Du lundi au vendredi, un journaliste du Service Culture reçoit un acteur de la vie culturelle, pour aborder son actualité et réagir aux initiatives artistiques en France et dans le monde.

Les révolutionnaires français avaient pensé imposer leur système métrique aux États-Unis. À la fin du XVIIIᵉ siècle, un scientifique français avait été envoyé pour faire la promotion de cette invention révolutionnaire, mais il est enlevé par des pirates au large de la Guadeloupe. Le scénariste Wilfrid Lupano et le dessinateur Léonard Chemineau tirent de cette histoire une bande dessinée d'aventure, comique et historique, Le mètre des Caraïbes, publiée aux éditions Dargaud. À lire aussiJérémie Dres mène l'enquête sur sa famille dans la BD «Les fantômes de la rue Freta»

Autrice de trois romans, l'écrivaine d'origine comorienne revient dans son nouveau livre Choses qui arrivent, aux éditions Bayard, sur une époque marquante dans sa vie. Quand, étudiante en France, elle a manqué un rendez-vous avec l'administration pour renouveler son titre de séjour, la plongeant dans quatre ans de clandestinité. Un récit qui vient d'être couronné par le prix littéraire de la Renaissance Française 2025. Née aux Comores, Touhfat Mouhtare a grandi entre son île et plusieurs pays d'Afrique subsaharienne. Venue à Paris pour y poursuivre ses études, elle vit aujourd'hui en France. Elle est l'autrice de trois livres : Âmes suspendues (Coelacanthe, 2011), Vert cru (KomEdit, 2018, mention spéciale du prix du Livre insulaire au salon d'Ouessant), ainsi que Le Feu du milieu (Le Bruit du monde, Prix Alain Spiess du deuxième roman 2022). Son nouveau livre s'intitule Choses qui arrivent (Bayard).

L'artiste et dessinateur belge Philippe Geluck est mis à l'honneur au musée Maillol à Paris. Une exposition lui est consacrée jusqu'en mai 2026 ainsi qu'à son personnage de bande dessinée fétiche Le Chat. Un monsieur Chat en costume cravate coloré, absurde, parfois stupide, souvent philosophe. Les bandes dessinées du Chat ont été traduites en 17 langues, le personnage félin a été décliné en programme télévisé La minute du Chat et il aura bientôt un musée à sa gloire à Bruxelles. À écouter aussi2. Le chat acte XVI : Le nouveau Philippe Geluck

Quand un cuisinier s'emmêle les cuillères... Un premier long métrage, en salles à partir du mercredi 10 décembre en France, raconte les tiraillements de Mehdi, jeune Français d'origine algérienne, qui cache à sa mère sa liaison avec Léa et sa passion pour la gastronomie française. Aussi, quand sa copine insiste pour rencontrer sa mère, le jeune homme va trouver la pire des solutions. Amine Adjina, réalisateur de La petite cuisine de Mehdi, est notre Invité culture. À lire aussiIl était une fois l'Histoire de France avec Amine Adjina À réécouter aussiL'autre et soi-même, la vérité révélée

Direction le Panthéon à Paris où sont exposées, jusqu'au 8 mars 2026, les œuvres d'un artiste contemporain : Nicolas Daubanes. Dans cette exposition intitulée Ombre est lumière, et à travers plusieurs dessins monumentaux réalisés avec de la poudre d'acier, l'artiste plasticien rend hommage aux insurgés de la Commune, aux déportés de la Seconde Guerre mondiale et aux résistants de la guerre en créant un dialogue avec l'architecture et les sépultures du temple républicain. ►Si vous voulez en savoir plus: Exposition Ombre est lumière. Mémoires des lieux

L'invité culture est le journaliste Didier Varrod, directeur musical de Radio France. Il publie La chanson française, un peu, beaucoup, passionnément. aux éditions Le Robert. Une balade en 21 chapitres dans l'histoire de la chanson française. RFI : La chanson française, un peu, beaucoup, passionnément, c'est le titre de l'ouvrage en forme de déclaration d'amour que vous consacrez à votre passion, qui est aussi celle de beaucoup de gens dans le monde pour la chanson française. Il compte 21 chapitres, 21 moments qui retracent l'histoire moderne de cette chanson. Et en vous lisant, on comprend une chose essentielle : cette chanson française est aussi le miroir de la société dans toutes ses dimensions, ses revendications, ses soubresauts et ses crises. Didier Varrod : Contrairement à ce qu'avait dit Serge Gainsbourg sur un plateau de télévision, j'ai toujours pensé que la chanson était un art majeur, même si ce n'est pas un art académique. Je comprends la nuance gainsbourienne qui consiste à dire que pour faire de la peinture, il faut un apprentissage académique, il faut connaître toute l'histoire de la peinture, mais pour moi, la chanson m'a élevé « au grain ». C'est vrai que la littérature, les livres, le cinéma, ont été importants, mais la chanson a été une sorte de tuteur qui m'a accompagné dans mon éducation, dans mes prises de conscience, dans mes émotions et dans mon identité. Je pense que c'est comme ça pour beaucoup de Françaises et de Français et de gens dans le monde entier, d'ailleurs. Parce que la musique est « un cri qui vient de l'Intérieur », comme disait Bernard Lavilliers. C'est un terrain de jeu commun, un terrain qui fabrique du bien commun, du vivre-ensemble. Pour moi, c'est aussi une langue. Le français est peut-être ma première langue maternelle, mais la chanson française, en quelque sorte, est une deuxième langue. Elle m'a permis de communiquer avec des gens. Elle m'a permis d'entrer dans l'intimité des artistes que j'ai rencontré. Pour moi, elle fait socle. Et, j'ai toujours pensé aussi que si demain il y avait une catastrophe nucléaire ou une catastrophe épouvantable, et que dans un endroit secret était protégés des disques et des vinyles, on pourrait alors comprendre ce qu'était la France des années 1950 à aujourd'hui, rien qu'à travers des chansons. C'est pour ça qu'elle a cette importance pour moi. Dans ce livre, vous partez souvent d'un cas particulier, d'une rencontre, d'une anecdote, pour exhumer une tendance générale dans la chanson française. Prenons le cas des rapports entre le monde politique et la chanson. Est-ce que les personnels politiques ont toujours courtisé les chanteurs et chanteuses ? A contrario, est-ce que les artistes ont eu besoin des politiques ? C'est un phénomène qui est apparu progressivement avec l'émergence de la société du spectacle pour reprendre les termes de Guy Debord. Il est vrai que dans les années 1950 et les années début des années 1960, les artistes, la chanson d'un côté et le monde politique, de l'autre, étaient deux territoires relativement distincts. Ce qui a changé, c'est qu'à la fin des années 1950 et au début des années 1960, il y a une nouvelle catégorie sociologique qui apparait : la jeunesse. Dans les années 1950 ou 1940, voire avant la guerre, il n'y avait pas d'adolescence. L'adolescence n'était pas considérée comme une catégorie sociale à l'instar des enfants et des adultes. Et souvent d'ailleurs, les artistes qui sont issus des années 1960 le racontent. Leur révolution, c'est ça. C'est la prise en compte tout d'un coup d'une catégorie nouvelle qui s'appelle la jeunesse, l'adolescence. Et pour le coup, elle arrive avec sa propre langue, ses propres désirs d'apparence, sa volonté de se distinguer par des vêtements, par la musique, et puis progressivement par du cinéma, puis dans les années 1980 avec la BD. Et ça, le monde politique le comprend... À partir du moment où cette catégorie est identifiée, elle devient attractive, et elle est convoitée par le personnel politique. D'autant plus avec l'instauration par Valéry Giscard d'Estaing (président de la France entre 1974 et 1981, NDLR) du droit de vote à 18 ans où, finalement, on sort de l'adolescence. Et on comprend que cette adolescence construit aussi les premières utopies, les premières convictions politiques. Je pense que ce qui a rapproché finalement le monde politique et le monde de la musique, c'est à la fois le courant des yéyés, la période de mai 1968, et aussi après les années s1970, la prise en compte de la jeunesse comme une véritable catégorie socioprofessionnelle. Et cette chanson française n'évolue pas en vase clos. Elle se fait la caisse de résonance des luttes de l'époque, des injustices, des combats. Il y a toujours eu une chanson d'auteur qui avait comme préoccupation de raconter le monde et de raconter en chanson quelles étaient les préoccupations sociales et politiques de leurs auteurs. Il y a eu, comme je le raconte dans le livre, des compagnons de route du Parti communiste français, notamment avec Jean Ferrat qui était un artiste extrêmement populaire à l'époque. À côté, il y avait des acteurs comme Yves Montand et Simone Signoret. Toute une sphère artistique très en lien avec le Parti communiste. Mais dans les années 1970, la France rattrape son retard dans la culture politique. John Fitzgerald Kennedy (président des États-Unis de 1961 à 1963, NDLR) est passé par là. Il a fait de sa campagne électorale, une campagne spectacle où le show business commençait à intervenir dans la vie politique américaine. Et du coup, Giscard, quand il arrive en 1974, applique un peu cette recette. Avec une volonté de resserrer les liens avec la sphère artistique. D'ailleurs, il vise les jeunes. Il fait fabriquer des t-shirts et il les fait porter aux artistes qui sont les plus populaires, les plus emblématiques. On a des photos de Claude François ou de Johnny Hallyday ou Sylvie Vartan avec le t-shirt « Giscard à la barre ». La chanson française se fait l'écho des revendications et des cris, enfin des revendications, des injustices, des combats. Dans les années 1970, il y a une nouvelle scène française, une nouvelle chanson française qui est une chanson d'auteur, portée par des auteurs, compositeurs, interprètes et non plus seulement par des interprètes qui se contentaient de faire des adaptations de standards américains ou anglais. Donc, à partir du moment où cette génération d'auteurs est arrivée, elle s'est inscrite dans la tradition française, celle de l'écrit qui dit quelque chose du monde, et qui existait déjà, du reste, dans les années 1920 ou 1930, avec des chanteurs qui utilisaient la chanson pour raconter à la fois leur intériorité, mais aussi leur relation au monde et leur volonté d'émancipation. Dans les années 1970, il y a la volonté d'accompagner un désir de changement, d'alternance. Il faut se remettre dans l'esprit une chose : à l'époque, les gens pensaient que l'alternance politique n'était qu'une utopie, qu'elle n'arriverait jamais. Dès lors, nous n'avions pour y croire que quelques enseignants qui nous enseignaient une vision alternative du monde. Et puis, nous avions les chanteurs. Renaud, Bernard Lavilliers, Alain Souchon, Daniel Balavoine qui exprimaient à travers leurs mots une conscience ouvrière, une volonté de changer le monde. Pour mon cas personnel, j'ai toujours pensé que les chansons de Renaud ont été bien plus efficaces que tous les cours d'éducation civique que je subissais à l'école. Quant à Balavoine, je le considère un peu comme un tuteur, un grand frère qui m'a appris la vie, qui m'a appris quel était le prix de l'émotion, qui m'a appris à « m'emporter pour ce qui m'importe », puisque c'était une des grandes phrases de Balavoine, « je m'emporte pour ce qu'il m'importe ». Alors, est-ce que pour autant les chansons changent le monde ? C'est Jean-Jacques Goldman qui a posé de façon assez judicieuse la question, sans réellement y répondre. Mais en tout cas, elles accompagnent les soubresauts politiques, elles accompagnent les mutations, et parfois, elles sont simplement la bande originale d'un moment. Chaque révolution à ses chansons. Dans ce livre, vous abordez aussi un chapitre très intéressant, c'est l'irruption du rap dans les années 1990 et la difficulté qu'a eue l'industrie musicale à intégrer le rap dans le champs de vision. Il a fallu le succès de MC Solaar, expliquez-vous, pour que finalement, on se rende compte que les banlieues avaient quelque chose à dire. Et elles le disaient d'une façon différente, mais qui était aussi de la chanson française. J'ai eu la chance de vivre personnellement ce moment. Je suis en 1991 appelé à la direction artistique de Polydor. Je ne suis pas un enfant du rap, loin de là. J'ai acheté quelques 45 tours de rap, Sugar Hill Gang qui tournait sur ma platine tout le temps. On commençait à voir des breakers comme Sydney à la télévision. Mais pour moi, c'était quand même un monde un peu étranger. Et quand j'arrive en 1991 chez Polydor, qui est vraiment le label très imprégné de chanson française, Serge Reggiani, Renaud, Maxime Le Forestier etc, il y a toute une nouvelle pop française qui émerge avec Niagara, Mylène Farmer, Patricia Kaas. Et au milieu, il y a une espèce de d'électron libre qui s'appelle MC Solaar, avec un projet hybride entre la chanson et le rap. Ce n'est pas tout à fait du rap au sens où on croit l'entendre, et ce n'est pas tout à fait de la chanson. Et de cette hybridité va naître effectivement une culture qui est celle du rap populaire qui va débouler sur les antennes de toutes les radios. Pourquoi l'industrie musicale a eu autant de mal à intégrer le rap dans ses raisonnements ? Parce que ces jeunes gens n'avaient jamais eu la chance d'être visibles, ni à la radio ni à la télé. Faut quand même rappeler que jusque dans les années 1980, il n'y a pas de « blacks » à la télé, il n'y a pas d'arabes à la télé. Et quand on les voit, c'est soit parce qu'il y a des émeutes, soit parce que tout d'un coup, il y a un élan collectif antiraciste. Donc tout d'un coup, cette jeunesse que l'on ne connaît pas arrive et remet en question la manière traditionnelle de faire la chanson. La chanson, ce n'est plus forcément un couplet, un refrain, un couplet, un refrain. Ça peut être un flow qui dure pendant trois minutes sans refrain. Ça peut être – oh scandale ! – l'arrivée du sampling dans cette musique. Et ce sampling déstabilise une partie des gens de la chanson française qui se disent « mais enfin, ils ne peuvent pas composer leur propre rythmique, ils ne peuvent pas employer un batteur et un bassiste pour créer une rythmique ! ». Et la chanson française a aussi refusé quelque part cette irruption de ce mode d'expression qui était nouveau, spontané, et aussi extrêmement écrit, mais dans une langue qui n'était pas tout à fait la langue académique. Et c'est vrai que finalement, Solaar a réussi à imposer une image de grand sage. Et il a réussi, tout d'un coup, à intéresser les tenants du patrimoine de la chanson française, c'est à dire les Aznavour, les Gainsbourg, les Juliette Gréco, tous ces artistes vraiment très patrimoniaux qui avaient connu la poésie surréaliste, qui avaient connu Boris Vian, qui avaient connu Jacques Canetti. Donc ça a été pour moi magnifique de vivre à la fois cette émergence, de comprendre aussi que ça grattait, que ça n'allait pas être facile. Finalement, puisque j'ai toujours une vision un peu historique de la chanson, je me dis que ce n'est pas si loin de ce qu'ont vécus dans les années 1960 Eddy Mitchell, Dick Rivers, Johnny Hallyday qui – comme par hasard – étaient tous des mômes issus des quartiers populaires, de la banlieue, qu'on n'appelait pas encore banlieue, et qui s'exprimaient avec des rythmes et des mots qui n'étaient pas ceux de la génération d'avant. On voit à nouveau avec le rap l'émergence d'une musique stigmatisée par l'establishment, adoubée par la rue et par le public. C'est ça qui est très intéressant. Mais encore aujourd'hui, on s'aperçoit par exemple avec la mort de Werenoi, une partie de la France s'interroge. C'est juste le plus gros vendeur de disque en France ! Et moi, je voulais aussi raconter ce long chemin de croix qu'ont vécu les rappeurs pourtant installés depuis le début des années 1990. Je ne vous dis pas le nombre de courriers que reçoit la médiatrice de France Inter (station de radio où travaille Didier Varrod, NDLR) tous les jours, toutes les semaines pour râler en disant « mais comment vous pouvez passer cette musique qui n'est pas de la musique ? ». On a eu la même chose avec la musique électronique. Mais c'est pour dire encore qu'aujourd'hui, même si cette musique-là est majoritaire économiquement dans le pays et qu'elle draine effectivement la majorité de la jeunesse, elle n'est pas la musique majoritaire pour l'institution. Dans ce livre, vous évoquez beaucoup d'artistes qui vous ont marqués. On ne va pas tous les citer. Il y a Véronique Sanson, bien évidemment. Et puis, vous parlez de Mylène Farmer. Et en lisant le chapitre sur Mylène Farmer, je me suis dit : est-ce que la chanson française fabrique des mythes ? Ou est-ce que ce sont les mythes qui s'incarnent dans la chanson française, comme ils pourraient s'incarner en littérature ou ailleurs ? C'est une question que je me suis posée plusieurs fois en écrivant ce chapitre sur Mylène Farmer. Est-ce qu'elle est née pour devenir mythologique, avec la volonté de le devenir ? Ou est-ce que finalement, c'est l'histoire de la chanson française dans son évolution qui a fabriqué ce mythe ? En fait, je pense très honnêtement que, c'est l'histoire de la chanson française qui crée le mythe autour de Mylène Farmer. Même si Mylène Farmer, quand elle arrive au début des années 1980, se nourrit d'un certain nombre de mythologies très fortes, de figures mythologiques qui cultivent à la fois le secret, un univers un peu sombre, etc. Mais en fait, c'est en regardant l'histoire de la chanson que l'on s'aperçoit que finalement, ce mythe va naître et se muscler et s'intensifier. Cette identité, parfois, se transmet de père en fils. Vous abordez parmi tous les phénomènes que génère la chanson dans une société. Celui de l'héritage et des familles : les Higelin, les Chedid, les Gainsbourg.. La chanson française, serait-elle transmissible génétiquement, si je puis dire ? C'est l'une de ses singularités. Et en fait, c'est un questionnement que j'ai eu parce souvent, quand on me présente un artiste, je me dis « Tiens, c'est la fille de ou le fils de... ». Il y a quand même ce truc en France qui rend un peu suspect la légitimité ou l'intégrité, lorsque l'on est fille ou fils de ou petit-fils ou petite fille de. Et c'est vrai que c'est une question. En fait, c'est l'une des singularités de l'histoire de la chanson française. Il y a Gainsbourg, il y a Chedid, il y a Hardy, Dutronc, France Gall... Une partie de l'histoire de la chanson s'est construite, édifiée et fut nourrie par ces familles. Et c'était aussi peut-être leur rendre alors ce qui m'a aussi poussé. J'ai beaucoup hésité à écrire ce chapitre, jusqu'au moment où je suis allé voir le spectacle d'Alain Souchon avec ses deux fils. Au départ, je me disais « Mais il ne peut pas faire un spectacle tout seul ou avec Laurent Voulzy (son complice de scène NDLR) ». Et en fait, de voir ces trois personnalités liées par le sang, par un amour inconditionnel et construire une œuvre d'art à l'intérieur d'une histoire de la chanson, ça m'a bouleversé. Je me suis dit : « Il faut rendre hommage à cette volonté de revendiquer à ciel ouvert une histoire de famille. » Et puis après, il y a aussi une dimension dans les histoires de famille que l'on aborde assez peu. C'est le phénomène de la statue du Commandeur, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'artistes qui sont tellement impressionnés par l'image de la mère ou du père qui se disent « comment puis-je le dépasser ? ». Ce n'est pas simple pour tout le monde. Oui, et j'aurais pu aussi d'ailleurs évoquer dans le livre toutes les histoires de famille qui ont échoué, ou en tout cas, ces histoires d'enfants qui ont eu moins de succès ou ont eu plus de difficultés que leur maman ou leur papa. Et ça fera peut-être l'objet d'un tome 2, mais ce n'est jamais très agréable d'écrire sur les échecs. Mais ce que vous racontez là est vraiment juste. Quand on parle de Thomas Dutronc par exemple (fils de Jacques Dutronc et de Françoise Hardy, tous deux artistes NDLR), c'est quand même génial. Une jeune garçon, un fils de, avec un père et une mère qui ont marqué la chanson... Il fait son apprentissage en secret se disant « si j'ai une chance de réussir, il ne faut pas que je sois chanteur, ou en tout cas, il ne faut pas que mon fantasme premier soit d'être dans la lumière ». Et c'est très bouleversant, parce qu'en fait, il va devenir un immense musicien en s'imposant la clandestinité. Il est devenu guitariste de jazz manouche, pour aller dans un monde qui n'était ni celui de son père, ni celui de sa mère. Donc il y a des très belles histoires dans cette épopée de la chanson française.

C'est une voix unique du stand-up francophone : dans son spectacle La mauvaise éducation, Sarah Lélé mêle l'humour à la réflexion sur l'identité, la double culture et les héritages coloniaux. Entre calme scénique et punchlines cinglantes, elle interroge les normes et les regards croisés entre l'Europe et l'Afrique. ► La mauvaise éducation, de Sarah Lélé, au théâtre des Mathurins jusqu'au 30 décembre. Et aussi sur Amazon Prime Video, où elle est l'une des invitées d'honneur du Gala Juste pour rire.

Avec Dites-lui que je l'aime, Romane Bohringer signe un film profondément personnel. En adaptant le livre de Clémentine Autain sur sa mère Dominique Laffin, la réalisatrice se retrouve face à sa propre histoire d'abandon maternel. Un docu-fiction hybride où deux femmes cherchent à comprendre les mères qui leur ont manqué.

Tisser des liens entre la musique d'hier et celle d'aujourd'hui, c'est la vocation de l'ensemble Alkymia fondé par Mariana Delgadillo Espinoza, il y a dix ans. Avec Sucreries : Y se va la segunda ! (« C'est reparti pour un tour ! ») en français, la cheffe franco-bolivienne explore les racines de la musique coloniale de Sucre, la capitale historique de la Bolivie. À travers des chants sacrés et des danses populaires, son ensemble d'instruments anciens célèbre la rencontre entre musiciens espagnols, africains et indigènes qui ont métissé les paysages sonores boliviens depuis le 17e siècle. RFI : Votre parcours est aussi coloré que la musique que vous défendez. Vous êtes né en Bolivie, vous avez été élevée en partie en Allemagne, formée en France. Avant de créer en 2014 un ensemble à votre image, l'ensemble Alkymia. Quelle est sa philosophie ? Mariana Delgadillo Espinoza : Alkymia, c'est la rencontre avec des artistes qui aiment confronter des musiques qui semblent éloignées par des moyens poétiques. On arrive à trouver des liens pour construire des ponts. Tout le répertoire médiéval, renaissance jusqu'au baroque, etc. Notre idée, c'est de montrer qu'en revisitant notre histoire, on comprend des choses de nos jours d'une autre manière. On montre, grâce aux musiques anciennes, les liens que nous avons avec ce que nous sommes aujourd'hui. En compagnie de votre ensemble – composé de flûtes, violes, guitares baroques, tambours renaissance, grelots de chevilles et castagnettes, entre autres –, vous êtes parti sur les traces de la musique bolivienne du 17ᵉ siècle à nos jours, avec un album au titre pour le moins intrigant, Sucreries. Il fait référence à la ville de Sucre, en Bolivie, la première capitale, devenue, depuis les colonies, une ville culturelle. Beaucoup de musiques ont été composées pour cette ville par des compositeurs espagnols, puis métis, puis indigènes. L'aventure a commencé il y a dix ans, en 2015, avec votre premier voyage durant lequel vous vous êtes plongé dans les archives de l'ancienne cathédrale, que vous avez confronté à la réalité de la vie actuelle. Quelles sont les délices musicaux que vous y avez dénichés ? La première chose, c'était le lien de cette musique sacrée avec la danse. J'ai vu qu'il y avait des pièces qui ont été écrites à Sucre. Comme un rythme de danse interdite en Espagne par exemple. Je voulais proposer une relecture, avec les musiques traditionnelles, des colonies espagnoles. Y se va la segunda ! (« C'est reparti pour un tour ! ») est le sous-titre de cet album qui réunit seize titres de la colonisation jusqu'à l'Indépendance. En quoi cette musique était-elle engagée, voire subversive ? On sait qu'il était interdit aux indigènes et aux Noirs de participer à la musique dans la cathédrale et dans les églises, selon les règles des colonies. Dans les manuscrits, on voit que, petit à petit, on sollicite des musiciens d'origine indigène ou africaine pour participer et renforcer les rangs des musiciens. Des orphelins métis, voire d'origine indigène, entrent dans les chœurs d'enfants parce qu'ils ont des belles voix et deviennent compositeurs. C'est pour cela que l'on voit, dans le disque, des pièces anonymes. Des « armes vaillantes » aux cris de joie, en passant par des chants sacrés et des danses populaires, vous traversez toute la palette des expressions musicales. Si cet album avait un message à passer, ici et maintenant, ce serait lequel ? De vivre la spiritualité – ou peut-être juste la croyance que nous avons quelque chose au-dessus de nous – dans un esprit, avant tout, de joie. Sans différence entre les uns et les autres. Et de nous laisser entraîner. Ensemble Alkymia Sucreries : Y Se Va la Segunda ! (Acte 6) 2025 Facebook / Instagram / YouTube À lire aussiPourquoi le chant est essentiel dans toutes les cultures humaines

À l'heure du zapping et des réseaux sociaux qui font défiler le monde à toute vitesse, le metteur en scène français Pascal Rambert s'inscrit dans le temps et vient de créer le premier volet d'une trilogie théâtrale : Les conséquences. Avec des acteurs dont la plus âgée est octogénaire et les plus jeunes sont dans la vingtaine, il nous fait rentrer dans une trame familiale. Le temps qui passe, les bouleversements sociaux et les conflits intergénérationnels sont au cœur de cette pièce où l'amour est porté haut. Rencontre avec le metteur-en-scène. La pièce présentée dans le cadre du Festival d'automne à Paris est cette semaine à Annecy puis à Nice dans le sud de la France. À lire aussiThéâtre : les conséquences de Pascal Rambert : une fresque familiale

Johanna Luyssen signe avec Les Fragments d'Hélène, une enquête littéraire et féministe. Elle y retrace la vie d'Hélène Rytmann, résistante, militante communiste, sociologue dont l'histoire a été engloutie par celle de son meurtrier, le philosophe Louis Althusser, qui l'a étranglée en 1980. À partir d'archives, de lettres et de témoignages, Johanna Luyssen reconstitue le parcours d'une femme libre et intellectuelle, tout en dénonçant la misogynie qui a entouré ce féminicide.

Du 26 novembre au 1er décembre, la ville de Montreuil, à l'est de Paris, accueille la 41ème édition du Salon du livre et de la presse jeunesse, axée cette année sur la thématique de "l'Art de l'autre." Parmi les milliers d'auteurs et d'autrices présents : la romancière afroféministe Laura Nsafou. Dans son travail, l'autrice d'origine martiniquaise et congolaise s'est donné une mission : représenter ceux qui ne le sont que rarement. RFI : Bonjour Laura Nsafou. Vous êtes autrice de livres et albums pour enfants, afroféministe également. Si vous deviez résumer votre travail en quelques mots, qu'est-ce que vous diriez ? Laura Nsafou : (rire) C'est dur ! Mais c'est un travail littéraire qui tente de proposer une vraie diversité en termes de représentation des communautés noires, et qui essaie de montrer une pluralité d'histoires aussi, en rappelant que les personnages noirs peuvent exister dans le rêve aussi, pas que dans certains stéréotypes, et faire rêver. Puisque vous employez le mot de "stéréotype," pour vous, ce n'est pas le stéréotype en tant que tel le problème, c'est bien cela ? Oui, en fait, c'est surtout qu'aujourd'hui, la présence des personnages noirs oscille toujours entre l'invisibilisation pure et simple ou la stéréotypisation. Or, l'existence des stéréotypes et des cases ne définit pas les existences des communautés noires. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est veiller à ce qu'il y ait une richesse d'histoires. Et aussi examiner la façon dont notre imaginaire collectif s'est figé autour de la représentation des personnages noirs. Par l'illustration par exemple, on peut représenter une diversité de carnations, de types de cheveux, ou même d'origines au sein de la diaspora. C'est un peu tous ces écueils-là que j'essaie de décortiquer. Cela fait une dizaine d'années que vous écrivez des livres. Comment en êtes-vous venue à traiter, dès le début de votre carrière d'ailleurs, ces problématiques ? Avant d'être autrice, je suis aussi une lectrice. Une jeune femme noire, d'origine martiniquaise par ma mère et congolaise par mon père, qui a grandi en France et qui ne s'est pas vue en littérature jeunesse. L'exemple que je donne souvent, c'est cette enseignante, quand j'avais huit ans, qui a demandé à ma classe d'aller dans la bibliothèque de l'école et de choisir un livre avec un personnage principal qui nous ressemble. Et moi, je n'en avais pas. Je suis repartie avec un exemplaire de Tom-Tom et Nana, parce qu'il y avait Rémi, le meilleur ami noir personnage secondaire. (rire) Donc, il y avait une expérience propre au fait de ne pas se voir. Et un enfant, quand il voit ça, il se dit « qu'est-ce qui ne va pas avec moi ? » Et donc, l'acte d'écrire est venu avec cette envie de voir des princesses noires, de voir des fées noires, des choses comme ça que je ne voyais pas. Comme un million de papillons noirs, mon premier album, c'était vraiment la volonté de créer un album que je n'avais pas eu. Le fait d'écrire ces ouvrages, c'est donc aussi une sorte de soin pour vous ? Complètement ! Effectivement, il y avait cet enjeu de parler de thèmes assez durs, que ce soit le harcèlement scolaire, les discriminations, ou dans le cas du Chemin de Jada [album paru en 2020, ndlr], la question du colorisme. Donc, ce sont des thématiques dures, mais mon envie venait toujours de les raconter avec de la poésie et avec une fin heureuse, lumineuse, joyeuse. C'est vraiment ça que je trouve aussi intéressant avec le format de l'album jeunesse, parce qu'on ne s'adresse pas seulement aux enfants, on crée un espace de discussion entre adultes et enfants. Mais le fait est qu'en France, dès lors qu'on propose une histoire avec des personnages minorisés, il y a tout de suite cette présomption de non-universalité. On parle beaucoup de littérature universelle, mais on oublie que l'universel se travaille et l'universel se crée ensemble. Et sur cette notion d'universalisme, justement, la question ne se pose jamais quand ce sont des livres qui mettent en scène des enfants blancs. C'est un peu l'exemple que je donne : je ne pense pas que pour le Petit Nicolas [série de nouvelles pour enfants datant des années 1950-1960 et toujours très populaire en France, ndlr], on a présumé que c'était forcément un livre communautariste. On part simplement du principe que ça parle à tout le monde.Sauf que ce principe-là, il marche pour toutes les histoires. En fait, juste, on existe.

L'illusionniste, metteur en scène, jongleur et magicien Étienne Saglio est en tournée avec son spectacle Vers les métamorphoses. Une invitation poétique à aller de l'avant malgré les coups du sort et, dans son cas, une séparation amoureuse. À écouter aussiComment les prestidigitateurs manipulent notre cerveau ?

La Tunisienne Kaouther Ben Hania est l'une des cinéastes les plus singulières et audacieuses de sa génération. Après Les Filles d'Olfa, elle revient avec La Voix de Hind Rajab, construit autour de l'enregistrement d'une fillette de six ans piégée sous les tirs à Gaza, en appel avec le Croissant-Rouge palestinien. Un film bouleversant qui mêle fiction et réalité ayant remporté, à la Mostra de Venise, le Lion d'Argent 2025, l'une des plus hautes récompenses du festival. À lire aussiMostra de Venise: «La voix de Hind Rajab», docufiction choc sur Gaza, reçoit le Lion d'argent

Une psychanalyste décide d'enquêter sur la mort d'une de ses patientes : ainsi débute le film Vie privée en salles en France demain après avoir été présenté hors compétition au dernier festival de Cannes. Dans son 6ᵉ long métrage, Rebecca Zlotowski réalise un thriller drolatique et met en scène la comédienne américaine Jodie Foster.

Le guitariste français Waxx sort son premier livre, Shuffle. Le résultat d'années de recherche dans les bacs à vinyles, mais aussi dans les magazines spécialisés, biographies et autobiographies d'artistes musiciens. Il en tire une exploration de l'histoire de la musique moderne, des Beatles à Adèle, à travers plus de 40 anecdotes. Entre secrets de fabrication d'albums, soucis en tournée, moments intimes et anecdotes sur les morceaux cultes des cinquante dernières années.

Radio Ballast est une expression qui fait référence aux rumeurs circulant autour du rail ou du chemin de fer. C'est le titre de l'exposition du photographe franco-ivoirien François-Xavier Gbré à la Fondation Henri-Cartier Bresson jusqu'au 11 janvier. Le projet a aussi remporté le prix de la Fondation Hermès. Durant près d'un an, le photographe a suivi les traces du chemin de fer qui traverse la Côte d'Ivoire à la recherche des traces de l'histoire. Un beau livre paru aux éditions Atelier EXB accompagne l'exposition.

Rouge signal, c'est le nom d'une couleur de vernis utilisée pour sublimer les ongles. C'est aussi le titre d'un roman graphique très remarqué, publié aux éditions 2042. Il s'agit de la première bande dessinée de Laurie Agusti, qui raconte la radicalisation masculiniste d'un jeune homme blanc. Alexandre, malheureux en amour, rumine son ressentiment tout en observant de chez lui, sur le trottoir d'en face, quatre femmes employées d'un salon de beauté. À lire aussiMasculinisme : épiphénomène ou vraie tendance de société ?

Trois ans après la Nuit du 12, récit d'une enquête policière sur un féminicide qui avait décroché sept Césars, le réalisateur Dominik Moll est de retour avec Dossier 137. Ce film, qui était en compétition au dernier festival de Cannes, s'intéresse de nouveau à un service de police : l'IGPN, la police des polices, saisie pour un cas de violence policière en marge d'une manifestation des Gilets jaunes. À lire aussiCinéma: «La Nuit du 12» triomphe à la 48e cérémonie des César

L'invitée culture aujourd'hui s'appelle Sofia Belabbes. Elle a 29 ans et elle fait partie de cette génération d'humoristes qui bousculent les lignes avec son franc-parler. Sur scène, elle parle d'elle, des autres, du monde qui l'entoure. Son nouveau spectacle s'appelle Ketchup Mayo. Sofia Belabbès au micro d'Elisabeth Lequeret. Sofia Belabbès joue son spectacle Ketchup Mayo au Théâtre de la Contrescarpe à Paris jusqu'au 31 décembre 2025. Elle est également en tournée dans plusieurs villes de France.

Quand une enquête intime et familiale permet de rendre compte de la grande histoire, celle d'un monde disparu : la communauté juive en Pologne au début du XXème siècle. L'auteur de bande dessinée Jérémie Dres raconte, dans Les fantômes de la rue Freta, un roman graphique publié chez Bayard, sa découverte de l'existence d'une grande tante, qui vivait à Varsovie pendant la Seconde guerre mondiale et a probablement été déportée et assassinée par les nazis pendant la Shoah. À lire aussiJérémie Dres, itinéraire de deux français en Afghanistan en 2001

À la fois pianiste, spécialiste des marchés de taux de change et enseignant à l'université, Olivier Korber ajoute une nouvelle corde à son arc en signant son premier album de compositions, Gargantua. Entouré d'une quinzaine de musiciens, ce passionné de philosophie et de physique théorique nous entraîne dans 72 minutes de musique de chambre – des pièces pour piano jusqu'au quatuor à cordes. L'aventure commence par une suite orchestrale haute en couleurs, aussi fantaisiste qu'humaniste : La Journée de Gargantua. Rencontre avec cet artiste-économiste hors du commun.

Avec son documentaire Devant – Contrechamp de la rétention, la réalisatrice Annick Redolfi, choisit de regarder ce que l'on ne voit jamais : la vie qui s'organise juste devant le centre de rétention administrative de Vincennes.

À l'occasion du centenaire de la Martha Graham Dance Compagny, le Théâtre du Châtelet à Paris rend hommage à la grande chorégraphe des États-Unis. Martha Graham a marqué et initié la danse contemporaine. Elle a formé de grands créateurs comme Merce Cunningham et a été sollicitée par des interprètes vedettes comme Rudolf Noureev et Mikhail Baryshnikov, ou encore Liza Minnelli et Madonna. Au programme du Châtelet : des œuvres phares de Martha Graham et une invitée d'honneur, la danseuse étoile Aurélie Dupont, qui n'est pas remontée sur scène depuis dix ans. Le centenaire de Martha Graham, c'est jusqu'au 14 novembre au Théâtre du Châtelet à Paris.

Rencontre avec le cinéaste Thomas Kruithof. Les braises, son nouveau film, plonge au cœur du mouvement des Gilets jaunes, commencé en novembre 2018, à travers le portrait d'un couple : Karine, interprétée par Virginie Efira, et Jimmy, interprété par Arieh Worthalter. Lui est chauffeur routier, elle est ouvrière en usine. Quand Karine rejoint les ronds-points et les manifestations, c'est tout l'équilibre de leur relation qui se fissure.

Après une semaine marquée par les grands prix littéraires, gros plan aujourd'hui sur un roman français qui, justement, s'amuse du monde de l'édition et de ses récompenses. Intitulée Elisabeth Lima, cette fiction, publiée chez Christian Bourgois, est signée Lola Gruber, qui imagine comment trois amis montent une supercherie littéraire en inventant de toute pièce une romancière, Elisabeth Lima, sous le nom de laquelle ils publient un livre écrit ensemble. Lola Gruber est l'invitée culture de Catherine Fruchon-Toussaint. Lola Gruber, née en 1972, a travaillé dans les milieux du théâtre et du cinéma. Après un recueil de nouvelles très remarqué en 2005, Douze histoires d'amour à faire soi-même (Les Petits Matins) et un premier roman en 2009 Les Pingouins dans la jungle (Les Petits Matins), son roman Trois concerts (Phébus, 2019) a reçu quatre prix littéraires, dont le prix Alain Spiess. Horn venait la nuit (2024) récompensé par le prix Charles Oulmont vient d'être réédité dans la collection Satellites. Elisabeth Lima est son nouveau roman.

L'invité Culture est le musicien réunionnais Aleksand Saya. Le DJ et beatmaker s'empare des rythmes de son île natale et de l'Océan Indien, comme le maloya et le sega, pour les fusionner aux musiques électroniques. Entre roulements de tambour, nappes synthétiques et caissons de basse, ses vibrations créoles ne ressemblent à aucune autre. Aleksand Saya sera en concert le 7 novembre au Kerveguen à Saint-Pierre, au sud de La Réunion.

En 2018, la collision entre deux figures françaises des musiques électroniques, Vitalic et Rebeka Warrior, donne naissance à Kompromat. Le premier apporte sa techno et son énergie rave, la seconde ses textes tranchants et poétiques. Le duo explosif aux influences berlinoises et à l'esthétique post-punk est actuellement en tournée, et en concert ce 5 novembre au Zénith de Paris. Moitié de KOMPROMAT, le DJ Vitalic fête les vingt ans de la sortie de son premier album, OK Cowboy, publié initialement en 2005. Ce 14 novembre, il le ressort en plusieurs formats (coffret, double vinyle, CD et digital) agrémentés de morceaux rares et de versions inédites. OK Cowboy est un album majeur de la musique électronique, un disque charnière entre les époques. À lire aussiKompromat: «Playing/Praying», le nouvel album électro-punk de Vitalic et Rebeka Warrior

C'est l'une des grandes voix européennes sur la scène électronique. Ses débuts en tant que DJ dans des clubs emblématiques parisiens comme Le Pulp datent d'il y a plus de trente ans. Jen Cardini poursuit sa carrière avec une musique à la croisée de la house et de la techno, teintée d'influences new wave et électronica. L'artiste sera en concert ce vendredi 31 octobre au Sucre, à Lyon dans le sud-est de la France. La première édition de son festival, "Nightclubbing", axé sur la culture club et l'inclusion, tiendra sa première édition du 24 au 27 septembre 2026 dans différents clubs et lieux situés au cœur du bassin de la Villette, à Paris.

L'invité Culture est le réalisateur Thierry Klifa. Son film, La femme la plus riche du monde, propose une satire irrésistible et librement interprétée de l'affaire Liliane Bettencourt. L'héritière de L'Oréal versa des sommes colossales à François-Marie Banier, photographe et artiste, qui fut finalement poursuivi devant la justice par la fille de l'héritière. À lire aussiMort de Liliane Bettencourt, l'héritière de L'Oréal

La première phrase de ce roman l'a imposé d'emblée comme un classique : « Aujourd'hui, maman est morte. » Vous aurez peut-être reconnu L'Étranger, le premier roman d'Albert Camus publié en 1942. Ce roman, symbole de la littérature de l'absurde, a été traduit en 68 langues. Une adaptation cinématographique a été réalisée par Luchino Visconti en 1967, mais n'est pas restée dans les annales. Ce mercredi sort au cinéma une version signée François Ozon, avec Benjamin Voisin dans le rôle titre. À lire aussiPour François Ozon, réalisateur de «Mon Crime»: «Le procès est une scène de théâtre»

J'ai rêvé de toi en couleurs, c'est le titre de l'exposition monographique que le Musée d'art moderne de Paris consacre jusqu'au 22 février 2026 à l'artiste plasticienne Otobong Nkanga, née à Kano au Nigeria, et qui réside en Belgique depuis une vingtaine d'années. Otobong Nkanga travaille sur le thème du lien brisé et à recréer entre l'humain et son environnement. RFI : Bonjour Otobong Nkanga, vous présentez ici, au Musée d'art moderne de Paris, une monographie rétrospective de votre œuvre. Qu'est-ce que ça vous fait de revisiter ce que vous avez produit au fil des ans ? Otobong Nkanga : Cela me fait vraiment plaisir, comme j'ai fait mes études ici en France, à Paris. Et de rentrer dans ce musée pour montrer la sélection de mon travail, c'est réellement quelque chose qui me touche. Je suis à la fois étonnée, émue et fière, car c'est un musée que je venais visiter quand j'étais à Paris. J'allais y regarder des expositions, par exemple de Dominique Gonzalez-Foerster ou Pierre Huyghe. Et à cette époque-là, je regardais ces artistes avec un immense respect, et de constater que je suis moi aussi entrée dans l'un des plus grands musées de France...Oui, c'est incroyable ! Qu'est-ce que vous avez choisi de montrer aux visiteurs français ou étrangers qui viendront ici ? D'abord des pièces que j'ai réalisées ici à Paris, comme celle qui s'appelle Keyhole. Il y a plusieurs pièces qui datent de ce temps-là, et d'autres plus actuelles, afin de montrer l'étendue des choses. C'est aussi la première fois que je montre des pièces que j'ai faites à l'école. C'est important de pouvoir les montrer, car il y a des jeunes qui créent et travaillent, et ils peuvent ainsi constater que les œuvres tracent une certaine ligne qui va être suivie dans le futur. On peut voir beaucoup de choses, on peut voir du tissage, des collages, des céramiques, des installations. Mais au final, quelle est la forme d'expression plastique qui vous correspond le plus ? Tout commence avec les dessins, l'installation, les sculptures, les tapisseries, les performances. Tout cela commence vraiment par une esquisse ou un dessin. Et à partir de là, je commence à voir mes idées dans un espace. Et à partir de là, pour moi, il n'y a pas une médium qui me semble plus important qu'une autre. C'est en fonction de l'idée que j'ai, en fonction de la manière que je trouve la meilleure pour exprimer quelque chose. Votre travail questionne beaucoup le rapport entre l'humain et la nature… Ces liens que l'on crée, ces liens que l'on détruit, ces liens que l'on aimerait pouvoir recréer. Je pense notamment à toute la partie sur les industries extractives. Est-ce que l'action de l'homme sur la nature est toujours négative ? Je ne crois pas que c'est l'action de l'homme qui est négative sur la planète, parce que, nous aussi, nous venons de cette planète, de cette nature-là. Mais ce que je crois en revanche, c'est que la manière de développer et de structurer nos entreprises extractives ne prend pas en compte une partie « dormante ». Je veux dire, le fait de laisser les choses reposer, repousser, se régénérer. Tout ce que l'on fait, c'est de sortir, sortir des choses. On a toujours été extractifs, nous les humains, mais la manière dont nous le faisons aujourd'hui est marquée par le capitalisme. On le fait pour le capital et non pas pour l'humain. C'est pourquoi nous entrons dans des guerres. C'est pourquoi nous entrons dans un système qui n'est pas favorable aux humains, surtout pour les gens qui habitent sur les terres qui possèdent ces ressources minières. ► Exposition I Dreamt of you in Colours, d'Otobong Nkanga au Musée d'art moderne de Paris jusqu'au 22 février 2026.

Aujourd'hui, notre Invité culture nous vient du stand-up : de ses débuts à Trappes, en banlieue parisienne, jusqu'aux plateaux de cinéma, en passant par une transformation physique marquante et une popularité toujours grandissante, Issa Doumbia raconte son histoire dans un nouveau ciné-spectacle, Monsieur Doumbia, une forme hybride où il mêle confidences intimes, humour et séquences inspirées de sa carrière à l'écran comme à la télévision. Après avoir fait salle comble au Grand Rex à Paris, Monsieur Doumbia est actuellement en tournée dans plusieurs villes françaises jusqu'en 2026. ► Site internet Issa Doumbia

« Lien commun », c'est le titre de l'exposition de trois artistes peintres 100% Dakarois : Saadio, Ibou Diagne et Tampidaro. Conçu comme un hommage au quartier de Ouakam où ils travaillent et vivent, les 70 toiles qui sont exposées au musée Théodore Monod jusqu'au 31 octobre racontent le quotidien vibrant de ce quartier – scènes de foules, marchés animés, embouteillages – et ce qui relie les individus qui y vivent. Une exposition curatée par Maraki Germa Bekele. Interview de Saadio, Mamadou Sadio Diallo, de son vrai nom. À lire aussiLe plasticien Thonton Kabeya à la biennale de Dakar: «Mon œuvre est complexe parce que je l'ai voulue universelle»

Après Good Boy, un premier album remarqué sorti en 2024, le trompettiste franco-marocain daoud sort un nouvel opus intitulé ok. Quatorze titres aux mélodies accrocheuses pour bousculer toujours plus les codes du jazz et secouer les puristes de cette scène qui se prend souvent trop au sérieux. daoud propose un disque de jazz à la production beaucoup plus proche de celle d'un album pop, à l'esthétique organique et captivante. RFI : Votre deuxième album ok mélange jazz, house, hip-hop, disco, rock et afrobeat. Comment avez-vous orchestré cette fusion des genres tout en conservant une identité cohérente ? daoud : Il y a une base de jazz, qui se trouve dans l'approche et dans l'orchestration. Parce que c'est mon éducation, c'est la musique par laquelle j'ai été sensibilisé au spectacle. C'est par là que je suis monté sur scène. L'improvisation, tous ces éléments forts du jazz font partie de ma manière de faire de la musique et qui feront, je pense, toujours partie de ma manière de faire de la musique. Pour les autres genres, c'est juste la musique que j'écoute. J'écoute beaucoup de hip hop, j'écoute beaucoup de musique électronique, j'écoute beaucoup de folk. J'écoute plein de genres musicaux différents, qui forcément, m'influencent. Ils m'amènent de nouvelles idées et me permettent de me réapproprier un répertoire que je pensais acquis. La culture du sample a-t-elle influencé votre manière de composer ? Beaucoup. Parce que j'aime les motifs répétés et répétitifs, toute la culture du sample, que ce soit vraiment pur chez J-dilla ou les beatmakers du hip hop. Aujourd'hui, il n'y a quasiment aucune chanson qui sort aujourd'hui sans avoir un sample dedans. Sur cet album, il n'y a pas réellement de sample paradoxalement, mais je compose comme si c'était samplé et donc je me réapproprie un petit peu cette méthode qui est une méthode de post-production ou de beatmaking. Je me l'approprie de manière plus compositionnelle. Il y a aussi beaucoup de featurings sur cet album. Était-ce un choix à l'origine, du type « Je veux beaucoup de monde sur l'album » ou est-ce que cela s'est fait comme naturellement ? Pour moi, c'était important d'avoir la possibilité de mettre en valeur des personnalités de musiciennes et de musiciens avec lesquels j'ai travaillé par le passé, qui m'inspirent ou qui m'influencent. L'objectif, c'était aussi de mettre en valeur des musiciennes et des musiciens jeunes qui font cette musique, ou qui sont inspirés par cette musique. Je trouvais cela important de montrer un visage optimiste du jazz et du jeune jazz. Pouvez-vous développer un petit peu sur votre collaboration avec Mehdi Nassouli ? Mehdi, c'est une bête de scène et un génie du guembri. C'est un super chanteur percussionniste qui participe énormément à la visibilité de la culture musicale du Maghreb et Gnawa en particulier. La chance exceptionnelle que j'ai, c'est que Mehdi passe une partie de sa vie dans le Gers, pas très loin de Toulouse où j'habite. Je l'ai contacté, mais vraiment peu de temps avant de rentrer en studio, je lui ai dit : « Mehdi, écoute, je suis désolé, mais j'ai ce morceau et je n'arrive pas à m'enlever de la tête que j'aimerais que tu joues du guembri dessus. Je ne sais pas comment on peut faire cela. » Il se trouvait qu'il était disponible ce jour-là, donc il m'a répondu : « Je viens, il n'y a pas de problème. » Il est venu le mercredi, il est resté deux heures en studio, il nous a fait une prise de guembri qui est une espèce de transe polyrythmique incroyable et qui amène une intensité folle au morceau. Je n'aurais pas pu rêver mieux. daoud ok (Le Studio du Renard) 2025 Facebook / Instagram / YouTube À lire aussi«Everyday Superheroes»: l'odyssée jazz du pianiste français Armel Dupas en trio

Raconter sans filtre la vie d'une jeune maman ? C'est ce que fait la stand-uppeuse Blandine Lehout dans son nouveau spectacle « La vie de ta mère » : un one-woman show drôle et décomplexé qui cartonne depuis 2024 et poursuit sa tournée, en France, jusqu'à la fin de l'année. Blandine Lehout au micro d'Elisabeth Lequeret. « La vie de ta mère », actuellement à L'Européen, à Paris, jusqu'à fin décembre 2025.

L'invitée culture est la réalisatrice Hafsia Herzi dont le troisième long métrage La petite dernière sort sur les écrans le 22 octobre. Adapté du récit autobiographique de Fatima Daas, le film raconte le parcours d'une jeune femme homosexuelle, musulmane et banlieusarde. L'actrice Nadia Melliti, dont c'est le premier rôle, a reçu le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes pour son interprétation.

Eka ashate veut dire « Ne flanche pas » en langue innue. C'est le titre du quatrième roman de Naomi Fontaine publié aux éditions Mémoire d'encrier. L'autrice a recueilli les récits de ses aînés pour raconter l'histoire de son peuple soumis à une colonisation féroce au Québec. Un livre porteur d'espoir également où la culture innue est toujours vivante. ► Eka ashate - Ne flanche pas publié aux éditions Mémoire d'encrier

Après avoir parcouru les scènes du monde entier, l'accordéoniste français Vincent Peirani est de retour avec un nouvel album intitulé Time Reflections. Lui qui a beaucoup joué avec le maître de la kora malien Ballaké Sissoko retrouve ici les racines de son tout premier groupe ; le quintet de jazz Living Being. Dans ce nouvel opus, il explore la notion du temps – une interrogation née pendant la pandémie de Covid-19 – en fusionnant jazz, pop, dub et musiques baroques. À écouter aussiL'accordéoniste français Vincent Peirani : « La meilleure école c'est d'accompagner les chanteurs »

Michel Bussi, auteur de romans policiers à succès, s'est lancé le défi de raconter le génocide du Rwanda, avant et après 1994. Une vaste fresque hautement documentée, intitulée Les ombres du monde, où l'histoire du pays et de cette tragédie qui a fait un million de morts en cent jours, est racontée par trois femmes, trois générations : la grand-mère Espérance, la fille rescapée et la petite fille née en France. Ancien enseignant-chercheur en géographie, Michel Bussi, né en 1965, a grandi en Normandie. C'est en 2006, à l'âge de quarante ans, qu'il publie son premier roman, Code Lupin. Cinq ans plus tard, son polar Nymphéas noirs, maintes fois récompensé, le révèle au grand public. Depuis, 21 titres ont paru aux Presses de la Cité, douze millions d'exemplaires ont été vendus dans 38 pays : l'œuvre de Michel Bussi est aujourd'hui incontournable, en France comme à l'étranger.

La couleur de l'eau, c'est le titre de l'exposition de Nicolas Floc'h au FAB, le Festival des Arts de Bordeaux qui fête sa dixième édition. Le photographe explore depuis une dizaine d'années les fonds marins et fluviaux pour les traduire en image. Sa série de photographies, réalisée dans la Garonne qui traverse Bordeaux et l'océan où le fleuve se jette, se déploie comme autant de peintures abstraites. Des images qui invitent au rêve et au voyage. Pour aller plus loin : L'exposition La couleur de l'eau – Garonne Océan au FAB de Bordeaux Nicolas Floc'h

Les invités Culture sont le photographe Yann Arthus-Bertrand et le géographe et historien Hervé Le Bras. Ils publient un livre d'exception, France, un album de famille (éditions Actes Sud). Il contient 900 photographies de Français, assorties de textes, qui dessinent un portrait de la France des années 2020. Du 20 octobre au 2 novembre 2025, une exposition se tiendra dans les salons d'honneur de l'hôtel de ville de Paris, avec un studio photo. Ils sont au micro d'Isabelle Chenu. À lire aussiYann Arthus-Bertrand, la Terre vue du cœur

Après des études de droit en RDC et en Belgique, Blaise Ndala s'installe au Canada en 2007. Il travaille pour Avocats sans frontières Canada, puis il intègre le Bureau de l'enquêteur correctionnel. Son précédent roman, Dans le ventre du Congo, a reçu le prix Ahmadou Kourouma, le prix Ivoire et le prix Cheikh Hamidou Kane. Présentation du roman L'équation avant la nuit : Lorsque Daniel Zinga accepte l'invitation de Beatriz Reimann pour une conférence à Washington, il s'attend à parler de littérature, du Congo au cœur de ses livres, et à nourrir le trouble que la professeure exerce sur lui. Mais rien ne se passe comme prévu. Beatriz a reçu un courrier anonyme : une vieille photo où posent côte à côte son père Walter Reimann, le prix Nobel de physique Werner Heisenberg et Adolf Hitler. Que faisait son père avec ces hommes ? Pour Daniel et Beatriz, c'est le début d'une enquête entre Washington, Santiago, Montréal, Berlin et Lubumbashi qui explore cette page méconnue de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale : la course entre les Alliés et l'Allemagne nazie pour fabriquer la bombe atomique grâce à l'uranium du Congo belge. (éditions JC Lattès) Illustration musicale : Fela Kuti « Mister Follow Follow »

La biennale Euro-Africa se tient du 6 au 12 octobre à Montpellier, dans le sud de la France. Le chorégraphe burkinabè Salia Sanou y présentera en avant-première le 10 octobre sa nouvelle pièce D'un lointain si proche, un spectacle hybride interprété en physique et à distance avec des danseurs et des danseuses du Cameroun, la musicienne Ange Fandoh et le vidéaste Nicolas Clauss. Entre installation et performance, cette création mêle danse, musique, vidéo et poésie. Rencontre avec Salia Sanou, quelques jours avant la représentation. Pour aller plus loin : D'un lointain si proche du chorégraphe Salia Sanou À lire aussiBiennale Euro-Africa: l'exposition «Mix and Match», quand le textile devient langage [1/2] À lire aussiSalia Sanou en un mot, un geste et un silence

L'Invité Culture du jour est le grand Femi Kuti, multi-instrumentiste nigérian. Il est le fils de Fela Kuti, créateur révolutionnaire de l'afrobeat : ce mélange de musique traditionnelle nigériane, de highlife ghanéen, de funk et de jazz qui a toujours été un outil de résistance et de lutte contre les inégalités sociales. Aujourd'hui, Femi Kuti suit les traces de son père et porte son héritage. Il est au micro de Lisa Giroldini. RFI : Parlons d'abord de votre dernier album, Journey Through Life. Avec son titre, mais aussi avec la pochette de l'album, est-ce qu'on peut comprendre qu'il s'agit d'un bilan de votre carrière ? Femi Kuti : Oui, on pourrait dire ça. Mais plus important encore, ce sont mes pensées actuelles, la manière dont je me sens aujourd'hui. Ce sont les vertus qui m'ont guidé. Donc, j'ai pensé qu'il était important de chanter les règles que je me suis fixées, que j'ai suivies. Et, espérons-le, cela peut aider d'autres personnes. L'album est sorti à un moment où ma fille subissait une opération, donc ça m'a probablement poussé à me recentrer sur le plan politique, social et personnel. Cela m'a beaucoup fait réfléchir à cette époque. Vous jouez de l'afrobeat depuis toujours. Vous poursuivez la tradition initiée par votre père Fela Kuti, mais comment y apportez-vous votre propre patte ? Je savais que je devais trouver ma propre personnalité, et écouter du jazz m'a aidé. Parce que j'ai essayé d'être comme Charlie Parker ou Dizzy Gillespie, et j'ai compris que je n'y arriverais jamais. Et alors, je me suis dit : « Wow, je peux être Femi Kuti ». Tu vois ? J'aime mon père, j'ai de l'admiration pour lui, mais pourquoi je voudrais vivre sa vie ? J'ai mes propres douleurs, mes propres peines de cœur, je dois faire face à mon propre parcours, à ma propre pratique. Alors, je cherche Femi Kuti. L'afrobeat se caractérise par son aspect social et politique. Quels sont, selon vous, les messages essentiels à transmettre aujourd'hui ? Tellement de choses. Tellement. Il faut avoir le cœur brisé aujourd'hui quand on voit la guerre à Gaza ou en Ukraine, ou en sachant que le Congo est encore un endroit aussi chaotique. Même au Nigeria : Boko Haram, la corruption du gouvernement... Moi, je suis profondément convaincu que l'Afrique devrait être le plus beau continent, et donner envie au monde entier. Si les dirigeants étaient vraiment engagés et s'ils aimaient leur peuple, l'Afrique devrait rayonner de joie, tu vois ? Je sais que c'est possible. Et quand je rentre chez moi ou que je lis les nouvelles, j'ai vraiment le cœur brisé. Et je ne peux pas forcer les gens à croire en mes idées, sinon je ressemblerais à un dictateur. Ma conclusion, c'est : la politique a échoué. Vous écoutez la jeune génération ? Je n'écoute aucune musique. J'ai lu dans un livre que Miles Davis, pour trouver son propre son, a arrêté d'écouter les autres. Je fais la même chose depuis 25 ans. Aujourd'hui, tout le monde se dit musicien. Tu peux ne même pas savoir lire ou écrire la musique. Parce que quand tu commences un vrai parcours d'études musicales, c'est tellement difficile que tu fuis. Mais tu veux quand même être musicien, alors tu triches. Voilà où on en est : on a plein de tricheurs (rires). Apprenez à lire, apprenez à écrire, apprenez à jouer des instruments de musique. Je donne juste un conseil : si tu veux durer, comme un Miles Davis ou un Stevie Wonder, il faut le faire correctement. Femi Kuti sera en concert le 7 octobre à Marseille, le 8 octobre à Toulouse, le 10 octobre à Tours et le 11 octobre à Aubervilliers. À lire aussiFemi Kuti ou la tentative de l'aventure intérieure sur «Journey Through Life»

Journaliste, essayiste et romancière, Vanessa Schneider est aujourd'hui grand reporter au Monde. Elle a publié plusieurs essais et six romans, parmi lesquels Tu t'appelais Maria Schneider, consacré à sa cousine actrice (Grasset, 2018), qui a connu un grand succès et a été adapté au cinéma. Son nouveau livre, La peau dure, est une lettre ouverte à son père, l'écrivain, haut-fonctionnaire et psychanalyste Michel Schneider, décédé en 2022. « Pour Vanessa. » C'est ce que Michel Schneider a inscrit sur une pochette destinée à sa fille. Après sa mort, elle y trouve, parmi des papiers, un roman d'un auteur qui leur est cher, Sándor Márai : Ce que j'ai voulu taire. Est-ce un message ? Quels silences cache encore cet homme qui, de romans en essais, de conversations sans fard en actions éloquentes, avait pourtant l'air d'avancer dans la vie à découvert, sans gêne ni retenue ? En revisitant son enfance de fils illégitime ou son engagement politique, en racontant leur vie de famille et leur relation pleine de tendresse et de fureur, Vanessa Schneider essaie de rassembler les morceaux d'un père qui se refusait à être défini. Avec une distance littéraire remarquable, l'autrice dresse dans La peau dure (Éditions Flammarion) le portrait d'un père en même temps qu'elle dépeint une génération d'hommes érigée sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, à la fois singulièrement libre et redoutablement égoïste.

L'invité culture aujourd'hui est l'écrivain Laurent Gaudé qui publie une suite à son roman d'anticipation intitulé Chien 51. Dans ce premier volume qui se déroulait dans le futur sous un régime autoritaire, on avait fait la connaissance d'un policier surnommé « Zem » qui donne son titre au deuxième volume où là, le personnage décide de s'échapper de la ville de Magnapole pour retourner en Grèce son pays natal. Laurent Gaudé en quelques dates 1972 : Naissance à Paris. 1997 : Première pièce de théâtre. Onysos le Furieux est publié en tapuscrit (Théâtre Ouvert). 2000 : Première création théâtrale. Onysos le Furieux est mis en scène par Yannis Kokkos au Théâtre National de Strasbourg. 2001 : Premier roman. Cris paraît aux éditions Actes Sud. 2002 : La Mort du roi Tsongor obtient le prix Goncourt des Lycéens. 2004 : Le Soleil des Scorta obtient le prix Goncourt. 2018 : Salina, les trois exils, dixième roman, paraît aux éditions Actes Sud. 2022 : Chien 51, premier volume du diptyque d'anticipation, paraît aux éditions Actes Sud. 2025 : Zem, le deuxième volume paraît aux éditions Actes Sud et sortie en salles de l'adaptation cinématographique de Chien 51. À lire aussiLaurent Gaudé, quel sera le monde de demain? PRÉSENTATION DE ZEM : De retour dans les rues de Magnapole, Zem Sparak, l'ancien flic déclassé de la zone 3 – le « chien » au matricule 51 –, assure désormais la sécurité rapprochée de Barsok, l'homme qui a promis d'abolir les différences de classe et de réunifier la ville. À l'approche du jour censé célébrer l'avancée des Grands Travaux, et alors que toutes les caméras sont tournées vers le port où arrive un cargo chasseur d'icebergs, un container livre une funeste découverte : assis côte à côte, cinq cadavres anonymes portent les traces d'atroces souffrances. L'occasion pour Zem de retrouver l'inspectrice chargée de l'enquête, Salia Malberg. Ensemble, ils vont tenter de comprendre ce que cache le consortium GoldTex : à Magnapole, comme ailleurs, le confort des uns semble bâti sur la vie de milliers d'autres… Ce nouveau roman de Laurent Gaudé est un miroir tendu à nos sociétés consuméristes en proie à l'effondrement. Mais il abrite aussi l'idée d'un ailleurs, d'un refuge face au désastre, nommé résistance. (Éditions Actes Sud) Site de l'auteur : Laurent Gaudé À lire aussiLaurent Gaudé retrace des vies brisées par la nuit du 13 novembre 2015 dans «Terrasses»

Le festival des scènes francophones, les Zébrures d'automne, à Limoges, fait un focus sur le Moyen-Orient cette année. C'est dans ce cadre que s'inscrit la pièce franco-libanaise Et le cœur ne s'est pas arrêté. Elle réunit le metteur en scène François Cervantès, établi à Marseille, et le collectif libanais Kahraba. Une pièce onirique, pleine de poésie, à trois personnages et une maison aussi vivante que les humains... Muriel Maalouf a rencontré l'auteur et metteur-en-scène. À écouter aussiLes Zébrures d'automne : le Bottom Théâtre, une compagnie pour dire notre présent

Un couple iconique au cinéma : Yves Montand et Simone Signoret. Ces deux stars, qui vécurent ensemble pendant 30 ans, sont les héros d'un film en salles ce mercredi 1er octobre : Moi qui t'aimais de Diane Kurys. À écouter aussi« Moi qui t'aimais » : l'amour houleux entre Montand et Signoret incarnés par Roschdy Zem et Marina Foïs

Ils partagent la vie et le même instrument : la pianiste russe Ludmila Berlinskaya et le Français Arthur Ancelle, son partenaire à la ville comme à la scène. Ces ambassadeurs passionnés du piano à quatre mains poursuivent, depuis plus de dix ans, leur mission de révéler ce répertoire au grand public. Dans American Dream, leur 10e album, le duo fusionnel explore, entre autres, les univers contrastés de deux compositrices américaines, entre rêves exaltés et tourbillons de vie. Entretien avec ce tandem pianistique aussi complice qu'engagé. À lire aussiJusqu'où doit aller le boycott russe?

Le Moyen-Orient est à l'honneur des Zébrures d'automne, le festival des scènes francophones qui se tient tous les ans à l'automne à Limoges. Avec Rekord, l'autrice et metteuse en scène Sumaya Al-Attia remonte à ses origines franco-irakiennes. Dans une sorte de road-movie, on part de la France pour traverser le désert, en passant par la Jordanie, puis l'Irak. Une pièce en arabe et en français qui raconte l'exil. À lire aussiLe Festival des Francophonies à Limoges s'ouvre là «où on peut rêver l'avenir en bien»