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Afrique Économie
Pionnier du TGV en Afrique, le Maroc veut participer à l'extension de la grande vitesse sur le continent

Afrique Économie

Play Episode Listen Later May 12, 2025 2:27


Une nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse doit relier d'ici 2029 les villes de Kénitra et Marrakech. Il s'agit d'étendre la liaison entre Tanger et Casablanca inaugurée en 2018. Avec 430 kilomètres de voies, une myriade d'ouvrages d'art et plusieurs gares à construire, le projet est évalué à près de 6 milliards d'euros. Le Maroc, seul pays d'Afrique à exploiter une ligne ferroviaire à grande vitesse à ce jour, compte aussi développer son réseau sur le continent. Développer la grande vitesse ferroviaire dans un pays du Sud, comme le Maroc, c'était un pari fou, une expérience unique dans le monde. « La grande vitesse était au départ un produit pour les pays développés, les pays à revenus très élevés, rappelle lors d'une intervention à la télévision marocaine Mohamed Smouni, le directeur général adjoint de l'ONCF, l'Office national des chemins de fer. Le Maroc a démontré qu'un pays à économie émergente peut prétendre avoir cette technologie de la grande vitesse. Les gens au départ imaginaient que seuls les riches pourraient y avoir accès. Avec la tarification qu'on a faite, on l'a démocratisée pour toutes les populations. Chacun trouve son prix. »Résider à Tanger, travailler à RabatLa LGV Tanger-Casablanca est un succès populaire. À moins de 30 euros le billet, le nombre de voyageurs est passé de 3 millions en 2019 à 5,5 millions l'année dernière. « Le Maroc capitalise sur l'expérience d'Al Boraq [le TGV Casablanca-Tanger, NDLR] qui a bouleversé radicalement la mobilité, observe Mohammed Jadri, économiste et directeur de l'Observatoire de l'action gouvernementale. On n'avait jamais pensé qu'à un moment donné, un jeune Marocain pourrait résider à Tanger et travailler à Rabat, Kénitra ou Casablanca et revenir le soir même à son domicile. Aujourd'hui, c'est le cas. »Répondre à la demande ferroviaire en Afrique de l'OuestL'extension de la LGV promet un trajet Tanger-Marrakech, 500 kilomètres, en 2 h 40 seulement. L'objectif est aussi de créer un écosystème ferroviaire industriel au Maroc. « L'avenir est en Afrique, prédit Mohammed Jadri. Le Maroc se prépare dès aujourd'hui à répondre à la demande de voies ferrées de pas mal de pays africains, surtout les pays de l'Afrique de l'Ouest. »L'ONCF et Alstom ont signé un contrat de 780 millions d'euros pour l'achat de 18 trains à grande vitesse de toute dernière génération. La multinationale française avait déjà fourni les rames de la LGV Tanger-Casablanca. « C'est un partenariat concret, commentait Laurent Saint-Martin, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur français, en visite au Maroc le mois dernier. C'est une expertise française qui vient rencontrer une volonté de développement forte dans un pays qui, effectivement, a souhaité ensemble écrire une nouvelle page dans la relation bilatérale. »Les travaux de la LGV devraient être terminés d'ici à quatre ans pour une mise en service fin 2029, six mois avant la Coupe du Monde co-organisée par l'Espagne, le Portugal et le Maroc.À lire aussiAfrique : quel serait l'impact pour l'économie africaine d'un réseau ferroviaire à grande vitesse ?

Revue de presse internationale
À la Une: le coup de poker de Volodymyr Zelensky face à Vladimir Poutine

Revue de presse internationale

Play Episode Listen Later May 12, 2025 4:11


Le président ukrainien l'a dit sur les réseaux sociaux: il attend Vladimir Poutine lui-même, jeudi en Turquie. Et pour comprendre comment on en est arrivés à cette hypothèse  « longtemps taboue », et désormais « sur la table », selon les mots du Monde, il faut remonter au début de ce week-end.C'est là que s'est jouée une séquence cruciale pour les européens : revêtant leurs costumes de 4 Fantastiques, « les dirigeants français Macron, britannique Starmer, polonais Tusk et allemand Merz » se sont rendus à Kiev, d'où « ils ont adressé un ultimatum à Moscou pour accepter un cessez-le-feu "complet et inconditionnel"», raconte Le Soir en Belgique.En « fin joueur d'échecs » qu'il est, analyse Le Figaro, « Poutine a vite vu qu'il n'y avait pas de bonne réponse » à cette offre : « soit il refusait le cessez-le-feu censé démarrer ce lundi et s'affichait dans le mauvais rôle, soit il renonçait à ses conditions (...) et paraissait céder au diktat de ses ennemis ». Par un habile tour de passe-passe, le président russe a donc « déplacé le curseur » et a proposé des négociations directes… tout en reprenant les frappes contre l'Ukraine.Volodymyr Zelensky contre-attaqueSa proposition est donc une façon habile, pour Volodymyr Zelensky, de « renvoyer la balle à son homologue russe », juge Le Soir. Puisqu'à présent, le président ukrainien « passe doublement pour celui étant le plus disposé à œuvrer à la paix », en se déplaçant en Turquie. Alors même que « la Russie ne respecte pas le cessez-le-feu de 30 jours à nouveau mis sur la table ce week-end ». Et, renchérit le Guardian, cette proposition « remet la pression sur le dirigeant russe, pour qu'il soit présent, ou bien qu'il fasse marche arrière ». Pour autant, Le Soir ne se berce pas d'illusions : « il ne faut pas s'attendre à un résultat ». Des négociations directes, il y en a déjà eu à Istanbul en 2022, et, commente sobrement le titre, « force est de constater qu'elles n'ont pas abouti ». Et si pour l'instant rien de concret ne bouge. Cette séquence diplomatique fait quand même un perdant et un gagnant. Carton plein pour le président turc Recep Tayyip Erdoğan. Cette séquence lui offre l'opportunité, note El Pais en Espagne, « d'agir comme un leader central pour parvenir à un accord ». Pour Le Monde, c'est simple : c'est « un moment que le dirigeant turc attendait depuis près de trois ans », lui qui a « cherché à jouer un rôle de médiateur entre Kiev et Moscou avant même le début du conflit ». En revanche, Donald Trump, lui, ressort affaibli de cet épisode. Alors même qu'il soutenait la demande européenne pour un cessez-le-feu de 30 jours, il s'est finalement « rangé avec la contre-proposition russe », retrace le Washington Post, dans une tentative de « saper les européens ». Sans même pouvoir se targuer des avancées côté Kremlin, puisque, dans les colonnes du Soir, une experte juge que ce sont plutôt « les discussions que Vladimir Poutine a eues avec [le président chinois] Xi Jinping qui ont porté leurs fruits ». Et tant pis pour la « grande ambition stratégique » de l'administration Trump, note Le Figaro, à savoir  « arracher la Russie des bras de la Chine ». Donald Trump éclipséC'est le verdict sans appel du New York Times : « Trump n'est plus l'Américain le plus important ». Et cette fois, le quotidien ne fait pas référence à la situation en Ukraine, mais à l'élection du pape Léon XIV, devenu jeudi le premier pontife américain de l'histoire. Dans un pays où l'évangélisme est de plus en plus répandu, il est temps, juge l'auteur, d'apprendre du catholicisme. « Trop d'Américains évangéliques sont déconnectés » de l'histoire de la chrétienté, assène le journal, et appartiennent à des églises « qui mesurent leur existence en mois ou en années, et pas en siècles ou en millénaires ». Conclusion : un « manque de perspective » qui « exagère l'importance des politiques ». Or, prévient le titre, « quand on croit que le succès de sa religion dépend du succès de tel ou tel politicien, ce n'est qu'une question de temps avant que la politique ne devienne religion ». D'où ces questions qui ont pullulé tout le weekend sur les réseaux sociaux américains : « le nouveau pape est-il proche du mouvement MAGA [Make America Great Again, ou rendre sa grandeur à l'Amérique - NDLR] ? Où est-il woke ? Où se situe-t-il dans la guerre culturelle américaine ? ». Autant d'interrogations vaines, se réjouit le New York Times : « Si tout va bien, Léon XIV occupera la scène mondiale bien après que Donald Trump ait disparu de la vie publique ». Une perspective qui, conclut le journal, « ressemble presque à de l'espoir ». 

Européen de la semaine
Lars Klingbeil, l'étoile montante de la politique allemande

Européen de la semaine

Play Episode Listen Later May 9, 2025 4:00


Il est désormais le deuxième homme le plus puissant d'Allemagne, après le chancelier Friedrich Merz, élu dans la douleur mardi 6 mai. Lars Klingbeil est devenu cette semaine vice-chancelier et surtout ministre des Finances, un poste-clé. Il a réussi, à 47 ans seulement, à se hisser aux premiers rangs du pouvoir Le jour de ses 47 ans, le 23 février dernier, Lars Klingbeil assiste à la défaite cuisante de son parti. Le SPD (Parti social-démocrate), qu'il codirige, n'obtient que 16,4% des suffrages aux élections législatives en Allemagne. Pourtant, quelques semaines plus tard, Lars Klingbeil scelle un accord de coalition avec le conservateur Friedrich Merz, qui deviendra chancelier, et réussit le tour de force de s'imposer comme vice-chancelier et ministre des Finances, un poste stratégique.Lars Klingbeil est un animal politique. Ce géant de 1,96 m « peut être décrit comme un nounours, au visage rond et sympathique, qui s'exprime très bien, mais c'est quelqu'un qui a une volonté de puissance étonnante », résume Patrick Moreau, spécialiste de la droite et de l'extrême droite allemande.S'il a réussi à transformer la défaite électorale de février en une victoire personnelle, c'est qu'il est « un fin stratège », renchérit Étienne Dubslaff, maître de conférences à l'Université Paris-Nanterre et spécialiste du SPD. « Il a réussi à faire porter le chapeau à sa coprésidente Saskia Esken (…) et à s'imposer comme l'homme fort du parti au sortir des élections. Il a dirigé les négociations avec les chrétiens-démocrates [pour la future coalition, NDLR], et s'est rendu incontournable ».Il représente la nouvelle générationNé à Soltau, dans le bassin industriel de Basse-Saxe, Lars Klingbeil se présente dans sa biographie comme le « fils d'un soldat professionnel et d'une vendeuse ». Issu d'un milieu relativement modeste, cet amateur de football et de musique rock a fait des études de sciences politiques et de sociologie avant d'entrer en politique. Il fait ses armes auprès de l'ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, est élu pour la première fois député à 27 ans, et participe à la campagne qui propulse Olaf Scholz à la chancellerie en 2021, date à laquelle Lars Klingbeil prend la codirection du SPD.Depuis, il s'évertue à écarter la vieille garde. Il veut incarner une nouvelle génération. Peu expérimenté dans le domaine des finances, il aura fort à faire dans une Allemagne en pleine récession. Lors de sa première prise de parole mercredi, Lars Klingbeil a promis de remettre son pays sur le chemin de la croissance en attirant les investissements privés et de présenter un budget d'ici à l'été.Il pourra compter sur le fonds exceptionnel de 500 milliards d'euros, voté par les députés en mars, en s'affranchissant des contraintes de la dette, afin de rénover notamment les infrastructures. Quels que soient ses choix, c'est un homme « capable de faire des compromis », selon Étienne Dubslaff. « Avec Merz, les relations ne sont pas chaleureuses. Ce n'est pas l'amour fou, mais ils devraient s'entendre ».À lire aussiAllemagne: Friedrich Merz finalement élu chancelier après un second tour historiqueKlingbeil vise la chancellerieQuelle orientation Lars Klingbeil va-t-il donner à son parti ? Pour Patrick Moreau, Lars Klingbeil est « difficile à cerner ». « À l'origine classé à l'aile droite du SPD, il pourrait marquer l'identité du parti à gauche pour rénover la sociale-démocratie, car c'est aussi sa voie vers le pouvoir ». Étienne Dubslaff tempère. Selon lui, « Klingbeil consolidera sa position dominante au SPD en misant sur une ligne plus centriste, pariant que Merz aille plus à droite ».L'objectif est de préparer l'après. Lars Klingbeil vise la chancellerie. « Il est très ambitieux, assure Patrick Moreau. Il a besoin de temps pour refaire son image. Il a été très critiqué après la défaite du SPD aux législatives. Mais maintenant qu'il a éliminé la vieille garde, il va monter son équipe et préparer son parti à la grande confrontation qui aura lieu plus tôt qu'on ne l'imagine ».La prochaine élection doit avoir lieu théoriquement dans quatre ans, mais le nouveau chancelier Friedrich Merz, élu dans la douleur en début de semaine par les députés, est impopulaire, et Lars Klingbeil pourrait bien en profiter pour avancer ses pions. Rien ne semble lui faire peur. Dans une récente interview à Die Zeit, ce gros fumeur, en rémission d'un cancer de la langue, expliquait : « On regarde la vie d'une autre manière quand on a été proche du précipice (…) Cela donne beaucoup de force ».À lire aussiFragilisé par une élection chaotique, le chancelier allemand à Paris puis Varsovie

Enfoque internacional
‘Hizo un logo con ChatGPT y pensó que ya podría ser grafista': preocupa la IA en las escuelas de artes visuales

Enfoque internacional

Play Episode Listen Later May 1, 2025 2:25


El debate alrededor de la inteligencia artificial se instala en las escuelas de diseño, animación y fotografía de París. De la productividad a la sensibilidad artística, la comunidad educativa busca respuestas y garantías en cuanto a las salidas profesionales. ChatGPT, Midjourney y Firefly son solo algunos de los muchos nombres comerciales de la inteligencia artificial generativa (IAG), una tecnología que se nutre de datos, textos e imágenes para entrenar sus algoritmos y, a su vez, producir nuevos contenidos escritos y audiovisuales. Aunque el origen de la IA generativa se remonta a varias décadas atrás, el desarrollo exponencial durante los últimos años explica el debate acerca de sus límites éticos, su impacto ecológico y la creciente preocupación por su falta de regulación. Y también sobre la banalización del arte y el trabajo creativo.“Es un insulto a la vía misma”, declaró Hayao Miyazaki, fundador del famoso estudio de animación Studio Ghibli, tras la ola de imágenes inspiradas en el estilo de sus películas creadas con inteligencia artificial. Una opinión compartida por un sector de los estudiantes que aspiran a trabajar en dicha industria.Foco en la propiedad intelectual“Es regurgitar un montón de imágenes hechas por artistas a los que no han pedido su consentimiento. No tiene sentido”, se queja Lianne, estudiante en cine de animación en la escuela de Gobelins París. "Es ilegal, no pagan por los derechos de autor, ¡es un robo!", añade su compañera Laura. Sin una delimitación clara, la cuestión de la autoría sigue siendo confusa.“Es algo cada vez más presente en nuestro día a día y creo que irá a más”, opina Louane, que también cursa cine de animación en Gobelins. Prefiere no pensar en la inteligencia artificial porque le produce cierto estrés, “pero es verdad que hay que tenerlo en cuenta”, admite. “Si hacemos una formación tan reconocida como ésta es para encontrar trabajo después. Si la IA nos lo quita, es estúpido hacerla”, concluye.El diseño gráfico, ¿en peligro?Difícil obviar la cuestión. Según el último Informe sobre el Futuro de los Empleos del Foro Económico Mundial, publicado en enero de 2025, la automatización que la IA trae consigo supondrá la destrucción de 92 millones de puestos de trabajo para 2030, mientras que creará otros 170 millones. Entre las profesiones con una rápida tendencia de declive, según este informe, está el diseño gráfico.“Una compañera de trabajo que no tenía estudios en este ámbito hizo un logo con ChatGPT y pensó que así ya podría ser grafista. Me lo dijo como si mi trabajo fuese un fraude", cuenta Axelle, estudiante de la escuela de diseño LISAA.Útil para ganar tiempoPero la IA no es perfecta. Como cualquier otra herramienta, para los que se sirven de ella como tal, es necesario utilizarla correctamente para obtener los resultados deseados. "Te hace ganar mucho tiempo, pero hay que saber hacer un prompt (la orden que se le da a la IA para que responda con un texto, imagen o vídeo, NDLR) y seleccionar las imágenes correctas. Siempre hará falta un director artístico que la supervise”, asegura Noémie, también de la escuela LISAA. “Tengo un bagaje suficiente como para poder encontrar un empleo. No puedes no usarla solo por tener miedo a que te quite el trabajo."Algunos la usan porque la ven como una herramienta, otros la rechazan por motivos éticos o ecológicos, pero el debate alrededor de la inteligencia artificial roza incluso lo filosófico. "Mientras no tengas demasiado apego a las herramientas y mantengas tu independencia y tus ideas, me parece bien", dice Tony, alumno de diseño gráfico y animación en la escuela ECV, aventurándose a hacer el paralelismo con la película “Her” (Spike Jonze, 2013), donde el personaje interpretado por Joaquín Phoenix se enamora de una inteligencia artificial.“En la escuela usamos la IA para generar storyboards que luego convertimos en secuencias de video.”. Para él, la utilidad está en la fase de preproducción de los proyectos, donde asegura que le permite avanzar mucho más rápido.Priorizar la creatividad y la sensibilidadEl grado de permisión e incorporación de la IAG en los programas educativos depende de cada escuela, de cada departamento y de cada docente. “Nosotros incorporamos la IA desde el primer año de la formación. Los alumnos aprenden técnicas de fotografía analógica y digital, pero también el tratamiento de sus fotos con inteligencia artificial”, explica Yann Philippe, enseñante de fotografía y vídeo en Gobelins."No sentimos que nuestro trabajo esté directamente amenazado por la IA y creemos que, con un buen uso e inteligencia, puede potenciar la creatividad de algunos alumnos”. Son sorprendentemente los que ingresan con amplios conocimientos de IA generativa los menos interesados en trabajar con ella y más con el formato analógico y los procesos tradicionales, a diferencia de quienes no la han utilizado aún. “De todas formas, las herramientas avanzan a tal velocidad que cuando terminamos de preparar los cursos, ya están obsoletas."“Hice el curso de Midjourney de Gobelins, pero me interesa más la autenticidad”, confiesa Axel, alumno de fotografía, con su cámara Leica analógica colgada del hombro. “Con IA o sin IA, lo importante es la motivación y la sensibilidad que cada artista pone en sus proyectos.” Este precisamente lo que Yann Philippe busca desarrollar porque considera que “es ahí donde está su valor añadido”.La inteligencia artificial generativa avanza más rápido que el ritmo al que se da respuesta a las dudas y preguntas que ésta plantea, y se exige un marco normativo a la altura de los retos que conlleva. La Ley de Inteligencia Artificial de la Unión Europea, en vigor desde el 1 de agosto de 2024, es un primer paso, pero no parece suficiente. En el ámbito educativo, la UNESCO ha realizado una llamada urgente a los gobiernos de todo el mundo para que la regulen de manera eficaz.

Afrique Économie
L'association des producteurs de coton africains élaborent leur feuille de route à Garoua

Afrique Économie

Play Episode Listen Later May 1, 2025 2:16


L'Association des producteurs de coton africains, l'AProCA, a célébré ses 20 ans d'existence lors de son assemblée générale à Garoua, dans le nord du Cameroun, le bassin cotonnier du pays. Présente dans 15 pays du continent, l'AProCa a su devenir un acteur incontournable de la filière en défendant les intérêts de plus de 2 millions de producteurs de coton répartis dans plus de 31 000 coopératives. Quelque 300 participants de huit pays étaient réunis pour deux jours d'échanges intenses à Garoua afin de dresser l'état des lieux de deux décennies de travail. Et surtout débattre de la feuille de route de l'AProCa pour les dix prochaines années. Professionnaliser les cotonculteurs afin qu'ils puissent tirer le meilleur parti de leur activité, c'est le premier grand objectif de l'Association des producteurs de coton africains, l'AProCa, pour les dix ans qui viennent. L'association aimerait en particulier voir renaître son université du coton. « Il faut que ce soit une affaire régionale, défend Koussouwè Kouroufei, président de l'AProCa et président de la Fédération des producteurs du Togo. Cette université coton doit être appuyée par les États, nos partenaires, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), etc. Pour que les enjeux et les problèmes du coton y soient traités. L'objectif serait de former les chercheurs, les agronomes, les entomologistes [spécialistes des insectes, NDLR], tout ce qui est lié au coton. Cette université du coton serait la bienvenue pour réfléchir à long terme sur la production du coton. »Relancer l'université du cotonAutre grand défi souligné à Garoua, au Cameroun : l'adaptation des cotonculteurs au changement climatique. Pluies torrentielles, sécheresses prolongées, érosion des sols, ou encore ensablements affectent les rendements. Face à cela, l'AProCa cherche des solutions et entend convaincre les autorités. « Au moins que l'on s'adapte avec les chercheurs pour trouver des variétés résistantes qui auront un bon rendement, plaide Koussouwè Kouroufei. Pourquoi ne pas aller également vers l'irrigation à contre-saison ? Nous allons faire des plaidoyers auprès de nos gouvernements. »Innover et s'assurer face aux risques climatiquesIl s'agit aussi de mieux rémunérer et de mieux protéger les cotonculteurs. « De plus en plus, nos partenaires techniques disent qu'il y a de l'argent dans le coton, rappelle Youssouf Djimé Sidibé, le secrétaire permanent de l'AProCa. Mais les recettes du coton ne sont pas contrôlées par les producteurs. Or dans la filière coton qui compte beaucoup d'acteurs, c'est le producteur qui prend le plus grand risque, mais qui est le moins bien assuré et le moins payé. Donc, nous nous battons pour permettre au producteur de vivre décemment de sa production. » L'un des chevaux de bataille de l'AProCA est la mise en place d'une assurance climatique agricole pour les producteurs de coton.À lire aussiLes producteurs africains de coton subissent les cours mondiaux et le changement climatique À lire aussiUne campagne difficile pour le coton africain plombé par ses coûts de revient

Invité Afrique
Jeffrey Hawkins: «Se concentrer sur l'accès aux matières premières ne constitue pas une politique globale»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Apr 30, 2025 9:15


C'était samedi dernier. Donald Trump a lancé aux journalistes de la Maison Blanche : « Nous avons, je crois, une excellente nouvelle à venir avec le Rwanda et le Congo. Je pense que vous allez voir la paix dans ces deux pays ». Est-ce à dire que le président américain s'intéresse beaucoup plus au continent africain qu'on le pensait il y a 100 jours, à son arrivée au pouvoir ? Jeffrey Hawkins a été ambassadeur des États-Unis en Centrafrique. Aujourd'hui, il est chercheur associé à l'IRIS, l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques, et enseigne à Sciences Po Paris. RFI : Jeffrey Hawkins, bonjour. Il y a 100 jours, vous nous disiez que Donald Trump risquait de se désintéresser totalement du continent africain. Aujourd'hui, est-ce que vos prédictions se réalisent ?Jeffrey Hawkins : C'est déjà un peu tôt pour dire, mais des signes sont toujours, à mon sens, aussi mauvais qu'avant. D'abord, il y a eu la destruction de la coopération américaine, donc de l'USAID, un outil qui était extrêmement important en Afrique, un outil pour les États-Unis, pour la diplomatie américaine. En même temps, il y a eu d'autres programmes aussi démolis par l'administration Trump et on parle aussi de réformes au sein du département d'État. Pour l'instant, on n'a pas trop de détails, mais on parle certainement de fermeture de quelques ambassades américaines en Afrique. Et aussi, on a parlé d'un mémorandum qui circulait au sein du département, où on parlait même d'abolir le Bureau pour l'Afrique au sein du département d'État. Ça, je ne sais pas si ça va arriver, mais ça, c'est mauvais signe.Alors, il y a une exception dans tout ce tableau, c'est la région des Grands Lacs, puisque, samedi dernier, Donald Trump a déclaré : « Nous avons, je crois, une excellente nouvelle à venir avec le Rwanda et le Congo. Je pense que vous allez voir la paix au Rwanda et au Congo ». Oui, je pense que l'intérêt de Donald Trump pour les matières premières et notamment les minéraux de terres rares est incontestable. Mais malgré tout le bruit qu'on a fait et malgré un certain investissement ces derniers temps par Massad Boulos, qui est le représentant de Trump et pour le Moyen-Orient et pour l'Afrique et qui a un peu fait le déplacement sur le continent récemment, il faut rester prudent. Avec cette annonce de déclaration de principe, oui, il y a un intérêt et il y a des discussions. Mais je pense qu'il faut rester très prudent parce que, quand on sait le conflit au Congo, dans les Grands Lacs, c'est très compliqué. Donc entre faire des déclarations de principe, entre faire un peu le tour des capitales et arriver vraiment à une paix durable, il y a quand même pas mal de pas à faire.Il y a juste deux ans, c'était en mars 2023, l'opposant rwandais Paul Rusesabagina [le héros de Hôtel Rwanda, NDLR] a été libéré par les autorités rwandaises sous pressions américaines. Est-ce que le président des États-Unis, quel qu'il soit, n'est pas le seul dans le monde à pouvoir faire pression sur Paul Kagame ?Bon, ça je ne sais pas. Et entre faire libérer une seule personne et notamment quelqu'un qui est un tout petit peu connu en Occident et demander un changement structurel de sa façon de gérer sa politique étrangère vis-à-vis du Congo, c'est quand même un écart assez important.Alors dans cette annonce de samedi dernier, Donald Trump a ajouté : « On va investir plus de 6 milliards de dollars dans le corridor angolais de Lobito, qui permettra essentiellement de transporter de magnifiques minerais depuis le Congo, l'Angola et plusieurs autres pays ». Dans ce cas de figure, n'est-on pas dans la continuité de la politique de Joe Biden qui était allé en Angola, c'était en décembre dernier ?Et justement, ce projet de corridor de Lobito, ça ne date pas de Trump, hein ! C'est une initiative qui est là depuis quelque temps, mais se concentrer sur un ou deux projets, simplement pour avoir accès à des matières premières, ça ne constitue pas une politique globale.Mais comme il est en difficulté sur Gaza et sur l'Ukraine, est-ce que Donald Trump ne se penche pas sur les Grands Lacs pour trouver enfin un succès diplomatique à mettre à son actif ?Je dois dire que je me suis posé la question aussi, mais je pense que Donald Trump, comme ses prédécesseurs, va trouver que le conflit dans les Grands Lacs, c'est aussi épineux que Gaza ou l'Ukraine et tout ça, c'est très compliqué. Et ce qu'il faudrait, c'est vraiment un engagement diplomatique de longue haleine, ce qui ne caractérise pas en général la diplomatie trumpienne.Et vous ne faites pas confiance actuellement à messieurs Marco Rubio et Massad Boulos pour trouver la solution ?Non, franchement, pour l'instant, une déclaration de principe, une discussion sur l'accès des compagnies minières américaines qui sont de moins en moins présentes d'ailleurs sur le sol congolais… Entre cela et vraiment mener à bien tout un processus de paix qui implique énormément d'acteurs domestiques et internationaux, ça ce n'est pas pour demain. Donc si Donald Trump cherche une petite victoire diplomatique pour briguer un prix Nobel, je pense qu'il faudra qu'il regarde ailleurs.Jeffrey Hawkins, merci.À lire aussiÀ la Une: Trump et l'Afrique À lire aussiTrump à la Maison Blanche, impact particulier pour l'Afrique australe

Reportage International
La politique d'immigration de Donald Trump sème la terreur chez les Latinos du Texas

Reportage International

Play Episode Listen Later Apr 24, 2025 2:37


Aux États-Unis, l'administration Trump poursuit sa politique d'expulsion à grande échelle. Des centaines de migrants accusés d'être membres de gangs ont ainsi été envoyés de manière expéditive dans une prison géante au Salvador. Partout dans le pays, les services de contrôle de l'immigration procèdent à des arrestations de migrants illégaux, d'autres voient leur statut de résident révoqué brutalement. À tel point qu'un climat de peur règne au sein de la communauté latino. Particulièrement au Texas où elle est très nombreuse. De notre correspondant à Houston,Devant l'université de Houston-Downtown, nous rencontrons Gladys, 21 ans dont 20 ans passés aux États-Unis. Mais elle n'a pas encore la nationalité puisqu'elle est née au Guatemala : « J'ai peur pour tous les sans-papiers. Ils vivent dans la peur. Les gens n'osent plus sortir dans la rue, quand on frappe à la porte, ils n'osent plus ouvrir de peur que ce soit la police de l'immigration. J'ai vu des gens emmener leur passeport ou la monnaie de leur pays d'origine sur eux au cas où ils se feraient expulser. » Et ces personnes planifient leur vie quotidienne comme si elles pouvaient être expulsées à tout moment. « Oui, à tout moment », confirme Gladys.Dans ce climat, on est surpris de la décontraction de Martin. « Je ne parle pas espagnol, lui pas très bien anglais, mais avec l'aide des mains, on arrive à se comprendre. » Cela fait 32 ans qu'il vend ses fruits et ses légumes sur ce marché de Houston, mais il n'a ni la nationalité américaine, ni de permis de résidence : «  Non, pas de carte verte. Je suis Mexicain. Il n'y a pas de problème ! Ça fait 32 ans que je suis ici, et je n'ai jamais eu de problème avec les services de l'immigration. »À lire aussiLes États-Unis mettent fin au statut légal de plus de 500 000 étrangers et leur ordonnent de quitter le paysPeur d'être arrêté à tout momentSur le parking du marché, Maria remplit son coffre. Elle a trois enfants, trois garçons. Eux ont la nationalité américaine. Pas elle. Alors le simple fait de sortir faire des courses est une source d'angoisse : « J'ai très peur. On ne sait jamais ce qui peut se passer en cas de contrôle routier. C'est très effrayant. Imaginer que je puisse être détenue alors que mes enfants sont à l'école, c'est… ». Elle s'arrête un instant puis reprend : « Le beau-père de mon frère a été arrêté la semaine dernière avec d'autres membres de sa famille. Et on ne sait rien, on ne peut même pas leur rendre visite. Ils sont seuls et personne ne sait ce qui va leur arriver. »Les papiers de Gladys sont en règle alors, elle joue parfois les éclaireurs : « J'ai une amie mexicaine qui m'a appelée un jour pour me demander d'aller voir si ICE [les services de contrôle de l'immigration, NDLR] était près d'un magasin. Je suis allée voir et c'était vrai : il y avait quatre voitures des services de l'immigration ! Les gens couraient de peur d'être arrêtés et expulsés. J'ai prévenu mon amie, et comme son appartement se trouve juste derrière ce magasin, elle n'a pas osé sortir de la journée. Elle n'est même pas allée travailler ce jour-là. »À lire aussiÉtats-Unis: l'administration Trump prive des milliers d'immigrés de la sécurité sociale en les déclarant morts

Reportage international
La politique d'immigration de Donald Trump sème la terreur chez les Latinos du Texas

Reportage international

Play Episode Listen Later Apr 24, 2025 2:37


Aux États-Unis, l'administration Trump poursuit sa politique d'expulsion à grande échelle. Des centaines de migrants accusés d'être membres de gangs ont ainsi été envoyés de manière expéditive dans une prison géante au Salvador. Partout dans le pays, les services de contrôle de l'immigration procèdent à des arrestations de migrants illégaux, d'autres voient leur statut de résident révoqué brutalement. À tel point qu'un climat de peur règne au sein de la communauté latino. Particulièrement au Texas où elle est très nombreuse. De notre correspondant à Houston,Devant l'université de Houston-Downtown, nous rencontrons Gladys, 21 ans dont 20 ans passés aux États-Unis. Mais elle n'a pas encore la nationalité puisqu'elle est née au Guatemala : « J'ai peur pour tous les sans-papiers. Ils vivent dans la peur. Les gens n'osent plus sortir dans la rue, quand on frappe à la porte, ils n'osent plus ouvrir de peur que ce soit la police de l'immigration. J'ai vu des gens emmener leur passeport ou la monnaie de leur pays d'origine sur eux au cas où ils se feraient expulser. » Et ces personnes planifient leur vie quotidienne comme s'ils pouvaient être expulsés à tout moment. « Oui, à tout moment », ajoute Gladys.Dans ce climat, on est surpris de la décontraction de Martin. « Je ne parle pas espagnol, lui pas très bien anglais, mais avec l'aide des mains, on arrive à se comprendre. » Cela fait 32 ans qu'il vend ses fruits et ses légumes sur ce marché de Houston, mais il n'a ni la nationalité américaine ni permis de résidence :«  Non, pas de carte verte. Je suis mexicain. Il n'y a pas de problème ! Ça fait 32 ans que je suis ici, et je n'ai jamais eu de problème avec les services de l'immigration. »À lire aussiLes États-Unis mettent fin au statut légal de plus de 500 000 étrangers et leur ordonnent de quitter le paysPeur d'être arrêté à tout momentSur le parking du marché, Maria remplit son coffre. Elle a trois enfants, trois garçons. Eux ont la nationalité américaine. Pas elle. Alors le simple fait de sortir faire des courses est une source d'angoisse : « J'ai très peur. On ne sait jamais ce qui peut se passer en cas de contrôle routier. C'est très effrayant. Imaginer que je puisse être détenue alors que mes enfants sont à l'école, c'est… ». Elle s'arrête un instant puis reprend : « Le beau-père de mon frère a été arrêté la semaine dernière avec d'autres membres de sa famille. Et on ne sait rien, on ne peut même pas leur rendre visite. Ils sont seuls et personne ne sait ce qui va leur arriver. »Les papiers de Gladys sont en règle alors, elle joue parfois les éclaireurs : « J'ai une amie mexicaine qui m'a appelée un jour pour me demander d'aller voir si ICE [les services de contrôle de l'immigration, NDLR] était près d'un magasin. Je suis allée voir et c'était vrai : il y avait quatre voitures des services de l'immigration ! Les gens couraient de peur d'être arrêtés et expulsés. J'ai prévenu mon amie, et comme son appartement se trouve juste derrière ce magasin, elle n'a pas osé sortir de la journée. Elle n'est même pas allée travailler ce jour-là. »À lire aussiÉtats-Unis: l'administration Trump prive des milliers d'immigrés de la sécurité sociale en les déclarant morts

Le podcast du coffee show biz
Coffee show biz le VIP avec Cherico

Le podcast du coffee show biz

Play Episode Listen Later Apr 24, 2025 32:27


Toujours dans notre série QVEMA, on continue à promouvoir nos marques chouchou et pour ce nouvel épisode, on a même arrêté le café

C dans l'air
Impôts : les retraités vont-ils plus payer ? - L'intégrale -

C dans l'air

Play Episode Listen Later Apr 22, 2025 64:10


C dans l'air du 22 avril 2025 : Impôts : les retraités vont-ils plus payer ?Comment renflouer les caisses de l'État de 40 milliards d'euros ? C'est l'équation sur laquelle planche Bercy, avec la préparation du budget 2026, dont l'objectif est une réduction du déficit à 4,6 % l'an prochain. Parmi les pistes envisagées se trouvent les niches fiscales. Elles sont 467 au total et coûtent 85 milliards d'euros à l'État chaque année. Bercy veut en supprimer au moins 50 et n'écarte aucune hypothèse. Pas même celle de mettre les retraités à contribution via la suppression de l'abattement fiscal de 10 % dont ils bénéficient.Créé en 1978 par le gouvernement de Raymond Barre, cet abattement fiscal accorde à chaque retraité une déduction automatique de 10 % sur ses revenus (dans la limite de 4.399 euros) annuels au moment de la déclaration. Ce qui se traduit in fine par une baisse d'impôt. Dans Le Parisien, la ministre des Comptes publics ne s'est pas dit contre une remise en cause de cet abattement fiscal, estimant "que ce n'est pas votre âge qui doit définir votre contribution". "Je pense, à titre personnel, qu'on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement", a ajouté Amélie de Montchalin.La suppression de cette niche fiscale permettrait à l'État de récupérer près de 5 milliards d'euros. Plus précisément, la Cour des comptes estime à 4,494 milliards d'euros le coût de cette mesure pour l'État en 2023, ce qui en fait la quatrième niche fiscale la plus coûteuse, derrière le crédit d'impôt en faveur de la recherche (CIR), une aide aux entreprises (7,2 milliards) ; le crédit d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile (5,9 milliards) et la détermination du résultat imposable des entreprises de transport maritime en fonction du tonnage de leurs navires (dispositif mis en place pour protéger les armateurs face à la concurrence asiatique, 5,6 milliards). La Cour des comptes déplorait dans un précédent rapport une "articulation insuffisante" entre les dépenses fiscales et les objectifs des politiques publiques qu'elles sont censées soutenir – quand leurs effets concrets sont connus et appelé à procéder à la revue de l'ensemble des dépenses fiscales d'ici 2027.Alors que va décider le gouvernement ? Si le Premier ministre a fixé avant le 14 juillet la date butoir pour dévoiler ses grandes orientations, le premier président de la Cour des comptes n'a pas attendu pour pousser un coup de gueule. Lors de la présentation son rapport sur le résultat du budget 2024 de l'État, Pierre Moscovici a étrillé la gestion budgétaire des derniers mois. Il a également regretté l'impossibilité pour son institution de certifier les comptes de État "sans des réserves très significatives", dénonçant le "refus persistant de l'administration d'appliquer les principes et normes comptables communément acceptés". L'institution de la rue Cambon déplore "5 anomalies significatives", autrement dit des comptes sous-évalués ou surévalués « sur plusieurs milliards d'euros", mais aussi 11 insuffisances ou incertitudes, sur lesquelles les magistrats financiers ont été incapables de "réconcilier les chiffres". Dans ces conditions, Pierre Moscovici s'interroge sur l'attitude à adopter lors des prochains exercices budgétaires, si ses observations continuent d'être prises "à la légère" et prévient : "en l'absence de progrès significatifs en 2025, la Cour pourrait être amenée à en tirer les conséquences […] autrement dit à ne pas certifier les comptes". L'ancien ministre de l'Économie a d'ailleurs fait la comparaison avec le monde privé. " J'imagine la situation d'une entreprise où le commissaire aux comptes certifierait les comptes avec de fortes réserves ou ne les certifierait pas, et où le conseil d'administration dirait on s'en fiche. Ce n'est pas sérieux !"Du coté des entreprises également, plusieurs grands patrons français ont donné de la voix ces derniers jours face à l'exécutif à Paris et à Bruxelles. Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, qui avait dénoncé en février une taxation française pénalisant le "Made in France", a mené la charge jeudi dernier contre l'UE et les "bureaucrates" de Bruxelles. L'Union européenne, selon lui, "n'est pas dirigée par un pouvoir politique […] mais par un pouvoir bureaucratique qui passe son temps à éditer des réglementations", rendant "pas facile" la création d'une "zone de libre-échange" entre les États-Unis et l'UE - une zone à laquelle il s'est dit comme Elon Musk "favorable". Le même jour le directeur général de L'Oréal, Nicolas Hieronimus a évoqué parmi les pistes pour faire face aux droits de douane américains la possibilité de relocaliser "une partie" de la production aux États-Unis. Le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné s'est lui attaqué dans les colonnes du Figaro magazine au "millefeuille administratif du pays". "Quand il faut trois ans pour faire une ferme solaire aux États-Unis, cela prend sept ans en France. Et pour un projet dix fois plus petit !", selon lui.À rebours de ces positions, Michel-Édouard Leclerc, le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, a estimé qu'"il ne faut pas que Bernard Arnault, que Rodolphe Saadé, le président de CMA CGM (qui s'est affiché début mars dans le Bureau ovale avec Donald Trump pour annoncer 20 milliards d'investissements aux États-Unis sur 4 ans) ou Schneider Electric (qui avait dit fin mars compter investir plus de 700 millions de dollars d'ici 2027 aux États-Unis, NDLR) aillent signer leur accord avant que l'Europe n'ait négocié, sinon on a l'air minable". "Je lance un appel à Bernard Arnault : Fais société, fais nation", a-t-il ajouté.Pendant ce temps, Donald Trump poursuit sa guerre commerciale et accentue sa pression sur le président de la Fed, Jerome Powell. "Si je veux qu'il parte, il va partir très vite croyez-moi", a lancé le locataire de la Maison-Blanche jeudi dernier. Une menace réitérée lundi : "Il peut y avoir un RALENTISSEMENT de l'économie à moins que 'Monsieur le retardataire', cet immense looser, ne baisse les taux d'intérêt, MAINTENANT", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social. Jerome Powell a pourtant été nommé par Donald Trump en 2017, puis reconduit par Joe Biden en 2022. Son mandat s'étend désormais jusqu'en mai 2026. Mais depuis son retour au pouvoir, le républicain reproche au patron de la Fed de ne pas baisser ses taux assez vite. Une baisse des taux pourrait doper la croissance, alors que les États-Unis viennent d'imposer des droits de douane à presque tous les pays du monde. Mais la Fed préfère prendre son temps afin de ne pas prendre le risque d'aggraver l'inflation qui est repartie à la hausse. Des tensions persistantes entre le président américain et Jerome Powell qui inquiètent les marchés. La Bourse de Wall Street a fini en forte baisse lundi et le dollar poursuit sa dégringolade face aux principales devises mondiales.LES EXPERTS : - PHILIPPE DESSERTINE - Directeur de l'Institut de Haute Finance, auteur de Le grand basculement - CAROLINE MICHEL-AGUIRRE - Grand reporter au service politique - Le Nouvel Obs - NATHALIE SAINT-CRICQ - Editorialiste politique - France Télévisions - OLIVIA DETROYAT - Journaliste économique - Le Figaro

Chronique des Matières Premières
Côte d'Ivoire: bilan positif pour la campagne de commercialisation de la noix de cajou

Chronique des Matières Premières

Play Episode Listen Later Apr 20, 2025 1:45


En Côte d'Ivoire, premier producteur mondial d'anacarde, les acteurs de cette filière tirent un bilan positif à mi-parcours de la campagne de commercialisation. Sur les 1,150 million de tonnes de noix brutes produites cette année, restent 250 000 tonnes à écouler sur les marchés. Priorité aux transformateurs locauxPremier signe positif : dès le début de la campagne en janvier, le prix bord champ de la noix brute de cajou a été rehaussé : il est passé de 275 à 425 FCFA/kg. De quoi valoriser les paysans qui, cette année, ont vu leur production augmenter de 20 %. Selon les projections du ministère de l'Agriculture de Côte d'Ivoire, la production devrait s'établir à un peu plus d'un million de tonnes de noix brute. 900 000 tonnes ont déjà été achetées auprès des producteurs.Par ailleurs, du 18 janvier au 15 mars, le marché a été ouvert en priorité aux transformateurs locaux. « Cela nous a permis d'avoir accès à une noix de bonne qualité et d'éviter la concurrence avec les exportateurs internationaux », commente un entrepreneur. En tout, 36 usines en activité ont pu être approvisionnées. Elles ont pu absorber près de 600 000 tonnes de noix brute.L'impact des tarifs douaniers américainsSeule ombre au tableau, les nouveaux tarifs douaniers imposés par les États-Unis, révisés à la hausse et que Washington a temporairement suspendu. « Les opérateurs au Vietnam [taxés à près de 47 %, NDLR] sont inquiets, cela a ralenti les choses », affirme Kobénan Kouassi Adjoumani, le ministre ivoirien de l'Agriculture. En clair, il y a moins d'engouement autour des ventes.  Car une grosse partie de la production est achetée par le Vietnam, qui exporte ensuite l'amande de cajou vers les États-Unis. Face à la retenue des acheteurs, locaux, comme internationaux, les producteurs bradent leur noix brute. « La situation est bloquée », peste un producteur, qui regrette le non-respect des prix officiels, ces deux dernières semaines. « Des solutions vont bientôt être prises », assure le ministre ivoirien de l'Agriculture, qui demande aux paysans d'être patients. De son côté, pour faire respecter le prix plancher, le Conseil Coton Anacarde organise des ventes groupées dans les zones dans lesquelles les acheteurs se font rares.  À lire aussiLa Côte d'Ivoire cherche à doper la transformation locale de noix de cajou

Reportage Afrique
Rwanda: des vestiges de la Grande Guerre sur la colline de Nengo

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Apr 18, 2025 2:16


Des restes de la Première Guerre mondiale au Rwanda. À l'ouest du pays, aux alentours de la ville de Gisenyi au bord du lac Kivu, un guide tente de mettre en avant un site historique vieux de plus d'une centaine d'années. À l'époque, le Rwanda est sous administration allemande. Les militaires installent une base avancée à Nengo pour défendre la frontière avec la République démocratique du Congo, à l'époque colonie belge. De notre correspondante régionale,Sur les pans de la colline de Nengo, Susanne Mukankusi désherbe autour de jeunes pousses d'eucalyptus. De l'histoire ancienne de cette montagne sur les hauteurs de Gisenyi, où elle habite depuis presque 50 ans, elle ne connaît que les rumeurs : « Les gens plus âgés que moi, qui habitaient ici, disent qu'il y a une tranchée en haut de la colline. J'ai entendu dire qu'ils [les Allemands, NDLR] ont fait la guerre et qu'ils ont laissé du matériel et une tranchée. »Une histoire méconnue de la Première Guerre mondiale, que Karim Gisagara tente de mettre en lumière. C'est en travaillant sur un nouveau sentier de randonnée que tout en haut de la colline, le guide tombe sur le site historique : « Tu vois, là où tu marches, ce n'est pas de la roche, C'est du béton. Ils ont construit ce site avec du béton pour stabiliser les armes. »Une tranchée encore visible 110 ans plus tard. Du haut de la colline de Nengo, les militaires allemands avaient une vue imprenable sur le lac Kivu et la ville de Goma. « Ils avaient leur campement juste derrière. Pour la population, ce n'était pas leur guerre, c'était la guerre des Blancs. Ils se sont battus en ville avant que les Belges débordent de l'autre côté de la montagne. Ils ont tiré quelques coups de fusils à Goma et Gisenyi, mais quand ils se sont retrouvés contournés, ils ont décidé d'abandonner leurs positions », raconte Karim GisagaraRestaurer le lieuEn mai 1916, les troupes allemandes se replient rapidement, d'abord dans le sud, à Nyanza, puis quittent le pays. « On va restaurer le site, on va restaurer aussi le campement. On va essayer de faire des recherches, en faisant appel des historiens pour nous aider à comprendre ce qui s'est passé, explique le guide. Après ça, on va commencer la restauration. »Une guerre européenne exportée sur un autre continent avec de lourdes conséquences pour le pays. « La fin de la guerre mondiale a marqué la fin d'une époque allemande, mais c'était la prolongation d'une époque coloniale qui allait mal tourner. Les Belges vont investir un autre système d'occupation, vont beaucoup se mêler dans les affaires internes, ils vont bouleverser la politique du Rwanda, ils vont institutionnaliser les races et les ethnies. »D'autres sites de la Première Guerre mondiale restent visibles au Rwanda. L'année dernière, une équipe de chercheurs a même retrouvé, au fond du lac Kivu, les restes d'un bateau allemand de l'époque.

C dans l'air
Face à Trump, la Chine contre-attaque - L'intégrale -

C dans l'air

Play Episode Listen Later Apr 17, 2025 64:31


C dans l'air du 17 avril 2025 : Face à Trump, la Chine contre-attaqueAlors qu'il s'est lancé dans une guerre commerciale avec le reste du monde en étant convaincu de sa position de force, Donald Trump pourrait-il sortir affaibli de cet épisode ? Principal pays dans la ligne de mire des Etats-Unis, la Chine affirme ne pas avoir « peur de se battre » et rend coup pour coup. En représailles des surtaxes de 145 % sur les exportations chinoises, Pékin a répliqué avec une surtaxe qui atteint désormais 125 % et en décidant la suspension de l'exportation de sept catégories de terres rares indispensables pour plusieurs secteurs économiques clés, de la défense au médical, en passant par le numérique - téléphones portables, disques durs, écrans - et l'énergie.Ces derniers jours Donald Trump a rétropédalé dans un premier temps en retirant les taxes sur les ordinateurs et les smartphones, produits essentiellement en Chine, mais il a finalement décidé de les maintenir lundi, à hauteur de 20 %. Depuis l'empire du Milieu demande au président américain d' « annuler complètement» les droits réciproques, et ne semble pas entendu. Résultat : Pékin a décidé de geler toutes les livraisons d'avions Boeing déjà commandés ainsi que l'achat de composants américains. La Chine bouderait également depuis mi-mars le soja, le maïs et la viande américaine, préférant se tourner vers l'Australie et le Brésil notamment.Pékin qui a publié ses résultats économiques, montrant une croissance de 5,4 % au premier trimestre 2025, plus forte qu'anticipé, a également annoncé la nomination d'un nouveau négociateur en charge du commerce international. Répondant aux propos de l'administration Trump, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois a estimé mercredi que « si les Etats-Unis veulent véritablement résoudre le problème par le dialogue et la négociation, ils doivent cesser d'exercer une pression extrême, cesser de menacer et de faire du chantage, et discuter avec la Chine sur la base de l'égalité, du respect et du bénéfice mutuel ». Un peu plus tôt, la Maison Blanche avait indiqué être ouverte « à un accord avec la Chine » et annoncé que "la balle est dans le camp de la Chine sur la question des droits de douane", puisqu'elle compte sur l'argent du "consommateur américain".De son côté, mercredi le patron de la banque centrale américain a dit redouter une accélération de l'inflation aux Etats-Unis, conséquence des surtaxes douanières de Donald Trump. Ses déclarations n'ont pas manqué de faire monter la pression avec le président américain. Donald Trump a répondu jeudi dans un post sur Truth Social que Jerôme Powell est «trop lent» à baisser les taux d'intérêt et qu'il « est plus que temps que son mandat (à la tête de la Fed, NDLR) se termine». Mais si le président américain continue de défendre sa politique économique, le doute s'installe chez les Américains.Après seulement deux mois à la Maison-Blanche, la popularité de Donald Trump est en effet en baisse, atteignant 53 % d'opinion négative, selon le dernier sondage pour CBS News paru dimanche 13 avril, et la contestation monte en puissance dans le pays. Après les manifestations massives contre l'administration Trump dans plusieurs villes du pays, la bataille se poursuit dans les tribunaux et les universités. Contrairement à Columbia, Harvard a décidé de ne pas se plier aux injonctions du gouvernement Trump, qui a gelé 2,2 milliards de subventions en représailles et menace désormais de lui geler ses avantages fiscaux.Alors jusqu'où ira la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis ? Quelles conséquences pour l'économie mondiale ? Que pensent les Américains de Donald Trump et de sa politique ? Face aux droits de douanes, comment les entreprises françaises s'adaptent-elles (ou pas) ? LES EXPERTS :Elie COHEN - Économiste, directeur de recherche au CNRSJoséphine STARON - Directrice des études et des relations internationales – SynopiaCorentin SELLIN - Historien spécialiste des États-Unis, chroniqueur - Les JoursValérie NIQUET - Spécialiste de l'Asie - Fondation pour la Recherche Stratégique

Invité Afrique
Cameroun: Daniel Um Nyobe espère de la France «la reconnaissance» de ses torts et de l'assassinat de son père Ruben

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Apr 14, 2025 13:22


Il est né dans le maquis camerounais en 1957, un an avant que son père soit assassiné par l'armée française... le 13 septembre 1958. Daniel Um Nyobe, le fils du leader indépendantiste Ruben Um Nyobe est notre invité ce matin. Alors qu'est paru fin janvier le rapport de la commission Cameroun sur le rôle de la France au Cameroun dans la lutte contre les mouvements indépendantistes, il appelle désormais le président français à « assumer les faits » et à reconnaître la responsabilité de la France dans la mort de Ruben Um Nyobè et de ses camarades. Il témoigne aussi sur son parcours, marqué par le combat de son père. RFI : Daniel Um Nyobé, suite à la publication du rapport de la Commission Cameroun, qu'est-ce que vous attendez aujourd'hui ?Daniel Um Nyobé : C'est la reconnaissance des faits, la responsabilité du gouvernement français de l'époque dans ce qui s'est passé. Et, éventuellement, présenter des excuses et mettre en place un processus de réparation. Cette histoire-là, il faut l'assumer, sinon ça va être une histoire politicienne.Cette histoire, c'est aussi la vôtre, Daniel Um Nyobe, puisque vous êtes né dans le maquis, un an avant l'assassinat de votre père.De la date du 13 septembre 1958, je reste le seul survivant. Donc ce jour-là, non seulement Ruben Um Nyobe a été assassiné, mais son plus proche collaborateur Yem Back a été également assassiné. Ma grand-mère maternelle, Ruth Ngo Kam a été aussi assassinée. Et il faut dire qu'au moment de cet assassinat, j'étais à côté d'elle, ce qui fait que j'ai ramassé une balle. Symboliquement, je me dis que dans le rouge du drapeau camerounais, j'y suis aussi pour quelque chose. C'est aussi mon sang qui y est versé.Par la suite, dans quelles conditions vivez-vous avec votre mère ? Comment est-ce qu'on fait pour vivre ou survivre lorsqu'on s'appelle Um Nyobé dans ces années-là ?C'est très très très difficile. Donc, on vit du peu qu'on a des récoltes des champs, et tout ça, c'est dans la misère. Mais bon, il faut quand même avouer qu'on avait certains sympathisants qui de temps en temps passaient nous donner quelque chose et tout ça.Vous avez mis plusieurs années à oser aller vous recueillir sur sa tombe ?Oui, c'était interdit. On y allait la nuit. Je me rappelle les premiers jours, c'était la nuit, clandestinement. Il fallait le faire, ç'avait une valeur pour moi.Est-ce que vous avez envisagé de changer de nom ?Non, surtout pas. C'est une fierté pour moi d'avoir été le fils de cet homme-là !En 1991, une loi a réhabilité plusieurs leaders indépendantistes, dont votre père. Qu'est-ce que ça a changé, est-ce que c'est suffisant ?Ça n'a rien changé. Bon, là, on peut prononcer son nom, on peut prononcer le nom de ses camarades, on peut se revendiquer de lui. Mais, dans les discours officiels au Cameroun, on ne cite pas ces noms-là. Rien n'est fait, il n'y a pas de lieux de mémoire. J'envisage de transférer la tombe à Boumnyébel, parce que ce sont les assassins qui ont choisi le lieu d'enterrement à Ezéka. Donc, voilà pourquoi j'aimerais ramener cet homme-là. Mais au mois de novembre dernier, je suis allé, j'ai seulement mis une seule plaque indicative pour dire que, bientôt, la tombe de Mpodol [surnom de Ruben Um Nyobè, NDLR] sera installée à cet endroit. Dans la journée, j'ai eu la visite, cinq fois, des gendarmes et des policiers.Aujourd'hui, l'UPC, le parti fondé par votre père, est profondément divisé. En mai 2017, vous avez été désigné premier vice-président de l'une de ses branches, celle dirigée par Bapooh Lipot qui est considérée comme proche du président Paul Biya. Pourquoi ce choix ?Ça, c'est quelque chose qui m'a été imposé comme ça, mais je n'ai jamais exercé de fonction de premier vice-président.C'est de la récupération ?Oui, oui, je crois. On ne confondra jamais l'UPC, le parti nationaliste qui a revendiqué l'indépendance, avec tout ce qui est fait aujourd'hui. Il y en a qui le font par conviction et d'autres qui le font par opportunisme.En 2018, on vous prête d'avoir appelé à voter pour Paul Biya ?Je l'assume, parce que je croyais que c'était son dernier mandat. Je me disais, avec l'âge, l'expérience qu'il a, avant de partir, on pouvait mettre en place quelque chose plus tard. Ça n'a pas été le cas.Mais que répondez-vous à ceux qui estiment que soutenir Paul Biya revient en fait à trahir la mémoire de votre père, dans le sens où lui-même est héritier direct de ceux qui ont été placés au pouvoir au détriment des vrais indépendantistes ?Alors ça, c'est le tribunal de l'histoire. Et moi, je suis de ceux qui pensent que, tout être humain peut changer, pour l'intérêt du pays.En 2018, vous pensiez qu'il poserait un geste s'agissant de votre père ?Ah oui !  Il avait dit à ma mère : « Je poursuis le travail commencé par votre mari. » Donc, j'attendais quelque chose venant de lui. Je m'attendais quand même à ce qu'on facilite le transfert des restes de ces personnes-là, qu'on cite leurs noms dans les discours, qu'il y ait des lieux de mémoire, les dates de commémorations, tout ça. Si je vous dis que je ne suis pas déçu, c'est que je suis un menteur. À lire aussiLe rapport sur la colonisation française au Cameroun remis au président Paul Biya

Revue de presse internationale
À la Une: une guerre commerciale incohérente…

Revue de presse internationale

Play Episode Listen Later Apr 14, 2025 3:58


Tout et son contraire… Le Wall Street Journal est plutôt dubitatif, pour ne pas dire plus, après un week-end qu'il qualifie de « déroutant » : un week-end qui apporte, poursuit le journal, « de nouveaux éclairages sur la nature arbitraire de la politique commerciale de M. Trump. Vendredi en fin de journée, son propre service des douanes et de la protection des frontières publiait un avis énumérant les produits exemptés des droits de douane de 145% qui frappent la Chine. À savoir, les smartphones, les ordinateurs portables, ou encore les disques durs. Samedi, la presse mondiale rapportait l'information sans que la Maison Blanche ne bronche. » Mais patatras… « Hier matin (dimanche NDLR), pointe le Wall Street Journal, le secrétaire au commerce Howard Lutnick affirmait que les droits de douane sur les produits électroniques (en provenance de Chine) augmenteraient à nouveau à l'avenir, sans toutefois donner de détails. Et dans l'après-midi, Donald Trump intervenait pour dire que “personne n'était tiré d'affaire“ pour les balances commerciales injustes et surtout pas la Chine qui “nous traite mal !“ Avant de rajouter : aucune “exception“ sur les droits de douane n'a été annoncée vendredi. »Et le Wall Street Journal de s'interroger : « que s'est-il donc passé et quelle est la véritable politique ? Qui le sait ? » En tout cas, soupire le quotidien économique : « bienvenue dans la nouvelle économie des droits de douane, où l'on continue de payer des impôts onéreux, d'endurer des réglementations pénalisantes et où on doit désormais naviguer sur le champ de mines politique des tarifs douaniers arbitraires. »Perte de contrôle ?« Trump a-t-il une stratégie ou improvise-t-il ? », s'interroge en écho le Washington Post. « Alors que Donald Trump approche des 100 jours de son second mandat, les trois premiers mois ont été marqués par des erreurs, des excès et par l'orgueil démesuré d'une équipe qui interprète une courte victoire électorale comme un blanc-seing. »En fait, pointe encore le Washington Post, « Trump s'est présenté comme un chef d'entreprise avisé capable de redresser l'économie. De nombreux électeurs l'ont cru. Sa plus grande promesse économique était de faire baisser les prix. Résultat : ce qui a baissé, ce sont les marchés financiers et le moral des consommateurs, qui craignent une récession. »Dans une tribune publiée par Le Monde à Paris, l'économiste Thomas Piketty affirme que « si les trumpistes mènent une politique aussi brutale et désespérée, c'est parce qu'ils ne savent pas comment réagir face à l'affaiblissement économique du pays. Exprimé en parité de pouvoir d'achat, c'est-à-dire en volume réel de biens, de services et d'équipements produits chaque année, le PIB de la Chine a dépassé celui des États-Unis en 2016. Il est actuellement plus de 30 % plus élevé et atteindra le double du PIB états-unien d'ici à 2035. La réalité est que les États-Unis sont en train de perdre le contrôle du monde. (…) La crise actuelle est nouvelle, poursuit Thomas Piketty, car elle met en cause le cœur même de la puissance économique, financière et politique du pays, qui apparaît comme déboussolé, gouverné par un chef instable et erratique, sans aucune force de rappel démocratique. »La disparition de Mario Vargas LlosaÀ la Une également, la mort hier de l'écrivain Mario Vargas Llosa, à l'âge de 89 ans…« Un géant de la littérature universelle », s'exclame El Pais à Madrid. « Romancier, essayiste, polémiste, chroniqueur et universitaire, Vargas Llosa restera dans l'histoire comme un conteur extraordinaire et un intellectuel influent de la vieille école, c'est-à-dire d'avant les réseaux sociaux. »« Monument de la littérature sud-américaine, prix Nobel 2010 et figure majeure du monde intellectuel hispanique, l'écrivain péruvien était un virtuose de la narration et du réalisme », commente Libération à Paris.« Un prince de l'esprit contemporain », renchérit la Nación à Buenos Aires.« Adieu à l'écrivain de l'individu et du pouvoir », lance la Repubblica à Rome. En effet, précise le journal, « la réflexion sur la nature du pouvoir, sur la faiblesse et la noblesse de l'être humain est au cœur de son œuvre (…). Vargas Llosa n'a jamais perdu la foi dans la capacité séditieuse du récit à créer un monde alternatif, sans frontières de langue, de culture et de religion, dans lequel on trouve refuge contre l'adversité ou la barbarie, pour dissiper le chaos, pour éterniser la beauté d'un instant. »Bref, un écrivain à lire ou à relire par les temps qui courent.

Afrique Économie
Présidentielle au Gabon: la question de la dette, un débat de la campagne électorale

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Apr 9, 2025 2:21


À deux jours de la présidentielle du 12 avril, huit candidats, dont le chef de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, sont en lice pour un septennat à la tête du pays. Son principal adversaire, Alain-Claude Bilie-By-Nze, n'hésite pas à l'attaquer sur les sujets de gestion financière et de dette en particulier, ce qui lui vaut une réponse musclée. Depuis qu'il est en campagne pour le poste de président du Gabon, Alain-Claude Bilie-By-Nze lâche ses coups contre la transition, qu'il accuse de gestion financière dispendieuse et mensongère. Encore en début de semaine sur la chaîne Africa 24, il a affirmé : « Les pouvoirs publics actuels ne donnent pas la vérité. Il y a de la dette cachée, il y a de la dette intérieure non comptabilisée, de la dette extérieure vis-à-vis notamment de fonds vautour, non comptabilisée. Il y a des dettes contractées pour acquérir des parts dans des entreprises dont personne ne connait le niveau exact de l'actionnariat. » Et d'ajouter : « Il faut voir clair dans cette question d'endettement. La dette gabonaise a aussi un problème, c'est qu'on s'endette pour financer le fonctionnement. »Alain-Claude Bilie-By-Nze parle de 8 500 milliards de francs CFA de dettes quand, selon les chiffres du gouvernement, elle vient de descendre en dessous des 7 000 milliards de francs CFA. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le niveau d'endettement est de 67% du PIB. Plutôt de 54%, disent les autorités qui refusent d'y inclure des arriérés comme les retraites et les soldes des fonctionnaires. Ces attaques, de la part du dernier Premier ministre d'Ali Bongo, lui valent des réponses musclées des soutiens de la transition.« Ceux qui se plaignent aujourd'hui ont habitué les Gabonais à des postures fallacieuses, arrogantes. Quand on a un bilan comme le leur, comme lorsque nous arrivons en septembre 2023 avec le président Oligui Nguema, et qu'il y a des échéances de dettes qui ne sont pas remboursées… Le Gabon était au ban de la communauté internationale parce qu'il ne tenait plus ses engagements internationaux », répond la ministre de la Communication, Laurence Ndong, et porte-parole du candidat Oligui Nguema. « La première chose qui a été faite a été de rembourser ces échéances de dette. On a trouvé un pays endetté à 7 500 milliards, une dette creuse pour laquelle on a vu aucune infrastructure [réalisée, NDLR]. Donc, aujourd'hui, le Gabon tient ses engagements en matière de dette. Tous nos bailleurs ont été remboursés », met-elle en avant.Depuis le 1ᵉʳ septembre 2023, le remboursement de la dette a absorbé 45,6% des ressources de l'État. Le Gabon a notamment réglé la Banque mondiale, malgré un retard très médiatisé. Une source au fait du dossier se dit « bien moins alarmiste qu'il y a 18 mois ». « Les grands bailleurs viendront et ils ne vont rien nous imposer », a déclaré à la télévision Brice Clotaire Oligui Nguema. Les agences de notation demeurent toutefois perplexes : l'agence Fitch a baissé sa note en janvier, inquiète particulièrement de fortes dépenses budgétaires et sociales. Elle anticipe un retour du FMI dans le pays d'ici à la fin de l'année.À lire aussiPrésidentielle au Gabon: la campagne est entrée dans la dernière ligne droite

Reportage Afrique
Congo-B: à Nkayi, le succès des tuk-tuks est loin de faire l'unanimité chez les passants [2/3]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Apr 7, 2025 2:16


Nkayi, dans le sud du Congo-Brazzaville, quatrième ville du pays, est connue pour sa production sucrière. Mais depuis quelques années, elle est aussi devenue un fief des tuk-tuks. Leur nombre a explosé, ce qui est loin de faire l'unanimité. De notre correspondant à Brazzaville,Cela fait quatre années que les motos-taxis de couleur jaune ont envahi les rues de Nkayi. Sibel Ndamba est très vite devenu chauffeur de ce nouveau mode de transport au Congo-Brazzaville. Il témoigne de son succès : « Cette moto, son vrai nom de confection, c'est le tuk-tuk. Mais, vulgairement, ici à Nkayi, on appelle cela "Wehua". Quand cela a commencé en 2021, cela a aidé la population qui a commencé à se sentir mieux parce qu'il n'y avait pas de système de bus. Dès que cela a commencé, les gens se sont sentis à l'aise puisqu'il fallait donner 150 francs CFA [0,23 euro, NDLR] pour se déplacer », raconte-t-il.Il faut cependant travailler dur pour payer le propriétaire du tuk-tuk, démarrer tôt le matin et finir tard dans la soirée. « Les patrons (propriétaires des motos) ont tendance à demander 10 000 francs CFA [15 euros] de recettes par jour. Comme nous sommes dans un pays où le taux de chômage est très élevé, nous sommes obligés de faire avec les moyens de bord », ajoute-t-il.Ces tuk-tuks importés d'Asie sont l'unique moyen emprunté par Carmel Loubakalafoua, agent du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), entre son domicile et son lieu de travail. « Quand je suis à l'intérieur de ce moyen, je libère mon esprit pour que je puisse arriver là où je vais. Cela me permet de venir au boulot et surtout d'arriver à temps », affirme le jeune travailleur.Mais ils sont loin de plaire à Jean-Claude Mpaka, qui déplore surtout des cas d'accidents. « Ce qui embête les gens qui circulent dans les rues parfois, c'est que ces gens ne conduisent pas correctement. C'est de la pagaille, d'après moi. Ils ne veulent pas respecter les piétons, il y a parfois des accidents », témoigne ce passant.Quant à Luc Mbetani, chauffeur de taxi-voiture, il estime que ces tuk-tuks représentent une vraie concurrence. « Les Wehua nous embêtent beaucoup. Ce n'est plus facile pour avoir de l'argent. Ils font le taxi, le cent-cent et ils prennent tout ​​​​​​​: du bois, du ciment. Nous, pour avoir des recettes, c'est difficile maintenant », affirme ce chauffeur. Selon différents observateurs, Nkayi dispose de près de 700 tuk-tuks pour une population estimée à 80 000 habitants.À lire aussiGuinée: le bombona, tricycle en vogue, exclu des grandes artères en raison d'accidents fréquents [1/3]

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Guinée: le bombona, tricycle en vogue, exclu des grandes artères en raison d'accidents fréquents [1/3]

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Play Episode Listen Later Apr 6, 2025 2:15


C'est une lutte impitoyable qui oppose moto-taxis, tuk-tuk, taxi-voitures et bus dans les villes du continent. En Guinée, cela fait bien longtemps que les éternels taxis jaunes ont perdu le monopole du transport à Conakry. Ils ont d'abord été concurrencés par les motos-taxis et le sont depuis quelques années par un nouveau type de véhicule : les tricycles, couramment appelés « bombonas », importés d'Inde. Leur avantage ? Ils échappent aux embouteillages permanents de la ville et sont plus abordables que les motos-taxis. Ils sont plébiscités par les Conakriens, mais leur dangerosité a forcé l'État à prendre des mesures de restriction. De notre correspondant à Conakry, Il est 8 heures au marché de Taouyah. C'est l'heure de pointe et la route est complètement embouteillée. Mais les bombonas jaunes et verts, toit rétractable, se faufilent entre les voitures grâce à leur petite taille, en empruntant la « troisième position », explique Ibrahima, un chauffeur : « Troisième position, c'est-à-dire quand les voitures sont en ligne, nous, on prend le milieu pour les dévier. » Aïssata apprécie : « C'est plus rapide que les taxis. »Avec les bonbonas, le prix du tronçon est un peu plus élevé que pour les taxi-voitures ordinaires. « Pour un trajet en bombona, c'est 2 500 francs guinéens (26 centimes d'euros) et pour le taxi, 2 000 francs (21 centimes d'euros) », explique Hawa, une autre usagère, qui se dit plus à l'aise dans ces tricycles : « Avant, je prenais le taxi voiture, mais ce n'était pas trop confortable à l'intérieur parce que derrière, c'est quatre places (quatre personnes serrées à l'arrière, NDLR). Par contre, le bombona c'est trois places derrière. »Avec quatre personnes serrées sur trois places, les taxis deviennent rapidement des étuves, comme le confirme Sékou Kaba, responsable d'un syndicat des bombonas : « Le passager assis dans le tricycle, il est en contact direct avec l'air. Le Guinéen aime ça. Se coincer à quatre derrière les taxis, il n'aime pas ça. »Malgré ce succès, le développement des bombonas a connu un grand coup de frein quand les autorités leur ont interdit de circuler sur les principales artères de la capitale, l'autoroute Fidel Castro et la route Le Prince. Ils provoquaient trop d'accidents, explique le responsable syndicaliste : « Les premiers chauffeurs de tricycles ont été formés, ils travaillaient dans de bonnes conditions. Après, il y a eu une deuxième vague. Quand la troisième vague est arrivée, ça a débordé. Ils ne respectaient pas le Code de la route et ainsi de suite. »Aujourd'hui, c'est donc à chacun sa route : les taxi-voitures gardent leur monopole sur les grandes voies, les bombonas sont relégués sur la route littorale reliant Sonfonia à Dixinn, en passant par Lambanyi et Kipé. Pour autant, leur popularité est telle que les chanteurs Pushka et Gwada Maga leur ont dédié une chanson.À écouter aussiLes défis des transports urbains en Afrique

Invité Afrique
Mali: pour Hamadoun Dicko, détenu trois mois par la Sécurité d'État, «il faut que les enlèvements cessent»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Apr 2, 2025 6:42


Hamadoun Dicko a été détenu pendant trois mois au secret, en dehors de toute procédure légale, par les services maliens de renseignements - du 16 décembre 2023 au 11 mars 2024. Un an après, en exclusivité pour RFI, cet actuel président de la Jeunesse Pulaaku International et ancien président des associations communautaires peules de défense des droits humains, raconte ses trois mois de calvaire : enlèvement, détention, interrogatoires. Un témoignage inédit, car les personnes libérées ont pour consigne de se taire, et plus que jamais nécessaire, compte tenu de la multiplication actuelle des enlèvements extrajudiciaires par les services maliens. Invité d'Afrique matin, Hamadoun Dicko, désormais en exil hors du Mali, répond aux questions de David Baché. RFI : Lorsque la Sécurité d'État vous a enlevé, vous vous apprêtiez à lancer une nouvelle association internationale de jeunes de la communauté peule. C'est pour cela que vous avez été détenu pendant trois mois ?  Hamadoun Dicko : Effectivement, j'étais en train d'organiser le premier congrès de la Jeunesse Pulaaku International et j'ai été enlevé à la veille même du congrès. Pendant les interrogatoires, on m'a demandé pourquoi je voulais organiser ce congrès, si c'était pour déstabiliser la Transition. Je faisais beaucoup de dénonciations des exactions commises par les forces armées et de sécurité contre les civils peuls, il y avait cela aussi. Ils m'accusaient aussi d'être en complicité avec certains groupes armés terroristes.Est-ce que vous pouvez nous raconter, pour commencer, les circonstances de votre enlèvement ?J'ai d'abord été convoqué le 14 décembre 2023 à la direction de l'ANSE [Agence nationale de la Sécurité d'État, NDLR], où ils m'ont intimidé et demandé de surseoir à la conférence de presse. Puis à la veille du congrès [deux jours plus tard, le 16 décembre, NDLR], aux environs de minuit, je rentrais chez moi, et plusieurs véhicules, quatre, m'ont intercepté. L'un des véhicules m'a bloqué la route. Les hommes étaient nombreux, en civil. Il y en a un qui est venu vers moi, il m'a fait rentrer dans sa voiture, il a démarré, et il a demandé à celui qui était à côté de moi de me mettre la cagoule.Pendant ces trois mois de détention, quelles étaient vos conditions, votre rythme de vie ?Ils m'ont gardé dans une chambre annexe d'une maison. C'était une maison habitée, avec une famille. J'avais un matelas, deux couvertures. On était plusieurs parce qu'il y avait trois chambres annexes, et il y avait un autre [prisonnier, NDLR] dans une autre chambre, mais je ne l'ai jamais vu. J'étais très mal nourri. Je ne pouvais pas sortir de ma chambre. Je ne suis jamais sorti, à part les deux fois où ils ont voulu m'interroger. Le reste du temps, j'étais dans ma chambre, seul. Quand ils rentraient, je devais mettre une cagoule. Je ne voyais personne, je n'ai jamais vu une seule personne quand j'étais là-bas. J'étais seul, séquestré, isolé. Pendant trois mois, j'avais même le rêve de voir juste le soleil ou le ciel.D'autres prisonniers de la Sécurité d'État, une fois libérés, ont raconté à des proches ou à leurs avocats, avoir subi des tortures : coups, décharges électriques, simulations de noyade. Heureusement, cela n'a pas été votre cas ?Heureusement, moi, je n'ai pas été torturé, je n'ai pas été frappé. Seulement, j'étais affamé et isolé, séquestré loin de ma famille. C'était psychologique et cela me fatiguait parce que je ne voyais pas un être humain. J'avais juste envie de voir une personne, en face de moi.À lire aussiMali : après un an passé en détention, l'universitaire Étienne Fakaba Sissoko a été libéréComment se passaient les séances d'interrogatoires ?  Quand ils venaient pour m'amener dans le salon d'interrogatoire, ils étaient trois. Quand ils tapaient à la porte, je devais mettre la cagoule, donc je ne pouvais plus les voir. Ils m'ont sorti de ma cellule, ils m'ont emmené dans un petit salon où ils m'ont fait assoir sur une chaise. Ils sont sortis et ils m'ont laissé avec leur chef qui devait m'interroger.Et sur quoi est-ce que vous avez été interrogé ?Ils m'ont demandé pourquoi je voulais organiser ce congrès, pourquoi j'étais avec Hamadoun Kouffa…Le chef de la Katiba Macina du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim), lié à Al-Qaïda…Oui, exactement. Ils m'ont demandé pourquoi je le représentais à Bamako. J'ai été très surpris, j'ai demandé comment je pouvais être le représentant de Kouffa et être à Bamako, cela ne corrobore pas.Donc la Sécurité d'Etat vous accusait d'être un complice des groupes jihadistes ?Exactement, ils m'accusaient d'être leur complice, et en même temps d'être avec les puissances occidentales, telles que la France. Surtout, j'étais en contact avec Radio France Internationale (RFI).Donc vous avez aussi été interrogé sur vos liens avec des journalistes de RFI ?  Bien sûr, ils m'ont demandé si j'étais en contact avec David Baché, exactement. Heureusement, je n'étais pas en contact avec David Baché.Pas encore…Ils m'ont demandé pourquoi je dénonçais les exactions commises par Wagner. Moi, j'ai dit : « je suis Malien, contre l'impunité, c'est pourquoi j'ai dénoncé. »Et comment est-ce qu'il réagissait à vos réponses ?Quand je répondais, il reconnaissait que vraiment, j'avais raison ! Parce que quand il a voulu dire que j'étais avec des puissances comme la France, je lui ai fait savoir que quand il y a eu la bavure française à Bounti, je l'avais dénoncée.À lire aussiMali: trois ans après le massacre de Moura, pas de justice pour les victimesBounti, lorsqu'une frappe de la force française Barkhane s'est abattue sur un mariage de civils, en 2021.Oui, exactement. Donc quand je lui ai fait savoir cela, il a dit « oui, c'est vrai. » Je lui ai dit « alors, si j'étais avec la France, je pense que je n'aurais pas dénoncé cette frappe. » Il a reconnu cela aussi.On parle généralement des « geôles secrètes de la Sécurité d'État », puisque ces lieux de détention ne sont pas connus. Est-ce que vous, vous avez une idée de l'endroit où vous avez passé ces trois mois ?Oui. J'étais dans un domaine d'un haut gradé de l'armée malienne. Il revenait souvent le weekend. Il était là, il causait avec ses amis…Donc vous l'avez vu, entendu ?J'entendais. J'entendais des voix et je comprenais aussi.Hamadoun Dicko, au bout de trois mois, vous avez finalement été relâché par la Sécurité d'État. Pourquoi, comment ?J'ai décidé de ne plus manger. Parce que j'étais fatigué, je ne savais pas pourquoi j'étais là, je savais que je n'avais commis aucun crime. J'ai décidé de ne plus manger. Quand ils ont constaté cela, ils sont venus pour me dire : « Hamadoun, si tu ne manges pas, on va te présenter à un juge, tu seras à la Maison centrale d'arrêt de Bamako, là-bas ce n'est pas facile. » J'ai dit : « je préfère être là-bas parce qu'au moins, je vais prendre un avocat et mes parents sauront où je suis. » Donc, ils ont compris que cela ne m'empêcherait pas de continuer la grève de la faim. (…)Le 11, c'était le premier jour du Ramadan, ils ont toqué à la porte et m'ont demandé de prendre mes affaires. Mais je n'avais pas d'affaires, je n'avais que mon boubou ! Ils m'ont sorti, ils m'ont emmené jusqu'au quartier de Bougie Ba, à Bamako, et ils m'ont dit qu'ils allaient me libérer, mais avec des conditions. Les conditions, c'était de collaborer, de ne pas dénoncer, de travailler avec eux.Ils vous ont proposé de travailler pour la Sécurité d'État ?Je n'ai pas accepté, c'est pourquoi je suis là. J'ai décidé de partir [hors du Mali, NDLR] parce que je ne pouvais pas rester, ma vie était en danger.Aujourd'hui, pourquoi tenez-vous à témoigner de ce qui vous est arrivé ?Parce qu'on voit que les enlèvements continuent de plus belle. On ne doit pas enlever des gens en plein jour et les séquestrer ! Ce n'est pas normal, c'est inadmissible, on doit empêcher cela. Donc j'ai décidé de partir et de parler, on ne peut pas rester muet. Il faut que cela cesse, on ne peut pas continuer comme cela dans un pays de droits. S'ils te reprochent quelque chose, il y a la justice.Et vous, est-ce que vous avez porté plainte, devant la justice ?Je n'ai pas porté plainte parce qu'il n'y a pas de justice au Mali en ce moment. La Justice est dictée. Donc, je ne peux pas porter plainte au Mali, tout en sachant que cela ne réussira pas. Je vais attendre. Le moment venu, peut-être que je le ferai.Un dernier mot, peut-être, sur la situation actuelle au Mali ou dans l'Alliance des États du Sahel (AES), qui inclut aussi le Burkina et le Niger ?Malheureusement, aujourd'hui, dans les États du Sahel, nous constatons une épuration ethnique, si vous me permettez le mot. Certaines communautés sont ciblées. Quand tu es peul, surtout au Mali et au Burkina, on t'exécute du simple fait d'être de la communauté peule.Les régimes en place au Mali et au Burkina démentent…Mais nous le constatons quand même, les faits sont têtus ! Nous avons vu des VDP [Volontaires pour la défense de la partie, milices civiles locales supplétives de l'armée burkinabè, NDLR] et cette force armée et de sécurité burkinabè qui se filmaient et mettaient tout sur les réseaux sociaux. Ils disaient dans leur langue mooré que les peuls ne les dirigeraient jamais.C'est le mot « peul » qui sort dans leur bouche, cela veut dire que ce sont les peuls qui sont systématiquement ciblés. Les autorités sont responsables de ce qui se passe au Sahel. Les autorités démentent, mais montrent le contraire sur le terrain, malheureusement.  À lire aussiMali: l'association Tabital Pulaaku alerte sur les attaques contre des villages peuls près de Ségou

Reportage France
La montée en cadence de l'usine KNDS, fabricant du canon Caesar, symbole de l'économie de guerre

Reportage France

Play Episode Listen Later Apr 2, 2025 2:30


« Nous entrons dans une économie de guerre », voilà ce qu'annonçait le président français Emmanuel Macron mi-2022. Désormais, trois ans après le début de l'invasion russe en Ukraine, l'Europe veut aussi prendre son indépendance militaire vis-à-vis des États-Unis de Donald Trump, qui se sont rapprochés de la Russie. Dans ce contexte, l'Union européenne prévoit de mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros d'ici à 2030. Comment l'industrie s'adapte-t-elle ? Ce qui frappe d'abord en arrivant à l'usine, ce sont les travaux d'agrandissement en cours. Là, un hangar provisoire. Ici, un trou de plus de deux mètres de profondeur sur plus de 100 mètres carrés pour faire place à de nouvelles machines. « On est dans la dernière canonnerie de France », explique Gabriel Massoni, porte-parole du groupe franco-allemand KNDS, leader européen de l'artillerie. Sur l'ensemble des munitions fabriquées par le groupe en France, 90 % partent en Ukraine. Mais aussi beaucoup de canons Caesar, qui sont faits en partie dans cette usine.Dans l'usine, l'économie de guerre est une réalité depuis le début de l'invasion russe. « On a investi 600 millions d'euros en fonds propres depuis trois ans, pour tripler la production de canons Caesar et d'obus de 155 mm qui sont tirés par le canon Caesar. On a recruté, on a acheté des machines, on est en train de pousser les murs, donc on a cette expérience de l'économie de guerre », affirme le parole-parole.Avant 2022, le groupe fabriquait un à deux canons Caesar par mois. Aujourd'hui, c'est six par mois. De longs tubes de métal de plusieurs mètres de long, usinés pas au millimètre, mais au micromètre près. Kévin travaille ici depuis dix ans. Il a vu les effectifs passer de 120 à 200 personnes et la cadence s'accélérer. Nous ne pouvons pas donner son nom de famille pour des raisons de confidentialité. « Ça a doublé au niveau effectif dans la ligne depuis que je suis arrivé. Et avec l'augmentation [de la production, NDLR], on a eu des demandes pour venir travailler les samedis matin aussi sur la base du volontariat », détaille-t-il. Sur sa ligne, où sont fabriqués les tubes de futurs canons Caesar, les salariés travaillent en trois huit, ce qui n'a pas toujours été le cas. Une dizaine de nouvelles embauches sont prévues cette année.L'entreprise, qui avant s'appelait Nexter, a demandé à ses fournisseurs, plus de 2 000, d'accélérer aussi la cadence. « Tous nos fournisseurs, on les accompagne. Il ne s'agissait pas que KNDS soit en capacité de fabriquer huit canons par mois et que nos fournisseurs restent à une capacité de trois ou quatre », témoigne Laurent Monzauge, chef d'établissement KNDS à Bourges. Dans certains cas, le groupe a avancé de la trésorerie. Il a aussi parfois dû changer de fournisseurs.Aujourd'hui, les carnets de commande du groupe sont pleins pour trois ans. Et avec la hausse annoncée des dépenses militaires en Europe, ils pourraient encore se remplir davantage. L'industrie de la défense emploie près de 200 000 personnes en France, entre emplois directs et indirects.À lire aussiL'Europe se réarme, le secteur de la défense se frotte les mains

Atelier des médias
Comment défendre l'information face aux plateformes? Retour sur l'Agora des Assises

Atelier des médias

Play Episode Listen Later Mar 29, 2025 33:43


Mi-mars 2025, aux Assises internationales du journalisme, Steven Jambot a animé une grande table ronde dont l'intitulé était  « Plateformes : comment résister à la manipulation de l'information ? ». L'atelier des médias vous propose d'en écouter quelques extraits portant sur les solutions pour passer à l'action, parmi lesquelles une meilleure régulation, la création d'un réseau social d'intérêt général européen ou encore l'éducation aux médias et à l'information (EMI). Les échanges ont duré 2h30 à Tours, L'atelier des médias diffuse des extraits choisis, qui font entendre les trois grands témoins de cette Agora : Thibaut Bruttin (secrétaire général de RSF), David Colon (historien et chercheur à Sciences Po Paris) et Sophie Taillé-Polian (députée Génération•s). Mais aussi François-Xavier Lefranc (directeur la publication de Ouest-France), Pablo Aiquel (SNJ-CGT), Leïla de Comarmond (SDJ des Échos), Peter Limbourg (DG de la Deutsche Welle), Damien Leloup (élu CFDT, journaliste au Monde), Sébastien Montaigu (DGMIC du ministère français de la Culture), Chloé Woitier (Le Figaro), Lucile Berland (Fake Off) et Jérôme Morin (SNJ et journaliste au Progrès).Quelques phrases : Thibaut Bruttin (RSF) : « Le droit à l'information fiable des citoyens, c'est quelque chose pour lequel on se bat bec et ongles. On l'a fait inscrire dans le droit européen et on continuera jusqu'au bout, parce que c'est ça qui compte et qui permettra de réconcilier les journalistes et les citoyens. » François-Xavier Lefranc (Ouest-France) : « Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, il faut investir dans le journalisme. (...) Il faut être le plus puissant possible pour être le moins dépendant des grandes plateformes numériques. »Pablo Aiquel (SNJ-CGT) : « Musk s'est lancé en bataille contre le journalisme. Et nous, il nous faut absolument quitter cette plateforme [X, NDLR] dans laquelle on va être inondé de merde, comme le disait Steve Bannon. On ne parle pas aux citoyens quand on reste dans une plateforme où l'algorithme est totalement biaisé. »Peter Limbourg (DW) : « Il faut aussi rester là où ça fait mal. Si on quitte les plateformes, on les laisse aux idiots et à ceux qui ont des mauvaises intentions. » Sophie Taillé-Polian (députée Génération•s) : « On parle beaucoup actuellement de réarmement. On parle beaucoup de changements géopolitiques majeurs – et on a raison d'en parler. Mais une stratégie de défense, ce n'est pas que des canons et des obus. Une stratégie de défense profonde d'une société démocratique, c'est une presse libre, indépendante, plurielle. »François-Xavier Lefranc (Ouest-France) : « Il faut mener une bataille farouche, féroce et voire cruelle pour le respect du droit. Et pour que les plateformes respectent le droit, il faut leur faire des procès. »Damien Leloup (CFDT, journaliste au Monde) : « C'est pas des gens ou des plateformes qui sont invulnérables, impossibles à encadrer, impossible à gérer. Quand on établit un rapport de force et qu'on montre concrètement qu'il y aura des conséquences au fait de ne pas respecter la loi dans les pays où elles sont présentes, ces plateformes de manière quasi systématique. » David Colon (historien) : « Si vous n'avez pas compris qu'aux prochaines élections, on va se prendre d'un côté les manipulations de TikTok et de l'autre X-Twitter et Meta, et que les ingérences vont être massives, c'est à désespérer. » Peter Limbourg (DW) : « La solution, c'est d'être très dur en matière de régulation. N'ayons pas peur. Si on ne démarre pas le combat, eh bien il est perdu d'avance. »Sébastien Montaigu (DGMIC) : « Ce qu'on attend et ce qu'on ce qu'on soutient, c'est une Europe forte qui tire les conséquences de ses actions et qui applique les textes. Parce que pour nous, il ya des infractions qui sont manifestes (...). On comprend que les dossiers sont complexes et qu'en face on a des armées de juristes. (...) On souhaite une prise en main des textes ambitieuse, mais il y a un équilibre à trouver pour ne pas perdre la face. »Chloé Woitier (Le Figaro) : « Je pense qu'au niveau des rédactions, il faut faire attention aussi au type de sujet sur lequel on va bondir sans forcément prendre le temps de la réflexion. »Lucile Berland (Fake Off) : « L'EMI existe. Elle n'est pas encore assez systématique. Ça devrait être quasiment une matière à part entière (...) il faut ce temps, c'est essentiel. On ne peut pas laisser les 1-18 ans face à des écrans sans outils pour parler de ce qu'ils regardent. »Jérôme Morin (SNJ) : « On est à un moment de bascule où nos élections peuvent être déterminées par des ingérences qui sont à la fois étrangères et domestiques et où tout se mélange avec un nivellement par le bas du débat. Donc il faut vraiment qu'on arme tout le monde [en matière d'EMI] et pas que les jeunes. »

Y'a de l'idée
Agro-climatologie : quelles cultures doit-on faire pousser en Belgique pour faire face au changement climatique ?

Y'a de l'idée

Play Episode Listen Later Mar 29, 2025 2:53


Sa mission : aider les agriculteurs aujourd'hui pour mieux se projeter dans les cultures de demain. "Il est essentiel d'envisager de nouvelles cultures et de nouvelles filières, au lieu de simplement adapter les systèmes existant [ce qu'on mettra plus en lien avec l'agro-météorologie et sa vision plus court-termiste, NDLR]. Mon conseil à tous les agriculteurs qui se lancent - car il en faut - c'est d'arrêter de mettre des sparadraps sur des fissures et de changer de vase". Pour lui, le changement climatique est à aborder comme un défi qui nécessite de nouvelles approches et qui ouvre la voie à de nouvelles opportunités. Vous aimez ce contenu ? Alors n'hésitez pas à vous abonner, à lui donner des étoiles et à partager ce podcast autour de vous. Ça nous aide à nous faire connaitre et à essaimer les idées constructives qui rendent le monde plus joli !Une chronique signée Leslie Rijmenams à retrouver (aussi) sur Nostalgie et www.nostalgie.be.

Reportage France
L'inquiétude des locataires en difficulté face aux menaces d'expulsion

Reportage France

Play Episode Listen Later Mar 19, 2025 2:35


La fin de la trêve hivernale approche : elle est prévue le 31 mars. Avec elle, les propriétaires auront le droit d'expulser les locataires de leur logement. Une situation redoutée par de nombreux locataires, qui parfois ne parviennent pas à payer à temps leurs loyers. C'est le cas de Steeve, 39 ans. Il est en situation de handicap et vit dans un hébergement temporaire depuis 2020. Les factures, les dettes et le poids d'une expulsion pèsent sur ses épaules. Steeve se déplace difficilement, une canne dans la main : « J'ai une maladie des os, sur les deux hanches. Ça s'effrite et ça fait des trous. Et à tout moment, ça peut se casser. »Le trentenaire ne travaille plus. Il sort peu de son 30m² qu'il partage avec son compagnon. Sur les murs peints en bleu, il a collé des posters de L'Académie des Héros et de One Piece, ses mangas préférés. Toute la journée, la télévision lui tient compagnie. Elle est là pour les séries, les jeux vidéo ou comme fond musical :« À l'heure actuelle, la seule passion qu'il nous reste – vu que les voyages, ce n'est pas possible, les sorties, assez compliqué –, c'est la console de jeu. C'est le seul loisir que j'ai. Ou sinon, avec mon compagnon, on se fait des petites promenades dans le quartier pour aérer la tête. Même pour partir trois jours, on n'y arrive pas. J'ai des frais médicaux à payer, des factures à payer, plus le loyer à payer. Avec 1 100-1 200 euros, on n'arrive pas trop. »Moon, un chaton au pelage gris, se frotte à ses pieds. Alors qu'il s'apprête à bondir sur un jouet télécommandé, quelque chose se faufile entre ses pattes : « Vous voyez hein, un cafard qui passe, il est venu nous saluer (rires) ! Depuis l'année dernière, je me bats avec les cafards. On a du mal à dormir parce que quand on dort, on sent des trucs. On se réveille, on voit que c'est un cafard. Quand on a des trucs à manger, on ferme tout. Le cafard va quand même grignoter les sachets fermés à l'intérieur. Du coup, on est obligé de jeter, ce n'est pas évident. »  À lire ou à écouter aussiFin de la trêve hivernale en France: «De plus en plus de personnes sont mises à la rue par la police sans solution»L'angoisse de se retrouver à la rueL'appartement est insalubre, dangereux même. L'an dernier, une prise s'est enflammée. Paradoxalement, la plus grande crainte de Steeve, c'est de quitter ce logement. La fin de la trêve hivernale approche : « Je ne dois pas stresser, je ne dois pas angoisser, je dois essayer de rester zen, mais je ne peux pas. Le mois de mars approche, et à la fin du mois de mars, le courrier va arriver : il faut que je remette les lieux et je ne sais pas où aller. Mon compagnon n'a pas d'endroit aussi, alors on se retrouve tous les deux à la rue. »Ça va faire dix ans que Steeve attend un logement social, mais son dossier est bloqué par ses impayés de loyer : « J'ai toute la bonne volonté, toute la bonne foi, je donne tout ce que j'ai comme argent pour le loyer. J'ai fait une demande de FSL (Fonds de solidarité pour le logement, NDLR) pour pouvoir payer mes arriérés de loyers. C'est une aide de l'État, mais elle a été refusée, car le montant de ma dette s'élève aujourd'hui à 6 600 euros. »Courir après les aides, demander de l'argent à ses proches, sauter des repas plusieurs fois par jour... Steeve ne supporte plus cette situation. Il désespère et résume sa condition en une phrase : « Ce n'est pas une vie, c'est de la survie. » À lire aussiFrance: la trêve hivernale prend fin en pleine crise du logement

Invité Afrique
Kirsty Coventry: «S'assurer que les voix des athlètes soient toujours entendues»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Mar 17, 2025 8:14


Candidate à la présidence du Comité international olympique, à l'occasion de la 144ᵉ session à Costa Navarino (Grèce) le 20 mars, la Zimbabwéenne de 41 ans, double championne olympique du 200 m dos en 2004 et 2008, membre de la Commission exécutive du CIO et ministre des Sports depuis 2018, détaille à RFI ses positions sur les grands enjeux auxquels l'institution est confrontée. RFI : Vous êtes la plus jeune candidate à cette élection, la seule femme et la première représentante d'Afrique à briguer la présidence du CIO. Êtes-vous le meilleur symbole de ce que devrait être le CIO au XXIe siècle ? Kirsty Coventry : J'espère que c'est ce que ressentent les membres du Comité, mais je veux aussi être la meilleure personne pour le poste, pas seulement en raison de mon genre ou de mon origine. Je veux que les membres sentent qu'ils peuvent avoir confiance en moi et qu'ils pensent que je serai la meilleure pour diriger notre incroyable organisation, en particulier dans cet avenir qui change si rapidement.En tant qu'ancienne sportive de haut niveau et ex-présidente de la commission des athlètes du CIO, vous êtes consciente des défis auxquels sont confrontés les athlètes, en particulier en Afrique, pour atteindre le plus haut niveau international. Quelle devrait être la priorité pour accroître leurs chances ?En tant qu'ancienne athlète, la partie la plus difficile de mon parcours a été de devenir championne olympique. C'est là que je pense que nous devrions concentrer un peu plus les programmes dédiés du CIO. Je veux également m'assurer que les voix des athlètes soient toujours entendues, car c'est ainsi que nous savons ce qu'ils attendent de nous, par le biais de la commission des athlètes, en veillant à ce que nous écoutions précisément ce dont les athlètes ont besoin, et comment nous pouvons travailler à leur protection et à leur soutien. En revanche, je ne crois pas aux primes [versées aux médaillés en athlétisme lors des JO de Paris 2024, une mesure annoncée par World Athletics, présidée par Sebastian Coe, autre candidat à la présidence du CIO, NDLR]. Encore une fois, en regardant mon parcours et en parlant aux athlètes autour de moi, la partie la plus difficile, c'est toujours avant de devenir champion olympique ou avant d'être célèbre. Une fois que vous l'êtes ou que vous avez gagné des médailles, beaucoup plus d'opportunités s'offrent à vous. La question est donc de savoir comment nous pouvons aider davantage d'athlètes à devenir champions ou finalistes olympiques. C'est comme ça que nous pourrons concerner davantage d'athlètes.À lire aussiLes sportifs de la solidarité olympique qualifiés pour les JO 2024Vous êtes très sensible à la place du sport féminin et à la représentation des athlètes féminines dans les médias. Quelle serait la première mesure que vous mettriez en œuvre dans ce domaine si vous étiez élue ?Au sein du mouvement olympique, nous avons déjà réussi à faire du bon travail pour la promotion de l'égalité des sexes. Il faut maintenant l'étendre. Nous avons besoin d'une meilleure représentation des femmes dans les fédérations internationales et dans les comités nationaux olympiques. On doit voir davantage d'opportunités pour les femmes entraîneurs et l'entourage des athlètes. Au lancement d'un programme ou lorsqu'on essaie de faire avancer quelque chose, les quotas jouent certainement un rôle parce qu'ils aident à changer la culture. Une fois que les gens ont adhéré à cette culture et qu'ils voient la véritable valeur d'avoir plus de diversité autour de la table, et que cela devient vraiment ancré dans la culture d'une organisation, alors les systèmes de quotas peuvent être supprimés. Donc, je pense vraiment qu'ils servent un objectif au début.La question des athlètes transgenres ou des personnes concernées par une différence de développement sexuel, comme la boxeuse algérienne Imane Khelif, médaillée d'or à Paris 2024, mais visée par des messages haineux sur les réseaux sociaux, reste controversée. Quel est votre avis à ce sujet ?Je veux m'assurer que nous protégeons la catégorie féminine et je crois que nous devons trouver une voie à suivre en le faisant collectivement avec les fédérations internationales. Le CIO doit jouer un rôle de premier plan et nous devons nous assurer, là encore, que nous protégeons et servons les athlètes. Ce que j'entends par « protéger les athlètes », c'est que lorsque l'une d'elles vit quelque chose comme ce qu'il s'est passé à Paris, ou si vous regardez le cas des athlètes à différence de développement sexuel, comme le cas bien connu de Caster Semenya, ça n'est pas géré avec sensibilité. Nous devrions faire beaucoup mieux, nous devons trouver une voie collective qui ne mette pas un athlète en danger.À lire aussiLa boxeuse algérienne Imane Khelif dénonce l'offensive judiciaire de la Fédération internationale de boxeLes Jeux olympiques de Paris 2024 ont été un grand succès populaire et financier pour le CIO. Est-ce désormais le modèle à suivre et comment ce succès peut-il être mis à profit pour engager la jeune génération dans un paysage médiatique en constante évolution ?Paris 2024 était exactement ce dont le monde avait besoin, surtout après le COVID. C'étaient des Jeux incroyables et extrêmement réussis, et nous devons utiliser cette plateforme en ce moment où tout le monde en parle encore. Le Comité d'organisation de Paris 2024 et Tony Estanguet ont fait un travail incroyable à travers le pays en engageant les jeunes, les écoliers, et en les impliquant dans le sport, et c'est la mission du CIO de construire un monde meilleur grâce au sport. Donc, la question est de savoir comment on peut utiliser ce qui a été fait à Paris 2024 et le répandre à travers le monde.Les JO devraient-ils être diffusés sur des plateformes telles que Netflix ?À mesure que nous allons vers l'avenir, Netflix, Apple TV, YouTube, ces entreprises de streaming en ligne, ne font que se renforcer. Et quand on regarde l'Afrique par exemple, dans quelques années, vous aurez plus d'un demi-milliard de jeunes de moins de 35 ans et la plupart d'entre eux auront des smartphones. Donc, si nous ne trouvons pas des moyens créatifs de nous connecter avec eux sur ces plateformes en ligne, ça sera vraiment une occasion manquée.Êtes-vous favorable au retour des athlètes russes et biélorusses aux Jeux olympiques, à commencer par Milan Cortina l'année prochaine, et sous quelles conditions ?Malheureusement, dans le monde d'aujourd'hui, nous allons surtout devoir faire face à la question de savoir comment protéger et soutenir les athlètes dans toutes les zones de conflit. Nous constatons de plus en plus de conflits en Afrique, vous en avez en Europe et au Moyen-Orient. Pour moi, nous devons créer un groupe de travail qui élaborera un cadre qui permettra de protéger et de soutenir les athlètes de toutes ces zones de conflit afin de les aider à participer aux Jeux. Au bout du compte, nous devons également nous assurer que tous les athlètes présents aux Jeux seront protégés. Donc, il pourrait être nécessaire de mettre en place différentes réglementations pour garantir que tous les athlètes sont soutenus et qu'il n'y en ait pas qui soient davantage protégés que d'autres.À lire aussiJO 2024: les Russes et Biélorusses ne défileront pas à la cérémonie d'ouverture à ParisVous êtes actuellement la présidente de la commission de coordination des Jeux olympiques de la jeunesse de Dakar 2026. Le succès de ces Jeux sera-t-il crucial pour la crédibilité de l'Afrique à accueillir un jour les Jeux olympiques ?Oui, à 100 %. C'est la première fois que le mouvement olympique vient en Afrique et peut découvrir notre enthousiasme, notre énergie, notre culture, et cette opportunité nous excite. Mais cela s'accompagne de beaucoup de responsabilités. Nous travaillons en étroite collaboration avec Dakar 2026 pour nous assurer de donner cette tribune au Sénégal, mais aussi à l'Afrique, pour montrer au monde ce que nous pouvons faire.En général, pensez-vous que les intérêts du sport africain sont suffisamment représentés au sommet du mouvement olympique et que feriez-vous pour améliorer les choses ?Il y a toujours des points que nous pouvons améliorer pour nous en assurer. L'une des grandes choses dont j'ai parlé aux membres du CIO serait d'essayer de trouver des moyens innovants de combler le fossé entre les comités nationaux olympiques qui sont très bien soutenus et bien gérés et ceux qui ont besoin de beaucoup plus de soutien, car encore en développement. L'utilisation de la technologie et de l'intelligence artificielle en particulier sera très importante pour combler ce fossé, car une fois qu'il sera un peu comblé, les pays en développement pourront consacrer plus de temps et d'argent à soutenir leurs athlètes, et nous pourrons alors voir plus de médailles gagnées dans le monde entier.Apprendrez-vous le français si vous êtes élue au CIO ?Oui (elle le dit en français, et en riant)… C'est une promesse que j'ai faite aux membres du CIO. C'est quelque chose que je prendrai très au sérieux. Nous avons une école française au Zimbabwe et j'ai déjà fait quelques démarches (rires). Ce serait certainement un grand honneur pour moi de pouvoir parler la langue de notre fondateur, Pierre de Coubertin !À lire aussiSur les traces des Jeux olympiques de 1924, à Paris et ailleurs

Reportage Afrique
Au Congo, la renaissance d'un parc zoologique au cœur de Brazzaville

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Mar 14, 2025 2:37


Depuis un bon moment, le parc zoologique au milieu de Brazzaville, la capitale congolaise, a engagé sa mue. Il reçoit de nouvelles espèces animales au grand bonheur de visiteurs qui reviennent en nombre.  De notre correspondant à Brazzaville,La guérite du parc est prise d'assaut par les visiteurs. La forêt comprise entre l'hôpital Mère et enfant et la cour arrière du palais du Parlement attire plus que jamais. Le parc zoologique a désormais un jardin botanique et une partie animalière. « Il s'appelle désormais Zoolandia. Quand on le décompose, ça signifie"Je suis terre de vie", explique Chems Roc, concessionnaire du parc. Le parc zoologique est un patrimoine forestier naturel. C'est l'un des seuls blocs qui reste naturel. Raison pour laquelle nous avons voulu faire de ce parc un centre de la biodiversité au centre-ville de Brazzaville ».Pourquoi cette réorganisation ? Pour le concessionnaire, il s'agissait de faire renaître un lieu de divertissement pour le public brazzavillois : « Le parc zoologique existe depuis plus de 72 ans, il existe depuis 1952. Il a connu une grande histoire, suite aux évènements douloureux du Congo (guerre civile de 1997, NDLR). Il a été délabré et a perdu une partie de sa faune. Aujourd'hui, après 20 ans, notre mission est de réhabiliter le parc, de lui redonner sa fonction éducative et pédagogique, mais aussi de divertissement pour la jeunesse. »107 espèces animales regroupéesLe long des couloirs, des sièges minutieusement aménagés. De part et d'autre du site, on peut contempler sous bonne garde : un boa, des chacals, des babouins, des antilopes noires, des crocodiles, des autruches. Au total, on y trouve 107 espèces animales, certaines sont là pour la première fois. Au fond du parc, des dromadaires captivent un public important.« Ce qui m'a plus impressionnée, c'est le boa : voir ce serpent ici plus qu'à la télé, ça m'a fait peur. J'ai même peur de dormir ce soir », partage Laudia, 20 ans, visiblement émue. « On voit qu'il y a beaucoup d'animaux et ça nous fait de la joie. On voit également des espaces aménagés pour les enfants, c'est chic. On peut dire qu'il y a innovation », affirme Rose, 22 ans.Au moins 40 agents travaillent sur ce parc qui, dans un bref avenir, pourrait accueillir un lion, selon ses gestionnaires.À écouter dans C'est pas du ventAfrican Parks : protéger quoi qu'il en coûte ...

Reportage France
France: les raisons derrière l'engagement des jeunes au sein de l'armée de l'air

Reportage France

Play Episode Listen Later Mar 12, 2025 2:30


Les armées françaises recrutent chaque année des milliers de femmes et d'hommes qui seront affectés à des postes très variés. Qu'est-ce qui pousse les jeunes à s'engager en 2025 ? Y a-t-il une hausse des candidatures depuis que la guerre est aux portes de l'Europe ? Reportage de Matthias Troude en France, dans un centre de recrutement de l'armée de l'air. À Rueil-Malmaison, dans l'ouest de Paris, la caserne Guynemer abrite depuis peu un centre de recrutement de l'armée de l'air. Trois ans de guerre en Ukraine, le réarmement européen... Est-ce que tous ces éléments qui font l'actualité ces dernières semaines jouent sur les candidatures. Pas vraiment, selon la commandante Célia Dunem :« Ce n'est pas parce que l'on a une actualité plus intense à un moment donné que les processus de sélection de recrutement changent un petit peu. Au contraire, la ligne est toujours la même. Il s'agit surtout de mesurer le sens de l'engagement, d'être conscient de ce que ça représente, et venir effectivement pour exercer un métier au sein d'une communauté. »Et justement, ce jour-là, au centre de recrutement, on retrouve des profils très variés. Au programme de ces deux jours de sélection : visite médicale, épreuves physiques et entretiens d'évaluation. Pour certains, l'engagement est une évidence. Ce premier candidat à 23 ans, il vient de finir son double master en cybersécurité et management. Il veut faire perdurer un héritage familial :« Mon grand-père était dans l'armée de l'air, donc pour moi, c'est une suite logique de prendre la relève. J'ai huit ans de différence avec ma sœur. Petits, on parlait de l'armée, elle voulait y entrer. Aujourd'hui, elle travaille dans le secteur de l'armée. Mon éducation aussi est ''assez militaire'', puisque ma mère a été éduquée à la militaire par son père. »À lire aussiDavid Cvach: «Le réarmement de l'Europe est la bonne nouvelle dans les mauvaises nouvelles du moment»L'armée de l'air recrute à tous les niveauxUne hôtesse de l'air candidate aussi. À 21 ans, elle veut convertir son métier civil en son équivalent dans l'armée de l'air : agente de sécurité cabine. L'armée, pour elle, ce n'est qu'une opportunité professionnelle : « Les contrats sont beaucoup plus longs que dans les compagnies aériennes standard. On s'engage pour cinq ans dans le métier d'hôtesse de l'air dans l'armée de l'air. Il y a beaucoup plus d'avantages. Il y a le côté aussi sportif qui m'intéresse et je trouve les formations beaucoup plus intéressantes. »L'armée de l'air propose une cinquantaine de métiers et recrute à tous les niveaux, du collège jusqu'au-delà du master. Même l'engagement de la commandante Dunem ne relève pas de la vocation : « J'ai répondu, il y a presque 20 ans, à une annonce ANPE (ancêtre de France Travail, NDLR) pour un contrat d'un an. Et voilà, le contrat d'un an s'est terminé en presque 20 ans de service au sein de l'armée de l'air. »  Le patriotisme aussi amène des jeunes à s'engager. Léo, 16 ans, est passionné d'aéronefs. Devenir mécanicien aéronautique, pour lui, c'est aussi un renvoi d'ascenseur : « La France m'a donné beaucoup, car je suis issu d'une famille qui n'est pas d'origine française. Et justement, j'aimerais lui rendre ce qu'elle a donné à ma famille. »L'armée de l'air et de l'espace recrute chaque année entre 3 000 et 4 000 jeunes, tandis que l'armée de terre en recrute 16 000.À lire aussiFrance: visite à l'école de l'Alpha Jet qui forme les pilotes ukrainiens aux avions occidentaux

Lignes de défense
Ukraine: la fin du renseignement américain laisse un vide difficile à combler

Lignes de défense

Play Episode Listen Later Mar 9, 2025 3:06


Mercredi 5 mars, après l'annonce du gel de l'aide militaire américaine, le chef de la CIA John Ratcliffe a « mis en pause » le partage de renseignement avec Kiev. Le renseignement américain était pourtant essentiel à la conduite des opérations sur un champ de bataille particulièrement transparent. La fin de l'aide américaine dans ce domaine crucial laissera un vide difficile à combler. Pour Kiev, le coup est rude : les forces ukrainiennes ont à la fois perdu l'apport en matériels stratégiques, à l'instar de la défense sol-air avec l'emblématique système Patriot, l'artillerie longue portée avec les Himars, mais surtout, elles ont perdu l'accès au renseignement, véritable clé de leur efficacité, souligne Philippe Gros de la Fondation pour la recherche stratégique.« Le moins visible, explique-t-il, c'est le renseignement, et pourtant il est énorme : c'est-à-dire l'appui renseignement aux forces ukrainiennes, et notamment l'appui renseignement qui leur permet de planifier leurs feux dans la profondeur. Le renseignement américain a servi directement à appuyer la planification du ciblage effectuée par les Ukrainiens dans la profondeur du dispositif russe, ça c'est sûr. Alors attention, les Américains n'ont pas été les seuls à en fournir. Mais la machine du renseignement américaine était telle que dans ce domaine, vous avez un écart énorme avec les productions des autres alliés. »Des conséquences immédiates sur le champ de batailleLes frappes ukrainiennes sur les concentrations d'hommes et de matériels ont permis d'entraver les offensives russes. Sans renseignement, les conséquences se feront sentir très rapidement, note Vincent Tourret, chercheur à l'université de Montréal : « L'absence d'une aide américaine de renseignement va surtout avoir un impact en termes de délai du ciblage. C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir une frappe réactive en cinq minutes - on parle de frappe dynamique - là les frappes ukrainiennes risquent d'avoir un temps de latence un peu plus élevé. Mais ce n'est pas insurmontable, parce que les Ukrainiens sont toujours très inventifs, ils ont plein de capteurs assez alternatifs pour compenser le manque d'aide américaine. »La perte problématique de la constellation StarlinkEt l'alternative pourra venir de Paris, qui a indiqué cette semaine fournir du renseignement aux Ukrainiens. Du renseignement spatial pour avoir une image précise et en temps réel du champ de bataille et du renseignement électromagnétique pour obtenir des indications sur les activités aériennes.En revanche, il sera plus difficile de compenser le retrait du système de communication américain, pointe Vincent Tourret. « Les Ukrainiens dépendent quand même très fortement de Starlink [le réseau satellitaire de communication appartenant à Elon Musk, NDLR], poursuit-il. Là encore, ça n'est pas rédhibitoire, mais encore une fois, ce sont des latences supplémentaires. L'avantage de Starlink, c'est que ça vous donne un internet du champ de bataille aisément déployable, avec un temps de déploiement qui n'excède pas cinq minutes. L'objet est très ergonomique, donc en plus la prise en main est facile. Il existe d'ailleurs d'autres constellations qui sont moins sophistiquées. Le champ de bataille est quand même assez positionnel, donc même s'il y a une perte de l'internet maintenant, il faut bien imaginer que les Ukrainiens, comme les Russes d'ailleurs,  ont de la fibre optique, ont des fils téléphoniques, ont plein d'autres moyens de communication. Mais Starlink, c'était un peu la crème de la crème des COM et ça leur permettait de pallier beaucoup de problèmes. [Ce retrait] rend les choses plus complexes pour les Ukrainiens, mais ça ne sera pas synonyme d'un effondrement de la ligne de front. »Pas d'effondrement du front, plutôt un rééquilibrage en faveur de Moscou. Car avec le retrait américain du renseignement et des communications disparaît une partie de l'excellence tactique des forces ukrainiennes. Washington impose un frein à l'efficacité opérationnelle. C'est le cadeau de la Maison blanche au Kremlin.

Afrique Économie
Le Congo-Brazza cède la distribution de l'électricité à la société nationale sénégalaise Senelec

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Feb 25, 2025 2:24


Le protocole d'accord a été signé à la mi-février, ont révélé les médias congolais ce week-end. Les autorités du Congo-Brazzaville confient pour dix ans la distribution du courant à la société nationale sénégalaise d'électricité, la Senelec, en affermage. L'espoir est de mettre fin aux pertes d'énergie sur le réseau existant. Vétusté du réseau, branchements électriques sauvages… Le Congo-Brazzaville espère mettre fin à ces fléaux en faisant appel à l'expérience de la société nationale sénégalaise, la Senelec, dont le directeur général de la filiale congolaise Socelec, Pape Mamadou Diop, rappelle, au moment de la signature du protocole, qu'elle a dû surmonter les mêmes défis. « Nous apportons l'expertise d'avoir vécu la même chose, d'être passé par là et Dieu merci d'avoir pu sortir le Sénégal de là, rappelle-t-il. Nos ingénieurs sont venus plusieurs fois et savent ce qu'il faut faire. Et avec l'appui des cadres de l'E2C [Energie électrique du Congo, NDLR] qui constituent l'essentiel de la société d'électricité du Congo que nous avons bâti, on va relever le défi et résoudre les problèmes en procédure d'urgence. »Suivre au plus près les clientsLa société d'État congolaise E2C, Énergie électrique du Congo, cède donc la distribution du courant en affermage à la Senelec, qui devra acheter l'énergie, la distribuer, et, en échange d'une redevance payée à l'État congolais, collectera les factures, un des points qu'elle a su améliorer au Sénégal, estime Serge Diomane, expert dans le domaine de l'énergie. « La Senelec vient au Congo-Brazzaville avec une stratégie qui est la facturation de créances qui permettra de suivre au quotidien chaque abonné, d'apporter une solution à chacun. Cela peut passer par des factures post-payées, par des factures pré-payées par de nouveaux compteurs améliorés, par un rapprochement avec la clientèle, par l'ouverture de nouveaux bureaux de proximité... »À lire aussiCongo-B: Brazzaville et Pointe-Noire face à de fortes coupures d'électricité jusqu'au 2 mars« Tarif social maintenu..., personnel conservé »Le montant des factures, lui, restera de la prérogative de l'État congolais qui maintiendra un tarif social, a tenu à souligner Jean-Jacques Ikama qui représentait le Premier ministre congolais lors de la signature. Il a aussi voulu rassurer les employés d'Énergie électrique du Congo, dont les syndicats menacent de faire grève. « Le personnel transféré au fermier conserve les droits et avantages ainsi que l'ancienneté acquise antérieurement, après audit du personnel effectivement en emploi », a-t-il précisé.Pas responsable de l'extension du réseauUne première évaluation des services de la Socelec, filiale de la société sénégalaise, sera faite au bout de trois ans. À noter que la Socelec sera chargée de la distribution, mais pas de la production d'électricité, ni de l'extension du réseau, encore très insuffisant au Congo puisque moins de 20 % de la population rurale et moins de 40 % des citadins y sont reliés.

Invité Afrique
Gabon: la candidature d'Oligui Nguema «est souhaitée par le peuple gabonais» selon François Ndong Obiang

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Feb 14, 2025 12:33


Au Gabon, la popularité du président de la transition, le général Oligui Nguema, est-elle en train de s'effriter ? « Oui », affirmait hier notre invité, le syndicaliste Jean-Rémy Yama. « Non », répond ce matin François Ndong Obiang, qui est le premier vice-président de l'Assemblée nationale et qui affirme que 70 % des Gabonais soutiennent l'ancien officier putschiste du 30 août 2023. La présidentielle, c'est dans deux mois, le 12 avril, mais aucun poids lourd n'a encore annoncé sa candidature. Que fera le général Oligui Nguema ? De passage à Paris, le premier vice-président de la Chambre répond à Christophe Boisbouvier. RFI : On est à moins de deux mois de la présidentielle et le général Brice Oligui Nguema reste muet sur ses intentions. Est-ce à dire qu'il hésite à être candidat ? François Ndong Obiang : Non, je ne pense pas qu'il y ait d'hésitations. Nous sommes dans les temps. Je pense que s'il a la volonté et la détermination d'être candidat, il annoncera sa candidature dans les jours prochains. Je pense que d'ailleurs cette candidature est souhaitée par le peuple gabonais, parce qu'il a commencé quelque chose qui a été perçu comme un profond changement. Et donc vous pensez qu'il annoncera sa candidature d'ici à la fin de ce mois de février ? Oui, nous sommes à deux mois, nous sommes le 14 février aujourd'hui, il faudra effectivement que, dans les jours qui viennent, monsieur Oligui se prononce sur sa candidature. Alors vous-même, François Ndong Obiang, vous avez appelé à voter « oui » à la nouvelle Constitution, c'était au mois de novembre dernier. Vous êtes député, premier vice-président de l'Assemblée nationale, est-ce que vous soutiendrez son éventuelle candidature ? Oui, nous partageons cette vision. Nous partageons une vision de tranquillité, une vision de prospérité et une vision de rupture apaisée. Vous savez, le Gabon vit une transition spécifique où il n'y a pas eu d'emprisonnement et de chasse aux sorcières, et où le chronogramme qui a été arrêté en septembre 2023 est suivi et respecté. Donc, si nous marchons dans cette voie, je suis prêt à continuer à soutenir cette logique et probablement la candidature de monsieur Oligui quand il se prononcera. Voilà 18 mois que le général Oligui préside la transition. Alors, juste après le putsch, il était très populaire. Mais aujourd'hui, avec les difficultés de la vie quotidienne, avec les pannes d'électricité qui sont nombreuses en ce moment à Libreville, est-ce que vous ne craignez pas que cette popularité s'effondre ?Elle ne peut pas s'effondrer en deçà de 50 % de l'électorat gabonais. Je peux reconnaître effectivement tous les dysfonctionnements sur la SEEG [la société d'électricité - NDLR] qui sont dramatiques, qui sont pénibles pour tous les Gabonais. C'est vrai. Encore que ces problèmes soient là depuis longtemps, la société n'a pas été restructurée. Bon, mais même le bon Dieu a des contradicteurs. Donc, Oligui Nguema, légitimement, devrait avoir des contradicteurs, mais sa popularité ne peut pas être en deçà de 70 % aujourd'hui. On ne peut pas tout faire maintenant, mais ce qui se fait au moins est visible et apprécié par les Gabonais. Donc oui, il peut y avoir des dysfonctionnements avec le courant et l'eau, mais on va réparer tout cela.  À lire aussiAu Gabon, la population vit au rythme des délestages d'électricitéÀ la présidentielle d'août 2023, François Ndong Obiang, vous étiez le président de la plateforme Alternance 2023 et donc le premier soutien du candidat Albert Ondo Ossa contre le parti au pouvoir PDG et son candidat Ali Bongo. Or, aujourd'hui, vous êtes aux côtés du PDG pour soutenir le probable candidat Brice Clotaire Oligui Nguema. Pourquoi cette volte-face ?Oh, ce n'est pas une volte-face. Moi, je suis sur mes convictions. Moi, je ne suis pas PDGiste, et je crois que je ne l'ai pas été et que je ne le serai jamais. Mais, par conséquent, on peut avoir des acteurs de ce parti qui sont des hommes convenables et respectables. Donc, si le PDG soutient le candidat Oligui, c'est leur affaire, mais moi, je ne suis pas dans la logique du PDG. Moi, je soutiendrai le candidat Oligui parce que je sais que c'est un homme authentique dont on ne recherche pas l'acte de naissance pendant six jours, qui a une trajectoire scolaire établie et qui a un père et une mère qui sont visibles.À la différence d'Ali Bongo, en fait ?Je ne vous le fais pas dire... Donc, je soutiendrai Oligui pour la vision du bâtisseur qu'il a. Il ne sera pas le candidat du PDG.Au vu des conditions très restrictives de la Charte de la transition et du Code électoral, il y a très peu de figures politiques gabonaises qui seront éligibles ce 12 avril. Est-ce que vous ne craignez pas que le général Oligui se retrouve tout seul comme candidat de poids face à simplement deux ou trois figurants ?Mais il faut justement qu'Oligui ait des candidats contre lui. Il faut que l'élection soit ouverte, sinon on va proclamer autre chose. Bon, attendons voir.Hier, on a entendu sur RFI le syndicaliste Jean-Rémy Yama qui vient de créer son parti et qui semble penser sérieusement à une candidature. Qu'est-ce que vous lui conseillez ? Je lui conseillerai simplement de garder et de conserver ses énergies et de participer à un mouvement collectif qui nous permettrait de capter toutes les capacités qu'il y a de bon dans ce pays pour avancer. Vous lui conseillez de rejoindre la future plateforme pour le candidat Oligui Nguema ?Mais oui, c'est un monsieur courageux. C'est un monsieur qui a souffert dans sa chair. Je pense qu'il ne serait pas bon qu'il se disperse. À lire aussiPrésidentielle au Gabon: «C'est un mauvais signal que le président Oligui soit le candidat du PDG»

Reportage International
La nouvelle Syrie face au défi du déminage

Reportage International

Play Episode Listen Later Feb 7, 2025 2:43


En Syrie, les treize années de guerre ont laissé des traces : quelque 300 000 mines et engins explosifs sont disséminés à travers le pays. Depuis la chute du régime, au moins 144 personnes ont été tuées, selon Halo Trust, une organisation internationale spécialisée dans l'enlèvement des mines terrestres, notamment en raison du retour des déplacements. Des équipes de déminage ont commencé la lourde tâche de nettoyer le pays, mais manquent d'effectifs et de soutiens financiers. De notre envoyée spéciale dans la province de Homs, Chaque matin depuis deux mois et la chute du régime, le rituel d'Hassan Talfah est le même. Trouver le point de localisation de l'engin explosif, avant d'enfiler sa tenue, un casque à visière et une veste de protection : « Jusqu'à présent, nous n'avons pas eu d'accident, parce que nous sommes bien préparés. »Le risque est moindre pour ces démineurs de la Défense civile syrienne que pour les habitants du petit village de Buwaydah al-Sharqiyah, situé à 25 km au sud de Homs, longtemps en proie à la guerre. Les combats entre les rebelles et le régime de Bachar el-Assad ont ici, comme ailleurs, laissé leurs legs. Des maisons à terre, des murs criblés d'impacts de balle, et des champs chargés de mines et d'engins explosifs encore actifs.Dans la région, les accidents ont tué ou blessé entre 40 et 50 personnes en deux mois, explique Abdel, l'un des démineurs : « La plupart sont des enfants. Ils pensent que ces mines sont des jouets. Ils s'amusent avec et les font exploser. »À lire aussiMalgré le traité d'Ottawa, les mines antipersonnel font davantage de victimes chaque année« Je m'étonne qu'il y ait encore des mines ici »À l'aide d'un ruban, il balise un champ et d'une pioche, installe des panneaux de prévention. L'explosif est entouré de sacs de sable. Les habitants sont invités à rentrer chez eux. « Allez les gars, on perd du temps, s'exclame Hassan Talfah. Rentrez à l'intérieur, s'il vous plait, je ne peux rien faire exploser tant qu'il y a du monde dehors ! »Depuis sa maison, Houda regarde l'explosion. « J'ai peur pour mes enfants… Je m'étonne qu'il y ait encore des mines ici. Je suis revenue il y a dix jours. Juste avant, ils ont trouvé 35 petits obus en grappe dans mon jardin. Les gars du HTS [le groupe rebelle à l'initiative dans la chute du clan Assad, NDLR] ont enlevé ces 35 obus. Et heureusement, aucune explosion ne s'est produite suite à mon arrivée. » Depuis la chute du régime, avec le retour d'exil des familles et l'intensification des déplacements dans le pays, les accidents se multiplient. Face à l'ampleur de la tâche, la Défense civile syrienne manque de soutien. À Homs, ils sont sept à déminer, 130 dans tout le pays à travailler. Jamais le gouvernement n'a mis en place de programme de déminage. Les nouvelles autorités ne se sont pas encore prononcées.À lire aussiSyrie: Ahmed al-Charaa face à la difficile conciliation des attentes de ses partenairesDes mines qui explosent depuis le début de la guerreLe problème, pourtant, n'est pas récent. Les accidents liés aux engins explosifs datent du début de la guerre. Mahmoud est berger. Il a perdu sa femme et son frère en 2017 et sa jambe porte encore les marques de l'explosion : « Nous étions sur un petit chemin de terre, comme celui-ci. Nous allions rejoindre la route principale, mais après avoir parcouru 100 mètres, une mine a explosé sous notre voiture, se rappelle-t-il. Nous espérons que les choses s'amélioreront, que la Syrie sera totalement nettoyée. Mais malheureusement, nous n'oublierons jamais ce qu'il s'est passé. » Ahmad, son neveu, intervient. Le problème est loin d'être fini, dit-il. « Mon cousin a des moutons ici. Il y a deux semaines, une mine a explosé sur son passage alors qu'il allait les faire paître, raconte-t-il. Quelques jours plus tard, c'était un petit enfant. Il a jeté une pierre sur une mine et celle-ci a explosé. Heureusement, il n'a pas été tué. Mais il a été gravement blessé aux yeux. »Ici, tout le monde a une histoire à raconter. Des voisins, des amis, des enfants cibles de mines encore cachées. La guerre est peut-être terminée. Ses victimes, elles, n'ont pas fini d'être comptées.À lire aussiSyrie : après la chute de Bachar al-Assad, la difficile unification du pays

Reportage Afrique
Congo-B: la voirie mal entretenue provoque la colère des habitants de Pointe-Noire

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Feb 1, 2025 2:09


Deuxième ville du Congo, capitale économique d'où est extrait le pétrole, Pointe-Noire a un réseau routier dévasté. Pour le réaménager, les autorités ont lancé un vaste chantier début 2024. Mais, un an après leur démarrage, les habitants affirment que les travaux n'avancent pas. Le gouvernement évoque, lui, « des temps économiques durs ». De notre correspondant à Brazzaville,Nous sommes à quelques mètres de l'hôpital Congo-Malembé, dans le troisième arrondissement de Pointe-Noire, au Congo. Le véhicule qui nous embarque sous une fine pluie, qui prend de l'ampleur au fur et à mesure, traverse une zone pleine de nids de poules. Il débouche sur une voie dégradée, qui relie les quartiers du deuxième et du quatrième arrondissement. La voie est bloquée en partie par des travaux qui, visiblement, n'avancent pas, mais provoquent la colère des habitants.« Rien ne se fait. Je ne serais pas surpris de constater qu'il n'y aura jamais rien d'entrepris. Je ne sais pas si vous avez pris le temps de parcourir la ville, mais il n'y a plus d'avenues [praticables]. Tout est en lambeaux. Parfois, on prend un tracteur ou une niveleuse, on va la déposer quelque part pour montrer que les travaux ont commencé. Mais non, ça ne commence pas », dénonce cet habitant qui ne décolère pas.Plus loin, au bord d'une route, Junior, qui a arrêté momentanément de travailler, s'abrite sous le parapluie d'une vendeuse qui propose des beignets. Il cite pêle-mêle les routes qui nécessitent une cure de jouvence. « Prenons un peu la route de la ligne 8 [empruntée par les bus, NDLR], c'est tellement de gaspillage. Siafoumou, c'est la même chose. La route de Ngoyo, également. Finalement, nous les Congolais, où allons-nous circuler ? », interroge-t-il.Ses collègues chauffeurs n'ont pas grand espoir quant à la fin des travaux d'aménagement d'une ville dans laquelle pourtant coule l'or noir. « À Pointe-Noire, les routes n'ont plus l'image d'avant. Elles sont dégradées. Donc, on attend. Il n'est pas facile de circuler à Pointe-Noire. C'est difficile. Je suis chauffeur et chaque fois la suspension et les roues de la voiture se gaspillent. Voilà pourquoi nous demandons au gouvernement d'arranger les routes », dit l'un d'entre eux.« Le gouvernement nous a promis un changement, qu'il va y avoir des routes, qu'il va arranger les routes. Mais, jusque-là, je ne suis pas sûr qu'il va le faire », affirme un autre. Selon un officiel à Pointe-Noire, il est trop tôt pour évaluer les travaux en cours. Le gouvernement a lui promis de « faire beaucoup avec peu », en évoquant la crise économique actuelle.À lire aussiÀ Brazzaville, ces jeunes contraints d'étudier sous les lampadaires mis en lumière dans une exposition

Invité Afrique
«La France a mené une guerre de décolonisation au Cameroun», pour Karine Ramondy, autrice d'un rapport

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Jan 30, 2025 19:31


À la fin des années 1950, la France a mené au Cameroun une « guerre » marquée par des « violences extrêmes », affirme un rapport d'historiens français et camerounais, qui a été remis le mardi 28 janvier 2025 à Yaoundé au président camerounais Paul Biya. Y a-t-il eu des avancées sur les circonstances de la mort de l'indépendantiste Ruben Um Nyobé et sur les commanditaires de l'empoisonnement de son camarade Félix Moumié ? Quelles suites attendre de ce rapport ? Karine Ramondy est l'une des 14 autrices et auteurs de ce document de plus de 1 000 pages. Elle répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Pourquoi dites-vous que la France a mené une «guerre totale » au Cameroun ? Karine Ramondy : Déjà, on commence par dire que la France a mené une « guerre » au Cameroun. Une guerre de décolonisation. C'est déjà poser quelque chose qui ne va pas de soi, surtout en France où cette page d'histoire est relativement méconnue, même s'il y a eu déjà des ouvrages fondateurs sur cette question. Pourquoi une « guerre totale » ? Parce qu'on part évidemment du constat qu'il y a eu véritablement des violences répressives qui ont été exercées par les autorités coloniales et l'armée française, avant et après l'indépendance, et que ces violences se sont peu à peu inscrites dans ce qu'on appelle la doctrine de la guerre révolutionnaire, qui pratique donc un certain nombre de violences physiques, psychologiques, des violences collectives, des déplacements forcés de populations.Pourquoi déplace-t-on les populations ? Parce qu'une population regroupée, c'est une population qui est coupée de ses bases familiales, claniques. Et ça permet aussi, quand on regroupe les populations, de mieux les contrôler et d'avoir une véritable action psychologique sur ces personnes.Le 13 septembre 1958, Ruben Um Nyobé est abattu dans le maquis. Ses carnets personnels sont alors saisis par l'armée française, mais depuis, ils sont introuvables. Est-ce que vous avez pu en savoir plus ? Alors, écoutez, oui, parce qu'évidemment, on savait qu'il y avait une très forte attente sur ces carnets. Nous avons vraiment retourné toutes les archives [militaires] de Vincennes pour retrouver ces carnets. Nous n'avons malheureusement pas pu retrouver ces carnets. Par contre, là où nous avons fait une véritable avancée, me semble-t-il, c'est que ces fameux carnets, qui ont été retranscrits par Georges Chaffard dans son ouvrage Les Carnets de la décolonisation.Le journaliste Georges ChaffardTout à fait. Et nous avons découvert qu'il y a eu très clairement une correspondance entre Lamberton, le lieutenant-colonel Lamberton,Donc l'un des chefs de la répression françaiseTout à fait, entre Lamberton et Georges Chaffard, à qui Lamberton aurait donc fourni une recopie de ces carnets. Ce qui signifie donc, en fait, qu'on a progressé sur la traçabilité de ces carnets.À partir de 1958, vous dites que, côté français, la répression au Cameroun est également supervisée à Paris par Jacques Foccart, le conseiller spécial du général De Gaulle. Qui a donné l'ordre de tuer par empoisonnement Félix Moumié, ce sera le 3 novembre 1960 à Genève ?Là encore, les ordres ne sont jamais écrits, ou très rarement. Donc on a pu retracer une chaîne de commandement hypothétique, mais qui est réelle, dans le sens où, en fait, on voit très bien comment cette chaîne de commandement a pu se mettre en place, tout simplement parce que nous avons eu aussi accès à des archives, qui étaient jusqu'alors classifiées, sur William Bechtel, qui était l'agent du SDECE [Service de documentation extérieure et de contre-espionnage - NDLR], qui a donc empoisonné Félix Moumié à Genève quelques jours avant son décès, le 3 novembre, comme vous l'évoquiez.C'est assez intéressant parce que ces archives nous ont permis de creuser sur le portrait de cet agent qui apparaissait comme un simple honorable correspondant au départ. Mais là, on s'aperçoit que c'est vraiment un cador du renseignement et quelqu'un d'extrêmement introduit, protégé, qui a même pu peut-être laisser beaucoup de preuves derrière lui car il savait qu'il ne serait absolument pas inquiété.Alors, vous écrivez qu'il s'agit d'un assassinat politique impliquant la responsabilité du gouvernement français. Est-ce que Foccart est dans le coup ? [Rires] Oui.À l'origine de ce rapport, que vous avez rédigé avec vos 13 collègues camerounais et français, il y a une initiative du président français Emmanuel Macron. Aujourd'hui, qu'attendez-vous de lui ? Des suites. Nous lui avons formulé un certain nombre de recommandations. C'est une reconnaissance effective de certains faits par des discours, par une lettre. Il y a aussi une très forte demande pour inscrire cette page d'histoire totalement méconnue, ou très peu connue, dans les programmes scolaires. C'est une évidence.Alors du côté du Manidem d'Anicet Ekane, qui est l'un des partis qui se revendiquent de l'héritage de l'UPC de Ruben Um Nyobe, on dit que « les Camerounais ne peuvent pas demander au bourreau de faire le bilan de son œuvre » et que l'initiative mémorielle d'Emmanuel Macron vise en fait à disculper la France de ses responsabilités.Je dirais que les historiens n'ont pas de nation. Ils travaillent en objectivité sur des archives et, pour la plupart d'entre nous, nous ne nous sommes pas illustrés pour avoir réalisé des travaux qui étaient à l'éloge « des bourreaux », pour reprendre vos termes. Donc, je pense que, si on veut considérer qu'aujourd'hui, en France, des historiens français ne peuvent pas écrire cette histoire avec objectivité, c'est faire injure à notre expertise.

Afrique Économie
Cameroun: une fiscalité 2025 faite pour encourager le «zéro déforestation»

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Jan 21, 2025 2:20


La circulaire relative à l'exécution de la loi de finances 2025 de l'État du Cameroun, prévoit une fiscalité spéciale pour lutter contre la déforestation. Parmi les mesures, est acté un abattement de 20% de la valeur FOB (valeur du produit embarqué dans un bateau pour exportation, NDLR) pour l'hévéa, le cacao et le bois en grumes, et qui disposent « d'un certificat délivré par le ministère technique compétent, attestant de leur conformité aux normes de lutte contre la déforestation ». Une mesure qui interroge les experts du secteur. Samuel Nguiffo est le directeur du Centre pour l'environnement et le développement (CED) à Yaoundé, capitale du Cameroun. Avocat, il a fait de la lutte contre la déforestation l'un de ses chevaux de bataille. S'il voit dans cette mesure une volonté de répondre aux nouvelles normes européennes, il s'interroge sur la certification.« Pour le bois, il n'y a pas de norme en matière de lutte contre la déforestation dans la législation camerounaise. Donc, on ne voit pas très bien à quoi est-ce que cet article 10 de la loi des finances fait référence en parlant d'attestation de conformité aux normes en matière de lutte contre la déforestation », questionne-t-il. En plus des recherches menées par son organisation, « on peut avoir une attestation de conformité à la législation forestière, mais quand on regarde le contenu de la législation forestière, on ne garantit pas la durabilité de l'exploitation du bois ».Au-delà de la question de l'applicabilité de cette mesure, Samuel Nguiffo s'inquiète du message que ferait passer cette mesure. « C'est un message qui dit, ''vous pouvez continuer à couper du bois en grumes, et vous pourrez même avoir un abattement à l'exportation'' », détaille, déçu, le défenseur de l'environnement. « Je me serais attendu à ce qu'il y ait un abattement de cette nature-là pour les compagnies qui exportent du bois transformé. Donc il y a une incitation à aller le plus loin possible dans la transformation, à aller vers des produits finis », poursuit-il, estimant que cela pousserait les compagnies à investir dans la transformation au Cameroun. Et de conclure : « Je suis d'avis qu'il faut décourager totalement les exportations de bois en grumes. »Alain Karsenty, économiste et chercheur au Cirad, est spécialiste de ces questions. Pour lui, une manière d'encourager la production de matières premières ou de produits agricoles ou forestiers durables, « c'est de jouer sur la fiscalité ». Donc oui, pour lui, ce type d'initiative « est une bonne chose ». Cependant, il s'étonne des choix réalisés par les autorités camerounaises. « C'est une baisse unilatérale de 20% sur la taxe d'exportation, c'est quand même beaucoup. C'est très étonnant parce qu'ils sont en tension budgétaire. Donc là, ça veut dire qu'ils acceptent de faire des sacrifices budgétaires », constate l'expert.Lui préconise plutôt un « bonus malus » pour ne pas peser sur les États déjà sous tensions budgétaires. « Les systèmes que je propose sont des systèmes dans lesquels ils ne perdent pas d'argent, puisque qu'il y a du bonus que s'il y a du malus. C'est-à-dire, le malus, c'est qu'on augmente progressivement une taxe sur les produits qui sont non certifiés, non durables, non tracés », détaille-t--il.Pour Alain Karsenty, nul doute qu'il s'agit d'une mesure prise pour s'aligner sur les recommandations du Fonds monétaire international, ceci afin de pouvoir décaisser les 183 millions de dollars de prêt obtenu auprès du Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité de l'organisation.À écouter aussi, dans l'émission C'est pas du ventDans le sud-est du Cameroun, l'éthnocide silencieux des peuples de la forêt À lire aussiCameroun: comment l'exploitation forestière échappe au contrôle de l'Etat

Afrique Économie
Maurice: le nouveau gouvernement veut résoudre l'important déficit du tramway Metro Express

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Jan 13, 2025 2:23


À Maurice, le tramway introduit en 2020 est devenu un gouffre financier. Baptisé Metro Express, ce nouveau mode de transport en commun est destiné à désengorger le trafic entre les villes. Mais il accuse un déficit annuel de 300 millions de roupies, l'équivalent de 6 millions d'euros. Le nouveau gouvernement, en poste depuis novembre 2024, réclame des comptes et veut stopper l'hémorragie financière d'un projet qui plombe lourdement les finances publiques. De notre correspondant à Port-Louis,Présenté comme l'un des plus grands chantiers jamais entrepris à Maurice, Metro Express est devenu, selon le nouveau gouvernement installé en novembre, un gouffre financier insoutenable. Dans une déclaration à l'Assemblée nationale, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a placé le réseau ferroviaire en tête des sociétés étatiques déficitaires et a estimé qu'il était insolvable : « Metro Express est incapable de rembourser sa dette, un emprunt de 16 milliards de roupies (l'équivalent de 330 millions d'euros, NDLR) contracté auprès de l'Inde. »45 000 voyageurs par jourOpérationnel depuis janvier 2020, Metro Express relie les cinq villes de Maurice sur 30 kilomètres. Ses 18 trams desservent 21 stations, de Port-Louis à Curepipe. Environ 45 000 voyageurs, soit un tiers des usagers urbains, utilisent quotidiennement ce mode de transport apprécié pour son confort et sa rapidité.Cependant, sa rentabilité pose un sérieux problème. « Les coûts des opérations sont largement supérieurs aux revenus, déplore le ministre des Transports, Osman Mahomed. Je travaille sur un plan pour assainir le lourd impact de Metro Express Ltd sur les finances publiques. On ne peut pas ad infinitum faire de sorte que la compagnie soit financée par des fonds publics. »Metro Express dessert les zones les plus stratégiques du territoire, notamment les cinq villes du pays, ainsi que le technopole d'Ébène et la cité universitaire de Réduit. Selon la directrice générale au ministère des Transports, un compromis doit être trouvé. « Ce nouveau mode de transport a fidélisé de nombreux voyageurs à Maurice, notamment des voyageurs urbains, souligne Moheenee Nathoo. Il faudra continuer à offrir le même service, 45 000 voyageurs par jour, sans que cela impacte le coût des opérations. Nous mobilisons nos ressources au niveau de Metro Express Ltd afin de chercher à rendre le service rentable et de peser moins sur le budget national. C'est très important. »Vers une augmentation du prix du ticket ?Afin de rationaliser le service, le gouvernement envisage plusieurs mesures : une augmentation du prix du ticket – qui vaut en moyenne moins d'un euro en ce moment –, une révision des conditions de gratuité du service pour les seniors et les étudiants, ainsi qu'un report des prochains développements.Face aux critiques concernant le déficit du projet, les anciens administrateurs de Metro Express défendent un projet stratégique avec des bénéfices économiques, sociaux et environnementaux à long terme.À lire aussiLe téléphérique urbain, une solution qui monte

Afrique Économie
Le plan Mattei, nouvelle politique africaine de l'Italie, commence à prendre forme

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Jan 6, 2025 2:24


En janvier dernier, l'annonce du plan Mattei pour l'Afrique par la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a d'abord ressemblé à un coup politique. Une coquille vide adossée à des fonds déjà alloués et à un nom, celui d'Enrico Mattei, le fondateur du groupe italien Eni, très présent dans les hydrocarbures en Afrique. Mais près d'un an plus tard, le partenariat, signé officiellement le 5 décembre dernier avec la Banque africaine de développement, lui confère plus d'épaisseur. Agir dans les domaines de la formation, de la santé, de l'accès à l‘eau et à l'énergie, des infrastructures... Le plan Mattei sur le papier, c'est in fine répondre à un double objectif : limiter l'afflux de migrants en Italie et offrir de nouvelles opportunités aux entreprises italiennes.Au total, 5,5 milliards d'euros sur trois ans, gérés par la caisse des dépôts et consignation italienne, en lien avec le cabinet de la Première ministre. Paolo Lombard, chef du département coopération de la Cassa Depositi e Prestiti [la Caisse des dépôts et de consignation italienne, NDLR]. « Les trois premiers milliards viennent du fonds italien pour le climat. Pour les 2,5 milliards d'euros restants seront pris dans le budget de l'aide au développement, dont une partie est dédiée au plan Mattei. ». À cela s'ajoutent aussi des crédits à l'export et des garanties apportées par l'agence italienne de crédit à l'exportation Sace.Expertise de la BADTrop peu pour bousculer la hiérarchie européenne en matière de coopération et doper les entreprises italiennes au sud de la Méditerranée, critiquaient après les premières annonces certains observateurs italiens. Mais l'idée de Rome est aussi, grâce à cette mise de départ, d'attirer les contributions d'autres États, par exemple du Golfe.Pour structurer son action, l'exécutif italien a choisi de signer des partenariats avec la Banque africaine de développement. « La collaboration avec le groupe de la Banque africaine de développement a été cruciale pour assurer le soutien financier et technique, ainsi que mobiliser les ressources et l'expertise pour trouver des projets à financer par le plan Mattei », explique Giuseppe Venneri, membre de la task force du plan Mattei.Avec des premiers pays cibles comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, l'Égypte, l'Éthiopie, la Côte d'Ivoire, le Kenya et le Mozambique. Sans oublier le Congo, où Claudio Descalzi, actuel patron d'Eni, a dirigé la filiale du pétrolier dans les années 1990.Des infrastructures au capital investissementDu côté de la BAD, on est aussi satisfait par les perspectives de ce nouveau partenariat. « Le plan Mattei est vraiment centré sur l'action, souligne Solomon Quaynor, vice-président de la banque africaine. C'est donc une très bonne chose pour nous, de nous lancer dans de nouveaux domaines de collaboration. Nous avons commencé avec l'Alliance pour l'infrastructure verte en Afrique (AGIA), mais nous l'étendons maintenant à la fourniture de capital-risque pour la croissance des PME, mais aussi aux fonds de capital-investissement pour le développement d'infrastructures. »Fin 2024, Rome avait déjà annoncé le financement de certains projets comme le corridor ferroviaire menant au port angolais de Lobito et la production de biocarburants au Kenya piloté par Eni.

Reportage International
Irak: le recensement est un nouveau péril pour les Yézidis déplacés par la guerre

Reportage International

Play Episode Listen Later Nov 19, 2024 2:44


Les autorités ont instauré un couvre-feu mercredi 20 et jeudi 21 novembre 2024 en Irak, pour faciliter une opération historique de recensement de la population. Le premier d'une telle ampleur depuis 1987. Une entreprise particulièrement sensible, dans un pays ravagé par des années de guerres et de déplacements forcés de population. Pour la minorité yézidie de la montagne du Sinjar, qui a fui les persécutions de l'État islamique en 2014, et dont plusieurs centaines de milliers de ses membres vivent toujours dans des camps de déplacés au Kurdistan irakien, ce recensement soulève la crainte d'être à jamais séparés de leurs terres ancestrales. De notre envoyé spécial à Duhok, Dix années ont passé depuis le génocide des Yézidis par le groupe terroriste État islamique. Mais les milliers de tentes blanches du camp de Charia au Kurdistan irakien n'ont pas bougé. Comme Salim, 30 ans, ils sont plusieurs milliers de déplacés yézidis à subsister dans cet univers précaire de plastique et de poussière. À l'approche du recensement irakien, le jeune homme témoigne de sa confusion : « Concernant ce recensement, la population du camp est complètement négligée. On ne nous a rien expliqué, le système n'est pas clair. Nous ne savons pas comment répondre aux questions et comment elles pourront nous profiter, alors que tout ce que nous souhaitons c'est que nos droits soient respectés. Nous ne voulons ni plus, ni moins que cela. »Salim est inquiet. Il ne souhaite pas être recensé comme un déplacé au Kurdistan, mais comme un habitant du Sinjar : la région montagneuse et largement détruite par la guerre qu'il a dû fuir, mais où il souhaite retourner un jour. En effet, le décompte sera utilisé pour calculer les budgets alloués à chaque province d'Irak : « Le gouvernement va profiter de notre situation difficile pour exploiter les résultats du recensement et priver les Yézidis de leurs droits dans de nombreux domaines. La répartition du budget et le développement des projets publics, ainsi que la distribution des services, seront basés sur ces résultats. La reconstruction des écoles ou des hôpitaux du Sinjar en seront affectés. Pour moi, c'est la poursuite du génocide, toujours en cours au Sinjar. »Le Sinjar, un lointain espoirDans son bureau du centre culturel Yézidi de la ville de Duhok, le docteur Faris Koti – figure respectée au sein de la communauté – ne cache pas son inquiétude quant à l'organisation du recensement dans ces conditions : « Notre principale préoccupation concerne le bouleversement démographique de la région. La population principale du Sinjar, ce sont les Yézidis, ils pourraient être remplacés par les Arabes tant que le peuple Yézidi n'y est pas retourné. Aujourd'hui, 250 000 personnes vivent toujours dans les camps de déplacés. Elles ne peuvent pas retourner au Sinjar, là d'où elles viennent. La situation est trop instable pour organiser un tel processus au Sinjar. »Les déplacés Yézidis sont en effet prisonniers des tensions politiques entre les gouvernements kurdes et irakiens, qui se rejettent la responsabilité de leur retour au Sinjar. Dans ces conditions, le recensement pourrait diminuer la voix déjà fragile des Yézidis au sein des institutions. « Cela aura aussi un effet sur l'attribution du nombre de sièges pour le Sinjar, poursuit le docteur Koti. La représentation des Yézidis au Parlement sera diminuée si elle est basée sur ces résultats. »Pour Layla, 27 ans, et elle aussi déplacée du Sinjar depuis 2014, les enjeux et les résultats de ce recensement risquent au fond de repousser encore un peu plus le retour des Yézidis dans leurs villages d'origine : « Je crois que le gouvernement va tirer parti du recensement contre les Yézidis parce qu'ils n'ont pas de solutions alternatives. La région a souffert de la guerre bien plus qu'aucune autre en Irak. Pourtant, aucun effort n'est déployé pour la reconstruire. Alors qu'à Mossoul, ou d'autres endroits détruits par Daech [l'acronyme en arabe du groupe terroriste État islamique, NDLR], les autorités développent des projets. Rien au Sinjar. »À lire aussiAu Kurdistan irakien, les peshmergas s'alarment d'une autonomie kurde en péril

Invité Afrique
Référendum constitutionnel au Gabon: «On clarifie les pouvoirs du président purement et simplement»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Nov 14, 2024 13:42


Au Gabon, nous sommes à J-2 avant le référendum constitutionnel prévu samedi 16 novembre. Les partisans du « oui » et du « non » ont labouré le terrain depuis près de dix jours pour tenter de convaincre les électeurs de voter pour leur point de vue. Le Premier ministre et coordinateur national de la campagne pour le « oui » est le Grand invité Afrique de ce matin. Raymond Ndong Sima explique pourquoi les Gabonais devraient voter « oui » dans deux jours et tente de rassurer les tenants du « non ». Il répond aux questions de Esdras Ndikumana. RFI: Raymond Ndong Sima, pourquoi, selon vous, cette Constitution est-elle bonne pour le Gabon ?Raymond Ndong Sima : En premier lieu, nous sommes dans une situation transitoire depuis maintenant 14 mois et qu'il faut bien sortir de la transition pour aller vers une situation normale. Or, je rappelle que la Constitution qui est en vigueur, lorsque les militaires prennent le pouvoir le 30 août [2023, NDLR], est une Constitution de 2023 qui comportait un ensemble d'anomalies, pour ne pas dire d'infamies, comme on a pu le voir à l'occasion des élections où le président de la République était maintenant candidat en ticket avec chacun des députés. Donc, oui, c'est une Constitution qui est bonne, il faut bien en sortir.Quelles avancées portent-elles ?Les avancées, il y en a un certain nombre. Certaines concernent directement les précisions qui ont été apportées sur les conditions à remplir par les différents candidats. D'autres portent sur l'organisation du pouvoir lui-même en tant qu'architecture générale de l'État. Je pense qu'il y a un certain nombre de points que les spécialistes ont énumérés. Si on les prenait un à un, on verrait exactement à quoi ça correspond.L'une des dispositions les plus controversées de ce projet de Constitution est celle qui instaure un régime présidentiel jugé très fort. Les partisans du « non » parlent de l'intronisation d'un monarque au pouvoir. Quelle est votre réaction ?Je suis mal à l'aise sur ce point précis pour la raison très simple que je suis Premier ministre en fonction et que ce point-là, précisément, conduit à la suppression du poste de Premier ministre. Mais vous savez, on ne discute pas des affaires de l'État pour son compte personnel. On en discute dans le sens de l'intérêt général. Je rappelle que deux de mes anciens prédécesseurs à la fonction du Premier ministre ont indiqué que, pour eux, il fallait supprimer la fonction de Premier ministre parce que celui-ci avait des pouvoirs fictifs, donc il valait mieux établir une clarté dans la liaison entre les pouvoirs décrits et les pouvoirs exercés. Donc, dès lors que le plus gros des personnes qui sont concernées se prononcent en faveur de quelque chose, je ne vois pas pourquoi je m'y opposerai.Mais sur la question précise de l'intronisation d'un monarque au Gabon, qu'est-ce que vous répondez ?Je voudrais bien qu'on me montre ce qu'on appelle le monarque intronisé. Lorsque l'on prend les dispositions de la Constitution qui était jusque-là, nous avions un président de la République qui définissait la politique de la Nation et un Premier ministre qui conduisait cette politique. Mais, en pratique, nous avions un président de la République qui était président du Conseil supérieur de la magistrature – ce n'est pas une nouveauté –, nous avions un président de la République qui avait à son actif la possibilité de nommer un Premier ministre et de le révoquer – admettons –, ce n'est pas une nouveauté. Quelle est aujourd'hui la différence avec ce qui se passait ? Je vois qu'il n'y a pas de très grande différence. Je pense qu'on est en train de faire des jeux de mots, mais la réalité est que le président de la République disposait déjà de tous les pouvoirs qu'il a aujourd'hui et qu'on clarifie purement et simplement.Le président peut par exemple dissoudre l'Assemblée, mais le Parlement n'a que la haute trahison comme moyen de pression contre lui. Est-ce que ce déséquilibre des pouvoirs n'est pas dommageable ?Écoutez, tous les cas de figure sont dommageables. On peut imaginer que telles situations soient dommageables. Moi, j'ai indiqué - si vous m'avez écouté dans mes interventions dans la campagne - clairement que nous sommes dans un cas de figure où il faut prendre une décision à un moment donné. Nous verrons bien, dans la pratique, si ça pose des problèmes, comment on fait pour revenir dessus. En effet, on peut avoir le sentiment que le président disposant de la possibilité de dissoudre d'un côté et le Parlement n'ayant pas la possibilité de le destituer de l'autre, ça crée un déséquilibre, c'est une possibilité. Est-ce que pour autant on a un monarque ? Je ne sais pas.Alors, pour soutenir le choix pour le « non », les partisans du rejet regrettent la concentration des pouvoirs entre les mains du chef de l'État. La justice, par exemple, va rester sous son contrôle. Que leur répondez-vous ?Vous savez, le processus qui a été conduit pour arriver au point où nous sommes, on l'a lancé en octobre 2023 en demandant aux uns et aux autres d'apporter des contributions sur le diagnostic de la situation du pays et sur les solutions qu'ils proposaient pour corriger les déséquilibres qui apparaissaient. Je rappelle que ce processus, qui s'est déroulé pendant deux mois, a été suivi ensuite d'un dialogue national. Je pense que les arguments qu'ils invoquent maintenant, ils auraient dû les présenter au moment du dialogue national.Et contre le fait que c'est, au final, le président Brice Oligui Nguema qui a choisi les éléments qui devaient rentrer dans la Constitution.En fait, à qui faites-vous allusion quand vous dites les adversaires de cette...Ceux qui prônent le « non ».J'entends beaucoup de critiques et cetera, mais je rappelle qu'un débat a eu lieu pendant un mois à Angodjé, sur différents aspects, sur les questions constitutionnelles et cetera. Je n'ai pas entendu qu'ils ont déposé ces arguments à ce moment-là. Ensuite, lorsque le débat a eu lieu à l'Assemblée nationale, lorsque le texte a été transmis au Parlement en congrès, il y a eu beaucoup d'auditions là-bas. Est-ce qu'ils ont fait valoir les arguments à cet endroit ? Je ne sais pas très bien.Est-ce que finalement le Gabon ne court-il pas le risque de connaître les mêmes travers que sous le régime déchu, les mêmes causes produisant les mêmes conséquences ?Oui, c'est possible. C'est toujours possible, dans tous les cas de figure au monde, qu'on retrouve les mêmes travers. Mais est-ce que nous pouvions rester dans une position transitoire infinie ? La question, c'est : quelle est la contre-proposition qui a été faite ? Vous savez quel est le grand théorème de l'impossibilité d'agrégation ? Quand on a un texte qui fait 175 articles, est-ce que vous croyez qu'on peut tomber d'accord : la totalité des gens, les citoyens de ce pays, sur les 175 articles ? À un moment donné, il faut bien sortir de la transition. Et c'est vrai qu'il y a des points qui peuvent poser problèmes, mais dans la pratique, on verra comment ils vont se déployer, comment ils vont se dérouler. Autrement, on resterait sur place. Et moi, je considère que, à un moment donné, il faut sortir de la boucle dans laquelle on se trouve. On est dans la boucle transitoire, il y a des propositions qui sont faites, il y a beaucoup de choses qui ont été modifiées, assouplies. Je vous rappelle les questions sur la nationalité, je vous rappelle les questions sur les aspects fonciers. Je n'ai pas le texte en entier sous les yeux, donc je peux ne pas me rappeler tous les détails. Donc, je pense que dans une situation donnée, il faut accepter d'aller au débat et considérer, à un moment donné, qu'on ne peut pas avoir raison sur tous les points. Et il faut prendre date de bonne foi sur le fait qu'on arrive dans une position et on verra bien à la pratique comment ça évolue.L'ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze qualifie cette Constitution de « texte d'exclusion ». Il cite notamment la question de la limitation d'âge de 35 à 70 ans pour être candidat à la présidentielle ou encore l'impossibilité pour les descendants d'un chef d'État d'être candidat. Votre réaction ?Bon, je pense d'abord que Bilie-By-Nze est, à mon avis, de tous les Gabonais, celui qui peut le moins s'exprimer sur ces questions tellement sensibles. Je rappelle que monsieur Bilie-By-Nze était, l'année dernière, Premier ministre. Quand on a été à ce point un fossoyeur de la République, en signant, en année électorale, à quelques semaines de l'élection, une loi portant modification des dispositions des conditions de l'élection, on se tait ! On ne parle pas ! C'est ça qu'il devrait faire. Monsieur Bilie-By-Nze est en liberté par la magnanimité de mon gouvernement qui devrait le poursuivre, mais qui a choisi l'apaisement parce qu'on aurait pu le poursuivre pour atteinte, pour forfaiture et violation des lois. Ils ont violé la loi. La loi disait qu'on ne peut pas modifier le Code électoral en année électorale et il a contresigné ça, ça porte sa signature ! Alors, il n'est pas bien placé pour venir nous donner des leçons. Je suis désolé.Est-ce que le camp du « oui » n'a pas bénéficié d'un certain avantage durant la campagne, au vu des tournées du président de transition, de ses ministres, avant son début ?Ça, c'est une question que je trouve à la fois, je dirais, logique. Nous sommes dans un gouvernement de transition qui s'est engagé à sortir de là par une restauration des institutions. La logique même veut que l'on propose un texte qui est, dans l'ordonnancement, un des éléments qui permet de revenir à l'ordre normal. Comment le gouvernement peut-il à la fois être en train de travailler pour revenir à l'ordre normal et ne pas porter ce texte là sur la place publique ? Si le président en exercice, qui est un président de la transition, ne porte pas lui-même, dès le départ, les textes qui lui permettent de justifier la parole qu'il a donnée de revenir à la normalité, qui peut le faire ? Et je suis en train de faire en sorte que nous ayons un corpus de texte qui nous permet de sortir de cette transition. Voilà ce qu'on fait. Il y a des malfaçons dedans, il y a des choses. Mais, au final, l'objectif, c'est d'être sorti de là dans un délai raisonnable.Vous avez évoqué le président de transition. Le général Oligui Nguema a dit ne pas vouloir de Constitution taillée sur mesure. Mais est-ce que ce n'est pas le cas ? C'est ce que certains disent.C'est un des traits particuliers de la démocratie : chacun a besoin de dire ce qu'il pense, et je crois que c'est une question d'appréciation personnelle. Oui, effectivement, les gens peuvent dire que c'est une Constitution qui est taillée sur mesure. Non, d'autres disent que ce n'est pas le cas. Nous verrons bien à la pratique. Mais je rappelle, tout à l'heure, quand vous évoquiez l'une des personnes qui est opposée, qui indique que le président, il y a discrimination par rapport aux fils de président, il ne faut pas vouloir une chose et son contraire. On ne peut pas vouloir à la fois éviter qu'un système monarchique ne s'installe et s'opposer à ce que les gens ne mettent pas une barrière à ce que les fils de président ne soient pas candidats, ou les filles de président et cetera. Il y a quand même une contradiction là-dedans.Vous venez de donner aux Gabonais deux jours, jeudi et vendredi, fériés, payés et récupérables. Est-ce à dire que vous craignez un faible taux de participation ?Oui, et il y a des raisons d'avoir un faible taux de participation, de façon mécanique. Je vais vous expliquer ça. Lorsque nous avons fait les élections présidentielles l'année dernière, les élections ont eu lieu au mois d'août, et les Gabonais et les Gabonais se sont enrôlés sur les listes électorales en prévision de ce que les élections se passeraient pendant qu'ils sont en vacances avec leur famille dans leur province d'origine. C'est ce que la plupart des gens font. Tout le monde sait qu'à partir de la fin du mois de juin, fin juin, les gens s'en vont dans leur province. Or, cette année, l'élection a lieu alors que l'année scolaire a démarré il y a deux mois et la saison des pluies commence à battre son plein et, par conséquent, il y a effectivement des problèmes de mobilité. Ce qui veut dire que les gens, pour aller chez eux, voter, ont besoin d'un peu de temps pour circuler. Donc oui, il peut y avoir une abstention qui serait tout à fait mécanique parce que les gens ne sont pas en vacances, ils sont à leur lieu de travail, que les enfants sont à l'école, et qu'il sera beaucoup plus difficile à tous les pères et mères de famille de se déplacer alors que ça aurait été différent si on avait fait l'élection pendant la période de vacances. Mais vous voyez bien aussi, que si on avait retardé pendant les mois de vacances, on aurait attendu le mois d'août prochain pour faire la partie concernant ce référendum, ça retarderait d'autant la période de retour potentielle à la normalité. Alors, il faut choisir, à un moment donné, l'un des handicaps.Quel est votre objectif en termes de participation qui serait un véritable indicateur de l'adhésion de la population au projet ?Mon objectif est que le « oui » l'emporte massivement.Est-ce qu'il y a un chiffre ?Aujourd'hui, la population de base, elle cherche qui sont les adversaires. Les gens sont habitués à s'engager à une élection parce qu'il y a deux protagonistes qui sont là. Là, on a un texte. Les populations de l'arrière-pays n'ont pas forcément une vision très claire de ça. Je pense qu'il pourrait y avoir, de ce fait-là, une partie de la population qui ne se mobilise pas nécessairement. Moi, je viens de vous donner la première raison qui est mécanique. Donc, si vous me demandez un taux, je ne suis pas capable de vous donner un taux. Certains s'aventurent dessus, moi, je ne m'aventure pas. Ce que je veux, c'est une victoire nette. Je conduis le camp du « oui », j'ai besoin de gagner nettement, voilà.Alors, vous étiez ces derniers jours en campagne à Port-Gentil, la deuxième ville du pays, et à Franceville. Quel accueil vous a été réservé dans ce fief des Bongo ?J'ai été très bien accueilli à Franceville. J'ai été très bien accueilli partout. Bon, je rappelle que, en premier lieu, nous avons eu des mobilisations limitées dans la mesure où il s'agissait pour moi d'aller rencontrer les coordinations de chacune des provinces, coordination de campagne dans chacune des provinces, pour les rebooster, pour les relancer, disons les pousser à se déployer sur le terrain, et leur demander de s'impliquer dans un travail de proximité, c'était ça.Si la Constitution est adoptée massivement, les élections de fin de transition, est-ce qu'elles doivent être avancées ou est-ce qu'elles doivent être maintenues à août prochain ?Personne n'a jamais dit que les élections auraient lieu au mois d'août. Je voudrais rappeler que c'est moi qui ai décliné au mois de septembre, à New York, que nous nous étions donnés une date moyenne de 24 mois, en partant d'août 2023, sans forcément nous amener à août 2025. On peut être légèrement avancé ou légèrement après. Si nous terminons de faire le référendum, on verra bien à quel moment nous réunissons les autres conditions pour faire les autres élections qui permettent de mettre en place les différentes institutions. Août 2025, ce n'est pas une date marquée dans le marbre pour moi, c'est un objectif de date. L'essentiel, c'est que, comme on le voit depuis un an et deux mois, nous sommes dans un calendrier, on tient le tempo. À écouter aussiNouvelle Constitution gabonaise: «Les autorités ont pris en compte un certain nombre de points clivants»

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Forces françaises en Afrique: «Nos partenaires africains ne souhaitent pas notre départ», dit Jean-Marie Bockel

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Play Episode Listen Later Nov 7, 2024 13:15


La France doit-elle ou non maintenir des bases militaires en Afrique ? C'est à cette question sensible que l'ancien secrétaire d'État, Jean-Marie Bockel, est chargé de répondre, à la demande du président français Emmanuel Macron, qui l'a désigné comme son Envoyé personnel auprès des pays africains concernés par la reconfiguration du dispositif militaire français. Il y a deux semaines, avant le Conseil de défense du 23 octobre à l'Élysée, Jean-Marie Bockel a rendu, au chef de l'État, un pré-rapport, qui reste encore secret. Mais ce matin, sur RFI, il en dévoile les grandes lignes, notamment sur le Sénégal et le Tchad. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI :  Vous évoquez une réduction drastique des effectifs militaires français en Afrique. Est-ce à dire que les bases françaises de Dakar, d'Abidjan, de Libreville, n'abriteront plus que 100 hommes chacune ? Jean-Marie Bockel : Non, on n'est pas du tout dans une question de chiffrage. Nous avons une nouvelle étape qui fait l'objet, dans chaque pays, d'une discussion avec les responsables du pays, autour de l'idée que nous devons garder un dispositif socle qui permette, au niveau de l'accès, de la logistique, de la capacité, de remonter en puissance, si je puis dire, chaque fois que c'est nécessaire, à la demande du partenaire, face à une menace extérieure. Et autour de l'idée qu'à côté de ce dispositif socle, il y a un renforcement du soutien et de la réponse à des attentes en matière de sécurité des pays du périmètre, que ce soit en matière de formation, d'école, de renseignement, d'entraînement, de forces spéciales, mais aussi en matière d'équipements, de nouvelles technologies, etc. Et comme me le disait tel président africain que j'ai rencontré, « ce qui compte, ce n'est pas le nombre de soldats français demain dans ma base, c'est ce qu'on va pouvoir faire encore mieux ensemble ».C'est le président ivoirien Alassane Ouattara, qui vous a dit ça ? Le président Ouattara m'a dit ça avec ses mots à lui, mais le président Déby [Mahamat Idriss Déby, du Tchad, NDLR] également. Quant au président Oligui [Brice Clotaire Oligui Nguema, du Gabon, NDLR], c'est aussi son état d'esprit.Même s'il ne reste que quelques centaines d'hommes dans chacune de ces bases françaises, les anti-Français diront « ce sont encore quelques centaines de trop ». Pourquoi ne pas fermer tout simplement les bases françaises en Afrique ? En fait, les partenaires des trois pays avec lesquels nous avons déjà bien avancé ont été très clairs. Ils ne souhaitent pas notre départ.Ni le Tchad, ni le Gabon, ni la Côte d'Ivoire ?Absolument. Mais ils comprennent l'évolution du format, l'évolution du partenariat. Et donc, partir comme ça, du jour au lendemain, c'est en fait tirer un trait sur un partenariat souvent très ancien et qui, à bien des égards, même s'il a vocation à évoluer, a été apprécié et a fait partie aussi de la qualité de la relation que nous avons dans tous les domaines avec ces pays. Et donc, je pense que, si on avait fait ça simplement par peur d'être peut-être un jour chassé, mais comment nos partenaires l'auraient-ils perçu ? Mal, à juste titre.Parmi les pays que vous avez visités, c'était en mars dernier, il y a le Tchad où sont stationnés actuellement quelques 1 000 soldats français. Est-ce que la réduction des effectifs français y sera aussi drastique que dans les autres pays ? Oui, bien sûr, elle sera significative, importante. Mais sans préjuger de la discussion entre les responsables français, à commencer par le président de la République et son homologue tchadien sur ces questions, ce n'est pas à moi de décider ce qui in fine se fera, mais je sais ce sur quoi, avec ma petite équipe, nous avons travaillé en dialogue constant avec bien sûr le partenaire tchadien à tous niveaux, dans les propositions, dans mes propositions, je crois qu'elles cheminent bien. Le dispositif permettra, et pas simplement sur un seul site, de préserver l'essentiel du partenariat à partir de ce dispositif socle, de ce point d'entrée, avec toute la dimension logistique, de formation, la dimension aérienne de renseignement. Ce qui compte, me disait le président du Tchad, Mahamat Déby, ce qui compte, ce n'est pas le nombre de soldats, c'est la qualité de notre partenariat et c'est ce à quoi nous travaillons.Voilà six mois que vous devez aller au Sénégal, mais vous n'y êtes toujours pas allés. Alors est-ce que c'est seulement parce qu'il y aura des législatives dans dix jours ? Est-ce que ce n'est pas aussi parce qu'il y a quelques mois, le Premier ministre Ousmane Sonko a déclaré que la présence durable de bases militaires étrangères était incompatible avec la souveraineté du Sénégal ? En fait, il y a eu ces déclarations qui ne nous ont pas échappé. Il y a eu aussi la visite du président Diomaye Faye à Paris le 20 juin. J'étais présent, et il a eu l'occasion de dire au président Macron, qui évoquait la possibilité de partir, que non, qu'il fallait simplement nous laisser le temps d'établir une position claire sur le devenir de la base militaire, même des sites militaires français au Sénégal. Et les contacts qu'il y a pu y avoir depuis sont toujours dans cet état d'esprit. Au lendemain de l'élection du mois de novembre, il y aura un moment important où les responsables sénégalais pourront dire aux responsables français « voilà ce que nous souhaitons, le moment est venu pour en parler ». Une chose est ce qui peut être dit dans une période de changement, une chose est ce qui pourra se faire au lendemain d'une élection, ce sont deux temps différents.

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Cheikh Tidiane Gadio: «Trump n'est pas prévisible, ça va être un problème dans ses relations avec l'Afrique»

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Play Episode Listen Later Nov 5, 2024 8:49


Qui va gagner la nuit prochaine aux États-Unis ? Kamala Harris ou Donald Trump ? La bataille est beaucoup suivie aussi en Afrique. Cheikh Tidiane Gadio connait bien l'Amérique du Nord. Il est diplômé de l'Université d'État de l'Ohio. Puis, il est rentré au Sénégal, où il est devenu ministre des Affaires étrangères sans discontinuer pendant neuf ans et demi, de 2000 à 2009. Un record national ! Aujourd'hui, il préside l'IPS, l'Institut panafricain de stratégie, en charge de la paix, de la sécurité et de la gouvernance. En ligne de Dakar, il confie ses espoirs et ses craintes au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Quel bilan faites-vous de la politique africaine du président Biden ? Cheikh Tidiane Gadio : Je crois que Biden a quand même réussi certaines choses qui ont été très, très positives pour l'Afrique. Un des grands problèmes que l'Afrique avait avec des dirigeants américains, c'est qu'en général, ils ne s'intéressaient pas trop à l'Afrique. Il y a eu quelques ruptures. George Bush, qui est républicain, avait lancé le MCA [Millennium Challenge Account, NDLR] et avait montré un intérêt réel pour un nouveau partenariat avec l'Afrique. Mais ce que Biden a réalisé, à mon avis, est allé beaucoup plus loin. Il a, par exemple, ramené [en décembre 2022 à Washington] le sommet États-Unis - Afrique qu'Obama avait instauré. Ensuite, il s'est battu récemment pour que l'Afrique soit dotée d'un siège permanent au Conseil de sécurité, mais sans droit de veto, ce qui est absolument à discuter, bien sûr. Globalement, je crois que c'est un grand homme d'État qui a vraiment le sens du service à son pays et un peu à l'humanité. Je trouve qu'il a beaucoup d'empathie aussi, et je pense qu'il est antiraciste. Il a eu une excellente collaboration avec Obama et ensuite, il a une bonne collaboration avec Kamala Harris. Donc, au total, il a beaucoup aidé l'Afrique. À lire aussiSommet États-Unis/Afrique: Joe Biden acte le retour diplomatique des États-Unis sur le continentSur le plan sécuritaire, les effectifs militaires américains en Afrique sont tombés de 5 000 soldats en 2017 à 1 500 soldats aujourd'hui. Est-ce que c'est parce que les Américains veulent partir ou parce que les Africains ne veulent plus des Américains ?Alors, paradoxalement, je ne crois pas que ce soient les Africains qui ne veulent plus des Américains. Mais les Africains veulent une forme de coopération beaucoup plus affirmée, beaucoup plus présente et réelle en matière de renseignement, d'intelligence, d'équipements en satellites par exemple, de surveillance des mouvements des jihadistes et autres. Beaucoup de choses sur lesquelles les Africains ont exprimé beaucoup d'intérêt et de besoin et ils n'ont malheureusement pas eu de réponse favorable. Et effectivement, il y a le grand débat maintenant sur la présence de l'Occident en Afrique, mais je ne crois pas que les États-Unis soient particulièrement ciblés. Ce qui se passe avec la France, l'Union européenne et tout ça, c'est lié quand même à un passé assez spécial qui n'est pas le même que les relations qu'on a eues avec les Américains.Au Niger, après le putsch de juillet 2023, les Américains ont espéré pouvoir conserver leurs bases militaires, à la différence des Français, mais finalement, au mois de mars dernier, ils ont été chassés eux aussi. Est-ce le signe que leur offre sécuritaire n'est pas aussi concurrentielle que celle des Russes ? Absolument. Je pense que les Russes sont tombés à un moment, en Afrique, où ce que j'appelle le populisme et certaines formes de souverainisme ont amené un certain nombre de nouvelles politiques. Et les Russes ont su en profiter. Mais pour moi, l'Afrique ne doit pas chercher, disons, entre guillemets, à rompre avec l'ancienne tutelle parce qu'on a négocié une nouvelle tutelle, ce n'est pas bon pour l'Afrique. Et j'espère que les Africains vont se ressaisir de ce point de vue. Donc, pour les Américains, comme vous le savez, Africom, les différentes initiatives qu'ils ont en matière de sécurité, ce n'est pas très inclusif. Ils contrôlent à peu près tout. Moi, j'ai des informations sur leurs relations avec le Nigeria dans la lutte contre Boko Haram, c'était assez distant, c'étaient des conseils. Très peu de matériel ou de financements. Mais l'engagement qu'on pouvait attendre des États-Unis en tant que puissance mondiale qui a subi de lourdes pertes à cause du terrorisme et qui a une coalition mondiale de plus de 60 pays, cet engagement, on ne l'a pas franchement vu en Afrique, et ça, je crois, c'est une brèche ouverte dans laquelle les Russes se sont engouffrés.À lire aussiLes États-Unis font le point sur leur stratégie militaire en Afrique de l'OuestVous ne voyez pas d'autres pays d'Afrique de l'Ouest sur lesquels les Américains pourraient s'appuyer sur le plan sécuritaire, comme le Nigeria, le Ghana ou la Côte d'Ivoire ?Et même le Sénégal, hein. Il y a des formes de coopération sur lesquelles les Américains ne font pas beaucoup de publicité, mais il y a quand même une certaine proximité. Je sais qu'ils travaillent beaucoup avec le Nigeria parce que c'est la puissance non seulement de l'Afrique de l'Ouest, mais peut-être la puissance continentale la plus importante. Et le Nigeria vit une situation extrêmement dramatique avec Boko Haram - 40 000 morts, c'est quand même beaucoup -, et cette organisation reste très active. L'État islamique reste très actif aussi. Le Ghana, bien entendu, a toujours été un pays partenaire des États-Unis. La Côte d'Ivoire intéresse les Américains aussi bien au plan économique qu'au plan sécuritaire. Et le Sénégal aussi, bien entendu, est un pays qui est généralement visé par l'Amérique comme étant un pays modèle, surtout en matière de démocratie et autres.Et vous pensez que les relations entre les États-Unis et le Sénégal vont continuer sur le plan sécuritaire malgré l'arrivée du Pastef au pouvoir à Dakar ?Ça, c'est effectivement une grande question. Le Pastef se réclame du souverainisme dans lequel ils sont en train de mettre un contenu. Donc, je crois que tous les partenaires traditionnels sont à l'affût, essayent de comprendre pour bâtir une nouvelle relation. Vous savez, en diplomatie, comme disait l'autre, l'ambiguïté constructive est une bonne chose, ce qui gêne, c'est quand vous n'êtes pas prévisible, quand on n'arrive pas à prédire un peu l'avenir immédiat. Et c'est ce qui arrive avec monsieur Trump justement, qui n'est vraiment pas prévisible du tout. Et je pense que ça va être un problème dans ses relations avec l'Afrique.Comment voyez-vous l'avenir des relations États-Unis-Afrique, selon que c'est Kamala Harris ou Donald Trump qui gagnera demain ?Alors si c'est Kamala Harris, j'ai beaucoup d'espoir que ça va se passer beaucoup mieux que si c'est Donald Trump. Les raisons sont simples, moi, je suis un Africain panafricainiste, qui ne compte pas sur les États-Unis ou sur l'Europe ou sur l'Asie pour le renouveau de l'Afrique ou pour la Renaissance africaine. Pas du tout, par contre, j'ai toujours pensé que, par exemple, le cas d'Obama est un grand malentendu. Beaucoup d'Africains se sont mis à rêver, à espérer qu'Obama fasse de grandes choses pour l'Afrique. Je disais qu'Obama n'est pas élu pour servir l'Afrique, il est élu pour servir les États-Unis. Donc, Kamala fera la même chose. Son pays sera absolument prioritaire pour elle. Par contre, Trump s'est déjà manifesté par des comportements, par rapport à l'Afrique, absolument incroyables. Les insultes contre les Haïtiens, les Haïtiens sont un symbole pour tous les Africains, pour tous les panafricanistes. C'est vraiment un pays fondateur de la reconquête de notre dignité en tant que noir et africain. Donc, les traiter de mangeurs de chiens, de chats domestiques, et cetera, c'est extrêmement grave, et je pense qu'il sait que ce qu'il dit n'est pas vrai, mais c'est important pour lui pour des raisons populistes et des raisons de campagne. Et ensuite, il a fait une affirmation absolument extraordinaire que Kamala Harris allait au Venezuela et au Congo récupérer les pires prisonniers les plus sanguinaires pour les importer aux États-Unis pour détruire leur pays. Alors, ce genre de propos, quelqu'un ne peut les tenir et avoir de très bonnes relations avec nous. Et ses allusions au quotient intellectuel très bas de Kamala, ça remonte à l'anthropologie coloniale raciste contre les Noirs. Il y a tellement des textes qui ont été écrits sur le fait que nous aurions un quotient intellectuel très, très bas, et cetera, ce qui est absolument faux. Voilà, en gros, le fait que je n'ai pas beaucoup d'espoir que, si Trump triomphe, les relations soient réchauffées et aillent dans la bonne direction. Et la bataille, par exemple, pour le siège de membre permanent au Conseil de sécurité, dirigée un peu par Joe Biden, est-ce que Kamala va reprendre ça ? Sans aucun doute. Mais je ne suis pas sûr que Trump soit intéressé par cela. Il ne mentionne quasiment jamais l'Afrique dans ses discours. Et voilà. Et, si c'est le cas, s'il gagne, certains Africains disent que c'est une bonne chose, qu'il s'occupe de ses affaires, et nous, on s'occupe de nos affaires, et la vie est belle pour tout le monde. Et donc, les expectations…À lire aussi«Mangeurs de chats ou d'oiseaux»: la rumeur infondée d'une campagne trumpiste anti-migrants haïtiensLes attentes...Les attentes par rapport à Trump, c'est que tout le monde retient son souffle, c'est une sorte d'angoisse mondiale, de stress mondial. Les gens se posent beaucoup de questions sur ce qu'il va faire s'il retourne au pouvoir, ce qui est possible. Mais beaucoup de gens que je connais souhaitent que ce soit plutôt Kamala, une femme leader. Et donc, nous, les hommes féministes, on est tout à fait en phase avec elle, on lui souhaite bon vent.L'une des hantises des Américains, c'est l'installation à venir d'une base navale chinoise sur la façade atlantique du continent africain. Est-ce que vous pensez que Donald Trump et Kamala Harris partagent cette inquiétude ? Forcément. Du temps d'Obama, de l'administration Obama, j'en avais parlé avec des amis d'un tel dispositif. En leur disant que vous avez décidé de faire ce que vous appelez un pivot, un pivot pour aller vers l'océan Pacifique, et vous dites que c'est là-bas où va se jouer les grandes stratégies géopolitiques et autres du monde avec la Chine, l'Australie, le Japon, et cetera, la Corée. Maintenant que vous avez décidé cela, vous allez abandonner l'Atlantique, et là nous pensons que vous faites une grande erreur parce que l'Atlantique sera toujours très, très important, parce qu'il borde l'Europe et l'Afrique qui ne sont pas quand même rien dans la géopolitique mondiale. Donc, je pense que c'était une erreur de leur part de tourner le regard ailleurs que vers l'Afrique. Et là, si un pays africain s'apprête à accueillir une base chinoise, dans ce cas, je me pose toujours la même question : quel est l'objectif de ce pays ? Est-ce que ce pays est prêt ou a compris que la défense de l'Afrique, la façon d'aider l'Afrique à relever les défis sécuritaires, elle sera entre Africains et que ce soient les Africains eux-mêmes qui vont prendre leur destin en main et défendre le continent ?

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Mali: «À Kidal, il y a 11 ans, il y a eu des complicités extérieures dans le rapt de Ghislaine Dupont et Claude Verlon»

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Play Episode Listen Later Nov 2, 2024 4:32


Onze ans après l'assassinat, à Kidal au nord du Mali, des deux reporters de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les investigations continuent pour connaître toute la vérité sur les circonstances de leur enlèvement, puis de leur mort, 30 minutes plus tard – c'était le 2 novembre 2013. En effet, l'enquête est en train d'avancer sur le réseau des complices qui ont aidé le commando jihadiste à capturer nos deux confrères. Au barreau de Paris, Maître Marie Dosé est l'avocate de l'Association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Onze ans, jour pour jour, après leur mort, elle fait le point au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Maître Dosé, bonjour. Onze ans après, qui sont les suspects toujours en vie ? Maître Dosé : Assurément le suspect toujours en vie, c'est Seidane Ag Hita. Tous les membres du commando auraient été tués, peut-être un serait encore en vie, mais un témoin très important, Monsieur Dubois, a été entendu et nous ne sommes plus sûrs du tout qu'il resterait en vie.Le principal suspect toujours en vie, c'est donc Seidane Ag Hita, qui est l'un des lieutenants d'Iyad Ag Ghali, à la tête d'Aqmi. En avril 2023, il a donc échangé avec Olivier Dubois, le dernier otage français qui est passé entre ses mains. Que lui a-t-il dit sur le drame de Kidal ? C'est très intéressant parce que, deux ans avant cette discussion entre Seidane Ag Hita et l'otage, Mbaye Ag Bakabo a rencontré l'otage également. Donc quelques jours avant sa mort, quelques jours avant d'être tué par une frappe française [en juin 2021 ; NDLR]. Et nous savons très bien quel rôle Mbaye Ag Bakabo a joué dans cette affaire. C'était le chef du commando. En avril 2023, Ag Hita a été très clair. Ce qu'il a dit, c'est qu'il a donné l'ordre d'enlever les journalistes. Il n'a pas donné l'ordre de tuer les journalistes. Le véhicule est tombé en panne et le commando a fait le choix de les tuer parce que les journalistes auraient refusé de les accompagner dans leur fuite. C'est en tout cas ce qu'explique Ag Hita au témoin Olivier Dubois.Donc Ag Hita confirme la panne. Il confirme que ce sont les jihadistes qui ont tué Claude et Ghislaine. Est-ce qu'on sait si, à ce moment-là, les jihadistes étaient survolés par un hélicoptère français ? Écoutez, les derniers éléments actés en procédure démontreraient qu'il n'y a pas eu d'hélicoptère. En tout cas, la présence de l'hélicoptère n'a non seulement pas été confirmée, mais force est de constater qu'aucun élément aujourd'hui ne vient étayer cette hypothèse.À écouter aussiSadibou Marong: «La situation des journalistes en Afrique subsaharienne ne s'est pas améliorée»Outre les suspects identifiés par le juge d'instruction français qui conduit cette enquête à Paris, y a-t-il d'autres suspects, qu'on ne connaît pas encore, mais qui pourraient avoir contribué à l'enlèvement de Claude et Ghislaine ? Oui. Alors sur d'éventuelles complicités encore inconnues à ce jour, force est de constater que les investigations téléphoniques qui ont été menées par les enquêteurs, l'exploitation des données téléphoniques, tout cela tend à confirmer l'existence de ces complicités. Pourquoi ? Parce qu'on s'est rendu compte qu'en fait, Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient attendus [à Kidal], qu'ils ont été surveillés, qu'ils ont été même suivis pendant ces cinq jours [où ils ont circulé dans Kidal] avant leur enlèvement et qu'il y a donc eu des complicités extérieures pour mener à bien cet enlèvement.À l'époque des faits, les Touaregs indépendantistes du MNLA de Bilal Ag Chérif était officiellement alliés aux militaires français contre les Touaregs jihadistes d'Aqmi et d'Iyad Ag Ghali. Mais est-ce qu'il n'y avait pas en fait des complicités à caractère criminel entre membres du MNLA et membres d'Aqmi ? C'est en tout cas le dernier élément qu'il va falloir creuser, exploiter et travailler. Il semble aujourd'hui qu'il y ait eu effectivement des complicités au sein même du MNLA, et c'est ce pan du dossier qui mérite d'être exploité désormais.Et qui explique notamment pourquoi le dossier n'est toujours pas clôturé par le juge ? Évidemment, le dossier n'est pas clôturé, ne doit pas être clôturé. On sait très bien qu'il y a une vraie difficulté. Aujourd'hui, il n'y a plus du tout de coopération entre le Mali et la France. Je parle aussi de l'Algérie parce que là, il n'y a jamais eu de coopération entre l'Algérie et la France depuis des décennies. Et force est de constater que, dans ce dossier, notamment eu égard aux exploitations téléphoniques, il y aurait des investigations à réaliser en Algérie. Surtout, vu l'absence de coopération avec le Mali, maintenant, ce dossier doit avancer sur ces éventuelles complicités du MNLA.Côté français, les deux juges qui se sont succédé depuis onze ans ont fait plusieurs demandes de levée du secret défense sur des documents confidentiels, mais la moitié seulement des pièces demandées a été déclassifiée. Est-ce qu'il y a encore des éléments de réponse qui dorment dans les archives de l'État français ? Comme toujours. Évidemment, oui. Et comme toujours dans ces affaires, le secret défense est un frein à la manifestation de la vérité. On se trouve quand même dans un dossier où deux personnes très impliquées, notamment le chef du commando, ont été tuées par des frappes françaises et où le secret défense est opposé régulièrement pour freiner la manifestation de la vérité. Pas pour freiner la manifestation de la vérité, mais en tout état de cause, cette conséquence, c'est quand même celle-là. Maintenant, le dossier avance, le dossier va avancer et à chaque avancée de ce dossier, nous demanderons à nouveau des déclassifications, parce qu'un élément mis en exergue par les deux juges d'instruction amène nécessairement de nouvelles demandes de déclassification sur cet élément en particulier, on y est habitué dans ce type d'affaires. C'est la même chose dans l'affaire Karachi, c'est la même chose dans l'affaire Ben Barka. Le secret défense, ce n'est pas l'allié de la manifestation de la vérité. Donc, dans ce dossier-là, à chaque élément nouveau mis en exergue par l'information judiciaire correspondra une nouvelle demande de déclassification.

Invité Afrique
«Combat du siècle»: «Tous les Ivoiriens étaient fiers» de la victoire de Mohamed Ali

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Oct 30, 2024 8:58


Quel retentissement a eu le combat Ali-Foreman sur le continent africain ? En Côte d'Ivoire, ce « Rumble in the jungle » de Kinshasa a été retransmis en direct sur la télévision nationale, la RTI – un cas unique en Afrique et un « cadeau du président Houphouët-Boigny » selon la presse officielle. Cinquante ans après, George Benson, l'un des animateurs vedettes de l'époque, revient avec nostalgie sur les coulisses de cet évènement marquant pour tous les Ivoiriens... Et de leur nette préférence pour l'un des combattants. RFI : Les Ivoiriens avaient-ils une préférence pour ce combat entre Mohamed Ali et George Foreman ?Georges Taï Benson : Pour Mohamed Ali ! Cassius Clay ! D'abord parce qu'il a été champion olympique. Ensuite, il a rejeté le nom des esclaves. Alors ça, les Africains, ils bouillonnent pour ça ! Ensuite, il dit qu'il ne va pas au Vietnam, on lui enlève son titre, il est un martyr et il revient, il renaît. Ah non… C'est Mohamed Ali et personne d'autre ! Et ce combat à Kinshasa, est-ce qu'il était très attendu à Abidjan ?  S'il y avait un mot plus grand que ça, j'allais l'utiliser, il y avait un ouragan d'attente. D'abord, nous avons une tradition de boxe ici, parce que le président de la République, le président Félix Houphouët-Boigny, aimait la boxe. Il adorait la boxe. Je présentais une émission d'anthologie de boxe le samedi après-midi, « Les Grands Combats d'Autrefois ». Et il [le président] suivait avec attention. Il m'appelait parfois pour me demander s'il y avait un KO dans le combat du jour. [Quand il n'y avait pas de KO], je devais changer le programme. Donc nous avions cette habitude-là de boxe.  Donc il y avait des attentes et du public ivoirien jusqu'à la présidence de la République, jusqu'à Félix Houphouët Boigny. La RTI, dans ce contexte, achète des droits de retransmission du combat en direct. Le combat sera diffusé à 3h du matin, heure d'Abidjan [ce qui correspond à l'heure de diffusion aux États-Unis]. Comment vous avez fait tenir les Ivoiriens devant leur télé ?  On avait loué le boxing club [de Treichville], le Palais des Sports où j'ai fait un programme de boxe et de variétés, un combat, des chanteurs, etc. Et ça a maintenu les gens en éveil et c'est au moment où ce combat allait passer, qu'on se rend compte que nous n'aurions que le son international [l'ambiance du stade de Kinshasa, NDLR], on n'avait pas le son avec le commentaire français.  Qu'est-ce que vous ressentez à ce moment-là ?Il y avait une pression. Tu as le président, tu as trois ou cinq millions d'Ivoiriens qui n'ont pas dormi, qui ont attendu, puis tu vas venir leur dire : « On n'a pas les images, on n'a pas le son »... mais tu es fusillé par tout le monde le lendemain ! On raconte que pour assurer le commentaire en direct, vous décidez de foncer de Treichville jusqu'au siège de la RTI ? Mais j'arrive, je me dis je vais mettre du temps. Que nenni ! Personne dans les rues. Tout le monde est devant son écran de télévision ou alors au Palais des Sports. Alors je suis à l'aise. Je passe des feux rouges. Je me rappelle mon entrée à la télévision cette nuit-là. En vitesse ! On me met le casque aussitôt et puis j'affabule : « Mesdames et messieurs, bonjour, nous sommes arrivés en retard, malheureusement au stade de Kinshasa… ». Personne ne s'en rend compte. Je suis fier de dire que cette nuit-là, nous avons évité une catastrophe et nous avons fait plaisir au président Houphouët. Mais surtout, nous avons fait plaisir à cinq millions d'Ivoiriens.  Et justement, comment ils réagissent au moment du chaos de George Foreman et de la victoire de Mohamed Ali ? Quand il est tombé, moi j'ai enlevé mon casque. Ah oui ! J'ai jeté le casque ! Et j'entendais le bruit de dehors : « Oh ! Ali ! Ali ! Ali ! ». On a rapidement pris une caméra... en tant que journaliste, en tant que reporter, tu es excité par ça ! Autant je suis revenu du Palais des Sports où il n'y avait personne... autant le match terminé, c'est l'équipe nationale de Côte d'Ivoire qui venait de gagner la Coupe d'Afrique [rire] : « Ali ! Ali ! Ali ! Ali ! »… On avait emprunté aux Congolais « Boma ye, Ali ! Tue-le ! ». On avait emprunté ça ! Dans les rues, les gens, ils se sont éparpillés. Ils étaient contents et tout. Il y avait du monde, tout le monde… Ah… C'était fantastique.  Quel a été le sentiment aussi des Ivoiriens après ce combat entre Mohamed Ali et George Foreman ?  J'ai senti de la fierté. Tout le continent était fier de voir deux grands champions quand même venir sur le sol africain. Et puis susciter tant d'émotions, de respect, etc. Mais surtout, un champion exceptionnel, Mohamed Ali.À lire aussiBoxe: George Foreman-Mohamed Ali, retour sur un combat de légende

Aujourd'hui l'économie
Lutte contre le blanchiment d'argent: le Sénégal de nouveau parmi les bons élèves

Aujourd'hui l'économie

Play Episode Listen Later Oct 29, 2024 3:02


Le Groupe d'actions financières a retiré, le 25 octobre 2024, le Sénégal de sa liste « grise » pour ses « efforts significatifs » dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Un bol d'air pour l'économie ? Trois ans après avoir été placé sur liste « grise », le Sénégal n'est plus sous la « surveillance renforcée » du Groupe d'actions financières (Gafi). En 2021, Dakar avait été épinglé pour des « défaillances stratégiques » dans ses régimes de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.L'organisme avait pointé des manquements dans des pans entiers de l'économie, de la construction à l'immobilier en passant par les casinos, notaires, avocats... Les entreprises et professions de ces secteurs étaient accusées de ne pas en faire assez pour dénoncer les opérations suspectes de fonds, et donc indirectement de favoriser le blanchiment d'argent.À l'époque, le Gafi avait préconisé la mise en œuvre de 49 recommandations. Trois ans plus tard, toutes ont transposé dans les textes sénégalais, avec notamment l'adoption en février 2024 d'une nouvelle loi sur le sujet. « L'esprit de cette loi est de combler les carences de la précédente législation pour se conformer aux recommandations du Gafi », détaille Moussa Sylla, spécialiste de la lutte contre le blanchiment d'argent.Les mesures permettent entre autres de mieux tracer les fonds suspects en limitant les recours aux prête-noms et prévoient des sanctions renforcées et ciblées – y compris pénales – contre les banques ou les institutions qui ne respecteraient pas leurs obligations.À lire aussiAntonio David (FMI): «Les mesures prises en Afrique vont considérablement réduire l'inflation»Recouvrement des biens illégalement acquis« Dès 2021, le Sénégal a voulu donner des gages sur sa volonté de lutter contre les sources illégales de financements, note Moussa Sylla. Cela passe notamment par la création en avril 2022 de l'Office national des recouvrements des avoirs criminels (Onrac). Dorénavant, les fonds des personnes soupçonnées de faire du blanchiment de capitaux ou du financement du terrorisme peuvent être récupérés et vendus aux enchères. C'est tout simplement ôter la possibilité aux criminels de profiter de leurs biens illégalement acquis. » Autre point, l'État a mis l'accent sur la formation et la sensibilisation des personnes chargées de faire appliquer la loi. Avec des résultats concrets : d'après la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), les « ​​​​​​​déclarations d'activités suspectes » ont bondi de 145% en 2023.Retrouver la confiance des investisseurs« La sortie du Sénégal de cette ''liste grise'' est un élément extrêmement important en termes d'image, analyse Magaye Gaye, économiste et ex-cadre de la Banque ouest-africaine de développement et du Fonds africain de garantie et de coopération économique (Fagace). Cela permet de dire qu'on ne veut plus avoir mauvaise presse auprès des investisseurs et des bailleurs de fonds internationaux. » Les trois années de « ​​​​​​​surveillance renforcée » du Gafi ont en effet érodé la confiance des investisseurs. Une source au Centif, citée par le journal Le Monde, évoque un déclin du capital investissement de 6 à 7% depuis 2021.« Cette décision vient également contrebalancer les épisodes malheureux de dégradation de la note souveraine par les agences de notations, ajoute l'économiste (début octobre, Moody's abaissait la note du Sénégal à B1 et plaçait le pays « sous surveillance », NDLR). Elle réconforte enfin les nouvelles autorités qui prônent un discours de vérité auprès des instances internationales à l'heure où le pays a besoin de beaucoup de financements pour faire face à ses besoins sociaux et économiques. » La semaine dernière, le ministre des Finances, Cheikh Diba, confiait que le Sénégal cherchait à négocier un nouvel accord avec le Fonds monétaire international (FMI), le dernier remontant à 2023.À trois semaines des élections législatives, prévues le 17 novembre prochain, le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko pourraient également profiter de l'annonce du Gafi pour étoffer leur premier bilan, même si la décision du Gafi résulte aussi des efforts engagés par leurs prédécesseurs.À lire aussiLe Sénégal cherche un nouvel accord avec le FMI

Invité Afrique
RDC: «Il y a clairement à l'UDPS, une volonté d'avoir un mandat qui va au-delà de cinq ans», dit Fred Bauma

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Oct 25, 2024 9:52


Pourquoi le président congolais Félix Tshisekedi veut-il changer la Constitution de son pays ? Est-ce dans le but de pouvoir briguer un troisième mandat en 2028 ? La question se pose après le discours qu'il a prononcé ce mercredi soir à Kisangani. « Pour changer le nombre de mandats présidentiels, il faut que vous, le peuple, puissiez le décider », a-t-il notamment déclaré. Et comment vont réagir les Congolais à ce projet ? Fred Bauma est le directeur exécutif d'Ebuteli, l'Institut congolais de recherches sur la gouvernance, la politique et la violence. En ligne de Goma, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Quelle peut être la principale raison pour laquelle le président Tshisekedi veut changer la Constitution ?Fred Bauma : Alors la première raison, c'est le désir d'avoir plus de contrôle sur les institutionnels [NDLR : les juges de la Cour constitutionnelle, etc.], la deuxième raison qu'il n'a pas encore exprimée, c'est probablement la volonté d'avoir un nouveau mandat, un 3e mandat.Voilà plusieurs semaines que le parti au pouvoir UDPS plaide pour un changement de Constitution. Est-ce à dire qu'Augustin Kabuya, le secrétaire général de ce parti, est un chaud partisan d'un éventuel 3e mandat de Félix Tshisekedi ?Ça fait plusieurs mois d'ailleurs que les membres de l'UDPS (l'Union pour la démocratie et le progrès social) et plusieurs alliés du président de la République ne cessent de remettre en cause la durée du mandat. L'argument qui a déjà été présenté par Kabuya, c'est de dire qu'en réalité le président ne gouverne pas 5 ans, qu'il gouverne beaucoup moins et qu'il a besoin d'un long mandat. Et je pense que, si on s'en tient aux commentaires des leaders de l'UDPS, il y a clairement une volonté d'avoir un mandat qui va au-delà de 5 ans et d'avoir plusieurs mandats. Et le discours du président de la République ne semble pas contredire cela aujourd'hui.Alors du côté de l'opposition, comment va-t-on réagir à votre avis ?Du côté de l'opposition, il est clair que l'opposition n'est pas d'accord avec cette révision de la Constitution. Je pense que ça donne de nouveau des arguments à l'opposition pour se mobiliser autour de quelque chose. Et je pense qu'au-delà de l'opposition, et au-delà du pouvoir, le vrai danger de cette démarche, c'est d'éloigner davantage les questions qui touchent réellement à la vie de la population et d'offrir aux Congolais un nouveau sujet de distraction, qui prendra plusieurs mois et beaucoup d'énergie, et qui nous éloignera davantage des questions de sécurité, des questions de corruption, des questions économiques et sociales qui sont pourtant la priorité des Congolais.Du côté du parti ECIDE (Engagement pour la Citoyenneté et le Développement) de Martin Fayulu, on déclare qu'il ne faut pas jouer avec le feu. Qu'est-ce que cela veut dire ?Je pense que ça renvoie exactement aux manifestations publiques qui ont débuté avec la tentative similaire du président Kabila de modifier la Constitution. Il faut dire que le président Tshisekedi lui-même était contre cette position du régime passé. Et cette contestation a conduit à de grands troubles dans le pays et à plusieurs morts. On parle quand même de plusieurs centaines de morts entre 2015 et 2019, via la répression, en grande partie liée à la Constitution. C'est dommage que, juste quelques années plus tard, on veuille reprendre la même expérience.Et du côté de la société civile, l'ASADHO, l'Association africaine de défense des droits de l'homme, affirme que le risque est grand que le Congo revive l'agitation des dernières années de la présidence Kabila. Qu'est-ce que cela signifie ?Ça signifie exactement que la société civile, l'ASADHO, le mouvement citoyen – et je m'attends à ce que les églises catholiques et protestantes les rejoignent –, ça signifie que ces différentes composantes de la société civile vont s'y opposer. Cette mobilisation va certainement se heurter à la répression et ça ne sera pas sans conséquences sur la cohésion nationale, sur la stabilité des institutions et sur la vie sociale et politique du pays en général. Je pense que le président de la République ouvre la porte à une période d'instabilité dont il n'avait pas besoin.Du coté maintenant des alliés du Président de Tshisekedi, qui ont appelé l'an dernier à voter pour lui dans l'espoir qu'il partirait en 2029 et que leur propre tour arriverait, est-ce qu'il ne va pas y avoir des déçus ?Il va certainement y avoir de déçus. Je pense que c'est une décision qui divise au sein de l'Union sacrée. La grande question, c'est : est-ce que les déçus seront suffisamment courageux pour porter haut leur désaccord. On est quand même dans un régime politique et dans un système où il y a une sorte de capture de l'État par une élite qui est très bien rémunérée et qui bénéficie d'énormes avantages. Et je pense que, pour choisir la confrontation, certains devront mettre sur la balance les avantages économiques qu'ils perçoivent de ce régime, ici, tant l'opportunisme politique en RDC n'est pas quelque chose à sous-estimer.Depuis 6 ans, l'UNC de Vital Kamerhe est alliée à l'UDPS de Félix Tshisekedi, mais est ce que ce parti et son chef, qui préside actuellement l'Assemblée nationale, vont avoir intérêt à rester dans cette Union sacrée ?Je pense que ça dépendra de la réaction populaire. Vital Kamerhe, c'est un allié clé du président de la République pour l'instant, mais c'est aussi potentiellement un candidat sérieux aux prochaines élections présidentielles. Est ce qu'il voudra soutenir une réforme pareille qui pourra l'isoler, spécialement si la population est contre ? Je ne pense pas. Je crois que des personnalités politiques comme Vital Kamerhe, ou comme d'autres d'ailleurs, regardent ces débats aussi avec beaucoup d'opportunisme. Et ça pourrait être une occasion en or de s'émanciper de l'Union sacrée et de porter de nouveau un discours radical contre le régime.À lire aussiRDC: en déplacement à Kisangani, Félix Tshisekedi annonce une révision de la Constitution

Invité Afrique
Législatives au Sénégal: «Le Président Macky Sall n'a peur de rien», dit l'ex-ministre Amadou Sall

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Oct 15, 2024 10:53


Au Sénégal, les législatives, c'est dans un mois, le 17 novembre. Pour le PASTEF, qui a gagné la présidentielle de mars dernier, c'est une étape décisive, car le Premier ministre Ousmane Sonko a besoin d'une Assemblée nationale qui lui donne les moyens d'agir. Mais l'ancien président Macky Sall vient de prendre la tête d'une coalition, Takku Wallu Sénégal, qui cherche au contraire à imposer au PASTEF une cohabitation. L'avocat Amadou Sall a été ministre d'État, ministre de la Justice. Aujourd'hui, il est l'un des porte-parole de cette coalition anti-PASTEF. Il dévoile sa stratégie au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Maître Amadou Sall, sur le plan économique, quel est le point fort de la campagne que vous allez mener ?Maître Amadou Sall : Vous savez, nous avons été au pouvoir pendant 12 ans, le projet que nous avons présenté aux Sénégalais a vu ses résultats, le bilan du président Macky Sall est un bilan que tous les Sénégalais approuvent, en termes en tout cas, d'infrastructures, en termes de projets, et en termes de perspectives. Malheureusement, sur la gouvernance, nous avons eu quelques petits soucis, mais ça, c'est un autre débat. Donc, nous n'avons pas d'autre projet que le projet qui était là, et sur lequel on s'était tous entendus. Bon, maintenant, il est évident qu'à l'aune de nos nouvelles orientations, il y a une autre réécriture qu'il faudra faire. Mais d'une manière générale, le PSE est le fondement sociétal, dans notre offre politique, de notre projet.Le PSE, c'est donc le Plan Sénégal Emergent, mais aujourd'hui, les nouvelles autorités présentent le Plan Sénégal 2050, qui est très ambitieux, avec un taux de croissance moyen de 6% par an, est ce que vous approuvez ce programme ?Vous savez, pour ce qui nous concerne, tout ce qui permet au Sénégal d'aller de l'avant, nous applaudissons. Mais nous avons ce projet qui n'est même pas leur projet. Pendant très longtemps, pendant des années et des années, le Pastef nous avait dit qu'il avait un projet, un projet cohérent. Il y avait même un livre qui avait été sorti, qui s'appelait « La solution ». Il s'est avéré 6 mois après qu'ils se sont adressés à un cabinet privé pour écrire un projet. Un projet politique, une perspective pour une nation, pour un peuple, ce n'est pas un cabinet qui fait cela, ça ne fait pas sérieux.Alors, vous dites que les Sénégalais ont approuvé ce que vous avez fait pendant 12 ans. Mais en mars dernier, votre courant politique a essuyé une lourde défaite électorale, face au candidat du Pastef. Est-ce que vous ne craignez pas que les électeurs sénégalais revotent aujourd'hui pour le Pastef ?Oui, c'est possible. Mais sur le contexte de l'époque, il faut ouvrir les yeux, ne pas faire dans la langue de bois. Il y a eu à la fois l'usure du pouvoir, il y a eu la volatilité de l'engagement de nos cadres envers un candidat [l'ancien Premier ministre Amadou Ba, NDLR]. Donc, on soutenait du bout des lèvres, c'était un soutien défectueux. C'est la vérité. Dans cette ambiance-là, il est vrai qu'il n'était pas possible de faire des résultats probants. Mais aujourd'hui, 6 mois après, les gens commencent à regretter déjà en se disant : « Ceux qui étaient là ont fait du bon travail, du bon boulot, et ceux qui sont là aujourd'hui ne font absolument rien. » Vous imaginez, entre le moment où ils sont venus et aujourd'hui, il y a encore plus de personnes qui sont au fond de l'Atlantique, parce que le désir de changement n'a pas de réponse de leur part. Et les gens n'ont qu'une seule perspective, aller au-delà de la Méditerranée.Oui, mais vous le dites-vous même, Maître Amadou Sall, il y a eu quelques petits soucis sur la gouvernance sous la présidence Macky Sall.Mais les soucis sur la gouvernance Macky Sall, ce sont des soucis politiques. Vous avez suivi avec nous, vous étiez là au Sénégal en ce moment-là, les péripéties des relations avec le Conseil constitutionnel, c'est de la gouvernance qui a été sanctionnée à la fois par le Conseil constitutionnel et par les Sénégalais. Oui, nous avons eu ce souci, nous l'acceptons. Il faut avoir le courage de dire la vérité aux Sénégalais et de reconnaître un peu les errements de sa gouvernance. Nous reconnaissons quelques errements, nous en sommes conscients, mais ce n'est pas ça le problème. Le problème aujourd'hui, en parlant d'approximation au niveau de nos chiffres, le résultat est que la perception que les investisseurs et les institutions financières ont de notre pays s'est effondrée totalement. Nous sommes, comme disent les Anglais, « down on the floor ». Nous sommes à terre, à cause des déclarations irresponsables d'un Premier ministre. Un Premier ministre, comme disait l'autre, « ne devrait pas parler comme ça ».L'une des grandes surprises de ces législatives, c'est la décision de l'ancien président Macky Sall d'être tête de liste. Alors l'ancien président, pour l'instant, il n'est pas au Sénégal, il séjourne au Maroc, est-ce qu'il va revenir dans l'arène politique, sur le terrain à Dakar ?Ça, je ne saurais le dire. Ça dépend à la fois de lui-même et de nous. Bon, il nous a déjà assez aidés et assez accompagnés en acceptant d'être tête de liste. Le reste du travail, c'est notre travail. Pour le moment on lui demande de faire une campagne au moins au niveau de la diaspora, ce qu'il est en train de faire dans une certaine mesure. Pour le reste, on verra bien si on lui demandera de venir ou pas. On verra, on appréciera.Mais vous savez ce que vont dire beaucoup de Sénégalais : « S'il ne vient pas, c'est parce qu'il aura peur de venir et d'avoir des ennuis judiciaires ».Mais quels ennuis judiciaires ? Il ne peut pas être interpellé par la police. On ne peut rien contre lui. Sauf à ce qu'une Assemblée le mette en accusation. Quelle est l'Assemblée qui le mettra en accusation ? Tant qu'il n'y a pas une Assemblée, on ne peut pas le mettre en accusation. De quoi aurait-il peur ?On peut lui retirer son passeport et l'empêcher de quitter le territoire une fois qu'il est rentré.Et pourquoi ? Ils n'ont pas le droit de le faire. Il n'y a pas de procédure contre lui. Le Président Macky Sall n'a peur de rien. Sa venue dépend à la fois de lui et de nous. Et seulement de lui et de nous.À lire aussiLégislatives au Sénégal: 41 listes de candidats validées par la direction générale des élections

Grand reportage
Face au risque de nouvelles inondations, le Congo-Brazzaville entre adaptation et résignation

Grand reportage

Play Episode Listen Later Oct 14, 2024 19:30


Fin 2023, le Congo-Brazzaville a subi les pires inondations de son histoire récente. Les cours d'eau sont sortis de leur lit dans des proportions inédites, provoquant des dégâts considérables : 1,79 million de personnes ont été affectées, un Congolais sur 12 a eu besoin d'une assistance humanitaire. La Likouala, département le plus éloigné de la capitale, fut aussi le plus touché. Les envoyés spéciaux de RFI s'y sont rendus en septembre 2024 avec une équipe de l'Unicef. Pour rejoindre les rives de l'Oubangui dans le département de la Likouala, au départ de Brazzaville, il faut d'abord rouler sur 800 km jusqu'à Ouesso, à la frontière camerounaise, traverser la rivière Sangha sur le bac, puis emprunter durant six heures une route carrossable de latérite rouge à travers la forêt équatoriale.De Bétou, certains villages sont atteignables par la route. Pour d'autres, c'est la pirogue, comme Ikpengbele, où lors des précédentes inondations, l'eau a tout envahi.  « On pouvait sillonner le village en pirogue, raconte Bongo Abdoulaye, son chef. On n'avait pas connu de telles inondations ici depuis 1953. Nos parents ont perdu leur bétail à l'époque. Nous, on a grandi sans connaître ce genre de catastrophe. Puis en 2019, on a connu des grandes inondations et depuis, chaque année, 2020, 2021, 2022, 2023, nous subissons les inondations. Et vu le niveau actuel [en septembre 2024, NDLR] nous sommes sûrs que nous allons encore être inondés cette année. »La dernière fois, les eaux de l'Oubangui ont mis plus d'un mois et demi à se retirer. Durant plusieurs semaines, beaucoup d'habitants n'ont eu d'autre choix que de se réfugier en forêt, comme Jean-Faustin Massimo, ses deux épouses et leurs onze enfants : « On y a passé un mois et vingt jours. Nous avons construit des petites bicoques dans les collines. C'était très douloureux, on n'avait pas de lit, pas de bâches. On était sous la pluie, avec les moustiques, les serpents, les nuisibles, les scorpions... Les enfants dormaient sous la belle étoile, et nous n'avions rien pour les couvrir. »43 000 élèves privés d'école dans tout le CongoDes enfants privés d'école pendant des semaines. Selon l'Unicef, la scolarité de plus de 43 000 élèves a été interrompue dans tout le Congo pendant les inondations l'an dernier.Sur le plan sanitaire, près de 480 000 habitants dans tout le Congo ont eu besoin d'une aide immédiate pour avoir accès à de l'eau potable, comme dans le quartier Ca mètre de Bétou où la montée des eaux a rendu inutilisable le puits devant lequel se trouve le Dr Hermann Didi Ngossaki, responsable santé à l'Unicef Congo. « Il y a eu de la boue, des matières fécales, des débris qui sont entrés dedans, détaille-t-il. Le temps de réhabiliter, il a fallu distribuer des pastilles de chlore et montrer comment potabiliser l'eau pour éviter au maximum les maladies. »Depuis, le puits a été curé, surélevé. Georges Nikoué, en est désormais le président du comité de gestion. Il se dit marqué par le souvenir de l'eau arrivée au niveau de sa hanche dans sa maison : « J'ai perdu des documents précieux, des livres que m'avaient transmis mon père. » Pour autant, il n'envisage pas de s'installer ailleurs : « C'est là où moi je suis né. Je veux rester. Il faut qu'on lutte contre ces inondations, en canalisant la ville ou le quartier. »Inquiétude à l'approche d'une nouvelle saison des pluiesDans les eaux de l'Oubangui, encore calmes en cette matinée de septembre, des habitants se lavent et font leur lessive. Marème Bemba, animatrice de l'ONG EEA (Eau et assainissement pour l'Afrique) observe pourtant la scène avec inquiétude. « Vous voyez la femme-là ? Elle a l'eau jusqu'à mi-cuisses. Alors qu'il y a trois mois encore, là où elle est, il n'y avait pas d'eau », souligne-t-elle.Un peu plus loin, des bateliers chargent un navire de transport de marchandises sous le regard du chef du port de Bétou : « Malheureusement, on n'a pas d'échelle d'étiage pour mesurer le niveau de l'eau, ici. Il n'y en a qu'au niveau d'Impfondo [chef-lieu du département de la Likouala, NDLR]. » Un autre habitant, commerçant connu localement sous le nom de Koumerou, est catégorique : « Nous sommes nés à Bétou, nous avons grandi ici. Chaque matin, on voit comment l'eau monte. L'eau est déjà trop haute. Quand les pluies vont arriver, ça va recommencer. Nous serons inondés. » Pour lui, l'aide apportée par les autorités et les ONG l'an passé est insuffisante : « On nous apporte le riz, les éponges, mais cela ne nous protège pas. Nous avons besoin d'engins, pour construire des canaux, des dérivations. »Une prise de conscience à l'échelle nationaleCe que les habitants observent à l'œil nu au bord de l'Oubangui, Alain Loumouamou le confirme. Chef du bureau études, recherches et applications à la direction de la météorologie du Congo, il revient du 19è forum de prévisions climatiques d'Afrique centrale organisée en septembre à Douala, au Cameroun. Il plaide pour la mise en place d'un système d'alerte précoce dans tout le pays : « Il faut qu'il y ait des instruments météo qu'il faut installer dans les départements comme des pluviomètres, un système de bornage, des balises pour vérifier la montée des eaux. Dans le département de la Likouala, il est prévu pour octobre, novembre, décembre, des conditions de précipitations au-dessus de la normale saisonnière. Il est probable de vivre les mêmes scénarios que l'année 2023. Avec l'augmentation de la température aujourd'hui liée au changement climatique, nous ne serons jamais épargnés par ces phénomènes naturels. »Une prise de conscience accélérée par l'ampleur des inondations de l'an dernier. Dans la Likouala, les autorités locales encouragent les habitants à s'éloigner des rives.Les acteurs humanitaires se préparent aussi pour ne pas être pris de court. Au niveau gouvernemental, à Brazzaville, Marie-Cécile Mboukou Kimbatsa, ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et de l'Action humanitaire, parle d'une réflexion à mener à plus long terme. « Nous ne pouvons plus nous projeter dans la résilience, nous nous projetons dans l'adaptation, assure-t-elle. Il faut réfléchir sur l'habitat, sur le type de pratiques agricoles que nous allons mettre en place dans ces zones-là puisque les populations ne veulent pas se déplacer. Il faut que nous puissions mettre en place des infrastructures sanitaires, d'éducation pérennes et que nous puissions canaliser les eaux pour permettre d'assécher les zones d'habitation. Mais tout cela nécessite de très gros investissements. Ce ne sont pas des investissements qu'un État puisse supporter seul. »Faute de solutions à court terme, la résignation des plus modestesRetour dans la Likouala. À Boyélé-Port, à deux heures et demie de route au sud de Bétou, le chef de village Sylvestre Doli se prépare à appeler les habitants à évacuer. « Le réchauffement climatique, nous en entendons parler. Nous ne comprenons pas profondément ce que c'est. Mais nous constatons qu'au moment où il devrait faire moins chaud, il fait plus chaud. Au moment où il ne devrait pas pleuvoir, il pleut abondamment et nous, nous perdons des cultures. Nous subissons, mais nous n'avons pas la solution », résume-t-il.Plusieurs habitants de la Likouala racontent que depuis les inondations de fin 2023, les enfants se mettent à pleurer quand la pluie tombe. Léonie Niamazongo, 62 ans, se dit elle-même très marquée par la crue de l'an dernier, mais résignée. « La dernière fois, quand l'eau est montée et qu'on a dû partir, on s'est d'abord débrouillé avec les tubercules de manioc qu'il nous restait, puis nous avons utilisé nos économies pour faire manger les enfants, raconte-t-elle. Et puis, au bout d'un moment, il n'y avait presque plus rien. J'ai huit enfants et vingt petits-enfants. Depuis les inondations de l'an dernier, j'ai mal au ventre, je me sens tendue. Quand je vois les eaux remonter, mon cœur bat très vite. »

Invité Afrique
Législatives au Tchad: Succès Masra demande «de les différer et dialoguer» avec le président Déby

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Oct 8, 2024 8:16


Au Tchad, les Transformateurs de l'opposant Succès Masra ne boycotteront pas les prochaines législatives du 29 décembre, mais à certaines conditions. C'est ce qu'ils ont décidé lors de la convention de leur parti, samedi dernier à Ndjamena. Selon les chiffres officiels, Succès Masra est arrivé deuxième à la présidentielle du 6 mai dernier, loin derrière le président Mahamat Idriss Déby. Mais l'ancien Premier ministre continue de crier à la fraude et veut croire que les législatives à venir pourront être plus transparentes. Il s'en explique au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Lors de votre convention de samedi dernier, vous avez posé beaucoup de conditions à votre éventuelle participation aux législatives, quelle est pour vous la condition principale ? Succès Masra : Je dirais une condition duale, il faut différer les élections à 2025. Même la nature nous l'y oblige d'une certaine manière, parce que plus de 20 régions sur 23 sont sous l'eau [NDLR suite aux inondations]. Et puis, il faut dialoguer pour tirer les leçons de la présidentielle et améliorer ce qui doit être amélioré, afin de redonner confiance aux institutions chargées de ces élections.Alors, à la présidentielle du 6 mai dernier, quelle est, selon vous, l'institution qui a le plus failli et où les réformes sont les plus nécessaires ? Je pense qu'il y a un chapelet de responsabilités. Il y a d'abord l'Agence de gestion des élections, l'ANGE, qui a violé les lois. Ce qui est très grave, c'est quand les lois ont des dispositions et qu'elles sont violées. Ensuite, l'armée. Dans une partie de l'armée, il y a une attitude qui n'est pas républicaine, que les Tchadiens ont bien identifiée à travers les tirs de joie qui ont tué des dizaines de Tchadiens. L'ANGE a refusé aux citoyens d'assister par exemple au dépouillement. C'est prévu par la loi. Elle a refusé de remettre les fichiers des résultats, c'est prévu dans la loi. Elle a refusé de remettre les procès-verbaux. Moi, j'étais à la fois candidat et Premier ministre, j'avais droit donc au fichier des procès-verbaux de 26 900 bureaux de vote. À l'heure où je vous parle, je ne les ai jamais reçus. Donc, c'est autant de choses qui ont semé un doute dans le processus, et qui font qu'il faut changer ces choses-là, dans une sorte, un peu, de dialogue bipartisan, parce qu'il y a deux grandes forces politiques qui se dégagent dans le pays. Ceux qui sont là en face de nous, et puis nous-mêmes, avec la coalition Justice et Égalité autour de nous.Est-ce à dire que vous souhaitez rencontrer à nouveau le président de la République, dont vous avez été le Premier ministre au début de cette année ? Le consensus bipartisan, c'est pour amener le changement voulu par les Tchadiens. Nous voulons en quelque sorte transformer un mandat, contesté dans les faits, en un mandat utile aux Tchadiens. Et aujourd'hui, les deux forces principales politiques au Tchad ont l'obligation, dans une sorte un peu de responsabilité collective, doublée par les inondations qui amènent encore des souffrances additionnelles, de s'asseoir à la table et de s'entendre. Donc, les Transformateurs ne veulent pas boycotter les élections, mais ne souhaitent pas être un instrument de valorisation d'un processus électoral dont les résultats seraient déjà connus d'avance. Parce que c'est à ça qu'on va aboutir s'il n'y a pas de changement en amont. Et si cela devait être le cas, la Convention a décidé que les Transformateurs ne puissent pas participer à un jeu démocratique dont les résultats seraient biaisés à l'avance et qui installerait un apartheid. Et donc, je crois que tout le monde a intérêt à ce qu'on puisse s'asseoir et, ensuite, on dialogue pour améliorer ce qui doit être amélioré au niveau organisationnel, et même au niveau de la mise à jour du fichier électoral, ce qui permettra que les gens regagnent confiance dans le processus électoral, et que ça apaise le pays.Donc vous n'excluez pas une rencontre avec le chef de l'État ? Non seulement, je n'exclus pas une rencontre, parce que toutes les propositions que j'ai mises sur la table, elles lui ont été transmises, de manière à ce qu'il les lise, et qu'il puisse décider de l'attitude à avoir. Parce que, dès le premier jour, nous avons exprimé le fait que le pays veut le changement. Et ce changement n'est pas au rendez-vous. Et donc, en tant qu'acteurs politiques majeurs, lui et moi, nous avons le devoir de nous asseoir et de proposer des choses qui vont permettre que le changement devienne une réalité dans la vie des Tchadiens.Alors vous dites que vous êtes la principale force d'opposition. Mais, selon les chiffres officiels de la présidentielle, l'opposant Albert Pahimi Padacké a fait quasiment jeu égal avec vous. Un consensus bipartisan entre le pouvoir et votre parti, les Transformateurs, ça va exclure, de fait, le parti RNDT d'Albert Pahimi Padacké, l'UNDR de Saleh Kebzabo et bien d'autres grands partis tchadiens. Est-ce que vous ne craignez pas de vous mettre à dos ces forces politiques tchadiennes et leurs leaders ? Écoutez, il ne s'agit pas d'exclure qui que ce soit. Moi, je ne veux pas parler des résultats de ces élections. Chacun connaît le vrai poids politique des uns et des autres. Je parle de deux grands camps qui se sont dégagés et autour d'eux, de manière élargie, de tous les autres acteurs. Parce que la coalition Tchad Uni intègre le président Saleh Kebzabo que vous évoquez.La coalition au pouvoir.Absolument, et nous-mêmes, nous avons une coalition Justice et Égalité qui n'est pas restrictive.Oui, mais, Succès Masra, en excluant d'office le RNDT le Réveil d'Albert Pahimi Padacké de votre dialogue bipartisan, est-ce que vous n'allez pas renforcer un peu plus les divisions au sein de l'opposition ? Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, personne n'est exclu. Que les Transformateurs soient le principal acteur politique en face de la coalition Tchad Uni, cela n'empêche pas que les Transformateurs, la coalition Justice et Égalité et les autres puissent porter les mêmes revendications. L'important, c'est que ces revendications soient prises en compte.À lire aussi Tchad : le parti les Transformateurs demande un report des élections locales

tech 45'
#132 - la solution SAAS rentable qui envoie 5 milliards d'e-mails chaque mois - Armand Thiberge (Brevo, ex-Sendinblue)

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Play Episode Listen Later Oct 4, 2024 47:12


Invité Afrique
«La démocratie est en danger partout dans le Sahel» selon le philosophe Souleymane Bachir Diagne

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Oct 3, 2024 18:11


En cette période de guerre au Moyen-Orient, de souverainisme en Afrique et de repli identitaire en Europe et aux États-Unis, Souleymane Bachir Diagne décide d'aller à contre-courant et publie Universaliser aux éditions Albin Michel. Le philosophe sénégalais reconnaît que la civilisation de l'universel et que la démocratie sont en danger, notamment en Afrique de l'Ouest. Mais il garde espoir. De passage à Paris, le professeur de philosophie à l'université Columbia de New York répond aux questions de Christophe Boisbouvier.  RFI : Souleymane Bachir Diagne, vous voulez réinventer l'universel face au monde d'apartheid généralisé que nous vivons aujourd'hui, mais que répondez-vous à ceux qui disent qu'on ne peut pas aimer tous les hommes et que tout naturellement, on se préoccupe d'abord de ceux avec qui on partage une identité familiale, religieuse ou nationale ? Souleymane Bachir Diagne : Cette question est au centre de mon propos. Il y a là un instinct, c'est notre côté animal, disons. L'instinct de tribu est réel. En revanche, nous n'avons rien d'équivalent quand il s'agit de l'humanité en général. L'humanité, ça peut paraître une abstraction. Il n'y a pas d'instinct d'humanité, mais précisément l'humanité. Cela se construit d'abord sur le plan philosophique, nous avons le sentiment qu'en effet être humains ensemble signifie que nous partageons quelque chose de fondamental. Et il y a la religion. C'est la religion qui nous enseigne, et c'est d'ailleurs ce qui est au cœur de toutes les grandes religions humaines, qui nous enseigne que mon prochain, ce n'est pas forcément mon proche.Vous écrivez dans votre livre que la religion peut être ouverture, mais aussi clôture. Et vous qui êtes spécialiste de la pensée islamique, est-ce que vous ne craignez pas qu'on assiste aujourd'hui à une intensification des guerres de religion, témoin le conflit sanglant au Proche-Orient ? Eh bien oui, voilà un exemple, malheureusement, d'instrumentalisation de la religion. Alors je viens juste, à propos de l'humanité, d'en parler comme un facteur d'ouverture à l'autre, d'ouverture au-delà de la tribu. Malheureusement, la même religion peut être également instrumentalisée pour être au contraire une force de clôture et être à ce moment-là embarquée dans nos tribalismes.Et est-ce que cette tendance n'est pas très lourde et n'est pas en train de prendre le dessus sur la dimension ouverture de toute religion ? Aujourd'hui, il y a toutes les raisons de croire qu'il en est bien ainsi. La manière dont ces religions sont instrumentalisées, la manière dont le terrorisme dans le Sahel, ma région, s'habille des vêtements de la religion, prétend tuer des civils, massacrer des villages entiers, pour la plus grande gloire de Dieu. Eh bien, nous voyons bien que la religion aujourd'hui présente ce visage-là. Toutes les religions.Et vous ne vous sentez pas un peu seul quand vous combattez tout cela ? Je ne crois pas. Je ne me sens pas seul parce qu'il y a cette aspiration vers l'humanité qui est réelle. Nous vivons un monde fragmenté, on le voit. En revanche, il suffit de peu pour que nous nous rendions compte de la réalité de cette aspiration à l'humanité. Il a suffi, par exemple, des images à la télévision de l'ouverture des Jeux olympiques [à Paris le 26 juillet dernier, NDLR] pour se rendre compte que tout le monde adhérait à l'idée d'humanité que nous voyons ainsi sur nos écrans. Autrement dit, l'aspiration est là et qui doit pouvoir dominer le scepticisme profond où nous met aujourd'hui la situation que nous vivons dans le monde.La civilisation de l'universel est en danger, dites-vous. Mais est-ce que la démocratie elle-même n'est pas aussi en danger ? La démocratie est en danger. Étant citoyen de l'Ouest africain, je m'en rends compte aujourd'hui, la démocratie est en danger partout dans le Sahel. La crise de la démocratie a pris la forme d'un retour des coups d'État en Afrique de l'Ouest. Il est inquiétant de voir qu'une partie de la jeunesse a adhéré à ces coups d'État, non pas simplement parce que les militaires avaient promis de s'occuper de la guerre et d'être plus efficaces que les pouvoirs civils, mais en estimant que, au fond, la démocratie devait venir après d'autres idéaux qui étaient un panafricanisme ou un souverainisme, que la démocratie, au fond, avait moins d'importance. Là se trouve une vraie crise, parce que croire que ce qu'on baptise « panafricanisme ». D'ailleurs, ce n'en est pas un, parce que le panafricanisme, il est en train de s'inventer à la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), il n'est pas en train de s'inventer à l'Association des États du Sahel. Et ce panafricanisme-là de la Cédéao, lui, il vaut la peine de se battre pour lui et il ne sera réel qu'entre des démocraties.Et vous dites que le phénomène nouveau, ce n'est pas l'arrivée de coups d'État, c'est l'arrivée de justifications de ces coups d'État ?Oui, ce sont ces justifications-là qui sont la marque la plus claire de la crise de la démocratie. Parce que ces justifications signifient un certain scepticisme démocratique où on dit que la démocratie ne sert à rien ou que la démocratie a moins de valeur qu'un souverainisme ou un autre type de panafricanisme qui, à la réflexion, n'a pas de véritable contenu.

Invité Afrique
L'avocat Robert Bourgi déroule les secrets d'une «vie en Françafrique» dans ses mémoires

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Sep 30, 2024 24:19


Qui a commandité l'assassinat de Thomas Sankara en 1987 ? Qui a donné l'ordre de bombarder le camp militaire français de Bouaké en 2004 ? Quel rôle éventuel a joué Pascaline Bongo dans le putsch qui a renversé son frère il y a un an au Gabon ? Avec l'aide du journaliste Frédéric Lejeal, Robert Bourgi publie ses mémoires sous le titre Ils savent que je sais tout, ma vie en Françafrique, aux éditos Max Milo. Au micro de RFI, Robert Bourgi témoigne d'abord sur l'attitude qu'a eu Jacques Foccart, le conseiller Afrique des dirigeants français, dans les mois qui ont précédé l'attentat contre le capitaine Sankara, mais également sur les transferts de fonds gabonais envers Jacques Chirac dont Robert Bourgi était responsable. RFI : Robert Bourgi, dans votre livre, vous racontez votre longue amitié avec Laurent Gbagbo, ancien président de Côte d'Ivoire. En novembre 2004, deux avions ivoiriens bombardent une caserne française à Bouaké, 9 soldats français sont tués, puis les 2 pilotes biélorusses essaient d'évacuer par le Togo, où ils sont interceptés. Pourquoi le président français Jacques Chirac a-t-il refusé que le chef de l'État togolais Gnassingbé Eyadema lui livre ces 2 pilotes pour la justice française ?Robert Bourgi : Vraiment, j'ignore tout de cet épisode. Mais, je me suis retrouvé avec Laurent un soir au moment de ce tragique événement. Et Dominique de Villepin [qui a été successivement ministre des Affaires étrangères, ministre de l'Intérieur et Premier ministre, sous Jacques Chirac, NDLR] m'avait dit : « Essayez de savoir s'il y a du Laurent Gbagbo dans cette affaire. » Et je lui dis : « Laurent, vraiment, es-tu mêlé de près ou de loin ? ». Il dit : « Je t'assure Robert, dis à Dominique, de ma part, que je ne suis en rien mêlé à cette affaire. » Laissant entendre à un moment donné de la conversation : « Mais, il n'est pas impossible que l'entourage de Simone [qui était alors l'épouse de Laurent Gbagbo et Première dame du pays, NDLR] soit mêlé ». Cette phrase, il me l'a prononcée.Sous-entendu les extrémistes de son camp ?Il a dit ça. Je ne sais pas à qui il faisait allusion. Est-ce que c'est l'officier Séka Séka, comme on l'appelait ? Je ne sais pas.Alors pour vous, à cette époque, entre la France et la Côte d'Ivoire, c'est très compliqué, parce que vous êtes amis à la fois avec Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré, le président burkinabè qui soutient la rébellion pro-Alassane Ouattara, devenu président de Côte d'Ivoire depuis. Blaise Compaoré, vous l'avez rencontré dès 1986, du vivant de Thomas Sankara (président de 1983 à 1987). Pourquoi, à votre avis, a-t- il décidé d'éliminer son compagnon d'armes en 1987 ?Je ne sais pas quels sont les sentiments qui ont animé Blaise, je les ignore. Mais ce que je puis vous dire, c'est Monsieur Foccart, tout puissant conseiller Afrique de Monsieur Chirac, m'avait dit, car il me savait proche de Thomas : « Faites savoir à Thomas d'être très prudent. » Je dis : « Qu'est-ce que ça veut dire, doyen ? Il me dit : « Il est en danger et ça peut venir du plus près. » À ce moment-là, il y a eu un deuil dans ma famille. Et Thomas, l'ayant appris, m'appelle et il me présente ses condoléances. Je lui dis : « Thomas, ça tombe bien, le vieux m'a dit qu'il fallait que tu sois très prudent. Le coup peut venir du plus proche de toi. ». Il me dit : « Remercie le vieux de ma part. » C'était un nom de code pour Foccart. « Je vais être prudent. » Il est arrivé ce que vous savez [assassinat le 15 octobre 1987 à Ouagadougou, NDLR].Quel rôle a joué Félix Houphouët-Boigny, premier président de l'histoire de la Côte d'Ivoire, dans cette affaire ?Je pense qu'il a été très actif par la grâce, si je puis dire, de Chantal.L'épouse de Blaise Compaoré, qui était ivoirienne ?Exactement : elle était la fille d'un administrateur des colonies qui était très proche du président Félix Houphouët-Boigny. Et ce que n'a pas supporté Houphouët-Boigny, c'est que lorsque Thomas allait le voir, il avait toujours le pétard [un pistolet, NDLR] et il avait refusé de venir en tenue civile. Le courant ne passait pas entre eux.Donc, vous pensez que la Côte d'Ivoire est dans le complot ?J'en suis même certain.Autre pays que vous connaissez bien, c'est le Gabon. Dans votre livre, vous dites que le vrai dauphin qui était en capacité en 2009 de succéder à Omar Bongo, chef de l'État de 1967 à sa mort, ce n'était pas son fils Ali mais sa fille Pascaline. Est-ce que vous pensez que celle-ci a approuvé l'année dernière l'élimination politique de son frère Ali Bongo ?Je n'ai plus de contacts avec Pascaline depuis des années. Donc, je ne peux pas donner une réponse à cela. Mais je puis vous dire, connaissant Brice Clotaire Oligui Nguema, l'actuel président du Gabon –je connais Brice depuis 25 ans – que c'est un homme d'autorité, un homme de caractère. Je ne pense pas que quelqu'un ait pu lui susurrer à l'oreille qu'il fallait faire un coup d'État.Depuis son arrivée au pouvoir, vous avez revu Brice Clotaire Oligui Nguema. Est-ce que vous lui avez prodigué des conseils ?Nous avons passé, lui et moi, un peu plus de deux heures ensemble à Dakar. Il m'a dit : « Comment vois-tu les choses, grand frère ? » Je lui ai dit : « Écoute, fais souffler un air de démocratie dans ton pays comme tu le fais, et essaie de te dégager du reproche qu'on pourrait te faire, que c'est la famille Bongo qui continue. » Et je crois que c'est ce qu'il est en train de faire. Et il ne m'étonnerait pas qu'il soit candidat à la présidentielle si y en a une.L'année prochaine ?L'année prochaine, ou peut-être même avant.Michel Barnier, le nouveau Premier ministre français, vous l'avez évidemment connu quand il était le ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, il y a 20 ans. Quel souvenir vous en avez gardé ?C'est un homme qui a de l'autorité, qui a un certain charisme et c'est un têtu.Dans le bon sens du terme ?Absolument, et j'espère qu'il aura son mot à dire, pour ce qui concerne la politique africaine de la France. Parce que la France a besoin d'un homme qui porte haut sa voix, dans les relations avec l'Afrique. Et surtout ne pas faire preuve d'arrogance.C'est une critique en creux du président français ?Non, pas du tout. Je fais remonter les reproches que font les Africains à notre pays.À lire aussiJacques Foccart, l'homme de l'ombre, à la lumière de ses archives   

Reportage International
Allemagne: l'inquiétude des médecins étrangers après la victoire de l'AfD en Saxe et en Thuringe

Reportage International

Play Episode Listen Later Sep 18, 2024 2:35


Après la victoire de l'extrême droite en Saxe et en Thuringe, le 1er septembre dernier, le doute grandit auprès du personnel soignant d'origine étrangère installé dans cette région. Si certains sont déjà partis, comment ceux qui restent envisagent leur avenir dans un tel climat de hausse de la xénophobie, sachant que le secteur de la santé ne pourrait pas fonctionner sans ces soignants étrangers. De notre correspondante en Allemagne,Arrivé en Allemagne il y a 10 ans déjà, Samer Matar est un médecin syrien qui travaille, depuis 2021, en tant que cardiologue dans la ville saxonne de Leipzig. Sa ville de cœur, comme il le dit, qu'il envisage pourtant de quitter. En cause, les 30 % obtenus il y a trois semaines par l'extrême droite dans cette région.« Je suis en train de changer de poste pour vivre dans une région où l'extrême droite n'est pas aussi forte », confie-t-il. En Saxe, l'AfD [Alternative pour l'Allemagne, le principal parti d'extrême-droite, NDLR] a obtenu 30 % des suffrages, un score qui risque d'augmenter dans les années à venir. Je n'ose pas imaginer ma vie ici sur le long terme », se désole-t-il.Craintif quant à l'avenir, ce cardiologue reconnaît toutefois ne pas être victime de racisme dans son activité professionnelle, les médecins bénéficiant encore d'un certain respect de la part de la population, mais cela pourrait changer. Selon lui, la perspective de départ massif pourrait s'avérer dramatique pour des régions comme la Saxe et la Thuringe, situées dans l'est de l'Allemagne. À l'heure actuelle, en Saxe, un médecin hospitalier sur six est étranger et un sur quatre dans la Thuringe voisine.En Thuringe, justement, Khrystyna Zhuk, une jeune ophtalmologue de 29 ans, s'interroge, elle aussi, sur son avenir dans cette région de l'est de l'Allemagne. Elle a fui l'Ukraine il y a deux ans et elle y vit avec sa mère et son fils. Parmi les sujets politiques compliqués charriés par la montée locale de l'extrême droite, celui qui gêne le plus Khrystyna Zhuk, c'est le soutien assez fort d'une partie de la population locale envers la Russie.« Mes collègues ont souvent des positions différentes de la mienne sur les livraisons d'armes, ils ne comprennent pas, se lamente-t-elle. Que puis-je dire ? Les gens qui n'ont pas vécu la guerre ne peuvent pas savoir. Je le comprends. C'est comme ça. J'accepte les idées différentes des miennes. Je suis reconnaissante pour l'aide apportée à mon pays et j'essaie de me concentrer sur le positif. »Moins anxieux que ses collègues, le cardiologue syrien Anas Jano n'envisage pas de quitter Iéna, cette ville de Thuringe où il occupe un poste de médecin-chef. En revanche, pas question d'aller travailler à la campagne thuringeoise, où l'extrême droite, ouvertement xénophobe, est la plus forte. « Pour être honnête, dans le contexte électoral actuel, pour moi, c'est beaucoup plus agréable de vivre dans une ville internationale comme Iéna plutôt qu'en zone rurale, admet-il. En revanche, nous sommes nombreux à nous inquiéter de ce qui peut se passer pour les habitants et nos collègues d'origine étrangère sur place. »Les responsables politiques et représentants des services médicaux en Saxe et en Thuringe tentent, pour l'instant, de minimiser ces craintes. Officiellement, il n'y a encore aucune vague de départ de médecins et soignants étrangers liés à la situation politique.À lire aussiAllemagne: le parti d'extrême droite AfD remporte les élections en Thuringe, une première