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Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats. Retrouvez les sujets traités par cette émission sur RFI SAVOIRS = http://savoirs.rfi.fr/

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    • Sep 30, 2025 LATEST EPISODE
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    Éco-score textile: le coût environnemental des vêtements arrive sur les étiquettes en France

    Play Episode Listen Later Sep 30, 2025 2:32


    En France, un éco-score textile entre en vigueur ce mercredi 1er octobre dans les enseignes de prêt-à-porter. L'objectif : informer le consommateur sur le coût environnemental du t-shirt, de la veste ou du maillot de bain qu'il s'apprête à acheter. Inspiré d'un indicateur conçu par l'Union européenne, ce nouvel outil de mesure français n'est pas obligatoire. Dans sa boutique au centre de Paris, Christophe Cordonnier vend des vêtements conçus à partir de matières recyclées. Sa marque, Lagoped, est la première en France à afficher l'éco-score de ses produits textiles. Si on prend l'exemple d'un coupe-vent de cette marque, le coût environnemental est de 2 639 points d'impact : « Ça veut dire que c'est le résultat d'une analyse de cycle de vie complète sur un produit, depuis la matière première jusqu'à sa fin de vie, en passant par sa fabrication, sa distribution, les transports, son stockage, son utilisation. Et sur cette analyse de cycle de vie, on prend en compte 16 impacts environnementaux : l'utilisation des ressources naturelles, que ce soit l'eau, les terres arables, les minerais, les pollutions de l'eau ou de la terre... » Les règles de calcul sont publiques, chaque marque peut donc s'emparer de la méthodologie ou confier ses données à un organisme extérieur. « Il faut savoir où sont faites les matières, où est fait le tricotage, le tissage, la teinture, qu'est-ce qu'on a utilisé comme produit, quels sont les poids, quelles sont les compositions... Après, on peut se contenter d'avoir simplement la composition, le poids et le pays de fabrication, ça suffit déjà pour calculer un score, qui ne sera pas le plus précis de ce que fait l'entreprise qui calcule le score, mais en tout cas, qui sera une approximation qu'on peut mener », poursuit Christophe Cordonnier. Plus le produit a un score élevé, plus son impact sur la planète est lourd. Pour ces deux passantes, ce nouveau chiffre indiqué sur l'étiquette aura du mal à rivaliser avec les petits prix des enseignes de fast fashion. « Je connais beaucoup de gens qui pensent d'abord économiquement, et c'est normal. C'est un peu compliqué en ce moment ou parce qu'ils n'ont pas beaucoup d'argent », lâche une première. Un indicateur pour repenser la consommation « Mais aussi, je pense que les personnes ne sont pas forcément informées sur le coût environnemental de la production de vêtements et que, justement, si l'éco-score venait à être mis en vigueur correctement, ça pourrait être un vrai outil sur la manière dont on informe les consommateurs sur leur choix », note une autre. Un indicateur qui va dans le bon sens selon l'ONG les Amis de la Terre, mais qui devrait être assorti de pénalités financières pour les marques. Pierre Condamine, chargé des questions de surproduction, développe : « Si je vends un t-shirt qui a un impact environnemental qui est bien plus élevé que le reste, eh bien, je dois payer 1€, 2€ en plus pour avoir le droit de le commercialiser en France. Et ça, c'est ce qu'on demande. Parce qu'en effet, l'information, la sensibilisation, c'est une bonne étape, mais ça n'infléchit pas les pratiques des consommateurs et des consommatrices. Mais, par contre, si on met une pénalité financière, les entreprises peuvent, elles, être plus disposées à essayer de changer leurs pratiques. » Les marques afficheront cet éco-score sur la base du volontariat. Et pour celles qui ne l'ont pas fait d'ici un an, la société civile pourra publier elle-même le coût environnemental de leurs produits sans accord préalable de l'enseigne.

    Lutter contre la solitude: le succès des applications de rencontres amicales

    Play Episode Listen Later Sep 29, 2025 2:31


    Dix-sept pour cent des Français se sentent souvent, voire toujours seuls, selon un sondage Ifop, fin 2024. C'est quatre points de plus qu'en 2018, avant l'épidémie du Covid-19. Depuis, les confinements et cette hausse de la solitude ont démocratisé le recours au numérique, pour créer du lien. De nouvelles applications de rencontres proposent ainsi de trouver, non pas l'amour, mais des amis. De plus en plus spécialisées, elles permettent à leurs membres d'organiser un repas, un concert, un cinéma, en groupe. Dix inconnus se retrouvent sur les quais de Paris, en milieu d'après-midi. Leur point commun : une partie de ping-pong, planifiée sur une application de rencontres. Elsa, l'organisatrice de 44 ans, apprécie ces sorties comme une solution pour les personnes isolées : « Je n'ai pas trop d'amis, parce que déjà mon fils me prend beaucoup de temps entre le travail, lui, l'école. Donc, j'ai un rythme déjà assez soutenu. Donc, voir, rencontrer de nouvelles personnes, je trouve que ça fait du bien. » Ces applications – Knokk, créée pendant le confinement, ou Frimake – représentent chacune plus de 500 000 utilisateurs. On peut y créer des salons numériques pour échanger et organiser des activités dans son quartier, cinémas, promenades. Stéphane, 42 ans, a découvert l'application pour un nouveau départ : « Moi, c'était après une rupture amoureuse, et je voulais me faire un bowling. On était en plein mois d'août, mes potes étaient en vacances et je ne sais plus pourquoi, j'ai fait une recherche sur internet, et j'ai fait une sortie comme ça au hasard. » Des hasards qui lui ont permis de sortir de la solitude, affirme Stéphane : « C'est de belles rencontres, des gens que je n'aurais pas rencontrés dans mon parcours normal et, oui, ce sont des gens intéressants quand tu t'intéresses à eux. ». Et quand on lui demande s'il les considère comme des amis aujourd'hui, il répond : « Ouais. On peut dire ça, ouais. » « Une société où la solitude est une véritable épidémie » Ellison, 23 ans, est arrivé à Paris il y a une semaine : « Comme je ne connaissais personne, je me suis dit que j'allais essayer, je vais voir s'il n'y a pas des applications qui permettent de rencontrer des gens, de faire des activités et tout. Cela fait quelques jours que je suis dessus, enfin presque une semaine maintenant. Et pour l'instant, j'ai pu faire pas mal de trucs. J'ai pu faire de l'ultimate, de la pétanque, du pique-nique, du badminton aussi ! » WeRoad organise des voyages avec des inconnus, Timeleft, des dîners. Il y a aussi des applications à swipe, où l'on fait glisser à droite ou à gauche les profils, selon s'il nous plaît ou non. Comme l'application Turn Up, qui se base sur les goûts musicaux. C'est grâce à elle que JC, 40 ans, a pu créer un groupe d'amis très soudés, qui se retrouvent très souvent : « On s'est retrouvés du coup trois mecs, quatre filles, et tout le monde s'est entendu. Et après, chacun a ramené des rencontres d'appli, ou de soirée. Au bout de deux mois, on était 35-40 dans notre groupe. Il y a eu un côté thérapeutique. Moi, j'ai eu une histoire l'année dernière où j'ai quitté un groupe de potes, et j'ai eu ce sentiment d'être seul en août. Et je pense que 90% des gens de ce groupe ont été exactement dans la même situation que moi. C'est ça qui crée le côté familial. » Face au succès de ces applications, Pascal Lardellier, professeur à l'université de Bourgogne, constate qu'on renonce à la spontanéité pour lutter contre cette solitude, un véritable phénomène de société : « On se sent seul parce que, n'oublions pas, nous sommes dans une société d'individualisme connecté, et ça, c'est un grand paradoxe. Nous sommes bardés de prothèses technologiques, mais nous sommes faiblement rencontrants et fortement communicants. C'est un paradoxe en effet d'une société où la solitude est une véritable épidémie, mais d'une société dans laquelle c'est sur les plates-formes, qui vont parfois fragmenter et archipelliser les communautés, que l'on rencontre des gens avec qui partager des passions... Nous sommes devenus des consommateurs relationnels. » À lire aussiLa puissance de l'amitié (Rediffusion)

    La précarité alimentaire des demandeurs d'asiles

    Play Episode Listen Later Sep 28, 2025 2:32


    Faute d'argent, un demandeur d'asile sur deux est obligé de sauter des repas en région parisienne. Pire encore : deux parents sur trois se privent pour mieux nourrir leurs enfants. Ces chiffres alarmants sont tirés d'une enquête publiée par l'ONG Action contre la faim au début de l'été. Au total, près de 200 demandeurs d'asile ont été sondés. Tous ont posé leurs valises dans des hébergements d'urgence autour de Paris qui réclament d'urgence l'aide de l'État. Notre correspondant a poussé la porte d'un de ces centres, un ancien hôtel à Bussy-Saint-Georges, qui accueille 170 demandeurs d'asile, des Maliens, des Congolais, des Afghans. Tous s'habituent à s'endormir le ventre vide. À lire aussiFrance: l'État sommé de prendre en charge les frais de transport de tous les demandeurs d'asile

    Mercosur, Ukraine, insecticides... Pourquoi les agriculteurs continuent à se mobiliser?

    Play Episode Listen Later Sep 25, 2025 3:39


    Dans une France en pleine crise politique, le début de l'automne est aussi marqué par une profonde grogne sociale. Après le mouvement « Bloquons tout », et entre deux journées de grève à l'appel des syndicats, c'est au tour des agriculteurs de descendre dans la rue. La FNSEA, le principal syndicat agricole, appelle ce vendredi à une journée d'actions pour protester contre la signature d'un accord de libre échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur, en Amérique latine. À lire aussiAccord UE-Mercosur: les pays d'Amérique du Sud plus enthousiastes que l'Union européenne

    Aristophil: l'escroquerie aux 18 000 victimes

    Play Episode Listen Later Sep 24, 2025 2:33


    Depuis début septembre, les juges du tribunal correctionnel de Paris décortiquent une vaste escroquerie qui a coûté plus d'un milliard d'euros à des dizaines de milliers de victimes. L'illusion était pourtant parfaite : la société Aristophil, qui avait pignon sur rue à Paris, proposait aux personnes désireuses de placer leur épargne d'acheter de toutes petites parts d'une œuvre d'art, avec une promesse juteuse à la clef : une fois l'œuvre vendue, chacun récupère sa mise, avec intérêts et plus-value. Mais la pyramide de Ponzi finit par s'effondrer en 2014. Dix ans plus tard, 8 000 parties civiles attendent de revoir la couleur de l'argent qu'ils ont investi. « Émotionnellement, c'est dur. » Les yeux embués de larmes, Sylvie sort de la salle d'audience. Elle vient de raconter à la barre son histoire et comment tout a basculé. À sa droite, sur le banc des accusés : des marchands d'art, des notaires, des courtiers en assurance, soupçonnés d'avoir participé à l'escroquerie imaginée par Gérard Lhéritier, qui comparait libre lui aussi : « C'est tellement des gens lamentables pour moi. Là, les témoignages qu'on a entendus avant moi, ça m'a mis déjà les larmes aux yeux. Donc je crois que de le voir, c'est… je trouve ça dur. » Un placement présenté comme sûr En 2010, Sylvie, qui vient de vivre un divorce difficile et de vendre sa maison, décide de placer ces nouvelles économies. La société Aristophil propose justement à des passionnés de littérature comme elle, d'acheter les parts de manuscrits prestigieux avec la promesse de récupérer l'argent lorsque l'œuvre serait vendue, avec en prime 8% d'intérêts par an et la plus-value de la vente : « J'espérais à l'époque récupérer cet argent, bonifié en quelque sorte, pour réinvestir dans un fonds de commerce. Ma vie a été complètement bouleversée. » Une arnaque parfaitement ficelée, d'après son avocat Nicolas Lecoq-Vallon. Il représente près d'un millier de victimes : « Ces placements, ce n'était pas quelque chose de délirant, c'est un investissement de bon père de famille. On disait, mais écrit noir sur blanc, plutôt que d'aller sur le livret A, pourquoi ne prenez-vous pas un investissement ? Chez Aristophil, c'est tout aussi sûr et vous avez un rendement qui évidemment est beaucoup plus intéressant. Donc, c'est un discours qui était tout à fait crédible et qui pouvait être suivi par des gens qui étaient des gens raisonnables et qui n'étaient pas des spéculateurs. » Une pyramide de Ponzi bien dissimulée C'est en 2014 que Sylvie apprend qu'Aristophil est en réalité une pyramide de Ponzi : multiplier les investisseurs pour que les premiers soient remboursés. Mais les derniers arrivés, eux, ne récupéreront jamais leur mise. Sylvie voit donc près de 130 000 euros s'évaporer et son monde s'écrouler : « Le point commun de tout le monde, je trouve, et c'est ça qui est dingue aussi, c'est comme les femmes violées, c'est le sentiment de honte alors qu'on est des victimes. Ces dix années, elles sont passées. Aujourd'hui, je suis à la retraite, mais j'aimerais quand même bien retrouver cet argent. J'ai quand même deux grandes filles qui sont adultes aujourd'hui, et si je pouvais au moins maintenant, à mon tour, les aider elles, ce serait super. » Au total, 18 000 personnes auraient confié leur épargne à la société de Gérard Lhéritier. Huit mille se sont constituées parties civiles. À l'écoute de leur témoignage, le principal suspect s'est dit « solidaire » des victimes, mais assure qu'elles ne connaissent pas les vrais dessous du dossier.

    Arnaques au titre de séjour

    Play Episode Listen Later Sep 23, 2025 2:31


    En France, plus la politique migratoire du gouvernement est ferme, moins les personnes sans papiers ont de chances d'être régularisées, et plus fleurissent sur internet des sociétés commerciales qui vendent leurs services d'aide administrative. Elles promettent un accompagnement personnalisé, des procédures accélérées, des titres de séjours en peu de temps... moyennant finance évidemment. Des publicités sont placardées régulièrement dans les couloirs du métro parisien notamment. Des publicités mensongères qui s'adressent à une population particulièrement vulnérable. « Il y a plus d'un an, j'ai payé 1 740 euros pour qu'on puisse me trouver un rendez-vous à la préfecture. Je ne comprends pas... » Mary remonte le fil de sa boîte mail pour nous montrer des preuves de paiement et les quelques échanges qu'elle a eus avec une société, qui se présente comme spécialiste des démarches d'immigration en France : « J'ai entendu parler d'eux, surtout dans les publicités. Le premier rendez-vous, c'est gratuit. Ils nous disent directement : "Vous allez avoir vos papiers le plus rapidement possible !" Vous vous imaginez… » Cette mauritanienne de 43 ans, qui s'occupe seule de ses cinq enfants, espérait enfin sortir de la clandestinité et obtenir un titre de séjour. Alors, comme demandé, elle dépose rapidement tous les documents nécessaires au siège de la société en proche banlieue parisienne : « Mes bulletins, c'est moi qui les ai amenés, attestation de scolarité de mes enfants, avec mes impôts, tout. Ils m'ont même dit "vous avez tout classé, c'est parfait". » Quelques mois plus tard, la mère de famille reçoit un accusé de réception de la préfecture des Yvelines, où elle vit. Son dossier semble être arrivé à bon port, mais depuis plus rien... « Je les appelle, ils me disent "non, il faut juste attendre". J'ai répondu attendre jusqu'à quand ? Ce n'est pas ce que vous nous avez dit avant ? » Nous avons décidé d'appeler cette société pour savoir ce qui pouvait bien justifier une facture de 1 740 euros, lorsque l'on sait que toute démarche administrative en France est gratuite : « Nos avocats travaillent d'arrache-pied normalement avec la préfecture. On fait vraiment de notre mieux pour leur obtenir des rendez-vous en préfecture. » « C'est une arnaque » Jacques Mercier est délégué syndical CFDT dans les Yvelines, chargé des travailleurs sans papiers : « Les quelques retours d'expérience que l'on a montrent que ces personnes, elles ont un mail disant "on va s'occuper de vous", mais derrière, il ne se passe rien ou s'il se passe quelque chose, ça n'accélère en rien leurs démarches. La préfecture, elle respecte l'ordre dans lequel les dossiers sont déposés. » Depuis quelques années, la CGCCRF, le service anti-fraude de l'État, note une multiplication des sites monnayant une aide administrative, notamment à l'adresse des étrangers. Pour Jacques Mercier, ils profitent du désarroi des usages face à la dématérialisation des démarches, mais aussi de l'allongement des délais de traitement : « Il se passe une année, deux années et elles n'ont aucun retour. Et si elles écrivent à la préfecture pour demander des nouvelles, la préfecture leur répond qu'on leur écrira un jour, "quand on aura le temps". » En France, de nombreuses associations et de syndicats accompagnent gratuitement les étrangers dans leurs démarches administratives.

    Les droits de douane américains frappent durement les fabricants français d'instruments de musique

    Play Episode Listen Later Sep 22, 2025 2:36


    Depuis le 7 août, des droits de douane américains de 15% s'appliquent sur les exportations européennes. Les filières du vin, de l'aéronautique ou encore du luxe comptent parmi les plus touchées. Mais ces nouvelles taxes ont aussi de lourdes répercussions sur l'industrie française des instruments de musique, qui exporte massivement outre-Atlantique. Le marché américain capte la moitié des instruments produits dans le monde. Dans l'imposant atelier de Buffet Crampon, situé à Mantes-la-Ville, à l'ouest de Paris, 15 000 clarinettes sont produites chaque année. Une majorité est exportée de l'autre côté de l'Atlantique, « environ 30% de notre production », estime Jérôme Perrod, président de cette entreprise bicentenaire. Mais depuis l'entrée en vigueur des taxes américaines, le 7 août dernier, la mélodie a changé, explique ce chef d'entreprise : « On perçoit déjà la baisse du marché liée à des augmentations de prix. Les magasins font preuve d'une grande prudence et ne veulent pas renouveler leurs stocks, car ils ont la crainte que les musiciens achètent moins d'instruments. » De fait, le marché des instruments de musique à vent se contracte aux États-Unis, en raison d'une augmentation des prix dans le pays, consécutive à l'instauration des droits de douane par l'administration de Donald Trump. La hausse observée varie de 10 à 15%, selon Jérôme Perrod. À la tête des harpes Camac, entreprise pionnière dans la construction de harpes en France, Jakez François dresse un constat similaire. Le marché américain représente un quart de ses exportations. « Ces droits de douane ont fait bondir nos prix immédiatement. Ils s'ajoutent à la faiblesse du dollar par rapport à l'euro. En combinant les deux, on enregistre une hausse de nos prix de l'ordre de 22% aux États-Unis. » Le 15 septembre dernier, l'entreprise subit une déconvenue annoncée. « Nous avions un container qui était sur le point de partir avec une quinzaine de harpes. Notre distributeur principal a annulé une grosse moitié de la commande. On se retrouve concrètement dans la situation qu'on craignait », soupire Jakez François. Un coup dur alors que le principal concurrent mondial des harpes Camac se trouve justement aux États-Unis : « Cela rend notre position bien plus difficile vis-à-vis de ce concurrent. » En revanche, Buffet Crampon est presque en situation de monopole sur le marché des instruments de musique à vent. Alors son président, Jérôme Perrod, avoue ne pas comprendre la pertinence de ces droits de douane : « Nous n'avons aucun concurrent aux États-Unis, donc personne ne va tirer bénéfice de ces taxes américaines. » Des conséquences sur la qualité des productions Les droits de douane conclus entre l'Union européenne et l'administration Trump ressemblent bel et bien à un accord perdant-perdant. D'autant plus compromettant que la pratique des instruments de musique à vent est historiquement très ancrée outre-Atlantique. « Il y a une très forte émulation aux États-Unis dans la pratique instrumentale, en particulier en orchestre, dès l'école. La moitié des enfants entre 9 et 12 ans choisissent de pratiquer un instrument à vent, ce qui génère forcément des vocations », rappelle Jérôme Perrod. Mais à terme, cette tradition pourrait souffrir des conséquences de ces droits de douane, explique Coraline Baroux-Desvignes, déléguée générale de la Chambre syndicale de la facture instrumentale, qui représente une soixantaine d'entreprises du secteur : « Il y a des musiciens qui risquent de retarder l'achat d'instruments de musique en attendant que la situation soit plus propice, ce qui peut avoir un impact sur la qualité des productions musicales. » Sans compter que la hausse des prix affecte également les instruments d'études, moins chers. « Cela pourrait décourager les musiciens en herbe de se lancer dans la pratique régulière d'un instrument », ajoute Coraline Baroux-Desvignes, qui dit craindre des conséquences sur « plusieurs générations de musiciens ». Préserver le savoir-faire des artisans L'eldorado américain devenant de plus en plus inaccessible, les entreprises françaises de la facture instrumentale songent à réorienter leurs exportations vers d'autres marchés. Du côté des harpes Camac, Jakez François dit travailler sur le sujet afin d'atteindre ou renforcer sa présence dans certaines destinations en Asie, notamment en Chine, à Hong Kong ou Singapour. Une réflexion similaire a été menée à Buffet Crampon. « Mais ces nouveaux débouchés ne permettront sans doute pas de compenser la baisse des volumes exportés aux États-Unis », estime Jérôme Perrod. Le marché américain capte en effet la moitié des instruments de musique produits dans le monde. Si Jakez François estime que son entreprise peut résister pour le moment, Jérôme Perrod, lui, a été contraint de placer certains de ses salariés au chômage partiel afin de réduire son activité : « Ça nous fait mal au cœur de voir les ateliers vides certains vendredis », se lamente-t-il. Mais c'est la moins pire des solutions pour conserver le savoir-faire de ses artisans, selon le chef d'entreprise : « Il nous faudrait plusieurs années pour reformer des salariés et retrouver les niveaux de qualité que l'on a aujourd'hui. Le chômage partiel nous permet de conserver les effectifs et, le jour où l'activité redémarre, de les faire revenir comme avant. » S'il ne croit guère à une levée des droits de douane, Jérôme Perrod dit toujours espérer une exemption des taxes américaines sur les instruments à vent. Par ailleurs, la Cour suprême des États-Unis doit se prononcer début novembre sur la légalité des droits de douane imposés par Donald Trump aux partenaires commerciaux des États-Unis.

    La galère des étudiants ultramarins pour se loger

    Play Episode Listen Later Sep 21, 2025 2:31


    Se loger pour un étudiant, c'est déjà un véritable casse-tête... Mais lorsqu'on vient des territoires d'outre-mer pour poursuivre ses études en métropole, c'est encore plus compliqué. Les étudiants ultramarins sont frappés par une discrimination au logement liée à la situation géographique et économique de leurs garants, selon l'Insee. Actuellement, ce sont 38 000 étudiants des Outre-mer qui suivent des études supérieures dans l'Hexagone, dont 6 000 nouveaux qui arrivent en début d'année universitaire.

    La folie des cartes Pokémon connaît un nouveau souffle

    Play Episode Listen Later Sep 17, 2025 2:28


    La licence Pokémon se fait vieille déjà 30 ans en 2026, mais elle n'a pas perdu de son attractivité. Vingt-cinq jeux vidéos, vingt saisons de dessins animés, 24 films et pourtant le produit Pokémon le plus prisé reste ses plus de 20 000 cartes Pokémon qui se vendent et s'échangent à des prix toujours plus affolants. Achetez-les tous plutôt. Bien protégé par une grosse vitre en plexiglas, des dizaines de milliers de cartes Pokémon multicolores tapissent les murs du Fuji Store à Paris. Des cartes à 12 000 euros côtoient celles à 10 euros, il y en a pour tout le monde et les amateurs sont venus tenter leurs chances. Arthur et Tess sont arrivées de Caen exprès dans l'espoir de compléter leur collection. Et ils sont vraiment « à fond dedans tous les mois, limite à dépenser beaucoup trop d'argent », confie Arthur. Tess a sa stratégie bien rodée. « Mais sinon on fait un "Master set" donc c'est toutes les cartes d'une série entière qu'on collectionne et voilà faut toutes les avoir. Parfois, il y a des cartes qui sont en trois fois, mais il faut toutes les avoir pour compléter le master set ». « Il y en a qui peuvent collecter les cartes mignonnes, celles qui sont bleues, celles qui sont roses. Moi, la plus chère que j'ai, ça doit être une centaine d'euros », développe Arthur. À lire aussiParoles de chasseurs de Pokémon 100 euros, c'est déjà un investissement à vingt ans, à côté d'eux, un collectionneur a le double de leur âge et de leur porte-monnaie. Il fait son choix d'un œil expert. « Déjà, c'est une carte qui est en "full art" donc le dessin passe sur toute la carte. Le Pokémon, lui, est défini avec les traits verts tout autour et on voit le dresseur derrière. Maintenant que je suis adulte, je peux me permettre de faire ce genre de truc. » À lire aussiMarché de l'art: des cartes Pokémon d'exception vendues aux enchères Le « boum » des cartes Pokémon L'année dernière, les jouets de la licence Pokémon étaient les plus vendus en France, au Canada, en Belgique, en Italie et aux États-Unis. Le Fuji Store est bien la preuve de ce succès : installé il y a deux ans, le magasin qui ne vend que des cartes Pokémon ne désemplit pas. Il a même un concurrent dans la même rue. Maxime est le responsable. Il collectionne les cartes Pokémon depuis 14 ans et a observé les changements depuis 2010. « Il y a eu une explosion du marché en 2020, on appelle ça le "Boum Pokémon", c'est monté, monté, monté, ça s'est stabilisé un petit peu et le deuxième boum, il a eu lieu en décembre. Il y a eu une carte qui est sortie en décembre et qui a fait beaucoup parler. Il y a eu pas mal de Pokémon qui cherchaient cette carte-là. Et en même temps, on a eu l'application mobile donc TCG Pocket, du coup ça a fait ce gros boum et c'est pour ça que les cartes Pokémon explosent à nouveau. On arrive aussi aux trente ans et plus, on approche des trente ans et plus, les cartes montent en prix. On a des cartes Pokémon entre 2024 et aujourd'hui qui ont doublé ou triplé. C'est assez dingue. » Et plus les cartes sont vieilles, plus elles valent cher. Les premières des années 1990-2000 grimpent vite à 1000 euros. Pour suivre le mouvement, des entreprises comme Micromania se sont réinventées et proposent des estimations et des expertises de cartes Pokémon. À lire aussiLe phénomène Pokémon a 25 ans

    Santé mentale: abolir la contention pour ne pas «re-traumatiser»

    Play Episode Listen Later Sep 16, 2025 2:29


    En France, la santé mentale a été érigée en grande cause nationale en 2025, avec la mise en place d'un « plan psychiatrie ». Plan qui prévoit notamment de former aux alternatives à la contention. Cette pratique désigne depuis l'Antiquité l'entrave au corps pour l'immobiliser, afin de maîtriser les malades agités. Cela va des ceintures de cuir aux camisoles. La contention a traversé les siècles comme les symboles les plus visibles de la psychiatrie. Aujourd'hui, elle est interdite dans plusieurs pays comme l'Islande ou la Nouvelle-Zélande. En France, elle est encadrée par une loi et doit être utilisée en dernier recours. Mais la logique de l'entrave n'a pas pour autant complètement disparu. Ceux qui plaident pour l'abolir, pensent qu'elle n'est pas un soin, mais une violence faite au patient. À lire aussiPriorité Santé - Santé mentale : grande cause nationale ? À lire aussiDébat du jour - Santé mentale : y a-t-il une prise de conscience ?

    France: la difficile rentrée universitaire des étudiants en quête d'une alternance

    Play Episode Listen Later Sep 15, 2025 2:35


    En France, la rentrée universitaire se fait dans la panique pour bon nombre d'étudiants en alternance. En cause ? La recherche d'un contrat en entreprise qui s'avère particulièrement difficile cette année. Alors qu'en 2024 déjà, 67 % des alternants, soit deux sur trois, éprouvaient des difficultés à décrocher un contrat si l'on en croit une étude de l'Association pour l'emploi des cadres, 65 000 postes d'alternants pourraient être supprimés au second semestre 2025 selon l'Insee. La faute, entre autres, à la baisse des aides à l'embauche versées par l'État aux entreprises. Résultat : certains étudiants sont prêts à tout pour décrocher leur contrat d'apprentissage... À lire aussiSérie «Ralentir»: année de césure pour les étudiants

    En France, l'explosion de la consommation de stupéfiants touche toutes les catégories de population

    Play Episode Listen Later Sep 14, 2025 2:35


    En France, comme partout ailleurs, le trafic et la consommation de stupéfiants – notamment de cocaïne – est en hausse constante. Longtemps cantonnés aux mégapoles et aux banlieues urbaines, les réseaux de trafic de stupéfiants ont gagné les villes plus petites et la campagne française. La demande en cocaïne n'a jamais été aussi forte, en particulier chez les jeunes adultes. RFI a recueilli les témoignages de consommateurs. Chacun à leur manière, ils racontent leur addiction. (Rediffusion du 23 juin 2025)  Certains matins, Olivier, Parisien de 45 ans, prend un rail de cocaïne avant d'aller travailler dans la restauration. Il dit gérer sa consommation et revient sur les effets de la cocaïne. « Vous avez une montée et en cinq minutes, vous avez la descente. Après, le cerveau réclame. Ce n'est pas physique, c'est psychologique. À long terme, si on en prend beaucoup, on peut être dépressif. Moi, personnellement, non, parce que je sais m'arrêter », estime-t-il. Comme 40% des consommateurs de poudre blanche, Olivier se fait livrer à domicile grâce aux réseaux sociaux. Ce n'est pas le cas de Pierre. Il vit de petits boulots et s'approvisionne auprès d'un dealer à l'ancienne, comme il dit. Cet habitant de Châteauroux, ville moyenne située dans le centre de la France, raconte son parcours de toxicomane : « C'est mon père qui m'a mis dedans. Mon père était déjà dans la rue. Ma première bière, c'est lui qui me l'a payée. J'étais petit, j'avais 7-8 ans, un truc comme cela. Puis, le premier joint que j'ai fumé, c'était avec lui aussi. J'ai commencé à 14 ans la fumette. Avec le temps, j'ai consommé d'autres drogues, d'autres trucs. »  Âgé de 36 ans, Pierre est polytoxicomane, c'est-à-dire qu'il consomme plusieurs drogues en même temps. Il regrette que les usagers de stupéfiants soient stigmatisés. « Tout le monde consomme de la drogue par rapport à un trauma qu'il a subi. Le problème, ce n'est pas la consommation, mais c'est ce qui vient avant. C'est ce qui vient déclencher ce besoin de consommation pour combler quelque chose. Ce n'est pas forcément des gens qui sont bêtes, c'est juste d'être faible à un moment de sa vie. On pense que c'est une béquille, et en fait, on tombe dans un piège », explique-t-il. « L'héroïne, c'est ce qui te met vraiment au plus bas » Axel, lui, est un rescapé de l'héroïne. Le jeune homme, paralysé de toute la partie gauche du corps, allume une cigarette et revient sur l'effet de l'héroïne, le fameux flash. « Au moment où l'on s'injecte le produit, on sent que c'est fort. On sent le produit à l'intérieur du corps », se remémore-t-il. Aujourd'hui, Axel ne consomme plus que du cannabis et se souvient de l'enfer de l'héroïne qui l'a amené à des comportements extrêmes, jusqu'à voler ses proches : « L'héroïne, c'est ce qui te met vraiment au plus bas. Le problème, c'est que ça te pousse à demander de l'argent ou des choses comme cela. C'est plus fort que toi. Le problème, c'est que tu es tellement à terre que tu es limite à tout casser. Je pense que c'est l'une des pires drogues. » Même constat chez Dylan, 29 ans, rencontré dans un centre d'aide aux toxicomanes. « Notre vie ne tient plus qu'à un gramme d'héroïne. On se met à contrôler toutes nos prises, à regarder l'heure, se dire : "Je sais qu'il faut que je prenne tant par jour parce que sinon je n'aurai pas le lendemain". Et si on n'en a pas, c'est un vrai manque, un sevrage. On a l'impression d'avoir la grippe, mais vachement plus fort », se rappelle-t-il. D'après l'Observatoire français des drogues, les consommateurs de substances illicites n'appartiennent pas à un groupe clairement identifié. Ils peuvent être des usagers socialement insérés, tout comme des usagers précarisés ou marginalisés. À lire aussiGrand reportage: à Châteauroux, approcher pour mieux soigner les usages de la drogue

    Supportrices de foot: lutter contre les violences misogynes dans les stades

    Play Episode Listen Later Sep 11, 2025 2:36


    Alors que le championnat de France de football a repris ses droits depuis quelques semaines, la parole se libère depuis quelques mois parmi les supportrices : sur les réseaux sociaux, les témoignages rapportant des remarques sexistes, des fouilles trop poussées ou même des agressions sexuelles se multiplient. Pour tenter de lutter contre ce fléau, plusieurs clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 se sont récemment dotés d'un système de signalement, comme le RC Lens qui l'a mis en place au stade Bollaert, dans le nord du pays. L'initiative est notamment portée par la branche française de l'association Her Game Too - « Son match à elle aussi », en français. « Je m'appelle Alicia. J'ai 22 ans. Je suis supportrice du RC Lens depuis toute petite et j'ai vécu une agression il y a un an et demi. Je me suis sentie incomprise. En plus, c'était une des premières fois où j'allais au stade sans mon père. C'était un peu plus compliqué... », raconte cette fan des Sang et Or. Un témoignage qui montre que derrière l'ambiance bouillante de ses tribunes, le Racing club de Lens n'échappe pas, lui non plus, aux violences que subissent les supportrices dans les stades. Depuis mars dernier cependant, un dispositif permet aux victimes ou aux témoins d'agressions sexistes et sexuelles dans les enceintes de Ligue 1 et de Ligue 2 de se signaler : « Il existe des QR codes dans les toilettes des femmes. Dessus, il y a un questionnaire sur lequel on demande à la victime d'expliquer les faits pour qu'une équipe puisse lui venir en aide, reprend Alicia. Il peut être rempli de façon anonyme ou non ». À ses côtés, Nelly, âgée de 50 ans, baigne, elle-aussi, dans le chaudron lensois depuis l'enfance. Et elle-aussi a été victime d'une agression : « Les hommes restent encore machos, donc c'est un peu difficile. Il faut qu'on fasse notre place », affirme-t-elle. Cette situation a-t-elle changé leur rapport au club ? « Non », répondent-elles en chœur. « Au début, j'avais des craintes, mais maintenant, je sais qu'on peut être protégé », ajoute Nelly.  « Safe zone » Les anciens postes d'infirmerie du stade ont été transformés pour accueillir les personnes qui auraient besoin d'être mises en sécurité. Nicolas Gumez, référent supporters du club, explique : « Il y a une "safe zone" par tribune accessible pendant le match. Si une femme - ou un homme - a besoin d'être isolé par rapport à une situation vécue, c'est possible. C'est la Croix-Rouge qui les accueille. Après les agents de sécurité avec lesquels la victime va avoir le premier contact, ils vont avoir avec elle un discours rassurant ».  Née d'un partenariat entre le RC Lens et l'association anglaise Her Game Too - « son match à elle-aussi », en français -, cette politique de lutte contre les violences compte aujourd'hui une quarantaine d'ambassadrices dans l'Hexagone. Chacune travaille pour son équipe de cœur, en Ligue 1 ou en Ligue 2. Mais pour Anoush Morel, présidente et supportrice du Paris Saint-Germain, il faut aller encore plus loin : « La femme est remise en question dans la société en général, ne serait-ce que par sa présence dans la rue. Ce n'est pas endémique au football. Cela existe aussi dans le rugby, dans le tennis et dans tous les milieux ».  Au stade Bollaert, neuf signalements ont déjà été enregistrés depuis le mois de mars. Preuve, pour l'association, que le public a su s'emparer du dispositif et refuse désormais que les violences s'installent en tribune. 

    «Bloquons tout»: des «Gilets jaunes» se mobilisent à nouveau

    Play Episode Listen Later Sep 9, 2025 2:36


    Une première journée sous haute tension pour le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu nommé mardi soir. Car c'est une journée de mobilisation partout en France ce mercredi. « Bloquons tout », c'est le nom de ce mouvement multiforme qui s'est structuré en dehors des partis politiques et des syndicats : il est né de manière spontanée sur les réseaux sociaux. Point commun chez les personnes mobilisées : une forte colère sociale. Des grèves, blocages et manifestations sont attendus partout dans le pays. Et parmi les protestataires, on retrouve des « Gilets jaunes », du nom de cette mobilisation citoyenne lancée en 2018 et qui s'est ensuite essoufflée. Cette nouvelle sociale leur redonne l'espoir de changements profonds. Certains s'organisaient dès hier soir. Reportage à Saint-Brice-Sous-Forêt, au nord de Paris. À écouter aussiEn France, la colère sociale monte avant la chute probable du gouvernement Bayrou

    Malgré la chute du gouvernement Bayrou, la colère sociale ne retombe pas

    Play Episode Listen Later Sep 8, 2025 2:31


    194 votes pour… 364 contre. À une large majorité, les députés français n'ont pas approuvé la déclaration de politique générale de François Bayrou, le Premier ministre français est renversé. Emmanuel Macron dit « prendre acte » et indique qu'un nouveau chef du gouvernement sera nommé « dans les prochains jours ». Cette censure du gouvernement a été célébrée par les opposants du Premier ministre : des Français qui se sont donnés rendez-vous, lundi soir, devant plusieurs mairies de l'Hexagone. Objectif : saluer le départ du Premier ministre et préparer la journée de mobilisation nationale prévue le 10 septembre. Reportage à Paris où 200 personnes étaient rassemblées devant la mairie du XIXe arrondissement de la capitale. À lire aussiFrance : le gouvernement Bayrou renversé après le rejet du vote de confiance de l'Assemblée nationale

    En France, la colère sociale monte avant la chute probable du gouvernement Bayrou

    Play Episode Listen Later Sep 7, 2025 2:44


    La situation sociale se tend alors que la chute du gouvernement de François Bayrou semble désormais inévitable. Le mercredi 3 septembre, une centaine de personnes se sont rassemblées en assemblée générale sur l'esplanade de la Place des Fêtes, dans le nord-est parisien, pour préparer le mouvement social du 10 septembre. Parmi la centaine de personnes qui se sont rassemblées sur l'esplanade de la Place des Fêtes, un quartier populaire de Paris, beaucoup de jeunes trentenaires, ainsi que quelques curieux du quartier. Camille, présente sur les lieux, exprime ses attentes avec ferveur. « J'attends beaucoup de tout ce qui va s'organiser à partir du 10 septembre comme rassemblements. Parce que, au-delà de ce qui se passe en politique, de la question des salaires qui sont gelés, des augmentations et du sujet des aides, c'est surtout par rapport aux jeunes et à l'emploi. Le sujet de l'accessibilité à l'emploi est très important. Il y a beaucoup de personnes qui se voient refuser des emplois par rapport à leur âge, leur orientation, leur ethnie, leur origine sociale. Tout le monde devrait avoir sa chance. C'est important de se battre pour l'avenir, de ne pas laisser faire, d'être là et de dire que le peuple peut faire valoir sa voix dans notre pays. On est un pays qui est une démocratie. On a acquis des droits par la force du peuple. On est en 2025. Ce qu'on lit dans les livres d'histoire, on peut le refaire pour faire valoir ce qu'on mérite », détaille-t-elle avec passion. « Envoyer un message le 10 septembre » La réunion commence dans une ambiance tendue. Un photographe est prié de quitter les lieux, ce qui déclenche une discussion sur la présence des journalistes. Simon assiste à la scène de loin. « On sent une énergie. On sent qu'on est un peu énervé. C'est intéressant de se rassembler, de s'écouter et de penser à ce qu'on peut faire pour envoyer un message le 10 septembre prochain. Il y a quelque chose qui paraît déconnecté et qui nécessite qu'on rappelle qu'il y a des gens qui sont mobilisés pour ne pas laisser tomber », explique-t-il. Interrogé sur la chute probable du gouvernement de François Bayrou, ce lundi, Simon reste sceptique. « C'est une très bonne question. Je ne sais pas du tout. Je ne sais pas si cela va soulever encore plus ou finalement un peu amoindrir l'élan actuel. Mais il est probable, malheureusement, que ce soit Macron ou le prochain gouvernement, que cela ne change pas grand-chose sur le fond des choses. Donc cela m'étonnerait que cela s'essouffle complètement », estime-t-il. Alors que les débats se poursuivent sur les actions à mener le 10 septembre à Paris, Lila, une habitante du quartier, a tenu à être présente. « Les gens n'en peuvent plus, ils ne supportent plus cette vie. Vous voyez des étudiants en train de faire la queue pour manger au Secours catholique. Ils disent que les étudiants sont aidés, qu'il y a suffisamment d'aides pour la jeunesse. Mais il n'y a rien pour la jeunesse », déplore-t-elle. Au terme de deux heures de débats, il est décidé de bloquer plusieurs portes du périphérique parisien mercredi. Il s'agit surtout de marquer les esprits avec l'intention affichée d'inscrire le mouvement dans la durée. À lire aussiFrance: face à la précarité alimentaire, un nouveau modèle solidaire en expérimentation

    Kiléma, une maison d'édition qui rend la littérature inclusive et accessible à tous

    Play Episode Listen Later Sep 4, 2025 3:58


    Kiléma est une maison d'édition singulière. Née à l'initiative de l'ancienne traductrice Cécile Arnoult, elle publie des succès de librairie en FALC, en français « facile à lire et à comprendre », une méthode qui permet aux personnes porteuses d'un handicap mental, comme la trisomie 21, de ne plus être exclues de la culture commune. Le catalogue Kilema compte des grands classiques, mais aussi des romans contemporains. Dernière parution en ce début septembre : Le roi soleil de Julie Rosiaux.  ► Les Éditions Kiléma seront présentes les 6, 7, 8 et 9 septembre 2025 à Lisons libre !, le salon de l'édition indépendante qui se tient à Paris.

    Le mouvement « Bloquons tout », la France face à l'inconnue de la mobilisation

    Play Episode Listen Later Sep 3, 2025 2:17


    Que va-t-il se passer le 10 septembre ? Le suspens grandit à mesure que la date approche. Depuis plus de deux mois, des appels à bloquer le pays circulent sur les réseaux sociaux. Ils sont particulièrement relayés depuis l'annonce, en juillet, de coupes budgétaires par François Bayrou, le Premier ministre, et la suppression de deux jours fériés. Des boucles Telegram réunissent des milliers de personnes, aux profils et attentes très divers. Mais avec un objectif commun : faire tomber le gouvernement Bayrou et la présidence Macron. Ce mouvement qui se veut apolitique a néanmoins attiré l'attention des partis de gauche et reçu au moins le soutien de la France Insoumise. Les syndicats CGT et FO ont décidé de soutenir le mouvement, en déposant des préavis de grève. Mouvement diffus et imprévisible Mais il est encore très difficile de savoir quelle ampleur prendra la mobilisation, pour une raison évidente ; ce mouvement se veut citoyen et spontané, donc sans organiseurs ni hiérarchie. Tout est censé être décidé de façon horizontale, que ce soient les revendications ou les actions à mener.  Nos confrères de la radio publique France Info ont pu consulter une note des renseignements généraux. Elle souligne l'absence de coordination structurée, et donc le caractère diffus et imprévisible de ce mouvement. Les renseignements généraux tablent sur une quarantaine d'actions, sous forme de manifestations, de rassemblements, d'actions de blocage, voire de sabotages. Une contestation qui devrait toucher tout le territoire et potentiellement réunir 100 000 personnes. Des sympathisants jeunes et politisés La Fondation Jean Jaurès, elle, s'est déjà penchée sur le profil des personnes séduites par ce mouvement de blocage. Le laboratoire de recherche et d'analyse politique a été particulièrement rapide à se pencher sur le sujet. Ses analystes ont questionné régulièrement, durant le mois d'août, les membres des boucles Telegram et Facebook. Si les premiers appels au blocage ont été lancés par un collectif assez confidentiel, complotiste et souverainiste, le mot d'ordre a rapidement été récupéré par des sympathisants de la gauche radicale. Il y a une dizaine de jours, 69 % d'entre eux déclaraient avoir voté pour Jean-Luc Mélenchon, de la France Insoumise au premier tour de la présidentielle en 2022. Et une majorité s'était abstenue ou avait voté blanc au second tour qui a abouti à la victoire d'Emmanuel Macron. C'est en consultant des canaux de gauche et d'ultra-gauche, sur les réseaux sociaux, que Lucie, une parisienne de 53 ans, a découvert l'appel au blocage il y a deux mois. Cette habituée des manifs a tout de suite été séduite. « Je me suis dit, enfin ! Enfin, on se réveille, enfin on réagit à une politique injuste, se réjouit-elle. Ça donne de l'espoir que le peuple se réveille et que la lutte des classes reprenne. »L'enseignante dénonce la politique du gouvernement, la domination de la bourgeoisie et un écueil qu'elle connait d'autant mieux qu'elle travaille dans un collège public, la « casse du service public ». « Le service public, c'est la richesse des plus démunis, explique-t-elle. Et on se rend compte que le pays ne fonctionne plus ». Lucie n'a rejoint aucune boucle Telegram et n'en a pas besoin pour savoir que mercredi prochain elle fera grève et sortira surement dans la rue. Comparaison au mouvement des gilets jaunes La Fondation Jean Jaurès a comparé le mouvement « Bloquons tout » à celui des gilets jaunes qui, il y a sept ans, a réuni tous les samedis, sur des ronds-points de zones périurbaines et rurales, des Français en colère contre le gouvernement. Les sympathisants de « Bloquons tout » sont plus politisés, plus jeunes que les gilets jaunes, et leurs catégories socio-professionnelles sont plus diverses, quand la mobilisation des gilets jaunes reposait sur des problématiques principalement de précarité économique et rassemblait des novices en matière de manifestation.  Mais l'objectif final reste le même, pour Arnaud, gilet jaune de la première heure à Sarrebourg, dans le Nord-est du pays. Ce quinquagénaire n'a jamais cessé de manifester contre le régime, depuis 2018. À l'essoufflement du mouvement qu'il avait rejoint à l'occasion d'un passage en voiture sur un rond-point de sa commune, Arnaud a créé sa propre association, pour pouvoir déposer en préfecture des demandes de rassemblements. Mais tous les quinze jours, ils ne sont plus qu'une vingtaine à se mobiliser. L'appel au blocage du 10 septembre a donc relancé son espoir de « finir le travail ». « Si on est suffisamment nombreux cette fois-ci, peut-être qu'enfin Macron pourra tomber, explique-t-il. Notre espoir, c'est que les jeunes générations ou d'autres personnes comprennent enfin que le gouvernement Macron-Bayrou est en train de nous écraser. » Des revendications très à gauche Mais l'évolution des revendications, depuis l'apparition du mot d'ordre sur les réseaux sociaux, a quelque peu douché son enthousiasme. « Ça a effectivement commencé avec des gens souverainistes, globalement de droite, précise-t-il. Mais à force, la priorité a été donnée à certaines causes particulières à l'extrême gauche. Elles ne sont pas toutes mauvaises d'un point de vue social. » Arnaud, qui se fait appeler « Gueux mécontent » sur les réseaux sociaux, regrette qu'il ne soit pas question d'immigration ou encore de sortie de l'Union européenne, sur les boucles Telegram et dans les Assemblées générales. Mais il se mobilisera tout de même le 10 septembre, car ce qui lui importe, c'est d'obtenir la plus forte mobilisation. À l'autre bout du spectre politique, Lucie, l'enseignante parisienne, approuve. « J'ai tendance à dire que oui, effectivement, plus on est nombreux et mieux ce sera, souligne-t-elle. À un moment, il faut renverser la table même si tout le monde ne la renverse pas pour les mêmes raisons. » Méfiance envers les journalistes Le mouvement « Bloquons tout » et celui des gilets jaunes présentent un autre point commun, qui ne facilite pas l'appréhension de la mobilisation de ce mercredi 10 septembre ; la méfiance envers les journalistes. Elle est extrêmement marquée sur les boucles Telegram que la rédaction de RFI à chercher à rejoindre pour obtenir des témoignages. Les portes se ferment aussitôt. Les journalistes y sont considérés comme une des sources du problème. Ils sont accusés soit de promouvoir des idées d'extrême droite, soit d'être à la solde du gouvernement. Très rares sont les membres de ces boucles qui ont accepté d'échanger avec RFI, et lorsqu'ils l'ont fait, c'était en message privé, de façon anonyme et uniquement en leur nom. À lire aussi«10 septembre»: des réseaux sociaux aux actions, regards croisés sur un mouvement en gestation

    L'IA, la dangereuse alternative des jeunes aux professionnels de santé mentale

    Play Episode Listen Later Sep 2, 2025 2:30


    En France, un quart des jeunes serait en dépression, selon un sondage réalisé par trois instituts, dans une enquête auprès de 5 600 personnes de 15 à 29 ans. Les réponses publiques face à ce mal-être sont pointées du doigt par de nombreux jeunes, qui critiquent des dispositifs « peu lisibles ». Face à cette souffrance psychique, ils sont de plus en plus nombreux à se tourner non pas vers des professionnels mais vers l'intelligence artificielle. Une tendance qui inquiète les experts en santé mentale.  « Bonjour, en quoi puis-je vous aider ? » : à cette fameuse question qui débute les conversations avec ChatGPT, les réponses les plus fréquentes selon une étude de la Harvard Business Review sont : « Je me sens dépassé », « j'ai peur de l'avenir » ou encore « je n'arrive plus à dormir ». C'est justement parce qu'elle n'arrivait pas à dormir que Thérésa a commencé à se confier à l'IA générative. La jeune femme de 20 ans préfère le robot à un avis médical : « Je me suis déjà dit que je pourrais voir un psy, mais en même temps, je n'en ai pas tant besoin. J'ai posé la question à 3h du matin, j'avais envie d'avoir mes réponses maintenant et de ne pas dormir dessus, trop réfléchir... Je n'ai pas besoin de trouver le bon psy qui me corresponde, ni de payer pour le coup. » Quand une séance chez le psy coûte en moyenne 70€, parler à une IA générative est gratuit. Enfin, sauf si comme Sophia, on passe le cap et on décide de payer la version premium de ChatGPT à 20€ par mois. L'Américaine est arrivée en France il y a un an, pour suivre des études dans la mode. Elle a commencé à considérer ChatGPT comme un confident à la même époque : « Ça devient vraiment compliqué de faire la différence entre un ami ou un robot. Quand tu lui parles, ça paraît tellement réel, et il ne te rappelle jamais le fait qu'il est un simple robot. ChatGPT va toujours être de ton côté. C'est réconfortant, quoi que tu dises, il répond toujours "oui, je suis d'accord avec toi". »  À lire aussiQuand l'IA nous manipule : comment réguler les pratiques qui malmènent notre libre arbitre ? « La machine [...] ne suffit pas à développer une thérapie » Des garde-fous ont été mis en place par OpenAI pour sensibiliser les utilisateurs quand leurs confessions deviennent trop importantes. Mais si la conversation dure longtemps ou que les mots clés n'apparaissent pas, l'intelligence artificielle (IA) n'affiche pas les messages de prévention ni les numéros d'urgence. Même si la société de Sam Altman améliore la gestion de ChatGPT, pour Sébastien Garnero, psychologue parisien, l'IA ne peut pas remplacer un thérapeute. Il a déjà eu affaire à des patients qui avaient utilisé ChatGPT comme psychologue : « Ils arrivent en bout de courses, presque trop tard parfois par rapport à leur pathologie. Ils se sont confiés pendant trois à six mois a cette IA, pensant que ça allait les aider. Finalement, ils sont dans une dépression grave, un trouble anxieux généralisé ou des attaques paniques... C'est à ce moment-là qu'ils se rendent bien compte que la machine, même si elle leur propose des exercices, ne suffit pas à développer une thérapie, un programme des soins. » Il existe tout de même des alternatives à ChatGPT, pour pouvoir se confier à tout moment, comme Owlie, un agent conversationnel crée par des psychologues français.  À lire aussiIA : les « agents conversationnels », perturbateurs et partenaires d'une société en mutation

    La construction de nouvelles résidences secondaires pourrait bientôt être interdite à Saint-Malo

    Play Episode Listen Later Sep 1, 2025 2:31


    L'été touche à sa fin en France et certaines villes assaillies durant deux mois par les touristes retrouvent leur calme habituel. Un peu trop peut-être. En cause : le nombre de résidences secondaires qui restent vides une grande partie de l'année. Certaines villes cherchent à limiter ce phénomène. La loi Echaniz-Le Meur, votée l'an dernier pour « réguler les locations saisonnières », leur permet d'interdire la construction de nouvelles maisons de vacances sous certaines conditions. Exemple en Bretagne, dans l'ouest de la France, à Saint-Malo et à Cancale, où la mairie vient de voter cette interdiction. Le petit train traverse la foule sur les pavés de Saint-Malo, vers la plage. Dans la vieille ville, face à la Manche, 30 % des logements ont été proposés sur des sites comme Airbnb. Des lieux vides en dehors des vacances. « Sur le front de mer, voir tous les volets fermés pendant de longs mois, c'est toujours un petit peu désolant », regrette Olivier, retraité.  Au fil des ans, il a vu la demande de maisons de vacances faire grimper les prix d'achat des appartements : « Il faut être quasiment retraité pour avoir les moyens de venir se loger à Saint-Malo et on sera pas forcément dans la première partie de la ville. » Un prix trop cher pour les jeunes actifs. Certains, pour acheter, s'éloignent de la ville ou la quittent. Une situation à laquelle les élus locaux ne veulent pas se résigner. Le maire de Saint-Malo Gilles Lurton compte faire voter, en novembre, l'interdiction de construire des résidences secondaires dans plusieurs zones de sa commune. En tout, il veut faire sortir de terre 3 000 nouvelles habitations, et en réserver les deux tiers à des personnes qui veulent y vivre à l'année. « En résidence secondaire, nous sommes passés d'un taux de 21 % en 2021 à un taux de 26 % en 2025. Et ça, c'est une croissance qu'il faut qu'on arrive à endiguer. J'ai un chef d'entreprise qui veut rapatrier 200 salariés à Saint-Malo. Aujourd'hui, il est totalement incapable de les loger. Donc, il va falloir qu'on trouve les solutions », explique le maire. À lire aussiAirbnb face aux grandes villes, vers la fin des locations touristiques incontrôlées? Pour lui, l'aide de l'État est vitale, avant que la situation ne s'aggrave : « Ce n'est pas Saint-Malo, c'est le pays tout entier qui est concerné. Les politiques de logement, à mon avis, ont été abandonnées par l'État, pour des raisons de moyens, et vraiment, on va sur une crise à mon avis qui est beaucoup plus importante que celle qu'on connaît actuellement. » C'est le cas de Cancale, à 15 kilomètres, où la crise du logement impacte les commerçants. Mimia Peard tient depuis 35 ans le restaurant « À Contre Courant ». « Le premier appartement qui se libère, c'est 20, 30 personnes qui sont devant la porte pour attendre pour visiter l'appartement. Donc forcément, le propriétaire, il peut augmenter les tarifs. Pour pouvoir trouver du personnel compétent, il nous faut du logement, parce qu'ils ne peuvent pas faire un essai en prenant un appartement pour trois mois. » Ici, la part des résidences secondaires est de 41 %. Le maire vient de faire voter l'interdiction d'en construire de nouvelles.  Une solution efficace, mais tardive et incomplète, selon le journaliste Benjamin Keltz. Après deux ans d'enquête, il a écrit à ce sujet le livre Bretagne secondaire. « Maintenant, il faut permettre aussi une mixité dans le profil des habitants à l'année. La plupart des nouveaux habitants aujourd'hui sur les littoraux, cela reste des retraités. Une des problématiques, c'est qu'ils vieillissent, donc on va avoir une bombe sociale possiblement en puissance : c'est que si on a des gens qui viennent vieillir sur les littoraux, mais qu'on n'a pas les petites mains pour pouvoir les accompagner dans leur vieillissement, ça va créer des tensions qui vont être énormes à l'avenir », analyse Benjamin Keltz.  Il propose donc d'autres leviers d'actions, comme le viager public : une mairie rachète progressivement un logement. Une fois le vendeur décédé, la mairie peut ensuite revendre le bien, en exigeant qu'il devienne une résidence principale. À lire aussiEspagne: importantes manifestations contre la hausse des loyers et le manque de logements

    La rentrée des mineurs non accompagnés, un véritable parcours du combattant

    Play Episode Listen Later Aug 31, 2025 2:32


    Lundi 1er septembre, premier jour d'école pour les collégiens et lycéens en France. Des dizaines de mineurs non accompagnés, jeunes étrangers arrivés seuls sur le territoire français, feront, eux aussi, leur rentrée. Au terme d'un véritable parcours du combattant. Test de niveaux obligatoire, dématérialisation des inscriptions, autant de verrous administratifs difficiles à surmonter pour un adolescent. Si certains sont pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance qui s'occupe des démarches, ils sont plusieurs centaines en région parisienne à être livrés à eux-mêmes en attendant que l'État reconnaisse officiellement leur minorité. Mais même dans ce cas, ces jeunes ont le droit d'être scolarisés. À condition de savoir comment s'y prendre. Devant une salle comble, Frédérique, enseignante engagée auprès des mineurs isolés, tente de répondre à une question qui revient régulièrement : comment faire pour s'inscrire à l'école en France ? Mamadou en sait quelque chose. À son arrivée en France il y a huit mois, cet adolescent était livré à lui-même : « Quand je suis venu, je ne savais pas si on pouvait aller à l'école. Les associations ne peuvent pas t'inscrire à l'école, tout ce qu'ils peuvent faire, c'est de te donner une tente, c'est de te montrer où aller, où s'alimenter. » C'est en rejoignant le Collectif des jeunes du parc de Belleville, un réseau de solidarité créé par ces mineurs isolés, qu'il finit par s'inscrire au test Casnav : une évaluation de niveau organisée par le rectorat. Problème : décrocher ce rendez-vous relève presque de l'impossible. « J'ai galéré avant d'avoir un rendez-vous, j'ai attendu trois mois. [...] Il faut être rapide, raconte Mamadou. En un clin d'œil, si tu ne cliques pas le rendez-vous. Si tu n'arrives pas à réserver un rendez-vous, on te donne un créneau de 10 minutes et si tu n'arrives pas à remplir tous les champs qui sont obligatoires. Il y a certaines personnes qui n'ont pas de téléphone, qui dorment dehors, alors tu ne peux pas avoir accès au site. Il n'y a pas assez de rendez-vous par jour. Il peut y avoir maximum cinq rendez-vous pour 400 jeunes. Pour nous, c'est peu. »  À lire aussiEmission spéciale avec des élèves du Lycée Bartholdi (Rediffusion) L'une des revendications du collectif : un guichet physique pour les inscriptions à l'école. À deux semaines de la rentrée, 67 jeunes évalués étaient toujours en attente de l'affectation dans un établissement. Et le parcours du combattant continue même après l'inscription. Un exemple : à Paris, la carte de transport Pass Navigo est remboursée à 100 % pour les lycéens, à condition d'en faire la demande. Une démarche administrative pas toujours accessible pour un mineur isolé. « Sans Pass Navigo, tu arrives en retard et tu ne peux pas suivre le cours. Certaines écoles un peu sympas aident les jeunes à avoir un Pass Navigo, qui les hébergent. Mais nous voulons que le rectorat ooul'État prennent ses responsabilités. », explique Mamadou.  Depuis la création du collectif, il y a deux ans, les lignes ont donc légèrement bougé. Mais les revendications sont encore nombreuses, avec en tête la dématérialisation de la scolarisation et des places dans les classes pour tous les jeunes. À lire aussiFrance: les droits des mineurs isolés inégalement appliqués sur le territoire

    Trail en France: avec le boom sur les réseaux sociaux, «les places sont prises d'assaut»

    Play Episode Listen Later Aug 28, 2025 2:16


    C'est l'un des événements les plus attendus par les passionnés de course en montagne : l'Ultra Trail du Mont Blanc. Parti de Chamonix le 25 août, ce rendez-vous annuel réunit des milliers de coureurs venus du monde entier, prêts à affronter les sentiers techniques et les pentes vertigineuses des Alpes. Mais le trail, ce n'est pas seulement une course, c'est aussi un véritable engouement : en 2024, la Fédération française d'athlétisme a recensé plus d'un million d'inscriptions à des courses de trail. C'est 18 % de plus qu'en 2023. Pour être prêts le jour J, l'entraînement est essentiel. Comme pour ces coureurs, débutants ou confirmés, qui s'entraînent chaque semaine dans la forêt de Fontainebleau, en région parisienne. De notre envoyée spéciale à Fontainebleau, À lire aussiEn France, le trail attire de plus en plus les amateurs de course à pied

    France: une épidémie de botulisme décime les oiseaux en Loire-Atlantique

    Play Episode Listen Later Aug 27, 2025 2:32


    Depuis le début de l'été, une sévère épidémie de botulisme touche les oiseaux du département de la Loire-Atlantique, dans l'ouest de la France. Le botulisme est une maladie paralysante grave qui prolifère dans la vase et les eaux peu profondes, contaminant les oiseaux qui viennent s'y nourrir. Dopée par les fortes chaleurs, la bactérie responsable de la maladie a causé la mort de plus de 8 000 volatiles dans ce département. Avec ses centaines d'hectares de surface et sa profondeur moyenne de 1,60m en été, le lac de Grand-Lieu est devenu un épicentre de la contagion. Sur le lac de Grand-Lieu, règne un calme inhabituel. D'habitude on y entend les cris des canards, des aigrettes et autres hérons. Aujourd'hui, ils sont remplacés par le bruit de pas des chasseurs dans l'eau. Ils ne sont pas venus profiter de l'ouverture de la chasse, et pour cause : ils viennent ramasser les cadavres des oiseaux morts du botulisme qui jonchent les rives.   Christophe Sorin travaille à la fédération de chasse de Loire-Atlantique, qui gère une partie du lac. Il donne les instructions à Riwan et à son fils Léo, venu lui donner un coup de main : « On prend des râteaux. On met jamais la main dessus, on reste toujours à un mètre du cadavre. Avec un sac poubelle, il n'y a pas de contact. » Leur objectif : ramasser les oiseaux morts au plus vite pour éviter la propagation de la maladie. « Si le canard a consommé des spores botuliques, il meurt au bout de cinq, six jours. Les mouches viennent pondre dessus. Trois jours après, il y a des asticots. Un asticot concentre cent fois la toxine botulique. Un autre oiseau qui vient manger deux asticots est mort dans les minutes qui suivent. Après, c'est exponentiel », explique Christophe Sorin.  À lire aussiMadagascar: les autorités sous pression après la série d'intoxications alimentaires mortelles Cette année, les fortes températures ont fait exploser l'épidémie : 8 000 oiseaux sont morts dans le département, dont 4 000 sur le seul lac de Grand-Lieu. Même si le pic est passé, une dizaine de cadavres sont ramassés aujourd'hui. Tous n'ont cependant pas encore succombé. Quelques goélands et un cygne sont repêchés, mal en point mais bel et bien vivants.  Direction le centre de soins à quelques kilomètres de là. Laetitia Jochaud en est la gestionnaire : « Là, depuis le 1er juillet, on a récupéré 300 animaux. Sur les 300, il y a 100 oiseaux qui arrivent du lac de Grand-Lieu, justement suite à la crise du botulisme. »  Il faut aller vite : pendant le trajet, plusieurs goélands ont succombé. Christophe décharge le cygne qui est encore vivant : « C'est la première fois qu'on en a un », précise Laetitia Jochaud. Il est placé dans une zone de quarantaine avec les autres volatiles atteints du botulisme. Il faut y chuchoter, pour ne pas déranger les convalescents.   « Quand les animaux arrivent, on le sonder. Ils sont installés au chaud, dans un carton bien matelassé, et on va les sonder. C'est-à-dire les gaver, les forcer à manger quatre fois par jour. En fait, on nourrit, on hydrate, on nourrit, on hydrate », raconte la gestionnaire du centre de soins. Avec ces soins, les oiseaux ont seulement une chance sur deux de s'en tirer. Une cinquantaine de pensionnaires ont malgré tout été sauvés depuis le début de l'été. À l'avenir, de nouvelles épidémies sont à redouter : le changement climatique favorise le réchauffement de l'eau du lac, et donc la prolifération de la bactérie responsable du botulisme. À lire aussiPeste porcine africaine: cauchemar à la frontière franco-belge

    Dans l'est de la France, une contamination inédite aux PFAS et beaucoup d'interrogations

    Play Episode Listen Later Aug 26, 2025 2:30


    Depuis deux mois, la consommation de l'eau du robinet est interdite dans une vingtaine de communes de la Meuse et des Ardennes, dans le nord-est de la France, en raison d'une pollution record aux PFAS, les « polluants éternels ». Les habitants s'inquiètent des conséquences pour leur santé et les élus locaux se disent démunis. Dans le garage de Marion, habitante de Malandry (Ardennes) depuis 17 ans, quatre packs d'eau ont trouvé place sur une étagère. « Il faut que j'aille en racheter, car je n'ai plus de stock », remarque cette assistante familiale. C'est devenu une habitude depuis deux mois : privée d'une consommation d'eau courante, elle se rend chaque semaine au supermarché pour acheter de l'eau en bouteille. « Je n'ai pas le choix, d'autant que j'accueille de très jeunes enfants. Il est hors de question que je leur fasse consommer l'eau du robinet », poursuit-elle. Depuis le 5 juillet dans la Meuse, et le 10 juillet dans les Ardennes, la consommation de l'eau du robinet est interdite par les préfectures pour 3 500 habitants résidant dans une vingtaine de communes en raison d'une contamination aux PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) dans des proportions jamais atteintes en France jusqu'à présent. Dans une enquête publiée en juillet par Disclose et France 3, deux médias à l'origine des révélations, on apprend que les taux mesurés dans ces communes sont de trois à 27 fois supérieurs à la limite définie par les autorités sanitaires, fixée à 100 nanogrammes par litre pour la somme de 20 PFAS jugés préoccupants par l'Union européenne. Ces PFAS, aussi appelés « polluants éternels », sont des molécules synthétiques réputées indestructibles dans l'environnement et l'organisme. Risques cardio-vasculaires, cancers, baisse de la fertilité... Leur toxicité pour l'homme est de plus en plus documentée. À lire aussiComment les PFAS, « polluants éternels », ont contaminé le monde? « Est-ce que ça va aggraver sa maladie ? » « Lorsque l'on fait le choix de vivre à la campagne, on s'attend à avoir un cadre de vie de qualité et on se rend compte que ce n'est pas le cas », se désole Annick, une autre résidente de Malandry. Comme elle, Aurore, qui vit à quelques pâtés de maisons, n'avait jamais entendu parler des PFAS avant que l'affaire éclate. Cette mère de quatre enfants confie son inquiétude quant aux répercussions sanitaires de cette pollution, notamment pour son mari atteint d'une maladie génétique : « Du fait de cette maladie, il peut plus facilement attraper des tumeurs aux reins et à la mâchoire. Il a toujours bu l'eau du robinet. Est-ce que ça va aggraver sa maladie génétique ? On ne sait pas. » « Comment ces toutes petites communes rurales peuvent-elles être impactées comme des sites industriels ? », se lamente Annick Dufils. Dans sa commune, la maire de Malandry a enregistré une contamination trois plus élevée que la limite fixée par les autorités sanitaires. Pourtant, aucune usine n'est visible à l'horizon depuis les hauts plateaux du village. Au contraire, celui-ci est entouré de bois et de champs de maïs. L'origine de la pollution n'a pas encore été déterminée avec certitude. Mais les soupçons des élus locaux, comme des préfectures, portent sur l'ancienne papeterie Stenpa, située à Stenay, à 15 kilomètres de Malandry, dans le département de la Meuse. Celle-ci a fermé fin 2024, laissant une bonne centaine de salariés sur le carreau. Lorsqu'elle était encore en activité, cette usine rejetait des boues industrielles contaminées aux PFAS. Ces mêmes boues ont ensuite été transportées puis épandues sur les parcelles agricoles des alentours, en raison de leurs propriétés fertilisantes. Selon les élus des villages pollués, ces épandages auraient débuté en 1995. Annick Dufils et Richard Philbiche, maire de Villy, commune voisine contaminée, ont retrouvé le plan d'épandage pour la période 2000-2013. Au total, 23 000 tonnes de boues industrielles devaient être déversées sur les terres agricoles à Villy et dans la commune voisine d'Olizy-sur-Chiers, « avec une limite fixée à 30 tonnes par hectares tous les trois ans », précise Richard Philbiche. L'élu nous tend une photographie satellite d'une parcelle agricole située à proximité des captages de Malandry et Villy, prise le 20 juin 2000 : « Les petits points blancs que vous voyez, ce sont les tas de boues. Il y en a pour 1 500 tonnes. Or, la parcelle fait une dizaine d'hectares. Avec une limite fixée à 30 tonnes par hectares, elle ne pouvait en accueillir que 300. Où sont passés les 1 200 tonnes restants ? » Les deux édiles soupçonnent un enfouissement qui aurait contaminé les captages d'eau potable de leurs communes par ruissellement. À lire aussiPFAS : peut-on se débarrasser des polluants éternels ? « On se repose sur les maires pour gérer la situation » Annick Dufils ne décolère pas : « J'ai été sidérée d'apprendre la pollution, d'autant que jusqu'alors, les rapports annuels de l'eau étaient excellents. » L'édile de Malandry a été informée de la pollution dans sa commune le 19 mai 2025 à la suite d'une analyse effectuée par l'Agence régionale de santé de la région Grand-Est. Quelques jours plus tard, à l'occasion d'une réunion sur le sujet organisée par la sous-préfète, l'élue est tombée des nues : « On se rend compte que des PFAS sont détectés dans nos eaux par les autorités sanitaires depuis 2016 ​​​​​​​! » Dans une foire aux questions sur leurs sites internet, les préfectures de la Meuse et des Ardennes répondent que l'Agence régionale de santé du Grand-Est a mené en 2023 et 2024 « ​​​​​​​des campagnes d'analyse exploratoire » des PFAS dans l'eau potable, que des analyses réalisées sur la commune de Villy fin 2024 ont révélé la présence de PFAS dans l'eau distribuée, et que des « ​​​​​​​investigations complémentaires » ont été menées en 2024 et 2025, mais que ce n'est qu'en 2025 que le suivi des 20 PFAS jugés les plus préoccupants a été intégré aux contrôles sanitaires. Une réponse loin de satisfaire Annick Dufils : « ​​​​​​​On nous a caché cette pollution ​​​​​​​! », s'insurge la maire de Malandry, qui assure, à titre personnel, avoir « ​​​​​​​perdu confiance » dans les autorités sanitaires. Une prise de position renforcée par le sentiment d'abandon qui envahit ces élus locaux depuis l'éclatement de l'affaire. « ​​​​​​​Les autorités se reposent sur nous pour gérer le problème, alors que nous n'y sommes pour rien. Mais on est totalement démunis », se lamente Richard Philbiche. Le maire de Villy et sa consœur de Malandry ont l'obligation légale de fournir de l'eau en bouteille aux habitants. La méthode choisie est celle du virement bancaire aux administrés, leur permettant de rembourser l'équivalent de deux litres d'eau par jour et par habitant pour une durée de six mois. Pour une commune comme Malandry, cela représente un coût estimé à 3 500 euros sur un budget de fonctionnement à l'année de 200 000 euros. « ​​​​​​​C'est une dépense pharamineuse qui n'a pas été anticipée dans nos budgets prévisionnels. Il y a des choses que l'on ne fera pas dans la commune, car il faudra financer l'achat de l'eau », prévient Annick Dufils. L'édile a sollicité une aide financière de l'État, sans succès. « La recommandation des autorités, c'est de dire ''augmentez le prix de l'eau''. Mais nos administrés ne vont pas payer plus cher une eau qu'ils ne peuvent plus consommer ! », s'emporte Annick Dufils. D'autres solutions sont possibles, du moins sur le papier : trouver un autre captage d'eau potable ou se raccorder à une commune voisine non contaminée. Mais les travaux seraient onéreux et impossibles à assumer financièrement pour ces petites communes. Le 21 juillet, deux stations de filtrage au charbon actif ont été installées dans les châteaux d'eau de Malandry et Haraucourt, situés à une trentaine de kilomètres, pour un coût de 20 000 euros chacune, à la charge des communes. Objectif : dépolluer les eaux en retenant les PFAS. Les premiers résultats sont encourageants. Mais combien de temps le charbon reste-t-il actif ? Faudra-t-il le remplacer à court terme ? Des interrogations demeurent. Pour l'heure, ces élus ne peuvent compter que sur eux-mêmes. « ​​​​​​​On est solidaires entre maires concernés par cette pollution », confie Richard Philbiche, le maire de Villy. Avec Annick Dufils, ils envisagent de déposer plainte contre X prochainement. À lire aussiUne étude révèle la présence de PFAS dans les produits d'hygiène menstruelle réutilisables

    France: face à la précarité alimentaire, un nouveau modèle solidaire en expérimentation

    Play Episode Listen Later Aug 25, 2025 2:33


    La Sécurité sociale alimentaire est une initiative qui gagne du terrain en France. Elle fonctionne sur le modèle de la Sécurité sociale : chacun y contribue selon ses moyens et en bénéficie selon ses besoins. Face au réchauffement climatique et aux inégalités d'accès à une alimentation saine et durable, la Sécurité sociale alimentaire convainc de plus en plus. Reportage dans le XXᵉ arrondissement de Paris, un des quartiers de la capitale où subsiste une mixité sociale importante.  Sac en papier kraft à la main, Pierre fait ses courses dans un supermarché bio du XXᵉ arrondissement de Paris. Ce jour-là, il n'a pris que des fruits et légumes frais. À la caisse, il paye via une application sur laquelle son compte est crédité chaque mois de 175 euros pour faire ses courses dans des magasins conventionnés. « J'ai 61 ans. [Actuellement] j'ai des petits boulots, mais [avant] j'ai travaillé pendant 30 ans dans le dessin animé », raconte-t-il.  Depuis quelques mois, lui et sa compagne participent à une expérimentation dans leur arrondissement : la caisse alimentaire solidaire, qui suit les principes de la Sécurité sociale de l'alimentation. Ce n'est pas de l'aide alimentaire d'urgence, c'est un projet plus ambitieux et de long terme. Chacun cotise en fonction de ses revenus et reçoit en fonction de ses besoins, selon une grille progressive que nous montre Pierre : « Voilà, les grilles sont là. On fait le calcul selon le revenu net mensuel des deux personnes et on a une cotisation qui correspond à ce revenu. Je paye moins cher mes légumes pour l'instant grâce à cette cotisation. » Chaque cas est différent. Certains cotisent plus qu'ils ne reçoivent. D'autres reçoivent autant qu'ils cotisent. Pierre et sa compagne, eux, cotisent 60 euros. Et ils reçoivent donc 175 euros à dépenser dans des magasins bio sélectionnés à l'avance, collectivement, par un comité citoyen dont Pierre fait partie depuis un an : « J'étais intéressé par la démarche démocratique d'abord. Et tout ce qui en découle : le mieux vivre, le mieux manger, participer à cette expérimentation... » À lire aussiFace au changement climatique, les prix de l'alimentation s'envolent dans le monde Aujourd'hui, 100 foyers de cet arrondissement participent et cotisent. Depuis le Covid-19, l'idée d'une Sécurité sociale de l'alimentation a germé en France et s'est concrétisée dans une trentaine de villes comme Montpellier, Bordeaux ou encore Toulouse. Dans le XXᵉ arrondissement de Paris, l'expérimentation est soutenue par la mairie et par l'État, qui ont apporté 200 000 euros en tout cette année. Et le projet est porté par l'association Vivres, créée pour l'occasion par le comité citoyen et les adhérents. « C'est un projet qui va au-delà de donner l'accès à l'alimentation de qualité : cela vise aussi à transformer la production agricole. Oui, on parait être de doux rêveurs un peu cinglés... Évidemment que le projet, avant d'être abouti, semble très difficile et hors d'atteinte. Mais le projet de Sécurité sociale alimentaire vise à être étendu en France, partout, et à être aussi universel que la Sécurité sociale de la santé », explique Catherine Thomas, sa co-présidente.  L'expérimentation doit s'ouvrir à de nouveaux cotisants l'an prochain. Une proposition de loi pour instaurer une Sécurité sociale de l'alimentation à l'échelle nationale a été présentée par les écologistes en début d'année, mais n'a pas pu être examinée. En pleine période de crise budgétaire, le ministre de la Santé, Yannick Neudera, a estimé que l'initiative était difficilement soutenable financièrement.  À lire aussiComment rendre l'alimentation saine et durable ?

    À Bombannes, des enfants réunis pour des vacances solidaires avec le Secours populaire

    Play Episode Listen Later Aug 24, 2025 2:38


    En France, un enfant sur trois ne part pas en vacances. Alors depuis près de 30 ans, le Secours populaire organise des villages « Copains du Monde », un séjour durant lequel des enfants, bénéficiaires du Secours populaire ou non, se rencontrent, s'amusent et participent à des activités autour de la solidarité. À Bombannes, près de Bordeaux, 60 enfants français issus de sept délégations étrangères ont participé à ce séjour. Reportage parmi eux, juste avant qu'ils et elles plient bagages.  À lire aussiFrance : pour ses 80 ans, le Secours populaire incite à de nouvelles manières de s'engager

    Diasporas africaines en France: Moussa Baldé, un bijoutier dans la cour des grands [5/5]

    Play Episode Listen Later Aug 21, 2025 3:46


    D'origine malienne, cet expert au savoir-faire très recherché a travaillé pour de grands noms de la mode. Il s'appelle Moussa Baldé, mais on l'appelle Baldé, tout simplement. À 67 ans, ce bijoutier malien exerce ce métier depuis 37 ans. Autodidacte, il a fait toute sa carrière dans le milieu très fermé du luxe et de la mode. Un univers où derrière des grands noms se cachent des petites mains. Dans son atelier situé à Pantin, dans le nord de Paris, il revient sur son parcours. « Je suis un forgeron de naissance, et un bijoutier ensuite. Ce métier, je l'ai appris avec mon papa », c'est avec ces mots que Baldé s'exprime, heureux de revenir sur ses débuts. De la forge à la bijouterie, il n'y a qu'un pas Dans les années 1980, le voilà parti à la conquête de la Côte d'Ivoire. Dans ce pays où il se lance dans la création de bijoux, il découvre qu'il a un don : « C'est Dieu qui me l'a donné. Je le remercie beaucoup. » Et en effet, il lui suffit d'observer un modèle pour qu'il sache le reproduire. Sa première clientèle d'expatriés – des Français, des Américains, des Libanais, des Marocains –  il les fidélise et lorsqu'il part en France, son savoir-faire va lui ouvrir des portes. Il va travailler pour de grands noms : Givenchy, Balenciaga, et surtout Christian Lacroix, avec qui il va collaborer neuf ans en tant que maquettiste. Maquettiste, bijoutier et joaillier… Baldé navigue entre différents métiers Baldé sait tout faire ou presque. Ses souvenirs se bousculent : « C'est Naomi Campbell qui a porté ces bracelets, ces broches... Ah oui, c'était magnifique  ». Ses yeux pétillent lorsqu'il évoque les 40 ans de la Maison Dior. « Votre don, ce sont vos mains ? », l'interroge-t-on. «  Écoutez, c'est aussi la tête, parce que ça ne suffit pas d'avoir uniquement les mains. Parfois la nuit, je ne dors pas, je réfléchis. Par exemple, lorsqu'on a un projet à construire, avec des maquettes à réaliser, je me dis parfois, mais comment je vais faire ? C'est un véritable casse-tête Alors, je cherche, je cherche même en marchant et finalement quand je trouve la solution, je suis soulagé et fier de moi. »  Une fierté qui l'accompagne aux défilés : « Je me dis "tiens, voilà ce que j'ai fait". Je suis le seul à le savoir, mais ça fait vraiment plaisir. »  Pas de regrets Un homme de l'ombre ? « Ah, vous savez, ça reste vraiment un monde à part. Même si les gens ne savent pas, nous, on ne doit rien dévoiler. Même si on voit des choses, tout doit rester confidentiel », précise-t-il, comparant la bijouterie au secret médical, puisqu'il y a des secrets qu'on ne divulgue pas. Baldé a tout de même un seul regret : « Je ne suis jamais allé à l'école, c'est un handicap. Je sais de quoi je parle, et aujourd'hui, je n'ai pas honte de le dire. Ce savoir-faire, Dieu me l'a donné, mais quand vous n'avez pas fait d'études, et que vous devez remplir un dossier, c'est compliqué, il faut chercher quelqu'un qui t'aide et c'est gênant. Moi, le seul regret que j'ai, c'est celui-là ». Dans son atelier à Pantin où il réalise ses créations, il se prépare à transmettre son savoir-faire à la nouvelle génération. À lire aussiDiasporas africaines en France: Chantal Pichon, chercheuse et pionnière dans l'ARN messager [4/5]

    Diasporas africaines en France: Chantal Pichon, chercheuse et pionnière dans l'ARN messager [4/5]

    Play Episode Listen Later Aug 20, 2025 3:47


    Cette scientifique d'origine malgache, reconnue mondialement pour son travail, veut développer de nouvelles thérapies pour le plus grand nombre. Chantal Pichon est née et a grandi à Madagascar. À 17 ans, cette bachelière brillante quitte le nid familial pour poursuivre ses études vers l'Hexagone, à Marseille. Ses parents sont tous les deux médecins, et elle devait suivre leurs traces, mais une autre voie s'ouvre à elle. « Au départ, je voulais être chirurgienne, raconte Chantal Pichon en souriant, C'était mon rêve. À vrai dire, celui de mon père. Et puis, après, je me suis dit que si je ne suis pas médecin, je peux devenir chercheur en biologie, comme ça je me rapproche de la médecine. Je ne soignerai pas, mais je développerai des nouvelles thérapies. » L'ARN messager n'a plus aucun secret pour elle Son nom et son visage sont associés depuis peu de temps à l'ARN messager, découvert par le grand public lors de la pandémie du Covid-19 et ensuite lors de la vaccination. Elle est en la matière une véritable pionnière : cela fait plus de 20 ans qu'elle travaille pour plusieurs laboratoires sur cette technologie. Titulaire d'une chaire d'innovation à l'Institut universitaire de France, cette chercheuse est reconnue mondialement. Pourtant, on ne sait presque rien d'elle. Dans le cadre de la stratégie d'accélération France 2030 mis en place par le président Emmanuel Macron, elle dirige un gros projet sur la mise au point de nouveaux vaccins. « J'ai des projets européens pour essayer de trouver des moyens pour réduire le coût des ARN messagers, explique-t-elle, comme je viens de Madagascar, un pays pauvre, ce qui me guide, c'est d'arriver à placer une petite brique à mon niveau pour justement développer de nouvelles thérapies pour le plus grand nombre. Car c'est très bien, de développer des nouvelles thérapies, mais si c'est juste pour des pays développés, et si c'est réservé à des personnes qui ont de l'argent, eh bien, je trouve cela un peu dommage ». Un parcours pas toujours simple Chantal Pichon a déjà été confrontée au racisme en France. « J'étais candidate pour piloter une école, le profil me correspondait. La directrice était présente, elle m'a regardée et m'a dit : « Êtes-vous sûr que vous pouvez vraiment représenter cette école comme vous êtes là ? Cette phrase m'a véritablement blessé. Je pense que si on ne réussit pas, tout le monde vous accepte et quelque part, vous êtes à votre place. Mais lorsqu'on commence à réussir, cela agace. Il y a de la jalousie, mais je pense que cela concerne tout le monde ». Pantalon fluide couleur kaki ou noir, agrémenté d'un pendentif. Chantal Pichon, élégante et souriante, déambule dans ce laboratoire flambant neuf implanté par l'Inserm, organisme de recherche public français. « Je suis excessivement fière et reconnaissante vis-à-vis de l'Inserm, je veux rendre à la société ce que j'ai eu. J'ai l'habitude de dire à mes étudiants que quand on veut réussir, on peut. En fait, quand les gens vous font confiance, ils vous proposent des moyens humains, des moyens financiers, des équipements. Et puis quand plusieurs collègues vous font confiance pour mener des projets avec eux, eh bien cela vous donne aussi énormément de responsabilités. J'ai beaucoup de pression, j'espère vraiment réussir. » À 60 ans, cette femme passionnée et impatiente a un rêve. Avec sa jeune équipe d'une quarantaine de personnes, qui regroupe plusieurs nationalités, elle met en place les vaccins et les thérapies innovantes à partir de l'ARN messager, une technologie qui pourrait être utilisée notamment dans le traitement de certains cancers. À lire aussiDiasporas africaines en France: Khalid Tamer, le nomade culturel [3/5]

    Diasporas africaines en France: Khalid Tamer, le nomade culturel [3/5]

    Play Episode Listen Later Aug 19, 2025 3:47


    Rien n'arrête Khalid Tamer, metteur en scène d'origine marocaine, premier président africain de la commission internationale du théâtre francophone et directeur du théâtre le Lavoir Moderne Parisien. Khalid Tamer est un homme du terroir : « J'ai grandi en Corrèze, puis je suis monté à l'âge de 18 ans à Paris pour faire du théâtre ». Une passion qui ne l'a plus quitté. Il crée au cœur du quartier multiculturel de la Goutte d'Or dans le 18e arrondissement parisien, un lieu unique, la compagnie Graines de Soleil - Lavoir Moderne Parisien. Un espace de création atypique : il s'agit tout simplement d'un ancien lavoir transformé en un lieu unique et expérimental où de jeunes troupes ont carte blanche. « On dit qu'Émile Zola en parle dans son roman l'Assommoir. Voyez, il y a encore là les traces qui sont présentes des bassines où les femmes lavaient leur linge. C'est un lieu qui a une belle histoire, ce sont des murs qui ont une âme. En 1986, cet espace est devenu un théâtre, où artistes, auteurs, et des militantes comme les Femen, un groupe de protestation féministe fondé en Ukraine en 2008, célèbre pour avoir organisé des manifestations seins nus, sont venues. Vous voyez le symbole ! Puis j'ai eu mon propre combat pendant six ans avec un des propriétaires qui voulait détruire ce lieu, donc on s'est battu pour le garder tel qu'il est avec tout son charme. » Et c'est toujours au Lavoir Moderne Parisien qu'il vient d'achever la 4ᵉ édition d'Africapitales, avec le Sénégal comme invité d'honneur. Faire venir l'Afrique et ses cultures à Paris, c'est l'un des défis de cet homme passionné de cultures. « Il y a quelque chose de très africain en moi, j'ai l'impression que je suis un nomade et partout où je suis, je porte ma maison », explique-t-il. Première rencontre Dans ce cocon artistique, Virginie Chevalier, Québécoise, l'a rejoint. Cette scénographe a travaillé sur de nombreux projets et pièces de théâtre montés par la compagnie Graines de Soleil aux côtés de Khalid, fascinée par cet homme qui partage sa vie. « Pour moi, Khalid est vraiment au service de la culture. On lui donne un billet d'avion, il te crée un festival dans le monde. Pour lui, l'art est au-dessus de tout. » Au Maroc où il est né, il a des projets. Et à Tanger, ses rêves deviennent réalité. Il vient d'acquérir l'emblématique librairie des Colonnes, c'est aussi dans cette ville, carrefour des cultures entre l'Europe et l'Afrique, qu'il a organisé la première édition des rencontres méditerranéennes de Tanger. Un événement culturel rendu possible avec Marc Bitton de la Fondation Founoun Al Boughaz - Arts du Détroit.  Ensemble, ils ont imaginé ce projet. Au menu : des concerts, des expositions et des débats au cœur de la kasbah… où le Liban et sa littérature étaient aussi à l'honneur. Funambule artistique « J'avais très envie qu'on soit présent parce que je pense qu'on a ce défaut dans notre partie du monde de vouloir toujours dialoguer à travers la France » souligne l'écrivaine Georgia Makhlouf. « Je dirais que c'est en France qu'on rencontre les écrivains venus du Maroc, d'Algérie ou de Tunisie… Donc, moi, j'aime beaucoup l'idée d'avoir enfin des liens directs afin d'apprendre à se connaître, je pense qu'on a beaucoup à partager, qu'on a beaucoup à apprendre pour arriver à faire des choses ensemble ». Khalid Tamer tisse des liens : « J'aime rencontrer l'autre que je ne connais pas et j'aime prendre des risques, c'est ma manière de vivre, je suis comme un funambule. » Un véritable funambule artistique qui avance d'un pas délicat et sûr, sans jamais s'arrêter de créer. À lire aussiDiasporas africaines en France: Dieudonné Mbeleg, un «Africain» à la tête de la prison de Nantes [2/5]

    Diasporas africaines en France: Dieudonné Mbeleg, un «Africain» à la tête de la prison de Nantes [2/5]

    Play Episode Listen Later Aug 18, 2025 3:26


    Ce Franco-Camerounais de 56 ans dirige avec fermeté et humilité ce centre pénitentiaire de l'ouest de la France. Il s'appelle Dieudonné Mbeleg. Ce père de quatre enfants est né au Cameroun. À 56 ans, il pilote avec humanité et fermeté le centre pénitentiaire de Nantes (Loire-Atlantique) : quatre établissements répartis sur 11 hectares, 1 800 prisonniers et 600 personnels pénitentiaires. Une ville dans la ville. La maison d'arrêt, comme de nombreuses prisons en France, est surpeuplée. « Ils sont à quatre en cellules, les matelas à terre. Pour moi, c'est un véritable casse-tête, car avec 508 places pour près de 1 000 détenus, le taux d'occupation dépasse les 200%, et ça devient intenable », explique le directeur. Au cœur de la maison d'arrêt D'un pas décidé, il traverse la cour centrale. « Ils ne nous ont pas encore repéré, lance-t-il en levant les yeux en direction des bâtiments, sinon ils auraient commencé à crier. » Au loin dans les bâtiments, les cellules des détenus. Derrière les barreaux, leurs silhouettes se dessinent. « Il faut bien l'accepter parce que lorsqu'on enferme des personnes dans un endroit comme celui-ci, on sait qu'ils vont réagir », poursuit Dieudonné Mbeleg. « Le matin, lorsque vous venez au travail, vous ne savez pas trop ce qui vous attend, vous devez être joignable 24 heures sur 24 et être capable de décider dans l'urgence. Vous pouvez être conseillé, épaulé, soutenu… Mais c'est à vous de rassurer vos collaborateurs et de leur faire confiance », déclare le directeur. Issu d'une famille modeste  « Mon parcours est à l'image de cette diaspora africaine : une fois arrivée en France, elle aspire tout simplement à réussir », explique-t-il dans un large sourire. Dieudonné Mbeleg va commencer son parcours universitaire au Cameroun. Ses études scientifiques l'amènent ensuite en France, où sa vie va connaître un nouveau départ.   Après le concours à l'École nationale d'administration pénitentiaire, il va gravir progressivement tous les échelons : « J'ai pu accéder à de très hautes responsabilités sans jamais me dire : ''Est-ce que je pourrais y arriver ?''. Non, je ne me suis jamais posé ce type de question. J'ai eu des responsables qui m'ont fait confiance. Et moi, j'ai su saisir ces opportunités grâce au travail acharné, grâce aussi à la capacité de cette administration à pouvoir me donner ma chance. »  Il démarre sa carrière au centre pénitentiaire de Borgo en Corse, puis à Avignon-Le Pontet, dans le Vaucluse, où il va diriger un établissement carcéral de très haute sécurité. « Je n'étais pas prédestiné à pouvoir diriger de tels établissements », affirme Dieudonné Mbeleg. Et pourtant, depuis un an, c'est le cas, avec le centre pénitentiaire de Nantes. Extrêmement complexe puisque éclaté, ce lieu nécessite en termes de pilotage « une véritable stratégie pour accomplir cette mission extrêmement noble », comme il aime à le dire. Et d'ajouter : « Je me sens aujourd'hui légitime. Comme je le dis toujours, je pense être à ma place, à ma juste place. » Toujours souriant, Dieudonné Mbeleg assume avec humilité et fierté le chemin qu'il a parcouru.  À lire aussiDiasporas africaines en France: Mahi Traoré, Madame la proviseure [1/5]

    Diasporas africaines en France: Mahi Traoré, Madame la proviseure [1/5]

    Play Episode Listen Later Aug 17, 2025 3:28


    Originaire du Mali, elle dirige depuis cinq ans un lycée professionnel où se perpétue un art séculaire : celui du verre et du vitrail. En septembre 2020, elle prend la direction du lycée Lucas de Nehou, une école professionnelle et publique du verre et du vitrail en Île-de-France. Elle, c'est Maïmouna N'Daw Traoré, une femme au caractère bien trempé qui sait d'où elle vient et où elle va. Cette Française née au Mali a fait ses études universitaires à la Sorbonne, et quelques années plus tard, c'est dans ce quartier latin qu'elle est de retour pour devenir proviseure. Un poste qu'elle occupe avec fierté. « J'ai toujours su que je serais un jour proviseure », affirme-t-elle.  Maïmouna N'daw, ou Mahi Traoré, son nom d'écrivaine, a un rire franc. Je suis noire mais je ne me plains pas, j'aurais pu être une femme est son tout premier roman autobiographique. Et il en dit long aussi sur sa personnalité. « Si on veut savoir où on veut aller, il faut savoir d'où on vient, et c'est pour cela que j'ai toujours voulu être aux commandes. Je suis exactement à la place que je voulais avoir et je suis à la bonne place », avoue-t-elle sans complexe.  Enracinée à Paris depuis les années 1990, Mahi Traoré est donc aux commandes du lycée Lucas de Néhou, un établissement professionnel très particulier. Dans ces murs où se perpétue un art séculaire, celui du verre et du vitrail, on ne s'attendrait pas à y voir une Française d'origine malienne : « Moi, je m'attendais à tout de toute façon, parce que j'ai toujours voulu être proviseure, et j'ai toujours travaillé durement, ardemment pour pouvoir le devenir, explique Mahi Traoré. J'ai passé le concours de chef d'établissement trois fois. Je l'ai raté deux fois, mais ça a été deux échecs constructifs. Mais oui, j'ai toujours su que je serais un jour proviseure et à Paris, parce que c'était mon souhait, mon envie. C'est une nomination, on est beaucoup à candidater, et il faut être en capacité d'administrer à la fois une institution scolaire, publique, et républicaine. »  À lire aussiLe Journal d'une proviseure de Lycée atypique Rien ne l'arrête. Alors, une Française d'origine malienne proviseure, c'est donc possible ? Absolument. « Je suis noire, donc il y a certaines choses que je ne m'autorise pas, qui ne sont pas possibles. Eh bien moi, je suis la preuve vivante qu'on peut y arriver », lance Maïmouna N'daw Traoré. Et elle est prête à tout pour défendre cette école et ce patrimoine : « Je suis extrêmement opiniâtre. Je ne renonce jamais. Si on me dit non par la porte, je passe par la cave. Si on me dit non par la cave, je passe par la fenêtre. Si on me dit non par la fenêtre, je ferai un trou dans un mur. Je ne lâche jamais rien quand je suis convaincue de ce que je défends. Et moi, je me bats pour mon école, pour mes professeurs, pour mes parents d'élèves, mais encore une fois pour mes élèves, parce que c'est vraiment eux qui me donnent l'énergie. » Un état d'esprit qui a conquis les élèves prêts à s'engager comme elle.    Rien n'arrête Madame la proviseure. Elle milite pour revaloriser l'enseignement professionnel en France. Au Mali, elle veut bâtir une école destinée aux jeunes filles – orphelines ou victimes de violences – pour les encourager à concrétiser leurs rêves.  À lire aussiCrises multiples: quels impacts sur le bien être des filles et des femmes du Sahel?

    Les experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: le Lab'ADN [10/10]

    Play Episode Listen Later Aug 14, 2025 2:35


    Ils mettent la science au service de l'enquête : durant deux semaines, Laura Martel vous a emmenés à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Dans ce dernier épisode, on s'intéresse au Lab'ADN. Si le profilage génétique permet de rechercher des criminels, il permet aussi l'identification de victimes. Conçu pour se projeter sur des sites de catastrophe ou terrains de conflit, le Lab'ADN est un concentré d'outils d'analyse génétique sur roues. À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: le département documents [9/10]

    Les experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: le département documents [9/10]

    Play Episode Listen Later Aug 13, 2025 2:34


    Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Focus aujourd'hui sur le département documents, qui travaille notamment à l'identification de faux titres sécurisés - comme des passeports, permis de conduire, cartes d'identité - et contribue ainsi à démanteler les officines de faussaires et les réseaux criminels associés.     À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: le département véhicule [8/10]

    Les experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: le département véhicule [8/10]

    Play Episode Listen Later Aug 12, 2025 2:36


    Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Focus aujourd'hui sur le département véhicule et son plateau technique, qui cumule de manière inédite expertise mécanique, pour l'analyse de débris par exemple ; expertise chimique, pour l'identification des peintures notamment ; et l'indispensable expertise numérique. À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: le traçage criminel [7/10] À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: l'immersion d'une scène de crime en 3D [6/10]

    Les experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: le traçage criminel [7/10]

    Play Episode Listen Later Aug 11, 2025 2:32


    Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Focus aujourd'hui sur une unité, au sein de la Division physique-chimie, chargée de révéler et décrypter les PMC (Produits de marquage codés) : ces produits, indétectables à l'œil nu, renferment un code unique – plus unique qu'un profil génétique humain. À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: l'immersion d'une scène de crime en 3D [6/10] À lire aussiL'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département faune flore forensique [5/10]

    Les experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: l'immersion d'une scène de crime en 3D [6/10]

    Play Episode Listen Later Aug 10, 2025 2:36


    Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Janus, opérationnel depuis avril dernier, est un dispositif innovant : cette grande salle vide de 120m² permet de s'immerger virtuellement et interagir dans des scènes de crimes reconstituées en 3D.   À lire aussiL'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département faune flore forensique [5/10] À lire aussiL'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département incendies explosifs [4/10]

    L'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département faune flore forensique [5/10]

    Play Episode Listen Later Aug 7, 2025 2:38


    Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. L'une des spécialités des experts du Département faune flore forensique, c'est l'entomologie légale, c'est-à-dire l'utilisation des insectes dans le cadre judiciaire. Et la star du laboratoire, c'est la mouche.   À lire aussiL'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département incendies explosifs [4/10]

    L'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département incendies explosifs [4/10]

    Play Episode Listen Later Aug 6, 2025 2:34


    Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Au sein du Département environnement incendies explosifs, les experts doivent faire face à la multiplication des dossiers liée à la diffusion de « recettes d'explosifs » sur internet.  À lire aussiL'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département médecine légale [3/10]

    L'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département médecine légale

    Play Episode Listen Later Aug 5, 2025 2:35


    Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'RCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Focus aujourd'hui sur le Département médecine légale, chargé d'autopsier les militaires morts en service, d'identifier certains corps et d'établir les causes et circonstances de la mort dans des affaires criminelles.   À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: des avancées en matière d'ADN [1/10]

    L'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale: le département signal image et parole [2/10]

    Play Episode Listen Later Aug 4, 2025 2:35


    Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale. Focus aujourd'hui sur le Département signal image parole, dont l'un des axes de travail est l'exploitation de vidéos et enregistrements sonores pour faire ressortir des éléments utiles aux investigations.   À lire aussiLes experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: des avancées en matière d'ADN [1/10]

    Les experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie: des avancées en matière d'ADN [1/10]

    Play Episode Listen Later Aug 3, 2025 2:36


    Ils mettent la science au service de l'enquête : Laura Martel vous emmène durant deux semaines à la rencontre des experts de l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale. Depuis les premières utilisations de profils génétiques à des fins d'enquête à la fin des années 1980, l'ADN s'est peu à peu imposé comme « la reine des preuves ». Le Département analyses génétiques individus de l'IRCGN est à la pointe des méthodes d'identification des empreintes génétiques. Et ses dernières avancées semblent parfois frôler la science-fiction.

    Héritage des JO 2024: la biodiversité de la Seine en nette progression [9/10]

    Play Episode Listen Later Jul 31, 2025 2:36


    Il y a un an, Paris vibrait au rythme des Jeux olympiques et paralympiques.  Aujourd'hui, il est désormais possible de se baigner dans la Seine, et ce, depuis le 5 juillet dernier. La qualité de l'eau du fleuve est en bien meilleur état qu'il y a 50 ans. Depuis une dizaine d'années, de nombreuses espèces y sont revenues, comme la moule d'eau douce alors qu'elle avait disparu. Une biodiversité surveillée de près à Bougival, où se trouve la station de mesure du programme MeSeine. Par Ellissar Mokadim  « Ne vous inquiétez pas, on ne va pas couler. » Depuis un ponton sur la berge, on accède à une cabane flottant sur la Seine. De ce laboratoire à ciel ouvert, des techniciens analysent la vie du fleuve et recensent les espèces de poissons. Selon Sabrina Guérin, directrice Innovation du Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne, la biodiversité progresse nettement depuis plusieurs décennies. « Dans les années 1970, on en comptait que 3-4 espèces alors qu'aujourd'hui, c'est multiplié par 10. On en compte 36 espèces de poissons différentes. » Le système d'assainissement a été modernisé depuis 50 ans, bien avant les Jeux olympiques. Cela a permis de recréer un milieu favorable pour les poissons. Accroché à une poulie, un dispositif acoustique permet d'approfondir les connaissances des écosystèmes. Cet outil sort tout juste de l'eau. « Donc, vous avez ici le micro qui permet d'écouter sous l'eau. Cette nouvelle manière de suivre la qualité de l'eau non pas en termes de composition, en termes d'activité. » Ce micro peut même enregistrer le chant des poissons comme celui du gardon. Chaque son capté correspond à une espèce. Le paysage sonore de la Seine est constitué de chevaines, et de goujons : mais pas seulement, le technicien Robin Richoux a déjà eu quelques surprises.  « C'est vrai que l'on a été surpris à quel point on pouvait entendre autre chose que les poissons. On entend aussi énormément les macro-invertébrés, des espèces qui sont en quantités énormes dans nos rivières. » Le retour de ces poissons sensibles à la pollution témoigne de la diminution des toxines dans l'eau : comme le phosphore et les bactéries fécales. C'était l'un des objectifs fixés pour les Jeux olympiques. Mais il reste encore à éliminer les microplastiques et les pesticides, rappelle Vincent Rocher, directeur Délégué Innovation Stratégie Environnement du SIAAP. « Aujourd'hui, on va devoir traiter les micropolluants sur nos usines de traitement. » Des travaux ont été menés par les collectivités, notamment : sur les mauvais branchements des habitations et des péniches dans la Seine. Les industries contrôlent davantage leurs rejets. Mais pour l'écologue Vincent Vignon, la pollution agricole doit aussi s'améliorer : « C'est nettement plus de la moitié du bassin versant de la Seine qui est agricole. Ce sont des phosphates, des nitrates, des trucs qui tuent des insectes ou des plantes, donc ce n'est pas formidable ». L'expert rappelle aussi la nécessité de renaturer les berges avec la création de zones humides ou la plantation d'arbres pour améliorer l'état écologique de la Seine. Les efforts réalisés pour l'assainir dans le cadre des Jeux olympiques ont permis le retour de certaines espèces. Mais des progrès restent à faire pour que le fleuve devienne un habitat durable pour la faune et la flore.

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