Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats. Retrouvez les sujets traités par cette émission sur RFI SAVOIRS = http://savoirs.rfi.fr/

C'était il y a 20 ans à Clichy-sous-Bois en banlieue parisienne. Le 27 octobre 2005, Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, mouraient électrocutés après avoir été pourchassés par la police. Les adolescents s'étaient réfugiés dans un transformateur EDF pour tenter d'échapper à un contrôle d'identité. Le drame avait déclenché 21 nuits d'affrontements entre jeunes et forces de l'ordre en banlieue parisienne d'abord, puis partout en France. Des révoltes qui ont permis aux habitants de ces quartiers populaires de montrer les discriminations qu'ils vivaient au quotidien, sur le plan social, mais aussi géographique. 20 ans plus tard, RFI est retourné à Clichy-sous-Bois. Si les infrastructures de la ville se développent (le métro y fera d'ailleurs son arrivée en 2027), le poids de l'histoire tragique de Zyed et Bouna pèse toujours sur les Clichois. Depuis 2019, c'est un peu plus facile d'aller et venir à Clichy-sous-Bois, même si, à 15 kilomètres seulement de Paris, la ville reste mal desservie par les transports en commun. C'est ici que Mehdi Bigaderne a grandi. Il avait 23 ans en 2005 : « J'étais à l'université de Saint-Denis, je mettais trois heures, alors peut-être qu'on met un peu moins, je ne sais pas, aujourd'hui, mais on met quand même beaucoup de temps et, effectivement, on ne part pas de la même ligne de départ, ça, c'est certain. Et cette question des discriminations, elle n'est pas vraiment prise au sérieux. » Ce tramway, le T4, avait pourtant été annoncé en personne par le président Jacques Chirac dès 2006, au lendemain des violences urbaines, nées ici, dans un quartier fragile, mais tranquille, qui s'est brutalement retrouvé sous le feu des projecteurs : « Je m'en souviens comme si c'était hier, parce que c'est tellement marquant. Je suis un enfant de la ville et c'est la première fois que je voyais la ville dans cet état-là, avec des brigades de CRS pratiquement dans chaque immeuble. Et puis, après, on a vu arriver un hélicoptère – moi, j'avais l'impression d'être à Bagdad, à un moment donné – qui tournait autour des immeubles avec un projecteur, qui était pénétrant dans les appartements, déjà qu'ils n'étaient pas très grands… » À écouter aussiBanlieues 2005 : retour à Clichy-sous-Bois La mort de Zyed et Bouna a laissé des cicatrices profondes dans le quartier À l'époque, l'ampleur de la réponse sécuritaire choque les habitants qui pleuraient deux enfants du quartier : Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans. Ce qui n'arrange rien au rapport fragile entre police et population… Olivier Klein, maire actuel, était adjoint à la jeunesse et à la ville il y a 20 ans : « Quand les maires de l'époque ont vu le président de la République, il a demandé quelles seraient les urgences. Les deux maires, ensemble, ont dit : "Il nous faut un tramway – une des raisons de la popularisation, c'est l'enclavement, le temps pour aller bosser, le temps pour aller étudier, etcetera –, et on a besoin d'avoir un commissariat de plein exercice – pour que la police puisse être comme un poisson dans l'eau dans nos quartiers". » À lire aussiFrance: il y a 20 ans, la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois Les discriminations, un enjeu majeur En 2012, un commissariat sort de terre à Clichy. Les cicatrices sont encore bien visibles, mais d'après Mehdi Bigaderne, qui a cofondé l'association ACLEFEU pour faire remonter la parole des quartiers populaires auprès des institutions, constate que les choses changent petit à petit : « Les commissaires qui ont dirigé ce commissariat étaient ouverts à travailler avec les associations, donc on voyait qu'il y avait une volonté de se dire, s'il y a des incidents, on peut s'en parler… En revanche, je pense qu'ils sont limités parce que, je ne crois pas me tromper en disant ça, c'est qu'on a aussi un problème qui est plutôt général. Moi, je suis content de pas avoir revécu un tel drame sur la ville, mais il y en a eu d'autres malheureusement, et il faut que l'État prenne à bras-le-corps ce sujet-là qui, aujourd'hui, peut être un fonds de commerce pour certains politiques. » En 20 ans, les visages enfantins de Zyed et Bouna ont été rejoints par des dizaines de sourires similaires dans les marches blanches. D'après le média Basta!, le nombre de décès annuels imputables aux forces de l'ordre françaises a doublé depuis les années 2000. À lire aussiIl y a dix ans, les banlieues s'embrasaient dans toute la France

Alors que le Centre Primo Levi a accompagné au cours de ces trente dernières années des milliers de personnes exilées victimes de torture, l'association fait aujourd'hui face à la coupe de ses subventions publiques. Pourtant, en proposant un accueil inconditionnel, le Centre Primo Levi accomplit une réelle mission de service public en prenant en charge toute personne qui se présente au centre. Il accompagne des profils aux troubles psychiques souvent sévères, parfois des enfants. L'association n'est pas la seule à subir ces coupes budgétaires. En octobre dernier, une enquête publiée par le Mouvement associatif, qui fédère 700 000 structures en France, montre que le secteur, qui fait vivre 1,9 million de salariés et mobilise 20 millions de bénévoles, est à bout de souffle. C'est une petite pièce où se font face trois fauteuils, sur une étagère, des jouets et un lapin en peluche... Nous rencontrons Armando Cote dans ce lieu de consultation. Pour le psychologue, la force de l'association, c'est son approche pluridisciplinaire, le Centre Primo Levi est avant tout une structure de soin qui prend en charge la santé mentale des exilés. « Le travail avec la parole, ce n'est pas possible. Il faut aussi des collègues médecins qui puissent les voir pour vérifier toute la question médicale. Et après, il y a toute la question sociale et juridique. Donc, on est plus que trois, on est cinq, six personnes, et toutes ces personnes, il faut un budget, mais on sait que c'est un service social qui est aujourd'hui, malheureusement, avec toute l'idéologie de l'ambiance en France, etc. Fait que l'on doit se séparer des collaborateurs qui nous soutiennent dans le travail quotidien avec ces personnes. » Les baisses de subventions publiques vont en effet contraindre la structure à se séparer d'un tiers de ses employés. Médecins, psychologues, assistants sociaux, ils sont 25 en tout, sans compter le travail précieux des interprètes, car ces survivants des tortures et violences politiques viennent des quatre coins du monde. « On parle de plus de 25 langues différentes avec des interprètes professionnels en présentiel. Donc ça veut dire qu'on a en fonction publique, c'est-à-dire que la France accueille beaucoup de personnes d'origine étrangère qui ne vont pas pouvoir apprendre la langue en quelques mois. Ces personnes qui sont accueillies ailleurs, dans d'autres services d'urgence, etc., les soins ne sont pas possibles parce qu'il n'y a pas accès à la langue. » Une population privée de soins indispensables pour leur reconstruction Tous les ans, plus de 400 personnes sont suivies dans le Centre Primo Levi, avec les restrictions budgétaires ce ne sera plus possible. Déborah Caetano est responsable du service accueil : « C'est dramatique, autant pour les personnes qui travaillent ici, mais que pour les patients, parce que c'est un lieu d'exception où on accueille en fait la souffrance des patients et qu'il n'y ait plus possibilité de pouvoir suivre une certaine catégorie de patients. C'est dramatique. » Tatiana Theys, directrice générale de la structure, insiste sur le travail de formation, de sensibilisation et de plaidoyer qui est faite en région, « Il y a plein de populations qui passent sous les radars. Il y a des départements, des régions entières qui n'ont aucune structure de soins de droit commun, qui sont en mesure de prendre en charge ces publics. D'où l'importance de préserver des structures comme le Centre Primo Levi, où il y a une expertise en santé mentale, en médecine générale, en droit sur ces sujets. » Ces professionnels qui travaillent main dans la main depuis tant d'année vont se battre pour continuer à exister. Ils savent plus que quiconque que soigner coûte moins cher qu'exclure et surtout, soigner sauve des vies. À lire aussi«Ça ne tient plus»: partout en France, les associations alertent sur leur situation financière

En France, le salon international du patrimoine culturel se tient du 23 au 26 octobre. Plusieurs centaines d'exposants se réunissent au Carrousel du Louvre, à Paris, avec pour objectif la préservation et la transmission du patrimoine. Cette année, l'art déco est à l'honneur. De quoi inspirer la Maison du vitrail, un atelier situé dans le sud de Paris, où les équipes travaillent sur une pièce spécifique qui sera exposée au salon. Quelques jours avant sa finition, RFI s'est rendu à l'atelier. Emmanuelle Andrieux, maître-verrier et directrice de la Maison du vitrail, nous reçoit dans sa boutique où sont exposées ses créations. « Vous passez d'abord par cette boutique, pour arriver au bout du couloir, sur notre grand atelier de création et de restauration de vitraux, où quatorze compagnons œuvrent avec moi, explique-t-elle. Au-delà d'une équipe professionnelle, c'est ma famille professionnelle. C'est avec eux que je passe le plus clair de mon temps. Mais surtout, on est tous animés par la même passion. On est quatorze à œuvrer à l'atelier ou sur les chantiers. On fait aussi bien des monuments historiques que des particuliers, en création et en restauration. » Ces quatorze compagnons passionnés ont travaillé plusieurs semaines sur une pièce art déco unique, destinée au salon international du patrimoine culturel. « Pour la fabriquer, il a fallu trois semaines. Maintenant, avec tout le travail de dessin, etc, il faut compter un mois, voire un mois et demi. Là, vous avez des dégradés de gris à certains endroits. Il y a de la feuille d'or, il y a plusieurs choses, donc on fait d'abord toute cette peinture. Puis, vous avez plusieurs fours. On fait cuire à 630° » , raconte Emmanuelle Andrieux À lire aussiEcouter le chant du verre Une fois sortis du four et refroidis, les prés de 170 morceaux de verre passent à l'étape de la peinture. « Une fois que les pièces sont sorties du four, il faut tout réinstaller sur le calque. On fait donc un puzzle. Cela fait fonctionner notre mémoire. On réinstalle toutes les pièces pour voir l'ensemble, si cela est cohérent. On continue la peinture, s'il y a besoin, etc », explique une des compagnons de l'atelier. Et une fois passée cette étape de la peinture, les verres sont assemblés. Place au sertissage, étape assurée par Sophie, cheffe d'atelier. « C'est un travail délicat. Si on a des pièces très effilées, en aiguille, c'est assez délicat parce qu'on ne peut pas tasser du côté où c'est tout fin, sinon on casse tout », confie celle-ci. La Maison du vitrail a conçu et réalisé une œuvre unique arts déco qui sublime la lumière. Avec deux autres pièces d'exception de l'atelier Camuset et Féau Boiseries, cette œuvre de la Maison du vitrail est exposée en triptyque sur un paravent, que les visiteurs peuvent admirer dès l'entrée du salon du patrimoine culturel.

En France, c'est encore un tabou, mais les récits de violence gynécologique émergent de plus en plus ces dernières années, sur les réseaux sociaux et auprès des professionnels. Pénétration par un spéculum sans avoir été prévenue, toucher vaginal non consenti, prélèvement sans aucune explication... Pour le Collège national des sages-femmes de France, ces violences ne sont plus tolérables. Elles ont lancé la semaine dernière une mini-série d'animation : L'examen gynécologique autrement. Six épisodes qui se veulent être une boussole pour les professionnels de santé et pour les femmes – l'objectif : rappeler des règles pour que l'examen gynécologique se passe bien. « Le dépistage des violences est utile pour tout le monde et devrait être réalisé systématiquement. On n'examine pas une partie du corps sans questionner ce qu'il s'y est passé avant. » Dans le troisième épisode de la série, sur les images, on voit le dessin d'une femme au corps morcelé comme une vitre fracturée. Elisabeth Iraola, sage-femme en charge du projet, explique les violences subies ne sont pas sans conséquence sur le déroulé de l'examen gynécologique : « Il peut y avoir une peur, il peut y avoir un évitement de l'examen gynécologique, il peut y avoir au moment de l'examen des réminiscences, il peut y avoir une dissociation traumatique qui rend possible l'examen. Le fait qu'une femme, finalement, détache son cerveau de son corps pour que ce moment-là puisse être plus acceptable quand elle a subi des violences et notamment des violences sexuelles. » La notion de consentement est primordiale, une femme peut dire non et refuser l'examen pelvien. C'est l'objet de l'épisode suivant. « Le problème, c'est que dans le système de soins, on avait souvent la position du soignant sachant qui impose l'examen gynécologique ou, en tout cas, la prise en charge sans avoir vraiment cet échange-là, remarque Eléonore Bleuzen-Her, sage-femme et présidente du Collège national des sages-femmes de France. Et donc oui, ça passe sur l'instauration d'un traitement, mais ça passe aussi, justement : est-ce que c'est utile de faire cet examen ? Pourquoi cet examen ? Et peut-être que je n'ai pas envie de faire cet examen. » Il est possible de proposer à la patiente des alternatives, par exemple différer l'examen, proposer une position différente, parler à la patiente de l'auto-insertion du spéculum. L'auto-insertion du spéculum, instrument en métal en forme de long bec qui permet d'écarter les parois vaginales, peut surprendre. Lunettes, menton crayonné de barbe, Adrien Gantois, sage-femme, revient sur cette recommandation : « Disons que le rapport au corps, il est différent pour chacun. Le fait d'introduire un élément qui sert au diagnostic ou au dépistage, déjà, ça peut être très perturbant. D'ailleurs, on ne pose jamais la question aux hommes de ça. Ce serait intéressant de voir comment réagiraient les hommes en leur disant : "Voilà, potentiellement, il faudra qu'on mette quelque chose dans votre anus". Je pense que, de manière systématique, à chaque consultation, je peux vous dire qu'on a eu beaucoup de remarques et beaucoup de remises en question de la part des professionnels par rapport à ça. Mais bon, bref, l'idée c'est de se dire que, en effet, l'idée de pouvoir être actrice peut aider beaucoup de femmes à mieux se dépister et à être mieux prises en soin. » Cette mini-série en bande dessinée ludique mais sérieuse s'adresse aux femmes, mais aussi aux professionnels de santé pour rendre l'examen gynécologique « utile, compris, consenti et bien vécu ». ► Regarder la mini-série sur YouTube : Épisode 1 - L'examen gynécologique Épisode 2 - Les gestes de base pour un examen respectueux Épisode 3 - Dépister les violences avant l'examen Épisode 4 - Dire non et l'entendre Épisode 5 - Les positions alternatives Épisode 6 - L'auto‑insertion du speculum

L'ONG a enquêté pendant plusieurs mois sur les dérives du réseau social TikTok et leurs conséquences sur la santé mentale des plus jeunes. Les résultats sont accablants pour la plateforme qui, d'après le rapport, continue d'orienter les plus jeunes vers des contenus banalisant les actes de mutilation ou de suicide. Il y a deux ans, celle que nous appelons Emma, 18 ans, installe TikTok sur son téléphone pour la première fois. Les vidéos proposées par l'application correspondent dans un premier temps aux centres d'intérêt qu'elle a renseignés. Mais au bout de quelques minutes, elle est interpelée par un clip musical. « Cette musique racontait les difficultés que pouvait rencontrer le chanteur sur les sujets du mal-être. Comme je suis restée assez longtemps sur la vidéo, on m'en a proposé d'autres. J'ai commencé à rentrer dans cette spirale. Et c'était de pire en pire », témoigne-t-elle. En l'espace d'une semaine, et sans l'avoir explicitement demandé, l'adolescente est confrontée à des vidéos de plus en plus toxiques. « Des contenus qui banalisent la mort, qui incitent à l'automutilation, à tout type de comportement dangereux et néfaste. » La santé d'Emma se dégrade. Ses visites chez le psychologue ne suffisent pas. En dépression, l'adolescente est hospitalisée à six reprises. À lire aussiFrance : la commission d'enquête parlementaire sur TikTok livre ses premiers enseignements Automutilation et suicide Son témoignage fait écho aux conclusions du rapport d'Amnesty International. L'ONG a créé trois faux comptes d'adolescents de 13 ans sur TikTok et a tiré deux enseignements : les contenus toxiques apparaissent très rapidement et avant même qu'une quelconque préférence n'ait été exprimée par l'utilisateur. « Quand on a créé les trois faux comptes d'adolescents et d'adolescentes, on n'a rien liké, on n'a rien partagé, on n'a rien commenté, on a fait aucune recherche, on a simplement regardé deux fois des vidéos liées à la santé mentale, rapporte Katia Roux, chargée de plaidoyer à Amnesty International France. Et pour autant, ça a suffi à voir les fils de ces comptes remplis et presque inondés de contenus de ce type. Et au bout de 45 minutes, on avait les premiers contenus liés à l'automutilation et au suicide sur deux de ces trois comptes. Donc oui, très rapidement. » À lire aussi« Mange gros, sois grosse » : en France, l'inquiétante tendance « SkinnyTok » qui incite à la maigreur Attaque en justice La politique de modération de TikTok demeure insuffisante, selon l'ONG. Elle appelle la plateforme à repenser son modèle économique pour protéger ses utilisateurs. C'est aussi l'avis de Stéphanie, dont la fille s'est suicidée il y a cinq ans après avoir visionné des contenus toxiques sur TikTok : « On aurait pu lui proposer des contenus plus sympathiques ou des programmes de sport ou lui dire : "Va te balader". Mais le problème, si on lui propose ça, elle va plus être sur la plateforme. Et en fait, le modèle de TikTok, c'est de maximiser le temps sur le réseau social. On s'en fout complètement de l'enfance. » Avec dix autres familles, réunies dans un même collectif, Stéphanie a saisi la justice française contre TikTok pour « provocation au suicide ». La plainte est toujours en cours d'instruction. De son côté, Emma remonte difficilement la pente : « Je les ai vues, ces vidéos, et il y a des choses qui me restent gravées, dans ma rétine. J'aurai ces contenus pendant très longtemps... » Mais désormais, elle signale tous les contenus toxiques qui polluent ses réseaux sociaux.

C'est la Journée mondiale de l'alimentation ce jeudi 16 octobre. Alors que la revue scientifique The Lancet interrogeait au début du mois nos régimes alimentaires et nos modes de productions agricoles, des initiatives pour mieux se nourrir fleurissent sur le territoire. Alternative aux hypermarchés, des distributeurs automatiques, approvisionnés directement par les agriculteurs, proposent des produits locaux et frais en zone rurale. Une vente en circuit-court qui permet aux cultivateurs d'écouler leurs récoltes en fixant leurs propres prix. Reportage en Eure-et-Loir, département rural au sud de Paris. À lire aussiJardins urbains: comment nourrir les villes?

Il y a cinq ans, le professeur Samuel Paty était décapité devant son collège du Bois d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine à la suite d'un cours sur la liberté d'expression durant lequel il avait montré des caricatures de Mahomet. L'enseignant d'histoire-géographie avait fait l'objet d'un cyberharcèlement basé sur une rumeur fallacieuse avant d'être ciblé par un jeune tchétchène radicalisé, qui avait payé des élèves pour qu'ils lui désignent le professeur à la sortie de l'établissement. Un attentat qui a durablement bouleversé la communauté éducative, à commencer par les collègues de Samuel Paty. Rencontre avec Charlotte Bré, professeure de français, qui a enseigné 14 ans au sein de ce collège désormais rebaptisé Samuel Paty, avant d'être mutée cet été. À lire aussiProcès de l'assassinat du professeur français Samuel Paty: jusqu'à 16 ans de réclusion

En France, la 11ᵉ édition du salon international Cosmetic 360, dédié aux innovations en matière de cosmétiques, s'ouvre à Paris. Il devrait faire la part belle cette année encore à une tendance qui ne cesse de monter : le skincare coréen. La Corée du Sud est devenue une référence dans les cosmétiques. Ses exportations annuelles en la matière ont franchi les 10 milliards de dollars l'an dernier et le pays a un objectif : conquérir le marché européen. Et les effets se font déjà ressentir en France, où de nombreuses boutiques spécialisées en cosmétiques font la promotion de ces produits. Reportage de d'Alexandre Alves. À lire aussiEntre modernité et tradition : les routines beauté qui marchent

« Paris inondé », c'est le nom d'un exercice dans des conditions du réel qui a été organisé lundi 13 octobre par la capitale française pour se préparer au pire : une crue centennale de la Seine, comme celle de 1910. Pendant toute la journée, habitants, élèves, commerçants et l'ensemble des services publics ont simulé la situation d'une inondation majeure. L'objectif : s'entrainer et sensibiliser à ce type de catastrophe, de plus en plus probable en raison du changement climatique. « Ici, vous êtes dans la cellule de crise de la ville de Paris, où les représentants de chacune des directions vont s'exprimer, présente Louis Bernard, fondateur de Crisotech qui a conçu l'exercice ''Paris inondé''. Ce tour de table nous montre qu'une crue majeure va affecter tous les services de Paris : les écoles, les hôpitaux, mais aussi les musées, les espaces verts, les cimetières et l'ensemble des services publics. » La priorité des autorités est claire. « Il faut mettre la population à l'abri. C'est vraiment l'essentiel. C'est pourquoi dès qu'on saura qu'une crue de ce type arrive, ce que dira le préfet de police, c'est : "évacuez !" », souligne Pénélope Komitès, adjointe de la maire de Paris, en charge de la résilience. Zakaria participe avec sa classe de CM2 et 60 autres bénévoles à l'exercice « Paris inondé ». Il doit être évacué d'un appartement au troisième étage avec vue sur la Seine et joue son rôle à la perfection. « Si les enfants apprennent à lire, écrire, compter, ils doivent aussi apprendre à gérer un risque et à éviter de paniquer si cela devait arriver. Ils ont compris que, quand il y a une situation exceptionnelle, des personnes qualifiées vont les prendre en charge et leur donner des consignes. De ce fait, on leur a permis de se rassurer », explique Eric Denis-Kelner, le directeur de l'école Poulletier. En cas de crue centennale, 100 000 Parisiens auront les pieds dans l'eau. Mais près d'un million d'autres seront également affectés. « Les gens pensent beaucoup que cela ne peut les toucher que quand ils sont au bord de la Seine. Mais l'effet dominos fait que cela devient vite compliqué pour tout le monde : vous n'avez plus de chauffage, plus d'électricité, plus d'ascenseur, plus de toilettes qui fonctionnent.. Et peuvent se poser à un moment des problèmes de ravitaillement alimentaire », rappelle Pénélope Komitès. Cette simulation de crise sert aussi d'entraînement aux services de secours. Au poste de premier accueil d'urgence, pompiers, Croix-Rouge et protection civile sont sous pression. « On a des méthodes qui sont légèrement différentes de ce qu'on fait d'habitude quand on est plusieurs pour une victime. Alors que là, on a plusieurs victimes par secouriste. On va essayer de faire attendre ceux qui peuvent attendre et de s'organiser au mieux avec les différents acteurs pour pouvoir se cordonner. C'est quelque chose qui n'est pas évident. Mais c'est pour cela qu'on s'entraîne et qu'on a cet exercice aujourd'hui », explique un secouriste. Après la simulation « Paris inondé », une campagne de sensibilisation débute ce mardi 14 octobre dans les transports en commun. La protection civile forme déjà 40 000 Parisiens chaque année aux risques environnementaux. Mais il est urgent d'accélérer la cadence. À lire aussiParis face à son histoire: étonnantes similitudes entre la capitale des années 1930 et celle d'aujourd'hui

Dans le cadre d'Octobre rose, le mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, le service d'oncologie de l'hôpital Saint-Joseph à Paris organise des ateliers réservés aux femmes atteintes d'un cancer. Sophrologie, origami, entretien de perruques ou soins du visage et maquillage, autant de moments de bien-être, d'échanges et de temps d'écoute avec les équipes médicales. Objectif de ces rencontres : redonner un peu de respiration aux patientes encore sous traitement ou en rémission, et surtout, entretenir la relation humaine. RFI a assisté à l'un des ateliers portant sur les soins du visage. Dans une salle aménagée au service d'oncologie de l'hôpital Saint-Joseph, seule la perfusion d'une des quatre patientes autour d'une table rappelle qu'on est en milieu médical. Rachida, Laurence, Céline et Sylvie, toutes atteintes d'un cancer, participent à un atelier de soins du visage. Amélie Vieuxfort, socio-esthéticienne, est l'animatrice de cet atelier. Elle demande à l'une des participantes : « Quelles sont vos habitudes actuellement, étant donné que vous êtes en traitement ? Qu'est-ce que vous faites pour prendre soin de votre visage au quotidien ? » Réponse de Céline : « Je lave avec une mousse assez douce, sous la douche le matin. Sortie de la douche, je mets de l'eau micellaire, puis de la crème de jour riche ou extra-riche, et un soin spécifique pour les yeux super-gras, pour avoir une bonne tolérance. Et autour des yeux, j'en mets plusieurs fois dans la journée, car ils sont très très secs. » Comme Céline, les participantes sont toutes confrontées à un des effets secondaires de la chimiothérapie : la sécheresse cutanée. L'un des objectifs de cet atelier est d'échanger des expériences entre patientes. Rachida évoque sa routine quotidienne avec, entre autres, un savon au lait maternel, pour adoucir sa peau : « Moi, c'est le beurre de karité. Je l'utilise le matin et le soir. Sinon, je me lave avec un savon que ma voisine a fabriqué avec son lait. » « Ah oui, on est vraiment sur un produit des plus naturel, réagit l'animatrice. Vous voyez, c'est aussi intéressant pour ça ces ateliers, parce qu'on découvre des choses, on se donne des astuces… » À lire aussiOctobre Rose: en RDC, les spécialistes de santé alertent sur les freins au dépistage du cancer du sein Après un tour de table des rituels des patientes, place à la séance du jour. « Je vous invite à me tendre la main droite. Je vais vous mettre une noisette d'un produit un peu innovant : une pommade démaquillante, nettoyante », annonce Amélie Vieuxfort. Après le nettoyage du visage, la pose d'un masque hydratant et l'application d'une crème anti-UV, la séance est clôturée par un auto-massage des mains. « C'est toujours agréable de prendre le temps. Ce que l'on ne fait pas forcément, suffisamment. Ça fait du bien, oui », réagit une participante. « C'est agréable de voir les autres à travers une activité que l'on partage. On ne partage pas nos piqûres », s'amuse une autre. Ces ateliers de bien-être pour les personnes atteintes d'un cancer ont lieu toute l'année à l'hôpital Saint-Joseph de Paris. Un établissement qui fait de l'accompagnement des malades une de ses priorités, au même titre que la prévention et le dépistage des cancers. À lire aussiOctobre rose : prise en charge du cancer du sein

À l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, ce vendredi 10 octobre, reportage dans le Nord, où un centre Médipsy accueille des adolescents en souffrance. Dépressions, troubles anxieux, gestes auto-agressifs, tentatives de suicide... Selon une étude publiée par Santé publique France, près d'un quart des lycéens déclarent avoir eu des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois. Et plus de 10% des mineurs sur les 14 millions que compte la France souffriraient d'un trouble psychique. Un centre Médipsy a ouvert en avril 2025 dans le Nord, par Ramsay Santé. Il vise à accueillir les adolescents qui rencontrent des problématiques psychiatriques. Le projet a été construit en réaction à un besoin criant sur le territoire. L'équipe soignante propose aux jeunes patients des méthodes très concrètes, inspirées des thérapies comportementales et cognitives, pour comprendre leurs émotions et leur souffrance, et apprendre à les maîtriser. À écouter aussiSanté mentale des jeunes, les difficultés de la prise en charge

Encourager l'engagement de jeunes avocats pour construire le droit de demain, dans la lignée des combats de Robert Badinter, c'est l'objectif du prix Badinter lancé par le Conseil national des barreaux. La première édition, ce mardi 7 octobre 2025, a départagé huit finalistes. Âgés de moins de 38 ans et avec cinq ans maximum de pratique, ils ont chacun soutenu une proposition de loi en lien avec les libertés fondamentales. L'occasion de constater la portée de l'héritage de Robert Badinter auprès des jeunes générations.

Avec le changement climatique, le risque d'incendie s'étend de plus en plus en France. Alors que par le passé, il ne concernait que le sud du pays, aujourd'hui ce sont 80 départements qui sont désormais concernés. Comment travaillent les forestiers après un incendie pour aider la nature à récupérer ? Reportage dans l'Hérault, dans le sud-ouest de la France. À lire aussiIncendies en France: «Une culture du risque doit émerger dans les nouveaux territoires du feu»

Il y a deux ans, le Hamas attaquait Israël. Une attaque qui marque le début d'un conflit qui peine encore à trouver une issue. Pour de nombreux juifs à travers le monde, c'est un drame qui est venu les percuter et percuter un traumatisme. Mais aussi le début d'une vague d'antisémitisme, notamment en France avec une augmentation significative des agressions contre des personnes juives. Témoignage de deux Français juifs, pour qui le 7-Octobre a marqué un tournant dans leur vie. À lire aussiAntisémitisme en France : un fléau en nette progression

Ce 6 octobre marque la Journée nationale des aidants. Près d'un adulte sur trois en France soutient au quotidien un proche en perte d'autonomie ou en situation de handicap. Si toutes les classes d'âges sont concernées, ce sont en grande majorité des personnes entre 55 et 64 ans qui sont aidantes. Et parmi elles, une très grande majorité de salariés qui, pour faire face, mettent à mal leur propre santé, jusqu'à épuisement. Il existe des aides, mais elles sont insuffisamment connues et pas assez généralisées. Notre correspondante est allée à la rencontre de Jean-Louis, proche aidant de son fils Jacques, en situation de handicap. Un peu décoiffé, le regard volontaire, Jacques patiente dans son lit. Il est atteint de la myopathie de Duchenne, une maladie dégénérative qui atrophie les muscles. Jean-Louis, son père, est son proche aidant : « Je lève Jacques de son lit pour le mettre sur son fauteuil, c'est ce que l'on appelle un transfert. » À 22 ans et en fauteuil roulant, Jacques a besoin d'être porté au moins six fois par jour. Mais l'aide ne s'arrête pas là. « Tout ce qui est habillage, toilette, tout ce qui est brossage de dents. Je perds la force, d'année en année. Il faut m'aider à manger, même à boire. J'ai besoin d'aide pour toutes les choses dont un humain a besoin, toutes les choses quotidiennes. », explique Jacques. Et le jeune homme se culpabilise : « Quand je l'appelle pour me tourner la nuit, et parfois, j'ai envie de le laisser dormir... », regrette Jacques. Jean-Louis regarde tendrement son fils, mais parfois cette aide constante l'épuise, il avoue : « J'ai déjà craqué. En plus, je suis assez direct. J'ai déjà dit à Jacques que je n'en pouvais plus. Cela n'est pas arrivé 36 fois, mais il y a des moments où il y a des grands coups de fatigue. Surtout lors des réveils nocturnes, quand il me réveille cinq fois dans la nuit parce qu'il a mal à la jambe. Là, je suis un peu au bout du rouleau. » À lire aussiLes aidants : 9,3 millions de Français concernés Jacques est étudiant à la fac et Jean-Louis est salarié. Ça fait dix ans que ce parent aidant consacre un nombre incalculable d'heures à son fils handicapé, mais il ne bénéficie que de quatre jours de congés supplémentaires par an. Jean-Louis aurait la possibilité d'être relayé par un professionnel, mais il regrette qu'il ne soit pas suffisamment formé : « N'est pas un bon aidant qui veut, et c'est vrai que - Jacques pourra mieux en parler - on a des aidants qui quelques fois ne font pas grand-chose. C'est se mettre à disposition de l'autre et ne pas avoir peur : tu as besoin de quoi ? Est-ce que tu as faim ? Est-ce que tu as soif ? Tu es bien comme tu es ? Tu veux te lever ? Il y a des besoins, il y a peut-être aussi des envies : penser à ouvrir la fenêtre, le soleil va rentrer… » « Il faut qu'il soit dans la compréhension de l'autre. Il faut par exemple une formation psychologique, sur comment aider le malade », ajoute son fils. Pour Jacques, son père est le meilleur des aidants. « Il n'est pas dans la mièvrerie. Il est dans le combat », affirme-t-il. Et ce qui est touchant, c'est que père et fils se battent ensemble. À lire aussiMieux comprendre les difficultés des aidants

En France, samedi 4 octobre, la Sécurité sociale aura 80 ans. Ce régime de protection, pilier de la société française, se base sur les contributions de chacun pour offrir à tous une protection à chaque âge de la vie : en cas de maladie, d'accident, de grossesse, pour la retraite... Malgré les difficultés auxquelles la Sécu fait face – un déficit de 22 milliards d'euros en 2025 –, les Français y sont très attachés. À l'occasion de cet anniversaire, RFI vous propose de rembobiner l'histoire de ce système. Tout est parti d'une ordonnance du 4 octobre 1945... Avec les archives de l'Institut national audiovisuel. « Généraliser par palier la Sécurité sociale à toute la nation française. Cette révolution, excusez-moi cette formule, est attendue par tout le pays. » : tels furent les mots d'Ambroise Croizat (1901-1951), ancien ministre communiste du Travail et fondateur de la Sécurité sociale, il y a 80 ans. Année 1945 : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France est à reconstruire. La situation sanitaire et démographique est alors très préoccupante. C'est dans ce contexte que le Conseil national de résistance crée la Sécurité sociale. Pierre Laroque en sera le directeur jusqu'en 1951. « Ces caisses ont pour rôle de garantir des moyens d'existence à tous les travailleurs qui se trouvent privés de ressources par suite de maladie, de maternité, d'invalidité ou de vieillesse », explique ce dernier. Les années d'or : 1945-1975 Après la guerre, la Sécurité sociale vit trois décennies d'âge d'or, portée par l'explosion de la croissance. Elle permet à chacun de se soigner, fait de la prévention, distribue des allocations... « Le payeur des allocations familiales traduit l'aide apportée à chaque foyer pour élever ses enfants », explique-t-on alors. En 1956, elle instaure un minimum vieillesse pour les plus de 65 ans. La Sécurité sociale est devenue indispensable pour la population. À la télévision, on se demande comment, 30 ou 40 ans auparavant, les citoyens faisaient pour prendre soin d'eux. Un Français répondait alors : « On se soignait quand on avait les moyens de se soigner. Moi, personnellement, j'ai 80 ans maintenant. Je suis bien content que la Sécurité sociale existe. Sans ça, je serais déjà mort. Mais, à ce moment-là, quand il n'y avait pas de Sécurité sociale, ma fille a été opérée deux fois. Eh bien, je vous garantis que les fins de mois, on ne pouvait pas les faire. » Les défis et les réformes Mais à la fin des années 1960, le temps se gâte. La Sécurité sociale connait son premier déficit. C'est le fameux « trou de la Sécu ». Voici venu le temps des inquiétudes et des campagnes de pub. Un slogan reste en mémoire : « La Sécu c'est bien, en abuser, ça craint. » Depuis, la Sécurité sociale n'a cessé de changer avec ses réformes : réforme de la santé, réforme des retraites qui fait descendre les Français dans la rue... Ces derniers tiennent à leur sécu. Benjamin Ferras, auteur d'un livre sur la Sécurité sociale, explique : « Notre Sécurité sociale, aujourd'hui, c'est le seul service public qui accompagne chaque Français, avant qu'il naisse, en prenant soin de la future maman, et une fois qu'il est mort, en prenant soin de sa descendance. » À 80 ans, la vieille dame est certes chahutée, mais plus que jamais nécessaire en France.

En France, les retraites spirituelles connaissent un réel essor. Le site Ritrit (ritrit.com), qui met en relation des monastères et abbayes avec des personnes souhaitant faire une retraite, voit le nombre de ses réservations exploser. Qu'elles soient spirituelles, studieuses ou pour se retrouver, ces retraites séduisent de plus en plus de non-religieux et sont ouvertes à tous.

En France, un éco-score textile entre en vigueur ce mercredi 1er octobre dans les enseignes de prêt-à-porter. L'objectif : informer le consommateur sur le coût environnemental du t-shirt, de la veste ou du maillot de bain qu'il s'apprête à acheter. Inspiré d'un indicateur conçu par l'Union européenne, ce nouvel outil de mesure français n'est pas obligatoire. Dans sa boutique au centre de Paris, Christophe Cordonnier vend des vêtements conçus à partir de matières recyclées. Sa marque, Lagoped, est la première en France à afficher l'éco-score de ses produits textiles. Si on prend l'exemple d'un coupe-vent de cette marque, le coût environnemental est de 2 639 points d'impact : « Ça veut dire que c'est le résultat d'une analyse de cycle de vie complète sur un produit, depuis la matière première jusqu'à sa fin de vie, en passant par sa fabrication, sa distribution, les transports, son stockage, son utilisation. Et sur cette analyse de cycle de vie, on prend en compte 16 impacts environnementaux : l'utilisation des ressources naturelles, que ce soit l'eau, les terres arables, les minerais, les pollutions de l'eau ou de la terre... » Les règles de calcul sont publiques, chaque marque peut donc s'emparer de la méthodologie ou confier ses données à un organisme extérieur. « Il faut savoir où sont faites les matières, où est fait le tricotage, le tissage, la teinture, qu'est-ce qu'on a utilisé comme produit, quels sont les poids, quelles sont les compositions... Après, on peut se contenter d'avoir simplement la composition, le poids et le pays de fabrication, ça suffit déjà pour calculer un score, qui ne sera pas le plus précis de ce que fait l'entreprise qui calcule le score, mais en tout cas, qui sera une approximation qu'on peut mener », poursuit Christophe Cordonnier. Plus le produit a un score élevé, plus son impact sur la planète est lourd. Pour ces deux passantes, ce nouveau chiffre indiqué sur l'étiquette aura du mal à rivaliser avec les petits prix des enseignes de fast fashion. « Je connais beaucoup de gens qui pensent d'abord économiquement, et c'est normal. C'est un peu compliqué en ce moment ou parce qu'ils n'ont pas beaucoup d'argent », lâche une première. Un indicateur pour repenser la consommation « Mais aussi, je pense que les personnes ne sont pas forcément informées sur le coût environnemental de la production de vêtements et que, justement, si l'éco-score venait à être mis en vigueur correctement, ça pourrait être un vrai outil sur la manière dont on informe les consommateurs sur leur choix », note une autre. Un indicateur qui va dans le bon sens selon l'ONG les Amis de la Terre, mais qui devrait être assorti de pénalités financières pour les marques. Pierre Condamine, chargé des questions de surproduction, développe : « Si je vends un t-shirt qui a un impact environnemental qui est bien plus élevé que le reste, eh bien, je dois payer 1€, 2€ en plus pour avoir le droit de le commercialiser en France. Et ça, c'est ce qu'on demande. Parce qu'en effet, l'information, la sensibilisation, c'est une bonne étape, mais ça n'infléchit pas les pratiques des consommateurs et des consommatrices. Mais, par contre, si on met une pénalité financière, les entreprises peuvent, elles, être plus disposées à essayer de changer leurs pratiques. » Les marques afficheront cet éco-score sur la base du volontariat. Et pour celles qui ne l'ont pas fait d'ici un an, la société civile pourra publier elle-même le coût environnemental de leurs produits sans accord préalable de l'enseigne.

Dix-sept pour cent des Français se sentent souvent, voire toujours seuls, selon un sondage Ifop, fin 2024. C'est quatre points de plus qu'en 2018, avant l'épidémie du Covid-19. Depuis, les confinements et cette hausse de la solitude ont démocratisé le recours au numérique, pour créer du lien. De nouvelles applications de rencontres proposent ainsi de trouver, non pas l'amour, mais des amis. De plus en plus spécialisées, elles permettent à leurs membres d'organiser un repas, un concert, un cinéma, en groupe. Dix inconnus se retrouvent sur les quais de Paris, en milieu d'après-midi. Leur point commun : une partie de ping-pong, planifiée sur une application de rencontres. Elsa, l'organisatrice de 44 ans, apprécie ces sorties comme une solution pour les personnes isolées : « Je n'ai pas trop d'amis, parce que déjà mon fils me prend beaucoup de temps entre le travail, lui, l'école. Donc, j'ai un rythme déjà assez soutenu. Donc, voir, rencontrer de nouvelles personnes, je trouve que ça fait du bien. » Ces applications – Knokk, créée pendant le confinement, ou Frimake – représentent chacune plus de 500 000 utilisateurs. On peut y créer des salons numériques pour échanger et organiser des activités dans son quartier, cinémas, promenades. Stéphane, 42 ans, a découvert l'application pour un nouveau départ : « Moi, c'était après une rupture amoureuse, et je voulais me faire un bowling. On était en plein mois d'août, mes potes étaient en vacances et je ne sais plus pourquoi, j'ai fait une recherche sur internet, et j'ai fait une sortie comme ça au hasard. » Des hasards qui lui ont permis de sortir de la solitude, affirme Stéphane : « C'est de belles rencontres, des gens que je n'aurais pas rencontrés dans mon parcours normal et, oui, ce sont des gens intéressants quand tu t'intéresses à eux. ». Et quand on lui demande s'il les considère comme des amis aujourd'hui, il répond : « Ouais. On peut dire ça, ouais. » « Une société où la solitude est une véritable épidémie » Ellison, 23 ans, est arrivé à Paris il y a une semaine : « Comme je ne connaissais personne, je me suis dit que j'allais essayer, je vais voir s'il n'y a pas des applications qui permettent de rencontrer des gens, de faire des activités et tout. Cela fait quelques jours que je suis dessus, enfin presque une semaine maintenant. Et pour l'instant, j'ai pu faire pas mal de trucs. J'ai pu faire de l'ultimate, de la pétanque, du pique-nique, du badminton aussi ! » WeRoad organise des voyages avec des inconnus, Timeleft, des dîners. Il y a aussi des applications à swipe, où l'on fait glisser à droite ou à gauche les profils, selon s'il nous plaît ou non. Comme l'application Turn Up, qui se base sur les goûts musicaux. C'est grâce à elle que JC, 40 ans, a pu créer un groupe d'amis très soudés, qui se retrouvent très souvent : « On s'est retrouvés du coup trois mecs, quatre filles, et tout le monde s'est entendu. Et après, chacun a ramené des rencontres d'appli, ou de soirée. Au bout de deux mois, on était 35-40 dans notre groupe. Il y a eu un côté thérapeutique. Moi, j'ai eu une histoire l'année dernière où j'ai quitté un groupe de potes, et j'ai eu ce sentiment d'être seul en août. Et je pense que 90% des gens de ce groupe ont été exactement dans la même situation que moi. C'est ça qui crée le côté familial. » Face au succès de ces applications, Pascal Lardellier, professeur à l'université de Bourgogne, constate qu'on renonce à la spontanéité pour lutter contre cette solitude, un véritable phénomène de société : « On se sent seul parce que, n'oublions pas, nous sommes dans une société d'individualisme connecté, et ça, c'est un grand paradoxe. Nous sommes bardés de prothèses technologiques, mais nous sommes faiblement rencontrants et fortement communicants. C'est un paradoxe en effet d'une société où la solitude est une véritable épidémie, mais d'une société dans laquelle c'est sur les plates-formes, qui vont parfois fragmenter et archipelliser les communautés, que l'on rencontre des gens avec qui partager des passions... Nous sommes devenus des consommateurs relationnels. » À lire aussiLa puissance de l'amitié (Rediffusion)

Faute d'argent, un demandeur d'asile sur deux est obligé de sauter des repas en région parisienne. Pire encore : deux parents sur trois se privent pour mieux nourrir leurs enfants. Ces chiffres alarmants sont tirés d'une enquête publiée par l'ONG Action contre la faim au début de l'été. Au total, près de 200 demandeurs d'asile ont été sondés. Tous ont posé leurs valises dans des hébergements d'urgence autour de Paris qui réclament d'urgence l'aide de l'État. Notre correspondant a poussé la porte d'un de ces centres, un ancien hôtel à Bussy-Saint-Georges, qui accueille 170 demandeurs d'asile, des Maliens, des Congolais, des Afghans. Tous s'habituent à s'endormir le ventre vide. À lire aussiFrance: l'État sommé de prendre en charge les frais de transport de tous les demandeurs d'asile

Dans une France en pleine crise politique, le début de l'automne est aussi marqué par une profonde grogne sociale. Après le mouvement « Bloquons tout », et entre deux journées de grève à l'appel des syndicats, c'est au tour des agriculteurs de descendre dans la rue. La FNSEA, le principal syndicat agricole, appelle ce vendredi à une journée d'actions pour protester contre la signature d'un accord de libre échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur, en Amérique latine. À lire aussiAccord UE-Mercosur: les pays d'Amérique du Sud plus enthousiastes que l'Union européenne

Depuis début septembre, les juges du tribunal correctionnel de Paris décortiquent une vaste escroquerie qui a coûté plus d'un milliard d'euros à des dizaines de milliers de victimes. L'illusion était pourtant parfaite : la société Aristophil, qui avait pignon sur rue à Paris, proposait aux personnes désireuses de placer leur épargne d'acheter de toutes petites parts d'une œuvre d'art, avec une promesse juteuse à la clef : une fois l'œuvre vendue, chacun récupère sa mise, avec intérêts et plus-value. Mais la pyramide de Ponzi finit par s'effondrer en 2014. Dix ans plus tard, 8 000 parties civiles attendent de revoir la couleur de l'argent qu'ils ont investi. « Émotionnellement, c'est dur. » Les yeux embués de larmes, Sylvie sort de la salle d'audience. Elle vient de raconter à la barre son histoire et comment tout a basculé. À sa droite, sur le banc des accusés : des marchands d'art, des notaires, des courtiers en assurance, soupçonnés d'avoir participé à l'escroquerie imaginée par Gérard Lhéritier, qui comparait libre lui aussi : « C'est tellement des gens lamentables pour moi. Là, les témoignages qu'on a entendus avant moi, ça m'a mis déjà les larmes aux yeux. Donc je crois que de le voir, c'est… je trouve ça dur. » Un placement présenté comme sûr En 2010, Sylvie, qui vient de vivre un divorce difficile et de vendre sa maison, décide de placer ces nouvelles économies. La société Aristophil propose justement à des passionnés de littérature comme elle, d'acheter les parts de manuscrits prestigieux avec la promesse de récupérer l'argent lorsque l'œuvre serait vendue, avec en prime 8% d'intérêts par an et la plus-value de la vente : « J'espérais à l'époque récupérer cet argent, bonifié en quelque sorte, pour réinvestir dans un fonds de commerce. Ma vie a été complètement bouleversée. » Une arnaque parfaitement ficelée, d'après son avocat Nicolas Lecoq-Vallon. Il représente près d'un millier de victimes : « Ces placements, ce n'était pas quelque chose de délirant, c'est un investissement de bon père de famille. On disait, mais écrit noir sur blanc, plutôt que d'aller sur le livret A, pourquoi ne prenez-vous pas un investissement ? Chez Aristophil, c'est tout aussi sûr et vous avez un rendement qui évidemment est beaucoup plus intéressant. Donc, c'est un discours qui était tout à fait crédible et qui pouvait être suivi par des gens qui étaient des gens raisonnables et qui n'étaient pas des spéculateurs. » Une pyramide de Ponzi bien dissimulée C'est en 2014 que Sylvie apprend qu'Aristophil est en réalité une pyramide de Ponzi : multiplier les investisseurs pour que les premiers soient remboursés. Mais les derniers arrivés, eux, ne récupéreront jamais leur mise. Sylvie voit donc près de 130 000 euros s'évaporer et son monde s'écrouler : « Le point commun de tout le monde, je trouve, et c'est ça qui est dingue aussi, c'est comme les femmes violées, c'est le sentiment de honte alors qu'on est des victimes. Ces dix années, elles sont passées. Aujourd'hui, je suis à la retraite, mais j'aimerais quand même bien retrouver cet argent. J'ai quand même deux grandes filles qui sont adultes aujourd'hui, et si je pouvais au moins maintenant, à mon tour, les aider elles, ce serait super. » Au total, 18 000 personnes auraient confié leur épargne à la société de Gérard Lhéritier. Huit mille se sont constituées parties civiles. À l'écoute de leur témoignage, le principal suspect s'est dit « solidaire » des victimes, mais assure qu'elles ne connaissent pas les vrais dessous du dossier.

En France, plus la politique migratoire du gouvernement est ferme, moins les personnes sans papiers ont de chances d'être régularisées, et plus fleurissent sur internet des sociétés commerciales qui vendent leurs services d'aide administrative. Elles promettent un accompagnement personnalisé, des procédures accélérées, des titres de séjours en peu de temps... moyennant finance évidemment. Des publicités sont placardées régulièrement dans les couloirs du métro parisien notamment. Des publicités mensongères qui s'adressent à une population particulièrement vulnérable. « Il y a plus d'un an, j'ai payé 1 740 euros pour qu'on puisse me trouver un rendez-vous à la préfecture. Je ne comprends pas... » Mary remonte le fil de sa boîte mail pour nous montrer des preuves de paiement et les quelques échanges qu'elle a eus avec une société, qui se présente comme spécialiste des démarches d'immigration en France : « J'ai entendu parler d'eux, surtout dans les publicités. Le premier rendez-vous, c'est gratuit. Ils nous disent directement : "Vous allez avoir vos papiers le plus rapidement possible !" Vous vous imaginez… » Cette mauritanienne de 43 ans, qui s'occupe seule de ses cinq enfants, espérait enfin sortir de la clandestinité et obtenir un titre de séjour. Alors, comme demandé, elle dépose rapidement tous les documents nécessaires au siège de la société en proche banlieue parisienne : « Mes bulletins, c'est moi qui les ai amenés, attestation de scolarité de mes enfants, avec mes impôts, tout. Ils m'ont même dit "vous avez tout classé, c'est parfait". » Quelques mois plus tard, la mère de famille reçoit un accusé de réception de la préfecture des Yvelines, où elle vit. Son dossier semble être arrivé à bon port, mais depuis plus rien... « Je les appelle, ils me disent "non, il faut juste attendre". J'ai répondu attendre jusqu'à quand ? Ce n'est pas ce que vous nous avez dit avant ? » Nous avons décidé d'appeler cette société pour savoir ce qui pouvait bien justifier une facture de 1 740 euros, lorsque l'on sait que toute démarche administrative en France est gratuite : « Nos avocats travaillent d'arrache-pied normalement avec la préfecture. On fait vraiment de notre mieux pour leur obtenir des rendez-vous en préfecture. » « C'est une arnaque » Jacques Mercier est délégué syndical CFDT dans les Yvelines, chargé des travailleurs sans papiers : « Les quelques retours d'expérience que l'on a montrent que ces personnes, elles ont un mail disant "on va s'occuper de vous", mais derrière, il ne se passe rien ou s'il se passe quelque chose, ça n'accélère en rien leurs démarches. La préfecture, elle respecte l'ordre dans lequel les dossiers sont déposés. » Depuis quelques années, la CGCCRF, le service anti-fraude de l'État, note une multiplication des sites monnayant une aide administrative, notamment à l'adresse des étrangers. Pour Jacques Mercier, ils profitent du désarroi des usages face à la dématérialisation des démarches, mais aussi de l'allongement des délais de traitement : « Il se passe une année, deux années et elles n'ont aucun retour. Et si elles écrivent à la préfecture pour demander des nouvelles, la préfecture leur répond qu'on leur écrira un jour, "quand on aura le temps". » En France, de nombreuses associations et de syndicats accompagnent gratuitement les étrangers dans leurs démarches administratives.

Depuis le 7 août, des droits de douane américains de 15% s'appliquent sur les exportations européennes. Les filières du vin, de l'aéronautique ou encore du luxe comptent parmi les plus touchées. Mais ces nouvelles taxes ont aussi de lourdes répercussions sur l'industrie française des instruments de musique, qui exporte massivement outre-Atlantique. Le marché américain capte la moitié des instruments produits dans le monde. Dans l'imposant atelier de Buffet Crampon, situé à Mantes-la-Ville, à l'ouest de Paris, 15 000 clarinettes sont produites chaque année. Une majorité est exportée de l'autre côté de l'Atlantique, « environ 30% de notre production », estime Jérôme Perrod, président de cette entreprise bicentenaire. Mais depuis l'entrée en vigueur des taxes américaines, le 7 août dernier, la mélodie a changé, explique ce chef d'entreprise : « On perçoit déjà la baisse du marché liée à des augmentations de prix. Les magasins font preuve d'une grande prudence et ne veulent pas renouveler leurs stocks, car ils ont la crainte que les musiciens achètent moins d'instruments. » De fait, le marché des instruments de musique à vent se contracte aux États-Unis, en raison d'une augmentation des prix dans le pays, consécutive à l'instauration des droits de douane par l'administration de Donald Trump. La hausse observée varie de 10 à 15%, selon Jérôme Perrod. À la tête des harpes Camac, entreprise pionnière dans la construction de harpes en France, Jakez François dresse un constat similaire. Le marché américain représente un quart de ses exportations. « Ces droits de douane ont fait bondir nos prix immédiatement. Ils s'ajoutent à la faiblesse du dollar par rapport à l'euro. En combinant les deux, on enregistre une hausse de nos prix de l'ordre de 22% aux États-Unis. » Le 15 septembre dernier, l'entreprise subit une déconvenue annoncée. « Nous avions un container qui était sur le point de partir avec une quinzaine de harpes. Notre distributeur principal a annulé une grosse moitié de la commande. On se retrouve concrètement dans la situation qu'on craignait », soupire Jakez François. Un coup dur alors que le principal concurrent mondial des harpes Camac se trouve justement aux États-Unis : « Cela rend notre position bien plus difficile vis-à-vis de ce concurrent. » En revanche, Buffet Crampon est presque en situation de monopole sur le marché des instruments de musique à vent. Alors son président, Jérôme Perrod, avoue ne pas comprendre la pertinence de ces droits de douane : « Nous n'avons aucun concurrent aux États-Unis, donc personne ne va tirer bénéfice de ces taxes américaines. » Des conséquences sur la qualité des productions Les droits de douane conclus entre l'Union européenne et l'administration Trump ressemblent bel et bien à un accord perdant-perdant. D'autant plus compromettant que la pratique des instruments de musique à vent est historiquement très ancrée outre-Atlantique. « Il y a une très forte émulation aux États-Unis dans la pratique instrumentale, en particulier en orchestre, dès l'école. La moitié des enfants entre 9 et 12 ans choisissent de pratiquer un instrument à vent, ce qui génère forcément des vocations », rappelle Jérôme Perrod. Mais à terme, cette tradition pourrait souffrir des conséquences de ces droits de douane, explique Coraline Baroux-Desvignes, déléguée générale de la Chambre syndicale de la facture instrumentale, qui représente une soixantaine d'entreprises du secteur : « Il y a des musiciens qui risquent de retarder l'achat d'instruments de musique en attendant que la situation soit plus propice, ce qui peut avoir un impact sur la qualité des productions musicales. » Sans compter que la hausse des prix affecte également les instruments d'études, moins chers. « Cela pourrait décourager les musiciens en herbe de se lancer dans la pratique régulière d'un instrument », ajoute Coraline Baroux-Desvignes, qui dit craindre des conséquences sur « plusieurs générations de musiciens ». Préserver le savoir-faire des artisans L'eldorado américain devenant de plus en plus inaccessible, les entreprises françaises de la facture instrumentale songent à réorienter leurs exportations vers d'autres marchés. Du côté des harpes Camac, Jakez François dit travailler sur le sujet afin d'atteindre ou renforcer sa présence dans certaines destinations en Asie, notamment en Chine, à Hong Kong ou Singapour. Une réflexion similaire a été menée à Buffet Crampon. « Mais ces nouveaux débouchés ne permettront sans doute pas de compenser la baisse des volumes exportés aux États-Unis », estime Jérôme Perrod. Le marché américain capte en effet la moitié des instruments de musique produits dans le monde. Si Jakez François estime que son entreprise peut résister pour le moment, Jérôme Perrod, lui, a été contraint de placer certains de ses salariés au chômage partiel afin de réduire son activité : « Ça nous fait mal au cœur de voir les ateliers vides certains vendredis », se lamente-t-il. Mais c'est la moins pire des solutions pour conserver le savoir-faire de ses artisans, selon le chef d'entreprise : « Il nous faudrait plusieurs années pour reformer des salariés et retrouver les niveaux de qualité que l'on a aujourd'hui. Le chômage partiel nous permet de conserver les effectifs et, le jour où l'activité redémarre, de les faire revenir comme avant. » S'il ne croit guère à une levée des droits de douane, Jérôme Perrod dit toujours espérer une exemption des taxes américaines sur les instruments à vent. Par ailleurs, la Cour suprême des États-Unis doit se prononcer début novembre sur la légalité des droits de douane imposés par Donald Trump aux partenaires commerciaux des États-Unis.

Se loger pour un étudiant, c'est déjà un véritable casse-tête... Mais lorsqu'on vient des territoires d'outre-mer pour poursuivre ses études en métropole, c'est encore plus compliqué. Les étudiants ultramarins sont frappés par une discrimination au logement liée à la situation géographique et économique de leurs garants, selon l'Insee. Actuellement, ce sont 38 000 étudiants des Outre-mer qui suivent des études supérieures dans l'Hexagone, dont 6 000 nouveaux qui arrivent en début d'année universitaire.

La licence Pokémon se fait vieille déjà 30 ans en 2026, mais elle n'a pas perdu de son attractivité. Vingt-cinq jeux vidéos, vingt saisons de dessins animés, 24 films et pourtant le produit Pokémon le plus prisé reste ses plus de 20 000 cartes Pokémon qui se vendent et s'échangent à des prix toujours plus affolants. Achetez-les tous plutôt. Bien protégé par une grosse vitre en plexiglas, des dizaines de milliers de cartes Pokémon multicolores tapissent les murs du Fuji Store à Paris. Des cartes à 12 000 euros côtoient celles à 10 euros, il y en a pour tout le monde et les amateurs sont venus tenter leurs chances. Arthur et Tess sont arrivées de Caen exprès dans l'espoir de compléter leur collection. Et ils sont vraiment « à fond dedans tous les mois, limite à dépenser beaucoup trop d'argent », confie Arthur. Tess a sa stratégie bien rodée. « Mais sinon on fait un "Master set" donc c'est toutes les cartes d'une série entière qu'on collectionne et voilà faut toutes les avoir. Parfois, il y a des cartes qui sont en trois fois, mais il faut toutes les avoir pour compléter le master set ». « Il y en a qui peuvent collecter les cartes mignonnes, celles qui sont bleues, celles qui sont roses. Moi, la plus chère que j'ai, ça doit être une centaine d'euros », développe Arthur. À lire aussiParoles de chasseurs de Pokémon 100 euros, c'est déjà un investissement à vingt ans, à côté d'eux, un collectionneur a le double de leur âge et de leur porte-monnaie. Il fait son choix d'un œil expert. « Déjà, c'est une carte qui est en "full art" donc le dessin passe sur toute la carte. Le Pokémon, lui, est défini avec les traits verts tout autour et on voit le dresseur derrière. Maintenant que je suis adulte, je peux me permettre de faire ce genre de truc. » À lire aussiMarché de l'art: des cartes Pokémon d'exception vendues aux enchères Le « boum » des cartes Pokémon L'année dernière, les jouets de la licence Pokémon étaient les plus vendus en France, au Canada, en Belgique, en Italie et aux États-Unis. Le Fuji Store est bien la preuve de ce succès : installé il y a deux ans, le magasin qui ne vend que des cartes Pokémon ne désemplit pas. Il a même un concurrent dans la même rue. Maxime est le responsable. Il collectionne les cartes Pokémon depuis 14 ans et a observé les changements depuis 2010. « Il y a eu une explosion du marché en 2020, on appelle ça le "Boum Pokémon", c'est monté, monté, monté, ça s'est stabilisé un petit peu et le deuxième boum, il a eu lieu en décembre. Il y a eu une carte qui est sortie en décembre et qui a fait beaucoup parler. Il y a eu pas mal de Pokémon qui cherchaient cette carte-là. Et en même temps, on a eu l'application mobile donc TCG Pocket, du coup ça a fait ce gros boum et c'est pour ça que les cartes Pokémon explosent à nouveau. On arrive aussi aux trente ans et plus, on approche des trente ans et plus, les cartes montent en prix. On a des cartes Pokémon entre 2024 et aujourd'hui qui ont doublé ou triplé. C'est assez dingue. » Et plus les cartes sont vieilles, plus elles valent cher. Les premières des années 1990-2000 grimpent vite à 1000 euros. Pour suivre le mouvement, des entreprises comme Micromania se sont réinventées et proposent des estimations et des expertises de cartes Pokémon. À lire aussiLe phénomène Pokémon a 25 ans

En France, la santé mentale a été érigée en grande cause nationale en 2025, avec la mise en place d'un « plan psychiatrie ». Plan qui prévoit notamment de former aux alternatives à la contention. Cette pratique désigne depuis l'Antiquité l'entrave au corps pour l'immobiliser, afin de maîtriser les malades agités. Cela va des ceintures de cuir aux camisoles. La contention a traversé les siècles comme les symboles les plus visibles de la psychiatrie. Aujourd'hui, elle est interdite dans plusieurs pays comme l'Islande ou la Nouvelle-Zélande. En France, elle est encadrée par une loi et doit être utilisée en dernier recours. Mais la logique de l'entrave n'a pas pour autant complètement disparu. Ceux qui plaident pour l'abolir, pensent qu'elle n'est pas un soin, mais une violence faite au patient. À lire aussiPriorité Santé - Santé mentale : grande cause nationale ? À lire aussiDébat du jour - Santé mentale : y a-t-il une prise de conscience ?

En France, la rentrée universitaire se fait dans la panique pour bon nombre d'étudiants en alternance. En cause ? La recherche d'un contrat en entreprise qui s'avère particulièrement difficile cette année. Alors qu'en 2024 déjà, 67 % des alternants, soit deux sur trois, éprouvaient des difficultés à décrocher un contrat si l'on en croit une étude de l'Association pour l'emploi des cadres, 65 000 postes d'alternants pourraient être supprimés au second semestre 2025 selon l'Insee. La faute, entre autres, à la baisse des aides à l'embauche versées par l'État aux entreprises. Résultat : certains étudiants sont prêts à tout pour décrocher leur contrat d'apprentissage... À lire aussiSérie «Ralentir»: année de césure pour les étudiants

En France, comme partout ailleurs, le trafic et la consommation de stupéfiants – notamment de cocaïne – est en hausse constante. Longtemps cantonnés aux mégapoles et aux banlieues urbaines, les réseaux de trafic de stupéfiants ont gagné les villes plus petites et la campagne française. La demande en cocaïne n'a jamais été aussi forte, en particulier chez les jeunes adultes. RFI a recueilli les témoignages de consommateurs. Chacun à leur manière, ils racontent leur addiction. (Rediffusion du 23 juin 2025) Certains matins, Olivier, Parisien de 45 ans, prend un rail de cocaïne avant d'aller travailler dans la restauration. Il dit gérer sa consommation et revient sur les effets de la cocaïne. « Vous avez une montée et en cinq minutes, vous avez la descente. Après, le cerveau réclame. Ce n'est pas physique, c'est psychologique. À long terme, si on en prend beaucoup, on peut être dépressif. Moi, personnellement, non, parce que je sais m'arrêter », estime-t-il. Comme 40% des consommateurs de poudre blanche, Olivier se fait livrer à domicile grâce aux réseaux sociaux. Ce n'est pas le cas de Pierre. Il vit de petits boulots et s'approvisionne auprès d'un dealer à l'ancienne, comme il dit. Cet habitant de Châteauroux, ville moyenne située dans le centre de la France, raconte son parcours de toxicomane : « C'est mon père qui m'a mis dedans. Mon père était déjà dans la rue. Ma première bière, c'est lui qui me l'a payée. J'étais petit, j'avais 7-8 ans, un truc comme cela. Puis, le premier joint que j'ai fumé, c'était avec lui aussi. J'ai commencé à 14 ans la fumette. Avec le temps, j'ai consommé d'autres drogues, d'autres trucs. » Âgé de 36 ans, Pierre est polytoxicomane, c'est-à-dire qu'il consomme plusieurs drogues en même temps. Il regrette que les usagers de stupéfiants soient stigmatisés. « Tout le monde consomme de la drogue par rapport à un trauma qu'il a subi. Le problème, ce n'est pas la consommation, mais c'est ce qui vient avant. C'est ce qui vient déclencher ce besoin de consommation pour combler quelque chose. Ce n'est pas forcément des gens qui sont bêtes, c'est juste d'être faible à un moment de sa vie. On pense que c'est une béquille, et en fait, on tombe dans un piège », explique-t-il. « L'héroïne, c'est ce qui te met vraiment au plus bas » Axel, lui, est un rescapé de l'héroïne. Le jeune homme, paralysé de toute la partie gauche du corps, allume une cigarette et revient sur l'effet de l'héroïne, le fameux flash. « Au moment où l'on s'injecte le produit, on sent que c'est fort. On sent le produit à l'intérieur du corps », se remémore-t-il. Aujourd'hui, Axel ne consomme plus que du cannabis et se souvient de l'enfer de l'héroïne qui l'a amené à des comportements extrêmes, jusqu'à voler ses proches : « L'héroïne, c'est ce qui te met vraiment au plus bas. Le problème, c'est que ça te pousse à demander de l'argent ou des choses comme cela. C'est plus fort que toi. Le problème, c'est que tu es tellement à terre que tu es limite à tout casser. Je pense que c'est l'une des pires drogues. » Même constat chez Dylan, 29 ans, rencontré dans un centre d'aide aux toxicomanes. « Notre vie ne tient plus qu'à un gramme d'héroïne. On se met à contrôler toutes nos prises, à regarder l'heure, se dire : "Je sais qu'il faut que je prenne tant par jour parce que sinon je n'aurai pas le lendemain". Et si on n'en a pas, c'est un vrai manque, un sevrage. On a l'impression d'avoir la grippe, mais vachement plus fort », se rappelle-t-il. D'après l'Observatoire français des drogues, les consommateurs de substances illicites n'appartiennent pas à un groupe clairement identifié. Ils peuvent être des usagers socialement insérés, tout comme des usagers précarisés ou marginalisés. À lire aussiGrand reportage: à Châteauroux, approcher pour mieux soigner les usages de la drogue

Alors que le championnat de France de football a repris ses droits depuis quelques semaines, la parole se libère depuis quelques mois parmi les supportrices : sur les réseaux sociaux, les témoignages rapportant des remarques sexistes, des fouilles trop poussées ou même des agressions sexuelles se multiplient. Pour tenter de lutter contre ce fléau, plusieurs clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 se sont récemment dotés d'un système de signalement, comme le RC Lens qui l'a mis en place au stade Bollaert, dans le nord du pays. L'initiative est notamment portée par la branche française de l'association Her Game Too - « Son match à elle aussi », en français. « Je m'appelle Alicia. J'ai 22 ans. Je suis supportrice du RC Lens depuis toute petite et j'ai vécu une agression il y a un an et demi. Je me suis sentie incomprise. En plus, c'était une des premières fois où j'allais au stade sans mon père. C'était un peu plus compliqué... », raconte cette fan des Sang et Or. Un témoignage qui montre que derrière l'ambiance bouillante de ses tribunes, le Racing club de Lens n'échappe pas, lui non plus, aux violences que subissent les supportrices dans les stades. Depuis mars dernier cependant, un dispositif permet aux victimes ou aux témoins d'agressions sexistes et sexuelles dans les enceintes de Ligue 1 et de Ligue 2 de se signaler : « Il existe des QR codes dans les toilettes des femmes. Dessus, il y a un questionnaire sur lequel on demande à la victime d'expliquer les faits pour qu'une équipe puisse lui venir en aide, reprend Alicia. Il peut être rempli de façon anonyme ou non ». À ses côtés, Nelly, âgée de 50 ans, baigne, elle-aussi, dans le chaudron lensois depuis l'enfance. Et elle-aussi a été victime d'une agression : « Les hommes restent encore machos, donc c'est un peu difficile. Il faut qu'on fasse notre place », affirme-t-elle. Cette situation a-t-elle changé leur rapport au club ? « Non », répondent-elles en chœur. « Au début, j'avais des craintes, mais maintenant, je sais qu'on peut être protégé », ajoute Nelly. « Safe zone » Les anciens postes d'infirmerie du stade ont été transformés pour accueillir les personnes qui auraient besoin d'être mises en sécurité. Nicolas Gumez, référent supporters du club, explique : « Il y a une "safe zone" par tribune accessible pendant le match. Si une femme - ou un homme - a besoin d'être isolé par rapport à une situation vécue, c'est possible. C'est la Croix-Rouge qui les accueille. Après les agents de sécurité avec lesquels la victime va avoir le premier contact, ils vont avoir avec elle un discours rassurant ». Née d'un partenariat entre le RC Lens et l'association anglaise Her Game Too - « son match à elle-aussi », en français -, cette politique de lutte contre les violences compte aujourd'hui une quarantaine d'ambassadrices dans l'Hexagone. Chacune travaille pour son équipe de cœur, en Ligue 1 ou en Ligue 2. Mais pour Anoush Morel, présidente et supportrice du Paris Saint-Germain, il faut aller encore plus loin : « La femme est remise en question dans la société en général, ne serait-ce que par sa présence dans la rue. Ce n'est pas endémique au football. Cela existe aussi dans le rugby, dans le tennis et dans tous les milieux ». Au stade Bollaert, neuf signalements ont déjà été enregistrés depuis le mois de mars. Preuve, pour l'association, que le public a su s'emparer du dispositif et refuse désormais que les violences s'installent en tribune.

Une première journée sous haute tension pour le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu nommé mardi soir. Car c'est une journée de mobilisation partout en France ce mercredi. « Bloquons tout », c'est le nom de ce mouvement multiforme qui s'est structuré en dehors des partis politiques et des syndicats : il est né de manière spontanée sur les réseaux sociaux. Point commun chez les personnes mobilisées : une forte colère sociale. Des grèves, blocages et manifestations sont attendus partout dans le pays. Et parmi les protestataires, on retrouve des « Gilets jaunes », du nom de cette mobilisation citoyenne lancée en 2018 et qui s'est ensuite essoufflée. Cette nouvelle sociale leur redonne l'espoir de changements profonds. Certains s'organisaient dès hier soir. Reportage à Saint-Brice-Sous-Forêt, au nord de Paris. À écouter aussiEn France, la colère sociale monte avant la chute probable du gouvernement Bayrou

194 votes pour… 364 contre. À une large majorité, les députés français n'ont pas approuvé la déclaration de politique générale de François Bayrou, le Premier ministre français est renversé. Emmanuel Macron dit « prendre acte » et indique qu'un nouveau chef du gouvernement sera nommé « dans les prochains jours ». Cette censure du gouvernement a été célébrée par les opposants du Premier ministre : des Français qui se sont donnés rendez-vous, lundi soir, devant plusieurs mairies de l'Hexagone. Objectif : saluer le départ du Premier ministre et préparer la journée de mobilisation nationale prévue le 10 septembre. Reportage à Paris où 200 personnes étaient rassemblées devant la mairie du XIXe arrondissement de la capitale. À lire aussiFrance : le gouvernement Bayrou renversé après le rejet du vote de confiance de l'Assemblée nationale

La situation sociale se tend alors que la chute du gouvernement de François Bayrou semble désormais inévitable. Le mercredi 3 septembre, une centaine de personnes se sont rassemblées en assemblée générale sur l'esplanade de la Place des Fêtes, dans le nord-est parisien, pour préparer le mouvement social du 10 septembre. Parmi la centaine de personnes qui se sont rassemblées sur l'esplanade de la Place des Fêtes, un quartier populaire de Paris, beaucoup de jeunes trentenaires, ainsi que quelques curieux du quartier. Camille, présente sur les lieux, exprime ses attentes avec ferveur. « J'attends beaucoup de tout ce qui va s'organiser à partir du 10 septembre comme rassemblements. Parce que, au-delà de ce qui se passe en politique, de la question des salaires qui sont gelés, des augmentations et du sujet des aides, c'est surtout par rapport aux jeunes et à l'emploi. Le sujet de l'accessibilité à l'emploi est très important. Il y a beaucoup de personnes qui se voient refuser des emplois par rapport à leur âge, leur orientation, leur ethnie, leur origine sociale. Tout le monde devrait avoir sa chance. C'est important de se battre pour l'avenir, de ne pas laisser faire, d'être là et de dire que le peuple peut faire valoir sa voix dans notre pays. On est un pays qui est une démocratie. On a acquis des droits par la force du peuple. On est en 2025. Ce qu'on lit dans les livres d'histoire, on peut le refaire pour faire valoir ce qu'on mérite », détaille-t-elle avec passion. « Envoyer un message le 10 septembre » La réunion commence dans une ambiance tendue. Un photographe est prié de quitter les lieux, ce qui déclenche une discussion sur la présence des journalistes. Simon assiste à la scène de loin. « On sent une énergie. On sent qu'on est un peu énervé. C'est intéressant de se rassembler, de s'écouter et de penser à ce qu'on peut faire pour envoyer un message le 10 septembre prochain. Il y a quelque chose qui paraît déconnecté et qui nécessite qu'on rappelle qu'il y a des gens qui sont mobilisés pour ne pas laisser tomber », explique-t-il. Interrogé sur la chute probable du gouvernement de François Bayrou, ce lundi, Simon reste sceptique. « C'est une très bonne question. Je ne sais pas du tout. Je ne sais pas si cela va soulever encore plus ou finalement un peu amoindrir l'élan actuel. Mais il est probable, malheureusement, que ce soit Macron ou le prochain gouvernement, que cela ne change pas grand-chose sur le fond des choses. Donc cela m'étonnerait que cela s'essouffle complètement », estime-t-il. Alors que les débats se poursuivent sur les actions à mener le 10 septembre à Paris, Lila, une habitante du quartier, a tenu à être présente. « Les gens n'en peuvent plus, ils ne supportent plus cette vie. Vous voyez des étudiants en train de faire la queue pour manger au Secours catholique. Ils disent que les étudiants sont aidés, qu'il y a suffisamment d'aides pour la jeunesse. Mais il n'y a rien pour la jeunesse », déplore-t-elle. Au terme de deux heures de débats, il est décidé de bloquer plusieurs portes du périphérique parisien mercredi. Il s'agit surtout de marquer les esprits avec l'intention affichée d'inscrire le mouvement dans la durée. À lire aussiFrance: face à la précarité alimentaire, un nouveau modèle solidaire en expérimentation

Kiléma est une maison d'édition singulière. Née à l'initiative de l'ancienne traductrice Cécile Arnoult, elle publie des succès de librairie en FALC, en français « facile à lire et à comprendre », une méthode qui permet aux personnes porteuses d'un handicap mental, comme la trisomie 21, de ne plus être exclues de la culture commune. Le catalogue Kilema compte des grands classiques, mais aussi des romans contemporains. Dernière parution en ce début septembre : Le roi soleil de Julie Rosiaux. ► Les Éditions Kiléma seront présentes les 6, 7, 8 et 9 septembre 2025 à Lisons libre !, le salon de l'édition indépendante qui se tient à Paris.

Que va-t-il se passer le 10 septembre ? Le suspens grandit à mesure que la date approche. Depuis plus de deux mois, des appels à bloquer le pays circulent sur les réseaux sociaux. Ils sont particulièrement relayés depuis l'annonce, en juillet, de coupes budgétaires par François Bayrou, le Premier ministre, et la suppression de deux jours fériés. Des boucles Telegram réunissent des milliers de personnes, aux profils et attentes très divers. Mais avec un objectif commun : faire tomber le gouvernement Bayrou et la présidence Macron. Ce mouvement qui se veut apolitique a néanmoins attiré l'attention des partis de gauche et reçu au moins le soutien de la France Insoumise. Les syndicats CGT et FO ont décidé de soutenir le mouvement, en déposant des préavis de grève. Mouvement diffus et imprévisible Mais il est encore très difficile de savoir quelle ampleur prendra la mobilisation, pour une raison évidente ; ce mouvement se veut citoyen et spontané, donc sans organiseurs ni hiérarchie. Tout est censé être décidé de façon horizontale, que ce soient les revendications ou les actions à mener. Nos confrères de la radio publique France Info ont pu consulter une note des renseignements généraux. Elle souligne l'absence de coordination structurée, et donc le caractère diffus et imprévisible de ce mouvement. Les renseignements généraux tablent sur une quarantaine d'actions, sous forme de manifestations, de rassemblements, d'actions de blocage, voire de sabotages. Une contestation qui devrait toucher tout le territoire et potentiellement réunir 100 000 personnes. Des sympathisants jeunes et politisés La Fondation Jean Jaurès, elle, s'est déjà penchée sur le profil des personnes séduites par ce mouvement de blocage. Le laboratoire de recherche et d'analyse politique a été particulièrement rapide à se pencher sur le sujet. Ses analystes ont questionné régulièrement, durant le mois d'août, les membres des boucles Telegram et Facebook. Si les premiers appels au blocage ont été lancés par un collectif assez confidentiel, complotiste et souverainiste, le mot d'ordre a rapidement été récupéré par des sympathisants de la gauche radicale. Il y a une dizaine de jours, 69 % d'entre eux déclaraient avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon, de la France Insoumise au premier tour de la présidentielle en 2022. Et une majorité s'était abstenue ou avait voté blanc au second tour qui a abouti à la victoire d'Emmanuel Macron. C'est en consultant des canaux de gauche et d'ultra-gauche, sur les réseaux sociaux, que Lucie, une parisienne de 53 ans, a découvert l'appel au blocage il y a deux mois. Cette habituée des manifs a tout de suite été séduite. « Je me suis dit, enfin ! Enfin, on se réveille, enfin on réagit à une politique injuste, se réjouit-elle. Ça donne de l'espoir que le peuple se réveille et que la lutte des classes reprenne. »L'enseignante dénonce la politique du gouvernement, la domination de la bourgeoisie et un écueil qu'elle connait d'autant mieux qu'elle travaille dans un collège public, la « casse du service public ». « Le service public, c'est la richesse des plus démunis, explique-t-elle. Et on se rend compte que le pays ne fonctionne plus ». Lucie n'a rejoint aucune boucle Telegram et n'en a pas besoin pour savoir que mercredi prochain elle fera grève et sortira surement dans la rue. Comparaison au mouvement des gilets jaunes La Fondation Jean Jaurès a comparé le mouvement « Bloquons tout » à celui des gilets jaunes qui, il y a sept ans, a réuni tous les samedis, sur des ronds-points de zones périurbaines et rurales, des Français en colère contre le gouvernement. Les sympathisants de « Bloquons tout » sont plus politisés, plus jeunes que les gilets jaunes, et leurs catégories socio-professionnelles sont plus diverses, quand la mobilisation des gilets jaunes reposait sur des problématiques principalement de précarité économique et rassemblait des novices en matière de manifestation. Mais l'objectif final reste le même, pour Arnaud, gilet jaune de la première heure à Sarrebourg, dans le Nord-est du pays. Ce quinquagénaire n'a jamais cessé de manifester contre le régime, depuis 2018. À l'essoufflement du mouvement qu'il avait rejoint à l'occasion d'un passage en voiture sur un rond-point de sa commune, Arnaud a créé sa propre association, pour pouvoir déposer en préfecture des demandes de rassemblements. Mais tous les quinze jours, ils ne sont plus qu'une vingtaine à se mobiliser. L'appel au blocage du 10 septembre a donc relancé son espoir de « finir le travail ». « Si on est suffisamment nombreux cette fois-ci, peut-être qu'enfin Macron pourra tomber, explique-t-il. Notre espoir, c'est que les jeunes générations ou d'autres personnes comprennent enfin que le gouvernement Macron-Bayrou est en train de nous écraser. » Des revendications très à gauche Mais l'évolution des revendications, depuis l'apparition du mot d'ordre sur les réseaux sociaux, a quelque peu douché son enthousiasme. « Ça a effectivement commencé avec des gens souverainistes, globalement de droite, précise-t-il. Mais à force, la priorité a été donnée à certaines causes particulières à l'extrême gauche. Elles ne sont pas toutes mauvaises d'un point de vue social. » Arnaud, qui se fait appeler « Gueux mécontent » sur les réseaux sociaux, regrette qu'il ne soit pas question d'immigration ou encore de sortie de l'Union européenne, sur les boucles Telegram et dans les Assemblées générales. Mais il se mobilisera tout de même le 10 septembre, car ce qui lui importe, c'est d'obtenir la plus forte mobilisation. À l'autre bout du spectre politique, Lucie, l'enseignante parisienne, approuve. « J'ai tendance à dire que oui, effectivement, plus on est nombreux et mieux ce sera, souligne-t-elle. À un moment, il faut renverser la table même si tout le monde ne la renverse pas pour les mêmes raisons. » Méfiance envers les journalistes Le mouvement « Bloquons tout » et celui des gilets jaunes présentent un autre point commun, qui ne facilite pas l'appréhension de la mobilisation de ce mercredi 10 septembre ; la méfiance envers les journalistes. Elle est extrêmement marquée sur les boucles Telegram que la rédaction de RFI à chercher à rejoindre pour obtenir des témoignages. Les portes se ferment aussitôt. Les journalistes y sont considérés comme une des sources du problème. Ils sont accusés soit de promouvoir des idées d'extrême droite, soit d'être à la solde du gouvernement. Très rares sont les membres de ces boucles qui ont accepté d'échanger avec RFI, et lorsqu'ils l'ont fait, c'était en message privé, de façon anonyme et uniquement en leur nom. À lire aussi«10 septembre»: des réseaux sociaux aux actions, regards croisés sur un mouvement en gestation

En France, un quart des jeunes serait en dépression, selon un sondage réalisé par trois instituts, dans une enquête auprès de 5 600 personnes de 15 à 29 ans. Les réponses publiques face à ce mal-être sont pointées du doigt par de nombreux jeunes, qui critiquent des dispositifs « peu lisibles ». Face à cette souffrance psychique, ils sont de plus en plus nombreux à se tourner non pas vers des professionnels mais vers l'intelligence artificielle. Une tendance qui inquiète les experts en santé mentale. « Bonjour, en quoi puis-je vous aider ? » : à cette fameuse question qui débute les conversations avec ChatGPT, les réponses les plus fréquentes selon une étude de la Harvard Business Review sont : « Je me sens dépassé », « j'ai peur de l'avenir » ou encore « je n'arrive plus à dormir ». C'est justement parce qu'elle n'arrivait pas à dormir que Thérésa a commencé à se confier à l'IA générative. La jeune femme de 20 ans préfère le robot à un avis médical : « Je me suis déjà dit que je pourrais voir un psy, mais en même temps, je n'en ai pas tant besoin. J'ai posé la question à 3h du matin, j'avais envie d'avoir mes réponses maintenant et de ne pas dormir dessus, trop réfléchir... Je n'ai pas besoin de trouver le bon psy qui me corresponde, ni de payer pour le coup. » Quand une séance chez le psy coûte en moyenne 70€, parler à une IA générative est gratuit. Enfin, sauf si comme Sophia, on passe le cap et on décide de payer la version premium de ChatGPT à 20€ par mois. L'Américaine est arrivée en France il y a un an, pour suivre des études dans la mode. Elle a commencé à considérer ChatGPT comme un confident à la même époque : « Ça devient vraiment compliqué de faire la différence entre un ami ou un robot. Quand tu lui parles, ça paraît tellement réel, et il ne te rappelle jamais le fait qu'il est un simple robot. ChatGPT va toujours être de ton côté. C'est réconfortant, quoi que tu dises, il répond toujours "oui, je suis d'accord avec toi". » À lire aussiQuand l'IA nous manipule : comment réguler les pratiques qui malmènent notre libre arbitre ? « La machine [...] ne suffit pas à développer une thérapie » Des garde-fous ont été mis en place par OpenAI pour sensibiliser les utilisateurs quand leurs confessions deviennent trop importantes. Mais si la conversation dure longtemps ou que les mots clés n'apparaissent pas, l'intelligence artificielle (IA) n'affiche pas les messages de prévention ni les numéros d'urgence. Même si la société de Sam Altman améliore la gestion de ChatGPT, pour Sébastien Garnero, psychologue parisien, l'IA ne peut pas remplacer un thérapeute. Il a déjà eu affaire à des patients qui avaient utilisé ChatGPT comme psychologue : « Ils arrivent en bout de courses, presque trop tard parfois par rapport à leur pathologie. Ils se sont confiés pendant trois à six mois a cette IA, pensant que ça allait les aider. Finalement, ils sont dans une dépression grave, un trouble anxieux généralisé ou des attaques paniques... C'est à ce moment-là qu'ils se rendent bien compte que la machine, même si elle leur propose des exercices, ne suffit pas à développer une thérapie, un programme des soins. » Il existe tout de même des alternatives à ChatGPT, pour pouvoir se confier à tout moment, comme Owlie, un agent conversationnel crée par des psychologues français. À lire aussiIA : les « agents conversationnels », perturbateurs et partenaires d'une société en mutation

L'été touche à sa fin en France et certaines villes assaillies durant deux mois par les touristes retrouvent leur calme habituel. Un peu trop peut-être. En cause : le nombre de résidences secondaires qui restent vides une grande partie de l'année. Certaines villes cherchent à limiter ce phénomène. La loi Echaniz-Le Meur, votée l'an dernier pour « réguler les locations saisonnières », leur permet d'interdire la construction de nouvelles maisons de vacances sous certaines conditions. Exemple en Bretagne, dans l'ouest de la France, à Saint-Malo et à Cancale, où la mairie vient de voter cette interdiction. Le petit train traverse la foule sur les pavés de Saint-Malo, vers la plage. Dans la vieille ville, face à la Manche, 30 % des logements ont été proposés sur des sites comme Airbnb. Des lieux vides en dehors des vacances. « Sur le front de mer, voir tous les volets fermés pendant de longs mois, c'est toujours un petit peu désolant », regrette Olivier, retraité. Au fil des ans, il a vu la demande de maisons de vacances faire grimper les prix d'achat des appartements : « Il faut être quasiment retraité pour avoir les moyens de venir se loger à Saint-Malo et on sera pas forcément dans la première partie de la ville. » Un prix trop cher pour les jeunes actifs. Certains, pour acheter, s'éloignent de la ville ou la quittent. Une situation à laquelle les élus locaux ne veulent pas se résigner. Le maire de Saint-Malo Gilles Lurton compte faire voter, en novembre, l'interdiction de construire des résidences secondaires dans plusieurs zones de sa commune. En tout, il veut faire sortir de terre 3 000 nouvelles habitations, et en réserver les deux tiers à des personnes qui veulent y vivre à l'année. « En résidence secondaire, nous sommes passés d'un taux de 21 % en 2021 à un taux de 26 % en 2025. Et ça, c'est une croissance qu'il faut qu'on arrive à endiguer. J'ai un chef d'entreprise qui veut rapatrier 200 salariés à Saint-Malo. Aujourd'hui, il est totalement incapable de les loger. Donc, il va falloir qu'on trouve les solutions », explique le maire. À lire aussiAirbnb face aux grandes villes, vers la fin des locations touristiques incontrôlées? Pour lui, l'aide de l'État est vitale, avant que la situation ne s'aggrave : « Ce n'est pas Saint-Malo, c'est le pays tout entier qui est concerné. Les politiques de logement, à mon avis, ont été abandonnées par l'État, pour des raisons de moyens, et vraiment, on va sur une crise à mon avis qui est beaucoup plus importante que celle qu'on connaît actuellement. » C'est le cas de Cancale, à 15 kilomètres, où la crise du logement impacte les commerçants. Mimia Peard tient depuis 35 ans le restaurant « À Contre Courant ». « Le premier appartement qui se libère, c'est 20, 30 personnes qui sont devant la porte pour attendre pour visiter l'appartement. Donc forcément, le propriétaire, il peut augmenter les tarifs. Pour pouvoir trouver du personnel compétent, il nous faut du logement, parce qu'ils ne peuvent pas faire un essai en prenant un appartement pour trois mois. » Ici, la part des résidences secondaires est de 41 %. Le maire vient de faire voter l'interdiction d'en construire de nouvelles. Une solution efficace, mais tardive et incomplète, selon le journaliste Benjamin Keltz. Après deux ans d'enquête, il a écrit à ce sujet le livre Bretagne secondaire. « Maintenant, il faut permettre aussi une mixité dans le profil des habitants à l'année. La plupart des nouveaux habitants aujourd'hui sur les littoraux, cela reste des retraités. Une des problématiques, c'est qu'ils vieillissent, donc on va avoir une bombe sociale possiblement en puissance : c'est que si on a des gens qui viennent vieillir sur les littoraux, mais qu'on n'a pas les petites mains pour pouvoir les accompagner dans leur vieillissement, ça va créer des tensions qui vont être énormes à l'avenir », analyse Benjamin Keltz. Il propose donc d'autres leviers d'actions, comme le viager public : une mairie rachète progressivement un logement. Une fois le vendeur décédé, la mairie peut ensuite revendre le bien, en exigeant qu'il devienne une résidence principale. À lire aussiEspagne: importantes manifestations contre la hausse des loyers et le manque de logements

Lundi 1er septembre, premier jour d'école pour les collégiens et lycéens en France. Des dizaines de mineurs non accompagnés, jeunes étrangers arrivés seuls sur le territoire français, feront, eux aussi, leur rentrée. Au terme d'un véritable parcours du combattant. Test de niveaux obligatoire, dématérialisation des inscriptions, autant de verrous administratifs difficiles à surmonter pour un adolescent. Si certains sont pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance qui s'occupe des démarches, ils sont plusieurs centaines en région parisienne à être livrés à eux-mêmes en attendant que l'État reconnaisse officiellement leur minorité. Mais même dans ce cas, ces jeunes ont le droit d'être scolarisés. À condition de savoir comment s'y prendre. Devant une salle comble, Frédérique, enseignante engagée auprès des mineurs isolés, tente de répondre à une question qui revient régulièrement : comment faire pour s'inscrire à l'école en France ? Mamadou en sait quelque chose. À son arrivée en France il y a huit mois, cet adolescent était livré à lui-même : « Quand je suis venu, je ne savais pas si on pouvait aller à l'école. Les associations ne peuvent pas t'inscrire à l'école, tout ce qu'ils peuvent faire, c'est de te donner une tente, c'est de te montrer où aller, où s'alimenter. » C'est en rejoignant le Collectif des jeunes du parc de Belleville, un réseau de solidarité créé par ces mineurs isolés, qu'il finit par s'inscrire au test Casnav : une évaluation de niveau organisée par le rectorat. Problème : décrocher ce rendez-vous relève presque de l'impossible. « J'ai galéré avant d'avoir un rendez-vous, j'ai attendu trois mois. [...] Il faut être rapide, raconte Mamadou. En un clin d'œil, si tu ne cliques pas le rendez-vous. Si tu n'arrives pas à réserver un rendez-vous, on te donne un créneau de 10 minutes et si tu n'arrives pas à remplir tous les champs qui sont obligatoires. Il y a certaines personnes qui n'ont pas de téléphone, qui dorment dehors, alors tu ne peux pas avoir accès au site. Il n'y a pas assez de rendez-vous par jour. Il peut y avoir maximum cinq rendez-vous pour 400 jeunes. Pour nous, c'est peu. » À lire aussiEmission spéciale avec des élèves du Lycée Bartholdi (Rediffusion) L'une des revendications du collectif : un guichet physique pour les inscriptions à l'école. À deux semaines de la rentrée, 67 jeunes évalués étaient toujours en attente de l'affectation dans un établissement. Et le parcours du combattant continue même après l'inscription. Un exemple : à Paris, la carte de transport Pass Navigo est remboursée à 100 % pour les lycéens, à condition d'en faire la demande. Une démarche administrative pas toujours accessible pour un mineur isolé. « Sans Pass Navigo, tu arrives en retard et tu ne peux pas suivre le cours. Certaines écoles un peu sympas aident les jeunes à avoir un Pass Navigo, qui les hébergent. Mais nous voulons que le rectorat ooul'État prennent ses responsabilités. », explique Mamadou. Depuis la création du collectif, il y a deux ans, les lignes ont donc légèrement bougé. Mais les revendications sont encore nombreuses, avec en tête la dématérialisation de la scolarisation et des places dans les classes pour tous les jeunes. À lire aussiFrance: les droits des mineurs isolés inégalement appliqués sur le territoire

C'est l'un des événements les plus attendus par les passionnés de course en montagne : l'Ultra Trail du Mont Blanc. Parti de Chamonix le 25 août, ce rendez-vous annuel réunit des milliers de coureurs venus du monde entier, prêts à affronter les sentiers techniques et les pentes vertigineuses des Alpes. Mais le trail, ce n'est pas seulement une course, c'est aussi un véritable engouement : en 2024, la Fédération française d'athlétisme a recensé plus d'un million d'inscriptions à des courses de trail. C'est 18 % de plus qu'en 2023. Pour être prêts le jour J, l'entraînement est essentiel. Comme pour ces coureurs, débutants ou confirmés, qui s'entraînent chaque semaine dans la forêt de Fontainebleau, en région parisienne. De notre envoyée spéciale à Fontainebleau, À lire aussiEn France, le trail attire de plus en plus les amateurs de course à pied

Depuis le début de l'été, une sévère épidémie de botulisme touche les oiseaux du département de la Loire-Atlantique, dans l'ouest de la France. Le botulisme est une maladie paralysante grave qui prolifère dans la vase et les eaux peu profondes, contaminant les oiseaux qui viennent s'y nourrir. Dopée par les fortes chaleurs, la bactérie responsable de la maladie a causé la mort de plus de 8 000 volatiles dans ce département. Avec ses centaines d'hectares de surface et sa profondeur moyenne de 1,60m en été, le lac de Grand-Lieu est devenu un épicentre de la contagion. Sur le lac de Grand-Lieu, règne un calme inhabituel. D'habitude on y entend les cris des canards, des aigrettes et autres hérons. Aujourd'hui, ils sont remplacés par le bruit de pas des chasseurs dans l'eau. Ils ne sont pas venus profiter de l'ouverture de la chasse, et pour cause : ils viennent ramasser les cadavres des oiseaux morts du botulisme qui jonchent les rives. Christophe Sorin travaille à la fédération de chasse de Loire-Atlantique, qui gère une partie du lac. Il donne les instructions à Riwan et à son fils Léo, venu lui donner un coup de main : « On prend des râteaux. On met jamais la main dessus, on reste toujours à un mètre du cadavre. Avec un sac poubelle, il n'y a pas de contact. » Leur objectif : ramasser les oiseaux morts au plus vite pour éviter la propagation de la maladie. « Si le canard a consommé des spores botuliques, il meurt au bout de cinq, six jours. Les mouches viennent pondre dessus. Trois jours après, il y a des asticots. Un asticot concentre cent fois la toxine botulique. Un autre oiseau qui vient manger deux asticots est mort dans les minutes qui suivent. Après, c'est exponentiel », explique Christophe Sorin. À lire aussiMadagascar: les autorités sous pression après la série d'intoxications alimentaires mortelles Cette année, les fortes températures ont fait exploser l'épidémie : 8 000 oiseaux sont morts dans le département, dont 4 000 sur le seul lac de Grand-Lieu. Même si le pic est passé, une dizaine de cadavres sont ramassés aujourd'hui. Tous n'ont cependant pas encore succombé. Quelques goélands et un cygne sont repêchés, mal en point mais bel et bien vivants. Direction le centre de soins à quelques kilomètres de là. Laetitia Jochaud en est la gestionnaire : « Là, depuis le 1er juillet, on a récupéré 300 animaux. Sur les 300, il y a 100 oiseaux qui arrivent du lac de Grand-Lieu, justement suite à la crise du botulisme. » Il faut aller vite : pendant le trajet, plusieurs goélands ont succombé. Christophe décharge le cygne qui est encore vivant : « C'est la première fois qu'on en a un », précise Laetitia Jochaud. Il est placé dans une zone de quarantaine avec les autres volatiles atteints du botulisme. Il faut y chuchoter, pour ne pas déranger les convalescents. « Quand les animaux arrivent, on le sonder. Ils sont installés au chaud, dans un carton bien matelassé, et on va les sonder. C'est-à-dire les gaver, les forcer à manger quatre fois par jour. En fait, on nourrit, on hydrate, on nourrit, on hydrate », raconte la gestionnaire du centre de soins. Avec ces soins, les oiseaux ont seulement une chance sur deux de s'en tirer. Une cinquantaine de pensionnaires ont malgré tout été sauvés depuis le début de l'été. À l'avenir, de nouvelles épidémies sont à redouter : le changement climatique favorise le réchauffement de l'eau du lac, et donc la prolifération de la bactérie responsable du botulisme. À lire aussiPeste porcine africaine: cauchemar à la frontière franco-belge

Depuis deux mois, la consommation de l'eau du robinet est interdite dans une vingtaine de communes de la Meuse et des Ardennes, dans le nord-est de la France, en raison d'une pollution record aux PFAS, les « polluants éternels ». Les habitants s'inquiètent des conséquences pour leur santé et les élus locaux se disent démunis. Dans le garage de Marion, habitante de Malandry (Ardennes) depuis 17 ans, quatre packs d'eau ont trouvé place sur une étagère. « Il faut que j'aille en racheter, car je n'ai plus de stock », remarque cette assistante familiale. C'est devenu une habitude depuis deux mois : privée d'une consommation d'eau courante, elle se rend chaque semaine au supermarché pour acheter de l'eau en bouteille. « Je n'ai pas le choix, d'autant que j'accueille de très jeunes enfants. Il est hors de question que je leur fasse consommer l'eau du robinet », poursuit-elle. Depuis le 5 juillet dans la Meuse, et le 10 juillet dans les Ardennes, la consommation de l'eau du robinet est interdite par les préfectures pour 3 500 habitants résidant dans une vingtaine de communes en raison d'une contamination aux PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) dans des proportions jamais atteintes en France jusqu'à présent. Dans une enquête publiée en juillet par Disclose et France 3, deux médias à l'origine des révélations, on apprend que les taux mesurés dans ces communes sont de trois à 27 fois supérieurs à la limite définie par les autorités sanitaires, fixée à 100 nanogrammes par litre pour la somme de 20 PFAS jugés préoccupants par l'Union européenne. Ces PFAS, aussi appelés « polluants éternels », sont des molécules synthétiques réputées indestructibles dans l'environnement et l'organisme. Risques cardio-vasculaires, cancers, baisse de la fertilité... Leur toxicité pour l'homme est de plus en plus documentée. À lire aussiComment les PFAS, « polluants éternels », ont contaminé le monde? « Est-ce que ça va aggraver sa maladie ? » « Lorsque l'on fait le choix de vivre à la campagne, on s'attend à avoir un cadre de vie de qualité et on se rend compte que ce n'est pas le cas », se désole Annick, une autre résidente de Malandry. Comme elle, Aurore, qui vit à quelques pâtés de maisons, n'avait jamais entendu parler des PFAS avant que l'affaire éclate. Cette mère de quatre enfants confie son inquiétude quant aux répercussions sanitaires de cette pollution, notamment pour son mari atteint d'une maladie génétique : « Du fait de cette maladie, il peut plus facilement attraper des tumeurs aux reins et à la mâchoire. Il a toujours bu l'eau du robinet. Est-ce que ça va aggraver sa maladie génétique ? On ne sait pas. » « Comment ces toutes petites communes rurales peuvent-elles être impactées comme des sites industriels ? », se lamente Annick Dufils. Dans sa commune, la maire de Malandry a enregistré une contamination trois plus élevée que la limite fixée par les autorités sanitaires. Pourtant, aucune usine n'est visible à l'horizon depuis les hauts plateaux du village. Au contraire, celui-ci est entouré de bois et de champs de maïs. L'origine de la pollution n'a pas encore été déterminée avec certitude. Mais les soupçons des élus locaux, comme des préfectures, portent sur l'ancienne papeterie Stenpa, située à Stenay, à 15 kilomètres de Malandry, dans le département de la Meuse. Celle-ci a fermé fin 2024, laissant une bonne centaine de salariés sur le carreau. Lorsqu'elle était encore en activité, cette usine rejetait des boues industrielles contaminées aux PFAS. Ces mêmes boues ont ensuite été transportées puis épandues sur les parcelles agricoles des alentours, en raison de leurs propriétés fertilisantes. Selon les élus des villages pollués, ces épandages auraient débuté en 1995. Annick Dufils et Richard Philbiche, maire de Villy, commune voisine contaminée, ont retrouvé le plan d'épandage pour la période 2000-2013. Au total, 23 000 tonnes de boues industrielles devaient être déversées sur les terres agricoles à Villy et dans la commune voisine d'Olizy-sur-Chiers, « avec une limite fixée à 30 tonnes par hectares tous les trois ans », précise Richard Philbiche. L'élu nous tend une photographie satellite d'une parcelle agricole située à proximité des captages de Malandry et Villy, prise le 20 juin 2000 : « Les petits points blancs que vous voyez, ce sont les tas de boues. Il y en a pour 1 500 tonnes. Or, la parcelle fait une dizaine d'hectares. Avec une limite fixée à 30 tonnes par hectares, elle ne pouvait en accueillir que 300. Où sont passés les 1 200 tonnes restants ? » Les deux édiles soupçonnent un enfouissement qui aurait contaminé les captages d'eau potable de leurs communes par ruissellement. À lire aussiPFAS : peut-on se débarrasser des polluants éternels ? « On se repose sur les maires pour gérer la situation » Annick Dufils ne décolère pas : « J'ai été sidérée d'apprendre la pollution, d'autant que jusqu'alors, les rapports annuels de l'eau étaient excellents. » L'édile de Malandry a été informée de la pollution dans sa commune le 19 mai 2025 à la suite d'une analyse effectuée par l'Agence régionale de santé de la région Grand-Est. Quelques jours plus tard, à l'occasion d'une réunion sur le sujet organisée par la sous-préfète, l'élue est tombée des nues : « On se rend compte que des PFAS sont détectés dans nos eaux par les autorités sanitaires depuis 2016 ! » Dans une foire aux questions sur leurs sites internet, les préfectures de la Meuse et des Ardennes répondent que l'Agence régionale de santé du Grand-Est a mené en 2023 et 2024 « des campagnes d'analyse exploratoire » des PFAS dans l'eau potable, que des analyses réalisées sur la commune de Villy fin 2024 ont révélé la présence de PFAS dans l'eau distribuée, et que des « investigations complémentaires » ont été menées en 2024 et 2025, mais que ce n'est qu'en 2025 que le suivi des 20 PFAS jugés les plus préoccupants a été intégré aux contrôles sanitaires. Une réponse loin de satisfaire Annick Dufils : « On nous a caché cette pollution ! », s'insurge la maire de Malandry, qui assure, à titre personnel, avoir « perdu confiance » dans les autorités sanitaires. Une prise de position renforcée par le sentiment d'abandon qui envahit ces élus locaux depuis l'éclatement de l'affaire. « Les autorités se reposent sur nous pour gérer le problème, alors que nous n'y sommes pour rien. Mais on est totalement démunis », se lamente Richard Philbiche. Le maire de Villy et sa consœur de Malandry ont l'obligation légale de fournir de l'eau en bouteille aux habitants. La méthode choisie est celle du virement bancaire aux administrés, leur permettant de rembourser l'équivalent de deux litres d'eau par jour et par habitant pour une durée de six mois. Pour une commune comme Malandry, cela représente un coût estimé à 3 500 euros sur un budget de fonctionnement à l'année de 200 000 euros. « C'est une dépense pharamineuse qui n'a pas été anticipée dans nos budgets prévisionnels. Il y a des choses que l'on ne fera pas dans la commune, car il faudra financer l'achat de l'eau », prévient Annick Dufils. L'édile a sollicité une aide financière de l'État, sans succès. « La recommandation des autorités, c'est de dire ''augmentez le prix de l'eau''. Mais nos administrés ne vont pas payer plus cher une eau qu'ils ne peuvent plus consommer ! », s'emporte Annick Dufils. D'autres solutions sont possibles, du moins sur le papier : trouver un autre captage d'eau potable ou se raccorder à une commune voisine non contaminée. Mais les travaux seraient onéreux et impossibles à assumer financièrement pour ces petites communes. Le 21 juillet, deux stations de filtrage au charbon actif ont été installées dans les châteaux d'eau de Malandry et Haraucourt, situés à une trentaine de kilomètres, pour un coût de 20 000 euros chacune, à la charge des communes. Objectif : dépolluer les eaux en retenant les PFAS. Les premiers résultats sont encourageants. Mais combien de temps le charbon reste-t-il actif ? Faudra-t-il le remplacer à court terme ? Des interrogations demeurent. Pour l'heure, ces élus ne peuvent compter que sur eux-mêmes. « On est solidaires entre maires concernés par cette pollution », confie Richard Philbiche, le maire de Villy. Avec Annick Dufils, ils envisagent de déposer plainte contre X prochainement. À lire aussiUne étude révèle la présence de PFAS dans les produits d'hygiène menstruelle réutilisables

La Sécurité sociale alimentaire est une initiative qui gagne du terrain en France. Elle fonctionne sur le modèle de la Sécurité sociale : chacun y contribue selon ses moyens et en bénéficie selon ses besoins. Face au réchauffement climatique et aux inégalités d'accès à une alimentation saine et durable, la Sécurité sociale alimentaire convainc de plus en plus. Reportage dans le XXᵉ arrondissement de Paris, un des quartiers de la capitale où subsiste une mixité sociale importante. Sac en papier kraft à la main, Pierre fait ses courses dans un supermarché bio du XXᵉ arrondissement de Paris. Ce jour-là, il n'a pris que des fruits et légumes frais. À la caisse, il paye via une application sur laquelle son compte est crédité chaque mois de 175 euros pour faire ses courses dans des magasins conventionnés. « J'ai 61 ans. [Actuellement] j'ai des petits boulots, mais [avant] j'ai travaillé pendant 30 ans dans le dessin animé », raconte-t-il. Depuis quelques mois, lui et sa compagne participent à une expérimentation dans leur arrondissement : la caisse alimentaire solidaire, qui suit les principes de la Sécurité sociale de l'alimentation. Ce n'est pas de l'aide alimentaire d'urgence, c'est un projet plus ambitieux et de long terme. Chacun cotise en fonction de ses revenus et reçoit en fonction de ses besoins, selon une grille progressive que nous montre Pierre : « Voilà, les grilles sont là. On fait le calcul selon le revenu net mensuel des deux personnes et on a une cotisation qui correspond à ce revenu. Je paye moins cher mes légumes pour l'instant grâce à cette cotisation. » Chaque cas est différent. Certains cotisent plus qu'ils ne reçoivent. D'autres reçoivent autant qu'ils cotisent. Pierre et sa compagne, eux, cotisent 60 euros. Et ils reçoivent donc 175 euros à dépenser dans des magasins bio sélectionnés à l'avance, collectivement, par un comité citoyen dont Pierre fait partie depuis un an : « J'étais intéressé par la démarche démocratique d'abord. Et tout ce qui en découle : le mieux vivre, le mieux manger, participer à cette expérimentation... » À lire aussiFace au changement climatique, les prix de l'alimentation s'envolent dans le monde Aujourd'hui, 100 foyers de cet arrondissement participent et cotisent. Depuis le Covid-19, l'idée d'une Sécurité sociale de l'alimentation a germé en France et s'est concrétisée dans une trentaine de villes comme Montpellier, Bordeaux ou encore Toulouse. Dans le XXᵉ arrondissement de Paris, l'expérimentation est soutenue par la mairie et par l'État, qui ont apporté 200 000 euros en tout cette année. Et le projet est porté par l'association Vivres, créée pour l'occasion par le comité citoyen et les adhérents. « C'est un projet qui va au-delà de donner l'accès à l'alimentation de qualité : cela vise aussi à transformer la production agricole. Oui, on parait être de doux rêveurs un peu cinglés... Évidemment que le projet, avant d'être abouti, semble très difficile et hors d'atteinte. Mais le projet de Sécurité sociale alimentaire vise à être étendu en France, partout, et à être aussi universel que la Sécurité sociale de la santé », explique Catherine Thomas, sa co-présidente. L'expérimentation doit s'ouvrir à de nouveaux cotisants l'an prochain. Une proposition de loi pour instaurer une Sécurité sociale de l'alimentation à l'échelle nationale a été présentée par les écologistes en début d'année, mais n'a pas pu être examinée. En pleine période de crise budgétaire, le ministre de la Santé, Yannick Neudera, a estimé que l'initiative était difficilement soutenable financièrement. À lire aussiComment rendre l'alimentation saine et durable ?
