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darfour

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Invité Afrique
Antoine Gérard (ONU-Soudan): «L'assistance au camp de Zamzam devient impossible du fait de l'insécurité»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later May 19, 2025 4:14


Au Soudan, il y a un mois, les Forces de soutien rapide (FSR) des paramilitaires en guerre contre l'armée soudanaise prenaient le camp de déplacés de Zamzam. À quelques kilomètres de la ville d'El Fasher, Zamzam était le plus important camp du Darfour, immense région de l'Ouest soudanais. Plus de 400 000 personnes y avaient trouvé refuge. Elles sont aujourd'hui éparpillées dans le désert. Selon l'ONU, la guerre au Soudan est la plus importante crise humanitaire du moment. Antoine Gérard est le coordinateur humanitaire adjoint des Nations unies pour le Darfour. Il revient d'une mission sur place et répond aux questions de Gaëlle Laleix. RFI : Vous revenez du Darfour. Est-ce que vous pouvez nous raconter ce que vous y avez vu ? Antoine Gérard : Effectivement, j'ai passé une quinzaine de jours dans le nord du Darfour, pas très loin d'un site qui est assez connu malheureusement, par les événements récents : le camp de Zamzam. Et la raison de notre mission, c'est que le camp est devenu une base militaire des Forces de soutien rapide (FSR) et beaucoup de gens 500 000 ou 600 000 personnes ont fui. On a essayé, puisqu'on était à 30 ou 40 kilomètres de Zamzam, d'y avoir accès. Malheureusement, pour des raisons de sécurité mais aussi de négociation, on n'a pas pu le faire. Et ce n'était pas que les Nations unies. On a discuté avec d'autres ONG internationales qui n'ont pas plus non plus avoir accès à Zamzam. Ce qu'on a entendu, c'est qu'il ne reste plus que 8 000, 10 000 personnes, des gens relativement vulnérables qui n'ont pas pu partir. Et aujourd'hui, l'assistance que l'on aurait pu mener est pour ainsi dire impossible, ce qui est dû à ces problèmes de sécurité et d'accès sur le camp de Zamzam. Et donc, on travaille en périphérie, essentiellement à Tawila qui est une ville qui n'était pas prête pour accueillir 200 000, 300 000 personnes sur une période de quinze jours, trois semaines.Où sont passés et que sont devenus les 500 000 déplacés de Zamzam, aujourd'hui ? Donc, certains sont à Tawila, d'autres ont préféré aller sur la ville d'el-Fasher qui est une ville où il y avait déjà à peu près 1,5 million de personnes. Et ces nouveaux déplacés dans la ville vivent dans la rue. D'après les témoignages que l'on a reçus des ONG nationales qui sont encore sur place, d'autres ont décidé d'aller au-delà de cette ville de Tawila et de prendre la route même de l'exil à travers l'ouest du Soudan, à travers le Darfour. Certains deviendront des réfugiés au Tchad, là où nous avons déjà à peu près 600 000 réfugiés, si ce n'est plus, dû à ce conflit qui perdure depuis deux ans.Comment se déplacent les gens. Combien de kilomètres y a-t-il entre Zamzam et le Tchad ? Quand on est au Darfour, on compte plutôt en moyens de locomotion plutôt que kilomètres. Parce que les kilomètres ça ne veut pas dire grand-chose parce que ça dépend de ce que vous avez comme moyen. Certaines familles, au début, avaient encore les moyens de pouvoir être sur des camions. Les camions, en fait de l'assistance humanitaire qui repartaient à vide, repartaient avec des familles. D'autres ont des ânes. Un voyage en camion, ça va prendre trois-quatre jours jusqu'à la frontière tchadienne. Mais avec des ânes, ça prendra deux ou trois semaines et d'autres sont à pied à côté des ânes. Donc, c'est un mois de voyage avec, pour nous, un dilemme : c'est-à-dire, comment apporter un soutien humanitaire à des personnes en déplacement ?Et ces routes sont-elles sûres ? Ce ne sont pas des routes sûres. C'est-à-dire que les gens qui sont sortis du camp de Zamzam sont partis la nuit. Ils ont essayé de fuir les combats, mais aussi pour certains et pour certaines, ils ont subi des violences, que ce soient des violences sexuelles ou d'autres. Il y a des recrutements forcés de jeunes garçons par les Forces de soutien rapide et du coup, il y a des stratégies qui sont mis en place pour essayer d'éviter de tomber dans les checkpoints de ces forces. Une des stratégies, c'était de déguiser les jeunes garçons en filles. Mais, maintenant, malheureusement, les forces ou ceux qui sont affiliés aux forces déshabillent les uns et les autres sur la route. On a eu des témoignages à Tawila qui sont assez dramatiques sur la façon dont les gens ont fui les combats, sont arrivés à Tawila ou plus à l'intérieur de Djebel Marra.Aujourd'hui, pour les acteurs humanitaires, quels sont les défis ? Ils sont nombreux. D'abord, répondre aussi rapidement à ce mouvement massif de population. Sur Tawila, de 250 000, 300 000 personnes, et sur d'autres localités, ce n'est pas évident d'avoir toutes les capacités. Il y a des problèmes de financement de ces ONG nationales et internationales. Ça se passe dans le contexte de diminution drastique de la part des Américains, mais également d'autres bailleurs de fonds, de leur contribution à l'assistance humanitaire. Et puis des questions de capacité. C'est-à-dire que les gens qui étaient là étaient sur des programmes un petit peu plus établis sur les déplacés qu'il y avait depuis deux ans ou d'autres depuis plus longtemps. Et subitement, il faut redoubler de capacité devant un nombre incroyable de personnes qui sont arrivées assez rapidement sur cette ville.À lire aussiSoudan: les FSR revendiquent la prise du camp de ZamZam au Darfour, «tuant de nombreux civils» À lire aussiSoudan: au moins 14 morts dans des frappes paramilitaires sur un camp de déplacés

Esteri
Esteri di giovedì 15/05/2025

Esteri

Play Episode Listen Later May 15, 2025 26:14


1) Mentre Trump dice di voler trasformare Gaza in una “zona di libertà”, l'esercito israeliano bombarda a tappeto la striscia. Più di 120 morti da questa mattina. In esteri la testimonianza del direttore dell'ospedale Al Awda (Mohammed Salha) 2) Guerra in Ucraina, Putin e Zelensky non si incontrano, ma i colloqui dovrebbero iniziare a Istanbul tra le due delegazioni. Nonostante tutto, dopo tre anni i due paesi si parlano. (Chawki Senouci) 3) Sudan, a due anni dall'inizio del conflitto la guerra entra in una nuova fase. Da 10 giorni Port Sudan è colpita quotidianamente e nel Darfour la violenza è senza fine. (Camilla Passarotti - Emergency) 4) Caos Libia, dopo tre giorni di combattimenti arriva un cessate il fuoco. Ma la tregua è fragile e rischio di escalation dietro l'angolo. (Arturo Varvelli - European Council on Foreign Relations) 5) Stati Uniti, lo Ius Soli arriva davanti alla corte suprema. In gioco, però, c'è la capacità del potere giudiziario di contenere Trump. (Roberto Festa) 6) World Music. Natalia Lafourcade, la cantante messicana è l'artista donna ad aver vinto più grammy latinos in assoluto. (Marcello Lorrai)

Histoire Vivante - La 1ere
ONU, les débuts (1/5) : De la Société des Nations à l'ONU

Histoire Vivante - La 1ere

Play Episode Listen Later May 12, 2025 31:58


Entretenir une discussion ininterrompue entre les nations pour assurer la paix du monde, c'est la vocation de l'ONU. Cette Organisation des Nations Unies qui nourrit de grandes attentes et de grandes ambitions, celle qu'on attend au tournant lorsque les feux s'allument en Ukraine, à Gaza ou encore au Darfour. Pourtant, elle n'a pas bonne presse aujourd'hui, justement parce que, depuis la fin de la Guerre froide, les conflits se multiplient. Alors pour cette nouvelle série, Histoire Vivante vous propose d'explorer les premiers pas de l'ONU avec ses grandes ambitions et ses grandes déceptions... L'ONU est inventée en 1945, dans le fracas de la Deuxième guerre mondiale, mais son histoire commence bien avant avec la Première guerre mondiale, lorsque le président états-unien Woodrow Wilson invite les Etats à s'associer pour ne plus jamais verser dans le paroxysme de violence des tranchées. Genève devient capitale de ce concert mondial, d'abord de la Société des Nations et ensuite de l'ONU pour l'Europe. Pierre-Etienne Bourneuf est conseiller scientifique auprès des archives et de la bibliothèque des Nations Unies à Genève. Il nous aide à comprendre comment s'invente l'ambition d'un monde sans guerre à Genève. Chloé Maurel est spécialiste de l'histoire de l'Organisation des Nations Unies. Réf. bibliographique : Pierre-Etienne Bourneuf, Genève, berceau de la Société Des Nations (United Nations, Geneva, mars 2022). Chloé Maurel, Histoire des idées des Nations unies. L'ONU en 20 notions (Paris, L'Harmattan, 2015).

Grand reportage
«Le supplément du samedi» du 10 mai 2025

Grand reportage

Play Episode Listen Later May 10, 2025 48:30


Dans le supplément de ce samedi, deux reportages consacrés à la guerre qui sévit depuis trois ans au Soudan. En deuxième partie, nous sommes dans l'est du Tchad, des centaines de milliers de Soudanais s'y sont réfugiés depuis le début du conflit. Mais pour commencer, c'est bien au Soudan en guerre que l'on retrouve notre envoyée spéciale.  À Khartoum : la guerre et le chaosAu Soudan, la guerre est entrée dans sa troisième année. Trois ans que s'affrontent l'armée du général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide, des paramilitaires dirigés par le général Mohammed Hamdan Daglo, alias Hemedti. Aujourd'hui, le Soudan est divisé en deux : l'armée domine le nord et l'est, tandis que le sud-ouest, avec notamment l'immense région du Darfour, est aux mains des FSR. La guerre au Soudan est considérée par l'ONU comme la plus grave crise humanitaire du moment. 13 millions de Soudanais ont fui les conflits. Aujourd'hui, certains tentent de rentrer chez eux, mais ne trouvent que désolation.Un Grand reportage de Gaëlle Laleix qui s'entretient avec François Ballarin.Survivre dans les camps de réfugiés soudanais de l'est tchadienNous partons pour l'est du Tchad, terre d'accueil de centaines de milliers de réfugiés soudanais. Ils ont fui cette guerre interne qui fait rage depuis le 15 avril 2023 au Soudan. À cette date, les Forces de soutien rapide (FSR) menées par le général « Hemedti » se soulèvent contre l'armée régulière soudanaise du général al-Buhran. Les FSR, majoritairement composées de milices arabes janjawid, la garde prétorienne de l'ex-président Omar el-Béchir, déchaînent leur violence au Darfour où elles sont actives depuis plusieurs décennies. 775 000 Soudanais ont fui vers le Tchad voisin : en grande majorité des femmes et des enfants Masalit, une communauté non arabe du Darfour.Un Grand reportage de Victor Mauriat qui s'entretient avec François Ballarin.

Grand reportage
À Khartoum : la guerre et le chaos

Grand reportage

Play Episode Listen Later May 8, 2025 19:29


Au Soudan, la guerre est entrée dans sa troisième année. Trois ans que s'affrontent l'armée du général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide, des paramilitaires dirigés par le général Mohammed Hamdan Daglo, alias Hemedti. Aujourd'hui, le Soudan est divisé en deux : l'armée domine le nord et l'est, tandis que le sud-ouest, avec notamment l'immense région du Darfour, est aux mains des FSR. La guerre au Soudan est considérée par l'ONU comme la plus grave crise humanitaire du moment. 13 millions de Soudanais ont fui les conflits. Aujourd'hui, certains tentent de rentrer chez eux, mais ne trouvent que désolation.  « À Khartoum : la guerre et le chaos », un grand reportage de Gaëlle Laleix.

Invité Afrique
Soudan: «Les Forces de soutien rapide (FSR) sont parfaitement identifiées comme des prédateurs»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later May 6, 2025 9:55


La Cour internationale de justice (CIJ) rejette la plainte du Soudan, qui accusait les Émirats arabes unis de complicité de génocide pour leur soutien militaire aux rebelles des Forces de soutien rapide (FSR). Mais est-ce que cela veut dire qu'il n'y a pas eu, l'an dernier, une tentative de génocide de la part des FSR contre la communauté masalit du Darfour occidental ? Marc Lavergne a été le coordinateur du groupe d'experts du Conseil de sécurité de l'ONU pour le Soudan. Aujourd'hui, il est directeur de recherches émérite au CNRS et a publié en mars 2025, dans le numéro 196 de la revue Hérodote Géopolitique de la Mer Rouge. RFI : Comment réagissez-vous au rejet de la plainte du Soudan contre les Émirats ? Marc Lavergne : Ce rejet était un petit peu attendu. Je pense que la Cour reste dans son champ de compétence en émettant évidemment quelques considérations humanitaires qui ne sont pas directement de son ressort. Mais elle est extrêmement prudente. Elle manque d'éléments très factuels. Mais également, l'enjeu est important puisqu'il s'agit d'incriminer les Émirats arabes unis dans leur soutien, plus ou moins avéré quand même, aux Forces de soutien rapide (FSR) qui affrontent l'armée soudanaise.Est-ce qu'on peut parler d'une victoire diplomatique des rebelles des FSR contre l'armée soudanaise ? Oui, c'est un petit peu un soulagement. Mais enfin, les FSR en question, elles ont sur le terrain, effectivement, des moyens d'affronter l'armée. Elles ne s'avouent pas vaincues, même si elles ont perdu la capitale. Mais elles sont soutenues par la plupart des pays africains qui entourent le Soudan et surtout par les Émirats arabes unis qui sont mus par l'intérêt qu'ils trouvent à exploiter les richesses aurifères du Soudan.Alors la Cour s'est déclarée incompétente pour des raisons juridiques, parce que, lorsque les Émirats ont adhéré en 2005 à la Convention sur le génocide, ils ont précisé qu'ils ne reconnaîtraient pas à la Cour le droit d'arbitrer un différend entre deux États…Oui, c'est-à-dire que finalement, ils ont signé, mais ils ne se sont engagés à rien.Mais malgré cette déclaration d'incompétence, la Cour précise qu'elle est profondément préoccupée par la tragédie humaine qui se déroule notamment dans le Darfour occidental…Oui, nous le sommes tous, j'imagine, mais je ne pense pas que ça ait un effet pratique, ni même des conséquences juridiques. Il faut pour ça qu'il y ait des preuves qui soient amenées par des experts sur place pour qualifier de « génocide » les exactions qui se déroulent au Darfour occidental, la région qu'habitent les Massalits à la frontière du Tchad, et qui provoquent des centaines de milliers de déplacés au Tchad même.Est-ce que cette plainte du Soudan n'a quand même pas eu le mérite de mettre en lumière les massacres de Massalits à el-Geneina, il y a un an, par les FSR ? Oui en effet, c'est une pierre de plus à apporter à l'édifice. Mais je pense que les FSR sont parfaitement identifiées comme étant des prédateurs, des pillards, des gens qui ne cherchent pas à fonder ou à remplacer un gouvernement, mais juste à se payer sur la bête. Parce que ce sont des gens qui sont eux-mêmes victimes de changement climatique, de problèmes de toutes sortes, qui font que, comme dans tout le Sahel, il y a une descente de ces nomades au détriment des sédentaires.Est-ce qu'on peut parler de nettoyage ethnique de la part des FSR contre les Massalits dans l'ouest du Darfour ? Oui, très clairement. C'est un nettoyage ethnique qui a une raison d'être. C'est-à-dire de s'approprier les terres de ces cultivateurs que sont les Massalits pour se sédentariser et trouver des sources finalement de survie autre que l'élevage des chameaux en périphérie du désert.Et est-ce qu'on peut parler du coup de tentative de génocide ? Oui, mais ce n'est pas un génocide, je dirais, sur une base de différences religieuses ou de différences idéologiques. Il s'agit d'un génocide, vraiment pour s'approprier des terres. Il n'y a pas de haine particulière des Rizeigat en particulier, qui sont à la manœuvre avec les FSR, contre les Massalits qui sont installés là en tant que sultanats partagés entre le Tchad et le Soudan.Deux ans après le début du conflit, est-ce que vous en voyez une issue ? Non, par épuisement d'un des deux combattants éventuellement. Mais on voit qu'il y a des soutiens de chaque côté. Le soutien des Émirats arabes unis n'est pas le soutien de tous les pays arabes. L'Égypte soutient l'armée. D'autres pays riverains du Soudan, pour des raisons très diverses, soutiennent les FSR. On pense à l'Éthiopie par son animosité à l'égard de l'Égypte autour du grand barrage de la Renaissance sur le Nil. Et les pays comme le Kenya, l'Ouganda, le Tchad soutiennent également de façon plus ou moins directe les FSR. Ce qui est assez paradoxal puisque ce sont des gens qui n'ont pas de projet d'État. Et quant à la population elle-même, elle a beaucoup de mal à choisir entre la peste et le choléra que sont l'armée et les FSR.Est-ce que vous croyez encore à une solution politique entre les deux belligérants ? Je crois à une solution politique à partir du moment où les robinets qui alimentent ces deux belligérants seraient coupés. Il faudrait que la communauté internationale intervienne de façon vraiment déterminée et efficace là-dessus. Alors le combat s'arrêterait. C'est-à-dire qu'il faudrait que le Soudan revienne à une transition démocratique soutenue effectivement et efficacement par les pays occidentaux. On est loin du compte.

Grand reportage
Survivre dans les camps de réfugiés soudanais de l'est tchadien

Grand reportage

Play Episode Listen Later May 5, 2025 19:30


Nous partons pour l'est du Tchad, terre d'accueil de centaines de milliers de réfugiés soudanais. Ils ont fui cette guerre interne qui fait rage depuis le 15 avril 2023 au Soudan. À cette date, les Forces de soutien rapide (FSR) menées par le général « Hemedti » se soulèvent contre l'armée régulière soudanaise du général al-Buhran. Les FSR, majoritairement composées de milices arabes janjawid, la garde prétorienne de l'ex-président Omar el-Béchir, déchaînent leur violence au Darfour où elles sont actives depuis plusieurs décennies. 775 000 Soudanais ont fui vers le Tchad voisin : en grande majorité des femmes et des enfants Masalit, une communauté non arabe du Darfour. « Survivre dans les camps de réfugiés soudanais de l'est tchadien », un Grand reportage de Victor Mauriat. À écouter aussiSoudan: une guerre de généraux à l'origine de la plus grave crise humanitaire au monde

Cultures monde
Table ronde : Soudan, le risque de la partition

Cultures monde

Play Episode Listen Later Apr 18, 2025 36:34


durée : 00:36:34 - Cultures Monde - par : Mélanie Chalandon, Julie Gacon - Boutées hors de Khartoum en mars 2025 par l'armée régulière du chef de l'État soudanais Al-Bourhane, les Forces de soutien rapide (FSR) d'opposition dirigées par Hemetti cherchent à contrôler l'ensemble du Darfour, au risque de voir le pays se scinder en deux. - réalisation : Vivian Lecuivre - invités : Jérôme Tubiana Conseiller aux opérations de Médecins sans frontières; Raphaëlle Chevrillon Guibert Chercheuse à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), associée au Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales au Soudan (CEDEJ) de Khartoum

Journal de l'Afrique
Édition spéciale : deux ans de guerre au Soudan

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later Apr 16, 2025 16:37


Après deux ans de guerre, le Soudan est un un pays détruit et sa population est prise en otage par deux généraux qui se disputent le pouvoir. La situation humanitaire est désastreuse, avec un accès très réduit à l'aide. Dans cette édition spéciale, découvrez les témoignages de notre correspondant régional, qui s'est rendu sur place il y a un mois. Nous évoquerons également la situation sanitaire, notamment au Darfour avec Michel Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence à MSF.

Invité Afrique
Guerre au Soudan: «C'est la pire crise humanitaire au monde après Gaza, on n'en parle pas assez»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Apr 15, 2025 4:29


La guerre au Soudan a fait « 13 millions de déplacés et réfugiés » en deux ans. Alors que le Soudan, troisième plus grand pays d'Afrique en superficie, est déchiré depuis avril 2023 par un sanglant conflit entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhan, dirigeant de facto du pays depuis un coup d'État en 2021, et les forces de son ex-adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo. Le Haut Commissariat aux réfugiés s'alarme des conséquences régionales de cette guerre civile, avec chaque jour plus de déplacés. Abdouraouf Gnon-Konde, directeur régional du HCR pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre répond aux questions de Léa-Lisa Westerhoff. RFI :  Deux ans après le début du conflit au Soudan, la violence a encore franchi un cap ce week-end au Darfour avec l'attaque et la prise du camp de déplacés de Zamzam. 13 millions de personnes déplacées de force à l'intérieur du pays comme au-delà des frontières. En tant que directeur régional du Haut-Commissariat aux réfugiés pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, comment est-ce que vous qualifiez cette crise ? Abdouraouf Gnon-Konde : D'abord, c'est de dire que c'est une crise humanitaire aiguë. C'est la pire crise humanitaire au monde après Gaza. Mais malheureusement, on n'en parle pas assez. Et je pense que justement, à deux ans du rappel du début de cette crise, c'est important que vous puissiez nous donner cette opportunité de souligner les conséquences de cette crise et d'appeler les uns les autres à réellement trouver une solution politique à l'intérieur du Soudan.Vous rentrez du Tchad où vous vous êtes rendu la semaine dernière. Ce pays frontalier joue un rôle particulier dans la guerre civile. Quelles répercussions la guerre civile a-t-elle sur le Tchad ? Une des conséquences immédiates, c'est que les populations, elles vont chercher un lieu de refuge. Et le lieu de refuge le plus près, pour certaines d'entre elles, c'est le Tchad. Et on a pu voir des populations arriver, qui continuent d'arriver et certaines viennent même depuis Khartoum et qui ont traversé donc des conditions vraiment difficiles. Et depuis avril 2023, le Tchad a déjà reçu près de 800 000 nouveaux réfugiés soudanais. Et cette année, le Tchad a déjà reçu 50 000 nouveaux réfugiés soudanais depuis le début d'année. Et malheureusement, nous nous attendons avec ces attaques auxquelles vous faites allusion, à davantage d'arrivées. Donc vous voyez, pour un pays fragile comme le Tchad, avec une population de 17 millions d'habitants, sans oublier d'autres réfugiés présents sur le territoire, les réfugiés nigérians qui sont là dans la région du lac Tchad et les réfugiés centrafricains et des déplacés internes. C'est extrêmement lourd.Tous les regards sont tournés vers le Darfour. Est-ce que vous craignez que la chute de Khartoum conduise à une aggravation des violences contre les civils dans cette partie ouest du Soudan ? C'est une source de préoccupation dans cette partie ouest du Soudan. Une préoccupation parce que si les combats se rapprochent de la frontière du Tchad, la crainte immédiate, c'est de voir ce que nous appelons en anglais le « spillover », donc un débordement de la crise sur le territoire du Tchad.D'un point de vue régional, quelles conséquences cette crise, ces deux années de guerre civile du Soudan ont-elles sur les pays frontaliers, sur la région ? On a observé des mouvements de populations vers le Tchad. Nous en avons déjà parlé, mais aussi des mouvements de populations vers la Centrafrique. La Centrafrique a déjà accueilli à ce jour à peu près 40 000 Soudanais dans une partie frontalière assez difficile : Birao, Korsi. Mais il n'y a pas que la Centrafrique, il y a aussi l'Égypte, il y a l'Éthiopie, il y a le Sud-Soudan et nous connaissons tous la situation dans laquelle se trouve donc le Sud-Soudan. Et la conséquence, elle va bien au-delà de la région parce que, à la frontière entre le Tchad et le Soudan, nous voyons des populations arriver qui transitent par le Tchad et qui continuent jusqu'en Libye, voire la Tunisie, et qui ont vocation à continuer en Europe. Donc pour nous, ça montre que la conséquence va bien au-delà des pays voisins. Elle va bien au-delà de la région et malheureusement, on voit davantage donc de Soudanais qui essaient d'arriver aux portes européennes.Il y a aussi la question du financement des activités humanitaires. Quel impact la coupure des financements américains a-t-elle sur cette crise au Soudan ? Elle nous contraint à faire des choix extrêmement difficiles. Au Tchad, déjà depuis 2003, nous avions déjà des Soudanais qui étaient là et nous étions en train de travailler à trouver des solutions d'intégration de ces populations. Mais malheureusement, aujourd'hui, avec cette baisse de ressources, nous sommes obligés de nous concentrer sur la réponse d'urgence dans les zones les plus fragiles.Quelle est votre crainte ? Qu'est-ce que vous craignez que ça puisse susciter sur une crise comme celle du Soudan ? La crainte immédiate, c'est de ne pas être en capacité d'apporter la plénitude de réponse. Au niveau global, pour le HCR, les États-Unis contribuent à hauteur de 40% de nos financements, dans la région ils nous accompagnent pour 60%. Mais il n'y a pas que les États-Unis qui ont baissé (leurs contributions). Déjà, pour les besoins immédiats, dans la région Afrique de l'Ouest, Afrique centrale, on parle de 14 millions de déplacés de force. Aujourd'hui dans cette région, 61 % des enfants en âge d'aller à l'école, âgés de 6 à 17 ans sont hors des circuits d'éducation. Donc, comment continuer à prendre en charge ces questions de besoins qui vont bien au-delà de la simple question humanitaire si on n'a pas les ressources adéquates ?

Reportage Afrique
Soudan du Sud: les témoignages de femmes réfugiées dans le camp de Gorom [3/3]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Apr 15, 2025 2:29


Plus de 10 000 réfugiés soudanais sont arrivés au camp de Gorom, près de Juba, la capitale du Soudan du Sud, depuis le début de la guerre au Soudan le 15 avril 2023. Un conflit qui semble loin de se terminer, notamment dans la région du Darfour, où les Forces de soutien rapides du général Hemedti sont accusées de commettre un génocide. Des femmes du Darfour réfugiées à Gorom se sont livrées à RFI sur leurs inquiétudes suite aux violences qui ont éclaté contre les Soudanais mi-janvier, après que des Sud-Soudanais ont été massacrés par l'armée soudanaise à Wad Madani. De notre correspondante à Juba, Coiffée d'un foulard rose pâle, Amira Adam Bashar, 20 ans, a fui l'enfer d'El Fasher, cette ville située au Darfour nord, assiégée par les paramilitaires FSR. Elle est arrivée à Juba une semaine seulement avant qu'éclatent les violences visant les Soudanais mi-janvier : « La police nous a protégés, puis nous avons été amenés ici à Gorom. Nous sommes enregistrés comme réfugiés urbains, donc nous ne recevons aucune aide. Nous n'avons presque rien à manger ni à boire, et mon frère qui vendait du charbon pour nous soutenir a été blessé dans les violences, maintenant, il ne peut plus travailler. Nous avons besoin d'aide. »L'histoire de Nuha Abdallah Mohammed, 34 ans, est tout aussi terrible. La mère de deux enfants a fui les attaques des FSR à El Geneina, au Darfour ouest, et rejoint son mari établi à Juba comme commerçant. Mais leur magasin a été complètement pillé lors des émeutes contre les Soudanais. La famille s'est réfugiée à Gorom, et a été à nouveau terrifiée par les combats entre forces sud-soudanaises qui ont eu lieu près du camp récemment : « J'aimerais pouvoir quitter le Soudan du Sud, mais je n'en ai pas la capacité. Car c'est insupportable de fuir une guerre, de venir à pied d'un pays à l'autre, pour ensuite se retrouver à vivre encore la même chose. À entendre à nouveau les mêmes sons de tirs et de bombes. Nous ressentons beaucoup de peur et d'insécurité. »À écouter aussiGuerre au Soudan: «L'urgence humanitaire est au nord Darfour»« Nous voulons vivre en sécurité, c'est tout. »Originaire de Nyala, dans le Darfour sud, Azza Haroun Nurein, 40 ans, a la lourde charge de s'occuper de sa fille Ikram, 16 ans, qui a perdu une jambe dans le conflit soudanais : « Avant le début de la guerre, nous vivions bien à Nyala. Quand le conflit a débuté, nous sommes restés enfermés chez nous. Mais un jour, une bombe est tombée sur la maison, tuant ma fille et mon neveu. Et Ikram a quant à elle été grièvement blessée. »La famille a fui en août 2023 et c'est à Juba qu'Ikram a été amputée de sa jambe gauche. L'adolescente garde de lourdes séquelles et a des cicatrices et des éclats d'obus un peu partout sous la peau. Elle ne peut être scolarisée : « Je ne peux pas aller à l'école parce que je ne peux pas marcher, même avec des béquilles. Donc, je reste tout le temps dans notre abri. Ce que je veux dire, c'est qu'il faut que la guerre s'arrête au Soudan et au Soudan du Sud. Et il faut penser à ceux qui ne peuvent pas fuir quand il y a du danger, comme moi qui ai perdu ma jambe, je ne peux aller nulle part. Nous voulons vivre en sécurité, c'est tout. »Cette semaine, Ikram a rendez-vous au centre de réhabilitation physique du Comité international de la Croix-Rouge à Juba, où elle espère apprendre à marcher à nouveau à l'aide d'une prothèse.À lire aussiGuerre au Soudan: après deux ans de chaos, le désastre humanitaire

Les enjeux internationaux
Pourquoi les Émirats sont-ils accusés d'être moteur d'un génocide au Darfour ?

Les enjeux internationaux

Play Episode Listen Later Apr 14, 2025 13:42


durée : 00:13:42 - Les Enjeux internationaux - par : Guillaume Erner - Jeudi dernier, devant la Cour internationale de Justice à La Haye, les Émirats arabes unis se sont retrouvés à la barre. Et pas pour le moindre des crimes : des responsables soudanais les accusent, selon leurs termes, d'être le “moteur” d'un “génocide” au Darfour. - réalisation : Félicie Faugère - invités : Marc Lavergne Directeur de recherche émérite au CNRS, au laboratoire CITERS de l'Université de Tours

Reportage Afrique
Au Kenya, les réfugiés soudanais réinventent leur vie loin du conflit et en communauté [2/3]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Apr 14, 2025 2:27


Cela fait deux ans, mardi 15 avril, que la guerre au Soudan a démarré. Elle est aujourd'hui la plus importante crise de personnes déplacées au monde, selon l'ONU, 13 millions de Soudanais ayant fui leur foyer. Quatre millions se sont réfugiés dans les pays voisins comme l'Égypte, le Tchad ou le Soudan du Sud. Certains ont réussi à pousser jusqu'au Kenya, loin des camps de réfugiés. À Nairobi, la capitale, ils essaient de se réinventer une vie. De notre correspondante à Nairobi,À Nairobi, la capitale du Kenya, dans le quartier de Kilimani, le Jayta est devenu le rendez-vous de la jeunesse soudanaise. Dans ce petit restaurant, pas de manières, on y mange comme à la maison. « Nos clients sont des Soudanais, des Somaliens et des Éthiopiens. Mais on n'aime pas les appeler des "réfugiés". Bien sûr, notre vie est finie au Soudan, avec cette guerre. Il faut tout recommencer, pour survivre. Pendant la révolution, on disait : "À chaque fois, nous referons la révolution, si le gouvernement n'est pas bon pour nous" », se souvient Ahmed Albadawi.Les généraux Abdel Fattah Al Burhan, à la tête de l'armée soudanaise, et Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemedti », chef des Forces de soutien rapide (FSR), se mènent une guerre sans pitié depuis deux ans. Mabio Swale, 24 ans, a fui Khartoum dès les premiers bombardements : « J'ai laissé derrière moi, mon père, mes petits frères, même mère. Je ne sais pas comment ils vont, s'ils sont en sécurité. La vie au Soudan est très dure : il n'y a pas de travail, pas de sécurité. On entend les armes et les balles partout. J'aimerais bien refaire ma vie au Kenya. Là, je travaille comme serveur. Avant, je rêvais d'être footballer. Aujourd'hui, je veux juste continuer à travailler pour envoyer de l'argent à ma famille. »Ousmane aussi a quitté Khartoum en 2023. Il y suivait alors des études en génie civil. Diplômé ici à Nairobi, c'est vers le Soudan que ses projets se tournent. « Je ne peux pas imaginer mon futur sans le Soudan. Maintenant que l'armée a récupéré Khartoum, mes amis et des membres de ma famille, y retournent. Ils essaient de reconstruire. J'y retournerai, c'est sûr. Les deux généraux viennent du même gouvernement. Mais vous pouvez vivre avec l'armée. Avec les FSR, c'est impossible. Je le sais, je les ai vus, ils ont essayé de me tuer, ils m'ont jeté à terre. D'abord la paix. Après, on cherchera la démocratie », affirme-t-il. En 2024, les Nations unies recensaient plus de 11 500 réfugiés soudanais au Kenya. À lire aussiSoudan: les FSR revendiquent la prise du camp de Zamzam au Darfour, «tuant de nombreux civils»

Reportage Afrique
Tchad: au poste frontière d'Adré, les destins brisés et les vies oubliées des réfugiés soudanais [1/3]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Apr 13, 2025 2:16


Au Soudan, la guerre civile qui ravage le pays depuis avril 2023 a provoqué l'exode de 9 millions de personnes, selon le HCR. Plus de 600 000 d'entre elles ont fui au Tchad voisin, qui a également enregistré le retour de plus de 180 000 rapatriés tchadiens. Ces réfugiés rejoignent un contingent de plus d'un demi-million de Soudanais qui avaient fui lors du précédent conflit au Darfour en 2003-2004. Alors comment se passent la fuite du Soudan et l'accueil des réfugiés au Tchad ? Comment faire face à un tel afflux ? Reportage au poste frontière d'Adré, dont partent des marchandises de premières nécessités et où arrivent des réfugiés. De notre envoyé spécial à Adré,Ce matin, comme tous autres matins à Adré, des centaines de réfugiés exténués, traumatisés, font la queue pour être enregistré au CNARR, la Commission nationale d'accueil et de réinsertion des réfugiés. Mahamat travaille pour cet organisme tchadien dans ce poste frontière qui sépare le Tchad et le Soudan. « Ce matin, j'ai vu des femmes avec des enfants mineurs. Ils disent que là-bas, il a l'insécurité totale, il n'y a pas de paix. Quand tu vois quelqu'un en face de toi, qui est en train de pleurer, qui a été agressé par des hommes, qui est victime de viol… C'est inhumain », soupire-t-il.Les femmes et les enfants représentent près de 90 % des réfugiés soudanais. C'est pourtant un jeune homme que nous présente Mahamat. « Voilà, ce matin, on a reçu ce monsieur. Il a reçu un éclat pendant un bombardement au Soudan », explique-t-il. « L'attaque a eu lieu le soir, c'est-à-dire après la prière. Il y a eu des morts, il y a eu des blessés, il y a eu des gens qui sont fracturés, il y a eu des gens qui ont perdu leurs jambes. C'était un pillage », témoigne le jeune homme blessé.Des hommes blessés, des femmes violées, des destins brisés. Difficile, dans ce contexte, d'organiser la cohabitation. « Le conflit au Soudan, c'est un conflit politique, mais cela s'est transformé en conflit ethnique. Un conflit entre les arabes et les masalits. Et pour éviter que le conflit se prolonge ici, dans le camp, on les sépare », explique Ali Djimé, manager d'un camp d'Adré. Les Arabes sont donc envoyés dans les camps situés près d'Abéché. Les autres vers Farchana, situé à 50 km à l'ouest d'Adré. On retrouve Mahamat en compagnie de quatre femmes soudanaises : « Ils disent qu'elles sont Soudanaises. Elles sont arrivées au Tchad, mais elles retournent encore là-bas parce que leurs familles se trouvent derrière, là-bas. Elles ne peuvent pas rester », traduit-il.Bravant la peur et le danger, certains retournent au Soudan pour des raisons familiales. Les autres restent au Tchad dans des conditions très précaires. Le retrait de l'aide américaine a eu des conséquences dramatiques. Des projets d'irrigation ont été stoppés net, tout comme le soutien psychologique aux réfugiés. « On lance un appel à tous les bailleurs pour pouvoir prendre en charge ces réfugiés qui sont vraiment dans la détresse », rappelle Ali Djimé. Un SOS pour les victimes d'un conflit oublié. À lire aussiSoudan: situation humanitaire catastrophique à El-Fasher après un an de siège des FSR

Journal de l'Afrique
Plainte à la Cour internationale de justice : Khartoum accuse les Emirats arabes unis

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later Apr 10, 2025 15:53


Le Soudan accuse les Emirats arabes unis d'être le moteur d'un génocide au Darfour. Les Emirats Arabes unis sont soupçonnés de financer les Forces de soutien rapide (FSR), accusées de cibler, puis de massacrer les populations non arabes dans la région. 

Invité Afrique
Soudan: «L'armée a visé la liquidation des commandants des FSR, d'où leur faiblesse structurelle»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Apr 3, 2025 9:04


Au Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan et le général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemetti » sont d'accord sur un point : pas de négociations, la guerre doit aller jusqu'au bout. Ces derniers jours, les Forces armées soudanaises du général Burhane ont remporté une victoire importante en chassant les Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemetti de Khartoum. Pourquoi cette guerre continue-t-elle ? Décryptage avec le chercheur soudanais Suliman Baldo, fondateur du centre de réflexions Sudan Policy and Transparency Tracker. RFI : pourquoi les Forces armées soudanaises ont-elles pris le dessus à Khartoum ?Suliman Baldo : les Forces armées soudanaises ont été sur la défensive depuis le début de la guerre. Elles ont subi beaucoup de revers parce que l'armée soudanaise, au début de la guerre, n'avait pas des troupes, des soldats d'infanterie. L'infanterie de l'armée soudanaise, c'étaient les Forces de soutien rapide (FSR). Mais depuis le mois de septembre 2024, l'armée soudanaise a pu recruter des milliers de volontaires. Et il y a aussi des volontaires islamistes, des brigades djihadistes du mouvement islamiste soudanais qui se sont jointes à l'armée et qui ont été le fer de lance de cette armée dans cette offensive.Alors, les Forces de soutien rapide n'ont pas seulement perdu Khartoum, elles ont dû se retirer aussi de Wad Madani. C'était il y a deux mois, au sud de Khartoum, et elles n'ont pas pu continuer d'assiéger El Obeid, c'est dans le Kordofan, au sud-ouest de Khartoum. Pourquoi cette série de défaites ?La raison principale du côté des Forces de soutien rapide, c'est que c'est une force milicienne. C'est une force de milice Janjawid où la loyauté des combattants est pour leur chef, disons à cause des liens de clan, des liens tribaux. Et sur le terrain, l'armée soudanaise a visé la liquidation des commandants et cela a mené à une situation où les combattants se sont retrouvés sans liens directs avec leurs commandants. Et donc tout cela montre une faiblesse structurelle dans la formation des Forces de soutien rapide.À lire aussiSoudan: suite aux revers des FSR, le centre du pays passe aux mains de l'armée C'est-à-dire qu'en ciblant et en neutralisant les chefs de clans et les chefs de tribus, les Forces armées soudanaises ont affaibli les Forces de soutien rapide ?Elles ont ciblé, disons, les chefs avec ciblage de drones, oui, mais aussi avec infiltration des Forces de soutien rapide. Il y a par exemple Dalaha, c'est l'un des plus récents. C'est quelqu'un qui a été très illustre dans les rangs des Forces d'intervention rapide et sa liquidation a beaucoup affaibli le moral de ces Forces.Et ce chef de guerre, il a été assassiné où ?C'était quelqu'un qui était dans le centre du Soudan, dans la région de la capitale. Et ses combattants disent que c'était un drone qui a visé son véhicule.Son véhicule a été ciblé par un drone ?Voilà, c'est ça !À lire aussiSoudan: les FSR concèdent la perte de Khartoum, leur chef promet de revenir avec «une détermination plus forte»À Wad Madani, au sud de Khartoum, les FSR ont commis des atrocités contre la population. Est-ce que c'est l'une des raisons pour lesquelles, elles ont perdu le contrôle de cette ville ?Partout, où elles se sont déployées, les Forces de soutien rapide se sont attaquées à la population civile. Dans certains endroits, comme dans l'État de Darfour de l'Ouest, c'était un ciblage ethnique. Pour les Massalits par exemple, c'était des actions génocidaires qu'elles ont commise contre ces populations. Un comportement criminel. Et ce qui fait qu'elles n'avaient pas de soutien au sein de la population. Mais alors, au moment où l'armée soudanaise est arrivée à récupérer Al–Jazirah, et maintenant ça se passe aussi à Khartoum, il y a certaines unités de l'armée soudanaise qui s'adonnent au même type de comportement criminel, c'est-à-dire des escadrons de la mort, qui visent les populations de l'ouest du Soudan, du sud du Soudan, les Noubas par exemple, comme étant des collaborateurs des Forces de soutien rapide, et elles sont en train de les liquider dans des exécutions sommaires devant caméra !Et cela se passe, dites-vous, dans l'État d'El-Jazirah, et notamment dans la ville de Wad Madani, au sud de Khartoum ?Cela se passe aussi maintenant, au moment où on se parle, à Khartoum même. Ces brigades se sont montrées vraiment très systématiques dans la poursuite des soi-disant collaborateurs des Forces de soutien rapide.Malgré sa défaite militaire de Khartoum, le général Hemetti affirme qu'il n'y aura ni retraite ni reddition. Mais est-ce qu'il a les moyens de continuer le combat ?Alors, il y a deux choses, n'est-ce pas, Hemetti a fait ces affirmations, ces menaces, dans son adresse à l'occasion de l'Aïd el-Fitr. Le même jour, Al-Burhan a fait un discours similaire où il a dit : « Pas de négociations, pas de compromis avec les Forces de soutien rapide. On ira dans la guerre jusqu'à la fin ». Donc, les deux belligérants sont vraiment déterminés à continuer la guerre. Est-ce que les Forces de soutien rapide ont la force de continuer la guerre ? Leurs combattants, qui se sont retirés du centre du Soudan, sont intacts et donc les deux belligérants se préparent pour des nouvelles phases de combats.À lire aussiSoudan: une Constitution de transition signée à Nairobi entre les paramilitaires et leurs alliés

Les matins
Les ONG partent du Soudan à cause du conflit armé

Les matins

Play Episode Listen Later Feb 25, 2025 5:53


durée : 00:05:53 - La Revue de presse internationale - par : Mélanie Kuszelewicz - L'ONG française Médecins sans frontières doit suspendre toutes ses activités dans le camp de déplacés de Zamzam dans le Darfour du Nord. En cause, les violences et le manque de moyens dans le pays fragmenté par la guerre débutée en avril 2023.

Invité Afrique
Soudan: «On ne voit pas le ciment qui peut donner de l'élan au gouvernement parallèle des FSR» selon Marc Lavergne

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Feb 25, 2025 4:31


Samedi 22 février, à Nairobi au Kenya, les Forces de soutien rapide et 24 organisations soudanaises ont signé une charte pour jeter les bases « d'un gouvernement de paix et d'unité ». Un gouvernement « parallèle » à celui de Port-Soudan, qui fait craindre pour l'unité du pays, déchiré par la guerre. Liza Fabbian a interrogé le chercheur Marc Lavergne sur les implications de cette initiative du général Hemedti, le commandant des Forces de soutien rapide (FSR) en guerre contre l'armée soudanaise. RFI : Quels sont les acteurs signataires de cette Charte pour un « gouvernement de paix et d'unité » au Soudan ? Marc Lavergne : Alors c'est une coalition qui s'est regroupée autour des Forces de Soutien Rapide, mais qui a réussi à agréger beaucoup d'éléments de la société civile, ceux qui ont mené la révolution pacifique depuis avril 2019, c'est-à-dire le mouvement Taqaddum, le mouvement progrès qui rassemble les jeunes de la capitale, ceux qui ont fait ce printemps de Khartoum, et puis des forces régionales et locales aussi. Dans cette coalition, il y a toutes sortes de formations, de partis politiques ou de groupes qui sont eux-mêmes divisés. C'est-à-dire que les personnes qui ont signé cette charte ne sont pas forcément les figures de proue de ces mouvements. Donc il reste à savoir s'il n'y a pas des réticences à l'intérieur de chacun des mouvements signataires de cette Charte pour un nouveau gouvernement. Comment expliquer ce développement et pourquoi est-ce qu'il survient maintenant ? On peut considérer que ce timing correspond à une montée en puissance de l'armée qui gagne du terrain sur plusieurs fronts. Dans la capitale Karthoum d'abord, qui a été en grande partie reprise par l'armée, et puis dernièrement, une capitale régionale qui est El Obeid au centre du pays dans le Kordofan. L'armée se considère comme propriétaire de l'État soudanais puisqu'elle l'a dirigé pratiquement en continu depuis l'indépendance en 1956.  Mais il y a aussi des facteurs externes, puisque l'armée est soutenue par des pays comme l'Iran, la Turquie et éventuellement aussi la Russie et la Chine. Et puis sur la scène internationale, bien sûr, il faut peut-être relier cette mobilisation au fait qu'il y a un nouveau président aux États-Unis, qui a décidé de soutenir l'armée. Quel impact la création d'un gouvernement parallèle par les Forces de Soutien Rapide peut-elle avoir sur l'avenir du Soudan selon vous ? On ne voit pas très bien quel est le ciment qui peut donner de l'élan à ce mouvement. Alors, il peut y avoir un soutien extérieur, mais je crois que chacun des groupes qui constitue ce mouvement lutte d'abord pour ses objectifs propres, du côté de l'armée, il y a quand même cette solidité et cette discipline, qui lui a permis de gagner du terrain très progressivement. Alors, est-ce que ce nouveau mouvement civilo-militaire va être capable de s'équiper en armes ? Parce que c'est finalement l'armement qui va décider, c'est la capacité militaire à reprendre l'ensemble du pays. Est-ce qu'on pourrait se diriger vers un scénario à la libyenne avec la signature de cette Charte ? Je crois que la grande différence, c'est que la Libye est un pays producteur de pétrole, donc il n'y a pas de difficultés financières majeures alors que le Soudan est un pays totalement dévasté, ruiné, avec des centaines de milliers de morts, avec des gens déplacés par millions dans les pays voisins et sans aucune ressource propre actuellement. Certains parlent déjà d'une partition militaire de fait au Soudan, pour vous, il n'y a pas de risque de division territoriale à moyen terme ? Non, je ne pense pas. Le Darfour, par exemple, on a souvent pensé que la région voulait prendre son indépendance, un peu comme le Sud-Soudan. Mais il n'y a jamais eu de mouvement de revendication pour une indépendance au Darfour, ni même dans les Monts Nouba. Ce qui est demandé par toutes ces provinces périphériques, c'est d'être traités sur un pied d'égalité avec la vallée du Nil, avec ce Soudan utile qui a toujours dominé l'ensemble du pays. À quoi peut-on s'attendre quant à la création de ce futur gouvernement de paix et d'unité selon vous ? Dans cette fédération pour un nouveau gouvernement, il reste des parties qui sont assez distinctes les unes des autres. Et tout ça n'indique aucune amorce de rapprochement entre elles. Donc, il y aura un partage peut être des postes de responsabilité, des postes ministériels. Mais est-ce que ces ministres auront une administration, auront quelque chose à gérer, ou bien est-ce que c'est simplement un jeu d'annonces pour la communauté internationale, pour faire un peu comme ce qu'à fait l'armée qui s'est dotée elle-aussi d'un gouvernement civilo-militaire, qui prétend d'être le gouvernement légal du pays. Donc c'est aussi une réponse à cela ? En effet, parce que cette initiative de l'armée lui permet de développer des missions à l'étranger, des ambassades, d'être reconnue de parler aux autres États de la région et au reste du monde. Et en face, ceux qui ne sont pas organisés, apparaissent comme des rebelles. Bien qu'ils soient eux-mêmes les héritiers de la transition démocratique, et de partis ancrés dans l'histoire du Soudan. À lire aussiSoudan: les FSR du général Hemedti et leurs alliés signent une «charte» pour créer un gouvernement parallèle

Revue de presse Afrique
À la Une: l'Afrique frappée de plein fouet par le gel des aides américaines

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Feb 12, 2025 4:15


« “Maintenant on fait quoi ?“ : c'est la grande question, pointe WakatSéra au Burkina Faso, que se posent les ONG, touchées directement ou par ricochet, par les décisions de Donald Trump de suspendre l'aide américaine (avec le démantèlement de l'USAID). Les acteurs qui œuvrent au quotidien dans l'humanitaire, notamment ceux qui viennent au secours des populations des régions frappées par la famine, ou encore ceux qui essaient d'accompagner les malades du Sida, sont totalement désarmés et restent sans voix. (…) Car, il n'existe pratiquement pas d'alternative à l'engagement financier des Etats-Unis dans le domaine humanitaire ».En effet, s'inquiète Jeune Afrique, « les conséquences pourraient être lourdes. En 2023, un quart de l'enveloppe de l'aide américaine était destiné aux pays africains, pour un montant total de 17,4 milliards de dollars, soit 300 millions de dollars en moyenne par pays. Avec quelque 5000 projets lancés en Afrique chaque année, tous n'atteignent évidemment pas leurs objectifs. Mais à l'inverse, nombre d'entre eux ont prouvé leur utilité. Et s'ils venaient à être évincés du budget que prépare l'administration Trump, les conséquences pourraient être catastrophiques pour les populations du continent qui en bénéficient. Pour les plus fragiles, ce serait littéralement une question de vie ou de mort ».Les aides locales au régime sec…Le site Yop, spécialisé dans l'humanitaire, a fait les comptes : « Le Nigeria, la Tanzanie et l'Ouganda seront les pays plus touchés par le retrait de l'aide américaine » : ces trois pays avaient reçu en 2023 plus de 300 millions de dollars d'aides. Les pays sahéliens sont impactés également : « le Niger, le Mali et le Burkina Faso figuraient parmi les plus grands bénéficiaires des financements de l'USAID. En 2024, ces trois pays avaient reçu à eux seuls plus de 827 millions de dollars. De quoi financer des programmes essentiels : distribution de vivres, soins de santé, développement agricole et soutien aux populations déplacées. Avec ce gel, relève encore Yop, c'est tout un réseau d'aides locales qui risque de se retrouver à sec, ce qui sans doute viendra affecter un peu plus les États sahéliens dans leur lutte contre la pauvreté et l'insécurité ».Des centaines de milliers de personnes sans assistanceAutre exemple : la Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire, où « Indigo, une ONG engagée dans la promotion du dialogue inclusif et participatif, a été contrainte de suspendre ses activités, pointe le site Afrik.com. Son personnel se retrouve en situation de chômage technique. En 2024, l'USAID avait engagé 115 millions de dollars d'aide en Côte d'Ivoire. 20 millions étaient consacrés au projet “Résilience pour la paix“. Le gel de ces fonds entraîne non seulement la cessation de projets vitaux mais aussi un affaiblissement de la cohésion sociale dans les régions les plus vulnérables ».Et la crise s'étend bien au-delà de la Côte d'Ivoire, poursuit Afrik.com, qui cite un autre exemple : « le Conseil norvégien pour les réfugiés a fait savoir que, faute de dégel des aides américaines, il devra suspendre ses activités dans près de 20 pays du continent. Des centaines de milliers de personnes, dépendantes de l'aide humanitaire pour leur survie, risquent de se retrouver sans assistance. Des initiatives essentielles sont menacées, comme l'approvisionnement en eau potable au Burkina Faso ou encore le soutien à des boulangeries au Darfour ».Une menace pour la démocratie et les droits de l'HommeEn Gambie, le quotidien The Point lance un véritable cri d'alarme : « avec la fermeture de l'USAID, la démocratie et le progrès social en danger ». En effet, précise le journal, « la suspension soudaine du financement de l'USAID est plus qu'un revers financier. Elle constitue une menace directe pour les droits de l'Homme. Qu'il s'agisse de fournir une identité légale aux communautés exilées ou de renforcer la gouvernance et l'engagement civique, l'USAID a été au cœur d'efforts de développement cruciaux en Gambie et au-delà ».Pour Ansumana Camara, coordinateur national de l'ONG Activista Gambie, interrogé par The Point, « la fermeture de l'USAID ne pouvait pas arriver à un pire moment. La Gambie se trouve à une étape cruciale où les questions relatives à l'espace civique sont plus importantes que jamais. (…) Cette situation est d'autant plus alarmante que la Gambie est dans une phase de transition, avec un projet de constitution en attente d'approbation. Sans le soutien de l'USAID, prévient encore Ansumana Camara, les efforts de la société civile pour engager les citoyens dans le processus démocratique en pâtiront ».

Revue de presse Afrique
À la Une: l'Afrique frappée de plein fouet par le gel des aides américaines

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Feb 12, 2025 4:15


« “Maintenant on fait quoi ?“ : c'est la grande question, pointe WakatSéra au Burkina Faso, que se posent les ONG, touchées directement ou par ricochet, par les décisions de Donald Trump de suspendre l'aide américaine (avec le démantèlement de l'USAID). Les acteurs qui œuvrent au quotidien dans l'humanitaire, notamment ceux qui viennent au secours des populations des régions frappées par la famine, ou encore ceux qui essaient d'accompagner les malades du Sida, sont totalement désarmés et restent sans voix. (…) Car, il n'existe pratiquement pas d'alternative à l'engagement financier des Etats-Unis dans le domaine humanitaire ».En effet, s'inquiète Jeune Afrique, « les conséquences pourraient être lourdes. En 2023, un quart de l'enveloppe de l'aide américaine était destiné aux pays africains, pour un montant total de 17,4 milliards de dollars, soit 300 millions de dollars en moyenne par pays. Avec quelque 5000 projets lancés en Afrique chaque année, tous n'atteignent évidemment pas leurs objectifs. Mais à l'inverse, nombre d'entre eux ont prouvé leur utilité. Et s'ils venaient à être évincés du budget que prépare l'administration Trump, les conséquences pourraient être catastrophiques pour les populations du continent qui en bénéficient. Pour les plus fragiles, ce serait littéralement une question de vie ou de mort ».Les aides locales au régime sec…Le site Yop, spécialisé dans l'humanitaire, a fait les comptes : « Le Nigeria, la Tanzanie et l'Ouganda seront les pays plus touchés par le retrait de l'aide américaine » : ces trois pays avaient reçu en 2023 plus de 300 millions de dollars d'aides. Les pays sahéliens sont impactés également : « le Niger, le Mali et le Burkina Faso figuraient parmi les plus grands bénéficiaires des financements de l'USAID. En 2024, ces trois pays avaient reçu à eux seuls plus de 827 millions de dollars. De quoi financer des programmes essentiels : distribution de vivres, soins de santé, développement agricole et soutien aux populations déplacées. Avec ce gel, relève encore Yop, c'est tout un réseau d'aides locales qui risque de se retrouver à sec, ce qui sans doute viendra affecter un peu plus les États sahéliens dans leur lutte contre la pauvreté et l'insécurité ».Des centaines de milliers de personnes sans assistanceAutre exemple : la Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire, où « Indigo, une ONG engagée dans la promotion du dialogue inclusif et participatif, a été contrainte de suspendre ses activités, pointe le site Afrik.com. Son personnel se retrouve en situation de chômage technique. En 2024, l'USAID avait engagé 115 millions de dollars d'aide en Côte d'Ivoire. 20 millions étaient consacrés au projet “Résilience pour la paix“. Le gel de ces fonds entraîne non seulement la cessation de projets vitaux mais aussi un affaiblissement de la cohésion sociale dans les régions les plus vulnérables ».Et la crise s'étend bien au-delà de la Côte d'Ivoire, poursuit Afrik.com, qui cite un autre exemple : « le Conseil norvégien pour les réfugiés a fait savoir que, faute de dégel des aides américaines, il devra suspendre ses activités dans près de 20 pays du continent. Des centaines de milliers de personnes, dépendantes de l'aide humanitaire pour leur survie, risquent de se retrouver sans assistance. Des initiatives essentielles sont menacées, comme l'approvisionnement en eau potable au Burkina Faso ou encore le soutien à des boulangeries au Darfour ».Une menace pour la démocratie et les droits de l'HommeEn Gambie, le quotidien The Point lance un véritable cri d'alarme : « avec la fermeture de l'USAID, la démocratie et le progrès social en danger ». En effet, précise le journal, « la suspension soudaine du financement de l'USAID est plus qu'un revers financier. Elle constitue une menace directe pour les droits de l'Homme. Qu'il s'agisse de fournir une identité légale aux communautés exilées ou de renforcer la gouvernance et l'engagement civique, l'USAID a été au cœur d'efforts de développement cruciaux en Gambie et au-delà ».Pour Ansumana Camara, coordinateur national de l'ONG Activista Gambie, interrogé par The Point, « la fermeture de l'USAID ne pouvait pas arriver à un pire moment. La Gambie se trouve à une étape cruciale où les questions relatives à l'espace civique sont plus importantes que jamais. (…) Cette situation est d'autant plus alarmante que la Gambie est dans une phase de transition, avec un projet de constitution en attente d'approbation. Sans le soutien de l'USAID, prévient encore Ansumana Camara, les efforts de la société civile pour engager les citoyens dans le processus démocratique en pâtiront ».

Invité Afrique
Soudan: «Les sanctions américaines contre le général Hemedti (FSR) sont symboliques» dit T. Vircoulon

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Jan 10, 2025 4:39


Au Soudan, les paramilitaires des FSR sont accusés de génocide, une accusation formulée mardi par les États-Unis. « Les Forces de soutien rapide, FSR, et ses milices alliées ont systématiquement assassiné des hommes et des garçons sur une base ethnique, et ont délibérément ciblé les femmes et les filles de certains groupes ethniques pour les violer et leur faire subir d'autres formes de violence sexuelle brutales », a déclaré Anthony Blinken, le secrétaire d'État américain. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour utiliser ce terme de génocide ? Quelles conséquences peuvent avoir les sanctions contre le général Mohamed Hamdane Dogolo, dit « Hemedti », le commandant des FSR et contre les sociétés liées aux paramilitaires ? Éléments de réponses avec Thierry Vircoulon, chercheur associé à l'IFRI. RFI : Les États-Unis accusent officiellement les FSR de génocide. Sur quels faits se basent-ils ? On parlait jusque-là de crimes de guerre. Qu'est-ce qui a fait évoluer le département d'État américain ?Thierry Vircoulon : Il y a eu des enquêtes sur les combats qui ont eu lieu au Darfour, notamment dès le début de la guerre en 2023. Et, il avait été clairement montré à cette époque que les Masalit, qui sont une tribu qui se trouve surtout dans la région de el-Geneina, au Darfour Ouest [au Soudan], avaient été particulièrement ciblés par les FSR et par des milices arabes alliées au FSR. Ce qui avait conduit à la fuite des Masalit au Tchad, dans la région d'Adré. Et donc, ces enquêtes ont mis en évidence que les Masalit avaient été ciblés en tant que tels et du coup les autorités américaines ont déduit qu'on était dans une situation qui pouvait être qualifiée de génocide.Mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour utiliser officiellement ce terme de génocide ?Parce que les États-Unis ont lancé dès le début du conflit une tentative de médiation, que cette tentative de médiation a eu plusieurs rebondissements, mais elle a finalement échoué en août 2024. Et par conséquent, maintenant, ils ont décidé de faire évidemment monter la pression. Je pense qu'avant, ils n'avaient pas encore pris cette décision justement parce qu'ils voulaient préserver les chances de cette médiation.Washington a annoncé en parallèle prendre une série de sanctions contre le chef des paramilitaires, Mohamed Hamdane Dogolo dit «Hemedti » et contre des sociétés liées aux FSR. Concrètement, est ce que ces sanctions peuvent faire évoluer le cours de cette guerre ou est-ce uniquement symbolique ?Non, je pense que c'est surtout symbolique. Le général Hemedti a construit un empire financier, un empire économique, qui est en grande partie lié aux Émirats arabes unis et ce qui est très intéressant, c'est de voir que les 6 ou 7 entreprises qui viennent d'être sanctionnées par les États-Unis sont toutes des entreprises situées aux Émirats arabes unis. Et donc là, on peut dire que le Trésor américain en effet sanctionne un peu le cœur financier de l'empire économique de Hemedti.Mais est-ce que ces sanctions contre ces sociétés peuvent avoir réellement un impact sur le financement des paramilitaires et sur la livraison d'armes ?Le problème des sanctions, c'est toujours le même : c'est de savoir si elles seront appliquées ou non. Et comme en fait ces entreprises sont basées aux Émirats arabes unis, l'application des sanctions va beaucoup dépendre de l'attitude des autorités émiraties. Et en fait, depuis le début de ce conflit, il y a eu des échanges entre Washington et les Émirats arabes unis. Et Washington a essayé d'infléchir la position des Émirats arabes unis qui sont le principal soutien de Hemedti. Donc, avec ces sanctions, on sent qu'ils font aussi monter la pression sur les autorités émiraties.On sait que les États-Unis vendent du matériel d'armement aux Émirats arabes unis. Avec ces sanctions, ces livraisons de matériels vont-elles pouvoir se poursuivre ?Oui, parce que en fait la relation entre les États-Unis et les Émirats arabes unis est plus large que la question soudanaise, donc ça n'affectera pas les livraisons d'armes, etc.Un mot sur Hemedti, le commandant des FSR, ancien chef de milices redouté au Darfour. On sait qu'il a tenté d'améliorer son image à l'international. Quelles peuvent être les conséquences pour lui de ces accusations et de ces sanctions ?Ces sanctions, elles mettent en évidence publiquement ce que tous les spécialistes savaient : c'est-à-dire que le cœur de son empire économique se trouve à Dubaï. Donc, c'est ça l'effet principal et l'effet recherché : de mettre en évidence le lien économique fort qui existe depuis longtemps entre lui et les Émirats arabes unis.Ces accusations des États-Unis interviennent quelques jours seulement avant l'arrivée de Donald Trump au pouvoir. La future administration américaine pourrait-elle avoir une autre lecture de ce qui se passe aujourd'hui au Soudan ?On va voir en effet comment ça va évoluer lorsque Trump rentrera dans le bureau ovale, parce que on dit beaucoup qu'il a des intérêts économiques, des intérêts d'affaires dans les monarchies du Golfe. Et donc, ça peut en effet conduire à des changements de politique. Il y a une vraie interrogation sur la politique qu'il va mener et la relation qu'il va avoir avec les monarchies du Golfe.À lire aussiSoudan: les Forces de soutien rapide du général Hemedti accusées de massacres de civils dans le centre  À lire aussiSoudan: à El-Facher, «Hemedti veut marquer une suprématie sur le Darfour»

Invité Afrique
Wolfram Lacher: «Haftar a besoin de la présence russe en Libye»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Dec 16, 2024 8:49


La Libye du maréchal Haftar sort-elle renforcée après la chute du régime Assad en Syrie ? C'est la question qui se pose, au vu du risque pour les Russes de perdre leurs bases militaires en Syrie. Y aura-t-il bientôt une base navale russe à Tobrouk ? Le grand spécialiste de la Libye Wolfram Lacher est chercheur à l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité. RFI lui a d'abord demandé si, après la perte de leur allié syrien, les Russes n'allaient pas se tourner encore plus vers le maréchal Haftar. RFI : Wolfram Lacher, si les Russes perdent leur point d'appui en Syrie, est-ce qu'ils ne vont pas se tourner encore davantage vers la Libye du maréchal Haftar ? Wolfram Lacher : Ils vont sans doute l'essayer, mais est-ce qu'ils vont le pouvoir ? Est-ce que Haftar permettra aux Russes de renforcer leur présence en Libye ? C'est une question, parce qu'on voit à travers les années dernières que Haftar a toujours cherché à jongler entre plusieurs partenaires étrangers et à ne jamais se rendre dépendant exclusivement d'un État.Dans le territoire libyen contrôlé par le maréchal Haftar, les Russes auraient des facilités sur quatre bases aériennes : al-Qadeer, al-Joufra, Ghardabiya et Brak ak-Shati. Mais est-ce que les avions gros porteurs russes peuvent atteindre la Libye sans faire escale sur la route pour faire le plein ? Cela dépend sans doute des espaces aériens qu'ils peuvent traverser. Or, on a constaté cette dernière année qu'ils peuvent traverser l'espace aérien turc, par exemple. Mais c'est très possible, si la Russie perdait la base aérienne en Syrie, que ça compliquerait la logistique, le ravitaillement pour la présence russe en Libye et plus au sud en Afrique.Du côté des navires de combat, si les Russes perdent leur base navale de Tartous en Syrie, est-ce qu'ils pourront replier leurs bateaux dans un port libyen ? Alors les Russes cherchent depuis plusieurs années déjà à établir une base navale à l'est de la Libye. Pour l'instant, Haftar et ses fils n'ont jamais accédé à cette requête parce qu'ils savent que cela pourrait rompre leurs relations avec les puissances occidentales. Or, la situation actuelle où et la Russie et les États-Unis et d'autres pays de la région - donc les Émirats arabes unis, les Égyptiens, tout le monde - essayent de maintenir des bonnes relations avec Haftar, c'est une situation très confortable pour Haftar et donc je pense que, pour Haftar, il n'y aurait aucune nécessité de maintenant offrir le territoire libyen aux Russes et de se rendre dépendant de manière exclusive du soutien russe et de couper ses relations avec les pays occidentaux.Apparemment, le maréchal Haftar et Vladimir Poutine s'entendent bien. Ils se sont vus à Moscou en septembre dernier. Mais est-ce que le maréchal libyen est un allié aussi fiable que l'était le dictateur syrien Bachar el-Assad ? Il n'est peut-être pas fiable dans le sens où il suit les directives qu'on essaierait de lui donner, mais Haftar a besoin de cette présence militaire russe parce que la fonction de protection contre d'éventuelles attaques, d'éventuelles offensives de la part des forces en Tripolitaine, cette fonction de protection qu'a la présence militaire russe, c'est difficile de voir une autre puissance étrangère la remplacer pour Haftar. Donc, c'est pour ça que la relation entre Haftar et la Russie est une relation qui est bénéfique mutuellement. Les deux ont besoin de maintenir cette relation.Depuis six mois, le maréchal Haftar, qui est âgé de 81 ans, prépare sa succession. Il met en avant l'un de ses fils, Saddam. En juin dernier, quand Saddam Haftar est allé à Ndjamena, le président tchadien lui a demandé de mettre sous cloche les rebelles tchadiens du Fact, dont la dernière offensive en 2021 avait coûté la vie à Idriss Déby. Est-ce que vous pensez que le clan Haftar a donné suite à la requête du régime tchadien ? Oui, effectivement. Depuis environ deux ans, il y a une coopération assez étroite. Il y a eu des arrestations de chefs rebelles, y compris au sein du Fact, qui ont été livrés au régime tchadien. Et à ma connaissance, le Fact n'a plus de présence en tant que force, en territoire libyen, en ce moment.Et le Fact aujourd'hui n'est plus en mesure de lancer une nouvelle offensive comme en avril 2021 ?Aujourd'hui, je crois qu'il n'y a pas de forces rebelles tchadiennes en territoire libyen qui soient en mesure de lancer une offensive semblable. Par contre, il faudra voir si, avec le fait que la France retire ses forces du Tchad, ce n'est pas un facteur qui pourrait conduire à une nouvelle mobilisation de rebelles tchadiens qui pourraient donc organiser de nouveaux groupes, que ce soit au Darfour ou ailleurs dans les pays avoisinants du Tchad.

Cultures monde
La Cour pénale internationale passe à l'offensive 2/4 : Affaire Ali Kushayb : un procès pour le Darfour

Cultures monde

Play Episode Listen Later Dec 10, 2024 58:34


durée : 00:58:34 - Cultures Monde - par : Julie Gacon, Margaux Leridon - Alors que le Soudan a replongé dans la guerre en avril 2023, Ali Kushayb, ancien chef de la milice janjawid et responsable de crimes commis au Darfour en 2003 et 2004, est jugé devant la Cour pénale internationale. - réalisation : Margot Page - invités : Raphaëlle Chevrillon Guibert Chargée de recherche en sociologie politique à l'Institut de recherche pour le développement (IRD); Stéphanie Maupas Journaliste indépendante spécialisée sur la justice pénale internationale; Sarah Sameur avocate au Barreau de Paris, spécialisée en droit internationale, membre de l'association des Juristes pour le Respect du Droit International (JURDI)

Journal de l'Afrique
Soudan : le camp de déplacés de Zamzam bombardé, l'ONU décrit un "point de rupture"

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later Dec 4, 2024 14:04


L'ONU a condamné le bombardement du camp de déplacés de Zamzam, dans l'ouest du Soudan, réclamant la protection des "civils innocents", qui ont trouvé refuge au sud d'El Fasher, grande ville du Darfour assiégée par les paramilitaires. Le camp abrite plus de 500 000 déplacés, selon l'ONU, qui décrit un camp tout près du "point de rupture". Alors que la famine a été déclarée dans le camp l'été dernier, des camions du Programme alimentaire mondial y sont enfin parvenus fin novembre. 

Programme B
Darfour 2003, Rony Brauman raconte

Programme B

Play Episode Listen Later Nov 29, 2024 26:29


Au début des années 2000, le Darfour, une région de l'ouest du Soudan, a basculé dans le chaos. Ce conflit, né des tensions entre le gouvernement et les groupes rebelles, s'est rapidement transformé en une guerre civile d'une violence inouïe, entraînant des massacres, des déplacements massifs et une crise humanitaire dévastatrice. À l'époque, les organisations internationales s'étaient mobilisées en urgence, alertant le monde sur l'ampleur de la catastrophe. Parmi elles, Médecins Sans Frontières, en première ligne, a vécu des mois décisifs.Au micro de Thomas Rozec, Rony Brauman, ancien président de Médecins Sans Frontières, confie ses souvenirs.Un épisode de Programme B en partenariat avec MSF.Programme B est un podcast de Binge Audio présenté par Thomas Rozec. Réalisation : Mathieu Thevenon. Générique : François Clos et Thibault Lefranc. Identité sonore Binge Audio : Jean-Benoît Dunckel (musique) et Bonnie El Bokeili (voix). Identité graphique : Sébastien Brothier et Thomas Steffen (Upian). Direction des programmes : Joël Ronez. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

Journal de l'Afrique
Darfour : des camions de nourriture de l'ONU atteignent un camp de déplacés, risque de famine accru

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later Nov 27, 2024 13:46


Des camions du Programme alimentaire mondial (PAM) ont pu livrer, pour la première fois depuis des mois, de la nourriture dans un camp de déplacés plongé dans la famine au Soudan. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de onze millions de personnes et créé ce que l'ONU qualifie de pire crise humanitaire de mémoire récente, avec des risques de famine généralisée.

Reportage Afrique
Les Soudanaises, violées et violentées, sont les premières victimes de la guerre [1/1]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Nov 24, 2024 2:25


Dans le sillage de la guerre entre les deux armées du Soudan, les violences sexuelles contre les femmes se multiplient. Si les deux camps commettent des exactions, les Forces de soutien rapide sont tenues responsables de la grande majorité de ces violences faites aux femmes, selon les conclusions d'un rapport d'experts de l'ONU publié le 23 octobre. De notre envoyé spécial à Omdurman,Les troupes paramilitaires dirigées par le général Hemedti sont issues des milices janjawids, qui ont participé au génocide du Darfour au début des années 2000, au cours duquel le viol a été utilisé comme arme de guerre. Vingt ans plus tard, elles reproduisent à travers le Soudan leur campagne d'humiliation.À Omdurman, une victime a accepté de témoigner à condition de rester anonyme. Nous l'appellerons Fatima. La jeune femme de 28 ans a fui le quartier d'Oumbada sous le joug des paramilitaires. La rencontre est organisée à l'abri des regards dans une salle de classe d'une école convertie en centre d'accueil pour des familles réfugiées des combats. Le 14 janvier 2024, Fatima est enlevée par trois soldats des Forces de soutien rapide. Au prétexte que son oncle travaille dans les douanes, elle est accusée de collaboration avec l'armée régulière. « Ils m'ont emmenée dans une maison obscure. Il était minuit et demi environ. C'était très sombre, mais je pouvais sentir l'odeur du sang. Après m'avoir frappée, ils m'ont traînée par la jambe dans les escaliers jusqu'au deuxième étage. Le plus gradé d'entre eux est venu à moi. Il m'a dit : “Tu collabores avec l'armée. Je vais te violer pour jeter la honte sur ton oncle”. J'ai dit que j'étais tout juste mariée, que j'étais encore vierge. Il a dit : “Je ne connais pas ce mot”. Il m'a violée, pleure la jeune femme. Il est redescendu. Le deuxième soldat est monté, puis le troisième. »À lire aussiSoudan: les FSR lancent «une campagne de vengeance» contre les civils après la défection d'un général« J'étais devenue sa chose »Ce que raconte Fatima est arrivé à des milliers d'autres. Selon nos informations, les paramilitaires ont organisé un trafic d'esclaves sexuelles à travers le pays. Des centaines de femmes ont été vendues sur des marchés au Darfour. « L'un d'entre eux a dit : “Maintenant, on la bute”. Il a tiré en l'air. Mais l'officier a dit : “Non, moi, je la veux. Je la prends avec moi”. Il m'a dit que j'aurais la vie sauve à une condition : “Tu rentres chez toi, tu prends tes affaires, et à 5 heures du matin, tu pars avec moi. On va aller à Nyala, ou à El Fasher (au Darfour).” Après m'avoir violée, j'étais devenue sa chose, il pensait pouvoir faire de moi ce qu'il voulait. Quand je suis rentrée chez moi, je ne tenais plus debout. J'ai tout raconté à ma mère qui m'a dit : “Tu ne pars pas avec eux”. Elle a demandé au voisin de faire le guet. Il n'y avait personne dans la rue. À 3 heures du matin, on s'est enfui. »Une fois franchies les lignes de front, Fatima est interrogée par les renseignements de l'armée régulière. Ils veulent des informations sur l'ennemi. Personne ne se soucie de son état. C'est un nouvel enfer qui commence, celui du silence. « Quand mon mari l'a su, il s'est énervé, il a voulu divorcer. Au bout d'un mois, il a dit qu'il avait reçu un message de Dieu. Il a accepté de me garder à la condition que je ne dise rien à sa famille ni à personne. Chez nous au Soudan, ce sont des choses qu'on ne peut pas dire, c'est la honte. En dehors de mes parents, de ma tante, personne ne sait. »Quatre ans après la révolution contre le régime d'Omar el-Béchir, qui avait porté un vent d'espoir pour les femmes, les Soudanaises sont les premières victimes de la guerre.À lire aussiSoudan: les combats pour le contrôle d'El-Fasher entrent dans une nouvelle phase

Invité Afrique
Réfugiés soudanais au Tchad: «Les humanitaires font un travail remarquable mais manquent cruellement de financements»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Nov 22, 2024 9:49


SOS pour les réfugiés soudanais au Tchad. Le 15 avril, à la conférence de Paris, la communauté internationale s'est engagée à verser plus de deux milliards d'euros d'aide humanitaire pour les civils soudanais en détresse. Mais tout l'argent promis n'a pas été décaissé. Et la poursuite de la guerre civile provoque une nouvelle vague de réfugiés. Ils sont à présent plus de 900.000 dans l'est du Tchad, notamment dans la province du Ouaddaï. Charles Bouessel est l'analyste de l'ONG International Crisis Group pour l'Afrique centrale. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Déjà en 2003, plus de 400 000 personnes qui fuyaient les exactions des Janjawid s'étaient réfugiés au Tchad. Et la plupart y sont toujours. Donc les populations locales ont une tradition d'accueil, mais là, est-ce que les Ouaddaïens ne risquent pas de dire 400 000 + 900 000, ça suffit ?Charles Bouessel : Absolument. On a pu voir justement, pendant cette crise précédente des réfugiés, quels risques l'on pourrait affronter pour cette actuelle crise, puisque on est dans un contexte à peu près similaire, mais, avec une ampleur bien supérieure. À l'époque déjà, on avait vu, au fur et à mesure de l'arrivée de ces réfugiés et rapatriés tchadiens, une augmentation des discours xénophobes. Les habitants de la région, même s'il faut saluer leur sens de l'accueil, assez impressionnant hein, parce qu'on parle quand même d'une augmentation de 50% de la population en quelques mois, ce qui est absolument considérable et difficile à concevoir. Mais, malgré cela, voilà, on avait vu quand même le développement de violences sur les réfugiés, notamment sur ceux qui partaient chercher du bois aux abords des camps et qui se faisaient agresser. On voit ce genre d'agression se répéter aujourd'hui.Et là, ce sont souvent les femmes ?Absolument. Les femmes sont vraiment les premières personnes visées, d'abord parce que les femmes et les enfants constituent 89% des arrivées depuis le Soudan. Et parce que les femmes sont souvent chargées d'aller collecter ce bois pour la cuisine à l'extérieur des camps, donc c'est un moment où elles sont particulièrement vulnérables. On a énormément justement de violences basées sur le genre, d'agressions sexuelles, et cetera.En ville, on entend aussi donc des discours de populations locales qui accusent les réfugiés de faire monter les prix de la nourriture, les prix des loyers et, encore une fois, je salue donc les capacités d'accueil de cette région, parce que ces violences sont encore très très limitées. Mais si la situation continue de se dégrader, on risque d'avoir une augmentation de ce genre d'agression entre nouveaux arrivants et populations locales.Et comme il y a 20 ans, du temps des Janjawid, les Soudanais qui se réfugient actuellement au Tchad appartiennent à des communautés non arabes qui fuient des groupes armés à dominante arabe, notamment les Forces de Soutien Rapide, FSR, du général Émedti. Est-ce que, du coup, il ne faut pas craindre une montée d'un sentiment anti arabe dans le Ouaddaï et dans tout l'est du Tchad ?Absolument. On a ces angoisses identitaires qui existaient déjà et qui aujourd'hui sont renforcées par des réfugiés qui arrivent et qui sont, il faut le dire, traumatisés par ce qu'ils ont vécu au Darfour, notamment les communautés Massalit de la ville de El-Geneina où, selon Human Rights Watch, un nettoyage ethnique a été commis. Les récits que l'on entend de ces réfugiés sont abominables : tortures, violences sexuelles, exécutions sommaires, pillages. Et donc, le ressentiment communautaire de ces populations s'ajoute à celui qui préexistait dans la région et pourrait mener à des nouvelles vagues de violences communautaires.Depuis plusieurs mois, le gouvernement soudanais du général al-Burhan accuse publiquement le Tchad de servir de plateforme logistique aux Émirats arabes unis, qui soutiennent les Forces de Soutien Rapide du général Emedty. Le Tchad dément catégoriquement, quelle est votre analyse ?Alors oui, le groupe d'experts des Nations-Unies sur le Soudan a sans doute été le premier à évoquer une sorte de pont aérien qui a été mis en place par les Émirats arabes unis pour livrer des armes aux Forces de Soutien Rapide depuis le Tchad. Donc ce n'est pas le Tchad qui livre des armes, ce sont les Émirats arabes unis qui utilisent le territoire tchadien a priori, selon le rapport des Nations-Unies. Il suffit aussi d'aller regarder sur des sites Internet de tracking d'avions pour effectivement voir beaucoup d'avions cargo qui atterrissent soit à N'Djamena, soit à Amdjarass.Et qui coupent leurs transpondeurs ?Et qui coupent leurs transpondeurs effectivement.Pour ne pas être tracés ?Exactement. Cet accord avec les Émirats, en fait, est intervenu à un moment où le gouvernement tchadien avait un besoin important, voir cruel, d'argent, notamment parce que le nouveau président devait renforcer, asseoir son pouvoir. Et donc tout ça coûte très cher. Et les Émirats lui ont octroyé, au moment où ce pont aérien a démarré, un prêt de 1,5 milliards de dollars, qui est l'équivalent de 80% du budget de l'État tchadien. Et donc, il est peu probable que le soutien des Émirats depuis le territoire tchadien aux FSR cesse, parce que le Tchad a toujours besoin de cet argent et que les Émirats ont depuis réoctroyé d'autres prêts. Alors ce soutien, il est aussi très risqué pour le régime tchadien parce qu'il crée des tensions en interne, notamment à l'intérieur de l'armée, puisque certaines communautés dans l'armée sont plutôt en faveur du camp opposé aux FSR, le camp d'al-Burhan et notamment les milices associées. Les milices du Darfour sont associées à ce camp d'al-Burhan et on a vu que ces tensions ont déjà mené à une série d'incidents. Et le Tchad devrait aussi considérer les risques que fait peser cette politique sur sa stabilité intérieure. Donc si El Facher tombe aux mains des FSR, d'abord, à court terme, on peut craindre une vague de massacres et de pillages similaires à celle qui s'est déroulée à El-Geneina l'année dernière. Et cela pourrait faire exploser les tensions communautaires.  À lire aussiSoudan: les combats pour le contrôle d'El-Fasher entrent dans une nouvelle phase À lire aussiTensions entre le Soudan et le Tchad devant le Conseil de sécurité de l'ONU

Revue de presse Afrique
À la Une: au Soudan, la guerre oubliée…

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Nov 14, 2024 4:06


« C'est sans doute le conflit le plus dévastateur du moment, mais il passe largement sous les radars de la diplomatie, des médias et des protestations populaires », relève Le Monde Afrique. Il s'agit de la guerre civile au Soudan. Une guerre qui a « probablement causé la mort de plus de 150 000 civils du fait des bombardements et des massacres, de la famine et des épidémies qui s'ensuivent. Elle a obligé 13 millions de personnes, soit près d'un habitant sur quatre, à fuir de chez elles. (…) Depuis dix-huit mois, les FSA, les forces armées du Soudan, dirigées par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les FSR, les milices paramilitaires des Forces de soutien rapide, menées par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit "Hemetti", ont entraîné le pays de 49 millions d'habitants dans une spirale de violence dont personne n'entrevoit le dénouement. »« Cela doit cesser ! »Et Le Monde Afrique de hausser le ton : ce « long cauchemar des Soudanais, ponctué de bombardements aériens, de massacres, de viols, d'épidémies, de deuils, sur fond de crise humanitaire, doit cesser. Cela suppose de bloquer le flux continu d'armes qui alimente les protagonistes et de reprendre le chemin de la médiation, abandonné en octobre. Mais les pressions internationales qui, seules, peuvent ramener le Soudan sur la voie de la paix exigent elles-mêmes que les opinions publiques cessent d'accepter que ce pays soit abandonné à son sort. Il est courant de citer l'Ukraine et le Proche-Orient comme les deux guerres en cours les plus préoccupantes. La moindre des choses serait de ne pas oublier celle qui ravage le Soudan. »L'ONU impuissante ?Justement, pour la première fois depuis le début de la guerre au Soudan il y a plus d'un an et demi, un groupe d'experts du Conseil de sécurité des Nations unies est à Port-Soudan. Une visite de trois jours qui « vise à examiner la situation sur le terrain. » Ça n'est pas trop tôt !, s'exclame Le Pays au Burkina Faso. « Plus de dix-huit mois ! C'est le temps qu'il aura fallu aux Nations unies pour envoyer une délégation d'experts au Soudan où la guerre fait rage (…). » Qui plus est, pointe le quotidien ouagalais, « rien ne garantit que cette visite des experts onusiens (…) permettra de faire bouger les lignes dans le sens de la désescalade tant espérée. Autant dire que c'est une mission pour se donner bonne conscience. Car, en trois jours, on ne voit pas ce que ces experts peuvent poser comme actes concrets sur le terrain pour changer la donne. On est d'autant plus poussé au pessimisme, soupire encore Le Pays, que l'objectif de cette mission est de rencontrer les instances nationales chargées de l'application d'une vieille décision de l'ONU, en l'occurrence la décision 1591 de 2005 portant embargo sur les armes à l'encontre de personnes ou d'entités non-étatiques au Darfour, comme les Janjawid. Une situation qui en dit long sur le fonctionnement de l'organisation mondiale qui fonde pourtant les espoirs des plus faibles. C'est pourquoi, conclut le quotidien burkinabé, au-delà de cette mission, on attend de voir comment l'ONU pourra se sortir du bourbier soudanais. »Un consensus ?Certes, constate le site Afrik.com, « la délégation onusienne entend examiner de près les défis actuels à l'application de cette résolution. »Mais« non sans dialoguer avec les responsables de la sécurité soudanaise et les organisations locales. En incitant les acteurs locaux à trouver un consensus, l'ONU espère promouvoir une désescalade des tensions et la mise en place de mesures de stabilisation. Le Conseil de sécurité envisage de présenter un rapport détaillé à l'issue de cette mission de terrain, qui servira de base pour de futures décisions. Selon plusieurs sources diplomatiques, relève encore Afrik.com, ce rapport pourrait recommander des ajustements à la résolution 1591, notamment en matière de sanctions ciblées et d'embargos sur les armes, pour mieux répondre aux nouvelles réalités du conflit. »« La résolution doit venir des Africains ! »Enfin, on revient au Monde Afrique qui publie, outre son éditorial, toute une série de reportages consacrés à cette guerre civile dévastatrice. Et cet entretien avec Mo Ibrahim. Le milliardaire anglo-soudanais estime que le Conseil de sécurité de l'ONU devrait s'impliquer davantage dans la guerre civile au Soudan. « L'Afrique, dit-il, doit demander aux Nations unies l'envoi d'une force internationale pour protéger les Soudanais. Le Conseil de sécurité doit adopter une résolution très claire, qui doit permettre d'assécher les sources d'approvisionnement en armes et en financement des deux camps, à travers par exemple un nouvel embargo sur les armes. Une résolution qui permette aussi d'établir des zones protégées. (…) Le Conseil de sécurité est polarisé entre l'Occident et la Russie, et parfois la Chine, constate Mo Ibrahim. La solution doit donc venir des membres africains du Conseil. Si l'idée d'une résolution vient du continent, ni les États-Unis, ni la Chine, ni la Russie n'opposeront leur veto. »

Invité Afrique
Minni Minnawi, gouverneur du Darfour: «Il n'y a pas de solution militaire à la crise au Soudan»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Oct 23, 2024 9:58


Le gouverneur du Darfour et chef du mouvement de libération du Soudan, faction Minni Arcou Minnawi (ALS-MM) était à Paris où il a échangé des points de vue sur la guerre au Soudan avec des responsables français. Son mouvement a rejoint en mars dernier le camp de l'armée soudanaise qui combat les Forces de soutien rapide (FSR)... RFI l'a rencontré à l'occasion de son passage à Paris. Il évoque au micro de Houda Ibrahim les derniers développements de 18 mois de guerre au Soudan. RFI : Lors de la visite que vous effectuez actuellement en France, vous avez rencontré des responsables au ministère français des Affaires étrangères qui s'occupent du dossier soudanais, quelle discussion avez-vous eue ?Minni Arcou Minnawi : La France, s'intéresse beaucoup, en réalité, aux conséquences de la guerre et aux questions humanitaires au Soudan. Durant nos rencontres nous avons évoqué ces points ainsi que celui des pays voisins du Soudan. Nous avons discuté ensemble des possibilités de mettre fin définitivement à la guerre et des possibilités de travailler ensemble pour faire parvenir les aides humanitaires à tous les Soudanais et surtout dans la ville d'al-Facher encerclée par les forces de soutien rapide. Il y a eu la proposition de larguer de l'aide humanitaire au-dessus de la ville…En réalité, nous avons demandé aux Français d'intervenir pour combler le fossé entre le gouvernement soudanais et le gouvernement tchadien, et surtout pour enrayer le rôle du gouvernement tchadien dans le transit à travers son territoire des aides non-humanitaires - des matériaux militaires - vers les zones sous contrôle des FSR au Soudan.Le pouvoir soudanais a à plusieurs reprises accusé le Tchad de faciliter le transfert d'armes aux FSR, ce que confirment les rapports des experts des Nations unies, mais que Ndjamena a toujours nié. Quelles sont vos informations sur cette question ?Il y a toujours, de très importantes quantités de matériels militaires qui traversent le Tchad vers le Soudan. Jusqu'à il y a cinq mois cela se faisait via l'aéroport d'Amdjarass. Actuellement, d'autres aéroports à l'intérieur du pays sont utilisés. Mais nous savons ce qui se passe et nous savons aussi que des armes sont également transportées à travers l'Atlantique vers le port de Douala, puis elles passent à travers la république du Cameroun pour arriver à Ndjamena avant d'emprunter le passage d'Adré, ce chemin que le gouvernement soudanais a rouvert pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire. Mais actuellement ils profitent de la situation et il y a davantage d'aide militaire que d'aide humanitaire acheminée par ce point de passage.Les Émirats arabes unis ont été accusé à de multiples reprises d'ingérence dans les affaires soudanaises, y-a-t-il un nouvel appel que vous souhaitez adresser à ce pays aujourd'hui en ce qui concerne son appui militaire et financier aux FSR ?Nous l'avons rappelé à plusieurs reprises et nous le referons maintenant. Nous appelons les Émirats arabes unis à cesser de soutenir une telle milice, cette machine de tuerie et de destruction, de génocide et d'épuration raciale… Cette milice raciste n'est pas le groupe qui pourrait bâtir l'État, elle peut, au contraire, détruire l'État, les infrastructures, elle peut piller et produire tout ce qu'une catastrophe naturelle pourrait produire. C'est comme un tremblement de terre ou un volcan destructeur… Elle ne construit pas. C'est pour cela que nous disons aux Émirats qu'il faut soutenir le peuple soudanais pour pouvoir reprendre les bonnes relations qui prévalaient entre les deux peuples.Les deux généraux qui s'opposent, al-Burhan et Hemedti ne semblent pas résolus à vouloir résoudre la crise pacifiquement, pourtant la communauté internationale ne cesse de rappeler qu'il n'y a pas une solution militaire possible à cette guerre, qu'en pensez-vous ?Nous sommes tous entièrement convaincus qu'il n'y a pas de solution militaire à la crise au Soudan y compris Hemedti lui-même, comme il l'a précisé dans son discours d'il y a une semaine où il a considéré que des pays étrangers ont mis le feu au Soudan. Mais il est lui-même, en ce moment, aux mains de ces forces étrangères. En arrachant les soudanais, aux mains des forces étrangères, ces agents qui sont payés, qui sont employés par ces forces étrangères, si on arrive à réaliser cela, à ce moment-là, la solution pacifique sera la meilleure sortie de crise.L'armée soudanaise est également accusée d'acquérir des armes et des drones auprès de l'Iran et de la Turquie…Il n'est pas possible de comparer l'armée soudanaise à un groupe dirigé par Hemedti, un groupe tribal qui a été créé sur une base raciale, qui a commis un génocide en 2003, puis qui a continué à commettre des crimes sous le nom de Janjawid, puis sous le nom de gardiens des frontières puis en tant que Forces de soutien rapide…Tous ces noms ne sont qu'une tentative de cacher les crimes de cette milice et de redorer son blason. Jusqu'à maintenant Hemedti ne fait que conduire une milice tribale et familiale. Son frère est son vice-président, leur autre frère est le responsable financier, leur troisième frère est le responsable médiatique et ainsi de suite… L'armée est une institution nationale, et c'est le ministère de la Défense qui conclue tout naturellement des contrats avec d'autres pays pour acheter des armes. C'est une institution nationale, le ministère, qui achète des armes. C'est officiel et ce ne sont pas des armes qui sont acheminées clandestinement pour une milice familiale soutenue par les Émirats.Quand est-ce que cette guerre pourrait s'arrêter alors ?Quand les interventions étrangères cesseront, et quand on cessera d'utiliser des Soudanais payés par des capitaux étrangers pour désintégrer le Soudan… et tuer les Soudanais avec de l'argent étranger comme le font actuellement certains pays. Quand les ingérences s'arrêteront, la guerre s'arrêtera.Pensez-vous que les avancées réalisées par l'armée ces dernières semaines permettront de revenir aux négociations pour un cessez-le-feu ? Est-ce qu'il y a actuellement des contacts dans les coulisses pour retourner à la table des discussions ?Bien sûr, mais les négociations seront différentes. La forme est dépassée par les développements qui ont eu lieu en mai 2023. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts… Il y a eu la résistance populaire, les forces communes… La population soudanaise s'est reconstruite pour défendre ses communautés, ses biens, son honneur et son argent… Les prochains pourparlers de paix seront donc un peu différents et nécessitent une grande préparation. Mais nous disons toujours que toutes les discussions sur le Soudan devraient être basées sur la déclaration de Djeddah.Minni Arko Minnawi, vous vous êtes pourtant vous-même rendu au Tchad, plus d'une fois avant de rallier l'armée soudanaise !A l'époque, nous cherchions la paix. Nous cherchions à garder une bonne relation entre le Tchad et le Soudan. La dernière visite date du juin 2023. J'y ai rencontré, par hasard, Abderrahim Daglo, le frère de Hemedti. Nous sommes restés à discuter durant trois jours. Il voulait mon accord pour séparer le Darfour du Soudan, et pour l'arracher aux mains de l'armée. J'avais posé des questions sur le pourquoi, sur le but d'une telle manœuvre. Je n'ai jamais réussi à obtenir de réponses claires.Le tchadien Ousman Dillo est au Soudan. Depuis la mort de son frère, l'opposant Yaya Dillo. Il est accusé par le pouvoir tchadien de vouloir s'opposer à lui depuis le Darfour, votre réaction ?Ousman est avec nous. Il est de la même tribu et du même groupe social. Quand il est arrivé pour protéger les gens du Darfour, son frère était encore vivant. Il a annoncé sa volonté de nous rejoindre depuis le Tchad. Tous les cercles du pouvoir tchadien savaient qu'il allait au Darfour pour soutenir ses gens, compte tenu qu'il s'agit de la même communauté qui s'étend au Tchad comme au Darfour. Après l'assassinat de son frère, ils ont commencé à l'accuser d'être un opposant. Comment peut-il être un opposant ? Ils ont tué son frère et il est jusqu'à maintenant avec nous sans qu'il soit un opposant. Il est avec moi. Il fait partie de mes hommes. Il n'est pas de l'opposition tchadienne mais c'est l'un de ces volontaires venus protéger les habitants du Darfour. Il est à al-Facher. Il est arrivé au Soudan cinq mois avant la mort de son frère. Et cela est connu par le président Mahamat Kaka et par la sécurité tchadienne. D'ailleurs, Ousman n'est pas le seul, ils sont nombreux les tchadiens avec nous, certains rentrent puis reviennent. C'est comme ça…. Maintenant, parce qu'ils ont tué son frère et parce qu'ils ont peur qu'il se venge, ils disent qu'il est opposant. Jusqu'à maintenant il ne s'oppose pas au gouvernement mais à ceux qui ont tué son frère.Justement, on dit qu'Ousman Dillo est en train de préparer des forces au Soudan pour se venger de ceux qui ont tué son frère ?Ousman n'est pas seul. Il n'est pas seul à avoir ce ressentiment actuellement. Il y a beaucoup de gens qui sont déçus de l'attitude officielle tchadienne qui soutient les Janjawid et qui tuent leurs familles. Actuellement, il y a beaucoup d'enfants de réfugiés soudanais qui travaillent au Tchad. Ils sont en bon nombre dans l'armée tchadienne et au palais présidentiel. Ils ont aussi une position.Que voulez-vous dire par cela ?Il y a beaucoup d'enfants de réfugiés soudanais qui sont entrés au Tchad en 2003, qui sont dans l'armée tchadienne et dans la garde républicaine. Ils sont des officiers de l'armée tchadienne. Il y a plus de 20 tribus communes qui s'étendent au Tchad comme au Soudan. La géographie ne t'empêche pas d'avoir de la compassion pour tes frères. La position officielle en ce qui concerne le Soudan est refusée par un grand nombre d'officiers tchadiens.

Invité Afrique
Soudan: à El-Facher, «Hemedti veut marquer une suprématie sur le Darfour»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Sep 20, 2024 8:47


Au Soudan, l'épicentre du conflit est en ce moment à El-Facher, la capitale du Darfour Nord, où la bataille fait rage depuis une semaine. « Des centaines de milliers de civils sont coincés dans la ville assiégée et leurs vies sont en danger », affirme la sous-secrétaire générale de l'ONU pour l'Afrique, Martha Pobee. Pourquoi les rebelles du général Hemedti veulent absolument s'emparer de cette ville ? Et pourquoi les Américains n'arrivent pas à calmer le jeu ? Peut-être à cause de la présidentielle à venir aux États-Unis, estime Roland Marchal, chercheur à Sciences Po Paris. RFI : Pourquoi cette reprise de violents combats à El-Facher, la capitale du Darfour Nord ?D'une certaine façon, c'est devenu un abcès de fixation, et une victoire des forces du général Hemedti le rendrait absolument incontournable pour toute négociation sur l'avenir politique du pays et pas simplement sur l'issue militaire du conflit.El-Facher, est bien la seule grande ville du Darfour qui échappe actuellement au contrôle du général Hemedti ?Tout à fait. C'est la capitale historique du Darfour avant qu'il ne soit divisé à la suite du conflit des années 2000. C'est également une zone extrêmement importante puisque c'est là qu'est rassemblé, dans des camps de déplacés et dans les villes et villages environnants d'El-Facher, l'essentiel de l'ethnie zagawa qui fournit les combattants pour les groupes darfouriens alliés au général al-BurhanEt justement, en face du général Hemedti, il y a un chef de guerre zagawa très expérimenté en la personne de Minni Minnawi ?Oui, fort, doté de soutien et d'appui également libyen, et pas simplement du côté de l'armée soudanaise. Le rapport de force entre les deux, on le voit, est difficile puisque ces affrontements ont commencé il y a pratiquement quatre mois maintenant, et malgré les pressions internationales, ils se poursuivent. Donc, on sent bien que ce qui est en jeu pour Hemedti, c'est de marquer une suprématie sur le Darfour. Ce qui lui permettrait d'avancer également militairement dans les provinces voisines du Kordofan et peut-être à Khartoum où il a des difficultés. Et du point de vue des groupes rebelles zagawa, qui ont signé un accord de paix en octobre 2020, c'est une façon de montrer qu'ils continuent à exister politiquement.Mini Minnawi n'a pas encore perdu, c'est cela ?Il n'a pas perdu. Il y a les forces du Mouvement pour la Justice et l'Égalité de Djibril Ibrahim qui sont également là. Cela représente un potentiel militaire tout à fait réel, qui aujourd'hui tient tête aux Forces de Soutien Rapide, tout à fait.Malgré l'embargo décrété par l'ONU sur les armes à destination du Darfour, est-ce que les deux belligérants ne viennent pas de recevoir des nouvelles armes ?Oui, depuis des mois. D'un côté, le soutien militaire des Émirats arabes unis aux Forces de Soutien Rapide n'a pas cessé, bien au contraire. Et de l'autre côté, Russes, Iraniens, mais aussi Biélorusses, Turcs, et cetera alimentent l'armée soudanaise. Donc, ça traduit d'abord que l'influence américaine, dans la gestion et dans le règlement de ce conflit, est perçue par tous les acteurs comme étant tout à fait minimal, que chacun sait que le Conseil de sécurité est divisé et qu'à partir de ce moment-là, le commerce des armes peut aller bon train et que les affaires vont bien pour tous ces vendeurs d'armes.Pourquoi les Américains ne font pas pression sur ces puissances régionales pour qu'elles cessent leurs livraisons d'armes aux belligérants ?Alors, je crois d'abord que les Américains se sont saisis du problème, avec les Saoudiens, au début des négociations de Djeddah. Mais ils veulent obtenir un cessez-le-feu, un accès humanitaire, sans aucune négociation politique. Or, beaucoup d'experts, beaucoup aussi d'envoyés spéciaux européens, pensent qu'il serait nécessaire de lancer un processus politique de façon à aboutir à un cessez-le-feu, comme une mesure de confiance dans l'évolution de ce processus politique. Et là, les Américains vont au plus pressé, je dirais fondamentalement, parce qu'ils veulent éviter que le Soudan fasse la Une des médias internationaux, au moment des élections aux États-Unis. Ce qui évidemment permettrait aux uns et aux autres de tirer sur le camp démocrate, en expliquant qu'il est responsable de la prolongation de ce conflit soudanais.Voulez-vous dire que Joe Biden et Kamala Harris ne prennent aucune initiative dans cette région du globe de peur de s'exposer à des critiques de Donald Trump ?Je crois que ce qui est pire… Peut-être que mon sentiment est outré, mais je crois que, pour les dirigeants américains, le Soudan et le Darfour renvoient à ce qui s'est passé au début des années 2000 où, en 2004 et en 2006, pour l'élection de George W Bush à un second mandat et pour les élections de « mid-term », la question soudanaise a été une question importante de mobilisation dans les universités américaines, avec donc des médias portant la critique sur la politique étrangère américaine. Et je crois que, de la même façon, une bonne partie de la diplomatie américaine aujourd'hui vise à empêcher cette situation, en mettant l'accent sur la priorité absolue à l'aide humanitaire, aux dépens d'un processus politique.À lire aussiSoudan: le président américain Joe Biden appelle aux négociations et menace de «sanctions supplémentaires»

Appels sur l'actualité
[Vos questions] Soudan : l'embargo sur les armes renouvelé au Darfour

Appels sur l'actualité

Play Episode Listen Later Sep 17, 2024 19:30


Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur la prolongation de l'embargo sur les armes par l'ONU dans la région du Darfour, sur l'examen de 115 accusations de la Premier League à l'encontre de Manchester City, sur le profil du suspect qui a tenté d'assassiner Donald Trump, et enfin, sur le mouvement « Femme, vie, liberté ».  Soudan : l'embargo sur les armes renouvelé au Darfour  En vigueur depuis 2004, l'embargo sur les armes est prolongé pour une année supplémentaire dans la région du Darfour. Pourquoi le Conseil de sécurité de l'ONU ne l'a-t-il pas étendu à l'ensemble du Soudan ? Cette mesure est-elle réellement efficace pour réduire les violences armées dans cette région ? Avec Alexandra Brangeon, journaliste au service Afrique de RFI.   Football : que risque Manchester City dans le « procès sportif du siècle » ?  Il s'agit d'un combat judiciaire inédit dans le domaine du sport : une commission indépendante examine 115 accusations de la Premier League à l'encontre de Manchester City. Quels sont les faits reprochés aux Skyblues ? Que risque le club champion d'Angleterre ?  Avec Antoine Grognet, journaliste au service des sports de RFI.  Tentative d'assassinat de Donald Trump : que sait-on du suspect ? Le « Secret Service » a déjoué une nouvelle tentative d'assassinat présumé visant l'ancien président. Quel est le profil du suspect ? Quelles sont ses motivations ? À deux mois de la présidentielle, quel impact cet événement peut avoir sur la suite de la campagne électorale ?  Avec Jérôme Viala-Gaudefroy, docteur en civilisation américaine, spécialiste en rhétorique présidentielle.  Iran : deux ans après, que reste-t-il du mouvement « Femme, vie, liberté » ?   Le 16 septembre 2022, l'annonce de la mort de Mahsa Amini, arrêtée pour un voile mal porté, avait déclenché d'importantes manifestations et donné naissance au mouvement « Femme, vie, liberté ». Que reste-t-il aujourd'hui de la révolte iranienne ? Le nouveau président réformateur, Masoud Pezeshkian, peut-il accepter certaines revendications de ce mouvement ?  Avec Thierry Coville, chercheur à l'IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), spécialiste de l'Iran.  

Journal de l'Afrique
Guerre au Darfour : l'ONU prolonge l'embargo sur les armes

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later Sep 11, 2024 13:36


Le renouvellement de l'embargo sur les armes dans la région du Darfour, au Soudan, a été validé par le Conseil de sécurité de l'ONU avec un vote à l'unanimité. Les ONG espéraient toutefois l'extension de ces sanctions à l'ensemble du territoire. Le Soudan est en guerre depuis plus d'un an.

Journal de l'Afrique
Guerre du Darfour : le Conseil de sécurité de l'ONU va se réunir pour sanctionner le Soudan

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later Sep 10, 2024 14:39


L'embargo sur les armes à destination de la région du Darfour, au Soudan, est en proie à une guerre civile meurtrière depuis plus d'un an, va-t-il être prolongé ? Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira demain pour trancher.

Histoire Vivante - La 1ere
ONU, les débuts (1/5) : De la Société des Nations à l'ONU

Histoire Vivante - La 1ere

Play Episode Listen Later Sep 2, 2024 30:01


Entretenir une discussion ininterrompue entre les nations pour assurer la paix du monde, c'est la vocation de l'ONU. Cette Organisation des Nations Unies qui nourrit de grandes attentes et de grandes ambitions, celle qu'on attend au tournant lorsque les feux s'allument en Ukraine, à Gaza ou encore au Darfour. Pourtant, elle n'a pas bonne presse aujourd'hui, justement parce que, depuis la fin de la Guerre froide, les conflits se multiplient. Alors pour cette nouvelle série, Histoire Vivante vous propose d'explorer les premiers pas de l'ONU avec ses grandes ambitions et ses grandes déceptions... L'ONU est inventée en 1945, dans le fracas de la Deuxième guerre mondiale, mais son histoire commence bien avant avec la Première guerre mondiale, lorsque le président états-unien Woodrow Wilson invite les Etats à s'associer pour ne plus jamais verser dans le paroxysme de violence des tranchées. Genève devient capitale de ce concert mondial, d'abord de la Société des Nations et ensuite de l'ONU pour l'Europe. Pierre-Etienne Bourneuf est conseiller scientifique auprès des archives et de la bibliothèque des Nations Unies à Genève. Il nous aide à comprendre comment s'invente l'ambition d'un monde sans guerre à Genève. Chloé Maurel est spécialiste de l'histoire de l'Organisation des Nations Unies. Réf. bibliographique : Pierre-Etienne Bourneuf, Genève, berceau de la Société Des Nations (United Nations, Geneva, mars 2022). Chloé Maurel, Histoire des idées des Nations unies. L'ONU en 20 notions (Paris, L'Harmattan, 2015)

Revue de presse Afrique
À la Une: la vaccination contre la variole du singe en RDC

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Aug 20, 2024 4:28


C'est au Congo que la plupart des cas de variole du singe sont concentrés – mais il y en a aussi dans les pays voisins – Burundi, Ouganda, Kenya, Rwanda, rappelle Le Soft International. Le ministre de la Santé a annoncé ce lundi 19 aout 2024 que les doses de vaccin promises par le Japon et les États-Unis arriveront dès la semaine prochaine, rapportent Actualité CD et Objectif Info. Roger Kamba a précisé que les jeunes sont les plus vulnérables à cette maladie parce qu'ils n'ont pas encore reçu le vaccin contre la variole de l'homme. Les États-Unis doivent envoyer 50 000 doses de vaccin dans un premier temps. La RDC a annoncé qu'elle voulait vacciner 2 millions et demi de personnes.7 sur 7 se concentre sur le cas de la province du Sankuru, où plus de 1 500 cas et 73 décès ont été enregistrés depuis le début de l'année : « Les habitants de cette région, déjà vulnérables, voient leurs proches succomber à une maladie qui leur était étrangère il y a peu ». « La propagation rapide de la maladie au Sankuru révèle une dure réalité », écrit 7 sur 7. « Les traditions et les conditions de vie, autrefois source de résilience, sont aujourd'hui des vecteurs de contamination ». Le quotidien a interrogé le chef intérimaire de la Division provinciale de la santé Daniel Okombo, qui demande à la population « d'éviter de ramasser les animaux trouvés morts dans la forêt, parce qu'il y a beaucoup de possibilités que ces animaux soient contaminés par le virus ».À lire aussiVirus mpox: «Tout le monde peut l'attraper, de façon active ou passive»À quand un accord de paix durable au Soudan ?C'est la question que se pose au Burkina Le Pays. Cela alors que, titre en France Libération, « malgré l'urgence, les discussions sur l'aide humanitaire piétinent ». Des discussions qui ont été ouvertes à Genève à l'initiative des États-Unis, ce qu'on peut saluer, souligne Le Pays, « dans un contexte où de nombreuses voix reprochent à la communauté internationale de rester silencieuse face au drame soudanais qui dure depuis plus d'un an ».« Les chiffres font froid dans le dos », écrit le quotidien : depuis avril 2023 et le début du conflit qui oppose l'armée régulière menée par Abdel Fattah al-Burhan aux paramilitaires des Forces de soutien rapide menées par son ex-adjoint, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées, plus de 10 millions 700 000 déplacées à travers le pays, alors que plus de deux millions ont fui dans les pays voisins. Mais à Genève, le chef de l'armée refuse de s'assoir à la même table que son rival. « Soucieux de ne pas apparaître comme le fossoyeur des négociations », écrit Libération, il a quand même « donné des gages de sa bonne foi » jeudi 15 aout dernier, en annonçant l'ouverture du poste-frontière d'Adré « pour trois mois ». Cela pour faire entrer par le Tchad des vivres et des médicaments au Darfour. Et pour ce qui est des négociations, écrit Le Pays, « les lignes ont quand même bougé », dans la mesure où il a accepté d'envoyer des émissaires non pas directement à Genève, mais au Caire afin d'aplanir les divergences de vue avec les médiateurs.De toute façon, écrit quotidien burkinabé, « il est impérieux d'aller au-delà des simples accords de cessez-le-feu », qui ne sont même pas respectés sur le terrain,« pour envisager, avec le concours de tous les belligérants, un accord de paix durable. À quand cet accord ? Les Soudanais n'attendent que cela ».À lire aussiSoudan: le gouvernement envoie une délégation au Caire pour discuter d'un accord humanitaireBassirou Diomaye Faye à ToubaAu Sénégal, le président de la République Bassirou Diomaye Faye s'est rendu à Touba, qui vendredi 24 aout accueillera une commémoration religieuse, le Grand Magal. « Touba a déroulé le tapis rouge au président de la République », écrit Seneweb. Touba qui subit des inondations, comme Dakar entre autres. Et lors de sa visite de courtoisie au khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, il a « réitéré sa volonté de régler définitivement les problèmes d'assainissement et de l'accès à l'eau potable » de la ville, écrit Walf Quotidien : « c'est un de nos projets phares ».Dakar Actu relève « la présence d'un grand nombre de ministres de la République, du chef de cabinet du Président et de plusieurs directeurs généraux ». Et ce mardi, note Seneweb, « le ballet des acteurs politiques » va se poursuivre ce mardi 20 aout à Touba, puisqu'une source a assuré au quotidien que Macky Sall, le prédécesseur du président, va envoyer une forte délégation chez le khalife général des Mourides.À lire aussiSénégal: après plusieurs accidents routiers, des états généraux se préparent sur les transports publicsAu Maroc, le roi gracie plus de 4 800 personnes dans des affaires de culture de cannabisAu total, 4 831 personnes condamnées, poursuivies ou recherchées dans des affaires liées à la culture du cannabis ont été graciés par le roi Mohamed VI, écrit Yabiladi. Une grâce royale qui a suscité « un flot de réactions enthousiastes », écrit Le Matin. Le Maroc, rappelle Tel Quel, est le premier producteur mondial de cannabis selon l'ONU. En 2021, le pays a adopté une mesure légalisant la culture du cannabis à des fins thérapeutiques. Objectif : lutter contre le trafic de drogue, se positionner sur le marché mondial du cannabis légal et désenclaver économiquement la région du Rif, où la plante est cultivée depuis des siècles. Pour Mohamed El Guerrouj, le directeur de l'Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis, interrogé par Le Matin, « l'adhésion des agriculteurs graciés sera un atout pour le développement de la filière légale », grâce à « leur longue expérience et leur expertise ».À lire aussiMaroc: la légalisation du cannabis inquiète les petits producteurs [1/2]

Invité Afrique
Guerre au Soudan: «sur le terrain, les attaques continuent » malgré les négociations à l'ONU

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Aug 5, 2024 5:06


Ce lundi 5 août 2024, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Kahn, sera devant l'ONU pour présenter son rapport semestriel sur la situation au Soudan et les avancées de son enquête. Alors que l'armée menée par le général al-Burhan, basés à Port-Soudan, est toujours engagée dans des combats acharnés avec les paramilitaires FSR du général Hemedti. Dans le même temps, jeudi 1ᵉʳ août dernier, un rapport d'experts onusiens a déclaré une situation de famine dans le camp de déplacés de ZamZam près d'El Fasher, une ville du Darfour assiégée par les Forces de soutien rapide (FSR) qui ont lancé une offensive en mai. Le pays se trouve dans une situation inextricable alors que des négociations entre les deux camps ont été annoncées par les Américains. Elles doivent se tenir mi-août en Suisse. Pour évoquer le contexte soudanais, notre invité, le chercheur spécialiste du Soudan, Jérôme Tubiana, également conseiller de l'ONG Médecins sans frontières. À lire aussiSoudan: le Darfour confronté à une famine à cause de la guerre

Invité Afrique
Soudan: les paramilitaires des «FSR sont devenus experts en abus et violences sexuelles»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Jul 18, 2024 10:18


L'expert de l'ONU sur la situation des droits de l'homme au Soudan Radhouane Nouicer revient d'un séjour dans la ville de Port-Soudan, qui abrite des centaines de déplacés qui ont afflué de toutes parts. Il décrit, dans un communiqué qu'il vient de rendre public, avoir constaté un niveau de violences sans précédent. Radhouane Nouicer est le grand invité Afrique, il répond aux questions d'Esdras Ndikumana. RFI : Radhouane Nouicer, parmi les témoignages que vous avez pu recueillir à Port-Soudan, est-ce qu'il y en a certains qui vous ont plus particulièrement touchés ?Radhouane Nouicer : Ce qui m'a touché le plus, ce sont les enfants qui se trouvent hors des bancs de l'école en millions depuis plus d'une année, ils sont dans un besoin total. Et le phénomène le plus choquant, à mon avis, dans ce conflit, c'est l'augmentation des cas d'abus et de violences sexuelles contre des femmes, des filles. Et je trouve, d'après les documentations que nous avons pu recueillir, il se trouve que les Forces de soutien rapide (FSR) sont devenues expertes en la matière.Vous avez évoqué le cas de la ville d'el-Fasher, capitale du Darfour du Nord, où la situation semble bien pire…Je suis particulièrement inquiet sur la situation à el-Fasher, au nord de Darfour, qui abrite 1,5 million de personnes dont plus de 800 000 personnes déplacées. C'est de voir le massacre sur une base ethnique, opéré il y a quelques mois au Darfour Ouest contre les Soudanais Masalit se répéter à el-Fasher, d'autant plus que la ville est assiégée par les Forces de soutien rapide.Vous avez rencontré certaines autorités soudanaises à Port-Soudan. Qu'est-ce que vous leur avez demandé ?Premièrement, la protection des civils, cela veut dire le respect du droit humanitaire international. La deuxième demande est la facilitation de l'aide humanitaire. La troisième demande est la levée de la pression dont font l'objet les représentants de la société civile. L'autre point que j'ai soulevé, c'est la cessation de l'impunité.Est-ce que ces autorités que vous avez rencontrées se sont engagées à quelque chose ?Je n'ai pas manqué de leur dire ce que nous pensons des abus, qu'ils facilitent ou qu'ils tolèrent ou ont ils permettent le déroulement. Et là, je pense qu'ils ont manifesté une certaine compréhension sur la question de la facilitation de l'aide humanitaire, sur la protection des civils et peut-être la nécessité de donner des instructions à leurs membres, de respecter davantage les règles du droit humanitaire.Ce sont pourtant ces mêmes autorités qui empêchent, dans certaines zones, les convois humanitaires d'accéder aux zones contrôlées par les hommes de Hemedti, chef des paramilitaires. Est-ce que ce n'est pas contradictoire ?Il y a eu une flexibilité notable dans les semaines de décembre, sur cette question. Il y a aussi plus de flexibilité sur la question du visa pour le personnel humanitaire international, sur le mouvement des convois humanitaires.Vous l'avez reconnu vous-même sur la question de la violence : il n'y a pas eu d'évolution. Est-ce que l'heure des sanctions n'a pas encore sonné pour les deux grands responsables de cette crise ?Cette question, vous la posez au Conseil de sécurité de l'ONU. Nous, nous sommes intéressés par les conditions des droits de l'homme au Soudan et nous continuerons à militer pour l'amélioration de ces conditions.Vous parlez dans votre communiqué d'un niveau de violence sans précédent, épouvantable, au Soudan. Et on constate de l'autre côté que la communauté internationale ne s'est contentée jusqu'ici que d'une réponse molle. Est-ce que quelque part elle n'a pas une certaine responsabilité dans ce qui se passe en laissant faire les deux parties ?Ce n'est pas à moi de juger. Moi je sollicite juste l'attention plus claire sur la situation au Soudan. C'est une situation humanitaire sans précédent et il ne faut pas que cela continue. À ce jour, mi-juillet, le programme humanitaire pour le Soudan est financé au niveau de 17,6%. Il est temps que les pays donateurs déboursent leurs promesses. On n'a plus le temps.

Reportage Afrique
Relocalisation des réfugiés soudanais au Tchad: «On ne pourra accueillir qu'une partie des déplacés» [2/2]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Jun 13, 2024 2:12


Au Tchad, les réfugiés de la crise soudanaise ne cessent d'affluer. La ville d'Adré, frontalière à l'est du pays d'environ 40 000 habitants, abrite désormais plus de 175 000 soudanais que les agences de l'ONU cherchent à relocaliser vers des camps de réfugiés construits en dehors de la ville, malgré le manque de financement. De notre envoyé spécial à Adré,C'est à Dogui, situé à environ 100 km d'Abéché, que le nouveau site des réfugiés est en construction. Il a une capacité d'accueil d'environ 50 000 réfugiés et va accuillir des personnes venues d'Adré et du site d'Ambélia. Des matériaux de construction jonchent le sol. Les charpentiers sont à pied d'œuvre. Abakar Adoum s'occupe de la construction des forages dans le site : « On a réalisé ces forages avec une profondeur de 54 mètres. Nous avons fait des tests de débit et la capacité de production donne 16m3 par heure. Et pour 2 000 personnes, nous avons besoin de 150m3. Notre projet est d'avoir 4 forages. »L'objectif de cette relocalisation est de permettre aux réfugiés d'avoir des conditions de vie décentes. « On a en moyenne 1 000 personnes qui arrivent par jour. On se retrouve avec cet endroit qui se remplit et les déplacés vivent dans des conditions très précaires. Si nous ne nous dépêchons pas, nous allons nous retrouver dans une situation catastrophique, avec le choléra et tout ce que cela peut engendrer », s'inquiète Benoit Kayembé, le chef de bureau HCR à Adré.À lire aussiGuerre au Soudan: «El-Facher est sans doute l'un des endroits où la situation est la pire»« Les autres resteront à Adré sous la pluie »Hassan Mahamat, est venu d'El-Geneina, au Darfour, il y a un an. Il s'occupe de la liste des réfugiés qui doivent s'installer à Dogui : « On a enregistré déjà presque une cinquantaine de ménages. Le problème, c'est qu'il y a trop d'insécurité ici et les gens ont vraiment faim et c'est comme cela depuis presque deux mois, explique Hassan. Sinon avant-hier, il y a eu encore 184 nouveaux que l'on doit enregistrer ».Depuis le début de la crise soudanaise il y a un an, le Tchad a accueilli près de 600 000 réfugiés sur son sol. Ce drame humanitaire ne devrait laisser personne indifférent, nous dit Laura Lo Castro, représentante du HCR au Tchad : « Nous pouvons accueillir aujourd'hui seulement 2 000 familles, environ 10 000 personnes. La capacité totale du camp est de 50 000 personnes. Si vous faites le calcul pour les 8 000 maisons qui restent, on parle d'environ 7 millions de dollars, détaille Mme Lo Castro. Il nous faut plus de ressources pour effectivement accélérer la construction du site. Malheureusement, on ne pourra accueillir qu'une partie des déplacés et les autres resteront à Adré, sous la pluie », se désole la représentante du HCR.Alors que les autorités tchadiennes plaident pour un soutien accru de la communauté internationale, l'afflux des réfugiés se poursuit à l'est du pays.À lire aussi«Ici, on est au cœur de la crise»: le Tchad face à l'afflux des réfugiés soudanais [1/2]

Reportage Afrique
«Ici, on est au cœur de la crise»: le Tchad face à l'afflux des réfugiés soudanais [1/2]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Jun 12, 2024 2:08


Les réfugiés de la crise soudanaise ne cessent d'affluer au Tchad. Adré, ville frontalière de 40 000 habitants située dans l'est du Tchad, a enregistré l'arrivée de plus de 17 000 personnes depuis le début du conflit et les agences de l'ONU manquent de financement pour les assister. De notre envoyé spécial à Adré, Le soleil est au zénith. Ici, selon les humanitaires, 100 à 1 000 réfugiés entrent en moyenne chaque jour à cause de la crise soudanaise. Sous le pont qui marque la frontière, Mahamat Adoum, agent de protection de la CNAR, la Commission nationale d'accueil des réfugiés, est assis devant son bureau, tablette numérique en main. Il enregistre les nouveaux réfugiés et les oriente vers un kiosque sanitaire pour les premiers examens de santé : « Nous sommes là 7 jours sur 7. Nous avons reçu près de 110 familles aujourd'hui, elles craignent l'insécurité et la famine. »Haran Hassan Mahamat, la quarantaine, veuve et mère de 6 enfants, est nouvellement arrivée en provenance de El-Djénéina, une ville du Darfour. « Nous venons d'arriver parce qu'il n'y avait pas des moyens de transports. Et là, on n'a rien à manger et la guerre ne fait que continuer on ne sait à quel saint se vouer. On a perdu nos maris, certains sont disparus, difficile de communiquer avec d'autres comme ils vivent en cachette à cause de la crise. Vues toutes ces difficultés, on préfère venir vivre avec nos frères ici. On s'est même déjà fait enregistrer. »« On n'a plus d'argent »Le Soudan est une crise oubliée mais situation humanitaire ici reste catastrophique, alerte Laoura Lo Castro, représentante du HCR au Tchad : « Ici, on est au cœur de la crise on ne sort pas de l'urgence et on n'a plus d'argent. L'année passée, on a réussi à mobiliser 40% des besoins. On est aujourd'hui au mois de mai et on a que 6%. Comment le Tchad va faire pour absorber cette population et éviter des catastrophes humanitaire », s'inquiète la représentante du HCR.En un an, le Tchad est devenu l'un des principaux pays d'accueil au monde avec près de 600 000 réfugiés à l'Est si l'on considère le nombre de réfugiés par rapport à la population. Les autorités plaident pour un soutien accru de la communauté internationale, tandis que le conflit s'enlise de l'autre côté de la frontière.

Journal de l'Afrique
La Cour pénale internationale "extrêmement" préoccupée par la situation au Darfour

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later Jun 11, 2024 18:04


Plus de dix millions de personnes ont été déplacées par la guerre au Soudan. Le procureur général de la CPI, Karim Khan, se dit "extrêmement inquiet" par les accusations de crimes à grande échelle dans le pays. Rony Brauman, ancien président de Médecins sans frontières, revient sur les conséquences de la fermeture du dernier hôpital d'El-Fasher au Darfour. 

Journal de l'Afrique
Soudan : fermeture du dernier hôpital d'El-Fasher au Darfour

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later Jun 10, 2024 13:50


El-Fasher, la capitale du Darfour du Nord, est assiégée par les forces de soutien rapide (FSR). Samedi, le seul hôpital opérationnel a dû fermer ses portes après avoir été attaqué. Les civils ne sont pas épargnés et les camps de déplacés sont régulièrement bombardés. 

Les matins
Soudan : affrontements mortels à l'arme lourde à El-Facher, les habitants ne savent plus où se réfugier

Les matins

Play Episode Listen Later May 13, 2024 5:49


durée : 00:05:49 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Au moins 27 personnes ont été tuées et 130 blessées à El-Facher au Darfour. Cette ville de l'ouest du Soudan est la capitale du dernier des 5 Etats du Darfour qui échappe aux Forces de soutien rapide. Ces paramilitaires ont déjà été accusés de "nettoyage ethnique" contre les populations non-arabes.

Journal de l'Afrique
Tunisie : descente de police musclée à la Maison de l'avocat de Tunis

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later May 13, 2024 15:31


En Tunisie, la police a de nouveau effectué une descente à la Maison de l'avocat à Tunis et procédé à au moins une arrestation, celle de Mehdi Zagrouba, sur plainte du juge d'instruction lundi soir. Plus tôt dans la journée, ce même juge a émis un mandat de dépôt à l'encontre de Sonia Dahmani. L'avocate et chroniqueuse avait été interpellée par la force alors qu'elle s'était réfugiée dans les locaux de la Maison de l'avocat. Ses collègues tunisiens ont observé une grève dans tous les tribunaux du pays en signe de protestation.

Invité Afrique
Suliman Baldo, chercheur soudanais: «Beaucoup de civils seront pris dans des feux croisés à el-Fasher»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later May 13, 2024 5:17


Au Soudan, la ville d'el-Fasher, la plus grande du Darfour, est le théâtre depuis le 10 mai 2024 de violents affrontements à l'arme lourde. OCHA, le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU, décompte au moins 27 personnes tuées. El-Fasher est la seule ville du Darfour qui n'est pas encore tombée aux mains des Forces de soutien rapide du général Hemedti. Faut-il craindre que ces forces commettent un massacre à caractère ethnique, comme il y a un an à el-Geneina, une autre grande ville du Darfour ? Et pour stopper le général Hemedti, faut-il le menacer de poursuites judiciaires ? Le chercheur soudanais Suliman Baldo est le fondateur du centre de réflexions Sudan Policy and Transparency Tracker. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier.  RFI : La ville d'el-Fasher est-elle au bord d'un massacre à grande échelle, comme dit l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU ? Suliman Baldo : Il y a des soucis bien justifiés pour qu'on craigne que ce soit le cas effectivement. Or, si cette offensive a lieu, il y aura certainement des victimes civiles en grand nombre. Des victimes dans quelle communauté ? Je ne m'attends pas à ce que le scénario d'el-Geneina, à l'ouest du Darfour, se répète, c'est-à-dire que je ne crois pas qu'il y aura un ciblage ethnique contre des communautés particulières au sein de la ville. Cependant, el-Fasher est une ville de peut-être un million et demi d'habitants, la moitié desquels sont des déplacés de guerre, et donc les combats vont avoir lieu dans un milieu urbain dense. Donc il y aura beaucoup de civils qui seront pris dans les feux croisés des combats. Alors vous rappelez ce qu'il s'était passé il y a un an à el-Geneina, la capitale du Darfour occidental. Là, il s'agissait vraiment d'un nettoyage ethnique ? C'était certainement un nettoyage ethnique parce que c'était la communauté des Masalit qui était ciblée par les Forces de soutien rapide et les milices arabes alliées aux Forces de soutien rapide. Celles-ci se sont attaquées aux quartiers résidentiels où vivent les Masalit, en tuant des milliers d'entre eux. Et d'ailleurs, il y a un rapport de l'organisation internationale Human Rights Watch qui donne des témoignages de survivants. Là, il y a eu une campagne d'épuration ethnique, dont le but était de récupérer la terre des Masalit, parce que le ciblage était sur base ethnique. Cela relève aussi d'un acte génocidaire, parce qu'ils ont tué des milliers de civils masalit dans ces attaques. En janvier dernier, le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, a déclaré qu'il y avait des raisons de croire qu'au Darfour, les deux belligérants commettaient des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité, voire un génocide. Le procureur renvoie donc les deux belligérants dos à dos. Mais les Forces de soutien rapide ne commettent-elles pas des crimes encore plus graves que les Forces armées soudanaises ? Je suis d'accord avec vous, c'est tout à fait le cas, c'est-à-dire que les Forces armées soudanaises au Darfour – que ça soit à el-Geneina, à el-Fasher ou même dans d'autres chefs lieux, comme Nyala au Sud-Darfour –, toutes les garnisons de l'armée soudanaise dans ces villes étaient encerclées et donc n'étaient pas en mesure de perpétrer des crimes massifs à l'échelle de ceux commis par les Forces de soutien rapide à el-Geneina. Bien sûr, l'armée de l'air soudanaise a lancé des bombardements à répétition dans les villes et donc il y a eu beaucoup de victimes civiles collatérales, mais je ne crois pas que l'armée a eu la possibilité, ou même l'intention, de s'attaquer à des communautés civiles sur une base ethnique, comme c'était le cas pour les Forces de soutien rapide. Faut-il inculper le général Hemedti pour crimes de guerre, voire crimes contre l'humanité ?Certainement, c'est mon évaluation. D'ailleurs, il y a une enquête officielle de la Cour pénale internationale au sujet des tueries qui ont eu lieu entre le mois d'avril et le mois de juin 2023 à el-Geneina, où beaucoup de Masalit ont trouvé refuge et où les Forces de soutien rapide se sont attaquées à eux, en en tuant encore des milliers parmi eux. Et faut-il inculper aussi le général al-Burhan ? Il y a de plus en plus d'implication de l'armée soudanaise dans des crimes de guerre. On a vu dernièrement, par exemple, des cas de ciblage sur une base ethnique dans les villes où l'armée est en contrôle, dans les États de l'Est et du Nord du Soudan. Tous les gens de l'Ouest du Soudan sont pris pour cible et menacés d'arrestations arbitraires, de torture et suspectés de jouer un rôle d'espion pour les Forces de soutien rapide. Donc il y a une responsabilité du commandement du général al-Burhan sur les exactions qui visent des civils pris dans les feux croisés de cette guerre qui a lieu aujourd'hui au Soudan.À lire aussiGuerre au Soudan: une trentaine de morts dans des combats à El Fasher au Darfour

Les matins
Soudan : crainte d'un massacre à El-Facher, grande ville du Darfour essentielle pour l'aide humanitaire

Les matins

Play Episode Listen Later Apr 30, 2024 6:12


durée : 00:06:12 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Les Nations unies craignent un "massacre à grande échelle" dans la ville soudanaise d'El-Facher, capitale de la région du Darfour-Nord et carrefour pour l'aide humanitaire. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville est confrontée aux bombardements et à la faim.

Invité Afrique
Au Soudan: «Nous voulons l'aide de la communauté internationale pour engager un dialogue réel»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Apr 15, 2024 4:26


Il y a un an, des affrontements éclataient à Khartoum et ouvraient un cycle de guerre entre l'armée du général Al Burhan et les paramilitaires du général Hemedti, forçant à l'exode des millions de Soudanais. Les élites politiques et de la société civile soudanaises se sont elles aussi dispersées dans un premier temps, mais s'efforcent depuis de faire entendre une autre voix que celle des militaires. Parmi elles, une coalition nommée « Taqaddum », la Coordination des forces civiles démocratiques, dirigée par l'ancien Premier ministre Abdallah Hamdok. Alors que Paris accueille ce lundi une conférence humanitaire sur le Soudan, notre grand invité Afrique ce matin est l'un des cadres de Taqaddum, le diplomate Nureldin Satti. RFI : Qui est responsable de la situation dans laquelle se trouve le Soudan, un an après l'éclatement de la guerre ? Nureldin Satti : Ce sont les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide, qui ont perpétré le coup d'État du 25 octobre 2021, qui ont décidé d'arrêter le processus de transition démocratique, qui avait commencé deux ans auparavant.Donc, pour vous, la descente aux enfers a commencé avec le coup d'État des militaires ? Absolument. Ce qui se passe là est impensable. La guerre a atteint un degré incroyable, une sauvagerie inimaginable. Il faut trouver des solutions dans le fond de la société elle-même. C'est une société malade, donc elle ne sent pas qu'il y a des problèmes historiques à régler. Il y a un problème au Darfour, une marginalisation historique. Nous reconnaissons qu'il y a un problème entre les islamistes et le reste de la société, entre les civils et les militaires. Nos amis peuvent nous aider, mais finalement, le début de cette guérison est chez nous. On parle de soutien de parrains internationaux aux deux généraux, al-Burhan et Hemedti. Est-ce que vous diriez que la guerre au Soudan est une guerre internationale ? Il y a des allégations selon lesquelles il y aurait, d'un côté, des pays voisins du Soudan qui soutiendraient les Forces armées soudanaises, qu'il y a certains pays du Golfe, arabes, qui soutiendraient les Forces de soutien rapide. Ce sont des accusations, des allégations, mais il nous faudrait des preuves. On peut dire que c'est une guerre régionale qui s'internationalise, maintenant, avec l'implication même de la Russie et de l'Ukraine, l'Ukraine du côté, paraît-il, de l'armée nationale, et la Russie du côté des Forces de soutien rapide. Est-ce qu'il y a un risque de déstabilisation de la région ? Oui, absolument, ça commence déjà d'ailleurs. Le Soudan du Sud va peut-être connaître une période de grande déstabilisation sociale, économique et probablement politique, du fait que l'approvisionnement du Soudan du Sud en pétrole a été arrêté à cause de la guerre au Soudan et le Soudan du Sud dépend à 90% des revenus pétroliers. À lire aussiAu Soudan, l'économie terrassée par une année de conflitQuelles sont vos principales craintes concernant la population soudanaise dans ce contexte d'un conflit qui se prolonge ? Les craintes sont déjà là : une famine qui s'annonce imminente. Des populations qui sont déplacées un peu partout dans le pays n'arrivent pas à trouver de quoi manger. Qu'est-ce que le mouvement Taqaddum, dont vous faites partie, attend de la réunion de Paris qui s'ouvre ce 15 avril 2024 ? On attend que la communauté internationale, d'abord, soit beaucoup plus déterminée dans son assistance au Soudan, que les engagements financiers pris par les donateurs soient respectés. Ce n'est pas normal que l'aide qui arrive au Soudan n'arrive pas à 6% des sommes qui ont été promises par la communauté internationale. La deuxième chose, c'est aider à trouver une approche humanitaire, qu'il y ait des corridors humanitaires, des endroits protégés où les gens peuvent se réfugier et se déplacer, qu'il y ait finalement un début de coordination internationale et régionale autour de ce qu'on peut faire pour trouver un règlement au Soudan. Il n'y a pas de consensus au sein de la communauté régionale et internationale sur ce qu'on doit faire au Soudan. Il faut continuer à faire pression sur les deux belligérants pour accepter de négocier, tout d'abord.Deuxième chose, faire en sorte que l'appui régional et international aux belligérants s'arrête et qu'ils se trouvent dans une situation dans laquelle ils ne puissent pas compter sur l'assistance régionale et internationale. Qu'il y ait un consensus, une cohésion, pour que la communauté internationale parle d'une même voix et qu'elle puisse nous aider, nous, civils, à engager un dialogue réel pour trouver une voie de sortie de cette crise.À lire aussiGuerre au Soudan: l'armée regagne du terrain, le pays au bord de l'abîme humanitaire

Les matins
Le Soudan, "l'une des pires catastrophes humanitaires" : famine, viols, exactions à caractère ethnique

Les matins

Play Episode Listen Later Mar 22, 2024 6:41


durée : 00:06:41 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Famine, viols et exactions à caractère ethnique : depuis un an, la guerre civile a traumatisé des milliers de Soudanais.es dans le troisième plus grand pays d'Afrique. La BBC et le Wall Street Journal craignent aussi une répétition de ce que les États-Unis avaient qualifié de "génocide" au Darfour.

The Real News Podcast
Nora Loreto's news headlines for Tuesday, December 19

The Real News Podcast

Play Episode Listen Later Dec 19, 2023 9:54


Canadian journalist Nora Loreto reads the latest headlines for Tuesday, December 19, 2023.TRNN has partnered with Loreto to syndicate her daily news digest and share it with our audience—tune in every morning on the TRNN podcast feed to hear about the latest important news stories from Canada and around the world.Find more headlines from Nora at Sandy & Nora Talk Politics podcast feed.Help us continue producing radically independent news and in-depth analysis by following us and becoming a monthly sustainer:Donate: https://therealnews.com/donate-podSign up for our newsletter: https://therealnews.com/newsletter-podLike us on Facebook: https://facebook.com/therealnewsFollow us on Twitter: https://twitter.com/therealnews