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Les matins
Climat de terreur et d'arbitraire au Burkina Faso : un opposant arrêté après avoir dénoncé le massacre de civils Peuls

Les matins

Play Episode Listen Later Mar 20, 2025 6:56


durée : 00:06:56 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Au Burkina Faso, Idrissa Barry, figure d'un mouvement politique qui a dénoncé, cette semaine, des massacres de civils Peuls, attribués à l'armée burkinabè et ses supplétifs dans l'ouest du pays, a été enlevé. La junte au pouvoir dément ces exactions et dénonce de fausses informations occidentales.

L’arbre à palabres | Deutsche Welle
Pourquoi les Peuls sont-ils discriminés au Sahel ?

L’arbre à palabres | Deutsche Welle

Play Episode Listen Later Nov 22, 2024 38:26


Le débat sous l'Arbre à palabres de cette semaine est consacré à cette vague de "fulanophobie" qui balaie plusieurs pays du Sahel : précisément le Mali, le Burkina Faso et dans une certaine mesure le Niger. Dans ces pays, les populations peules représentent plus de la moitié des civils tués par l'armée et les milices. Pourquoi s'en prend-on à une partie des membres de la communauté ?

Invité Afrique
Contre le jihadisme, il faut «expérimenter le dialogue et la médiation», dit Bakary Sambe du Timbuktu Institute

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Sep 9, 2024 4:34


Au nord du Bénin, le chômage n'est pas la seule cause de la radicalisation de certains jeunes qui basculent dans le jihadisme, affirme le Timbuktu Institute. Au terme d'une longue enquête dans trois départements du nord du Bénin, aux confins du Burkina Faso et du Niger, cet institut publie un rapport intitulé Au-delà de la criminalité, qui montre que l'approche criminologique ne suffit pas pour combattre le phénomène jihadiste. Professeur à l'université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal, Bakary Sambe est le directeur régional du Timbuktu Institute et le fondateur de l'Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique. RFI : Dans votre enquête très fouillée - près de 300 interviews étalées sur plus d'un an - vous dites que le chômage des jeunes est un facteur essentiel de la radicalisation et un responsable associatif de Djougou vous dit : « pour avoir du travail, il faut connaître quelqu'un qui est proche du pouvoir, sinon on n'en trouve pas ».Bakary Sambe : Oui, des jeunes des communautés qui ont participé à l'étude perçoivent donc, de ce point de vue, la radicalisation et l'extrémisme violent comme un refuge pour faire face aux différents problèmes sociaux et socio-économiques. On voit, notamment dans la Donga, comment les groupes extrémistes violents arrivent à instrumentaliser ces griefs, notamment les questions d'injustice et d'inégalité. Par exemple, ce jeune qui nous aborde en disant : « est-ce qu'on pourrait m'aider à entrer dans un groupe extrémiste violent, parce que ça fait des années que j'essaie d'entrer dans l'armée, mais ne connaissant personne, appartenant à une certaine ethnie, je me sens exclu ». Et donc, il voit dans ces groupes-là un refuge pour justement lutter contre ces griefs et sortir de la marginalisation.Il voit même cela comme « une revanche sociale », vous dit ce jeune…Il voit cela comme une revanche sociale, parce que, pour lui, l'État et ses représentants locaux l'empêchent, en tant que Béninois jouissant de ses droits, d'entrer dans une fonction publique comme l'armée ou bien les forces de sécurité et de défense, pour véritablement vivre sa passion, qui est la passion des armes. Du coup, il se voit attiré par les groupes extrémistes violents qui se présentent comme des protecteurs des communautés ostracisées et jouent cette carte de la division et essaient de dire à des communautés ostracisées, marginalisées : « nous sommes vos protecteurs ».Autre facteur de radicalisation, dites-vous, dans les provinces du Nord du Bénin à majorité musulmane, la compétition religieuse entre prédicateurs, les uns salafistes, les autres de la confrérie soufie tidjaniya ?Oui, on voit bien ces rivalités internes au sein de la communauté musulmane, aussi bien dans la Donga comme à Djougou ou à Ouaké. Elles expriment le degré d'ancrage des courants wahhabites qui contestent les groupes soufis comme la tidjaniya. Là, les cheiks [wahhabites] bâtissent toute une stratégie basée sur l'humanitaire et le travail social. Et on voit que ces organisations, via des ONG qui reçoivent des financements, commencent à se substituer à l'État. Et on voit là une dynamique qu'on a connu dans le Sahel dans les années 70 et qui commence à devenir une véritable réalité dans le nord du Bénin. Et il y a ce témoignage qui nous a été fait au sujet de la stratégie de ces ONG pour combler le vide. La personne nous dit carrément que ce sont des pays du Golfe qui, à travers des projets, font des dons d'infrastructures aux villages et aux communes. Aujourd'hui, dans les départements du Nord du Bénin, nous avons des centaines de forages d'eaux, de puits, et cetera. Bref, une stratégie de remplacement de l'État et, en même temps, une stratégie double. D'une part, elle est basée sur la dawa, la prédication. Et de l'autre côté, sur la hirassa, le secours humanitaire. De sorte qu'aujourd'hui, il y a une compétition des courants religieux, une lutte entre ces courants religieux, notamment le salafisme wahhabite et la tidjanya, qui aujourd'hui est menacée par cette offensive de la dawa.Et dans certains villages, vous dites que les jihadistes n'hésitent pas à saisir les téléphones des habitants pour supprimer les vidéos qu'ils considèrent comme haram, c'est à dire impie. Est-ce à dire qu'il y a des zones où les djihadistes circulent en toute liberté et font la loi ?Nous avons été très surpris par ce témoignage à Nattitingu, dans le département de l'Atacora, où les jeunes vous disent qu'ils reçoivent des messages et qu'ils ont des nouvelles de certains jeunes qui ont été appelés par les « gens de la brousse » et qui hésitent à les rejoindre. De la même manière que l'on voit un jeune qui témoigne de l'existence de centres de formation, en disant que, lorsque les jeunes quittent ces centres de formation et reviennent dans le village, ils commencent à avoir un comportement qui inquiète la communauté.D'après votre enquête, le département le plus vulnérable aux jihadistes, c'est celui de l'Atacora, limitrophe du Burkina. Vous y racontez la stigmatisation des Peuls et aussi ce que les habitants appellent les « gens de la brousse », c'est à dire des groupes djihadistes armés qui circulent pour aller du Togo au Burkina et qui, du coup, sont en contact permanent avec la population, est ce qu'on peut parler de familiarisation ?Il y a une forme de familiarisation, il y a une forme aussi de stratégie qui fait que les populations locales sentent que ces « gens de la brousse » maintenant font partie de leur quotidien. Du coup, je pense que la bonne stratégie des autorités serait d'avoir une approche mixte. C'est à dire, autant il est important de gérer les impératifs et les urgences sécuritaires au regard de la menace, mais aussi il est important d'avoir une approche basée sur le renforcement de la résilience des communautés, de sortir du tout sécuritaire, d'expérimenter les stratégies endogènes basées sur la culture du dialogue, sur la culture de la médiation. Les jeunes que nous avons vus se déployer en médiateurs, des jeunes engagés dans leur communauté, cela montre qu'il y a encore des ressources au sein de la société béninoise qu'il faudrait explorer dans le Nord du Bénin.À lire aussiBénin: une attaque terroriste fait plusieurs morts dans le parc national W au nord du pays      

Afrique Économie
Le bœuf au Ghana, denrée rare dans le sud mais bradée dans le nord [3/4]

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Aug 6, 2024 2:07


Au Ghana, le nombre croissant de transhumants de bétail venus du Sahel fait chuter le prix du bœuf dans le nord du pays. Dans le sud, à l'inverse, le bétail venu par camion se fait de plus en plus rare à cause des violences dans le Sahel. Tout cela fait varier les prix déjà volatils sur les marchés bovins. Les négociations vont bon train sur le marché de Gunayili, près de la ville de Tamale, dans le nord du Ghana. Le bétail y est en abondance. Il y en a même trop, remarque Alhaji Iddrisu, chef du marché de Gunayili, construit il y a douze ans : « Avant, quand il n'y avait pas autant de bétail, les bouchers pouvaient abattre 100 bœufs par jour. Maintenant, à cause de l'affluence, ils peuvent en abattre 120 ou plus. »Les vendeurs et les acheteurs regrettent l'époque où il y avait moins de bœufs sur le marché. En 2017, c'était encore simple de vendre ses bêtes, se souvient Alhaji Iddrisu. C'est après que les choses ont changé, quand le nombre de transhumants venus du Sahel a augmenté.Les conséquences sont lourdes. Les prix ont chuté et il est de plus en plus difficile de vendre sa marchandise. Il n'y a qu'à regarder le marché du jour selon lui. « Certaines personnes ne pourront pas vendre leurs bœufs et reviendront donc chez elles sans avoir rien vendu. »Interdiction de la transhumanceTout comme la Côte d'Ivoire, le Ghana autorise encore la transhumance transfrontalière du bétail, c'est-à-dire le déplacement à pied des troupeaux de bœufs. Certains de ces transhumants, souvent des Peuls, fuient les violences liées au terrorisme et viennent s'installer au Ghana.Plusieurs pays, comme le Togo ou le Bénin, ont suspendu ou interdit la transhumance pour lutter contre le vol de bétail qui servirait à financer le terrorisme. Le déplacement des troupeaux provoque aussi des conflits avec les agriculteurs quand les bœufs viennent se nourrir ou empiéter sur leurs plantations.Dans le sud, les prix explosentAu Ghana, tout le bétail n'est pas issu de la transhumance à pied. Certains bœufs arrivent en camion, surtout pour aller jusqu'au sud du pays. Habituellement, le grand marché de Tulaku, près d'Accra, reçoit quotidiennement six véhicules d'une quarantaine d'animaux.Mais de moins en moins de bœufs arrivent par camion sur ce marché, note le secrétaire général de l'Association nationale des éleveurs et des commerçants du Ghana, Issah Amartey. « Les gens venant du nord, du Niger ou du Burkina par exemple, ont arrêté de venir pour des raisons de sécurité. Comme ils ne viennent plus, le prix du bétail a augmenté », observe-t-il. Résultat, les bouchers achètent la viande plus chère et en bout de chaîne, les consommateurs aussi.

Grand reportage
Dans le camp de Zebilla au Ghana, les réfugiés du Burkina s'adaptent à leur nouvelle vie

Grand reportage

Play Episode Listen Later Apr 23, 2024 19:30


Dans le nord du Ghana, une partie des réfugiés vivent dans le camp de Zebilla. Après avoir subi les traumatismes, ils vivent aujourd'hui en bonne entente avec les Ghanéens. Parmi les déplacés, seule la communauté peule se sent parfois mise à l'écart. De notre envoyée spéciale,« Nous nous sentons vraiment déprimés. Nous avons fui ici, quittant nos foyers, nos biens, et nos bétails, et nous nous retrouvons ici dans ce camp. Et nous avons vraiment peur de retourner chez nous, de peur qu'ils reviennent nous tuer… »À 72 ans, Keke (nom d'emprunt) espérait ne pas avoir à fuir son village près de Bitta au Burkina Faso. Il a dû s'y résigner après avoir vu des voisins mourir devant lui. Arrivé au Ghana, il est accueilli dans une famille d'accueil dans le nord du Ghana, et a ensuite été approché par les autorités ghanéennes et le HCR pour être installé dans un vaste camp de réfugiés. « En réalité, ces personnes n'ont pas le statut de réfugiés, mais ils sont enregistrés pour une attestation. Actuellement, plus de 3 000 Burkinabè au Ghana sont dans ce cas », explique à RFI Tetteh Padi, directeur du Ghana Refugee Board (GRB), l'Agence ghanéenne pour les demandeurs d'asile. C'est à quelques kilomètres de la frontière avec le Burkina Faso, près de la ville de Zebilla, dans le nord-est du Ghana, que des centaines de tentes ont été placées pour accueillir environ 4 000 personnes, et accueille aujourd'hui plus de 1 000 réfugiés qui ont fui les violences au Burkina Faso. Keke n'est pas le seul réfugié du camp. Comme lui, Seone (nom d'emprunt) vient aussi de la zone de Bitta, avec ses sept enfants et son mari. Elle se souvient d'avoir vu ses deux voisins être assassinés par des attaquants au visage masqué.Sugurunoma (nom d'emprunt) vient de la zone de Soudougui. Elle a vu une vingtaine de personnes de sa famille élargie se faire tuer lors d'une attaque. Alors enceinte, elle dit avoir quitté Bitta à pied. Au troisième jour de marche, elle a accouché. Elle a réussi à venir au Ghana avec toute sa famille de sept enfants.Pour ces réfugiés, le camp de Zebilla est un havre de paix. Ils y sont nourris et logés. Seulement, ils se plaignent du manque d'activité. Pour l'instant, ils n'ont même pas de champ à eux et n'ont aucune activité. Le Ghana Refugee Board a indiqué à RFI que des terres agricoles ont été acquises pour les réfugiés pour qu'ils puissent avoir des revenus agricoles. Des projets sont en cours pour donner du bétail à ces réfugiés, leur faire développer divers métiers (coiffure, mécanique, etc). Une aide pour le commerce a commencé, ajoute le GRB.Mais aujourd'hui, de nombreux réfugiés sont des femmes, des enfants et des vieillards. Les hommes ont pour beaucoup été tués lors des attaques, ou bien sont partis travailler ailleurs, sans toujours se rapprocher des services comme le GRB ou le HCR. Et au Ghana, la plupart des déplacés vivent dans des familles d'accueil. Le GRB estime qu'environ 15 000 Burkinabè ont fui les violences dans leur pays pour rejoindre le nord du Ghana. Un autre camp, équivalent à celui de Zebilla, vient d'être construit à Zini, dans le nord-ouest du pays.Mixité avec les Ghanéens« Quand nous sommes arrivés au Ghana, ce n'était pas facile pour les Ghanéens. Ils ont eu peur que les attaquants nous suivent et arrivent jusqu'à chez eux. Mais ils ont aussi pris pitié de nous, certains ont même cuisiné pour nous », se souvient Seone.Seone et les autres réfugiés ont vécu la même expérience lors de leur arrivée dans le camp de Zebilla, situé près du village de Tarikom. Ses 2 600 habitants, d'abord curieux et contents, ont eu rapidement peur que l'installation de ces Burkinabè ne soit source d'insécurité. « Mais les services de sécurité du Ghana, le chef de la sécurité, et même la sécurité de la présidence sont venus ici, et les villageois ont été rassurés », explique Isaac Angonwin, le « District Assembly Representative » de Tarikom, une sorte de leader communautaire élu. Aujourd'hui, « les enfants vont à l'école tous ensemble : les demandeurs d'asile et les villageois ! La clinique que nous avons ici est à la fois pour les réfugiés et la communauté. Nous faisons tout en commun ! », ajoute-t-il.À Tarikom, les Ghanéens, par humanisme, ont accepté de donner leurs terres aux réfugiés. « J'ai eu pitié de ces gens quand j'ai appris qu'ils avaient besoin de ces terres pour leur permettre de s'installer », se souvient Abambilla Awale, le « land priest » de Tarikom. La plus belle preuve d'intégration vient souvent des enfants. Les jeunes réfugiés parlent déjà le Kusaal après moins d'un an dans le nord Ghana. Au milieu du camp, une vingtaine d'enfants - villageois et réfugiés - se sont placés en deux rangées. Au top, un jeune de chaque équipe essaye d'être le premier à attraper la bouteille d'eau vide au milieu du terrain. L'arrivée des réfugiés a été bénéfique pour le moment pour le village. Elle a même permis d'étendre le réseau d'électricité de Tarikom et d'améliorer la clinique. Mais les villageois espèrent ne pas être laissés pour compte face aux réfugiés, qui n'ont par exemple pas de problème de nourriture. Eux-mêmes déjà pauvres, ils ont pourtant donné des terres aux réfugiés par fraternité. Mais ils souhaitent plus d'aide de la part des organisations internationales, ou encore une extension de leur électricité ou de la clinique, qui accueille aussi les déplacés maintenant.Des Peuls qui se sentent marginalisés Une communauté se sent pourtant mise à l'écart par le Ghana, c'est la communauté peule. En juillet 2023, l'association des Peuls au Ghana, Pulaaku international Ghana, avait dénoncé le fait que des centaines de Peuls - dont des femmes, des enfants et des vieillards - avaient été forcés de retourner au Burkina Faso. Ces personnes étaient pourtant venues au Ghana fuyant les violences au Burkina.Au-delà de l'association, un reportage de la Deutsche Welle avait aussi soutenu cette idée que seuls des Peuls ont été rapatriés vers le Burkina Faso. « On a été invités à discuter avec les forces de sécurité. Nous nous sommes assis et nous avons délibéré et ils ont accepté leur faute. Et c'est à ce moment-là qu'ils ont arrêté l'opération », se souvient Yakubu Musah Barry, secrétaire général de Pulaaku international Ghana. M. Barry ne cesse de plaider pour une meilleure intégration de sa communauté souvent marginalisée.Le HCR avait dénoncé le renvoi de réfugiés du Ghana, ne mentionnant pas d'ethnie dans son communiqué de presse. (cf UNHCR). Le gouvernement avait réfuté toutes ces accusations de stigmatisation, et expliqué dans un communiqué du 13 juillet 2023 qu'il s'agissait d'un « processus de rapatriement » « conforme aux protocoles internationaux » institué « pour faciliter le mouvement des Burkinabè qui souhaitent retourner dans leur pays. » M. Padi du Ghana Refugee Board, répond quant à lui que « ce sont les services de sécurité qui connaissent les personnes qui ont été renvoyées. Nous, au Ghana Refugee Board, nous enregistrons les personnes autorisées par les forces de sécurité à être enregistrées ». Dans le camp de Zebilla, au moment du reportage en février 2024, aucun Peul n'était présent parmi les déplacés. La question des Peuls, ce peuple majoritairement nomade, est délicate en Afrique de l'Ouest. Souvent associés dans l'imaginaire collectif aux violences et au jihadisme extrémiste au Sahel, les Peuls n'en restent pas moins des victimes de ces mêmes violences.

Afrique Économie
Bénin/Togo: les potentiels économiques du fromage peul

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Mar 11, 2024 2:29


Il s'appelle wangash, wagashi ou wagasi. Il s'agit du célèbre fromage fabriqué par les femmes peules au Bénin, mais aussi au Togo. Un mets prisé dans l'Afrique de l'Ouest, mais dont la production reste peu structurée. De nombreux acteurs ont compris le potentiel de ce produit unique et font bouger les choses. Dans une arrière-cour familiale, en banlieue de Lomé, les femmes préparent le wagasi dans de grosses marmites en métal. Rafiatou a chargé sur sa tête un grand fût en plastique, dans lequel des fromages ronds et blancs sont empilés – elle passera la journée à vendre ses produits dans la capitale du Togo. « C'est un peu difficile, ça prend du temps », explique Rafiatou.Chaque matin, un cousin part à moto et parcours plusieurs kilomètres pour aller chercher le lait frais qui sera ensuite cuisiné par les femmes. Elles fabriquent du fromage wagasi, mais aussi des yaourts ou des boissons à base de lait. « Il part des fois à 5h, des fois à 6h, décrit ce cousin. Il s'en va chez les Peuls, il collecte le lait et il le ramène avec les bidons comme ça. C'est des dépenses ! »Sédentariser l'activitéAlaji Abdoulaye est à la tête d'une association culturelle peule. Cet éleveur originaire du nord du Togo voit bien les limites de l'élevage nomade : « Il n'y a plus de forêt pour nourrir les bœufs. Tu es toujours sur le terrain de quelqu'un. Il y a des moments, tu peux produire beaucoup de lait. Il y a des moments, il n'y a pas de lait. Et si tu dois te déplacer pour chercher le wagasi, ça risque de se gâter. Nous, on est en train de chercher comment on peut faire pour garder nos bœufs sur place, pour produire du lait et faire le wagasi au même endroit. »Alaji Abdoulaye n'est pas le seul à avoir compris le potentiel économique du wagashi. Installée en France depuis dix ans, Ornella Anani produit son propre fromage peul, en région parisienne. « C'est un fromage qui se substitue parfaitement à la viande et au poisson et qui est très nutritif et bon pour la santé », plaide-t-elle.Une certification pour le fromage peulMais pour soutenir le développement de la filière en Afrique, il faut commencer par protéger un savoir-faire unique. Des travaux ont été lancés en avril 2023 pour tenter de développer une indication géographique Wagashi Gassirè. « L'indication géographique, c'est d'abord un instrument de propriété intellectuelle. C'est-à-dire qu'on va essayer de réserver l'usage du nom d'un produit à ceux qui produisent et qui sont dans la zone. Et donc on va protéger ce nom et protéger les producteurs qui produisent spécifiquement dans la région. Dans de nombreux cas, ça devient un instrument de développement de filières agricoles », explique Claire Cerdan, chercheuse au sein du Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).Le Wagashi Gassiré visé par cette certification est produit spécifiquement au nord et au centre du Bénin et sa fabrication implique d'utiliser des feuilles de pommier de Sodome pour accélérer la coagulation du lait. « Le produit sous indication géographique va fortement ressembler au produit que l'on croise aujourd'hui sur les marchés, poursuit-elle. On essaie de regarder comment on va conserver et emballer ce produit. Il sera dans des boutiques et pas seulement sur les marchés au bord des routes, et donc l'idée, c'est vraiment d'avoir une plus-value et des retombées économiques. »Ce projet doit également permettre d'améliorer l'insertion professionnelle des femmes et garantir de meilleurs revenus aux productrices.À écouter aussiFromages sauvages

Ihsane Time
lumière sur #1 : du 93 au Barreau

Ihsane Time

Play Episode Listen Later Aug 17, 2023 124:27


Lumière sur Djenabou S. : Classe prépa, Peuls, Barreau, Nahel, Justice, Argent, 93… S'inspirer du parcours et des leçons que les autres ont pour nous : belle manière de naviguer vers la perfection. Il faut capitaliser sur les diversité et la richesses des expériences pour briller à notre tour. Djenabou, une amie d'enfance qui a grandit à Aubervilliers et a fait une classe préparatoire aux grandes écoles de commerce pour intégrer SKEMA se présente à nous. Grâce à un double master en droit des affaires notamment elle fait un virage à 360° qui lui permettra de découvrir sa passion pour la Justice. Elle obtient l'examen du Barreau et devient élève avocat. En ayant maintenant fini tout ses stages elle prêtera serment avant la fin de l'année. Retour sur son parcours, on balaye pleins de sujets dans cette conversation très intéressante ❤️ Je la remercie pour son temps, si vous avez des questions posez les en commentaire :) Je vous donnerais ses réseaux Pro dès que possible. Mon insta : https://www.instagram.com/ania.tayri/

Voilier, le magazine pour les passionnés de voile de Bateaux.com
Ehidj et la Casamance, escale sénégalaise hors du temps, entre Guinée et Gambie

Voilier, le magazine pour les passionnés de voile de Bateaux.com

Play Episode Listen Later Jun 27, 2023


L'estuaire du fleuve Casamance recèle de nombreuses îles habitées. Au fond de ces bras de rivière que l'on nomme ici  « bolon », les Diolas, les Peuls, les Mandingues et autres Wolofs perpétuent traditions et modes de vie anciens, que l'on peut découvrir en bateau. Atmosphère d'escale. 👉 Lire l'article et voir les photos. En savoir plus sur les sujets abordés dans cet épisode : Sénégal Escale casamance Le magazine Bateaux.com apporte un éclairage nouveau aux plaisanciers au travers de 12 chaines d'information : Voilier.com MotorBoat.fr SemiRigide.com Multicoque.com Regate.com NavigationFluviale.com GrandeCroisiere.com Conseils Techniques Equipement et Accastillage SuperYachts.fr Culture Nautique GlisseNews.com Avec une diffusion en 5 langues (Français 🇫🇷, Anglais 🇺🇸, Allemand 🇩🇪, Italien 🇮🇹 et Espagnol 🇪🇸) et un lectorat reparti dans plus de 140 pays 🌍, Bateaux.com est considéré comme la première commaunauté de plaisanciers avec le réseau social dédié au nautisme Yacht-Club.com. Bateaux.com est édité de concert avec le magazine BoatIndustry.fr à destination des professionnels de la plaisance 🇫🇷, qui se décline à l'international avec BoatIndustry.de pour l'allemand 🇩🇪, BoatIndustry.com pour l'anglais 🇺🇸, BoatIndustry.es pour l'espagnol 🇪🇸 et BoatIndustry.it pour l'italien 🇮🇹. ✉️ N'hésitez pas à nous envoyer un commentaire ou une news en cliquant ici. 👉 Et n'oubliez pas de laisser 5 étoiles si l'information vous a plu 🙏.

Faut Pas Pousser Les ISO
STORY - S512 - Peuls du Sahel de Pascal Maitre

Faut Pas Pousser Les ISO

Play Episode Listen Later Dec 7, 2022 15:12


Dans la STORY, présentée par Tamron, pionnier de l'industrie optique, qui propose une gamme unique de zooms et focales fixes pour montures Sony E, FE, Fujifilm X et Nikon Z, Benjamin nous propose un échange avec le photographe Pascal Maitre sur l'exposition de son travail Peuls du Sahel qui a reçu en 2020 le Prix Marc Ladreit de Lacharrière - Académie des Beaux-Arts. Cette STORY est issue de l'épisode " S512 - Les meilleures optiques hybrides 2022 " diffusé le 1 décembre 2022. Aux micros de cette émission : Arthur Azoulay, Benjamin Favier, Nicolas Morvan, Jean-Nicolas Lehec et Foucauld Prové, Jean-Christophe Thiry, Xavier De La Tullaye.

Faut Pas Pousser Les ISO
S512 - Les meilleures optiques hybrides 2022

Faut Pas Pousser Les ISO

Play Episode Listen Later Dec 1, 2022 111:19


Dans l'épisode S512 du podcast Faut Pas Pousser les ISO, nous recevons Nicolas Morvan de la boutique spécialisée Miss Numérique et le journaliste Jean-Nicolas Lehec du magazine en ligne Phototrend pour notre grand guide de fin d'année des meilleures optiques hybrides 2022. Pour enrichir la discussion, nous avons également le plaisir d'écouter les témoignages de Foucauld Prové de Sigma France, de Jean-Christophe Thiry de Tamron France et du journaliste spécialisé Xavier De La Tullaye. Cette émission est présentée par SIGMA, fabriquant indépendant d'objectifs et d'appareils photos 100% fabriqués au Japon. Cette émission reçoit également le soutien de MPB, la première plateforme mondiale d'achat, de vente et d'échange de kit photo et vidéo d'occasion. Dans le FLASH ACTU présenté par PHOX.FR, nous faisons un focus sur le nouveau TTArtisan 35 mm f/0,95; sur les nouvelles optiques Tokina 300, 600 et 900 mm SZ Pro et sur l'ouverture prochaine du Quai de la Photo. Dans la STORY, présentée par Tamron, pionnier de l'industrie optique, qui propose une gamme unique de zooms et focales fixes pour montures Sony E, FE, Fujifilm X et Nikon Z, Benjamin nous propose un échange avec le photographe Pascal Maitre sur l'exposition de son travail Peuls du Sahel qui a reçu en 2020 le Prix Marc Ladreit de Lacharrière - Académie des Beaux-Arts. Découvrez également le DÉBRIEF du grand débat et le QUIZ qui fait la part belle aux questions des auditeurs. Aux micros de cette émission : Arthur Azoulay, Benjamin Favier, Nicolas Morvan, Jean-Nicolas Lehec et Foucauld Prové, Jean-Christophe Thiry, Xavier De La Tullaye.

Invité culture
Pascal Maitre: «Il y a un risque que les massacres continuent envers les Peuls»

Invité culture

Play Episode Listen Later Nov 7, 2022 3:39


Le photojournaliste Pascal Maitre, fin connaisseur de l'Afrique et du Sahel, est le lauréat du prix Marc Ladreit de Lacharrière – Académie des beaux-arts en 2020. Un travail de deux ans pour documenter une communauté millénaire, les Peuls, prise dans les tensions climatiques et jihadistes qui étreignent le Sahel. Peuls du Sahel fait l'objet d'une exposition gratuite à Paris, à voir jusqu'au 4 décembre à l'Institut de France.

Invité Culture
Pascal Maitre: «Il y a un risque que les massacres continuent envers les Peuls»

Invité Culture

Play Episode Listen Later Nov 7, 2022 3:39


Le photojournaliste Pascal Maitre, fin connaisseur de l'Afrique et du Sahel, est le lauréat du prix Marc Ladreit de Lacharrière – Académie des beaux-arts en 2020. Un travail de deux ans pour documenter une communauté millénaire, les Peuls, prise dans les tensions climatiques et jihadistes qui étreignent le Sahel. Peuls du Sahel fait l'objet d'une exposition gratuite à Paris, à voir jusqu'au 4 décembre à l'Institut de France.

Vous m'en direz des nouvelles !
Pascal Maître, focus sur les Peuls du Sahel

Vous m'en direz des nouvelles !

Play Episode Listen Later Nov 3, 2022 48:29


L'Académie des beaux-arts accueille jusqu'au 4 décembre, l'exposition « Peuls du Sahel » du photographe Pascal Maitre, lauréat de l'édition 2022 du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière - Académie des beaux-arts. Organisée autour de trois thématiques - Les fêtes, La vie quotidienne, Le conflit et ses conséquences - cette exposition offre un témoignage sensible et rigoureux sur le peuple peul. Du Sahara occidental à Kinshasa, du Berry au Bénin, en passant par le Nigéria, ou encore la Somalie, Pascal Maître a déroulé des kilomètres et des kilomètres de pellicules photo pour capturer la vie des hommes et des femmes de ce monde. Alors que tous les yeux sont rivés sur l'Ukraine, il rallume la lumière dans la zone des trois Frontières, entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, où militaires et groupes djihadistes s'affrontent au quotidien et où la population civile est bien souvent prise en étau. Une région ou insécurité et changement climatique se dispute les victimes. Parmi elles : les Peuls, Fulani, Halpulaar, appelez-les comme vous voulez. C'est ce peuple nomade qu'il a suivi, pendant deux ans, au grès de leur difficile combat pour préserver leur identité. Son travail, honoré du prestigieux prix de la photographie Marc Ladreit de la Charrière, est exposé à l'Académie des beaux-arts, en plein cœur de Paris jusqu'au 4 décembre. Le photojournaliste Pascal Maître présente l'exposition « Peuls du Sahel » Reportage : Daphné Gastaldi a visité Marseille avec des militants anti-colonialistes, artistes et intellectuels, qui viennent de publier « Le guide du Marseille colonial » aux éditions Syllepse et La courte échelle/Transit.

C'est parti pour un tour
Le Sénégal- C'est parti pour un tour sur SIS Radio - 10 octobre 2022

C'est parti pour un tour

Play Episode Listen Later Oct 12, 2022


Avec Exploration du Monde, tu nous emmènes... au Sénégal En fait, nous allons suivre les pas d'un cinéaste-réalisateur-conférencier belge, Marc Temmerman dans une immersion narrative et rêveuse le long des côtes du Sénégal. Un voyage à la découverte de la légendaire hospitalité sénégalaise dénommée la "Téranga", un film à la rencontre d'un pays, entre son passé colonial et l'intention ferme d'un avenir ouvert sur le monde C'est parti pour un tour... en partenariat avec Exploration du Monde ... on part au Sénégal Oui en effet ... le Sénégal dévoile une beauté insoupçonnée sur des terres historiques ... le voyage proposé dans le film présenté lors des séances d'Exploration du Monde va nous emmener du nord au sud, le long des côtes de l'Atlantique C'est-à-dire ... plus précisément pour ceux qui connaissent le Sénégal ? De la ville de Saint-Louis tout au nord au Cap-Skirring à l'extrême sud, en passant par l'île de Gorée, le lac Rose, le désert de Lompoul ou encore la région du Siné-Saloum. Tu évoquais l'hospitalité sénégalaise ... Le film nous emmène à la découverte de la légendaire hospitalité sénégalaise, dénommée la "Téranga" ... le film tente de nous faire comprendre cette notion très caractéristique de la population sénégalaise.  Et puis un pays d'une grande diversité ... Pays riche en histoire et en culture, tu as raison. En fait, on ne l'imagine pas, mais  le Sénégal recèle des trésors cachés et une grande palette de paysages rythmés par la rencontre des différentes ethnies du pays.  Et aussi d'une grande diversité d'ethnies ... Les Wolofs à l'ouest, les Peuls dans la vallée du fleuve Sénégal, les Sérères dans le Siné-Saloum, les Diolas en Casamance... Le film tente de mettre en perspective le passé colonial du Sénégal, ses réalités esclavagistes d'un autre temps et le visage actuel ...  un pays kaléidoscope ouvert au monde tel une porte vers l'Afrique.  Un film dans lequel le réalisateur s'est très fort impliqué lui-même ! Comme dans tous les films d'Explo, c'est un voyage vécu comme une expérience personnelle, le long des côtes de l'extrême ouest du continent africain. D'ailleurs son réalisateur, Marc Temmerman le raconte à la première personne... il s'est laissé Inspirer par les roulements de la mer et les rencontres spontanées ... le film défend avec poésie un témoignage unique à la fois sensible, informatif et profondément humain. En résumé, à l'ombre des baobabs, au son du balafon et aux reflets des bords de l'Atlantique, le film "Sénégal du nord au sud " met en lumière un pays très attachant qui ne laissera personne indifférent. Tous les renseignements se trouvent sur le site explorationdumonde.be C'est parti pour un tour l'émission francophone sur S.I.S Radio qui vous parle des plus beaux voyages. En partenariat avec Exploration du monde L'émission de notre explorateur vedette Philippe Soreil est aussi disponible en podcast sur les apps gratuites : Spotify : https://open.spotify.com/show/4LwbgZ2cup5VApfkLLZePl?si=12360fbdc42d44f3 Deezer : https://deezer.page.link/Z5UMxXcL9XG6ymMVA iTunes :  https://podcasts.apple.com/be/podcast/cest-parti-pour-un-tour/id1555437980?l=fr Application SiS Radio : Google Play : https://play.google.com/store/apps/details?id=com.icreo.sisradio App Store : https://apps.apple.com/us/app/sisradio/id1547453358 Rejoins-nous sur nos réseaux sociaux : Facebook : @sisradio.officiel Instagram : @sisradio.officiel YouTube : @SISRadioofficiel

I SAID WHAT I SAID - WHY ARE YOU RUNNING
Peuls, Dozos et terrorisme, entre amalgames et tensions identitaires -

I SAID WHAT I SAID - WHY ARE YOU RUNNING

Play Episode Listen Later Sep 25, 2022 6:10


Revue de presse Afrique
À la Une: le terrorisme ne désarme pas au Sahel

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 7, 2022 4:06


Avec cette dernière attaque en date : celle qui a endeuillé le Burkina Faso le 5 septembre. « Trente-cinq morts et une quarantaine de blessés !, soupire Le Pays. C'est le bilan provisoire après l'explosion, au contact d'une mine, d'un véhicule de transport qui faisait partie d'un convoi de ravitaillement escorté en partance pour Ouaga, entre Djibo et Bourzanga. (…) Ce massacre de civils à l'engin explosif improvisé est d'autant plus marquant, pointe Le Pays, qu'il intervient au lendemain du discours-bilan des sept premiers mois de pouvoir du président Damiba. C'est dire s'il s'agit là d'un véritable pied de nez à l'officier-président. » En effet, renchérit L'Observateur Paalga, « les terroristes auraient voulu faire la nique au lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qu'ils ne s'y seraient pas pris autrement. Une véritable hécatombe qui vient comme une réponse sanglante au président du Faso qui se félicitait, la veille, d'une embellie sur le plan sécuritaire. » Et le quotidien ouagalais de s'adresser directement au chef de la junte : « voilà le problème, monsieur le président. On veut bien partager l'optimisme que vous avez distillé dimanche passé, mais force est de reconnaître que chaque coup asséné par l'ennemi vient nous plonger dans la sinistrose. » Collaboration entre Ouagadougou et Bamako ? Cette attaque intervient également au lendemain de la visite de travail et d'amitié à Bamako du lieutenant-colonel Damiba : visite au cours de laquelle « les responsables des juntes malienne et burkinabè ont décidé de "renforcer leur partenariat militaire", pointe Le Monde Afrique. Cette « visite à Bamako du colonel Damiba illustre le redéploiement stratégique déjà engagé à Ouagadougou », avance pour sa part Le Point Afrique. Et on en vient à se demander, poursuit le site, « si Ouagadougou est prêt à desserrer ses liens de coopération militaire avec un partenaire historique tel que la France, qui a fortement participé, avec Barkhane, à des opérations qui ont débouché sur des succès sur le sol burkinabè comme celle menée fin mai dernier à Bourzanga, dans le nord du pays. » L'armée malienne crie victoire… Justement, au Mali voisin, la junte militaire fait état d'avancées et de victoires contre les groupes terroristes… « Les forces armées maliennes maintiennent leur dynamique offensive de recherche, de neutralisation des terroristes et de destruction de leurs sanctuaires dans le cadre de l'opération Keletigui du plan Maliko », affirment les autorités dans un communiqué repris par le site Maliweb qui précise que « plus de 120 terroristes ont été neutralisés le mois dernier ». Depuis ces 15 derniers jours, l'armée malienne multiplierait les « raids aériens et terrestres contre l'EIGS, l'État islamique dans le Grand Sahara, dans la région de Tessit. » C'est ce qu'affirme le site Mali Tribune qui cite également des sources militaires. Au détriment des civils ? Interrogé par Jeune Afrique, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherches à l'Institut de recherche pour le développement à Paris, s'inscrit en faux. Pour lui, « la réalité est moins plaisante à entendre. Gangrénée depuis plusieurs décennies par la corruption, l'indiscipline, le népotisme et l'impunité, l'armée malienne se révèle incapable de protéger les civils dans les zones rurales les plus reculées, affirme le chercheur. Ces derniers doivent en conséquence négocier des ententes avec les djihadistes pour assurer leur survie. Pis encore, la soldatesque de Bamako nourrit le conflit en stigmatisant et en massacrant des Peuls qui, automatiquement suspectés de sympathies terroristes, vont rejoindre les rangs des insurgés pour essayer d'échapper aux exécutions extrajudiciaires ou à la torture en prison. Les rapports des Nations unies et des organisations de défense des droits humains sont accablants, pointe encore Marc-Antoine Pérouse de Montclos. D'après les témoignages recueillis dans le centre du Mali, les militaires et leurs supplétifs miliciens continuent de tuer des civils et d'opérer des rafles arbitraires. Ils ciblent notamment les jeunes qui ont pour simple tort d'être barbus, "preuve" de leur inclination islamiste. (…) Face à des civils pris entre deux feux, l'armée malienne, elle, nie en bloc les accusations dont elle fait l'objet. À en croire ses responsables, sa composition multiethnique la préserverait de tout risque de ciblage communautaire. Entre propagande et mensonge d'État, conclut le chercheur, le déni de réalité n'en est que plus évident. »

Revue de presse Afrique
À la Une: le terrorisme ne désarme pas au Sahel

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 7, 2022 4:06


Avec cette dernière attaque en date : celle qui a endeuillé le Burkina Faso le 5 septembre. « Trente-cinq morts et une quarantaine de blessés !, soupire Le Pays. C'est le bilan provisoire après l'explosion, au contact d'une mine, d'un véhicule de transport qui faisait partie d'un convoi de ravitaillement escorté en partance pour Ouaga, entre Djibo et Bourzanga. (…) Ce massacre de civils à l'engin explosif improvisé est d'autant plus marquant, pointe Le Pays, qu'il intervient au lendemain du discours-bilan des sept premiers mois de pouvoir du président Damiba. C'est dire s'il s'agit là d'un véritable pied de nez à l'officier-président. » En effet, renchérit L'Observateur Paalga, « les terroristes auraient voulu faire la nique au lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qu'ils ne s'y seraient pas pris autrement. Une véritable hécatombe qui vient comme une réponse sanglante au président du Faso qui se félicitait, la veille, d'une embellie sur le plan sécuritaire. » Et le quotidien ouagalais de s'adresser directement au chef de la junte : « voilà le problème, monsieur le président. On veut bien partager l'optimisme que vous avez distillé dimanche passé, mais force est de reconnaître que chaque coup asséné par l'ennemi vient nous plonger dans la sinistrose. » Collaboration entre Ouagadougou et Bamako ? Cette attaque intervient également au lendemain de la visite de travail et d'amitié à Bamako du lieutenant-colonel Damiba : visite au cours de laquelle « les responsables des juntes malienne et burkinabè ont décidé de "renforcer leur partenariat militaire", pointe Le Monde Afrique. Cette « visite à Bamako du colonel Damiba illustre le redéploiement stratégique déjà engagé à Ouagadougou », avance pour sa part Le Point Afrique. Et on en vient à se demander, poursuit le site, « si Ouagadougou est prêt à desserrer ses liens de coopération militaire avec un partenaire historique tel que la France, qui a fortement participé, avec Barkhane, à des opérations qui ont débouché sur des succès sur le sol burkinabè comme celle menée fin mai dernier à Bourzanga, dans le nord du pays. » L'armée malienne crie victoire… Justement, au Mali voisin, la junte militaire fait état d'avancées et de victoires contre les groupes terroristes… « Les forces armées maliennes maintiennent leur dynamique offensive de recherche, de neutralisation des terroristes et de destruction de leurs sanctuaires dans le cadre de l'opération Keletigui du plan Maliko », affirment les autorités dans un communiqué repris par le site Maliweb qui précise que « plus de 120 terroristes ont été neutralisés le mois dernier ». Depuis ces 15 derniers jours, l'armée malienne multiplierait les « raids aériens et terrestres contre l'EIGS, l'État islamique dans le Grand Sahara, dans la région de Tessit. » C'est ce qu'affirme le site Mali Tribune qui cite également des sources militaires. Au détriment des civils ? Interrogé par Jeune Afrique, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherches à l'Institut de recherche pour le développement à Paris, s'inscrit en faux. Pour lui, « la réalité est moins plaisante à entendre. Gangrénée depuis plusieurs décennies par la corruption, l'indiscipline, le népotisme et l'impunité, l'armée malienne se révèle incapable de protéger les civils dans les zones rurales les plus reculées, affirme le chercheur. Ces derniers doivent en conséquence négocier des ententes avec les djihadistes pour assurer leur survie. Pis encore, la soldatesque de Bamako nourrit le conflit en stigmatisant et en massacrant des Peuls qui, automatiquement suspectés de sympathies terroristes, vont rejoindre les rangs des insurgés pour essayer d'échapper aux exécutions extrajudiciaires ou à la torture en prison. Les rapports des Nations unies et des organisations de défense des droits humains sont accablants, pointe encore Marc-Antoine Pérouse de Montclos. D'après les témoignages recueillis dans le centre du Mali, les militaires et leurs supplétifs miliciens continuent de tuer des civils et d'opérer des rafles arbitraires. Ils ciblent notamment les jeunes qui ont pour simple tort d'être barbus, "preuve" de leur inclination islamiste. (…) Face à des civils pris entre deux feux, l'armée malienne, elle, nie en bloc les accusations dont elle fait l'objet. À en croire ses responsables, sa composition multiethnique la préserverait de tout risque de ciblage communautaire. Entre propagande et mensonge d'État, conclut le chercheur, le déni de réalité n'en est que plus évident. »

Reporters
Côte d'Ivoire : vivre malgré la menace jihadiste

Reporters

Play Episode Listen Later Sep 2, 2022 16:52


Un assaut contre la base militaire de Kafolo, dans le nord-est de la Côte d'Ivoire, près de la frontière avec le Burkina Faso, s'est soldé, en juin 2020, par la mort de 14 soldats. D'autres attaques jihadistes ont suivi et les autorités ivoiriennes s'emploient à améliorer la situation sécuritaire. Pour France 24, Samuel Bernard a pu accompagner des patrouilles de surveillance et rencontrer les habitants de cette zone. Dans cette région frontalière, les Peuls assurent faire l'objet d'une surveillance particulière et dénoncent des traitements discriminatoires.

Alors on dit quoi
Quand la musique mandingue fait du bruit

Alors on dit quoi

Play Episode Listen Later Jul 29, 2022 48:30


Une nouvelle génération de musiciens plus que jamais ouverts sur le monde émerge en Afrique. Malinké, Bambara, Soninké, Peuls, Dioulas, Wolofs… Les sonorités de ces jeunes artistes constituent un véritable melting-pot musical alliant tradition et modernité. Force de créativité, beauté des mélodies, diversité des instruments, aujourd'hui, leurs sons accompagnent toutes les célébrations et les rites de leurs pays d'origine, s'exportant même hors des frontières africaines ! Invités :  Sira Bintsi, artiste malienne  Papi, artiste franco-sénégalais  Blaxo réseaux, artiste franco-malien  Omzo-MinenTeye, artiste mauritanien  Avec la participation du groupe Extra Musica Nouvel Horizon de la RD Congo. 

Droits et libertés | Deutsche Welle
Daouda Diallo et les Peuls du Burkina Faso

Droits et libertés | Deutsche Welle

Play Episode Listen Later Jun 28, 2022 12:30


Entretien avec Daouda Diallo sur les mécanismes de stigmatisation des Peuls au Burkina Faso. Il est le lauréat 2022 du Prix Martin Ennals pour les droits de l'Homme et le fondateur du Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés, à Dedougou, dans la Boucle du Mouhoun.

Afrique Économie
Centrafrique: transhumance à haut risque, la cohésion sociale en péril [3/5]

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Dec 28, 2021 2:22


Chaque année en début de saison sèche, des dizaines de milliers de têtes de bétail quittent le climat sahélien du Tchad, du Soudan ou des provinces du nord de la Centrafrique vers le Sud à recherche d'eau, d'herbe fraîche pour rejoindre les grands marchés aux bestiaux. Dans la région de l'Ouham Pendé, située dans le nord-ouest du pays, ce mouvement des éleveurs occasionne des conflits avec les agriculteurs.  De notre correspondant à Bangui, Cette année en particulier, à la raréfaction des ressources s'ajoute la situation sécuritaire qui exacerbe les tensions. À tel point que certains éleveurs, installés ces dernières années, songent à fuir à nouveau la région. Janvier redresse une tige manioc à moitié mangée, ramasse une poignée de graines de sorgho piétinées, mais relativise : « Le troupeau est passé par là, mais les dégâts ne sont pas très importants. En général on essaie de récolter avant la transhumance pour qu'il n'y ait plus grand-chose à détruire dans les champs. C'est juste un passage. Avec les éleveurs qui vivent sur place avec nous, on n'a pas de problèmes, on a l'habitude de gérer ça entre nous. » « Ici dans le village de Bénankouma, on règle les problèmes à l'amiable, explique Franco. Avec les Peuls qui vivent ici, on leur achète parfois des bœufs pour cultiver nos champs. Donc, généralement, si leurs troupeaux détruisent nos cultures, plus tard, ils nous font une ristourne sur le prix des bœufs. » ► À écouter : Centrafrique: la transhumance, un problème récurrent La cohabitation n'est pas aussi paisible partout À Nzéréké, à 57 km à l'ouest de Paoua, on déplore une centaine de maisons brûlées suite à une affaire de vol de bétail à laquelle ont été mêlés des groupes armés. « À cause de la crise sécuritaire à laquelle nous assistons, il n'y a pas de mécanisme de régulation de la transhumance, déplore Amadou Traoré, chef de bureau de l'Organisation internationale pour les migrations à Paoua. Malgré nos efforts, le risque, c'est que cette année, il n'y ait pas beaucoup de transhumants qui viennent. À cause de cette crise, les transhumants prennent aussi beaucoup de risques pour nourrir leur bétail. » « Ces tensions vont réduire à néant nos efforts », s'alarme quant à lui Thiébo Wafio Khaïr Abdelhour de l'ONG Casal, une association de leaders religieux, qui œuvre pour la médiation intercommunautaire. Si les Peuls transhumants arrivent armés, peut-être qu'il y a aura des affrontements avec les FACA [les Forces armées centrafricaines, NDLR] qui cherchent à identifier qui sont les "Peuls éleveurs" et qui sont les "Peuls armés". Cela fait que les éleveurs ont peur et certains ont même quitté la sous-préfecture. » Suite aux accords de Khartoum en 2019, les USMS - des unités mêlant anciens rebelles et soldats de l'armée régulière - ont été mis en place pour sécuriser la transhumance. Elles ne sont toujours pas opérationnelles. ► À écouter aussi : ♦ Centrafrique: l'économie de l'Ouham-Pendé souffre de la fermeture des frontières [1/5] ♦ Centrafrique: transhumance à haut risque, les éleveurs pris en étau [2/5]

Les Idées Libres avec Yasser Louati
Drones français au Mali: Retour sur le massacre de Bounti

Les Idées Libres avec Yasser Louati

Play Episode Listen Later Sep 12, 2021 62:22


Drones français au #Mali19 civils tués lors d'un mariage Retour sur le massacre de #Bounti avec Dougoukolo Ba Konaré, fondateur de l'Observatoire Kissal et chargé de cours sur les langues et sociétés Peuls à l'Inalco. --- Send in a voice message: https://anchor.fm/lesideeslibres/message

Revue de presse française
Revue de presse française - À la Une: vous faites quoi ce week-end ?

Revue de presse française

Play Episode Listen Later Mar 4, 2021 4:24


Interrogation pour le moins ironique par ces temps de Covid en première page de Libération. Vous faites quoi ce week-end ? Eh bien pas grand-chose si vous habitez le Pas-de-Calais, car vous serez confinés. En revanche, en Ile-de-France, vous pourrez sortir, du moins jusqu’à 18 heures, l’heure du couvre-feu… En effet, l’information a fuité, constate Le Monde : « Seul un département est (donc) pour l’instant assuré d’être confiné le week-end : celui du Pas-de-Calais, qui compte un taux d’incidence de près de 400 cas pour 100 000 habitants, deux fois plus qu’au niveau national. "Un ou deux autres" pourraient subir le même sort, selon l’exécutif. Mais pas plus. Ces décisions, prises par Emmanuel Macron hier mercredi lors d’un conseil de défense sanitaire à l’Élysée, doivent être annoncées par le premier ministre, Jean Castex, ce jeudi, lors d’une conférence de presse. » Une éclaircie à la mi-avril ? « Malgré ce nouveau durcissement, le porte-parole Gabriel Attal a pour la première fois évoqué hier un retour à une vie plus normale "peut-être dès la mi-avril". », c’est ce que pointe notamment Le Figaro. « Est-ce crédible ? Au vu du rythme de vaccination, a-t-on des raisons d’être optimiste ? », s’interroge le journal. Peut-être, répond-il : « Il n’est pas inenvisageable de penser qu’une grande majorité des personnes vulnérables pourront être vaccinées d’ici la mi-avril. Si tel était le cas, les études menées sur les cohortes de personnes vaccinées en Israël ou en Écosse montrent que le nombre de formes graves de Covid-19 pourrait s’écrouler. Un certain optimisme à cet horizon est donc permis, estime Le Figaro, ce qui peut expliquer cette première ouverture du gouvernement vers "un retour à une vie plus normale". Mais le Covid-19 a aussi appris que la prudence devait rester de mise. » Ou bien toujours le brouillard ? En tout cas, attention, prévient Libération : « Les Français n’en peuvent plus des promesses en l’air, des discours contradictoires et des lenteurs administratives. (…) Alors qu’il se trouve sur une ligne de crête, entre durcissements locaux des mesures sanitaires et nécessité de fixer un horizon de sortie du tunnel, l’exécutif n’a plus droit à l’erreur. » Pour sa part, L’Humanité ne croit pas du tout à une prochaine éclaircie… On est encore en plein « brouillard », affirme le quotidien communiste : « La vaccination prend du retard, les hôpitaux débordent de malades comme en mars 2020, les services de réanimation risquent à nouveau l’asphyxie… le gouvernement voulait tout faire pour éviter le reconfinement. On a l’impression d’y aller tout droit. » Bounti : l’hypothèse de la bavure se renforce… On revient à Libération qui a mené l’enquête sur l’attaque menée par l’armée française début janvier près du village de Bounti au Mali… Pour le journal, « les contours d’une bavure se dessinent (…). Sept semaines après le bombardement, deux versions irréconciliables des événements continuent de s’opposer, pointe Libération. À Paris, le ministère des Armées affirme que le 3 janvier, vers 15 heures, deux Mirages 2000 de la force Barkhane ont frappé un rassemblement "d’une quarantaine d’hommes adultes dans une zone isolée" appartenant à un "groupe armé terroriste". Au Mali, l’association culturelle des Peuls, Tabital Pulaaku, et plusieurs témoins – dont certains interrogés par Libération − disent que les bombes, ce jour-là, ont explosé dans la foule d’un mariage, tuant de nombreux civils. » Comment démêler le vrai du faux ? Libération se base sur la liste des victimes. La plupart des 19 morts sont des hommes de plus de 40 ans. « Beaucoup appartiennent aux mêmes familles, note le journal. Quatre victimes étaient ainsi des oncles paternels du jeune marié. Un profil de groupe tout à fait conforme à la foule d’un mariage. Certes, les katibas djihadistes peuvent également être composées de membres originaires d’un même village, et surtout de fratries. En revanche, l’âge moyen de leurs combattants se situe plutôt entre 20 et 25 ans. Les quadragénaires sont rares, et ils occupent généralement des postes d’encadrement. Un indice qui accrédite donc, estime Libération, l’hypothèse de civils parmi les victimes, et donc d’une bavure de Barkhane. (…) Une enquête de la division des droits de l’homme des Nations unies est en cours, précise encore le journal. Des éléments de réponse sur le mystère de Bounti sont certainement contenus dans les images filmées par le drone de l’armée française (qui avait survolé les lieux peu avant le bombardement). Mais le ministère des Armées refuse pour l’instant de divulguer cette vidéo, classée secret-défense. »

Invité Afrique
Invité Afrique - Zéphirin Diabré: se retrouver au gouvernement burkinabè «n'a rien d'un sacrilège»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Jan 18, 2021 5:06


Zéphirin Diabré, arrivé à la troisième position à la présidentielle du 22 novembre 2020 au Burkina Faso, vient d’être nommé ministre d’État, ministre auprès du président en charge de la Réconciliation nationale et de la cohésion sociale. Et maintenant qu’il n’est plus chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré a donc annoncé son retrait de l’opposition politique. Il répond aux questions de Carine Frenk. RFI : Quel était le sens de votre alliance avec la quasi-totalité des candidats de l’opposition si c’était pour rejoindre le pouvoir au lendemain des élections ? Zéphirin Diabré : Chaque élection consacre la fin d’un cycle politique et le début d’un autre. Dans ces circonstances, chaque parti détermine un peu son cheminement futur. C’est sur la base de cela que mon parti, l’UPC [Union pour le progrès et le changement], a souverainement décidé la trajectoire nouvelle sur laquelle il veut se porter. Mais pendant toute la campagne électorale, vous avez eu des mots très durs contre le chef de l’État. Ne craignez-vous pas que ce virage à 180° ne nuise à la crédibilité des hommes politiques ? Mais le chef d’État et ses hommes aussi, pendant la campagne, n’ont pas eu des mots très gentils vis-à-vis de moi. Mais cela c’est le jeu de la campagne électorale. Tout cela, c’est déjà fini. Les Burkinabè ont décidé, et c’est leur liberté, que je n’étais plus la personne indiquée pour conduire l’opposition politique. J’en prends acte. Mon parti et moi sommes libres maintenant de tracer notre trajectoire. Rappelez-vous qu’en 2015, il y a eu ce qu’on appelle un rendez-vous manqué. Les Burkinabè s’attendaient à ce que nous puissions gouverner ensemble parce que nous avions fait ensemble une insurrection. Donc, se retrouver aujourd’hui n’a rien d’un sacrilège. Il n’y a pas de trahison de qui que ce soit ni de virage à 180°. C’est cela qui est important. Est-ce que ce sera possible d’organiser un grand forum de réconciliation au premier semestre de cette année comme l’avez promis le chef de l’État ? Oui, c’est tout à fait possible. De toute façon, dans le cheminement qui sera dessiné et arrêté de manière collective et de manière participative, j’insiste sur cela, il est clair qu’à un moment donné, à une étape, il va bien falloir qu’il y ait un évènement qui rassemble l’ensemble des Burkinabè sur la base d’un travail qui est fait en amont, du genre d’un forum. Mais je ne peux pas vous dire avec exactitude à quelle date on va le faire. L’ancien président Blaise Compaoré pourra-t-il participer à ce forum ? La manière de poser votre question me surprend. Lorsque dans la démarche que nous aurons arrêtée, l’idée d’un forum sera bien affirmée, les participants répertoriés et le calendrier arrêté, pourquoi voulez-vous qu’il y ait un ostracisme vis-à-vis de telle ou telle personne, y compris Blaise Compaoré. Il n’y a aucune raison. Donc, le moment venu, l’ensemble des participants sera connu. Il a été un acteur important de la vie politique de cette nation, il est clair que dans un exercice comme celui-là, sa participation et sa voix seront importantes et utiles. Mais l’ancien président est poursuivi par la justice dans le cadre du procès Sankara [l’ancien président Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987]. Comment peut-il rentrer dans de telles conditions ? C’est à nous de voir dans le déroulement de la démarche. Sur toutes ces questions-là, il y a des questions qui relèvent de la justice, il y a des questions qui relèvent de la sécurité personnelle, il y a des questions politiques. C’est pour cela justement qu’on aura un processus pour pouvoir les trancher, ce sur quoi nous travaillons. La réconciliation ne risque-t-elle pas de consacrer l’impunité ? Il y a des victimes, il y a des victimes, il y a des victimes et je le dis trois fois. Elles sont parties prenantes et intégrantes de tout ce que nous ferons, et bien entendu, leurs intérêts doivent être préservés et fortement sauvegardés. Mais qu’on comprenne bien que ce n’est pas simplement ramener à la question de la réconciliation à un truc politicien. Si nous laissons apparaître le sentiment que c’est une histoire de deal entre politiciens pour que les exilés reviennent, nous ne risquons pas d’avoir l’adhésion de la population. Et cela, c’est dangereux. Alors la réconciliation, ce n’est pas seulement la question du retour de Blaise Compaoré. Votre premier geste en tant que ministre a été de recevoir jeudi dernier les responsables du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés. Vous avez évoqué le massacre de Yirgou en janvier 2019 lors duquel peut-être 200 Peuls ont été tués… Oui, tout à fait, nous l’avons évoqué. Et la procédure judiciaire est en cours. Il faudrait qu’elle puisse aboutir rapidement pour que justement, là aussi, on ne donne pas une prime à l’impunité. Disons les choses très clairement : le collectif que j’ai rencontré et d’autres personnes d’une certaine manière sont animées par des femmes et des hommes qui estiment que certaines communautés dans notre pays ne se sentent plus tout à fait intégrées dans le tissu national et sont même parfois justement accusées de connivence avec les terroristes. C’est une question très grave qui appelle donc à un effort de réconciliation si nous voulons parler de réconciliation et de cohésion nationale. Est-ce que qu’un grand forum, seul, peut régler ces questions ? Toutes ces questions seront réglées par une batterie de mesures. Le fait même que le président du Faso ait jugé utile de créer ce poste de ministre d’État, rattaché directement à lui, qu’il ait pris solennellement cet engagement juste au moment de sa réélection, montre bien toute l’attention qu’il veut apporter au sujet maintenant. Rien que ça déjà, c’est un message très fort qui devrait rassurer les uns et les autres que les questions seront prises à-bras-le-corps. La question des exactions de l’armée sera-t-elle abordée ? Il va de soi que la question sécuritaire sera donc examinée. Il va de soi clairement que les populations concernées feront savoir leur manière de voir les choses par rapport aux relations qu’ils entretiennent avec tout le monde, y compris avec les forces de défense et de sécurité dans ce théâtre-là.

Invité Afrique
Invité Afrique - Centrafrique: «Il serait difficile d'arriver à des élections crédibles dans ce contexte»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Dec 22, 2020 8:21


En Centrafrique, malgré les violentes attaques de la rébellion, le président Faustin-Archange Touadéra ne veut pas de report de la présidentielle et des législatives prévues dimanche prochain. Il l'a dit lundi en conférence de presse à Bangui. Est-il vrai que l'ancien Président François Bozizé est derrière la rébellion ? Est-il possible de voter dimanche prochain dans le calme et la transparence sur tout le territoire ? Hans De Marie Heungoup, chercheur sur l'Afrique centrale à International Crisis Group, répond aux questions de RFI. RFI : Est-ce que vous êtes surpris par cette explosion de violence à la veille des élections ?  Hans De Marie Heungoup : Quelque peu oui, je suis surpris. Mais il faut dire aussi qu’il y avait des prémices qui annonçaient un mécontentement très profond au sein des forces d’oppositions, et on a pu constater que les groupes qui sont aujourd’hui signataires du communiqué de Kamba Kota sont ceux qui sont les plus mécontents. En premier lieu, le mouvement 3R qui est mécontent parce qu'il a subi de plein fouet deux opérations de l’ONU contre ses positions, l’année passée mais aussi cette année. Il y a aussi le FPRC qui est sans doute mécontent des bouleversements qui ont eu lieu dans les régions du nord-est, où il exerçait un quasi-monopole sur différentes formes de trafics et activités transfrontalières. Mais il y a aussi les mouvements comme ceux de l’UPC et du MPC, et encore plus les mouvements anti-balaka, qui s’estiment plus ciblés par toutes les opérations de la Cour pénale internationale ou encore de la Cour pénale spéciale en République centrafricaine. Ils s’estiment plus ciblés que les groupes armés de l’ex-Seleka. Je suppose que vous êtes au courant de la réunion qui a eu lieu il y a un mois et demi à l’hôtel Ledger à Bangui. Les conclusions de cette réunion, qui a été présidée par le président Touadéra, ont été rejetées par certains des groupes armés comme le mouvement MPC, estimant qu’un nouveau clivage entre groupes armés dits centrafricains, autochtones, et groupes armés, étrangers, entendez par-là, les Peuls et les Arabes, s’était créé et qu’ils ne se sentaient pas à l’aise dans cette nouvelle forme de dichotomie entre étrangers et nationaux. Le gouvernement centrafricain et la communauté internationale, représentée dans le G5+, accusent l’ancien président Bozizé d’être derrière cette offensive rebelle, qu’en pensez-vous ? Il est vrai que jusqu’à présent l’ancien président Bozizé n’a signé aucun des communiqués de la coalition des forces rebelles, mais tout un ensemble d’indices donnent à penser qu’il est le chef d’orchestre de ce qui se déroule présentement. Déjà le fait qu’il ait rencontré personnellement certains des chefs de ces groupes armés, notamment le chef du 3R et le chef du MPC, ainsi que le chef des anti-balaka Mokom. Ensuite le fait que le communiqué ait été signé dans une localité qui n’est pas très loin de sa propre localité d’origine, dans la préfecture de l’Ouham. Et enfin il y a ses déplacements dans différentes localités centrafricaines. Le fait qu’il se soit déplacé récemment par exemple à Bossembélé tend à prouver qu’il a partie liée avec les développements sécuritaires de cette dernière semaine. Et qu’il n’accepte pas le fait d’avoir été écarté de la course à la présidentielle ? Sans doute oui. Il me semble que la décision de la Cour constitutionnelle a sonné pour lui comme un déclic et donc l’a amené à engager un rapport de forces. Alors son parti KNK dément toute participation de François Bozizé à cette offensive rebelle. « Pour preuve » dit le KNK, « François Bozizé a appelé à voter Anicet-Georges Dologuélé ». Il me semble qu’il s’agit là plus d’un démenti de principe. L’ex-président Bozizé a joué sur deux tableaux. Le premier tableau sécuritaire, c’est celui d’empêcher les élections ou de créer un rapport de force obligeant à un dialogue, un tête à tête avec le pouvoir en place pour lui faire faire des concessions substantielles. Mais si par des circonstances malheureuses, il n’y parvenait pas, au moins le nouvel exécutif, le nouveau dirigeant serait dans son giron, sa sphère d’influence. Voilà pourquoi il a accordé son soutien à Dologuélé, il joue sur les deux tableaux en espérant que, dans des circonstances malheureuses, au moins l’une d’entre elles pourrait être fonctionnelle et lui permettrait d’avoir une forme d’amnistie et d’échapper à l’arrestation, mais permettrait aussi à son parti, à lui-même, et à sa famille dans l’ensemble de continuer de jouer un rôle politique de premier plan au sein de la République centrafricaine.  Mais tout de même, le FPRC de Noureddine Adam, l’UPC d’Ali Darassa, le MPC de Mahamat al-Khatim, ce sont des groupes qui appartenaient au mouvement Seleka qui a renversé François Bozizé en 2013. Aujourd’hui, ils seraient alliés à celui qu’ils ont fait tomber il y a près de huit ans ? Votre question est tout à fait justifiée, et nombre d’observateurs estiment là qu’il s’agira peut-être d’une forme d’alliance contre nature d’un point de vue idéologique, mais il y a lieu de constater que ce sont là les groupes armés qui avaient le plus de rancœur contre le pouvoir en place, mais aussi le plus de griefs contre l’accord de paix négocié à Khartoum et signé à Bangui en 2019. Et donc l’opportunité de Bozizé constitue pour eux le moment favorable pour fédérer leurs énergies afin de profiter d’un chaos qui a lieu pour étendre leur domination territoriale et s’implanter dans de nouvelles localités où il ne leur était pas possible d’arriver initialement du fait des blocages des forces des nations unies. Ce serait donc une alliance « tous contre Touadéra » ? Oui, une alliance tout à fait opportuniste, on le voit à présent avec l’UPC qui, tout en ayant signé le communiqué de la coalition rebelle, ne semble pas engagé dans des combats directs avec les forces armées centrafricaines. Mais pour autant l’UPC déplace ses troupes pour conquérir de nouveaux territoires dans tout ce brouillard de conflit. Voulez-vous dire que l’UPC d’Ali Darassa ne va peut-être pas essayer de marcher sur Bangui comme les autres groupes armés ? Je dois vous avouer qu’il est difficile d’être certain sur des questions comme celle-là, mais les indices donnent à penser qu’ils sont plus dans la logique de tirer profit pour consolider leur emprise territoriale que dans une volonté délibérée de marcher sur Bangui. Et le FPRC de Noureddine Adam ? Le FPRC lui aussi jusqu’à présent a fait des mouvements de troupes de sa capitale Ndélé vers la capitale voisine de Kaga-Bandoro, mais ne s’est pas encore engagé de façon substantielle dans les combats comme le font le MPC, le 3R, et les anti-balaka Mokom. Peut-on dire qu’il y a d’un côté les François Bozizé et Siddiki Abbas qui veulent marcher sur Bangui et de l’autre les Noureddine Adam et Ali Darassa qui se conteraient peut-être de consolider leur position au nord-est ? Oui. Je pense que cette analyse est juste, j’ajouterai juste qu’ils se contenteraient mais aussi qu’ils attendent de voir si François Bozizé pourra être dans la position favorable pour marcher sur Bangui . Du côté de l’opposition civile, la COD2020 demande le report de la présidentielle de dimanche prochain, pourquoi cette demande ? C’est une exigence de l’opposition qui est en fait ancienne, depuis l’année dernière. L’opposition en fait a toujours exigé un report des élections et un gouvernement d’union nationale ou un gouvernement de transition. Et sans être proche de la position de l’opposition, il y a lieu quand même de constater que le contexte actuel donne difficilement l’impression de pouvoir organiser des élections tout à fait transparentes, libres et respectées. Oui, vous pensez qu’un vote dimanche prochain, dans l’état actuel des choses, ne serait pas crédible ?  Je crois qu’il faut être animé d’un minimum de sincérité et de rationalité et de logique. Compte tenu des évolutions sécuritaires récentes, nous avons le sentiment et l’impression qu’il serait difficile d’arriver à des élections crédibles dans un contexte où ni le parti au pouvoir ni l’opposition n’ont véritablement pu faire campagne en dehors de la capitale Bangui et où en réalité une partie substantielle de la population pourrait ne pas voter simplement parce que prise de peur. Mais en disant cela, est-ce que vous ne faites le jeu de l’opposition  civile, qui espère un report de plusieurs mois de la présidentielle afin que le mandat de Faustin Archange Touadéra soit expiré le 31 mars prochain et qu’il y ait ensuite un régime de transition ?  Nous avons bien conscience de toutes ces rationalités sous-jacentes de l’opposition centrafricaine. Cependant il nous semble que des élections - vaille que vaille et à la va vite - pourraient servir de ferment pour de nouvelles contestations dans le futur qui elles feront le lit d’une immixtion des groupes armés, une fois de plus dans le jeu politique centrafricain. Aujourd’hui nous disons : A condition que dans les prochains jours, les forces des nations unies et les forces centrafricaines parviennent à véritablement sécuriser le territoire, pourquoi ne pas envisager un glissement très bref des élections, peut-être de deux semaines, peut-être d’un mois, qui permettrait d’apaiser davantage la situation tout en ne sortant pas du cadre constitutionnel du 31 mars.

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Néo Géo Nova l'intégrale : L'Atlas de la Culture d'Antoine Pecqueur, le portrait de Djaïli Amadou Amal.

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Play Episode Listen Later Dec 7, 2020 101:08


Tous les dimanches, de 9h à 13h, Néo Géo Nova vous invite à vivre de nouvelles immersions dominicales au sein de l'actualité culturelle et sociale de la planète. Un tour de la sono mondiale en 240 minutes, présenté par Bintou Simporé et le Worldcrew de Nova.Au programme : portrait du jour, nouveautés musicales, revue culturelle d'ici et d'ailleurs, bons plans, sessions live et Worldmix, sans oublier les invités, musiciens, écrivains et autres acteurs et créatrices culturels de notre « Tout-Monde ».Portrait Jeanne Lacaillenous présente l’écrivaine peule Djaïli Amadou Amad, qui vient de remporter le prix Goncourt des lycéens avec son roman « Les Impatientes » paru aux éditions Emmanuelle Collas , en partie inspiré de sa vie.Son ouvrage révèle le quotidien et l’intimité de Ramla, Safira et Hindou, 3 femmes forcées de se marier à des hommes qu’elles n’ont bien sûr pas choisi et ce, pour honorer le Pulaaku : le code d'honneur des Peuls qui comprends une série de règles particulièrement liberticides pour les femmes dont Djaïli Amadou Amal fut, elle aussi, la victime. Musickactu Néo Géo Nova rend hommage à la chanteuse Anne Sylvestre, disparue le 30 novembre dernier. Si l’on connait cet artiste pour ces fabulettes principalement destinées aux enfants, ses chansons pour adultes n’en sont pas moins saisissantes, et souvent en lien avec les combats sociaux de son époque. C’est le cas par exemple de « Mon Mari est Parti », qui traite de la Guerre d’Algérie, c’est le cas aussi pour «Si ce n’est toi c’est donc ton frère », morceau sur le racisme ordinaire qui semble plus que jamais d’actualité, analysé ici par Véronique Mortaigne, plume du journal Le Monde. D'ici et d'ailleurs Au micro de Bintou Simporé, le journaliste et reporter Antoine Pecqueur, auteur de « Atlas de la culture. Du soft power au hard power », publié chez les éditions Autrement, développe plusieurs points de son ouvrage où il enquête sur les enjeux des politiques culturelles des différents États du globe, que ce soit à l'international ou intramuros. Du raz-de-marée de la K-pop au développement des grands musées dans les pétromonarchies du Golfe, en passant par les nouveaux investissements culturels de la Chine sur le continent africain. Vous avez un message...À São Paulo, c’est notre ex-collègue de Nova.fr, Adrien Gingold qui nous a envoyé sa carte postale sonore depuis le quartier de la Madalena de São Paulo, entre confinement et récente élection municipale.Multi-actif, Adrien tient au Brésil a lancé sa marque de vêtements avec sa compagne et vient de publier un livre qui célèbre dix ans d’existence de« @ajustetitre », sa plateforme qui regroupe les gros titres les plus drôles de la presse.Classico C'est fou ce que le temps passe vite. Au micro de Judah Roger, les... See acast.com/privacy for privacy and opt-out information.

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Invité Afrique - Mohamed Aly Chérif: «En Mauritanie, Mokhtar Ould Daddah était un homme de consensus»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Nov 29, 2020 4:45


Ce samedi 28 novembre a eu lieu le 60e anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie. C’était le 28 novembre 1960. Une indépendance proclamée dans la toute récente capitale, Nouakchott, par Mokhtar Ould Daddah. Mohamed Aly Chérif a été secrétaire général de la présidence sous Moktar Ould Daddah, de 1969 jusqu’au coup d’État de 1978. Par la suite, il s’est notamment élevé contre la répression menée à l’encontre des Négro-Mauritaniens, entre 1989 et 1991. Grand témoin des dernières décennies en Mauritanie, Mohamed Aly Chérif est l’invité de Charlotte Idrac. RFI : Vous êtes à l’extérieur au moment de l’indépendance. Quand vous rentrez en Mauritanie quelques années après, en 1967, comment trouvez-vous le pays ? Mohamed Aly Chérif : Il y a d’abord un chef d’État qui était vraiment un homme de consensus, qui était très modeste, qui voulait vraiment trouver un modus vivendi pour l’ensemble de la population de ce pays. A l’époque ce n’était pas facile parce que l’administration coloniale était bâtie sur la base de la langue française. Il n’était pas facile d’envisager de mettre en œuvre l’arabe comme langue officielle dans ce pays. C’était la récupération de la personnalité culturelle mauritanienne qui est fondée sur l’islam et l’arabe, et l’arabe et l’islam. Et à ce moment-là, ça a provoqué des craquements, en 1966. Avec la loi sur la l’arabisation… Qui n’était pas tout à fait admise par l’élite administrative, disons politique, de l’époque qui étaient des cadres de l’administration française formée en français. Quand vous arrivez au poste de secrétaire général de la présidence, quelles sont à ce moment-là les priorités des autorités mauritaniennes ? C’était d’abord d’essayer de créer les bases minimales de la vie. Il n’y avait pas d’eau, il n’y avait pas d’électricité. Et deuxième élément, s’assurer qu’il n’y ait pas d’injustice dans ce pays. Il a essayé de faire accéder aux postes de responsabilité tous ceux qui pouvaient réellement avoir une compétence. Il n’a pas voulu du tout créer les bases d’une dissension ethnique ou autre. Le Maroc, qui revendique la Mauritanie, finit par la reconnaître en 1969. Sur le plan diplomatique, Moktar Ould Daddah disait que la Mauritanie était un trait d’union entre l’Afrique blanche et l’Afrique noire. Cela a été le cas selon vous ? De l’extérieur, c’était un pays très petit mais Ould Daddah a été le pont entre le groupe de Brazzaville et le groupe de Casablanca. Il avait la confiance totale de l’ensemble de ses interlocuteurs. Gamal Abdel Nasser, qui était vraiment une figure éminente en Afrique et dans le monde Arabe, c’est lui qui a cherché à rencontrer Ould Daddah. Immédiatement, le courant a passé. Mais avant cela, le président Houphouët-Boigny, qui était une des figures majeures de la politique africaine de la France, il aimait énormément Ould Daddah. Un autre fait marquant pour la souveraineté de la Mauritanie, ça a été la création de la monnaie, l’ouguiya, en 1973. Parce qu’en 1969, il y a eu une dévaluation du franc. La Mauritanie était totalement dépendante du franc, mais la Mauritanie n’avait pas de ressources d’exportation importantes. Le minerai de fer appartenait à la Société des mines de fer de Mauritanie Miferma, pas à l’État. Et la dévaluation nous coûtait très cher et le budget de l’Etat était maigre. Petit à petit, il est venu à l’idée de Ould Daddah de se dire « Mais pourquoi on ne crée pas une monnaie à part ? ». D'autant plus qu’à l’époque on pouvait aussi compter sur Kadhafi pour soutenir l’économie mauritanienne. Et d’ailleurs en 1974, Ould Daddah a estimé qu’il pouvait nationaliser la Miferma qui est devenu la Snim. 60 ans après, comment avez-vous vu la société mauritanienne évoluer avec ses différentes composantes, communautés ? Il y a eu des hauts et des bas. C’était important de pouvoir régler les problèmes intérieurs suivant les bases d’un État de droit. Par la suite, lorsqu'en 1984 le colonel Maaouiya a pris le pouvoir, on a eu des relations correctes jusqu'en 1989, lorsqu'il y a eu les déportations. C’est ce que l’on appelle le passif humanitaire, à partir de 1989… C’était très choquant parce qu’il y a eu des liquidations physiques d’hommes armés mais sur une longue période de plusieurs mois. C’est apparu être une tentative d’épuration. Et ensuite, concomitamment, il y a eu la déportation de plusieurs milliers de Mauritaniens, principalement des Peuls vers l’extérieur, principalement au Sénégal, un peu au Mali. Personnellement, j’ai essayé avec des amis de faire en sorte que les gens n’imputent pas ça à une ethnie et qu’il ne se produise pas une guerre civile. C’est dans ce cadre que l’on a fait la lettre des cinquante simplement pour dire que nous condamnions ces pratiques. Elles sont condamnables sur toute la base des valeurs islamiques et des valeurs humaines. On a demandé l’ouverture d’une enquête indépendante. Il reste probablement encore beaucoup de choses à faire mais actuellement, depuis la venue de l’actuel chef de l’État, il y a eu beaucoup plus de certitudes qu’il y a une volonté de régler ces problèmes à fond. Aujourd'hui, je pense qu’il y a un très grand consensus sur ce problème et sur le problème de l’esclavage et ça me donne beaucoup d’espoirs.  

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Revue de presse Afrique - À la Une: l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire aura bien lieu ce samedi

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Play Episode Listen Later Oct 28, 2020 4:03


Le président et candidat à un troisième mandat Alassane Ouattara l’a dit au micro d’RFI et de France 24. Il maintient le cap malgré l’appel de l’opposition à la désobéissance civile. Justement, le journal Aujourd’hui au Burkina revient sur ce point : « L’opposition, à travers certaines figures iconiques telles Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan, bien que prônant la désobéissance civile, gêne dans la distribution des cartes d’électeurs, bien que jouant aux grands trublions, ne boycottent pas le scrutin. » Aujourd’hui poursuit : « Alassane Ouattara est Kouadio Konan Bertin sillonnent le Cavali, les Savanes. Le président sortant termine toujours par un "ya foé", il y aura une élection apaisée. Drôle de désobéissance civile contre une drôle d’assurance ». Le News Abidjan lui, explique que pour le porte-parole du RHDP, Adjoumani Kouassi, « Guillaume Soro a instrumentalisé depuis l’Europe les candidats Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié pour leur dire de ne pas aller voter. » « Ils ont pensé que les propos de Guillaume Soro sont des propos bibliques », dit le porte-parole cité par News Abidjan. La guerre de l’information s’intensifie sur les réseaux sociaux C’est ce que nous dit Jeune Afrique qui nous parle de « l’un des avatars les plus connus et les plus controversés de Côte d’Ivoire. Depuis plusieurs mois, "Chris Yapi" abreuve Twitter, Facebook et YouTube d’informations prétendument compromettantes sur Alassane Ouattara et son entourage politique et sécuritaire. » Jeune Afrique explique qu’il « est parfois drôlement bien informé, souvent à côté de la plaque, parfois entre les deux. À coup de phrases bien tournées et grâce à une habile mise en scène, le mystérieux Chris Yapi s’est rapidement fait un nom. Il est aujourd’hui suivi par des centaines de milliers de personnes. » Tous se posent la même question écrit Jeune Afrique : « Qui se cache derrière ce pseudonyme désormais célèbre ? Plusieurs sources sécuritaires ivoiriennes et françaises y voient la marque de Guillaume Soro. » « Si l’ancien président de l’Assemblée nationale s’en défend, ses proches ne se gênent pas pour relayer les publications de Chris Yapi. "Cela fait partie de sa stratégie visant à semer le doute et la division au cœur du pouvoir", dit un proche d’Alassane Ouattara. » Un Américain a été enlevé dans le sud du Niger À 400 kilomètres à l’est de la capitale, Niamey, et à la frontière avec le Nigeria. Son nom : Philip Walton. Le Point Afrique cite les déclarations du père de Philip Walton, à la radio locale Niyya : « Dans la nuit de lundi à mardi, six hommes, peut-être des Peuls, sont venus à pied. Ils ont enlevé mon fils », raconte le père. Il poursuit : « Ils cherchaient de l’argent dans la maison. Il n’y avait que 20 000 francs CFA, 30 euros, et ils sont partis avec lui ». Le Point Afrique écrit que Philip Walton était installé à Massalata avec sa femme et un enfant depuis près de 30 ans. Son père, Bruce, est décrit par les autorités locales comme un missionnaire. Au Burkina, Le Pays explique que « ce qui vient de se passer au Niger rappelle à Donald Trump la nécessité de garder les troupes américaines au Sahel. » « C’est pourquoi, certains, par cynisme, poursuit Le Pays, n’hésitent pas à dire que le rapt d’un Américain est la rançon de l’attitude de Donald Trump, qui s’est refusé à tout soutien multilatéral au G5 Sahel. » L’ouverture du procès des attentats de Bamako au Mali Le principal suspect, le Mauritanien Fawaz Ould Ahmed, dit Ibrahim 10, nous dit le site d’information Mali Actu :« L’homme est accusé d’avoir tué avec un fusil d’assaut un Français, un Belge et trois Maliens le 6 avril 2015 dans le restaurant La Terrasse, une action pour "venger le prophète" perpétrée dans la foulée des attentats contre l’hebdomadaire français Charlie Hebdo. Il est également soupçonné d’avoir commandité et planifié l’attaque contre l’hôtel Radisson Blue de Bamako le 20 novembre de la même année. » Le site d’information Maliweb nous dit ce mercredi matin que le suspect est bel et bien présent à son procès à la Cour d’appel, dans le sud de Bamako. « Il a pu écouter les charges retenues contre lui et expliquer au juge qu’il ne "connaissait pas son avocat" », raconte Maliweb. La durée du procès n’a pas été précisée.

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Invité Afrique - Alpha Condé: «Si j'avais voulu être président à vie, j'aurais pris le pouvoir»

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Play Episode Listen Later Oct 7, 2020 15:12


« Je ne suis pas un dictateur », dit en substance Alpha Condé, dix jours avant la présidentielle guinéenne. La polémique fait rage, depuis que le chef de l'État guinéen a décidé de briguer un troisième mandat. En exclusivité sur RFI et France 24, Alpha Condé répond aussi à ceux qui l'accusent d'instrumentaliser les différences ethniques. Et il s'exprime sur le procès qu'on attend toujours, 11 ans après le massacre du 28 septembre 2009. En duplex de Conakry, le président-candidat a répondu aux questions de Christophe Boisbouvier et de Marc Perelman. Alors ce troisième mandat, toutes Républiques confondues, il est dénoncé par un certain nombre de vos compatriotes comme un coup d’État constitutionnel, qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent que c’est la porte ouverte à une présidence à vie que vous toujours combattue ? Premièrement, c’est une Constitution où tout le monde a été consulté, ensuite lorsqu’il y a une constitution, ceux qui sont d’accord votent oui, ce qui ne sont pas d’accord votent non. Comment peut-on dire coup d’État, lorsque cette constitution est signée au référendum, et il ne s’agit pas de faire une présidence à vie, moi je me suis battu pendant 44 ans, j’ai été opposant, et j’ai été condamné à mort et emprisonné sous Sékou Touré, j’ai gagné les élections en 1993 tout le monde le sait, j’ai refusé bien que les militaires aient dit qu’ils étaient avec moi, j’ai dit que je ne suis pas venu pour gouverner des cimetières, c’est la raison pour laquelle je suis parti. Donc si je voulais la présidence à vie, j’aurais déjà commencé à être président en 1993. Si vous êtes réélu, est-ce que ce sera votre dernier mandat ? Pour le moment, nous allons aux élections, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant… Attendons de voir, une élection n’est jamais gagnée d’avance, alors on verra si je gagne ou pas. En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara avait fait le choix de ne pas se représenter au mois de mars, à l’époque vous aviez été pointé du doigt pour être le seul de la sous-région à vouloir briguer un troisième mandat, maintenant que vous voyez que Alassane Ouattara y va, est-ce que vous vous sentez moins seul ? Écoutez, moi je suis Guinéen, je m’occupe du peuple de la Guinée, je ne m’occupe pas des autres pays, mais je vous fais remarquer qu’il y a des présidents qui ont trois mandats, quatre mandats, cinq mandats, curieusement ces présidents ne sont jamais critiqués et ça passe comme une lettre à la poste, c’est très étonnant quand même, le président Alassane est mon frère que j’aime bien, il est libre de son choix, et je n’ai pas à commenter. Puisque vous dites qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, est-ce que vous accepterez éventuellement votre défaite ? Je suis un démocrate Monsieur Boisbouvier, il faut quand même que vous compreniez une chose, je me suis battu, j’ai créé mon parti, je me suis battu pendant 45 ans, mes adversaires sont des fonctionnaires qui sont devenus Premier ministre, après Premier ministre et après avoir mis le pays à terre, ils ont créé un parti. Je pense quand même que c’est extraordinaire que moi je me suis battu pendant 45 ans et que je sois considéré comme un dictateur anti-démocrate, alors qu’eux on les a appelés les fossoyeurs de l’économie guinéenne. Il y a un mois vous avez dit à vos partisans : « Cette élection n’est pas seulement une élection, c’est comme si nous étions en guerre », et puis tout récemment, après une visite à Conakry de la mission conjointe Cédéao, ONU, Union africaine, vous êtes revenu sur ces propos, vous avez dit « On n’est pas en guerre ». Monsieur le président, est-ce que ce revirement est sincère ? Je n’ai jamais dit que c’est une guerre, vous ne m’avez jamais entendu, depuis le début je n’ai pas fait de meeting et je parlais simplement en vidéo conférence et je vous défie de me montrer une vidéo conférence où j’ai dit que c’est une guerre, j’ai toujours dit à mes militants : « Ne jetez pas de pierres, n’insultez pas les gens ». Quelque chose que vous avez affirmé, c’est que vos adversaires veulent se proclamer vainqueurs pour aller ensuite se réfugier dans une ambassade, en pensant qu’il y aura la guerre. Alors est-ce que vous craignez un scénario comme au Mali, où l’armée a renversé IBK il y a deux mois par exemple ? Je vous ferais remarquer qu’il n’y a jamais eu de coup d’État en Guinée. L’armée a pris le pouvoir après la mort du président Sékou Touré. Ensuite l’armée a pris le pouvoir après la mort du président Conté, la Guinée n’a jamais eu de rébellion, il n’y a jamais eu de guerre civile, il n’y a jamais eu de coup d’État. Aujourd’hui nous avons une armée républicaine, donc la situation n’a rien à voir. Cellou Dalein Diallo, en tout cas, il dénonce de votre part une « instrumentalisation de la différence ethnique », et il n’est pas le seul à pointer ce danger puisque, la semaine dernière, la mission internationale que vous avez reçue a condamné fermement « les discours de haine à relent ethnique », visiblement cette mission visait les deux camps, qu’est-ce que vous répondez à cette mission ? Je n’ai jamais fait un discours à relent ethnique. Je vous fais remarquer que je suis Malinké, et je parle 10 fois mieux soussou que malinké. Sékou Touré était président malinké et je me suis battu contre lui et il m’a condamné à mort. Moi je n’ai jamais tenu de discours ethnique pour la plus simple raison que je suis panafricaniste. Et quand je menais le combat contre Sékou Touré, la plupart des gens qui se battaient avec moi étaient des Peuls et les Malinkés m’accusaient d’être l’instrument des Peuls, alors je pense qu’il faut un peu relire l’histoire. On a récemment commémoré le massacre du 28 septembre 2009, toujours pas de procès plus de 10 ans après, si vous êtes réélu, est-ce que ce procès aura lieu ? Nous nous sommes mis d’accord avec la Cour pénale internationale. Nous allons construire un bâtiment interne, on pourra juger. Donc ce procès aura lieu, si vous êtes réélu ? Puisque nous avons déjà commencé à construire l’immeuble où il y aura le procès, mais je vous fais remarquer que celui qui critique [Cellou Dalein Diallo] est parti à Ouagadougou faire alliance avec le président Dadis Camara en 2015.  

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Invité Afrique - Indépendance du Mali (60 ans): témoignage d'Ousmane Sy, ex-ministre du président Alpha Konaré

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Play Episode Listen Later Sep 22, 2020 6:07


Ce mardi 22 septembre, le Mali fête les 60 ans de son indépendance. 60 ans marqués par trois guerres et quatre coups d’État - le dernier, il y a un mois -, mais 60 ans marqués aussi par de vraies avancées démocratiques. De 2000 à 2002, Ousmane Sy a été le ministre de l'Administration territoriale du président Konaré. Il est l'auteur de Reconstruire l'Afrique à partir des dynamiques locales, aux éditions Gamana et Charles Léopold Mayer. En ligne de Bamako, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Vous qui aviez 11 ans en 1960 et qui vous souvenez donc de l’accession de votre pays à l’indépendance, est-ce que vous pensez que le Mali a rempli tous les espoirs placés en lui ? Ousmane Sy : Je suis loin de penser que le Mali a rempli tous les espoirs. Parce que, quand on regarde le parcours jusqu’à maintenant, bien sûr, il y a des acquis incontestables, mais en dehors des libertés qui ont été conquises et renforcées, on est effectivement beaucoup plus libres aujourd’hui. En dehors de cela, je crois que pour le reste il est difficile de dire que cela a été un succès. Du côté du développement, c’est plutôt un échec, c’est cela ? Du côté du développement, il faut le dire franchement, c’est un échec, parce qu’aujourd’hui je ne suis pas sûr que les gens vivent mieux qu’ils ne vivaient dans les années 1960. L’année 1960 a été marquée par l’éclatement de la Fédération du [Mali + Sénégal]. Est-ce que cela reste une blessure intime pour beaucoup de Maliens ? Je crois que beaucoup de Maliens regrettent forcément cet éclatement de la Fédération du Mali, surtout quand on regarde un peu l’évolution des deux pays. Si ces deux pays étaient restés ensemble, peut-être qu’on aurait eu plus de stabilité. On aurait eu plus de développement. Le Mali aurait eu un débouché maritime et le Sénégal aurait eu une profondeur… Un marché. Un marché plus grand. Quatre putschs en soixante ans… Comment expliquez-vous le poids des militaires dans la vie politique de votre pays ? On a eu quatre putschs en soixante ans, mais on a eu trois rébellions armées, aussi, en soixante ans. Tout cela montre qu’en fait ce pays a été bâti sur des options qui restent comme un boulet au pied de ce pays. Vous parlez de ces trois rébellions armées… La question du Nord-Est en effet lancinante dans l’histoire de votre pays. Quelle est la solution ? Ce pays est parti avec un boulet au pied. Depuis l’indépendance, on a fait un choix de type d’État unitaire, centralisé, qui n’a pas permis à tout le potentiel de ce pays de s’exprimer. Les deux caractéristiques importantes dans notre pays, c’est que c’est un pays de grande diversité. Diversité humaine, diversité des territoires. Et je crois que l’option que l’on a faite, de partir avec un État unitaire centralisé, qui s’est efforcée pendant soixante ans à uniformiser un pays qui a la diversité dans ses gènes, est un boulet. Je crois qu’aussi longtemps qu’on n’affrontera pas cette question, les coups d’État et les rebellions vont se multiplier. Les rébellions nourrissent les coups d’État, qui nourrissent les rébellions ? Exactement, c’est un cycle infernal. Vous avez écrit un livre sur la décentralisation. Préférez-vous le fédéralisme ou la décentralisation ? J’avoue que, du point de vue du principe, je n’ai rien contre la fédération. Je crois que le problème important, c’est que l’on doit trouver un système institutionnel qui tienne compte des deux caractéristiques dont j’ai parlé, la diversité humaine et la diversité territoriale. C’est un pays qui est au centre de l’Afrique de l’Ouest, c’est un pays qui fait le lien entre le Sahara et l’Afrique noire. Je crois que c’est une caractéristique sur laquelle nous n’avons pas suffisamment réfléchi. C’est pour cela que toutes les options d’évolution institutionnelle doivent être ouvertes. Faut-il plus de personnalités du nord de votre pays dans l’appareil d’État, peut-être au poste de Premier ministre, comme au Niger ? On a eu cela au Mali. On a eu un Premier ministre Touareg, comme au Niger. Le premier Premier ministre d’Amadou Toumani Touré est un Touareg. Le problème n’est pas une question de Touareg ou de Peul, le problème est le système institutionnel dans lequel nous sommes installés. En fait, ce qui ne fait plaisir, ni aux Touaregs, ni aux Peuls, ni aux Sénoufos du sud. C’est que simplement les Touaregs s’expriment par la rébellion, parce que c’est beaucoup plus culturel, à la différence des sédentaires qui ont d’autres systèmes d’agir que la rébellion armée. Mais je crois que notre grande panne depuis l’indépendance, c’est que nous avons fait une option d’un système institutionnel qui n’est pas à l’image de notre nation. Et qui est trop centralisé… Qui est trop centralisé… Et pire, qui veut même uniformiser. Aussi longtemps que nous voudrons uniformiser tout dans notre pays - uniformiser la gestion des territoires, uniformiser la gestion des communautés -, nous ne sortirons pas des problèmes. Nous aurons des révoltes avec des coup d’État et ainsi de suite. Beaucoup disent que l’une des faiblesses de l’État malien, ce sont ses vieilles pratiques de corruption et de clientélisme. Vous êtes d’accord et si oui quel est le remède ? Je crois qu’aussi longtemps que l’État n’est pas adopté par les communautés, l’État est senti comme un corps étranger. Je crois que la corruption va être socialement admise et c’est à cela que l’on assiste aujourd’hui. Je crois qu’il faut régler le problème par : quel type d’État il faut aujourd’hui pour que les populations s’identifient à cet État et considèrent que les biens publics sont leurs biens. Voulez-vous dire que le Mali, ce sont plusieurs communautés juxtaposées, mais pas encore une nation ? C’est une nation, une nation qui puise son origine de très loin. Ce que je veux dire, c’est que l’État n’est pas en adéquation avec la nation. Le Mali est une nation. L’origine de la nation malienne vient des grands empires.  Jusqu’au niveau de la famille, nous sommes mélangés. Vous trouverez rarement une famille malienne où il n’y a pas trois ou quatre ethnies mélangées. Donc la gestion de la diversité est un problème pour l’État, mais pas pour la nation malienne. La gestion de la diversité n’est pas un problème pour nous.

Making-Of AFP
Florian Plaucheur (Français)

Making-Of AFP

Play Episode Listen Later Aug 27, 2020 7:17


Les Peuls, ces nomades épris de liberté du Sahel, sont aussi ballottés par tous les maux de la région. l’AFP leur consacre un grand format fruit du travail de quatre reporters sur le terrain et de notre cellule interactive pour vous emmener à leur rencontre. ➡️Voir le grand format : interactive.afp.com/features/Les-Peuls_612 Florian Plaucheur, journaliste reporter d'images au bureau de l'AFP de Lagos au Nigéria, raconte ses impressions durant son second voyage sur les traces des Peuls, qui a conduit l'équipe au Niger et au Mali en 2019 pour un long reportage sur l'un des derniers grand peuple nomade.

Making-Of AFP
Célia Lebur (Français)

Making-Of AFP

Play Episode Listen Later Aug 27, 2020 7:01


Les Peuls, ces nomades épris de liberté du Sahel, sont aussi ballottés par tous les maux de la région. l’AFP leur consacre un grand format fruit du travail de quatre reporters sur le terrain et de notre cellule interactive pour vous emmener à leur rencontre. ➡️Voir le grand format : https://interactive.afp.com/features/Les-Peuls_612 Celia Lebur, journaliste texte au bureau de l'AFP de Lagos au Nigéria, raconte ses impressions durant son second voyage sur les traces des Peuls, qui a conduit l'équipe au Niger et au Mali en 2019 pour un long reportage sur l'un des derniers grand peuple nomade.

Le magazine de la rédaction
Les Peuls : des pions sur l’échiquier djihadiste ?

Le magazine de la rédaction

Play Episode Listen Later Mar 27, 2020 56:38


durée : 00:56:38 - Grand Reportage - par : Aurélie Kieffer - La contagion djihadiste au Sahel a gagné le Burkina Faso, devenu le nouvel épicentre de la violence terroriste en Afrique de l'Ouest. Dans ce pays jadis modèle de cohésion sociale, la poussée djihadiste se fait sur l'instrumentalisation des différends communautaires. En première ligne : les Peuls. - réalisation : Annie Brault - invités : Marc-Antoine Pérouse de Montclos Politologue, Directeur de recherche, IRD

Le magazine de la rédaction
Les Peuls : des pions sur l’échiquier djihadiste ?

Le magazine de la rédaction

Play Episode Listen Later Dec 13, 2019 56:38


durée : 00:56:38 - Grand Reportage - par : Aurélie Kieffer - La contagion djihadiste au Sahel a gagné le Burkina Faso, devenu le nouvel épicentre de la violence terroriste en Afrique de l'Ouest. Dans ce pays jadis modèle de cohésion sociale, la poussée djihadiste se fait sur l'instrumentalisation des différends communautaires. En première ligne : les Peuls. - réalisation : Annie Brault - invités : Marc-Antoine Pérouse de Montclos Politologue, Directeur de recherche, IRD

Radio-R
KF 2019 - Interview d'André Wenk : Transmettre la vision missionnaire

Radio-R

Play Episode Listen Later Jul 30, 2019 8:09


Représentant de la mission WEC, André Wenk a travaillé au Sénégal parmi les Peuls, apprenant leur langue et s'investissant auprès d'eux. Il relève l'importance, pour les églises suisses, d'envoyer des missionnaires pour faire connaître l'Evangile du Christ aux peuples qui n'en ont jamais entendu parler.

Neoquébec
Rivalités entre Dogons et Peuls? Avec Émilie Aki-Mbot

Neoquébec

Play Episode Listen Later Jul 2, 2019 20:24


"D'où viennent les rivalités entre Dogons et Peuls"? Est-ce la bonne formulation en réalité? Le centre Mali : violences et instrumentalisations Antagonisme et solidarité : les relations entre Peuls et Dogons du Mali central Entrevue de Monsieur Hamedi Diarra Mali - Massacres de Peuls au Mali --- Send in a voice message: https://anchor.fm/neoquebec/message

Du grain à moudre
Conflits en Afrique : une affaire d'ethnies ?

Du grain à moudre

Play Episode Listen Later Jun 19, 2019 39:09


durée : 00:39:09 - Du Grain à moudre - par : Hervé Gardette - Au Mali, 35 Dogons ont été assassinés la semaine passée. L’attaque, non revendiquée, a été imputée par des habitants à des miliciens Peuls. Mais ne faut-il pas se méfier de cette lecture ethnique souvent plaquée sur les conflits en Afrique ? Comment transmettre la complexité géopolitique du continen - réalisé par : Peire Legras

France Culture physique
Conflits en Afrique : une affaire d'ethnies ?

France Culture physique

Play Episode Listen Later Jun 19, 2019 39:09


durée : 00:39:09 - Du Grain à moudre - par : Hervé Gardette - Au Mali, 35 Dogons ont été assassinés la semaine passée. L’attaque, non revendiquée, a été imputée par des habitants à des miliciens Peuls. Mais ne faut-il pas se méfier de cette lecture ethnique souvent plaquée sur les conflits en Afrique ? Comment transmettre la complexité géopolitique du continen - réalisé par : Peire Legras

Planétoscope
Quand le sort s'acharne

Planétoscope

Play Episode Listen Later Jun 16, 2017


Planétoscope vous emmène au Mali, dans le centre du pays plus exactement dans le Macina. Cette région a fait la une de l'actualité ces derniers mois. Foyer d'instabilité où la menace terroriste s'ajoute aux anciennes rivalités inter-communautaires. Christelle Pire s'est rendue dans la région où en février dernier des violences entre Bambaras et Peuls ont fait des dizaines de morts. Nous irons au Royaume-Uni. Le sort s'acharne sur le pays et sa capitale Londres. Après plusieurs attaques terroristes, les Britanniques ont été secoués par une catastrophe terrible dont les images ont fait le tour du monde, l'incendie spectaculaire et meurtrier d'un immeuble. Stéphanie de Silguy s'est rendu sur place au lendemain du drame, vous entendrez son reportage. Ils sont musulmans, minoritaires dans un pays majoritairement bouddhiste, ils sont victimes de terribles persécutions, les Rohingyas. C'est le thème de notre coup de cœur média. Elhame Medjahed reçoit Camille le Pomellec pour son reportage, "de la Birmanie au Bangladesh, l'exode des Rohingyas, peuple sans terre ni patrie". A la fin de votre émission, Elhame Medjahed vous replongera dans le passé, pour vous faire revivre un moment décisif de la lutte contre l'apartheid. Il y a 41 an, Soweto en Afrique du Sud était secoué par des manifestations. Des milliers d'écoliers descendaient dans les rues du township.

Fermez les yeux
La vache et le Peul

Fermez les yeux

Play Episode Listen Later Feb 25, 2013 7:27


Chants et sons du Mali Allah, meuh À l'approche de la saison des pluies, les jeunes Peuls du Mali partent en transhumance pour six mois avec la majorité du troupeau. Les vaches traversent le fleuve Niger vers l'Ouest. Au village, les femmes travaillent pour nourrir la famille, et les hommes plus âgés gardent quelques vaches laitières. Le Peul vit au rythme de l'animal. Il accompagne son quotidien de chants et de prières. La légende raconte que Dieu a d'abord créé la vache, puis les Peuls pour accompagner l'animal et le protéger. Enregistrements : juillet-août 05 - Mise en ondes & mix : Samuel Hirsch - Réalisation : Félix Blume - Production : ARTE Radio