C'est dans ta nature

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C'est dans ta nature, le rendez-vous hebdomadaire de RFI avec la biodiversité. Reportages et infos sur les végétaux et les animaux, leurs comportements, leurs secrets, leurs rôles dans les écosystèmes et dans la mondialisation. Tout ce dont on parle ici, C'est dans ta nature !

RFI


    • Nov 15, 2025 LATEST EPISODE
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    Les pigeons voyageurs, des oiseaux aux performances de haut niveau

    Play Episode Listen Later Nov 15, 2025 2:29


    Ces oiseaux parcourent plusieurs centaines de kilomètres pour rejoindre leur pigeonnier, à plus de 70km/h de moyenne. Leurs capacités d'orientation sont aussi exceptionnelles. « Voilà, c'est parti ! » Rémi Seimpère est colombophile, éleveur de pigeons voyageurs, et il vient de lâcher l'un de ses 130 oiseaux qui logent dans le pigeonnier situé au fond de son jardin de la banlieue sud de Paris. « C'est parti, il va faire son petit sport quotidien, et les autres ont compris que c'est l'heure du petit entraînement, donc ça va partir comme des fusées ! », s'exclame-t-il. Les pigeons trépignent dans le pigeonnier, agitent leurs ailes, jusqu'à ce que Rémi Seimpère ouvre la trappe. Alors les uns après les autres, à la queue leu leu, les oiseaux s'envolent dans le ciel. Sauf une femelle, qui préfère rester sur le toit de l'autre pigeonnier, celui où sont placés les mâles. « Elle a été séparée, il n'y a pas très longtemps, de son mâle qui se trouve dans le pigeonnier d'à côté. Elle a moins envie de voler que de rejoindre son conjoint », rigole Rémi Seimpère. Voyageur et sédentaire Les pigeons voyageurs, aux pattes beaucoup plus musclées que les pigeons biset – ceux qu'on rencontre en ville –, sont de véritables sportifs. À chaque course, l'oiseau est lâché loin de son pigeonnier, à 500, 600 ou même 1 000 kilomètres, et il rentre à toute vitesse, à 70 km/h au moins, avec des pointes qui peuvent atteindre les 120km/h pour les plus performants quand le vent est favorable.  C'est le paradoxe du pigeon voyageur, comme le souligne le colombophile : « Il est voyageur avant tout parce qu'il est sédentaire. Il est attaché à son pigeonnier. Il ne faut pas croire que le pigeon voyageur part de son pigeonnier, va quelque part et revient. Ce n'est pas un migrateur. » Mais comme les oiseaux migrateurs, le pigeon possède quelques qualités d'endurance et des capacités pour se repérer dans l'espace et s'orienter. Les sens de l'orientation Au-dessus de nos têtes, les pigeons libérés tout à l'heure continuent leur vol groupé. Ils se dégourdissent les ailes, et ça fait partie de leur entraînement. « Ils vont tourner autour de leur pigeonnier pendant 30, 40, 50 minutes, voire une heure, et c'est ainsi qu'ils repèrent les lieux autour de leur pigeonnier. Donc on peut supposer qu'ils ont une mémoire visuelle, détaille Rémi Seimpère. Ensuite, quand on les éloigne à un ou deux kilomètres, pour les premiers entraînements, on suppose qu'ils ont une bonne vue qui leur permet de revenir. Certainement qu'ensuite, ils repèrent les lieux par leur odorat, par d'autres moyens, avec des entraînements qui se déroulent à dix, vingt, trente ou cinquante kilomètres. Le pigeon s'oriente alors avec le champ magnétique terrestre, grâce à une sorte de boussole qui se trouve sous les narines. C'est le cumul de plusieurs sens qui leur permet de revenir chez eux. » Pigeons dopés Longtemps, dans l'armée, les pigeons voyageurs ont été utilisés pour transmettre des messages. Un pigeon héroïque avait même été décoré de la Croix de guerre 14-18. La technologie les a supplantés, mais la colombophilie perdure, avec 8 300 éleveurs en France. « Je compare souvent notre passion aux chevaux de course : le fait de faire de l'élevage, d'améliorer continuellement la race et de les faire participer à des concours ou des courses. » Mais la passion peut rendre fou. En 2020, un colombophile chinois a acheté un pigeon belge plus d'1,5 million d'euros. Et il y a même des cas de dopage, avec « de l'EPO, de la cortisone, des choses qui permettent au pigeon d'aller au-delà de ses capacités naturelles », regrette Rémi Seimpère. Si un jour, un pigeon remporte l'ascension de l'Alpe d'Huez à vélo, on se sera vraiment fait pigeonner ! À lire aussiInde: un pigeon voyageur, soupçonné d'être un «espion chinois», relâché après huit mois d'enquête

    Le Brésil, pays hôte de la COP30 et de la plus grande biodiversité au monde

    Play Episode Listen Later Nov 9, 2025 2:39


    Le cinquième pays le plus vaste de la planète abrite plus de 10% des espèces vivantes sur Terre. Du capybara à l'hévéa, petit tour d'horizon des plantes et des animaux les plus emblématiques du Brésil. Il s'appelle le Curupira, et c'est la mascotte officielle de la COP30, le sommet mondial sur le climat qui s'ouvre officiellement ce lundi 10 novembre à Belém, aux portes de l'Amazonie. Mais le Curupira n'est ni une plante, ni un animal ; c'est un personnage légendaire et folklorique, aux cheveux roux, qui hante la forêt amazonienne et la protège, en chassant les braconniers et les bûcherons. Le Brésil abrite 10% de toutes les espèces vivantes sur Terre, grâce à son climat tropical et l'immensité de ses forêts où on pourrait croiser le jaguar, le plus gros félin du continent. Il n'a aucun prédateur, à part l'Homme, évidemment. En 15 ans, la population des jaguars a chuté de 80%, en particulier à cause de la déforestation. Gros rongeur et araignée géante Tant qu'il y aura des arbres, il y aura des paresseux, qui passent une grande partie de leur temps à dormir et le reste à manger. Il leur faut avaler beaucoup de feuilles, parce que celles-ci ne sont pas très caloriques. Elles ne sont pas très faciles à digérer non plus ; les paresseux ont parfois besoin de plusieurs semaines pour y parvenir. Chez ces animaux, même le système digestif est paresseux. Parmi les animaux mignons du Brésil, il y a aussi le capybara, devenu star des réseaux sociaux. C'est le plus gros rongeur au monde. C'est aussi au Brésil qu'on trouve la plus grande araignée : la mygale goliath, 30 centimètres d'envergure. Elle est aussi grosse qu'un gros rat, a des griffes à ses huit pattes, et on l'entend même marcher ! Record de plantes Le Brésil abrite aussi plus de 50 000 espèces de plantes. Aucun pays n'en a autant. Et le tiers est endémique et ne pousse qu'au Brésil. C'est le cas d'un arbre, le pernambouc, emblème national, en voie d'extinction, surexploité depuis la colonisation parce qu'on en tire de la teinture rouge. On en fait aussi des archets pour jouer du violon. Depuis des années, des musiciens pétitionnent pour que le pernambouc échappe à l'interdiction totale de son commerce. L'hévéa, lui, produit du latex, un liquide blanc, toxique, pour dissuader les herbivores et tuer les pathogènes. L'hévéa, endémique en Amazonie, a ensuite été planté partout en Afrique et en Asie, dans les colonies françaises ou britanniques, pour en tirer du caoutchouc et fabriquer des pneus. Sur toutes routes de la planète, il y a donc un peu d'hévéa, mais ce n'est pas très naturel. La question de la semaine

    Des champignons et des hommes

    Play Episode Listen Later Nov 1, 2025 2:41


    Depuis des millénaires, les humains utilisent les vertus et les propriétés des champignons de mille façons. Il est le champignon le plus cher au monde, bien plus cher que la truffe. Il ne pousse que sur les plateaux de l'Himalaya, à 4 000 mètres d'altitude. Il est rare et aurait des vertus aphrodisiaques. « Il est réputé comme "le viagra de l'Himalaya", souligne Hubert Voiry, mycologue (spécialiste des champignons). Je suis allé au Népal ce printemps et on en a trouvé à 35 euros les deux grammes. » Plus de 17 000 euros le kilo : c'est l'amour à tout prix. On l'appelle le champignon chenille parce qu'il pousse en parasitant une chenille. « Le champignon est à l'intérieur de la chenille et se nourrit à ses dépens. À la fin de vie de la chenille, le champignon l'oblige à se rapprocher du niveau du sol. La chenille meurt et le champignon en sort en formant une sorte de petit clou qui apparaît parmi l'herbe », décrit Hubert Voiry. Pour se droguer ou se soigner Dans le livre qu'il vient d'écrire, Dix champignons qui ont changé la vie des hommes (éditions Actes Sud), Hubert Voiry raconte ainsi comment l'humanité utilise les champignons depuis la préhistoire pour se nourrir, fabriquer de l'alcool, allumer du feu, se droguer ou se soigner. « Beaucoup de champignons ont des propriétés médicinales qui renforcent le système immunitaire. Les champignons renferment des polysaccharides, des sucres complexes, qui réduisent les radicaux libres, et participent donc à la défense de l'organisme. Mais il ne faut pas occulter le fait que bien des espèces de champignons sont mortelles. Donc, on peut imaginer qu'il y a eu des essais non concluants ! » Les propriétés des champignons sont multiples. Ils permettent de fabriquer du similicuir, des matériaux de construction... À l'avenir, on pourrait même fabriquer des puces électroniques grâce au mycélium, le réseau de filaments sous-terrain des champignons. « Le mycélium du champignon envoie des messages chimiques et électriques et il y a des recherches en cours pour utiliser le mycélium comme une puce électronique, explique Hubert Voiry. On est loin d'avoir approfondi le monde des champignons. On est loin aussi d'avoir découvert tous les champignons. » Plus de 150 000 espèces de champignons sont connues dans le monde et on en découvre chaque année 1 500. Les champignons, ça pousse comme des champignons. À lire aussiJusqu'où nous entraineront les terrifiants champignons parasites? La question de la semaine

    Biomimétisme: le vivant est inspirant

    Play Episode Listen Later Oct 25, 2025 4:00


    La nature est ingénieuse, grâce à des milliards d'années d'évolution. Et les humains s'inspirent de plantes et d'animaux pour concevoir ou améliorer des produits. (Rediffusion du 21 janvier 2024) Vous les avez peut-être remarquées, en vous promenant dans la nature, en marchant dans les herbes hautes, ces petites boules piquantes qui s'accrochent à vos chaussettes, aux lacets de vos chaussures, ou même à vos jambes poilues... Ce sont des fruits, et c'est comme ça que certaines plantes font voyager leurs graines pour aller coloniser d'autres territoires : en s'agrippant aux poils des animaux. Ces petits fruits piquants, un ingénieur suisse les avait remarqués sur son chien, au début des années 1940. Il s'agissait des fruits d'une plante, la bardane, et c'est en les examinant au microscope, en découvrant que chaque épine se terminait par un crochet, qu'il avait inventé le velcro, les scratchs, ces fermetures éclair sans fermeture éclair. C'est le biomimétisme, quand la nature ingénieuse, grâce à des milliards d'années d'évolution, inspire les humains... En étudiant le vol des oiseaux, leurs ailes, Léonard de Vinci avait, dès le XVe siècle, posé les bases de l'aéronautique. Plus tard, fin XIXe, un ingénieur français, Clément Ader, faisait voler le premier avion, qui ressemblait à une chauve-souris. Le train à grande vitesse du Japon, le Shinkansen, est célèbre pour son nez, la locomotive de tête, qui s'étire comme le bec long et fin d'un oiseau, le martin-pêcheur, capable de fendre l'eau sans bruit, sans éclaboussure. Ce fut la solution trouvée face aux changements de pression à l'entrée des tunnels qui provoquaient des nuisances sonores. Le train au bec d'oiseau y a aussi gagné en vitesse et en économie d'énergie. 20 % d'énergie produite en plus aussi pour des éoliennes, grâce à leurs pâles dentelées, semblables aux nageoires des baleines à bosse, si agiles malgré leur poids. Requin, lotus et termitière Les nageurs, qui ont des palmes comme les canards, vont aussi plus vite grâce à une combinaison qui copie la peau des requins, lisse en apparence, mais munie de millions d'écailles microscopiques. Le requin mako peut ainsi dépasser les 50 kilomètres-heure. Il y a aussi l'effet lotus : les feuilles de la plante aquatique ressemblent à la peau des requins : des micro-aspérités empêchent l'eau de pénétrer ; le lotus est hydrophobe, et les gouttes qui roulent à sa surface ont une fonction autonettoyante, pour que la photosynthèse soit parfaite. Au fil de l'évolution, les êtres vivants s'adaptent à leur milieu ; la nature est un laboratoire de recherche permanent. On fabrique des vêtements chauds inspirés de la fourrure des ours polaires. La climatisation d'un immeuble d'Harare au Zimbabwe a été conçue en prenant modèle sur des termitières. Une colle superglue est composée d'une molécule présente dans la bave d'escargot. Les aiguilles, en médecine, prennent la forme de la trompe des moustiques, qui piquent sans qu'on s'en aperçoive.

    Quand la pluie réveille la sexualité

    Play Episode Listen Later Oct 18, 2025 4:28


    Les premières gouttes tombées du ciel sont un signal vital. Dans les déserts le plus souvent, des plantes et des animaux reprennent vie pour donner la vie. Quelques gouttes de pluie, et c'est la vie qui repart. À la première averse, les escargots sortent de leur coquille, où ils s'étaient mis en sommeil, parfois pendant trois ans dans certains déserts, pour attendre un taux d'humidité satisfaisant. Se terrer, s'enterrer, c'est le lot de toutes ces plantes et ces animaux accros au bulletin météo. Pour eux, la pluie est une bonne nouvelle, parce qu'elle réveille leur libido. C'est le cas pour un crapaud du désert australien, qui peut s'enterrer pendant deux ans. « Quand il pleut, ils vont sortir et se reproduire, explique Anthony Herrel, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. On connait tous le développement des têtards. Chez nous, cela prend un ou deux mois. Eux vont réduire ce cycle de vie. Le développement des têtards et leur métamorphose prennent seulement une semaine ou dix jours. Les petits vont se métamorphoser avant d'entrer dans le sable, pour attendre la prochaine pluie. » Agents dormants Quand la pluie tombe enfin, c'est une course contre la montre qui démarre, et c'est la même stratégie pour les dipneustes, des poissons « préhistoriques » dotés d'un poumon pour survivre hors de l'eau, planqués dans la boue. « Dans les périodes où l'eau n'est pas disponible, il va s'enterrer dans la boue et va créer un cocon autour de lui qui évite de perdre de l'eau. Il va attendre en état de dormance, jusqu'à ce qu'il y ait une nouvelle pluie. Il va alors sortir de son cocon et se reproduire », décrit Anthony Herrel. Des plantes aussi attendent la pluie. La rose de Jéricho se met en boule, avant de s'ouvrir et de reverdir dès les premières gouttes. Un symbole de résurrection. Comme la mousse, qui se dessèche complètement, ne respire plus, arrête la photosynthèse, en hibernation totale, et retrouve des couleurs quand la pluie revient. Il y a aussi des graines, de vrais agents dormants, enterrées dans le sable du désert d'Atacama au Chili. « C'est un désert où il y a très peu de pluie, rappelle Anthony Herrel. En revanche, au moment où la pluie arrive, le désert va se transformer complètement, avec des fleurs partout, issues de ces graines présentes dans le sol. Elles vont se reproduire dans un temps très court, et ensuite elles vont attendre que la pluie arrive. » Le cycle de la pluie est aussi celui de la vie. La question de la semaine

    Le «propre» n'est pas le propre de l'homme: ces animaux champions de la toilette

    Play Episode Listen Later Oct 11, 2025 3:20


    Stop aux idées reçues ! L'humain n'a pas le monopole de l'hygiène. Certaines espèces animales peuvent même parfois être plus propres que nous… « Sale bête ! » Qui n'a jamais juré ainsi ? Au sens propre, pourtant, un animal n'est pas si sale. Il y en a même qui battent des records de propreté. Prenez le chat. Il dort beaucoup, mais il se lèche aussi beaucoup : plus d'un tiers de son temps à faire sa toilette. Et quand Minou se lèche, ça le calme. Les rats, qui symbolisent pourtant la crasse et les maladies, sont peut-être plus propres que les chats, se lavent fréquemment et transmettent moins de maladies que nos félins adorés. S'ils font les poubelles, c'est pour se nourrir. D'ailleurs sans eux, nos rues seraient beaucoup plus sales. Propres cousins Lui aussi a une triste réputation : le cochon. Et pourtant, il est sûrement l'animal le plus propre de la ferme. S'il se roule dans la boue, c'est pour protéger sa peau sensible. Et son caca, il le fait loin de là où il dort. Les chimpanzés sont nos plus proches cousins dans le règne animal, plus propres aussi par certains égards. Une étude a montré que leurs lits étaient plus hygiéniques que les nôtres remplis de bactéries. Il est vrai que leur lit, ils le refont chaque jour. Les chimpanzés, et de nombreux singes, enlèvent aussi les parasites de leurs congénères. C'est bon pour le lien social, la cohésion du groupe.  A​u Japon, une colonie de macaques est célèbre pour prendre des bains dans un onsen, une source thermale chaude, et cela fait baisser leur taux de glucocorticoïde, l'hormone du stress. Le spa, ça détend, n'est-ce pas ? Sa propre peau Le gecko lui n'aime pas l'eau. Mais le petit lézard n'en a pas besoin : sa peau est hydrophobe, ce qui lui évite de servir de refuge aux microbes. Le raton-laveur, comme son nom l'indique, trempe dans l'eau sa nourriture avant de la manger, moins pour la laver que pour la ramollir. Chez les poissons, il y a le rémora, qui s'accroche au requin et se délecte de ses parasites. C'est du mutualisme, chacun y trouve son compte. Le dauphin, lui, n'en a pas besoin. Les parasites ont bien du mal à s'accrocher à sa peau, si lisse et si brillante, aux aspérités de l'ordre du nanomètre (1 million de millimètres...). Le propre n'est pas le propre de l'homme. La question de la semaine

    La taille des feuilles est importante

    Play Episode Listen Later Oct 4, 2025 3:19


    Pourquoi certains arbres et plantes ont-ils de grandes feuilles ? Et d'autres plus petites ? Il est ici notamment question de soleil et d'eau. Finalement, la taille, ça compte. Et ça s'explique. La dimension des feuilles des arbres et des plantes dépend d'abord de la génétique, mais l'environnement a aussi son mot à dire, l'eau et le soleil en particulier. Les feuilles des plantes tropicales, en sous-bois, sont ainsi souvent très larges. « Quand on est une plante en sous-bois, on vit dans l'ombre des grands, des géants. Il y a donc très peu de lumière qui arrive au sol. Donc, plus la feuille est grande, plus la surface de capture de la lumière est grande. Ce qui va donc permettre à cette feuille de capturer plus facilement le peu de lumière qui arrive au sol », explique la biologiste Catherine Lenne, enseignante chercheuse à l'université de Clermont-Ferrand. Ici de grandes feuilles pour pallier le manque de soleil, alors que sous climat aride, les feuilles, elles, sont plus petites, adaptées au manque d'eau. Une petite feuille, c'est moins de stomates, et donc moins de fuites. « Les stomates sont les bouches d'aération qui se trouvent sous la feuille, poursuit Catherine Lenne. Elles se ferment et s'ouvrent pour permettre à la feuille de puiser de l'air, du dioxyde de carbone ou de l'oxygène pour respirer. C'est aussi par là que l'eau de la feuille sort, sous forme de vapeur. Donc en climat sec, une petite feuille perd moins d'eau qu'une grande feuille. C'est donc moins dangereux pour l'arbre d'avoir de petites feuilles que de grandes feuilles ». Feuilles à poils Ces feuilles, en zone aride, sont aussi souvent à poils. « La feuille d'un olivier est très velue sur sa face inférieure. La feuille de chêne vert également ; elle est toute blanche en face inférieure. Ses poils vont retenir de l'air comme une fourrure. Cet air retenu par les poils n'est pas soumis au vent. Il est donc plus humide que l'air sec autour de l'arbre. La vapeur d'eau va donc moins sortir de la feuille », précise Catherine Lenne, qui travaille aussi sur la biomécanique des arbres au sein du laboratoire Piaf. Et puis il y a des feuilles encore plus petites, à tel point qu'on les appelle des aiguilles : ce sont les feuilles des conifères, des sapins, qu'on trouve surtout là où il fait froid. Ces feuilles sont vernissées, plus épaisses. « Elles sont aussi très riches en tissus lignifiés – elles deviennent dures comme du bois finalement. Ces tissus lignifiés sont des tissus morts, il y a donc finalement moins de cellules vivantes à l'intérieur de l'aiguille qui risquent de geler », détaille Catherine Lenne. Chez les végétaux, la taille des feuilles est une adaptation, pas un complexe. La question de la semaine

    Le brame du cerf, une téléréalité en forêt

    Play Episode Listen Later Sep 27, 2025 3:37


    C'est un moment exceptionnel de la nature, et ce sont des moyens exceptionnels que France Télévisions a déployé en région parisienne pour filmer la période de reproduction des cervidés 24 heures sur 24, quand le mâle devient fou d'amour. « Le brame du cerf, c'est un peu la finale de la Champions League de la nature ! Même les gens qui ne sont pas passionnés par la nature vont voir au moins une fois dans leur vie le brame du cerf », assure Pierre Singer, le président de l'Espace Rambouillet, une forêt des Yvelines, près de Paris, qui accueille pendant trois semaines le tournage d'une émission de télévision inédite en France. Produite par France Télévisions, Le Brame du cerf, calquée sur le modèle de la slow télé inventée en Scandinavie, où des millions de téléspectateurs suivent en temps réel, 24 heures sur 24, les pérégrinations des élans par exemple. Une téléréalité sans bellâtre ni cagole, mais avec des animaux. L'Espace Rambouillet, créé en 1972 par l'Office national des forêts, concentre quelque 70 cervidés sur 250 hectares, et organise chaque année des sorties pour aller entendre le raire, le célèbre cri d'amour déchirant la forêt que le cerf émet. Cette fois, plus besoin de sortir de chez soi : bien calé devant son écran, et grâce à sept caméras et micros installés à des endroits stratégiques, comme les points d'eau, on peut assister à l'un des plus saisissants spectacles de la nature : quand commence le brame, la période de reproduction des cervidés. À lire aussi«Slow TV» en France: «C'est très important de parler du cerf, mais aussi de son écosystème de plus en plus menacé» Un énorme désir Excepté l'ours, le cerf est le plus grand mammifère des forêts françaises, et c'est en ce moment, au début de l'automne, qu'il entre en action. En tout cas, il aimerait bien. « Les mâles vont tout à coup avoir une voix qui va apparaitre, pas comme on le raconte parfois de façon un peu romantique et un peu anthropomorphique pour séduire les femelles, mais plutôt pour exprimer une énorme frustration et un énorme désir. Leur taux de testostérone est multiplié par mille, la pression des vaisseaux sanguins dans les testicules est devenue considérable. Ces animaux sont en recherche de très nombreuses femelles. Il faut attendre, patiemment, et le cerf n'a pas de patience. Il va donc détruire des fougères, de petits arbres, se rouler dans la boue... Il ne mange plus, il ne boit plus, il ne dort plus. Il va perdre jusqu'à 25 % de sa masse corporelle », détaille Pierre Singer. Comportement fou Le cerf violent impressionne les humains, beaucoup moins les autres habitants de la forêt. « Ce comportement complètement fou du cerf laisse quand même beaucoup les femelles dans l'indifférence », précise Pierre Singer, comme on peut le voir sur les images. Un cri long et puissant a beau résonner dans la forêt, les biches continuent de brouter tranquillement… La période est exceptionnelle, mais la nature vit sa vie : « On voit un blaireau passer, on voit un renard se faufiler... La vie continue autour du cerf ! » Toute cette agitation du cerf n'a qu'un but, mais le clou du spectacle n'a pas été filmé. Il se révèle finalement assez décevant, comme le raconte Pierre Singer : « Le cerf est dans un tel état de pression sexuelle que les choses sont très rapides. On n'a pas pu y assister, c'est tellement rare. On dit que le cerf fait la chandelle, parce que pour s'accoupler, il va monter sur la femelle et va s'en extraire très vite, en étant presque comme un I, comme une chandelle. » Vite fait, bien fait, l'essentiel est là, pour le cerf, qui doit perpétuer son espèce ; le jeu en vaut la chandelle. La question de la semaine

    Comment des animaux apprennent à se méfier des humains

    Play Episode Listen Later Sep 20, 2025 3:24


    Éléphants, pigeons, sangliers et même chiens ont appris à se méfier de l'espèce humaine quand elle lui veut du mal. Parlez-vous l'éléphant ? Les éléphants, eux, reconnaissent les langues et dialectes humains. L'expérience a été menée au Kenya auprès de dizaines de troupeaux. On diffusait par haut-parleur des phrases du peuple des Massaï, et d'autres de l'ethnie des Kamba. Pas de changement notable de comportement avec les Kamba, pacifistes. En revanche, face aux voix des Massaï, les éléphants devenaient nerveux, avant de se regrouper, identifiant un danger, celui des Massaïs qui tuent régulièrement des pachydermes. Un éléphant se trompe rarement. À lire aussiLes barrissements des éléphants comparables à des noms pour se désigner, selon une récente étude Les pigeons, eux, gardent la mémoire des visages. C'est ce qu'ont montré deux chercheurs français. L'un, bienveillant, donnait à manger aux pigeons, alors que l'autre s'amusait à leur faire peur, à les chasser. Un mois plus tard, les deux scientifiques sont revenus. Les pigeons se sont tout de suite approchés du gentil, en évitant le méchant. La corneille, l'un des oiseaux les plus intelligents, est aussi capable de se souvenir de ceux qui leur font du mal, ou les dérangent, comme nous le racontait le biologiste Frédéric Jiguet, qui a l'habitude d'attraper des corneilles pour les baguer. « Je capture des corneilles, ici, au Jardin des plantes depuis quelques années, et des individus me reconnaissent et sonnent l'alarme auprès de leurs congénères pour signaler que le méchant monsieur est là, témoigne le chercheur au Museum national d'histoire naturelle. En 2020, on a eu un confinement assez long, je suis revenu début juin, avec un masque. J'étais à peine entré dans le jardin qu'une corneille donnait l'alerte à toutes les autres en disant : "Cette personne est là, elle est revenue !" » Il y a aussi le cas des Bernaches, des oies migratrices, qui comprennent très bien le sens d'un coup de fusil. On s'est aperçu qu'elles avaient appris à contourner les zones de chasse. C'est aussi pour éviter de croiser des humains que des mammifères sont devenus nocturnes, comme les cerfs, les sangliers. Un apprentissage collectif. Mais quand la chasse est interdite, on les voit plus souvent le jour. On termine avec une histoire de pizza et de chien, « le meilleur ami de l'homme ». Un chien agressif en présence de certains humains, mais pas tous, sans qu'on sache pourquoi. Jusqu'à ce qu'on comprenne que chaque personne à ses yeux indésirables venait de manger de la pizza. Les chiens sentent très bien les odeurs, et pas seulement celle de la mozzarella : leur odorat est 40 fois plus développé que le nôtre. Mais pourquoi une telle phobie de la pizza chez ce chien ? C'est un traumatisme lié à l'enfance ; le jeune chiot avait reçu un coup de pied d'un livreur de pizza. Et depuis, il associait l'odeur de la pizza à un danger. La question de la semaine

    L'aposématisme, des couleurs pour faire peur

    Play Episode Listen Later Sep 13, 2025 2:40


    Des animaux affichent parfois des couleurs éclatantes dans la nature : un signal d'avertissement destiné aux prédateurs, pour les prévenir qu'ils sont toxiques ou venimeux. (Rediffusion) Il y a dans la nature, des animaux qui se cachent, se camouflent, pour éviter d'être mangés. Et puis il y a, au contraire, ceux qui affichent clairement la couleur. Rouge, orange ou jaune, souvent associé au noir. « Ce sont les couleurs les mieux perçues par les prédateurs, explique Romain Nattier, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Si on regarde autour de nous, on a un environnement majoritairement dominé par du vert, du marron. Et donc ces couleurs-là, repérables par les prédateurs, tranchent avec leur environnement. L'objectif, c'est vraiment d'être vu, de faire un signe aux prédateurs pour dire : "Je suis là, tu me vois, mais tu ne vas pas me manger, car tu sais que je suis toxique". » À lire aussiPapillons, abeilles...: des insectes chargés d'électricité Les couleurs éclatantes du papillon monarque annoncent sa toxicité, les bandes jaunes et noires du frelon son venin. Mais comment le prédateur sait-il cela ?  « Il mange un certain insecte, il le recrache. Si cet insecte-là dispose de protections chimiques, il le recrache et il apprend petit à petit à associer ce patron de coloration dans la nature à une certaine toxicité. C'est en fait ce que nous faisons, nous, humains, surtout les enfants. Ils arrivent à attraper une guêpe ou une abeille une première fois... Ils se font piquer, et ils arrivent ensuite à associer assez naturellement un bruit ou un patron de coloration à un certain danger, et après, ils ne le font plus ! », sourit Romain Nattier. Gagnant-gagnant Faire peur avec des couleurs, c'est donc ce qu'on appelle l'aposématisme - qui peut aussi prendre parfois la forme d'un signal olfactif -, un phénomène particulièrement répandu chez les proies les plus nombreuses dans le monde animal, les amphibiens (salamandres, grenouilles) et les insectes (guêpes ou coccinelles). L'aposématisme, c'est gagnant-gagnant : pour la proie, qui n'est plus une proie, et pour le prédateur, qui évite ainsi un mauvais repas. À tel point que certaines proies, pas du tout toxiques ou venimeuses, se sont mises à tricher ! « Elles ne sont absolument pas venimeuses ou toxiques et miment une autre espèce qui l'est. Par exemple, ce qu'on appelle les mouches à miel, les syrphes, des mouches qui présentent des patrons de coloration vraiment similaires aux guêpes. Mais ce sont des mouches qui ne piquent pas ! », raconte Romain Nattier. Autre exemple fameux : le serpent faux corail, non venimeux, qui imite les bandes orange et noir du serpent corail. Et ça, c'est grâce à la sélection naturelle. « L'individu qui, par hasard, présente un certain patron de coloration associé à une certaine toxicité se fait moins manger par ses prédateurs, et donc petit à petit, en fait, ces populations-là arrivent à se reproduire davantage, et donc à reproduire ce trait-là, qui est ensuite fixé dans l'espèce », détaille Romain Nattier. Dans la nature, tous les moyens sont bons pour sauver sa peau. La question de la semaine

    Le parfum, la technique de drague des fleurs

    Play Episode Listen Later Sep 6, 2025 3:17


    Petite balade olfactive pour sentir les fleurs. Leurs odeurs parfois surprenantes, destinées à attirer les pollinisateurs. (rediffusion) « Essayez de vous rapprocher de quelques branches en fleurs », nous invite-t-on. On se penche et on fourre son nez partout, pour une promenade odorante organisée pour un petit groupe dans les jardins de l'École du Breuil, à Paris, par Giulio Giorgi, auteur de Botanique olfactive (éditions Nez). Une invitation à « sentir la nature ». Mais pourquoi les fleurs ont un parfum ? C'est leur technique de drague. « L'une des plus grandes différences entre les végétaux et les animaux, c'est que les plantes à fleurs ne vont pas draguer leurs semblables, souligne Giulio Giorgi. Elles ne vont pas draguer d'autres plantes comme nous le ferions en draguant un autre humain. En fait, elles draguent des intermédiaires, des pollinisateurs. Tout ça est quand même magique ! Ça veut dire qu'elles développent un langage commun, et ce langage est bien l'odeur. » Le petit groupe chemine parmi les plantes et les arbustes fleuris en ce début de printemps parisien et ensoleillé. « Vous avez tous senti cette plante ?, demande Giulio Giorgi devant un berbéris, un arbuste muni d'épines et de grappes de petites fleurs jaunes. Elle est très particulière ! Je ne sais pas ce que vous en pensez… » « Moi, je sentais l'eau de javel ! », répond une des participantes. « J'ai l'impression que le monde est divisé en deux par le berbéris, remarque Giulio Giorgi. Il y en a qui le sentent et qui le trouvent très agréable, et il y en a qui détestent parce que ça leur rappelle des émanations humaines qui commencent par "S". » Des rires s'élèvent parmi les visiteurs. « Ne soyez pas dégoûtés, parce que ce sont des odeurs faites pour attirer les pollinisateurs. Pas mal d'espèces dans le genre Berbéris ont des odeurs spermatiques. » Des parfums et des goûts Le soleil réveille et sublime les molécules olfactives. Certaines plantes, pourtant, ne sentent que le soir, comme le jasmin de nuit, qu'on appelle aussi galant de nuit. « C'est une fleur qui sent à partir du coucher de soleil, explique l'écologue et paysagiste. Pourquoi ? Parce que ses pollinisateurs sont des papillons de nuit. Puisque dégager des molécules olfactives demande une énergie à la plante, elle va optimiser ça. Elle va dire : "Je ne vais pas le faire pendant la journée, je le fais pendant la nuit". »  Le nez repoudré par le pollen des fleurs, on poursuit la balade, au gré des fleurs que l'on rencontre et dont on essaie de deviner le parfum : une odeur de miel ici, une autre de cannabis là (mais il n'y pas de cannabis qui pousse à l'École du Breuil !)... On s'arrête devant un magnolia aux immenses fleurs blanches, très parfumées. Et quand ça sent, il y a parfois aussi du goût : « Les pétales de magnolia sont comestibles. Et ils ont un goût exceptionnel. Quand vous les mangez, vous avez l'impression de croquer dans une endive qui a été trempée dans une sauce au gingembre. » L'odorat des abeilles On entend le chant des oiseaux. Les insectes aussi sont de la partie. « On voit qu'il y a des abeilles qui sont au travail ! Ce que nous, on sent, ce n'est pas ce que les pollinisateurs sentent. Les abeilles n'ont pas une très bonne vue, mais ont un odorat excellentissime, bien meilleur que le nôtre. Il m'arrive régulièrement de voir un arbre ou une plante qui est bourré d'abeilles et qui ne sent rien », raconte Giulio Giorgi. Dans les villes, l'odorat des humains est particulièrement en difficulté. À cause de la pollution, les parfums se font rares – à part celui des gaz d'échappement. « Les particules fines ont une propriété absorbante vis-à-vis des odeurs végétales. On va donc moins sentir les parfums des arbustes parce qu'ils sont beaucoup plus absorbés par la pollution », explique l'auteur de Botanique olfactive, un très joli guide illustré pour « sentir la nature au fil des saisons », commenté par des parfumeurs. C'est la fin de la balade. On en a plein le nez et on a pris son pied. La question de la semaine

    L'autruche, un oiseau d'Afrique qui ne sait pas voler, mais qui a d'autres qualités

    Play Episode Listen Later Aug 30, 2025 2:42


    L'oiseau le plus grand sur Terre est incapable de s'arracher à la terre. Un handicap compensé par une vitesse de pointe, au sol, exceptionnelle. (Rediffusion du 23 février 2025) C'est l'oiseau de tous les superlatifs. L'autruche, qu'on ne rencontre qu'en Afrique, est l'oiseau le plus grand au monde, 2,50 m environ pour le mâle. L'oiseau le plus lourd, jusqu'à 150 kg. C'est enfin l'oiseau le plus rapide, au sol : une autruche peut courir pendant une demi-heure, pour échapper aux prédateurs de la savane africaine, avec des pointes à 70 km/h. Mais on ne peut pas avoir toutes les qualités. L'autruche ne sait pas voler – c'est d'ailleurs le cas de quelque 80 espèces d'oiseaux sur Terre qui restent sur terre. C'est d'abord une question de poids. Et puis l'autruche, à la différence des oiseaux volants, ne possède pas de bréchet, au niveau du sternum, un os où sont rattachés les muscles des ailes.  À lire aussiLes derniers secrets des oiseaux migrateurs De gros œufs, de gros yeux Mais cela n'a pas toujours été le cas. L'ancêtre de l'autruche, au moment des dinosaures, savait voler. Une capacité qu'il a perdue en l'absence de prédateur, après l'extinction des dinosaures et avant que les mammifères deviennent les maîtres de la prédation. L'abandon du vol a permis à l'autruche de muscler ses pattes, lui donnant la force de pouvoir assommer un lion qui s'approcherait un peu trop près. L'autruche est aussi un oiseau qui pond les œufs les plus gros parmi tous les oiseaux : 1,5 kg, l'équivalent d'une vingtaine d'œufs de poule. L'autruche possède enfin les yeux les plus gros de tous les vertébrés : 5 cm de diamètre, des yeux plus grands que ceux de l'éléphant. L'autruche a ainsi des yeux plus gros que son cerveau. Mais n'en tirez aucune conclusion !   À lire aussiÀ quoi rêvent les oiseaux ?

    «Le Chêne», le vivre-ensemble dans la nature

    Play Episode Listen Later Aug 23, 2025 2:36


    Le festival Ciné-Jardin, jeudi 28 août à Paris, projette en plein air le film Le Chêne et ses habitants, de Laurent Charbonnier et Michel Seydoux. Une fiction tournée avec des acteurs non-professionnels : tous les animaux qui vivent grâce à un chêne de la campagne française. Un film sorti au cinéma il y a deux ans et demi. Rediffusion du 27 février 2022 « Ce sont tous des bons acteurs ! Je trouve que les mulots sont formidables, les geais sont assez bons aussi, ils se démerdent, très très forts, ils transmettent des émotions... » Le producteur et réalisateur Michel Seydoux est fier de ses acteurs, à poils et à plumes, des personnages principaux comme des seconds rôles, qui gravitent autour de ce chêne, un arbre de 110 ans, filmé sous toutes ses branches, dans la forêt de Chambord, par le cinéaste animalier Laurent Charbonnier.  Quatorze mois de tournage au fil des saisons, du printemps au printemps, 350 heures d'images et 44 semaines de montage pour aboutir à un petit bijou naturaliste : Le Chêne et ses habitants, un film de près de 1h30, sorti en France mercredi 23 février 2022, où tous les acteurs tiennent leur propre rôle. Nature foisonnante  Le tournage avait commencé avec le premier confinement anti-Covid de mars 2020. « Il n'y avait plus un avion dans le ciel, plus un bûcheron avec une tronçonneuse, se souvient Michel Seydoux. Il n'y avait plus de promeneurs, il n'y avait plus rien, il n'y avait plus de chasse, plus d'élément perturbateur, et donc tout d'un coup les animaux étaient tous ensemble autour de l'arbre. » Ce qui donne des scènes exceptionnelles et presque surréelles où sur un même plan apparaissent par exemple un héron, un chevreuil, des sangliers... Une nature idéale et foisonnante. « Il y a des scènes qu'on n'a pas osé monter, ça faisait “manifestation pour le pouvoir des animaux”, tellement il y avait d'espèces ! Des rouges-gorges qui viennent dans les pattes des chevreuils, ce sont des choses qu'on ne voit pas souvent. » L'arbre de Noé  Le chêne est le héros du Chêne, un « arbre de Noé », comme Laurent Charbonnier avait intitulé le projet originel, planté au cœur de cet écosystème. Le chêne est d'abord un hôte qui accueille et abrite de nombreuses espèces : l'écureuil, qui y a construit sa maison de branches et de brindilles au plus haut. La chouette effraie, qui dort dans un trou du tronc. Les mulots qui ont construit leur terrier sous ses racines... C'est aussi, et surtout, un chêne nourricier ; tout le monde s'arrache ses fruits ! Le gland est un personnage en soi. « Quand on a travaillé sur le scénario, on a fait le listing de tous les animaux pour qui le gland avait de l'importance, raconte Michel Seydoux. Les cervidés qui les mangent, ou les mulots qui les transportent et qui les mettent dans leur terrier comme réserve pour l'hiver, les geais qui vont les planter - au moment de l'époque glaciaire, la forêt avançait de près de 500 mètres par an grâce aux geais et aux écureuils qui les transportaient. » Au cœur d'un écosystème  Les glands servent aussi de nurserie pour le balanin, un insecte doté d'une longue trompe courbée : la femelle perce le gland et y pond, pour que la larve s'en nourrisse. Dans Le Chêne, il y a des scènes de sexe, de tendresse, une course poursuite… C'est la vie animale dans un superbe film qui célèbre le vivre-ensemble dans la nature. Où tout se tient. « Vous avez un écosystème autour d'un arbre, vous avez des espèces qui sont indépendantes ; si vous cassez ce système-là, tout disparaît. Donc c'est le savoir-vivre ensemble, l'indispensabilité des uns par rapport aux autres. Alors évidemment de temps en temps, il y en a quelques-uns qui se font bouffer, c'est la vie ! Mais ce qui me donne beaucoup d'espoir, conclut Michel Seydoux, c'est que les gens peuvent, avec leur culture, dans chaque endroit, comprendre l'importance de protéger cette formidable biodiversité. »   À lire aussiPando, l'arbre forêt

    Ça devient chaud pour la biodiversité marine

    Play Episode Listen Later Aug 16, 2025 2:41


    La mer Méditerranée est en surchauffe. La canicule qui touche la quasi-totalité de la France en cet été 2025 entraîne une canicule marine. Un phénomène de plus en plus récurrent, partout sur la planète. Ce qui n'est pas sans conséquence pour les plantes et les animaux marins, en particulier les coraux. (Rediffusion du 11 juin 2023)  « Elle est bonne ? » Oui, et même un peu trop. La température de la mer Méditerranée pourrait atteindre ce week-end les 30 degrés, alors qu'une canicule frappe la quasi-totalité de la France depuis une semaine. Le record de 2003 pourrait ainsi être dépassé. Une eau plus chaude, c'est peut-être un rêve d'humains, mais ça peut tourner au cauchemar pour la biodiversité marine. Une première conséquence pour les animaux qui peuplent les mers et les océans a déjà été observée depuis plusieurs années, dans l'hémisphère nord comme dans l'hémisphère sud : des formes de migrations climatiques. Des espèces marines montent vers le nord ou descendent vers le sud pour y trouver une eau plus fraîche. À l'inverse, en Méditerranée, on a assisté « via le canal de Suez, à l'arrivée d'espèces vivant initialement dans la mer Rouge, relève Serge Planes, directeur de recherche au CNRS. Il y a donc forcément une compétition : les espèces autochtones de Méditerranée se retrouvent à devoir partager de la ressource avec ces nouvelles espèces ». Un réchauffement de taille Le réchauffement climatique, et donc le réchauffement de l'eau des mers et des océans, peut même influer sur la taille de certains poissons. Selon une étude de l'Ifremer, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, les sardines ont perdu en moyenne 4 centimètres en 10 ans, parce que la quantité disponible de microalgues, leur nourriture, est en baisse. Mais les premières victimes des canicules marines sont les récifs coralliens, une espèce « structurante » : un tiers des espèces marines de la planète en dépendent. L'eau y est peu profonde et se réchauffe encore plus vite. Les coraux blanchissent, et risquent la mort, avec la disparition de la zooxanthelle. « Cette petite algue unicellulaire en symbiose avec le corail fournit au corail ce qu'on appelle les chaînes carbonées : en gros le sucre, l'énergie dont le corail a besoin », explique Serge Planes, spécialiste des récifs coralliens en Polynésie française. Le réchauffement de l'eau entraîne la disparition de la zooxanthelle « et le corail va se retrouver presque sans aucun partenaire pour lui produire de l'énergie. Vous allez alors avoir un corail affamé, qui va, entre guillemets, "mourir de faim", tout simplement par manque de sucre, ce qui entraîne des morts cellulaires et la mort de la colonie ». De l'espoir pour les coraux Quand les canicules marines se prolongent, le taux de mortalité des coraux dépasse les 50 %, « jusqu'à 70 % », selon, Serge Planes, par ailleurs directeur scientifique de la mission Tara dans le Pacifique, pour qui tout n'est pas perdu. « On ne va changer drastiquement les émissions de CO2, et on ne va donc pas changer drastiquement le réchauffement qu'on observe. En revanche, dans les dix ans à venir, on peut changer certains comportements qui sont tous les autres stress que subissent les coraux : les stress liés aux pollutions, les stress liés à la transformation des bassins versants et l'apport de sédiments... Je pense que c'est sur cela qu'il faut jouer pour, finalement, ne laisser les récifs coralliens devant qu'un seul stress, le stress climatique. Et on pourrait là faire gagner en résilience ces récifs coralliens et leur permettre de passer finalement les caps à venir de canicules marines ». L'espèce humaine a encore les moyens de limiter les dégâts qu'elle a provoqués - tant qu'il y a de l'espoir, il y a de la vie !

    La cigogne et la canette de Coca

    Play Episode Listen Later Aug 9, 2025 2:39


    La mésaventure d'une cigogne, le bec coincé dans une canette en aluminium de Coca-Cola, dans l'est de la France, illustre une nouvelle fois les dangers de la pollution et des déchets humains pour la biodiversité. (Rediffusion du 25/06/2023) C'est une histoire qui a failli bien se terminer, l'histoire de la cigogne et de la canette de Coca. Un agriculteur, Paul Bubba, avait aperçu l'échassier dans un champ près de Vesoul, dans l'est de la France, son long bec coincé dans une canette, avant qu'elle ne s'envole. Mobilisation générale pour retrouver et sauver l'animal. Ce qui fut fait, grâce à un avis de recherche lancé par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Une classe d'enfants, en sortie scolaire, l'a aperçue quelques jours après, bien plus loin, et la cigogne, affaiblie, a pu enfin être secourue. « Ça faisait à peu près 15 jours qu'elle avait cette canette dans le bec. On était presque au maximum de la survie de l'oiseau, précise Bernard Marchiset, le président de la LPO Bourgogne Franche-Comté. On était un peu surpris, d'ailleurs, qu'elle ait pu faire 150 km pour aller dans la Saône-et-Loire depuis Vesoul. C'est impressionnant, la résistance de cet oiseau ! » Mais la cigogne, incapable de boire et de manger pendant autant de temps, avait perdu la moitié de son poids, et deux jours après, elle est morte, en centre de soin, victime de la pollution humaine. « Bêtise humaine » Pourquoi la cigogne a-t-elle donc plongé son bec dans une canette en aluminium ? « Beaucoup de canettes contiennent du sucre, qui attire des insectes, et la cigogne a très certainement voulu attraper des insectes à l'intérieur de la canette », explique le président de la LPO Bourgogne Franche-Comté, qui témoigne que « beaucoup de personnes ont été touchées par la bêtise humaine de quelqu'un qui a jeté une canette dans la nature sans penser aux conséquences qu'il pourrait y avoir sur le vivant et la biodiversité. » L'aluminium met une centaine d'années à se dégrader dans la nature… C'est quatre fois plus pour le plastique qui provoque de nombreux dégâts chez les oiseaux. « On a des milans qui ont niché il y a trois ou quatre ans à côté du lac, ici, près de Vesoul. Ils avaient tapissé leur nid de sacs plastiques. C'étaient des nids tout bleus, raconte Bernard Marchiset. Là, il n'y a pas de problèmes vis-à-vis de l'oiseau, mais il y a tous ceux qui ingèrent des plastiques. L'océan est une véritable poubelle et on a beaucoup d'exemples chez les oiseaux d'eau qui ingèrent des bouts de plastiques et qui en meurent. » Océans de plastique Des millions de tonnes de plastique se retrouvent chaque année dans les océans. En 2050, il pourrait y avoir en mer plus de plastique que de poissons. Selon l'Unesco, 1 million d'oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année dans le monde à cause de la pollution plastique. Des tortues aussi, qui confondent les sacs plastiques avec les méduses. Sans parler des poissons, qui ingèrent le microplastique et qui se retrouvent dans votre assiette – n'en jetez plus ! À écouter aussiMonsieur Chang, héros mal payé de la collecte de déchets à Pékin

    Pando, l'arbre forêt

    Play Episode Listen Later Aug 2, 2025 3:17


    Le plus vieil arbre au monde, et l'un des plus grands êtres vivants de la planète, pousse aux États-Unis. Un peuplier faux-tremble qui se développe depuis 80 000 ans par reproduction végétative. (1ʳᵉ diffusion le 1/12/2024) Un grondement, des craquements… C'est un son qu'on n'avait jamais entendu : les vibrations des racines et des millions de feuilles d'un arbre, enregistrées par l'artiste américain Jeff Rice, grâce à un micro posé dans la terre, sur une racine. Et ce n'est pas n'importe quel arbre : Pando, le nom qu'on a donné à un peuplier faux-tremble qui pousse dans l'Utah, aux États-Unis. Un arbre qui est aussi une forêt. Une colonie de clones Plus de 40 000 troncs émergent sur 43 hectares, tous issus d'un seul arbre, grâce à la reproduction végétative, quand l'arbre produit ses propres clones par drageonnage. « La plante peut émettre, à partir des racines, des prolongations qui émergent du sol et font une nouvelle plante, tout à fait similaire aux précédentes, puisque c'est le même patrimoine génétique, explique André-Jean Guérin, le coauteur d'un livre dont Pando est le narrateur, Des forêts, des arbres et des hommes (éditions EDP sciences). C'est comme cela qu'un individu comme Pando peut arriver à démultiplier le nombre de ses représentants, en quelque sorte. Chacun des arbres, en réalité, ne vit pas forcément très longtemps, 100 ou 150 ans maximum. Mais au total, cette colonie dure, paraît-il, depuis 80 000 ans. » À lire aussiCOP16: ce que la biodiversité (r)apporte à l'humanité Menacé par les cervidés Pando est ainsi le plus vieil arbre au monde. Mais pas forcément immortel, menacé par l'affluence des touristes, qui piétinent le sol et empêchent l'émergence de nouveaux drageons. Menacé surtout par des prédateurs. « Les grands mammifères herbivores sauvages boulottent les jeunes troncs de Pando, parce que les grands prédateurs carnivores ont été écartés de sa proximité. Lorsque Pando était plus jeune, il y avait encore des tigres à dents de sabre, un redoutable prédateur carnivore qui faisait fuir les cerfs, les rennes et les autres animaux qui pouvaient s'en prendre aux jeunes pousses de Pando, raconte André-Jean Guérin. Aujourd'hui, ils n'y sont plus, donc les avis autorisés qui ont étudié Pando considèrent qu'il est plutôt sous la menace et plutôt dans une phase de fin de vie. Mais ça peut durer encore des milliers d'années, bien plus que nous ! » Contrairement, à nous, humains, Pando n'a besoin de personne pour se reproduire.

    Des oiseaux, des renards et des avions (rediffusion)

    Play Episode Listen Later Jul 26, 2025 3:14


    L'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle accueille en moyenne 250 000 avions par an et plus de 530 espèces de plantes et d'animaux. Reportage près des pistes du plus grand aéroport de France, à la rencontre d'une biodiversité parfois inattendue. (rediffusion du 25 septembre 2024) Un gros oiseau de fer passe presque au-dessus de nos têtes. C'est un avion d'Air France, à 100 mètres du sol, tout près d'atterrir à l'aéroport de Roissy, Paris-Charles-de-Gaulle (CDG), au nord de Paris, dans un vacarme assourdissant. On ne s'entend plus, à 300 mètres à peine de la piste. Mais quelques secondes plus tard, le silence (toute proportion gardée) est là, et c'est un autre oiseau qu'on entend. « C'est un pic-vert qui rigole comme ça, note Nicolas Croizé, ornithologue pour AéroBiodiversité, une association qui défend et recense la biodiversité dans les aéroports français. On peut entendre comme maintenant des moments d'accalmie où les oiseaux vont être capables de chanter, et donc de s'identifier, de retrouver leurs jeunes, de former des couples... S'ils sont ici, c'est qu'ils s'y sont adaptés et qu'ils y sont bien. » Les aéroports, d'où décollent et où atterrissent les avions émetteurs de 3% des émissions mondiales de CO2, le principal gaz à effet de serre responsable de la crise climatique, peuvent paradoxalement abriter une riche biodiversité. À CDG, on a déjà compté plus de 530 espèces végétales et animales, et donc pas mal d'oiseaux. « Je crois qu'en face il y a l'épervier », qui s'est envolé quand on l'a regardé. Autour de nous, en contrebas de la piste, de la prairie, des plantes, des arbres, et un immense bassin récupérateur des eaux de pluie qui tombent sur le tarmac. En ce matin de septembre, le niveau de l'eau est au plus bas, sécheresse oblige. Mais au loin, quelques canards barbotent. « Là-bas, près de la berge, ce sont principalement des canards colvert, décrit Nicolas Croizé. Au milieu, beaucoup plus petits, ce sont des grèbes castagneux, ce sont ceux qu'on voit plonger. » « Ah, on a eu une nidification de l'autre côté », lui répond Emmanuel Vesval, référent environnement à l'aéroport de Roissy. Nids d'oiseaux Plusieurs nids de différentes espèces d'oiseaux ont été observés depuis le printemps. « Qu'il y ait de la reproduction, c'est intéressant, souligne Nicolas Croizé. Ça veut dire que les oiseaux ne sont pas seulement de passage et qu'ils vont y passer toute la saison, donc qu'il y a de quoi s'alimenter, de quoi se reposer, de quoi faire un nid. » « Quand vous voyez des cigognes, ça peut surprendre ! Comme on a une partie humide, avec de l'eau, au niveau migratoire on peut avoir beaucoup d'oiseaux qui viennent entre novembre et février », précise de son côté Emmanuel Vesval. Les naturalistes d'AéroBiodiversité effectuent des visites régulières dans des zones où on ne pénètre que sur autorisation spéciale. « On se déplace trois fois par an sur les aéroports, explique Nicolas Croizé. On vient en avril, en juin et en septembre. Le but de notre venue, c'est de faire l'inventaire de toutes les espèces qu'on va pouvoir retrouver sur la plateforme. » Ils sont les bienvenus. Au conseil d'administration d'AéroBiodiversité siègent les patrons des aéroports parisiens, soucieux de présenter une autre image que celle véhiculée par les plateformes aéroportuaires : pollution, nuisances sonores... « Sur les 3 800 hectares de plateforme à Roissy, on a quand même 1 200 hectares de prairies aéronautiques, assure Emmanuel Vesval. On ne peut pas dire qu'elles sont polluées puisqu'on a beaucoup d'espèces qui y vivent. On a une biodiversité qui est tout de même assez impressionnante. » Un renard en bord de piste On est descendu un peu plus bas encore. Un petit ruisseau coule au milieu de saules. Les oiseaux reprennent leur chant dès qu'un avion est passé. Oiseaux et avions ne font pourtant pas bon ménage. « Ce qui va poser problème, c'est surtout la quantité, le nombre d'oiseaux qui vont se retrouver au même moment au même endroit, explique Meriem Methlouti, chargée d'études naturalistes pour AéroBiodiversité. Et c'est pour cela que les effaroucheurs essaient de les éloigner quand un avion s'approche de la piste. Sur certains aéroports, des rapaces sont dressés, mais pas à Charles-de-Gaulle. » « En général, ce sont des gens, formés, avec des véhicules, qui émettent des sons d'oiseaux, par exemple, ou qui tirent au fusil en l'air, pour que les oiseaux s'envolent de la piste. C'est à la fois pour éviter les accidents avec les avions, mais aussi pour limiter l'impact des avions sur les oiseaux, pour éviter qu'ils tuent des oiseaux lors de collision », complète Nicolas Croizé. Mais il n'y a pas que des oiseaux à CDG. On peut aussi croiser des mammifères, des lapins par exemple, que le voyageur, à travers le hublot, aperçoit parfois gambader dans la prairie que longe la piste, indifférent au bruit effrayant de l'avion. « On n'en voit pas autant qu'il y a des années, relève pourtant Emmanuel Vesval. On a l'impression que ça se régule tout seul, parce qu'on n'a pas de maladies, on n'a pas de tout ça...» Le régulateur justement, on l'a aperçu ce matin. Une patrouille de gendarmes en voiture s'arrête à notre hauteur. « Vous avez vu du renard aujourd'hui ?, leur demande Emmanuel Vesval. J'ai vu l'effaroucheur côté sud, apparemment, ils annonçaient un renard en bord de piste. » Une salade et une infusion La promenade se prolonge jusqu'à l'extrémité est de la plateforme aéroportuaire et prend des airs bucoliques. Le chant d'une bergeronnette grise. Le cri de corneilles. Des orties. Des baies d'églantiers, si rouges en cette veille d'automne. « C'est le gratte-cul ! C'est le poil à gratter !, rigole Meriem Methlouti, botaniste. On les mange en confiture. On a trouvé de la verveine et de la camomille, on peut se faire une petite infusion. Là il y a de la tomate sauvage, la morelle, et puis il y a de la mâche, du panais, de la carotte...» « On pourrait presque faire une salade au niveau de la plateforme, avec tout ce qu'on a en plantes ! », conclut dans un sourire Emmanuel Vesval. On entend encore un avion atterrir. On ne les compte plus. On se croirait presque à la campagne.

    Migrations du vivant: les plantes voyagent aussi (rediffusion)

    Play Episode Listen Later Jul 19, 2025 4:38


    Il n'y a pas que des oiseaux ou des poissons migrateurs. Une exposition du Jardin botanique de Bordeaux présente les stratégies employées par les végétaux pour aller se reproduire ailleurs. (rediffusion du 22 décembre 2024) Vous n'allez plus regarder vos chaussures de la même manière. L'exposition « Migrations du Vivant », consacrée aux migrations végétales au Jardin botanique de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France (alors que les migrations animales font l'objet d'une autre exposition au Muséum de Bordeaux, jusqu'au 9 novembre 2025), commence avec l'expérience réalisée par l'artiste-essayiste Gérard Hauray, intitulée Leçons de chausses. Il a collecté, chez des voyageurs, les graines et les spores accrochées à leurs semelles. Il les a plantées et elles ont poussé dans de petites jardinières exposées dans la serre. « Ça prend en quelques mois : des tapis bactériens, ensuite des algues, des mousses, et puis petit à petit, avec les années, on peut voir apparaître carrément des plantes, détaille Mélissa Portes, chargée de projets muséographiques. Ces micro-paysages sont le témoignage de choses qui ont voyagé sous les pieds des gens. » À la base, pourtant, et c'est ce qui les différencie des animaux, les plantes sont immobiles, le pied dans la terre. « Elles sont de souche, comme on dit souvent, sourit Mélissa Portes. Mais sans migration, sans mouvement, il n'y a pas de vie. » Et la vie des plantes, sur Terre, a commencé par une migration. « Les plantes, à l'origine, étaient aquatiques, et sont sorties progressivement. Ici, on a Cooksonia, l'une des premières plantes terrestres vascularisées, qui fait partie des ancêtres des plantes terrestres qui sont sorties de l'eau. » Une explosion à 250 km/h La migration des plantes est une histoire de reproduction. Il s'agit d'aller planter sa graine ailleurs. On poursuit la visite avec Mélissa Portes, devant le fruit d'un arbre bombardier : « Lorsque le fruit arrive à maturité, la pression grandit jusqu'à ce qu'elle devienne trop forte et que le fruit explose. L'arbre bombardier peut projeter ses graines à 250 km/h et jusqu'à 30 à 45 mètres environ. » Mais d'autres plantes voyagent encore plus loin, grâce aux animaux — comme la bardane, dont les graines s'accrochent à la laine des moutons, et qui a permis l'invention du velcro. Et même beaucoup plus loin grâce à l'eau — les noix de coco ou les sargasses peuvent voyager sur des milliers de kilomètres. Ou encore grâce au vent. « Pour le pollen du pin, ça peut être plusieurs centaines de kilomètres, et d'ailleurs, sur le pollen du pin maritime, on peut observer deux ballonnets, remplis d'air, qui permettent de s'envoler plus facilement encore. » Plantes xénophobes D'autres ont des migrations plus modestes, mais quotidiennes. C'est le cas du phytoplancton, dans la mer, pour rechercher la lumière. « On a des algues unicellulaires qui vont être capables de migrations journalières, en lien avec la lumière. Elles descendent dans la colonne d'eau quand il fait nuit et remontent quand il fait jour pour effectuer la photosynthèse. » Mais face aux migrations, il y a des comportements xénophobes. « La conquête d'un milieu, c'est prendre la place, et il ne faut pas que les autres viennent à côté, souligne Mélissa Portes. C'est le cas de la piloselle. Par ses racines, elle va dégager des toxines qui empêchent les autres plantes d'approcher. » Parfois les plantes ressemblent à des humains... À lire dans C'est dans ta natureAutant en emporte le vent

    La patate donne la frite partout dans le monde

    Play Episode Listen Later Jul 12, 2025 2:47


    La pomme de terre est le produit de la terre le plus consommé par l'humanité – en dehors des céréales – et classée pilier de la sécurité alimentaire mondiale. Récit d'une conquête planétaire partie d'Amérique du Sud. (Rediffusion du 20/10/2024) C'est l'histoire d'une success story planétaire. La pomme de terre, ou la patate, est aujourd'hui, hormis les céréales – le riz ou le blé –, le produit de la terre le plus consommé sur Terre. « Tout le monde aime la pomme de terre ! », souligne la journaliste Marie-Laure Fréchet, qui lui a consacré un ouvrage, Le Grand livre des patates (éditions Flammarion). Solanum tuberosum n'a pratiquement que des avantages, à tel point que l'agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) considère la pomme de terre comme un pilier de la sécurité alimentaire mondiale.« Quand on maîtrise sa culture, c'est très productif, peu onéreux. On peut la produire sous différents climats. C'est une culture relativement facile, qui se conserve, et ça aussi, c'est important, relève Marie-Laure Fréchet. C'est une source de glucide, un féculent, indispensable à l'alimentation. On mange moins de pain, mais on mange un peu plus de pomme de terre. » La patate n'est pas une pomme Chaque année, 375 millions de tonnes de patates sont cultivées dans quelque 150 pays. Mais cela n'a pas toujours été le cas pour une plante domestiquée dans les Andes, en Amérique du Sud, il y a approximativement 12 000 ans. Les conquistadors espagnols la ramènent en Europe au XVIe siècle, comme la tomate, de la même famille que la patate. Mais elle a du mal à s'imposer. « Contrairement au cacao, par exemple, à d'autres produits exotiques qui ont pu être ramenés, on ne sait pas trop quoi faire de la pomme de terre, raconte Marie-Laure Fréchet. On lui trouve toutes sortes de défauts. Bien moins savoureuse qu'aujourd'hui, elle était sans doute assez amère. Et surtout, on se méfiait de ce qui venait de la terre. On ne savait pas trop ce que c'était et c'est pour ça qu'on l'a appelée pomme de terre. Mais la pomme de terre n'est pas une pomme, elle n'est pas un fruit. » La patate, en effet, ne pousse pas dans les arbres, mais bien dans la terre ; c'est un tubercule, et du point de vue de la botanique, c'est bien un légume. La conquête mondiale de la pomme de terre commence par l'Espagne donc, l'Europe du Sud, mais aussi l'Allemagne : « Il y a même eu un édit d'un empereur de Prusse pour obliger les Allemands à cultiver chacun un petit lopin de pomme de terre. » Mais en France, pendant longtemps, la patate nourrissait seulement les cochons. Frites françaises La France, depuis, s'est rattrapée : elle est le premier pays exportateur au monde, et aussi le troisième pays d'Europe en termes de consommation, derrière l'Allemagne et la Pologne. Et c'est à Paris qu'on a inventé les frites, il y a plus de 200 ans. « La frite a fait beaucoup pour la promotion de la pomme de terre, parce qu'elle sublime son goût », estime Marie-Laure Fréchet, Grande Huile de la Confrérie de la frite fraîche maison. « Dans la région des Hauts-de-France, on est en train d'implanter de nombreuses usines de frites pour exporter des frites surgelées en Chine et en Inde. » La Chine, par sa taille, est devenue le premier producteur mondial de pomme de terre. En Afrique, la patate, qui demande quatre fois moins d'eau que la culture du riz, a réellement pris son essor ces 30 dernières années, et elle est aujourd'hui la quatrième culture vivrière. Partout dans le monde, la patate donne la frite, la pêche, la banane, ou... la patate. La question de la semaine

    Herbivores et carnivores: quelles différences?

    Play Episode Listen Later Jul 5, 2025 2:39


    Pourquoi le monde animal compte-t-il plus d'espèces carnivores ? Pourquoi les mammifères herbivores sont-ils généralement plus grands que les carnivores ? Et pourquoi y a-t-il aussi peu d'espèces omnivores ?  (Rediffusion du 30/07/2023) « Ça sent la chair fraîche ! » Ce cri du cœur de l'ogre dévoreur d'enfants dans Le Petit Poucet, le conte de Perrault, est aussi celui des animaux carnivores… Quoique certains, peu regardants, se contentent de chair avariée – les charognards. Le premier animal identifié sur la planète par des chercheurs américains en 2019, était un carnivore, il y a 800 millions d'années. Ce choanoflagellé, un micro-organisme unicellulaire aquatique, invisible à l'œil nu, se nourrissait de bactéries. Il serait donc l'ancêtre de tous les animaux, y compris les herbivores. Herbivores tardifs Les animaux qui mangent de l'herbe, des plantes... des herbivores, donc, (on ne dit pas vegans) sont apparus bien plus tard, sans qu'on sache très bien pourquoi – le tout premier d'entre eux, il y a 300 millions d'années. Le début d'une révolution biologique, permettant l'explosion de la biodiversité face à une ressource abondante. Le nombre d'insectes, par exemple, a bondi il y a 130 millions d'années, quand de nombreuses plantes à fleur sont apparues. D'une manière générale, en tout cas chez les mammifères terrestres, les carnivores sont plus petits que les herbivores. Tout simplement parce qu'un lion n'aurait pas suffisamment de calories pour survivre s'il faisait la taille d'un éléphant. Si le lion dort autant, ce n'est pas qu'il est paresseux, mais qu'il mange rarement à sa faim. Carnivores majoritaires Et pourtant, aujourd'hui, ce sont les herbivores les plus menacés de disparition, parce que la végétation diminue sous la pression humaine. Près des deux tiers des animaux sont carnivores. Un tiers herbivore. Et il y a seulement 3% d'omnivores, qui mangent de tout, ce qui nécessite un organisme plus complexe – ils sont donc plus rares. Les dents des carnivores sont acérées, pour déchirer la viande, alors que les herbivores ont des canines plates, pour broyer les plantes. Les carnivores n'ont qu'un estomac, alors que les herbivores ont un système digestif sophistiqué pour mieux décomposer les fibres végétales, en particulier la cellulose. Carnivore ou herbivore, tous les goûts sont dans la nature. À lire aussi«Sommes-nous des mammifères comme les autres ?» La question :

    Et si on tuait tous les moustiques?

    Play Episode Listen Later Jun 28, 2025 3:33


    Paludisme, dengue, zika... Les moustiques sont les vecteurs de maladies parfois mortelles pour les humains. Le petit insecte piquant est responsable d'environ 800 000 décès par an. D'où l'idée récurrente d'éradiquer tous les moustiques de la planète. Mais est-ce vraiment une bonne idée ? [REDIFFUSION] Vous avez très certainement déjà tué un moustique, sans doute guidé par votre instinct de survie, puisque le moustique – la femelle moustique – est l'animal le plus dangereux pour les humains : il provoque environ 800 000 morts par an. Alors peut-être qu'en écrasant entre vos mains l'un de ces insectes piquants vous êtes-vous demandé : et si on tuait tous les moustiques pour sauver des vies humaines ? « C'est plutôt un fantasme d'éradiquer les moustiques de la surface de la Terre », répond Frédéric Simard, directeur de recherche à l'IRD, l'Institut de recherche pour le développement, basé à Montpellier dans le sud de la France. « On n'est absolument pas capable de cela. Les moustiques sont présents sur la planète depuis bien avant nous et ils y seront probablement encore après nous. » Les premiers moustiques sont apparus sur Terre il y a environ 250 millions d'années, quand notre plus lointain ancêtre, Homo habilis, a fait ses premiers pas il y a moins de 3 millions d'années. Le moustique est écologique En finir avec les moustiques serait surtout une mauvaise idée en raison des nombreux services écologiques que rendent les moustiques là où ils se trouvent, c'est-à-dire partout sur la planète, sauf en Antarctique et dans un petit pays insulaire, l'Islande. « Ils sont tout petits, mais ils sont très nombreux, rappelle Frédéric Simard. Ils sont une source de nourriture importante pour tous les insectivores, terrestres et aquatiques. Ils peuvent aussi, à l'âge adulte, contribuer à la pollinisation. Il faut savoir que les moustiques, mâles comme femelles, se nourrissent de sucre – ils vont butiner les fleurs. » Les moustiques ont également un rôle souvent méconnu : ils filtrent l'eau. « Les larves qui se développent dans l'eau vont être un maillon initial de la dégradation des feuilles mortes qui tombent dans les flaques d'eau par exemple. Elles vont les réduire en bouille pour transformer l'azote organique en azote minéral et le rendre disponible pour les plantes. » On connait 3 500 espèces de moustiques sur la planète, et seulement cinq ou six transmettent, malgré elles, des virus, comme la dengue, ou des parasites, comme le paludisme. Ces moustiques dangereux gagnent du terrain en raison de la mondialisation et du réchauffement climatique  – en témoigne la très rapide colonisation de la France par le moustique-tigre, une espèce exotique envahissante. Soigner le mal par le mâle La chimie et l'utilisation d'insecticides ayant montré leurs limites (au fil de générations, les moustiques développent une résistance) et leurs effets négatifs sur les autres espèces animales (en frappant les insectes indifféremment), on a imaginé d'autres moyens de démoustication dans certaines zones habitées. L'IRD développe ainsi une technique pour provoquer la ponte d'œuf non fécondé. « On va stériliser les mâles en les exposant à une dose de radiation aux rayons X, comme si on leur faisait passer une radio », décrit Frédéric Simard. « Ça va détruire les spermatozoïdes, et ensuite on va lâcher ces mâles dans l'environnement pour qu'ils s'accouplent avec les femelles. » Lors d'une expérimentation sur l'île de La Réunion, l'IRD a ainsi fait baisser de moitié la fertilité des moustiques. « La technique commence à marcher, mais nécessite du développement, de l'ingénierie. Il va falloir construire des usines de production de moustiques à grande échelle pour être capable de traiter des grandes surfaces », plaide Frédéric Simard. Ou comment soigner le mal par le mâle.    

    Vivre, fleurir et mourir: ces plantes qui finissent en beauté

    Play Episode Listen Later Jun 21, 2025 3:14


    Les plantes monocarpes accumulent toute leur vie de l'énergie pour produire une seule fois des fleurs, des fruits et des graines. Une reproduction unique dans leur existence. Après quoi, elles meurent. Vivre, fleurir et mourir. Ce pourrait être le titre d'un film, mais c'est, en réalité, le destin des plantes monocarpes – qui veut dire, en grec ancien, un seul fruit. L'une des plus célèbres de ces plantes qui finissent en beauté, c'est l'agave, originaire du Mexique, qui sert à faire la téquila. Une plante succulente, dans tous les sens du terme. À la fin de sa vie, elle développe une hampe florale de 10 mètres de haut. Mais il faut être patient. L'agave ne fleurit qu'au bout de 10,15 ou parfois 30 ans. Une fois pollinisée, la plante meurt. Elle aura tout de même pris soin de donner des rejets, à tel point que l'agave est déclaré invasif dans les calanques de Marseille où on doit l'arracher. Des bananes et la mort De nombreuses plantes n'ont qu'une floraison dans leur vie, ce sont les plantes annuelles, qui vivent toute une saison avant de mourir sous climat tempéré à l'approche de l'hiver. Mais pour elles, la floraison n'entraîne pas la mort immédiate. Au contraire des plantes monocarpes, comme le blé, ou encore le bananier. Après la floraison, il y a des bananes, et juste après, c'est la mort. À Madagascar, un palmier ne fleurit qu'une fois, au bout de 50 ans, donne des milliers de graines, avant de mourir. On l'a appelé le palmier suicidaire. Un autre palmier, le talipot, un géant qui pousse en Inde, va vivre 80 ans avant de donner la plus grande inflorescence au monde : une immense couronne de fleurs de 8 mètres de haut. Une couronne mortuaire composée de 10 millions de fleurs, comme un chant du cygne. Une stratégie, pas une tragédie Mais pourquoi ne fleurir qu'une fois, et mourir ensuite ? C'est une stratégie, pas une tragédie. Ces plantes accumulent toute l'énergie de toute une vie pour fleurir et mourir ensuite, épuisées. Mais fleurir beaucoup. C'est une floraison tape-à-l'œil pour attirer d'un coup le plus de pollinisateurs et ainsi maximiser les chances de se reproduire, souvent dans des milieux hostiles. Mais parfois, tout ne se passe pas comme prévu. Les fleurs exceptionnelles peuvent attirer les herbivores, et il n'y aura alors jamais de graines. Au Mexique, les agaves sont victimes du réchauffement climatique, qui peut déclencher la floraison trop tôt, et trop faible. Les plantes monocarpes, c'est un peu tout ou rien, et parfois c'est rien.  La question de la semaine

    Les méduses, 98% d'eau et un sacré venin

    Play Episode Listen Later Jun 14, 2025 3:34


    Ces organismes marins, parmi les plus anciens apparus dans l'océan, fascinent autant qu'ils sont craints pour leurs piqûres urticantes. Les activités humaines encouragent leur prolifération. Méduse, en anglais, se dit jellyfish. Ces organismes marins en forme de champignon, aux couleurs fascinantes, mais craintes pour leurs piqûres, sont bien gélatineux, composés d'eau à 98%, mais ce ne sont pas des poissons. Les méduses font partie du zooplancton, porté par les courants marins. Et c'est pour cette raison qu'elles possèdent un venin redoutable. « Quand on est un animal qui se déplace très peu, il faut développer un système qui permet de tuer ou paralyser extrêmement rapidement ses proies, explique Delphine Thibault, enseignante-chercheuse à l'université d'Aix-Marseille. Le déclenchement des cellules urticantes est très souvent le résultat du toucher. C'est un phénomène mécanique ». Méduse tueuse C'est donc par réflexe que les méduses peuvent piquer les baigneurs. Elles n'en veulent pas particulièrement aux humains. « Ce n'est pas de la défense, ce sont juste des rencontres malencontreuses », poursuit Delphine Thibault. Des rencontres qui peuvent coûter cher. En Australie, la méduse la plus dangereuse au monde peut tuer un homme en deux minutes. « Il y a certainement plus de mortalité par méduses que par requins ». Un « beau palmarès » pour un animal à l'organisme en apparence très simple, apparu sur Terre, enfin en mer, il y a 650 millions d'années. Les méduses n'ont pas de squelettes, « pas de cerveau, pas de cœur, mais éventuellement des yeux aussi développés que les humains. Elles font partie des premiers organismes pluricellulaires, qui ont pu peupler quasiment tous les océans, coloniser aussi les rivières et les lacs d'eau douce », précise Delphine Thibault. Méduses et humains, un couple infernal Les humains les redoutent, mais si les méduses prolifèrent, c'est à cause des humains. Elles n'ont rien à craindre du réchauffement climatique, qui favorise sans doute leur reproduction. Rien à craindre non plus de l'acidification des océans – elles n'ont pas besoin de beaucoup d'oxygène. Et la surpêche est leur alliée, qui élimine la concurrence, les petits poissons pélagiques. « Les anchois et les sardines mangent en grande partie la même chose que les méduses. Cette quantité de nourriture devient disponible pour les méduses qui vont savoir en profiter », souligne Delphine Thibault. C'est pour se nourrir que de nombreuses espèces de méduses remontent une fois par jour à la surface, avant de redescendre à des centaines de mètres au fond de l'eau. Il s'agit des plus grandes migrations au monde, quotidiennes. On reste médusé.

    Sommet des océans à Nice: l'acidification de l'eau menace la biodiversité marine

    Play Episode Listen Later Jun 7, 2025 2:40


    Les océans absorbent près de 30% du CO2 produit par les humains, mais ce n'est pas sans conséquences. Cet excès de carbone provoque une eau plus acide, ce qui fragilise les organismes marins. Ce sera l'un des sujets discutés toute la semaine à l'Unoc, le sommet des Nations unies pour les océans qui se tient à Nice, dans le sud de la France : l'acidification des océans, une réaction chimique complexe et potentiellement mortifère. Quand les océans absorbent trop de CO2, les eaux deviennent plus acides. En deux siècles, depuis la révolution industrielle, le pH de l'océan a ainsi diminué de 30%, même si on est encore loin d'avoir atteint une eau acide (quand le pH supérieur ou égal à 7). Ce phénomène, aggravé par la hausse des températures, entraîne un vrai bouleversement pour la biodiversité marine. « Les animaux sont connus pour fonctionner selon une échelle de pH, précise José Zambonino, directeur de recherche à l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer). Dès que l'on s'éloigne trop de cette échelle, l'animal, d'un point de vue métabolique, va être obligé de faire des efforts plus importants qu'il ne le ferait dans des conditions normales, pour pouvoir vivre, se nourrir, se déplacer éventuellement, se reproduire… »L'exemple du barLes animaux calcaires sont les plus vulnérables : les coraux, les mollusques ou le plancton à la base de la chaîne alimentaire. Mais les poissons ne sont pas épargnés, comme en témoigne une étude menée à l'Ifremer sur le bar. Une longue expérience en bassin a été conduite sur des bars pendant quatre ans et demi, de leur éclosion jusqu'à la maturité sexuelle. Le moment où l'animal est capable de se reproduire est survenu un mois plus tôt dans une eau plus acide. « Ça n'a l'air de rien du tout comme ça, sauf que là, il s'agit pour un poisson vivant en zone tempéré d'un phénomène qui intervient en hiver. Éclore un mois avant, pour des larves, cela veut tout simplement dire arriver à un moment où il y a beaucoup moins de choses à manger », explique José Zambonino. Résultat, une mortalité plus importante pour ces larves.Autre phénomène observé dans cette étude de l'Ifremer sur l'impact de l'acidification de l'océan sur le bar : le poisson devient plus vulnérable face aux prédateurs. « Ce CO2 plus important qui se dissout dans l'eau de mer se dissout aussi dans le sang du poisson, détaille José Zambonino. Cela va perturber en particulier ses capacités neurosensorielles. Vous allez donc avoir un animal qui, au lieu d'être craintif comme il doit l'être dans un milieu où il y a beaucoup de prédateurs, va perdre cette crainte et va se retrouver plus exposé. »Le bar est menacé. Et ce qui n'est plus dans la mer ne sera plus non plus dans notre assiette.À écouter aussiFace à la montée des eaux, la nature peut nous rendre service

    Pourquoi l'arabica est le café le plus bu (et pourquoi ça ne durera peut-être pas)

    Play Episode Listen Later Jun 1, 2025 3:12


    Une étude génétique révèle les secrets des origines et du goût du café le plus consommé dans le monde, apparu il y a 600 000 ans en Afrique de l'Est, et désormais vulnérable au réchauffement climatique. (Rediffusion) Des dizaines d'espèces de café poussent sur la planète, mais seules deux finissent dans vos tasses : le robusta et surtout l'arabica, qui représente 60% de la production mondiale de café, parce qu'il est le meilleur. Le robusta est le père de l'arabica, né en Éthiopie il y a 600 000 ans, comme vient de le préciser une étude génétique internationale menée par une soixantaine de scientifiques et publiée en avril 2024.« Le robusta s'est hybridé avec une autre espèce d'Afrique de l'Est, l'eugenoides, pour former l'arabica, détaille Valérie Poncet, chercheuse à l'Institut de recherche pour le développement (IRD, à Montpellier), qui a participé à cette étude. Il s'agit d'une hybridation spontanée. Certains pensent que c'est un événement unique, ce qui est encore à discuter. »Faible diversité génétiqueGrâce à l'étude du génome de l'arabica et de ses deux espèces parentales, on sait aussi pourquoi Coffea arabica a un tel succès. « C'est l'une des questions qu'on s'est posée, relève Valérie Poncet : comment l'arabica, issu du robusta, un café plus amer, a un goût aussi fin et équilibré ? En réalité, aucun des deux sous-génomes hérités de ses parents ne domine l'autre. »L'arabica est né par hasard il y a 600 000 ans, et c'est assez peu à l'échelle du vivant, ce qui explique la faible diversité génétique d'une plante qui doit son nom à la péninsule arabique – c'est au Yémen que l'Homme a lancé sa diffusion, sa mondialisation. « On dit par exemple qu'une seule plante a été introduite en Haïti, avant d'être ensuite cultivée en Amérique du Sud. Ce qui fait qu'on a très peu de diversité génétique, donc finalement très peu de potentiel de résistance aux maladies, également très peu de potentiel adaptatif vis-à-vis du changement climatique », souligne la généticienne Valérie Poncet.Un café qui aime le froidLe réchauffement climatique menace l'arabica, une plante qui apprécie les nuits fraîches. « L'arabica est originaire des hauts plateaux d'Éthiopie, à une forte altitude, alors que le robusta est originaire essentiellement d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale, à des altitudes très basses, précise Romain Guyot, également chercheur à l'IRD et co-auteur de l'étude. L'arabica a besoin de températures plus faibles pendant la nuit, et s'il y a un degré de plus durant la nuit, on va perdre jusqu'à 200 kilos de café marchand à l'hectare, ce qui est énorme, notamment pour les petits producteurs. »Mais ce qui est énorme également, c'est le coût environnemental du café, établi par le WWF, le Fond mondial pour la nature : 140 litres d'eau pour une simple tasse !

    Comment un nouveau bambou, succulent, a été découvert

    Play Episode Listen Later May 24, 2025 3:46


    C'est par hasard, lors d'une expédition scientifique au Laos, qu'une nouvelle espèce de bambou a été identifiée, unique en son genre. Deux mille espèces végétales sont découvertes chaque année, surtout dans les forêts tropicales qui abritent 90 % de la biodiversité mondiale. Parfois, on cherche, et on ne trouve rien. Et puis parfois, on trouve sans vraiment chercher. Et c'est par hasard, il y a une douzaine d'années, qu'une expédition scientifique au Laos est tombée sur une plante qui n'avait jamais été observée.« C'était dans une zone karstique avec des crevasses, un relief très déchiqueté, raconte Denis Larpin, responsable des collections végétales tropicales au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Les botanistes ont trouvé cette plante qui était un peu curieuse, un peu desséchée – on était en saison sèche. Ils sont retournés plus tard en saison humide et ils ont vu qu'il y avait cette fois des feuilles, avec des tiges très gonflées, et ils ont déduit que c'était un bambou. » Une nouvelle espèce de bambou, alors qu'on en compte déjà 1 600 sur la planète.Bambou succulentEn l'absence de floraison (un bambou peut parfois mettre des dizaines d'années avant de fleurir), c'est une analyse ADN qui a permis d'affirmer que ce bambou était unique. On lui a donné un nom : Laobambos calcareus. Il s'agit du seul bambou succulent. Succulent ne veut pas dire qu'il est forcément excellent à manger, même si c'est la même racine. « Succulent vient de succus, le suc, la sève, précise de Denis Larpin. Les plantes succulentes possèdent des cellules qui permettent de stocker de l'eau en forte quantité. C'est le cas des cactus, des agaves ou des baobabs. C'est une adaptation de la plante pour survivre à sécheresse, avoir des réserves d'eau. »Parce que ce « nouveau » bambou pousse sous un climat particulier, aux saisons extrêmes, avec une sécheresse intense et une période de mousson.Forêts viergesCe n'est d'ailleurs pas complètement un hasard si cette nouvelle espèce de bambou a été découverte dans une forêt tropicale. « C'est là où il y a la plus forte diversité, avec des zones qui n'ont pas été explorées, même s'il y en a de moins en moins, relève Denis Larpin. En marchant dans la nature, dans la forêt, en ayant le sens de l'observation et l'expertise, on peut trouver beaucoup de choses qui interrogent ! » Les forêts tropicales abriteraient 90 % de la biodiversité mondiale, pour l'essentiel encore inconnue. Environ 2 000 espèces végétales sont découvertes chaque année sur la planète. À lire aussiPourquoi s'intéresser aux plantes de l'extrême ?

    Les céphalopodes font pieuvre d'intelligence

    Play Episode Listen Later May 17, 2025 2:38


    Les poulpes ont-ils vraiment neuf cerveaux ? Comment sont-ils capables de résoudre des problèmes complexes ? Gros plan sur les plus perspicaces des animaux invertébrés. C'est une expérience, réalisée par le commandant Cousteau, qui a révolutionné la compréhension des céphalopodes et suscité le plus grand intérêt pour cette famille de mollusques à laquelle appartiennent les poulpes, les sèches ou les calamars. Un poulpe est placé devant un bocal dans lequel est enfermé un crabe. « Que fait le poulpe ? Non seulement il voit qu'il y a un crabe – très bonne vision. Ensuite, il arrive à comprendre qu'il y a un couvercle. Et il arrive à trouver les moyens, avec ses bras munis de ventouses, d'ouvrir le bocal, c'est-à-dire de tourner le couvercle, raconte Laure Bonnaud-Ponticelli, professeure au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris. Quand les scientifiques se sont aperçus de cela, ils se sont dit : "Ah, mais en fait, ces bêtes ont un cerveau qui pourrait correspondre au nôtre". Et comme nous sommes intelligents, on s'est dit : "Ils sont donc intelligents." »Les poulpes ou les pieuvres (ce sont les mêmes animaux, le mot pieuvre ayant été inventé par Victor Hugo) sont les invertébrés les plus intelligents. En regardant un tuto sur une vidéo, un poulpe avait ensuite été capable de résoudre le problème auquel il était confronté. En revanche, contrairement à une idée reçue, ces céphalopodes n'ont pas neuf cerveaux. « Ils ont un gros cerveau, précise Laure Bonnaud-Ponticelli. Et puis ils ont des espèces de petits amas de cellules nerveuses à la base de chacun de leurs huit bras. Il semblerait qu'il y ait malgré tout une certaine autonomie de ces mini-centrales nerveuses qui pourraient commander les bras indépendamment. »Paul le poulpeC'est aussi ce cerveau qui commande l'incroyable capacité des poulpes à changer de forme, de texture et de couleur, pour se fondre dans le paysage, en un millième de secondes. « Ils ont dans leur peau un très grand nombre de cellules qui sont responsables de ces changements. Quand un ordre est donné par le cerveau à la vitesse de l'influx nerveux, si rapide qu'on ne le voit pas à l'œil nu, tout est interconnecté. Ce qui fait que l'animal va complètement disparaître aux yeux des prédateurs, également aux yeux des proies », explique Laure Bonnaud-Ponticelli.Un poulpe avait défrayé la chronique pendant la Coupe du monde de football en 2010. Le célèbre Paul le poulpe, une pieuvre enfermée dans un aquarium en Allemagne. Un champion des pronostics qui désignait presque toujours le drapeau du futur vainqueur. Mais ici pas d'intelligence ni de compétence sportive. C'était juste le hasard, les poulpes ne voyant pas les couleurs.La question de la semaine

    Le renard n'est pas nuisible

    Play Episode Listen Later May 11, 2025 2:54


    Plusieurs centaines de milliers de renards sont tués légalement chaque année en France, alors que le mammifère roux à la queue flamboyante est utile à l'équilibre de la biodiversité. (Rediffusion du 16 juillet 2023). Rusé, pourquoi pas fourbe, voleur de poules... Le renard a mauvaise réputation, et en France, le renard roux (Vulpes vulpes) est considéré comme un nuisible, inscrit sur la liste des « espèces susceptibles d'occasionner des dégâts » que l'État français, comme chaque année, doit publier ces prochains jours. Y figurent d'autres mammifères (fouine, ragondin...) ou des oiseaux (pie, geai des chênes...).Sur la quasi-totalité du territoire français, l'animal aux oreilles pointues et la queue flamboyante est ainsi considéré comme « nuisible », ce qui donne aux chasseurs un permis de tuer sans limites. « Entre 600 000 et 1 million de renards sont tués toute l'année, dans des conditions innommables, puisqu'on peut les tuer par tous moyens, s'indigne Muriel Arnal, la présidente de One Voice, une association qui milite pour le respect des animaux. En France, dans nos campagnes, des animaux qui appartiennent à la biodiversité et dont on a vraiment besoin sont persécutés ».Dévoreur de rongeursLoin d'être un nuisible, le renard est utile à l'équilibre de la biodiversité, notamment pour limiter la prolifération des rongeurs. « J'avais débattu avec un président de fédération de chasse qui était agriculteur, raconte Muriel Arnal. Après le débat, je lui ai dit : “Vous êtes agriculteur – et les renards ?” Il me dit : “Moi, je les laisse sur mon terrain, évidemment ! Ça me permet d'éviter l'utilisation de pesticides parce qu'ils vont manger beaucoup de rongeurs ».Un renard tue chaque année plusieurs milliers de rongeurs, en particulier des campagnols, l'ennemi des agriculteurs. Loin d'occasionner des dégâts, un renard permettrait au contraire aux cultivateurs d'économiser en moyenne 3 000 euros par an. Et là, où il y a des renards, la maladie de Lyme, transmise par les tiques portées par les rongeurs, est en recul.À écouter dans Priorité SantéLa maladie de LymeAutorégulationMais voilà, les chasseurs français considèrent le renard comme un concurrent parce qu'il se nourrit aussi des faisans d'élevage lâchés dans la nature avant l'ouverture de la chasse – des proies faciles. C'est la raison de sa présence sur la liste des espèces nuisibles, sans fondement scientifique. « On peut tuer des animaux sans aucune preuve, en fait ! La nature est très bien faite à partir du moment où les humains n'interviennent pas. Si on laisse la nature se gérer, il n'y a jamais de surpopulation de renard. Le renard s'autorégule ; quand il y a moins de nourriture, il y a moins de naissances. Là où il n'y a pas assez de rongeurs, les renards ne peuvent pas pulluler », explique la présidente de One Voice.Le renard est un canidé, comme les loups et les chiens. En Afrique du Nord, le fennec (Vulpes zerda), surnommé le renard des sables (le renard du Petit prince, de Saint-Exupéry), est son plus petit représentant. Petit, avec de grandes oreilles.À lire aussiRenards, lapins, fouines, moutons, perroquets... les animaux insolites de Paris

    La résurrection du cheval de Przewalski

    Play Episode Listen Later May 3, 2025 2:42


    Officiellement éteint dans les années 1970, le plus ancien cheval sauvage a été réintroduit avec succès 40 ans plus tard en Mongolie, sa terre d'origine, notamment grâce au travail d'une association française, Takh, installée dans le sud de la France, sur le Causse Méjean.  (Rediffusion du 22/09/2024)C'est un paysage de steppes. De rares arbustes surgissent des herbes jaunies par un été solaire, chaud et sec. Nous ne sommes pas en Mongolie, mais sur le Causse Méjean, dans les Cévennes françaises, dans le sud du Massif central, où vivent les plus anciens chevaux sauvages de la planète, des chevaux de Przewalski, une espèce pourtant portée disparue il y a une quarantaine d'années dans les steppes mongoles. « C'est un petit peu au petit bonheur à la chance de les croiser ici », prévient Pauline Jouhanno, de l'association Takh (takh, en mongol, signifie cheval sauvage), créée en 1990 pour la sauvegarde et la renaissance du cheval de Przewalski. Et on peut dire qu'on a de la chance, en ce matin du mois d'août. Devant nous, à une dizaine de mètres, se trouvent deux équidés paisibles, au gabarit proche du poney, robe beige, le bas des pattes zébré : deux chevaux de Przewalski que nous présente Julie Morisson, médiatrice scientifique au sein de l'association Takh. « Guizmo et Rouquet, deux étalons célibataires qui sont juste de l'autre côté de la clôture, en position de repos, en tête-à-queue pour que la queue de l'un chasse les mouches des yeux de l'autre. Vous ne sentez pas une différence ici qu'il n'y avait pas tout à l'heure quand on marchait ? Il y a du vent ! Il n'y a pas d'arbres, donc quand il fait très chaud, le cheval de Przewalski va chercher le courant d'air. »Steppe cévenoleEn plein été, il fait chaud sur le Causse Méjean, ce haut plateau vallonné dans le département de la Lozère, à 800 mètres d'altitude. Chaud l'été et froid l'hiver, comme en Mongolie, la terre d'origine du cheval de Przewalski. Ici, ce sont 40 chevaux qui vivent en semi-liberté, dans deux enclos de 400 hectares au total, sans contact avec l'humain, dans un paysage semblable aux steppes de Mongolie – nous sommes dans la steppe cévenole. « C'est très aride, très nu, décrit Pauline Jouhanno. On a ce qu'on appelle des pelouses calcaires. Le sol calcaire ne permet pas à l'eau de rester en surface, tout s'écoule, ce qui fait que la végétation est très rase, très sèche. »Les premiers chevaux de Przewalski (l'espèce doit son nom occidental à un colonel russe d'origine polonaise qui l'a « découverte » à la fin du XIXe siècle) sont arrivés sur le Causse en 1993. En provenance de zoos, parce qu'à l'état sauvage, le cheval sauvage avait complètement disparu – un dernier individu avait été aperçu en 1969 dans le désert de Gobi. « Lorsque les Européens sont allés chercher des poulains de Przewalski en milieu naturel pour les mettre dans des zoos au début des années 1900, la stratégie à l'époque était d'abattre la totalité des adultes accompagnant les poulains, raconte Julie Morisson. Forcément, c'est une espèce qui sait très bien se défendre. Face à un stress, elle s'organise socialement pour faire face aux prédateurs. »Unis face aux prédateursMais puisqu'on n'est pas un prédateur, peut-on le caresser, ce cheval sauvage ? « Non, pas du tout ! Socialement, ils vont tellement s'organiser de manière puissante que même si vous ne connaissez pas le comportement des chevaux, vous allez vous douter qu'il faut arrêter de s'approcher ! », sourit Julie Morisson, qui a sorti une paire de jumelles pour observer au loin d'autres chevaux, avant qu'ils ne repassent derrière la colline.En 2004, l'association Takh a envoyé en Mongolie une vingtaine de ses chevaux. Un programme de réintroduction réussi. « C'est plutôt rassurant de voir qu'en Mongolie ces chevaux arrivent à se reproduire, à survivre et à continuer de se défendre face aux attaques de loups. On a eu quatre attaques avérées de prédation de loup sur poulain en une vingtaine d'années seulement, donc c'est plutôt prometteur. » Plusieurs centaines de chevaux de Przewalski vivent aujourd'hui en Mongolie, grâce à l'association Takh et d'autres programmes de réintroduction. Officiellement déclaré « éteint à l'état sauvage » dans les années 1970, le cheval de Przewalski n'est aujourd'hui plus qu'une espèce « en danger ». Une espèce ressuscitée.

    Ces fleurs qui font de la politique

    Play Episode Listen Later Apr 26, 2025 3:01


    De la Révolution des Œillets à la Révolution du Jasmin, en passant par la rose du Parti socialiste, de tous temps, les fleurs ont symbolisé et accompagné les mouvements politiques. La photo a fait le tour du monde. La Fille à la fleur, une photo de Marc Riboud lors d'une manifestation aux États-Unis contre la guerre du Vietnam, en 1967. Une lycéenne oppose aux baïonnettes des soldats une fleur de chrysanthème. C'est le Flower Power, le pouvoir des fleurs, le slogan du mouvement hippie des années 1960 et 1970.Au Portugal, en avril 1974, c'est la saison des œillets. Et une fleuriste en offre à des militaires, en chemin pour renverser la dictature, la fleur au fusil. C'est la Révolution des Œillets. Trente-six ans puis tard, c'est la Révolution du Jasmin, au pays du jasmin, la Tunisie. Ben Ali s'enfuit. Son parfum entêtant (le parfum du jasmin, pas celui de Ben Ali) gagne les pays de la région pour donner les printemps arabes – la plupart des fleurs fleurissent au printemps.Fleurs des champs de batailleL'emblème des Nations unies, ce n'est pas un, mais deux rameaux d'olivier, le symbole de la paix. Mais depuis 1945, l'olivier a perdu beaucoup de feuilles… Avant cela, au lendemain de la Première Guerre mondiale, le coquelicot et le bleuet, qui poussent sur des sols ingrats, sont les premiers à fleurir sur les champs de bataille, champs de ruine de l'humanité. Pour se souvenir de la barbarie, les Anglais choisissent les premiers le coquelicot, rouge sang, Les Français, le bleuet, bleu comme l'uniforme des soldats morts pour la France. Les rois de France, eux, avaient comme emblème une fleur de lys. C'était en réalité un iris, depuis que Clovis fut sauvé par une biche dans un champ d'iris.Roses et épinesEt puis il y a la rose, qui a donné son nom à une guerre, la Guerre des Deux Roses. Une guerre civile, en Angleterre, au XVe siècle, entre deux maisons royales, l'une représentée par une rose blanche et l'autre par une rose rouge. Un mariage met fin à la guerre. Et l'Angleterre se choisit comme emblème une rose rouge au cœur blanc.La rose au poing, c'est l'emblème du Parti socialiste, en France, choisi par François Mitterrand en 1971, dix ans avant son élection. « Moi, j'aime les fleurs, déclare le futur président, lors d'un débat télévisé en 1972. Je ne suis pas un très grand jardinier, et les roses, c'est calé ! C'est particulièrement difficile à entretenir ! Alors une rose, pour le Parti socialiste, c'est un symbole : c'est pas facile, on s'y écorche un peu les doigts... Mais c'est beau ! » Le symbole est beau.

    Comment les animaux trouvent de l'eau dans les déserts

    Play Episode Listen Later Apr 19, 2025 2:40


    Pour survivre dans des conditions extrêmes, marquées en particulier par le manque d'eau, la faune du désert a développé des stratégies que dévoile l'exposition Déserts au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris. C'est un paradoxe sur lequel s'appuie l'exposition Déserts qui se tient au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris (jusqu'en novembre) : il y a de la vie dans les déserts. Et s'il y a de la vie, il faut de l'eau. C'est un autre paradoxe, puisque c'est précisément le manque d'eau qui définit un désert : moins de 200 millimètres de pluie par an. Dans le désert du Sahara, il tombe même moins de 20 millimètres d'eau chaque année.Dans ces mondes aux conditions extrêmes, les animaux ont des stratégies pour survivre. L'eau, ils la trouvent d'abord dans la nourriture. C'est le cas du chameau ou du dromadaire, dont un spécimen naturalisé domine l'exposition. « L'excès de nourriture, l'excès d'énergie, va être stocké sous forme de gras, dans la bosse du dromadaire, explique notre guide, Anthony Herrel, chercheur CNRS au Muséum national d'Histoire naturelle. Le métabolisme du gras va libérer de l'eau pour l'organisme. C'est ce qu'on appelle de l'eau métabolique qui donne une ressource supplémentaire en eau. »De l'eau dans l'airLes rongeurs, eux, sont friands de graines. « Et dans les graines, il y a de l'eau, rappelle Anthony Herrel. De plus, les rongeurs vont stocker les graines dans un terrier où c'est beaucoup plus humide qu'à la surface. Donc, les graines vont se saturer en eau et c'est une ressource supplémentaire pour l'animal. »De l'eau, il peut aussi y en avoir dans l'air de certains déserts, sous forme d'humidité. C'est le cas du désert du Namib, en Afrique australe, où vit un scarabée, le ténébrion du désert, l'un des insectes les plus rapides au sol pour ne pas brûler ses pattes et rester le moins longtemps exposé au soleil. « Le Namib est un désert particulier parce que le long de la côte de Namibie passe un courant d'air froid qui passe, qui évapore de l'eau, ce qui donne de la rosée le matin. Le ténébrion va se mettre en haut des dunes avec la tête en bas et sur la carapace, il y a des microstructures qui vont faire condenser l'eau, ensuite amenée vers la bouche de l'animal. Le ténébrion peut ainsi boire de l'eau qui est présente dans l'air », souligne Anthony Herrel.Les stratégies du molochOn s'arrête enfin devant un spécimen guère avenant, couvert d'épines menaçantes. C'est un moloch, qui a l'apparence d'un gros lézard, un habitant des déserts australiens. Ses épines lui sont utiles, et pas seulement pour effrayer ses prédateurs. « L'eau va condenser sur ses épines, mais pas suffisamment pour en vivre, explique Anthony Herrel, l'un des conseillers scientifiques de l'exposition. Mais le moloch a une deuxième stratégie, assez intéressante : il arrive à remonter l'eau présente dans le sable via un réseau de capillaires jusqu'à sa bouche. Après une pluie, il va juste se poser dans le sable mouillé et l'eau va automatiquement remonter par ce réseau de petits canaux jusqu'à la bouche de l'animal. Le moloch peut ainsi boire de l'eau qui n'est plus présente sous forme liquide. » C'est l'une des leçons du désert : quand l'eau est rare, il faut prendre sur soif.

    Au zoo de Paris, les secrets de la communication des babouins de Guinée

    Play Episode Listen Later Apr 12, 2025 3:31


    L'espèce de singe présente en Afrique de l'Ouest dispose d'une communication élaborée, qui peut être orale, tactile ou visuelle : des cris, des mimiques, ou même la couleur du postérieur des femelles. Pour ouvrir la nouvelle saison du Parc zoologique de Paris, en lisière du Bois de Vincennes, consacrée à l'Intelligence animale (IA), nous nous retrouvons au pied de l'immense rocher où s'égayent les 42 babouins de Guinée du zoo. C'est là que fut tournée l'une scènes culte du film culte Le père Noël est une ordure, où les personnages se débarrassent des morceaux de corps d'humain en les jetant aux animaux.Mais aujourd'hui, c'est un nourrissage beaucoup plus réglementaire auquel nous assistons, dispensé par les soigneurs. « La nourriture a été dispersée dans l'enclos pour éviter les conflits, donc chacun va pouvoir manger. Les animaux les plus dominants vont avoir tendance à manger en premier », précise Julie Bonnald, qui coordonne le programme européen de reproduction des babouins de Guinée.Ces singes, qu'on retrouve aussi au Sénégal, en Mauritanie ou au Mali, figurent sur la Liste rouge de l'UICN, l'Union internationale pour la conservation de la nature, au rang d'espèce quasi menacée. Le babouin de Guinée est le plus petit des cinq espèces de babouins, mais sa palette pour communiquer est très large.Une communication bien sûr orale : « On peut avoir des grognements amicaux, qu'on appelle des grunts, pour montrer ses bonnes intentions », explique Julie Bonnald, curatrice des mammifères au zoo de Vincennes. Il y a aussi des cris d'alarme, pour prévenir d'un danger les autres babouins du groupe. « Si un cri d'alarme est émis en savane, où le prédateur principal est le lion, on va observer les babouins monter dans les arbres pour se protéger. Alors que si le même cri d'alarme est émis en bordure de plan d'eau où le principal prédateur est le crocodile, on va observer à la place des postures de vigilances. Donc ça montre bien qu'ils arrivent à percevoir l'intention de celui qui a émis le signal, et ainsi d'évaluer la situation et d'agir en conséquence. »L'épouillage du bonheurEntre babouins, la communication peut aussi être visuelle, par exemple pour montrer son hostilité, par « un haussement de l'arcade sourcilière ; on voit un peu le blanc des paupières. On va avoir aussi la bouche qui va former un O. »Les femelles babouins disposent d'une communication visuelle spécifique, qui passe par la couleur de leur derrière.« Par exemple, là, vous avez une femelle, nous montre Julie Bonnald à travers la vitre qui sépare les babouins des humains. C'est rose, mais ce n'est pas très gonflé, on est soit en fin, soit en début d'œstrus (la période d'ovulation). Donc, elle n'est pas réceptive pour l'accouplement. La femelle du fond, elle est vraiment plus proche de la période de reproduction. » Elle arbore en effet un postérieur rose vif.Il y a enfin la communication tactile. « Des mâles comme des femelles peuvent sentir ou toucher la zone uro-génitale. C'est ce qu'on appelle des salutations. Je présente une zone sensible en gage du fait que je ne vais pas vous attaquer. » Et il y a bien sûr le fameux épouillage. « Là, on voit deux babouins l'un à côté de l'autre, décrit Julie Bonnald. Il y en a un qui montre son dos à l'autre qui cherche dans le pelage pour enlever les petites impuretés, les parasites. Mais l'épouillage n'a pas qu'une fonction de toilettage. On l'a comparé au phénomène de commérage chez l'humain. C'est vraiment pour renforcer les liens sociaux entre les individus. » Et ça leur fait du bien : l'épouillage stimule la production d'endorphine, l'hormone du bonheur.À lire aussiAfrique de l'Ouest: entre dérèglement climatique et conflits territoriaux, les défis du pastoralisme

    Le parfum, la technique de drague des fleurs

    Play Episode Listen Later Apr 5, 2025 3:17


    Petite balade olfactive pour sentir les fleurs. Leurs odeurs parfois surprenantes, destinées à attirer les pollinisateurs. « Essayez de vous rapprocher de quelques branches en fleurs », nous invite-t-on. On se penche et on fourre son nez partout, pour une promenade odorante organisée pour un petit groupe dans les jardins de l'École du Breuil, à Paris, par Giulio Giorgi, auteur de Botanique olfactive (éditions Nez). Une invitation à « sentir la nature ».Mais pourquoi les fleurs ont un parfum ? C'est leur technique de drague. « L'une des plus grandes différences entre les végétaux et les animaux, c'est que les plantes à fleurs ne vont pas draguer leurs semblables, souligne Giulio Giorgi. Elles ne vont pas draguer d'autres plantes comme nous le ferions en draguant un autre humain. En fait, elles draguent des intermédiaires, des pollinisateurs. Tout ça est quand même magique ! Ça veut dire qu'elles développent un langage commun, et ce langage est bien l'odeur. »Le petit groupe chemine parmi les plantes et les arbustes fleuris en ce début de printemps parisien et ensoleillé. « Vous avez tous senti cette plante ?, demande Giulio Giorgi devant un berbéris, un arbuste muni d'épines et de grappes de petites fleurs jaunes. Elle est très particulière ! Je ne sais pas ce que vous en pensez… » « Moi, je sentais l'eau de javel ! », répond une des participantes. « J'ai l'impression que le monde est divisé en deux par le berbéris, remarque Giulio Giorgi. Il y en a qui le sentent et qui le trouvent très agréable, et il y en a qui détestent parce que ça leur rappelle des émanations humaines qui commencent par "S". » Des rires s'élèvent parmi les visiteurs. « Ne soyez pas dégoûtés, parce que ce sont des odeurs faites pour attirer les pollinisateurs. Pas mal d'espèces dans le genre Berbéris ont des odeurs spermatiques. » Des parfums et des goûtsLe soleil réveille et sublime les molécules olfactives. Certaines plantes, pourtant, ne sentent que le soir, comme le jasmin de nuit, qu'on appelle aussi galant de nuit. « C'est une fleur qui sent à partir du coucher de soleil, explique l'écologue et paysagiste. Pourquoi ? Parce que ses pollinisateurs sont des papillons de nuit. Puisque dégager des molécules olfactives demande une énergie à la plante, elle va optimiser ça. Elle va dire : "Je ne vais pas le faire pendant la journée, je le fais pendant la nuit ". » Le nez repoudré par le pollen des fleurs, on poursuit la balade, au gré des fleurs que l'on rencontre et dont on essaie de deviner le parfum : une odeur de miel ici, une autre de cannabis là (mais il n'y pas de cannabis qui pousse à l'École du Breuil !)... On s'arrête devant un magnolia aux immenses fleurs blanches, très parfumées. Et quand ça sent, il y a parfois aussi du goût : « Les pétales de magnolia sont comestibles. Et ils ont un goût exceptionnel. Quand vous les mangez, vous avez l'impression de croquer dans une endive qui a été trempée dans une sauce au gingembre. » L'odorat des abeillesOn entend le chant des oiseaux. Les insectes aussi sont de la partie. « ​​​​​​​On voit qu'il y a des abeilles qui sont au travail ! Ce que nous, on sent, ce n'est pas ce que les pollinisateurs sentent. Les abeilles n'ont pas une très bonne vue, mais ont un odorat excellentissime, bien meilleur que le nôtre. Il m'arrive régulièrement de voir un arbre ou une plante qui est bourré d'abeilles et qui ne sent rien », raconte Giulio Giorgi. Dans les villes, l'odorat des humains est particulièrement en difficulté. À cause de la pollution, les parfums se font rares – à part celui des gaz d'échappement. « ​​​​​​​Les particules fines ont une propriété absorbante vis-à-vis des odeurs végétales. On va donc moins sentir les parfums des arbustes parce qu'ils sont beaucoup plus absorbés par la pollution », explique l'auteur de Botanique olfactive, un très joli guide illustré pour « sentir la nature au fil des saisons », commenté par des parfumeurs. C'est la fin de la balade. On en a plein le nez et on a pris son pied.La question de la semaine

    Quand des feuilles mortes deviennent des feuilles de papier

    Play Episode Listen Later Mar 29, 2025 4:12


    L'entreprise Releaf Paper, en région parisienne, exploite la première usine au monde à pouvoir extraire des feuilles des arbres la cellulose, glucide utilisé par les papetiers. Un procédé qui évite d'abattre des arbres. C'est dans ta nature est à l'usine cette semaine. Drôle d'endroit pour une chronique sur la biodiversité. Et pourtant, juste en respirant au milieu de grosses machines, on se croirait en forêt. « Oui, ça sent le sous-bois », confirme Bertrand Chevalier, le directeur opérationnel de l'usine Releaf Paper, aux Mureaux, en région parisienne. Cette usine, inaugurée il y a quelques mois, recycle des feuilles mortes, tombées des arbres en ville, pour fabriquer du papier.« Ces feuilles sont ramassées, pour qu'on ne glisse pas, détaille Bertrand Chevalier. Les déchetteries françaises récupèrent aujourd'hui environ 1,5 million de tonnes de feuilles par an. Elles sont soit compostées, soit brûlées. Les brûler, c'est une aberration. Les composter, c'est bien. Mais nous, on dit : ''On peut faire beaucoup mieux. De ce déchet, on peut en faire une matière première.''. »Une formule magiqueAvant de devenir de la pulpe, la matière première livrée aux papetiers, les fabricants de papier, les feuilles récupérées, notamment auprès des mairies alentours, subissent toute une série d'opérations au gré des machines installées. Après avoir été triées pour évacuer les déchets immanquables qu'on retrouve en ville (plastiques, papiers, mégots de cigarettes…), les feuilles arrivent sur un tapis roulant à un immense bac de lavage. « Comme vous le voyez, il y a un bouillonnement, des bulles de jacuzzi… Vous voyez, il n'y a plus de terre, il n'y a plus de sable dessus. » Les feuilles sont ensuite séchées, broyées et transformées en pulpe sous la forme de pellets, des granulés stockés dans de gros sacs prêts à être livrés aux papetiers.Avec Releaf Paper, les feuilles mortes connaissent une nouvelle vie grâce à deux amis ukrainiens, arrivés en France il y a quelques années. Alexandre Sobolenko est fier de nous accueillir dans son usine, « la première usine au monde qui transforme les feuilles mortes en pulpe pour fabriquer du papier », affirme-t-il en ukrainien. Il a fondé Releaf Paper avec Valentyn Freshka, qui n'avait que 16 ans quand il a trouvé la formule pour extraire des feuilles la cellulose, la base de la pâte à papier, qu'on trouve traditionnellement dans le bois, et ce alors que « ça faisait plus de 100 ans que différents chercheurs essayaient d'extraire la cellulose des feuilles », souligne Bertrand Chevalier. La formule magique a été brevetée et a reçu de nombreux prix internationaux.Papier écologique« Le règne végétal est bien fait, poursuit le directeur opérationnel de Releaf Paper. Dans les feuilles des arbres qui tombent naturellement, il y a 40% de fibres de cellulose à l'intérieur. Ainsi qu'un peu de tanin : c'est ce qui donne la couleur marron aux feuilles. Les tanins ont un pouvoir antibactérien, ce qui permet de réduire la dégradation de la feuille et donc de rallonger sa durée de vie. Ce qui permet, dans un milieu naturel classique, de nourrir progressivement la terre, au fil des mois. Cette propriété nous intéresse : une feuille stockée va se dégrader beaucoup plus lentement qu'un produit végétal classique. »La cellulose, la base de la pâte à papier, qu'on retrouve dans toutes les plantes, est la matière organique la plus répandue sur la planète. Il y en a à peu près autant dans le bois que dans les feuilles. Mais là, au moins, pas besoin de couper des arbres. « Contrairement à la fibre de bois classique, les feuilles tombent naturellement, sans rien faire. Je ne mets même pas de l'engrais pour les faire tomber, sourit Bertrand Chevalier. On est sur un produit beaucoup plus souple. Ce qui veut dire que travailler la feuille va demander moins d'énergie, moins d'eau. »C'est ainsi que des feuilles mortes deviennent des feuilles de papier, plus écologiques. UberEats, le géant de la livraison de repas à domicile, est devenu client de Releaf Paper et peut afficher sur ses emballages un nouveau slogan : « Pas un seul arbre n'a été abattu pour fabriquer ce sac. »

    La ménopause, chez les femmes... et des cétacés

    Play Episode Listen Later Mar 22, 2025 2:44


    Continuer de vivre sans plus pouvoir se reproduire est une anomalie dans le monde animal. C'est le cas pour les humaines et cinq espèces de baleine à dents. Ces grands-mères assurent la protection des plus jeunes jusqu'à l'âge adulte.  C'est une nouvelle vie qui commence pour les femmes autour de la cinquantaine, quand elles ne sont plus capables de donner la vie, mais qu'il leur reste encore beaucoup à vivre : c'est ce qu'on appelle la ménopause. Une exception dans le monde du vivant. Mais les femmes ne sont pas complètement seules ! Sur les quelque 5 000 espèces de mammifères sur la planète, cinq d'entre elles, hors les humaines, connaissent la ménopause. Pas les primates, qui sont pourtant nos cousins les plus proches, mais des mammifères marins : des cétacés, des baleines à dents, comme les orques et les bélugas.Les orques sont fertiles jusqu'à 40 ans et peuvent vivre 90 ans, à peu près comme les femmes. Mais arrêter de se reproduire, c'est une anomalie dans le monde animal, où il s'agit d'abord de perpétuer son espèce. Sauf s'il y a des avantages, comme une moindre concurrence. « Des femelles qui ne sont plus en phase de reproduction active ne seront plus en compétition avec des femelles du groupe qui elles sont en phase reproductive, explique Jean-Luc Jung, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle et directeur de la Station marine de Dinard, en Bretagne. On va de fait éliminer les compétitions pour les mâles, et les femelles qui ne rentrent plus dans ces compétitions sont plus disponibles pour autre chose. »À lire aussiLes baleines, anges gardiennes de la TerreL'hypothèse de la grand-mèreC'est la théorie de la grand-mère, appliquée aux cétacés. Ces grands-mères ont de l'expérience, protègent les plus faibles des prédateurs et savent où trouver la nourriture. « Pendant la ménopause, les femmes auraient plus de temps pour s'occuper des enfants et des petits-enfants, poursuit Jean-Luc Jung. Cela limiterait aussi les conflits intergénérationnels. Au final, on aurait peut-être moins d'enfants, mais des enfants qui arriveraient à l'âge adulte plus fréquemment. »Pour la grand-mère orque, c'est vrai qu'il y a du boulot dans un océan hostile. « Les cétacés ont une vie sociale extraordinairement forte. Et ça doit être particulièrement difficile d'élever des jeunes dans le milieu marin ; il n'y a pas d'endroits où se cacher, il n'y a pas d'arbres ou se réfugier, il n'y a pas de grottes… donc, il faut des organisations sociales autour des enfants, des jeunes, qui leur permettent d'arriver à l'âge adulte. »Avantage évolutifLa ménopause apparaît ainsi comme un avantage évolutif chez des espèces connues pour leur vie sociale développée : il y a un intérêt à vivre, même quand on n'est plus fertile. Les cétacés forment des sociétés matriarcales, et s'ils sont les seuls animaux non humains à connaître la ménopause, ce n'est peut-être pas un hasard. « Les sociétés des cétacés sont quasiment tout le temps organisées autour des femelles, et il est possible que le fait que l'évolution ait abouti à la ménopause dans ces groupes soit lié », conclut Jean-Luc Jung.À écouter dans Autour de la questionSommes-nous trop bêtes pour comprendre l'intelligence des animaux?

    Au secours de femmes et d'hommes, les animaux sont nos amis

    Play Episode Listen Later Mar 15, 2025 3:40


    Une baleine, des lions, un rat ou encore un singe... Voici quelques belles histoires où des animaux ont sauvé la vie d'êtres humains. Une rediffusion de l'émission du 12 mai 2024. C'est l'histoire d'un jeune Américain qui voulait en finir avec sa vie et qui se jeta d'un pont, le Golden Gate Bridge à San Francisco, sur la côte ouest des États-Unis – l'endroit où on se suicide le plus dans le monde... Kevin Hines avait 19 ans, il sauta dans les eaux glacées de l'océan Pacifique, mais une masse surgit et l'empêcha de couler vers le fond. C'était un lion de mer, qui le maintint à la surface jusqu'à l'arrivée des secours humains.Dans les mers et les océans, des animaux sauvent des vies humaines. En témoigne la biologiste Nan Hauser, qui avait l'habitude de nager près des baleines, ces gardiennes de la planète, pour étudier leur comportement. Un jour, une baleine à bosse, très tactile, s'est approché d'elle, l'a prise sous son aile, sous sa nageoire pectorale, et l'a entraînée plus loin. Le cétacé, connu pour son comportement altruiste avec d'autres animaux marins, voulait la protéger d'un requin tigre potentiellement menaçant.La jeune fille et les lionsOn peut aussi vous parler de Binti Jua, une femelle gorille du zoo de Chicago, aux États-Unis. Un enfant de 3 ans tomba dans son enclos, sur la tête. Le petit d'homme était inconscient. La guenon le prit dans ses bras, comme son propre petit, et l'apporta à la porte de l'enclos où les secouristes le prirent en charge.En Éthiopie, c'est une fille de 12 ans qui fut sauvée, non pas dans un zoo, mais en pleine nature. Sauvée des mains des hommes qui l'avaient enlevée pour la marier de force. Sauvée par des lions qui chassèrent les ravisseurs, alertés par les cris de l'adolescente. Les lions pourraient avoir pris les gémissements de la jeune fille pour ceux d'un lionceau.Main tendueOn vous a déjà parlé ici de Magawa, ce rat dressé pour repérer les mines antipersonnel au Cambodge, et qui a sauvé des dizaines de vies. Il y a deux ans tout juste, le président ukrainien Volodymyr Zelensky décorait Patron de la médaille du courage. Patron est un chien renifleur, un Jack Russel qui a détecté des centaines d'engins explosifs. Comme le chante l'artiste française Pomme, « Les animaux sont nos amis / Et nous devons les protéger / Il faut agir dès aujourd'hui / Si nous voulons tous les sauver. »Et puis, il y a cette photo célèbre d'un orang-outan tendant la main à un homme enfoncé dans une rivière sur l'île de Bornéo, en Indonésie. Comme si le singe lui venait en aide. Bon, en réalité, il lui réclamait à manger ! 

    La mondialisation du braconnage

    Play Episode Listen Later Mar 8, 2025 2:39


    Des pangolins morts ont été retrouvés par les douanes françaises dans des bagages en provenance du Cameroun. Partout sur la planète, des dizaines d'espèces protégées sont la cible de trafics. Une économie souterraine qui menace la biodiversité, mais aussi l'humanité. De la viande morte dans des valises... C'est une découverte dévoilée la semaine dernière par les douanes françaises : les corps de onze pangolins ont été retrouvés dans les bagages d'une voyageuse en provenance du Cameroun. Une saisie qui confirme que le trafic des espèces menacées se porte bien. Bienvenue dans la mondialisation du braconnage.Accusé à tort dans l'affaire du Covid, le pangolin est décidément un héros bien malgré lui : il est le mammifère le plus chassé illégalement dans le monde. « Le pangolin est le couteau-suisse de la médecine traditionnelle chinoise, censé favoriser la lactation, stimulant sexuel, roboratif… La question serait plutôt à quoi il ne servirait pas, ironise Charlotte Nithart, porte-parole de l'association écologiste française Robin des bois. Le pangolin chinois étant considéré commercialement éteint, les fournisseurs se sont donc rabattus sur le continent africain. »La Chine, destination finaleToutes les espèces de pangolin sont sur la Liste rouge de l'UICN, l'Union internationale pour la conservation de la nature, classées en danger critique d'extinction. Sa disparition serait inquiétante pour l'équilibre de la biodiversité, et pourrait entraîner une prolifération des termites et fourmis dont le mammifère se nourrit. Mais le trafic continue, et le pangolin est un parfait exemple de la mondialisation du braconnage. « En Afrique, vous avez beaucoup d'expatriés chinois qui travaillent sur des chantiers et qui servent de fournisseurs, d'intermédiaires, de rabatteurs, poursuit Charlotte Nithart. Ce petit mammifère absolument pacifique a une stratégie face à un ennemi : il se met en boule ; une affaire en or pour le braconnier qui n'a plus qu'à le ramasser. »Dans L'Atlas du business des espèces menacées, publié par Robin des bois, de nombreux trafics d'espèces animales convergent effectivement vers la Chine. Les Routes de la soie sont aussi des routes de la mort. Première cause pointée par Charlotte Nithart, « la puissance de lobby et financière de la médecine traditionnelle chinoise qui ne veut surtout pas perdre de terrain. Il y a aussi l'aspect "signe extérieur de richesse" : pour un repas de notables, servir de la viande de tigre ou de pangolin, ça fait son effet… Enfin, il y a le nombre d'habitants, tout simplement. » C'est mathématique : le pays le plus peuplé au monde est celui qui consomme le plus d'espèces issues du trafic illégal.Oiseaux en cageMais au-delà des grands mammifères (tigres, éléphants, rhinocéros…), la survie d'espèces animales moins « charismatiques » est aussi menacée. C'est le cas par exemple du chardonneret élégant, un passereau, un petit oiseau haut en couleurs bariolé de rouge, jaune et noir. Son chant est recherché, et c'est aussi pour ça que l'oiseau est recherché, traqué, depuis des siècles, à tel point qu'il est quasiment éteint en Afrique du Nord.« Il en reste au Maroc, un hotspot du trafic. Le chardonneret étant migrateur, il est de plus en plus piégé tout le long de sa route de migration, à la glu ou par des filets », explique la porte-parole de Robin des bois. Ce trafic mondialisé obéit à la loi du marché : « Moins il y en a, plus il vaut cher. Au Maroc, le chardonneret se vend quelques dizaines à une centaine d'euros. Le prix d'un couple revendu en France ou en Belgique peut atteindre 500 euros. Il y a donc de l'argent à se faire. »Économie de guerreLe chiffre d'affaires annuel du trafic de toutes les espèces menacées est estimé aujourd'hui à 17 milliards d'euros. Une économie de guerre, souterraine, qui s'approprie le bien commun. « C'est une guerre, souligne Charlotte Nithart, avec des morts parmi les rangers ou les défenseurs de l'environnement, mais aussi les braconniers. Ces trafics financent des groupes terroristes ou des milices clandestines : la paix, tout simplement, est remise en cause par le braconnage. »

    Oupette, vache limousine et star du 61e Salon de l'agriculture

    Play Episode Listen Later Mar 1, 2025 3:57


    Rencontre avec l'égérie de l'édition 2025 Salon international de l'agriculture de Paris, son éleveur et ses fans. Les vaches sont les animaux les plus populaires de la ferme. « C'est elle, la star ?, demande ingénument une dame aux cheveux blancs. On nous a dit qu'il y avait une star ! ». Oui, la star est là, devant nous, devant des dizaines de visiteurs qui se pressent autour d'un enclos formé d'une double barrière en bois où trône Oupette, l'égérie du Salon de l'agriculture qui se termine ce dimanche 2 mars 2025 à Paris. « Effectivement, on est venu voir Oupette, parce qu'on en parle partout à la télé, confirme une jeune femme. On va toujours voir la star du salon, et cette année, c'est Oupette ! » « Oupette ? Ah oui, Oupette choupette !, sourit un père de famille en lisant le panneau accroché à une barrière. Il découvre alors le pois de la bête : 1 021 kilos. « Plus d'une tonne...Oh my god ! (Oh mon dieu !) », lâche-t-il.Mais pourquoi Oupette s'appelle Oupette ? La vache, décidément très précieuse, a refusé de répondre à nos questions. Alors, on s'est tourné vers son éleveur, Alexandre Humeau, agriculteur dans le département de la Vienne, où est née Oupette il y a six ans, dans le Limousin, la région qui a donné son nom à la limousine, cette race de vache célébrée pour sa viande : « Oupette, quand elle est née, avait déjà sa petite houppette sur la tête, raconte-t-il. Et du coup, c'est Oupette sans ''H'' car c'était l'année des ''O''. C'est un peu comme les chiens et les chats, il y a une lettre en fonction de l'année de naissance. »Selfies bovins« Clic-clac Kodak », comme aurait dit feu Jacques Chirac, ce président qui aimait tâter le cul des vaches. Les appareils photos crépitent autant que sur le tapis rouge du Festival de Cannes, et comme des paparazzi, les visiteurs jouent des coudes pour approcher au plus près du bovin. Et comme si on croisait Monica Bellucci, on tente un selfie, « parce que c'est la star du salon », affirme, sur le ton de l'évidence, une femme souriant à son téléphone.Le Salon de l'agriculture choisit chaque année une vache comme égérie. Une année, c'est une vache laitière (pour le lait). Et l'année suivante, une vache allaitante (pour la viande). C'est le cas d'Oupette, une vache généreuse à la robe de couleur roux brun. La limousine est la deuxième race bovine allaitante en France – il y en a plus d'un million. « Les organisateurs du Salon de l'agriculture se posaient la question pour savoir s'il fallait mettre un autre animal, explique Alexandre Humeau. Ils ont demandé aux visiteurs, et pour eux, l'animal du Salon vraiment emblématique, c'est la vache. Je pense que c'est parce que c'est un animal qui est imposant, un animal dont on peut se souvenir, de par sa puissance. Les gens sont attirés par la vache ! »La star se fait désirerEt la vache est si mignonne qu'on en oublierait que l'élevage bovin est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Une large partie est tout de même compensée par les prairies, des puits de carbone performants.Pour l'heure, Oupette, vachement à l'aise devant les objectifs, se fait désirer : elle s'est couchée dans la paille. Tant pis pour les photos. « Attends, tu vois pas la houppette !, s'inquiète une femme auprès de son amie. Non ? C'est bon ? Tu l'as eue ? » Mais soudain, la star se relève pour son public. Un murmure soulagé parcourt l'assistance massée autour d'Oupette. « Ouh ! Bravo ! On l'applaudit ! On a traversé tout le salon juste pour elle, merci ! », rigole un Parisien qui a grandi à la campagne, au milieu des vaches.Animal graciéDepuis 10 000 ans, les humains élèvent des bovins. Pour leur peau, leur viande, leur lait, leurs bouses aussi. « C'est vrai que dans une ferme, la vache a un rôle central, précise l'éleveur Alexandre Humeau. Elle mange de l'herbe, donc elle participe à entretenir les territoires. Le fumier est utilisé pour fertiliser les céréales, les cultures. Tout est consommé, tout est recyclé, donc c'est un très bon animal. »Un animal aussi très patient... Des heures et des heures de représentation pour la star du Salon, véritable animal de foire, qui a même sa doublure pour aller respirer de temps en temps. Le Salon de l'agriculture se termine avec une bonne nouvelle pour Oupette : elle échappera à l'abattoir. « Parce qu'elle est égérie du salon, c'est une vache qui va être graciée. Elle finira ses jours dans l'exploitation », annonce Alexandre Humeau. Une semaine de célébrité, c'est une promesse d'éternité.À voir aussiLe Salon de l'agriculture de Paris en images

    L'autruche, un oiseau d'Afrique qui ne sait pas voler (mais qui a d'autres qualités)

    Play Episode Listen Later Feb 22, 2025 2:42


    L'oiseau le plus grand sur Terre est incapable de s'arracher à la terre. Un handicap compensé par une vitesse de pointe, au sol, exceptionnelle. C'est l'oiseau de tous les superlatifs. L'autruche, qu'on ne rencontre qu'en Afrique, est l'oiseau le plus grand au monde, 2 mètres 50 environ pour le mâle. L'oiseau le plus lourd, jusqu'à 150 kg. C'est enfin l'oiseau le plus rapide, au sol : une autruche peut courir pendant une demi-heure, pour échapper aux prédateurs de la savane africaine, avec des pointes à 70 km/h.Mais on ne peut pas avoir toutes les qualités. L'autruche ne sait pas voler – c'est d'ailleurs le cas de quelque 80 espèces d'oiseaux sur Terre qui restent sur terre. C'est d'abord une question de poids. Et puis l'autruche, à la différence des oiseaux volants, ne possède pas de bréchet, au niveau du sternum, un os où sont rattachés les muscles des ailes. À lire aussiLes derniers secrets des oiseaux migrateursDe gros œufs, de gros yeuxMais cela n'a pas toujours été le cas. L'ancêtre de l'autruche, au moment des dinosaures, savait voler. Une capacité qu'il a perdue en l'absence de prédateur, après l'extinction des dinosaures et avant que les mammifères deviennent les maîtres de la prédation. L'abandon du vol a permis à l'autruche de muscler ses pattes, lui donnant la force de pouvoir assommer un lion qui s'approcherait un peu trop près.L'autruche est aussi un oiseau qui pond les œufs les plus gros parmi tous les oiseaux : 1,5 kg, l'équivalent d'une vingtaine d'œufs de poule. L'autruche possède enfin les yeux les plus gros de tous les vertébrés : 5 cm de diamètre, des yeux plus grands que ceux de l'éléphant. L'autruche a ainsi des yeux plus gros que son cerveau. Mais n'en tirez aucune conclusion ! À lire aussiÀ quoi rêvent les oiseaux ?

    Le citron, l'autre soleil de la Méditerranée

    Play Episode Listen Later Feb 15, 2025 3:07


    La Fête du citron de Menton, sur la Riviera française, célèbre chaque année l'un des emblèmes de la culture et de la cuisine du bassin méditerranéen. Mais le citron jaune est-il méditerranéen ? Le citron brille en Méditerranée. Et particulièrement du côté de Menton, sur la Côte d'Azur, dans le sud de la France, où se tient depuis ce samedi 15 février La Fête du citron (jusqu'au 2 mars), « un événement unique au monde », clame la ville qui a donné son nom à un citron réputé pour sa longue conservation une fois cueilli. « Le citron est vraiment introduit dans la culture et la cuisine méditerranéenne, comme condiment ou associé à plein de plats. Et il n'y a vraiment qu'en Méditerranée qu'on retrouve ça », souligne François Luro, spécialiste de la génétique des agrumes à l'Inrae, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement. L'Europe est le premier producteur mondial de citron, avec plus de 9 millions de citronniers plantés. Principalement sur le pourtour méditerranéen où on voit la vie en jaune. L'Espagne est ainsi le premier exportateur mondial. « La Méditerranée est considérée comme la deuxième zone de diversification des agrumes, après l'Asie, la zone d'origine, où toutes les espèces sont nées », poursuit François Luro. Le citron est un hybrideMais le citron est-il méditerranéen ? Ses origines géographiques restent discutées, faute de traces archéologiques suffisamment anciennes. Le citron serait né en Inde (dans l'Himalaya), ou en Perse, ou en Méditerranée... Une certitude, ses ancêtres sont asiatiques. Le citron est le fruit d'une hybridation spontanée entre le cédrat et l'orange amère. Tous les agrumes qu'on connaît aujourd'hui sont en fait issus de 3 ou 4 espèces primaires, dotées d'une grande diversité génétique. « Elles se sont en fait développées dans des régions séparées pendant des millions d'années ; on voit donc, par exemple, qu'entre une mandarine et un pamplemousse, il n'y a aucune ressemblance. Ces espèces sont tellement diversifiées que quand elles se croisent entre elles, elles génèrent énormément de diversité. Chaque pépin d'un croisement mandarine/pamplemousse que vous allez semer donnera à chaque fois une variété différente, avec des caractéristiques différentes les unes des autres », explique François Luro, chercheur au centre de San Giuliano, en Corse, qui abrite plus de 800 variétés d'agrumes, l'une des plus importantes collections au monde.Le citron n'est pas presséMais ce n'est pas parce qu'il est cultivé dans des zones aux étés chauds et arides, et de plus en plus chauds et arides, que le citron sera à terme épargné par le réchauffement climatique. Contrairement à une idée reçue, « ce n'est pas une espèce économe en eau parce que les citronniers n'ont pas de repos végétatif en hiver, ils gardent leurs feuilles, donc ils continuent à pomper de l'eau dans le sol, à transpirer cette eau », relève François Luro.C'est d'ailleurs principalement en hiver que les fruits du citronnier arrivent à maturité, après une floraison printanière. Car le citron n'est pas pressé. « C'est un fruit qui se développe assez lentement. Il lui faut quasiment six mois, explique François Luro. Et pour la commercialisation, il faut qu'il jaunisse ; on ne peut pas avoir sur un étalage un citron de couleur verte. Le passage du vert au jaune est lié aux températures basses. Quand les températures diminuent, il y a une dégradation de la couleur verte, de la chlorophylle, et l'apparition d'autres pigments qui donnent cette couleur jaune au citron. » Le citron est un soleil en plein hiver. La question de la semaineÀ lire aussiL'orange est orange (mais pas partout)

    À Paris, avec l'amélioration de la qualité de la Seine, des moules refont leur apparition

    Play Episode Listen Later Feb 8, 2025 4:01


    Grâce à l'ADN environnemental, une vingtaine d'espèces de bivalves, dont trois menacées en France, ont été détectées dans le fleuve qui traverse la capitale française. Un nouveau signe d'une santé retrouvée. C'est un décor de carte postale qui réserve une surprise. Le clapotis des vagues sur un quai de Seine à Paris, un bateau-mouche qui passe, entre l'île Saint-Louis et l'île de la Cité... C'est ici, à quelques mètres, quelque part au fond de l'eau boueuse, comme à d'autres endroits sur la Seine, qu'on a détecté la présence de moules d'eau douce, une vingtaine d'espèces de bivalves au total, dont trois qui avaient disparu du fleuve parisien.« Ce fut une grosse surprise, témoigne Vincent Prié, spécialiste des mollusques aquatiques. Évidemment, on ne s'attendait pas à les retrouver dans un endroit aussi anthropisé que le centre de Paris. » C'est une étude destinée à évaluer les effets de la pollution lumineuse sur la biodiversité de la Seine qui a permis ces redécouvertes, grâce à une technique récente et révolutionnaire : l'ADN environnemental.Des millions de cellules perdues dans la nature« Chaque organisme perd des centaines de millions de cellules, essentiellement de peau, par jour – nous, humains, perdons 500 millions de cellules de peau par jour –, et chacune de ces cellules contient de l'ADN. Avec des techniques qui sont proches de celles de la police criminelle, on arrive à l'extraire de l'environnement et à le séquencer », explique Vincent Prié, directeur de projets à Spygene, une société spécialisée dans « l'espionnage des gènes » dans la nature.Et c'est ainsi qu'à partir de prélèvements d'eau en divers points de la Seine, à Paris, a été révélée la présence de la mulette épaisse, la mulette des rivières et l'anodonte comprimée, les deux dernières espèces étant particulièrement vulnérables, ce qui témoigne sûrement de la bonne santé retrouvée du fleuve parisien.La Seine reprend vieGrâce aux moyens déployés depuis des années en faveur de la qualité de l'eau, la Seine reprend vie. Les poissons s'y baignent à nouveau – on comptait seulement trois espèces il y a 50 ans, il y en a douze fois plus aujourd'hui – et les moules aussi font leur retour. « Ces bêtes-là sont tributaires de poissons hôtes, précise Vincent Prié. Les moules émettent une larve qui va être parasite des branchies du poisson pendant quelques semaines. Et puis après, la petite moule tombe, et elle grandit là où elle tombe. Donc, ce qu'elle nous raconte, même si on n'a pas beaucoup de détails, c'est que les efforts qui ont été faits pour améliorer la qualité de l'eau portent leurs fruits. » Les moules, d'ailleurs, participent un peu à la qualité de la Seine, puisqu'elles filtrent chaque jour 40 litres d'eau.Mais ces découvertes posent encore de nombreuses questions. Quel est le rôle de la lumière artificielle, qui favorise le phytoplancton, les algues microscopiques dont se nourrissent les moules ? Combien sont-elles au juste ? « On n'est probablement pas sur des tapis de moules d'eau douce comme il y avait il y a quelques siècles, répond Vincent Prié. L'ADN environnemental, c'est un peu comme une odeur, un peu comme si on les flairait. Et maintenant, ce qu'on veut, c'est les voir. Essayer de comprendre ce qu'elles ont trouvé de favorable dans la Seine, sachant qu'on les rencontre plutôt dans des rivières un peu sauvages. Est-ce qu'il y a des juvéniles, est-ce que ce sont des populations qui se portent bien ​​​​​​​? On aimerait beaucoup avoir l'occasion de plonger dans la Seine pour vérifier tout ça ​​​​​​​! »La question de la semaine

    Un bébé qui pleure? Les crocodiles accourent!

    Play Episode Listen Later Feb 1, 2025 3:12


    Une expérience scientifique démontre comment les crocodiles repèrent la détresse dans des cris d'humains ou d'autres animaux. C'est le signal, pour ces prédateurs, d'une proie vulnérable. Quand vous entendez un bébé pleurer, vous voulez le prendre dans vos bras, pour le consoler. Les crocodiles aussi se précipitent, mais pour une tout autre raison. Ces reptiles aux dents longues sont capables de percevoir dans un cri humain la détresse, comme l'a montré une étude réalisée pour confirmer une hypothèse du naturaliste britannique Charles Darwin au XIXe siècle. « On estime que l'ensemble des vertébrés ont un appareil vocal assez proche, explique Nicolas Grimault, chercheur au CNRS. Darwin avait émis l'hypothèse que les espèces de vertébrés étaient capables de communiquer entre elles, en tout cas de comprendre un message émotionnel véhiculé par les cris des différentes espèces animales. »Nicolas Grimault, acousticien de formation, fait partie de l'équipe du Centre de recherches en neurosciences de Lyon qui a réalisé cette expérience au zoo d'Agadir, au Maroc. En diffusant à des crocodiles du Nil des cris de détresse émis par des bonobos, des chimpanzés et des petits d'Hommes. Et le résultat fut saisissant.« Parfois, les crocodiles se rapprochaient du haut-parleur juste pour venir voir ce qu'il se passait, raconte Nicolas Grimault. Et parfois, on a eu des attaques assez claires : les crocodiles venaient et essayaient de saisir dans la mâchoire le haut-parleur. Donc, on était obligé de remonter en quatrième vitesse le haut-parleur avec la corde avant qu'il ne se fasse croquer par le crocodile ! », se souvient-il.Proie facileMieux que nous humains, les crocodiles perçoivent la détresse dans un cri. Un avantage indéniable pour ces prédateurs partisans du moindre effort en s'attaquant aux plus faibles. « Les crocodiles sont des animaux à sang-froid dont ils s'économisent. Ils économisent leur énergie, ils sont opportunistes et vont aller au moindre effort pour se nourrir. Donc plus un animal va être potentiellement en détresse, blessé ou sans la surveillance de la femelle pour les bébés, plus il va être une proie facile », conclut Nicolas Grimault. Une expérience similaire avait été réalisée aux États-Unis avec des biches. Mais en entendant des cris de détresse, d'humain ou d'autres animaux, elles, elles venaient porter secours. Les biches, c'est vrai, ne sont pas des prédateurs.La question de la semaine

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