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Le prix du pétrole stagne à son plus bas niveau depuis la pandémie. Le baril de Brent de la mer du Nord s'échange aux alentours des 65 dollars, alors qu'il dépassait les 100 dollars après l'invasion russe de l'Ukraine en 2022. Le résultat d'un changement de politique de la part des pays de l'Opep+. Alors qu'il y a deux ans, l'Opep+, qui regroupe les pays producteurs de pétrole et leurs alliés, avait réduit l'offre volontairement en espérant de faire monter les prix, elle a décidé en avril dernier de rouvrir les vannes. Il y a trois jours, il a été décidé d'augmenter encore les volumes d'or noir mis sur le marché.Selon les observateurs, c'est Riyad qui serait derrière ce changement de cap surprise. C'est l'Arabie saoudite qui avait fait comprendre début mai qu'elle pouvait supporter une baisse des prix pendant une période prolongée. L'Arabie saoudite semble se plier aux requêtes de Donald Trump. Peu après sa prise de fonction, le président américain avait demandé à son allié de produire davantage pour faire baisser les prix de l'or noir et par ricochet les prix à la pompe pour les consommateurs américains.La fin du boom de schiste aux États-UnisMais cette stratégie n'est pas sans conséquence sur le secteur du schiste aux États-Unis. Confrontés à une accumulation de pétrole sur les marchés, les foreurs de schiste américains ont dû arrêter plusieurs de leurs plateformes pour faire face à la chute des prix. On s'attend à une baisse de production américaine de 1,1% l'année prochaine, à 13,3 millions de barils par jour.Ces producteurs de pétrole de schiste, qui avaient fait des États-Unis le plus grand producteur mondial d'or noir, se retrouvent aujourd'hui devant la première crise majeure de leur secteur. Si les prix de brut devaient descendre à 50 dollars, la production américaine pourrait perdre jusqu'à 300 000 barils par jour. Soit davantage que la production totale de certains petits pays membres de l'Opep+. Les compagnies américaines ne pourront clairement pas suivre. Des suppressions d'emplois ont déjà commencé.À lire aussiLe cours du pétrole chute après les annonces de l'Opep+ accélérant sa production de brut
L'exposition Instants données est à retrouver au musée Maillol, à Paris, une exposition touchante et exhaustive, réalisée en collaboration avec ses deux filles de Robert Doisneau, Annette et Francine, et la société belge Tempora. Au fil de 400 clichés, on redécouvre la capitale française à travers le regard du photographe, comme un souffle d'humanité en noir et blanc. « Le baiser de l'Hôtel de Ville »: deux amoureux s'embrassent devant une terrasse de café, à deux pas de l'Hôtel de Ville de Paris. C'est probablement cette photo qui vous vient en tête lorsque vous entendez le nom de Robert Doisneau, l'un des photographes les plus emblématiques du XXème siècle et du courant humaniste.Pendant plus de 50 ans, Robert Doisneau a arpenté les rues de Paris à la façon de celui qu'il aimait décrire comme « le patient passant » : celui qui attend des heures pour immortaliser ces instants de vie qui laissent les autres indifférents, jusqu'à ce que son appareil photo les rende éternels.Francine Deroudille, l'une des deux filles du photographe – qui a fondé avec sa sœur l'atelier Robert Doisneau , où sont conservées toutes ses photos – est aujourd'hui l'une des commissaires de cette exposition : « On a voulu montrer toute une séquence qui s'appelle "Gravité", où on voit les photos des gens à qui la vie n'a pas fait de cadeaux, explique-t-elle. Que ce soit les prostituées des halles ou des mineurs à Lens qui vivent dans des conditions épouvantables. Robert Doisneau a fait des photos qui peuvent être très dures, mais le regard qu'il porte sur les gens n'est jamais dur. »La solidarité : une valeur chère au cœur de Robert Doisneau. Une solidarité sans distinction, sans hiérarchie. C'est ce que l'on ressent en se baladant dans les allées du musée Maillol. Une exposition de plus de 400 photos, en noir et blanc la plupart du temps, qui représentent des enfants qui jouent dans les rues ou au pied de la tour Eiffel, des amoureux qui dansent un soir de 14 juillet, mais aussi les banlieues parisiennes. Des banlieues dans lesquelles il aimait passer son temps libre, il fut d'ailleurs l'un des premiers à les photographier : Les gens de la banlieue, peut-être parce que le décor sert de repoussoir, je les trouve très attendrissants. La jeunesse en banlieue prend une valeur, un caractère ... « De nos jours, les banlieues sont très photographiées, retrace Francine Deroudille. Au moment où il le faisait, ce n'était pas du tout [le cas]. Tous les objectifs s'étaient détournés de cette photographie sociale. Il va montrer des photographies qui vont pouvoir étayer un propos de révolte sociale. »Connu pour son côté provocateur, Robert Doisneau était aussi un grand conteur. Il n'aimait pas qu'on le réduise à un simple témoin du réel. Et pourtant, Doisneau c'est une histoire de rencontres et de récits de vie. Lorsqu'il rentrait chaque soir, ses filles se souviennent qu'il aimait leur raconter ses aventures parisiennes. Des histoires qui se rejoignent toutes en un point : un regard profondément bienveillant. Un regard qui serait précieux aujourd'hui, comme le souligne sa fille : « Je pense qu'en ce moment où la société est rude et où les rapports des gens sont violents, il aurait été content de représenter la liberté, la fraternité et l'égalité. Ce n'est pas un homme qui cherchait à représenter un message en particulier, mais il y a quand même un message de paix dans son travail. »La désobéissance, c'est la lutte contre l'autorité. Quand des gens représentant l'autorité, la force publique, vous disent 'circulez, il n'y a rien à voir', c'est là qu'il faut impérativement s'arrêter et regarder. C'est là qu'il se passe des choses. ► Une exposition à découvrir jusqu'au 12 octobre 2025 au musée Maillol. À lire aussiLe photographe franco-brésilien Sebastião Salgado est mort à l'âge de 81 ans
L'exposition Instants données est à retrouver au musée Maillol, à Paris, une exposition touchante et exhaustive, réalisée en collaboration avec ses deux filles de Robert Doisneau, Annette et Francine, et la société belge Tempora. Au fil de 400 clichés, on redécouvre la capitale française à travers le regard du photographe, comme un souffle d'humanité en noir et blanc. « Le baiser de l'Hôtel de Ville »: deux amoureux s'embrassent devant une terrasse de café, à deux pas de l'Hôtel de Ville de Paris. C'est probablement cette photo qui vous vient en tête lorsque vous entendez le nom de Robert Doisneau, l'un des photographes les plus emblématiques du XXème siècle et du courant humaniste.Pendant plus de 50 ans, Robert Doisneau a arpenté les rues de Paris à la façon de celui qu'il aimait décrire comme « le patient passant » : celui qui attend des heures pour immortaliser ces instants de vie qui laissent les autres indifférents, jusqu'à ce que son appareil photo les rende éternels.Francine Deroudille, l'une des deux filles du photographe – qui a fondé avec sa sœur l'atelier Robert Doisneau , où sont conservées toutes ses photos – est aujourd'hui l'une des commissaires de cette exposition : « On a voulu montrer toute une séquence qui s'appelle "Gravité", où on voit les photos des gens à qui la vie n'a pas fait de cadeaux, explique-t-elle. Que ce soit les prostituées des halles ou des mineurs à Lens qui vivent dans des conditions épouvantables. Robert Doisneau a fait des photos qui peuvent être très dures, mais le regard qu'il porte sur les gens n'est jamais dur. »La solidarité : une valeur chère au cœur de Robert Doisneau. Une solidarité sans distinction, sans hiérarchie. C'est ce que l'on ressent en se baladant dans les allées du musée Maillol. Une exposition de plus de 400 photos, en noir et blanc la plupart du temps, qui représentent des enfants qui jouent dans les rues ou au pied de la tour Eiffel, des amoureux qui dansent un soir de 14 juillet, mais aussi les banlieues parisiennes. Des banlieues dans lesquelles il aimait passer son temps libre, il fut d'ailleurs l'un des premiers à les photographier : Les gens de la banlieue, peut-être parce que le décor sert de repoussoir, je les trouve très attendrissants. La jeunesse en banlieue prend une valeur, un caractère ... « De nos jours, les banlieues sont très photographiées, retrace Francine Deroudille. Au moment où il le faisait, ce n'était pas du tout [le cas]. Tous les objectifs s'étaient détournés de cette photographie sociale. Il va montrer des photographies qui vont pouvoir étayer un propos de révolte sociale. »Connu pour son côté provocateur, Robert Doisneau était aussi un grand conteur. Il n'aimait pas qu'on le réduise à un simple témoin du réel. Et pourtant, Doisneau c'est une histoire de rencontres et de récits de vie. Lorsqu'il rentrait chaque soir, ses filles se souviennent qu'il aimait leur raconter ses aventures parisiennes. Des histoires qui se rejoignent toutes en un point : un regard profondément bienveillant. Un regard qui serait précieux aujourd'hui, comme le souligne sa fille : « Je pense qu'en ce moment où la société est rude et où les rapports des gens sont violents, il aurait été content de représenter la liberté, la fraternité et l'égalité. Ce n'est pas un homme qui cherchait à représenter un message en particulier, mais il y a quand même un message de paix dans son travail. »La désobéissance, c'est la lutte contre l'autorité. Quand des gens représentant l'autorité, la force publique, vous disent 'circulez, il n'y a rien à voir', c'est là qu'il faut impérativement s'arrêter et regarder. C'est là qu'il se passe des choses. ► Une exposition à découvrir jusqu'au 12 octobre 2025 au musée Maillol. À lire aussiLe photographe franco-brésilien Sebastião Salgado est mort à l'âge de 81 ans
Le Cameroun parvient à produire le coton ayant les meilleurs rendements. Sa qualité est aussi saluée. Le bon suivi des itinéraires techniques (le respect des calendriers, le bon usage des produits phytosanitaires, etc.) explique en partie ces résultats. Cependant, le taux d'analphabétisme est encore important dans la région et contraint le développement des bonnes pratiques. Pour améliorer cela, l'Alliance française de Garoua dispense des cours pour aider les agriculteurs dans leurs pratiques quotidiennes. Avec notre envoyée spéciale de retour de Garoua,Dans ce cours de premier niveau, les cotonculteurs majoritairement des femmes, reprennent le B.A. BA de la lecture. Madeleine a 54 ans et ne manque pas d'humour : « Ça m'a beaucoup aidé. En mathématiques, rien ne peut me dépasser. Je peux peut-être être comptable de la Sodecoton. » Elle a suivi assidûment l'ensemble des cours proposés par l'Alliance française. « C'est utile, ça m'aide à compter l'argent pour le coton. Je peux peser le coton moi-même. Et je saurai comment calculer l'argent », explique-t-elle. Elle précise que jusqu'à présent, c'étaient les agents de la Sodecoton qui s'en chargeaient. « Je ne savais pas s'ils calculaient bien ou pas, mais maintenant, moi-même, je vais calculer. Je peux bien vérifier », assure-t-elle avec une once de fierté.Félicitée a la vingtaine, elle trouve une réelle utilité à ces cours dans ses activités quotidiennes. « Je ne savais pas lire, mais maintenant, j'ai appris. [Je suis capable de lire] les notices sur les produits de la Sodecoton et d'autres produits. Je lis les notices, ça m'apprend beaucoup de choses. C'est pourquoi j'apprécie beaucoup cette école », souligne la jeune femme.À écouter aussiLe coton camerounais sous pression malgré des bons rendementsPallier un besoin des professionnels du secteurEn plus des apprentissages scolaires habituels et d'un niveau pour apprendre à gérer un projet économique, cette année, l'Alliance française a ouvert un quatrième niveau. Les apprenants sont formés à des activités génératrices de revenus telles que la fabrication de savon. « Nous avons constaté que par rapport aux activités agricoles, elles pouvaient faire autre chose. C'est pourquoi on a jugé bon que l'on pouvait leur apprendre une activité génératrice de revenus », explique Wadjiri Pahimi, le superviseur de l'Alliance française de la zone. « Les autres cours consistent à les amener à parler français, lire, écrire et calculer. Beaucoup n'ont pas été à l'école ou ont arrêté très tôt », poursuit-il.Ces cours sont la traduction d'un besoin et d'une demande formulée par la société cotonnière, la Sodecoton et la confédération des cotonculteurs. Elle est mise en œuvre par l'Alliance française en partenariat avec le ministère de l'Éducation. L'année dernière, deux heures par jour, cinq jours par semaine, plus de 1 500 apprenants ont fréquenté les bancs de ces classes.
Indispensable à l'aviation, le titane produit en Russie est, jusqu'à présent, passé entre les gouttes et n'a pas été sanctionné par l'Union européenne. La guerre tarifaire initiée par Donald Trump ne s'est pas intéressée non plus à ce métal réputé pour sa légèreté et sa résistance à la corrosion. Les inquiétudes n'ont jamais porté sur le minerai brut de titane, qui est essentiellement utilisé sous forme de pigments, mais sur le métal, c'est-à-dire le minerai qui a subi plusieurs étapes de transformation. Plus particulièrement, les inquiétudes sont concentrées en particulier sur le métal de qualité aéronautique, qui entre dans la composition des fuselages, des moteurs ou encore des trains d'atterrissage, et dont la Russie est le premier exportateur. Vladimir Poutine avait évoqué la possibilité de couper le robinet, mais ne l'a pas fait. La Chine n'a pas imposé non plus de contrôle à l'exportation de son titane – probablement parce que la qualité du titane chinois ne pèse pas encore assez sur le marché international pour que ce soit un levier pertinent. Le titane, déjà soumis à des mesures tarifaires américaines, a par ailleurs été exempté des droits de douane supplémentaires introduits le 2 avril.L'Europe, trop dépendante au titane russe, continue de son côté d'en importer, même si les groupes aéronautiques, Airbus et Safran, notamment, poursuivent leurs efforts pour diversifier leur approvisionnement. À écouter aussiLe titane russe toujours irremplaçableAccélération de nouveaux projetsLes tensions suscitées par le début de la guerre en Ukraine ont accéléré les projets de production de titane. Des investissements engagés en Arabie saoudite avant la guerre ont permis, depuis l'année dernière, de produire du métal de qualité aéronautique, qui intéresse de près Airbus. Au Japon, au moins une usine de production qui devait fermer a finalement continué à tourner. L'Inde se positionne aussi dans le secteur : les premiers lingots de titane du pays sont en passe d'être produits par le groupe PTC Industries, s'ils ne le sont pas déjà, explique un expert de la filière. Il faut aussi compter avec la Chine qui, depuis dix ans, a démultiplié ses capacités de raffinage, au point d'être quasiment en surcapacité, selon un de nos interlocuteurs. S'il est de plus en plus exporté au Japon et en Corée du Sud, le titane chinois n'est pas reconnu de qualité aéronautique par Airbus et Boeing et sert essentiellement à l'industrie locale et au nouvel avionneur Comac. Si cela changeait, le marché mondial gagnerait un fournisseur important. Tensions sur les prix de certaines qualités de titaneLes craintes de voir l'approvisionnement perturbé se sont traduites sur les prix, mais selon le produit en titane concerné, les variations ne sont pas les mêmes. Le ferrotitane, un alliage, a vu son prix baisser en raison d'une moindre demande des sidérurgistes, selon le cabinet Argus Media. Selon leur analyste Ronan Murphy, depuis le début de la guerre en Ukraine, le titane de qualité aéronautique n'a lui, en revanche, plus jamais vu son prix baisser. Certaines qualités d'éponge de titane ont augmenté de 42% depuis le début de la guerre, pour ne donner qu'un seul exemple.Un des facteurs déterminants pour les prix sera la demande, et en particulier celle de Boeing. En 2024, l'avionneur a vu sa production d'appareils chuter à son niveau le plus bas depuis la pandémie de Covid-19.
Alors que le 78e festival de Cannes s'est achevé samedi 24 mai en France, la diversité de la production en Tunisie, pays où la culture d'aller au cinéma est peu présente à cause du faible nombre de salles, témoigne de l'exploration de nouveaux genres. De la comédie romantique commerciale au film de genre, les réalisateurs tunisiens affirment chacun leur style. De notre correspondante à Tunis,Avec le film Agora, à mi-chemin entre le thriller et le film de genre, le réalisateur Alaeddine Slim signe son troisième long-métrage. Son œuvre se distingue dans le paysage cinématographique tunisien avec un style particulier centré sur l'image et les hors-champs : « Être à la marge, ça me permet aussi une certaine liberté. Voilà mes films ne sont pas trop connus ici, moi-même, je ne suis pas très connu ici en Tunisie. Du coup, je profite de cette ombre pour véhiculer mes idées. »Le film suit une enquête policière autour de mystérieux revenants, des personnes portées disparues qui ressurgissent soudainement. Mais progressivement, le film parle aussi d'écologie, du rapport à la religion et du refus de se confronter au passé. En filigrane, il offre une critique politique. « Agora critique plusieurs pouvoirs dans notre société : le pouvoir policier, scientifique et religieux essentiellement, mais aussi tenter de montrer la relation très ambiguë et "très sale" entre ces trois pouvoirs, c'est ça l'idée générale du film. Au lieu de liquider le passé, d'essayer de comprendre ou de décortiquer ce problème-là, on refait les mêmes fautes et on étouffe l'affaire. »Startup : un autre film, une autre ambiancePratiquement sorti la même semaine qu'Agora, la comédie romantique Startup s'inscrit dans un registre diamétralement opposé, mais aussi nouveau dans le paysage cinéma tunisien, plutôt habitué aux drames ou comédies potaches. Haifel Ben Youssef en est le réalisateur : « Je voulais faire un film léger et comme j'avais une culture des ciné-clubs et des festivals du film amateur, je n'étais pas à l'aise avec l'idée de faire juste un film commercial. Donc le défi avec ma scénariste, c'était d'arriver à réaliser un film "light", commercial, grand public et en même temps y inclure des sujets de société comme la question de l'environnement à Tunis et sur l'île de Djerba, le modèle touristique, les problèmes des jeunes entrepreneurs. »Même si le pays ne compte qu'une vingtaine de salles, la production tunisienne reste abondante et diversifiée. En 2024, une centaine de films tunisiens ont été produits.À lire aussiLe cinéma tunisien et son tout premier film de fiction fêtent leurs 100 ans
Plus de 40 artistes retracent dix ans de création inspirée par l'intelligence artificielle au Jeu de Paume avec la nouvelle exposition Le Monde selon l'IA. Une exposition à voir jusqu'au 21 septembre qui questionne notre rapport à l'IA, son impact sur l'art et sur notre façon de représenter le monde. Au Jeu de Paume, à Paris, l'intelligence artificielle (IA) est décortiquée par les artistes qui nous en montrent les aspects peu reluisants en les critiquant, mais aussi tentent de créer de nouveaux possibles en essayant de débrider les IA. Dans cette exposition, il n'est pas question d'être béat face à l'intelligence artificielle, ses biais et ses limites. Dès l'entrée, la question de la ressource, entre l'énergie consommée pour les faire fonctionner ou l'utilisation de minerai disponible en quantité limitée. À coup de grands diagrammes complexes prenant tout l'espace des murs, on devine les quantités d'énergie nécessaires rien que pour faire fonctionner une simple requête sur Alexa.« Nous avons choisi des artistes qui ont une posture critique face à l'IA et face à ces modèles qui commencent à développer des capacités qui vont au-delà des humains, déclare Antonio Somaini, enseignant-chercheur à la Sorbonne et commissaire général de cette exposition. L'on entend souvent parler de l'IA comme quelque chose qui développe une intelligence semblable à celle des humains, mais là, nous faisons face à des modèles qui font des choses dont, nous, les humains, ne sommes pas capables. »Des biais occidentaux reproduits par l'IADes capacités qui dépassent celles de l'humain, mais une base de données alimentée… par des humains. Le problème est que ce sont toujours les mêmes : principalement des Occidentaux, ce qui crée des biais. Pour résoudre ces problèmes de biais culturels et ethniques, il faut alors enseigner à l'IA de nouveaux alphabets, de nouvelles langues, de nouvelles représentations, tout cela en veillant à ne pas reproduire les stéréotypes. Avec Tongues, l'artiste sénégalo-libanaise, Linda Dounia Rebeiz a enseigné à l'IA son propre modèle d'écriture asémique, c'est-à-dire dénuée de signification, et inspiré de sept calligraphies de différentes parties du monde, mais avec un focus sur les graphies africaines comme l'amharique : « L'idée derrière était de montrer qu'il y avait un biais pour l'alphabet romain dans les modèles d'IA générative aujourd'hui. Alors que dans un monde où il y a des milliers de langues écrites avec beaucoup de formes différentes et jolies, je pensais que c'était réductif ce que l'on avait à disposition. »Effacement et tombe numériqueDans cette même critique des biais de l'IA, l'artiste américano-saoudienne Nouf Aljowaysir avec son projet Salaf signifiant « ancêtre » en arabe, qui critique les limitations des intelligences artificielles. Elle pointe les difficultés des IA occidentales à reconnaitre et bien nommer ce qu'elles voient lorsque cette dernière présente des photos de ses ancêtres bédouins. Pour elle, c'est dû au fait que les données utilisées pour entraîner les IA restituent les préjugés coloniaux des archives européennes qui ont été exploitées. Elle a ensuite utilisé un modèle d'IA générative où les silhouettes des personnes sur les photos sont masquées par un filtre blanc, soulignant l'effacement de la mémoire collective de ces ancêtres par l'IA.L'intelligence artificielle ouvre aussi la voie à des créations plus philosophiques et artistiques. Pour son œuvre La Quatrième Mémoire, Grégory Chatonsky a reproduit une sépulture où l'on voit un gisant à plat ventre et un film généré en temps réel par IA : « Cette installation, c'est ma tombe. C'est un projet très personnel. Mais ce n'est pas la vie factuelle que j'ai vécue. C'est tout ce que je n'ai pas vécu, c'est ma vie possible. L'intelligence artificielle générative génère des documents qui nous ressemblent, des choses qui n'existent pas, mais qui sont vraisemblables. Et donc, je me suis dit que la tombe du futur pourrait poursuivre notre mémoire pour la rendre éternelle, un peu comme l'ont fait les Égyptiens avec les pyramides. »Si l'intelligence artificielle peut être un formidable outil de création et d'innovation, elle reste le reflet de ceux qui la nourrissent. Sans prise en compte de la diversité, elle risque de reproduire, voire d'amplifier, les biais du monde réel. À nous donc de l'appréhender autrement.À lire aussiLe monde du doublage en colère et inquiet face aux dérives de l'IA
Plus de 40 artistes retracent dix ans de création inspirée par l'intelligence artificielle au Jeu de Paume avec la nouvelle exposition Le Monde selon l'IA. Une exposition à voir jusqu'au 21 septembre qui questionne notre rapport à l'IA, son impact sur l'art et sur notre façon de représenter le monde. Au Jeu de Paume, à Paris, l'intelligence artificielle (IA) est décortiquée par les artistes qui nous en montrent les aspects peu reluisants en les critiquant, mais aussi tentent de créer de nouveaux possibles en essayant de débrider les IA. Dans cette exposition, il n'est pas question d'être béat face à l'intelligence artificielle, ses biais et ses limites. Dès l'entrée, la question de la ressource, entre l'énergie consommée pour les faire fonctionner ou l'utilisation de minerai disponible en quantité limitée. À coup de grands diagrammes complexes prenant tout l'espace des murs, on devine les quantités d'énergie nécessaires rien que pour faire fonctionner une simple requête sur Alexa.« Nous avons choisi des artistes qui ont une posture critique face à l'IA et face à ces modèles qui commencent à développer des capacités qui vont au-delà des humains, déclare Antonio Somaini, enseignant-chercheur à la Sorbonne et commissaire général de cette exposition. L'on entend souvent parler de l'IA comme quelque chose qui développe une intelligence semblable à celle des humains, mais là, nous faisons face à des modèles qui font des choses dont, nous, les humains, ne sommes pas capables. »Des biais occidentaux reproduits par l'IADes capacités qui dépassent celles de l'humain, mais une base de données alimentée… par des humains. Le problème est que ce sont toujours les mêmes : principalement des Occidentaux, ce qui crée des biais. Pour résoudre ces problèmes de biais culturels et ethniques, il faut alors enseigner à l'IA de nouveaux alphabets, de nouvelles langues, de nouvelles représentations, tout cela en veillant à ne pas reproduire les stéréotypes. Avec Tongues, l'artiste sénégalo-libanaise, Linda Dounia Rebeiz a enseigné à l'IA son propre modèle d'écriture asémique, c'est-à-dire dénuée de signification, et inspiré de sept calligraphies de différentes parties du monde, mais avec un focus sur les graphies africaines comme l'amharique : « L'idée derrière était de montrer qu'il y avait un biais pour l'alphabet romain dans les modèles d'IA générative aujourd'hui. Alors que dans un monde où il y a des milliers de langues écrites avec beaucoup de formes différentes et jolies, je pensais que c'était réductif ce que l'on avait à disposition. »Effacement et tombe numériqueDans cette même critique des biais de l'IA, l'artiste américano-saoudienne Nouf Aljowaysir avec son projet Salaf signifiant « ancêtre » en arabe, qui critique les limitations des intelligences artificielles. Elle pointe les difficultés des IA occidentales à reconnaitre et bien nommer ce qu'elles voient lorsque cette dernière présente des photos de ses ancêtres bédouins. Pour elle, c'est dû au fait que les données utilisées pour entraîner les IA restituent les préjugés coloniaux des archives européennes qui ont été exploitées. Elle a ensuite utilisé un modèle d'IA générative où les silhouettes des personnes sur les photos sont masquées par un filtre blanc, soulignant l'effacement de la mémoire collective de ces ancêtres par l'IA.L'intelligence artificielle ouvre aussi la voie à des créations plus philosophiques et artistiques. Pour son œuvre La Quatrième Mémoire, Grégory Chatonsky a reproduit une sépulture où l'on voit un gisant à plat ventre et un film généré en temps réel par IA : « Cette installation, c'est ma tombe. C'est un projet très personnel. Mais ce n'est pas la vie factuelle que j'ai vécue. C'est tout ce que je n'ai pas vécu, c'est ma vie possible. L'intelligence artificielle générative génère des documents qui nous ressemblent, des choses qui n'existent pas, mais qui sont vraisemblables. Et donc, je me suis dit que la tombe du futur pourrait poursuivre notre mémoire pour la rendre éternelle, un peu comme l'ont fait les Égyptiens avec les pyramides. »Si l'intelligence artificielle peut être un formidable outil de création et d'innovation, elle reste le reflet de ceux qui la nourrissent. Sans prise en compte de la diversité, elle risque de reproduire, voire d'amplifier, les biais du monde réel. À nous donc de l'appréhender autrement.À lire aussiLe monde du doublage en colère et inquiet face aux dérives de l'IA
« Le Lesotho, un pays dont personne n'a jamais entendu parler », disait Donald Trump en mars dernier au moment de passer en revue les aides internationales américaines pour y mettre fin. Si les décisions du président américain, commerciales et humanitaires, font craindre le pire pour ce petit royaume de 2 millions d'habitants enclavé dans l'Afrique du Sud, les habitants veulent utiliser cette moquerie pour justement faire connaître leur pays et sa culture. Parce que le Lesotho, ce n'est pas seulement un pays pauvre frappé par le VIH, c'est aussi un royaume indépendant avec une histoire riche et une jeunesse urbaine dynamique. De notre envoyé spécial de retour de Maseru,Dans un café de Maseru, trois hommes partagent un verre sous un grand parasol. Ils ont évidemment entendu la phrase du président américain : « Le Lesotho est devenu viral sur les réseaux sociaux, et j'étais très heureux. Je me suis dit, "nous ne sommes pas responsables de la naïveté de Trump, mais nous serons responsables si nous n'utilisons pas cette vitrine médiatique". »La course contre-la-montre est lancée pour surfer sur cet extrait devenu viral et parler du Lesotho. Mais ici, il y a peu de musées pour raconter son histoire. Tseli Motsoane a donc lancé son propre projet d'archivage : « Nous avons des coupures de presse. Là, c'est une ancienne carte de Maseru, ici vous avez Maseru-Ouest, où nous irons plus tard. Regardez, c'est indiqué : "Refuges des militants de l'ANC". »À lire aussiLe Lesotho «choqué» après les déclarations de Donald Trump sur le paysLa jeune historienne, bonnet en laine vert sur la tête, connaît la ville comme sa poche. Elle est née ici : « Voilà l'ancien hôpital Queen Elizabeth II. On est beaucoup à être nés ici ! »Un hôpital au cœur de la ville, dans cette capitale animée d'un peu moins de 500 000 habitants. Capitale qui a accueilli de nombreux militants anti-apartheid. Un volet de l'histoire parfois oublié que Tseli Motsoane veut réhabiliter : « Là où nous sommes, c'était autrefois un quartier blanc. Parce que la ségrégation a existé ici. C'est juste que ça n'a pas été aussi loin qu'en Afrique du Sud. Et nous avons défendu nos frères et sœurs d'Afrique du Sud, jusqu'à subir des massacres au Lesotho. »« Ici, c'est le "BNP". C'était le siège du Parti national Basotho, le premier parti à être entré au gouvernement après l'indépendance. C'était leur quartier général à l'époque. Aujourd'hui, c'est un centre commercial, mais le nom n'a pas changé. »À lire aussiLe continent africain frappé par les nouvelles taxes américaines imposées par Donald TrumpLe soleil se couche sur le paysage montagneux du Lesotho, nous terminons notre visite à « Maseru-Ouest », lieu de culture où de nombreux militants sud-africains s'étaient réfugiés pendant l'Apartheid. Tseli Motsoane nous invite à la projection d'un court métrage. Là-bas, nous rencontrons Lineo, une écrivaine de Maseru : « Quand on parle de la France, on pense à la haute couture. La Suisse, c'est le chocolat. Mais quand on parle du Lesotho, c'est directement le VIH. Et maintenant, les taxes. Il n'y a donc que ça qui nous caractérise ? »À la fin du film, le jeune réalisateur est largement acclamé par son public. Loin des débats sur l'aide au développement ou sur le commerce, le Lesotho, c'est aussi ça : des jeunes déterminés avec des rêves plein la tête.
Comme d'autres matières premières, le coton est pris dans les turbulences de la guerre commerciale et les changements de cap de l'administration Trump. La Chine est le premier importateur d'or blanc, les États-Unis, un exportateur majeur, les relations entre les deux pays sont donc scrutés à la loupe dans le secteur. La mise en place des taxes douanières américaines et la riposte chinoise ont entraîné, ces dernières semaines, une « baisse ostensible des importations de coton américain en Chine », selon la lettre de marché de Mambo Commodities, datée du 28 avril et représentaient une menace sur les importations de textile chinois aux États-Unis. L'annonce ce lundi d'un allègement conséquent des droits de douane entre les deux pays pourrait rebattre les cartes, au moins pour les 90 jours à venir.À lire aussiLe marché du coton sous l'influence des États-Unis et de la ChineQuel marché pour le coton américain ? Les États-Unis exportent environ 11 millions de balles par an et pourraient, si les tensions duraient, probablement écouler leur coton ailleurs qu'en Chine. Le contexte actuel n'est cependant pas porteur. « Les filateurs asiatiques sont restés prudents ces dernières semaines, personne ne veut s'engager, et encore moins sur le long terme », constate un négociant français. À cette époque de l'année, la récolte américaine s'est déjà bien vendue et sa commercialisation n'est donc pas menacée. D'autant moins que pour obtenir une levée des taxes les concernant, des pays de filature comme le Vietnam, le Bangladesh et le Pakistan pourraient accepter, dans un cadre bilatéral, d'augmenter leurs importations de coton américain. À lire aussiLe marché du coton entre forte volatilité et manque de visibilitéLes ventes de coton africain à la traîneSi le Bangladesh achète plus de coton des États-Unis, ce serait potentiellement un coup dur pour les pays producteurs du continent qui exportent jusqu'à 70% de leur récolte vers les usines de ce pays asiatique, rappelle Mambo Commodities. Pour l'heure, la concurrence vient surtout du Brésil : en raison de son mode de production, le coton brésilien est plus compétitif et offre une qualité standard qui séduit de plus en plus.La baisse des cours du coton - qui a perdu près d'un tiers de sa valeur en un an - a fait tomber l'or blanc africain sous son coût de production et paralysé les exportateurs qui veulent éviter de vendre à perte.Il reste à ce jour du coton invendu dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, selon un de nos interlocuteurs à la tête d'une société de négoce. La commercialisation de la récolte pourrait se prolonger jusqu'en décembre ou janvier au rythme actuel, assure cet expert, soit bien au-delà des délais habituels.À lire aussiLes producteurs africains de coton subissent les cours mondiaux et le changement climatique
« Locked Shields » est le plus grand exercice de cybersécurité au cours duquel les pays de l'Otan et leurs alliés s'entraînent. Quatre mille participants, répartis dans plusieurs pays, cherchent à trouver la parade pour contrer des attaques informatiques visant les États, les infrastructures et les services aux citoyens. Il s'agit de la 15ᵉ édition, imaginée par le Centre d'excellence de l'Otan à Tallinn, en Estonie, premier pays à avoir subi une cyberattaque de grande ampleur en 2007. Marielle Vitureau, notre correspondante, a pu se rendre en Estonie avant le début de l'exercice. De notre correspondante à Tallinn,Dans la salle où se trouve l'équipe estonienne, la centaine de participants porte un T-shirt bleu, un casque audio sur les oreilles et garde les yeux rivés sur un écran grand format. Dans quelques heures, avec des collègues de Lituanie, d'Ukraine et du Monténégro, tous à distance, ils devront répondre aux attaques lancées par l'équipe rouge. Le lieutenant-colonel Nino Rodrigues, du centre d'excellence de l'Otan, a élaboré le scénario qui se déroule dans des pays imaginaires : « Les gentils viennent de "Berylia", et les méchants de "Crimsonia". Les tensions augmentent autour de ressources naturelles situées dans les eaux internationales. C'est la racine du problème. Nous sommes partis de ce simple scénario pour créer un contexte qui justifierait une cyberattaque ».À écouter aussiLes cyberattaques pro-russes s'intensifient en France et dans l'UEUne menace bien présenteL'entrée pour aller voir l'équipe rouge, les attaquants, est filtrée. Il est interdit de photographier ou d'interviewer ceux qui mèneront les attaques contre les infrastructures et les services de communication de Berylia. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les cyberattaques augmentent en Estonie. En 2024, les autorités en charge de la protection des réseaux en ont dénombré 6 515 ayant eu un impact. Récemment, l'Estonie a officiellement attribué l'une de ces attaques au renseignement militaire russe. Tanel Sepp, ambassadeur estonien pour la cybersécurité, explique : « Ces attaques sont souvent liées à des déclarations politiques. Dès que le Parlement ou le gouvernement fait certaines déclarations, il y a immédiatement des attaques qui mettent hors ligne les serveurs. C'est récurrent ». Dans la salle de l'équipe bleue estonienne, la pression monte. Tous les systèmes sont vérifiés avant le lancement de l'attaque.Pas de retour possible au papierUko Valtenberg dirige l'équipe estonienne. Cet exercice, pour lui, est plus que nécessaire : « L'Estonie est un pays complètement numérisé. Nous n'avons pas de solutions de repli, nous ne pouvons pas revenir au papier, ce n'est plus possible. Si quelqu'un nous ciblait, nous attaquait, les conséquences pourraient être dramatiques ». À l'avenir, les équipes devraient jouer 24 heures sur 24, comme si elles contraient une offensive dans la vraie vie. Et peut-être même que le scénario prévoira des morts, conséquence possible de cyberattaques.À écouter aussiLe cyber, une «arme d'emploi» pour la Russie
« Locked Shields » est le plus grand exercice de cybersécurité au cours duquel les pays de l'Otan et leurs alliés s'entraînent. Quatre mille participants, répartis dans plusieurs pays, cherchent à trouver la parade pour contrer des attaques informatiques visant les États, les infrastructures et les services aux citoyens. Il s'agit de la 15ᵉ édition, imaginée par le Centre d'excellence de l'Otan à Tallinn, en Estonie, premier pays à avoir subi une cyberattaque de grande ampleur en 2007. Marielle Vitureau, notre correspondante, a pu se rendre en Estonie avant le début de l'exercice. De notre correspondante à Tallinn,Dans la salle où se trouve l'équipe estonienne, la centaine de participants porte un T-shirt bleu, un casque audio sur les oreilles et garde les yeux rivés sur un écran grand format. Dans quelques heures, avec des collègues de Lituanie, d'Ukraine et du Monténégro, tous à distance, ils devront répondre aux attaques lancées par l'équipe rouge. Le lieutenant-colonel Nino Rodrigues, du centre d'excellence de l'Otan, a élaboré le scénario qui se déroule dans des pays imaginaires : « Les gentils viennent de "Berylia", et les méchants de "Crimsonia". Les tensions augmentent autour de ressources naturelles situées dans les eaux internationales. C'est la racine du problème. Nous sommes partis de ce simple scénario pour créer un contexte qui justifierait une cyberattaque ».À écouter aussiLes cyberattaques pro-russes s'intensifient en France et dans l'UEUne menace bien présenteL'entrée pour aller voir l'équipe rouge, les attaquants, est filtrée. Il est interdit de photographier ou d'interviewer ceux qui mèneront les attaques contre les infrastructures et les services de communication de Berylia. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les cyberattaques augmentent en Estonie. En 2024, les autorités en charge de la protection des réseaux en ont dénombré 6 515 ayant eu un impact. Récemment, l'Estonie a officiellement attribué l'une de ces attaques au renseignement militaire russe. Tanel Sepp, ambassadeur estonien pour la cybersécurité, explique : « Ces attaques sont souvent liées à des déclarations politiques. Dès que le Parlement ou le gouvernement fait certaines déclarations, il y a immédiatement des attaques qui mettent hors ligne les serveurs. C'est récurrent ». Dans la salle de l'équipe bleue estonienne, la pression monte. Tous les systèmes sont vérifiés avant le lancement de l'attaque.Pas de retour possible au papierUko Valtenberg dirige l'équipe estonienne. Cet exercice, pour lui, est plus que nécessaire : « L'Estonie est un pays complètement numérisé. Nous n'avons pas de solutions de repli, nous ne pouvons pas revenir au papier, ce n'est plus possible. Si quelqu'un nous ciblait, nous attaquait, les conséquences pourraient être dramatiques ». À l'avenir, les équipes devraient jouer 24 heures sur 24, comme si elles contraient une offensive dans la vraie vie. Et peut-être même que le scénario prévoira des morts, conséquence possible de cyberattaques.À écouter aussiLe cyber, une «arme d'emploi» pour la Russie
La Nollywood Week, festival de cinéma consacré aux films nigérians, se poursuit à Paris jusqu'à sa journée de clôture, ce dimanche 11 mai. L'industrie prolifique du cinéma au Nigeria donne lieu à plusieurs festivals à travers le monde, et le public de ce cinéma populaire ne cesse de croître. La production nigériane compte de nombreuses femmes parmi ses productrices et réalisatrices, et ce n'est pas un hasard si la réalisatrice et actrice Aïssa Maïga a été choisie comme marraine de cette édition. Elle place en effet au cœur de ses engagements la condition des femmes ainsi que la lutte contre la corruption. Un signal fort, que la Nollywood Week met en avant pour cette édition. « Le travail de la police, ce n'est pas ça. Mais il y a de la mauvaise graine dans toutes les professions », répond un chef policier à son subordonné dans La nuit du 7 juin, un film du réalisateur Toka McBaror qui aborde la corruption au sein de la police nigériane, en s'inspirant d'une histoire vraie. Au cœur de la programmation : retour au matriarcatOutre la corruption, la révolte contre le pouvoir masculin et les traditions, ainsi que le retour au matriarcat, sont au cœur de la programmation de cette nouvelle édition de la Nollywood Week à Paris. On y trouve des rôles particulièrement intéressants pour les femmes, ainsi qu'une parité totale entre réalisateurs et réalisatrices.Bikiya Graham Douglas, productrice et actrice principale du film Pour Amina, explique : « "Pour Amina" parle de responsabilité. On y voit une mère lutter contre un système corrompu pour permettre à sa fille d'accéder à une éducation digne de ce nom. C'est une femme presque illettrée, sans pouvoir, mais qui utilise les médias pour interpeller le gouvernement. Ce récit montre comment responsabiliser les autorités afin de construire une société meilleure. Tout cela à travers la relation mère-fille, avec pour objectif que cette enfant reçoive une bonne éducation ».À lire aussiLe cinéma africain en fête avec la Nollywood Week 2025La Nollywood Week aborde également des sujets plus complexes, comme dans le film Out in the Darkness, réalisé et scénarisé par Sara Kwaji : « Au Nigeria, comme ailleurs dans le monde, la santé mentale des femmes, en particulier la dépression post-partum, est souvent négligée et incomprise. J'ai donc voulu mettre ce sujet en lumière pour combler un vide narratif qui nécessite urgemment davantage de sensibilité et de compassion ».Avec la nouvelle génération, le cinéma de Nollywood connaît de profondes transformations, comme l'explique Thierno Ibrahima Dia, critique de cinéma : « Ce cinéma, autrefois dominé par les genres fantastique et horrifique, tend aujourd'hui à proposer une analyse plus fine de la société nigériane. Le Nigeria est désormais la première économie du continent, devant l'Afrique du Sud, et le cinéma interroge les rapports sociaux dans ce contexte. Nollywood revient ainsi vers un ancrage plus réaliste, loin des stéréotypes de ses débuts ».Industrie encore jeune, née dans les années 2000, Nollywood est aujourd'hui touchée par la crise économique qui frappe le Nigeria.Retrouvez toute la programmation de la Nollywood Week ici.
En Éthiopie, les chiffres de l'export de café battent des records grâce notamment à l'explosion du cours mondial de l'arabica. Des résultats dont se félicitent les autorités, mais qui mettent à rude épreuve les gérants de « coffee shop », dans un pays où le café est une institution. De notre correspondante à Addis-Abeba, Il est 10h et comme tous les matins, Meskil, tablier mauve autour de la taille, ouvre les portes de son local et allume la radio. Le café est prêt à accueillir les clients. « Mon café s'appelle Nabek coffee shop. Cela fait un peu plus de deux mois maintenant que je l'ai ouvert »,explique-t-elle.Dans son nouveau métier, cette ex-hôtesse d'accueil doit constamment s'adapter à la fluctuation des prix du café, qu'elle se procure dans la région de Jimma, et dans un marché d'Addis-Abeba. « Depuis cette année, les prix du café grimpent et descendent tout le temps. Mais il y a deux ou trois mois, ils ont vraiment beaucoup augmenté. À Jimma, le kilo coûte 650 birrs (4,30 euros). À Addis-Abeba, au Shola Market, c'est entre 900 et 1 000 birrs (environ 7 euros). Avant, cela coûtait entre 600 et 700 birrs à Addis. Et à Jimma 450 birrs (2,50 euros). »Sécheresse et dévaluation du birrLa hausse des prix de l'arabica, variété reine en Éthiopie, explique en partie cette augmentation. Le 25 novembre 2024, son prix de référence est monté à plus de 6,5 dollars le kilo, son plus haut niveau depuis 1997.Kiroubel Siyoum, chef des opérations au sein de la marque emblématique de café Tomoca, lie cette hausse à une pénurie globale de café : « Il y a des problèmes de production interne, et à l'échelle mondiale aussi ». À cause des sécheresses qui ont touché le Brésil et le Vietnam, premiers producteurs mondiaux, la demande a dépassé l'offre.En Éthiopie, la dévaluation du birr appliquée fin juillet 2024 pour répondre aux exigences du FMI a également fait grimper les prix. Cette situation affecte autant les petits commerçants, comme Meskil, que les gros revendeurs comme Tomoca. « Cette année, c'est du jamais-vu dans notre histoire, assure Kiroubel Siyoum, c'est très difficile. Le kilo était de 300 jusqu'à 500 birrs (3,27 euros), maintenant ça a triplé ».Consommateurs mécontentsPour encaisser les chocs, l'entreprise n'a pas d'autre choix que d'augmenter le prix de la tasse. « On a essayé d'absorber ces coûts. Mais on était forcé de réviser. Au début de l'année, c'était à 85 birrs (56 centimes d'euros), actuellement, c'est à 125 (80 centimes d'euros) », explique Tomoca, le revendeur.Au Nabek Coffee Shop aussi, le prix de la tasse a augmenté, comme le détaille Zola, client quotidien de Meskil : « Aujourd'hui, c'est devenu très cher. La tasse est à 30 birrs (20 centimes d'euros) en Éthiopie, c'est un problème parce que je suis accro au café et à la cérémonie du café. C'est un pan important de la culture, et de la vie sociale ».L'augmentation des prix du café est très mal accueillie en Éthiopie. Dans ce pays, le café fait partie intégrante du quotidien. L'Éthiopie est le premier producteur de café en Afrique, et la moitié de ses récoltes est consommée localement. À lire aussiLe café, un produit bientôt indisponible ?
La chute des cours du pétrole entraîne dans son sillage celle des cours de l'éthanol et indirectement celle des cours du sucre : la canne à sucre et la betterave sont aussi des sources de biocarburant et quand les prix du pétrole baissent, les sucreries préfèrent produire du sucre. Le choix est vite fait pour les usines de transformation, surtout celles du Brésil qui ont une flexibilité de production. Cette année, les volumes de canne dédiés au sucre dans le pays pourraient atteindre un niveau record et pourraient encore augmenter l'année prochaine grâce à des investissements qui devraient permettre de produire un jus de canne plus pur et donc de maximiser la transformation en sucre.Si les prix du pétrole brut continuent de baisser, la tendance ne va faire que se renforcer. Plus de sucre sur le marché, cela veut dire des prix qui baissent : ceux du sucre brut sont tombés à moins de 17 cents la livre à la bourse de New York, la semaine dernière. Cela fait plus de trois ans et demi qu'ils n'ont pas été si bas.Des stocks en baisse en Inde et en EuropeL'annonce ces derniers jours d'une production brésilienne moins mauvaise que prévu, même s'il faudra attendre le mois de juin pour consolider la tendance, est aussi un des facteurs de baisse des prix.La récolte de canne devrait rester en deçà de celle de l'année dernière – S&P prévoit 602 millions de canne traitée contre 630 l'année dernière –, « mais l'important, c'est le volume transformé en sucre » dans le pays, explique un expert. C'est ce qui compte pour les marchés et ce qui guide les prix, le Brésil étant le premier exportateur mondial de sucre.La situation actuelle est contrebalancée par des signaux qui pourraient tirer les prix vers le haut. On peut parler des surfaces en baisse en Europe (-8%), mais aussi des stocks : selon la Commission européenne, la campagne commerciale pourrait se terminer avec les réserves les plus basses depuis trois ans, soit 1,9 million de tonnes.À lire aussiLe marché du sucre toujours sous influence brésilienneCampagne déficitaireLes stocks pourraient aussi chuter en Inde en raison d'une baisse de la production pour cause de mauvaise mousson et de surfaces qui ont baissé dans deux États clés, mais aussi de la décision des autorités d'allouer un quota plus important à la fabrication d'éthanol : contrairement au Brésil, les prix du sucre et de l'éthanol sont fixés en Inde et donc moins sensibles au cours du pétrole.Ce « détournement record du sucre vers l'éthanol » en Inde contribue à alimenter le déficit qui se profile, explique Timothé Masson, secrétaire général de l'Association mondiale des planteurs de betteraves et de canne à sucre, dans sa dernière note de marché. Ce déficit est évalué à 3,9 millions de tonnes en 2024/2025 et 1,5 million de tonnes en 2025-2026 par l'agence S&P Global.
C'est un art rarement mis en valeur dans les musées, et encore moins à cette échelle. À travers près de 230 œuvres, dont une presse lithographique manuelle, le musée d'Orsay à Paris rend hommage à l'affiche illustrée. Un véritable phénomène de société durant la seconde moitié du XIXe siècle, transformant profondément l'espace public. Ce qui inspire le titre de cette rétrospective, L'art est dans la rue. L'art est dans la rue, au musée d'Orsay du 18 mars au 06 juillet 2025. À écouter aussiLe pont des Arts: des affiches illustrées aux spots TV, comment les artistes se sont-ils emparés de la pub?
C'est un art rarement mis en valeur dans les musées, et encore moins à cette échelle. À travers près de 230 œuvres, dont une presse lithographique manuelle, le musée d'Orsay à Paris rend hommage à l'affiche illustrée. Un véritable phénomène de société durant la seconde moitié du XIXe siècle, transformant profondément l'espace public. Ce qui inspire le titre de cette rétrospective, L'art est dans la rue. L'art est dans la rue, au musée d'Orsay du 18 mars au 06 juillet 2025. À écouter aussiLe pont des Arts: des affiches illustrées aux spots TV, comment les artistes se sont-ils emparés de la pub?
Parmi les œuvres très attendues au festival international du film documentaire de Saint-Louis, le film d'ouverture, Afrikki de Gaëlle Le Roy, suit la naissance et le développement du mouvement citoyen « Y en a marre » au Sénégal au début des années 2010. C'est aussi un documentaire qui interroge la façon dont les artistes, citoyens et activistes conçoivent leur engagement de Dakar à Kinshasa. La 16e édition du festival international du film documentaire se tient à Saint-Louis du 29 avril au 3 mai 2025.À lire aussiLe film malien «Fatow», primé au Fespaco 2025, est un plaidoyer pour la culture
Parmi les œuvres très attendues au festival international du film documentaire de Saint-Louis, le film d'ouverture, Afrikki de Gaëlle Le Roy, suit la naissance et le développement du mouvement citoyen « Y en a marre » au Sénégal au début des années 2010. C'est aussi un documentaire qui interroge la façon dont les artistes, citoyens et activistes conçoivent leur engagement de Dakar à Kinshasa. La 16e édition du festival international du film documentaire se tient à Saint-Louis du 29 avril au 3 mai 2025.À lire aussiLe film malien «Fatow», primé au Fespaco 2025, est un plaidoyer pour la culture
À la veille des 100 jours du deuxième mandat de Donald Trump, focus sur une conséquence de sa guerre commerciale avec la Chine. Face aux droits de douane massifs imposés par Washington, Pékin organise la riposte pour soutenir ses entreprises, avec en première ligne ses champions du numérique. Décryptage. Depuis l'instauration de droits de douane de 145% par les États-Unis, les distributeurs chinois prennent des mesures pour soutenir leurs entreprises. La conséquence directe de cette guerre commerciale, ce sont des montagnes d'invendus qui s'accumulent dans les entrepôts chinois. Et pour cause : les États-Unis étaient, jusqu'à l'an passé, le premier acheteur de biens chinois, avec près de 500 milliards de dollars d'importations. Concrètement, près d'un produit sur cinq fabriqué en Chine était destiné au marché américain : vêtements, jouets, chaussures ou composants électroniques. Aujourd'hui, des milliers d'entreprises chinoises cherchent de nouveaux débouchés, notamment sur leur propre marché intérieur. Le ministère du Commerce chinois parle même de « choc », et appelle à transformer le marché intérieur en véritable bouée de sauvetage. À lire aussiLes petits producteurs chinois, grands perdants des mesures de Donald TrumpAlibaba et JD.COM en première ligne Pour mener cette stratégie, Pékin mise sur ses géants technologiques comme Alibaba et JD.COM. Ainsi, JD.COM a lancé un fonds de 200 milliards de yuans, soit environ 27 milliards de dollars, pour acheter directement les stocks des entreprises exportatrices. Le groupe identifie des fournisseurs stratégiques dont les produits sont ensuite mis en avant sur sa plate-forme pour séduire le marché local. Alibaba suit une stratégie similaire : le géant du e-commerce réserve une place de choix sur son site à 10 000 exportateurs et 100 000 produits, afin d'accroître leur visibilité. L'idée est claire : offrir aux entreprises touchées par la guerre commerciale américaine une meilleure exposition sur le marché chinois et favoriser ainsi l'absorption de leurs stocks. À lire aussiChine: le président Xi Jinping reçoit le gratin du secteur privé, dont Jack Ma, le fondateur d'AlibabaUne mobilisation qui dépasse le e-commerce Le soutien aux exportateurs ne se limite pas aux plates-formes en ligne. Les réseaux sociaux chinois comme WeChat, Douyin ou TikTok mettent également en place des programmes de promotion ciblée pour les aider. Même les supermarchés traditionnels s'adaptent : Walmart, filiale chinoise du géant américain, ouvre ses rayons aux entreprises locales frappées par les mesures américaines. Un objectif central guide cette mobilisation : éviter que toute l'économie chinoise ne soit plombée. La consommation intérieure reste fragile, affectée par la morosité économique et les incertitudes sur l'emploi. Si les entreprises venaient à fermer, cela entraînerait une vague de suppressions de postes. De plus, la concurrence féroce entre exportateurs pour séduire les mêmes clients pourrait déclencher une guerre des prix dévastatrice. Sans compter que les produits initialement destinés au marché américain ne sont pas toujours adaptés aux consommateurs chinois, ce qui entraîne des coûts logistiques supplémentaires et réduit les marges. Si l'aide des géants du numérique semble bienvenue, elle devra être soutenue sur la durée, car derrière cette crise, c'est toute la dépendance structurelle de la Chine aux exportations que Pékin tente, coûte que coûte, de corriger.À lire aussiLe reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marché
Le roi du Maroc a donné le coup d'envoi, en fin de semaine dernière, aux travaux d'extension de la ligne de TGV marocaine. Une étape majeure pour le pays, qui inspire aussi d'autres nations africaines séduites par le projet de grande vitesse ferroviaire. Décryptage. Depuis 2018, le TGV Al Boraq relie Tanger à Casablanca en atteignant jusqu'à 320 km/h. Cette première ligne de train à grande vitesse du continent a été construite en partenariat avec des acteurs français tels qu'Alstom et la SNCF. L'an dernier, selon l'Office national des chemins de fer marocains (ONCF), 5,5 millions de voyageurs ont emprunté cette ligne, générant un chiffre d'affaires de 780 millions de dirhams, soit un peu plus de 16% des recettes totales de la compagnie nationale. Aujourd'hui, avec l'extension en direction de Marrakech, le Maroc confirme son rôle de pionnier du TGV en Afrique. Un continent qui prépare ses projets À ce jour, aucun autre pays africain ne dispose d'un train roulant à 320 km/h. Mais plusieurs projets de réseaux ferroviaires à grande vitesse sont en cours de développement, dans le cadre de l'Agenda 2063 de l'Union africaine, qui prévoit à terme un maillage continental. L'Égypte est l'un des pays les plus avancés dans cette ambition : trois nouvelles lignes sont en construction en partenariat avec l'Allemand Siemens, avec des trains pouvant atteindre 250 km/h. En Afrique subsaharienne, le Nigeria exploite depuis 2016 la ligne Kaduna-Abuja, où l'on circule à 150 km/h. Cette ligne, en grande partie financée par la Chine, sera prochainement prolongée jusqu'à Kano grâce à un nouveau prêt chinois de 225 millions de dollars. En Afrique du Sud également, des réflexions sont en cours pour restructurer le système ferroviaire et intégrer le train à grande vitesse dans une réforme plus large, encore difficile à mettre en œuvre. Le train, moteur de transformation économique Pendant longtemps, le train en Afrique a été essentiellement utilisé pour le transport des matières premières. Aujourd'hui, le regard change : il s'agit de favoriser l'intégration économique des régions, d'encourager la mobilité des populations, et de désenclaver les territoires. Se déplacer vite, bien et en sécurité devient un enjeu stratégique pour créer de nouveaux pôles économiques. Le développement de la grande vitesse ferroviaire est perçu comme un levier majeur pour accélérer la transition écologique, soutenir la croissance et renforcer l'intégration territoriale du continent africain. À lire aussiLe rail européen à l'heure de la concurrence
La Marine française porte l'ambition de devenir une référence mondiale dans la maitrise des grands fonds marins où reposent des câbles stratégiques. Pour maîtriser ces espaces, depuis trois ans, les forces navales françaises développent une capacité souveraine pour agir dans la profondeur des océans.Rediffusion du 23 mars 2025. D'une importance majeure, les grands fonds marins sont pourtant moins connus que la surface de la Lune. Et pour la Marine nationale, le réveil a sonné en 2007, quand un sous-marin russe a réussi l'exploit de déposer à l'aplomb du pôle Nord, par 4 000 mètres de fond, un drapeau en titane aux couleurs de la fédération de Russie. Un véritable signalement stratégique, se souvient le contre-amiral Cédric Chetaille, coordinateur central pour la maîtrise des fonds marins : « Un message qui voulait nous dire, c'est un espace commun, mais en fait, c'est un espace qui appartient à ceux qui sont capables d'agir et d'intervenir à cet endroit-là et de dire "moi, je suis capable de le faire, Vous, vous n'êtes pas encore capable de le faire". Donc aujourd'hui, on est en train de rattraper ce retard et on sera à très court terme capable de faire le même type de mission. » Objectif : 6 000 mètres de fondPour accéder aux grands fonds, la Marine nationale peut déjà compter sur plusieurs robots autonomes pouvant descendre jusqu'à 2 000 mètres. Et à court terme, dit Cédric Chetaille, l'objectif est 6 000 mètres : « les 6 000 mètres correspondent à une ambition et à la vocation mondiale de la Marine française. On déploie nos forces partout dans le monde. On est capable d'atteindre 97 % du plancher des océans quand on est capable d'aller à 6 000 mètres de fond. Pour pouvoir percer l'opacité de ce milieu-là, il faut être à quelques dizaines de mètres. Et quand on a la volonté, avec un robot, d'être capable de ramasser, de sectionner, de rassembler, de nouer, d'agir, il faut maintenir ce robot à quelques dizaines de centimètres de sa cible. » À lire aussiLes câbles sous-marins : une bataille géopolitique à surveillerNature des sédiments, variations du champ magnétique, cartographie : autant d'éléments qu'il faut maitriser et la vitesse des manœuvres sous l'eau est également un élément clé. « Le milieu sous-marin ne permet pas une communication continue avec l'engin, poursuit le contre-amiral Cédric Chetaille. Rapidement, le drone va aller plus loin, plus profond. Il leur faut une autonomie décisionnelle pour optimiser leur mission en fonction de ce qu'ils vont voir. Après la mission, quand on récupère le drone, il faut tout décharger rapidement pour pouvoir réorienter la mission suivante. Et c'est ce cycle d'observation par le drone, puis exploitation de la mission, décision et orientation de la mission suivante qu'il faut mener le plus rapidement possible pour obtenir un cycle qui soit supérieur à celui de nos adversaires. » Le Yantar: un navire espion russe taillé pour les grands fondsL'intensification de la compétition au large s'accompagne de nouvelles menaces sous la surface, câbles de télécommunications sectionnés accidentellement ou volontairement, la guerre hybride se joue aussi dans les grandes profondeurs.Et dans le collimateur des marines de l'Otan, il y a le navire espion russe Yantar, un bâtiment souvent présent le long des côtes européennes. « Le navire russe Yantar, c'est un navire très intéressant parce que c'est un des très rares navires au monde qui est spécialisé et qui est très moderne pour mettre en œuvre des capteurs et des engins en toute discrétion et qui vont aller très profond, explique le contre-amiral Cédric Chetaille. C'est un navire qu'on surveille, c'est un navire qu'on traque pour l'empêcher de nuire à nos intérêts et de restreindre ce qu'on appelle notre liberté de manœuvre. Ça veut dire qu'on ne veut pas que l'usage potentiel des fonds marins à partir d'un navire comme le Yantar ne nous contraigne. On peut imaginer que le Yantar militarise les fonds marins en disposant des capteurs, et ainsi dispose d'une meilleure connaissance des fonds marins que nous. Il faut donc aller observer le Yantar, aller dans les zones où son activité nous semble suspecte et se donner les moyens de l'empêcher de nous nuire. »Nouveau lieu de compétition, la maîtrise des grandes profondeurs s'impose en particulier pour la France qui possède le deuxième domaine maritime mondial. Mais c'est aussi un défi technologique qui à ce jour n'est à la portée que de quelques marines.À lire aussiLe sous-marin nucléaire «Suffren» va changer la donne pour la marine française
Paul McCartney comme vous ne l'avez jamais vu. L'auteur Hervé Bourhis raconte avec humour, dans la bande dessinée Paul qui vient de paraître chez Casterman, quatre années décisives dans la vie du membre fondateur des Beatles. Celles qui ont suivi la séparation du groupe mythique, et la façon dont le guitariste a pu se rebâtir une carrière, grâce, notamment, à l'aide de sa femme Linda. Paul - La résurrection de James Paul McCartney (1969-1973), d'Hervé Bourhis, aux éditions Casterman, 2025.À écouter aussiLe choix musical de RFI: avec «Look Up», l'ancien Beatles Ringo Starr revient en mode country
Paul McCartney comme vous ne l'avez jamais vu. L'auteur Hervé Bourhis raconte avec humour, dans la bande dessinée Paul qui vient de paraître chez Casterman, quatre années décisives dans la vie du membre fondateur des Beatles. Celles qui ont suivi la séparation du groupe mythique, et la façon dont le guitariste a pu se rebâtir une carrière, grâce, notamment, à l'aide de sa femme Linda. Paul - La résurrection de James Paul McCartney (1969-1973), d'Hervé Bourhis, aux éditions Casterman, 2025.À écouter aussiLe choix musical de RFI: avec «Look Up», l'ancien Beatles Ringo Starr revient en mode country
La guerre commerciale initiée par Donald Trump ne fait pas que des victimes. Elle pourrait profiter aux grands exportateurs sud-américains de matières premières et notamment au Brésil, géant mondial de l'agriculture et de l'élevage. Le Brésil est devenu ces dernières années une gigantesque ferme à ciel ouvert qui s'illustre par sa production de céréales et d'oléagineux, mais aussi de viande, de bœuf en particulier. Ces cinq dernières années, le pays a aussi développé sa production de porc et compte parmi les cinq plus grands producteurs.L'année dernière, le Brésil a exporté 25 % de viande en plus, selon les données compilées par l'Abiec, qui représente les entreprises du secteur. Les tensions entre la Chine et les États-Unis ne devraient qu'augmenter un peu plus son poids sur le marché mondial : comme en agriculture, dans le secteur de la viande, le Brésil a la capacité d'augmenter ses volumes et offre aussi surtout des prix très compétitifs. Le Brésil, partenaire majeur de la ChineLa moitié des exportations de bœuf brésilien partent aujourd'hui en Chine, et dans l'autre sens, le bœuf brésilien représente aussi la moitié des importations chinoises. Le géant d'Amérique latine pourrait donc répondre demain à une demande plus importante de la Chine en cas de ralentissement de ses achats de viande aux États-Unis. Il y a cependant une inconnue et pas la moindre, c'est l'évolution de la demande chinoise. Le pays a baissé ses importations de porc, mais a augmenté celles de bœuf et a donc toujours d'importants besoins. Mais Pékin a lancé une enquête sur les importations de viande bovine pour voir à quel point elles nuisent au secteur national. Les achats chinois à venir peuvent à tout moment être contraints pour des raisons politiques. De nouveaux acheteurs de viande brésilienneLe Brésil a conscience qu'il doit en parallèle diversifier son panel d'acheteurs. Lors de sa récente visite, au Vietnam fin mars, le président Lula a conclu un accord avec les autorités sur le commerce de viande brésilienne. Le Brésil chercherait aussi à séduire le Japon et la Corée du Sud, acheteurs traditionnels de viande américaine, qui pourraient avoir besoin de fournisseurs alternatifs.Le deuxième acheteur de viande brésilienne, après la Chine, reste pour l'instant les États-Unis, selon l'agence Bloomberg. Depuis 2023, les importations américaines de bœuf sont en effet supérieures aux exportations, rappelle Jean-Paul Simier, économiste de la filière viande.À lire aussiLe boom agricole du Brésil met à l'épreuve ses capacités logistiques
Disparition du pape François, Liga 32e journée, Ligue 1 et CAN U17 au programme de Radio foot de ce lundi 21 avril. Disparition du pape FrançoisLe souverain pontife était un passionné de football. Il restait très attaché au club de San Lorenzo et avait pris l'habitude de recevoir en audience des joueurs (Maradona, Messi, Buffon) et de dédicacer des maillots. Les quatre derniers matchs de la 33e journée de Serie A ont été reportés.Liga 32e journéeLe Barça s'en sort difficilement face au Celta Vigo. Triplé de Borja Iglesias du côté des Galiciens, penalty en toute fin de match de Raphinha. Victoire de l'abnégation pour Hansi Flick, qui a perdu sur blessure Robert Lewandowski. Attaque prolifique, mais défense parfois dans le dur. Va-t-elle tenir le rythme d'une fin de saison où les Catalans sont sur tous les fronts ?Les Blaugranas gardent leur avance sur les Merengues, vainqueurs in extrémis del'Athlétic Bilbao.Ligue 1Derby houleux entre les Verts et l'OL. Saint-Étienne le remporte pour la première fois depuis près de six ans. Rencontre interrompue longtemps après qu'un projectile jeté des tribunes eut atteint un arbitre de touche. La décision polémique de François Letexier. Lucas Stassin, double buteur de l'ASSE, expulsé dans un premier temps après avoir mis un coup sur la cheville de Corentin Tolisso à la 23e, a finalement été seulement averti. Un revirement aux conséquences directes sur la rencontre. Une semaine à oublier pour l'OL.Course à la C1 : l'OM retrouve la 2e place, Nice et Lille vainqueurs, Monaco muet face à Strasbourg.CAN U17Les jeunes Marocains sacrés à Mohammedia, face au Mali. Les Ivoiriens sur la 3e marche du podium. Alynho Haïdara termine soulier d'or du tournoi devant le Burkinabè Ashraf Tapsoba. Le milieu de l'Ajax Abdellah Ouazane meilleur joueur du tournoi.Avec Sophiane Amazian : Frank Simon, Éric Rabesandratana et Hervé Penot Technique/Réalisation Laurent Salerno – Pierre GuérinÀ lire aussiLe football, la passion de cœur du pape François
Disparition du pape François, Liga 32e journée, Ligue 1 et CAN U17 au programme de Radio foot de ce lundi 21 avril. Disparition du pape FrançoisLe souverain pontife était un passionné de football. Il restait très attaché au club de San Lorenzo et avait pris l'habitude de recevoir en audience des joueurs (Maradona, Messi, Buffon) et de dédicacer des maillots. Les quatre derniers matchs de la 33e journée de Serie A ont été reportés.Liga 32e journéeLe Barça s'en sort difficilement face au Celta Vigo. Triplé de Borja Iglesias du côté des Galiciens, penalty en toute fin de match de Raphinha. Victoire de l'abnégation pour Hansi Flick, qui a perdu sur blessure Robert Lewandowski. Attaque prolifique, mais défense parfois dans le dur. Va-t-elle tenir le rythme d'une fin de saison où les Catalans sont sur tous les fronts ?Les Blaugranas gardent leur avance sur les Merengues, vainqueurs in extrémis del'Athlétic Bilbao.Ligue 1Derby houleux entre les Verts et l'OL. Saint-Étienne le remporte pour la première fois depuis près de six ans. Rencontre interrompue longtemps après qu'un projectile jeté des tribunes eut atteint un arbitre de touche. La décision polémique de François Letexier. Lucas Stassin, double buteur de l'ASSE, expulsé dans un premier temps après avoir mis un coup sur la cheville de Corentin Tolisso à la 23e, a finalement été seulement averti. Un revirement aux conséquences directes sur la rencontre. Une semaine à oublier pour l'OL.Course à la C1 : l'OM retrouve la 2e place, Nice et Lille vainqueurs, Monaco muet face à Strasbourg.CAN U17Les jeunes Marocains sacrés à Mohammedia, face au Mali. Les Ivoiriens sur la 3e marche du podium. Alynho Haïdara termine soulier d'or du tournoi devant le Burkinabè Ashraf Tapsoba. Le milieu de l'Ajax Abdellah Ouazane meilleur joueur du tournoi.Avec Sophiane Amazian : Frank Simon, Éric Rabesandratana et Hervé Penot Technique/Réalisation Laurent Salerno – Pierre GuérinÀ lire aussiLe football, la passion de cœur du pape François
Les Réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale commence ce lundi à Washington. Durant cet événement notamment, les acteurs de l'économie de tous les pays se réunissent pour parler de l'état de l'économie mondiale. Sans surprise, cette édition va être marquée par la politique commerciale de Donald Trump. Décryptage. Depuis son retour à la Maison Blanche il y a moins de 100 jours, c'était le 20 janvier, Donald Trump a relancé la guerre commerciale contre pratiquement tous les pays du globe. On le rappelle, tous les produits qui entrent aux États-Unis sont taxés à hauteur de 10%. Cela monte jusqu'à 145% sur certaines importations chinoises. Pékin ne s'est pas fait attendre pour répondre avec une taxation de 125% sur les produits américains. Bref, cette escalade entre les deux premières économies mondiales a des conséquences pour la planète toute entière, ce qui inquiète et le Fonds monétaire international, et la Banque mondiale. Croissance mondiale affectée La directrice générale du FMI l'explique elle-même mais elle reste modérée. Kristalina Georgieva estime aujourd'hui que l'incertitude sur les politiques commerciales mondiales est "hors norme”. Selon plusieurs études du FMI justement, le taux effectif moyen des droits de douane américains atteint désormais environ 20%. Et les conséquences sont très concrètes. Par exemple. le dollar s'affaiblit alors qu'il est perçu comme une valeur refuge. Et puis la croissance américaine en souffre. D'après le Peterson Institute, elle devrait tomber à 0,1% cette année. C'est loin de ce qui était envisagé il y a encore quelques semaines, à savoir 2,5%. Une tendance qui va irrémédiablement avoir un impact sur la croissance mondiale. À lire aussiLe coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondialeToujours d'après la directrice du FMI, il faut se préparer à revoir sa copie car l'institution financière prévoit désormais une révision à la baisse des perspectives économiques mondiales. Le rapport devrait justement être publié cette semaine. Si en janvier, avant l'investiture de Donald Trump, la croissance mondiale pour 2025-2026 était estimée à 3,3%, elle devrait diminuer. Ce chiffre semble aujourd'hui optimiste voire irréaliste car la croissance de la planète aurait dû être stimulée par celle des États-Unis. Or, on l'a dit, elle devrait être pratiquement atone. Un multilatéralisme mis à mal Ce n'est presque plus à prouver, Donald Trump a une vision assez personnelle du multilatéralisme. Le problème, c'est que les États-Unis sont les premiers actionnaires du FMI. Le pays est aussi essentiel dans le fonctionnement de la Banque mondiale puisqu'il y est représenté via 17% des capitaux de l'institution. Et lorsque l'administration Trump remet en cause son rôle dans l'activité de ces deux instances, c'est en effet tout un pan de l'économie mondiale qui est en sursis. À lire aussiSur la piste d'une machine à café pour comprendre les effets des taxes douanières de TrumpL'aide au développement est un secteur très affecté. D'après l'OCDE, elle a diminué de 7% l'an passé. Cette année, elle devrait encore baisser, entre -9 et -17%. Concrètement ce sont des dizaines de milliards d'euros en moins. Les patrons du FMI et de la Banque mondiale appellent ainsi à des réformes profondes de l'économie, plus équilibrée, plus résiliente, avec une priorité: continuer à dialoguer avec toutes les parties, même les États-Unis. Mais pour échanger, il faut être deux, et Donald Trump ne compte visiblement pas faire partie de la discussion.
Édition spéciale. Né Jorge Bergoglio, en Argentine, le pape François est mort ce lundi de Pâques, au Vatican. De très nombreux messages de condoléances et d'hommages ont afflué à travers le monde ce lundi, après l'annonce de la mort du pape François, décédé à 7h35 du matin, d'après le Vatican. Jorge Bergoglio, de son nom de naissance, était né en Argentine et avait grandi à Buenos Aires. Devant la cathédrale de la capitale Argentine, notre correspondant Théo Conscience a rencontré des habitants venus se recueillir spontanément, « les yeux rougis », pour rendre hommage au premier pape latino-américain de l'Histoire, mais aussi « l'Argentin le plus important », raconte notre journaliste.Hommages également dans la presse argentine. « François, le simple pape du bout du monde qui a brisé les codes et ouvert l'Église comme cela n'avait jamais été fait », titre La Nacion qui rappelle les sept voyages du pape François sur le continent, de la première visite au Brésil à la dernière, au Panama, en 2019, en passant par Cuba en 2015. Le pape avait annoncé plusieurs fois son intention de revenir en Argentine, sans la concrétiser. D'après un expert interrogé dans le journal argentin, le pape craignait une instrumentalisation politique de sa venue. Le pape François et l'Argentine auront eu « une relation complexe et contaminée par la politique », résume La Nacion. De son côté, Pagina12 pointe les combats du pape François : « Contre les guerres, pour l'écologie et en faveur des pauvres. »Les journaux argentins n'oublient pas non plus l'histoire d'amour entre le pape et le football. Clarin, en particulier, revient sur la ferveur du pape pour le club de San Lorenzo à Buenos Aires. Le pape François vivait tout près du stade, où il était abonné étant petit. Plus tard, durant son pontificat, il avait rencontré, raconte le journal Clarin, Maradona et Messi, mais aussi le brésilien Pelé.À lire aussiLe football, la passion de cœur du pape FrançoisInterview avec Jean-Jacques Kourliandsky, directeur de l'Observatoire de l'Amérique latine et des Caraïbes à la Fondation Jean-Jaurès : « C'était le premier pape non-européen »Le pape François était une personnalité controversée, son rôle pendant la dictature argentine ayant été questionné. Pour Jean-Jacques Kourliandsky, ce pape aura non seulement été le premier latino-américain, mais aussi le premier à ne pas être originaire d'Europe.Qualifié de réformiste, le pape François a effectué « quelques pas » importants au sujet des questions de société, « mais il est resté sur une position conservatrice de l'Église », note Jean-Jacques Kourliandsky. Le pape avait d'ailleurs soutenu avec véhémence Juan Barros, un évêque décrié au Chili et soupçonné d'avoir couvert les actes pédocriminels d'un prêtre.À lire aussiLe pape François est mort à l'âge de 88 ans, annonce le VaticanUSA : un pape réformiste, critiqué aux États-Unis par les conservateursLa veille de sa mort, dimanche, le pape François avait rencontré le vice-président américain JD Vance, rappelle notre correspondante à New York Carrie Nooten. Entre le souverain pontife et l'administration Trump, la relation avait pris la forme de « joutes à répétitions », souligne notre journaliste. Aussi bien lors du premier mandat que lors du deuxième, le pape avait critiqué la politique migratoire de Donald Trump, soulignant que « l'expulsion forcée au seul titre d'un statut migratoire » constituait une privation « de dignité » pour les personnes migrantes.Dans la presse, le New York Times raconte comment le pape François a dû composer, voire « affronter » des leaders catholiques conservateurs défiants. Le quotidien illustre cela avec une photo du cardinal Raymond Burke. « Les États-Unis, en pleine bataille culturelle et politique sur l'avortement et d'autres questions sociales, étaient un bastion de cette opposition conservatrice », note le journal new-yorkais. Le pape avait nommé, dans plusieurs villes américaines, des figures promouvant une vision plus accueillante et ouverte de l'Église, tout en rétrogradant certains évêques ou cardinaux critiques du Vatican. Toutefois, cela n'a pas changé fondamentalement l'orientation de l'Église catholique américaine, toujours conservatrice et très engagée dans les débats sur l'avortement, la sexualité et le genre aux États-Unis, analyse le New York Times.À lire aussiLe pape François, un bâtisseur de ponts et de réformes
Le pape François est décédé ce lundi 21 avril 2025. Âgé de 88 ans, son état de santé fragile s'était aggravé. Son pontificat aura duré 12 ans un mois et huit jours au cours duquel le « Pape du Sud » sera allé aux confins du monde et aura activé une diplomatie axée sur la paix et le dialogue interreligieux. À cette occasion, nous vous proposons de réécouter l'émission Religions du Monde diffusée le 16 février dernier, sur la diplomatie du pape François, de Lampedusa à la RDC, l'Ukraine et le dialogue avec les musulmans : une émission dans laquelle Véronique Gaymard recevait François Mabille, auteur de Le Vatican, la papauté face à un monde en crise (Éditions Eyrolles). Alors que le président américain Donald Trump entame son second mandat, le pape François multiplie les appels : plaidoyer pour les réfugiés, les migrants, la préservation de l'environnement… Il dénonce aussi le capitalisme financier et agressif des puissances occidentales, et veut replacer le rôle moral de l'Église sur les questions sociétales comme l'avortement ou la fin de vie.Mais de quelle manière ce micro-État, qui a donc une nature à la fois religieuse et politique, peut-il peser face aux puissants ?Invité : François Mabille, professeur de Sciences politiques, spécialiste des acteurs religieux dans les relations internationales, chercheur associé à l'Iris, où il dirige l'Observatoire géopolitique du religieux.À lire aussiLe pape François, un bâtisseur de ponts et de réformes À lire aussiLe pape François et l'Afrique: fraternité, dialogue et dénonciation des maux du continent
Il y a 60 000 ans, Paris était sous les eaux et surnageait l'actuelle Butte Montmartre ou colline Chaillot. De ce fait historique avéré, le scénariste Serge Lehman et le dessinateur Stéphane de Caneva ont tiré un roman graphique : Les Navigateurs, aux éditions Delcourt, mêlant réalisme et fantastique. Cette bande dessinée est un jeu de piste qui va transporter les personnages principaux dans un monde parallèle administré par une société secrète. Les Navigateurs de Serge Lehmanaux et Stéphane de Caneva, aux éditions Delcourt, 2025. Prix René Goscinny 2025 du meilleur Scénariste.À écouter aussiLes bédéistes Serge Lehman et Stéphane Créty, et l'auteur Olivier Delacroix À écouter aussiLe roman graphique «L'homme gribouillé»
Le pape François est décédé ce lundi 21 avril 2025. Âgé de 88 ans, son état de santé fragile s'était aggravé. Son pontificat aura duré 12 ans un mois et huit jours au cours duquel le « Pape du Sud » sera allé aux confins du monde et aura activé une diplomatie axée sur la paix et le dialogue interreligieux. À cette occasion, nous vous proposons de réécouter l'émission Religions du Monde diffusée le 16 février dernier, sur la diplomatie du pape François, de Lampedusa à la RDC, l'Ukraine et le dialogue avec les musulmans : une émission dans laquelle Véronique Gaymard recevait François Mabille, auteur de Le Vatican, la papauté face à un monde en crise (Éditions Eyrolles). Alors que le président américain Donald Trump entame son second mandat, le pape François multiplie les appels : plaidoyer pour les réfugiés, les migrants, la préservation de l'environnement… Il dénonce aussi le capitalisme financier et agressif des puissances occidentales, et veut replacer le rôle moral de l'Église sur les questions sociétales comme l'avortement ou la fin de vie.Mais de quelle manière ce micro-État, qui a donc une nature à la fois religieuse et politique, peut-il peser face aux puissants ?Invité : François Mabille, professeur de Sciences politiques, spécialiste des acteurs religieux dans les relations internationales, chercheur associé à l'Iris, où il dirige l'Observatoire géopolitique du religieux.À lire aussiLe pape François, un bâtisseur de ponts et de réformes À lire aussiLe pape François et l'Afrique: fraternité, dialogue et dénonciation des maux du continent
Il y a 60 000 ans, Paris était sous les eaux et surnageait l'actuelle Butte Montmartre ou colline Chaillot. De ce fait historique avéré, le scénariste Serge Lehman et le dessinateur Stéphane de Caneva ont tiré un roman graphique : Les Navigateurs, aux éditions Delcourt, mêlant réalisme et fantastique. Cette bande dessinée est un jeu de piste qui va transporter les personnages principaux dans un monde parallèle administré par une société secrète. Les Navigateurs de Serge Lehmanaux et Stéphane de Caneva, aux éditions Delcourt, 2025. Prix René Goscinny 2025 du meilleur Scénariste.À écouter aussiLes bédéistes Serge Lehman et Stéphane Créty, et l'auteur Olivier Delacroix À écouter aussiLe roman graphique «L'homme gribouillé»
Aujourd'hui, nous vous invitons à découvrir un compagnon omniprésent, mais discret : celui sur lequel nous marchons, sur lequel nous bâtissons, que nous cultivons… Celui que nous foulons chaque jour, souvent avec mépris, sans lui accorder une seule pensée. Ce compagnon, c'est le sol, cette croûte terrestre qui, en réalité, est un véritable trésor multimillénaire ! Comment cultiver tout en restaurant la biodiversité des sols, de la faune et de la flore ? Comment développer un écosystème propice aux insectes, aux oiseaux, aux serpents, etc. ? En Méditerranée, cette question se pose plus que jamais, compte tenu des contraintes climatiques, très sèches, et des pratiques agricoles qui reposent largement sur la mécanisation et la chimie. En Grèce, la ferme pilote Southern Lights s'est transformée en forêt comestible... un changement survenu complètement par hasard (ou par chance !). Depuis, elle initie doucement, mais sûrement, une petite révolution culturelle. Reportage La forêt comestible en Grèce, par Caroline Lafargue.Avec un éclairage de Marc-André Sélosse, biologiste spécialisé en mycologie et professeur au Muséum d'histoire naturelle, à l'université de Gdańsk en Pologne et à celle de Kunming en Chine : Il étudie le sol de près depuis des années, notamment les interactions entre les champignons et les plantes et il a notamment publié le livre L'origine du monde, une histoire naturelle du sol à l'intention de ceux qui le piétinent (Actes Sud). Musique diffusée pendant l'émission : Raggasonic - Les richesSandàlia de Prata -Roupa de tirarÀ lire aussiLe vivant est LA solution
Il est né dans le maquis camerounais en 1957, un an avant que son père soit assassiné par l'armée française... le 13 septembre 1958. Daniel Um Nyobe, le fils du leader indépendantiste Ruben Um Nyobe est notre invité ce matin. Alors qu'est paru fin janvier le rapport de la commission Cameroun sur le rôle de la France au Cameroun dans la lutte contre les mouvements indépendantistes, il appelle désormais le président français à « assumer les faits » et à reconnaître la responsabilité de la France dans la mort de Ruben Um Nyobè et de ses camarades. Il témoigne aussi sur son parcours, marqué par le combat de son père. RFI : Daniel Um Nyobé, suite à la publication du rapport de la Commission Cameroun, qu'est-ce que vous attendez aujourd'hui ?Daniel Um Nyobé : C'est la reconnaissance des faits, la responsabilité du gouvernement français de l'époque dans ce qui s'est passé. Et, éventuellement, présenter des excuses et mettre en place un processus de réparation. Cette histoire-là, il faut l'assumer, sinon ça va être une histoire politicienne.Cette histoire, c'est aussi la vôtre, Daniel Um Nyobe, puisque vous êtes né dans le maquis, un an avant l'assassinat de votre père.De la date du 13 septembre 1958, je reste le seul survivant. Donc ce jour-là, non seulement Ruben Um Nyobe a été assassiné, mais son plus proche collaborateur Yem Back a été également assassiné. Ma grand-mère maternelle, Ruth Ngo Kam a été aussi assassinée. Et il faut dire qu'au moment de cet assassinat, j'étais à côté d'elle, ce qui fait que j'ai ramassé une balle. Symboliquement, je me dis que dans le rouge du drapeau camerounais, j'y suis aussi pour quelque chose. C'est aussi mon sang qui y est versé.Par la suite, dans quelles conditions vivez-vous avec votre mère ? Comment est-ce qu'on fait pour vivre ou survivre lorsqu'on s'appelle Um Nyobé dans ces années-là ?C'est très très très difficile. Donc, on vit du peu qu'on a des récoltes des champs, et tout ça, c'est dans la misère. Mais bon, il faut quand même avouer qu'on avait certains sympathisants qui de temps en temps passaient nous donner quelque chose et tout ça.Vous avez mis plusieurs années à oser aller vous recueillir sur sa tombe ?Oui, c'était interdit. On y allait la nuit. Je me rappelle les premiers jours, c'était la nuit, clandestinement. Il fallait le faire, ç'avait une valeur pour moi.Est-ce que vous avez envisagé de changer de nom ?Non, surtout pas. C'est une fierté pour moi d'avoir été le fils de cet homme-là !En 1991, une loi a réhabilité plusieurs leaders indépendantistes, dont votre père. Qu'est-ce que ça a changé, est-ce que c'est suffisant ?Ça n'a rien changé. Bon, là, on peut prononcer son nom, on peut prononcer le nom de ses camarades, on peut se revendiquer de lui. Mais, dans les discours officiels au Cameroun, on ne cite pas ces noms-là. Rien n'est fait, il n'y a pas de lieux de mémoire. J'envisage de transférer la tombe à Boumnyébel, parce que ce sont les assassins qui ont choisi le lieu d'enterrement à Ezéka. Donc, voilà pourquoi j'aimerais ramener cet homme-là. Mais au mois de novembre dernier, je suis allé, j'ai seulement mis une seule plaque indicative pour dire que, bientôt, la tombe de Mpodol [surnom de Ruben Um Nyobè, NDLR] sera installée à cet endroit. Dans la journée, j'ai eu la visite, cinq fois, des gendarmes et des policiers.Aujourd'hui, l'UPC, le parti fondé par votre père, est profondément divisé. En mai 2017, vous avez été désigné premier vice-président de l'une de ses branches, celle dirigée par Bapooh Lipot qui est considérée comme proche du président Paul Biya. Pourquoi ce choix ?Ça, c'est quelque chose qui m'a été imposé comme ça, mais je n'ai jamais exercé de fonction de premier vice-président.C'est de la récupération ?Oui, oui, je crois. On ne confondra jamais l'UPC, le parti nationaliste qui a revendiqué l'indépendance, avec tout ce qui est fait aujourd'hui. Il y en a qui le font par conviction et d'autres qui le font par opportunisme.En 2018, on vous prête d'avoir appelé à voter pour Paul Biya ?Je l'assume, parce que je croyais que c'était son dernier mandat. Je me disais, avec l'âge, l'expérience qu'il a, avant de partir, on pouvait mettre en place quelque chose plus tard. Ça n'a pas été le cas.Mais que répondez-vous à ceux qui estiment que soutenir Paul Biya revient en fait à trahir la mémoire de votre père, dans le sens où lui-même est héritier direct de ceux qui ont été placés au pouvoir au détriment des vrais indépendantistes ?Alors ça, c'est le tribunal de l'histoire. Et moi, je suis de ceux qui pensent que, tout être humain peut changer, pour l'intérêt du pays.En 2018, vous pensiez qu'il poserait un geste s'agissant de votre père ?Ah oui ! Il avait dit à ma mère : « Je poursuis le travail commencé par votre mari. » Donc, j'attendais quelque chose venant de lui. Je m'attendais quand même à ce qu'on facilite le transfert des restes de ces personnes-là, qu'on cite leurs noms dans les discours, qu'il y ait des lieux de mémoire, les dates de commémorations, tout ça. Si je vous dis que je ne suis pas déçu, c'est que je suis un menteur. À lire aussiLe rapport sur la colonisation française au Cameroun remis au président Paul Biya
Donald Trump poursuit la guerre commerciale qu'il mène à l'encontre de la Chine. Désormais, le pays est visé par des taxes douanières de 145 %. Cette escalade va frapper de plein fouet les petits producteurs chinois. Ils sont des dizaines et des dizaines de milliers et représentent un secteur vital de l'économie de la Chine : les petits producteurs. Ce sont ces manufactures de taille moyenne qui produisent tout ou partie des biens importés depuis la Chine. On peut notamment penser à des fabricants de vêtements, de sacs, de machines ou encore d'équipements de cuisine. Ces structures, comme le précise le New York Times, ce sont des ateliers familiaux, voire semi-industriels et ils dépendent fortement de la demande internationale. Leur principal argument évidemment, c'est la production à très bas coût, mais avec des droits de douane de 145%, c'est toute la chaîne de production qui s'écroule de la Chine aux États-Unis ! À lire aussiLe reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marchéRentabilité minimale Prenons par exemple un t-shirt qui sort de ces ateliers chinois et qui est à destination de New York. La pièce va être produite, puis prendre un bateau direction les États-Unis. Disons que, symboliquement, tout cela coûte 10 dollars à l'exportateur. Sauf qu'il va devoir appliquer 145% de taxes. La valeur du t-shirt va donc augmenter et passer à 24,5 dollars. À ce montant, il faudra ajouter la marge du commerçant qui vendra ce t-shirt dans sa boutique de Brooklyn. Avec un tel prix, il va être difficile de trouver preneur. Et c'est là que les producteurs chinois souffrent puisque les exportateurs vont essayer de rogner sur le prix du t-shirt. Mais ces structures sont déjà à la limite de la rentabilité, essorées par les grossistes qui tentent d'acheter au prix le plus bas. Ce qui se passe aujourd'hui, ce sont donc des commandes annulées par les importateurs américains. Résultat, la production est bloquée, les stocks s'accumulent sans trouver d'acheteurs. Bref, la perte est sèche pour ces ateliers, ce qui en bout de chaine implique des suppressions d'emplois. À lire aussiLa Chine sur une ligne de crête face à la politique douanière de Donald TrumpQuelles alternatives ? Ces producteurs peinent à trouver des solutions. L'une d'elles serait de se tourner vers le marché chinois. Mais c'est complexe. Le marché domestique est saturé, marqué par une demande en baisse. Difficile donc d'écouler les stocks. On peut imaginer en effet une recherche de nouveaux marchés, mais les volumes sont loin de compenser la perte du marché américain. Car on le précise, l'an passé, ce sont 440 milliards de dollars de produits fabriqués en Chine qui sont arrivés aux États-Unis. Et puis pour ne rien arranger, les entreprises chinoises sont déjà frappées par une surcapacité industrielle, leurs entrepôts débordent ! Pourtant, la Chine réplique aux mesures de Donald Trump. Symboliquement, difficile de rester sans répondre devant de telles décisions. Au niveau national, le gouvernement tente aussi de juguler la situation. L'État notamment vient de recapitaliser les grandes banques qui ne sont pas en forme. Les plans de relance ont permis de soutenir la croissance à court terme, mais la grande question, c'est de savoir comment tout l'écosystème industriel et manufacturier chinois va faire face durant les prochains mois.À lire aussiLa Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?
Les droits de douane réciproques de Donald Trump n'auront été en vigueur que quinze heures. Quinze heures de panique sur les marchés boursiers du monde entier. Mais le président américain a finalement changé d'avis hier. C'est un rétropédalage que le monde n'attendait plus. Mais Donald Trump l'a fait en décidant de faire une pause de 90 jours dans l'application des mesures commerciales à l'encontre des pays du monde, qui restent taxés à hauteur de 10%. À une exception près, sur les importations chinoises qui vont être taxées à 125%. C'est donc la Chine qui paie le prix fort de la guerre commerciale voulue par le président américain. Cela parce qu'hier, on a assisté à une véritable escalade. Après l'entrée en vigueur des mesures américaines, Pékin a annoncé une surtaxe de 84% sur les importations de biens produits aux États-Unis avec application quasi immédiate. Les marchés boursiers se sont affolés, l'Europe a vu rouge, tout comme les indices américains, surtout ! À lire aussiDans la tête de Donald Trump, que veut-il gagner avec sa guerre commerciale?Panique à bord L'une des explications, c'est lorsque Donald Trump a vu le cours de Wall Street dégringoler encore une fois. Pour autant, le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, le réfute et estime que cela fait partie de la stratégie initiale du locataire de la Maison Blanche. Et les résultats sont là. Après avoir annoncé la suspension des droits de douane réciproques pour le monde entier et de s'en prendre encore plus violemment à la Chine, les indices américains ont bondi hier. Le S&P 500, l'indice des 500 plus grandes entreprises américaines, a augmenté de 9,5% et le Nasdaq, qui lui répertorie les valeurs technologiques, a pris 12%. Craintes sur le marché obligataire Et si le président américain a changé d'avis, c'est parce que l'économie de son pays est liée aux marchés financiers. La véritable explication là. Donald Trump lui-même l'a écrit hier soir sur son réseau social Truth. « Je regardais le marché obligataire et certaines personnes commençaient à se sentir un peu fébriles », affirmait-il. Le marché obligataire, c'est grossièrement là où les États se financent via notamment des bons du Trésor. Sauf que les bons du Trésor américain qui étaient considérés comme des valeurs refuges ont connu une hausse très importante de leurs taux ces derniers jours. Comme si, finalement, les États-Unis avaient perdu du crédit auprès des investisseurs, ce qui est risqué pour la première économie mondiale. À lire aussiLe coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondialeDes impacts concrets sur l'économie américaine Et même si Donald Trump et son équipe s'en défendent, on sent tous cas qu'il y a eu panique à bord. Cette instabilité dans cette valeur considérée comme l'une des plus sûres au monde a tout bouleversé. La conséquence directe pour le gouvernement américain, c'est que s'il veut emprunter, le coût de son crédit va augmenter.C'est une très mauvaise nouvelle pour un pays dont la dette fédérale est estimée à 36 000 milliards de dollars. Cela engendrera une hausse des taux d'intérêts, ce qui serait une catastrophe pour Donald Trump, car sur le long terme, ça pourrait contribuer au ralentissement économique américain. Puisque au-delà de la dette, cela va avoir un impact sur d'autres secteurs de l'économie du pays comme l'immobilier. C'est donc cela qui a fait réagir Donald Trump. Il l'expliquait hier, « il faut savoir faire preuve de souplesse » pour inciter les marchés à suivre ses mesures. Visiblement, il s'est appliqué son conseil à lui-même.
Donald Trump a donc déclaré une guerre commerciale au monde entier. Le président américain a lancé son offensive ce mercredi 2 avril et personne n'est épargné, amis comme ennemis. Dix pour cent minimum et parfois plus pour certains, comme la Chine, le Vietnam, le Cambodge. Le Brésil fait partie des « chanceux », concerné que par une hausse de 10%. Décryptage. Avant toute chose, il convient de rappeler que le Brésil et les États-Unis sont économiquement liés. Les États-Unis sont les premiers investisseurs dans la plus grande économie d'Amérique latine. Le Brésil est d'ailleurs l'un des grands exportateurs de la région. On peut citer notamment le soja, le bœuf, le poulet ou l'acier. Les Américains en importent d'ailleurs beaucoup. Mais la balance commerciale entre les deux pays est excédentaire côté Américains, ce qui est un atout pour Brasilia. À lire aussiÉtats-Unis: Donald Trump déclare la guerre commerciale au mondePas dans la ligne de mire de Donald Trump En effet, Donald Trump vise en priorité les pays qui exportent vers les États-Unis plus qu'ils n'importent. Le Brésil peut donc profiter de cette situation. Le président Lula l'a d'ailleurs parfaitement intégré. Il ne veut pas mettre un terme au dialogue avec Washington. Preuve en est, la semaine dernière, une mission brésilienne était dans la capitale américaine pour échanger avec l'administration Trump. Cela n'empêche pas le Brésil pour autant de répondre avec le vote il y a quelques heures par le Parlement d'une loi de riposte aux mesures américaines. Mais le gouvernement brésilien a su nouer aussi d'autres partenariats qui lui permettent précisément de ne pas trop en souffrir. Aller voir ailleurs ! Parmi ces nouvelles relations, la Chine. Pékin est d'ailleurs devenue le premier partenaire commercial du Brésil. Les deux échangent beaucoup. Les entreprises brésiliennes exportent du soja, du poulet, du bœuf notamment. Et c'est là que ça devient intéressant, puisque ça ne vous a pas échappé, la Chine est particulièrement visée par les États-Unis. Pékin justement a répondu en augmentant les taxes sur les produits agricoles américains stratégiques comme le soja et la viande. La Chine peut donc trouver dans le Brésil une alternative viable pour ses besoins de biens de consommation courante. Les entreprises chinoises, et c'est la contrepartie évidemment, sont présentes sur le sol brésilien et y investissent beaucoup dans la construction d'infrastructures essentielles à l'activité économique comme des routes, des voies ferrées ou des ports. Une opportunité avec des risques Si on ne s'en tient qu'au poulet et aux œufs brésiliens, les exportations de ces deux produits vers la Chine explosent. Entre 9% et 20% de hausse par rapport à l'an passé. Preuve que la confiance est là, l'indice boursier brésilien, basé principalement sur les matières premières, a progressé de 9% ces dernières semaines, cela alors que les principaux cours mondiaux sont dans le rouge. Mais si cette conjoncture semble bénéfique à court terme, sur un temps plus long, elle expose le Brésil à une forte dépendance de la Chine. Et si les relations sino-américaines s'améliorent, c'est tout l'équilibre qu'on vient d'évoquer qui deviendrait instable. Les autorités brésiliennes jouent ainsi sur plusieurs tableaux. Récemment, elles ont signé de nouveaux accords avec le Japon ou encore avec les Européens dans le cadre de l'accord Mercosur. Une situation qui permet au pays de renforcer sa position sur la scène commerciale internationale et de stimuler sa croissance économique ! À lire aussiLe coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondiale
La stratégie économique de Donald Trump passe par les taxes douanières : 25% sur l'acier, menace de 200% sur le vin et les spiritueux européens. En Grande-Bretagne, l'industrie de la boisson se fait discrète pour ne pas attirer le courroux américain, grand consommateur de gin et de whisky. En Écosse, le whisky single malt, le scotch, repose en partie sur les exportations outre-Atlantique. Une guerre économique pourrait être fatale pour les distilleries indépendantes. Un reportage de notre correspondant à Aberdeen à retrouver dans la longueur dans Accents d'Europe.À lire aussiLe whisky écossais peut-il devenir un modèle de transition écologique?
L'année 2025 a débuté par une excellente nouvelle en ce qui concerne la biodiversité marine dans le Pacifique Nord. Désormais, le thon rouge n'y est plus considéré comme une espèce vulnérable, alors que ces colosses des mers, qui peuvent peser près de 300 kilos, avaient bien failli disparaître en raison de la surpêche. Dès lors, les quotas de prise très stricts en vigueur depuis dix ans ont été rehaussés, au bénéfice notamment du plus grand consommateur mondial de thon rouge : le Japon. De notre correspondant à Tokyo,Dans les restaurants de poissons du grand marché de Toyosu — qui sont plus bondés que jamais —, l'allègement des restrictions relatives à la pêche du thon rouge met les fins gourmets en joie. Car ces dernières années, ils avaient souvent dû se contenter de thons importés, surgelés, provenant de la Méditerranée, ou de thons d'élevage. « Les sushis et les sashimis de thon rouge, c'est merveilleux, s'exclame cette amatrice de poisson. Je me suis empiffrée. Ça fond dans la bouche… Quel bonheur ! » Une autre surenchérit : « Pour sûr, ce sera LA bonne nouvelle de l'année. Cela me fait énormément plaisir ! »Et ce n'est pas que sur le plan gustatif que se réjouissent les clients du marché de Toyosu, ils pensent aussi à leur porte-monnaie : « Davantage de thon rouge disponible, ça veut dire qu'en vertu de la loi de l'offre et de la demande, son prix va baisser… Trop bien ! », vante ce passant. Une opinion que partage une autre cliente : « On en trouvait au supermarché, mais à des prix si élevés que je n'en achetais quasiment jamais, uniquement pour les grandes occasions. »À écouter dans 8 milliards de voisins Comment expliquer la popularité du sushi ?Des pêcheurs soulagésCette année, les pêcheurs nippons pourront capturer 13 000 tonnes de thon rouge dans le Pacifique Nord, contre 9 500 auparavant. C'est un ballon d'oxygène pour une profession qui a été terriblement impactée par l'élévation de la température des océans, due au réchauffement climatique : « J'espère que ce quota augmentera considérablement dans les années à venir parce qu'on souffre. On pêche moins de poissons qu'avant, toutes espèces confondues, car beaucoup ont migré vers le grand large, dans des eaux plus fraîches, regrette ce pêcheur. Et moins d'algues aussi, car elles dépérissent dans ces eaux devenues si tièdes. Du coup, je ne compte plus les collègues qui ont fini par jeter l'éponge et se reconvertir dans une autre activité, à force d'accumuler les déficits. »Cet autre pêcheur, plus nuancé, reconnaît l'impact de ces quotas sur sa profession : « On comprend, bien sûr, ces restrictions : il fallait à tout prix préserver la ressource maritime. Mais, en même temps, cela a été terrible pour les coopératives de pêcheurs. Le thon rouge étant le poisson préféré des Japonais, à cause de ces quotas, leur manque à gagner a été énorme. »À lire aussiLe rythme de réchauffement des océans a presque doublé depuis 2005, selon un rapport CopernicusEmbellie diplomatiqueL'augmentation du quota de pêche du thon rouge est aussi une bonne nouvelle diplomatique pour le Japon. Depuis des années, en effet, à chaque réunion de la commission internationale qui fixe ce quota, le pays bataillait sans relâche en faveur d'une telle mesure. En vain. Tous les autres pays de la région — et le puissant allié américain y compris — s'y opposaient, notamment parce que l'archipel a longtemps été accusé de sévir insuffisamment contre les coopératives de pêcheurs qui fraudent en sous-déclarant leurs prises de thon rouge.Mais depuis, soucieux de son image à l'international, Tokyo a serré la vis : plusieurs coups de filet policiers ont visé les coopératives fautives et la réglementation en la matière a été durcie.La méfiance des pays voisins à son égard s'étant amenuisée et la ressource maritime ayant fini par se reconstituer, dix ans après leur instauration, les quotas de pêche du thon rouge dans le Pacifique Nord ont donc enfin pu être augmentés.À lire aussi « Pillages » : une BD et un constat accablant sur la surpêche et la corruption en Afrique
Réélu président des USA, Donald Trump réaffirmait en janvier dernier (2025) qu'il voulait reprendre le canal de Panama, qui relie les océans Atlantique et Pacifique à travers ce petit pays d'Amérique centrale. Ledit canal appartient au Panama depuis 1999 et il continue d'obséder l'Amérique. (Rediffusion) Interrogé sur la possibilité d'employer l'armée pour annexer cette artère vitale du transport maritime mondial, le chef de la Maison Blanche a répondu qu'il ne pouvait pas assurer qu'il ne le ferait pas. Construit par les Américains, ce qui entretient à leurs yeux leur légitimité, le canal s'inscrit dans la doctrine Monroe, selon laquelle les États-Unis ont une forme de pré-carré, de contrôle sur l'Amérique latine. La crise générée par Trump sur le Panama ne manquera pas d'avoir des implications largement plus importantes en Amérique latine. Invités : Virginie Saliou, chercheuse en sécurité maritime à l'IRSEM, Institut de Recherche stratégique de l'École Militaire et titulaire de la chaire mers, maritimités et maritimisation du monde de Sciences Po Rennes Par téléphone, Frédéric Lasserre, professeur de Géographie politique à l'Université Laval au Québec et titulaire de la Chaire de recherches en Études indo-pacifiques Depuis les studios de nos confrères d'ICI Tours, Kevin Parthenay, professeur des Universités en Sciences politiques et membre de l'Institut Universitaire de France.À lire aussiLe canal de Panama: les enjeux réels et symboliques d'un lieu de pouvoir
C'est un marché qui pèse lourd: celui des médicaments, 60 milliards d'euros. Il en a été question cette semaine à la Commission européenne puisque l'exécutif européen a présenté son plan pour réduire sa dépendance aux médicaments asiatiques. Car les chiffres le prouvent, les États membres de l'UE importent beaucoup. Décryptage. Tenez-vous bien, les principes actifs de huit antibiotiques sur dix consommés en Europe sont produits en Asie ! Soit en Chine, soit en Inde. Sur les dix dernières années, ces deux pays sont tout simplement devenus des références en termes de production de principes actifs. Petit rappel, les principes actifs, ce sont ces molécules qui sont le cœur des médicaments et qui permettent de nous soigner. D'après le cabinet Advancy, aujourd'hui, à l'échelle mondiale, l'Inde et la Chine produisent la moitié de ces principes actifs mondiaux. L'Europe à elle seule 30 %. Il y a dix ans, elle était leader au niveau de l'Inde et de la Chine. Le continent et son industrie sont donc en effet en décrochage.À lire aussiLes pénuries de médicaments, la faute à l'industrie?Course aux produits les moins chers Produire sur le sol européen ces principes actifs pharmaceutiques coûte beaucoup plus cher que dans les pays asiatiques. Résultat, d'année en année, les industriels ont sous-traité leur production ou l'ont directement externalisée. Et puis toujours concernant les coûts, la fin de brevets limitant la production a permis à des industriels de lancer la leur. On appelle ça les médicaments génériques. En produisant ailleurs qu'en Europe, ces médicaments sont bon marché. Et dans la course effrénée à l'accès à des médicaments les moins chers possibles, car la santé a un coût, les États ont privilégié les génériques. Ces mêmes États qui s'inquiètent paradoxalement de leur dépendance aux pays asiatiques. C'est le serpent qui se mord la queue. Car, il faut le préciser, ce sont bien les États qui gèrent les commandes de médicaments. Si les entreprises pharmaceutiques sont chargées de garantir un approvisionnement suffisant, ce sont les États qui supervisent la distribution au sein même de leur territoire. Et si pénurie il y a, elles sont gérées au niveau national !À lire aussipénuries de médicaments: des millions d'euros d'amendes pour les laboratoires pharmaceutiquesPenser à l'échelle européenne Cette dépendance aux pays asiatiques n'est pas sans risques, car l'enjeu est stratégique dans un contexte de tensions géopolitiques de plus en plus fortes. Si demain, la Chine et l'UE ne s'entendent pas, c'est la chaîne d'approvisionnement du médicament européen qui en subira les conséquences notamment. Car sans médicaments, pas d'interventions chirurgicales, même bénignes ou de traitements. Et puis de l'autre côté de l'Atlantique, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche qui menace d'augmenter les droits de douane sur les importations pharmaceutiques européennes, inquiète. Mais l'UE a des propositions. Cinq ans après la pandémie de Covid-19 qui a notamment mis en lumière ses difficultés, place à l'action. Bruxelles propose par exemple l'achat groupé de médicaments européens entre États afin de faire baisser les prix d'achat, voire de créer un marché unique du médicament. La Commission incite aussi à relocaliser la production sur le continent en échange de subventions avec des fonds européens pour construire des usines de médicaments critiques. En tout cas, il y a urgence, c'est le commissaire européen à la Santé qui le dit. La situation que l'on vient d'évoquer « met en danger la santé des Européens ». Voilà pour la prescription, reste maintenant à voir quel traitement choisira le patient Europe !À lire aussiLe plan de l'Union européenne face aux pénuries de médicaments
Le Bénin développe son secteur touristique. À l'horizon 2030, le pays veut franchir la barre des deux millions de visiteurs étrangers et doubler ses revenus liés au tourisme. Pour cela, de nouveaux sites sont modernisés et agrandis comme celui de Ouidah, à une quarantaine de kilomètres de Cotonou, haut-lieu du tourisme religieux, culturel et historique. C'est le site de la célèbre Porte du Non-Retour, dédiée à la mémoire de l'esclavage. C'est un chantier spectaculaire sur le littoral du Golfe de Guinée : la Marina de Ouidah, projet d'hôtel de 130 chambres, construit par le groupe chinois Yunnan Construction and Investment Holding. Sur le site, autour de la Porte du Non-Retour, seront également proposés des loisirs, des services, un bateau-musée, un parcours sur les lieux où embarquaient les esclaves africains du XVᵉ au XVIIIᵉ siècle.« Ce qui se passe actuellement au Bénin, c'est énorme », explique Modeste, guide touristique qui travaille au Bénin, au Togo et au Ghana. « Les voies bitumées, la place Vodun ici à Ouidah, tout le monde en profite : ceux qui bâtissent les routes et nous, les guides touristiques et les agences de voyages. » Selon les chiffres officiels, 435 000 visiteurs ont été accueillis en janvier 2025 lors des Vodun Days, événement annuel qui célèbre l'art, la culture et la spiritualité de cette religion traditionnelle.Budget doublé pour OuidahLes professionnels bénéficient de l'ambitieuse politique touristique engagée depuis 2016 au niveau national, mais aussi les collectivités locales, comme la municipalité de Ouidah. Le maire, Christian Houétchénou, affirme que depuis son élection en 2020, les ressources propres de la ville ont fortement augmenté :« Le budget de la commune était de deux milliards de francs CFA (environ trois millions d'euros). Nous sommes passés à plus de quatre milliards de francs CFA, le double. La plupart de ces ressources sont reversées dans le programme de développement de la ville. Il y a une partie qui va pour soutenir les infrastructures culturelles. Nous mettons aussi l'accent sur la sécurité. »Trouver des logementsAinsi, Ouidah va mettre en place une police touristique pour épauler les forces de l'ordre classiques. Le maire veut multiplier par dix le nombre de lits d'hébergement, soutenir les hôteliers et les restaurateurs. Clemencia de Souza, gérante de La Cabane, le restaurant du nouveau centre culturel de la ville, explique que « la qualité des aliments, la propreté, étaient des priorités évidentes. Il fallait rénover les bâtiments, former les employés, les sensibiliser pour que les visiteurs ne trouvent rien à redire. »Clemencia de Souza évoque néanmoins un problème : « Les gens n'aiment pas quitter Cotonou. Donc, pour avoir cette main d'œuvre, il faut les aider et notamment leur trouver un logement. Mais je sais que l'année prochaine, avec l'aide de la municipalité, nous allons améliorer cette organisation. »L'année 2026 est d'ailleurs la date espérée pour l'ouverture du Musée international de l'Histoire de l'esclavage, dans le fort portugais de Ouidah où doivent transiter des biens culturels rendus par la France.À lire aussiLe renouveau de l'hôtellerie haut de gamme en Afrique de l'Ouest
Ils sont de plus en plus présents dans les médias. Les faits divers constituent le grand thème des assises du journalisme – rendez-vous annuel des professionnels de l'information en France – qui se déroulent toute la semaine à Tours. Pourquoi cette omniprésence des faits divers ? Qu'est-ce que cela dit de notre société ? Pour en débattre :► Bérénice Mariau, maîtresse de conférences en Sciences de l'information et de la communication à l'Institut catholique de Paris. Ses travaux de recherche portent sur le traitement médiatique des faits divers. Autrice du livre Mécanique du fait divers : histoires singulières, émotions collectives, éditions MKF► Jacques Expert, journaliste, écrivain, auteur de nombreux livres sur les thrillers et faits divers. Ancien grand reporter à France Inter couvrant notamment l'affaire Grégory► Margot Hoché, chargée d'études à l'Institut Viavoice, elle travaille sur le baromètre de l'utilité du journalisme, cette année à la une : les faits divers. À lire aussiLe fait divers, un objet médiatique et historique
La tension monte en mer de Chine orientale, Pékin multipliant les intimidations, voire les provocations militaires. L'inquiétude est particulièrement vive à Okinawa, l'archipel situé à l'extrême sud du pays, et notamment dans les îles japonaises les plus proches de Taïwan, comme Yonaguni, qui n'est qu'à 110 km de Taipei. De notre envoyé spécial de retour de Yonaguni,À Yonaguni, tout est prêt dans l'éventualité où Pékin attaquerait Taïwan ou s'il bouclait la mer de Chine orientale, empêchant toute navigation et donc le ravitaillement de l'île par voie maritime. « Yonaguni compte 1 648 habitants. Le jour venu – s'il survient –, un pont aérien évacuera les personnes qui le souhaitent vers la grande île de Kyûshû, qui est située au nord de l'archipel d'Okinawa, indique Koji Sugama, chargé de l'élaboration des plans catastrophes. Onze vols se succéderont sans discontinuer, du matin au soir. Les fonctionnaires municipaux seront les derniers à quitter Yonaguni. Notre objectif est de mener à bien l'évacuation de l'île en un jour, pas plus. »Les personnes qui ne souhaitent pas évacuer seront invitées à se regrouper dans les centres d'hébergement d'urgence où la population se réfugie en cas de catastrophes naturelles, comme les séismes ou les tsunamis. Des stocks y ont été constitués : trois litres d'eau par jour et par personne, par exemple.À lire aussiLe bruit des bottes résonne dans le Pacifique« Notre gouvernement a beaucoup trop tardé à prendre conscience de la menace chinoise »Mais comme il ne s'agit pas d'abris antimissiles, ces habitants n'y seront pas à 100% en sécurité. « Il n'y a pas un seul abri antimissiles souterrain dans cette île, pas un seul, s'indigne le maire, Kenichi Itokazu. L'État m'en promet un, mais ça prendra des années. Pareil, ça fait des lustres qu'on réclame l'allongement de la piste de notre aéroport où, aujourd'hui, seuls des petits bimoteurs peuvent atterrir. Cela va poser des problèmes si une guerre éclate et qu'il faut acheminer en urgence d'énormes renforts militaires ici. »Et le maire ne décolère pas : « Quand j'ai pris mes fonctions, il y a trois ans et demi, j'ai réalisé combien nous n'étions pas préparés à faire face à une crise majeure. Car, c'est l'évidence, notre gouvernement a beaucoup trop tardé à prendre conscience de la menace chinoise. »Plusieurs centaines de militaires sont stationnés à Yonaguni. À l'aide de puissants radars, ils surveillent en permanence les eaux territoriales et l'espace aérien. Il est aussi prévu d'y déployer des missiles sol-air de moyenne portée.À lire aussiLe Japon présente un budget record face aux menaces militaires et au vieillissement de sa population« Le Japon doit s'interdire une nouvelle dérive belliqueuse » Le Japon muscle son dispositif militaire à Okinawa, et cela ne fait pas l'unanimité, en raison du poids terrible du passé. Il y a 80 ans, la guerre tua un quart de la population civile de cet archipel. « Tirons les leçons de notre passé tragique et faisons en sorte qu'il ne se reproduise pas, martèle, effarée, cette retraitée qui milite bénévolement dans une association pacifiste. Notre pays est régi par une Constitution pacifiste. On commémorera bientôt la fin de la Seconde Guerre mondiale. Plus que jamais, donc, le Japon doit s'interdire une nouvelle dérive belliqueuse. » Année après année, Tokyo accroît son budget de la défense. Il atteint désormais une soixantaine de milliards d'euros, soit davantage que le montant des dépenses militaires de pays comme la France ou l'Allemagne.À lire aussiLa mer de Chine orientale, une zone sous haute tension entre le Japon et la Chine
C'est un monument du cinéma africain, un cinéaste admiré et respecté de tous qui s'en est allé. Le réalisateur malien Souleymane Cissé est mort à Bamako, à l'âge de 84 ans, le mercredi 19 février 2025. Premier réalisateur d'Afrique subsaharienne à avoir reçu un prix, celui du jury, au festival de Cannes en 1987 pour «Yeelen», il avait aussi été récompensé du Carrosse d'or en 2023. Souleymane Cissé a 20 ans, lors de l'indépendance de son pays, et comme bien d'autres cinéastes africains, il part se former en Union soviétique, apprenant le métier de projectionniste puis de directeur de la photo. De retour au Mali, il parcourt son pays, caméra à l'épaule pendant trois ans comme reporter au service cinéma du ministère de l'Information. Sa filmographie militante sera souvent censurée. Son premier long métrage en bambara Den Muso (la jeune fille) raconte le drame d'une fille-mère muette et abandonnée, symbole de l'oppression des femmes. Le film sera interdit au Mali. Pas assez pour le décourager, en 1978, «BAARA» (le travail) remporte l'Étalon d'or de «Yennenga», puis il y aura «Finyé» qui met en scène la révolte d'étudiants maliens contre le régime militaire. En 1995, «Waati» retrace la vie d'une enfant noire sud-africaine fuyant l'apartheid à travers l'Afrique. Souleymane Cissé, engagé et humaniste, avait su faire découvrir par ses images la richesse des récits africains.Entretien hommage avec Catherine Ruelle, productrice de l'émission culte de RFI «Cinémas d'aujourd'hui, cinémas sans frontières» et rediffusion de l'émission Tous les cinémas du monde de 2021. À lire aussiLe réalisateur malien Souleymane Cissé, l'un des pères du cinéma africain, est mort
Les musées européens sont de plus en plus nombreux à s'interroger sur la provenance de leurs collections. En Suisse, ce travail de recherche a déjà permis d'identifier une centaine d'objets pillés en Afrique à l'époque coloniale. Et le débat sur leur possible restitution fait rage. Une démarche et une réflexion que le Musée des cultures de Bâle, propriétaire d'une vingtaine de bronzes béninois, partage avec le public au travers d'une exposition atypique intitulée Sous les yeux de tous : Bénin, Nigeria. C'est une exposition qui surprend tant par sa forme que par son contenu. Dès l'entrée, l'inscription « Venez discuter » accroche le regard du visiteur et incite à interpeller l'équipe de spécialistes du musée comme Ursula Regehr, conservatrice du département Afrique.Cette dernière invite les visiteurs à se rapprocher du centre de la salle, leur tend des gants et les incite à prendre en mains les objets posés sur les tables. L'objectif est d'amener le visiteur à s'interroger, comme le conservateur, sur la signification première de ces objets et leur parcours, à commencer par les deux œuvres emblématiques de l'importante collection de bronze béninois du musée :« Ces deux têtes représentent deux dignitaires du Royaume du Bénin, situé dans l'actuel Nigeria. Elles ont été ramenées à Londres comme butins de guerre, puis vendues par un marchand d'antiquités à des musées. C'est comme ça qu'elles se sont retrouvées ici, au Musée des cultures de Bâle, dès 1899. »À lire aussiLe musée Horniman de Londres va restituer au Nigeria des œuvres pillées au XIXe siècleUn travail de coopération avec les différentes parties prenantesMais l'exposition ne se contente pas de retracer le parcours de ces objets. « Une grosse partie est consacrée au travail de coopération avec le Nigeria et au dialogue avec les différentes parties prenantes », précise Ursula Regehr.Certains de ces échanges ont été filmés et sont projetés avec sous-titres sur un des murs de la salle d'exposition. Ils ont notamment permis de mieux comprendre la signification originale des bronzes béninois, comme l'explique l'ethnologue suisso-nigériane Zainabu Jallo :« Nous avons reçu des héritiers de la communauté du Royaume du Bénin et ils ont clairement identifié ces objets comme des pièces sacrées qui ornaient les autels de leurs ancêtres. Ce genre d'explication nous amène à penser qu'ils devraient retourner à leur emplacement d'origine. »À lire aussiL'Allemagne restitue vingt bronzes au NigeriaLa restitution se fait au cas par casMais comment procéder et faut-il tout restituer ? À travers des conférences organisées une fois par mois dans la salle d'exposition de la collection béninoise, le Musée des cultures de Bâle invite le public à se poser la question, comme explique la directrice du musée, Anna Schmid :« Par exemple, on a eu le cas d'œuvres qui ont été rendus au Sri Lanka suite à une demande de restitution. Mais on a aussi eu le cas de la collection Hiva Oa, dont la Polynésie française n'a pas réclamé la restitution, mais a demandé de pouvoir nous l'emprunter, car ils ne se sentent pas capables de la prendre en charge pour le moment. Donc il s'agit de rester ouvert à toutes les solutions qui peuvent permettre la circulation des œuvres. »Pour le moment, le Musée des cultures de Bâle n'a pas reçu de demande officielle de restitution des bronzes béninois. L'exposition Sous les yeux de tous : Bénin, Nigeria est visible à Bâle jusqu'au 7 mai 2025.À lire aussiArts: l'Allemagne, avec l'accord du Nigeria, expose les bronzes du BéninÀ lire aussiFrance: le report de la loi sur la restitution du patrimoine inquiète en Afrique de l'ouest
Depuis l'arrivée de l'électricité solaire en 2021, le village de Mangily, dans le sud-ouest de Madagascar, s'est transformé. L'éclairage public a renforcé la sécurité, tandis que l'accès à l'électricité a stimulé une économie nocturne florissante, portée par bars, karaokés et concerts. Devenu une destination prisée des touristes, Mangily illustre le potentiel de l'énergie solaire dans une région encore en quête de reconnaissance. De notre correspondante à Mangily,Dès la tombée de la nuit, Mangily s'anime. La musique s'échappe des bars de quartier, tandis que des néons clignotants roses et verts jalonnent sur plusieurs kilomètres la route nationale 9, véritable cœur de l'activité nocturne du village.Accoudé au comptoir, Frédéric savoure une THB fraîche, la bière emblématique de Madagascar. Il se remémore des vendredis soir bien différents : « Sans électricité, c'était une ville morte et ennuyeuse. Maintenant, les rues sont éclairées, il y a des boissons toujours fraîches, et les jeunes du coin ont des lieux pour venir danser tous les jours ! »À écouter aussiÉlectrification en Afrique: un immense retard à rattraperDes nuits allongées grâce à l'électricitéÀ Mangily, la vie ne s'arrête jamais, même en basse saison touristique. Un groupe d'habitués franchit les portes du Pata Pata, une scène de concerts devenue incontournable dans le sud-ouest de l'île. « À chaque fois qu'on avait des concerts, avant, ça coupait en plein milieu de l'ambiance. Et maintenant, c'est nous-mêmes qui coupons. Ça dure jusqu'au petit matin », lance l'un deux.L'arrivée de l'électricité a transformé les nuits du village. Francis Randriambolona, gérant du Pata Pata, a enfin pu investir dans une sonorisation performante, bien trop gourmande en énergie pour les groupes électrogènes autrefois indispensables. « Il y a quelques artistes qui viennent de loin et qui ont un peu plus de matériel musical. Ils exigent de l'énergie. Depuis l'arrivée de l'électricité, il y a beaucoup de gens qui ont envie de venir, surtout des artistes des hauts plateaux : par exemple les chanteurs Radjery ou Dama, qui sont tous des gens connus à Madagascar et au Pata Pata. Alors, vous n'imaginez pas notre bonheur ! »À lire aussiLe système d'échange d'énergie électrique ouest-africain progresse malgré les difficultésUn tourisme encore en quête de dynamismeMais pour tirer pleinement parti de cette avancée, la région doit encore exploiter son potentiel. Odilon Ranaivoson, président du conseil d'administration de l'office de tourisme de l'Atsimo-Andrefana, insiste sur la nécessité d'attirer davantage d'investisseurs :« L'électricité ne fait pas tout. On est à la traîne, on est comme les oubliés du tourisme à Madagascar. Aujourd'hui, il faut que la région devienne beaucoup plus attractive. À notre charge de faire venir les investisseurs et de dire ''Vous avez des délestages là-bas ? Nous, on n'en a pas ici''. »À lire aussiFatih Birol, patron de l'AIE: «Les énergies renouvelables doivent être la priorité pour l'Afrique»
« La France et l'Algérie doivent refonder leur relation », a déclaré, mardi 21 janvier, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, qui a regretté « les dérives actuelles du gouvernement algérien ». Mais comment réconcilier deux pays qui sont au bord de la rupture diplomatique depuis six mois ? La réponse d'Akram Belkaïd, qui a été chroniqueur au Quotidien d'Oran, et qui est aujourd'hui rédacteur en chef au Monde diplomatique, à Paris. Il livre son analyse au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : La discrète visite à Alger la semaine dernière du patron de la DGSE, c'est-à-dire des services secrets français, est-ce que c'est le signe que l'escalade entre Paris et Alger est en train de s'arrêter ? Akram Belkaïd : Alors, je ne sais pas si l'escalade s'arrête. C'est au moins un signe de pragmatisme entre les deux parties. Parce que quel que soit l'état des relations, l'actualité fait que les pays ont besoin de se parler. Les services secrets ont besoin de se parler. Je pense au Proche-Orient notamment, les désordres qui naissent de la chute du régime de Monsieur Bachar el-Assad. Une vraie question.Beaucoup craignent, depuis la Syrie, le retour en France ou en Algérie de plusieurs dizaines de jihadistes franco-algériens. Est-ce que c'est un sujet d'inquiétude que peuvent partager Alger et Paris ? Paradoxalement, c'est un sujet très peu évoqué par les médias dans les deux pays. On sait très bien que l'actuelle situation en Syrie est absolument incertaine. Il se pourrait que le nouveau régime décide de libérer ces personnes détenues. Donc effectivement, il y a une nécessité pour les autorités algériennes comme pour les autorités françaises de continuer à regarder ça de près.Alors, cette guerre froide entre Paris et Alger depuis six mois, tout est parti de la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara, c'était en juillet dernier. Aussitôt, l'Algérie a arrêté toute coopération économique et commerciale avec la France. Et puis, au mois de novembre, elle a arrêté l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Jusqu'où Alger peut-il aller dans sa politique de représailles contre Paris ? C'est la vraie question. On parle de deux pays qui ont des liens importants. Il y a un va-et-vient constant de la population malgré les questions de visa. Vous avez un certain nombre d'entreprises françaises, de petites PME qui réalisent une partie de leur chiffre d'affaires conséquent en Algérie. Donc, effectivement, on se demande si on va malheureusement ou pas vers la rupture des relations diplomatiques, qui serait vraiment dommageable pour des dizaines de milliers de gens qui assistent impuissants à cette dérive.Je pense que, en fait, on est dans une séquence qui est bien plus ancienne, qui est le résultat de l'incapacité des deux régimes, Alger comme Paris depuis au moins une vingtaine d'années, depuis le milieu de la présidence de Jacques Chirac, une incapacité à penser le XXIᵉ siècle commun et à imaginer ce que pourraient être les relations franco-algériennes. C'est-à-dire que ces relations mériteraient un vrai travail de réflexion, une vraie stratégie, et pas simplement ce que j'appelle des ornements mémoriaux, de la discussion sur la mémoire, sur la guerre d'Algérie, alors qu'en fait, il y a tout un ensemble de choses qui auraient pu être abordées. Ça avait été esquissé entre Chirac et Bouteflika, ça n'a pas été fait pour diverses raisons et je crois que, depuis cette époque, ces deux pays se cherchent une table et un langage commun qu'ils n'arrivent pas à trouver. Ça crée des impatiences de part et d'autre. Et j'ajouterais aussi qu'il y a des réseaux d'amitié qui ont disparu. Il y a des personnalités consensuelles des deux côtés de la Méditerranée, qui ne sont plus là, qui ont disparu. Donc il y a tout ce travail souterrain qui a été fait dans le passé, qui consistait à arranger les problèmes, à trouver des solutions. Tout cela s'est érodé au fil du temps et on voit bien qu'il y a un vide aujourd'hui, que la relation franco-algérienne institutionnelle est caractérisée par un vide sidérant, parce que les deux parties n'ont pas réfléchi à la manière dont elles pourraient le combler.Il y a quelques semaines, le gouvernement algérien a renvoyé un influenceur algérien qui venait d'être expulsé du territoire français pour avoir appelé à tuer un opposant au régime d'Abdelmadjid Tebboune. Bruno Retailleau, le ministre français de l'Intérieur, a aussitôt accusé l'Algérie de vouloir humilier la France. Est-ce que vous craignez des mesures de rétorsion de la part de Paris ? Il est clair que cet influenceur, qui vit en France, mais qui professe des discours anti-français, c'est totalement paradoxal et inadmissible. J'ajoute que c'est très étonnant aussi de voir le gouvernement français se réveiller aussi tard. Il aurait fallu sévir bien plus tôt, mais de là à parler d'humiliation, on voit bien que c'est juste un jeu de ping-pong entre les deux, ce sera à celui qui embêtera le plus l'autre. Et on se demande à quel point cette crise est instrumentalisée à des fins de politique intérieure française ou à des fins de politique intérieure algérienne. Mais encore une fois, il ne faut pas se tromper, ça continuera, on aura d'autres soucis. Et indépendamment de la question du Maroc, il y a le refus, en tout cas l'incapacité des deux capitales à essayer de trouver un acte fondateur d'une redéfinition de ce que seraient les relations franco-algériennes. Et tant que ce ne sera pas fait, on continuera à avoir des crises à répétition entre Paris et Alger.À lire aussiLe chef de la diplomatie française «prêt à aller à Alger pour échanger avec les autorités»
Un peu partout, le réseau social TikTok est de plus en plus dans le viseur des gouvernements. Accusée d'espionnage aux États-Unis, au cœur d'une enquête après des soupçons d'ingérence dans les élections en Roumanie, la plateforme chinoise est visée par des interdictions partielles ou totales. L'Albanie a ainsi décidé de bloquer pendant un an l'application. Le Premier ministre reproche à l'algorithme d'encourager la violence chez les plus jeunes. Mais la mesure ne fait pas l'unanimité. Emmitouflé dans sa doudoune, avec sa capuche sur la tête, Amarildo, 17 ans, attend des amis à la sortie de son lycée situé dans le centre de Tirana, capitale de l'Albanie. Les yeux rivés sur l'écran de son smartphone, cet élève de terminale fait défiler des vidéos de voitures et des scènes de rue :« Voilà, c'est ça TikTok. C'est le réseau qu'on utilise le plus, nous les jeunes. Là, tu reçois des likes, des vues. Là, j'en ai reçu 63 000. Là, c'est 2 000, ça dépend de la vidéo et de comment elle devient virale, combien de gens la regardent. On met de la musique avec la vidéo et je montre où je suis et ce que je fais avec mes potes. »Fin décembre, le Premier ministre albanais, Edi Rama, a annoncé la fermeture pour un an de la célèbre plateforme chinoise. Une décision qui survient quelques semaines après qu'un élève de 14 ans a été poignardé à mort près d'une école de la capitale.Contenu violent ou inapproprié, soupçons d'ingérence chinoise... Plus de 20 pays dans le monde ont déjà interdit ou limité l'accès à TikTok. En Albanie, le Premier ministre assure avoir pris la décision après une série de concertations avec les parents d'élèves et l'administration scolaire. Mimi Kodheli, députée de la majorité socialiste et présidente de la commission des Affaires étrangères, affirme :« TikTok est un outil de communication sans filtre. Il rend accessible aux plus jeunes des scènes de violence qui deviennent parties prenantes de leur éducation. Les familles nous ont demandé avec insistance de trouver un moyen de bloquer l'accès des mineurs à TikTok notamment. »À lire aussiLe sort de TikTok aux États-Unis devant la Cour suprême américaineUne interdiction qui divise, dans la société comme en politiqueDepuis son annonce, cette interdiction – qui doit commencer en ce début d'année, à une date encore inconnue – alimente les polémiques au sein de la société albanaise. Beaucoup d'entrepreneurs qui font leur publicité sur TikTok redoutent des pertes de revenus. De leur côté, les partis d'opposition accusent le gouvernement d'entraver la liberté d'expression. Surtout que d'importantes élections parlementaires auront lieu au printemps. Redi Muçi est l'un des militants du mouvement Ensemble, un parti de gauche qui dénonce l'autoritarisme et les conséquences sociales des politiques libérales d'Edi Rama :« Des élections législatives ont lieu le 11 mai prochain, et c'est assurément une des raisons pour lesquelles le Premier ministre a choisi exactement ce moment pour interdire l'un des réseaux sociaux les plus utilisés par le public albanais, et une plateforme très importante pour un jeune parti comme nous. C'est purement et simplement de la censure. Le Premier ministre contrôle les médias traditionnels. Il peut manipuler les autres réseaux comme Facebook ou Instagram et là, il choisit de bloquer le seul sur lequel il n'a pas d'influence. »Alors que l'interdiction de TikTok devrait entrer en vigueur dans les prochaines semaines, le gouvernement assure que ce blocage ne devrait durer qu'une année. Le temps de trouver une solution technique pour empêcher son utilisation par les moins de 18 ans.À lire aussiLemon8, la petite sœur de TikTok, émerge lentement mais sûrement