C'est dans ta nature

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C'est dans ta nature, le rendez-vous hebdomadaire de RFI avec la biodiversité. Reportages et infos sur les végétaux et les animaux, leurs comportements, leurs secrets, leurs rôles dans les écosystèmes et dans la mondialisation. Tout ce dont on parle ici, C'est dans ta nature !

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    • Jun 1, 2025 LATEST EPISODE
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    Pourquoi l'arabica est le café le plus bu (et pourquoi ça ne durera peut-être pas)

    Play Episode Listen Later Jun 1, 2025 3:12


    Une étude génétique révèle les secrets des origines et du goût du café le plus consommé dans le monde, apparu il y a 600 000 ans en Afrique de l'Est, et désormais vulnérable au réchauffement climatique. (Rediffusion) Des dizaines d'espèces de café poussent sur la planète, mais seules deux finissent dans vos tasses : le robusta et surtout l'arabica, qui représente 60% de la production mondiale de café, parce qu'il est le meilleur. Le robusta est le père de l'arabica, né en Éthiopie il y a 600 000 ans, comme vient de le préciser une étude génétique internationale menée par une soixantaine de scientifiques et publiée en avril 2024.« Le robusta s'est hybridé avec une autre espèce d'Afrique de l'Est, l'eugenoides, pour former l'arabica, détaille Valérie Poncet, chercheuse à l'Institut de recherche pour le développement (IRD, à Montpellier), qui a participé à cette étude. Il s'agit d'une hybridation spontanée. Certains pensent que c'est un événement unique, ce qui est encore à discuter. »Faible diversité génétiqueGrâce à l'étude du génome de l'arabica et de ses deux espèces parentales, on sait aussi pourquoi Coffea arabica a un tel succès. « C'est l'une des questions qu'on s'est posée, relève Valérie Poncet : comment l'arabica, issu du robusta, un café plus amer, a un goût aussi fin et équilibré ? En réalité, aucun des deux sous-génomes hérités de ses parents ne domine l'autre. »L'arabica est né par hasard il y a 600 000 ans, et c'est assez peu à l'échelle du vivant, ce qui explique la faible diversité génétique d'une plante qui doit son nom à la péninsule arabique – c'est au Yémen que l'Homme a lancé sa diffusion, sa mondialisation. « On dit par exemple qu'une seule plante a été introduite en Haïti, avant d'être ensuite cultivée en Amérique du Sud. Ce qui fait qu'on a très peu de diversité génétique, donc finalement très peu de potentiel de résistance aux maladies, également très peu de potentiel adaptatif vis-à-vis du changement climatique », souligne la généticienne Valérie Poncet.Un café qui aime le froidLe réchauffement climatique menace l'arabica, une plante qui apprécie les nuits fraîches. « L'arabica est originaire des hauts plateaux d'Éthiopie, à une forte altitude, alors que le robusta est originaire essentiellement d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale, à des altitudes très basses, précise Romain Guyot, également chercheur à l'IRD et co-auteur de l'étude. L'arabica a besoin de températures plus faibles pendant la nuit, et s'il y a un degré de plus durant la nuit, on va perdre jusqu'à 200 kilos de café marchand à l'hectare, ce qui est énorme, notamment pour les petits producteurs. »Mais ce qui est énorme également, c'est le coût environnemental du café, établi par le WWF, le Fond mondial pour la nature : 140 litres d'eau pour une simple tasse !

    Comment un nouveau bambou, succulent, a été découvert

    Play Episode Listen Later May 24, 2025 3:46


    C'est par hasard, lors d'une expédition scientifique au Laos, qu'une nouvelle espèce de bambou a été identifiée, unique en son genre. Deux mille espèces végétales sont découvertes chaque année, surtout dans les forêts tropicales qui abritent 90 % de la biodiversité mondiale. Parfois, on cherche, et on ne trouve rien. Et puis parfois, on trouve sans vraiment chercher. Et c'est par hasard, il y a une douzaine d'années, qu'une expédition scientifique au Laos est tombée sur une plante qui n'avait jamais été observée.« C'était dans une zone karstique avec des crevasses, un relief très déchiqueté, raconte Denis Larpin, responsable des collections végétales tropicales au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Les botanistes ont trouvé cette plante qui était un peu curieuse, un peu desséchée – on était en saison sèche. Ils sont retournés plus tard en saison humide et ils ont vu qu'il y avait cette fois des feuilles, avec des tiges très gonflées, et ils ont déduit que c'était un bambou. » Une nouvelle espèce de bambou, alors qu'on en compte déjà 1 600 sur la planète.Bambou succulentEn l'absence de floraison (un bambou peut parfois mettre des dizaines d'années avant de fleurir), c'est une analyse ADN qui a permis d'affirmer que ce bambou était unique. On lui a donné un nom : Laobambos calcareus. Il s'agit du seul bambou succulent. Succulent ne veut pas dire qu'il est forcément excellent à manger, même si c'est la même racine. « Succulent vient de succus, le suc, la sève, précise de Denis Larpin. Les plantes succulentes possèdent des cellules qui permettent de stocker de l'eau en forte quantité. C'est le cas des cactus, des agaves ou des baobabs. C'est une adaptation de la plante pour survivre à sécheresse, avoir des réserves d'eau. »Parce que ce « nouveau » bambou pousse sous un climat particulier, aux saisons extrêmes, avec une sécheresse intense et une période de mousson.Forêts viergesCe n'est d'ailleurs pas complètement un hasard si cette nouvelle espèce de bambou a été découverte dans une forêt tropicale. « C'est là où il y a la plus forte diversité, avec des zones qui n'ont pas été explorées, même s'il y en a de moins en moins, relève Denis Larpin. En marchant dans la nature, dans la forêt, en ayant le sens de l'observation et l'expertise, on peut trouver beaucoup de choses qui interrogent ! » Les forêts tropicales abriteraient 90 % de la biodiversité mondiale, pour l'essentiel encore inconnue. Environ 2 000 espèces végétales sont découvertes chaque année sur la planète. À lire aussiPourquoi s'intéresser aux plantes de l'extrême ?

    Les céphalopodes font pieuvre d'intelligence

    Play Episode Listen Later May 17, 2025 2:38


    Les poulpes ont-ils vraiment neuf cerveaux ? Comment sont-ils capables de résoudre des problèmes complexes ? Gros plan sur les plus perspicaces des animaux invertébrés. C'est une expérience, réalisée par le commandant Cousteau, qui a révolutionné la compréhension des céphalopodes et suscité le plus grand intérêt pour cette famille de mollusques à laquelle appartiennent les poulpes, les sèches ou les calamars. Un poulpe est placé devant un bocal dans lequel est enfermé un crabe. « Que fait le poulpe ? Non seulement il voit qu'il y a un crabe – très bonne vision. Ensuite, il arrive à comprendre qu'il y a un couvercle. Et il arrive à trouver les moyens, avec ses bras munis de ventouses, d'ouvrir le bocal, c'est-à-dire de tourner le couvercle, raconte Laure Bonnaud-Ponticelli, professeure au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris. Quand les scientifiques se sont aperçus de cela, ils se sont dit : "Ah, mais en fait, ces bêtes ont un cerveau qui pourrait correspondre au nôtre". Et comme nous sommes intelligents, on s'est dit : "Ils sont donc intelligents." »Les poulpes ou les pieuvres (ce sont les mêmes animaux, le mot pieuvre ayant été inventé par Victor Hugo) sont les invertébrés les plus intelligents. En regardant un tuto sur une vidéo, un poulpe avait ensuite été capable de résoudre le problème auquel il était confronté. En revanche, contrairement à une idée reçue, ces céphalopodes n'ont pas neuf cerveaux. « Ils ont un gros cerveau, précise Laure Bonnaud-Ponticelli. Et puis ils ont des espèces de petits amas de cellules nerveuses à la base de chacun de leurs huit bras. Il semblerait qu'il y ait malgré tout une certaine autonomie de ces mini-centrales nerveuses qui pourraient commander les bras indépendamment. »Paul le poulpeC'est aussi ce cerveau qui commande l'incroyable capacité des poulpes à changer de forme, de texture et de couleur, pour se fondre dans le paysage, en un millième de secondes. « Ils ont dans leur peau un très grand nombre de cellules qui sont responsables de ces changements. Quand un ordre est donné par le cerveau à la vitesse de l'influx nerveux, si rapide qu'on ne le voit pas à l'œil nu, tout est interconnecté. Ce qui fait que l'animal va complètement disparaître aux yeux des prédateurs, également aux yeux des proies », explique Laure Bonnaud-Ponticelli.Un poulpe avait défrayé la chronique pendant la Coupe du monde de football en 2010. Le célèbre Paul le poulpe, une pieuvre enfermée dans un aquarium en Allemagne. Un champion des pronostics qui désignait presque toujours le drapeau du futur vainqueur. Mais ici pas d'intelligence ni de compétence sportive. C'était juste le hasard, les poulpes ne voyant pas les couleurs.La question de la semaine

    Le renard n'est pas nuisible

    Play Episode Listen Later May 11, 2025 2:54


    Plusieurs centaines de milliers de renards sont tués légalement chaque année en France, alors que le mammifère roux à la queue flamboyante est utile à l'équilibre de la biodiversité. (Rediffusion du 16 juillet 2023). Rusé, pourquoi pas fourbe, voleur de poules... Le renard a mauvaise réputation, et en France, le renard roux (Vulpes vulpes) est considéré comme un nuisible, inscrit sur la liste des « espèces susceptibles d'occasionner des dégâts » que l'État français, comme chaque année, doit publier ces prochains jours. Y figurent d'autres mammifères (fouine, ragondin...) ou des oiseaux (pie, geai des chênes...).Sur la quasi-totalité du territoire français, l'animal aux oreilles pointues et la queue flamboyante est ainsi considéré comme « nuisible », ce qui donne aux chasseurs un permis de tuer sans limites. « Entre 600 000 et 1 million de renards sont tués toute l'année, dans des conditions innommables, puisqu'on peut les tuer par tous moyens, s'indigne Muriel Arnal, la présidente de One Voice, une association qui milite pour le respect des animaux. En France, dans nos campagnes, des animaux qui appartiennent à la biodiversité et dont on a vraiment besoin sont persécutés ».Dévoreur de rongeursLoin d'être un nuisible, le renard est utile à l'équilibre de la biodiversité, notamment pour limiter la prolifération des rongeurs. « J'avais débattu avec un président de fédération de chasse qui était agriculteur, raconte Muriel Arnal. Après le débat, je lui ai dit : “Vous êtes agriculteur – et les renards ?” Il me dit : “Moi, je les laisse sur mon terrain, évidemment ! Ça me permet d'éviter l'utilisation de pesticides parce qu'ils vont manger beaucoup de rongeurs ».Un renard tue chaque année plusieurs milliers de rongeurs, en particulier des campagnols, l'ennemi des agriculteurs. Loin d'occasionner des dégâts, un renard permettrait au contraire aux cultivateurs d'économiser en moyenne 3 000 euros par an. Et là, où il y a des renards, la maladie de Lyme, transmise par les tiques portées par les rongeurs, est en recul.À écouter dans Priorité SantéLa maladie de LymeAutorégulationMais voilà, les chasseurs français considèrent le renard comme un concurrent parce qu'il se nourrit aussi des faisans d'élevage lâchés dans la nature avant l'ouverture de la chasse – des proies faciles. C'est la raison de sa présence sur la liste des espèces nuisibles, sans fondement scientifique. « On peut tuer des animaux sans aucune preuve, en fait ! La nature est très bien faite à partir du moment où les humains n'interviennent pas. Si on laisse la nature se gérer, il n'y a jamais de surpopulation de renard. Le renard s'autorégule ; quand il y a moins de nourriture, il y a moins de naissances. Là où il n'y a pas assez de rongeurs, les renards ne peuvent pas pulluler », explique la présidente de One Voice.Le renard est un canidé, comme les loups et les chiens. En Afrique du Nord, le fennec (Vulpes zerda), surnommé le renard des sables (le renard du Petit prince, de Saint-Exupéry), est son plus petit représentant. Petit, avec de grandes oreilles.À lire aussiRenards, lapins, fouines, moutons, perroquets... les animaux insolites de Paris

    La résurrection du cheval de Przewalski

    Play Episode Listen Later May 3, 2025 2:42


    Officiellement éteint dans les années 1970, le plus ancien cheval sauvage a été réintroduit avec succès 40 ans plus tard en Mongolie, sa terre d'origine, notamment grâce au travail d'une association française, Takh, installée dans le sud de la France, sur le Causse Méjean.  (Rediffusion du 22/09/2024)C'est un paysage de steppes. De rares arbustes surgissent des herbes jaunies par un été solaire, chaud et sec. Nous ne sommes pas en Mongolie, mais sur le Causse Méjean, dans les Cévennes françaises, dans le sud du Massif central, où vivent les plus anciens chevaux sauvages de la planète, des chevaux de Przewalski, une espèce pourtant portée disparue il y a une quarantaine d'années dans les steppes mongoles. « C'est un petit peu au petit bonheur à la chance de les croiser ici », prévient Pauline Jouhanno, de l'association Takh (takh, en mongol, signifie cheval sauvage), créée en 1990 pour la sauvegarde et la renaissance du cheval de Przewalski. Et on peut dire qu'on a de la chance, en ce matin du mois d'août. Devant nous, à une dizaine de mètres, se trouvent deux équidés paisibles, au gabarit proche du poney, robe beige, le bas des pattes zébré : deux chevaux de Przewalski que nous présente Julie Morisson, médiatrice scientifique au sein de l'association Takh. « Guizmo et Rouquet, deux étalons célibataires qui sont juste de l'autre côté de la clôture, en position de repos, en tête-à-queue pour que la queue de l'un chasse les mouches des yeux de l'autre. Vous ne sentez pas une différence ici qu'il n'y avait pas tout à l'heure quand on marchait ? Il y a du vent ! Il n'y a pas d'arbres, donc quand il fait très chaud, le cheval de Przewalski va chercher le courant d'air. »Steppe cévenoleEn plein été, il fait chaud sur le Causse Méjean, ce haut plateau vallonné dans le département de la Lozère, à 800 mètres d'altitude. Chaud l'été et froid l'hiver, comme en Mongolie, la terre d'origine du cheval de Przewalski. Ici, ce sont 40 chevaux qui vivent en semi-liberté, dans deux enclos de 400 hectares au total, sans contact avec l'humain, dans un paysage semblable aux steppes de Mongolie – nous sommes dans la steppe cévenole. « C'est très aride, très nu, décrit Pauline Jouhanno. On a ce qu'on appelle des pelouses calcaires. Le sol calcaire ne permet pas à l'eau de rester en surface, tout s'écoule, ce qui fait que la végétation est très rase, très sèche. »Les premiers chevaux de Przewalski (l'espèce doit son nom occidental à un colonel russe d'origine polonaise qui l'a « découverte » à la fin du XIXe siècle) sont arrivés sur le Causse en 1993. En provenance de zoos, parce qu'à l'état sauvage, le cheval sauvage avait complètement disparu – un dernier individu avait été aperçu en 1969 dans le désert de Gobi. « Lorsque les Européens sont allés chercher des poulains de Przewalski en milieu naturel pour les mettre dans des zoos au début des années 1900, la stratégie à l'époque était d'abattre la totalité des adultes accompagnant les poulains, raconte Julie Morisson. Forcément, c'est une espèce qui sait très bien se défendre. Face à un stress, elle s'organise socialement pour faire face aux prédateurs. »Unis face aux prédateursMais puisqu'on n'est pas un prédateur, peut-on le caresser, ce cheval sauvage ? « Non, pas du tout ! Socialement, ils vont tellement s'organiser de manière puissante que même si vous ne connaissez pas le comportement des chevaux, vous allez vous douter qu'il faut arrêter de s'approcher ! », sourit Julie Morisson, qui a sorti une paire de jumelles pour observer au loin d'autres chevaux, avant qu'ils ne repassent derrière la colline.En 2004, l'association Takh a envoyé en Mongolie une vingtaine de ses chevaux. Un programme de réintroduction réussi. « C'est plutôt rassurant de voir qu'en Mongolie ces chevaux arrivent à se reproduire, à survivre et à continuer de se défendre face aux attaques de loups. On a eu quatre attaques avérées de prédation de loup sur poulain en une vingtaine d'années seulement, donc c'est plutôt prometteur. » Plusieurs centaines de chevaux de Przewalski vivent aujourd'hui en Mongolie, grâce à l'association Takh et d'autres programmes de réintroduction. Officiellement déclaré « éteint à l'état sauvage » dans les années 1970, le cheval de Przewalski n'est aujourd'hui plus qu'une espèce « en danger ». Une espèce ressuscitée.

    Ces fleurs qui font de la politique

    Play Episode Listen Later Apr 26, 2025 3:01


    De la Révolution des Œillets à la Révolution du Jasmin, en passant par la rose du Parti socialiste, de tous temps, les fleurs ont symbolisé et accompagné les mouvements politiques. La photo a fait le tour du monde. La Fille à la fleur, une photo de Marc Riboud lors d'une manifestation aux États-Unis contre la guerre du Vietnam, en 1967. Une lycéenne oppose aux baïonnettes des soldats une fleur de chrysanthème. C'est le Flower Power, le pouvoir des fleurs, le slogan du mouvement hippie des années 1960 et 1970.Au Portugal, en avril 1974, c'est la saison des œillets. Et une fleuriste en offre à des militaires, en chemin pour renverser la dictature, la fleur au fusil. C'est la Révolution des Œillets. Trente-six ans puis tard, c'est la Révolution du Jasmin, au pays du jasmin, la Tunisie. Ben Ali s'enfuit. Son parfum entêtant (le parfum du jasmin, pas celui de Ben Ali) gagne les pays de la région pour donner les printemps arabes – la plupart des fleurs fleurissent au printemps.Fleurs des champs de batailleL'emblème des Nations unies, ce n'est pas un, mais deux rameaux d'olivier, le symbole de la paix. Mais depuis 1945, l'olivier a perdu beaucoup de feuilles… Avant cela, au lendemain de la Première Guerre mondiale, le coquelicot et le bleuet, qui poussent sur des sols ingrats, sont les premiers à fleurir sur les champs de bataille, champs de ruine de l'humanité. Pour se souvenir de la barbarie, les Anglais choisissent les premiers le coquelicot, rouge sang, Les Français, le bleuet, bleu comme l'uniforme des soldats morts pour la France. Les rois de France, eux, avaient comme emblème une fleur de lys. C'était en réalité un iris, depuis que Clovis fut sauvé par une biche dans un champ d'iris.Roses et épinesEt puis il y a la rose, qui a donné son nom à une guerre, la Guerre des Deux Roses. Une guerre civile, en Angleterre, au XVe siècle, entre deux maisons royales, l'une représentée par une rose blanche et l'autre par une rose rouge. Un mariage met fin à la guerre. Et l'Angleterre se choisit comme emblème une rose rouge au cœur blanc.La rose au poing, c'est l'emblème du Parti socialiste, en France, choisi par François Mitterrand en 1971, dix ans avant son élection. « Moi, j'aime les fleurs, déclare le futur président, lors d'un débat télévisé en 1972. Je ne suis pas un très grand jardinier, et les roses, c'est calé ! C'est particulièrement difficile à entretenir ! Alors une rose, pour le Parti socialiste, c'est un symbole : c'est pas facile, on s'y écorche un peu les doigts... Mais c'est beau ! » Le symbole est beau.

    Comment les animaux trouvent de l'eau dans les déserts

    Play Episode Listen Later Apr 19, 2025 2:40


    Pour survivre dans des conditions extrêmes, marquées en particulier par le manque d'eau, la faune du désert a développé des stratégies que dévoile l'exposition Déserts au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris. C'est un paradoxe sur lequel s'appuie l'exposition Déserts qui se tient au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris (jusqu'en novembre) : il y a de la vie dans les déserts. Et s'il y a de la vie, il faut de l'eau. C'est un autre paradoxe, puisque c'est précisément le manque d'eau qui définit un désert : moins de 200 millimètres de pluie par an. Dans le désert du Sahara, il tombe même moins de 20 millimètres d'eau chaque année.Dans ces mondes aux conditions extrêmes, les animaux ont des stratégies pour survivre. L'eau, ils la trouvent d'abord dans la nourriture. C'est le cas du chameau ou du dromadaire, dont un spécimen naturalisé domine l'exposition. « L'excès de nourriture, l'excès d'énergie, va être stocké sous forme de gras, dans la bosse du dromadaire, explique notre guide, Anthony Herrel, chercheur CNRS au Muséum national d'Histoire naturelle. Le métabolisme du gras va libérer de l'eau pour l'organisme. C'est ce qu'on appelle de l'eau métabolique qui donne une ressource supplémentaire en eau. »De l'eau dans l'airLes rongeurs, eux, sont friands de graines. « Et dans les graines, il y a de l'eau, rappelle Anthony Herrel. De plus, les rongeurs vont stocker les graines dans un terrier où c'est beaucoup plus humide qu'à la surface. Donc, les graines vont se saturer en eau et c'est une ressource supplémentaire pour l'animal. »De l'eau, il peut aussi y en avoir dans l'air de certains déserts, sous forme d'humidité. C'est le cas du désert du Namib, en Afrique australe, où vit un scarabée, le ténébrion du désert, l'un des insectes les plus rapides au sol pour ne pas brûler ses pattes et rester le moins longtemps exposé au soleil. « Le Namib est un désert particulier parce que le long de la côte de Namibie passe un courant d'air froid qui passe, qui évapore de l'eau, ce qui donne de la rosée le matin. Le ténébrion va se mettre en haut des dunes avec la tête en bas et sur la carapace, il y a des microstructures qui vont faire condenser l'eau, ensuite amenée vers la bouche de l'animal. Le ténébrion peut ainsi boire de l'eau qui est présente dans l'air », souligne Anthony Herrel.Les stratégies du molochOn s'arrête enfin devant un spécimen guère avenant, couvert d'épines menaçantes. C'est un moloch, qui a l'apparence d'un gros lézard, un habitant des déserts australiens. Ses épines lui sont utiles, et pas seulement pour effrayer ses prédateurs. « L'eau va condenser sur ses épines, mais pas suffisamment pour en vivre, explique Anthony Herrel, l'un des conseillers scientifiques de l'exposition. Mais le moloch a une deuxième stratégie, assez intéressante : il arrive à remonter l'eau présente dans le sable via un réseau de capillaires jusqu'à sa bouche. Après une pluie, il va juste se poser dans le sable mouillé et l'eau va automatiquement remonter par ce réseau de petits canaux jusqu'à la bouche de l'animal. Le moloch peut ainsi boire de l'eau qui n'est plus présente sous forme liquide. » C'est l'une des leçons du désert : quand l'eau est rare, il faut prendre sur soif.

    Au zoo de Paris, les secrets de la communication des babouins de Guinée

    Play Episode Listen Later Apr 12, 2025 3:31


    L'espèce de singe présente en Afrique de l'Ouest dispose d'une communication élaborée, qui peut être orale, tactile ou visuelle : des cris, des mimiques, ou même la couleur du postérieur des femelles. Pour ouvrir la nouvelle saison du Parc zoologique de Paris, en lisière du Bois de Vincennes, consacrée à l'Intelligence animale (IA), nous nous retrouvons au pied de l'immense rocher où s'égayent les 42 babouins de Guinée du zoo. C'est là que fut tournée l'une scènes culte du film culte Le père Noël est une ordure, où les personnages se débarrassent des morceaux de corps d'humain en les jetant aux animaux.Mais aujourd'hui, c'est un nourrissage beaucoup plus réglementaire auquel nous assistons, dispensé par les soigneurs. « La nourriture a été dispersée dans l'enclos pour éviter les conflits, donc chacun va pouvoir manger. Les animaux les plus dominants vont avoir tendance à manger en premier », précise Julie Bonnald, qui coordonne le programme européen de reproduction des babouins de Guinée.Ces singes, qu'on retrouve aussi au Sénégal, en Mauritanie ou au Mali, figurent sur la Liste rouge de l'UICN, l'Union internationale pour la conservation de la nature, au rang d'espèce quasi menacée. Le babouin de Guinée est le plus petit des cinq espèces de babouins, mais sa palette pour communiquer est très large.Une communication bien sûr orale : « On peut avoir des grognements amicaux, qu'on appelle des grunts, pour montrer ses bonnes intentions », explique Julie Bonnald, curatrice des mammifères au zoo de Vincennes. Il y a aussi des cris d'alarme, pour prévenir d'un danger les autres babouins du groupe. « Si un cri d'alarme est émis en savane, où le prédateur principal est le lion, on va observer les babouins monter dans les arbres pour se protéger. Alors que si le même cri d'alarme est émis en bordure de plan d'eau où le principal prédateur est le crocodile, on va observer à la place des postures de vigilances. Donc ça montre bien qu'ils arrivent à percevoir l'intention de celui qui a émis le signal, et ainsi d'évaluer la situation et d'agir en conséquence. »L'épouillage du bonheurEntre babouins, la communication peut aussi être visuelle, par exemple pour montrer son hostilité, par « un haussement de l'arcade sourcilière ; on voit un peu le blanc des paupières. On va avoir aussi la bouche qui va former un O. »Les femelles babouins disposent d'une communication visuelle spécifique, qui passe par la couleur de leur derrière.« Par exemple, là, vous avez une femelle, nous montre Julie Bonnald à travers la vitre qui sépare les babouins des humains. C'est rose, mais ce n'est pas très gonflé, on est soit en fin, soit en début d'œstrus (la période d'ovulation). Donc, elle n'est pas réceptive pour l'accouplement. La femelle du fond, elle est vraiment plus proche de la période de reproduction. » Elle arbore en effet un postérieur rose vif.Il y a enfin la communication tactile. « Des mâles comme des femelles peuvent sentir ou toucher la zone uro-génitale. C'est ce qu'on appelle des salutations. Je présente une zone sensible en gage du fait que je ne vais pas vous attaquer. » Et il y a bien sûr le fameux épouillage. « Là, on voit deux babouins l'un à côté de l'autre, décrit Julie Bonnald. Il y en a un qui montre son dos à l'autre qui cherche dans le pelage pour enlever les petites impuretés, les parasites. Mais l'épouillage n'a pas qu'une fonction de toilettage. On l'a comparé au phénomène de commérage chez l'humain. C'est vraiment pour renforcer les liens sociaux entre les individus. » Et ça leur fait du bien : l'épouillage stimule la production d'endorphine, l'hormone du bonheur.À lire aussiAfrique de l'Ouest: entre dérèglement climatique et conflits territoriaux, les défis du pastoralisme

    Le parfum, la technique de drague des fleurs

    Play Episode Listen Later Apr 5, 2025 3:17


    Petite balade olfactive pour sentir les fleurs. Leurs odeurs parfois surprenantes, destinées à attirer les pollinisateurs. « Essayez de vous rapprocher de quelques branches en fleurs », nous invite-t-on. On se penche et on fourre son nez partout, pour une promenade odorante organisée pour un petit groupe dans les jardins de l'École du Breuil, à Paris, par Giulio Giorgi, auteur de Botanique olfactive (éditions Nez). Une invitation à « sentir la nature ».Mais pourquoi les fleurs ont un parfum ? C'est leur technique de drague. « L'une des plus grandes différences entre les végétaux et les animaux, c'est que les plantes à fleurs ne vont pas draguer leurs semblables, souligne Giulio Giorgi. Elles ne vont pas draguer d'autres plantes comme nous le ferions en draguant un autre humain. En fait, elles draguent des intermédiaires, des pollinisateurs. Tout ça est quand même magique ! Ça veut dire qu'elles développent un langage commun, et ce langage est bien l'odeur. »Le petit groupe chemine parmi les plantes et les arbustes fleuris en ce début de printemps parisien et ensoleillé. « Vous avez tous senti cette plante ?, demande Giulio Giorgi devant un berbéris, un arbuste muni d'épines et de grappes de petites fleurs jaunes. Elle est très particulière ! Je ne sais pas ce que vous en pensez… » « Moi, je sentais l'eau de javel ! », répond une des participantes. « J'ai l'impression que le monde est divisé en deux par le berbéris, remarque Giulio Giorgi. Il y en a qui le sentent et qui le trouvent très agréable, et il y en a qui détestent parce que ça leur rappelle des émanations humaines qui commencent par "S". » Des rires s'élèvent parmi les visiteurs. « Ne soyez pas dégoûtés, parce que ce sont des odeurs faites pour attirer les pollinisateurs. Pas mal d'espèces dans le genre Berbéris ont des odeurs spermatiques. » Des parfums et des goûtsLe soleil réveille et sublime les molécules olfactives. Certaines plantes, pourtant, ne sentent que le soir, comme le jasmin de nuit, qu'on appelle aussi galant de nuit. « C'est une fleur qui sent à partir du coucher de soleil, explique l'écologue et paysagiste. Pourquoi ? Parce que ses pollinisateurs sont des papillons de nuit. Puisque dégager des molécules olfactives demande une énergie à la plante, elle va optimiser ça. Elle va dire : "Je ne vais pas le faire pendant la journée, je le fais pendant la nuit ". » Le nez repoudré par le pollen des fleurs, on poursuit la balade, au gré des fleurs que l'on rencontre et dont on essaie de deviner le parfum : une odeur de miel ici, une autre de cannabis là (mais il n'y pas de cannabis qui pousse à l'École du Breuil !)... On s'arrête devant un magnolia aux immenses fleurs blanches, très parfumées. Et quand ça sent, il y a parfois aussi du goût : « Les pétales de magnolia sont comestibles. Et ils ont un goût exceptionnel. Quand vous les mangez, vous avez l'impression de croquer dans une endive qui a été trempée dans une sauce au gingembre. » L'odorat des abeillesOn entend le chant des oiseaux. Les insectes aussi sont de la partie. « ​​​​​​​On voit qu'il y a des abeilles qui sont au travail ! Ce que nous, on sent, ce n'est pas ce que les pollinisateurs sentent. Les abeilles n'ont pas une très bonne vue, mais ont un odorat excellentissime, bien meilleur que le nôtre. Il m'arrive régulièrement de voir un arbre ou une plante qui est bourré d'abeilles et qui ne sent rien », raconte Giulio Giorgi. Dans les villes, l'odorat des humains est particulièrement en difficulté. À cause de la pollution, les parfums se font rares – à part celui des gaz d'échappement. « ​​​​​​​Les particules fines ont une propriété absorbante vis-à-vis des odeurs végétales. On va donc moins sentir les parfums des arbustes parce qu'ils sont beaucoup plus absorbés par la pollution », explique l'auteur de Botanique olfactive, un très joli guide illustré pour « sentir la nature au fil des saisons », commenté par des parfumeurs. C'est la fin de la balade. On en a plein le nez et on a pris son pied.La question de la semaine

    Quand des feuilles mortes deviennent des feuilles de papier

    Play Episode Listen Later Mar 29, 2025 4:12


    L'entreprise Releaf Paper, en région parisienne, exploite la première usine au monde à pouvoir extraire des feuilles des arbres la cellulose, glucide utilisé par les papetiers. Un procédé qui évite d'abattre des arbres. C'est dans ta nature est à l'usine cette semaine. Drôle d'endroit pour une chronique sur la biodiversité. Et pourtant, juste en respirant au milieu de grosses machines, on se croirait en forêt. « Oui, ça sent le sous-bois », confirme Bertrand Chevalier, le directeur opérationnel de l'usine Releaf Paper, aux Mureaux, en région parisienne. Cette usine, inaugurée il y a quelques mois, recycle des feuilles mortes, tombées des arbres en ville, pour fabriquer du papier.« Ces feuilles sont ramassées, pour qu'on ne glisse pas, détaille Bertrand Chevalier. Les déchetteries françaises récupèrent aujourd'hui environ 1,5 million de tonnes de feuilles par an. Elles sont soit compostées, soit brûlées. Les brûler, c'est une aberration. Les composter, c'est bien. Mais nous, on dit : ''On peut faire beaucoup mieux. De ce déchet, on peut en faire une matière première.''. »Une formule magiqueAvant de devenir de la pulpe, la matière première livrée aux papetiers, les fabricants de papier, les feuilles récupérées, notamment auprès des mairies alentours, subissent toute une série d'opérations au gré des machines installées. Après avoir été triées pour évacuer les déchets immanquables qu'on retrouve en ville (plastiques, papiers, mégots de cigarettes…), les feuilles arrivent sur un tapis roulant à un immense bac de lavage. « Comme vous le voyez, il y a un bouillonnement, des bulles de jacuzzi… Vous voyez, il n'y a plus de terre, il n'y a plus de sable dessus. » Les feuilles sont ensuite séchées, broyées et transformées en pulpe sous la forme de pellets, des granulés stockés dans de gros sacs prêts à être livrés aux papetiers.Avec Releaf Paper, les feuilles mortes connaissent une nouvelle vie grâce à deux amis ukrainiens, arrivés en France il y a quelques années. Alexandre Sobolenko est fier de nous accueillir dans son usine, « la première usine au monde qui transforme les feuilles mortes en pulpe pour fabriquer du papier », affirme-t-il en ukrainien. Il a fondé Releaf Paper avec Valentyn Freshka, qui n'avait que 16 ans quand il a trouvé la formule pour extraire des feuilles la cellulose, la base de la pâte à papier, qu'on trouve traditionnellement dans le bois, et ce alors que « ça faisait plus de 100 ans que différents chercheurs essayaient d'extraire la cellulose des feuilles », souligne Bertrand Chevalier. La formule magique a été brevetée et a reçu de nombreux prix internationaux.Papier écologique« Le règne végétal est bien fait, poursuit le directeur opérationnel de Releaf Paper. Dans les feuilles des arbres qui tombent naturellement, il y a 40% de fibres de cellulose à l'intérieur. Ainsi qu'un peu de tanin : c'est ce qui donne la couleur marron aux feuilles. Les tanins ont un pouvoir antibactérien, ce qui permet de réduire la dégradation de la feuille et donc de rallonger sa durée de vie. Ce qui permet, dans un milieu naturel classique, de nourrir progressivement la terre, au fil des mois. Cette propriété nous intéresse : une feuille stockée va se dégrader beaucoup plus lentement qu'un produit végétal classique. »La cellulose, la base de la pâte à papier, qu'on retrouve dans toutes les plantes, est la matière organique la plus répandue sur la planète. Il y en a à peu près autant dans le bois que dans les feuilles. Mais là, au moins, pas besoin de couper des arbres. « Contrairement à la fibre de bois classique, les feuilles tombent naturellement, sans rien faire. Je ne mets même pas de l'engrais pour les faire tomber, sourit Bertrand Chevalier. On est sur un produit beaucoup plus souple. Ce qui veut dire que travailler la feuille va demander moins d'énergie, moins d'eau. »C'est ainsi que des feuilles mortes deviennent des feuilles de papier, plus écologiques. UberEats, le géant de la livraison de repas à domicile, est devenu client de Releaf Paper et peut afficher sur ses emballages un nouveau slogan : « Pas un seul arbre n'a été abattu pour fabriquer ce sac. »

    La ménopause, chez les femmes... et des cétacés

    Play Episode Listen Later Mar 22, 2025 2:44


    Continuer de vivre sans plus pouvoir se reproduire est une anomalie dans le monde animal. C'est le cas pour les humaines et cinq espèces de baleine à dents. Ces grands-mères assurent la protection des plus jeunes jusqu'à l'âge adulte.  C'est une nouvelle vie qui commence pour les femmes autour de la cinquantaine, quand elles ne sont plus capables de donner la vie, mais qu'il leur reste encore beaucoup à vivre : c'est ce qu'on appelle la ménopause. Une exception dans le monde du vivant. Mais les femmes ne sont pas complètement seules ! Sur les quelque 5 000 espèces de mammifères sur la planète, cinq d'entre elles, hors les humaines, connaissent la ménopause. Pas les primates, qui sont pourtant nos cousins les plus proches, mais des mammifères marins : des cétacés, des baleines à dents, comme les orques et les bélugas.Les orques sont fertiles jusqu'à 40 ans et peuvent vivre 90 ans, à peu près comme les femmes. Mais arrêter de se reproduire, c'est une anomalie dans le monde animal, où il s'agit d'abord de perpétuer son espèce. Sauf s'il y a des avantages, comme une moindre concurrence. « Des femelles qui ne sont plus en phase de reproduction active ne seront plus en compétition avec des femelles du groupe qui elles sont en phase reproductive, explique Jean-Luc Jung, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle et directeur de la Station marine de Dinard, en Bretagne. On va de fait éliminer les compétitions pour les mâles, et les femelles qui ne rentrent plus dans ces compétitions sont plus disponibles pour autre chose. »À lire aussiLes baleines, anges gardiennes de la TerreL'hypothèse de la grand-mèreC'est la théorie de la grand-mère, appliquée aux cétacés. Ces grands-mères ont de l'expérience, protègent les plus faibles des prédateurs et savent où trouver la nourriture. « Pendant la ménopause, les femmes auraient plus de temps pour s'occuper des enfants et des petits-enfants, poursuit Jean-Luc Jung. Cela limiterait aussi les conflits intergénérationnels. Au final, on aurait peut-être moins d'enfants, mais des enfants qui arriveraient à l'âge adulte plus fréquemment. »Pour la grand-mère orque, c'est vrai qu'il y a du boulot dans un océan hostile. « Les cétacés ont une vie sociale extraordinairement forte. Et ça doit être particulièrement difficile d'élever des jeunes dans le milieu marin ; il n'y a pas d'endroits où se cacher, il n'y a pas d'arbres ou se réfugier, il n'y a pas de grottes… donc, il faut des organisations sociales autour des enfants, des jeunes, qui leur permettent d'arriver à l'âge adulte. »Avantage évolutifLa ménopause apparaît ainsi comme un avantage évolutif chez des espèces connues pour leur vie sociale développée : il y a un intérêt à vivre, même quand on n'est plus fertile. Les cétacés forment des sociétés matriarcales, et s'ils sont les seuls animaux non humains à connaître la ménopause, ce n'est peut-être pas un hasard. « Les sociétés des cétacés sont quasiment tout le temps organisées autour des femelles, et il est possible que le fait que l'évolution ait abouti à la ménopause dans ces groupes soit lié », conclut Jean-Luc Jung.À écouter dans Autour de la questionSommes-nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence des animaux?

    Au secours de femmes et d'hommes, les animaux sont nos amis

    Play Episode Listen Later Mar 15, 2025 3:40


    Une baleine, des lions, un rat ou encore un singe... Voici quelques belles histoires où des animaux ont sauvé la vie d'êtres humains. Une rediffusion de l'émission du 12 mai 2024. C'est l'histoire d'un jeune Américain qui voulait en finir avec sa vie et qui se jeta d'un pont, le Golden Gate Bridge à San Francisco, sur la côte ouest des États-Unis – l'endroit où on se suicide le plus dans le monde... Kevin Hines avait 19 ans, il sauta dans les eaux glacées de l'océan Pacifique, mais une masse surgit et l'empêcha de couler vers le fond. C'était un lion de mer, qui le maintint à la surface jusqu'à l'arrivée des secours humains.Dans les mers et les océans, des animaux sauvent des vies humaines. En témoigne la biologiste Nan Hauser, qui avait l'habitude de nager près des baleines, ces gardiennes de la planète, pour étudier leur comportement. Un jour, une baleine à bosse, très tactile, s'est approché d'elle, l'a prise sous son aile, sous sa nageoire pectorale, et l'a entraînée plus loin. Le cétacé, connu pour son comportement altruiste avec d'autres animaux marins, voulait la protéger d'un requin tigre potentiellement menaçant.La jeune fille et les lionsOn peut aussi vous parler de Binti Jua, une femelle gorille du zoo de Chicago, aux États-Unis. Un enfant de 3 ans tomba dans son enclos, sur la tête. Le petit d'homme était inconscient. La guenon le prit dans ses bras, comme son propre petit, et l'apporta à la porte de l'enclos où les secouristes le prirent en charge.En Éthiopie, c'est une fille de 12 ans qui fut sauvée, non pas dans un zoo, mais en pleine nature. Sauvée des mains des hommes qui l'avaient enlevée pour la marier de force. Sauvée par des lions qui chassèrent les ravisseurs, alertés par les cris de l'adolescente. Les lions pourraient avoir pris les gémissements de la jeune fille pour ceux d'un lionceau.Main tendueOn vous a déjà parlé ici de Magawa, ce rat dressé pour repérer les mines antipersonnel au Cambodge, et qui a sauvé des dizaines de vies. Il y a deux ans tout juste, le président ukrainien Volodymyr Zelensky décorait Patron de la médaille du courage. Patron est un chien renifleur, un Jack Russel qui a détecté des centaines d'engins explosifs. Comme le chante l'artiste française Pomme, « Les animaux sont nos amis / Et nous devons les protéger / Il faut agir dès aujourd'hui / Si nous voulons tous les sauver. »Et puis, il y a cette photo célèbre d'un orang-outan tendant la main à un homme enfoncé dans une rivière sur l'île de Bornéo, en Indonésie. Comme si le singe lui venait en aide. Bon, en réalité, il lui réclamait à manger ! 

    La mondialisation du braconnage

    Play Episode Listen Later Mar 8, 2025 2:39


    Des pangolins morts ont été retrouvés par les douanes françaises dans des bagages en provenance du Cameroun. Partout sur la planète, des dizaines d'espèces protégées sont la cible de trafics. Une économie souterraine qui menace la biodiversité, mais aussi l'humanité. De la viande morte dans des valises... C'est une découverte dévoilée la semaine dernière par les douanes françaises : les corps de onze pangolins ont été retrouvés dans les bagages d'une voyageuse en provenance du Cameroun. Une saisie qui confirme que le trafic des espèces menacées se porte bien. Bienvenue dans la mondialisation du braconnage.Accusé à tort dans l'affaire du Covid, le pangolin est décidément un héros bien malgré lui : il est le mammifère le plus chassé illégalement dans le monde. « Le pangolin est le couteau-suisse de la médecine traditionnelle chinoise, censé favoriser la lactation, stimulant sexuel, roboratif… La question serait plutôt à quoi il ne servirait pas, ironise Charlotte Nithart, porte-parole de l'association écologiste française Robin des bois. Le pangolin chinois étant considéré commercialement éteint, les fournisseurs se sont donc rabattus sur le continent africain. »La Chine, destination finaleToutes les espèces de pangolin sont sur la Liste rouge de l'UICN, l'Union internationale pour la conservation de la nature, classées en danger critique d'extinction. Sa disparition serait inquiétante pour l'équilibre de la biodiversité, et pourrait entraîner une prolifération des termites et fourmis dont le mammifère se nourrit. Mais le trafic continue, et le pangolin est un parfait exemple de la mondialisation du braconnage. « En Afrique, vous avez beaucoup d'expatriés chinois qui travaillent sur des chantiers et qui servent de fournisseurs, d'intermédiaires, de rabatteurs, poursuit Charlotte Nithart. Ce petit mammifère absolument pacifique a une stratégie face à un ennemi : il se met en boule ; une affaire en or pour le braconnier qui n'a plus qu'à le ramasser. »Dans L'Atlas du business des espèces menacées, publié par Robin des bois, de nombreux trafics d'espèces animales convergent effectivement vers la Chine. Les Routes de la soie sont aussi des routes de la mort. Première cause pointée par Charlotte Nithart, « la puissance de lobby et financière de la médecine traditionnelle chinoise qui ne veut surtout pas perdre de terrain. Il y a aussi l'aspect "signe extérieur de richesse" : pour un repas de notables, servir de la viande de tigre ou de pangolin, ça fait son effet… Enfin, il y a le nombre d'habitants, tout simplement. » C'est mathématique : le pays le plus peuplé au monde est celui qui consomme le plus d'espèces issues du trafic illégal.Oiseaux en cageMais au-delà des grands mammifères (tigres, éléphants, rhinocéros…), la survie d'espèces animales moins « charismatiques » est aussi menacée. C'est le cas par exemple du chardonneret élégant, un passereau, un petit oiseau haut en couleurs bariolé de rouge, jaune et noir. Son chant est recherché, et c'est aussi pour ça que l'oiseau est recherché, traqué, depuis des siècles, à tel point qu'il est quasiment éteint en Afrique du Nord.« Il en reste au Maroc, un hotspot du trafic. Le chardonneret étant migrateur, il est de plus en plus piégé tout le long de sa route de migration, à la glu ou par des filets », explique la porte-parole de Robin des bois. Ce trafic mondialisé obéit à la loi du marché : « Moins il y en a, plus il vaut cher. Au Maroc, le chardonneret se vend quelques dizaines à une centaine d'euros. Le prix d'un couple revendu en France ou en Belgique peut atteindre 500 euros. Il y a donc de l'argent à se faire. »Économie de guerreLe chiffre d'affaires annuel du trafic de toutes les espèces menacées est estimé aujourd'hui à 17 milliards d'euros. Une économie de guerre, souterraine, qui s'approprie le bien commun. « C'est une guerre, souligne Charlotte Nithart, avec des morts parmi les rangers ou les défenseurs de l'environnement, mais aussi les braconniers. Ces trafics financent des groupes terroristes ou des milices clandestines : la paix, tout simplement, est remise en cause par le braconnage. »

    Oupette, vache limousine et star du 61e Salon de l'agriculture

    Play Episode Listen Later Mar 1, 2025 3:57


    Rencontre avec l'égérie de l'édition 2025 Salon international de l'agriculture de Paris, son éleveur et ses fans. Les vaches sont les animaux les plus populaires de la ferme. « C'est elle, la star ?, demande ingénument une dame aux cheveux blancs. On nous a dit qu'il y avait une star ! ». Oui, la star est là, devant nous, devant des dizaines de visiteurs qui se pressent autour d'un enclos formé d'une double barrière en bois où trône Oupette, l'égérie du Salon de l'agriculture qui se termine ce dimanche 2 mars 2025 à Paris. « Effectivement, on est venu voir Oupette, parce qu'on en parle partout à la télé, confirme une jeune femme. On va toujours voir la star du salon, et cette année, c'est Oupette ! » « Oupette ? Ah oui, Oupette choupette !, sourit un père de famille en lisant le panneau accroché à une barrière. Il découvre alors le pois de la bête : 1 021 kilos. « Plus d'une tonne...Oh my god ! (Oh mon dieu !) », lâche-t-il.Mais pourquoi Oupette s'appelle Oupette ? La vache, décidément très précieuse, a refusé de répondre à nos questions. Alors, on s'est tourné vers son éleveur, Alexandre Humeau, agriculteur dans le département de la Vienne, où est née Oupette il y a six ans, dans le Limousin, la région qui a donné son nom à la limousine, cette race de vache célébrée pour sa viande : « Oupette, quand elle est née, avait déjà sa petite houppette sur la tête, raconte-t-il. Et du coup, c'est Oupette sans ''H'' car c'était l'année des ''O''. C'est un peu comme les chiens et les chats, il y a une lettre en fonction de l'année de naissance. »Selfies bovins« Clic-clac Kodak », comme aurait dit feu Jacques Chirac, ce président qui aimait tâter le cul des vaches. Les appareils photos crépitent autant que sur le tapis rouge du Festival de Cannes, et comme des paparazzi, les visiteurs jouent des coudes pour approcher au plus près du bovin. Et comme si on croisait Monica Bellucci, on tente un selfie, « parce que c'est la star du salon », affirme, sur le ton de l'évidence, une femme souriant à son téléphone.Le Salon de l'agriculture choisit chaque année une vache comme égérie. Une année, c'est une vache laitière (pour le lait). Et l'année suivante, une vache allaitante (pour la viande). C'est le cas d'Oupette, une vache généreuse à la robe de couleur roux brun. La limousine est la deuxième race bovine allaitante en France – il y en a plus d'un million. « Les organisateurs du Salon de l'agriculture se posaient la question pour savoir s'il fallait mettre un autre animal, explique Alexandre Humeau. Ils ont demandé aux visiteurs, et pour eux, l'animal du Salon vraiment emblématique, c'est la vache. Je pense que c'est parce que c'est un animal qui est imposant, un animal dont on peut se souvenir, de par sa puissance. Les gens sont attirés par la vache ! »La star se fait désirerEt la vache est si mignonne qu'on en oublierait que l'élevage bovin est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Une large partie est tout de même compensée par les prairies, des puits de carbone performants.Pour l'heure, Oupette, vachement à l'aise devant les objectifs, se fait désirer : elle s'est couchée dans la paille. Tant pis pour les photos. « Attends, tu vois pas la houppette !, s'inquiète une femme auprès de son amie. Non ? C'est bon ? Tu l'as eue ? » Mais soudain, la star se relève pour son public. Un murmure soulagé parcourt l'assistance massée autour d'Oupette. « Ouh ! Bravo ! On l'applaudit ! On a traversé tout le salon juste pour elle, merci ! », rigole un Parisien qui a grandi à la campagne, au milieu des vaches.Animal graciéDepuis 10 000 ans, les humains élèvent des bovins. Pour leur peau, leur viande, leur lait, leurs bouses aussi. « C'est vrai que dans une ferme, la vache a un rôle central, précise l'éleveur Alexandre Humeau. Elle mange de l'herbe, donc elle participe à entretenir les territoires. Le fumier est utilisé pour fertiliser les céréales, les cultures. Tout est consommé, tout est recyclé, donc c'est un très bon animal. »Un animal aussi très patient... Des heures et des heures de représentation pour la star du Salon, véritable animal de foire, qui a même sa doublure pour aller respirer de temps en temps. Le Salon de l'agriculture se termine avec une bonne nouvelle pour Oupette : elle échappera à l'abattoir. « Parce qu'elle est égérie du salon, c'est une vache qui va être graciée. Elle finira ses jours dans l'exploitation », annonce Alexandre Humeau. Une semaine de célébrité, c'est une promesse d'éternité.À voir aussiLe Salon de l'agriculture de Paris en images

    L'autruche, un oiseau d'Afrique qui ne sait pas voler (mais qui a d'autres qualités)

    Play Episode Listen Later Feb 22, 2025 2:42


    L'oiseau le plus grand sur Terre est incapable de s'arracher à la terre. Un handicap compensé par une vitesse de pointe, au sol, exceptionnelle. C'est l'oiseau de tous les superlatifs. L'autruche, qu'on ne rencontre qu'en Afrique, est l'oiseau le plus grand au monde, 2 mètres 50 environ pour le mâle. L'oiseau le plus lourd, jusqu'à 150 kg. C'est enfin l'oiseau le plus rapide, au sol : une autruche peut courir pendant une demi-heure, pour échapper aux prédateurs de la savane africaine, avec des pointes à 70 km/h.Mais on ne peut pas avoir toutes les qualités. L'autruche ne sait pas voler – c'est d'ailleurs le cas de quelque 80 espèces d'oiseaux sur Terre qui restent sur terre. C'est d'abord une question de poids. Et puis l'autruche, à la différence des oiseaux volants, ne possède pas de bréchet, au niveau du sternum, un os où sont rattachés les muscles des ailes. À lire aussiLes derniers secrets des oiseaux migrateursDe gros œufs, de gros yeuxMais cela n'a pas toujours été le cas. L'ancêtre de l'autruche, au moment des dinosaures, savait voler. Une capacité qu'il a perdue en l'absence de prédateur, après l'extinction des dinosaures et avant que les mammifères deviennent les maîtres de la prédation. L'abandon du vol a permis à l'autruche de muscler ses pattes, lui donnant la force de pouvoir assommer un lion qui s'approcherait un peu trop près.L'autruche est aussi un oiseau qui pond les œufs les plus gros parmi tous les oiseaux : 1,5 kg, l'équivalent d'une vingtaine d'œufs de poule. L'autruche possède enfin les yeux les plus gros de tous les vertébrés : 5 cm de diamètre, des yeux plus grands que ceux de l'éléphant. L'autruche a ainsi des yeux plus gros que son cerveau. Mais n'en tirez aucune conclusion ! À lire aussiÀ quoi rêvent les oiseaux ?

    Le citron, l'autre soleil de la Méditerranée

    Play Episode Listen Later Feb 15, 2025 3:07


    La Fête du citron de Menton, sur la Riviera française, célèbre chaque année l'un des emblèmes de la culture et de la cuisine du bassin méditerranéen. Mais le citron jaune est-il méditerranéen ? Le citron brille en Méditerranée. Et particulièrement du côté de Menton, sur la Côte d'Azur, dans le sud de la France, où se tient depuis ce samedi 15 février La Fête du citron (jusqu'au 2 mars), « un événement unique au monde », clame la ville qui a donné son nom à un citron réputé pour sa longue conservation une fois cueilli. « Le citron est vraiment introduit dans la culture et la cuisine méditerranéenne, comme condiment ou associé à plein de plats. Et il n'y a vraiment qu'en Méditerranée qu'on retrouve ça », souligne François Luro, spécialiste de la génétique des agrumes à l'Inrae, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement. L'Europe est le premier producteur mondial de citron, avec plus de 9 millions de citronniers plantés. Principalement sur le pourtour méditerranéen où on voit la vie en jaune. L'Espagne est ainsi le premier exportateur mondial. « La Méditerranée est considérée comme la deuxième zone de diversification des agrumes, après l'Asie, la zone d'origine, où toutes les espèces sont nées », poursuit François Luro. Le citron est un hybrideMais le citron est-il méditerranéen ? Ses origines géographiques restent discutées, faute de traces archéologiques suffisamment anciennes. Le citron serait né en Inde (dans l'Himalaya), ou en Perse, ou en Méditerranée... Une certitude, ses ancêtres sont asiatiques. Le citron est le fruit d'une hybridation spontanée entre le cédrat et l'orange amère. Tous les agrumes qu'on connaît aujourd'hui sont en fait issus de 3 ou 4 espèces primaires, dotées d'une grande diversité génétique. « Elles se sont en fait développées dans des régions séparées pendant des millions d'années ; on voit donc, par exemple, qu'entre une mandarine et un pamplemousse, il n'y a aucune ressemblance. Ces espèces sont tellement diversifiées que quand elles se croisent entre elles, elles génèrent énormément de diversité. Chaque pépin d'un croisement mandarine/pamplemousse que vous allez semer donnera à chaque fois une variété différente, avec des caractéristiques différentes les unes des autres », explique François Luro, chercheur au centre de San Giuliano, en Corse, qui abrite plus de 800 variétés d'agrumes, l'une des plus importantes collections au monde.Le citron n'est pas presséMais ce n'est pas parce qu'il est cultivé dans des zones aux étés chauds et arides, et de plus en plus chauds et arides, que le citron sera à terme épargné par le réchauffement climatique. Contrairement à une idée reçue, « ce n'est pas une espèce économe en eau parce que les citronniers n'ont pas de repos végétatif en hiver, ils gardent leurs feuilles, donc ils continuent à pomper de l'eau dans le sol, à transpirer cette eau », relève François Luro.C'est d'ailleurs principalement en hiver que les fruits du citronnier arrivent à maturité, après une floraison printanière. Car le citron n'est pas pressé. « C'est un fruit qui se développe assez lentement. Il lui faut quasiment six mois, explique François Luro. Et pour la commercialisation, il faut qu'il jaunisse ; on ne peut pas avoir sur un étalage un citron de couleur verte. Le passage du vert au jaune est lié aux températures basses. Quand les températures diminuent, il y a une dégradation de la couleur verte, de la chlorophylle, et l'apparition d'autres pigments qui donnent cette couleur jaune au citron. » Le citron est un soleil en plein hiver. La question de la semaineÀ lire aussiL'orange est orange (mais pas partout)

    À Paris, avec l'amélioration de la qualité de la Seine, des moules refont leur apparition

    Play Episode Listen Later Feb 8, 2025 4:01


    Grâce à l'ADN environnemental, une vingtaine d'espèces de bivalves, dont trois menacées en France, ont été détectées dans le fleuve qui traverse la capitale française. Un nouveau signe d'une santé retrouvée. C'est un décor de carte postale qui réserve une surprise. Le clapotis des vagues sur un quai de Seine à Paris, un bateau-mouche qui passe, entre l'île Saint-Louis et l'île de la Cité... C'est ici, à quelques mètres, quelque part au fond de l'eau boueuse, comme à d'autres endroits sur la Seine, qu'on a détecté la présence de moules d'eau douce, une vingtaine d'espèces de bivalves au total, dont trois qui avaient disparu du fleuve parisien.« Ce fut une grosse surprise, témoigne Vincent Prié, spécialiste des mollusques aquatiques. Évidemment, on ne s'attendait pas à les retrouver dans un endroit aussi anthropisé que le centre de Paris. » C'est une étude destinée à évaluer les effets de la pollution lumineuse sur la biodiversité de la Seine qui a permis ces redécouvertes, grâce à une technique récente et révolutionnaire : l'ADN environnemental.Des millions de cellules perdues dans la nature« Chaque organisme perd des centaines de millions de cellules, essentiellement de peau, par jour – nous, humains, perdons 500 millions de cellules de peau par jour –, et chacune de ces cellules contient de l'ADN. Avec des techniques qui sont proches de celles de la police criminelle, on arrive à l'extraire de l'environnement et à le séquencer », explique Vincent Prié, directeur de projets à Spygene, une société spécialisée dans « l'espionnage des gènes » dans la nature.Et c'est ainsi qu'à partir de prélèvements d'eau en divers points de la Seine, à Paris, a été révélée la présence de la mulette épaisse, la mulette des rivières et l'anodonte comprimée, les deux dernières espèces étant particulièrement vulnérables, ce qui témoigne sûrement de la bonne santé retrouvée du fleuve parisien.La Seine reprend vieGrâce aux moyens déployés depuis des années en faveur de la qualité de l'eau, la Seine reprend vie. Les poissons s'y baignent à nouveau – on comptait seulement trois espèces il y a 50 ans, il y en a douze fois plus aujourd'hui – et les moules aussi font leur retour. « Ces bêtes-là sont tributaires de poissons hôtes, précise Vincent Prié. Les moules émettent une larve qui va être parasite des branchies du poisson pendant quelques semaines. Et puis après, la petite moule tombe, et elle grandit là où elle tombe. Donc, ce qu'elle nous raconte, même si on n'a pas beaucoup de détails, c'est que les efforts qui ont été faits pour améliorer la qualité de l'eau portent leurs fruits. » Les moules, d'ailleurs, participent un peu à la qualité de la Seine, puisqu'elles filtrent chaque jour 40 litres d'eau.Mais ces découvertes posent encore de nombreuses questions. Quel est le rôle de la lumière artificielle, qui favorise le phytoplancton, les algues microscopiques dont se nourrissent les moules ? Combien sont-elles au juste ? « On n'est probablement pas sur des tapis de moules d'eau douce comme il y avait il y a quelques siècles, répond Vincent Prié. L'ADN environnemental, c'est un peu comme une odeur, un peu comme si on les flairait. Et maintenant, ce qu'on veut, c'est les voir. Essayer de comprendre ce qu'elles ont trouvé de favorable dans la Seine, sachant qu'on les rencontre plutôt dans des rivières un peu sauvages. Est-ce qu'il y a des juvéniles, est-ce que ce sont des populations qui se portent bien ​​​​​​​? On aimerait beaucoup avoir l'occasion de plonger dans la Seine pour vérifier tout ça ​​​​​​​! »La question de la semaine

    Un bébé qui pleure? Les crocodiles accourent!

    Play Episode Listen Later Feb 1, 2025 3:12


    Une expérience scientifique démontre comment les crocodiles repèrent la détresse dans des cris d'humains ou d'autres animaux. C'est le signal, pour ces prédateurs, d'une proie vulnérable. Quand vous entendez un bébé pleurer, vous voulez le prendre dans vos bras, pour le consoler. Les crocodiles aussi se précipitent, mais pour une tout autre raison. Ces reptiles aux dents longues sont capables de percevoir dans un cri humain la détresse, comme l'a montré une étude réalisée pour confirmer une hypothèse du naturaliste britannique Charles Darwin au XIXe siècle. « On estime que l'ensemble des vertébrés ont un appareil vocal assez proche, explique Nicolas Grimault, chercheur au CNRS. Darwin avait émis l'hypothèse que les espèces de vertébrés étaient capables de communiquer entre elles, en tout cas de comprendre un message émotionnel véhiculé par les cris des différentes espèces animales. »Nicolas Grimault, acousticien de formation, fait partie de l'équipe du Centre de recherches en neurosciences de Lyon qui a réalisé cette expérience au zoo d'Agadir, au Maroc. En diffusant à des crocodiles du Nil des cris de détresse émis par des bonobos, des chimpanzés et des petits d'Hommes. Et le résultat fut saisissant.« Parfois, les crocodiles se rapprochaient du haut-parleur juste pour venir voir ce qu'il se passait, raconte Nicolas Grimault. Et parfois, on a eu des attaques assez claires : les crocodiles venaient et essayaient de saisir dans la mâchoire le haut-parleur. Donc, on était obligé de remonter en quatrième vitesse le haut-parleur avec la corde avant qu'il ne se fasse croquer par le crocodile ! », se souvient-il.Proie facileMieux que nous humains, les crocodiles perçoivent la détresse dans un cri. Un avantage indéniable pour ces prédateurs partisans du moindre effort en s'attaquant aux plus faibles. « Les crocodiles sont des animaux à sang-froid dont ils s'économisent. Ils économisent leur énergie, ils sont opportunistes et vont aller au moindre effort pour se nourrir. Donc plus un animal va être potentiellement en détresse, blessé ou sans la surveillance de la femelle pour les bébés, plus il va être une proie facile », conclut Nicolas Grimault. Une expérience similaire avait été réalisée aux États-Unis avec des biches. Mais en entendant des cris de détresse, d'humain ou d'autres animaux, elles, elles venaient porter secours. Les biches, c'est vrai, ne sont pas des prédateurs.La question de la semaine

    Les derniers secrets des oiseaux migrateurs

    Play Episode Listen Later Jan 25, 2025 3:58


    De récentes études scientifiques nous en apprennent un peu plus sur un phénomène fascinant, mais encore parfois mystérieux : pourquoi, et comment, chaque année, des dizaines de milliards d'animaux à plumes se lancent dans de (très) longs voyages pour trouver chaleur et nourriture. Ils sont, chaque année, plus de 50 milliards à s'envoler vers ailleurs, pour passer l'hiver au chaud, se reproduire ou trouver une nourriture plus abondante. Une espèce d'oiseau sur cinq appartient ainsi à la grande famille des migrateurs.Préparation physiqueMais au sein d'une même espèce, tous les oiseaux ne sont pas migrateurs. C'est par exemple le cas du merle qui possède l'un des plus beaux chants d'oiseau en Europe. On le voit gratter le sol en hiver à la recherche de quelques vers. Mais un quart d'entre eux, environ, préfère s'exiler plusieurs mois, là où il fait plus chaud et où il y a plus à manger, en Espagne ou en Afrique du Nord. Un voyage de 800 kilomètres en moyenne. Ce n'est pas rien, et ça se prépare, comme l'ont constaté des scientifiques allemands en équipant des merles d'une forêt du sud de l'Allemagne des mêmes capteurs qu'utilisent les sportifs pour mesurer leurs performances. Un mois avant le grand départ, le rythme cardiaque diminue la nuit, avant que la température corporelle, la nuit aussi, ne se mette également à baisser. L'heure est aux économies d'énergie.Phénomène socialÀ l'image de l'autoroute des vacances qu'empruntent les humains, les oiseaux migrateurs parcourent souvent les mêmes chemins, et ils ne sont pas tout seuls. Sur la longue route, dans l'air ou sur les aires de repos, on socialise, et pas qu'avec les siens, comme viennent de le montrer de récentes études réalisées notamment grâce aux progrès de l'intelligence artificielle, en s'appuyant sur des enregistrements sonores d'oiseaux en vol ou au repos. Ce sont en moyenne trois espèces différentes qui voyagent ensemble (2,7 exactement, selon une étude publiée ce mois-ci aux États-Unis). Il y a une dimension sociale dans la migration et elle est liée au plumage : puisque la vitesse en vol dépend de la taille des ailes, les oiseaux aux ailes similaires voyagent ensemble. Qui se ressemble s'assemble.À écouter aussiLa migration des animauxCocaïne et déforestationPendant ces longues migrations, les oiseaux affrontent de nombreux périls dont les humains sont souvent responsables – la chasse, la pollution lumineuse, les constructions, le changement climatique... Et il y a aussi, plus inattendue, la cocaïne. Non, les oiseaux n'en consomment pas pour tenir le coup sur ces longues distances. Mais la coca les menace indirectement. C'est l'un des effets pervers de la lutte antidrogue en Amérique latine, mise en lumière l'an dernier par une étude de chercheurs aux États-Unis. Pour échapper à la surveillance, les narcotrafiquants s'enfoncent toujours plus dans les forêts tropicales et sont responsables, au Guatemala ou au Nicaragua, de près d'un tiers de la déforestation. Précisément là où viennent passer l'hiver, 20% des oiseaux migrateurs nord-américains.À lire aussiD'ici 2050, 80% des espèces d'oiseaux migrateurs menacéesLe plein de cacaDernière révélation : la migration encourage la coprophagie, le fait d'avaler des excréments. Le caca, c'est caca, mais c'est surtout plein d'énergie. Des chercheurs australiens ont observé que le pétrel géant, avant la traversée de l'océan Austral, se nourrissait d'excréments de phoques, pour s'envoler le ventre plein. Chez tous les oiseaux migrateurs coprophages, il s'agirait aussi d'enrichir leur microbiote intestinal, pour que le système digestif s'adapte sans problème aux nouveaux types de nourritures rencontrées tout au long de la migration. Chez les oiseaux, la tourista, on ne connaît pas.La question de la semaine  

    Les plantes et les animaux de Mayotte après le cyclone Chido

    Play Episode Listen Later Jan 18, 2025 3:26


    Les violentes rafales de vent de 200 km/h qui ont frappé le département français dans l'océan Indien, le 14 décembre, ont arraché de nombreux arbres, avec des conséquences en cascade pour la biodiversité, les makis, les oiseaux, les coraux ou encore les tortues. « Ça ne reviendra jamais comme avant, ça, c'est sûr. Donc, c'est un deuil. On a perdu quelque chose pour toujours. » Émilien Dautrey, qui dirige l'association Gépomay, est ému et accuse le coup un mois après le passage du cyclone Chido à Mayotte. « On se déplace à des endroits qu'on connait très bien, et finalement, on se perd, parce que tous nos repères ont été balayés », abonde François-Elie Paute, qui travaille pour une autre association de protection de l'environnement, Oulanga Na Nyamba.Les hommes ont souffert du cyclone, la biodiversité aussi. Les paysages ont changé, la vie est bouleversée à Mayotte après le cyclone. « C'est choquant de voir des restes de troncs totalement dénudés qui sont encore debout, et d'autres qui sont couchés au sol », poursuit François-Elie Paute. Même s'il est encore trop tôt pour dresser un bilan précis du mal que Chido a fait aux forêts et mangroves de l'archipel, on sait déjà que la chute des arbres et des branches a des conséquences pour la biodiversité.À lire aussiMayotte: après le cyclone Chido, la forêt nourricière et protectrice est à terreMakis écrasésLes makis, ces lémuriens aux grands yeux couleur fauve, sont encore plus nombreux en ville, à la recherche de nourriture. « Ils sont complètement désorientés, un peu comme nous, ils ont perdu leur habitat, leurs maisons, leur domaine vital, décrit Émilien Dautrey. Avant, pour traverser les routes, ils passaient par les arbres. Et maintenant, il n'y a plus d'arbres, donc ils sont obligés de passer par le sol, par la route, où passent les voitures. On en voit tous les jours écrasés, ça se compte par centaines, et ça, c'est triste. Par contre, il ne faut pas forcément nourrir les makis. On pense qu'ils sont affamés, mais à l'heure actuelle, les feuilles repoussent. Les makis, qui ne sont pas que frugivores, mangent aussi des feuilles. Dans mon jardin, il y a un avocatier qui reprend, qui a de nouvelles feuilles, et ils viennent tous les jours manger les feuilles de l'avocatier. »Nids d'oiseaux tombésTout n'est pas tout noir, un mois après Chido. La nature est résiliente. Le cyclone — c'est une chance, si l'on peut dire — a eu lieu au début de la saison des pluies. « Depuis deux semaines et demie, les feuilles repoussent de manière exponentielle, observe Émilien Dautrey. On commence à revoir des arbres fleurir. Mais il y a beaucoup moins de fleurs que ce qu'il aurait pu y avoir s'il n'y avait pas eu le cyclone. Donc, beaucoup moins de ressources pour les oiseaux et pour tous les animaux. Certains peuvent mourir de faim. »Et de la mortalité, il y en a chez les oiseaux, ceux qui allaient bientôt naître. « On n'a pas vu de cadavres d'oiseaux, mais moi, j'ai vu des nids par contre par terre, raconte Émilien Dautrey, le directeur du Groupe d'études et de protection des oiseaux de Mayotte. La saison de reproduction des oiseaux cette année sera proche de zéro en fait. Ça ne donnera quasiment pas de juvéniles avec l'impact du cyclone. Pour les crabiers blancs qui se reproduisent dans les mangroves, on y est allé juste après, et il n'y a plus aucun nid. » Le héron crabier blanc est l'espèce d'oiseau la plus menacée de Mayotte, avec moins de 600 individus.Tortues empêchéesPour les tortues marines, aussi, la reproduction s'annonce compliquée, en raison de la végétation tombée sur les plages. « Si on a des arbres et des branches qui empêchent l'accès au haut de plage, c'est du dérangement et les tortues ne vont pas pouvoir trouver leur endroit favori pour pondre, explique François-Elie Paute, le responsable du pôle connaissances de l'association Oulanga Na Nyamba, spécialisée dans la protection des tortues. Et si cette pression est maintenue de manière continue, et ça va être le cas si on ne fait rien, la tortue va finir par relarguer ses œufs dans l'eau si elle n'arrive pas à les pondre sur la plage. »La chute des arbres a enfin des conséquences pour les coraux, estime aussi François-Elie Paute : « Sur terre, l'eau s'infiltre grâce aux racines, et donc sans arbres, sans racines, l'eau ruisselle et se dirige vers le lagon. Donc, on a en plus une thématique d'érosion, qui impacte aussi négativement le lagon, avec le dépôt de terre qui va recouvrir des habitats coralliens qui ont besoin de lumière pour recommencer à croître. » Après le cyclone Chido, Mayotte a besoin de lumière. Mais dans le 101ᵉ département français, on regrette que le projet de loi d'urgence actuellement discuté au Parlement à Paris ne consacre pas à une ligne à la protection de l'environnement.À écouter dans C'est pas du ventAllo docteur, c'est pour une tortue marine

    Chez les animaux, la durée de la gestation dépend de leur taille

    Play Episode Listen Later Jan 11, 2025 2:56


    Chez l'humain, la grossesse dure neuf mois. Mais qu'en est-il chez les autres animaux ? La durée dépend généralement de la taille. Mais il y a des exceptions. Plus c'est gros, plus c'est long, selon l'adage bien connu – ou à peu près. Chez l'éléphant, le plus grand animal terrestre, la durée de gestation est ainsi de 22 mois, presque deux ans. Il arrive que le cordon ombilical se coupe alors que le petit est encore dans le ventre de sa mère. C'est le signal qu'il faut sortir car l'éléphanteau n'a plus d'oxygène.Dans les océans, les baleines, les animaux les plus gros de la planète, ont une durée de gestation d'un an environ, selon les espèces, et jusqu'à un an et demi pour les orques.Mais le record du monde, chez les mammifères, appartient au requin lézard, qui ne mesure, à l'âge adulte, que deux mètres. Cette espèce ne vit que dans les profondeurs des océans, jusqu'à 1 500 mètres. Il y fait très froid et c'est ce qui rend particulièrement lente la croissance du petit, avec une gestation de trois ans et demi.Une pieuvre bat tous les recordsC'est le même phénomène pour une pieuvre des abysses, Graneledone boreopacifica, ovipare. À cause du froid intense, à 3 000 mètres de profondeurs, l'incubation des œufs dure quatre ans et demi – le record toutes catégories. La femelle, épuisée, meurt juste après les naissances. La maternité est parfois un sacrifice.À l'autre bout de l'échelle, il y a la souris, avec une gestation de 20 jours seulement. Le rongeur peut se produire au bout d'un mois et demi, soit une nouvelle génération tous les 45 jours. C'est la raison pour laquelle les scientifiques apprécient les souris de laboratoire pour mener leurs recherches.La double gestation des marsupiauxChez le kangourou, la gestation est à peine plus longue que chez la souris : une trentaine de jours seulement, alors que son poids est 500 fois plus important. Mais en réalité, le développement du petit se prolonge pendant huit mois dans la poche de sa mère, véritable incubateur pour le nouveau-né qui ne pèse qu'un gramme à sa naissance – il n'a pas encore de poumons. La femelle kangourou est dotée de deux utérus, ce qui lui permet de porter trois bébés à des stades de développement différents. Le principe est le même pour un autre marsupial d'Australie, beaucoup plus petit : le quokka, assez lâche face à un prédateur pour expulser de sa poche son petit et le sacrifier pour sauver sa peau. Mais à ses yeux, ce n'est pas très grave pour la perpétuation de son espèce, puisqu'un embryon est déjà en attente dans son utérus, prêt à commencer son développement.La question de la semaine

    La perfection de la nature expliquée par les mathématiques

    Play Episode Listen Later Jan 4, 2025 2:45


    La suite de Fibonacci et le nombre d'or démontrent à quel point la formation des fleurs et des feuilles de très nombreuses plantes obéit à une forme d'harmonie universelle. Pourquoi la nature est bien faite ? Les mathématiques nous en donnent la réponse. Il faut pour cela se pencher sur la suite de Fibonacci, une série de nombres entiers infinie, où chaque nombre est la somme des deux nombres qui le précèdent. « On part de 1 et 1, puis 2, puis 3, parce que 3 est égal à 2+1, puis 5 (égal à 3+2) et on continue ainsi, 8, 13, 21… », énumère Gaëlle Chagny, mathématicienne à l'université de Rouen, qui nous explique l'invention de cette suite par son lointain confrère italien, Leonardo Fibonacci, auteur d'un livre majeur en 1201, Liber Abaci, et à qui on doit l'introduction des chiffres arabes en Europe. « Le but était de populariser l'usage des nombres arabes, parce qu'on utilisait jusque-là plutôt des chiffres romains. La suite apparait dans ce livre pour modéliser l'évolution d'une population de lapins qui se reproduisent, qui croît de manière exponentielle et de manière immortelle – les lapins ne meurent jamais dans ce modèle récréatif. »Oui, mais à part les lapins, quel est le rapport avec la nature ? Il se trouve que « les nombres de Fibonacci apparaissent dans la nature de manière un peu surprenante au premier abord, poursuit Gaëlle Chagny. Si vous observez les écailles sur la peau d'un ananas, vous avez deux réseaux de spirales, qui tournent dans deux sens différents, et si on compte ces spirales, on trouve deux nombres de la suite de Fibonacci consécutifs. »Le nombre d'or est dans la natureLes nombres de Fibonacci se retrouvent sur 96% des plantes, selon une étude qui a porté sur 650 espèces végétales. Des plantes présentes sur terre des millions d'années avant le génial mathématicien. Fibonacci « n'avait aucune idée qu'on retrouverait les nombres de la suite dans la nature, précise Gaëlle Chagny. Ce sont des travaux de phyllotaxie, la science qui étudie les arrangements géométriques des végétaux, qui font apparaitre les nombres de Fibonacci dans la formation des plantes et des fleurs. »La fleur du tournesol, composée en fait de centaines de petites fleurs, révèle même le fameux nombre d'or, issu de la suite de Fibonacci, la « divine proportion » qui symbolise l'harmonie géométrique. « Les mini fleurs, les fleurons, vont se former de manière successive en tournant autour du centre de la fleur, explique Gaëlle Chagny. Ils tournent avec un angle donné, qu'on appelle l'angle de divergence. L'évolution a sélectionné cet angle de divergence-là parce que c'est ce qui permet de placer le plus de fleurons dans le capitule de la fleur, dans le cœur de la fleur, pour disséminer le plus de graines possibles. Après, d'un point de vue mathématique, si on essaie de construire un modèle pour expliquer ça, on s'aperçoit que ce modèle est construit avec un angle de divergence égal à l'angle d'or, 1/φ, où φ (phi) est le nombre d'or. »La perfection est dans la nature. CQFD. 

    Disparitions et découvertes: le carnet 2024 de la biodiversité

    Play Episode Listen Later Dec 28, 2024 3:17


    L'année s'achève, l'occasion de dresser un bilan pour les plantes et les animaux. Carnet rose : de nouvelles espèces ont été identifiées. Carnet noir : d'autres sont définitivement éteintes. On l'appelait le courlis à bec grêle. C'était un oiseau limicole qui se nourrissait à marée basse grâce à son long bec courbé. Une espèce migratrice officiellement déclarée éteinte en cette fin d'année, à l'issue de plusieurs expéditions pour tenter de retrouver sa trace. C'est la première disparition d'un oiseau continental en Europe.Une plante aussi a disparu cette année : une espèce de cactus, dans l'archipel des Keys, en Floride, aux États-Unis. Victime de la hausse du niveau de la mer. Ce cactus n'avait été découvert qu'en 1992.Nouveaux crapaudsDes espèces disparaissent, et ça fait mal, mais d'autres apparaissent, en tout cas aux yeux des humains. Dans le bassin du Congo, du Cameroun jusqu'au Congo-Kinshasa, 742 nouvelles espèces ont été identifiées en 10 ans, selon une étude du WWF qui vient d'être publiée. Des plantes en majorité, mais aussi une centaine de poissons, une cinquantaine de reptiles, ainsi qu'un crapaud qui prend l'apparence de la tête d'un serpent pour effrayer ses prédateurs.Une autre espèce de crapaud a aussi été découverte, en début d'année, mais il s'agit d'un crapaud de mer : un poisson rouge vif qui marche au fond de l'océan, à 1 500 mètres de profondeur, découvert lors d'une expédition sous-marine au large du Chili particulièrement fructueuse : une centaine de nouvelles espèces ont été identifiées, des poissons, des oursins, ou encore des éponges.Requin et caméléonDans les profondeurs océanes, cette fois au large de la Nouvelle-Zélande, on a aussi découvert en 2024 une espèce de requin fantôme, qu'on croise le plus souvent à 2 500 mètres sous l'eau, autant dire qu'on le croise rarement.Une découverte un peu par hasard à Madagascar : un tout petit caméléon dans le nord de la Grande Île, long de trois centimètres, et retrouvé par des scientifiques quand des touristes ont publié sa photo sur les réseaux sociaux.Découverte stupéfianteOn a aussi découvert cette année, dans l'ouest de la France, une nouvelle espèce de dinosaure, végétarien, qui mesurait une quinzaine de mètres et pesait à peu près 30 tonnes, il y a 140 millions d'années. Lui ça fait longtemps qu'il a disparu.Signalons enfin en Afrique du Sud une découverte stupéfiante : deux espèces de champignons hallucinogènes qui poussaient sur du fumier. Mais on le rappelle : la drogue, c'est mal, même le soir du réveillon. Avec un peu d'avance, la nature vous souhaite une bonne année !

    Migrations du vivant: les plantes voyagent aussi

    Play Episode Listen Later Dec 21, 2024 4:38


    Il n'y a pas que des oiseaux ou des poissons migrateurs. Une exposition du Jardin botanique de Bordeaux présente les stratégies employées par les végétaux pour aller se reproduire ailleurs. Vous n'allez plus regarder vos chaussures de la même manière. L'exposition « Migrations du Vivant », consacrée aux migrations végétales au Jardin botanique de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France (alors que les migrations animales font l'objet d'une autre exposition au Muséum de Bordeaux, jusqu'au 9 novembre 2025), commence avec l'expérience réalisée par l'artiste-essayiste Gérard Hauray, intitulée Leçons de chausses. Il a collecté, chez des voyageurs, les graines et les spores accrochées à leurs semelles. Il les a plantées et elles ont poussé dans de petites jardinières exposées dans la serre. « Ça prend en quelques mois : des tapis bactériens, ensuite des algues, des mousses, et puis petit à petit, avec les années, on peut voir apparaître carrément des plantes, détaille Mélissa Portes, chargée de projets muséographiques. Ces micro-paysages sont le témoignage de choses qui ont voyagé sous les pieds des gens. »À la base, pourtant, et c'est ce qui les différencie des animaux, les plantes sont immobiles, le pied dans la terre. « Elles sont de souche, comme on dit souvent, sourit Mélissa Portes. Mais sans migration, sans mouvement, il n'y a pas de vie. » Et la vie des plantes, sur Terre, a commencé par une migration. « Les plantes, à l'origine, étaient aquatiques, et sont sorties progressivement. Ici, on a Cooksonia, l'une des premières plantes terrestres vascularisées, qui fait partie des ancêtres des plantes terrestres qui sont sorties de l'eau. »Une explosion à 250 km/hLa migration des plantes est une histoire de reproduction. Il s'agit d'aller planter sa graine ailleurs. On poursuit la visite avec Mélissa Portes, devant le fruit d'un arbre bombardier : « Lorsque le fruit arrive à maturité, la pression grandit jusqu'à ce qu'elle devienne trop forte et que le fruit explose. L'arbre bombardier peut projeter ses graines à 250 km/h et jusqu'à 30 à 45 mètres environ. »Mais d'autres plantes voyagent encore plus loin, grâce aux animaux — comme la bardane, dont les graines s'accrochent à la laine des moutons, et qui a permis l'invention du velcro. Et même beaucoup plus loin grâce à l'eau — les noix de coco ou les sargasses peuvent voyager sur des milliers de kilomètres. Ou encore grâce au vent. « Pour le pollen du pin, ça peut être plusieurs centaines de kilomètres, et d'ailleurs, sur le pollen du pin maritime, on peut observer deux ballonnets, remplis d'air, qui permettent de s'envoler plus facilement encore. »Plantes xénophobesD'autres ont des migrations plus modestes, mais quotidiennes. C'est le cas du phytoplancton, dans la mer, pour rechercher la lumière. « On a des algues unicellulaires qui vont être capables de migrations journalières, en lien avec la lumière. Elles descendent dans la colonne d'eau quand il fait nuit et remontent quand il fait jour pour effectuer la photosynthèse. »Mais face aux migrations, il y a des comportements xénophobes. « La conquête d'un milieu, c'est prendre la place, et il ne faut pas que les autres viennent à côté, souligne Mélissa Portes. C'est le cas de la piloselle. Par ses racines, elle va dégager des toxines qui empêchent les autres plantes d'approcher. » Parfois les plantes ressemblent à des humains...À lire dans C'est dans ta natureAutant en emporte le vent

    Les rapaces nocturnes, c'est chouette!

    Play Episode Listen Later Dec 14, 2024 3:22


    Les chouettes et les hiboux, qui chassent principalement la nuit, ont développé une vision et une ouïe remarquables. Le photographe Aurélien Agnus nous emmène au plus près de ces oiseaux de nuit. Dans la famille des strigidés, on demande la chouette et le hibou. L'une n'est pas la femelle de l'autre. Mais comment différencier ces rapaces nocturnes qu'on rencontre presque partout sur la planète (plus de 200 espèces recensées) ? Il suffit de regarder la présence éventuelle des aigrettes, « ces petites touffes de plumes qu'on peut voir sur le haut de la tête. Ce ne sont pas des oreilles, contrairement à ce qui est communément pensé. Les hiboux portent des aigrettes, et les chouettes n'en ont pas », explique le naturaliste et photographe Aurélien Agnus, qui publie un livre, Chouettes et hiboux, les yeux dans les yeux (édité par Delachaux et Niestlé, avec la LPO, la Ligue pour la protection des oiseaux).C'est le portrait fascinant d'un hibou des marais que le photographe a choisi en couverture, deux yeux jaunes et leurs pupilles noires, transperçant, sa « rencontre la plus émouvante avec un rapace nocturne ». « C'était un matin d'hiver où il faisait très froid, les oiseaux étaient encore en chasse, alors qu'en général ils chassent davantage le soir que le matin. Et cet oiseau-là, plus confiant que les autres, est venu se poser de lui-même à cinq ou six mètres de moi, alors que j'étais allongé dans les hautes herbes. S'ensuit ce face-à-face, vraiment les yeux dans les yeux. »À écouter aussiPourquoi les chouettes effraient ?Vision nocturneLes yeux des rapaces nocturnes, contrairement à nous, sont immobiles, mais grâce à leurs vertèbres cervicales, deux fois plus nombreuses que chez les humains, leur angle de vision atteint 270 degrés. Le jour comme la nuit. « Par une quantité de photorécepteurs, ils ont une faculté à augmenter leur puissance lumineuse bien plus que la nôtre, précise Aurélien Agnus. Très souvent, la simple lumière des étoiles ou d'un clair de lune leur suffit pour chasser. »Mais comme le montrent les dizaines et les dizaines de photos d'Aurélien Agnus, qui nous fait pénétrer dans l'intimité des oiseaux et refuse l'utilisation du flash pour ne pas les perturber, les rapaces nocturnes sont parfois visibles également de jour, à l'aube ou au crépuscule. « Cela dépend de pleins de facteurs (la nourriture, le temps, le gel, la neige…) qui font qu'ils vont choisir de sortir une ou deux heures avant la tombée du jour ou après le lever du soleil. »Chasse à l'ouïeMais plus que leur vue développée pour la chasse nocturne, c'est leur ouïe qui fait la différence. « Des études ont montré qu'une chouette comme l'effraie des clochers a une ouïe dix fois supérieure à la nôtre. Autre exemple, celui de la chouette lapone, qui vit dans le Grand Nord, dans la taïga : elle est capable de détecter acoustiquement une proie à 50 ou 60 mètres sous 50 centimètres de neige ! »Ces oiseaux de nuit, chasseurs imparables, ont longtemps été haïs ou vénérés, selon les époques et les civilisations. Dans la mythologie grecque, la déesse de la sagesse, Athéna, était toujours représentée avec une chouette. Mais les rapaces nocturnes ont eu aussi mauvaise réputation en Europe, particulièrement au Moyen Âge, avec son lot de légendes.« On a très longtemps pensé qu'un oiseau de la taille d'une effraie (une trentaine de centimètres) était capable d'enlever un jeune agneau ou un jeune enfant », raconte Aurélien Agnus. Leurs habitudes nocturnes, la proximité avec les cimetières qui abondent de proies et où ils peuvent s'abriter, n'ont pas contribué à leur popularité. Le photographe souligne aussi que l'effraie des clochers émet « un cri pas très joli à l'oreille. Je vous laisse d'ailleurs faire le lien entre l'effraie des clochers et le verbe effrayer… » Mais n'ayez pas peur, c'est très chouette, les hiboux !

    Les légumineuses à la santé des humains et du climat

    Play Episode Listen Later Dec 7, 2024 3:19


    C'est une famille de plantes aux qualités nutritionnelles remarquables et dont la culture respecte l'environnement.  (Rediffusion du 11/02/2024)Vous en avez forcément mangé : pois chiches, pois bambara, petits pois, niébés, haricots, soja, lentilles, ou cacahuètes. Autant de graines, de fruits, produits par une même famille de plantes, les fabacées, plus connues sous le nom de légumineuses (ou légumes secs). Elles sont parmi les premières plantes que les humains ont domestiquées, et depuis 2016, « année des légumineuses », les Nations unies leur consacrent chaque 10 février une Journée internationale.Les légumineuses possèdent un superpouvoir : elles sont capables de produire l'azote indispensable à leur développement. « Elles ont sur leurs racines des nodosités qui abritent un système bactérien qui permet de capter l'azote de l'air, parce qu'il y a de l'air qui circule dans le sol », explique Michel Duru, directeur de recherche, chargé de missions à l'Inrae, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, à Toulouse dans le sud-ouest de la France. « Elles ont la propriété de transformer cet azote neutre en azote réactif ; de l'ammoniac ou des nitrates dont les plantes ont besoin pour leur croissance. »Pas de gaz à effet de serreIl s'agit là d'un système gagnant-gagnant – une symbiose. La plante fournit de l'énergie à la bactérie, qui en retour lui procure l'azote. Les légumineuses n'ont donc pas besoin d'apport d'engrais pour pousser. Ce qui engendre moins de gaz à effet de serre que des cultures classiques. « En gros, il faut l'équivalent d'un litre de pétrole pour fabriquer un kilo d'engrais. De plus, quand on épand cet engrais chimique, une partie se volatilise sous forme de protoxyde d'azote qui a un pouvoir de réchauffement global 320 fois supérieur au gaz carbonique », précise Michel Duru.Bonnes pour la santé de la planète, les légumineuses sont bonnes aussi pour la santé des humains. Elles contiennent autant de protéines que la viande, le poisson ou les œufs. Elles sont aussi riches en fibres et en antioxydant. Seul bémol, un déficit en acides aminés qu'on peut résorber en associant une légumineuse à une céréale. Par exemple : un plat de pois chiches et couscous, ou des lentilles et du riz.Un aliment d'avenirMalgré toutes ces qualités, la consommation de légumineuses a drastiquement diminué en Europe, au XXe siècle, au profit de la viande, ce signe extérieur de richesse, riche en émissions de CO2. Face à la crise climatique, les légumineuses ont quelques atouts. En France, « on mène actuellement des tests pour cultiver des légumineuses qu'on trouve en Afrique, relève Michel Duru. C'est quelque chose qui commence à germer : l'idée de prendre en compte les savoir-faire africains et notamment les espèces et les variétés qui sont adaptées à des climats beaucoup plus secs et chauds que celui que nous avons, que nous allons donc avoir dans le futur. » Le monde est en train de changer, l'alimentation aussi.

    Pando, l'arbre forêt

    Play Episode Listen Later Nov 30, 2024 3:17


    Le plus vieil arbre au monde, et l'un des plus grands êtres vivants de la planète, pousse aux États-Unis. Un peuplier faux-tremble qui se développe depuis 80 000 ans par reproduction végétative. Un grondement, des craquements... C'est un son qu'on n'avait jamais entendu : les vibrations des racines et des millions de feuilles d'un arbre, enregistrées par l'artiste américain Jeff Rice, grâce à un micro posé dans la terre, sur une racine. Et ce n'est pas n'importe quel arbre : Pando, le nom qu'on a donné à un peuplier faux-tremble qui pousse dans l'Utah, aux États-Unis. Un arbre qui est aussi une forêt.Une colonie de clonesPlus de 40 000 troncs émergent sur 43 hectares, tous issus d'un seul arbre, grâce à la reproduction végétative, quand l'arbre produit ses propres clones par drageonnage. « La plante peut émettre, à partir des racines, des prolongations qui émergent du sol et font une nouvelle plante, tout à fait similaire aux précédentes, puisque c'est le même patrimoine génétique, explique André-Jean Guérin, le coauteur d'un livre dont Pando est le narrateur, Des forêts, des arbres et des hommes (éditions EDP sciences). C'est comme cela qu'un individu comme Pando peut arriver à démultiplier le nombre de ses représentants, en quelque sorte. Chacun des arbres, en réalité, ne vit pas forcément très longtemps, 100 ou 150 ans maximum. Mais au total, cette colonie dure, paraît-il, depuis 80 000 ans. »À lire aussiCOP16: ce que la biodiversité (r)apporte à l'humanitéMenacé par les cervidésPando est ainsi le plus vieil arbre au monde. Mais pas forcément immortel, menacé par l'affluence des touristes, qui piétinent le sol et empêchent l'émergence de nouveaux drageons. Menacé surtout par des prédateurs. « Les grands mammifères herbivores sauvages boulottent les jeunes troncs de Pando, parce que les grands prédateurs carnivores ont été écartés de sa proximité. Lorsque Pando était plus jeune, il y avait encore des tigres à dents de sabre, un redoutable prédateur carnivore qui faisait fuir les cerfs, les rennes et les autres animaux qui pouvaient s'en prendre aux jeunes pousses de Pando, raconte André-Jean Guérin. Aujourd'hui, ils n'y sont plus, donc les avis autorisés qui ont étudié Pando considèrent qu'il est plutôt sous la menace et plutôt dans une phase de fin de vie. Mais ça peut durer encore des milliers d'années, bien plus que nous ! » Contrairement, à nous, humains, Pando n'a besoin de personne pour se reproduire.

    Les espèces parapluies, un rayon de soleil pour la biodiversité

    Play Episode Listen Later Nov 23, 2024 2:46


    C'est une stratégie de protection du vivant : la sauvegarde de quelques espèces, comme les tigres ou les éléphants, bénéficie, par ricochet, à une multitude de plantes et d'animaux. Une espèce parapluie, quésaco ? Ce n'est pas une protection contre la pluie, mais une stratégie de protection de la nature, une métaphore. « C'est en référence à la forme du parapluie, une forme qui descend d'un sommet pointu vers une base large, explique Yann Laurans, le directeur du pôle biodiversité terrestre au WWF France, le Fonds mondial pour la nature. Une espèce parapluie est une espèce dont la protection permet de protéger beaucoup d'autres espèces au-dessous d'elle dans le système écologique. »Éléphant sauvé et sauveurIl s'agit d'une espèce emblématique, et charismatique, qui vit sur un vaste territoire, comme le tigre, la baleine ou l'éléphant. « Pour protéger l'éléphant d'Afrique, on essaie de lutter contre le braconnage. On essaie de sauvegarder la forêt, son habitat. Ce qui bénéficie aussi au gorille ; le gorille est très timide, donc il lui faut des forêts assez grandes et bien préservées. De la même manière, l'éléphant, et notamment l'éléphant de forêt, a cette capacité de créer des clairières, qui ont un grand intérêt pour beaucoup d'animaux, comme le bongo, un grand mammifère herbivore qui ressemble à une antilope — ça va permettre à l'herbe de pousser. Enfin, l'éléphant a la capacité de disséminer les graines d'un certain nombre d'arbres, dont le mukulungu, un arbre assez menacé. Il les mange entières et les rejette sous forme d'excréments riches en nutriments, qui permettent à la graine de survivre dans les premières semaines de sa vie. »À lire aussiDes animaux contre la crise climatiquePanda mignonLe WWF, créé en 1961 pour récolter des dons pour protéger la nature, s'était choisi comme emblème une espèce parapluie, le panda, ce nounours noir et blanc qu'on voudrait prendre dans ses bras. « C'est vrai que c'est plus facile de convaincre les gens de nous aider pour protéger un animal aussi mignon que le panda ou aussi beau que le tigre, reconnaît Yann Laurans. C'est beaucoup plus facile que de dire : “Écoutez, on a un programme pour préserver le ver de terre.” L'avantage, c'est qu'en protégeant celui qui attire l'attention, parce qu'il est beau ou fascinant, on peut aussi protéger tous les autres, y compris ceux qui sont beaucoup moins sympathiques et qui sont extrêmement utiles. » Une espèce parapluie est un rayon de soleil pour la biodiversité.La question de la semaineÀ lire aussiRuses de plantes : tromper pour (mieux) se reproduire

    À Madagascar, l'arbre du voyageur n'est pas un arbre

    Play Episode Listen Later Nov 16, 2024 2:50


    Le ravenal est l'une des plantes emblématique de la Grande Île, spectaculaire. Et contrairement à ce que son nom indique, ce n'est pas un arbre, mais plutôt une herbe, géante. C'est une plante qui ne porte pas très bien son nom. L'arbre du voyageur, l'emblème de Madagascar, avec ses feuilles qui forment un éventail géant dans les paysages malgaches, doit bien son appellation à sa sève qui désaltère les voyageurs. Mais ce n'est pas un arbre, comme nous l'explique Denis Larpin, le responsable des collections végétales tropicales au Museum national d'histoire naturelle à Paris : « Le tronc, qui n'en est pas un, est formé par la base des feuilles, précise le biologiste au pied d'un arbre du voyageur, dans la Grande serre du Jardin des plantes. Vous avez derrière vous d'ailleurs des bananiers aussi géants. Ce ne sont pas non plus des arbres. En fait, ce sont des herbes, géantes. Il n'y a pas de bois, il n'y a pas les tissus qui composent le bois des arbres, avec leur rigidité, leur stabilité. C'est un autre type de développement. »Ravenala madagascariensis, son nom scientifique, est donc une herbe géante, et on a découvert en 2021 qu'il existait en fait cinq autres espèces du ravenala, son nom malgache. « Ce sont des petits détails, en fait, complétés par l'analyse ADN, explique Denis Larpin. Cela ne saute pas aux yeux, mais il y a de vraies différences. Il y a l'arbre du voyageur ? mais en fait il y a les arbres du voyageur à Madagascar. »Une plante endémiqueRésultat, on n'est plus très sûr de l'identité du ravenal qui se dresse devant nous. « Il y a une quinzaine de jours, tout là-haut, on a vu son inflorescence se développer, très imposante, avec des fleurs blanches. Elle a été récupérée. Il y a une mise en herbier, une mise en alcool, et les scientifiques sont en train de l'étudier pour voir si celui-là correspond bien à l'arbre d'origine, le ravenal habituel. »L'arbre du voyageur est endémique à Madagascar, comme huit plantes sur dix de la Grande île. Et l'explication de cette richesse se trouve dans l'histoire de la formation de Madagascar. « L'isolement géographique de l'île est très ancien, séparée du continent africain autour de 150 millions d'années, et de l'Inde autour de 90 millions d'années, détaille Denis Larpin. Donc cela a permis une adaptation des plantes aux différents milieux. Elles ont évolué en vase clos et, au fil du temps, cela a créé de nouvelles espèces. »

    Chasse en groupe, incendies, coups de boule: à la découverte de prédateurs remarquables

    Play Episode Listen Later Nov 9, 2024 3:22


    Poissons, oiseaux ou insectes… Portraits de quelques prédateurs qui usent de la ruse ou de la force pour attraper leurs proies. Scène de chasse extraordinaire. Nous sommes dans l'Atlantique, au large de la Norvège. Imaginez non pas un prédateur, mais 2,5 millions ! Des morues ou des cabillauds rassemblés pour la plus grande prédation jamais observée par des scientifiques. Les morues ont repéré leur poisson préféré, des capelans, et ils sont nombreux en cette période de reproduction : 23 millions d'individus massés dans un banc qui s'étire sur des kilomètres.Se regrouper, c'est une technique de défense partagée par de nombreux animaux grégaires, parce que l'union fait la force. Mais les morues étaient plus fortes et sont quatre fois plus grosses. Bilan : plus de 10 millions de poissons engloutis en quelques heures.Nous voilà à présent en Australie. Un incendie fait rage. Des rapaces – milans et faucons – ont repéré la fumée, et c'est par centaines qu'ils arrivent au-dessus du feu pour se saisir de branches enflammées qu'ils relâchent dans des zones encore épargnées par l'incendie, pour obliger leurs proies à sortir du bois. Le repas est servi bien chaud.Coup de bouleOn retourne au fond de l'eau, où se promène un crustacé qui ressemble à une crevette, aux couleurs incroyables comme le vert, le rouge, le bleu... C'est la squille, sans doute le prédateur le plus terrible des océans, grâce à la force de ses pattes et leur rapidité. Elle frappe en un millième de seconde, à la vitesse de 100 km/h – c'est imparable, c'est le record chez les animaux. Et elle frappe d'une force inouïe : 1 500 newtons. Un coup de poing dans l'eau. L'orque, elle, préfère, pour assommer ses proies, à coups de boule ou coups de queue qui les catapultent en l'air. Une araignée, en Australie, s'est inventée une arme : une boule de glu qu'elle sécrète, pendue à un fil, au bout d'une patte, et qu'elle lance sur la proie, engluée.Mais le prédateur le plus efficace du monde animal est au-dessus de tout soupçon : la libellule, si gracieuse. Elle affiche 97% de réussite, grâce à une vision à 360 degrés et des ailes si performantes qu'elle peut même faire marche arrière.

    COP16: ce que la biodiversité (r)apporte à l'humanité

    Play Episode Listen Later Nov 2, 2024 2:41


    Près de la moitié du PIB mondial dépend de la biodiversité. Sans les plantes et les animaux, l'économie serait en difficulté et les humains ne pourraient plus se nourrir ou se soigner.  Malgré l'hymne national colombien, inouï, réinterprété avec des chants d'oiseaux (mais aussi des grenouilles, un jaguar et même une baleine) pour la COP16, le sommet mondial pour la biodiversité s'est achevé à Cali sur une fausse note, sans accord de financement. Les promesses de dons pour protéger ou restaurer la nature sont encore très très loin de l'objectif fixé par la précédente COP à Montréal : 200 milliards d'euros par an d'ici à 2030. Ce ne serait pourtant pas de l'argent perdu, vu ce que la biodiversité rapporte à l'humanité. Ce serait même un bon investissement si on ne raisonnait que du seul point de vue économique.Oui, parlons gros sous, très gros sous : 44 000 milliards de dollars, près de la moitié du PIB mondial dépend de la biodiversité, selon les Nations unies. La nature n'a pas besoin des humains (et plus ils sont loin, mieux elle se porte), mais les humains ont besoin d'elle. Et d'abord pour manger. Les trois quarts des plantes cultivées dépendent de la pollinisation. 35% de la production alimentaire mondiale disparaîtrait s'il n'y avait plus d'insectes.Plantes et animaux, des acteurs économiquesEt s'il n'y avait plus de poissons ? Trois milliards de personnes dépendent de la pêche pour leur apport en protéines. La filière pêche dans le monde représente 60 millions d'emplois. L'économie est dépendante de la biodiversité : à 40% pour l'industrie textile et presque 50% pour le papier et le carton. Et la santé ? Pareil. 60 000 plantes et champignons servent à la fabrication de nos médicaments.À lire aussiLa mort douce annoncée des poissons d'eau douceC'est un drôle de paradoxe : l'humanité met en péril la biodiversité qui lui permet pourtant de vivre et de faire tourner l'économie. L'OCDE estime que l'érosion de la biodiversité est l'un des principaux périls pour la prospérité mondiale. L'Organisation de coopération et de développement économiques a calculé qu'en 15 ans les pertes des services rendus par les écosystèmes disparus ou dégradés ont atteint entre 10 et 30 000 milliards de dollars. Mais oublions un peu les chiffres. Car le spectacle de la vie, le chant d'un oiseau sur une branche, le parfum d'une fleur des champs, l'ombre des feuilles d'un manguier ou les couleurs d'un papillon... tout cela, ça n'a pas de prix.La question de la semaine

    L'ours polaire, témoin direct du réchauffement climatique

    Play Episode Listen Later Oct 26, 2024 3:22


    Alors que la COP16, la conférence mondiale sur la biodiversité, se tient à Cali en Colombie, gros plan sur le plus grand prédateur d'Arctique, menacé par la fonte des glaces. (Rediffusion du 3 mars 2024) Il est le roi de la banquise. Mais son royaume, l'Arctique, est en train de fondre. La survie de l'ours polaire pourrait à terme être menacée, puisque son milieu naturel est en train de disparaître « à une vitesse importante : 90 000 kilomètres carrés par an » (l'équivalent de la surface d'un pays comme la Jordanie), rappelle le biologiste Christian Kempf, l'un des grands spécialistes de l'ours blanc, qu'il observe et côtoie depuis 50 ans.Tout en haut de la chaîne alimentaire, l'ours polaire est le plus grand carnivore terrestre, grand nageur et grand voyageur solitaire. « Il est extraordinaire, s'enthousiasme Christian Kempf. Il est obligé de vivre dans un climat extrêmement froid. En pleine nuit polaire, en ce moment, il fait régulièrement -40 degrés Celsius, ou -50. Et avec l'effet refroidissant du vent, le ressenti est de -70, c'est énorme ! C'est aussi un environnement qui change tout le temps. Contrairement aux autres grands prédateurs, lions ou tigres, l'ours polaire ne peut pas marquer son territoire. Parce que la banquise bouge tout le temps. » L'Arctique est en effet un océan, contrairement à l'Antarctique, qui est un continent de terre.Graisse de phoqueOutre ses capacités de résistance au froid, Ursus maritimus est doté d'un odorat exceptionnel, qui lui permet de repérer ses proies à plusieurs kilomètres. « Il a un odorat environ 60 fois meilleur que celui de l'homme, précise Christian Kempf. Il se met toujours un peu en hauteur, parce que dès qu'il y a un obstacle, les odeurs remontent. Et l'ours, sur un iceberg, il dort, il n'a l'air de rien, mais faites-moi confiance, quand une odeur de phoque lui passe dans les narines, il réagit tout de suite ! »Le phoque représente 95 % de l'alimentation de l'ours polaire. Le phoque lui fournit la graisse nécessaire pour se protéger du froid. Un ours blanc mâle adulte peut peser jusqu'à 600 kilos, et la graisse constitue la moitié de son poids. Mais quand la banquise disparait, c'est son terrain de chasse qui rétrécit, les phoques se font plus rares... La chasse, danger immédiatMais l'ours blanc se distingue aussi par ses importantes capacités d'adaptation, qui lui ont permis, dans le passé, de « surmonter trois périodes de réchauffement climatique ». Et pour la nourriture, il peut aussi s'adapter.« Il y a notamment les cadavres de baleines, qui viennent s'échouer le long des côtes de l'Arctique. Il y a aussi les morses. Parfois, on le voit même, je l'ai vu à plusieurs reprises, brouter de l'herbe, ou manger des algues, raconte Christian Kempf. C'est un pur carnivore, mais quand il n'a pas de phoques, il prend autre chose ! »Il y a environ 20 000 ours polaires sur la planète, un chiffre relativement stable. Outre le réchauffement climatique, le péril vient de la pollution, qui peut les rendre stériles — 8 % des ours blancs du Canada ne peuvent pas se reproduire. Mais ce qui menace directement aujourd'hui les ours blancs, c'est la chasse. « Il y a une chose qu'on peut faire demain, ou après-demain : un moratoire sur la chasse, suggère Christian Kempf. À la place de tuer 1 200 ours par an, pour l'exportation de la peau, pour les griffes, les dents, qui intéressent le marché asiatique, si on ne tuait que 500 individus, on aurait assez rapidement, en l'espace de 15 ans, 30 000 ours. »À lire aussiUn groupe d'ours polaires découvert au Groenland pourrait survivre à la disparition de la banquiseQuestion de la semaine 

    La patate donne la frite partout dans le monde

    Play Episode Listen Later Oct 19, 2024 2:47


    La pomme de terre est le produit de la terre le plus consommé par l'humanité – en dehors des céréales – et classée pilier de la sécurité alimentaire mondiale. Récit d'une conquête planétaire partie d'Amérique du Sud. C'est l'histoire d'une success story planétaire. La pomme de terre, ou la patate, est aujourd'hui, hormis les céréales – le riz ou le blé –, le produit de la terre le plus consommé sur Terre. « Tout le monde aime la pomme de terre ! », souligne la journaliste Marie-Laure Fréchet, qui lui a consacré un ouvrage, Le Grand livre des patates (éditions Flammarion).Solanum tuberosum n'a pratiquement que des avantages, à tel point que l'agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) considère la pomme de terre comme un pilier de la sécurité alimentaire mondiale.« Quand on maîtrise sa culture, c'est très productif, peu onéreux. On peut la produire sous différents climats. C'est une culture relativement facile, qui se conserve, et ça aussi, c'est important, relève Marie-Laure Fréchet. C'est une source de glucide, un féculent, indispensable à l'alimentation. On mange moins de pain, mais on mange un peu plus de pomme de terre. »La patate n'est pas une pommeChaque année, 375 millions de tonnes de patates sont cultivées dans quelque 150 pays. Mais cela n'a pas toujours été le cas pour une plante domestiquée dans les Andes, en Amérique du Sud, il y a approximativement 12 000 ans. Les conquistadors espagnols la ramènent en Europe au XVIe siècle, comme la tomate, de la même famille que la patate. Mais elle a du mal à s'imposer.« Contrairement au cacao par exemple, à d'autres produits exotiques qui ont pu être ramenés, on ne sait pas trop quoi faire de la pomme de terre, raconte Marie-Laure Fréchet. On lui trouve toutes sortes de défauts. Bien moins savoureuse qu'aujourd'hui, elle était sans doute assez amère. Et surtout, on se méfiait de ce qui venait de la terre. On ne savait pas trop ce que c'était et c'est pour ça qu'on l'a appelé pomme de terre. Mais la pomme de terre n'est pas une pomme, elle n'est pas un fruit. »La patate, en effet, ne pousse pas dans les arbres, mais bien dans la terre ; c'est un tubercule, et du point de vue de la botanique, c'est bien un légume. La conquête mondiale de la pomme de terre commence par l'Espagne donc, l'Europe du sud, mais aussi l'Allemagne : « Il y a même eu un édit d'un empereur de Prusse pour obliger les Allemands à cultiver chacun un petit lopin de pomme de terre. » Mais en France, pendant longtemps, la patate nourrissait seulement les cochons.Frites françaisesLa France, depuis, s'est rattrapée : elle est le premier pays exportateur au monde, et aussi le troisième pays d'Europe en termes de consommation, derrière l'Allemagne et la Pologne. Et c'est à Paris qu'on a inventé les frites, il y a plus de 200 ans. « La frite a fait beaucoup pour la promotion de la pomme de terre, parce qu'elle sublime son goût », estime Marie-Laure Fréchet, Grande huile de la Confrérie de la frite fraîche maison. « Dans la région des Hauts-de-France, on est en train d'implanter de nombreuses usines de frites pour exporter des frites surgelées en Chine et en Inde. »La Chine, par sa taille, est devenue le premier producteur mondial de pomme de terre. En Afrique, la patate, qui demande quatre fois moins d'eau que la culture du riz, a réellement pris son essor ces 30 dernières années, et elle est aujourd'hui la quatrième culture vivrière. Partout dans le monde, la patate donne la frite, la pêche, la banane, ou... la patate.La question de la semaine

    Le ginkgo biloba, survivant d'Hiroshima

    Play Episode Listen Later Oct 12, 2024 5:30


    Le prix Nobel de la Paix a été attribué vendredi à l'organisation japonaise Nihon Hidankyo pour sa lutte contre les armes nucléaires après les bombes atomiques larguées par les États-Unis en 1945 sur Hiroshima et Nagasaki. Une espèce d'arbre qui a survécu à la bombe est devenue un symbole de paix : le ginkgo biloba, l'arbre le plus ancien au monde. Des oiseaux, des moineaux, chantent dans un ginkgo. Et ce n'est pas n'importe quel ginkgo biloba. C'est un survivant de la première bombe atomique. Mutsumi Fujieda, petite femme souriante, nous a ouvert le portail de sa maison à Hiroshima, qui accueille aussi un temple (son mari est prêtre), pour qu'on puisse admirer de près cet arbre de paix. « Il est très en forme, et même s'il a plus de 100 ans, il est toujours vivant, se réjouit Mutsumi Fujieda. La partie de l'arbre qui est en direction du point d'impact de la bombe n'a pas de branche. »Nous sommes à deux kilomètres à peine de l'endroit où le bombardier de l'armée américaine, Enola Gay, a largué le 6 août 1945, à 8h15, la première des deux bombes atomiques utilisées contre l'humanité. Un choc planétaire, une ville rasée et 140 000 personnes tuées, selon le chiffre du Mémorial de la paix de Hiroshima. Le ginkgo biloba qui se dresse devant nous mesure une douzaine de mètres de haut. Il pousse entre les marches d'un escalier en béton. « On a dû adapter trois fois la forme de l'escalier parce que l'arbre continuait de grandir. Bien sûr, jusqu'à la fin de ma vie, je vais le protéger pour qu'il continue de vivre. Cet arbre diffuse un message de paix », conclut Mutsumi Fujieda en faisant avec ses doigts le signe de la paix.Symbole de résilienceLe ginkgo biloba est entré dans la légende après le 6 août 1945. C'est l'arbre qui a résisté aux radiations, devenu un symbole de résilience et de paix. « On n'a pas vraiment d'explication à ça, sinon qu'on a observé, effectivement, que les arbres ont produit de nouvelles pousses après l'explosion. Mais ce n'est pas la seule espèce, nuance Germinal Rouhan, botaniste, maître de conférences au Museum national d'Histoire naturelle à Paris. D'autres arbres ont résisté à la bombe atomique : des eucalyptus, des saules, des ailantes. Le ginkgo est un peu l'arbre qui cache les autres espèces. »Le ginkgo, c'est vrai, fascine. C'est la plus ancienne lignée d'arbre sur la planète, déjà présente il y a plus de 200 millions d'années, rescapée de l'ère primaire qui a traversé les multiples épreuves des temps géologiques. L'arbre fascinait déjà le naturaliste britannique Charles Darwin, qui l'avait décrit comme une « espèce fossile ». Une notion aujourd'hui dépassée : « Même lentement, toute espèce vivante évolue », souligne Germinal Rouhan.Extrême résistanceLe ginkgo biloba appartient donc à la lignée d'arbre la plus longue, et chaque individu possède lui-même une longévité exceptionnelle. Un ginkgo biloba peut vivre plus de 1 000 ans grâce à une extrême résistance. « En 2019, donc assez récemment, une publication scientifique a mis en évidence des mécanismes moléculaires spécifiques de lutte contre le vieillissement développés par cette espèce, explique Germinal Rouhan. On sait aussi que le ginkgo possède des systèmes de défenses efficaces contre les pathogènes. Enfin, les ginkgos sont résistants à la sécheresse et assez adaptés au changement climatique, puisqu'il y a eu de multiples changements climatiques au cours des temps géologiques que le ginkgo a traversés depuis plus de 200 millions d'années ». Les ginkgos sont résistants, mais, c'est un paradoxe, car aujourd'hui, l'espèce est menacée de disparition. « Elle est plantée un peu partout dans le monde, y compris dans les villes. Donc, tout le monde, ou presque, sait bien ce qu'est un ginkgo. Mais dans la nature, elle est devenue rare et même menacée, classée en danger d'extinction sur la liste rouge de l'UICN, l'Union internationale pour la conservation de nature. »Plusieurs ginkgos bilobas ont survécu au bombardement de Hiroshima, et l'arbre possède une aura particulière au Japon. Tokyo, la capitale, a fait de ses feuilles (formées de deux lobes, sans nervure centrale), son symbole officiel. À Hiroshima, le ginkgo du jardin Shukkei-en, au tronc penché, est spectaculaire. Ses graines ont été envoyées partout sur la planète, comme autant d'appels à la paix dans le monde. Mais la botanique ne fait pas toujours des miracles.

    Entomologiste, la passion des insectes

    Play Episode Listen Later Oct 5, 2024 3:09


    La Bourse aux insectes de Juvisy, près de Paris, rassemblait, le week-end dernier, des centaines de vendeurs et de collectionneurs et des dizaines de milliers de bestioles venues du monde entier, en particulier des tropiques, là où vivent les espèces les plus remarquables. Nature morte. Des insectes, par milliers, sont épinglés dans des cadres en bois : des papillons, des scarabées, des guêpes... Des insectes en tous genres, de toutes les couleurs et à tous les prix sont exposés dans les allées de la Bourse aux insectes de Juvisy-sur-Orge, au sud de Paris, « la deuxième bourse au monde après celle de Tokyo », assure Patrick Arnaud, son fondateur, il y a 30 ans. Collectionneurs, vendeurs venus d'une quinzaine de pays, et simples curieux s'y sont pressés le week-end dernier.On s'arrête devant un papillon aux ailes d'un bleu éclatant. « Ça, c'est le morpho, très recherché, parce qu'il est magnifique ! Le bleu des ailes perdure parce que ce n'est pas un pigment, c'est uniquement l'orientation des écailles. Chez les papillons, il y a le bleu et le vert qui ne sont pas des pigments ; c'est un jeu de lumière », explique Patrick Arnaud, lui-même collectionneur.Insectes tropicauxÀ l'image du morpho, originaire d'Amazonie, la plupart des insectes exposés ici viennent des tropiques qui abritent 80% des espèces d'insectes répertoriées dans le monde. On s'arrête aussi devant les titans (Titanus giganteus), les plus gros coléoptères au monde, d'une quinzaine de centimètres de long, impressionnants par la taille et leurs pinces. Pas très loin, on peut aussi admirer le plus gros frelon de la planète, Vespa mandarina japonica – plusieurs reines sont vendues 50 euros pièce.« Il y a tellement de choses moches à l'heure actuelle que quand les gens peuvent se faire plaisir avec quelque chose, un petit papillon à 3 ou 4 euros, ce n'est pas ça qui va contribuer à diminuer la biodiversité. Là, dans la salle, il y a peut-être 50 000 ou 60 000 insectes ; c'est ce qui disparaît en deux minutes en coupant la forêt brésilienne », répond Patrick Arnaud aux critiques qui peuvent surgir face à ce marché macabre.Sherlock Holmes chez les insectesChimiste de formation, il est devenu entomologiste amateur à la faveur de son service militaire en Guyane, une passion qui l'a poursuivi pendant des décennies, l'entraînant partout dans le monde et en particulier en Amérique du Sud. « C'est un peu Sherlock Holmes, l'entomologie, sourit-il. Vous avez une bête sous les yeux, vous essayez de voir si elle est vraiment nouvelle pour la science ou pas. Je dois avoir 80 espèces que j'ai décrites. On nous dit : « Ah, mais vous tuez les insectes ! » Mais les insectes, malheureusement, pour les étudier, il faut les tuer. On ne peut pas les identifier comme les oiseaux uniquement en regardant le chant ou le plumage avec des jumelles… Chez certaines espèces, on ne voit la différence, très faible, que par ce qu'on appelle le « genitalia », c'est-à-dire le pénis, les organes génitaux. » Donc en les disséquant.Collectionneur, au service de la science, Patrick Arnaud s'est spécialisé au fil des années sur les bousiers, insectes coprophages. « On enfouit dans le sol des gamelles, avec de l'excrément, Ces bêtes sont inféodées à un certain type d'excrément, puisque ça dépend de la nourriture du mammifère ou autre, ce qui permet d'extrapoler sur la diversité de la faune, et donc sur la diversité de la flore. Dans un endroit donné, en piégeant, on va arriver à avoir 80 à 90% de la représentativité de la faune. » Environ 1,3 million d'espèces d'insectes ont été découvertes dans le monde. On estime qu'il en existe quatre fois plus.

    Entre le cochon et l'humain, une vieille histoire d'amour et de mépris

    Play Episode Listen Later Sep 28, 2024 3:50


    L'homme entretient une relation ambivalente avec le porc, un animal moqué, dont la viande est la plus consommée au monde. Les suidés méritent un peu plus de respect ! Copains comme cochons ? Sus domesticus, le nom scientifique du cochon, est un animal familier à l'espèce humaine depuis 10 à 11 000 ans, depuis la domestication du sanglier sauvage. Une longue histoire d'amour et de mépris entre le porc et l'humain, deux espèces qui se ressemblent : un patrimoine génétique proche, des organes de taille similaire, à tel point qu'on a déjà greffé cœur et rein de porcs.Et pourtant, le cochon est un animal qu'on aime tant moquer. « Les bourgeois, c'est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient bête », chantait Jacques Brel. Pour les bourgeois, on ne sait pas, mais pour les cochons, la chanson a tout faux. Le porc est l'animal le plus intelligent de la ferme. Il réussit le test du miroir (sur la conscience de soi), et lors d'une expérience menée aux États-Unis, un cochon, baptisé Hamlet, muni d'un joystick sur un ordinateur, a joué, et gagné, alors que les chiens en sont incapables. À écouter dans Autour de la questionÀ quoi pensent les cochons ?800 millions de porcsAutre idée reçue, le cochon serait sale, parce qu'il se roule dans la boue. En réalité, c'est pour protéger sa peau du soleil, éliminer les parasites, et réguler la température de son corps, parce qu'il ne transpire pas — l'expression « suer comme un porc », on ne sait vraiment pas d'où elle sort.Une femelle, une truie, dont la gestation dure 3 mois 3 semaines et 3 jours (à peu près), peut donner naissance jusqu'à 12 petits. Une fécondité record, très utile en matière d'élevage. On estime la population des porcs à 800 millions d'individus sur la planète. Avec, pour la plupart, on l'a bien compris, une espérance de vie très courte.Le porc est la viande la plus consommée au monde, quand bien même elle reste taboue chez les juifs et les musulmans. Sur la planète, on produit trois tonnes et demie de porc chaque seconde. Et à propos de poids, le cochon le plus lourd au monde, Big Bill, pesait 1 150 kilos — un gros porc.

    La résurrection du cheval de Przewalski

    Play Episode Listen Later Sep 21, 2024 2:42


    Officiellement éteint dans les années 1970, le plus ancien cheval sauvage a été réintroduit avec succès 40 ans plus tard en Mongolie, sa terre d'origine, notamment grâce au travail d'une association française, Takh, installée dans le sud de la France, sur le Causse Méjean.  C'est un paysage de steppes. De rares arbustes surgissent des herbes jaunies par un été solaire, chaud et sec. Nous ne sommes pas en Mongolie, mais sur le Causse Méjean, dans les Cévennes françaises, dans le sud du Massif central, où vivent les plus anciens chevaux sauvages de la planète, des chevaux de Przewalski, une espèce pourtant portée disparue il y a une quarantaine d'années dans les steppes mongoles. « C'est un petit peu au petit bonheur à la chance de les croiser ici », prévient Pauline Jouhanno, de l'association Takh (takh, en mongol, signifie cheval sauvage), créée en 1990 pour la sauvegarde et la renaissance du cheval de Przewalski. Et on peut dire qu'on a de la chance, en ce matin du mois d'août. Devant nous, à une dizaine de mètres, se trouvent deux équidés paisibles, au gabarit proche du poney, robe beige, le bas des pattes zébré : deux chevaux de Przewalski que nous présente Julie Morisson, médiatrice scientifique au sein de l'association Takh. « Guizmo et Rouquet, deux étalons célibataires qui sont juste de l'autre côté de la clôture, en position de repos, en tête-à-queue pour que la queue de l'un chasse les mouches des yeux de l'autre. Vous ne sentez pas une différence ici qu'il n'y avait pas tout à l'heure quand on marchait ? Il y a du vent ! Il n'y a pas d'arbres, donc quand il fait très chaud, le cheval de Przewalski va chercher le courant d'air. »Steppe cévenoleEn plein été, il fait chaud sur le Causse Méjean, ce haut plateau vallonné dans le département de la Lozère, à 800 mètres d'altitude. Chaud l'été et froid l'hiver, comme en Mongolie, la terre d'origine du cheval de Przewalski. Ici, ce sont 40 chevaux qui vivent en semi-liberté, dans deux enclos de 400 hectares au total, sans contact avec l'humain, dans un paysage semblable aux steppes de Mongolie – nous sommes dans la steppe cévenole. « C'est très aride, très nu, décrit Pauline Jouhanno. On a ce qu'on appelle des pelouses calcaires. Le sol calcaire ne permet pas à l'eau de rester en surface, tout s'écoule, ce qui fait que la végétation est très rase, très sèche. »Les premiers chevaux de Przewalski (l'espèce doit son nom occidental à un colonel russe d'origine polonaise qui l'a « découverte » à la fin du XIXe siècle) sont arrivés sur le Causse en 1993. En provenance de zoos, parce qu'à l'état sauvage, le cheval sauvage avait complètement disparu – un dernier individu avait été aperçu en 1969 dans le désert de Gobi. « Lorsque les Européens sont allés chercher des poulains de Przewalski en milieu naturel pour les mettre dans des zoos au début des années 1900, la stratégie à l'époque était d'abattre la totalité des adultes accompagnant les poulains, raconte Julie Morisson. Forcément, c'est une espèce qui sait très bien se défendre. Face à un stress, elle s'organise socialement pour faire face aux prédateurs. »Unis face aux prédateursMais puisqu'on n'est pas un prédateur, peut-on le caresser, ce cheval sauvage ? « Non, pas du tout ! Socialement, ils vont tellement s'organiser de manière puissante que même si vous ne connaissez pas le comportement des chevaux, vous allez vous douter qu'il faut arrêter de s'approcher ! », sourit Julie Morisson, qui a sorti une paire de jumelles pour observer au loin d'autres chevaux, avant qu'ils ne repassent derrière la colline.En 2004, l'association Takh a envoyé en Mongolie une vingtaine de ses chevaux. Un programme de réintroduction réussi. « C'est plutôt rassurant de voir qu'en Mongolie ces chevaux arrivent à se reproduire, à survivre et à continuer de se défendre face aux attaques de loups. On a eu quatre attaques avérées de prédation de loup sur poulain en une vingtaine d'années seulement, donc c'est plutôt prometteur. » Plusieurs centaines de chevaux de Przewalski vivent aujourd'hui en Mongolie, grâce à l'association Takh et d'autres programmes de réintroduction. Officiellement déclaré « éteint à l'état sauvage » dans les années 1970, le cheval de Przewalski n'est aujourd'hui plus qu'une espèce « en danger ». Une espèce ressuscitée.

    «L'effet-lisière»: pourquoi les forêts tropicales dégradées captent moins de CO2

    Play Episode Listen Later Sep 14, 2024 3:38


    Les forêts du Bassin du Congo ou d'Amazonie sont de précieux puits de carbone. Mais la fragmentation des forêts tropicales menace les arbres et leur rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique. C'est une route, un champ, ou une mine, plantés au milieu de la forêt tropicale, au Congo-Kinshasa, en Amazonie ou en Indonésie. Les arbres sont là, tout près. Mais ils sont plus vulnérables en lisière des forêts. C'est ce qu'on appelle « l'effet-lisière ».« Ces bords de forêts vont être exposés à des conditions environnementales qui vont modifier la structure de ces forêts, explique Lilian Blanc, écologue forestier au Centre international de recherche agronomique pour le développement (Cirad). Par exemple, la taille des arbres va être plus petite que celle qu'on va trouver au cœur de la forêt. Là où les arbres vont être protégés du vent en plein cœur d'une forêt, ils subiront en bord de forêt des coups de vent, ce qui peut provoquer leur chute. Il y a aussi des problèmes de sécheresse : l'effet du soleil va être beaucoup plus fort sur ces bordures-là. Là aussi, ça peut augmenter la mortalité des arbres. » Sans parler des incendies.Cet effet-lisière, on le pensait jusqu'ici limité à une centaine de mètres. Mais le mal est plus profond, comme le révèle une étude publiée dans Nature, menée grâce à des observations satellite de la canopée. « Notre étude a montré que l'effet-lisière pouvait être mesurable jusqu'à 1,5 km à l'intérieur des forêts, notamment pour les forêts asiatiques, là où l'effet-lisière est le plus fort. Mais même pour les forêts africaines ou amazoniennes, on a des effets jusqu'à 400 ou 500 mètres », poursuit Lilian Blanc, co-auteur de cette étude.Puits de carbone dégradésDes arbres plus petits et plus vulnérables, c'est moins de biodiversité, et moins de CO2 absorbé. Les forêts tropicales humides sont des puits de carbone menacés, pas seulement quand les arbres sont abattus. « Quand on calcule l'ensemble des surfaces de lisière forestière dans ces forêts tropicales humides, on a 18% de ces surfaces dégradées par rapport à ce qu'on peut trouver au cœur d'une forêt, précise Lilian Blanc. Les surfaces dégradées dans les forêts tropicales humides, à l'échelle de la planète, représentent une surface bien supérieure à celle de la déforestation. Et cette dégradation des forêts, c'est aussi une émission de carbone dans l'atmosphère, et donc une accentuation des changements climatiques. »La fragmentation et la dégradation des forêts tropicales sont moins visibles, moins médiatisées et moins documentées que la déforestation. Mais leurs conséquences sont tout aussi délétères.À lire aussiForêts tropicales : ils s'engagentLa question de la semaine

    Sous les vagues, la pollution sonore

    Play Episode Listen Later Sep 7, 2024 3:25


    Le transport maritime, la prospection minière sous-marine, les activités militaires et même touristiques ont des effets dévastateurs sur la biodiversité marine. (Rediffusion du 2 décembre 2023)C'est l'une des promesses du gouvernement français, formulée ce lundi 27 novembre à l'occasion de la présentation de la Stratégie nationale biodiversité 2030, pour tenter d'enrayer l'effondrement du vivant provoqué par les activités humaines et la crise climatique : lutter contre les pollutions sonores sous-marines. Un phénomène largement ignoré, souvent sous-estimé, voire inconnu.La bioacousticienne française Isabelle Charrier l'a par exemple expérimenté alors qu'elle étudiait en mer Méditerranée la présence du phoque moine de Méditerranée, une espèce en danger d'extinction : « On s'est rendu compte que l'environnement dans lequel il vit est ultra-bruyant. Je ne m'attendais pas du tout à ça », avoue la directrice de recherche au CNRS.À écouter aussi«La Rivière», portrait filmé d'un écosystème menacéIsabelle Charrier l'a constaté partout sur la planète : le bruit anthropique, le bruit généré par les activités humaines, a des conséquences sur la biodiversité. Son équipe a ainsi mesuré en Australie du stress, des perturbations dans l'allaitement des bébés otaries, provoqués par le bruit des bateaux en mer et des touristes sur terre. En Afrique du Sud, la population des manchots du Cap a brutalement baissé de 90% en quelques années. L'explication est sans doute à chercher du côté des humains. « Cette baisse coïncide avec le développement du port de Port-Elizabeth, avec une augmentation du trafic maritime assez drastique, relève Isabelle Charrier. Les manchots du Cap évitent probablement les zones bruyantes, qui sont aussi les zones où il y a du poisson... »Le bruit tueLes activités humaines sont nuisibles, du simple jet ski utilisé par un vacancier à l'énorme tanker qui transporte le pétrole responsable du changement climatique. Les activités minières en mer sont particulièrement polluantes, comme l'a montré une étude internationale publiée dans la revue Science en 2022 : le bruit provoqué par une mine sous-marine peut parcourir 500 kilomètres. Aucun endroit dans l'océan ne serait ainsi épargné par les nuisances sonores. On est bien loin du Monde du silence décrit par l'océanographe français Jacques-Yves Cousteau...Dans l'eau, le son se propage cinq fois plus vite que dans l'air. Les cétacés, comme les baleines, peuvent ainsi communiquer à des kilomètres de distance. Mais avec la pollution sonore, leur reproduction serait menacée. Des baleines ont même été tuées par le bruit brutal de sonars militaires. Surpris et effrayés par ces sons intempestifs, « des cétacés, qui sont en quelque sorte des plongeurs professionnels, peuvent avoir des accidents de plongée, raconte Isabelle Charrier. La remontée à la surface se fait tellement vite que ça génère des hémorragies internes qui sont souvent fatales. » On a aussi observé des mouvements de panique provoquée par du bruit dans des colonies de morses, comme il y a des mouvements de foule, avec des animaux écrasés. La pollution sonore est invisible, mais elle fait des dégâts.

    Le rapace de Roland-Garros

    Play Episode Listen Later Aug 31, 2024 2:39


    Le tournoi de tennis des Jeux paralympiques, qui vient de commencer, se tient au stade Roland-Garros, à Paris. En mai dernier, juste avant les Internationaux de France, C'est dans ta nature était allé à la rencontre du fauconnier de Roland-Garros et de sa buse dressée à chasser les pigeons. (Rediffusion du 26 mai 2024) « Allez viens ma Louloute ! » Louloute, en réalité, s'appelle Nova. C'est un jeune rapace de trois ans, une buse de Harris (ou petit aigle du Mexique) qu'appelle Michaël, le fauconnier de Roland-Garros, le stade parisien où se déroulent chaque année les Internationaux de France de tennis. Michaël, fauconnier qui travaille avec des buses et pas des faucons, siffle et claque la langue pour appeler Nova, et le bel oiseau aux plumes couleur fauve se pose sur son avant-bras protégé par un gant en cuir.Mais Nova est agitée, bat des ailes, et remue la clochette accrochée à l'une de ses pattes. « C'est le micro qui doit la stresser… », estime Michaël, quand soudain la buse prend son envol. « Là, elle a vu un pigeon ! En fait, il y en a deux qui sont partis du sapin. Donc elle a fait son job. » C'est effectivement le travail de Nova et des deux autres buses de Michaël tout au long de l'année : éloigner les pigeons, les plus visibles (certains diront les plus nuisibles) des oiseaux parisiens.De la viande en récompenseNous voilà à présent dans le court central, recouvert ce jour-là, où un rouleau compresseur prépare la terre battue, avant le début du tournoi. Tout en haut des tribunes, Nova s'est envolée vers l'écran géant. « Elle a peut-être aperçu quelque chose, relève le fauconnier, qui se met à siffler. Je vais la rappeler. » Quelques grands coups d'ailes au-dessus du court central, et la buse revient sur le bras de Michaël. « On rappelle l'oiseau à venir sur le gant, toujours avec la petite récompense, le morceau de viande, et là l'oiseau, en toute confiance, revient sans problème vers son fauconnier. »La confiance est essentielle entre le fauconnier et son oiseau, retiré de ses parents dès l'âge de trois mois. « Dans les premiers temps, l'oiseau doit prendre confiance, ne pas avoir peur de la personne qui l'a au bout du gant, poursuit Michaël. Et une fois qu'il arrive à se nourrir sur le gant, on commence vraiment le travail, l'affaitage, le dressage pour les oiseaux. »Climat d'insécuritéDepuis une dizaine d'années, à Roland-Garros, on emploie des oiseaux pour chasser d'autres oiseaux. « C'est essentiellement pour que les pigeons ne prennent pas l'habitude de venir se nourrir dans les tribunes, explique Michaël. On évite aussi que de jeunes pigeons qui sont nés sur place ne reviennent les années suivantes pour nicher et se reproduire dans le stade. On est là pour effaroucher, donc faire peur aux pigeons, qu'ils aient l'impression d'être attaqués et poursuivis par le rapace. On crée un climat d'insécurité. Il faut que la proie se sente vraiment menacée et se dise : c'est peut-être chaud de revenir ! » Une précision s'impose : aucun pigeon n'a été tué ni maltraité pendant ce reportage.La question de la semaineÀ lire aussiDes oiseaux, des renards et des avions

    L'aposématisme, des couleurs pour faire peur

    Play Episode Listen Later Aug 17, 2024 2:40


    Des animaux affichent parfois des couleurs éclatantes dans la nature : un signal d'avertissement destiné aux prédateurs, pour les prévenir qu'ils sont toxiques ou venimeux. Il y a dans la nature, des animaux qui se cachent, se camouflent, pour éviter d'être mangés. Et puis il y a, au contraire, ceux qui affichent clairement la couleur. Rouge, orange ou jaune, souvent associé au noir. « Ce sont les couleurs les mieux perçues par les prédateurs, explique Romain Nattier, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Si on regarde autour de nous, on a un environnement majoritairement dominé par du vert, du marron. Et donc ces couleurs-là, repérables par les prédateurs, tranchent avec leur environnement. L'objectif, c'est vraiment d'être vu, de faire un signe aux prédateurs pour dire : je suis là, tu me vois, mais tu ne vas pas me manger, car tu sais que je suis toxique. »À lire aussiPapillons, abeilles...: des insectes chargés d'électricitéLes couleurs éclatantes du papillon monarque annoncent sa toxicité, les bandes jaunes et noires du frelon son venin. Oui, mais comment sait-il ça, le prédateur ? « Il mange un certain insecte, il le recrache. Si cet insecte-là dispose de protections chimiques, il le recrache et il apprend petit à petit à associer ce patron de coloration dans la nature à une certaine toxicité. C'est en fait ce que nous faisons, nous, humains, surtout les enfants. Ils arrivent à attraper une guêpe ou une abeille une première fois... Ils se font piquer, et ils arrivent ensuite à associer assez naturellement un bruit ou un patron de coloration à un certain danger, et après, ils ne le font plus ! », sourit Romain Nattier.Gagnant-gagnantFaire peur avec des couleurs, c'est donc ce qu'on appelle l'aposématisme – qui peut aussi prendre parfois la forme d'un signal olfactif. Particulièrement répandu chez les proies les plus nombreuses dans le monde animal, les amphibiens (salamandres, grenouilles) et les insectes (guêpes ou coccinelles). L'aposématisme, c'est gagnant-gagnant : pour la proie, qui n'est plus une proie, et pour le prédateur, qui évite ainsi un mauvais repas.À tel point que certaines proies, pas du tout toxiques ou venimeuses, se sont mises à tricher ! « Elles ne sont absolument pas venimeuses ou toxiques et miment une autre espèce qui l'est. Par exemple, ce qu'on appelle les mouches à miel, les syrphes, des mouches qui présentent des patrons de coloration vraiment similaires aux guêpes. Mais ce sont des mouches qui ne piquent pas ! »Autre exemple fameux : le serpent faux corail, non venimeux, qui imite les bandes orange et noir du serpent corail. Et ça, c'est grâce à la sélection naturelle. « L'individu qui par hasard présente un certain patron de coloration associé à une certaine toxicité se fait moins manger par ses prédateurs, et donc petit à petit, en fait, ces populations-là arrivent à se reproduire davantage, et donc à reproduire ce trait-là, qui est ensuite fixé dans l'espèce », détaille Romain Nattier. Dans la nature, tous les moyens sont bons pour sauver sa peau.La question de la semaine

    Un jardin sur du bitume

    Play Episode Listen Later Aug 10, 2024 2:38


    Le Jardin joyeux d'Aubervilliers, près de Paris, pousse sur un ancien parking laissé en l'état. Malgré son sol très pauvre, de l'asphalte et du béton, les plantes s'y épanouissent. (Rediffusion du 22 octobre 2023) C'est un ancien parking, cassé et condamné pour cause de rodéo urbain. Un chaos de bitume et de béton qu'on a laissé sur place, en l'état, pour éviter de transporter ailleurs des déchets, et sur lequel pousse un jardin, malgré « un sol très pauvre et très superficiel », comme le souligne François Vadepied, le paysagiste qui a l'a conçu avec l'agence Wagon Landscaping. Le Jardin joyeux, qui porte le nom d'un des immeubles qui entourent cet ancien parking, accueillait jusqu'en 2015 une centaine de voitures dans une cité d'Aubervilliers, aux portes de Paris.À la place du parking et des voitures : un jardin urbain pensé comme un jardin alpin, pas à cause de la topographie du lieu (c'est tout plat) mais pour les plantes qui ont été sélectionnées. « Dans les montagnes, les plantes s'adaptent à des milieux très rocheux. Ici, on a juste apporté un peu de terre, pour amorcer une dynamique, qu'on a simplement glissée sous les plaques de bitume », raconte François Vadepied. Et une fois qu'on a semé et planté, en 2016, la nature a fait son œuvre.Les plantes aiment la pierreSi l'on aperçoit encore quelques morceaux de bitume, la végétation a pris le dessus. Une bonne centaine d'espèces poussent à la place des voitures. Visite guidée avec François Vadepied : « Là, on voit des petits pins, des pins alpins, qui ne mesurent pas plus de 80 centimètres ». Mais juste à côté, en lisière, un boulot et un paulownia ont pris plusieurs mètres depuis qu'ils ont été plantés. « On voit aussi du thym, de l'origan, des plantes aromatiques qui se ressèment très bien sur ces sols, de la santoline... Les plantes aiment assez ces milieux pierreux parce qu'elles se mettent, d'une certaine façon, sur la pierre, à la lumière et à la chaleur. Et en dessous, c'est à l'ombre, très protégé, donc l'eau reste et ça reste assez frais ». Ce jardin écologique n'est jamais arrosé. « Il a subi des canicules infernales, mais aucun arbre n'a jamais jauni. »Pour les habitants de la cité, le jardin est devenu un îlot de fraîcheur. Et d'autres habitants profitent de cet îlot de verdure, composé d'une lisière d'arbres plantés et d'une prairie. « Quand on se promène ici au printemps ou en été, il y a une foultitude de pollinisateurs. Les gens ont vu des hérissons, la dernière fois qu'on est venu jardiner, on a vu une grenouille : c'est devenu un milieu intéressant aussi au niveau écologique dans le quartier », conclut le paysagiste. Le Jardin joyeux et tous ses habitants semblent dire : tout est tellement plus joyeux sans voiture !

    Claim C'est dans ta nature

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