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Il y a 60 000 ans, Paris était sous les eaux et surnageait l'actuelle Butte Montmartre ou colline Chaillot. De ce fait historique avéré, le scénariste Serge Lehman et le dessinateur Stéphane de Caneva ont tiré un roman graphique : Les Navigateurs, aux éditions Delcourt, mêlant réalisme et fantastique. Cette bande dessinée est un jeu de piste qui va transporter les personnages principaux dans un monde parallèle administré par une société secrète. Les Navigateurs de Serge Lehmanaux et Stéphane de Caneva, aux éditions Delcourt, 2025. Prix René Goscinny 2025 du meilleur Scénariste.À écouter aussiLes bédéistes Serge Lehman et Stéphane Créty, et l'auteur Olivier Delacroix À écouter aussiLe roman graphique «L'homme gribouillé»
Donald Trump poursuit ses politiques contre l'immigration. Après des accords passés avec certains pays d'Amérique latine, plusieurs vols ont été affrétés pour des expulsions de migrants et les autorités américaines poursuivent leurs opérations pour arrêter les personnes sans titre de séjour. Donald Trump est aussi revenu sur les politiques de son prédécesseur en autorisant les forces de l'ordre à effectuer des opérations dans des écoles publiques ou des églises pour les communautés concernées. Les craintes des arrestations sont anxiogènes et se répercutent sur les enfants. De notre correspondant à Atlanta, Lecture, calculs et écriture : dans ce groupe, les enfants alternent entre les différents ateliers. Tous des élèves en primaire et d'origine hispanique. Ils viennent plusieurs fois par semaine pour du soutien scolaire organisée par une association. Celle-ci a demandé à ce que tous les interlocuteurs restent anonymes pour des raisons de sécurité. Une des responsables constate de plus en plus d'angoisse chez les familles à cause des expulsions : « Je travaille dans un autre centre et une des filles pleurait beaucoup. J'ai parlé à sa mère et lui ai demandé s'il y avait des problèmes à la maison. Elle m'a répondu que non, mais que sa fille a vu les expulsions aux infos et elle est inquiète de ce qui pourrait m'arriver. »L'après-midi terminé, les parents se massent dans le couloir. Une mère raconte l'inquiétude de ses deux enfants : « Avec tout ce qu'il se passe, entendre parler de l'immigration à l'école, aux infos ou sur internet, mes enfants savent que je n'ai pas de papiers et sont toujours inquiets quand ils sortent de la maison. Ils me demandent : "Si les autorités viennent chez nous, qu'est-ce qu'il va se passer pour eux". Car ils sont nés ici, mais pas moi et pas leur père. Alors, ils nous demandent avec qui ils vont rester si les autorités m'emmènent. Ils sont inquiets et parfois me disent qu'ils préféreraient retourner au Pérou d'où je viens et c'est très triste. »À lire aussiLes États-Unis mettent fin au statut légal de plus de 500 000 étrangers et leur ordonnent de quitter le pays« Les autorités de l'immigration rentrent dans les écoles »La plupart des parents n'ont pas de titre de séjour comme cette autre mère inquiète d'être séparée de ses enfants, mais au moins dit-elle les deux plus grands sont majeurs : « Quand tous mes enfants étaient plus jeunes ça m'inquiétait beaucoup, mais maintenant, je suis un peu plus tranquille, car mes deux fils les plus âgés pourraient s'occuper de leurs deux petites sœurs. »Les salles de cours désormais vides, un autre responsable détaille la peur des parents d'envoyer leurs enfants à l'école. Depuis l'annonce de Donald Trump d'autoriser les arrestations dans ces lieux. « On a vu sur les réseaux sociaux et sur d'autres médias que les autorités de l'immigration rentrent dans les écoles et arrêtent les enfants pour leur poser des questions sur leurs parents pour savoir s'ils ont des titres de séjour ou pas. »Des écoles ont demandé à l'organisation de ne plus garer son bus floqué de son nom en espagnol sur un parking qui donne sur la rue pour ne pas attirer l'attention des autorités.À lire aussiÉtats-Unis: le fisc et les services d'immigration vont collaborer pour faciliter les expulsions
Donald Trump poursuit ses politiques contre l'immigration. Après des accords passés avec certains pays d'Amérique latine, plusieurs vols ont été affrétés pour des expulsions de migrants et les autorités américaines poursuivent leurs opérations pour arrêter les personnes sans titre de séjour. Donald Trump est aussi revenu sur les politiques de son prédécesseur en autorisant les forces de l'ordre à effectuer des opérations dans des écoles publiques ou des églises pour les communautés concernées. Les craintes des arrestations sont anxiogènes et se répercutent sur les enfants. De notre correspondant à Atlanta, Lecture, calculs et écriture : dans ce groupe, les enfants alternent entre les différents ateliers. Tous des élèves en primaire et d'origine hispanique. Ils viennent plusieurs fois par semaine pour du soutien scolaire organisée par une association. Celle-ci a demandé à ce que tous les interlocuteurs restent anonymes pour des raisons de sécurité. Une des responsables constate de plus en plus d'angoisse chez les familles à cause des expulsions : « Je travaille dans un autre centre et une des filles pleurait beaucoup. J'ai parlé à sa mère et lui ai demandé s'il y avait des problèmes à la maison. Elle m'a répondu que non, mais que sa fille a vu les expulsions aux infos et elle est inquiète de ce qui pourrait m'arriver. »L'après-midi terminé, les parents se massent dans le couloir. Une mère raconte l'inquiétude de ses deux enfants : « Avec tout ce qu'il se passe, entendre parler de l'immigration à l'école, aux infos ou sur internet, mes enfants savent que je n'ai pas de papiers et sont toujours inquiets quand ils sortent de la maison. Ils me demandent : "Si les autorités viennent chez nous, qu'est-ce qu'il va se passer pour eux". Car ils sont nés ici, mais pas moi et pas leur père. Alors, ils nous demandent avec qui ils vont rester si les autorités m'emmènent. Ils sont inquiets et parfois me disent qu'ils préféreraient retourner au Pérou d'où je viens et c'est très triste. »À lire aussiLes États-Unis mettent fin au statut légal de plus de 500 000 étrangers et leur ordonnent de quitter le pays« Les autorités de l'immigration rentrent dans les écoles »La plupart des parents n'ont pas de titre de séjour comme cette autre mère inquiète d'être séparée de ses enfants, mais au moins dit-elle les deux plus grands sont majeurs : « Quand tous mes enfants étaient plus jeunes ça m'inquiétait beaucoup, mais maintenant, je suis un peu plus tranquille, car mes deux fils les plus âgés pourraient s'occuper de leurs deux petites sœurs. »Les salles de cours désormais vides, un autre responsable détaille la peur des parents d'envoyer leurs enfants à l'école. Depuis l'annonce de Donald Trump d'autoriser les arrestations dans ces lieux. « On a vu sur les réseaux sociaux et sur d'autres médias que les autorités de l'immigration rentrent dans les écoles et arrêtent les enfants pour leur poser des questions sur leurs parents pour savoir s'ils ont des titres de séjour ou pas. »Des écoles ont demandé à l'organisation de ne plus garer son bus floqué de son nom en espagnol sur un parking qui donne sur la rue pour ne pas attirer l'attention des autorités.À lire aussiÉtats-Unis: le fisc et les services d'immigration vont collaborer pour faciliter les expulsions
80 000 personnes dans le monde gagnent plus de 80 000 euros par mois, ce sont les hyper riches et ce sont eux qui pour la plupart ravagent la planète avec des modes de vie insoutenables. Ces dernières années, les portefeuilles des hyper riches ont violemment gonflé. Par exemple, depuis 2020, les cinq hommes les plus riches du monde ont doublé leur fortune. Résultat, selon le dernier rapport d'Oxfam sur l'état des lieux des inégalités dans le monde, les 1% les plus riches possèdent la moitié des actifs financiers mondiaux. Ce n'est plus tenable, d'ailleurs l'ONU parle d'apartheid climatique. Alors qui sont ces hyper riches ? Pourquoi sont-ils plus responsables de la crise écologique que les autres ? et comment faire évoluer sur cette situation.Avec Monique Pinçon-Charlot, sociologue spécialiste des élites, pour son dernier ouvrage Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique, paru aux éditions Textuel. Elle nous dévoile comment une minorité ultra-puissante mène le monde droit dans le mur, en toute conscience.Et en duplex depuis Saint-Étienne, nous retrouvons Hervé Kempf, journaliste et écrivain, qui signe une bande dessinée aussi percutante que pédagogique : Comment les riches ravagent la planète et comment les en empêcher, publiée aux éditions Seuil. Une enquête graphique qui fait le lien entre crise écologique et inégalités sociales.Musique diffusée pendant l'émission : Manolis Aggelopoulos - O ProsfygasÀ lire aussiLes 1% les plus riches de la planète ont déjà consommé leur budget carbone pour l'année 2025
80 000 personnes dans le monde gagnent plus de 80 000 euros par mois, ce sont les hyper riches et ce sont eux qui pour la plupart ravagent la planète avec des modes de vie insoutenables. Ces dernières années, les portefeuilles des hyper riches ont violemment gonflé. Par exemple, depuis 2020, les cinq hommes les plus riches du monde ont doublé leur fortune. Résultat, selon le dernier rapport d'Oxfam sur l'état des lieux des inégalités dans le monde, les 1% les plus riches possèdent la moitié des actifs financiers mondiaux. Ce n'est plus tenable, d'ailleurs l'ONU parle d'apartheid climatique. Alors qui sont ces hyper riches ? Pourquoi sont-ils plus responsables de la crise écologique que les autres ? et comment faire évoluer sur cette situation.Avec Monique Pinçon-Charlot, sociologue spécialiste des élites, pour son dernier ouvrage Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique, paru aux éditions Textuel. Elle nous dévoile comment une minorité ultra-puissante mène le monde droit dans le mur, en toute conscience.Et en duplex depuis Saint-Étienne, nous retrouvons Hervé Kempf, journaliste et écrivain, qui signe une bande dessinée aussi percutante que pédagogique : Comment les riches ravagent la planète et comment les en empêcher, publiée aux éditions Seuil. Une enquête graphique qui fait le lien entre crise écologique et inégalités sociales.Musique diffusée pendant l'émission : Manolis Aggelopoulos - O ProsfygasÀ lire aussiLes 1% les plus riches de la planète ont déjà consommé leur budget carbone pour l'année 2025
Les États-Unis taxent désormais à hauteur de 145% tous les produits chinois importés sur leur sol, sauf les produits issus de la tech, exemptés mais pas complètement. Si l'on en croit l'administration américaine, ça devrait encore changer. Pour comprendre comment fonctionne ces droits de douane et les mécanismes qui s'appliquent, suivons le parcours d'une machine à café. La cafetière, à l'heure du petit-déjeuner, est un élément essentiel. Pratiquement tous les foyers américains en sont équipés. En 2024, il s'en est vendu entre 27 et 30 millions sur le sol des États-Unis, d'après l'Observatoire de la complexité économique. Et si on prend cet exemple, c'est parce que c'est un produit du quotidien, courant, qui est fabriqué intégralement ou en partie en Chine. À lire aussiLes petits producteurs chinois, grands perdants des mesures de Donald TrumpPour comprendre ce qui est en jeu, suivons le parcours de cette machine à café depuis le sol chinois où sa production est sous-traitée, dans des usines très loin des États-Unis donc. Un atelier va fabriquer le réservoir, un autre la carafe, et sans être exhaustif, un troisième va produire la plaque chauffante. Mais il y a une particularité : les fournisseurs ne sont pas tous nécessairement chinois, ils peuvent être d'autres pays asiatiques. Ensuite, toutes ces pièces détachées qui composent notre cafetière vont être regroupées ensemble sur un site d'assemblage en Chine. Coût de production et taxes De ce site chinois va donc sortir la machine à café intégralement construite. À partir de là, quand on additionne toutes ces étapes, on sait combien a coûté la fabrication du produit. On appelle ça son coût de production. Pour en avoir une estimation, regardons le site en ligne Ali Express. Le prix sec de cette cafetière y est de 30 dollars. Elle va maintenant prendre le bateau, direction un port américain. Ajoutons 4 dollars de frais de port. Prix total, 34 dollars. À lire aussiComment Apple tente d'esquiver les droits de douane de Donald TrumpEt c'est là qu'interviennent les mesures douanières américaines. Car pour quitter le port de Shanghai, arriver à Baltimore, et que la cafetière sorte du cargo, l'importateur doit s'acquitter des 145% de droits de douane. Et cela, même si les pièces viennent d'un peu partout : on le disait, le produit est chinois, étant donné qu'il a été assemblé en Chine. Un petit calcul nous permet à présent de déterminer le prix de cette machine à café. On l'a vu, sa valeur est de 34 dollars, avec une taxe à 145%. Son prix grimpe donc de 34 à 83 dollars ! À la fin, qui paie ? Ça ne s'arrête pas là. On peut ajouter les frais de logistique, de stockage, de transport, et la marge du vendeur. On atteint ainsi facilement plus de 100 / 120 dollars. On est loin de la cafetière assemblée pour 30 dollars dans une usine chinoise. L'impact est donc réel pour le consommateur américain. Car si techniquement, on l'a dit, c'est l'importateur qui paie les droits de douane, dans les faits, c'est le consommateur qui absorbe ce coût. Mais au-delà de l'exemple de la machine à café, ce mécanisme s'applique pour bon nombre de produits du quotidien consommés aux États-Unis. On peut penser à l'iPhone évidemment, aux jouets et jeux, mais aussi à tout un tas de matériel électroménager dont les Américains sont ultra-dépendants. Car les tarifs douaniers jouent un rôle clé dans la détermination du prix que l'on paie !
C'est une lutte impitoyable qui oppose moto-taxis, tuk-tuk, taxi-voitures et bus dans les villes du continent. En Guinée, cela fait bien longtemps que les éternels taxis jaunes ont perdu le monopole du transport à Conakry. Ils ont d'abord été concurrencés par les motos-taxis et le sont depuis quelques années par un nouveau type de véhicule : les tricycles, couramment appelés « bombonas », importés d'Inde. Leur avantage ? Ils échappent aux embouteillages permanents de la ville et sont plus abordables que les motos-taxis. Ils sont plébiscités par les Conakriens, mais leur dangerosité a forcé l'État à prendre des mesures de restriction. De notre correspondant à Conakry, Il est 8 heures au marché de Taouyah. C'est l'heure de pointe et la route est complètement embouteillée. Mais les bombonas jaunes et verts, toit rétractable, se faufilent entre les voitures grâce à leur petite taille, en empruntant la « troisième position », explique Ibrahima, un chauffeur : « Troisième position, c'est-à-dire quand les voitures sont en ligne, nous, on prend le milieu pour les dévier. » Aïssata apprécie : « C'est plus rapide que les taxis. »Avec les bonbonas, le prix du tronçon est un peu plus élevé que pour les taxi-voitures ordinaires. « Pour un trajet en bombona, c'est 2 500 francs guinéens (26 centimes d'euros) et pour le taxi, 2 000 francs (21 centimes d'euros) », explique Hawa, une autre usagère, qui se dit plus à l'aise dans ces tricycles : « Avant, je prenais le taxi voiture, mais ce n'était pas trop confortable à l'intérieur parce que derrière, c'est quatre places (quatre personnes serrées à l'arrière, NDLR). Par contre, le bombona c'est trois places derrière. »Avec quatre personnes serrées sur trois places, les taxis deviennent rapidement des étuves, comme le confirme Sékou Kaba, responsable d'un syndicat des bombonas : « Le passager assis dans le tricycle, il est en contact direct avec l'air. Le Guinéen aime ça. Se coincer à quatre derrière les taxis, il n'aime pas ça. »Malgré ce succès, le développement des bombonas a connu un grand coup de frein quand les autorités leur ont interdit de circuler sur les principales artères de la capitale, l'autoroute Fidel Castro et la route Le Prince. Ils provoquaient trop d'accidents, explique le responsable syndicaliste : « Les premiers chauffeurs de tricycles ont été formés, ils travaillaient dans de bonnes conditions. Après, il y a eu une deuxième vague. Quand la troisième vague est arrivée, ça a débordé. Ils ne respectaient pas le Code de la route et ainsi de suite. »Aujourd'hui, c'est donc à chacun sa route : les taxi-voitures gardent leur monopole sur les grandes voies, les bombonas sont relégués sur la route littorale reliant Sonfonia à Dixinn, en passant par Lambanyi et Kipé. Pour autant, leur popularité est telle que les chanteurs Pushka et Gwada Maga leur ont dédié une chanson.À écouter aussiLes défis des transports urbains en Afrique
Aux États-Unis, les taxes douanières « réciproques » voulues par Donald Trump sont entrées en vigueur le 2 avril 2025. Elles s'ajoutent à d'autres droits de douanes déjà en vigueur visant notamment le Canada, la Chine et le Mexique. Le président américain assure que ces mesures vont booster l'économie de son pays, mais en réalité, les industriels, les commerçants, les consommateurs s'inquiètent. Certaines petites entreprises payent déjà le prix de ces dispositifs, qu'elles répercutent sur leurs prix de vente. De notre correspondante à New-York,« C'est très difficile de prévoir quoi que ce soit » : Annie Bassin l'avoue, cela fait plusieurs semaines qu'elle vit avec la peur au ventre, inquiète de devoir mettre la clé sous la porte. Avec son mari néerlandais, cette New-Yorkaise est à la tête d'une petite entreprise de huit employés, lancée il y a huit ans. Le couple fabrique et vend une boisson bio à base de gingembre dont il vante les bienfaits pour la santé. Mais depuis que Donald Trump a imposé des taxes douanières, les bouteilles qu'ils importent de Chine leur coûtent plus cher. « On avait déjà eu 25% de taxes douanières en 2016, et là, c'est 20% de plus ! »Fabriquer leurs bouteilles aux États-Unis leur coûterait trois fois plus. Alors, pour faire face à cette situation, Annie et son mari Allard van Hoorn ont dû faire des choix difficiles : « Malheureusement, on va licencier 80% de notre staff. C'est triste, mais c'était devenu irresponsable de continuer sur le même modèle. C'est trop risqué. » Pour Annie, « c'est très dur, parce que ce n'est pas juste de la théorie, la vie de ces gens est affectée ».Changer de stratégieUne situation d'autant plus difficile que depuis sa création, la petite entreprise ne cessait de prospérer et réalisait un chiffre d'affaires annuel d'un million de dollars. Des revenus en baisse depuis l'élection, selon Annie, car les Américains font plus attention à leurs dépenses. La politique de Donald Trump a tout chamboulé : « Les taxes douanières, ce n'est pas génial, mais au moins, on sait à quoi on a affaire et on peut s'adapter. Mais l'imprévisibilité, les changements de politique toutes les cinq minutes... C'est quasiment impossible de gérer un business dans ces conditions. Au moindre souci, nous sommes vulnérables. »Alors, pour sauver leur entreprise, Annie et Allard ont décidé de changer de formule. Ils ferment leurs locaux et confient l'emballage et l'expédition de leurs produits aux États-Unis à une autre société. Et surtout, ils ont décidé de s'expatrier. « C'est crucial pour nous d'être flexibles, de serrer les dents pour survivre, explique la commerçante. C'est compliqué de rester ici. On est fiers de ce qu'on a construit et on est certains de pouvoir refaire la même chose dans un environnement plus sain. »Tout en gardant sa branche américaine, le couple mise désormais sur le marché européen. Ils comptent ouvrir une autre petite entreprise de production de boissons à base de gingembre en Grande-Bretagne, puis au Portugal. Avec, peut-être, un retour aux États-Unis dans quatre ans.À lire aussiLes producteurs européens de vins et spiritueux inquiets face à la bataille des taxes
Les projecteurs se braquent sur la capitale malgache, qui se prépare à accueillir le Vᵉ sommet de la Commission de l'océan Indien, le 24 avril 2025. Plusieurs chefs d'État sont attendus, dont Emmanuel Macron, qui représentera la France au titre de La Réunion. Réfection des routes, trottoirs libérés de ses nombreux marchands ambulants, priés de quitter les lieux... En seulement trois semaines, de nombreux chantiers ont été lancés pour réorganiser l'avenue de l'Indépendance, la vitrine du pays située en plein centre d'Antananarivo. De notre correspondante à Antananarivo,Ce soir-là, l'avenue de l'Indépendance n'est plus le cœur de ville bondé et désordonné qu'elle a toujours été à la tombée de la nuit. Les trottoirs sont dégagés, la route lissée après des travaux démarrés dans l'urgence. Même si Christian applaudit et profite de cette transformation, ce riverain ne peut cacher un certain sentiment de malaise :« C'est un très bel effort. Maintenant, on se sent plus aéré et moins claustrophobe quand on passe dans la ville. Mais j'avoue que le contexte dans lequel a eu lieu ce changement m'attriste un peu… Je pense que cela aurait eu plus de valeur pour nous, Malgaches, si ces travaux avaient été réalisés sans une raison internationale derrière. »Le ton est naturellement plus virulent du côté des centaines de marchands ambulants. Sur décision de la municipalité, ils ont dû abandonner les trottoirs de l'avenue principale, il y a deux semaines. Leur présence massive reflétait l'ampleur de la crise de l'emploi et la place du secteur informel dans le pays. Une réalité que les dirigeants veulent édulcorer, croit savoir Onja, vendeuse d'accessoires :« C'est hypocrite. On veut nous cacher, mais on aurait aimé que les chefs d'État étrangers voient la réalité, qu'ils voient qu'on galère ici. Si je fais honte à mon président, j'ai honte de moi-même aussi. Il devrait plutôt nous aider à trouver une solution. »Une rénovation retardée par manque de moyensLe bureau de Harilala Ramanantsoa donne directement sur l'avenue de l'Indépendance, transformée sous ses yeux en quelques semaines. La maire d'Antananarivo, élue sous les couleurs du parti présidentiel il y a deux mois, nous accueille. Elle défend une transformation nécessaire prévue de longue date : « Pourquoi ça n'a jamais été fait ? La commune urbaine n'a pas assuré comme il faut la gestion des recettes financières de la commune. Donc, on n'a pas eu les moyens jusqu'alors de faire tous ces travaux. »La première responsable de la ville reconnaît une transformation accélérée par l'accueil d'un événement international, mais promet de l'inscrire dans la durée. « Ce qui se passe aujourd'hui, c'est une impulsion vers ce que l'on souhaite montrer à nos habitants,. Si on s'y met tous – payer nos impôts, participer à l'effort de la commune... –, voilà ce que ça donne. » Cette semaine, des agents issus de différents ministères ont eux-mêmes participé au nettoyage intensif des rues de la capitale. Une mobilisation remarquée, à quelques jours de l'accueil de délégations étrangères. À lire aussiLes enjeux de la visite d'Emmanuel Macron à Madagascar
Aux États-Unis, les taxes douanières « réciproques » voulues par Donald Trump sont entrées en vigueur le 2 avril 2025. Elles s'ajoutent à d'autres droits de douanes déjà en vigueur visant notamment le Canada, la Chine et le Mexique. Le président américain assure que ces mesures vont booster l'économie de son pays, mais en réalité, les industriels, les commerçants, les consommateurs s'inquiètent. Certaines petites entreprises payent déjà le prix de ces dispositifs, qu'elles répercutent sur leurs prix de vente. De notre correspondante à New-York,« C'est très difficile de prévoir quoi que ce soit » : Annie Bassin l'avoue, cela fait plusieurs semaines qu'elle vit avec la peur au ventre, inquiète de devoir mettre la clé sous la porte. Avec son mari néerlandais, cette New-Yorkaise est à la tête d'une petite entreprise de huit employés, lancée il y a huit ans. Le couple fabrique et vend une boisson bio à base de gingembre dont il vante les bienfaits pour la santé. Mais depuis que Donald Trump a imposé des taxes douanières, les bouteilles qu'ils importent de Chine leur coûtent plus cher. « On avait déjà eu 25% de taxes douanières en 2016, et là, c'est 20% de plus ! »Fabriquer leurs bouteilles aux États-Unis leur coûterait trois fois plus. Alors, pour faire face à cette situation, Annie et son mari Allard van Hoorn ont dû faire des choix difficiles : « Malheureusement, on va licencier 80% de notre staff. C'est triste, mais c'était devenu irresponsable de continuer sur le même modèle. C'est trop risqué. » Pour Annie, « c'est très dur, parce que ce n'est pas juste de la théorie, la vie de ces gens est affectée ».Changer de stratégieUne situation d'autant plus difficile que depuis sa création, la petite entreprise ne cessait de prospérer et réalisait un chiffre d'affaires annuel d'un million de dollars. Des revenus en baisse depuis l'élection, selon Annie, car les Américains font plus attention à leurs dépenses. La politique de Donald Trump a tout chamboulé : « Les taxes douanières, ce n'est pas génial, mais au moins, on sait à quoi on a affaire et on peut s'adapter. Mais l'imprévisibilité, les changements de politique toutes les cinq minutes... C'est quasiment impossible de gérer un business dans ces conditions. Au moindre souci, nous sommes vulnérables. »Alors, pour sauver leur entreprise, Annie et Allard ont décidé de changer de formule. Ils ferment leurs locaux et confient l'emballage et l'expédition de leurs produits aux États-Unis à une autre société. Et surtout, ils ont décidé de s'expatrier. « C'est crucial pour nous d'être flexibles, de serrer les dents pour survivre, explique la commerçante. C'est compliqué de rester ici. On est fiers de ce qu'on a construit et on est certains de pouvoir refaire la même chose dans un environnement plus sain. »Tout en gardant sa branche américaine, le couple mise désormais sur le marché européen. Ils comptent ouvrir une autre petite entreprise de production de boissons à base de gingembre en Grande-Bretagne, puis au Portugal. Avec, peut-être, un retour aux États-Unis dans quatre ans.À lire aussiLes producteurs européens de vins et spiritueux inquiets face à la bataille des taxes
Ce mercredi 2 avril doit être annoncé le prix du kilo de fèves garanti au cacaoculteur ivoirien pour la récolte intermédiaire, qui court d'avril à juillet, et qui succède à la récolte principale qui vient tout juste de se terminer. Cette petite campagne, comme on l'appelle aussi, s'ouvre dans un contexte difficile en Afrique de l'Ouest. L'année dernière, la Côte d'Ivoire et le Ghana ont vu leur récolte baisser de plus d'un quart. Pour le premier fournisseur mondial de fèves, ce fut un vrai coup dur. Derrière cette baisse, il y a des raisons structurelles telles que le vieillissement des plantations et d'autres liées au climat. Personne ne croit à une production qui remontera cette campagne à 2 ou 2,2 millions de tonnes comme pendant les belles années, mais il n'y pas de consensus sur les chiffres prévisionnels. L'Organisation internationale du cacao – qui regroupe pays consommateurs et producteurs – table sur une meilleure récolte que l'année dernière et annonce dans son dernier bulletin mensuel que les volumes de fèves acheminés dans les ports ivoiriens étaient, au 9 mars, en hausse de près de 15 % soit équivalent à 1,4 million de tonnes. Or ces chiffres sont directement liés à la production.Du côté du Conseil Café Cacao, l'organe ivoirien de régulation, on est plus pessimiste et on craint ne pas faire mieux, voire moins : c'est-à-dire moins de 1,7 million de tonnes. Et moins de 400 000 tonnes, pour la petite campagne qui débute.Industriels et chocolatiers achètent le minimumEnviron la moitié de la petite récolte a été vendue en avance, mais il en reste encore autant qui n'a pas trouvé preneur, signe que les multinationales ne se précipitent pas et « qu'elles sont prêtes à ne pas faire tourner leurs usines à 100 % de leur capacité » témoigne l'un d'eux. Les industriels lèvent le pied, peut-être en espérant que les prix baissent, mais aussi parce qu'au bout de la chaîne, les chocolatiers ne font plus cinq à six mois de stocks comme avant mais commandent au compte-gouttes. Visiblement contrarié par le peu d'engouement des multinationales implantées dans le pays pour la petite récolte, le Conseil Café Cacao a jugé bon de leur écrire. Afin de leur rappeler que les volumes de fèves qui leur sont théoriquement réservés à cette période de l'année seraient vendus à des négociants s'ils ne se positionnent pas pour acheter.Ventes par anticipation très limitéesFace aux incertitudes de production, et à la grande prudence des acheteurs, le Conseil Café Cacao a décidé de limiter les ventes par anticipation pour la campagne 2025-2026. En temps normal, quand la production est bonne, 80 % environ de la récolte ivoirienne est vendue avec plusieurs mois d'avance, à un prix fixe. Cela permet aux industriels de garantir leur approvisionnement et aux pays producteurs d'avoir de la visibilité. En ce moment la grande récolte qui débutera en octobre prochain est donc en train d'être commercialisée, mais tout doucement juste « pour tester le marché, sans prendre de risque », assure une source au sein du Conseil Café Cacao qui juge bon d'attendre la fin du printemps pour savoir s'il est judicieux de vendre 50, 60 ou 70 % de la prochaine récolte.La hantise de la filière est de revivre le scénario de l'année dernière : selon les chiffres officiels, 80 000 tonnes de cacao avaient été vendues en trop, par rapport à la récolte. Ce qui veut dire autant de contrats qui n'ont pas pu être honorés en temps et en heure et qui ont dû être reportés sur l'année suivante, hypothéquant les futurs volumes disponibles à la vente.À lire aussiLes stocks mondiaux de cacao inférieurs à trois mois de consommation
En Tunisie, lors de la fête de l'Aïd, la tradition veut que les parents offrent de nouveaux vêtements aux enfants pour célébrer cette fête religieuse et familiale. Depuis le début de l'année, le prix du textile sur le marché local a augmenté de 9,7% et malgré une prolongation des soldes d'hiver en vue de l'Aïd, beaucoup de Tunisiens ont boudé les grands magasins. La débrouille et la seconde main l'emportent souvent. Dans le centre de Tunis, quelques jours avant l'Aïd, Khadija Maleej mère d'une jeune fille de 10 ans, arpente le marché des fripes pour trouver la perle rare, une tenue complète pour son adolescente. « Nous sommes à la fripe de Hay El Hadra à Tunis qui est connue pour être bien achalandée, décrit-elle, vous voyez, il y a pleins d'étals de vêtements. Moi je viens pour acheter les vêtements de l'Aïd pour ma fille, mais aussi des tapis, descentes de lit, du linge de maison et je viens ici car les prix sont beaucoup moins élevés »Les fripes, une alternative indispensableAvec un salaire moyen, son budget est d'environ 200 dinars pour sa fille, soit 60 euros, mais cette somme couvre à peine le prix d'un vêtement neuf dans les grands magasins. « Surtout avec l'augmentation actuelle, moi ça m'arrange vraiment de venir ici aussi pour trouver des marques, poursuit Khadija Maleej, j'ai fait un tour dans les grandes surfaces, 200 dinars, ça couvre à peine le prix d'un pantalon alors qu'à la fripe, je peux prendre plusieurs pièces pour le même prix ».Et la recherche s'annonce fructueuse pour elle et sa fille. Elles ont trouvé un sac, ne reste plus que la tenue. « Moi, je viens aussi pour lui trouver de nouveaux vêtements pour l'école car les fripes saisissent l'occasion de la période de l'Aïd pour sortir aussi un nouvel arrivage en fonction de la saison ».« Vous pouvez trouver du luxe ici »Pour ceux qui ne veulent pas passer trop de temps à chercher, les dépôts vente pullulent à Tunis ces dernières années.َ À Babytroc, l'un des premiers à ouvrir il y a dix ans, la fondatrice Olfa Barkelli gère une grande affluence avant l'Aïd : « Au début, ça m'a surpris de voir que les gens achetaient de la seconde main parce qu'on est habitués à ce que les gens achètent du neuf, mais en fait d'année en année, je voyais que les gens affluaient pour ça. C'est notre mois de travail, voilà ».La clientèle est aussi à la recherche de marques étrangères ou importées, souvent introuvables en boutique. « Vous pouvez trouver du luxe ici. On peut trouver du Dior et du Dolce Gabbana, ici. On peut trouver ça à petits prix ».Si cette année, le début du mois a été difficile avec la nouvelle loi sur les chèques qui ne permet plus de faire crédit, la boutique ne désemplit pas à la veille de l'AïdÀ lire aussiLes vêtements de travail tunisiens à la conquête de nouveaux marchés
La loi proposée par Gabriel Attal sur la justice des mineurs doit être votée au Sénat ce 25 mars. Elle propose une dérogation à l'excuse de minorité pour les jeunes délinquants multirécidivistes, la possibilité d'une comparution immédiate et la responsabilité civile solidaire des parents pour les dégâts causés par leurs enfants. Cette loi pourrait augmenter le nombre de mineurs en détention. Visite d'un établissement pour mineurs à Marseille, ville particulièrement touchée par le trafic de stupéfiants. De notre correspondante à Marseille, À la prison pour mineurs de Marseille, les portes s'ouvrent, exceptionnellement, pour laisser passer le député des Bouches-du-Rhône, Hendrik Davi. Il fait valoir son droit de visite.« On va voir quelles sont les conditions de détention des petits jeunes. On va voir les activités qu'ils peuvent avoir pour n'importe quel détenu. On va voir si les conditions de détention sont correctes. »Depuis les rangées de cellules qui donnent sur la cour, 50 adolescents de 13 à 17 ans essayent d'attirer l'attention du député. Idrisse a autrefois fait partie de ces jeunes incarcérés. Il a aujourd'hui 29 ans et explique l'engrenage.« Toute ma jeunesse, toute mon adolescence, je les ai passées dans les centres éducatifs fermés et la prison. La Busserine, c'est l'un des quartiers où il y a le plus de trafic. Et quand tu lèves la tête et que tu regardes autour de toi, tout le monde baigne dans le trafic pour subvenir à leur consommation, à leur style vestimentaire, à tout ça. Et puis petit à petit, je suis rentré dans le stup à guetter, à vendre et à monter de grades, jusqu'à voler et à braquer... »Sur lui, la détention a eu des effets positifs.« Oui, ça a été bien parce qu'il y a toujours des psychologues où ça te permet aussi de te poser, de faire une relecture un peu sur ta vie. Chez les mineurs, ça a été utile dans le sens où ils proposaient beaucoup de scolarité. Et aujourd'hui, je suis diplômé, moniteur éducateur, je fais une VAE pour être éducateur spécialisé. »À lire aussiMineurs privés de liberté en France: une situation préoccupante« La notion d'apprentissage et la notion d'éducation, elle est fondamentale »Mais ce jour-là à l'EPM, la direction l'avoue, il n'y a pas école à cause du manque de personnel. La situation n'est pas rare, elle est due à de nombreux arrêts maladie et des difficultés de recrutement. La juge pour enfant Laurence Bellon a suivi des mineurs pendant trente ans. « Quand vous êtes avec un mineur, la notion d'apprentissage, la notion d'éducation, elle est fondamentale. L'idée qu'en frappant l'enfant va comprendre. Ce n'est pas vrai. Vous avez là ceux qui sont en grande difficulté et ceux qui ne sont pas en grande difficulté, ils le deviennent en étant placés avec des gamins qui sont très difficiles. On s'est mis à souhaiter de plus en plus que les mineurs soient traités, je ne dis pas comme des majeurs, mais un peu comme des majeurs. »Des crédits qui favorisent l'enfermement, pourtant beaucoup plus coûteux que des places en foyer. Plusieurs syndicats appellent à manifester contre la loi Attal et pour une augmentation des moyens dans l'éducatif.À lire aussiFrance : la justice protège-t-elle suffisamment les mineurs ?À lire aussiLes enfants issus de l'immigration surreprésentés en prison
La Marine française porte l'ambition de devenir une référence mondiale dans la maitrise des grands fonds marins où reposent des câbles stratégiques. Pour maitriser ces espaces, depuis trois ans, les forces navales françaises développent une capacité souveraine pour agir dans la profondeur des océans. D'une importance majeure, les grands fonds marins sont pourtant moins connus que la surface de la Lune. Et pour la Marine nationale, le réveil a sonné en 2007, quand un sous-marin russe a réussi l'exploit de déposer à l'aplomb du pôle Nord, par 4 000 mètres de fond, un drapeau en Titane aux couleurs de la fédération de Russie. Un véritable signalement stratégique, se souvient le Contre-Amiral Cédric Chetaille, coordinateur central pour la maitrise des fonds marins : « Un message qui voulait nous dire, c'est un espace commun, mais en fait, c'est un espace qui appartient à ceux qui sont capables d'agir et d'intervenir à cet endroit-là et de dire "moi, je suis capable de le faire, Vous, vous n'êtes pas encore capable de le faire". Donc aujourd'hui, on est en train de rattraper ce retard et on sera à très court terme capable de faire le même type de mission. » Objectif : 6 000 mètres de fondPour accéder aux grands fonds, la Marine nationale peut déjà compter sur plusieurs robots autonomes pouvant descendre jusqu'à 2 000 mètres. Et à court terme, dit Cédric Chetaille, l'objectif est 6 000 mètres : « les 6 000 mètres correspondent à une ambition et à la vocation mondiale de la Marine française. On déploie nos forces partout dans le monde. On est capable d'atteindre 97 % du plancher des océans quand on est capable d'aller à 6 000 mètres de fond. Pour pouvoir percer l'opacité de ce milieu-là, il faut être à quelques dizaines de mètres. Et quand on a la volonté, avec un robot, d'être capable de ramasser, de sectionner, de rassembler, de nouer, d'agir, il faut maintenir ce robot à quelques dizaines de centimètres de sa cible. » À lire aussiLes câbles sous-marins : une bataille géopolitique à surveillerNature des sédiments, variations du champ magnétique, cartographie : autant d'éléments qu'il faut maitriser et la vitesse des manœuvres sous l'eau est également un élément clé. « Le milieu sous-marin ne permet pas une communication continue avec l'engin, poursuit le contre-amiral Cédric Chetaille. Rapidement, le drone va aller plus loin, plus profond. Il leur faut une autonomie décisionnelle pour optimiser leur mission en fonction de ce qu'ils vont voir. Après la mission, quand on récupère le drone, il faut tout décharger rapidement pour pouvoir réorienter la mission suivante. Et c'est ce cycle d'observation par le drone, puis exploitation de la mission, décision et orientation de la mission suivante qu'il faut mener le plus rapidement possible pour obtenir un cycle qui soit supérieur à celui de nos adversaires. » Le Yantar: un navire espion russe taillé pour les grands fondsL'intensification de la compétition au large s'accompagne de nouvelles menaces sous la surface, câbles de télécommunications sectionnés accidentellement ou volontairement, la guerre hybride se joue aussi dans les grandes profondeurs.Et dans le collimateur des marines de l'Otan, il y a le navire espion russe Yantar, un bâtiment souvent présent le long des côtes européennes. « Le navire russe Yantar, c'est un navire très intéressant parce que c'est un des très rares navires au monde qui est spécialisé et qui est très moderne pour mettre en œuvre des capteurs et des engins en toute discrétion et qui vont aller très profond, explique le contre-amiral Cédric Chetaille. C'est un navire qu'on surveille, c'est un navire qu'on traque pour l'empêcher de nuire à nos intérêts et de restreindre ce qu'on appelle notre liberté de manœuvre. Ça veut dire qu'on ne veut pas que l'usage potentiel des fonds marins à partir d'un navire comme le Yantar ne nous contraigne. On peut imaginer que le Yantar militarise les fonds marins en disposant des capteurs, et ainsi dispose d'une meilleure connaissance des fonds marins que nous. Il faut donc aller observer le Yantar, aller dans les zones où son activité nous semble suspecte et se donner les moyens de l'empêcher de nous nuire. »Nouveau lieu de compétition, la maitrise des grandes profondeurs s'impose en particulier pour la France qui possède le deuxième domaine maritime mondial. Mais c'est aussi un défi technologique qui à ce jour n'est à la portée que de quelques marines.À lire aussiLe sous-marin nucléaire «Suffren» va changer la donne pour la marine française
Continuer de vivre sans plus pouvoir se reproduire est une anomalie dans le monde animal. C'est le cas pour les humaines et cinq espèces de baleine à dents. Ces grands-mères assurent la protection des plus jeunes jusqu'à l'âge adulte. C'est une nouvelle vie qui commence pour les femmes autour de la cinquantaine, quand elles ne sont plus capables de donner la vie, mais qu'il leur reste encore beaucoup à vivre : c'est ce qu'on appelle la ménopause. Une exception dans le monde du vivant. Mais les femmes ne sont pas complètement seules ! Sur les quelque 5 000 espèces de mammifères sur la planète, cinq d'entre elles, hors les humaines, connaissent la ménopause. Pas les primates, qui sont pourtant nos cousins les plus proches, mais des mammifères marins : des cétacés, des baleines à dents, comme les orques et les bélugas.Les orques sont fertiles jusqu'à 40 ans et peuvent vivre 90 ans, à peu près comme les femmes. Mais arrêter de se reproduire, c'est une anomalie dans le monde animal, où il s'agit d'abord de perpétuer son espèce. Sauf s'il y a des avantages, comme une moindre concurrence. « Des femelles qui ne sont plus en phase de reproduction active ne seront plus en compétition avec des femelles du groupe qui elles sont en phase reproductive, explique Jean-Luc Jung, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle et directeur de la Station marine de Dinard, en Bretagne. On va de fait éliminer les compétitions pour les mâles, et les femelles qui ne rentrent plus dans ces compétitions sont plus disponibles pour autre chose. »À lire aussiLes baleines, anges gardiennes de la TerreL'hypothèse de la grand-mèreC'est la théorie de la grand-mère, appliquée aux cétacés. Ces grands-mères ont de l'expérience, protègent les plus faibles des prédateurs et savent où trouver la nourriture. « Pendant la ménopause, les femmes auraient plus de temps pour s'occuper des enfants et des petits-enfants, poursuit Jean-Luc Jung. Cela limiterait aussi les conflits intergénérationnels. Au final, on aurait peut-être moins d'enfants, mais des enfants qui arriveraient à l'âge adulte plus fréquemment. »Pour la grand-mère orque, c'est vrai qu'il y a du boulot dans un océan hostile. « Les cétacés ont une vie sociale extraordinairement forte. Et ça doit être particulièrement difficile d'élever des jeunes dans le milieu marin ; il n'y a pas d'endroits où se cacher, il n'y a pas d'arbres ou se réfugier, il n'y a pas de grottes… donc, il faut des organisations sociales autour des enfants, des jeunes, qui leur permettent d'arriver à l'âge adulte. »Avantage évolutifLa ménopause apparaît ainsi comme un avantage évolutif chez des espèces connues pour leur vie sociale développée : il y a un intérêt à vivre, même quand on n'est plus fertile. Les cétacés forment des sociétés matriarcales, et s'ils sont les seuls animaux non humains à connaître la ménopause, ce n'est peut-être pas un hasard. « Les sociétés des cétacés sont quasiment tout le temps organisées autour des femelles, et il est possible que le fait que l'évolution ait abouti à la ménopause dans ces groupes soit lié », conclut Jean-Luc Jung.À écouter dans Autour de la questionSommes-nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence des animaux?
Les premières assises de la protection sociale des Français de l'étranger ont été lancées le 10 mars 2025 à Paris, en marge de la 42e assemblée des Français de l'étranger. Cette initiative inédite vise à repenser les dispositifs de protection sociale destinés aux trois millions de nos compatriotes établis hors de France. Conseiller des Français de l'étranger au Cambodge, Florian Bohême est l'initiateur des assises de la protection sociale des Français de l'étranger.À lire aussiLes droits à la retraite pour les Français qui ont travaillé à l'étranger
Dans le procès des otages du groupe État islamique (EI) en Syrie, le verdict est tombé vendredi 21 mars à la Cour d'assises spéciale de Paris. Le jihadiste Mehdi Nemmouche a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, et d'autres geôliers ont également été condamnés. Quel sentiment éprouvent les victimes de l'EI à l'issue de ce procès ? Nicolas Hénin, ancien journaliste et ex-otage en Syrie, est samedi 22 mars l'invité international de la mi-journée de RFI. À lire aussiProcès des otages de l'EI: Mehdi Nemmouche coupable d'avoir été le geôlier et condamné à perpétuitéÀ lire aussiLes quatre journalistes, ex-otages en Syrie, de retour en France
L'IFPI, la fédération internationale de l'industrie phonographique a publié les chiffres de l'industrie pour 2024 et ils sont bons. Le secteur poursuit sa croissance pour la dixième année consécutive, porté par les plateformes d'écoute en ligne. Décryptage. Le marché de la musique se porte bien. Il pèse aujourd'hui à peu près 30 milliards de dollars à travers le monde. La tendance est à la hausse. Une progression qui repose essentiellement sur le streaming, puisque ces plateformes d'écoute comme Spotify, Apple Music, YouTube Music ou Deezer représentent plus de deux tiers des revenus du secteur. Le nombre d'abonnés payants à une plateforme de ce type est justement aussi en augmentation. Dans ce rapport de la musique mondiale publié par l'IFPI, on voit cette tendance prendre de l'ampleur. Oui le consommateur paie pour écouter de la musique. Illustration aux États-Unis où les 100 millions d'abonnements au streaming musical payant ont été atteints. Et puis la plateforme Deezer a vu son chiffre d'affaires augmenter en 2024, lui permettant pour la première fois de son histoire d'atteindre son seuil de rentabilité, c'est-à-dire le montant de chiffre d'affaires nécessaire pour que les recettes de l'entreprise soient au moins égales à ses dépenses. Une stratégie payante Plusieurs pistes d'explications à cette dynamique. Déjà, certaines régions du monde, jusqu'ici peu intéressées par ces plateformes, le sont aujourd'hui. Le nombre d'abonnements y a explosé en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Sur ces trois zones, cette croissance est d'environ 22-23%. En comparaison, aux États-Unis, elle n'est que de 2%. Certains des plus grands marchés atteignent donc un point d'adoption relativement élevé, ce qui signifie que la croissance des nouveaux abonnés a été plus lente. Par ailleurs, les stratégies des plateformes portent leurs fruits. Elles se repositionnent petit à petit afin que l'on s'abonne pour écouter de la musique. Avec un simple abonnement, Deezer notamment, propose une expérience client premium, en organisant, par exemple, des jeux concours pour assister aux concerts de vos artistes préférés, voire les rencontrer dans le cadre d'événements chapeautés par la marque, à destination de ses clients évidemment. À lire aussiLes plateformes de streaming à l'assaut de l'intelligence artificielleLe poids de l'intelligence artificielle Il faut aussi souligner le travail des maisons de disques qui jouent un rôle-clé dans le succès des artistes et par extension des plateformes, tendance amplifiée par les réseaux sociaux. Avec un enjeu colossal, ne pas se laisser dépasser par l'intelligence artificielle. Le sujet préoccupe d'ailleurs les plateformes. Sur Deezer, une chanson sur dix mise en ligne par semaine est générée, en partie ou en intégralité par l'IA. Et dans un marché où plus d'un million de titres sont publiés chaque semaine, difficile de surveiller si chaque morceau est issu de la créativité humaine ou pas. Certaines plateformes mettent d'ailleurs en place des barrières pour d'une part limiter ces initiatives et d'autre part, éviter à des robots d'amplifier le nombre d'écoutes de chansons, ce qui implique une rémunération. Les géants du secteur vont donc devoir trouver un équilibre entre prix compétitifs, séduire de nouveaux clients et protéger les artistes !
Candidate à la présidence du Comité international olympique, à l'occasion de la 144ᵉ session à Costa Navarino (Grèce) le 20 mars, la Zimbabwéenne de 41 ans, double championne olympique du 200 m dos en 2004 et 2008, membre de la Commission exécutive du CIO et ministre des Sports depuis 2018, détaille à RFI ses positions sur les grands enjeux auxquels l'institution est confrontée. RFI : Vous êtes la plus jeune candidate à cette élection, la seule femme et la première représentante d'Afrique à briguer la présidence du CIO. Êtes-vous le meilleur symbole de ce que devrait être le CIO au XXIe siècle ? Kirsty Coventry : J'espère que c'est ce que ressentent les membres du Comité, mais je veux aussi être la meilleure personne pour le poste, pas seulement en raison de mon genre ou de mon origine. Je veux que les membres sentent qu'ils peuvent avoir confiance en moi et qu'ils pensent que je serai la meilleure pour diriger notre incroyable organisation, en particulier dans cet avenir qui change si rapidement.En tant qu'ancienne sportive de haut niveau et ex-présidente de la commission des athlètes du CIO, vous êtes consciente des défis auxquels sont confrontés les athlètes, en particulier en Afrique, pour atteindre le plus haut niveau international. Quelle devrait être la priorité pour accroître leurs chances ?En tant qu'ancienne athlète, la partie la plus difficile de mon parcours a été de devenir championne olympique. C'est là que je pense que nous devrions concentrer un peu plus les programmes dédiés du CIO. Je veux également m'assurer que les voix des athlètes soient toujours entendues, car c'est ainsi que nous savons ce qu'ils attendent de nous, par le biais de la commission des athlètes, en veillant à ce que nous écoutions précisément ce dont les athlètes ont besoin, et comment nous pouvons travailler à leur protection et à leur soutien. En revanche, je ne crois pas aux primes [versées aux médaillés en athlétisme lors des JO de Paris 2024, une mesure annoncée par World Athletics, présidée par Sebastian Coe, autre candidat à la présidence du CIO, NDLR]. Encore une fois, en regardant mon parcours et en parlant aux athlètes autour de moi, la partie la plus difficile, c'est toujours avant de devenir champion olympique ou avant d'être célèbre. Une fois que vous l'êtes ou que vous avez gagné des médailles, beaucoup plus d'opportunités s'offrent à vous. La question est donc de savoir comment nous pouvons aider davantage d'athlètes à devenir champions ou finalistes olympiques. C'est comme ça que nous pourrons concerner davantage d'athlètes.À lire aussiLes sportifs de la solidarité olympique qualifiés pour les JO 2024Vous êtes très sensible à la place du sport féminin et à la représentation des athlètes féminines dans les médias. Quelle serait la première mesure que vous mettriez en œuvre dans ce domaine si vous étiez élue ?Au sein du mouvement olympique, nous avons déjà réussi à faire du bon travail pour la promotion de l'égalité des sexes. Il faut maintenant l'étendre. Nous avons besoin d'une meilleure représentation des femmes dans les fédérations internationales et dans les comités nationaux olympiques. On doit voir davantage d'opportunités pour les femmes entraîneurs et l'entourage des athlètes. Au lancement d'un programme ou lorsqu'on essaie de faire avancer quelque chose, les quotas jouent certainement un rôle parce qu'ils aident à changer la culture. Une fois que les gens ont adhéré à cette culture et qu'ils voient la véritable valeur d'avoir plus de diversité autour de la table, et que cela devient vraiment ancré dans la culture d'une organisation, alors les systèmes de quotas peuvent être supprimés. Donc, je pense vraiment qu'ils servent un objectif au début.La question des athlètes transgenres ou des personnes concernées par une différence de développement sexuel, comme la boxeuse algérienne Imane Khelif, médaillée d'or à Paris 2024, mais visée par des messages haineux sur les réseaux sociaux, reste controversée. Quel est votre avis à ce sujet ?Je veux m'assurer que nous protégeons la catégorie féminine et je crois que nous devons trouver une voie à suivre en le faisant collectivement avec les fédérations internationales. Le CIO doit jouer un rôle de premier plan et nous devons nous assurer, là encore, que nous protégeons et servons les athlètes. Ce que j'entends par « protéger les athlètes », c'est que lorsque l'une d'elles vit quelque chose comme ce qu'il s'est passé à Paris, ou si vous regardez le cas des athlètes à différence de développement sexuel, comme le cas bien connu de Caster Semenya, ça n'est pas géré avec sensibilité. Nous devrions faire beaucoup mieux, nous devons trouver une voie collective qui ne mette pas un athlète en danger.À lire aussiLa boxeuse algérienne Imane Khelif dénonce l'offensive judiciaire de la Fédération internationale de boxeLes Jeux olympiques de Paris 2024 ont été un grand succès populaire et financier pour le CIO. Est-ce désormais le modèle à suivre et comment ce succès peut-il être mis à profit pour engager la jeune génération dans un paysage médiatique en constante évolution ?Paris 2024 était exactement ce dont le monde avait besoin, surtout après le COVID. C'étaient des Jeux incroyables et extrêmement réussis, et nous devons utiliser cette plateforme en ce moment où tout le monde en parle encore. Le Comité d'organisation de Paris 2024 et Tony Estanguet ont fait un travail incroyable à travers le pays en engageant les jeunes, les écoliers, et en les impliquant dans le sport, et c'est la mission du CIO de construire un monde meilleur grâce au sport. Donc, la question est de savoir comment on peut utiliser ce qui a été fait à Paris 2024 et le répandre à travers le monde.Les JO devraient-ils être diffusés sur des plateformes telles que Netflix ?À mesure que nous allons vers l'avenir, Netflix, Apple TV, YouTube, ces entreprises de streaming en ligne, ne font que se renforcer. Et quand on regarde l'Afrique par exemple, dans quelques années, vous aurez plus d'un demi-milliard de jeunes de moins de 35 ans et la plupart d'entre eux auront des smartphones. Donc, si nous ne trouvons pas des moyens créatifs de nous connecter avec eux sur ces plateformes en ligne, ça sera vraiment une occasion manquée.Êtes-vous favorable au retour des athlètes russes et biélorusses aux Jeux olympiques, à commencer par Milan Cortina l'année prochaine, et sous quelles conditions ?Malheureusement, dans le monde d'aujourd'hui, nous allons surtout devoir faire face à la question de savoir comment protéger et soutenir les athlètes dans toutes les zones de conflit. Nous constatons de plus en plus de conflits en Afrique, vous en avez en Europe et au Moyen-Orient. Pour moi, nous devons créer un groupe de travail qui élaborera un cadre qui permettra de protéger et de soutenir les athlètes de toutes ces zones de conflit afin de les aider à participer aux Jeux. Au bout du compte, nous devons également nous assurer que tous les athlètes présents aux Jeux seront protégés. Donc, il pourrait être nécessaire de mettre en place différentes réglementations pour garantir que tous les athlètes sont soutenus et qu'il n'y en ait pas qui soient davantage protégés que d'autres.À lire aussiJO 2024: les Russes et Biélorusses ne défileront pas à la cérémonie d'ouverture à ParisVous êtes actuellement la présidente de la commission de coordination des Jeux olympiques de la jeunesse de Dakar 2026. Le succès de ces Jeux sera-t-il crucial pour la crédibilité de l'Afrique à accueillir un jour les Jeux olympiques ?Oui, à 100 %. C'est la première fois que le mouvement olympique vient en Afrique et peut découvrir notre enthousiasme, notre énergie, notre culture, et cette opportunité nous excite. Mais cela s'accompagne de beaucoup de responsabilités. Nous travaillons en étroite collaboration avec Dakar 2026 pour nous assurer de donner cette tribune au Sénégal, mais aussi à l'Afrique, pour montrer au monde ce que nous pouvons faire.En général, pensez-vous que les intérêts du sport africain sont suffisamment représentés au sommet du mouvement olympique et que feriez-vous pour améliorer les choses ?Il y a toujours des points que nous pouvons améliorer pour nous en assurer. L'une des grandes choses dont j'ai parlé aux membres du CIO serait d'essayer de trouver des moyens innovants de combler le fossé entre les comités nationaux olympiques qui sont très bien soutenus et bien gérés et ceux qui ont besoin de beaucoup plus de soutien, car encore en développement. L'utilisation de la technologie et de l'intelligence artificielle en particulier sera très importante pour combler ce fossé, car une fois qu'il sera un peu comblé, les pays en développement pourront consacrer plus de temps et d'argent à soutenir leurs athlètes, et nous pourrons alors voir plus de médailles gagnées dans le monde entier.Apprendrez-vous le français si vous êtes élue au CIO ?Oui (elle le dit en français, et en riant)… C'est une promesse que j'ai faite aux membres du CIO. C'est quelque chose que je prendrai très au sérieux. Nous avons une école française au Zimbabwe et j'ai déjà fait quelques démarches (rires). Ce serait certainement un grand honneur pour moi de pouvoir parler la langue de notre fondateur, Pierre de Coubertin !À lire aussiSur les traces des Jeux olympiques de 1924, à Paris et ailleurs
C'est un marché qui pèse lourd: celui des médicaments, 60 milliards d'euros. Il en a été question cette semaine à la Commission européenne puisque l'exécutif européen a présenté son plan pour réduire sa dépendance aux médicaments asiatiques. Car les chiffres le prouvent, les États membres de l'UE importent beaucoup. Décryptage. Tenez-vous bien, les principes actifs de huit antibiotiques sur dix consommés en Europe sont produits en Asie ! Soit en Chine, soit en Inde. Sur les dix dernières années, ces deux pays sont tout simplement devenus des références en termes de production de principes actifs. Petit rappel, les principes actifs, ce sont ces molécules qui sont le cœur des médicaments et qui permettent de nous soigner. D'après le cabinet Advancy, aujourd'hui, à l'échelle mondiale, l'Inde et la Chine produisent la moitié de ces principes actifs mondiaux. L'Europe à elle seule 30 %. Il y a dix ans, elle était leader au niveau de l'Inde et de la Chine. Le continent et son industrie sont donc en effet en décrochage.À lire aussiLes pénuries de médicaments, la faute à l'industrie?Course aux produits les moins chers Produire sur le sol européen ces principes actifs pharmaceutiques coûte beaucoup plus cher que dans les pays asiatiques. Résultat, d'année en année, les industriels ont sous-traité leur production ou l'ont directement externalisée. Et puis toujours concernant les coûts, la fin de brevets limitant la production a permis à des industriels de lancer la leur. On appelle ça les médicaments génériques. En produisant ailleurs qu'en Europe, ces médicaments sont bon marché. Et dans la course effrénée à l'accès à des médicaments les moins chers possibles, car la santé a un coût, les États ont privilégié les génériques. Ces mêmes États qui s'inquiètent paradoxalement de leur dépendance aux pays asiatiques. C'est le serpent qui se mord la queue. Car, il faut le préciser, ce sont bien les États qui gèrent les commandes de médicaments. Si les entreprises pharmaceutiques sont chargées de garantir un approvisionnement suffisant, ce sont les États qui supervisent la distribution au sein même de leur territoire. Et si pénurie il y a, elles sont gérées au niveau national !À lire aussipénuries de médicaments: des millions d'euros d'amendes pour les laboratoires pharmaceutiquesPenser à l'échelle européenne Cette dépendance aux pays asiatiques n'est pas sans risques, car l'enjeu est stratégique dans un contexte de tensions géopolitiques de plus en plus fortes. Si demain, la Chine et l'UE ne s'entendent pas, c'est la chaîne d'approvisionnement du médicament européen qui en subira les conséquences notamment. Car sans médicaments, pas d'interventions chirurgicales, même bénignes ou de traitements. Et puis de l'autre côté de l'Atlantique, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche qui menace d'augmenter les droits de douane sur les importations pharmaceutiques européennes, inquiète. Mais l'UE a des propositions. Cinq ans après la pandémie de Covid-19 qui a notamment mis en lumière ses difficultés, place à l'action. Bruxelles propose par exemple l'achat groupé de médicaments européens entre États afin de faire baisser les prix d'achat, voire de créer un marché unique du médicament. La Commission incite aussi à relocaliser la production sur le continent en échange de subventions avec des fonds européens pour construire des usines de médicaments critiques. En tout cas, il y a urgence, c'est le commissaire européen à la Santé qui le dit. La situation que l'on vient d'évoquer « met en danger la santé des Européens ». Voilà pour la prescription, reste maintenant à voir quel traitement choisira le patient Europe !À lire aussiLe plan de l'Union européenne face aux pénuries de médicaments
C'est la troisième ville d'Estonie. Elle est située tout au nord, juste à la frontière avec la Russie, séparée de la ville d'Ivangorod par un pont. Plus de 90% de ses habitants sont russophones. Un héritage de la période soviétique. Aujourd'hui, comment la vie s'est-elle transformée à Narva depuis le début de la guerre de la Russie à grande échelle contre l'Ukraine ? À Narva, le grand parking était, jusqu'en 2024, le cœur battant de la ville frontalière. C'est là que transitaient toutes les voitures en partance ou de retour de Russie. Aujourd'hui, la frontière ne se traverse plus qu'à pied. Il n'y a plus que les bus qui amènent les Russes qui veulent rentrer chez eux. La ville se vide depuis le début de la guerre lancée par Moscou contre l'Ukraine. Les Russes ne peuvent plus venir en Estonie et cela affecte grandement la situation économique de Narva, comme le décrit la maire Katri Raik :« La vie à Narva avait déjà été touchée par le début du conflit en Ukraine en 2014. Depuis, il y a de moins en moins de touristes. Et maintenant, il est clair que le chiffre d'affaires commercial de Narva a diminué de près de 30%, ce qui constitue bien sûr un coup dur pour la ville. »Milan, jeune activiste politique, se présentera aux élections municipales de l'automne pour réveiller la ville. Il a donné rendez-vous en face de la mairie, un bâtiment historique à la façade rouge, un rare vestige de l'histoire à avoir survécu aux bombardements massifs de 1944 par l'armée soviétique : « La plupart des habitants de Narva sont venus pendant la période soviétique. Ils ont toujours les vieilles habitudes. Ils craignent d'être punis, déportés, tués s'ils s'expriment contre les autorités. Les gens sont très passifs ici au niveau politique. »À lire aussiLes pays baltes font face aux menaces grandissantes de la RussieLa hausse du coût de l'énergie impacte fortement les habitants de la ville. Un tiers des habitants sont des retraités. La Russie fait toujours peur. Milan se souvient de ce qui s'est passé, l'été dernier à Narva : « C'est parfois un peu effrayant ici. Il faut se souvenir que l'été dernier, les Russes ont fait voler un immense ballon d'espionnage. Les gens, ici, font parfois des blagues sur le séparatisme. Ils font un parallèle avec l'Ukraine et la République populaire de Donetsk. Ils parlent de la République populaire de Narva qui pourrait être créée. Rire de cela permet d'avoir moins peur. »Signe de la tension existante, les russophones de Narva se mettent à parler estonien dès qu'ils en ont la possibilité, preuve que la langue estonienne s'est imposée dans le pays.À lire aussiVivre à l'ombre des menaces, voyage dans les États baltes, face aux Russes et Biélorusses
C'est la troisième ville d'Estonie. Elle est située tout au nord, juste à la frontière avec la Russie, séparée de la ville d'Ivangorod par un pont. Plus de 90% de ses habitants sont russophones. Un héritage de la période soviétique. Aujourd'hui, comment la vie s'est-elle transformée à Narva depuis le début de la guerre de la Russie à grande échelle contre l'Ukraine ? À Narva, le grand parking était, jusqu'en 2024, le cœur battant de la ville frontalière. C'est là que transitaient toutes les voitures en partance ou de retour de Russie. Aujourd'hui, la frontière ne se traverse plus qu'à pied. Il n'y a plus que les bus qui amènent les Russes qui veulent rentrer chez eux. La ville se vide depuis le début de la guerre lancée par Moscou contre l'Ukraine. Les Russes ne peuvent plus venir en Estonie et cela affecte grandement la situation économique de Narva, comme le décrit la maire Katri Raik :« La vie à Narva avait déjà été touchée par le début du conflit en Ukraine en 2014. Depuis, il y a de moins en moins de touristes. Et maintenant, il est clair que le chiffre d'affaires commercial de Narva a diminué de près de 30%, ce qui constitue bien sûr un coup dur pour la ville. »Milan, jeune activiste politique, se présentera aux élections municipales de l'automne pour réveiller la ville. Il a donné rendez-vous en face de la mairie, un bâtiment historique à la façade rouge, un rare vestige de l'histoire à avoir survécu aux bombardements massifs de 1944 par l'armée soviétique : « La plupart des habitants de Narva sont venus pendant la période soviétique. Ils ont toujours les vieilles habitudes. Ils craignent d'être punis, déportés, tués s'ils s'expriment contre les autorités. Les gens sont très passifs ici au niveau politique. »À lire aussiLes pays baltes font face aux menaces grandissantes de la RussieLa hausse du coût de l'énergie impacte fortement les habitants de la ville. Un tiers des habitants sont des retraités. La Russie fait toujours peur. Milan se souvient de ce qui s'est passé, l'été dernier à Narva : « C'est parfois un peu effrayant ici. Il faut se souvenir que l'été dernier, les Russes ont fait voler un immense ballon d'espionnage. Les gens, ici, font parfois des blagues sur le séparatisme. Ils font un parallèle avec l'Ukraine et la République populaire de Donetsk. Ils parlent de la République populaire de Narva qui pourrait être créée. Rire de cela permet d'avoir moins peur. »Signe de la tension existante, les russophones de Narva se mettent à parler estonien dès qu'ils en ont la possibilité, preuve que la langue estonienne s'est imposée dans le pays.À lire aussiVivre à l'ombre des menaces, voyage dans les États baltes, face aux Russes et Biélorusses
Au Gabon, il n'y a pour l'instant que quatre candidats en lice pour la présidentielle du 12 avril prochain. En effet, 19 des 23 dossiers de candidature ont été rejetés, dimanche 9 mars, par le pouvoir. Mais plusieurs candidats recalés, comme le leader syndicaliste Jean-Rémy Yama, font appel devant la Cour constitutionnelle. Quelle est la marge de manœuvre de cette Cour ? Bergès Mietté enseigne à l'université internationale de Libreville et est chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde, à Sciences Po Bordeaux. En ligne de Libreville, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : 23 dossiers de candidature déposés, mais seulement quatre dossiers retenus. Qu'est-ce que vous en pensez ? Bergès Mietté : Cela suppose que ce scrutin-là a suscité beaucoup d'intérêt. Un engouement au regard du nombre de candidatures. On peut tout simplement déplorer que le nombre de dossiers retenus ne soit pas conséquent.Oui, 19 dossiers ont été rejetés…Oui, tout à fait.Alors, parmi les dossiers rejetés par le ministère de l'Intérieur, il y a ceux des quatre femmes qui voulaient être candidates. Et puis il y a le dossier d'une figure de la société civile, le leader syndicaliste Jean-Rémy Yama, qui a fait 18 mois de prison sous le régime Ali Bongo. Officiellement, il est recalé parce qu'il n'a pas présenté l'acte de naissance de son père, qui est né il y a plus d'un siècle, en 1920. Qu'est-ce que vous en pensez ? Alors au Gabon, il y a effectivement un problème d'état civil qui ne concerne pas que Jean-Rémy Yama, beaucoup de personnes. Je pense que, étant donné que les autorités sont conscientes de cette question-là, le problème d'état civil, je pense qu'il devrait y avoir des mécanismes permettant de faciliter l'accès et l'établissement des jugements supplétifs, ne serait-ce que pour les candidats qui aspirent à la magistrature suprême.Alors Jean-Rémy Yama a introduit un recours devant la Cour constitutionnelle. Pour sa défense, il dit deux choses : 1. qu'en 1920, l'année où son père est né, le Gabon n'existait pas administrativement et 2. qu'il est inscrit, sur son acte de naissance à lui, que son père et sa mère sont gabonais. Est-ce que les juges de la Cour constitutionnelle vont être en mesure d'entendre ces deux arguments ? Mais on l'espère, tout simplement. Dès lors que la nationalité des parents figure bel et bien sur le document d'état civil du concerné, je pense que les juges en tiendront compte.Et si le recours de Jean-Rémy Yama est rejeté, est-ce qu'on pourra parler d'excès de formalisme ou d'une décision politique ? Je pense qu'on parlera plutôt d'excès de formalisme. Quand bien même on peut tenir compte des deux éléments, puisque, à la différence d'autres candidats, Jean-Rémy Yama apparaît davantage comme le candidat anti-système. Je pense que Jean-Rémy Yama tente d'incarner la nouvelle opposition gabonaise en construction. Et pour ce scrutin-là, pour beaucoup, l'idéal serait qu'il participe effectivement.Voulez-vous dire que, s'il ne peut pas se présenter, beaucoup de Gabonais diront qu'il a été écarté parce que le général Oligui Nguema en a peur ?Je pense que cette idée-là pourrait effectivement être mobilisée. Je pense que Jean-Rémy Yama a la particularité de pouvoir parler avec tout le monde. Et comme il n'a jamais appartenu officiellement aux régimes précédents, je pense que sa voix est entendue par beaucoup de Gabonais. Maintenant, si sa candidature est retenue, on verra sur le terrain comment il va se déployer.Longtemps, la Cour constitutionnelle a été présidée par Marie-Madeleine Mborantsuo, qui était une personnalité très proche du régime d'Ali Bongo. Elle a d'ailleurs été écartée au lendemain du coup d'Etat du 30 août 2023. Aujourd'hui est-ce que le nouveau président de la Cour, le magistrat Dieudonné Aba'a Owono, est considéré comme un proche du régime de Brice Clotaire Oligui Nguema ?Oui, tout à fait. Il pourrait être taxé de partialité en raison de sa proximité avec le président de la transition. Et d'ailleurs, sa nomination à la tête de la Cour constitutionnelle a fait réagir une certaine classe politique au niveau national.Le général Oligui Nguema et le magistrat Dieudonné Aba'a Owono sont cousins. Est-ce que ce lien de parenté peut nuire à la crédibilité à venir des décisions de la Cour ? On a vu récemment la sortie de Jean-Rémy Yama sur un processus de fraude qui était en marche. Et il appelait d'ailleurs les Gabonais à la vigilance. Mais ce qu'il faut dire, c'est qu'il y a d'autres candidats en lice. Il y a la candidature d'Alain-Claude Bilie-By-Nze, que je considère comme étant le principal challenger de Brice Oligui Nguema. Quand bien même Alain-Claude Bilie-By-Nze a été une décennie durant le visage du régime d'Ali Bongo, il apparaît auprès d'une certaine frange de la population comme une personne sulfureuse en raison de ses prises de position passées.Donc pour vous, si Jean-Rémy Yama ne peut pas se présenter, il n'y aura pas match ?Oui, je pense que la présidentielle du 12 avril 2025 ne sera pas très disputée, très compétitive. Et cette hypothèse-là se fonde sur trois faits majeurs. En premier lieu, il y a comme un consensus national autour de la candidature et la personne d'Oligui Nguema. Autre élément, donc, Oligui Nguema est l'auteur du coup d'Etat, ce fait historique est source d'adhésion et d'admiration. Et dernier élément, Brice Oligui Nguema n'a pas, comme je le disais tantôt, en face de lui des adversaires très fiables. Donc, faute de challenger, je pense que le scrutin présidentiel du 12 avril sera un match amical entre Oligui Nguema et un candidat de faible envergure.À lire aussiLes candidats à l'élection présidentielle gabonaise sont désormais connus
À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ce samedi 8 mars 2025, coup de projecteur sur le Pakistan. Selon un récent rapport d'une ONG locale, le taux national de condamnation pour viols et crimes d'honneur n'est que de 0,5%. Un chiffre choquant qui révèle les profondes lacunes du système judiciaire pakistanais lorsqu'il s'agit de rendre justice aux femmes victimes de violences. Les violences domestiques sont peu recensées, mais chaque semaine les médias locaux relaient de nombreuses affaires de viols, de crimes d'honneur, de violences domestiques et d'enlèvements à travers le pays. Parmi les initiatives mises en place il y a quelques années par les autorités pour soutenir les victimes, des postes de police au personnel exclusivement féminin. Reportage dans le commissariat pour femmes et entièrement féminin d'Islamabad. De notre correspondante à Islamabad, Le commissariat 100% féminin d'Islamabad, au Pakistan, est niché derrière des murs bleu pastel surmontés de fils barbelés. Dans l'un des bureaux ce jour-là, une femme d'une trentaine d'années au visage caché derrière un masque médical, un voile rose sur les cheveux. « Oui madame, qu'est-ce qui vous amène ? », demande la policière. « Mon mari se comporte mal avec moi », répond la femme. « Que fait-il ? » « Il trouve toujours des raisons pour se disputer avec moi, il m'accuse de le tromper. » « Vous a-t-il déjà violentée ? » « Oui, plusieurs fois. » « Quand cela s'est produit dernièrement ? » « Il y a deux, trois jours. » « Voulez-vous déposer plainte, on devra alors faire votre examen médical ? » « Oui. » C'est la première fois que cette femme, mariée depuis cinq ans, mère d'un petit garçon âgé d'un an, sans emploi, franchit le pas du poste de police. « J'ai hésité avant de venir parce que j'ai peur que ma famille, que les gens posent ensuite des questions sur ce qu'il se passe et que cela m'amène des problèmes. » Après quelques minutes de conversation, elle revient sur sa décision de porter plainte : « Je veux que madame la policière parle à mon mari. Bien sûr, c'est mon époux, s'il change je ne porterai pas plainte contre lui. » À écouter aussiLes policières, héroïnes au PakistanCe revirement n'étonne pas la chef de ce poste de police, Misbah Shahbaz. Une cinquantaine de femmes se présentent chaque semaine. Dans 70% des cas, il s'agit de violences domestiques. « Il y a souvent des cas de violences répétées. Nous essayons alors vraiment de convaincre la femme pour qu'elle dépose une plainte. Mais le fait est que les femmes préfèrent généralement régler les choses à l'amiable, souvent parce qu'elles ont des enfants, à cause de la société et des normes sociales aussi. Et puis n'oublions pas le poids du traumatisme qu'elles ont après avoir subi des violences. Et puis il y a aussi les familles qui s'en mêlent. Les familles qui leur disent : “pardonne-lui, on va lui parler, on va le raisonner, il ne recommencera pas.” Dans ces conditions-là, c'est très compliqué de les convaincre de porter plainte. » Le poste de police 100% féminin est sans conteste un argument majeur pour inciter les femmes à signaler les violences et les abus dont elles sont victimes, mais la société patriarcale et conservatrice les maintiennent encore largement dans le silence. À lire aussiLa militante Malala Yousafzai de retour au Pakistan pour un sommet sur l'éducation des filles
Ce samedi 8 mars, comme tous les ans, c'est la journée internationale des droits des femmes. Dans ce contexte, focus sur un sujet très important dans l'indépendance et l'émancipation des femmes, à savoir la détention d'un compte bancaire. Décryptage. C'est un enjeu essentiel. Rien qu'en France, cela fera 60 ans en juillet que les femmes ont obtenu le droit de détenir un compte en banque à leur nom. Dans d'autres pays, il faut parfois toujours l'autorisation du mari pour faire cette démarche. Bref, toutes les femmes de tous les pays ne sont pas logées à la même enseigne sur ce sujet. Car gérer son propre argent en toute autonomie, c'est un puissant levier d'émancipation.Pourtant, d'après le Fonds monétaire international, à l'échelle du globe, plus d'un milliard de femmes dans le monde n'ont toujours pas accès aux services financiers formels. Seulement deux tiers des femmes possèdent un compte bancaire, contre pratiquement quatre hommes sur cinq. Plusieurs régions sont plus concernées que d'autres, comme par exemple en Afrique subsaharienne où seulement 37% des femmes ont un compte en banque contre 48% des hommes. Une tendance qui reflète les obstacles sociaux, économiques, culturels et technologiques auxquels les femmes continuent de se heurter dans l'accès aux services financiers ! Des pistes pour changer les choses Cette situation a de multiples conséquences. La première d'entre elle, c'est la dépendance au conjoint ou aux parents. Sans compte personnel, impossible de tout simplement gérer son budget, ses revenus, sa consommation, son épargne et de contracter un crédit. Difficile aussi de se protéger financièrement en cas de séparation, de divorce ou de perte d'emploi. Il y a plusieurs explications à cette situation. D'abord, l'écart de rémunération entre femmes et hommes qui joue sur la capacité d'épargne et d'investissement. Concrètement, moins vous gagnez, moins vous avez de chance d'obtenir un prêt. Ensuite, des freins culturels existent dans certains pays pour l'accès aux services bancaires. À lire aussiLes inégalités entre les femmes et les hommes dans le travail toujours fortes dans le mondePour faire bouger les lignes, on peut par exemple penser à l'accès à l'éducation financière. Plusieurs structures et entreprises se mobilisent sur le sujet, comme le géant français L'Oréal qui a signé une charte l'été dernier pour que les femmes aient plus facilement accès à ce type de formations et d'apprentissage dès le plus jeune âge, mais aussi encourager l'entreprenariat féminin, avec des aides et des financements dédiés. On peut aussi noter la promotion de l'égalité salariale et donc lutter contre toute forme de discrimination. Bref, pour que les femmes reprennent, ou prennent, c'est selon, le pouvoir sur l'argent !
À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ce samedi 8 mars 2025, coup de projecteur sur le Pakistan. Selon un récent rapport d'une ONG locale, le taux national de condamnation pour viols et crimes d'honneur n'est que de 0,5%. Un chiffre choquant qui révèle les profondes lacunes du système judiciaire pakistanais lorsqu'il s'agit de rendre justice aux femmes victimes de violences. Les violences domestiques sont peu recensées, mais chaque semaine les médias locaux relaient de nombreuses affaires de viols, de crimes d'honneur, de violences domestiques et d'enlèvements à travers le pays. Parmi les initiatives mises en place il y a quelques années par les autorités pour soutenir les victimes, des postes de police au personnel exclusivement féminin. Reportage dans le commissariat pour femmes et entièrement féminin d'Islamabad. De notre correspondante à Islamabad, Le commissariat 100% féminin d'Islamabad, au Pakistan, est niché derrière des murs bleu pastel surmontés de fils barbelés. Dans l'un des bureaux ce jour-là, une femme d'une trentaine d'années au visage caché derrière un masque médical, un voile rose sur les cheveux. « Oui madame, qu'est-ce qui vous amène ? », demande la policière. « Mon mari se comporte mal avec moi », répond la femme. « Que fait-il ? » « Il trouve toujours des raisons pour se disputer avec moi, il m'accuse de le tromper. » « Vous a-t-il déjà violentée ? » « Oui, plusieurs fois. » « Quand cela s'est produit dernièrement ? » « Il y a deux, trois jours. » « Voulez-vous déposer plainte, on devra alors faire votre examen médical ? » « Oui. » C'est la première fois que cette femme, mariée depuis cinq ans, mère d'un petit garçon âgé d'un an, sans emploi, franchit le pas du poste de police. « J'ai hésité avant de venir parce que j'ai peur que ma famille, que les gens posent ensuite des questions sur ce qu'il se passe et que cela m'amène des problèmes. » Après quelques minutes de conversation, elle revient sur sa décision de porter plainte : « Je veux que madame la policière parle à mon mari. Bien sûr, c'est mon époux, s'il change je ne porterai pas plainte contre lui. » À écouter aussiLes policières, héroïnes au PakistanCe revirement n'étonne pas la chef de ce poste de police, Misbah Shahbaz. Une cinquantaine de femmes se présentent chaque semaine. Dans 70% des cas, il s'agit de violences domestiques. « Il y a souvent des cas de violences répétées. Nous essayons alors vraiment de convaincre la femme pour qu'elle dépose une plainte. Mais le fait est que les femmes préfèrent généralement régler les choses à l'amiable, souvent parce qu'elles ont des enfants, à cause de la société et des normes sociales aussi. Et puis n'oublions pas le poids du traumatisme qu'elles ont après avoir subi des violences. Et puis il y a aussi les familles qui s'en mêlent. Les familles qui leur disent : “pardonne-lui, on va lui parler, on va le raisonner, il ne recommencera pas.” Dans ces conditions-là, c'est très compliqué de les convaincre de porter plainte. » Le poste de police 100% féminin est sans conteste un argument majeur pour inciter les femmes à signaler les violences et les abus dont elles sont victimes, mais la société patriarcale et conservatrice les maintiennent encore largement dans le silence. À lire aussiLa militante Malala Yousafzai de retour au Pakistan pour un sommet sur l'éducation des filles
Les entreprises mondiales ont versé des dividendes record en 2024 : 1750 milliards de dollars. C'est colossal et cette tendance implique bon nombre de questions. Mais déjà, comment expliquer cette dynamique ? Pour vous faire une idée et mieux comprendre, ces dividendes mondiaux de 1750 milliards de dollars représentent l'équivalent du produit intérieur brut (PIB) d'un pays comme la Corée du Sud. Deux principales raisons à ce niveau : d'abord, les valeurs des entreprises de la tech ont bénéficié de résultats exceptionnels. Il faut souligner un tournant majeur pour trois d'entre elles puisque pour la première fois de leur histoire, les états-uniennes Meta et Alphabet, tout comme la chinoise Alibaba ont versé des dividendes à leurs actionnaires. Le secteur plait beaucoup, porté évidemment par l'intelligence artificielle. Autre explication, c'est que ce niveau de dividendes mondiaux est porté par les valeurs financières. Comprenez par là les banques et les assurances par exemple ! Faut-il récompenser les actionnaires ? Ce niveau record de dividendes mondiaux d'un montant de 1750 milliards de dollars signifie tout simplement que ce sont les actionnaires qui vont se partager cette somme. Un résultat qui prouve que l'économie mondiale, stimulée, on l'a dit notamment, par les valeurs du secteur de la tech, va plutôt bien. À lire aussiLes grandes entreprises annoncent des dividendes record en France et dans le monde au deuxième trimestreDe là à dire que c'est une bonne nouvelle, il faut relativiser, car comme souvent, pas de réponse claire, nette et précise. D'un côté, oui, c'est une bonne nouvelle, cela veut dire que les entreprises sont assez prospères et qu'elles font assez de résultats pour distribuer des dividendes. Et récompenser les actionnaires, c'est les inciter à réinvestir une partie de leur capital en action. Par ailleurs, un bon cours de bourse, c'est important pour une entreprise.D'un autre côté, on se doit de nuancer car ces dividendes records, c'est de l'argent qui n'est pas directement réinvesti par les entreprises pour préparer leur croissance future et en plus cela contribue à entretenir les inégalités, alors qu'au même moment les filets sociaux sont de plus en plus minces parce que les finances d'un nombre grandissant d'États sont dans le rouge. Alors sur le fond, est-ce que récompenser un actionnaire avec plusieurs millions de dollars de dividende, c'est une bonne chose, quand un travailleur en reçoit seulement quelques dizaines de milliers par an, la question se pose ! À quoi sert cet argent ? Dans la grande majorité des cas, il semble que ces dividendes servent plus à faire grandir le patrimoine des actionnaires, qu'à stimuler le développement des entreprises. Concrètement, une grande partie de cet argent serait d'abord investi dans la pierre pour constituer un patrimoine immobilier en achetant maison et appartement. C'est moins risqué que les actions et les produits financiers. Cela entretient une économie de rente, moins intéressante collectivement. Mais on peut aussi taxer ces dividendes pour les redistribuer à destination des ménages les plus modestes. C'est une option que beaucoup considèrent comme viable, mais attention, dans un monde concurrentiel et mondialisé, la marge de manœuvre est faible, car les gouvernements ont peur de la fuite des capitaux et hésitent donc à taxer davantage les revenus financiers. La question est donc : quelle politique mener ? Cela va être tout l'enjeu de ces prochains mois car, malgré un environnement économique incertain, notamment marqué par les tensions commerciales depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, le cabinet Janus Henderson table sur une croissance globale de 5 % pour cette année. Une hausse qui, appliquée aux dividendes, les porterait vers un nouveau record de 1 830 milliards de dollars.
On a tout dit de la vie romanesque de Romy Schneider, entre son rôle d'Impératrice dans Sissi qui l'a fait connaître dans le monde entier, sa rencontre avec Alain Delon, et ses rôles inoubliables chez Claude Sautet. Fasciné par cette légende du cinéma, Stéphane Betbeder signe avec Romy Schneider, je ne suis plus Sissi une BD intimiste, qui lève le voile sur une enfance et une adolescence autrichiennes marquées par la Seconde guerre mondiale et la découverte, pleine de fascination et de naïveté, du milieu du cinéma. À lire aussiLes mille-et-une vies de Superman exposées à Angoulême
On a tout dit de la vie romanesque de Romy Schneider, entre son rôle d'Impératrice dans Sissi qui l'a fait connaître dans le monde entier, sa rencontre avec Alain Delon, et ses rôles inoubliables chez Claude Sautet. Fasciné par cette légende du cinéma, Stéphane Betbeder signe avec Romy Schneider, je ne suis plus Sissi une BD intimiste, qui lève le voile sur une enfance et une adolescence autrichiennes marquées par la Seconde guerre mondiale et la découverte, pleine de fascination et de naïveté, du milieu du cinéma. À lire aussiLes mille-et-une vies de Superman exposées à Angoulême
L'Afrique du Sud vient de faire ses comptes : ses exportations agricoles sont en augmentation pour la sixième année consécutive. Elles ont atteint en 2024 un nouveau record, +3% en valeur. Ces revenus records ont été permis par des volumes exportés plus importants, à des prix plus élevés pour certains produits, explique la Chambre de commerce agricole sud-africaine. Ces bons chiffres sont aussi le résultat d'une stratégie d'ouverture du pays à un plus grand nombre d'acheteurs ces dernières années : 44% des échanges se font désormais avec des pays d'Afrique, environ 20% avec l'Union européenne, et à peu près autant avec l'Asie et le Moyen-Orient.En tête des listes des secteurs porteurs, il y a toujours celui des agrumes, suivi par celui des raisins. Ces dix dernières années, la taille des vergers n'a fait qu'augmenter – de 64 000 hectares en 2013 à 100 000 hectares en 2023 –, et la production d'agrumes avec. Tous fruits confondus – oranges, citrons, pomelos, mandarines –, l'Afrique du Sud réalise aujourd'hui 70% du commerce mondial pendant la saison d'été, c'est-à-dire de mai à septembre, voire parfois jusqu'à début octobre, avant que les pays méditerranéens ne reprennent le dessus.Les atouts sud-africains L'Afrique du Sud a fait un gros effort en terme de qualité et de variétés proposées. Elle offre une gamme relativement large, qui lui permet de toucher plus de consommateurs. Ces progrès sont liés en partie au climat du pays : il est particulièrement adapté, au sud, aux petits agrumes et aux citrons, et au nord, aux pomelos et aux oranges. Enfin, l'organisation de la filière y fait aussi beaucoup. Une filière « exemplaire » selon Éric Imbert, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).Résultat : l'Afrique du Sud a pris le pas depuis plusieurs années sur le Chili, l'Argentine, le Pérou et l'Australie, les autres pays qui comptent sur le marché des agrumes frais, pendant la saison d'été.L'impact sur les prix diffère selon les agrumesLa montée en puissance de la production sudafricaine a des impacts variables sur les prix. Pour les mandarines, les prix se tiennent car la demande est bonne, grâce à une consommation de plus en plus importante l'été, en Europe notamment. Pour le citron, c'est différent. Le marché est proche de la saturation, les experts parlent d'une demande « moins élastique ». Donc avec plus d'offre, la compétition augmente, ce qui est, sur le papier, plutôt un facteur de baisse des prix.Pendant la saison d'été, la production sud-africaine reste, quel que soit l'agrume, celle qui donne le ton du marché. Et cela devrait encore durer : « Tous les vergers plantés ces dernières années ne sont pas arrivés à maturité », explique Éric Imbert. La capacité de production du pays pourrait encore augmenter d'ici 2030. À lire aussiLes producteurs sud-africains d'oranges séduits par les prix du jus
La jeune chanteuse française Dinaa sort un deuxième disque de huit titres intitulé Finalement. Dinaa s'est fait connaître sur les réseaux sociaux grâce à ses deux titres phares, Lisa et Finalement, qui lui ont offert une grande visibilité et une reconnaissance artistique et lui ont ouvert les scènes de vedettes telles qu'Angus & Julia Stone, Texas et Sofiane Pamart. Âgée aujourd'hui de 20 ans, Dinaa est l'une des nouvelles figures de la scène musicale. À lire aussiLes femmes sont à l'honneur (Dinaa, Alsarah, Celia Wa, Queen Rima) et NTM dégaine en live
La jeune chanteuse française Dinaa sort un deuxième disque de huit titres intitulé Finalement. Dinaa s'est fait connaître sur les réseaux sociaux grâce à ses deux titres phares, Lisa et Finalement, qui lui ont offert une grande visibilité et une reconnaissance artistique et lui ont ouvert les scènes de vedettes telles qu'Angus & Julia Stone, Texas et Sofiane Pamart. Âgée aujourd'hui de 20 ans, Dinaa est l'une des nouvelles figures de la scène musicale. À lire aussiLes femmes sont à l'honneur (Dinaa, Alsarah, Celia Wa, Queen Rima) et NTM dégaine en live
Des pays comme le Maroc, le Kenya ou le Sénégal avancent à grandes enjambées sur la structuration des écosystèmes d'intelligence artificielle (IA) en misant sur les talents locaux. Les principaux défis du continent restent les financements d'infrastructures et de moyens pour collecter les données qui feront l'IA africaine. Pour faire de l'intelligence artificielle, il faut des data centers (centres de données) qui permettent de stocker d'immenses masses d'informations. Il faut des supercalculateurs, sorte d'ordinateurs à très haute performance. Ce sont des infrastructures qui nécessitent des investissements lourds. Il faut également collecter de la donnée africaine, explique Paulin Melatagia, enseignant et chercheur en informatique à l'université de Yaoundé I :« L'IA est bâtie sur la donnée. Si on a une donnée qui représente une certaine réalité, l'IA rendra compte de cette réalité-là. Il faut donc, pour rendre compte de la réalité africaine, disposer de données africaines. La collecte de données demande énormément de moyens. Il faut déjà des experts, il faut des ressources matérielles, il faut des financements pour aller sur le terrain, pour déployer les outils qui vont permettre cette collecte-là. »À lire aussiPaulin Melatagia, chercheur camerounais: «L'IA est très utilisée pour les prédictions agricoles en Afrique»L'Afrique, pourvoyeuse de talentsPour le chercheur, les ingénieurs africains doivent être des concepteurs capables de proposer de nouveaux algorithmes, et non plus seulement des consommateurs d'interfaces créées par les grands groupes comme OpenAI. « On a une jeunesse dynamique qui apprend très vite l'intelligence artificielle. Et à travers le monde, il y a une tension énorme sur les talents de l'IA. Donc, l'Afrique peut jouer un rôle de pool de talents de l'IA pour le monde entier », s'enthousiasme Ghita Mezzour, l'ancienne ministre de la Transformation numérique du Maroc aujourd'hui consultante en intelligence artificielle. Le Maroc compte notamment sur sa prestigieuse université Mohammed-VI-Polytechnique pour attirer de nombreux talents africains. La difficulté, pour ces ingénieurs et entrepreneurs, reste de trouver des financements pour tenir le rythme de la course effrénée à l'IA. À écouter aussiLes start-ups marocaines, véritables pépites du CES de Las VegasÉthique et protection des données« Les jeunes sont là, les idées sont là, les technologies sont là, poursuit Ghita Mezzour. Maintenant, c'est vrai que les start-up africaines ont besoin de plus d'accompagnement, de plus de visibilité, de plus de financement pour arriver au monde entier à l'échelle globale. »Pour encadrer cette révolution de l'IA, faut-il un cadre réglementaire strict édicté pays par pays ? « Pas nécessairement », assure Sonia Cissé, avocate spécialisée en protection des données. « La gouvernance de l'intelligence artificielle, c'est plutôt, encore une fois, un cadre éthique. Une volonté de protéger les données, une volonté de mettre en place les mesures de sécurité nécessaires, sans nécessairement que ce soit gravé dans un marbre réglementaire ou législatif », poursuit-elle. Le Nigeria a récemment franchi une étape importante en adoptant un cadre national. Des pays comme le Ghana, le Cameroun et la Côte d'Ivoire avancent aussi rapidement sur ces questions de gouvernance de l'IA. À écouter aussiIntelligence artificielle : les enjeux d'une compétition mondiale
La plupart des économistes sur place estiment que l'Australie saura faire valoir ce statut d'allié stratégique pour éviter d'être directement sanctionné. Mais redoutent que la hausse massive des droits de douane promise par Donald Trump sur les exportations venues de Chine, le principal partenaire commercial de l'Australie, aura indirectement des conséquences lourdes sur l'économie de l'île-continent. De notre correspondant à Canberra,Protéger le marché américain de la concurrence étrangère, en rendant artificiellement les produits venus d'ailleurs plus chers, c'est la promesse formulée par Donald Trump tout au long de sa campagne victorieuse. « Le mot droit de douane, c'est le plus beau mot dans le dictionnaire. Il va rendre notre pays riche », s'est-il exclamé. Un discours aux antipodes de celui porté par le gouvernement australien, qui se présente pour sa part comme un champion du libre échange.Mais malgré ces divergences de vue, l'économiste Richard Holden, de l'université de Nouvelle-Galles du Sud, et comme nombre de ses collègues, pense que l'Australie a de bons arguments pour échapper à de nouvelles barrières douanières. « Je crois que l'Australie est bien placée pour les éviter. Nous sommes un allié proche et assez important des États-Unis dans le Pacifique. Qui plus est, Donald Trump laisse entendre que le pacte Aukus va être maintenu, ce qui veut dire que nous allons devenir un allié militaire encore plus important pour les États-Unis. Et mettre en difficulté un allié de cette nature, ce n'est pas une très bonne idée. L'autre point important à souligner, c'est que la balance commerciale des États-Unis est excédentaire avec l'Australie », explique-t-il.En revanche, il est beaucoup moins optimiste concernant la Chine, avec qui Donald Trump a déjà mené une guerre commerciale lors de son premier mandat. Or, la Chine est aussi le premier partenaire commercial de l'Australie. Elle y a écoulé en 2023 plus de 130 milliards d'euros de marchandises, soit près du tiers de toutes ses exportations. « Des droits de douane massifs appauvriraient la Chine, à un point qu'ils ne seraient plus disposés, ou plus capables d'acheter nos produits agricoles haut de gamme, par exemple les homards, le bœuf wagyu ou nos vins les plus onéreux. Et cela nous ferait mal » redoute-t-il.Un point de vue partagé par Medo Pournader, de la faculté d'économie de l'université de Melbourne. Mais elle veut croire que l'Australie, malgré un protectionnisme américain a priori défavorable à son économie, pourrait tirer son épingle du jeu. « Ce n'est pas que du sang et des larmes, il y a peut-être même de belles opportunités pour l'Australie. Je crois que nous devons négocier avec les États-Unis pour éviter des droits de douane. Ou, a minima, qu'ils soient moins élevés que pour d'autres pays, ce qui nous permettrait d'exporter davantage de produits australiens aux États-Unis », espère-t-elle. Face à un président américain qui place les relations personnelles au-dessus de tout, tout dépendra de la capacité d'Anthony Albanese, le Premier ministre australien, à le séduire.À lire aussiLes États-Unis suspendent pour un mois leurs tarifs douaniers avec le Mexique et le Canada
Cela fait cinq ans que le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne. Le 31 janvier 2020, une période de transition s'ouvrait pour faciliter le passage, mais les Britanniques n'étaient déjà plus citoyens de l'UE. En 2016, ils avaient voté en majorité pour le Brexit, et le milieu agricole comptait parmi les fervents partisans de la sortie. Cinq ans plus tard, le bilan est mitigé. Cela fait cinq ans que la cloche du Big Ben, au Parlement de Westminster, a retenti. À 23h, elle annonçait la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Cette cloche-là, c'est celle qui annonce le début des enchères aux moutons du marché de Melton Mowbray. Richard est présent ce matin, bien qu'il n'ait pas de moutons à vendre cette fois-ci. Cet éleveur apprécie l'ambiance du marché.« On nous avait dit qu'avec le Brexit, les prix allaient chuter et que l'agneau britannique n'aurait plus de demande à cause des droits de douane. Mais c'est tout le contraire. La demande est là, et aucune taxe n'a été imposée sur l'agneau britannique, pour l'instant en tout cas. La demande la plus forte vient du Moyen-Orient, d'Arabie saoudite, d'Israël et de Turquie. Hors Union européenne. Mais également plus près de nous, d'Espagne et d'Italie et de France. Et puisque ces clients avaient une relation commerciale avec nous avant le Brexit, ils continueront cette relation après le Brexit ».Un avis, qui n'est pas partagé par tousAndrew Wheeler, cultivateur de céréales à quelques kilomètres de là, a stocké toute sa récolte dans son entrepôt. Lui aussi avait voté pour la sortie de l'Union européenne en 2016. « J'ai voté en faveur du Brexit pour quitter l'UE pour un certain nombre de raisons. Mais c'est probablement mon cœur qui l'a emporté sur ma tête. L'une des raisons pour lesquelles je voterais différemment aujourd'hui, c'est que je vois que notre gouvernement ne s'intéresse pas à l'agriculture. Lorsque nous étions membres de l'Union européenne, il ne fait aucun doute que la pression exercée par les agriculteurs, surtout les français, avait de l'impact à Bruxelles. L'UE avait peur, elle a toujours peur, des agriculteurs. Ce n'est pas le cas du gouvernement britannique ».À lire aussiAu Royaume-Uni, les agriculteurs manifestent contre un projet de taxe sur la successionLe principal syndicat de fermier britannique, le NFU, tient une permanence au marché de Melton Mowbray. James Haddon, son représentant local, reçoit de nombreuses plaintes, notamment de la part des producteurs de fruits et légumes, qui peinent à recruter la main-d'œuvre saisonnière venue d'Europe de l'Est avant le Brexit.« Vous travaillez toute l'année pour avoir une récolte et vous n'êtes pas en mesure de la faire. C'est pourquoi la NFU souhaiterait un plan stratégique quinquennal pour les travailleurs saisonniers. Pour qu'ils puissent venir en nombre raisonnable, donc sans plafond arbitraire, afin que tous les aliments cultivés puissent être récoltés avec succès ».Le gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir en juillet, veut revoir et améliorer la relation entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Mais il reste catégorique : un retour à la liberté de mouvement est exclu.À écouter aussiLes défis du Royaume-Uni, cinq ans après le Brexit
Le secteur du luxe est à la peine. Le groupe LVMH, fleuron tricolore du secteur, a publié ses résultats de 2024 ce mardi et ils sont mauvais. Les bénéfices du géant du luxe ont nettement chuté : -17%. Illustration bien concrète d'un secteur en pleine métamorphose. Décryptage. Pour reprendre le vocabulaire du luxe, la tendance n'est plus au vert, mais plutôt au rouge ces dernières années ! L'an passé, la consommation de produits de luxe a clairement ralenti, à tel point qu'elle s'est contractée de 2%. D'après le cabinet Bain and Company, entre 2022 et 2024, ce sont 50 millions de consommateurs habitués aux articles de luxe qui ont renoncé à ce type d'achat. Baisse de la demande qui se ressent sur le marché, on le constate avec les résultats de LVMH, mais il y a tout de même du positif. Les ventes pour l'année dernière se sont stabilisées à environ 363 milliards de dollars. Des consommateurs absents... Plusieurs raisons pour expliquer cette situation d'un secteur qu'on pourrait imaginer intouchable. D'abord, la clientèle n'a pas répondu autant présente qu'avant, notamment la clientèle chinoise, puisque ce marché représentait l'année dernière 22% des ventes de produits de luxe. Le pays n'est donc plus le moteur de la croissance du secteur et ça se ressent. On notera aussi que le marché américain est suspendu aux décisions sur les droits de douane envisagés par Donald Trump qui, de jour en jour, deviennent de plus en plus concrets. Et puis les clients consomment différemment. Beaucoup préfèreront une croisière, un séjour dans un hôtel de luxe ou vivre une expérience plutôt qu'acheter un sac en cuir, une montre ou un tailleur haute couture. ... aux vendeurs qui font les mauvais choix De l'autre côté de la balance, les grands groupes ont continué à miser sur l'élasticité des prix. Parce qu'ils vendent de la rareté, certains se sont permis d'augmenter leurs prix, peut-être un peu trop : +54 % entre 2019 et 2024 d'après HSBC. Ce qui coûtait, imaginons, 10 000 euros en coûte aujourd'hui 15 400. Une hyperinflation qui est mal passée auprès des consommateurs, le secteur a ainsi atteint la limite d'un effet économique qui s'appelle l'« effet Veblen ». Concrètement, plus un produit est cher et plus il est demandé. Maintenant, il semblerait que ce ne soit plus le cas. À lire aussiLes milliardaires du luxe français ont connu des revers de fortune en 2024Différentes pistes pour le secteur Deux solutions s'offrent aux grands groupes. Soit, se recentrer sur l'ultra luxe avec certains produits iconiques, qui font office de référence, et continuer de s'adresser à une clientèle très fortunée. Soit, parler à une classe moyenne supérieure qui, à travers le monde, prend de plus en plus de place. D'après le cabinet Bain, ce sont plus de 300 millions de nouveaux clients potentiels de cette classe qui vont émerger d'ici à dix ans dans différentes régions du globe comme le Moyen-Orient, l'Inde, l'Asie du Sud-Est ou encore l'Afrique. Le tout évidemment en respectant des critères environnementaux et sociaux, car cet aspect devient un déclencheur d'achat important. Même si, pour le moment, la croissance sera lente, elle restera positive. Le cabinet McKinsey table sur une croissance annuelle estimée entre 1% et 3% jusqu'en 2027. Le temps pour les grands groupes d'ajuster leurs stratégies et de retrouver des couleurs !
Ce week-end, un câble sous-marin a été endommagé en pleine mer Baltique entre la Suède et la Lettonie. Les autorités suédoises ont appréhendé, hier lundi, un bateau bulgare dans le cadre d'une enquête pour « sabotage aggravé » car ces câbles sous-marins sont stratégiques. Décryptage. Comme souvent, quoi de mieux que des chiffres pour vous faire une idée ? Plus de 500 câbles sous-marins sont aujourd'hui déployés tout autour de la planète. Mis bout à bout on arrive à environ 1,5 millions de kilomètres. C'est évidemment beaucoup, à peu près 38 fois le tour de la Terre. Dans ces câbles, il passe tout un tas d'informations. De la télécommunication, des discussions en temps réel, des images, des vidéos, bref, tout ce que l'on peut trouver aujourd'hui sur nos ordinateurs, dans nos téléphones et dans nos télévisions. On y trouve aussi des données, évidemment essentielles et confidentielles, pour les grandes entreprises et les forces militaires.C'est simple, 99 % des communications passent par ces câbles sous-marins d'à peine dix centimètres d'épaisseur. Historiquement, ils appartiennent dans la majeure partie des cas à des consortiums, c'est un peu comme des copropriétés dans les immeubles. On parle ici d'alliance entre plusieurs acteurs comme des États ou des opérateurs de télécommunication. Ils fournissent ensuite l'accès à ces câbles à des clients moyennant rémunération. Mais le secteur a évolué et aujourd'hui il est porté dans l'écrasante majorité des cas par les GAFAM : Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft notamment sont de nouveaux entrants dans le marché. À cela on peut ajouter — et ce n'est pas négligeable – que ces câbles sont toujours plus puissants, que les technologies évoluent très vite. Typiquement, un câble immergé il y a cinq ans est déjà surpassé par celui qui l'a été aujourd'hui. Des autoroutes de l'info Du fait de la quantité de données qui transitent, ces câbles sont devenus des actifs essentiels qu'il faut protéger. Les câbles sous-marins sont ainsi des enjeux majeurs de sécurité, de souveraineté informationnelle, mais aussi économique.De ce fait, ils font l'objet de toutes les attentions, mais pas à l'abri pour autant d'accidents : chaque année, on répertorie entre 150 et 200 incidents ou défaillance. Cela peut être des glissements de terrains sous-marins mais surtout, 80 % de ces incidents sont liés à un facteur humain, en général pas malveillant. On parle là de pêcheurs qui accrochent les câbles avec leurs filets ou des ancres marines qui traînent et qui les arrachent. Mais ces dernières années, on a assisté à une hausse des tensions géopolitiques et . On a vu ressurgir des actes de piraterie ou de malveillance. Des bateaux, y compris de pêche, sont soupçonnés de sabotage volontaire. C'est un épiphénomène certes, mais il est de plus en plus pris au sérieux. À lire aussiWebdoc: un océan de câbles sous-marinsPlusieurs programmes ont été lancés par l'Union européenne ou par l'OTAN pour assurer la surveillance des infrastructures sous-marines. Mais il y aura toujours un risque ou une zone d'ombre car à 1000 mètres et plus de profondeur, difficile de surveiller chaque centimètre de câble !À lire aussiLes câbles sous-marins : une bataille géopolitique à surveiller
Sur la manchette cette semaine des Têtes d'affiches de Denise Epoté de TV5 Monde, deux prodiges de la technologie qui ont représenté la tech africaine au CES de Las Vegas aux États-Unis : le Franco-marocain Nabil Moumane fondateur de «SenseBiotek», une solution électronique médicale visant à détecter les cancers. Et, le Bissau-guinéen Laurent Mendy, créateur de «Renew Tech» qui permet de garantir un avenir énergétique durable grâce à l'hydrogène. À lire aussiLes start-ups marocaines, véritables pépites du CES de Las Vegas
Il y a dix ans, la déclaration de Malabo fixait les priorités pour combattre l'insécurité alimentaire en Afrique. Du 9 au 12 janvier en Ouganda, le sommet de l'Union africaine a débouché sur la déclaration de Kampala, nouvelle feuille de route pour l'agriculture et l'alimentation sur le continent pour la prochaine décennie. Des priorités qui avaient été discutées quelques mois plus tôt pendant le Forum africain des systèmes alimentaires à Kigali. Contrairement à la déclaration de Malabo, centrée sur le secteur agricole, l'agenda approuvé à Kampala, en Ouganda, adopte une approche plus globale des besoins du système agro-alimentaire du continent. « Il ne suffit pas de produire, approuve Marc Bertin Gansonre, député et secrétaire général de la Confédération paysanne du Burkina Faso. Il faut aussi apporter une valeur ajoutée à cette production, apporter de la connaissance aux agriculteurs, pour qu'ils puissent utiliser les techniques et les technologies. Il faut aussi travailler sur des infrastructures routières et accompagner le secteur industriel à se développer. C'est un grand chantier, reconnaît-il, mais on va se donner les moyens de réussir ce que nous avons commencé. »Approche globalePour l'heure, les objectifs très ambitieux de Malabo, comme l'affectation de 10% du budget de chaque pays à l'agriculture, ou encore la réduction de moitié de la pauvreté d'ici à 2025, sont loin d'avoir été atteints par les États membres. « Nous constatons que très peu, si ce n'est aucun pays, n'a réussi à allouer 10% de ses budgets nationaux à l'agriculture, regrette Jérémy Lissouba, député congolais et secrétaire général du réseau parlementaire africain sur les systèmes alimentaires. Notre vrai défi n'est pas un défi technique, technologique ni même financier. Notre vrai défi est un défi politique. Kampala doit être une décennie décisive pour relancer cette volonté politique. »À lire aussiSommet de Kampala: l'Afrique trace sa nouvelle feuille de route agricoleDéfi politiqueD'ici à 2035, la déclaration de Kampala vise notamment à réduire de moitié les pertes post-récoltes, à tripler le commerce intra-africain de produits alimentaires ou encore à augmenter de 35% les aliments transformés localement. « Dans le monde de l'après-conférence de Malabo, souligne Donald Brown, vice-président du Fonds international de développement agricole, il sera important de traduire les déclarations du niveau continental vers les organismes économiques régionaux, tels que la SADC et la Cédéao, où les ministères des Finances seront mutuellement responsables des résultats obtenus. »Rendre les ministres redevablesLa déclaration de Kampala réaffirme l'urgence de développer la capacité du continent à nourrir ses habitants, dont 58% sont touchés par une forme modérée ou sévère d'insécurité alimentaire, selon la Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Un enjeu d'autant plus important face aux prévisions de croissance démographique estimant à 2,5 milliards d'habitants la population africaine d'ici à 2050.À lire aussiLes systèmes alimentaires africains profondément transformés par l'urbanisation
Pour la sixième année consécutive, le Soudan du Sud a été frappé en 2024 par des inondations catastrophiques. 1,4 million de personnes ont été touchées, dont 379 000 ont dû fuir de chez elles. Dans le comté d'Ayod, les populations nuer ont fui vers l'est et trouvé refuge sur le canal de Jonglei. De notre envoyée spéciale à Pajiek, au Soudan du Sud, Les tukuls, des huttes sud-soudanaises rondes au toit de chaume, et les abris des familles déplacées par les inondations défilent sur les rives du canal de Jonglei. Au passage du bateau, les enfants dévalent les berges et plongent dans l'eau pour jouer dans les vagues. Mathok Kong Char, employé de l'ONG Catholic relief services, explique : « Ces inondations viennent de l'ouest, et la communauté ne sait pas quand elles vont s'assécher ». Plus de 8 000 personnes vivent dans ce villagePajiek a été créé à partir de rien en 2021, à l'est du canal de Jonglei. Ici, il n'y a aucun service de base. Seule l'aide alimentaire larguée par avion par le Programme alimentaire mondial (PAM) soulage un peu le quotidien. Des dizaines de femmes font la queue pour recevoir leur ration. Mathok Kong Char supervise la distribution : « Quand ils sont venus ici, ça a été très difficile pour eux. Ils n'avaient rien, aucun abri, aucune couvertures, car ils ont tout perdu pendant les inondations de 2021 ». Un sac de sorgho de 50 kg sur la tête, Nyabuot Reath Kuor se dirige à pas rapides vers chez elle. La vie ici à Pajiek est rude. Mais retourner un jour vivre à Gorwai, son village natal, semble bien improbable. « Gorwai est complètement sous l'eau. Tout a changé là-bas, ce n'est plus un endroit vivable. Les arbres sont morts, il ne reste que des hautes herbes. Vous ne reconnaissez même plus où était le village, et encore moins où était votre maison. Gorwai est devenu un marécage ». À lire aussiLes inondations au Soudan aggravées par le changement climatique, selon un rapportDes inondations depuis les années 1960Débuté il y a des décennies, ce phénomène d'expansion des marais du Nil préoccupe le chef coutumier Peter Kuach Gatchang : « Notre communauté a déjà été déplacée vers l'est par les inondations dans les années 1960. Nous avons de la chance d'avoir ce canal de Jonglei, il nous sert de digue, mais si les inondations s'aggravent et nous chassent à nouveau, nous ne savons pas où nous irons ». Le chef traditionnel déplore la « négligence » des autorités à l'égard des déplacés de Pajiek, tout particulièrement dans le domaine de la santé. Les malades doivent en effet être transportés à pied par leurs proches dans l'eau des inondations pour rejoindre la clinique la plus proche.À lire aussiGuerre au Soudan: le Soudan du Sud sous le choc après les exactions de l'armée à Wad Madani
Joao Lourenço vient d'achever une visite de 2 jours en France. Le président angolais participait hier à un forum économique au Medef après s'être entretenu jeudi à l'Élysée avec le président Macron. Paris et Luanda entendent développer les échanges bilatéraux. Les deux présidents se sont également engagés à « renforcer les consultations politiques » entre leurs deux pays sur les « enjeux internationaux et régionaux ». Quel a été la teneur des échanges entre les présidents Macron et Lourenço sur le conflit dans l'Est de la RDC ? Comment parvenir à relancer le processus de Luanda, aujourd'hui enlisée ? Comment l'Union africaine, dont l'Angola va prendre la présidence le mois prochain, peut-elle faire entendre sa voix au sujet de la guerre au Soudan ? Autant de questions que Pierre Firtion a posé à notre invité, Téte António, le ministre angolais des Affaires étrangères. À lire aussiLes présidents angolais et français prônent un «partenariat resserré» entre leurs deux pays
Avec près de 75 000 visiteurs depuis son ouverture en novembre 2024, l'exposition Zombis, la mort n'est pas une fin ? est un succès au musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris. À rebours des clichés des créatures au teint verdâtre, cet événement explore un mythe authentique : le zombi. Et il existe vraiment à Haïti. Entre réalité et fiction, laissez-vous envouter au musée parisien qui révèle les vérités cachées derrière cette figure emblématique du « non-mort », mondialement popularisée par le cinéma hollywoodien et la pop culture. Exposition Zombis, la mort n'est pas une fin ? jusqu'au 16 février 2025.À lire aussiHaïti : les zombis débarquent au musée du Quai BranlyÀ lire aussiLes zombies existent… en Haïti
7 janvier 2015 - 7 janvier 2025. Il y a tout juste 10 ans s'ouvrait en France une phase de terrorisme d'une ampleur exceptionnelle. En janvier : une série d'attentats qui vise tout d'abord le journal Charlie Hebdo. Et en novembre, l'attaque encore beaucoup plus meurtrière contre le Bataclan, notamment. En janvier 2015 à Paris, du 7 au 9 : 3 attentats s'enchainent. Trois terroristes islamistes, tous Français, tuent à l'arme de guerre 17 personnes. Ils veulent venger le prophète Mahomet, selon leurs termes, caricaturé par le journal Charlie Hebdo. Douze personnes sont tuées à la rédaction. Le lendemain, une policière municipale est abattue à Montrouge, non loin d'une école juive. Puis, le 9 janvier, c'est l'attentat antisémite de la porte de Vincennes : quatre clients de l'Hyper Cacher sont abattus.Dix ans plus tard, nous avons fait le choix de rediffuser ce reportage, à base d'archives de la rédaction. Il nous plonge avec violence au cœur de ces trois jours, qui n'ont pas encore fini de soulever l'émoi en France et bien au-delà. « Retour sur les attentats de janvier 2015 », un grand reportage réalisé par Laura Martel et Pierre Chaffanjon.À lire aussiLes attentats jihadistes sur le sol français depuis 1995
Si le Nouvel An est synonyme de festivités, il marque aussi le moment pour beaucoup de formuler des résolutions et d'envisager un nouveau départ. En Côte d'Ivoire, cette tradition est profondément ancrée, le passage à une nouvelle année étant souvent perçu comme une opportunité de changement. Nouvelles résolutions, nouveaux départs, paroles d'Ivoiriens à l'aube de 2025. De notre correspondant à Abidjan,À quelques heures de la nouvelle année, Moussa est fidèle à son poste, dans le quartier des Deux-Plateaux à Abidjan. Depuis près d'un an, ce jeune homme aide les chauffeurs de taxis collectifs, appelés wôrô-wôrô, à trouver des clients. Mais pour 2025, il nourrit un rêve simple : devenir chauffeur professionnel. « En 2025, je souhaite apprendre à conduire. Que Dieu me donne quelqu'un pour m'aider avec un taxi, je vais travailler et payer, déclare-t-il. Si Dieu me donne l'opportunité de devenir chauffeur personnel pour une bonne personne, ça m'arrangerait. Je veux juste gagner ma vie. » Moussa n'est pas le seul à rêver de mieux. Pour Kéal Bédé Dja, chargée de communication dans une entreprise de la place, les résolutions ne sont pas qu'un exercice de style. En 2024, elle avait décidé de reprendre ses études, mais le rythme du travail a freiné ses ambitions : « Je m'étais fixé comme objectif de faire un master. J'ai commencé les cours, mais avec le travail, ce n'est pas toujours évident de suivre le rythme. Ça a été un bel exercice, mais je n'ai pas pu terminer. » Pour 2025, Kéal reste déterminée. Elle reconduit cette résolution, en y ajoutant un objectif professionnel. « Il y a plusieurs domaines dans lesquels on intervient, et ce n'est pas toujours facile d'honorer nos engagements sur tous ces aspects. Donc, il faudra travailler sur soi-même pour produire de meilleurs résultats », affirme-t-elle. À lire aussiLes 10 articles les plus lus de 2024 pour enrichir vos connaissancesTaire ses résolutions et se donner des objectifs accessiblesCependant, d'autres, plus superstitieux, préfèrent garder enfouis en eux leurs aspirations pour la nouvelle année qui s'annonce. « La résolution se passe dans la tête. Je ne veux pas en dire plus en tant que bon Africain, indique Michel, dans son salon de coiffure. Je sais seulement qu'il y a des changements que je dois apporter dans ma vie. » Qu'on les affiche ou qu'on les garde pour soi, les résolutions ne tiennent souvent qu'à un fil. « Il faut prendre deux ou trois résolutions à notre portée, et beaucoup d'autodiscipline, remarque Charlen Boni, coach comportementale. Pour elle, la clé réside dans la simplicité et la discipline. Il faut aussi composer avec la spiritualité, parce que nos émotions nous définissent. Trouver la paix intérieure peut nous donner la motivation de continuer. » 2025 est aussi une année électorale en Côte d'Ivoire. Les Ivoiriens caressent un vœu : bâtir un avenir où leurs ambitions ne seront pas freinées par les turbulences politiques. À écouter dans Appels sur l'actualitéEmission spéciale: 2024 dans le rétroviseur [1]
À l'extrême sud-ouest de l'archipel des Canaries, l'île d'El Hierro est certainement la plus étonnante. La plus petite avec ses 278 km², la moins peuplée avec ses 10 500 habitants, la plus isolée des sept îles. Et aussi la plus écologique. Depuis 2000, elle est classée réserve de la biosphère par l'Unesco. Depuis 2014, elle fait partie des géoparcs mondiaux, et, surtout, elle dispose d'une centrale hydro-éolienne, Gorona del Viento, qui lui assure en moyenne par an plus de la moitié de son électricité produite d'origine renouvelable. De notre envoyé spécial dans l'île du Hierro Dans un cratère volcanique, une réserve d'eau. 650 mètres plus bas, près de l'océan, une autre réserve d'eau, en face, deux conduits qui les relient. « Ici, nous avons une chute d'eau, avec un dépôt supérieur à 700 mètres et un dépôt inférieur à 50 mètres, ce qui veut dire que nous avons une chute hydraulique de 650 mètres pour générer de l'électricité avec les turbines », décrit l'ingénieur Félix BodaJuste à côté, une immense salle hébergeant 5 turbines, qui ensemble produisent 11,5 mégawatts. Juste derrière, cinq éoliennes gigantesques, qui à plein rendement produisent aussi 11,5 mégawatts. L'originalité de cette centrale, Gorona del Viento, c'est précisément la combinaison de ces deux sources d'énergie renouvelable.Felix Boda en explique le fonctionnement et la philosophie : « Le cœur du mécanisme, c'est le système éolien. Avec les aérogénérateurs, on alimente l'île et le système de pompage. Et ensuite, nous avons le système hydroélectrique. Il fonctionne lorsqu'il n'y a plus de vent. Quand c'est le cas, on fait tomber l'eau stockée et cela permet de produire l'électricité que le vent ne peut plus générer. Les deux systèmes se complètent et s'appuient pour générer une énergie stable ».C'est cette centrale qui permet à l'île d'El Hierro de se diriger vers l'auto-suffisance énergétique. Tout, bien sûr, repose sur la force du vent. S'il est très puissant, alors l'île consomme 100% d'énergie renouvelable. Lorsqu'il n'y a pas assez de vent, l'hydroélectrique supplée, et lorsque ses piles sont déchargées, une centrale thermique juste à côté prend la relève.Candelaria Sanchez est l'une des responsables de Gorona de Viento, une entreprise à la fois publique et privée. Elle explique l'objectif de cette centrale : « Oui, notre idée est d'aller vers la décarbonation complète de l'île pour la partie électrique. On n'arrête pas de faire des améliorations dans les installations pour que la part du renouvelable soit de plus en plus importante et on espère bientôt être totalement renouvelable 355 jours par an ». Candelaria se réfère à un projet ambitieux photovoltaïque, dans une autre partie de l'île qui permettrait à El Hierro une autosuffisance supérieure à 80%. Une ambition qui s'accompagne du fait que déjà l'île a fait des choix écologiques. Pas de grands hôtels, pas de grand aéroport, un tourisme soutenable.Des scientifiques sont venus de Corée du Sud, d'Hawaï, de Scandinavie pour étudier ce modèle unique. Les autorités de l'île savent qu'elles sont sur le bon chemin. Leur obsession est de poursuivre l'effort et de parvenir à être la première île qui fonctionnerait uniquement à l'énergie renouvelable.À lire aussiLes îles Canaries face au défi de la transition énergétique
Chaque année, en Angleterre, il y a une tradition à Noël: regarder et commenter les pubs à la télévision ! Elles sont devenues un véritable phénomène culturel, mêlant émotion, créativité et surtout… des budgets colossaux. Décryptage de ces machines à sous. De notre correspondante au Royaume-Uni,Cette année, le très attendu spot publicitaire des grands magasins John Lewis met en scène une femme qui, en cherchant un cadeau pour sa sœur, revit les moments clés de leur relation.Le budget ? Il n'est jamais clairement dévoilé, mais il tourne autour de 7 millions de livres, soit près de 9 millions d'euros.C'est qu'il faut tenir la compétition de la meilleure publicité, car chaque année, dans les bureaux de Sainsbury's, Tesco au Royaume-Uni, mais aussi chez Coca-Cola ou encore Amazon, un chargé de campagne a une grande responsabilité : gagner la course de Noël.Pourquoi cette pression ?Pour créer un lien émotionnel avec le consommateur qui associe la marque à des souvenirs positifs. Mais aussi, parce qu'une bonne publicité rapporte jusqu'à 20 fois l'argent investi.Pour Jason Gale, le fondateur des London Lifestyle Awards, c'est le moment de l'année où il faut tout miser sur l'émotion.« Les gens achètent avec le cœur, et Noël est une période très sentimentale. Les publicités intelligentes comme celle de John Lewis parlent d'émotions. Elles sont si fortes qu'elles sont comme des mini-films dont on se souvient pendant toute l'année. À mon avis, ça vaut chaque centime dépensé. »Une publicité pour faire vibrer une corde sensibleL'an dernier, les dépenses publicitaires autour de Noël ont généré près de 8 milliards de livres pour les marques britanniques. Pour Grace Jacobson, de l'agence Publicis, c'est toujours une question d'argent, mais aussi l'occasion de rêver un peu. « À Noël, les gens veulent s'évader. Ils veulent voir une publicité qui les transporte ailleurs, qui leur fait ressentir quelque chose, que ce soit de la nostalgie, de la joie ou toute autre émotion qui éveille quelque chose en eux. Des marques comme John Lewis, Marks & Spencer, Lidl ou JD Sports, qui ont mis l'accent sur la famille et les différentes formes qu'elle peut prendre, réussissent particulièrement bien à capter cet esprit. Et puis il a quelque chose de vrai, en phase avec ce que les gens vivent, notamment au Royaume-Uni. C'est une période où les publicités ne semblent pas uniquement dire "achetez, achetez, achetez", mais cherchent plutôt à faire vibrer une corde sensible. Même si, au bout du compte, l'objectif reste de vendre un produit et de générer des bénéfices, et de décrocher le prix de la meilleure publicité. »Ces trésors de publicité sont aussi sur Internet, commentés, classés, certains ont même leur page Wikipédia. Et c'est peut-être ça, les nouveaux contes de Noël.À lire aussiLes «mince pies», dessert fétiche des Britanniques à Noël
En Haïti, le Conseil présidentiel de transition instaure l'État d'urgence sur tout le territoire, pour un mois, à partir de dimanche. Alter Presse précise que l'objectif est de « faciliter les diverses interventions des forces de l'ordre dans la lutte contre l'insécurité et faire face à la crise agricole et alimentaire du pays ». Le Nouvelliste revient d'ailleurs sur l'impact de l'insécurité sur l'économie et l'agriculture dans le département de l'Artibonite. Le quotidien cite l'entrepreneur Garry Dalencourt qui s'exprimait jeudi dans l'émission Panel Magik : les agriculteurs peinent à accéder aux semences et aux engrais, la production agricole est en chute libre, « exacerbée par l'isolement causé par les activités des gangs ».Illustration de cette insécurité : le saccage de l'hôpital Bernard Mevs à Port-au-Prince, incendié en début de semaine par les gangs. Cet hôpital de référence était connu pour avoir les technologies d'imagerie médicale les plus performantes d'Haïti, aujourd'hui tout ou presque est parti en fumée : le laboratoire, la salle d'imagerie, la pédiatrie... Kathleen Séjour Petit, administratrice générale de l'hôpital Bernard Mevs, se dit « choquée, anéantie », particulièrement pour ce qui est de la pédiatrie : « Quand on voit les enfants qui sont vraiment défavorisés, qui n'ont pas vraiment d'endroit où aller… » Et l'administratrice de souligner que l'hôpital était une grande référence pour tous les malades, et qu'il n'y avait aucune discrimination, « qu'il soit bandit ou honnête homme, la bourgeoisie, les défavorisés ». Les 289 employés, qui étaient restés pour cette raison, souligne-t-elle, n'ont plus d'emploi.À lire aussiHaïti : les gangs armés ont incendié l'hôpital de référence de Port-au-PrinceUn Conseil national de sécurité« Enfin », soupire Le National, un Conseil national de sécurité a été établi en Haïti – il était prévu dans l'Accord du 3 avril. Ce nouvel organe, explique la Primature, « composé d'experts nationaux, de professionnels de la diaspora et d'autres personnalités qualifiées, aura pour mission d'apporter des réponses globales et coordonnées à la crise sécuritaire ».« Le Conseil présidentiel de transition et le gouvernement du Premier ministre décident de beaucoup de choses et procèdent à des nominations », estime Frantz Duval dans Le Nouvelliste. Mais pour le moment, dans les faits, « rien n'impacte la vie de la population » : « Le pays vit avec d'un côté ceux qui prennent des coups et de l'autre ceux qui ne parviennent pas à les aider. »Le National relève d'ailleurs que les camps de déplacés se multiplient à Port-au-Prince, après les attaques par les gangs de Poste Marchand et Bas Lalue – qui ont contraint des milliers de familles à quitter leurs demeures. Et dans ces camps, « les conditions de vie sont lamentables », ce qui, se désole le quotidien, « contribue à aggraver la souffrance des déplacés ».« Shutdown » en vueAux États-Unis, le chef de la majorité républicaine a tenté de faire passer un nouveau texte pour éviter une paralysie de l'État fédéral, mais qui incluait la demande du président élu Donald Trump de relever le plafond de la dette. Il a été rejeté largement, parce que, écrit le New York Times, trente-huit députés républicains « ont défié Trump » en ajoutant leurs voix à celles des démocrates, dans ce que le quotidien considère comme un test de « l'emprise du président élu sur son parti ». D'autant que cette défiance n'est pas venue des quelques républicains modérés, mais bien de conservateurs qui normalement alignent leurs vues sur les siennes. On verra l'an prochain s'il s'agit d'un simple hoquet ou si c'est tout le programme du président qui est en danger – car rappelle le New York Times, « il suffira d'une poignée de républicains pour couler son agenda à la Chambre ou au Sénat ».En tout cas, cette bataille autour du budget montre l'influence d'Elon Musk sur le gouvernement, estime USA Today, qui titre même sur le « président élu Musk ». Car c'est bien le patron de Tesla qui s'est attaqué le premier, et très violemment, à la première mouture du projet de loi de financement, « la noyant sous un tsunami de plus de 100 posts », et ce, douze heures avant que Donald Trump lui-même n'intervienne. Pour le Washington Post, cet épisode « souligne les ramifications politiques du rôle sans précédent que Musk a joué dans l'élaboration de l'administration Trump. Il s'est prononcé sur les choix de ministres, a participé à des réunions avec des chefs d'État et agit désormais en tant qu'exécutant de l'agenda politique de Trump au Capitole. »À lire aussiLes États-Unis se rapprochent de la paralysie budgétaire après l'échec d'un nouveau texteVague de licenciements en ArgentineEn Argentine, Javier Milei continue de passer l'État à la tronçonneuse… Le ministère de la Justice a annoncé le licenciement de 2 400 employés, qui s'ajoutent aux 35 000 fonctionnaires licenciés depuis le début de l'année. Ce jeudi, les syndicats de la fonction publique avaient appelé à la mobilisation en face du ministère de la Justice. Le correspondant de RFI Théo Conscience a rencontré certains des manifestants, comme Mariano, qui a appris cette semaine qu'il était licencié sans indemnités : « Nous sommes des pères et des mères de famille, nous avons des enfants et nous allons nous retrouver sans revenu le mois prochain. Donc, nous demandons que la loi soit respectée et que nous recevions une juste indemnisation. » Paula Donadio, déléguée syndicale, souligne de son côté que les politiques publiques et les services assurés par le ministère de la Justice vont être également affectés : « Les espaces de mémoire de la dictature, l'assistance juridique aux victimes de violation des droits humains, l'accès à la justice… »À lire aussiArgentine : mobilisation des fonctionnaires de la Justice face aux coupes budgétaires de Javier MileiExtorsions en ÉquateurOn l'appelle « la vacuna » en Équateur, le « vaccin » : il s'agit de l'extorsion pratiquée par des criminels – racket d'individus ou d'entreprises. Le phénomène, qui s'est étendu dans ce pays d'Amérique latine, touche toutes les catégories de population. Notre correspondant en Équateur Eric Samson a contacté Mauricio Nuñez, un des chanteurs de musique romantique les plus populaires en Équateur. « La première fois », explique-t-il, « on a accepté de payer. La deuxième, on a porté plainte auprès du parquet et ils ne nous ont plus contactés. Ils demandaient 1 000 dollars par mois ». Les villes de la côte sont particulièrement touchées : à Guayaquil, les gens doivent parfois payer pour le simple fait d'avoir une maison. Victor Pinta a une épicerie dans le sud de la ville depuis près de neuf ans. Il a décidé de ne pas payer et de témoigner : il est constamment menacé et a été attaqué à plusieurs reprises.D'autres préfèrent quitter le pays, comme cette jeune femme partie pour les États-Unis. Elle a dorénavant moins de travail et de ressources qu'en Équateur.À lire aussiÉquateur : l'extorsion, la «vacuna», l'autre raison qui pousse la population à émigrerLe Journal de la 1èreLa Martinique continue de perdre des habitants
McKinsey va payer une amende de plus de 122 millions de dollars pour mettre fin à une enquête sur un système de corruption de fonctionnaires en Afrique du Sud. L'occasion de nous pencher sur la présence de ce type de structures sur le continent. Décryptage. Avant d'entrer dans le vif du sujet, il convient d'expliquer ce qu'est un cabinet de conseil. Il s'agit d'entreprises qui mettent à disposition de leur client des consultants. Leur mission: faire un état des lieux d'une situation donnée. Une fois que c'est fait, ils délivrent leurs avis ou leurs recommandations. Ces clients, ça peut être n'importe qui, de grands groupes internationaux aux Etats en passant par des institutions. Le recours à ces structures a un coût et il évolue évidemment en fonction des moyens qu'on y met mais comptez plusieurs milliers d'euros par jour, cela pour un consultant ! Différents États clients Les États et gouvernements sont très friands de ce genre de structures. Elles leur permettent de mettre au point leur stratégie de développement. Des dizaines de structures de ce type conseillent les différents gouvernements, McKinsey, PWC, KPMG, Boston Consulting Group par exemple, qui sont des groupes internationaux, mais il y a aussi des cabinets locaux qui opèrent sur le continent africain. D'ailleurs, au niveau mondial, le secteur connait une croissance annuelle d'au moins 10 %. À écouter aussiLes cabinets de conseil gouvernent-ils la France?Ces entreprises sont très sollicitées. Illustration au Sénégal, avec le plan Sénégal émergent, dont le premier jet a été élaboré par le cabinet de conseil américain McKinsey qui dressait les axes de développement du pays. Il y a aussi l'Afrique du Sud. Entre 2012 et 2016, ce même cabinet McKinsey a obtenu des millions de dollars pour conseiller le développement de deux entreprises publiques: Eskom pour l'électricité et Transnet pour les transports ! De nombreuses dérives D'après la justice américaine, qui a travaillé en lien avec les autorités sud-africaines, McKinsey a soudoyé, via des intermédiaires, des responsables de ces deux entreprises, en échange d'informations confidentielles sur les procédures d'attribution de lucratifs contrats de conseil qui lui ont rapporté près de 85 millions de dollars. Sauf que ces deux entreprises ont pratiquement fait faillite en raison justement d'une corruption généralisée, dont la mise au jour est devenue un scandale d'État. Alors évidemment il ne s'agit pas de généraliser. Les cabinets de conseils et leurs consultants, s'ils sont souvent discrets voire invisibles, ne sont pas tous des acteurs de la corruption. Et après cet accord entre la Justice américaine et McKinsey de 122 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites judiciaires aux États-Unis et en Afrique du Sud, le cabinet a affirmé qu'il était aujourd'hui un groupe différent du moment où les faits se sont produits. Une amende pour solde de tout compte qui passe mal en Afrique du Sud où certains auraient voulu voir les coupables traduits devant une cour criminelle. Et face au tollé déclenché par cette affaire, le gouvernement sud-africain a d'ailleurs décidé de ne pas collaborer avec McKinsey pour la préparation du sommet du G20 qui se tiendra l'année prochaine à Johannesburg ! À lire aussiClimat: en Australie, McKinsey suspecté de conflit d'intérêts dans ses activités de conseil au gouvernement
Au Japon, un tournant majeur – « historique », dit la presse – pour des dizaines de millions de salariés : le gouvernement compte interdire aux entreprises de faire travailler leur personnel pendant plus de 14 jours consécutifs. Deux semaines sans la moindre pause, cela paraît assez invraisemblable partout ailleurs, mais il faut savoir que dans l'archipel, rien n'empêche les entreprises de priver leurs employés de congés durant 48 jours d'affilée. La loi va donc être durcie, l'objectif étant de réduire le nombre de Japonais qui meurent d'avoir trop travaillé. De notre correspondant à Tokyo,La vie d'Emiko Sato a basculé, il y a onze ans. Quand sa fille, Mika, qui était journaliste à la télévision publique NHK, est décédée d'un arrêt cardiaque alors qu'elle n'avait que 31 ans. Après avoir travaillé pendant plusieurs semaines sans prendre le moindre congé, à raison de douze à quinze heures par jour. « Au Japon, tous les jours, le travail tue. Année après année, cette tragédie se répète inexorablement, car beaucoup d'entreprises sans scrupules maltraitent leur personnel. Ce n'est pas une loi qui changera les choses : c'est vous. Soyez à l'écoute des gens qui vous entourent et qui souffrent au travail. Je vous en supplie : protégez-les. Vous seuls pouvez leur sauver la vie. » Chaque année au Japon, plusieurs dizaines de salariés meurent d'avoir trop travaillé. Soit parce qu'ils succombent à un accident grave de santé survenu au bureau : un AVC ou un infarctus, par exemple. Soit parce que, épuisés physiquement et nerveusement, ils mettent fin à leurs jours, jugeant que leur vie n'a plus de sens. L'an dernier, près de 900 salariés nippons – un nombre record – ont été mis en arrêt maladie en raison de graves problèmes de santé mentale dus à leur environnement professionnel. Ne plus devoir travailler pendant des semaines sans le moindre jour de congé : ces salariés tokyoïtes saluent la réforme annoncée. Pour autant, ni l'enthousiasme, ni l'optimisme ne semblent de mise : « Cela fait des années qu'il aurait fallu interdire aux entreprises de forcer leurs employés à travailler durant 48 jours d'affilée. En ayant tant tardé à légiférer, nos hommes politiques se sont rendus coupables de non-assistance à personnes en danger. » Cet autre employé n'a pas vraiment le choix : « Moi, de toute façon, je dois travailler six jours par semaine, donc le samedi aussi. Sinon, je ne m'en sors pas financièrement, à la fin du mois, mon salaire ayant beaucoup moins augmenté que le coût de la vie. »À lire aussiLes travailleurs japonais rêvent de pouvoir déconnecter après leur travailSeulement dix jours de congé par anCette employée pense qu'il sera difficile de faire appliquer la loi sous peine d'être « mal vu » : « Quel salarié osera exiger de bénéficier de ce nouveau droit de ne pas devoir trop travailler ? Au Japon, c'est absolument inconcevable de dire non à son employeur ou de le traîner en justice s'il enfreint la loi, c'est signer son arrêt de mort professionnel. »Les salariés japonais ne prennent que la moitié des jours de congé auxquels ils ont droit. Ce qui, au bout du compte, ne fait que 10 jours de vacances par an – 10,9, très précisément. Car s'absenter trop souvent est mal vu et considéré comme un manque de dévouement à son employeur. La réforme annoncée par le gouvernement a beau être considérée comme un basculement historique, il n'est pas sûr qu'elle changera ce trait majeur de la culture d'entreprise nippone, qui occasionne tant de souffrances aux travailleurs. Des études comparatives internationales montrent que seuls 60% des Japonais sont satisfaits de leur travail et ont le sentiment de s'y épanouir : un taux nettement moins élevé que dans la plupart des grands pays industrialisés.
Pour la deuxième année consécutive, l'Allemagne connaîtra cette année une phase de récession. L'industrie automobile, premier employeur industriel du pays avec 800 000 salariés et 564 milliards d'euros de chiffre d'affaires, est particulièrement touchée. De notre correspondante à Berlin,Les grands noms du secteur automobile annoncent tous les uns après les autres de mauvais résultats. Notamment Volkswagen, le numéro 1 en Europe. 60 000 salariés travaillent à Wolfsburg, où se trouve le siège du constructeur. La crise chez Volkswagen tient la région en haleine.Dans l'usine de Wolfsburg, il est presque 14 heures, l'heure du changement d'équipe. Des groupes d'hommes et de femmes sortent, visage fermé, de ce qui ressemble à une bouche de métro. Un écriteau fixé en haut des escaliers indique Tor 17. L'entrée 17 de l'usine, à 200 mètres de la gare, est l'une des plus utilisées par les salariés.Samia vient de finir sa journée. Fille d'immigré tunisien, cette employée de bureau, doudoune rouge et visage avenant, a connu plus d'une crise chez Volkswagen. « Ce n'était pas comme maintenant, confie-t-elle. Je ne peux pas vraiment dire pourquoi. Mais cette collègue, par exemple, je parlais avec elle tout à l'heure, elle est là depuis 43 ans, elle part cette année à la retraite. Elle disait qu'elle n'avait jamais vu ça. Bien sûr, il y a toujours des solutions. Mais là, ce sont vraiment des solutions violentes. Des licenciements… Il faut voir, les gens ont peur pour leur emploi, pour leur sécurité. » À lire aussiLes craintes de l'industrie allemande après l'élection de Donald Trump aux États-UnisTrois usines pourraient fermer Samia s'inquiète notamment pour les salariés des usines d'ex-RDA du groupe, des régions où il sera plus difficile de retrouver un emploi. À Wolfsburg, chaque famille tremble depuis que le constructeur a annoncé début septembre vouloir résilier la garantie de l'emploi négociée avec les syndicats. Des dizaines de milliers de postes sont menacés. Trois usines pourraient fermer en Allemagne, pour la première fois dans l'histoire du groupe.À lire aussiAutomobile: le constructeur Volkswagen envisage de fermer trois sites en AllemagneDevant la porte 17, l'inquiétude est palpable. Franck, la quarantaine, fils et petit-fils d'ouvriers de l'usine, s'apprête à prendre son poste. « Je travaille dans l'atelier des portes, on pose les câbles, la vitre, les isolants tout autour, le rétroviseur. Le rythme, c'est normalement une minute par geste. Mais comme la production a diminué, on a baissé. On est maintenant à deux minutes », explique cet ouvrier.Les négociations sur l'avenir du groupe, entre la direction, le puissant comité d'entreprise et le syndicat IG Metall, reprendront le 21 novembre dans le stade Volkswagen de la ville, financé par le constructeur. À lire aussiDes élections législatives anticipées enfin fixées dans une Allemagne en crise