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Reportage International
Iran: le silence des rues n'abime pas l'espoir de la résistance kurde

Reportage International

Play Episode Listen Later May 1, 2023 2:31


Presque huit mois après la mort de Mahsa Jina Amini, les cortèges de manifestants habillent de moins en moins les rues iraniennes. Mais cet état de fait n'abime pas l'espoir de la résistance kurde iranienne retranchée en Irak. Au contraire : elle y voit une nouvelle étape de la « révolution de Jina ». De notre correspondant au Kurdistan d'Irak et en Syrie, Les rayons de soleil d'un printemps kurde irakien largement installé caressent les arbres de cette base arrière du Parti démocratique du Kurdistan d'Iran, le PDKI. Nous sommes à quelques kilomètres d'Erbil, capitale de la région autonome kurde irakienne. C'est dans ces montagnes que se sont installées les bases militaires et civiles du groupe armé il y a plus de 30 ans. Chassés du Kurdistan d'Iran par la République islamique. Depuis septembre dernier et la mort de Mahsa Amini (Jina, de son nom kurde et d'usage), des jeunes Kurdes ont rejoint la lutte de partis comme le PDKI. Souvent anciens manifestants, beaucoup disent avoir constaté « l'impuissance de la lutte pacifiste ». Et ont donc traversé les montagnes, souvent clandestinement, pour rallier des camps comme celui-ci. Au plus fort de la mobilisation, le PDKI affirme avoir accueilli plusieurs centaines de jeunes Kurdes iraniens prêts à prendre les armes. Aujourd'hui, le flux est nettement moins important. L'Iran a renforcé ses forces militaires à la frontière avec l'Irak selon le PDKI. « Les Pasdarans [armée idéologique de la République islamique d'Iran, Ndlr], sont partout dans les montagnes et tirent à vue », soutient Karim Pervisi, membre du comité de gestion du parti. Il est assis à son bureau. Habillé en costume kurde, chemise rentrée dans un pantalon bouffant. La taille marquée par un long tissu enroulé comme une ceinture. L'essoufflement de la mobilisation ? Karim Pervisi n'y croit pas, même s'il reconnait que les rues sont plus silencieuses depuis quelques semaines, notamment au Baloutchistan et au Kurdistan où les contestations ont été les plus intenses. Selon lui, la répression de la République islamique a conduit les protestataires à changer de mode d'action. Passant davantage par des actes de désobéissance civile. « Notre espoir est en fait plus important qu'avant. Avant le mouvement, nous étions seuls à se révolter contre le gouvernement iranien. Mais maintenant, c'est tout l'Iran qui s'est battu. Toutes les régions se sont révoltées ». « Les militants font juste une pause » Le haut gradé de la résistance kurde iranienne soutient que son parti entretient d'importants réseaux de militants au Kurdistan d'Iran. Ce qui lui permet d'avoir des informations en temps réel sur cette région où aucun journaliste ne peut faire son métier sous la pression du régime iranien. Il constate que de nombreuses choses ont changées depuis sept mois : « Le gouvernement central ne peut plus contrôler cette région comme avant. Ils marchent continuellement sur des œufs. Ils font vraiment attention à ce qu'ils font, à ce qu'ils disent, à ce qu'ils décident sur le Kurdistan. Le représentant de Khamenei au Kurdistan a avoué, il y a peu dans une interview, qu'il ne pouvait plus appliquer le port obligatoire du voile. Ils n'ont plus un pouvoir total dans la région ». Tout à coup, une sonnerie retentit. C'est la pause de midi dans l'école située à quelques mètres de là. Le camp n'est pas qu'une base militaire. C'est aussi un lieu de vie, où les combattants kurdes vivent, parfois s'aiment et fondent une famille. C'est le cas de Vyan Ghishkar, une Kurde iranienne de 25 ans. Elle a traversé les montagnes en 2020 depuis le Kurdistan d'Iran, celles qui se dressent à l'horizon. C'est ici qu'elle a rencontré son mari, aussi combattant pour le PDKI. Ils se reposent sous un arbre chargé d'oiseaux. Le calme des rues iraniennes ne ternit pas non plus son espoir de renversement du régime « Les militants font juste une pause. Mais ça peut reprendre à tout moment. Comme vous l'avez vu ces derniers jours, après l'empoisonnement des écolières. On a revu l'émergence des mobilisations ». En stratégie militaire, la combattante soutient la ligne de son parti : pas d'offensive armée vers l'Iran. C'est ce que nous expose le chef des services secrets du PDKI, Sadiki Dervichi. Malgré les bombardements et missiles balistiques lancés contre les bases du parti par le régime iranien au plus fort des mobilisations, à aucun moment la résistance n'a menacé de représailles armées contre les territoires iraniens : « Le gouvernement iranien cherche constamment des excuses pour tuer les protestataires. Et une présence militaire comme la nôtre aurait été une très bonne excuse pour déclencher un bain de sang ». Pas d'aide armée donc, mais une aide logistique et d'influence par les militants restés de l'autre côté des montagnes. « À l'avenir, nous avons nos plans pour nourrir cette révolution », promet le chef des services secrets. Impossible d'en savoir plus.

Grand reportage
La traque des œuvres spoliées aux juifs par les nazis

Grand reportage

Play Episode Listen Later Apr 17, 2023 19:30


En France, pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 100 000 œuvres d'art ont été spoliées aux juifs par les nazis. Des tableaux, des sculptures, des objets d'art, parfois des instruments de musique… volés, pillés, et qu'il a fallu retrouver et rendre après la guerre. Près de 80 ans après la Libération, certaines œuvres n'ont toujours pas retrouvé leur propriétaire, ou plutôt les descendants de leur propriétaire. Des historiens consacrent leur carrière à la traque de ces œuvres qui, souvent, sont exposées, aux yeux de tous, dans les musées. Les identifier, prouver leur spoliation, puis les rendre, est un travail minutieux qui peut durer des années. Une odeur de tabac flotte dans le salon de May Monteux. La pièce n'est pas si petite, mais elle apparaît étriquée : elle est encombrée de meubles, les étagères débordent de livres, de sculptures, de bibelots. Chaque centimètre carré de mur est couvert de tableaux qui ont, pour certains, une histoire particulière : ils ont été volés par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale. Leur propriétaire était Marcel Monteux, le grand-père de May. Ce collectionneur d'art a été spolié, parce qu'il était juif. « Il a été arrêté, interné au camp de Drancy le 31 juillet 1944 et déporté vers Auschwitz, par le convoi n°77, raconte sa petite-fille, assise devant une tasse de café et de vieilles photographies. Il n'a pas eu de chance, car le lendemain, il y avait la grève des cheminots et les trains ne sont plus partis. Il est mort à peine arrivé, il a attrapé le typhus et n'a pas survécu. » Aujourd'hui, May, 90 ans, poursuit le combat de sa grand-mère, son « idole » qui, à la Libération, a réussi à se faire restituer de nombreuses œuvres d'art qui appartenaient à Marcel Monteux. Le collectionneur est d'ailleurs lui-même immortalisé sur une toile : un jeune homme élégant, en costume et nœud papillon, pose avec un cigare et un journal. Le tableau trône dans le salon de May, en face du canapé. Pour retrouver les œuvres spoliées qui ne sont pas revenues à sa famille, la retraitée est aidée par l'historienne Emmanuelle Polack, spécialiste du marché de l'art sous l'Occupation. Elles ont, pour cela, épluché les archives familiales, aidées notamment des notes : « Elle avait une liste assez vague, car mon grand-père, son mari, était très joueur, très flambeur, sourit malicieusement May. Par exemple, quand il empruntait de l'argent, il donnait en gage un tableau. Alors dans le doute, elle avait fait une liste. » Une sorte d'inventaire, donc, de la collection de Marcel Monteux. Grâce à ces notes griffonnées sur du papier jauni, May et Emmanuelle Polack ont pu trouver une preuve supplémentaire pour se faire restituer un tableau : Bord de rivière reflété dans l'eau de Camille Bombois. Ce tableau est accroché dans un musée de Passau, en Allemagne. L'historienne avait repéré, lors de ses travaux, cette toile dont la provenance était suspecte. Elle s'est alors rapprochée de la descendante du collectionneur. Un deuxième tableau, exposé dans le même musée allemand, a aussi été identifié comme appartenant à la famille Monteux, il représente d'ailleurs Jean-Paul Monteux, le père de May, peint par Maurice Denis. Ce sont donc deux œuvres qui ont été retrouvées et devraient être restituées dans les semaines à venir. « Une grande razzia » À son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler ne tarde pas à mettre en place des spoliations d'œuvres d'art ou d'autres biens, visant particulièrement les juifs. En France, dès l'été 1940, « il y a une grande razzia, explique Emmanuelle Polack, experte du sujet. Environ 450 caisses [remplies d'œuvres d'art, NDLR] vont aller au sein de l'ambassade d'Allemagne. Très vite, il n'y aura pas assez de place, le Louvre proposera trois salles, puis c'est finalement le musée du Jeu de paume qui deviendra le lieu de stockage des œuvres spoliées ». À la Libération, 60 000 objets culturels spoliés sont retournés en France, grâce au travail de la résistante Rose Valland. Une grande partie a pu être restituée, mais environ 2 000 tableaux, sculptures, objets d'art dont le propriétaire n'a pu être identifié ou retrouvé, ont été confiés à des musées français. « Ces œuvres n'appartiennent pas aux musées nationaux, précise Emmanuelle Polack. Ils n'en sont que les seuls protecteurs. À charge pour eux de poursuivre les recherches de provenance. » « Travail de mémoire » Depuis quelques années, l'historienne aide ainsi le musée du Louvre à restituer, dans ses collections, des œuvres identifiées comme spoliées, ou dont la provenance est suspecte. Elle accompagne les conservateurs des départements dans leurs recherches, les aiguille notamment vers des fonds d'archives qui pourraient fournir des preuves, par exemple un catalogue de vente aux enchères sous l'Occupation qui attesterait d'une vente forcée. Mais la recherche de provenance se complique d'année en année : les propriétaires des œuvres, ou leurs descendants, disparaissent, ou ignorent que leur famille a été victime de spoliation. Emmanuelle Polack en est consciente : « On ne pourra jamais restituer toutes les œuvres, mais ce qui est très important, c'est de faire ce travail de mémoire. Il me semble que nous le devons à la mémoire des victimes des exactions de la Seconde Guerre mondiale. » Aujourd'hui, en France, même quand une œuvre est identifiée comme spoliée dans un musée français, il est nécessaire de passer devant la justice pour la restituer, car les collections nationales sont inaliénables. Il faut donc créer une dérogation à la loi pour chaque œuvre. Mais cette situation pourrait bientôt changer : cette année, le Parlement pourrait adopter une loi-cadre facilitant les restitutions.

C dans l'air
LA RÉFORME PASSE, LA COLÈRE MONTE – 21/03/23

C dans l'air

Play Episode Listen Later Mar 21, 2023 64:03


EXPERTS JÉRÔME JAFFRÉ Politologue - Chercheur associé au CEVIPOF NATHALIE SCHUCK Grand reporter – « Le Point » CAROLINE MICHEL-AGUIRRE Grand reporter au service politique - « L'Obs » JÉRÔME FOURQUET Directeur département Opinion - Institut de sondages Auteur de « La France sous nos yeux » Le dossier des retraites est loin d'être clos. Au lendemain de l'adoption du texte au Parlement, consécutivement au rejet des deux motions de censure à l'Assemblée nationale, l'Elysée a annoncé que le chef de l'Etat, jusqu'ici resté très silencieux, donnera une interview à TF1 et France 2 ce mercredi 22 mars à 13 heures, en direct. Cette annonce intervient alors que le président de la République va consulter tous azimuts ce mardi. Il a reçu ce matin la Première ministre qui a échappé de peu la veille à un renversement de son gouvernement, avec le rejet à neuf voix près d'une motion de censure transpartisane à l'Assemblée. "Je suis déterminée à continuer à porter les transformations nécessaires à notre pays", a assuré lundi soir Elisabeth Borne, conviée à l'Elysée avec plusieurs membres du gouvernement et les chefs de la majorité. Emmanuel Macron a ensuite déjeuné avec Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, présidents de l'Assemblée et du Sénat, avant une réunion en soirée avec les parlementaires du camp présidentiel. Si les motions de censure ont été rejetées, les oppositions réclament toujours la démission de la Première ministre et le retrait du texte. Elles comptent notamment sur des recours devant le Conseil constitutionnel et ont soumis une demande de référendum d'initiative partagée (RIP), dont les Sages doivent examiner la recevabilité. Les opposants à la réforme appellent également à poursuivre la mobilisation dans la rue : la prochaine journée de grèves et de manifestation à l'appel de l'intersyndicale est prévue ce jeudi 23 mars. Mais d'ici là les rassemblements et blocages se poursuivent partout dans le pays. Hier soir, des rassemblements et des défilés ont eu lieu une nouvelles fois dans plusieurs villes, en particulier dans la capitale. Des poubelles ont été renversées et brûlées, des barricades et des fumigènes ont marqué certains des rassemblements. Mais alors que 287 interpellations ont été recensées dans le pays dont 234 à Paris, plusieurs vidéos de cette soirée diffusées sur les réseaux sociaux mettent en cause les forces de l'ordre et soulèvent la question de la stratégie du maintien de l'ordre adoptée. L'une d'elles fait particulièrement réagir. Filmée à Paris, elle montre un homme auquel un policier administre un coup de poing. La personne tombe au sol, mise KO. Et le policier s'éloigne. La députée Raquel Garrido (LFI) a demandé sur Twitter au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, d'arrêter le massacre. Son collègue Thomas Portes a fait part de sa "honte" de la police. Il a dénoncé par ailleurs le "silence radio" du ministre. Dans un communiqué, le Syndicat de la magistrature a déploré également la manière dont sont gérées les manifestations des derniers jours. "Des centaines d'interpellations et de mesures de garde à vue ont été décidées depuis jeudi dernier. La très grande majorité de ces mesures n'a reçu aucune suite judiciaire (à Paris, après la manifestation de jeudi place de la Concorde, sur 292 gardes à vue de manifestants, seules 9 ont donné lieu à des poursuites pénales)", écrit-il. "Nous avons vu ces scènes indignes d'une démocratie : des policiers exerçant des violences illégitimes contre des manifestants et des street medics (NDLR : des personnes effectuant des soins dans les manifestations), des interpellations collectives de manifestants enjoints de s'asseoir par dizaines à terre, mains sur la tête, des journalistes faisant leur métier menacés ou brutalisés", dénonce le syndicat. A l'opposé de ces prises de position, la préfecture de police de Paris a communiqué ce mardi matin sur sa satisfaction. Invité par la suite sur BFM TV, le préfet Laurent Nunez a justifié l'usage des nasses. Il a également indiqué que l'IGPN a été saisie dans l'affaire du coup de poing et que "toutes les investigations seront menées pour savoir si ce coup était adapté ou pas". Des images et une crise politique scrutées depuis plusieurs jours par la presse étrangère qui anticipe un avenir orageux pour les institutions françaises et une fin de mandat infernale pour Emmanuel Macron contre qui la "colère" est dirigée. Une colère, d'après le New York Times, qui "s'est intensifiée" après "le passage en force sur les réformes". Même tonalité dans le Süddeutsche Zeitung de Munich : "Le calme ne revient pas, la résistance ne s'arrête pas." Revenant sur le 49.3, le journal de Berlin Der Tagesspiegel évoque lui une "catastrophe politique". Quand en Espagne, où une autre réforme des retraites vient d'être validée mettant davantage à contribution les revenus les plus élevés et les entreprises, le quotidien madrilène El País estime que "le 49.3 menace d'empoisonner la vie politique et sociale pour des mois, sinon des années". "Macron s'est mis à dos la majorité du pays. Il a nourri la défiance envers les institutions et alimenté les accusations contre des dirigeants jugés déconnectés des réalités sociales." Alors comment gouverner après avoir échappé de neuf voix à la censure ? Que va-t-il se passer chez LR alors qu'un tiers des députés n'a pas suivi la ligne du parti édictée par Eric Ciotti ? Comment sortir de la crise politique ? DIFFUSION : du lundi au samedi à 17h45 FORMAT : 65 minutes PRÉSENTATION : Caroline Roux - Axel de Tarlé REDIFFUSION : du lundi au vendredi vers 23h40 RÉALISATION : Nicolas Ferraro, Bruno Piney, Franck Broqua, Alexandre Langeard, Corentin Son, Benoît Lemoine PRODUCTION : France Télévisions / Maximal Productions Retrouvez C DANS L'AIR sur internet & les réseaux : INTERNET : francetv.fr FACEBOOK : https://www.facebook.com/Cdanslairf5 TWITTER : https://twitter.com/cdanslair INSTAGRAM : https://www.instagram.com/cdanslair/

Grand reportage
Femmes en prison, la double peine

Grand reportage

Play Episode Listen Later Mar 20, 2023 19:30


La situation des prisons et des prisonniers en Bolivie est déplorable, c'est un fait tristement connu, et souvent pointé du doigt (notamment par l'ONU) : violence, addictions, surpopulation carcérale, corruption du personnel, bâtiments en ruines. Parmi tous ceux qui sont derrière les barreaux, une population est encore plus vulnérable : les femmes. Car elles sont oubliées, par leur famille comme par les institutions. Pourtant, même enfermées, elles sont souvent encore cheffes de famille et elles envoient le peu qu'elles gagnent à l'extérieur. Reportage au cœur de la prison d'Obrajes à La Paz, où 300 femmes cohabitent dans un espace originellement fait pour accueillir 150 personnes. Une ville dans la ville, où l'on vit, où l'on travaille, où des enfants naissent, où on loue un toit à mettre sur sa tête. « Femmes en prison, la double peine », un Grand reportage d'Alice Campaignolle et de Maud Calves.   De notre correspondante à La Paz, Alice Campaignolle Rosario Vaca Gutierrez a 56 ans, elle est Bolivienne, et au cours des 30 dernières années elle a été incarcérée 11 fois, la plupart du temps dans la prison pour femmes d'Obrajes à La Paz, en Bolivie. Comme une grande partie de ses codétenues, elle a toujours été écrouée pour petit trafic de drogue, pour avoir vendu du crack notamment. Entretien avec celle que l'on appelle Doña Charito, désormais libre et qui tient un petit commerce de pâtisseries.   Alice Campaignolle : Comment était le quotidien au sein de la prison ? Rosario (Doña Charito) : Dans la prison, il faut être attentive en permanence. Car si vous laissez traîner quelque chose 5 minutes, ça va être volé immédiatement. Si vous mettez vos sous-vêtements à sécher sans les surveiller, ils disparaissent ! Pour ma part, j'étais chanceuse, j'avais des culottes bouffantes, et comme ce n'est plus à la mode, personne n'en voulait ! Rires. Mais, il y a vraiment tout type de personnes à l'intérieur, il faut se méfier. Des droguées. Des alcooliques. Des prostituées. Vous pouvez aussi bien acheter de l'alcool comme de la drogue, sans problème. Il y a toujours une « bonne copine » pour te proposer un verre. Mais il faut faire très attention, car tu tombes vite là-dedans, et c'est la dépression assurée. Parce que beaucoup de détenues, moi incluse, n'ont pas de condamnation et rapidement on se dit qu'on ne sortira jamais de cet endroit. (NDLR environ 70% des détenus en Bolivie n'ont pas été jugés) Pour ma part, je n'avais personne sur qui compter, alors pas le choix, il fallait travailler, pour le papier toilette, le shampooing, bref, tout le nécessaire.   AC : Vous avez parlé de prostitution ? Rosario : Oui tout à fait. C'est très organisé, parfois avec la complicité des gardiennes, ou bien ce sont les gardiens les clients. Ou sinon, il y a un supposé frère, un supposé cousin qui vient les jours de visite, mais en réalité il est là pour acheter du sexe. Personnellement je ne suis jamais rentrée là-dedans, s'il y a bien un endroit où j'étais irréprochable, c'était en prison. Je me suis consacrée au travail surtout. AC : Mais ce n'est pas toujours facile d'occuper un emploi pénitentiaire… Rosario : Moi j'ai toujours été au four, je m'occupais de la boulangerie de la prison. Mais tu peux aussi travailler à la laverie par exemple. Lors de ma dernière incarcération, en 2017, ce n'était plus pareil, toutes les détenues se battaient pour obtenir un travail pénitentiaire car la prison était surpeuplée. Moi j'avais une bonne place, et donc j'entendais beaucoup de critiques, du type « Et elle, pourquoi elle a toujours cet emploi, elle ne peut pas laisser sa place ? ». Au fur et à mesure des années, j'ai su gagner le respect des gardiennes et de la direction, donc ils m'ont fait confiance et m'ont laissé ma place. AC : Et vous avez des enfants, de quelle manière vous en êtes-vous occupés pendant toutes ces années ? Rosario : J'ai deux garçons et deux filles, et les deux premiers ont été à mes côtés dans la prison pendant leur enfance, jusqu'à leurs 5, 6 ans. Je ne pouvais donc pas me permettre de ne pas travailler, car si leurs repas étaient assurés par l'administration pénitentiaire, parfois c'était juste une soupe, et ce n'était pas suffisant. Et puis au bout de quelques années, le garçon a été placé dans un foyer, et la fille chez une tante. Pas le choix, la prison ce n'est pas un endroit pour des enfants. Ils voient tout et répètent tout, et les éduquer dans cette ambiance, ça en fait des petits rebelles, de futurs délinquants. Aujourd'hui, ils sont grands, ils ont étudié, les deux garçons sont partis vivre au Chili et les deux filles en Argentine. Ils ont réussi, mais l'une de mes filles m'a dit un jour « où étais-tu quand j'avais le plus besoin de toi ? », ça m'a fait réfléchir. AC : Aujourd'hui, vous êtes sortie, à quoi vous consacrez-vous ? Rosario : Pendant longtemps, je me suis dit « étudier ce n'est pas fait pour moi », j'ai arrêté l'école à 9 ans, nous étions 16 enfants et il fallait aller travailler très jeune. Quand on m'a proposé les cours de l'organisation Manq'a, des cours de boulangerie notamment, j'étais terrifiée, car je ne sais pas écrire vite, je craignais de ne pas y arriver. Et puis il y a eu des ateliers pour travailler l'estime de soi, pour réfléchir à ses liens familiaux, et ça m'a fait beaucoup de bien. J'ai appris à m'ouvrir aux gens. Quand tu vends de la drogue, tu parles peu et mal, et au début j'avais honte de mes mots, je ne savais même pas expliquer comment je faisais mon pain. Aujourd'hui, j'ai confiance en moi et en ma petite entreprise de boulangerie-pâtisserie.

Reportage International
Russie: nouveau mode de recrutement pour le groupe Wagner

Reportage International

Play Episode Listen Later Mar 13, 2023 2:34


Le groupe paramilitaire Wagner cherche de nouveau à renforcer ses effectifs. Après avoir massivement enrôlé des détenus en échange de réductions de peine, le chef du groupe privé change de stratégie. Le 10 mars, il a rendu public l'ouverture de 58 centres de recrutement dans 42 villes de Russie, essentiellement des salles de sport qui ont pignon sur rue ou presque, comme dans ce club de boxe situé à une heure du centre de Moscou. De notre correspondante à Moscou, Au rez-de-chaussée, des bancs et des porte-manteaux. Y sont empilés en cette fin d'hiver, des écharpes, des bonnets, et des anoraks dont certains rose bonbon. Ce sont ceux des adolescents membres de ce club qui a aussi une section adulte. À l'étage, rieurs et curieux, garçons et filles attendent leur tour pour l'entrainement. On est ici bien loin des vidéos du patron du groupe Wagner haranguant des détenus dans une cour de prison, leur promettant, direct comme il l'est toujours, la mort ou l'amnistie après de bons et loyaux services dans ses troupes se battant en Ukraine. « Ce club fait des tests pour les volontaires qui veulent servir leur pays, dit Mikhaïl, colosse de deux mètres à la barbe bien taillée et aux larges épaules plantées devant un imposant ring coloré. On leur pose des questions, on vérifie le niveau d'entraînement physique, avec des pompes, des squats, de la course à pied, des exercices physiques élémentaires, personne n'a besoin de forcer. Vous le voyez d'ailleurs ici, c'est une salle de sport ordinaire, pour tout le monde. Un homme vient ici, et nous on vérifie juste s'il est en bonne santé et sans mauvaises habitudes comme la toxicomanie, l'alcoolisme, ou les activités criminelles. Vous savez, les gens ont tous des antécédents différents. Certains ont peut-être eu des membres cassés et vivent aujourd'hui avec des plaques de métal dans le corps. En somme, nous, nous vérifions qu'une personne est en bonne santé, qu'elle est saine à tout point de vue. » ► À lire aussi : Les soldats ukrainiens à l'école des drones « Il faut bien que quelques-uns le fassent » Pour tout cela, assure Mikhaïl, il lui faut entre 30 minutes et une heure d'entretien. À ses côtés Marat, qui se présente comme entraîneur de boxe. C'est tout ce qu'on saura de ces deux hommes qui on bien voulu accorder 20 minutes d'entretien à RFI au milieu de gants de boxe à l'allure presque flambant neuve. Le nom, l'adresse et le numéro de téléphone du club ont beau être publics depuis trois jours, les habitudes de silence du groupe paramilitaire ont la peau dure. Pas question non plus de faire la moindre photo, y compris du très reconnaissable drapeau Wagner disposé dans un coin de la salle. Et quand on demande pourquoi donner un coup de main à « l'orchestre » [surnom donné par ses membres à Wagner, NDLR], Mikhaïl se fait particulièrement laconique : « Il faut bien que quelques-uns le fassent. » Pourquoi avec Wagner ? : « Pourquoi pas ? » Marat est lui un peu plus bavard : « On leur assigne des tâches, et ils les accomplissent. Tout le monde le voit. Sur le terrain du conflit comme ailleurs dans le monde. » L'argument de l'efficacité, plus que celui des forces régulières russes dans ce que le Kremlin appelle toujours « l'opération spéciale en Ukraine », c'est celui qu'Evgueni Prigojine a toujours brandi. Directement sur sa chaîne personnelle Telegram ou via tout l'écosystème de médias affiliés qu'il a créé. Le conflit du fondateur de Wagner avec le ministère de la Défense est de plus en plus dur et visible mais Evgueni Prigojine a obtenu ce mardi 14 mars, le vote en troisième et dernière lecture d'une nouvelle loi qui n'attend plus que la signature du président Vladimir Poutine. Comme pour les soldats de l'armée régulière, tout ce qui est assimilé à une parole qui discrédite ses hommes sera punissable d'une peine pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison. Combien d'hommes et en combien de temps Evgueni Prigojine espère-t-il enrôler sous sa bannière ? Le chef du groupe paramilitaire privé ne l'a pas précisé.

C dans l'air
« LA FRANCE À L'ARRÊT » : L'ULTIMATUM DES SYNDICATS – 13/02/23

C dans l'air

Play Episode Listen Later Feb 13, 2023 62:39


EXPERTS DOMINIQUE REYNIÉ Directeur général de Fondapol Fondation pour l'innovation politique NEILA LATROUS Cheffe adjointe du service politique – « France Info » CLAIRE GATINOIS Journaliste au service politique – « Le Monde » BRICE TEINTURIER Directeur général délégué – Institut de sondages Ipsos Les députés reprennent ce lundi après-midi l'examen de la réforme des retraites, sous la pression de la rue et des syndicats, qui appellent à durcir le mouvement et à mettre la "France à l'arrêt" le 7 mars si le projet n'est pas retiré par le gouvernement. D'ici là, une cinquième journée de mobilisation est prévue ce jeudi 16 février. Les leaders syndicaux ont choisi de manifester ensemble à Albi, ville moyenne fortement mobilisée depuis le début de la contestation, "pour appuyer l'ancrage fort de ce mouvement partout sur le territoire, dans les petites villes comme dans les plus grandes". Les syndicats qui réclament qu'à l'Assemblée, l'article 7 repoussant l'âge de départ de 62 ans à 64 ans soit débattu, comptent également toute cette semaine "interpeller" les parlementaires de l'arc républicain pour qu'ils mesurent "leur responsabilité". Les députés ont en effet jusqu'à vendredi minuit pour examiner le texte en première lecture. Près de 16 000 amendements doivent encore être étudiés, majoritairement déposés par la Nupes, et l'ambiance ne s'annonce par meilleure que la semaine dernière. Alors arriveront-ils jusqu'à l'article 7 ? Maîtres des horloges avec leurs milliers d'amendements, les élus de la Nupes imposent désormais le tempo de l'examen du texte. En défendant leurs amendements ou en les retirant, ils ont la possibilité de faire traîner les débats ou de les accélérer. Ce que réclament en choeur les syndicats. Dimanche, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a dénoncé sur RTL la "connerie" de l'obstruction, visant La France insoumise à l'origine de la grande majorité des amendements déposés. Du côté du gouvernement, plusieurs ministres ont également demandé ce lundi le retrait des milliers d'amendements et la patronne des députés Renaissance d'expliquer : "Il faut qu'il y ait un vote solennel. On a fait nos comptes, ça passe. Il y aura quelques défections chez les LR mais très peu, ils ne peuvent pas refuser à l'Assemblée nationale ce qu'ils font voter tous les ans au Sénat [le recul de l'âge légal à 64 ans, NDLR]". Que va faire la Nupes ? A gauche, on tient également à ce qu'un débat ait lieu dans l'hémicycle, alors en fin de semaine les députés de la Nupes pourraient décider de retirer massivement leurs amendements pour que l'article 7 soit discuté mais pas voté. Toute la difficulté pour la Nupes est de parvenir à prolonger suffisamment les débats pour que le vote ne puisse pas avoir lieu, afin de ne pas offrir au gouvernement une éventuelle victoire qui pourrait décourager les prochaines mobilisations dans la rue. Sachant que vendredi à minuit, les débats seront clos, et l'ensemble du texte sera transmis, avec ou sans vote, au Sénat à partir du 6 mars. D'ailleurs ce lundi, plusieurs députés LFI ont assuré à Franceinfo que les amendements du groupe ne seraient pas massivement retirés avant mardi. La bataille parlementaire se poursuit donc, avec aujourd'hui la question de l'emploi des salariés âgés, et une rafale d'amendements dans tous les camps. DIFFUSION : du lundi au samedi à 17h45 FORMAT : 65 minutes PRÉSENTATION : Caroline Roux - Axel de Tarlé REDIFFUSION : du lundi au vendredi vers 23h40 RÉALISATION : Nicolas Ferraro, Bruno Piney, Franck Broqua, Alexandre Langeard, Corentin Son, Benoît Lemoine PRODUCTION : France Télévisions / Maximal Productions Retrouvez C DANS L'AIR sur internet & les réseaux : INTERNET : francetv.fr FACEBOOK : https://www.facebook.com/Cdanslairf5 TWITTER : https://twitter.com/cdanslair INSTAGRAM : https://www.instagram.com/cdanslair/

Reportage International
Démographie: pourquoi les Japonais ne font-ils pas – ou pas plus – d'enfants?

Reportage International

Play Episode Listen Later Jan 28, 2023 2:29


Au Japon, le gouvernement vient de décréter la mobilisation générale contre la dénatalité. Moins de 800 000 bébés sont nés en 2022. Aussi peu, c'est du jamais-vu. Pour le Premier ministre, Fumio Kishida, si l'archipel ne redresse pas la barre en la matière, à terme, il « sera dans l'incapacité de pouvoir continuer à fonctionner en tant que société » et la sécurité sociale tombera en faillite dans le pays qui compte 86 500 centenaires. De notre correspondant à Tokyo, Seuls 2 % du Produit intérieur brut japonais sont dévolus aux politiques et aux mesures en faveur des familles. Contre plus de 3 % dans les autres grands pays industrialisés. Ces deux jeunes mamans en témoignent : il faut avoir les moyens pour mettre des enfants au monde et les élever... « Être enceinte et accoucher m'a coûté 600 000 yens [plus de 4 000 euros, NDLR], qui ont été entièrement à ma charge puisque la Sécu considérant que la grossesse n'est pas une maladie, elle ne rembourse rien. Je ne peux pas me permettre une telle dépense une seconde fois », dit la première. Et la seconde d'ajouter : « Je ne touche que 10 000 yens d'allocations familiales par mois pour mon petit garçon [70 euros environ, NDLR]. Heureusement que je n'ai pas spécialement envie d'un deuxième enfant : je n'y arriverais pas avec mon petit salaire, le coût de la vie et, en plus, l'inflation... » ► À lire aussi : Les Japonais incités à se marier pour lutter contre la baisse des naissances Quand le monde du travail prend le dessus sur la vie privée Le monde du travail japonais s'est précarisé : 40 % des salariés n'ont qu'un emploi précaire, sous-statutaire ou irrégulier. S'ajoute à cela une culture d'entreprise archaïque et souvent inhumaine. De quoi dissuader beaucoup de gens de faire des enfants... « Mon copain et moi, on est intérimaires et rémunérés à la journée. Donc, contrairement aux salariés statutaires, on n'aurait pas droit à un congé maternité ou paternité payé. Du coup, on y réfléchit à deux fois avant de faire un bébé... », argumente une Japonaise. « Avoir un enfant supposerait que je m'absente du travail pendant plusieurs mois. Ce serait sans doute fatal à ma carrière. C'est très difficile pour les femmes de se faire une place dans ce milieu professionnel dominé par les hommes... », rappelle une autre salariée. ► À lire aussi : Un ministre en congé paternité pour la première fois au Japon « J'ai pu me marier et avoir un enfant, car mon employeur – une société américaine – m'autorise à télétravailler après 18 heures, ce qui me permet de donner un coup de main à ma femme, mais rares sont les salariés japonais qui ont ce privilège », prévient un salarié qui a fondé une famille. « Or, ça ne doit pas être d'office facile d'avoir une vie de couple épanouie et de fonder une famille quand on rentre du boulot à 23 heures... » Ceux qui préfèrent le célibat Et puis, de plus en plus de jeunes revendiquent le droit au célibat, à l'image de ces Tokyoïtes : « Je ne suis pas certaine que ce soit très responsable de mettre un enfant au monde dans un pays qui va aussi mal et sur une planète qui souffre autant... », pense une Japonaise. « J'ai déjà, à la fois, peu d'argent et peu de loisirs. Marié et père de famille, j'en aurais encore moins. Non merci, sans façon... », avance un autre Japonais. « Me marier et fonder une famille me semblent encore plus stressants qu'être célibataire, donc, ça ne m'a jamais fait rêver... », explique une Tokyoïte. Pas de mariage ni d'enfants : c'est le souhait d'un trentenaire nippon sur quatre, selon les instituts de sondages et de près de 20 % des Japonais âgés de 17 à 19 ans.

Reportage International
Covid-19 en Chine: l'industrie pharmaceutique sur le pied de guerre pour combler la pénurie de médicaments

Reportage International

Play Episode Listen Later Jan 13, 2023 2:33


Les compagnies pharmaceutiques sont mobilisées face à l'épidémie en Chine. Les autorités centrales et provinciales ont demandé aux usines de médicaments de garantir l'approvisionnement pour les vacances du Nouvel An lunaire.  Et avec Louise May, du bureau de Pékin L'épaisse pâte blanche tourne derrière les vitres d'un malaxeur mécanique, avant de ressortir plus loin sous forme de comprimés. « Ici on fabrique des gélules et des cachets qui seront ensuite emballés sur nos lignes de production pour être expédiés au plus vite », explique un employé de Youcare-Yuekang en blouse blanche. Comme d'autres compagnies pharmaceutiques à Pékin, l'entreprise a dû mettre les bouchées doubles pour assurer l'approvisionnement en médicaments de la capitale et sa région et aujourd'hui, bien au-delà. Personnel mobilisé 24h sur 24 L'urgence donne la cadence, car cela fait maintenant plus d'un mois que la Chine est submergée par la vague Omicron. Comme en 2020 pour les masques et les équipements médicaux, le gouvernement central a sonné la mobilisation générale. Il aura fallu quelques semaines seulement pour que l'appareil industriel réoriente sa production sur les médicaments contre le Covid. Depuis fin décembre, les médias d'État ont sorti les trompettes pour annoncer la bonne nouvelle. La production d'ibuprofène et de paracétamol a été multipliée par quatre le mois dernier, celle des kits de tests Covid a augmenté de plus de 80%. « Comme vous pouvez le voir, notre personnel est mobilisé 24 h sur 24 jusqu'au Nouvel An lunaire, explique monsieur Zhang. Nous avons aussi demandé aux employés de ne pas prendre de vacances. Ceux qui l'acceptent verront leur salaire tripler, nous devons tout faire pour garantir l'approvisionnement », assure le directeur général de Yuekang. Le Parti communiste chinois a l'habitude d'aligner les kilomètres de nouvelles routes et de lignes de TGV dans ses bilans. Cette fois, ce sont des centaines de millions de comprimés produits par jour qui sont brandis face à l'épidémie. Une manière de tenter d'effacer les jours de souffrance de celles et ceux qui ont pris la vague Covid sans pouvoir trouver d'antidouleur en pharmacie, même en cas de rage de dents, pendant les premières semaines de pénurie. Soutien aux hôpitaux ruraux Le 10 décembre dernier, trois jours après l'abandon de la politique de prévention et de contrôle de l'épidémie qui a précédé la flambée des contaminations, le gouvernement de Pékin a réuni treize compagnies pharmaceutiques pour soutenir la production. Mieux vaut tard que jamais. Les pharmacies manquaient alors de tout, aujourd'hui le pic de l'épidémie est passé à Pékin, comme dans la plupart des mégalopoles chinoises. Mais les urgences continuent de recevoir un grand nombre de patients âgés en état critique. Des responsables de la santé ont également affirmé cette semaine craindre de nouvelles contaminations dans les campagnes pendant les vacances de la « fête de printemps ». C'est vers ces hôpitaux ruraux notamment que se déploie l'effort du moment. « Nous coordonnons le déploiement des fournitures médicales en fonction de la situation épidémique dans les régions, explique Zhou Jian, directeur adjoint du département de l'industrie des biens de consommation au sein du ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information. Notre priorité étant de fournir les hôpitaux, les maisons de retraite et les orphelinats ». Pour cela, il a fallu faire un état des lieux et réorienter certaines lignes de production. « Nous avons cartographié de manière exhaustive la situation des fabricants du secteur et envoyé des commissaires dans les entreprises clés pour garantir la production, ajoute encore cet officiel. De l'emploi de la main d'œuvre et des matériaux à la logistique, nous avons fortement soutenu les compagnies pharmaceutiques pour qu'elles arrivent rapidement à leurs pleines capacités productives. » Vidéoconférences pour rassurer les employés malades Un peu plus d'un mois après le début de l'explosion des contaminations à Pékin et dans la province du Hebei, les ouvriers remis du virus sont revenus sur leurs postes de travail. « Nous n'avions jamais connu de cas de Covid dans l'entreprise, raconte Yu Weishi. Mais le 29 novembre dernier, l'un de nos employés, monsieur Liu Fuli qui travaille dans la logistique, a été testé positif », poursuit le président de Yuekang Pharmaceutical Industry. Fièvre, maux de gorge, courbatures : le malade va rapidement se rétablir, grâce aux médicaments produits par un groupe pharmaceutique dont le best-seller est une injection de Gingko Bilboa produit en partenariat avec une société française. Cette fois, ce sont les comprimés au paracétamol de la marque qui ont été utilisés, associés à un remède de médecine traditionnel maison. Quand l'épidémie a éclaté dans l'entreprise, des téléconsultations en visio ont été organisées avec le personnel. « Nous avons commencé avec quelques dizaines de personnes et, au plus haut [des contaminations, NDLR] nous avions 200 personnes par jour qui assistaient à ces vidéoconférences », se souvient monsieur Yu. Il n'y a pas eu d'hospitalisation, la plupart des cadres et des travailleurs seraient revenus au travail dans les trois jours qui ont suivi l'infection :« Nous avons expliqué que nous avions les médicaments nécessaires pour se soigner, ce qui a permis de calmer les inquiétudes et de pouvoir reprendre rapidement la production afin de garantir l'approvisionnement ». Traitements contre le Covid Les ouvriers sont à leurs postes, la production tourne à plein régime, c'est le moment pour les autorités d'organiser une visite chez les fabricants de médicaments à Pékin. Les grands bus gris des voyages officiels ont fait la tournée des usines cette semaine dans la capitale. Signe que la page zéro-Covid est définitivement tournée, on retire les masques pour les photos officielles. Des serial tousseurs se bousculent aux conférences de presse et des poignées de mains sont engagées entre les plus souriants. Quant aux journalistes, ils peuvent poser toutes les questions qu'ils veulent sans avoir à les soumettre à l'avance. Les intervenants esquivent les plus sensibles, notamment celle du retard à l'allumage de cette mobilisation qui arrive après que la plupart des Chinois ont déjà été infectés. Après les antipyrétiques et les antidouleurs le mois dernier, l'effort est fait désormais sur les traitements contre le Covid et notamment l'Azivudine, premier médicament oral made in China contre les symptômes sévères de la pneumonie virale. Développé par Fosun Pharma et Henan Genuine Biotech, d'autres entreprises dont CR Double crane – Shuanghe Pharmaceutical Co. Ltd ont été appelées à contribuer à la production. Cet autre géant chinois du médicament dispose de 20 parcs industriels dans le pays, dont le plus grand en banlieue de Pékin. « Nous sommes une entreprise d'État et le gouvernement central nous a demandé de garantir la production de ce nouveau médicament », confie Guo Meili. La directrice de la production de ce campus de 15 hectares, qui compte 1200 employés, souligne que la compagnie vient d'acheter de nouveaux équipements étrangers. Elle table sur une production de 12 millions de comprimés par jour le mois prochain. « Depuis le 5 janvier dernier, nous avons mis à disposition nos lignes de production, explique-t-elle. On continue de produire d'autres médicaments, mais on se concentre surtout sur ce nouveau traitement. » Antidiarrhéiques et oxymètres Après le Paxlovid de Pfizer et l'Azivudine de Henan Genuine Biotech, le Molnupiravir de Merck a fait son entrée sur le marché chinois vendredi. La Chine continentale dispose donc désormais de trois antiviraux contre le Covid, mais toujours pas de vaccins ARNm. Plusieurs laboratoires chinois y travaillent. « Des essais cliniques sont en cours, mais on ne peut pas avancer de date de mise sur le marché », fait savoir le directeur de la recherche et développement de Yuekang. Les rares Chinois qui n'ont pas encore été contaminés doivent aller jusqu'à Hong Kong s'ils veulent un vaccin étranger. Ce tourisme vaccinal n'est pas à la portée de toutes les bourses. Et pour obtenir une dose de rappel BioNTech, il faut passer par une réservation via l'application de Shanghai Fosun Pharmaceutical. En attendant, certains médicaments chinois contre la fièvre et la douleur sont de nouveau disponibles dans les pharmacies de la capitale. Ce qui est surtout demandé ces derniers temps, ce sont les antidiarrhéiques à cause du sous variant XBB.1.5 américain, lance une pharmacienne. Autre best-seller du moment : lesoxymètres de pouls via le doigt pour mesurer le taux de saturation en oxygène dans le sang.

Chronique Transports
De la poussière de pneus aux pôles

Chronique Transports

Play Episode Listen Later Jan 7, 2023 2:30


L'université d'Utrecht aux Pays-Bas confirme qu'il y a bien des poussières de pneus sur nos banquises. L'étude porte sur des échantillons de glace du Groenland mais également de glaciers du pôle sud. Leurs contaminations aux caoutchoucs de pneus venus par la mer et les airs dateraient d'au moins cinquante ans (rediffusion). Les gélules de cuivre avalées au petit déjeuner sont excellentes pour la santé. En revanche, ce même cuivre, chauffé dans des plaquettes de frein de voitures, va vous intoxiquer. C'est avec cette image simple à comprendre que Christophe Rocca-Serra aime parler de cette pollution métallique et plastique du transport routier. Ce poison de l'air l'a tellement marqué qu'en 2012, ce diplômé d'école de commerce a créé la société Tallano. Son entreprise propose de dépolluer l'air en aspirer toutes les poussières directement sur les plaquettes de freins : « L'idée m'est venue en observant la poussière noire venant de ma propre voiture. Les freins étaient en mauvais état. J'ai découvert que cette pollution aux particules fines représente l'essentiel de la pollution d'un véhicule, bien plus que celle du pot d'échappement. » Essais sur des trains français et le métro chinois Reste à convaincre les constructeurs et les services publics. Mais l'espoir est permis puisque la SNCF fait rouler le RER C de Paris équipé de ce système. En Chine, les aspirateurs de freins seront installés d'ici fin 2021 sur les rames du métro de Shanghai.  La poussière de caoutchouc s'enfonce loin dans les poumons Maladies respiratoires, allergie, cancers. Trois sources principales causent de graves dégâts de santé : les microparticules de freins, de pneus et de revêtements des routes. Plus ces poussières invisibles sont fines, plus elles entrent dans les poumons.  L'étude de l'Université d'Utrecht relayée par la revue Nature Communications estime à 50 000 tonnes de microparticules plastiques par an dans les océans et les glaciers issues du transport routier. Compagnies d'autocars et de camions s'y intéressent. Le marché s'ouvre en Europe.  Poussières de route et grands vents En Europe, ce sont les Écossais, les Allemands et les Français qui étudient le plus la pollution du frottement des pneus sur la route. L'étude montre aussi que les microparticules issues du transport routier absorbent plus de rayons du soleil que la neige blanche. D'où un possible impact, à long terme sur la fonte des glaces. Mais l'essor des voitures électriques n'y changerait rien. La biochimiste Gaëlle Uzu dirige ces travaux à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) à Grenoble : « Cela fait quinze ans que nous travaillons sur le sujet des microparticules du transport routier, nous explique-t-elle. En réalité, plus les véhicules sont lourds, plus ils polluent en freinant et plus leurs pneus se détériorent. Une enquête de l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économique, NDLR] montre que cette pollution augmente d'année en année. Les voitures hybrides et électriques émettent jusqu'à 8% de particules en plus. » L'Afrique, du pneu à ciel ouvert En Afrique, les vieux pneus caoutchoucs sont souvent amoncelés en décharges sauvages. Un désastre pour l'environnement. Ces pneus creux sont des réservoirs à incendies et à moustiques. D'où le risque de prolifération de maladies.  C'est en Afrique du Sud que l'entreprise Redisa a trouvé le moyen, non pas d'éradiquer cette pollution aux plastiques et caoutchoucs, mais au moins de la diminuer. L'entreprise emploie des ouvriers de quartiers défavorisés. Redisa récolte les pneus partout dans le pays pour en fabriquer de nouveaux. En trois ans, l'entreprise a quadruplé le taux de recyclage des déchets de pneus en Afrique du Sud (de 4% à 19%). Il n'empêche, et l'enquête de Nature Communications le confirme que les émissions de caoutchouc, de micro-plastiques et métaux proviennent d'Amérique du Nord, d'Europe et d'Asie du Sud-Est. ► À lire aussi : La pollution de l'air réduit l'espérance de vie de tous les humains de deux ans

Revue de presse française
À la Une: Goïta absout les 49 Ivoiriens condamnés

Revue de presse française

Play Episode Listen Later Jan 7, 2023 4:22


Grâce présidentielle avec remise totale de peines pour les 49 militaires des forces spéciales ivoiriennes, condamnés au Mali pour « attentat et complot contre le gouvernement et atteinte à la sûreté extérieure de l'État ». Au Mali-même, le site Malijet estime que, dans le dossier des « mercenaires » ivoiriens, la médiation togolaise a « finalement porté (ses) fruit(s) », la décision « tant attendue » étant tombée deux jours après la visite du président du Togo, Faure Gnassingbé, au Mali puis en Côte d'Ivoire. Malijet y voit un « geste » démontrant notamment « l'attachement du colonel Goïta à la paix, au dialogue, au panafricanisme ». En Côte d'Ivoire, la Une de L'Inter souligne que si les 49 soldats ivoiriens ont été « graciés », la « junte malienne » a aussi dénoncé l'ultimatum du président en exercice de la Cédéao, Umaro Sissoco Embaló, et l'a mis « en garde », complète ce quotidien indépendant ivoirien. Emporté par son enthousiasme, Fraternité Matin, en Une, assure sans attendre que les 46 soldats ivoiriens encore détenus à Bamako ont été « libérés » [ce qui n'était pas encore le cas au moment où Frat Mat mettait sous presse, NDLR]. En manchette, le journal gouvernemental ivoirien tenait aussi à affirmer que lesdits 46 étaient « détenus illégalement au Mali ». De son côté, la Une du quotidien Le Nouveau Réveil, proche du PDCI-RDA de l'ex-président Henri Konan Bédié, estime « bonne (…) quoique tardive » la décision du président de la transition malienne Assimi Goïta. En France, enfin, le site du quotidien Le Figaro prédit que « la grâce accordée par Assimi Goïta aura en tout cas le mérite d'endiguer une potentielle réaction nationaliste en Côte d'Ivoire, un pays où vi(ven)t au moins 1,5 million de Maliens et où le discours anti-étrangers gagne du terrain ». Le « Marocgate », cauchemar de Borrell Fin de la visite oh combien délicate du haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, à Rabat. Il n'était pas venu sur place pour ça, Josep Borrell, mais pour renforcer le partenariat UE-Maroc. Seulement voilà, « ce déplacement tombait bien mal mais son report aurait créé beaucoup de secousses diplomatiques avec Rabat », explique Le Figaro, le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères « n'a pas pu passer sous silence cette affaire de corruption ». Le Maroc est « mis en cause dans le "Qatargate", ce scandale de corruption qui secoue depuis un mois le Parlement européen », rappelle Le Figaro, en signalant les écoutes de la sûreté belge révélées par le quotidien bruxellois Le Soir, et qui révèlent que l'ex-eurodéputé italien Pier-Antonio Panzeri aurait bénéficié de cadeaux de la part du Maroc. « L'actuel ambassadeur du Maroc en Pologne, Abderrahim Atmoun, est nommément cité par l'épouse de Panzeri dans les PV d'écoutes. Avant de rejoindre Varsovie, Atmoun a coprésidé durant de nombreuses années la Commission parlementaire mixte Maroc-Union européenne. Il était alors en première ligne sur (…) le soutien de certains eurodéputés au plan présenté par Rabat pour résoudre le différend autour du Sahara », pointe encore ce journal. Chabal, demi-démêlé Parfum de scandale dans le monde du rugby, en France. Deux anciens rugbymen, dont Sébastien Chabal, sont soupçonnés d'irrégularités à la billetterie de la Coupe du monde 2023. Selon le quotidien Le Parisien, « quelques centaines » de billets de cette épreuve sportive auraient été discrètement « détournés » du système de vente traditionnel pour être écoulés de manière irrégulière au profit de proches de l'ancien directeur général du comité d'organisation, Claude Atcher. Ce journal révèle que des places ont été frauduleusement octroyées à deux anciens joueurs de rugby, dont l'ancien international Sébastien Chabal. L'autre bénéficiaire de ces « largesses » serait l'ancien troisième ligne Henri Mioch, « qui aurait acheté la bagatelle de 600 billets, pour un montant dépassant les 100 000 euros ». Une source proche du dossier assure qu'étant donné le volume, « il n'y a aucun doute sur le fait qu'il s'agisse d'un trafic de billets ».

Les dessous de l'infox, la chronique
«The Epoch Times», outil de propagande au service d'un mouvement spirituel chinois

Les dessous de l'infox, la chronique

Play Episode Listen Later Jan 6, 2023 2:56


Depuis plusieurs années, le site de The Epoch Times apparaît comme l'une des étoiles montantes de la désinformation en ligne. Derrière ce média présent dans 35 pays et disponible en 25 langues se cache la mouvance Falun Gong. Un obscur mouvement spirituel chinois qui diffuse des fausses informations à des fins politiques. Si vous passez du temps sur les réseaux sociaux, vous avez surement déjà vu passer un article signé par The Epoch Times. D'après le dernier rapport de Newsguard, la version française de ce média est le site de désinformation le plus influent en France. La société, qui évalue la crédibilité des sites d'actualités, précise qu'il a généré à lui seul près de six millions d'engagements sur Facebook et Twitter, rien qu'en 2022. The Epoch Times dispose aussi d'une web TV, d'une chaîne YouTube et diffuse des centaines d'articles par jour dans presque toutes les langues. C'est un véritable empire médiatique qui n'arrête pas de gagner en popularité ces dernières années. Le Falun Gong aux commandes The Epoch Times est initialement un journal papier créé à New York en 2000, par des membres de la diaspora chinoise aux États-Unis, adeptes de la mouvance Falun Gong. À l'origine, le Falun Gong [également connu sous le nom de Falun Dafa, NDLR], est une pratique corporelle très populaire en Chine, dérivée du Qi Gong. Elle combine certains mouvements du corps et des méthodes de respiration dans le but de se sentir bien.  Mais cela va rapidement se transformer en un mouvement spirituel, très populaire dans les années 1990, réuni autour de la figure de Li Hongzhi. Sa pensée est complexe mais d'après lui, l'humanité court à sa perte, corrompue notamment par les extraterrestres et la technologie. Un mouvement durement réprimé Inquiet de cette montée en puissance, le gouvernement chinois va vite qualifier le Falun Gong de secte dangereuse et réprimer très durement ses membres, obligés de fuir le pays en 1999. La répression n'a pas cessé depuis.  Aujourd'hui, le mouvement est beaucoup plus porté sur le politique que sur le religieux et s'affaire à critiquer le régime communiste de Xi Jinping, depuis l'extérieur. Mélanger le vrai et le faux  Pour s'attaquer à Pékin, le Falun Gong avance masqué et s'appuie sur son média, The Epoch Times, qui est le parfait outil de propagande. Si officiellement le mouvement ne reconnaît pas son implication dans ce média, il ne laisse aucun doute qu'il en est aux commandes. Son leader, Li Hongzhi, a d'ailleurs utilisé l'expression « nos médias » pour parler, entre autres, de The Epoch Times, lors d'une conférence en 2010. La stratégie du site consiste à mélanger habilement des informations et des fausses informations, pour noyer le faux et tromper la vigilance des internautes. Pour gagner en notoriété, le site s'est notamment fait la vitrine des complotistes opposés aux vaccins durant la pandémie de Covid-19, en se montrant plus généralement opposé aux progrès scientifiques et sociétaux.  La détestation de Pékin a aussi poussé le média à nouer des alliances de circonstance avec l'extrême droite. Le site a notamment activement soutenu Donald Trump aux États-Unis, ou encore Eric Zemmour en France.  Un appareil de propagande sophistiqué Pour arriver à ses fins, le Falun Gong a plusieurs cordes à son arc. Il dispose d'autres médias puissants comme la New Tang Dynasty Television (NTD TV) qui diffuse en anglais et en mandarin. Le Falun Gong mise aussi beaucoup sur Shen Yun, son spectacle de danse mondialement connu. À l'occasion des fêtes de fin d'année, la publicité pour Shen Yun a envahi les réseaux sociaux et les murs du métro parisien. La troupe se présente comme l'étendard de la culture chinoise et utilise la danse pour faire passer son message politique anti-Pékin, encore une fois, à l'insu du public.

Revue de presse française
À la Une: les grandes manœuvres en vue de la réforme des retraites

Revue de presse française

Play Episode Listen Later Jan 5, 2023 4:21


À une semaine de l'annonce officielle de la réforme des retraites, le terrain semble miné et le sujet, explosif. Gouvernement et syndicats campent sur leurs positions, avec toutefois quelques ouvertures. « Élisabeth Borne a endossé le rôle de démineur, relève Le Monde. Interrogée avant-hier [le 3 janvier, NDLR], la Première ministre a fixé trois jalons : le départ à 65 ans n'est pas un totem ; la durée de cotisation pour obtenir la retraite à taux plein n'excédera pas les 43 ans prévus dans la précédente réforme engagée par la socialiste Marisol Touraine ; et l'âge d'annulation de la décote restera fixé à 67 ans. » Objectif, pointe le quotidien du soir : « se frayer un étroit passage pour faire aboutir la réforme la plus hasardeuse du second quinquennat d'Emmanuel Macron. Depuis que le président de la République a annoncé son intention de relever l'âge du départ à la retraite de 62 ans à 65 ans dans le cadre de sa campagne de réélection, le gouvernement n'est pas parvenu à obtenir le moindre consensus sur le sujet. » Souple comme le roseau… Et « rien ne garantit, relève encore Le Monde, que les gestes d'Élisabeth Borne empêcheront une nouvelle éruption sociale. Le pays oscille entre colère et résignation, et les partis et les organisations syndicales sont dépassés. C'est précisément parce qu'elle est consciente de cette très grande fragilité que la Première ministre a pris l'exact contre-pied de ce qu'avait incarné l'un de ses prédécesseurs, Alain Juppé, lorsqu'il avait engagé en 1995 la réforme de la Sécurité sociale. Au lieu d'être droite dans ses bottes, Élisabeth Borne se montre souple comme le roseau. C'est, par les temps qui courent, estime Le Monde, la posture la plus sage. » Interrogé par Le Parisien, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, joue également l'apaisement… « Personne ne souhaite un blocage, affirme-t-il. Tout le monde serait très heureux de ne pas avoir à travailler deux ans de plus pour faire valoir ses droits mais tout le monde tient aussi à ce système de retraite par répartition et à l'amélioration des pensions. » Un test pour la gauche… Pour l'opposition de gauche, « cette réforme des retraites va être un test décisif, relève Libération. Les différents chefs de partis (PS, EE-LV, LFI, PCF) vont-ils présenter un front uni contre ce projet que la majorité des Français et la quasi-totalité des électeurs de gauche rejettent ? La décision de LFI de soutenir une marche le 21 janvier à Paris sans attendre les syndicats peut laisser planer un doute. Mais Olivier Faure, le patron du PS, assure que l'ensemble des formations de la Nupes travaille sur un projet commun. Acceptons-en (pour l'heure) l'augure, s'exclame le journal. Un terrain d'entente et une stratégie partagée seraient à coup sûr, estime Libération, un signal fort envoyé à tous ceux et toutes celles qui doutent de la solidité de la Nupes et de sa capacité à présenter un candidat commun à la présidentielle de 2027. Et surtout crédible. » L'Ukraine engagée dans une course contre-la-montre À la Une également : « La stratégie de l'Ukraine pour étendre ses frappes en Russie », c'est le grand titre du Figaro. « L'armée ukrainienne veut montrer qu'elle est aussi capable de faire mal à la Russie. En l'espace de quelques jours, les forces de Volodymyr Zelensky ont frappé la base aérienne d'Engels en Russie, où sont positionnés des bombardiers stratégiques. Elles ont infligé des pertes sévères - peut-être plusieurs centaines d'hommes - lors du bombardement de Makiivka, dans la banlieue de Donetsk. L'artillerie ukrainienne bombarde aussi les Républiques autoproclamées du Donbass, provoquant sans doute des pertes humaines. "C'est œil pour œil, note une source militaire française. Les Ukrainiens doivent prendre des risques parce que le temps joue contre eux". » En effet, analyse Le Figaro, « tandis que la Russie s'installe dans une course de lenteur, mobilisant son économie pour l'effort de guerre et sa société pour un conflit de civilisation, l'Ukraine se trouve engagée dans une course contre-la-montre. C'est pour présenter ces sabliers inversés aux dirigeants américains que le président Zelensky a fait le voyage de Washington fin décembre. C'est aussi pour bousculer l'adversaire, le pousser à la faute ou lui insuffler un sentiment de vulnérabilité que Kiev multiplie les attaques en profondeur sur le territoire russe. Les Occidentaux redoutent que des provocations ukrainiennes conduisent Poutine à une escalade incontrôlable. Les stratèges ukrainiens font le calcul inverse, pointe Le Figaro : exhiber les faiblesses de la Russie devrait enhardir leurs alliés, afin qu'ils livrent sans attendre des armements capables de renverser le mastodonte russe. Parce que les Ukrainiens voient le piège de l'enlisement, le temps est devenu leur ennemi. » ► À lire aussi : Guerre en Ukraine: à Kiev, les coupures de courant font désormais partie du quotidien

Invité Afrique
Père Jean-Paul Sagadou: «Benoît XVI a parlé de l'Église d'Afrique comme un poumon spirituel»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Jan 5, 2023 10:27


Quel souvenir laisse Benoît XVI en Afrique, à la fois chez les chrétiens et les musulmans ? Pourquoi a-t-il abdiqué il y a 10 ans ? En ce jour des obsèques de Benoît XVI, entretien avec le religieux burkinabè Jean-Paul Sagadou, père assomptionniste et journaliste au groupe de presse catholique Bayard Afrique, à Abidjan et à Ouagadougou. RFI : Quel bilan faites-vous du pontificat de Benoît XVI ? Père Jean-Paul Sagadou : Alors c'est difficile de faire le bilan d'un pape et il a eu une décision audacieuse, surprenante même, de faire ce qu'aucun pape n'avait jamais osé faire depuis des siècles, renoncer à sa charge. S'il y avait trois choses à dire sur ce qui a marqué son pontificat, je dirais la foi, l'espérance et la charité. Alors, vous dites qu'il a stupéfait le monde entier le jour de février 2013, où il a renoncé à sa charge. À l'époque, il disait que c'était pour des raisons de santé, mais il a survécu 10 ans à son abdication. Était-ce seulement pour cela ? Alors, c'est difficile à dire. J'estime personnellement que les choses se sont passées au plus profond de sa conscience. Il a compris qu'il avait peut-être atteint un âge qui ne lui permettait plus de continuer à assumer correctement sa mission. Après, évidemment, les observateurs de ce qui peut se passer au Vatican peuvent épiloguer, comme quoi c'était difficile, qu'il y avait peut-être des mésententes à l'intérieur [du Vatican, NDLR]. Personnellement, je considère qu'il a pris une décision audacieuse, que moi je considère aujourd'hui comme quelque chose d'assez positif. Je pense que ça a été un homme défenseur de la doctrine de la foi qui n'a pas voulu se mêler à des enjeux de pouvoir, parce que, pour lui, qui dit pouvoir dit forcément, nécessairement, service. L'un de ses grands combats, c'était la lutte contre l'esprit de mai 68 et contre le relativisme moral, n'est-ce pas l'une des raisons de son abdication de 2013 et peut-être, au contraire de ce que vous appelez l'espérance, une forme de désespoir ? Je pense que c'est difficile de percevoir les choses de cette manière. C'est vrai, en 2005 – je crois, lors d'une homélie – il a déclaré : « Nous mettons en place une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et dont les standards ultimes sont simplement l'ego et les désirs de chacun ». De ce point de vue, on peut dire qu'il s'est retrouvé en face d'un monde qui vit en contradiction avec la perception qu'il a de l'Évangile. Est-ce que cela l'a bousculé, troublé ? Est-ce que son message ne passait pas et cela l'a poussé à partir ? Moi, je ne mettrais pas forcément cette hypothèse en avant, voilà. Alors, comme son compagnon de toujours, Jean-Paul II, Benoît XVI laisse le souvenir d'un théologien conservateur qui était intransigeant sur la question des mœurs : il défendait le célibat des prêtres, il ne voulait pas entendre parler de l'ordination des femmes. Est-ce qu'aujourd'hui, il n'apparaît pas comme un pape qui n'est plus de son temps ? Oui, je crois que Benoît XVI se situait dans la droite ligne de la tradition de l'Église. Justement, sur l'ordination des femmes, c'est assez subtil ce qu'il disait : « Nous ne disons pas que nous ne voulons pas, mais que nous ne pouvons pas. » Et il ajoutait que le Seigneur a donné à l'Église une forme avec les 12 apôtres, puis avec les évêques et les prêtres, donc ce n'est pas nous qui avons donné cette forme à l'Église. Alors, on peut considérer que cette position-là, d'un point de vue théologique, peut rester une forme de débat à l'intérieur de l'Église, mais en tout cas, telle a été sa position. Mais sur le célibat des prêtres, n'y a-t-il pas une grande hypocrisie, notamment en Afrique ? Hypocrisie, je ne sais pas. Et pourquoi l'Afrique ? Par contre, on constate, avec toutes les questions que nous connaissons actuellement des abus dans l'Église, qu'il y a quand même un certain nombre de questions qui se posent, qui méritent qu'au sein de l'Église, on regarde avec beaucoup plus de clairvoyance, de vérité. L'enjeu étant vraiment le service de l'Église. ►À lire aussi : Le pape François rend un dernier hommage à son prédécesseur lors des obsèques de Benoît XVI N'y aurait-il pas moins d'abus sexuels dans l'Église catholique si les prêtres avaient le droit de se marier ? C'est une bonne question, mais je ne sais pas qui serait capable de répondre à cette question, est-ce qu'il y aurait moins de difficultés ? Ou plus, ou moins… Je n'en sais rien (sourire). Benoît XVI est le premier pape à s'être engagé au sein de l'Église catholique dans la lutte contre les abus sexuels et la pédocriminalité. Mais n'a-t-il pas été trop timide dans ce combat ? C'est le reproche qu'on lui fait, en effet, mais je pense qu'il faut insister sur le fait qu'il a été le premier à s'engager auprès des victimes de violences sexuelles commises par les clercs. Il est le premier souverain pontife à consacrer un document à cette crise-là, avec la publication en 2010 d'une lettre aux catholiques d'Irlande après des révélations sur des milliers de cas. D'ailleurs, un texte au ton vif, dans lequel il dit partager leur consternation et leur sentiment de trahison. Donc, moi, je pense que c'est un homme humble qui a d'ailleurs accepté les critiques qui étaient adressées à l'Église et qui finalement contribuaient à mettre en place de nouvelles normes pour qu'on puisse quand même – disons le mot, et je pense que lui-même l'a utilisé – nettoyer l'Église. On sait qu'en son temps, il y a eu quelque 400 prêtres qui ont quand même été renvoyés. Et puis, le pape François a poursuivi le travail. Benoît XVI n'aimait pas voyager, mais en novembre 2011, il est allé au Bénin, notamment à Ouidah, où il a signé l'exhortation Africae Munus, l'engagement pour l'Afrique, une sorte de feuille de route de l'Église catholique pour l'Afrique. Qu'en retenez-vous ? Alors ce n'était pas seulement au Bénin, mais il a fait aussi le Cameroun et puis l'Angola et je pense qu'au Bénin, de fait, c'était une étape importante parce qu'il y avait eu le second synode des évêques pour l'Afrique – c'était peut-être en octobre 2009 – et donc là, en arrivant au Bénin en 2011, c'est à cette occasion que le pape a remis l'exhortation synodale Africae Munus, donc l'engagement des évêques pour l'Afrique. Et puis on peut voir dans ce texte comme une sorte de charte pour la réconciliation, la justice et la paix en Afrique. En 2009, on avait aussi la mémoire de tout ce qui s'était passé, avec le génocide au Rwanda, toutes les problématiques d'ethnies, de tribus… Donc ce qui a été au cœur de ce voyage du pape, c'est quand même cette question de la réconciliation, de la justice et de la paix. Et puis il a interpellé tout le monde, à la fois les responsables d'Église, mais aussi les hommes politiques, puisqu'il a parlé de la bonne gouvernance. Moi, je retiens deux choses : il a parlé de l'Église d'Afrique comme d'un poumon spirituel pour l'humanité, donc il y a quelque chose à en tirer, il y a de la richesse. Il a aussi appelé les gouvernants à ne pas priver les populations d'avenir, d'espérance et donc à travailler à une bonne gouvernance pour qu'enfin, ce continent-là, qui est si riche, puisse quand même apporter sa contribution au reste du monde, mais à condition qu'il y ait la paix, la fraternité, la solidarité. Et puis il y a la grande question des rapports entre chrétiens et musulmans. L'un des moments les plus marquants du pontificat de Benoît XVI reste son discours de Ratisbonne en septembre 2006, où il a cité un empereur byzantin qui disait que la violence était intrinsèque à l'islam. Il a eu raison ou il a eu tort ? Alors en fait, je crois qu'il a été très mal compris, mais on sait aussi qu'assez rapidement, il a été accueilli en Turquie par le président Erdogan, et il a redit son souhait de voir musulmans et chrétiens marcher côte à côte sur les chemins d'une compréhension réciproque. Donc, je pense qu'à Ratisbonne, il y a eu quiproquo, il y a eu incompréhension et peut-être que le contexte global aussi de l'époque pouvait favoriser cela et ça a créé des dégâts. Et je pense que le pape en a beaucoup souffert lui-même, parce qu'il a eu plusieurs occasions de dire que ce n'est pas ce qu'il voulait dire et qu'il a même beaucoup d'estime pour le Coran, pour lequel il éprouve le respect qui convient, pour le Livre Saint d'une grande religion comme l'islam. C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de violence au nom de l'islam dans l'histoire, mais n'y a-t-il pas eu aussi beaucoup de violence au nom du christianisme dans l'histoire ? Ah, c'est évident, c'est évident. Parce que ce discours a beaucoup choqué, notamment à la mosquée Al-Azhar du Caire, à la Grande Mosquée de Paris. Est-ce que le pape a ensuite trouvé les voies du dialogue avec ces grands docteurs de la foi musulmane ? Oui, justement, je me rappelle, j'étais au Togo à l'époque. Là, vous évoquez un peu des grands lieux d'islam où les conséquences ont été dramatiques, mais en fait, jusque dans les petits villages, même d'Afrique, il y a eu quand même une sorte de rayonnement de ce discours qui a provoqué une sorte d'effervescence irrationnelle. Y compris dans les communautés musulmanes d'Afrique de l'Ouest, comme au Togo ? Oui, oui, évidemment. Moi – je me rappelle donc – moi je vivais dans une ville où il y avait 70% de musulmans. On s'est retrouvé avec des jeunes qui ne comprenaient pas forcément ce qui avait été dit. Le discours, c'est : « On a insulté l'islam, on a insulté le prophète. » Donc, ça suffisait pour sortir et crier. C'est pour ça que je trouve qu'il y a eu quiproquo. Probablement que l'intellectuel, le grand théologien que Mgr Ratzinger, devenu pape Benoît XVI, a eu un discours qui n'est pas facilement accessible pour la plupart d'entre nous et qui peut provoquer ce type d'incompréhension. Mais la question, c'est : comment s'est-il comporté par la suite ? On sait qu'il y a eu plusieurs approches. Le fait qu'il y ait eu cette rencontre en Turquie, mais je pense qu'il y a eu d'autres occasions où le pape Benoît XVI a essayé de rendre compte de ce qu'il voulait dire, et que ce n'était pas une attaque contre l'islam. Et je pense que Benoît XVI – et bien avant lui, même Jean-Paul II – ils ont toujours, quand même, intégré la question de la raison, de la réflexion. On ne croit pas n'importe comment et sinon, on verse dans l'intolérance. Et puis, dans tout ce qu'on connaît aujourd'hui, comme fondamentalisme et tout ça… La foi doit être forcément éclairée, et je crois que c'est ça qui peut nous faire avancer ensemble. Pour conclure, peut-on dire que Benoît XVI a été un pape incompris ? Peut-être. J'ai eu le sentiment, depuis son décès, avec tout ce que j'ai pu lire et entendre, que de fait, les gens se disent « on pense qu'on l'avait un peu mal compris, mais on pense qu'on le comprend, peut être maintenant », et c'est souvent après la mort de certaines personnes qu'on découvre vraiment leur visage et qu'on reconnait quels ont été le poids, la force de leurs paroles, de leurs discours. ► À écouter aussi : Cardinal Fridolin Ambongo (RDC): le pape Benoît XVI reste «notre plus grand théologien»

Revue de presse internationale
À la Une: le Congrès américain s'enfonce dans la paralysie, face à la fronde des élus trumpistes

Revue de presse internationale

Play Episode Listen Later Jan 5, 2023 5:04


« L'impasse perdure après deux journées extrêmement douloureuses » au Congrès, souligne le New York Times, alors « que la fronde menée par une vingtaine de représentants de la droite dure républicaine ne faiblit pas ». Rejetant par six fois déjà « l'élection de Kevin McCarthy au perchoir », et le laissant « se battre pour sa survie politique ». Malgré le soutien inopiné de Donald Trump le 4 janvier, les élus trumpistes refusent toujours obstinément « d'apporter leur soutien à McCarthy qu'ils jugent trop modéré », explique le Washington Post, préférant « s'entre-dévorer plutôt que de porter le fer contre le gouvernement démocrate », commente également Le Temps. Une « impasse historique », déplore le Wall Street Journal, portée par un front de rebelles trumpistes « qui affirment comme l'ex-président que l'élection présidentielle de 2020 a été volée » mais refusent aujourd'hui de suivre leur mentor. ► À lire aussi : Le Congrès américain paralysé par l'incapacité des républicains à élire un «speaker» « C'est le cas classique de la marionnette qui coupe ses fils et mène désormais sa propre vie », analyse de son côté le Suddeutsche Zeitung qui y voit « l'héritage empoisonné de Trump, qui a laissé un parti qui ne peut plus être contrôlé ». Un véritable « drame pour la démocratie américaine », estime de son côté le Guardian qui fustige « l'irresponsabilité des républicains qui bloquent ainsi le fonctionnement du Congrès ». « Sans président, la Chambre des représentants devient une entité inutile », s'inquiète également le Wall Street Journal, « il n'y a aucun législateur pour répondre à une urgence ou à une crise, le processus législatif est gelé ». Le chaos républicain fait redouter un effondrement de la gouvernance Même si de nombreux démocrates « se réjouissent du chaos qui règne chez les républicains » et y voient « une aubaine » avant la présidentielle de 2024, « le dysfonctionnement des républicains au Congrès laisse présager un chaos encore plus grand », commente le New York Times qui redoute « que ce parti brisé aux commandes de la Chambre des représentants ne conduise à encore plus d'agitation, de frustration et possiblement même à un effondrement potentiel de la gouvernance au cours des deux prochaines années ». Inquiétude partagée par le Guardian pour qui « celui qui finira par être élu à la présidence de la Chambre, sera toujours en sursis et risque d'être démis de ses fonctions s'il ne se plie pas aux exigences des élus de la droite dure du parti républicain ». Les élus trumpistes « sont venus à Washington non pas pour construire, mais pour détruire. Faire tomber McCarthy n'est que le début », analyse un historien dans le Guardian. La France ouvre la voie à la livraison de chars de combat « légers » à Kiev C'est une première : « première livraison de blindés occidentaux aux Ukrainiens », salue le Washington Post. Après avoir « résisté pendant des mois à la demande de Kiev de fournir des chars », la France ouvre la voie et « devrait être prochainement rejointe par les États-Unis, qui, en plus des blindés français AMX-10CR, ajouteront des chars de combats américains Bradley », assure le quotidien américain. ► À lire aussi : La France annonce l'envoi de chars de combat légers à l'Ukraine « Les alliés élargissent ainsi leur soutien à l'effort de guerre de Kiev contre la Russie », commente de son côté le New York Times. Alors que le Times de Londres souligne, quant à lui, « le changement de cap du président Macron », qui apporte désormais « un soutien net de l'Ukraine après neuf mois durant lesquels il avait limité l'aide matérielle française tout en essayant de servir de médiateur entre Kiev et Moscou ». Le Times qui note également que durant ses vœux du Nouvel an, le président français « a pour la première fois appelé à la victoire de l'Ukraine » en assurant Kiev du soutien sans faille de la France. La mort de Benoît XVI relance les spéculations sur la succession du pape François C'est comme dans la série Succession, dit le Guardian, « les complots ont commencé dès les obsèques ce matin [5 janvier, NDLR] du pape émérite ». « Les alliés conservateurs de Benoît XVI complotent déjà pour remplacer François », assure également le correspondant au Vatican du Times pour qui « la mort de Joseph Radzinger pourrait aggraver les divisions au sein de l'Église catholique en enhardissant les détracteurs conservateurs du pape François ». « Ces opposants de l'ombre sont prêts à réarmer la faction conservatrice au sein du Vatican », estime également La Repubblica qui souligne que le pape émérite « avait freiné ceux qui voulaient l'utiliser comme faire-valoir pour saper le progressisme du pape François. [...] Désormais orphelins, les cardinaux qui jusqu'à présents se cachaient derrière la figure blanche du pape émérite, vont changer de relation avec le pape régnant », analyse le quotidien italien, « le jeu de la succession recommence ». ► À lire aussi : Le pape François préside les obsèques de Benoît XVI, une première dans l'histoire récente de l'Église

Reportage Afrique
Madagascar: protéger les mangroves pour mieux résister aux effets du changement climatique

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Jan 1, 2023 2:15


Dans l'aire marine protégée d'Ambodivahibe, au nord de Madagascar, la restauration des mangroves et une gestion durable des ressources marines ont permis aux communautés alentour d'atténuer les effets du vent dans leurs localités et fournissent de nouveaux moyens de subsistance. De notre envoyée spéciale à Diego Suarez, « Ici, nous sommes dans la mangrove d'Ampondrahazo, communément appelée la mangrove de la Baie des Pirates. C'est une mangrove en cogestion avec les communautés locales », indique Boris Andrianantenaina. Il est responsable du programme de conservation marine de l'ONG Conservation International à Diego Suarez. Depuis la mise sous statut d'aire protégée en 2015, 150 hectares de mangroves ont été restaurés avec les habitants. « L'avantage ici, c'est que c'est bien protégé grâce à ces forêts de palétuviers qui ne cessent de grandir. Comme nous voyons là, il y a plus une formation de terre que de l'érosion marine ici », montre-t-il. ► À écouter aussi : Les mangroves d'Asie du Sud-Est, immenses et méconnus puits de carbone Sanctuaire pour la faune locale Remparts contre l'érosion du littoral grâce à leurs racines, elles ont aussi permis une régénération des ressources halieutiques, constate Georgette Marceline Soa, pêcheuse. Pendant la période du varatraza, la mer est très agitée, alors notre quotidien c'est dans les mangroves et je peux dire que les ressources qui se trouvent à l'intérieur commencent à augmenter et elles sont de meilleures qualités. Les crevettes et les crabes se reproduisent plus parce qu'on est très strict concernant les périodes de fermeture de pêche. Composées de six espèces de palétuviers, elles sont le sanctuaire des aigrettes et de chauves souris endémiques de la Grande Île, et plus récemment le refuge des lémuriens. C'est aussi la survie des villages qui en dépend, témoigne Frédéric Randrianarivelo, dans l'arrière mangrove. « Avant, on ne trouvait presque plus de crabes et de crevettes. Si on n'avait pas restauré les mangroves, ce ne serait que du sable ici et la zone où on pêche les poulpes n'existerait plus. Elle protège aussi le village du vent », explique-t-il. ► À lire aussi : Cameroun: la société civile appelle à protéger la mangrove pour limiter l'érosion Le potentiel économique de la mangrove Alors que le varatraza – ce vent d'Alizé qui soufflait il y a une vingtaine d'années du mois de juin à septembre et qui s'étend désormais d'avril jusqu'à novembre, perturbant les activités et les revenus des pêcheurs –, a minimisé l'accès des pêcheurs à la mer, cette gestion durable des ressources a convaincu les communautés de trois autres villages aux alentours, explique Boris Andrianantenaina. Le bénéfice que cette mangrove apporte aux communautés c'est directement la pêche. Si on prend l'exemple de la pêche au crabe, c'est en moyenne 200 kilos capturés par mois, avec un prix allant de 6 000 à 7 000 ariary le kilo [1,30 à 1,50 euro, NDLR] suivant la saison. Cela permet de contribuer aux besoins essentiels des communautés et à l'éducation de leurs enfants. Donc, ça aide la communauté à gérer les ressources. Comme vous voyez maintenant, on est en pleine saison de fermeture. On ne voit aucun matériel de pêche ici. D'après la Fondation pour les aires protégées et la biodiversité de Madagascar, qui finance 48 aires protégées dans la Grande Île, les services écosystémiques d'une aire marine et son potentiel touristique peuvent générer jusqu'à 5,3 millions de dollars par an.

Reportage international
Covid-19 en Chine: Langfang face à l'épidémie des «poumons blancs»

Reportage international

Play Episode Listen Later Dec 30, 2022 2:38


En Chine, la déferlante Omicron a pris de court les services de santé. Les soins intensifs sont saturés, notamment dans les villes moyennes de la province du Hebei, autour de Pékin. Reportage à Langfang.  De notre correspondant à Pékin et Louise May, du bureau de RFI en Chine, Des chariots-brancards poussés avec l'énergie du désespoir, des visages fermés sous les masques, voilà plus d'un mois que l'hôpital de Langfang se bat contre une épidémie qui a surpris les campagnes alentours. Ici, on cultivait les céréales, les légumes, les fruits, quand tout le monde est tombé malade, suite à la levée abrupte des restrictions sanitaires. Après trois semaines de silence, les commerces et les restaurants rouvrent peu à peu. Les salariés masqués retournent au travail et des TGV qui toussent font le plein, matin et soir, pour aller et revenir de la capitale chinoise située à une soixantaine de kilomètres. La vie normale a repris, dit la propagande. Mais pas aux urgences, où les personnes âgées, dans un état critique, continuent d'affluer.   Les températures sont descendues jusqu'à -12°C ces derniers jours dans les plaines du Hebei. De l'extérieur, la masse grise de l'hôpital Guandaojiu de Langfang semble frigorifiée. Une fois passé les grandes portes doublées de couvertures matelassées à l'entrée, les visiteurs aux regards inquiets accélèrent le pas, les bras chargés de couvertures, de vêtements et de victuailles pour les malades. Dans le hall d'accueil, les cris lancés aux smartphones sont autant de bouteilles jetées dans un océan d'incertitude : « c'est le troisième service d'urgence que je fais avec ma mère, martèle un homme d'une cinquantaine d'années et, à chaque fois, on nous répond qu'il n'y a pas de place ! » La plupart des hôpitaux de Pékin et sa région ont poussé les murs pour répondre à l'afflux des fiévreux. Mais tous les établissements ne disposent pas des mêmes ressources. Un chauffeur de VTC ronge son frein : « nous devons nous battre pour trouver des cachets contre la fièvre et un lit pour soigner nos anciens, comment se fait-il que nos usines qui produisent autant de médicaments n'aient pas été informées de l'ouverture du pays ? ». Patients sous dialyse L'ouverture de la Chine et des villes chinoises est une autre manière de parler du relâchement de la politique de prévention et de contrôle de l'épidémie annoncé par la commission nationale de la santé le 7 décembre. L'explosion des contaminations qui a suivi ce changement à 180 degrés de la politique sanitaire, affecte en priorité les personnes âgées. « Tous les matins, à 5 heures, j'avais de la fièvre et j'avais froid, raconte une septuagénaire. Je voulais prendre des médicaments antidouleurs, mais on en n'avait pas à la maison. J'ai envoyé mon mari en chercher, il n'en a pas trouvé ! J'y suis allée, j'ai fait sept ou huit pharmacies avant de trouver deux boites ». Les récits se suivent et se ressemblent. Généralement, l'étape d'après, c'est une respiration altérée et un état de santé qui se dégrade rapidement. Puis, la tournée des établissements de soins, en panique, jusqu'à trouver celui qui peut prendre en charge une mère, un père, un oncle, une tante en grande souffrance. Mais pour cela, il faut d'abord prendre un numéro dans la file d'attente. Faute de place, les patients s'effondrent dans les couloirs ou sont allongés à même le sol. La plupart doivent patienter quelques jours sous dialyse avant d'être hospitalisés, pour celles et ceux qui ont de la chance. Pas de lit sans « guanxi » C'est le cas de cet homme de 79 ans qui a fini par être accepté aux services des maladies respiratoires au huitième étage de l'établissement. C'est sa fille qui nous parle de lui et du combat qu'il a fallu mener pour arriver jusqu'ici : « Tout le monde a attrapé le Covid ici, affirme cette dernière. On a attendu en bas aux urgences pendant trois jours. Les médecins disent que les morts sont des personnes âgées, mais personne n'est venu nous voir. À chaque fois, on nous répondait : "il n'y a pas de lits." Si vous n'avez pas de relations, ne pensez même pas à venir ici. » Pas de lits sans « guanxi » (« relations » en chinois). Toutes les chambres du service des maladies respiratoires sont occupées par six patients, dont cette grand-mère de 74 ans, qui n'en revient pas d'être toujours en vie. « Vendredi dernier, je ne pouvais plus ouvrir les yeux, raconte-t-elle. Marcher entre le salon et ma chambre était devenu impossible. Mon fils m'a d'abord emmenée aux urgences de l'hôpital du peuple, mais il y avait tellement de monde qu'on ne pouvait même pas s'assoir. Puis, ils ont pris une radio de mes poumons. Ils ont dit : "tes poumons sont devenus tout blancs, toutes les parties sont infectées." Ma petite sœur a eu la trouille en voyant ça. Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle m'a trouvé une place ici ! » ► À lire aussi : Covid-19 : crainte du sous-variant chinois BF.7, Pékin se veut rassurant « Asymptomatiques au cimetière » Les « poumons blancs », marques de l'infection sur les scanners, ont envahi les réseaux sociaux. Ces images de bronches laiteuses ont rappelé à certains internautes les débuts de la pandémie à Wuhan il y a trois ans, déclenchant toutes sortes de rumeurs aussitôt démenties par les autorités. Ces dernières ont pourtant de plus en plus de mal à convaincre, vu le manque de transparence sur les statistiques. En plus d'avoir cessé de publier les bilans quotidiens de l'épidémie, les critères permettant d'établir ce qui définit une mort du Covid, en l'occurrence la pneumonie et l'insuffisance respiratoire, ont été réduits. Les médias d'État ne parlent jamais des décès liés à la pneumonie virale et répètent que la majorité des cas de contaminations au sous-variant d'Omicron sont asymptomatiques. « Cela fait 20 jours que mon beau-père est sous perfusions, s'emporte un voyageur à la gare. Ils parlent de 95 % de personnes qui n'ont pas de symptômes avec le Covid, mais moi, je n'en connais pas ! L'épouse du frère de mon père a été asymptomatique jusqu'au cimetière. » Nouveau coup de feu au huitième étage de l'hôpital de Langfang. Près de la sortie des ascenseurs, des lits de camps de fortune permettent à celles et ceux qui attendent des nouvelles de se reposer ou de pleurer. Un patient, visiblement au plus mal, vient de franchir les portes battantes sur une civière, direction les urgences. « Mon père a 74 ans. Il est trop malade cette fois. Il a les poumons blancs. J'ai vu d'autres patients dans le service qui ont aussi les poumons blancs. Mais avec des symptômes plus légers, c'est possible de s'en sortir. Là, on ne sait pas. Ils l'ont emmené, mais rien n'est sûr, selon les médecins. On n'a rien dit à maman », confie la fille du patient, en larmes, qui vient de voir son père partir sur un brancard. Rien n'est certain avec cette première épidémie, dont la région du Hebei a été l'épicentre mi-décembre. « Il y a des gens qui viennent des comtés voisins, confie une cheffe infirmière. L'hôpital reste sous pression et beaucoup de personnes âgées sont décédées. On fait tous notre maximum pour les sauver. Vous voyez ces respirateurs, ces équipements pour administrer de l'oxygène aux patients, mais leur corps est trop faible pour lutter contre ce virus. C'est vraiment une maladie qui décime les oncles et les tantes âgées. Et ça coûte très cher de rester en soins intensifs. » ► À lire aussi : Nouvelle vague de Covid-19 en Chine : l'Inde se tient prête Crématoriums débordés Les frais d'hospitalisation sont inabordables pour la plupart des familles. Il en est de même pour les funérailles. Comme à Pékin, les crématoriums sont débordés et obtenir une place ces jours-ci exige de la patience. Devant le grand funérarium de Langfang, les faux canons grimpés à l'arrière des pick-up funéraires font le tour du parking plusieurs fois par jour. Comme le veut la tradition, la pétarade vient chasser les mauvais esprits. Il n'y a presque plus de place pour se garer. Une épaisse fumée noire sort de la longue cheminée du salon mortuaire. « Il y a 4 à 5 fois plus de cérémonies en ce moment qu'avant l'épidémie, confie un employé à l'entrée. Il y a tellement de monde que l'on doit refuser des demandes. Avant, on comptait 8 à 10 personnes à incinérer par jour, en ce moment, c'est entre 30 et 50. »Puis l'homme vérifie dans son carnet. « L'affluence a commencé à partir du 11 décembre dernier. C'était juste après l'ouverture de la ville [la levée des restrictions sanitaires qui a entrainé une explosion des cas, NDLR]. » Devant la salle de deuil, les familles se bousculent pour accompagner les défunts dans leur dernière demeure. Mais là aussi, il faut patienter. « Nous avons dû attendre plusieurs jours avant d'obtenir une place, il y a 4 ou 5 morts qui attendent devant nous, indique l'un des accompagnants. Il y a tellement de morts du Covid, qu'ils gagnent de l'argent. La situation est sombre, et cela, à un prix pour les proches. Les frais d'hôpital, puis la morgue et la cérémonie funéraire, au total cela peut dépasser les 11 000 euros. » Une somme importante notamment pour les familles d'agriculteurs des environs encore sonnées, comme la plupart des habitants, par la fulgurance du mal qui décime les plus fragiles. « Ce virus est tellement fort que tout le monde a été touché, poursuit le chauffeur de VTC. Je n'avais pas attrapé de rhume en dix ans. Je n'avais pas de médicaments chez moi. Et j'ai été infecté comme la plupart des personnes que je connais en moins de six jours après la levée des restrictions sanitaires. »

Reportage International
Covid-19 en Chine: Langfang face à l'épidémie des «poumons blancs»

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Play Episode Listen Later Dec 30, 2022 2:38


En Chine, la déferlante Omicron a pris de court les services de santé. Les soins intensifs sont saturés, notamment dans les villes moyennes de la province du Hebei, autour de Pékin. Reportage à Langfang.  De notre correspondant à Pékin et Louise May, du bureau de RFI en Chine, Des chariots-brancards poussés avec l'énergie du désespoir, des visages fermés sous les masques, voilà plus d'un mois que l'hôpital de Langfang se bat contre une épidémie qui a surpris les campagnes alentours. Ici, on cultivait les céréales, les légumes, les fruits, quand tout le monde est tombé malade, suite à la levée abrupte des restrictions sanitaires. Après trois semaines de silence, les commerces et les restaurants rouvrent peu à peu. Les salariés masqués retournent au travail et des TGV qui toussent font le plein, matin et soir, pour aller et revenir de la capitale chinoise située à une soixantaine de kilomètres. La vie normale a repris, dit la propagande. Mais pas aux urgences, où les personnes âgées, dans un état critique, continuent d'affluer.   Les températures sont descendues jusqu'à -12°C ces derniers jours dans les plaines du Hebei. De l'extérieur, la masse grise de l'hôpital Guandaojiu de Langfang semble frigorifiée. Une fois passé les grandes portes doublées de couvertures matelassées à l'entrée, les visiteurs aux regards inquiets accélèrent le pas, les bras chargés de couvertures, de vêtements et de victuailles pour les malades. Dans le hall d'accueil, les cris lancés aux smartphones sont autant de bouteilles jetées dans un océan d'incertitude : « c'est le troisième service d'urgence que je fais avec ma mère, martèle un homme d'une cinquantaine d'années et, à chaque fois, on nous répond qu'il n'y a pas de place ! » La plupart des hôpitaux de Pékin et sa région ont poussé les murs pour répondre à l'afflux des fiévreux. Mais tous les établissements ne disposent pas des mêmes ressources. Un chauffeur de VTC ronge son frein : « nous devons nous battre pour trouver des cachets contre la fièvre et un lit pour soigner nos anciens, comment se fait-il que nos usines qui produisent autant de médicaments n'aient pas été informées de l'ouverture du pays ? ». Patients sous dialyse L'ouverture de la Chine et des villes chinoises est une autre manière de parler du relâchement de la politique de prévention et de contrôle de l'épidémie annoncé par la commission nationale de la santé le 7 décembre. L'explosion des contaminations qui a suivi ce changement à 180 degrés de la politique sanitaire, affecte en priorité les personnes âgées. « Tous les matins, à 5 heures, j'avais de la fièvre et j'avais froid, raconte une septuagénaire. Je voulais prendre des médicaments antidouleurs, mais on en n'avait pas à la maison. J'ai envoyé mon mari en chercher, il n'en a pas trouvé ! J'y suis allée, j'ai fait sept ou huit pharmacies avant de trouver deux boites ». Les récits se suivent et se ressemblent. Généralement, l'étape d'après, c'est une respiration altérée et un état de santé qui se dégrade rapidement. Puis, la tournée des établissements de soins, en panique, jusqu'à trouver celui qui peut prendre en charge une mère, un père, un oncle, une tante en grande souffrance. Mais pour cela, il faut d'abord prendre un numéro dans la file d'attente. Faute de place, les patients s'effondrent dans les couloirs ou sont allongés à même le sol. La plupart doivent patienter quelques jours sous dialyse avant d'être hospitalisés, pour celles et ceux qui ont de la chance. Pas de lit sans « guanxi » C'est le cas de cet homme de 79 ans qui a fini par être accepté aux services des maladies respiratoires au huitième étage de l'établissement. C'est sa fille qui nous parle de lui et du combat qu'il a fallu mener pour arriver jusqu'ici : « Tout le monde a attrapé le Covid ici, affirme cette dernière. On a attendu en bas aux urgences pendant trois jours. Les médecins disent que les morts sont des personnes âgées, mais personne n'est venu nous voir. À chaque fois, on nous répondait : "il n'y a pas de lits." Si vous n'avez pas de relations, ne pensez même pas à venir ici. » Pas de lits sans « guanxi » (« relations » en chinois). Toutes les chambres du service des maladies respiratoires sont occupées par six patients, dont cette grand-mère de 74 ans, qui n'en revient pas d'être toujours en vie. « Vendredi dernier, je ne pouvais plus ouvrir les yeux, raconte-t-elle. Marcher entre le salon et ma chambre était devenu impossible. Mon fils m'a d'abord emmenée aux urgences de l'hôpital du peuple, mais il y avait tellement de monde qu'on ne pouvait même pas s'assoir. Puis, ils ont pris une radio de mes poumons. Ils ont dit : "tes poumons sont devenus tout blancs, toutes les parties sont infectées." Ma petite sœur a eu la trouille en voyant ça. Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle m'a trouvé une place ici ! » ► À lire aussi : Covid-19 : crainte du sous-variant chinois BF.7, Pékin se veut rassurant « Asymptomatiques au cimetière » Les « poumons blancs », marques de l'infection sur les scanners, ont envahi les réseaux sociaux. Ces images de bronches laiteuses ont rappelé à certains internautes les débuts de la pandémie à Wuhan il y a trois ans, déclenchant toutes sortes de rumeurs aussitôt démenties par les autorités. Ces dernières ont pourtant de plus en plus de mal à convaincre, vu le manque de transparence sur les statistiques. En plus d'avoir cessé de publier les bilans quotidiens de l'épidémie, les critères permettant d'établir ce qui définit une mort du Covid, en l'occurrence la pneumonie et l'insuffisance respiratoire, ont été réduits. Les médias d'État ne parlent jamais des décès liés à la pneumonie virale et répètent que la majorité des cas de contaminations au sous-variant d'Omicron sont asymptomatiques. « Cela fait 20 jours que mon beau-père est sous perfusions, s'emporte un voyageur à la gare. Ils parlent de 95 % de personnes qui n'ont pas de symptômes avec le Covid, mais moi, je n'en connais pas ! L'épouse du frère de mon père a été asymptomatique jusqu'au cimetière. » Nouveau coup de feu au huitième étage de l'hôpital de Langfang. Près de la sortie des ascenseurs, des lits de camps de fortune permettent à celles et ceux qui attendent des nouvelles de se reposer ou de pleurer. Un patient, visiblement au plus mal, vient de franchir les portes battantes sur une civière, direction les urgences. « Mon père a 74 ans. Il est trop malade cette fois. Il a les poumons blancs. J'ai vu d'autres patients dans le service qui ont aussi les poumons blancs. Mais avec des symptômes plus légers, c'est possible de s'en sortir. Là, on ne sait pas. Ils l'ont emmené, mais rien n'est sûr, selon les médecins. On n'a rien dit à maman », confie la fille du patient, en larmes, qui vient de voir son père partir sur un brancard. Rien n'est certain avec cette première épidémie, dont la région du Hebei a été l'épicentre mi-décembre. « Il y a des gens qui viennent des comtés voisins, confie une cheffe infirmière. L'hôpital reste sous pression et beaucoup de personnes âgées sont décédées. On fait tous notre maximum pour les sauver. Vous voyez ces respirateurs, ces équipements pour administrer de l'oxygène aux patients, mais leur corps est trop faible pour lutter contre ce virus. C'est vraiment une maladie qui décime les oncles et les tantes âgées. Et ça coûte très cher de rester en soins intensifs. » ► À lire aussi : Nouvelle vague de Covid-19 en Chine : l'Inde se tient prête Crématoriums débordés Les frais d'hospitalisation sont inabordables pour la plupart des familles. Il en est de même pour les funérailles. Comme à Pékin, les crématoriums sont débordés et obtenir une place ces jours-ci exige de la patience. Devant le grand funérarium de Langfang, les faux canons grimpés à l'arrière des pick-up funéraires font le tour du parking plusieurs fois par jour. Comme le veut la tradition, la pétarade vient chasser les mauvais esprits. Il n'y a presque plus de place pour se garer. Une épaisse fumée noire sort de la longue cheminée du salon mortuaire. « Il y a 4 à 5 fois plus de cérémonies en ce moment qu'avant l'épidémie, confie un employé à l'entrée. Il y a tellement de monde que l'on doit refuser des demandes. Avant, on comptait 8 à 10 personnes à incinérer par jour, en ce moment, c'est entre 30 et 50. »Puis l'homme vérifie dans son carnet. « L'affluence a commencé à partir du 11 décembre dernier. C'était juste après l'ouverture de la ville [la levée des restrictions sanitaires qui a entrainé une explosion des cas, NDLR]. » Devant la salle de deuil, les familles se bousculent pour accompagner les défunts dans leur dernière demeure. Mais là aussi, il faut patienter. « Nous avons dû attendre plusieurs jours avant d'obtenir une place, il y a 4 ou 5 morts qui attendent devant nous, indique l'un des accompagnants. Il y a tellement de morts du Covid, qu'ils gagnent de l'argent. La situation est sombre, et cela, à un prix pour les proches. Les frais d'hôpital, puis la morgue et la cérémonie funéraire, au total cela peut dépasser les 11 000 euros. » Une somme importante notamment pour les familles d'agriculteurs des environs encore sonnées, comme la plupart des habitants, par la fulgurance du mal qui décime les plus fragiles. « Ce virus est tellement fort que tout le monde a été touché, poursuit le chauffeur de VTC. Je n'avais pas attrapé de rhume en dix ans. Je n'avais pas de médicaments chez moi. Et j'ai été infecté comme la plupart des personnes que je connais en moins de six jours après la levée des restrictions sanitaires. »

Aujourd'hui l'économie, le portrait
Twitter, Starlink, Tesla: l'année très chargée d'Elon Musk

Aujourd'hui l'économie, le portrait

Play Episode Listen Later Dec 30, 2022 4:14


Aujourd'hui l'économie retrace l'année folle d'Elon Musk. Une année 2022 très dense pour le multimilliardaire. Le « serial entrepreneur » a ajouté Twitter à la longue liste des groupes qu'il dirige déjà. Elon Musk est devenu « Chief Twit » cet automne. Ce sont ces mots, qui signifient « Crétin en chef », qu'il a fait apparaître sur son profil Twitter au moment du rachat du réseau social pour 44 milliards de dollars. Une acquisition au prix d'un gros endettement pour Twitter, et qui a tenu les Twittos en haleine. Le désormais deuxième homme le plus riche de la terre, selon Forbes, annonce au printemps son intention de mettre la main sur l'oiseau bleu, puis n'en veut plus l'été venu, avant de finaliser l'opération pour s'éviter un procès. Le rachat n'apaise pas le tumulte Si tôt les clefs de la boutique en main, Elon Musk vire l'équipe dirigeante et le conseil d'administration pour se retrouver seul aux manettes d'une entreprise qu'il retire de la Bourse. Il licencie sans ménagement la moitié des 7500 salariés et pose un ultimatum aux employés restants : travailler « à fond » ou partir. Les salariés ne sont pas les seuls à prendre leur distance. Plusieurs grandes marques suspendent leur publicité de crainte d'être associées à des contenus toxiques. Le libertarien est arrivé avec l'intention d'assouplir la modération. Une liberté d'expression qui se révèle à géométrie variable. Le nouveau patrondu réseau social a récemment suspendu les comptes de journalistes qui couvrent l'actualité de Twitter et de son propriétaire avant de se raviser. Dans les semaines qui suivent le rachat, il tente, tour à tour, de rassurer les annonceurs ou les menace d'appeler à un boycott « thermonucléaire ». Il « déclare » notamment, brièvement « la guerre » à Apple dont il critique aussi les commissions prises sur l'App Store. Un épisode surprenant pour Carolina Milanesi, présidente du cabinet de consulting Heart of Tech : « Cela montre à quel point il connait mal ce monde-là. Il a critiqué Apple pour sa commission "secrète" de 30%. Mais ce n'est pas secret du tout. Cela se sait depuis des années. » « Une affaire personnelle » Si tout ce tumulte inquiète les investisseurs ou les régulateurs, Elon Musk semble s'en amuser. Le trublion publie même la photo d'un homme posant devant une tombe, l'un et l'autre affublé d'un oiseau bleu, comme si Twitter assistait hilare à son propre enterrement. De quoi interroger sur ses intentions : « Je ne pense pas qu'il ait acheté Twitter parce qu'il y aurait vu une opportunité économique, ne serait-ce que parce qu'il faudrait que cette opportunité soit énorme pour récupérer sa mise, poursuit Carolina Milanesi. Selon moi, c'est une affaire personnelle. Il pensait devenir un héros en quelque sorte. » En fin de compte, après avoir sondé les Twittos, Elon Musk a promis qu'il démissionnerait de la direction générale dès qu'il aurait trouvé « quelqu'un d'assez fou pour accepter le job ».  Son successeur devra redresser les finances Elon Musk s'attend à un chiffre d'affaires 2023 en baisse de plus de 40% par rapport à 2021. Les remous pourraient avoir un impact sur les autres entreprises que Musk supervise. Le titre de Tesla s'effrite : -70% sur l'année. Toute la chute n'est pas liée à cette acquisition, mais il a vendu pour près de 40 milliards de dollars d'actions de Tesla cette année, en partie pour racheter Twitter, et des investisseurs s'inquiètent. Les prévisions de baisse de productions à Shanghai pèsent encore plus sur le titre. ► À lire aussi : L'action de Tesla, entreprise d'Elon Musk, au plus bas depuis deux ans Autre secousse du côté de Tesla, son plan de rémunération élaboré en 2018 et estimé à 56 milliards de dollars sur 10 ans lui a valu un procès. Starlink aide l'Ukraine à rester connectée Avec Twitter et Tesla, SpaceX a également fait couler beaucoup d'encre. Pour la première fois depuis 2019, SpaceX a fait voler son Heavy Falcon, la fusée la plus puissante du monde. Elle a par ailleurs obtenu un contrat avec la Nasa pour des navettes lunaires. SpaceX s'est illustré dans le conflit en Ukraine. Sa constellation Starlink a assuré des télécommunications aux combattants. Là encore, cela n'est pas sans quelques remous. À l'automne, il menace de ne plus fournir internet gratuitement à l'Ukraine et demande au Pentagone de prendre le relai. Là encore, Elon Musk finit par rétropédaler. Un temps remercié en héros, l'image du natif de Pretoriaa aussi été écornée en Ukraine par la publication, sur Twitter, de ses pistes pour un plan de paix entre Moscou et Kiev. Plan proposant notamment que la Crimée fasse officiellement partie de la Russie. L'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne, Andrij Melnyk, lui avait répondu, toujours sur Twitter, d'aller « se faire foutre ». Dans un contexte très différent, quelques terminaux Starlink ont aussi été déployés en Iran pour contourner les restrictions imposées par les autorités. Après la voiture, le poids lourd électrique Tout cela, ce n'a pas suffi à remplir l'année d'Elon Musk. Petit inventaire à la Prévert du reste, non exhaustif de son actualité 2022 : il a livré le premier « Semi », le camion électrique de Tesla. Selon les promesses de l'entrepreneur, le 37 tonnes peut parcourir 800 km avec une charge, près du double de ce que les autres véhicules du segment proposaient jusque-là. Du côté de Neuralink, Elon Musk a annoncé que la start-up serait en mesure d'implanter son premier appareil connecté dans le cerveau d'un humain courant 2023. Encore faut-il que les autorités sanitaires approuvent. Enfin, l'une de ses entreprises, la BoringCompany - qui creuse habituellement des tunnels - a lancé un parfum. Surprenant, peut-être pas autant que son nom : « Burnt hair » [cheveu ou poil brûlé en français, NDLR]. ► À lire aussi : Twitter: «Le vrai projet d'Elon Musk est politique»

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Twitter, Starlink, Tesla: l'année très chargée d'Elon Musk

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Aujourd'hui l'économie retrace l'année folle d'Elon Musk. Une année 2022 très dense pour le multimilliardaire. Le « serial entrepreneur » a ajouté Twitter à la longue liste des groupes qu'il dirige déjà. Elon Musk est devenu « Chief Twit » cet automne. Ce sont ces mots, qui signifient « Crétin en chef », qu'il a fait apparaître sur son profil Twitter au moment du rachat du réseau social pour 44 milliards de dollars. Une acquisition au prix d'un gros endettement pour Twitter, et qui a tenu les Twittos en haleine. Le désormais deuxième homme le plus riche de la terre, selon Forbes, annonce au printemps son intention de mettre la main sur l'oiseau bleu, puis n'en veut plus l'été venu, avant de finaliser l'opération pour s'éviter un procès. Le rachat n'apaise pas le tumulte Si tôt les clefs de la boutique en main, Elon Musk vire l'équipe dirigeante et le conseil d'administration pour se retrouver seul aux manettes d'une entreprise qu'il retire de la Bourse. Il licencie sans ménagement la moitié des 7500 salariés et pose un ultimatum aux employés restants : travailler « à fond » ou partir. Les salariés ne sont pas les seuls à prendre leur distance. Plusieurs grandes marques suspendent leur publicité de crainte d'être associées à des contenus toxiques. Le libertarien est arrivé avec l'intention d'assouplir la modération. Une liberté d'expression qui se révèle à géométrie variable. Le nouveau patrondu réseau social a récemment suspendu les comptes de journalistes qui couvrent l'actualité de Twitter et de son propriétaire avant de se raviser. Dans les semaines qui suivent le rachat, il tente, tour à tour, de rassurer les annonceurs ou les menace d'appeler à un boycott « thermonucléaire ». Il « déclare » notamment, brièvement « la guerre » à Apple dont il critique aussi les commissions prises sur l'App Store. Un épisode surprenant pour Carolina Milanesi, présidente du cabinet de consulting Heart of Tech : « Cela montre à quel point il connait mal ce monde-là. Il a critiqué Apple pour sa commission "secrète" de 30%. Mais ce n'est pas secret du tout. Cela se sait depuis des années. » « Une affaire personnelle » Si tout ce tumulte inquiète les investisseurs ou les régulateurs, Elon Musk semble s'en amuser. Le trublion publie même la photo d'un homme posant devant une tombe, l'un et l'autre affublé d'un oiseau bleu, comme si Twitter assistait hilare à son propre enterrement. De quoi interroger sur ses intentions : « Je ne pense pas qu'il ait acheté Twitter parce qu'il y aurait vu une opportunité économique, ne serait-ce que parce qu'il faudrait que cette opportunité soit énorme pour récupérer sa mise, poursuit Carolina Milanesi. Selon moi, c'est une affaire personnelle. Il pensait devenir un héros en quelque sorte. » En fin de compte, après avoir sondé les Twittos, Elon Musk a promis qu'il démissionnerait de la direction générale dès qu'il aurait trouvé « quelqu'un d'assez fou pour accepter le job ».  Son successeur devra redresser les finances Elon Musk s'attend à un chiffre d'affaires 2023 en baisse de plus de 40% par rapport à 2021. Les remous pourraient avoir un impact sur les autres entreprises que Musk supervise. Le titre de Tesla s'effrite : -70% sur l'année. Toute la chute n'est pas liée à cette acquisition, mais il a vendu pour près de 40 milliards de dollars d'actions de Tesla cette année, en partie pour racheter Twitter, et des investisseurs s'inquiètent. Les prévisions de baisse de productions à Shanghai pèsent encore plus sur le titre. ► À lire aussi : L'action de Tesla, entreprise d'Elon Musk, au plus bas depuis deux ans Autre secousse du côté de Tesla, son plan de rémunération élaboré en 2018 et estimé à 56 milliards de dollars sur 10 ans lui a valu un procès. Starlink aide l'Ukraine à rester connectée Avec Twitter et Tesla, SpaceX a également fait couler beaucoup d'encre. Pour la première fois depuis 2019, SpaceX a fait voler son Heavy Falcon, la fusée la plus puissante du monde. Elle a par ailleurs obtenu un contrat avec la Nasa pour des navettes lunaires. SpaceX s'est illustré dans le conflit en Ukraine. Sa constellation Starlink a assuré des télécommunications aux combattants. Là encore, cela n'est pas sans quelques remous. À l'automne, il menace de ne plus fournir internet gratuitement à l'Ukraine et demande au Pentagone de prendre le relai. Là encore, Elon Musk finit par rétropédaler. Un temps remercié en héros, l'image du natif de Pretoriaa aussi été écornée en Ukraine par la publication, sur Twitter, de ses pistes pour un plan de paix entre Moscou et Kiev. Plan proposant notamment que la Crimée fasse officiellement partie de la Russie. L'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne, Andrij Melnyk, lui avait répondu, toujours sur Twitter, d'aller « se faire foutre ». Dans un contexte très différent, quelques terminaux Starlink ont aussi été déployés en Iran pour contourner les restrictions imposées par les autorités. Après la voiture, le poids lourd électrique Tout cela, ce n'a pas suffi à remplir l'année d'Elon Musk. Petit inventaire à la Prévert du reste, non exhaustif de son actualité 2022 : il a livré le premier « Semi », le camion électrique de Tesla. Selon les promesses de l'entrepreneur, le 37 tonnes peut parcourir 800 km avec une charge, près du double de ce que les autres véhicules du segment proposaient jusque-là. Du côté de Neuralink, Elon Musk a annoncé que la start-up serait en mesure d'implanter son premier appareil connecté dans le cerveau d'un humain courant 2023. Encore faut-il que les autorités sanitaires approuvent. Enfin, l'une de ses entreprises, la BoringCompany - qui creuse habituellement des tunnels - a lancé un parfum. Surprenant, peut-être pas autant que son nom : « Burnt hair » [cheveu ou poil brûlé en français, NDLR]. ► À lire aussi : Twitter: «Le vrai projet d'Elon Musk est politique»

Revue de presse Afrique
À la Une: le Rwanda pointé du doigt par l'ONU

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Dec 29, 2022 3:58


« Il va être de plus en plus difficile pour le Rwanda, constate Le Monde Afrique, de camper sur son déni d'ingérence dans l'est de la République démocratique du Congo après la diffusion, hier [28 décembre, NDLR], du dernier rapport des experts des Nations unies. Ses conclusions sont en effet sans équivoques, pointe Le Monde Afrique. Les cinq enquêteurs assurent avoir "trouvé des preuves substantielles de l'intervention directe des forces de défense rwandaises sur le territoire de la RDC, soit pour renforcer le M23, soit pour mener des opérations militaires contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda" établies en RDC, d'origine rwandaises et opposées au régime de Kigali. Dans leur précédent rapport du mois de juin, précise encore Le Monde Afrique, les experts de l'ONU se montraient beaucoup moins affirmatifs concernant l'implication du pays voisin. Ils se contentaient alors de reprendre des déclarations "des autorités" de la RDC affirmant que les rebelles du M23 opéraient avec le soutien des forces armées rwandaises. Ce que le président rwandais, Paul Kagame, niait avec force. » Sur le terrain, « la situation se détériore chaque jour un peu plus entre le Rwanda et la RDC, relève La Libre Afrique. Hier, les autorités congolaises annonçaient l'arrestation de "plusieurs espions" œuvrant pour les services rwandais. Kinshasa accuse aussi le Rwanda d'avoir cherché à préparer une attaque contre le président de la République. Et en début de soirée, Kigali annonçait qu'un avion de chasse Sukhoi-25 de la RDC avait violé l'espace aérien rwandais le long du lac Kivu dans la province occidentale du Rwanda. » Burkina Faso : le lieutenant-colonel Zoungrana putschiste invétéré ? Au Burkina Faso, retour à la case prison pour le lieutenant-colonel Zoungrana. « L'ex-patron du 12e régiment d'infanterie commando est-il un putschiste indécrottable ? », s'interroge le quotidien Aujourd'hui. « Que reproche-t-on au truculent lieutenant-colonel qui avait été arrêté le 10 janvier dernier et qui avait bénéficié il y a deux semaines d'une liberté provisoire ? On a depuis hier soir la réponse, pointe le quotidien ouagalais, par le biais du procureur militaire : une enquête dûment diligentée a mis à nu que des militaires, dont forcément Zoungrana, de mèche avec des civils, étaient en train de préparer une déstabilisation des institutions de l'État… » Étrange affaire tout de même, estime Le Pays : « cet officier constituerait une menace pour le pouvoir. Il reste cependant à faire la preuve que cette menace est réelle, affirme le journal, et savoir sur quoi elle repose réellement. Et si ce n'est pas le cas, que la justice le réhabilite et explique au peuple burkinabè pourquoi on chercherait à réduire au silence ce militaire qui, du fond de son cachot, n'a cessé de proclamer sa volonté d'aller au front pour défendre sa patrie en danger. » Les 46 militaires ivoiriens retenus au Mali libérés aujourd'hui ? Enfin, suite et peut-être fin ce jeudi du feuilleton des 46 militaires ivoiriens retenus au Mali depuis juillet. « Les Ivoiriens prient pour que le président Assimi Goïta décide de leur faire le plus beau cadeau de fin d'année », s'exclame Le National à Bamako, qui, à l'instar des autorités, maintient que ces militaires étaient des mercenaires et non des soldats destinés à la relève du contingent ivoirien de la Minusma. En tout cas, la justice malienne doit se prononcer sur leur sort, ce jeudi 29 décembre. Et d'après le quotidien 24 Heures, à Dakar, les soldats ivoiriens, accusés de tentative d'atteinte à la sureté extérieure de l'État, pourraient voir les faits requalifiés de sorte à obtenir une peine couvrant la durée de leur détention préventive. Autre hypothèse : les soldats ivoiriens pourraient bénéficier d'une grâce de la part du président de la transition malienne, Assimi Goïta. Juste avant Noël, les autorités ivoiriennes et maliennes avaient conclu un accord dont les termes n'ont pas été rendus publics. « Le procès de ce jeudi intervient, rappelle Jeune Afrique, alors que la Cédéao a fixé début décembre un ultimatum aux autorités de la transition malienne : la junte a jusqu'à la fin de l'année pour libérer les soldats ivoiriens, sous peine de nouvelles sanctions. »

Revue de presse Afrique
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Revue de presse Afrique

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« Il va être de plus en plus difficile pour le Rwanda, constate Le Monde Afrique, de camper sur son déni d'ingérence dans l'est de la République démocratique du Congo après la diffusion, hier [28 décembre, NDLR], du dernier rapport des experts des Nations unies. Ses conclusions sont en effet sans équivoques, pointe Le Monde Afrique. Les cinq enquêteurs assurent avoir "trouvé des preuves substantielles de l'intervention directe des forces de défense rwandaises sur le territoire de la RDC, soit pour renforcer le M23, soit pour mener des opérations militaires contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda" établies en RDC, d'origine rwandaises et opposées au régime de Kigali. Dans leur précédent rapport du mois de juin, précise encore Le Monde Afrique, les experts de l'ONU se montraient beaucoup moins affirmatifs concernant l'implication du pays voisin. Ils se contentaient alors de reprendre des déclarations "des autorités" de la RDC affirmant que les rebelles du M23 opéraient avec le soutien des forces armées rwandaises. Ce que le président rwandais, Paul Kagame, niait avec force. » Sur le terrain, « la situation se détériore chaque jour un peu plus entre le Rwanda et la RDC, relève La Libre Afrique. Hier, les autorités congolaises annonçaient l'arrestation de "plusieurs espions" œuvrant pour les services rwandais. Kinshasa accuse aussi le Rwanda d'avoir cherché à préparer une attaque contre le président de la République. Et en début de soirée, Kigali annonçait qu'un avion de chasse Sukhoi-25 de la RDC avait violé l'espace aérien rwandais le long du lac Kivu dans la province occidentale du Rwanda. » Burkina Faso : le lieutenant-colonel Zoungrana putschiste invétéré ? Au Burkina Faso, retour à la case prison pour le lieutenant-colonel Zoungrana. « L'ex-patron du 12e régiment d'infanterie commando est-il un putschiste indécrottable ? », s'interroge le quotidien Aujourd'hui. « Que reproche-t-on au truculent lieutenant-colonel qui avait été arrêté le 10 janvier dernier et qui avait bénéficié il y a deux semaines d'une liberté provisoire ? On a depuis hier soir la réponse, pointe le quotidien ouagalais, par le biais du procureur militaire : une enquête dûment diligentée a mis à nu que des militaires, dont forcément Zoungrana, de mèche avec des civils, étaient en train de préparer une déstabilisation des institutions de l'État… » Étrange affaire tout de même, estime Le Pays : « cet officier constituerait une menace pour le pouvoir. Il reste cependant à faire la preuve que cette menace est réelle, affirme le journal, et savoir sur quoi elle repose réellement. Et si ce n'est pas le cas, que la justice le réhabilite et explique au peuple burkinabè pourquoi on chercherait à réduire au silence ce militaire qui, du fond de son cachot, n'a cessé de proclamer sa volonté d'aller au front pour défendre sa patrie en danger. » Les 46 militaires ivoiriens retenus au Mali libérés aujourd'hui ? Enfin, suite et peut-être fin ce jeudi du feuilleton des 46 militaires ivoiriens retenus au Mali depuis juillet. « Les Ivoiriens prient pour que le président Assimi Goïta décide de leur faire le plus beau cadeau de fin d'année », s'exclame Le National à Bamako, qui, à l'instar des autorités, maintient que ces militaires étaient des mercenaires et non des soldats destinés à la relève du contingent ivoirien de la Minusma. En tout cas, la justice malienne doit se prononcer sur leur sort, ce jeudi 29 décembre. Et d'après le quotidien 24 Heures, à Dakar, les soldats ivoiriens, accusés de tentative d'atteinte à la sureté extérieure de l'État, pourraient voir les faits requalifiés de sorte à obtenir une peine couvrant la durée de leur détention préventive. Autre hypothèse : les soldats ivoiriens pourraient bénéficier d'une grâce de la part du président de la transition malienne, Assimi Goïta. Juste avant Noël, les autorités ivoiriennes et maliennes avaient conclu un accord dont les termes n'ont pas été rendus publics. « Le procès de ce jeudi intervient, rappelle Jeune Afrique, alors que la Cédéao a fixé début décembre un ultimatum aux autorités de la transition malienne : la junte a jusqu'à la fin de l'année pour libérer les soldats ivoiriens, sous peine de nouvelles sanctions. »

Aujourd'hui l'économie, le portrait
Mostafa Terrab, les engrais au service de la diplomatie marocaine

Aujourd'hui l'économie, le portrait

Play Episode Listen Later Dec 27, 2022 4:04


Portrait de Mostafa Terrab, à la tête de l'Office chérifien des phosphates (OCP), le géant marocain des engrais depuis 2006. Une entreprise qui, dans la crise mondiale actuelle des engrais, joue un rôle clé pour l'Afrique notamment.  En octobre, Mostafa Terrab était l'invité d'honneur du président de la Banque mondiale, David Malpass, pour un débat sur la crise mondiale des engrais. Mostafa Terrab vient de promettre de livrer à l'Afrique qui en manque cruellement, quatre millions de tonnes d'engrais phosphatés en 2023. De quoi couvrir 80% de ses besoins, et ce, à des tarifs préférentiels. Un coup politique et un coup de com' à la fois, qui ne surprennent pas ceux qui, comme Pascal Airault, connaissent ce patron hors norme, arrivé à la tête de l'Office chérifien des phosphates (OCP), en 2006 : « Mostafa Terrab a un physique impressionnant. Il a un physique de catcheur, une voix grave. Il vient d'une grande famille de Meknès. Son grand-père était Mohamed Belarbi Alaoui, figure de l'Islam moderniste. Et lui incarne le patron moderne. Il se balade avec le Financial Time (grand quotidien économique britannique, NDLR) sous le bras. Il est passé par l'entreprise Bechtel (la première entreprise américaine de travaux publics, NDLR) aux États-Unis. Il a aussi travaillé à la Banque mondiale. » ►À lire aussi : Au Maroc, les producteurs d'engrais africains réfléchissent à l'avenir Mohamed VI lui confie la mission de redresser un mastodonte mal en point. L'OCP était alors la vache à lait de la monarchie marocaine, une entreprise opaque et vieillissante. Mostafa Terrab, formé en France à l'école nationale des Ponts et Chaussées, et au Massachusetts Institut of Technology (MIT), entreprend une révolution copernicienne. Mounir Halim dirige Afriqom, agence d'information spécialisée sur les engrais. Ce physicien a travaillé trois ans avec Mostafa Terrab : « Il y a un changement de culture, que j'ai vécu à l'époque. Il faut prendre la responsabilité. Il faut donner la décision aux différents niveaux de management. Certainement à l'américaine, mais du bon côté, avec de l'action, avec de la vision et du suivi et certainement de la créativité. » Outre des campagnes de communication axées sur l'écologie et qui visent aussi à contrebalancer l'image d'une industrie réputée polluante, Mostafa Terrab entreprend surtout de faire de la première entreprise marocaine une machine à profit. Pour cela, l'OCP devient non plus simple fournisseur de phosphates brut, mais aussi d'engrais, quadruplant sa production en treize ans : « Quand on vend un phosphate à cent dollars (la tonne, NDLR) à une usine en Australie qui va le transformer et le vendre à 400 dollars, il y a une marge qui est captée par celui qui transforme le produit, expliqueMounir Halim, ex-directeur des ventes en Europe d'OCP. Mostafa Terrab dit "non ! Pourquoi est-on en train de donner notre matière première ?" Il veut capter la marge, et en plus, il devient l'un des plus grands producteurs et exportateurs du marché. On se retrouve donc en position de leader sur le pricing (la politique de prix, NDLR), sur la stratégie et donc devient influenceur du marché. » Stratégie gagnante Transformée en société anonyme, publiant ses résultats, l'OCP séduit. Cette année, son chiffre d'affaires devrait dépasser les onze milliards d'euros. Le groupe s'est aussi lancé à la conquête de l'Afrique. Suivant la ligne politique fixée par le palais, Mostafa Terrab multiplie les investissements au sud : usines en Éthiopie, au Nigéria, partenariats au Sénégal et dans une douzaine d'autres pays. L'OCP de Mostafa Terrab est aussi un instrument diplomatique pour le Maroc dans sa politique envers le Sahara occidental. Pascal Airault ajoute : « On pense qu'en établissant des liens commerciaux, des liens économiques très étroits avec un certain nombre de pays du continent qui étaient enclins à conserver leur soutien politique à la république arabe sahraoui démocratique, on peut espérer au bout d'un certain temps obtenir un changement d'attitude. » L'OCP est un bras économique marocain sous influence. Rabat a ainsi rappelé une cargaison de 50 000 tonnes d'engrais destinés au Pérou après que Lima a rétabli ses relations avec les indépendantistes sahraouis. ► À écouter aussi : Afrique Économie - Peut-on pallier le manque d'engrais en Afrique ?

Aujourd'hui l'économie, le portrait
Mostafa Terrab, les engrais au service de la diplomatie marocaine

Aujourd'hui l'économie, le portrait

Play Episode Listen Later Dec 27, 2022 4:04


Portrait de Mostafa Terrab, à la tête de l'Office chérifien des phosphates (OCP), le géant marocain des engrais depuis 2006. Une entreprise qui, dans la crise mondiale actuelle des engrais, joue un rôle clé pour l'Afrique notamment.  En octobre, Mostafa Terrab était l'invité d'honneur du président de la Banque mondiale, David Malpass, pour un débat sur la crise mondiale des engrais. Mostafa Terrab vient de promettre de livrer à l'Afrique qui en manque cruellement, quatre millions de tonnes d'engrais phosphatés en 2023. De quoi couvrir 80% de ses besoins, et ce, à des tarifs préférentiels. Un coup politique et un coup de com' à la fois, qui ne surprennent pas ceux qui, comme Pascal Airault, connaissent ce patron hors norme, arrivé à la tête de l'Office chérifien des phosphates (OCP), en 2006 : « Mostafa Terrab a un physique impressionnant. Il a un physique de catcheur, une voix grave. Il vient d'une grande famille de Meknès. Son grand-père était Mohamed Belarbi Alaoui, figure de l'Islam moderniste. Et lui incarne le patron moderne. Il se balade avec le Financial Time (grand quotidien économique britannique, NDLR) sous le bras. Il est passé par l'entreprise Bechtel (la première entreprise américaine de travaux publics, NDLR) aux États-Unis. Il a aussi travaillé à la Banque mondiale. » ►À lire aussi : Au Maroc, les producteurs d'engrais africains réfléchissent à l'avenir Mohamed VI lui confie la mission de redresser un mastodonte mal en point. L'OCP était alors la vache à lait de la monarchie marocaine, une entreprise opaque et vieillissante. Mostafa Terrab, formé en France à l'école nationale des Ponts et Chaussées, et au Massachusetts Institut of Technology (MIT), entreprend une révolution copernicienne. Mounir Halim dirige Afriqom, agence d'information spécialisée sur les engrais. Ce physicien a travaillé trois ans avec Mostafa Terrab : « Il y a un changement de culture, que j'ai vécu à l'époque. Il faut prendre la responsabilité. Il faut donner la décision aux différents niveaux de management. Certainement à l'américaine, mais du bon côté, avec de l'action, avec de la vision et du suivi et certainement de la créativité. » Outre des campagnes de communication axées sur l'écologie et qui visent aussi à contrebalancer l'image d'une industrie réputée polluante, Mostafa Terrab entreprend surtout de faire de la première entreprise marocaine une machine à profit. Pour cela, l'OCP devient non plus simple fournisseur de phosphates brut, mais aussi d'engrais, quadruplant sa production en treize ans : « Quand on vend un phosphate à cent dollars (la tonne, NDLR) à une usine en Australie qui va le transformer et le vendre à 400 dollars, il y a une marge qui est captée par celui qui transforme le produit, expliqueMounir Halim, ex-directeur des ventes en Europe d'OCP. Mostafa Terrab dit "non ! Pourquoi est-on en train de donner notre matière première ?" Il veut capter la marge, et en plus, il devient l'un des plus grands producteurs et exportateurs du marché. On se retrouve donc en position de leader sur le pricing (la politique de prix, NDLR), sur la stratégie et donc devient influenceur du marché. » Stratégie gagnante Transformée en société anonyme, publiant ses résultats, l'OCP séduit. Cette année, son chiffre d'affaires devrait dépasser les onze milliards d'euros. Le groupe s'est aussi lancé à la conquête de l'Afrique. Suivant la ligne politique fixée par le palais, Mostafa Terrab multiplie les investissements au sud : usines en Éthiopie, au Nigéria, partenariats au Sénégal et dans une douzaine d'autres pays. L'OCP de Mostafa Terrab est aussi un instrument diplomatique pour le Maroc dans sa politique envers le Sahara occidental. Pascal Airault ajoute : « On pense qu'en établissant des liens commerciaux, des liens économiques très étroits avec un certain nombre de pays du continent qui étaient enclins à conserver leur soutien politique à la république arabe sahraoui démocratique, on peut espérer au bout d'un certain temps obtenir un changement d'attitude. » L'OCP est un bras économique marocain sous influence. Rabat a ainsi rappelé une cargaison de 50 000 tonnes d'engrais destinés au Pérou après que Lima a rétabli ses relations avec les indépendantistes sahraouis. ► À écouter aussi : Afrique Économie - Peut-on pallier le manque d'engrais en Afrique ?

Aujourd'hui l'économie, le portrait
Jerome Powell et son action à la tête de la FED, suivie par les grandes banques centrales

Aujourd'hui l'économie, le portrait

Play Episode Listen Later Dec 26, 2022 3:51


Par son action contre l'inflation, Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, a marqué la politique monétaire de cette institution et a été suivie par les grandes banques centrales, comme la BCE ou encore la Banque d'Angleterre. « L'inflation est bien trop élevée », martèle depuis des mois le patron de la FED. Alors qu'il y a un an, il assurait qu'elle n'était que transitoire. Mais depuis, les prix ont explosé. Et aujourd'hui, il n'est plus seulement question pour la FED de lutter contre l'inflation, elle doit aussi prouver sa crédibilité en tant que gardienne de la stabilité des prix. C'est pourquoi, lors de son discours de décembre, Jerome Powell déclarait : « Je souhaiterais assurer tous les Américains que nous comprenons l'épreuve qu'ils traversent à cause de l'inflation forte. Et que nous prenons l'engagement de la ramener vers l'objectif de 2%. » Mais qui est donc cet homme que rien ne prédestinait à prendre la tête de l'institution la plus influente pour l'avenir économique de la planète ? ►À lire aussi : Le numéro d'équilibriste de la FED américaine entre inflation et récession Il n'a jamais fait d'études d'économie Né il y a 69 ans, dans une fratrie de six enfants, son père était avocat, son grand-père maternel doyen à la Faculté de droit, diplômé de l'Université de Georgetown, Jerome Powell débute une carrière d'avocat avant de se tourner vers la banque d'affaires. Cet homme qui n'a jamais fait d'études d'économie est pourtant nommé par le président Bush père sous-secrétaire d'État au Trésor en 1992. Sous l'administration de Barack Obama, il siège au Conseil des gouverneurs de la FED, avant d'être nommé par Donald Trump à la tête de cette institution. Républicain modéré, il est pourtant critiqué par Trump qui tente de le limoger. Mais, surprise : en 2021, Jerome Powell est reconduit par le démocrate Joe Biden. Il a marqué l'histoire Son action à la tête de la FED constitue un tournant pour l'économie mondiale. Jerome Powell a mis fin à l'argent pas cher, estime Karl Toussaint du Wast, co-fondateur de Netinvessement, cabinet de conseil en gestion de patrimoine en ligne : « Il marquera l'histoire comme celui qui a coupé le robinet de "Quantitative Easing" [L'assouplissement quantitatif consiste pour une banque centrale à intervenir de façon massive et prolongée sur les marchés financiers en achetant des actifs, NDLR] initié par Janet Yellen. Et c'est un rôle très ingrat. C'est ça le rôle du gouverneur de la FED ou de la Banque centrale européenne pour Christine Lagarde, c'est de prendre des décisions ingrates, mais malheureusement nécessaires. Pendant dix ans, entre 2010 et 2020, il y a eu dix ans de "Quantitative Easing". C'est-à-dire de rachat de dettes par les banques centrales et d'injection de liquidités dans l'économie. C'était la fête durant dix ans ! Cette inflation qui arrive impose aux banques centrales le seul joker qui leur reste, celui d'arrêter le "Quantitative Easing" et de remonter les taux ». Une marge faible pour lutter contre l'inflation Mais, revers de la médaille, cette politique restrictive risque de provoquer une récession mondiale. C'est ce que Jerome Powell veut éviter. Lui qui s'est vu reprocher durant la pandémie ces millions d'Américains précipités dans la pauvreté, et les quelques autres, enrichis. Cette fois, si les causes de l'inflation sont connues – crise sanitaire, guerre en Ukraine, crise de l'énergie – impossible de prévoir comment tout cela va évoluer : « La pénurie des matières et les faillites qui vont arriver, 2023 va être le début de la récession d'un point de vue économique. Donc, il lui reste peu de temps pour éteindre l'incendie de cette inflation. Il avait raison de le faire de manière assez violente et brutale, parce qu'il fallait la juguler au sens médical. Il fallait poser un garrot à cette inflation de manière extrêmement forte. Là, il commence à annoncer un début d'allègement de hausse des taux pour préparer finalement les entreprises et le monde économique. Mais sa marge de manœuvre est extrêmement faible. Donc, il n'a pas d'autre choix que d'être un peu le Père Fouettard, en anticipant ce qui va nous arriver en 2023. » Le chemin est encore long avant que l'inflation ne se calme durablement. Objectif de la FED, comme celui de la BCE : atteindre le chiffre de 2%, le seul à même de garantir une stabilité des prix. ►À lire aussi : Les hausses des taux directeurs de la FED pèsent sur les pays émergents

Afrique Économie
Les milliardaires africains façonnent le continent

Afrique Économie

Play Episode Listen Later Dec 15, 2022 2:22


Être milliardaire en Afrique aujourd'hui, c'est le titre de l'ouvrage que publie chez Présence Africaine le journaliste camerounais Michel Lobé Ewané. Ce spécialiste du monde des affaires analyse à la fois l'origine de la richesse en Afrique et les évolutions du capitalisme africain. En 20 ans, l'Afrique a vu une progression de 150 % du nombre de ses millionnaires. Elle compte aujourd'hui une vingtaine de milliardaires en dollars, dont le plus emblématique est le numéro un incontesté, le Nigérian Aliko Dangote. Pour Michel Lobé Ewané, cette progression traduit la modernisation et le dynamisme des économies africaines. « Dans les 20 dernières années, il y a eu une amélioration du climat des affaires, il y a eu une croissance économique. Et il y a des pays qui ont aussi favorisé l'émergence de champions nationaux. Je prends l'exemple du Nigeria qui a fait beaucoup pour faire émerger des milliardaires. » Longtemps, les grandes fortunes africaines étaient synonymes de prédation du monde politique sur la sphère économique, d'où une méfiance encore bien ancrée des populations. « Être milliardaire en Afrique aujourd'hui n'apporte pas de la légitimité. Il y a encore beaucoup de suspicion sur la richesse. Il y a beaucoup de fantasmes, ils sont liés au fait que le politique est une source d'enrichissement. Il y a des hommes d'affaires qui sont des cache-sexes d'hommes politiques et qui ont construit toute leur prospérité par des passe-droits, en usant de la corruption et qui font une soustraction à la richesse nationale plutôt qu'une addition. » Des profils plus variés que par le passé Les milliardaires d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier. L'Afrique passe peu à peu d'un système capitaliste de type marchand à un capitalisme industriel où tertiaire. Les milliardaires ont donc aujourd'hui des profils très variés, explique Michel Lobé Ewané. « Dans les années 1970, les milliardaires étaient des commerçants, des gens qui faisaient dans l'import-export, qui avaient une position parce qu'on leur avait donné des licences. Aujourd'hui, on remarque les liens, ce sont des gens beaucoup plus ambitieux, beaucoup plus portés dans des secteurs de pointe, la finance, les assurances. Beaucoup de milliardaires ont émergé en investissant dans les télécoms et de plus en plus, on les trouve dans l'agro-industrie, on les trouve dans l'agroalimentaire, donc il y a une diversification et c'est une différence notable avec les anciens qui étaient cantonnés à un seul secteur et sur un seul pays. » Pour Michel Lobé Ewané, la caractéristique des milliardaires contemporains, c'est avant tout d'être panafricain par nature et de penser à l'échelle du continent. Ils ont donc précédé l'actuel mouvement d'union économique créé avec la zone de libre-échange continentale. Reste un constat : la multiplication des milliardaires reflète aussi l'imperfection des systèmes de redistribution sociale.   ► Entretien avec Michel Lobé Ewané, auteur du livre « Être milliardaire aujourd'hui en Afrique » aux éditions Présence Africaine. RFI : Michel Lobé Ewané, vous partez d'un constat : sur le continent le plus pauvre du monde, la richesse ne s'est jamais aussi bien portée. Est-ce aussi paradoxal qu'il y paraît ? MLE : Pour moi, ce n'est pas tellement un paradoxe, c'est la confirmation d'une dynamique sur le plan économique qui a été enclenché ces dix ou quinze dernières années durant lesquelles l'Afrique a connu une croissance très forte et où le climat des affaires s'est amélioré. Je ne dis pas qu'il est parfait, mais il s'est considérablement amélioré. La liberté d'entreprendre est devenue une réalité dans la plupart des pays. Certes, la pauvreté n'a pas été encore éradiquée, mais je considère que le fait qu'il y ait plus de milliardaires, donc de patrons d'entreprises qui commencent à investir dans des secteurs importants, est un bon signe. Les hommes d'affaires et les milliardaires en particulier sont en train de refaçonner le paysage économique de leur pays, comme en Afrique du Sud, au Kenya, en Tanzanie, au Nigeria et même aussi au Sénégal. RFI : Combien l'Afrique compte-elle de milliardaires et peut-on la comparer aux autres continents ?  MLE : Il y a évidemment beaucoup moins de milliardaires en Afrique qu'en Europe, en Asie et aux États-Unis. Mais il y a une progression évidente. Le dernier classement de Forbes (magazine américain consacré aux grandes fortunes et aux chefs d'entreprises, NDLR) a identifié 20 milliardaires en dollars précisément en 2021. J'ajoute qu'en 2019, on comptait 140 000 millionnaires (c'est à dire avec au moins un million d'actifs), 699 avec au moins dix millions d'actifs et 310 avec au moins cent millions d'actifs. RFI : En Europe, on a souvent tendance à considérer que les milliardaires sont le signe d'une redistribution imparfaite des richesses nationales dans un pays. Est-ce que c'est aussi le cas sur le continent ? MLE : Oui, bien sûr, parce qu'une bonne partie de la richesse et des grandes fortunes ne sont pas entre les mains des hommes d'affaires mais dans celles des dirigeants politiques. Et ce n'est pas forcément une bonne chose, puisque ce sont des gens qui ne créent pas la valeur, ni d'entreprises. D'un autre côté, plus il y a de milliardaires, donc de patrons d'entreprises, plus ils peuvent contribuer à réduire la pauvreté en créant des emplois et en payant des impôts. RFI : C'est un peu la théorie du ruissellement telle que formulée en France par le président Emmanuel Macron. Pour autant, on s'aperçoit aussi que l'écart entre les très riches et la majorité de la population africaine, souvent très pauvre, est immense. Est-ce que ce ruissellement fonctionne vraiment ? MLE : Il est évident qu'il y a encore en Afrique beaucoup de déséquilibres. On est très loin d'une société où la classe moyenne serait suffisamment large pour imposer une répartition équitable des richesses. Mais il faut savoir qu'il y a une dynamique qui est en train de se mettre en place. La même que celle que l'on a observée en Chine où ce sont bel et bien les entreprises qui ont permis de faire sortir 400 millions de personnes de la pauvreté. RFI : Il y a quelques années encore, on associait les milliardaires africains à la prédation et à la sphère politique. Pour être riche, il fallait être proche du pouvoir politique. Est-ce que cette situation a changé ? MLE : Elle est loin d'avoir changé, et la réalité, c'est que le politique demeure une source d'enrichissement. Certains hommes d'affaires sont des cache-sexes d'hommes politiques. Et certains dirigeants sont extrêmement riches et cette richesse est en quelque sorte soustraite à la richesse nationale. Moi, j'ai choisi dans ce livre de parler, non pas des prédateurs du système, mais de ceux qui bâtissent et investissent, et qui apportent donc à la collectivité une richesse supplémentaire. J'ai exclu par principe et aussi par méthode les hommes politiques riches et les milliardaires politiciens. RFI : Vous soulignez dans votre ouvrage que l'Afrique a de tous temps généré des hommes extrêmement riches. Il suffit de penser au roi Mansa Moussa 1er au 14e siècle, considéré comme l'homme le plus riche du monde. Mais il y a une période de l'histoire où les Africains ont été exclus de la richesse, c'est la période coloniale. Les Africains étaient-ils tous exclus du processus d'accumulation de richesse ? MLE : Oui, c'était la règle. Mais il y a eu quand même quelques exemples d'hommes d'affaires ou de commerçants qui se sont enrichis sous la colonisation. Au Kenya, la famille Kenyatta s'est enrichie dans les plantations et le commerce. En Côte d'Ivoire, Houphouët-Boigny était un planteur avant de devenir un homme politique. Il y a de nombreux exemples, mais il faut souligner que c'est à chaque fois l'administration coloniale qui décidait qui pouvait travailler et s'enrichir et qui ne le pouvait pas. Et cette période coloniale – et avant elle, la période de traite esclavagiste – avait ceci de particulier que les Africains étaient considérés comme des marchandises, des biens, ou de la simple force de travail. Ceci dit, l'administration coloniale a, peu à peu, favorisé l'émergence d'une classe d'affaire autochtone afin qu'il y ait une élite favorable au système et qui le soutienne. RFI : Si l'on poursuit la trame historique, on s'aperçoit en vous lisant que les milliardaires africains sont d'abord apparus dans le commerce. Des profils très différents de ceux que l'on voit aujourd'hui… MLE : Effectivement, on est passé d'une classe de commerçants à une classe d'entrepreneurs. Dans les années 1960-1980, les hommes d'affaires étaient essentiellement de grands commerçants qui ont fait fortune dans l'import-export. Grâce au système de licences, ils bénéficiaient de marchés importants et réalisaient des marges énormes sur des produits de première nécessité. Ensuite, les plus audacieux, les plus ambitieux, je dirais même les plus intelligents, ont exploité le capital qu'ils ont retiré de cette activité pour investir dans d'autres secteurs : l'industrie, l'immobilier, l'agro-industrie, l'agroalimentaire. Au Nigeria, Aliko Dangote a commencé par le commerce, et ensuite il a investi dans les cimenteries. Puis il a diversifié son groupe. Aujourd'hui, les milliardaires africains se retrouvent dans des secteurs très variés : la téléphonie, les banques, les assurances et les nouvelles technologies. Il faut souligner aussi une chose importante : les milliardaires africains choisissent très vite de dépasser leurs frontières nationales et de travailler sur les marchés africains. C'est une différence notable avec la première génération qui était souvent cantonnée à un secteur et dans un seul pays. Et ce n'est pas toujours une sinécure dans une Afrique encore morcelée économiquement. Il faut savoir s'adapter aux différentes législations, aux problèmes de barrières douanières, etc. Ce panafricanisme économique, qui est la marque des milliardaires africains, est à la fois un défi et une immense opportunité de constituer des groupes transnationaux puissants. RFI : Existe-t-il des différences d'approche économique entre les différentes parties du continent ? MLE : L'une des plus importantes recoupe la ligne de partage entre l'Afrique anglophone et l'Afrique francophone. Les Africains anglophones sont plus habitués à manier les règles du capitalisme moderne, c'est-à-dire le recours aux marchés financiers par exemple. Ils ont aussi été les premiers à investir dans les secteurs modernes comme les télécoms. Les Francophones sont peu transparents et entretiennent le flou sur leur fortune. RFI : En Europe, aux États-Unis, on s'aperçoit que les milliardaires le sont parfois de père en fils. Il y a des dynasties qui se créent, des patrimoines qui se transmettent. Est-ce que c'est aussi le cas en Afrique ? MLE : Ça commence à venir, mais c'est encore très limité. Il y a quelques bons exemples. Le meilleur exemple parmi ceux que moi j'ai cité dans le livre, c'est celui du Tanzanien Mohammed Dewji qui a hérité de l'entreprise de son père. Elle faisait alors 15 millions de dollars de chiffre d'affaires annuel, et 15 ans plus tard, elle en faisait 2 milliards. Son père lui a cédé les rênes de l'entreprise de son vivant. Le fils est venu avec une vision différente et avec une ambition nouvelle. D'autres exemples de transmission sont en train d'apparaître. J'ai discuté par exemple avec l'assureur ivoirien Jean Kacou Diagou et sa fille Janine, avec laquelle il esquisse un schéma de transmission. Il y a donc une prise de conscience qui commence à émerger. Des femmes et des hommes qui veulent que leur groupe survive à leur départ. Mais hélas, il existe encore beaucoup d'exemples d'héritages laissés par les milliardaires qui donnent lieu à des batailles entre héritiers qui se déchirent sur le patrimoine et parfois le dilapident. Donc, la question de la transmission reste entière. Et il n'y a pas encore véritablement de réflexion sur cette question.

Invité Afrique
Sommet États-Unis/Afrique: la compétition entre les grandes puissances donne une marge de manœuvre à l'Afrique

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Dec 13, 2022 5:09


Yaya Moussa, économiste et fondateur du média Africa Prime, est aussi analyste pour un certain nombre de médias américains. Il analyse les enjeux du sommet États-Unis/Afrique qui s'ouvre ce mardi 13 décembre à Washington. RFI : Ce mardi s'ouvre à Washington le sommet États-Unis/Afrique avec, côté africain une certaine méfiance, il faut le dire, vis-à-vis des États-Unis, puisque beaucoup de dirigeants ont encore en tête le mépris affiché par Donald Trump vis-à-vis du continent. À votre avis, comment, Joe Biden va-t-il s'y prendre pour briser la glace ?  Moussa Yaya : On pourrait dire qu'après les propos calamiteux de Trump sur les pays du continent, Biden a cherché à racheter l'Amérique aux yeux des Africains en posant trois décisions importantes. La première, la tenue même de ce 2e sommet, huit années après le premier. Il faut ici réduire le déficit de confiance réciproque. La 2e décision importante, c'est la tournée récente du secrétaire d'État [Antony] Blinken, et la publication en août 2022 d'un document sur la nouvelle stratégie américaine vis-à-vis de l'Afrique. Troisièmement, l'invitation lancée par le président Biden à l'Union africaine pour rejoindre le G 20 qui est une reconnaissance de l'importance économique du continent sur la scène globale.  À ce propos, est-ce un geste suffisant aux yeux des dirigeants africains, selon vous ?  Je préfère voir derrière cette annonce un augure, un acte de soutien, une ferme volonté des États-Unis de soutenir l'intégration des pays africains, et ce, dans un ensemble politique, diplomatique, économique, financier et monétaire capable de parler avec force et crédibilité aux autres ensembles que sont l'Union européenne, la Chine, l'Inde ou les États-Unis eux-mêmes.  Vous venez d'évoquer la nouvelle stratégie américaine pour l'Afrique. En quoi consiste-t-elle ?   La nouvelle stratégie poursuit quatre objectifs prioritaires. La promotion des sociétés dites ouvertes et de la bonne gouvernance. C'est un leitmotiv souvent évoqué par les États-Unis, comme nous le savons. Deuxièmement, la promotion de la démocratie et de la sécurité. Vous noterez le lien entre “démocratie et sécurité”. Ensuite, la reprise économique après le Covid et enfin la défense de l'environnement et la transition énergétique.  Pensez-vous qu'à travers l'Agoa [African Growth Opportunities Act, Loi sur le développement et les opportunités africaines], l'Amérique va continuer à conditionner ses avantages commerciaux au respect des règles démocratiques ?  L'Agoa est une initiative américaine qui date, je pense, de l'an 2000 [mai 2000 signée par Bill Clinton, NDLR], pour ouvrir le marché américain à peu près 7 000 produits africains sans droits de douane. L'initiative étant américaine, libre aux États-Unis d'imposer leurs conditionnalités. Libre également aux Africains de les accepter ou de les refuser. Par ailleurs, il ne revient pas à la Chine ou à la Russie de contester les modèles de démocratie proposés par les Américains aux Africains, car ces deux pays doivent eux-mêmes inventer leur modèle de démocratie. Il revient aux Africains, en revanche, de se convaincre et de se prouver qu'ils ont un modèle crédible et viable de démocratie.  Qu'est-ce que les pays africains peuvent attendre aujourd'hui de l'Amérique de Joe Biden ?  N'oublions pas qu'au moment où nous parlons, les États-Unis à travers le Pentagone sont présents dans environ 15 pays africains, où ils maintiennent des bases permanentes ou semi-permanentes. Une trentaine de bases, donc. L'Amérique est un fournisseur de sécurité pour ainsi dire. Elle est aussi un partenaire économique. L'Amérique est également présente, ne l'oublions pas, au sein des institutions internationales de développement comme le FMI et la Banque mondiale. Son vote compte. C'est extrêmement important. Et enfin, il y a quand même un lien charnel entre les États-Unis et l'Afrique à travers la diaspora africaine, forte de deux millions de personnes, ainsi que des quarante-trois millions d'Africains américains.  Est-ce qu'aux États-Unis, les dirigeants ont le sentiment que les Africains peuvent apporter quelque chose à l'Amérique, que ce soit sur le plan économique, diplomatique, sécuritaire et surtout culturel ?  Vous parlez de la contribution de l'Afrique au niveau de la culture internationale mondiale, c'est effectivement dans ce domaine que l'Afrique est massivement présente aux États-Unis. Vous évoquiez les aspects économiques et ceux des affaires. C'est le cœur désormais de la diplomatie mondiale de tous les pays et l'Amérique ne fait pas exception. Enfin, l'Afrique représente 25 à 30% du vote aux Nations unies.  Peut-on dire qu'aujourd'hui, les Africains ne sont plus prêts à confier leur influence à un seul bloc ou à un seul pays ?  On peut le dire, mais je vais tempérer un peu cet optimisme. La compétition entre les grandes puissances semble donner une certaine marge de manœuvre aux pays africains, mais il ne faut pas oublier que quand on parle d'Afrique, on parle de 54 pays. Il ne s'agit pas d'une entité unique, avec une prise de décision unique, avec des objectifs uniques. Donc l'Afrique, qu'est-ce que c'est aujourd'hui ? C'est une grande question que les Africains doivent eux-mêmes se poser. Est-elle un fantôme géopolitique ? Qui parle au nom de l'Afrique ? Mais cette question concerne davantage l'Afrique elle-même que les partenaires de l'Afrique. Je pense que désormais, pour le continent africain, une forme d'intégration - je parlerai même d'unité - n'est plus un rêve romantique, ni une aspiration sentimentale, c'est un impératif de survie pour les pays africains. ►À lire aussi : Ouverture du sommet États-Unis/Afrique en présence d'une cinquantaine de chefs d'État

Oxytude
Hebdoxytude 295, l'actualité de la semaine en technologies et accessibilité

Oxytude

Play Episode Listen Later Dec 9, 2022 28:09


Au programme dans l'actu des nouvelles technologies et de l'accessibilité cette semaine : Du côté des applications et du web Android ajoute une application dédiée au mode lecture pour les pages Web et autres contenus. - Autre source. My-own-voice, l'innovation d'Acapela Group qui reproduit votre voix en numérique au CES Las Vegas 2023 ! Le contrôle vocal Sonos Voice Control est disponible en France. Apple Music gagne une fonction karaoké avec Apple Music Sing. Le reste de l'actu Une carte bleue parlante pour éviter aux malvoyants d'être abusés financièrement. NDLR : pour les aveugles, on n'en sait rien. Remerciements Cette semaine, nous remercions Arnaud, Brigitte, Carlos et Gisou pour nous avoir fait un don ou transmis des infos. Si vous souhaitez vous aussi faire un don c'est sur la page "Soutenir Oxytude et pour les infos,, passez par le formulaire de contact. Pour animer cet épisode Alain, Fabrice et Philippe.