont plus ouverts aux sources d'information, mais ces initiatives manquent de financement et de structuration uniforme. La régulation des plateformes numériques : Le problème de l'économie des médias en crise est que la création de contenu dédié à chaque réseau social n'est pas rentable, car les médias sont « écartés de la chaîne de valeur » et ne tirent pas de revenus de ces plateformes. Brian Myles insiste sur l'absence d'un cadre réglementaire juste pour les plateformes numériques. Il affirme que les plateformes ne sont ni de simples compagnies de technologies ni des médias traditionnels, mais un « entre-deux ». Il suggère que des actions judiciaires antitrust aux États-Unis, visant à démanteler des géants comme Google et Facebook, pourraient potentiellement « régler l'enjeu pour nous tous ». Le rôle des gouvernements : Marie-Ève Carignan considère l'information comme un « bien public » qui coûte cher à produire et devrait être financé par le gouvernement par le biais des taxes, et non pas seulement par l'abonnement. Brian Myles s'inquiète de la « montée des gouvernements populistes qui arrivent avec un agenda de remise en question des institutions médiatiques » et qui « vont laisser le mensonge investir l'espace d'élaboration des politiques publiques », ce qui est « profondément dangereux dans une démocratie ». Malgré ces défis, Luce Julien offre une note d'espoir, affirmant que « l'industrie va mal » financièrement, mais que « on fait du meilleur journalisme qu'on en faisait il y a plusieurs années », avec par exemple de nombreux médias réalisant du journalisme d'enquête de qualité. Elle encourage les citoyens à « poser des questions aux médias » s'ils doutent d'un reportage, soulignant l'importance du lien direct avec le public.
Dans son récit, Stéphane Bern nous raconte l'histoire d'Elisabeth de Miribel, la première combattante de la France Libre qui a dactylographié l'appel du 18 juin. Au Coeur de l'Histoire est réalisée par Guilaume Vasseau. Rédaction en chef : Benjamin Delsol. Auteur du récit : Tony Liégois. Journaliste : Clara Leger. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Dans son récit, Stéphane Bern nous raconte l'histoire d'Elisabeth de Miribel, la première combattante de la France Libre qui a dactylographié l'appel du 18 juin. Au Coeur de l'Histoire est réalisée par Guilaume Vasseau. Rédaction en chef : Benjamin Delsol. Auteur du récit : Tony Liégois. Journaliste : Clara Leger. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Un collectif de journalistes et de chercheurs a publié fin avril une charte consacrée au traitement des migrations par les médias. Ce texte a été pensé comme un outil pour transformer en profondeur la manière dont les médias abordent les questions migratoires. Eric Nahon, journaliste et formateur, co-auteur de la charte, et Tania Racho, de l'association Désinfox-Migrations, sont venus présenter cette charte dans L'atelier des médias. Pour Éric Nahon, cette Charte de Marseille sur l'information et les migrations, présentée durant les Assises du journalisme de la Méditerranée, vise à « mettre une pause sur le traitement médiatique de la migration et de se demander si on peut faire autrement ». Elle répond à un sujet « extrêmement complexe, émotionnel, polarisant » et parfois instrumentalisé. La Charte de Marseille est née du constat d'un « écart important entre la production émanant de la recherche en matière de migration et la couverture médiatique », explique Tania Racho, chargée de projet pour Désinfox-Migrations. Une notion comme la « submersion migratoire » n'est par exemple pas étayée par les études scientifiques. La charte vient en complément des textes déontologiques existants dans le journalisme, rappelle Éric Nahon, qui voit ce texte comme un « bouclier invisible » pour les rédactions et un outil de réflexion invitant les journalistes à « prendre un peu de recul, penser contre soi-même ». Parmi ses 11 principes, la charte promeut un traitement « transversal » des migrations. Elle exhorte à « rectifier les informations fausses » et à « exposer les mécanismes de la désinformation ». Un principe fondamental est de « veiller à ne stigmatiser aucune population ». Tania Racho insiste sur la nécessité de « ne pas invisibiliser les personnes migrantes » en leur tendant le micro et d'être « vigilant sur les termes employés ». Elle note que le mot « migrant », bien que correct, « véhicule une image qui est aussi stéréotypée ». L'utilisation d'images variées, loin des clichés de bateaux, est également recommandée. La charte souligne l'importance de « mettre en avant les faits, les replacer dans leur contexte ». Elle insiste aussi sur la formation des journalistes sur ces sujets et l'évaluation continue des pratiques médiatiques. À lire aussiUne charte adoptée à Marseille pour repenser le traitement médiatique des migrations
Cette semaine je suis ravie de partager ma conversation avec Rima Hassan Mobarak, présidente et fondatrice de l'Observatoire des Camps de Réfugiés. Rima est également rapporteuse à la Cour Nationale du Droit d'Asile, enseignante à l´Ecole Supérieure de Journalisme de Paris.Dans cet épisode Rima retrace ses origines, notamment sa naissance et son enfance dans un camp de réfugiés près d'Alep en Syrie.Elle relate son arrivée en France et les contraintes auxquelles elle et surtout ses frères plus âgés ont dû faire face pour parvenir à se sentir les bienvenus dans ce nouveau pays.Rima revient sur les raisons qui l'ont incité à créer l'Observatoire et la mission qui l'habite. Nous avons également parlé d'identité, ou plutôt de non-identité ou d'identité pulvérisé par l'exil forcé, de la condition des Palestiniens nés après 1948 mais aussi de sa tentative d'y retourner.Le parcours et l'histoire de Rima m'ont profondément touché. Si vous souhaitez soutenir son combat, je vous invite à faire un don à l'Observatoire des Camps de Réfugiés dont les détails sont dans les notes.Sans plus attendre je laisse place à la HeyA du jour - Rima Hassan Mobarak. ----------------------------------------------------- Pour suivre Rima et l'Observatoire des Camps de Réfugiés Instagram: @rimamobarak et @obsrefugies Soutenir l'Observatoire, dons et partenariats - Observatoire des camps de réfugiés (o-cr.org) Pour suivre Heya Instagram: @heya_podcast Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Dans un épisode de "Tout savoir sur", Laurent Marsick revient sur la vie de Philippe Labro, une figure emblématique du journalisme et du cinéma français. À travers une interview d'archives RTL de 1982, découvrez l'homme derrière le professionnel, ses racines familiales, ses débuts dans le journalisme et sa vision de l'amitié et de l'amour. Dans "Tout savoir sur", du lundi au vendredi, la rédaction de RTL revient sur un fait marquant de l'actualité avec les reporters, les correspondants et les experts de RTL.Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Dans un épisode de "Tout savoir sur", Laurent Marsick revient sur la vie de Philippe Labro, une figure emblématique du journalisme et du cinéma français. À travers une interview d'archives RTL de 1982, découvrez l'homme derrière le professionnel, ses racines familiales, ses débuts dans le journalisme et sa vision de l'amitié et de l'amour. Dans "Tout savoir sur", du lundi au vendredi, la rédaction de RTL revient sur un fait marquant de l'actualité avec les reporters, les correspondants et les experts de RTL.Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Journaliste et écrivain, Giuliano da Empoli est un des esprits les plus brillants du moment. L'auteur des Ingénieurs du chaos ou du roman Le mage du Kremlin est l'invité de ce numéro d'Idées pour parler des « prédateurs qui sont au pouvoir aujourd'hui sur tous les continents ». Ancien adjoint au maire en charge de la culture à Florence, conseiller politique du président du Conseil italien Matteo Renzi, il a publié son premier livre en 1996, Un grande futuro dietro di noi à propos des difficultés rencontrées par les jeunes Italiens.En tant qu'auteur et commentateur politique, il intervient régulièrement dans des émissions télévisées et radiophoniques en Italie et en France.Il publie aujourd'hui L'heure des prédateurs chez Gallimard.« Aujourd'hui, l'heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d'une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l'épée. Ce petit livre est le récit de cette conquête, écrit du point de vue d'un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d'un monde, au moment où il sombre dans l'abîme, et l'emprise glacée d'un autre, qui prend sa place. », écrit-il dans ce récit.Au micro de Pierre-Edouard Deldique, Giuliano da Empoli nous fait voyager de New York à Riyad, de l'ONU au Ritz-Carlton de MBS, « là où le pouvoir s'acquiert par des actions irréfléchies et tapageuses, où des autocrates décomplexés sont à l'affût du maximum de chaos, où les seigneurs de la tech semblent déjà habiter un autre monde, où l'IA s'avère incontrôlable ».L'auteur qui a une parfaite connaissance du milieu politique regarde sans ciller : « L'union de la rage et des algorithmes ». Il préconise de « réinventer une propagande adaptée à l'ère des selfies et des réseaux sociaux » car « le moment que nous vivons est machiavélien ».Idées, le magazine qui interroge ceux qui pensent le monde.Programmation musicale : Edouard Ferlet – Herd instinct
Gaspard G, 27 ans, est un créateur de contenus d'information. Sur YouTube, 1,3 million de personnes sont abonnées à ses vidéos. Au micro de L'atelier des médias, durant le Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer, au Québec, Gaspard G a raconté son parcours, présenté son approche et discuté de son rôle dans l'écosystème informationnel. Gaspard G est un créateur de contenu français connu pour ses vidéos postées sur YouTube. Dans cet entretien de 40 minutes, il raconte son parcours, de ses débuts précoces sur YouTube à ses études en école de commerce qui ont influencé son approche du financement médiatique.Il se définit comme "créateur de contenus d'information", ne se revendiquant pas comme "journaliste" ni "influenceur", bien qu'il respecte les règles d'éthique journalistique et travaille avec des journalistes traditionnels.La conversation aborde également ses formats vidéo populaires, le modèle économique de sa chaîne basé sur la publicité et les partenariats, le profil de son audience, et son rôle perçu dans la lutte contre la désinformation.Enfin, Gaspard G partage ses réflexions sur l'évolution du paysage médiatique, le rôle des plateformes numériques, son expérience en tant que chroniqueur sur France Inter, et encourage la diversité des voix dans la création de contenus en ligne.
Depuis bientôt vingt ans, Richard Latendresse est le correspondant à Washington du réseau de télévision canadien TVA. Au micro de L'atelier des médias, ce journaliste québécois raconte comment les médias travaillent à la Maison Blanche et discute de la relation que Donald Trump et ses équipes entretient avec les professionnels de l'information accrédités à la présidence des États-Unis. Richard Latendresse, journaliste québécois établi à Washington depuis 2006, couvre la Maison Blanche pour le groupe canadien TVA. Ayant couvert les présidences de George W. Bush, Barack Obama, Donald Trump et Joe Biden, il a un regard privilégié sur l'évolution des relations entre la présidence des États-Unis et les médias.Invité au 3e Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer (FIJC), au Québec, Richard Latendresse a accordé un entretien à L'atelier des médias de RFI, abordant les coulisses de son métier et soulignant les défis posés par l'ère TrumpImprévisibilité et manipulationLe premier mandat de Donald Trump fut marqué par l'imprévisibilité et une gestion pleine d'« approximations » ; le début du second mandat est « tout aussi fatiguant », bien que Trump sache désormais « beaucoup mieux où il s'en va », explique Richard Latendresse qui note que la couverture de l'actualité de la Maison Blanche en 2025 reste dictée par « les états d'âme et les coups de gueule de Donald Trump ». Cette approche contraste fortement avec les administrations précédentes, comme celle de Barack Obama, jugée « bien organisée, structurée avec des annonces qui étaient déjà prévues, des projets fouillés ».Richard Latendresse exprime également un regret quant à la couverture de la santé du président Joe Biden durant son mandat, déclarant : « On a raté de ne pas avoir suffisamment contesté, questionné l'équipe de presse sous Biden sur la santé du président. » Le journaliste estime que les médias ont été « beaucoup trop indulgents » avec lui, comparé à l'acharnement dont Trump ferait l'objet dans une situation similaire. Il considère qu'il est « honteux à quel point l'équipe de Biden s'est arrangée pour manipuler les médias » sur cet aspect.Paradoxalement, Donald Trump, qui en 2017 qualifiait la presse d'« ennemi du peuple », se montre plus accessible que Joe Biden. « Il aime qu'on le questionne, il aime être à la une », invitant les journalistes dans le bureau Ovale et saisissant toutes les occasions de s'exprimer. Si Trump « dit tout et son contraire », « il le dit au moins », ce qui contraste avec les brèves réponses parfois inaudibles de Joe Biden.L'équipe de Donald Trump souhaite en outre que « ce que le président dit soit repris mot à mot par les journalistes », comme l'illustre le refus d'accès au bureau Ovale à un journaliste d'Associated Press pour ne pas avoir utilisé l'expression « golf d'Amérique », préférée par Trump à pour nommer le golf du Mexique. Correspondants à la Maison Blanche et salle de presseRichard Latendresse fait partie des quelque centaines de journalistes accrédités à la Maison Blanche, un statut nécessitant une enquête poussée. Il est aussi cofondateur de l'Association des correspondants étrangers à la Maison Blanche (créée en 2009), un groupe qui s'est fait une place au milieu des grands médias américains. Cette association, forte d'une trentaine de membres, a obtenu un siège au 3e rang de la salle de presse, « le meilleur spot » selon Richard Latendresse, et surtout, une place précieuse au sein du « pool » de journalistes ayant accès direct au président lors d'événements restreints, y compris les rencontres avec des dirigeants étrangers.La porte-parole de Donald Trump, Karoline Leavitt, 27 ans, figure de la nouvelle génération trumpiste, joue un rôle de « porte propagande », explique Richard Latendresse, en transmettant les messages présidentiels. Ses relations avec la presse sont parfois « tendues ». Toujours « sur la défensive », elle retourne fréquemment les questions contre les journalistes pour « dénigrer le messager ».Une autre évolution notable est l'arrivée dans la salle de presse de petits médias pro Trump, d'influenceurs et de podcasters de la sphère MAGA, qui posent des questions visant à « renforcer le message du président » et « dénigrer les adversaires ». Karoline Leavitt leur donne souvent la parole au début des conférences de presse, dans une « volonté claire de miner la crédibilité des des médias traditionnels ».L'importance de la contexualisationEn tant que Canadien à la Maison Blanche, Richard Latendresse ne se sent pas particulièrement visé malgré les commentaires de Trump qui veut faire du Canada le 51e État des État-Unis. Il y voit une « provocation », typique du « modus operandi » de Trump.La couverture de la Maison Blanche, et notamment sous Donald Trump, engendre une certaine fatigue chez Richard Latendresse, qui se trouve dans un effort constant pour « mettre de la cohésion dans l'incohérence » du discours présidentiel.Face à un déluge d'informations souvent contradictoires, Richard Latendresse s'épanouit dans la présentation de l'émission Contextes. Son objectif : « mettre en perspective » et « trouver un sens » dans l'actualité, estimant que le public est souvent « pantoi, perdu ». Après deux décennies à Washington, Richard Latendresse envisage revenir s'installer au Québec, sentant la nécessité de prendre « un peu de recul » pour revoir ce monde sous un nouvel angle et gagner en clarté. Il conclut en encourageant les citoyens à « rester curieux, à rester à l'affût et à s'impliquer »
Dans les médias, le traitement éditorial de l'information passe trop souvent par le prisme de l'émotion au détriment de la raison. C'est ce qu'explique Anne-Cécile Robert, journaliste au Monde diplomatique et professeure à l'Iris, dans son livre La stratégie de l'émotion, qui vient de reparaître. Au micro de L'atelier des médias, Anne-Cécile Robert discute de l'utilisation de l'émotion dans le journalisme, notant qu'il est courant et parfois utile d'utiliser le prisme émotionnel pour capter l'attention du public, surtout pour aborder des sujets complexes.Cependant, la journaliste souligne un problème croissant lorsque les médias se contentent de rester dans le registre émotionnel, se focalisant sur la description des souffrances sans expliquer les causes ou le déroulement des événements, en particulier dans les faits divers.Elle observe que les journaux et programmes télévisés accordent de plus en plus de place à l'émotion pure, même quand l'actualité ne s'y prête pas nécessairement, ce qui a pour conséquence d'occuper la place d'informations plus approfondies.
L'animatrice de l'émission de talk show mythique "C'est mon choix" durant les années 2000. Evelyne Thomas donne son point de vue sur la télé d'aujourd'hui dans les GG.