Chaque semaine, les reporters du service politique de RFI proposent une chronique de la vie politique détachée de l’actualité immédiate. Une chronique de reportage ou bien de décryptage, issue de leurs propres observations sur le terrain des leaders et de l’activité des partis qu’ils couvrent. La p…
Les fissures, déjà apparentes, entre Les Républicains et le reste du « socle commun » semblent se renforcer ces derniers jours, sur fond de critiques de l'action de François Bayrou. Les LR commencent à se poser sérieusement la question de leur participation au gouvernement. La porte a été entrouverte par le nouveau président du parti lui-même. Lors de son premier bureau politique, l'instance réunissant les ténors des Républicains (LR) et convoqué cette semaine, Bruno Retailleau a déclaré : « Notre sortie du gouvernement, comme notre entrée, devra être décidée collégialement ». Rien de très précis, mais le sujet est désormais posé sur la table.Un participant au bureau politique l'a interprété ainsi, et pour lui, ce n'est pas une mauvaise nouvelle : « Ce n'est plus tenable pour LR de soutenir Bayrou ». Déjà peu enthousiastes à l'idée de participer à un gouvernement dirigé par celui qui, par deux fois, a appelé à voter contre Nicolas Sarkozy, les Républicains jugent très sévèrement les six premiers mois de François Bayrou à Matignon. « Il n'y a que des propositions de loi votées, aucun texte du gouvernement », critique un sénateur, un sourire en coin. « Il n'y a aucun cap, il semble tout découvrir ». Une députée, de son côté, déplore : « Son manque de courage me déprime. Il est incapable d'assurer la moindre cohésion ».« Cadenassé »Mais pourtant, cette participation au gouvernement a permis à LR de revenir sur le devant de la scène. Tous au parti en conviennent. Cependant, l'élection du président semble avoir ouvert une nouvelle phase, celle de la préparation à 2027. La liberté de ton accordée aux ministres a surtout permis à Bruno Retailleau de l'emporter triomphalement sur Laurent Wauquiez. « On aurait intérêt à ne pas trop tarder à partir maintenant », souffle un élu à la sortie du Bureau politique de mercredi. « Bruno a crevé l'écran, mais il aura du mal à avoir un bilan à Beauvau. Plus il reste, plus il se fait attaquer par le RN et plus il est cadenassé par Emmanuel Macron, comme sur l'Algérie », assure un LR bien informé.Le parti étudie déjà des motifs de rupture avec le gouvernement Bayrou. Sur la proportionnelle aux législatives, la formation de droite s'oppose fermement. Concernant le futur budget 2026, pour lequel le Premier ministre appelle « tous les Français à faire des efforts », LR refuse toute hausse d'impôts. Certains vont même jusqu'à pronostiquer une censure du gouvernement à l'automne.On perçoit, en tout cas, une forme d'accélération. Une réflexion s'engage sur une raison valable pour rompre avec le macronisme. D'autres questions restent à trancher : faut-il un candidat LR pour 2027 ? Si oui, qui ? Sinon, qui soutenir ?À lire aussiFrance: pour redresser les finances publiques, François Bayrou demande «un effort à tous les Français»
Le torchon continue de brûler entre le camp macroniste et Les Républicains. Dimanche, Bruno Retailleau, actuel ministre de l'Intérieur a été élu président du parti. Et l'agacement n'a pas tardé à poindre du côté des élus macronistes qui estiment que l'intéressé a « l'impression d'avoir déjà gagné la présidentielle ». Autre élément irritant, la sortie de cette ministre LR qui a fait grincer des dents dans le camp présidentiel. Et pas n'importe quelle ministre, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Interviewée sur Europe 1, cette proche de Bruno Retailleau estime que « le macronisme trouvera probablement une fin dans les mois qui viennent. La question c'est comment on rebâtit la suite ». Dans la foulée, les messageries des députés Ensemble pour la République ont surchauffé. Députés qui ont immédiatement demandé la démission de Sophie Primas mais aussi de Bruno Retailleau.Car quelques jours plus tôt, le ministre de l'Intérieur avait clamé : « je ne suis toujours pas macroniste ». Pas très sympathique alors que le camp présidentiel et Les Républicains cohabitent dans le socle commun formant le gouvernement. Dans un tir groupé à l'allure d'offensive organisée sur les réseaux sociaux, les cadres de Renaissance se sont plu cette semaine à rappeler les scores modestes de LR lors des derniers scrutins.C'est donc une ambiance compliquée dans le bloc central où ils sont tous alliés malgré euxC'est une ambiance à couteaux tirés. On ne compte plus les sujets de discorde. Du port du voile dans le sport, aux suites de la condamnation de Marine Le Pen et du Rassemblement national, de la fin des Zones à Faible Émissions à la loi Paris-Lyon-Marseille en passant par les deux lois sur la fin de vie qui sont en ce moment débattues dans l'hémicycle, le socle commun s'illustre par des divisions permanentes s'exprimant en continu sur la place publique. Elles opposent les LR aux macronistes, mais aussi au sein même de chaque parti la composant. Les députés des deux blocs ne s'en cachent plus. Pierre Cordier, devant le groupe LR : « À force, on ne sait plus ce qu'il y a de commun dans ce socle ».Le gouvernement peut-il encore tenir longtemps ?Pour le moment, la coalition de François Bayrou est encore protégée par la peur du chaos que pourrait entraîner la chute de son gouvernement. Mais pour combien de temps ? De tous les côtés de ce bloc central les signes d'exaspération se multiplient. En témoignent les dernières déclarations évoquées plus haut.Même s'ils n'aiment pas les personnalités d'Emmanuel Macron et François Bayrou, les électeurs LR aiment encore moins le désordre. Malgré les tensions, aucun député du bloc central n'imagine d'ailleurs son gouvernement être renversé par une motion de censure comme celui de Michel Barnier en décembre 2024. La perspective d'une dissolution, techniquement possible à partir de cet été, effraie jusque dans les rangs du Rassemblement national. De quoi la dissuader d'appuyer sur le bouton rouge de la censure.Mais chacun le sait, le budget qui arrive s'annonce explosif et c'est donc à partir du mois d'octobre que, s'il veut tenir, le socle commun devra se ressouder pour affronter cette dangereuse zone de turbulences.
À partir du 27 mai, les adhérents du parti socialiste sont appelés à choisir leurs nouveaux dirigeants, avec comme point d'orgue le congrès de Nancy mi-juin, quelques jours après la désignation du Premier secrétaire. Et le choix des socialistes pourrait être déterminant dans une éventuelle union pour la présidentielle. Les trois candidats, Olivier Faure, Boris Vallaud et Nicolas Mayer-Rossignol semblent alignés en faveur d'une candidature commune en 2027, mais sur le papier seulement. Tout le monde au PS semble désormais d'accord : il faut une union de la gauche en 2027 sans les Insoumis. Après avoir longtemps défendu le rapprochement avec LFI, Olivier Faure a finalement rendu les armes ces derniers mois, « pour ne pas perdre son poste », persifle une de ses opposantes internes. Le nouveau périmètre va donc de la gauche radicale façon François Ruffin aux sociaux-démocrates de Raphaël Glucksmann, voire à la maigre aile gauche de la Macronie, en passant par les alliés écologistes et communistes. Consensus aussi sur l'espoir que le candidat commun en 2027 soit issu des rangs socialistes, mais la stratégie pour y arriver en revanche diffère.À lire aussiLes militants du Parti socialiste face aux divisions de leur partiDeux salles, deux ambiancesIl y a d'un côté les partisans du jeu ouvert et de l'autre, ceux qui prônent le passage en force. Olivier Faure par exemple reste sur la ligne qu'il tient depuis son arrivée à la tête du PS en 2018 : un candidat socialiste si possible, mais pas d'opposition de principe à céder la place. En revanche, du côté de Nicolas Mayer-Rossignol et ses alliés, François Hollande, Carole Delga ou Anne Hidalgo, la prééminence socialiste est une priorité. Une ligne qualifiée d'« identitaire » par les Fauristes et qui passerait par le rassemblement sous un même drapeau de toute la galaxie socialiste aujourd'hui dispersée : Bernard Cazeneuve, Raphaël Glucksmann ou certains ministres et élus macronistes.À lire aussiFrance: au sein du Parti socialiste, ces voix qui s'élèvent pour rompre avec LFILes alliés moyennement intéressés« Si c'est pour se faire marcher dessus comme avec les Insoumis, non merci », cingle un élu communiste. Pas beaucoup plus d'enthousiasme côté Écologistes, où les multiples alliances passées avec le PS n'ont pas laissé que de bons souvenirs. Beaucoup défendent donc l'idée d'une primaire très large, c'est-à-dire pas seulement avec des candidats désignés par les partis. « Sinon personne ne jouera le jeu », estime une ancienne Insoumise. Les Insoumis justement, qui regardent l'agitation avec amusement : « plus il y a de divisions au PS, mieux je me porte », rigole un député LFI. À moins qu'une position centrale émerge à l'occasion du congrès socialiste : le 3ème homme de l'élection, Boris Vallaud plaide pour « une union à toute force mais pas à tout prix ». Un peu flou pour certains : « tu ne pourras pas être éternellement la Suisse », a lancé cette semaine une haute dirigeante du PS au patron des députés socialistes.
Comment fonctionne le couple exécutif que forment le Premier ministre François Bayrou et le président Emmanuel Macron ? La cote de popularité du Premier ministre est au plus bas alors que celle du président de la République remonte un peu. S'agit-il d'un duo ou d'un duel ? Si l'on regarde les dernières initiatives du Premier ministre et du président, on a un peu l'impression d'une course à l'échalote entre eux pour en appeler aux Français. À peine Emmanuel Macron avait-il évoqué, il y a quelques jours, sa volonté d'organiser une convention citoyenne sur les rythmes scolaires que François Bayrou est sorti du bois pour demander un référendum sur un plan budgétaire lançant une balle dans le jardin du chef de l'État auquel revient la prérogative de convoquer une telle consultation.En guise de réponse, Emmanuel Macron a annoncé qu'il allait s'exprimer la semaine prochaine dans une émission télévisée pour évoquer notamment ses pistes de référendum parmi lesquelles ne figurent pas les questions budgétaires.Comme si les deux jouaient une partition en polyphonie, ni tout à fait duel, ni vraiment duo. Une ministre résume avec délicatesse cette dissonance au sein du couple exécutif : « On a des voix nuancées, est-ce incompatible et contradictoire, je ne sais pas ». Quand une autre estime que cet épisode est révélateur en déclarant : « Jusqu'à présent, on n'avait pas le sentiment de cette compétition ».À lire aussiFrance: François Bayrou évoque la possibilité d'un référendum sur les déficitsChacun poursuit ses objectifs politiques propresQu'est-ce que ça révèle ? D'abord que chacun poursuit ses objectifs politiques propres. François Bayrou a envie de rester Premier ministre le plus longtemps possible. Il a déjà réussi à durer plus que Michel Barnier à Matignon, c'était son premier objectif. Il cherche maintenant comment passer l'écueil du prochain budget en prenant les Français à témoin de ses efforts.Mais sa méthode jugée parfois brouillonne et sa communication à l'instinct lui jouent des tours et le font chuter dans les sondages. Une ministre juge d'ailleurs que cela donne une raison à Emmanuel Macron de se réjouir, puisqu'il a « un Premier ministre grâce auquel il est populaire ». Un jeu de balancierC'est un peu comme un jeu de balancier entre François Bayrou et Emmanuel Macron qui a permis au chef de l'État d'identifier qu'il avait un créneau pour se réinvestir dans le champ national, lui qui avait été mis à la diète de politique intérieure depuis la dissolution.Emmanuel Macron n'a jamais vraiment renoncé à jouer un rôle et veut valoriser son bilan. Alors, il cherche comment continuer à faire bouger les choses en misant sur le référendum. Dans l'espoir de retisser un lien avec les Français, lien que François Bayrou, lui, n'a pas encore réussi à nouer.
Dans deux semaines, la campagne interne des Républicains connaitra son dénouement avec l'organisation du congrès devant élire un chef à cette famille politique orpheline depuis le départ d'Éric Ciotti. La bataille entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez se raidit en cette fin de campagne Dans le camp de Bruno Retailleau, on craint une fin de la campagne« pourrie » par Laurent Wauquiez. Le chef des députés de la droite et challenger dans cette élection, multiplie les coups de pression pour tenter de déstabiliser son rival.Laurent Wauquiez s'empare notamment du débat budgétaire lancé par François Bayrou. Il n'hésite pas à menacer de retirer le soutien des Républicains (LR) au gouvernement si les impôts venaient à augmenter. Il exige également que Bruno Retailleau s'oppose publiquement à l'instauration de la proportionnelle, une position délicate pour le ministre de l'Intérieur, dont la fonction l'empêche de formuler de telles menaces.Comme depuis le début de la campagne, Bruno Retailleau refuse de répondre directement aux attaques, tout en reconnaissant, en privé, être visé « matin, midi et soir ». Hors micro, son entourage réplique :« Laurent est le seul à faire ce genre de menaces, personne ne le suit au parti ».Une anecdote illustre l'ambiance tendue à quinze jours du scrutin. La semaine dernière, les deux rivaux se sont croisés lors d'une séance photo pour un hebdomadaire. L'échange, qui a duré « sept minutes et trente secondes », n'était« ni très froid, ni très cordial », selon un témoin.La course aux cartes terminéeL'autre grande bataille de cette campagne est la mobilisation des adhérents. À ce jeu, les deux candidats ont fait le plein. On connaît désormais le nombre de votants potentiels pour le scrutin en ligne, qui se tiendra du 17 au 18 mai : plus de 121 600 adhérents. Un chiffre impressionnant, qui montre que le parti a quasiment triplé son nombre de membres, passant de 43 000 en février à ce nouveau record.Les détails de cette mobilisation permettent d'évaluer la capacité de chaque candidat à rallier des soutiens. Laurent Wauquiez a consolidé son fief en Auvergne-Rhône-Alpes, région qu'il a présidée, où l'on compte désormais près de 18 000 encartés. Bruno Retailleau, originaire des Pays de la Loire, une région moins peuplée et donc moins décisive, mise sur un autre bastion : l'Île-de-France, avec ses 26 000 adhérents. La fédération de Paris, la plus importante du parti, est considérée par une large majorité de cadres comme le « véritable fief » de Retailleau.Ce n'est pas un hasard si Bruno Retailleau organisera son dernier grand meeting le 11 mai en région parisienne. Ses soutiens affichent une confiance affirmée :« Le match est plié, il ne sera pas élu avec 65 %, mais pas loin », confie un sénateur.De son côté, Laurent Wauquiez maintient un rythme effréné, enchaînant jusqu'à deux meetings par jour, parfois toute la semaine. Malgré des sondages défavorables, son entourage reste convaincu de sa victoire, affirmant que « la campagne des militants, c'est clairement la sienne ».À lire aussiPrésidence LR: la tension monte entre les rivaux Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez
Alors que les écologistes tiennent congrès ce week-end et que les socialistes entrent dans la dernière ligne droite avant la désignation de leur Premier secrétaire, la gauche s'interroge sur la suite et en particulier sur la stratégie à mettre en place en vue de la présidentielle. Faut-il un seul candidat commun, et si oui comment le désigner, avec quelle plateforme programmatique ? L'ancienne candidate commune à la primature du NFP, Lucie Castets, a pris la plume cette semaine pour appeler ses interlocuteurs des partis à se ressaisir du dossier. « La responsabilité est immense » en ces temps de « fascisation rampante », écrit Lucie Castets dans une tribune publiée par le journal Libération. Et elle assume de les prendre ses responsabilités dans ce qu'elle appelle « un droit de suite », après avoir été sollicitée à la surprise générale l'été dernier pour représenter le NFP à Matignon.Depuis l'échec de cette initiative, Lucie Castets échange régulièrement avec les dirigeants de la gauche et des écologistes mais aussi avec des acteurs de la société civile, des syndicats et des chercheurs. Et elle arrive ainsi avec un mode d'emploi de l'union : tout d'abord l'établissement d'un socle programmatique, élaboré au-delà des frontières des seuls partis, et une candidature commune pour 2027.Celle-ci pourrait être décidée à l'issue d'une primaire, d'un conclave inter partis ou d'une convention citoyenne ou un mélange de tout ça. Et Lucie Castets propose un premier rendez-vous le 2 juillet prochain pour lancer la dynamique et constituer une équipe, « plutôt que de chercher le candidat providentiel ».LFI opposée à une primaire« Il fallait tenir compte des échéances des uns et des autres », explique Lucie Castets : les écologistes sont en congrès ce week-end et pour les socialistes ce sera les 14 et 15 juin. « Mais il faut aussi écouter les électeurs de gauche », insiste-t-elle, ayant constaté une forte demande d'union lors de ses divers déplacements. Le problème c'est que la candidature commune, si elle est officiellement souhaitée par tous les partis de l'ex NFP, y aboutir via une primaire par exemple en horripile certains. La présidente du groupe Insoumis à l'Assemblée Mathilde Panot a ainsi fait part de son opposition jeudi, estimant que « l'union se fait dans l'action » et pas par des tractations politiciennes.À écouter aussiPolitique : l'avenir de la gauche s'écrit-il sans LFI ?Une longue route en perspectiveL'appel a quand même reçu un accueil favorable chez les écologistes, et les socialistes, divisés sur à peu près tout, sont en revanche d'accord sur la nécessité d'une candidature commune, mais sans les Insoumis. La proposition Castets pourrait ainsi jeter les bases d'un travail collectif en vue de 2027. Le patron du PS Olivier Faure plaidait d'ailleurs dès 2022 pour l'établissement d'une plateforme commune, préalable à la désignation d'un ou une candidate à la présidentielle. Comme l'avoue Lucie Castets : « la route est longue et le chemin pentu », tout en gardant l'espoir de rallier tout ce beau monde à sa cause. À lire aussiPrésidentielle 2027: le long et difficile chemin de la candidature unique à gauche
Prendre l'opinion à témoin : c'était l'objectif du Premier ministre en réunissant mardi 15 avril le nouveau « comité d'alerte sur le budget ». Une appellation censée incarner l'urgence du moment et la hauteur vertigineuse du mur de la dette : plus de 3 300 milliards d'euros. Le Premier ministre tente donc d'insuffler cette petite musique catastrophiste en amont du budget qui arrivera à la rentrée. François Bayrou a employé un lexique alarmiste : « montagne de difficulté », « situation intenable ». Une chose est sûre : le Premier ministre a voulu capter l'attention d'une opinion publique défiante à son égard. « Rien ne serait possible sans le soutien des Français. Et leur soutien ne viendra que de leur pleine information », explique-t-il. Prendre l'opinion publique à témoin permettra-t-il de trouver un consensus politique pour faire voter le budget ? Rien n'est moins sûr. Si le Premier ministre François Bayrou a rappelé un contexte que les français connaissent déjà, il n'a proposé aucun diagnostic. Et preuve qu'un accord politique sur ce futur budget est encore bien lointain, les oppositions sont restées campées sur leurs positions.Budget base zéro, un concept utilisé aux États-UnisPour plancher sur le budget, François Bayrou et son gouvernement veulent mettre en œuvre une autre méthode, celui du budget base zéro, où toutes les dépenses sont annulées, un concept utilisé notamment aux États-Unis. Après le ministre de l'Économie Eric Lombard, qui a prévenu qu'il fallait faire un effort supplémentaire de 40 milliards d'euros, tous les moyens sont bons pour trouver des solutions.Le budget base zéro est une méthode qui diffère des approches budgétaires traditionnelles. Chaque dépense doit être justifiée. Cette fois-ci, pas d'élaboration du projet de loi de finances en partant de celui de l'année précédente : on part d'une feuille blanche pour chaque ministère. La méthode est utilisée aux États-Unis par Elon Musk, notamment, mais les proches du Premier ministre expliquent que, dans le cas présent, « cela n'a rien à voir ». À lire aussiBudget 2026: «Il va être difficile d'arriver à 40 milliards d'économie»Des menaces de censure pressantesDepuis quelques jours les menaces de censure des oppositions se font de plus en plus pressantes. Comme chaque année les premières discussions sur le budget réveillent les envies de censure. L'épée de Damoclès pourrait donc rester accrochée plusieurs mois au-dessus de la tête du Premier ministre. Car le Rassemblement national, les Insoumis, ainsi que les socialistes ont déclaré cette semaine être prêts à voter une motion de censure sur le budget cet automne. Pas question pour eux de demander aux français de se serrer la ceinture.À noter néanmoins qu'étant donné leurs actualités respectives, la censure peut s'éloigner. Le PS se retrouve avec un congrès pour désigner le successeur d'Olivier Faure. Chez LR, le duel entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau s'impose. Et du côté du RN, il y a la condamnation de Marine Le Pen, pour laquelle désormais toute censure du gouvernement fera automatiquement peser un risque sur la cheffe de file du parti d'extrême-droite. Seule la France insoumise pourrait mettre rapidement sa menace à exécution, mais sans aucun danger pour François Bayrou.
La classe politique française est secouée cette semaine par la déflagration née de la condamnation de Marine Le Pen dans l'affaire des assistants parlementaires européens. Condamnée à cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate, la double finaliste à la présidentielle entend rester candidate pour 2027, mais sans certitude de l'être. La question d'un plan B se pose inéluctablement. Dès lundi après la condamnation de Marine Le Pen, qui lui laisse désormais très peu de chances d'être dans la course à l'Élysée en 2027, le nom de Jordan Bardella pour la remplacer semblait relever de l'évidence. Une rumeur allait même jusqu'à suggérer un inversement du ticket, avec Marine Le Pen comme présidente et Jordan Bardella comme Premier ministre. Cependant, cette hypothèse a été rapidement écartée par le Rassemblement national (RN).En interne, un député va jusqu'à assurer que le parti n'a « même pas » à réfléchir à un plan de secours, car, selon lui, « Marine Le Pen est innocente ». Pourtant, rien n'indique que la Cour d'appel la relaxera à l'été 2026, ni même qu'elle bénéficiera d'un jugement moins sévère, notamment débarrassé de la fameuse « exécution provisoire ».Si Jordan Bardella lui-même affirme qu'il est de son devoir de se tenir « prêt », d'autres estiment qu'il doit encore « travailler ».Jordan Bardella ne fait pas l'unanimité au sein du partiEn effet, Marine Le Pen bénéficie d'un avantage certain : elle est un leader incontesté dans un parti historiquement contrôlé par sa famille de manière très verticale. Elle décide, et les autres exécutent, comme cela a toujours été le cas. Jordan Bardella l'a bien compris, même s'il est président du RN depuis deux ans et demi. Sa présidence, d'ailleurs, n'est pas de tout repos.Si les sondages montrent que l'eurodéputé de 29 ans est populaire et que sa campagne des européennes l'an dernier a été électoralement convaincante, des tensions avec des membres de la garde rapprochée de Marine Le Pen ont été rapportées dans la presse. Certains, en off, n'hésitent pas à souligner ses maladresses dans les médias ou son manque d'expérience. Ces dissensions se sont notamment révélées en novembre 2024, lorsque Jordan Bardella, lors d'une réunion de groupe, a violemment recadré le député Sébastien Chenu, lui reprochant ses médisances relayées dans la presse.Une guerre interne pourrait-elle donc éclater au RN ?On n'en est pas encore là, mais le parti joue gros avec l'affaire Le Pen. La prochaine étape, à l'été 2026, marquera le début d'une campagne électorale où aucune imprécision ne sera tolérée. Le déroulement du procès et la stratégie de défense choisie par Marine Le Pen pourraient alimenter des spéculations, aiguiser des appétits ou même favoriser la formation de clans. Marion Maréchal, par exemple, apparaît dans les sondages comme une alternative possible à Jordan Bardella. Bref, au-delà de la bataille de l'opinion engagée par le RN autour du cas Le Pen, une autre lutte pourrait rapidement émerger, ce que les adversaires du parti ne manqueront pas de suivre, voire d'attiser.Cela conduit un élu mariniste à résumer la situation ainsi pour l'été 2026 : « C'est soit Marine Le Pen, soit Marine Le Pen ».À lire aussiCondamnation de Marine Le Pen: le RN organise un rassemblement à Paris
Alors que Marine Le Pen connaîtra ce lundi le verdict du procès dit des assistants parlementaires européens du Rassemblement national, dans lequel elle risque une peine d'inéligibilité, Jean-Luc Mélenchon voit ressortir un dossier présentant des similarités avec cette affaire explosive. Le quotidien Libération révèle un rapport de l'Office européen de lutte anti-fraude dont les conclusions notent des « manquements » dans la gestion de ses assistants quand le leader Insoumis était eurodéputé. Le rapport pose en particulier la question du rôle des assistants parlementaires de Jean-Luc Mélenchon alors qu'il siégeait au Parlement européen. Si la réalité de leur travail ne fait pas de doute, contrairement au dossier du Rassemblement national, la traçabilité de leurs activités pose problème selon l'Olaf, en particulier pour deux de ces assistants sur la vingtaine qu'a employé le leader insoumis au fil de ses années bruxelloises et strasbourgeoises. Au total, le coût de ces « manquements » pourrait s'élever à 500 000 euros selon le rapport. Interrogé par l'Olaf en 2020, Jean-Luc Mélenchon a admis qu'il lui était « matériellement impossible » de justifier le travail de ces assistants au quotidien et expliqué qu'il ne gérait de toute façon pas directement son enveloppe de frais de mandat.La France Insoumise affiche son étonnement« Pourquoi ce rapport qui date de 2021 est-il révélé cette semaine à quelques jours du verdict du procès Le Pen ? » fait-on mine de s'interroger dans les rangs Insoumis. Un timing qui pose question, selon une source dans le parti, qui déplore que les personnes mises en cause n'ont pas été contactées par Libération. Le quotidien accusé de « servir l'agenda du Rassemblement national » : l'évocation du dossier Mélenchon pourrait permettre de relativiser le verdict du procès de Marine Le Pen, selon des Insoumis, en noyant les pratiques du mouvement d'extrême droite dans un océan d'actions similaires des autres partis français. LFI qui rappelle que la procédure a été déclenchée à la suite d'un signalement en 2017 de l'eurodéputée RN Sophie Montel.À gauche, un certain malaiseUn eurodéputé socialiste admet ainsi que le rôle des attachés parlementaires, notamment ceux chargés de la presse, est toujours un peu flou. Même si pour lui, le dossier explique peut-être pourquoi Jean-Luc Mélenchon « a toujours été très prudent concernant le procès intenté à Marine Le Pen ». Son collègue écologiste David Cormand estime que les deux cas ne sont pas comparables et que surtout aucune poursuite n'est formellement engagée alors que les faits reprochés sont anciens. « Il faut que la justice fasse son travail » poursuit-il, tout en s'étonnant lui aussi du moment de la révélation de ce rapport.
Dans un peu moins de deux mois aura lieu l'élection pour la présidence du parti Les Républicains, le 17 mai. Une certitude depuis cette semaine, ce sera bien un duel entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau puisqu'aucun autre candidat ne s'est déclaré avant la date butoir du 17 mars. La campagne entre dans le dur et s'est nettement tendue entre les deux hommes. Le challenger, c'est lui. Laurent Wauquiez est contraint à l'attaque. Depuis le début de la campagne, il suit sa ligne : vanter l'indépendance contre la solidarité au fragile gouvernement de François Bayrou et sauter sur toutes les balles.Le week-end dernier, Bruno Retailleau lui en a offert sur un plateau. Ce dernier menace de démissionner si la France cède sur le dossier algérien. Il entend mener un bras de fer dans ce dossier à travers une riposte graduée, allant jusqu'à la dénonciation des accords de 1968, ce à quoi le président Macron n'est pas favorable.Laurent Wauquiez s'en saisit : dans une interview au Parisien, il déclare :« L'exécutif a choisi de capituler avant même de combattre. Si le président de la République refuse de dénoncer les accords, rester au ministère de l'Intérieur, cela n'a aucun sens. » Mardi, nouvelle pique. Lors des questions au gouvernement, le chef des députés LR s'adresse au Premier ministre en déplorant l'absence de grand texte sur l'immigration. Il demande : « Êtes-vous déterminé à donner les moyens à votre gouvernement d'agir ? ».Rebelote jeudi, dans les réseaux sociaux, en réaction au réquisitoire de 10 ans de prison contre l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. : « La riposte algérienne, elle, n'est pas graduée », réagit Laurent Wauquiez Cette mise sous pression, proche de celle du Rassemblement national, à laquelle le ministre de l'Intérieur ne répond pas, du moins pas directement. La semaine dernière, il s'est risqué à une formule à la radio : « Les chiens aboient, la caravane passe », avait lancé Bruno Retailleau. Son concurrent extrapole, se disant convaincu que Bruno Retailleau regrette cette formule malheureuse.À lire aussiWauquiez vs Retailleau, vers une énième guerre fratricide chez les Républicains?Signes d'agacement chez les Retaillistes Et en coulisses, en revanche, les équipes de Bruno Retailleau parlent. Oui, son entourage le dit avec ironie : « Laurent Wauquiez a cet avantage de ne pas être chef de groupe à l'Assemblée nationale. Son absence aux deux débats sur l'Ukraine est une honte ».Laurent Wauquiez délaisse, il est vrai, ses fonctions de député pour effectuer 120 déplacements de campagne jusqu'à mai. Il faut faire des « cartes », comme on dit dans le jargon. Environ 20 000 nouveaux adhérents ont rejoint les rangs de LR depuis le début de la campagne, soit 60 000 potentiels électeurs à ce jour. Dans cette bataille de l'ombre, les « Retaillistes » montrent quelques signes d'agacement. L'un d'eux avoue en off : « Laurent Wauquiez a la main sur le parti, et on hurle de plus en plus chez nous. »De quoi laisser penser à un autre match dans le match, que les « Wauquiezistes » imposent : le candidat des adhérents contre celui des barons du parti. Une façon pour les partisans de Laurent Wauquiez de minimiser les derniers ralliements de nouveau poids lourds à Bruno Retailleau : Valérie Pécresse et la ministre Sophie Primas, notamment.
François Bayrou fête cette semaine ses trois mois à Matignon. Le Premier ministre trace sa route avec un style déconcertant parfois même pour son propre camp mais, fin politique il échappe pour le moment à la censure et apprend des erreurs de son prédécesseur Michel Barnier. Le chef du gouvernement, fort de plus de quarante ans de vie politique, assure sa survie. Côté positif, le maire de Pau a évité la censure sur le budget, ce qui lui a permis de franchir la barrière sur laquelle son prédécesseur Michel Barnier avait chuté. On pourrait le qualifier de fin stratège, car trois mois après sa nomination, il a échappé à six motions de censure. La situation compliquée ne l'effraie pas, c'est même dans ce genre de situations qu'il excelle, confiait un député de son camp et qui le connaît bien. Ses proches, son parti font d'ailleurs bloc derrière lui. Pour de nombreux parlementaires, le Premier ministre cherche essentiellement à gagner du temps, avec sa survie à Matignon comme seul objectif. « Il veut durer quoiqu'il en coûte », l'accuse un député qui estime que François Bayrou « lâche tout » aux oppositions.L'image du Premier ministre écornée par des polémiques et des cafouillages qui ont semé le troubleSon déplacement pour le conseil municipal de Pau trois jours après sa nomination, l'affaire Betharram avec laquelle il n'en a pas terminé puisque la commission d'enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire, souhaite l'auditionner, sa volonté de dénoncer l'accord de 1968 avec l'Algérie ce qui lui a valu un recadrage d'Emmanuel Macron, ou son idée d'un référendum sur les retraites.À lire aussiFrance: François Bayrou menace de dénoncer les accords de 1968 avec l'AlgérieQuel programme d'action pour François Bayrou dans les prochains mois ?Du côté de Matignon, pour le moment, on ne souhaite pas mettre en œuvre de grands projets de lois. Le Premier ministre préfère parier sur des initiatives parlementaires, comme l'explique son entourage. D'ailleurs, les deux tiers des textes qui seront examinés avant l'été sont des propositions de loi et non des textes du gouvernement. Mais le chef du gouvernement peine à imprimer sa marque et laisse les politiques interrogatifs sur la route qu'il entend suivre. Dans son camp, on s'étonne aussi d'un manque d'arbitrages clairs, et de communication. Une épreuve de taille l'attend, celle des retraites. Dossier censé être sensible pour François Bayrou, mais le contexte géopolitique actuel avec la menace russe qui condamne la France à mettre en œuvre une économie de guerre pourrait lui permettre de reprendre un peu d'air et de souffler un peu sur les sujets de politique intérieure.À lire aussiRetraites, dette, proportionnelle... Ce qu'il faut retenir du discours de politique générale de François Bayrou
Chaque jour ou presque, Emmanuel Macron prend la parole sur la guerre en Ukraine et ses conséquences pour l'avenir de l'Europe et de la France. Longtemps exclu du jeu politique national par une dissolution ratée, le chef de l'État est redevenu omniprésent. Avec cette crise, Emmanuel Macron peut-il trouver un second souffle ? La période d'effacement est finie pour Emmanuel Macron. Avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et ses revirements sur l'aide à l'Ukraine, Emmanuel Macron est remonté au créneau sur la scène diplomatique. On l'a vu partout de Washington à Bruxelles en passant par Lisbonne, essayant de jouer les intermédiaires avec un président américain imprévisible, de se concerter avec les Européens et Volodymyr Zelensky pour engager le réarmement de l'Europe. Son message ? L'heure est grave, la Russie représente « une menace existentielle », Vladimir Poutine est un « impérialiste révisionniste ». Pour le diffuser, le président de la République a multiplié les interventions médiatiques à destination des Français sur tous les supports : presse écrite, réseaux sociaux, et finalement allocution solennelle. La crise géopolitique a permis à Emmanuel Macron de faire de la diplomatie, son domaine réservé, une priorité nationale.Que cherche Emmanuel Macron ?Le chef de l'État veut d'abord peser dans la négociation sur la paix en Ukraine et défendre les intérêts de l'Europe. Mais il essaie aussi de revenir dans le débat politique et de restaurer son image. Dans son camp, une députée pense que « le jeu international est un bon levier pour le président », se réjouit de le voir « remonter sur le ring » et tacle tous ceux qui « s'écharpent sur les retraites alors que la guerre est à nos portes ». Une manière de participer, dans les pas d'Emmanuel Macron, à la dramatisation de la situation qui justifie les efforts qui vont être demandés aux Français pour permettre la montée en puissance des dépenses militaires.Emmanuel Macron peut-il marquer des points dans l'opinion ?Le chef de l'État l'espère certainement. Dans son allocution du mercredi 5 mars, il a en quelque sorte appelé à la mobilisation nationale en expliquant à ses concitoyens : « La patrie a besoin de vous ». Une enquête a indiqué que plus de la moitié des Français l'avait trouvé convaincant. Emmanuel Macron réussit à être crédible sur le registre chef de guerre-père de la Nation. Une ancienne ministre explique aussi qu'il a cette « force » d'avoir une « lecture des défis de demain ». Mais la question est de savoir si ce retour sur le devant de la scène en raison de la crise ukrainienne peut suffire à effacer durablement son image de président à bout de souffle ?À lire aussiFrance: Emmanuel Macron affirme que «la menace russe est là» et «nous touche», sans «connaître de frontières»
Ils paraissaient jusque-là épargnés par les tensions qui agitent leurs partenaires du Nouveau front populaire (NFP). Les Écologistes affichent depuis l'an passé une certaine sérénité et jouent le rôle du point d'équilibre de l'union de la gauche, régulièrement déchirée par les conflits entre socialistes et insoumis. Ces derniers jours toutefois, les crises s'enchaînent et la direction menée par Marine Tondelier vacille. Avec tout d'abord cette séance de mea culpa médiatique que la patronne des Écologistes a dû s'infliger cette semaine. Marine Tondelier a exprimé « ses regrets » sur la manière dont le parti a géré les accusations contre Julien Bayou. La plainte pour harcèlement moral et abus de faiblesse contre l'ancien dirigeant des Verts vient en effet d'être classée sans suite… Mais celui-ci a vu sa carrière politique exploser en vol, après notamment que les Écologistes aient diligenté une enquête interne contre lui. « Il était impossible de bien faire dans ce dossier » a tenté de se défendre Marine Tondelier. Trop peu, trop tard selon son prédécesseur qui regrette qu'elle ne soit pas capable de reconnaître « son innocence ». Julien Bayou dénonce aussi l'acharnement contre lui de la députée Sandrine Rousseau. Or celle-ci devrait garder sa place dans la direction du parti à l'issue du congrès des Écologistes prévu fin avril.Un congrès sous tensionUn congrès qui suscite aussi de vives critiques à l'encontre de la direction actuelle. Notamment en raison des nouveaux statuts votés l'an passé destinés« à supprimer la balkanisation » habituelle des Écologistes, explique l'eurodéputé David Cormand, proche de Marine Tondelier. Désormais il est plus simple pour la motion la plus importante d'obtenir la majorité absolue, ce qui était quasiment impossible auparavant. « Un problème démocratique et une rupture avec l'esprit du parti », clament de leur côté les opposants, qui reconnaissent toutefois « se réveiller un peu tard ». « On va vers une LFIsation des écolos », peste un cadre du parti, y voyant la volonté de Marine Tondelier de s'inspirer des méthodes autoritaires de Jean-Luc Mélenchon pour préparer sa candidature à la présidentielle.Ambitions présidentielles multiplesSauf qu'elle n'est pas la seule chez les Écologistes et que là aussi, ça pose problème. Notamment avec le maire de Grenoble Éric Piolle, qui ne briguera pas un nouveau mandat en 2026, et qui se serait bien vu porte-parole du parti pour gagner en exposition médiatique en vue de 2027. « Ce n'est pas le principe du poste de porte-parole », cingle David Cormand. Un observateur avisé de la vie des Écologistes préfère lui en rire :« Éric Piolle a été bien naïf de croire que son ancienne protégée Marine Tondelier allait lui dérouler le tapis rouge. Maintenant elle veut être la seule sur la photo ». « Jalousies », réplique-t-on dans le camp Tondelier, où l'on persifle : « certains n'acceptent simplement pas qu'elle soit plus populaire qu'eux ». Bref, bonne ambiance à deux mois du Congrès.
Une nomination a beaucoup fait parler en France, celle de Richard Ferrand comme président du Conseil constitutionnel. L'ancien président de l'Assemblée nationale n'a obtenu la validation des parlementaires qu'à une voix près. Emmanuel Macron, qui avait choisi de proposer le nom ce fidèle pour cette fonction, a donc évité le camouflet de justesse. C'était bien Emmanuel Macron la cible. Depuis l'annonce du choix présidentiel, la machine à contestation s'était emballée, car Richard Ferrand est identifié comme un grognard de la Macronie, artisan de la victoire de 2017, fidèle parmi les fidèles, éphémère ministre devenu président de l'Assemblée nationale avant d'être battu aux législatives de 2022, premier dégât collatéral de sa proximité avec Emmanuel Macron. Depuis, Richard Ferrand, reconverti dans le privé, restait l'un des conseillers de l'ombre du président. C'est pour toutes ces raisons que sa nomination à la tête du Conseil constitutionnel a suscité tant de protestations.À lire aussiFrance: le Parlement approuve la nomination de Richard Ferrand à la tête du Conseil constitutionnel« Une casserole de plus »Faire barrage à Richard Ferrand, c'était envoyer un message de rejet à Emmanuel Macron. Un parlementaire proche d'Edouard Philippe résume la situation dans des termes imagés, c'était selon lui le moyen « de foutre une casserole de plus » au président, avant d'ajouter à propos de la pertinence du choix de Richard Ferrand : « Je n'aurais pas pris cette décision, mais ça n'a rien de scandaleux ». Une ministre très macroniste défend elle avec zèle l'ancien président de l'Assemblée nationale et dénonce un « procès en amitié », quand le député LR Olivier Marleix condamne lui un « copinage malsain » avec le chef de l'État. Car c'est de la gauche mais aussi de la droite républicaine que sont venus les attaques et les votes contre la nomination de Richard Ferrand, alors que le RN s'est abstenu et lui a sauvé la mise.Quelles conséquences ?D'abord, cela montre la fragilité du socle commun, cette alliance de circonstance entre le bloc central et LR sur laquelle repose le gouvernement Bayrou. À la première occasion les Républicains manifestent qu'ils détestent Emmanuel Macron. Un chef de groupe du Sénat estime qu'en voyant que le RN s'abstenait, ils se sont « lâchés » en votant contre le candidat du président. Et puis, chaque décision de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel risque d'être passée au crible du soupçon de partialité. A moins que comme Robert Badinter qui fut nommé à la même fonction, il ne démontre qu'il a intégré son « devoir d'ingratitude » par rapport à celui qui l'a nommé, Emmanuel Macron.
Les Républicains vont-ils renouer avec leurs vieux démons ? Une bataille intense pour la présidence du parti se dessine entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, tous deux déclarés candidats cette semaine. L'enjeu est important, car le vainqueur sera bien placé pour la présidentielle de 2027. Le duel devrait être rude. Sans que l'on connaisse encore les modalités et la date du vote, la campagne a commencé dès mercredi et l'annonce de la candidature de Bruno Retailleau avec 24 heures d'avance sur son rival. Dans la foulée, l'entourage de Laurent Wauquiez fait savoir que le ministre de l'Intérieur prend « la lourde responsabilité d'ouvrir une guerre des chefs ». La campagne part sur des bases conflictuelles. Comme si cela était nécessaire, la rupture entre les deux hommes vient d'éclater au grand jour et se mue en une guerre des narratifs. Chez Wauquiez, tous assurent que Bruno Retailleau a rompu un pacte selon lequel le Vendéen devait rester au gouvernement et le Ponot prendre la tête du parti pour préparer 2027. Chez Retailleau, tous démentent l'existence d'un tel accord. Personne ne connaît la vérité, mais tout le monde a compris que le chef des députés LR pensait avoir une route dégagée pour prendre le parti, mais que son concurrent lui a coupé l'herbe sous le pied. À lire aussiFrance: Bruno Retailleau annonce sa candidature à la présidence du parti Les RépublicainsDes tergiversations coupablesDepuis l'été dernier et le psychodrame « Eric Ciotti » parti nouer une alliance avec le Rassemblement national, les Républicains n'ont toujours pas de chef. Maintes fois annoncé comme de retour aux affaires, Laurent Wauquiez n'a cependant jamais pris de décisions franches. Outre le lancement d'une opération « refondation de la droite », presque rien n'a été décidé : pas de dates de congrès, pas de grandes lignes politiques et surtout des refus répétés d'entrer au gouvernement. « Laurent est un cérébral, il réfléchit beaucoup, mais parfois trop », résume un ancien cadre du parti.Et pendant ce temps, même sans direction, LR reprend des couleurs. Et cela tient beaucoup à l'incarnation de Retailleau au ministère de l'Intérieur. « Il laisse une empreinte très forte dans la France de droite » se convainc un ministre. Bien que limité dans ses pouvoirs, le locataire de Beauvau est, en tout cas, le plus populaire du gouvernement et entre même dans la catégorie des personnalités politiques préférées des Français. À ces bons sondages s'ajoutent aussi de bons résultats pour LR dans des élections municipales et législatives partielles. Voyant Laurent Wauquiez tarder, Bruno Retailleau perçoit donc un alignement des planètes pour, à court terme, prendre le parti et à long terme, incarner la droite à la présidentielle 2027. Retailleau favori, mais Wauquiez combatifEn l'état, Bruno Retailleau semble favori. Il domine son principal concurrent et a déjà le soutien de poids lourds comme Xavier Bertrand et Gérard Larcher tandis que, « chez Wauquiez, ça se compte sur les doigts d'une main » estime un proche du Vendéen. Toutefois, plier le match d'emblée, ce serait mal connaître Laurent Wauquiez à la réputation « combative, voire teigneuse ». Se sachant dans un vrai match, il a déjà lancé quelques piques dans sa première interview de candidat au Figaro, dans laquelle il met en avant comme un atout « ne pas être lié à la solidarité gouvernementale » et ne rien devoir à François Bayrou. Une façon de dire que Bruno Retailleau ne pourra pas être un vrai patron dans la droite, tant dans l'action, faute de temps, que dans la parole, car il est redevable au gouvernement. Sans oublier que Laurent Wauquiez, président du groupe LR à l'Assemblée, peut aussi entraver l'action gouvernementale. Et puis, le Ponot dispose aussi d'un pouvoir dans l'ombre pour influencer le processus électoral. Son clan a déjà obtenu une victoire en imposant un délai de trois mois de campagne, avec des juristes en renfort. Bref, comme souvent lors des élections internes à droite, tout indique que l'on se dirige vers une guerre fratricide. À lire aussiFrance: Les Républicains cherchent à retrouver pied avant la nomination d'un président du parti
Le Premier ministre et son gouvernement ont franchi une première étape en adoptant le budget cette semaine après que deux motions de censure ont été repoussées à l'Assemblée. Le Premier ministre sauve donc sa tête et celle de son gouvernement. L'horizon politique se dégage quelque peu pour François Bayrou, mais la route reste semée d'embûches. Dont certaines vont arriver rapidement. Prochaine étape pour le Premier ministre la motion de censure spontanée que le PS déposera dans les prochains jours. En cause, les propos de François Bayrou sur le « sentiment de submersion migratoire ». Mais là encore peu de chance pour que cette motion soit adoptée, le RN ne devrait pas la voter et LFI qui n'a pas apprécié le non-vote par les socialistes de leurs deux motions ne la soutiendra sans doute pas non plus. Et, après cela, à moyen terme, l'avenir est tout aussi incertain. La réforme des retraites par exemple actuellement en discussion au sein d'un « conclave » entre partenaires sociaux pendant trois mois sera aussi un tournant pour le mandat de François Bayrou.À lire aussiFrance: François Bayrou survit à deux censures, le PS contesté au sein de la coalition de gaucheDans l'entourage du Premier ministre on est confiantOui ses proches estiment qu'il peut désormais tenir jusqu'à l'automne en y allant « étape par étape » disent-ils et ajoutent qu'ils sont « confiants ». Il faut dire que pour le moment la stratégie du Premier ministre fonctionne. Il a réussi à franchir plusieurs haies sans être censuré. Celle de la déclaration de politique générale pour laquelle il n'a pas été censuré et donc maintenant le budget et le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Alors ça ne veut pas dire non plus que tout est rose loin de là. « On marche sur des œufs » confiait un député du camp du Premier ministre mais « on avance ».Même dans le bloc central les alliés ne font pas de cadeau au Premier ministre Oui chez Les Républicains, le Premier ministre reste perçu comme un ancien allié défaillant, voire « un traître ». Alimentée par Nicolas Sarkozy, cette rancœur ne remet pas en cause la participation des LR au bloc central. Mais le patron du groupe LR Laurent Wauquiez entretient des relations compliquées avec le Premier ministre. Dans une interview donnée au JDD, le député expliquait récemment que la droite ne ferait pas de cadeaux au gouvernement. Notamment sur les sujets qui fâchent comme la proportionnelle dont LR ne veut pas entendre parler et cheval de bataille de François Bayrou. L'immigration est également un sujet sensible qui pourrait enflammer le bloc central dans les prochains mois. Alors au-delà de la gauche et du RN, pour le Premier ministre, la méfiance reste de mise même avec son propre camp.À écouter aussiLa «méthode Bayrou» permettra-t-elle au gouvernement de poursuivre les réformes ?
En ce début d'année 2025, Emmanuel Macron est beaucoup plus présent dans le paysage politique français. Depuis la dissolution, le président ne tient plus les manettes de la politique gouvernementale mais il n'a visiblement pas renoncé à se faire entendre. Emmanuel Macron essaie de se refaire une place dans le débat national. Le président cherche comment retrouver un peu d'influence. Après une période durant laquelle il a été forcé de prendre de la distance, son entourage a même théorisé cette posture avec une formule : « le président préside et le gouvernement gouverne », Emmanuel Macron a changé de stratégie. Son objectif est aujourd'hui d'essayer de se rappeler au bon souvenir des Français et il le fait de manière parfois un peu débridée, allant même jusqu'à critiquer la politique gouvernementale. Par exemple quand les sportifs français ont protesté contre les coupes budgétaires dans leur secteur dans une tribune, Emmanuel Macron leur a apporté son soutien. Une première pique contre les choix du Premier ministre suivie quelques jours plus tard par une autre saillie : en déplacement dans le nord de la France, il a défendu sa politique pro-entreprises qui risque d'être mise à mal par l'augmentation de la fiscalité envisagée pour faire rentrer de l'argent dans les caisses et combler les déficits.TikTokOn a aussi vu Emmanuel Macron sur TikTok dans une vidéo publiée pour répondre à un influenceur qui se plaignait d'avoir été verbalisé pour avoir payé au péage avec son téléphone. Une préoccupation pas très jupitérienne portée par un président devenu porte-parole des mécontents, sans filtre, peut-être un peu trop connecté. Cet épisode insolite a étonné, même dans son camp. « Joker » a répondu un macroniste de la première heure sollicité pour réagir sur cette vidéo, qui s'inscrit dans une démarche de rapprochement avec les Français illustrée encore cette semaine par une visite surprise et sans la presse dans une petite ville de l'Aisne pour aller à la rencontre des habitants autour d'un café. Dans l'entourage du président, on emballe tout ça dans un récit : Emmanuel Macron aurait la volonté de s'occuper « de plus en plus du quotidien » de ses compatriotes « loin du protocole ».Comment remonter la pente ?Est-ce que cette stratégie fonctionne ? Pas pour le moment. La cote de popularité d'Emmanuel Macron n'en finit pas de chuter. Mal engagé en 2022, après des législatives qui ne lui avaient permis d'obtenir qu'une majorité relative, son deuxième quinquennat a complètement dérapé avec la dissolution que les Français lui reprochent. Mais Emmanuel Macron cherche encore et toujours comment remonter la pente.
À un peu plus d'un an des élections municipales en France, les appétits s'aiguisent autour de la succession d'Anne Hidalgo à Paris. Si la ministre de la Culture, Rachida Dati, parait en mesure de rassembler la droite et le centre dans la capitale, à gauche, tout est flou. En cause, les rivalités entre les représentants du Nouveau Front Populaire, mais aussi de la concurrence interne chez les écologistes et les socialistes. La mairie de Paris a un nouveau prétendant de poids depuis cette semaine : Yannick Jadot. L'ancien candidat écologiste à l'élection présidentielle a annoncé dans les colonnes du quotidien Le Parisien briguer ce mandat qu'il juge « extraordinaire ». Mais attention, encore faut-il passer l'obstacle de la désignation interne à son parti. Or, quatre autres candidates et candidats se sont déjà déclarés dont deux adjoints à la mairie et la patronne du groupe écologiste au Conseil de Paris. Des personnalités qui ont « des bilans à défendre », juge un haut dirigeant écologiste, contrairement à Yannick Jadot. Celui-ci défend toutefois son initiative en mettant en avant son expérience au sein du Parlement européen ou du Sénat ainsi que ses quarante années de résidence à Paris. « Pas sûr que cela suffise », juge un cadre écologiste parisien, « même avec sa notoriété, le courant que représente Yannick Jadot au sein du parti étant très minoritaire chez les militants » de la capitale.Quels soutiens pour Yannick Jadot ?Mais Yannick Jadot ne s'est sans doute pas lancé dans la bataille sans avoir mesuré l'obstacle. C'est notamment l'analyse qui domine au sein l'équipe d'Emmanuel Grégoire, l'un des deux candidats à l'investiture du parti socialiste. « Il a forcément obtenu des garanties », estime une conseillère, qui hésite toutefois sur la provenance de ce soutien. Yannick Jadot a apposé sa signature parmi la première liste de soutiens à Marine Tondelier qui veut se faire réélire à la tête des écologistes, sans doute un indice. Mais des rumeurs persistantes font état de contacts avancés avec Anne Hidalgo.Une candidature pour l'union de la gauche dès le 1er tourLa maire de Paris a pourtant désigné son dauphin, le sénateur Rémi Féraud. Mais la greffe a du mal à prendre et son rival Emmanuel Grégoire, désormais honni par Anne Hidalgo, s'attend à remporter facilement la primaire interne. Yannick Jadot pourrait donc devenir un recours, avec l'avantage de pouvoir rassembler écologistes et socialistes dès le 1ᵉʳ tour de l'élection. Ce qui éviterait à la gauche de devoir combler au second tour un écart trop important avec la liste d'union de la droite et du centre que devrait mener Rachida Dati. Reste, désormais, à convaincre les écologistes parisiens et tordre le bras aux socialistes pro-Grégoire. Sans compter le fait qu'il faudra aussi surveiller les Insoumis, très ambitieux. Or Yannick Jadot n'a jamais caché son hostilité à tout rapprochement avec le mouvement de la gauche radicale.
Le Premier ministre a enfin donné sa feuille de route cette semaine avec sa déclaration de politique générale présentée mardi 14 janvier dans l'hémicycle. Après un mois à Matignon, son style divise. Ce n'est pas une surprise, mais il n'y a pas eu de grand enthousiasme après sa prise de parole et son style ne fait pas l'unanimité. François Bayrou le sait, la tâche est ardue, il l'a d'ailleurs dit lui-même ce mardi devant les députés : « Par quelle sorte d'optimisme les 16 % de Français qui pensent que le gouvernement ne sera pas censuré avant la fin de l'année peuvent-ils bien être animés ? Quand tout va bien, on s'endort sur ses lauriers, quand tout va mal, on est contraint au courage. » Il a donc tenté de rassurer, mais la boutade en dit long.Et pendant son grand oral devant les députés, il a eu du mal à couvrir les invectives venues la plupart du temps des rangs de La France Insoumise. On avait rarement entendu autant de brouhaha. En tout cas, le Premier ministre en est ressorti écœuré et aurait confié à sa ministre de l'Agriculture Annie Genevard que l'hémicycle était « invivable ». À lire aussiFrance: échec de la première motion de censure contre le gouvernement BayrouMême si sur le fonds les critiques sont moins acerbes, c'est la forme qui a marqué les esprits. Ce mardi, il a multiplié les métaphores et s'est aussi emmêlé dans ses fiches au début du discours. Ce qui a bien fait réagir sur les réseaux sociaux. Un style qu'il cultive même s'il se sait très critiqué François Bayrou, l'agrégé de lettres classiques et amoureux des belles lettres, s'est montré très avare ce mardi en envolées lyriques. Comme me le confiait un député du parti du Premier ministre, « toutes ces phrases, c'est parce qu'il a un côté "bon sens près de chez-vous" revendiqué, avec des expressions un brin désuètes et un vocabulaire simple, c'est le style Bayrou ». « Les poireaux, c'est une métaphore qui se voulait amusante, il n'a pas employé des mots trop complexes, pour rester compréhensible dans une déclaration de politique générale, éclaire le même député. Dans les grands rendez-vous du MoDem, il peut se faire beaucoup plus littéraire, plus complexe. Là, il a voulu rendre l'ensemble plus lisible. »À lire aussiFrance: lancement de la concertation sur la réforme des retraitesPour un député les Républicains, « les parlementaires se moquent, mais cela glisse sur lui. Au moins, il n'a enthousiasmé personne, mais n'a fâché personne non plus ». Et pour un ministre de premier plan, « le style Bayrou est particulier. On s'ennuie, mais je trouve qu'il a du courage ». Il reste que même avec son débit de parole un peu lent et souvent moqué, tout cela est la marque de fabrique du nouveau Premier ministre qui en plus de 40 ans de vie politique n'a jamais changé de style.
Jean-Marie Le Pen, disparu cette semaine à 96 ans, a été inhumé, hier, samedi 11 janvier, en Bretagne à la Trinité-sur-Mer. Figure de l'extrême-droite et de la Ve République, il laisse derrière lui un héritage controversé que devra en grande partie porté sa fille, Marine Le Pen. C'est à l'image des messages publiés le jour de sa mort. Très peu de monde rend hommage à Jean-Marie Le Pen dans la classe politique. Quasiment personne même, à l'exception de l'extrême droite. Et encore, dans le communiqué élogieux du Rassemblement national il est fait mention du mot « polémique ». Chez ses nombreux adversaires, beaucoup rappellent ses dérapages verbaux sur fond d'antisémitisme, en tête desquels ses propos sur les chambres à gaz qu'il considérait comme un point de « détail » de la Seconde Guerre mondiale. Cette sortie retentissante l'aura poursuivit toute sa carrière jusqu'à provoquer la rupture avec sa propre fille. Ces propos tenus en 1987 puis réaffirmé en 2015, furent, à l'époque une goutte d'eau pour Marine Le Pen. Désormais à la tête d'un Front national en quête de « normalisation », elle exclut son père du parti. Il le lui rendra d'ailleurs bien en la traînant devant les tribunaux et allant même jusqu'à lui demander publiquement de ne plus porter le nom « Le Pen ».À lire aussiMort de Jean-Marie Le Pen: des réactions contrastées de la classe politique françaiseUne rupture efficace mais insuffisanteCet épisode particulièrement violent aidera, en partie, Marine Le Pen à progresser dans les urnes. Deux fois finaliste de la présidentielle (2017 et 2022), le parti à la flamme désormais appelé Rassemblement national (toujours dans une volonté de rupture) obtient jusqu'à 11 millions de voix aux dernières législatives... C'est plus du double de ce qu'avait fait Jean-Marie Le Pen, en 2002, lorsqu'à la surprise générale lui aussi arrivait à se qualifier au second tour d'une présidentielle. Si les résultats sont chaque année meilleurs, le RN et Marine Le Pen échouent constamment à gagner et restent marginalisés. Comme si, malgré des obstacles franchis, une ultime barrière, psychologique celle-là, empêchait encore un nombre décisif d'électeurs de « franchir » le Rubicon. La présence de candidats loufoques et parfois ouvertement racistes lors des dernières législatives ne fait évidemment que renforcer la digue. À lire aussiLégislatives en France: pourquoi le RN peine à faire de ses militants des candidats crédiblesChanger de thème de thématique ne suffira pasSi, sur la forme, des modifications de noms, de casting sont relativement faciles à opérer, toucher au fond est bien plus délicat. Les grandes thématiques imposées par Jean-Marie Le Pen dans le débat politique sur l'immigration et l'identité nationale sont aussi celles qui ont fait l'ascension électoral du parti et font toujours son image de marque. Consciente de leurs caractères - par nature - sulfureux, Marine Le Pen a voulu mettre l'accent sur des questions économiques et sociales pour élargir son socle électoral. Pari gagné dans les bastions autrefois acquis à la gauche mais en allant vers la gauche, on risque de perdre sur sa droite. Ça s'était vu pendant une courte période dans les sondages à la dernière présidentielle. Lors de l'irruption d'Eric Zemmour. L'autre candidat d'extrême droite et dont la campagne tournait essentiellement autour du «Grand Remplacement» menaçait celle du RN. Marine Le Pen, reste donc en quête d'équilibre. Toujours lestée par son père, ça ne suffit pour le moment pas à l'emporter.
2025 va-t-elle être aussi chaotique pour Emmanuel Macron que 2024 marquée par la déflagration d'une dissolution qui a engendré l'instabilité politique en France. Le chef de l'État va-t-il continuer à payer cette année le prix de sa décision de dissoudre l'Assemblée ? La dissolution est un poison durable qu'Emmanuel Macron a lui-même injecté dans son quinquennat et dont il aura bien du mal à trouver l'antidote en 2025. Quand il a prononcé ses vœux aux Français le 31 décembre, le président de la République a bien tenté de tourner la page de cette dissolution ratée en reconnaissant pour la première fois depuis six mois que sa décision avait provoqué plus de « divisions que de solutions ». Mais faire tardivement œuvre de « lucidité » et « d'humilité » risque de ne pas être suffisant pour inverser la tendance. Il est loin le temps où l'on surnommait Emmanuel Macron « Jupiter » pour manifester sa puissance et sa domination. Dans l'entourage du chef de l'État, on en est désormais réduit à théoriser la posture du « président qui préside », du « garant » plus que du gouvernant pour tenter de faire comme si finalement, cette situation d'affaiblissement du président était maîtrisée et créer autour de lui une bulle institutionnelle protectrice en agitant les pouvoirs qui lui restent, par exemple celui d'organiser des référendums.Emmanuel Macron en danger ?Le président est clairement dans le viseur de ses adversaires et surtout de Jean-Luc Mélenchon. Le leader insoumis, déjà trois fois candidat à la présidentielle, se verrait bien tenter sa chance une quatrième fois et pourquoi pas dès 2025 lors d'un scrutin anticipé. Alors après avoir tenté sans succès de lancer une procédure de destitution, il joue maintenant la carte de l'appel à la démission d'Emmanuel Macron. La stratégie de censure à répétition de LFI vise à provoquer l'instabilité et à mettre le chef de l'État dans une situation où son départ de l'Élysée serait la seule solution.À lire aussiFrance: l'idée d'une présidentielle anticipée, scénario rêvé des Insoumis, fait son chemin« L'horloge qui tourne »Marine Le Pen elle aussi met la pression sur Emmanuel Macron. Elle ne réclame pas clairement sa démission mais laisse planer l'hypothèse et s'interroge sur la capacité du président à tenir jusqu'en 2027. Dans ce contexte, un cadre Renaissance s'inquiète de la volonté d'accentuer la pression en 2025 des deux opposants qui sont poussés, dit-il, par « l'horloge qui tourne », « une horloge biologique » selon lui pour l'Insoumis de 73 ans, « une horloge successorale » pour la députée RN talonnée par Jordan Bardella. Reste à savoir jusqu'à quand face à leurs assauts, Emmanuel Macron réussira, lui, à faire avancer l'horloge présidentielle.À lire aussiEn France, la dissolution de l'Assemblée nationale a marqué l'année 2024 et la politique française
Si d'anciennes figures de la gauche socialiste comme Manuel Valls ou François Rebsamen ont fait leur entrée dans le gouvernement Bayrou, le Nouveau Front Populaire a de nouveau été tenu à l'écart dans la composition du cabinet. Pire, les revendications de l'alliance de la gauche ont été balayées par le Premier ministre. Les partis socialiste et communiste et dans une moindre mesure les écologistes avaient pourtant tendu la main ces dernières semaines. Au parti socialiste, Olivier Faure était poussé par son aile droite afin de se rapprocher du camp macroniste. La frange la plus sociale-démocrate envisageait ouvertement d'entrer dans un gouvernement aux côtés de représentants de Renaissance ou du Modem de François Bayrou, avec qui des échanges avaient eu lieu avant même la censure du gouvernement Barnier.Olivier Faure, dont la place de premier secrétaire est menacée lors du prochain congrès qui doit se tenir d'ici l'été, a donc choisi de jouer la carte du consensus, peu répandue ces derniers temps au PS. Mais l'aventure tourne court : avec tout d'abord la nomination de François Bayrou, puis le refus assumé de celui-ci de faire des concessions aux socialistes, aussi bien en termes de fiscalité que dans l'hyper sensible dossier de la réforme des retraites.Les rangs au sein du NFP pas forcément resserrésDe leur côté, les Insoumis ont multiplié les imprécations en direction des socialistes, accusés de diviser l'alliance pour une place au gouvernement. Les mots ont été très durs, ce qui n'a pas forcément tant dérangé que ça Olivier Faure. Car le patron du PS avait besoin de montrer en interne qu'il n'était « soumis aux Insoumis », accusation récurrente de ses opposants. Il sort donc de la séquence en ayant prouvé qu'il était capable de tenir tête à Jean-Luc Mélenchon tout en ne cédant pas aux sirènes déclinantes du macronisme.L'analyse est bien évidemment différente du côté de LFI où l'on juge que ces négociations ont prouvé qu'aucun terrain d'entente ne pouvait être trouvé avec le camp présidentiel, théorie que la formation de la gauche radicale a toujours soutenue.Un NFP divisé lors des prochaines échéances électorales ?Les tensions internes au Nouveau Front Populaire devraient s'aggraver dans un premier temps sur la question des municipales. LFI a décidé de s'investir pleinement dans ces élections qu'elle négligeait jusque-là. Or la plupart des grandes municipalités de gauche sont dirigées par des alliances socialistes-communistes-écologistes. L'irruption des Insoumis pourrait faire tanguer ces unions. Et puis il y a la présidentielle où le principe de candidatures multiples à gauche est déjà quasiment acté, avec la bataille sans merci que cela implique.
Deux semaines après la censure du gouvernement Barnier, les postures et les discours de la leader d'extrême-droite indiquent quelques pistes pour comprendre le geste fatal du 4 décembre dernier. Bien que la France soit sans gouvernement ni budget à quelques jours de Noël, Marine Le Pen n'affiche aucun regret. Retour à la case départ. Comme à la rentrée, lors de l'entrée en fonction de Michel Barnier, Marine Le Pen exige du « respect » et promet de ne pas « censurer à priori » tout en se disant capable de recommencer, si François Bayrou, le nouveau Premier ministre, fait des choix qui ne lui plaisent pas.Comme à la rentrée, les vœux de respect de la cheffe des députés RN sont, en partie, exaucé. Lundi, dans le cadre d'un cycle de consultation des forces politiques, elle a été reçue en premier à Matignon. Ce qu'elle juge positif. À lire aussiMotions de censure en France: jour décisif pour Marine Le PenSi ce n'est que symbolique, cette place accordée par le chef du gouvernement au RN, consacre le parti comme la principale force d'opposition.Inspiration italienne ? Ce qui sied bien à Marine Le Pen. Elle a toujours refusé de participer au gouvernement. Elle affichait même un large sourire lorsque, dans la foulée de la censure, le président avait convié tous les partis hors RN et LFI à l'Élysée. Dans les couloirs de l'Assemblée nationale, elle s'épanchait longuement aux journalistes et déclarait : « Nous sommes la seule force d'opposition ».Difficile de ne pas comparer avec Giorgia Meloni. L'ultra-conservatrice présidente du conseil italien avait refusé il y a deux ans de participer à un gouvernement d'union nationale pour palier à une énième crise politique en Italie. Elle a par la suite triomphé aux élections et pris le pouvoir.« Je me prépare »Une censure pour mieux s'affirmer dans un paysage politique troublé et avant une possible présidentielle anticipée ? Ce positionnement franchement dans l'opposition est une sorte de retour dans la zone de confort. Celle qui a fait la progression constante du RN, ex-FN (le fameux « on n'a pas essayé »). Être consacrée cheffe de l'opposition revêt aussi un intérêt judiciaire non négligeable. Cela ne peut qu'influencer les juges qui doivent d'ici au 31 mars décider de punir ou non Marine Le Pen d'une peine d'inéligibilité avec exécution provisoire. À lire aussiMarine Le Pen empêchée de se présenter à la présidentielle en 2027?Se pose aussi, et évidemment, la question d'une présidentielle anticipée. Depuis la censure, le RN n'appelle pas ouvertement à la démission du président mais le ton a évolué. Marine Le Pen ne cache plus se préparer à une telle éventualité. Dans le journal Le Parisien cette semaine, elle a déclaré : « Je me prépare, par précaution, compte de tenu de la faiblesse du président ». Ses propos sont doublés d'éléments de langages utilisés par ses troupes et selon lesquels, « le chef de l'État est l'élément perturbateur de la crise politique actuelle ».Une démission semble loin, Emmanuel Macron rejette en bloc cette hypothèse. Mais si une présidentielle avait lieu cette semaine, Marine obtiendrait entre 36 et 38% des voix au premier tour. Ce qui la confortera surement dans son choix de censurer Michel Barnier.
Alors qu'il a quitté Matignon il y a quelques jours à peine, Michel Barnier encaisse le coup après cette motion de censure qui a renversé son gouvernement. Le voilà de nouveau « libre » et l'ancien Premier ministre est aujourd'hui amer. Michel Barnier est un homme déçu et frustré mais il réfute l'argument selon lequel il n'avait pas vu venir le coup porté par Marine Le Pen. Il le répète à qui veut l'entendre, il est vexé, lui qui, dès sa nomination, répétait savoir qu'il pourrait tomber dès le lendemain. Nombreuses ont d'ailleurs été les allusions à cette censure. Ses premiers pas, il se sentait temporairement à l'abri d'une censure du RN, mais toujours conscient de la difficulté de la tâche. Il rappelle d'ailleurs sans cesse dans ses discours que « jamais un Premier ministre n'a disposé d'aussi peu de temps pour présenter un budget », mais aussi qu'il se sait sous la menace d'une éventuelle motion de censure, mais sans jamais croire qu'elle arriverait si vite.Lors de la dernière semaine avant le vote de la motion, il a multiplié les concessions, estimant que ces renoncements dissuaderaient le RN de censurer. Il a aussi tenté les appels à la « responsabilité » dès qu'il le pouvait, ne cessant pas de dramatiser l'enjeu. Et Lorsque Marine Le Pen lui confirme par téléphone qu'elle reste inflexible, c'est la douche froide. « Je ne croyais pas qu'elle oserait », lâche-t-il en privé. Mais il le sait désormais son sort est scellé, il va dégainer son premier 49.3 sans trop d'espoir d'en réchapper. Michel Barnier enrage de ne pas avoir pu mettre en œuvre une coalition ? Pour lui, le socle commun, après des mois difficiles commençait à tourner. Avec un budget, le locataire de Matignon rêvait d'entrer dans l'après : les déserts médicaux, l'allocation sociale unique notamment. Il veut croire que certains gains vont durer. L'ex-Monsieur Brexit juge qu'il a apporté sa pierre à la culture du compromis. Utile pour les temps à venir.Parmi ses projets à venir, il y a un livre dont il avait entamé l'écriture avant son arrivée à Matignon. Il veut y raconter 120 à 130 moments de vie politique dont il a tiré une leçon. Et trois mois auront suffi pour ajouter cinq ou six chapitres. Quinqua de la politique, il entend garder sa capacité d'indignation et d'enthousiasme, nous disent ses conseillers. Même Donald Trump croisé samedi dernier à l'Élysée, après la cérémonie de réouverture de Notre-Dame l'a enjoint à poursuivre, malgré ses 73 ans.
Cette semaine le calendrier fait cohabiter deux événements très importants pour Emmanuel Macron : la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, attendue depuis cinq ans, et le grand chambardement politique après la chute du gouvernement Barnier. L'un met la France au firmament, l'autre la place en situation d'instabilité et de fébrilité. Ce moment est presque une métaphore de la présidence d'Emmanuel Macron. C'est un « en même temps » particulièrement éloquent. Splendeur et décadence à la fois pour un président rattrapé par un agenda politique tumultueux au moment de célébrer l'un des événements les plus marquants de ses deux quinquennats. Quand la cathédrale Notre-Dame de Paris avait pris feu, Emmanuel Macron sortait de la crise des «Gilets jaunes». Il devait s'adresser aux Français dans une allocution télévisée, enregistrée et jamais diffusée, car en voyant les flammes détruire l'édifice religieux si emblématique de la capitale, le chef de l'État avait immédiatement changé sa stratégie. Il s'était rendu au chevet de Notre-Dame en feu et avait annoncé son ambition : reconstruire et réouvrir la cathédrale en cinq ans. Un pari que d'aucuns croyaient irréalisable, une promesse qui a finalement été tenue.Réouverture de Notre-Dame et crise de la censureIronie de l'histoire, cinq ans après, au moment où l'on célèbre Notre-Dame reconstruite, le chef de l'État s'est adressé aux Français pour leur parler d'une nouvelle crise. Une crise politique inédite provoquée par une décision d'Emmanuel Macron : la dissolution qui n'en finit pas de revenir en boomerang sur le président. Michel Barnier censuré après trois mois d'efforts vains pour faire adopter un budget, c'est sur Emmanuel Macron qu'est revenue la pression, l'obligeant à prononcer une allocution pour rassurer les Français inquiets de l'instabilité gouvernementale, quand les regards du monde entier allaient se tourner vers Paris et son monument restauré par des artisans fine fleur du savoir-faire français. La réouverture de Notre-Dame est devenue tout à coup la date autour de laquelle devait avoir lieu la nomination d'un Premier ministre, happée par une actualité politique qui a fait irruption dans le calendrier de la reconstruction.La fête gâchée ?La fête de la réouverture de Notre-Dame est-elle gâchée ? Elle est parasitée. Le message est brouillé. La grand-messe diplomatique avec Donald Trump, le président américain réélu, en invité de marque, et un cortège de personnalités venues du monde entier, qu'Emmanuel Macron avait organisée à l'occasion de la réouverture de Notre-Dame, est percutée par la crise politique qui renvoie l'image d'une France en mode point de suspension, menacée de censures à répétition et d'un président usé, affaibli, alors qu'il rêvait d'incarner un chef de l'État capable de faire briller les « fiertés françaises ». Grandeur et misères du destin d'Emmanuel Macron.À lire aussiCrise politique en France: le président Emmanuel Macron est-il désavoué à l'étranger?
Elle était encore il y a quelques semaines présentée comme une lubie de la France Insoumise. Mais l'hypothèse d'une présidentielle anticipée a pris de la vigueur à mesure que la menace de la censure par les députés du gouvernement de Michel Barnier se précise. Des voix hors de la gauche l'ont ainsi publiquement évoquée et un sondage est venu esquisser la position de l'opinion sur ce sujet. Commandé par BFM TV à l'institut Elabe dans le cadre d'une enquête autour de la motion de censure qui pèse sur Michel Barnier, ce sondage comprend une question bien précise qui a dû susciter quelques grincements de dents à l'Élysée. 63% des Français seraient en effet favorables à une démission d'Emmanuel Macron en cas de censure du gouvernement.De quoi donner de l'ampleur à la petite musique que fait résonner la France Insoumise depuis cet été. Ce scénario est une évidence, a de nouveau martelé Jean-Luc Mélenchon cette semaine, la situation politique est bloquée et il ne peut pas y avoir de dissolution de l'Assemblée avant l'été 2025.Des voix venues de la droite évoquent la démission d'Emmanuel MacronSi plusieurs personnalités de gauche, dont François Ruffin, avaient déjà appuyé ce scénario, ce sont des voix venues de l'autre côté du prisme politique qui se sont fait entendre ces derniers jours. L'appui venu du député Rassemblement National, Sébastien Chenu, n'est pas une énorme surprise, le mouvement d'extrême droite s'avançant confiant vers une échéance présidentielle. Les prises de position de Jean-François Copé et de Charles de Courson sont en revanche plus étonnantes. L'ancien patron de la droite estime ainsi qu'il sera impossible pour Emmanuel Macron de tenir jusqu'en 2027, alors que le député indépendant a appelé le chef de l'Etat à s'inspirer du général De Gaulle démissionnaire en 1969.À lire aussiLe président français Emmanuel Macron face au spectre d'un départ anticipé de l'ÉlyséeLes Insoumis veulent capitaliser Le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, a envoyé vendredi matin un courrier au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Son sujet : les modalités d'organisation d'une présidentielle anticipée. Celle-ci devrait se tenir dans les 20 à 35 jours après la démission du chef de l'État et cela poserait selon les Insoumis des problèmes pour la collecte des 500 parrainages nécessaires ou l'inscription sur les listes électorales. Du concret donc, comme si l'hypothèse devenait inéluctable. Mais une autre question obsède déjà l'entourage de Jean-Luc Mélenchon, prêt à candidater à nouveau : qui pour l'affronter ? Le scénario LFI pour 2025LFI voit une démission d'Emmanuel Macron en mars prochain. Cela pourrait permettre à Marine Le Pen de se présenter, car son éventuelle condamnation dans le cadre de l'affaire des assistants du RN au Parlement européen ne sera annoncée que le 31 mars. Impossible pour les juges de bloquer une candidate en campagne, estiment les Insoumis qui voient aussi Emmanuel Macron tenter un coup constitutionnel. Le chef de l'État, qui doit nommer plusieurs nouveaux membres du Conseil constitutionnel en février, pourrait demander à pouvoir se représenter, n'ayant pas achevé son mandat. Délirant ? « C'est aussi ce qu'on nous disait quand on parlait de présidentielle anticipée cet été », sourit un dirigeant Insoumis.À lire aussiFrance: la gauche dépose la première motion de censure contre le gouvernement Barnier
Autrefois hypothétique, la probabilité d'une censure du gouvernement Barnier à l'occasion de la probable adoption du budget par 49.3 est de plus en plus élevée. Marine Le Pen, en position de force, a fait brutalement monter la tension cette semaine. Avec son contingent de 125 députés, la leader RN n'a qu'un mot à dire et la motion de censure, promise et confirmée par la gauche, passe. Et le gouvernement trépasse.Invitée sur la radio RTL mercredi matin, Marine Le Pen a défini une ligne rouge pour le projet de loi de finances : « Le pouvoir d'achat des français ne doit pas être amputée ». La formule est imprécise et agrémentée de quelques références comme la fameuse taxe sur l'électricité que le gouvernement envisage de réhausser pour assainir les comptes publics (le retour à un déficit de 5% du PIB en 2025). La menace est prise aux sérieuxLes oreilles sont grandes ouvertes au sein de l'exécutif.Le président Macron, pourtant en déplacement en Amérique du Sud, dit avec prudence vouloir « la stabilité » quand Michel Barnier, devant les maires de France réunis à Paris, assure que les français souhaitent de la « sérénité ». Un contre-feu traduisant une forme de vigilance.Marine Le Pen a au moins deux raisons de censurer : embourbée sur le champ judiciaire puisque menacée d'une peine d'inéligibilité pour la présidentielle 2027, elle a besoin de revenir dans le jeu politique. Elle doit aussi composer avec des enquêtes d'opinion indiquant qu'une majorité des électeurs RN veulent la censure du gouvernement.Barnier obligé de donner des gages ? S'il est facile de menacer, joindre la parole aux actes au moment fatidique s'avère souvent beaucoup plus difficile. Marine Le Pen s'impose elle-même ce dilemme. Le budget Barnier est-il suffisamment inacceptable pour provoquer une crise de régime doublée d'une crise financière ? Difficile de trancher, surtout depuis que le parti cherche à se « notabiliser ». Michel Barnier lui aussi à une marge de manœuvre limitée en réalité. Il le sait, il n'a derrière lui qu'un semblant de coalition. Ce budget montre au plus que parfait l'absence totale de cohésion. La récente sortie du ministre de l'Économie, le macroniste Antoine Armand, critiquant son propre budget (car trop d'impôts) en fait foi. Pour le Premier ministre, céder aux exigences du RN peut ajouter de la tension à la tension. La lumière pourrait venir d'un tour de passe-passe. Sans accorder de concession à Le Pen sur le budget, il pourrait éviter une censure de Noël en promettant de mettre à l'ordre du jour des textes de loi exigé par le Rassemblement national. Après le narcotrafic et l'immigration, la proportionnelle aux législatives pourrait refaire surface.
Cinq ans de prison et cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate. Les réquisitions du parquet contre Marine Le Pen dans le cadre de l'affaire des assistants européens du Rassemblement national (RN) a suscité l'effroi au sein du parti d'extrême droite, mais pas seulement : plusieurs responsables politiques ont fait part de leur désapprobation face à la peine encourue par la triple candidate à la présidentielle. Des réactions qui témoignent notamment d'un malaise face aux lois de moralisation de la vie publique. Parmi les réactions les plus fortes, celle de l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin : Marine Le Pen « ne peut pas être condamnée électoralement, sans l'expression du peuple » juge le désormais simple député macroniste. Gérald Darmanin estime qu'empêcher la cheffe de file du Rassemblement national (RN) de participer à la présidentielle reviendrait à « creuser la différence entre les élites et l'immense majorité de nos concitoyens ».Si tous ne l'affichent pas ouvertement, de nombreux élus s'inquiètent en effet de l'impact sur la population de la mise à l'écart de Marine Le Pen. Pour le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon, ne pas laisser Marine Le Pen aller au bout de ses recours avant de prononcer une peine d'inéligibilité, ce serait aggraver « la crise politique sans aucun avantage pour la société ». Pour faire simple, il craint que cela ne renforce au final le camp du RN. Une vision partagée par le politologue Benjamin Morel, pour qui une telle condamnation serait incompréhensible pour l'électorat de Marine Le Pen et ne lui ferait absolument pas perdre de voix.Inquiétudes personnelles et arrière-pensées politiques Pour Jean-Luc Mélenchon, qui estime être victime de « lawfare », c'est-à-dire d'un acharnement judiciaire politique, il est évidemment difficile de faire du deux poids deux mesures. Concernant Gérald Darmanin, c'est un peu plus compliqué. L'ancien premier flic de France veut capitaliser politiquement sur une fibre de droite, mais sociale, finalement assez proche de Marine Le Pen, qu'il avait d'ailleurs taxé de « mollesse » voilà quelques années. Or, le successeur putatif de la cheffe du RN, c'est Jordan Bardella qui lui creuse un sillon plus proche de celui d'Eric Zemmour : union des droites radicales et libéralisme économique. Gérald Darmanin pourrait donc en fait lorgner sur l'électorat lepéniste.Bref, de la récupération, mais qui prospère sur un paradoxe, juge Benjamin Morel. Celui d'avoir des politiques jugeant excessives des lois de moralisation de la vie publique tout en dénonçant depuis des années un laxisme de la justice. Du populisme qui leur revient en pleine figure, conclut le politologue.À lire aussiMarine Le Pen empêchée de se présenter à la présidentielle en 2027?
Donald Trump a remporté l'élection américaine en battant Kamala Harris et va retourner à la Maison Blanche. Une perspective à laquelle Emmanuel Macron s'est préparé. Les deux hommes se connaissent bien, comment s'annonce le retour de ce duo sur la scène internationale ? Le message de félicitations à Donald Trump qu'Emmanuel Macron s'est empressé de publier sur X donne la tonalité de leurs retrouvailles. Le président français écrit : « Félicitations président Donald Trump. Prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années. Avec vos convictions et avec les miennes ». Sur la scène internationale, Emmanuel Macron fait partie des dirigeants qui ont déjà côtoyé Donald Trump durant son premier mandat, il sait donc à quoi s'attendre. Un avantage que le président français veut rentabiliser. Il a ainsi appelé Donald Trump très vite après l'annonce de sa victoire et son entourage a décrit leur conversation comme « chaleureuse », marquée par « l'antériorité de leur relation et leur proximité ».Le mode d'emploi pour travailler avec Donald TrumpEmmanuel Macron pense donc connaitre le mode d'emploi pour travailler avec Donald Trump. L'idée c'est d'appréhender son retour avec le pragmatisme de l'expérience, sans céder au « fantasme » sur sa personnalité et à une « apparence d'irrationalité » comme le souligne une source diplomatique qui explique qu'avec Donald Trump « vous ne savez jamais comment ça va se terminer, alors vous êtes toujours sur vos gardes ». À cet état d'alerte permanent, il faut ajouter une capacité à appréhender les négociations avec l'état d'esprit du nouveau président américain qui « regarde tous les sujets de manière transactionnelle ». Autrement dit être capable de faire des « deals », des accords et engager un rapport de force dans la virilité.Dans ce rapport de force, Emmanuel Macron a-t-il les armes pour résister à Donald Trump ? C'est toute la question car d'un côté Donald Trump revient en force après un exploit électoral, de l'autre Emmanuel Macron est affaibli depuis la dissolution et cherche comment se relancer. La proximité des deux présidents ne peut suffire à rééquilibrer un jeu si inégal, d'autant que cette stratégie basée sur le lien personnel déjà utilisée par Emmanuel Macron avait montré ses limites durant leurs premiers mandats respectifs.À lire aussiLes Européens pourront-ils relever le défi Donald Trump?« Si on décide de rester des herbivores, les carnivores gagneront »Pour peser, il faut avoir du poids. Emmanuel Macron le sait et veut l'obtenir en mobilisant l'Europe derrière lui pour résister au bulldozer Trump. Il l'a dit de manière imagée à ses partenaires européens réunis à Budapest cette semaine : « Le monde est fait de carnivores et d'herbivores. Si on décide de rester des herbivores, les carnivores gagneront ». Dans ce schéma, Donald Trump est un carnivore. L'objectif d'Emmanuel Macron est de ne pas se laisser manger.À lire aussiEn Hongrie, l'Europe tente de sauver «l'union» face au retour de Donald Trump
Emmanuel Macron a effectué, cette semaine, une visite d'État de trois jours au Maroc. Le président français a répondu à l'invitation du roi Mohammed VI qui l'a accueilli en grande pompe. Protocole, discours et petites histoires... La visite côté coulisses. Dans une visite telle que celle d'Emmanuel Macron au Maroc, il y a tout ce que l'on voit, les images par exemple du fastueux dîner d'État autour du roi Mohammed VI, ce que l'on entend – la parole politique – notamment le discours d'Emmanuel Macron au Parlement marocain et puis il y a l'ambiance, les bruissements, les commentaires dans la délégation du président de la République. Car Emmanuel Macron est arrivé à Rabat avec plus de cent vingt personnes dans ses bagages : ministres, chefs d'entreprise, sportifs, artistes. Du beau monde a priori.À lire aussiAprès trois jours de visite de Macron, la France et le Maroc annoncent bâtir un «partenariat renforc黫 Pourquoi sont-ils là ? »Mais quelques noms ont fait désordre. Deux particulièrement, François-Marie Banier et Yassine Belattar, qui ont des casseroles judiciaires. Le premier, photographe condamné à quatre ans de prison avec sursis pour abus de faiblesse contre Liliane Bettencourt. Le second humoriste franco-marocain, bête noire de l'extrême droite, condamné à quatre mois de prison avec sursis pour menace de mort et de crime visant plusieurs personnalités du monde du spectacle. Les critiques sur ces invitations ont fusé publiquement, mais aussi discrètement, au sein la délégation. Une responsable d'un organisme financier français observant l'un et l'autre, lors d'une réception à la résidence de l'ambassadeur de France, manifestait sa stupéfaction et s'interrogeait : « Pourquoi sont-ils là ? »Au dîner d'État aussi, la polémique Belattar a fait jaser. Un participant a rapporté qu'une autorité marocaine regrettait qu'on en « parle plus que de la visite ». « Des choses très anecdotiques », a déclaré Emmanuel Macron peu enclin à se justifier. Alors qu'une ministre française, pas vraiment d'accord, confiait hors micro : « Moi, ça m'a choquée. »Pas de « couac » à RabatCela veut-il dire qu'il y a eu des tensions entre Emmanuel Macron et ses nouveaux ministres durant ce voyage ? Des petites piques au détour de discussions, mais pas de désaccords affichés sur ce déplacement qui faisait office de test dans une nouvelle configuration politique dans laquelle le président est plus isolé au milieu de nombreux ministres de droite comme Bruno Retailleau qui faisait partie du voyage. Mais tout le monde a fait en sorte que ça se passe bien. L'entourage du chef de l'État n'a eu de cesse d'affirmer qu'il n'y avait pas « de rapport de forces » entre le président et les membres du gouvernement, et les ministres d'assurer que l'Élysée n'avait pas eu de « droit de regard » sur leurs programmes. L'un d'entre eux a conclu que chacun était « dans son rôle ». Personne n'avait envie d'assumer un « couac » à Rabat.
On promettait un « octobre en enfer » pour la cheffe des députés RN jugée en ce moment dans l'affaire des assistants parlementaires. Pourtant, la double finaliste de l'élection présidentielle n'est jamais apparue aussi puissante politiquement. La dissolution est passé par là. Le contingent mariniste, 126 députés depuis les dernières législatives, pèse plus que jamais sur un gouvernement fragile dirigé par un homme de droite Michel Barnier. Le tout dans une Assemblée morcelée où toutes les solutions ou presque passe par le RN, la gauche paraissant déterminée à faire du bloc central et de l'extrême droite des alliés objectifs.Cette position hyper influente permet à Marine Le Pen d'exister politiquement au moment où elle comparait, trois demi-journées par semaine (du lundi au mercredi) devant la justice dans l'affaire des assistants parlementaires. Elle y encourt une bien fâcheuse peine d'inéligibilité pour « détournement de fonds publics ». Conséquence, l'attention médiatique et politique semble parfois davantage braquée sur la position du RN sur les textes de loi que sur le procès. Pour le moment, des victoires essentiellement symboliques Avec une pression maximale exercée sur le gouvernement, l'extrême-droite parvient à mener la danse, au moins dans les mots.En septembre, Marine Le Pen demandait une nouvelle loi immigration, elle a été annoncée quelques jours plus tard. Un ministre, Antoine Armand, chargé de l'Économie, a été recadré par Michel Barnier après avoir déclaré ne pas vouloir travailler avec le RN.À terme, petit jeu pourrait bien aboutir sur des victoires politiques concrètes. À commencer par le budget : « Il n'est pas trop tard pour revoir votre copie [...] nous comptons bien vous convaincre pour ne pas être obligé de vous contraindre » déclarait, menaçante, Marine Le Pen à l'ouverture des débats cette semaine. Elle le sait : elle peut renverser Michel Barnier, en cas de très probable motion de censure consécutive à un 49-3.À lire aussiLe RN est-il le maître du jeu politique ?Quels gains politiques ? Pour quoi faire ? Mais qu'est-ce que le RN peut imposer dans le prochain budget ? Si le confort de l'opposition est de ne jamais avoir à choisir, ou du moins de choisir sans grandes conséquences, cette fois, il faudra bien trancher. Et cela va bien au-delà d'une simple cravate autour du cou. Il s'agit d'être crédible : des demandes trop farfelues discréditent, des demandes trop exigeantes placent dans le camp des déstabilisateurs.Il s'agit donc de définir clairement et précisément des lignes rouges dans les prochains jours. Depuis de longues semaines, les troupes de Marine Le Pen évoquent en priorité les taxes sur l'électricité et les pensions de retraites. Mais des ajouts pourraient intervenir. Reste à savoir également comment tranchera Matignon. L'intérêt Michel Barnier étant ne pas paraître trop inféodé à l'extrême droite. Marine Le Pen, elle, veut aiguillonner le gouvernement, mais arriver à la prochaine dissolution ou la prochaine présidentielle en opposante crédible.
Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l'Intérieur, a fait du contrôle de l'immigration son principal objectif. Depuis sa nomination, il multiplie les déclarations choc, quitte à marcher sur les plates-bandes du Rassemblement national et à provoquer le malaise dans le bloc central. Est-ce que Bruno Retailleau va trop loin ? Bruno Retailleau « fait » du Bruno Retailleau. Ce qui a changé c'est sa position. Avant, il parlait en tant que président du groupe Les Républicains du Sénat, il était peu connu des Français. Maintenant il s'exprime comme ministre de l'Intérieur. Et dans un nouveau gouvernement de seconds couteaux, il est le seul ministre à faire office de poids lourd. C'est donc la tribune qui donne plus de résonance à ses déclarations car sur le fond, Bruno Retailleau défend toujours les mêmes positions sur l'immigration. Pour lui, il l'a dit encore récemment : « L'immigration n'est pas une chance ».Ce qu'il veut, c'est rendre la France moins attractive pour les migrants. Symboles de cette exigence : la transformation de l'aide médicale d'État (AME) en aide médicale d'urgence (AMU), un moyen de réduire les soins pris en charge pour les sans-papiers ou le durcissement des conditions du regroupement familial. Un sénateur du centre le décrit comme « hanté par le grand remplacement ».Ces positions font-elles l'unanimité dans le gouvernement ?Pour les ministres issus de la « macronie », Bruno Retailleau est l'incarnation d'une droite dure, conservatrice, avec laquelle ils ne partagent rien. Mais une membre du gouvernement issue du camp présidentiel, constate néanmoins que Bruno Retailleau est « plus modéré » sur l'immigration dans les réunions gouvernementales que lorsqu'il s'exprime dans les médias. Elle ajoute même que le ministre de l'Intérieur a « une profondeur de réflexion qui n'apparait pas dans ses prises de parole publiques ». Une manière de sous-entendre que ses déclarations s'intègrent dans une stratégie de communication.Bruno Retailleau joue-t-il un rôle ?En tout cas, il construit un personnage estime un macroniste qui le connaît bien, selon lequel depuis son arrivée au gouvernement, Bruno Retailleau « veut s'imposer, incarner une rupture par rapport à Gérald Darmanin », son prédécesseur place Beauvau. La vraie rupture serait, selon un responsable du bloc central, d'avoir des résultats sur les obligations de quitter le territoire français, les OQTF, qui sont très mal appliquées. Du concret contrairement à l'annonce faite d'une nouvelle loi immigration pour début 2025 dont ce responsable estime, dubitatif, qu'elle vise surtout à envoyer un « signal » à une partie de l'opinion, celle qui a voté RN, mais a peu de chance d'être adoptée. Pour l'instant, Bruno Retailleau va donc loin dans le discours. Question : jusqu'où ira-t-il dans les actes ?À écouter aussiKarim Bouamrane: «Bruno Retailleau fragilise le ciment de notre République»
C'est un duo insolite entre l'ancien Premier ministre Gabriel Attal et l'ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin qui relève plus de l'opportunité commune que d'une véritable amitié politique. Depuis quelques semaines les deux hommes se liguent pour incarner une opposition à Michel Barnier. Magie de la politique c'est un duo que l'on peut qualifier d'inattendu... Depuis la nomination du gouvernement Barnier, Gabriel Attal et Gérald Darmanin ont trouvé un terrain d'entente : imposer leur ligne au nouveau Premier ministre. Un temps concurrents pour accéder à Matignon, mais aussi pour la présidence du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée, les deux ex-ministres se liguent désormais et cherchent à occuper le terrain. Affinités de circonstance donc. De l'état de guerre larvée à une alliance soudaine pour peser au sein de la coalitionOui rivaux pour Matignon, Gérald Darmanin n'avait pas apprécié de voir la rue de Varenne lui échapper au profit de Gabriel Attal. Ils ont mis de côté provisoirement, leurs divergences et leurs ambitions. « Quand on a un ennemi commun ça soude » confiait une ministre à quelques journalistes. Et depuis la rentrée de septembre les deux jouent la carte du rapprochement. L'ex-Premier ministre était présent à la rentrée de l'ancien de Beauvau dans son fief de Tourcoing fin septembre et désormais leurs actions sont coordonnées. Sur le sujet des impôts ils font front commun. Ils ont égrené, respectivement au 20 heures de TF1 et dans Les Echos, leurs propres propositions pour réduire le déficit public. Et ces leçons faites par des députés encore ministre il y a quelques jours, ça passe mal du côté de Matignon. Preuve en est ce qu'a dit de façon espiègle Michel Barnier à Gabriel Attal après sa déclaration de politique générale : « Monsieur Attal je serai très attentif à vos propositions d'économies supplémentaires. Très attentif pour faire face à un déficit que j'ai trouvé en arrivant ».À lire aussiBudget: le Premier ministre Michel Barnier, sous la pression des macronistes, affronte sa première motion de censureL'élection pour la tête de Renaissance devrait provoquer des désaccords ?En ligne de mire pour l'ancien Premier ministre : la tête de Renaissance. L'élection aura lieu en novembre. Et Gabriel Attal veut que Gérald Darmanin se détache d'Elisabeth Borne, elle aussi à priori candidate d'où ce rapprochement. Quant à Gérald Darmanin, « il joue à front renversé », observe un élu macroniste. « Il soutient Gabriel Attal face à Michel Barnier. Mais il soutient aussi Elisabeth Borne ». Et Gérald Darmanin veut apparaître comme un faiseur de roi dans l'élection pour la tête du parti. « Attal sent les militants, Darmanin sent le peuple », selon le même élu. « Mais il faut surtout connaître leur degré de loyauté envers Emmanuel Macron ». Conclusion, il y a toujours une opposition larvée entre les deux, relève ce député qui n'y voit qu'une trêve temporaire.
Il n'aura tenu que huit mois à Matignon, le désormais ex-Premier ministre français Gabriel Attal, le plus jeune de la Vème République, a su se faire un nom. C'est donc un homme pressé. Mais avec cette dissolution, Gabriel Attal s'est-il émancipé ? Depuis le 9 juin dernier, date de la dissolution, l'ancien Premier ministre est un électron libre. En janvier dernier, lorsqu'il a succédé à Élisabeth Borne au poste de chef du gouvernement, il était celui que l'on n'attendait pas pour le poste. Le président avait choisi dans ses rangs un pur produit du macronisme qui ne ratait pas une occasion d'afficher sa loyauté. Et c'est désormais en affranchi qu'il a quitté la rue de Varenne. Lors de la passation de pouvoirs avec son successeur Michel Barnier, Gabriel Attal a bien insisté pour dire que huit mois, c'était trop court et ne cachait pas sa frustration tout en avertissant que « la liberté l'animera à l'avenir ».Grand brûlé de la dissolutionRéélu député des Hauts-de-Seine après s'être investi lourdement dans la campagne pour les législatives anticipées comme chef de la majorité, il est désormais président du groupe Ensemble pour la République, le deuxième à l'Assemblée. Il vise également la présidence du parti Renaissance. Mais il n'est pas seul à vouloir en prendre la tête, ses rivaux s'appellent Élisabeth Borne et Gérald Darmanin. La réponse sera apportée au Congrès du parti prévu en octobre ou novembre. En attendant, il est sur le terrain, il enchaîne les rentrées des instances locales de Renaissance et place ses billes en rencontrant des députés.Des inimitiés au sein de son propre campAffranchi de la tutelle présidentielle, Gabriel Attal veut désormais tracer sa route, mais sans s'absoudre de l'héritage. Son élection à la tête des députés a laissé des traces, certains lui reprochent d'avoir été « brutal », alors que ses soutiens répliquent qu'il n'a fait qu'utiliser son excellente côte interne.Sa prédécesseure Élisabeth Borne a fait savoir qu'il n'était pas d'usage d'être président de groupe en même temps que l'on dirige le parti.Gabriel Attal se prépare surtout à une confrontation avec son principal rival, Gérald Darmanin. Le député du Nord prépare sa rentrée politique dans son fief de Tourcoing et il est déjà prêt à se lancer dans la course pour la présidentielle de 2027. Lui qui n'a jamais vraiment digéré de voir Matignon lui échapper au profit de Gabriel Attal, les rôles sont désormais inversés avec un ancien Premier ministre émancipé de la tutelle présidentielle. Cela quand Gérald Darmanin joue la fidélité totale à l'Élysée.Ce qui est sûr, c'est que Gabriel Attal a une réputation de fonceur et qu'il vient d'affirmer au travers d'une grande interview à nos confrères du Point qu'il « avait une histoire à écrire avec les français ».À lire aussiFrance: Gabriel Attal élu président de groupe, quels rapports de forces chez Renaissance?
La France a attendu la nomination d'un nouveau Premier ministre plus deux mois. Et c'est Michel Barnier qui a finalement été désigné au terme d'une série de consultations à suspense menées par Emmanuel Macron. Dans un contexte politique inédit, beaucoup prédisent au nouveau chef du gouvernement un mandat précaire. Michel Barnier peut-il éviter d'avoir une durée de vie limitée à Matignon ? Si le président de la République a pris autant de temps pour désigner Michel Barnier, c'était disait-il pour ne pas nommer un Premier ministre immédiatement placé sur un siège éjectable, exposé à une censure annoncée et programmée, après des législatives qui ont fait émerger une Assemblée nationale où aucun bloc n'a la majorité. Emmanuel Macron a voulu apparaître comme le garant de la stabilité gouvernementale en cherchant celui qui pourrait tenir face à aux députés.« À l'écoute et les pieds sur terre »Michel Barnier peut-il être cet homme ? Le Premier ministre semble en tout cas croire qu'il en est capable. Dès ses premières prises de parole, il a vanté ses qualités notamment de négociateur du Brexit, son expérience d'élus à tous les niveaux, local, national, européen. Lui, l'homme de droite, a mis en avant l'héritage de sa mère « chrétienne de gauche », qui lui a appris à ne pas être « sectaire ». Un argument pour montrer qu'il ne serait pas juste l'homme d'un camp, celui de son parti, les Républicains qui ne disposent d'ailleurs que de 47 sièges à l'Assemblée, dans un moment où l'avenir du gouvernement passera forcément par des compromis. Un député du groupe Liot qui l'a rencontré le décrit comme « à l'écoute et les pieds sur terre ». Michel Barnier affiche une détermination tranquille, celle d'un homme « désintéressé qui sait que son mandat est limité et sa carrière derrière lui », commente une vieille connaissance du Premier ministre.Ne pas afficher d'ambition présidentielleCela veut-il dire que l'un de ses atouts c'est de ne pas afficher d'ambition présidentielle ? Être en dehors de la course de petits chevaux entre les candidats à la prochaine présidentielle rend Michel Barnier moins soupçonnable de calculs politiciens immédiats, ce qui lui donne plus de marge de manœuvre pour trouver des voix de passage avec les différents groupes de l'Assemblée. A condition de leur tendre la main. Un parlementaire Renaissance qui aurait préféré la nomination de Bernard Cazeneuve à Matignon estime que Michel Barnier « peut tenir tant qu'il propose la proportionnelle au Rassemblement National » et veut croire que le Premier ministre qui a promis plus de « justice fiscale » pourrait « taxer les riches », donc amadouer la gauche. Un signal à droite, un signal à gauche mais sans renier ses convictions et contrarier son camp, c'est le défi que Michel Barnier doit relever pour durer.À lire aussiFrance: les députés du camp présidentiel attendent Michel Barnier au tournant
Le président français Emmanuel Macron a donc finalement tranché : le nouveau Premier ministre est un cacique de droite, Michel Barnier. Ce choix maintient le chef de l'État sous pression, car ses manœuvres et atermoiements ont provoqué la colère de la quasi-totalité de la classe politique. Jusqu'à poser la question de sa capacité à aller au bout de son second mandat présidentiel. Aurélien Devernoix bonjour, le chef de l'État quittant l'Élysée avant 2027, c'est une petite musique qui résonne. En effet, et tout d'abord dans l'Assemblée nationale. Cette semaine, 80 députés du Nouveau Front populaire ont déposé une proposition de résolution pour destituer Emmanuel Macron. Les parlementaires font appel à l'article 68 de la Constitution, estimant que le chef de l'État a depuis la dissolution « manqué à ses devoirs ».Le texte est quasiment voué à l'échec, car il faudrait qu'il soit adopté par les deux tiers des députés et des sénateurs réunis en Parlement : c'est mission impossible. Les Insoumis ont d'ailleurs lancé en parallèle une pétition demandant la destitution d'Emmanuel Macron qui a déjà recueilli 200 000 signatures. « C'est un coup stratégique, explique le coordinateur de LFI Manuel Bompard. On installe l'idée de son départ dans la tête des Français et des parlementaires, et puis on pourrait avoir des surprises à l'Assemblée ».Une mélodie de départ qui résonne ailleurs qu'à gaucheLa déclaration de candidature à l'élection présidentielle d'Édouard Philippe a en effet sonné comme un coup de semonce pour Emmanuel Macron. En se lançant aussi tôt dans la course, son ancien Premier ministre donne en effet l'impression que le chef de l'État pourrait quitter l'Élysée plus tôt que prévu. Édouard Philippe laisse d'ailleurs la porte ouverte à ce scénario dans l'interview où il affiche ses ambitions.Un départ inenvisageable pour Emmanuel MacronPour le président de la République, il est en effet hors de question de ne pas achever son mandat. Mais il ne sera peut-être pas décisionnaire si l'instabilité politique se poursuit. Une nouvelle dissolution de l'Assemblée pourrait intervenir en 2025 et en cas de nouvelle débâcle du camp présidentiel, Emmanuel Macron se retrouverait face à une pression politique énorme et au risque renouvelé d'une destitution ou d'une démission forcée.En 1969, le général Charles de Gaulle, usé par la révolte de Mai-1968 puis par une défaite par référendum sur sa réforme du Sénat, décidait de rendre son tablier, à trois ans du terme de son second mandat. Emmanuel Macron le sait : il lui faudra retrouver de l'élan pour éviter que l'histoire ne se répète.
Accouché dans l'urgence et non sans douleur à l'issue de la dissolution de l'Assemblée nationale, le Nouveau Front populaire garde l'espoir de remporter les élections législatives. Mais le défi et les incertitudes sont immenses pour la grande alliance allant des sociaux-démocrates de Place publique, jusqu'aux trotskystes du NPA, en passant par les socialistes, communistes, écologistes et insoumis. Le premier challenge pour le NFP sera de résister à la poussée du Rassemblement national. « Pas gagné », reconnaît-on dans les rangs de l'alliance. En effet, si les candidatures uniques vont permettre de sanctuariser un certain nombre de circonscriptions, en Occitanie, en Auvergne Rhône Alpes, dans l'Ouest, de nombreux députés sortants vont être sous pression. Exemple en Normandie, où plusieurs circonscriptions pourtant historiquement marquées à gauche ont vu le RN dépasser les 40% des voix aux élections européennes. Le péril est grand également dans les Hauts-de-France où les sièges du patron des communistes, Fabien Roussel, ou de la figure des insoumis, François Ruffin, pourraient trembler sur leurs bases. Pour l'historien de la gauche Mathieu Fulla, le problème est que le NFP et la Nupes avant lui, « n'ont pas su renouer avec les classes populaires au sens large ». « Seule la France insoumise a su s'implanter et se renforcer dans les banlieues et les quartiers populaires des grandes villes ». Mais dans les zones rurales et périphériques, c'est l'extrême droite qui prospère. Autre problème, l'abstention. Si un sursaut de participation est attendu les 30 juin et 7 juillet, il est loin d'être certain que cela bénéficie à l'union de la gauche, beaucoup d'abstentionnistes étant notamment rebutés par les Insoumis et les divisions à gauche.La question du report de voixLa répartition des circonscriptions a en effet évolué par rapport à l'accord Nupes. Le Parti socialiste récupère 100 circonscriptions supplémentaires, pour la plupart lâchées par La France insoumise. L'argument massue des socialistes est que le PS est davantage en mesure de rassembler au-delà de la gauche grâce à son profil plus modéré et son ancrage local en cas de second tour face au Rassemblement national. Le mouvement d'Olivier Faure a donc récupéré des zones entières à reconquérir comme le Pas-de-Calais, ou la Seine-Maritime, en visant les circonscriptions détenues par le camp présidentiel. Mais il faudra absolument éviter des triangulaires. Or, le regain de participation devrait entraîner une multiplication de ces matchs à trois au second tour. La France insoumise a aussi pris le risque d'investir massivement des candidats en Bretagne, terre de la gauche modérée. Le RN y étant globalement faible, le jeu en vaut la chandelle estime la direction insoumise. Un sénateur socialiste affiche toutefois son pessimisme : « dans mon département, l'ensemble des circonscriptions vont basculer en faveur du RN », explique-t-il, « l'enjeu principal ce sera en fait d'empêcher l'extrême droite d'avoir la majorité absolue au niveau national. »
Il y a une semaine, au soir des Européennes, le président Macron annonçait la dissolution de l'Assemblée nationale. Un choc politique, un séisme même, aux multiples répliques. La semaine passée a été émaillée d'exclusions dans les partis et d'alliances qui se sont formées : nouveau Front populaire à gauche, alliance du camp national à droite entre le RN et une infime partie des LR, emmenée par Eric Ciotti. C'est du jamais vu dans l'histoire récente de la cinquième République. Il n'aura fallu que quelques jours aux partis politiques pour former des alliances à gauche, comme à droite, en vue des législatives. Et on peut légitimement être surpris de voir des hommes politiques qui s'écharpaient encore, il y a dix jours, sur les plateaux de télévision se taper dans le dos aujourd'hui. Mais les partis n'avaient pas le choix, ils ont dû aller très vite puisqu'ils ont jusqu'à ce dimanche pour déposer en préfecture leurs candidatures dans chaque circonscription. Vingt jours pour organiser des élections législatives, c'est un défi.À lire aussiLégislatives en France: Emmanuel Macron justifie la dissolution et livre son plan de batailleUne alliance contre nature à gauche ?À gauche, les socialistes et les Insoumis ont notamment dû se réconcilier en un rien de temps. Notamment au sujet de Gaza, le paroxysme de leurs divergences ces derniers mois, le désaccord de trop, aurait-on pu penser. Mais visiblement, non. Les socialistes n'ont jamais cautionné que les Insoumis ne qualifient pas d'emblée le Hamas de « mouvement terroriste ». Mais les différents partis de gauche retiennent aujourd'hui ce qui les rassemble : la solution à deux États notamment, l'appel à un cessez-le-feu ou encore leur opposition à la colonisation. Sauf que les tergiversations des Insoumis au sujet du Hamas vont laisser des traces. Pour beaucoup d'électeurs socialistes notamment, il est impensable aujourd'hui de voter pour les Insoumis sur lesquels plane un soupçon d'antisémitisme.Eric Ciotti et Jordan Bardella, alliés dans 70 circonscriptionsEric Ciotti et Jordan Bardella ont de leur côté annoncé une alliance dans 70 circonscriptions. Mais ont-ils tant de choses en commun quand on s'éloigne des questions d'immigration et de sécurité ?Sur tous les autres thèmes, les nouveaux alliés ont du pain sur la planche s'ils veulent parvenir à une plateforme commune avant le premier tour des législatives. Économiquement d'abord, tout semble opposer le libéral Eric Ciotti de Marine Le Pen qui revêt désormais un habit très social.En affirmant en début de semaine que le RN ne reviendrait pas sur la réforme des retraites s'il arrivait à Matignon, Jordan Bardella a peut-être fait un premier pas vers son ancien adversaire. Il y a quelques mois, Eric Ciotti poussait pour repousser l'âge de départ à la retraite au-delà dès 63 ans, quand Marine Le Pen prônait encore en 2022 le retour à la retraite à 60 ans. De nombreuses divergences également sur le plan sociétal, sur la politique étrangère : le RN envisage une sortie de l'Otan, pas les Républicains. Se mettre d'accord sur des circonscriptions est une chose, bâtir une alliance idéologique en est une autre.À lire aussiLe Rassemblement national, de plus en plus populaire chez les femmes, est-il une menace pour leurs droits?
Un défenseur sans relâche de la liberté du journalisme, c'est ainsi que ceux qui ont travaillé auprès de Christophe Deloire, décrivent le directeur général de Reporters sans frontières (RSF), décédé samedi à l'âge de 53 ans d'un cancer fulgurant. Il dirigeait l'organisation depuis 2012. Mortaza Behboudi a tenu à lui rendre hommage. Le journaliste franco-afghan, arrêté le 7 janvier 2023 en Afghanistan, n'avait été libéré que le 18 octobre 2023. C'est RSF et Christophe Deloire qui avaient rendue publique son arrestation, puis avaient organisé la mobilisation pour obtenir sa libération. Pour Mortaza Behboudi, c'était un devoir de témoigner car Christophe a été un soutien inébranlable quand sa vie était en danger en Afghanistan. À lire aussiMort de Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières
Le rendez-vous aux urnes pour les élections européennes est donné dans une semaine. Alors que les bombes continuent de tomber sur Gaza, La France insoumise a choisi de faire de cette guerre un enjeu majeur du scrutin, les autres partis sont aussi malgré eux emmenés de force sur ce terrain. Ce mardi 28 mai, un député La France insoumise (LFI) a brandi un drapeau palestinien en pleine séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Ce 28 mai, le député insoumis Sébastien Delogu sort un drapeau palestinien dans l'hémicycle, ce qui entraine une suspension de séance. Et le ton monte à la sortie. Deux députés en viennent quasiment aux mains. Sébastien Delogu écope finalement de 15 jours d'exclusion. La plus lourde sanction possible contre un député. Elle est disproportionnée selon certains alliés de la majorité. C'est le cas notamment de la vice-présidente de l'Assemblée nationale Naïma Moutchou, proche d'Édouard Philippe, qui a fait entendre une autre voix et trouve le verdict un peu trop sévère alors même qu'il n'y a pas eu « d'acte de violence ». Lors de la législature précédente, rappellent certains, Sébastien Nadot (ex-LREM) avait brandi une banderole « La France tue au Yémen » et il avait seulement écopé d'un rappel au règlement.La question palestinienne fractureCertes, la tête de liste Renaissance, Valérie Hayer, fidèle à la ligne politique d'Emmanuel Macron s'est dite pour une solution à deux États entre Israël et la Palestine, tout en assurant que les « conditions n'étaient pas réunies aujourd'hui » pour la reconnaissance d'un État palestinien. Mais son numéro deux, Bernard Guetta, a pris le contrepied de ces déclarations. Lors de son déplacement en Allemagne, Emmanuel Macron a sifflé la fin de la récréation se disant « totalement prêt à reconnaître un État palestinien » mais « à un moment utile » et pas sous le coup de l'émotion.Gaza, un axe de campagne pour LFIPour la députée Clémence Guetté, « ce n'est pas nous qui en faisons un enjeu électoral, c'est une urgence humaine ». Le problème, c'est qu'en plaçant en septième position sur sa liste, la militante franco-palestinienne Rima Hassan et en raison de l'omniprésence de Jean-Luc Mélenchon, la voix de la tête de liste Manon Aubry a du mal à émerger.Une stratégie qui cible, selon le parti, les jeunes et les quartiers populaires, mais qui éclipse les thèmes de prédilection de la tête de liste, spécialiste de l'évasion fiscale et des inégalités sociales. Un choix qui fracture un peu plus la Nupes et menace d'enterrer définitivement toute alliance à gauche. Le bateau Nupes risque encore de tanguer à partir du 10 juin, au lendemain du scrutin.
En apparence, Les Républicains s'affichent unis derrière François-Xavier Bellamy, tête de liste pour les européennes. En coulisse, la réalité est tout autre. L'ambiance s'est beaucoup dégradée ces dernières semaines. Le 30 avril, la commission nationale d'investiture du parti Les Républicains (LR) dévoile les 31 premiers noms de la liste. Et Michèle Tabarot, censée faire l'annonce, ne dit pas un mot. La présidente de l'instance était muette tant elle était en colère, racontent des sources en interne.Le patron du parti, Éric Ciotti, le fait donc pour elle. Il le sait, il va faire des déçus, avec, dans les meilleurs sondages, 8% d'intentions de vote. Les premières places sont chères. Les tensions se cristallisent autour du tiercé 5, 6, 7, les dernières places éligibles si les enquêtes disent vraies. Dans l'ordre, elles sont attribuées au chirurgien niçois Laurent Castillo, un parfait inconnu. Viennent ensuite, deux sarkozytes : Nadine Morano et Brice Hortefeux. Officiellement, Éric Ciotti défend une liste alliant renouvellement et expérience. Mais en interne, beaucoup ne comprennent pas, y compris François-Xavier Bellamy assez agacé. Plusieurs membres de la campagne le confirment, il n'a même pas été consulté.ChoixCes choix surprenants se font notamment au détriment d'eurodéputés sortants, comme Anne Sander, inconnue du grand public, mais dont le bilan est salué. Elle se retrouve numéro 10 et ne décroche plus son téléphone depuis. Alors, que cachent ses choix ? Il est difficile de ne pas voir un calcul de moyen terme s'agissant de cet étrange numéro 5. Laurent Castillo, élu député européen, arrangerait Éric Ciotti, candidat probable à la mairie de Nice en 2026. Ça semble d'autant plus évident que le chef LR a pris le risque de se fâcher avec un ténor du parti, Gérard Larcher. Le président du Sénat poussait pour que Patrick Dray, son bras droit, soit cinquième sur la liste. Un bruit de couloir venu du Sénat fait de lui un potentiel Premier ministre d'Emmanuel Macron.Paire Morano-HortefeuxC'est un choix de Laurent Wauquiez, auquel Éric Ciotti a promis son soutien pour la présidentielle de 2027. Selon un député LR, cela viserait à canaliser Nicolas Sarkozy. « Il faut qu'il se taise », confie-t-il en rappelant la douloureuse présidentielle 2022. L'ancien président avait refusé de soutenir Valérie Pécresse qui a fini à moins de 5 %.Il faudra donc attendre le score des Républicains aux européennes pour mesurer les conséquences de cette campagne à couteau tirés. Un score au-delà de 8% renforcerait Éric Ciotti. Un score en dessous permettrait à d'autres de demander sa tête. Certains en viennent même à l'espérer. Des calculs forcément petits si on s'en tient aux sondages et au poids de moins en moins important des Républicains, les électeurs ayant fui chez Emmanuel Macron ou Marine Le Pen.À lire aussiÉlections européennes: une question de survie politique pour Les Républicains
Alors que les élections européennes auront lieu dans trois semaines, et que la large victoire du Rassemblement national ne fait guère de doutes, l'incertitude persiste pour les autres listes. C'est notamment le cas pour les écologistes, loin, très loin de leur score de 2019 et qui perdent lentement, mais sûrement, du terrain dans les intentions de vote. Si officiellement la tête de liste Marie Toussaint et ses équipes restent sereines, l'inquiétude monte. « Les Écologistes, c'est la liste qui s'effondre » : l'analyse est signée du « monsieur Élections » des Insoumis Paul Vannier. Subjectif forcément, d'autant que la liste LFI n'est pas non plus dans une situation très enviable, testée entre 6 et 8 %, mais cela résume le sentiment dominant dans le microcosme politique. Un haut cadre socialiste ajoute : « ça ne prend pas, des fois c'est comme ça, on dirait la campagne présidentielle d'Anne Hidalgo ». La comparaison n'est pas flatteuse, la candidate PS ayant terminé avec seulement 1,75 % des voix en 2022. Et force est de constater que la liste emmenée par Marie Toussaint, qui approchait les 9 % d'intentions de vote voilà quelques mois, flirte désormais dangereusement avec les 5 %, barre fatidique en dessous de laquelle les Écologistes français n'auraient aucun élu au Parlement Européen. Un scénario catastrophe pour un parti qui a toujours fait des élections européennes son scrutin favori.À lire aussiEuropéenne 2024: en France, Les Écologistes ont présenté leurs candidats éligibles Pas de panique ?« La campagne n'est pas facile pour nous », reconnaît l'eurodéputé David Cormand, numéro 2 de la liste écologiste, qui ajoute aussitôt : « on n'a pas à subir les injonctions des sondages et de l'actualité, on tient notre drapeau ». Comprendre : il faut insister sur les thèmes écologistes et européens, en espérant un redressement le jour du vote. Pas illogique quand on sait qu'en 2019, les Verts avaient finalement créé la surprise en obtenant 13,5 % des voix après avoir été testés durant toute la campagne entre 7 et 9 %. Mais le momentum est différent, reconnait-on en coulisses. David Cormand l'admet d'ailleurs : « en 2019, même la droite et l'extrême droite avaient inclus l'écologie dans leurs programmes, là ça s'est durci ». Et d'avertir : « si les écolos sont balayés, c'est l'acte de décès du Pacte Vert et l'avènement du Pacte Brun » entre conservateurs et identitaires européens résolument hostiles à l'écologie politique.Impact incertain en France« S'ils finissent en dessous des 5 %, je ne sais pas dans quel état va terminer leur parti », murmure-t-on chez les socialistes, où l'on rappelle qu'une ultime proposition d'alliance avait été faite en mars dernier, sans réponse. Chez LFI, on anticipe déjà une implosion des Verts entre la ligne de l'écologie populaire, plus proche des Insoumis, et celle de la sociale démocratie écologique, tendance PS. « Ça ne changera rien », estime au contraire un maire écologiste qui lorgne sur la présidentielle, « on sait tous qu'il faudra un programme et un candidat communs de la gauche et des écolos pour espérer gagner en 2027. » Et d'ajouter : « voter écolo, ça compte deux fois : pour avoir des élus mais aussi pour obliger les autres à faire de l'écologie. »À lire aussiÉlections européennes : l'avenir de l'UE en question?
A moins d'un mois des Européennes, la liste de Jordan Bardella caracole toujours en tête des intentions de vote, autour de 30 %, loin devant les autres listes. La popularité du jeune patron du Rassemblement national aussi est au plus haut. Jordan Bardella est notamment à la deuxième place dans le classement des personnalités politiques du baromètre Elabe pour « Les Echos », paru il y a 10 jours. Alors, Marine Le Pen devrait-elle s'inquiéter de la popularité de son poulain? Elle le répète à longueur d'interview. La patronne des députés du RN a un objectif : entrer à l'Elysée. Triple candidate à la présidentielle, elle se voit déjà rempiler et se considère comme la candidate naturelle de son camp pour 2027. Mais que se passera-t-il si Jordan Bardella est mieux placé qu'elle dans les sondages, quelques mois avant le scrutin?À lire aussiMarine Le Pen à Mayotte: «L'AfD ferait mieux de s'occuper des problèmes de l'Allemagne»Pour l'instant, ce n'est pas le cas. « Mais on se prépare à une inversion des courbes », avoue un proche de Marine Le Pen. Autrement dit que l'élève finisse par dépasser les intentions de votes de son maître pour la présidentielle. Mais le scénario ne changerait pas pour autant : Marine Le Pen à l'Elysée, Jordan Bardella à Matignon. « Jordan peut très bien être mieux placé que Marine dans les sondages mais tant qu'il n'est pas candidat, ça ne change rien », évacue un député mariniste.Et sur ce point, tout le monde est d'accord au RN : le jeune Bardella ne grillera pas la priorité de celle qui l'a placé au sommet. À plus forte raison dans un parti qui a connu plusieurs trahisons notoires dans le passé. Et puis, personne ne suivrait le patron du parti, à en croire un membre de l'exécutif du RN. « Jordan Bardella n'a pas d'entourage, pas de cadres prêts à le suivre dans une aventure aussi risquée, selon un habitué des réunions stratégiques. Et puis ce n'est pas son moment. L'intérêt de Jordan, c'est le temps long ! »« Il faut qu'elle continue à exister dans les médias et sur le terrain »Néanmoins, l'entourage de la leader (pour le moment) incontestée du parti se méfie. « Il faut continuer à exister dans les médias, sur le terrain aussi », lui auraient récemment conseillé au moins deux de ses proches, selon nos informations. Faut-il y voir un lien ? Marine Le Pen, très discrète ces derniers mois, était partout la semaine dernière. Sur BFMTV lundi matin, dans sa circonscription le 8 mai, dans l'Aube le lendemain. Elle a même fait une apparition surprise à un meeting de Jordan Bardella, en Moselle, mardi soir. Mais son bras droit à l'Assemblée, le secrétaire général du groupe RN, Renaud Labaye, tempère : « Cette implication accrue de Marine dans la campagne est stratégique, elle est là pour appeler à la mobilisation. Cette accélération était prévue de longue date. »À l'heure actuelle, la candidature de Marine Le Pen en 2027 n'est donc pas remise en cause dans le parti à la flamme. Sauf si elle se retrouvait empêchée. L'ex-députée européenne sera jugée à l'automne dans l'affaire des emplois présumés fictifs à Strasbourg. Et elle risque notamment une peine d'inéligibilité : être interdite de se présenter à une élection. Auquel cas, tout deviendra possible pour Jordan Bardella.À lire aussiÉlections européennes: en France, le RN confirme son avance et la poussée nationaliste en Europe
Les Jeux olympiques, c'est le temps fort de l'année 2024 pour la France et pour Emmanuel Macron. Le président va se rendre à Marseille, le 8 mai, pour accueillir la flamme. C'est le début du marathon olympique d'Emmanuel Macron. Un marathon au cours duquel aura lieu une baignade car c'est la promesse emblématique d'Emmanuel Macron, il doit se baigner dans la Seine. La Seine où doivent se dérouler la cérémonie d'ouverture mais aussi des épreuves olympiques, la Seine jusqu'ici bien polluée et qui doit devenir « baignable » d'ici à l'été. Le président de la République veut s'en porter garant et a donc annoncé qu'il y ferait un petit plongeon avant l'ouverture des Jeux. Quand exactement ? À l'Élysée, on ne communique pas encore sur cette date stratégique.Pour les Jeux olympiques, Emmanuel Macron donne donc de sa personne car il veut en faire un moment exceptionnel. L'ambition c'est que Paris accueille en 2024 « les plus beaux Jeux jamais organisés ». Une ambition élevée mais « atteignable », juge-t-on dans les coulisses du pouvoir.Faire passer des messages positifsEmmanuel Macron mise beaucoup sur les JO. C'est pour cela que le président suit toutes les étapes préparatoires de très près. Il est en relation constante avec le comité d'organisation, il donne son avis, rend des arbitrages. C'est le gardien des ambitions. Les Jeux olympiques, Emmanuel Macron ne veut pas les rater car c'est l'occasion pour lui de faire passer des messages positifs dans une période qui ne l'est pas, de rendre fiers les Français, de leur donner à voir une France qui peut gagner, une France dynamique, sportive.C'est aussi le moment idéal pour promouvoir l'image de la France dans le monde car tous les regards vont être tournés vers Paris. Emmanuel Macron va d'ailleurs en profiter en organisant un sommet international avec plus d'une centaine d'États représentés, le 25 juillet juste avant l'ouverture des Jeux. Il saisira aussi l'opportunité du passage de personnalités politiques ou économiques dans la capitale à cette période pour organiser des rencontres.Quel est l'enjeu politique de ces Jeux pour le président ?C'est une étape cruciale. Et même si dans l'entourage du chef de l'État, on ne veut pas en faire le point de « bascule » du quinquennat, c'est un événement qui va avoir un impact sur la fin du mandat et l'héritage d'Emmanuel Macron, son implication le prouve, de ce point de vue c'est un moment politique. Si les Jeux sont une réussite, le président aura gagné une bouffée d'air. S'ils sont une source de déception ou pire, si ça se passe mal pour une raison ou une autre, après des élections européennes qui peuvent tourner à la sanction, Emmanuel Macron en sortira démonétisé et aura du mal à conserver une autorité politique. Ce sont donc des Jeux à gros enjeu.À lire aussiJO 2024: Marseille se prépare à l'arrivée de la flamme olympique à bord du trois-mâts «Belem»
Alors que les questions d'agriculture, du pouvoir d'achat ou de la guerre en Ukraine s'annonçaient comme les thèmes majeurs de la campagne des Européennes, c'est un autre sujet, Gaza, qui depuis plusieurs semaines occupe les discussions. La France insoumise, pourtant distancée dans les intentions de vote, a réussi à imposer cette thématique, aidée par des polémiques à répétition, y compris dans son propre camp. Conférences de Jean-Luc Mélenchon dans des universités annulées, manifestations hostiles en marge des réunions publiques Insoumises, plaintes à répétition et dernièrement convocations pour apologie du terrorisme : c'est une tempête nommée Gaza à laquelle fait face La France insoumise dans cette campagne des Européennes. Mais c'est volontairement que LFI s'y est jetée. Au creux de la vague pour son positionnement jugé a minima insensible lors des attaques du Hamas le 7 octobre dernier, posture qui a définitivement enterré l'alliance des gauches, Les insoumis ont décidé d'en faire au contraire une force. Avec un premier pari stratégique lors du dévoilement de leur liste le 6 mars dernier : la présence en 7ème position de la juriste franco-palestinienne Rima Hassan, voix influente sur le conflit au Proche-Orient.Rima Hassan, nouvelle égérie insoumise« Un coup », comme l'on dit, qui a instantanément changé la campagne : les insoumis ont rapidement constaté la popularité de Rima Hassan, notamment dans les électorats que les stratèges de LFI cherchent à mobiliser pour le scrutin : habitants des quartiers populaires, jeunes, et plus largement électeurs sensibles à la cause palestinienne. Le patron du mouvement Manuel Bompard avait d'ailleurs fait ses calculs : « nous sommes la liste qui pâtit le plus de l'abstention, tout point de participation supplémentaire joue en notre faveur. » Rima Hassan devient alors la nouvelle égérie insoumise, mise en avant par Jean-Luc Mélenchon lui-même et faisant de l'ombre à la tête de liste, Manon Aubry.Un virage stratégique qui fait grincer des dents en interne comme en externe, car le pari est considéré comme risqué. Rien ne dit en effet que l'électorat visé sera au rendez-vous. La direction insoumise le sait et l'assume. « C'est peut-être un moment de bascule », estime ainsi le député LFI Paul Vannier, « nous visons toujours la deuxième place aux Européennes et l'on trouve qu'il y a davantage d'enthousiasme militant ces dernières semaines. »LFI tente de piéger ses ex-alliésMais LFI savoure aussi le piège tendu aux ex-alliés de la Nupes. Face à la pression exercée contre les insoumis, socialistes, écologistes et communistes ont été contraints d'afficher leur solidarité. Tout en pestant en privé contre« une fuite en avant doublée d'une victimisation », qui permet, selon un député PS, « de détourner l'attention des difficultés de la campagne des insoumis ». La liste de Manon Aubry est en effet nettement distancée par celle de Raphaël Glucksmann dans les intentions de vote. Mais LFI voit déjà plus loin et espère consolider son socle électoral en vue de 2027.« Ces Européennes », a d'ailleurs martelé Jean-Luc Mélenchon,« c'est le premier tour de la présidentielle. » Une contre-offensive venue du camp présidentiel ?Le mécontentement s'est fait entendre de manière plus forte en fin de semaine avec cette déclaration de la tête de liste communiste aux Européennes, Léon Deffontaines : « La France insoumise est en train de souiller et piétiner le combat palestinien à des fins électorales. Je ne leur pardonnerai jamais. » Une accusation qui a fait bondir dans les rangs insoumis, dont Paul Vannier : « ceux qui parlent d'électoralisme sont des racistes, car pour eux pro-palestiniens = quartiers populaires = musulmans = antisémites, or nous, nous savons faire la part des choses et nous parlons à tout le camp humaniste. » Reste que la situation au Proche-Orient pourrait prendre encore de l'ampleur dans le débat électoral des prochaines semaines : le camp présidentiel envisage en effet de placer en position éligible sur la liste des figures de la défense d'Israël, dont Shannon Seban, la présidente du parti Renaissance en Seine-Saint-Denis, terre électorale de La France insoumise.À lire aussiSciences Po Paris au cœur des tensions sur la question israélo-palestinienne
Le Premier ministre vient de fêter ses 100 jours rue de Varenne. Il imprime sa marque et reste populaire dans les sondages, malgré un bilan à la peine. Le locataire de Matignon est souvent comparé à Emmanuel Macron, pour sa jeunesse et son ascension rapide en politique. En 100 jours, a-t-il pris de l'épaisseur ? Dans les sondages, il reste à un niveau de popularité aux alentours de 40 %. Et, selon plusieurs politologues, c'est un chiffre très correct pour un Premier ministre en milieu de mandat présidentiel. Car tous les spécialistes le disent, le Premier ministre est excellent en matière de communication. Mais pour l'instant, les Français ne sentent pas encore très précisément cette politique Attal. Sur les dossiers éducatifs, il est approuvé par une majorité de Français, mais sur les autres dossiers ce n'est pas le cas. Le bilan concret de son action à Matignon reste mal jugé par 69 % des Français, tout particulièrement sur le pouvoir d'achat (78 %), les comptes publics (73 %) et l'immigration (75 %).À lire aussiFrance: Gabriel Attal seul face aux députés dans une nouvelle configuration de l'Assemblée nationaleUn Premier ministre qui peine à dynamiser la majorité S'il était encensé les tout premiers jours après sa prise de poste, ce n'est plus le cas. Une ministre me confiait qu'« il n'est pas au niveau d'Édouard Philippe, de Bruno Le Maire ou de Gérald Darmanin. On ne le perçoit pas de la même manière. » Il devait permettre de barrer le passage à Jordan Bardella pour les Européennes mais le candidat du Rassemblement national n'a jamais été aussi haut dans les sondages, loin, très loin, devant Valérie Hayer, la candidate Renaissance. D'ailleurs les proches de la candidate se plaignent de l'absence du Premier ministre dans cette campagne.Mais les 100 prochains jours risquent d'être encore plus difficiles Le plus grand défi pour le Premier ministre qui va y risquer son poste ce sera le budget 2025. Avec des comptes publics dans le rouge et des économies de 20 milliards d'euros à trouver, l'automne budgétaire s'annonce compliqué. Et les difficultés pourraient arriver avant l'été si les oppositions décidaient de sanctionner l'absence de projet de loi de finance rectificative. Cela pourrait passer par le dépôt d'une motion de censure, arme que LFI et Les Républicains menacent une nouvelle fois d'actionner. Et même s'il sauve son poste, Gabriel Attal restera confronté aux divisions de sa majorité, que les questions budgétaires ont remis en lumière. La réforme de l'assurance-chômage brusque la gauche de son camp quand la taxation des superprofits est rejetée par son aile droite.Cent jours, c'est un indicateur symbolique car le véritable test sera les élections européennes. Et si les résultats sont mauvais, le chef de la majorité devra en partie assumer la défaite de son camp plus ou moins retentissante selon l'écart avec l'extrême-droite.À lire aussiÀ deux mois des élections européennes, les Français voient l'avenir de l'UE en noir
Les candidats pour les élections européennes sont en campagne, les principales têtes de liste ont d'ailleurs participé à un débat RFI-France 24 à Bruxelles le 10 avril. Pour le moment, les sondages donnent toujours une large avance au Rassemblement national face à la majorité présidentielle, environ dix points d'écart. Emmanuel Macron compte s'engager dans la campagne, peut-il sauver la majorité ? C'est toute la question. L'Europe, c'est l'ADN politique d'Emmanuel Macron, sa conviction profonde. Dès sa première élection, il en avait fait un étendard, une promesse, un programme, décliné dans un discours prononcé à la Sorbonne en septembre 2017. Un discours qui commençait par ces mots : « Je suis venu vous parler d'Europe ». Alors avant l'élection du 9 juin, le président entend revenir parler d'Europe aux Français et aux Européens. Ce nouveau discours, que certains appellent Sorbonne 2, il en est question depuis longtemps, le chef de l'État attend le bon moment pour le prononcer et pour un sénateur centriste, il va marquer une étape dans une campagne où jusqu'à présent les joutes entre les candidats portent surtout sur des questions nationales : « À un moment, il faut parler d'Europe », déclare-t-il. Et qui mieux placé qu'Emmanuel Macron lui-même pour le faire puisque selon un ministre : « Le seul qui porte un discours sur l'Europe, c'est lui ».« Il faut mobiliser notre socle »Mais est-ce que l'implication d'Emmanuel Macron dans la campagne, c'est forcément un coup gagnant ? Il y a deux visions des choses. D'abord la vision optimiste, l'entrée en lice du président, c'est un coup de pouce pour la tête de liste Valérie Hayer en mal de notoriété. À entendre une ministre, « si on mobilise l'électorat d'Emmanuel Macron en 2022, on gagne, ça pèse plutôt pour que le président s'engage, c'est très identitaire et attendu par notre électorat ». Dans une élection comme les européennes, où l'abstention est forte, la cible identifiée c'est en effet le noyau dur, « il faut mobiliser notre socle, parler à nos propres électeurs », explique encore un autre membre du gouvernement. Mais il ajoute aussi qu'il y a « un risque » : qu'Emmanuel Macron « mobilise les autres contre nous ».Macron : « celui qui inspire et un répulsif »Le président pourrait-il avoir un effet repoussoir ? Certains le craignent. « On est dans un macronisme moins triomphant qu'en 2019 », date des dernières élections européennes, estime un proche d'Édouard Philippe qui poursuit en s'interrogeant : « Si Macron agace beaucoup les gens, ils vont peut-être lui envoyer un message ». Une députée Renaissance est encore plus sévère, pour elle, le président « sous-estime le rejet dont il fait l'objet ». Et l'opposition, RN en tête, veut faire de ces européennes un test national contre le chef de l'État. Un parlementaire de la majorité résume la situation : Emmanuel Macron est à la fois « celui qui inspire et un répulsif ». Ça sera donc à quitte ou double.
Bien supérieur aux prévisions gouvernementales (4,9%), le déficit de la France - 5,5% du PIB en 2023 - peut avoir des conséquences potentiellement explosives. Le gouvernement français ne peut faire autrement que de le dire, il cherche dix milliards d'euros d'économie pour cette année, vingt milliards pour l'an prochain. Avec ce dérapage budgétaire, les conséquences financières peuvent s'avérer terribles. Le 26 avril prochain, deux agences de notations, Fitch et Moody's vont se pencher sur la note de l'exorbitante dette française, de plus de 3 000 milliards d'euros. C'est dire si la pression est forte et à cela s'ajoute un contexte politique délicat.Convaincre sa propre majoritéÇa commence déjà en interne. Le 2 avril, le Premier ministre a dû, comme la semaine précédente, arriver de bonne heure à l'Assemblée nationale. Gabriel Attal a été contraint de s'inviter à la traditionnelle réunion de groupes des députés Renaissance, contraint de rassurer ses troupes, divisées sur la méthode à adopter pour trouver de l'argent.Les élus les plus à gauche s'interrogent sur la ligne Attal. Quand ce dernier refuse des hausses d'impôts, plusieurs députés macronistes appellent à instaurer une taxe sur les superprofits. Dans leurs rangs, on retrouve notamment Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale.Autre divergence notable : la réforme de l'assurance chômage, annoncée par Gabriel Attal sur TF1, fin mars. Si le Premier ministre se défend d'une mesure de finance et plaide pour un hasard du calendrier, certains dans l'aile gauche craignent que cela ne soit pas perçu autrement « que comme des économies sur le dos des chômeurs ».Pour rassurer, le chef du gouvernement s'est dit prêt à adoucir sa réforme - potentiellement réduire la durée d'indemnisation à 14 ou 15 mois contre les 12 initialement envisagés. Il a également annoncé la création d'une « task force », un groupe de députés chargés de réfléchir à ce qu'il appelle la « taxation des rentes ». Il faut comprendre : les revenus indus à la faveur de la crise ukrainienne notamment des énergéticiens.Méfiants, plusieurs députés ont boycotté la réunion de ce mardi. L'un deux, contacté par RFI, s'agace notamment de « l'excès de communication » de Gabriel Attal. Il se demande aussi si c'est bien lui qui décide de la politique économique, s'étonnant de la confiance accordée au ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui porte, selon lui, « une grande part de responsabilité » dans l'état des finances publiques.Le patron de Bercy, qui vise une candidature en 2027 et bien que recadré plusieurs fois fin mars par le président, se permet effectivement quelques libertés. La dernière en date, une tribune publiée le 2 avril dans les Échos dans laquelle il refuse catégoriquement toute hausse d'impôts et nuance les effets d'une taxe sur les rentes. Ambiance. La droite prête à renverser le gouvernementL'autre menace, prise très au sérieux par l'exécutif, c'est la motion de censure envisagée par Les Républicains (LR), parti historiquement attaché à la rigueur budgétaire. Le président des LR évoque ouvertement cette possibilité, reste à connaitre le calcul des troupes d'Eric Ciotti.Est-ce pour forcer l'exécutif à inclure dans un projet de loi de finance rectificatif, les mesures d'économies défendues chaque année par les Républicains lors de l'examen du Budget ? LR envisage-t-il sincèrement de renvoyer le gouvernement pour imposer un premier ministre de sa famille ? Sans écarter le risque d'une dissolution. Et puis quel tempo, quand déposer cette motion ? Maintenant ? Au risque d'être taxer d'opportuniste à l'approche des européennes. Après les élections ? Avant ou après les Jeux olympiques ? L'incertitude est savamment entretenue et on s'inquiète en haut lieux.Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a tenté de réunir plusieurs cadres LR la semaine dernière pour commencer à négocier. Ils l'ont poliment éconduit. Les prochaines semaines s'annoncent pleines de turbulences.
Malika Sorel est la toute nouvelle prise de guerre du Rassemblement national pour les élections européennes, numéro deux sur la liste de Jordan Bardella. Sa candidature à peine annoncée, elle a déjà fait couler beaucoup d'encre. Qui est cette femme de droite, qui n'a visiblement pas peur des contradictions ? Sa fiche Wikipédia la présente comme une essayiste. Malika Sorel a en effet écrit plusieurs essais sur l'immigration et ce qu'elle appelle la « décomposition de la France » mais on la connait surtout pour avoir vécu dans l'ombre de plusieurs personnalités politiques de droite, ces vingt dernières années. Ses premiers pas dans le grand bain de la politique, elle les fait aux côtés de Dominique de Villepin, alors ministre de l'Intérieur, pendant les émeutes de 2005. Quatre ans plus tard, en 2009, cette femme d'origine algérienne est nommée par Nicolas Sarkozy au Haut conseil à l'intégration. Une instance qui n'existe plus aujourd'hui.On la reverra ensuite en 2017, en pleine affaire Fillon. Elle fait partie de ceux qui soutiennent jusqu'au bout l'ancien Premier ministre, candidat à la présidentielle. On aperçoit d'ailleurs son visage sur la photo du célèbre discours du Trocadéro, au moment où François Fillon est en pleine tourmente.Plusieurs SMS adressés au président pour lui proposer ses servicesDepuis, Malika Sorel a entretenu des liens avec Emmanuel Macron. On ne sait pas depuis quand, mais elle lui écrivait personnellement, il y a encore quelques mois, selon le Canard Enchaîné. Jordan Bardella n'était donc pas un choix si « évident » qu'elle le prétend dans les médias. Dans son édition du mercredi 27 mars, l'hebdomadaire satirique publie même des SMS que Malika Sorel aurait envoyés sur le portable du président de la République en janvier dernier.Messages dans lesquels l'essayiste fait clairement acte de candidature pour un ministère, celui de l'Éducation. Et elle insiste. Plusieurs messages sont envoyés au chef de l'État, selon le Canard Enchaîné, qui affirme que le président ne lui a jamais répondu.La nouvelle recrue du RN confirmeMardi soir, Malika Sorel confirme à demi-mot ces informations, en marge des états généraux de l'immigration organisés par le RN. Quelques minutes après avoir tapé sur Emmanuel Macron, la candidate assume devant les journalistes : « J'ai eu des échanges avec le président pour lui dire que je voulais servir la France ». Jamais cependant elle ne prononce le mot de « candidature ». Mais elle laisse entendre que c'est dans le domaine de l'Éducation qu'elle aurait proposé ses services, avant d'ajouter qu'Emmanuel Macron, qui ne mène pas, selon elle, la bonne politique, aurait récupéré une partie de ses éléments de langage pour ses vœux aux Français, le 31 décembre dernier.Des propos impossibles à vérifier. Malika Sorel conclut en proposant au président de débattre publiquement et en citant le dernier SMS qu'elle lui aurait envoyé : « Je lui ai dit que De Gaulle avait à ses côtés Couve de Murville et André Malraux et que lui n'avait que Stéphane Séjourné (qu'elle appelle Sébastien au passage) et Rachida Dati ». Les intéressés apprécieront.À lire aussiAu Rassemblement national, Jordan Bardella diverge de la ligne fixée par Marine Le Pen
Cette semaine, Bruno Le Maire a entrepris une offensive médiatique et publié un livre aux allures de programme. Si « la voie française » est un acte de foi envers la France et non un programme présidentiel, assure le ministre de l'Économie, ses interviews dans les médias ont plutôt l'air d'un programme politique. Quel est l'objectif de Bruno Le Maire ? Officiellement, l'objectif, c'est la campagne pour les Européennes. D'ailleurs, Bruno Le Maire a participé au meeting de la tête de liste de la majorité, Valérie Hayer, ce vendredi à Bayonne. Mais son livre lui permet de sortir de ses sujets de ministre de l'Économie en décryptant « la nation française ». En tout cas, il ne cache plus du tout ses ambitions pour 2027. « Je ne me pose aucune question sur ma vocation...Je poursuivrai le combat politique » écrit-il. Il y a donc un changement de stratégie. En août dernier il avait fait une rentrée très discrète pendant que Gérald Darmanin organisait un grand raout politique. Depuis, le ministre de l'Intérieur a échoué sur la loi immigration et Bruno Le Maire a lancé son offensive. Il multiplie les propositions clivantes, n'hésitant pas à « casser la vaisselle » comme il le dit lui-même et à marcher sur les plates-bandes de ses collègues ministres.Tente-t-il de s'imposer comme l'héritier naturel d'Emmanuel Macron ?Libéral et étatiste, Bruno Le Maire affirme vouloir continuer à porter la flamme macroniste du « dépassement », bien mal en point dans l'opinion. Macronisme que l'on voit pencher à droite surtout depuis la loi immigration. Venu de la droite lui-même, Bruno Le Maire dénonce le retour de l'ancien clivage droite gauche, y compris dans la majorité. En tentant d'imposer la logique du en même temps dans le débat politique, Bruno Le Maire démarre avec ce livre une longue route vers 2027.Bruno Le Maire et ses propositions irritent même au sein de la majorité ?Pour une députée macroniste de la première heure, « Bercy doit arrêter avec le dogme fiscal érigé comme intouchable », alors que « le macronisme originel exige de la souplesse ». Pour elle, il y a mieux à faire que le rabot sur les finances publiques prôné par Bruno Le Maire.Pour plusieurs députés Renaissance de l'aile gauche aussi, il faut réajuster les niches fiscales dont bénéficient les entreprises, mais aussi « prévoir un impôt provisoire des plus riches et une initiative européenne pour éviter le dumping ».Même point de vue du côté du Modem où un député explique qu'il faut profiter de la campagne des européennes pour réfléchir au niveau de l'Union européenne à un impôt. Et tous s'accordent à dire qu'il est un peu tôt pour que Bruno Le Maire se lance dans une campagne médiatique en vue de 2027.
Depuis quelques semaines, Emmanuel Macron a entrepris de remettre la question de la guerre en Ukraine au cœur de l'actualité. Il a d'ailleurs accordé une interview aux deux grandes chaines de télévision nationales pour en parler aux Français. Quel est l'objectif du président de la République ? Officiellement, il veut « éveiller » l'opinion, c'est le terme qu'emploient ses proches pour expliquer la démarche d'Emmanuel Macron. Le choix de venir parler de la guerre en Ukraine à la télévision à une heure de grande écoute, c'est le bout de la chaine, la pédagogie « les yeux dans les yeux » avec les Français. Elle arrive après un certain nombre d'initiatives et de déclarations avec un point d'orgue quand le président a évoqué, fin février lors d'une conférence de presse à Paris, l'hypothèse d'envoyer des « troupes au sol » en Ukraine. Une ligne rouge qui n'avait jamais été franchie jusqu'ici. Ce qui a provoqué la stupeur d'un certain nombre de partenaires européens et d'opposants français.La langue d'Emmanuel Macron a-t-elle fourchée ?C'est ce que l'on peut se demander, mais les conseillers du président décrivent au contraire un chef de l'État qui fait des propositions « ultra-cohérentes avec sa pensée ». Et sa pensée, c'est qu'il faut prendre en compte le « durcissement hallucinant » d'une Russie expansionniste qui mène des attaques militaires, mais aussi dans le cyberespace, qui multiplie les intimidations et élimine ses opposants comme Alexeï Navalny, bref, qui menace l'Europe.À qui s'adresse d'abord le message envoyé par Emmanuel Macron ?Il s'adresse à la Russie, enfin, c'est ce qu'explique l'entourage d'Emmanuel Macron. Il s'agit de dire que la victoire de Moscou n'est pas une option. Emmanuel Macron veut désormais incarner la fermeté face à Vladimir Poutine. Et en même temps, à trois mois des européennes, montrer aux Français que la guerre en Ukraine les concerne pour installer le match électoral national en poussant ses adversaires à se positionner sur le soutien à Kiev, en essayant de mettre en difficulté le Rassemblement national accusé d'être pro-Russe et dont la tête de liste Jordan Bardella caracole pour le moment en tête des sondages, mais aussi la France insoumise.Est-ce qu'Emmanuel Macron « instrumentalise » la guerre en Ukraine ?C'est ce que certains opposants répètent, c'est ce que le président dément. Ce qui est sûr, c'est qu'Emmanuel Macron maitrise la posture de chef de guerre. Il l'a expérimentée en 2022 quand l'attaque de Moscou contre Kiev est venue perturber la présidentielle française. Deux ans après, le chef de l'État insiste sur l'enjeu crucial de cette guerre qui continue dans les élections européennes. Emmanuel Macron fait une campagne ukrainienne.