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Pourquoi devenir pasteur? Malgré le déclin de l'Église chrétienne en Occident, plusieurs hommes et femmes choisissent encore de devenir pasteurs. Vocation ou métier atypique? Servir ou être servi par sa communauté? Chacun et chacune doivent trouver leur voie. Dans cet épisode Joan et Stéphane reçoivent Quentin Beck, pasteur suffragant de l'Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel. Ensemble, ils réfléchissent sur les raisons qui les ont conduits vers le ministère et les attentes envers les pasteurs de nos jours. Site internet: https://questiondecroire.podbean.com/ ApplePodcast: https://podcasts.apple.com/us/podcast/question-de-croire/id1646685250 Spotify: https://open.spotify.com/show/4Xurt2du9A576owf0mIFSj Contactez-nous: questiondecroire@gmail.com Notre commanditaire: L'Église Unie du Canada Moncredo.org * Musique de Lesfm, pixabay.com. Utilisée avec permission. * Photo de Marek Studzinski, unsplash.com. Utilisée avec permission. Bonjour, bienvenue à Question de croire, un podcast qui aborde la foi et la spiritualité, une question à la fois. Cette semaine, pourquoi devenir pasteur? Bonjour Stéphane. Bonjour, Joan, bonjour à toutes les personnes qui nous écoutent. Aujourd'hui, nous accueillons Quentin Beck. Quentin est un apprenti pasteur, comme moi un petit peu encore. Bonjour. Bonjour, Joan, bonjour Stéphane. Bonjour aux auditeurs et auditrices. Quentin, tu nous viens de Neuchâtel et tu nous raconteras un petit peu plus tard pourquoi devenir pasteur. Exactement, c'est ça. J'ai 27 ans et depuis peu, j'exerce le ministère. Est-ce que les femmes pasteures existent? Comme anecdote pour débuter, j'aimerais dire que je viens d'une région en Alsace où il y a encore une petite prégnance de luthéranisme, un petit peu aussi, bien sûr, de communautés réformées, mais essentiellement des communautés luthériennes. Généralement, lorsqu'on est en paroisse et qu'on est pasteur, les jeunes savent de quoi il s'agit. Ils ont l'habitude, ils ont déjà rencontré des pasteurs ou ils ont entendu parler de ça, notamment des femmes pasteurs. Ça fait quand même un moment qu'il y a des femmes pasteurs. Et j'ai eu la surprise en arrivant dans le canton de Vaud, où le catéchisme est sectorisé, c'est-à-dire que certains professionnels de l'Église s'en occupent et plus nécessairement tous les pasteurs, je suis allée à la rencontre de jeunes dans un camp et j'ai dit que j'étais pasteur. Là, j'ai vu qu'ils me regardaient d'un drôle d'air. Il y en a un qui me dit « Mais finalement, si les femmes peuvent être pasteurs, (visiblement, c'était un petit peu nouveau pour lui, mais il avait l'air tout à fait OK) pourquoi on ne dit pas pasteuresse? La raison derrière la volonté de devenir pasteur C'est très intéressant, ces questions, parce que souvent, on suit une voie et pour la majorité des gens, on n'y pense pas trop. On prend une profession parce qu'on aime quelque chose, on a eu quelqu'un qui nous a influencés. Mais pour être pasteur, mon expérience est que j'ai eu à expliquer, je ne sais pas combien de centaines de fois, mon appel au ministère, pourquoi je voulais être pasteur, au point où je me disais, est-ce qu'il y a quelque chose que je n'ai pas encore compris? On ne veut pas avoir n'importe qui. Mais toujours cette question, au point où, une fois, j'ai googlé « Pourquoi devenir pasteur? » Et la première réponse que j'ai eue, c'est « Comment devenir riche? » Je n'exagère pas là. Donc, j'avais ma réponse. C'était pour le pognon. Et toi, Quentin, pourquoi es-tu devenu pasteur? Pour l'argent aussi, exclusivement. Ah, c'est bon! Impeccable! Un parcours de foi C'est aussi une question qu'on me pose souvent. C'est vrai que les gens s'interrogent quand on dit qu'on est pasteur, surtout que j'ai 27 ans et je n'ai pas forcément la tête à laquelle les gens s'attendent lorsqu'ils s'imaginent un pasteur. C'est une question à laquelle j'ai aussi dû répondre maintes et maintes fois. Mais voilà, je crois que j'ai voulu devenir pasteur parce que lors de mon catéchisme, j'ai vu autour de moi des gens qui avaient une foi forte, qui vivaient des choses avec Dieu et je voyais des gens qui changeaient dans leur comportement, dans leur façon d'être. Je venais d'une famille pas forcément très pratiquante où la foi n'avait pas une grande place. Et du coup, je me sentais un peu à part là-dedans. Je ne comprenais pas trop et en même temps, j'étais attiré, ça me posait des questions. Et je me suis dit, il faut que je grandisse dans ma foi, et pour ça je me suis lancé dans les études de théologie. Si quelqu'un se pose des questions, je ne sais pas si c'est la meilleure chose à faire de se lancer dans des études de théologie, mais c'est ce que j'ai décidé de faire. Et voilà, donc ma rentrée dans le monde de la théologie ne se faisait pas en vue du ministère, mais en vue de grandir dans ma foi. Je suis passé par la faculté catholique de Fribourg. Durant ce bachelor en théologie, on a beaucoup parlé de l'incarnation de Dieu, d'un Dieu qui se fait homme, qui se fait être humain et qui vient vers nous, qui vit des émotions, qui rigole, qui pleure, qui mange, qui meurt aussi. Il y a tout cet aspect-là. C'est quelque chose où je me suis dit: ce Dieu qui se fait proche de nous, qui nous comprend, qui nous ressemble, c'est quelque chose dont j'ai envie de témoigner autour de moi. Je dirais que c'est là qu'il y a eu le début de cette vocation, le commencement de cette vocation pour le ministère. Après, il y avait plein d'autres choses qui me retenaient. Je suis quelqu'un d'assez timide, d'assez introverti. Il m'a fallu passer par-dessus certaines choses. Je me retrouve un peu dans l'histoire de Moïse en Exode IV, qui n'a pas envie d'aller parler aux autres parce qu'il a de la peine à s'exprimer. Je m'identifiais aussi là-dedans. En Église, j'ai eu des moments, des espaces où on m'a permis de m'exprimer, où on m'a écouté, on m'a permis d'être moi-même, et où j'ai aussi pu expérimenter, parler devant les gens, témoigner de qui j'étais, de ce que je croyais, de ma foi. C'est quelque chose que j'ai envie de pouvoir permettre aussi aux autres, et je dirais que c'est un peu ces éléments-là qui ont fait qu'après mes études en théologie, je me lance dans le ministère pastoral. Les pasteurs qui nous influencent durant notre jeunesse J'aime bien ce témoignage, notamment cette idée que l'Église est un lieu où on peut être soi-même. Et je trouve que c'est plutôt encourageant. Moi, de mon côté, j'ai cette certitude en moi depuis que j'ai l'âge de 10 ans. Je me rappelle que j'étais en train de faire un jeu, et puis je me disais, mais au fait, qu'est-ce que je vais devenir plus tard? Enfin, je me vois dans quoi? J'avais deux parents travailleurs sociaux, très à gauche, très engagés pour le monde. Et je voulais aussi un métier qui fasse sens, et où on soit là au nom d'une cause supérieure, et finalement, où on serve les autres. Et je connaissais le mari de ma marraine, qui était un pasteur totalement engagé dans le travail social auprès des jeunes dans la rue. Et je me suis dit, moi, je vais faire le travail que fait Jean-Michel. Ce n'est qu'après que j'ai découvert que c'était très, très, très anecdotique, qu'il n'y en avait vraiment pas beaucoup. En fait, mon modèle à moi, hyper à gauche, hyper punk, hyper avec les marges. En plus, ce qui est un petit peu dommage, a posteriori je regrette un peu, c'est que je me suis dit je vais devenir pasteur parce que je ne savais pas qu'il y avait d'autres métiers d'Église. Après, j'ai expérimenté tous les autres métiers d'Église : catéchète, diacre, dans la sphère missionnaire, etc., et je me suis vraiment éclatée aussi. Je suis contente que maintenant cette diversité des ministères existe et qu'on en parle beaucoup plus aux jeunes. Sinon, il y a un risque de cléricalisme, de pastora-centré, qui n'est pas bénéfique pour l'Église, en fait, et qui limite aussi, en termes de projection, les lieux où on se sent à l'aise pour exercer un ministère. Un ministère pour tous et toutes Lorsque les gens pensent à quelqu'un qui travaille pour l'Église, on pense à un pasteur parce que je crois qu'il y a cette idée justement du pasteur masculin, le prêtre qui est en avant, qui parle avec sa grosse voix grave et enseigne les bonnes réponses. Et pourtant, le ministère, c'est tellement plus large. Moi, je suis de ceux qui croient que nous sommes tous et toutes appelés au ministère. Le défi, c'est de trouver le bon ministère qui nous correspond. Il y a des gens qui ont une facilité de parler en public, comme moi. Il y a des gens qui font de la musique. Il y a des gens qui accompagnent des personnes malades. Ce sont tous des ministères. On pourrait quasiment dire tous des pasteurs. Je sais que ça peut choquer un peu parce qu'on a l'impression que « pasteur », ce n'est pas une appellation d'origine contrôlée. Mais je me demande dans les yeux de Dieu, les titres… j'ai l'impression que ce n'est pas si important. C'est le ministère qu'on fait. Je pense qu'on a justement cet appel-là de trouver ce qu'on peut faire avec tous les dons, tous les talents qu'on a reçus de l'Esprit. Suivre son appel Moi, cette idée de ministère qui s'adresse à tout le monde me parle beaucoup. Pour l'examen de consécration que j'ai passé il y a deux semaines, j'ai dû préalablement envoyer une lettre qui exprimait mes envies et justement les raisons de mon engagement. Et j'ai insisté sur le fait que c'est avant tout mon ministère à la suite du Christ, en tant que chrétien qui se place dans ce ministère pastoral, mais ce qui est à la source, c'est ce ministère baptismal, ou ce ministère qui nous vient de notre envie de nous mettre à la suite du Christ. Voilà le ministère pastoral dans lequel je m'engage actuellement, un ministère assez traditionnel, où justement je suis un peu ce pasteur masculin, alors j'essaye de pas trop enseigner, de ne pas être trop moralisant. Mais c'est la forme à laquelle je me sens appelé et il y a une diversité des ministères et une complémentarité des ministères aussi. Je pense que c'est aussi important de dire que tout seul je ne m'en sortirai pas non plus. Si je reprends un peu l'exemple de Moïse avec ses difficultés à s'exprimer en public, Dieu lui donne aussi Aaron pour qu'il aide et je crois que c'est important de le dire. En tout cas, à mes yeux, si on place le pasteur tout seul, on ne fait pas grand-chose. Le manque de modèle pour les femmes J'ai deux choses à dire. La première, c'est que finalement, c'est difficile pour une femme pasteure d'avoir des femmes comme modèle. Non pas qu'il n'y ait pas d'autres femmes pasteurs, il y en a, il y en a même beaucoup et de plus en plus et je trouve ça très bien. D'ailleurs souvent on me dit, il n'y a pas longtemps, j'étais dans un groupe et un homme assez âgé a dit « de toute façon maintenant, il n'y a plus que des femmes pasteurs ». Alors je lui ai dit « ah bon, mais où ? Ça m'intéresse beaucoup ». Il a dit « En Suisse, il n'y a plus que des femmes pasteurs ». Je lui ai dit « ben statistiquement ce n'est pas vrai ». Bref, on a souvent des remarques qui n'ont pas l'air si contentes qu'il y ait plus de femmes pasteurs. Et pour moi qui vais avoir 45 ans, finalement, je n'ai pas tellement de femmes comme modèles. Et quand je parle de femmes modèles, je parle de gens comme Martin Luther King, de gens comme Albert Schweitzer, je parle de gens dont on parle tout le temps et qui ont une figure tutélaire dans la société. Ce qui est intéressant, c'est que j'ai un peu réfléchi à ma paroisse d'origine, et je me suis rendu compte que de temps à autre il y a eu quelques stagiaires femmes, mais il n'y a pas encore eu de femmes pasteurs titulaires dans cette paroisse. Et ça donne à réfléchir quand même, parce qu'on est en 2025 et c'est une paroisse qui a été plantée lors de la Réforme, il y a cinq siècles. Donc finalement, quand on a l'impression qu'il y a peut-être beaucoup de femmes pasteurs, il y a beaucoup de femmes pasteures, beaucoup de femmes qui sont au service, beaucoup de femmes ministres, diacres, animatrices d'Église, mais pas de femmes dans les lieux où il y a une certaine densité historique ou des lieux auxquels on puisse se référer, comme la paroisse qu'a plantée Calvin à Strasbourg, qui est ma paroisse d'origine. Les attentes envers les pasteures? Et puis la deuxième chose à laquelle je pense, c'est que c'est encore une découverte progressive et qui n'est pas terminée sur ce qui est attendu d'une femme pasteur. C'est-à-dire qu'il y a dix ou quinze ans, il y avait des articles, notamment dans le journal Réforme en France, qui n'est pas le Réformes en Suisse, sur la plus-value. Figurez-vous qu'avoir des femmes pasteurs, c'était quand même bien, ça amenait une plus-value parce qu'on était à l'écoute, on s'occupait bien des enfants. Les femmes peut-être se sentaient un peu plus en confiance, mais les hommes aussi, parce qu'on était dans le « care », on était plus maternantes. Enfin voilà, toutes choses qui ne faisaient aucun sens pour moi. Et je crois qu'on est encore en train d'essayer de se dire, mais c'est qui, c'est quoi une femme pasteure? Et moi, pour avoir succédé pendant presque une année à un homme très compétent dans son domaine, très connu et du cru du lieu, j'ai bien vu qu'en fait, il y a des gens pour qui c'était un changement qui était bénéfique. Ils en étaient contents, contentes, notamment des jeunes femmes qui sont venues me raconter beaucoup de choses, comme c'est toujours le cas quand il y a une femme pasteur qui succède à un homme. Mais il y avait aussi beaucoup de gens qui étaient complètement dubitatifs. À se dire, attends, ça fait beaucoup, non? C'est une femme et puis elle est étrangère. Comment on va faire? Comment va-t-elle s'en sortir? On ne va pas trop l'aider quand même. Voilà, donc je vous apporte ma touche féminine à la conversation. Pasteur : vocation ou travail? Mon commentaire est purement empirique, je n'ai pas fait de recherche. J'ai remarqué avec la féminisation du clergé au Canada, on parle de plus en plus de vocation. En soi, ce n'est pas une mauvaise chose, mais ce que ça sous-tend lorsqu'on a une vocation, c'est qu'on se donne sans compter. Lorsqu'on a une profession, on est professionnel, on fait nos heures, lorsqu'on a un travail, on a un horaire de travail. Mais lorsqu'on a une vocation, c'est sûr que tu vas travailler 50-60 heures par semaine sans être payé pour tes heures supplémentaires. C'est sûr que tu vas faire de l'extra. C'est une vocation. Et j'ai arrêté d'utiliser ce mot-là justement pour dire ma profession, c'est pasteur. J'ai eu un appel, mais j'ai un travail qui est, bon, peut-être atypique par rapport à des amis qui travaillent dans un bureau, qui travaillent pour le gouvernement. Mais j'essaye d'utiliser le moins possible cette idée de vocation. Je ne crois pas que mon travail, ce soit d'être un martyr. Je crois que mon travail c'est d'être là pour les gens d'une communauté ou d'une région, puis d'essayer de les faire grandir dans la foi, sans nécessairement me tuer à la tâche. Trouver un équilibre dans la vie de pasteur En tout cas, pour moi qui débute dans le ministère, c'est vrai que c'est une question qui prend beaucoup de place; comment jongler, comment équilibrer vie professionnelle et vie privée, comment réussir à forger un ministère qui me ressemble et qui n'est pas non plus seulement basé sur les attentes des paroissiens ou des paroissiennes. Justement, j'ai changé de paroisse entre mon stage et ma suffragance dans laquelle je suis actuellement, et j'ai vu que les attentes étaient totalement différentes et que le statut qu'on me donnait était très différent. Voilà, c'est un défi pour moi, clairement, de réussir à faire un équilibre entre ces deux choses. Et c'est le titre de l'épisode « Pourquoi devenir pasteur? » ça m'a fait rire que vous m'invitiez pour ce podcast-là parce qu'il y a quelques fois quand même ou en regardant mes semaines ou quand je raconte ce que je fais avec certaines personnes, on me demande pourquoi est-ce que tu es devenu pasteur ? Puis il y a quelques fois où je réponds « je ne sais pas ». Et c'est vrai que c'est un peu cette remise en question de « waouh, comment est-ce que je vais pouvoir tenir ça et tenir ça à long terme, aussi pour ne pas me brûler tout de suite ? » « Comment ça tu ne sais pas? On a dit que c'est pour l'argent. » « Exactement, c'est ça. Mais voilà, je dois avouer que je ne suis pas dans le bon canton pour l'argent. » Les différents termes pour définir un ministère Alors, on parle beaucoup de pasteur, c'est le titre de l'épisode, mais je suis passée par une étape comme diacre, alors c'était purement économique, là, de nouveau, tiens, on revient vers ça. C'est aussi parce que la paroisse qui m'employait n'avait pas vraiment les finances pour employer deux pasteurs. Ça m'arrangeait d'être diacre à cette période de ma vie, un, par curiosité pour ce ministère-là. Et deux, parce que du coup j'avais moins de responsabilités administratives. Étant donné que c'était en Suisse alémanique, je dois reconnaître que j'étais assez contente de ne pas avoir trop de responsabilités. Du coup, il m'est arrivé l'une ou l'autre fois d'aller en Afrique terminer des dossiers pour mon ancien mandat où ils avaient encore besoin d'un petit coup de main. Et j'expliquais à mes collègues, écoutez, maintenant je suis diacre. Ils me regardaient comme ça avec des grands yeux. Ils se disaient, mais comment a-t-elle fait, elle qui a un doctorat en ontologie, qui est pasteur, en tout cas j'ai mon certificat de pasteur, comment a-t-elle fait pour devenir diacre? Jusqu'à ce que je comprenne que, dans ce contexte-là, « diacre », ça veut dire « sacristine ». Ils étaient polis, ils n'osaient rien dire, mais ils me regardaient vraiment tous les uns après les autres, genre… Mais qu'est-ce qui se passe? Voilà, c'est marrant parce qu'en fait, il y a tous ces mots qui sont interchangeables. « vicar » ne veut pas dire « vicaire ». Et puis, « diacre » ne veut pas dire la même chose ailleurs. « Sacristine » peut-être pas non plus, je n'en sais rien. « Suffragant », en tout cas, ça ne veut pas dire la même chose partout. Toi, tu es un révérend, n'est-ce pas, Stéphane? Oui, en anglais, je suis un révérend. En français, je suis un pasteur. Vouloir devenir le pasteur cool J'ai grandi catholique romain. C'était l'époque post-Vatican II, donc les prêtres « cool » avec leur guitare, les cheveux longs. On les tutoyait. Bon, on ne se pose pas trop de questions. J'arrive dans l'Église Unie du Canada. En formation, c'était assez cool entre francophones. Et là, le choc. À ma première paroisse anglophone, j'avais un titre. J'avais des privilèges. Lorsqu'il y avait un repas de paroisse, je devais me servir en premier. On m'appelait révérend tout le temps. Quand les dames de la paroisse ont su comment j'aimais mon café, je n'avais pas à lever le petit doigt. Le café arrivait comme je l'aimais et ça m'énervait. Il y a cette notion, justement, comment les gens nous perçoivent. Ce n'est pas juste nous qui, parfois, recherchons le prestige. Il y a les gens, il y a le passé, il y a le titre, il y a toutes ces choses-là qui influencent la relation qu'on peut avoir avec des paroissiens, des paroissiennes, ou même les gens de la communauté. « Ah, c'est monsieur le pasteur de telle paroisse. » Ah, bon, là, on fait attention. Des fois, j'ai juste le goût de dire « je suis Stéphane ». Pour moi, c'est quasiment un carcan de dire qu'il faut que je fasse attention pour correspondre à une certaine vision. Et ça, c'est le côté que je n'avais pas vu venir lorsque j'ai fait ma formation, puis lorsque j'ai débuté, puis pourquoi je voulais être pasteur. Je voulais être le pasteur cool, puis ça n'a pas été ça nécessairement. Répondre aux attentes des autres Moi, à part en Afrique, je n'ai jamais connu cette aura de la pasteure. Déjà parce que quand tu es une femme, c'est hyper rare d'avoir de l'aura dans ce genre de job. Je crois que j'ai déjà raconté dans un autre épisode, mais il t'arrive plutôt des trucs du style: tu arrives pour un service funèbre, tu te présentes, puis quelqu'un me dit « Oh, vous parlez bien le français, c'est formidable! » Et puis j'ai dit « Ah ben écoutez, je suis contente que vous soyez contente. » Tu ne sais pas trop quoi répondre dans ces cas-là. Elle m'a dit « Oui, parce que j'ai vu votre nom de famille là, Charras-Sancho. » Et je me suis dit « Elle va avoir un accent effroyable, on va rien comprendre. » Comme toujours quand c'est des femmes étrangères. Il m'arrive plutôt des choses un peu comme ça, des petites vexations, des micro-agressions. Mais pas toujours, mais s'il m'arrive des choses, c'est plutôt de ce registre. Et puis, quand tu es en Afrique et que tu dis que tu es ou docteur en théologie, ou diacre, ou missionnaire, ou pasteur ou quoi, effectivement, là, il y a plus de différences. Mais il peut arriver aussi des choses un peu gênantes, comme la fois où quelqu'un est venu toquer à ma porte et m'a demandé si j'avais des culottes pour qu'on me les lave. J'ai dit non, non, c'est bon, merci beaucoup, je n'y tiens pas plus que ça, c'est gentil. J'étais sur un campus protestant et puis ils m'ont envoyé quelqu'un pour me laver mes culottes. C'est aimable, mais j'ai dit non. C'est vrai que je trouve que c'est marrant parce qu'on m'a beaucoup parlé de la stature des pasteurs et il y a des personnes âgées qui sont très déçues qu'on ne soit pas des hommes en costume cravate. Je me rends compte que c'est une déception pour ces personnes. J'essaye de me mettre vraiment à leur place, mais il n'y a rien que je puisse faire pour répondre à cette attente-là. Je ne peux être que moi-même et finalement, je crois que ça rejoint un petit peu ce que tu nous disais, Quentin. C'est important que dans ces Églises on puisse être soi-même. Entre le moment où moi j'ai commencé le ministère en 2009, le moment où Stéphane a commencé dix ans avant, le moment où toi tu commences, Quentin, on est presque déjà sur trois générations différentes. Quelles attentes est-ce que tu sens toi, Quentin? Trouver sa place dans une communauté en tant que pasteur Justement, l'anecdote du café de Stéphane m'a fait assez rire, parce que dans la paroisse dans laquelle je suis arrivé en septembre, il y a justement ce rituel du café après le culte. Dans ma vision du ministère, il y a une position de service. Je me verrais plutôt à servir les cafés pendant ces moments-là, plutôt que de me faire servir mon café. Donc voilà, il y a aussi ce malaise que la communauté est là pour servir le pasteur avec laquelle j'ai beaucoup de peine et je dois apprendre les moments où me laisser servir aussi, ce qui est compliqué pour moi. Il faut essayer de trouver cet équilibre entre quand est-ce que je ne me laisse pas faire et je pose mes limites en disant ben non là; si je veux aider pour ça, j'aide et quand est-ce que j'accepte que tout d'un coup on me serve mon café. Mais voilà, ces attentes-là, je me rends compte qu'elles peuvent vraiment varier d'un lieu à l'autre. Et je réfléchis aussi, il y a un peu deux aspects. Il y a l'aspect homme, qui est très valorisé, et en même temps, il y a l'aspect jeune, où les remarques sont souvent pleines de bonne volonté, mais on peut aussi être un peu le petit gamin avec des comportements infantilisants qu'on peut percevoir. De nouveau là, il sagit de trouver quand est-ce que les gens en paroisse ont l'âge d'être mes grands-parents, quand est-ce que j'accepte qu'ils voient un peu en moi leur petit-fils, qu'ils auraient peut-être souhaité voir devenir pasteur, et puis quand est-ce que non, je m'affirme comme un adulte et que je prends ma place aussi. Voilà, c'est un défi, peut-être en tant qu'être un peu timide et introverti des fois, de vraiment prendre ma place et oser poser mes limites. Un appel qui change avec le temps Il y a quelques années, je suis allé à une conférence de prédication. Il y avait un prédicateur américain qui nous a parlé de 1 Rois 19. Le prophète Élie doit se sauver dans le désert pendant une dépression profonde et il veut mourir. Il rencontre le Seigneur et il reçoit une nouvelle mission. Et le prédicateur nous expliquait que la raison qui nous a conduits à devenir pasteurs n'est peut-être pas la même que celle qu'on a aujourd'hui. Moi, j'ai eu à vivre ça. J'ai été pasteur de paroisse pendant longtemps et je croyais que c'était ça. J'étais fait pour être pasteur de paroisse, rien d'autre. Et plusieurs choses sont arrivées et la vie m'a mené ailleurs. Je pense que c'est OK aussi. Parce que ce n'est pas nécessairement un métier facile. Il y a les critiques et parfois on se demande, un peu comme m'a dit Quentin, mais qu'est-ce que je fais là? Pourquoi j'ai dit oui à ça? Et parfois, je me suis dit, est-ce que je serais plus heureux ailleurs? Probablement pas. Être pasteur, dans un contexte en 2025 où, en Occident, l'Église chrétienne, on va être honnête, est en déclin, c'est un choix qui se renouvelle. Être pasteure est une passion Servir en Église, plus encore qu'être pasteur, c'est vraiment une passion. C'est un métier passion. J'aime la théologie, j'aime la réflexion, j'aime le contact avec les gens, j'aime les retours qu'on fait, j'aime pouvoir inventer des nouvelles façons de célébrer Dieu. Donc je suis assez reconnaissante de vivre de ma passion. Et pour avoir pas mal voyagé en Afrique, à Madagascar, j'étais toujours hyper émue de voir qu'il y avait des instituts de formation de pasteurs où il y avait parfois des volets de plus de 100 pasteurs, mais qui n'avaient aucune idée comment réussir à en vivre. Et moi, j'ai souvent ça dans un coin de ma tête quand c'est un peu difficile ou quand je me lamente un petit peu sur mon sort. Je me dis, bon, à part ça, pour l'instant, le salaire est assuré, on revient à l'argent et je peux vivre de ma passion. C'est quand même formidable. Être payé pour vivre des moments spéciaux C'est vrai qu'il y a ces moments où on se demande qu'est-ce qu'on fait là, puis il y a aussi d'autres moments où on se dit, « C'est vraiment mon métier, je suis vraiment payé pour vivre ce moment parce qu'il y a des moments tellement beaux. » Je bosse beaucoup avec les adolescents, puis il y a des moments de camps qui sont juste incroyables. Puis je me dis, mais c'est incroyable de pouvoir être payé pour ça. On rigole beaucoup avec l'argent, mais de vraiment pouvoir être présent dans ces moments-là, c'est un ministère; en tout cas le mien est encore très généralisé et du coup je mes retrouve à accompagner des gens dans toutes les étapes de leur vie et on est parfois tellement privilégié de ce que les gens nous partagent, nous laissent entrer dans une certaine intimité qui est très précieuse. Je dirais que c'est souvent dans ces moments-là que je suis le plus reconnaissant du ministère que je peux vivre. Donc voilà, c'est ça, il y a les côtés qui parfois sont lourds, où il y a plein de soucis et aussi quand on regarde vers l'avenir, c'est parfois difficile d'être optimiste, mais il y a ces moments-là qui, moi, viennent me rappeler aussi pourquoi je me suis lancé là-dedans. Conclusion Merci, Quentin, d'avoir participé depuis l'Église réformée neuchâteloise, que nous saluons. Et merci Stéphane aussi pour cette discussion ouverte sur les différents aspects de notre ministère. Nous n'oublions pas les autres ministères en église et nous n'oublions pas non plus que dans certaines églises les pasteurs seront bientôt la part congrue des salariés. Je formule le vœu que chacun, chacune qui se sent appelée à un ministère, quel qu'il soit en Église, se sente fortifiée, accompagnée et renouvelée pour ce beau service. Merci beaucoup. Si vous voulez nous partager vos expériences en tant que pasteur, vos expériences de ministère dans le sens très large, si vous avez des questions, si vous avez des suggestions pour la prochaine saison, parce qu'on arrive à la fin de cette saison-ci, la saison 3, écrivez-nous questiondecroire@gmail.com. Je veux aussi remercier notre commanditaire, l'Église unie du Canada. Merci beaucoup, Quentin. J'espère que les prochaines semaines seront bonnes pour ton ministère. Merci Stéphane, merci Joan. Oui, tout de bon dans vos ministères respectifs aussi. Au revoir.
Quand l'enfant d'accueil arrive, c'est toute la famille qui est chamboulée. Loin du rêve d'une parentalité heureuse, le travail des familles d'accueil s'avère parfois un casse-tête. Comment gérer le passé traumatique des enfants qui prennent leur place dans la famille? Dans le canton de Vaud, les familles reçoivent une formation à la Haute école de travail social (HETS). Mais elles sont nombreuses à rêver d'un suivi plus rapproché, comme le propose le canton de Berne via l'Association prima-familia. Reportages : Raphaële Bouchet Réalisation : David Golan Production : Laurence Difélix
Nous sommes le 21 juin, cʹest la Fête de la musique… Alors que de nombreux artistes sont sous les projecteurs aujourdʹhui, Yves-Alain Cornu sʹintéresse à un travail de lʹombre, pourtant visible de tous : tourneur de pages pour pianiste. Cʹest notre séquence " Les Invisibles " : rencontre avec Kasimir Hochuli, un Appenzellois de 24 ans établi à Renens, également facteur de pianos à Puidoux, dans le canton de Vaud.
Depuis 2010 et tous les deux ans, La Route Lyrique prolonge une politique, unique en Suisse Romande, dʹinsertion professionnelle de chanteurs et instrumentistes diplômés des Hautes Écoles de Musique romandes. Cette saison, cʹest Le Docteur Miracle de Georges Bizet, sous la direction musicale du chef dʹorchestre valaisan Anthony Fournier, qui part en tournée dans le canton de Vaud et en Suisse Romande pour 13 représentations du 20 juin au 10 juillet 2025. Il nous en parle dans Vertigo. Anthony Fournier est lʹinvité de Pierre Philippe Cadert.
Nos usages de biens numériques ont beaucoup évolué au cours de ces dernières années. En 1970, les réalisateurs inventaient des scénarios futuristes dans lesquels il était possible de se voir en téléphonant : cela semblait incroyable ! Mais aujourd'hui pour n'importe quel enfant, cela semble être une aberration d'imaginer un monde sans smartphone. Cinquante ans seulement ont passé entre ces deux univers mentaux….Aujourd'hui, nos usages du numériques sont exponentiels. Dans le monde chaque minute: - 188 mio e-mails sont envoyés - il y a 1 million de connections sur les réseaux sociaux - il y a 41 millions de chats - enfin il y a 30 milliards d'objets connectés sur la planète, avec une augmentation de 20% par année…Ces usages grandissant du numérique ont un grand impact écologique que ce soit par la fabrication du hardware, la consommation d'énergie ou le (manque de) recyclage…Alors…..Comment diminuer l'empreinte de nos usages numériques? C'est ce que je vous invite à découvrir dans ce nouvel épisode du podcast « 2040 j'y vais ! ».Pour trouver des réponses à cet enjeu, je suis allée à la rencontre de deux personnes inspirantes de Suisse romande :a. Boris Siegenthaler, fondateur et directeur stratégique d'Infomaniak, le cloud éthique de Suisse. À Plan-les-Ouates, Infomaniak a créé le premier data center sous terre qui récupère sa chaleur pour alimenter 6000 foyers en énergie.b. Stéphane Lecorney, professeur associé à l'institut d'ingénierie des médias à la HEIG-VD, qui est en train de créer un jeu de société autour du numérique responsable.Alors oui, un numérique (plus) responsable est possible. Et nous vous en montrons le chemin... jusqu'en 2040.Le podcast « 2040, j'y vais! » est possible grâce au soutien de la Fondation Giovannini, du canton de Vaud, du canton de Genève, du Transform'Action Lab de l'EPER, du One Planet Lab et des Services Industriels de Genève. Nous remerçions également nos partenaires de diffusion: l'impact Hub Lausanne-Genève; la Fédération Suisse des entreprises et le sanu.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
La fracture numérique questionne nos responsabilités individuelles et collectives. Si les cantons de Genève et Neuchâtel ont voté un droit à l'intégrité numérique, la question fait débat dans le canton de Vaud et à l'échelle fédérale. Quel est le rôle de l'État pour lutter contre l'analphabétisme numérique? Dans le Jura, La Poste a conclu un partenariat avec le canton et apprend à ses clients l'utilisation du guichet virtuel. Reportages de François Jeannet Réalisation: John Haslebacher Production: Raphaële Bouchet
Xavier Bloch nous emmène à la rencontre d'une baliseuse de sentiers de randonnée, de l'association Vaud rando. Première diffusion le 26.10.2024
Afin de soutenir l'association Samedi du partage dans sa grande récolte de denrées de première nécessite qui a lieu aujourd'hui et demain dans les cantons de Genève, Vaud et Fribourg, vous pouvez toujours aller consulter leurs besoins en bénévoles (tranches de 3-4 heures) sur leur site: www.samedidupartage.ch Merci d'avance de votre soutien à cette grande action de lutte contre la précarité en Suisse!
La question des coûts des assurances maladie en Suisse est devenue un enjeu majeur pour de nombreux citoyens-nes et acteurs du système de santé. Alors que les primes continuent d'augmenter, les familles, les retraité-es et les travailleurs-euses se retrouvent confrontés à une pression financière toujours plus forte. Mais quelles sont les causes réelles de cette hausse et quels leviers peuvent être actionnés pour en limiter l'impact sur les assurés ? Eclairage et analyses de l'expert Pierre-Yves Maillard. _ Après des études à l'université de Lausanne qu'il a terminées avec une licence, Pierre-Yves Maillard a enseigné le français, l'histoire et la géographie. De 2000 à 2004, il a été secrétaire régional de la FTMH (désormais Unia) pour les cantons de Vaud et de Fribourg. Pierre-Yves Maillard a par ailleurs été député socialiste au Grand Conseil vaudois de 1998 à 2000. Depuis les élections de 1999 et jusqu'au 29 novembre 2004, il a été conseiller national. Le 1er décembre 2004, il a été élu au Conseil d'État du canton de Vaud et a pris les rênes du Département de la santé et de l'action sociale. Il préside l'Union syndicale suisse depuis mai 2019. Réélu en 2019 au Conseil national, il a été brillamment élu au Conseil des États lors des dernières élections en 2023. Il est marié et père de deux enfants. Enregistré au Club 44 le 27 mai 2025
Le 18 décembre 1993, la première récolte de denrées alimentaires et de produits d'hygiène de base a eu lieu dans 12 supermarchés genevois avec l'appui de 50 bénévoles, une récolte qui a remporté un succès immédiat avec 16 tonnes de marchandises. Depuis, la manifestation n'a jamais cessé de grandir. Les associations Samedi du partage Genève, créée en 1993, Samedi du partage Vaud, créée à Lausanne en 2018, et Samedi du partage Fribourg, qui lance sa 3ème édition cette année, récolteront des denrées alimentaires et des produits d'hygiène les 13 et 14 juin prochain, respectivement au profit de la Fondation Partage (banque alimentaire genevoise), de la CA-RL (Centrale Alimentaire de la Région Lausannoise gérée par Caritas Vaud), des Tables du Rhône et de la CA-NOV et de la Banque Alimentaire Fribourgeoise. DEMANDE: - Des bénévoles disponibles les vendredi 13 et/ou samedi 14 juin à Genève, Fribourg, Lausanne et région, dans le Chablais, sur la Côte et dans le Nord Vaudois (tranches de 3-4h).
Le canton de Vaud héberge le siège du CIO, de l'UEFA et de 58 fédérations internationales. Il organise aussi de nombreux événements internationaux et nationaux. Il soutient le sport d'élite mais aussi le sport de masse. Les enjeux sont multiples tant au niveau de la santé, de l'intégration, de la formation, du tourisme ou de l'économie. Entretien avec celle qui gère ces dossiers : la présidente du Conseil d'Etat Vaudois, Christelle Luisier, cheffe du Département des finances, du territoire et du sport
Les associations Samedi du partage Genève, créée en 1993, Samedi du partage Vaud, créée à Lausanne en 2018, et Samedi du partage Fribourg, qui lance sa 3ème édition cette année, récoltent des denrées alimentaires et des produits d'hygiène respectivement au profit de la Fondation Partage (banque alimentaire genevoise), de la CA-RL (Centrale Alimentaire de la Région Lausannoise gérée par Caritas Vaud), des Tables du Rhône et de la CA-NOV et de la Banque Alimentaire Fribourgeoise. La mission de ces banques alimentaires est d'acquérir, de stocker puis de distribuer de manière gratuite des produits de première nécessité à leurs institutions bénéficiaires et leurs structures membres. L'acquisition de la marchandise se fait par le biais de la générosité de nombreux donateurs (particuliers, commerces, maraîchers et producteurs). Les bénéficiaires sont des personnes en situation de précarité en Suisse romande (familles monoparentales, working-poors, personnes victimes de violence, souffrant de troubles psychiques, sans domicile fixe etc). La prochaine action aura lieu les 13 et 14 juin 2025 dans 160 enseignes réparties dans les cantons de Genève, Vaud et Fribourg. Pendant ces deux journées, les clients sont invités à faire don de produits de première nécessité, qui seront ensuite collectés par les banques alimentaires puis distribués aux personnes en situation de précarité via des institutions partenaires. Cette action de grande ampleur ne peut se faire sans l'aide de centaines de bénévoles. Il est possible de s'inscrire sur le site: www.samedidupartage.ch DEMANDE: - Des bénévoles disponibles les vendredi 13 et/ou samedi 14 juin à Genève, Fribourg, Lausanne et région, dans le Chablais, sur la Côte et dans le Nord Vaudois (tranches de 3-4h).
La prochaine action du Samedi du partage aura lieu les 13 et 14 juin 2025 dans 160 enseignes réparties dans les cantons de Genève, Vaud et Fribourg. Pendant ces deux journées, les clients sont invités à faire don de produits de première nécessité, qui seront ensuite collectés par les banques alimentaires puis distribués aux personnes en situation de précarité via des institutions partenaires. Au total, des centaines de bénévoles sont recherchés pour assurer le bon déroulement de cette action qui aura lieu mi-juin. En effet, lors de chaque édition, des centaines de bénévoles apportent leur aide précieuse car ce sont eux qui sont chargés, d'une part, de promouvoir et d'expliquer l'action auprès de la clientèle et en lui remettant un cabas, et d'autre part, de ranger et trier la marchandise reçue. DEMANDE: - Des bénévoles disponibles les vendredi 13 et/ou samedi 14 juin à Genève, Fribourg, Lausanne et région, dans le Chablais, sur la Côte et dans le Nord Vaudois (tranches de 3-4h).
Alors que la précarité continue de s'aggraver en Suisse romande, la nouvelle édition du Samedi du partage se tiendra les vendredi 13 et samedi 14 juin prochain dans plus de 160 enseignes des cantons de Genève, Vaud et Fribourg. Cette mobilisation solidaire permet de collecter des produits de première nécessité au profit de milliers de personnes en difficulté. Pour mener à bien cette mobilisation solidaire, 2'400 bénévoles sont nécessaires. Il reste respectivement 450 places à Genève, 267 dans le canton de Vaud et 120 places à Fribourg pour faire partie des équipes de bénévoles. DEMANDE: - Des bénévoles disponibles les vendredi 13 et/ou samedi 14 juin à Genève, Fribourg, Lausanne et région, dans le Chablais, sur la Côte et dans le Nord Vaudois (tranches de 3-4h).
Les associations Samedi du partage Genève, créée en 1993, Samedi du partage Vaud, créée à Lausanne en 2018, et Samedi du partage Fribourg, qui lance sa 3ème édition cette année, récoltent des denrées alimentaires et des produits d'hygiène respectivement au profit de la Fondation Partage (banque alimentaire genevoise), de la CA-RL (Centrale Alimentaire de la Région Lausannoise gérée par Caritas Vaud), des Tables du Rhône (dans le Chabalais) et de la CA-NOV (dans la région d'Yverdon) et finalement de la Banque Alimentaire Fribourgeoise. La mission de ces banques alimentaires est d'acquérir, de stocker puis de distribuer de manière gratuite des produits de première nécessité à leurs institutions bénéficiaires et leurs structures membres. L'acquisition de la marchandise se fait par le biais de la générosité de nombreux donateurs (particuliers, commerces, maraîchers et producteurs). C'est d'ailleurs dans l'objetif de refaire des stocks de marchandises pour les prochains mois que l'association Samedi du partage organisera sa prochaine grande action les 13 et 14 juin 2025 dans 160 enseignes réparties dans les cantons de Genève, Vaud et Fribourg. Pendant ces deux journées, les clients sont invités à faire don de produits de première nécessité qui seront collectés par les banques alimentaires puis distribués aux personnes en situation de précarité. Au total, 2776 bénévoles sont recherchés pour assurer le bon déroulement de cette prochaine action. DEMANDE: - Des bénévoles disponibles les vendredi 13 et/ou samedi 14 juin à Genève, Fribourg, Lausanne et région, dans le Chablais, sur la Côte et dans le Nord Vaudois (tranches de 3-4h).
Travailler et vivre en Suisse - le podcast de David Talerman
Face à l'augmentation de la précarité liée à la hausse du coût de la vie, l'association Samedi du Partage organise depuis de nombreuses années des collectes de denrées non périssables, redistribuées localement à diverses associations. Concrètement, la mission du Samedi du partage est simple: organiser sur 2 jours et 2x par année auprès du grand public une récolte d'articles de 1ère nécessité afin de venir en aide à des personnes dans le besoin. Pour le donateur, il s'agit de faire un geste concret et simple par l'achat de produits de base en faveur d'une personne moins favorisée. Tous les bénéficiaires sont des personnes en situation de précarité (familles monoparentales, working-poors, personnes victimes de violence, souffrant de troubles psychiques, sans domicile fixe, etc). La prochaine action aura lieu les 13 et 14 juin 2025 dans 160 enseignes réparties dans les cantons de Genève, Vaud et Fribourg. Pendant ces deux journées, les clients sont invités à faire don de produits de première nécessité, qui seront ensuite collectés par les banques alimentaires puis distribués aux personnes en situation de précarité via des institutions partenaires. DEMANDE: - Des bénévoles disponibles les vendredi 13 et/ou samedi 14 juin à Genève, Fribourg, Lausanne, dans le Chablais, sur la Côte et dans le Nord Vaudois (tranches de 3-4h).
Les associations Samedi du partage Genève, créée en 1993, Samedi du partage Vaud, créée à Lausanne en 2018, et Samedi du partage Fribourg, qui lance sa 3ème édition cette année, récoltent des denrées alimentaires et des produits d'hygiène respectivement au profit de la Fondation Partage (banque alimentaire genevoise), de la CA-RL (Centrale Alimentaire de la Région Lausannoise gérée par Caritas Vaud), des Tables du Rhône et de la CA-NOV et de la Banque Alimentaire Fribourgeoise. La mission de ces banques alimentaires est d'acquérir, de stocker puis de distribuer de manière gratuite des produits de première nécessité à leurs institutions bénéficiaires et leurs structures membres. L'acquisition de la marchandise se fait par le biais de la générosité de nombreux donateurs (particuliers, commerces, maraîchers et producteurs). Les bénéficiaires sont des personnes en situation de précarité en Suisse romande (familles monoparentales, working-poors, personnes victimes de violence, souffrant de troubles psychiques, sans domicile fixe etc). La prochaine action aura lieu les 13 et 14 juin 2025 dans 160 enseignes réparties dans les cantons de Genève, Vaud et Fribourg. Lors de chaque édition, des centaines de bénévoles apportent leur aide précieuse. Ils sont chargés, d'une part, de promouvoir le Samedi du partage auprès de la clientèle en lui expliquant l'action et en lui remettant un cabas, et d'autre part, de ranger la marchandise reçue dans les caisses à disposition. DEMANDE: - Des bénévoles disponibles les vendredi 13 et/ou samedi 14 juin à Genève, Fribourg, Lausanne et région, dans le Chablais, sur la Côte et dans le Nord Vaudois (tranches de 3-4h).
Quelle est la juste place de la parole de l'enseignant en classe ? Est-ce qu'elle est trop présente, au détriment de celle des élèves et de leur mise en activité réelle ? Comment peut-elle être compensée par d'autres modes de communication et d'autres supports (gestes, supports visuels, outils de gestion de classe) ? Peut-on concilier économie de la parole et enseignement explicite ? Dans cet épisode, découvrez une pratique singulière et inspirante dans laquelle l'enseignant parle le moins possible. Il ne s'agit pas seulement d'économiser sa voix, mais d'adopter une posture professionnelle qui laisse aux élèves l'espace pour prendre la parole et acquérir progressivement plus d'autonomie. Et si vous voulez vous lancer, plein de petits défis simples à mettre en place vous sont proposés ! Avec :Jean-Philippe Maître, docteur en sciences de l'éducation, enseignant associé à la haute école de pédagogie (HEP) du canton de Vaud en Suisse.Sixu Péchenart, enseignant dans le 1er degré et maître-formateur à l'Inspé de Poitiers. Vous pouvez également consulter :Une vidéo tournée dans la classe de Sixu Péchenart pour Canotech : L'autonomie, une réussite collective des élèves, Réseau Canopé, 2021.Le dossier La voix au cœur des apprentissages de Réseau Canopé.Nipedu, le podcast qui décode l'École et ses transformations.Inspirations des invités :Vocabulaire européen des philosophies. Le dictionnaire des intraduisibles, Éditions du Seuil / Le Robert, 2019.The Sound of Silence, par Simon et Garfunkel.Extra classe est sur toutes vos plateformes d'écoute : https://smartlink.ausha.co/extra-classeExtra classe, des podcasts produits par Réseau Canopé Émission préparée et animée par : Hélène Audard et Régis Forgione Directrice de publication : Marie-Caroline Missir Coordination et production : Hélène Audard, Magali Devance Réalisation et mixage : Simon Gattegno Contactez-nous sur : contact@reseau-canope.fr © Réseau Canopé, 2025Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Invitée: Audrey Bonvin Le Palace de Caux dans le canton de Vaud fut le siège du mouvement "Réarmement moral" de 1946 à 2001. Quel est lʹhéritage de ce mouvement international? Pour en parler, Tribu reçoit Audrey Bonvin, chercheuse FNS à l'université de Fribourg en Histoire contemporaine, chargée de cours à l'école de médecine à l'Université de Lausanne et docteure en histoire contemporaine. Elle publie "Lʹutopie conservatrice du "Réarmement moral". Discours et mutations dʹun mouvement international (1961-2001)" aux éditons Alphil, fruit dʹune thèse de doctorat.
1) Tout sur les lochies, ces saignements qui surviennent au tout début du post-partum Après l'accouchement, le corps poursuit son travail avec les lochies, des saignements qui aident à cicatriser et nettoyer l'utérus, prévenant les infections. L'ocytocine, une hormone, déclenche aussi des contractions utérines appelées tranchées, souvent plus fortes après un deuxième enfant. Manon Germond interroge Claire de Luca, maman de deux enfants, et Magali Bonzon, sage-femme indépendante et enseignante à la haute école de Santé du Canton de Vaud. 2) La repousse des dents chez les humains et chez les autres animaux Pourquoi n'avons-nous qu'une série de dents de rechange alors que d'autres animaux ont un stock de réserve pour ainsi dire illimité? Des scientifiques travaillent à essayer de faire repousser nos dents comme celles des alligators. Lucia Sillig recueille les explications de Stéphane Durual, enseignant chercheur à la Clinique universitaire de médecine dentaire, à la Faculté de Médecine de l'Université de Genève, et Marcus Clauss, co-directeur de la clinique pour animaux de zoo domestiques et sauvages de l'Université de Zurich. 3) Notre urine est-elle vraiment stérile? L'urine est-elle stérile? Des découvertes sur le microbiome urinaire nous disent que non. Entre E.coli et Lactobacille la guerre est ouverte pour éviter les infections urinaires.
Les Églises accordent beaucoup d'importance à l'enseignement de la foi aux enfants. Qu'en est-il pour les adultes? Doit-on continuer à accepter les notions apprises à l'enfance ou peut-on laisser la place au doute pour développer une foi plus mature? Dans cet épisode, Joan et Stéphane reçoivent Jean-Baptiste Frémond de l'Église évangélique régionale du canton de Vaud. Ensemble, ils partagent leurs expériences d'accompagner des jeunes et des adultes dans leurs cheminements de foi et explorent quelques pistes pour approfondir sa foi tout au long de sa vie. Site internet: https://questiondecroire.podbean.com/ ApplePodcast: https://podcasts.apple.com/us/podcast/question-de-croire/id1646685250 Spotify: https://open.spotify.com/show/4Xurt2du9A576owf0mIFSj Contactez-nous: questiondecroire@gmail.com Notre commanditaire: L'Église Unie du Canada Moncredo.org * Musique de Lesfm, pixabay.com. Utilisée avec permission. * Photo de Jessica Mangano, unsplash.com. Utilisée avec permission. Bonjour! Bienvenue à Question de croire, un podcast qui aborde la foi et la spiritualité, une question à la fois. Cette semaine, comment développer une foi mature? Bonjour Stéphane. Bonjour Joan. Et bonjour à toutes les personnes qui nous écoutent. Aujourd'hui, on a avec nous Jean-Baptiste Frémont. Bonjour Jean-Baptiste. Bonjour Stéphane, bonjour Joan, bonjour tout le monde. Bonjour. L'adolescence et le rejet de la foi Jean-Baptiste, tu te présenteras en cours d'émission. Peut-être que tu diras un mot qui tu es lorsque tu prendras la parole en premier. Mais j'aimerais commencer cette émission avec la question de la développer une fois mature, en quelque sorte, avec le bénéfice qu'on peut avoir lorsque nos enfants nous déclarent certaines choses. Et donc, je me souviens qu'avec mon mari, à un moment donné, je ne sais pas, on devait prier à table ou je ne sais pas lire la Bible, enfin on faisait un petit rituel quotidien biblique. Et notre fille aînée, de façon très décidée, nous dit « Je ne crois pas en Dieu. Et alors? » Et c'est là que c'est un petit test pour la foi. Est-ce que ta foi est assez mature pour supporter l'idée que quelqu'un en pleine préadolescence vienne comme ça te challenger devant ses deux petites sœurs, qui n'en loupaient pas une miette évidemment? Comment tu réagis? Tu réagis de façon un petit peu explosive, tu lui dis « là maintenant on lit la Bible, tais-toi »? Et c'est super rigolo parce qu'il y a eu un long regard entre mon mari et moi. Tous les deux, on a avalé notre salive, on a dit « D'accord, et maintenant, on va chanter un chant de Taizé ». Et puis, la dite demoiselle, on l'a déjà reçue à Question de Croire pour le podcast. Maintenant, elle est en étude de théologie et finalement, elle a fait sa boucle. Parfois, développer une foi mature, c'est aussi à un moment donné ne pas croire en Dieu. Et puis, développer une foi mature, c'est aussi être parent d'enfant qui ne croit pas en Dieu. Très bonne anecdote, parce que nous vivons ça à la maison. Mon fils, à 15 ans, nous a déclaré qu'il ne croyait ni en Dieu, ni en religion, ni en tradition. Donc, je ne sais pas trop qu'est-ce qui reste, mais bon, on accueille. Mais toi, Jean-Baptiste, parle-nous un peu peut-être de qui tu es et qu'est-ce que ça dit pour toi développer une foi mature? Le doute qui renforce la foi Alors moi, en ce qui concerne la foi, je suis fils de pasteur, donc ça a été présent dans ma vie depuis ma naissance. Et tout le long de ma vie, j'ai évolué avec cette foi. Et je dois dire qu'à l'âge de vos enfants, moi aussi il m'arrivait bien souvent de dire à mes parents que je ne croyais absolument pas en Dieu et tout ce qui va avec. Mais à mon sens, c'est une étape qui fait absolument partie du développement de la foi, dans le sens que si la foi étant quelque chose de très vivant, le doute fait forcément partie de cette dernière. Il n'y aurait rien de pire qu'avoir un enfant qui ne pose aucune question sur sa foi, qui ne fait que suivre bêtement ce qu'on lui a appris au catéchisme. Donc, à mon sens, la foi est pavée de doute, et c'est le doute qui fait qu'on peut se renforcer dans notre foi, mieux la comprendre, mieux se l'approprier. Donc ça ne m'étonne pas du tout que vos enfants vous fassent des petites crises ou des petites déclarations du genre. Corriger ou accueillir le doute Mais c'est vrai que finalement... ça joue un peu de là où on est issu pour les questions de foi, c'est-à-dire que parfois je parle avec des personnes qui viennent de milieux dans lesquels le doute n'a pas sa place. Et quand ces personnes ont des doutes, on leur donne des instructions un petit peu coaching, du style prie plus, lis plus ta Bible, fait ceci, fait cela, comme si la solution ne se trouvait que dans des pratiques correctives. Le doute se corrige avec des pratiques qui s'apparentent à la foi et qui finissent par habitude, par discipline, par devenir de la foi en quelque sorte. C'est marrant, c'est comme des programmes de musculation spirituelle. Et nous, dans les milieux littéraux réformés, on vient plutôt de cultures dans lesquelles on a assez relax sur les questions de doute. On en a souvent parlé dans ce podcast, mais on pense souvent à nos collègues très, très libéraux qui disent oui. La résurrection de Jésus, bon là par exemple hier je parlais avec une collègue qui m'a dit que l'un de ses devoirs de théologie, il y a déjà plusieurs décennies, un prof lui a dit vous remplacez à chaque fois que vous avez mis Jésus est ressuscité, vous mettez Jésus a été réanimé. Voilà, tu peux aussi faire des études de théologie, traverser des années d'enseignement de théologie avec des profs tellement libéraux qui vont gommer la résurrection et c'est ok. C'est ok dans le sens où ça fait partie des possibilités du paysage luthéro-réformé. Remettre des principes religieux reçus à l'enfance pour développer la foi Je reviens à une de mes marottes sur la différence entre la religion et la foi. Dans ces mouvements de correction, dans ces mouvements de donner les bonnes réponses, j'y vois la religion, un système structuré, un système normalisé. Mais la foi, comme tu l'as dit, c'est quelque chose d'un peu plus fluide. La foi, c'est quelque chose qui évolue avec le temps. Il y a des hauts, il y a des bas. Et je crois qu'il faut accepter de se mettre au défi. On reçoit de l'enseignement et à travers les aléas de la vie, Il arrive parfois qu'il faut réévaluer ses positions, il faut se demander est-ce que ça tient encore. Et, si je peux utiliser un mot que nos amis évangélistes adorent, parfois il faut déconstruire sa foi. Donc, il faut être capable de se remettre en question et se remettre en question n'est pas un signe de faiblesse, mais un désir d'aller peut-être un peu plus loin. On a cet enseignement qu'on reçoit en étant enfant, mais lorsqu'on grandit, On commence à se poser des questions. Je vais vous donner un exemple. Dans le monde anglo-saxon, en Amérique du Nord, l'histoire de l'Arche de Noé, c'est très important pour l'enseignement des enfants. C'est les petites chansons, les animaux qui montent deux par deux dans l'Arche et c'est tellement beau. Mais il arrive un moment où ce qu'on réfléchit que Dieu élimine l'humanité et la création, sauf la famille de Noé. Et si on commence à avoir un peu d'imagination, on dit mais toutes ces personnes-là, quoi, ils se sont noyés. Et ça, j'en ai déjà parlé, mais ça a eu une réception ultra négative. Mais il faut commencer à réfléchir sur peut-être un Dieu qui a voulu exterminer la création. Qu'est-ce que ça dit Dieu? Qu'est-ce que ça dit nous? C'est tout un pan de questions qui ouvre. Ça ne veut pas dire nécessairement que Dieu est un tortionnaire, est un génocidaire, mais ces questions-là nous permettent d'approfondir notre foi, d'explorer un peu plus loin que les belles petites réponses qu'on a reçues à notre enfance. La complexité de la Bible Ça nous amène finalement à la complexité de la Bible et à ses différentes strates d'écriture. C'est vrai que l'un des points forts, je trouve, des études de théologie, c'est quand on nous explique comment la Bible a été assemblée, qu'il y avait tous ces manuscrits, qu'il faut toujours faire des choix dans les manuscrits, ces choix du reste. Lorsqu'on va par exemple dans le Novum Testamentum, dans les versions en grec, et qu'en bas on a la paracritique, et qu'on comprend que tel moment, mais qu'on en a déduit que c'était celui-ci, qu'on comprend que sur cette péricope, ce passage biblique, il y a au moins trois ou quatre options, mais qu'on a gardé l'option qui semble faire le plus de sens, etc. Une fois qu'on a reçu ce cours-là, et une fois qu'on est appelé aussi à naviguer dans la paracritique et à voir finalement si on arrive à faire des nouvelles traductions de la Bible en prenant d'autres alternatives qui existent aussi dans les manuscrits. On est obligé de décoller d'une vision littéraliste de la Bible. On doit finalement quelque part rendre grâce que ce texte soit arrivé jusqu'à nous, et puis rendre grâce aussi qu'il y a eu des gens pour faire des choix avant nous, même parfois que c'est des mauvais choix, et puis les traducteurs et traductrices bibliques, les réviseuses bibliques. Mais heureusement qu'on a ces gens-là qui ont ce corps de métier qui nous permet de redécoller un peu de certaines habitudes qu'on a apprises de lecture de la Bible qui maintenant ne font plus tellement sens. Et cette distance fait grandir. Pour moi, c'est ça une foi mature, c'est de se dire cette Bible, je l'aime. Ces textes me structurent et c'est surtout le fait de les lire en communauté qui me structure. Mais c'est aussi un livre très complexe et je dois à certains moments me rendre devant la complexité de la composition de ce livre. La Bible : un livre vivant qui résonne toujours aujourd'hui Je suis tout à fait d'accord, et même au-delà de juste la simple traduction qui aurait pu être différente, je pense qu'il est essentiel aussi de rappeler que la Bible est un livre éminemment vivant, qu'il évolue avec son temps. Et je rappelle qu'il est aussi essentiel pour nous, dans l'objectif d'avoir une foi mature et évoluée, d'être capables d'interpréter ces textes bibliques, non seulement en fonction de notre foi, mais aussi en fonction de notre époque. Un texte qui résonnerait d'une certaine manière il y a dix-la-mille ans ne résonnerait pas du tout la même chose aujourd'hui. C'est un très bon point que tu apportes, je trouve, parce que le message de la Bible, c'est le message pour les êtres humains. C'est un message pour l'ensemble de la création. Et ce serait difficile d'admettre que ce message a été figé il y a 2000 ans ou 1000 ans, et qu'il n'y a plus rien à apprendre, il n'y a plus rien à y découvrir, et que les interprétations sont terminées. L'humanité évolue, les sociétés évoluent, les contextes changent. Je crois qu'il y a quelque chose que Dieu veut nous transmettre. Il y a une sagesse dans tous ces écrits. Et développer une foi mature, c'est de dire, dans notre contexte actuel, quel est ce message, justement? Une foi ancrée d'autres traditions D'un autre côté, De mes nombreux séjours en Afrique dans le cadre de la collaboration inter-Église, je suis revenue aussi avec une compréhension beaucoup plus élargie de la foi, dans le sens où moi je viens d'un milieu littéraux réformé quand même assez rationnel sur un certain nombre de choses, et quand les gens sont morts, ils sont morts par exemple. Quand les gens sont malades, ils sont malades. Parfois, ils guérissent. Parfois, ils meurent. Quand quelqu'un disparaît, il a normalement été ou enlevé, kidnappé. Ou dans le cas d'adultes, parfois, c'est parce qu'ils veulent disparaître. Ça leur appartient. Quand quelqu'un devient un peu fou, c'est probablement qu'il a soit une maladie, soit un trauma. En tout cas, il a besoin d'aide. Et puis, normalement, la plupart du temps, quand tu as un problème d'argent, il va se résoudre une fois que tu auras travaillé ou bien hérité. Tu vas régler ta dette. Et puis finalement je suis rentrée en contact avec des personnes qui avaient vraiment des fois très, très différentes, qui pouvaient jeûner, jeûner des jours et des nuits et des jours et des nuits pour que leur dette soit réglée, par exemple. Je suis aussi rentrée en contact avec des personnes dont l'enfant avait disparu et il s'agissait de faire un certain nombre de choses pour que l'esprit qui a enlevé cet enfant le lui rende. Je suis rentrée au contact de personnes aussi, qui avaient une foi très, très forte liée à la mort par crise cardiaque, qui n'existe pas. C'est toujours un sort qu'on compte à lancer. Et donc il s'agit de faire des prières pour réussir à se protéger de ce sort. Je me rappelle tout précisément à Madagascar, sur la côte. J'étais dans un hôtel, enfin pas tout à fait un hôtel, une pension. Et puis, comme on était près de la mer, sur la porte de la penderie, il y avait marqué qu'il ne fallait pas porter du rouge ni manger des saucisses sur la plage. Et ça, c'était un fady, ce qu'on appelle un fady, un interdit culturel. Parce que si tout le monde se met à porter du rouge et à manger des saucisses sur la plage, alors là, je disais à mes amis, vous n'avez pas idée du nombre de soucis qui peuvent arriver parce que moi, j'ai demandé ce qui risquait de se passer. Et puis, enfin, ce n'est pas la peine d'en parler. Ce sont vos pires cauchemars. Donc, à ce moment-là, j'ai quand même pas mal rendu grâce de ne pas avoir un maillot de bain rouge, je dois dire. J'avais une robe rouge et du coup, je ne l'ai pas mise à la plage. Et puis, je ne savais pas trop où trouver des saucisses, donc ça, c'était réglé comme affaire. Mais tout ça, c'est que finalement, c'est leur système de foi, leur système de croyance, c'est ce qui les fait tenir ensemble et debout. Et finalement, moi, je n'allais visiter que des communautés chrétiennes. Et pourtant, il y avait un certain nombre de ces interdits, de ces croyances, de ces convictions qui étaient là. Et l'une ou l'autre fois, j'avais remarqué que si je parlais un peu de mes soucis, disons de santé ou quoi, la première réponse, si j'avais mal à la tête, c'était pas de prendre un Doliprane ou un Paracetamol, mais on me proposait de jeûner, par exemple. Ce qui, dans mon cas, accentue grandement le mal de tête. Donc, je déclinais poliment. Mais néanmoins, moi, je peux comprendre. Dans le sens où il n'y a pas un système de croyance qui soit meilleur qu'un autre. Et finalement, chacun grandit dans sa foi, en fait. Une foi plus mature n'est pas nécessairement plus intellectuelle Peut-être le défi pour nous, occidentaux, je pourrais dire, c'est une foi plus mature, souvent correspond à une foi plus basée sur le savoir, une foi intellectuelle. Mais on peut devenir plus mature émotionnellement, on peut devenir plus mature au niveau de nos relations. J'ai souvent vu des gens qui pouvaient citer la Bible par cœur et expliquer les logiques derrière la grammaire en grec ou en hébreu, mais qui se comportaient comme des personnes horribles. Donc, est-ce que c'est une foi plus mature? Pour moi, une foi plus mature implique un plus grand alignement entre toutes ces choses-là. Oui, le savoir, oui, comment on se comporte en société, oui, comment on se comporte avec nos relations et comment ce message-là, comment cette foi s'articule dans plusieurs aspects de notre vie. Une foi à hauteur d'enfant Pour moi, l'enjeu aussi, c'est rester une enfant. En fait, pour moi, grandir dans ma foi, c'est aussi relever le défi de rester une enfant. Une enfant pour recevoir le royaume, une enfant pour rester à hauteur d'enfant. Me rappeler que les enfants sont souvent plus bas que moi et puis moi je regarde depuis en haut. Pendant la formation Godly Play, il y a quelque chose qui se fait et que je trouve très impressionnant, c'est qu'à un moment donné, les formatrices se mettent debout sur une chaise et qu'elles nous parlent d'en haut. Et c'est hyper désagréable. Et elles nous disent comment vous vous sentez et on dit mais faut arrêter ça, c'est hyper désagréable. Elles disent ah, mais c'est souvent comme ça avec les enfants. Et depuis que j'ai fait cette formation Godly Play, c'est hyper rare que je ne me mette pas à hauteur d'enfant en fait. Des fois on ne peut pas, des fois la situation ne le permet pas, on est chargé. Mais je me rappelle en fait qu'on n'a pas à surplomber les enfants et qu'eux, ils ne peuvent pas se mettre sur une chaise pour nous parler. Et finalement, ça me ramène à cette notion de royaume, accueillir la vie comme le royaume, accueillir la vie comme un enfant qui accueille le royaume, qui annonce le royaume. Et j'aime cette notion dans le Godly Play de l'enfant théologien, l'enfant qui se demande si finalement redevenir une toute petite, parce que c'est aussi comme ça que je peux être complètement désarmée devant Dieu. Avoir une foi mature pour moi, c'est une foi qui reste à hauteur d'enfant. Une foi d'enfant, oui. C'est peut-être aussi une foi un peu plus honnête vis-à-vis des rapports qu'on a à Dieu. Une foi d'enfant, mais peut-être que ça aussi, ça veut dire une foi plus d'homme à homme. Une foi qui veut plus l'égalité, mais ça c'est des questions qui en soi font partie de la maturation de la foi. C'est des questions qui émergent une fois que peut-être qu'on a fini notre catéchisme, qu'on a les bases et qu'on est sur notre propre chemin vers la découverte de cette foi. Le catéchisme pour établir les bases de la foi Toi, le catéchisme, Jean-Baptiste, t'as donné un peu les bases de ta foi, ou bien t'as permis de revisiter les bases de ta foi ? Quel a été finalement le rôle du catéchisme dans ta foi de jeune adulte ? Disons qu'à mon sens, la foi s'inscrit quand même dans un cadre religieux. Avant tout, le catéchisme sert à poser ce cadre. C'est-à-dire, en l'occurrence, moi vu que je suis protestant, c'est quoi le protestantisme ? Quelles sont les valeurs du protestantisme ? Et pourquoi est-il une religion entre guillemets différente des autres religions? Quel est son axe global d'interprétation de la Bible? Une fois qu'on a appris toutes ces choses, On peut creuser nous-mêmes à travers cette matrice de notre religion dans notre propre choix. C'est ça qu'à mon sens le catéchisme m'a apporté. C'est la possibilité d'avoir cette respection. Continuer à développer sa foi à l'âge adulte Je trouve dans mon contexte qu'il y a beaucoup d'efforts mis sur l'équivalent du catéchisme, l'enseignement aux enfants, l'enseignement aux adolescents, et on dirait lorsqu'on arrive au moment de la confirmation, la formation s'arrête. Il y a comme cette idée-là qu'une fois confirmée, c'est fait, on est formé dans la foi, On peut rentrer dans le monde des grands, dans le monde des adultes et on n'a plus rien à apprendre. Je trouve qu'il y a un manque dans cette quête de formation continue dans la foi. Je crois que c'est un rôle pour les leaders d'Église, les pasteurs, les diacres, les agents de pastorale, de travailler les choses, d'expliquer les choses, d'offrir quelque chose qui va pousser la réflexion. L'un des plus beaux compliments que je peux recevoir après une prédication de la part d'un paroissien, d'une paroissienne, c'est lorsque cette personne me dit « Tu m'as fait réfléchir ce matin. Je ne sais pas encore si je suis d'accord ou en désaccord avec toi, mais tu m'as fait réfléchir. » Et pour moi, lorsque j'entends ça, c'est mission accomplie, que je pousse les gens à réfléchir qu'ils ou qu'elles trouvent leur propre réponse dans leur contexte de vie. C'est ça, je pense, un des grands rôles de leader d'église, c'est d'inviter les gens à continuer leur cheminement, leur apprentissage. C'est souvent un peu ce que je me demande aussi, c'est après les parcours de KT, souvent il y a un poste KT, voire un groupe de jeunes, et puis on arrive à un moment donné où les personnes ont l'âge que moi j'avais lorsque je me suis mariée ou quand j'ai eu mon premier enfant. Mais sauf qu'entre-temps il y a 25 ans qui sont passés et que déjà moi, quand je me suis mariée à 22 ans pour être maman à 23, je faisais partie d'un pourcentage plus réduit que la génération d'avant. Mais là, tout de suite, maintenant, ce n'est plus du tout ça le modèle. Et pourtant, il n'y a presque rien. C'est-à-dire qu'en fait, dans nos Églises luthéro-réformées, si tu veux continuer à grandir dans ta foi, mais que tu n'es pas particulièrement fan club du culte du dimanche matin parce que tu as fait des trucs le samedi soir, disons, eh bien, il n'y a pas tellement de formules, il n'y a pas tellement d'endroits où aller. Alors, tu peux continuer à aller au groupe de jeunes ou voir arriver les post KT qui ont 16 ans, puis toi, ça y est, tu en as 23, 24. Puis pourquoi pas? Mais bon, on ne va peut-être pas faire le même programme pour des 16 ans que pour des 24 ans. Et peut-être que tu veux continuer à te nourrir, à te poser des questions, un peu batailler avec des ministres, des théologiens, les chercher un peu sur certains sujets de la Bible. Et ça n'existe pas trop. Qu'est-ce que tu en dis, Jean-Baptiste ? Créer des groupes pour développer une foi mature Eh bien je dis que c'est à chacun qui ressent ce désir de acter, de créer des groupes. Par exemple mes parents, vénérable cinquantenaire qu'ils sont… Ah bah là, là, attention là! Attention hein! Ils ne sont plus invités au groupe de jeunes, mais ils ont créé une petite équipe de lecture de la Bible. Ils se réunissent tous les mois ou tous les deux mois, je crois. Ils partagent un moment sur un texte qu'ils ont lu, qu'ils ont décrit et qu'ils en discutent ensemble. Alors, c'est peut-être moins fun qu'un camp. Mais ça reste toujours une manière de faire évoluer sa foi, même si ça fait déjà bien longtemps qu'ils ont fini leur catéchisme, ils continuent d'essayer de maturer dans leur foi, dans cet apprentissage éternel. C'est merveilleux lorsqu'on se crée ces espaces-là. Et c'est vrai que c'est triste lorsqu'on essaie de ségrégationner les groupes parce qu'il n'y a aucune raison qu'un aîné, dans la foi, ne puisse pas apprendre d'un adolescent. Et vice-versa. Il y a toujours cette idée que lorsqu'on a fait des études, on a quelque chose à enseigner. Et Joan, justement, qui nous parle beaucoup du Godly Play, nous rappelle régulièrement qu'on peut apprendre de partout. D'un enfant, d'un adolescent, de votre collègue de bureau qui ne va pas à l'église, mais qui a une certaine spiritualité, qui a une certaine foi. On apprend toujours. Je ne dis pas que c'est inutile d'étudier en théologie, mais ce n'est pas la seule façon d'apprendre. Souvent, j'ai dit, il y a des gens qui ont des connaissances intellectuelles, ils ont des connaissances académiques, il y a des gens qui ont des très grandes expériences de vie. Je pense que c'est ça le danger de trop ségrégationner, de trop diviser. Et peut-être c'est un rappel pour nous de forcer les occasions, de rechercher les endroits, les moments où on peut partager et apprendre l'un de l'autre. Une méthode de catéchèse différente C'est la raison pour laquelle j'ai été toute contente de découvrir la méthode de catéchèse, enfin, on revient avec des vieux mots, là. On dit méthode et on dit catéchèse, et donc tout de suite, ça fait un petit peu ancien, qui s'appelle T'es où, qui a été créé par Agnès Charlemagne, qui du reste est à Marseille. Et à qui on confie parfois des classes avec des enfants qui ne sont pas tellement épanouis, assis sur une chaise, et qui ont un tout autre vocabulaire parce qu'ils savent parler plusieurs langues, notamment la langue de la rue aussi. Sa méthode, c'est de dialoguer avec les enfants et les jeunes. Elle distribue les dessins qui ont été faits par d'autres enfants pendant une séance précédente. Donc en fait, elle leur dit, voilà, qu'est-ce que tu vois là sur cette feuille? Ah ouais, tu vois, quelque chose de triste. Dans la Bible, il y a des parties qui sont un peu tristes. Je pense, par exemple, au moment où Jésus pleure pour son ami Lazare. Et puis, comme elle a distribué des feuilles et qu'elle a distribué des crayons de papier de couleur aux enfants, les enfants y commencent aussi à dessiner. Et puis elle dit « Ah ben tiens, est-ce que quelqu'un veut bien lire ce passage biblique dont je vous parle? » Et puis quelqu'un accepte de lire, ou bien ne veut pas lire, ou bien passe la Bible à son voisin. Et puis elle les fait comme ça, elle les laisse être organiquement eux, elle leur donne quelque chose à faire, observer un dessin ou en dessiner un autre. Elle les laisse aussi faire des petites causeries, elle s'intéresse aux causeries, elle dit « Ah de quoi vous parlez ? Il y a une histoire d'amour? L'amour, c'est un sacré sujet dans la Bible aussi. Vous savez qu'il y a des histoires d'amour dans la Bible? » Elle appelle ce qu'on appelle de la catéchèse des interstices. Je l'ai vu en action, je l'ai vu faire, j'ai lu sa méthode. Je trouve que c'est merveilleux parce que ça nous montre bien que la foi est complètement vivante. Et quand on accepte que les autres soient aussi vivants que la foi, ça donne quelque chose de très authentique dans quoi finalement on peut injecter des éléments qui nous permettent de choisir, de picorer, de prendre, de faire notre salade niçoise. Et donc elle arrive comme ça à avoir des classes d'enfants qui ne sont pas spécialement contents d'être là au catéchisme, mais qui ressortent en ayant l'impression d'avoir été entendu, d'avoir entendu les autres. Et en plus, ils créent des choses, ils créent des dessins. Et donc, cette méthode-là, je la trouve très belle. Et ce « t'es où ? », ça vient d'où ? Ça vient de Genèse, dans le jardin, dans le Grand Jardin, quand Dieu dit « t'es où ?» et on en est où dans notre foi ? C'est vrai, ça. Laisser la place aux enfants Pour rebondir sur ce que dit Johan, c'est vrai qu'au-delà des enfants, moi j'ai été un Jacc pendant très longtemps et toujours maintenant, c'est-à-dire accompagnant pour les camps de catéchisme. Et c'est vrai que cette idée de laisser chaque jeune avoir son idée, sa manière de voir les choses, c'était vraiment central dans l'organisation de nos camps. C'est pour ça que quand on avait des petits moments d'études de la Bible, c'était assez simple en fait. On lisait un passage et puis on avait peut-être 2-3 questions préparées, mais après ça partait tout de suite en discussion, rien de plus. On avait vraiment cette idée de ne rien apposer à nos jeunes, autant comme idée que comme interprétation, de laisser une très grande liberté qu'on pouvait retrouver comme par exemple dans la formation qu'elle a évoquée. Et ça me semble absolument central pour revenir dans ce thème de maturité de la foi. C'est une discipline à apprendre au final. Conclusion Merci beaucoup Jean-Baptiste d'être venu sur ton service civil. Merci à vous. On est toujours content quand des jeunes viennent nous rejoindre sur le podcast pour rester dans de l'intergénérationnel. Et puis parce que nous on est quarantenaire et toi t'es cinquantenaire. Et puis, comme d'habitude, envoyez-nous vos questions, vos réactions, vos demandes. Nous sommes à votre écoute. Vous pouvez nous écrire par courriel, entre autres, questiondecroire@gmail.com. Je veux prendre quelques secondes pour remercier notre commanditaire, l'Église Unie du Canada, qui met en ligne un site Internet, moncredo.org qui relaie nos podcasts, qui aussi offre des blogs, des vidéos sur des grandes questions justement sur la foi et la spiritualité. Merci Joan, merci Jean-Baptiste. Et à très bientôt. Au revoir.
Une fourmi, une notonecte, un lynx ou un arbre peuvent-être d'une subtilité et d'une inventivité extraordinaire. Et apprendre à les regarder, c'est se permettre de se reconnecter à une forme de joie et de magie face à la complexité de la vie.Alors, et si au fond une des raisons principales de notre déconnexion au vivant venait de la perte de notre capacité à nous émerveiller?Dans ce nouvel épisode du podcast « 2040 j'y vais! » vous êtes conviés à un voyage dans l'émerveillement en compagnie de deux hôtes exceptionnels:Julien Perrot, un aventurier du proche, qui depuis plus de quarante ans transmet son amour de la nature à travers le magazine « La Salamandre ». Il publie ce mois de mai son premier livre, « une vie pour la nature », dans lequel il relate ses rencontres avec les animaux de nos contrées.Blaise Mulhauser, biologiste, écologue et directeur du jardin botanique de Neuchâtel, qui nous propose de décentrer notre regard et de considérer que nous ne sommes qu'une espèce parmi d'autres. Une nouvelle grille de lecture qui transforme potentiellement notre façon d'habiter le monde. Une analyse qu'il a développée dans son livre « le continuum du vivant » publié en 2024 aux éditions épistémé.Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast « 2040 j'y vais! », consacré à la place des humains dans le vivant.SoutiensLe podcast « 2040, j'y vais! » est possible grâce au soutien de la Fondation Giovannini, du canton de Vaud, du canton de Genève, du Transform'Action Lab de l'EPER, du One Planet Lab et des Services Industriels de Genève. Nous remerçions également nos partenaires de diffusion: l'impact Hub Lausanne-Genève; la Fédération Suisse des entreprises, le sanu et l'Archipel Sion.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Raoul Savoy est né il y a 52 ans à Sainte-Croix où il vit toujours. Mais depuis 2002, sa vie se conjugue entre le canton de Vaud et l'Afrique où il a entraîné des équipes de football au Cameroun, au Maroc, En Ethiopie, au Swaziland, en Algérie, en Gambie et en Centrafrique. Il a connu le succès partout où il est passé alors que son travail est ignoré dans son propre pays. Entretien avec un homme passionné et passionnant.
À sa mort, Alice Pauli institue lʹÉtat de Vaud son unique héritier, en faveur du MCBA. Lʹexposition permet à lʹinstitution dʹinviter les publics à découvrir ce nouveau pan de leur patrimoine, et de retracer la trajectoire singulière de cette personnalité lausannoise. Camille Lévêque-Claudet, curateur et conservateur, est au micro de Florence Grivel. MCBA. Lausanne, Alice Pauli. Galeriste, collectionneuse et mécène. Jusquʹau 4 mai.
Une pasteure de l'Eglise réformée vaudoise revisite son passé évangélique. Après le culte réformé de Noël, elle nous emmène dans le Gros-de-Vaud, à la recherche de l'église d'Oron qu'elle fréquentait avec sa famille. C'est là que l'adolescente a dans un premier temps été comblée par la chaleur de la vie communautaire, puis qu'elle s'est sentie enfermée par les injonctions morales de son Eglise. Reportages de Samuel Socquet Production : Laurence Difélix Réalisation : Yves Roulin
Quentin Voellinger, président des apiculteurs vaudois, est sur le front de la lutte contre le frelon asiatique. Le Canton de Vaud lʹa autorisé, comme les 200 apiculteurs vaudois, à poser des pièges dans le cadre dʹune étude scientifique qui devra déterminer si le piégeage des reines fondatrices au printemps permet de limiter la propagation des frelons asiatiques. Notre reporter Samuel Socquet a accompagné Quentin Voellinger près de ses ruches de Lavaux (VD), où il relève des pièges posés la semaine précédente.
Travailler et vivre en Suisse - le podcast de David Talerman
Nous avons compilé dans un épisode de podcast l'ensemble de l'interview de David Talerman accordée à Rhône FM en mars 2025.David Talerman : comprendre la Suisse avant de s'y installerDans une interview accordée à RHONE FM, David Talerman, coach en emploi et expatriation, partage sa vision du marché du travail suisse et les réalités de l'intégration pour les Français. Installé depuis 2001 dans le canton de Vaud, il évoque un accueil chaleureux et un fort attachement au pays, né d'un profond respect pour la culture locale.Une réalité bien différente des clichésBeaucoup de Français idéalisent la Suisse : salaires élevés, qualité de vie, sécurité. Pourtant, Talerman met en garde : la Suisse n'est pas un eldorado facile d'accès. Le marché de l'emploi est exigeant, conservateur, lent dans ses processus de recrutement, et peu ouvert à la reconversion. Il insiste : il faut être bien préparé, connaître les différences culturelles et ajuster ses attentes.Résident ou frontalier : deux parcours différentsLe choix entre résidence et travail frontalier dépend de nombreux facteurs : emploi, logement, famille. Talerman explique que les frontaliers doivent faire face à des contraintes spécifiques : fatigue, double cadre juridique, image parfois négative des deux côtés. Être résident permet souvent une meilleure compréhension culturelle, mais demande aussi plus d'engagement.Les codes à maîtriser en entretienL'entretien d'embauche en Suisse repose sur la discrétion, l'écoute et l'humilité. Se mettre trop en avant peut être mal perçu. Talerman forme ses clients à adopter une posture collaborative, à comprendre les attentes implicites des recruteurs, et à exprimer clairement leurs motivations pour s'installer durablement en Suisse.Les désillusions existent aussiTout le monde ne s'intègre pas facilement. Certains repartent déçus, en particulier à cause du rythme d'intégration sociale ou de difficultés familiales. Talerman préfère parfois dissuader plutôt que de nourrir de faux espoirs. Son objectif : accompagner avec honnêteté, en tenant compte des vraies contraintes du terrain.Un regard qui séduit aussi les SuissesFait surprenant : lors de ses conférences, des Suisses viennent parfois écouter David Talerman… pour mieux comprendre leur propre pays. Il milite pour une vision élargie de la Suisse, au-delà de Genève, et valorise la diversité des cantons, y compris des régions comme le Valais ou Neuchâtel.----Je m'appelle David Talerman, je suis
Existe-t-il quelque chose après la mort ou est-ce que notre existence se termine à notre décès? Cette grande question hante l'humanité depuis des millénaires. Dans cet épisode, Joan et Stéphane constatent que nous ne possédons pas de réponses définitives devant ce grand mystère et explorent les principes théologiques, bibliques et pastoraux qui nous guident dans cette quête de sens. Site internet: https://questiondecroire.podbean.com/ ApplePodcast: https://podcasts.apple.com/us/podcast/question-de-croire/id1646685250 Spotify: https://open.spotify.com/show/4Xurt2du9A576owf0mIFSj Contactez-nous: questiondecroire@gmail.com Notre commanditaire: L'Église Unie du Canada Moncredo.org * Musique de Lesfm, pixabay.com. Utilisée avec permission. * Photo de Tharva Tulsi, unsplash.com. Utilisée avec permission. Transcription: Bonjour! Bienvenue à Question de croire qui aborde la foi et la spiritualité, une question à la fois. Cette semaine, est-ce qu'il y a quelque chose après la mort? Bonjour Stéphane. Bonjour Joan. Bonjour à toutes les personnes qui sont à l'écoute. Les points de vue différents sur la vie après la mort Moi je viens d'un courant religieux ou une tradition confessionnelle, une dénomination, enfin voilà, tous les mots peuvent être utilisés... dans laquelle on ne parle pas beaucoup de ça. On ne parle pas beaucoup de ce qu'il y a dans l'après. À priori, ça va être quelque chose de plutôt bien, plutôt sympa, et surtout, il y aura beaucoup de paix, ça, c'est sûr, ce sera un royaume de paix. J'en étais restée un peu à ça, quelque part, on ne sait pas où, comment ou quoi, mais hyper paisible. Puis un jour, en parlant avec une amie qui est théologienne aussi, qui est religieuse et qui a un arrière-fond évangélique, elle me dit qu'elle ne comprend pas du tout les veufs et les veuves qui se remarient. Vraiment elle ne comprend pas; elle trouve que ça ne fait pas sens d'un point de vue biblique. J'essaie de comprendre un peu parce que j'ai l'impression que les réformateurs se sont mariés avec des veuves et puis voilà, je suis un peu perdue. Elle me dit « mais tu comprends dans la Bible, finalement, comment feront les veufs et les veuves qui se sont remariées? Puisque d'après la Bible, on va tous être réunis dans le royaume, dans le paradis, dans l'au-delà. Finalement, les couples vont se reformer. Mais si tu t'es remariée quand tu es veuf ou veuve, ça n'a pas l'air OK, quoi, par rapport à la Bible ». Moi, je n'avais jamais pensé à ce genre de contingence. C'est là que j'ai découvert que plein de gens se posaient des questions. C'est malheureux, c'est vrai, mais tu perds un doigt. Est-ce qu'après la résurrection des morts, tu retrouveras ce doigt ou pas ? Alors, il y a plein de théories. On aura un corps parfait, on sera dans un état en quelque sorte de perfection et de béatitude. Et donc, du coup, est-ce que les relations amoureuses font partie d'un état de béatitude et de perfection? Oh là, tu ne peux pas savoir! Je n'avais jamais entendu parler de ça et d'un coup, j'avais tellement d'idées dans ma tête! Le grand mystère de la vie au-delà de la mort C'est vrai que c'est une des grandes questions de l'humanité. En tant que chrétien, on nous a enseigné qu'il y a quelque chose d'autre. On attend la grande résurrection, le jugement dernier, diront certains. Mais c'est un mystère. Lorsqu'on parle de mystère religieux, on arrive souvent à un niveau qu'on ne peut pas comprendre avec notre cerveau. Ça va au-delà de notre capacité d'imaginer quelque chose. Qu'est-ce que sera cette vie après la mort? On ne sait pas. Il n'y a personne qui est revenu. Bon, on peut dire Jésus, mais... Et je crois que c'est ça le défi. De croire en quelque chose qu'on ne peut pas comprendre, qu'on ne peut surtout pas démontrer, et d'essayer de conceptualiser ça, c'est très dur. Serons-nous les mêmes après la résurrection? Alors bien sûr, je suis allée un peu chercher des passages bibliques, et c'est vrai qu'il y a Romains 8, 11 : « Si l'esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Christ d'entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels par son esprit qui habite en vous. » Voilà, d'après ce passage, si on en fait une compréhension purement littéraliste, ce qui n'est pas vraiment l'habitude de notre podcast, il faut le dire, eh bien finalement, cette même puissance d'amour rendra la vie à nos corps mortels. Après, est-ce que rendre la vie, c'est redonner exactement la même vie? Est-ce que rendre la vie, c'est nous faire faire la même chose après la Résurrection que ce qu'on a fait avant lors de notre existence terrestre? Comme tu dis, c'est un mystère et j'ai l'impression que les interprétations sont ouvertes, en fait. Mais ce qui m'intéresse, c'est de savoir si ça angoisse les chrétiens et les chrétiennes, si ça les empêche d'avancer dans leur foi. Si ça crée de l'angoisse, il faut qu'on puisse y répondre. L'incapacité de prouver une vie après la mort Souvent, j'ai entendu des personnes dire que la religion, c'est un peu comme une béquille pour endurer notre monde parce qu'on nous promet quelque chose de beau, qui a un sens et qu'on va être récompensé au-delà de notre vie terrestre. Mais en même temps, je dis que ça peut être épeurant parce qu'on n'a pas de définition de ce que sera cette vie éternelle, cette vie au-delà de la vie. Et du coup, si ce n'est pas plaisant, on peut être triste pendant longtemps. Du coup, je préfère ma vie terrestre à ma vie au-delà de la mort. Ça peut être complètement angoissant. Donc je ne trouve pas ça nécessairement rassurant de ne pas avoir de réponse claire. Et je comprends qu'il y ait des gens qui veulent savoir, qui vont voir leur pasteur, leur leader d'Église qui lui disent : « Peux-tu me prouver qu'il y a quelque chose au-delà de la vie, au-delà de la mort? Peux-tu me garantir ce que c'est? » Et si on est moindrement honnête, on ne peut pas dire oui, je peux te garantir qu'il y a quelque chose. Je ne peux pas dire que c'est ceci ou cela. Peut-on communiquer avec les personnes mortes Je dois reconnaître que j'ai souvent de la réticence lorsqu'on me parle de démarches consistant à aller voir des personnes qui déclarent avoir cette capacité, ce don de dialoguer avec le monde immatériel, avec celles et ceux qui ne sont plus là, si ce n'est dans nos souvenirs, nos pensées, les traces qu'on a laissées sur terre. Et puis pourtant je comprends, quand on perd quelqu'un, peut-être brusquement, qu'on a beaucoup aimé et avec qui on aurait encore beaucoup de choses à partager. Parfois il y a aussi des interrogations sur comment la personne est morte, est partie, a disparu. Il se trouve que certaines personnes disent avoir cette possibilité d'entrer en contact avec eux. Alors je rentre dans une forme d'empathie, de compassion, de compréhension. Je me dis que pastoralement, c'est tout ce qui nous est demandé en quelque sorte, d'acter le fait que c'est très dur, la mort, le deuil, la séparation, et qu'il y a des moments où en plus ça se passe trop vite. Ce besoin de béquille, toujours autour de la mort. La recherche de signes d'une vie au-delà de la mort J'ai grandi dans la tradition Catholique romaine qui accorde une place importante à l'intercession des saints. Parfois, je me demande justement quelle est la différence entre ça et quelqu'un qui fait du spiritisme. Je crois que les gens ont besoin de signes, pour s'accrocher parfois. Tu parles de deuil. Ça me fait penser... Après la mort de mon père, ma mère a invité, pour le repas, certains des frères et sœurs de mon père. Après qu'ils se soient quittés, ma mère m'a raconté qu'il y a eu comme une fluctuation au niveau de l'électricité. Les lumières se sont éteintes et allumées très rapidement. Elle y a vu un signe que mon père était heureux de ça. Après quoi, en tant que bon théologien formé, je vais voir ma mère et lui dire non, non, non, non, non, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, c'est n'importe quoi, ce n'est pas une bonne foi. C'était un signe, qu'elle a perçu, elle, qui l'a aidée dans son processus de deuil. Étant donné que, justement, on ne le sait pas, peut-être que c'est elle qui a raison et que c'est nous qui avons tort. Je pense qu'il y a une certaine forme d'humilité là-dedans : accepter que peut-être nous n'avons pas la bonne réponse. Peut-être que c'est plus complexe ou plus simple qu'on ne l'aimerait. Ressentir la présence après leur mort C'est difficile d'avoir justement ces conversations-là avec les gens lorsqu'on veut prouver ou rejeter quelque chose. Je reviens à la Bible et on lit dans le passage de 1 Corinthiens 15 : 49, que nous aurons un corps semblable au corps ressuscité de Jésus. Finalement, Jésus, après sa résurrection, leur a dit de le toucher et de le regarder manger. On voit que ce n'était pas simplement un esprit. On a comme exemple de la résurrection ce double passage terrestre de Jésus, avant et après sa résurrection. On se dit que c'est un petit peu le modèle qu'on a, donc il est probable que notre corps aussi ressuscite d'une façon ou d'une autre. Il y a énormément de théories millénaristes; à un moment donné je m'y étais intéressée et j'avais même trouvé un tableau qui décrivait les différentes convictions selon les Églises de comment ça s'organisera, en fait, quand il y aura l'Armageddon. C'est très complexe et à la fois très subtil. Tout ça nous montre qu'on a besoin de savoir ce qui se passera après. Je reviens à des discussions pastorales que tu as eues, toi aussi Stéphane. Je pense à l'un de mes paroissiens qui aimait beaucoup contredire et qui est maintenant décédé à Winterthur. Il venait aux activités paroissiales parce que c'était en français et qu'il se sentait seul. Mais lui, ce qu'il aimait, c'était être là pour donner du grain à moudre. Il aimait bien poser des questions. Et puis, il avait compris que ça m'amusait beaucoup. On était allés manger ensemble plusieurs fois. Un jour, il me dit, je pense que tu vas me dire que je suis fou. C'est un tout vieux monsieur. Je me dis que là, il va en falloir beaucoup pour que je lui dise que tu es fou. Il me dit « Tu sais, depuis que ma femme est morte, je considère qu'elle est toujours là. Elle est avec moi quand je me lève, elle est avec moi quand je me couche. Mes journées sont un peu longues, je n'ai souvent pas grand-chose à faire, mes enfants habitent loin. (Ils avaient deux maisons, une en France et une en Finlande. Il ne pouvait plus y aller pour des raisons de mobilité.) Mais heureusement qu'elle est là avec moi. Et maintenant, tu penses que je suis fou? » Je me dis que non, je ne pense pas que tu sois fou. « Je pense que tu as tellement aimé ta femme et vous avez vécu tellement d'années ensemble, qu'évidemment d'une certaine façon elle est avec toi ». Et je ne me prononcerai pas sur si c'est de la folie ou pas. Il dit « Oui, mais tu vois, je vieillis; donc je sais bien, ça veut dire que dans mon cerveau, ça ne tourne plus tout rond, ça doit être pour ça ». Je lui dis « Écoute, que ce soit une raison cérébrale ou pas, en tout cas toi, ça te fait du bien ». « Oui, ça me fait du bien ». « Alors, écoute, pour moi, c'est tout ce qui m'importe en fait, c'est que ça te fasse du bien et que ça ne te donne pas de faux espoirs. Tu sais qu'elle ne va pas se rematérialiser à côté de toi maintenant » «Non, non, non, dit-il, je vais plutôt mourir et peut-être la rejoindre, si jamais ça existe. » Puis on rigolait quoi, tu vois. Parler de mort et de vie après la mort avec des enfants À partir de cette notion de rejoindre quelqu'un, si jamais ça existe, je me rappelle de la toute première visite pastorale que j'ai faite en stage. J'étais toute jeune, tout feu, tout flamme. J'allais être pasteur et puis c'est tout. Et puis ma maîtresse de stage m'amène et c'était triste. Je donne un avertissement à cet endroit-là, je vais parler de deuil d'enfant. C'était triste : une maman qui avait perdu un bébé à la naissance. Donc c'est terrible, la pasteure m'emmène avec elle, on est dans un environnement familial, il y a des jouets partout, il y a un ou deux petits, je ne me rappelle plus. L'entretien n'a pas beaucoup de teneur, en fait. Comment ça va ? Ça ne va pas très bien. Et alors, les enfants vont à l'école, oui, et puis vous, vous travaillez pour un bout, un peu, mon mari aussi. On ne se dit rien de spécial, franchement. Peut-être qu'on fait une petite prière, mais ce n'était rien de transcendant. Et la pasteure, assez vite, dit « bon, moi, je vais y aller, je vais repartir, j'ai un peu de route ». Elle se lève, prend son manteau. Et là, le petit vient la voir et lui dit « Il est où mon petit frère? » La visite pouvait enfin commencer. C'est au moment de partir que le petit s'est dit « Mais ce n'est pas possible, on parle de tout, sauf du truc qui me turlupine le plus, où est passé ce petit bébé que j'ai vu grandir devant ma maman? On m'a dit : tu auras un petit frère, sois gentil. Et il est où maintenant? » Du coup, on a une discussion. La pasteur lui dit : On t'a dit qu'il était où? On m'a dit qu'il était dans le ciel. D'accord. Et qu'est-ce que tu en penses? Bah, j'en pense que c'est un peu dangereux avec tous ces avions. La mère à côté passe par toutes les couleurs, quoi! La pasteure lui dit, tu sais que c'est une façon de parler qu'il est dans le ciel, il n'y est pas vraiment. Alors là, il est encore plus inquiet. Il lui dit, mais alors s'il n'est pas dans le ciel, il est où? La pasteure lui dit, il est dans sa tombe. Alors il dit : il est tout seul? Mon petit frère est tout seul dans sa tombe? Et c'était incroyable comme discussion; la mère à côté qui ne savait pas qu'en faire et en même temps se disait : heureusement qu'on l'a eue, cette discussion! Et c'est là qu'elle a pu lui parler de l'amour réconfortant de Dieu, du fait que Jésus aussi était mort et puis qu'il était auprès de Dieu et qu'on ne savait pas vraiment ce que ça voulait dire. Ça voulait dire qu'il y avait beaucoup d'apaisement et qu'un petit bébé comme ça, c'est sûr qu'on s'en occupe bien, même si ce n'est pas s'en occuper de la même façon que s'il avait été vivant. Mais qu'il ne doit pas s'inquiéter. Le bébé n'est ni tout seul sous terre, ni en train de se faire dégommer par des avions dans le ciel. C'était une vraie conversation. Qu'est-ce qu'on dit à un enfant de 4 ans? Je veux dire, c'est compliqué. Et en même temps, cet enfant de 4 ans, on lui dit tellement de choses qui l'inquiètent, entre sous terre et dans le ciel, qu'il faut trouver des mots juste pour lui dire : ce n'est pas ta responsabilité, ne t'inquiète pas. Et puis il a existé, ce petit frère, et tu es quand même un grand frère. C'est vrai que moi-même, je ne sais pas que faire avec toutes ces formules. J'accompagne, et toi aussi, des personnes endeuillées; je ne réponds pas quand on me dit, avec un faux aplomb de tristesse, « Bon ben, il est parti; mais de là-haut il nous protège, hein madame la pasteure? » J'essaie de toujours répondre « Oui, Dieu protège tout le monde. Dieu nous protège de tomber dans des sentiments trop négatifs, Dieu nous protège d'oublier qu'il nous aime, Dieu prend soin de nous. Alors ils me disent : non, non, je parle de mon père là que vous avez enterré, il est là et il nous protège. Je réponds : je ne suis pas sûre, je pense qu'il fait ses propres trucs. Et d'autres fois aussi, c'est beau, les gens me disent « Ah, je suis triste, j'ai dû faire partir mon chien, il était trop malade. Mais c'est bien, il a rejoint ma mère et ma mère aimait bien s'occuper de mon chien. » Alors je dis « C'est vrai, on ne parle pas assez des animaux morts au paradis. » Et pourquoi pas ? C'est aussi une façon d'avoir une infinie confiance dans ce qu'on ne comprend pas du tout. Avoir le courage d'aborder le sujet de la mort Je t'écoute; c'est vrai qu'on s'attend à ce que monsieur ou madame la pasteure ait toujours les bonnes réponses pour expliquer ces choses-là. Et parfois, on est complètement démuni. On ne sait pas que dire, on n'a pas de réponse intelligente. Mais je crois qu'on a un appel à aider les gens, et parfois on a l'appel de dire les choses. J'ai souvent remarqué une espèce de tentative d'édulcorer les situations. Sans être cruel, il faut dire les choses. Oui. Je l'ai peut-être déjà raconté, les premières funérailles que j'ai célébrées en tant que pasteur, près de trois mois après mon ordination, c'était quelque chose d'assez terrible. Quelqu'un qui s'était suicidé avec une carabine devant d'autres personnes. C'était très dur, très souffrant comme expérience pour la famille, pour les proches, pour le jeune pasteur que j'étais. Dieu merci, j'avais lu un livre quelques mois auparavant justement sur ces cas difficiles de funérailles. Une chose qui m'avait marqué, cet auteur avait dit « Parfois, il faut mettre le doigt entre le bois et l'écorce. » Il ne faut pas être cruel, mais il ne faut pas faire semblant, comme dans ce cas-là, que la crise n'a pas eu lieu, que ce n'est pas quelque chose de difficile à accepter. Il ne faut pas tomber dans une espèce de jovialisme. Et c'est ça qui est difficile. Trouver les bons mots, trouver la bonne façon de réconforter sans nécessairement nier ce qui s'est passé. Je me souviens aussi de funérailles d'un pasteur qui était malade et qui a commis l'irréparable. Il s'était présenté comme bon, « je suis avec Dieu » et tout ça, mais il y a plein de gens qui disaient : si un pasteur ne peut pas trouver l'espoir, qu'est-ce qu'il me reste à moi? Et cette question-là n'a jamais été abordée. Donc, il faut faire attention, être pastoral; il faut faire attention aussi de ne pas dire n'importe quoi, d'inspirer de l'espoir, de parler de notre foi, dire qu'il y a un continuum. Moi, c'est ça que je crois, qu'il y a cette vie sur terre et je crois qu'il y a un niveau d'existence au-delà de cette mort-là. Par exemple, dans un texte de l'Église unie du Canada qui s'appelle « La confession de foi de l'Église unie du Canada » (pas très original comme titre!), il y a un passage qui dit « Dans la vie, dans la mort, dans la vie au-delà de la mort, nous ne sommes pas seuls, Dieu est avec nous ». On voit le cheminement : la vie, la mort et une vie au-delà de la mort, c'est ce qu'on croit. Et notre espoir, c'est que Dieu est avec nous. Peu importe ce qui se passe, on n'est pas abandonné dans tout ça. Mais encore une fois, on parle de croyance, on parle de foi, on ne parle pas de certitude. Qu'est-ce que le paradis C'est vrai que j'ai peine à formuler comme ça, de façon claire, nette et concise, la conception du paradis qu'on pourrait avoir en théologie luthéro-réformée. Je me rappelle que c'était une question que j'avais posée à ma première maîtresse de stage, elle m'avait cité un verset, mais je ne l'ai plus retrouvé dans la Bible, où on dit que c'est comme quand Dieu nous prend dans ses bras… comme un père aimant. C'est un peu compliqué de savoir ce que ça recouvre. Il y a ces notions de se retrouver. Est-ce qu'on va retrouver toutes les personnes qu'on a aimées? Est-ce qu'on va aussi retrouver les personnes qu'on n'a pas trop aimées? D'où cette question des veufs et des veuves. C'est-à-dire, est-ce qu'il faudra choisir entre deux personnes? Ça n'a pas l'air très paradisiaque, ça. Si on a eu un animal de compagnie pas spécialement charmant, est-ce que vraiment on va devoir encore s'en occuper? Est-ce qu'il s'agit d'une autre forme de vie, de communion, quelque chose justement de très apaisé, comme on nous le dit souvent? Personne ne peut vraiment trancher. C'est peut-être la marque qu'un mouvement est sectaire, lorsqu'il t'affirme quelque chose. Et en même temps, il y a cette question des expériences de mort imminente, qu'on a à un moment donné surestimé, ensuite décrié, et qui reviennent par la petite porte comme quelque chose à quoi s'intéressent finalement de plus en plus de théologiens et de neurologistes. On dirait qu'il y a peut-être quelque chose à en apprendre, mais nos Églises n'en parlent pas. La vie après la mort est-elle pour tous et toutes Toute cette notion de paradis est tellement difficile. Je me souviens, au collège théologique, un de nos professeurs nous avait demandé est-ce que le paradis est seulement pour les chrétiens? Bonne question! Il nous avait donné un exemple : d'après vous, qui a le plus de chances d'être au paradis? Gandhi ou Hitler? Hitler était chrétien. Gandhi n'était pas chrétien. Qu'est-ce qu'on fait avec ça? Et ça me fait penser à cette vieille blague. Quelqu'un meurt, se présente au paradis, et saint Pierre fait un peu la visite. Ils ouvrent une porte, c'est plein de moines tibétains qui font des chants de gorge, c'est superbe. Ils ouvrent une deuxième porte, c'est des gens qui viennent de Tahiti, chantant, c'est merveilleux. Et juste avant d'arriver devant la troisième porte, Saint Pierre dit à la personne « Chut, il ne faut pas faire de bruit, là » « Pourquoi ? » « C'est la salle des chrétiens et ils croient qu'ils sont les seuls à être ici ». C'est excellent. Et tu parles des animaux, pourquoi pas? Je ne sais pas, ça me fait penser à cette conférencière Amy Jill Levine qui avait cette idée-là : si le paradis existe, si c'est le domaine de Dieu, c'est Dieu qui décide qui rentre et qui ne rentre pas. Ce n'est pas moi qui peux dire à Dieu, hé oh, j'ai fait telle, telle, telle chose, je suis allé à l'église toutes les semaines, donc j'ai le droit d'entrer et j'ai le droit de décider que l'autre personne n'a pas le droit d'entrer. Il faut croire que Dieu a ses propres règles, ses propres façons de décider, et ça nous remet en question. Peut-être que c'est quelque chose de tellement difficile pour nous. On doit abandonner notre désir de contrôle, de décision. Ça ne nous appartient pas. Quelle est cette vie au-delà de la mort à laquelle nous croyons, ça ne nous appartient pas. Qui aura accès à cette vie au-delà de la mort? Ça ne nous appartient pas. Je suis un pasteur, mon épouse est athée. Qu'est-ce qui se passe après la mort? On a deux points de vue différents. Qui a raison? Ni l'un ni l'autre ne le sait et ça ne nous appartient pas. Conclusion Je peux en tout cas te dire que vous serez dans des pièces différentes, visiblement ! En tout cas, merci pour cette conversation. On espère avec cette thématique ne pas avoir répondu à tout et avoir aussi suscité d'autres questions. On serait content pour notre saison 4 de continuer la réflexion sur ces notions de paradis. Écrivez-nous, tenez-nous informés, dites-nous comment ça joue pour vous, comme on le dit ici dans le canton de Vaud. Vous pouvez nous écrire par courriel, entre autres à : questiondecroire@gmail.com Nous voulons remercier notre commanditaire, l'Église Unie du Canada, qui publie un site internet www.moncredo.org qui explore, un peu comme nous, des questions de foi, de spiritualité à travers des podcasts, des blogues, des vidéos. Merci beaucoup, Johanne, pour cette conversation. Et si je peux me permettre, joyeuses Pâques! Joyeuses Pâques!
Michel Vust, directeur général de la culture de lʹEtat de Vaud, présente lʹexposition "Etienne Delessert. Illuminateur", conçue en hommage à lʹartiste qui a fait don peu avant sa disparition en 2024 de 220 œuvres au Canton de Vaud. Autodidacte et artiste protéiforme distingué par le Grand Prix suisse du Design en 2023, Etienne Delessert, en 60 ans de carrière, a illustré plus de 80 livres pour enfants, certains traduits en 14 langues, et vendus à des millions dʹexemplaires. Précurseur du nouveau livre dʹimages pour enfants apparu dans les années soixante, il a notamment collaboré avec Jean Piaget, Henri Dès ou encore Eugène Ionesco, et contribué à The Atlantic Monthly, The Boston Globe, Fortune, The New York Times ou encore The Wall Street Journal ainsi quʹaux magazines suisses Construire ou LʹHebdo. Cette exposition co-organisée avec Plateforme 10 et ses musées (MCBA, mudac et Photo Elysée) est à voir à lʹEspace Arlaud du 28 mars au 29 juin 2025. Michel Vust est lʹinvité de Rafael Wolf. Avec lʹinterview-portrait de Yacine Nemra.
Notre invité est un agriculteur engagé dans lʹéducation des plus jeunes. Christian Bovigny parcourt les classes de la 7e à la 11e HarmoS du canton de Vaud avec une boite qui contient un profil de sol. Les élèves peuvent découvrir la vie qui sʹy développe, comme on observerait des poissons dans un aquarium.
Vous vous rappelez l'arnaque au faux Brad Pitt ? Ce type d'escroquerie aux sentiments est en augmentation. Il en faut peu pour être ciblé·e en ligne par ces escrocs, des pros de la manipulation. Le Point J analyse le phénomène, avec Cristina Cretu-Adatte, socio-criminologue à l'Institut de Lutte contre la criminalité économique de la Haute-Ecole Arc. Journaliste: Camille Degott Réalisation: David Chapuis >> Pour aller plus loin: - "Cinq outils alimentés par l'IA pour détecter les arnaques amoureuses en ligne", enquête de l'émission Vraiment de la RTS, 23 mars 2025 (en ligne) - "Grand amour ou grosse arnaque", campagne de la Prévention Suisse de la criminalité (en ligne) - "Statistiques de la criminalité 2023 et 2024" de la police, site officiel du canton de Vaud (en ligne) Nous écrire ou nous proposer des questions: +41 79 134 34 70 ou pointj@rts.ch
1) Zoologie : Tu es ce que tu manges! Lorsque le régime alimentaire de certains animaux leurs donnent des super pouvoir. Parmi les élus du jour : les fous à pieds bleus, les dendrobates, la punaise assassine et lʹelysie Emeraude 2) Insectes 3/3: les émotions des insectes Un insecte est-il doué d'intelligence? Et si oui comment se manifeste-t-elle? Aurait-il également des émotions, une conscience? Autant de questions auxquelles répond l'éthologue Mathieu Lihoreau dans son dernier livre paru aux éditions Tana "La planète des insectes". 3) Mieux mesurer la sensibilité des organes génitaux féminins pour mieux en soigner les mutilations Jasmine Abdulcadir reçoit le prix Leenards 2025 pour un dispositif mesurant la sensibilité génitale, crucial pour les femmes victimes de mutilations génitales. Ce prix valorise la recherche sur cette problématique mondiale touchant 230 millions de femmes. L'outil permet une évaluation intime et non invasive. 4) Réduire la consommation des médicaments en EMS Comment déprescrire des médicaments auprès des résident.es en EMS? L'opération est complexe. Dans le canton de Vaud et de Fribourg, des interventions conjointes avec pharmaciens, infirmiers et médecins visent à retirer ou diminuer les traitements inappropriés afin d'améliorer la qualité de vie des personnes.
Dans notre monde occidental, est-ce qu'être gentil est le synonyme de faiblesse ou une force subversive? Comment nos interprétations de la Bible influencent-elles notre compréhension de la gentillesse? Dans cet épisode, Joan et Stéphane essaient de comprendre les liens entre le genre et la notion de gentillesse et plongent au cœur d'expressions et de passage bibliques pour élargir notre compréhension de ce concept. Site internet: https://questiondecroire.podbean.com/ ApplePodcast: https://podcasts.apple.com/us/podcast/question-de-croire/id1646685250 Spotify: https://open.spotify.com/show/4Xurt2du9A576owf0mIFSj Contactez-nous: questiondecroire@gmail.com Notre commanditaire: L'Église Unie du Canada Moncredo.org * Musique de Lesfm, pixabay.com. Utilisée avec permission. * Photo de Tom Parson, unsplash.com. Utilisée avec permission. Transcription: Bonjour, bienvenue à Question de croire, un podcast qui aborde la foi et la spiritualité, une question à la fois. Cette semaine, doit-on toujours être gentil? Bonjour Stéphane. Bonjour Joan, bonjour à toutes les personnes qui nous écoutent. Faire les choses gentiment Alors Stéphane, on va commencer gentiment à enregistrer le podcast. Ça, tu vois, cette expression, “gentiment”, c'est une expression vaudoise. Je la connaissais un petit peu d'avant, mais je ne l'avais jamais utilisée aussi fréquemment. Et je dois reconnaître que j'ai mis un certain temps à bien la saisir, tout simplement. Dans une réunion d'Église, on t'interpelle et on te dit: peux-tu gentiment... faire ceci, dire cela, etc. Du coup je me dis, mais est-ce qu'il/elle voulait dire qu'avant, je n'étais pas gentille? C'est possible aussi, ce n'est pas très grave; mais je découvre qu'ici ce gentiment, ça veut dire tranquillement, tout doucement, progressivement, bientôt. C'est simplement une façon de mettre les gens en route vers ce qu'on aimerait bien qu'ils ou qu'elles fassent. Que dis-tu, toi, de cette expression « gentiment »? Gentil : l'attribut des femmes? On n'a pas d'équivalent, mais quelque part, je ne suis pas surpris que ce genre d'expression existe dans les Églises, parce qu'il y a une perception que lorsqu'on est chrétien, justement, on est gentil, on ne veut pas brusquer, on ne veut pas provoquer. C'est un peu l'image de la tranquillité, on ne veut pas faire de vagues. Et pourtant, il y a des gens qui revendiquent, il y a des gens qui provoquent les choses, mais on est un peu dans cette mentalité. Je ne suis pas surpris. “Gentiment”, je pense que c'est répandu dans tout le canton de Vaud, mais ce qui m'a surpris, c'est sa récurrence en Église. Comme tu le dis, ça va aussi avec ce souhait d'avoir une attitude tranquille, qui ne froisse pas, qui ne brusque pas. Pour moi, c'est un peu un attribut; cette notion d'être gentil, c'est un attribut féminin qui est lié au “care”. Je me rappelle que j'étais devenue un peu dingue, parce qu'il n'y a même pas dix ans, il y avait une enquête dans Réformes, (je salue les lecteurs et lectrices de Réformes), pour essayer de réfléchir au ministère pastoral: femmes, hommes, quelle différence? Je crois qu'on en a parlé dans un autre podcast. Ce qui était dit quand même, c'était que pendant longtemps, on attendait des femmes qu'elles soient gentilles, qu'elles soient douces, qu'elles soient dans le “care”, qu'elles prennent soin, parce que ce sont des attributs plus féminins que masculin. Ça fait du bien à l'Église quand il y a des femmes salariées comme ça en position de leadership qui prennent soin des autres. J'avoue que, du coup, ça ne me rend pas toujours très très réceptive à cette notion de gentillesse. Est-ce une faiblesse d'être gentil? C'est vrai que la gentillesse est associée à une certaine faiblesse. Ce n'est pas masculin. Et on voit ça ici en Amérique du Nord, une espèce de ressac du féminisme et l'affirmation d'une masculinité que plusieurs appellent toxique. Il faut être fort, il faut être déterminé. Ça me fait penser à cette histoire datant d'une vingtaine d'années: un ordre religieux féminin avait investi ses avoirs pour faire du développement de projets sociaux et elles se sont fait frauder. Qu'est-ce que tu veux dire par « se faire frauder » ? Ça, je crois que je ne connais pas. Essentiellement, il y a un promoteur qui est arrivé et qui est parti avec l'argent. Ces religieuses-là ont voulu poursuivre certains intervenants qui ont été négligents. J'ai entendu une entrevue où la personne disait: « Bon, les petites religieuses vont faire leur carême, là, puis elles vont prendre leur trou, et puis tant pis pour elles. » Cette idée que parce qu'on est femme, qu'on est dans les ordres religieux, on est une espèce de carpette sur laquelle on peut passer… on s'attend à ce que des personnes religieuses se couchent devant la confrontation. Et pourtant, on a dans la Bible et dans l'histoire de la chrétienté des tonnes et des tonnes d'histoires de femmes fortes, puissantes, qui ont fait des choses, mais qui n'étaient pas faibles, qui n'étaient pas le cliché de la femme gentille. C'est vrai que j'ai un peu cette difficulté dans le monde chrétien, une méfiance envers les femmes puissantes; effectivement je trouve qu'il y a beaucoup de femmes dans la Bible qui sont puissantes, beaucoup de femmes qui osent, qui sont audacieuses. C'est quelque chose qui n'est pas beaucoup valorisé en milieu chrétien, mais j'ai l'impression que c'est dans la société en général. Être gentil comme des brebis Je vais commencer notre bataille de versets bibliques; je vois dans notre document partagé que tu as prévu un certain nombre de versets, mon cher collègue. Alors, je vais commencer notre bataille du jour. Il y a un verset biblique qui me permet toujours de le mettre en parallèle avec tous les versets sur la gentillesse et la douceur. Je pense que c'est important qu'il y ait des versets sur la douceur et la gentillesse. Mais ces versets-là, pour moi, ne peuvent pas se lire sans entendre aussi Jésus nous dire quelque chose dans l'oreille. Et donc on y va: on est en Matthieu 10. « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. » Oui, les brebis, c'est gentil, c'est mignon. On m'a jamais vu des brebis faire grand chose de méchant, éventuellement charger quelqu'un si tu t'approches de leurs petits, mais bon voilà. Alors que les loups, ça n'est pas très gentil. Soyez donc prudents comme des serpents. On a une notion de prudence. Encore que les serpents ne sont pas seulement prudents, ils peuvent aussi être assez territorial. Et ensuite, on a ce « et … » comme les colombes. Alors là, comment est-ce qu'on traduit ce mot-là « akéraios »? Parce que c'est en grec tout ça. On peut traduire par « simple », par « candide », par « pur ». Peut-être d'autres mots que vont nous envoyer des auditeurs ou auditrices. Et en fait, ce « a », c'est « non », donc quelque chose qui n'est pas. Qui n'est pas quoi? Qui n'est pas mélangé, qui est intact. Voilà, il y a cette négation devant un verbe et on comprend que c'est “ce qui n'est pas mélangé”. Eh bien, sais-tu comment je l'entends? Je l'entends comme le mot « entier ». « Soyez donc prudents comme les serpents ». OK. Un appel à la prudence. Et « entiers comme les colombes ». Des colombes, c'est tout blanc, ce n'est pas mélangé. Voilà, des colombes blanches. On comprend la métaphore. Il y a cette notion de “je suis entièrement qui je suis”, et j'aime bien. Pourtant, être entière, pour l'instant, ce n'est pas une qualité qui est unanimement appréciée. Bienheureux les gentils On dit souvent: soyez vous-même, soyez authentique, mais pas cet aspect de votre personnalité. Et je crois qu'il y a des moments où il faut monter au front, il faut dénoncer, il faut charger et confronter les autorités, l'Empire, et ainsi de suite, parce qu'on doit dire, ah non, ça, ça ne va pas. C'est inacceptable la façon dont tel groupe est traité. Mais il y a d'autres moments où montrer de la compassion, c'est important aussi. Ça peut être perçu comme de la gentillesse d'être là pour l'autre et ça fait partie de l'expérience humaine. Mais pourquoi l'un est-il plus valorisé que l'autre? Dans notre bataille de passages bibliques, ce qui m'est revenu, c'est le discours sur la montagne de Jésus: bienheureux, bienheureuse les doux, les bons. Et lorsqu'on pense que le but était de provoquer les gens, de renverser les attentes, de dire vous pensez que les meilleurs, les personnes qui vont réussir, ce sont les gens qui sont violents. Non. Ce sont les gens qui vont avoir de la compassion, qui vont être bons, qui vont exprimer et vivre ça; ces gens-là vont entrer dans le royaume de Dieu. Je pense qu'il y a quelque chose de puissant justement, ce n'est pas un signe de faiblesse que de choisir la bonté, de choisir la gentillesse plutôt que la violence et l'exploitation. Être gentil peut être subversif C'est vrai qu'être gentil, ça peut être subversif. Par exemple, quand je vivais à Zurich, on m'avait prévenu que ce n'est pas seulement la mendicité qui est interdite, mais c'est aussi de faire l'aumône. Donc les deux aspects, demander de l'argent ou en donner, étaient formellement interdits. Je me disais parfois, si je vois quelqu'un qui a besoin de quelque chose, je vais peut-être quand même essayer de l'aider, même si c'est formellement interdit. C'est incroyable combien il peut y avoir d'arguments. On m'a sorti tellement d'arguments sur le fait que c'est mieux que ce soit interdit, parce que, vois-tu, comme ça, les gens vont chercher de l'aide aux bons endroits, et puis les gens qui sont très occupés ne sont pas dérangés, et puis en même temps ça évite aussi des tas d'incivilités sur la place publique. Moi, je comprends. L'effet que ça m'a fait quand je suis arrivée à Lausanne: il y avait quelqu'un qui faisait de la mendicité pas très loin de chez moi et une dame s'est arrêtée et a dit à la mendiante: « Oh vous êtes là, ça fait plusieurs jours que je ne vous ai pas vue, est-ce que je peux vous faire un câlin?» Et cette dame qui faisait la manche était toute contente que quelqu'un la prenne dans les bras. Cette gentillesse là, comme ça à l'état pur, juste devant mes yeux, je ne sais pas, ça m'a émue aux entrailles. C'est vrai qu'il y a des manifestations de bonté, c'est plus de la bonté pour moi que de la gentillesse; cela me rappelle le beau sur terre, cette bonté qui nous reconnecte à nos capacités d'empathie et de nous occuper des autres. Non pas parce qu'on nous le demande, non pas parce que c'est une injonction, non pas parce que c'est un pré-requis, mais parce que c'est ce qui est juste: prendre soin des autres; et puis souvent on passe à côté. Cette forme de gentillesse, de bonté, elle est très subversive, je trouve. Combattre le feu par la gentillesse Je suis totalement d'accord. C'est déstabilisant pour plusieurs personnes de répondre avec gentillesse. Il y a l'expression « il faut répondre au feu par le feu », mais lorsqu'on y pense quelques secondes, on a un feu devant nous, et on va rajouter du feu? On a une personne qui est violente devant nous, on va rajouter de la violence. Quelle va être la réponse à encore plus de violence? Au lieu de dire, on va répondre au feu par de l'eau. Ça semble tellement évident. J'ai un feu à la maison, je vais chercher de l'eau, je vais essayer de l'éteindre, ce feu-là parce que je suis faible, pas parce que j'ai peur, mais parce que je veux créer un autre climat, je veux créer une autre atmosphère. Lorsque j'ai quelqu'un qui m'envoie des insultes, par exemple sur les médias sociaux. Il n'y a rien de pire pour cette personne de lui répondre «merci beaucoup pour votre commentaire». La personne ne sait plus quoi répondre parce qu'elle veut en découdre, elle veut la confrontation. Dire simplement: merci beaucoup pour votre point de vue. Je vais réfléchir à ça. Merci d'avoir cette conversation-là, ça diminue la toxicité. Ça ne veut pas dire nécessairement que je suis d'accord avec la personne. Ça ne veut pas dire que je me défile. C'est juste que je ne veux pas vivre dans un climat de confrontation et que j'ai ce pouvoir-là de ne pas me jeter tête première dans la confrontation. Je peux simplement dire, je vais être gentil, je vais être poli, je vais être bon et c'est cette vie-là que je veux vivre. Si les autres veulent autre chose, tant pis pour eux, mais je n'ai pas été aspiré dans ce monde-là. Prendre les gens au sérieux en étant gentil Mais si quelqu'un veut vraiment la confrontation, c'est mon expérience en tant que femme, cette personne-là ira jusqu'au bout pour l'avoir. Je me souviens à la sortie d'un culte, j'étais un peu plus jeune à ce moment-là, voilà quelqu'un qui vient me brancher, n'était pas d'accord, pas content. Et je lui ai dit: écoutez, ce n'est pas grave, on va se mettre d'accord de ne pas être d'accord. Ça ne lui a pas plu du tout, pas du tout. Cette personne-là est allée chercher beaucoup plus loin pour obtenir une réaction de ma part. Et je me suis dit, ça c'est quelqu'un qui veut une confrontation franche, je vais la lui offrir. En fait, c'est super qu'on discute de ça et qu'on arrive là. Stéphane, ce n'était pas prévu, on ne l'avait pas noté dans notre Google Doc. Mais finalement, il y a quelque chose qui est important pour moi, c'est de prendre les gens au sérieux. Quand je vois que les gens ont besoin d'aller jusqu'à une certaine confrontation, une certaine authenticité, quelque chose d'un peu plus cash justement, où on met moins les formes, et bien je me dis peut-être que c'est les respecter que d'aller jusque là. Il faut aussi savoir s'arrêter, savoir faire marche arrière. Mais il y a une partie de moi qui me dit, après tout, peut-être que ça nous permettra d'arriver à l'étape suivante. Je réfléchis: je ne suis pas tout à fait persuadée de ça; je ne suis pas sûre que ça marche à tous les coups. Mais en moi, il y a quelque chose qui souvent permet ou autorise ça, parce que j'aime bien prendre les sentiments des gens au sérieux. Le côté culturel de la gentillesse Il y a un problème lorsque la gentillesse sert à éviter de dire des choses. Parfois, ce sont des trucs très culturels. Par exemple, dans mon Église, parce que pendant longtemps, on a eu des pasteurs et des gens qui venaient surtout de la France, on a cette tradition, cette culture de débattre franchement des choses, de dire des choses honnêtement, pas toujours plaisantes, mais au moins, comme on dit en France, c'est cash. C'est clair, il n'y a pas de faux-fuyants, il n'y a pas de messages codés. Et une fois que la conversation est terminée, c'est terminé. Chez les anglophones, c'est autre chose; il y a une expression qui s'appelle « English nice », dans le sens où, lorsqu'on a une réunion de conseil ou de collègues, il faut toujours faire attention à ce qu'on dit, il faut être poli, mais on ne dit pas les vraies choses. Cela crée parfois des surprises, lorsqu'on a des anglophones qui viennent dans des réunions de francophones, ils sont complètement déboussolés. Ils disent « vous allez vous arracher la tête », c'est complètement dysfonctionnel. Pour nous c'est normal. On dit ce qu'on a à dire, honnêtement, puis une fois que c'est terminé, c'est terminé et il n'y a pas de rancœur. On utilise cette idée de bonté, de gentillesse pour cacher des choses, pour éviter des sujets, se tenir loin des conflits. La gentillesse chronique J'ai découvert, en cherchant un peu sur internet, que l'intelligence artificielle nous synthétise des tas de trucs. Je ne sais pas ce que ça va faire à notre esprit critique, préparons-nous. Mais en tout cas, l'intelligence artificielle a une définition concernant un phénomène très étudié concernant les femmes: la gentillesse chronique. Ça ne touche pas que les femmes, bien sûr. Il y a des hommes aussi qui souffrent un peu de ce phénomène. La gentillesse chronique, ça peut être un mode de fonctionnement qui devient épuisant et malsain. Pourquoi? Parce que les personnes qui souffrent de ce trait comportemental envahissant sont tout le temps en adaptation excessive. J'en connais un bout parce que moi, j'ai changé de pays, changé d'Église, changé de culture, donc je suis tout le temps en train de m'adapter. Ces personnes font preuve de beaucoup d'écoute et de soutien, puis elles n'arrivent plus à dire non. Bien sûr, parce que quand tu veux t'adapter, c'est plus difficile de dire non. Et finalement, on se préoccupe tellement de l'état émotionnel des autres qu'on oublie un peu notre état à nous. On a régulièrement un sentiment de culpabilité inapproprié. Parce qu'on n'aurait peut-être pas assez pris soin des autres, c'est pour ça que c'est un peu difficile avec eux, avec elles. On a une attente anxieuse permanente, on attend d'être validé; on fait tellement d'efforts, donc on devrait être validé. Il y a aussi une difficulté à s'affirmer, une tendance à s'excuser, même quand on n'est pas fautif. Je trouve ça vraiment frappant, vraiment intéressant de se dire que ça peut devenir un comportement très envahissant. Cette gentillesse, qui est un plus dans la vie, qui rend la vie si belle avec des gens qui embrassent des personnes en situation de précarité dans la rue, peut se retourner contre les gens qui finissent par en faire un trait de caractère principal. La notion de gentillesse influencée par l'interprétation biblique Je suis totalement d'accord avec toi, j'ai vu ça. Et je comprends qu'on vit dans un monde patriarcal, mais quand on regarde nos écritures bibliques, on voit Jésus entouré de femmes. Certaines avaient des positions importantes. Dans ses aventures, Paul rencontre des femmes très puissantes. Même dans le premier testament, on a des femmes très puissantes et on voit beaucoup de femmes en position de leadership. Ça me turlupine. J'ai beaucoup de questions. Oui, il y a les 2000 ans de patriarcat, toutes les interprétations des textes bibliques. Je vais te raconter une autre anecdote. J'ai eu un professeur de philosophie au cégep (pour les gens à l'extérieur du Québec, le cégep, c'est entre le secondaire, le lycée et l'université; c'est un programme de deux ans, grosso modo). Ce professeur nous parlait de tendre l'autre joue et nous racontait l'histoire d'un bon chrétien; quelqu'un arrive et lui donne une claque en pleine figure, il ne bouge pas. L'autre personne lui donne une deuxième claque en pleine figure. Là, ce bon chrétien enlève son manteau et bat son assaillant. Quelqu'un intervient et dit « mais je croyais que tu étais un bon chrétien, Jésus voulait que tu tendes l'autre joue ». Et la morale de notre prof dit: « oui, il a tendu l'autre joue, mais après, il n'y a rien d'écrit, ce qui fait que tout est permis ». Je doute que ce soit l'idée de Jésus et des auteurs des évangiles de dire: après qu'on ait tapé la deuxième joue, tout est permis, allez, c'est la bagarre. Je pense pas que c'était ça. Cela montre comment on peut prendre des histoires bibliques, certains passages et les renverser pour les faire correspondre à une certaine attente de notre monde, au lieu de dire: oui, c'est confrontant de tendre l'autre joue. Peut-être que ça veut dire: je choisis encore une fois de ne pas répondre avec la violence. J'exerce le pouvoir que j'ai sur ma personne et je fais preuve de force. Je ne tombe pas dans mes plus bas instincts. C'est quelque chose d'encore plus fort que donner un coup de poing dans la figure. Mais non, on ramène ça dans les normes actuelles. Je pense que la façon dont on lit certains passages, dont on les interprète, a un impact sur cette idée de la gentillesse. Demander aux puissants d'être gentils Tout à fait, d'autant plus que ma compréhension du monde de Jésus, c'est que c'était un monde qui était rempli d'esclaves. La majorité des gens étaient en situation d'esclavage, que ce soit des femmes, des enfants ou des esclaves tout court. Et il y avait une petite minorité de dominants qui étaient les maîtres, les hommes ou bien celles et ceux qui avaient des droits au sein de la société. Et finalement, quand Jésus invite les personnes autour de lui à cette gentillesse évangélique, il invite le monde à se convertir, à devenir un monde démocratique comme celui qu'on a maintenant, en tout cas qu'on essaye de conserver. Et il invite aussi à respecter celles et ceux qui sont en situation subordonnée. Donc finalement, c'est une gentillesse qui s'adresse en priorité aux puissants. Et maintenant, c'est beaucoup réutilisé pour dire aux gens qui demandent des droits, aux femmes, aux enfants, soyez gentils, mais soyez gentils, soyez patients, attention, prenez votre temps, voilà. Donc je trouve qu'en plus, il y a beaucoup de mauvaises exégèses dans tout ça. On ne replace pas du tout les mots, les injonctions de Jésus dans leur contexte. Je ne crois pas que Jésus, s'il venait maintenant et s'il voyait une femme se faire battre par son mari et que cette femme ose lui dire « espèce de connard ». Je ne pense pas que Jésus dise à la femme « oh là là, sois gentille, ce n'est pas très gentil de dire ça, c'est un mot quand même pas poli ». Non, pas du tout; je pense que Jésus serait lui aussi le premier à choper le gars et à appeler la police. Je trouve très compliqué d'utiliser les termes de Jésus sortis de leur contexte et surtout de les utiliser pour avoir du pouvoir sur les autres. Et ça, ça me rend complètement dingue. Et par ailleurs, je trouve que les versets dans la Bible qui parlent de tout mettre en commun, vraiment d'être beaucoup plus solidaires, d'avoir finalement ce respect de l'équilibre des richesses sur Terre, me semblent aller beaucoup plus loin pour le monde d'aujourd'hui, pour la distribution difficile des richesses, pour les inégalités qui se creusent, plus tellement sud-nord, parce qu'il y a plein de milliardaires dans le sud maintenant, mais à l'intérieur même de différentes zones géographiques, ça me semble beaucoup plus contraignant. Et c'est étonnant combien ces versets-là, finalement, sont peu mobilisés. On va peu dire à quelqu'un de riche ou puissant, est-ce que tu partages? Est-ce que tu as le souci des moins riches? Donc c'est bien la preuve qu'on n'est pas centré sur l'Évangile, mais centré sur le pouvoir que peuvent donner certains passages de l'Évangile. Être gentil comme badge d'honneur Quelque part, être gentil est peut-être plus difficile que d'être violent, mais il y a quelque chose de plus puissant. Peut-être pas sur le coup. Je reprends l'exemple de la bagarre, c'est peut-être plus satisfaisant à très, très, très court terme pour moi de donner un coup de poing dans la face de quelqu'un qui me tape sur les nerfs, mais je ne construis pas un monde meilleur. Et le message de Jésus, c'est difficile de dire, c'est complètement con. Aimez-vous les uns les autres, partagez, souciez-vous des uns les autres. Se faire traiter de gentil, peut-être qu'on a le défi de dire oui, merci; de prendre ça comme un badge d'honneur: “Oui, je suis gentil”. Je choisis ce chemin-là. Je choisis de me soucier des plus vulnérables de notre monde. Je choisis de créer un meilleur monde, une meilleure société. Et toi, qu'est-ce que tu as à offrir? Je pense qu'on a une possibilité de se ré-approprier ces mots-là et d'en être fier, je sais que c'est plus difficile. Conclusion Sur ces belles paroles, se ré-approprier les mots de Jésus et en être fier, nous vous remercions, chers auditeurs, chères auditrices, de nous envoyer vos feedbacks, vos retours, vos questions. C'est toujours un plaisir de vous lire. Et vous pouvez nous écrire par courriel, entre autres. Question de croire en un seul mot, à questiondecroire@gmail.com. Nous voulons prendre quelques secondes pour remercier notre commanditaire, l'Église unie du Canada, qui met en ligne un site internet, moncredo.org, où nos podcasts sont diffusés, où il y a des blogs, des vidéos sur les grands enjeux, les grandes questions d'aujourd'hui. Merci beaucoup, Joan, pour cette conversation. Merci Stéphane.
Le 31 janvier 2023, des salarié.e.s se retrouvaient devant l'entrée principale du CHUV pour manifester. La raison de leur courroux ? Un refus du gouvernement du Canton de Vaud d'indexer la hausse de leur salaire sur celui de l'inflation. Mais derrière ces questions financières se cachent d'autres enjeux, notamment celui des conditions de travail et de la compression du temps pour réaliser telle ou telle tâche. Au point de remettre en cause la qualité des soins. (Première diffusion : 19 mars 2023. Reportage Christophe Canut, réalisation Matthieu Ramsauer).
Invitée: Fiona Friedli. Le droit de la famille a évolué en Suisse ces dernières décennies. Comment cela a-t-il influé sur le divorce? Est-ce que le divorce dʹaujourdʹhui est différent de celui dʹhier? Le divorce à lʹamiable est-il plus égalitaire? Tribu reçoit Fiona Friedli, professeure à la Haute école de travail social et de la santé de Lausanne (HES-SO). Elle participe avec Anne-Françoise Praz, Aurore Müler (UNIFR) et Marta Roca i Escoda (UNIL) à une recherche FNS sur les pratiques judiciaires et les inégalités sociales et de genre dans les divorces des cantons de Vaud et Fribourg entre 1960 et 2020.
En 1962, la Suisse entame la construction de sa toute première centrale nucléaire à Lucens dans le canton de Vaud. Le pays utilise l'énergie nucléaire pour produire de l'électricité depuis 1969. Avec Michael Fischer, historien et spécialiste de la bombe atomique suisse, au micro de David Glaser. Un tout petit pays et une technologie de destruction massive. A partir de la fin des années 1950 en Suisse, on en apprend un peu plus sur les projets de fabrication d'une bombe atomique Swiss Made. La crainte s'installe et l'imaginaire d'une bombe destructrice est aussi porté par les mouvements artistiques, avec Friedrich Dürrenmatt. Pour évoquer cette œuvre de Friedrich Dürrenmatt, David Glaser a rencontré Duc Hahn Luong du centre Dürrenmatt à Neuchâtel.
L'inceste est réprimé dans le code pénal helvétique depuis 1942. La condamnation morale est claire et forte au premier abord, mais l'accueil de la parole des victimes est resté précaire face à la figure dominante du père et chef de famille bien souvent coupable du crime. Dans l'ouvrage collectif Dire entendre et juger l'Inceste (Seuil, 18 oct. 2024), Cristina Fereira publie une enquête sur les fauteurs d'inceste en Suisse romande dans les années 1960 et 1970 à partir d'une série de dossiers d'expertises psychiatriques. Cristina Fereira est sociologue et professeure à la Haute Ecole de santé Vaud.
Spécialisée dans les soins palliatifs, la Fondation Rive-Neuve à Blonay, dans le canton de Vaud, dispose de 20 lits, tous destinés à des personnes dont le pronostic vital est engagé. Au quotidien, l'équipe médicale se dévoue pour offrir un cadre de vie le plus apaisé possible, alors que la maladie gagne du terrain. Comment vit-on la mort quand on y est confronté chaque jour à son travail? Reportages de Karin Jorio Réalisation : Jean-Daniel Mottet Production : Raphaële Bouchet
C'est un tableau mondial peu réjouissant: près de 70 pays pénalisent l'homosexualité, dont plus d'une dizaine par la peine de mort. À peine arrivé à la Maison-Blanche, Donald Trump a accumulé annonces et décrets homophobes et transphobes. Mais même en l'absence de lois liberticides, l'hostilité se niche dans toutes les sphères de la société et en premier lieu au cœur des familles, ce qui rend les personnes concernées particulièrement vulnérables. En Suisse aussi, les crimes de haine sont en augmentation. Pourtant, les droits des personnes LGBTIQ ont sensiblement progressé ces quinze dernières années et l'homophobie est désormais pénalisée au même titre que le racisme. Pourquoi la non-binarité, la transidentité et l'homosexualité dérangent-elles encore autant? Quels modèles dominants viennent-elles remettre en question? Production : Laurence Difélix Réalisation : Rodolphe Bauchau Les invité.es: Dre Caroline Dayer Déléguée cantonale aux questions d'homophobie et de transphobie dans les lieux de formation, à l'Etat de Vaud. & Dr. Thierry Delessert Collaborateur scientifique à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Éducation, Université de Genève. Spécialisé sur l'histoire des (homo)sexualités en Suisse.
On connaît les enchères prestigieuses des grandes maisons – Sotheby's, Christie's – où des oeuvres d'art ou des bijoux précieux s'arrachent à des montants exorbitants. Mais c'est aussi dans des ventes aux enchères que se retrouvent les objets saisis par les Offices de poursuites et faillites dans l'espoir d'indemniser des créanciers ou les valeurs mises en gage pour un prêt financier. Bijoux, montres, vaisselles, quelle valeur ont les objets qui nous entourent ? Les ventes aux enchères sont autant de lieux où l'on croise la richesse et la misère, les quêtes de bonnes affaires ou de fortune. Production : Laurence Difélix Réalisation : Jean-Daniel Mottet Les invités: Dr Arnaud Campi Docteur en droit, enseignant à lʹUniversité de Genève. Il a récemment édité un ouvrage consacré aux 150 ans de la Caisse publique de prêts sur gages créée à Genève en 1872. & Daniel Romano Délégué aux affaires des offices des poursuites et faillites du canton de Vaud.
Les enfants et les jeunes sont une cible facile pour les enseignes de junkfood et leur mode de vie devient de plus en plus sédentaire. Ils sont de plus en plus nombreux à souffrir de surpoids. Des programmes existent pour les pousser à bouger mais la question de la prévention se pose aussi. Depuis la rentrée scolaire d'août 2024, le canton de Vaud a mis en place un programme sur l'alimentation et l'agriculture dont un des buts est d'éduquer les enfants aux goûts et à conscientiser les sensations de faim, soif, satiété et envie. Reportages Géraldine Genetti Réalisation Jean-Daniel Mottet Production Laurence Difélix
Précarité, situation de crise, exclusion. Fondée en 2009 dans le canton de Vaud, l'Équipe mobile d'urgences sociales, l'EMUS de son petit nom, intervient sur appel, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Dans la rue, à domicile ou dans les structures d'accueil, un binôme composé d'un.e travailleur.euse social.e et d'un.e infirmier.e prend en charge des personnes en situation de très grande précarité, sans domicile fixe, migrantes, souffrant de troubles mentaux ou encore victimes de violences domestiques. Comment accompagner les plus vulnérables dans leurs besoins fondamentaux: manger, dormir, se laver? Comment orienter vers une prise en charge adéquate? Comment écouter et rassurer quand la vie semble s'écrouler? Production : Raphaële Bouchet Réalisation : Didier Rossat Les invité.es: Patrick Bodenmann Professeur ordinaire à la Faculté de biologie et de médecine de l'Université de Lausanne. Chef du Département Vulnérabilités et médecine à Unisanté (Centre universitaire de médecine générale et santé publique). & Véréna Keller Professeure honoraire - Haute Ecole de travail social et de la santé Lausanne (HETSL).
In this episode, we're joined by the brilliant and entertaining wine educator, Jacinta Maddison Williams, the creative force behind Inflorescence. From hosting paint-and-sip classes to offering DIY wine kits and curating chef experiences with perfect pairings, Jacinta's passion for wine is infectious. Together, we dive into her Top 5 Lesser-Known White Grape Varieties—a must for your Christmas table or a refreshing start to “Try January.” Forget dry January and embrace discovery with these surprising and delightful wines. And a special thanks to Coravin, our sponsor for this episode, for giving wine enthusiasts the chance to explore wines one glass at a time without uncorking the entire bottle. Tune in for an inspiring chat, and don't forget to pour yourself something special! If you want to skip ahead: 07.30: Jacinta's passion and journey into the world of Wine 15.32: The Koshu grape variety from Yamanashi, Japan 23.54: The Assyrtiko grape from Santorini, Greece (But now in Lebanon!) 27.00: The Chasselas (Fendant) grape from Vaud and Valais in Switzerland 34.31: The Loin de l'oeil grape Variety from Gaillac, France 44.35: The Carricante grape variety from Sicily (Famous in Etna Bianco) Follow Jacinta on Instagram @inflorescencewines Any thoughts or questions, do email me: janina@eatsleepwinerepeat.co.uk Or contact me on Instagram @eatsleep_winerepeat If you fancy watching some videos on my youtube channel: Eat Sleep Wine Repeat Or come say hi at www.eatsleepwinerepeat.co.uk Until next time, Cheers to you! ---------------------------------------------- ---------------------------------------------- THE EAT SLEEP WINE REPEAT PODCAST HAS BEEN FEATURED IN DECANTER MAGAZINE, RADIO TIMES AND FEED SPOT AS THE 6TH BEST UK WINE MAKING PODCAST.
Dormir dans un lit, à l'abri de la pluie, c'est la quête quotidienne de la plupart des sans domicile fixe. Dans le canton de Vaud, les structures d'hébergement d'urgence existent, mais les places sont limitées. Chaque soir, c'est le même rituel, trouver un lit pour la nuit. A 71 ans, ce monsieur suisse recueilli par l'EMUS sur un banc public est prioritaire. Reportages de Bastien Confino Réalisation : Didier Rossat Production : Raphaële Bouchet
In this podcast, Sophie Vaud explains the environmentally friendly textile dyeing process developed by Colorifix.
Au-dessus de Solalex, Frédéric Hofmann, chef de la section Chasse, pêche et espèces du Canton de Vaud, et Luc Jacquemettaz, inspecteur de la Police Faune-nature, organisent une journée de comptage des chamois, nécessaire pour réaliser les plans de tir des années à venir. De son côté, Jean Barth, porte-drapeau historique de l'initiative anti-chasse à Genève, estime que l'activité des chasseurs, «qui tuent par plaisir», reste inacceptable. Reportages de Mathieu Truffer Réalisation : Jonathan Haslebacher Production : Raphaële Bouchet
Invité.e.s: Sybille Rouiller et Philippe Gilbert. Il y a 30 ans que le massacre du Temple Solaire a eu lieu en Suisse. Comment aborder ce sujet auprès des élèves? Comment traiter des thèmes sensibles comme les "sectes" et les croyances jugées "irrationnelles"? Comment les amener à se questionner sur des sujets complexes et socialement vifs? Pour en parler, Tribu reçoit Sybille Rouiller, docteure en Sciences des religions et Chargée dʹenseignement à la Haute école pédagogique du canton de Vaud et Philippe Gilbert, enseignant dans le cadre de lʹatelier dʹ"éthique et cultures religieuses" à la Haute école pédagogique du canton de Vaud et collaborateur scientifique au Centre intercantonal dʹinformation sur les croyances (CIC), à Genève. Il et elle signent aux côtés dʹAline Baumgartner lʹarticle "Dépasser " lʹirrationnel " avec la pensée critique: lʹOrdre du Temple Solaire (OTS) comme étude de cas en sciences des religions" paru dans la Revue de didactique des sciences des religions.
C'est une histoire singulière. Elle se déroule au XXIe siècle dans le monde d'après, le monde d'après Covid. Mais elle prend ses racines dans le monde d'avant. Celui du siècle dernier, avant l'explosion des télécommunications et des réseaux sociaux. Ce drame familial débute en Suisse, sur les bords du Lac Léman. En 2022, à Montreux, toute une famille s'est jetée du balcon du 7ème étage d'un immeuble. Les dessous de ce suicide collectif se révèlent très complexes. Cinq corps tombent dans le vide sans un bruit Jeudi 24 mars 2022. Montreux. Canton de Vaud en Suisse. 6h15 du matin. Le jour se lève sur un beau ciel dégagé, l'air est frais. Quand tout à coup, un père de famille de 40 ans, son épouse, leurs deux enfants, un ado de 15 ans, une fillette de 8 ans et leur tante, la sœur jumelle de leur mère, passent par-dessus bord. Aucun n'a hurlé. Le seul rescapé est le fils âgé de 15 ans. Découvrez la saison précédente en intégralité : Le meurtre de Karine Esquivillon Première diffusion : 19 février 2024 Un podcast enregistré dans les studios de Bababam Production et diffusion : Bababam Originals Écriture : Virginie Guedj Voix : Caroline Nogueras Réalisation : Julien Roussel