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Chaque jour sur RFI, vivez la mutation de l'économie africaine. Chefs d'entreprises, décideurs, africains de tous bords et de toute condition témoignent dans Afrique Economie, votre rendez-vous de l'Economie africaine sur RFI.  *** La chronique Afrique Economie diffusée le dimanche est remplacée pa…

Rfi - Loïcia Martial


    • Sep 10, 2025 LATEST EPISODE
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    Les taxes américaines poussent l'Afrique du Sud à revoir ses règles sur la concurrence

    Play Episode Listen Later Sep 10, 2025 2:32


    L'Afrique du Sud n'a toujours pas obtenu d'accord avec Washington, et ses exportateurs subissent les 30% de droits de douane américains. Pour limiter l'impact, le gouvernement mise sur la diversification des marchés et propose d'assouplir les règles de concurrence afin de permettre aux entreprises de collaborer à l'export. Les 30 % de droits de douane américains poussent l'Afrique du Sud à diversifier ses exportations. Le département du commerce a mis en place un bureau d'assistance pour aider les entreprises à regarder vers de nouveaux marchés, en Asie ou au Moyen-Orient, explique Willem Van Der Spuy, directeur général des exportations. « Il y a un dicton qui dit : "Ne laissez jamais une bonne crise se perdre". Le gouvernement sud-africain travaille déjà depuis un certain temps à la diversification. Notre préoccupation aujourd'hui, c'est de l'accélérer. Cela veut dire se pencher sur des solutions qui, jusque-là, étaient en arrière-plan. Prendre des décisions que nous aurions peut-être dû prendre plus tôt… » À la conquête de nouveaux marchés Parmi ces décisions, le département du Commerce propose une exemption sur les exportations – un amendement qui permettrait aux entreprises sud-africaines de collaborer sans enfreindre les lois sur la concurrence. « Nous avons des règles très strictes en matière de coopération entre entreprises, détaille Willem Van Der Spuy. Nous avons donc décidé que, pour aider réellement les entreprises à pénétrer les marchés internationaux – en particulier si elles doivent pénétrer de nouveaux marchés, il serait plus facile de les laisser collaborer. Pour partager les informations, réfléchir à des infrastructures communes pour les exportations, expédier certains produits ensemble. Cela nous permettra d'être plus compétitifs. De réaliser des économies d'échelle aussi, parce qu'il pourrait y avoir une commande importante qui ne pourrait être honorée par une seule entreprise, mais plutôt par deux ou trois. » À lire aussiDroits de douane américains : les pays et les producteurs d'Afrique craignent les conséquences Pour comprendre l'impact de cette exemption, direction la fédération des entreprises de la sidérurgie. Un secteur qui emploie des centaines de milliers de personnes, moteur de l'économie sud-africaine, particulièrement touché par ces nouvelles taxes. « Sur les 1 300 entreprises que l'on représente, la moitié a répondu à notre enquête. Voici le résultat : 50 % de ces entreprises sont affectées par les droits de douanes, directement ou indirectement », explique Tafadzwa Chibanguza est le président de la fédération SEIFSA. Alléger les règles pour renforcer la compétitivité Ce projet d'exemption est une bonne initiative, selon elle, même si « ça aurait déjà dû être la norme – notre façon de faire du commerce. Le problème de l'Afrique du Sud, c'est que nous sommes toujours guidés par des événements, on réagit à des urgences. Et on voit que notre droit de la concurrence a tendance à trop privilégier la législation, plutôt que de s'intéresser vraiment à notre compétitivité. Je sais que la frontière est très floue. Parce que pour créer de la concurrence dans l'économie, oui, il faut sûrement empêcher les monopoles, avec des lois. Mais l'accent devrait être mis sur notre compétitivité réelle plus que sur une législation stricte. Donc oui, il faut laisser les concurrents collaborer ! » Mais le processus législatif risque d'être long. En attendant, le gouvernement travaille à un paquet d'aides économiques pour les petites entreprises. Et espère toujours conclure un accord avec Washington.

    Grand barrage de la Renaissance: des revenus d'un milliard de dollars par an pour l'Éthiopie?

    Play Episode Listen Later Sep 8, 2025 2:23


    L'Éthiopie inaugure aujourd'hui son mégabarrage avec plusieurs années de retard. Le barrage de la Renaissance qui a coûté plusieurs milliards de dollars, auto-financé, a une capacité de production de 5 000 mégawatts. C'est le plus puissant du continent, ce qui fait espérer un développement de l'électrification dans le pays, mais également des revenus importants pour l'État. Abiy Ahmed, dans une interview télévisée la semaine dernière, a déclaré qu'il pourrait rapporter 1 milliard de dollars annuel à l'économie du pays. Une déclaration qui a attiré l'attention des observateurs. Biruk Heregu est enseignant-chercheur spécialiste des questions politiques et économiques éthiopiennes : « Savoir combien ces exportations vont permettre de rapporter de devises étrangères est incertain. Par exemple, l'autorité en charge de l'électricité en Éthiopie a établi des prévisions selon lesquelles, pour la dernière année fiscale, les exportations d'électricité ont rapporté environ 100 millions de dollars. Pour l'année fiscale en cours, les estimations sont d'environ 118 millions, et pour celle à venir, elles prévoient des revenus d'environ 300 millions de dollars. » Selon la communication officielle, seul le surplus de production devrait être exporté. Mais pour Tsegay Tekleselassie, économiste au Wellesley College à Boston, il est probable que les autorités se concentrent sur les exportations. Du courant éthiopien part déjà vers le Kenya, Djibouti, le Soudan et depuis peu la Tanzanie. Addis-Abeba affiche d'ailleurs sa volonté de faire de l'Éthiopie un hub énergétique en Afrique. « L'Éthiopie présente un très grand déficit en offre d'électricité. Environ 40 % des Éthiopiens n'ont pas accès au courant, et ceux connectés ont des problèmes de coupures », analyse l'économiste. Il y a donc une forte demande non satisfaite. « Malgré cela, l'Éthiopie aspire à exporter vers les pays voisins parce qu'elle a vraiment besoin de devises étrangères. De plus, en fournissant ses voisins, cela donne à l'Éthiopie un certain pouvoir de négociation politique », poursuit Tsegay Tekleselassie. Fiabilité des données ? 1 milliard de dollars, un montant sans doute surévalué qui pose une nouvelle fois la question de la fiabilité des statistiques en Éthiopie met en exergue Biruk Heregu : « L'un des défis auxquels le régime d'Abiy Ahmed a été confronté ces dernières années concerne les questions relatives aux données économiques. Les statistiques économiques ont fait l'objet d'un examen minutieux et d'une remise en question, non seulement de la part d'experts éthiopiens et étrangers, mais aussi des institutions comme la Banque mondiale qui ont commencé à remettre en question les données économiques émanant de ce régime. » Si Addis-Abeba se dote ainsi d'une importante capacité de production, les experts s'accordent pour dire que la situation ne devrait pas changer de manière radicale pour les Éthiopiens dans l'immédiat. Le réseau national vétuste nécessite de gros investissements afin de distribuer le courant produit. À écouter aussi«Projet structurant pour l'avenir de l'Éthiopie», le barrage de la Renaissance est terminé

    Décollage de l'énergie solaire en Afrique, la preuve par la hausse des importations

    Play Episode Listen Later Sep 7, 2025 2:17


    L'Afrique a importé l'équivalent de 15 000 mégawatts de panneaux solaires entre juillet 2024 et juin 2025, soit la puissance de dix réacteurs nucléaires. C'est une augmentation de 60 % en un an. Si l'on exclut l'Afrique du Sud, les importations africaines de panneaux photovoltaïques ont même doublé en deux ans. La preuve, selon le groupe d'études Ember, d'un décollage de l'énergie solaire sur tout le continent. L'étude est basée sur les chiffres des douanes chinoises – la Chine étant le principal fournisseur de panneaux solaires à l'Afrique. Et la hausse est spectaculaire. « L'Algérie a multiplié par 33 ses importations de panneaux solaires en un an, observe Dave Jones, analyste en chef chez Ember. C'est le troisième pays à en importer le plus, après l'Afrique du Sud et le Nigeria. Les importations de panneaux solaires de la Zambie ont été multipliées par huit en douze mois, celles du Botswana par sept, celles du Soudan par six et celles du Nigeria, de la RDC et du Bénin ont plus que triplé. » La moitié des besoins en électricité du Tchad Les panneaux solaires importés par exemple au Tchad en un an permettraient, une fois installés, de produire la moitié de l'électricité totale du pays. Une augmentation de l'offre de courant en perspective en Afrique, mais aussi une baisse potentielle des prix. « Maintenant que le prix d'un panneau solaire n'est plus que d'environ 60 dollars au Nigeria, de l'électricité, souligne Dave Jones, les économies réalisées en évitant le diesel peuvent rembourser le coût d'un panneau solaire en six mois, et même moins dans d'autres pays. » La grande majorité des panneaux, 16 000 gigawatts, est jusqu'à présent destinée à des centrales solaires reliées au réseau, d'après les images satellites consultées par Ember. Mais l'usage décentralisé, 6 000 gigawatts pour l'instant, grandit aussi. « Ce sont des entreprises ou des industries, en site isolé ou pas, qui vont être le client unique privé de l'installation, explique Gilles Parmentier, PDG d'Africa REN, un opérateur du secteur. Ça peut être des panneaux solaires installés sur la toiture de supermarchés ou d'usines, ça peut être une centrale solaire installée pour une mine. La dernière catégorie, ce sont des villages isolés sur lesquels certains opérateurs proposent des kits solaires à l'échelle domestique. » Développer le stockage Le solaire se déploie en Afrique, ce qui imposera de relever le défi de l'intermittence de cette énergie. « Le prochain enjeu, estime Gilles Parmentier, c'est d'arriver à développer des projets de stockage, comme celui qu'on a fait au Sénégal, Walo Storage, pour permettre aux sociétés d'électricité de stabiliser leurs réseaux et également de pouvoir différer la production solaire, de la journée vers la soirée. Sinon, on va se retrouver avec des pays qui vont être en surproduction solaire la journée et en déficit le soir, alors que c'est le moment où il y a le plus de consommation. » L'autre défi pour accompagner les besoins en centrales solaires en Afrique, sera le développement des réseaux électriques. À lire aussiBénin: lancement de la construction de quatre centrales photovoltaïques

    En Tunisie, les touristes européens sont de retour

    Play Episode Listen Later Sep 4, 2025 2:19


    En Tunisie, les professionnels du tourisme sont satisfaits de la saison qui s'achève. Selon les chiffres de fin juillet, la progression des arrivées est en hausse de 10%, le nombre de nuités hôtelières de 7% avec une augmentation des recettes touristiques de 8%. Mais le secteur fait face à de nombreux défis, notamment dans l'hôtellerie, alors que d'autres types d'offres touristiques émergent. De notre correspondante à Tunis, Dans la médina de Tunis, le brouhaha des souks témoigne de l'activité constante cet été. Non loin des commerces, l'entrepreneur Lotfi Hamadi a lancé plusieurs projets locatifs dans une partie plus calme de la Médina. Il mise sur la montée en gamme du logement dans la vieille ville, classée au patrimoine mondial de l'Unesco. « J'ai commencé par prendre des logements que je mets en location sur des plateformes de location en courte, moyenne et longue durée. Cela permet aussi d'avoir cette vitrine pour attirer d'autres personnes dans la Médina », explique-t-il. Une stratégie qui « marche » car de plus en plus en plus contacté par des personnes « qui me proposent maintenant de les accompagner dans leurs projets » ou bien qui souhaitaient investir mais « qui ne savaient pas trop où et qui seraient [désormais] intéressés à venir dans la médina. » Alors que parallèlement, plusieurs hôtels de charme et de luxe ouvrent leurs portes dans la Médina, Lotfi Hamadi explique ce regain d'intérêt par le désir d'un tourisme différent. « C'est un autre tourisme, c'est un tourisme qui est curieux », analyse-t-il. « Beaucoup de ceux qui viennent là étaient avant à Hammamet ou bien à la Marsa, etc. C'est-à-dire qu'ils sont en demande de plages, mais ils voudraient aussi avoir une petite touche d'authenticité », détaille l'entrepreneur. À lire aussiLes délices du continent : en Tunisie, le mleoui est une institution de la street food [4/10] Des besoins en personnel Dorra Milad, présidente de la fédération de l'hôtellerie, annonce de son côté une saison correcte dans un secteur hôtelier qui a du mal à se remettre sur pied depuis la pandémie. « Les marchés européens confirment en 2025 le retour vers la Tunisie avec une progression assez importante, en particulier pour le marché britannique avec, sur les six premiers mois de l'année, une hausse de 48% au niveau des entrées et des arrivées. Le marché italien aussi, on a observé une hausse de 22% », présente-t-elle. Le secteur fait pourtant face à plusieurs défis, le départ massif de la main d'œuvre à l'étranger par exemple ou encore un manque d'attrait pour les métiers du tertiaire. « Pour faire face à ces défis, nous avons créé récemment l'unité d'appui à la formation et à l'employabilité. En collaboration avec le ministère de la formation professionnelle, de l'emploi et de la coopération internationale, nous avons mis en place des programmes de formation courte adaptés aux besoins urgents de l'hôtellerie, surtout dans les métiers de base qui sont aujourd'hui moins attractifs pour les nouvelles générations », explique Dorra Milad. Pour l'arrière-saison qui démarre en automne, l'hôtellerie recherche toujours du personnel et propose même des programmes de reconversion pour les jeunes chômeurs.  À lire aussiTunisie: les maisons d'hôtes attendent un cahier des charges en phase avec l'évolution du tourisme

    Comores: Moroni veut accélérer le développement de son secteur privé

    Play Episode Listen Later Sep 3, 2025 2:20


    Alors que le secteur productif est à la peine aux Comores, comment faire en sorte de développer « l'État investisseur » dans l'archipel ? Face à ce problème, acteurs publics, banques et régulateurs s'accordent sur un même constat : sans financements adaptés ni infrastructures de base, le secteur privé restera fragile. Pour tenter de le renforcer, un certain nombres d'initiatives commencent donc à voir le jour. Objectif : créer dans le pays un climat d'affaires plus favorable. Avec notre correspondant à Moroni, Alors que de nombreux entrepreneurs comoriens déplorent la fuite de capitaux hors de l'archipel en raison de l'obtention de marchés publics nationaux par des entreprises étrangères, Saadi Maoulida, qui est membre de l'Autorité de régulation des marchés publics, affirme être à la recherche de solutions : « Nous avons entrepris des échanges avec la chambre de commerce ainsi qu'avec le gouvernement pour intégrer de nouvelles directives qui vont encourager les petites et moyennes entreprises à se regrouper. Objectif : concurrencer les expertises étrangères pour que la gestion des contrats publics soit effective au niveau national ». « Beaucoup d'entrepreneurs n'ont pas connaissance des règlements en matière de passation des marchés publics. C'est pour cette raison qu'aujourd'hui, ils n'arrivent pas à être compétitifs sur le créneau », ajoute-t-il. Lors du dernier dialogue en date entre le secteur public et le secteur privé, « le gouvernement a appelé au respect des règlementations nationales […]. Nous avons lancé des mesures de sensibilisation aux acteurs de la commande publique pour qu'ils s'y conforment. » À lire aussiComores : « Investir aujourd'hui, transformer demain », le salon des entreprises BIK 2025 s'ouvre à Moroni « Là où on rencontre le plus d'obstacles, c'est au niveau de l'acheminement de nos matériaux » À ce problème s'ajoute celui de l'insularité des Comores ainsi que toute une série d'autres difficultés comme le manque d'infrastructures de transports dans le pays. « Là où on a le plus d'obstacles, c'est au niveau de l'acheminement de nos matériaux, comme quand on a passé une commande et qu'on nous dit que le bateau arrivera à telle date mais que finalement, il n'arrive pas... », illustre ainsi Moinahadidja Hachim, le responsable de Locakom qui s'apprête à ouvrir une société familiale de location d'outils de bricolage et de jardinage. Face à ces défis, de nouvelles initiatives sont mises en place pour tenter de soutenir les jeunes entrepreneurs. « Actuellement, nous avons par exemple le réseau Komsae dont la mise en place va permettre à ces derniers de se rapprocher de différentes structures en fonction de leurs besoins », explique ainsi Nadjwa Saïd Mohamed Djalim, assistante de direction chez Innov'Lab, le premier incubateur comorien qui est à l'origine de Komsae. « Ces initiatives doivent permettre de promouvoir une culture entrepreneuriale et l'entrepreneuriat collectif » aux Comores, poursuit celle-ci. Objectif : « Faire travailler ensemble ces jeunes entrepreneurs, créer entre eux un esprit d'équipe et de collaboration ». En dépit du tarif des stands jugé trop cher, le dernier Salon des entreprises comoriennes a toutefois permis des rencontres pour tenter de rapprocher les acteurs du secteur public et du secteur privé. À lire aussiComores : la diaspora, un pilier vital de l'économie nationale pendant le ramadan

    Sécurité alimentaire: la stratégie agricole de l'Éthiopie face au défi climatique

    Play Episode Listen Later Sep 2, 2025 2:27


    Ces dernières années, l'Éthiopie a investi massivement dans son secteur agricole, via divers programmes dédiés. Son but est d'assurer la sécurité alimentaire de ses 130 millions d'habitants. Mais à l'aune du changement climatique qui bouleverse le pays, la stratégie des autorités est-elle adaptée ? D'après le Programme alimentaire mondial, en 2024, plus de 10 millions de personnes en Éthiopie étaient en situation d'insécurité alimentaire. Ces dernières années pourtant, le pays a multiplié les investissements dans le secteur agricole, pour augmenter la production et garantir à tous l'accès à l'alimentation. Degefie Tebebe, chercheur au sein du Centre international d'agriculture tropicale (CIAT), explique : « Les groupements de fermes sont un système récemment utilisé par le gouvernement pour étendre et mieux commercialiser les produits agricoles. Ce système permet de regrouper les fermiers et leurs terres, afin de conjuguer leurs pratiques et d'accéder aux crédits. C'est une façon de passer de l'agriculture de subsistance à une agriculture commerciale. » L'élevage peu adapté au changement climatique Autre programme défendu par les autorités, le projet « Yelemat Tirufat », soit « Le généreux panier » en français. Lancé en 2022, son objectif est d'accroître la production dans le secteur de l'élevage. Et avec 10 milliards de litres de lait produits en 2023, soit le double de l'année précédente, le programme est un succès pour les autorités. Mais selon Ivica Petrikova, chercheuse au Royal Holloway de l'université de Londres, cette stratégie est loin d'être idéale : « L'initiative, qui promeut plus de ressources animales, cela peut être bien en termes de nutrition, alors que le taux de malnutrition en Éthiopie est très élevé. Mais cela n'est pas très adapté au changement climatique. Encourager l'élevage bovin notamment n'est pas vraiment durable, car le bétail n'est pas résistant face à la chaleur et à la sécheresse. » Le pari du blé dans les régions désertiques Depuis 2019 aussi, l'État consacre des millions de birrs au développement du blé. Avec sept millions et demi de tonnes récoltées pour la saison 2023-2024 selon la Banque africaine de développement, l'Éthiopie en est aujourd'hui le plus grand producteur d'Afrique subsaharienne. Mais là encore, alors que les températures augmentent, cette politique pose question. Jérémy Denieulle, chercheur en géopolitique spécialisé dans les céréales, souligne que « les investissements sont vraiment localisés dans la région Somali, à l'extrême-est du pays, une région plus plate, désertique, où on peut faire du blé sous irrigation en utilisant la nappe phréatique. L'objectif, c'est de créer des grandes exploitations de blé dans cette région-là. Mais ce n'est vraiment pas durable comme solution, surtout dans une perspective de réchauffement du climat ». Aujourd'hui, en Éthiopie, seul 5% du blé est produit via l'irrigation. À lire aussiCameroun: un demi-million de personnes risquent de se retrouver sans aide alimentaire, alerte le PAM

    Cameroun: l'envolée des prix du cacao attire les jeunes dans la culture

    Play Episode Listen Later Sep 1, 2025 2:08


    Le cacao camerounais connaît un essor remarquable, porté par une hausse exponentielle des prix. Ils sont passés du simple au quintuple en l'espace de deux saisons. Une envolée principalement due à la diminution des récoltes des grands pays producteurs, la Côte d'Ivoire et le Ghana. Mieux payé au Cameroun que dans ces deux derniers pays, « l'or brun » attire désormais de nombreux jeunes Camerounais, qui se lancent dans cette culture. De notre correspondant à Yaoundé, Une foire dédiée au cacao est organisée dans la cour du Musée national à Yaoundé. Henry est venu se renseigner : motivé par le prix du kilo de fèves, en moyenne 5 000 francs CFA (soit 7,62 euros), au cours de la dernière campagne, ce jeune Camerounais va se lancer dans la culture. « Autour de nous, nous avons vu les prix grimper, observe-t-il. Les prix sont partis de 1 500 à 5 000 et poussière. Désormais, nous pourrons faire une vie avec le cacao, ce qui fait notre source de motivation. Je voudrais développer cinq hectares et voir par la suite comment continuer parce que des espaces, nous en avons assez », explique-t-il. Demande de semences de cacao décuplée Comme lui, des centaines de jeunes acquièrent des terres dans les villages et achètent des plants de cacao par milliers. Dans les pépinières, la demande a grimpé en flèche. « Nous faisons dix fois plus de semences de cacao qu'avant, dix fois plus ! La demande est extrêmement forte, constate Rostand, qui possède une pépinière près de Yaoundé. Est-ce qu'on peut dire que pour les pépiniéristes il y a aussi une embellie ? La demande en plants de cacao a grimpé, il est vrai, mais c'est au détriment aussi d'autres semences. Sinon, on se fait du chiffre, nous sommes contents, mais ça ne suffit pas. » À lire aussiGhana: une hausse du prix du cacao pour les producteurs en trompe-l'œil Une tendance durable, selon la Sodecao Le système libéral pratiqué au Cameroun a favorisé plus qu'ailleurs la flambée des prix du cacao dans le pays et l'opérateur étatique encadrant les producteurs, la Société de développement du cacao, est optimiste pour la suite. « Je ne peux pas prédire l'avenir, mais je pense qu'il s'agit de quelque chose de durable et de sérieux, juge Jean-Claude Eko'o Akouafane, directeur général de la Sodecao. Les prix ne sont pas près de baisser. De toute façon, depuis que ce phénomène s'est déclenché, nous avons observé sa vigueur et que cette embellie ne pourra que s'améliorer par la suite. Le cacao continue à aider le pays à développer ses campagnes de plus en plus. » La nouvelle campagne cacaoyère a débuté au début du mois d'août. Le Cameroun a produit 309 000 tonnes de cacao en 2023-2024, encore loin des 640 000 tonnes visées par l'État. À lire aussiSur les pistes du trafic de cacao

    La restriction des activités des étrangers en Tanzanie fait des remous au Kenya

    Play Episode Listen Later Aug 31, 2025 2:22


    La Tanzanie a annoncé fin juillet une interdiction pour les ressortissants étrangers de posséder ou gérer des entreprises dans plusieurs secteurs. La directive provoque un tollé chez son voisin, le Kenya. Alors que Dodoma dit vouloir défendre ses intérêts économiques, Nairobi estime que cette nouvelle mesure va à l'encontre des principes de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, dont les deux pays sont membres. Salons de beauté, boutiques de souvenirs, transferts de monnaie sur mobile : en tout, 15 secteurs sont concernés par cette nouvelle directive en Tanzanie. Elle vise à protéger les Tanzaniens de la compétition étrangère. Mais elle provoque la grogne du voisin kényan. L'Association des conducteurs du Kenya dit avoir reçu des appels inquiets, notamment de la part des guides touristiques : « Ils font partie de la liste des emplois désormais interdits pour les étrangers, précise Peter Murima, président de cette association professionnelle. Or, nous avons beaucoup de guides qui travaillent autour de la frontière, dans les parcs de Serengeti en Tanzanie ou Amboseli au Kenya. Dans le secteur du transport aussi, nous avons eu des retours de membres qui dénoncent le fait d'avoir déjà été visés par des contrôles superflus de la part des forces de l'ordre. » Frein aux investissements en Tanzanie ? Au-delà des petits entrepreneurs kényans, les conséquences de cette mesure pourraient être plus larges. « C'est le signal qu'envoie cette nouvelle mesure qui est très important, souligne James Shikwati, directeur de l'Inter Region Economic Network, un think tank économique basé à Nairobi. Ce sont les petites entreprises qui sont visées, mais les grandes compagnies observent tout cela et s'en inquiètent. La confiance s'érode et cela pourrait freiner les investissements du Kenya vers la Tanzanie. » Décision politique Cet économiste y voit aussi une décision politique, avant les élections d'octobre prochain en Tanzanie. Les autorités kényanes, elles, ont dénoncé une mesure qui va à l'encontre de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) et de son Protocole de marché commun. Nairobi a toutefois assuré ne pas réciproquer pour l'instant, pour donner une chance au dialogue. « Rivalité par intermittence » Avec le Kenya, qui se plaint aussi de frais de visas pour ses ressortissants souhaitant faire du business en Tanzanie, les tensions ne sont pas nouvelles. « Le Kenya et la Tanzanie ont toujours entretenu une sorte de rivalité par intermittence, rappelle James Shikwati. La Tanzanie a eu un président radical, Magufuli, qui était davantage tourné vers l'intérieur dans ses politiques économiques. Il a notamment chassé les investisseurs étrangers du secteur minier, de certains emplois. Or, son ancienne vice-présidente est la présidente actuelle. » L'EAC a rappelé dans un communiqué que les États partenaires du Protocole de marché commun s'étaient engagés à « promouvoir l'intégration régionale en supprimant les obstacles au commerce, aux services et aux investissements ».

    Tunisie: les maisons d'hôtes attendent un cahier des charges en phase avec l'évolution du tourisme

    Play Episode Listen Later Aug 28, 2025 2:22


    En Tunisie, les maisons d'hôtes se multiplient avec une progression de 10 % cette année, mais elles manquent encore d'un cahier des charges adapté. Sur les 2 000 maisons d'hôtes que compte le pays, seules 300 seraient aux normes. Un nouveau cahier des charges est en passe d'être voté au Parlement. Les professionnels du tourisme attendent ce nouveau cadre législatif depuis des années, les anciens textes étant peu adaptés à la nouvelle demande et à la diversification du secteur. Avec notre envoyée spéciale à Sidi Bouali, Dans cette maison d'hôtes de Dar Zitouna, dans la zone sahélienne de Sidi Bouali, à une vingtaine de kilomètres de Sousse, dans le Sahel tunisien, le concept est simple : une journée piscine à une vingtaine de dinars, des menus peu chers, une ferme pédagogique et des chambres minimalistes. « On a misé sur tout ce qui est verdure et le patrimoine local, explique Safouen Farouk, expert-comptable, qui a bâti cet « écolodge ». On a essayé de garder les oliviers parce qu'on a des arbres millénaires. On a essayé de faire des maisons écologiques à base de bois. » Lenteurs administratives Depuis une dizaine d'années, les maisons d'hôtes se multiplient en Tunisie, mais c'est souvent le parcours du combattant pour l'ouverture. « Au départ, c'était un peu difficile, surtout au niveau administratif, témoigne-t-il. Depuis 2012, j'ai déposé beaucoup de demandes pour avoir les autorisations. Heureusement, en 2018, il y a eu un changement radical dans le concept et dans les autorisations. Donc, on est passé du changement de vocation de terre agricole à un simple accord du ministère de l'Agriculture. Ce qui a facilité beaucoup l'autorisation et l'inauguration était en 2020. » Safouen Farouk espère que la nouvelle législation lui permettra d'augmenter sa capacité d'accueil et de servir de l'alcool, autant de demandes appuyées par la Fédération interprofessionnelle du tourisme. « Pour l'alcool, c'est tout à fait normal, estime Houssem Ben Azzouz, président de cette organisation sectorielle. Si on s'appelle hébergement alternatif touristique, on s'adresse à une clientèle nationale et internationale. C'est normal qu'il y ait des boissons alcooliques. Ce qu'on a demandé aussi, c'est peut-être augmenter un peu les capacités pour les maisons d'hôtes, au lieu d'uniquement cinq chambres, peut-être aller vers huit ou dix chambres. » Élargir l'offre touristique Cette nouvelle législation vient assouplir des dispositions anciennes compliquées votées en 2013 et 2017. Il y aura désormais quatre cahiers des charges, détaille ce responsable de la profession : « Un pour les maisons d'hôtes, qu'on appelle également chambres d'hôtes ici, un autre pour les gîtes ruraux, un cahier de charges pour les campings touristiques et un quatrième pour les relais touristiques, sortes de motels sur les grandes routes. » L'objectif est d'élargir l'offre touristique pour toutes les clientèles, notamment les Tunisiens de la classe moyenne, qui ne peuvent plus se permettre un séjour à l'hôtel. À lire aussiLa Tunisie et le Maroc connaissent une année touristique 2025 en demi-teinte

    Congo-Brazzaville: les autorités veulent développer la valorisation du bois

    Play Episode Listen Later Aug 27, 2025 2:22


    Au Congo-Brazzaville, le secteur du bois pèse moins de 6% dans le produit intérieur brut du pays, très loin derrière le pétrole. Les autorités de Brazzaville espèrent valoriser l'économie forestière par la transformation locale. De leur côté, les ONG demandent que le secteur devienne plus transparent. Acteur de la société civile, membre de la coalition Publiez ce que vous payez, Brice Mackosso surveille l'évolution de l'activité forestière en République du Congo. Selon lui les autorités de Brazzaville devraient renforcer la transparence du secteur du bois : « Il serait intéressant, par exemple, que le ministère de l'Économie forestière divulgue les critères techniques et financiers pour l'attribution des concessions forestières. Qu'il divulgue aussi les propriétaires réels des concessions forestières. Nous avons prévu aussi, dans notre secteur forestier, la mise en œuvre des cahiers des charges dont les communautés riveraines sont bénéficiaires. Il faudrait que le ministère travaille pour que ces cahiers des charges soient exécutés par les entreprises. » 300 essences exploitables La priorité du gouvernement est que les entreprises valorisent davantage le potentiel ligneux du pays. « [Il est] constitué de plus de 300 essences exploitables, capables de fournir annuellement 8,7 millions de m², souligne la ministre de l'Économie forestière Rosalie Matondo. Cependant, à ce jour, seuls 1,7 million de m² sont valorisés par nos sociétés forestières et nos artisans. Le travail qui nous attend est immense. » Transformation locale Analyste économique et financier, Alphonse Ndongo estime lui aussi que la place du bois pourrait grandir dans l'économie congolaise, qui reste une économie de rente : « Lorsqu'on regarde le tableau économique du Congo, le bois représente 5,6% du produit intérieur brut. Ce qui est quand même, à mon avis, assez faible, au regard de ce que ce secteur devrait occuper comme place de choix après le pétrole. C'est quelque chose qui doit contribuer, surtout dans le cadre de la diversification de l'économie. Ça devrait être, pour moi, plus important que ça. » Pour mieux valoriser le bois localement et créer des emplois, les autorités de Brazzaville ont décidé, début 2023, de ne plus exporter de bois en grumes. Pour l'heure, l'entreprise Likouala Timber affirme qu'elle transforme toute sa production localement, à savoir 150 000 m² l'an dernier sur son site de Bétou, dans le nord du Congo. À lire aussiCongo-Brazzaville: des défis et solutions pour préserver les forêts du pays

    Éthiopie: ces chantiers urbains qui laissent trop souvent de côté les communautés

    Play Episode Listen Later Aug 26, 2025 2:25


    En Éthiopie, le secteur du bâtiment est en plein boum et les autorités doivent répondre à un défi de taille : comment inclure les communautés dans la construction d'infrastructures ? À Addis-Abeba, le corridor suscite la controverse. Ce projet de développement urbain, qui a pour but de remplacer les habitations et commerces informels par des bâtiments et des avenues flambant neufs, a forcé des milliers de personnes à quitter leurs foyers du centre-ville. Dans la salle de conférences d'un salon dédié aux infrastructures en Afrique de l'Est, experts et professionnels du bâtiment débattent de l'inclusion des communautés dans les projets immobiliers. Consultante en développement urbain, Samrawit Yohannes Yoseph explique comment elle procède avant chaque nouveau chantier : « La première chose, c'est d'aller à la rencontre des communautés, aller là où ils vivent. Il faut expliquer le projet. Il faut identifier les choses dont elles manquent, et comment le projet peut leur être bénéfique. Si c'est un très gros chantier et que les résultats ne seront visibles que dans 10 ou 15 ans, il faut réfléchir à ce que vous pouvez faire aujourd'hui. » Population relogée dans des condominium D'après Samrawit Yohannes Yoseph, certaines infrastructures n'ont pas pu voir le jour en Éthiopie en raison de désaccords entre les promoteurs et les populations. Une décision rare, à l'échelle des milliers de personnes expropriées ces dernières années pour faire place au corridor dans la capitale. Bezawit Eshetu Gizaw, représentante de l'Éthiopie pour le réseau African Circular Economy Network, défend la construction des condominiums, ces grands ensembles érigés à l'extérieur d'Addis-Abeba pour reloger les personnes expulsées. « C'est vrai que la plupart des gens n'y vont pas par choix. Avant, il y avait des terrains et les gens pouvaient construire leur propre maison et faire ce qu'ils voulaient. Mais aujourd'hui, à cause de la pression démographique, la ville grandit vite. La réalité du terrain, c'est que vous devez trouver un endroit communautaire où partager des services. Les condominiums permettent cela », estime Bezawit Eshetu Gizaw.  Communautés expulsées en 72 heures Sara Kimani, du bureau d'Amnesty International en Afrique de l'Est, dénonce de son côté l'attitude des autorités à l'égard de la population. « Les communautés n'ont pas été consultées de manière adéquate. À la place, on leur a donné 72 heures pour quitter leur maison. Il est crucial de s'assurer que le projet inclut les communautés. Notre enquête montre que les enfants ont été expulsés de leurs écoles, les familles ont été plongées dans la grande pauvreté, laissées sans espoir. Il y a un devoir clair issu de la Convention de Kampala à ne pas créer de personnes déplacées, sous couvert de développement, rappelle-t-elle. Rien de tout ça n'a été respecté pour le corridor. » D'après Amnesty International, pour le seul mois de novembre 2024, au moins 872 personnes ont été expulsées de leur logement par la municipalité d'Addis-Abeba. À lire aussiEn Afrique de l'Ouest, un déficit de logements difficile à combler

    Ghana: la résurrection du marché de la fripe de Kantamanto, à Accra

    Play Episode Listen Later Aug 25, 2025 2:26


    Kantamanto est l'un des plus grands marchés de vêtements de seconde main du monde. En grande partie ravagé par un incendie en janvier, ce véritable poumon économique de la capitale du Ghana, Accra, a commencé à reprendre vie après une reconstruction express. Ce mardi 26 août, une cérémonie célèbre sa résurrection, mais les quelque 30 000 commerçants, eux, ont repris le travail il y a déjà plusieurs mois. Pour trouver la boutique de Bismarck Oppong, il faut déambuler quelques minutes dans la myriade d'allées que compte le marché de Kantamanto, réparties sur quatre hectares de marché de plein air à Accra, la capitale du Ghana. Voilà 14 ans que le commerçant s'est spécialisé dans la vente de jeans de seconde main. Une affaire littéralement partie en fumée il y a huit mois, lors de l'incendie de janvier 2025. « Quand le drame est survenu, nous n'avons rien pu faire. Mais après le désastre, on a pu rassembler quelques ressources, histoire de ne pas repartir de zéro. Maintenant, on espère juste pouvoir améliorer notre situation », se souvient Bismarck Oppong.  Plus de place mais moins de clients Plus de trois millions de dollars : c'est qu'a donné la fondation Or, une ONG qui travaille avec les commerçants de Kantamanto pour reconstruire le marché. Un travail titanesque réalisé en l'espace de deux à trois mois pour les échoppes. Les travaux sont toujours en cours pour l'électricité. De retour dans sa boutique, Bismarck Oppong est particulièrement satisfait du réaménagement des allées. « Je préfère largement l'agencement de ce marché comparé à l'ancien : les démarcations, par exemple. Avant, on n'avait pas beaucoup d'espace. Mais maintenant, on a beaucoup plus de place. Les tentures aussi, avant, elles étaient plus basses, mais on les a relevées », se réjouit-il. Un marché plus agréable et accessible mais qui attire cependant moins de clients. « Il y a moins de clients, parce qu'après qu'il a brûlé, ils ne savent pas que l'on a rouvert », constate Judith Djoka. Arrivée du Togo il y a sept ans pour travailler comme vendeuse de vestes et de vêtements professionnels, elle n'a jamais connu une affluence aussi faible. « C'est un peu compliqué, déplore-t-elle. On achète des produits, mais les clients n'achètent pas. On ne gagne pas comme avant. » La reconstruction en bois « n'est pas idéale » Pour la vendeuse, il faut impérativement faire de la publicité pour attirer, à nouveau, les clients à l'intérieur du marché – et ainsi pouvoir y écouler les 15 millions de vêtements d'occasion qui y arrivent chaque semaine. Une tâche qui incombe à la Kantamanto Obroniwawu Business Association (Koba), la nouvelle association des vendeurs de vêtements de seconde main de Kantamanto. Un autre enjeu demeure : celui de l'amélioration de la sécurité incendie. Si certains commerçants ont bel et bien reçu une formation ainsi que des extincteurs, les 5 000 boutiques du marché ont été reconstruites en bois. « C'est vrai que ce n'est pas l'idéal, reconnaît Manu Adutwum Atta, le secrétaire général de la Koba. C'est une mesure temporaire. Mais il s'agit du gagne-pain des gens ici. Si on avait attendu de construire des infrastructures permanentes, ils n'auraient pas pu survivre. Mais c'est quelque chose que nous avons en tête pour le futur. » L'association des commerçants se donne cinq ans pour réfléchir à une reconstruction du marché qui serait, elle, plus pérenne. À lire aussiLe Ghana devient le premier pays africain à garantir la traçabilité du bois exporté vers l'UE

    Jeux vidéo: à la Gamescom, les Africains veulent jouer dans la cour des grands

    Play Episode Listen Later Aug 24, 2025 2:22


    Plus grand salon du jeu vidéo au monde, la Gamescom de Cologne, en Allemagne, a attiré près de 300 000 personnes en cinq jours (20-24 août 2025). Ce fut l'occasion pour les professionnels, en particulier les rares studios africains, de rencontrer leur public mais aussi de trouver des financements, des éditeurs et de renforcer leurs réseaux. La Gamescom a accueilli cette année près de 1 500 professionnels du jeu vidéo. À côté des stands immenses occupés par les géants du secteur, il y avait aussi de nombreux petits studios indépendants venus du monde entier, mais seulement quatre du continent africain. « C'est la deuxième fois que nous venons à la Gamescom, témoigne Eyram Tawia, co-fondateur et PDG du studio ghanéen Leti Games. Cette année, nous voulons vraiment montrer à la communauté ce que l'Afrique a à offrir. Tous nos jeux mobiles se passent dans l'univers des légendes africaines, avec des super héros réels et fantastiques de tout le continent : Chaka Zoulou, des héros de la culture Masaï, du Ghana, de partout. » Jeu de lutte sénégalaise Les frères Kandji Mame Mor et Abdoulaye ont aussi fait le déplacement jusqu'en Allemagne. Eux viennent du Sénégal. Leur studio Amanirenas propose des expériences typiquement africaines comme Door Dan, un jeu vidéo sur la lutte sénégalaise. « C'est notre sport national, quand il y a un match, c'est comme si c'était la coupe du monde ! », s'enthousiasme Mame Mor Kandji, également président de la toute jeune Association des créateurs de jeux vidéo de la Teranga. Ils ne sont encore qu'une poignée de studios au Sénégal, mais les success stories existent. « Les jeunes commencent à s'intéresser au jeu vidéo, observe-t-il. Il y a un studio qui a sorti un jeu et il y a eu plus de 20 000 téléchargements en une semaine, alors que c'est studio composé d'une fille et d'un dessinateur ! Donc il y a vraiment de l'engouement. » À côté de sa carrière dans le jeu vidéo, Mame Mor Kandji est enseignant. Mais s'ils sont venus à Cologne, c'est pour trouver des partenaires. « Pour l'instant, au Sénégal, le jeu vidéo ne nourrit pas son homme, reconnaît-il. Mais comme le savoir-faire est là, nous nous sommes dit "pourquoi ne pas s'ouvrir ?" Nous sommes venus à la Gamescom pour échanger, voir comment bâtir un véritable écosystème. » Recherche investisseurs Même son de cloche du côté d'Eyram Tawia, convaincu lui aussi que l'avenir du jeu vidéo s'écrira aussi sur le continent. « Nous avons eu d'excellents retour sur nos jeux : avec les bons financements, on pourrait rivaliser avec les studios européens. Si un investisseur ou un studio étranger mettait de l'argent dans n'importe laquelle de nos licences, je suis sûr que ça marcherait. Et avec les revenus, on pourrait faire venir de nouveaux talents et combler notre déficit de compétences. » Pionniers dans le jeu sur mobile Face au manque d'infrastructures, d'ordinateurs et de consoles de jeu sur le continent, les studios misent principalement sur le mobile. Un marché en pleine croissance sur lequel les développeurs africains ont de l'avance. « Nous avons un coup à jouer parce que l'Afrique est très développée au niveau des technologies mobile, du mobile money..., souligne Abdoulaye Kandji. Par exemple, dans le jeu Door Dan, nous avons développé un véritable modèle économique avec les technologies autour du mobile money. Je pense que là-dessus, nous avons de l'avance. Il y a vraiment une mine d'or autour du jeu mobile avec toutes ses possibilités en termes de monétisation. » Ne reste plus qu'à convaincre institutions et investisseurs, localement ou à l'étranger. À lire aussiLa Gamescom: des participants africains au plus grand salon du jeu vidéo d'Europe

    Pour entreprendre en Afrique, la diaspora ne veut plus se lancer seule [5/5]

    Play Episode Listen Later Aug 21, 2025 2:26


    Entreprendre en Afrique quand on vit en Europe peut vite tourner au parcours d'obstacles. Pour éviter l'échec, de plus en plus de membres de la diaspora s'appuient sur des structures d'accompagnement comme des incubateurs. Un soutien devenu crucial. Zéphirin Jiogo a l'enthousiasme communicatif. « Voilà, j'ai 42 ans, je suis basé en région parisienne, employé dans une multinationale en charge de la transformation financière et investisseur à Douala et Yaoundé au Cameroun. » Il ne compte plus les allers-retours entre la France et son pays d'origine pour concrétiser ses ambitions entrepreneuriales. « C'est vraiment l'envie d'impacter. » C'est cette volonté qui l'a poussé à créer une application de mise en relation entre chauffeurs-livreurs et acteurs de l'e-commerce. Il va jusqu'à fournir des motos aux livreurs. Mais démarrer n'a pas été simple, comme il le raconte. « Beaucoup d'entrepreneurs vont vous parler de ressources, du manque de ressources. Moi, dans mon cas, je dirais, il y a d'abord un manque de cadre d'accompagnement. Il n'y a pas toujours les relais gouvernementaux qu'on va attendre. Il n'y a pas toujours la compétence. Aujourd'hui, c'est un pays qui est en train de se vider de ses talents qui vont au Canada, qui vont ailleurs. Moi, j'ai eu deux gérants très compétents qui ont dû quitter le pays du jour au lendemain pour des raisons personnelles. Ils sont là les premiers problèmes qu'on a avant le financement. Le financement reste un réel souci, mais avant ça, il y a d'autres problèmes qui sont encore plus importants. » L'accompagnement, levier de réussite Face à ces difficultés, il a décidé de se tourner vers un incubateur, une fois son projet mieux structuré. Une décision qui a tout changé, affirme-t-il. « Je vais être très clair, sans incubateur, tout ça aurait été impossible. On a pu lever des fonds assez conséquents qui nous permettent de financer l'activité et d'aller davantage plus loin. On a signé des partenariats stratégiques avec Spirou, qui est le géant indien de la moto électrique en Afrique. Le projet aujourd'hui a atteint un niveau de maturité qu'on n'aurait jamais atteint si on n'avait pas été accompagnés. » La diaspora africaine est aujourd'hui une cible de plus en plus stratégique pour les incubateurs et les bailleurs de fonds. Une évolution récente, selon Olivier Bossa, président du SIAD, une association de solidarité internationale qui accompagne les porteurs de projets via son incubateur Résonance Nord/Sud. « Je ne vais pas dire "maltraitée", mais elle était toujours considérée comme une statistique. Le plus souvent, on disait oui. L'envoi de la diaspora dépassait pratiquement l'aide au développement. Mais en fait, je pense que c'était une méconnaissance de cette cible. Et je pense que beaucoup d'États commencent par prendre conscience du potentiel de cette diaspora, qui n'est pas juste des investisseurs dans l'immobilier ou qui font juste des transferts d'argent, mais plutôt des entrepreneurs. Ce sont avant tout aussi des patriotes. Même s'ils ont vécu beaucoup plus de temps à l'extérieur, ils ont quand même envie de contribuer au développement de leur pays. Et c'est cette prise de conscience qu'il faut avoir pour mieux les accompagner. » Cette dynamique se reflète aussi dans les financements : la Banque africaine de développement consacre désormais 5 millions de dollars à un programme de soutien aux PME locales au Mali, au Togo et à Madagascar.  À lire aussiAu Mali, les entrepreneurs de la diaspora face à l'incertitude [3/5]

    Tunisie: la diaspora investit, mais reste frileuse face aux lourdeurs locales [4/5]

    Play Episode Listen Later Aug 20, 2025 2:23


    Avec l'été, les Tunisiens de l'étranger rentrent au pays. Leurs transferts représentent 6,5 % du PIB. Plus de la moitié d'entre eux investissent en Tunisie. Mais sur place, les obstacles à l'investissement et au retour restent nombreux. En Tunisie, la diaspora est au centre des discussions avec l'été et le retour des « TRE », les Tunisiens résidant à l'étranger pour les vacances. Sur les collines d'El Monchar, près de Hammamet, Sofien Grira, 40 ans, Tuniso-Français, a fait le choix du retour. « On est originaire du sud de la France et d'Antibes, c'est pour ça que la lavande et le terrain de pétanque, c'est important pour nous », explique-t-il en montrant son domaine. Installé depuis cinq ans, Sofien a transformé la villa de son frère en une demeure de luxe destinée à une clientèle haut de gamme. « Ce n'est pas assez mis en valeur. Je pense qu'on a réussi à créer quelque chose parce qu'il y a un petit engouement autour de notre villa Apolonya au niveau d'Instagram, des revues Google, d'Airbnb », décrit-il. Un exemple rare d'investissement productif dans le tourisme Ancien développeur informatique, spécialiste du marketing digital et de la finance, Sofien vivait à Dubaï avant de revenir investir en Tunisie. « Quand je vois que le Maroc avance, que la diaspora marocaine commence à investir et à faire des projets comme Apolonya là-bas… Quand je vois qu'en Grèce, ils sont sortis du tourisme de masse pour faire ça et que ça a cartonné, je me dis : si on ne montre pas l'exemple, il n'y a personne qui suivra. Donc, pourquoi ne pas le faire ? Pourquoi ne pas avancer ? Malgré les difficultés et les contraintes », affirme-t-il. Alpagas, poneys et paons peuplent aujourd'hui ce petit coin de paradis. Mais ce genre de projet reste l'exception. Nombreux sont les membres de la diaspora qui hésitent encore à investir. C'est ce que confirme le professeur Mustapha Kaanichee, expert en migration, lors du Tunisia Global Forum, le forum annuel sur la diaspora. « La plupart des investissements de la diaspora en Tunisie, je dirais que ce sont des investissements non productifs dans le secteur immobilier, dans la construction ou l'achat de maisons, et aussi dans l'agriculture. Et même dans l'agriculture, c'est l'achat de terrains agricoles plutôt que de projets agricoles », explique-t-il. Pour l'universitaire, les freins sont bien identifiés : « Quels sont les obstacles à l'investissement en Tunisie ? Il y a des obstacles essentiellement administratifs, la complexité administrative, l'environnement d'affaires qui n'est pas vraiment très favorable », souligne-t-il. Une réforme du Code des changes, l'instauration d'avantages pour favoriser une migration circulaire : ce sont, selon lui, des leviers nécessaires pour encourager les investissements et le retour des Tunisiens de l'étranger. Mais la réalité est encore loin des discours. Selon une étude présentée lors du forum, seulement 20% des TRE souhaitent rentrer au pays. Près de 60 % excluent cette possibilité.

    Au Mali, les entrepreneurs de la diaspora face à l'incertitude [3/5]

    Play Episode Listen Later Aug 19, 2025 2:25


    Très structurée, la diaspora malienne continue d'investir au pays malgré un climat politique et économique dégradé. Depuis les coups d'État de 2020 et 2021, de nombreux projets stagnent ou perdent en rentabilité. Rencontre avec deux entrepreneurs maliens de France qui tentent de garder le cap, entre lucidité et espoir. Djibril Maiga, entrepreneur malien basé en France, a longtemps cru dans le potentiel de l'immobilier haut de gamme à Bamako. Il y a investi dans plusieurs appartements de luxe qu'il considère aujourd'hui comme un capital mort : « Malheureusement, avec le départ des ONG et des expatriés de la Minusma, entre autres, on est obligés de fermer les appartements, de libérer le personnel » explique-t-il. « Financièrement, je regrette d'avoir investi au Mali. J'aurais plutôt visé d'autres capitales de la sous-région où il y a un certain dynamisme économique. » Dans un tout autre secteur, Raky Keita tient encore bon. À Bamako, elle gère un magasin de puériculture et un SPA capillaire. Ses activités tournent au ralenti, mais elles tiennent. « Les affaires ne vont pas au même rythme qu'avant, mais ça continue de fonctionner », assure-t-elle. Secrétaire générale du Club des entrepreneurs maliens de France, elle observe toutefois une dégradation nette de l'environnement économique : « Clairement, c'est très difficile. Beaucoup de connaissances et d'entrepreneurs qui avaient des salaires confortables se retrouvent au chômage. Certains ont quitté le pays, notamment ceux qui ont la double nationalité - France, États-Unis, Canada – ne serait-ce que pour assurer les frais de scolarité de leurs enfants. » Malgré tout, elle refuse de sombrer dans le pessimisme : « Il est bon pour tout entrepreneur, pour tout patriote, de garder espoir. De se dire que c'est une phase. Et d'ici là, on doit continuer à se positionner comme entrepreneurs. » De l'informel au formel : un pari sur la stabilité Au-delà de la crise politique et de l'insécurité, l'absence de cap économique clair complique la tâche des investisseurs : « On navigue à vue, sans aucune visibilité », résume Raky Keita. Pourtant, elle distingue une évolution positive dans le paysage entrepreneurial malien : la progression de la formalisation des entreprises. « De plus en plus d'entrepreneurs maliens quittent l'informel pour passer au formel. Une fois qu'on a créé sa société à Bamako, on est légitime, on peut exercer dans d'autres pays de la sous-région. » Et d'ajouter : « Cette légitimité est grandissante, et pour moi, c'est un vrai salut. » Un point crucial dans un pays où l'économie informelle représente encore 30 à 40 % du PIB, et où près de trois quarts des actifs évoluent hors du secteur formel, selon l'Organisation internationale du travail. À lire aussiMali: la diaspora face à la vie chère au pays

    La diaspora investit: au Cameroun, comment orienter les investisseurs de la diaspora?

    Play Episode Listen Later Aug 18, 2025 2:29


    Les membres de la diaspora camerounaise sont parmi les plus motivés à investir au pays. Pour les orienter au Cameroun et leur permettre d'éviter les pièges, des entreprises et des plateformes de conseil ont vu le jour. Son stand est très visité au salon de la diaspora camerounaise, près de Paris. Frank Kengné a investi dans le solaire au Cameroun. Il a aussi créé une plateforme de conseil, Diaspora Impact Business, et rédigé un guide, 55 idées de business. Il conseille à la diaspora camerounaise d'aller au-delà de ses investissements habituels. « Ou ils font de l'immobilier, ou ils sont dans l'agriculture ou les projets avicoles, constate l'entrepreneur. Pourtant, il y a beaucoup d'autres secteurs où il y a beaucoup de besoins, mais où il y a moins de monde. Par exemple, dans le traitement des déchets. L'énergie, je pense que si vous faites le tour, je suis le seul qui en parle. L'eau, il n'y a presque personne. Donc sur les besoins primaires, en fait, il y a beaucoup d'investisseurs qui ne s'y intéressent pas. » Tiers de confiance L'entrepreneur aide aussi les investisseurs dans le délicat suivi à distance. « On a tissé un réseau de partenaires, explique Frank Kengné, que ce soient des comptables, des notaires, des avocats. J'ai mes propres équipes sur place aussi, qui montent des projets, qui les suivent. On a essayé justement de tisser un réseau de tiers de confiance. » Des bureaux pour atterrir Fidéliser des équipes reste difficile, confie l'investisseur, et l'administratif au Cameroun est un défi pour les entrepreneurs de la diaspora. Pour leur faciliter la tâche, la société accélératrice d'entreprises Brain Booster leur réserve un espace dans ses locaux de Yaoundé. « C'est un service spécial qui permet justement à quelqu'un de la diaspora d'arriver au Cameroun avec sa valise, d'avoir un bureau, une interconnexion internet, l'électricité 24 heures sur 24, et aussi d'avoir toutes les informations nécessaires pour pouvoir ouvrir son entreprise, explique la co-fondatrice, Christelle Mekuate. Par exemple, que demande le guichet unique de création d'entreprise ? Si par exemple, j'ai un problème comptable, comment est-ce que je dois faire ? Quelles sont les aides de l'État à disposition pour la diaspora pour leur faciliter les importations ? » Un frein majeur Le principal frein aux investissements de la diaspora demeure cependant la non-reconnaissance par le Cameroun de la double nationalité, juge Rebecca Enongchong, qui a patiemment bâti le succès de sa société Appstech : « ll y a des personnes qui veulent investir au Cameroun et ils sont dans la loi comme des étrangers. Ils payent le visa pour aller investir. Ils n'ont pas le droit d'avoir du foncier, ils ne peuvent pas acheter un terrain à leur nom. Et donc, il y a encore ces freins institutionnels qui existent. Cette double nationalité, elle est vraiment importante si on veut que la diaspora revienne, si on veut qu'elle investisse. » Malgré son enthousiasme, la diaspora ne participe qu'à hauteur de 1,5% à la richesse du Cameroun, alors qu'au Sénégal, sa contribution est de 10%. À lire aussiLa diaspora investit: au Burkina Faso, Raïssa et Stéphane explorent la filière du beurre de karité

    La diaspora investit: au Burkina Faso, Raïssa et Stéphane explorent la filière du beurre de karité

    Play Episode Listen Later Aug 17, 2025 2:27


    Ils font partie de cette nouvelle génération d'entrepreneurs issus de la diaspora qui veulent investir sur le continent africain. Raïssa, Franco-Camerounaise, et Stéphane, Franco-Burkinabè, mûrissent un projet autour du beurre de karité, produit emblématique du Burkina Faso. Portrait d'un couple à la croisée des mondes, entre prudence, convictions et ambition. La première rencontre avec Raïssa et Stéphane Ky, la trentaine,  remonte à l'événement Back to Africa organisé en octobre 2024 par l'entrepreneur camerounais Philippe Simo, figure montante des diasporas africaines engagées dans l'investissement sur le continent. Dix mois plus tard, leur projet a pris forme : « Étant originaire du Burkina, on s'est naturellement tournés vers le beurre de karité, un produit local avec un vrai potentiel, explique Stéphane. On est encore dans la phase de cadrage. On explore, on teste à petite échelle, mais on avance. » Le couple vise un double ancrage : le Burkina Faso dans un premier temps, et à plus long terme la Côte d'Ivoire, pays voisin au marché dynamique. Mais pas question de se précipiter. « Il va falloir qu'on se forme. Moi, j'ai une formation en finance, Stéphane est ingénieur en informatique, donc l'agriculture, ce n'est pas encore notre domaine », précise Raïssa. « Aujourd'hui, au Burkina, il y a une vraie dynamique autour de la transformation locale, observe Stéphane. Donner de la valeur ajoutée aux produits agricoles sur place, c'est à la fois bénéfique pour l'économie locale et intéressant financièrement. » Investir, une question de timing Comme beaucoup d'investisseurs issus de la diaspora, Raïssa et Stéphane sont conscients du contexte politique et économique instable. En 2023, les investissements directs étrangers (IDE) au Burkina Faso ont chuté de 87%, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Mais ils ne s'estiment pas découragés pour autant. « J'ai la double nationalité, ce qui peut être un avantage, souligne Stéphane. Un profil comme le nôtre est peut-être plus agile qu'un investisseur étranger classique. » Raïssa, elle, insiste sur l'importance du timing : « Ce n'est pas en pleine période électorale qu'il faut se lancer. Il faut parfois attendre, laisser les choses se stabiliser, et ensuite saisir le bon moment. » Et ce bon moment pour eux ? Ce sera pour bientôt, mais pas tout de suite. « On attend l'arrivée de notre deuxième bébé », confie Raïssa, le sourire aux lèvres, une main posée sur son ventre. Le projet karité attendra encore quelques mois, mais la conviction est là : l'avenir, c'est en Afrique qu'ils veulent l'écrire. À lire aussiBack to Africa: la diaspora africaine qui veut investir sur le continent

    Série ports fluviaux - La lente résurrection du port de Ziguinchor [5/5]

    Play Episode Listen Later Aug 14, 2025 2:18


    Le port de Ziguinchor, au Sénégal, est toujours à la peine après avoir vécu un arrêt complet durant plusieurs mois en raison des troubles politiques de 2023. L'infrastructure est un point clé pour l'exportation des produits agricoles comme l'anacarde. Trois navires ont repris leurs rotations côté embarcadère, mais le port commercial, lui, est toujours à l'arrêt. Les ferrys Aline-Sitoé-Diatta et Aguene ont repris du service sur la ligne Dakar-Ziguinchor. Le transport de passagers bat son plein. Quelques fruits et légumes locaux sont aussi transportés, mais les conteneurs sont limités. Les gros navires de fret sont toujours bloqués, et cela fait maintenant plus de deux ans. Moctar Dabo, président des dockers du port de Ziguinchor au Sénégal, s'impatiente : « Jusqu'à nos jours, ça ne marche pas. Il n'y a pas de bateaux au port commercial là-bas. Ce sont spécialement les gros produits, par exemple l'anacarde ou même les autres. Pour le ciment, le fer, le port ne marche pas. Et puis nous, en tant que dockers, on ne compte que sur ces produits. Malheureusement ces produits ne viennent pas ici. » Le cargo Djilor, qui appartient au Cosama, le consortium sénégalais d'activité maritime, transportait des milliers de tonnes d'anacardes, production centrale dans l'économie de la région. Les exportations se font aujourd'hui par la route. Galaye M'baye est opérateur économique à Ziguinchor, exportateur de noix de cajou. « Il faut que le port soit compétitif, parce que comparé aux camions, ces derniers sont beaucoup moins chers que le port. La seule solution, c'est de trouver d'autres navires », estime l'opérateur. « Par exemple, si on avait quatre à cinq navires qui ont la capacité de prendre 200 à 250 conteneurs par voyage, ça nous arrangerait un peu plus. Cela nous permettrait d'évacuer nos conteneurs le plus rapidement possible », explique-t-il. Car aujourd'hui, détaille-t-il encore, il ne peut pas signer un contrat en juin et exporter en août. À lire aussiSénégal: reprise de la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor, un soulagement pour la Casamance Les espoirs sont de nouveau permis depuis que le gouvernement a réautorisé en juin l'accostage des navires étrangers au port de Ziguinchor. Il s'agit principalement de navires de pêche. De quoi permettre au port de revivre, selon certains. Le président de la Chambre de commerce de Ziguinchor, Jean Pascal Ehemba, espère de nouveaux investissements. « Il faut que nous trouvions des navires pour le transport de ces produits-là, et nous voulions quand même essayer de demander à l'État de nous aider pour retenir les jeunes chez nous. On a quand même une terre assez riche et prometteuse en Casamance, mais une fois qu'on a fini de travailler ces terres, il faut évidemment vendre. Il faut des moyens de transport », plaide-t-il. Le pourrissement des fruits est un problème récurrent en Casamance. La transformation agricole et le stockage de la production font partie des grands chantiers annoncés du gouvernement d'Ousmane Sonko, ancien maire de Ziguinchor. À lire aussiSud du Sénégal: ce que l'on sait du plan de relance de la Casamance annoncé par le Premier ministre À lire aussiSénégal: le port de Ziguinchor toujours à l'arrêt, de lourdes conséquences économiques

    Série ports fluviaux - À Lagos, développer le transport fluvial de passagers pour désengorger les routes [4/5]

    Play Episode Listen Later Aug 13, 2025 2:15


    Le transport fluvial reste limité à moins de 1 % des usages de transport de passagers à Lagos, alors que la capitale économique nigériane est asphyxiée par les embouteillages terrestres et qu'elle est à plus de 20 % constituée d'eau. Limité jusqu'à présent dans ses dessertes, pas assez sûr, le transport par bateau pourrait cependant changer d'échelle à Lagos grâce à un projet de modernisation de 410 millions d'euros. La convention de financement est signée. D'ici cinq ans, 25 jetées devraient être aménagées dans la lagune de Lagos, équipées d'embarcadères modernes. À terme, explique Xavier Muron, directeur de l'antenne nigériane de l'Agence française de développement, co-financeur du projet, il s'agit de raccorder le réseau fluvial aux autres modes de transport collectif jusqu'au dernier kilomètre, pour dissuader les usagers de prendre la voiture. « L'idée, c'est d'amener un transport fluvial plus conséquent dans une ville qui est recouverte à 22 % d'eau, c'est quelque part de rapprocher les voies d'eau des voies des bus pour permettre aux gens de pouvoir passer d'un point A à un point B sans avoir à marcher », détaille-t-il. 80 ferries électriques Pour des raisons écologiques, le choix s'est porté sur les bateaux électriques, ce qui augmentera l'investissement de départ, soutenu par une subvention européenne. Mais cela diminuera les coûts de fonctionnement, à savoir les achats de carburant. Chacune des 80 embarcations pourra transporter quelque 400 passagers, précise Xavier Muron : « Ce sont de véritables petits ferries avec toutes les commodités, les toilettes, la possibilité de climatisation, un éclairage évidemment de nuit, pour que les gens se sentent rassurés lorsqu'ils monteront sur ces bateaux ». « D'Ikoyi à Apapa, ça ne prend que 20 minutes ! » La sécurité fluviale, qui laissait à désirer pendant la saison des pluies, s'est déjà améliorée. L'autorité de régulation, Lagos State Waterways Authority, sera encore renforcée à travers ce projet. Selon l'économiste nigérian Adamu Garba, il s'agit maintenant pour les autorités de faire la promotion de ce mode de transport. « Traverser Lagos, c'est plus rapide, moins cher et plus simple sur l'eau que par voie terrestre. D'Ikoyi à Apapa, ça ne prend que 20 minutes ! Il faut donc faire campagne pour le transport fluvial, ce qui n'a pas encore été fait. Il faut le promouvoir pour que les gens changent d'avis et choisissent les voies navigables pour se déplacer », assure l'économiste. Avec 100 000 passagers dans un premier temps, ce nouveau projet vise à faire passer le transport fluvial de moins de 1 % à plus de 10 % des usages de transport dans l'État de Lagos, avant une probable accélération de la fréquence des bateaux. Reste à organiser la passation des marchés, avant un début des travaux prévu fin 2025 ou début 2026. À lire aussiLe Nigeria révise son PIB à la hausse de 30% en 2024 après l'intégration de nouveaux secteurs

    Cameroun: à Garoua, la réhabilitation du port fluvial vivement souhaitée [3/5]

    Play Episode Listen Later Aug 12, 2025 2:32


    Établi en 1935, le port fluvial de Garoua, situé dans la capitale du Nord Cameroun, permet le transport de marchandises sur la Bénoué vers le Nigeria notamment. Il pourrait également être une plateforme de commerce pour les pays sans façade maritime de la région. Cependant, l'ancienneté des infrastructures empêche le développement du trafic. Un projet de réhabilitation a été lancé par le président Paul Biya en 2021, mais depuis le chantier peine à avancer. (Rediffusion) Sur le quai, des manutentionnaires déchargent d'énormes sacs de graines de coton de plus de 60 kg et les empilent sur une pirogue à moteur. « C'est plus avantageux. Par voie fluviale, je peux transporter de plus grosses quantités et en matière de sécurité c'est mieux. Par la route, il y a beaucoup de tracasseries et ce n'est pas aussi fluide », explique Al Hadji Issa, le commerçant qui gère cette cargaison. Mais cet exportateur fait figure d'exception en cette saison sèche.  « Aujourd'hui, il y a un semblant d'activité, il y a deux camions qui déchargent les grains de coton à destination de Garoua pour le Nigeria. Ce n'est pas tous les jours, surtout en saison sèche, souligne Abbassi Ben, le régisseur du port fluvial de Garoua. Cela fait pratiquement trois semaines qu'il n'y avait pas d'activité. En saison sèche, le port n'est quasiment pas, pour dire mort, mais au ralenti ». Les infrastructures du port sont vétustes, aucune grue ou équipement pour le déchargement. Le régisseur espère beaucoup des projets qui entourent la réhabilitation du port : « C'est notre espoir. Si et seulement si ce projet de réhabilitation a lieu vraiment, ce sera un bienfait non seulement pour la ville de Garoua mais aussi pour la sous-région. Cela doit d'abord rebooster les recettes de la ville et de l'État camerounais grâce aux droits de douane, aux droits de quai. Cela doit faire en sorte que les activités de nos businessmen soient plus fluides. Pas seulement ceux du Cameroun, mais aussi du Nigeria, du Tchad et de la Centrafrique ». À lire aussiAvoir 25 ans à Garoua, le coton comme horizon En saison des pluies, le Nord Cameroun est majoritairement approvisionné grâce au Nigeria voisin. « Ce qui vient du Nigeria, ce sont beaucoup les denrées alimentaires, c'est-à-dire les cartons de biscuits, de jus et consorts et les produits des constructions comme les carreaux, le ciment, détaille-t-il. Sans le Nigeria, à dire vrai, le Nord Cameroun n'existerait pas ». La réhabilitation du port est également vivement souhaitée par la communauté urbaine officiellement en charge de sa gestion. « Il y a trop de sable, il faut draguer le port. Les études de faisabilité ont été faites, elles sont déjà bouclées, affirme Noivouna Hakassou, deuxième adjoint au maire de la ville de Garoua. Mais on attend le financement. On a l'expertise du directeur du port de Douala qui est venu. On attend maintenant les financements ». Le coût des travaux a été évalué en 2022 à 16 milliards de Francs CFA, soit plus de 24 millions d'euros. À lire aussiÀ Garoua, le yaourt produit localement, le pari gagnant de «Botte Kossam»

    Série ports fluviaux [2/5] En Centrafrique, le port fluvial vital pour la capitale

    Play Episode Listen Later Aug 11, 2025 2:35


    En Centrafrique, l'axe fluvial Bangui-Brazzaville est jugé économiquement vital par de nombreux Centrafricains, notamment les commerçants. Pays enclavé au cœur de l'Afrique, la République centrafricaine n'a pas d'ouverture sur la mer. Elle dépend en grande partie des pays limitrophes. Aujourd'hui, la navigation sur l'Oubangui compense les réseaux routiers peu denses dont la plupart sont dégradés. Les ports de Bangui reçoivent chaque semaine des embarcations et le commerce bat son plein entre les deux pays. De notre correspondant à Bangui, Ici, au port de Ngou État, une dizaine de bateaux et baleinières sont amarrés. Commerçants et voyageurs occupent tout le quai et la berge. Le navire blanc et bleu - Bangui n'est pas loin - d'environ 40 mètres de long transporte près de 10 000 tonnes de marchandises et une cinquantaine de personnes à destination de Brazzaville. « Pour aller là-bas, tu peux acheter des bidons de miel, des cabris, les fûts d'huile de palme, des sacs de maïs ou encore d'arachides. Souvent, j'achète également des poissons que je mets dans des paniers. Par exemple, ici, tu peux acheter le bidon d'huile de palme à 9 000 FCFA, mais une fois là-bas, tu peux revendre à 30 000 FCFA », explique Fiston Ngbassoumbi, un commerçant centrafricain. 30 000 FCFA, l'équivalent de 45 euros, soit 100% de bénéfice. En bateau, le trajet coûte 25 000 FCFA par personne et varie entre 5 000 et 10 000 FCFA pour les baleinières. Les marchandises sont taxées en fonction des kilogrammes. Après avoir écoulé leurs articles au Congo, les mêmes commerçants importent les produits congolais en Centrafrique. « Pour le chemin du retour, tu vas acheter des boîtes de sardines et des balles de vêtements de friperie pour les garçons. Ici ça coûte cher. Mais là-bas, c'est moins cher », témoigne encore Fiston Ngbassoumbi. Chaussures pour femmes, ou encore appareils électriques sont moins chers à Brazzaville. « Si tu paies un appareil là-bas à 200 000 FCFA, quand tu arrives ici, tu peux le revendre à 500 000 FCFA. Ça dépend de la qualité des appareils », met-il en avant. À lire aussiRCA/RDC: Bangui et Zongo et les échanges commerciaux de ces villes jumelles [3/3] Des trajets ponctués d'épreuves Tout près de la terre ferme, trois grandes baleinières en prévenance du Congo viennent d'accoster. Le voyage a duré une semaine, compte tenu de l'état de navigabilité de la rivière et des embarcations. Maurice fait la navette entre le Congo-Brazzaville, le Congo-Kinshasa et la RCA depuis plus de dix ans. « Pour être libre de tout mouvement, il faut avoir une carte d'identité et remplir toutes les formalités. Moi, j'exporte du bois de chauffe, du manioc, des cabris, des moutons et des poulets. En retour, j'achète des produits pour revendre ici. Il s'agit d'huile raffinée, de savon, de cubes magie ou encore des cartons de sucre », détaille le commerçant. Mais la navigation sur la rivière Oubangui est loin d'être un long fleuve tranquille. En saison sèche, des tronçons sont difficilement praticables pour les gros chargements. Maurice évoque les principales difficultés qu'il rencontre. « Les difficultés n'en finissent jamais. Dans les baleinières, on côtoie des animaux et des marchandises au mépris des règles d'hygiène et de sécurité. Les embarcations font des surcharges sans gilets et bouées de sauvetage. C'est vraiment la souffrance », se plaint-il. Les travaux du corridor 13 reliant notamment le Congo-Brazzaville à la Centrafrique, financés par la Banque africaine de développement, se poursuivent. Le transport fluvial demeure pour l'instant le moyen de transport le plus usité entre ces deux pays. À lire aussiQuand la rivière Oubangui charrie le commerce informel [2/5]

    Ports fluviaux - Soudan du Sud: à Bor, le boom du commerce de poisson, conséquence bénéfique des inondations

    Play Episode Listen Later Aug 10, 2025 2:26


    Au Soudan du Sud, la ville de Bor est située au seuil de la plaine inondable du Nil, là où le fleuve se répand en centaines de canaux pour former les marais du Sudd, la plus vaste zone humide d'Afrique. Les inondations historiques qui ont frappé la région depuis 2020 ont eu des effets dévastateurs. Mais ce « trop d'eau » a permis le développement de la pêche et le commerce du poisson sud-soudanais. Un boom économique dont le port de Bor est devenu un véritable hub commercial et logistique. Avec notre envoyée spéciale à Bor, Au port de Bor, des dizaines de barges collées les unes aux autres sont amarrées au quai en terre. Dans l'eau jusqu'aux genoux, des hommes déchargent leur cargaison : du poisson séché en provenance des îles situées au cœur des marécages. William Nyadiar Kuch, de l'association des conducteurs de bateaux de Bor, constate que de nombreux éleveurs ruinés par les inondations se sont tournés vers cette activité. Ils naviguent sur le Nil pour acheter du poisson et le revendre ici. « Notre rôle est de faire en sorte que le trafic des bateaux soit bien organisé, et que ceux qui vont très loin partent assez tôt le matin afin d'atteindre leur destination avant la nuit. Vous voyez comme tout le monde ici est très occupé avec le poisson. Depuis les inondations, c'est devenu notre principale source de subsistance », explique William Nyadiar Kuch. Des nouveaux marchés  L'espace du port est en effet saturé de poisson séché disposé en énormes tas ou en piles de forme cubique. Abraham Agot Paruar, qui dirige le syndicat des bateaux du Jonglei, explique que depuis 2021, avec l'augmentation du volume de poisson pêché, la méthode de préservation traditionnelle a dû être améliorée. « Ce que nous faisons depuis des siècles, c'est préserver le poisson en le faisant sécher au soleil. Mais récemment, des entrepreneurs ont introduit une nouvelle méthode à base de sel », détaille le syndicaliste. Une méthode adoptée qui « permet à notre poisson de rester bon à la consommation jusqu'à trois mois », et peut ainsi être exporté vers l'Ouganda et le Congo. « Cela nous a ouvert de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités : l'exportation du poisson, mais aussi l'importation et la vente de sel en énormes quantités ! », se réjouit-il. Les femmes, par centaines, s'impliquent dans le commerce de poisson sur le port de Bor. Certaines ont même réussi à se constituer un capital. C'est le cas de Rachel Achol Bol, 30 ans, enceinte de son sixième enfant, qui s'est lancée il y a trois ans. Elle s'apprête à exporter deux énormes lots de tilapia vers l'Ouganda et le Congo. « Nous voyageons par la route jusqu'à Juba, où nous passons une nuit, puis nous continuons jusqu'à l'Ouganda, et même jusqu'à la frontière congolaise. Ce travail, c'est tout ce que j'ai pour que mes enfants puissent aller à l'école », témoigne-t-elle. Elle couvre sa marchandise de bâches en plastique pour la protéger de la pluie. Selon les autorités, la construction d'un port moderne est pour bientôt à Bor, un projet soutenu par la Banque mondiale. À lire aussiSoudan du Sud: à Bor, des victimes des inondations s'adaptent avec le commerce du poisson

    Au Maroc, le pari de la formalisation du secteur du cannabis [5/5]

    Play Episode Listen Later Aug 7, 2025 2:20


    Le Maroc est le plus important producteur de cannabis au monde. Problème : une grande partie de cette filière échappe aujourd'hui à tout contrôle. En 2021, une loi a permis la légalisation de la production à des fins industrielles et médicales. Agriculteurs, coopératives de transformation, exportateurs... Un nouveau secteur se déploie autour du cannabis licite. Avec notre envoyé spécial dans les montagnes du Rif, À flanc de montagnes, dans le nord du Maroc, dans le Rif, les champs de marijuana s'étendent à perte de vue. « La plante que vous voyez ici, elle va servir à fabriquer des médicaments. On ne va plus la vendre aux trafiquants. Elle sera vendue à une coopérative, de manière officielle, sous la supervision de l'État », se réjouit Najib, 38 ans. Il cultive du cannabis légal depuis 2022. « Tu sais ce que tu vas gagner désormais. C'est un travail officiel, sûr. Ce n'est pas comme avant. On avait affaire à des gens qu'on ne connaissait pas, explique-t-il. On était à leur merci, ils pouvaient nous voler la récolte, le fruit d'une année de travail, et à qui pouvait-on se plaindre ? » La filière légale profite d'un réel engouement. En 2024, plus de 3 000 autorisations ont été délivrées par l'Anrac aux agriculteurs marocains, contre seulement 430 l'année précédente. L'Anrac, pour Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis, est le garde-fou du secteur. « Les prix sont fixés par contrat au départ. Donc l'agriculteur sait très bien ce qu'il va toucher. Il y a des avantages économiques, des subventions, des aides, un accompagnement de l'État. Être un agriculteur avec des documents, avec une carte, avec la possibilité d'aller chez le médecin... Tout change ! L'agriculteur, il existe. Alors qu'avant, il n'existait pas », détaille Jaber El Hababi, cofondateur de la coopérative de transformation Biocannat. Selon le ministère de l'Intérieur, le cannabis illégal fait vivre 400 000 personnes au Maroc. Les cultivateurs sont loin d'être tous passés au légal : « Il y a ce qu'il y a depuis des décennies. On ne peut pas non plus venir et changer tout d'un seul coup. Cela ne changera jamais d'un seul coup. Il faut du temps. Ce qui est difficile dans ce secteur, c'est la logistique. Comment pénétrer un marché ? Comment arriver à un marché ? Mais le Maroc a un avantage indéniable, c'est le produit roi dans le monde. » Quatre ans après la légalisation de la culture du cannabis au Maroc, le secteur en est encore à ses débuts. Les autorités voient en lui la base d'un nouveau modèle de développement pour cette région marquée par un sentiment persistant de marginalisation. À lire aussiMaroc: des températures qui dépassent les 40 degrés, le pays frappé par une vague de chaleur

    Au Tchad, la difficile formalisation du secteur de l'or [4/5]

    Play Episode Listen Later Aug 6, 2025 2:14


    « Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le FMI. S'il contribue de 25 à 65% du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. Au Tchad, l'extraction d'or est une activité encore artisanale et souvent informelle. Mais les autorités de Ndjamena souhaitent que le secteur se professionnalise. L'objectif est de multiplier par cinq la contribution du secteur minier à la richesse nationale d'ici quelques années. Et si le Tchad devenait le nouvel Eldorado ? Si pour l'instant, la production d'or du Tchad reste largement informelle, les autorités s'autorisent à rêver en grand. L'extraction d'or est en effet considérée par ce pays du Sahel comme l'un des vecteurs majeurs de croissance dans son nouveau Plan national de développement. Actuellement, le Tchad exporte déjà « dix tonnes au moins par an » d'or, et ce uniquement par le biais de l'orpaillage artisanal, rappelle le ministre tchadien des Finances, Tahir Hamid Nguilin. Mais pour passer à la vitesse supérieure, le pays devra attirer les investisseurs. « En donnant des permis, en suivant les règles de l'art, à des multinationales et à des sociétés qui répondent à un certain nombre de critères et de standards, nous pensons que nous pouvons au moins faire passer le poids du secteur minier dans notre PIB de 1% – ce qui est encore très bas aujourd'hui – à 5% à horizon 2030 », explique Tahir Hamid Nguilin. Les revenus de l'or sont en hausse au Tchad, confirme Charles Bouessel, analyste Afrique centrale pour International Crisis Group (ICG), même s'ils restent compliqués à estimer. « La plupart de l'or est exporté vers les Émirats », affirme l'expert, qui note néanmoins « un delta important entre ce qui est déclaré à la sortie du Tchad et ce qui est déclaré à l'entrée des Émirats ». Faire contribuer l'or aux finances publiques Le secteur de l'or au Tchad « gagnerait à être formalisé pour qu'il apparaisse davantage – et de manière plus fidèle – dans les finances publiques », poursuit Charles Bouessel. De son côté, la Société financière internationale, partenaire de la Chambre de commerce et du patronat tchadiens, souligne l'importance de formaliser toutes les activités économiques, y compris les activités minières. « ​​​​​​​L'inclusion des orpailleurs pour leur accès au financement » est centrale pour y parvenir. Selon cette antenne de la Banque mondiale chargée des entreprises privées, il est crucial de « ​​​​​​​préparer les PME et PMI tchadiennes à explorer les possibilités d'affaires » dans le secteur aurifère, de sorte que les entreprises locales puissent « ​​​​​​​participer à cette chaîne de valeur », souligne Sylvain Kakou, représentant au Sahel de l'organisation. Pour plus de clarté et mieux accompagner le secteur privé, la Société financière internationale encourage notamment les autorités tchadiennes à rendre effective la loi sur le Code minier. À lire aussiTchad: un séminaire national sur la décentralisation pour réfléchir à un nouveau projet de société

    Afrique du Sud: les «spaza shops», ces petits commerces qui font vivre les quartiers en proie au chômage [3/5]

    Play Episode Listen Later Aug 5, 2025 2:25


    « Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le Fonds monétaire international. S'il contribue de 25 à 65 % du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. Dans les townships, zones déshéritées d'Afrique du Sud, les habitants se transforment en entrepreneurs de rue pour survivre au chômage. Les « spaza shops », petites boutiques de quartiers, sont devenues le symbole de l'économie informelle. On estime qu'il en existe au moins 150 000 dans le pays. De notre correspondante à Johannesburg,  À Soweto, comme dans la plupart des townships d'Afrique du Sud, il y a trois choses qui ne manquent pas : les tavernes appelées « shebeens », les stands qui vendent des frites et des kotas, les sandwichs locaux, et les incontournables « spaza shops ». Ces mini-boutiques, que l'on retrouve presque dans chaque rue, sont souvent construites dans l'arrière-cour des maisons, avec une ouverture qui donne sur le trottoir. « Ce spaza shop nous aide beaucoup. Quand on a juste un peu de monnaie, on ne peut pas aller faire ses courses au mall, ou ailleurs parce qu'il faut payer pour le transport. Mais ici, c'est facile, on peut juste marcher depuis chez nous pour venir », sourit Lesedi, rencontré devant l'un de ces magasins informels. Une grille le sépare du vendeur. « On peut acheter juste une cigarette par jour, ou un pain à l'unité, c'est parfait », se satisfait l'habitant de cet immense township en périphérie de Johannesburg. De l'achat de gros à la vente à l'unité Ces magasins ont commencé à voir le jour sous l'apartheid, pour vendre des produits en secret aux habitants du township. Aujourd'hui, la plupart des « spaza shops » sont tenus par des étrangers, venus pour la plupart d'Éthiopie, du Bangladesh ou du Pakistan. Kadir, lui, est originaire de Somalie. Debout derrière son comptoir, le commerçant « propose des produits d'hygiène, des légumes et d'autres produits alimentaires divers ». Même s'ils sont informels, ces magasins contribuent à l'économie sud-africaine. Les vendeurs versent notamment des loyers à leurs propriétaires grâce à l'argent gagné avec leur « spaza shop ». Mais pour maintenir ce cercle vertueux, il leur faut rester compétitifs face aux grandes surfaces. « Les propriétaires des spaza shops font preuve de beaucoup d'innovation, sur la façon dont ils choisissent leur emplacement, comment ils échangent leurs produits avec les habitants sur un modèle basé sur l'argent liquide », décrit Peter Baur, professeur à l'université de Johannesburg (UJ). Beaucoup font preuve d'ingéniosité pour survivre, dans un pays où un tiers de la population est touché par le chômage. « Souvent, un groupe de petits magasins va mettre son argent en commun, pour faire des achats auprès d'un commerce de gros, afin d'avoir des prix réduits en se procurant de larges volumes, pour après revendre cette marchandise », illustre le chercheur. Des « spaza shops » aimés, mais aussi ciblés Mais les « spaza shops » sont une cible de choix lors de poussées de violences xénophobes. Une tendance qui s'est renforcée l'année dernière, lorsqu'une série d'intoxications alimentaires a tué une vingtaine d'enfants. Tous auraient consommé des produits achetés dans ces boutiques. Alors, pour faire face, Kadir s'est allié à un Sud-Africain. « C'est une bonne solution, car faire du commerce avec des étrangers permet de les voir apporter leur savoir-faire. Et nous, en Afrique du Sud, il faut leur laisser l'opportunité de mener leurs affaires », défend Tshepo, l'associé de Kadir. Malgré cela, les étrangers redoutent la nouvelle règle du gouvernement qui impose désormais à tous ces « spazas shops » de se déclarer auprès des autorités. Beaucoup d'entre eux critiquent une administration très lente à traiter les dossiers et craignent d'être discriminés. À lire aussiL'Afrique du Sud commémore la marche des femmes de 1956 contre l'apartheid

    Quand la rivière Oubangui charrie le commerce informel [2/5]

    Play Episode Listen Later Aug 4, 2025 2:34


    « Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le FMI. S'il contribue de 25 à 65% du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. En Centrafrique, le commerce informel bat son plein entre la capitale Bangui et sa jumelle, la ville congolaise de Zongo, de l'autre côté de la rivière Oubangui. Tous les jours, de nombreux commerçants centrafricains du secteur informel font des traversées en pirogue pour s'approvisionner, car Bangui dépend de Zongo en produits agricoles et Zongo dépend de Bangui en produits manufacturés. De notre correspondant à Bangui, 5 h du matin. Une vingtaine de piroguiers s'affairent à mettre à l'eau leurs embarcations en bois à Port Beach, côté centrafricain. La frontière entre la capitale centrafricaine, Bangui, et Zongo, en RDC, ouvre à 7 h. En attendant, les passagers – pour la plupart des commerçants – remplissent des formalités. Debout à côté d'un canoë, Flora, une vendeuse de légumes, se prépare pour traverser : les allers-retours Bangui-Zongo, elle fait ça « depuis une vingtaine d'années ». « Tout le monde sait que notre capitale n'est pas une zone agricole. L'agriculture se pratique dans les localités environnantes ou dans l'arrière-pays. Mais la distance, les tracasseries routières et l'insécurité compliquent parfois l'acheminement des produits », décrit-elle. Si Flora s'approvisionne à Zongo, c'est parce que la ville congolaise « se trouve à 10 minutes juste en face » et parce que « c'est une ville très développée en matière d'agriculture », explique-t-elle. Ces commerçants du secteur informel, comme Flora, ne sont enregistrés dans aucun des deux pays et ne paient donc pas d'impôt. Toutefois, ils paient des taxes de 500 FCFA (environ 0,75 euro) aux services de l'immigration dans les deux villes, à chaque fois qu'ils traversent la rivière Oubangui.  « Chaque matin, je traverse pour acheter des articles. Je m'approvisionne de manière informelle de l'autre côté de la rive parce que notre pays est enclavé. La plupart de nos produits sont importés de très loin », détaille Jacob, commerçant centrafricain. Lui vend des boissons, des panneaux solaires et des appareils électroniques. Des produits difficiles à trouver en Centrafrique qui « coûtent cher parce qu'ils sont importés de très loin », dit Jacob. « Comme c'est facile de traverser de l'autre côté de la rive, j'ai pris mon temps pour évaluer les articles qui sont rares ici ». « C'est de ça que je vis », souffle le commerçant, qui affirme qu'il n'a pas les moyens pour créer une entreprise formelle. Des produits disponibles et moins chers Entre Bangui et Zongo, le secteur informel domine largement l'activité économique. Il représente environ 60% des emplois et a une importance socio-économique considérable, selon la Fédération des entreprises du Congo. Même les petites entreprises centrafricaines s'appuient régulièrement sur les matières premières congolaises, importées de manière informelles par la rivière. Les usines de savon à Bangui notamment travaillent « en commun accord » avec les agriculteurs de Zongo, explique Charles Yannick, un commerçant congolais. « Ces savons sont fabriqués à base d'huile de palme, mais il n'y a pas de plantations de palmiers à Bangui. Le plus grand village de palmier se trouve à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest. Ce qui pousse ces entreprises à traverser rapidement de l'autre côté de la rive pour acheter les fruits de palmier dans des sacs, ici dans notre ville », témoigne le commerçant. Les vendeurs, pour la plupart des jeunes, subissent de temps en temps des tracasseries administratives et un racket policier. Selon le ministère des Petites et Moyennes Entreprises, le gouvernement travaille à la formalisation de ces commerces pour faire entrer de l'argent dans les caisses de l'État. À lire aussiRCA/RDC: Bangui et Zongo et les échanges commerciaux de ces villes jumelles [3/3]

    Au nord du Cameroun, les petits commerçants s'approvisionnent au Nigeria [1/5]

    Play Episode Listen Later Aug 3, 2025 2:30


    « Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le FMI. S'il contribue de 25 à 65% du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. Au Cameroun, le secteur de l'informel représente plus de 85 % des emplois, selon les chiffres du ministère des Petites et Moyennes Entreprises. Dans le Septentrion, le chômage y est important, les commerçants profitent de leur proximité avec le Nigeria pour s'approvisionner en carburant, denrées alimentaires ou encore médicaments de l'autre côté de la frontière. On les surnomme les « zoua-zoua ». Les vendeurs de carburant à la sauvette bordent les routes du centre-ville de Garoua, une ville située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière nigériane. Dans la région septentrionale du Cameroun, zone enclavée et touchée par le chômage, le commerce informel joue un rôle très important. Derrière les bouteilles en plastique et les panneaux en carton qui annoncent les prix, Paul (le prénom a été modifié) organise son petit commerce. Pour se ravitailler, il « loue une voiture 5 000 francs [environ 7,5 euros, NDLR] » et traverse la frontière nigériane. Là-bas, chaque litre lui coûte « 600 ou 650 francs [environ 1 euro, NDLR] ». Paul le revend 800 francs CFA (1,2 euro) dans les rues de Garoua, quand d'autres montent jusqu'à 850 francs (1,3 euro). « Il n'y a pas de prix fixe », reconnaît le vendeur. Pour passer la douane, un billet permet d'éviter les contrôles de marchandises. « La police ne nous dérange pas », raconte Paul, « quand on passe, parfois, on paye 10 000, parfois 5 000 francs [de 7,5 à 15 euros environ, NDLR] ». Comme beaucoup de Camerounais, le commerce de rue permet à Paul de gagner « un peu » sa vie. « C'est mieux que pas de travail », met-il en avant. « Nous, les gens du quartier, c'est avec ça, avec le carburant, qu'on se débrouille. » Grâce à la revente informelle, Paul a construit sa petite maison. Son commerce fait également travailler régulièrement deux à cinq jeunes du voisinage. À lire aussiCameroun: les autorités interdisent l'accès aux vendeurs ambulants dans 15 lieux de Yaoundé « On n'a pas le choix. On n'a que ça à faire. Il n'y a pas de travail » Un peu plus loin, au marché, deux jeunes hommes sont affalés sur leurs étals. Eux vendent des médicaments, également importés sans déclaration du Nigeria. « Il y a tous genres de médicaments : mal de tête, mal d'estomac… Même pour le palu, il y en a », présentent fièrement les deux commerçants d'une vingtaine d'années. « Je viens avec la voiture et je traverse comme ça. On est habitués », raconte l'un d'eux. « Parfois, la police dérange (…) ils prennent la marchandise », ajoute-t-il. « Plusieurs fois », les jeunes ont été visés par des saisies des forces de l'ordre. Des opérations qui les « ruinent », se plaignent-ils. Mais pas de quoi décourager les deux vendeurs ambulants. « On n'a pas le choix. On n'a que ça à faire. Il n'y a pas de travail », regrettent-ils, car le Cameroun est un pays où il est « très dur » de trouver un emploi salarié. Accoudé à son stand de médicaments, l'un des jeunes renchérit : « Les gens ont fait l'école. Il y a les diplômes, les diplômes professionnels comme académiques, mais on ne trouve pas de travail. Le gouvernement n'est pas bon. On souffre. Les gens souffrent au Cameroun, surtout les jeunes », dit-il. Matériaux de construction ou encore produits alimentaires sont également importés du Nigeria pour être revendus à Garoua. À lire aussiHausse du prix du carburant au Cameroun: les transporteurs se disent «asphyxiés»

    Tarifs douaniers de Trump: en Tunisie, le secteur de l'artisanat premier touché

    Play Episode Listen Later Jul 31, 2025 2:21


    En Tunisie, la hausse des tarifs douaniers imposée par les États-Unis va entrer en vigueur jeudi 7 août. Ce serrage de vis tarifaire s'inscrit dans le cadre d'une vague de surtaxes douanières qui touchent près d'une soixantaine de pays. Une augmentation de 25 % qui va surtout affecter l'artisanat tunisien dont les États-Unis sont les premiers importateurs. Avec notre correspondante à Tunis, À l'Office national de l'artisanat, dans le quartier de La Manouba à Tunis, Karim Bairam supervise la découpe des pierres pour ses mosaïques. 80% de la production de cet artiste mosaïste et sculpteur part à l'export, une grande partie vers les États-Unis. « Je travaille avec des particuliers, des clients qui ont des maisons et qui veulent acheter une pièce souvenir d'ici comme une grande table ou un tableau », détaille-t-il. Il prend l'exemple de sa dernière pièce d'une valeur d'environ 3 000 dinars. Les taxes et les frais d'envois appliqués s'élèvent actuellement à environ 1 200 dinars, peut-être 1 600 environ après l'application des nouvelles taxes, explique l'artisan. Des coûts de douane et de livraison qui sont aux frais du client. Pour l'instant, la différence n'est pas trop importante pour les commandes à l'unité des particuliers, mais Karim redoute les conséquences sur le long terme : « Avec une grande commande, ils vont calculer tout ça, tu vois, c'est sûr. » Mesures pour une baisse des coûts d'envoi, diversification des marchés Karim explore déjà de nouveaux marchés comme la Chine. Aux États-Unis, Kenza Fourati co-fondatrice de la marque Osay the Label, qui vend des babouches traditionnelles en cuir importées de Tunisie, craint de devoir augmenter ses prix pour ne pas diminuer sa marge déjà petite. « L'impact sur les artisans avec lesquels on travaille sera forcément qu'il y aura moins de production, le volume de production va forcément diminuer un peu si les prix changent », anticipe-t-elle. « C'est ça qui nous inquiète un peu, car notre travail est à échelle très humaine. Il y a des compagnies plus grandes qui peuvent absorber ces coûts et sont donc moins impactées. Mais des compagnies à petite taille comme les nôtres, ce sont elles qui en souffrent le plus. Les gens vont souffrir sur toute la ligne de production de ces tarifs », poursuit l'entrepreneuse. À Tunis, à l'office de l'artisanat, Leila Maslati, la directrice, veut rassurer les 350 000 artisans qui travaillent dans le pays. Elle prévoit la relance d'un projet avec le ministère du Commerce pour faire baisser le coup d'envoi et de livraison vers les États-Unis, mais aussi une diversification des marchés. « L'Afrique, c'est important pour nous, cette année, on a eu deux participations qui étaient bénéfiques pour le secteur de l'artisanat, au Cameroun et aussi au Nigeria. Et on aura en 2026 une participation importante en Côte d'Ivoire », précise-t-elle. En 2024, le volume des exportations de l'artisanat représentait 160 millions de dinars tunisiens – environ 55 millions de dollars – plus d'un tiers destiné au marché américain.

    Au Gabon, la difficile équation de la dette et des besoins d'investissement

    Play Episode Listen Later Jul 30, 2025 2:21


    Au Gabon, le gouvernement mise sur ses matières premières pour industrialiser le pays. À ce titre, Libreville a interdit d'exporter ses minerais bruts dès janvier 2029. Le manganèse, dont le Gabon est le premier producteur mondial avec 8 à 9 millions de tonnes par an, est le principal minerai concerné par cette interdiction. Mais ce n'est pas tout. Libreville entend lancer l'exploitation de deux gisements de fer et pour cela, il lui faut des fonds. Il y a quelques semaines, le pays a bénéficié d'un financement de 3,2 milliards de dollars d'Afriximbank. C'est déjà beaucoup d'argent, mais c'est encore trop peu, estime le gouvernement. Avec notre correspondant à Libreville, Le ministre des Mines, Gilles Nembe, a été au cœur des négociations qui ont permis d'arracher d'Afreximbank le colossal financement de 3,2 milliards de dollars. L'utilisation de l'enveloppe est déjà très bien répartie, détaille le ministre : « Il y a 200 millions de dollars qui vont être utilisés pour la création de centrales thermiques. Il y en aura une du côté de Lambaréné, une à Port-Gentil et la dernière à Libreville, pour soulager des coupures d'électricité que nous avons connues sur le territoire. Le reste, les trois milliards, vont être utilisés pour les grands projets d'infrastructures et la transformation locale du manganèse. » La nouvelle stratégie du Gabon est de sortir de la dépendance des recettes pétrolières. Le pays, riche en manganèse et en fer, a besoin d'importants financements pour mettre ce secteur en chantier. « Trois milliards de dollars, c'est juste le début. Nous avons besoin de bien plus d'argent. Entre 22 et 25 milliards de dollars à peu près. Et cet argent servirait au chemin de fer Belinga, Bouée et Mayumba, à la centrale hydroélectrique qui serait construite à Bouée et au port en eau profonde de Mayumba », précise encore Gilles Nembe. De l'ambition et de la rigueur L'économiste et ancien banquier, Willy Ontsia estime que le Gabon est capable de mobiliser tous ces financements sans alourdir sa dette. « La première option, c'est celle d'optimiser les recettes propres en impliquant un peu plus le principe d'unicité de caisse », argumente-t-il. Autre facteur pour l'économiste, « recourir à l'endettement de manière structurée » afin d'atteindre les objectifs. Enfin, troisième option, celle de « l'investissement direct étranger ». Et pour drainer plus d'IDE, « le gouvernement doit travailler sur le climat des affaires, lutter contre la corruption pour que l'économie puisse mieux fonctionner », affirme Willy Ontsia. À moyen terme, le Gabon vise une croissance économique à deux chiffres. Cette perspective intègre déjà le discours officiel, mais Fabrice Bekale, directeur général du cabinet de conseil stratégique et financier Act Africa, tempère : « Il faut de l'ambition, il faut du courage. Il faut être prêt à prendre les mesures difficiles qui nous permettront de réformer de manière positive l'économie. Et il faut de la rigueur dans l'exécution du plan. » L'un des premiers impacts attendus, selon le gouvernement, concerne la réduction du chômage grâce à la création de milliers d'emplois. À lire aussiGabon: le manganèse brut sera interdit à l'exportation dès 2029

    À Istanbul, le commerce à la valise vers l'Afrique en perte de vitesse

    Play Episode Listen Later Jul 29, 2025 2:17


    Le quartier de Laleli, à Istanbul, centre névralgique du commerce à la valise vers l'Afrique, traverse une crise. Inflation, contrôles policiers et concurrence étrangère freinent les échanges. De notre correspondante à Istanbul, Dans les rues pentues de Laleli, à Istanbul, les allées et venues des transporteurs rythment la vie du quartier. Sur leurs diables métalliques, ils déplacent des colis d'un magasin à une entreprise de logistique, appelées « kargo », spécialisées dans l'envoi de marchandises vers l'étranger, notamment vers l'Afrique. Parmi les figures de ce commerce, Serigne Seck. Ce Sénégalais installé en Turquie depuis une quinzaine d'années dirige un « kargo » qui expédie vers le continent africain des textiles, des meubles ou encore des matériaux de construction, en grande majorité fabriqués localement. Il explique les atouts de ce marché turc : « La majeure partie des personnes qui viennent faire des achats sont satisfaites. Par rapport à la qualité, c'est vraiment une bonne qualité. Les sociétés avec qui on travaille, les fournisseurs qui nous fournissent les bagages, etc. Il y a une confiance entre nous et eux qui nous permet d'assurer les clients qui sont de l'autre côté. » Ce système a notamment prospéré après le Covid, quand la Chine s'est partiellement retirée du marché. Mais l'activité de Serigne ralentit nettement. Une chute des volumes, des coûts qui explosent Un étage plus bas, Mehmet Eren observe la même tendance. Ce responsable d'un autre « kargo » voit chaque année son volume d'envois divisé par deux. Il décrit l'ampleur du recul : « En 2023, j'envoyais 10 tonnes par semaine. Un an plus tard, c'est passé à six tonnes. Encore un an plus tard, c'était 3,5 tonnes. Cette année, c'est presque deux tonnes. Pendant que nos revenus diminuent de moitié, nos coûts doublent. C'est à cause de l'inflation, des taux d'intérêt, de la bureaucratie, de la Chine, des guerres. Ce n'est pas un seul problème. » Les difficultés s'étendent à tout le quartier. Les commerçants peinent à rester compétitifs. Giyasettin Eyyüpkoca, président de Lasiad – une association d'entrepreneurs de Laleli dans le textile – explique les causes multiples : « À cause de toutes ces raisons, l'inflation, le salaire minimum, les coûts de l'énergie à l'intérieur du pays, vous vous retrouvez inévitablement un cran ou deux au-dessus, en termes de prix, par rapport aux pays que vous considérez comme concurrents. Dans ces conditions, alors que les habitudes de consommation des gens ont déjà changé, qu'ils sont déjà touchés par la crise économique, si en plus vos prix leur paraissent élevés, vous reculez inévitablement encore plus. » Enfin, un autre facteur vient fragiliser les liens commerciaux avec l'Afrique. Hors micro, une Tchadienne responsable d'un « kargo » confie subir une intensification des contrôles policiers et des arrestations. La Turquie a durci sa politique migratoire, une évolution qui, selon elle, contribue aussi au recul des échanges. À lire aussiVolkan Isiksi (Turquie): «On veut subvenir aux besoins de nos amis africains qui nous font la demande»

    Au Cameroun, une raffinerie pour limiter la dépendance aux importations

    Play Episode Listen Later Jul 28, 2025 2:20


    Le Cameroun lance un nouveau projet de raffinerie dans la ville balnéaire de Kribi. En 2019, un grand incendie avait mis à l'arrêt celle de la Sonara. La pose de la première pierre du futur complexe qui comprend aussi un dépôt de stockage de produits pétroliers, a eu lieu le 17 juillet 2025. Le projet est conduit par la société nationale des hydrocarbures accompagnée par un groupe d'entreprises nationales et internationales. Le pays vise à travers cette infrastructure à résorber la dépendance énergétique du pays aux importations. Avec notre envoyé spécial à Kribi, Le projet à bâtir s'étale sur une superficie de 250 hectares, à un jet de pierre du complexe portuaire de Kribi. Il va compter une raffinerie et un dépôt de stockage de produits pétroliers. « La raffinerie et le dépôt de stockage stratégique de produits pétroliers dans lesquels nous avons décidé d'investir sont des infrastructures à la portée historique destinée à révolutionner et à sécuriser l'écosystème énergétique au Cameroun, estime Nathalie Moudiki, la présidente du conseil d'administration de la société de projet CSTAR, spécialement constituée pour sa mise en œuvre. Il s'agit de projets complémentaires et indissociables qui constituent une avancée majeure dans le domaine de l'économie pétrolière. Ils viennent répondre au déficit structurel des capacités de stockage dont souffre le pays entier. » L'enjeu est donc de réduire la dépendance énergétique du Cameroun. Le pays important jusqu'ici l'essentiel de sa consommation de produits pétroliers. Avec 30 000 barils par jour de produits raffinés annoncés, cette dépendance devrait être réduite de 30 %, espère-t-on chez CSTAR. « À ce jour, 100 % de produits pétroliers est importé. Si nous avons des problèmes sur les lignes d'importations, le pays est à sec. Nous n'avons pas assez de stockage, ce qui veut dire que s'il y a un problème d'approvisionnement d'un jour, nous risquons la rupture de notre chaîne d'approvisionnement en produits pétroliers. Et vous pouvez imaginer les dégâts que nous pourrions avoir sur le fonctionnement du pays », souligne Miles Dion Ngute, coordonnateur du projet de construction de la raffinerie et du dépôt de stockage. Le projet charrie beaucoup d'espoir. D'abord en termes d'emploi, 5 000 pendant la phase de construction et 2 000 dès sa mise en exploitation. « Pour le Cameroun, ces projets sont porteurs d'une amélioration significative de la balance commerciale, un renforcement des réserves de change et surtout la création d'emplois pour résorber le chômage des jeunes », assure Nathalie Moudiki. La société nationale des hydrocarbures (SNH) et ses partenaires, dont la société Tradex, Ariana Energy et le consortium RCG, projettent l'inauguration de ce complexe courant 2027. À lire aussiCameroun: une base logistique opérationnelle pour le port de Kribi

    À Lubumbashi, le prix de la tomate flambe sur le marché

    Play Episode Listen Later Jul 27, 2025 2:23


    La tomate devient un luxe sur les marchés de Lubumbashi et dans les autres grandes villes du sud de la RDC. Son prix a presque doublé en quelques semaines. Il est passé de 45 000 francs congolais, soit 15 dollars pour une caisse de 30 kg à 90 000 francs congolais, équivalant à 30 dollars. Principalement importées de Zambie, en moyenne, 750 camions de tomate en provenance de ce pays frontalier ravitaillent la ville de Lubumbashi chaque mois.  Avec notre correspondante à Lubumbashi,  Madame Lydie vend des tomates depuis 10 ans au marché de la commune de Kenya, en RDC. Elle, comme des centaines d'autres commerçantes, dépend des cargaisons venues chaque semaine de la Zambie. Mais ces derniers mois, tout a changé. « Avant, j'achetais une caisse de tomates à 25 000 francs congolais. Aujourd'hui, le prix a augmenté, c'est 90 000 ! C'est devenu très compliqué. Si je ne fais pas attention en vendant, je risque de perdre même du capital », témoigne-t-elle. À côté d'elle, Christine pose les tomates sur son étalage, mais les clients se font rares à cause de la flambée des prix : « Le prix varie chaque jour et les clients se plaignent. Ils n'achètent pas. Or la tomate est périssable. Si je n'arrive pas à l'écouler dans le courant de la journée, c'est perdu. » La commune de Kenya est le principal lieu de négoce de la tomate à Lubumbashi. Selon le service de l'agriculture, la région du Sud-Katanga importe de la Zambie environ 22 500 tonnes de tomate par mois. Mais depuis le mois de juin, ce fruit se fait rare pour des raisons climatiques, déclare Jean-Marie Mwamb, l'inspecteur de l'agriculture à la commune de Kenya : « C'est juste la saison qui n'est pas favorable à la culture de la tomate puisqu'elle ne supporte pas le froid. Au cours des années précédentes, il y avait aussi la rareté de la tomate et les causes étaient notamment des tracasseries à la frontière. » Dépréciation du kwacha et tracasseries En plus de ce problème saisonnier, la dépréciation de la monnaie zambienne, le kwacha, les frais douaniers et les tracasseries à la frontière aggravent la situation. David Mpolo est un importateur rencontré devant son camion de tomates : « Aujourd'hui, 100 dollars valent 2,3 millions de kwacha. Au mois d'avril, on changeait 100 dollars à 1,5 million de kwacha. Cela a un impact sur le prix. Avant, le prix d'une caisse de tomates variait entre 35 000 et 45 000 francs congolais. Aujourd'hui, nous vendons à 90 000, voire 100 000 francs congolais. » Pour faire face à cette crise, la solution est dans la production locale, assure de son côté l'Association des agriculteurs sans frontières. « Il faut doter les agriculteurs de serres, car elles coûtent cher. Une serre se vend à 5 000 dollars. Donc, il faut un appui financier et une formation accélérée aux agriculteurs », réclame Alexis Mbumb, son président. La flambée du prix de la tomate remet sur la table la question de la politique agricole de la RDC afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des pays voisins. À lire aussiRDC: colère des transporteurs à la frontière zambienne

    L'Éthiopie, grande absente du classement par revenus de la Banque mondiale

    Play Episode Listen Later Jul 24, 2025 2:16


    L'Éthiopie ne figure pas dans le classement récemment publié par la Banque mondiale qui renseigne chaque année les pays du monde selon leur revenu national brut par habitant. Sur les 218 États du rapport, seul le Venezuela est dans la même situation. Une décision qui peut avoir des conséquences sur l'économie éthiopienne. De notre correspondante à Addis-Abeba, C'est une première depuis 1987 : l'Éthiopie est suspendue du classement annuel de la Banque mondiale. En cause, d'après l'institution : l'impossibilité, pour ses experts, de récolter des données fiables. Getachew Alemu, économiste à l'Union africaine, explique cette méthode de calcul : « Pour son classement, la Banque mondiale se réfère au revenu national par habitant. Celui de l'Éthiopie est d'abord calculé en dollars américains. Pour l'établir, un processus de conversion est donc nécessaire. Il s'agit d'utiliser le taux de change, pour convertir le revenu national brut calculé en dollars ». Mais aujourd'hui, « la Banque mondiale affirme qu'à l'heure actuelle, le taux de change n'est pas stabilisé. Et l'écart entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle persiste », précise-t-il. Des prêts plus difficiles à obtenir L'institution financière a donc préféré suspendre l'Éthiopie pour « limiter le risque d'utilisation d'un indicateur potentiellement trompeur », a fait savoir son bureau d'Addis-Abeba. Pour Kiflu Molla, économiste en charge de l'Éthiopie au sein de l'International Growth Centre, basé à Londres, cette suspension n'est pas exempte de conséquences. « La classification est importante pour plusieurs raisons. Entre autres, elle détermine l'éligibilité d'un pays à l'élaboration d'un financement pour obtenir une aide ou des prêts à faible taux d'intérêt », explique l'expert. Getachew Alemu confirme : la suspension de l'Éthiopie pourrait compliquer son accès à des prêts. « Si vous êtes un pays à faible revenu, vous êtes éligible à des prêts concessionnels. Cela signifie des taux d'intérêt plus bas et une durée de remboursement globale plus longue », souligne-t-il. Un mauvais signal envoyé aux investisseurs Plus globalement, l'absence de l'Éthiopie dans le classement de la Banque mondiale n'envoie pas un bon signal aux investisseurs, ajoute Kiflu Molla. « Ils peuvent avoir l'impression que le pays ne dispose pas de données fiables ou que son économie n'est pas stable. Les investisseurs pourraient penser que le pays est très pauvre et ne pas le considérer comme une destination d'investissement viable. Le gouvernement doit donc s'efforcer à clarifier les choses », pointe encore l'économiste. La suspension temporaire de l'Éthiopie n'a en tout cas pas entaché la confiance que lui accorde la Banque mondiale. Le 5 juillet dernier, l'institution a signé un accord de financement avec le pays d'un montant d'un milliard de dollars. À lire aussiÉthiopie: un an après l'ouverture du secteur bancaire aux banques étrangères

    Tunisie: les femmes artisanes de Gafsa en quête de plus de visibilité

    Play Episode Listen Later Jul 23, 2025 2:27


    En Tunisie, les artisanes de Gafsa, une ville minière du sud-ouest tunisien, tentent de valoriser les savoir-faire de la région et surtout une autonomie économique grâce à la vente de leurs produits. Mais le manque de visibilité et l'isolement sont souvent des problèmes pour ces entrepreneuses, qui dépendent des foires ponctuelles dans l'année pour arriver à vendre leurs produits. De notre correspondante à Tunis,  Lors de journées organisées par le ministère du Tourisme pour déterminer l'offre touristique à Gafsa, Fathia Mabrouki, originaire de Oum Larrayes, est venue avec d'autres femmes exposer ses tapis faits mains : « Ce que nous vendons ici, ce sont des produits de tissage de tapis et de kilims faits par les femmes de Oum Larrayes. Celui-ci avec plusieurs rayures de couleur, vous le trouvez dans toutes les maisons de la région, c'est vraiment un produit local ». « Personne ne sait qu'on existe » Mais dans cette région surtout connue pour ses mines de phosphate, les artisanes peinent à se rendre visibles et à vendre leurs produits. « C'est dur d'en vivre et de dégager un salaire, mais les artisanes s'accrochent pour continuer parce qu'elles ont ça dans le sang, poursuit-elle. Honnêtement, ce qu'il manque, c'est la publicité, le marketing. Parfois, des femmes comme nous, si on n'a pas la foire annuelle de l'artisanat à Tunis, on ne vend rien concrètement, car personne ne sait qu'on existe. » Karima Brahmi, 40 ans et originaire du centre-ville de Gafsa, a décidé de s'organiser en coopérative avec d'autres femmes pour vendre à plusieurs leurs produits du terroir. « Je suis entrée dans la coopérative pour faire plus de networking et gagner en expérience. Cela me permet d'avoir des contacts pour les foires de l'artisanat, car toute seule, je n'y arrivais pas. Là, j'entends parler de plus d'événements. Je fais des produits du terroir comme les olives, les légumes en saumure, la harissa, les gâteaux traditionnels », explique la quarantenaire. Une coopérative pour se professionnaliser Cette coopérative leur a permis de postuler à une formation du ministère de l'Agriculture pour se professionnaliser. « Nous avons suivi une formation pour décliner plusieurs produits à base de dattes et surtout faire en sorte que tous nos produits soient le plus naturel possible et de qualité », témoigne Ahlem Belhola, une de ses collègues. « On nous a appris comment faire du sucre de dattes, de la confiture de dattes, de la bsissa et même du café avec les noyaux de dattes. Donc, tous ces produits génèrent d'autres sources de revenus. Même les femmes, qui font ça à la base pour l'usage personnel ou pour vendre à quelques clients, sont encouragées à le faire de façon professionnelle et à élargir ainsi leur clientèle. » Un besoin de travailler d'autant plus important qu'à Gafsa, 35 % des femmes sont officiellement au chômage. À lire aussiLes sociétés civiles de Tunisie, Jordanie et Maroc s'inquiètent des violences faites aux femmes

    À Madagascar, des jeunes sans diplôme formés aux métiers d'avenir

    Play Episode Listen Later Jul 22, 2025 2:24


    À Madagascar, des visites d'entreprise pour trouver son métier et un emploi. 150 jeunes déscolarisés ont rencontré des professionnels en quête de main d'œuvre et prêts à former de nouvelles recrues dans les secteurs de l'hôtellerie, du textile, de la mécanique automobile ou encore du marketing digital.  Ils sont une vingtaine de jeunes à se frayer un chemin au milieu de l'atelier de couture dirigé par Voahangy Ramananarinoro à Antananarivo. Découpe des tissus, assemblage des pièces, repassage : la cheffe d'entreprise leur présente chaque étape de la production des vêtements pour enfants, ensuite destinés à l'exportation vers l'Europe. Son atelier recrute régulièrement des jeunes accompagnés par l'association Graine de Bitume. « Ils sont formés dans la couture et dans le patronage, les gabarits, etc. Ce sont des jeunes qui n'ont jamais vu ça. Mais on donne l'essentiel pour qu'ils soient vraiment opérationnels tout de suite, le plus vite possible. S'ils sont bien compétents, on les recrute », explique-t-il. Dans les coulisses du textile malgache Le secteur textile représente 20 % du PIB malgache et fait figure de moteur pour l'économie nationale. « J'aimerais commencer comme salariée pour accumuler de l'expérience et des savoir-faire puis monter ma propre entreprise pour exporter des pulls et des chemisiers, témoigne Fitahiana, 17 ans. Avec cette visite, je découvre le processus de fabrication des vêtements et je peux voir comment les employés ont fait carrière, comment ils ont acquis des savoir-faire. » Les jeunes visitent les entreprises après avoir réalisé un test de personnalité afin de cerner leurs centres d'intérêt. Parmi la palette de métiers à découvrir : ceux du marketing numérique, un secteur en pleine croissance. Dans l'entreprise Smartelia, aucun diplôme n'est nécessaire pour être embauché, mais la maîtrise du français est requise pour communiquer avec les clients principalement français. Marketing numérique : un secteur en plein essor « On est beaucoup à la recherche de personnes spécialistes en marketing digital actuellement, explique la référente ressources humaines de l'entreprise, Miora Randrianomenjanahary. Si je parle de l'année dernière, on a visé à peu près 200 personnes à recruter. Évidemment, ici, quand ils entrent en entreprise, il y a toujours des formations qu'on offre à toutes les nouvelles recrues. C'est vraiment initier les jeunes à se dire qu'il y a un avenir dans le marketing numérique. Il faut avancer avec, surtout avec l'automatisation, avec l'intelligence artificielle. On est en train de se faire dépasser et si on ne travaille pas avec, on va disparaître avec. » À Madagascar, 80 % de la population occupe un emploi informel et seuls 6 % des jeunes étudient à l'université. En leur faisant découvrir des secteurs en croissance qui leur sont souvent étrangers, Graine de Bitume entend favoriser l'accès rapide des jeunes sans diplômes à des emplois stables et des revenus réguliers sur le long terme. À lire aussiMadagascar: face à la crise de l'emploi, le secteur informel s'étend à de nouveaux métiers

    Comores: Mitsamiouli compte sur les Jeux des îles pour relancer le tourisme

    Play Episode Listen Later Jul 21, 2025 2:31


    Les Comores accueilleront les Jeux des îles de l'océan Indien en 2027. À Mitsamiouli, ville balnéaire située dans le nord-est de l'île de Grande Comore, autrefois très fréquentée par les touristes, la perspective des Jeux des îles suscite espoirs et projets.  Le stade de Mitsamiouli est en chantier. La Fédération comorienne de football y construit un nouveau centre technique. « Nous allons faire les dortoirs du centre technique et deux grands bâtiments qui auront les gradins, explique El-Had Assaf, ingénieur pour l'entreprise comorienne de construction SCPMC, en charge des travaux. En dessous, il y aura les vestiaires et une salle de sport. C'est là où les académiciens vont faire leur préparation et le stade. C'est là où ils vont faire leurs entraînements et leurs matchs. Nous allons construire des gradins d'une capacité de 1 000 à 1 500 personnes. Normalement, le projet est censé finir début 2027 maximum, avant les Jeux. » Il y a les infrastructures sportives et il y a tout le reste Chamsoudine Soulé, le maire de Mitsamiouli, énumère ses projets et ses attentes : « On aura ce stade. On aura aussi un gymnase qui sera construit. En tout cas, il est programmé. Parmi les projets qui doivent être faites avant les Jeux de 2027, il y a d'autres formes de préparatifs, parce que nous avons l'hôtel Galawa, un ancien hôtel qui n'est plus fonctionnel. C'est comptabilisé dans le cadre des infrastructures pour 2027. » « Il y a aussi l'hôtel Maloudja, mais aussi, nous avons d'autres sites, notamment, le site de Panga Shuwa, le site de trou du Prophète. On est en train de construire un ensemble d'édifices. On aura beaucoup de visiteurs. C'est une opportunité en or pour rebooster notre tourisme », poursuit-il. Les Jeux, une opportunité économique  De la fin des années 1980 au début des années 2000, les plages paradisiaques de Mitsamiouli ont vu défiler des touristes de toutes nationalités. Mais depuis, les Comores ont moins la cote et, dans l'océan Indien, les Seychelles, les Maldives ou l'île Maurice sont plus prisées. À l'hôtel Océan Voyage de Mitsamiouli, en bord de mer, on se prépare aussi. « Cela va faire venir beaucoup de touristes vu que, nous aussi, on est tout près de la plage. On construit les nouvelles salles de conférence. On en a déjà une, mais on agrandit la salle de conférence pour les Jeux des îles. On est prêt pour ça », explique Vanessa Anjara, qui gère la partie restaurant de l'hôtel. Pour que les Jeux des îles apportent les retombées espérées, il faudra que tout soit fini à temps. Si le chantier du stade avance bien, celui du mythique hôtel Galawa, maintes fois annoncé et relancé, est actuellement à l'arrêt. À lire aussiComores: la menace de grève des opérateurs économiques suspendue, un accord en passe d'être signé

    Dotation aux communautés: la Cour des comptes épingle 37 sociétés minières en RDC

    Play Episode Listen Later Jul 20, 2025 2:29


    La Cour des comptes de RDC a, dans un récent rapport, révélé que 37 entreprises minières ont minoré leur dotation aux communautés, occasionnant un manque à gagner de 97 millions de dollars. Selon le Code minier, chaque société doit verser à la communauté impactée par l'activité minière 0,3 % de son chiffre d'affaires pour des projets de développement. Le ministère des Mines exige des entreprises qu'elles rendent des comptes sous peine de sanctions. À Lubumbashi, par exemple, la société Ruashi Mining n'a versé que 22% du montant attendu. De notre correspondante à Lubumbashi,  L'hôpital militaire de la Ruashi, à Lubumbashi, connaît des déficits en énergie électrique. Pourtant, depuis un an, il est doté d'une centrale photovoltaïque de 10 kilowatts, un projet financé par la dotation de la société Ruashi Mining. Mais cette centrale n'est pas opérationnelle car elle ne dispose pas des batteries nécessaires. « Il n'y a pas de financement. Notre partenaire Ruashi Mining n'a pas encore répondu à notre demande. Il nous doit plus de 5 millions. Comme vous le voyez, ils n'ont pas d'énergie électrique et [la centrale] ne peut pas fonctionner, les batteries ne répondent pas », regrette Christophe Kabwit, membre de la société civile locale. À quelques mètres de là, au centre social Ruashi 2, un bâtiment peint en blanc a été construit avec les mêmes fonds. Il doit abriter des ateliers équipés de 200 machines à coudre et de matériel informatique. Là aussi, les travaux sont à l'arrêt. Zacharie Kapenda, le directeur du centre social, est un peu déçu : « Il y avait de l'espoir parce que les travaux devaient prendre fin dans un délai de trois mois. Et on devait nous amener des machines pour la couture, l'informatique et la cuisine. » Une erreur de calcul ? En 2024, quatre projets ont été lancés dans la commune de Ruashi, à Lubumbashi. Il s'agit de la construction d'une école technique, d'ateliers du centre social et du montage des centrales photovoltaïques dans deux hôpitaux publics. Tous ces projets sont à ce jour inachevés. En plus de minorer la dotation de 0,3 % de son chiffre d'affaires, la société Ruashi Mining n'a décaissé que près de 22% du montant attendu, soit 1 201 000 $. Justin Nyembo est membre de l'organisme chargé de la gestion de la dotation. Il fait les comptes : « De 2018 à 2023, cela représente un montant de 6 130 000 $ que l'entreprise doit verser comme dotation. Aujourd'hui, nous réclamons à l'entreprise 5 111 000 $ pour que nous puissions achever les projets que nous avons amorcés. » Pour sa part, l'observatoire d'études et d'appui à la responsabilité sociale fait le suivi du respect du Code minier par les entreprises minières. « Du point de vue légal, il est de la responsabilité ou du devoir de l'entreprise de payer normalement pour être en ordre avec les lois du pays. Cela n'est pas discutable », affirme Freddy Kasongo, le directeur de l'observatoire. La société Ruashi Mining, quant à elle, rejette les allégations sur la minoration de ses déclarations sur le 0,3% de son chiffre d'affaires. Elle affirme qu'il s'agit d'une erreur de calcul. De son côté, le ministère des Mines, en charge du recouvrement de ces dotations, a dans une lettre récente menacé de sanctions si les montants dus ne sont pas acquittés. À lire aussiLa RDC signe un accord de principe avec l'entreprise américaine KoBold Metals sur l'exploration minière

    Coltan, cuivre, or: la difficile traçabilité des minerais en Afrique centrale

    Play Episode Listen Later Jul 17, 2025 2:28


    Alors que les minerais extraits en Afrique centrale sont essentiels aux technologies du quotidien, leur traçabilité reste problématique. Entre initiatives internationales et controverses judiciaires, les entreprises sont sous pression pour assumer leur devoir de vigilance. La société luxembourgeoise Traxys a récemment été épinglée par l'ONG Global Witness. Elle est accusée d'avoir acheté plusieurs centaines de tonnes de coltan au Rwanda, un minerai stratégique utilisé notamment dans les smartphones, mais bien souvent extrait dans des conditions illégales en République démocratique du Congo. L'ONG affirme que ce minerai proviendrait de mines congolaises, comme celle de Rubaya, dans une région minée par les conflits armés. Traxys rejette les accusations. Pourtant, l'opacité des chaînes d'approvisionnement reste fréquente dans cette zone. Pour limiter les risques, les entreprises peuvent s'appuyer sur le guide de l'OCDE sur le devoir de diligence. Ce document propose une série de pratiques dites « responsables ». Selon Karim Dahou, directeur adjoint des relations mondiales à l'OCDE, la transparence progresse, et « les entreprises prennent de plus en plus au sérieux leur responsabilité ». Il cite un exemple révélateur : une mine de cuivre évaluée à trois milliards de tonnes de réserves a vu son projet suspendu par une Cour constitutionnelle, faute de consultation des communautés locales dans une zone protégée. « Beaucoup de projets sont retardés ou annulés parce qu'ils ne respectent pas les normes », explique-t-il Des recours juridiques contre les multinationales De son côté, la RDC a porté plainte en France et en Belgique contre des filiales d'Apple, les accusant d'avoir participé au recel de minerais exploités illégalement dans l'est du pays. Le groupe américain affirme avoir depuis suspendu ses approvisionnements en provenance de la RDC et du Rwanda. En France, la plainte a été classée sans suite en février, mais la procédure suit son cours en Belgique. Pour améliorer la traçabilité, des programmes comme ITSCI sont mis en place. Dirigé par Mickaël Daudin, ITSCI aide les entreprises à assumer leur devoir de diligence sur le terrain. « Le cœur du travail, c'est d'être dans les mines, de suivre les risques au quotidien et de les résoudre de manière transparente, insiste-t-il. Aucune solution n'est parfaite. Mais détourner le regard ne fera pas disparaître les abus. » À lire aussiEst de la RDC: la contrebande de minerai vers le Rwanda s'intensifie

    Après la levée du dernier embargo, quel avenir pour le Processus de Kimberley?

    Play Episode Listen Later Jul 16, 2025 2:26


    Le Processus de Kimberley (PK), adossé à l'ONU, a été créé en mai 2000 du constat de conflits importants sur le continent africain liés ou alimentés par la production du diamant. À l'époque, particulièrement en Angola et en Sierra Leone. Près de 25 ans plus tard, le dernier embargo sur la vente de diamants qui était imposé à la Centrafrique est levé. Dans un récent rapport, the International Peace Information Service (IPIS) s'interroge sur l'avenir de ce Processus. L'IPIS est très critique quant aux résultats obtenus par l'embargo en Centrafrique. Pour le chercheur Hans Merket rédacteur du rapport, sa levée pose en plus la question de son avenir. « On peut se demander aujourd'hui quelle est encore la responsabilité du Processus de Kimberley, s'il n'a pas été capable d'avoir un impact positif dans le seul pays où elle reconnaît encore des diamants de conflit ? Qu'est-ce qu'on peut encore attendre du PK dans d'autres circonstances ? », se questionne le chercheur. « Pour le PK, la levée de l'embargo veut aussi dire que, aujourd'hui, il ne reconnaît pas de diamants de conflits ailleurs au monde. Et donc ça reste un système assez coûteux, assez intensif. On a des réunions deux fois par an pour une semaine, avec deux cents représentants des différents pays. Mais pour discuter quoi encore ? Donc, je pense que ça, c'est vraiment une question qu'on doit se poser, quelle est encore la pertinence et le futur de ce système et de ce Processus de Kimberley ? », s'interroge Hans Merket. Le Processus de Kimberley réunit les représentants des États, de l'industrie du diamant et de la société civile. Jimmy Hamuli est le point focal Afrique centrale de la Coalition de la société civile du Processus de Kimberley : « Aujourd'hui, on peut dire que le PK a contribué à réduire les financements des groupes armés par les diamants. Mais on ne peut pas dire complètement que le PK a éradiqué tous les conflits dans le secteur du diamant ». À lire aussiCentrafrique: malgré la levée de l'embargo, le diamant peine à briller Élargir la définition du PK ?  Pour la société civile, le processus de Kimberley a encore toute sa raison d'être si les définitions et critères du PK sont élargis. La coalition a d'ailleurs fait des propositions en ce sens. « Nous voulons que la définition ne se limite pas seulement aux diamants de conflit, mais qu'elle aille plus loin, qu'elle considère toutes les questions liées aux acteurs et aux actes qui sont posés par ces acteurs dans le secteur du diamant. Nous avons tous les types d'acteurs armés et non armés, étatiques et non étatiques. Cela ne permet pas d'être sûr que les diamants issus des zones où ces acteurs sont présents ne sont pas entachés par des conflits », détaille Jimmy Hamuli.   « Le Processus de Kimberley, je pense, devrait jouer ce rôle de prévention. En dehors des guerres, il y a toutes formes de violations des droits humains, des tueries, des violations des droits environnementaux des communautés qui doivent être en tout cas prises en compte dans la nouvelle définition », estime le représentant de la coalition. À Rio, les Brics ont réaffirmé leur soutien au Processus de Kimberley. Ils affirment vouloir poursuivre leur examen de mécanismes pour promouvoir le développement durable du commerce de diamants, mais également de « métaux précieux ». À lire aussiLe secteur du diamant s'unit pour redorer l'image des pierres naturelles

    Centrafrique: malgré la levée de l'embargo, le diamant peine à briller

    Play Episode Listen Later Jul 15, 2025 2:26


    Le Processus de Kimberley a levé son dernier embargo sur le diamant en Centrafrique en novembre 2024 (après une levée partielle en 2016). Une victoire politique pour les autorités de Bangui qui dénonçaient une restriction injuste sur des ressources importantes pour le pays. Si la levée de l'embargo devrait permettre cette année de dépasser les 112 000 carats produits l'an passé, affirment les autorités. Cependant, un récent rapport de l'International Peace Information Service (IPIS) souligne que la levée des restrictions ne signifie pas nécessairement une reprise massive du secteur. Difficile dans le secteur de trouver des interlocuteurs qui acceptent de parler au micro. Ce revendeur de diamants a accepté de témoigner de manière anonyme. Il explique comment l'embargo a affecté ses activités. « Nous nous étions tout réorganisés dans le travail de l'or. La levée de l'embargo a permis la reprise de nos activités de diamant dans toutes les zones, sauf que le prix actuel du marché et le manque de financement direct auprès des artisans par les bureaux d'achat de diamants démotive les artisans. Il faut aussi reconnaître que la présence des troupes de Wagner donne peur aux financiers de nous accompagner. Aujourd'hui, il est nécessaire de relancer le secteur par l'entremise des bureaux d'achat qui doivent accompagner les collecteurs et les artisans miniers », partage-t-il avec nous. Avec l'embargo, les artisans miniers ont été contraints de travailler avec les groupes armés ou les réseaux illicites, soit de se tourner vers d'autres activités comme la production de l'or. Faute de mesures incitatives et des prix sur le marché au plus bas, le diamant aujourd'hui peine à retrouver de son brillant. « On a vu que les acteurs formels dans le commerce de diamants ont eu beaucoup de difficultés à entrer en compétition avec ces réseaux illicites qui ont beaucoup d'avantages comparés à eux. Ils ne doivent pas payer de taxes, ils ont aussi des connexions, des réseaux logistiques qui ont été très bien établis », explique Hans Merket chercheur à l'IPIS et auteur de ce rapport. « Et donc on voit encore aujourd'hui que même avec la levée de l'embargo, cela reste encore très compliqué et difficile pour les acteurs licites dans le commerce de rattraper et de trouver des opportunités sur le marché », affirme-t-il encore. À lire aussiCentrafrique: la levée totale de l'embargo sur les diamants décidée par le Processus de Kimberley « L'État travaille pour pouvoir soutenir ce secteur » Les autorités se disent conscientes de cette problématique et cherchent à relancer le secteur. « Pour ramener les gens dans le diamant, c'est un peu plus difficile. Nous avons prévu d'ici le mois d'août, si tout se passe bien, d'organiser une semaine de l'artisanat minier. Nous comptons, au niveau de l'État, mobiliser des ressources, mais aussi intéresser le secteur privé. Non seulement nous travaillons à l'industrialisation du secteur, mais vous savez que l'artisanat minier fait vivre 500 à 800 000 personnes. Et donc l'État travaille pour pouvoir soutenir ce secteur-là. Donc, cette activité permettra à l'État de mettre quelques moyens matériels, quelques équipements à la disposition de ces artisans miniers-là, ce qui permettrait, à n'en point douter, de relancer la production », assure le ministre centrafricain des Mines, Rufin Benam Beltoungou. Les autorités disent également étudier l'attribution de permis d'exploitation semi-industriels. Mais l'IPIS souligne des opérations de contrebande « profondément enracinées, soutenues par la collusion des élites de l'État ». Il faudra donc une bonne dose de volonté politique, note l'institut de recherche, pour que les carats du diamant bénéficient de nouveau à l'économie du pays. À lire aussiCentrafrique: Bangui présente l'un des plus gros diamants jamais découverts dans le pays

    Tunisie: des filtres sur les canalisations face au risque d'inondations urbaines

    Play Episode Listen Later Jul 14, 2025 2:28


    En Tunisie, l'insuffisance des infrastructures provoque souvent des inondations dans les villes en cas de pluies abondantes. Une startup a eu l'idée d'installer des filtres métalliques dans les bouches d'égouts pour atténuer ce risque. Une solution adoptée par de plus en plus de municipalités. Dans le quartier de Megrine en banlieue sud de Tunis, l'équipe Zigofiltre et des agents municipaux installent dans le regard de l'égout une cage en acier, renforcée à chaud. « Là, les agents de terrain vont essayer d'enlever le tampon qui est le couvercle du regard, détaille Mohamed Rammeh, le co-fondateur de la startup. On va ensuite nettoyer un peu le regard et les réseaux pour installer les filtres sur un regard propre et ensuite installer le filtre qui aura comme rôle la rétention des déchets, la capture des déchets, ce qui va aussi laisser passer l'eau, sans déchets. » Limiter la pollution des sources d'eau Un procédé qui réduit le risque d'inondations, mais pas seulement. « Cela va réduire aussi la pollution des réseaux, qui peut entraîner aussi la pollution des ressources marines avoisinantes, poursuit Mohamed Rammeh. Donc, s'il y a des lacs, s'il y a des rivières, on va éliminer la pollution qui va rentrer dans ces sources d'eau, et le filtre a une très grande durabilité, dans les quinze ans. » Fondée en 2020, la startup Wayout et son concept Zigofiltre a été créée par quatre ingénieurs tunisiens qui ont voulu agir face au changement climatique. Ils se sont inspirés d'un modèle australien avec des filets. « L'infrastructure est un peu déchue, observe Mohamed Rammeh, mais aujourd'hui, il s'agit de l'améliorer pour la rendre plus résiliente. Le mot résilience est le mot clef parce que finalement nous, avec le changement climatique, on ne peut pas prévoir les inondations, on ne peut pas prévoir les fortes pluies, autant avoir une infrastructure qui est préparée. » Dans 25 municipalités Et pour les agents municipaux, le filtre est le bienvenu. « De toute façon, actuellement, on n'avait rien, donc ça ne peut pas être pire, confie Mahjoub Awachi. « Il faudrait aussi que les services publics comme l'ONAS, qui s'occupe de l'assainissement, fassent plus de suivi. » Pour financer les filtres, la startup noue des partenariats avec des entreprises qui acceptent de payer l'achat, l'installation et le suivi dans le cadre de leur responsabilité sociétale et environnementale. Une quinzaine de filtres coûtent environ 6 000 dinars soit environ 1 800 euros. Les techniciens de Zigofiltre ont pour l'heure équipé 25 municipalités, sur les 350 en Tunisie.

    Madagascar: le FMI soutient la réforme très sensible du secteur de l'énergie

    Play Episode Listen Later Jul 13, 2025 2:15


    Madagascar a obtenu début juillet un décaissement de 107 millions de dollars du Fonds monétaire international. Il s'agit de soutenir la Grande île confrontée aux cyclones, à la diminution de l'aide au développement et à l'augmentation des droits de douane américains. Le FMI appuie également une réforme, centrale pour Madagascar, mais délicate, celle du secteur de l'énergie, alors que le pays subit depuis des mois des délestages prolongés. La réforme du secteur malgache de l'énergie tient sur deux pieds. D'abord une diminution des subventions sur les prix à la pompe, mais une diminution progressive. « L'idée, ce n'est pas d'aller à la vérité des prix soudainement, souligne Kodjovi Eklou, le représentant résident du FMI à Madagascar. On garde encore une part de subventions, mais on les maîtrise. C'est une formule, donc chaque mois, les prix changent à la pompe dans une limite de -200 et +200 ariarys le litre. » Développer le solaire Autre versant de la réforme, le plan de redressement de la compagnie publique malgache, la Jirama, vient d'être publié. Il vise, explique le représentant du FMI, à diminuer le prix de revient de l'électricité, près de deux fois plus élevé que le prix de vente… « En ce moment, l'énergie est produite essentiellement par du heavy fuel et du diesel, précise Kodjovi Eklou. Donc, ça coûte extrêmement cher. On sait que les grands projets hydroélectriques vont prendre du temps. Mais avant d'arriver là, avec les panneaux solaires, on va produire de l'énergie à moindre coût. » Graves dysfonctionnements pas résolus L'amélioration du service devrait, espère le FMI, permettre d'imposer des tarifs « confort » et « super confort » pour, par exemple, les bureaux et les grands hôtels, afin de renflouer les caisses, tout en préservant des tarifs sociaux.  Cette réforme de la Jirama ne remédie pourtant pas aux dysfonctionnements graves de la compagnie, estime Serge Zafimahova, consultant malgache en risque d'investissement. « Les services de l'État ne paient pas. Or, ces montants sont bel et bien consommés. Où va cet argent ? Deuxième point, comment se fait-il que le coût du litre de gasoil de la Jirama soit supérieur au coût du litre pour le consommateur à la pompe, fournie par Total, Shell ou Esso ? Il y a quand même quelque chose d'anormal. » Vers une privatisation de la Jirama ? Si la Jirama est désormais une société anonyme à participation de l'État, sa structure n'est pas réformée, souligne cet expert. « En gardant la Jirama dans sa forme actuelle, c'est-à-dire une société qui s'occupe de la partie électricité, de la partie eau et de la partie logistique, les mêmes maux vont produire les mêmes soucis demain. Si ça passe entre les mains du privé, ça va faire flamber les cours du kilowattheure. » Inquiet d'une possible privatisation, le personnel de la Jirama a déjà organisé des sit-in à travers Madagascar et prévoit d'amplifier le mouvement.

    Au Congo, une distillerie pour développer l'industrie du sud-ouest du pays

    Play Episode Listen Later Jul 10, 2025 2:12


    La région de la Bouenza, dans le sud-ouest du Congo, s'industrialise un peu plus. Le président Denis Sassou-Nguesso vient d'officialiser la mise en service d'une distillerie à Moutela, au sud de Nkayi, la quatrième ville du Congo. Opérée par la Société agricole de raffinage industriel du sucre, filiale du groupe français Somdia, elle transformera les résidus de sucre, autrefois jetés, en alcool pour l'industrie. De notre correspondant à Brazzaville, La route qui mène à la distillerie de Moutela traverse d'immenses champs de canne à sucre. Après deux ans de construction, l'usine est inaugurée par les autorités. Le PDG du groupe Somdia, Olivier Parent, mène la visite. « Cette distillerie avec une capacité de production de six millions de litres peut produire six millions de litres d'alcool chaque année. Et, nous utilisons les co-produits issus de la sucrerie pour cela, explique le dirigeant. La sucrerie transforme la canne à sucre en sucre. Il y a des co-produits qu'on appelle la mélasse. Cette mélasse est transférée vers la distillerie : il y a une réaction de fermentation et de distillation pour créer de l'alcool à 96 degrés qui va être utilisé par les industriels à la fois pour de la boisson, de la pharmacie et de la cosmétique ». Les importations d'alcool, qui étaient nécessaires aux industriels au Congo, vont pouvoir s'arrêter, estime le groupe Somdia. La distillerie a nécessité un investissement de 17 milliards de francs CFA et une formation spécifique du personnel. « La distillerie à ce jour, côté exploitation, c'est une soixantaine de personnes qui vont travailler pendant la durée de la campagne, tout en sachant que l'on est couplés à la durée de la campagne sucrière. C'est donc une entreprise saisonnière qui va produire pendant cinq mois et aller en campagne de maintenance pendant sept », précise Serigne Bassirou Pouye, le directeur d'exploitation. À lire aussiCongo-B.: la transformation des produits locaux, une priorité à l'heure de la Zlecaf Présents à l'inauguration de la distillerie, certains habitants de la région saluent les opportunités d'emploi. Mais d'autres s'inquiètent des risques de pollution, car les rejets de la distillerie seront versés dans la rivière Niari. « Il faut que l'entreprise crée des conditions pour que les poissons qui sont dans l'eau et les riverains qui sont plus bas ne puissent pas subir les impacts de la distillerie », appelle de ses vœux cet habitant de la localité. L'industrialisation se développe dans la région de la Bouenza. « Une priorité absolue » insiste Antoine Nicéphore Fylla de Saint-Eudes, le ministre du Développement industriel. L'État congolais a pris une participation au capital de la nouvelle distillerie. À lire aussiCongo-Brazzaville: la société italienne Eni lance une unité de production d'huile dans le sud du pays

    Suspendue de l'Agoa, l'Éthiopie fait figure d'«étalon» des opportunités de cet accord

    Play Episode Listen Later Jul 9, 2025 2:15


    Donald Trump reçoit depuis ce mercredi 9 juillet cinq chefs d'États africains à Washington. L'occasion d'ouvrir les discussions sur les liens entre les États-Unis et l'Afrique, malmenés depuis le retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche. L'Agoa favorise depuis 2000 les exportations africaines vers les États-Unis. Un sujet sur lequel l'Éthiopie fait figure d' « étalon ». Elle a été suspendue de cet accord en janvier 2022, à cause de la guerre au Tigré, avec de lourdes conséquences pour le pays.  De notre correspondante à Addis-Abeba, L'Éthiopie pourra-t-elle un jour réintégrer l'Agoa ? La question est cruciale pour le pays, tant les conséquences de sa suspension se font aujourd'hui ressentir. Ahmed Soliman, chercheur au sein du think tank britannique Chatham House, revient sur l'impact de cette décision. « Les secteurs comme le textile, l'industrie du cuir, l'habillement étaient intégrés à l'Agoa via l'export, détaille-t-il. Ils ont été très touchés par une baisse de leur activité, alors que l'Éthiopie avait largement investi ces dix dernières années dans des parcs industriels. Ces parcs industriels ont subi des baisses d'investissement, et environ 18 entreprises étrangères ont cessé leurs activités en Éthiopie. C'est le cas de sociétés importantes comme PVH, qui détient la marque Calvin Klein ». D'après un rapport de la Banque africaine de développement, la suspension de l'Agoa a causé la suppression de près de 10 000 emplois. Durant de nombreuses années pourtant, l'accord commercial avait boosté l'économie éthiopienne, explique Biruk Haregu, chercheur en économie à l'université George Mason. « L'Agoa a été très bénéfique. L'Éthiopie s'en est servie dès 2012 pour développer les produits manufacturés, comme le textile, le prêt-à-porter, les chaussures, les produits en cuir, etc. Elle produisait ces biens et les envoyait sur le marché américain sans payer de droits de douane », rappelle le chercheur. À lire aussiLes États-Unis excluent Éthiopie, Mali et Guinée de l'accord commercial Agoa L'opportunité de chercher d'autres partenaires ? D'après Biruk Haregu, l'Agoa a également permis à 200 000 personnes d'accéder à l'emploi salarié. La suspension en 2022 a donc été un véritable choc. Mais pour Ahmed Soliman, cette situation et l'inquiétude autour du renouvellement de l'Agoa qui arrive à expiration en septembre prochain, pourraient aussi ouvrir de nouvelles perspectives en Afrique. « C'est aussi pour l'Éthiopie et d'autres pays africains, l'occasion d'explorer des alternatives, de diversifier leurs partenariats, et de montrer leurs capacités à négocier en tant que bloc », assure-t-il. Il rappelle également l'élément stratégique que représente par exemple la zone africaine de libre-échange. En 2023, 9,26 milliards de dollars de marchandises ont été exportées dans le cadre de l'Agoa, selon la Commission américaine du commerce international. À lire aussiDroits de douane américains : quelles conséquences pour l'Afrique ?

    Éthiopie: un an après l'ouverture du secteur bancaire aux banques étrangères

    Play Episode Listen Later Jul 8, 2025 2:25


    En juin 2024, le gouvernement éthiopien annonçait l'ouverture du secteur bancaire aux acteurs étrangers. Pour la première fois depuis les nationalisations de 1975, les banques internationales étaient autorisées à créer des filiales locales en Éthiopie. Le point sur un an de libéralisation bancaire. L'annonce de l'ouverture du secteur bancaire, il y a un an, a sonné comme une petite révolution en Éthiopie. Pour Tsegay Tekleselassie, économiste et enseignant au Wellesley College de Boston, ce changement était attendu : « Il était temps d'ouvrir le secteur bancaire pour que le secteur privé ait plus de liberté, que la population ait plus facilement accès aux banques, mais aussi pour stimuler la compétitivité des services bancaires ». Depuis la chute de l'empereur Haile Selassié Ier en 1975 et la nationalisation des banques du pays, l'Éthiopie n'a plus jamais autorisé de banque internationale sur son sol. La loi de juin 2024 autorise donc désormais les banques étrangères à créer des filiales, à ouvrir des succursales, mais aussi à prendre des participations dans des banques locales. Un changement qui s'inscrit dans une politique globale d'ouverture prônée par le gouvernement. « D'autres réformes ont été lancées en ce sens, rappelle Tsegay Tekleselassie. Récemment, le marché des devises a été en partie libéralisé. Il existe aussi depuis peu une bourse éthiopienne. Cela fait partie d'une tendance forte dont le but est de libéraliser l'économie ». Une banque kényane est candidate Mais un an après cette annonce, les résultats se font attendre. Jusqu'à maintenant, seule la banque kényane KCB, qui possède des filiales au Rwanda, en Ouganda, ou en Tanzanie, a engagé des discussions avec le gouvernement éthiopien. Certains usagers attendent pourtant avec impatience de pouvoir faire appel aux services d'une banque étrangère. « J'aimerais que les banques me proposent des services qui facilitent nos opérations quotidiennes et nous rendent la vie plus facile, observe Ashenafi Mulugeta, PDG d'une société de production agricole basée à Addis-Abeba. Je veux pouvoir me concentrer sur mon activité principale, qui est de faire de l'agriculture et de la transformation. Je ne veux pas avoir à traiter des problèmes de paiements, de recettes, de dépenses. J'aimerais qu'une banque le fasse pour moi ». Il va pourtant falloir s'armer de patience. L'installation de banques étrangères en Éthiopie pourrait prendre encore du temps. « Certaines banques peuvent refuser d'investir le marché éthiopien à cause de l'instabilité, remarque l'économiste Tsegay Tekleselassie. La proclamation a par ailleurs fixé des restrictions, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose quand on ouvre son secteur bancaire. La loi limite par exemple la participation des investissements étrangers dans une banque à 40% ». Trente-deux banques opèrent actuellement en Éthiopie, avec un capital combiné de 2,4 milliards de dollars.

    Montage Gold: la success story minière du moment en Côte d'Ivoire

    Play Episode Listen Later Jul 7, 2025 2:22


    La société canadienne Montage Gold a le vent en poupe grâce à son giga-projet de mine d'or en Côte d'Ivoire. La découverte de neuf gisements sur le projet Koné dans le nord du pays permet un développement rapide de cette société minière encore très jeune.  Jusque-là inconnus, ils sont apparus en mai 2024 aux côtés du président Ouattara. « Aujourd'hui, c'est avec une grande fierté que nous annonçons la découverte du projet Koné », annonce en fanfare l'entreprise Montage Gold. Le projet Koné passe alors de deux à neuf gisements. Il devient le plus gros projet mondial en cours de construction. Rarissime pour une entreprise aussi jeune. « Si on devait commencer quelque part de loin, la Côte d'Ivoire, c'était le pays de choix, assure Martino de Ciccio le PDG de Montage Gold, nous avons travaillé en Côte d'Ivoire depuis déjà une quinzaine d'années. Déjà beaucoup de succès en ce pays et surtout, on a tout l'appui de l'État, de la population, etc. Pour pouvoir bouger ce projet. Donc, nous, on s'est joint en février de l'année dernière. En avril, on a déjà reçu le permis environnemental, en juillet, le permis d'exploitation et donc grâce à ça, on a pu boucler 950 millions de financements pour lancer la construction en novembre de l'année dernière. » Des anciens d'Endeavour Mining Ce Canadien de 39 ans a fait ses classes chez le géant Endeavour Mining, plus gros producteur d'Afrique de l'Ouest. C'est également le cas du chef de projet et du chef d'exploration. Constant Tia, le directeur financier, lui, est Ivoirien. Il travaillait dans la multinationale Kinross Gold. Quand on est venu le chercher pour monter le projet Koné, il n'a pas hésité :  « C'était une excellente opportunité pour quelqu'un comme moi en expatriation depuis plus de quinze ans. Rentrer, apporter sa pierre à l'édifice, essayer de retourner en quelque sorte ce que le pays m'a apporté. J'ai voulu rejoindre le projet en raison de sa qualité puis surtout du management qui était déjà en place. » « On nous regarde de près » Objectif : 330 000 onces par an, et un début de l'exploitation en 2027. Tout cela est très soudain, très rapide. Dans le secteur aurifère mondial, Montage Gold se sait épié. « Je pense que les gens ont été assez surpris de la vitesse d'exécution et ça, c'est grâce aux équipes qu'on a mises en place, poursuit Martino De Ciccio, le fait que l'équipe ait déjà construit quatre mines en Afrique de l'Ouest en dix ans, dont deux en Côte d'Ivoire. Une mine qui peut produire 350 000 onces par an sur déjà une durée de vie de seize ans, ça, n'importe où dans le monde, c'est déjà une très belle mine. Donc, c'est sûr que les plus gros acteurs, ils regardent ça de très près. » La société a des projets d'exploration en Guinée. Elle vient de prendre 20% dans Sanu Gold avec une ambition ultime : devenir un groupe de premier plan sur le continent africain.

    Mauritanie: le projet de mine d'uranium Tiris va-t-il bénéficier du retour en grâce du nucléaire?

    Play Episode Listen Later Jul 6, 2025 2:27


    En Mauritanie, la petite société australienne Aura Energy entend commencer d'ici à la fin de l'année le développement de la première mine d'uranium du pays à Tiris, dans le nord-est du pays, pour une entrée en production en 2027. Le contexte est favorable, avec beaucoup de mines d'uranium en fin de vie. La Banque mondiale est également de nouveau prête à financer l'énergie nucléaire, considérée comme décarbonée. Le projet mauritanien est-il en mesure d'en profiter ? Le potentiel en uranium du bouclier de Reguibat, dans le Sahara mauritanien, est connu depuis les années 60. La société australienne Aura Energy s'y intéresse depuis 2008. « L'entreprise était en Mauritanie à ce moment-là, à la recherche d'or, raconte son PDG Andrew Grove. Elle a identifié une anomalie radiométrique à partir de l'étude, elle a trouvé de l'uranium et débuté des travaux. Mais il y a eu la crise financière mondiale et ensuite Fukushima, le prix de l'uranium est longtemps resté très bas, il y avait des difficultés à obtenir les fonds nécessaires. Mais aujourd'hui, le prix de l'uranium est en train de rebondir, on assiste à une nouvelle renaissance de l'énergie nucléaire. Je pense donc que c'est le bon moment pour concevoir une mine là-bas. » Absence de contrat avec des exploitants de réacteurs Un an après avoir obtenu son permis du gouvernement mauritanien, Aura Energy affirme être en passe d'obtenir un crédit de 150 millions de dollars d'une banque de développement, sur les 300 millions nécessaires au démarrage des opérations. Le contexte est propice au nucléaire. Le gisement mauritanien, certes modeste, un millier de tonnes d'oxyde d'uranium par an sur 10 ans, est peu profond, donc moins coûteux à exploiter que, par exemple, l'uranium nigérien. Mais selon Teva Meyer, il manque une étape importante pour qu'il soit financé. « La chose qu'on voit avec Aura Energy, qui me fait être un peu prudent, c'est que par rapport à d'autres projets de mines d'uranium, Aura Energy n'a pas encore signé de contrat avec des exploitants de réacteurs nucléaires. Pour le moment tout du moins. C'est absolument nécessaire pour que derrière, les financeurs de type banques privées aient une certitude que vous aurez des débouchés pour votre projet. » Une logistique de l'uranium à mettre en place Autre doute, l'absence de logistique en Mauritanie pour les matières radioactives. « Ce qui est clair, c'est que cet uranium ne va pas traverser le désert par le Nord, il va forcément aller jusqu'à Nouakchott, anticipe Teva Meyer. Pour le moment, il n'y a pas d'uranium qui passe par Nouakchott, Il n'y a pas non plus de matières radioactives qui passent par Nouakchott. Donc ça veut dire quand même toute une procédure administrative. Ça veut aussi dire trouver un armateur qui passe par cet endroit. On ne parle pas de volumes qui sont si importants, donc pas forcément un commerce très rentable pour les armateurs. » Beaucoup de défis à relever donc pour la petite société australienne. Mais Aura Energy pourrait aussi avoir en tête de céder la mine de Tiris à un opérateur plus grand. Son PDG Andrew Grove est d'ailleurs un ancien cadre de la filiale australienne du géant français Orano.   À lire aussiUranium: le géant russe Rosatom se retire de sites d'extraction au Kazakhstan et vend ses parts à la Chine

    À Madagascar, des concerts d'artistes de renommée pour construire l'industrie locale

    Play Episode Listen Later Jul 3, 2025 2:17


    À Madagascar, le passage de chanteurs internationaux profite à la scène locale. Récemment, l'île a accueilli des concerts d'ampleur - Tayc et Dadju ou encore Tiakola. Les organisateurs posent les premiers jalons d'une industrie musicale dans le pays en recrutant des dizaines de jeunes Malgaches formés à travers ces concerts aux métiers de la production, de la régie ou du marketing. Des chanteurs locaux captent, eux aussi, la lumière d'un tel évènement pour gagner en visibilité. Avec notre correspondante à Antananarivo, Les portes du Palais des Sports viennent de s'ouvrir au public. Yetoon s'apprête à performer en première partie du show de Tiakola. Celui qui chante la vie aux 67 hectares, un quartier marginalisé et populaire de la capitale de Madagascar, mesure tout le chemin parcouru : « Je vois les gens qui arrivent, c'est chaud… De ma chambre, au Palais des Sports. » À 20 ans, Yetoon fait partie des trois gagnants d'un concours fait pour mettre en lumière des artistes malgaches mûrs d'un point de vue musical, mais encore peu connus du grand public. En loge, Toky Ramisamanana, responsable des premières parties du show, livre ses derniers conseils : « C'est la scène de votre vie. Ne vous ratez pas. Il n'y a pas de hasard là. C'est ce que tu as appris, c'est toutes les répétitions, tout le support médiatique qu'on a fait pour toi. Tout se concrétise maintenant. » À son tour, le rappeur Fab's Brownz, lui aussi sélectionné pour performer en première partie du concert de Tiakola entre sur scène : « Faites du bruit Palais ». Baptême du feu réussi pour ces trois talents bruts. En coulisse, le Palais des Sports sert aussi de tremplin à une soixantaine de stagiaires recrutés localement pour assurer le son, la technique, la communication ou encore la billetterie. Exporter le local pour rapporter des devises La démarche est portée par les co-organisateurs de l'événement : la société française NasProd, réputée pour l'organisation de concerts sur le continent africain, et l'agence d'événementiel malgache KP Event, qui mise sur le potentiel de la filière pour l'emploi. « Tout ça, ce sont des métiers qui sont là à prendre, mais où l'on a quand même très peu de gens qualifiés, explique Tojo Rabe, coordinateur général de KP Event. Le but, c'est de se servir de l'impact des concerts pour poser des bases solides. C'est-à-dire avoir plus de talents, plus de formations et avoir plus de personnes compétentes et de profils pour faire en sorte de faire plus de grandes productions. Et de toucher beaucoup plus de gens, que ce soit en terme économique et social. » Une manière de se substituer aux formations encore rares dans l'événementiel et de créer les conditions pour soutenir les artistes locaux au-delà des concerts. Un meilleur accès aux plateformes de distribution musicale comme Spotify ou YouTube, est un des défis à relever, estime Elliot Randriamandrato, confondateur de Hypemada, un collectif qui soutient la culture urbaine à Madagascar. « L'idée pour créer réellement de la valeur, elle doit se faire dans les streams, dans la manière de vendre la culture d'une autre manière, de l'exporter. Il faut enrichir le local, il faut investir dans le local pour qu'après, on s'exporte et que l'on ramène des devises. Et là, le modèle économique commence à être viable », estime-t-il. Prochaine étape pour Nas Prod et KP Event : les deux acteurs engagés pour l'industrie musicale sur l'île espèrent créer leur propre cursus de formation dans l'événementiel, adapté aux standards de productions internationales.

    En Gambie, le ramassage des ordures pourrait doper la collecte des taxes

    Play Episode Listen Later Jul 2, 2025 2:29


    En Gambie, la mairie de Kanifing, à l'ouest de la capitale Banjul, fait le pari qu'améliorer la collecte des ordures permettra d'augmenter la rentrée de la taxe foncière. Et pour cela, elle a débuté en janvier un programme avec le Fonds d'innovation pour le développement initié par Esther Duflo, prix Nobel d'économie, afin de mettre en place cette politique volontariste des ordures ménagères, ainsi qu'un suivi chiffré précis. L'objectif de ce programme, c'est le maire de Kanifing, Talib Ahmed Bensouda, qui le présente : « Il s'agit d'un projet innovant sur le taux de recouvrement des taxes et l'amélioration de la gestion des déchets. Et comment créer un contrat social solide entre services publics et recettes fiscales. Nous essayons d'étudier les zones qui ne profitent pas de ce service : si la collecte de déchets se fait dans ces quartiers, nous verrons s'il y a une augmentation à la contribution fiscale. » Et pour améliorer collecte des déchets et collecte de la taxe foncière, la municipalité s'est engagée dans un processus innovant. « C'est innovant parce que, pour la première fois, nous nous digitalisons. En Gambie, nous n'avons pas de système d'adresse postale. Nous avons donc travaillé avec Google et le système d'information géographique pour créer des parcelles, détaille l'élu. Chaque parcelle est rattachée à un code Google et ainsi géolocalisée. Ce sont les collecteurs de taxes qui ont fait ce travail sur le terrain. Et bien sûr, nous avons un chercheur intégré à la municipalité pour guider le projet. » La mairie rencontre des défis, notamment l'acceptation des populations ou encore de la part de ses personnels à se faire recenser. Difficiles de motiver la collecte des déchets dans les zones urbaines informelles et peu accessibles. Cependant, le maire est optimiste. « Nous avons déjà constaté une augmentation de 17% cette année en ce qui concerne la délivrance des avis de taxe foncière », affirme Talib Ahmed Bensouda. Cependant, pour savoir si le respect des obligations fiscales s'est amélioré, il faudra attendre la fin de l'année 2025. À lire aussi« Tchad Connexion 2030 » : le nouveau plan national de développement pour moderniser le pays Évaluer l'impact dans la lutte contre la pauvreté Pour mener à bien ce projet et confirmer sa viabilité, la mairie travaille avec le Fonds d'innovation pour le développement (Fid). « Cette mesure d'impact est vraiment au cœur du dispositif d'Esther Duflo, qui est à l'origine du Fid et qui promeut les méthodes d'évaluation d'impact. Elles souhaitaient vraiment créer un outil qui permette d'identifier les solutions les plus efficaces dans la lutte contre la pauvreté », détaille Claire Bernard, la directrice adjointe du Fid. « On est complémentaire des bailleurs traditionnels. L'objectif d'un bailleur comme l'AFD, c'est que ce soit efficace dès le premier euro. C'est très bien, mais ça laisse peu d'espace à l'expérimentation, la prise de risque, et c'est pour ça que le fonds d'innovation pour le développement a été créé. Pour laisser cet espace à l'expérimentation, permettre de tester de nouvelles idées, trouver des nouvelles solutions qui vont permettre de rendre plus efficaces les politiques publiques de demain », explique-t-elle encore. L'étude porte sur un échantillon de 3 600 ménages. Le maire de Kaninfing espère pouvoir intégrer au dispositif, dans une phase prochaine, les 35 000 ménages de sa municipalité. Les premiers résultats d'un programme similaire au Sénégal montrent que les foyers ayant payé leur taxe foncière ont augmenté de 15%. À lire aussiNigeria : la hausse des loyers, cauchemar des locataires de Lagos

    En Tunisie, les jeunes médecins font entendre leur colère

    Play Episode Listen Later Jul 1, 2025 2:22


    En Tunisie, près de 6 000 jeunes médecins ont déserté les hôpitaux tunisiens ce mardi 1ᵉʳ juillet, lors d'une journée de boycott organisée après l'échec des discussions avec le ministère de la Santé sur leurs revendications. Mauvaises conditions de travail, gardes à peine rémunérées... Les jeunes médecins dénoncent la précarité de leur situation. De notre correspondante à Tunis, Selma Dhokkar, l'une des porte-parole de l'organisation tunisienne des jeunes médecins, est en vacances universitaires, mais elle coordonne avec ses collègues les prochaines actions à mener pour leur mobilisation. « On a mené un mouvement qui a débuté il y a trois mois, un mouvement dont les revendications sont principalement académiques, financières et sociales », explique-t-elle. Les jeunes médecins réclament une grille d'évaluation claire pour les stages des jeunes médecins afin d'éviter les abus de leurs supérieurs, mais aussi le respect de la loi sur l'exemption pour certains médecins qui doivent faire une année civique dans un désert médical. « Il y a des femmes médecins enceintes, mutées au milieu de nulle part dans le Sud tunisien et des couples mariés qui travaillent à des kilomètres l'un de l'autre », témoigne Mohamed Ghali, jeune médecin basé à Sousse, à une centaine de kilomètres de Tunis. « Une heure de garde rapporte un dinar » Si le ministère de la Santé a accepté d'augmenter les salaires pendant cette année civique, la question de l'exemption est toujours en suspens et les autres revendications financières n'ont pas été entendues, selon Selma Dhokkar. « Une heure de garde rapporte un dinar, donc c'est très dérisoire et très irrespectueux par rapport aux sacrifices et aux efforts des jeunes médecins », témoigne-t-elle.  Jusqu'à présent, malgré cinq jours de grève consécutifs en juin et le boycott de leurs stages, les médecins ont obtenu peu de réponses des autorités. Pour Selma Dhokkar, les autorités traitent les jeunes médecins « comme si [ils] ne savaient rien, comme s'il ne fallait pas faire de revendications sur ce problème-là vu l'état du pays et vu l'état de la santé publique ».  Fossé générationnel Cette mobilisation n'est pas la première dans le secteur de la santé, qui s'est dégradé en Tunisie depuis la révolution. Elle marque aussi un fossé générationnel. « Il y a toujours ce ton paternaliste de l'ancienne génération des médecins ou des administrateurs qui sont plus âgés et qui ont toujours été habitués à ne pas entendre ou croire ou discuter avec ces jeunes, observe Aymen Bettaieb, ancien vice-président de l'organisation des jeunes médecins. Et donc ça bloque à chaque fois. » Ce blocage pousse de nombreux jeunes diplômés à partir. Chaque année, entre 1300 et 1 500 médecins quittent le pays pour exercer à l'étranger. Sur la dernière promotion de 1900 médecins diplômés, seulement 300 sont restés en Tunisie. À lire aussiFuite des cerveaux : quand les médecins partent à l'étranger

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