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Chaque jour sur RFI, vivez la mutation de l'économie africaine. Chefs d'entreprises, décideurs, africains de tous bords et de toute condition témoignent dans Afrique Economie, votre rendez-vous de l'Economie africaine sur RFI.  *** La chronique Afrique Economie diffusée le dimanche est remplacée pa…

Rfi - Loïcia Martial


    • Oct 31, 2025 LATEST EPISODE
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    Ruée vers l'or vert en RDC: quand les crédits carbone menacent forêts et communautés

    Play Episode Listen Later Oct 31, 2025 2:20


    En RDC, c'est la ruée vers l'or vert : les projets de crédits carbone, censés compenser les émissions des grandes entreprises polluantes à travers la planète, se multiplient au point de recouvrir la plus grande part de l'immense forêt du pays. Mais le bénéfice environnemental est douteux et l'impact social souvent négatif, selon la Fondation Rainforest UK. Pas moins de 71 projets de crédits carbone ont été recensés sur 103 millions d'hectares, soit déjà plus des deux tiers de la superficie forestière de la RDC. Une véritable ruée d'aventuriers vers l'or vert, selon Rainforest Alliance UK. « C'est un Far-West, observe Vittoria Moretti, co-auteur du rapport. Il y a vraiment beaucoup d'initiatives qui sont, pour la majorité des cas, portées par des entreprises assez douteuses, qui n'ont pas forcément d'expertise dans la conservation, comme par exemple les entrepreneurs français derrière Socodev. » Derrière Socodev, dans la province de la Tshopo : un producteur de clips musicaux et un ex-footballeur. Droits des communautés bafoués Certains projets dépassent allègrement la limite légale de 500 000 hectares. Et le consentement libre et informé préalable des communautés locales est souvent bafoué, constate le rapport. « En Équateur, il y a eu le cas de cette compagnie indienne KMS, illustre Vittoria Moretti. Les témoignages parlent de représentants venus la nuit qui ont fait signer des contrats en anglais, qui bien sûr n'était pas compréhensible pour les communautés et qui les engageaient pour 100 ans. Dans d'autres cas, comme dans la Tshopo, il y a aussi eu des cas de violation des droits de l'homme, parce que quand les communautés ont refusé le projet Grin Biodev, il y a eu beaucoup de rétorsions des forces de sécurité ». Déforestation record Quinze projets ont été validés au niveau national, trois ont obtenu la certification Verra qui leur permet de vendre des crédits carbone forestiers aux entreprises polluantes étrangères. Mais ces crédits, censés vendre la déforestation évitée en RDC ont désormais mauvaise réputation. « Aujourd'hui, un acheteur qui pourrait se prévaloir d'avoir acheté des crédits du fameux projet WWC dans la province du Maï-Ndombe, il serait très facile de lui sortir immédiatement les statistiques de Global Forest Watch, explique Alain Karsenty, économiste du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), et de lui montrer que la déforestation dans cette province n'a jamais été aussi élevée et qu'elle augmente depuis 2019 de manière régulière. Ça poserait un problème de crédibilité pour ces acheteurs. » Défiance des acheteurs Parmi ces acheteurs, Nestlé et EasyJet ont jeté l'éponge et le prix des crédits carbone s'est effondré (à 7 dollars la tonne). Le rapport de Rainforest Alliance UK demande aux autorités congolaises un moratoire sur ce système de compensation carbone. Il appelle les partenaires étrangers et le secteur privé à réduire leurs propres émissions de CO2 et à canaliser leur financement vers les communautés locales, en échange de service forestiers.

    Sénégal: les PME se disent étouffées par le système des compteurs électriques prépayés

    Play Episode Listen Later Oct 30, 2025 2:19


    Au Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko a promis lundi 27 octobre une baisse prochaine des tarifs de l'électricité, face à la multiplication des plaintes sur la cherté de la vie. Au cœur des crispations : les compteurs d'électricité prépayés utilisés par 72% des clients de la Senelec, la société nationale d'électricité. Connus sous le nom de Woyofal, ils sont critiqués pour leur système de tarification opaque, jugé responsable de lourdes factures énergétiques. En première ligne, les petites et moyennes entreprises peinent à faire face.  De notre correspondante à Dakar, Dans le quartier populaire de Ouest Foire, à Dakar, Talabiou Kanté jette, l'air écœuré, des poulets, yaourts et autres produits glacés à l'arrière de sa boutique. « J'ai éteint le frigo pour faire des économies et certains produits sont gâtés, se lamente-t-il. C'est une grosse perte pour nous ». Censé aider les clients à maîtriser leur consommation au Sénégal, le compteur prépayé utilisé par le commerçant est au contraire devenu un gouffre financier : en un an, avec les mêmes équipements, sa facture énergétique a doublé. En rayon, le prix de ses volailles vient de flamber de quelques centaines de francs CFA. « Le client ne comprend pas que ça n'est pas notre faute si certains prix ont augmenté. C'est à l'État de nous aider parce que la souffrance, n'est pas que pour nous. La population aussi souffre. » Dans ce café du quartier résidentiel de Mermoz, la climatisation tourne en continu. Cette entreprise de taille moyenne peut se le permettre. Par chance, elle utilise encore les anciens compteurs de la Senelec, préservés de toute instabilité des tarifs. « Pour l'entreprise ici, on est gagnant parce que c'est stable : 1,5 million [francs CFA] en août 2024 et 1,5 million en août 2025 », se félicite Tété Diallo, cheffe comptable de la société, en consultant les factures, « Ça freine l'économie des PME et des startups ! » Sur les compteurs prépayés mis en cause, à l'inverse, la consommation est incontrôlable. Les kilowattheures s'épuisent à toute vitesse. Les recharger coûte cher. Une situation intenable pour les entrepreneurs. « Aujourd'hui, le moindre bénéfice qu'ils font, ils en profitent pour couvrir leurs charges, souligne Mohamed Diallo, secrétaire général de Noo Lank, collectif engagé contre la cherté de l'électricité. Ça freine l'économie des PME et des startups, car aujourd'hui, ils ne peuvent plus le supporter ! » La Senelec dément toute hausse des tarifs de l'énergie. Elle explique les lourdes factures par la consommation propre des usagers, en hausse face à la période de chaleur. Une version rejetée par Mohamed Diallo, qui réclame une tarification plus juste et transparente. « Il y a de la tension partout : le pouvoir d'achat des Sénégalais est menacé, il y a la problématique des finances publiques. Si on y ajoute la problématique de l'électricité, les Sénégalais ne peuvent plus tenir ! » Face à la colère et à l'incompréhension, la Commission de régulation du secteur de l'énergie (CRSE) a annoncé début octobre l'ouverture d'une enquête indépendante sur ces compteurs prépayés. Ses conclusions doivent être publiées prochainement. À lire aussiSénégal: le gouvernement veut baisser les prix de l'électricité, du gaz et du carburant sans aggraver la dette

    Sénégal: une nouvelle taxe sur le mobile money qui ne passe pas

    Play Episode Listen Later Oct 29, 2025 2:24


    Au Sénégal, une nouvelle taxe qui ne passe pas. Elle concerne les paiements par téléphone, le mobile money très utilisé dans le pays. Plombé par une dette souveraine record, l'État sénégalais cherche plus de recettes. Selon le gouvernement, cette nouvelle taxe doit permettre de faire entrer 350 millions d'euros par an dans les caisses. Mais les opérateurs économiques font bloc pour rediscuter la mesure.  Adoptée en septembre dernier, la loi instaurant un prélèvement de 0,5% sur les transactions de mobile money, plafonné à 2 000 F CFA (environ 3 euros), n'est pas encore entrée en vigueur. Mais déjà, elle suscite de vives inquiétudes chez les acteurs du numérique et du commerce au Sénégal. Dans un pays où plus de 80% des adultes possèdent un compte de mobile money, cette mesure pourrait bouleverser les habitudes financières des Sénégalais, estime Joelle Sow, secrétaire générale de la coopérative Digital Senegal, qui regroupe les entreprises sénégalaises du numérique. « La croissance du mobile money profite beaucoup à l'économie. Donc une décroissance de cette industrie aura des répercussions collatérales un peu partout. Les commerçants reviendront au cash, le particulier lambda reviendra au cash. Tout le tissu économique informel va se poser la question : est-ce que je continue ou je ne continue pas ? », analyse Joelle Sow.  Une manne fiscale pour l'État, mais un risque pour l'économie informelle Pour le gouvernement et les défenseurs de la loi, cette taxe doit permettre au secteur du mobile money de contribuer à l'effort national de mobilisation des ressources. Mais du côté des petits commerçants, l'inquiétude est palpable. Ces derniers ont adopté les transferts d'argent par téléphone parce qu'ils étaient simples, rapides et peu coûteux. Avec la nouvelle taxe, ils redoutent un manque à gagner significatif. Sidy Niang, cofondateur de la startup Maad, l'un des plus importants grossistes alimentaires de Dakar, alerte sur les conséquences concrètes pour son secteur : « Dans l'agroalimentaire, 0,5%, ce n'est pas du tout négligeable. Si je donne un exemple aujourd'hui, le sac de sucre qu'on va vendre à un boutiquier à 26 900 francs, après la taxe, il va se retrouver à 27 160. Ça va être surtout la population en boutique, une population avec un pouvoir d'achat limité. » « Il y a assez de taxes au Sénégal » Au-delà du surcoût pour les commerçants et consommateurs, les professionnels du numérique dénoncent une approche jugée injuste. Le secteur du mobile money, en forte croissance depuis la pandémie, s'est imposé comme un pilier du commerce sénégalais. Il facilite les paiements dans un pays où le secteur informel représente près de 46% de la richesse créée chaque année. Pour Sidy Niang, cette taxe risque d'alourdir encore la charge fiscale sur les acteurs déjà en règle : « Il y a assez de taxes au Sénégal. On le sait tous, mais sauf qu'en fait, il y a beaucoup d'acteurs qui sont informels, qui n'ont pas payé la taxe. Donc la solution, c'est justement d'élargir l'assiette fiscale, donc aller voir sur les taxes existantes comment faire pour qu'un plus grand nombre paie. Là, ce n'est pas élargir l'assiette fiscale, c'est taxer plus les acteurs qui paient déjà leur taxe. » Les professionnels du secteur réclament par conséquent une concertation nationale pour revoir la mesure, voire en différer l'application. Les détracteurs de cette taxe s'appuient sur un exemple régional : celui de la Tanzanie. En 2021, l'introduction d'une taxe de 1% sur les transactions mobile money avait provoqué une chute de 38% des transferts de personne à personne. Face à la grogne, le gouvernement tanzanien avait dû réduire puis réviser la mesure, reconnaissant ses effets contre-productifs sur l'économie. À lire aussiLe paiement mobile en Afrique de l'Ouest: validé et adopté

    Maroc: avec l'investissement de Safran, une nouvelle étape franchie dans l'aéronautique

    Play Episode Listen Later Oct 28, 2025 2:17


    Le Maroc poursuit sa stratégie industrielle dans le secteur de l'aéronautique. L'entreprise Safran vient d'annoncer un nouvel accord d'investissement de 350 millions d'euros. L'entreprise, déjà présente depuis une vingtaine d'années sur le territoire marocain, va y ouvrir une nouvelle chaîne d'assemblage pour ces moteurs d'avion très demandés. Un choix stratégique pour l'entreprise, une nouvelle étape pour l'écosystème marocain. « C'est un investissement majeur et stratégique. Le Maroc entre aujourd'hui dans le club très fermé de l'assemblage de moteurs d'avions commerciaux », met en avant Ryad Mezzour, le ministre marocain de l'Industrie. Ce nouvel investissement vient logiquement compléter l'offre du complexe Midparc, « un complexe qui est dédié à l'aéronautique où il y a déjà une soixantaine d'opérateurs qui sont déjà installés, et notamment Airbus. C'est tout un écosystème qui a été mis en place », ajoute Ryad Mezzour. Le ministre détaille les facteurs qui ont décidé Safran à choisir le Maroc pour son nouvel investissement parmi d'autres : « La stabilité politique et économique dont jouit le pays, la disponibilité grâce à la vision royale d'un large réservoir de talents, et la disponibilité, d'énergies renouvelables, compétitives pour nos investisseurs. » Il s'agit pour Safran de produire le moteur qui équipe notamment les Boeing 737. L'un des plus vendus dans l'histoire de l'aéronautique. Onze mille six cents sont actuellement en commande. « C'est vraiment un pays où nous avons investi depuis de nombreuses années, explique Stéphane Cueille, le président de Safran Aircraft Engines. Nous avons une taille critique, nous connaissons les compétences, l'écosystème et nous savons que nous aurons le niveau de garantie de réussir dans ce pays. La proximité géographique est aussi importante. On veut aussi être suffisamment proche de nos clients principaux pour que les coûts de transport soient raisonnables. » « On cherche une robustesse de notre schéma » La création d'une nouvelle ligne de production au Maroc pour ce moteur qui jusqu'ici n'était produit qu'en France. « On investit en France et on continue à investir dans les usines que nous avons, qui sont des usines historiques, avec des milliers d'employés qui font de la production », veut rassurer le président de Safran Aircraft Engines. Il explique le choix de l'implantation hors de l'Hexagone : « On cherche une robustesse de notre schéma en étant dans un autre pays, mais à proximité. Le critère économique est là, mais ce n'est pas le critère déterminant. Le facteur déterminant, c'est que nous avons au Maroc un site en construction de maintenance de moteurs et nous allons pouvoir mettre en commun entre ce site et la ligne d'assemblage, un banc d'essai pour tester les moteurs avant de les livrer, qui est un équipement extrêmement coûteux. Si on avait dû faire une nouvelle ligne en France, il aurait fallu investir un banc en France qui n'aurait pas été rentabilisé par une seule ligne de production. » À la clé, la création de 2 000 emplois directs et indirects pour le Maroc dans un contexte de revendications sociales importantes. Le FMI notait qu'en 2024 « le chômage est resté élevé, à environ 13% ».

    «Tout le monde sort malade»: à Gabès, la colère des ouvriers du Groupe chimique tunisien

    Play Episode Listen Later Oct 27, 2025 2:30


    En Tunisie, les manifestations anti-pollution se poursuivent dans la ville de Gabès. Depuis qu'une centaine de cas d'intoxication au gaz ont été recensés ces deux derniers mois, la colère gronde contre le Groupe chimique tunisien, un complexe industriel qui transforme le phosphate en engrais. Les travailleurs du site racontent un quotidien d'usure et de résignation. Dans un café à côté du Groupe chimique tunisien, Chawki et ses collègues, tous ouvriers au sein de l'entreprise publique, regardent de loin ce qu'ils surnomment « l'ogre », en arabe… Une usine qui, selon eux, leur mange la santé et la vie. Chawki, 41 ans, est manœuvre depuis quatorze ans au sein du groupe : « Moi, je travaille dans l'unité qui produit de l'acide phosphorique, en plein dans le gaz et la saleté si on peut dire. On manque sans arrêt de matériel de sécurité, parfois pendant 4 à 5 ans. ». Il est payé 1 000  dinars, soit environ 300  euros, le double d'un SMIG tunisien. « Quand j'ai commencé à travailler pour le groupe, je n'en croyais pas mes yeux, une usine qui travaille de jour comme de nuit. De loin, j'avais l'impression que c'était comme en Europe, poursuit Chawki, et puis je suis rentré à l'intérieur et j'ai vu l'envers du décor. Ici, quand quelqu'un prend sa retraite du groupe, on dit tous : "Espérons qu'il arrive à en profiter" car, la plupart du temps, tout le monde sort malade. » S'il perd son travail en cas de démantèlement de l'usine, il retournera en mer pêcher comme le veut la tradition familiale – même si cela ne rapporte pas un revenu fixe comme son emploi actuel. « Je retournerai en mer. Ici, à la base, on vient tous de familles de pêcheurs et d'agriculteurs. Moi, je pêche, j'ai encore le bateau familial, sauf que comme tout le monde, je dois aller pêcher à 100 kilomètres d'ici à Zarzis, parce qu'à Gabès, il n'y a plus aucun poisson à cause de la pollution, ce n'est donc pas assez stable comme emploi. » Une usine essentielle pour l'économie locale Zied travaille lui aussi depuis quinze ans comme magasinier à l'usine. Il espère que des mesures soient enfin prises : « Regardez, on parle tous de nos conditions de travail, nos chefs sont au courant, mais si seulement ils sortaient publiquement et reconnaissaient leur responsabilité dans cette affaire ou au moins montraient un peu de transparence, peut-être qu'il n'y aurait pas autant de ressentiment et de manifestations. » Le ministre de l'Équipement a promis une série de mesures pour relancer les projets de dépollution au sein du groupe chimique, en stand-by depuis des années. Une décision importante, selon Khémaïs Bahri, ancien ingénieur au sein de l'entreprise qui fait vivre tout un bassin d'activités. Il questionne toutefois l'impact qu'aurait une éventuelle fermeture de l'usine : « Il y a pas mal de petites industries aux alentours du groupe chimique, pas mal d'ateliers qui font de l'entretien, des ventes de tout ce qui est rechange consommable... Tout cela aussi, ça va être impacté, ce n'est pas seulement les ouvriers ou le personnel du groupe chimique. » Environ 4 000 personnes travaillent dans le complexe du groupe. Le secteur minier représente 3% du PIB de la Tunisie, dont 80% repose sur l'exploitation du phosphate.

    Tchad: la province du Lac toujours privée d'Internet, une économie locale à la peine

    Play Episode Listen Later Oct 26, 2025 2:19


    Au Tchad, cela fait un an que la province du Lac est privée de connexion internet. Décidée le 28 octobre 2024 au moment de l'opération militaire « Haskanite » déclenchée en réponse à une attaque meurtrière de Boko Haram sur une position de l'armée, la coupure visait à entraver les communications du groupe terroriste. Aujourd'hui, elle continue de grever l'économie de la zone, entravant l'activité des commerçants et accentuant chez les habitants le sentiment d'être « coupés du monde ». De notre envoyé spécial de retour de Baga Sola, Au marché de Baga Sola, Mahamat Abakar Aguidi, 27 ans, importe du matériel informatique en provenance du Nigeria. Mais depuis la coupure internet, impossible de contacter directement ses fournisseurs sur WhatsApp par exemple. « Actuellement, quand tu veux envoyer, il faut envoyer à N'Djamena. Les gens vont prendre les taxes, explique-t-il. Ça coûte plus cher. Quand tu appelles au Nigeria, ça peut prendre 5 000 à 10 000 FCFA. Nous avons besoin urgemment de la connexion parce que toutes nos affaires sont déjà ralenties. On est même en train de perdre tous nos chiffres d'affaires. » La déconnexion de la province affecte aussi les services et le travail des humanitaires, principaux pourvoyeurs d'emplois. Certains disposent d'une connexion par satellite que Lol Tahir, un jeune chômeur, tente parfois d'utiliser pour chercher du travail. « On va plaider au niveau des organisations internationales ici. Parfois, on trouve [la connexion]. Mais, si on se connecte même plus de dix minutes, ils changent le mot de passe et, directement, ils coupent [la connexion] », témoigne ce jeune. Selon lui, la coupure de la connexion Internet contribue au chômage des jeunes à Baga Sola. À écouter aussiSur les rives du lac Tchad, une guerre sans fin contre Boko Haram et la montée des eaux « Le sentiment, c'est d'être coupé du monde » Et lorsque Lol Tahir parvient enfin à envoyer sa candidature, l'offre d'emploi est souvent déjà expirée. La frustration s'accumule donc, au sein d'une jeunesse privée de réseaux sociaux et d'accès à l'information, nous dit Ahmat Ali Mouta, 28 ans. « Le sentiment, c'est d'être coupé du monde, justement, et c'est d'être aussi empêché de saisir certaines opportunités. Il y a des gens, ils suivent leur cours en ligne et du coup, il n'y a pas la connexion. Qu'est-ce qu'il faut faire ? », interroge-t-il. Difficile également de faire valoir son mécontentement. « On ne peut pas protester puisqu'il y a certaines choses que les gens craignent. Mais ça n'empêche. Moi, j'ai cette opportunité de me prononcer auprès de votre micro. Donc, je dis haut et fort [qu'il faut que] le gouvernement essaie de lever ces mesures pour nous permettre vraiment de saisir certaines opportunités qui se présentent en ligne, en fait », plaide le jeune homme. Interrogé fin juin sur la question, le ministre des Télécoms, Michel Boukar affirmait qu'une solution serait trouvée très bientôt. À lire aussiLes raisons qui ont poussé Mahamat Idriss Déby à prendre la direction de l'opération militaire «Haskanite»

    Le Botswana veut prendre le contrôle majoritaire du De Beers

    Play Episode Listen Later Oct 23, 2025 2:22


    Entre pandémie de Covid, sanctions russes, droits de douanes américains, préférence pour les pierres synthétiques, les prix du diamant sont en chute libre. Le Botswana, parmi les plus grands producteurs, est touché de plein fouet. Dans ce contexte, le gouvernement souhaite obtenir le contrôle majoritaire de De Beers, le géant du diamant, en augmentant ses parts de 15% aujourd'hui, à 50%. L'objectif : avoir une plus grande marge de manœuvre, notamment sur la chaîne de production et la fixation des prix. De notre correspondant à Johannesburg, Au Botswana, quand le marché du diamant va mal, alors l'économie aussi. 30% de son PIB dépend de ces pierres précieuses. Raison pour laquelle l'État veut plus de contrôle sur ses ressources. « En exerçant un contrôle majoritaire sur cette société, le Botswana aura également une plus grande influence sur la manière dont les prix du diamant sont fixés », estime Kevin Tutani économiste et analyste politique. Comme le président du Botswana Duma Boko, il considère qu'obtenir un contrôle majoritaire de De Beers, c'est tout simplement une question de souveraineté économique pour le pays : « Il peut y avoir des manipulations des prix, le Botswana a donc besoin de transparence. On parle de souveraineté nationale parce que 80% des exportations du Botswana proviennent du diamant, et ce secteur représente 30% de son PIB. L'influence des diamants sur l'économie est donc si grande qu'il s'agit d'une question de sécurité nationale. C'est un moment clé où le Botswana doit déterminer de son avenir. » Prendre la main sur la chaîne de valeurs Avec ce contrôle majoritaire, le Botswana y voit aussi une possibilité d'intégration verticale : en orientant par exemple plus de diamants vers des usines de polissage locales pour développer ses propres industries. « Ce que nous constatons, c'est que près de 95% des diamants sont taillés et polis en Inde, plus précisément dans la ville de Surat, où l'on estime qu'il y a une main d'œuvre d'un demi-million de personnes », réagit Hans Merket, spécialiste de l'exploitation des ressources naturelles dans les pays africains. « Ce n'est pas quelque chose que le Botswana peut remplacer en claquant des doigts », estime-t-il. « Le Botswana a un contrôle sur la vente, mais pas sur ce qu'il se passe ensuite, car la chaîne d'approvisionnement est très complexe. Mais le pays est conscient qu'une grande partie des revenus et de la valeur sont créés en aval, lorsque ces diamants sont transformés en bijoux. Donc, bien sûr, le Botswana souhaite jouer un rôle plus important à cet égard. De grands progrès ont déjà été faits, mais ce n'est pas quelque chose qui peut être réalisé rapidement. Cela nécessite des investissements à très long terme dans les infrastructures, la formation et l'emploi », analyse le chercheur. Si la plupart des observateurs considèrent que l'accord est déjà presque bouclé, parce que De Beers, en mauvaise position, cherche à vendre des parts, l'entreprise a jusqu'à fin octobre pour accepter ou non de signer. À lire aussiLe deuxième plus gros diamant au monde découvert au Botswana

    Côte d'Ivoire: à Abidjan, la difficile équation du logement

    Play Episode Listen Later Oct 22, 2025 2:33


    En Côte d'Ivoire, alors que la présidentielle approche à grands pas, le coût du logement figure parmi les difficultés les plus pressantes pour de nombreux électeurs. À Abidjan, les loyers flambent, poussant les habitants à faibles revenus toujours plus loin des centres urbains. Un sujet sensible à l'heure où l'accès au logement décent reste un défi national. Avec notre correspondant à Abidjan, À Cocody Angré, quartier huppé d'Abidjan, Stéphane Koffi, agent immobilier, enchaîne les visites. Son téléphone ne cesse de crépiter, signe d'une demande qui explose. Ces dernières années, partout dans la capitale économique, les grues s'élèvent, les immeubles sortent de terre. Mais derrière ce décor de modernité, les loyers flambent. « Le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en Côte d'Ivoire, c'est 75 000 francs CFA. Supposons que quelqu'un a un salaire de 75 000 francs CFA, il ne peut même pas se prendre un studio. Parce qu'il n'y a pas de ce studio à ce prix dans la zone où on est actuellement. Pour un appartement de deux pièces, c'est minimum 150 000 francs CFA. Ça peut aller au-delà », constate l'agent immobilier. Une hausse nourrie par une demande bien supérieure à l'offre. Selon la Banque mondiale, le déficit de logements à Abidjan est de plus de 400 000 logements. Pour l'économiste Alban Ahouré, cette situation est favorisée par l'émergence d'une classe moyenne qui représente plus de 30% des ménages. « Cette classe moyenne ne désire pas forcément habiter dans les zones périphériques. Et donc, cette concentration de la demande sur le centre entraîne une forte pression et une hausse des prix », explique-t-il.  Logements sociaux, location-vente : à la recherche de solutions Résultat : beaucoup d'Abidjanais s'installent en périphérie. C'est le cas de Moustapha Dembélé. Il travaille dans la zone portuaire de Treichville mais vit à Abobo N'Dotré, à près de 20 kilomètres, dans un deux-pièces qu'il loue 50 000 francs CFA par mois. Il a fait les calculs : « Quand je fais une association de mon loyer et de mon transport minimum par mois, ça ne vaut même pas le loyer d'un immeuble dans lequel j'ai voulu habiter. » Même s'il passe parfois plusieurs heures dans les embouteillages, Moustapha relativise. « D'abord, en termes d'espace, je suis dans un 30m². Dans d'autres communes, ça serait très coûteux. Au-delà de cela, je suis juste derrière la clôture d'une école primaire, également à côté d'un centre de santé communautaire, et je suis à deux minutes de marche du marché », décrit le locataire. Pour soulager les ménages modestes, l'État ivoirien mise sur les logements sociaux. Mais treize ans après le lancement du programme, seuls 42 000 logements ont été livrés sur 150 000 prévus. L'idée aujourd'hui est de changer de paradigme face au faible taux de bancarisation des Ivoiriens, confie le directeur général du logement, Célestin Koalla. « Il faut qu'on fasse de la location-vente et de la location simple. À ce moment-là, ils ne seront plus concernés par le crédit hypothécaire », met-il en avant. « Le gouvernement vous remet simplement une clé. Chaque mois, vous payez un loyer et 25 ans plus tard, vous êtes propriétaire parce que nous, on dit, dans notre jargon, que tout le monde ne peut pas acheter une maison, mais tout le monde loue une maison », poursuit le directeur général. Des chantiers sont en cours à PK 24 et à Yopougon BAE, avec un objectif de plus de 1 000 nouveaux logements. Une commission nationale d'attribution a déjà été mise en place et les souscriptions doivent démarrer dans les prochains mois, promet le ministère du Logement.

    En Côte d'Ivoire, la jeunesse face au défi de l'emploi

    Play Episode Listen Later Oct 21, 2025 2:22


    À la veille de la présidentielle du 25 octobre, les candidats multiplient les promesses. Un thème revient sans cesse dans les meetings : l'emploi des jeunes. Officiellement, le chômage est inférieur à 3%, mais pour beaucoup, décrocher un travail stable reste un parcours du combattant, malgré une croissance moyenne de 6,4% sur la dernière décennie. De notre correspondant à Abidjan, C'est à Yopougon, près d'une gare routière, que nous retrouvons Serge. Diplômé en criminologie, il cherche depuis deux ans un emploi. En attendant, il vend du garba – un plat à base d'attiéké et de thon frit – pour subvenir à ses besoins : « J'ai fait la coordination locale de sécurité. Je suis plus dans le volet militaire. Donc, je passe les concours militaires, mais on n'a pas de suite. » Pas formés au besoin du marché Face à ces échecs répétés, Serge tente sa chance dans le privé. Mais là encore, les portes se ferment : « Les entreprises nous demandent des CV bien garnis, avec deux, trois ou même cinq ans d'expérience… alors qu'on vient à peine de finir l'université. » Pour Ibrahim Koné, expert en ressources humaines, le problème est structurel : « On forme généralement des jeunes sur des modules qui ne sont pas en phase avec la réalité des entreprises. Or, celles-ci ont des besoins précis. Si les jeunes ne sont pas formés sur ces compétences-là, naturellement, ils ne seront pas embauchés. » À écouter aussiCôte d'Ivoire: un lycée professionnel pour former les jeunes à l'agriculture L'Agence Emploi Jeunes en première ligne Depuis 2015, l'État tente d'apporter des solutions à travers l'Agence Emploi Jeunes. Stages, emplois aidés, financements de projets… des prêts allant de 100 000 à 25 millions de francs CFA sont proposés. Parmi les bénéficiaires, Mardelle Caumouhet, entrepreneure dans le secteur du bâtiment : « Les fonds nous ont permis de développer nos activités, d'organiser mes équipes et de renflouer mon stock. Les résultats sont déjà très satisfaisants. » Des dispositifs que l'administration veut renforcer, assure Herman Nikoué, administrateur adjoint de l'Agence Emploi Jeunes : « Il s'agit de faciliter et de renforcer l'accès à des emplois décents et productifs, d'amplifier les programmes liés à l'entrepreneuriat des jeunes. Il est même prévu la création d'un fonds de garantie dédié aux jeunes entrepreneurs. » Selon les autorités, plus de 500 000 jeunes auraient déjà bénéficié du programme Jeunesse (PJ Gouv) 2023-2025.

    En Côte d'Ivoire, l'irrigation, passage obligé vers l'autosuffisance en riz

    Play Episode Listen Later Oct 20, 2025 2:27


    La Côte d'Ivoire espère atteindre l'autosuffisance en riz. L'objectif politique, répété depuis plusieurs années, s'est traduit par une hausse de la production depuis cinq ans. En 2025, la production locale devrait atteindre 1,8 million de tonnes de riz blanchi selon les prévisions de l'Agence ivoirienne de développement de la filière rizicole (Aderiz), de quoi couvrir 85% de la demande locale. Mais le chemin de l'autosuffisance dépend encore de l'irrigation. De notre envoyé spécial à M'Bahiakro, C'est une plaine qui s'étend à perte de vue. Sous le vent, des plants verts et de rares épis de couleur dorée ondulent. Les grains attendent d'être récoltés. « En ce moment, les grains sont ensachés, le riz est dans l'enveloppe. C'est le riz paddy ! », nous décrit Georges Kouamé Yao. Il fait partie de la coopérative Ayué N'zi. Il veut développer la riziculture à M'Bahiakro : « Nos parents travaillaient le riz, mais de façon rudimentaire et pas en grande quantité. Aujourd'hui, nous voulons faire ça sur de grandes quantités. » Quatre cent cinquante hectares sont aménagés dans la zone, la production est destinée à des usines de transformation, mais dans les faits, à peine la moitié des rizières sont cultivées. Les champs sont secs, la faute au changement climatique pour Georges Kouamé. « Aujourd'hui, nous vivons sous le riz pluvial, on a tous les problèmes d'intempéries, la pluie ne respecte plus les saisons. On vit les difficultés de ce changement-là », détaille le cultivateur. Les rendements s'en ressentent. En 2024, la coopérative n'a produit que 80 tonnes de riz paddy, trente fois moins que le potentiel de la zone si elle était irriguée. Et pourtant, des canaux en béton entourent les rizières ; une poche gonflable sur la rivière N'zi fait office de retenue d'eau. Des installations peu utilisées, envahies d'herbes folles. Les coûts de pompage sont jugés trop élevés. « Le coût minimum à l'hectare, c'est 40 000 francs CFA [60 euros, NDLR], pointe François Kouadio, patron de la coopérative Ayué N'zi. Vous devez faire face au coût de la préparation des sols, aux intrants, vous devez payer ! Donc, quand vous sortez tout ça, le paysan est déficitaire. Il ne rentre pas à la maison avec cinq francs. Il vaut mieux rester en pluvial pour le moment. » À écouter aussiRiziculture en Côte d'Ivoire : « Nous pourrons atteindre ces objectifs d'autosuffisance fin 2026 » « Notre objectif, c'est d'accompagner notre pays à pouvoir atteindre l'autosuffisance » En 2024, à peine 3% des rizières ivoiriennes étaient irriguées. Le reste dépend de la pluie. « Nous sommes en insécurité, vous ne pouvez pas aller à l'autosuffisance avec la riziculture pluviale, ce n'est pas possible », juge Yacouba Dembélé, directeur général de l'agence ivoirienne de la riziculture. Le patron de l'Aderiz préconise des installations d'irrigations plus légères le long des rivières, plutôt que des barrages agricoles. « On fait ce qu'on appelle des prises au fil de l'eau qui vont retenir et répartir l'eau » dans les rizières, « l'essentiel est que l'eau ne tarisse pas, et ça on a un potentiel extraordinaire ! L'aménagement d'un hectare, à ce niveau, c'est entre 800 000 et 2 millions de francs CFA [entre 1 200 et 3 000 euros, NDLR] avec un barrage, un hectare, c'est 35 millions de francs CFA [plus de 50 000 euros, NDLR] », détaille Yacouba Dembélé. Des aménagements espérés par les riziculteurs de M'Bahiakro, soutenus par leur mairie. Pour François Kouadio, c'est une question de fierté nationale : « Notre objectif, c'est d'accompagner notre pays à pouvoir atteindre l'autosuffisance. Quand nous voyons que le riz est importé et qu'il est vendu dans les boutiques à M'Bahiakro, notre cœur saigne. » Sur le marché, le riz de M'Bahiakro est vendu en vrac. La Côte d'Ivoire continue d'importer du riz, principalement en provenance d'Asie, au moins 1,6 million de tonnes en 2024, selon le Centre du commerce international. À écouter aussiLes prix du riz continuent à chuter sous l'impulsion des volumes indiens

    Côte d'Ivoire: un lycée professionnel pour former les jeunes à l'agriculture

    Play Episode Listen Later Oct 19, 2025 2:15


    La Côte d'Ivoire regorge de matières premières agricoles : cacao, anacarde, coton… sans oublier les cultures maraîchères. Mais une question se pose : comment attirer ou maintenir les jeunes dans le milieu rural ? Exemple avec un projet, dans le centre du pays : depuis deux ans, le lycée professionnel agricole de Botro, près de Bouaké, forme gratuitement les jeunes au maraîchage. Junior N'Guessan inspecte les plants d'aubergine violette. Dans ce champ-école de 20 ha, les élèves du lycée de Botro, dans le centre de la Côte d'Ivoire, cultivent aussi la tomate, les concombres et les courgettes. « Arrivés ici, on a appris comment espacer pour que les champs soient aérés, explique l'un d'eux. Avant, on ne savait pas à quel moment il fallait faire des apports ou des traitements. Mais ici, ils nous ont montré des étapes précises : à telle date, il faut faire cela, ou cela. Et quand on suit, on voit que ça réussit. » À écouter aussiComment convaincre les jeunes Africains de se lancer dans l'agriculture? Dans ce lycée professionnel, les étudiants apprennent les bases de l'agriculture : comment entretenir une pépinière, comment préparer son terrain, comment faire le suivi d'une récolte. « Il faut une maîtrise des différentes étapes de production jusqu'à la récolte, pour rentabiliser son activité, souligne Karidioula Peguegnami, le directeur de l'établissement. On les emmène à devenir des entrepreneurs agricoles parce que c'est ce qui manque dans notre secteur d'activité. » Entrepreneurs agricoles Isaac Kouakou est fils d'agriculteur. Il fait partie de la première cohorte de cette école. Aujourd'hui, il mène ses propres activités : ce jeune cultive de la tomate, des carottes, de l'oignon. Grâce aux conseils de ses parents et aux enseignements théoriques acquis au lycée professionnel, Isaac veut notamment améliorer la vente de ses productions. « Les parents, on a vu que souvent ils produisent avant de chercher la clientèle. Quand c'est comme ça, les gens viennent acheter à des prix dérisoires. Ce sont ces paramètres-là qu'on essaie de voir. On doit trouver des partenaires, avant de mettre la culture en place, comme ça, la vente est un peu facile. » À écouter aussiSénégal: les agriculteurs misent sur les réseaux sociaux pour vendre leurs produits Véronique, la vingtaine, applique la même stratégie. Cette jeune mise sur la culture du piment. « Cultiver le piment n'est pas quelque chose qui prend du temps, précise-t-elle. Avec les techniques qu'on va appliquer, ça ne sera pas trop compliqué. J'ai choisi le piment parce que c'est porteur. Le sac de senbon se vend à 36 000 francs CFA. » Plus de la moitié des deux premières promotions sont en activité. Ces jeunes se heurtent toutefois à une contrainte : le manque de confiance des banques pour financer leur production.

    En Côte d'Ivoire, l'ancienne boucle du cacao se tourne vers l'anacarde

    Play Episode Listen Later Oct 16, 2025 2:22


    Alors que la campagne de commercialisation du café et du cacao est lancée depuis le début du mois d'octobre dans la région du N'Zi, l'activité tourne au ralenti. Le cœur historique de l'ancienne boucle du cacao, qui pesait près d'un quart de la production ivoirienne au début des années 1970, produirait désormais moins de 2% du total national. La faute à une baisse des rendements, aux multiples causes. Les planteurs se sont tournés vers d'autres cultures comme l'anacarde. De notre envoyé spécial à Dimbokro,  Elles faisaient la fierté des villageois de Kongossou – les plantations de cacao. Les cabosses sont rares ces jours-ci. À l'ombre des arbres, Kouamé N'dri en désespère : « Ce qui a changé, c'est qu'il ne pleut plus. Avant, il pleuvait très bien, toutes nos forêts qu'on avait, elles sont petites maintenant. » La production varie de 50 à 300 kilos, très peu donc. « Mais le cacao, on gagne notre vie avec, on espère que ça va venir encore », ose encore croire le producteur. Le planteur n'envisage pas d'abandonner la tradition cacaoyère de ses grands-parents qui ont, eux, vécu la grande époque de Dimbokro. Il y a cinquante ans, l'ex-capitale ivoirienne du cacao était florissante, en témoignent ses anciens entrepôts ou encore le chemin de fer qui reliait la ville au port d'Abidjan. Le déclin s'est amorcé au début des années 1980 avec le vieillissement des plantations, la déforestation et les sécheresses, entre autres. « Le fait qu'il y a déforestation, le fait que la pluviométrie utile diminue, tout cela fait que les rendements diminuent puisque la rente forêt qui était un des facteurs de productions a disparu. Donc, les coûts de production augmentent et donc les planteurs, s'ils ont la possibilité d'aller chercher une nouvelle forêt, ils vont préférer ça plutôt que d'essayer de replanter dans la vieille plantation », détaille François Ruf, agro-économiste, spécialiste du cacao. Changement de culture La boucle du cacao s'est depuis déplacée vers l'ouest. Toungbo dirige l'une des anciennes coopératives de Dimbokro. Il témoigne de cette migration rurale. « Les planteurs qui étaient à Dimbokro sont partis vers Soubré, Gagnoa quand le changement climatique est arrivé et que là-bas c'était la véritable forêt. Donc, ils y sont allés », décrit-il. « Si vous allez là-bas, vous allez trouver des campements appelés « Petit Dimbokro », donc c'est ça qui fait la fierté de la région là-bas », précise-t-il encore. Les planteurs qui sont restés se reconvertissent – palmier à huile, hévéa, entre autres. L'une des principales alternatives est l'anacardier importé des savanes du Nord. La région du N'zi aurait produit plus de 4 000 tonnes de noix de cajou en 2023. Séraphin Koffi Ngoran en a planté quatre hectares. « Ça a été une lueur d'espoir. On a planté, certains parents nous disaient que c'étaient des bois du Nord, mais aujourd'hui ces bois du Nord nous profitent et nous apportent de la richesse », se souvient-il. L'anacardier a l'avantage d'avoir moins besoin de pluie, « c'est plus facile à faire pousser », selon Koffi Ngoran. À 425 francs CFA le kilo, la noix de cajou ne remplace pas la fève de cacao, six fois plus chère, dans le cœur des planteurs. Séraphin veut faire pousser des cacaoyers entre ses anacardiers.

    Une usine d'engrais à Gode: l'Éthiopie veut être autosuffisante et vise l'exportation

    Play Episode Listen Later Oct 15, 2025 2:22


    Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et l'homme d'affaires Aliko Dangote ont posé ensemble la première pierre d'une usine d'engrais à Gode, en région Somali. Si cette construction va de pair avec la stratégie d'expansion du milliardaire nigérian sur le continent, c'est « plus qu'une simple démonstration de croissance industrielle », selon les mots d'Abiy Ahmed. L'Éthiopie devrait, elle aussi, en tirer des bénéfices. Avec notre correspondante à Addis-Abeba, L'usine de Gode fera de l'Éthiopie le deuxième pays possédant une usine d'urée en Afrique – après le Nigeria. Objectif principal : assurer les immenses besoins en engrais du pays, où le secteur agricole emploie 70% de la population. Jusqu'ici, tous les produits étaient achetés à l'étranger. Et pour l'Éthiopie, la facture est salée, déplore Mered Fikireyohannes, PDG du fonds d'investissements PAGA : « Un pays de 120 millions de personnes ne peut pas continuer à importer des engrais d'un montant de deux millions de tonnes chaque année et dépenser deux milliards de dollars, pour fournir ses agriculteurs. Ce n'est pas durable. Ces deux milliards de dollars peuvent être réinvestis dans le paiement du service de la dette, dans d'autres investissements. » Si avec l'usine de Gode, l'Éthiopie va donc faire des économies, elle devrait aussi faire des recettes, en vendant le surplus de production à ses voisins. Une bonne nouvelle selon Mered Fikireyohannes.  « Le besoin actuel local est de 2,5 millions de tonnes, et l'usine fabriquera 3,5 millions de tonnes. Le surplus sera exporté. L'Éthiopie fait partie de la zone de libre-échange africaine, donc nous pourrons vendre au Kenya, dans les pays voisins », estime le PDG. « C'est un business très lucratif », souligne-t-il. À lire aussiÉthiopie: le milliardaire nigérian Aliko Dangote signe un accord de 2,5 milliards de dollars pour une usine d'engrais Suffisance alimentaire et exportations Avec cette structure, alimentée notamment par le gaz naturel de la réserve de Calub, à une centaine de kilomètres de Gode, l'Éthiopie espère aussi renforcer sa sécurité alimentaire. « Ça va permettre aux producteurs d'accéder à l'engrais à moindre coût, ce qui va agir ensuite sur le coût de production des produits locaux », estime Florent Toto, agro-économiste, spécialiste des politiques agricoles en Afrique. « Ça va rendre le coût d'achat plus abordable, ainsi que le coût d'achat des produits finis, notamment de la nourriture pour la population. Donc, indirectement, ça va contribuer à la sécurité alimentaire », poursuit-il. Mais Florent Toto alerte aussi sur les risques d'utilisation des engrais chimiques, nocifs pour l'environnement en cas de mauvaise utilisation : « Utiliser les engrais, c'est bien, mais il va falloir les utiliser de manière rationnelle. Parce que si on fait l'épandage massif des engrais et sans précision, ça peut agir sur la pollution des nappes phréatiques et ça peut aussi agir sur les sols. Et à long terme, ce sont les agriculteurs qui seront perdants. » Le montant total de la construction de l'usine de Gode s'élève à 2,5 milliards de dollars.

    Au Maroc, le collectif GenZ 212 pousse le cri d'une jeunesse pauvre et au chômage

    Play Episode Listen Later Oct 13, 2025 2:29


    Depuis le 27 septembre 2025, le Maroc est le théâtre d'une contestation sociale inédite par son ampleur. À l'appel du collectif GenZ 212, des centaines de jeunes manifestent pour réclamer davantage d'investissements dans la santé, l'éducation, mais aussi des conditions de vie dignes. Alors que le royaume renvoie l'image d'une économie en bonne santé, qui se modernise rapidement, comment expliquer ces revendications ? Une croissance de 4,6% annoncée pour 2025, des investissements directs étrangers en nette hausse cette année, une inflation contenue depuis 2024... Au Maroc, les indicateurs mis en avant par les autorités sont au vert. Pourtant, il suffit de pousser la porte d'une maison d'un quartier populaire pour constater une réalité plus contrastée. « Quand quelqu'un trouve un travail payé 3 000 dirhams (283 euros), on est heureux pour lui, confie Fadil, étudiant sorti manifester plusieurs fois à l'appel de la GenZ 212. Ici, les gens travaillent juste pour ne pas rester à rien faire. » 40 euros la consultation médicale Au Maroc, près de 36 % des 15-24 ans sont au chômage. Ceux qui ont la chance d'avoir un emploi doivent faire face à un coût de la vie élevé, notamment en matière de frais de santé. « Si je veux me soigner, dans le public, je ne vais rien trouver, se plaint Fadil. Si je vais à la clinique, ils vont me demander 40 euros rien que pour une consultation. C'est 10% de mon salaire. » Le royaume renvoie l'image d'un pays émergent, en plein boom, couvert de chantiers. Mais pour Najib Akesbi, économiste, il y a un problème d'affectation des ressources : « Les besoins de la majorité de la population ne sont de toute évidence pas ceux qui sont pris en compte en priorité. Par contre, des dépenses ostentatoires de prestige, de vitrine sont privilégiées. C'est le grand décalage. » À lire aussiMaroc: multiplication des marches spontanées dans les villages isolés pour demander l'accès aux services de base Des investissements qui, trop souvent, ne sont « pas rentabilisés » Les grandes infrastructures sportives, les stades rénovés ou construits pour la CAN et la Coupe du monde de football pour une enveloppe de près de 2 milliards d'euros, en sont l'exemple le plus frappant, selon cet économiste. « Le grand problème au Maroc, c'est qu'on investit massivement, mais dans des investissements qui, trop souvent, ne sont pas rentabilisés, ne génèrent ni assez de croissance ni assez d'emplois », déplore-t-il. Le budget du ministère de la Santé a augmenté de plus de 30% entre 2022 et 2024. Les besoins de base ne sont, pour autant, pas encore satisfaits, explique Najib Akesbi : « Les moyens matériels des gens, les médicaments qui manquent dans les hôpitaux, les outils, les instruments de travail... Aucune réforme sérieuse crédible n'est réalisée. » Si la proportion de Marocains en situation de pauvreté a baissé en 10 ans, s'établissant à 7% en 2024, soit cinq points de moins, les zones rurales et cinq des douze régions du royaume réunissent près de 70% de la population pauvre. À lire aussiLe Maroc au défi de sa jeunesse

    Mali: le blocus économique des jihadistes paralyse le corridor Dakar-Bamako

    Play Episode Listen Later Oct 12, 2025 2:23


    L'axe Dakar–Bamako, par lequel transitent carburant, denrées et matériaux essentiels, est aujourd'hui la cible du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim). En multipliant les attaques contre les chauffeurs routiers, le groupe jihadiste cherche à étouffer le Mali et à fragiliser toute la sous-région. « Je viens à l'instant de faire la levée de corps de trois de nos camarades qui ont été tués. Alors, c'est pour vous dire comment est-ce que ça fait mal, comment est-ce que les conducteurs routiers souffrent », témoigne Daouda Bamba, secrétaire général de l'Union des chauffeurs routiers d'Afrique de l'Ouest. Depuis un mois, les attaques se multiplient contre les transporteurs : prises d'otages, violences, rackets… Malgré la peur, Daouda Bamba appelle à poursuivre les approvisionnements vers Bamako : « Les risques deviennent très grands dans la sous-région. Ces attaques visent à saper le moral des conducteurs. Nous devons rester résilients. Si nous baissons les bras, nos pays sont foutus économiquement. » Des escortes militaires ont permis, la semaine dernière, de ravitailler Bamako en carburant, offrant quelques heures de répit. La route nationale 1, reliant Dakar à Bamako via Kayes, reste pourtant dans la ligne de mire du Jnim. Ce corridor, par lequel transitent près de 30% des importations terrestres du Mali – carburant et céréales notamment –, est aujourd'hui au cœur de la bataille économique. Un blocus qui menace tout un équilibre régional « Le port du Mali, c'est Dakar », rappelle Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute, basé dans la capitale sénégalaise. « Le Mali est le premier partenaire économique du Sénégal. Ce corridor représente aussi 400 milliards de francs CFA de recettes pour le Sénégal », ajoute-t-il. Mais le blocus a déjà ralenti le trafic : les camions n'effectuent plus qu'une rotation par mois, contre deux ou trois auparavant. Les conséquences dépassent le simple manque de carburant. Près de 80% de l'or malien, principale ressource du pays, est extrait dans la région de Kayes, aujourd'hui fragilisée. « Cette situation pourrait entraîner la réduction, voire l'arrêt total de l'activité aurifère, qui représente 6,3% du PIB, 21% des recettes fiscales et 82% des exportations du Mali. Cela met en péril un des rares secteurs porteurs du Mali », alerte Bakary Sambe. Le Jnim cible également les sociétés étrangères : sept sites industriels ont été attaqués dans la région de Kayes entre juillet et août, selon un rapport du Timbuktu Institute. Une stratégie assumée d'asphyxie économique, qui fait peser une lourde menace sur la stabilité de toute la sous-région.

    Côte d'Ivoire: une économie performante, mais avec de grandes fragilités

    Play Episode Listen Later Oct 9, 2025 2:24


    Avec une croissance du PIB de 6,5% en 2024 et de 6,4% attendue cette année, la performance ivoirienne est saluée par les économistes. Mais ils soulignent aussi les fragilités structurelles de l'économie. La Côte d'Ivoire contribue à 40% au PIB de l'Union monétaire ouest-africaine (UEMOA). Depuis la crise post-électorale de 2010-2011, son économie a su rebondir. En témoigne l'essor des infrastructures. « On a un investissement dans les infrastructures qu'on estime à 3,2% du PIB, largement supérieur à la moyenne africaine, qui est à 1,8% du PIB du continent », salue Arthur Minsat, chef de l'unité Afrique au centre de développement de l'OCDE. Infrastructures Ces investissements mériteraient cependant à être mieux répartis dans le pays, Abidjan concentrant déjà 65% du PIB ivoirien. « Ce serait bien que ces constructions massives d'infrastructures soient décentralisées, parce que tout est concentré dans la capitale, observe Stanislas Zézé, le PDG de l'agence de notation Bloomfield. Ça crée non seulement un problème d'exode rural, économique, mais qui défavorise les autres régions du pays. » À écouter aussiAfrique : une croissance forte qui ne crée pas assez d'emploi Retombées limitées du cacao et du pétrole Avec l'essor du commerce, des services financiers, des télécommunications et la naissance d'une industrie, le secteur primaire, agricole et extractif, ne pèse plus que 15 % du PIB. Mais sa croissance, elle, repose encore beaucoup sur l'exportation des matières brutes. « Le moteur principal de croissance est évidemment lié au cours du cacao, qui a donc entraîné un regain du dynamisme économique, ainsi qu'à l'exploitation de champs d'hydrocarbures, notamment le champ Baleine, reconnaît Arthur Minsat. Ce qui est évidemment bénéfique puisque ça a permis d'accélérer la croissance, mais qui, par contre, a un revers : des retombées sur l'Ivoirien et l'Ivoirienne moyens qui sont limitées. » Risque sociopolitique tous les cinq ans Dynamique à court terme, l'économie ivoirienne reste fragile à long terme, car la richesse est à 80% créée par les multinationales étrangères. « C'est une économie qui performe très bien, mais qui est fragile à long terme, estime Stanislas Zézé. Chaque cinq ans, il y a un ralentissement à cause de la situation sociopolitique. En cas de choc, généralement, les multinationales s'en vont et vous vous retrouvez avec une économie qui pourrait subir de graves conséquences. C'est pourquoi il faut, avec cette performance, renforcer la capacité des entreprises locales de sorte qu'elles puissent avoir une plus grande part dans la création de la richesse pour que le pays soit de plus en plus résilient et développe sa capacité à absorber des chocs. » L'OCDE suggère d'encourager la transformation locale, en particulier des produits agricoles dont la Côte d'Ivoire regorge, pour la consommation régionale. À écouter aussiNialé Kaba (ministre de l'Économie): «L'économie ivoirienne solide grâce à la stabilité et la paix»

    Tanzanie: la startup Niajiri offre une plateforme de recrutement aux jeunes en recherche d'emploi

    Play Episode Listen Later Oct 8, 2025 2:15


    La Tanzanie connaît un boom démographique : 70% des 60 millions d'habitants ont moins de 30 ans et ils doivent se faire une place sur le marché du travail. En l'absence de véritable plateforme nationale pour la recherche d'emploi, une start-up a créé la sienne, pour faire le lien entre les jeunes et les entreprises. Comment bien préparer son CV ou trouver un stage, c'est sous la forme de vidéos courtes sur les réseaux sociaux que la plateforme Niajiri, littéralement « Embauche-moi » en swahili, s'adresse aux jeunes en recherche d'emplois. C'est d'ailleurs en parcourant Instagram, réseau social très populaire en Tanzanie, que Stella Mwamasage, 24 ans, a entendu parler de la start-up. « J'utilise Niajiri pour faire des CV, pour trouver un emploi, j'ai aussi pris des cours pour me préparer aux entretiens », confie-t-elle. Aide au CV, stages et offres d'emploi La jeune femme a obtenu cette année sa licence en banque et finances à l'université de Dar es Salaam. Malgré sa motivation, trouver un emploi s'est révélé plus difficile que prévu. Mais un jour, en se rendant à un atelier de Niajiri, Stella a entendu parler d'offres d'emploi à la banque tanzanienne NBC. Elle vient de commencer sa première semaine. « Je suis motivée parce que si je travaille bien, je crois que je pourrai évoluer », espère-t-elle. Stella n'a pas de salaire fixe. Elle est payée à peine l'équivalent de 90 centimes d'euro pour chaque ouverture de compte. Comme elle, ils sont plus d'un million chaque année à entrer sur le marché du travail en Tanzanie pour à peine 60 000 emplois dans le secteur formel. Un jeune sur quatre sans emploi Certains jeunes sortent de l'université, mais beaucoup d'autres viennent juste de terminer l'école primaire. « Les jeunes demandeurs d'emplois sont très nombreux sur le marché du travail. Mais trouver des jeunes avec les bonnes compétences, c'est autre chose », constate Lillian Madeje, la créatrice de la plateforme Niajiri. La Tanzanie n'a pas de plateforme nationale pour la recherche d'emploi dans le secteur privé, c'est donc vers des start-up comme Niajiri que les jeunes peuvent se tourner. Mais là encore, le boom démographique se heurte à la réalité du marché du travail. « Pour 30 postes à pourvoir, nous avons reçu 4 200 candidatures », souligne la cheffe d'entreprise, qui souhaite rester optimiste. Le gouvernement fait du sujet de l'emploi des jeunes l'un de ses piliers de sa vision 2050, une feuille de route pour l'avenir du pays. Selon un sondage de l'ONG Afrobarometer, cette année, un jeune sur quatre serait sans emploi en Tanzanie. À lire aussiAfrique: une croissance forte qui ne crée pas assez d'emploi

    Le coton invendu s'accumule et impacte tout les maillons de la chaîne

    Play Episode Listen Later Oct 7, 2025 2:23


    Écrasé par des cours mondiaux trop bas, et une concurrence acharnée imposée par le coton brésilien, le coton africain a du mal à se vendre, et s'accumule dans les entrepôts portuaires, à Cotonou, Lomé, Dakar ou encore Abidjan. Une situation qui pénalise tous les maillons de la filière. Il y aurait, a minima 200 000 tonnes de coton africain invendues, selon Kassoum Koné, le président de l'Association cotonnière africaine, mais peut-être 250 000, voire 300 000 tonnes, à en croire des négociants rencontrés le 30 septembre lors du rendez-vous annuel de l'Association française cotonnière (Afcot) à Deauville, dans le nord de la France. Selon leurs estimations, il resterait notamment 100 000 tonnes de coton malien invendues. Quels que soient les chiffres, les volumes dépassent, de loin, ce qui reste à commercialiser d'habitude à cette époque. En cause, le coût de revient élevé du coton ouest-africain qui le rend peu compétitif. « La concurrence est rude, car il y a aussi du coton brésilien et américain sur le marché », explique Boubacar Salia Daou. Ce négociant, président de Millenium Mali, confirme que fin septembre, il n'y a en général plus de stock. La baisse des cours mondiaux a un impact sur ses marges, précise-t-il, mais aussi sur les finances de la CMDT, la société d'État malienne qui gère le secteur. Le secteur logistique au ralenti Ces invendus pèsent sur la plupart des sociétés cotonnières qui ne peuvent pas rembourser leurs crédits, mais vont devoir bientôt négocier de nouveaux prêts pour la prochaine campagne. Elles sont touchées à double titre, car elles doivent aussi supporter le coût d'un stockage plus long dans les entrepôts portuaires, des entrepôts où l'activité a ralenti. « Les entrepôts sont vidés fin juin d'habitude, mais cette année tous nos magasins à Lomé sont pleins », explique Blaise Agbozo, représentant du groupe R-Logistic au Togo.  L'expert en logistique a vu ses prévisions tomber à l'eau : « Plus vous rentrez du coton, plus vous en sortez, plus le tonnage augmente, et plus vous générez de la marge, mais si les entrepôts sont pleins et qu'il n'y a plus d'expéditions, nous y perdons forcément ». Risque de décote En bout de chaîne, ceux qui vérifient le poids et la qualité du coton avant qu'il soit embarqué n'ont qu'une hâte, que l'activité reprenne. « Nous avons certifié 65 % des volumes que nous traitons d'habitude à cette époque, nous attendons maintenant que les 35% qui restent soient embarqués d'ici décembre », témoigne Abderamane Adoum Hassan, directeur régional de Wakefield Inspection, basé à Abidjan, qui assure que le ralentissement de l'activité cotonnière n'épargne aucune société du secteur. Le risque, c'est qu'une fois la nouvelle récolte disponible, courant novembre, l'ancienne se vende avec une décote. Ce n'est pas tant le stock qui effraie le président de l'Association cotonnière africaine, que le manque de visibilité pour l'exporter. « Tout va vite dans le coton, s'il y a un appel d'air, tout ce qu'on qualifie de grand stock pourra être vendu rapidement, mais notre souci, c'est qu'on ne sait pas à quel moment on va sortir la tête de l'eau » résume le président de l'ACA qui espère que cette période difficile sera « la plus courte possible ». À lire aussiL'association des producteurs de coton africains élaborent leur feuille de route à Garoua

    À la veille de la COP de Belém au Brésil: le défi de la mobilisation des financements privés

    Play Episode Listen Later Oct 6, 2025 2:33


    Au mois de novembre se tiendra la COP de Belém, dix ans après l'accord de Paris. Dans un contexte porté par le climato-scepticisme, des acteurs importants de la finance se sont retirés des grandes alliances Net Zero, engagées dans la lutte contre le changement climatique. Difficile dans ces conditions de tenir les ambitions : lever 100 milliards de dollars chaque année pour faire face aux défis du changement climatique. Dans cette équation, le secteur privé a son rôle à jouer. Devant un parterre de banquiers, le Kényan, James Mwangi n'hésite pas à décrire les impacts du changement climatique dans son village. Des abeilles et des animaux qui ont disparu ou encore des cours d'eau à sec. « Le secteur privé doit mener cette guerre contre le changement climatique. En tant que banque, nous nous efforçons de donner au secteur privé les moyens de prendre les commandes », assure-t-il. Les entrepreneurs pointent régulièrement les lenteurs des mécanismes et le manque de souplesse. James Mwangi le directeur d'Equity Bank, l'un des grands groupes bancaires d'Afrique de l'Est, l'assure : il aspire à faire bouger les choses. « Ce que nous avons fait, c'est développer des solutions innovantes qui permettent en particulier aux micro-entreprises et les aux agriculteurs à s'adapter au changement climatique et d'en atténuer les effets », plaide-t-il. « L'année dernière, nous avons été désignés par la SFI comme la banque ayant accordé le plus grand nombre de prêts d'atténuation et d'adaptation dans le monde », met en avant le banquier. Pour développer l'investissement privé dans le domaine, Marissa Drew, responsable du développement durable de la Standard Chartered, estime que les États doivent être moteurs : « Si vous définissez une ambition pour un pays, les acteurs en dessous suivront. Par exemple, nous avons travaillé avec la Côte d'Ivoire. Nous les avons aidés à élaborer leur cadre de développement durable. Ensuite, nous les avons aidés à lever l'équivalent de plus de 400 millions de dollars d'instruments financiers liés à ces questions. Il s'agissait d'objectifs très spécifiques qu'ils s'étaient eux-mêmes fixés. » Dérisquer et créer des dynamiques vertueuses Afin de créer des synergies dans ce domaine, Proparco filiale de l'Agence française de développement, spécialisée dans le financement du secteur privé– a récemment rassemblé une centaine d'établissements bancaires ou gestionnaires de fonds. Parmi les stratégies engagées : dérisquer les investissements, et créer une dynamique vertueuse. « On peut le faire soit en dédiant des lignes de crédit ou de financements dédiés avec une composante climat. On peut le faire aussi avec un objectif, on va dire plus transformationnels », explique Françoise Lombard, la directrice générale de Proparco. C'est ce qu'a fait l'institution en 2023 en créant une coalition d'acteurs financiers pour 200 millions de dollars, le Sustainability Link Loan d'Ecobank. Un acteur panafricain qui est présent dans plus d'une trentaine de pays africains. « Ça marche de manière assez simple, précise Françoise Lombard. Si Ecobank sur sa feuille de route climat atteint les objectifs que, conjointement, nous avons convenus, les conditions du prêt seront plus intéressantes. Et ça, c'est extrêmement intéressant comme outil parce que ça veut dire qu'on va appuyer Ecobank dans sa démarche pour intégrer le climat non pas comme un objet de financement, mais comme une problématique qui irrigue toute l'organisation, la gouvernance, les décisions de crédit. Et on va aussi faire en sorte que Ecobank soit prêt à s'engager sur des réductions d'émissions du portefeuille de la banque et rendre publiques ces cibles. Donc, c'est extrêmement incitatif. » Lors de la dernière COP à Bakou, les besoins de financements ont encore été revus à la hausse. Objectif : mobiliser 1 300 milliards de dollars de financement public et privé d'ici à 2035.

    À Madagascar, une Gen Z face aux inégalités et au manque de perspectives

    Play Episode Listen Later Oct 5, 2025 2:28


    Samedi 4 octobre, le président Andry Rajoelina a entamé des consultations avec les forces vives de Madagascar : haut fonctionnaires, groupements d'entreprises et organisations de la société civile. En parallèle, des mobilisations pro et anti-gouvernement ont eu lieu le même jour dans le centre-ville de la capitale d'Antananarivo. Mais un imposant dispositif de sécurité a empêché les jeunes manifestants du collectif Gen Z de se retrouver place d'Ambohijatovo. Si les revendications de la Gen Z se sont diversifiées au cours de la semaine, le fond reste bien le même. Un sentiment d'injustice et d'inégalités qui prend racine dans le contexte économique de l'île.  Premiers motifs de colère au début des manifestations : les coupures d'eau et d'électricité. Pour Ketakandriana Rafitoson, la vice-présidente de Transparency International à Madagascar, la Jirama dans le collimateur de la Gen Z est devenu un symbole des problématiques de mauvaise gestion sur l'île. « Cette entreprise publique, censée garantir l'accès à l'eau et à l'électricité, est aujourd'hui synonyme de gaspillage, d'opacité, de collusion politique », affirme-t-elle. « Pendant des années, des contrats faramineux ont été attribués sans appel d'offres transparent, souvent des sociétés proches du pouvoir des marchés de carburant surfacturés par exemple, des projets de réhabilitation d'infrastructures détournées de leur objectif initial et des milliards engloutis sans aucun résultat tangible. Tout cela pendant que les citoyens subissent des coupures quotidiennes, que des familles vivent dans le noir », poursuit la chercheuse. « Donc, la Jirama, pour moi, c'est plus qu'un scandale financier, c'est l'incarnation même d'un système où l'argent public sert à enrichir quelques-uns au lieu d'améliorer la vie de millions de Malgaches. Et les Malgaches, justement, ne sont pas dupes. Ils ont bien compris que c'était la corruption qui était au centre de ce problème, d'où les revendications aujourd'hui exprimées par la majorité », estime-t-elle. À lire aussiContestations à Madagascar: le délabrement d'un campus à Antananarivo, symbole des misères des jeunes Taux de croissance en berne et peu d'opportunités d'emplois Des questions de gouvernances qui ressortent dans le classement de Transparency International. Madagascar y occupe la 26e position sur 100. Une position qui stagne depuis plus de dix ans pour des raisons très précises, détaille Ketakandriana Rafitoson : « Les grandes affaires sont étouffées. Les institutions de contrôle sont fragiles et l'accès à l'information reste un combat au quotidien. Et cette impunité nourrit en fait l'injustice, creuse les inégalités, entretient la pauvreté, l'extrême pauvreté dans laquelle vivent 80 % de nos compatriotes. » Une perception de la corruption élevée tandis que le niveau de vie des populations ne s'améliore pas, souligne l'économiste Aimé Ramiarison, enseignant-chercheur à l'université d'Antananarivo. « Le taux de croissance économique moyen est très faible. C'est-à-dire que depuis 2009, jusqu'en 2024, c'était de 2,3 % par an en moyenne. Donc, c'est très faible. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire une faible création de richesse », pointe le chercheur. « Deuxième signification, ça veut dire que le taux de croissance du PIB est revenu à paraître, négatif depuis 2009 jusqu'à maintenant. Et puis une faible croissance signifie également une très faible création d'emplois », poursuit Aimé Ramiarison. « Et si nous regardons les statistiques sur le marché du travail, on constate que seulement 11 % des emplois totaux sont des emplois formels, que l'on peut donc qualifier d'emplois décents ou productifs. Et de l'autre côté, 85 % des emplois sont des emplois qualifiés, des emplois précaires. Ça veut dire qu'une grande majorité de la population exerce des emplois précaires, c'est-à-dire des emplois mal payés, sans aucune protection sociale », détaille-t-il. Le professeur souligne le peu de perspectives offertes aux jeunes. Des jeunes qui doivent également faire face à l'incertitude créée par la politique américaine qui pourrait compromettre notamment plusieurs milliers d'emplois dans le secteur textile sur l'île. À lire aussiMadagascar: le mouvement Gen Z se dote de huit porte-parole

    Sénégal: des ambitions renouvelées dans le développement du transport ferroviaire

    Play Episode Listen Later Oct 2, 2025 2:20


    Au Sénégal, le Train express régional de Dakar, lancé en janvier 2022 pour désengorger la capitale, est tellement fréquenté que les autorités envisagent de multiplier les rames et d'étendre le réseau ferroviaire dans le pays. Le partenariat entre la Société nationale de gestion du TER (Senter) et les fournisseurs de matériel ferroviaire est donc appelé à se consolider, d'autant que les dettes sont en train d'être réglées. C'est une infrastructure victime de son succès au Sénégal : 90 000 voyageurs empruntent quotidiennement le TER de Dakar. Mais malgré sa ponctualité, les passagers doivent être patients pour monter à bord. Multiplier les rames et étendre le réseau ferroviaire dans Dakar et au-delà s'impose, estime Cheikh Ibrahima Ndiaye, le directeur général du gestionnaire, la Senter. D'autant que la capitale va bientôt accueillir un événement sportif d'ampleur mondiale : « Nous envisageons de densifier cette desserte dans l'optique d'abord des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) que nous allons accueillir dans un an et qui va permettre de désengorger Dakar, souligne-t-il. Et nous sommes également dans la perspective de l'extension du TER vers l'intérieur du pays, avec une première phase qui est d'aller à Thiès, la première ville en sortant de Dakar. » Usine de construction ferroviaire ? Ces projets sont inscrits dans le plan de développement du Sénégal, Vision 2050. Une vision à long terme indispensable dans l'industrie ferroviaire, souligne Alain Picard, directeur général de CAF France, dont l'usine alsacienne rachetée à Alstom a fourni les 80 premiers trains du TER dakarois et qui pourrait installer un atelier au Sénégal : « Si nous savons, ensemble – Senter, les autorités sénégalaises et CAF –, tisser cette relation de long terme, alors oui, on peut envisager toute une série de déploiements industriels. Mais il faut bien comprendre qu'on ne s'implante pas dans un pays pour y rester trois ans parce qu'on a fabriqué dix rames, ça n'existe pas. C'est un investissement industriel qui a pour objectif une vision long terme et qui, par ailleurs, dans le cas du Sénégal, pourrait avoir une vision régionale, c'est-à-dire de considérer le Sénégal comme étant une base d'exportation. » À écouter aussiLe rail, une solution pour désengorger les mégapoles africaines Créances en voie d'être débloquées En attendant, le Sénégal est en train de régler les problèmes de créances qui s'étaient accumulés depuis le changement de régime, lorsque les nouvelles autorités de Dakar avaient décidé d'auditer tous les marchés d'infrastructures, y compris ferroviaires. « Aujourd'hui, pour le secteur ferroviaire, notamment dans le cadre du projet d'extension du TER vers l'aéroport, ces sujets-là ont été adressés par les deux parties. Et nous sommes en train de trouver toutes les solutions pour y apporter des réponses claires, assure le DG de la Senter, Cheikh Ibrahima Ndiaye. Aujourd'hui, je peux annoncer que pour ce qui concerne CAF, il n'y a pas de sujet. Il reste encore quelques paiements, mais qui sont en voie d'être débloqués. » Pour les autres sociétés qui ont participé aux travaux ferroviaires, affirme-t-il, le Sénégal a fait voter les budgets dans la loi de finance 2026 pour rembourser ces créances. À lire aussiSénégal : le long-métrage «Liti Liti» part sur les traces du TER Dakar-Diamniadio

    Comores: comment accélérer les investissements de la diaspora?

    Play Episode Listen Later Oct 2, 2025 2:17


    Chaque année, les Comores reçoivent l'équivalent de 30% du PIB via la diaspora, selon les chiffres de la Banque centrale. Une manne vitale pour les ménages, mais encore trop peu investie dans des projets productifs dans l'archipel. Permettre à la diaspora comorienne d'accéder à toute l'information sur les services aux entreprises, c'est le but d'une nouvelle plateforme en ligne dédiée aux Comores. « La diaspora ne connaît pas toujours le territoire comorien, souligne la directrice de l'Agence nationale pour la promotion des investissements, Nadjati Soidiki. Ils ont besoin d'accompagnement technique, donc c'est très important qu'ils puissent avoir une réponse à ce besoin-là qu'on leur offre à travers l'incubation et la co-incubation, qu'on a déjà mises en place et dont un certain nombre d'entreprises ont bénéficié. Et puis, bien sûr, le nerf de la guerre : l'accompagnement financier. Il faut qu'ils puissent bénéficier de véhicules qui leur permettent de réaliser des investissements structurants. C'est une chose à laquelle on s'intéresse avec la mise en place très prochainement de produits qui leur sont dédiés, comme des prêts d'honneur. »  À écouter aussiComores : les efforts se multiplient pour soutenir les jeunes entrepreneurs Montrer que c'est possible Certains membres de la diaspora franchissent déjà le pas, comme la famille à l'origine du Naya Lodge, un hôtel à Mitsamiouli. « On est Comoriens, donc c'est chez nous. Et on a eu aussi la chance de pouvoir voyager, de voir autre chose, et on s'est dit : "On a des paysages magnifiques, on a tellement de richesses aux Comores, pourquoi est-ce qu'on ne développerait pas quelque chose ici chez nous ?" », explique Imane Soilihi, venue de France et responsable marketing de l'hôtel. Et c'est comme ça qu'on a décidé de rentrer. On entend beaucoup de projets qui doivent se lancer, mais qui finalement ne voient pas le jour pour différentes raisons. Et nous, on veut leur montrer qu'on est en finition, mais l'objectif, c'est de pouvoir bientôt les accueillir chez nous, à Naya Lodge ! » Du tourisme aux plateformes de services Créée par des Comoriens de France, Sahilkom propose plusieurs prestations de services du quotidien, tel que le transport en VTC, un covoiturage ou la livraison à domicile. Elle s'est fait connaître au dernier salon de l'entreprise. « Nous sommes déterminés à apporter une valeur ajoutée à notre communauté, insiste Hamdi Abdillahi Rahilie, responsable de la croissance et des opérations. Donc, on continue les efforts et on relève le défi. Ce salon offre une plateforme idéale pour présenter notre start-up à un large public, y compris des investisseurs potentiels, des partenaires commerciaux ou simplement les utilisateurs cibles. C'est aussi une grande opportunité de rencontrer des représentants de la diaspora comorienne, des entrepreneurs locaux, avec qui on pourrait avoir des collaborations fructueuses ou pour échanger simplement des conseils précieux et des opportunités en affaires. » Tourisme, agriculture et services, en particulier le numérique, sont les secteurs qui attirent le plus d'investissements de la diaspora aux Comores.

    Au Cameroun, l'affaire Glencore, pas encore jugée, est déjà lourde de conséquences

    Play Episode Listen Later Sep 30, 2025 2:27


    L'affaire Glencore met en cause des pots-de-vin estimés à 11 millions de dollars – environ 7 milliards de FCFA – versés à des responsables de la SNH et de la Sonara pour obtenir des cargaisons de pétrole brut à prix préférentiel entre 2011 et 2018. Alors que le procès s'ouvrira devant la justice britannique en juin 2027, les répercussions se font déjà sentir au Cameroun.  Une perte d'attractivité économique et une production de pétrole en repli. L'affaire Glencore, emblématique dossier de corruption, a joué un rôle non négligeable, notamment pour l'image du pays. Selon l'économiste Serge Godong, professeur à l'université de Yaoundé 2, il a aggravé la situation et les problèmes de gouvernance. Il explique : « Il faut inscrire l'affaire Glencore dans la dynamique institutionnelle générale du pays, qui est en recul. C'est une perte de compétitivité, mais surtout une perte de réputation en matière de gouvernance. Le Cameroun apparaît aujourd'hui aux alentours du 28e rang africain des pays attractifs pour les investissements directs étrangers. Ce n'est pas honorable pour un pays qui prétend être la locomotive économique de l'Afrique centrale. » Une enquête camerounaise ? Sur le plan judiciaire, deux ans se sont écoulés depuis que le président Paul Biya a autorisé la SNH à déposer une plainte devant le Tribunal criminel spécial, afin qu'une enquête soit ouverte. Mais depuis, aucune information n'a été communiquée. L'avocat Henri Njoh Manga Bell, président de Transparency International Cameroon, s'interroge : « Des aveux de Glencore, il ressort que de hautes personnalités ont été corrompues. Il est donc possible que certaines d'entre elles soient encore en fonction et qu'elles freinent toute tentative de faire la lumière. On a l'impression que la justice camerounaise attend l'ouverture du procès en Angleterre pour se décider, puisqu'elle n'a en réalité jamais lancé d'enquête ici. » L'ampleur des pertes encore floue Selon les éléments déjà connus, Glencore aurait racheté le pétrole camerounais environ 30% en dessous du prix du marché en échange des pots-de-vin. Les pertes sont donc considérables, mais difficilement chiffrables. « Tant qu'aucune enquête n'a été ouverte à Yaoundé, il sera impossible d'évaluer précisément ce qui a été spolié, précise Alain Nkoyock, universitaire spécialiste de la gouvernance, tous les chiffres avancés aujourd'hui ne sont qu'approximatifs. » Le Cameroun pourrait récupérer cet argent, mais cela demande énormément de temps et de volonté politique, estime Alain Nkoyock : « Il faut un engagement politique fort, sans ambiguïté, pour poursuivre les responsables locaux impliqués. La deuxième chose, c'est une coopération internationale proactive, basée sur la transparence et la pression de la société civile. Le Nigeria a pu le faire justement parce qu'il y avait un autre gouvernement à l'époque qui était au pouvoir et qui l'avait mis vraiment tout son poids pour que cela soit fait. Et enfin, il faut inscrire le recouvrement des avoirs volés au Cameroun dans une stratégie nationale claire avec un bureau spécialisé. » À la fin du mois d'août, l'administration fiscale camerounaise a malgré tout notifié à Glencore une dette de près de 11 000 milliards de FCFA, soit un peu moins de 20 millions de dollars, correspondant à des droits et taxes détournés.

    Sans visa, ni débouché, la difficile exportation de la maroquinerie éthiopienne

    Play Episode Listen Later Sep 29, 2025 2:27


    Sept maroquiniers éthiopiens étaient récemment à Paris pour présenter leur travail. Objectif : se faire connaître, convaincre des acheteurs et franchir les obstacles qui freinent leur entrée sur le marché européen. « Je fabrique des sacs, des carnets, des ceintures et d'autres accessoires. Comme vous pouvez le voir, je crée aussi bien des articles féminins que masculins, ainsi que des produits mixtes et unisexes », raconte Milki Aberra, cofondateur de la marque Tibeb Leather Works. Il a un atelier de maroquinerie et deux boutiques à Addis-Abeba. Et, tout sourire, le voilà à Paris dans un salon de mode pour tenter de trouver des débouchés à sa production et valoriser enfin le cuir éthiopien. « Il est un peu difficile de trouver une clientèle régulière. Nous avons bien un client à l'export sur le marché américain, mais pas encore en Europe. C'est un peu compliqué, car il y a trop de normes et de spécifications à respecter avant de pouvoir exporter vers l'Europe. Donc oui, c'est assez difficile de pénétrer le marché européen », reconnait Milki Aberra. Une « marque-pays » nommée Éthiopie Impossible pour l'instant de trouver ses créations en Europe : elles ne sont pas distribuées. Pour que cela devienne une réalité, Milki Aberra et six autres maroquiniers éthiopiens sont appuyés par le Centre de promotion des importations des Pays-Bas. Une organisation gouvernementale où travaille Jan Willem Richelmann : « On retravaille le dessin pour réaliser le goût européen. Les collections se sont améliorées chaque année. Et aussi, quand ils viennent à Paris, le marché les reconnaît. Donc chaque fois, vendre "la marque-pays", ça marche mieux. Et ça se traduit en business. » Mais encore faut-il pouvoir venir. Le visa court séjour permettant l'entrée dans l'espace Schengen regroupant 29 États européens est très difficile à obtenir. Un frein supplémentaire à l'exportation pour les entrepreneurs africains. Sans visa, très peu d'achats « Pour les affaires en particulier, c'est très difficile, témoigne Milki Aberra, par exemple, moi, on m'a refusé deux fois, en 2023 et en 2024, je n'ai pas pu venir à ce salon. C'est la première fois que je viens. C'est important pour nous d'avoir des échanges en face à face pour trouver plus de clients ». Résultat de ce séjour parisien pour Milki Aberra : quelques contacts pris, mais, à ce jour, aucun client n'a confirmé de commande ferme. Si le cuir éthiopien reste très prisé par les grandes marques occidentales et chinoises, l'artisanat et la création locale peinent à percer en Europe. Reste les États-Unis, et malgré de nouveaux droits de douane de 10 % supplémentaires, les experts estiment que l'Éthiopie s'en sort plutôt bien face à ses concurrents, comme le Bangladesh ou le Vietnam. À lire aussiMode : comment développer le potentiel du secteur du cuir sur le continent ?

    Égypte: au Caire, la fin du gel des loyers inquiète les petits commerçants

    Play Episode Listen Later Sep 28, 2025 2:19


    Dans le grand centre du Caire comme dans les principales villes d'Égypte, près de trois quarts des commerces bénéficiaient encore d'un gel des loyers, une mesure héritée de l'ère Nasser et transmissible de génération en génération. Mais cette exception, instaurée il y a 70 ans, vit ses derniers jours. Depuis début août, une nouvelle loi prévoit de réévaluer progressivement les contrats sur cinq ans pour les locaux commerciaux et sept ans pour les logements. Une perspective qui inquiète de nombreux petits commerçants qui craignent de devoir mettre la clé sous la porte. Avec notre correspondant au Caire, Comme d'habitude, c'est l'effervescence dans la rue commerçante de Soliman Gohar, à deux pas du centre-ville du Caire. Mais Yasser, lui, rumine son inquiétude au fond de son atelier de menuiserie : « Aujourd'hui, je paye cinq livres par mois. Ils disent que dans cinq ans, si le propriétaire ne veut plus de nous, on va devoir partir. Alors que cet atelier est ouvert depuis plus de 50 ans. Ce souk n'a pas d'âge ! » Cinq livres, c'est moins de dix centimes d'euros. Une somme dérisoire dont profitent la plupart des commerçants du coin, comme William, vendeur d'ustensile de cuisine. « 80 % des commerces de cette rue bénéficient des anciens loyers. C'est-à-dire, une somme presque symbolique. Mais avec cette nouvelle loi, il pourrait être multiplié par cinq et tout le monde va mettre la clé sous la porte. Tout va disparaître », s'alarme-t-il. Pour certains experts comme Yahia Shawkat, chercheur en urbanisme, le paysage de certains quartiers va se diversifier avec le temps. « Certains magasins à faible valeur commerciale comme les petits tailleurs, les boutiques de jouets ou les librairies vont certainement être déplacés. Alors que d'autres, comme les restaurants, les cafés ou les pharmacies, qui rapportent plus, pourront eux s'adapter aux loyers du marché », estime-t-il. Mais ce que craint surtout le spécialiste, c'est l'agitation sociale que pourrait engendrer la nouvelle mesure. « L'application de cette loi va être compliquée. Il faut s'attendre à des confrontations publiques entre propriétaires et locataires, des confrontations physiques, qui se décideront à la loi du plus fort », pense Yahia Shawat. Un constat partagé par Mohamed, poissonnier, qui a repris l'échoppe fondée par son père dans les années 1970 : « Cette loi est injuste et contient de nombreuses violations. Presque tous ses articles vont à l'encontre de la Constitution. Dans sept ans, c'est toute l'Égypte qui va descendre dans la rue. » Le gouvernement a déjà promis des solutions de rechange aux commerçants touchés par la loi, sans donner pour le moment plus de détails. À lire aussiL'Égypte met fin au système de blocage des «anciens loyers» dérisoires mis en place sous Nasser

    Cameroun: le stade Olembé, un exemple de la difficile gestion des grands projets?

    Play Episode Listen Later Sep 25, 2025 2:33


    Le stade Olembé, le plus grand du pays, infrastructure phare bâtie pour la CAN qui s'est jouée en 2022, est l'un des dossiers qui aura marqué le dernier mandat du président Paul Biya. Si le stade de 60 000 places a été livré pour la CAN, retards et contentieux avec les entreprises ont émaillé sa construction. À terme, c'est un complexe comprenant une piscine olympique, des terrains pour le tennis, le basket, le volley ou encore un parcours de VTT, qui doit sortir de terre. Ce projet, initialement évalué à 163 milliards de francs CFA (environ 250 millions d'euros), n'a pas encore vu sa phase 1 être achevée. Il reste à finaliser le grand hôtel et le centre commercial, dont seul le gros œuvre a été achevé. François Félix Ewane est l'administrateur de l'Office national des infrastructures et équipements sportifs du Cameroun (Onies). C'est l'organisme en charge et qui a été créé en août 2022, après la CAN. « Fort de la pression de la CAN, les entreprises ont voulu faire du chantage, profiter de ce qu'il y avait une urgence pour siphonner les ressources et essayer de sortir des enveloppes prévues. Tout cela a créé une période de turbulence qui a amené l'État à recentrer ses travaux sur ce qui était une nécessité pour faire la CAN », détaille François Félix Ewane. « Parce qu'il y avait des demandes déraisonnables en paiements complémentaires, nous avons été obligés de résilier les contrats », précise-t-il. Le chantier a d'abord été confié à l'entreprise italienne Piccini Group, puis à la Canadienne Magil. Toutes les deux ont initié des procédures de contentieux à l'encontre des autorités camerounaises. Une gestion du projet par les autorités qui fait l'objet de nombreuses critiques. « Il est tout à fait emblématique de ce qui se passe au Cameroun dès qu'il y a de très grands chantiers », estime Stéphane Akoa. Le chercheur à la fondation Paul Ango Ela poursuit : « Cela renvoie à l'ensemble des projets, à la somme des intentions au Cameroun qui n'ont jamais abouti à un objet réalisé dans les temps et dans la forme souhaitée. Et puis par ailleurs, il y a toutes ces sommes dépensées, soit parce qu'à chaque phase de travaux, l'État a dû accepter des avenants au contrat qui ont augmenté le coût initial des travaux. Et puis, dans ces différents contentieux, le devoir de payer encore plus. » À lire aussiCameroun: un groupe canadien exige 16 milliards de FCFA pour le chantier à l'arrêt du complexe sportif d'Olembé « Nous ne sommes plus dans une logique d'urgence » Des surcoûts liés aux contentieux qui pourraient atteindre plusieurs centaines de milliards de francs CFA selon la presse camerounaise. L'Onies, lui, s'en tient aux sommes décaissées pour le projet – soit environ 60 % de l'enveloppe initiale, affirme-t-il. Les travaux sont actuellement à l'arrêt et tout est fait pour une reprise dans les meilleures conditions assure François Félix Ewane : « Nous avons un consultant qui est en train de faire un état des lieux et qui va se boucler sur un audit technique de ce qui reste à faire et cet audit va tirer les leçons des contrats antérieurs et va définir le scope des nouveaux travaux. » Pour l'administrateur, la CAN étant passée, « nous ne sommes plus dans une logique d'urgence. Maintenant, nous nous organisons posément à faire les choses de façon rationnelle et structurée. » Autre défi pour l'Onies : « faire tourner la boutique ». Malgré un planning d'évènements déjà bien rempli, assure l'administrateur, la rentabilité économique ne peut cependant être le seul critère pris en compte. La satisfaction des publics accueillis est également selon lui primordiale. À lire aussiOpération «mains propres» au Cameroun: vers une reprise de l'opération Epervier ?

    Au Maroc, le retour des touristes chinois, une aubaine économique?

    Play Episode Listen Later Sep 24, 2025 2:20


    Sur les 150 millions de Chinois à voyager cette année, 140 000 auront visité le Maroc, selon les statistiques du royaume chérifien. C'est quasiment la fréquentation d'avant le Covid. Depuis dix ans, les autorités de Rabat facilitent l'entrée des touristes chinois sur le territoire marocain et elles envisagent de nouvelles dessertes aériennes. Mais les retombées pour les opérateurs locaux du tourisme ne sont pas toujours au rendez-vous. De notre correspondant de retour de Chefchaouen, Une petite médina, nichée dans les montagnes du nord du Maroc. Ici, tout est peint en bleu azur. Bienvenue à Chefchaouen, le décor qui plaît tant aux touristes chinois. Cette petite ville a particulièrement la cote auprès de ces nouveaux touristes qui ont vraiment commencé à venir dans le royaume à partir de 2016, lorsque Rabat les a exemptés de visa. « Le tourisme chinois a été un moment donné une aubaine, je pense pour Chefchaouen, parce qu'il y a eu des arrivées en masse de clients chinois qui consommaient localement aussi bien dans les hôtels, les restaurants ou les cafés », explique Jaber Lahbabi, un opérateur touristique local. Un tourisme peu rentable Les flux ont rapidement augmenté à la veille de la crise du Covid. en 2019, 180 000 Chinois ont visité le royaume. Mais Chefchaouen a commencé à changer. Des restaurants chinois ont fait leur apparition par exemple. « Très vite, ils ont commencé à utiliser leurs réseaux, c'est-à-dire leurs réseaux de transports, leurs réseaux d'agences, leurs réseaux de guides », témoigne Jaber Lahbabi. « Ils ont des besoins bien spécifiques, certes, mais si le touriste vient à Chefchaouen, c'est pour connaître Chefchaouen, pour goûter aux produits du terroir. Si le restaurateur est chinois, si l'hôtelier est chinois, que nous apporte ce tourisme ? », se questionne l'opérateur marocain. Plus de navettes entre Shanghai et Casablanca Cette année marque le retour des touristes chinois dans le royaume. Ils devraient être 140 000 à visiter le pays, d'après l'Office national marocain du tourisme. Pour en attirer davantage, il faut plus de dessertes. À partir d'octobre, un avion reliera directement Shanghai et Casablanca, trois fois par semaine. Shin est venu d'Espagne, où il est étudiant : « Ce voyage, c'est pour célébrer l'obtention de mon diplôme. Chefchaouen est une jolie petite ville. Ici, les maisons sont bleues, j'adore le bleu, j'aime beaucoup cet endroit. » Ce Chinois de 22 ans a choisi de dormir dans une maison d'hôtes marocaine, mais vient de manger dans un restaurant chinois. « C'est vraiment surprenant pour moi, je n'imaginais pas trouver ça ici. Les Chinois, on est vraiment partout ! Le goût, c'est vraiment le même qu'en Chine », s'étonne ce touriste. L'Égypte fait figure de principal concurrent du Maroc sur ce segment. Pour améliorer sa compétitivité, le royaume vise le label « China Ready », un sésame officiel qui certifie les destinations répondant aux exigences et besoins spécifiques de cette clientèle. À lire aussiLa Tunisie et le Maroc connaissent une année touristique 2025 en demi-teinte

    Accra lance un plan d'un milliard de dollars pour encadrer l'or artisanal

    Play Episode Listen Later Sep 23, 2025 2:29


    Au Ghana, premier pays producteur d'or africain, le régulateur du secteur aurifère artisanal créé en mai dernier, le GoldBod a annoncé travailler sur un plan d'un milliard de dollars pour développer 300 petites mines dites « responsables », alors que le pays souffre de l'orpaillage illégal. En 2024, les exportations d'or ont rapporté 163 milliards de cedis, soit plus de 13 milliards de dollars au taux de change actuel, au produit intérieur brut ghanéen. Une manne économique vitale pour le pays, mais dont ne bénéficient pas assez les communautés vivant aux alentours des grands sites miniers. C'est en tout cas ce que soutient l'ingénieur ghanéen Shelter Lotsu, président de la société TSL Sustainability : « Nous avons beaucoup d'entreprises multinationales exploitant nos minerais. Ce qu'ils font, c'est de la philanthropie. Ce n'est pas de la gouvernance sociale et environnementale. Si on n'implique pas les communautés, cela ne créera aucun bénéfices sociaux ou environnementaux. » À lire aussiGhana : l'État accentue sa mainmise sur l'exploitation de l'or dans le pays Une meilleure traçabilité des mines artisanales Selon l'ingénieur, une voie existe pour rendre le secteur plus durable : une mise à contribution accrue des grands groupes miniers étrangers. « Il est grand temps que le gouvernement s'assure que les engagements sociaux et environnementaux des groupes miniers se concrétisent dans des projets identifiés par les autorités. » En 2024, le précédent ministre des Finances ghanéen a listé des projets agricoles ou d'énergie verte vers lesquels tous les opérateurs, y compris miniers, sont incités à investir. Autre sujet majeur du sommet : les mines d'or dites artisanales et de petites tailles. Ce sont elles qui sont au cœur de la nouvelle stratégie du président ghanéen, John Dramani Mahama, visant à accroitre les ressources aurifères du pays. Encore faut-il s'assurer que cette augmentation souhaitée de la production se fasse dans des conditions respectueuses de l'environnement. Le représentant du ministre des Terres et des Ressources naturelles, Joseph Osiakwan, se veut rassurant : « Ce que le gouvernement met en place, c'est l'extraction responsable et durable. Il ne s'agit pas d'aller miner au hasard. Nous allons mener des enquêtes géologiques, et assurer la traçabilité de ce qui est miné. » Durcir la lutte contre l'orpaillage illégal À ces mesures s'ajoute la lutte du gouvernement contre l'orpaillage illégal, véritable fléau environnemental au Ghana. Problème : mettre fin à ce secteur informel priverait de ressources un million et demi de personnes, selon les estimations des autorités. Pour l'économiste Godfred Bokpin, il est donc impératif d'accompagner ce combat par la mise en place de réelles alternatives économiques. « Une sorte d'orientation nationale pour créer des emplois décents. L'orpaillage illégal est une réaction aux nombreux échecs des politiques visant à mettre en place une croissance économique inclusive. » Un chantier social qui doit être mené de pair avec la lutte contre la corruption, principal moteur, selon l'économiste, de l'orpaillage illégal. À lire aussi«Arrêtez le galamsey» : au Ghana, des manifestants dénoncent l'inaction du gouvernement face à l'orpaillage illégal

    Sénégal: les agriculteurs misent sur les réseaux sociaux pour vendre leurs produits

    Play Episode Listen Later Sep 22, 2025 2:12


    En Afrique, la population est de plus en plus jeune… et connectée. Pour les entrepreneurs agricoles, cela ouvre de nouveaux débouchés : ils peuvent vendre et faire connaître leurs produits sur TikTok, Instagram ou WhatsApp. Résultat : ils adaptent désormais leurs stratégies au numérique. Avec notre correspondante à Dakar, Adjaratou Kosse Faye s'est lancée dans la vente en ligne de produits agricoles dès 2020, en misant d'abord sur le bouche-à-oreille : « J'ai commencé sur les réseaux sociaux, WhatsApp, Facebook, Instagram, à un peu partager. Au début, j'étais dans le secteur de la fraise et du poulet avant d'avoir ma ferme. Du coup, c'était très pratique de partager sur ton statut et dire oui, il y aura des fraises qui seront disponibles. On recevait des centaines de commandes par jour qu'il fallait gérer. » Une stratégie digitale bien rodée Derrière sa marque Foroba, toute une stratégie : poster régulièrement, mettre en avant la provenance des produits… Grâce aux réseaux sociaux, elle a même pu décrocher un contrat avec une grande surface. Un simple message envoyé sur LinkedIn à Auchan a suffi. Mais elle n'abandonne pas la vente directe, qui reste un pilier de son activité : « La vente directe est beaucoup plus intéressante, parce que les marges sont beaucoup plus importantes. Si tu t'y prends bien, la livraison n'est pas à ta charge, c'est le client qui la paye. » À écouter aussiCameroun: l'essor des entrepreneurs créateurs de contenus sur les réseaux sociaux Une vitrine sur le continent Beaucoup d'entrepreneurs se sont engouffrés dans cette voie pendant la crise du Covid, période charnière pour la vente en ligne. C'est le cas d'Adja Boudy Kanté. Avec sa société Cereal House, elle écoule 70% de ses mélanges de céréales « made in Sénégal » en ligne. Une réussite rendue possible par le boom du mobile money. Mais vendre à l'international reste un défi, à cause des limites logistiques : « TikTok, Instagram, ce sont les réseaux qui marchent le plus pour mon business. Et sur TikTok, j'ai des demandes de clients qui ne sont pas du Sénégal. Tout est parti d'une publicité que j'ai eue sur le média Brut Afrique. Beaucoup de pays africains m'ont contacté pour avoir mes produits, mais je leur disais que malheureusement, je ne pouvais pas les envoyer. J'ai perdu beaucoup de marchés comme ça. » Pour gagner en visibilité, certains misent aussi sur les influenceurs, comme l'entrepreneur kényan Benson Wando : via sa plateforme Soko Kijiji, il mutualise les ventes de 300 maraîchères du pays : « On travaille aussi avec nos propres influenceurs en interne, ils font du packaging pour nos produits et interviennent pour faire connaitre à nos clients les meilleurs moyens de faire leurs achats et ensuite de préparer des recettes. » Le mouvement ne fait que commencer : selon la Banque africaine de développement, le marché du e-commerce agricole pourrait tripler d'ici 2030 sur le continent. Signe que pour les producteurs africains, le futur se jouera autant dans les champs que sur les réseaux sociaux.

    Comores: les efforts se multiplient pour soutenir les jeunes entrepreneurs

    Play Episode Listen Later Sep 21, 2025 2:14


    Aux Comores, créer son entreprise reste une course d'obstacles, entre manque de financements, lourdeur administrative ou encore accès limité aux marchés publics et à l'information nécessaire. Pourtant, des efforts sont réalisés par les autorités et la jeunesse fourmille d'idées. Incubateurs, banques et bailleurs mettent en avant de nouveaux outils pour accompagner la génération montante. Premier incubateur des Comores, Innov'Lab accompagne déjà plus d'une centaine de jeunes, mais les difficultés sont toujours présentes. « Nous accompagnons ces jeunes à travers trois grands volets, le renforcement de capacité, la mobilisation de ressources et le coaching en entrepreneuriat, témoigne Najwa Saïd Mohamed Djalim, assistante de direction. Certains sont déjà en activité et d'autres en préparation de lancement. C'est avant tout la lourdeur administrative et ensuite le manque de financement qu'ils mettent souvent en avant. » Déverrouiller le crédit bancaire L'accès au crédit reste un verrou, mais les opérateurs financiers proposent de nouveaux produits. « Toute entreprise n'a pas la capacité d'offrir les garanties acceptées par les banques, reconnaît Amal Housseine, directeur commercial d'Exim Bank. Nous offrons d'autres possibilités à ces sociétés-là, notamment pour les crédits à court et moyen terme. Il y a d'abord le financement classique avec des avantages très compétitifs. Nous offrons également un nouveau produit qui est le collatéral management. Il permet aux petites et moyennes entreprises de pouvoir venir chez nous demander des prêts, sans pour autant utiliser les garanties classiques que sont les hypothèques. » 150 entreprises accompagnées et 1 000 jeunes formés Mais le défi dépasse la question de l'argent. L'appui international apporte aussi sa pierre à l'édifice en matière de formation. « L'employabilité de la jeunesse est une contrainte majeure pour l'économie », observe Laurent Chabrut, directeur pays d'Expertise France. L'agence publique de coopération technique, filiale de l'Agence française de développement (AFD), dit avoir accompagné 150 entreprises aux Comores, dont beaucoup portées par des jeunes, et formé plus de 1 000 jeunes. « Ça fait l'objet pour nous d'un projet à part entière, Comores initiatives. Nos objectifs sont simples : c'est mettre en valeur les personnes, les projets, les entreprises que nous accompagnons au quotidien dans le cadre de la mise en œuvre de nos projets de coopération internationale. Montrer que nos porteurs de projets font des choses concrètes et les exposer pour qu'ils puissent démontrer leur savoir-faire. » Malgré les obstacles, un tissu entrepreneurial émerge. Le défi reste donc de transformer l'énergie et les idées de la jeunesse en moteurs d'emplois stables et de croissance. À lire aussiComores : Moroni veut accélérer le développement de son secteur privé

    Cameroun: comment expliquer l'aggravation de la pauvreté depuis 20 ans?

    Play Episode Listen Later Sep 16, 2025 2:27


    Sur 28 millions d'habitants au Cameroun, plus de 10 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit près de 40 % de la population. Le nombre de pauvres a même bondi de 66 % au Cameroun depuis le début des années 2000, selon la Banque mondiale. Les économistes camerounais s'accordent sur ce triste constat, même s'ils n'ont pas tout à fait les mêmes explications. Deux tiers des pauvres du Cameroun vivent en zone rurale, observe la Banque mondiale, particulièrement dans les régions du Nord, de l'Extrême Nord et du Nord-Ouest. Selon Dieudonné Essomba, ancien chargé d'études au ministère de l'Économie du Cameroun, ces régions pâtissent de l'extrême centralisation autour des deux métropoles du Sud. « Yaoundé et Douala, 30 % de la population concentrent plus de 90 % de la masse monétaire, souligne-t-il. Vous ne pouvez pas développer une région comme l'Extrême-Nord quand il n'y a pas la liquidité à l'extrême nord. C'est la liquidité qui alimente l'activité. Le budget doit être dépensé au Nord ! » À lire aussiLe Cameroun subit une forte poussée de l'inflation, un danger en sus de la hausse de la pauvreté Une route vers le Nord très dégradée L'absence d'infrastructures a maintenu le Nord dans la pauvreté, souligne de son côté Serge Godong, PDG fondateur de Seven news et ancien directeur général délégué de l'Institut pour la gouvernance en Afrique centrale (IGAC). « Entre le port de Douala et la ville de Kousseri, sur 5 800 km, vous avez minimalement 1 000 km qui sont dans un état extrêmement dégradé, dont à peu près 500 km qui sont quasiment impraticables, déplore-t-il. Donc, le coût du transfert de la marchandise participe en fait à aggraver la pauvreté. » Des migrations vers le Sud Une pauvreté qui pousse les populations rurales du Nord Cameroun à migrer massivement vers le Sud, ce qui aggrave désormais la pauvreté dans les villes. « C'est un phénomène qu'on voit très bien lorsqu'on est à Yaoundé et à Douala, observe-t-il. Des populations dans des zones de grande insalubrité, qui occupent des petits métiers extrêmement en pied de la pyramide. Il y a des quartiers entiers dans les grandes villes camerounaises qui sont toujours sans eau ! Donc il y a une pauvreté hydrique, y compris en milieu urbain, qui est assez forte. » Croissance de 7 à 10 % nécessaire Depuis plus de dix ans, l'économie camerounaise subit aussi des chocs à répétitions, souligne le professeur Henri Ngoa Tabi, directeur du Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Économie du Développement de l'Université de Yaoundé. « On a d'abord eu le choc pétrolier entre 2012 et 2015, et tout de suite après, il y a eu Boko Haram et ça continue. Puis la crise anglophone, ensuite la crise mondiale – le choc Covid –, tout cela en cascade, énumère-t-il. Les chocs sécuritaires sont quand même extrêmement violents et perturbent énormément la relance économique et consomment même tout ce qu'on peut produire comme ressources. » Produire plus, en particulier de produits agricoles au Cameroun, c'est la priorité d'après cet économiste. La croissance de 4 % que connaît actuellement le pays est insuffisante, il faudrait qu'elle soit de 7 à 10 %, juge-t-il, pour sortir la population de la pauvreté.

    Afrique de l'Ouest: le commerce de denrées six fois supérieur aux données officielles, selon une étude de l'OCDE

    Play Episode Listen Later Sep 15, 2025 2:28


    Dans une récente étude, l'OCDE apporte de nouvelles perspectives sur le commerce alimentaire en Afrique de l'Ouest. Alors que les chiffres officiels l'estiment à 1,7 milliard de dollars par an, la compilation de plusieurs bases de données sur le commerce non enregistré - tels que les études nationales et le travail réalisé par le Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel - montre qu'il s'élève au moins à 10 milliards. Un niveau qui vient bousculer les idées reçues sur les échanges de denrées dans la région. Le suivi des denrées et des prix, c'est le métier de Mouhamadou Ndiaye, le coordinateur du Réseau des systèmes d'information des marchés en Afrique de l'Ouest, dont l'un des défis au quotidien est d'apprécier les marchandises non enregistrées. « Nous qui sommes dans les marchés, nous savons qu'effectivement, il y a ces produits. Dans les marchés, vous pouvez juste connaître le niveau d'approvisionnement, connaître les prix, décrit cet expert. Mais  savoir exactement les tonnages, c'est très difficile. Bien sûr, cela a un impact sur la sécurité alimentaire parce que très souvent, certains pays, y compris aujourd'hui, interdisent à certaines denrées de quitter leur territoire. » Ce travail de compilation inédit dresse un portrait différent de celui communément admis du commerce alimentaire dans la région. Il montre notamment une diversité de marchandises alimentaires plus importante et un commerce largement répandu entre l'ensemble des États de la zone, et pas seulement entre les États frontaliers, bilan qui change la donne lorsque vient le temps de faire des choix. « Les décideurs politiques, et même les acteurs privés, ont une relative méconnaissance d'où se situent les opportunités de marché régional, parce qu'on n'a pas de données comme on peut en avoir dans d'autres régions du monde sur la taille réelle des importations alimentaires et d'où elles proviennent, autrement dit combien rapporte le Nigeria ou le Bénin par produit. Donc c'est aussi ça l'enjeu : pouvoir avoir de meilleures informations pour guider les politiques de soutien de promotion des exportations, par exemple, que des pays mettent en œuvre », détaille Alban Mas Aparisi, économiste en charge du travail sur la transformation des systèmes au Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest de l'OCDE et auteur du rapport. Prenant l'exemple du Nigéria, il montre que celui-ci passe du rang de huitième à premier pays importateur régional, selon que l'on prend en compte les données officielles ou les données retravaillées par son étude. « Cela donne une idée decombien les données sont faussées », souligne-t-il. À lire aussiEurope-Nigeria, l'axe du blé se renforce mais jusqu'à quand? Le commerce intrarégional en Afrique de l'Ouest se révèle donc beaucoup plus important que ce qu'en disent les statistiques officielles - c'est par exemple le cas des tubercules ou des céréales locales, qui en sont quasi absentes - avec des conséquences sur l'appréciation de la résilience alimentaire dans la Cédéao. « La question des interdictions aux exportations qui continuent de se produire dans la région est extrêmement contre-productives parce que cela nuit à la fois à la production locale et à la sécurité alimentaire de la région, en coupant les producteurs des marchés régionaux », alerte l'économiste du Club du Sahel. « Parce que s'il y a des interdictions mutuelles, les produits circulent moins, il y a moins de diversité, moins de disponibilité et aussi des prix plus élevés », poursuit-il. Près des deux tiers de la production alimentaire régionale - en excluant le cacao et la noix de cajou, cultures de rente et majoritairement destinées à l'exportation - seraient ainsi en réalité déjà destinées aux pays de la Cédéao. Pour consulter le rapport : Le commerce alimentaire intrarégional en Afrique de l'Ouest : Nouvelles données, nouvelles perspectives. À lire aussiLe fonio en Guinée: une culture qui a la peau dure

    Les entrepreneurs agricoles africains face aux barrières à l'export

    Play Episode Listen Later Sep 14, 2025 2:15


    L'Afrique exporte de plus en plus de produits agricoles : thé, céréales, épices, noix… Les entrepreneurs innovent et cherchent à conquérir de nouveaux marchés. Mais entre normes sanitaires, tarifs douaniers et barrières non tarifaires, le chemin de l'export reste semé d'embûches.  Avec sa société Apa Tea, Anthea Ibembe commercialise du thé en Ouganda depuis près de 15 ans. Mais aujourd'hui, elle vise plus grand : le Kenya, les pays du Golfe, ou encore les États-Unis. Le marché est là, elle le sait. Mais un obstacle majeur l'arrête : les normes sanitaires. « On n'a pas encore démarré l'export, car il est très cher d'obtenir les certifications dont on a besoin. Pour la plupart des marchés, en plus de régulations nationales propres à chaque pays, vous avez besoin de la certification ISO. Et dans l'Union européenne, c'est encore plus compliqué car il y a encore plus de règles, par exemple sur le PH ou sur le taux d'humidité du thé », explique l'entrepreneuse. Des certifications coûteuses qui freinent l'exportation La certification « agriculture biologique » est, elle aussi, très demandée par ses clients, mais extrêmement difficile à décrocher. Alors, pour continuer à séduire les marchés étrangers, certains misent sur d'autres stratégies. Comme la Sénégalaise Latifa Diedhiou, qui développe une viande végétale à base de pomme de cajou : « On est obligé de passer sous fret aérien, avec uniquement un certificat phytosanitaire. Là, ça passe. Nos produits sont commercialisés en petites quantités. On ne peut pas diversifier, ni répondre à certaines demandes européennes ou de la sous-région. » Autre épreuve de taille : les tarifs douaniers. Ils font grimper les coûts pour les entrepreneurs africains qui veulent vendre en Europe ou aux États-Unis. Et même à l'intérieur du continent, au sein des zones de libre-échange régionales, les barrières persistent. « Dans la communauté d'Afrique de l'Est, nous avons une zone de libre-échange théorique. Mais les règles sont poreuses et la corruption existe, témoigne Anthea Ibembe. C'est à ce moment-là qu'on se rend compte que, même quand on nous dit que c'est gratuit, il y a quand même un prix à payer et des formalités. Ils vont trouver une manière de te prendre de l'argent. » À lire aussiDroits de douane américains: les pays et les producteurs d'Afrique craignent les conséquences La Zlecaf, promesse inachevée En Afrique de l'Ouest, Adja Boudy Kante fait face aux mêmes blocages. Elle aimerait écouler ses céréales « made in Sénégal » dans les pays voisins. Mais la libre circulation promise par la Zone de libre-échange continentale africaine, la Zlecaf, tarde à devenir réalité : « Mon distributeur en Côte d'Ivoire devait prendre en charge le prix du transport. Mais comme il le répercute sur les prix, son paquet de granola va prendre 1 000 francs supplémentaires. Comme il ne pourra plus faire de marge, il n'a donc pas trouvé ça intéressant », confie celle-ci. Résultat : malgré une croissance continue des exportations, l'Afrique occupe encore une place marginale dans les échanges mondiaux. Le continent ne pèse que 3% du commerce international... À lire aussiFace à Trump, faut-il accélérer la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine?

    Cameroun: contre la surexploitation de la forêt, une fiscalité différenciée à la portée encore limitée

    Play Episode Listen Later Sep 11, 2025 2:28


    Au Cameroun, si l'industrie du bois a perdu en valeur, son exploitation informelle et illégale grignote aussi la forêt, ce qui a conduit l'Union européenne à rompre son Accord de partenariat volontaire (APV) avec Yaoundé à la fin de l'année dernière. Pour tenter d'inverser la tendance et encourager les compagnies forestières à de meilleures pratiques, les autorités ont instauré en début d'année une fiscalité différenciée, sorte de bonus-malus écologique dont la portée reste toutefois limitée. Depuis le mois de janvier dernier, le Cameroun impose aux compagnies forestières une taxe d'abattage de seulement 2,5% si la concession est certifiée durable, de 3% si elle est certifiée légale et de 5% si elle n'est pas du tout certifiée. Une certification implique plusieurs obligations pour la compagnie : « Élaborer et mettre en œuvre un plan d'aménagement qui définit les objectifs d'exploitation sur une période de 25 ou 30 ans, mais aussi faire en sorte de respecter l'ensemble des lois et règlements encadrant le secteur d'activité, respecter les droits des communautés locales et autochtones ainsi que les exigences en matière de protection de l'environnement », détaille Guy Sam Belouné, expert en gestion durable des forêts. Bonus-malus sans coût pour l'État Ce système de fiscalité différenciée n'a aucun coût pour l'État puisque le malus finance le bonus, explique de son côté l'expert en bois tropical Alain Karsenty. Ainsi au Gabon, où ce bonus-malus a été instauré il y a cinq ans, les entreprises les plus réticentes jouent le jeu. « Ce qui est en train de se passer au Gabon, c'est que l'on voit apparaître une dynamique de certification », se félicite le chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). « C'est même le cas d'une entreprise chinoise que j'ai rencontrée récemment et qui affirme que si, pour elle, la certification n'avait pas d'intérêt parce qu'elle vendait son bois en Chine, il en était tout autrement dès lors qu'elle permettait de payer beaucoup moins de taxes et que le gouvernement augmentait le malus année après année. » Fiscalité moins incitative qu'au Gabon Mais pour l'instant, au Cameroun, cette fiscalité forestière n'est pas très incitative, constate Alain Karsenty. Basé sur la valeur du bois abattu - et non sur la superficie, comme c'est le cas au Gabon -, le bonus-malus forestier fait l'objet de tiraillements au sein du gouvernement. « Il y a une opposition entre le ministère des Finances, qui y est assez favorable parce qu'il pense que cela améliorera l'image du pays, et le ministère des Forêts, qui est lui très opposé à cette mesure parce qu'il considère qu'elle va surtout profiter aux entreprises étrangères qui ont plus de moyens, la certification ayant un certain coût. » Vers un fonds pour les entreprises locales Soutenue par la Banque mondiale, l'idée de créer un fonds destiné à aider les entreprises forestières locales à payer leur audit est sur la table. Pour l'heure, seules deux entreprises sont certifiées durables dans le pays : Palisco et Alpicam. Au Cameroun, le secteur forestier s'est fragmenté avec d'un côté de nombreux petits opérateurs camerounais ou vietnamiens, de l'autre des commerçants de bois qui n'ont aucune superficie forestière, ce qui ne facilite pas la traçabilité du produit. En dix ans, les surfaces d'exploitation forestière certifiées durables y ont par ailleurs reculé à moins d'un million d'hectares contre près de trois millions au Congo-Brazzaville ou au Gabon, selon les données de l'Association technique internationale des bois tropicaux (ATIBT) pour l'année 2024. À lire aussiCameroun: comment l'exploitation forestière échappe au contrôle de l'Etat

    Les taxes américaines poussent l'Afrique du Sud à revoir ses règles sur la concurrence

    Play Episode Listen Later Sep 10, 2025 2:32


    L'Afrique du Sud n'a toujours pas obtenu d'accord avec Washington, et ses exportateurs subissent les 30% de droits de douane américains. Pour limiter l'impact, le gouvernement mise sur la diversification des marchés et propose d'assouplir les règles de concurrence afin de permettre aux entreprises de collaborer à l'export. Les 30 % de droits de douane américains poussent l'Afrique du Sud à diversifier ses exportations. Le département du commerce a mis en place un bureau d'assistance pour aider les entreprises à regarder vers de nouveaux marchés, en Asie ou au Moyen-Orient, explique Willem Van Der Spuy, directeur général des exportations. « Il y a un dicton qui dit : "Ne laissez jamais une bonne crise se perdre". Le gouvernement sud-africain travaille déjà depuis un certain temps à la diversification. Notre préoccupation aujourd'hui, c'est de l'accélérer. Cela veut dire se pencher sur des solutions qui, jusque-là, étaient en arrière-plan. Prendre des décisions que nous aurions peut-être dû prendre plus tôt… » À la conquête de nouveaux marchés Parmi ces décisions, le département du Commerce propose une exemption sur les exportations – un amendement qui permettrait aux entreprises sud-africaines de collaborer sans enfreindre les lois sur la concurrence. « Nous avons des règles très strictes en matière de coopération entre entreprises, détaille Willem Van Der Spuy. Nous avons donc décidé que, pour aider réellement les entreprises à pénétrer les marchés internationaux – en particulier si elles doivent pénétrer de nouveaux marchés, il serait plus facile de les laisser collaborer. Pour partager les informations, réfléchir à des infrastructures communes pour les exportations, expédier certains produits ensemble. Cela nous permettra d'être plus compétitifs. De réaliser des économies d'échelle aussi, parce qu'il pourrait y avoir une commande importante qui ne pourrait être honorée par une seule entreprise, mais plutôt par deux ou trois. » À lire aussiDroits de douane américains : les pays et les producteurs d'Afrique craignent les conséquences Pour comprendre l'impact de cette exemption, direction la fédération des entreprises de la sidérurgie. Un secteur qui emploie des centaines de milliers de personnes, moteur de l'économie sud-africaine, particulièrement touché par ces nouvelles taxes. « Sur les 1 300 entreprises que l'on représente, la moitié a répondu à notre enquête. Voici le résultat : 50 % de ces entreprises sont affectées par les droits de douanes, directement ou indirectement », explique Tafadzwa Chibanguza est le président de la fédération SEIFSA. Alléger les règles pour renforcer la compétitivité Ce projet d'exemption est une bonne initiative, selon elle, même si « ça aurait déjà dû être la norme – notre façon de faire du commerce. Le problème de l'Afrique du Sud, c'est que nous sommes toujours guidés par des événements, on réagit à des urgences. Et on voit que notre droit de la concurrence a tendance à trop privilégier la législation, plutôt que de s'intéresser vraiment à notre compétitivité. Je sais que la frontière est très floue. Parce que pour créer de la concurrence dans l'économie, oui, il faut sûrement empêcher les monopoles, avec des lois. Mais l'accent devrait être mis sur notre compétitivité réelle plus que sur une législation stricte. Donc oui, il faut laisser les concurrents collaborer ! » Mais le processus législatif risque d'être long. En attendant, le gouvernement travaille à un paquet d'aides économiques pour les petites entreprises. Et espère toujours conclure un accord avec Washington.

    Grand barrage de la Renaissance: des revenus d'un milliard de dollars par an pour l'Éthiopie?

    Play Episode Listen Later Sep 8, 2025 2:23


    L'Éthiopie inaugure aujourd'hui son mégabarrage avec plusieurs années de retard. Le barrage de la Renaissance qui a coûté plusieurs milliards de dollars, auto-financé, a une capacité de production de 5 000 mégawatts. C'est le plus puissant du continent, ce qui fait espérer un développement de l'électrification dans le pays, mais également des revenus importants pour l'État. Abiy Ahmed, dans une interview télévisée la semaine dernière, a déclaré qu'il pourrait rapporter 1 milliard de dollars annuel à l'économie du pays. Une déclaration qui a attiré l'attention des observateurs. Biruk Heregu est enseignant-chercheur spécialiste des questions politiques et économiques éthiopiennes : « Savoir combien ces exportations vont permettre de rapporter de devises étrangères est incertain. Par exemple, l'autorité en charge de l'électricité en Éthiopie a établi des prévisions selon lesquelles, pour la dernière année fiscale, les exportations d'électricité ont rapporté environ 100 millions de dollars. Pour l'année fiscale en cours, les estimations sont d'environ 118 millions, et pour celle à venir, elles prévoient des revenus d'environ 300 millions de dollars. » Selon la communication officielle, seul le surplus de production devrait être exporté. Mais pour Tsegay Tekleselassie, économiste au Wellesley College à Boston, il est probable que les autorités se concentrent sur les exportations. Du courant éthiopien part déjà vers le Kenya, Djibouti, le Soudan et depuis peu la Tanzanie. Addis-Abeba affiche d'ailleurs sa volonté de faire de l'Éthiopie un hub énergétique en Afrique. « L'Éthiopie présente un très grand déficit en offre d'électricité. Environ 40 % des Éthiopiens n'ont pas accès au courant, et ceux connectés ont des problèmes de coupures », analyse l'économiste. Il y a donc une forte demande non satisfaite. « Malgré cela, l'Éthiopie aspire à exporter vers les pays voisins parce qu'elle a vraiment besoin de devises étrangères. De plus, en fournissant ses voisins, cela donne à l'Éthiopie un certain pouvoir de négociation politique », poursuit Tsegay Tekleselassie. Fiabilité des données ? 1 milliard de dollars, un montant sans doute surévalué qui pose une nouvelle fois la question de la fiabilité des statistiques en Éthiopie met en exergue Biruk Heregu : « L'un des défis auxquels le régime d'Abiy Ahmed a été confronté ces dernières années concerne les questions relatives aux données économiques. Les statistiques économiques ont fait l'objet d'un examen minutieux et d'une remise en question, non seulement de la part d'experts éthiopiens et étrangers, mais aussi des institutions comme la Banque mondiale qui ont commencé à remettre en question les données économiques émanant de ce régime. » Si Addis-Abeba se dote ainsi d'une importante capacité de production, les experts s'accordent pour dire que la situation ne devrait pas changer de manière radicale pour les Éthiopiens dans l'immédiat. Le réseau national vétuste nécessite de gros investissements afin de distribuer le courant produit. À écouter aussi«Projet structurant pour l'avenir de l'Éthiopie», le barrage de la Renaissance est terminé

    Décollage de l'énergie solaire en Afrique, la preuve par la hausse des importations

    Play Episode Listen Later Sep 7, 2025 2:17


    L'Afrique a importé l'équivalent de 15 000 mégawatts de panneaux solaires entre juillet 2024 et juin 2025, soit la puissance de dix réacteurs nucléaires. C'est une augmentation de 60 % en un an. Si l'on exclut l'Afrique du Sud, les importations africaines de panneaux photovoltaïques ont même doublé en deux ans. La preuve, selon le groupe d'études Ember, d'un décollage de l'énergie solaire sur tout le continent. L'étude est basée sur les chiffres des douanes chinoises – la Chine étant le principal fournisseur de panneaux solaires à l'Afrique. Et la hausse est spectaculaire. « L'Algérie a multiplié par 33 ses importations de panneaux solaires en un an, observe Dave Jones, analyste en chef chez Ember. C'est le troisième pays à en importer le plus, après l'Afrique du Sud et le Nigeria. Les importations de panneaux solaires de la Zambie ont été multipliées par huit en douze mois, celles du Botswana par sept, celles du Soudan par six et celles du Nigeria, de la RDC et du Bénin ont plus que triplé. » La moitié des besoins en électricité du Tchad Les panneaux solaires importés par exemple au Tchad en un an permettraient, une fois installés, de produire la moitié de l'électricité totale du pays. Une augmentation de l'offre de courant en perspective en Afrique, mais aussi une baisse potentielle des prix. « Maintenant que le prix d'un panneau solaire n'est plus que d'environ 60 dollars au Nigeria, de l'électricité, souligne Dave Jones, les économies réalisées en évitant le diesel peuvent rembourser le coût d'un panneau solaire en six mois, et même moins dans d'autres pays. » La grande majorité des panneaux, 16 000 gigawatts, est jusqu'à présent destinée à des centrales solaires reliées au réseau, d'après les images satellites consultées par Ember. Mais l'usage décentralisé, 6 000 gigawatts pour l'instant, grandit aussi. « Ce sont des entreprises ou des industries, en site isolé ou pas, qui vont être le client unique privé de l'installation, explique Gilles Parmentier, PDG d'Africa REN, un opérateur du secteur. Ça peut être des panneaux solaires installés sur la toiture de supermarchés ou d'usines, ça peut être une centrale solaire installée pour une mine. La dernière catégorie, ce sont des villages isolés sur lesquels certains opérateurs proposent des kits solaires à l'échelle domestique. » Développer le stockage Le solaire se déploie en Afrique, ce qui imposera de relever le défi de l'intermittence de cette énergie. « Le prochain enjeu, estime Gilles Parmentier, c'est d'arriver à développer des projets de stockage, comme celui qu'on a fait au Sénégal, Walo Storage, pour permettre aux sociétés d'électricité de stabiliser leurs réseaux et également de pouvoir différer la production solaire, de la journée vers la soirée. Sinon, on va se retrouver avec des pays qui vont être en surproduction solaire la journée et en déficit le soir, alors que c'est le moment où il y a le plus de consommation. » L'autre défi pour accompagner les besoins en centrales solaires en Afrique, sera le développement des réseaux électriques. À lire aussiBénin: lancement de la construction de quatre centrales photovoltaïques

    En Tunisie, les touristes européens sont de retour

    Play Episode Listen Later Sep 4, 2025 2:19


    En Tunisie, les professionnels du tourisme sont satisfaits de la saison qui s'achève. Selon les chiffres de fin juillet, la progression des arrivées est en hausse de 10%, le nombre de nuités hôtelières de 7% avec une augmentation des recettes touristiques de 8%. Mais le secteur fait face à de nombreux défis, notamment dans l'hôtellerie, alors que d'autres types d'offres touristiques émergent. De notre correspondante à Tunis, Dans la médina de Tunis, le brouhaha des souks témoigne de l'activité constante cet été. Non loin des commerces, l'entrepreneur Lotfi Hamadi a lancé plusieurs projets locatifs dans une partie plus calme de la Médina. Il mise sur la montée en gamme du logement dans la vieille ville, classée au patrimoine mondial de l'Unesco. « J'ai commencé par prendre des logements que je mets en location sur des plateformes de location en courte, moyenne et longue durée. Cela permet aussi d'avoir cette vitrine pour attirer d'autres personnes dans la Médina », explique-t-il. Une stratégie qui « marche » car de plus en plus en plus contacté par des personnes « qui me proposent maintenant de les accompagner dans leurs projets » ou bien qui souhaitaient investir mais « qui ne savaient pas trop où et qui seraient [désormais] intéressés à venir dans la médina. » Alors que parallèlement, plusieurs hôtels de charme et de luxe ouvrent leurs portes dans la Médina, Lotfi Hamadi explique ce regain d'intérêt par le désir d'un tourisme différent. « C'est un autre tourisme, c'est un tourisme qui est curieux », analyse-t-il. « Beaucoup de ceux qui viennent là étaient avant à Hammamet ou bien à la Marsa, etc. C'est-à-dire qu'ils sont en demande de plages, mais ils voudraient aussi avoir une petite touche d'authenticité », détaille l'entrepreneur. À lire aussiLes délices du continent : en Tunisie, le mleoui est une institution de la street food [4/10] Des besoins en personnel Dorra Milad, présidente de la fédération de l'hôtellerie, annonce de son côté une saison correcte dans un secteur hôtelier qui a du mal à se remettre sur pied depuis la pandémie. « Les marchés européens confirment en 2025 le retour vers la Tunisie avec une progression assez importante, en particulier pour le marché britannique avec, sur les six premiers mois de l'année, une hausse de 48% au niveau des entrées et des arrivées. Le marché italien aussi, on a observé une hausse de 22% », présente-t-elle. Le secteur fait pourtant face à plusieurs défis, le départ massif de la main d'œuvre à l'étranger par exemple ou encore un manque d'attrait pour les métiers du tertiaire. « Pour faire face à ces défis, nous avons créé récemment l'unité d'appui à la formation et à l'employabilité. En collaboration avec le ministère de la formation professionnelle, de l'emploi et de la coopération internationale, nous avons mis en place des programmes de formation courte adaptés aux besoins urgents de l'hôtellerie, surtout dans les métiers de base qui sont aujourd'hui moins attractifs pour les nouvelles générations », explique Dorra Milad. Pour l'arrière-saison qui démarre en automne, l'hôtellerie recherche toujours du personnel et propose même des programmes de reconversion pour les jeunes chômeurs.  À lire aussiTunisie: les maisons d'hôtes attendent un cahier des charges en phase avec l'évolution du tourisme

    Comores: Moroni veut accélérer le développement de son secteur privé

    Play Episode Listen Later Sep 3, 2025 2:20


    Alors que le secteur productif est à la peine aux Comores, comment faire en sorte de développer « l'État investisseur » dans l'archipel ? Face à ce problème, acteurs publics, banques et régulateurs s'accordent sur un même constat : sans financements adaptés ni infrastructures de base, le secteur privé restera fragile. Pour tenter de le renforcer, un certain nombres d'initiatives commencent donc à voir le jour. Objectif : créer dans le pays un climat d'affaires plus favorable. Avec notre correspondant à Moroni, Alors que de nombreux entrepreneurs comoriens déplorent la fuite de capitaux hors de l'archipel en raison de l'obtention de marchés publics nationaux par des entreprises étrangères, Saadi Maoulida, qui est membre de l'Autorité de régulation des marchés publics, affirme être à la recherche de solutions : « Nous avons entrepris des échanges avec la chambre de commerce ainsi qu'avec le gouvernement pour intégrer de nouvelles directives qui vont encourager les petites et moyennes entreprises à se regrouper. Objectif : concurrencer les expertises étrangères pour que la gestion des contrats publics soit effective au niveau national ». « Beaucoup d'entrepreneurs n'ont pas connaissance des règlements en matière de passation des marchés publics. C'est pour cette raison qu'aujourd'hui, ils n'arrivent pas à être compétitifs sur le créneau », ajoute-t-il. Lors du dernier dialogue en date entre le secteur public et le secteur privé, « le gouvernement a appelé au respect des règlementations nationales […]. Nous avons lancé des mesures de sensibilisation aux acteurs de la commande publique pour qu'ils s'y conforment. » À lire aussiComores : « Investir aujourd'hui, transformer demain », le salon des entreprises BIK 2025 s'ouvre à Moroni « Là où on rencontre le plus d'obstacles, c'est au niveau de l'acheminement de nos matériaux » À ce problème s'ajoute celui de l'insularité des Comores ainsi que toute une série d'autres difficultés comme le manque d'infrastructures de transports dans le pays. « Là où on a le plus d'obstacles, c'est au niveau de l'acheminement de nos matériaux, comme quand on a passé une commande et qu'on nous dit que le bateau arrivera à telle date mais que finalement, il n'arrive pas... », illustre ainsi Moinahadidja Hachim, le responsable de Locakom qui s'apprête à ouvrir une société familiale de location d'outils de bricolage et de jardinage. Face à ces défis, de nouvelles initiatives sont mises en place pour tenter de soutenir les jeunes entrepreneurs. « Actuellement, nous avons par exemple le réseau Komsae dont la mise en place va permettre à ces derniers de se rapprocher de différentes structures en fonction de leurs besoins », explique ainsi Nadjwa Saïd Mohamed Djalim, assistante de direction chez Innov'Lab, le premier incubateur comorien qui est à l'origine de Komsae. « Ces initiatives doivent permettre de promouvoir une culture entrepreneuriale et l'entrepreneuriat collectif » aux Comores, poursuit celle-ci. Objectif : « Faire travailler ensemble ces jeunes entrepreneurs, créer entre eux un esprit d'équipe et de collaboration ». En dépit du tarif des stands jugé trop cher, le dernier Salon des entreprises comoriennes a toutefois permis des rencontres pour tenter de rapprocher les acteurs du secteur public et du secteur privé. À lire aussiComores : la diaspora, un pilier vital de l'économie nationale pendant le ramadan

    Sécurité alimentaire: la stratégie agricole de l'Éthiopie face au défi climatique

    Play Episode Listen Later Sep 2, 2025 2:27


    Ces dernières années, l'Éthiopie a investi massivement dans son secteur agricole, via divers programmes dédiés. Son but est d'assurer la sécurité alimentaire de ses 130 millions d'habitants. Mais à l'aune du changement climatique qui bouleverse le pays, la stratégie des autorités est-elle adaptée ? D'après le Programme alimentaire mondial, en 2024, plus de 10 millions de personnes en Éthiopie étaient en situation d'insécurité alimentaire. Ces dernières années pourtant, le pays a multiplié les investissements dans le secteur agricole, pour augmenter la production et garantir à tous l'accès à l'alimentation. Degefie Tebebe, chercheur au sein du Centre international d'agriculture tropicale (CIAT), explique : « Les groupements de fermes sont un système récemment utilisé par le gouvernement pour étendre et mieux commercialiser les produits agricoles. Ce système permet de regrouper les fermiers et leurs terres, afin de conjuguer leurs pratiques et d'accéder aux crédits. C'est une façon de passer de l'agriculture de subsistance à une agriculture commerciale. » L'élevage peu adapté au changement climatique Autre programme défendu par les autorités, le projet « Yelemat Tirufat », soit « Le généreux panier » en français. Lancé en 2022, son objectif est d'accroître la production dans le secteur de l'élevage. Et avec 10 milliards de litres de lait produits en 2023, soit le double de l'année précédente, le programme est un succès pour les autorités. Mais selon Ivica Petrikova, chercheuse au Royal Holloway de l'université de Londres, cette stratégie est loin d'être idéale : « L'initiative, qui promeut plus de ressources animales, cela peut être bien en termes de nutrition, alors que le taux de malnutrition en Éthiopie est très élevé. Mais cela n'est pas très adapté au changement climatique. Encourager l'élevage bovin notamment n'est pas vraiment durable, car le bétail n'est pas résistant face à la chaleur et à la sécheresse. » Le pari du blé dans les régions désertiques Depuis 2019 aussi, l'État consacre des millions de birrs au développement du blé. Avec sept millions et demi de tonnes récoltées pour la saison 2023-2024 selon la Banque africaine de développement, l'Éthiopie en est aujourd'hui le plus grand producteur d'Afrique subsaharienne. Mais là encore, alors que les températures augmentent, cette politique pose question. Jérémy Denieulle, chercheur en géopolitique spécialisé dans les céréales, souligne que « les investissements sont vraiment localisés dans la région Somali, à l'extrême-est du pays, une région plus plate, désertique, où on peut faire du blé sous irrigation en utilisant la nappe phréatique. L'objectif, c'est de créer des grandes exploitations de blé dans cette région-là. Mais ce n'est vraiment pas durable comme solution, surtout dans une perspective de réchauffement du climat ». Aujourd'hui, en Éthiopie, seul 5% du blé est produit via l'irrigation. À lire aussiCameroun: un demi-million de personnes risquent de se retrouver sans aide alimentaire, alerte le PAM

    Cameroun: l'envolée des prix du cacao attire les jeunes dans la culture

    Play Episode Listen Later Sep 1, 2025 2:08


    Le cacao camerounais connaît un essor remarquable, porté par une hausse exponentielle des prix. Ils sont passés du simple au quintuple en l'espace de deux saisons. Une envolée principalement due à la diminution des récoltes des grands pays producteurs, la Côte d'Ivoire et le Ghana. Mieux payé au Cameroun que dans ces deux derniers pays, « l'or brun » attire désormais de nombreux jeunes Camerounais, qui se lancent dans cette culture. De notre correspondant à Yaoundé, Une foire dédiée au cacao est organisée dans la cour du Musée national à Yaoundé. Henry est venu se renseigner : motivé par le prix du kilo de fèves, en moyenne 5 000 francs CFA (soit 7,62 euros), au cours de la dernière campagne, ce jeune Camerounais va se lancer dans la culture. « Autour de nous, nous avons vu les prix grimper, observe-t-il. Les prix sont partis de 1 500 à 5 000 et poussière. Désormais, nous pourrons faire une vie avec le cacao, ce qui fait notre source de motivation. Je voudrais développer cinq hectares et voir par la suite comment continuer parce que des espaces, nous en avons assez », explique-t-il. Demande de semences de cacao décuplée Comme lui, des centaines de jeunes acquièrent des terres dans les villages et achètent des plants de cacao par milliers. Dans les pépinières, la demande a grimpé en flèche. « Nous faisons dix fois plus de semences de cacao qu'avant, dix fois plus ! La demande est extrêmement forte, constate Rostand, qui possède une pépinière près de Yaoundé. Est-ce qu'on peut dire que pour les pépiniéristes il y a aussi une embellie ? La demande en plants de cacao a grimpé, il est vrai, mais c'est au détriment aussi d'autres semences. Sinon, on se fait du chiffre, nous sommes contents, mais ça ne suffit pas. » À lire aussiGhana: une hausse du prix du cacao pour les producteurs en trompe-l'œil Une tendance durable, selon la Sodecao Le système libéral pratiqué au Cameroun a favorisé plus qu'ailleurs la flambée des prix du cacao dans le pays et l'opérateur étatique encadrant les producteurs, la Société de développement du cacao, est optimiste pour la suite. « Je ne peux pas prédire l'avenir, mais je pense qu'il s'agit de quelque chose de durable et de sérieux, juge Jean-Claude Eko'o Akouafane, directeur général de la Sodecao. Les prix ne sont pas près de baisser. De toute façon, depuis que ce phénomène s'est déclenché, nous avons observé sa vigueur et que cette embellie ne pourra que s'améliorer par la suite. Le cacao continue à aider le pays à développer ses campagnes de plus en plus. » La nouvelle campagne cacaoyère a débuté au début du mois d'août. Le Cameroun a produit 309 000 tonnes de cacao en 2023-2024, encore loin des 640 000 tonnes visées par l'État. À lire aussiSur les pistes du trafic de cacao

    La restriction des activités des étrangers en Tanzanie fait des remous au Kenya

    Play Episode Listen Later Aug 31, 2025 2:22


    La Tanzanie a annoncé fin juillet une interdiction pour les ressortissants étrangers de posséder ou gérer des entreprises dans plusieurs secteurs. La directive provoque un tollé chez son voisin, le Kenya. Alors que Dodoma dit vouloir défendre ses intérêts économiques, Nairobi estime que cette nouvelle mesure va à l'encontre des principes de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, dont les deux pays sont membres. Salons de beauté, boutiques de souvenirs, transferts de monnaie sur mobile : en tout, 15 secteurs sont concernés par cette nouvelle directive en Tanzanie. Elle vise à protéger les Tanzaniens de la compétition étrangère. Mais elle provoque la grogne du voisin kényan. L'Association des conducteurs du Kenya dit avoir reçu des appels inquiets, notamment de la part des guides touristiques : « Ils font partie de la liste des emplois désormais interdits pour les étrangers, précise Peter Murima, président de cette association professionnelle. Or, nous avons beaucoup de guides qui travaillent autour de la frontière, dans les parcs de Serengeti en Tanzanie ou Amboseli au Kenya. Dans le secteur du transport aussi, nous avons eu des retours de membres qui dénoncent le fait d'avoir déjà été visés par des contrôles superflus de la part des forces de l'ordre. » Frein aux investissements en Tanzanie ? Au-delà des petits entrepreneurs kényans, les conséquences de cette mesure pourraient être plus larges. « C'est le signal qu'envoie cette nouvelle mesure qui est très important, souligne James Shikwati, directeur de l'Inter Region Economic Network, un think tank économique basé à Nairobi. Ce sont les petites entreprises qui sont visées, mais les grandes compagnies observent tout cela et s'en inquiètent. La confiance s'érode et cela pourrait freiner les investissements du Kenya vers la Tanzanie. » Décision politique Cet économiste y voit aussi une décision politique, avant les élections d'octobre prochain en Tanzanie. Les autorités kényanes, elles, ont dénoncé une mesure qui va à l'encontre de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) et de son Protocole de marché commun. Nairobi a toutefois assuré ne pas réciproquer pour l'instant, pour donner une chance au dialogue. « Rivalité par intermittence » Avec le Kenya, qui se plaint aussi de frais de visas pour ses ressortissants souhaitant faire du business en Tanzanie, les tensions ne sont pas nouvelles. « Le Kenya et la Tanzanie ont toujours entretenu une sorte de rivalité par intermittence, rappelle James Shikwati. La Tanzanie a eu un président radical, Magufuli, qui était davantage tourné vers l'intérieur dans ses politiques économiques. Il a notamment chassé les investisseurs étrangers du secteur minier, de certains emplois. Or, son ancienne vice-présidente est la présidente actuelle. » L'EAC a rappelé dans un communiqué que les États partenaires du Protocole de marché commun s'étaient engagés à « promouvoir l'intégration régionale en supprimant les obstacles au commerce, aux services et aux investissements ».

    Tunisie: les maisons d'hôtes attendent un cahier des charges en phase avec l'évolution du tourisme

    Play Episode Listen Later Aug 28, 2025 2:22


    En Tunisie, les maisons d'hôtes se multiplient avec une progression de 10 % cette année, mais elles manquent encore d'un cahier des charges adapté. Sur les 2 000 maisons d'hôtes que compte le pays, seules 300 seraient aux normes. Un nouveau cahier des charges est en passe d'être voté au Parlement. Les professionnels du tourisme attendent ce nouveau cadre législatif depuis des années, les anciens textes étant peu adaptés à la nouvelle demande et à la diversification du secteur. Avec notre envoyée spéciale à Sidi Bouali, Dans cette maison d'hôtes de Dar Zitouna, dans la zone sahélienne de Sidi Bouali, à une vingtaine de kilomètres de Sousse, dans le Sahel tunisien, le concept est simple : une journée piscine à une vingtaine de dinars, des menus peu chers, une ferme pédagogique et des chambres minimalistes. « On a misé sur tout ce qui est verdure et le patrimoine local, explique Safouen Farouk, expert-comptable, qui a bâti cet « écolodge ». On a essayé de garder les oliviers parce qu'on a des arbres millénaires. On a essayé de faire des maisons écologiques à base de bois. » Lenteurs administratives Depuis une dizaine d'années, les maisons d'hôtes se multiplient en Tunisie, mais c'est souvent le parcours du combattant pour l'ouverture. « Au départ, c'était un peu difficile, surtout au niveau administratif, témoigne-t-il. Depuis 2012, j'ai déposé beaucoup de demandes pour avoir les autorisations. Heureusement, en 2018, il y a eu un changement radical dans le concept et dans les autorisations. Donc, on est passé du changement de vocation de terre agricole à un simple accord du ministère de l'Agriculture. Ce qui a facilité beaucoup l'autorisation et l'inauguration était en 2020. » Safouen Farouk espère que la nouvelle législation lui permettra d'augmenter sa capacité d'accueil et de servir de l'alcool, autant de demandes appuyées par la Fédération interprofessionnelle du tourisme. « Pour l'alcool, c'est tout à fait normal, estime Houssem Ben Azzouz, président de cette organisation sectorielle. Si on s'appelle hébergement alternatif touristique, on s'adresse à une clientèle nationale et internationale. C'est normal qu'il y ait des boissons alcooliques. Ce qu'on a demandé aussi, c'est peut-être augmenter un peu les capacités pour les maisons d'hôtes, au lieu d'uniquement cinq chambres, peut-être aller vers huit ou dix chambres. » Élargir l'offre touristique Cette nouvelle législation vient assouplir des dispositions anciennes compliquées votées en 2013 et 2017. Il y aura désormais quatre cahiers des charges, détaille ce responsable de la profession : « Un pour les maisons d'hôtes, qu'on appelle également chambres d'hôtes ici, un autre pour les gîtes ruraux, un cahier de charges pour les campings touristiques et un quatrième pour les relais touristiques, sortes de motels sur les grandes routes. » L'objectif est d'élargir l'offre touristique pour toutes les clientèles, notamment les Tunisiens de la classe moyenne, qui ne peuvent plus se permettre un séjour à l'hôtel. À lire aussiLa Tunisie et le Maroc connaissent une année touristique 2025 en demi-teinte

    Congo-Brazzaville: les autorités veulent développer la valorisation du bois

    Play Episode Listen Later Aug 27, 2025 2:22


    Au Congo-Brazzaville, le secteur du bois pèse moins de 6% dans le produit intérieur brut du pays, très loin derrière le pétrole. Les autorités de Brazzaville espèrent valoriser l'économie forestière par la transformation locale. De leur côté, les ONG demandent que le secteur devienne plus transparent. Acteur de la société civile, membre de la coalition Publiez ce que vous payez, Brice Mackosso surveille l'évolution de l'activité forestière en République du Congo. Selon lui les autorités de Brazzaville devraient renforcer la transparence du secteur du bois : « Il serait intéressant, par exemple, que le ministère de l'Économie forestière divulgue les critères techniques et financiers pour l'attribution des concessions forestières. Qu'il divulgue aussi les propriétaires réels des concessions forestières. Nous avons prévu aussi, dans notre secteur forestier, la mise en œuvre des cahiers des charges dont les communautés riveraines sont bénéficiaires. Il faudrait que le ministère travaille pour que ces cahiers des charges soient exécutés par les entreprises. » 300 essences exploitables La priorité du gouvernement est que les entreprises valorisent davantage le potentiel ligneux du pays. « [Il est] constitué de plus de 300 essences exploitables, capables de fournir annuellement 8,7 millions de m², souligne la ministre de l'Économie forestière Rosalie Matondo. Cependant, à ce jour, seuls 1,7 million de m² sont valorisés par nos sociétés forestières et nos artisans. Le travail qui nous attend est immense. » Transformation locale Analyste économique et financier, Alphonse Ndongo estime lui aussi que la place du bois pourrait grandir dans l'économie congolaise, qui reste une économie de rente : « Lorsqu'on regarde le tableau économique du Congo, le bois représente 5,6% du produit intérieur brut. Ce qui est quand même, à mon avis, assez faible, au regard de ce que ce secteur devrait occuper comme place de choix après le pétrole. C'est quelque chose qui doit contribuer, surtout dans le cadre de la diversification de l'économie. Ça devrait être, pour moi, plus important que ça. » Pour mieux valoriser le bois localement et créer des emplois, les autorités de Brazzaville ont décidé, début 2023, de ne plus exporter de bois en grumes. Pour l'heure, l'entreprise Likouala Timber affirme qu'elle transforme toute sa production localement, à savoir 150 000 m² l'an dernier sur son site de Bétou, dans le nord du Congo. À lire aussiCongo-Brazzaville: des défis et solutions pour préserver les forêts du pays

    Éthiopie: ces chantiers urbains qui laissent trop souvent de côté les communautés

    Play Episode Listen Later Aug 26, 2025 2:25


    En Éthiopie, le secteur du bâtiment est en plein boum et les autorités doivent répondre à un défi de taille : comment inclure les communautés dans la construction d'infrastructures ? À Addis-Abeba, le corridor suscite la controverse. Ce projet de développement urbain, qui a pour but de remplacer les habitations et commerces informels par des bâtiments et des avenues flambant neufs, a forcé des milliers de personnes à quitter leurs foyers du centre-ville. Dans la salle de conférences d'un salon dédié aux infrastructures en Afrique de l'Est, experts et professionnels du bâtiment débattent de l'inclusion des communautés dans les projets immobiliers. Consultante en développement urbain, Samrawit Yohannes Yoseph explique comment elle procède avant chaque nouveau chantier : « La première chose, c'est d'aller à la rencontre des communautés, aller là où ils vivent. Il faut expliquer le projet. Il faut identifier les choses dont elles manquent, et comment le projet peut leur être bénéfique. Si c'est un très gros chantier et que les résultats ne seront visibles que dans 10 ou 15 ans, il faut réfléchir à ce que vous pouvez faire aujourd'hui. » Population relogée dans des condominium D'après Samrawit Yohannes Yoseph, certaines infrastructures n'ont pas pu voir le jour en Éthiopie en raison de désaccords entre les promoteurs et les populations. Une décision rare, à l'échelle des milliers de personnes expropriées ces dernières années pour faire place au corridor dans la capitale. Bezawit Eshetu Gizaw, représentante de l'Éthiopie pour le réseau African Circular Economy Network, défend la construction des condominiums, ces grands ensembles érigés à l'extérieur d'Addis-Abeba pour reloger les personnes expulsées. « C'est vrai que la plupart des gens n'y vont pas par choix. Avant, il y avait des terrains et les gens pouvaient construire leur propre maison et faire ce qu'ils voulaient. Mais aujourd'hui, à cause de la pression démographique, la ville grandit vite. La réalité du terrain, c'est que vous devez trouver un endroit communautaire où partager des services. Les condominiums permettent cela », estime Bezawit Eshetu Gizaw.  Communautés expulsées en 72 heures Sara Kimani, du bureau d'Amnesty International en Afrique de l'Est, dénonce de son côté l'attitude des autorités à l'égard de la population. « Les communautés n'ont pas été consultées de manière adéquate. À la place, on leur a donné 72 heures pour quitter leur maison. Il est crucial de s'assurer que le projet inclut les communautés. Notre enquête montre que les enfants ont été expulsés de leurs écoles, les familles ont été plongées dans la grande pauvreté, laissées sans espoir. Il y a un devoir clair issu de la Convention de Kampala à ne pas créer de personnes déplacées, sous couvert de développement, rappelle-t-elle. Rien de tout ça n'a été respecté pour le corridor. » D'après Amnesty International, pour le seul mois de novembre 2024, au moins 872 personnes ont été expulsées de leur logement par la municipalité d'Addis-Abeba. À lire aussiEn Afrique de l'Ouest, un déficit de logements difficile à combler

    Ghana: la résurrection du marché de la fripe de Kantamanto, à Accra

    Play Episode Listen Later Aug 25, 2025 2:26


    Kantamanto est l'un des plus grands marchés de vêtements de seconde main du monde. En grande partie ravagé par un incendie en janvier, ce véritable poumon économique de la capitale du Ghana, Accra, a commencé à reprendre vie après une reconstruction express. Ce mardi 26 août, une cérémonie célèbre sa résurrection, mais les quelque 30 000 commerçants, eux, ont repris le travail il y a déjà plusieurs mois. Pour trouver la boutique de Bismarck Oppong, il faut déambuler quelques minutes dans la myriade d'allées que compte le marché de Kantamanto, réparties sur quatre hectares de marché de plein air à Accra, la capitale du Ghana. Voilà 14 ans que le commerçant s'est spécialisé dans la vente de jeans de seconde main. Une affaire littéralement partie en fumée il y a huit mois, lors de l'incendie de janvier 2025. « Quand le drame est survenu, nous n'avons rien pu faire. Mais après le désastre, on a pu rassembler quelques ressources, histoire de ne pas repartir de zéro. Maintenant, on espère juste pouvoir améliorer notre situation », se souvient Bismarck Oppong.  Plus de place mais moins de clients Plus de trois millions de dollars : c'est qu'a donné la fondation Or, une ONG qui travaille avec les commerçants de Kantamanto pour reconstruire le marché. Un travail titanesque réalisé en l'espace de deux à trois mois pour les échoppes. Les travaux sont toujours en cours pour l'électricité. De retour dans sa boutique, Bismarck Oppong est particulièrement satisfait du réaménagement des allées. « Je préfère largement l'agencement de ce marché comparé à l'ancien : les démarcations, par exemple. Avant, on n'avait pas beaucoup d'espace. Mais maintenant, on a beaucoup plus de place. Les tentures aussi, avant, elles étaient plus basses, mais on les a relevées », se réjouit-il. Un marché plus agréable et accessible mais qui attire cependant moins de clients. « Il y a moins de clients, parce qu'après qu'il a brûlé, ils ne savent pas que l'on a rouvert », constate Judith Djoka. Arrivée du Togo il y a sept ans pour travailler comme vendeuse de vestes et de vêtements professionnels, elle n'a jamais connu une affluence aussi faible. « C'est un peu compliqué, déplore-t-elle. On achète des produits, mais les clients n'achètent pas. On ne gagne pas comme avant. » La reconstruction en bois « n'est pas idéale » Pour la vendeuse, il faut impérativement faire de la publicité pour attirer, à nouveau, les clients à l'intérieur du marché – et ainsi pouvoir y écouler les 15 millions de vêtements d'occasion qui y arrivent chaque semaine. Une tâche qui incombe à la Kantamanto Obroniwawu Business Association (Koba), la nouvelle association des vendeurs de vêtements de seconde main de Kantamanto. Un autre enjeu demeure : celui de l'amélioration de la sécurité incendie. Si certains commerçants ont bel et bien reçu une formation ainsi que des extincteurs, les 5 000 boutiques du marché ont été reconstruites en bois. « C'est vrai que ce n'est pas l'idéal, reconnaît Manu Adutwum Atta, le secrétaire général de la Koba. C'est une mesure temporaire. Mais il s'agit du gagne-pain des gens ici. Si on avait attendu de construire des infrastructures permanentes, ils n'auraient pas pu survivre. Mais c'est quelque chose que nous avons en tête pour le futur. » L'association des commerçants se donne cinq ans pour réfléchir à une reconstruction du marché qui serait, elle, plus pérenne. À lire aussiLe Ghana devient le premier pays africain à garantir la traçabilité du bois exporté vers l'UE

    Jeux vidéo: à la Gamescom, les Africains veulent jouer dans la cour des grands

    Play Episode Listen Later Aug 24, 2025 2:22


    Plus grand salon du jeu vidéo au monde, la Gamescom de Cologne, en Allemagne, a attiré près de 300 000 personnes en cinq jours (20-24 août 2025). Ce fut l'occasion pour les professionnels, en particulier les rares studios africains, de rencontrer leur public mais aussi de trouver des financements, des éditeurs et de renforcer leurs réseaux. La Gamescom a accueilli cette année près de 1 500 professionnels du jeu vidéo. À côté des stands immenses occupés par les géants du secteur, il y avait aussi de nombreux petits studios indépendants venus du monde entier, mais seulement quatre du continent africain. « C'est la deuxième fois que nous venons à la Gamescom, témoigne Eyram Tawia, co-fondateur et PDG du studio ghanéen Leti Games. Cette année, nous voulons vraiment montrer à la communauté ce que l'Afrique a à offrir. Tous nos jeux mobiles se passent dans l'univers des légendes africaines, avec des super héros réels et fantastiques de tout le continent : Chaka Zoulou, des héros de la culture Masaï, du Ghana, de partout. » Jeu de lutte sénégalaise Les frères Kandji Mame Mor et Abdoulaye ont aussi fait le déplacement jusqu'en Allemagne. Eux viennent du Sénégal. Leur studio Amanirenas propose des expériences typiquement africaines comme Door Dan, un jeu vidéo sur la lutte sénégalaise. « C'est notre sport national, quand il y a un match, c'est comme si c'était la coupe du monde ! », s'enthousiasme Mame Mor Kandji, également président de la toute jeune Association des créateurs de jeux vidéo de la Teranga. Ils ne sont encore qu'une poignée de studios au Sénégal, mais les success stories existent. « Les jeunes commencent à s'intéresser au jeu vidéo, observe-t-il. Il y a un studio qui a sorti un jeu et il y a eu plus de 20 000 téléchargements en une semaine, alors que c'est studio composé d'une fille et d'un dessinateur ! Donc il y a vraiment de l'engouement. » À côté de sa carrière dans le jeu vidéo, Mame Mor Kandji est enseignant. Mais s'ils sont venus à Cologne, c'est pour trouver des partenaires. « Pour l'instant, au Sénégal, le jeu vidéo ne nourrit pas son homme, reconnaît-il. Mais comme le savoir-faire est là, nous nous sommes dit "pourquoi ne pas s'ouvrir ?" Nous sommes venus à la Gamescom pour échanger, voir comment bâtir un véritable écosystème. » Recherche investisseurs Même son de cloche du côté d'Eyram Tawia, convaincu lui aussi que l'avenir du jeu vidéo s'écrira aussi sur le continent. « Nous avons eu d'excellents retour sur nos jeux : avec les bons financements, on pourrait rivaliser avec les studios européens. Si un investisseur ou un studio étranger mettait de l'argent dans n'importe laquelle de nos licences, je suis sûr que ça marcherait. Et avec les revenus, on pourrait faire venir de nouveaux talents et combler notre déficit de compétences. » Pionniers dans le jeu sur mobile Face au manque d'infrastructures, d'ordinateurs et de consoles de jeu sur le continent, les studios misent principalement sur le mobile. Un marché en pleine croissance sur lequel les développeurs africains ont de l'avance. « Nous avons un coup à jouer parce que l'Afrique est très développée au niveau des technologies mobile, du mobile money..., souligne Abdoulaye Kandji. Par exemple, dans le jeu Door Dan, nous avons développé un véritable modèle économique avec les technologies autour du mobile money. Je pense que là-dessus, nous avons de l'avance. Il y a vraiment une mine d'or autour du jeu mobile avec toutes ses possibilités en termes de monétisation. » Ne reste plus qu'à convaincre institutions et investisseurs, localement ou à l'étranger. À lire aussiLa Gamescom: des participants africains au plus grand salon du jeu vidéo d'Europe

    Pour entreprendre en Afrique, la diaspora ne veut plus se lancer seule [5/5]

    Play Episode Listen Later Aug 21, 2025 2:26


    Entreprendre en Afrique quand on vit en Europe peut vite tourner au parcours d'obstacles. Pour éviter l'échec, de plus en plus de membres de la diaspora s'appuient sur des structures d'accompagnement comme des incubateurs. Un soutien devenu crucial. Zéphirin Jiogo a l'enthousiasme communicatif. « Voilà, j'ai 42 ans, je suis basé en région parisienne, employé dans une multinationale en charge de la transformation financière et investisseur à Douala et Yaoundé au Cameroun. » Il ne compte plus les allers-retours entre la France et son pays d'origine pour concrétiser ses ambitions entrepreneuriales. « C'est vraiment l'envie d'impacter. » C'est cette volonté qui l'a poussé à créer une application de mise en relation entre chauffeurs-livreurs et acteurs de l'e-commerce. Il va jusqu'à fournir des motos aux livreurs. Mais démarrer n'a pas été simple, comme il le raconte. « Beaucoup d'entrepreneurs vont vous parler de ressources, du manque de ressources. Moi, dans mon cas, je dirais, il y a d'abord un manque de cadre d'accompagnement. Il n'y a pas toujours les relais gouvernementaux qu'on va attendre. Il n'y a pas toujours la compétence. Aujourd'hui, c'est un pays qui est en train de se vider de ses talents qui vont au Canada, qui vont ailleurs. Moi, j'ai eu deux gérants très compétents qui ont dû quitter le pays du jour au lendemain pour des raisons personnelles. Ils sont là les premiers problèmes qu'on a avant le financement. Le financement reste un réel souci, mais avant ça, il y a d'autres problèmes qui sont encore plus importants. » L'accompagnement, levier de réussite Face à ces difficultés, il a décidé de se tourner vers un incubateur, une fois son projet mieux structuré. Une décision qui a tout changé, affirme-t-il. « Je vais être très clair, sans incubateur, tout ça aurait été impossible. On a pu lever des fonds assez conséquents qui nous permettent de financer l'activité et d'aller davantage plus loin. On a signé des partenariats stratégiques avec Spirou, qui est le géant indien de la moto électrique en Afrique. Le projet aujourd'hui a atteint un niveau de maturité qu'on n'aurait jamais atteint si on n'avait pas été accompagnés. » La diaspora africaine est aujourd'hui une cible de plus en plus stratégique pour les incubateurs et les bailleurs de fonds. Une évolution récente, selon Olivier Bossa, président du SIAD, une association de solidarité internationale qui accompagne les porteurs de projets via son incubateur Résonance Nord/Sud. « Je ne vais pas dire "maltraitée", mais elle était toujours considérée comme une statistique. Le plus souvent, on disait oui. L'envoi de la diaspora dépassait pratiquement l'aide au développement. Mais en fait, je pense que c'était une méconnaissance de cette cible. Et je pense que beaucoup d'États commencent par prendre conscience du potentiel de cette diaspora, qui n'est pas juste des investisseurs dans l'immobilier ou qui font juste des transferts d'argent, mais plutôt des entrepreneurs. Ce sont avant tout aussi des patriotes. Même s'ils ont vécu beaucoup plus de temps à l'extérieur, ils ont quand même envie de contribuer au développement de leur pays. Et c'est cette prise de conscience qu'il faut avoir pour mieux les accompagner. » Cette dynamique se reflète aussi dans les financements : la Banque africaine de développement consacre désormais 5 millions de dollars à un programme de soutien aux PME locales au Mali, au Togo et à Madagascar.  À lire aussiAu Mali, les entrepreneurs de la diaspora face à l'incertitude [3/5]

    Tunisie: la diaspora investit, mais reste frileuse face aux lourdeurs locales [4/5]

    Play Episode Listen Later Aug 20, 2025 2:23


    Avec l'été, les Tunisiens de l'étranger rentrent au pays. Leurs transferts représentent 6,5 % du PIB. Plus de la moitié d'entre eux investissent en Tunisie. Mais sur place, les obstacles à l'investissement et au retour restent nombreux. En Tunisie, la diaspora est au centre des discussions avec l'été et le retour des « TRE », les Tunisiens résidant à l'étranger pour les vacances. Sur les collines d'El Monchar, près de Hammamet, Sofien Grira, 40 ans, Tuniso-Français, a fait le choix du retour. « On est originaire du sud de la France et d'Antibes, c'est pour ça que la lavande et le terrain de pétanque, c'est important pour nous », explique-t-il en montrant son domaine. Installé depuis cinq ans, Sofien a transformé la villa de son frère en une demeure de luxe destinée à une clientèle haut de gamme. « Ce n'est pas assez mis en valeur. Je pense qu'on a réussi à créer quelque chose parce qu'il y a un petit engouement autour de notre villa Apolonya au niveau d'Instagram, des revues Google, d'Airbnb », décrit-il. Un exemple rare d'investissement productif dans le tourisme Ancien développeur informatique, spécialiste du marketing digital et de la finance, Sofien vivait à Dubaï avant de revenir investir en Tunisie. « Quand je vois que le Maroc avance, que la diaspora marocaine commence à investir et à faire des projets comme Apolonya là-bas… Quand je vois qu'en Grèce, ils sont sortis du tourisme de masse pour faire ça et que ça a cartonné, je me dis : si on ne montre pas l'exemple, il n'y a personne qui suivra. Donc, pourquoi ne pas le faire ? Pourquoi ne pas avancer ? Malgré les difficultés et les contraintes », affirme-t-il. Alpagas, poneys et paons peuplent aujourd'hui ce petit coin de paradis. Mais ce genre de projet reste l'exception. Nombreux sont les membres de la diaspora qui hésitent encore à investir. C'est ce que confirme le professeur Mustapha Kaanichee, expert en migration, lors du Tunisia Global Forum, le forum annuel sur la diaspora. « La plupart des investissements de la diaspora en Tunisie, je dirais que ce sont des investissements non productifs dans le secteur immobilier, dans la construction ou l'achat de maisons, et aussi dans l'agriculture. Et même dans l'agriculture, c'est l'achat de terrains agricoles plutôt que de projets agricoles », explique-t-il. Pour l'universitaire, les freins sont bien identifiés : « Quels sont les obstacles à l'investissement en Tunisie ? Il y a des obstacles essentiellement administratifs, la complexité administrative, l'environnement d'affaires qui n'est pas vraiment très favorable », souligne-t-il. Une réforme du Code des changes, l'instauration d'avantages pour favoriser une migration circulaire : ce sont, selon lui, des leviers nécessaires pour encourager les investissements et le retour des Tunisiens de l'étranger. Mais la réalité est encore loin des discours. Selon une étude présentée lors du forum, seulement 20% des TRE souhaitent rentrer au pays. Près de 60 % excluent cette possibilité.

    Au Mali, les entrepreneurs de la diaspora face à l'incertitude [3/5]

    Play Episode Listen Later Aug 19, 2025 2:25


    Très structurée, la diaspora malienne continue d'investir au pays malgré un climat politique et économique dégradé. Depuis les coups d'État de 2020 et 2021, de nombreux projets stagnent ou perdent en rentabilité. Rencontre avec deux entrepreneurs maliens de France qui tentent de garder le cap, entre lucidité et espoir. Djibril Maiga, entrepreneur malien basé en France, a longtemps cru dans le potentiel de l'immobilier haut de gamme à Bamako. Il y a investi dans plusieurs appartements de luxe qu'il considère aujourd'hui comme un capital mort : « Malheureusement, avec le départ des ONG et des expatriés de la Minusma, entre autres, on est obligés de fermer les appartements, de libérer le personnel » explique-t-il. « Financièrement, je regrette d'avoir investi au Mali. J'aurais plutôt visé d'autres capitales de la sous-région où il y a un certain dynamisme économique. » Dans un tout autre secteur, Raky Keita tient encore bon. À Bamako, elle gère un magasin de puériculture et un SPA capillaire. Ses activités tournent au ralenti, mais elles tiennent. « Les affaires ne vont pas au même rythme qu'avant, mais ça continue de fonctionner », assure-t-elle. Secrétaire générale du Club des entrepreneurs maliens de France, elle observe toutefois une dégradation nette de l'environnement économique : « Clairement, c'est très difficile. Beaucoup de connaissances et d'entrepreneurs qui avaient des salaires confortables se retrouvent au chômage. Certains ont quitté le pays, notamment ceux qui ont la double nationalité - France, États-Unis, Canada – ne serait-ce que pour assurer les frais de scolarité de leurs enfants. » Malgré tout, elle refuse de sombrer dans le pessimisme : « Il est bon pour tout entrepreneur, pour tout patriote, de garder espoir. De se dire que c'est une phase. Et d'ici là, on doit continuer à se positionner comme entrepreneurs. » De l'informel au formel : un pari sur la stabilité Au-delà de la crise politique et de l'insécurité, l'absence de cap économique clair complique la tâche des investisseurs : « On navigue à vue, sans aucune visibilité », résume Raky Keita. Pourtant, elle distingue une évolution positive dans le paysage entrepreneurial malien : la progression de la formalisation des entreprises. « De plus en plus d'entrepreneurs maliens quittent l'informel pour passer au formel. Une fois qu'on a créé sa société à Bamako, on est légitime, on peut exercer dans d'autres pays de la sous-région. » Et d'ajouter : « Cette légitimité est grandissante, et pour moi, c'est un vrai salut. » Un point crucial dans un pays où l'économie informelle représente encore 30 à 40 % du PIB, et où près de trois quarts des actifs évoluent hors du secteur formel, selon l'Organisation internationale du travail. À lire aussiMali: la diaspora face à la vie chère au pays

    La diaspora investit: au Cameroun, comment orienter les investisseurs de la diaspora?

    Play Episode Listen Later Aug 18, 2025 2:29


    Les membres de la diaspora camerounaise sont parmi les plus motivés à investir au pays. Pour les orienter au Cameroun et leur permettre d'éviter les pièges, des entreprises et des plateformes de conseil ont vu le jour. Son stand est très visité au salon de la diaspora camerounaise, près de Paris. Frank Kengné a investi dans le solaire au Cameroun. Il a aussi créé une plateforme de conseil, Diaspora Impact Business, et rédigé un guide, 55 idées de business. Il conseille à la diaspora camerounaise d'aller au-delà de ses investissements habituels. « Ou ils font de l'immobilier, ou ils sont dans l'agriculture ou les projets avicoles, constate l'entrepreneur. Pourtant, il y a beaucoup d'autres secteurs où il y a beaucoup de besoins, mais où il y a moins de monde. Par exemple, dans le traitement des déchets. L'énergie, je pense que si vous faites le tour, je suis le seul qui en parle. L'eau, il n'y a presque personne. Donc sur les besoins primaires, en fait, il y a beaucoup d'investisseurs qui ne s'y intéressent pas. » Tiers de confiance L'entrepreneur aide aussi les investisseurs dans le délicat suivi à distance. « On a tissé un réseau de partenaires, explique Frank Kengné, que ce soient des comptables, des notaires, des avocats. J'ai mes propres équipes sur place aussi, qui montent des projets, qui les suivent. On a essayé justement de tisser un réseau de tiers de confiance. » Des bureaux pour atterrir Fidéliser des équipes reste difficile, confie l'investisseur, et l'administratif au Cameroun est un défi pour les entrepreneurs de la diaspora. Pour leur faciliter la tâche, la société accélératrice d'entreprises Brain Booster leur réserve un espace dans ses locaux de Yaoundé. « C'est un service spécial qui permet justement à quelqu'un de la diaspora d'arriver au Cameroun avec sa valise, d'avoir un bureau, une interconnexion internet, l'électricité 24 heures sur 24, et aussi d'avoir toutes les informations nécessaires pour pouvoir ouvrir son entreprise, explique la co-fondatrice, Christelle Mekuate. Par exemple, que demande le guichet unique de création d'entreprise ? Si par exemple, j'ai un problème comptable, comment est-ce que je dois faire ? Quelles sont les aides de l'État à disposition pour la diaspora pour leur faciliter les importations ? » Un frein majeur Le principal frein aux investissements de la diaspora demeure cependant la non-reconnaissance par le Cameroun de la double nationalité, juge Rebecca Enongchong, qui a patiemment bâti le succès de sa société Appstech : « ll y a des personnes qui veulent investir au Cameroun et ils sont dans la loi comme des étrangers. Ils payent le visa pour aller investir. Ils n'ont pas le droit d'avoir du foncier, ils ne peuvent pas acheter un terrain à leur nom. Et donc, il y a encore ces freins institutionnels qui existent. Cette double nationalité, elle est vraiment importante si on veut que la diaspora revienne, si on veut qu'elle investisse. » Malgré son enthousiasme, la diaspora ne participe qu'à hauteur de 1,5% à la richesse du Cameroun, alors qu'au Sénégal, sa contribution est de 10%. À lire aussiLa diaspora investit: au Burkina Faso, Raïssa et Stéphane explorent la filière du beurre de karité

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