Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats. Retrouvez les sujets traités par cette émission sur RFI SAVOIRS = http://savoirs.rfi.fr/
Une première journée sous haute tension pour le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu nommé mardi soir. Car c'est une journée de mobilisation partout en France ce mercredi. « Bloquons tout », c'est le nom de ce mouvement multiforme qui s'est structuré en dehors des partis politiques et des syndicats : il est né de manière spontanée sur les réseaux sociaux. Point commun chez les personnes mobilisées : une forte colère sociale. Des grèves, blocages et manifestations sont attendus partout dans le pays. Et parmi les protestataires, on retrouve des « Gilets jaunes », du nom de cette mobilisation citoyenne lancée en 2018 et qui s'est ensuite essoufflée. Cette nouvelle sociale leur redonne l'espoir de changements profonds. Certains s'organisaient dès hier soir. Reportage à Saint-Brice-Sous-Forêt, au nord de Paris. À écouter aussiEn France, la colère sociale monte avant la chute probable du gouvernement Bayrou
194 votes pour… 364 contre. À une large majorité, les députés français n'ont pas approuvé la déclaration de politique générale de François Bayrou, le Premier ministre français est renversé. Emmanuel Macron dit « prendre acte » et indique qu'un nouveau chef du gouvernement sera nommé « dans les prochains jours ». Cette censure du gouvernement a été célébrée par les opposants du Premier ministre : des Français qui se sont donnés rendez-vous, lundi soir, devant plusieurs mairies de l'Hexagone. Objectif : saluer le départ du Premier ministre et préparer la journée de mobilisation nationale prévue le 10 septembre. Reportage à Paris où 200 personnes étaient rassemblées devant la mairie du XIXe arrondissement de la capitale. À lire aussiFrance : le gouvernement Bayrou renversé après le rejet du vote de confiance de l'Assemblée nationale
La situation sociale se tend alors que la chute du gouvernement de François Bayrou semble désormais inévitable. Le mercredi 3 septembre, une centaine de personnes se sont rassemblées en assemblée générale sur l'esplanade de la Place des Fêtes, dans le nord-est parisien, pour préparer le mouvement social du 10 septembre. Parmi la centaine de personnes qui se sont rassemblées sur l'esplanade de la Place des Fêtes, un quartier populaire de Paris, beaucoup de jeunes trentenaires, ainsi que quelques curieux du quartier. Camille, présente sur les lieux, exprime ses attentes avec ferveur. « J'attends beaucoup de tout ce qui va s'organiser à partir du 10 septembre comme rassemblements. Parce que, au-delà de ce qui se passe en politique, de la question des salaires qui sont gelés, des augmentations et du sujet des aides, c'est surtout par rapport aux jeunes et à l'emploi. Le sujet de l'accessibilité à l'emploi est très important. Il y a beaucoup de personnes qui se voient refuser des emplois par rapport à leur âge, leur orientation, leur ethnie, leur origine sociale. Tout le monde devrait avoir sa chance. C'est important de se battre pour l'avenir, de ne pas laisser faire, d'être là et de dire que le peuple peut faire valoir sa voix dans notre pays. On est un pays qui est une démocratie. On a acquis des droits par la force du peuple. On est en 2025. Ce qu'on lit dans les livres d'histoire, on peut le refaire pour faire valoir ce qu'on mérite », détaille-t-elle avec passion. « Envoyer un message le 10 septembre » La réunion commence dans une ambiance tendue. Un photographe est prié de quitter les lieux, ce qui déclenche une discussion sur la présence des journalistes. Simon assiste à la scène de loin. « On sent une énergie. On sent qu'on est un peu énervé. C'est intéressant de se rassembler, de s'écouter et de penser à ce qu'on peut faire pour envoyer un message le 10 septembre prochain. Il y a quelque chose qui paraît déconnecté et qui nécessite qu'on rappelle qu'il y a des gens qui sont mobilisés pour ne pas laisser tomber », explique-t-il. Interrogé sur la chute probable du gouvernement de François Bayrou, ce lundi, Simon reste sceptique. « C'est une très bonne question. Je ne sais pas du tout. Je ne sais pas si cela va soulever encore plus ou finalement un peu amoindrir l'élan actuel. Mais il est probable, malheureusement, que ce soit Macron ou le prochain gouvernement, que cela ne change pas grand-chose sur le fond des choses. Donc cela m'étonnerait que cela s'essouffle complètement », estime-t-il. Alors que les débats se poursuivent sur les actions à mener le 10 septembre à Paris, Lila, une habitante du quartier, a tenu à être présente. « Les gens n'en peuvent plus, ils ne supportent plus cette vie. Vous voyez des étudiants en train de faire la queue pour manger au Secours catholique. Ils disent que les étudiants sont aidés, qu'il y a suffisamment d'aides pour la jeunesse. Mais il n'y a rien pour la jeunesse », déplore-t-elle. Au terme de deux heures de débats, il est décidé de bloquer plusieurs portes du périphérique parisien mercredi. Il s'agit surtout de marquer les esprits avec l'intention affichée d'inscrire le mouvement dans la durée. À lire aussiFrance: face à la précarité alimentaire, un nouveau modèle solidaire en expérimentation
Kiléma est une maison d'édition singulière. Née à l'initiative de l'ancienne traductrice Cécile Arnoult, elle publie des succès de librairie en FALC, en français « facile à lire et à comprendre », une méthode qui permet aux personnes porteuses d'un handicap mental, comme la trisomie 21, de ne plus être exclues de la culture commune. Le catalogue Kilema compte des grands classiques, mais aussi des romans contemporains. Dernière parution en ce début septembre : Le roi soleil de Julie Rosiaux. ► Les Éditions Kiléma seront présentes les 6, 7, 8 et 9 septembre 2025 à Lisons libre !, le salon de l'édition indépendante qui se tient à Paris.
Que va-t-il se passer le 10 septembre ? Le suspens grandit à mesure que la date approche. Depuis plus de deux mois, des appels à bloquer le pays circulent sur les réseaux sociaux. Ils sont particulièrement relayés depuis l'annonce, en juillet, de coupes budgétaires par François Bayrou, le Premier ministre, et la suppression de deux jours fériés. Des boucles Telegram réunissent des milliers de personnes, aux profils et attentes très divers. Mais avec un objectif commun : faire tomber le gouvernement Bayrou et la présidence Macron. Ce mouvement qui se veut apolitique a néanmoins attiré l'attention des partis de gauche et reçu au moins le soutien de la France Insoumise. Les syndicats CGT et FO ont décidé de soutenir le mouvement, en déposant des préavis de grève. Mouvement diffus et imprévisible Mais il est encore très difficile de savoir quelle ampleur prendra la mobilisation, pour une raison évidente ; ce mouvement se veut citoyen et spontané, donc sans organiseurs ni hiérarchie. Tout est censé être décidé de façon horizontale, que ce soient les revendications ou les actions à mener. Nos confrères de la radio publique France Info ont pu consulter une note des renseignements généraux. Elle souligne l'absence de coordination structurée, et donc le caractère diffus et imprévisible de ce mouvement. Les renseignements généraux tablent sur une quarantaine d'actions, sous forme de manifestations, de rassemblements, d'actions de blocage, voire de sabotages. Une contestation qui devrait toucher tout le territoire et potentiellement réunir 100 000 personnes. Des sympathisants jeunes et politisés La Fondation Jean Jaurès, elle, s'est déjà penchée sur le profil des personnes séduites par ce mouvement de blocage. Le laboratoire de recherche et d'analyse politique a été particulièrement rapide à se pencher sur le sujet. Ses analystes ont questionné régulièrement, durant le mois d'août, les membres des boucles Telegram et Facebook. Si les premiers appels au blocage ont été lancés par un collectif assez confidentiel, complotiste et souverainiste, le mot d'ordre a rapidement été récupéré par des sympathisants de la gauche radicale. Il y a une dizaine de jours, 69 % d'entre eux déclaraient avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon, de la France Insoumise au premier tour de la présidentielle en 2022. Et une majorité s'était abstenue ou avait voté blanc au second tour qui a abouti à la victoire d'Emmanuel Macron. C'est en consultant des canaux de gauche et d'ultra-gauche, sur les réseaux sociaux, que Lucie, une parisienne de 53 ans, a découvert l'appel au blocage il y a deux mois. Cette habituée des manifs a tout de suite été séduite. « Je me suis dit, enfin ! Enfin, on se réveille, enfin on réagit à une politique injuste, se réjouit-elle. Ça donne de l'espoir que le peuple se réveille et que la lutte des classes reprenne. »L'enseignante dénonce la politique du gouvernement, la domination de la bourgeoisie et un écueil qu'elle connait d'autant mieux qu'elle travaille dans un collège public, la « casse du service public ». « Le service public, c'est la richesse des plus démunis, explique-t-elle. Et on se rend compte que le pays ne fonctionne plus ». Lucie n'a rejoint aucune boucle Telegram et n'en a pas besoin pour savoir que mercredi prochain elle fera grève et sortira surement dans la rue. Comparaison au mouvement des gilets jaunes La Fondation Jean Jaurès a comparé le mouvement « Bloquons tout » à celui des gilets jaunes qui, il y a sept ans, a réuni tous les samedis, sur des ronds-points de zones périurbaines et rurales, des Français en colère contre le gouvernement. Les sympathisants de « Bloquons tout » sont plus politisés, plus jeunes que les gilets jaunes, et leurs catégories socio-professionnelles sont plus diverses, quand la mobilisation des gilets jaunes reposait sur des problématiques principalement de précarité économique et rassemblait des novices en matière de manifestation. Mais l'objectif final reste le même, pour Arnaud, gilet jaune de la première heure à Sarrebourg, dans le Nord-est du pays. Ce quinquagénaire n'a jamais cessé de manifester contre le régime, depuis 2018. À l'essoufflement du mouvement qu'il avait rejoint à l'occasion d'un passage en voiture sur un rond-point de sa commune, Arnaud a créé sa propre association, pour pouvoir déposer en préfecture des demandes de rassemblements. Mais tous les quinze jours, ils ne sont plus qu'une vingtaine à se mobiliser. L'appel au blocage du 10 septembre a donc relancé son espoir de « finir le travail ». « Si on est suffisamment nombreux cette fois-ci, peut-être qu'enfin Macron pourra tomber, explique-t-il. Notre espoir, c'est que les jeunes générations ou d'autres personnes comprennent enfin que le gouvernement Macron-Bayrou est en train de nous écraser. » Des revendications très à gauche Mais l'évolution des revendications, depuis l'apparition du mot d'ordre sur les réseaux sociaux, a quelque peu douché son enthousiasme. « Ça a effectivement commencé avec des gens souverainistes, globalement de droite, précise-t-il. Mais à force, la priorité a été donnée à certaines causes particulières à l'extrême gauche. Elles ne sont pas toutes mauvaises d'un point de vue social. » Arnaud, qui se fait appeler « Gueux mécontent » sur les réseaux sociaux, regrette qu'il ne soit pas question d'immigration ou encore de sortie de l'Union européenne, sur les boucles Telegram et dans les Assemblées générales. Mais il se mobilisera tout de même le 10 septembre, car ce qui lui importe, c'est d'obtenir la plus forte mobilisation. À l'autre bout du spectre politique, Lucie, l'enseignante parisienne, approuve. « J'ai tendance à dire que oui, effectivement, plus on est nombreux et mieux ce sera, souligne-t-elle. À un moment, il faut renverser la table même si tout le monde ne la renverse pas pour les mêmes raisons. » Méfiance envers les journalistes Le mouvement « Bloquons tout » et celui des gilets jaunes présentent un autre point commun, qui ne facilite pas l'appréhension de la mobilisation de ce mercredi 10 septembre ; la méfiance envers les journalistes. Elle est extrêmement marquée sur les boucles Telegram que la rédaction de RFI à chercher à rejoindre pour obtenir des témoignages. Les portes se ferment aussitôt. Les journalistes y sont considérés comme une des sources du problème. Ils sont accusés soit de promouvoir des idées d'extrême droite, soit d'être à la solde du gouvernement. Très rares sont les membres de ces boucles qui ont accepté d'échanger avec RFI, et lorsqu'ils l'ont fait, c'était en message privé, de façon anonyme et uniquement en leur nom. À lire aussi«10 septembre»: des réseaux sociaux aux actions, regards croisés sur un mouvement en gestation
En France, un quart des jeunes serait en dépression, selon un sondage réalisé par trois instituts, dans une enquête auprès de 5 600 personnes de 15 à 29 ans. Les réponses publiques face à ce mal-être sont pointées du doigt par de nombreux jeunes, qui critiquent des dispositifs « peu lisibles ». Face à cette souffrance psychique, ils sont de plus en plus nombreux à se tourner non pas vers des professionnels mais vers l'intelligence artificielle. Une tendance qui inquiète les experts en santé mentale. « Bonjour, en quoi puis-je vous aider ? » : à cette fameuse question qui débute les conversations avec ChatGPT, les réponses les plus fréquentes selon une étude de la Harvard Business Review sont : « Je me sens dépassé », « j'ai peur de l'avenir » ou encore « je n'arrive plus à dormir ». C'est justement parce qu'elle n'arrivait pas à dormir que Thérésa a commencé à se confier à l'IA générative. La jeune femme de 20 ans préfère le robot à un avis médical : « Je me suis déjà dit que je pourrais voir un psy, mais en même temps, je n'en ai pas tant besoin. J'ai posé la question à 3h du matin, j'avais envie d'avoir mes réponses maintenant et de ne pas dormir dessus, trop réfléchir... Je n'ai pas besoin de trouver le bon psy qui me corresponde, ni de payer pour le coup. » Quand une séance chez le psy coûte en moyenne 70€, parler à une IA générative est gratuit. Enfin, sauf si comme Sophia, on passe le cap et on décide de payer la version premium de ChatGPT à 20€ par mois. L'Américaine est arrivée en France il y a un an, pour suivre des études dans la mode. Elle a commencé à considérer ChatGPT comme un confident à la même époque : « Ça devient vraiment compliqué de faire la différence entre un ami ou un robot. Quand tu lui parles, ça paraît tellement réel, et il ne te rappelle jamais le fait qu'il est un simple robot. ChatGPT va toujours être de ton côté. C'est réconfortant, quoi que tu dises, il répond toujours "oui, je suis d'accord avec toi". » À lire aussiQuand l'IA nous manipule : comment réguler les pratiques qui malmènent notre libre arbitre ? « La machine [...] ne suffit pas à développer une thérapie » Des garde-fous ont été mis en place par OpenAI pour sensibiliser les utilisateurs quand leurs confessions deviennent trop importantes. Mais si la conversation dure longtemps ou que les mots clés n'apparaissent pas, l'intelligence artificielle (IA) n'affiche pas les messages de prévention ni les numéros d'urgence. Même si la société de Sam Altman améliore la gestion de ChatGPT, pour Sébastien Garnero, psychologue parisien, l'IA ne peut pas remplacer un thérapeute. Il a déjà eu affaire à des patients qui avaient utilisé ChatGPT comme psychologue : « Ils arrivent en bout de courses, presque trop tard parfois par rapport à leur pathologie. Ils se sont confiés pendant trois à six mois a cette IA, pensant que ça allait les aider. Finalement, ils sont dans une dépression grave, un trouble anxieux généralisé ou des attaques paniques... C'est à ce moment-là qu'ils se rendent bien compte que la machine, même si elle leur propose des exercices, ne suffit pas à développer une thérapie, un programme des soins. » Il existe tout de même des alternatives à ChatGPT, pour pouvoir se confier à tout moment, comme Owlie, un agent conversationnel crée par des psychologues français. À lire aussiIA : les « agents conversationnels », perturbateurs et partenaires d'une société en mutation
L'été touche à sa fin en France et certaines villes assaillies durant deux mois par les touristes retrouvent leur calme habituel. Un peu trop peut-être. En cause : le nombre de résidences secondaires qui restent vides une grande partie de l'année. Certaines villes cherchent à limiter ce phénomène. La loi Echaniz-Le Meur, votée l'an dernier pour « réguler les locations saisonnières », leur permet d'interdire la construction de nouvelles maisons de vacances sous certaines conditions. Exemple en Bretagne, dans l'ouest de la France, à Saint-Malo et à Cancale, où la mairie vient de voter cette interdiction. Le petit train traverse la foule sur les pavés de Saint-Malo, vers la plage. Dans la vieille ville, face à la Manche, 30 % des logements ont été proposés sur des sites comme Airbnb. Des lieux vides en dehors des vacances. « Sur le front de mer, voir tous les volets fermés pendant de longs mois, c'est toujours un petit peu désolant », regrette Olivier, retraité. Au fil des ans, il a vu la demande de maisons de vacances faire grimper les prix d'achat des appartements : « Il faut être quasiment retraité pour avoir les moyens de venir se loger à Saint-Malo et on sera pas forcément dans la première partie de la ville. » Un prix trop cher pour les jeunes actifs. Certains, pour acheter, s'éloignent de la ville ou la quittent. Une situation à laquelle les élus locaux ne veulent pas se résigner. Le maire de Saint-Malo Gilles Lurton compte faire voter, en novembre, l'interdiction de construire des résidences secondaires dans plusieurs zones de sa commune. En tout, il veut faire sortir de terre 3 000 nouvelles habitations, et en réserver les deux tiers à des personnes qui veulent y vivre à l'année. « En résidence secondaire, nous sommes passés d'un taux de 21 % en 2021 à un taux de 26 % en 2025. Et ça, c'est une croissance qu'il faut qu'on arrive à endiguer. J'ai un chef d'entreprise qui veut rapatrier 200 salariés à Saint-Malo. Aujourd'hui, il est totalement incapable de les loger. Donc, il va falloir qu'on trouve les solutions », explique le maire. À lire aussiAirbnb face aux grandes villes, vers la fin des locations touristiques incontrôlées? Pour lui, l'aide de l'État est vitale, avant que la situation ne s'aggrave : « Ce n'est pas Saint-Malo, c'est le pays tout entier qui est concerné. Les politiques de logement, à mon avis, ont été abandonnées par l'État, pour des raisons de moyens, et vraiment, on va sur une crise à mon avis qui est beaucoup plus importante que celle qu'on connaît actuellement. » C'est le cas de Cancale, à 15 kilomètres, où la crise du logement impacte les commerçants. Mimia Peard tient depuis 35 ans le restaurant « À Contre Courant ». « Le premier appartement qui se libère, c'est 20, 30 personnes qui sont devant la porte pour attendre pour visiter l'appartement. Donc forcément, le propriétaire, il peut augmenter les tarifs. Pour pouvoir trouver du personnel compétent, il nous faut du logement, parce qu'ils ne peuvent pas faire un essai en prenant un appartement pour trois mois. » Ici, la part des résidences secondaires est de 41 %. Le maire vient de faire voter l'interdiction d'en construire de nouvelles. Une solution efficace, mais tardive et incomplète, selon le journaliste Benjamin Keltz. Après deux ans d'enquête, il a écrit à ce sujet le livre Bretagne secondaire. « Maintenant, il faut permettre aussi une mixité dans le profil des habitants à l'année. La plupart des nouveaux habitants aujourd'hui sur les littoraux, cela reste des retraités. Une des problématiques, c'est qu'ils vieillissent, donc on va avoir une bombe sociale possiblement en puissance : c'est que si on a des gens qui viennent vieillir sur les littoraux, mais qu'on n'a pas les petites mains pour pouvoir les accompagner dans leur vieillissement, ça va créer des tensions qui vont être énormes à l'avenir », analyse Benjamin Keltz. Il propose donc d'autres leviers d'actions, comme le viager public : une mairie rachète progressivement un logement. Une fois le vendeur décédé, la mairie peut ensuite revendre le bien, en exigeant qu'il devienne une résidence principale. À lire aussiEspagne: importantes manifestations contre la hausse des loyers et le manque de logements
Lundi 1er septembre, premier jour d'école pour les collégiens et lycéens en France. Des dizaines de mineurs non accompagnés, jeunes étrangers arrivés seuls sur le territoire français, feront, eux aussi, leur rentrée. Au terme d'un véritable parcours du combattant. Test de niveaux obligatoire, dématérialisation des inscriptions, autant de verrous administratifs difficiles à surmonter pour un adolescent. Si certains sont pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance qui s'occupe des démarches, ils sont plusieurs centaines en région parisienne à être livrés à eux-mêmes en attendant que l'État reconnaisse officiellement leur minorité. Mais même dans ce cas, ces jeunes ont le droit d'être scolarisés. À condition de savoir comment s'y prendre. Devant une salle comble, Frédérique, enseignante engagée auprès des mineurs isolés, tente de répondre à une question qui revient régulièrement : comment faire pour s'inscrire à l'école en France ? Mamadou en sait quelque chose. À son arrivée en France il y a huit mois, cet adolescent était livré à lui-même : « Quand je suis venu, je ne savais pas si on pouvait aller à l'école. Les associations ne peuvent pas t'inscrire à l'école, tout ce qu'ils peuvent faire, c'est de te donner une tente, c'est de te montrer où aller, où s'alimenter. » C'est en rejoignant le Collectif des jeunes du parc de Belleville, un réseau de solidarité créé par ces mineurs isolés, qu'il finit par s'inscrire au test Casnav : une évaluation de niveau organisée par le rectorat. Problème : décrocher ce rendez-vous relève presque de l'impossible. « J'ai galéré avant d'avoir un rendez-vous, j'ai attendu trois mois. [...] Il faut être rapide, raconte Mamadou. En un clin d'œil, si tu ne cliques pas le rendez-vous. Si tu n'arrives pas à réserver un rendez-vous, on te donne un créneau de 10 minutes et si tu n'arrives pas à remplir tous les champs qui sont obligatoires. Il y a certaines personnes qui n'ont pas de téléphone, qui dorment dehors, alors tu ne peux pas avoir accès au site. Il n'y a pas assez de rendez-vous par jour. Il peut y avoir maximum cinq rendez-vous pour 400 jeunes. Pour nous, c'est peu. » À lire aussiEmission spéciale avec des élèves du Lycée Bartholdi (Rediffusion) L'une des revendications du collectif : un guichet physique pour les inscriptions à l'école. À deux semaines de la rentrée, 67 jeunes évalués étaient toujours en attente de l'affectation dans un établissement. Et le parcours du combattant continue même après l'inscription. Un exemple : à Paris, la carte de transport Pass Navigo est remboursée à 100 % pour les lycéens, à condition d'en faire la demande. Une démarche administrative pas toujours accessible pour un mineur isolé. « Sans Pass Navigo, tu arrives en retard et tu ne peux pas suivre le cours. Certaines écoles un peu sympas aident les jeunes à avoir un Pass Navigo, qui les hébergent. Mais nous voulons que le rectorat ooul'État prennent ses responsabilités. », explique Mamadou. Depuis la création du collectif, il y a deux ans, les lignes ont donc légèrement bougé. Mais les revendications sont encore nombreuses, avec en tête la dématérialisation de la scolarisation et des places dans les classes pour tous les jeunes. À lire aussiFrance: les droits des mineurs isolés inégalement appliqués sur le territoire
C'est l'un des événements les plus attendus par les passionnés de course en montagne : l'Ultra Trail du Mont Blanc. Parti de Chamonix le 25 août, ce rendez-vous annuel réunit des milliers de coureurs venus du monde entier, prêts à affronter les sentiers techniques et les pentes vertigineuses des Alpes. Mais le trail, ce n'est pas seulement une course, c'est aussi un véritable engouement : en 2024, la Fédération française d'athlétisme a recensé plus d'un million d'inscriptions à des courses de trail. C'est 18 % de plus qu'en 2023. Pour être prêts le jour J, l'entraînement est essentiel. Comme pour ces coureurs, débutants ou confirmés, qui s'entraînent chaque semaine dans la forêt de Fontainebleau, en région parisienne. De notre envoyée spéciale à Fontainebleau, À lire aussiEn France, le trail attire de plus en plus les amateurs de course à pied
Depuis le début de l'été, une sévère épidémie de botulisme touche les oiseaux du département de la Loire-Atlantique, dans l'ouest de la France. Le botulisme est une maladie paralysante grave qui prolifère dans la vase et les eaux peu profondes, contaminant les oiseaux qui viennent s'y nourrir. Dopée par les fortes chaleurs, la bactérie responsable de la maladie a causé la mort de plus de 8 000 volatiles dans ce département. Avec ses centaines d'hectares de surface et sa profondeur moyenne de 1,60m en été, le lac de Grand-Lieu est devenu un épicentre de la contagion. Sur le lac de Grand-Lieu, règne un calme inhabituel. D'habitude on y entend les cris des canards, des aigrettes et autres hérons. Aujourd'hui, ils sont remplacés par le bruit de pas des chasseurs dans l'eau. Ils ne sont pas venus profiter de l'ouverture de la chasse, et pour cause : ils viennent ramasser les cadavres des oiseaux morts du botulisme qui jonchent les rives. Christophe Sorin travaille à la fédération de chasse de Loire-Atlantique, qui gère une partie du lac. Il donne les instructions à Riwan et à son fils Léo, venu lui donner un coup de main : « On prend des râteaux. On met jamais la main dessus, on reste toujours à un mètre du cadavre. Avec un sac poubelle, il n'y a pas de contact. » Leur objectif : ramasser les oiseaux morts au plus vite pour éviter la propagation de la maladie. « Si le canard a consommé des spores botuliques, il meurt au bout de cinq, six jours. Les mouches viennent pondre dessus. Trois jours après, il y a des asticots. Un asticot concentre cent fois la toxine botulique. Un autre oiseau qui vient manger deux asticots est mort dans les minutes qui suivent. Après, c'est exponentiel », explique Christophe Sorin. À lire aussiMadagascar: les autorités sous pression après la série d'intoxications alimentaires mortelles Cette année, les fortes températures ont fait exploser l'épidémie : 8 000 oiseaux sont morts dans le département, dont 4 000 sur le seul lac de Grand-Lieu. Même si le pic est passé, une dizaine de cadavres sont ramassés aujourd'hui. Tous n'ont cependant pas encore succombé. Quelques goélands et un cygne sont repêchés, mal en point mais bel et bien vivants. Direction le centre de soins à quelques kilomètres de là. Laetitia Jochaud en est la gestionnaire : « Là, depuis le 1er juillet, on a récupéré 300 animaux. Sur les 300, il y a 100 oiseaux qui arrivent du lac de Grand-Lieu, justement suite à la crise du botulisme. » Il faut aller vite : pendant le trajet, plusieurs goélands ont succombé. Christophe décharge le cygne qui est encore vivant : « C'est la première fois qu'on en a un », précise Laetitia Jochaud. Il est placé dans une zone de quarantaine avec les autres volatiles atteints du botulisme. Il faut y chuchoter, pour ne pas déranger les convalescents. « Quand les animaux arrivent, on le sonder. Ils sont installés au chaud, dans un carton bien matelassé, et on va les sonder. C'est-à-dire les gaver, les forcer à manger quatre fois par jour. En fait, on nourrit, on hydrate, on nourrit, on hydrate », raconte la gestionnaire du centre de soins. Avec ces soins, les oiseaux ont seulement une chance sur deux de s'en tirer. Une cinquantaine de pensionnaires ont malgré tout été sauvés depuis le début de l'été. À l'avenir, de nouvelles épidémies sont à redouter : le changement climatique favorise le réchauffement de l'eau du lac, et donc la prolifération de la bactérie responsable du botulisme. À lire aussiPeste porcine africaine: cauchemar à la frontière franco-belge
Depuis deux mois, la consommation de l'eau du robinet est interdite dans une vingtaine de communes de la Meuse et des Ardennes, dans le nord-est de la France, en raison d'une pollution record aux PFAS, les « polluants éternels ». Les habitants s'inquiètent des conséquences pour leur santé et les élus locaux se disent démunis. Dans le garage de Marion, habitante de Malandry (Ardennes) depuis 17 ans, quatre packs d'eau ont trouvé place sur une étagère. « Il faut que j'aille en racheter, car je n'ai plus de stock », remarque cette assistante familiale. C'est devenu une habitude depuis deux mois : privée d'une consommation d'eau courante, elle se rend chaque semaine au supermarché pour acheter de l'eau en bouteille. « Je n'ai pas le choix, d'autant que j'accueille de très jeunes enfants. Il est hors de question que je leur fasse consommer l'eau du robinet », poursuit-elle. Depuis le 5 juillet dans la Meuse, et le 10 juillet dans les Ardennes, la consommation de l'eau du robinet est interdite par les préfectures pour 3 500 habitants résidant dans une vingtaine de communes en raison d'une contamination aux PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) dans des proportions jamais atteintes en France jusqu'à présent. Dans une enquête publiée en juillet par Disclose et France 3, deux médias à l'origine des révélations, on apprend que les taux mesurés dans ces communes sont de trois à 27 fois supérieurs à la limite définie par les autorités sanitaires, fixée à 100 nanogrammes par litre pour la somme de 20 PFAS jugés préoccupants par l'Union européenne. Ces PFAS, aussi appelés « polluants éternels », sont des molécules synthétiques réputées indestructibles dans l'environnement et l'organisme. Risques cardio-vasculaires, cancers, baisse de la fertilité... Leur toxicité pour l'homme est de plus en plus documentée. À lire aussiComment les PFAS, « polluants éternels », ont contaminé le monde? « Est-ce que ça va aggraver sa maladie ? » « Lorsque l'on fait le choix de vivre à la campagne, on s'attend à avoir un cadre de vie de qualité et on se rend compte que ce n'est pas le cas », se désole Annick, une autre résidente de Malandry. Comme elle, Aurore, qui vit à quelques pâtés de maisons, n'avait jamais entendu parler des PFAS avant que l'affaire éclate. Cette mère de quatre enfants confie son inquiétude quant aux répercussions sanitaires de cette pollution, notamment pour son mari atteint d'une maladie génétique : « Du fait de cette maladie, il peut plus facilement attraper des tumeurs aux reins et à la mâchoire. Il a toujours bu l'eau du robinet. Est-ce que ça va aggraver sa maladie génétique ? On ne sait pas. » « Comment ces toutes petites communes rurales peuvent-elles être impactées comme des sites industriels ? », se lamente Annick Dufils. Dans sa commune, la maire de Malandry a enregistré une contamination trois plus élevée que la limite fixée par les autorités sanitaires. Pourtant, aucune usine n'est visible à l'horizon depuis les hauts plateaux du village. Au contraire, celui-ci est entouré de bois et de champs de maïs. L'origine de la pollution n'a pas encore été déterminée avec certitude. Mais les soupçons des élus locaux, comme des préfectures, portent sur l'ancienne papeterie Stenpa, située à Stenay, à 15 kilomètres de Malandry, dans le département de la Meuse. Celle-ci a fermé fin 2024, laissant une bonne centaine de salariés sur le carreau. Lorsqu'elle était encore en activité, cette usine rejetait des boues industrielles contaminées aux PFAS. Ces mêmes boues ont ensuite été transportées puis épandues sur les parcelles agricoles des alentours, en raison de leurs propriétés fertilisantes. Selon les élus des villages pollués, ces épandages auraient débuté en 1995. Annick Dufils et Richard Philbiche, maire de Villy, commune voisine contaminée, ont retrouvé le plan d'épandage pour la période 2000-2013. Au total, 23 000 tonnes de boues industrielles devaient être déversées sur les terres agricoles à Villy et dans la commune voisine d'Olizy-sur-Chiers, « avec une limite fixée à 30 tonnes par hectares tous les trois ans », précise Richard Philbiche. L'élu nous tend une photographie satellite d'une parcelle agricole située à proximité des captages de Malandry et Villy, prise le 20 juin 2000 : « Les petits points blancs que vous voyez, ce sont les tas de boues. Il y en a pour 1 500 tonnes. Or, la parcelle fait une dizaine d'hectares. Avec une limite fixée à 30 tonnes par hectares, elle ne pouvait en accueillir que 300. Où sont passés les 1 200 tonnes restants ? » Les deux édiles soupçonnent un enfouissement qui aurait contaminé les captages d'eau potable de leurs communes par ruissellement. À lire aussiPFAS : peut-on se débarrasser des polluants éternels ? « On se repose sur les maires pour gérer la situation » Annick Dufils ne décolère pas : « J'ai été sidérée d'apprendre la pollution, d'autant que jusqu'alors, les rapports annuels de l'eau étaient excellents. » L'édile de Malandry a été informée de la pollution dans sa commune le 19 mai 2025 à la suite d'une analyse effectuée par l'Agence régionale de santé de la région Grand-Est. Quelques jours plus tard, à l'occasion d'une réunion sur le sujet organisée par la sous-préfète, l'élue est tombée des nues : « On se rend compte que des PFAS sont détectés dans nos eaux par les autorités sanitaires depuis 2016 ! » Dans une foire aux questions sur leurs sites internet, les préfectures de la Meuse et des Ardennes répondent que l'Agence régionale de santé du Grand-Est a mené en 2023 et 2024 « des campagnes d'analyse exploratoire » des PFAS dans l'eau potable, que des analyses réalisées sur la commune de Villy fin 2024 ont révélé la présence de PFAS dans l'eau distribuée, et que des « investigations complémentaires » ont été menées en 2024 et 2025, mais que ce n'est qu'en 2025 que le suivi des 20 PFAS jugés les plus préoccupants a été intégré aux contrôles sanitaires. Une réponse loin de satisfaire Annick Dufils : « On nous a caché cette pollution ! », s'insurge la maire de Malandry, qui assure, à titre personnel, avoir « perdu confiance » dans les autorités sanitaires. Une prise de position renforcée par le sentiment d'abandon qui envahit ces élus locaux depuis l'éclatement de l'affaire. « Les autorités se reposent sur nous pour gérer le problème, alors que nous n'y sommes pour rien. Mais on est totalement démunis », se lamente Richard Philbiche. Le maire de Villy et sa consœur de Malandry ont l'obligation légale de fournir de l'eau en bouteille aux habitants. La méthode choisie est celle du virement bancaire aux administrés, leur permettant de rembourser l'équivalent de deux litres d'eau par jour et par habitant pour une durée de six mois. Pour une commune comme Malandry, cela représente un coût estimé à 3 500 euros sur un budget de fonctionnement à l'année de 200 000 euros. « C'est une dépense pharamineuse qui n'a pas été anticipée dans nos budgets prévisionnels. Il y a des choses que l'on ne fera pas dans la commune, car il faudra financer l'achat de l'eau », prévient Annick Dufils. L'édile a sollicité une aide financière de l'État, sans succès. « La recommandation des autorités, c'est de dire ''augmentez le prix de l'eau''. Mais nos administrés ne vont pas payer plus cher une eau qu'ils ne peuvent plus consommer ! », s'emporte Annick Dufils. D'autres solutions sont possibles, du moins sur le papier : trouver un autre captage d'eau potable ou se raccorder à une commune voisine non contaminée. Mais les travaux seraient onéreux et impossibles à assumer financièrement pour ces petites communes. Le 21 juillet, deux stations de filtrage au charbon actif ont été installées dans les châteaux d'eau de Malandry et Haraucourt, situés à une trentaine de kilomètres, pour un coût de 20 000 euros chacune, à la charge des communes. Objectif : dépolluer les eaux en retenant les PFAS. Les premiers résultats sont encourageants. Mais combien de temps le charbon reste-t-il actif ? Faudra-t-il le remplacer à court terme ? Des interrogations demeurent. Pour l'heure, ces élus ne peuvent compter que sur eux-mêmes. « On est solidaires entre maires concernés par cette pollution », confie Richard Philbiche, le maire de Villy. Avec Annick Dufils, ils envisagent de déposer plainte contre X prochainement. À lire aussiUne étude révèle la présence de PFAS dans les produits d'hygiène menstruelle réutilisables
La Sécurité sociale alimentaire est une initiative qui gagne du terrain en France. Elle fonctionne sur le modèle de la Sécurité sociale : chacun y contribue selon ses moyens et en bénéficie selon ses besoins. Face au réchauffement climatique et aux inégalités d'accès à une alimentation saine et durable, la Sécurité sociale alimentaire convainc de plus en plus. Reportage dans le XXᵉ arrondissement de Paris, un des quartiers de la capitale où subsiste une mixité sociale importante. Sac en papier kraft à la main, Pierre fait ses courses dans un supermarché bio du XXᵉ arrondissement de Paris. Ce jour-là, il n'a pris que des fruits et légumes frais. À la caisse, il paye via une application sur laquelle son compte est crédité chaque mois de 175 euros pour faire ses courses dans des magasins conventionnés. « J'ai 61 ans. [Actuellement] j'ai des petits boulots, mais [avant] j'ai travaillé pendant 30 ans dans le dessin animé », raconte-t-il. Depuis quelques mois, lui et sa compagne participent à une expérimentation dans leur arrondissement : la caisse alimentaire solidaire, qui suit les principes de la Sécurité sociale de l'alimentation. Ce n'est pas de l'aide alimentaire d'urgence, c'est un projet plus ambitieux et de long terme. Chacun cotise en fonction de ses revenus et reçoit en fonction de ses besoins, selon une grille progressive que nous montre Pierre : « Voilà, les grilles sont là. On fait le calcul selon le revenu net mensuel des deux personnes et on a une cotisation qui correspond à ce revenu. Je paye moins cher mes légumes pour l'instant grâce à cette cotisation. » Chaque cas est différent. Certains cotisent plus qu'ils ne reçoivent. D'autres reçoivent autant qu'ils cotisent. Pierre et sa compagne, eux, cotisent 60 euros. Et ils reçoivent donc 175 euros à dépenser dans des magasins bio sélectionnés à l'avance, collectivement, par un comité citoyen dont Pierre fait partie depuis un an : « J'étais intéressé par la démarche démocratique d'abord. Et tout ce qui en découle : le mieux vivre, le mieux manger, participer à cette expérimentation... » À lire aussiFace au changement climatique, les prix de l'alimentation s'envolent dans le monde Aujourd'hui, 100 foyers de cet arrondissement participent et cotisent. Depuis le Covid-19, l'idée d'une Sécurité sociale de l'alimentation a germé en France et s'est concrétisée dans une trentaine de villes comme Montpellier, Bordeaux ou encore Toulouse. Dans le XXᵉ arrondissement de Paris, l'expérimentation est soutenue par la mairie et par l'État, qui ont apporté 200 000 euros en tout cette année. Et le projet est porté par l'association Vivres, créée pour l'occasion par le comité citoyen et les adhérents. « C'est un projet qui va au-delà de donner l'accès à l'alimentation de qualité : cela vise aussi à transformer la production agricole. Oui, on parait être de doux rêveurs un peu cinglés... Évidemment que le projet, avant d'être abouti, semble très difficile et hors d'atteinte. Mais le projet de Sécurité sociale alimentaire vise à être étendu en France, partout, et à être aussi universel que la Sécurité sociale de la santé », explique Catherine Thomas, sa co-présidente. L'expérimentation doit s'ouvrir à de nouveaux cotisants l'an prochain. Une proposition de loi pour instaurer une Sécurité sociale de l'alimentation à l'échelle nationale a été présentée par les écologistes en début d'année, mais n'a pas pu être examinée. En pleine période de crise budgétaire, le ministre de la Santé, Yannick Neudera, a estimé que l'initiative était difficilement soutenable financièrement. À lire aussiComment rendre l'alimentation saine et durable ?
En France, un enfant sur trois ne part pas en vacances. Alors depuis près de 30 ans, le Secours populaire organise des villages « Copains du Monde », un séjour durant lequel des enfants, bénéficiaires du Secours populaire ou non, se rencontrent, s'amusent et participent à des activités autour de la solidarité. À Bombannes, près de Bordeaux, 60 enfants français issus de sept délégations étrangères ont participé à ce séjour. Reportage parmi eux, juste avant qu'ils et elles plient bagages. À lire aussiFrance : pour ses 80 ans, le Secours populaire incite à de nouvelles manières de s'engager
D'origine malienne, cet expert au savoir-faire très recherché a travaillé pour de grands noms de la mode. Il s'appelle Moussa Baldé, mais on l'appelle Baldé, tout simplement. À 67 ans, ce bijoutier malien exerce ce métier depuis 37 ans. Autodidacte, il a fait toute sa carrière dans le milieu très fermé du luxe et de la mode. Un univers où derrière des grands noms se cachent des petites mains. Dans son atelier situé à Pantin, dans le nord de Paris, il revient sur son parcours. « Je suis un forgeron de naissance, et un bijoutier ensuite. Ce métier, je l'ai appris avec mon papa », c'est avec ces mots que Baldé s'exprime, heureux de revenir sur ses débuts. De la forge à la bijouterie, il n'y a qu'un pas Dans les années 1980, le voilà parti à la conquête de la Côte d'Ivoire. Dans ce pays où il se lance dans la création de bijoux, il découvre qu'il a un don : « C'est Dieu qui me l'a donné. Je le remercie beaucoup. » Et en effet, il lui suffit d'observer un modèle pour qu'il sache le reproduire. Sa première clientèle d'expatriés – des Français, des Américains, des Libanais, des Marocains – il les fidélise et lorsqu'il part en France, son savoir-faire va lui ouvrir des portes. Il va travailler pour de grands noms : Givenchy, Balenciaga, et surtout Christian Lacroix, avec qui il va collaborer neuf ans en tant que maquettiste. Maquettiste, bijoutier et joaillier… Baldé navigue entre différents métiers Baldé sait tout faire ou presque. Ses souvenirs se bousculent : « C'est Naomi Campbell qui a porté ces bracelets, ces broches... Ah oui, c'était magnifique ». Ses yeux pétillent lorsqu'il évoque les 40 ans de la Maison Dior. « Votre don, ce sont vos mains ? », l'interroge-t-on. « Écoutez, c'est aussi la tête, parce que ça ne suffit pas d'avoir uniquement les mains. Parfois la nuit, je ne dors pas, je réfléchis. Par exemple, lorsqu'on a un projet à construire, avec des maquettes à réaliser, je me dis parfois, mais comment je vais faire ? C'est un véritable casse-tête Alors, je cherche, je cherche même en marchant et finalement quand je trouve la solution, je suis soulagé et fier de moi. » Une fierté qui l'accompagne aux défilés : « Je me dis "tiens, voilà ce que j'ai fait". Je suis le seul à le savoir, mais ça fait vraiment plaisir. » Pas de regrets Un homme de l'ombre ? « Ah, vous savez, ça reste vraiment un monde à part. Même si les gens ne savent pas, nous, on ne doit rien dévoiler. Même si on voit des choses, tout doit rester confidentiel », précise-t-il, comparant la bijouterie au secret médical, puisqu'il y a des secrets qu'on ne divulgue pas. Baldé a tout de même un seul regret : « Je ne suis jamais allé à l'école, c'est un handicap. Je sais de quoi je parle, et aujourd'hui, je n'ai pas honte de le dire. Ce savoir-faire, Dieu me l'a donné, mais quand vous n'avez pas fait d'études, et que vous devez remplir un dossier, c'est compliqué, il faut chercher quelqu'un qui t'aide et c'est gênant. Moi, le seul regret que j'ai, c'est celui-là ». Dans son atelier à Pantin où il réalise ses créations, il se prépare à transmettre son savoir-faire à la nouvelle génération. À lire aussiDiasporas africaines en France: Chantal Pichon, chercheuse et pionnière dans l'ARN messager [4/5]
Cette scientifique d'origine malgache, reconnue mondialement pour son travail, veut développer de nouvelles thérapies pour le plus grand nombre. Chantal Pichon est née et a grandi à Madagascar. À 17 ans, cette bachelière brillante quitte le nid familial pour poursuivre ses études vers l'Hexagone, à Marseille. Ses parents sont tous les deux médecins, et elle devait suivre leurs traces, mais une autre voie s'ouvre à elle. « Au départ, je voulais être chirurgienne, raconte Chantal Pichon en souriant, C'était mon rêve. À vrai dire, celui de mon père. Et puis, après, je me suis dit que si je ne suis pas médecin, je peux devenir chercheur en biologie, comme ça je me rapproche de la médecine. Je ne soignerai pas, mais je développerai des nouvelles thérapies. » L'ARN messager n'a plus aucun secret pour elle Son nom et son visage sont associés depuis peu de temps à l'ARN messager, découvert par le grand public lors de la pandémie du Covid-19 et ensuite lors de la vaccination. Elle est en la matière une véritable pionnière : cela fait plus de 20 ans qu'elle travaille pour plusieurs laboratoires sur cette technologie. Titulaire d'une chaire d'innovation à l'Institut universitaire de France, cette chercheuse est reconnue mondialement. Pourtant, on ne sait presque rien d'elle. Dans le cadre de la stratégie d'accélération France 2030 mis en place par le président Emmanuel Macron, elle dirige un gros projet sur la mise au point de nouveaux vaccins. « J'ai des projets européens pour essayer de trouver des moyens pour réduire le coût des ARN messagers, explique-t-elle, comme je viens de Madagascar, un pays pauvre, ce qui me guide, c'est d'arriver à placer une petite brique à mon niveau pour justement développer de nouvelles thérapies pour le plus grand nombre. Car c'est très bien, de développer des nouvelles thérapies, mais si c'est juste pour des pays développés, et si c'est réservé à des personnes qui ont de l'argent, eh bien, je trouve cela un peu dommage ». Un parcours pas toujours simple Chantal Pichon a déjà été confrontée au racisme en France. « J'étais candidate pour piloter une école, le profil me correspondait. La directrice était présente, elle m'a regardée et m'a dit : « Êtes-vous sûr que vous pouvez vraiment représenter cette école comme vous êtes là ? Cette phrase m'a véritablement blessé. Je pense que si on ne réussit pas, tout le monde vous accepte et quelque part, vous êtes à votre place. Mais lorsqu'on commence à réussir, cela agace. Il y a de la jalousie, mais je pense que cela concerne tout le monde ». Pantalon fluide couleur kaki ou noir, agrémenté d'un pendentif. Chantal Pichon, élégante et souriante, déambule dans ce laboratoire flambant neuf implanté par l'Inserm, organisme de recherche public français. « Je suis excessivement fière et reconnaissante vis-à-vis de l'Inserm, je veux rendre à la société ce que j'ai eu. J'ai l'habitude de dire à mes étudiants que quand on veut réussir, on peut. En fait, quand les gens vous font confiance, ils vous proposent des moyens humains, des moyens financiers, des équipements. Et puis quand plusieurs collègues vous font confiance pour mener des projets avec eux, eh bien cela vous donne aussi énormément de responsabilités. J'ai beaucoup de pression, j'espère vraiment réussir. » À 60 ans, cette femme passionnée et impatiente a un rêve. Avec sa jeune équipe d'une quarantaine de personnes, qui regroupe plusieurs nationalités, elle met en place les vaccins et les thérapies innovantes à partir de l'ARN messager, une technologie qui pourrait être utilisée notamment dans le traitement de certains cancers. À lire aussiDiasporas africaines en France: Khalid Tamer, le nomade culturel [3/5]
Rien n'arrête Khalid Tamer, metteur en scène d'origine marocaine, premier président africain de la commission internationale du théâtre francophone et directeur du théâtre le Lavoir Moderne Parisien. Khalid Tamer est un homme du terroir : « J'ai grandi en Corrèze, puis je suis monté à l'âge de 18 ans à Paris pour faire du théâtre ». Une passion qui ne l'a plus quitté. Il crée au cœur du quartier multiculturel de la Goutte d'Or dans le 18e arrondissement parisien, un lieu unique, la compagnie Graines de Soleil - Lavoir Moderne Parisien. Un espace de création atypique : il s'agit tout simplement d'un ancien lavoir transformé en un lieu unique et expérimental où de jeunes troupes ont carte blanche. « On dit qu'Émile Zola en parle dans son roman l'Assommoir. Voyez, il y a encore là les traces qui sont présentes des bassines où les femmes lavaient leur linge. C'est un lieu qui a une belle histoire, ce sont des murs qui ont une âme. En 1986, cet espace est devenu un théâtre, où artistes, auteurs, et des militantes comme les Femen, un groupe de protestation féministe fondé en Ukraine en 2008, célèbre pour avoir organisé des manifestations seins nus, sont venues. Vous voyez le symbole ! Puis j'ai eu mon propre combat pendant six ans avec un des propriétaires qui voulait détruire ce lieu, donc on s'est battu pour le garder tel qu'il est avec tout son charme. » Et c'est toujours au Lavoir Moderne Parisien qu'il vient d'achever la 4ᵉ édition d'Africapitales, avec le Sénégal comme invité d'honneur. Faire venir l'Afrique et ses cultures à Paris, c'est l'un des défis de cet homme passionné de cultures. « Il y a quelque chose de très africain en moi, j'ai l'impression que je suis un nomade et partout où je suis, je porte ma maison », explique-t-il. Première rencontre Dans ce cocon artistique, Virginie Chevalier, Québécoise, l'a rejoint. Cette scénographe a travaillé sur de nombreux projets et pièces de théâtre montés par la compagnie Graines de Soleil aux côtés de Khalid, fascinée par cet homme qui partage sa vie. « Pour moi, Khalid est vraiment au service de la culture. On lui donne un billet d'avion, il te crée un festival dans le monde. Pour lui, l'art est au-dessus de tout. » Au Maroc où il est né, il a des projets. Et à Tanger, ses rêves deviennent réalité. Il vient d'acquérir l'emblématique librairie des Colonnes, c'est aussi dans cette ville, carrefour des cultures entre l'Europe et l'Afrique, qu'il a organisé la première édition des rencontres méditerranéennes de Tanger. Un événement culturel rendu possible avec Marc Bitton de la Fondation Founoun Al Boughaz - Arts du Détroit. Ensemble, ils ont imaginé ce projet. Au menu : des concerts, des expositions et des débats au cœur de la kasbah… où le Liban et sa littérature étaient aussi à l'honneur. Funambule artistique « J'avais très envie qu'on soit présent parce que je pense qu'on a ce défaut dans notre partie du monde de vouloir toujours dialoguer à travers la France » souligne l'écrivaine Georgia Makhlouf. « Je dirais que c'est en France qu'on rencontre les écrivains venus du Maroc, d'Algérie ou de Tunisie… Donc, moi, j'aime beaucoup l'idée d'avoir enfin des liens directs afin d'apprendre à se connaître, je pense qu'on a beaucoup à partager, qu'on a beaucoup à apprendre pour arriver à faire des choses ensemble ». Khalid Tamer tisse des liens : « J'aime rencontrer l'autre que je ne connais pas et j'aime prendre des risques, c'est ma manière de vivre, je suis comme un funambule. » Un véritable funambule artistique qui avance d'un pas délicat et sûr, sans jamais s'arrêter de créer. À lire aussiDiasporas africaines en France: Dieudonné Mbeleg, un «Africain» à la tête de la prison de Nantes [2/5]
Ce Franco-Camerounais de 56 ans dirige avec fermeté et humilité ce centre pénitentiaire de l'ouest de la France. Il s'appelle Dieudonné Mbeleg. Ce père de quatre enfants est né au Cameroun. À 56 ans, il pilote avec humanité et fermeté le centre pénitentiaire de Nantes (Loire-Atlantique) : quatre établissements répartis sur 11 hectares, 1 800 prisonniers et 600 personnels pénitentiaires. Une ville dans la ville. La maison d'arrêt, comme de nombreuses prisons en France, est surpeuplée. « Ils sont à quatre en cellules, les matelas à terre. Pour moi, c'est un véritable casse-tête, car avec 508 places pour près de 1 000 détenus, le taux d'occupation dépasse les 200%, et ça devient intenable », explique le directeur. Au cœur de la maison d'arrêt D'un pas décidé, il traverse la cour centrale. « Ils ne nous ont pas encore repéré, lance-t-il en levant les yeux en direction des bâtiments, sinon ils auraient commencé à crier. » Au loin dans les bâtiments, les cellules des détenus. Derrière les barreaux, leurs silhouettes se dessinent. « Il faut bien l'accepter parce que lorsqu'on enferme des personnes dans un endroit comme celui-ci, on sait qu'ils vont réagir », poursuit Dieudonné Mbeleg. « Le matin, lorsque vous venez au travail, vous ne savez pas trop ce qui vous attend, vous devez être joignable 24 heures sur 24 et être capable de décider dans l'urgence. Vous pouvez être conseillé, épaulé, soutenu… Mais c'est à vous de rassurer vos collaborateurs et de leur faire confiance », déclare le directeur. Issu d'une famille modeste « Mon parcours est à l'image de cette diaspora africaine : une fois arrivée en France, elle aspire tout simplement à réussir », explique-t-il dans un large sourire. Dieudonné Mbeleg va commencer son parcours universitaire au Cameroun. Ses études scientifiques l'amènent ensuite en France, où sa vie va connaître un nouveau départ. Après le concours à l'École nationale d'administration pénitentiaire, il va gravir progressivement tous les échelons : « J'ai pu accéder à de très hautes responsabilités sans jamais me dire : ''Est-ce que je pourrais y arriver ?''. Non, je ne me suis jamais posé ce type de question. J'ai eu des responsables qui m'ont fait confiance. Et moi, j'ai su saisir ces opportunités grâce au travail acharné, grâce aussi à la capacité de cette administration à pouvoir me donner ma chance. » Il démarre sa carrière au centre pénitentiaire de Borgo en Corse, puis à Avignon-Le Pontet, dans le Vaucluse, où il va diriger un établissement carcéral de très haute sécurité. « Je n'étais pas prédestiné à pouvoir diriger de tels établissements », affirme Dieudonné Mbeleg. Et pourtant, depuis un an, c'est le cas, avec le centre pénitentiaire de Nantes. Extrêmement complexe puisque éclaté, ce lieu nécessite en termes de pilotage « une véritable stratégie pour accomplir cette mission extrêmement noble », comme il aime à le dire. Et d'ajouter : « Je me sens aujourd'hui légitime. Comme je le dis toujours, je pense être à ma place, à ma juste place. » Toujours souriant, Dieudonné Mbeleg assume avec humilité et fierté le chemin qu'il a parcouru. À lire aussiDiasporas africaines en France: Mahi Traoré, Madame la proviseure [1/5]
Originaire du Mali, elle dirige depuis cinq ans un lycée professionnel où se perpétue un art séculaire : celui du verre et du vitrail. En septembre 2020, elle prend la direction du lycée Lucas de Nehou, une école professionnelle et publique du verre et du vitrail en Île-de-France. Elle, c'est Maïmouna N'Daw Traoré, une femme au caractère bien trempé qui sait d'où elle vient et où elle va. Cette Française née au Mali a fait ses études universitaires à la Sorbonne, et quelques années plus tard, c'est dans ce quartier latin qu'elle est de retour pour devenir proviseure. Un poste qu'elle occupe avec fierté. « J'ai toujours su que je serais un jour proviseure », affirme-t-elle. Maïmouna N'daw, ou Mahi Traoré, son nom d'écrivaine, a un rire franc. Je suis noire mais je ne me plains pas, j'aurais pu être une femme est son tout premier roman autobiographique. Et il en dit long aussi sur sa personnalité. « Si on veut savoir où on veut aller, il faut savoir d'où on vient, et c'est pour cela que j'ai toujours voulu être aux commandes. Je suis exactement à la place que je voulais avoir et je suis à la bonne place », avoue-t-elle sans complexe. Enracinée à Paris depuis les années 1990, Mahi Traoré est donc aux commandes du lycée Lucas de Néhou, un établissement professionnel très particulier. Dans ces murs où se perpétue un art séculaire, celui du verre et du vitrail, on ne s'attendrait pas à y voir une Française d'origine malienne : « Moi, je m'attendais à tout de toute façon, parce que j'ai toujours voulu être proviseure, et j'ai toujours travaillé durement, ardemment pour pouvoir le devenir, explique Mahi Traoré. J'ai passé le concours de chef d'établissement trois fois. Je l'ai raté deux fois, mais ça a été deux échecs constructifs. Mais oui, j'ai toujours su que je serais un jour proviseure et à Paris, parce que c'était mon souhait, mon envie. C'est une nomination, on est beaucoup à candidater, et il faut être en capacité d'administrer à la fois une institution scolaire, publique, et républicaine. » À lire aussiLe Journal d'une proviseure de Lycée atypique Rien ne l'arrête. Alors, une Française d'origine malienne proviseure, c'est donc possible ? Absolument. « Je suis noire, donc il y a certaines choses que je ne m'autorise pas, qui ne sont pas possibles. Eh bien moi, je suis la preuve vivante qu'on peut y arriver », lance Maïmouna N'daw Traoré. Et elle est prête à tout pour défendre cette école et ce patrimoine : « Je suis extrêmement opiniâtre. Je ne renonce jamais. Si on me dit non par la porte, je passe par la cave. Si on me dit non par la cave, je passe par la fenêtre. Si on me dit non par la fenêtre, je ferai un trou dans un mur. Je ne lâche jamais rien quand je suis convaincue de ce que je défends. Et moi, je me bats pour mon école, pour mes professeurs, pour mes parents d'élèves, mais encore une fois pour mes élèves, parce que c'est vraiment eux qui me donnent l'énergie. » Un état d'esprit qui a conquis les élèves prêts à s'engager comme elle. Rien n'arrête Madame la proviseure. Elle milite pour revaloriser l'enseignement professionnel en France. Au Mali, elle veut bâtir une école destinée aux jeunes filles – orphelines ou victimes de violences – pour les encourager à concrétiser leurs rêves. À lire aussiCrises multiples: quels impacts sur le bien être des filles et des femmes du Sahel?
Ils mettent la science au service de l'enquête : durant deux semaines, Laura Martel vous a emmenés à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Dans ce dernier épisode, on s'intéresse au Lab'ADN. Si le profilage génétique permet de rechercher des criminels, il permet aussi l'identification de victimes. Conçu pour se projeter sur des sites de catastrophe ou terrains de conflit, le Lab'ADN est un concentré d'outils d'analyse génétique sur roues. À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: le département documents [9/10]
Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Focus aujourd'hui sur le département documents, qui travaille notamment à l'identification de faux titres sécurisés - comme des passeports, permis de conduire, cartes d'identité - et contribue ainsi à démanteler les officines de faussaires et les réseaux criminels associés. À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: le département véhicule [8/10]
Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Focus aujourd'hui sur le département véhicule et son plateau technique, qui cumule de manière inédite expertise mécanique, pour l'analyse de débris par exemple ; expertise chimique, pour l'identification des peintures notamment ; et l'indispensable expertise numérique. À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: le traçage criminel [7/10] À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: l'immersion d'une scène de crime en 3D [6/10]
Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Focus aujourd'hui sur une unité, au sein de la Division physique-chimie, chargée de révéler et décrypter les PMC (Produits de marquage codés) : ces produits, indétectables à l'œil nu, renferment un code unique – plus unique qu'un profil génétique humain. À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: l'immersion d'une scène de crime en 3D [6/10] À lire aussiL'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département faune flore forensique [5/10]
Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Janus, opérationnel depuis avril dernier, est un dispositif innovant : cette grande salle vide de 120m² permet de s'immerger virtuellement et interagir dans des scènes de crimes reconstituées en 3D. À lire aussiL'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département faune flore forensique [5/10] À lire aussiL'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département incendies explosifs [4/10]
Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. L'une des spécialités des experts du Département faune flore forensique, c'est l'entomologie légale, c'est-à-dire l'utilisation des insectes dans le cadre judiciaire. Et la star du laboratoire, c'est la mouche. À lire aussiL'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département incendies explosifs [4/10]
Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Au sein du Département environnement incendies explosifs, les experts doivent faire face à la multiplication des dossiers liée à la diffusion de « recettes d'explosifs » sur internet. À lire aussiL'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département médecine légale [3/10]
Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'RCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Focus aujourd'hui sur le Département médecine légale, chargé d'autopsier les militaires morts en service, d'identifier certains corps et d'établir les causes et circonstances de la mort dans des affaires criminelles. À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: des avancées en matière d'ADN [1/10]
Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale. Focus aujourd'hui sur le Département signal image parole, dont l'un des axes de travail est l'exploitation de vidéos et enregistrements sonores pour faire ressortir des éléments utiles aux investigations. À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: des avancées en matière d'ADN [1/10]
Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale. Depuis les premières utilisations de profils génétiques à des fins d'enquête à la fin des années 1980, l'ADN s'est peu à peu imposé comme « la reine des preuves ». Le Département analyses génétiques individus de l'IRCGN est à la pointe des méthodes d'identification des empreintes génétiques. Et ses dernières avancées semblent parfois frôler la science-fiction.
Il y a un an, Paris vibrait au rythme des Jeux olympiques et paralympiques. Aujourd'hui, il est désormais possible de se baigner dans la Seine, et ce, depuis le 5 juillet dernier. La qualité de l'eau du fleuve est en bien meilleur état qu'il y a 50 ans. Depuis une dizaine d'années, de nombreuses espèces y sont revenues, comme la moule d'eau douce alors qu'elle avait disparu. Une biodiversité surveillée de près à Bougival, où se trouve la station de mesure du programme MeSeine. Par Ellissar Mokadim « Ne vous inquiétez pas, on ne va pas couler. » Depuis un ponton sur la berge, on accède à une cabane flottant sur la Seine. De ce laboratoire à ciel ouvert, des techniciens analysent la vie du fleuve et recensent les espèces de poissons. Selon Sabrina Guérin, directrice Innovation du Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne, la biodiversité progresse nettement depuis plusieurs décennies. « Dans les années 1970, on en comptait que 3-4 espèces alors qu'aujourd'hui, c'est multiplié par 10. On en compte 36 espèces de poissons différentes. » Le système d'assainissement a été modernisé depuis 50 ans, bien avant les Jeux olympiques. Cela a permis de recréer un milieu favorable pour les poissons. Accroché à une poulie, un dispositif acoustique permet d'approfondir les connaissances des écosystèmes. Cet outil sort tout juste de l'eau. « Donc, vous avez ici le micro qui permet d'écouter sous l'eau. Cette nouvelle manière de suivre la qualité de l'eau non pas en termes de composition, en termes d'activité. » Ce micro peut même enregistrer le chant des poissons comme celui du gardon. Chaque son capté correspond à une espèce. Le paysage sonore de la Seine est constitué de chevaines, et de goujons : mais pas seulement, le technicien Robin Richoux a déjà eu quelques surprises. « C'est vrai que l'on a été surpris à quel point on pouvait entendre autre chose que les poissons. On entend aussi énormément les macro-invertébrés, des espèces qui sont en quantités énormes dans nos rivières. » Le retour de ces poissons sensibles à la pollution témoigne de la diminution des toxines dans l'eau : comme le phosphore et les bactéries fécales. C'était l'un des objectifs fixés pour les Jeux olympiques. Mais il reste encore à éliminer les microplastiques et les pesticides, rappelle Vincent Rocher, directeur Délégué Innovation Stratégie Environnement du SIAAP. « Aujourd'hui, on va devoir traiter les micropolluants sur nos usines de traitement. » Des travaux ont été menés par les collectivités, notamment : sur les mauvais branchements des habitations et des péniches dans la Seine. Les industries contrôlent davantage leurs rejets. Mais pour l'écologue Vincent Vignon, la pollution agricole doit aussi s'améliorer : « C'est nettement plus de la moitié du bassin versant de la Seine qui est agricole. Ce sont des phosphates, des nitrates, des trucs qui tuent des insectes ou des plantes, donc ce n'est pas formidable ». L'expert rappelle aussi la nécessité de renaturer les berges avec la création de zones humides ou la plantation d'arbres pour améliorer l'état écologique de la Seine. Les efforts réalisés pour l'assainir dans le cadre des Jeux olympiques ont permis le retour de certaines espèces. Mais des progrès restent à faire pour que le fleuve devienne un habitat durable pour la faune et la flore.
Handilab, un espace d'innovation de 13 000 m² au service du handicap et de la perte d'autonomie, a ouvert ses portes en décembre dernier à Saint-Denis au nord de Paris. Objectif : connecter le monde de l'innovation, de la technologie avec le secteur du handicap. Tout est parti d'un rêve. « Parce que je suis amputé juste au-dessus du genou., mon rêve était de trouver des solutions pour que la vie continue. Et j'ai rêvé d'un lieu. J'ai rêvé qu'on puisse se réunir, réfléchir à de nouvelles réponses, à des besoins particuliers. Comme vous le voyez, on se trouve dans ce lieu tout à fait magnifique où déjà nos nouveaux "géotrouvetou" sont en train de creuser plein de nouvelles idées », raconte Stéphane Houdet triple champion paralympique de tennis de table en fauteuil roulant et ambassadeur du Handilab. C'était il y a trois ans. Le rêve de Stéphane Houdet est devenu réalité en décembre dernier, avec l'inauguration d'un bâtiment de 13 000 m² dédié au handicap. « On est parti du constat que parfois, il n'y avait pas vraiment de connexion entre le monde de l'entreprise et de l'économie, de l'innovation et le monde du handicap. Notre idée, c'était de réunir au sein d'un même lieu des parties prenantes sur la thématique et des partenaires assez diversifiés. Vous avez une start-up ? Nous avons un incubateur. », explique Fanny Cohen, directrice du Handilab Il accueille déjà près de 25 start-up qui proposent des solutions d'inclusion et d'amélioration de la vie des personnes en situation de handicap. Losonnante est une jeune pousse qui développe une borne audio permettant aux malentendants d'entendre avec leur corps. « On branche ce dispositif sur secteur. Vous avez donc deux pastilles ici sur lesquelles nous allons positionner nos coudes et placer la base de la main sur les oreilles. Cela déclenche le son et on entend directement à travers son corps. Les vibrations sonores passent à travers les os du bras jusqu'au haut des oreilles, à partir du moment où l'oreille interne reste intacte », détaille Gaëlle Dubois, chargée de développement. Givevision, une autre start-up, propose, elle, un casque pour malvoyants. « Cela permet aux malvoyants d'avoir une vision améliorée de loin. Parce que ce casque combine réalité augmentée et flux télévisuel. On espère très bientôt pouvoir aussi être présent sur le continent africain, puisque c'est là-bas qu'on trouve le plus de déficients visuels », indique Cissé Doukouré, de l'entreprise Givevision. À terme, le Handilab compte incuber une centaine de start-up. Autre objectif de cet espace : devenir un hub pour l'emploi des personnes en situation de handicap. À lire aussiDe nouvelles modalités de remboursement pour les fauteuils roulants
Ils étaient 45 000 mobilisés sur les sites de compétition pour accueillir le public et les athlètes olympiques à Paris. Un an après, certains ont choisi d'entretenir la flamme en poursuivant leurs missions de bénévolat au service d'événements sportifs. Ils ont même créé une association. Une démarche saluée par les clubs de sports qui peinent à engager des bénévoles dans leurs rangs. Ils se sont donné rendez-vous au jardin des Tuileries, en plein cœur de Paris. C'est l'heure des retrouvailles, ce samedi 26 juillet, pour la centaine de bénévoles présents. Aucune exception pour ce premier anniversaire des Jeux olympiques : ils ont tous revêtu la tenue officielle verte et bleue des volontaires qu'ils avaient soigneusement rangée dans un placard. Toute la panoplie est de sortie, le maillot, la sacoche et le fameux bob. C'est l'association « Tous volontaires » qui organise la rencontre. Elle compte dans ses rangs 250 membres, tous d'anciens bénévoles affectés aux sites de compétition des Jeux olympiques et paralympiques l'été dernier. Il s'agit majoritairement de retraités qui avaient déjà une expérience dans le domaine avant la compétition. Pour d'autres, comme Christèle, volontaire aux Jeux paralympiques, le bénévolat a été bien plus qu'une découverte. « J'étais chauffeur avec deux autres volontaires. Depuis, on ne se quitte plus ! On fait des week-ends en Normandie, dans le Lot, on passe au journal télé régulièrement, savoure cette fonctionnaire. Dès lors, tout s'est enchaîné : en un an, ils ont multiplié, ensemble, les missions de bénévolat : Par exemple, on a été bénévoles sur un Ironman [un "super" triathlon] aux Sables d'Olonne récemment », développe Christèle. Tel est le principe de fonctionnement de « Tous volontaires » : mettre en relation des bénévoles disponibles et des organisations sportives qui en font la demande. « Quand on nous appelle, si on est disponible, on y va. De cette façon, on associe le plaisir de se retrouver au plaisir de faire du bénévolat », résume Christèle. Un vivier de bénévoles en berne L'initiative est bienvenue, car contrairement au nombre de licenciés, le vivier de bénévoles n'a pas progressé significativement après les Jeux olympiques et paralympiques dans les clubs sportifs. « Ils recherchent toujours », confirme Jean-Pierre Guillot, délégué départemental à l'association « Tous volontaires ». « Les gens veulent bien faire du sport, mais s'occuper des gens qui font du sport, c'est très difficile parce que tout le monde n'a pas du temps à donner gratuitement. Et puis les personnes sont peut-être plus égoïstes ou individualistes aujourd'hui qu'il y a quelques années », remarque le retraité. L'association veut promouvoir la dynamique inverse. Début juillet, deux de ses bénévoles se sont rendus à une compétition de paranatation à Reims, à l'est de la France. Accueil du public, encadrement, chronométrage... sans eux, l'organisation aurait été bien plus compliquée, admet Sandra Millart, directrice de l'événement : « Ils ont l'expérience d'échanger avec le public et ils ont été très bienveillants avec les jeunes. Ils leur ont expliqué en quoi consiste la fonction de bénévole. Cela fait partie de l'héritage des jeux. Cela permet aussi de désanonymiser un certain nombre de personnes qui consacrent de leur temps au service du sport en France. » Ces bénévoles ont déjà le regard tourné vers les prochaines échéances olympiques. « J'aimerais faire les Jeux de Los Angeles en 2028, mais il faut que j'améliore mon niveau d'anglais », s'esclaffe l'une d'entre elles. D'autres sont plus prudents. Ils donnent rendez-vous en 2030 pour les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver en France. À lire aussiJO de Paris: un an après, le développement de la pratique du sport freiné par les coupes budgétaires
Il y a un an, Paris vibrait à l'occasion des Jeux olympiques et paralympiques. Un événement sportif que les organisateurs voulaient inclusifs, avec un héritage social à la clef : des places d'hébergement pérennes pour les sans-abris qui occupaient certains quartiers de la capitale. Les personnes à la rue ont été évacuées pour laisser place aux lieux de célébration. Ce qui avait été dénoncé comme une opération de nettoyage social visant à les invisibiliser. RFI s'est rendue sur l'un des campements démantelés il y a un an. Aujourd'hui, comme le redoutaient les associations, les personnes sans abris se sont réinstallées, faute de structure disponible pour les accueillir. Sous le métro aérien, boulevard de la Chapelle à Paris, les tentes et les matelas qui jonchent le sol peinent rester au sec alors que la pluie tombe averse. C'est là que chaque lundi, l'ONG Médecins du monde vient garer son camion de permanence médicale. « Ici, on est dans un lieu de campement où il y a environ une quarantaine de tentes. À peu près le double d'habitants dorment ici – ou survivent – sur une période plus ou moins longue, en attendant de pouvoir entamer des procédures d'asile ou accéder à des hébergements d'urgence. Il y a un premier accueil, avec les médiateurs et les médiatrices qui vont pouvoir récolter les demandes, tisser un lien de confiance, discuter avec les personnes. Après, elles vont leur remettre un ticket et la personne pourra voir le docteur », détaille Milo Borsotti, chargé de mission de programme santé pour Médecins du monde. Dans la file d'attente, Nelson, 29 ans, attend son tour. Arrivé du Soudan il y a trois ans, il devrait bénéficier d'un hébergement pour demandeurs d'asile le temps que l'OFPRA étudie son dossier, mais faute de place, il se retrouve ici, sous le pont. « Ici, on est les uns sur les autres, au milieu des déchets. Il y a constamment une odeur de pourriture. Mais on n'a pas le choix. On ne peut pas éviter les puces non plus. On est obligé de dormir dans ces conditions », regrette-t-il. Le cercle infernal des campements s'est pourtant arrêté une fois. Il y a un an quasiment jour pour jour, plus aucune tente en vue sur le boulevard. « Au moment où les Jeux olympiques débutent, on est juste une semaine après une opération massive de ce qu'on a identifié comme un nettoyage social. Toutes les personnes à la rue ont été hébergées pour un temps en Île-de-France. On a reçu un grand discours sur les questions d'héritage social. Nous, dans les faits, on n'a jamais vu cet héritage social », explique Milo Borsotti. Un an plus tard, les places miraculeusement sorties de terre à la veille des Jeux se sont volatilisées. Les matelas sont revenus et avec eux, une épidémie que Médecins du monde ne parvient pas à endiguer. « On a un phénomène de gale qui se propage. Le matériel de quelqu'un est contaminé, il va le passer à un autre qui vient d'arriver, ils vont partager une tente, etc. Parce qu'ils n'ont pas accès à du matériel propre et à des lieux d'hébergement. On pourrait pourtant l'arrêter facilement si on décidait d'héberger les personnes dans des centres adaptés et de leur proposer le traitement adéquat », déplore le chargé de mission. Pour tout héritage social des JO, la Préfecture Île-de-France – qui n'a pas répondu à nos sollicitations – met en avant 250 places pérennes, réservées aux « grands marginaux », des sans-abris coupés des dispositifs d'insertion depuis longtemps. Des places qui ne concernent donc pas les exilés qui survivent dans les campements. À lire aussi«Pour eux, les jeux sont faits»: le collectif Les morts de la rue alerte sur le nettoyage social avant les JO
Il y a un an, Paris vibrait au rythme des Jeux olympiques et paralympiques. Depuis, la flamme s'est éteinte, mais que reste-t-il de cet été hors norme ? Avec une série de reportages, RFI revient pendant deux semaines sur les promesses, les transformations et les traces laissées par les Jeux dans la ville et dans les vies. Le département de la Seine-Saint-Denis commence à profiter des infrastructures construites durant cet événement. L'objectif en effet était de laisser un héritage aux habitants de ce département sous-doté en matière d'équipements sportifs. Des infrastructures emblématiques notamment avec le Centre aquatique olympique à Saint-Denis, qui a accueilli certaines épreuves, et le pôle de référence inclusif et sportif métropolitain (Prisme) à Bobigny, un lieu dédié principalement aux sportifs en situation de handicap. Après le dévoilement des anneaux, le Centre aquatique olympique-Métropole du Grand Paris, version héritage des Jeux, vient d'ouvrir ses portes au grand public. Viviane Gaessler, professeur de natation, encadre les élèves du collège Federico Garcia Lorca de Saint-Denis. « Ce sont des sixièmes, donc une tranche d'âge de 12 à 13 ans. On est dans l'apprentissage », décrit-elle. D'après la dernière enquête « Savoir nager », un enfant sur deux en Seine-Saint-Denis ne sait pas nager quand il arrive en sixième. « On s'était donné comme objectif d'apprendre à nager à la jeunesse de la Seine-Saint-Denis, un territoire dans lequel le taux d'apprentissage de la natation était nettement inférieur à la moyenne nationale. Avec ce centre aquatique et les autres bassins, on contribue à aller de l'avant pour apprendre à nager. On aura peut-être des petits champions dans les années à venir qui auront commencé ici, à la piscine, à Saint-Denis, dans le centre aquatique », se félicite Marie Barsacq, la ministre des Sports. « On a un dojo, une salle d'armes, une salle de danse, une salle de musculation et tout un espace de balnéothérapie. On a quand même 13 000 m2 de terrain de jeu à Bobigny. », énumère une jeune femme, qui visite le pôle de référence inclusif et sportif métropolitain, Prisme. « Aujourd'hui, on en récolte les fruits » À Bobigny, le Prisme, cet imposant bâtiment dans son enveloppe de dentelle blanche, ne passe pas inaperçu. Quatre mois après son ouverture, il accueille la Coupe du monde des clubs de foot fauteuil. « Ce lieu a été vraiment bien pensé pour les personnes en situation de handicap », se réjouit Erwan Conq, touché par la myopathie de Duchenne, capitaine de l'équipe de foot fauteuil de Châtenay-Malabry, qui découvre le lieu. « Ce site fait suite aux Jeux paralympiques, c'est quelque chose d'important. Je pense que cela va laisser une empreinte par rapport à ce qui a eu lieu il y a un an. Aujourd'hui, on en récolte les fruits. Nous qui sommes une discipline peu connue en tout cas, on se sert de ce lieu pour mettre en avant notre sport », estime-t-il. Luc, onze ans, fait ses débuts dans cette discipline. Il est heureux d'assister pour la toute première fois à cette compétition sportive avec sa mère. « On est au Prisme tous les samedis après-midi. On accueille déjà des jeunes en situation de handicap et on commence des initiations au foot fauteuil. J'ai les larmes qui me montent aux yeux de pouvoir assister à ce type de spectacle. Parce que pour moi, c'est vraiment un spectacle », confie-t-elle, émue. Le Prisme et le Centre aquatique olympique donnent une nouvelle image et redynamisent le département de la Seine-Saint-Denis, l'un des plus défavorisés de France métropolitaine. À lire aussiJO de Paris: un an après, le développement de la pratique du sport freiné par les coupes budgétaires
Il y a un an, Paris vibrait au rythme des Jeux olympiques et paralympiques. Depuis, la flamme s'est éteinte, mais que reste-t-il de cet été hors norme dans la capitale française ? Avec une série de reportages, RFI revient pendant deux semaines sur les promesses, les transformations, et les traces laissées par les Jeux dans la ville et dans les vies. Aujourd'hui, on s'intéresse à une technologie dont le déploiement a été discret, mais rapide : la vidéosurveillance algorithmique. Des caméras sont apparues dans des dizaines de lieux publics avant les JO. Une technique encore en phase d'expérimentation, mais très décriée. Au détour des quais, à côté d'un kiosque, partout dans la gare Montparnasse, des caméras ouvrent l'œil. Des caméras classiques, mais il suffit de connecter certaines à un logiciel et faire ainsi de la vidéosurveillance algorithmique. Ce n'est plus un humain qui analyse les images filmées, c'est une intelligence artificielle. Elle détecte les mouvements de foule, les objets ou encore les comportements suspects. « Elles pourraient être les invitées les plus discrètes des JO : des caméras dites intelligentes. Prévues par le projet de loi pour Paris 2024, elles permettraient de scruter les abords des futurs lieux de compétition comme le Stade de France ou la tour Eiffel, mais aussi les transports en commun », expliquait France 24 dans un reportage diffusé début 2023. La nécessité de garanties pour les personnes Depuis, ces caméras ont été installées dans plus de 69 lieux à Paris et dans ses environs. Un déploiement observé par la CNIL, la Commission nationale de l'informatique et des libertés. Marie Duboys Fresney est adjointe au service de l'Économie numérique : « Ce qu'on a souligné dans le cadre de la loi JO, c'est justement qu'on comprenait l'intérêt de vouloir tester des choses. Mais il fallait avoir cette notion d'équilibre et de garanties pour les personnes. Et la loi JO, de ce point de vue-là, prévoyait un certain nombre de garanties pour les personnes. Que pour certains évènements, qu'à certaines conditions, avec une temporalité aussi limitée dans le déploiement, que par certains acteurs. Ça ne fait que l'alerte, ça ne prend pas de décision à la place d'un humain ». La loi JO prévoyait l'usage de la vidéosurveillance algorithmique jusqu'en mars 2025. Il est finalement étendu à 2027, toujours à titre expérimental. Et pourquoi pas jusqu'à 2030, puisque la France accueillera les Jeux olympiques d'hiver. Le risque de pratiques plus répressives Des organisations dénoncent une atteinte au droit à la vie privée. « Du point de vue d'Amnesty International, ce n'est pas l'héritage qu'on voulait des Jeux olympiques », explique Katia Roux, chargée de plaidoyer libertés au sein de l'ONG. « Se penser ou se savoir surveillé, ce n'est pas anodin. On peut imaginer qu'une personne puisse y réfléchir à deux fois, voire même renoncer par exemple à rejoindre un rassemblement ou à exercer son droit de manifester. » Selon Katia Roux, la vidéosurveillance algorithmique ouvre la porte à des pratiques encore plus répressives, comme la reconnaissance faciale. Une option qui pourrait être activée sur les caméras actuelles. Pour l'instant, la loi JO l'interdit strictement. Mais des personnalités politiques s'y sont dites favorables, comme Gérald Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur, aujourd'hui à la Justice, ou encore Philippe Tabarot, ministre des Transports. À lire aussiHéritage des JO 2024: les paralympiques professionnels entre fatalisme et désillusions [4/5]
Que reste-t-il de Paris 2024, dans nos souvenirs, dans la société et dans la ville ? À 48 heures du premier anniversaire de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, suite de notre série de reportages sur l'héritage laissé par cet été sportif marqué par une réussite populaire, y compris lors des Jeux paralympiques à la fin du mois d'août. Mais s'ils ont largement contribué à changer le regard du public sur les sportifs en situation de handicap, les parasportifs peinent encore à tirer les bénéfices de cette exposition, et leurs compétitions sont retombées dans un relatif anonymat. Le 2 juin, lors de la première journée de l'Handisport Open au stade Charléty et devant un public clairsemé, Timothée Adolphe, vice-champion paralympique du 100m malvoyant, remporte l'épreuve. Mais un souci de starting-block au départ fait glisser son guide, Charles Renard. La course à peine terminée, les deux hommes ne laissent pas passer l'incident. « Il y a huit mois, on avait les Jeux, l'année dernière, on était ici et tout était neuf pour les Jeux. Mais maintenant, on repart dans l'amateurisme. Aujourd'hui, on pouvait faire un gros chrono, franchement, je suis dégoûté. Les blocks sur le stade d'échauffement sont presque mieux que ceux sur la piste de compétition. » Des sponsors moins présents Une réaction épidermique, mais symptomatique d'un milieu ballotté entre désillusion et fatalisme sur l'après-Jeux. Fini les tribunes pleines et les soirées enfiévrées pour les paralympiens au Stade de France, au pied de la tour Eiffel ou du pont Alexandre III. L'engouement est retombé, et avec lui les promesses de lendemains meilleurs pour des sportifs et notamment leur confort matériel. Dimitri Pavadé, 4ᵉ du saut en longueur l'an passé, n'est pas le plus à plaindre. Mais les moyens n'ont guère évolué... « Nous, on investit dans nos stages avec l'équipe de France. Moi, je n'ai jamais connu ça auparavant. Il y a des jeunes qui arrivent, qui sont obligés de payer leur stage plein pot alors qu'ils n'ont pas forcément d'aide, qu'ils sont étudiants et commencent seulement à travailler. C'est très compliqué. » Compliqué, aussi, de continuer de rivaliser avec l'élite internationale sur le long terme sans sécurité financière. Or les sponsors sont devenus plus frileux et des contrats n'ont pas été renouvelés. L'Agence Nationale du Sport reste alors souvent la principale interlocutrice des athlètes pour leur assurer un avenir au plus haut niveau. Arnaud Litou, manager de la performance paralympique : « Pour les athlètes avec un profil de potentiel médaillable, on a un engagement d'assurer un seuil de revenus annuels, 40 000 euros brut par an, qui nécessite qu'on aille chercher des partenaires ou qu'on mette des fonds d'État pour assurer d'atteindre ce seuil. C'est tout le chemin à parcourir pour en arriver là, où on doit accompagner les athlètes en fonction de leur niveau de pratique et de leurs besoins également ». Continuer les efforts et les financements Mais si les financements publics restent primordiaux, ils se fragilisent dans le contexte budgétaire actuel. Le privé doit donc aussi prendre sa part, et il y trouvera son compte, rappelle Gaël Rivière, joueur des Bleus du cécifoot devenu président de la Fédération française handisport. « Nous, ce qu'on dit de manière globale, c'est qu'avec le parasport, on a quelque chose qui est porteur de valeurs et de messages. Il y a beaucoup de belles histoires à raconter et à accompagner. C'est un vrai appel qu'on continue à faire auprès des partenaires, en leur disant : "N'interrompez pas vos efforts en vous disant qu'on reviendra un ou deux ans avant les Jeux." Si on veut récolter demain les fruits d'un travail, il faut commencer dès maintenant. » Pérenniser l'effet positif des Jeux paralympiques, un travail de longue haleine pour que les 75 médailles récoltées à Paris 2024 ne deviennent pas le simple souvenir d'une parenthèse désenchantée. À lire aussiHéritage des JO 2024: le renouvellement urbain de la porte de la Chapelle, l'autre réussite des jeux [3/5]
Il y a un an, Paris vibrait au rythme des Jeux olympiques et paralympiques. Depuis, la flamme s'est éteinte, mais que reste-t-il de cet été hors norme dans la capitale française ? Avec une série de reportages, RFI revient sur les promesses, les transformations et les traces laissées par les Jeux dans la ville. Peu de nouvelles infrastructures sont sorties de terre pour l'occasion, c'était un engagement du comité olympique pour des raisons de développement durable et d'économie. Mais autour de ces rares installations, ce sont des quartiers entiers qui se sont transformés. Exemple avec la porte de la Chapelle, dans le nord de Paris. Le quartier est limitrophe du département de la Seine-Saint-Denis, mais séparé par un boulevard périphérique. Avec ses deux grandes tours et ses nombreux logements sociaux, il s'est longtemps traîné une réputation de précarité et d'insécurité. Jusqu'à la création de l'Adidas Arena, qui a notamment accueilli des épreuves de badminton. « C'est une grande artère, aussi large que les Champs Élysées ». La comparaison avec la plus belle avenue du monde s'arrête à peu près là. La rue de la Chapelle mène à la porte du même nom et à la désormais célèbre Adidas Arena, l'un des équipements phare des Jeux olympiques de Paris. Jean-Michel Métayer habite le quartier depuis la fin des années 1980. Il l'a vu se transformer pour l'évènement. « C'était une rue absolument infernale, se souvient-il. La rue était pleine de voitures, de contre-allées et tout. C'est une transformation complète. Vous voyez les gens, ils déambulent, ils s'installent sous les arbres, sur les bancs. Il y a deux ans, vous n'aviez pas ça. » C'est à la société d'urbanisme Richez Associés que la Mairie de Paris a confié, dès 2019, la mission de repenser le quartier avec pour ligne de mire, les Jeux olympiques. Pour Vincent Cottet, cela commençait forcément par réduire l'espace réservé aux voitures : « On a créé plus de trottoirs, plus de pistes cyclables. Surtout, on a prolongé le bus ligne 38, qui est la ligne majeure parisienne, jusqu'à Saint-Denis. La Porte de la Chapelle, ce n'est plus un terminus, c'est un morceau de ville qu'on traverse et qui s'accroche à tous les autres quartiers autour. » Mais pour mieux comprendre l'ampleur du défi lancé à Vincent Cottet et son équipe, Jean-Michel Métayer nous emmène tous chez l'un de ses voisins. Direction le dernier étage d'une des deux tours qui bordent la porte de la Chapelle. L'appartement nous offre une vue panoramique sur tout le nord de Paris. Devant nous d'abord, un enchevêtrement de routes : « C'est un triple échangeur qui permet à la fois de rejoindre l'autoroute A1, de rejoindre Paris et en même temps d'accéder à Saint-Denis de l'autre côté. On a supprimé des voies pour pouvoir installer l'Arena, et de l'autre côté, un espace qui était abandonné a permis d'installer les bâtiments universitaires du campus Condorcet. Les Jeux olympiques ont été un accélérateur de cette transformation parce que comme tout grand projet avec des délais contraints, cela nous place tous dans une grande dynamique collective. Sans les JO, nous n'aurions pas avancé aussi vite et on n'en serait pas là. » Les terrains vagues ont disparu, la colline du crack aussi. Ce lieu de rendez-vous des toxicomanes a longtemps terni la réputation du quartier. Mais le trafic n'a pas totalement disparu. Les riverains comptent sur l'ouverture prochaine du campus pour transformer encore un peu plus la porte de la Chapelle. À lire aussiJO-2024: l'Arena Porte de La Chapelle, une grande salle et des promesses
Il y a un an, Paris vibrait au rythme des Jeux olympiques et paralympiques. Depuis, la flamme s'est éteinte, mais que reste-t-il de cet été hors norme dans la capitale française ? Avec une série de reportages, RFI revient pendant deux semaines sur les promesses, les transformations et les traces laissées par les Jeux dans la ville et dans les vies. Aujourd'hui, on revient sur un sport qui séduit de plus en plus d'adeptes depuis un an : le tennis de table. Dans les campings, dans les cours d'école ou au milieu d'un parc, la table de ping-pong est devenue presque indispensable. Les JO 2024 et le succès des frères Alexis et Félix Lebrun, deux jeunes Français qui se sont hissés sur les podiums, ont crédibilisé le tennis de table et fait rêver de nombreuses personnes. Preuve en est : les inscriptions dans les clubs sont en hausse. En Île-de-France, la proportion d'adhérents a grimpé de 17%. À lire aussiMondiaux de tennis de table: les frères Lebrun se contentent du bronze
Il y a un an, Paris vibrait au rythme des Jeux olympiques et paralympiques. Depuis, la flamme s'est éteinte, mais que reste-t-il de cet été hors norme dans la capitale française ? Avec une série de reportages, RFI revient pendant deux semaines sur les promesses, les transformations et les traces laissées par les Jeux dans la ville et dans les vies. Dans ce premier épisode, RFI vous propose une balade à travers ces lieux emblématiques découverts ou redécouverts lors de la cérémonie d'ouverture des JO. À lire aussiFrance: héritage des Jeux olympiques, la baignade dans la Seine ouvre à Paris
Ils viennent des quatre coins du globe : 1 200 enseignants de français se sont donné rendez-vous, du 10 au 17 juillet à Besançon, pour le XVIᵉ congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français. Lucie Bouteloup est sur place. Après des professeurs burkinabè, colombiens et indiens, aujourd'hui, elle nous présente une enseignante québécoise, Anne Robitaille. Le Québec est une région qui compte environ 7 millions de francophones. À lire aussiSérie Portraits de professeurs de français – Salifou Coulibaly professeur à Ouagadougou, au Burkina Faso [1/5]
Ils viennent des quatre coins du globe… 1 200 enseignants de français se sont donné rendez-vous du 10 au 17 juillet à Besançon pour le XVIᵉ congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français. Lucie Bouteloup est sur place. Après des professeurs burkinabè, colombiens et indiens, aujourd'hui, elle nous présente une professeure afghane. En Afghanistan, le français est toujours la deuxième langue étrangère étudiée. Demain, Lucie Bouteloup nous présentera un nouveau portrait : celui d'une enseignante au Québec.
Ils viennent des quatre coins du globe… 1 200 enseignants de français se sont donné rendez-vous du 10 au 17 juillet à Besançon pour le XVI congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français. Lucie Bouteloup est sur place et aujourd'hui elle nous présente une jeune professeure indienne de l'université de Madras, Srunika Kannan. L'Inde compte aujourd'hui plus de 600 000 locuteurs de français et le français est la première langue étrangère étudiée. Demain, Lucie Bouteloup dresse le portrait d'une professeure qui enseigne le français en Afghanistan.
Ils viennent des quatre coins du globe : 1 200 enseignants de français se sont donné rendez-vous du 10 au 17 juillet à Besançon pour le XVI congrès mondial de la Fédération internationale des professeurs de français. Lucie Bouteloup est sur place. Elle nous présente aujourd'hui Erika Escobar, une professeure de français qui enseigne à Lima, au Pérou. Demain, Lucie Bouteloup nous présentera un nouveau portrait : celui d'une enseignante à Madras en Inde.