Podcasts about territoires palestiniens

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Reportage International
«Disillusioned», un podcast qui donne la parole aux Israéliens qui dénoncent l'oppression des Palestiniens

Reportage International

Play Episode Listen Later May 25, 2025 2:40


Si la guerre à Gaza a montré combien le vernis de la civilisation était fin, certains tentent de montrer que l'inverse est aussi vrai. Le cycle de la haine peut être renversé, et c'est ce que donne à entendre le podcast israélien Disillusioned qui donne la parole à d'anciens colons ou soldats sortis de la spirale de la violence. Parfois, il suffit d'une seule rencontre pour que tout bascule. Amira Souilem a rencontré Yahav Erez, la fondatrice de ce podcast à Tel Aviv. Après avoir été une fervente partisane de la politique israélienne, elle œuvre désormais pour une ONG de défense des droits de l'homme et espère que ses compatriotes seront plus nombreux à ouvrir les yeux sur ce que vivent les Palestiniens. De notre correspondante à Tel Aviv,Ils se surnomment « les désillusionnés ». Ce sont les désabusés du rêve israélien. « Je m'appelle Yahav. Je suis née et j'ai été élevée en tant qu'Israélienne et sioniste. Depuis quelques années, je me pose des questions sur le récit que l'on m'a fait de cette terre et de ceux qui la peuplent. »Au micro de Yahav Erez, 34 ans, d'anciens soldats et d'anciens colons s'expriment. « Je ne voyais pas les Palestiniens comme des individus. Même les bébés. Certains Israéliens comme moi étaient extrêmes et pouvaient même se réjouir du meurtre d'un bébé », confie l'un. « On pensait que les Palestiniens voulaient nous tuer parce qu'ils sont antisémites et qu'il fallait donc bâtir un mur de fer pour se protéger », lâche un autre.Le point commun entre tous les invités : un rejet désormais catégorique de la violence. Loin de la clinquante promenade de Tel Aviv, Yahav Erez, fondatrice du podcast Disillusioned, donne rendez-vous dans un quartier habité par la classe moyenne israélienne.« J'ai découvert l'occupation à 30 ans »« Je me suis rendue compte de ce que signifiait l'occupation à 30 ans, quand j'ai commencé à aller en Cisjordanie pour la première fois et à voir la situation de mes propres yeux. Non pas en tant que soldat ou colon, comme c'est le cas pour la plupart des Israéliens, mais en tant qu'invitée chez des Palestiniens. Comprendre à quoi ressemble leur vie depuis leur point de vue est vraiment très choquant. Tout ce système qui vise à oppresser les Palestiniens est fait en notre nom, pour nous protéger soi-disant, et cela m'a rendue furieuse », explique-t-elle.Yahav Erez va jusqu'à parler d'endoctrinement de la société israélienne. Une emprise mentale renforcée, selon elle, par le service militaire : « Un officier militaire qui combattait à Gaza m'a écrit par exemple pour me dire qu'il avait écouté tous les podcasts et qu'il était confus désormais, qu'il ne savait plus quoi faire. On a commencé à correspondre, et quelques mois après – je ne veux pas dire que je suis la seule impliquée dans cette décision –, il a décidé de ne plus servir. Je fais ce podcast pour que ces gens-là ne se sentent pas seuls, mais ça va même plus loin que cela. Je le fais pour qu'ils n'aient pas l'impression d'être fous, parce que les Israéliens qui s'érigent contre le génocide à Gaza, leur entourage va leur dire qu'ils sont fous de penser cela. Peut-être que ce podcast sera écouté par des jeunes de 17 ans sur le point de rejoindre l'armée et qu'il les empêchera de commettre des crimes. »L'interview s'arrête là. Yahav Erez doit partir. Ce soir-là, elle se rend à une manifestation pour les enfants de Gaza.À lire aussiIsraël: les manifestants augmentent la pression sur Benyamin Netanyahu pour la fin de la guerre

Revue de presse internationale
À la Une: bombarder et négocier…

Revue de presse internationale

Play Episode Listen Later May 19, 2025 4:22


Une forme de « en même temps » :« Gaza : Israël passe à l'offensive… et poursuit les négociations », constate La Croix à Paris.« Israël lance une vaste opération militaire à Gaza, au milieu de pourparlers de très incertains », renchérit L'Orient-Le Jour à Beyrouth.En effet, précise le quotidien libanais, « l'État hébreu annonce le début d'une offensive d'ampleur "Les chars de Gédéon", peu avant la tenue à Doha d'un nouveau cycle de négociations indirectes. »En fait, pointe le journal, « Israël poursuit la même stratégie depuis plus d'un an et demi : affamer Gaza et utiliser aux frappes militaires pour obtenir du Hamas un cessez-le-feu provisoire et libérer davantage d'otages, sans mettre fin à la guerre, et mener une réoccupation plus vaste de l'enclave. »Libération à Paris a fait les comptes : l'armée israélienne a lancé « 670 frappes dans l'espace d'une semaine. » Bilan : « au moins 462 Palestiniens tués, selon les autorités de l'enclave, dont 344 ces trois derniers jours. »Au même moment, constate notamment Le Soir à Bruxelles, alors qu'aucune aide humanitaire n'est entrée dans l'enclave depuis le 2 mars, «  Israël va autoriser l'entrée d'une « quantité de base de nourriture ». L'État hébreu veut "éviter le développement de la famine dans l'enclave", explique le premier ministre Benyamin Netanyahou.  »Il faut dire, complète le New York Times, que « certains militaires israéliens ont conclu, en privé, que les Palestiniens de Gaza risquaient de souffrir d'une famine généralisée si les livraisons d'aide n'étaient pas rétablies dans les semaines à venir. »Violations et pas de sanctions…Le Temps à Genève énumère les violations du droit international humanitaire dont l'État hébreu se rend coupable dans l'enclave palestinienne : absence d'approvisionnement (article 55 de la Convention de Genève), blocage de l'aide humanitaire (article 59), destruction de biens civils (article 53), attaques disproportionnées (article 57), déplacements forcés et transferts de population (article 49), interdiction de visite des puissances protectrices du Comité international de la Croix-Rouge (article 143).Pour autant, si certains pays donnent de la voix, pas de condamnation unanime et encore moins de sanctions… « Guerre à Gaza : les alliés d'Israël face au risque de la complicité  », prévient Le Monde à Paris. « Face à l'horreur des événements dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, les organisations humanitaires, les défenseurs des droits humains, avocats, professeurs, intellectuels, artistes, et responsables des Nations unies, demandent aux États d'agir et de ne pas se rendre complices des crimes en cours. (…) La répugnance des États occidentaux à prendre des mesures concrètes contre l'État hébreu les expose à des poursuites pour manquement à leurs obligations internationales.  »Dans la presse internationale, les commentaires se multiplient ces derniers jours. A l'instar de cette supplique lancée hier par un chroniqueur du Sunday Times hier à Londres : « j'ai pleuré les victimes du 7-Octobre, écrit-il. Mais qui parmi nous ne pleure pas aussi les victimes de Gaza ? Critiquer le gouvernement israélien n'est pas antisémite ; c'est le service le plus pro-israélien qu'un ami de cette nation rendre puisse. C'est pourquoi je dis aux Israéliens, après des centaines de morts supplémentaires la dernière semaine et alors que des enfants désespérés cherchant les déclins à la recherche de restes de nourriture, arrêtez. Pour leur bien comme pour le vôtre, arrêtez, s'il vous plaît.  »«  La preuve que tout le monde ne nous déteste pas  »En Israël, l'opinion est partagée… à l'image de ce qu'on peut lire dans la presse. Pour Haaretz, quotidien d'opposition, «  la seule voie vers l'avenir d'Israël est d'arrêter la destruction de Gaza – maintenant !  » Il faut parvenir «  à un accord global visant à rapatrier les otages, à mettre fin à la guerre, à retirer les troupes de Gaza, à permettre l'acheminement de l'aide humanitaire, à engager la reconstruction et à lancer un effort diplomatique international pour apporter des changements profonds dans la région, y compris sur la question palestinienne.  »A contrario, le Jerusalem Post consacre son éditorial à Yuval Raphael… Cette chanteuse de 24 ans, rescapée des massacres du 7-Octobre, arrivée 2e au concours de l'Eurovision samedi soir. «  Yuval Raphael symbole de l'étonnante résilience d'Israël  », s'exclame le Jerusalem Post . Elle «  est arrivée en tête des votes du public. Preuve que la position mondiale d'Israël, décrite souvent comme étant en chute libre, n'est pas aussi désastreuse que nous l'imaginons. (…) C'est la preuve, poursuit le Jerusalem Post, qu'en dépit des résolutions de l'ONU, des appels au boycott et des condamnations réflexes de nombreux hommes politiques européens (Emmanuel Macron, nous vous regardons), c'est la preuve que tout le monde ne nous déteste pas.  »

Invité de la mi-journée
Israël pilonne Gaza: «C'est du terrorisme d'État qu'on subit»

Invité de la mi-journée

Play Episode Listen Later May 19, 2025 9:42


Israël a annoncé ce lundi son intention de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza, où au moins 52 Palestiniens ont été tués dans les bombardements incessants de son armée sur le territoire dévasté par la guerre selon les secours. Comment vit-on et comment survit-on à Gaza ? Entretien avec le journaliste Rami Abou Jamous, témoin de l'enfer de Gaza, triple lauréat du prix des correspondants de guerre de Bayeux. RFI : Vous et votre famille, comme la quasi-totalité des habitants de Gaza, vous avez dû fuir à plusieurs reprises. Aujourd'hui, où vivez-vous et dans quelles conditions ? Rami Abou Jamous : Aujourd'hui, on est de retour au nord, on est dans notre appart, dans Gaza-ville, et on vit comme les 2,3 millions de Palestiniens qui vivent un massacre et des boucheries tous les jours. Surtout la semaine dernière ou depuis cinq jours à peu près, exactement quand Trump a commencé à faire sa visite dans les pays du Golfe, et Netanyahu apparemment voulait montrer au monde entier que ce n'est pas Trump qui décide surtout après la libération du prisonnier israélo-américain Edan Alexander, et c'est une guerre sans pitié. Du coup, ils ont intensifié les bombardements. Tous les jours, il y a plus de 100 morts, chaque jour, et surtout la nuit. L'intensification des bombardements, c'est au nord de la bande de Gaza, dans le quartier de Beit Lahya, et aussi à l'est de la ville de Khan Younès. Là, on va voir qu'ils ont demandé l'évacuation de toute la ville de Khan Younès. Les habitants de Khan Younès, ils sont à peu près 500 000, avec des déplacés de la ville de Rafah, qui sont obligés de quitter la ville parce que ça a été occupé totalement par les Israéliens. Et donc, on parle à peu près entre 600 et 700 000 personnes qui doivent évacuer. Et justement, c'est cette situation qui créé la panique, la peur chez les gens.Et surtout maintenant, les déclarations sont bien claires. Avant, le vrai but de la guerre était d'éradiquer le Hamas, libérer les prisonniers. Aujourd'hui, on le voit clairement, c'est déplacer 2,3 millions de personnes pour les faire virer de Gaza à l'étranger. Même Smotrich, ce matin, le ministre des Finances du gouvernement d'extrême droite israélien, le dit et le répète, il faut que toute la population de Gaza parte. Et pour aboutir à ce but-là, c'est la famine et c'est le bombardement 24 sur 7, et surtout l'incursion terrestre avec la nouvelle opération des « chariots de Gédéon ». Et malheureusement que des massacres et que de la terreur, c'est vraiment du terrorisme d'État qu'on est en train de subir avec une armée qui ne fait pas de distinction. À l'heure où je vous parle, il y a une école qui a été bombardée, on parle de sept morts. Et malheureusement aussi, il y a une maison de la famille Al Koukh qui a été bombardée, il y a cinq minutes, au centre-ville de Gaza et on parle jusqu'à présent de sept personnes qui ont été tuées suite à cette frappe. Et encore, il y en a encore beaucoup qui sont toujours sous les décombres parce qu'il n'y a pas les moyens de les faire sortir.  À lire aussi«On ne voit pas la finalité politique de ce massacre, si ce n'est de vider la bande de Gaza», selon Agnès LevalloisIl n'y a plus de secouristes, il n'y a plus d'hôpitaux ? Des secouristes existent, mais malheureusement, il n'y a pas de matériel parce que le matériel a été bombardé. Tout ce qui est bulldozer et matériel lourd a été bombardé par l'armée israélienne. Et donc maintenant, ce qu'ils font pour faire sortir les gens de sous les décombres, c'est avec les mains et les pieds, avec les marteaux, avec des haches, et vraiment de façon manuelle, parce qu'il n'y a pas le matériel pour le faire. Et malheureusement, il y a des centaines de personnes qui sont toujours sous les décombres depuis le premier jour de la guerre jusqu'à présent, faute de moyens et faute qu'ils sont toujours dans des zones qui sont occupées par l'armée israélienne dont on ne peut pas avoir accès, malheureusement ils sont toujours sous les décombres, et avec des conditions de vie très dures, la famine s'est presque implantée, on est dans la malnutrition. Aujourd'hui, le chef de l'OMS dit que deux millions de personnes sont affamées à Gaza. Vous le notez dans l'un des articles que vous publiez pour le média Orient 21. Vous, vous l'avez observé, la famine s'installe déjà ? Oui. Ce n'est pas que je l'ai observée, on la vit. Nous, on est un peu dans la malnutrition parce que moi, j'ai quelques moyens pour acheter un peu de farine. La dernière fois, j'ai acheté le sac de farine de 25 kilos à 1 000 €. Mais la majorité de la population de Gaza n'a pas cette possibilité-là. Toute la population de Gaza dépend d'aides humanitaires et, malheureusement, cette aide humanitaire n'entre pas depuis plus de 70 jours. La population de Gaza dépend aussi de ce qu'on appelle des cuisines communautaires, les takiyas. Et ces quelques takiyas qui restent à fonctionner, elles ont été bombardées plusieurs fois par l'armée d'occupation. Malgré ça, on voit tous les jours les gens, les enfants, des femmes, qui font la queue juste pour avoir au meilleur des cas un plat de lentilles parce qu'à part les boîtes de conserves et les lentilles, il n'y a rien à manger.Moi, personnellement, en ayant les moyens, on a droit juste à deux plats, une pita de pain, un le matin et un le soir pour moi et ma femme, on laisse un peu pour les enfants parce qu'il n'y a pas suffisamment de farine. Là, aujourd'hui, on a pu acheter, mais après on ne peut pas savoir si on peut acheter ou pas, et surtout un seul plat. Et nous, on a de la chance de ne pas passer par les takiyas. Donc, un seul plat, on fait des boîtes de conserve, mais la majorité de la population, ils sont dans la famine. Surtout les enfants, ils sont les plus vulnérables, ils n'arrivent pas à avoir à manger. Les gens, ils sont sur-épuisés, que ce soit physiquement ou moralement ou psychologiquement, à cause de la famine, à cause des bombardements 24 sur 7, à cause des déplacements à chaque fois. Là, vous avez mentionné qu'il y a deux heures, trois heures, ils ont fait un appel d'évacuation de toute la ville de Khan Younès, mais malheureusement, ces gens-là, ils sont dans la panique, ils ne savent pas quoi faire. Il y en a beaucoup qui ont pris la décision de rester parce qu'ils savent qu'il n'y a pas un endroit sûr et que surtout dans la carte qui a été diffusée pour l'évacuation, ils demandent aux gens d'aller à al-Mawasi. Al-Mawasi avant, l'armée d'occupation utilisait le mot humanitaire, aujourd'hui, il ne l'utilise plus parce que justement, c'est plus humanitaire, c'est bombardé 24 sur 7. La semaine dernière, tous les bombardements, tous les raids, toutes les frappes israéliennes, ils étaient sur cette zone-là, sur les tentes des déplacés. À lire aussiGuerre à Gaza: l'isolement diplomatique d'Israël est «très grave» selon Denis CharbitLes gens reçoivent des messages d'évacuation, mais pour aller où ? Justement, il n'y a pas un endroit. Déjà, il n'y a pas un endroit pour s'abriter parce que toutes les zones plus au nord considérées sûres ont été bombardées. Au début, les gens, ils allaient dans les hôpitaux en croyant que c'est un endroit sûr et qu'ils avaient la protection du droit international humanitaire, qu'ils ne vont pas viser les hôpitaux, ça a été bombardé, ça a été attaqué. Les écoles de l'Unrwa en considérant que les Nations unies, c'est un peu cher, donc on ne peut pas y aller, ou bien viser les établissements de l'Unrwa, agence onusienne, et malheureusement ça a été bombardé, ça a été attaqué. La zone humanitaire où les Israéliens prétendent que l'on peut s'installer en sécurité, malheureusement, ce n'est pas le cas, c'est bombardé 24 sur 7. Et surtout, il n'y a pas d'endroit, il n'y a pas de place. Les écoles sont pleines, les hôpitaux pareils. Les gens, ils sont dans la rue. Et quand je dis dans la rue, c'est vraiment dans la rue. Il y a eu ceux qui ont de la chance, ils ont une tente qu'ils ont amenée avec eux parce qu'ils se sont déplacés plusieurs fois. Il y en a d'autres qui mettent des bâches, il y en a d'autres qui mettent quelques draps, il y en a d'autres qui passent la nuit dans des voitures. Donc, des conditions de vie « Gazastrophiques », c'est une catastrophe, du jamais vu qu'à Gaza. Et tout ça, sous des bombes 24 sur 7. Est-ce que vous, vous avez déjà envisagé de partir ? Non, non. Nous, on a reçu un ordre d'évacuation il y a trois jours pour notre quartier, le quartier de Al Iman Sud. On était plusieurs, on était sur les réseaux sociaux, il y avait la carte publiée par l'armée d'évacuation de ce quartier, et moi, j'ai pris cette décision de rester, mais je ne suis pas le seul, il y a la quasi-totalité de nos voisins, ils ont pris la même décision. Déjà parce qu'on ne sait pas où aller. Deuxièmement, on a vécu l'expérience de ces déplacements, c'est de la pure humiliation et surtout que maintenant, même si on veut aller au sud, ce sud-là, il est la cible de frappes israéliennes depuis presque 20 jours et c'est 24 heures sur 7. Donc, on s'est dit, on va rester, on assume, et là, on est resté. On va affronter notre sort avec un peu de courage parce qu'il n'y a pas un endroit où partir. Pour le moment, tant qu'il n'y a pas de soldats sur le sol autour de nous, on a pris cette décision, mais le jour où on va être encerclé comme ça s'est passé avec nous au mois de novembre 2023, on était obligé de partir, parce que sinon ça allait être un suicide, mais là pour le moment, on a pris une décision de rester. 

Reportage International
Cisjordanie occupée: pour les Palestiniens du camp d'Askar, la situation à Gaza est une continuation de la Nakba

Reportage International

Play Episode Listen Later May 18, 2025 2:35


C'était il y a 77 ans : la création de l'État d'Israël. Joie et fierté pour les juifs qui voient leur rêve d'État se concrétiser. Accablement pour les populations arabes sur place. La semaine dernière, les Palestiniens commémoraient ce qu'ils appellent la « Nakba », la « catastrophe » en français, en référence à l'exode et à l'expulsion de plus de 800 000 Palestiniens de leurs terres après la création de l'État d'Israël. Ce fut le cas hier, notamment dans le camp de réfugiés d'Askar aux abords de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Pour les Palestiniens rencontrés sur place par RFI, la situation à Gaza est une continuation de cette histoire tragique. De notre envoyée spéciale à Naplouse,Jusqu'à la dernière minute, un doute planait sur la tenue des commémorations de la Nakba. Le matin même, les forces spéciales israéliennes ont investi le camp de réfugiés voisin de Balata. Elles viennent de se retirer. La fanfare démarre. Des centaines de personnes défilent dans les rues du camp d'Askar. Parmi eux, de nombreux enfants et de jeunes habillés en tenue d'époque. « On est habillés comme nos ancêtres qui ont été déracinés en 1948 pendant la Nakba. Quand on les a fait sortir de leurs terres, ils étaient habillés comme ça. Mes grands-parents vivaient leurs vies normalement dans la ville de Lod quand des milices sionistes leur ont demandé de partir trois jours seulement. Ils avaient promis de les faire revenir. Mes grands-parents sont partis et, 77 ans plus tard, ils ne sont toujours pas rentrés », témoigne Jamil, un grand adolescent qui arbore une longue jellaba et un keffieh. Un petit train arrive plein à craquer. « Ce train symbolise la Nakba et le fait qu'on veut rentrer chez nous. C'est aussi pour que les enfants puissent s'amuser et qu'ils n'oublient pas nos villes, Jaffa et Haïfa. On ne doit pas les oublier. Mes grands-parents m'ont raconté que ce sont de belles villes et qu'on a une maison là-bas. J'espère qu'on pourra y retourner un jour », explique Qacem, 15 ans. Jaffa et Haïfa se situent désormais en Israël. Dans la foule, certains enfants brandissent aussi des armes ou des clefs en cartons. Le message est clair et assumé ici : le « droit au retour » se fera coûte que coûte. Pour Samer Al Jamal, qui supervise les programmes scolaires au ministère palestinien de l'Éducation nationale, transmettre la mémoire de la Nakba est crucial. « Au sein du ministère de l'Éducation nationale, nous faisons en sorte que le récit palestinien des événements soit présent dans les programmes scolaires. On organise aussi des évènements dans nos écoles. Des activités, des festivals, tout ce qui est en notre pouvoir pour que ces élèves continuent d'être attachés à cette terre. Les Israéliens ont cru que les anciens allaient mourir et que les plus jeunes allaient oublier. Cette génération n'oubliera pas la terre de ses grands-parents et de ses ancêtres. Chaque génération se passera le flambeau du souvenir », estime-t-il.Sur les banderoles ou dans les discours, une phrase revient sans cesse : la « Nakba continue ». Ghassan Daghlas, gouverneur de Naplouse en explique la signification : « La Nakba continue, oui. Tant que l'occupation perdure, la Nakba continue. Tant que l'injustice se maintient vis-à-vis du peuple palestinien, alors la Nakba continue. On espère que cette injustice cessera et que le peuple palestinien pourra accéder à son rêve d'État indépendant avec Jérusalem comme capitale. » Quelques heures après cette cérémonie, on apprenait qu'Israël lançait sa vaste offensive terrestre sur Gaza. À lire aussiEn Cisjordanie occupée, la mémoire de la Nakba perpétuée

Reportage international
Cisjordanie occupée: pour les Palestiniens du camp d'Askar, la situation à Gaza est une continuation de la Nakba

Reportage international

Play Episode Listen Later May 18, 2025 2:35


C'était il y a 77 ans : la création de l'État d'Israël. Joie et fierté pour les juifs qui voient leur rêve d'État se concrétiser. Accablement pour les populations arabes sur place. La semaine dernière, les Palestiniens commémoraient ce qu'ils appellent la « Nakba », la « catastrophe » en français, en référence à l'exode et à l'expulsion de plus de 800 000 Palestiniens de leurs terres après la création de l'État d'Israël. Ce fut le cas hier, notamment dans le camp de réfugiés d'Askar aux abords de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Pour les Palestiniens rencontrés sur place par RFI, la situation à Gaza est une continuation de cette histoire tragique. De notre envoyée spéciale à Naplouse,Jusqu'à la dernière minute, un doute planait sur la tenue des commémorations de la Nakba. Le matin même, les forces spéciales israéliennes ont investi le camp de réfugiés voisin de Balata. Elles viennent de se retirer. La fanfare démarre. Des centaines de personnes défilent dans les rues du camp d'Askar. Parmi eux, de nombreux enfants et de jeunes habillés en tenue d'époque. « On est habillés comme nos ancêtres qui ont été déracinés en 1948 pendant la Nakba. Quand on les a fait sortir de leurs terres, ils étaient habillés comme ça. Mes grands-parents vivaient leurs vies normalement dans la ville de Lod quand des milices sionistes leur ont demandé de partir trois jours seulement. Ils avaient promis de les faire revenir. Mes grands-parents sont partis et, 77 ans plus tard, ils ne sont toujours pas rentrés », témoigne Jamil, un grand adolescent qui arbore une longue jellaba et un keffieh. Un petit train arrive plein à craquer. « Ce train symbolise la Nakba et le fait qu'on veut rentrer chez nous. C'est aussi pour que les enfants puissent s'amuser et qu'ils n'oublient pas nos villes, Jaffa et Haïfa. On ne doit pas les oublier. Mes grands-parents m'ont raconté que ce sont de belles villes et qu'on a une maison là-bas. J'espère qu'on pourra y retourner un jour », explique Qacem, 15 ans. Jaffa et Haïfa se situent désormais en Israël. Dans la foule, certains enfants brandissent aussi des armes ou des clefs en cartons. Le message est clair et assumé ici : le « droit au retour » se fera coûte que coûte. Pour Samer Al Jamal, qui supervise les programmes scolaires au ministère palestinien de l'Éducation nationale, transmettre la mémoire de la Nakba est crucial. « Au sein du ministère de l'Éducation nationale, nous faisons en sorte que le récit palestinien des événements soit présent dans les programmes scolaires. On organise aussi des évènements dans nos écoles. Des activités, des festivals, tout ce qui est en notre pouvoir pour que ces élèves continuent d'être attachés à cette terre. Les Israéliens ont cru que les anciens allaient mourir et que les plus jeunes allaient oublier. Cette génération n'oubliera pas la terre de ses grands-parents et de ses ancêtres. Chaque génération se passera le flambeau du souvenir », estime-t-il.Sur les banderoles ou dans les discours, une phrase revient sans cesse : la « Nakba continue ». Ghassan Daghlas, gouverneur de Naplouse en explique la signification : « La Nakba continue, oui. Tant que l'occupation perdure, la Nakba continue. Tant que l'injustice se maintient vis-à-vis du peuple palestinien, alors la Nakba continue. On espère que cette injustice cessera et que le peuple palestinien pourra accéder à son rêve d'État indépendant avec Jérusalem comme capitale. » Quelques heures après cette cérémonie, on apprenait qu'Israël lançait sa vaste offensive terrestre sur Gaza. À lire aussiEn Cisjordanie occupée, la mémoire de la Nakba perpétuée

Invité de la mi-journée
Antoine Basbous: «La Ligue arabe est une machine à créer des refrains sans aucune portée sur la réalité»

Invité de la mi-journée

Play Episode Listen Later May 17, 2025 5:26


Le 34e sommet de la Ligue arabe se tient aujourd'hui à Bagdad en Irak. Une rencontre consacrée à la question palestinienne, Gaza et les relations avec Israël. Quels sont les enjeux de cette réunion ? Que peut-on attendre de cette concertation ? Antoine Basbous, politologue, associé chez Forward Global et directeur de l'Observatoire des pays arabes, est l'invité international de la mi-journée de RFI. À lire aussiSommet de la Ligue arabe: le président égyptien annonce l'adoption de son plan de reconstruction de Gaza

Invité du jour
Gaza : guerre ou "annihilation" ? Parlons-en avec Beligh Nabli, Armin Arefi et Jean-François Corty

Invité du jour

Play Episode Listen Later May 14, 2025 46:19


C'est dans cette enclave coupée du monde à nouveau par le blocus israélien depuis plus de deux mois que nous allons rester aujourd'hui. Gaza où, selon de nombreuses ONG, la famine à venir n'est plus un risque mais une certitude. Gaza où Benjamin Netanyahu semble poursuivre un plan dont semble douter à présent le président Trump lui-même. Gaza où il reste encore plusieurs dizaines d'otages du 7 octobre. Gaza, guerre ou "annihilation" ? Parlons-en avec Beligh Nabli, professeur des universités en droit public et auteur de "Relations internationales - Droit, théorie, pratique" (Éditions Pedone, 2023), Armin Arefi, grand reporter au Point, spécialiste du Proche et Moyen-Orient et Jean-François Corty, président de Médecins du Monde, auteur du livre "Géopolitique de l'action humanitaire" (Eyrolles, 2025).

Géopolitique, le débat
Quel avenir pour les Palestiniens ?

Géopolitique, le débat

Play Episode Listen Later May 11, 2025 48:29


Plus d'un siècle s'est écoulé depuis le début du mandat britannique sur la Palestine, en 1922. La Palestine est depuis au cœur d'une rivalité entre Juifs et Arabes qui nourrit un conflit sans fin, le plus long conflit contemporain. Un siècle jalonné de guerres terribles et qui est aussi celui d'une histoire palestinienne. Une histoire de dépossession, de lutte, de ségrégation et d'une souveraineté rendue impossible. La question palestinienne demeure l'un des dossiers les plus sensibles et les plus complexes de la scène internationale.Entre exil, occupation, négociations avortées, résistances et divisions internes, les Palestiniens incarnent aujourd'hui l'une des dernières grandes causes nationales sans État. Dans ce contexte de blocage, l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a constitué un séisme majeur. Elle a révélé la nature criminelle du Hamas et entraîné des représailles massives d'Israël. Le Hamas a agi au mépris de la population gazaouie et les victimes innocentes se comptent en dizaines de milliers de morts.Gaza vit une tragédie humaine sans précédent et le massacre du 7-Octobre a nourri une haine réciproque qui représente aujourd'hui un obstacle majeur à toute résolution pacifique de la question israélo-palestinienne, tant les extrémistes des deux camps se trouvent confortés par la situation actuelle. Chacun semble désormais convaincu que la coexistence est impossible. Regard sur la place de la question palestinienne aujourd'hui dans le monde arabe et dans les équilibres géopolitiques mondiaux. Quel avenir pour les Palestiniens ? Invités : Sabine Jansen, rédactrice en chef de Questions internationales, Professeure de relations internationales au CNAM et chercheuse associée à Paris Cité Henri Laurens, historien, professeur au Collège de France où il occupe la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe. Auteur de nombreux ouvrages dont La question de la Palestine en cinq volumes chez Fayard Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des Universités, président de l'IREMMO, Institut de recherche et d'études méditerranée Moyen-Orient.Édition en partenariat avec la revue Questions internationales « Les Palestiniens. Une nation en quête d'État ».

Géopolitique, le débat
L'intimidation dans les relations internationales

Géopolitique, le débat

Play Episode Listen Later May 10, 2025 48:29


Discours et actes violents transforment la scène internationale : invasion de l'Ukraine et menaces nucléaires par la Russie, manœuvres militaires chinoises autour de Taïwan, attaque contre Israël le 7 octobre 2023 suivie de la destruction de Gaza par l'État hébreu. Les efforts de paix et de dialogue semblent impuissants face à la brutalité du monde. Une violence qui paraît bien porter la marque d'une nouvelle ère, celle des hommes forts qui le pari du fait accompli plutôt que de la concertation. Convaincus de la faiblesse des démocraties libérales, leur stratégie est celle de l'intimidation.Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, la liste des États et des peuples offensés, intimidés ou stigmatisés par le président et son équipe ne cesse de s'allonger. Ukraine – encore elle – Canada, Groenland, Danemark, Royaume-Uni, Union européenne dénoncée par Trump comme un projet commercial antiaméricain, Égypte et Jordanie sommées d'accueillir deux millions de Palestiniens. Donald Trump est insatiable. Mais il n'est pas le seul.Sur un autre registre, les efforts de Pékin pour contrôler sa diaspora ne datent pas d'hier, mais ont tendance à se renforcer. Les exemples d'intimidation sont légion du Proche-Orient à l'Asie, du retour de Donald Trump aux provocations nord-coréennes. Le panorama est inquiétant à l'image des dynamiques internationales. Invité : Frédéric Charillon, professeur des universités, co-directeur du centre Géopolitique, défense et leadership à l'Essec. Auteur de Géopolitique de l'intimidation. Seuls face à la guerre, éd. Odile Jacob.

Reportage International
Apprendre l'hébreu à Ramallah: ces Palestiniens qui suivent des études israéliennes pour mieux «combattre» l'occupation

Reportage International

Play Episode Listen Later May 4, 2025 2:39


Alors que la paix entre Palestiniens et Israéliens n'a jamais semblé aussi lointaine, une grappe d'étudiants palestiniens a fait le choix de suivre un cursus d'« études israéliennes ». Au programme : cours d'hébreu, études de grands textes du judaïsme et de la littérature israélienne, histoire et sociologie d'Israël. La prestigieuse université de Birzeit, en bordure de Ramallah, affiche clairement ses objectifs : « Mieux connaître l'occupant » pour mieux le combattre sur le terrain des idées. De notre correspondante à Ramallah,C'est un cours d'hébreu... à la palestinienne. Il démarre par une distribution de baklawas. Grand sourire, une étudiante annonce ses fiançailles tout en promenant un plateau de pâtisseries. Gourmand, Esmat Mansour, le professeur, se sert tout en ne perdant pas de vue ses objectifs pédagogiques : « Mazel tov ! Mazel Tov ! » Les yeux rieurs encadrés de lunettes, il confie à voix basse : « L'hébreu rappelle de mauvais souvenirs aux étudiants. Pour eux, c'est la langue des checkpoints. Alors, j'essaie autant que je le peux de détendre l'atmosphère pendant le cours. Moi, j'adore l'hébreu et mon rôle, c'est de faire aimer cette langue à mes étudiants. Je leur dis souvent qu'en maîtrisant l'hébreu, ils vont gagner en force et en confiance en eux. Si tu ne sais pas t'exprimer en hébreu, les Israéliens te mépriseront. »L'hébreu, le quinquagénaire a eu tout le loisir de l'apprendre en prison où il a passé vingt années de sa vie pour participation au meurtre d'un Israélien établi dans une colonie. Il avait pour camarade de cellule un certain Yahya Sinwar, ancien numéro un du Hamas et instigateur des attaques du 7-Octobre qui ont fait basculer la région dans un chaos dont on ne voit plus la fin.Mais sur ce lourd passé, l'homme préfère se faire discret : « Mes étudiants sont curieux et veulent en savoir plus sur l'expérience de la prison, mais l'université n'est pas le lieu pour le faire. Ici, je ne parle que des bons aspects de la prison. Avoir pu apprendre l'hébreu est l'une de ces bonnes choses. »« C'est normal de vouloir en savoir plus sur les Israéliens »Lui qui dit croire désormais en une « solution politique » au conflit, prodigue la matière phare du cursus : l'hébreu à raison de neuf heures par semaine. Révisions du vocabulaire de base et apprentissage de quelques adages en hébreu, le cours se déroule dans une ambiance bon enfant teintée de salves d'humour noir. Après la lecture d'un texte évoquant la protection de la nature et des animaux, un étudiant lance, cynique : « Ils sont fantastiques, les Israéliens ! Ils font attention à tout, la nature, les animaux ! Sauf à nous ! Nous non, on ne compte pas ! Pourquoi ? Aucune idée ! ». Les rires fusent. « Les plus tragiques des désastres sont ceux qui provoquent des rires », soutient le poète palestinien Mohammed El-Kurd dans son recueil « Rifqa ». Ici, on rit beaucoup. Tout en rondeurs et sourires lui aussi, Rabih Bader, 27 ans, dit vouloir entamer un travail de recherche consacré à ce qu'il appelle la « judaïsation de l'histoire palestinienne » par les Israéliens. Impossible donc de faire l'impasse sur l'hébreu : « C'est normal de vouloir en savoir plus sur les Israéliens. Eux savent tout de nous. Ils ont de très bons départements d'études palestiniennes dans leurs universités. Ils étudient non seulement l'arabe, mais même les différents dialectes palestiniens. Ils sont super spécialisés, à nous d'en faire de même. » Oreilles dressées pour écouter les cours, plusieurs étudiants gardent un œil en permanence sur leurs smartphones. Les dernières informations sont égrenées à haute voix : arrestations, incursions de l'armée israélienne ou rumeurs de fuites de documents au sein du Shin Bet, l'appareil de renseignements israéliens, la salle de classe a aussi des airs de rédaction. On commente, on se perd en conjectures et souvent, on ironise, encore et encore, sur la situation. Un programme lancé il y a dix ansPour accéder à cette rieuse salle de classe, il en aura fallu de la patience. Ici comme dans beaucoup d'endroits de Cisjordanie occupée, la méfiance règne. Avant de nous autoriser à nous mêler à leurs étudiants, les responsables de l'université de Birzeit annoncent avoir fait « leur enquête » sur nous. Un mois et demi d'échanges d'e-mails, de messages WhatsApp, de smileys, de vœux pour l'Aïd, de rencontres et de tractations plus tard, les portes de ce programme académique inédit s'ouvrent enfin à notre micro.Sous un portrait de Shireen Abou Aqleh – ancienne étudiante et professeur à Birzeit, mais surtout journaliste star d'Al Jazeera abattue en plein reportage à Jénine par l'armée israélienne – Najat Abdulhaq, sémillante responsable du département de la communication de l'université explique sa prudence. Smartphone en main, elle montre des photos des différents raids de l'armée israélienne sur le campus. Les dizaines d'étudiants arrêtés, les salles de classes retournées et les drapeaux arrachés l'incitent à la prudence désormais. Dans ce contexte hautement explosif, comment étudier sereinement la société israélienne ? Quand ce programme a été lancé il y a dix ans, un dilemme s'est posé d'emblée : peut-on étudier la société israélienne tout en évitant la « normalisation » ? La solution est vite trouvée. Les seuls Israéliens autorisés à donner cours ici sont des Palestiniens, citoyens d'Israël, comme Areen Hawari, directrice d'un centre de recherches à Haïfa, en Israël. Petite, coupe au carré, elle confie que cette escapade académique hebdomadaire en Cisjordanie occupée est paradoxalement une bouffée d'air pour elle : « Je suis heureuse d'enseigner ici à Birzeit. Je suis palestinienne et cela fait partie de notre projet de libération. Oui, cela fait partie de notre projet de libération de pouvoir produire des études qui soient critiques du colonialisme d'un point de vue académique. Je suis très enthousiaste. » Composant 20% de la population israélienne, les Palestiniens d'Israël sont minoritaires. Présentés comme une cinquième colonne qui menace la sécurité de l'État hébreu, ces professeurs – malgré les checkpoints qu'ils doivent franchir pour venir enseigner en Cisjordanie occupée – trouvent ici paradoxalement un répit de quelques heures dans le climat de suspicion généralisée qui prédomine en Israël. « J'ai un passeport israélien, mais je me sens palestinienne et je porte le poids de la douleur des Palestiniens moi aussi. Notre souhait, c'est qu'Israël ne soit pas un État que pour les juifs, mais pour tous les citoyens. On veut un État démocratique », poursuit Areen Hawari. Combattre la colonisation par les armes du savoirUn département d'études israéliennes peut-il se concevoir sans professeurs israéliens juifs ? Pour Asma, étudiante aussi appliquée qu'impliquée, la question ne se pose pas : « On n'a pas de professeur juif effectivement, mais le problème ce n'est pas la confession en soi. On ne veut pas avoir de profs sionistes. Mais ça n'empêche pas qu'on les lise. On ne peut pas comprendre les Israéliens si on ne lit pas Theodor Herzl et d'autres penseurs du sionisme ». Le sionisme. Le terme revient beaucoup en cours. « Plus de terre, moins d'Arabes », lance une étudiante pour le définir. Une question survient alors : « Peut-on étudier un domaine que l'on n'aime pas ? » Sans circonvolutions, Asma répond avec l'aplomb des punchlines propres à sa génération : « On est un peu comme les médecins qui étudient le cancer. Les médecins n'aiment pas le cancer, mais ils l'étudient pour pouvoir le combattre. » Tous, ici, professeurs comme étudiants, ont l'impression de combattre la colonisation par les armes du savoir. Fondée à l'aube du XXe siècle, l'Université de Birzeit a une longue tradition d'engagement pour la cause palestinienne. Les Français l'ont découverte à la (dé)faveur du déplacement de Lionel Jospin sur le campus le 26 février 2000. Pris à partie par des étudiants scandalisés par ses propos sur le Hezbollah qu'il a qualifié de « terroriste », le Premier ministre français essuie jets de tracts et de pierres. La scène donne des sueurs froides à son personnel de sécurité et vient rappeler combien chaque mot est miné dans cette région du monde. Un programme financé par le Centre arabe de recherche et de sciences politiques de DohaUn quart de siècle plus tard, rien n'a changé. L'Orient reste plus que jamais « compliqué » et suscite l'intérêt redoublé de programmes de recherches du monde entier. À commencer par celui des riches pétromonarchies du Golfe désormais convaincues de la nécessité d'investir dans le savoir en plus de la pierre et des clubs de football européens. La petite trentaine d'étudiants qui suit le programme bénéficient ainsi d'une bourse financée par le Centre arabe de recherche et de sciences politiques de Doha. Un institut dirigé par l'intellectuel palestinien Azmi Bishara également citoyen d'Israël où il fut député. Recherche, journalisme, diplomatie, les secteurs en mesure d'accueillir ces rares étudiants palestiniens connaisseurs en profondeur de la société israélienne sont nombreux et stratégiques.Casquette vissée sur la tête, main qui caresse tantôt un chapelet tantôt une cigarette, Mohanad, le regard clair – lui aussi ancien prisonnier comme 40% des hommes palestiniens et dont le nom sera tu pour des raisons de sécurité – confie pourtant avoir du mal à savoir ce qu'il fera de son diplôme. « Tu sais, nous en Palestine, on ne sait plus se projeter. Là, je suis avec toi, mais demain qui sait où je serai ? J'ai été emprisonné deux fois. Je peux être emprisonné à nouveau à tout moment. Depuis le 7-Octobre, on parle même de nous faire partir d'ici de façon massive. C'est difficile de pouvoir réfléchir à l'avenir ».  « L'impossible futur ; comment la colonisation israélienne sape les rêves d'avenir de la jeunesse palestinienne ». Un thème de recherche académique en soi… 

Reportage international
Apprendre l'hébreu à Ramallah: ces Palestiniens qui suivent des études israéliennes pour mieux «combattre» l'occupation

Reportage international

Play Episode Listen Later May 4, 2025 2:39


Alors que la paix entre Palestiniens et Israéliens n'a jamais semblé aussi lointaine, une grappe d'étudiants palestiniens a fait le choix de suivre un cursus d'« études israéliennes ». Au programme : cours d'hébreu, études de grands textes du judaïsme et de la littérature israélienne, histoire et sociologie d'Israël. La prestigieuse université de Birzeit, en bordure de Ramallah, affiche clairement ses objectifs : « Mieux connaître l'occupant » pour mieux le combattre sur le terrain des idées. De notre correspondante à Ramallah,C'est un cours d'hébreu... à la palestinienne. Il démarre par une distribution de baklawas. Grand sourire, une étudiante annonce ses fiançailles tout en promenant un plateau de pâtisseries. Gourmand, Esmat Mansour, le professeur, se sert tout en ne perdant pas de vue ses objectifs pédagogiques : « Mazel tov ! Mazel Tov ! » Les yeux rieurs encadrés de lunettes, il confie à voix basse : « L'hébreu rappelle de mauvais souvenirs aux étudiants. Pour eux, c'est la langue des checkpoints. Alors, j'essaie autant que je le peux de détendre l'atmosphère pendant le cours. Moi, j'adore l'hébreu et mon rôle, c'est de faire aimer cette langue à mes étudiants. Je leur dis souvent qu'en maîtrisant l'hébreu, ils vont gagner en force et en confiance en eux. Si tu ne sais pas t'exprimer en hébreu, les Israéliens te mépriseront. »L'hébreu, le quinquagénaire a eu tout le loisir de l'apprendre en prison où il a passé vingt années de sa vie pour participation au meurtre d'un Israélien établi dans une colonie. Il avait pour camarade de cellule un certain Yahya Sinwar, ancien numéro un du Hamas et instigateur des attaques du 7-Octobre qui ont fait basculer la région dans un chaos dont on ne voit plus la fin.Mais sur ce lourd passé, l'homme préfère se faire discret : « Mes étudiants sont curieux et veulent en savoir plus sur l'expérience de la prison, mais l'université n'est pas le lieu pour le faire. Ici, je ne parle que des bons aspects de la prison. Avoir pu apprendre l'hébreu est l'une de ces bonnes choses. »« C'est normal de vouloir en savoir plus sur les Israéliens »Lui qui dit croire désormais en une « solution politique » au conflit, prodigue la matière phare du cursus : l'hébreu à raison de neuf heures par semaine. Révisions du vocabulaire de base et apprentissage de quelques adages en hébreu, le cours se déroule dans une ambiance bon enfant teintée de salves d'humour noir. Après la lecture d'un texte évoquant la protection de la nature et des animaux, un étudiant lance, cynique : « Ils sont fantastiques, les Israéliens ! Ils font attention à tout, la nature, les animaux ! Sauf à nous ! Nous non, on ne compte pas ! Pourquoi ? Aucune idée ! ». Les rires fusent. « Les plus tragiques des désastres sont ceux qui provoquent des rires », soutient le poète palestinien Mohammed El-Kurd dans son recueil « Rifqa ». Ici, on rit beaucoup. Tout en rondeurs et sourires lui aussi, Rabih Bader, 27 ans, dit vouloir entamer un travail de recherche consacré à ce qu'il appelle la « judaïsation de l'histoire palestinienne » par les Israéliens. Impossible donc de faire l'impasse sur l'hébreu : « C'est normal de vouloir en savoir plus sur les Israéliens. Eux savent tout de nous. Ils ont de très bons départements d'études palestiniennes dans leurs universités. Ils étudient non seulement l'arabe, mais même les différents dialectes palestiniens. Ils sont super spécialisés, à nous d'en faire de même. » Oreilles dressées pour écouter les cours, plusieurs étudiants gardent un œil en permanence sur leurs smartphones. Les dernières informations sont égrenées à haute voix : arrestations, incursions de l'armée israélienne ou rumeurs de fuites de documents au sein du Shin Bet, l'appareil de renseignements israéliens, la salle de classe a aussi des airs de rédaction. On commente, on se perd en conjectures et souvent, on ironise, encore et encore, sur la situation. Un programme lancé il y a dix ansPour accéder à cette rieuse salle de classe, il en aura fallu de la patience. Ici comme dans beaucoup d'endroits de Cisjordanie occupée, la méfiance règne. Avant de nous autoriser à nous mêler à leurs étudiants, les responsables de l'université de Birzeit annoncent avoir fait « leur enquête » sur nous. Un mois et demi d'échanges d'e-mails, de messages WhatsApp, de smileys, de vœux pour l'Aïd, de rencontres et de tractations plus tard, les portes de ce programme académique inédit s'ouvrent enfin à notre micro.Sous un portrait de Shireen Abou Aqleh – ancienne étudiante et professeur à Birzeit, mais surtout journaliste star d'Al Jazeera abattue en plein reportage à Jénine par l'armée israélienne – Najat Abdulhaq, sémillante responsable du département de la communication de l'université explique sa prudence. Smartphone en main, elle montre des photos des différents raids de l'armée israélienne sur le campus. Les dizaines d'étudiants arrêtés, les salles de classes retournées et les drapeaux arrachés l'incitent à la prudence désormais. Dans ce contexte hautement explosif, comment étudier sereinement la société israélienne ? Quand ce programme a été lancé il y a dix ans, un dilemme s'est posé d'emblée : peut-on étudier la société israélienne tout en évitant la « normalisation » ? La solution est vite trouvée. Les seuls Israéliens autorisés à donner cours ici sont des Palestiniens, citoyens d'Israël, comme Areen Hawari, directrice d'un centre de recherches à Haïfa, en Israël. Petite, coupe au carré, elle confie que cette escapade académique hebdomadaire en Cisjordanie occupée est paradoxalement une bouffée d'air pour elle : « Je suis heureuse d'enseigner ici à Birzeit. Je suis palestinienne et cela fait partie de notre projet de libération. Oui, cela fait partie de notre projet de libération de pouvoir produire des études qui soient critiques du colonialisme d'un point de vue académique. Je suis très enthousiaste. » Composant 20% de la population israélienne, les Palestiniens d'Israël sont minoritaires. Présentés comme une cinquième colonne qui menace la sécurité de l'État hébreu, ces professeurs – malgré les checkpoints qu'ils doivent franchir pour venir enseigner en Cisjordanie occupée – trouvent ici paradoxalement un répit de quelques heures dans le climat de suspicion généralisée qui prédomine en Israël. « J'ai un passeport israélien, mais je me sens palestinienne et je porte le poids de la douleur des Palestiniens moi aussi. Notre souhait, c'est qu'Israël ne soit pas un État que pour les juifs, mais pour tous les citoyens. On veut un État démocratique », poursuit Areen Hawari. Combattre la colonisation par les armes du savoirUn département d'études israéliennes peut-il se concevoir sans professeurs israéliens juifs ? Pour Asma, étudiante aussi appliquée qu'impliquée, la question ne se pose pas : « On n'a pas de professeur juif effectivement, mais le problème ce n'est pas la confession en soi. On ne veut pas avoir de profs sionistes. Mais ça n'empêche pas qu'on les lise. On ne peut pas comprendre les Israéliens si on ne lit pas Theodor Herzl et d'autres penseurs du sionisme ». Le sionisme. Le terme revient beaucoup en cours. « Plus de terre, moins d'Arabes », lance une étudiante pour le définir. Une question survient alors : « Peut-on étudier un domaine que l'on n'aime pas ? » Sans circonvolutions, Asma répond avec l'aplomb des punchlines propres à sa génération : « On est un peu comme les médecins qui étudient le cancer. Les médecins n'aiment pas le cancer, mais ils l'étudient pour pouvoir le combattre. » Tous, ici, professeurs comme étudiants, ont l'impression de combattre la colonisation par les armes du savoir. Fondée à l'aube du XXe siècle, l'Université de Birzeit a une longue tradition d'engagement pour la cause palestinienne. Les Français l'ont découverte à la (dé)faveur du déplacement de Lionel Jospin sur le campus le 26 février 2000. Pris à partie par des étudiants scandalisés par ses propos sur le Hezbollah qu'il a qualifié de « terroriste », le Premier ministre français essuie jets de tracts et de pierres. La scène donne des sueurs froides à son personnel de sécurité et vient rappeler combien chaque mot est miné dans cette région du monde. Un programme financé par le Centre arabe de recherche et de sciences politiques de DohaUn quart de siècle plus tard, rien n'a changé. L'Orient reste plus que jamais « compliqué » et suscite l'intérêt redoublé de programmes de recherches du monde entier. À commencer par celui des riches pétromonarchies du Golfe désormais convaincues de la nécessité d'investir dans le savoir en plus de la pierre et des clubs de football européens. La petite trentaine d'étudiants qui suit le programme bénéficient ainsi d'une bourse financée par le Centre arabe de recherche et de sciences politiques de Doha. Un institut dirigé par l'intellectuel palestinien Azmi Bishara également citoyen d'Israël où il fut député. Recherche, journalisme, diplomatie, les secteurs en mesure d'accueillir ces rares étudiants palestiniens connaisseurs en profondeur de la société israélienne sont nombreux et stratégiques.Casquette vissée sur la tête, main qui caresse tantôt un chapelet tantôt une cigarette, Mohanad, le regard clair – lui aussi ancien prisonnier comme 40% des hommes palestiniens et dont le nom sera tu pour des raisons de sécurité – confie pourtant avoir du mal à savoir ce qu'il fera de son diplôme. « Tu sais, nous en Palestine, on ne sait plus se projeter. Là, je suis avec toi, mais demain qui sait où je serai ? J'ai été emprisonné deux fois. Je peux être emprisonné à nouveau à tout moment. Depuis le 7-Octobre, on parle même de nous faire partir d'ici de façon massive. C'est difficile de pouvoir réfléchir à l'avenir ».  « L'impossible futur ; comment la colonisation israélienne sape les rêves d'avenir de la jeunesse palestinienne ». Un thème de recherche académique en soi… 

Invité de la mi-journée
Deux mois de blocus humanitaire par Israël à Gaza: «On est dans le cadre d'une famine organisée»

Invité de la mi-journée

Play Episode Listen Later May 2, 2025 10:48


Deux mois de blocus humanitaire à Gaza, deux mois qu'Israël empêche d'entrer les camions de nourriture, d'eau, de médicaments et d'autres produits de première nécessité, dans un territoire déjà dans une situation catastrophique pour les habitants. L'Organisation mondiale de la santé a qualifié « d'abomination » la situation dans le territoire palestinien, exprimant sa colère face à l'inaction pour secourir sa population. Entretien avec Rony Brauman, ancien président de MSF et directeur d'études au sein du Centre de réflexion sur l'action et les savoirs humanitaires (Crash). Auteur de « Guerres humanitaires ? Mensonges et intox », éditions Textuel.  RFI : La situation est insupportable selon les habitants de Gaza. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) parle d'« abomination ». Aujourd'hui, en plus du blocus et des bombardements, Israël occupe aussi des parties de la bande de Gaza. À quoi ressemble le quotidien des Palestiniens ? Où et comment vivent-ils ? Rony Brauman : Les mots manquent pour décrire le quotidien des Palestiniens. L'attentat terroriste du 7-Octobre impliquait une riposte de la part d'Israël. Personne ne conteste cette évidence, mais la disproportion, la cruauté, la férocité avec laquelle cette punition collective a été abattue par les Israéliens sur la population de Gaza, cela laisse sans voix. Gaza était déjà sous blocus, mais finalement, l'aide humanitaire, sous la pression, avait fini par entrer. Dans des quantités limitées mais qui avaient permis des choses. Puis la trêve avait permis de constituer des stocks, avait été un véritable répit pour les Palestiniens pendant quelques semaines, durant sept ou huit semaines. Aujourd'hui, c'est à nouveau l'abomination, l'enfer qui s'abat sur les Palestiniens. Toutes les réserves sont épuisées. On boit de l'eau croupie, de l'eau saumâtre, on ne peut plus s'éclairer parce que les centrales ne sont plus approvisionnées. Il n'y a plus de carburant, plus de farine, plus d'aliments de base. Ce que les Gazaouis avaient réussi à stocker, les commerçants ou les particuliers, tout cela arrive maintenant à épuisement. On est dans une situation de famine organisée dans le cadre d'une guerre qui, aujourd'hui, n'a jamais mieux mérité son nom de guerre génocidaire. Comme pour rajouter à l'infamie, à l'horreur de cette situation, rien n'est fait concrètement de la part des Occidentaux pour que le massacre s'arrête, en dépit de quelques formulations critiques qui ont tardé à être entendues, comme la France appelant à arrêter le massacre. Par exemple, les livraisons d'armes continuent. L'intensité des bombardements, des tirs qu'Israël effectue sur Gaza, n'a jamais été aussi élevée. Il faut bien ravitailler toutes ces munitions, ces drones, ces avions, ces hélicoptères, ces chars qui tirent des missiles, des obus. Sur ce point-là, comment est-ce que vous expliquez que cela dure encore ? Parce que, même si Israël empêche les journalistes d'entrer, on a des images. Il y a eu quelques rares visites, on a des informations grâce aux réseaux sociaux. Pourquoi est-ce que cela dure depuis aussi longtemps ? Notamment les livraisons d'armes que vous mentionniez à l'instant. Cela dure pour deux raisons. D'une part, parce qu'Israël entend saisir l'occasion qui lui est donnée pour se débarrasser définitivement de la question des Palestiniens de Gaza. Au passage, Israël entend aussi accélérer et amplifier, intensifier sa politique de colonisation en Cisjordanie. Il y a quelque chose comme un effet d'aubaine, si vous voulez. Le 7-Octobre est utilisé par les Israéliens pour chasser le plus possible de Palestiniens. D'autre part, le soutien indéfectible des États-Unis. Ce soutien était un peu plus mesuré sous le mandat de Joe Biden, il y avait malgré tout quand même un peu de retenue. Maintenant, sous Donald Trump, il n'y en a absolument plus aucune, puisque c'est Trump qui leur a soufflé la solution de la déportation des Palestiniens de Gaza et l'installation d'une Riviera sur ce littoral. Par ailleurs, l'Europe tolère des transferts de composants d'armement. Certes, on n'envoie pas des obus, des vedettes militaires ou que sais-je, mais on laisse passer des composants électroniques, des composants métalliques utilisés dans la fabrication des missiles, des projectiles qui tuent chaque jour des Palestiniens. Surtout l'Allemagne, mais également d'autres pays. La France n'est pas en tête, mais son rôle est quand même significatif. L'Europe a-t-elle les moyens de faire quelque chose ? Je pense que l'Europe aurait les moyens de faire quelque chose. Car l'Europe est le premier débouché commercial d'Israël. L'Europe a accordé à Israël, en tant que pays démocratique allié, présent dans le bon camp, un accord d'association qui lui donne un statut de quasi-membre de l'Union européenne avec des coopérations culturelles, universitaires, militaires, stratégiques, commerciales, etc. Donc, il y a toutes sortes de moyens d'agir pour signifier à Israël qu'on ne veut pas se rendre complice de ce génocide, de ces atrocités que tout le monde voit et devant lesquelles personne ne fait rien. L'Europe, qui se vante d'être attachée au droit international, au droit humanitaire, ne fait absolument rien sinon envoyer quelques critiques qui ne changent absolument rien à la situation. Pour répondre à votre question, la réponse est simple : oui, l'Europe aurait les moyens de faire quelque chose à condition de le vouloir. Pour l'instant, l'Europe continue de se porter aux côtés d'Israël en continuant de qualifier ce pays de démocratie, alors qu'y règne l'apartheid, la colonisation, la torture légale et aujourd'hui une guerre génocidaire, le blocus imposé aux journalistes. Est-ce que l'on connait d'autres conflits dans lesquels, pendant deux ans, aucun journaliste étranger n'a pu pénétrer, si ce n'est « embedded », embarqué avec l'armée israélienne ? Quelques journalistes ont pu rentrer et visiter le camp de Jabalia, avec interdiction de parler aux réfugiés palestiniens de ce camp qui est le plus grand camp de réfugiés palestiniens de la région. On va visiter ce camp, mais on n'a pas le droit de parler aux gens qui s'y trouvent parce que l'armée israélienne l'interdit. Malgré tout cela, le génocide, l'apartheid, le racisme, la férocité de cette offensive, Israël continue à bénéficier du statut de démocratie, statut qui l'ancre dans le camp occidental et lui permet de bénéficier de la mansuétude, de l'indulgence, voire du soutien d'un certain nombre de pays européens. Le gouvernement israélien a encore dit, vendredi 2 mai, préparer une grande opération à Gaza et mobiliser pour cela des réservistes. Quelle est la stratégie ? Je crois que d'une part, Israël est en train de réoccuper Gaza. Il s'agit de prendre des positions, de découper la bande en plusieurs zones, en trois ou quatre zones. D'autre part, comme l'a dit élégamment, je crois, Smotrich, mais repris par d'autres, il s'agit « d'encourager le départ volontaire des Gazaouis ». Qu'est-ce que ça veut dire, « encourager le départ volontaire » ? Cela veut dire contraindre les gens par la faim et le désespoir à un départ sans espoir de retour, parce qu'il n'y a plus aucun avenir. Les jeunes gens de Gaza, à part le fait de vouloir se venger de ceux qui les ont plongés dans le malheur le plus extrême, ont aussi envie de voir autre chose. Je pense que le plan Trump, qui a été saisi au vol par Benyamin Netanyahu, est en train d'être mis en œuvre. C'est-à-dire vider Gaza de sa population, se livrer à une opération d'épuration, d'évacuation ethnique où l'on va garder quelques dizaines de milliers de personnes, mais évacuer les autres vers l'Égypte, d'autres pays africains, d'autres pays dans le monde. Je ne sais pas comment ils vont faire cela, mais en tout cas, tout semble indiquer qu'ils en prennent le chemin. Ce vendredi 2 mai, l'ONG « Flottille de la liberté » annonce que l'un de ses bateaux humanitaires à destination de Gaza a été visé par un drone israélien au large de Malte, dans les eaux internationales. Pour l'instant, Israël n'a pas réagi mais cela vous paraît-il plausible ? Cela me paraît plausible. Rappelez-vous la flottille Mavi Marmara en 2010 qui avait été attaquée par des commandos israéliens. Il y avait eu quand même dix morts sur une flottille qui était intégralement pacifiste, qui entendait simplement appliquer une pression pour forcer le blocus et livrer des médicaments et des vivres à la population de Gaza. Une opération hautement symbolique, disons de diplomatie humanitaire privée, mais qui n'avait rien d'agressif et qui a fini ainsi. Que cette flottille ait été attaquée par des drones israéliens, de la façon la plus illégale, est un acte de piraterie pure et simple. Je ne sais pas si, factuellement, cela s'est passé ainsi, mais ça me paraît tout à fait plausible. Cela ne fait aucun doute. À lire aussiFlottille de Gaza: un navire humanitaire attaqué par des drones israéliens, disent des militants À lire aussi«Mes enfants sont chétifs»: l'agonie des Gazaouis face au blocus humanitaire imposé par Israël

Invité de la mi-journée
Gaza: «C'est un génocide qui se déroule sous nos yeux»

Invité de la mi-journée

Play Episode Listen Later Apr 27, 2025 6:49


La situation humanitaire dans la bande de Gaza continue de se dégrader. Les bombardements quotidiens ont réduit l'enclave palestinienne à un champ de ruines, tandis qu'Israël bloque, depuis deux mois, l'entrée de l'aide humanitaire. Quelle est aujourd'hui la réalité sur le terrain ? Entretien avec Olivier de Schutter, professeur de droit à l'Université catholique de Louvain et à Sciences Po Paris et rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme et l'extrême pauvreté. Auteur de nombreux ouvrages sur les droits économiques et sociaux.

Livre international
«Une enfance à Gaza 1942-1958» d'Arlette Khoury-Tadié

Livre international

Play Episode Listen Later Apr 26, 2025 12:18


Née au cours de la Seconde Guerre mondiale, c'est en tant que petite fille qu'Arlette Khoury-Tadié a traversé, observé et ressenti - à Gaza - les guerres de 1948 et de 1956. Son ouvrage Une enfance à Gaza 1942-1958 raconte l'histoire d'une ville qui, avant d'être un territoire aux mains du Hamas mais aussi « la plus grande prison du monde et un gigantesque camp de réfugiés », a été, selon elle, paisible. L'autrice en décrit les joies et les chagrins, les usages. Arlette Khoury-Tadié nous invite, en dépassant l'atrocité des conflits qui ont émaillé l'histoire de Gaza et de la région, à cette émouvante évocation, à travers une vie personnelle et familiale, d'une société et d'une civilisation en passe d'être anéanties sous les bombes, du patrimoine d'un peuple que les livres préservent mieux que ne le font les hommes.

Livre international
«Une enfance à Gaza 1942-1958» d'Arlette Khoury-Tadié

Livre international

Play Episode Listen Later Apr 26, 2025 12:18


Née au cours de la Seconde Guerre mondiale, c'est en tant que petite fille qu'Arlette Khoury-Tadié a traversé, observé et ressenti - à Gaza - les guerres de 1948 et de 1956. Son ouvrage Une enfance à Gaza 1942-1958 raconte l'histoire d'une ville qui, avant d'être un territoire aux mains du Hamas mais aussi « la plus grande prison du monde et un gigantesque camp de réfugiés », a été, selon elle, paisible. L'autrice en décrit les joies et les chagrins, les usages. Arlette Khoury-Tadié nous invite, en dépassant l'atrocité des conflits qui ont émaillé l'histoire de Gaza et de la région, à cette émouvante évocation, à travers une vie personnelle et familiale, d'une société et d'une civilisation en passe d'être anéanties sous les bombes, du patrimoine d'un peuple que les livres préservent mieux que ne le font les hommes.

Invité de la mi-journée
Raids israéliens en Cisjordanie: «C'est la première fois que l'armée agit de concert avec les colons»

Invité de la mi-journée

Play Episode Listen Later Apr 25, 2025 7:13


De nouveaux raids israéliens en Cisjordanie ont été menés par l'armée dans quatre villes de ce territoire palestinien occupé. La presse rapporte que des colons ont mis le feu à des maisons dans la localité de Bardala, dans le nord de la vallée du Jourdain, sans que l'armée et la police israéliennes, qui étaient sur les lieux, arrêtent l'attaque. Pour le quotidien israélien Haaretz, l'annexion est déjà là, même si le mot n'est pas posé sur la situation. Entretien avec Yves Aubin de la Messuzière, ancien ambassadeur de France, spécialiste du Proche-Orient et Yves Aubin de la Messuzière est l'auteur de Gaza : analyse d'une tragédie (éditions Maisonneuve & Larose / Hémisphères)

Invité du jour
Informer à Gaza, à quel prix ? Parlons-en avec Sepideh Farsi, Laurent Richard et Jonathan Dagher

Invité du jour

Play Episode Listen Later Apr 24, 2025 47:14


Elle s'appelait Fatma Hassouna, avait 25 ans, était photoreporter et a été tuée chez elle à Gaza dans une frappe israélienne, le 16 avril. Elle est l'héroïne d'un film documentaire racontant sa vie et qui sera présenté au Festival de Cannes dans un mois. Sa mort a bouleversé ceux qui la connaissaient et celle qui la filmait depuis des mois. Elle est venue s'ajouter à la longue liste des reporters palestiniens tués à Gaza – presque 200, selon RSF – depuis le 8 octobre 2023.

Appels sur l'actualité
[Vos questions] RDC: tensions entre l'AFC/M23 et les forces internationales

Appels sur l'actualité

Play Episode Listen Later Apr 18, 2025 19:30


Les experts et journalistes de RFI répondent à vos questions sur le contrôle du corridor de Morag par l'armée israélienne et le procès de Meta. RDC : tensions entre l'AFC/M23 et les forces internationales Le groupe armé de l'AFC/M23 accuse l'armée congolaise, la SADC et la Monusco d'être responsable des dernières attaques à Goma. Quels sont les arguments avancés par le groupe armé pour faire de telles accusations ? Cette situation peut-elle mettre en péril les initiatives diplomatiques en cours à Doha ?Avec Paulina Zidi, correspondante permanente de RFI à Kinshasa.  Gaza : Israël divise l'enclave palestinienne L'armée israélienne affirme avoir pris le contrôle du corridor de Morag, dans le sud de Gaza, coupant Rafah du reste de l'enclave palestinienne. Pourquoi cette zone est-elle un axe clé pour les autorités israéliennes ? Où en sont les négociations entre le Hamas et Israël pour un accord de cessez-le-feu ?Avec Aabla Jounaïdi, envoyée spéciale de RFI à Jérusalem.  Meta : Mark Zuckerberg pourrait-il perdre Instagram et WhatsApp ? Aux États-Unis, l'autorité américaine de la concurrence accuse PDG de Meta de pratiques anticoncurrentielles. À l'issue de ce procès, Mark Zuckerberg pourrait être contraint de céder Instagram et WhatsApp. Que reproche-t-on au milliardaire ? Quels sont les risques pour Meta si l'entreprise devait se séparer d'Instagram et WhatsApp ?Avec Julien Pillot, enseignant-chercheur en économie, spécialiste de l'économie de la régulation numérique à l'INSEEC. Et en fin d'émission, la chronique « Un œil sur les réseaux » de Jessica Taieb. Au programme, retour sur le morceau interdit Tell your papa du rappeur nigérian Eedris Abdulkareem.

Vous m'en direz des nouvelles
L'Institut du monde arabe met en lumière 5000 ans d'histoire avec «Les trésors de Gaza»

Vous m'en direz des nouvelles

Play Episode Listen Later Apr 15, 2025 48:29


Une gigantesque mosaïque byzantine représentant des humains et des animaux. De graciles statuettes de marbre et de bronze immergées pendant des millénaires dans les flots, des amphores, de vénérables stèles funéraires, une magnifique Aphrodite sortie des eaux, voici une partie du sublime patrimoine de Gaza. De l'âge de bronze à nos jours, Gaza n'est pas que l'horreur de la guerre. C'est aussi 5 000 ans d'histoire, d'architecture, d'art, de métissages et de voyages. Et des archéologues qui s'affairent, dans des conditions précaires, pour préserver et faire découvrir ce patrimoine que met à l'honneur l'Institut du monde arabe de Paris avec Trésors sauvés de Gaza. Une immersion sensible, exigeante et forcément politique, pour que son patrimoine ne sombre pas dans l'oubli et les décombres.Elodie Bouffard, sa commissaire et le frère Jean-Baptiste Humbert, directeur honoraire du laboratoire de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, sont les invités de Sur le pont des arts. Trésors sauvés de Gaza, 5 000 ans d'histoire est à voir à l'Institut du monde arabe jusqu'au 2 novembre 2025. Au programme de l'émission :► Chronique les librairies du mondeAmbroise Kom de la Librairie des Peuples noirs à Yaoundé au Cameroun nous parle d'un livre de Marie-Emmanuelle Pommerolle, qui vient de paraître aux éditions Karthala De la loyauté au Cameroun. De la loyauté au Cameroun, un essai sur un ordre politique et ses crises.    ► ReportageLisa Giroldini est allée découvrir l'adaptation théâtrale d'un roman censuré de Violette Leduc, censuré des années 50 aux années 2 000, Thérèse et Isabelle. Ce roman raconte la passion amoureuse de deux adolescentes que l'époque va condamner. La metteuse en scène Marie Fortuit sort aujourd'hui ce texte de l'ombre pour l'adapter au grand jour. ► Playlist du jour- Stella – Omorfo mou- Saint Levant – Exile- Véronique Sanson - Je me suis tellement manquée

Vous m'en direz des nouvelles !
L'Institut du monde arabe met en lumière 5000 ans d'histoire avec «Les trésors de Gaza»

Vous m'en direz des nouvelles !

Play Episode Listen Later Apr 15, 2025 48:29


Une gigantesque mosaïque byzantine représentant des humains et des animaux. De graciles statuettes de marbre et de bronze immergées pendant des millénaires dans les flots, des amphores, de vénérables stèles funéraires, une magnifique Aphrodite sortie des eaux, voici une partie du sublime patrimoine de Gaza. De l'âge de bronze à nos jours, Gaza n'est pas que l'horreur de la guerre. C'est aussi 5 000 ans d'histoire, d'architecture, d'art, de métissages et de voyages. Et des archéologues qui s'affairent, dans des conditions précaires, pour préserver et faire découvrir ce patrimoine que met à l'honneur l'Institut du monde arabe de Paris avec Trésors sauvés de Gaza. Une immersion sensible, exigeante et forcément politique, pour que son patrimoine ne sombre pas dans l'oubli et les décombres.Elodie Bouffard, sa commissaire et le frère Jean-Baptiste Humbert, directeur honoraire du laboratoire de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, sont les invités de Sur le pont des arts. Trésors sauvés de Gaza, 5 000 ans d'histoire est à voir à l'Institut du monde arabe jusqu'au 2 novembre 2025. Au programme de l'émission :► Chronique les librairies du mondeAmbroise Kom de la Librairie des Peuples noirs à Yaoundé au Cameroun nous parle d'un livre de Marie-Emmanuelle Pommerolle, qui vient de paraître aux éditions Karthala De la loyauté au Cameroun. De la loyauté au Cameroun, un essai sur un ordre politique et ses crises.    ► ReportageLisa Giroldini est allée découvrir l'adaptation théâtrale d'un roman censuré de Violette Leduc, censuré des années 50 aux années 2 000, Thérèse et Isabelle. Ce roman raconte la passion amoureuse de deux adolescentes que l'époque va condamner. La metteuse en scène Marie Fortuit sort aujourd'hui ce texte de l'ombre pour l'adapter au grand jour. ► Playlist du jour- Stella – Omorfo mou- Saint Levant – Exile- Véronique Sanson - Je me suis tellement manquée

Reportage International
En Cisjordanie occupée, les Samaritains fêtent la Pâque malgré la guerre et les récupérations politiques

Reportage International

Play Episode Listen Later Apr 13, 2025 2:51


Au croisement de plusieurs influences, les Samaritains forment une communauté à part au Proche-Orient. S'ils s'affichent toujours en faveur de la paix entre Palestiniens et Israéliens, la réalité est plus compliquée pour eux : la guerre actuelle les pousse à un certain écartèlement. Reportage lors des célébrations de la Pâque des Samaritains, vendredi 11 avril, aux abords de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Les fêtes de Pessah pour les Juifs et la Semaine sainte des Chrétiens coïncident. Dans ce contexte, une communauté passe un peu sous les radars, celle des Samaritains. Ils sont environ 820 à ce jour, établis pour moitié à Naplouse en Cisjordanie occupée, l'autre moitié étant dans la banlieue de Tel Aviv en Israël. Un tableau d'autant plus compliqué qu'ils se revendiquent descendants des premiers Israélites, mais non-Juifs et sont détenteurs à la fois de la nationalité palestinienne et israélienne.Sur les hauteurs du Mont Gerizim, c'est jour de fête pour la communauté des Samaritains. Drapé dans sa longue tunique et sa barbe blanche, le prêtre Hosni Wassaf salue avec déférence chacun des fidèles. « La Pâque samaritaine est l'occasion de célébrer notre sortie de l'esclavage imposée par Pharaon. C'est la fête de notre libération. Et chaque Samaritain au monde doit participer à cette célébration », explique l'homme de 80 ans.Des bûchers sont allumés et des agneaux sacrifiés. Gaza n'est qu'à une centaine de kilomètres d'ici. Alors, malgré les sourires, l'amertume n'est pas loin, elle non plus. Sa petite fille, tenue par la main, Hind Ragheb, dit ne pas pouvoir s'empêcher de penser à ses compatriotes sous les bombes. « À cause de la guerre et de la situation politique dans laquelle nous sommes, on va avoir du mal à vraiment profiter de cette journée de fête, malheureusement. J'espère que Dieu prêtera patience aux mères de Gaza qui ont perdu des enfants ou leurs maris », implore-t-elle.À la fois Palestiniens et Israéliens, les Samaritains sont sur une ligne de crête. « On croit en la solution à deux États. Un État palestinien aux côtés d'Israël. Il ne peut pas y avoir de paix sans l'existence des deux pays. Et nous, nous voulons la paix », affirme le prêtre de la communauté.À cause de la guerre, les officiels palestiniens invités ont préféré décliner l'invitation. Les Israéliens ont fait un autre choix, eux : occuper le terrain. Des grappes de policiers et soldats en uniforme arrivent. Et enfin de façon plus inattendue, Yossi Dagan, le représentant des colons établis en Cisjordanie occupée. Lui, qui prône l'annexion des territoires palestiniens, multiplie les selfies et les discours politiques. « Cet évènement est une célébration des Samaritains, mais pas que. C'est aussi une fête pour tous les Juifs de Judée-Samarie. On est ici dans un village israélien. Je ne viens pas à titre privé ici, mais en tant que représentant de l'État d'Israël », clame Yossi Dagan.Ce jour-là, armes en bandoulières, plusieurs partisans du Grand Israël, comme Ariel et son ami Elad : « On pense qu'une fois qu'on aura reconstruit le Temple de Jérusalem, on y tiendra, à l'avenir, des célébrations similaires à celle d'aujourd'hui », croit savoir Ariel. « Les Samaritains font partie de nous en quelque sorte », abonde Elad.Confrontés au fait que les Samaritains se disent en faveur d'une solution à deux États, Elad a une réponse bien à lui. « Je vais te dire un truc. Ils sont politiquement corrects. Ils vivent sous autorité palestinienne, mais ils ont de nombreux proches à Holon près de Tel Aviv. Alors, ils essayent de passer entre les gouttes », clame-t-il en s'esclaffant. Tandis que les incursions des colons et de l'armée se multiplient à Naplouse – fief des Samaritains – la pression pour qu'ils prennent position n'a jamais été aussi forte. À lire aussi«L'éducation est notre seule arme»: en Cisjordanie occupée, des écoles publiques rouvrent progressivement

Reportage international
En Cisjordanie occupée, les Samaritains fêtent la Pâque malgré la guerre et les récupérations politiques

Reportage international

Play Episode Listen Later Apr 13, 2025 2:51


Au croisement de plusieurs influences, les Samaritains forment une communauté à part au Proche-Orient. S'ils s'affichent toujours en faveur de la paix entre Palestiniens et Israéliens, la réalité est plus compliquée pour eux : la guerre actuelle les pousse à un certain écartèlement. Reportage lors des célébrations de la Pâque des Samaritains, vendredi 11 avril, aux abords de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Les fêtes de Pessah pour les Juifs et la Semaine sainte des Chrétiens coïncident. Dans ce contexte, une communauté passe un peu sous les radars, celle des Samaritains. Ils sont environ 820 à ce jour, établis pour moitié à Naplouse en Cisjordanie occupée, l'autre moitié étant dans la banlieue de Tel Aviv en Israël. Un tableau d'autant plus compliqué qu'ils se revendiquent descendants des premiers Israélites, mais non-Juifs et sont détenteurs à la fois de la nationalité palestinienne et israélienne.Sur les hauteurs du Mont Gerizim, c'est jour de fête pour la communauté des Samaritains. Drapé dans sa longue tunique et sa barbe blanche, le prêtre Hosni Wassaf salue avec déférence chacun des fidèles. « La Pâque samaritaine est l'occasion de célébrer notre sortie de l'esclavage imposée par Pharaon. C'est la fête de notre libération. Et chaque Samaritain au monde doit participer à cette célébration », explique l'homme de 80 ans.Des bûchers sont allumés et des agneaux sacrifiés. Gaza n'est qu'à une centaine de kilomètres d'ici. Alors, malgré les sourires, l'amertume n'est pas loin, elle non plus. Sa petite fille, tenue par la main, Hind Ragheb, dit ne pas pouvoir s'empêcher de penser à ses compatriotes sous les bombes. « À cause de la guerre et de la situation politique dans laquelle nous sommes, on va avoir du mal à vraiment profiter de cette journée de fête, malheureusement. J'espère que Dieu prêtera patience aux mères de Gaza qui ont perdu des enfants ou leurs maris », implore-t-elle.À la fois Palestiniens et Israéliens, les Samaritains sont sur une ligne de crête. « On croit en la solution à deux États. Un État palestinien aux côtés d'Israël. Il ne peut pas y avoir de paix sans l'existence des deux pays. Et nous, nous voulons la paix », affirme le prêtre de la communauté.À cause de la guerre, les officiels palestiniens invités ont préféré décliner l'invitation. Les Israéliens ont fait un autre choix, eux : occuper le terrain. Des grappes de policiers et soldats en uniforme arrivent. Et enfin de façon plus inattendue, Yossi Dagan, le représentant des colons établis en Cisjordanie occupée. Lui, qui prône l'annexion des territoires palestiniens, multiplie les selfies et les discours politiques. « Cet évènement est une célébration des Samaritains, mais pas que. C'est aussi une fête pour tous les Juifs de Judée-Samarie. On est ici dans un village israélien. Je ne viens pas à titre privé ici, mais en tant que représentant de l'État d'Israël », clame Yossi Dagan.Ce jour-là, armes en bandoulières, plusieurs partisans du Grand Israël, comme Ariel et son ami Elad : « On pense qu'une fois qu'on aura reconstruit le Temple de Jérusalem, on y tiendra, à l'avenir, des célébrations similaires à celle d'aujourd'hui », croit savoir Ariel. « Les Samaritains font partie de nous en quelque sorte », abonde Elad.Confrontés au fait que les Samaritains se disent en faveur d'une solution à deux États, Elad a une réponse bien à lui. « Je vais te dire un truc. Ils sont politiquement corrects. Ils vivent sous autorité palestinienne, mais ils ont de nombreux proches à Holon près de Tel Aviv. Alors, ils essayent de passer entre les gouttes », clame-t-il en s'esclaffant. Tandis que les incursions des colons et de l'armée se multiplient à Naplouse – fief des Samaritains – la pression pour qu'ils prennent position n'a jamais été aussi forte. À lire aussi«L'éducation est notre seule arme»: en Cisjordanie occupée, des écoles publiques rouvrent progressivement

Le débat africain
Algérie, droits de douane américains, Palestine…L'actualité vue par les éditorialistes africains

Le débat africain

Play Episode Listen Later Apr 12, 2025 38:59


Au sommaire : comment sortir de la crise ouverte entre Alger et les pays de l'AES ? Le Mali, le Niger et le Burkina Faso accusent l'Algérie d'avoir abattu un drone en territoire malien. Emmanuel Macron a annoncé que la France pourrait reconnaître un État palestinien en juin prochain. Que changerait cette éventuelle reconnaissance ? Enfin, comment expliquer l'étonnante volte-face douanière du président américain Donald Trump ? Chaque semaine, des journalistes et éditorialistes africains décryptent l'actualité africaine et internationale. Avec la participation de : Karine Oriot, éditorialiste camerounaise Hamid Arab, directeur de la publication du journal Le matin d'Algérie Madiambal Diagne, journaliste et fondateur du journal Le quotidien au Sénégal, président de l'Union internationale de la presse francophone

Appels sur l'actualité
[Vos questions] Gaza : que sait-on de la mort des secouristes palestiniens  ?

Appels sur l'actualité

Play Episode Listen Later Apr 10, 2025 19:30


Les experts et journalistes de RFI répondent à vos questions sur le gisement de Simandou, des frappes israéliennes en Syrie et la défaite du Real Madrid contre Arsenal. Gaza : que sait-on de la mort des secouristes palestiniens ?Les corps des 15 humanitaires palestiniens tués le 23 mars ont été retrouvés dans une fosse commune près de Rafah. Depuis, une vidéo récupérée sur le portable d'un des secouristes contredit la version de l'armée israélienne qui affirme avoir tiré sur des « terroristes » et des « véhicules suspects ». Que sait-on des circonstances de leur mort ? Le Croissant-Rouge réclame une enquête internationale indépendante, mais une telle demande a-t-elle des chances d'aboutir ?Avec Pierre Olivier, journaliste au service international de RFI.Guinée : le gisement de Simandou, un miracle économique ?Selon les autorités de la transition, l'exploitation des réserves de fer des monts de Simandou, estimées à près de 8 milliards de tonnes de minerai, devrait commencer avant la fin de cette année. Pourquoi ont-elles attendu aussi longtemps pour exploiter ce gisement découvert il y a plus d'un demi-siècle ? Si le projet se concrétise, quelles pourraient être les retombées économiques pour la Guinée ?Avec Alexis Bédu, journaliste au service économie de RFI.À écouter aussiSimandou: miracle ou mirage pour l'économie guinéenne?Syrie : des frappes israéliennes pour contrer la TurquieDepuis la chute du régime Bachar al-Assad en décembre dernier, l'armée israélienne multiplie les frappes en Syrie dans l'objectif d'affaiblir l'influence de la Turquie. Pourquoi Israël bombarde-t-elle la Syrie pour atteindre la Turquie ? Que reproche l'État hébreu à Ankara ?Avec Adel Bakawan, chercheur associé à l'IFRI, spécialiste du Moyen-Orient. Arsenal-Real Madrid : la claque pour les MerenguesBattu 3-0 à l'Emirates Stadium contre Arsenal en quart de finale aller, le Real Madrid devra faire beaucoup mieux lors du match retour à domicile s'il veut se qualifier pour la suite de la compétition. Comment expliquer une telle déroute du tenant du titre ? Une remontada des Madrilènes est-elle envisageable ?Avec Antoine Grognet, journaliste au service des sports de RFI.À lire aussiLigue des champions: Arsenal corrige le Real Madrid et prend une belle option pour les demies

Invité de la mi-journée
La reconnaissance par la France de l'État palestinien «ne changera rien sans actions ou sanctions»

Invité de la mi-journée

Play Episode Listen Later Apr 10, 2025 7:11


Après avoir longtemps hésité, le président français Emmanuel Macron a déclaré sur France 5 que la France pourrait reconnaître l'État palestinien lors d'une conférence coprésidée avec l'Arabie saoudite en juin. En échange, Paris attend de Riyad une reconnaissance d'Israël, mais le royaume est moins disposé depuis la guerre à Gaza. Près de 150 pays reconnaissent l'État palestinien et la solution à deux États reste toutefois rejetée par le Premier ministre israélien. Le décryptage de Thomas Vescovi, doctorant en études politiques à l'EHESS et à l'ULB et auteur de L'échec d'une utopie, une histoire des gauches en Israël, aux éditions la Découverte.  À lire aussiLa France pourrait reconnaître l'État palestinien «en juin», a affirmé Emmanuel Macron

Livre international
«Palestine, notre blessure», d'Edwy Plenel

Livre international

Play Episode Listen Later Apr 5, 2025 15:39


Alors que la guerre nouvelle menée par Israël dans la bande de Gaza ne semble pas voir de fin, le journaliste Edwy Plenel a rassemblé tous les articles qu'il a publiés dans Mediapart sur la question palestinienne, précédés d'une introduction inédite sur la dimension universelle de cette cause. Dans Palestine, notre blessure, il nous rappelle que tout n'a pas commencé le 7 octobre 2023, qu'Israël commet des crimes contre l'humanité en toute impunité et explique les graves conséquences sur l'humanité que pourrait avoir l'impassibilité du reste du monde.  Palestine, notre blessure, d'Edwy Plenel, 160 pages, paru aux éditions La Découverte le 6 mars 2025.Toute l'actualité sur la Guerre Israël-Gaza  sur notre site.

Livre international
«Palestine, notre blessure», d'Edwy Plenel

Livre international

Play Episode Listen Later Apr 5, 2025 15:39


Alors que la guerre nouvelle menée par Israël dans la bande de Gaza ne semble pas voir de fin, le journaliste Edwy Plenel a rassemblé tous les articles qu'il a publiés dans Mediapart sur la question palestinienne, précédés d'une introduction inédite sur la dimension universelle de cette cause. Dans Palestine, notre blessure, il nous rappelle que tout n'a pas commencé le 7 octobre 2023, qu'Israël commet des crimes contre l'humanité en toute impunité et explique les graves conséquences sur l'humanité que pourrait avoir l'impassibilité du reste du monde.  Palestine, notre blessure, d'Edwy Plenel, 160 pages, paru aux éditions La Découverte le 6 mars 2025.Toute l'actualité sur la Guerre Israël-Gaza  sur notre site.

Appels sur l'actualité
[Vos questions] Sénégal : vers une interprétation de la loi d'amnistie ?

Appels sur l'actualité

Play Episode Listen Later Apr 2, 2025 19:30


Les experts et journalistes de RFI répondent à vos questions sur le séisme en Birmanie, Donald Trump et la possibilité d'un troisième mandat et le Hamas accepte une nouvelle proposition de cessez-le-feu. Sénégal : vers une interprétation de la loi d'amnistie ?  Alors que le Premier ministre Ousmane Sonko avait promis d'abroger la loi d'amnistie adoptée en mars 2024, le Pastef, le parti présidentiel propose finalement d'interpréter cette loi plutôt que de l'annuler. Comment expliquer cette volte-face ? Qu'est-ce que cela change concrètement ?Avec Léa-Lisa Westerhoff, correspondante permanente de RFI à Dakar.    Séisme en Birmanie : l'aide internationale détournée par la junte ?  Cinq jours après le puissant tremblement de terre en Birmanie qui a fait plus de 2 700 morts, l'aide internationale s'organise difficilement. Pourquoi les ONG craignent-elles une mainmise de l'aide par les militaires qui dirigent le pays ? La distribution de l'aide dans certaines zones risque-t-elle d'être perturbée à cause de la guerre civile ?Avec Carol Isoux, correspondante de RFI à Bangkok.    États-Unis : un troisième mandat pour Donald Trump ?  Dans une interview accordée à la chaîne NBC News, le président américain a évoqué la possibilité d'effectuer un troisième mandat. Pourtant, le 22è amendement de la Constitution limite à deux le nombre de mandats, successifs ou non. Donald Trump a-t-il le pouvoir de modifier la Constitution pour arriver à ses fins ?Avec Ludivine Gilli, directrice de l'Observatoire de l'Amérique du Nord de la fondation Jean Jaurès.   Gaza : le Hamas accepte une nouvelle proposition de trêve  Alors que les bombardements israéliens ont repris sur la bande de Gaza, le Hamas a annoncé approuver une nouvelle proposition de cessez-le-feu présentée par les médiateurs qataris et égyptiens. Cet accord est-il si différent du précédent ? Ces nouvelles modalités pourraient-elles convaincre Benyamin Netanyahu d'accepter une nouvelle trêve ?Avec Frédéric Encel, professeur en géopolitique à Sciences-Po Paris. Auteur de l'ouvrage La guerre mondiale n'aura pas lieu (éditions Odile Jacob).

Débat du jour
Le Hamas peut-il perdre son emprise sur Gaza ?

Débat du jour

Play Episode Listen Later Apr 2, 2025 29:30


L'offensive israélienne continue de s'étendre à Gaza, quinze jours après la fin de la trêve. Plus de 50.000 personnes ont été tuées en 18 mois de guerre, selon les autorités locales. Et les habitants commencent à exprimer leur rejet du Hamas au pouvoir dans l'enclave : ainsi plusieurs centaines de personnes ont récemment manifesté et affiché des slogans hostiles au mouvement islamiste. Une mobilisation qui fait écho à l'appel du porte-parole du Fatah à un départ du Hamas de Gaza. Quelle est la popularité du Hamas aujourd'hui à Gaza ? Quel interlocuteur pour parvenir à la paix et à la reconstruction ? Pour en débattre :- Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des Universités, président de l'IReMMO et co-auteur du livre Atlas du Moyen-Orient, éditions Autrement- Guilhem Delteil, journaliste au service international de RFI, auteur du podcast Palestiniens, ancien correspondant à Jérusalem - Leila Seurat,  chercheuse au Centre arabe de recherches et d'études politiques de Paris Carep, autrice du « Hamas et le Monde », aux CNRS Éditions.

Débat du jour
Le Hamas peut-il perdre son emprise sur Gaza ?

Débat du jour

Play Episode Listen Later Apr 2, 2025 29:30


L'offensive israélienne continue de s'étendre à Gaza, quinze jours après la fin de la trêve. Plus de 50.000 personnes ont été tuées en 18 mois de guerre, selon les autorités locales. Et les habitants commencent à exprimer leur rejet du Hamas au pouvoir dans l'enclave : ainsi plusieurs centaines de personnes ont récemment manifesté et affiché des slogans hostiles au mouvement islamiste. Une mobilisation qui fait écho à l'appel du porte-parole du Fatah à un départ du Hamas de Gaza. Quelle est la popularité du Hamas aujourd'hui à Gaza ? Quel interlocuteur pour parvenir à la paix et à la reconstruction ? Pour en débattre :- Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des Universités, président de l'IReMMO et co-auteur du livre Atlas du Moyen-Orient, éditions Autrement- Guilhem Delteil, journaliste au service international de RFI, auteur du podcast Palestiniens, ancien correspondant à Jérusalem - Leila Seurat,  chercheuse au Centre arabe de recherches et d'études politiques de Paris Carep, autrice du « Hamas et le Monde », aux CNRS Éditions.

Reportage International
Royaume-Uni: le succès militant du soda Gaza Cola va permettre de reconstruire un hôpital à Gaza

Reportage International

Play Episode Listen Later Mar 22, 2025 2:41


Plus de la moitié des hôpitaux gazaouis ont été détruits par les bombardements israéliens depuis le début de la guerre. Au nord de la bande de Gaza, l'hôpital al-Karama a fait partie des premières cibles, dès le mois d'octobre 2023, avant d'être complètement détruit en août. Pour financer la reconstruction, un militant britannico-palestinien a développé un soda militant, Gaza Cola, qui permet aussi à ses clients de boycotter d'autres marques. Au Royaume-Uni, en plein cœur de Londres, le café Hiba offre une bulle de Palestine avec ses keffiehs et ses drapeaux partout. Attablé devant une salade arabe, Hamza sirote un soda un peu particulier. « Gaza Cola, ça fait toujours du bien, savoure-t-il. C'est bon, c'est rafraîchissant. Je crois qu'on a le pouvoir d'agir collectivement en choisissant ce qu'on consomme et ce qu'on refuse de consommer. »À l'origine du Gaza Cola, canette rouge inspirée d'une autre célèbre marque, il y a Osama Qashoo, réalisateur originaire de Cisjordanie. Depuis août 2024, il a vendu un million et demi de canettes. Une manière pour ses clients de boycotter les géants du soda.« Les grandes entreprises bénéficient toujours de la guerre, elles font déjà beaucoup d'argent. [Coca-Cola] possède une immense usine dans les territoires palestiniens illégalement occupés. C'est une pratique illégale. Et eux, ils font de l'argent : tant qu'ils n'en perdront pas, ils ne changeront rien. Gaza Cola vient de là, une sorte de David contre Goliath. Nous n'allons pas tout changer, mais nous voulons créer de la réflexion », estime-t-il. La grande marque visée admet être présente en Palestine depuis 1998 et assure employer un petit millier de Palestiniens.Il aura fallu neuf mois pour trouver des partenaires. Aujourd'hui, tous les bénéfices sont reversés à Gaza, et à un projet en particulier : la reconstruction de l'hôpital d'al-Karama, au nord du territoire, détruit en août 2024. « Cet hôpital, en particulier, est très important, car au moins 300 000 personnes en dépendent. C'est un petit établissement, donc c'est réalisable. Autour du site, nous avons installé des tentes où les patients sont soignés. Nous finançons ces tentes, nous sponsorisons le salaire des soignants qui restent, aux alentours de 200€ par mois. Nous soignons environ 1 000 personnes chaque jour », explique le fondateur de la marque.Ce soir-là, Osama Qashoo organisait une conférence avec le docteur Mohammed Tahir, revenu de deux missions médicales à Gaza. Le chirurgien explique l'importance des initiatives comme Gaza Cola : « Sur le terrain, ce sont des familles détruites, de nombreux patients avec des blessures catastrophiques, handicapantes… Et des semaines, voire des années de douleur à venir. Maintenant qu'on se dirige vers la gestion d'affections chroniques, il faut former, entraîner, reconstruire. Si vous ne pouvez pas venir donner de votre temps, alors donnez de votre argent. »Aucun grand distributeur britannique n'a pour l'instant accepté de commercialiser le soda, qui devrait arriver en France en mars dans certains restaurants.À lire aussiFace à une campagne régionale de boycott, McDonald's rachète toutes ses franchises en Israël

Musiques du monde
Ensemble Chakâm #SessionLive + entretien Joaquim Horsley

Musiques du monde

Play Episode Listen Later Mar 22, 2025 48:29


Un trio entre l'Iran, la Palestine et la France + un pianiste américain qui déménage Bach sur le continent africain = MdM ! Nos premières invitées sont Sogol Mirzaei, Marie-Suzanne de Loye et Christine Zayed pour la sortie de Les Vents Brûlants. Chakâm (qui se prononce Tchakâm), c'est trois musiciennes qui dévoilent un langage où les cordes dialoguent, s'affrontent et se retrouvent en un souffle puissant ou apaisé, lorsque le chant s'élève.Chakâm, du nom d'une ancienne forme poétique persane, mêle l'éclat du târ de Sogol Mirzaei (Iran) au qanun soyeux de Christine Zayed (Palestine) portés par la profonde viole de gambe de Marie-Suzanne de Loye (France). Ces trois musiciennes dévoilent un langage où les cordes dialoguent, s'affrontent et se retrouvent dans un souffle puissant ou, au contraire, apaisé lorsque le chant s'élève. Bâti selon les codes du radif et du maqam où les passages rythmiques répondent aux tirades mélodieuses, l'ensemble Chakâm donne à entendre des compositions et improvisations personnelles et modernes, à la croisée des parcours : nostalgie des terres quittées trop tôt, déracinement et idéalisation d'un ailleurs qui s'efface au fil du temps, mais aussi vitalité incessante de l'expérience, de la découverte et du renouveau.Titres interprétés au grand studio - Chameau ivre Live RFI- Najma, extrait de Cd- Olive Live RFI.Line Up : Sogol Mirzaei, târ, Marie-Suzanne de Loye, viole de Gambe, Christine Zayed, qanoun, chant.Son : Benoît Le Tirant, Camille Roch, Mathias Taylor.► Album Les Vents Brûlants (Chakâm/Inouïe Dist. 2025).YouTube -  Facebook.Concerts (du 27 au 30 mars à la 15ème édition du festival Détours de Babel à Grenoble) + 2 avril 2025 Le Consulat, Paris. Puis nous recevons Joaquim Horsley pour la sortie de l'album Afro Bach.Avec «Afro Bach», le pianiste américain Joachim Horsley sort le 3ème volet de sa trilogie «Via Havana» dans laquelle il réimagine la musique classique sur des rythmes africains et caribéens !Le pianiste américain Joachim Horsley, qui s'est fait connaitre sur le web en 2016 avec son phénoménal Beethoven in Havana, un arrangement de la 7è Symphonie de Beethoven dans un style cubain, est de retour avec Afro Bach. Un nouvel album hommage à Bach, toujours réarrangé à la sauce afro-caribéenne.Le virtuose et compositeur de musique de film signe là le 3ème épisode de sa trilogie Via Havana, débutée avec un premier album en 2019 puis un deuxième en 2022. Apprendre et maîtriser les œuvres les plus complexes et techniques du répertoire classique européen (Mozart, Beethoven, Saint-Saëns, Mahler…), puis les arranger suivant les codes esthétiques des musique latines (jazz cubain, salsa, rumba…) sans dénaturer les œuvres originales, ni tomber dans l'appropriation culturelle des musiques du monde.► Album Afro Bach (LittleHorse Group - 2025).Site Joachim Horsley.Concert 25 mars 2025 au Studio de l'Ermitage, Paris. Réalisation : Hadrien Touraud.

Musiques du monde
Ensemble Chakâm #SessionLive + entretien Joaquim Horsley

Musiques du monde

Play Episode Listen Later Mar 22, 2025 48:29


Un trio entre l'Iran, la Palestine et la France + un pianiste américain qui déménage Bach sur le continent africain = MdM ! Nos premières invitées sont Sogol Mirzaei, Marie-Suzanne de Loye et Christine Zayed pour la sortie de Les Vents Brûlants. Chakâm (qui se prononce Tchakâm), c'est trois musiciennes qui dévoilent un langage où les cordes dialoguent, s'affrontent et se retrouvent en un souffle puissant ou apaisé, lorsque le chant s'élève.Chakâm, du nom d'une ancienne forme poétique persane, mêle l'éclat du târ de Sogol Mirzaei (Iran) au qanun soyeux de Christine Zayed (Palestine) portés par la profonde viole de gambe de Marie-Suzanne de Loye (France). Ces trois musiciennes dévoilent un langage où les cordes dialoguent, s'affrontent et se retrouvent dans un souffle puissant ou, au contraire, apaisé lorsque le chant s'élève. Bâti selon les codes du radif et du maqam où les passages rythmiques répondent aux tirades mélodieuses, l'ensemble Chakâm donne à entendre des compositions et improvisations personnelles et modernes, à la croisée des parcours : nostalgie des terres quittées trop tôt, déracinement et idéalisation d'un ailleurs qui s'efface au fil du temps, mais aussi vitalité incessante de l'expérience, de la découverte et du renouveau.Titres interprétés au grand studio - Chameau ivre Live RFI- Najma, extrait de Cd- Olive Live RFI.Line Up : Sogol Mirzaei, târ, Marie-Suzanne de Loye, viole de Gambe, Christine Zayed, qanoun, chant.Son : Benoît Le Tirant, Camille Roch, Mathias Taylor.► Album Les Vents Brûlants (Chakâm/Inouïe Dist. 2025).YouTube -  Facebook.Concerts (du 27 au 30 mars à la 15ème édition du festival Détours de Babel à Grenoble) + 2 avril 2025 Le Consulat, Paris. Puis nous recevons Joaquim Horsley pour la sortie de l'album Afro Bach.Avec «Afro Bach», le pianiste américain Joachim Horsley sort le 3ème volet de sa trilogie «Via Havana» dans laquelle il réimagine la musique classique sur des rythmes africains et caribéens !Le pianiste américain Joachim Horsley, qui s'est fait connaitre sur le web en 2016 avec son phénoménal Beethoven in Havana, un arrangement de la 7è Symphonie de Beethoven dans un style cubain, est de retour avec Afro Bach. Un nouvel album hommage à Bach, toujours réarrangé à la sauce afro-caribéenne.Le virtuose et compositeur de musique de film signe là le 3ème épisode de sa trilogie Via Havana, débutée avec un premier album en 2019 puis un deuxième en 2022. Apprendre et maîtriser les œuvres les plus complexes et techniques du répertoire classique européen (Mozart, Beethoven, Saint-Saëns, Mahler…), puis les arranger suivant les codes esthétiques des musique latines (jazz cubain, salsa, rumba…) sans dénaturer les œuvres originales, ni tomber dans l'appropriation culturelle des musiques du monde.► Album Afro Bach (LittleHorse Group - 2025).Site Joachim Horsley.Concert 25 mars 2025 au Studio de l'Ermitage, Paris. Réalisation : Hadrien Touraud.

Reportage international
Royaume-Uni: le succès militant du soda Gaza Cola va permettre de reconstruire un hôpital à Gaza

Reportage international

Play Episode Listen Later Mar 22, 2025 2:41


Plus de la moitié des hôpitaux gazaouis ont été détruits par les bombardements israéliens depuis le début de la guerre. Au nord de la bande de Gaza, l'hôpital al-Karama a fait partie des premières cibles, dès le mois d'octobre 2023, avant d'être complètement détruit en août. Pour financer la reconstruction, un militant britannico-palestinien a développé un soda militant, Gaza Cola, qui permet aussi à ses clients de boycotter d'autres marques. Au Royaume-Uni, en plein cœur de Londres, le café Hiba offre une bulle de Palestine avec ses keffiehs et ses drapeaux partout. Attablé devant une salade arabe, Hamza sirote un soda un peu particulier. « Gaza Cola, ça fait toujours du bien, savoure-t-il. C'est bon, c'est rafraîchissant. Je crois qu'on a le pouvoir d'agir collectivement en choisissant ce qu'on consomme et ce qu'on refuse de consommer. »À l'origine du Gaza Cola, canette rouge inspirée d'une autre célèbre marque, il y a Osama Qashoo, réalisateur originaire de Cisjordanie. Depuis août 2024, il a vendu un million et demi de canettes. Une manière pour ses clients de boycotter les géants du soda.« Les grandes entreprises bénéficient toujours de la guerre, elles font déjà beaucoup d'argent. [Coca-Cola] possède une immense usine dans les territoires palestiniens illégalement occupés. C'est une pratique illégale. Et eux, ils font de l'argent : tant qu'ils n'en perdront pas, ils ne changeront rien. Gaza Cola vient de là, une sorte de David contre Goliath. Nous n'allons pas tout changer, mais nous voulons créer de la réflexion », estime-t-il. La grande marque visée admet être présente en Palestine depuis 1998 et assure employer un petit millier de Palestiniens.Il aura fallu neuf mois pour trouver des partenaires. Aujourd'hui, tous les bénéfices sont reversés à Gaza, et à un projet en particulier : la reconstruction de l'hôpital d'al-Karama, au nord du territoire, détruit en août 2024. « Cet hôpital, en particulier, est très important, car au moins 300 000 personnes en dépendent. C'est un petit établissement, donc c'est réalisable. Autour du site, nous avons installé des tentes où les patients sont soignés. Nous finançons ces tentes, nous sponsorisons le salaire des soignants qui restent, aux alentours de 200€ par mois. Nous soignons environ 1 000 personnes chaque jour », explique le fondateur de la marque.Ce soir-là, Osama Qashoo organisait une conférence avec le docteur Mohammed Tahir, revenu de deux missions médicales à Gaza. Le chirurgien explique l'importance des initiatives comme Gaza Cola : « Sur le terrain, ce sont des familles détruites, de nombreux patients avec des blessures catastrophiques, handicapantes… Et des semaines, voire des années de douleur à venir. Maintenant qu'on se dirige vers la gestion d'affections chroniques, il faut former, entraîner, reconstruire. Si vous ne pouvez pas venir donner de votre temps, alors donnez de votre argent. »Aucun grand distributeur britannique n'a pour l'instant accepté de commercialiser le soda, qui devrait arriver en France en mars dans certains restaurants.À lire aussiFace à une campagne régionale de boycott, McDonald's rachète toutes ses franchises en Israël

Reportage International
Ces Israéliens solidaires des Palestiniens pendant le ramadan

Reportage International

Play Episode Listen Later Mar 17, 2025 2:45


Au Proche-Orient, la trêve reste fragile à Gaza et la Cisjordanie occupée continue de vivre au rythme de l'opération militaire israélienne baptisée « Mur de fer ». Dans ce contexte hautement explosif, certains Israéliens, en désaccord profond avec la politique menée par leur État, tiennent à le faire savoir. À Jérusalem, autour d'une collecte de nourriture pour le ramadan, des Israéliens qui se mobilisent pour venir en aide à leurs voisins palestiniens expliquent le sens de leur engagement. De notre correspondante à Jérusalem,À quelques centaines de mètres de la vieille ville de Jérusalem, une quinzaine d'Israéliens se sont donné rendez-vous ce matin. À leur tête : Noa Dagoni, avocate de 33 ans. « J'ai commencé ce projet avec une amie trois jours après le déclenchement de la guerre, quand on ne savait pas trop quoi faire. On a demandé aux gens d'apporter de la nourriture, tout simplement. » Armée d'un scotch et de ciseaux, Ilana, infirmière qui vit à Jérusalem, prépare les cartons qui iront à 500 familles de Cisjordanie occupée. En ce jour de Pourim, fête juive, elle est venue déguisée comme le veut la tradition et accompagnée de sa petite fille de 7 ans. « Il n'y a pas d'autre choix. Il faut éduquer nos enfants différemment. C'est la seule façon de changer les choses ici, soutient-elle. Le plus simple à faire c'est ça, éduquer nos enfants à penser différemment de ce que pensent nos dirigeants actuellement. » À lire aussi Cisjordanie occupée : Israël vide des camps de réfugiés et interdit le retour des habitants« Des gens de mon peuple font du mal à des personnes innocentes »Parmi les volontaires ce jour-là, certains poussent l'engagement encore plus loin. C'est le cas d'Amir Sandler, occupé à aligner des barres de chocolat qui iront sans doute à des enfants. « Je suis aussi volontaire au sein d'un autre projet, explique ce géologue à la retraite. Les bergers de la vallée du Jourdain sont harcelés de façon quotidienne par les colons et donc, avec d'autres Israéliens, on se relaie 24 h/24 pour les protéger. » À 75 ans, ce retraité pourrait, comme tant d'autres, profiter de la plage à Tel-Aviv, mais lui, malgré le danger, se rend dans la vallée du Jourdain pour protéger des Palestiniens. « Je le fais parce que je sens que des gens de mon peuple font du mal à des personnes innocentes », explique-t-il. Viscéralement opposés à la politique de leur gouvernement, ces Israéliens sont parfois contraints de dissimuler leurs activités. Même à leurs proches. Pas de quoi entamer la motivation de Renée, Franco-Israélienne : « Parfois, j'entends : “Pourquoi tu vas t'occuper des Palestiniens ? Il y a déjà bien assez à s'occuper des Israéliens.” Et donc voilà, moi, je décide de faire ça parce que c'est important que les Palestiniens comprennent que parmi les Israéliens, il n'y a pas que des soldats, il y a aussi des personnes civiles qui sont là pour aider et qui sont dans cet esprit d'une terre pour deux peuples. » « Tikkoun olam », un précepte du judaïsme qui signifie en hébreu « réparer le monde » et que tous, ici, qu'ils soient juifs, musulmans, chrétiens ou athées, ont décidé d'adopter.À écouter dans Reportage internationalLe checkpoint, hantise des femmes enceintes en Cisjordanie occupée

Livre international
« Comprendre la Palestine », avec Xavier Guignard et Alizée De Pin

Livre international

Play Episode Listen Later Mar 15, 2025 8:02


Comprendre la Palestine, du chercheur Xavier Guignard et de l'illustratrice Alizée De Pin, décrypte un siècle d'histoire en Palestine afin de comprendre la réalité palestinienne de dépossession lente et progressive. À l'origine de ce projet pour les deux auteurs, le plan Trump, celui de son premier mandat et nommé « le deal du siècle », et qui leur permet d'explorer dans leur ouvrage toutes les options diplomatiques discutées depuis ce siècle d'histoire tragique pour les Palestiniens. 

Reportage International
Le checkpoint, hantise des femmes enceintes en Cisjordanie occupée

Reportage International

Play Episode Listen Later Mar 8, 2025 2:36


En Cisjordanie occupée, depuis l'offensive « mur de fer » lancée par Israël en janvier 2025, la vie quotidienne des Palestiniens s'en trouve encore plus compliquée. C'est particulièrement le cas pour les Palestiniennes. La multiplication des checkpoints est devenue le cauchemar des femmes enceintes là-bas. Que ce soit pour le suivi de leur grossesse ou pour l'accouchement, la colonisation et le durcissement sécuritaire menacent directement leurs vies et celles de leurs bébés. Il arrive que certaines accouchent aux checkpoints. Il arrive aussi que certaines y perdent la vie. Notre correspondante est allée à la rencontre de femmes enceintes et a embarqué avec des médecins qui sillonnent ce territoire palestinien dans une clinique mobile. Un dispositif qui fête ses trente ans cette année, mais qui n'a probablement jamais été aussi utile. Direction le désert de Judée où les villageoises qui y vivent sont celles qui pâtissent le plus de cette situation.

Cultures monde
Retours de terrain : En Israël et dans les territoires palestiniens, des femmes face à la guerre

Cultures monde

Play Episode Listen Later Mar 7, 2025 25:26


durée : 00:25:26 - Cultures Monde - par : Mélanie Chalandon - Les conflits armés exacerbent toujours la violence et la domination masculine. Le cas du conflit israélo-palestinien n'y fait pas exception. De Gaza à Tel Aviv, de la Cisjordanie aux kibboutz, les femmes subissent le conflit, mais elles l'alimentent et le défient également. - réalisation : Vivian Lecuivre - invités : Solène Chalvon-Fioriti Autrice, journaliste, réalisatrice de documentaires, familière des zones de conflit

Cultures monde
Retour d'Israël et des territoires palestiniens // L'Ukraine, la guerre sans les États-Unis ?

Cultures monde

Play Episode Listen Later Mar 7, 2025 58:21


durée : 00:58:21 - Cultures Monde - par : Mélanie Chalandon, Julie Gacon - Comme chaque semaine, une émission d'actualité en deux parties : retour de terrain avec Solène Chalvon-Fioriti qui rentre d'Israël et des territoires palestiniens ; suivi d'une table-ronde sur la situation en Ukraine suite au revirement diplomatique des États-Unis. - réalisation : Vivian Lecuivre - invités : Annie Daubenton Ancienne correspondante de Radio France à Moscou et Kiev et Moscou, spécialiste de l'Ukraine; Joseph Henrotin Politologue, directeur de recherche au Centre d'analyse et de prévision des risques internationaux (CAPRI) et rédacteur en chef du magazine DSI (Défense et sécurité internationale); Solène Chalvon-Fioriti Autrice, journaliste, réalisatrice de documentaires, familière des zones de conflit

Reportage International
À Naplouse, dans les territoires palestiniens occupés illégalement, la crainte des chars israéliens

Reportage International

Play Episode Listen Later Mar 6, 2025 2:41


Ce sont plus de 40 000 personnes qui ont été forcées de quitter leur foyer en Cisjordanie occupée. Deux jours après la mise en place du cessez-le-feu à Gaza, l'armée israélienne a lancé une opération de long terme sur cette autre partie du territoire palestinien, en commençant par les villes du nord, Tulkarem et Jénine. Entre les deux se trouve Naplouse. Le poumon économique de la Cisjordanie craint d'être la prochaine cible des chars israéliens. De nos envoyés spéciaux à Naplouse,Depuis quelques jours, le camp de réfugiés de Balata a une nouvelle habitante. Saharab est arrivée avec ses quatre enfants d'un camp de Tulkarem. « Ils ont mené plusieurs raids dans notre maison, raconte la jeune femme. Nous avons choisi de rester pour les enfants. Ils nous ont envoyé des drones. Nous sommes restés jusqu'à vendredi dernier, témoigne-t-elle. Ils tiraient dans tous les sens, ils se fichaient des enfants. Ils ont forcé mon mari à rester dehors. Ils sont entrés dans ma chambre alors que j'avais mon fils asthmatique dans les bras. Il a besoin d'un inhalateur. Ils m'ont dit qu'ils n'en avaient rien à faire. Ils ont compté : 5 !... 4 !... 3 !... 2 !... 1 !... Dehors ! dehors ! »Le camp de Nour Shams était habité par des familles réfugiées en Cisjordanie suite à la création de l'État d'Israël en 1948. Saharab est partie dans un autre camp, chez sa sœur, à Balata, dans la banlieue de Naplouse. Mais ici aussi, l'armée israélienne multiplie les raids. « Les soldats israéliens peuvent arriver à tout moment, prévient-elle. Soudain, ils sont là, face à vous. »Assise sur un canapé, la mère de famille nous parle d'une voix chaleureuse et dynamique. Ces enfants s'agrippent à elle. « Ils sont terrifiés. Avant, c'étaient des moulins à paroles, maintenant, il y a une vibration étrange dans leur voix, ils sont tout pâles, se désole-t-elle. Je sais que rien n'est impossible pour l'occupation israélienne. Je suis partie du camp de Nour Shams et je me prépare à revivre la même expérience à Balata. »À lire aussi«Ils détruisent ma maison»: en Cisjordanie, l'armée israélienne rase les camps de réfugiés vides« Il n'y a pas une maison qui n'ait pas un martyr »Entre deux raids, le camp de Balata fourmille de vie. Assis sur un muret avec deux amis, un vieil homme observe les enfants jouer dans la rue. « Ici, il n'y a pas une maison qui n'ait pas un martyr, affirme-t-il. Est-ce que l'occupation israélienne arrivera à empêcher ces enfants de résister ? Nous les mettons au monde pour ça et nous leur parlons pour qu'ils n'oublient pas. »Ne pas oublier le droit au retour sur les terres que ces familles ont été forcées de quitter il y a plus de 70 ans. C'est ce souvenir qui fait des camps les foyers des groupes armés palestiniens — des « terroristes » pour Israël.Mais aujourd'hui, le gouverneur de Naplouse, Ghassan Daghlas, affirme que l'Autorité palestinienne et l'armée israélienne ont eu raison de la lutte armée à Naplouse : « Malgré tout, la ville est assiégée. Il y a un barrage à chaque entrée de la ville, pareil dans les villages. Il y a aussi de nombreuses attaques de colons israéliens, dénonce-t-il. L'Autorité palestinienne ne pourra rien faire s'il y a une offensive d'ampleur sur les quatre camps de réfugiés de la banlieue. Toute la ville est fermée, où iront les gens ? »  L'annexion de la Cisjordanie est discutée jusqu'à Washington, grand allié d'Israël. En septembre dernier, l'Assemblée générale des Nations unies a pourtant donné un an à Israël pour mettre fin à sa présence illicite sur le territoire palestinien occupé.À lire aussiL'ONU adopte une résolution exigeant la fin de la «présence illicite» d'Israël dans les territoires palestiniens

Appels sur l'actualité
[Vos questions] RDC: violences communautaires dans l'Ituri

Appels sur l'actualité

Play Episode Listen Later Feb 13, 2025 19:30


Ce matin du jeudi 13 février 2025, les experts et journalistes de RFI répondaient à vos questions sur un éventuel échange de territoires russo-ukrainiens, le report de la commission d'enquête sur le 7-Octobre et la nomination accidentelle d'un directeur du FBI anti-Trump. RDC : violences communautaires dans l'Ituri  L'est de la RDC est le théâtre de violentes attaques entre deux groupes armés qui prétendent chacun défendre une communauté. Que sait-on de ces groupes appelés Zaïre et Codeco ? Quelles sont leurs revendications ?Avec Paulina Zidi, correspondante permanente de RFI à Kinshasa.    Guerre en Ukraine : vers un échange de territoires ?  Dans un entretien au quotidien britannique The Guardian, Volodymyr Zelensky a évoqué l'éventualité d'effectuer un « échange » de territoires avec la Russie. Pourquoi le président ukrainien suggère-t-il cette idée maintenant ? De quels territoires parle-t-il ?Avec Kseniya Zhornokley, journaliste spécialisée pour la rédaction ukrainienne de RFI.    Israël : à quand une enquête sur les failles sécuritaires du 7-Octobre ? Benyamin Nétanyahou a de nouveau repoussé les discussions sur la création d'une commission d'enquête sur les événements du 7-Octobre. Comment expliquer cette décision ? Le gouvernement sera-t-il contraint d'entamer cette enquête ?Avec Frédéric Encel, professeur en géopolitique à Sciences-Po Paris, auteur de l'ouvrage Les Voies de la puissance: Penser la géopolitique au XXIe siècle (éditions Odile Jacob, 2022).   États-Unis : comment un anti-Trump s'est retrouvé à la tête du FBI ?  Brian Driscoll, agent expérimenté du FBI opposé à Donald Trump, s'est retrouvé à la tête de l'agence fédérale en raison d'une erreur de la Maison-Blanche. Comment expliquer une telle méprise ? Le président américain peut-il faire annuler cette décision ?Avec Augustin Habran, maître de conférence en histoire des États-Unis à l'Université d'Orléans.

Appels sur l'actualité
[Vos questions] Tchad : vers le déploiement de soldats turcs ?

Appels sur l'actualité

Play Episode Listen Later Feb 6, 2025 19:30


Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur les déclarations de Donald Trump sur Gaza et des frappes américaines en Somalie. Tchad : vers le déploiement de soldats turcs ?  Alors que les derniers militaires français quittaient le territoire tchadien, des drones turcs étaient installés sur l'ancienne base française de Faya-Largeau. Quel est intérêt de la Turquie d'équiper l'armée tchadienne ? Ankara pourrait-elle déployer des troupes pour remplacer la présence française ?Avec Franck Alexandre, journaliste spécialiste des questions de défense et de sécurité à RFI. Gaza : les États arabes refusent l'expulsion des Gazaouis  Donald Trump propose de « nettoyer » la bande de Gaza en transférant une grande partie de ses habitants en Égypte et en Jordanie pour transformer le territoire en « Côte d'Azur du Moyen-Orient ». Pourtant alliés de Washington, Le Caire et Amman rejettent catégoriquement cette idée. Comment le président américain réagit-il à cette fin de non-recevoir ?Avec Adel Bakawan, chercheur associé à l'IFRI (Institut français des relations internationales), spécialiste du Moyen-Orient. Somalie : pourquoi les États-Unis ont-ils à nouveau frappé Daech ?  Annoncées par Donald Trump, des frappes américaines ont tué des responsables de la branche somalienne du groupe État Islamique. Comment les États-Unis justifient-ils cette opération ? Pourraient-ils poursuivre leurs interventions militaires en Somalie ?Avec Manon Lefebvre, maîtresse de conférences en civilisation des États-Unis à l'Université Polytechnique des Hauts-de-France.

Le débat
Gaza : le monde arabe dans l'embarras ?

Le débat

Play Episode Listen Later Feb 6, 2025 43:08


Passé la sidération, après les propos de Donald Trump de vider Gaza de sa population, les États arabes de la région affichent un "non" clair et unanime. L'Égypte et la Jordanie martèlent leur refus d'accueillir les Palestiniens chassés de leur terre. Sur la même ligne, l'Arabie saoudite balaie, elle aussi, toute tentative de négociation. Dans le même temps, et malgré l'indignation, du côté de l'État hébreu le ministre israélien de la Défense donne l'ordre à l'armée de préparer un plan qui permettra à tout Gazaoui de partir vers n'importe quel endroit du monde qui accepterait de l'accepter.

Décryptage
L'aide aux Palestiniens en péril après l'expulsion de l'UNRWA

Décryptage

Play Episode Listen Later Jan 30, 2025 19:30


Après plus de 75 ans d'existence, l'Agence des Nations unies pour les Réfugiés palestiniens n'a plus que quelques heures désormais pour quitter toutes ses installations à Jérusalem, sommée par Israël –de faire ses valises, et de cesser toute opération. Une expulsion condamnée par l'ONU et une grande partie de la communauté internationale, mais soutenue par l'administration Trump et qu'Israël justifie par la présence –selon elle, de membres du Hamas au sein de l'agence. Mais l'UNRWA partie, qui comblera le vide dans la fourniture de l'aide indispensable, essentielle aux quelque 6 millions de réfugiés palestiniens ? Et qu'adviendra-t-il notamment à Gaza –où la situation humanitaire est dramatique après 15 mois d'une guerre extrêmement brutale ? Avec nos invités : - Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières- Jean-François Corty, médecin, président de Médecins du Monde et chercheur associé à l'Iris.

Appels sur l'actualité
[Vos questions] Corée du Sud : le président destitué inculpé pour « insurrection »

Appels sur l'actualité

Play Episode Listen Later Jan 27, 2025 19:30


Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur la libération de la chanteuse Rokia Traoré, l'opération israélienne en Cisjordanie occupée et le port de Tartous en Syrie. Corée du Sud : le président destitué inculpé pour « insurrection »Sur les conseils de l'Agence anticorruption chargée de l'enquête sur le président destitué Yoon Suk-yeol, le Parquet a inculpé le président déchu pour « insurrection ». Comment les enquêteurs en sont-ils arrivés à cette conclusion ? Détenu depuis le 15 janvier, que risque-t-il avec de telles accusations ?Avec Nicolas Rocca, journaliste au service international de RFI. Rokia Traoré : pourquoi la chanteuse malienne a-t-elle été libérée ?  Condamnée à deux ans de prison pour « non-représentation d'enfant », Rokia Traoré a été libérée après plusieurs mois d'incarcération en Italie puis en Belgique. Pourquoi ce revirement de la justice alors qu'elle a été condamnée en octobre 2023 ? Pourquoi un autre procès est-il prévu alors que la chanteuse malienne et le père de sa fille se sont mis d'accord ? Que risque-t-elle ?Avec Pierre Benazet, correspondant de RFI à Bruxelles. Cisjordanie : après Gaza, le nouveau front israélien ?  Depuis l'entrée en vigueur de la trêve dans la bande de Gaza, Israël mène une vaste opération militaire en Cisjordanie occupée. Baptisée « Mur d'acier », elle a coûté la vie à douze Palestiniens jusqu'à présent. Quels sont les objectifs de cette opération ? Est-ce le signe d'un déplacement des hostilités en Cisjordanie ?Avec Thomas Vescovi, doctorant en Études politiques à l'EHESS et à l'Université libre de Bruxelles, auteur de « L'échec d'une utopie, une histoire des gauches en Israël » (éditions La Découverte).  Syrie : un camouflet pour la Russie ? Les nouvelles autorités syriennes ont mis fin au contrat qui donnait à la Russie le contrôle du stratégique port de Tartous jusqu'en 2068, permettant à Moscou une présence militaire en Méditerranée orientale. Pourquoi le nouveau pouvoir a-t-il annulé ce contrat ? Quels avantages espère-t-il en tirer ?Avec Thomas Pierret, chargé de recherches à l'Institut de Recherches et d'Études sur le Monde Arabe et Musulman (IREMAM), spécialiste de la Syrie.

Le débat
Un cessez-le-feu fragile à Gaza ?

Le débat

Play Episode Listen Later Jan 16, 2025 42:08


L'accord de trêve à Gaza conclu entre Israël et le Hamas hier grâce aux médiations du Qatar, de l'Egypte et des Etats Unis a permis d'établir une première phase de six semaines qui devrait démarrer dimanche avec un arrêt des combats dans l'enclave palestinienne et une libération progressive de 33 otages. Mais l'accord n'a pas encore été ratifié par le gouvernement israélien. L'armée israélienne a continué de frapper 50 cibles à Gaza ces dernières 24 heures.

Appels sur l'actualité
[Vos questions] Mali : pourquoi Choguel Maïga est-il accusé de malversations financières?

Appels sur l'actualité

Play Episode Listen Later Jan 7, 2025 19:30


Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur les accusations de malversations financières à l'encontre de l'ex-premier ministre malien, la suspension de la diffusion d'Al Jazeera dans les territoires palestiniens et la menace de fermeture des bases militaires américaines au Honduras en cas d'expulsions de honduriens. Mali : Choguel Maïga accusé de malversations financières Le Bureau du vérificateur général du Mali accuse l'ancien Premier ministre de pratiques douteuses et d'abus financiers dans la gestion des fonds publics. Quels sont les éléments qui permettent de porter ces accusations à l'encontre de Choguel Maïga ? Risque-t-il des poursuites judiciaires ? Avec David Baché, journaliste au service Afrique de RFI.Médias : l'Autorité palestinienne suspend la diffusion d'Al JazeeraDepuis le 1er janvier 2025, la chaîne qatari ne peut plus diffuser dans les territoires palestiniens. Al Jazeera est accusée par l'Autorité palestinienne « de désinformation, d'incitation à la sédition et d'ingérence ». Quels sont les reportages mis en cause ? Une telle décision ne risque-t-elle pas de décrédibiliser encore un peu plus l'Autorité palestinienne déjà très affaiblie aux yeux des Palestiniens et du monde arable ?Avec Adel Bakawan, chercheur associé à l'Ifri (Institut français des relations internationales), spécialiste du Moyen-Orient. Honduras : vers la fermeture des bases américaines ?La présidente Xiomara Castro prévient qu'elle n'hésitera pas à fermer les bases américaines au Honduras si, une fois à la Maison Blanche, Donald Trump met à exécution sa menace d'expulser massivement des Honduriens des États-Unis. Cet avertissement peut-il réellement faire plier Donald Trump ? Quel rôle jouent ces bases américaines présentes dans le pays ? Avec Gaspard Estrada, politologue, membre de l'unité du Sud global à la London School of Economics .

Journal en français facile
La Nouvelle-Orléans: le profil du suspect / Territoires palestiniens: la chaîne Al Jazeera suspendue / Royaume-Uni: une disparue retrouvée en vie après 52 ans...

Journal en français facile

Play Episode Listen Later Jan 2, 2025 10:00


Le Journal en français facile du jeudi 2 janvier 2025, 17 h 00 à Paris.Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/BHrX.A

Reportage International
Cisjordanie: à Bethléem, un Noël sans joie et sans touristes

Reportage International

Play Episode Listen Later Dec 23, 2024 2:41


En cette veille de Noël pour les chrétiens, reportage à Bethléem, en Cisjordanie occupée, où l'atmosphère n'est pas vraiment à la fête. La ville où, selon la croyance, Jésus serait né, est sinistrée depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre 2023. Des hôtels fermés, faute de clients, quasiment aucun pèlerin, et une population locale qui sombre dans la pauvreté. De notre envoyé spécial à Bethléem,Devant la basilique de la Nativité, quelques pèlerins venus d'Asie, une dizaine tout au plus.Nadim tient une boutique de souvenirs transmise de génération en génération depuis 200 ans. « Cette année, Bethléem est triste ! Nous n'avons aucun touriste. Regardez, il n'y a même pas de décorations dans Bethléem. Ça ne ressemble vraiment pas à l'ambiance de Noël », se désole l'homme.Conséquence, sur les 80 hôtels que compte la ville, seuls 22 sont ouverts. Elais Arja dirige l'établissement Bethléem, presque désert. Il nous raconte le déclin des clients : « La crise a commencé avec le Covid, on a été fermé pendant deux ans. Puis, on a ouvert quelques mois seulement. Et depuis maintenant 445 jours et le début de la guerre, on a dû fermer à nouveau faute de visiteurs. J'ai 400 chambres à 50 dollars la nuit ici. Ça fait plus de 8 millions de pertes ! ».« Par rapport à une année normale, nous n'accueillons que 2% de touristes. Chaque jour, le manque à gagner est d'un million et demi de dollars pour la ville de Bethléem avec les hôtels, les restaurants, les souvenirs », s'inquiète Majed Israk, adjoint du ministre palestinien du Tourisme, qui nous raconte la situation catastrophique de l'économie du tourisme à Bethléem.« Un tiers des habitants de Bethléem n'a aucun revenu »Plus grave encore, des dizaines de milliers d'habitants se retrouvent sans travail. « 8 000 employés vivaient du tourisme, et plus de 10 000 travaillaient en Israël, dans le bâtiment notamment. Mais depuis le 7-Octobre, ils n'ont plus le droit de passer la frontière. Aujourd'hui, un tiers des habitants de Bethléem n'a aucun revenu ! », rajoute Majed Israk.Il suffit de se rendre au marché, à l'autre bout de la ville, pour percevoir cette pauvreté galopante. Mai y fait ses courses avec ses trois enfants.« Même les produits essentiels, il y en a beaucoup que je n'achète pas, car nous n'avons plus les moyens. Mon mari ne travaille plus depuis le début de la guerre. Il était employé en Israël », raconte la mère de famille.Alors à Bethléem, les initiatives se multiplient. Le père Laurent, membre de la communauté apostolique salésienne, est responsable d'une boulangerie solidaire. Il nous explique ce qui a changé : « Au début, la boulangerie a été créée pour les pauvres de la région de Bethléem, on aidait 50 familles. Mais depuis le début de la guerre, on aide entre 120 et 130 familles et on donne la moitié de notre pain aux bonnes œuvres. En échange de plusieurs pains par jour, les familles paient un montant symbolique comme 5 euros par mois ».Dans une rue près de la Nativité, un chrétien palestinien nous confie son vœu le plus cher pour Noël : « La paix, la paix, la paix, et encore la paix ! ».À lire aussiGaza: à Bethléem, un voile de tristesse enveloppe les célébrations de Noël 2023

Reportage International
En Cisjordanie occupée, ces Palestiniens et Israéliens qui ont voté pour Donald Trump

Reportage International

Play Episode Listen Later Dec 19, 2024 2:36


Dans un mois, Donald Trump franchira le seuil de la Maison Blanche. Une investiture qui sera suivie de près au Moyen-Orient, et notamment en Cisjordanie occupée. Dans la région, deux villages se font face et sont habités par de nombreux Américains. D'un côté, une colonie d'Israéliens, de l'autre, un village de Palestiniens, et dans les deux camps, beaucoup ont voté pour Donald Trump. Mais chacun attend des mesures totalement différentes du futur président. De notre envoyé spécial à Turmus Ayya et Shilo,En plein cœur de la Cisjordanie, au milieu des champs d'oliviers, nous arrivons à Turmus Ayya. Particularité de ce village palestinien : 80% de ses habitants vivent aux États-Unis. Les 3 000 qui restent en sont souvent revenus avec la double nationalité. C'est le cas de Yaser Alkam, que nous rencontrons à côté de la mosquée. Après 35 ans en Californie, cet avocat est revenu dans son village natal pour sa retraite. La Palestine chevillée au corps, il refuse d'entendre parler d'une quelconque annexion de la Cisjordanie. « Pour nous, la Palestine, c'est le nom de notre pays. Même s'il n'est pas reconnu, nous avons cette sensation intime d'être chez nous, affirme-t-il. L'annexion de la Cisjordanie ce serait un rêve qui s'envole ! »Il y a 5 ans pourtant, lors de son premier mandat, Donald Trump a reconnu l'annexion par Israël du plateau du Golan occupé. Pour satisfaire son électorat évangéliste, il pourrait faire pareil avec la Cisjordanie.Mais quand on demande à Yaser Alkam quel bulletin il a mis dans l'urne, il répond : « Trump. Il sera le président des surprises ! Il peut se réveiller un matin et dire "OK, je reconnais la Palestine !" C'est le genre de mec qui oserait faire ça ! C'est l'espoir ! Je ne pense pas qu'il veuille rester dans l'Histoire comme le président qui a détruit le rêve de millions de Palestiniens. »À lire aussiEn Cisjordanie occupée, les colons s'accaparent les terres de Sinjil: «On a perdu 8 500 hectares»« Après 4 ans de Trump [...] Israël aura étendu son territoire en Judée-Samarie »Détruire un rêve ou en réaliser un autre ? À quelques centaines de mètres de Turmus Ayya, perchée sur une colline, la colonie israélienne de Shilo. Ironie de la géographie, elle est peuplée à 20% par des juifs Américains. Yisrael Medad a participé dans les années 70 au Goush Emounim, le plus grand mouvement de colonisation de la Cisjordanie. « Nous ne sommes pas l'occupant, pas le colonisateur, nous vivons sur notre terre. Nous sommes revenus ! »Lui aussi a voté pour Donald Trump : « Après 4 ans de Trump, si tout se passe comme je l'imagine, Israël aura étendu son territoire en Judée-Samarie. » La Judée-Samarie, le nom biblique de la région. Pour y arriver, Yisrael Medad propose de frapper la Palestine au portefeuille. « Aux États-Unis, nous avons la loi Taylor Force, qui permet de bloquer les fonds que nous donnons à l'Autorité palestinienne, quand cette dernière paye des terroristes. Pourquoi cette loi n'est pas appliquée ? »Des deux côtés, cette même attente : que Donald Trump leur permette d'être chez eux, en Cisjordanie pour les uns, en Judée-Samarie pour les autres...À écouter dans L'invité internationalCisjordanie occupée: «La moindre esquisse de résistance à l'occupation est un risque de mort»