Du lundi au vendredi, un journaliste du Service Culture reçoit un acteur de la vie culturelle, pour aborder son actualité et réagir aux initiatives artistiques en France et dans le monde.

Aujourd'hui, notre Invité culture nous vient du stand-up : de ses débuts à Trappes, en banlieue parisienne, jusqu'aux plateaux de cinéma, en passant par une transformation physique marquante et une popularité toujours grandissante, Issa Doumbia raconte son histoire dans un nouveau ciné-spectacle, Monsieur Doumbia, une forme hybride où il mêle confidences intimes, humour et séquences inspirées de sa carrière à l'écran comme à la télévision. Après avoir fait salle comble au Grand Rex à Paris, Monsieur Doumbia est actuellement en tournée dans plusieurs villes françaises jusqu'en 2026. ► Site internet Issa Doumbia

« Lien commun », c'est le titre de l'exposition de trois artistes peintres 100% Dakarois : Saadio, Ibou Diagne et Tampidaro. Conçu comme un hommage au quartier de Ouakam où ils travaillent et vivent, les 70 toiles qui sont exposées au musée Théodore Monod jusqu'au 31 octobre racontent le quotidien vibrant de ce quartier – scènes de foules, marchés animés, embouteillages – et ce qui relie les individus qui y vivent. Une exposition curatée par Maraki Germa Bekele. Interview de Saadio, Mamadou Sadio Diallo, de son vrai nom. À lire aussiLe plasticien Thonton Kabeya à la biennale de Dakar: «Mon œuvre est complexe parce que je l'ai voulue universelle»

Après Good Boy, un premier album remarqué sorti en 2024, le trompettiste franco-marocain daoud sort un nouvel opus intitulé ok. Quatorze titres aux mélodies accrocheuses pour bousculer toujours plus les codes du jazz et secouer les puristes de cette scène qui se prend souvent trop au sérieux. daoud propose un disque de jazz à la production beaucoup plus proche de celle d'un album pop, à l'esthétique organique et captivante. RFI : Votre deuxième album ok mélange jazz, house, hip-hop, disco, rock et afrobeat. Comment avez-vous orchestré cette fusion des genres tout en conservant une identité cohérente ? daoud : Il y a une base de jazz, qui se trouve dans l'approche et dans l'orchestration. Parce que c'est mon éducation, c'est la musique par laquelle j'ai été sensibilisé au spectacle. C'est par là que je suis monté sur scène. L'improvisation, tous ces éléments forts du jazz font partie de ma manière de faire de la musique et qui feront, je pense, toujours partie de ma manière de faire de la musique. Pour les autres genres, c'est juste la musique que j'écoute. J'écoute beaucoup de hip hop, j'écoute beaucoup de musique électronique, j'écoute beaucoup de folk. J'écoute plein de genres musicaux différents, qui forcément, m'influencent. Ils m'amènent de nouvelles idées et me permettent de me réapproprier un répertoire que je pensais acquis. La culture du sample a-t-elle influencé votre manière de composer ? Beaucoup. Parce que j'aime les motifs répétés et répétitifs, toute la culture du sample, que ce soit vraiment pur chez J-dilla ou les beatmakers du hip hop. Aujourd'hui, il n'y a quasiment aucune chanson qui sort aujourd'hui sans avoir un sample dedans. Sur cet album, il n'y a pas réellement de sample paradoxalement, mais je compose comme si c'était samplé et donc je me réapproprie un petit peu cette méthode qui est une méthode de post-production ou de beatmaking. Je me l'approprie de manière plus compositionnelle. Il y a aussi beaucoup de featurings sur cet album. Était-ce un choix à l'origine, du type « Je veux beaucoup de monde sur l'album » ou est-ce que cela s'est fait comme naturellement ? Pour moi, c'était important d'avoir la possibilité de mettre en valeur des personnalités de musiciennes et de musiciens avec lesquels j'ai travaillé par le passé, qui m'inspirent ou qui m'influencent. L'objectif, c'était aussi de mettre en valeur des musiciennes et des musiciens jeunes qui font cette musique, ou qui sont inspirés par cette musique. Je trouvais cela important de montrer un visage optimiste du jazz et du jeune jazz. Pouvez-vous développer un petit peu sur votre collaboration avec Mehdi Nassouli ? Mehdi, c'est une bête de scène et un génie du guembri. C'est un super chanteur percussionniste qui participe énormément à la visibilité de la culture musicale du Maghreb et Gnawa en particulier. La chance exceptionnelle que j'ai, c'est que Mehdi passe une partie de sa vie dans le Gers, pas très loin de Toulouse où j'habite. Je l'ai contacté, mais vraiment peu de temps avant de rentrer en studio, je lui ai dit : « Mehdi, écoute, je suis désolé, mais j'ai ce morceau et je n'arrive pas à m'enlever de la tête que j'aimerais que tu joues du guembri dessus. Je ne sais pas comment on peut faire cela. » Il se trouvait qu'il était disponible ce jour-là, donc il m'a répondu : « Je viens, il n'y a pas de problème. » Il est venu le mercredi, il est resté deux heures en studio, il nous a fait une prise de guembri qui est une espèce de transe polyrythmique incroyable et qui amène une intensité folle au morceau. Je n'aurais pas pu rêver mieux. daoud ok (Le Studio du Renard) 2025 Facebook / Instagram / YouTube À lire aussi«Everyday Superheroes»: l'odyssée jazz du pianiste français Armel Dupas en trio

Raconter sans filtre la vie d'une jeune maman ? C'est ce que fait la stand-uppeuse Blandine Lehout dans son nouveau spectacle « La vie de ta mère » : un one-woman show drôle et décomplexé qui cartonne depuis 2024 et poursuit sa tournée, en France, jusqu'à la fin de l'année. Blandine Lehout au micro d'Elisabeth Lequeret. « La vie de ta mère », actuellement à L'Européen, à Paris, jusqu'à fin décembre 2025.

L'invitée culture est la réalisatrice Hafsia Herzi dont le troisième long métrage La petite dernière sort sur les écrans le 22 octobre. Adapté du récit autobiographique de Fatima Daas, le film raconte le parcours d'une jeune femme homosexuelle, musulmane et banlieusarde. L'actrice Nadia Melliti, dont c'est le premier rôle, a reçu le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes pour son interprétation.

Eka ashate veut dire « Ne flanche pas » en langue innue. C'est le titre du quatrième roman de Naomi Fontaine publié aux éditions Mémoire d'encrier. L'autrice a recueilli les récits de ses aînés pour raconter l'histoire de son peuple soumis à une colonisation féroce au Québec. Un livre porteur d'espoir également où la culture innue est toujours vivante. ► Eka ashate - Ne flanche pas publié aux éditions Mémoire d'encrier

Après avoir parcouru les scènes du monde entier, l'accordéoniste français Vincent Peirani est de retour avec un nouvel album intitulé Time Reflections. Lui qui a beaucoup joué avec le maître de la kora malien Ballaké Sissoko retrouve ici les racines de son tout premier groupe ; le quintet de jazz Living Being. Dans ce nouvel opus, il explore la notion du temps – une interrogation née pendant la pandémie de Covid-19 – en fusionnant jazz, pop, dub et musiques baroques. À écouter aussiL'accordéoniste français Vincent Peirani : « La meilleure école c'est d'accompagner les chanteurs »

Michel Bussi, auteur de romans policiers à succès, s'est lancé le défi de raconter le génocide du Rwanda, avant et après 1994. Une vaste fresque hautement documentée, intitulée Les ombres du monde, où l'histoire du pays et de cette tragédie qui a fait un million de morts en cent jours, est racontée par trois femmes, trois générations : la grand-mère Espérance, la fille rescapée et la petite fille née en France. Ancien enseignant-chercheur en géographie, Michel Bussi, né en 1965, a grandi en Normandie. C'est en 2006, à l'âge de quarante ans, qu'il publie son premier roman, Code Lupin. Cinq ans plus tard, son polar Nymphéas noirs, maintes fois récompensé, le révèle au grand public. Depuis, 21 titres ont paru aux Presses de la Cité, douze millions d'exemplaires ont été vendus dans 38 pays : l'œuvre de Michel Bussi est aujourd'hui incontournable, en France comme à l'étranger.

La couleur de l'eau, c'est le titre de l'exposition de Nicolas Floc'h au FAB, le Festival des Arts de Bordeaux qui fête sa dixième édition. Le photographe explore depuis une dizaine d'années les fonds marins et fluviaux pour les traduire en image. Sa série de photographies, réalisée dans la Garonne qui traverse Bordeaux et l'océan où le fleuve se jette, se déploie comme autant de peintures abstraites. Des images qui invitent au rêve et au voyage. Pour aller plus loin : L'exposition La couleur de l'eau – Garonne Océan au FAB de Bordeaux Nicolas Floc'h

Les invités Culture sont le photographe Yann Arthus-Bertrand et le géographe et historien Hervé Le Bras. Ils publient un livre d'exception, France, un album de famille (éditions Actes Sud). Il contient 900 photographies de Français, assorties de textes, qui dessinent un portrait de la France des années 2020. Du 20 octobre au 2 novembre 2025, une exposition se tiendra dans les salons d'honneur de l'hôtel de ville de Paris, avec un studio photo. Ils sont au micro d'Isabelle Chenu. À lire aussiYann Arthus-Bertrand, la Terre vue du cœur

Après des études de droit en RDC et en Belgique, Blaise Ndala s'installe au Canada en 2007. Il travaille pour Avocats sans frontières Canada, puis il intègre le Bureau de l'enquêteur correctionnel. Son précédent roman, Dans le ventre du Congo, a reçu le prix Ahmadou Kourouma, le prix Ivoire et le prix Cheikh Hamidou Kane. Présentation du roman L'équation avant la nuit : Lorsque Daniel Zinga accepte l'invitation de Beatriz Reimann pour une conférence à Washington, il s'attend à parler de littérature, du Congo au cœur de ses livres, et à nourrir le trouble que la professeure exerce sur lui. Mais rien ne se passe comme prévu. Beatriz a reçu un courrier anonyme : une vieille photo où posent côte à côte son père Walter Reimann, le prix Nobel de physique Werner Heisenberg et Adolf Hitler. Que faisait son père avec ces hommes ? Pour Daniel et Beatriz, c'est le début d'une enquête entre Washington, Santiago, Montréal, Berlin et Lubumbashi qui explore cette page méconnue de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale : la course entre les Alliés et l'Allemagne nazie pour fabriquer la bombe atomique grâce à l'uranium du Congo belge. (éditions JC Lattès) Illustration musicale : Fela Kuti « Mister Follow Follow »

La biennale Euro-Africa se tient du 6 au 12 octobre à Montpellier, dans le sud de la France. Le chorégraphe burkinabè Salia Sanou y présentera en avant-première le 10 octobre sa nouvelle pièce D'un lointain si proche, un spectacle hybride interprété en physique et à distance avec des danseurs et des danseuses du Cameroun, la musicienne Ange Fandoh et le vidéaste Nicolas Clauss. Entre installation et performance, cette création mêle danse, musique, vidéo et poésie. Rencontre avec Salia Sanou, quelques jours avant la représentation. Pour aller plus loin : D'un lointain si proche du chorégraphe Salia Sanou À lire aussiBiennale Euro-Africa: l'exposition «Mix and Match», quand le textile devient langage [1/2] À lire aussiSalia Sanou en un mot, un geste et un silence

L'Invité Culture du jour est le grand Femi Kuti, multi-instrumentiste nigérian. Il est le fils de Fela Kuti, créateur révolutionnaire de l'afrobeat : ce mélange de musique traditionnelle nigériane, de highlife ghanéen, de funk et de jazz qui a toujours été un outil de résistance et de lutte contre les inégalités sociales. Aujourd'hui, Femi Kuti suit les traces de son père et porte son héritage. Il est au micro de Lisa Giroldini. RFI : Parlons d'abord de votre dernier album, Journey Through Life. Avec son titre, mais aussi avec la pochette de l'album, est-ce qu'on peut comprendre qu'il s'agit d'un bilan de votre carrière ? Femi Kuti : Oui, on pourrait dire ça. Mais plus important encore, ce sont mes pensées actuelles, la manière dont je me sens aujourd'hui. Ce sont les vertus qui m'ont guidé. Donc, j'ai pensé qu'il était important de chanter les règles que je me suis fixées, que j'ai suivies. Et, espérons-le, cela peut aider d'autres personnes. L'album est sorti à un moment où ma fille subissait une opération, donc ça m'a probablement poussé à me recentrer sur le plan politique, social et personnel. Cela m'a beaucoup fait réfléchir à cette époque. Vous jouez de l'afrobeat depuis toujours. Vous poursuivez la tradition initiée par votre père Fela Kuti, mais comment y apportez-vous votre propre patte ? Je savais que je devais trouver ma propre personnalité, et écouter du jazz m'a aidé. Parce que j'ai essayé d'être comme Charlie Parker ou Dizzy Gillespie, et j'ai compris que je n'y arriverais jamais. Et alors, je me suis dit : « Wow, je peux être Femi Kuti ». Tu vois ? J'aime mon père, j'ai de l'admiration pour lui, mais pourquoi je voudrais vivre sa vie ? J'ai mes propres douleurs, mes propres peines de cœur, je dois faire face à mon propre parcours, à ma propre pratique. Alors, je cherche Femi Kuti. L'afrobeat se caractérise par son aspect social et politique. Quels sont, selon vous, les messages essentiels à transmettre aujourd'hui ? Tellement de choses. Tellement. Il faut avoir le cœur brisé aujourd'hui quand on voit la guerre à Gaza ou en Ukraine, ou en sachant que le Congo est encore un endroit aussi chaotique. Même au Nigeria : Boko Haram, la corruption du gouvernement... Moi, je suis profondément convaincu que l'Afrique devrait être le plus beau continent, et donner envie au monde entier. Si les dirigeants étaient vraiment engagés et s'ils aimaient leur peuple, l'Afrique devrait rayonner de joie, tu vois ? Je sais que c'est possible. Et quand je rentre chez moi ou que je lis les nouvelles, j'ai vraiment le cœur brisé. Et je ne peux pas forcer les gens à croire en mes idées, sinon je ressemblerais à un dictateur. Ma conclusion, c'est : la politique a échoué. Vous écoutez la jeune génération ? Je n'écoute aucune musique. J'ai lu dans un livre que Miles Davis, pour trouver son propre son, a arrêté d'écouter les autres. Je fais la même chose depuis 25 ans. Aujourd'hui, tout le monde se dit musicien. Tu peux ne même pas savoir lire ou écrire la musique. Parce que quand tu commences un vrai parcours d'études musicales, c'est tellement difficile que tu fuis. Mais tu veux quand même être musicien, alors tu triches. Voilà où on en est : on a plein de tricheurs (rires). Apprenez à lire, apprenez à écrire, apprenez à jouer des instruments de musique. Je donne juste un conseil : si tu veux durer, comme un Miles Davis ou un Stevie Wonder, il faut le faire correctement. Femi Kuti sera en concert le 7 octobre à Marseille, le 8 octobre à Toulouse, le 10 octobre à Tours et le 11 octobre à Aubervilliers. À lire aussiFemi Kuti ou la tentative de l'aventure intérieure sur «Journey Through Life»

Journaliste, essayiste et romancière, Vanessa Schneider est aujourd'hui grand reporter au Monde. Elle a publié plusieurs essais et six romans, parmi lesquels Tu t'appelais Maria Schneider, consacré à sa cousine actrice (Grasset, 2018), qui a connu un grand succès et a été adapté au cinéma. Son nouveau livre, La peau dure, est une lettre ouverte à son père, l'écrivain, haut-fonctionnaire et psychanalyste Michel Schneider, décédé en 2022. « Pour Vanessa. » C'est ce que Michel Schneider a inscrit sur une pochette destinée à sa fille. Après sa mort, elle y trouve, parmi des papiers, un roman d'un auteur qui leur est cher, Sándor Márai : Ce que j'ai voulu taire. Est-ce un message ? Quels silences cache encore cet homme qui, de romans en essais, de conversations sans fard en actions éloquentes, avait pourtant l'air d'avancer dans la vie à découvert, sans gêne ni retenue ? En revisitant son enfance de fils illégitime ou son engagement politique, en racontant leur vie de famille et leur relation pleine de tendresse et de fureur, Vanessa Schneider essaie de rassembler les morceaux d'un père qui se refusait à être défini. Avec une distance littéraire remarquable, l'autrice dresse dans La peau dure (Éditions Flammarion) le portrait d'un père en même temps qu'elle dépeint une génération d'hommes érigée sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, à la fois singulièrement libre et redoutablement égoïste.

L'invité culture aujourd'hui est l'écrivain Laurent Gaudé qui publie une suite à son roman d'anticipation intitulé Chien 51. Dans ce premier volume qui se déroulait dans le futur sous un régime autoritaire, on avait fait la connaissance d'un policier surnommé « Zem » qui donne son titre au deuxième volume où là, le personnage décide de s'échapper de la ville de Magnapole pour retourner en Grèce son pays natal. Laurent Gaudé en quelques dates 1972 : Naissance à Paris. 1997 : Première pièce de théâtre. Onysos le Furieux est publié en tapuscrit (Théâtre Ouvert). 2000 : Première création théâtrale. Onysos le Furieux est mis en scène par Yannis Kokkos au Théâtre National de Strasbourg. 2001 : Premier roman. Cris paraît aux éditions Actes Sud. 2002 : La Mort du roi Tsongor obtient le prix Goncourt des Lycéens. 2004 : Le Soleil des Scorta obtient le prix Goncourt. 2018 : Salina, les trois exils, dixième roman, paraît aux éditions Actes Sud. 2022 : Chien 51, premier volume du diptyque d'anticipation, paraît aux éditions Actes Sud. 2025 : Zem, le deuxième volume paraît aux éditions Actes Sud et sortie en salles de l'adaptation cinématographique de Chien 51. À lire aussiLaurent Gaudé, quel sera le monde de demain? PRÉSENTATION DE ZEM : De retour dans les rues de Magnapole, Zem Sparak, l'ancien flic déclassé de la zone 3 – le « chien » au matricule 51 –, assure désormais la sécurité rapprochée de Barsok, l'homme qui a promis d'abolir les différences de classe et de réunifier la ville. À l'approche du jour censé célébrer l'avancée des Grands Travaux, et alors que toutes les caméras sont tournées vers le port où arrive un cargo chasseur d'icebergs, un container livre une funeste découverte : assis côte à côte, cinq cadavres anonymes portent les traces d'atroces souffrances. L'occasion pour Zem de retrouver l'inspectrice chargée de l'enquête, Salia Malberg. Ensemble, ils vont tenter de comprendre ce que cache le consortium GoldTex : à Magnapole, comme ailleurs, le confort des uns semble bâti sur la vie de milliers d'autres… Ce nouveau roman de Laurent Gaudé est un miroir tendu à nos sociétés consuméristes en proie à l'effondrement. Mais il abrite aussi l'idée d'un ailleurs, d'un refuge face au désastre, nommé résistance. (Éditions Actes Sud) Site de l'auteur : Laurent Gaudé À lire aussiLaurent Gaudé retrace des vies brisées par la nuit du 13 novembre 2015 dans «Terrasses»

Le festival des scènes francophones, les Zébrures d'automne, à Limoges, fait un focus sur le Moyen-Orient cette année. C'est dans ce cadre que s'inscrit la pièce franco-libanaise Et le cœur ne s'est pas arrêté. Elle réunit le metteur en scène François Cervantès, établi à Marseille, et le collectif libanais Kahraba. Une pièce onirique, pleine de poésie, à trois personnages et une maison aussi vivante que les humains... Muriel Maalouf a rencontré l'auteur et metteur-en-scène. À écouter aussiLes Zébrures d'automne : le Bottom Théâtre, une compagnie pour dire notre présent

Un couple iconique au cinéma : Yves Montand et Simone Signoret. Ces deux stars, qui vécurent ensemble pendant 30 ans, sont les héros d'un film en salles ce mercredi 1er octobre : Moi qui t'aimais de Diane Kurys. À écouter aussi« Moi qui t'aimais » : l'amour houleux entre Montand et Signoret incarnés par Roschdy Zem et Marina Foïs

Ils partagent la vie et le même instrument : la pianiste russe Ludmila Berlinskaya et le Français Arthur Ancelle, son partenaire à la ville comme à la scène. Ces ambassadeurs passionnés du piano à quatre mains poursuivent, depuis plus de dix ans, leur mission de révéler ce répertoire au grand public. Dans American Dream, leur 10e album, le duo fusionnel explore, entre autres, les univers contrastés de deux compositrices américaines, entre rêves exaltés et tourbillons de vie. Entretien avec ce tandem pianistique aussi complice qu'engagé. À lire aussiJusqu'où doit aller le boycott russe?

Le Moyen-Orient est à l'honneur des Zébrures d'automne, le festival des scènes francophones qui se tient tous les ans à l'automne à Limoges. Avec Rekord, l'autrice et metteuse en scène Sumaya Al-Attia remonte à ses origines franco-irakiennes. Dans une sorte de road-movie, on part de la France pour traverser le désert, en passant par la Jordanie, puis l'Irak. Une pièce en arabe et en français qui raconte l'exil. À lire aussiLe Festival des Francophonies à Limoges s'ouvre là «où on peut rêver l'avenir en bien»

L'archive et l'enquête documentaire forment la matière des pièces de théâtre d'Émilie Rousset. Affaires Familiales, sa dernière création, nous plonge dans le droit de la famille : divorces, adoptions, violences conjugales sont au cœur de cette pièce présentée au théâtre de la Bastille à Paris, au sein d'une tournée jusqu'en mars 2026. À lire aussiDe la politique au théâtre, il n'y a qu'un spectacle: «Le Grand débat»

Comment continuer à vivre lorsque les crises d'anxiété se multiplient et paralysent au point de ne plus réussir à sortir de chez soi ? C'est ce qu'a vécu le dessinateur et scénariste de bande dessinée français Quentin Zuttion. Il raconte aujourd'hui son quotidien d'anxieux dans un nouveau roman graphique intitulé Sage. Une plongée intime dans ses souvenirs d'enfance et dans les méandres des troubles mentaux pour tenter de comprendre ses angoisses et les apprivoiser.

Aujourd'hui, l'invitée culture est Marie-Hélène Roux, la réalisatrice de Muganga, celui qui soigne, le premier biopic consacré au combat du docteur Denis Mukwege, gynécologue congolais, prix Nobel de la paix 2018, surnommé « l'homme qui répare les femmes ». Depuis son hôpital de Panzi, il a soigné des dizaines de milliers de femmes victimes de viols utilisés comme arme de guerre en République démocratique du Congo. À écouter aussiMuganga, le combat du docteur Mukwege

Un couple de grands bourgeois entre en conflit avec les gardiens de leur résidence secondaire. Dans la comédie féroce Classe moyenne, qui sort en salles le mercredi 24 septembre, après avoir été repérée il y a quelques mois au Festival de Cannes, à la Quinzaine des cinéastes, le réalisateur Antony Cordier orchestre un jeu de massacre qui voit les personnages rivaliser de coups bas et de manipulation. Antony Cordier en parle sur RFI.

Elle écrit comme elle joue avec une puissance comme née de l'urgence. Séphora Pondi, qui fait partie des dernières recrues de la Comédie française, sort son premier roman : Avale, aux éditions Grasset. Il a pour décor la banlieue parisienne et comme héros un jeune homme désœuvré, frustré, et une jeune femme comédienne montante. Deux parcours dont la rencontre va nous exploser en pleine figure. L'autrice a choisi la forme du thriller et nous tient en haleine de bout en bout. Elle est l'invitée de Muriel Maalouf.

L'invitée culture est une cinéaste rare, dont chaque nouveau film impose son univers envoûtant. Vingt ans après Innocence, Lucille Hadzihalilovitc revient avec La Tour de Glace, qui nous entraîne dans les années 1970, dans le sillage d'une star jouée par Marion Cotillard. Au festival de Berlin, La Tour de Glace a reçu l'Ours d'argent de la Meilleure contribution artistique. À lire aussiCinéma: «Dreams» de Dag Johan Haugerud remporte l'Ours d'or à la 75e Berlinale

Après avoir fait rire la France entière avec le duo « Éric et Ramzy », Ramzy Bedia revient au cinéma dans le nouveau film de Lucas Belvaux. Dans Les Tourmentés, où il est question d'un pacte faustien passé entre deux ex-légionnaires sur fond de chasse à l'homme, ce dernier joue un personnage sombre et torturé, loin de son registre habituel. À cette occasion, Ramzy Bedia répond aux questions d'Elisabeth Lequeret. À lire aussi«Coexister», une comédie sur les religions, de Fabrice Eboué

Son premier spectacle, Mère Indigne, avait fait mouche. À partir du 16 septembre, la stand-uppeuse Olivia Moore revient sur scène avec Oui, je sais, un one-woman-show dans lequel elle revendique le droit à l'imperfection, démonte les faux-semblants et décortique les injonctions contradictoires faites aux femmes. Une œuvre à voir au théâtre de La Contrescarpe, à Paris, les mardis et mercredis à 19 heures. À lire aussiOlivia Moore, humoriste: «Égoïste, c'est une qualité !»

En cette rentrée littéraire, l'écrivain franco-marocain Rachid Benzine publie le seul roman où il est question de Gaza. Il s'agit d'une fiction intitulée L'homme qui lisait des livres, publiée aux éditions Julliard. L'œuvre raconte l'histoire palestinienne à travers le portrait d'un libraire qui ne survit que grâce à la littérature. Né au Maroc, Rachid Benzine est enseignant et chercheur associé au Fonds Ricœur. Il est l'auteur de nombreux textes plébiscités par le public et la critique, dont Lettres à Nour, Ainsi parlait ma mère, Des mille et une façons d'être juif ou musulman, un dialogue avec la rabbine Delphine Horvilleur, Voyage au pays de l'enfance et Les Silences des pères, grand prix du roman Métis. Présentation de son nouveau roman, L'homme qui lisait des livres, publié aux éditions Julliard : Entre les ruines fumantes de Gaza et les pages jaunies des livres, un vieil homme attend. Il attend quoi ? Peut-être que quelqu'un s'arrête enfin pour écouter. Car les livres qu'il tient entre ses mains ne sont pas que des objets - ils sont les fragments d'une vie, les éclats d'une mémoire, les cicatrices d'un peuple. Quand un jeune photographe français pointe son objectif vers ce vieillard entouré de livres, il ignore qu'il s'apprête à traverser le miroir. « N'y a-t-il pas derrière tout regard une histoire ? Celle d'une vie. Celle de tout un peuple, parfois », murmure le libraire. Commence alors l'odyssée palestinienne d'un homme qui a choisi les mots comme refuge, résistance et patrie. De l'exode à la prison, des engagements à la désillusion politique, du théâtre aux amours, des enfants qu'on voit grandir et vivre aux drames qui vous arrachent ceux que vous aimez, sa voix nous guide à travers les labyrinthes de l'Histoire et de l'intime. Dans un monde où les bombes tentent d'avoir le dernier mot, il nous rappelle que les livres sont notre plus grande chance de survie - non pour fuir le réel, mais pour l'habiter pleinement. Comme si, au milieu du chaos, un homme qui lit était la plus radicale des révolutions.

C'est la dixième édition du festival ICE qui se tient du vendredi 12 septembre jusqu'au dimanche 14 septembre en Bretagne, dans le Finistère nord. Ce festival engagé pour toutes formes de minorités, qu'elles soient culturelles ou de genre, a tracé patiemment son chemin. Dix années marquées aussi, aujourd'hui, par la sortie d'un beau livre où l'on peut voir la richesse et la cohérence d'un parcours où solidarité et égalité sont les maîtres mots. Expositions, spectacles vivants, films, ce festival pluridisciplinaire est fondé par Patricia Allio.

La 37e édition du festival international de photojournalisme Visa pour l'image se tient jusqu'au 14 septembre, à Perpignan. 26 expositions à voir, dont celle du photographe français Pascal Maitre, qui s'est intéressé aux villes qui explosent comme Kinshasa, Dacca et El Alto. Marine de La Moissonnière l'a rencontré. À lire aussiPhotographie : Virginie Nguyen Hoang reçoit un Visa d'Or pour son webdocumentaire sur l'Ukraine

Chanteur algérien à la voix éraillée, Nedjim Bouizzoul, leader du groupe Labess, propose un gypsy-chaâbi au son influencé par tous les voyages de sa vie. Lui qui a parcouru le Maghreb, l'Europe de l'Est, le Canada et la Colombie s'est laissé toucher par les sonorités flamenco, rumba, mais aussi les musiques manouches. Ses mélodies de guitare, tantôt mélancoliques, tantôt euphoriques, ont résonné cet été au Festival Nuits d'Afrique de Montréal. RFI : Votre musique est profondément métissée. On y entend des rythmes de rumba, du flamenco, des musiques nord-africaines comme le chaâbi ou le gnaoua. On imagine que ce mélange d'influences s'est fait tout naturellement. Nedjim Bouizzoul : Cela s'est fait naturellement. Ce sont des musiques qui me plaisaient beaucoup. Ce que j'ai réalisé par la force des choses, c'est qu'il y avait deux racines qui revenaient souvent, la racine africaine et la racine des gens du voyage, des gitans, des tziganes. Cela m'a fasciné. Sans faire attention, instinctivement, j'ai fouiné un peu là-dedans. Je trouvais cela fascinant. Par exemple, la musique africaine, les Africains de l'Ouest et de l'Est, quand ils sont montés en Afrique du Nord, cela a donné plusieurs styles de musique, le diwane, le gnaoua. Après, les Africains qui sont partis, je ne sais pas moi, au Brésil, cela a donné la capoeira, cela a donné la samba, tout ça. Aux États-Unis, cela a donné le jazz, le bebop. Cela a donné le blues. En Colombie – car j'ai vécu en Colombie aussi –, j'ai retrouvé la racine africaine et berbère parce que cela a donné la cumbia et plein de styles, la champeta. J'avais une soif de voyager, de découvrir, de comprendre. Je me disais justement, ma communauté, je la connais. Je n'ai pas fait 10 000 km pour traîner dans les cafés du coin et de parler de l'Algérie. C'est ainsi que ma musique est devenue plus universelle. Vos textes oscillent entre un réalisme lucide et un grand espoir. Est-un équilibre qui vous paraît essentiel ? Je viens d'une culture dans laquelle il y a plusieurs styles de musique, mais le style que j'écoutais s'appelle le chaâbi. Le chaâbi, c'est populaire. Le chaâbi, ce sont des textes qui peuvent durer genre une demi-heure, 45 minutes. Des textes mélancoliques et tristes, mais, à la fin, on danse. Après, j'ai côtoyé les gitans, j'ai côtoyé les Colombiens. Leurs textes sont tristes, mais sur une musique festive. Je me suis inspiré de cela. C'est vrai que c'est un peu compliqué sur terre, mais des gens comme nous, il y en a plein. Il faut festoyer, il faut célébrer la vie et la lumière tant que l'on peut. Selon vous, quelle place a encore la musique traditionnelle auprès des jeunes générations ? Elle a une place importante, mais il faut la moderniser. Il faut l'actualiser, ce qui est normal. Un jeune d'aujourd'hui, s'il écoute de la musique bretonne, peut-être que cela ne va pas lui parler, car il est plus intéressé par le rap, par l'électro, par des sons modernes. Ce fut un sacré travail. Moi, j'adore le chaâbi. Ce sont des textes qui nous ont éduqués, comme du Brassens, par exemple. J'ai essayé de le moderniser un petit peu, à ma manière. J'ai ajouté des cuivres dans la musique traditionnelle chaâbi. Le résultat est intéressant, parce que dans nos spectacles, il y a de plus en plus de jeunes. Il n'y a pas que des gens de mon âge qui viennent écouter du Labess. Il y a des jeunes de 18 ans qui se faufilent pour venir. À lire aussiL'internationale de Labess

À Nice, dans le sud de la France, la Biennale des arts s'inscrit cette année sous le signe de l'océan. Cette édition déployée jusqu'en septembre propose un parcours d'œuvres d'art dans l'espace public. À cette occasion, l'artiste malgache Joël Andrianomearisoa expose une sculpture sur les anciennes murailles qui protégeaient la ville. On peut y lire : « Songer la vague sur un horizon, une promesse ». Une phrase comme suspendue dans le ciel, en écho à la topographie de Nice, entre mer et ciel. ► Son œuvre et les cinq suivantes du parcours d'œuvres d'art dans l'espace public sont à découvrir à Nice jusqu'au 28 septembre 2025. À lire aussiLe plasticien malgache Joël Andrianomearisoa exposé au Metropolitan Museum of Art de New York

Dans ce documentaire sorti en salle ce mercredi 3 septembre, François-Xavier Drouet raconte avec brio l'histoire de la théologie de la libération, ce vaste courant de pensée théologique qui a embrasé l'Amérique latine dans les années 1960. À lire aussiCinéma : la descente aux enfers d'une Iranienne dans « La femme qui en savait trop » de Nader Saeivar

Dans Fils de, premier long métrage de Carlos Abascal Peiro, François Cluzet campe un ancien homme politique que son fils tente de remettre en selle pour sauver Matignon. Il sort en salle ce mercredi 3 septembre. À lire aussiQuand la fiction rejoint la réalité : la course au 1er ministre vue par Carlos Abascal Peiro dans «Fils de»

Avec À la recherche du père, la photographe Camille Lévêque expose une partie de son travail de recherche autour de la figure paternelle. À voir aux Rencontres photographiques d'Arles jusqu'au 5 octobre 2025. À lire aussiLa photographe Agnès Geoffray et ses images de jeunes filles insoumises

À Venise, où se tient jusqu'à samedi 6 septembre la 82ème édition du célèbre festival de cinéma Mostra, 21 longs métrages sont en compétition pour le prestigieux Lion d'or qui sera décerné à sa fermeture. Parmi ces films, À pied d'œuvre de la Française Valérie Donzelli, une adaptation d'un récit autobiographique de Franck Courtès, qui raconte comment il a abandonné son métier de photographe à succès pour se consacrer à l'écriture, au risque de tomber dans la précarité. Valérie Donzelli parle à RFI. De notre envoyée spéciale à Venise, À lire aussiLes productions hollywoodiennes règnent sur la 82ème Mostra de Venise

L'invitée culture est l'écrivaine Fatou Diome qui publie en cette rentrée littéraire 2025 Aucune nuit ne sera noire, aux éditions Albin Michel. Un hommage vibrant et poignant à son grand-père maternel qui l'a recueillie alors qu'elle était considérée comme une enfant illégitime et qui a pris soin d'elle avec sa femme sur l'île de Niodior au Sénégal. Un récit personnel qui dit toute la gratitude de l'auteure, 25 ans après la disparition de celui qui lui a tout appris. Fatou Diome, née au Sénégal, est membre de l'Académie royale de Belgique. Elle s'est fait connaître avec Le Ventre de l'Atlantique (Anne Carrière, 2003), grand succès traduit en une vingtaine de langues, ce qui lui vaut une notoriété internationale. Ont suivi plusieurs romans publiés aux Éditions Flammarion, dont Kétala (2006) et Celles qui attendent (2010), puis aux éditions Albin Michel : Les Veilleurs de Sangomar (2019), De quoi aimer vivre, un recueil de nouvelles (2021), un essai politique, Marianne face aux faussaires (2022), et un essai littéraire, Le Verbe libre ou le Silence (2023).

L'invitée Culture est l'artiste-chercheuse et enseignante Lila Neutre. Aux Rencontres photographiques d'Arles, et jusqu'au 5 octobre 2025, elle présente une exposition intitulée Danser sur les cendres (Faire feu), consacrée à la danse. La danse comme terrain de lutte esthétique et politique pour les communautés minorisées. Gros plan sur le voguing et le twerk. À lire aussiAux Rencontres d'Arles, l'éloge de la photographie anonyme

Le Sang et la Boue de Jean-Gabriel Leynaud est un documentaire qui nous entraîne à Numbi, au Sud-Kivu, où hommes, femmes et enfants creusent à mains nues pour extraire le coltan, pris dans un engrenage violent et mondialisé. Le film montre les vies broyées par cette économie minière, entre survie, amitiés, drames et solidarités. Entretien avec son réalisateur. À lire aussiFestival de cinéma de Douarnenez: des partages d'expériences d'un territoire à l'autre

À l'occasion du festival Rock en Seine, nous avons rencontré Noor, l'un des 14 jeunes talents mis en lumière lors de cette édition. La chanteuse est venue présenter son premier EP au public, Les histoires tristes me collent au corps. Avant sa performance, Noor a pris le temps d'évoquer avec nous l'amour, ce sentiment qui nourrit chacun de ses projets empreints de mélancolie. Une parenthèse intime, oscillant entre hymnes passionnés et récits de désamours. RFI : À la sortie de votre premier EP, Les histoires tristes me collent au corps, beaucoup de médias vous ont décrite comme une chanteuse écorchée par l'amour et par la vie. Est-ce une image dans laquelle vous reconnaissez encore aujourd'hui ? Noor : Malheureusement, oui. Ou heureusement, d'ailleurs ? Peu importe. Très jeune, la musique s'est imposée comme une évidence pour vous. Vous avez même étudié au prestigieux Berklee College of Music. Quel souvenir gardez-vous de cette période chamboulante ? Arriver dans une école où l'on est 6 000, du jour au lendemain, alors que j'avais toujours fait ma musique toute seule dans ma chambre, ce fut une expérience un peu irréelle. Je ne suis pas restée très longtemps d'ailleurs. Comment vous êtes-vous retrouvée à étudier là-bas ? Je pars souvent par amour, où que j'aille. Diriez-vous que vous êtes une amoureuse de l'amour ? Oui, je suis une amoureuse de l'amour. J'aime. J'aime le grand, le grand amour, le puissant. Pas les petites histoires. C'est pour cela qu'en général, quand c'est petit ou que ou ce n'est pas intense et passionnel, cela me désole. Quelle est pour vous la définition de l'amour ? Je pense qu'aujourd'hui, avec les expériences que j'ai vécues, je n'ai plus la même vision qu'avant. Ma nouvelle vision du grand amour, c'est de vouloir le bien de l'autre et faire en sorte que l'autre atteigne ce bonheur et ces objectifs. C'est se poser la question : « Est-ce que l'autre va bien ? Est-ce qu'il est heureux ? Comment puis-je contribuer à son bonheur ? » Vous n'êtes que dans la vingtaine et pourtant on a l'impression à travers vos textes que vous avez déjà vécu 1 000 vies et que toutes sont accompagnées de leur lot de déceptions. J'ai une vie qui est peut-être différente. Je suis quand même assez recroquevillée sur moi, dans une certaine solitude. Ma musique, ce fut la chose qui m'a permis de vivre et d'exister dans la société. Parce que si je ne l'avais pas, j'ai un caractère assez ermite, à regarder beaucoup mes émotions et à les décortiquer. Je pense que j'ai eu besoin de les écrire. On a l'impression que j'ai vécu 1 million de choses, mais je pense que j'aime juste décortiquer qui je suis. Diriez-vous aussi de votre public qu'il est hypersensible ? Mon public est hypersensible comme moi, il est écorché. Il est la plus belle chose qui me soit arrivée. Finalement, cette peine que vous poétisez s'est-elle révélée être un porte-bonheur plutôt qu'un fardeau ? Puisqu'elle vous a permis de rencontrer l'amour de votre public. C'est mon porte-bonheur. Lors de mon concert à la Maroquinerie le mois dernier, j'ai prononcé une phrase de ma mère, qui m'a toujours dit : « Tu cherches l'amour au mauvais endroit, c'est ton public qui va te le donner. » Elle avait raison. Aujourd'hui, recevoir l'amour du public, c'est ce qui me fait tenir. Vous dites de vos concerts qu'ils sont comme une thérapie de groupe. Je n'arrive pas trop à enchaîner les musiques et uniquement chanter. J'aime bien comprendre ce qui ne va pas bien, pourquoi toutes ces personnes sont là, dans le même état que moi, ou si certains vont un peu mieux. Pas un par un parce que cela serait terrible. Mais en tout cas, à main levée, on se pose des vraies questions et on essaye de sortir du concert en ayant ri et pleuré. Diriez-vous qu'aujourd'hui, vous n'êtes pas encore guérie ? Non, mais j'essaye d'apprendre à apaiser mes émotions par moi-même, ce qui n'était pas le cas avant. Vous aimeriez être aimée sainement. Mais êtes-vous capable d'aimer sainement ? C'est une très belle question. À l'époque, je ne l'étais pas. Aujourd'hui, je suis prête. Il y a quelque chose que j'ai vraiment besoin de raconter. Je le prépare en « sous-marin ». C'est en train de guérir des plaies. J'espère que cela guérira le public, le futur public que je n'ai pas encore rencontré. Il y a quelque chose de beau et de grand qui se prépare. Les histoires tristes me collent au corps Noor (Fourteen) 2024 Instagram / YouTube

Cette année, parmi leur dizaine d'expositions, les rencontres photographiques d'Arles ont choisi de mettre la photographie anonyme à l'honneur. Rencontre avec Marion et Philippe Jacquier, anciens directeurs d'une galerie de photos spécialisés dans la photographie amateur et anonyme. Leur fond photographique de 10 000 tirages a été racheté par la fondation Antoine de Galbert, qui en a fait don au musée de Grenoble. Cette année, 300 photos anonymes de leur collection sont exposées à Arles. ► Une exposition à voir jusqu'au 5 octobre à Arles. À lire aussiLa photographe Agnès Geoffray et ses images de jeunes filles insoumises

Jeanne Cherhal est sur la route des festivals cet été : après les Nuits de Fourvière à Lyon et les Francofolies de la Rochelle, la chanteuse, autrice, compositrice sera en concert ce vendredi 22 août au festival « Un piano sous les arbres » à Lunel, dans le sud-est de la France. Elle y défendra son dernier album, Jeanne, produit en toute indépendance. Une liberté qu'elle savoure. RFI : C'est presque une nouvelle Jeanne Cherhal que le public découvre sur scène. Vous aviez l'habitude d'un corps à corps avec votre piano. Là, vous allez encore plus loin. À quoi ressemble ce drôle de piano siamois que la scénographe Laura Léonard a conçu pour vous ? Jeanne Cherhal : Laura Léonard a imaginé un piano d'un seul tenant, avec deux claviers à ses extrémités. C'est comme si c'était un piano en miroir. Elle y a ajouté un petit escalier en me disant : « Tu pourras monter sur l'escalier de temps en temps, si tu le sens. » Je monte carrément sur le piano. Cela me donne une telle liberté. Le piano est vraiment devenu ma piste de danse. Dans les festivals, il y a beaucoup d'artistes, le public ne vient pas forcément pour vous. C'est un challenge supplémentaire ? Je crois que c'est ce que je préfère. J'aime toutes les configurations, mais c'est vrai qu'attraper des gens qui ne me connaissent pas, c'est un challenge que j'adore. Cinq ans séparent votre nouvel album du précédent, L'An 40. Le covid vous avait privé de tournée. Une période que vous avez mal vécue. Qu'est-ce qui vous a redonné l'envie de composer et d'écrire des chansons ? C'est Benjamin Biolay qui m'a secouée en me disant que c'était le moment pour moi de refaire un disque et qu'il en avait tellement envie qu'il allait l'arranger et le réaliser. Quand il m'a proposé cela, je n'avais rien écrit, je n'avais pas une seule chanson. Sa confiance m'a donné des ailes. Cela m'a redonné le goût d'écrire. Je lui dois cet album. Dans cet album, il y a une chanson, « Sous les toits », qui évoque les violences conjugales. Vous l'avez écrite en pensant au drame de Vilnius, à Marie Trintignant battue à mort par Bertrand Cantat. C'est en pensant à Marie Trintignant que j'ai écrit cette chanson le 1er août 2023, le jour anniversaire des 20 ans de sa mort. C'est une histoire qui m'a hantée. Je me suis rendu compte à quel point j'étais encore marquée et en colère. Cela ne passe pas. C'est une horreur qui est devenue un symbole, mais qui reste inacceptable, 20 ans après. Jeanne Cherhal sera en concert ce vendredi 22 août au festival « Un piano sous les arbres » à Lunel, dans le sud-est de la France. Jeanne Jeanne Cherhal (Decibels production) 2025 Facebook / Instagram / YouTube À lire aussi«Jeanne»: le nouvel album flamboyant de Jeanne Cherhal

Une écrivaine, qui vient de devenir mère, n'arrive pas à créer du lien avec son nourrisson. Et elle se retrouve hantée par un fait divers qui défraye la chronique : un infanticide. Le film espagnol Salve Maria, qui sort ce mercredi 20 août sur les écrans français, explore un sujet peu traité au cinéma : la face noire de la maternité. Et il le fait en brouillant les pistes, et les genres, entre chronique, intimisme et thriller, voire fantastique.

Le guitariste et chanteur Lionel Liminana est le co-fondateur, avec son épouse Marie, de l'un des plus célèbres groupes de rock français, The Limiñanas. Le duo a travaillé avec les plus grands artistes internationaux comme Iggy Pop, Peter Hook de New Order, ou Bobby Gillespie de Primal Scream. RFI : Le titre de votre disque, Faded, fait référence au concept de star déchue, d'acteurs et d'actrices oubliés. Pourquoi avez-vous retenu ce thème ? Lionel Liminana : On est parti d'une chanson du Velvet Underground qui s'appelle New Age. C'est un morceau qui m'a toujours vachement ému. Cette idée-là, c'était une base de travail. On a commencé par enregistrer la musique et ensuite, on a envoyé cette idée et la musique à des gens qu'on admirait. C'est comme ça qu'on a contacté John Spencer, Bertrand Belin, Anna Jean, Rover, tous les gens qui sont intervenus sur le disque. La surprise, c'est que sur cet album, vous reprenez un titre de Françoise Hardy qui s'appelle « Où va la chance ? », pourquoi cette reprise ? C'est ma chanson préférée de son répertoire depuis toujours. C'est la chanson qui m'a toujours la plus émue. Quand on l'a enregistrée, Françoise Hardy était encore là. À la base, c'était une reprise qu'on avait faite pour un film, ce qui n'a pas fini au cinéma et qu'on trouvait complètement collée à l'histoire que racontait Faded. Mais c'est ma chanson préférée de Françoise Hardy depuis très longtemps. Le groupe The Liminanas, c'est vous, bien sûr. Mais il y a aussi votre épouse Marie à vos côtés, depuis le début. Vous vous connaissiez depuis longtemps. Avec Marie, on est ensemble depuis la nuit des temps, depuis nos 16 ans à peu près. Au lycée, j'ai commencé à monter des groupes et on a commencé à composer des chansons comme cela à l'époque. À un moment donné, on a décidé d'enregistrer pour nous, c'est-à-dire Marie et moi à la maison, pratiquer ce qu'on pourrait appeler de la home music. Bricoler de la musique, sans avoir la moindre ambition de la faire écouter à d'autres gens en dehors de nos familles, nos potes. On a commencé à bricoler des maquettes. Des maquettes que vous aviez postées sur internet, déjà, sur l'équivalent des TikTok ou Instagram. À l'époque, ça s'appelait MySpace. On a mis deux morceaux sur MySpace et on a appelé le groupe The Liminanas parce que ça nous faisait marrer, c'était mon nom de famille. On a signé sur deux labels américains et cela ne s'est jamais arrêté depuis. On a commencé à sortir des disques aux États-Unis, ce qui était un vieux rêve, mais à la base, la seule ambition qu'on avait, c'était de faire des maquettes pour nous. Très vite, vous travaillez avec les plus grandes stars, Iggy Pop, Franz Ferdinand, Etienne Daho notamment. Ce qui est étonnant, c'est qu'on les ait croisés. Iggy Pop, par exemple, je suis fan depuis que j'ai neuf ou dix ans. J'ai grandi avec des posters d'Iggy dans ma chambre. On a eu l'occasion de le rencontrer il y a il y a deux ou trois ans, pour de bon, de passer un peu de temps avec lui. On n'y croyait pas. On était en lévitation qui puisse s'intéresser à ce qu'on fait. Pour nous, c'est vraiment incroyable, très sincèrement. L'objectif, ce n'était pas de coller des noms célèbres à notre travail. Par contre, c'était hyper émouvant de croiser la route de ces gens-là. The Limiñanas achèvent en ce moment une tournée des festivals d'été avec une étape à Rock-en-Seine, à Paris, le dimanche 24 août. Faded The Limiñanas (Berreto Music) 2025 Facebook / Instagram / YouTube

L'invitée culture de ce 18 août est une artiste sénégalaise à la fois musicienne virtuose et chanteuse aux textes engagés, Senny Camara. Son instrument de prédilection : la kora, instrument traditionnel africain. Elle est d'ailleurs l'une des rares femmes à en jouer, car il est généralement réservé aux hommes si l'on se réfère à la tradition. RFI : Vous êtes l'une des rares femmes à jouer de la kora. Mais vous êtes venue tardivement à cet instrument. Avez-vous été freinée dans votre élan à une époque ? Senny Camara : « Freinée », c'est vraiment le mot. On m'a dit que c'est interdit, que c'était sacré, que la femme ne devait pas en jouer. On ne m'a jamais vraiment expliqué pourquoi c'était interdit. Comme je n'ai pas eu ma réponse, je suis allée prendre la kora et assumer. Je suis allée en jouer, tout simplement. Je ne suis pas allée chez un maître parce que j'avais peur d'aller chez un maître, mais au conservatoire, car là-bas, il n'y avait pas d'interdit. Tout le monde pouvait jouer de n'importe quel instrument. On a l'impression que de plus en plus de femmes commencent à se mettre à la kora. Est-ce votre impression aussi ? Il y en a de plus en plus. Il y a beaucoup de femmes qui en jouent désormais. C'est un instrument qui est très accessible à tout le monde parce que c'est un instrument. On touche une corde, cela nous touche. Je ne veux pas dire que c'est un instrument de femme, mais uniquement parler de la beauté de cet instrument. Entendre cette beauté, pour moi, c'est la place de l'instrument. Et sa place est aussi chez la femme. Sur ce disque, l'une des chansons parle du sort des tirailleurs sénégalais, ces hommes qui ont combattu pour la France. Vous vous sentez très concernée par leur histoire ? Cela me concerne directement parce que mon grand-père fait partie des tirailleurs, des plus jeunes tirailleurs sénégalais. Les tirailleurs sénégalais n'étaient pas que des Sénégalais, d'ailleurs. Ils sont venus combattre sans demander leur dû. Pas de reconnaissance, ni un pardon. Il faut que l'on en parle. Il ne faut pas qu'on les oublie. Que raconte justement cette chanson ? Cela raconte que nos guerriers sont partis mener une guerre qu'ils ne connaissaient pas. Ils ne savaient pas où ils allaient, ils ne connaissaient pas le terrain. Ils sont partis. Certains y sont restés, d'autres sont revenus. Je parle de l'histoire que mon grand-père m'a raconté, tout simplement. Votre voix et votre kora se marient de manière très naturelle avec le blues et le jazz. Ce sont des styles qui vous ont beaucoup influencé ? J'adore le blues, le folk, le jazz. J'ai beaucoup écouté les Ladies of Jazz des années 1930. Je mélange cela à ma musique. Le blues, c'est pleurer, se révolter, dire ce que personne ne veut entendre. Senny Camara est actuellement en tournée en Europe avec les titres de son premier album Yéné, paru il y a quelques mois. En concert le 16 août à Polva en Estonie, elle sera aussi le 18 à Vilnius en Lituanie, le 19 à Riga en Lettonie, puis de retour en France en septembre pour une série de nouvelles dates. À écouter aussiSenny Camara et sa kora, les cordes sensibles du Sénégal

Elle était journaliste et a tout quitté pour devenir chanteuse. Depuis 2014, Mandy Lerouge explore les musiques populaires d'Argentine, pays dont elle est tombée amoureuse. Alors qu'elle s'intéresse au poète, chanteur et guitariste Atahualpa Yupanqui, elle mène l'enquête sur le mystérieux compositeur qui l'accompagnait et dont elle dévoile l'identité sur son deuxième album intitulé Del Cerro : Antoinette Pepin. Mandy Lerouge est actuellement en tournée avec cet album. À lire aussiMandy Lerouge, une voix sur les traces du poète argentin Atahualpa Yupanqui

Aux Rencontres photographiques d'Arles 2025, Agnès Geoffray et Vanessa Desclaux explorent les parcours de jeunes filles qualifiées de « déviantes » ou « d'inéducables ». L'exposition Elles obliquent, elles obstinent, elles tempêtent est le fruit de deux ans de travail dans les archives départementales de la Gironde, de l'Oise ou de la Somme en France pour enquêter sur ces « écoles de préservation » qui ont enfermé des jeunes filles en France jusqu'au début des années 1950. À lire aussiAnn-Christine Woehrl magnifie les femmes accusées de sorcellerie au Ghana

L'invité culture aujourd'hui est Aurélien Peyre, dont le premier long métrage, L'Épreuve du feu, sort ce mercredi 13 août en salles. On y suit Hugo, 19 ans, en vacances sur l'île de Noirmoutier, avec sa petite amie, Queen, esthéticienne aux ongles strassés, qui va bien vite détonner parmi cette jeunesse dorée, volontiers moqueuse, voire cruelle. Aurélien Peyre filme ce choc des classes sociales avec une précision chirurgicale. Aurélien Peyre au micro d'Élisabeth Lequeret.

Après une reconversion et deux années passées en cuisine, la journaliste, ancien grand reporter au magazine l'Express, Géraldine Meignan reprend la plume pour raconter son parcours dans une BD savoureuse publiée chez Bayard Graphic. Chaud devant, tribulations d'une journaliste en cuisine, dessiné par Hubert Van Rie, nous fait découvrir les coulisses de la restauration.

Notre invitée culture est la chanteuse française. Cette artiste parisienne de 33 ans s'inspire du jazz, de la chanson française, mais aussi des atmosphères brésiliennes ou africaines. Gabi Hartmann est en tournée cet été au Canada et en France et ce soir, elle est au Festival au Grès du Jazz, dans les Vosges. À lire aussi«La femme aux yeux de sel» de Gabi Hartmann, voyage musical sur des flots africains et brésiliens

La chanteuse malienne Djely Tapa est l'une des nouvelles voix de la musique mandingue, descendante d'une lignée de griots. Son répertoire, à la croisée des cultures malienne et occidentale, mêle traditions mandingues, blues du désert et sonorités électroniques. Lauréate de plusieurs prix Juno, remis aux artistes canadiens œuvrant dans la musique, cette Montréalaise d'adoption sera en concert ce vendredi 8 août au Festival Musique du Bout du Monde, à Gaspé au Québec. À lire aussiDe la France au Mali, M et Fatoumata Diawara poursuivent leur voyage musical avec «Lamomali Totem»
