Retrouvez les conférences, débats, rencontres et présentations de livres organisés à la Librairie Stendhal de Rome en podcast.
Vendredi 24 janvier 2025Jérémie Foa nous présente son livre Survivre - Une histoire des guerres de Religion paru aux Editions du Seuil. Dans le monde incertain des guerres de Religion (1562-1598), survivre est tout un art. Comment mentir, se déguiser, s'échapper, simuler ou dissimuler sa confession religieuse ? Comment se faufiler, tromper ou surprendre son adversaire ? Quelles sont, en somme, les tactiques pour tenir dans un monde soudain hostile, dans lequel le voisin peut dénoncer, le boucher empoisonner, votre accent vous trahir, le fils égorger, le mari mentir et la rue naguère familière devenir guet-apens ? « Car en matière de guerres intestines, écrit Montaigne, votre valet peut être du parti que vous craignez. Et lorsque la religion sert de prétexte, les parentés mêmes deviennent peu fiables ».En s'appuyant sur des chroniques contemporaines et sur un matériau archivistique exceptionnel, cette enquête entend rendre sensible ce que fut l'expérience concrète des « tristes hommes d'après 1560 ». Parce que la guerre civile rend incertain ce qui semblait le mieux établi – l'identité des êtres et des choses, le statut des lieux, le langage lui-même –, Survivre entreprend de mettre en lumière les savoir-faire et les savoir-vivreavec le trouble. Mais ce livre n'entend pas seulement restituer au plus près des documents ce que fut l'épreuve de la guerre intestine. Il propose une relecture ambitieuse de l'ensemble des guerres de Religion, laboratoire de notre modernité, désormais envisagées au prisme de la condition d'incertitude.Jérémie Foa est maître de conférences habilité à diriger des recherches à Aix-Marseille Université, membre du laboratoire TELEMMe et spécialiste de l'histoire des guerres de Religion en Europe. Il est notamment l'auteur de Tous ceux qui tombent. Visages du massacre de la Saint-Barthélemy (La Découverte, 2021 ; Prix lycéen du livre d'histoire de Blois, 2022).
A l'occasion de la traduction de "Mythe" de Furio Jesi, parue aux éditions la Tempête, Benjamin Torterat, le traducteur et Sara Minelli, chercheuse et docteure en philosophie du mythe échangeront autour de l'oeuvre.Les mythes sont des objets dangereux : ils renvoient à une origine lointaine, racontant un passé invérifiable et, pour cette raison même, doté d'une force hypnotique. C'est pour cela qu'ils furent toujours employés par les appareils totalitaires. À la manipulation des mythes par la culture de droite, Jesi n'oppose cependant pas une répulsion humaniste qui « peut aussi se traduire par un soutien évident à la société bourgeoise ». Il déplace plutôt son regard vers le mécanisme qui produit les mythes, afin d'en saisir le fonctionnement : c'est-à-dire qu'il nous invite à « enquêter sur le fonctionnement de la machine mythologique, et non sur l'existence ou la non-existence de son contenu ».Furio Jesi (1941-1980) était un spécialiste des mythes, historien des religions et critique littéraire. Penseur éclectique et original, il a développé des modèles d'interprétation innovants sur le mythe et ses manifestations modernes. Parmi ses essais publiés en français : La fête et la machine mythologique (2008), Spartakus. Symbolique de la révolte (2016) et Culture de droite (2021).
Mardi 18 mars 2025Rencontre autour de la poésie de Suzanne Doppelt, avec Luigi Magno, Estelle Mouton-Rovira et Jeff BardaSuzanne Doppelt est une écrivaine, éditrice et photographe française qui a étudié et enseigné la philosophie avant de se concentrer sur la photographie.Elle fonde et dirige avec Pierre Alferi, la revue littéraire Détail.Suzanne Doppelt est membre du comité de rédaction de Vacarme.Elle a notamment publié aux éditions P.O.L Quelque chose cloche (2004), Le Pré est vénéneux (2007) et aux éditions Inventaire / Invention Le monde est beau, il est rond (2008)Meta Donna - éditions P.O.LDans la petite ville de Galatina, dans les Pouilles, on peut assister à un curieux rituel de dépossession autour de l'araignée et sa morsure. Un exorcisme dansé et chanté, sur plusieurs jours, qui permet une forme de régulation de l'ordre social, de redonner un sens au désordre, de soulager les conflits individuels et collectifs. Le pseudo poison circule entre l'araignée, les musiciens, la famille et les villageois rassemblés pour la circonstance. Il faut s'identifier à l'araignée, danser comme elle le ferait puisqu'elle se déplace en dansant, pense-t-on, sur une musique effrénée puisque sa morsure est musicale. Il est question de pauvreté, de grande fatigue, d'ennui mortel, de conflits irrésolus, et de poison donc, d'envoûtement et de désenvoûtement.
Vendredi 28 mars 2025Geneviève Morand et Natalie Ann Roy présentent leur dernier livre Libérer la paresse publié aux Éditions du remue-ménageAprès avoir disséqué la colère et la luxure, les auteurices poursuivent leur relecture impénitente et tendancieusement féministe des péchés capitaux. Dans cette œuvre chorale, quelque part entre deux burnouts, elles dénoncent tout ce qui les épuise et se demandent qui, en ce bas monde, a vraiment droit au repos.Libérez la paresse - Sous la direction de Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy - les éditions du remue-ménageAprès avoir disséqué la colère et la luxure, Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy poursuivent leur relecture impénitente et tendancieusement féministe des péchés capitaux. Dans cette œuvre chorale, quelque part entre deux burnouts, les auteurices rassemblé·es dénoncent tout ce qui les épuise et se demandent qui, en ce bas monde, a vraiment droit au repos. La paresse est-elle l'apanage des privilégié·es? Est-il possible de ralentir radicalement sans crisser le feu au système? Entre le travail toxique et l'obsession de la beauté, entre la charge mentale, le sexisme, les injonctions au self-care, la pauvreté, le capitalisme sauvage, les traumas, la violence conjugale et la planète qui brûle, il faudrait, en plus, prendre le temps de méditer? Non. Nous exigeons le droit de ne pas réaliser notre plein potentiel. Et de rester couché·es.Avec Sayaka Araniva-Yanez, Joëlle Basque, Roxanne Bélair, Rébecca Boily-Duguay, Gabrielle Boulianne-Tremblay, Emilie S. Caravecchia, Zed Cézard, Josiane Cossette, Karine Côté-Andreetti, Marie-Pierre Duval, Yara El-Soueidi, Florence Sara G. Ferraris, Amélie Gillenn, J.D. Kurtness, Melissa Mollen Dupuis, Geneviève Morand, Heather O'Neill, Joanie Pietracupa, Nathalie Plaat, Pascal Raud, Shirley Rivet, Natalie-Ann Roy, Catherine Voyer-Léger et Cathy Wong.Geneviève Morand travaille dans le milieu communautaire.Elle est titulaire d'un Executive Master of Business Administration (EMBA) de l'École des sciences de la gestion (ESG UQAM) (2014-2016).Elle travaille dans les organismes communautaires depuis qu'elle a 19 ans, où elle a débuté comme intervenante jeunesse. Elle a dirigé une douzaine d'organismes, incluant des organismes locaux, régionaux, des regroupements et des organismes pancanadiens.Geneviève Morand est fondatrice et conseillère principale de RISE | Au service des organisations sociales depuis 2009.Féministe, mère de deux filles, elle est pressée de changer le monde, pour elles.Natalie-Ann Roy est designer graphique, illustratrice et auteure.Après des études à l'Université Nova Scotia College of Art and Design à Halifax, elle obtient son Master of Design avec son mémoire intitulé : "Design: The Next Step – Towards Community and Interdisciplinary Collaboration".Elle poursuit sa carrière pendant plus de dix ans au sein de son studio de design (Atelier NAC) qui promeut les changements sociaux et la culture. Elle intègre ensuite l'équipe de communications d'une organisation vouée à l'éducation.En parallèle, elle est codirectrice, auteure et illustratrice du collectif "Libérer la colère" (Remue-ménage, 2018), auteure participante du collectif "Faire son gros possible" (Cardinal, 2019), auteure-participante du recueil "Je n'en ai jamais parlé à personne" (Héliotrope, 2020).Elle est également codirectrice de l'ouvrage collectif "Libérer la culotte" (2021), publié aux Éditions du remue-ménage et au sein duquel 30 femmes catalysent leurs expériences en lien avec la sexualité.
Jeudi 27 mars 2025Rencontre avec Christian Laval, auteur du roman Marx en Amérique aux éditions Champ Vallon et co-auteur de l'ouvrage Instituer les mondes : pour une cosmopolitique des communs aux éditions La Découverte.Marx en Amérique - Editions Champ Vallon Karl Marx n'est pas mort le 14 mars 1883. Il a quitté Londres pour partager la vie des Iroquois sénécas. Il avait découvert leur démocratie exemplaire par la lecture de travaux ethnologiques, qui lui avaient donné l'envie de faire enfin l'expérience d'une autre vie. Ce désir longtemps mûri et cette fuite restée secrète grâce à la complicité de ses proches vont le transformer physiquement, affectivement, intellectuellement. Se faisant passer pour un ethnologue, il est adopté par un groupe sénéca, il se remarie avec une indienne, change de vie. Devenu chef guerrier, il n'hésite sur aucun moyen pour servir la résistance du peuple Sénéca. Ce nouveau Marx reste lié à son ami Engels et à sa fille Eleanor. Les retrouvailles tournent à la confrontation des mondes, au bord des chutes du Niagara, lieu plus tard d'une mort philosophique.C'est un homme de notre temps qui s'adresse à nous. Un Marx inattendu, et qu'on attendait.Instituer les mondes Pour une cosmopolitique des communsPierre Dardot, Christian Laval - Editions La DécouverteFace au désastre climatique, aux ravages de la globalisation néolibérale, à la montée des nationalismes, des néofascismes et à l'embrasement du monde, il est vain de compter sur la " communauté internationale " pour surmonter les antagonismes des souverainetés étatiques. Relever les défis auxquels est confrontée l'humanité requiert une nouvelle cosmopolitique, qui ne soit pas un idéal philosophique ou une utopie sentimentale, mais une action collective au-delà des frontières. La voie en est aujourd'hui tracée, par le bas, au travers des expérimentations alternatives et des pratiques de transnationalisation et de transversalisation qui se développent au sein des luttes écologistes, féministes, antiracistes, autochtones, syndicales et paysannes.Ces mouvements esquissent partout la texture des communs, ces institutions fondées sur l'autogouvernement des milieux de vie. Mais, si leurs promesses démocratiques et égalitaires dessinent déjà un autre horizon politique, il ne suffit pas d'attendre patiemment que ces petits îlots se multiplient et s'agrègent pour en révéler la puissance révolutionnaire planétaire. Il s'agit maintenant de se demander comment penser les échelles d'action et leur articulation sans céder à l'illusion d'un emboîtement vertical.C'est cette question stratégique fondamentale qu'affrontent ici Pierre Dardot et Christian Laval. L'enjeu suppose de tirer le bilan des internationalismes du passé, de comprendre les limites que l'altermondialisme s'est lui-même imposées et d'établir l'inadéquation des variétés anciennes de cosmopolitisme aux exigences nouvelles. En œuvrant à composer un monde commun qui procéderait des multiples manières de faire monde, la cosmopolitique des communs permet désormais d'envisager lucidement la possibilité d'une nouvelle phase de mobilisation mondiale.Christian Laval est sociologue et historien des idées politiques. Il a notamment écrit, avec Pierre Dardot, un livre de référence Marx, prénom : Karl (Gallimard, 2012). Marx en Amérique est son premier roman.
Mardi 25 mars 2025Rencontre avec Kristina Gauthier-Landry dans le cadre de la présentation de son ouvrage Le Don publié aux éditions La Peuplade Kristina Gauthier-Landry - Le Don - Editions La PeupladeQuelque part sur une île qui n'en est pas une, une femme possède tous les dons sans le savoir, car personne ne le lui a dit : le silence, la souplesse, les souvenirs, et surtout, l'amour. Un jour naît la fille qu'elle attendait depuis longtemps. L'enfant apprend à lire le monde et à déjouer le sort sur cette terre impossible, où elle se voit confier par sa mère les clés d'une langue indisciplinée. Devenue grande, ayant pris le large vers la ville où elle vit pour deux, la fille donne à son tour naissance à sa mère en racontant leur histoire.Dans une adresse à celle qui lui a tout donné, Kristina Gauthier-Landry offre un récit indocile et lumineux. Tissant des liens entre des générations de femmes discrètes, elle tente un cri à fendre les eaux, prête à tout remuer pour vivre sa vie et laisser la preuve qu'elle existe.Kristina Gauthier-Landry est née à Natashquan en 1985, d'une mère acadienne et d'un père capitaine.Elle a remporté le prix littéraire Myriam- Caron en 2021 grâce à son premier livre à La Peuplade, Et arrivées au bout nous prendrons racine. Avec Le don, elle continue d'explorer les thématiques de la filiation et de l'affranchissement.
Jeudi 20 mars 2025Dialogue entre Julia Deck et Ilaria Vidotto dans le cadre de la sortie du roman Ann d'Angleterre publié aux éditions du SeuilPrix Médicis 2024En avril 2022, la mère de Julia Deck est victime d'un accident cérébral. Selon les médecins, ses chances de survie sont infimes. Mais la patiente déjoue les diagnostics. Commence alors un long cheminement, dans l'espoir d'une convalescence, à travers le dédale des établissements de soins. En parallèle, Julia Deck raconte, sur un rythme vif et non dénué d'humour british, la vie de cette femme issue d'une famille ouvrière anglaise, passionnée de littérature, qui s'est élevée socialement, est venue habiter en France, tout en continuant d'entretenir un rapport complexe avec sa famille d'Angleterre. Car au milieu de son histoire, Julia décèle une étrangeté, peut-être un secret – un point aveugle dans le récit de sa filiation. Mais à cette interrogation, seule sa mère, précisément, pourrait répondre. Ce texte splendide, qui questionne les liens entre l'écriture et la vie, est aussi un geste d'amour bouleversant d'une fille envers sa mère.Née à Paris d'un père français et d'une mère britannique, Julia Deck a précédemment publié cinq romans dont Viviane Élisabeth Fauville (2012), Propriété privée (2019) et Monument national (2022), traduits en plusieurs langues.Née à Gênes le 13 août 1990, Ilaria Vidotto est diplômée en langues et littératures étrangères à l'Université de Bologne (cours trinational Bologne-Mayence-Dijon) en septembre 2009 avec une thèse sur la littérature française (La fonction des lettres dans Le lys dans la vallée de Balzac et dans Adolphe de Benjamin Constant). En juillet 2014, elle a obtenu un Master en traduction spécialisée et interprétation de conférence au SSLMIT, Université de Trieste.Ses recherches, au sein de l'École doctorale d'études littéraires et culturelles, portent sur la littérature et la culture françaises des XIXe et XXe siècles.
Mercredi 19 mars 2025Dionigi Albera présente son ouvrage "Lampedusa - Une histoire méditerranéenne" aux éditions du Seuil.Une rencontre réalisée en collaboration avec l'Institut français centre Saint-Louis.Caillou aride aux confins de la Sicile, Lampedusa est aujourd'hui le symbole tragique de la crise des migrants en Europe. Derrière cette réalité tranchante, se révèle un microcosme où se croisent militants, pêcheurs, réfugiés, journalistes, touristes. Dionigi Albera s'est immergé dans la vie locale et a décelé les contradictions du lieu, entre forteresse et zone de passage. Et il remonte les strates du temps. Appuyé aux archives, aux récits des voyageurs et aux légendes, il repère Lampedusa jusque dans les confréries noires du Brésil colonial ou dans l'oeuvre de Diderot.Creuser l'histoire de Lampedusa, c'est plonger dans l'épaisseur de la frontière, dans les échanges entre Orient et Occident, musulmans et chrétiens, empires ottoman et espagnol, Afrique du Nord et Europe. Car Lampedusa a toujours été une île-monde. S'y retrouvent des marins et des guerriers, des convertis et des repris de justice exilés, des corsaires et des ermites bons commerçants, une Madone protectrice des naufragés, un Prince sicilien, nommé déjà Le Guépard… 20 km2 perdus en mer où se condensent cinq siècles d'histoire méditerranéenne. Dans un récit sensible et haut en couleurs, Dionigi Albera saisit ainsi les temporalités longues, sous les oscillations nerveuses de l'histoire contemporaine.Dionigi Albera est anthropologue et directeur de recherche émérite au CNRS. Il a notamment publié le Dictionnaire de la Méditerranée (Actes Sud, 2016) et Dieu, une enquête. Judaïsme, christianisme, islam : ce qui les distingue, ce qui les rapproche (Flammarion, 2013).
Mardi 11 mars 2025Voix en mouvement : Migrations et IdentitéDans le cadre du Festival Ça jase en Tiguidou, nous avons reçu Maïka Sondarjee pour présenter son essai Tu viens d'où ? publié aux éditions LUXCauserie animée par Anne TrépanierTu viens d'où ? - Editions LUXFille de l'océan Indien et de l'Atlantique, du canal du Mozambique et du Saint-Laurent, Maïka Sondarjee est issue d'une famille catholique canadienne-française et d'une famille musulmane malgache d'origine indienne. Elle est le produit d'une mixité qui fait qu'on lui demande souvent d'où elle vient.Dans cet essai, l'autrice raconte son histoire, mais aussi celle de toutes les personnes dont la peau est une mosaïque et qui, comme elle, habitent plusieurs mondes. En s'attardant notamment à l'histoire des mariages mixtes, au phénomène du white passing (passer pour blanc) et au colorisme, Maïka Sondarjee s'interroge sur la manière dont les généalogies transnationales et postcoloniales façonnent l'identité des individus et leur rapport au monde.Ce livre est une lettre d'amour et de gratitude à la société qui a accueilli son père à Sherbrooke dans les années 1970 et à la famille indienne qui a accepté sa mère dans les années 1980. C'est aussi un plaidoyer pour l'émergence d'une pensée frontalière, une manière de concevoir le monde à partir de ses marges pour le réinventer.Maïka Sondarjee est une chercheuse et autrice canadienne. Professeure agrégée à l'École de développement international et mondialisation de l'Université d'Ottawa, elle s'intéresse aux aspects inégalitaires des relations internationales, ainsi qu'au métissage et à l'immigration.Anne Trépanier est historienne et professeure à l'Université Carleton (Ottawa). Pédagogue novatrice de l'interdisciplinaire, elle a été récompensée par le prix international D2L (2019). La médiation interculturelle lui est à la fois un objectif et un outil pour interroger le passé comme le présent. Ses travaux explorent l'imaginaire politique québécois, les questions de représentations nationales et la narration de la nation.
Mercredi 19 mars 2025Voix en mouvement : Migrations et IdentitéDans le cadre du Festival Ça jase en Tiguidou, nous avons reçu Kim Thúy, autrice de Em, Ru, Mãn et Vi publiés aux éditions Liana LeviCauserie animée par Anne TrépanierKim Thúy a quitté le Vietnam avec les boat people à l'âge de dix ans et s'est installée avec sa famille au Québec.Diplômée en traduction et en droit, l'écrivaine a travaillé comme couturière, interprète, avocate et chef-propriétaire de restaurant.Kim Thúy a reçu plusieurs prix, dont le Prix littéraire du Gouverneur général 2010, et a été l'une des quatre finalistes du Nobel Alternatif en 2018. Elle est chevalière de l'Ordre national du Québec. Ses livres, dont les ventes montent à plus de 850 000 copies partout dans le monde, sont traduits en 31 langues et 43 pays et territoires. Kim Thúy vit à Montréal et se consacre à l'écriture.Anne Trépanier est historienne et professeure à l'Université Carleton (Ottawa). Pédagogue novatrice de l'interdisciplinaire, elle a été récompensée par le prix international D2L (2019). La médiation interculturelle lui est à la fois un objectif et un outil pour interroger le passé comme le présent. Ses travaux explorent l'imaginaire politique québécois, les questions de représentations nationales et la narration de la nation.
Jeudi 27 février 2025Le dehors dedans - Averroès en peintureRencontre avec Jean-Baptiste Brenet autour de son livre Le dehors dedans - Averroès en peinture - éditions MaculaEn présence de l'éditrice Véronique YersinPendant deux cent cinquante ans, entre le XIVe et le XVIe siècle, on a peint en Italie des Triomphe de Thomas d'Aquin qui représentent le théologien chrétien en chaire, majestueux, dominant le même adversaire assis ou étendu à ses pieds. Enturbanné, barbu, cet homme vaincu est Averroès, le grand commentateur arabe d'Aristote. Que fait-il là ? Quel est le sens de cette figuration, a priori négative, qui se répète à travers les âges ? C'est à quoi ce livre veut répondre, en proposant de « lire » ces peintures d'un autre œil : non pas en spécialiste de l'art, mais en historien de la philosophie, soucieux du dossier théorique ayant opposé les deux personnages et leurs épigones (les annexes contiennent la traduction inédite de textes majeurs de la querelle).Deux choses ressortent, dans un renversement : que ces œuvres de propagande travestissent la réalité du rapport complexe d'héritage et de relance que la scolastique puis la pensée « européenne » auront entretenu avec la pensée arabe ; qu'elles se trahissent, pourtant, laissant voir ce qu'elles entendaient recouvrir. Dedans, et non pas dehors, Averroès, songeur, est un motif inattendu : le véritable « sujet » de tous ces Triomphe.Jean-Baptiste Brenet est médiéviste, professeur de philosophie arabe à l'Université Paris 1- Panthéon Sorbonne. Il est spécialiste de l'œuvre d'Averroès (Ibn Rushd) et de son legs au monde latin. Traducteur de l'arabe et du latin, il a publié une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels : Averroès l'inquiétant, Paris, Les Belles Lettres, 2015 ; Je fantasme, Lagrasse, Verdier, 2017 ; Que veut dire penser ? Arabes et Latins, Paris, Payot et Rivages, 2022.
Lundi 24 février 2025Peggy GuggenheimRencotre avec Magali Croset-Calisto autour de son livre Le monde selon Peggy g. - éditions Livres du mondeEn collaboration avec l'Institut Français Centre Saint-LouisLe monde selon Peggy g. - éditions Livres du mondeNew York, Londres, Paris, Annecy, Venise. Cocteau, Kandinsky, Ernst, Pollock, Brancusi. L'art, la fortune, l'amour, la liberté. La création à Venise de son légendaire musée... Peggy Guggenheim (1898-1979) est une mécène américaine dont la vie et les aventures bien réelles dépassent toute fiction. Ou presque.Magali Croset-Calisto est sexologue, psychologue et addictologue. Titulaire d'un doctorat de lettres consacré au surréalisme, elle a un parcours professionnel et universitaire résolument pluridisciplinaire. Ses thèmes de recherche portent principalement sur l'art, la littérature, la psychanalyse, les grandes figures féminines du XXe-XXIe siècle, l'érotisme et la sexualité. Elle est l'auteure d'une douzaine d'ouvrages dont Les Révolutions de l'orgasme (Editions de l'Observatoire), La révolution du No Sex (Editions de l'Observatoire), Une fin de vie volée (Le Bord de l'eau), Fragments d'un discours polyamoureux (Editions Michalon)
Vendredi 21 février 2025 Elsa DECK MARSAULT - Faire justice, Moralisme progressiste et pratiques punitives dans la lutte contre les violences sexistes - éditions La FabriqueEn présence de l'éditrice Stella MAGLIANI-BELKACEMLà où il est admis que le recours à la police en cas de violence n'est pas la solution mais plutôt un problème supplémentaire, la tentation est de s'y substituer. Si l'intention est louable, son application l'est moins. Les mesures sont expéditives et les outils pour faire justice sont encore profondément empreints d'une philosophie punitive : menace, exclusion, harcèlement, dénonciation publique et discréditation politique. Comment sortir de cette impasse? La question est d'autant plus difficile qu'elle surgit au moment où les forces réactionnaires mènent une large offensive contre le wokisme pour mieux protéger ceux qui organisent les violences dans nos sociétés.Écrit par une « militante gouine », ce livre propose une critique fine du moralisme progressiste et des pratiques punitives dans les luttes sociales. En se saisissant d'exemples concrets rencontrés au gré de son militantisme et en discutant précisément l'abolitionnisme pénal, elle pose les jalons d'une justice transformatrice inventive, capable de prendre soin des victimes et de transformer les individu.es comme les groupes.Endiguer les violences c'est aussi ne plus craindre le conflit, ne plus avoir peur de lutter.Elsa Deck Marsault a cofondé Fracas, collectif queer et féministe d'entraide militante à la prise en charge des conflits et des violences en milieu intracommunautaire.
Vendredi 4 Octobre 2024La Rome des écrivainsUne conférence animée par l'essayiste et critique littéraire Corina Ciocârlie ainsi que par l'écrivain italien Raoul Precht. En dialogue avec le professeur Edmond Galasso, diplômé de l'université Lyon 3 et auteur d'Italiens d'hier et d'aujourd'hui.Corina Ciocârlie présente Ciné Roman - Ville éternelle, Regards croisés aux éditions Signes et Balises et Raoul Precht Quintetto Romano chez Bordeaux EdizioniCiné Roman - Ville éternelle, Regards croisés - éditions Signes et BalisesCorina Ciocârlie suit à la trace des personnages de fiction, prête l'oreille aux échos de leurs pas dans les rues de la ville de Rome, confronte leurs idées préconçues et leurs premières impressions de voyage. Rome est faite aussi de tout ce qu'en ont raconté les visiteurs qui nous ont précédés.Raoul Precht (Dir.) - Quintetto Romano - Bordeaux EdizioniCinq écrivains pour un roman en cinq histoires dont le protagoniste est la ville que beaucoup ont visités mais que peu ont vraiment connue.Corina Ciocârlie est journaliste et critique littéraire.Elle a étudié la linguistique et la littérature roumaine à l'Université de Bucarest .Corina Ciocârlie rédige des critiques littéraires pour l'hebdomadaire Le Jeudi, coordonne le supplément spécial Tageblatt Livres/Bücher et collabore aux Éditions Phi.Raoul Precht est poète, narrateur, traducteur et essayiste. Il a récemment publié le recueil de nouvelles Quintetto romano et le roman Il mare dei poeti (Bordeaux 2023 et 2024).
13 février 2025Rencontre avec Claudio D'AURIZIO autour de Gilles DeleuzeEn conversation avec Daniela ANGELUCCI et Fabrizio PALOMBIClaudio D'Aurizio est auteur de l'essai Una filosofia della piega éditions Mimesis et traducteur de Sulla pittura éditions EinaudiUna filosofia della piega - Saggio su Gilles DeleuzeL'ouvrage retrace rétroactivement l'ensemble du parcours philosophique de Gilles Deleuze (1925-1995) à la lumière du concept de pli, et se divise en deux parties qui abordent, sous des angles différents, la fonction de cette notion dans l'évolution de sa pensée. Una filosofia della piega offre au lecteur un riche parcours théorique qui participe au débat sur l'héritage et la pertinence de la pensée de l'un des plus importants intellectuels français du XXe siècle.Sulla pittura - Corso marzo-maggio 1981Par David LapoujadeTraduction de Claudio D'AurizioDe 1970 à 1987, Gilles Deleuze a enseigné un cours hebdomadaire de philosophie à l'Université expérimentale de Vincennes, transférée à Saint-Denis en 1980. Les huit conférences données par le philosophe français entre mars et juin 1981, transcrites et annotées dans ce volume, sont entièrement consacrées au problème de la peinture. Cézanne, Van Gogh, Michel-Ange, Turner, Klee, Mondrian, Pollock, Bacon, Delacroix, Gauguin ou Caravage constituent pour Deleuze autant d'occasions de discuter de concepts philosophiques fondamentaux tels que code, diagramme, figure, analogie, modulation. Avec ses étudiants, le philosophe français repense radicalement les concepts qui constituent habituellement la base de notre compréhension de l'activité créatrice des peintres.Claudio D'Aurizio est titulaire d'un doctorat en études humanistes en co-direction de l'Université de Calabre et de l'Université de Reims Champagne-Ardenne. Professeur de philosophie théorique à l'Université de Calabre, secrétaire de rédaction de la revue L'inconscio, il a traduit David Lapoujade, Deleuze. Mouvements aberrants (2020) et Alain Badiou, Nietzsche. Antiphilosophie 1 (2022). Il traite de la philosophie moderne et contemporaine et de son intersection avec la littérature, la psychanalyse, l'art.Daniela Angelucci enseigne l'esthétique à l'Université de Roma Tre. Ses principaux domaines d'intérêt comprennent la théorie de l'image et la philosophie du cinéma.Fabrizio Palombi est professeur associé de philosophie théorique à l'Université de Calabre, professeur à l'Institut pour la clinique des liens sociaux et directeur de L'inconscio.
Vendredi 14 février 2025Rencontre avec Pascal Boniface, auteur de Israël-Palestine, une guerre sans limites ? - Editions EyrollesOrganisée en collaboration avec Les amis du monde diplomatique ItalieL'histoire et l'actualité d'un conflit majeur Cet ouvrage de référence, clair et concis revient sur les origines du conflit depuis la création de l'État d'Israël. Il décrypte les événements marquants qui ont embrasé la région ainsi que les multiples tentatives de paix avortées jusqu'à la reprise de la guerre en 2023.Ce livre dresse un panorama complet des enjeux géopolitiques d'une cohabitation impossible, son impact auprès des pays arabes voisins et ses retentissements à l'échelle mondiale.Pascal Boniface est un géopolitologue français. Il est le Fondateur et directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et a écrit, participé ou préfacé de nombreux ouvrages traduits en plusieurs langues.Pascal Boniface est un géopolitologue français. Il est le Fondateur et directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et a écrit, participé ou préfacé de nombreux ouvrages traduits en plusieurs langues.
mercredi 15 janvier 2025Dominique Iogna-Prat – La maison commune des modernes. Entre tradiction d'Église et utopies scoiales – France XIXe-XXe siècles – Éditions PUFEn dialogue avec Patrick Valdrini La culture occidentale tend à penser le social au prisme de l'architecture depuis le Moyen Âge, qui formule un rapport d'équivalence entre l'église et l'Église, le contenant et le contenu, puis le rapport dynamique de deux nouveaux termes, la ville et la cité, à l'âge du grand essor urbain des années 1100-1200. Dans un Occident qui reste chrétien dans ses conceptions de l'ordre du monde au moins jusqu'aux Lumières philosophiques du XVIII e siècle, les rapports ville/cité et architecture/architectonique relèvent longtemps d'un montage théologico-politique propre à ménager une relation entre temporel et spirituel, entre l'ici-bas et l'au-delà. L'objet de La Maison commune des Modernes est de s'interroger sur le devenir de ce montage théologico-politique dans le temps d'après, de 1800 à 1920, soit l'époque de la grande reconstruction de société après la Révolution française, qui voit l'émergence des sciences de l'homme et de la société, spécialement de la sociologie et de l'urbanisme, lesquelles viennent interroger radicalement la pertinence de la référence au divin et aux destinées transcendantes de la communauté humaine. Surnature ou sur-société ? Architecture créatrice de Dieu ou architecture autoportante des hommes ? Et que devient cette maison commune à l'âge des grandes crises écologiques, lorsqu'il s'agit de sauver la planète que tous les hommes ont en partage ? Dominique Iogna-Prat est directeur de recherche émérite au CNRS et directeur d'études émérite à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Historien reconnu du Moyen Âge occidental, il a codirigé aux Puf le Dictionnaire des faits religieux (2e éd. 2019) et le Dictionnaire critique de l'Église. Notions et débats de sciences sociales (2023)
Mathieu Larnaudie - Trash Vortex Éditions Actes SudEn dialogue avec Aurélie Adler et Ilaria Vidotto – jeudi 9 janvier 2025Quelque chose est en train de craquer. Face à l'angoisse apocalyptique qui hante notre temps, les puissants de ce monde se préparent eux aussi à l'effondrement. Certains croient assurer leur survie en s'offrant de luxueux bunkers, d'autres capitalisent sur le désastre qu'ils ont contribué à provoquer. Eugénie Valier, héritière déclinante d'un grand groupe industriel, se résigne quant à elle à une mort prochaine. Et puisque l'humanité court à sa perte, elle décide de démanteler l'empire érigé par son père au lieu de le léguer à son fils. L'intégralité de sa fortune ira à une fondation destinée à nettoyer les "trash vortex", ces vastes tourbillons marins qui charrient tous les déchets dérivant à la surface des océans. Mais cette mission, a priori vertueuse, sert en fait un projet de liquidation générale, auquel se mêle un inavouable règlement de comptes familial. Avec cette satire virtuose des élites économiques, politiques, et des multiples acteurs qui gravitent autour d'elles, Mathieu Larnaudie nous emporte dans une traversée vertigineuse de notre époque, et signe le grand roman d'une civilisation fascinée par sa propre fin. Que reste-t-il à transmettre lorsque demain est incertain ?Né en 1977, Mathieu Larnaudie vit et travaille à Paris. Depuis 2004, il codirige la revue et les éditions Inculte. Il est l'auteur, notamment, de Strangulation (Gallimard, 2008), La Constituante piratesque (Burozoïque, 2009), Les Effondrés (Actes Sud, 2010), Acharnement (Actes Sud, 2012) et Notre désir est sans remède (Actes Sud, 2015).
Mercredi 18 décembre 2024Olivier Guez - "Mesopotamia" - Editions GrasseVous ne la connaissez pas, pourtant elle a tenu le monde entre ses mains. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Gertrude Bell a dessiné les frontière de l'Orient, dans ce désert sauvage où tout a commencé : le pays entre deux fleuves, le Tigre et l'Euphrate.Aventurière, archéologue, espionne, parlant l'arabe et le persan, elle fut la première femme puissante de l'Empire britannique, mais aussi une héroïne tragique. Idéaliste comme son ami et frère d'âme Lawrence d'Arabie. Impérialiste et courageuse comme le jeune Winston Churchill. Enfant aimée et incomprise d'une riche famille victorienne. Amoureuse éperdue. Et une énigme pour nous : celle des femmes que l'Histoire a effacées.Olivier Guez lui rend sa gloire et nous offre une épopée flamboyante : de la découverte de gigantesques gisements pétroliers aux jeux de pouvoir cruels entre Britanniques, Français et Allemands, des négociations sous les tentes bédouines aux sables de Bagdad où se perdent nos rêves.Le roman de Gertrude Bell dessine la vaste freque de la première mondialisation, quand le plus grand empire de tous les temps s'approprie une contrée mythique et maudite, terre d'Abraham, du déluge et de Babel, tombeau d'Alexandre le Grand : la Mésopotamie.Romancier, essayiste, ancien journaliste, Olivier Guez est notamment l'auteur de La disparition de Josef Mengele (Grasset 2017, prix Renaudot). Il a reçu le César allemand du meilleur scénario pour le film Fritz Bauer, un héros allemand. Il vit à Rome.
samedi 7 décembre 2024Francesca Alberti – Pierres, matières, surfaces à la Villa Médicis – Silvana editoriale – Revue Studiolo n.19 – éditions Macula En dialogue avec Ariane Varela Braga et Gaëlle ObiéglyDe la villa de Lucullus au palais d'Honorius, du casino du cardinal Giovanni Ricci da Montepulciano à la villa de Ferdinand de Médicis, la Villa Médicis, siège de l'Académie de France à Rome depuis 1803, recèle, dans ses pierres, matières et surfaces, plusieurs récits qui se croisent et s'entrecroisent. Les contributions réunies dans ce volume, issues de l'histoire de l'art et de l'architecture, de la restauration ou de l'archéologie mais aussi de la littérature, portent une attention rapprochée aux traces conservées dans les matériaux et leurs multiples sollicitations.De par leurs approches diverses, ces textes nous proposent de parcourir la Villa Médicis en redécouvrant son écosystème matériel, où se superposent des régimes de temporalité non linéaires, nous invitant à reconsidérer notre propre rapport à l'histoire et aux lieux patrimoniaux.Francesca Alberti est Directrice du département d'histoire de l'art à l'Académie de France à Rome et Maîtresse de conférences à l'Université de Tours et au Centre d'Études Supérieures de la Renaissance. Ses recherches se concentrent sur l'art et la culture visuelles au début de l'époque moderne. Pensionnaire à l'Académie de France à Rome (2014-2015), elle a été cocommissaire en 2022 de l'exposition Gribouillage / Scarabocchio. De Léonard de Vinci a Cy Twombly (Villa Médicis, Rome-Ecole des Beaux-Arts, Paris).
Vendredi 8 novembre 2024Amelia Rosselli – "Journal obtus" – éditions Ypsilon Rencontre avec les autrices Maria Attanasio et Antonella Anedda, Marie Fabre, traductrice et Isabella Checcaglini, éditrice« La poésie ne doit pas être confession mais recherche de vérité », affirme-t-elle. « La poésie, pour moi, c'est d'abord réussir à transmettre l'expérience du réel collectif ». Or elle accepte ici, d'une certaine manière, d'expérimenter une prose directement et narrativement autobiographique - avec la distance d'une troisième personne et de multiples transfigurations, certes, mais cependant lisible comme le journal d'une crise, où le sujet se raconte et, se racontant, remonte dans le passé aux racines de son histoire, et se questionne.Étonnamment, elle définit elle-même ce texte comme son « mini-roman ». Journal Obtus (Diario ottuso, 1990) est l'avant-dernier livre publié par Amelia Rosselli - « le plus grand poète italien du XXe siècle », au dire de Pasolini qui publie ses premiers poèmes dans la revue de Vittorini et Calvino, Il Menabò, en 1964.Amelia Rosselli (1930-1996), poète italien qui a fait partie de la “génération des années trente”, avec quelques-uns des noms les plus connus dans la littérature italienne.
Lundi 7 octobre 2024Il Giorgione di Dumas - Cristina Farnetti présente son édition bilingue du texte de Dumas. Zel edizioni En dialogue avec Costanza BarbieriTraduites pour la première fois en italien, et bien loin de la dernière réédition de 1862 dans la version originale française, ces pages de Dumas remettent en cause l'obscurité qui enveloppe presque entièrement la biographie de Giorgione (Castelfranco Veneto, 1478 ? - Venise, 1510).D'un trait de plume aussi acéré que l'épée d'un mousquetaire, l'écrivain mêle habilement ce que Vasari, Ridolfi et quelques autres auteurs lui ont transmis.Il plonge dans le profil intérieur de Giorgione, décrivant ses sentiments et sa fragilité, le poursuivant dans les calli de Venise alors qu'il converse avec Titien ou s'attarde mélancoliquement dans l'obscurité de sa chambre : généreux et amoureux, insouciant et vaincu, presque comme s'il était le protagoniste du dernier scénario envoyé au Théâtre-Français de Paris.
Mercredi 2 octobre 2024Sarah Rey - "Manus. Une autre histoire de Rome" – Éditions Albin MichelLe corps est un langage à Rome, dont Sarah Rey propose d'étudier la grammaire à travers le prisme riche et original de la main. Que nous apprend-t-elle du monde romain, de sa symbolique et de ses usages, des plus traditionnels aux plus surprenants ?La main prête serment à Rome, scelle les contrats, pratique les rituels, soigne, commande, exécute, affranchit, est aussi éloquente que la voix..., mais elle peut encore se montrer impie, défaillante ou disgracieuse, et être frappée d'interdit. Dextra ou sinistra, célébrée ou crainte, et parfois même mutilée, la main se révèle un outil essentiel dans l'élaboration des codes moraux, sociaux et religieux des débuts de la République à l'avènement de l'Empire.Sarah Rey montre combien son importance est manifeste au sein de toutes les couches de la population romaine, des élites dirigeantes aux travailleurs manuels, artisans comme paysans, en passant par les soldats, les prêtres et les médecins. On explore ainsi, à travers la main, toute une série d'expressions de ce qui fait au quotidien la romanité.Convoquant des sources juridiques, rhétoriques, poétiques, mais aussi épigraphiques et iconographiques qui mettent en scène la main, et qu'elle traduit et analyse avec précision et finesse, Sarah Rey livre un essai très incarné, qui nous fait redécouvrir les épisodes emblématiques de la Rome antique et les personnages célèbres de son histoire.Sarah Rey est maître de conférences en histoire romaine à l'université de Valenciennes. Sa thèse (« Écrire l'histoire antique à l'École française de Rome. 1873-1940 », Rome, EFR, 2012) et plusieurs de ses articles sont consacrés à l'historiographie, ancienne et moderne. Elle s'intéresse aussi à l'histoire sociale et religieuse de la Rome antique.
Jeudi 30 mai 2024Jean-Marc Narbonne – "Protagoras, premier penseur de la démocratie. Une relecture philosophique et historique" – Éditions PULEn principe, Protagoras est quelqu'un qui a beaucoup pour plaire. C'est un démocrate aux prétentions plutôt modestes, un homme qui s'efforce d'améliorer autant qu'il le peut le bien-être des individus qu'il côtoie et celui des cités dans lesquelles il séjourne. Un réformateur sans doute, mais prudent et bien vu de « toute la Grèce cultivée », comme l'avait déjà noté Nietzsche. Pourquoi alors tant de défiance à son égard? Bien sûr, chacun sait ce qui a entaché son nom et sa réputation dans l'histoire, une machine de guerre conçue par Platon pour discréditer ses positions et à laquelle Aristote lui-même, qui lui doit en réalité beaucoup et le rejoint sur plusieurs points, a contribué.Dans le présent livre - le premier en langue française à lui être expressément consacré -, l'on verra pourtant qu'un autre portrait de Protagoras est possible, celui d'un penseur qui tient sur la réalité sensible des propos beaucoup plus fondés que ce qu'on a généralement reconnu, qui adopte face au divin une position plus révérencieuse que ce que sa fameuse déclaration « agnostique » a pu laisser supposer, qui se révèle plus proche d'Aristote que ce qu'on a prétendu et que l'intéressé lui-même s'est montré prêt à le reconnaître, et partisan d'une démocratie de type modéré dont Aristote plus tard se fera lui-même le chantre.Bref, un Protagoras qui épistémologiquement, religieusement, éthiquement et politiquement parlant, se mesure en fait aux plus grands esprits dans l'histoire, un penseur innovant qu'il convient de reconsidérer et dont on tente par ailleurs ici - une nouveauté - de retracer l'influence depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours.Jean-Marc Narbonne, Membre de la Société royale du Canada, est professeur de philosophie antique à l'Université Laval (Québec), titulaire de la Chaire de recherche du Canada en Antiquité Critique et Modernité Émergente (ACMÉ, 2015-2022), directeur du projet Partenariat international de recherche Raison et Révélation : l'Héritage Critique de l'Antiquité (CRSH 2014-2021), et directeur du projet d'édition des Œuvres complètes de Plotin aux éditions Les Belles Lettres.
Jeudi 6 juin 2024Pascal Janovjak – Le voyage du Salem – Actes Sud.En dialogue avec Céline CuriolEn 1980, la salle des machines d'un énorme pétrolier baptisé le Salem prend feu au large des côtes sénégalaises. L'équipage est sauvé par un navire anglais qui s'éloigne en sachant que le tanker, chargé de 200 000 tonnes de brut, va exploser et provoquer la plus grande marée noire de tous les temps. Mais le géant de fer bascule et coule sans la moindre étincelle. Un mystère, une histoire unique, celle de la plus extraordinaire escroquerie du siècle.Pascal Janovjak est un écrivain franco-suisse né à Bâle en 1975 de mère française et de père slovaque. Il étudie l'histoire de l'art et la littérature comparée à Strasbourg et travaille ensuite à l'étranger, d'abord en Jordanie et au Liban en tant qu'enseignant, puis au Bangladesh où il occupe le poste de directeur de l'Alliance Française de Dhaka.
Lundi 9 décembre 2024 Edgardo Scott - "Du flâneur au vagabond, un essai sur la marche" – éditions RiveneuveEn dialogue avec Magali Sequera, traductriceLes mille façons de marcher selon un auteur argentin d'origine écossaise vivant à Paris et qui explore les textes de grands écrivains de l'Ancien et du Nouveau monde : Ignace de Loyola, Borges, Virginia Woolf, Jean-Jacques Rousseau ou Damon Albarn. Une enquête sur le monde et sur soi-même.Un essai sur une fonction vitale autant physique que morale : la marche avec ses cinquantes nuances en s'appuyant sur les réflexions d'écrivains de très nombreux pays pour décentrer le regardUn essai plein d'érudition d'un auteur au croisement de l'Ancien et du nouveau monde déjà encensé par la critique en Argentine, Espagne, Portugal et en ItalieUne traduction de l'espagnol par la traductrice d'Hervé Guibert et Julia Deck : Magali Sequera.Le 30e titre de la collection bien installée Pépites pour les livres de poche aux couverture kraft avec une gravure de l'artiste France Dumas.Edgardo Scott est né dans la banlieue de Buenos Aires en 1978, originaire d'une famille irlandaise. Il a été membre fondateur du Grupo Alejandría, qui a lancé en 2005 un mouvement de lectures et de cycles littéraires.
La Galerie de Florence racontée par Dumas. Rencontre avec Cristina Farnetti et Jocelyn Fiorina pour leur livre publié aux éditions ChêneUn trésor oublié signé Alexandre Dumas, publié pour la première fois, 7 volumes, 1 900 pages, 700 images.En 1840, Alexandre Dumas, tout juste installé à Florence, est sollicité pour rédiger un guide du musée des Offices à la forme révolutionnaire. Grand amateur d'art, l'écrivain transforme le projet en une création magistrale : il commente 200 chefs-d'oeuvre de la galerie des Offices auxquels il ajoute une histoire des Médicis, une histoire de la peinture et des peintres, le tout formant une arborescence romanesque, érudite et vivante. L'inégalable collection des portraits de peintres complétera l'ouvrage. Édité pour la première fois, ce monument littéraire, en plus de l'intégralité des gravures d'origine, est enrichi de toutes les oeuvres en couleur, et est éclairé par les annotations de Cristina Farnetti et de Jocelyn Fiorina.Édition établie, présentée et annotée par Cristina Farnetti et Jocelyn Fiorina, en collaboration avec le musée des Offices de Florence.Cristina Farnetti, spécialiste en philosophie et en littératures anciennes, se consacre à la recherche et à l'histoire des idées, notamment aux liens entre arts figuratifs et performatifs. Elle est l'autrice de nombreuses éditions critiques.Elle est en disponibilité du ministère de la Culture italien.Jocelyn Fiorina est président de la Société des Amis d'Alexandre Dumas. Il est enseignant à CentraleSupélec, à l'Université Paris-Saclay, et à l'Université de Rome La Sapienza. Passionné de littérature, il a consacré un ouvrage aux riches liens entre le célèbre écrivain français et l'Italie.
Lundi 4 novembre 202Agnès Desmazières - "Sans loi ni foi, prêtres et violences sexuelles : au coeur du système catholique" – éditions Payot En dialogue avec Patrick ValdriniLes violences sexuelles dans l'Église catholique envers les jeunes femmes, les veuves, les religieuses, les domestiques et les enfants ne sont pas des faits isolés. Au contraire, elles reposent sur une culture du silence et de la dissimulation, elles sont systémiques (elles concernent l'ensemble de l'Église catholique, et ce, depuis son origine) et elles sont globales (on les retrouve dans le monde entier).Au terme d'une longue enquête au Vatican, Agnès Desmazières raconte comment le Saint-Office a, dès le début, été débordé par l'ampleur des cas, comment la peur du scandale et les exceptions à la règle ont favorisé l'impunité, et pourquoi les violences sexuelles font partie d'un système d'abus beaucoup plus large au sein même de l'Église.Agnès Desmazières enseigne au Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris et est membre associé du CéSor. Docteure en histoire de l'Institut universitaire de Florence, elle a consacré sa thèse à la réception catholique de la psychanalyse.
Spectacle-récit créé au moment des commémorations de la Première Guerre mondiale, Soldat Inconnu quinze-dix-huit met en scène le sort des soldats italiens qui, dans ce conflit d'une si grande ampleur, vont pour la première fois côtoyer leurs compatriotes dans une même zone de combat et apprendre à se connaître, alors que chacun parle un dialecte bien différent.Inspiré de lettres et de journaux de tranchées, il constitue le second volet d'un diptyque consacré par Mario Perrotta à la Grande Guerre. Perrotta choisit de mélanger plusieurs parlers d'Italie pour créer une langue qui soit la plus vivante mais aussi la plus étrange possible, et qui donne à voir la guerre dans toute son incompréhension, ses paradoxes et son horreur. La matérialité boueuse et crasseuse des tranchées se mêle au fracas des obus, à l'odeur du sang et des corps, dans une expérience multisensorielle où les sonorités langagières sont les vraies protagonistes, pour tisser un discours démystificateur qui remet en cause les propos officiels et le patriotisme des élites.Florence Courriol est née à Lyon en 1986. Docteure en études italiennes et traductologie à l'Université de Bourgogne (Dijon), elle travaille sur la langue vernaculaire dans la fiction italienne contemporaine et sa traduction en français. Elle s'occupe de traductologie et de multilinguisme littéraire et a publié divers articles sur le sujet. Parallèlement elle mène une carrière académique en enseignant la langue et la littérature italiennes dans diverses universités françaises (Dijon, Rennes, Avignon, Grenoble). Elle enseigne actuellement le français à la Sapienza, avec une mission de coopération universitaire à l'Institut français.Mario Perrotta est né en 1970. Originaire de Lecce, il est comédien, dramaturge et metteur en scène. Ses pièces ont été distinguées par de nombreux prix. Elles se fondent sur la figure des laissés-pour-compte : les spectacles-récits qu'il élabore, met en scène et interprète lui-même abordent les thèmes de l'émigration, de la marginalité et, avec Milite Ignoto quindicidiciotto, celui de la guerre. , Soldat Inconnu quinze-dix-huit Soldat huit est sa première pièce publiée en version bilingue italien-français.
"De la Baltique à la Méditerranée. Mémoires politiques et souvenirs poétiques." Linda Gil et Franck Salaün. Dialogue autour de "Catherine de Russie, Mémoires" et "Paul Valéry. La mer, la mer, toujours recommencée" – Éditions RivagesComment devient-on Catherine la Grande, « impératrice et autocrate de toutes les Russies », qui régna en despote sur un territoire d'une superficie de 17 millions de kilomètres carrés, de 1762 à 1796 ? C'est par une série de métamorphoses successives que la jeune Sophie Frédérique Augusta d'Anhalt-Zerbst, née dans une famille allemande sur les rives de la mer Baltique s'est muée, à l'âge de 33 ans, en monarque crainte et révérée dans le monde entier.Linda Gil est une spécialiste de Voltaire. Elle a notamment publié les ouvrages Condorcet, vie de Voltaire et Casanova, quatre jours chez Voltaire aux éditions Rivages.Natif de Sète, Paul Valéry est resté fidèle à la mer, sur tous les plans et dans tous les sens. On pense à ses souvenirs d'enfance, et au poème intitulé "Le cimetière marin", mais ce n'est pas tout. La mer l'obsède. Il aime nager, observer les vagues, l'écume, que l'on retrouve dans ses textes. Il pense aussi à partir de ce qu'elle rend possible pêche, commerce, voyages, échanges et mélanges et de ce qu'elle suggère.La Méditerranée lui fournit des images poétiques et un modèle politique. Mais la mer, c'est aussi l'élément liquide, un modèle du phénomène de la pensée. Est-ce un hasard si le dialogue connu sous le titre "L'Idée fixe" est en fait intitulé : "L'Idée fixe ou Deux hommes à la mer" ?Les textes réunis dans ce volume permettent de découvrir l'importance de la mer, au propre et au figuré, dans la vie personnelle et la pensée de Valéry.Frank Salaün est professeur de littérature à l'Université Paul Valéry Montpellier 3. Ses travaux portent principalement sur les Lumières et sur les rapports entre littérature et philosophie du XVIIème siècle à aujourd'hui.
« Plus vite, plus haut, plus fort » : la devise des Jeux olympiques, c'est au père Henri Didon qu'on la doit.Le dominicain l'imagine, en mars 1891, pour l'Association de sports athlétiques qu'il vient de fonder. Le jeune Pierre de Coubertin, qui lui a suggéré cette création, reprend la formule à l'occasion du premier Congrès international olympique réuni à Paris. C'est ainsi que celui qui est un prédicateur renommé va rester dans l'histoire. Son attention au sport s'inscrit dans la logique d'une vie dominée par la volonté de réconcilier le catholicisme et la société moderne.Libéral, républicain et démocrate, attentif aux nouvelles méthodes d'éducation, curieux de littérature et passionné de science, auteur d'une vie de Jésus qui fut un grand succès de librairie et d'une correspondance avec des femmes modernes et brillantes, le père Didon est le témoin passionnant des mutations et des tensions qui ont ébranlé le catholicisme français dans la deuxième moitié du XIXe siècle. BioProfesseur émérite d'histoire contemporaine à l'Université de Brest, Yvon Tranvouez est membre du Centre de recherche bretonne et celtique. Auteur de plusieurs ouvrages sur le catholicisme français contemporain, il a publié récemment L'ivresse et le vertige. Vatican II, le moment 68 et la crise catholique.
Rencontre avec Frantz OLIVIÉ, éditeurMardi 5 mars 2024En hommage à la figure mythique d'Anacharsis, barbare éclairé frotté de philosophie et mis à mort par les siens parce qu'il était soupçonné de vouloir pervertir leurs mœurs ; en hommage à tous ceux qui, au fil des siècles, voulant changer d'œil pour observer leurs prochains, l'adoptèrent pour pseudonyme, les Éditions Anacharsis se sont donné pour vocation de publier des ouvrages qui rendent compte des rencontres entre cultures.Il peut s'agir de textes écrits au fil du temps – parfois injustement confinés dans des rôles de « documents » – de récits de voyages, authentiques ou étranges, de témoignages, mais aussi d'essais dont le dénominateur commun est de mettre le lecteur en présence d'un questionnement sur l'altérité.Se réclamant volontiers de la notion d'exotisme, ses publications invitent à la découverte d'un extérieur aussi bien situé dans le temps que dans l'espace, tout en laissant sa place au plaisir pur de la lecture.
22 juin 2022Deborah Blocker, Le principe de plaisir, esthétique, savoirs et politique dans la Florence des Médicis - Belles Lettres en dialogue avec Samir BoumedieneLe dernier jeudi du Carnaval de l'année 1569, au coeur d'un hiver féroce, sept jeunes patriciens florentins s'assemblèrent pour faire académie. La sodalité ainsi fondée devint vite l'une des académies florentines les plus dynamiques - au point de laisser, lors de sa disparition, six décennies plus tard, des milliers de folios d'archives consignant ses travaux (registres d'activités, discours, poèmes, etc.). Comprendre ce qui motiva ces hommes à oeuvrer ensemble avec tant de diligence reste néanmoins malaisé, tant l'institution cultiva le secret. Un élément frappe pourtant : la plus grande partie des Alterati étaient issus de familles qui s'étaient autrefois opposées au démantèlement de la République oligarchique. Le pouvoir médicéen tint leurs rejetons à l'écart des offices communaux comme des charges de cour, les poussant sans doute indirectement à investir leurs énergies dans les arts et les savoirs.Leur académie devint ainsi le lieu d'une ambivalence fondamentale : imitant par ses structures les institutions de la Florence communale, elle permit à ses membres de célébrer la République disparue en action comme en pensée - et toujours en vase clos. Mais, parce qu'elle donnait aux académiciens la possibilité de s'exercer avec constance à parler et à écrire, tout en les incitant à évaluer constamment les travaux d'autrui, elle leur offrait aussi l'occasion de travailler collectivement à leur intégration progressive dans la société de cour médicéenne, où les princes prisaient leurs savoir-faire et ne dédaignèrent pas d'en user. Déborah Blocker est professeure à l'Université de Californie, Berkeley (USA), où elle enseigne la littérature et l'histoireculturelle de l'époque moderne (XVI-XVIIe siècles). Ancienne pensionnaire du Harvard University Center for ItalianRenaissance Studies (Villa I Tatti), elle mène des recherches sur le statut des arts, et le développement des discours esthétiques, dans la France et l'Italie de la premièremodernité. Elle a consacré un livre à l'institution dans un art du théâtre dans la France de Richelieu (Instituer un « art » :politiques du théâtre dans la France du premier XVIIe siècle, Honoré Champion,2009) et travaille actuellement à une édition digitale de deux manuscrits.
23 mars 2023Présentation des éditions Vues de l'Esprit et du livre Christine l'Admirable par Sylvain PironAvant la persécution des sorcières, il a existé au Moyen Âge un mouvement par lequel des femmes ont revendiqué d'organiser elles-mêmes leur vie religieuse, hors de la tutelle du clergé masculin. Christine l'Admirable, active dans les années 1180-1220, est une pionnière parmi ces « saintes femmes » du diocèse de Liège. Revenue d'entre les morts, elle accomplit des prodiges stupéfiants et accompagne les mourants dans leur dernier voyage. Prédicatrice itinérante et mendiante, elle terrorise les bourgeois et réprimande les nobles, quand elle n'est pas ravie dans des danses et des chants extatiques. Le récit de sa vie se lit comme un roman d'aventures spirituelles. Il invite irrésistiblement à la comparaison avec différentes expériences, chamaniques ou autres. Ce n'est pas sans raison que Nick Cave a fait une chanson de cette femme libre et indomptable.Sylvain Piron est médiéviste, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Il est notamment l'auteur de Dialectique du monstre. Enquête sur Opicino de Canistris (Zones sensibles, 2015, 2e éd. 2021), L'Occupation du monde (Zones sensibles, 2018), Généalogie de la morale économique (Zones sensibles, 2020), éditeur et traducteur de Pierre de Jean Olivi, Traité des contrats (Les Belles- Lettres, 2012), et Lettres des deux amants, attribuées à Héloïse et Abélard (Gallimard, 2005).Il anime les éditions Vues de l'Esprit dont on aime la présentation qui suit : "L'état du monde requiert une révision radicale de nos manières de penser et d'agir. Face à la catastrophe écologique, l'ajustement de la société industrielle ne suffira pas puisque ce sont les valeurs sur lesquelles elle repose qui sont en crise (progrès, maîtrise technique de la nature, individualisme, consumérisme). Depuis peu, l'attention des sciences sociales se tourne davantage vers les liens qui unissent les sociétés humaines aux milieux qu'elles habitent. Nous proposons d'effectuer un pas de plus dans cette ouverture au monde, en tâchant d'écouter et de transmettre l'enseignement des diverses traditions et pratiques spirituelles. Ce sont toutes les manières de vivre avec l'invisible que nous souhaitons explorer"
Présentation du livre Chroniques de l'Europe, CNRS éditionsFabrice Virgili23 novembre 2022Retracer six siècles d'histoire de l'Europe en quelque 120 dates et plusieurs centaines de documents : tel est le défi que relèvent ces Chroniques.Loin d'inventorier les " grandes dates qui ont fait l'histoire ", cet ouvrage préfère mettre en lumière celles que l'on connaît moins. On y découvre, entre autres, l'adoption de l'écriture romaine dans l'imprimerie dès 1470, l'entrée de la tomate dans la cuisine européenne en 1613, l'exécution de la dernière sorcière en 1782, les luttes pour la diminution du temps de travail en 1817, le vote des femmes en Finlande en 1906, la première victime du mur de Berlin le 22 août 1961, le lancement de la fusée Europa II en 1971.Les historiennes et historiens - des techniques, du politique, de l'environnement, des idées, du genre, des arts, de l'économie - ici réunis, ont bien voulu se prêter à un exercice original : choisir un événement qui fait sens à l'échelle de l'Europe, puis, documents et repères chronologiques à l'appui, en faire le récit et rendre compte de ses résonances à travers le temps et l'espace.Une formidable plongée dans l'histoire longue de l'Europe à travers des figures marquantes, la circulation de savoirs, des innovations techniques ou artistiques, des tensions, conflits ou convergences. Une nouvelle façon de questionner ce qui fait date en histoire et de raconter l'Europe.Fabrice Virgili est historien, spécialiste des relations entre hommes et femmes au cours des deux guerres mondiales. Il est directeur de recherche au CNRS.
Les Églises et la Shoah - Mémorial de la ShoahDès le début des années 1920, le succès des Protocoles des Sages de Sion encourage la formation de réseaux antisémites à l'échelle mondiale, bien avant leur reprise par le fascisme et le nazisme. En montrant la participation active de groupes catholiques et de figures ecclésiastiques dans cette internationale antisémite, Nina Valbousquet met au jour un aspect méconnu de cette histoire. Croisant des archives inédites, françaises, italiennes et vaticanes, l'historienne reconstruit le réseau mené secrètement par Mgr Umberto Benigni, proche du pape Pie X, journaliste et professeur, traducteur des Protocoles, reconverti en espion fasciste pour le régime de Mussolini.Véritable plongée dans les milieux du catholicisme intégral, du clérico-fascisme et de l'extrême droite nationaliste de l'entre-deux-guerres, cet ouvrage propose une galerie de portraits?: des militants de l'Action française aux nationalistes roumains, en passant par les Russes anticommunistes exilés entre New York, Londres, Copenhague, Rome et Berlin. Nina Valbousquet démontre que, loin de se limiter à la tradition antijuive chrétienne, l'antisémitisme de ces milieux catholiques fait feu de tout bois, amalgamant antilibéralisme, antisionisme, croisade anticommuniste et racisme.Un éclairage indispensable à l'heure de l'ouverture des archives de Pie XII pour la période de la ShoahDoctorante en histoire, Nina Valbousquet a été distinguée pour son projet de thèse "Les réseaux transnationaux de l'antisémitisme catholique (France, Italie, 1913-1934)", mené sous la direction de Marc Lazar, professeur d'histoire à Sciences Po, Directeur du Centre d'histoire de Sciences Po et Marie-Anne Matard-Bonucci, professeure d'histoire à Paris 8.Egalement agrégée d'histoire, elle participe au programme d'échange avec Columbia University (Columbia University, Department of History: PhD Exchange Student (2015-2016), and Alliance Doctoral Mobility Grant Recipient.
Rencontre croisée entre Naomi Fontaine, autrice de Kuessipan, paru aux éditions Mémoire d'Encrier et Michel Jean auteur de Kukum paru éditions Points, dans le cadre du cycle La francophonie en question : Paroles autochtones du Québec. Causerie animée par Anne Trépanier.
Présentation du livre Homo Confort, le prix à payer d'une vie sans efforts ni contraintes, paru aux éditions de L'échappée, en dialogue avec Anselm Jappe à la Libreria Stendhal.
Présentation de Sirènes, paru aux éditions Inculte, en dialogue avec Marine AUBRY-MORICI, traductrice, à la Libreria Stendhal.