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Reportage International
Colombie: l'essor de l'açaï offre un espoir pour les paysans dépendants de la coca

Reportage International

Play Episode Listen Later Jul 29, 2025 2:36


La production de cocaïne continue de battre des records en Colombie, portée par l'extension rapide des cultures illicites de coca. En un an, elle a bondi de près de 34%, selon les derniers chiffres officiels. Dans le Putumayo, les plantations de coca sont omniprésentes. Il s'agit du premier département producteur de coca de Colombie, avec plus de 50 000 hectares consacrés à cette culture illicite, contrôlés par les groupes armés. Mais une petite baie amazonienne, l'açaï, suscite ici de nouveaux espoirs économiques et écologiques. De notre envoyée spéciale à Puerto Asis, Darío est venu chercher son dû à l'entreprise et ONG Amapuri - CorpoCampo qui achète ses fruits. À plus de 70 ans, ce paysan du Putumayo a été l'un des premiers à croire en l'açaï comme alternative à la coca. Pour lui, cela a tout changé. « Avant, je gagnais ma vie avec la coca. Puis j'ai réalisé que la coca était de toute façon un gros problème. Alors, on a commencé à planter de l'açaï. Cela bien marché pour nous : on n'a plus de problèmes avec personne. L'açaï est un produit qui rapporte de l'argent et apporte du bien-être. Avec cela, j'ai complètement arrêté la coca », raconte-t-il. Comme Darío, près de 1 400 familles du Putumayo se sont tournées vers ce « super aliment » avec l'aide de Corpocampo. Julio, par exemple, y voit un moyen de vivre dignement. « Je pense que l'açaï, c'est ma retraite. C'est l'espoir que les choses s'amélioreront à un moment. Car de l'açaï, on peut sortir beaucoup de produits dérivés, donc il n'y a pas de problème », explique-t-il. Depuis le début des années 2000, les programmes de substitution de la coca se succèdent dans le département, sans grand succès. Mais l'açaï pourrait offrir un avenir plus stable. C'est dans cet objectif qu'a été créé Amapuri - CorpoCampo, comme l'explique Yimy, l'un des fondateurs. « Malheureusement, depuis plus de 40 ans dans le Putumayo, toute une génération a été élevée avec la coca. Il y a des jeunes qui ne savent rien faire d'autre que de vivre de la coca, de la culture, de la transformation, parfois du transport. Cela conduit certains d'entre eux à s'impliquer dans des groupes armés, ce qui génère de la violence. Avec l'açaï, nous cherchons à changer cet esprit et à faire en sorte que les gens commencent à se rendre compte qu'il existe un modèle économique légal », détaille-t-il. Mais cette aubaine n'est pas sans risques : le boom annoncé de l'açaï pourrait bien, comme au Brésil, favoriser la monoculture et menacer la forêt. Ici, le pari est donc différent et repose sur l'agroforesterie, comme l'explique Mauricio, un technicien agronome venu cet après-midi, malgré les trombes d'eau, conseiller les paysans sur la santé de leurs palmiers. « L'idée est de rétablir la biodiversité perdue en Amazonie à la suite de l'abattage des forêts pour l'économie illicite. Dans le Putumayo, nous mettons en place des systèmes agroforestiers, dans lesquels le palmier d'açaï est associé à d'autres espèces, y compris des cultures natives de la région », affirme-t-il. Un enjeu de taille pour que, demain, les enfants du Putumayo puissent grandir loin de la coca et préserver un bout d'Amazonie. À lire aussiLes descendants d'esclaves africains, gardiens de la forêt amazonienne

Reportage international
Colombie: l'essor de l'açaï offre un espoir pour les paysans dépendants de la coca

Reportage international

Play Episode Listen Later Jul 29, 2025 2:36


La production de cocaïne continue de battre des records en Colombie, portée par l'extension rapide des cultures illicites de coca. En un an, elle a bondi de près de 34%, selon les derniers chiffres officiels. Dans le Putumayo, les plantations de coca sont omniprésentes. Il s'agit du premier département producteur de coca de Colombie, avec plus de 50 000 hectares consacrés à cette culture illicite, contrôlés par les groupes armés. Mais une petite baie amazonienne, l'açaï, suscite ici de nouveaux espoirs économiques et écologiques. De notre envoyée spéciale à Puerto Asis, Darío est venu chercher son dû à l'entreprise et ONG Amapuri - CorpoCampo qui achète ses fruits. À plus de 70 ans, ce paysan du Putumayo a été l'un des premiers à croire en l'açaï comme alternative à la coca. Pour lui, cela a tout changé. « Avant, je gagnais ma vie avec la coca. Puis j'ai réalisé que la coca était de toute façon un gros problème. Alors, on a commencé à planter de l'açaï. Cela bien marché pour nous : on n'a plus de problèmes avec personne. L'açaï est un produit qui rapporte de l'argent et apporte du bien-être. Avec cela, j'ai complètement arrêté la coca », raconte-t-il. Comme Darío, près de 1 400 familles du Putumayo se sont tournées vers ce « super aliment » avec l'aide de Corpocampo. Julio, par exemple, y voit un moyen de vivre dignement. « Je pense que l'açaï, c'est ma retraite. C'est l'espoir que les choses s'amélioreront à un moment. Car de l'açaï, on peut sortir beaucoup de produits dérivés, donc il n'y a pas de problème », explique-t-il. Depuis le début des années 2000, les programmes de substitution de la coca se succèdent dans le département, sans grand succès. Mais l'açaï pourrait offrir un avenir plus stable. C'est dans cet objectif qu'a été créé Amapuri - CorpoCampo, comme l'explique Yimy, l'un des fondateurs. « Malheureusement, depuis plus de 40 ans dans le Putumayo, toute une génération a été élevée avec la coca. Il y a des jeunes qui ne savent rien faire d'autre que de vivre de la coca, de la culture, de la transformation, parfois du transport. Cela conduit certains d'entre eux à s'impliquer dans des groupes armés, ce qui génère de la violence. Avec l'açaï, nous cherchons à changer cet esprit et à faire en sorte que les gens commencent à se rendre compte qu'il existe un modèle économique légal », détaille-t-il. Mais cette aubaine n'est pas sans risques : le boom annoncé de l'açaï pourrait bien, comme au Brésil, favoriser la monoculture et menacer la forêt. Ici, le pari est donc différent et repose sur l'agroforesterie, comme l'explique Mauricio, un technicien agronome venu cet après-midi, malgré les trombes d'eau, conseiller les paysans sur la santé de leurs palmiers. « L'idée est de rétablir la biodiversité perdue en Amazonie à la suite de l'abattage des forêts pour l'économie illicite. Dans le Putumayo, nous mettons en place des systèmes agroforestiers, dans lesquels le palmier d'açaï est associé à d'autres espèces, y compris des cultures natives de la région », affirme-t-il. Un enjeu de taille pour que, demain, les enfants du Putumayo puissent grandir loin de la coca et préserver un bout d'Amazonie. À lire aussiLes descendants d'esclaves africains, gardiens de la forêt amazonienne

Les dessous de l'infox
Enquête sur la SDA: les dessous d'une entreprise russe de désinformation, dangers et limites

Les dessous de l'infox

Play Episode Listen Later Jul 25, 2025 29:30


Gros plan sur l'une des principales officines russes dans le domaine des ingérences numériques : la Social Design Agency s'est fait dérober une masse de données en ligne. Ces fuites en disent long sur le dispositif informationnel du Kremlin. Elle révèle l'évolution d'une PME de « technologie politique » devenue prestataire du Kremlin pour ses opérations d'ingérence en Europe, et au-delà.  Comment une petite entreprise de conseil politique devient un acteur majeur d'intoxication informationnelle, de l'échelon provincial russe à l'international. C'est ce que nous explique le chercheur Kevin Limonier. Une fuite de données massive émanant de la Social Design Agency, permet de mettre en lumière les activités nocives de ce maillon du dispositif d'ingérence russe, mais aussi ses limites.  Kévin Limonier, professeur des universités en géographie et en études slaves, co-dirige le laboratoire GEODE, pour Géopolitique de la data sphère, partenaire de cette émission. Il est l'auteur de La guerre numérique de Vladimir Poutine : enquête sur les hackers d'Etat en Russie dans la revue Le Grand Continent.  À lire aussiLes élections européennes ciblées par une vaste campagne de désinformation   Modeste officine opérant depuis 2017, la SDA de Ilia Gambashidze s'est habillement positionnée dans le sillage de Evgueni Prigojine, à la disparition de ce dernier. L'entreprise a ainsi vu son chiffre d'affaires dopé à partir de 2022, par les commandes liées à la guerre en Ukraine. À titre d'exemple, l'opération « Doppelgänger » et la publication de sites-miroir usurpant l'identité de grands médias européens pour diffuser le narratif du Kremlin, lui ont été officiellement attribuées par la France. Mais sa mise sous sanction n'a pas eu d'incidence majeure sur son activité.  La chronique d'Olivier Fourt de la cellule info vérif de RFI : Moldavie, la cause LGBT utilisée comme vecteur de la désinformation anti-UE, à deux mois des élections dans ce pays. 

Les dessous de l'infox
Enquête sur la SDA: les dessous d'une entreprise russe de désinformation, dangers et limites

Les dessous de l'infox

Play Episode Listen Later Jul 25, 2025 29:30


Gros plan sur l'une des principales officines russes dans le domaine des ingérences numériques : la Social Design Agency s'est fait dérober une masse de données en ligne. Ces fuites en disent long sur le dispositif informationnel du Kremlin. Elle révèle l'évolution d'une PME de « technologie politique » devenue prestataire du Kremlin pour ses opérations d'ingérence en Europe, et au-delà.  Comment une petite entreprise de conseil politique devient un acteur majeur d'intoxication informationnelle, de l'échelon provincial russe à l'international. C'est ce que nous explique le chercheur Kevin Limonier. Une fuite de données massive émanant de la Social Design Agency, permet de mettre en lumière les activités nocives de ce maillon du dispositif d'ingérence russe, mais aussi ses limites.  Kévin Limonier, professeur des universités en géographie et en études slaves, co-dirige le laboratoire GEODE, pour Géopolitique de la data sphère, partenaire de cette émission. Il est l'auteur de La guerre numérique de Vladimir Poutine : enquête sur les hackers d'Etat en Russie dans la revue Le Grand Continent.  À lire aussiLes élections européennes ciblées par une vaste campagne de désinformation   Modeste officine opérant depuis 2017, la SDA de Ilia Gambashidze s'est habillement positionnée dans le sillage de Evgueni Prigojine, à la disparition de ce dernier. L'entreprise a ainsi vu son chiffre d'affaires dopé à partir de 2022, par les commandes liées à la guerre en Ukraine. À titre d'exemple, l'opération « Doppelgänger » et la publication de sites-miroir usurpant l'identité de grands médias européens pour diffuser le narratif du Kremlin, lui ont été officiellement attribuées par la France. Mais sa mise sous sanction n'a pas eu d'incidence majeure sur son activité.  La chronique d'Olivier Fourt de la cellule info vérif de RFI : Moldavie, la cause LGBT utilisée comme vecteur de la désinformation anti-UE, à deux mois des élections dans ce pays. 

Chronique des Matières Premières
Face au changement climatique, les prix de l'alimentation s'envolent dans le monde

Chronique des Matières Premières

Play Episode Listen Later Jul 24, 2025 1:55


Les prix de l'alimentation augmentent à cause du changement climatique, selon une étude publiée cette semaine dans Environmental Research Letters. Les auteurs analysent seize exemples à travers le monde. Aucun continent n'est épargné par ces hausses qui ont suivi des périodes de chaleur extrême, de sécheresse ou de précipitations abondantes entre 2022 et 2024. Et les réponses des États restent court-termistes. Au Royaume-Uni, c'est le prix des pommes de terres qui a augmenté de 22% l'année dernière à cause des fortes pluies hivernales. Au Pakistan, le prix des denrées alimentaires a bondi de 50% dans les semaines qui ont suivi les inondations d'août 2022. Des pluies de mousson inhabituelles, que le changement climatique a rendu entre 50% et 75% plus intenses, estiment les chercheurs. Les canicules en Asie l'année dernière ont entraîné des hausses des prix des oignons en Inde, du chou en Corée du Sud, jusqu'au riz au Japon. En avril 2024, les prix mondiaux du cacao ont augmenté de près de 300% à la suite de la vague de chaleur record qui a frappé la Côte d'Ivoire et le Ghana deux mois plus tôt. À eux deux, ces pays représentent près des deux tiers de la production mondiale de cacao. Un évènement majeur pour leurs économies. Des enjeux sanitaires, sociaux et politiques Cette hausse des prix a des répercussions bien plus vastes que simplement alourdir la facture des ménages. Les prix grimpent, mais les salaires ne suivent pas, et une étude de la Banque centrale européenne montre une hausse de l'inflation qui perdure jusqu'à un an après un évènement climatique. Les ménages à faibles revenus tendent alors à réduire leur consommation d'aliments les plus chers tels que les fruits et légumes, car ils n'ont pas les moyens de se les offrir. Il y a donc un enjeu sanitaire qui peut aller de la malnutrition aux maladies chroniques causées par la malbouffe, en passant par les troubles mentaux liés à l'insécurité alimentaire. Ces crises menacent aussi la stabilité sociale et politique des pays, en exacerbant les inégalités, les tensions et les conflits. Une adaptation nécessaire des systèmes agricoles Ils prennent en général des mesures temporaires, comme bloquer les prix des denrées de base ou fournir des chèques alimentation aux plus vulnérables. À plus long terme, certains réfléchissent à diversifier leur agriculture pour ne pas être dépendants de la production d'autres pays et éviter de tout perdre après un évènement climatique. Mais ces réponses ne suffisent pas et encore trop peu d'États prennent la mesure des catastrophes climatiques à venir. L'adaptation des systèmes agricoles au changement climatique est possible et nécessaire, mais tarde à être mise en route. À lire aussiLes stocks de poissons se déplacent en raison du réchauffement climatique

Revue de presse Afrique
À la Une: des candidats à la présidentielle du Cameroun à ne plus savoir qu'en faire

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Jul 23, 2025 4:25


Pas moins de 81 candidatures enregistrées pour la présidentielle d'octobre : une « inflation record », pour Jeune Afrique, une « pluie de candidatures », selon Cameroon Tribune, ou une « augmentation inédite », chez le Journal du Cameroun. Quel que soit le terme choisi, tous s'accordent à le dire : un nombre particulièrement élevé de personnalités se verraient bien sûr le fauteuil présidentiel. Et des vocations se sont révélées jusqu'à la dernière minute ou presque : Cameroon Tribune raconte ainsi comment la direction générale des élections a vibré toute la journée de lundi au rythme des dépôts, dans « une véritable ambiance de ruche », alors que « pas moins d'une vingtaine de personnalités, candidats et mandataires de candidats, ont pris d'assaut les lieux ».  Face à ce nombre qu'il juge carrément « exorbitant », Aujourd'hui au Faso s'interroge : « Faut-il en rire, ou se lamenter ? ». Et surtout, « tous sont-ils vraiment présidentiables ? ». À cette question, JA a une réponse toute trouvée, puisque pour le magazine, il y a « une certitude : très peu [de dossiers] seront validés ». Et le Journal du Cameroun rappelle ainsi qu'en 2018, sur « 28 candidatures déposées à l'étape initiale, (…) neuf ont été » approuvées. Or, cette année, le couperet pourrait être encore plus tranchant : « le législateur camerounais a multiplié les mesures visant à faire disparaître les candidatures fantaisistes », rappelle ainsi JA, grâce notamment à de strictes conditions financières. À lire aussiCameroun: le nombre record de candidatures à la présidentielle fait débat Des profils extrêmement variés  « Ancien chef de gouvernement, ex-ministres, hommes ou femmes d'affaires, pour certains de jeunes loups de la politique, d'autre des dinosaures bien installés », comme Paul Biya, Maurice Kamto ou Cabral Libii, énumère Jeune Afrique, c'est bien simple : « jamais, au Cameroun, pareille diversité n'avait été observée dans les dossiers de candidature déposés devant les instances électorales » pour la présidentielle. Une seule constante relie l'immense majorité de ces personnalités : ce sont quasiment tous des hommes, puisque, note le Journal du Cameroun, « les candidatures masculines dominent, avec 74 figures au compteur » pour seulement sept femmes, dont six tentent leur chance pour la première fois.  Comment analyser cette flambée ? Le titre camerounais estime qu'on pourrait y voir « l'impatience de certains citoyens à voir enfin une alternance au sommet de l'État », après plus de quatre décennies sous la houlette d'un Paul Biya allant sur son 93ème anniversaire. Mais cette explosion indique surtout « l'instabilité et les fissures de la démocratie camerounaise », juge le journal. D'autant qu'on observe de multiples candidatures au sein de plusieurs partis, qui « dévoilent leurs discordances ». Voilà, ironise Aujourd'hui au Faso, « une opposition en désordre de bataille ». Mais qui pourrait rentrer dans les rangs après le passage au « tamis » de l'Elecam : rendez-vous le 2 août pour connaître la liste provisoire des candidatures officiellement reconnues. À lire aussiPrésidentielle au Cameroun: près de 80 dossiers de candidatures ont été déposés Nouveau retrait d'une instance internationale pour les États-Unis Du Donald « Trump tout craché » soupire Le Pays : Washington se retire de l'Unesco, comme elle l'avait déjà fait en 2018, lors du précédent mandat du magnat. Pourquoi ? En raison d'un « prétendu parti pris contre Israël » et d'une « orientation idéologique jugée incompatible avec [la] politique étrangère » américaine, dénonce Actu Cameroun. « Tout le monde est donc prévenu », s'agace Le Pays : l'administration Trump « ne cautionne pas toute mesure ou décision qui va à l'encontre de [son] chouchou Israël, (…) et tous ceux qui l'ont osé en ont pris pour leur grade ».  C'est aussi une attaque de plus contre les instances internationales, après le démantèlement en début d'année de l'USAID et ses conséquences dramatiques. Le Monde Afrique se penche mercredi matin sur le cas de Madagascar où, dans l'ouest, écrit le quotidien, « un millier de paysans » ont été « abandonnés, après le retrait de l'aide américaine ». Une décision politique, administrative, mais bien concrète pour la population, comme ce paysan qui, raconte le journal, « ignore qui est Donald Trump, mais sait qu'au mois de février, tout, pour lui, s'est arrêté : la promesse d'une maison en dur, des semences pour cinq ans, des engrais, du matériel agricole » mais aussi « le centre de santé et l'école pour ses enfants ». Des promesses qui l'ont attiré, lui et des centaines d'autres paysans, dans cette province malgache. Le deal était simple : quitter l'aire protégée où il était installé, grâce à une opération de relocalisation financée par USAID, pour mettre fin à la déforestation. Les déménagements ont eu lieu, la sensibilisation aussi, puis plus rien, conclut, amer, ce paysan : « ils nous ont annoncé la coupure des financements. Et ils ont disparu ». À lire aussiLes États-Unis annoncent leur retrait de l'Unesco, une décision «regrettable» pour l'organisation

Afrique Économie
Tunisie: les femmes artisanes de Gafsa en quête de plus de visibilité

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Jul 23, 2025 2:27


En Tunisie, les artisanes de Gafsa, une ville minière du sud-ouest tunisien, tentent de valoriser les savoir-faire de la région et surtout une autonomie économique grâce à la vente de leurs produits. Mais le manque de visibilité et l'isolement sont souvent des problèmes pour ces entrepreneuses, qui dépendent des foires ponctuelles dans l'année pour arriver à vendre leurs produits. De notre correspondante à Tunis,  Lors de journées organisées par le ministère du Tourisme pour déterminer l'offre touristique à Gafsa, Fathia Mabrouki, originaire de Oum Larrayes, est venue avec d'autres femmes exposer ses tapis faits mains : « Ce que nous vendons ici, ce sont des produits de tissage de tapis et de kilims faits par les femmes de Oum Larrayes. Celui-ci avec plusieurs rayures de couleur, vous le trouvez dans toutes les maisons de la région, c'est vraiment un produit local ». « Personne ne sait qu'on existe » Mais dans cette région surtout connue pour ses mines de phosphate, les artisanes peinent à se rendre visibles et à vendre leurs produits. « C'est dur d'en vivre et de dégager un salaire, mais les artisanes s'accrochent pour continuer parce qu'elles ont ça dans le sang, poursuit-elle. Honnêtement, ce qu'il manque, c'est la publicité, le marketing. Parfois, des femmes comme nous, si on n'a pas la foire annuelle de l'artisanat à Tunis, on ne vend rien concrètement, car personne ne sait qu'on existe. » Karima Brahmi, 40 ans et originaire du centre-ville de Gafsa, a décidé de s'organiser en coopérative avec d'autres femmes pour vendre à plusieurs leurs produits du terroir. « Je suis entrée dans la coopérative pour faire plus de networking et gagner en expérience. Cela me permet d'avoir des contacts pour les foires de l'artisanat, car toute seule, je n'y arrivais pas. Là, j'entends parler de plus d'événements. Je fais des produits du terroir comme les olives, les légumes en saumure, la harissa, les gâteaux traditionnels », explique la quarantenaire. Une coopérative pour se professionnaliser Cette coopérative leur a permis de postuler à une formation du ministère de l'Agriculture pour se professionnaliser. « Nous avons suivi une formation pour décliner plusieurs produits à base de dattes et surtout faire en sorte que tous nos produits soient le plus naturel possible et de qualité », témoigne Ahlem Belhola, une de ses collègues. « On nous a appris comment faire du sucre de dattes, de la confiture de dattes, de la bsissa et même du café avec les noyaux de dattes. Donc, tous ces produits génèrent d'autres sources de revenus. Même les femmes, qui font ça à la base pour l'usage personnel ou pour vendre à quelques clients, sont encouragées à le faire de façon professionnelle et à élargir ainsi leur clientèle. » Un besoin de travailler d'autant plus important qu'à Gafsa, 35 % des femmes sont officiellement au chômage. À lire aussiLes sociétés civiles de Tunisie, Jordanie et Maroc s'inquiètent des violences faites aux femmes

Revue de presse Afrique
À la Une: des candidats à la présidentielle du Cameroun à ne plus savoir qu'en faire

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Jul 23, 2025 4:25


Pas moins de 81 candidatures enregistrées pour la présidentielle d'octobre : une « inflation record », pour Jeune Afrique, une « pluie de candidatures », selon Cameroon Tribune, ou une « augmentation inédite », chez le Journal du Cameroun. Quel que soit le terme choisi, tous s'accordent à le dire : un nombre particulièrement élevé de personnalités se verraient bien sûr le fauteuil présidentiel. Et des vocations se sont révélées jusqu'à la dernière minute ou presque : Cameroon Tribune raconte ainsi comment la direction générale des élections a vibré toute la journée de lundi au rythme des dépôts, dans « une véritable ambiance de ruche », alors que « pas moins d'une vingtaine de personnalités, candidats et mandataires de candidats, ont pris d'assaut les lieux ».  Face à ce nombre qu'il juge carrément « exorbitant », Aujourd'hui au Faso s'interroge : « Faut-il en rire, ou se lamenter ? ». Et surtout, « tous sont-ils vraiment présidentiables ? ». À cette question, JA a une réponse toute trouvée, puisque pour le magazine, il y a « une certitude : très peu [de dossiers] seront validés ». Et le Journal du Cameroun rappelle ainsi qu'en 2018, sur « 28 candidatures déposées à l'étape initiale, (…) neuf ont été » approuvées. Or, cette année, le couperet pourrait être encore plus tranchant : « le législateur camerounais a multiplié les mesures visant à faire disparaître les candidatures fantaisistes », rappelle ainsi JA, grâce notamment à de strictes conditions financières. À lire aussiCameroun: le nombre record de candidatures à la présidentielle fait débat Des profils extrêmement variés  « Ancien chef de gouvernement, ex-ministres, hommes ou femmes d'affaires, pour certains de jeunes loups de la politique, d'autre des dinosaures bien installés », comme Paul Biya, Maurice Kamto ou Cabral Libii, énumère Jeune Afrique, c'est bien simple : « jamais, au Cameroun, pareille diversité n'avait été observée dans les dossiers de candidature déposés devant les instances électorales » pour la présidentielle. Une seule constante relie l'immense majorité de ces personnalités : ce sont quasiment tous des hommes, puisque, note le Journal du Cameroun, « les candidatures masculines dominent, avec 74 figures au compteur » pour seulement sept femmes, dont six tentent leur chance pour la première fois.  Comment analyser cette flambée ? Le titre camerounais estime qu'on pourrait y voir « l'impatience de certains citoyens à voir enfin une alternance au sommet de l'État », après plus de quatre décennies sous la houlette d'un Paul Biya allant sur son 93ème anniversaire. Mais cette explosion indique surtout « l'instabilité et les fissures de la démocratie camerounaise », juge le journal. D'autant qu'on observe de multiples candidatures au sein de plusieurs partis, qui « dévoilent leurs discordances ». Voilà, ironise Aujourd'hui au Faso, « une opposition en désordre de bataille ». Mais qui pourrait rentrer dans les rangs après le passage au « tamis » de l'Elecam : rendez-vous le 2 août pour connaître la liste provisoire des candidatures officiellement reconnues. À lire aussiPrésidentielle au Cameroun: près de 80 dossiers de candidatures ont été déposés Nouveau retrait d'une instance internationale pour les États-Unis Du Donald « Trump tout craché » soupire Le Pays : Washington se retire de l'Unesco, comme elle l'avait déjà fait en 2018, lors du précédent mandat du magnat. Pourquoi ? En raison d'un « prétendu parti pris contre Israël » et d'une « orientation idéologique jugée incompatible avec [la] politique étrangère » américaine, dénonce Actu Cameroun. « Tout le monde est donc prévenu », s'agace Le Pays : l'administration Trump « ne cautionne pas toute mesure ou décision qui va à l'encontre de [son] chouchou Israël, (…) et tous ceux qui l'ont osé en ont pris pour leur grade ».  C'est aussi une attaque de plus contre les instances internationales, après le démantèlement en début d'année de l'USAID et ses conséquences dramatiques. Le Monde Afrique se penche mercredi matin sur le cas de Madagascar où, dans l'ouest, écrit le quotidien, « un millier de paysans » ont été « abandonnés, après le retrait de l'aide américaine ». Une décision politique, administrative, mais bien concrète pour la population, comme ce paysan qui, raconte le journal, « ignore qui est Donald Trump, mais sait qu'au mois de février, tout, pour lui, s'est arrêté : la promesse d'une maison en dur, des semences pour cinq ans, des engrais, du matériel agricole » mais aussi « le centre de santé et l'école pour ses enfants ». Des promesses qui l'ont attiré, lui et des centaines d'autres paysans, dans cette province malgache. Le deal était simple : quitter l'aire protégée où il était installé, grâce à une opération de relocalisation financée par USAID, pour mettre fin à la déforestation. Les déménagements ont eu lieu, la sensibilisation aussi, puis plus rien, conclut, amer, ce paysan : « ils nous ont annoncé la coupure des financements. Et ils ont disparu ». À lire aussiLes États-Unis annoncent leur retrait de l'Unesco, une décision «regrettable» pour l'organisation

Vivre ailleurs
L'Espagne, le nouvel eldorado des expatriés français

Vivre ailleurs

Play Episode Listen Later Jul 12, 2025 7:58


Déjà attractive par son climat, l'Espagne est désormais le nouvel eldorado des expatriés français. En effet, grâce à une croissance deux fois supérieure à celle de la France et un esprit « pro-business », ce pays est aujourd'hui un moteur de la croissance européenne qui attire beaucoup d'actifs francophones. Et ce n'est pas tout. Établi ici depuis 17 ans, Vincent Garnier est le directeur Espagne pour lepetitjournal.com, le média de référence des Français à l'étranger.  À lire aussiLes expatriés français en Espagne

Afrique Économie
Suspendue de l'Agoa, l'Éthiopie fait figure d'«étalon» des opportunités de cet accord

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Jul 9, 2025 2:15


Donald Trump reçoit depuis ce mercredi 9 juillet cinq chefs d'États africains à Washington. L'occasion d'ouvrir les discussions sur les liens entre les États-Unis et l'Afrique, malmenés depuis le retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche. L'Agoa favorise depuis 2000 les exportations africaines vers les États-Unis. Un sujet sur lequel l'Éthiopie fait figure d' « étalon ». Elle a été suspendue de cet accord en janvier 2022, à cause de la guerre au Tigré, avec de lourdes conséquences pour le pays.  De notre correspondante à Addis-Abeba, L'Éthiopie pourra-t-elle un jour réintégrer l'Agoa ? La question est cruciale pour le pays, tant les conséquences de sa suspension se font aujourd'hui ressentir. Ahmed Soliman, chercheur au sein du think tank britannique Chatham House, revient sur l'impact de cette décision. « Les secteurs comme le textile, l'industrie du cuir, l'habillement étaient intégrés à l'Agoa via l'export, détaille-t-il. Ils ont été très touchés par une baisse de leur activité, alors que l'Éthiopie avait largement investi ces dix dernières années dans des parcs industriels. Ces parcs industriels ont subi des baisses d'investissement, et environ 18 entreprises étrangères ont cessé leurs activités en Éthiopie. C'est le cas de sociétés importantes comme PVH, qui détient la marque Calvin Klein ». D'après un rapport de la Banque africaine de développement, la suspension de l'Agoa a causé la suppression de près de 10 000 emplois. Durant de nombreuses années pourtant, l'accord commercial avait boosté l'économie éthiopienne, explique Biruk Haregu, chercheur en économie à l'université George Mason. « L'Agoa a été très bénéfique. L'Éthiopie s'en est servie dès 2012 pour développer les produits manufacturés, comme le textile, le prêt-à-porter, les chaussures, les produits en cuir, etc. Elle produisait ces biens et les envoyait sur le marché américain sans payer de droits de douane », rappelle le chercheur. À lire aussiLes États-Unis excluent Éthiopie, Mali et Guinée de l'accord commercial Agoa L'opportunité de chercher d'autres partenaires ? D'après Biruk Haregu, l'Agoa a également permis à 200 000 personnes d'accéder à l'emploi salarié. La suspension en 2022 a donc été un véritable choc. Mais pour Ahmed Soliman, cette situation et l'inquiétude autour du renouvellement de l'Agoa qui arrive à expiration en septembre prochain, pourraient aussi ouvrir de nouvelles perspectives en Afrique. « C'est aussi pour l'Éthiopie et d'autres pays africains, l'occasion d'explorer des alternatives, de diversifier leurs partenariats, et de montrer leurs capacités à négocier en tant que bloc », assure-t-il. Il rappelle également l'élément stratégique que représente par exemple la zone africaine de libre-échange. En 2023, 9,26 milliards de dollars de marchandises ont été exportées dans le cadre de l'Agoa, selon la Commission américaine du commerce international. À lire aussiDroits de douane américains : quelles conséquences pour l'Afrique ?

Chronique des Matières Premières
Les nouveaux droits de douane américains sur le cuivre secouent le marché

Chronique des Matières Premières

Play Episode Listen Later Jul 9, 2025 1:43


Les menaces de l'administration Trump se sont concrétisées : le cuivre qui avait échappé jusque-là aux taxes américaines sera finalement soumis à des droits de 50% d'ici la fin du mois. Même si ce n'est pas une surprise, le marché est secoué, car 50%, c'est un niveau de taxation plus élevé que ce qui était pressenti. La mesure était anticipée, mais devrait assister cependant à un ultime sprint des acheteurs, qui ont déjà fait entrer d'énormes volumes dans le pays ces derniers mois, volumes prélevés dans les entrepôts du monde entier, qui ont logiquement vu fondre leur stock.  En réaction à l'annonce de Donald Trump, les prix du cuivre ont immédiatement grimpé. La prime à l'achat à la bourse aux métaux de New York (COMEX) a aussi augmenté. Plus précisément, vendre aux États-Unis rapporte aujourd'hui 2 500 dollars de plus par tonne qu'à la bourse aux métaux de Londres (LME). La contrainte reste que le métal arrive avant l'entrée en vigueur des nouveaux droits, ce qui veut dire qu'il doit venir d'Amérique latine ou d'Europe s'il part rapidement, ou bien qu'il soit déjà chargé sur un bateau et change de destinataire en cours de trajet.  « Les États-Unis n'ont pas encore fixé de date précise d'entrée en vigueur des droits de douane, ni de détails sur l'impact sur les cargaisons entrantes déjà achetées. La situation reste donc suffisamment floue pour que certains prennent le risque d'expédier des cargaisons avant et après la date limite » selon Ronan Murphy, responsable « pricing » pour le secteur du cuivre chez Argus Media. Conséquences aux États-Unis À court terme, il ne devrait y avoir aucun problème d'approvisionnement aux États-Unis puisque des montagnes de cuivre ont été accumulées : à titre d'exemple, rien qu'en avril et mai, les importations ont dépassé 400 000 tonnes, soit ce qu'importent les États-Unis sur six mois habituellement, explique Ronan Murphy. Et comme la consommation américaine n'a pas augmenté, ces volumes ont pu être stockés. À moyen terme, une pénurie n'est pas à exclure. Il y a certes des projets miniers dans le pays qui pourraient en théorie permettre de remplacer la totalité de ce qui est importé soit environ la moitié des besoins américains, mais ces projets ne sont pas aboutis, « leur financement n'est pas garanti et leur mise en service est prévue au plus tôt à la fin de la décennie, voire au début des années 2030 », explique l'expert d'Argus Media.  À lire aussiLes États-Unis accélèrent le projet d'exploitation minière de cuivre en Arizona Impacts sur le commerce mondial Les nouveaux droits sur le cuivre sont un coup dur pour les trois principaux fournisseurs des États-Unis, le Chili, le Canada et le Mexique. Dès qu'ils entreront en vigueur, le cuivre importé va devenir beaucoup plus coûteux pour les acheteurs américains, et les flux vers les États-Unis devraient ralentir. Le centre de gravité du marché du cuivre se déplacera et les volumes seront redirigés vers le reste du monde, ce qui pourrait faire baisser la tension provoquée par les achats américains frénétiques de ces derniers mois. À lire aussiFace à la Chine, les États-Unis à la recherche de métaux rares

Chronique des Matières Premières
Les cotonniers africains sur le qui-vive refusent d'être déclassés

Chronique des Matières Premières

Play Episode Listen Later Jul 8, 2025 2:08


Le commerce du coton africain va-t-il devenir de plus en plus compliqué ? C'est ce que craignent les représentants de la filière. Dans une lettre ouverte, l'association cotonnière africaine (ACA) relaie une inquiétude de l'Association internationale du coton (ICA). L'inquiétude du secteur est de voir les importations de fibre de coton être limitées dans l'Union européenne d'ici 2030 pour des questions de durabilité et de traçabilité. La filière africaine craint de ne pas pouvoir répondre à toutes les exigences d'une éventuelle règlementation en la matière et a peur de voir son coton délaissé, malgré les investissements déjà consentis. L'Union européenne est effectivement engagée dans une démarche pour rendre la mode et le textile plus écologique, mais elle a démenti que de tels objectifs existaient dans sa législation sur l'économie circulaire. Cela ne suffit pas à rassurer le secteur. D'où cette lettre ouverte du président de l'ACA au commissaire européen à l'Agriculture pour défendre leurs spécificités du coton africain.  Le coton n'a pas bonne presse À Bruxelles, le lobby des fibres synthétiques sort pour l'instant vainqueur d'un classement élaboré par l'UE qui évalue l'empreinte environnementale des produits. Au vu des critères pris en compte, ce classement PEF (Product Environmental Footprint), appliqué aux textiles, note beaucoup mieux les polyesters que le coton, ou la laine, dernière du classement, comme si le synthétique était meilleur pour la planète. Pour défendre leurs intérêts, plusieurs organisations ont créé un label Make the label count, « Faisons en sorte que le label soit efficace ». L'objectif est de convaincre l'UE de se baser sur une méthodologie qui soit plus complète et qui prenne en compte, par exemple, l'impact d'un textile sur la pollution par micro-plastiques.  Un collectif pour défendre les fibres naturelles L'association cotonnière africaine n'en fait pas partie, mais a décidé de rejoindre ce collectif. Elle tient aussi à rappeler qu'elle est déjà engagée dans la création d'une filière intégrée pour que le coton qu'elle produit soit filé et tissé sur place, et qu'il ne fasse plus le tour du monde avant de revenir sous forme de T-shirt. 95 % du coton africain est aujourd'hui exporté sous forme de fibres brutes. Plus largement, la lettre ouverte de l'ACA reflète les craintes de la filière d'être mise de côté dans un monde en pleine mutation. À lire aussiL'association des producteurs de coton africains élaborent leur feuille de route à Garoua Donald Trump a bouleversé les équilibres Jusqu'à ces derniers mois, huit balles de coton africain sur dix partaient en Asie, essentiellement au Bangladesh, au Pakistan et au Vietnam. Mais ces pays sont en train de se laisser un à un convaincre d'acheter plus de coton américain, en échange d'un allègement des taxes douanières qui leur sont imposées par l'administration Trump. L'autre handicap est lié à la demande américaine en textile, qui est morose et suspendue à l'évolution de la politique commerciale nationale. Les clients américains des filatures asiatiques ne confirment plus leurs commandes, les achats de coton s'en ressentent et les volumes prêts à quitter le continent ne sont pas embarqués. « Ce qui alimente la crainte de voir la nouvelle récolte se heurter aux stocks de l'ancienne production invendue », ajoute Kassoum Kone, président de l'ACA. À lire aussiLes prix du coton, ballotés par la guerre commerciale, pèsent sur l'Afrique

Aujourd'hui l'économie
Économie, pouvoir et réseautage: plongée au cœur des Rencontres d'Aix-en-Provence

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later Jul 4, 2025 3:17


Chaque été depuis vingt-cinq ans, les Rencontres économiques d'Aix-en-Provence réunissent économistes, dirigeants, syndicalistes et citoyens pour débattre librement des grands enjeux du moment. Un événement unique en son genre, à la croisée du sérieux et de la convivialité. À l'ombre des platanes du parc Jourdan, le cœur d'Aix-en-Provence bat au rythme de l'économie mondiale. Comme chaque année à cette période, la ville accueille les Rencontres économiques, organisées par le Cercle des économistes. Trois jours durant, conférences, tables rondes et discussions informelles s'enchaînent, loin du formalisme habituel des grands rendez-vous économiques. Ici, pas de cravate, mais des échanges francs autour d'un café ou d'un apéritif, parfois même dans une pizzeria discrète du centre-ville. Baptisé « le mini Davos français », l'événement célèbre cette année sa 25e édition, toujours dans un esprit de détente et d'ouverture. Le thème retenu pour 2025 : « Affronter le choc des réalités », un intitulé qui résonne avec l'instabilité géopolitique et les bouleversements économiques actuels. Des figures de renom pour penser le monde d'aujourd'hui Avec plus de 380 intervenants et 73 sessions ouvertes gratuitement au public, ces Rencontres affichent une volonté claire, celle de démocratiser l'accès au débat économique. Près de 7 000 participants sont attendus pour écouter et interpeller les grandes figures présentes cette année. Retenons Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, Esther Duflo, prix Nobel d'économie 2019, ou encore les ministres Éric Lombard (France) et Nadia Fettah Alaoui (Maroc). Les syndicats sont également représentés, notamment avec la présence de Sophie Binet (CGT), tout comme les grands patrons à l'image de Patrick Pouyanné (Total Énergies). Tous viennent confronter leurs visions et échanger, dans un cadre propice à la parole libre et au débat. Un lieu unique pour tisser des liens et imaginer l'avenir Ces Rencontres sont aussi l'occasion pour les acteurs de l'économie francophone de se croiser et d'échanger, formellement comme informellement. De jeunes entrepreneurs côtoient grands patrons, hauts fonctionnaires et investisseurs dans une ambiance détendue, mais studieuse. C'est le moment idéal pour "faire du réseau", tisser des liens et découvrir les talents de demain. Cette année, une nouveauté de taille s'ajoute au programme : le lancement du Global Economic Dialogue, une initiative inédite rassemblant 35 think-tanks européens (groupes de pensée) pour confronter leurs visions parfois opposées. Une manière de nourrir encore davantage la réflexion collective dans un monde en pleine mutation. À lire aussiLes rencontres économiques d'Aix-en-Provence: le monde qui nous attend

Chronique des Matières Premières
Les cours du coton dévissent sur fond de bonnes récoltes mondiales

Chronique des Matières Premières

Play Episode Listen Later Jul 2, 2025 1:59


Les prix du coton sont en chute depuis un an et demi et ont atteint leur plus bas niveau depuis mai 2020. Cet effondrement des prix traduit d'abord l'abondance de coton.  Le Brésil poursuit son ascension sur le marché du coton. Les surfaces ont atteint plus de deux millions d'hectares et devraient produire 3,9 millions de tonnes de coton fibre en 2025, soit une augmentation de 5,5% par rapport à l'année dernière, selon la Conab, l'agence agricole du pays. Aux États-Unis, le dernier rapport du ministère américain de l'Agriculture a revu à la hausse ses prévisions de production pour la campagne en cours à 19,9 millions de balles, soit près de 6% de plus que l'année dernière. Ce à quoi il faut ajouter des superficies en augmentation de 8% en Inde et des stocks mondiaux au plus haut depuis trois ans. Des nouvelles qui sapent tout espoir de remontée des cours à court terme, selon le site Trading Economics. Demande plus que tiède Cela fait plus de deux ans que les prix du coton sont affectés par la faiblesse de la croissance économique mondiale. Ils sont également, depuis le début de l'année 2025, pris dans la tourmente des tarifs douaniers américains. L'incertitude sur la demande aux États-Unis entraîne un ralentissement de l'activité des filatures et des usines textiles des pays, qui sont sous la menace de taxes particulièrement élevées. C'est le cas notamment du Sri Lanka et du Bangladesh. Cette incertitude affecte directement la demande en coton.  Dans ce contexte, la Chine a également moins acheté cette année. Le ministère chinois de l'Agriculture a abaissé, en juin, ses estimations d'importation de coton de 300 000 tonnes par rapport à celles du mois de mai, soit un volume total prévu d'1,2 million de tonnes.  Des marges qui se resserrent pour les producteurs Avec des prix à terme qui ont chuté de 12% au cours des 12 derniers mois à New York, et des cours en ce début de semaine à moins de 60 cents la livre, les producteurs brésiliens voient leur marge se resserrer et luttent pour rester au-dessus du seuil de rentabilité. La question est de savoir si ceux qui déchantent vont moins planter l'année prochaine. L'association brésilienne des producteurs de coton (ABRAPA) table pour l'instant sur des surfaces toujours supérieures à deux millions d'hectares pour la campagne 2025-2026. Au-delà du Brésil, ces prix affectent tous les producteurs et en particulier ceux d'Afrique de l'Ouest qui « sont dans l'incapacité structurelle » de réduire leurs coûts de production, comme le constate le négociant français Mambo Commodities dans sa note de marché du 10 juin.  Les cotonculteurs vont devoir prendre leur mal en patience car les prix devraient, au mieux, se redresser modestement d'ici la fin de l'année, selon le cabinet de conseil Oxford Economics. À lire aussiLes prix du coton, ballotés par la guerre commerciale, pèsent sur l'Afrique

Chronique des Matières Premières
Le paradoxe du lithium, métal stratégique mais pas encore rémunérateur

Chronique des Matières Premières

Play Episode Listen Later Jul 1, 2025 2:00


Une demande qui ne cesse d'augmenter, mais des prix qui sont au plus bas. C'est le paradoxe du marché du lithium, un métal clé pour les batteries électriques. Ceux qui en parlent le mieux sont les opérateurs miniers eux-mêmes.  Les opérateurs miniers ne font pas semblant que tout va bien. Ce serait difficile face à des cours mondiaux qui ont chuté d'environ 90% en deux ans, un contexte qui a eu pour conséquences des rachats d'entreprises, des licenciements et retardé des projets. Réunis la semaine dernière à Las Vegas pour une conférence organisée par Fastmarkets sur les matières premières pour batteries, les opérateurs miniers ont partagé leurs états d'âme. Jon Evans, le PDG de Lithium Americas, une entreprise qui construit la plus grande mine de lithium du Nevada, reconnaît traverser « des périodes d'euphorie, suivies de moments de souffrance et de douleur ». D'autres expliquent qu'« après le déni l'année dernière, le temps de l'acceptation est venu », comme le rapporte l'agence Reuters. La période est très difficile, mais le secteur est toujours perçu comme stratégique. Une offre toujours trop abondante Ce qui fait mal à la filière, c'est l'offre trop abondante : les opérateurs miniers se sont engouffrés ces dernières années dans le secteur du lithium. « Il est difficile d'imaginer un avenir dans lequel le lithium ne jouera pas un rôle central » justifie Paul Lusty, responsable de la recherche sur les matières premières des batteries chez Fastmarkets. La Chine est l'un des principaux moteurs de la surproduction, elle pourrait dépasser l'Australie l'année prochaine comme premier producteur mondial. Contrairement aux miniers australiens qui ont réduit la cadence, les chinois n'ont que très peu ralenti, même si l'activité n'est pas rentable dans les conditions actuelles de prix. D'ici 2035, les mineurs chinois devraient extraire 900 000 tonnes de lithium, contre 680 000 tonnes pour l'Australie, 435 000 tonnes pour le Chili et 380 000 tonnes pour l'Argentine, selon les prévisions de Fastmarkets. En face, la demande en lithium est importante. Elle a augmenté de 24 % l'année dernière et augmentera potentiellement de 12% par an dans la prochaine décennie selon le même cabinet d'expert, mais cela ne suffit pas à rétablir la balance.  Un déséquilibre parti pour durer  L'avenir dépendra des besoins et de la capacité des opérateurs miniers à lever le pied. Project Blue, un cabinet de conseil sur les métaux, prévoit une demande qui pourrait tripler d'ici 2040. Il y aura donc forcément un point de bascule. Selon les sources, la demande pourrait dépasser l'offre à partir de 2030, voire un peu plus tard. Cela veut dire encore plusieurs années qui s'annoncent rudes pour les investisseurs qui tentent actuellement d'économiser là où ils peuvent, notamment sur les coûts d'exploitation. En attendant, les licenciements continuent. SQM, le géant chilien du lithium, a annoncé la semaine dernière se séparer de 5% de ses effectifs. Le numéro un mondial Albemarle avait lui, dès l'année dernière, annoncé des suppressions de poste pour compenser la faiblesse des prix. À lire aussiLes prix bas du lithium pèse toujours sur l'essor des projets miniers

Aujourd'hui l'économie
Guerre Israël-Iran: les compagnies aériennes face à une envolée des coûts

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later Jun 25, 2025 2:57


Alors que l'Autorité des aéroports israéliens annonce un retour progressif à la normale, les perturbations causées par la guerre entre l'Iran et Israël ont profondément désorganisé le trafic aérien mondial. Annulations massives, détournements de vols, allongement des trajets, les compagnies aériennes paient le prix fort de cette nouvelle escalade militaire. Depuis les frappes israéliennes du 13 juin, le ciel au-dessus de l'Iran et d'une grande partie du Golfe reste déserté. Selon le site Flightradar24, plus de 3 000 vols sont annulés chaque jour dans la région. Et pour ceux qui décollent malgré tout, les itinéraires sont systématiquement modifiés pour éviter la zone. Ces détournements provoquent une hausse des coûts d'exploitation. La raison s'explique par la consommation supplémentaire de carburant, les contraintes liées au temps de travail des équipages et la nécessité de faire escale pour changer de personnel. À cela, ajoutez les retards en cascade qui désorganisent les plannings et la rotation des appareils, habituellement réglée à la minute près. À lire aussiLes turbulences du secteur aérien à l'heure de la présidence de Donald Trump Hubs paralysés et corridors aériens saturés À ces coûts s'ajoute un autre facteur : la fermeture temporaire de grands aéroports comme ceux de Dubaï ou Tel-Aviv, qui sont de véritables plaques tournantes du transport international. Leur mise à l'arrêt perturbe l'ensemble du secteur, y compris pour les compagnies américaines, asiatiques et européennes, qui y font transiter vols et passagers. La marge de manœuvre est d'autant plus réduite que l'espace aérien ukrainien est interdit depuis plus de trois ans. Résultat : les couloirs aériens entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique de l'Est deviennent de plus en plus étroits, ce qui complexifie la logistique du secteur. Les marchés réagissent, les passagers paieront Sans surprise, les marchés financiers ont immédiatement réagi. Les actions d'Air France-KLM, Delta ou United ont chuté d'environ 5 % après l'annonce des frappes israéliennes. Et si les compagnies du Golfe sont évidemment touchées, la crise touche désormais l'ensemble du transport aérien mondial. Pour faire face à la situation, le Parlement israélien a étendu une garantie d'État de 8 milliards de dollars aux compagnies étrangères, dans le cadre d'une assurance contre les risques de guerre. Cette mesure s'ajoute aux 6 milliards déjà validés depuis octobre 2023. Mais même avec ce soutien, une hausse des tarifs semble inévitable, en particulier sur les longues distances. Car si la sécurité des passagers reste la priorité, son coût, lui, ne cesse d'augmenter.

Afrique Économie
Côte d'Ivoire: les producteurs de coton dans la déprime [1/2]

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Jun 16, 2025 2:22


Depuis l'invasion des champs par des insectes ravageurs, les jassides, il y a trois ans, les producteurs ivoiriens de coton ont été découragés. Leur nombre a chuté de 139 000 à quelque 100 000. La production de coton graine, 559 000 tonnes en 2020-2021, a plongé de 50 % selon Intercoton, l'interprofession cotonnière. Des solutions ont bien été trouvées avec l'appui du Centre national de recherche agronomique (CNRA). Mais la déprime des cotonculteurs est toujours palpable alors qu'ils s'engagent dans une nouvelle campagne. Reportage dans la région de Korhogo. Mamadou Silué est producteur de coton. Son neveu l'aide à préparer les sols : à cette étape, il utilise la force d'une charrette tractée par deux bœufs. Depuis la crise des jassides, dans le nord de la Côte d'Ivoire, ce producteur a décidé de réduire les surfaces dédiées au coton. « Avant l'arrivée des jassides, je faisais 23 ha de coton et 2 ha de riz. Mais compte tenu de l'arrivée des jassides, j'ai essayé de diminuer le champ, en faisant 15 ha de coton. Le reste est réparti sur le vivrier : une partie pour le riz et une partie pour le maïs. Il faut avoir quelque chose sous la main pour pouvoir manger. Concernant le maïs, on utilise une partie et le reste, on le vend ». Ces producteurs sont confrontés à un problème : la baisse des rendements. « Avant, si vous faisiez bien le travail, vous pouviez obtenir 2 tonnes par hectare, explique Salia Coulibaly, un autre cotonculteur. Mais l'an passé, on n'a pas eu 1,2 tonne. Ça a diminué ». Épuisement des sols Selon des scientifiques, cette baisse de rendements est en partie liée aux changements climatiques. Mais aussi à la baisse de fertilité des sols. « À force d'utiliser les mêmes parcelles, au fil des années, on a un épuisement des réserves, des éléments dont la plante a besoin pour pouvoir véritablement se développer, constate Guillaume Kouassi, assistant chercheur au Centre international de recherche en agroforesterie. Il y a aussi le fait que les applications d'engrais ne sont pas faites sur la base de l'analyse des sols : on peut apporter des éléments en trop, qui ne sont pas nécessaires, qui au fil du temps, au lieu de contribuer à la productivité, vont contribuer à la baisse de cette productivité ». Producteurs endettés Les sociétés cotonnières, qui encadrent les producteurs, ressentent fortement cette baisse des rendements et s'interrogent sur l'avenir de leur activité. « Je travaille avec près de 30 000 producteurs. Et comme ça fait deux ans que les rendements ne sont pas bons, ils sont très endettés, constate Adama Tchelibé Silué, directeur général de la Compagnie ivoirienne de coton. Ne pouvant pas rembourser sa dette, le producteur est découragé pour les campagnes à venir… En temps normal, on égrainait de novembre jusqu'en avril. Mais aujourd'hui, quand vous démarrez en novembre, en février, le coton est fini. Nos usines, nos investissements… on commence à s'inquiéter. Qu'est-ce que vont devenir nos investissements. Les bilans (financiers) commencent à être négatifs pour les sociétés cotonnières ». Autre source d'inquiétude selon ce responsable : la présence d'une autre forme de jassides, détectée dans plusieurs parcelles. À lire aussiLes prix du coton, ballotés par la guerre commerciale, pèsent sur l'Afrique

Chronique des Matières Premières
Le Zimbabwe veut transformer un peu plus le lithium sur son sol

Chronique des Matières Premières

Play Episode Listen Later Jun 11, 2025 2:05


Le Zimbabwe avait déjà obligé l'année dernière les acteurs miniers à ne plus exporter de lithium brut. Le gouvernement leur demande d'aller un cran plus loin dans le traitement du minerai, avec une nouvelle date butoir. La transformation du lithium exigée depuis l'année dernière dans le pays permet de produire du concentré de lithium, mais cette étape reste sommaire, au regard de l'ensemble du processus de raffinage. En édictant ces règles, le Zimbabwe a voulu décourager les mineurs artisanaux qui n'ont pas les moyens de réaliser ce premier traitement. Harare veut maintenant créer de la valeur et produire du sulfate de lithium, un produit intermédiaire qui se vend environ trois fois plus cher que le spodumène exporté aujourd'hui. Le sulfate de lithium sera, comme c'était le cas avant, aussi en grande partie commercialisé en Chine, pays qui domine 80% de l'activité de raffinage de lithium. Il y sera transformé jusqu'à devenir un matériau de qualité batteries.  Des entreprises chinoises au Zimbabwe Si des miniers australiens sont présents au Zimbabwe, les sociétés chinoises ont aussi jeté leur dévolu sur le pays pionnier en matière d'exploitation de lithium sur le continent africain et dans le top 5 des producteurs mondiaux (selon l'USGS, le service géologique américain). La raison de cet intérêt est simple, la Chine a besoin du minerai pour faire rouler ses voitures électriques. L'année dernière, le Zimbabwe a fourni près de 15% des besoins de la Chine en concentré de lithium. À partir de janvier 2027, si le calendrier est tenu, ce sera du sulfate que le géant asiatique achètera. Répondre aux nouvelles exigences d'Harare Les miniers présents au Zimbabwe n'ont pas contesté publiquement le calendrier donné par le gouvernement. Mais, en revanche, ils demandent un geste aux autorités, pour qu'elles reportent l'application de la taxe à l'exportation qu'ils paient aujourd'hui sur les cargaisons de concentré de lithium. Un report, le temps qu'ils construisent et mettent en service les nouvelles unités de raffinage.  Le défi des miniers sera d'être demain capable de produire dans les conditions offertes par le Zimbabwe, « un vrai beau sulfate pur », fait remarquer Michel Jebrak, professeur émérite au département des Sciences de la Terre et de l'Atmosphère de l'Université du Québec et auteur du livre Des mines et des empires paru aux éditions Multimondes, la pureté étant un élément essentiel pour éviter que les batteries prennent feu.  À lire aussiLes prix bas du lithium pèse toujours sur l'essor des projets miniers

Reportage International
Gaza: «+972», un média qui détonne

Reportage International

Play Episode Listen Later Jun 8, 2025 2:52


Comment raconter Gaza alors que l'enclave palestinienne reste fermée aux reporters étrangers et que le nombre de journalistes palestiniens tués dépasse désormais les 200, selon le syndicat des journalistes palestiniens ? Une tâche d'autant plus compliquée en Israël, qui semble rester bloqué au 7-Octobre. Un média détonne pourtant dans le paysage médiatique israélien, il s'agit du site d'information « +972 ». Il rassemble une vingtaine de journalistes israéliens et palestiniens, unis pour raconter au mieux l'actualité de cette terre qu'ils ont en partage. Du journalisme « from the river to the sea » comme ils aiment à dire. Depuis le 7-Octobre, l'affluence explose. De 20 000 lecteurs avant la guerre, les rédacteurs en chef du site d'information +972 disent être passés à 120 000 visiteurs par mois, avec des pics pouvant atteindre plus d'un million sur certaines enquêtes. Alors, à quoi ressemble le quotidien de cette rédaction mixte ? Est-ce un laboratoire ? Ou une utopie ? Amira Souilem est allée à la rencontre des équipes en Israël, mais aussi en Cisjordanie occupée.Ce soir encore à Tel Aviv, des centaines d'Israéliens manifestent pour demander la fin de la guerre à Gaza. Des photos d'enfants gazaouis à la main, ils espèrent créer un électrochoc dans l'opinion publique. Dans la foule, caché derrière son objectif, Oren Ziv, journaliste israélien : « La première semaine de la guerre, juste après le 7 octobre, le chef de la police a dit aux manifestants que si certains voulaient manifester en solidarité avec Gaza, il pouvait affréter des bus pour les envoyer là-bas. C'est important d'être là parce que cette mobilisation vise à faire en sorte que les Israéliens réalisent ce qu'il se passe à Gaza ». À lire aussiLes journalistes gazaouis réclament un statut de victimes à la Cour pénale internationaleOren Ziv travaille pour le site d'information +972, un clin d'œil à l'indicatif téléphonique d'Israël. Sa vocation est née pendant la seconde intifada au début des années 2000. Il cherche alors à comprendre pourquoi ses voisins jettent des pierres et s'engage dans une association israélo-palestinienne. L'engagement, c'est l'ADN de +972. Ses locaux sont basés à Tel Aviv. Ghousoon Bisharat, en est la rédactrice en chef. Elle est Palestinienne d'Israël. « Le génocide à Gaza et les atrocités du 7-Octobre, c'est du jamais vu. On n'a jamais vu autant de cruauté. On est tous encore traumatisés par ce qui se passe. On ne s'en remet pas encore. Je crois que la seule solution, c'est d'avoir un État, un État binational où Palestiniens comme Israéliens juifs vivent ensemble. Je sais que ça a l'air d'un rêve en ce moment, mais c'est dans cet endroit que j'aimerais que mes enfants vivent ». Le rêve de liberté pour tous semble bien loin pour le moment. À une centaine de kilomètres de là, en Cisjordanie occupée, Basel Adra est l'un des reporters palestiniens du site d'information. En mars dernier, il a remporté à Hollywood l'Oscar du meilleur documentaire pour son film No Other Land. Il y racontait le quotidien de son village soumis à la violence des colons israéliens. Parce qu'il travaille avec des Israéliens, le jeune homme a essuyé des critiques de la part de certains de ses compatriotes. Il tente de passer outre ces remarques qu'il juge déconnectées des réalités et binaires : « Hier, des activistes israéliens ont reçu des coups de la part de colons et la police n'a rien fait pour les protéger alors qu'ils sont Israéliens. Et ce type de militantisme qui tente de montrer la réalité, c'est important ».De Tel Aviv aux villages de Cisjordanie occupée, les membres de +972 continuent de penser que le cycle de la violence et de l'injustice peut être rompu. Eux, feront tout pour.À lire aussi«Ils ont vidé les maisons»: en Cisjordanie, l'armée israélienne détruit le village du film «No Other Land»À lire aussi«La presse est attaquée»: en Cisjordanie occupée, la répression israélienne contre les journalistes s'aggrave

Reportage international
Gaza: «+972», un média qui détonne

Reportage international

Play Episode Listen Later Jun 8, 2025 2:52


Comment raconter Gaza alors que l'enclave palestinienne reste fermée aux reporters étrangers et que le nombre de journalistes palestiniens tués dépasse désormais les 200, selon le syndicat des journalistes palestiniens ? Une tâche d'autant plus compliquée en Israël, qui semble rester bloqué au 7-Octobre. Un média détonne pourtant dans le paysage médiatique israélien, il s'agit du site d'information « +972 ». Il rassemble une vingtaine de journalistes israéliens et palestiniens, unis pour raconter au mieux l'actualité de cette terre qu'ils ont en partage. Du journalisme « from the river to the sea » comme ils aiment à dire. Depuis le 7-Octobre, l'affluence explose. De 20 000 lecteurs avant la guerre, les rédacteurs en chef du site d'information +972 disent être passés à 120 000 visiteurs par mois, avec des pics pouvant atteindre plus d'un million sur certaines enquêtes. Alors, à quoi ressemble le quotidien de cette rédaction mixte ? Est-ce un laboratoire ? Ou une utopie ? Amira Souilem est allée à la rencontre des équipes en Israël, mais aussi en Cisjordanie occupée.Ce soir encore à Tel Aviv, des centaines d'Israéliens manifestent pour demander la fin de la guerre à Gaza. Des photos d'enfants gazaouis à la main, ils espèrent créer un électrochoc dans l'opinion publique. Dans la foule, caché derrière son objectif, Oren Ziv, journaliste israélien : « La première semaine de la guerre, juste après le 7 octobre, le chef de la police a dit aux manifestants que si certains voulaient manifester en solidarité avec Gaza, il pouvait affréter des bus pour les envoyer là-bas. C'est important d'être là parce que cette mobilisation vise à faire en sorte que les Israéliens réalisent ce qu'il se passe à Gaza ». À lire aussiLes journalistes gazaouis réclament un statut de victimes à la Cour pénale internationaleOren Ziv travaille pour le site d'information +972, un clin d'œil à l'indicatif téléphonique d'Israël. Sa vocation est née pendant la seconde intifada au début des années 2000. Il cherche alors à comprendre pourquoi ses voisins jettent des pierres et s'engage dans une association israélo-palestinienne. L'engagement, c'est l'ADN de +972. Ses locaux sont basés à Tel Aviv. Ghousoon Bisharat, en est la rédactrice en chef. Elle est Palestinienne d'Israël. « Le génocide à Gaza et les atrocités du 7-Octobre, c'est du jamais vu. On n'a jamais vu autant de cruauté. On est tous encore traumatisés par ce qui se passe. On ne s'en remet pas encore. Je crois que la seule solution, c'est d'avoir un État, un État binational où Palestiniens comme Israéliens juifs vivent ensemble. Je sais que ça a l'air d'un rêve en ce moment, mais c'est dans cet endroit que j'aimerais que mes enfants vivent ». Le rêve de liberté pour tous semble bien loin pour le moment. À une centaine de kilomètres de là, en Cisjordanie occupée, Basel Adra est l'un des reporters palestiniens du site d'information. En mars dernier, il a remporté à Hollywood l'Oscar du meilleur documentaire pour son film No Other Land. Il y racontait le quotidien de son village soumis à la violence des colons israéliens. Parce qu'il travaille avec des Israéliens, le jeune homme a essuyé des critiques de la part de certains de ses compatriotes. Il tente de passer outre ces remarques qu'il juge déconnectées des réalités et binaires : « Hier, des activistes israéliens ont reçu des coups de la part de colons et la police n'a rien fait pour les protéger alors qu'ils sont Israéliens. Et ce type de militantisme qui tente de montrer la réalité, c'est important ».De Tel Aviv aux villages de Cisjordanie occupée, les membres de +972 continuent de penser que le cycle de la violence et de l'injustice peut être rompu. Eux, feront tout pour.À lire aussi«Ils ont vidé les maisons»: en Cisjordanie, l'armée israélienne détruit le village du film «No Other Land»À lire aussi«La presse est attaquée»: en Cisjordanie occupée, la répression israélienne contre les journalistes s'aggrave

Reportage International
En Australie, l'abri de plage «beach cabana» ne fait pas que des heureux

Reportage International

Play Episode Listen Later May 31, 2025 2:29


En Australie, la plage, c'est du sérieux ! L'été y bat actuellement son plein, et cette année, un accessoire fait fureur sur les plages. C'est le « beach cabana » - abri de plage, en français - une sorte d'hybride entre la tente et le parasol. Critiqué par certains, il est aussi plébiscité par de nombreux autres, car dans ce pays qui affiche le plus fort taux de prévalence du cancer de la peau au monde, la protection contre le soleil que ces abris apportent est saluée, et même encouragée. De notre correspondant à Sydney,Les vagues sont puissantes un dimanche à Maroubra, mais cela ne décourage pas les milliers de personnes qui sont venues passer la journée sur cette plage de Sydney, pour fuir la chaleur qui dépasse 35°C. Mais l'océan, si on l'entend distinctement, n'est pas facile à voir : il est masqué par des centaines d'abris de plage. Un phénomène plutôt nouveau, qui gâche un peu le plaisir de Jeff, qui veut profiter du littoral : « C'est un peu gênant quand il y en a trop devant soi, parce que ça bloque la vue… », soupire-t-il. Et puis il y en a d'autres qui s'en servent pour réserver leur petit coin de sable. Ils installent leur abri tôt le matin, puis retournent en ville, par exemple pour faire leurs courses, avant de revenir à la plage, plusieurs heures plus tard. Un comportement qui a fait l'objet de polémiques intenses sur les réseaux sociaux, et sur lequel le Premier ministre Anthony Albanese a lui-même donné son avis : « Ça ne se fait pas ! Ce qui est formidable en Australie, c'est que contrairement à d'autres endroits dans le monde, ici, la plage est à tout le monde, c'est un endroit où on est tous égaux… Et donc se réserver son petit coin sur la plage, c'est une rupture de ce principe. »À lire aussiLes cancers de la peauDes propos qui n'ont pas entamé la popularité de cet accessoire, bien au contraire même, puisque ceux qui, comme Alistair, n'en sont pas équipés, rêvent de s'en acheter un : « J'ai des amis qui en ont un, et c'est super facile à installer… Et vu la puissance des rayons UV ici, c'est vraiment utile… ». Un point sur lequel s'accorde son amie Heather, qui n'est pourtant pas vraiment une fan : « Je les trouve assez moches, mais en tant que Britannique à la peau extrêmement pâle, on ne rigole pas avec le soleil australien… Même si je préférais m'asseoir et dessous de quelque chose de plus joli », tempère-t-elle.Il faut dire que l'Australie affiche le plus fort taux de prévalence au monde de cancers de la peau. C'est une maladie dont on détecte un nouveau cas toutes les 30 minutes, et qui, chaque année, tue plus de personnes que les accidents de la route en Australie. C'est ce qui explique pourquoi l'Institut australien du mélanome a annoncé il y a quelques mois un partenariat avec CoolCabanas, l'entreprise australienne qui vend ces abris de plage. Qu'on les trouve moches ou pas, l'Institut du mélanome le rappelle, le meilleur moyen de se protéger du soleil, c'est de se mettre à l'ombre.À lire aussiAustralie : le gamilaraay, une langue aborigène menacée à l'étonnante vitalité

Reportage international
En Australie, l'abri de plage «beach cabana» ne fait pas que des heureux

Reportage international

Play Episode Listen Later May 31, 2025 2:29


En Australie, la plage, c'est du sérieux ! L'été y bat actuellement son plein, et cette année, un accessoire fait fureur sur les plages. C'est le « beach cabana » - abri de plage, en français - une sorte d'hybride entre la tente et le parasol. Critiqué par certains, il est aussi plébiscité par de nombreux autres, car dans ce pays qui affiche le plus fort taux de prévalence du cancer de la peau au monde, la protection contre le soleil que ces abris apportent est saluée, et même encouragée. De notre correspondant à Sydney,Les vagues sont puissantes un dimanche à Maroubra, mais cela ne décourage pas les milliers de personnes qui sont venues passer la journée sur cette plage de Sydney, pour fuir la chaleur qui dépasse 35°C. Mais l'océan, si on l'entend distinctement, n'est pas facile à voir : il est masqué par des centaines d'abris de plage. Un phénomène plutôt nouveau, qui gâche un peu le plaisir de Jeff, qui veut profiter du littoral : « C'est un peu gênant quand il y en a trop devant soi, parce que ça bloque la vue… », soupire-t-il. Et puis il y en a d'autres qui s'en servent pour réserver leur petit coin de sable. Ils installent leur abri tôt le matin, puis retournent en ville, par exemple pour faire leurs courses, avant de revenir à la plage, plusieurs heures plus tard. Un comportement qui a fait l'objet de polémiques intenses sur les réseaux sociaux, et sur lequel le Premier ministre Anthony Albanese a lui-même donné son avis : « Ça ne se fait pas ! Ce qui est formidable en Australie, c'est que contrairement à d'autres endroits dans le monde, ici, la plage est à tout le monde, c'est un endroit où on est tous égaux… Et donc se réserver son petit coin sur la plage, c'est une rupture de ce principe. »À lire aussiLes cancers de la peauDes propos qui n'ont pas entamé la popularité de cet accessoire, bien au contraire même, puisque ceux qui, comme Alistair, n'en sont pas équipés, rêvent de s'en acheter un : « J'ai des amis qui en ont un, et c'est super facile à installer… Et vu la puissance des rayons UV ici, c'est vraiment utile… ». Un point sur lequel s'accorde son amie Heather, qui n'est pourtant pas vraiment une fan : « Je les trouve assez moches, mais en tant que Britannique à la peau extrêmement pâle, on ne rigole pas avec le soleil australien… Même si je préférais m'asseoir et dessous de quelque chose de plus joli », tempère-t-elle.Il faut dire que l'Australie affiche le plus fort taux de prévalence au monde de cancers de la peau. C'est une maladie dont on détecte un nouveau cas toutes les 30 minutes, et qui, chaque année, tue plus de personnes que les accidents de la route en Australie. C'est ce qui explique pourquoi l'Institut australien du mélanome a annoncé il y a quelques mois un partenariat avec CoolCabanas, l'entreprise australienne qui vend ces abris de plage. Qu'on les trouve moches ou pas, l'Institut du mélanome le rappelle, le meilleur moyen de se protéger du soleil, c'est de se mettre à l'ombre.À lire aussiAustralie : le gamilaraay, une langue aborigène menacée à l'étonnante vitalité

Revue de presse internationale
À la Une: un pas en avant, deux pas en arrière aux États-Unis

Revue de presse internationale

Play Episode Listen Later May 30, 2025 4:09


C'est le rythme auquel avance la lutte entre les tribunaux américains et le président Donald Trump en ce moment. La justice a suspendu ses droits de douane ? Pas de problème, l'administration réplique et obtient « une "suspension d'urgence" de la décision » raconte le Guardian.C'est là surtout un moyen de gagner du temps, pour que, raconte le Wall Street Journal « les responsables américains évaluent leurs options, au cas où elles doivent trouver une nouvelle autorité légale pour imposer les droits de douane » présidentiels. Car c'est bien là le problème : les tribunaux ont suspendu ces mesures au motif que le président, lui, n'avait pas l'autorité pour les imposer.La question de la stratégieSelon le Wall Street Journal toujours, « l'équipe du président examine une réponse en deux temps. » D'abord, se tourner vers « une disposition jamais utilisée de la loi sur le commerce de 1974, » pour « imposer des droits de douane provisoires sur des pans entiers de l'économie mondiale pendant 150 jours. » Pendant ce temps-là, il pourrait, en vertu de la même loi, « concevoir des droits de douane individualisés pour chaque grand partenaire commercial. »À moins que, pointe le Washington Post, l'administration ne décide d' « ignorer cette décision de justice, de continuer de récolter les droits de douane et de défier quiconque de l'arrêter. » Ce ne serait pas la première fois que l'équipe Trump adopte cette attitude, souligne le New York Times même si, admet le Post, cette option « nucléaire » « déclencherait immédiatement une crise constitutionnelle ».L'exécutif retient son souffle, l'économie aussiLes entreprises américaines sont bien obligées, grimace le New York Times, « de digérer rapidement ce dernier rebondissement dans [une] guerre douanière aux airs de montagnes russes », qui, une fois de plus, « rend impossible toute planification au-delà de quelques semaines. » Une plaie pour les commerces et plus largement pour l'image des États-Unis. Un entrepreneur interrogé par le quotidien martèle que le pays « a besoin d'être connu à travers le monde comme un partenaire fiable »or, c'est pour l'instant tout l'inverse qui se produit.Un autre entrepreneur fait la moue Et pas n'importe lequel : Elon Musk lui-même ! « Un petit tour et puis s'en va, » ironise Le Figaro. On a appris cette semaine le départ du milliardaire américain du Doge, ce département d'État créé pour sabrer dans les dépenses administratives du pays  avec un bilan « plus que mitigé » juge le quotidien, puisque si Elon Musk « promettait plus de 1 000 milliards de dollars d'économies sur le budget fédéral », il n'a finalement réussi à en obtenir que 150  malgré ses « licenciements spectaculaires » et autres coups de tronçonneuse. Sa méthode – « celle du chaos, de l'outrance et de la précipitation, (…) la marque de fabrique du trumpisme », tance le Figaro – a échoué : retour aux affaires donc, X, Tesla, et surtout SpaceX, puisque rappelle une autre journaliste du quotidien, « selon lui, l'avenir sera extra-planétaire ou ne sera pas. » La Terre en piteux état En témoigne l'effondrement de ce glacier, jeudi à Blatten, petit village suisse quasi intégralement englouti, « dévoré » dit le Bild allemand, par 3 millions de mètres cubes de roche et d'eaux boueuses. Finie, « la vue autrefois magnifique sur les Alpes » : là où se dressait avant la montagne, trône à présent « un grand trou béant. » Après cet éboulement, restent, raconte Le Temps, « les chants des oiseaux et les pales des hélicoptères » seuls désormais à troubler « le calme d'une vallée qui semble presque déserte. » Dans une vallée défigurée, « les vaches s'affalent dans les prés, le soleil rayonne : ils rappellent que la nature continue de vivre à son rythme, sans en demander la permission. »Pour autant, on est loin du « jour d'après », alerte Bild : « la prochaine catastrophe se profile, » puisque « le lit de la rivière » toute proche est bloqué par les décombres et « il a commencé à pleuvoir, ce qui augmente les risques d'inondation. » Le Temps signale quant à lui que « le site est si dangereux que personne ne peut intervenir sur les lieux. » Et au-delà de Blatten, cet événement, aussi rare soit-il, « jette une lumière crue sur la mauvaise santé des glaciers ». D'autant qu'une nouvelle étude, rapportée par le New York Times, est formelle : en dépit « des stratégies de limitation de la casse climatique », « certains glaciers disparaîtront quoi qu'il arrive. »

Chronique des Matières Premières
Anglo American se sépare de ses mines de platine en Afrique du Sud

Chronique des Matières Premières

Play Episode Listen Later May 29, 2025 2:13


Petite révolution dans le secteur minier : le géant mondial Anglo American se sépare de ses mines de platine en Afrique du Sud. Anglo American Platinum devient une entité autonome et prend le nom de Valterra, dans un contexte très incertain pour l'avenir des platinoïdes. La branche sud-africaine d'Anglo American devient indépendante dans un contexte difficile pour le secteur des platinoïdes, un groupe de six métaux, qui comprennent le palladium et le rhodium que l'on retrouve dans les pots catalytiques des voitures. Leur prix s'est envolé après la pandémie et au début de l'invasion de l'Ukraine. Mais la bulle a éclaté en 2023 et depuis l'Afrique du Sud accuse le coup : le pays est le premier producteur mondial de platine d'où l'on peut extraire du palladium et du rhodium. Les grands groupes miniers présents dans le pays ont dû s'adapter, et pour certains se restructurer et licencier du personnel. Pour ne rien arranger, des inondations ont mis à l'arrêt, en début d'année, la production d'une importante mine dans la province du Limpopo, exploitée par l'ancienne filiale d'Anglo American. Un contexte difficile pour cette société devenue donc Valterra Platinum : selon une note de la banque UBS, citée par le site spécialisé Mining.com, la société pourrait afficher d'ici fin juin un déficit de plus de 8 milliards de rands (soit plus de 400 millions d'euros) en raison notamment du coût de la scission avec Anglo American.Demande en platinoïde très incertaineAu premier trimestre, la demande de bijoux en platine a augmenté de près d'un quart, en raison de la flambée des cours de l'or qui a fait reculer l'achat de bijoux en métal jaune. Mais les débouchés des platinoïdes restent essentiellement liés au secteur de l'automobile. Le décollage ou non de la demande pour les véhicules électrique et la fin des pots d'échappement qui va avec, sera donc déterminant pour l'avenir du platine, du rhodium ou encore du palladium.D'autres sous-métaux du groupe, tels que l'iridium, pourraient en revanche, eux, trouver un nouvel élan avec le développement de la filière hydrogène, une filière sur laquelle mise l'Afrique du Sud.Une troisième année de déficitLes disponibilités seront inférieures à la demande encore cette année, selon le World Platinum Investment Council (WPIC), en raison notamment d'une baisse de 4% de l'offre disponible.Ce nouveau déficit devrait entamer un peu plus les stocks et pourrait créer de la tension sur le marché : les prix ont d'ailleurs rebondi depuis la publication des prévisions 2025 du WPIC le 19 mai. Comme d'autres analystes, le PDG de Valterra Platinum table lui-même sur des perspectives de prix positives. À lire aussiLes groupes miniers producteurs de platinoïdes face à la crise en Afrique du Sud

Aujourd'hui l'économie
La seconde vie des objets, pilier essentiel de l'économie circulaire

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later May 27, 2025 3:20


Alors que Paris accueille la REuse Economy Expo, unique salon européen dédié à la réutilisation, la question du réemploi des objets du quotidien s'impose comme un enjeu crucial. Créateur d'emplois et levier économique, ce modèle reste pourtant en retrait face au recyclage. Décryptage. Le réemploi et la réutilisation des objets connaissent un coup de projecteur à Paris, à l'occasion de la REuse Economy Expo, le seul événement en Europe entièrement consacré à cette thématique. Redonner une seconde vie à nos objets est un impératif à la fois écologique et économique. Pourtant, cette pratique reste marginale: ni les producteurs, ni les vendeurs, ni même les consommateurs ne l'ont pleinement adoptée.Résultat, il est difficile d'évaluer précisément le poids de cette économie. Ce qui est certain en revanche, c'est son potentiel en matière d'emploi. Rien que dans le secteur de la remise en état des emballages, 8 000 personnes sont actuellement employées en France. Et selon plusieurs experts, ce chiffre pourrait grimper à 40 000 d'ici 2040. Le réemploi se présente donc comme une véritable opportunité de développement économique.Réutiliser plutôt que recycler : un changement de paradigmePendant des années, c'est le recyclage qui a été érigé en norme. On démonte, on détruit, puis on reconstruit. Mais le réemploi reste à la traîne, alors même qu'il présente des avantages considérables. Pour les consommateurs, il signifie des prix plus accessibles. Pour les entreprises, selon l'ADEME (Agence française de la transition écologique), il permet de réduire significativement les coûts de production.L'exemple du secteur verrier illustre parfaitement ce tournant. Au printemps 2022, confrontés à une pénurie de calcin après le début de la guerre en Ukraine, les producteurs français ont choisi de laver et réutiliser les bouteilles existantes, plutôt que de les recycler dans des fours énergivores. Une solution plus rapide, plus économique, et bien plus écologique.À lire aussiLes industriels européens du plastique prennent le virage du recyclableConstruire une culture du réemploiLe véritable défi réside dans la conception même des produits, qui sont majoritairement pensés pour un usage unique. Or, l'essor du réemploi dépend en grande partie d'une évolution dans cette logique de production. En France, la réglementation évolue. D'ici 2027, 10 % des emballages devront être réutilisés. À l'échelle européenne, une nouvelle directive encore plus ambitieuse entrera en vigueur dès l'année prochaine. Mais il faut aussi convaincre les consommateurs. Entre une machine à laver bon marché, mais irréparable, et une plus coûteuse aux pièces robustes et remplaçables, le choix immédiat est souvent dicté par le prix. Pourtant, sur le long terme, c'est souvent la solution réparable qui s'avère la plus rentable. Penser les produits pour qu'ils aient plusieurs vies, dès leur conception, devient une piste incontournable. Les enseignes de seconde main fleurissent à travers l'Europe, et ces produits investissent désormais les rayons des grands magasins. Comme le rappelait justement Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » L'économie circulaire n'a peut-être jamais été aussi actuelle.

Afrique Économie
Lesotho: inquiétude dans l'industrie textile face à la menace des droits de douane de Trump

Afrique Économie

Play Episode Listen Later May 25, 2025 2:29


Le Lesotho, petit royaume de 2 millions d'habitants enclavé dans l'Afrique du Sud, est menacé de 50% de taxes par l'administration Trump. C'est le pays le plus touché dans le monde après la Chine. Or, il dépend de l'industrie textile. Reportage dans des usines où ces taxes américaines font craindre le pire. De notre envoyé spécial de retour de Maseru,Nous sommes au sud de Maseru, dans une petite usine de textile en brique rouge. Et ici, quand on évoque Donald Trump, les réactions ne se font pas attendre. « Je trouve qu'il est égoïste, juge une employée, il ne pense pas à l'impact négatif de ses décisions sur notre population. »Malgré la suspension des taxes par le président américain, qui a décrété une pause pour trois mois début avril, l'avenir est particulièrement incertain, et la menace des 50% de droits de douane plane toujours sur le personnel de cette usine du Lesotho. « Ils sont stressés et inquiets, témoigne Malerai Mosotho, la manageuse. On fait de notre mieux pour les rassurer. On les réunit et on leur parle. Mais si, du jour au lendemain, on avait 50% de taxes, ce serait un vrai désastre ici. On devrait renvoyer des gens chez eux. »À écouter aussiLes habitants du Lesotho veulent rebondir sur le tacle de Trump et faire connaître leur pays« Soyez clément avec notre pays, notre usine, nos familles »Le stress est palpable et les visages sont fermés dans cette usine où résonne le bruit des machines à coudre et où la vapeur émane des stands de repassage. Car le marché américain représente 10% des exportations. « Le marché américain est un de nos principaux débouchés, en dollars, souligne Teboho Kobeli, le fondateur d'Afri-export-textile. On s'était particulièrement orienté vers les États-Unis depuis quelques années. Pour nous, c'est un marché d'un million de dollars par an ! »Mamohapi travaille ici depuis huit ans. « Là, je contrôle un jean qui sort du lavage. Je vérifie tout avant d'emballer », dit-elle. Mère de trois enfants, elle est inquiète : « Si je ne peux plus ramener d'argent dans mon foyer, ma famille va mourir. Tout le pays est affecté. Alors, je demande à Donald Trump ​​​​​​​: soyez clément avec notre pays, avec notre usine. Soyez clément avec nos familles ! »Un geste envers Musk pour apaiser la situationPas sûr que Donald Trump soit sensible à cette demande. Pour sauver les plus de 10 000 postes en danger, le gouvernement lésothien devra plutôt négocier. « Ces taxes, c'est une décision troublante de la part d'un grand pays que je considérais comme un symbole d'espoir, juge Mokethi Shelile, ministre du Commerce et de l'Industrie du royaume enclavé. Et ce n'est pas fondé sur la réciprocité. Nous exportons beaucoup par rapport à eux dans le cadre de l'Agoa (African Growth and Opportunity Act, le programme d'aide américain sur la croissance et les possibilités en Afrique, NDLR). Elles vendent peu chez nous. Mais nous ne sommes que deux millions d'habitants ​​​​​​​! Les entreprises américaines ne sont peut-être tout simplement pas intéressées par notre marché. »Le Lesotho a récemment accordé une licence d'exploitation à Elon Musk pour son entreprise Starlink. En faisant un pas vers le milliardaire très proche du président Trump, le royaume enclavé espère éviter des taxes trop importantes.À lire aussiLes habitants du Lesotho veulent rebondir sur le tacle de Trump et faire connaître leur pays

Aujourd'hui l'économie
Guerre commerciale: la Chine souffre mais garde le cap

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later May 20, 2025 3:07


En pleine incertitude liée à la guerre commerciale sino-américaine, Pékin tente de soutenir son économie par des mesures de relance monétaire. La Banque centrale chinoise a une nouvelle fois abaissé deux de ses taux d'intérêt, alors que l'activité industrielle affiche une croissance contrastée. Décryptage. La Chine donne un coup de pouce à son économie. Ce mardi, la Banque centrale a de nouveau abaissé deux de ses taux d'intérêt clés. Une décision qui intervient dans un contexte économique tendu, marqué par les tensions commerciales persistantes avec les États-Unis. Pourtant, malgré cette conjoncture incertaine, l'économie chinoise montre une certaine résilience. En avril, la production industrielle a progressé de 6,1 % par rapport à l'année précédente. Un chiffre encourageant, mais qui masque un ralentissement: la croissance industrielle est moins vigoureuse que les mois précédents. Ce sont principalement les secteurs de haute technologie – robots industriels, véhicules électriques et équipements d'impression 3D – qui soutiennent cette dynamique.À lire aussiNégociations commerciales: la Chine et les États-Unis font état de «progrès» avant un communiqué communCommerce extérieur en repli, malgré une trêve fragileCette vigueur industrielle contraste cependant avec la mauvaise performance du commerce extérieur. Le mois dernier, les exportations vers les États-Unis ont chuté de 21 %. Une baisse qui a poussé les industriels chinois à se réorienter vers l'Asie du Sud-Est, pour contourner les droits de douane imposés par l'administration Trump. Mais récemment, un changement de cap s'est opéré : les deux pays ont convenu d'une trêve commerciale de 90 jours. Les droits de douane ont été réduits, bien qu'ils restent élevés : 40 % pour les produits chinois entrant aux États-Unis, et environ 25 % pour les exportations américaines vers la Chine. Une accalmie temporaire donc, qui a poussé les importateurs américains à stocker massivement des biens chinois, soutenant artificiellement la production au moins jusqu'en juin.Une consommation intérieure en berneMalgré ces signaux, des faiblesses structurelles persistent. Le principal point noir: la consommation des ménages chinois reste faible, alors qu'elle constitue un moteur essentiel de la croissance. Pour 2025, les autorités visent une croissance de 5 %, un objectif ambitieux dans un contexte incertain. C'est dans cette optique que la Banque centrale a décidé d'abaisser ses taux directeurs, espérant stimuler la demande intérieure. Ces mesures de relance pourraient soutenir l'économie à court terme. Mais la dynamique reste conditionnée à la résolution durable de la guerre commerciale entre Pékin et Washington.À lire aussiLes dernières mesures chinoises vont-elles suffire à relancer l'économie?

Reportage International
15ᵉ édition de «Locked Shields», exercice majeur de cybersécurité

Reportage International

Play Episode Listen Later May 11, 2025 2:23


« Locked Shields » est le plus grand exercice de cybersécurité au cours duquel les pays de l'Otan et leurs alliés s'entraînent. Quatre mille participants, répartis dans plusieurs pays, cherchent à trouver la parade pour contrer des attaques informatiques visant les États, les infrastructures et les services aux citoyens. Il s'agit de la 15ᵉ édition, imaginée par le Centre d'excellence de l'Otan à Tallinn, en Estonie, premier pays à avoir subi une cyberattaque de grande ampleur en 2007. Marielle Vitureau, notre correspondante, a pu se rendre en Estonie avant le début de l'exercice. De notre correspondante à Tallinn,Dans la salle où se trouve l'équipe estonienne, la centaine de participants porte un T-shirt bleu, un casque audio sur les oreilles et garde les yeux rivés sur un écran grand format. Dans quelques heures, avec des collègues de Lituanie, d'Ukraine et du Monténégro, tous à distance, ils devront répondre aux attaques lancées par l'équipe rouge. Le lieutenant-colonel Nino Rodrigues, du centre d'excellence de l'Otan, a élaboré le scénario qui se déroule dans des pays imaginaires : « Les gentils viennent de "Berylia", et les méchants de "Crimsonia". Les tensions augmentent autour de ressources naturelles situées dans les eaux internationales. C'est la racine du problème. Nous sommes partis de ce simple scénario pour créer un contexte qui justifierait une cyberattaque ».À écouter aussiLes cyberattaques pro-russes s'intensifient en France et dans l'UEUne menace bien présenteL'entrée pour aller voir l'équipe rouge, les attaquants, est filtrée. Il est interdit de photographier ou d'interviewer ceux qui mèneront les attaques contre les infrastructures et les services de communication de Berylia. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les cyberattaques augmentent en Estonie. En 2024, les autorités en charge de la protection des réseaux en ont dénombré 6 515 ayant eu un impact. Récemment, l'Estonie a officiellement attribué l'une de ces attaques au renseignement militaire russe. Tanel Sepp, ambassadeur estonien pour la cybersécurité, explique : « Ces attaques sont souvent liées à des déclarations politiques. Dès que le Parlement ou le gouvernement fait certaines déclarations, il y a immédiatement des attaques qui mettent hors ligne les serveurs. C'est récurrent ». Dans la salle de l'équipe bleue estonienne, la pression monte. Tous les systèmes sont vérifiés avant le lancement de l'attaque.Pas de retour possible au papierUko Valtenberg dirige l'équipe estonienne. Cet exercice, pour lui, est plus que nécessaire : « L'Estonie est un pays complètement numérisé. Nous n'avons pas de solutions de repli, nous ne pouvons pas revenir au papier, ce n'est plus possible. Si quelqu'un nous ciblait, nous attaquait, les conséquences pourraient être dramatiques ». À l'avenir, les équipes devraient jouer 24 heures sur 24, comme si elles contraient une offensive dans la vraie vie. Et peut-être même que le scénario prévoira des morts, conséquence possible de cyberattaques.À écouter aussiLe cyber, une «arme d'emploi» pour la Russie

C'est pas du vent
Cultivons l'avenir en sauvegardant les plantes

C'est pas du vent

Play Episode Listen Later May 9, 2025 48:30


Avez-vous déjà entendu parler de la Sartidia perrieri ? C'est ou plutôt c'était une espèce d'herbe gracieuse d'une cinquantaine de centimètres qui se terminait par une jolie touffe gracile. Elle a été vue pour la dernière fois à Madagascar en 1914 à 1 900 mètres d'altitude dans une savane arborée près d'Antsirabe. Depuis, plus de nouvelles...  Les scientifiques l'ont pourtant cherchée, ils ont ratissé les collines et les montagnes malgaches, mais partout où elle aurait pu être, il y avait du bétail en train de brouter, des feux pour défricher ou des gens qui faisaient pousser du riz… La Sartidia perrieri a disparu et ne reviendra jamais. Ce n'est qu'une herbe, me direz-vous, mais il y a des centaines d'espèces végétales qui ont disparu à cause des activités humaines, or les plantes soutiennent toute la vie sur Terre.Un sanctuaire pour les espèces végétales menacées du monde entier à BrestOn associe les espèces disparues au monde animal, beaucoup moins aux plantes. Pourtant, le changement climatique, les activités humaines ou l'urbanisation mettent en péril la biodiversité végétale. À Brest, dans l'ouest de la France, un conservatoire botanique s'est donné pour mission à sa création au début des années 1970 de sauvegarder les espèces menacées d'extinction. On trouve dans sa banque de graines 2 200 espèces menacées, venues de partout dans le monde, notamment des plus hauts lieux de biodiversité comme les îles Maurice, Madère, les Canaries, Juan Fernandez... Certaines plantes éteintes dans la nature ont pu être réintroduites grâce au savoir-faire pointu de l'établissement. Virginie de Rocquigny a pu visiter ce jardin unique au monde. Reportage.À lire aussiPlantes : disparition ? Action !Les gardiens de la biodiversité en ColombieOn les appelle semences traditionnelles, anciennes, créoles, natives ou locales. Les paysans ont su, au fil des siècles et des millénaires, les sélectionner pour les adapter aux maladies et aux climats locaux. En Colombie, comme dans plusieurs pays du monde, elles sont aujourd'hui menacées et n'assurent plus la souveraineté alimentaire du pays.Et c'est pour conserver la diversité exceptionnelle de ces variétés que se met en place un réseau national de semences avec l'appui de l'ONG Swissaid. L'objectif : recenser, valoriser et défendre les semences traditionnelles et les savoir-faire qui leur sont associés avec la création de 15 maisons des semences réparties dans tout le pays. Nous suivons Pierre Lefèvre qui est allé enquêter en Colombie.À lire aussiLes semences : un enjeu de souveraineté alimentaire !  

Afrique Économie
La RDC maillon faible des corridors sud faute de financement pour ses routes

Afrique Économie

Play Episode Listen Later May 6, 2025 2:17


Développer les infrastructures dans les corridors sud de la RDC, notamment celui de Lobito et de Banana, le sujet était au centre des discussions lors du salon du développement des villes et des corridors, Expo Béton, qui réunissait une centaine d'acteurs des secteurs public et privé à Lubumbashi. Parmi les leviers importants de ces projets figurent les infrastructures routières. Mais la RDC peine à mobiliser les ressources pour financer leur réhabilitation. Sur le tracé du corridor de Lobito, se déplacer par la route de Kolwezi à la frontière avec l'Angola, est un parcours du combattant. « Pour parcourir les 440 km, ça peut prendre 15 à 20 jours, voire un mois !, témoigne Donat Tshimboj, transporteur des marchandises sur ce tronçon. Les camions se renversent avec leurs marchandises. La plupart des transporteurs ont décidé de retirer leurs camions de la circulation. »Cette situation n'est pas unique. La RDC a un réseau routier de 156 000 km dont près de 4 000 km seulement sont asphaltés. Le salon du développement des villes et des corridors à Lubumbashi a recommandé l'investissement dans ce domaine. « Nous avons entendu des appels urgents sur des partenariats publics-privés pour accélérer les investissements dans les infrastructures stratégiques », rappelle Jean Bamanisa, directeur d'Expo Béton.Déficit du Fonds national d'entretien routierMais du côté du secteur public, le Fonds national d'entretien routier (Foner), l'organisme chargé de la mobilisation des ressources financières, connaît un déficit criant. Ses recettes proviennent à 95% de la redevance sur la mise en consommation des produits pétroliers. Alors qu'il a besoin d'au moins 950 millions de dollars par an pour l'entretien des routes, le Foner ne mobilise que 156 millions de dollars à cause de la fraude. « Un premier niveau de fraude se manifeste lorsque certains produits n'arrivent dans les entrepôts, explique Pierre Bundoki, le directeur général du Foner. S'ils n'arrivent dans les entrepôts, on ne peut pas percevoir [la redevance]. Le deuxième niveau de la fraude, c'est au moment de la sortie des entrepôts, tout n'est pas renseigné. À titre illustratif, en 2024, le Foner devait percevoir 458 millions de dollars, il n'a encaissé que 164 millions de dollars. »À lire aussiRDC: trous énormes, boue... la route entre Goma et Masisi, un cauchemar pour les conducteursModèle tanzanien de financement ?Pour l'heure, la RDC reste le maillon faible de ces corridors faute de capitaux. Pour relever le défi, la Tanzanie a proposé à la RDC son modèle de mobilisation locale des ressources financières. « En Tanzanie, il y a eu les Samia Bonds, détaille Patient Mwenze, le directeur adjoint de la CRDB (Cooperative Rural Development Bank), une banque commerciale tanzanienne installée en RDC depuis 2023. C'est une levée des fonds qui a été faite, où la CRDB a permis à la population de souscrire à ses obligations. En l'espace de trois mois, ça a permis de lever 125 millions de dollars qui sont allés dans la construction des infrastructures. »La RDC espère qu'avec les partenaires privés, elle pourra exploiter tous les corridors sud.À lire aussiLes routes en Afrique: un frein au développement?

Afrique Économie
L'association des producteurs de coton africains élaborent leur feuille de route à Garoua

Afrique Économie

Play Episode Listen Later May 1, 2025 2:16


L'Association des producteurs de coton africains, l'AProCA, a célébré ses 20 ans d'existence lors de son assemblée générale à Garoua, dans le nord du Cameroun, le bassin cotonnier du pays. Présente dans 15 pays du continent, l'AProCa a su devenir un acteur incontournable de la filière en défendant les intérêts de plus de 2 millions de producteurs de coton répartis dans plus de 31 000 coopératives. Quelque 300 participants de huit pays étaient réunis pour deux jours d'échanges intenses à Garoua afin de dresser l'état des lieux de deux décennies de travail. Et surtout débattre de la feuille de route de l'AProCa pour les dix prochaines années. Professionnaliser les cotonculteurs afin qu'ils puissent tirer le meilleur parti de leur activité, c'est le premier grand objectif de l'Association des producteurs de coton africains, l'AProCa, pour les dix ans qui viennent. L'association aimerait en particulier voir renaître son université du coton. « Il faut que ce soit une affaire régionale, défend Koussouwè Kouroufei, président de l'AProCa et président de la Fédération des producteurs du Togo. Cette université coton doit être appuyée par les États, nos partenaires, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), etc. Pour que les enjeux et les problèmes du coton y soient traités. L'objectif serait de former les chercheurs, les agronomes, les entomologistes [spécialistes des insectes, NDLR], tout ce qui est lié au coton. Cette université du coton serait la bienvenue pour réfléchir à long terme sur la production du coton. »Relancer l'université du cotonAutre grand défi souligné à Garoua, au Cameroun : l'adaptation des cotonculteurs au changement climatique. Pluies torrentielles, sécheresses prolongées, érosion des sols, ou encore ensablements affectent les rendements. Face à cela, l'AProCa cherche des solutions et entend convaincre les autorités. « Au moins que l'on s'adapte avec les chercheurs pour trouver des variétés résistantes qui auront un bon rendement, plaide Koussouwè Kouroufei. Pourquoi ne pas aller également vers l'irrigation à contre-saison ? Nous allons faire des plaidoyers auprès de nos gouvernements. »Innover et s'assurer face aux risques climatiquesIl s'agit aussi de mieux rémunérer et de mieux protéger les cotonculteurs. « De plus en plus, nos partenaires techniques disent qu'il y a de l'argent dans le coton, rappelle Youssouf Djimé Sidibé, le secrétaire permanent de l'AProCa. Mais les recettes du coton ne sont pas contrôlées par les producteurs. Or dans la filière coton qui compte beaucoup d'acteurs, c'est le producteur qui prend le plus grand risque, mais qui est le moins bien assuré et le moins payé. Donc, nous nous battons pour permettre au producteur de vivre décemment de sa production. » L'un des chevaux de bataille de l'AProCA est la mise en place d'une assurance climatique agricole pour les producteurs de coton.À lire aussiLes producteurs africains de coton subissent les cours mondiaux et le changement climatique À lire aussiUne campagne difficile pour le coton africain plombé par ses coûts de revient

Aujourd'hui l'économie
Guerre commerciale: la Chine mobilise ses géants du e-commerce pour sauver ses exportateurs

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later Apr 29, 2025 3:28


À la veille des 100 jours du deuxième mandat de Donald Trump, focus sur une conséquence de sa guerre commerciale avec la Chine. Face aux droits de douane massifs imposés par Washington, Pékin organise la riposte pour soutenir ses entreprises, avec en première ligne ses champions du numérique. Décryptage. Depuis l'instauration de droits de douane de 145% par les États-Unis, les distributeurs chinois prennent des mesures pour soutenir leurs entreprises. La conséquence directe de cette guerre commerciale, ce sont des montagnes d'invendus qui s'accumulent dans les entrepôts chinois. Et pour cause : les États-Unis étaient, jusqu'à l'an passé, le premier acheteur de biens chinois, avec près de 500 milliards de dollars d'importations. Concrètement, près d'un produit sur cinq fabriqué en Chine était destiné au marché américain : vêtements, jouets, chaussures ou composants électroniques. Aujourd'hui, des milliers d'entreprises chinoises cherchent de nouveaux débouchés, notamment sur leur propre marché intérieur. Le ministère du Commerce chinois parle même de « choc », et appelle à transformer le marché intérieur en véritable bouée de sauvetage. À lire aussiLes petits producteurs chinois, grands perdants des mesures de Donald TrumpAlibaba et JD.COM en première ligne Pour mener cette stratégie, Pékin mise sur ses géants technologiques comme Alibaba et JD.COM. Ainsi, JD.COM a lancé un fonds de 200 milliards de yuans, soit environ 27 milliards de dollars, pour acheter directement les stocks des entreprises exportatrices. Le groupe identifie des fournisseurs stratégiques dont les produits sont ensuite mis en avant sur sa plate-forme pour séduire le marché local. Alibaba suit une stratégie similaire : le géant du e-commerce réserve une place de choix sur son site à 10 000 exportateurs et 100 000 produits, afin d'accroître leur visibilité. L'idée est claire : offrir aux entreprises touchées par la guerre commerciale américaine une meilleure exposition sur le marché chinois et favoriser ainsi l'absorption de leurs stocks. À lire aussiChine: le président Xi Jinping reçoit le gratin du secteur privé, dont Jack Ma, le fondateur d'AlibabaUne mobilisation qui dépasse le e-commerce Le soutien aux exportateurs ne se limite pas aux plates-formes en ligne. Les réseaux sociaux chinois comme WeChat, Douyin ou TikTok mettent également en place des programmes de promotion ciblée pour les aider. Même les supermarchés traditionnels s'adaptent : Walmart, filiale chinoise du géant américain, ouvre ses rayons aux entreprises locales frappées par les mesures américaines. Un objectif central guide cette mobilisation : éviter que toute l'économie chinoise ne soit plombée. La consommation intérieure reste fragile, affectée par la morosité économique et les incertitudes sur l'emploi. Si les entreprises venaient à fermer, cela entraînerait une vague de suppressions de postes. De plus, la concurrence féroce entre exportateurs pour séduire les mêmes clients pourrait déclencher une guerre des prix dévastatrice. Sans compter que les produits initialement destinés au marché américain ne sont pas toujours adaptés aux consommateurs chinois, ce qui entraîne des coûts logistiques supplémentaires et réduit les marges. Si l'aide des géants du numérique semble bienvenue, elle devra être soutenue sur la durée, car derrière cette crise, c'est toute la dépendance structurelle de la Chine aux exportations que Pékin tente, coûte que coûte, de corriger.À lire aussiLe reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marché

Reportage International
La politique d'immigration de Donald Trump sème la terreur chez les Latinos du Texas

Reportage International

Play Episode Listen Later Apr 24, 2025 2:37


Aux États-Unis, l'administration Trump poursuit sa politique d'expulsion à grande échelle. Des centaines de migrants accusés d'être membres de gangs ont ainsi été envoyés de manière expéditive dans une prison géante au Salvador. Partout dans le pays, les services de contrôle de l'immigration procèdent à des arrestations de migrants illégaux, d'autres voient leur statut de résident révoqué brutalement. À tel point qu'un climat de peur règne au sein de la communauté latino. Particulièrement au Texas où elle est très nombreuse. De notre correspondant à Houston,Devant l'université de Houston-Downtown, nous rencontrons Gladys, 21 ans dont 20 ans passés aux États-Unis. Mais elle n'a pas encore la nationalité puisqu'elle est née au Guatemala : « J'ai peur pour tous les sans-papiers. Ils vivent dans la peur. Les gens n'osent plus sortir dans la rue, quand on frappe à la porte, ils n'osent plus ouvrir de peur que ce soit la police de l'immigration. J'ai vu des gens emmener leur passeport ou la monnaie de leur pays d'origine sur eux au cas où ils se feraient expulser. » Et ces personnes planifient leur vie quotidienne comme si elles pouvaient être expulsées à tout moment. « Oui, à tout moment », confirme Gladys.Dans ce climat, on est surpris de la décontraction de Martin. « Je ne parle pas espagnol, lui pas très bien anglais, mais avec l'aide des mains, on arrive à se comprendre. » Cela fait 32 ans qu'il vend ses fruits et ses légumes sur ce marché de Houston, mais il n'a ni la nationalité américaine, ni de permis de résidence : «  Non, pas de carte verte. Je suis Mexicain. Il n'y a pas de problème ! Ça fait 32 ans que je suis ici, et je n'ai jamais eu de problème avec les services de l'immigration. »À lire aussiLes États-Unis mettent fin au statut légal de plus de 500 000 étrangers et leur ordonnent de quitter le paysPeur d'être arrêté à tout momentSur le parking du marché, Maria remplit son coffre. Elle a trois enfants, trois garçons. Eux ont la nationalité américaine. Pas elle. Alors le simple fait de sortir faire des courses est une source d'angoisse : « J'ai très peur. On ne sait jamais ce qui peut se passer en cas de contrôle routier. C'est très effrayant. Imaginer que je puisse être détenue alors que mes enfants sont à l'école, c'est… ». Elle s'arrête un instant puis reprend : « Le beau-père de mon frère a été arrêté la semaine dernière avec d'autres membres de sa famille. Et on ne sait rien, on ne peut même pas leur rendre visite. Ils sont seuls et personne ne sait ce qui va leur arriver. »Les papiers de Gladys sont en règle alors, elle joue parfois les éclaireurs : « J'ai une amie mexicaine qui m'a appelée un jour pour me demander d'aller voir si ICE [les services de contrôle de l'immigration, NDLR] était près d'un magasin. Je suis allée voir et c'était vrai : il y avait quatre voitures des services de l'immigration ! Les gens couraient de peur d'être arrêtés et expulsés. J'ai prévenu mon amie, et comme son appartement se trouve juste derrière ce magasin, elle n'a pas osé sortir de la journée. Elle n'est même pas allée travailler ce jour-là. »À lire aussiÉtats-Unis: l'administration Trump prive des milliers d'immigrés de la sécurité sociale en les déclarant morts

Invité Afrique
Îles Éparses: «Ce n'est pas un sujet qui va diviser la France et Madagascar»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Apr 24, 2025 9:12


Voilà plus de cinquante ans que la France et Madagascar se disputent les îles Éparses, ces cinq îlots de l'océan Indien qui sont actuellement sous administration française. Mais hier, au premier jour de la visite officielle d'Emmanuel Macron dans la Grande Île, les deux pays ont décidé de réactiver la commission mixte sur ce dossier. Elle se réunira le 30 juin 2025 à Paris. Va-t-on vers une cogestion, voire un partage de souveraineté ? Richard Randriamandrato a été ministre des Affaires étrangères de Madagascar et candidat cette année à la présidence de la Commission de l'Union africaine. Il est l'invité de Christophe Boisbouvier. RFI : La réunion de la Commission de l'océan Indien est marquée aujourd'hui par la présence du chef d'Etat d'une grande puissance, c'est le Français Emmanuel Macron. Est-ce que cette présence peut raviver des querelles territoriales ?Richard Randriamandrato : Non, je ne pense pas. Je pense que les chefs d'État ne vont pas soulever des sujets sensibles. Au contraire, il faut chercher à unir les points de vue face notamment aux enjeux géostratégiques. Je pense que les chefs d'État ont tout intérêt à éviter les sujets qui fâchent pour faire face aux défis du développement durable, puisque c'est autour des 17 objectifs de développement durable que la Commission de l'océan Indien, en 1982, a vu le jour, il ne faut pas l'oublier. Donc maintenant, je pense que le plan de développement stratégique 2023-2033 va certainement permettre aussi à nos pays d'aller de l'avant.L'un des sujets qui fâchent à la Commission, c'est le sort de Mayotte. La France voudrait que cette île soit éligible au programme de la Commission de l'océan Indien, mais la République des Comores s'y oppose puisqu'elle revendique ce territoire. Est-ce qu'il y a une solution ?C'est un sujet qui, à mon sens, relève de la diplomatie bilatérale entre les Comores et la France.L'un des arguments d'Emmanuel Macron pour Mayotte, c'est de dire que la France contribue déjà à hauteur de 40 % au financement de la Commission de l'océan Indien…Oui, la France est le premier pourvoyeur de financements avec l'Union européenne à travers l'Agence française de développement. Mais pour autant, ce n'est pas parce que Mayotte doit faire partie ou être toujours à l'écart de la Commission de l'océan Indien. Je pense une fois de plus que ce sujet relève de la diplomatie bilatérale et je me garderai à ce stade d'apporter un commentaire, quel qu'il soit, sur ce point.À lire aussiLes enjeux de la visite d'Emmanuel Macron à MadagascarEt est-ce que Madagascar pourrait pencher plutôt du côté des Comores, ou plutôt de la France dans cette querelle ?Non, une fois de plus, c'est un sujet, je crois, qui ne relève pas de ce cinquième sommet de l'océan Indien.Autre sujet qui fâche, le sort des îles Éparses. Il s'agit de ces cinq îlots sous administration française que Madagascar revendique depuis 1973. Comment voyez-vous l'issue de ce bras de fer ?Il me semble que l'organisation d'une deuxième réunion de la commission mixte franco-malgache va se tenir dans les prochains jours. Je crois même que la date du 30 juin a été annoncée, donc cela augure en fait une période encourageante en termes de discussions et c'est l'occasion de se retrouver autour des aspects sensibles sur le plan juridique, sur le plan historique, une occasion qui peut permettre d'asseoir un accord permettant de ne pas fragiliser la situation, par exemple sur le plan de l'équilibre environnemental dans cette zone sensible, sur le plan de l'écosystème, de la protection de la faune et de la flore et de la sécurité maritime. Donc ce n'est pas un sujet qui va diviser la France et Madagascar. Au contraire, il faut saisir cette opportunité pour revoir un peu les copies sur les positions des uns et des autres.À Paris, certains évoquent la possibilité d'une cogestion entre la France et Madagascar. Est-ce que vous êtes pour un partage de souveraineté ou un transfert de souveraineté ?Je n'ai pas à m'affirmer sur la nature de l'accord qui va se mettre en place. Il revient aux chefs d'État de se mettre d'accord sur l'aspect qui va permettre d'avoir une situation gagnant-gagnant, si je peux m'exprimer ainsi. Mais du moment qu'il y a un accord qui est mutuellement accepté sans qu'il y ait, disons, d'amertume ou de sentiment de perte de souveraineté... À partir de là, je pense que tout ira pour le mieux. Je pense que l'essentiel, c'est que la France et Madagascar puissent être rassurées sur l'aspect sécuritaire, environnemental. L'essentiel, c'est qu'il n'y ait pas de perte de souveraineté de part et d'autre. C'est le point le plus important.À lire aussiLes îles Éparses, des confettis au cœur du contentieux franco-malgacheEmmanuel Macron a eu ce mot : « Je viens à cette Commission de l'océan Indien pour y défendre la place de la France dans l'océan Indien ». Alors, vu de Madagascar, quel est le meilleur partenaire ? La France, la Russie ou la Chine ?Sur ce point, Madagascar a choisi de ne pas choisir entre privilégier tel ou tel partenariat. Madagascar depuis des années, depuis le président Ratsiraka, a choisi une position d'ouverture.Et quand Emmanuel Macron rappelle qu'il y a dans la zone indo-pacifique quelque 8000 militaires français, ça vous convient ou ça vous gêne ?Non, cela ne porte pas, à mon avis, de menace particulière. D'ailleurs, le grand chambardement maintenant, sur le plan géostratégique, fait en sorte qu'il faut bien faire attention sur les éventuels risques de déstabilisation. Donc non, moi, je ne m'en offusque pas.

Reportage International
États-Unis: l'angoisse des enfants et des parents sans-papiers menacés d'expulsion

Reportage International

Play Episode Listen Later Apr 18, 2025 2:22


Donald Trump poursuit ses politiques contre l'immigration. Après des accords passés avec certains pays d'Amérique latine, plusieurs vols ont été affrétés pour des expulsions de migrants et les autorités américaines poursuivent leurs opérations pour arrêter les personnes sans titre de séjour. Donald Trump est aussi revenu sur les politiques de son prédécesseur en autorisant les forces de l'ordre à effectuer des opérations dans des écoles publiques ou des églises pour les communautés concernées. Les craintes des arrestations sont anxiogènes et se répercutent sur les enfants. De notre correspondant à Atlanta, Lecture, calculs et écriture : dans ce groupe, les enfants alternent entre les différents ateliers. Tous des élèves en primaire et d'origine hispanique. Ils viennent plusieurs fois par semaine pour du soutien scolaire organisée par une association. Celle-ci a demandé à ce que tous les interlocuteurs restent anonymes pour des raisons de sécurité. Une des responsables constate de plus en plus d'angoisse chez les familles à cause des expulsions : « Je travaille dans un autre centre et une des filles pleurait beaucoup. J'ai parlé à sa mère et lui ai demandé s'il y avait des problèmes à la maison. Elle m'a répondu que non, mais que sa fille a vu les expulsions aux infos et elle est inquiète de ce qui pourrait m'arriver. »L'après-midi terminé, les parents se massent dans le couloir. Une mère raconte l'inquiétude de ses deux enfants : « Avec tout ce qu'il se passe, entendre parler de l'immigration à l'école, aux infos ou sur internet, mes enfants savent que je n'ai pas de papiers et sont toujours inquiets quand ils sortent de la maison. Ils me demandent  : "Si les autorités viennent chez nous, qu'est-ce qu'il va se passer pour eux". Car ils sont nés ici, mais pas moi et pas leur père. Alors, ils nous demandent avec qui ils vont rester si les autorités m'emmènent. Ils sont inquiets et parfois me disent qu'ils préféreraient retourner au Pérou d'où je viens et c'est très triste. »À lire aussiLes États-Unis mettent fin au statut légal de plus de 500 000 étrangers et leur ordonnent de quitter le pays« Les autorités de l'immigration rentrent dans les écoles »La plupart des parents n'ont pas de titre de séjour comme cette autre mère inquiète d'être séparée de ses enfants, mais au moins dit-elle les deux plus grands sont majeurs : « Quand tous mes enfants étaient plus jeunes ça m'inquiétait beaucoup, mais maintenant, je suis un peu plus tranquille, car mes deux fils les plus âgés pourraient s'occuper de leurs deux petites sœurs. »Les salles de cours désormais vides, un autre responsable détaille la peur des parents d'envoyer leurs enfants à l'école. Depuis l'annonce de Donald Trump d'autoriser les arrestations dans ces lieux. « On a vu sur les réseaux sociaux et sur d'autres médias que les autorités de l'immigration rentrent dans les écoles et arrêtent les enfants pour leur poser des questions sur leurs parents pour savoir s'ils ont des titres de séjour ou pas. »Des écoles ont demandé à l'organisation de ne plus garer son bus floqué de son nom en espagnol sur un parking qui donne sur la rue pour ne pas attirer l'attention des autorités.À lire aussiÉtats-Unis: le fisc et les services d'immigration vont collaborer pour faciliter les expulsions

C'est pas du vent
Ces riches qui ravagent la planète

C'est pas du vent

Play Episode Listen Later Apr 17, 2025 48:30


80 000 personnes dans le monde gagnent plus de 80 000 euros par mois, ce sont les hyper riches et ce sont eux qui pour la plupart ravagent la planète avec des modes de vie insoutenables.  Ces dernières années, les portefeuilles des hyper riches ont violemment gonflé. Par exemple, depuis 2020, les cinq hommes les plus riches du monde ont doublé leur fortune. Résultat, selon le dernier rapport d'Oxfam sur l'état des lieux des inégalités dans le monde, les 1% les plus riches possèdent la moitié des actifs financiers mondiaux. Ce n'est plus tenable, d'ailleurs l'ONU parle d'apartheid climatique. Alors qui sont ces hyper riches ? Pourquoi sont-ils plus responsables de la crise écologique que les autres ? et comment faire évoluer sur cette situation.Avec Monique Pinçon-Charlot, sociologue spécialiste des élites, pour son dernier ouvrage Les riches contre la planète. Violence oligarchique et chaos climatique, paru aux éditions Textuel. Elle nous dévoile comment une minorité ultra-puissante mène le monde droit dans le mur, en toute conscience.Et en duplex depuis Saint-Étienne, nous retrouvons Hervé Kempf, journaliste et écrivain, qui signe une bande dessinée aussi percutante que pédagogique : Comment les riches ravagent la planète et comment les en empêcher, publiée aux éditions Seuil. Une enquête graphique qui fait le lien entre crise écologique et inégalités sociales.Musique diffusée pendant l'émission : Manolis Aggelopoulos - O ProsfygasÀ lire aussiLes 1% les plus riches de la planète ont déjà consommé leur budget carbone pour l'année 2025

Aujourd'hui l'économie
Sur la piste d'une machine à café pour comprendre les effets des taxes douanières de Trump

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later Apr 14, 2025 3:28


Les États-Unis taxent désormais à hauteur de 145% tous les produits chinois importés sur leur sol, sauf les produits issus de la tech, exemptés mais pas complètement. Si l'on en croit l'administration américaine, ça devrait encore changer. Pour comprendre comment fonctionne ces droits de douane et les mécanismes qui s'appliquent, suivons le parcours d'une machine à café. La cafetière, à l'heure du petit-déjeuner, est un élément essentiel. Pratiquement tous les foyers américains en sont équipés. En 2024, il s'en est vendu entre 27 et 30 millions sur le sol des États-Unis, d'après l'Observatoire de la complexité économique. Et si on prend cet exemple, c'est parce que c'est un produit du quotidien, courant, qui est fabriqué intégralement ou en partie en Chine.  À lire aussiLes petits producteurs chinois, grands perdants des mesures de Donald TrumpPour comprendre ce qui est en jeu, suivons le parcours de cette machine à café depuis le sol chinois où sa production est sous-traitée, dans des usines très loin des États-Unis donc. Un atelier va fabriquer le réservoir, un autre la carafe, et sans être exhaustif, un troisième va produire la plaque chauffante. Mais il y a une particularité : les fournisseurs ne sont pas tous nécessairement chinois, ils peuvent être d'autres pays asiatiques. Ensuite, toutes ces pièces détachées qui composent notre cafetière vont être regroupées ensemble sur un site d'assemblage en Chine. Coût de production et taxes De ce site chinois va donc sortir la machine à café intégralement construite. À partir de là, quand on additionne toutes ces étapes, on sait combien a coûté la fabrication du produit. On appelle ça son coût de production. Pour en avoir une estimation, regardons le site en ligne Ali Express. Le prix sec de cette cafetière y est de 30 dollars. Elle va maintenant prendre le bateau, direction un port américain. Ajoutons 4 dollars de frais de port. Prix total, 34 dollars. À lire aussiComment Apple tente d'esquiver les droits de douane de Donald TrumpEt c'est là qu'interviennent les mesures douanières américaines. Car pour quitter le port de Shanghai, arriver à Baltimore, et que la cafetière sorte du cargo, l'importateur doit s'acquitter des 145% de droits de douane. Et cela, même si les pièces viennent d'un peu partout : on le disait, le produit est chinois, étant donné qu'il a été assemblé en Chine. Un petit calcul nous permet à présent de déterminer le prix de cette machine à café. On l'a vu, sa valeur est de 34 dollars, avec une taxe à 145%. Son prix grimpe donc de 34 à 83 dollars ! À la fin, qui paie ? Ça ne s'arrête pas là. On peut ajouter les frais de logistique, de stockage, de transport, et la marge du vendeur. On atteint ainsi facilement plus de 100 / 120 dollars. On est loin de la cafetière assemblée pour 30 dollars dans une usine chinoise. L'impact est donc réel pour le consommateur américain. Car si techniquement, on l'a dit, c'est l'importateur qui paie les droits de douane, dans les faits, c'est le consommateur qui absorbe ce coût. Mais au-delà de l'exemple de la machine à café, ce mécanisme s'applique pour bon nombre de produits du quotidien consommés aux États-Unis. On peut penser à l'iPhone évidemment, aux jouets et jeux, mais aussi à tout un tas de matériel électroménager dont les Américains sont ultra-dépendants. Car les tarifs douaniers jouent un rôle clé dans la détermination du prix que l'on paie ! 

Reportage Afrique
Guinée: le bombona, tricycle en vogue, exclu des grandes artères en raison d'accidents fréquents [1/3]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Apr 6, 2025 2:15


C'est une lutte impitoyable qui oppose moto-taxis, tuk-tuk, taxi-voitures et bus dans les villes du continent. En Guinée, cela fait bien longtemps que les éternels taxis jaunes ont perdu le monopole du transport à Conakry. Ils ont d'abord été concurrencés par les motos-taxis et le sont depuis quelques années par un nouveau type de véhicule : les tricycles, couramment appelés « bombonas », importés d'Inde. Leur avantage ? Ils échappent aux embouteillages permanents de la ville et sont plus abordables que les motos-taxis. Ils sont plébiscités par les Conakriens, mais leur dangerosité a forcé l'État à prendre des mesures de restriction. De notre correspondant à Conakry, Il est 8 heures au marché de Taouyah. C'est l'heure de pointe et la route est complètement embouteillée. Mais les bombonas jaunes et verts, toit rétractable, se faufilent entre les voitures grâce à leur petite taille, en empruntant la « troisième position », explique Ibrahima, un chauffeur : « Troisième position, c'est-à-dire quand les voitures sont en ligne, nous, on prend le milieu pour les dévier. » Aïssata apprécie : « C'est plus rapide que les taxis. »Avec les bonbonas, le prix du tronçon est un peu plus élevé que pour les taxi-voitures ordinaires. « Pour un trajet en bombona, c'est 2 500 francs guinéens (26 centimes d'euros) et pour le taxi, 2 000 francs (21 centimes d'euros) », explique Hawa, une autre usagère, qui se dit plus à l'aise dans ces tricycles : « Avant, je prenais le taxi voiture, mais ce n'était pas trop confortable à l'intérieur parce que derrière, c'est quatre places (quatre personnes serrées à l'arrière, NDLR). Par contre, le bombona c'est trois places derrière. »Avec quatre personnes serrées sur trois places, les taxis deviennent rapidement des étuves, comme le confirme Sékou Kaba, responsable d'un syndicat des bombonas : « Le passager assis dans le tricycle, il est en contact direct avec l'air. Le Guinéen aime ça. Se coincer à quatre derrière les taxis, il n'aime pas ça. »Malgré ce succès, le développement des bombonas a connu un grand coup de frein quand les autorités leur ont interdit de circuler sur les principales artères de la capitale, l'autoroute Fidel Castro et la route Le Prince. Ils provoquaient trop d'accidents, explique le responsable syndicaliste : « Les premiers chauffeurs de tricycles ont été formés, ils travaillaient dans de bonnes conditions. Après, il y a eu une deuxième vague. Quand la troisième vague est arrivée, ça a débordé. Ils ne respectaient pas le Code de la route et ainsi de suite. »Aujourd'hui, c'est donc à chacun sa route : les taxi-voitures gardent leur monopole sur les grandes voies, les bombonas sont relégués sur la route littorale reliant Sonfonia à Dixinn, en passant par Lambanyi et Kipé. Pour autant, leur popularité est telle que les chanteurs Pushka et Gwada Maga leur ont dédié une chanson.À écouter aussiLes défis des transports urbains en Afrique

Reportage International
États-Unis: les taxes douanières de Donald Trump contraignent certaines PME à s'expatrier pour survivre

Reportage International

Play Episode Listen Later Apr 5, 2025 2:28


Aux États-Unis, les taxes douanières « réciproques » voulues par Donald Trump sont entrées en vigueur le 2 avril 2025. Elles s'ajoutent à d'autres droits de douanes déjà en vigueur visant notamment le Canada, la Chine et le Mexique. Le président américain assure que ces mesures vont booster l'économie de son pays, mais en réalité, les industriels, les commerçants, les consommateurs s'inquiètent. Certaines petites entreprises payent déjà le prix de ces dispositifs, qu'elles répercutent sur leurs prix de vente. De notre correspondante à New-York,« C'est très difficile de prévoir quoi que ce soit » : Annie Bassin l'avoue, cela fait plusieurs semaines qu'elle vit avec la peur au ventre, inquiète de devoir mettre la clé sous la porte. Avec son mari néerlandais, cette New-Yorkaise est à la tête d'une petite entreprise de huit employés, lancée il y a huit ans. Le couple fabrique et vend une boisson bio à base de gingembre dont il vante les bienfaits pour la santé. Mais depuis que Donald Trump a imposé des taxes douanières, les bouteilles qu'ils importent de Chine leur coûtent plus cher. « On avait déjà eu 25% de taxes douanières en 2016, et là, c'est 20% de plus ! »Fabriquer leurs bouteilles aux États-Unis leur coûterait trois fois plus. Alors, pour faire face à cette situation, Annie et son mari Allard van Hoorn ont dû faire des choix difficiles : « Malheureusement, on va licencier 80% de notre staff. C'est triste, mais c'était devenu irresponsable de continuer sur le même modèle. C'est trop risqué. » Pour Annie, « c'est très dur, parce que ce n'est pas juste de la théorie, la vie de ces gens est affectée ».Changer de stratégieUne situation d'autant plus difficile que depuis sa création, la petite entreprise ne cessait de prospérer et réalisait un chiffre d'affaires annuel d'un million de dollars. Des revenus en baisse depuis l'élection, selon Annie, car les Américains font plus attention à leurs dépenses. La politique de Donald Trump a tout chamboulé : « Les taxes douanières, ce n'est pas génial, mais au moins, on sait à quoi on a affaire et on peut s'adapter. Mais l'imprévisibilité, les changements de politique toutes les cinq minutes... C'est quasiment impossible de gérer un business dans ces conditions. Au moindre souci, nous sommes vulnérables. »Alors, pour sauver leur entreprise, Annie et Allard ont décidé de changer de formule. Ils ferment leurs locaux et confient l'emballage et l'expédition de leurs produits aux États-Unis à une autre société. Et surtout, ils ont décidé de s'expatrier. « C'est crucial pour nous d'être flexibles, de serrer les dents pour survivre, explique la commerçante. C'est compliqué de rester ici. On est fiers de ce qu'on a construit et on est certains de pouvoir refaire la même chose dans un environnement plus sain. »Tout en gardant sa branche américaine, le couple mise désormais sur le marché européen. Ils comptent ouvrir une autre petite entreprise de production de boissons à base de gingembre en Grande-Bretagne, puis au Portugal. Avec, peut-être, un retour aux États-Unis dans quatre ans.À lire aussiLes producteurs européens de vins et spiritueux inquiets face à la bataille des taxes

Reportage Afrique
Madagascar: avant le sommet de la Commission de l'océan Indien, le cœur de la capitale fait peau neuve

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Apr 5, 2025 2:26


Les projecteurs se braquent sur la capitale malgache, qui se prépare à accueillir le Vᵉ sommet de la Commission de l'océan Indien, le 24 avril 2025. Plusieurs chefs d'État sont attendus, dont Emmanuel Macron, qui représentera la France au titre de La Réunion. Réfection des routes, trottoirs libérés de ses nombreux marchands ambulants, priés de quitter les lieux... En seulement trois semaines, de nombreux chantiers ont été lancés pour réorganiser l'avenue de l'Indépendance, la vitrine du pays située en plein centre d'Antananarivo. De notre correspondante à Antananarivo,Ce soir-là, l'avenue de l'Indépendance n'est plus le cœur de ville bondé et désordonné qu'elle a toujours été à la tombée de la nuit. Les trottoirs sont dégagés, la route lissée après des travaux démarrés dans l'urgence. Même si Christian applaudit et profite de cette transformation, ce riverain ne peut cacher un certain sentiment de malaise :« C'est un très bel effort. Maintenant, on se sent plus aéré et moins claustrophobe quand on passe dans la ville. Mais j'avoue que le contexte dans lequel a eu lieu ce changement m'attriste un peu… Je pense que cela aurait eu plus de valeur pour nous, Malgaches, si ces travaux avaient été réalisés sans une raison internationale derrière. »Le ton est naturellement plus virulent du côté des centaines de marchands ambulants. Sur décision de la municipalité, ils ont dû abandonner les trottoirs de l'avenue principale, il y a deux semaines. Leur présence massive reflétait l'ampleur de la crise de l'emploi et la place du secteur informel dans le pays. Une réalité que les dirigeants veulent édulcorer, croit savoir Onja, vendeuse d'accessoires :« C'est hypocrite. On veut nous cacher, mais on aurait aimé que les chefs d'État étrangers voient la réalité, qu'ils voient qu'on galère ici. Si je fais honte à mon président, j'ai honte de moi-même aussi. Il devrait plutôt nous aider à trouver une solution. »Une rénovation retardée par manque de moyensLe bureau de Harilala Ramanantsoa donne directement sur l'avenue de l'Indépendance, transformée sous ses yeux en quelques semaines. La maire d'Antananarivo, élue sous les couleurs du parti présidentiel il y a deux mois, nous accueille. Elle défend une transformation nécessaire prévue de longue date : « Pourquoi ça n'a jamais été fait ? La commune urbaine n'a pas assuré comme il faut la gestion des recettes financières de la commune. Donc, on n'a pas eu les moyens jusqu'alors de faire tous ces travaux. »La première responsable de la ville reconnaît une transformation accélérée par l'accueil d'un événement international, mais promet de l'inscrire dans la durée. « Ce qui se passe aujourd'hui, c'est une impulsion vers ce que l'on souhaite montrer à nos habitants,. Si on s'y met tous – payer nos impôts, participer à l'effort de la commune... –, voilà ce que ça donne. »  Cette semaine, des agents issus de différents ministères ont eux-mêmes participé au nettoyage intensif des rues de la capitale. Une mobilisation remarquée, à quelques jours de l'accueil de délégations étrangères.  À lire aussiLes enjeux de la visite d'Emmanuel Macron à Madagascar

Aujourd'hui l'économie
L'industrie musicale à la fête grâce aux plateformes de streaming

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later Mar 21, 2025 3:17


L'IFPI, la fédération internationale de l'industrie phonographique a publié les chiffres de l'industrie pour 2024 et ils sont bons. Le secteur poursuit sa croissance pour la dixième année consécutive, porté par les plateformes d'écoute en ligne. Décryptage. Le marché de la musique se porte bien. Il pèse aujourd'hui à peu près 30 milliards de dollars à travers le monde. La tendance est à la hausse. Une progression qui repose essentiellement sur le streaming, puisque ces plateformes d'écoute comme Spotify, Apple Music, YouTube Music ou Deezer représentent plus de deux tiers des revenus du secteur. Le nombre d'abonnés payants à une plateforme de ce type est justement aussi en augmentation. Dans ce rapport de la musique mondiale publié par l'IFPI, on voit cette tendance prendre de l'ampleur. Oui le consommateur paie pour écouter de la musique. Illustration aux États-Unis où les 100 millions d'abonnements au streaming musical payant ont été atteints. Et puis la plateforme Deezer a vu son chiffre d'affaires augmenter en 2024, lui permettant pour la première fois de son histoire d'atteindre son seuil de rentabilité, c'est-à-dire le montant de chiffre d'affaires nécessaire pour que les recettes de l'entreprise soient au moins égales à ses dépenses.  Une stratégie payante Plusieurs pistes d'explications à cette dynamique. Déjà, certaines régions du monde, jusqu'ici peu intéressées par ces plateformes, le sont aujourd'hui. Le nombre d'abonnements y a explosé en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Sur ces trois zones, cette croissance est d'environ 22-23%. En comparaison, aux États-Unis, elle n'est que de 2%. Certains des plus grands marchés atteignent donc un point d'adoption relativement élevé, ce qui signifie que la croissance des nouveaux abonnés a été plus lente. Par ailleurs, les stratégies des plateformes portent leurs fruits. Elles se repositionnent petit à petit afin que l'on s'abonne pour écouter de la musique. Avec un simple abonnement, Deezer notamment, propose une expérience client premium, en organisant, par exemple, des jeux concours pour assister aux concerts de vos artistes préférés, voire les rencontrer dans le cadre d'événements chapeautés par la marque, à destination de ses clients évidemment. À lire aussiLes plateformes de streaming à l'assaut de l'intelligence artificielleLe poids de l'intelligence artificielle Il faut aussi souligner le travail des maisons de disques qui jouent un rôle-clé dans le succès des artistes et par extension des plateformes, tendance amplifiée par les réseaux sociaux. Avec un enjeu colossal, ne pas se laisser dépasser par l'intelligence artificielle. Le sujet préoccupe d'ailleurs les plateformes. Sur Deezer, une chanson sur dix mise en ligne par semaine est générée, en partie ou en intégralité par l'IA. Et dans un marché où plus d'un million de titres sont publiés chaque semaine, difficile de surveiller si chaque morceau est issu de la créativité humaine ou pas. Certaines plateformes mettent d'ailleurs en place des barrières pour d'une part limiter ces initiatives et d'autre part, éviter à des robots d'amplifier le nombre d'écoutes de chansons, ce qui implique une rémunération. Les géants du secteur vont donc devoir trouver un équilibre entre prix compétitifs, séduire de nouveaux clients et protéger les artistes ! 

Invité Afrique
Kirsty Coventry: «S'assurer que les voix des athlètes soient toujours entendues»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Mar 17, 2025 8:14


Candidate à la présidence du Comité international olympique, à l'occasion de la 144ᵉ session à Costa Navarino (Grèce) le 20 mars, la Zimbabwéenne de 41 ans, double championne olympique du 200 m dos en 2004 et 2008, membre de la Commission exécutive du CIO et ministre des Sports depuis 2018, détaille à RFI ses positions sur les grands enjeux auxquels l'institution est confrontée. RFI : Vous êtes la plus jeune candidate à cette élection, la seule femme et la première représentante d'Afrique à briguer la présidence du CIO. Êtes-vous le meilleur symbole de ce que devrait être le CIO au XXIe siècle ? Kirsty Coventry : J'espère que c'est ce que ressentent les membres du Comité, mais je veux aussi être la meilleure personne pour le poste, pas seulement en raison de mon genre ou de mon origine. Je veux que les membres sentent qu'ils peuvent avoir confiance en moi et qu'ils pensent que je serai la meilleure pour diriger notre incroyable organisation, en particulier dans cet avenir qui change si rapidement.En tant qu'ancienne sportive de haut niveau et ex-présidente de la commission des athlètes du CIO, vous êtes consciente des défis auxquels sont confrontés les athlètes, en particulier en Afrique, pour atteindre le plus haut niveau international. Quelle devrait être la priorité pour accroître leurs chances ?En tant qu'ancienne athlète, la partie la plus difficile de mon parcours a été de devenir championne olympique. C'est là que je pense que nous devrions concentrer un peu plus les programmes dédiés du CIO. Je veux également m'assurer que les voix des athlètes soient toujours entendues, car c'est ainsi que nous savons ce qu'ils attendent de nous, par le biais de la commission des athlètes, en veillant à ce que nous écoutions précisément ce dont les athlètes ont besoin, et comment nous pouvons travailler à leur protection et à leur soutien. En revanche, je ne crois pas aux primes [versées aux médaillés en athlétisme lors des JO de Paris 2024, une mesure annoncée par World Athletics, présidée par Sebastian Coe, autre candidat à la présidence du CIO, NDLR]. Encore une fois, en regardant mon parcours et en parlant aux athlètes autour de moi, la partie la plus difficile, c'est toujours avant de devenir champion olympique ou avant d'être célèbre. Une fois que vous l'êtes ou que vous avez gagné des médailles, beaucoup plus d'opportunités s'offrent à vous. La question est donc de savoir comment nous pouvons aider davantage d'athlètes à devenir champions ou finalistes olympiques. C'est comme ça que nous pourrons concerner davantage d'athlètes.À lire aussiLes sportifs de la solidarité olympique qualifiés pour les JO 2024Vous êtes très sensible à la place du sport féminin et à la représentation des athlètes féminines dans les médias. Quelle serait la première mesure que vous mettriez en œuvre dans ce domaine si vous étiez élue ?Au sein du mouvement olympique, nous avons déjà réussi à faire du bon travail pour la promotion de l'égalité des sexes. Il faut maintenant l'étendre. Nous avons besoin d'une meilleure représentation des femmes dans les fédérations internationales et dans les comités nationaux olympiques. On doit voir davantage d'opportunités pour les femmes entraîneurs et l'entourage des athlètes. Au lancement d'un programme ou lorsqu'on essaie de faire avancer quelque chose, les quotas jouent certainement un rôle parce qu'ils aident à changer la culture. Une fois que les gens ont adhéré à cette culture et qu'ils voient la véritable valeur d'avoir plus de diversité autour de la table, et que cela devient vraiment ancré dans la culture d'une organisation, alors les systèmes de quotas peuvent être supprimés. Donc, je pense vraiment qu'ils servent un objectif au début.La question des athlètes transgenres ou des personnes concernées par une différence de développement sexuel, comme la boxeuse algérienne Imane Khelif, médaillée d'or à Paris 2024, mais visée par des messages haineux sur les réseaux sociaux, reste controversée. Quel est votre avis à ce sujet ?Je veux m'assurer que nous protégeons la catégorie féminine et je crois que nous devons trouver une voie à suivre en le faisant collectivement avec les fédérations internationales. Le CIO doit jouer un rôle de premier plan et nous devons nous assurer, là encore, que nous protégeons et servons les athlètes. Ce que j'entends par « protéger les athlètes », c'est que lorsque l'une d'elles vit quelque chose comme ce qu'il s'est passé à Paris, ou si vous regardez le cas des athlètes à différence de développement sexuel, comme le cas bien connu de Caster Semenya, ça n'est pas géré avec sensibilité. Nous devrions faire beaucoup mieux, nous devons trouver une voie collective qui ne mette pas un athlète en danger.À lire aussiLa boxeuse algérienne Imane Khelif dénonce l'offensive judiciaire de la Fédération internationale de boxeLes Jeux olympiques de Paris 2024 ont été un grand succès populaire et financier pour le CIO. Est-ce désormais le modèle à suivre et comment ce succès peut-il être mis à profit pour engager la jeune génération dans un paysage médiatique en constante évolution ?Paris 2024 était exactement ce dont le monde avait besoin, surtout après le COVID. C'étaient des Jeux incroyables et extrêmement réussis, et nous devons utiliser cette plateforme en ce moment où tout le monde en parle encore. Le Comité d'organisation de Paris 2024 et Tony Estanguet ont fait un travail incroyable à travers le pays en engageant les jeunes, les écoliers, et en les impliquant dans le sport, et c'est la mission du CIO de construire un monde meilleur grâce au sport. Donc, la question est de savoir comment on peut utiliser ce qui a été fait à Paris 2024 et le répandre à travers le monde.Les JO devraient-ils être diffusés sur des plateformes telles que Netflix ?À mesure que nous allons vers l'avenir, Netflix, Apple TV, YouTube, ces entreprises de streaming en ligne, ne font que se renforcer. Et quand on regarde l'Afrique par exemple, dans quelques années, vous aurez plus d'un demi-milliard de jeunes de moins de 35 ans et la plupart d'entre eux auront des smartphones. Donc, si nous ne trouvons pas des moyens créatifs de nous connecter avec eux sur ces plateformes en ligne, ça sera vraiment une occasion manquée.Êtes-vous favorable au retour des athlètes russes et biélorusses aux Jeux olympiques, à commencer par Milan Cortina l'année prochaine, et sous quelles conditions ?Malheureusement, dans le monde d'aujourd'hui, nous allons surtout devoir faire face à la question de savoir comment protéger et soutenir les athlètes dans toutes les zones de conflit. Nous constatons de plus en plus de conflits en Afrique, vous en avez en Europe et au Moyen-Orient. Pour moi, nous devons créer un groupe de travail qui élaborera un cadre qui permettra de protéger et de soutenir les athlètes de toutes ces zones de conflit afin de les aider à participer aux Jeux. Au bout du compte, nous devons également nous assurer que tous les athlètes présents aux Jeux seront protégés. Donc, il pourrait être nécessaire de mettre en place différentes réglementations pour garantir que tous les athlètes sont soutenus et qu'il n'y en ait pas qui soient davantage protégés que d'autres.À lire aussiJO 2024: les Russes et Biélorusses ne défileront pas à la cérémonie d'ouverture à ParisVous êtes actuellement la présidente de la commission de coordination des Jeux olympiques de la jeunesse de Dakar 2026. Le succès de ces Jeux sera-t-il crucial pour la crédibilité de l'Afrique à accueillir un jour les Jeux olympiques ?Oui, à 100 %. C'est la première fois que le mouvement olympique vient en Afrique et peut découvrir notre enthousiasme, notre énergie, notre culture, et cette opportunité nous excite. Mais cela s'accompagne de beaucoup de responsabilités. Nous travaillons en étroite collaboration avec Dakar 2026 pour nous assurer de donner cette tribune au Sénégal, mais aussi à l'Afrique, pour montrer au monde ce que nous pouvons faire.En général, pensez-vous que les intérêts du sport africain sont suffisamment représentés au sommet du mouvement olympique et que feriez-vous pour améliorer les choses ?Il y a toujours des points que nous pouvons améliorer pour nous en assurer. L'une des grandes choses dont j'ai parlé aux membres du CIO serait d'essayer de trouver des moyens innovants de combler le fossé entre les comités nationaux olympiques qui sont très bien soutenus et bien gérés et ceux qui ont besoin de beaucoup plus de soutien, car encore en développement. L'utilisation de la technologie et de l'intelligence artificielle en particulier sera très importante pour combler ce fossé, car une fois qu'il sera un peu comblé, les pays en développement pourront consacrer plus de temps et d'argent à soutenir leurs athlètes, et nous pourrons alors voir plus de médailles gagnées dans le monde entier.Apprendrez-vous le français si vous êtes élue au CIO ?Oui (elle le dit en français, et en riant)… C'est une promesse que j'ai faite aux membres du CIO. C'est quelque chose que je prendrai très au sérieux. Nous avons une école française au Zimbabwe et j'ai déjà fait quelques démarches (rires). Ce serait certainement un grand honneur pour moi de pouvoir parler la langue de notre fondateur, Pierre de Coubertin !À lire aussiSur les traces des Jeux olympiques de 1924, à Paris et ailleurs

Aujourd'hui l'économie
Comment l'Union européenne compte éviter les pénuries de médicaments?

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later Mar 14, 2025 3:18


C'est un marché qui pèse lourd: celui des médicaments, 60 milliards d'euros. Il en a été question cette semaine à la Commission européenne puisque l'exécutif européen a présenté son plan pour réduire sa dépendance aux médicaments asiatiques. Car les chiffres le prouvent, les États membres de l'UE importent beaucoup. Décryptage. Tenez-vous bien, les principes actifs de huit antibiotiques sur dix consommés en Europe sont produits en Asie ! Soit en Chine, soit en Inde. Sur les dix dernières années, ces deux pays sont tout simplement devenus des références en termes de production de principes actifs. Petit rappel, les principes actifs, ce sont ces molécules qui sont le cœur des médicaments et qui permettent de nous soigner. D'après le cabinet Advancy, aujourd'hui, à l'échelle mondiale, l'Inde et la Chine produisent la moitié de ces principes actifs mondiaux. L'Europe à elle seule 30 %. Il y a dix ans, elle était leader au niveau de l'Inde et de la Chine. Le continent et son industrie sont donc en effet en décrochage.À lire aussiLes pénuries de médicaments, la faute à l'industrie?Course aux produits les moins chers Produire sur le sol européen ces principes actifs pharmaceutiques coûte beaucoup plus cher que dans les pays asiatiques. Résultat, d'année en année, les industriels ont sous-traité leur production ou l'ont directement externalisée. Et puis toujours concernant les coûts, la fin de brevets limitant la production a permis à des industriels de lancer la leur. On appelle ça les médicaments génériques. En produisant ailleurs qu'en Europe, ces médicaments sont bon marché. Et dans la course effrénée à l'accès à des médicaments les moins chers possibles, car la santé a un coût, les États ont privilégié les génériques. Ces mêmes États qui s'inquiètent paradoxalement de leur dépendance aux pays asiatiques. C'est le serpent qui se mord la queue. Car, il faut le préciser, ce sont bien les États qui gèrent les commandes de médicaments. Si les entreprises pharmaceutiques sont chargées de garantir un approvisionnement suffisant, ce sont les États qui supervisent la distribution au sein même de leur territoire. Et si pénurie il y a, elles sont gérées au niveau national !À lire aussipénuries de médicaments: des millions d'euros d'amendes pour les laboratoires pharmaceutiquesPenser à l'échelle européenne Cette dépendance aux pays asiatiques n'est pas sans risques, car l'enjeu est stratégique dans un contexte de tensions géopolitiques de plus en plus fortes. Si demain, la Chine et l'UE ne s'entendent pas, c'est la chaîne d'approvisionnement du médicament européen qui en subira les conséquences notamment. Car sans médicaments, pas d'interventions chirurgicales, même bénignes ou de traitements. Et puis de l'autre côté de l'Atlantique, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche qui menace d'augmenter les droits de douane sur les importations pharmaceutiques européennes, inquiète. Mais l'UE a des propositions. Cinq ans après la pandémie de Covid-19 qui a notamment mis en lumière ses difficultés, place à l'action. Bruxelles propose par exemple l'achat groupé de médicaments européens entre États afin de faire baisser les prix d'achat, voire de créer un marché unique du médicament. La Commission incite aussi à relocaliser la production sur le continent en échange de subventions avec des fonds européens pour construire des usines de médicaments critiques.  En tout cas, il y a urgence, c'est le commissaire européen à la Santé qui le dit. La situation que l'on vient d'évoquer « met en danger la santé des Européens ». Voilà pour la prescription, reste maintenant à voir quel traitement choisira le patient Europe !À lire aussiLe plan de l'Union européenne face aux pénuries de médicaments

Reportage International
Narva, ville russophone d'Estonie, vit dans la crainte de la menace russe

Reportage International

Play Episode Listen Later Mar 12, 2025 2:22


C'est la troisième ville d'Estonie. Elle est située tout au nord, juste à la frontière avec la Russie, séparée de la ville d'Ivangorod par un pont. Plus de 90% de ses habitants sont russophones. Un héritage de la période soviétique. Aujourd'hui, comment la vie s'est-elle transformée à Narva depuis le début de la guerre de la Russie à grande échelle contre l'Ukraine ? À Narva, le grand parking était, jusqu'en 2024, le cœur battant de la ville frontalière. C'est là que transitaient toutes les voitures en partance ou de retour de Russie. Aujourd'hui, la frontière ne se traverse plus qu'à pied. Il n'y a plus que les bus qui amènent les Russes qui veulent rentrer chez eux. La ville se vide depuis le début de la guerre lancée par Moscou contre l'Ukraine. Les Russes ne peuvent plus venir en Estonie et cela affecte grandement la situation économique de Narva, comme le décrit la maire Katri Raik :« La vie à Narva avait déjà été touchée par le début du conflit en Ukraine en 2014. Depuis, il y a de moins en moins de touristes. Et maintenant, il est clair que le chiffre d'affaires commercial de Narva a diminué de près de 30%, ce qui constitue bien sûr un coup dur pour la ville. »Milan, jeune activiste politique, se présentera aux élections municipales de l'automne pour réveiller la ville. Il a donné rendez-vous en face de la mairie, un bâtiment historique à la façade rouge, un rare vestige de l'histoire à avoir survécu aux bombardements massifs de 1944 par l'armée soviétique : « La plupart des habitants de Narva sont venus pendant la période soviétique. Ils ont toujours les vieilles habitudes. Ils craignent d'être punis, déportés, tués s'ils s'expriment contre les autorités. Les gens sont très passifs ici au niveau politique. »À lire aussiLes pays baltes font face aux menaces grandissantes de la RussieLa hausse du coût de l'énergie impacte fortement les habitants de la ville. Un tiers des habitants sont des retraités. La Russie fait toujours peur. Milan se souvient de ce qui s'est passé, l'été dernier à Narva : « C'est parfois un peu effrayant ici. Il faut se souvenir que l'été dernier, les Russes ont fait voler un immense ballon d'espionnage. Les gens, ici, font parfois des blagues sur le séparatisme. Ils font un parallèle avec l'Ukraine et la République populaire de Donetsk. Ils parlent de la République populaire de Narva qui pourrait être créée. Rire de cela permet d'avoir moins peur. »Signe de la tension existante, les russophones de Narva se mettent à parler estonien dès qu'ils en ont la possibilité, preuve que la langue estonienne s'est imposée dans le pays.À lire aussiVivre à l'ombre des menaces, voyage dans les États baltes, face aux Russes et Biélorusses

Invité Afrique
Gabon: «Faute de challenger, le scrutin présidentiel du 12 avril sera un match amical»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Mar 11, 2025 5:39


Au Gabon, il n'y a pour l'instant que quatre candidats en lice pour la présidentielle du 12 avril prochain. En effet, 19 des 23 dossiers de candidature ont été rejetés, dimanche 9 mars, par le pouvoir. Mais plusieurs candidats recalés, comme le leader syndicaliste Jean-Rémy Yama, font appel devant la Cour constitutionnelle. Quelle est la marge de manœuvre de cette Cour ? Bergès Mietté enseigne à l'université internationale de Libreville et est chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde, à Sciences Po Bordeaux. En ligne de Libreville, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI :  23 dossiers de candidature déposés, mais seulement quatre dossiers retenus. Qu'est-ce que vous en pensez ? Bergès Mietté : Cela suppose que ce scrutin-là a suscité beaucoup d'intérêt. Un engouement au regard du nombre de candidatures. On peut tout simplement déplorer que le nombre de dossiers retenus ne soit pas conséquent.Oui, 19 dossiers ont été rejetés…Oui, tout à fait.Alors, parmi les dossiers rejetés par le ministère de l'Intérieur, il y a ceux des quatre femmes qui voulaient être candidates. Et puis il y a le dossier d'une figure de la société civile, le leader syndicaliste Jean-Rémy Yama, qui a fait 18 mois de prison sous le régime Ali Bongo. Officiellement, il est recalé parce qu'il n'a pas présenté l'acte de naissance de son père, qui est né il y a plus d'un siècle, en 1920. Qu'est-ce que vous en pensez ? Alors au Gabon, il y a effectivement un problème d'état civil qui ne concerne pas que Jean-Rémy Yama, beaucoup de personnes. Je pense que, étant donné que les autorités sont conscientes de cette question-là, le problème d'état civil, je pense qu'il devrait y avoir des mécanismes permettant de faciliter l'accès et l'établissement des jugements supplétifs, ne serait-ce que pour les candidats qui aspirent à la magistrature suprême.Alors Jean-Rémy Yama a introduit un recours devant la Cour constitutionnelle. Pour sa défense, il dit deux choses : 1.  qu'en 1920, l'année où son père est né, le Gabon n'existait pas administrativement et 2. qu'il est inscrit, sur son acte de naissance à lui, que son père et sa mère sont gabonais. Est-ce que les juges de la Cour constitutionnelle vont être en mesure d'entendre ces deux arguments ? Mais on l'espère, tout simplement. Dès lors que la nationalité des parents figure bel et bien sur le document d'état civil du concerné, je pense que les juges en tiendront compte.Et si le recours de Jean-Rémy Yama est rejeté, est-ce qu'on pourra parler d'excès de formalisme ou d'une décision politique ? Je pense qu'on parlera plutôt d'excès de formalisme. Quand bien même on peut tenir compte des deux éléments, puisque, à la différence d'autres candidats, Jean-Rémy Yama apparaît davantage comme le candidat anti-système. Je pense que Jean-Rémy Yama tente d'incarner la nouvelle opposition gabonaise en construction. Et pour ce scrutin-là, pour beaucoup, l'idéal serait qu'il participe effectivement.Voulez-vous dire que, s'il ne peut pas se présenter, beaucoup de Gabonais diront qu'il a été écarté parce que le général Oligui Nguema en a peur ?Je pense que cette idée-là pourrait effectivement être mobilisée. Je pense que Jean-Rémy Yama a la particularité de pouvoir parler avec tout le monde. Et comme il n'a jamais appartenu officiellement aux régimes précédents, je pense que sa voix est entendue par beaucoup de Gabonais. Maintenant, si sa candidature est retenue, on verra sur le terrain comment il va se déployer.Longtemps, la Cour constitutionnelle a été présidée par Marie-Madeleine Mborantsuo, qui était une personnalité très proche du régime d'Ali Bongo. Elle a d'ailleurs été écartée au lendemain du coup d'Etat du 30 août 2023. Aujourd'hui est-ce que le nouveau président de la Cour, le magistrat Dieudonné Aba'a Owono, est considéré comme un proche du régime de Brice Clotaire Oligui Nguema ?Oui, tout à fait. Il pourrait être taxé de partialité en raison de sa proximité avec le président de la transition. Et d'ailleurs, sa nomination à la tête de la Cour constitutionnelle a fait réagir une certaine classe politique au niveau national.Le général Oligui Nguema et le magistrat Dieudonné Aba'a Owono sont cousins. Est-ce que ce lien de parenté peut nuire à la crédibilité à venir des décisions de la Cour ? On a vu récemment la sortie de Jean-Rémy Yama sur un processus de fraude qui était en marche. Et il appelait d'ailleurs les Gabonais à la vigilance. Mais ce qu'il faut dire, c'est qu'il y a d'autres candidats en lice. Il y a la candidature d'Alain-Claude Bilie-By-Nze, que je considère comme étant le principal challenger de Brice Oligui Nguema. Quand bien même Alain-Claude Bilie-By-Nze a été une décennie durant le visage du régime d'Ali Bongo, il apparaît auprès d'une certaine frange de la population comme une personne sulfureuse en raison de ses prises de position passées.Donc pour vous, si Jean-Rémy Yama ne peut pas se présenter, il n'y aura pas match ?Oui, je pense que la présidentielle du 12 avril 2025 ne sera pas très disputée, très compétitive. Et cette hypothèse-là se fonde sur trois faits majeurs. En premier lieu, il y a comme un consensus national autour de la candidature et la personne d'Oligui Nguema. Autre élément, donc, Oligui Nguema est l'auteur du coup d'Etat, ce fait historique est source d'adhésion et d'admiration. Et dernier élément, Brice Oligui Nguema n'a pas, comme je le disais tantôt, en face de lui des adversaires très fiables. Donc, faute de challenger, je pense que le scrutin présidentiel du 12 avril sera un match amical entre Oligui Nguema et un candidat de faible envergure.À lire aussiLes candidats à l'élection présidentielle gabonaise sont désormais connus

Reportage International
Pakistan: des postes de police 100% féminins pour inciter les femmes à signaler les violences

Reportage International

Play Episode Listen Later Mar 7, 2025 2:17


À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, ce samedi 8 mars 2025, coup de projecteur sur le Pakistan. Selon un récent rapport d'une ONG locale, le taux national de condamnation pour viols et crimes d'honneur n'est que de 0,5%. Un chiffre choquant qui révèle les profondes lacunes du système judiciaire pakistanais lorsqu'il s'agit de rendre justice aux femmes victimes de violences. Les violences domestiques sont peu recensées, mais chaque semaine les médias locaux relaient de nombreuses affaires de viols, de crimes d'honneur, de violences domestiques et d'enlèvements à travers le pays. Parmi les initiatives mises en place il y a quelques années par les autorités pour soutenir les victimes, des postes de police au personnel exclusivement féminin. Reportage dans le commissariat pour femmes et entièrement féminin d'Islamabad.  De notre correspondante à Islamabad, Le commissariat 100% féminin d'Islamabad, au Pakistan, est niché derrière des murs bleu pastel surmontés de fils barbelés. Dans l'un des bureaux ce jour-là, une femme d'une trentaine d'années au visage caché derrière un masque médical, un voile rose sur les cheveux. « Oui madame, qu'est-ce qui vous amène ? », demande la policière. « Mon mari se comporte mal avec moi », répond la femme. « Que fait-il ? » « Il trouve toujours des raisons pour se disputer avec moi, il m'accuse de le tromper. » « Vous a-t-il déjà violentée ? » « Oui, plusieurs fois. » « Quand cela s'est produit dernièrement ? » « Il y a deux, trois jours. » « Voulez-vous déposer plainte, on devra alors faire votre examen médical ? » « Oui. » C'est la première fois que cette femme, mariée depuis cinq ans, mère d'un petit garçon âgé d'un an, sans emploi, franchit le pas du poste de police. « J'ai hésité avant de venir parce que j'ai peur que ma famille, que les gens posent ensuite des questions sur ce qu'il se passe et que cela m'amène des problèmes. » Après quelques minutes de conversation, elle revient sur sa décision de porter plainte : « Je veux que madame la policière parle à mon mari. Bien sûr, c'est mon époux, s'il change je ne porterai pas plainte contre lui. » À écouter aussiLes policières, héroïnes au PakistanCe revirement n'étonne pas la chef de ce poste de police, Misbah Shahbaz. Une cinquantaine de femmes se présentent chaque semaine. Dans 70% des cas, il s'agit de violences domestiques. « Il y a souvent des cas de violences répétées. Nous essayons alors vraiment de convaincre la femme pour qu'elle dépose une plainte. Mais le fait est que les femmes préfèrent généralement régler les choses à l'amiable, souvent parce qu'elles ont des enfants, à cause de la société et des normes sociales aussi. Et puis n'oublions pas le poids du traumatisme qu'elles ont après avoir subi des violences. Et puis il y a aussi les familles qui s'en mêlent. Les familles qui leur disent : “pardonne-lui, on va lui parler, on va le raisonner, il ne recommencera pas.” Dans ces conditions-là, c'est très compliqué de les convaincre de porter plainte. » Le poste de police 100% féminin est sans conteste un argument majeur pour inciter les femmes à signaler les violences et les abus dont elles sont victimes, mais la société patriarcale et conservatrice les maintiennent encore largement dans le silence. À lire aussiLa militante Malala Yousafzai de retour au Pakistan pour un sommet sur l'éducation des filles

Aujourd'hui l'économie
Les inégalités bancaires toujours plus fortes pour les femmes

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later Mar 7, 2025 2:28


Ce samedi 8 mars, comme tous les ans, c'est la journée internationale des droits des femmes. Dans ce contexte, focus sur un sujet très important dans l'indépendance et l'émancipation des femmes, à savoir la détention d'un compte bancaire. Décryptage. C'est un enjeu essentiel. Rien qu'en France, cela fera 60 ans en juillet que les femmes ont obtenu le droit de détenir un compte en banque à leur nom. Dans d'autres pays, il faut parfois toujours l'autorisation du mari pour faire cette démarche. Bref, toutes les femmes de tous les pays ne sont pas logées à la même enseigne sur ce sujet. Car gérer son propre argent en toute autonomie, c'est un puissant levier d'émancipation.Pourtant, d'après le Fonds monétaire international, à l'échelle du globe, plus d'un milliard de femmes dans le monde n'ont toujours pas accès aux services financiers formels. Seulement deux tiers des femmes possèdent un compte bancaire, contre pratiquement quatre hommes sur cinq. Plusieurs régions sont plus concernées que d'autres, comme par exemple en Afrique subsaharienne où seulement 37% des femmes ont un compte en banque contre 48% des hommes. Une tendance qui reflète les obstacles sociaux, économiques, culturels et technologiques auxquels les femmes continuent de se heurter dans l'accès aux services financiers ! Des pistes pour changer les choses Cette situation a de multiples conséquences. La première d'entre elle, c'est la dépendance au conjoint ou aux parents. Sans compte personnel, impossible de tout simplement gérer son budget, ses revenus, sa consommation, son épargne et de contracter un crédit. Difficile aussi de se protéger financièrement en cas de séparation, de divorce ou de perte d'emploi. Il y a plusieurs explications à cette situation. D'abord, l'écart de rémunération entre femmes et hommes qui joue sur la capacité d'épargne et d'investissement. Concrètement, moins vous gagnez, moins vous avez de chance d'obtenir un prêt. Ensuite, des freins culturels existent dans certains pays pour l'accès aux services bancaires. À lire aussiLes inégalités entre les femmes et les hommes dans le travail toujours fortes dans le mondePour faire bouger les lignes, on peut par exemple penser à l'accès à l'éducation financière. Plusieurs structures et entreprises se mobilisent sur le sujet, comme le géant français L'Oréal qui a signé une charte l'été dernier pour que les femmes aient plus facilement accès à ce type de formations et d'apprentissage dès le plus jeune âge, mais aussi encourager l'entreprenariat féminin, avec des aides et des financements dédiés. On peut aussi noter la promotion de l'égalité salariale et donc lutter contre toute forme de discrimination. Bref, pour que les femmes reprennent, ou prennent, c'est selon, le pouvoir sur l'argent ! 

Aujourd'hui l'économie
Les entreprises mondiales ont versé des dividendes record en 2024: bonne ou mauvaise nouvelle?

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later Mar 6, 2025 3:14


Les entreprises mondiales ont versé des dividendes record en 2024 : 1750 milliards de dollars. C'est colossal et cette tendance implique bon nombre de questions. Mais déjà, comment expliquer cette dynamique ?  Pour vous faire une idée et mieux comprendre, ces dividendes mondiaux de 1750 milliards de dollars représentent l'équivalent du produit intérieur brut (PIB) d'un pays comme la Corée du Sud. Deux principales raisons à ce niveau : d'abord, les valeurs des entreprises de la tech ont bénéficié de résultats exceptionnels. Il faut souligner un tournant majeur pour trois d'entre elles puisque pour la première fois de leur histoire, les états-uniennes Meta et Alphabet, tout comme la chinoise Alibaba ont versé des dividendes à leurs actionnaires. Le secteur plait beaucoup, porté évidemment par l'intelligence artificielle. Autre explication, c'est que ce niveau de dividendes mondiaux est porté par les valeurs financières. Comprenez par là les banques et les assurances par exemple ! Faut-il récompenser les actionnaires ? Ce niveau record de dividendes mondiaux d'un montant de 1750 milliards de dollars signifie tout simplement que ce sont les actionnaires qui vont se partager cette somme. Un résultat qui prouve que l'économie mondiale, stimulée, on l'a dit notamment, par les valeurs du secteur de la tech, va plutôt bien.  À lire aussiLes grandes entreprises annoncent des dividendes record en France et dans le monde au deuxième trimestreDe là à dire que c'est une bonne nouvelle, il faut relativiser, car comme souvent, pas de réponse claire, nette et précise. D'un côté, oui, c'est une bonne nouvelle, cela veut dire que les entreprises sont assez prospères et qu'elles font assez de résultats pour distribuer des dividendes. Et récompenser les actionnaires, c'est les inciter à réinvestir une partie de leur capital en action. Par ailleurs, un bon cours de bourse, c'est important pour une entreprise.D'un autre côté, on se doit de nuancer car ces dividendes records, c'est de l'argent qui n'est pas directement réinvesti par les entreprises pour préparer leur croissance future et en plus cela contribue à entretenir les inégalités, alors qu'au même moment les filets sociaux sont de plus en plus minces parce que les finances d'un nombre grandissant d'États sont dans le rouge.  Alors sur le fond, est-ce que récompenser un actionnaire avec plusieurs millions de dollars de dividende, c'est une bonne chose, quand un travailleur en reçoit  seulement quelques dizaines de milliers par an, la question se pose ! À quoi sert cet argent ? Dans la grande majorité des cas, il semble que ces dividendes servent plus à faire grandir le patrimoine des actionnaires, qu'à stimuler le développement des entreprises. Concrètement, une grande partie de cet argent serait d'abord investi dans la pierre pour constituer un patrimoine immobilier en achetant maison et appartement. C'est moins risqué que les actions et les produits financiers. Cela entretient une économie de rente, moins intéressante collectivement. Mais on peut aussi taxer ces dividendes pour les redistribuer à destination des ménages les plus modestes. C'est une option que beaucoup considèrent comme viable, mais attention, dans un monde concurrentiel et mondialisé, la marge de manœuvre est faible, car les gouvernements ont peur de la fuite des capitaux et hésitent donc à taxer davantage les revenus financiers. La question est donc : quelle politique mener ? Cela va être tout l'enjeu de ces prochains mois car, malgré un environnement économique incertain, notamment marqué par les tensions commerciales depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, le cabinet Janus Henderson table sur une croissance globale de 5 % pour cette année. Une hausse qui, appliquée aux dividendes, les porterait vers un nouveau record de 1 830 milliards de dollars. 

Reportage International
Vu d'Australie, champion du libre-échange, la guerre économique de Trump suscite l'interrogation

Reportage International

Play Episode Listen Later Feb 3, 2025 2:40


La plupart des économistes sur place estiment que l'Australie saura faire valoir ce statut d'allié stratégique pour éviter d'être directement sanctionné. Mais redoutent que la hausse massive des droits de douane promise par Donald Trump sur les exportations venues de Chine, le principal partenaire commercial de l'Australie, aura indirectement des conséquences lourdes sur l'économie de l'île-continent. De notre correspondant à Canberra,Protéger le marché américain de la concurrence étrangère, en rendant artificiellement les produits venus d'ailleurs plus chers, c'est la promesse formulée par Donald Trump tout au long de sa campagne victorieuse. « Le mot droit de douane, c'est le plus beau mot dans le dictionnaire. Il va rendre notre pays riche », s'est-il exclamé. Un discours aux antipodes de celui porté par le gouvernement australien, qui se présente pour sa part comme un champion du libre échange.Mais malgré ces divergences de vue, l'économiste Richard Holden, de l'université de Nouvelle-Galles du Sud, et comme nombre de ses collègues, pense que l'Australie a de bons arguments pour échapper à de nouvelles barrières douanières. « Je crois que l'Australie est bien placée pour les éviter. Nous sommes un allié proche et assez important des États-Unis dans le Pacifique. Qui plus est, Donald Trump laisse entendre que le pacte Aukus va être maintenu, ce qui veut dire que nous allons devenir un allié militaire encore plus important pour les États-Unis. Et mettre en difficulté un allié de cette nature, ce n'est pas une très bonne idée. L'autre point important à souligner, c'est que la balance commerciale des États-Unis est excédentaire avec l'Australie », explique-t-il.En revanche, il est beaucoup moins optimiste concernant la Chine, avec qui Donald Trump a déjà mené une guerre commerciale lors de son premier mandat. Or, la Chine est aussi le premier partenaire commercial de l'Australie. Elle y a écoulé en 2023 plus de 130 milliards d'euros de marchandises, soit près du tiers de toutes ses exportations. « Des droits de douane massifs appauvriraient la Chine, à un point qu'ils ne seraient plus disposés, ou plus capables d'acheter nos produits agricoles haut de gamme, par exemple les homards, le bœuf wagyu ou nos vins les plus onéreux. Et cela nous ferait mal » redoute-t-il.Un point de vue partagé par Medo Pournader, de la faculté d'économie de l'université de Melbourne. Mais elle veut croire que l'Australie, malgré un protectionnisme américain a priori défavorable à son économie, pourrait tirer son épingle du jeu. « Ce n'est pas que du sang et des larmes, il y a peut-être même de belles opportunités pour l'Australie. Je crois que nous devons négocier avec les États-Unis pour éviter des droits de douane. Ou, a minima, qu'ils soient moins élevés que pour d'autres pays, ce qui nous permettrait d'exporter davantage de produits australiens aux États-Unis », espère-t-elle. Face à un président américain qui place les relations personnelles au-dessus de tout, tout dépendra de la capacité d'Anthony Albanese, le Premier ministre australien, à le séduire.À lire aussiLes États-Unis suspendent pour un mois leurs tarifs douaniers avec le Mexique et le Canada

Reportage International
Cinq ans après le Brexit, un bilan mitigé pour les agriculteurs

Reportage International

Play Episode Listen Later Jan 29, 2025 2:34


Cela fait cinq ans que le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne. Le 31 janvier 2020, une période de transition s'ouvrait pour faciliter le passage, mais les Britanniques n'étaient déjà plus citoyens de l'UE. En 2016, ils avaient voté en majorité pour le Brexit, et le milieu agricole comptait parmi les fervents partisans de la sortie. Cinq ans plus tard, le bilan est mitigé. Cela fait cinq ans que la cloche du Big Ben, au Parlement de Westminster, a retenti. À 23h, elle annonçait la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Cette cloche-là, c'est celle qui annonce le début des enchères aux moutons du marché de Melton Mowbray. Richard est présent ce matin, bien qu'il n'ait pas de moutons à vendre cette fois-ci. Cet éleveur apprécie l'ambiance du marché.« On nous avait dit qu'avec le Brexit, les prix allaient chuter et que l'agneau britannique n'aurait plus de demande à cause des droits de douane. Mais c'est tout le contraire. La demande est là, et aucune taxe n'a été imposée sur l'agneau britannique, pour l'instant en tout cas. La demande la plus forte vient du Moyen-Orient, d'Arabie saoudite, d'Israël et de Turquie. Hors Union européenne. Mais également plus près de nous, d'Espagne et d'Italie et de France. Et puisque ces clients avaient une relation commerciale avec nous avant le Brexit, ils continueront cette relation après le Brexit ».Un avis, qui n'est pas partagé par tousAndrew Wheeler, cultivateur de céréales à quelques kilomètres de là, a stocké toute sa récolte dans son entrepôt. Lui aussi avait voté pour la sortie de l'Union européenne en 2016. « J'ai voté en faveur du Brexit pour quitter l'UE pour un certain nombre de raisons. Mais c'est probablement mon cœur qui l'a emporté sur ma tête. L'une des raisons pour lesquelles je voterais différemment aujourd'hui, c'est que je vois que notre gouvernement ne s'intéresse pas à l'agriculture. Lorsque nous étions membres de l'Union européenne, il ne fait aucun doute que la pression exercée par les agriculteurs, surtout les français, avait de l'impact à Bruxelles. L'UE avait peur, elle a toujours peur, des agriculteurs. Ce n'est pas le cas du gouvernement britannique ».À lire aussiAu Royaume-Uni, les agriculteurs manifestent contre un projet de taxe sur la successionLe principal syndicat de fermier britannique, le NFU, tient une permanence au marché de Melton Mowbray. James Haddon, son représentant local, reçoit de nombreuses plaintes, notamment de la part des producteurs de fruits et légumes, qui peinent à recruter la main-d'œuvre saisonnière venue d'Europe de l'Est avant le Brexit.« Vous travaillez toute l'année pour avoir une récolte et vous n'êtes pas en mesure de la faire. C'est pourquoi la NFU souhaiterait un plan stratégique quinquennal pour les travailleurs saisonniers. Pour qu'ils puissent venir en nombre raisonnable, donc sans plafond arbitraire, afin que tous les aliments cultivés puissent être récoltés avec succès ».Le gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir en juillet, veut revoir et améliorer la relation entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Mais il reste catégorique : un retour à la liberté de mouvement est exclu.À écouter aussiLes défis du Royaume-Uni, cinq ans après le Brexit