Afrique Économie

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Chaque jour sur RFI, vivez la mutation de l'économie africaine. Chefs d'entreprises, décideurs, africains de tous bords et de toute condition témoignent dans Afrique Economie, votre rendez-vous de l'Economie africaine sur RFI.  *** La chronique Afrique Economie diffusée le dimanche est remplacée pa…

Rfi - Loïcia Martial


    • Aug 4, 2025 LATEST EPISODE
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    Quand la rivière Oubangui charrie le commerce informel [2/5]

    Play Episode Listen Later Aug 4, 2025 2:34


    « Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le FMI. S'il contribue de 25 à 65% du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. En Centrafrique, le commerce informel bat son plein entre la capitale Bangui et sa jumelle, la ville congolaise de Zongo, de l'autre côté de la rivière Oubangui. Tous les jours, de nombreux commerçants centrafricains du secteur informel font des traversées en pirogue pour s'approvisionner, car Bangui dépend de Zongo en produits agricoles et Zongo dépend de Bangui en produits manufacturés. De notre correspondant à Bangui, 5 h du matin. Une vingtaine de piroguiers s'affairent à mettre à l'eau leurs embarcations en bois à Port Beach, côté centrafricain. La frontière entre la capitale centrafricaine, Bangui, et Zongo, en RDC, ouvre à 7 h. En attendant, les passagers – pour la plupart des commerçants – remplissent des formalités. Debout à côté d'un canoë, Flora, une vendeuse de légumes, se prépare pour traverser : les allers-retours Bangui-Zongo, elle fait ça « depuis une vingtaine d'années ». « Tout le monde sait que notre capitale n'est pas une zone agricole. L'agriculture se pratique dans les localités environnantes ou dans l'arrière-pays. Mais la distance, les tracasseries routières et l'insécurité compliquent parfois l'acheminement des produits », décrit-elle. Si Flora s'approvisionne à Zongo, c'est parce que la ville congolaise « se trouve à 10 minutes juste en face » et parce que « c'est une ville très développée en matière d'agriculture », explique-t-elle. Ces commerçants du secteur informel, comme Flora, ne sont enregistrés dans aucun des deux pays et ne paient donc pas d'impôt. Toutefois, ils paient des taxes de 500 FCFA (environ 0,75 euro) aux services de l'immigration dans les deux villes, à chaque fois qu'ils traversent la rivière Oubangui.  « Chaque matin, je traverse pour acheter des articles. Je m'approvisionne de manière informelle de l'autre côté de la rive parce que notre pays est enclavé. La plupart de nos produits sont importés de très loin », détaille Jacob, commerçant centrafricain. Lui vend des boissons, des panneaux solaires et des appareils électroniques. Des produits difficiles à trouver en Centrafrique qui « coûtent cher parce qu'ils sont importés de très loin », dit Jacob. « Comme c'est facile de traverser de l'autre côté de la rive, j'ai pris mon temps pour évaluer les articles qui sont rares ici ». « C'est de ça que je vis », souffle le commerçant, qui affirme qu'il n'a pas les moyens pour créer une entreprise formelle. Des produits disponibles et moins chers Entre Bangui et Zongo, le secteur informel domine largement l'activité économique. Il représente environ 60% des emplois et a une importance socio-économique considérable, selon la Fédération des entreprises du Congo. Même les petites entreprises centrafricaines s'appuient régulièrement sur les matières premières congolaises, importées de manière informelles par la rivière. Les usines de savon à Bangui notamment travaillent « en commun accord » avec les agriculteurs de Zongo, explique Charles Yannick, un commerçant congolais. « Ces savons sont fabriqués à base d'huile de palme, mais il n'y a pas de plantations de palmiers à Bangui. Le plus grand village de palmier se trouve à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest. Ce qui pousse ces entreprises à traverser rapidement de l'autre côté de la rive pour acheter les fruits de palmier dans des sacs, ici dans notre ville », témoigne le commerçant. Les vendeurs, pour la plupart des jeunes, subissent de temps en temps des tracasseries administratives et un racket policier. Selon le ministère des Petites et Moyennes Entreprises, le gouvernement travaille à la formalisation de ces commerces pour faire entrer de l'argent dans les caisses de l'État. À lire aussiRCA/RDC: Bangui et Zongo et les échanges commerciaux de ces villes jumelles [3/3]

    Au nord du Cameroun, les petits commerçants s'approvisionnent au Nigeria [1/5]

    Play Episode Listen Later Aug 3, 2025 2:30


    « Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le FMI. S'il contribue de 25 à 65% du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. Au Cameroun, le secteur de l'informel représente plus de 85 % des emplois, selon les chiffres du ministère des Petites et Moyennes Entreprises. Dans le Septentrion, le chômage y est important, les commerçants profitent de leur proximité avec le Nigeria pour s'approvisionner en carburant, denrées alimentaires ou encore médicaments de l'autre côté de la frontière. On les surnomme les « zoua-zoua ». Les vendeurs de carburant à la sauvette bordent les routes du centre-ville de Garoua, une ville située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière nigériane. Dans la région septentrionale du Cameroun, zone enclavée et touchée par le chômage, le commerce informel joue un rôle très important. Derrière les bouteilles en plastique et les panneaux en carton qui annoncent les prix, Paul (le prénom a été modifié) organise son petit commerce. Pour se ravitailler, il « loue une voiture 5 000 francs [environ 7,5 euros, NDLR] » et traverse la frontière nigériane. Là-bas, chaque litre lui coûte « 600 ou 650 francs [environ 1 euro, NDLR] ». Paul le revend 800 francs CFA (1,2 euro) dans les rues de Garoua, quand d'autres montent jusqu'à 850 francs (1,3 euro). « Il n'y a pas de prix fixe », reconnaît le vendeur. Pour passer la douane, un billet permet d'éviter les contrôles de marchandises. « La police ne nous dérange pas », raconte Paul, « quand on passe, parfois, on paye 10 000, parfois 5 000 francs [de 7,5 à 15 euros environ, NDLR] ». Comme beaucoup de Camerounais, le commerce de rue permet à Paul de gagner « un peu » sa vie. « C'est mieux que pas de travail », met-il en avant. « Nous, les gens du quartier, c'est avec ça, avec le carburant, qu'on se débrouille. » Grâce à la revente informelle, Paul a construit sa petite maison. Son commerce fait également travailler régulièrement deux à cinq jeunes du voisinage. À lire aussiCameroun: les autorités interdisent l'accès aux vendeurs ambulants dans 15 lieux de Yaoundé « On n'a pas le choix. On n'a que ça à faire. Il n'y a pas de travail » Un peu plus loin, au marché, deux jeunes hommes sont affalés sur leurs étals. Eux vendent des médicaments, également importés sans déclaration du Nigeria. « Il y a tous genres de médicaments : mal de tête, mal d'estomac… Même pour le palu, il y en a », présentent fièrement les deux commerçants d'une vingtaine d'années. « Je viens avec la voiture et je traverse comme ça. On est habitués », raconte l'un d'eux. « Parfois, la police dérange (…) ils prennent la marchandise », ajoute-t-il. « Plusieurs fois », les jeunes ont été visés par des saisies des forces de l'ordre. Des opérations qui les « ruinent », se plaignent-ils. Mais pas de quoi décourager les deux vendeurs ambulants. « On n'a pas le choix. On n'a que ça à faire. Il n'y a pas de travail », regrettent-ils, car le Cameroun est un pays où il est « très dur » de trouver un emploi salarié. Accoudé à son stand de médicaments, l'un des jeunes renchérit : « Les gens ont fait l'école. Il y a les diplômes, les diplômes professionnels comme académiques, mais on ne trouve pas de travail. Le gouvernement n'est pas bon. On souffre. Les gens souffrent au Cameroun, surtout les jeunes », dit-il. Matériaux de construction ou encore produits alimentaires sont également importés du Nigeria pour être revendus à Garoua. À lire aussiHausse du prix du carburant au Cameroun: les transporteurs se disent «asphyxiés»

    Tarifs douaniers de Trump: en Tunisie, le secteur de l'artisanat premier touché

    Play Episode Listen Later Jul 31, 2025 2:21


    En Tunisie, la hausse des tarifs douaniers imposée par les États-Unis va entrer en vigueur jeudi 7 août. Ce serrage de vis tarifaire s'inscrit dans le cadre d'une vague de surtaxes douanières qui touchent près d'une soixantaine de pays. Une augmentation de 25 % qui va surtout affecter l'artisanat tunisien dont les États-Unis sont les premiers importateurs. Avec notre correspondante à Tunis, À l'Office national de l'artisanat, dans le quartier de La Manouba à Tunis, Karim Bairam supervise la découpe des pierres pour ses mosaïques. 80% de la production de cet artiste mosaïste et sculpteur part à l'export, une grande partie vers les États-Unis. « Je travaille avec des particuliers, des clients qui ont des maisons et qui veulent acheter une pièce souvenir d'ici comme une grande table ou un tableau », détaille-t-il. Il prend l'exemple de sa dernière pièce d'une valeur d'environ 3 000 dinars. Les taxes et les frais d'envois appliqués s'élèvent actuellement à environ 1 200 dinars, peut-être 1 600 environ après l'application des nouvelles taxes, explique l'artisan. Des coûts de douane et de livraison qui sont aux frais du client. Pour l'instant, la différence n'est pas trop importante pour les commandes à l'unité des particuliers, mais Karim redoute les conséquences sur le long terme : « Avec une grande commande, ils vont calculer tout ça, tu vois, c'est sûr. » Mesures pour une baisse des coûts d'envoi, diversification des marchés Karim explore déjà de nouveaux marchés comme la Chine. Aux États-Unis, Kenza Fourati co-fondatrice de la marque Osay the Label, qui vend des babouches traditionnelles en cuir importées de Tunisie, craint de devoir augmenter ses prix pour ne pas diminuer sa marge déjà petite. « L'impact sur les artisans avec lesquels on travaille sera forcément qu'il y aura moins de production, le volume de production va forcément diminuer un peu si les prix changent », anticipe-t-elle. « C'est ça qui nous inquiète un peu, car notre travail est à échelle très humaine. Il y a des compagnies plus grandes qui peuvent absorber ces coûts et sont donc moins impactées. Mais des compagnies à petite taille comme les nôtres, ce sont elles qui en souffrent le plus. Les gens vont souffrir sur toute la ligne de production de ces tarifs », poursuit l'entrepreneuse. À Tunis, à l'office de l'artisanat, Leila Maslati, la directrice, veut rassurer les 350 000 artisans qui travaillent dans le pays. Elle prévoit la relance d'un projet avec le ministère du Commerce pour faire baisser le coup d'envoi et de livraison vers les États-Unis, mais aussi une diversification des marchés. « L'Afrique, c'est important pour nous, cette année, on a eu deux participations qui étaient bénéfiques pour le secteur de l'artisanat, au Cameroun et aussi au Nigeria. Et on aura en 2026 une participation importante en Côte d'Ivoire », précise-t-elle. En 2024, le volume des exportations de l'artisanat représentait 160 millions de dinars tunisiens – environ 55 millions de dollars – plus d'un tiers destiné au marché américain.

    Au Gabon, la difficile équation de la dette et des besoins d'investissement

    Play Episode Listen Later Jul 30, 2025 2:21


    Au Gabon, le gouvernement mise sur ses matières premières pour industrialiser le pays. À ce titre, Libreville a interdit d'exporter ses minerais bruts dès janvier 2029. Le manganèse, dont le Gabon est le premier producteur mondial avec 8 à 9 millions de tonnes par an, est le principal minerai concerné par cette interdiction. Mais ce n'est pas tout. Libreville entend lancer l'exploitation de deux gisements de fer et pour cela, il lui faut des fonds. Il y a quelques semaines, le pays a bénéficié d'un financement de 3,2 milliards de dollars d'Afriximbank. C'est déjà beaucoup d'argent, mais c'est encore trop peu, estime le gouvernement. Avec notre correspondant à Libreville, Le ministre des Mines, Gilles Nembe, a été au cœur des négociations qui ont permis d'arracher d'Afreximbank le colossal financement de 3,2 milliards de dollars. L'utilisation de l'enveloppe est déjà très bien répartie, détaille le ministre : « Il y a 200 millions de dollars qui vont être utilisés pour la création de centrales thermiques. Il y en aura une du côté de Lambaréné, une à Port-Gentil et la dernière à Libreville, pour soulager des coupures d'électricité que nous avons connues sur le territoire. Le reste, les trois milliards, vont être utilisés pour les grands projets d'infrastructures et la transformation locale du manganèse. » La nouvelle stratégie du Gabon est de sortir de la dépendance des recettes pétrolières. Le pays, riche en manganèse et en fer, a besoin d'importants financements pour mettre ce secteur en chantier. « Trois milliards de dollars, c'est juste le début. Nous avons besoin de bien plus d'argent. Entre 22 et 25 milliards de dollars à peu près. Et cet argent servirait au chemin de fer Belinga, Bouée et Mayumba, à la centrale hydroélectrique qui serait construite à Bouée et au port en eau profonde de Mayumba », précise encore Gilles Nembe. De l'ambition et de la rigueur L'économiste et ancien banquier, Willy Ontsia estime que le Gabon est capable de mobiliser tous ces financements sans alourdir sa dette. « La première option, c'est celle d'optimiser les recettes propres en impliquant un peu plus le principe d'unicité de caisse », argumente-t-il. Autre facteur pour l'économiste, « recourir à l'endettement de manière structurée » afin d'atteindre les objectifs. Enfin, troisième option, celle de « l'investissement direct étranger ». Et pour drainer plus d'IDE, « le gouvernement doit travailler sur le climat des affaires, lutter contre la corruption pour que l'économie puisse mieux fonctionner », affirme Willy Ontsia. À moyen terme, le Gabon vise une croissance économique à deux chiffres. Cette perspective intègre déjà le discours officiel, mais Fabrice Bekale, directeur général du cabinet de conseil stratégique et financier Act Africa, tempère : « Il faut de l'ambition, il faut du courage. Il faut être prêt à prendre les mesures difficiles qui nous permettront de réformer de manière positive l'économie. Et il faut de la rigueur dans l'exécution du plan. » L'un des premiers impacts attendus, selon le gouvernement, concerne la réduction du chômage grâce à la création de milliers d'emplois. À lire aussiGabon: le manganèse brut sera interdit à l'exportation dès 2029

    À Istanbul, le commerce à la valise vers l'Afrique en perte de vitesse

    Play Episode Listen Later Jul 29, 2025 2:17


    Le quartier de Laleli, à Istanbul, centre névralgique du commerce à la valise vers l'Afrique, traverse une crise. Inflation, contrôles policiers et concurrence étrangère freinent les échanges. De notre correspondante à Istanbul, Dans les rues pentues de Laleli, à Istanbul, les allées et venues des transporteurs rythment la vie du quartier. Sur leurs diables métalliques, ils déplacent des colis d'un magasin à une entreprise de logistique, appelées « kargo », spécialisées dans l'envoi de marchandises vers l'étranger, notamment vers l'Afrique. Parmi les figures de ce commerce, Serigne Seck. Ce Sénégalais installé en Turquie depuis une quinzaine d'années dirige un « kargo » qui expédie vers le continent africain des textiles, des meubles ou encore des matériaux de construction, en grande majorité fabriqués localement. Il explique les atouts de ce marché turc : « La majeure partie des personnes qui viennent faire des achats sont satisfaites. Par rapport à la qualité, c'est vraiment une bonne qualité. Les sociétés avec qui on travaille, les fournisseurs qui nous fournissent les bagages, etc. Il y a une confiance entre nous et eux qui nous permet d'assurer les clients qui sont de l'autre côté. » Ce système a notamment prospéré après le Covid, quand la Chine s'est partiellement retirée du marché. Mais l'activité de Serigne ralentit nettement. Une chute des volumes, des coûts qui explosent Un étage plus bas, Mehmet Eren observe la même tendance. Ce responsable d'un autre « kargo » voit chaque année son volume d'envois divisé par deux. Il décrit l'ampleur du recul : « En 2023, j'envoyais 10 tonnes par semaine. Un an plus tard, c'est passé à six tonnes. Encore un an plus tard, c'était 3,5 tonnes. Cette année, c'est presque deux tonnes. Pendant que nos revenus diminuent de moitié, nos coûts doublent. C'est à cause de l'inflation, des taux d'intérêt, de la bureaucratie, de la Chine, des guerres. Ce n'est pas un seul problème. » Les difficultés s'étendent à tout le quartier. Les commerçants peinent à rester compétitifs. Giyasettin Eyyüpkoca, président de Lasiad – une association d'entrepreneurs de Laleli dans le textile – explique les causes multiples : « À cause de toutes ces raisons, l'inflation, le salaire minimum, les coûts de l'énergie à l'intérieur du pays, vous vous retrouvez inévitablement un cran ou deux au-dessus, en termes de prix, par rapport aux pays que vous considérez comme concurrents. Dans ces conditions, alors que les habitudes de consommation des gens ont déjà changé, qu'ils sont déjà touchés par la crise économique, si en plus vos prix leur paraissent élevés, vous reculez inévitablement encore plus. » Enfin, un autre facteur vient fragiliser les liens commerciaux avec l'Afrique. Hors micro, une Tchadienne responsable d'un « kargo » confie subir une intensification des contrôles policiers et des arrestations. La Turquie a durci sa politique migratoire, une évolution qui, selon elle, contribue aussi au recul des échanges. À lire aussiVolkan Isiksi (Turquie): «On veut subvenir aux besoins de nos amis africains qui nous font la demande»

    Au Cameroun, une raffinerie pour limiter la dépendance aux importations

    Play Episode Listen Later Jul 28, 2025 2:20


    Le Cameroun lance un nouveau projet de raffinerie dans la ville balnéaire de Kribi. En 2019, un grand incendie avait mis à l'arrêt celle de la Sonara. La pose de la première pierre du futur complexe qui comprend aussi un dépôt de stockage de produits pétroliers, a eu lieu le 17 juillet 2025. Le projet est conduit par la société nationale des hydrocarbures accompagnée par un groupe d'entreprises nationales et internationales. Le pays vise à travers cette infrastructure à résorber la dépendance énergétique du pays aux importations. Avec notre envoyé spécial à Kribi, Le projet à bâtir s'étale sur une superficie de 250 hectares, à un jet de pierre du complexe portuaire de Kribi. Il va compter une raffinerie et un dépôt de stockage de produits pétroliers. « La raffinerie et le dépôt de stockage stratégique de produits pétroliers dans lesquels nous avons décidé d'investir sont des infrastructures à la portée historique destinée à révolutionner et à sécuriser l'écosystème énergétique au Cameroun, estime Nathalie Moudiki, la présidente du conseil d'administration de la société de projet CSTAR, spécialement constituée pour sa mise en œuvre. Il s'agit de projets complémentaires et indissociables qui constituent une avancée majeure dans le domaine de l'économie pétrolière. Ils viennent répondre au déficit structurel des capacités de stockage dont souffre le pays entier. » L'enjeu est donc de réduire la dépendance énergétique du Cameroun. Le pays important jusqu'ici l'essentiel de sa consommation de produits pétroliers. Avec 30 000 barils par jour de produits raffinés annoncés, cette dépendance devrait être réduite de 30 %, espère-t-on chez CSTAR. « À ce jour, 100 % de produits pétroliers est importé. Si nous avons des problèmes sur les lignes d'importations, le pays est à sec. Nous n'avons pas assez de stockage, ce qui veut dire que s'il y a un problème d'approvisionnement d'un jour, nous risquons la rupture de notre chaîne d'approvisionnement en produits pétroliers. Et vous pouvez imaginer les dégâts que nous pourrions avoir sur le fonctionnement du pays », souligne Miles Dion Ngute, coordonnateur du projet de construction de la raffinerie et du dépôt de stockage. Le projet charrie beaucoup d'espoir. D'abord en termes d'emploi, 5 000 pendant la phase de construction et 2 000 dès sa mise en exploitation. « Pour le Cameroun, ces projets sont porteurs d'une amélioration significative de la balance commerciale, un renforcement des réserves de change et surtout la création d'emplois pour résorber le chômage des jeunes », assure Nathalie Moudiki. La société nationale des hydrocarbures (SNH) et ses partenaires, dont la société Tradex, Ariana Energy et le consortium RCG, projettent l'inauguration de ce complexe courant 2027. À lire aussiCameroun: une base logistique opérationnelle pour le port de Kribi

    À Lubumbashi, le prix de la tomate flambe sur le marché

    Play Episode Listen Later Jul 27, 2025 2:23


    La tomate devient un luxe sur les marchés de Lubumbashi et dans les autres grandes villes du sud de la RDC. Son prix a presque doublé en quelques semaines. Il est passé de 45 000 francs congolais, soit 15 dollars pour une caisse de 30 kg à 90 000 francs congolais, équivalant à 30 dollars. Principalement importées de Zambie, en moyenne, 750 camions de tomate en provenance de ce pays frontalier ravitaillent la ville de Lubumbashi chaque mois.  Avec notre correspondante à Lubumbashi,  Madame Lydie vend des tomates depuis 10 ans au marché de la commune de Kenya, en RDC. Elle, comme des centaines d'autres commerçantes, dépend des cargaisons venues chaque semaine de la Zambie. Mais ces derniers mois, tout a changé. « Avant, j'achetais une caisse de tomates à 25 000 francs congolais. Aujourd'hui, le prix a augmenté, c'est 90 000 ! C'est devenu très compliqué. Si je ne fais pas attention en vendant, je risque de perdre même du capital », témoigne-t-elle. À côté d'elle, Christine pose les tomates sur son étalage, mais les clients se font rares à cause de la flambée des prix : « Le prix varie chaque jour et les clients se plaignent. Ils n'achètent pas. Or la tomate est périssable. Si je n'arrive pas à l'écouler dans le courant de la journée, c'est perdu. » La commune de Kenya est le principal lieu de négoce de la tomate à Lubumbashi. Selon le service de l'agriculture, la région du Sud-Katanga importe de la Zambie environ 22 500 tonnes de tomate par mois. Mais depuis le mois de juin, ce fruit se fait rare pour des raisons climatiques, déclare Jean-Marie Mwamb, l'inspecteur de l'agriculture à la commune de Kenya : « C'est juste la saison qui n'est pas favorable à la culture de la tomate puisqu'elle ne supporte pas le froid. Au cours des années précédentes, il y avait aussi la rareté de la tomate et les causes étaient notamment des tracasseries à la frontière. » Dépréciation du kwacha et tracasseries En plus de ce problème saisonnier, la dépréciation de la monnaie zambienne, le kwacha, les frais douaniers et les tracasseries à la frontière aggravent la situation. David Mpolo est un importateur rencontré devant son camion de tomates : « Aujourd'hui, 100 dollars valent 2,3 millions de kwacha. Au mois d'avril, on changeait 100 dollars à 1,5 million de kwacha. Cela a un impact sur le prix. Avant, le prix d'une caisse de tomates variait entre 35 000 et 45 000 francs congolais. Aujourd'hui, nous vendons à 90 000, voire 100 000 francs congolais. » Pour faire face à cette crise, la solution est dans la production locale, assure de son côté l'Association des agriculteurs sans frontières. « Il faut doter les agriculteurs de serres, car elles coûtent cher. Une serre se vend à 5 000 dollars. Donc, il faut un appui financier et une formation accélérée aux agriculteurs », réclame Alexis Mbumb, son président. La flambée du prix de la tomate remet sur la table la question de la politique agricole de la RDC afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des pays voisins. À lire aussiRDC: colère des transporteurs à la frontière zambienne

    L'Éthiopie, grande absente du classement par revenus de la Banque mondiale

    Play Episode Listen Later Jul 24, 2025 2:16


    L'Éthiopie ne figure pas dans le classement récemment publié par la Banque mondiale qui renseigne chaque année les pays du monde selon leur revenu national brut par habitant. Sur les 218 États du rapport, seul le Venezuela est dans la même situation. Une décision qui peut avoir des conséquences sur l'économie éthiopienne. De notre correspondante à Addis-Abeba, C'est une première depuis 1987 : l'Éthiopie est suspendue du classement annuel de la Banque mondiale. En cause, d'après l'institution : l'impossibilité, pour ses experts, de récolter des données fiables. Getachew Alemu, économiste à l'Union africaine, explique cette méthode de calcul : « Pour son classement, la Banque mondiale se réfère au revenu national par habitant. Celui de l'Éthiopie est d'abord calculé en dollars américains. Pour l'établir, un processus de conversion est donc nécessaire. Il s'agit d'utiliser le taux de change, pour convertir le revenu national brut calculé en dollars ». Mais aujourd'hui, « la Banque mondiale affirme qu'à l'heure actuelle, le taux de change n'est pas stabilisé. Et l'écart entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle persiste », précise-t-il. Des prêts plus difficiles à obtenir L'institution financière a donc préféré suspendre l'Éthiopie pour « limiter le risque d'utilisation d'un indicateur potentiellement trompeur », a fait savoir son bureau d'Addis-Abeba. Pour Kiflu Molla, économiste en charge de l'Éthiopie au sein de l'International Growth Centre, basé à Londres, cette suspension n'est pas exempte de conséquences. « La classification est importante pour plusieurs raisons. Entre autres, elle détermine l'éligibilité d'un pays à l'élaboration d'un financement pour obtenir une aide ou des prêts à faible taux d'intérêt », explique l'expert. Getachew Alemu confirme : la suspension de l'Éthiopie pourrait compliquer son accès à des prêts. « Si vous êtes un pays à faible revenu, vous êtes éligible à des prêts concessionnels. Cela signifie des taux d'intérêt plus bas et une durée de remboursement globale plus longue », souligne-t-il. Un mauvais signal envoyé aux investisseurs Plus globalement, l'absence de l'Éthiopie dans le classement de la Banque mondiale n'envoie pas un bon signal aux investisseurs, ajoute Kiflu Molla. « Ils peuvent avoir l'impression que le pays ne dispose pas de données fiables ou que son économie n'est pas stable. Les investisseurs pourraient penser que le pays est très pauvre et ne pas le considérer comme une destination d'investissement viable. Le gouvernement doit donc s'efforcer à clarifier les choses », pointe encore l'économiste. La suspension temporaire de l'Éthiopie n'a en tout cas pas entaché la confiance que lui accorde la Banque mondiale. Le 5 juillet dernier, l'institution a signé un accord de financement avec le pays d'un montant d'un milliard de dollars. À lire aussiÉthiopie: un an après l'ouverture du secteur bancaire aux banques étrangères

    Tunisie: les femmes artisanes de Gafsa en quête de plus de visibilité

    Play Episode Listen Later Jul 23, 2025 2:27


    En Tunisie, les artisanes de Gafsa, une ville minière du sud-ouest tunisien, tentent de valoriser les savoir-faire de la région et surtout une autonomie économique grâce à la vente de leurs produits. Mais le manque de visibilité et l'isolement sont souvent des problèmes pour ces entrepreneuses, qui dépendent des foires ponctuelles dans l'année pour arriver à vendre leurs produits. De notre correspondante à Tunis,  Lors de journées organisées par le ministère du Tourisme pour déterminer l'offre touristique à Gafsa, Fathia Mabrouki, originaire de Oum Larrayes, est venue avec d'autres femmes exposer ses tapis faits mains : « Ce que nous vendons ici, ce sont des produits de tissage de tapis et de kilims faits par les femmes de Oum Larrayes. Celui-ci avec plusieurs rayures de couleur, vous le trouvez dans toutes les maisons de la région, c'est vraiment un produit local ». « Personne ne sait qu'on existe » Mais dans cette région surtout connue pour ses mines de phosphate, les artisanes peinent à se rendre visibles et à vendre leurs produits. « C'est dur d'en vivre et de dégager un salaire, mais les artisanes s'accrochent pour continuer parce qu'elles ont ça dans le sang, poursuit-elle. Honnêtement, ce qu'il manque, c'est la publicité, le marketing. Parfois, des femmes comme nous, si on n'a pas la foire annuelle de l'artisanat à Tunis, on ne vend rien concrètement, car personne ne sait qu'on existe. » Karima Brahmi, 40 ans et originaire du centre-ville de Gafsa, a décidé de s'organiser en coopérative avec d'autres femmes pour vendre à plusieurs leurs produits du terroir. « Je suis entrée dans la coopérative pour faire plus de networking et gagner en expérience. Cela me permet d'avoir des contacts pour les foires de l'artisanat, car toute seule, je n'y arrivais pas. Là, j'entends parler de plus d'événements. Je fais des produits du terroir comme les olives, les légumes en saumure, la harissa, les gâteaux traditionnels », explique la quarantenaire. Une coopérative pour se professionnaliser Cette coopérative leur a permis de postuler à une formation du ministère de l'Agriculture pour se professionnaliser. « Nous avons suivi une formation pour décliner plusieurs produits à base de dattes et surtout faire en sorte que tous nos produits soient le plus naturel possible et de qualité », témoigne Ahlem Belhola, une de ses collègues. « On nous a appris comment faire du sucre de dattes, de la confiture de dattes, de la bsissa et même du café avec les noyaux de dattes. Donc, tous ces produits génèrent d'autres sources de revenus. Même les femmes, qui font ça à la base pour l'usage personnel ou pour vendre à quelques clients, sont encouragées à le faire de façon professionnelle et à élargir ainsi leur clientèle. » Un besoin de travailler d'autant plus important qu'à Gafsa, 35 % des femmes sont officiellement au chômage. À lire aussiLes sociétés civiles de Tunisie, Jordanie et Maroc s'inquiètent des violences faites aux femmes

    À Madagascar, des jeunes sans diplôme formés aux métiers d'avenir

    Play Episode Listen Later Jul 22, 2025 2:24


    À Madagascar, des visites d'entreprise pour trouver son métier et un emploi. 150 jeunes déscolarisés ont rencontré des professionnels en quête de main d'œuvre et prêts à former de nouvelles recrues dans les secteurs de l'hôtellerie, du textile, de la mécanique automobile ou encore du marketing digital.  Ils sont une vingtaine de jeunes à se frayer un chemin au milieu de l'atelier de couture dirigé par Voahangy Ramananarinoro à Antananarivo. Découpe des tissus, assemblage des pièces, repassage : la cheffe d'entreprise leur présente chaque étape de la production des vêtements pour enfants, ensuite destinés à l'exportation vers l'Europe. Son atelier recrute régulièrement des jeunes accompagnés par l'association Graine de Bitume. « Ils sont formés dans la couture et dans le patronage, les gabarits, etc. Ce sont des jeunes qui n'ont jamais vu ça. Mais on donne l'essentiel pour qu'ils soient vraiment opérationnels tout de suite, le plus vite possible. S'ils sont bien compétents, on les recrute », explique-t-il. Dans les coulisses du textile malgache Le secteur textile représente 20 % du PIB malgache et fait figure de moteur pour l'économie nationale. « J'aimerais commencer comme salariée pour accumuler de l'expérience et des savoir-faire puis monter ma propre entreprise pour exporter des pulls et des chemisiers, témoigne Fitahiana, 17 ans. Avec cette visite, je découvre le processus de fabrication des vêtements et je peux voir comment les employés ont fait carrière, comment ils ont acquis des savoir-faire. » Les jeunes visitent les entreprises après avoir réalisé un test de personnalité afin de cerner leurs centres d'intérêt. Parmi la palette de métiers à découvrir : ceux du marketing numérique, un secteur en pleine croissance. Dans l'entreprise Smartelia, aucun diplôme n'est nécessaire pour être embauché, mais la maîtrise du français est requise pour communiquer avec les clients principalement français. Marketing numérique : un secteur en plein essor « On est beaucoup à la recherche de personnes spécialistes en marketing digital actuellement, explique la référente ressources humaines de l'entreprise, Miora Randrianomenjanahary. Si je parle de l'année dernière, on a visé à peu près 200 personnes à recruter. Évidemment, ici, quand ils entrent en entreprise, il y a toujours des formations qu'on offre à toutes les nouvelles recrues. C'est vraiment initier les jeunes à se dire qu'il y a un avenir dans le marketing numérique. Il faut avancer avec, surtout avec l'automatisation, avec l'intelligence artificielle. On est en train de se faire dépasser et si on ne travaille pas avec, on va disparaître avec. » À Madagascar, 80 % de la population occupe un emploi informel et seuls 6 % des jeunes étudient à l'université. En leur faisant découvrir des secteurs en croissance qui leur sont souvent étrangers, Graine de Bitume entend favoriser l'accès rapide des jeunes sans diplômes à des emplois stables et des revenus réguliers sur le long terme. À lire aussiMadagascar: face à la crise de l'emploi, le secteur informel s'étend à de nouveaux métiers

    Comores: Mitsamiouli compte sur les Jeux des îles pour relancer le tourisme

    Play Episode Listen Later Jul 21, 2025 2:31


    Les Comores accueilleront les Jeux des îles de l'océan Indien en 2027. À Mitsamiouli, ville balnéaire située dans le nord-est de l'île de Grande Comore, autrefois très fréquentée par les touristes, la perspective des Jeux des îles suscite espoirs et projets.  Le stade de Mitsamiouli est en chantier. La Fédération comorienne de football y construit un nouveau centre technique. « Nous allons faire les dortoirs du centre technique et deux grands bâtiments qui auront les gradins, explique El-Had Assaf, ingénieur pour l'entreprise comorienne de construction SCPMC, en charge des travaux. En dessous, il y aura les vestiaires et une salle de sport. C'est là où les académiciens vont faire leur préparation et le stade. C'est là où ils vont faire leurs entraînements et leurs matchs. Nous allons construire des gradins d'une capacité de 1 000 à 1 500 personnes. Normalement, le projet est censé finir début 2027 maximum, avant les Jeux. » Il y a les infrastructures sportives et il y a tout le reste Chamsoudine Soulé, le maire de Mitsamiouli, énumère ses projets et ses attentes : « On aura ce stade. On aura aussi un gymnase qui sera construit. En tout cas, il est programmé. Parmi les projets qui doivent être faites avant les Jeux de 2027, il y a d'autres formes de préparatifs, parce que nous avons l'hôtel Galawa, un ancien hôtel qui n'est plus fonctionnel. C'est comptabilisé dans le cadre des infrastructures pour 2027. » « Il y a aussi l'hôtel Maloudja, mais aussi, nous avons d'autres sites, notamment, le site de Panga Shuwa, le site de trou du Prophète. On est en train de construire un ensemble d'édifices. On aura beaucoup de visiteurs. C'est une opportunité en or pour rebooster notre tourisme », poursuit-il. Les Jeux, une opportunité économique  De la fin des années 1980 au début des années 2000, les plages paradisiaques de Mitsamiouli ont vu défiler des touristes de toutes nationalités. Mais depuis, les Comores ont moins la cote et, dans l'océan Indien, les Seychelles, les Maldives ou l'île Maurice sont plus prisées. À l'hôtel Océan Voyage de Mitsamiouli, en bord de mer, on se prépare aussi. « Cela va faire venir beaucoup de touristes vu que, nous aussi, on est tout près de la plage. On construit les nouvelles salles de conférence. On en a déjà une, mais on agrandit la salle de conférence pour les Jeux des îles. On est prêt pour ça », explique Vanessa Anjara, qui gère la partie restaurant de l'hôtel. Pour que les Jeux des îles apportent les retombées espérées, il faudra que tout soit fini à temps. Si le chantier du stade avance bien, celui du mythique hôtel Galawa, maintes fois annoncé et relancé, est actuellement à l'arrêt. À lire aussiComores: la menace de grève des opérateurs économiques suspendue, un accord en passe d'être signé

    Dotation aux communautés: la Cour des comptes épingle 37 sociétés minières en RDC

    Play Episode Listen Later Jul 20, 2025 2:29


    La Cour des comptes de RDC a, dans un récent rapport, révélé que 37 entreprises minières ont minoré leur dotation aux communautés, occasionnant un manque à gagner de 97 millions de dollars. Selon le Code minier, chaque société doit verser à la communauté impactée par l'activité minière 0,3 % de son chiffre d'affaires pour des projets de développement. Le ministère des Mines exige des entreprises qu'elles rendent des comptes sous peine de sanctions. À Lubumbashi, par exemple, la société Ruashi Mining n'a versé que 22% du montant attendu. De notre correspondante à Lubumbashi,  L'hôpital militaire de la Ruashi, à Lubumbashi, connaît des déficits en énergie électrique. Pourtant, depuis un an, il est doté d'une centrale photovoltaïque de 10 kilowatts, un projet financé par la dotation de la société Ruashi Mining. Mais cette centrale n'est pas opérationnelle car elle ne dispose pas des batteries nécessaires. « Il n'y a pas de financement. Notre partenaire Ruashi Mining n'a pas encore répondu à notre demande. Il nous doit plus de 5 millions. Comme vous le voyez, ils n'ont pas d'énergie électrique et [la centrale] ne peut pas fonctionner, les batteries ne répondent pas », regrette Christophe Kabwit, membre de la société civile locale. À quelques mètres de là, au centre social Ruashi 2, un bâtiment peint en blanc a été construit avec les mêmes fonds. Il doit abriter des ateliers équipés de 200 machines à coudre et de matériel informatique. Là aussi, les travaux sont à l'arrêt. Zacharie Kapenda, le directeur du centre social, est un peu déçu : « Il y avait de l'espoir parce que les travaux devaient prendre fin dans un délai de trois mois. Et on devait nous amener des machines pour la couture, l'informatique et la cuisine. » Une erreur de calcul ? En 2024, quatre projets ont été lancés dans la commune de Ruashi, à Lubumbashi. Il s'agit de la construction d'une école technique, d'ateliers du centre social et du montage des centrales photovoltaïques dans deux hôpitaux publics. Tous ces projets sont à ce jour inachevés. En plus de minorer la dotation de 0,3 % de son chiffre d'affaires, la société Ruashi Mining n'a décaissé que près de 22% du montant attendu, soit 1 201 000 $. Justin Nyembo est membre de l'organisme chargé de la gestion de la dotation. Il fait les comptes : « De 2018 à 2023, cela représente un montant de 6 130 000 $ que l'entreprise doit verser comme dotation. Aujourd'hui, nous réclamons à l'entreprise 5 111 000 $ pour que nous puissions achever les projets que nous avons amorcés. » Pour sa part, l'observatoire d'études et d'appui à la responsabilité sociale fait le suivi du respect du Code minier par les entreprises minières. « Du point de vue légal, il est de la responsabilité ou du devoir de l'entreprise de payer normalement pour être en ordre avec les lois du pays. Cela n'est pas discutable », affirme Freddy Kasongo, le directeur de l'observatoire. La société Ruashi Mining, quant à elle, rejette les allégations sur la minoration de ses déclarations sur le 0,3% de son chiffre d'affaires. Elle affirme qu'il s'agit d'une erreur de calcul. De son côté, le ministère des Mines, en charge du recouvrement de ces dotations, a dans une lettre récente menacé de sanctions si les montants dus ne sont pas acquittés. À lire aussiLa RDC signe un accord de principe avec l'entreprise américaine KoBold Metals sur l'exploration minière

    Coltan, cuivre, or: la difficile traçabilité des minerais en Afrique centrale

    Play Episode Listen Later Jul 17, 2025 2:28


    Alors que les minerais extraits en Afrique centrale sont essentiels aux technologies du quotidien, leur traçabilité reste problématique. Entre initiatives internationales et controverses judiciaires, les entreprises sont sous pression pour assumer leur devoir de vigilance. La société luxembourgeoise Traxys a récemment été épinglée par l'ONG Global Witness. Elle est accusée d'avoir acheté plusieurs centaines de tonnes de coltan au Rwanda, un minerai stratégique utilisé notamment dans les smartphones, mais bien souvent extrait dans des conditions illégales en République démocratique du Congo. L'ONG affirme que ce minerai proviendrait de mines congolaises, comme celle de Rubaya, dans une région minée par les conflits armés. Traxys rejette les accusations. Pourtant, l'opacité des chaînes d'approvisionnement reste fréquente dans cette zone. Pour limiter les risques, les entreprises peuvent s'appuyer sur le guide de l'OCDE sur le devoir de diligence. Ce document propose une série de pratiques dites « responsables ». Selon Karim Dahou, directeur adjoint des relations mondiales à l'OCDE, la transparence progresse, et « les entreprises prennent de plus en plus au sérieux leur responsabilité ». Il cite un exemple révélateur : une mine de cuivre évaluée à trois milliards de tonnes de réserves a vu son projet suspendu par une Cour constitutionnelle, faute de consultation des communautés locales dans une zone protégée. « Beaucoup de projets sont retardés ou annulés parce qu'ils ne respectent pas les normes », explique-t-il Des recours juridiques contre les multinationales De son côté, la RDC a porté plainte en France et en Belgique contre des filiales d'Apple, les accusant d'avoir participé au recel de minerais exploités illégalement dans l'est du pays. Le groupe américain affirme avoir depuis suspendu ses approvisionnements en provenance de la RDC et du Rwanda. En France, la plainte a été classée sans suite en février, mais la procédure suit son cours en Belgique. Pour améliorer la traçabilité, des programmes comme ITSCI sont mis en place. Dirigé par Mickaël Daudin, ITSCI aide les entreprises à assumer leur devoir de diligence sur le terrain. « Le cœur du travail, c'est d'être dans les mines, de suivre les risques au quotidien et de les résoudre de manière transparente, insiste-t-il. Aucune solution n'est parfaite. Mais détourner le regard ne fera pas disparaître les abus. » À lire aussiEst de la RDC: la contrebande de minerai vers le Rwanda s'intensifie

    Après la levée du dernier embargo, quel avenir pour le Processus de Kimberley?

    Play Episode Listen Later Jul 16, 2025 2:26


    Le Processus de Kimberley (PK), adossé à l'ONU, a été créé en mai 2000 du constat de conflits importants sur le continent africain liés ou alimentés par la production du diamant. À l'époque, particulièrement en Angola et en Sierra Leone. Près de 25 ans plus tard, le dernier embargo sur la vente de diamants qui était imposé à la Centrafrique est levé. Dans un récent rapport, the International Peace Information Service (IPIS) s'interroge sur l'avenir de ce Processus. L'IPIS est très critique quant aux résultats obtenus par l'embargo en Centrafrique. Pour le chercheur Hans Merket rédacteur du rapport, sa levée pose en plus la question de son avenir. « On peut se demander aujourd'hui quelle est encore la responsabilité du Processus de Kimberley, s'il n'a pas été capable d'avoir un impact positif dans le seul pays où elle reconnaît encore des diamants de conflit ? Qu'est-ce qu'on peut encore attendre du PK dans d'autres circonstances ? », se questionne le chercheur. « Pour le PK, la levée de l'embargo veut aussi dire que, aujourd'hui, il ne reconnaît pas de diamants de conflits ailleurs au monde. Et donc ça reste un système assez coûteux, assez intensif. On a des réunions deux fois par an pour une semaine, avec deux cents représentants des différents pays. Mais pour discuter quoi encore ? Donc, je pense que ça, c'est vraiment une question qu'on doit se poser, quelle est encore la pertinence et le futur de ce système et de ce Processus de Kimberley ? », s'interroge Hans Merket. Le Processus de Kimberley réunit les représentants des États, de l'industrie du diamant et de la société civile. Jimmy Hamuli est le point focal Afrique centrale de la Coalition de la société civile du Processus de Kimberley : « Aujourd'hui, on peut dire que le PK a contribué à réduire les financements des groupes armés par les diamants. Mais on ne peut pas dire complètement que le PK a éradiqué tous les conflits dans le secteur du diamant ». À lire aussiCentrafrique: malgré la levée de l'embargo, le diamant peine à briller Élargir la définition du PK ?  Pour la société civile, le processus de Kimberley a encore toute sa raison d'être si les définitions et critères du PK sont élargis. La coalition a d'ailleurs fait des propositions en ce sens. « Nous voulons que la définition ne se limite pas seulement aux diamants de conflit, mais qu'elle aille plus loin, qu'elle considère toutes les questions liées aux acteurs et aux actes qui sont posés par ces acteurs dans le secteur du diamant. Nous avons tous les types d'acteurs armés et non armés, étatiques et non étatiques. Cela ne permet pas d'être sûr que les diamants issus des zones où ces acteurs sont présents ne sont pas entachés par des conflits », détaille Jimmy Hamuli.   « Le Processus de Kimberley, je pense, devrait jouer ce rôle de prévention. En dehors des guerres, il y a toutes formes de violations des droits humains, des tueries, des violations des droits environnementaux des communautés qui doivent être en tout cas prises en compte dans la nouvelle définition », estime le représentant de la coalition. À Rio, les Brics ont réaffirmé leur soutien au Processus de Kimberley. Ils affirment vouloir poursuivre leur examen de mécanismes pour promouvoir le développement durable du commerce de diamants, mais également de « métaux précieux ». À lire aussiLe secteur du diamant s'unit pour redorer l'image des pierres naturelles

    Centrafrique: malgré la levée de l'embargo, le diamant peine à briller

    Play Episode Listen Later Jul 15, 2025 2:26


    Le Processus de Kimberley a levé son dernier embargo sur le diamant en Centrafrique en novembre 2024 (après une levée partielle en 2016). Une victoire politique pour les autorités de Bangui qui dénonçaient une restriction injuste sur des ressources importantes pour le pays. Si la levée de l'embargo devrait permettre cette année de dépasser les 112 000 carats produits l'an passé, affirment les autorités. Cependant, un récent rapport de l'International Peace Information Service (IPIS) souligne que la levée des restrictions ne signifie pas nécessairement une reprise massive du secteur. Difficile dans le secteur de trouver des interlocuteurs qui acceptent de parler au micro. Ce revendeur de diamants a accepté de témoigner de manière anonyme. Il explique comment l'embargo a affecté ses activités. « Nous nous étions tout réorganisés dans le travail de l'or. La levée de l'embargo a permis la reprise de nos activités de diamant dans toutes les zones, sauf que le prix actuel du marché et le manque de financement direct auprès des artisans par les bureaux d'achat de diamants démotive les artisans. Il faut aussi reconnaître que la présence des troupes de Wagner donne peur aux financiers de nous accompagner. Aujourd'hui, il est nécessaire de relancer le secteur par l'entremise des bureaux d'achat qui doivent accompagner les collecteurs et les artisans miniers », partage-t-il avec nous. Avec l'embargo, les artisans miniers ont été contraints de travailler avec les groupes armés ou les réseaux illicites, soit de se tourner vers d'autres activités comme la production de l'or. Faute de mesures incitatives et des prix sur le marché au plus bas, le diamant aujourd'hui peine à retrouver de son brillant. « On a vu que les acteurs formels dans le commerce de diamants ont eu beaucoup de difficultés à entrer en compétition avec ces réseaux illicites qui ont beaucoup d'avantages comparés à eux. Ils ne doivent pas payer de taxes, ils ont aussi des connexions, des réseaux logistiques qui ont été très bien établis », explique Hans Merket chercheur à l'IPIS et auteur de ce rapport. « Et donc on voit encore aujourd'hui que même avec la levée de l'embargo, cela reste encore très compliqué et difficile pour les acteurs licites dans le commerce de rattraper et de trouver des opportunités sur le marché », affirme-t-il encore. À lire aussiCentrafrique: la levée totale de l'embargo sur les diamants décidée par le Processus de Kimberley « L'État travaille pour pouvoir soutenir ce secteur » Les autorités se disent conscientes de cette problématique et cherchent à relancer le secteur. « Pour ramener les gens dans le diamant, c'est un peu plus difficile. Nous avons prévu d'ici le mois d'août, si tout se passe bien, d'organiser une semaine de l'artisanat minier. Nous comptons, au niveau de l'État, mobiliser des ressources, mais aussi intéresser le secteur privé. Non seulement nous travaillons à l'industrialisation du secteur, mais vous savez que l'artisanat minier fait vivre 500 à 800 000 personnes. Et donc l'État travaille pour pouvoir soutenir ce secteur-là. Donc, cette activité permettra à l'État de mettre quelques moyens matériels, quelques équipements à la disposition de ces artisans miniers-là, ce qui permettrait, à n'en point douter, de relancer la production », assure le ministre centrafricain des Mines, Rufin Benam Beltoungou. Les autorités disent également étudier l'attribution de permis d'exploitation semi-industriels. Mais l'IPIS souligne des opérations de contrebande « profondément enracinées, soutenues par la collusion des élites de l'État ». Il faudra donc une bonne dose de volonté politique, note l'institut de recherche, pour que les carats du diamant bénéficient de nouveau à l'économie du pays. À lire aussiCentrafrique: Bangui présente l'un des plus gros diamants jamais découverts dans le pays

    Tunisie: des filtres sur les canalisations face au risque d'inondations urbaines

    Play Episode Listen Later Jul 14, 2025 2:28


    En Tunisie, l'insuffisance des infrastructures provoque souvent des inondations dans les villes en cas de pluies abondantes. Une startup a eu l'idée d'installer des filtres métalliques dans les bouches d'égouts pour atténuer ce risque. Une solution adoptée par de plus en plus de municipalités. Dans le quartier de Megrine en banlieue sud de Tunis, l'équipe Zigofiltre et des agents municipaux installent dans le regard de l'égout une cage en acier, renforcée à chaud. « Là, les agents de terrain vont essayer d'enlever le tampon qui est le couvercle du regard, détaille Mohamed Rammeh, le co-fondateur de la startup. On va ensuite nettoyer un peu le regard et les réseaux pour installer les filtres sur un regard propre et ensuite installer le filtre qui aura comme rôle la rétention des déchets, la capture des déchets, ce qui va aussi laisser passer l'eau, sans déchets. » Limiter la pollution des sources d'eau Un procédé qui réduit le risque d'inondations, mais pas seulement. « Cela va réduire aussi la pollution des réseaux, qui peut entraîner aussi la pollution des ressources marines avoisinantes, poursuit Mohamed Rammeh. Donc, s'il y a des lacs, s'il y a des rivières, on va éliminer la pollution qui va rentrer dans ces sources d'eau, et le filtre a une très grande durabilité, dans les quinze ans. » Fondée en 2020, la startup Wayout et son concept Zigofiltre a été créée par quatre ingénieurs tunisiens qui ont voulu agir face au changement climatique. Ils se sont inspirés d'un modèle australien avec des filets. « L'infrastructure est un peu déchue, observe Mohamed Rammeh, mais aujourd'hui, il s'agit de l'améliorer pour la rendre plus résiliente. Le mot résilience est le mot clef parce que finalement nous, avec le changement climatique, on ne peut pas prévoir les inondations, on ne peut pas prévoir les fortes pluies, autant avoir une infrastructure qui est préparée. » Dans 25 municipalités Et pour les agents municipaux, le filtre est le bienvenu. « De toute façon, actuellement, on n'avait rien, donc ça ne peut pas être pire, confie Mahjoub Awachi. « Il faudrait aussi que les services publics comme l'ONAS, qui s'occupe de l'assainissement, fassent plus de suivi. » Pour financer les filtres, la startup noue des partenariats avec des entreprises qui acceptent de payer l'achat, l'installation et le suivi dans le cadre de leur responsabilité sociétale et environnementale. Une quinzaine de filtres coûtent environ 6 000 dinars soit environ 1 800 euros. Les techniciens de Zigofiltre ont pour l'heure équipé 25 municipalités, sur les 350 en Tunisie.

    Madagascar: le FMI soutient la réforme très sensible du secteur de l'énergie

    Play Episode Listen Later Jul 13, 2025 2:15


    Madagascar a obtenu début juillet un décaissement de 107 millions de dollars du Fonds monétaire international. Il s'agit de soutenir la Grande île confrontée aux cyclones, à la diminution de l'aide au développement et à l'augmentation des droits de douane américains. Le FMI appuie également une réforme, centrale pour Madagascar, mais délicate, celle du secteur de l'énergie, alors que le pays subit depuis des mois des délestages prolongés. La réforme du secteur malgache de l'énergie tient sur deux pieds. D'abord une diminution des subventions sur les prix à la pompe, mais une diminution progressive. « L'idée, ce n'est pas d'aller à la vérité des prix soudainement, souligne Kodjovi Eklou, le représentant résident du FMI à Madagascar. On garde encore une part de subventions, mais on les maîtrise. C'est une formule, donc chaque mois, les prix changent à la pompe dans une limite de -200 et +200 ariarys le litre. » Développer le solaire Autre versant de la réforme, le plan de redressement de la compagnie publique malgache, la Jirama, vient d'être publié. Il vise, explique le représentant du FMI, à diminuer le prix de revient de l'électricité, près de deux fois plus élevé que le prix de vente… « En ce moment, l'énergie est produite essentiellement par du heavy fuel et du diesel, précise Kodjovi Eklou. Donc, ça coûte extrêmement cher. On sait que les grands projets hydroélectriques vont prendre du temps. Mais avant d'arriver là, avec les panneaux solaires, on va produire de l'énergie à moindre coût. » Graves dysfonctionnements pas résolus L'amélioration du service devrait, espère le FMI, permettre d'imposer des tarifs « confort » et « super confort » pour, par exemple, les bureaux et les grands hôtels, afin de renflouer les caisses, tout en préservant des tarifs sociaux.  Cette réforme de la Jirama ne remédie pourtant pas aux dysfonctionnements graves de la compagnie, estime Serge Zafimahova, consultant malgache en risque d'investissement. « Les services de l'État ne paient pas. Or, ces montants sont bel et bien consommés. Où va cet argent ? Deuxième point, comment se fait-il que le coût du litre de gasoil de la Jirama soit supérieur au coût du litre pour le consommateur à la pompe, fournie par Total, Shell ou Esso ? Il y a quand même quelque chose d'anormal. » Vers une privatisation de la Jirama ? Si la Jirama est désormais une société anonyme à participation de l'État, sa structure n'est pas réformée, souligne cet expert. « En gardant la Jirama dans sa forme actuelle, c'est-à-dire une société qui s'occupe de la partie électricité, de la partie eau et de la partie logistique, les mêmes maux vont produire les mêmes soucis demain. Si ça passe entre les mains du privé, ça va faire flamber les cours du kilowattheure. » Inquiet d'une possible privatisation, le personnel de la Jirama a déjà organisé des sit-in à travers Madagascar et prévoit d'amplifier le mouvement.

    Au Congo, une distillerie pour développer l'industrie du sud-ouest du pays

    Play Episode Listen Later Jul 10, 2025 2:12


    La région de la Bouenza, dans le sud-ouest du Congo, s'industrialise un peu plus. Le président Denis Sassou-Nguesso vient d'officialiser la mise en service d'une distillerie à Moutela, au sud de Nkayi, la quatrième ville du Congo. Opérée par la Société agricole de raffinage industriel du sucre, filiale du groupe français Somdia, elle transformera les résidus de sucre, autrefois jetés, en alcool pour l'industrie. De notre correspondant à Brazzaville, La route qui mène à la distillerie de Moutela traverse d'immenses champs de canne à sucre. Après deux ans de construction, l'usine est inaugurée par les autorités. Le PDG du groupe Somdia, Olivier Parent, mène la visite. « Cette distillerie avec une capacité de production de six millions de litres peut produire six millions de litres d'alcool chaque année. Et, nous utilisons les co-produits issus de la sucrerie pour cela, explique le dirigeant. La sucrerie transforme la canne à sucre en sucre. Il y a des co-produits qu'on appelle la mélasse. Cette mélasse est transférée vers la distillerie : il y a une réaction de fermentation et de distillation pour créer de l'alcool à 96 degrés qui va être utilisé par les industriels à la fois pour de la boisson, de la pharmacie et de la cosmétique ». Les importations d'alcool, qui étaient nécessaires aux industriels au Congo, vont pouvoir s'arrêter, estime le groupe Somdia. La distillerie a nécessité un investissement de 17 milliards de francs CFA et une formation spécifique du personnel. « La distillerie à ce jour, côté exploitation, c'est une soixantaine de personnes qui vont travailler pendant la durée de la campagne, tout en sachant que l'on est couplés à la durée de la campagne sucrière. C'est donc une entreprise saisonnière qui va produire pendant cinq mois et aller en campagne de maintenance pendant sept », précise Serigne Bassirou Pouye, le directeur d'exploitation. À lire aussiCongo-B.: la transformation des produits locaux, une priorité à l'heure de la Zlecaf Présents à l'inauguration de la distillerie, certains habitants de la région saluent les opportunités d'emploi. Mais d'autres s'inquiètent des risques de pollution, car les rejets de la distillerie seront versés dans la rivière Niari. « Il faut que l'entreprise crée des conditions pour que les poissons qui sont dans l'eau et les riverains qui sont plus bas ne puissent pas subir les impacts de la distillerie », appelle de ses vœux cet habitant de la localité. L'industrialisation se développe dans la région de la Bouenza. « Une priorité absolue » insiste Antoine Nicéphore Fylla de Saint-Eudes, le ministre du Développement industriel. L'État congolais a pris une participation au capital de la nouvelle distillerie. À lire aussiCongo-Brazzaville: la société italienne Eni lance une unité de production d'huile dans le sud du pays

    Suspendue de l'Agoa, l'Éthiopie fait figure d'«étalon» des opportunités de cet accord

    Play Episode Listen Later Jul 9, 2025 2:15


    Donald Trump reçoit depuis ce mercredi 9 juillet cinq chefs d'États africains à Washington. L'occasion d'ouvrir les discussions sur les liens entre les États-Unis et l'Afrique, malmenés depuis le retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche. L'Agoa favorise depuis 2000 les exportations africaines vers les États-Unis. Un sujet sur lequel l'Éthiopie fait figure d' « étalon ». Elle a été suspendue de cet accord en janvier 2022, à cause de la guerre au Tigré, avec de lourdes conséquences pour le pays.  De notre correspondante à Addis-Abeba, L'Éthiopie pourra-t-elle un jour réintégrer l'Agoa ? La question est cruciale pour le pays, tant les conséquences de sa suspension se font aujourd'hui ressentir. Ahmed Soliman, chercheur au sein du think tank britannique Chatham House, revient sur l'impact de cette décision. « Les secteurs comme le textile, l'industrie du cuir, l'habillement étaient intégrés à l'Agoa via l'export, détaille-t-il. Ils ont été très touchés par une baisse de leur activité, alors que l'Éthiopie avait largement investi ces dix dernières années dans des parcs industriels. Ces parcs industriels ont subi des baisses d'investissement, et environ 18 entreprises étrangères ont cessé leurs activités en Éthiopie. C'est le cas de sociétés importantes comme PVH, qui détient la marque Calvin Klein ». D'après un rapport de la Banque africaine de développement, la suspension de l'Agoa a causé la suppression de près de 10 000 emplois. Durant de nombreuses années pourtant, l'accord commercial avait boosté l'économie éthiopienne, explique Biruk Haregu, chercheur en économie à l'université George Mason. « L'Agoa a été très bénéfique. L'Éthiopie s'en est servie dès 2012 pour développer les produits manufacturés, comme le textile, le prêt-à-porter, les chaussures, les produits en cuir, etc. Elle produisait ces biens et les envoyait sur le marché américain sans payer de droits de douane », rappelle le chercheur. À lire aussiLes États-Unis excluent Éthiopie, Mali et Guinée de l'accord commercial Agoa L'opportunité de chercher d'autres partenaires ? D'après Biruk Haregu, l'Agoa a également permis à 200 000 personnes d'accéder à l'emploi salarié. La suspension en 2022 a donc été un véritable choc. Mais pour Ahmed Soliman, cette situation et l'inquiétude autour du renouvellement de l'Agoa qui arrive à expiration en septembre prochain, pourraient aussi ouvrir de nouvelles perspectives en Afrique. « C'est aussi pour l'Éthiopie et d'autres pays africains, l'occasion d'explorer des alternatives, de diversifier leurs partenariats, et de montrer leurs capacités à négocier en tant que bloc », assure-t-il. Il rappelle également l'élément stratégique que représente par exemple la zone africaine de libre-échange. En 2023, 9,26 milliards de dollars de marchandises ont été exportées dans le cadre de l'Agoa, selon la Commission américaine du commerce international. À lire aussiDroits de douane américains : quelles conséquences pour l'Afrique ?

    Éthiopie: un an après l'ouverture du secteur bancaire aux banques étrangères

    Play Episode Listen Later Jul 8, 2025 2:25


    En juin 2024, le gouvernement éthiopien annonçait l'ouverture du secteur bancaire aux acteurs étrangers. Pour la première fois depuis les nationalisations de 1975, les banques internationales étaient autorisées à créer des filiales locales en Éthiopie. Le point sur un an de libéralisation bancaire. L'annonce de l'ouverture du secteur bancaire, il y a un an, a sonné comme une petite révolution en Éthiopie. Pour Tsegay Tekleselassie, économiste et enseignant au Wellesley College de Boston, ce changement était attendu : « Il était temps d'ouvrir le secteur bancaire pour que le secteur privé ait plus de liberté, que la population ait plus facilement accès aux banques, mais aussi pour stimuler la compétitivité des services bancaires ». Depuis la chute de l'empereur Haile Selassié Ier en 1975 et la nationalisation des banques du pays, l'Éthiopie n'a plus jamais autorisé de banque internationale sur son sol. La loi de juin 2024 autorise donc désormais les banques étrangères à créer des filiales, à ouvrir des succursales, mais aussi à prendre des participations dans des banques locales. Un changement qui s'inscrit dans une politique globale d'ouverture prônée par le gouvernement. « D'autres réformes ont été lancées en ce sens, rappelle Tsegay Tekleselassie. Récemment, le marché des devises a été en partie libéralisé. Il existe aussi depuis peu une bourse éthiopienne. Cela fait partie d'une tendance forte dont le but est de libéraliser l'économie ». Une banque kényane est candidate Mais un an après cette annonce, les résultats se font attendre. Jusqu'à maintenant, seule la banque kényane KCB, qui possède des filiales au Rwanda, en Ouganda, ou en Tanzanie, a engagé des discussions avec le gouvernement éthiopien. Certains usagers attendent pourtant avec impatience de pouvoir faire appel aux services d'une banque étrangère. « J'aimerais que les banques me proposent des services qui facilitent nos opérations quotidiennes et nous rendent la vie plus facile, observe Ashenafi Mulugeta, PDG d'une société de production agricole basée à Addis-Abeba. Je veux pouvoir me concentrer sur mon activité principale, qui est de faire de l'agriculture et de la transformation. Je ne veux pas avoir à traiter des problèmes de paiements, de recettes, de dépenses. J'aimerais qu'une banque le fasse pour moi ». Il va pourtant falloir s'armer de patience. L'installation de banques étrangères en Éthiopie pourrait prendre encore du temps. « Certaines banques peuvent refuser d'investir le marché éthiopien à cause de l'instabilité, remarque l'économiste Tsegay Tekleselassie. La proclamation a par ailleurs fixé des restrictions, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose quand on ouvre son secteur bancaire. La loi limite par exemple la participation des investissements étrangers dans une banque à 40% ». Trente-deux banques opèrent actuellement en Éthiopie, avec un capital combiné de 2,4 milliards de dollars.

    Montage Gold: la success story minière du moment en Côte d'Ivoire

    Play Episode Listen Later Jul 7, 2025 2:22


    La société canadienne Montage Gold a le vent en poupe grâce à son giga-projet de mine d'or en Côte d'Ivoire. La découverte de neuf gisements sur le projet Koné dans le nord du pays permet un développement rapide de cette société minière encore très jeune.  Jusque-là inconnus, ils sont apparus en mai 2024 aux côtés du président Ouattara. « Aujourd'hui, c'est avec une grande fierté que nous annonçons la découverte du projet Koné », annonce en fanfare l'entreprise Montage Gold. Le projet Koné passe alors de deux à neuf gisements. Il devient le plus gros projet mondial en cours de construction. Rarissime pour une entreprise aussi jeune. « Si on devait commencer quelque part de loin, la Côte d'Ivoire, c'était le pays de choix, assure Martino de Ciccio le PDG de Montage Gold, nous avons travaillé en Côte d'Ivoire depuis déjà une quinzaine d'années. Déjà beaucoup de succès en ce pays et surtout, on a tout l'appui de l'État, de la population, etc. Pour pouvoir bouger ce projet. Donc, nous, on s'est joint en février de l'année dernière. En avril, on a déjà reçu le permis environnemental, en juillet, le permis d'exploitation et donc grâce à ça, on a pu boucler 950 millions de financements pour lancer la construction en novembre de l'année dernière. » Des anciens d'Endeavour Mining Ce Canadien de 39 ans a fait ses classes chez le géant Endeavour Mining, plus gros producteur d'Afrique de l'Ouest. C'est également le cas du chef de projet et du chef d'exploration. Constant Tia, le directeur financier, lui, est Ivoirien. Il travaillait dans la multinationale Kinross Gold. Quand on est venu le chercher pour monter le projet Koné, il n'a pas hésité :  « C'était une excellente opportunité pour quelqu'un comme moi en expatriation depuis plus de quinze ans. Rentrer, apporter sa pierre à l'édifice, essayer de retourner en quelque sorte ce que le pays m'a apporté. J'ai voulu rejoindre le projet en raison de sa qualité puis surtout du management qui était déjà en place. » « On nous regarde de près » Objectif : 330 000 onces par an, et un début de l'exploitation en 2027. Tout cela est très soudain, très rapide. Dans le secteur aurifère mondial, Montage Gold se sait épié. « Je pense que les gens ont été assez surpris de la vitesse d'exécution et ça, c'est grâce aux équipes qu'on a mises en place, poursuit Martino De Ciccio, le fait que l'équipe ait déjà construit quatre mines en Afrique de l'Ouest en dix ans, dont deux en Côte d'Ivoire. Une mine qui peut produire 350 000 onces par an sur déjà une durée de vie de seize ans, ça, n'importe où dans le monde, c'est déjà une très belle mine. Donc, c'est sûr que les plus gros acteurs, ils regardent ça de très près. » La société a des projets d'exploration en Guinée. Elle vient de prendre 20% dans Sanu Gold avec une ambition ultime : devenir un groupe de premier plan sur le continent africain.

    Mauritanie: le projet de mine d'uranium Tiris va-t-il bénéficier du retour en grâce du nucléaire?

    Play Episode Listen Later Jul 6, 2025 2:27


    En Mauritanie, la petite société australienne Aura Energy entend commencer d'ici à la fin de l'année le développement de la première mine d'uranium du pays à Tiris, dans le nord-est du pays, pour une entrée en production en 2027. Le contexte est favorable, avec beaucoup de mines d'uranium en fin de vie. La Banque mondiale est également de nouveau prête à financer l'énergie nucléaire, considérée comme décarbonée. Le projet mauritanien est-il en mesure d'en profiter ? Le potentiel en uranium du bouclier de Reguibat, dans le Sahara mauritanien, est connu depuis les années 60. La société australienne Aura Energy s'y intéresse depuis 2008. « L'entreprise était en Mauritanie à ce moment-là, à la recherche d'or, raconte son PDG Andrew Grove. Elle a identifié une anomalie radiométrique à partir de l'étude, elle a trouvé de l'uranium et débuté des travaux. Mais il y a eu la crise financière mondiale et ensuite Fukushima, le prix de l'uranium est longtemps resté très bas, il y avait des difficultés à obtenir les fonds nécessaires. Mais aujourd'hui, le prix de l'uranium est en train de rebondir, on assiste à une nouvelle renaissance de l'énergie nucléaire. Je pense donc que c'est le bon moment pour concevoir une mine là-bas. » Absence de contrat avec des exploitants de réacteurs Un an après avoir obtenu son permis du gouvernement mauritanien, Aura Energy affirme être en passe d'obtenir un crédit de 150 millions de dollars d'une banque de développement, sur les 300 millions nécessaires au démarrage des opérations. Le contexte est propice au nucléaire. Le gisement mauritanien, certes modeste, un millier de tonnes d'oxyde d'uranium par an sur 10 ans, est peu profond, donc moins coûteux à exploiter que, par exemple, l'uranium nigérien. Mais selon Teva Meyer, il manque une étape importante pour qu'il soit financé. « La chose qu'on voit avec Aura Energy, qui me fait être un peu prudent, c'est que par rapport à d'autres projets de mines d'uranium, Aura Energy n'a pas encore signé de contrat avec des exploitants de réacteurs nucléaires. Pour le moment tout du moins. C'est absolument nécessaire pour que derrière, les financeurs de type banques privées aient une certitude que vous aurez des débouchés pour votre projet. » Une logistique de l'uranium à mettre en place Autre doute, l'absence de logistique en Mauritanie pour les matières radioactives. « Ce qui est clair, c'est que cet uranium ne va pas traverser le désert par le Nord, il va forcément aller jusqu'à Nouakchott, anticipe Teva Meyer. Pour le moment, il n'y a pas d'uranium qui passe par Nouakchott, Il n'y a pas non plus de matières radioactives qui passent par Nouakchott. Donc ça veut dire quand même toute une procédure administrative. Ça veut aussi dire trouver un armateur qui passe par cet endroit. On ne parle pas de volumes qui sont si importants, donc pas forcément un commerce très rentable pour les armateurs. » Beaucoup de défis à relever donc pour la petite société australienne. Mais Aura Energy pourrait aussi avoir en tête de céder la mine de Tiris à un opérateur plus grand. Son PDG Andrew Grove est d'ailleurs un ancien cadre de la filiale australienne du géant français Orano.   À lire aussiUranium: le géant russe Rosatom se retire de sites d'extraction au Kazakhstan et vend ses parts à la Chine

    À Madagascar, des concerts d'artistes de renommée pour construire l'industrie locale

    Play Episode Listen Later Jul 3, 2025 2:17


    À Madagascar, le passage de chanteurs internationaux profite à la scène locale. Récemment, l'île a accueilli des concerts d'ampleur - Tayc et Dadju ou encore Tiakola. Les organisateurs posent les premiers jalons d'une industrie musicale dans le pays en recrutant des dizaines de jeunes Malgaches formés à travers ces concerts aux métiers de la production, de la régie ou du marketing. Des chanteurs locaux captent, eux aussi, la lumière d'un tel évènement pour gagner en visibilité. Avec notre correspondante à Antananarivo, Les portes du Palais des Sports viennent de s'ouvrir au public. Yetoon s'apprête à performer en première partie du show de Tiakola. Celui qui chante la vie aux 67 hectares, un quartier marginalisé et populaire de la capitale de Madagascar, mesure tout le chemin parcouru : « Je vois les gens qui arrivent, c'est chaud… De ma chambre, au Palais des Sports. » À 20 ans, Yetoon fait partie des trois gagnants d'un concours fait pour mettre en lumière des artistes malgaches mûrs d'un point de vue musical, mais encore peu connus du grand public. En loge, Toky Ramisamanana, responsable des premières parties du show, livre ses derniers conseils : « C'est la scène de votre vie. Ne vous ratez pas. Il n'y a pas de hasard là. C'est ce que tu as appris, c'est toutes les répétitions, tout le support médiatique qu'on a fait pour toi. Tout se concrétise maintenant. » À son tour, le rappeur Fab's Brownz, lui aussi sélectionné pour performer en première partie du concert de Tiakola entre sur scène : « Faites du bruit Palais ». Baptême du feu réussi pour ces trois talents bruts. En coulisse, le Palais des Sports sert aussi de tremplin à une soixantaine de stagiaires recrutés localement pour assurer le son, la technique, la communication ou encore la billetterie. Exporter le local pour rapporter des devises La démarche est portée par les co-organisateurs de l'événement : la société française NasProd, réputée pour l'organisation de concerts sur le continent africain, et l'agence d'événementiel malgache KP Event, qui mise sur le potentiel de la filière pour l'emploi. « Tout ça, ce sont des métiers qui sont là à prendre, mais où l'on a quand même très peu de gens qualifiés, explique Tojo Rabe, coordinateur général de KP Event. Le but, c'est de se servir de l'impact des concerts pour poser des bases solides. C'est-à-dire avoir plus de talents, plus de formations et avoir plus de personnes compétentes et de profils pour faire en sorte de faire plus de grandes productions. Et de toucher beaucoup plus de gens, que ce soit en terme économique et social. » Une manière de se substituer aux formations encore rares dans l'événementiel et de créer les conditions pour soutenir les artistes locaux au-delà des concerts. Un meilleur accès aux plateformes de distribution musicale comme Spotify ou YouTube, est un des défis à relever, estime Elliot Randriamandrato, confondateur de Hypemada, un collectif qui soutient la culture urbaine à Madagascar. « L'idée pour créer réellement de la valeur, elle doit se faire dans les streams, dans la manière de vendre la culture d'une autre manière, de l'exporter. Il faut enrichir le local, il faut investir dans le local pour qu'après, on s'exporte et que l'on ramène des devises. Et là, le modèle économique commence à être viable », estime-t-il. Prochaine étape pour Nas Prod et KP Event : les deux acteurs engagés pour l'industrie musicale sur l'île espèrent créer leur propre cursus de formation dans l'événementiel, adapté aux standards de productions internationales.

    En Gambie, le ramassage des ordures pourrait doper la collecte des taxes

    Play Episode Listen Later Jul 2, 2025 2:29


    En Gambie, la mairie de Kanifing, à l'ouest de la capitale Banjul, fait le pari qu'améliorer la collecte des ordures permettra d'augmenter la rentrée de la taxe foncière. Et pour cela, elle a débuté en janvier un programme avec le Fonds d'innovation pour le développement initié par Esther Duflo, prix Nobel d'économie, afin de mettre en place cette politique volontariste des ordures ménagères, ainsi qu'un suivi chiffré précis. L'objectif de ce programme, c'est le maire de Kanifing, Talib Ahmed Bensouda, qui le présente : « Il s'agit d'un projet innovant sur le taux de recouvrement des taxes et l'amélioration de la gestion des déchets. Et comment créer un contrat social solide entre services publics et recettes fiscales. Nous essayons d'étudier les zones qui ne profitent pas de ce service : si la collecte de déchets se fait dans ces quartiers, nous verrons s'il y a une augmentation à la contribution fiscale. » Et pour améliorer collecte des déchets et collecte de la taxe foncière, la municipalité s'est engagée dans un processus innovant. « C'est innovant parce que, pour la première fois, nous nous digitalisons. En Gambie, nous n'avons pas de système d'adresse postale. Nous avons donc travaillé avec Google et le système d'information géographique pour créer des parcelles, détaille l'élu. Chaque parcelle est rattachée à un code Google et ainsi géolocalisée. Ce sont les collecteurs de taxes qui ont fait ce travail sur le terrain. Et bien sûr, nous avons un chercheur intégré à la municipalité pour guider le projet. » La mairie rencontre des défis, notamment l'acceptation des populations ou encore de la part de ses personnels à se faire recenser. Difficiles de motiver la collecte des déchets dans les zones urbaines informelles et peu accessibles. Cependant, le maire est optimiste. « Nous avons déjà constaté une augmentation de 17% cette année en ce qui concerne la délivrance des avis de taxe foncière », affirme Talib Ahmed Bensouda. Cependant, pour savoir si le respect des obligations fiscales s'est amélioré, il faudra attendre la fin de l'année 2025. À lire aussi« Tchad Connexion 2030 » : le nouveau plan national de développement pour moderniser le pays Évaluer l'impact dans la lutte contre la pauvreté Pour mener à bien ce projet et confirmer sa viabilité, la mairie travaille avec le Fonds d'innovation pour le développement (Fid). « Cette mesure d'impact est vraiment au cœur du dispositif d'Esther Duflo, qui est à l'origine du Fid et qui promeut les méthodes d'évaluation d'impact. Elles souhaitaient vraiment créer un outil qui permette d'identifier les solutions les plus efficaces dans la lutte contre la pauvreté », détaille Claire Bernard, la directrice adjointe du Fid. « On est complémentaire des bailleurs traditionnels. L'objectif d'un bailleur comme l'AFD, c'est que ce soit efficace dès le premier euro. C'est très bien, mais ça laisse peu d'espace à l'expérimentation, la prise de risque, et c'est pour ça que le fonds d'innovation pour le développement a été créé. Pour laisser cet espace à l'expérimentation, permettre de tester de nouvelles idées, trouver des nouvelles solutions qui vont permettre de rendre plus efficaces les politiques publiques de demain », explique-t-elle encore. L'étude porte sur un échantillon de 3 600 ménages. Le maire de Kaninfing espère pouvoir intégrer au dispositif, dans une phase prochaine, les 35 000 ménages de sa municipalité. Les premiers résultats d'un programme similaire au Sénégal montrent que les foyers ayant payé leur taxe foncière ont augmenté de 15%. À lire aussiNigeria : la hausse des loyers, cauchemar des locataires de Lagos

    En Tunisie, les jeunes médecins font entendre leur colère

    Play Episode Listen Later Jul 1, 2025 2:22


    En Tunisie, près de 6 000 jeunes médecins ont déserté les hôpitaux tunisiens ce mardi 1ᵉʳ juillet, lors d'une journée de boycott organisée après l'échec des discussions avec le ministère de la Santé sur leurs revendications. Mauvaises conditions de travail, gardes à peine rémunérées... Les jeunes médecins dénoncent la précarité de leur situation. De notre correspondante à Tunis, Selma Dhokkar, l'une des porte-parole de l'organisation tunisienne des jeunes médecins, est en vacances universitaires, mais elle coordonne avec ses collègues les prochaines actions à mener pour leur mobilisation. « On a mené un mouvement qui a débuté il y a trois mois, un mouvement dont les revendications sont principalement académiques, financières et sociales », explique-t-elle. Les jeunes médecins réclament une grille d'évaluation claire pour les stages des jeunes médecins afin d'éviter les abus de leurs supérieurs, mais aussi le respect de la loi sur l'exemption pour certains médecins qui doivent faire une année civique dans un désert médical. « Il y a des femmes médecins enceintes, mutées au milieu de nulle part dans le Sud tunisien et des couples mariés qui travaillent à des kilomètres l'un de l'autre », témoigne Mohamed Ghali, jeune médecin basé à Sousse, à une centaine de kilomètres de Tunis. « Une heure de garde rapporte un dinar » Si le ministère de la Santé a accepté d'augmenter les salaires pendant cette année civique, la question de l'exemption est toujours en suspens et les autres revendications financières n'ont pas été entendues, selon Selma Dhokkar. « Une heure de garde rapporte un dinar, donc c'est très dérisoire et très irrespectueux par rapport aux sacrifices et aux efforts des jeunes médecins », témoigne-t-elle.  Jusqu'à présent, malgré cinq jours de grève consécutifs en juin et le boycott de leurs stages, les médecins ont obtenu peu de réponses des autorités. Pour Selma Dhokkar, les autorités traitent les jeunes médecins « comme si [ils] ne savaient rien, comme s'il ne fallait pas faire de revendications sur ce problème-là vu l'état du pays et vu l'état de la santé publique ».  Fossé générationnel Cette mobilisation n'est pas la première dans le secteur de la santé, qui s'est dégradé en Tunisie depuis la révolution. Elle marque aussi un fossé générationnel. « Il y a toujours ce ton paternaliste de l'ancienne génération des médecins ou des administrateurs qui sont plus âgés et qui ont toujours été habitués à ne pas entendre ou croire ou discuter avec ces jeunes, observe Aymen Bettaieb, ancien vice-président de l'organisation des jeunes médecins. Et donc ça bloque à chaque fois. » Ce blocage pousse de nombreux jeunes diplômés à partir. Chaque année, entre 1300 et 1 500 médecins quittent le pays pour exercer à l'étranger. Sur la dernière promotion de 1900 médecins diplômés, seulement 300 sont restés en Tunisie. À lire aussiFuite des cerveaux : quand les médecins partent à l'étranger

    Cameroun: l'essor des entrepreneurs créateurs de contenus sur les réseaux sociaux

    Play Episode Listen Later Jun 26, 2025 2:15


    Créateur de contenu, ce nouveau métier permet aujourd'hui à de jeunes Camerounais de générer des revenus conséquents et de gravir les échelons dans la société. Leurs contenus sur les réseaux sociaux, Facebook, YouTube, TikTok influencent leur entourage. Les marques les sollicitent et grâce à des contrats de plus en plus juteux, certains réussissent à créer des entreprises. « Bonjour… vous avez fini avec les photos ? ». Depuis avril dernier, la créatrice de contenu Frida Choco Bronze passe ses journées ici au quartier Ndogbong de Douala, dans un appartement de trois pièces transformé en maison de production. « Nous sommes installés ici depuis trois mois. On fait des photos… La création de contenus a changé ma vie. » Monique production, en hommage à sa maman décédée, est l'aboutissement d'un rêve pour Frida. Après six ans passés sur les réseaux sociaux, elle cumule plus d'un million d'abonnés. Une popularité qu'elle a capitalisée. Désormais, elle est à la tête de sa propre société. « Aujourd'hui, nous gagnons entre 800 et un million [de francs CFA] par mois », estime son collègue Matip, qui gère l'entreprise. Les créateurs de contenus camerounais s'exportent Plusieurs créateurs de contenus sont ciblés par les marques qui en font des ambassadeurs. « Le créateur de contenus doit avant tout travailler sa crédibilité, souligne Leroufa Ndam, qui possède un catalogue riche d'une dizaine de créateurs. Le plus gros contrat que j'ai négocié est de plus 15 millions [de francs CFA]. » Aujourd'hui, les créateurs de contenus camerounais exportent leurs talents. Ils nouent des collaborations avec des Ivoiriens, Gabonais ou encore Congolais. Une démarche internationale qui fait grimper leur valeur. À lire aussiTunisie: les créateurs de contenu sur les réseaux sociaux en quête de statut

    Nigeria: la raffinerie de pétrole Dangote se lance dans la distribution de carburants

    Play Episode Listen Later Jun 25, 2025 2:18


    Un an et demi après avoir commencé à produire ses premiers carburants au Nigeria, la raffinerie de pétrole Dangote se lance dans la distribution d'essence et de diesel. L'infrastructure du milliardaire est soutenue par les autorités d'Abuja, mais elle a encore des défis à relever pour gagner son pari. Dangote Petroleum Refinery l'annonce à grands coups de publicité sur les réseaux sociaux : 4 000 camions citernes, roulant au gaz naturel comprimé, seront en mesure de livrer de l'essence et du diesel à ses clients nigérians à partir du 15 août. Sécuriser des débouchés Une façon pour le raffineur privé de développer ses débouchés commerciaux au Nigeria. « Si vous êtes client de la raffinerie Dangote, on vous offrira des facilités de crédit, explique Philippe Sébille-Lopez, géopoliticien du pétrole. Vous allez commander, par exemple, 500 000 litres ou 1 million de litres, ça peut être des petits opérateurs locaux ou des petits réseaux de stations-service, comme il y en a encore. Il vise un peu tous les marchés à la fois en même temps, parce qu'il prévoit probablement une montée en puissance des capacités de raffinage et donc il faut qu'il trouve des débouchés locaux maintenant. Est-ce qu'au final Dangote a pour vocation de remplacer les trois ou quatre autres raffineries nationales de la NNPC ? C'est possible ». Ces raffineries publiques, bien qu'elles fonctionnent très mal, empiètent encore sur l'approvisionnement de la raffinerie Dangote par la compagnie nationale nigériane, la NNPC, qui, souligne le chercheur, n'a pas vraiment intérêt à lui livrer son brut. « Pour la NNPC, le plus juteux et le plus rentable, c'est évidemment d'exporter pour récolter des dollars et non de prendre une part de sa production pour aller vendre en naira à la raffinerie Dangote ». « Dans la bonne direction » Poussée par les autorités d'Abuja, la NNPC a malgré tout livré pendant six mois 300 000 barils de brut par jour à la raffinerie Dangote, en naira, la monnaie locale, pour lui éviter les risques de change. Mais c'est moins de la moitié de ses capacités. Le système demande donc à être amplifié et pérennisé pour que la raffinerie Dangote devienne rentable. « D'après les derniers chiffres que j'ai vus, on était entre 40 et 50 % de la demande qui était couverte par la raffinerie Dangote, observe Charles Thiémélé, trader chez BGN. Mais son objectif, c'est d'arriver à 80 % ou 90 %, éventuellement même jusqu'à 100 %. On n'y est pas encore. Donc ça va dans la bonne direction, mais il y a encore des négociations à mener avec le gouvernement, il y a encore du lobbying à réaliser pour que la raffinerie soit en position d'être amortie ». Car il faudra aussi, souligne le trader, résister à la concurrence des importateurs de carburant, un secteur très enraciné au Nigeria.

    La Guinée fait face depuis plusieurs semaines à une crise de liquidités

    Play Episode Listen Later Jun 24, 2025 2:22


    En Guinée, les banques ne permettent plus aux consommateurs et aux entreprises de retirer les sommes qu'elles souhaitent, les retraits sont plafonnés. Faiblement bancarisée, l'économie guinéenne est mise en difficulté par cette pénurie de monnaie. Les commerçants et les cambistes, les agents de change, notamment, peinent à effectuer leurs transactions. De notre correspondant à Conakry, Ali est cambiste à Kaloum, le centre administratif de Conakry, capitale de la Guinée. Il avait l'habitude d'échanger d'importantes sommes en euros ou en dollars avec des voyageurs, mais la difficulté à accéder aux francs guinéens le gêne dans son travail. « On a des difficultés avec le franc guinéen contre la devise. Si on a un chèque que l'on dépose à la banque pour avoir des francs guinéens, ou des espèces pour acheter des devises, on n'arrive pas à avoir de l'argent à la banque. Si on dépose le chèque de 2 milliards 500, on n'arrive pas à avoir 50 millions, on ne nous propose que 30 millions. C'est peu, on ne peut pas travailler avec ça », explique-t-il. Les autorités ont peu communiqué sur cette crise. Le Premier ministre Bah Oury a apporté des explications, le vendredi 20 juin. Pour lui, c'est le dynamisme de l'économie guinéenne qui est à l'origine de cette pénurie de billets : « En 2024, malgré une conjoncture particulièrement difficile en début d'année, la Guinée est sortie avec un taux de croissance avoisinant les 7 %, ce qui est exceptionnel. Dans ce contexte, une monnaie fiduciaire pourrait ne pas satisfaire les besoins de cette économie. » Manque de fluidité dans le marché interbancaire ? Il a déjà annoncé une première mesure pour répondre à cette crise : l'administration doit cesser les règlements en cash pour les salaires et les autres dépenses, les virements bancaires doivent devenir la norme. Pour lui, la Banque centrale ne doit pas faire « tourner la planche à billets » au risque, selon ses mots, de « mettre en péril l'économie ». L'analyste financier Bella Bah estime que la crise n'est pas liée à la forte croissance économique. Pour lui, la pénurie de monnaie est avant tout le résultat de la crise de confiance entre la Banque centrale et les banques commerciales. « L'une des causes fondamentales de cette crise de liquidités, c'est le marché interbancaire, c'est-à-dire entre la Banque centrale et les banques primaires, détaille-t-il. Aujourd'hui, la majorité des banques primaires ne font plus les dépôts au niveau de la Banque centrale parce que quand elles veulent avoir accès à leurs dépôts, c'est un problème. En plus, la Banque centrale leur facture à hauteur de 1 % tous les retraits en dollars et en euros. Le marché interbancaire s'est bloqué et c'est dû au fait que la Banque centrale ne joue pas pleinement son rôle. » Sollicitée, la Banque centrale n'a pas souhaité communiquer sur cette pénurie. À lire aussiGuinée: la société civile appelle le nouveau patron de la Cédéao à œuvrer à la libération de militants

    La réforme des Nations unies, un bouleversement pour les économies

    Play Episode Listen Later Jun 23, 2025 2:26


    « Coupes budgétaires, réduction des effectifs et relocalisations sont au menu de l'initiative de réforme ONU 80 lancée par le secrétaire général, Antonio Guterres, le 11 mars dernier », explique laconiquement le site internet des Nations unies (ONU). Lancée il y a trois mois, les impacts économiques de la réforme ONU 80 se font déjà sentir. Confrontées à une crise majeure, les Nations unies doivent faire face à la multiplication des conflits sur le terrain. Cependant, l'ONU a opéré une réduction drastique de son plan d'aide humanitaire mondial pour l'année 2025, en raison des « coupes budgétaires les plus importantes jamais opérées » ; il passe de 44 milliards de dollars demandés à 29 milliards de dollars. La réforme ONU 80, elle, prévoit des coupes dans les équipes d'au moins 20%. Dans un courrier envoyé aux personnels des Nations unies, Rosemary Di Carlo et Jean-Pierre Lacroix, diplomates au sein de l'organisation préviennent : « Il ne s'agit pas d'une situation temporaire : c'est structurel ». « Cela va être indubitablement un moment difficile pour chacun de nous », reconnaissent-ils. Cette humanitaire a accepté de témoigner, mais a préféré rester anonyme, dans l'espoir de retrouver un emploi aux Nations unies. Elle travaille dans une mission de l'ONU et a été prévenue, le 1ᵉʳ juin, que son contrat serait résilié dès la fin du mois. « Je pense que personne ne s'attendait à ce que les choses prennent une tournure aussi radicale. Des milliers de personnes ont été licenciées. Il y a peut-être 80 expatriés, mais il y a aussi des centaines de salariés locaux, explique-t-elle. Les gens sont, à juste titre, extrêmement contrariés et frustrés, car l'effet sur la vie des gens au niveau local est très profond. À l'heure actuelle, c'est sans doute endémique aux Nations unies. Il y a un manque de communication directe, ce qui rend certains processus inutilement opaques. » Des coupes drastiques et rapides La réduction substantielle des aides américaines, une crise de liquidités au sein du système onusien et un besoin de réforme général justifient ces coupes drastiques. Thomas Byrns est à la tête de MarketImpact, un cabinet de conseil humanitaire. Il suit la refonte en cours et tente de compiler l'ensemble des données dispersées. « Il ne fait aucun doute que le système humanitaire doit être réformé, mais ce à quoi nous assistons est très brutal », analyse-t-il. « Au sein des Nations unies, le Programme alimentaire mondial, la plus grande agence humanitaire, a dû supprimer 25 à 30% de ses effectifs mondiaux. L'Organisation mondiale de la santé a dû réduire de 25% ses programmes d'urgence. Il n'y a pas de temps pour la négociation, car dans de nombreux cas, les activités ont été immédiatement gelées. C'est pourquoi l'impact est si dévastateur », poursuit Thomas Byrnes. Des impacts sur les économies locales Pour le spécialiste, la géographie des conflits, des besoins et des missions indiquent que le continent africain est sans doute le plus touché par cette réforme de l'ONU. Les conséquences sont directes sur les emplois et activités humanitaires, mais cela touche également l'ensemble des sous-traitants locaux, ainsi que l'économie des localités dans lesquelles ces travailleurs étaient basés. C'est ce dont fait part Jacques Mukena, spécialiste gouvernance et économie à l'Institut congolais Ebuteli. « Leur départ va forcément avoir un impact. Il n'y aura plus autant de demande sur les logements très chers, il n'y aura plus forcément de demande sur des produits qu'ils ont introduits. La liste est très longue », recense-t-il. Et de prendre un exemple : « Je peux prendre l'exemple des Nations unies, qui roulent généralement en 4x4. Quand ils arrivent dans un endroit comme Kalemie, où il n'y a pas forcément de garage ou des boutiques de pièces détachées pour les 4x4, il n'y aura plus une forte demande comme avant. » Autre exemple : celui des sociétés de gardiennage et des compagnies de sécurité, très sollicitées par les personnels des Nations unies. « Il n'y aura peut-être plus une forte demande de tous ces services-là. Il y a beaucoup de choses qui vont changer localement », insiste l'expert. Selon des modélisations internes révélées par The Economist, le système onusien pourrait se retrouver à court de liquidité dès le mois de septembre 2025. À écouter aussiL'ONU reste-t-elle indispensable?

    Tiakola à Madagascar: la scène musicale de l'île gagne la confiance des artistes internationaux

    Play Episode Listen Later Jun 22, 2025 2:45


    Gims, Dadju, Tayc... Depuis deux ans, Madagascar voit défiler de plus en plus de figures de la scène R'n'B et du rap. Derrière cette tendance, il y a la volonté d'une poignée d'acteurs de créer un écosystème économique et culturel, capable d'appuyer ce genre d'événements. Dernière illustration en date avec le concert de Tiakola. Le chanteur français, réputé pour son rap mélodieux, a réuni ce mois-ci 4 800 personnes dans la capitale malgache, Antananarivo. « Tiakola Tiakola Tiakola ! ». Il est 19h30 au Palais des Sports et la foule est en liesse. Devant deux écrans géants, Tiakola établit la première connexion avec son public malgache sur l'un de ses classiques, Si J'Savais. En coulisse, depuis plusieurs mois, un natif de Madagascar œuvre à la venue du rappeur sur l'île. Et Nasser Goulamhoussen a de quoi convaincre : son agence Nas Prod est réputée pour l'organisation des concerts d'Aya Nakamura, Dadju ou encore Gims en Afrique. « Il s'agit vraiment de participer à ce tournant économique que prend Madagascar, explique Sonia Ali-Ahmed, directrice de production au sein de la société. En participant à l'attractivité du pays par le biais de l'offre culturelle. La décision de prendre ce tournant, en termes de production, est partie d'un constat simple : il y avait beaucoup de manquements. Donc, on s'est dit : ''Pourquoi pas nous ?'' On a la compétence, on sait le faire, on le fait déjà dans d'autres pays. » « De plus en plus qualitatif » Tiakola poursuit un show millimétré que rien ne peut venir perturber. Pas même les délestages en cours au même moment dans la capitale. Depuis cinq ans, des progrès logistiques et techniques ont permis de maîtriser les défis locaux. « Ce qui est proposé devient de plus en qualitatif, observe Tojo Rabe, coordinateur général de KP Event, agence d'événementiel malgache et co-organisatrice de l'événement. C'est ce que nous, on aspire à faire en faisant des sets et de la cinématographie autour des concerts. Avant, par exemple, il y avait très peu d'écrans pendant les concerts. Maintenant, les artistes passent, les autres voient, et je pense que ça inspire. Ce sera beaucoup plus facile de capter de nouveaux artistes. On est vraiment optimiste. » Améliorer l'accueil des artistes Après avoir orchestré main dans la main le concert de Tayc et Dadju en 2024, et celui de Tiakola cette année, Nas Prod et KP Event entendent unir leurs forces sur d'autres productions. D'un côté, l'expertise et le réseau à l'international, de l'autre, la maîtrise de la réalité locale. « Tout ce qui manque à Madagascar pour commencer à être comme l'Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire ou encore le Sénégal, c'est encore plus d'événements avec des standards dans l'accueil et le traitement des artistes, juge Eliott Randriamandriato, confondateur de Hype Mada, un collectif qui soutient la culture urbaine à Madagascar. La scène des concerts doit encore gagner en professionnalisation. Et je pense qu'on a beaucoup à apprendre de l'extérieur. Il faut être capable de les loger et de les emmener au concert dans de bonnes conditions, faire en sorte que ça commence à l'heure. Je pense que si on prend ces standards et qu'on met en avant le local ici, ça explose. » Le futur de la scène musicale sur l'île dépendra aussi du pouvoir d'achat de la population. Pour la majeure partie d'entre elle, aujourd'hui, assister à un concert national est déjà un luxe. À lire aussiÀ Madagascar, le concert de Tiakola met en lumière une scène locale en mal de visibilité

    Nigeria: la hausse des loyers, cauchemar des locataires de Lagos

    Play Episode Listen Later Jun 19, 2025 2:24


    Les propriétaires répercutent les coûts de l'inflation galopante sur les loyers avec des augmentations allant jusqu'à 200%. La capitale économique du pays ne cesse de croître et peine depuis des années à répondre à la forte demande de logements. Les réformes économiques menées par le gouvernement de Bola Ahmed Tinubu, notamment le flottement du naira et la suppression des subventions aux carburants, ont provoqué un choc dans l'économie, et mettent dans l'impasse des millions de locataires. De notre correspondant à Lagos, Ce sont près de 3 000 personnes supplémentaires par jour qui cherchent un logement dans la capitale économique. Au Nigeria, un locataire doit en général débourser un an (parfois deux) de loyer d'avance pour confirmer la transaction. En visite dans un énième logement dans Lagos, Emmanuel Osaswa scrute les murs en secouant la tête. Un an de recherche stérile pour cet employé dans l'industrie. Avec un salaire d'à peine 78 euros, soit le double du revenu minimum, Emmanuel n'a pas assez pour payer un an de loyer d'un coup. Et ceci, pour des logements souvent peu conformes aux normes. « Certaines maisons ne valent pas leur prix, vous savez. Tout cela à cause de l'inflation ou de ce qui se passe. Vous voyez les prix, vous voyez des logements à un million de nairas. Je pense que le moins cher que j'ai vu jusqu'à présent, c'est l'équivalent de 400 euros pour un mini-appartement. Et la cour était dans un état déplorable. Je pense que pour obtenir un appartement convenable à Lagos, il faut commencer entre 675 et 730 euros pour une année, c'est le minimum que l'on puisse trouver pour un bon complexe et une bonne maison », explique Emmanuel Osaswa. Des propriétaires sans scrupules Emmanuel et son épouse sont donc pris à la gorge. Car les dépenses de transport, de santé et de scolarité pèsent également sur le budget familial. Selon un rapport de la Banque mondiale de 2024, près de 47% des 225 millions de Nigérians vivraient sous le seuil de pauvreté. Un contexte social pas du tout pris en compte par le propriétaire de logements. « Certains propriétaires s'appuient sur des conseils d'agents pour moduler leurs loyers. Tandis que d'autres font sans, sans doute qu'ils ont déjà un niveau de tarif en tête. Peut-être qu'un de leurs amis a augmenté ses prix et que cette personne a pu trouver un locataire pour sa propriété malgré tout. Et il y a ceux que nous appelons "les locataires spéciaux", qui ont de l'argent. Quel que soit le montant du loyer demandé, ils ne marchandent pas ; ils paient, et puis c'est tout », reconnaît Gabriel Osukoya, agent immobilier. Les coûts de construction explosent À Lagos, la hausse des loyers touche aussi ces héritiers des fortunes liées au pétrole, évoqués par Gabriel. Le flottement du naira depuis deux ans et l'inflation impactent le prix des constructions. Kenneth Osagie gère des propriétés pour des personnes à hauts revenus. Là aussi, les prix s'envolent. « Auparavant, un appartement de luxe avec trois chambres salon était commercialisé pour une valeur de 50 000 euros. Désormais, il faut s'acquitter de 110 000 et 170 000 euros, détaille-t-il. Et cela est lié aux matériaux que nous utilisons dans la construction. Il y a trois ans, les armatures à béton en acier coûtaient environ 250 ou 200 euros. Désormais, il faut compter près de 850 euros. » Depuis 2021, l'État de Lagos a promulgué une loi pour la mensualisation des loyers. Mais ce texte local n'est pas contraignant, les propriétaires continuent d'exiger un an, voire deux ans de loyer d'avance. À lire aussiNigeria: Moody's relève la note du pays et salue l'amélioration de sa situation financière

    Insécurité alimentaire sur le continent africain: les chaînes d'approvisionnement en première ligne

    Play Episode Listen Later Jun 18, 2025 2:31


    La Banque mondiale dresse un constat a priori paradoxal : la production de nourriture a presque doublé au cours des deux dernières décennies sur le continent africain, le commerce de produits alimentaires a lui été multiplié par cinq. Pourtant, l'insécurité alimentaire est en progression constante. En cause essentiellement selon l'organisation : des chaînes d'approvisionnement peu efficaces. Routes chaotiques, point de passages frontaliers congestionnés et barrières tarifaires, ont de gros impacts, relève le rapport. C'est aussi ce dont témoigne à Kolwezi, en RDC, Philippe Seneve, le président du comité des transporteurs à la Fédération des entreprises congolaises. « Je vous donne un exemple très simple pour comprendre. En ce qui concerne les frais de transport, nous prenons la tonne à 145 $ entre Kolwezi et Ndola en Zambie. Nous prenons trente tonnes. Nous sommes aux environs de 4 400 $. Dans ces 4 400 $, il y a 2 200 $ qui ne constituent que les charges de péage entre les deux pays. C'est la moitié », explique Philippe Seneve. Pour compenser, « le transporteur est obligé de faire des manœuvres pour avoir un peu de bénéfice, payer les chauffeurs, payer les carburants et c'est ce qui justifie que nos prix sont beaucoup plus élevés. On le regrette. Ce sont les consommateurs congolais qui payent la lourde facture », poursuit-il. Un outil pour prioriser les infrastructures stratégiques Sur le continent, les produits alimentaires parcourent environ 4 000 km, et leur acheminement prend dix fois plus de temps que dans les régions développées du monde. Conséquences : surcoûts importants et pertes de denrées périssables. Il faut donc améliorer les chaînes d'approvisionnement. Pour cela, la Banque mondiale a travaillé avec un nouvel outil. « Il y a presque deux millions de kilomètres de routes en Afrique et avec ce modèle que l'on a pu construire, on est capable d'identifier quels vont être les 10 000 km les plus pertinents pour relier les agriculteurs africains au marché, pour amener des engrais, des semences, explique Nicolas Peltier-Thiberge, le directeur global des transports de l'institution. On a pu identifier dix ports, une vingtaine de postes frontières et également une vingtaine de corridors de transport qui sont particulièrement importants pour la sécurité alimentaire. » Plus d'un tiers des récoltes sont également perdues faute de lieux de stockage. La Côte d'Ivoire, consciente de cette problématique, est très active en la matière. « C'est un écosystème qu'il faut bâtir. C'est une question de promotion. Il y a une question d'attractivité aussi des investisseurs, voir les coûts de rentabilité. Je peux vous assurer que construire une villa sur 1 000 m² dans un quartier de luxe comme à Cocody est moins rentable mis en location qu'un entrepôt sur 1 000 m² au moins trente fois moins rentable », met en avant Justin N'goran Koffi, le directeur de l'Autorité de régulation des récépissés d'entreposage. Des initiatives ont été prises notamment avec la Zlecaf « pour qu'avec Afreximbank, il y ait des investissements massifs dans la construction d'entrepôts de toutes formes dans les zones de production ». Le coût des transports peut représenter près de la moitié du prix final de certains produits alimentaires. Réduire de 10% ces coûts, pourrait accroître de 25% les échanges et serait bénéfique à la lutte contre l'insécurité alimentaire et permettrait de stimuler les économies régionales.

    Côte d'Ivoire : quelles pistes pour sortir de la crise du coton ? [2/2]

    Play Episode Listen Later Jun 17, 2025 2:24


    Les producteurs ont dû mal à se remettre de la crise liée aux invasions des jassides. A cela s'ajoutent la hausse des prix des intrants et le changement climatique. Comment la filière s'adapte-t-elle à ces éléments ? Avec notre envoyée spéciale à Korhogo, Salia Coulibaly produit du coton, mais aussi du vivrier. Sa technique : la rotation des cultures, d'une année à l'autre. « Je cultive 12 ha de coton, 12 ha de maïs, 4 ha de riz, 2 ha d'arachides, détaille-t-il. Quand je fais du coton, l'autre côté, l'année prochaine, je fais du maïs là-bas… Il y a de l'azote qui reste dans la terre et cela nous aide aussi pour avoir du vivrier ». Les paysans estiment que le retard des pluies perturbe tout de même le cycle de leurs productions. « Nous sommes début juin, les producteurs doivent semer le riz, le maïs et le coton, mais il ne pleut pas. Si le cotonnier n'est pas semé dans le mois de juin, qu'il est semé un peu plus tard, vers début juillet, au moment où il arrive à maturité, il n'y a plus de pluie, pour finir sa maturation. Cela a un impact sur la qualité de la fibre. Et la quantité du coton également », explique Yeo Nalourgo, responsable technique à la Fédération des producteurs de coton. Dans la région du Tchologo, les scientifiques de l'ICRAF, le Centre international de recherche en agroforesterie, accompagnent certains producteurs pour améliorer leurs rendements. Ils les aident à mieux nourrir les sols et à suivre le cycle du cotonnier. « Il faut non seulement appliquer une matière organique, qui permet de favoriser une aération du sol et une rétention en eau, et même la rétention des éléments nutritifs que nous allons apporter à travers les fumures minérales », décrit Guillaume Kouassi, assistant chercheur à l'ICRAF. Et de poursuivre : « Donc il faut associer tout cela, et aussi, respecter toutes les pratiques agricoles : tous les traitements phytosanitaires à temps, respecter les périodes d'application des engrais, respecter les périodes de semis qui sont recommandées, désherber correctement les parcelles, et récolter au bon moment. Tous ces éléments concourent à l'obtention d'une très bonne productivité ». Le Conseil du Coton et de l'Anacarde estime que la crise est « conjoncturelle ». Cette structure de régulation de la filière prépare un plan pour la restructurer. Son but, trouver une solution pour apurer les dettes des producteurs afin de les motiver. Revoir aussi, leur encadrement par les sociétés cotonnières. Et enfin, envisager l'utilisation d'autres types de semences. Comme l'explique Mamadou Berthé, le directeur général du Conseil du Coton et de l'Anacarde : « Il faut s'adapter : il y a le changement climatique, c'est vrai, mais est-ce que les semences que nous donnons aujourd'hui ne peuvent pas répondre à cela ? Il s'agit donc de regarder avec le CNRA, pour voir si les semences de base qui sont mises à disposition sont de qualité. Est-ce que la multiplication, qui se fait par des sociétés cotonnières, se fait dans les normes ? Pour qu'à la fin, le producteur puisse avoir les outils de base pour avoir un bon rendement ». Près de 311 658 tonnes de coton graine ont été produites lors de la campagne 2024-2025. À lire aussiFace au dérèglement climatique, les cotonculteurs africains obligés de s'adapter

    Côte d'Ivoire: les producteurs de coton dans la déprime [1/2]

    Play Episode Listen Later Jun 16, 2025 2:22


    Depuis l'invasion des champs par des insectes ravageurs, les jassides, il y a trois ans, les producteurs ivoiriens de coton ont été découragés. Leur nombre a chuté de 139 000 à quelque 100 000. La production de coton graine, 559 000 tonnes en 2020-2021, a plongé de 50 % selon Intercoton, l'interprofession cotonnière. Des solutions ont bien été trouvées avec l'appui du Centre national de recherche agronomique (CNRA). Mais la déprime des cotonculteurs est toujours palpable alors qu'ils s'engagent dans une nouvelle campagne. Reportage dans la région de Korhogo. Mamadou Silué est producteur de coton. Son neveu l'aide à préparer les sols : à cette étape, il utilise la force d'une charrette tractée par deux bœufs. Depuis la crise des jassides, dans le nord de la Côte d'Ivoire, ce producteur a décidé de réduire les surfaces dédiées au coton. « Avant l'arrivée des jassides, je faisais 23 ha de coton et 2 ha de riz. Mais compte tenu de l'arrivée des jassides, j'ai essayé de diminuer le champ, en faisant 15 ha de coton. Le reste est réparti sur le vivrier : une partie pour le riz et une partie pour le maïs. Il faut avoir quelque chose sous la main pour pouvoir manger. Concernant le maïs, on utilise une partie et le reste, on le vend ». Ces producteurs sont confrontés à un problème : la baisse des rendements. « Avant, si vous faisiez bien le travail, vous pouviez obtenir 2 tonnes par hectare, explique Salia Coulibaly, un autre cotonculteur. Mais l'an passé, on n'a pas eu 1,2 tonne. Ça a diminué ». Épuisement des sols Selon des scientifiques, cette baisse de rendements est en partie liée aux changements climatiques. Mais aussi à la baisse de fertilité des sols. « À force d'utiliser les mêmes parcelles, au fil des années, on a un épuisement des réserves, des éléments dont la plante a besoin pour pouvoir véritablement se développer, constate Guillaume Kouassi, assistant chercheur au Centre international de recherche en agroforesterie. Il y a aussi le fait que les applications d'engrais ne sont pas faites sur la base de l'analyse des sols : on peut apporter des éléments en trop, qui ne sont pas nécessaires, qui au fil du temps, au lieu de contribuer à la productivité, vont contribuer à la baisse de cette productivité ». Producteurs endettés Les sociétés cotonnières, qui encadrent les producteurs, ressentent fortement cette baisse des rendements et s'interrogent sur l'avenir de leur activité. « Je travaille avec près de 30 000 producteurs. Et comme ça fait deux ans que les rendements ne sont pas bons, ils sont très endettés, constate Adama Tchelibé Silué, directeur général de la Compagnie ivoirienne de coton. Ne pouvant pas rembourser sa dette, le producteur est découragé pour les campagnes à venir… En temps normal, on égrainait de novembre jusqu'en avril. Mais aujourd'hui, quand vous démarrez en novembre, en février, le coton est fini. Nos usines, nos investissements… on commence à s'inquiéter. Qu'est-ce que vont devenir nos investissements. Les bilans (financiers) commencent à être négatifs pour les sociétés cotonnières ». Autre source d'inquiétude selon ce responsable : la présence d'une autre forme de jassides, détectée dans plusieurs parcelles. À lire aussiLes prix du coton, ballotés par la guerre commerciale, pèsent sur l'Afrique

    «Tchad Connexion 2030» : le nouveau plan national de développement pour moderniser le pays

    Play Episode Listen Later Jun 15, 2025 2:22


    Au Tchad, le plan national de développement vient d'être adopté en Conseil des ministres. Baptisé Tchad Connexion 2030, ce plan entend mobiliser 30 milliards de dollars publics et privés pour désenclaver le pays et diversifier l'économie tchadienne, encore très agricole et pétrolière. Il s'agit d'atteindre 8% de croissance dans cinq ans, alors que l'extrême pauvreté, qui atteint plus de 40% de la population tchadienne, s'est encore aggravée cette année. Le plan, baptisé Tchad Connexion 2030, souhaite mettre en valeur la position centrale du Tchad en Afrique, en faire un nœud logistique. « Tous les grands corridors africains, du nord au sud, de l'est à l'ouest, transitent par le Tchad, souligne le ministre tchadien des Finances, Tahir Hamid Nguilin, qui a participé à la définition de ce plan. Le terme connexion ici marque la volonté de nous positionner comme un hub logistique, mettre en place l'ensemble des moyens nécessaires à ce que la navigabilité sur le lac Tchad soit effective avec des ferries, des ports, des débarcadères… » Faciliter la transformation des produits agricoles et miniers Électrifier à 90% les zones urbaines et à 60% l'ensemble du pays, fournir de l'eau à 11 millions de personnes supplémentaires…, le plan prévoit aussi de doubler la scolarisation en primaire grâce à l'ouverture de l'enseignement au secteur privé, qui est également attendu, souligne le ministre, dans le secteur de l'or et de la transformation industrielle des produits de base. « Nous voulons que le secteur privé, avec des licences, avec des conditions financières, des facilités fiscales et douanières sans pareil, puisse investir et connecter à l'énergie notre population et passer à l'industrialisation et à une transformation plus poussée de nos matières qui sont les mines, les produits agricoles, les produits d'élevage, l'arachide, le sésame, la gomme arabique et des produits de niche comme la spiruline. » Un atout, le faible endettement du Tchad Ce plan de 30 milliards de dollars élaboré par les autorités de Ndjamena, en collaboration avec la banque Rothschild et le cabinet Roland Berger, est très ambitieux, mais le Tchad a un atout : son très faible endettement. « C'est ambitieux et on voit malheureusement souvent de ce genre de plans publiés par les ministères sans que ce soit vraiment suivi d'effet, observe Charles Bouessel, analyste Afrique centrale chez International Crisis Group. Mais un des rares points positifs pour le Tchad, c'est qu'il a des capacités de financement bien supérieures aux autres pays de la CEMAC parce que sa dette équivaut à seulement 30% de son PIB, ce qui est trois fois plus faible que le Congo par exemple. » Le Tchad est sorti de la période compliquée du remboursement de prêt contre des barils à Glencore, ce qui lui permet de profiter davantage de ses revenus pétroliers. Le FMI soutient son plan avec sa facilité élargie de crédit. Mais le défi du développement est gigantesque, avec un demi-million de Tchadiens supplémentaires plongés dans l'extrême pauvreté, depuis les inondations.

    Au salon VivaTech, les start-up africaines se cherchent une place dans la compétition mondiale

    Play Episode Listen Later Jun 12, 2025 1:59


    Les start-up africaines sont de plus en plus nombreuses à VivaTech, le salon des nouvelles technologies à Paris. Venant du Sénégal, du Nigeria, de Côte d'Ivoire, elles témoignent de la difficulté à trouver des financements. Comment être certain que ses enfants sont bien arrivés à l'école ? L'idée de Magatte Sylla est simple. Au sein de sa start-up Quitus, il a créé un dispositif de pointage biométrique. « Quand l'enfant se présente au niveau de l'établissement, il pose son doigt sur le dispositif et le parent reçoit un SMS instantanément », explique-t-il. Il le teste d'ailleurs dans plusieurs établissements dakarois. Quitus cherche un million de dollars Ce pitch, Magatte Sylla le répète toute la journée au salon VivaTech, en France, auprès d'autres startupeurs et auprès de potentiels investisseurs qui font ce qu'on appelle le « due diligence » : une analyse poussée du projet avant de signer le chèque. « Aujourd'hui, on ne peut pas avoir un contact avec un investisseur et avoir les financements tout de suite, ça prend beaucoup de temps. C'est l'ordre normal des choses, mais ce qui est sûr, c'est que l'on toquera un jour à la bonne porte qui nous permettra de lever ce million de dollars qu'on est en train de rechercher », assure-t-il. Mais les grosses levées de fonds se font plus rare. Les investissements ont baissé mondialement dans l'écosystème tech et l'Afrique a bien du mal à les attirer. Trop peu de licornes africaines Yaya Koné en est à sa seconde start-up en Côte d'Ivoire. Il témoigne de la difficulté à trouver des financements pour les jeunes pousses du continent. « Les investisseurs recherchent des retours sur investissement par trois ou par quatre et qui arriveraient après quatre à cinq ans de développement. Ça, c'est le "classique" mais ça ne marche pas en Afrique. Il nous manque un cadre réglementaire, il y a encore plein de choses à faire. Il y a quand même quelques licornes au Nigeria, en Égypte, au Kenya, mais c'est une goutte d'eau par rapport à ce qu'il se fait au niveau mondial. Pour que cela soit massif, il faut travailleur sur l'approche de l'investissement de nos start-up », estime-t-il. Des investisseurs frileux au risque. Certains États africains profitent des trois jours de VivaTech pour mettre en avant leurs startups et donner confiance aux financeurs, très nombreux à Paris pour cet évènement tech.

    Dans le nord de la Côte d'Ivoire, le ramassage du karité a débuté

    Play Episode Listen Later Jun 11, 2025 2:19


    En Côte d'Ivoire, la campagne de ramassage du karité a démarré, dont le pays est le cinquième producteur mondial. Cette filière est désormais régulée par le Conseil du Coton et de l'Anacarde. Avec le tout début de la saison des pluies, dans le nord du pays, les femmes activent dans ce domaine sont en plein ramassage. Avec notre envoyée spéciale à Bouna, Dans cet espace communautaire en périphérie de Bouna, plusieurs femmes sont accroupies et ramassent des amandes de karité. Il faut aller vite, car un troupeau de bœufs dévorent les fruits mûrs tombés au pied des arbres de karité. « Je viens ici tôt, vers 5h30, puisque ce fruit est prisé par tous les animaux, à cause de sa pulpe qui est très sucrée. Il faut être rapide pour le récolter avant eux », explique Béninguiéla Hien. Cette activité attire plus de monde, car la précédente campagne a été favorable. En effet, les amandes de Côte d'Ivoire étaient montées en flèche l'an dernier, après que le Mali et le Burkina Faso ont pris des mesures pour suspendre l'exportation de leurs amandes de karité. Cette hausse a attiré plus de femmes dans la collecte des amandes. En période de récolte, ces travailleuses peuvent gagner jusqu'à 2 500 francs CFA par jour. Des prix sur les marchés à la hausse Cette activité permet d'améliorer la qualité de vie de ces femmes. « L'activité se porte bien : avant, je ramassais beaucoup d'amandes de karité, mais les prix étaient faibles. Depuis l'an dernier, cela a changé : je fais des bénéfices. Par exemple, cet argent me sert à scolariser mes enfants », témoigne Kamou Sambéna. Une fois récoltées, ces amandes sont ensuite vendues à des coopératives. À l'image de Scoop Prokobab, qui regroupe 600 femmes à Bouna. Cette coopérative transforme ce fruit en beurre de karité. La hausse des prix sur les marchés internationaux a été répercutée sur les prix des produits revendus par cette coopérative. Ce qu'explique Siatta Ouattara, la présidente de cette organisation : « Aujourd'hui, la concurrence est rude. On va vendre cher notre amande que nous allons produire. Le kilo qui était à 200 francs CFA est passé à 700. Donc le kilo [d'amandes] a triplé. Le beurre [de karité] que nous vendions à 1 000 francs CFA est passé à 2 000. Et le kilo de beurre de karité que l'on vendait à 1 500-2 000 francs CFA, on est obligé de le vendre à 3 000. » Cette coopérative réalise l'essentiel de ses bénéfices sur les dérivés du karité. Notamment les produits cosmétiques fabriqués à partir des résidus de coques de karité, ou encore les briques de tourteaux, utilisés comme combustible. Le prix du karité sera fixé d'ici à la fin du mois de juin, en concertation avec le Conseil du coton et de l'anacarde. À lire aussiSans le Mali et le Burkina Faso, le prix des amandes de karité explose

    Congo-B: le gouvernement annonce la fin des contrats de cession des terres au Rwanda

    Play Episode Listen Later Jun 10, 2025 2:26


    Au Congo-Brazzaville, le gouvernement a annoncé la fin d'une mesure controversée : la mise à disposition de terres notamment pour des projets agricoles à des entreprises rwandaises. Des accords avaient été signés en 2022, mais ils avaient provoqué un tollé dans une partie de l'opinion. Aujourd'hui, les conventions sont déclarées caduques. C'est une déclaration qui a fait grand bruit jeudi dernier lors de la conférence de presse de la « quinzaine du gouvernement » congolais. « Vous vous rappelez la polémique sur la fameuse histoire des terres rwandaises, la salive, l'encre que tout cela a fait couler, interroge le porte-parole du gouvernement Thierry Moungalla s'adressant aux journalistes. Mais pourquoi vous ne vous êtes pas demandés quelle a été la suite ? Pourquoi on n'en parle plus ? Parce que tout simplement, le dossier est terminé. »Dossier terminé même si aucun document officiel sur cette résiliation n'a été fourni. Les entreprises titulaires d'un bail sur ces terres auraient été notifiées. Le conglomérat rwandais Crystal Ventures au cœur du dossierCe que rapporte le porte-parole du gouvernement congolais, Thierry Moungalla, c'est qu'une clause dans les contrats initiaux prévoyait que si aucun projet n'avait été réalisé 8 décembre 2024 sur les zones, l'accord devenait caduc. « Figurez-vous que le 8 décembre, n'ayant pas eu de retour positif eu en tout cas, pas de retour cohérent des entreprises concernées, le ministre d'État Mabiala, ministre des Affaires foncières, qui avait délivré au nom du gouvernement les autorisations, a informé les partenaires que c'était annulé », explique Thierry Moungalla.Pourtant, les zones d'ombre restent immenses dans ce dossier. On trouve trace dans le Journal officiel congolais du 18 mai 2022 de la mise à disposition de 12 000 hectares à la société Eleveco Congo pour une durée de 20 ans dans le département de la Bouenza. Il s'agit d'une filiale du conglomérat Crystal Ventures, propriété du FPR, le parti au pouvoir au Rwanda.Des accords critiqués au Congo-BCe qui inquiétait Kinshasa, c'étaient surtout les accords concernant la zone économique spéciale (ZES) de Maloukou. Des terres à 70 km de Brazzaville, au bord du fleuve Congo, juste en face de la RDC, dont la gestion avait été confiée à la holding rwandaise.Le Congo-Brazzaville s'est toujours justifié sur ce rapprochement avec Kigali. « Dans un premier temps, les autorités congolaises ont fait prévaloir le principe de coopération Sud-Sud à travers ces accords. Ce que nous constatons, c'est qu'il y a comme une espèce de reculade du côté de Brazzaville. Par conséquent, est-ce qu'elles n'ont pas cédé à la pression populaire ? », se demande le journaliste économique indépendant Alphonse Ndongo. « Ces accords ont été critiqués par l'essentiel du peuple congolais, qu'il s'agisse des hommes politiques de l'opposition et même parfois de manière confidentielle, par ceux qui sont au pouvoir ». Ce dossier est-il vraiment clos ? Le ministre rwandais des Affaires étrangères assurait ce mardi n'avoir reçu aucune information n'allant dans le sens d'une résiliation des contrats.À lire aussiLe Congo-Brazzaville stoppe la mise à disposition de terres à des entreprises et entrepreneurs rwandais

    Face au dérèglement climatique, les cotonculteurs africains obligés de s'adapter

    Play Episode Listen Later Jun 9, 2025 2:34


    La production du coton est comme la majorité des productions agricoles touchées négativement par le dérèglement climatique. Une situation sur laquelle alerte l'Association des producteurs de coton africain et pour laquelle les différents acteurs cherchent des solutions pour préserver leurs rendements. Dans le bassin cotonnier du Cameroun, Wagaye Amadou, petit cotonculteur, témoigne des conséquences sur ses cultures du changement climatique. « Il y a la sécheresse qui nous dérange donc le coton ne se produit pas comme auparavant. Quand il fait trop chaud, le coton ne donne pas parce que ça ne grandit pas. Ça fait déjà 2 ans ou 3 ans environ. C'est trop de perte, plus d'un tiers de la production. Qu'est-ce qu'on peut faire contre ça ? Quand il ne pleut pas abondamment, comment on peut avoir la solution ? »Alternance de fortes pluies et sécheresse Les cotonculteurs du continent expérimentent des épisodes pluvieux intenses qui noient les cultures et les font pourrir, ou des épisodes de sécheresse prolongée qui empêche la fleur de coton de se développer. « Les aléas climatiques, c'est ça qui fait que la production cotonnière est en train d'évoluer en dents de scie, explique Moussa Sabaly, président de la Fédération nationale des producteurs de coton du Sénégal, président d'honneur de l'AProCA, l'appel que je lance aux producteurs, c'est que comme on ne connaît pas si la pluie va s'installer précocement, on ne sait pas à quel moment ça va s'arrêter, il faut semer très tôt. Puisqu'il y a un moment où quand tu sèmes le coton des semis tardives, tu risques de ne pas avoir de bons rendements. Il faut adapter les périodes de plantation ».Indispensable adaptation des techniquesLe changement climatique contribue à l'appauvrissement des sols, aux phénomènes d'érosion. Un sujet de préoccupation depuis plusieurs années qui mobilise la recherche et les sociétés cotonnières. Adaptation des pratiques agricoles et recherche de semences résistantes.Au Cameroun, la Sodecoton travaille notamment avec l'Institut de recherche agricole pour le développement, l'IRAD. « Il y a des actions qui sont menées, notamment les actions agroécologiques qu'on appelle techniques agroécologiques, pour limiter l'impact de ce dérèglement sur la production agricole et donc maintenir un certain niveau de productivité », détaille le Dr Hinimbio Taïda Pierre agronome spécialisé en agro-écologie à la société cotonnière du Cameroun. « Donc, parmi cet ensemble de techniques, il y a par exemple la mise en place de l'arbre dans le système agraire qu'on appelle l'agroforesterie. Il y a également la lutte contre, par exemple, l'érosion pluviale et éolienne par la mise en place par exemple, (...) des bandes arbustives ou enherbées et même des plantations d'arbres. Voilà donc il y a beaucoup de techniques comme ça qui sont mises en place pour contrôler l'effet du dérèglement climatique », explique-t-il. Ces adaptations sont confrontées également à un certain nombre de pratiques persistantes telles que le pâturage, la culture sur brulis ou encore l'usage pas toujours approprié de certains produits phytosanitaires.

    À Bangui, la pénurie de poulets profite aux éleveurs de canards

    Play Episode Listen Later Jun 8, 2025 2:28


    Ces derniers mois, la pénurie de poulets motive de plus en plus d'exploitants à se tourner vers l'élevage de canards. C'est le cas de Rosya Natacha Epelaki, dont l'entreprise ROFPAL, lancée il y a trois ans, est devenue incontournable dans le contexte actuel de crise.  Dans cette concession d'un hectare, les canards sont élevés en liberté dans des cabanes en bois. L'endroit est bien aménagé, et clôturé. Née dans une famille d'éleveurs et d'agriculteurs, Natacha Rosya Epelaki s'est lancée dans l'élevage des canards, il y a trois ans. Ce matin, elle tient une vieille boîte de conserve en main et lance à la volée des graines de maïs aux canetons.« Les canards sont rares sur les marchés en République centrafricaine. Pendant les fêtes, les commerçants ne vendaient que des poulets de chair. Ce sont nos voisins congolais de Zongo qui ravitaillent les marchés de Bangui et ils repartent avec l'argent chez eux. C'est ce qui m'a révolté à faire l'élevage des canards. Les canards sont faciles à élever et donnent moins de travail que les poulets. Ils sont forts et robustes. Ils tombent difficilement malades ».À lire aussiHuile de palme en Centrafrique: l'ambition des jeunes producteurs de BossongoSur les marchés, des canards à la place des pouletsDans sa combinaison bleue, Djiéssi Mabada, l'un des employés de l'entreprise ROFPAL, prépare son pousse-pousse pour aller à la conquête des clients potentiels. « À 5h30, on doit être là pour nous occuper des canards. Il y a beaucoup de clients à Bangui. Je sors toujours avec une vingtaine de canards, mais le soir, je rentre avec le pousse-pousse vide ».Certains canards sont vendus aux restaurateurs, mais la plupart sont commercialisés sur les marchés de la capitale. Natacha possède actuellement quatre-vingts canards et une centaine de canetons. « Au début, j'ai démarré avec trois femelles et un mâle pour en arriver là aujourd'hui. Le prix d'un canard chez nous dépend de la grosseur de l'animal. Mais le prix minimum est de 5 000 francs CFA. Annuellement, je peux gagner 500 000 francs CFA ».Un revenu qui dépasse le salaire minimum de 29 000 francs CFA par mois. Et si le prix du canard est plus élevé d'environ 1 500 francs CFA qu'un poulet traditionnel, les canards ont cependant plus de chairs, ce qu'apprécient les consommateurs. « Sur les marchés, les canards ont remplacé les poulets de chair parce que les éleveurs de poulets ont du mal à s'approvisionner en poussins, explique Gaëtan, ces derniers jours, je n'achète que des canards pour mon restaurant ».Une production limitée par un manque de produits et d'énergieAujourd'hui, Natacha ambitionne de vendre ses canards sur tous les marchés du pays et ceux de la sous-région. Mais dans ce travail, les difficultés ne manquent pas. « Les tourteaux de soja et coton sont difficiles à trouver. Les produits vétérinaires sont chers parce qu'ils sont importés de l'étranger. Présentement, je n'ai pas de couveuse, ni d'électricité photovoltaïque pour produire assez de canetons ».Avec son projet d'élevage de canards, l'entreprise ROFPAL a remporté en avril dernier le prix du championnat des start-up au salon de l'entrepreneuriat féminin à Bangui. Malgré les nombreux défis, elle compte créer cette année une unité de vente d'œufs de canards en palettes, une première en Centrafrique.À lire aussiEn Centrafrique, une association stimule l'autonomisation des femmes par l'agriculture et l'élevage

    Tunisie: pour l'Aïd, les clients renoncent à l'achat d'un mouton entier

    Play Episode Listen Later Jun 5, 2025 2:26


    En Tunisie, le mouton de l'Aïd a atteint des sommes astronomiques cette année, même si l'État a fixé le prix à moins de 22 dinars le kilo dans les points de vente règlementés. Mais malgré la crise économique, beaucoup de Tunisiens ne veulent pas se passer de cette tradition du sacrifice. D'autres se tournent vers l'achat de la viande au kilo, moins coûteuse. Dans un point de vente informel en bord de route de la banlieue de Tunis, les clients se pressaient hier pour acheter le mouton. L'acheter la veille est une technique pour s'assurer que les prix ont baissé, liquidation des stocks oblige, mais cette année ce n'est pas le cas. « Je suis venu avec l'intention d'acheter et là franchement les prix, c'est n'importe quoi, s'agace Wassim, 30 ans, employé dans un centre d'appel. Ça fait deux semaines que je vais d'un endroit à un autre et les moutons sont tous hors de prix. En plus, ici, ce n'est pas un endroit officiel pour acheter, ce sont juste quelques personnes qui se sont mises en bord de route pour vendre et on a l'impression qu'ils donnent des prix au pif. »Pas le budgetLes prix varient entre 800 et 2 000 dinars par bête, soit entre 230 et 590 euros. Leur prix en Tunisie a connu une augmentation de près de 90 euros par rapport à l'année passée. « Honnêtement, je ne sais pas ce que je vais faire, hésite Monia Ben Moussa, retraitée. L'un m'a dit 1 000 dinars, l'autre 2 000, je n'ai pas le budget. En plus, ils n'ont pas l'air très en forme ces moutons. Je pense que je vais essayer d'en trouver ailleurs. »Certains dénoncent les arnaques comme le fait de gaver le mouton avec du pain salé pour augmenter son poids au moment de la vente, d'autres ont donné un acompte et le vendeur a disparu avec le mouton. « Son collègue m'a assuré qu'il allait me rembourser, mais du coup, je ne sais pas si je vais trouver un mouton comme il faut avant l'Aïd, s'impatiente Rajaa, mère de deux enfants. Je pensais avoir fait une affaire avec celui-là, mais non. Chaque année, c'est le même problème, les prix augmentent donc on se tourne vers les moins chers et, parfois, ce n'est pas toujours très réglo. C'est notre lot quotidien pour nous qui avons des revenus modestes. »À lire aussiLe prix des bêtes affole les Tunisiens à quelques jours de l'Aïd el-KébirVente à la coupeDu côté des bouchers, c'est le rush de la dernière heure. Le jour de l'Aïd, beaucoup sont mobilisés pour l'égorgement du mouton, mais la veille, ils vendent la viande à une clientèle de plus en plus nombreuse. « C'est encore plus visible cette année, observe Walid Tabelsi, qui enchaîne les coupes de viande… Regardez la file d'attente rien qu'aujourd'hui… Les gens achètent entre un et trois kilos de viande faute de pouvoir acheter un mouton. »Marges faibles selon les bouchersAdel un autre boucher se résigne à cette augmentation des prix qui l'affecte aussi et n'est pas près selon lui de s'arrêter. « Même nous, en tant que boucher, on fait très difficilement une marge sur la vente au kilo. À peine de quoi maintenir la boutique et s'acheter des cigarettes ».La flambée des prix a créé une forme de boycott, selon la Chambre nationale des bouchers. Au 31 mai, un client sur cinquante était reparti sans acheter de mouton.À lire aussiEn Afrique, d'où viennent les moutons sacrifiés de la Tabaski?

    Maroc: remédier à la crise de l'élevage par les céréales et les races locales

    Play Episode Listen Later Jun 4, 2025 2:20


    Au Maroc, l'élevage fait la une de l'actualité ces derniers mois : annulation du sacrifice de l'Aïd, explosion du prix de la viande rouge. En l'espace de neuf ans, sous l'effet notamment de la sécheresse, le cheptel s'est effondré, perdant un tiers de ses effectifs. Les Marocains s'interrogent sur l'origine de la crise qui frappe la filière et tentent de trouver des solutions. De notre correspondant à Rabat,Ces dernières années, les éleveurs marocains ont dû se rabattre sur les aliments pour bétail importés. Le royaume ne produisait plus suffisamment de fourrage, à cause du stress hydrique, mais aussi des choix de cultures. Ces dernières années, le Maroc s'est orienté vers l'olivier ou d'autres cultures arboricoles qui nécessitaient beaucoup d'eau, au détriment des céréales fourragères qui s'adaptaient aux conditions locales. « Cela pose un vrai problème quant à l'autonomie fourragère de l'élevage marocain », souligne Soufiane El Aayadi, enseignant chercheur au département des productions animales à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan-II.Variété de fourrages plus résistantsPaysans davantage dépendants des importations, explosion des prix due à l'instabilité géopolitique, le système de production a vacillé. « Il faut s'orienter vers des cultures qui s'adaptent à la sécheresse, conseille l'agronome. On ne peut pas abandonner l'élevage intensif, ce n'est pas possible, mais il faut quand même adapter les ressources qui sont essentielles au développement et à la productivité de ces élevages. »Des solutions existent, comme le sorgho, actuellement à l'étude au Maroc. Les solutions sont aussi cherchées dans les élevages eux-mêmes. « Il faut revenir aux races locales, très résistantes aux conditions du Maroc, à la sécheresse, à un contexte où l'impact du changement climatique est très fort », estime Soufiane El Aayadi.Race locale : « comme un accordéon »Pour produire plus, le Maroc est en effet passé à des races venues d'Europe. Il a perdu une partie de ses ressources génétiques locales. C'est particulièrement vrai pour les bovins, souligne le docteur Ahmed Aittaleb, directeur de la fédération marocaine des éleveurs de Oulmès-Zaer. « Malheureusement, [la race Oulmès-Zaer] est la seule race marocaine qui existe encore. Les autres races ont disparu. C'est pour ça que le ministère de l'Agriculture a mis en place un programme pour développer cette race en collaboration avec la fédération. »Objectif de ce programme : faire passer les effectifs de 5 000 à 10 000 têtes d'ici à 2030. « C'est une race très rustique, très résistante, observe l'éleveur. Pendant la sécheresse, elle rétrécit, comme un accordéon. Dès qu'il y a de la pluie, un peu d'herbe, elle gonfle et devient productive. »Le gouvernement vient d'annoncer un vaste programme pour reconstituer le cheptel marocain : près de 600 millions d'euros sur un peu moins de deux ans, principalement sous forme d'aides directes aux éleveurs.À lire aussiLa crise de l'élevage marocain fait monter les prix de la viande et menace l'Aïd

    Au Ghana, la culture du niébé génétiquement modifié divise le monde agricole

    Play Episode Listen Later Jun 3, 2025 2:21


    Depuis près d'un an, les paysans du nord du Ghana peuvent cultiver et commercialiser un niébé génétiquement modifié, conçu localement. Mais cette évolution n'est pas perçue d'un bon œil par l'ensemble de la communauté agricole ghanéenne. Certains fermiers craignent notamment d'être dépossédés de leur organisation traditionnelle. De notre correspondant à Accra,Plus de résistance face aux ravageurs de cultures, moins de pesticides, un rendement jusqu'à quatre fois supérieure à sa variété traditionnelle : voici les promesses du Niébé Bt, cette légumineuse génétiquement modifiée, commercialisée depuis juillet 2024 au Ghana. Jerry Nboyine est l'un des chercheurs ghanéens qui ont conçu cette variété : « C'est le fruit d'un travail collaboratif avec le Burkina Faso et le Nigeria. Nous avons négocié ensemble auprès de Bayer-Monsanto pour avoir accès au gène avec lequel nous avons développé le niébé. »Selon le chercheur, les premières récoltes en octobre 2024 ont été un réel succès, malgré une sécheresse intense, provoquant de nombreuses pertes chez les fermiers ayant planté le niébé traditionnel. Mais, au-delà du rendement, Jerry Nboyine espère surtout préserver la santé des agriculteurs. « Les fermiers ne souffriront plus de l'empoisonnement lié à l'usage de pesticides. Même chose du côté du consommateur : l'empoisonnement dû aux insecticides présents sur le niébé que l'on a acheté appartiendra au passé », estime-t-il.Inquiétudes et réglementationD'autres acteurs de l'agriculture ghanéenne craignent au contraire que ces nouvelles variétés provoquent une multiplication du risque sanitaire. Parmi eux se trouve l'association des fermiers paysans du Ghana, forte de plus d'un million de membres à travers le pays. Awal Wepia en est le président. Il craint également une dépossession de la production au profit de multinationales du génie génétique. « Cela risque de détruire notre système traditionnel de distributions de graines. Nous avons des producteurs de graines, si on introduit les cultures OGM, bien entendu que cela va supprimer leur travail, met-il en avant. Les vrais problèmes à régler sont l'irrigation, la valeur ajoutée des cultures, la mécanisation et le marketing. » Réunies en coalition, les anti-OGM ont saisi la justice ghanéenne à deux reprises, sans succès.Les tribunaux ont néanmoins insisté sur la nécessité de respecter le droit en vigueur, par un corps législatif complet. « Nous avons la loi de biosécurité, également la réglementation sur la biosécurité, qui prévoit les lignes directrices sur ce que l'on peut cultiver. Nous sommes aussi signataires de nombreux protocoles internationaux en vigueur dans le monde entier », détaille Samuel Amofa, chargé de communication à l'autorité nationale de biosécurité, la NBA. À ce jour, le Ghana a autorisé la commercialisation de 14 autres cultures OGM de maïs et de soja.À lire aussiGhana: l'opposition manifeste contre la destitution de la présidente de la Cour suprême

    Au Sahara occidental, le secteur de la pêche touché par la raréfaction des ressources

    Play Episode Listen Later Jun 2, 2025 2:12


    Le Maroc est le premier producteur mondial de sardines et le premier producteur africain de produits de la mer. Un secteur qui connaît toutefois une crise d'ordre structurelle : les stocks de poissons dans les ports marocains diminuent, entre 20% et 30% de baisse côté Méditerranée. La hausse conséquente du prix des sardines a agité le débat public avant le Ramadan, tant le petit poisson argenté est un élément essentiel de la gastronomie marocaine. Près de 80% des captures de poissons sont effectuées dans les eaux du Sahara Occidental, où la raréfaction des ressources se fait ressentir également. De notre envoyé spécial à Boujdour et Laâyoune,Dans le port de Boujdour, au Sahara occidental, les pirogues colorées des pêcheurs artisanaux côtoient les chalutiers spécialisés dans la capture de la sardine et du maquereau. Tous les pêcheurs font le même constat : malgré l'augmentation du nombre d'unités de pêche, le poisson se fait rare.« Ce changement climatique a impacté le stock ou plutôt les conditions de pêcherie de ce type de poisson qui est le pélagique, explique Ismaïl Benazouz, chef division de développement à l'Agence nationale des ports. Le plan d'aménagement initié par le département de pêche, et l'institut de recherche halieutique, à travers les campagnes de repos, est destiné à préserver la ressource halieutique et de gérer cette rareté en espérant qu'elle soit temporaire. »Des stocks en diminution, et des facteurs de raréfaction multiplesPour Badr El Moussaoui, président de la commune d'el-Marsa Laâyoune et patron de l'une des 45 conserveries de poisson de la région, la question de la raréfaction des ressources se pose. Le volume du poisson pêché a diminué d'un tiers entre 2023 et 2024. « Cela fait deux ans maintenant que les chiffres sont en baisse, surtout dans le débarquement de la pêche, surtout dans le poisson pélagique, mais on trouve que c'est tout à fait normal, c'est à cause du changement climatique », constate-t-il.Selon les experts, le changement climatique n'est pas le seul facteur pour expliquer la raréfaction des ressources : la surpêche ou encore les effets des usines de dessalement pourraient participer à la diminution des stocks. Conserves, huile ou farine de poisson : au Maroc, 500 000 emplois directs ou indirects sont liés au secteur. Le maire de Dakhla, Erragheb Hormatollah, se veut toutefois rassurant : « Avec l'évolution de la population, avec l'évolution de la demande, c'est une question cruciale pour la pêche. Mais il y a tout un programme lancé par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche concernant la préservation de cette ressource-là. »Dans un autre registre, la situation politique du territoire, considéré comme non-autonome par l'ONU, pèse aussi sur le secteur. La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a confirmé l'année dernière l'annulation des accords de pêche entre le Maroc et l'Union européenne, estimant qu'ils avaient été établis « sans le consentement du peuple du Sahara occidental ».À lire aussiL'accord sur la pêche UE-Maroc en eaux troubles

    Karité africain: définir un partenariat gagnant-gagnant sur les prix au sein de la filière

    Play Episode Listen Later Jun 1, 2025 2:06


    Quel avenir pour le karité africain ? Les acteurs publics et privés de la filière se sont réunis au Bénin, après une année difficile, marquée par des interdictions dans certains pays d'exporter les amandes brutes. L'ambition est de parvenir à un partenariat gagnant-gagnant sur les prix entre tous les opérateurs, de la collecte à la transformation du karité. De notre correspondant à Cotonou,Pour Antoinette Ouédraogo, secrétaire exécutif de l'ONG burkinabè BUA YA BA, un partenariat gagnant-gagnant va réparer une grosse injustice. « Comment comprendre qu'on nous achète le beurre de karité à moins de 500 francs CFA [soit 0,76 euro], et au mieux 1000 francs le kilo [soit 1,50 euro] pour se retrouver ailleurs à 10 ou 15 000 francs le kilo [environ 20 euros] ? Il y a une distribution qui n'est pas équitable. Comment comprendre que le cours mondial est fixé dans des pays qui n'ont même pas d'arbres de qualité chez eux ? Ce n'est pas facile, nous souhaitons qu'il y ait un changement par rapport à ça ».Collecte des amandes pas assez rémunéréeMême combat pour Gilles Adamon, président de l'interprofession Karité Bénin. Il plaide surtout la cause des milliers de femmes sous-payées qui travaillent dans la filière. « Entre les acteurs, il faut qu'on puisse avoir des séances de concertation pour arrêter des prix, pour que nul ne soit perdant, c'est cela le partenariat gagnant-gagnant. Il ne faut pas qu'un groupe soit beaucoup plus gagnant que les autres, surtout les femmes qui collectent les amandes ».Aurore Egounléty Biokou est experte en genre. Recrutée pour écouter et faire remonter les doléances de ces femmes, notamment au Togo et au Burkina Faso, elle déposera un rapport avec des solutions à court, moyen et long terme. « Ces femmes ne sont pas rémunérées à la hauteur de ce qu'elles font. Elles recherchent toujours des occasions pour se faire entendre pour qu'on arrive à les aider à trouver des solutions. »Prioriser l'achat par les entreprises localesAutre sujet évoqué, la suspension de l'exportation des amandes dans certains pays de la sous-région africaine, Mali et Burkina Faso. Les transformateurs des pays où il n'existe pas ce genre de mesures d'interdiction ont été pénalisés lors de la dernière campagne, alors Cotonou fait une recommandation. « Ce qui a été retenu principalement, souligne Gilles Adamon, c'est que les associations locales de chaque pays discutent avec l'État pour que les entreprises locales soient priorisées dans l'achat des amandes. »Les acteurs ont les yeux rivés sur la prochaine campagne, elle est imminente. Beaucoup prédisent qu'elle sera meilleure que la précédente.À lire aussiTransformation locale : le Bénin veut passer à la vitesse industrielle

    En Tunisie, la nouvelle «loi sous-traitance» donne de l'espoir aux travailleurs précaires

    Play Episode Listen Later May 29, 2025 2:21


    En Tunisie, une loi votée au Parlement pour mettre fin à la sous-traitance dans certains secteurs. Elle doit permettre de régler les situations abusives de précarité des employés de certaines sociétés de sous-traitance, particulièrement dans le nettoyage et le gardiennage.  De notre correspondante à Tunis Mourad Saïdani est gardien de sécurité dans une résidence. Il a veillé jusqu'à 4h du matin le jour du vote de la loi sur la sous-traitance au Parlement. Il attend, avec impatience, un changement. « Vous n'imaginez pas mes conditions de travail, s'exclame l'homme de 42 ans, ça fait un an et demi que je travaille ici pour 160 euros par mois. Je n'ai aucun jour de congé, si je veux en prendre un, c'est prélevé de mon salaire. Je travaille douze heures par jour. J'attendais vraiment cette loi, car je n'en peux plus de cette situation ».Sécurité de l'emploiIl espère qu'avec la nouvelle loi, son contrat sera régularisé. Actuellement, il n'a pas de Sécurité sociale. Le vide juridique et la confusion entre société de prestation de service et sous-traitance ont laissé place à ce genre d'abus. « Je n'ai pas de formation ou de diplôme. Et qui va embaucher quelqu'un de mon âge ? la plupart des secteurs cherchent des jeunes et des saisonniers », explique-t-il.Avec la nouvelle loi, les CDD ou contrats précaires doivent être convertis en CDI et assurer une protection sociale. Une exception est faite pour le travail saisonnier. Mais le professeur en droit Hatem Kotrane souligne un manque de clarté. « L'une des difficultés est la durée maximale du CDD, rien n'est dit dans la loi. On tolère des cas, mais on ne dit pas qu'elle est la durée du seuil, qu'elle est la durée maximale d'un CDD. On parle de contrat de travail qui conclut la durée d'un chantier, d'une mission, cela a été supprimé et aujourd'hui cela créerait beaucoup de difficultés pour nombre d'entreprises, dans le secteur du bâtiment par exemple ».Critique sur le manque de collégialitéLe député indépendant Dhafer Sghiri est l'une des voix à avoir émis des réserves lors du débat sur la loi à l'assemblée. Il a dénoncé notamment le manque de consultation avec les partenaires sociaux et le patronat. « Avec le projet, il doit y avoir une étude d'impacts normalement. Ça doit être chiffré, par exemple le projet va impacter combien de personnes ? Ça, c'est inexistant dans le projet, c'est une grande lacune, une faiblesse ». Le secteur privé a peu réagi à l'adoption de cette nouvelle loi. Le secteur public emploie lui 20% de travailleurs dans la sous-traitance. Le texte prévoit une amende de 3 000 euros et jusqu'à six mois d'emprisonnement en cas d'infraction.

    Dans le nord du Cameroun, les cotonculteurs retournent sur les bancs de l'école

    Play Episode Listen Later May 28, 2025 2:25


    Le Cameroun parvient à produire le coton ayant les meilleurs rendements. Sa qualité est aussi saluée. Le bon suivi des itinéraires techniques (le respect des calendriers, le bon usage des produits phytosanitaires, etc.) explique en partie ces résultats. Cependant, le taux d'analphabétisme est encore important dans la région et contraint le développement des bonnes pratiques. Pour améliorer cela, l'Alliance française de Garoua dispense des cours pour aider les agriculteurs dans leurs pratiques quotidiennes. Avec notre envoyée spéciale de retour de Garoua,Dans ce cours de premier niveau, les cotonculteurs majoritairement des femmes, reprennent le B.A. BA de la lecture. Madeleine a 54 ans et ne manque pas d'humour : « Ça m'a beaucoup aidé. En mathématiques, rien ne peut me dépasser. Je peux peut-être être comptable de la Sodecoton. » Elle a suivi assidûment l'ensemble des cours proposés par l'Alliance française. « C'est utile, ça m'aide à compter l'argent pour le coton. Je peux peser le coton moi-même. Et je saurai comment calculer l'argent », explique-t-elle. Elle précise que jusqu'à présent, c'étaient les agents de la Sodecoton qui s'en chargeaient. « Je ne savais pas s'ils calculaient bien ou pas, mais maintenant, moi-même, je vais calculer. Je peux bien vérifier », assure-t-elle avec une once de fierté.Félicitée a la vingtaine, elle trouve une réelle utilité à ces cours dans ses activités quotidiennes. « Je ne savais pas lire, mais maintenant, j'ai appris. [Je suis capable de lire] les notices sur les produits de la Sodecoton et d'autres produits. Je lis les notices, ça m'apprend beaucoup de choses. C'est pourquoi j'apprécie beaucoup cette école », souligne la jeune femme.À écouter aussiLe coton camerounais sous pression malgré des bons rendementsPallier un besoin des professionnels du secteurEn plus des apprentissages scolaires habituels et d'un niveau pour apprendre à gérer un projet économique, cette année, l'Alliance française a ouvert un quatrième niveau. Les apprenants sont formés à des activités génératrices de revenus telles que la fabrication de savon. « Nous avons constaté que par rapport aux activités agricoles, elles pouvaient faire autre chose. C'est pourquoi on a jugé bon que l'on pouvait leur apprendre une activité génératrice de revenus », explique Wadjiri Pahimi, le superviseur de l'Alliance française de la zone. « Les autres cours consistent à les amener à parler français, lire, écrire et calculer. Beaucoup n'ont pas été à l'école ou ont arrêté très tôt », poursuit-il.Ces cours sont la traduction d'un besoin et d'une demande formulée par la société cotonnière, la Sodecoton et la confédération des cotonculteurs. Elle est mise en œuvre par l'Alliance française en partenariat avec le ministère de l'Éducation. L'année dernière, deux heures par jour, cinq jours par semaine, plus de 1 500 apprenants ont fréquenté les bancs de ces classes.

    Dans le Sahara occidental, le projet marocain du port de Dakhla pour favoriser les échanges Sud-Sud

    Play Episode Listen Later May 27, 2025 2:26


    Au nord de la ville de Dakhla, dans la région du Sahara occidental administrée par le Maroc, un projet titanesque est en cours de réalisation : un port en eau profonde capable d'accueillir des porte-conteneurs et des supertankers. Dans le cadre de l'« Initiative Royale Atlantique », le port, entièrement financé par le royaume, a pour objectif de proposer un nouvel accès à la mer pour les pays enclavés du Sahel et de renforcer les échanges Sud-Sud, notamment avec l'Amérique du Sud. De notre envoyé spécial de retour de Dakhla,Sur les hauteurs de ce chantier pharaonique lancé il y a trois ans, en pleine zone désertique, une femme observe aux jumelles le ballet de camions. Iouzzi Nisrine est la directrice de suivi et de supervision de la réalisation du nouveau port de Dakhla Atlantique. La côte a été terrassée sur plusieurs centaines de mètres pour le stockage, façon Tetris, de milliers de quadripodes, ces petits plots de béton à quatre bras capables de dissiper l'énergie des vagues et fortifier les digues portuaires.Dakhla Atlantique, c'est 1 500 employés, plus d'un milliard d'euros investis par l'État marocain, pour une infrastructure multifonctions. « On parle du conteneur, on parle du trafic TIR, on parle justement des hydrocarbures verts, de l'hydrogène vert, de l'industrie de la pêche, et de la réparation navale. Tout cela, ce sont des segments d'activités qui ont beaucoup de potentiels et qui existent et qu'on a identifié pour pouvoir les drainer à travers un port en eau profonde, et un grand port comme le port de Dakhla Atlantique », détaille Iouzzi Nisrine.« Une opportunité pour augmenter le commerce extérieur »Selon la vision étatique, ce port permettra le développement économique des « Provinces du Sud », vocable marocain dans un contexte de territoire disputé. Ses concepteurs le présentent comme une nouvelle option pour les États du Sahel enclavés, qui n'ont d'accès direct à la mer. « Désenclaver les pays du Sahel,c'est également une opportunité pour augmenter le commerce extérieur, et également créer des investissements et la création d'emploi, et le développement économique de façon générale », assure la directrice de suivi et de supervision de la réalisation du port.Instrument d'ancrage territorial et outil de développement de nouvelles routes commerciales maritimes, notamment avec l'Amérique du Sud, les enjeux stratégiques, géopolitiques, sont nombreux, tout autant que les défis d'ingénierie et environnementaux, dans une zone écologique sensible. Pour gagner en tirant d'eau, et accueillir les plus gros porte-conteneurs, un pont de 1,2 km de long a été construit perpendiculaire à la côte, et l'équivalent de 28 hectares de terrain en mer. Nisrine Iouzzi, casque sur la tête, a troqué sa veste noire pour un gilet jaune de chantier : « On a pensé aussi que c'était important de ne pas totalement fermer le courant littoral, et donc on a réfléchi d'abord à faire le pont pour avoir les plus hauts-fonds et également aussi pour une question environnementale faire une digue pour ne pas fermer le contact entre le trait de côte et la première profondeur. »Le projet a atteint un taux d'avancement de 45 %, et la livraison du port est attendu pour décembre 2028, avec une mise en exploitation en 2029. 35 millions de tonnes de marchandises pourraient y transiter chaque année.

    Le Sénégal mise sur les prochains Jeux olympiques de la Jeunesse pour doper le tourisme

    Play Episode Listen Later May 26, 2025 2:11


    Dans moins de deux ans, le Sénégal accueillera les Jeux olympiques de la Jeunesse 2026, une première en Afrique. À Dakar, les chantiers s'accélèrent en vue de cet événement sportif planétaire, qui a également de grands enjeux économiques, en particulier touristiques. De notre correspondante à Dakar,Des milliers de visiteurs sont attendus au Sénégal pour les Jeux olympiques de la Jeunesse de 2026. Une opportunité unique pour faire rayonner la destination Sénégal et miser sur le tourisme comme moteur de développement économique. « Tous les projecteurs seront braqués sur Dakar, se réjouit Adama Ndiaye, le directeur de l'Agence sénégalaise pour la promotion du tourisme. C'est l'occasion de montrer ce que nous avons de meilleur, culturellement, sportivement… C'est une opportunité unique pour vendre notre cachet artistique à travers le sport, en particulier le sport traditionnel comme la lutte sénégalaise. »Lier hébergements et équipementsEn 2018, à Buenos Aires, plus d'un million de spectateurs ont assisté aux JOJ, dont plus de 200 000 rien que pour la cérémonie d'ouverture. Le Sénégal s'attend donc à une affluence historique. Pour accueillir cette vague, l'offre touristique se renforce, avec des dizaines d'hôtels en construction, des pôles de sport et de tourisme en plein essor, notamment à Diamniadio, autour de la nouvelle Arena multisports et du stade de football.« Un des constats majeurs a été l'importance de raisonner en consortiums pour que les projets aient un maximum d'impact, souligne Nelson Camara, le fondateur de Sport Impact, une agence qui utilise le sport comme un levier de développement. Quand vous construisez un grand centre de conférence ou un grand stade, comme le stade Abdoulaye-Wade, il faut des réceptifs hôteliers autour, sinon les évènements ne viennent pas et on ne pérennise pas les infrastructures sur une longue période. »À lire aussiLe Sénégal inaugure en grande pompe son nouveau stade national Abdoulaye-WadeBesoin de former les jeunesL'événement devrait aussi créer des emplois. « On va recevoir beaucoup de monde, souligne Cheikh Gaye, du syndicat des agences de voyage. Il va falloir penser à employer des jeunes parce que ces infrastructures en auront besoin. Donc, sur le plan socio-économique, c'est très important. » Le comité d'organisation des JOJ prévoit justement de former des jeunes à l'accueil des visiteurs, avec l'ambition de pérenniser ces emplois.Au-delà des JOJ, le Sénégal veut capitaliser sur le sport à long terme, à l'image de la Basketball Africa League, une compétition portée par la NBA qui attire des foules sur le continent, y compris à Dakar. « Il faut que l'Afrique montre qu'elle est capable d'organiser des grands évènements sportifs avec des standards internationaux, souligne Cheikh Gaye, du syndicat des agences de voyage. Je pense que ça a été le cas, on le voit à travers les différentes compétitions. On a des mondiaux de cyclisme qui arrivent très prochainement à Kigali. » Nelson Camara plaide désormais pour qu'une prochaine CAN ait lieu à Dakar.À écouter aussiDakar 2026 fait le pari de l'investissement privé pour ses JO de la Jeunesse

    Lesotho: inquiétude dans l'industrie textile face à la menace des droits de douane de Trump

    Play Episode Listen Later May 25, 2025 2:29


    Le Lesotho, petit royaume de 2 millions d'habitants enclavé dans l'Afrique du Sud, est menacé de 50% de taxes par l'administration Trump. C'est le pays le plus touché dans le monde après la Chine. Or, il dépend de l'industrie textile. Reportage dans des usines où ces taxes américaines font craindre le pire. De notre envoyé spécial de retour de Maseru,Nous sommes au sud de Maseru, dans une petite usine de textile en brique rouge. Et ici, quand on évoque Donald Trump, les réactions ne se font pas attendre. « Je trouve qu'il est égoïste, juge une employée, il ne pense pas à l'impact négatif de ses décisions sur notre population. »Malgré la suspension des taxes par le président américain, qui a décrété une pause pour trois mois début avril, l'avenir est particulièrement incertain, et la menace des 50% de droits de douane plane toujours sur le personnel de cette usine du Lesotho. « Ils sont stressés et inquiets, témoigne Malerai Mosotho, la manageuse. On fait de notre mieux pour les rassurer. On les réunit et on leur parle. Mais si, du jour au lendemain, on avait 50% de taxes, ce serait un vrai désastre ici. On devrait renvoyer des gens chez eux. »À écouter aussiLes habitants du Lesotho veulent rebondir sur le tacle de Trump et faire connaître leur pays« Soyez clément avec notre pays, notre usine, nos familles »Le stress est palpable et les visages sont fermés dans cette usine où résonne le bruit des machines à coudre et où la vapeur émane des stands de repassage. Car le marché américain représente 10% des exportations. « Le marché américain est un de nos principaux débouchés, en dollars, souligne Teboho Kobeli, le fondateur d'Afri-export-textile. On s'était particulièrement orienté vers les États-Unis depuis quelques années. Pour nous, c'est un marché d'un million de dollars par an ! »Mamohapi travaille ici depuis huit ans. « Là, je contrôle un jean qui sort du lavage. Je vérifie tout avant d'emballer », dit-elle. Mère de trois enfants, elle est inquiète : « Si je ne peux plus ramener d'argent dans mon foyer, ma famille va mourir. Tout le pays est affecté. Alors, je demande à Donald Trump ​​​​​​​: soyez clément avec notre pays, avec notre usine. Soyez clément avec nos familles ! »Un geste envers Musk pour apaiser la situationPas sûr que Donald Trump soit sensible à cette demande. Pour sauver les plus de 10 000 postes en danger, le gouvernement lésothien devra plutôt négocier. « Ces taxes, c'est une décision troublante de la part d'un grand pays que je considérais comme un symbole d'espoir, juge Mokethi Shelile, ministre du Commerce et de l'Industrie du royaume enclavé. Et ce n'est pas fondé sur la réciprocité. Nous exportons beaucoup par rapport à eux dans le cadre de l'Agoa (African Growth and Opportunity Act, le programme d'aide américain sur la croissance et les possibilités en Afrique, NDLR). Elles vendent peu chez nous. Mais nous ne sommes que deux millions d'habitants ​​​​​​​! Les entreprises américaines ne sont peut-être tout simplement pas intéressées par notre marché. »Le Lesotho a récemment accordé une licence d'exploitation à Elon Musk pour son entreprise Starlink. En faisant un pas vers le milliardaire très proche du président Trump, le royaume enclavé espère éviter des taxes trop importantes.À lire aussiLes habitants du Lesotho veulent rebondir sur le tacle de Trump et faire connaître leur pays

    Sous pression, les banques occidentales appelées à ne plus financer les projets fossiles

    Play Episode Listen Later May 22, 2025 2:13


    TotalEnergies tient ses Assemblées générales ce vendredi à Paris. Les grandes compagnies pétrolières dont beaucoup ont des projets en Afrique sont sous le feu des critiques dans les pays occidentaux. Un contexte peu propice aux financements des projets.  « Notre climat : non négociable ; notre futur : non négociable ». Devant le siège du Crédit agricole à Paris, la semaine dernière, des militants de l'ONG Amis de la Terre ont dénoncé le soutien financier accordé au projet gazier de TotalEnergies au Mozambique. Leur stratégie : pousser les établissements bancaires à se désengager des projets d'extraction d'énergies fossiles.« Derrière ces projets toxiques. Ce qu'on oublie souvent, c'est qu'il y a aussi des grandes banques qui financent directement ces projets, dénonce la militante écologiste Lorette Philipot. Donc, aux Amis de la Terre, on travaille directement avec des partenaires dans les pays et les communautés impactées pour faire cesser ces soutiens financiers qui rendent possibles des projets climaticides et contraires aux droits humains. »Les banques, cibles des militants écologistesLes établissements européens sont de plus en plus sensibles à ces pressions, tout comme certaines banques américaines, comme Citigroup, également prises pour cible par les associations l'année dernière.La pression des ONG sur les banques commence à se faire sentir sur le terrain, notamment en Afrique. Pour Benjamin Augé, chercheur associé à l'Ifri, la dynamique est claire : « Les ONG environnementales en Occident commencent à exercer une forte pression pour que les banques n'investissent pas dans ces projets-là. Et donc, ça devient de plus en plus compliqué avec une enveloppe globale pour le pétrole et le gaz qui diminue et avec un nombre d'acteurs qui se dirige de plus en plus vers d'autres types d'investissements ou en tout cas dans l'énergie, plutôt dans les renouvelables et de moins en moins sur les hydrocarbures qui n'a plus vraiment la cote. »Des projets africains ralentis par manque de financementsRésultat : les projets prennent plus de temps à se concrétiser, faute de financements rapides. Verner Ayukegba, vice-président de la Chambre africaine de l'Énergie, en témoigne : « C'est difficile de réaliser ces projets, parce que ça peut seulement se faire avec des compagnies qui ont un énorme potentiel de fonds propres. En ce moment, il y a moins de dépendance sur des financiers internationaux. Désormais, il y a de moins en moins d'assureurs et de financiers qui s'engagent. »Malgré tout, les projets pétroliers et gaziers en Afrique attirent encore des capitaux : 43 milliards de dollars de dépenses sont prévues cette année, avec une projection de 54 milliards d'ici à 2030.

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