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figurer

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Latest podcast episodes about figurer

Vi elsker The Beatles
142. Lars Thiesgaard elsker The Beatles

Vi elsker The Beatles

Play Episode Listen Later Apr 12, 2025 63:24


Manden med de 1000 stemmer, eller som McCartney synger på "The Fool On The Hill": Man Of The 1000 Voices. Det er den perfekte beskrivelse af Lars Thiesgaard, der gennem mange år har leveret stemmer til tegnefilm -  eller "dubbet" som det hedder. Figurer som Grisling, Sorteper, Scooby-Doo, Yoda, Jokeren, Pumba, Dexter, Johnny Bravo, Mumi og Don Karnage har alle fået et dansk liv gennem Lars og hans magiske stemme. Samtidig har han været instruktør på gigant succeser som Skønheden og Udyret, Aladdin, Løvernes Konge, Shrek-filmene, Klokkeren fra Notre Dame, Tarzan og Toy Story filmene.  Han er også skuespiller, musiker og lydbogs-indlæser. Du har med garanti hørt hans stemme i tv, eller måske i dine høretelefoner gennem tiden. Og nu får du chancen igen, for Lars er gæst i denne episode der handler om hans store passion for The Beatles. Siden barndommen i Sønderjylland har de fire fra Liverpool været en del af ikke kun lyd-, men også livstapetet. Fra de helt tidlige singleplader der kom som gaver fra hans mormor og nærlyttet i selskab med venner og barnepiger, til teenage-årene hvor "Red Rose Speedway" gav gode råd til håndtering af det andet køn, til voksenlivet hvor Beatlerne giver inspiration og energi til endnu en opgave i studiet. Interviewet her er lavet i et magisk, farverigt rum på Falster hvor Lars arbejder omgivet af smukke minder og trofæer fra et langt arbejdsliv....og sandelig også The Beatles.   Du kan opleve Lars på scenen til efteråret, hvor han turnerer med: "Manden med de 1000 stemmer 2"  - og læse mere om ham her: https://www.thiesgaard.com

Le surf de l'info
Qui va figurer sur les nouveaux billets en euros ?

Le surf de l'info

Play Episode Listen Later Feb 13, 2025 2:06


La BCE souhaite imprimer de nouveaux billets en euros et a présenté deux thèmes en concurrence : la nature ou des personnalités emblématiques européennes. Ecoutez Vous allez en entendre parler avec Tom Lefevre du 13 février 2025.

Le journal RTL
VOUS ALLEZ EN ENTENDRE PARLER - Qui va figurer sur les nouveaux billets en euros ?

Le journal RTL

Play Episode Listen Later Feb 13, 2025 2:06


La BCE souhaite imprimer de nouveaux billets en euros et a présenté deux thèmes en concurrence : la nature ou des personnalités emblématiques européennes. Ecoutez Vous allez en entendre parler avec Tom Lefevre du 13 février 2025.

Génération Do It Yourself
#449 - Sarah Poniatowski - Maison Sarah Lavoine - Remettre le beau au centre de sa vie : comment réinventer son intérieur

Génération Do It Yourself

Play Episode Listen Later Feb 12, 2025 111:48


“Le beau fait du bien”Sarah Poniatowski ne sait pas dessiner pourtant elle a créé l'une des maisons de design les plus réputées en France.Ses créations n'ont pas de frontières : des couleurs, des vêtements, des meubles, des halls, des espaces de vie, des ambiances, des univers à part entière... Autant de créations qui reflètent sa créativité sans limites et celle de ses équipes.En 10 ans, le petit bureau d'architectes s'impose et devient une référence du design à la française.Dirigée d'une main de maitre par Sarah et son associé, Edouard Renevier, la maison réunit aujourd'hui 120 collaborateurs, 20 boutiques, 150 points de vente dans le monde et une quinzaine d'architectes d'intérieur.Dans cet épisode, Sarah nous embarque dans son univers, où chaque projet raconte une histoire, du mini studio parisien aux 45 000m2 de bureaux du groupe L'Oréal.Une conversation captivante avec une femme franche qui nous invite comme dans son dernier livre à rêver, oser, créer … et recommencer !Sarah revient sur 20 ans de création en abordant :Apprendre le métier d'archi d'intérieur en autodidacte de A à ZIncarner sa marque : défis et avantagesSa vision du design et sa méthode pour créer en permanenceComment on transforme un lieu pour lui donner vieSon obsession de transmettre, par tous les moyensAvions, trains, voitures : ses collaborations rêvéesJe vous ai négocié une offre exclusive: utiliser le code “DOIT” lors de votre achat sur le site Maison Sarah Lavoine ou en boutique pour bénéficier de -15% de réduction sur votre premier achat (code valable pendant une semaine après la diffusion de l'épisode) !TIMELINE:00:00:00 : Comment devenir architecte d'intérieur00:21:00 : Incarner une marque qui garde le nom de son ex-mari00:33:53 : Est-ce que les boutiques physiques vont disparaître ?00:40:12 : Imposer une marque avec des designs intemporels00:47:29 : L'argent n'est pas le problème : le beau accessible00:58:36 : Les collaborations réalisées et rêvées01:10:19 : Faire rayonner sa marque01:18:11 : Les plus beaux hôtels parisiens01:23:02 : Comment créer du beau et "lancer des couleurs”01:35:25 : Le pouvoir de la visualisation01:44:43 : Figurer 4 fois sur la Une du ElleLes anciens épisodes de GDIY mentionnés :#441 - Arthur Benzaquen - Masada, réalisateur - Qui a dit que le business n'était pas artistique ?#175 - Marc Lévy - Écrivain - Galérer avec le sourire#49 Joël Dicker - La vérité derrière l'affaire Harry Quebert - vendre 5 millions de livres avant 30 ans#435 - Constance Jablonski - French Bloom - La top model qui bouscule le monde du vin#374 - Laurent de Gourcuff - Confessions et secrets du roi de la nuit#434 - Frédéric Raillard - Fred & Farid - IA : la publicité sous stéroïdes#52 Stéphanie Gicquel - Visualiser pour ne jamais abandonnerNous avons parlé de :Maison Sarah LavoineAutoCADÉcole PenninghenLa Martingale avec Thierry VignalLe Village des Rosiers (avec la BNP)Collection SiciliaDéfinition “Flagship” : magasin phareCollaboration MSL x ERESPhilippe StarckAménagement de l'Île SeguinPinterestDocumentaire du GR20Les recommandations de lecture : Rêvez, osez, créez … et recommencez !Ainsi soit stylePortrait d'un homme heureuxL'art de la victoireJust KidsVous pouvez contacter Sarah sur Linkedin ou sur Instagram.La musique du générique vous plaît ? C'est à Morgan Prudhomme que je la dois ! Contactez-le sur : https://studio-module.com. Vous souhaitez sponsoriser Génération Do It Yourself ou nous proposer un partenariat ? Contactez mon label Orso Media via ce formulaire.

Maintenant Vous Savez - Culture
Quel est ce projet fou qui voulait défigurer Paris ?

Maintenant Vous Savez - Culture

Play Episode Listen Later Dec 27, 2024 4:27


Ville lumière, ville de l'amour, voire plus belle ville du monde, on ne tarit pas d'éloges sur Paris. Mais alors que son architecture variée reflète son histoire et qu'elle attire des millions de touristes chaque année, elle a bien failli être totalement rasée. Il s'agissait du projet totalement fou de l'architecte Franco-Suisse Le Corbusier. D'un parti-pris souvent radical, la plupart de ses œuvres ont créé la polémique, et le projet baptisé “le Plan Voisin” n'a pas dérogé à la règle. En quoi consistait le Plan Voisin ? Comment est né ce projet ? Ecoutez la suite de cet épisode de "Maintenant Vous Savez - Culture". Un podcast Bababam Originals, écrit et réalisé par Béatrice Jumel. Première diffusion : 9 octobre 2023. A écouter aussi : Qu'est-ce que le Bauhaus ? Pourquoi les gens ne sourient-ils (presque) jamais sur les peintures ? Pourquoi le studio d'animation Ghibli porte-t-il un nom italien ? Retrouvez tous les épisodes de "Maintenant vous savez - Culture". Suivez Bababam sur Instagram. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices

ONU Info

Alors que les dirigeants du monde entier se réunissent à New York pendant la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies, les femmes et les filles d'Afghanistan sont de moins en moins visibles, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.Le sort des femmes en Afghanistan ne cesse de se dégrader : elles restent exclues de l'éducation et de l'emploi, elles subissent de nombreuses restrictions à leurs déplacements et à leur participation à la vie publique, politique et économique, dont la dernière en date concernant l'utilisation de leur voix en public, qui vise à les réduire au silence et à les effacer de la sphère publique.Les Missions permanentes de l'Irlande, de l'Indonésie, de la Suisse et du Qatar, en partenariat avec le Forum des femmes sur l'Afghanistan, ont accueilli lundi un événement de haut niveau, afin de proposer une plateforme pour discuter des moyens d'assurer la participation des femmes afghanes à l'avenir de leur pays. (Extrait sonore : Margot Wallström, ancienne ministre suédoise des Affaires étrangères et présidente de l'évènement de haut niveau sur les femmes en Afghanistan)

Træningstimen
#275: Strik, Warhammer-figurer og håndarbejde gør dig sundere - Craft Psykologi med Anne Kirketerp

Træningstimen

Play Episode Listen Later Aug 23, 2024 71:23


Hvad end det er strik, hækling, Warhammer-maling eller håndværk, så er håndarbejde virkelig godt for vores mentale sundhed. ... Og på mange måder kan det også være en modgift til det skærmkiggeri, som er langt mere problematisk end de fleste er klar over. Det tager Nikolaj Bach (medejer i STYRK) og Camilla Andersen (VaneTerapeut i STYRK) en snak om med Anne Kirketerp. Anne Kirketerp er psykolog, Ph.d. og ophavskvinde til begrebet "craft-psykologi", der dækker over de mange positive effekter som "craft" kan give dig i din hverdag. -- Bliv medlem af Træningstimens gruppe på FB, og få svar på dine spørgsmål om træning og kost: https://www.facebook.com/groups/traeningstimen Få en uforpligtende samtale om din målsætning: https://styrkmig.dk/booking/

Radio foot internationale
Prix Marc-Vivien Foé : qui est assuré de figurer sur le podium ?

Radio foot internationale

Play Episode Listen Later May 2, 2024 48:30


Ce jeudi au sommaire de Radio Foot DIRECT 16h10TU (18h10 Paris) : - Prix Marc-Vivien Foé : Tic tac, Christophe Jousset, chef du service des sports de RFI nous donnera les noms des trois joueurs qui restent en course sur les 11 nommés avant l'annonce du lauréat 2024 ; - Ligue Europa : demi-finale c'est parti ! ; Ligue des Champions, bilan demies aller. - Prix Marc-Vivien Foé : Tic tac, Christophe Jousset, chef du service des sports de RFI nous donnera les noms des trois joueurs qui restent en course sur les 11 nommés avant l'annonce du lauréat 2024, le lundi 13 mai 2024. Qui est assuré de figurer sur le podium ? Réponse aujourd'hui en direct dans Radio foot ! Suspense.- Ligue Europa : demi-finale c'est parti !Focus sur OM vs Atalanta. Thomas de Saint-Léger sera en direct du Vélodrome pour nous donner les clés d'une rencontre que tout le peuple marseillais attend !- Ligue des Champions, bilan demies allerBayern Munich vs Real Madrid (2-2) et Dortmund vs PSG (1-0). Quels enseignements tirer de ces deux chocs. Perspectives et promesses pour le retour ?Pour en débattre autour d'Annie Gasnier, nos consultants du jour : Bruno Constant, Dominique Sévérac et Hervé Penot — David Fintzel — Technique/Réalisation : Matthieu Degueldre.

Radio Foot Internationale
Prix Marc-Vivien Foé : qui est assuré de figurer sur le podium ?

Radio Foot Internationale

Play Episode Listen Later May 2, 2024 48:30


Ce jeudi au sommaire de Radio Foot DIRECT 16h10TU (18h10 Paris) : - Prix Marc-Vivien Foé : Tic tac, Christophe Jousset, chef du service des sports de RFI nous donnera les noms des trois joueurs qui restent en course sur les 11 nommés avant l'annonce du lauréat 2024 ; - Ligue Europa : demi-finale c'est parti ! ; Ligue des Champions, bilan demies aller. - Prix Marc-Vivien Foé : Tic tac, Christophe Jousset, chef du service des sports de RFI nous donnera les noms des trois joueurs qui restent en course sur les 11 nommés avant l'annonce du lauréat 2024, le lundi 13 mai 2024. Qui est assuré de figurer sur le podium ? Réponse aujourd'hui en direct dans Radio foot ! Suspense.- Ligue Europa : demi-finale c'est parti !Focus sur OM vs Atalanta. Thomas de Saint-Léger sera en direct du Vélodrome pour nous donner les clés d'une rencontre que tout le peuple marseillais attend !- Ligue des Champions, bilan demies allerBayern Munich vs Real Madrid (2-2) et Dortmund vs PSG (1-0). Quels enseignements tirer de ces deux chocs. Perspectives et promesses pour le retour ?Pour en débattre autour d'Annie Gasnier, nos consultants du jour : Bruno Constant, Dominique Sévérac et Hervé Penot — David Fintzel — Technique/Réalisation : Matthieu Degueldre.

Kulturen på P1
Dronninger i kulissen og Disney-figurer i gyserfilm

Kulturen på P1

Play Episode Listen Later Jan 3, 2024 57:11


Når dronning Margrethe 14. januar abdicerer, bliver hun eks-regent. Og ser vi tilbage i danmarkshistorien, har en lang række markante dronninger spøgt i kulissen længe efter, at et nyt kongepar har sat sig til rette på tronen. Vi har set på fire af danmarkshistoriens markante dronninger, som har haft stor betydning, selvom nye folk har taget over som regenter. Disneys eneret til den tidlige Mickey Mouse- figur udløb ved årsskiftet, og der går ikke mere end vel et par måneder, før gyserfilmen 'Mickey's Mouse Trap' kommer i biograferne. Og om lidt kommer såmænd også Peter Plys-gyserfilm nummer 2. Vi ser på de nye film og spørger det rungende: 'Hvorfor?' Værter: Linnea Albinus Lande og Karen Secher.

Skuespillerpodden
Hvordan spille med dukker og figurer?

Skuespillerpodden

Play Episode Listen Later Oct 10, 2023 28:04


Hva det vil si å være skuespiller i et dukketeater? Dukketeater-regissør Tormod Lindgren forteller om hvilke egenskaper en figurspiller trenger, og forholdet til den tradisjonelle skuespillerkunsten.

Maintenant Vous Savez - Culture
Quel est ce projet fou qui voulait défigurer Paris ?

Maintenant Vous Savez - Culture

Play Episode Listen Later Oct 9, 2023 4:27


Ville lumière, ville de l'amour, voire plus belle ville du monde, on ne tarit pas d'éloges sur Paris. Mais alors que son architecture variée reflète son histoire et qu'elle attire des millions de touristes chaque année, elle a bien failli être totalement rasée. Il s'agissait du projet totalement fou de l'architecte Franco-Suisse Le Corbusier. D'un parti-pris souvent radical, la plupart de ses œuvres ont créé la polémique, et le projet baptisé “le Plan Voisin” n'a pas dérogé à la règle. En quoi consistait le Plan Voisin ? Comment est né ce projet ? Ecoutez la suite de cet épisode de "Maintenant Vous Savez - Culture". Un podcast Bababam Originals, écrit et réalisé par Béatrice Jumel. A écouter aussi : Qu'est-ce que le Bauhaus ? Pourquoi les gens ne sourient-ils (presque) jamais sur les peintures ? Pourquoi le studio d'animation Ghibli porte-t-il un nom italien ? Retrouvez tous les épisodes de "Maintenant vous savez - Culture". Suivez Bababam sur Instagram. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices

Livet på lätt svenska
#30 Välkommen åter, museum, mytiska figurer och tatueringar

Livet på lätt svenska

Play Episode Listen Later Oct 3, 2023 23:39


Vad är skillnaden mellan "hur går det" och "hur är det"? Hur kan man använda "välkommen"? Varför säger man "museet" och inte "museumet"? Vi svarar på frågor och pratar om mytiska figurer och tatueringar. Sara spelar in från källaren och i USA sitter Isabelle i vinden ... eller på vinden?

Modellbyggarpodden
60. Måla figurer med Magnus Fagerberg

Modellbyggarpodden

Play Episode Listen Later Jun 27, 2023 46:29


I vårt 60:e avsnitt får Christian den stora äran att prata med den fantastiska figurmålaren Magnus Fagerberg. Han berättar om hur han får bäst resultat när han målar och vad man kan tänka på för att utvecklas. Hosted on Acast. See acast.com/privacy for more information.

Modellbyggarpodden
55. Figurer som det "lilla extra" i en modell

Modellbyggarpodden

Play Episode Listen Later Apr 18, 2023 74:07


Hjälper eller stjälper det en modell av exempelvis ett fordon när man adderar en eller ett par figurer? Den här gången diskuterar vi figurers roll som förhöjande element till våra modeller och för att få in lite andra infallsvinklar på ämnet så tog vi med vår ständigt återkommande gäst Erik Westberg i diskussionen. Hosted on Acast. See acast.com/privacy for more information.

Le Super Daily
Youpi, c'est lundi et L'AI gouverne désormais le monde !

Le Super Daily

Play Episode Listen Later Feb 6, 2023 15:15


Épisode 919 : Youpi, c'est lundi et on a de l'actu social media bien fraîche pour vous ! Ça prend 15 min à écouter et ça va vous faire kiffer !Twitter Blue arrive en FranceTwitter Blue c'est l'offre d'abonnement payant de Twitter qui permet d'obtenir un accès exclusif à des fonctionnalités premium. Jusqu'alors disponible aux US, Canada, Australie, Uk et Japon.Twitter Blue est désormais disponible en France pour un montant de 7 euros par mois.Avec Twitter Blue, vous pouvez :- Obtenir le badge de vérification (coche bleue),- Modifier des tweets après publication (jusqu'à 30 minutes après envoi),- Télécharger des vidéos 1080p (full HD),Personnaliser l'interface (icônes d'application personnalisées, thèmes de couleurs pour l'application, dossier de favoris, navigation personnalisée).Twitter annonce aussi des fonctionnalités à venir :- Figurer en haut des réponses, mentions et résultats de recherche,- Recevoir deux fois moins de publicités dans le fil d'actualité,- Publier des vidéos plus longues sur Twitter (jusqu'à 60 minutes sur desktop),Combien coûte Twitter Blue :- 8 euros par mois ou 7 euros si abonnement annuel- 11 euros si l'achat se fait via iOS ou Android—Et si Meta se mettait à faire payer les comptes certifiés ?Tiens, tiens il semblerait bien que les intuitions à contre courant d'Elon Musk fanent finalement leur chemin chez les concurrents.A l'instar de Twitter Blue, Meta envisagerait maintenant de facturer lui aussi pour les certifications bleues dans ses applications.Il s'agit d'une découverte du fameux Alessandra Paluzzi qui a encore une fois creusé dans le code de Facebook et Instagram et retrouvé les traces d'un badge bleu payant.Planque au milieu du code de l'opalisation on trouve en effet la mention d'un « paid blue badge » qui pourrait faire référence à un prochain service d'abonnement. Interessant…Il faut dire que ramené à Meta un badge de certification payant pourrait carrément mettre du beurre dans les épinards. Aujourd'hui Twitter génère 7 millions de dollars par trimestre avec ses abonnements Twitter Blue. Pour l'instant Meta ne s'est pas exprimé sur le sujet.——Pépite : Nothing Forever la webserie Twitch 100% réalisée avec une IAJe suis tombé sur une pépite les amis.Un show Twitch qui tourne H24 et qui est 100% réalisé par une IA. C'est dingue.Il s'agit d'une parodie de la sérié Seinfeld. Une série réalisée dans les années 90 par Jerry Seinfeld une star du stand up aux US. Ici, le show est 100% réalisé avec l'aide de GPT3.Cela ressemble à une sorte de dessin animé réalisé comme un jeu vidéo des années 90. Très pixelisé.Les dialogues sont totalement généré par GPT3 et un outil de retranscription vocale.L'émission tourne 24h/24, 365J/365.Elle accueille a peu près 8000k spectateurs en direct.Est-ce que c'est drôle pas vraiment. Mais techniquement c'est tellement bluffant.Les shorts font de l'ombre a TiktokOn sait que depuis quelques temps, YouTube sait se rendre attractif et re séduire les créateurs de contenu. Et cela est notamment du au format shorts qui permet de pouvoir faire aussi du format court 9/16 sur la plateforme.Et pour aller plus loin et s'imposer encore plus dans le 9/16 game, YouTube a lancé ce 1er février la monétisation des shorts.Les shorts font de la ombre à TikTok.Avec plus de 1,5 milliard de spectateurs mensuels sur ses Shorts, YouTube n'a plus rien à envier à TikTok.Ça représente 75% des utilisateurs de la plateforme!Les créateurs gagnent en moyenne 1ct de plus pour 1000 vues les shorts que sur TikTok.Sachant que c'est le format le moins bien rémunéré de la plateforme.Et point non négligeable, YouTube n'est pas bannie de l'Inde.sourceChat GPT +On découvrait il y a quelques mois la montée fulgurante des IA et notamment de chat GPT qui permet de générer du texte cohérent à la vitesse de buzz l'éclair.Petit hic pour ceux qui ont déjà utilisé la solution, elle est très souvent saturée de demandes et donc inutilisable.Et bien son éditeur, Open Ai vient de résoudre ce problème en proposant Chat GPT + une version Fast Pass à 20$ / Mois qui permet notamment d'utiliser l'outil lors des périodes de surcapacité.Rien de plus pour le moment, si ce n'est que cela viendra soutenir le maintien de la version gratuite.L'abonnement sera lancé first aux États Unis et il faudra s'inscrire sur liste d'attente our y accéder.A l'origine, OpenAI voyait la bêta de ChatGPT comme un test pour donner un aperçu de sa technologie. Mais la croissance énorme et le fait que de nombreuses réponses s'avèrent avoir une énorme valeur ajoutée;Et a ce titre, les équipes ont choisi d'améliorer tous les cas les plus utiles d'utilisation comme l'aide au codage, le brainstorming, l'écriture de contenus et l'apprentissage.Ce qui semble s'écrire pour la suite :Open AI, parle de mettre en place un système de feedbacks pour aider à optimiser son API et proposer de nouvelles fonctionnalités.sourceFinies les anciennes pages FacebookMa dernière News, c'est un mail de Facebook reçu ce matin !C'est bientôt la fin de l'ancienne version des pages !Il n'est désormais plus possible de changer de version et dans quelques mois on passera automatiquement à la nouvelle version.Pour rappel c'est la version où tu peux te connecter avec ton compte perso pour accéder à plus de fonctionnalité.A défaut d avoir toutes les options qu'on avait initialement, au moins on aura plus a galérer quand on passe de l'une a l'autre. . . Le Super Daily est le podcast quotidien sur les réseaux sociaux. Il est fabriqué avec une pluie d'amour par les équipes de Supernatifs.Nous sommes une agence social media basée à Lyon : https://supernatifs.com/. Ensemble, nous aidons les entreprises à créer des relations durables et rentables avec leurs audiences. Ensemble, nous inventons, produisons et diffusons des contenus qui engagent vos collaborateurs, vos prospects et vos consommateurs.

Le vrai du faux
Le vrai du faux. Emmanuel Macron est-il le premier président de la République à avoir fait figurer sa réforme des retraites dans son programme ?

Le vrai du faux

Play Episode Listen Later Jan 24, 2023 2:03


durée : 00:02:03 - Le vrai du faux - D'après le secrétaire général de Renaissance (ex-LREM), Emmanuel Macron est le premier à avoir annoncé sa réforme des retraites dès sa campagne présidentielle. La cellule "Vrai du faux" a vérifié.

Le retour de Mario Dumont
Tramway : «Un projet qui va défigurer la ville de Québec», déplore le porte-parole du groupe QMM

Le retour de Mario Dumont

Play Episode Listen Later Jan 17, 2023 10:45


Entrevue avec Donald Charette, porte-parole du groupe Québec Mérite Mieux (QMM) :  la Cour supérieure a tranché : le projet de tramway n'est pas illégal. Pour de l'information concernant l'utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr

Game over?
Julekalender luke 2: AI for tredimensjonale figurer

Game over?

Play Episode Listen Later Dec 1, 2022 15:00


Bak luke 2 skjuler det seg en algoritme som kan lage superrealistiske tredimensjonale figurer fra todimensjonale bilder.Artikkel: NeROIC: Neural Rendering of Objects from Online Image Collections, https://arxiv.org/abs/2201.02533Prøv selv: https://formyfamily.github.io/NeROIC/

Modellbyggarpodden
39. Lars Qvarfordts fantastiska figurer

Modellbyggarpodden

Play Episode Listen Later Sep 20, 2022 64:59


Nämner man Frankensteins monster från Aurora så får många modellbyggare något nostalgiskt i blicken. Dessa gamla monstermodeller från 1960-talet var början på en trend med film och fantasyfigurer som lever och frodas mer än någonsin idag.Den här gången sätter vi fokus på dessa modeller i de större skalorna när Lars Qvarfordt berättar om sig själv och sitt byggande och målande av figurer i de riktigt stora skalorna från 1/8 till 1/4. (Kära lyssnare, ni får ha lite överseende med ljudkvalitén i detta avsnitt då Christian tyvärr fick lite problem med sin mick.) Hosted on Acast. See acast.com/privacy for more information.

Autour de la question
Comment figurer les mondes?

Autour de la question

Play Episode Listen Later Jul 25, 2022 48:30


Comment les sociétés humaines ont-elles figuré le monde ? Comment se sont-elles représentées le visible et l'invisible ? La nature et leurs cultures ? Rencontre avec l'anthropologue Philippe Descola.  Rediffusion du 13/09/2021 Recentrons notre regard aujourd'hui en nous demandant comment les différentes sociétés se figurent le monde et qu'est-ce que cela dit de nos mondes. Immenses questions creusées par notre invité, le célèbre anthropologue Philippe Descola, formidable empêcheur de penser en rond. Après avoir révolutionné toutes nos approches anthropologiques et écologiques, Philippe Descola continue de creuser son sillon de l'anthropologie comparée, en s'attachant cette fois aux images, aux différentes façons dont les humains se sont représenté le monde : de l'art rupestre aux tableaux des maîtres flamands, en passant par les masques africains ou du grand Nord, les totems amérindiens ou les couleurs du rêve aborigènes.... Avec l'anthropologue Philippe Descola, médaille d'or du CNRS, professeur émérite au Collège de France pour son nouvel ouvrage Les Formes du visible paru au Seuil.

Electro Monkeys
SEO avec Jean-Marc Courtiade

Electro Monkeys

Play Episode Listen Later Jul 19, 2022 70:01


En matière de marketing, comme dans l'immobilier, les trois choses les plus importantes sont l'emplacement, l'emplacement, l'emplacement. Un des emplacements incontournables pour mettre en valeur son site internet et son produit, c'est dans les résultats des moteurs de recherche. Les internautes privilégient les premiers résultats de leurs recherches qui bénéficieront de plus de trafic que les résultats plus bas dans la première page. Figurer sur la deuxième page, c'est quasiment synonyme de l'inexistence. Tout ce qui peut être fait pour grappiller quelques places peut améliorer considérablement le trafic qui arrive sur les pages de son site web. Dans l'épisode d'aujourd'hui, Stéphane reçoit Jean-Marc Courtiade pour discuter de SEO, Search Engine Optimization. Jean-Marc est consultant en SEO et en analytique du numérique. Il aide différentes organisations à augmenter le trafic sur leur site, à optimiser la performance de leur offre numérique et à se mettre en conformité avec la RGPD. Il a travaillé avec des acteurs dans différents secteurs. Stéphane et Jean-Marc parleront des différents critères connus utilisés par les algorithmes d'arpentage et de classement des pages web. Ils discuteront des actions incontournables, de pourquoi ces actions sont utiles et des pistes à explorer pour améliorer son positionnement.

Transformator
Uge 22: Hvorfor blev Concorden aldrig nogen kommerciel succes? Spiludvikler får figurer og musik til at ‘Mickey Mouse'. Hvordan får vi omstillet til el, når russerne lukker for gassen?

Transformator

Play Episode Listen Later Jun 3, 2022 39:00


Vært: Henrik Heide Medvirkende: Kristian Hvidtfelt Nielsen, lektor i videnskabs- og teknologihistorie ved Aarhus Universitet, Niels Højgaard Sørensen, Game Director hos Bedtime Digital Games samt Bjørn Godske og Benjamin Bøllehuus fra Teknologiens Mediehus. I denne uges Transformator fortæller vi historien om Concorden. Lige siden Chuck Yeager for første gang brød lydmuren i 1947, har idéen om overlydsflyvning på tværs af kontinenter været en drøm for de store nationer. Sovjetunionen og USA kastede sig ud i kampen om at udvikle et kommercielt produkt, men i sidste ende blev det et samarbejde mellem Frankrig og Storbritannien, der trak sig sejrrigt ud af fejden. 2. marts 1969 gik Concorden i luften første gang – men nogen kommerciel succes blev overlydsflyet aldrig. Hør hvorfor. Så fik Ørsted lukket for den russiske gas. I første omgang er det nok ikke noget, hverken industriproduktionen eller for den sags skyld madlavningen derhjemme kommer til at mærke. Men det er vanskeligt ikke at se det som en påmindelse om, at vi skal se at få droslet ned på naturgassen og mere gang i elektrificering af alle hjørner af samfundet. Men hvor skal vi tage fat? Hvordan skaber man den mest medrivende lyd til et computerspil? Det ved de hos det aalborgensiske spilstudie Bedtime Digital Games, der i spillet ‘Figment 2 – Creed Valley' får musikken til at indrette sig efter, hvad du foretager dig i spillets tegneserieagtige univers. Forbilledet er de gamle Disney-film, hvor alting ‘Mickey Mouser', som Game Director Niels Højgaard Sørensen kalder det. Musik: ‘Spy Glass' og ‘Parisian' af Kevin MacLeod Links Ingeniøren i 2003: Farvel til Concorden LYT Kom med ind i spiludviklers lydværksted, hvor figur og musik spiller i takt Action-adventure-spillet ‘Figment 2 – Creed Valley' fra Bedtime Digital Games Walt Disney Animation Studios' Steamboat Willie Væk fra russisk gas: Få de gode råd om elektrificering af industrien Tilmeld dig her til Ingeniøren Briefing 7. juni kl. 11.00-12.00: Sådan flytter vi industrien fra russisk gas til el

Snakke matte
Linjer, figurer og vinkler

Snakke matte

Play Episode Listen Later Feb 10, 2022 20:18


Asbjørn og Andreas snakker om kompetansemålene innunder temaet geometri. De tar for seg noen begreper og ser på hvordan vi kan tilnærme oss temaet ved hjelp av påstander, sant/usant-oppgaver og det Asbjørn kaller frustrasjonsoppgaver. Det forklares hvordan vi kan utforske sirkler og samtidig involvere hele klassen i en aktivitet.De kommer inn på GeoGebra som verktøy for å tegne sirkler, vinkler, linjer og mangekanter. Til slutt snakker de om hvordan vi kan utforske oss frem til hvordan vi skal finne vinkelsummen av en mangekant. De snakker også om hvorfor vi skal utforske.Episoden baserer seg på kapittel 14 i Matemagisk 9 (9. trinn) fra Aschehoug.

Tilbake til fremtiden
#5 - Trusa til Britney, Ny Fragglene, Simpsons-figurer og mye mer

Tilbake til fremtiden

Play Episode Listen Later Jan 12, 2022 87:22


Jørgen, Jan og Tom Jørgen fra Retromessa i Sandefjord oppsummerer de viktigste retronyhetene fra uke 50 Hosted on Acast. See acast.com/privacy for more information.

Spillrevyen
Har gamere dårlig selvtillitt - og bør figurer som Conan eies av et selskap?

Spillrevyen

Play Episode Listen Later Sep 20, 2021 26:33


Norske Funcom med kinesiske eiere har kjøpt alle rettighetene til Conan-figuren, men er det egentlig kult at selskaper skal bestemme hvordan snart 100 år gamle fiktive karakterer som Sherlock Holmes og Conan kan brukes? Vi er som du kanskje forstår noe skeptiske, men synes samtidig at det er spennende at Funcom nå eier rettighetene til den muskelsprengte kvinnebedåreren med stort sverd. Vi ser denne uken ikke bare til fantasifigurer, men også til nabolandet Sverige der Ikea endelig har sett lyset og omfavner gamerne med nye produkter - alt fra stoler til bord, lys og nakkestøtter. Det blir nok billig, men du må tåle teite navn som Gruppspel, Utespelare och Huvudspelare. Hurra! Endelig blir gaming tatt seriøst av møbelbransjen! Eller? Må vi rope "hurra nå er endelig gaming mainstream" hver gang en ny aktør kaster blikket mot "oss" eller skjedde det egentlig for lenge siden? Har gamere dårlig samvittighet og oppmerksomhetsbehov? Mange ledende spørsmål her, men ja.  Ikke nok med det. Vi markerer at ZX Spectrum-skaper Sir Clive Sinclair er død, prøver å finne ut hva som skjedde med Halo- og Destiny-komponisten Mary O'Donnell - og ser på ukens viktigste spillslipp. Her er noen godbiter vi tror du vil sikle litt på. Husk at Spillrevyen lages i samarbeid med Pressfire.no. Du kan støtte både denne podkasten og nettsiden på Patreon!

Spillrevyen
Har gamere dårlig selvtillitt - og bør figurer som Conan eies av et selskap?

Spillrevyen

Play Episode Listen Later Sep 20, 2021 26:37


Norske Funcom med kinesiske eiere har kjøpt alle rettighetene til Conan-figuren, men er det egentlig kult at selskaper skal bestemme hvordan snart 100 år gamle fiktive karakterer som Sherlock Holmes og Conan kan brukes? Vi er som du kanskje forstår noe skeptiske, men synes samtidig at det er spennende at Funcom nå eier rettighetene til den muskelsprengte kvinnebedåreren med stort sverd. Vi ser denne uken ikke bare til fantasifigurer, men også til nabolandet Sverige der Ikea endelig har sett lyset og omfavner gamerne med nye produkter - alt fra stoler til bord, lys og nakkestøtter. Det blir nok billig, men du må tåle teite navn som Gruppspel, Utespelare och Huvudspelare. Hurra! Endelig blir gaming tatt seriøst av møbelbransjen! Eller? Må vi rope "hurra nå er endelig gaming mainstream" hver gang en ny aktør kaster blikket mot "oss" eller skjedde det egentlig for lenge siden? Har gamere dårlig samvittighet og oppmerksomhetsbehov? Mange ledende spørsmål her, men ja. Ikke nok med det. Vi markerer at ZX Spectrum-skaper Sir Clive Sinclair er død, prøver å finne ut hva som skjedde med Halo- og Destiny-komponisten Mary O'Donnell - og ser på ukens viktigste spillslipp. Her er noen godbiter vi tror du vil sikle litt på. Husk at Spillrevyen lages i samarbeid med Pressfire.no. Du kan støtte både denne podkasten og nettsiden på Patreon!

Autour de la question
Autour de la question - Comment figurer les mondes ?

Autour de la question

Play Episode Listen Later Sep 13, 2021 48:30


Comment les sociétés humaines ont-elles figuré le monde ? Comment se sont-elles représentées le visible et l'invisible ? La nature et leurs cultures ? Rencontre avec l'anthropologue Philippe Descola.  Recentrons notre regard aujourd'hui en nous demandant comment les différentes sociétés se figurent le monde et qu'est-ce que cela dit de nos mondes. Immenses questions creusées par notre invité, le célèbre anthropologue Philippe Descola, formidable empêcheur de penser en rond. Après avoir révolutionné toutes nos approches anthropologiques et écologiques, Philippe Descola continue de creuser son sillon de l'anthropologie comparée, en s'attachant cette fois aux images, aux différentes façons dont les humains se sont représenté le monde : de l'art rupestre aux tableaux des maîtres flamands, en passant par les masques africains ou du grand Nord, les totems amérindiens ou les couleurs du rêve aborigènes.... Avec l'anthropologue Philippe Descola, médaille d'or du CNRS, professeur émérite au Collège de France pour son nouvel ouvrage Les Formes du visible paru au Seuil.

TANKEGODS
#5 Oppdiktede figurer og politikere

TANKEGODS

Play Episode Play 15 sec Highlight Listen Later May 12, 2021 5:26


To korrelerende temaer eller to helt forskjellige? Ikke vet jeg. Kanskje du lærer noe nytt, lykke til! 

D-takt, tärningar & livet
D-takt, tärningar och livet – E062 – Den om topp 3 blå figurer i populärkulturen!

D-takt, tärningar & livet

Play Episode Listen Later May 3, 2021 46:57


Tjoflöjt! I det efterlängtade 62a avsnittet ger vi oss på det något oväntade greppet blå figurer i populärkulturen. Vilka finns? Vilka är bäst? Vi reder ut och ställer skåp! Björn tipsar om spelet Scavengers och Niklas har köpt våtdräkt. Det firar vi med att lyssna på Ministry! Tack för att ni är grymma och lyssnar […]

The Black Mind Garden: ReMap Your Mind! Create a Life You Design
Episode 10: The Importance of Black Male Mentorship for Our Sons

The Black Mind Garden: ReMap Your Mind! Create a Life You Design

Play Episode Listen Later Mar 17, 2021 47:20


SHOW NOTES: This week Wes Whitsett and I discuss the parallels between male mentorship and parenting, what it involves, and its importance. -- Highlights from the conversation: WES WHITSETT ● Wearer of many hats: Entrepreneurial-Humanitarian, Blue-collar Philosopher, Artistic-engineer, Saw-slinging wood-chucker. ● Figurer of fatherhood ● MALE MENTORSHIP & PARENTING ● When we talk about mentorship, the “let's sit down and talk” image usually pops to our minds. It's more than that. It also involves what mentors say and don't say. Because people that look up to them are watching, and will little by little imitate attitudes, answers, outlooks. This also applies to parenting. ● Model behavior can involve political views, ways of viewing life, reactions to adversities, and even the way a person starts and continues a relationship. ● There's a lot of discussion about how to be a good mentor/parent/role model. Can it be learned? Is it a born-with skill? Wes believes that it's half nature and half nurture. ● Being in tune and aware of our spaces and communities is important. As much as one would like to provide an example for mentees/children, the environment will still play an important role, as they can pick up messages and attitudes from external sources. ● Mentors and parents are always able to learn and pick up things from those they teach. Human growth has no limits, and interactions are a way of feeding our experiences (and therefore, our knowledge). But to allow this growth, there has to be openness to new understandings. ----------- Social Media Facebook Page https://www.facebook.com/people/Wesley-Whitsett-Jr/100005938891582 Instagram handle https://www.instagram.com/wesdoesit/ LinkedIn handle https://www.linkedin.com/in/wesley-whitsett-wesdoesit-com-80281782/ ------ See you on the next one! Hosted by: Dr. Maiysha Clairborne Ready for the next level in your life? Join the Movement! Become a part of the Mind ReMapping Nation, an exclusive community that empowers your growth & accountability. Go to www.MindReMappingNation.com Interested to learn NLP, & Hypnosis? Find out more about our upcoming NLP/Hypnosis 4 in 1 Certification training. Visit www.remapmymind.com or reach out directly & schedule an interest call at www.remapmymind.today --- This episode is sponsored by · Anchor: The easiest way to make a podcast. https://anchor.fm/app --- Send in a voice message: https://anchor.fm/remapyourmind/message Support this podcast: https://anchor.fm/remapyourmind/support

Talk, Naked
S4 E1: Laura sits down with professional figurer skater, turned adult star, Jada Kai.

Talk, Naked

Play Episode Listen Later Jan 12, 2021 16:49


In this season 4 premier, Laura speaks to Melissa Carmen Bulanhagui. She's a 30 year old gold medal winning, former figure skater who represented the United States internationally from 2005 through 2010. In 2019, she became an adult film star, under the stage name Jada Kai. Her story is amazing.

Talk, Naked
S4 E1: Laura sits down with professional figurer skater, turned adult star, Jada Kai.

Talk, Naked

Play Episode Listen Later Jan 12, 2021 16:48


In this season 4 premier, Laura speaks to Melissa Carmen Bulanhagui. She's a 30 year old gold medal winning, former figure skater who represented the United States internationally from 2005 through 2010. In 2019, she became an adult film star, under the stage name Jada Kai. Her story is amazing.

Les Cours du Collège de France
Fictions Politiques (11) : Qu'est-ce que préfigurer ? Des généalogies à rebours

Les Cours du Collège de France

Play Episode Listen Later Jun 3, 2020 59:00


durée : 00:59:00 - Les Cours du Collège de France - par : Merryl Moneghetti - "Une fiction peut-elle se faire anticipatrice"? demande Patrick Boucheron qui interroge la "puissance fictionnelle du politique" et la construction de "généalogies à rebours". Comment le souverain s’impose-t-il à la légende? Quel est le lien entre la cruauté de Néron & la tyrannie au Moyen Age? - réalisation : Anne Sécheret - invités : Patrick Boucheron Historien, professeur au Collège de France, titulaire de la Chaire d’histoire des pouvoirs en Europe occidentale (XIIIe-XVIe siècle) et producteur de l'émission "Matières à penser" sur France Culture

Les Carnets de la création
Semaine spéciale Art et Nature (4/5) : Figurer l'invisible avec les paysages troués de David Lefebvre

Les Carnets de la création

Play Episode Listen Later May 28, 2020 4:45


durée : 00:04:45 - Les Carnets de la création - par : Aude Lavigne - Les dessins de David Lefebvre sont des visions qui semblent arrêter le temps. Des paysages splendides, reconstitués, des couleurs mais aussi des paysages troués avec des formes géométriques. Il expose ses dessins réalisés à la mine de plomb à la Galerie La Forest Divonne à Paris. - réalisation : Charlotte Roux - invités : David Lefebvre Dessinateur, peintre et céramiste

Blaster Cast
152: Fem fantastiske figurer vol 4

Blaster Cast

Play Episode Listen Later Mar 20, 2020 74:10


Raymond forteller hva han foretrekker av Gorbys og Holdit. Jon ser på pukkelrygger og rumper.

Trudeau le midi
Il s'est fait défigurer lors d'une violente agression dans un bar de Saint-Hyacinthe

Trudeau le midi

Play Episode Listen Later Dec 10, 2019 12:51


Entrevue avec Anthony Seyer, victime d’une sauvage agression : Il est défiguré après avoir défendu sa sœur.

Mindy: Bräd- & Rollspels podd
Bubblare 40 Tips till folk som vill börja måla sina figurer

Mindy: Bräd- & Rollspels podd

Play Episode Listen Later Dec 8, 2019 35:28


I den här bubblaren så gästas pappa Micke av hans bästa polare Oliver och Marcus. Dom är ju figurspelare och med det kommer målning :D Så här är deras tips till folk som vill börja måla lite figurer :D Spel som nämns:Zombiecide, Warhammer, Descent, Våra länkarHemsidahttps://mindy.nu/Facebookhttps://www.facebook.com/Mindypodd.nu/Twitterhttps://twitter.com/MindyPoddYoutubehttps://www.youtube.com/channel/UCmOr6MyeugbWX_VnckgGkDQ?view_as=subscriberInstagramhttps://www.instagram.com/mindypodd/?hl=svVår Patreonhttps://www.patreon.com/user?u=2776677

The Business News Podcast
Are you a Figurer or an End-goaler?

The Business News Podcast

Play Episode Listen Later Nov 25, 2019 32:11


We discuss our strengths and weaknesses in regards to business. See if your personality matches Adam's or Zach's.

Blaster Cast
142: Forfattere og figurer

Blaster Cast

Play Episode Listen Later Nov 24, 2019 58:51


Vi takler nok en gang det gamle spørsmålet om hvilke figurer vi ville ha sett blitt laget. I tillegg denne episoden: Raymond skal opp i muntlig tentamen og Jon lurer på hvilke figurer som er undervurderte.

Blaster Cast
136: Figurer på film

Blaster Cast

Play Episode Listen Later Sep 26, 2019 47:00


Jon og Ray er tilbake med prat om actionfigurer. Her er de inne på litt av hvert, uten å egentlig ta noen sjanser. De liker de samme figurene som før.

Mindy: Bräd- & Rollspels podd
Avsnitt 6 Solo brädspel, Brädspel man kan ha med på Semestern, Figurer i Rollspel, Progression i Rollspel.

Mindy: Bräd- & Rollspels podd

Play Episode Listen Later May 19, 2019 82:45


I månadens lite längre och blandade avsnitt så pratar pappa Micke och pappa Andy om att spela brädspel solo. Dom tar även upp lite brädspel dom har haft med sig när dom har semestrat. På rollspels delen pratar dom om figurer i rollspel och det pratas även om progresion i brädspel. Självklar kommer senast spelade, nyheter och anekdoter.Spel som nämns:Potion Explosion, Raiders of the northsea, Magic The Gathering, Dixit, Mutant 2089, Dungeons and Dragons Curse of Stradh 5ed, Chock åter från graven, Kult, Kult Definity, Call of cthulhu, Kutulu, Bortom, Stjärnornas krig, Terraforming Mars Turmoil, 7th Sea, Ultimate Bestiary The Dreaded Accursed, Planet, Architects of the west kingdom, Gizzmos, Victorian Masterminds, Gunkimono, God of War, Love letter, Star wars destiny, Waterdeep dice master, Marvel Dice master, Dc dice master, Heroclix, Alien Rpg, Mutant år noll, Elder signh, Arkham horror, Lords of waterdeep, Manssions of Madness, Pandemic, 7th continent,Yatzy, Uno, Dimonds, Hive, Tantrix, Rolling America, Rolling Japan, Tiny Epic Galaxy, Bonanza, Harbour, Batman love letter, Archer love letter, Get Bit!, Fluxx, Zombie Dice, Qwirkle, No Thanks!, Carcassonne, Small World, Ticket to ride, Dc Adventures, Brass, Battle ship, Svälta räv, Gilljotin, Tsuro, Terra Mystica, Savage Worlds, Warhammer, Conan, Drakar och demoner, Mutant, Middle Earth. Intro 00.00.00-00.00.16Senast Spelade 00.00.16-00.13.27Nyheter 00.13.29-00.23.14Solobrädspel 00.23.16-00.32.09Semester med brädspel 00.32.11-00.45.28Figurer i rollspel 00.45.41-01.02.59Progresion i rollspel 01.03.02-01.16.54Anekdot 01.16.57-01.22.19Utro 01.22.19-01.22.45 Våra länkarFacebookhttps://www.facebook.com/Mindypodd.nu/Twitterhttps://twitter.com/MindyPoddYoutubehttps://www.youtube.com/channel/UCmOr6MyeugbWX_VnckgGkDQ?view_as=subscriberInstagramhttps://www.instagram.com/mindypodd/?hl=svVår Patreonhttps://www.patreon.com/user?u=2776677

Blaster Cast
114: Fem Fantastiske Figurer del 4

Blaster Cast

Play Episode Listen Later Mar 6, 2019 59:57


Vi er tilbake med et kjent format: Fem fantastiske figurer! Storm Shadow v2 fra 1988, Bhodi Li fra 1986, Bravestarr fra 1986, T-Ray fra 1986, Tuskarr Warrior fra 1985.

Les Petits Cailloux
LPCX : Les Petits Cailloux font Genre

Les Petits Cailloux

Play Episode Listen Later Feb 6, 2019


Montre-moi les objets avec lesquels tu veux être enterré-e et je te dirai qui tu es… … ou pas ! [caption id="attachment_79698" align="aligncenter" width="701"] (Figurer le genre, licence CC)[/caption] Comment appréhender le genre des individus des sociétés du passé ? Quels peuvent être les apports de l'approche archéologique aux questions de genre ? Parce qu'elle y consacre actuellement sa thèse, nous avons fait le point sur ces questions avec Clara Blanchard, (univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, équipe TranSphères du laboratoire ArScAn) mais également en confrontant le discours de l'archéologue avec celui de spécialistes de ces questions venues de géographie que sont Milan Bonté et Daphné Caillol (tou-te-s deux à l'univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et rattaché-e-s au laboratoire Géographie-cités). Lucine est venue nous faire une super chronique sur la représentation de la masculinité dans le rap français! Nous avons également évoqué l'exposition « Archéo-Sexisme » (une exposition organisée par l'association Archéo-Ethique en collaboration avec Paye ta truelle) avec Ségolène Vandevelde, et enfin nous avons dit quelques mots de l'exposition actuellement en cours « Tomber sur un os » au musée Archéa de Louvres. Production et animation : Charlotte Delrue, Enora Gault, Julie Gravier, Léa Hermenault, Mathilde Jean et Rémi Méreuze Réalisation : Ugolin Crépin-Leblond et Souane Chroniques et carnet sonore : Julie Gravier et Léa Hermenault Pauses musicales : -Libertine, Mylène Farmer, 1986 -Bonjour, De Saturne, 2018 Liens utiles : -l'exposition Tomber sur os est au musée Archéa de Louvres. Toutes les animations organisées autour de cette exposition sont disponibles ici. Cela commence dès ce weekend du 9/10 février, avec la reconstitution d'une cérémonie de funéraille franque... Courez-y! Puis le 15 février, venez assister à conférence-visite-apéro « Médecine légale et archéologie, quelle collaboration ? ». Enfin, Philippe Charlier (médecin légiste spécialiste des cas historiques) donnera une conférence le samedi 6 avril avec pour titre « Very very cold-case : médecine légale et archéologie ». -le tumblr Paye ta truelle -le compte Facebook de l'association Archéo-Ethique

Les Petits Cailloux
LPCX : Les Petits Cailloux font Genre // 7.02.2019

Les Petits Cailloux

Play Episode Listen Later Feb 5, 2019


Montre-moi les objets avec lesquels tu veux être enterré-e et je te dirai qui tu es… … ou pas ! [caption id="attachment_79698" align="aligncenter" width="701"] (Figurer le genre, licence CC)[/caption] Comment appréhender le genre des individus des sociétés du passé ? Quels peuvent être les apports de l’approche archéologique aux questions de genre ?   Parce qu’elle y consacre actuellement sa thèse, nous avons fait le point sur ces questions avec Clara Blanchard, (univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, équipe TranSphères du laboratoire ArScAn) mais également en confrontant le discours de l’archéologue avec celui de spécialistes de ces questions venues de géographie que sont Milan Bonté et Daphné Caillol (tou-te-s deux à l'univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et rattaché-e-s au laboratoire Géographie-cités). Lucine est venue nous faire une super chronique sur la représentation de la masculinité dans le rap français! Nous avons également évoqué l’exposition « Archéo-Sexisme » (une exposition organisée par l'association Archéo-Ethique en collaboration avec Paye ta truelle) avec Ségolène Vandevelde, et enfin nous avons dit quelques mots de l’exposition actuellement en cours « Tomber sur un os » au musée Archéa de Louvres.   Production et animation : Charlotte Delrue, Enora Gault, Julie Gravier, Léa Hermenault, Mathilde Jean et Rémi Méreuze Réalisation : Ugolin Crépin-Leblond et Souane Chroniques et carnet sonore : Julie Gravier et Léa Hermenault   Pauses musicales : -Libertine, Mylène Farmer, 1986 -Bonjour, De Saturne, 2018   Liens utiles : -l'exposition Tomber sur os est au musée Archéa de Louvres. Toutes les animations organisées autour de cette exposition sont disponibles ici. Cela commence dès ce weekend du 9/10 février, avec la reconstitution d'une cérémonie de funéraille franque... Courez-y! Puis le 15 février, venez assister à conférence-visite-apéro « Médecine légale et archéologie, quelle collaboration ? ». Enfin, Philippe Charlier (médecin légiste spécialiste des cas historiques) donnera une conférence le samedi 6 avril avec pour titre « Very very cold-case : médecine légale et archéologie ». -le tumblr Paye ta truelle -le compte Facebook de l'association Archéo-Ethique

Blaster Cast
Episode 100: Våre 20 beste figurer og leketøy

Blaster Cast

Play Episode Listen Later Nov 14, 2018 118:25


Vi runder av med en dobbelt så lang episode. 2 timer med anekdoter om actionfigurer. Hvilken Thundercat er øverst hos Raymond? Hvor mange Joes er det på lista til Jon? Hvor langt opp kommer robotene? Er det noen overraskelser? Lytt og finn ut. Eller bare se lista i sin helhet på facebook-sida vår.

Blaster Cast
Episode 68: Fem Fantastiske Figurer Vol.3

Blaster Cast

Play Episode Listen Later Feb 5, 2018 61:45


Jon og Ray mimrer seg tilbake til 80-tallet, og ser på fem fantastiske actionfigurer - og en skikkelig kjip en.

Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
02 - Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie - VIDEO

Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle

Play Episode Listen Later Jan 18, 2018 66:41


Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

Collège de France (Général)
02 - Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie - VIDEO

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Jan 18, 2018 66:41


Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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02 - Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie

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Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

Collège de France (Histoire)
02 - Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie

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Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
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Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle

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Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

Collège de France (Général)
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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

Collège de France (Histoire)
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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
02 - Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie

Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle

Play Episode Listen Later Jan 16, 2018 66:41


Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie Suivre les « narrateurs habiles et légers », d’accord, mais qu’est-ce que la légèreté ? Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986) Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d’une brigata spendericcia Sept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido Cavalcanti Temps de l’histoire, temps de la narration et passé récent « Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l’on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l’aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : “allons lui chercher noise” (Andiamo a dargli briga) » Une accusation d’athéisme un peu cavalière « Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : “Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble” : puis ayant posé la main sur l’un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu’il était d’une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l’autre côté ; leur ayant échappé, il s’en alla » L’éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d’automobiles rouillées » Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani Zini Qu’est-ce qu’un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu’elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu’elle nous impose l’obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s’effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972) Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d’esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n’est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis » La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l’interprète de sa propre défaite La violence d’un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi) Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communales Guido Cavalcanti, « l’un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalis Averroès, les épicuriens et la leggiadria de Guido Messer Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99) La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron) Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes 1348 : histoire globale d’un événement de longue durée « Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut) Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastre Millard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l’irruption de la mort ? Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque » La peste n’est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n’est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss) Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance « Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu’en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d’éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526) Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiques Lire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l’on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d’un peu de terre jusqu’à ce que l’on fût au sommet de la fosse » Après cet « horrible commencement », traverser l’effroi : « Mais je ne voudrais pas que l’effroi vous interdise d’aller plus avant » Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l’effro « L’instant de survivre est instant de puissance. L’effroi d’avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l’on n’est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960) Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2017-2018Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècleFictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannieSuivre les « narrateurs habiles et légers », d'accord, mais qu'est-ce que la légèreté ?Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986)Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d'une brigata spendericciaSept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido CavalcantiTemps de l'histoire, temps de la narration et passé récent« Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l'on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l'aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : "allons lui chercher noise" (Andiamo a dargli briga) »Une accusation d'athéisme un peu cavalière« Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : "Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble" : puis ayant posé la main sur l'un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu'il était d'une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l'autre côté ; leur ayant échappé, il s'en alla »L'éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d'automobiles rouillées »Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani ZiniQu'est-ce qu'un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu'elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu'elle nous impose l'obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s'effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972)Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d'esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n'est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis »La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l'interprète de sa propre défaiteLa violence d'un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi)Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communalesGuido Cavalcanti, « l'un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalisAverroès, les épicuriens et la leggiadria de GuidoMesser Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99)La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron)Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes1348 : histoire globale d'un événement de longue durée« Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut)Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastreMillard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l'irruption de la mort ?Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque »La peste n'est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n'est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d'images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss)Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance« Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu'en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d'éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526)Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiquesLire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l'on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d'un peu de terre jusqu'à ce que l'on fût au sommet de la fosse »Après cet « horrible commencement », traverser l'effroi : « Mais je ne voudrais pas que l'effroi vous interdise d'aller plus avant »Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l'effro« L'instant de survivre est instant de puissance. L'effroi d'avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l'on n'est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960)Le tyran est un survivant au pouvoir.

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Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2017-2018Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècleFictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannieSuivre les « narrateurs habiles et légers », d'accord, mais qu'est-ce que la légèreté ?Italo Calvino appelle « légèreté pensive » (pensosità) cet élan qui fait paraître pesante, inerte et opaque la frivolité (Leçons américaines, 1986)Boccace, Décaméron, neuvième nouvelle de la sixième journée : histoire d'une brigata spendericciaSept femmes, trois hommes et deux personnages historiques : Betto Brunelleschi et Guido CavalcantiTemps de l'histoire, temps de la narration et passé récent« Il se trouvait donc entre les colonnes de porphyre que l'on peut toujours voir, les tombeaux et la porte de San Giovanni, quand messire Betto, traversant à cheval la place de Santa Reparata avec sa compagnie, l'aperçut parmi ces sépultures et dit en accord avec ses amis : "allons lui chercher noise" (Andiamo a dargli briga) »Une accusation d'athéisme un peu cavalière« Se voyant encerclé, Guido leur répondit avec promptitude (prestamente) : "Seigneurs, vous êtes ici chez vous, livre à vous de me dire ce que vous vous semble" : puis ayant posé la main sur l'un de ces tombeaux qui étaient très hauts, il prit son élan et, doué qu'il était d'une parfaite légèreté (sì come colui che leggerissimo era), se retrouva de l'autre côté ; leur ayant échappé, il s'en alla »L'éloge, par Italo Calvino, du bond léger : « Que sa gravité recèle le secret de la légèreté, tandis que ce que beaucoup prennent pour la vitalité des temps, bruyante, agressive, trépignante et tapageuse, appartient au royaume de la mort, comme un cimetière d'automobiles rouillées »Historiciser notre lecture de la nouvelle : Giorgio Inglese, Francesco Baussi, Fosca Mariani ZiniQu'est-ce qu'un cas ? « La forme du cas a ceci de particulier qu'elle pose une question sans pouvoir donner la réponse, qu'elle nous impose l'obligation de décider mais sans contenir la décision elle-même — elle est le lieu où s'effectue la pesée mais non pas encore le résultat » (André Jolles, Formes simples, Paris, 1972)Le récit cadre de la sixième journée du Décaméron, le trait d'esprit comme morsure légère : « je veux vous rappeler que la nature de la répartie n'est pas de mordre comme un chien, mais comme une brebis »La chute ne sera pas mortelle : Guido Cavalcanti se dégage, Betto Brunelleschi se fait l'interprète de sa propre défaiteLa violence d'un magnat : « Et beaucoup se réjouirent de sa mort, car ce fut un bien triste citoyen » (Dino Compagni, Cronica, à propos de la mort en 1311 de Betto Brunelleschi)Retour à la cité (Christiane Klapisch-Zuber, 2006) : quand le magnat négocie sa réintégration dans le fonctionnement ordinaire des institutions communalesGuido Cavalcanti, « l'un des meilleurs dialecticiens du monde, excellent expert en philosophie naturelle » : loquens ut naturalisAverroès, les épicuriens et la leggiadria de GuidoMesser Brunetto, questa pulzelletta (Dante, Rime, sonnet 99)La brigata de Dante et de Guido Calvalcanti : une poésie du savoir (Emanuele Coccia et Sylvain Piron)Une société dantesque : fiction du cas, friction des normes1348 : histoire globale d'un événement de longue durée« Ceuls qui moururent/nul ne les pourroit nombrer/ Ymaginer, penser ne dire/Figurer, monstrer ne ecrire » (Guillaume de Machaut)Des textes de la pratique qui ne documentent que les à-côtés du désastreMillard Meiss, La peinture à Florence et à Sienne après la Peste noire (1951) : la peinture donne-t-elle à voir l'irruption de la mort ?Vasari et le déni de peste : « la chance prodigieuse de vivre au temps de Messire François Pétrarque »La peste n'est pas dépeinte, elle est peinte ; elle n'est pas décrite, elle est écrite (Georges Didi-Hubermann, « Feux d'images. Un malaise dans la représentation du XIVe siècle », préface à Millard Meiss)Défiguration de masse et décomposition de la ressemblance« Après ce bouleversement, la cité vécut en paix jusqu'en 1348, époque de cette peste mémorable (quella memorabile pestilenzia) décrite par Giovanni Bocaccio avec tant d'éloquence, et qui enleva dans Florence plus de quatre-vingt-seize âmes » (Machiavel, Histoires florentines, 1526)Inoubliable mais indescriptible, la peste ne produit pas de bouleversements politiquesLire en historien la description en « frontispice » du Décaméron : « …entassés là, comme les marchandises que l'on empile dans les cales des navires, ils étaient couche après couche recouverts d'un peu de terre jusqu'à ce que l'on fût au sommet de la fosse »Après cet « horrible commencement », traverser l'effroi : « Mais je ne voudrais pas que l'effroi vous interdise d'aller plus avant »Guido Cavalcanti, « narrateur habile et léger » : lui aussi a traversé l'effro« L'instant de survivre est instant de puissance. L'effroi d'avoir vu la mort se dénoue en satisfaction, puisque l'on n'est pas soi-même le mort » (Elias Canetti, Masse et puissance, 1960)Le tyran est un survivant au pouvoir.

Krejlerklubben
Soppebassin & 2 træfigurer

Krejlerklubben

Play Episode Listen Later Jun 26, 2017 6:49


Index 300

Blaster Cast
Episode 43: Fem Fantastiske Figurer Del 2

Blaster Cast

Play Episode Listen Later Jun 26, 2017 51:33


Vi tar for oss fem nye figurer vi begge eier, eller kjenner svært godt til. Her blir det kommentert både smil, funksjonalitet og kostymevalg.

Blaster Cast
Episode 38: Fem Fantastiske Figurer Del 1

Blaster Cast

Play Episode Listen Later May 23, 2017 46:35


Eel, Night Landing, Ace Duck, Loki og Jetfire er de utvalgte i dette formatet. Send oss gjerne din liste over Fem Fantastiske Figurer, så skal vi ta den for oss. Denne typen episode blir trolig en greie vi gjør en gang i blant.

Blaster Cast
Episode 3: Kvinnelige figurer

Blaster Cast

Play Episode Listen Later Sep 21, 2016 45:21


Velkommen til Blaster Cast med Ray og Jon. Norges eneste podcast om actionfigurer og andre leker. Episode 3: Damene er underrepresenterte i leketøyseriene rettet mot gutter. Vi har besøk av samleren Kent Sørlie og prater om kvinnelige actionfigurer. Hvorfor så få? Hvilken er den beste? Og hva så vi egentlig i figuren Cheetara? Spoiler: Det var ikke play featuren.

Kulturreportaget i P1
Stora tankar för de allra minsta med barnboksförfattaren Ulf Nilsson

Kulturreportaget i P1

Play Episode Listen Later Aug 9, 2016 29:29


Författaren Ulf Nilsson är en av den svenska barnbokens giganter. Nu är han aktuell med bok "En saga alla dagar" som experimenterar med berättelsen för att få vuxna och barn att berätta själva. Författaren Ulf Nilsson är pappa till älskade figurer som Lilla syster Kanin och Herr Muffin och med sina trettiofem år av barn- och ungdomsböcker har han vigt sitt liv åt berättelser för unga. Figurer som i Ulf Nilssons berättelser lever i en alldeles vanlig vardag vare sig det är ett barn eller en mus, och där rädsla, orättvisor, sorg och död ofta smyger sig in och tar en med på en resa innan man landar. Nu samarbetar han för första gången med en annan tungviktare i Barnbokssverige: Stina Wirsén.  "En saga alla dagar" experimenterar med formen för att få både vuxna och barn kan börja berätta sagor själva. Och inspirationen kom från Pixiböckerna.  De är lite ovanlig i formatet, det är rätt lagom; man får plats med en bild av en katt eller en mus och så kan man skriva en liten text. De är lite korta, anspråkslösa berättelser, men som man ändå kan tänka på och som barn gillar. Vi ville slå ett slag för berättandet och det kräver att man slappnar av och bara vågar, man ritar på och berättar på och ser var man hamnar. Viveca Bladh viveca.bladh@sr.se

Le Club Liza
Euro 2016 : "Mon but est de figurer parmi les 23" confie Yohan Cabaye

Le Club Liza

Play Episode Listen Later May 1, 2016 55:01


Le Club Liza du 01 mai 2016

Krejlerklubben
5 m. LED ledning og 3 x Bing Grøndahl figurer

Krejlerklubben

Play Episode Listen Later Apr 15, 2016 8:08


Interplay
Retoriska figurer i klassisk musik

Interplay

Play Episode Listen Later Aug 3, 2015 7:41


Klassisk musik har mängder av mönster som kan vara dolda för många av oss men som andra kan berätta om. Retoriska figurer till exempel. Om sådana berättar radiosymfonikernas chefdirigent Daniel Harding i det här "Interplay i P1"-programmet från den 10 januari respektive den 1 maj 2015  - Vi använder retorik varje dag, säger Daniel Harding och konsten att övertyga behöver inte vara verbal som att försöka få komma in i på en filmvisning fast du är fem minuter sen. Den kan också vara ordlös som på teatern med gester av olika slag. På samma sätt finns det retorik inom musiken. Ännu in på sent 1700-tal var den centrala idén att musiken skulle gestalta det som en text berättade. Harding exemplifierar med Fiordiligis aria "Come scoglio" ur Mozarts opera "Cosi van tutte" och med Mozarts 41 symfoni i C-dur, även kallad "Jupitersymfonin". Fiordiligi sjungs av sopranen Miah Persson och "Jupitersymfonin" framförs av Sveriges Radios symfoniorkester under Hardings ledning. Det här var det första i en serie med åtta program under januari-februari i P1 som handlade om rum där musiken möter annan konst och vetenskapen. Det var en radioserie i samma anda som den som äger rum på SR:s konserthus Berwaldhallen under säsongen 2014/2015, kallad "Interplay", som Harding har tagit initiativ till. Producent Berit Nygren. Av upphovsrättsliga skäl är musiken i det nedladdningsbara avsnittet kraftigt förkortad.

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Retoriska figurer i klassisk musik

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Play Episode Listen Later Jan 10, 2015 8:00


Klassisk musik har mängder av mönster som kan vara dolda för många av oss men som andra kan berätta om. Retoriska figurer till exempel. Om sådana berättar radiosymfonikernas chefdirigent Daniel Harding i den första delen av "Interplay i P1 - dolda mönster i musiken" lördag 10 januari 2015. - Vi använder retorik varje dag, säger Daniel Harding och konsten att övertyga behöver inte vara verbal som att försöka få komma in i på en filmvisning fast du är fem minuter sen. Den kan också vara ordlös som på teatern med gester av olika slag. På samma sätt finns det retorik inom musiken. Ännu in på sent 1700-tal var den centrala idén att musiken skulle gestalta det som en text berättade. Harding exemplifierar med Fiordiligis aria "Come scoglio" ur Mozarts opera "Cosi van tutte" och med Mozarts 41 symfoni i C-dur, även kallad "Jupitersymfonin". Det här är det första programmet i en serie av sådana här i P1 som handlar om rum där musiken möter annan konst och vetenskapen. Det är en radioserie i samma anda som äger rum på SR:s konserthus Berwaldhallen under säsongen 2014/2015 som Daniel Harding har tagit initiativ till. Producent och programledare Berit Nygren. Av upphovsrättsliga skäl är musiken i det nedladdningsbara avsnittet kraftigt förkortad.