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Lula quiere volver a ser presidente y así lo ha hecho saber este jueves en Indonesia, durante su gira por el sudeste asiático. Pero esto, para los brasileños, no es noticia porque ya se veía venir. Entrevista con Thomás Zicman, politólogo brasileño del Centro de Investigaciones Políticas de Sciences Po en Paris. "Toda la gente ya lo sabía", dice Thomás Zicman, politólogo brasileño del Centro de Investigaciones Políticas de Sciences Po Paris. "Si las cosas siguen como van ahora, Lula sería el favorito en 2026". El presidente brasileño lidera los sondeos para las elecciones presidenciales de octubre de 2026 tras el choque con Donald Trump, quien lo acusó de "caza de brujas" por el juicio al expresidente Jair Bolsonaro. Al igual que ha ocurrido con la mandataria mexicana Claudia Sheinbaum, el soberanismo frente a Trump les está dando buenos resultados a Lula. "Las agresiones verbales de Trump ayudan a aquellos que son atacados por él. Y la oposición, que algunas veces se posiciona del lado de Estados Unidos, pierde, porque son declaraciones percibidas como ataques a la soberanía nacional", dice este especialista. La derecha no encuentra sucesor a Bolsonaro La derecha baraja varios nombres para presentar a un candidato de cara al año que viene, pero de momento no parece encontrar a uno tan fuerte como en su día lo fue el ultraconsevador Bolsonaro. Entre los potenciales candidatos están, entre otros, "el gobernador de San Pablo, Tarcísio de Freitas y el gobernador de Minas Gerais (Romeu Zema, NDLR), otra región muy grande. También están los hijos de Bolsonaro, que son un poco más radicales, y la mujer de Bolsonaro. Todos ellos están en una lucha interna y esto, al final, favorece a Lula", subraya Zicman. Ni siquiera la reciente controversia sobre la exploración de la petrolera estatal brasileña Petrobras en el Amazonas parece afectar notablemente la imagen de Lula, cuando resta un mes de la conferencia climática de la COP 30, que tendrá lugar precisamente en Brasil. "La naturaleza no es un tema prioritario en las elecciones. Es algo curioso y triste. Para mucha gente en Brasil, lo que más importa son las cuestiones de orden económico. Algunas personas piensan también en otras relacionadas con la democracia, porque tenemos la extrema derecha que amenaza las instituciones. Pero hay poca gente en Brasil que va a votar pensando en el medio ambiente. Aun con los desastres naturales que tenemos en Brasil, esto no es todavía un tema electoral", concluye. Mientras tanto, el presidente brasileño sigue estrechando sus relaciones comerciales con varios países asiáticos tras la guerra arancelaria de Trump. Este año ha viajado a Japón, Vietnam, China y ahora a Indonesia, nuevo socio del grupo económico de los BRICS, con el que también está trabajando en un acuerdo de libre comercio con Mercosur.
Lula quiere volver a ser presidente y así lo ha hecho saber este jueves en Indonesia, durante su gira por el sudeste asiático. Pero esto, para los brasileños, no es noticia porque ya se veía venir. Entrevista con Thomás Zicman, politólogo brasileño del Centro de Investigaciones Políticas de Sciences Po en Paris. "Toda la gente ya lo sabía", dice Thomás Zicman, politólogo brasileño del Centro de Investigaciones Políticas de Sciences Po Paris. "Si las cosas siguen como van ahora, Lula sería el favorito en 2026". El presidente brasileño lidera los sondeos para las elecciones presidenciales de octubre de 2026 tras el choque con Donald Trump, quien lo acusó de "caza de brujas" por el juicio al expresidente Jair Bolsonaro. Al igual que ha ocurrido con la mandataria mexicana Claudia Sheinbaum, el soberanismo frente a Trump les está dando buenos resultados a Lula. "Las agresiones verbales de Trump ayudan a aquellos que son atacados por él. Y la oposición, que algunas veces se posiciona del lado de Estados Unidos, pierde, porque son declaraciones percibidas como ataques a la soberanía nacional", dice este especialista. La derecha no encuentra sucesor a Bolsonaro La derecha baraja varios nombres para presentar a un candidato de cara al año que viene, pero de momento no parece encontrar a uno tan fuerte como en su día lo fue el ultraconsevador Bolsonaro. Entre los potenciales candidatos están, entre otros, "el gobernador de San Pablo, Tarcísio de Freitas y el gobernador de Minas Gerais (Romeu Zema, NDLR), otra región muy grande. También están los hijos de Bolsonaro, que son un poco más radicales, y la mujer de Bolsonaro. Todos ellos están en una lucha interna y esto, al final, favorece a Lula", subraya Zicman. Ni siquiera la reciente controversia sobre la exploración de la petrolera estatal brasileña Petrobras en el Amazonas parece afectar notablemente la imagen de Lula, cuando resta un mes de la conferencia climática de la COP 30, que tendrá lugar precisamente en Brasil. "La naturaleza no es un tema prioritario en las elecciones. Es algo curioso y triste. Para mucha gente en Brasil, lo que más importa son las cuestiones de orden económico. Algunas personas piensan también en otras relacionadas con la democracia, porque tenemos la extrema derecha que amenaza las instituciones. Pero hay poca gente en Brasil que va a votar pensando en el medio ambiente. Aun con los desastres naturales que tenemos en Brasil, esto no es todavía un tema electoral", concluye. Mientras tanto, el presidente brasileño sigue estrechando sus relaciones comerciales con varios países asiáticos tras la guerra arancelaria de Trump. Este año ha viajado a Japón, Vietnam, China y ahora a Indonesia, nuevo socio del grupo económico de los BRICS, con el que también está trabajando en un acuerdo de libre comercio con Mercosur.
Israël empêche toujours les journalistes étrangers d'entrer à Gaza. L'Association de la presse étrangère à Jérusalem (FPA) a exprimé ce jeudi 23 octobre sa déception après que la Cour suprême israélienne a reporté sa décision d'un mois supplémentaire, assurant que la situation sur place a changé. Depuis deux ans, les journalistes n'ont pu y entrer que sous escorte et donc sous contrôle de l'armée israélienne. La guerre a causé la mort de plus de 210 journalistes palestiniens dans le territoire dévasté. Entretien avec la journaliste à Orient XXI, Sylvain Cypel, ancien directeur de la rédaction de Courrier international et rédacteur en chef au Monde. Auteur de « L'État d'Israël contre les Juifs », La Découverte. C'est toujours non. Les journalistes étrangers ne peuvent pas entrer à Gaza, ne peuvent pas aller voir ce qui se passe et ne peuvent pas raconter au reste du monde. Ça fait plus de deux ans que ça dure, et Israël continuera de bloquer l'accès au territoire palestinien au moins pour un mois. La Cour suprême a reporté sa décision et nous en parlons avec Sylvain Cypel journaliste à Orient XXI, ancien directeur de la rédaction de Courrier international, ancien rédacteur en chef au Monde. Vous avez aussi écrit le livre l'État d'Israël contre les Juifs, publié aux éditions La Découverte. Rfi : Bonjour Sylvain Cypel. La Cour suprême a reconnu tout à l'heure en Israël que la situation avait changé. Est-ce que ça laisse entrevoir une ouverture selon vous ou pas du tout ? Sylvain Cypel : Comment dire, un tout petit peut-être ? Voilà, un tout petit peut-être… C'est-à -dire qu'il faut voir, il faut voir le background. Il faut voir dans quelles conditions ça se passe. Ça veut dire que ça fait deux ans que ça dure. Ce n'est pas la première fois qu'il y a un dépôt de plainte devant la Cour suprême. Il y en a eu sept. Il y a eu sept reports. À chaque fois, la Cour suprême s'est délestée de son devoir et, à chaque fois, l'État a expliqué des conditions de guerre, la sécurité... qu'il est impossible de laisser les journalistes entrer. Par ailleurs, il faut savoir qu'il y a des journalistes qui rentrent très peu. Ils sont quasi systématiquement Israéliens. Ils sont choisis par l'armée. Donc, la presse, les médias deviennent un instrument d'une propagande. Si vous voulez un instrument d'un récit où on ne voit rien, on ne vous dit pas, on voit juste ce qu'on autorise de voir. Et quelques personnes qui se disent journalistes et qui sont des affidés, sont prêts à répercuter ce que l'armée leur demande de faire. Vous nous disiez qu'à plusieurs reprises la justice s'était soustraite en quelque sorte à son rôle. Est-ce qu'elle pourrait contraindre le gouvernement israélien à autoriser l'accès des journalistes étrangers à Gaza ? Oui. Mais bien entendu, si elle donne raison à l'Association de la presse étrangère, qui est représentée par un avocat israélien qui est très connu, qui s'appelle Gilad Shaer qui a été en son temps un conseiller d'un Premier ministre qui s'appelait Barak. Et donc il suffit que la Cour suprême décrète, la requête est validée. Et là, en l'occurrence, ce qu'elle a dit, c'était qu'elle accordait un mois supplémentaire aux autorités israéliennes pour qu'elles préparent un plan d'accès à Gaza. Vous nous l'avez dit, elle l'a déjà fait à plusieurs reprises. Vous y croyez, là, pour cette fois-ci, dans le contexte un peu différent auquel on assiste avec le cessez-le-feu ? Alors, je vous dis, il y a un contexte un peu différent, vous avez raison. C'est-à-dire que ce n'est pas la paix, mais il y a une forme... On ne peut même pas dire que c'est un cessez-le-feu, parce qu'en réalité, tous les jours, il y a des Palestiniens qui sont assassinés. Donc, ce n'est pas vraiment une paix, mais ça n'est plus ce que c'était avant l'accord qui a été signé entre le Hamas et le gouvernement israélien. Et malgré ça, il n'y a toujours pas de journalistes étrangers qui rentrent. On entend assez peu de réactions internationales pourtant. Pourquoi, selon vous ? Pourquoi est-ce qu'on n'en parle pas sur le plan international ? Oui. D'abord, on en parle un peu. Il y a eu des papiers dans la presse américaine, il y a eu des papiers dans la presse française. Il y a eu des papiers, mais je veux dire des réactions de dirigeants, par exemple. Mais parce qu'il n'y a pas non plus de réactions de dirigeants sur la réalité de ce qui s'est passé à Gaza. C'est ça qu'il faut dire. Si vous voulez, il y a des gens qui ont commencé à bouger…. Les Européens ont commencé gentiment à dire que ça ne va pas, qu'on menace peut-être. Enfin,à ce jour, il y a 150 000 blessés, bientôt 70 000 morts et tous ceux qu'on découvrira le jour où on pourra les découvrir, si on les découvre sous les décombres. L'armée israélienne a tué à ce jour, les chiffres officiels, c'est 200 tués, dont 75% de Gazaouis et 25% de non-Gazaouis [parmi les journalistes, NDLR]. En général, ce sont des gens d'Al Jazeera, parce qu'ils étaient les seuls à être restés. Oui, c'est ça. Les derniers chiffres de Reporters sans frontières disent même plus de 210 journalistes tués. Les médias internationaux : 220. Même les médias internationaux ont beaucoup travaillé là depuis deux ans, avec des journalistes qui se trouvaient à Gaza. Mais donc beaucoup ont été tués, beaucoup sont partis. Comment est-ce qu'aujourd'hui, on peut encore couvrir ce conflit ? Ben, on ne le peut pas. On le peut en ayant des correspondants. Moi, je suis à Orient XXI. Il y a quelqu'un qui, toutes les semaines, nous fait un papier que nous publions sur ce qui se passe à Gaza. C'est extrêmement intéressant. Rami Abou Jamous, je cite son nom parce qu'on l'a entendu à plusieurs reprises sur cette antenne et il faut le lire, en effet. Mais bien entendu. Et donc je vous dis, il a commencé chez nous et aujourd'hui c'est devenu, je dirais, entre guillemets, «une petite vedette». Et donc, si on dispose de gens à l'intérieur, on peut obtenir des choses. Les journalistes israéliens de Haaretz qui travaillent sur ce qui se passe... moi, je connais très bien, par exemple, Amira Hass, qui est une journaliste de Haaretz. Elle a un carnet d'adresses très important à Gaza et donc elle peut faire. Mais elle fait de l'information sur Gaza uniquement par téléphone. Elle ne peut pas y aller, c'est impossible. Or, ça, c'est tout à fait différent de faire un papier lorsqu'on vous parle d'un endroit et lorsque vous êtes sur le terrain, mais tous les journalistes connaissent ça par cœur. Et donc, évidemment, ça nuit considérablement. À la qualité de l'information et à la véracité de l'information. À lire aussiIsraël: la Cour suprême reporte l'examen d'un recours de la presse étrangère pour un accès à Gaza À lire aussiIsraël: le Parlement ouvre la voie à une annexion de la Cisjordanie
La Côte d'Ivoire espère atteindre l'autosuffisance en riz. L'objectif politique, répété depuis plusieurs années, s'est traduit par une hausse de la production depuis cinq ans. En 2025, la production locale devrait atteindre 1,8 million de tonnes de riz blanchi selon les prévisions de l'Agence ivoirienne de développement de la filière rizicole (Aderiz), de quoi couvrir 85% de la demande locale. Mais le chemin de l'autosuffisance dépend encore de l'irrigation. De notre envoyé spécial à M'Bahiakro, C'est une plaine qui s'étend à perte de vue. Sous le vent, des plants verts et de rares épis de couleur dorée ondulent. Les grains attendent d'être récoltés. « En ce moment, les grains sont ensachés, le riz est dans l'enveloppe. C'est le riz paddy ! », nous décrit Georges Kouamé Yao. Il fait partie de la coopérative Ayué N'zi. Il veut développer la riziculture à M'Bahiakro : « Nos parents travaillaient le riz, mais de façon rudimentaire et pas en grande quantité. Aujourd'hui, nous voulons faire ça sur de grandes quantités. » Quatre cent cinquante hectares sont aménagés dans la zone, la production est destinée à des usines de transformation, mais dans les faits, à peine la moitié des rizières sont cultivées. Les champs sont secs, la faute au changement climatique pour Georges Kouamé. « Aujourd'hui, nous vivons sous le riz pluvial, on a tous les problèmes d'intempéries, la pluie ne respecte plus les saisons. On vit les difficultés de ce changement-là », détaille le cultivateur. Les rendements s'en ressentent. En 2024, la coopérative n'a produit que 80 tonnes de riz paddy, trente fois moins que le potentiel de la zone si elle était irriguée. Et pourtant, des canaux en béton entourent les rizières ; une poche gonflable sur la rivière N'zi fait office de retenue d'eau. Des installations peu utilisées, envahies d'herbes folles. Les coûts de pompage sont jugés trop élevés. « Le coût minimum à l'hectare, c'est 40 000 francs CFA [60 euros, NDLR], pointe François Kouadio, patron de la coopérative Ayué N'zi. Vous devez faire face au coût de la préparation des sols, aux intrants, vous devez payer ! Donc, quand vous sortez tout ça, le paysan est déficitaire. Il ne rentre pas à la maison avec cinq francs. Il vaut mieux rester en pluvial pour le moment. » À écouter aussiRiziculture en Côte d'Ivoire : « Nous pourrons atteindre ces objectifs d'autosuffisance fin 2026 » « Notre objectif, c'est d'accompagner notre pays à pouvoir atteindre l'autosuffisance » En 2024, à peine 3% des rizières ivoiriennes étaient irriguées. Le reste dépend de la pluie. « Nous sommes en insécurité, vous ne pouvez pas aller à l'autosuffisance avec la riziculture pluviale, ce n'est pas possible », juge Yacouba Dembélé, directeur général de l'agence ivoirienne de la riziculture. Le patron de l'Aderiz préconise des installations d'irrigations plus légères le long des rivières, plutôt que des barrages agricoles. « On fait ce qu'on appelle des prises au fil de l'eau qui vont retenir et répartir l'eau » dans les rizières, « l'essentiel est que l'eau ne tarisse pas, et ça on a un potentiel extraordinaire ! L'aménagement d'un hectare, à ce niveau, c'est entre 800 000 et 2 millions de francs CFA [entre 1 200 et 3 000 euros, NDLR] avec un barrage, un hectare, c'est 35 millions de francs CFA [plus de 50 000 euros, NDLR] », détaille Yacouba Dembélé. Des aménagements espérés par les riziculteurs de M'Bahiakro, soutenus par leur mairie. Pour François Kouadio, c'est une question de fierté nationale : « Notre objectif, c'est d'accompagner notre pays à pouvoir atteindre l'autosuffisance. Quand nous voyons que le riz est importé et qu'il est vendu dans les boutiques à M'Bahiakro, notre cœur saigne. » Sur le marché, le riz de M'Bahiakro est vendu en vrac. La Côte d'Ivoire continue d'importer du riz, principalement en provenance d'Asie, au moins 1,6 million de tonnes en 2024, selon le Centre du commerce international. À écouter aussiLes prix du riz continuent à chuter sous l'impulsion des volumes indiens
L'accord conclu la semaine dernière aux États-Unis avec TikTok suscite l'inquiétude de Reporters sans frontières (RSF). Jeudi 2 octobre, l'ONG RSF a publié un communiqué dans lequel elle met en garde contre un décret autorisant TikTok aux États-Unis qui « ouvre la voie à un contrôle politique accru, cette fois de la part de la présidence Trump ». Pour rappel, Donald Trump est arrivé à s'entendre avec Pékin fin septembre sur un accord qui laisse au géant chinois au moins la moitié des bénéfices de la plateforme aux États-Unis, en échange de l'algorithme et d'une cession à bas coût de 80% de son capital. À bas coût, puisque le vice-président J.D. Vance parle d'une valorisation de 14 milliards de dollars pour TikTok USA, alors même que Perplexity, la start-up spécialisée dans l'intelligence artificielle, en avait proposé 50 milliards en début d'année. En réalité, la question qui se pose est de savoir si cet accord ne se fait pas en faveur de la promotion d'une idéologie, celle du trumpisme. Il faut toujours écouter Donald Trump quand il plaisante. « Si je pouvais, ce serait un algorithme 100% MAGA (Make America Great Again, c'est-à-dire son slogan Rendre sa grandeur à l'Amérique, NDLR) », a-t-il dit, avant d'assurer que ce n'était pas ce qui était prévu. Mais RSF relève que cet accord n'assure en aucun cas la neutralité idéologique de la plateforme, pas plus qu'il ne lui impose un régime de responsabilité éditoriale ou n'améliore la visibilité des contenus journalistiques. À lire aussiLa Chine et les États-Unis trouvent un accord sur TikTok, qui pourrait passer sous pavillon américain Les acquéreurs de cette filiale américaine de TikTok sont tous des amis de Trump Larry Ellison, le fondateur d'Oracle, Michael Dell, créateur du groupe informatique, et bien sûr Rupert et Lachlan Murdoch : tous sont des alliés de Donald Trump. Alors, même si le président assure qu'il n'y aura aucune orientation partisane, une telle coalition au nom de la protection des données des Américains peut vite se transformer en outil d'influence reposant sur les intérêts réciproques de la Chine et de la sphère MAGA. Il ne faut jamais oublier que TikTok est né d'une application, Toutiao, qui ultra-personnalisait et poussait les recommandations d'articles, comme l'a montré un documentaire d'Arte intitulé TikTok une plateforme sous influence. La présence de Rupert Murdoch n'est pas anodine Rupert Murdoch ne fait plus rien sans allier les affaires à une finalité idéologique. Il suffit de lire les éditoriaux et les tribunes du Wall Street Journal, la bible des milieux économiques qui lui appartient. On mesure à quel point le climato-scepticisme s'empare de ses médias. Le climatologue renommé Michael Mann estime même que l'empire médiatique de Murdoch est devenu « la plus grande source de désinformation concernant le Covid et le climat ». Si TikTok favorise une telle vision, avec sa puissance addictive, ce sont près de 160 millions d'Américains qui risquent d'être sous influence. À lire aussiTikTok : l'UE ouvre une enquête sur le stockage de données personnelles en Chine
Jeudi 25 septembre, l'armée de terre française a présenté ses objectifs pour les mois et années à venir. À la lumière des combats en Ukraine, elle se prépare à un champ de bataille plus contesté, plus étendu et plus transparent, où robots et drones seront omniprésents. Pierre Schill, chef d'état-major de l'armée de Terre s'appuie sur les chiffres : chaque jour, sur le front ukrainien, 1 500 soldats russes sont mis hors de combat, dit-il. Une attrition vertigineuse qui ne serait pas supportable pour l'armée française. Sur le champ de bataille, les machines seront donc bientôt dédiées à subir les chocs les plus rudes, analyse le général Bruno Baratz en charge du commandement du combat futur. « Le champ de bataille de demain ressemble curieusement à celui d'aujourd'hui, mais avec plus de robotisation et de "dronisation". L'augmentation de la transparence du champ de bataille, rendue possible par la multiplication des capteurs spatiaux, acoustiques, terrestres et avec l'exploitation de ces données par l'intelligence artificielle, crée une forme de transparence du champ de bataille, explique-t-il. On voit bien que c'est un univers qui est devenu très hostile pour la présence des soldats et des êtres humains, et qu'on arrive à compenser cela aujourd'hui par plus de robots, ce qui amènera un peu de masse et surtout protègera beaucoup plus nos hommes ». Deux capacités ont été rapidement développées pour durcir les forces : le canon antidrones Proteus et le Mepac, un mortier embarqué et non plus tracté, qui démultiplie la puissance de feu des unités d'infanterie, précise le général Schill : « S'agissant des Mepac, c'est-à-dire ce mortier de 120 mm embarqué à bord d'un Griffon [véhicule blindé médian - NDLR], nous en avons commandé 54. Les premiers arrivent. Ils ont été déployés au sein du troisième régiment d'artillerie de marine à Canjuers. Mon objectif est que tout début 2026, je sois en mesure de déployer en opération une première unité avec ces mortiers. S'agissant du Proteus, c'est-à-dire ce canon de 20 mm auquel nous avons adjoint une couche d'intelligence artificielle de façon à pouvoir lutter contre les drones, les premiers sont déjà déployés dans l'armée de terre, au sein notamment du 35ème régiment d'artillerie parachutiste de Tarbes. On va monter l'an prochain à un volume d'une cinquantaine de canons. Ils peuvent être déployés en opération dès aujourd'hui, si c'était nécessaire ». À lire aussiAu Salon des forces spéciales, les drones militaires s'imposent pour tous types de missions « Il faudrait 77 000 opérateurs de drones » La robotique terrestre fait son apparition : Pandragon, une première unité, composée de 20 robots d'abord utilisés pour les taches logistiques, sera opérationnelle à l'été 2026. Un escadron de drones va également voir le jour. La doctrine d'emploi s'écrit maintenant, les drones d'attaque vont venir compléter la traditionnelle artillerie et donner de l'allonge aux troupes au sol, insiste Bruno Baratz : « L'objectif pour nous, c'est d'éviter que l'ennemi se concentre sur la zone de front et donc d'être en mesure de le frapper le plus loin possible et d'éviter justement les concentrations de force à proximité de nos brigades, de façon à leur faciliter la manœuvre. La tendance générale, c'est bien le développement de ces feux dans la profondeur, même pour une unité d'infanterie qui ira tirer au-delà des vues directes. On voit arriver les munitions téléopérées, ces drones qui sont capables d'amener des charges à différentes distances et qui vont venir compléter finalement le travail de l'artillerie. » Il faut désormais des soldats, à la fois plus durcis et plus innovants, martèle le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill : « Nous devons recruter une partie de nos soldats ou de nos cadres dans ces nouvelles techniques, de manière à avoir des soldats pour le brouillage, pour l'emploi des drones, pour l'emploi des communications. La montée en technique de l'armée de terre est une réalité. J'ai 77 000 soldats dans la force opérationnelle terrestre, donc il me faudrait 77 000 opérateurs de drones, chacun dans son domaine. » L'armée de terre vit une révolution, avec l'usage illimité des drones et de la robotique, elle est en passe de devenir une armée de combattants techniciens. À lire aussiLes robots sur le champ de bataille
Alors que l'offensive israélienne sur la ville de Gaza pousse des milliers de personnes à fuir une nouvelle fois, l'armée israélienne annonce l'ouverture d'une nouvelle route pour évacuer les habitants vers le sud. Des gazaouis forcés de partir mais aucun n'endroit n'est sûr dans l'enclave palestinienne, en très grande partie détruite par la guerre. Les zones dites humanitaires ne sont ni sûres ni équipées pour accueillir des déplacés supplémentaires. Un hôpital pour enfants a été attaqué la nuit par l'armée de l'air israélienne, ce qui a interrompu leur traitement. Le témoignage de François Jourdel, chirurgien orthopédiste français qui rentre d'une seconde mission dans les hôpitaux de Gaza avec l'ONG Médecins sans frontières. RFI : Vous rentrez tout juste de Gaza où vous avez travaillé pour l'ONG Médecins sans frontières (MSF). Ce n'était pas votre premier séjour. Qu'est-ce qui a changé sur place depuis votre dernier passage à Gaza ? Alors c'est vrai que je suis allé à Gaza en novembre 2023. Ça va bientôt faire deux ans. C'était donc au tout début de la guerre et du conflit. Et maintenant, presque deux ans après, ce qui est frappant, c'est la destruction quasi totale de la bande de Gaza. En fait, on est choqué d'entrée au passage de la frontière parce qu'on traverse une zone qui correspond à un no man's land : un champ de bataille, une zone où l'armée israélienne a détruit systématiquement tous les édifices et on ne voit plus que quelques pans de murs. Ça, c'est pour ce qui concerne un petit peu le décor. Il n'y a plus de végétation, plus d'habitations, c'est du sable et des restes de roches, de maisons. Et puis quand on arrive et qu'on rencontre les personnes qu'on avait rencontrées deux ans plus tôt, on est frappé par l'état de fatigue, l'état d'amaigrissement des personnes qu'on a connues deux ans plus tôt. On voit sur eux, sur leurs visages et sur leurs corps. La fatigue, la dénutrition aussi probablement. À lire aussiLes habitants assiégés de la ville de Gaza racontent l'horreur de l'offensive terrestre israélienne Et comment vit-on justement là, dans ce champ de bataille que vous nous décrivez ? Alors, il y a des zones qui sont des « no man's land », c'est-à-dire que ce sont des zones où il est interdit à la population de résider, et puis les dernières zones qui restent – qui se réduisent comme peau de chagrin, dans le sud de la bande de Gaza –, ce sont des zones où il reste quelques bâtiments, quelques maisons, mais il y a là aussi des édifices complètement effondrés. Donc, on sent bien que même dans cette zone dite « humanitaire », des bombes tombent. Et de toute façon, on le vit, nous, au quotidien. C'est-à-dire qu'on est dans la zone de Deir el-Balah et de temps en temps la bombe tombe à un kilomètre de chez nous, donc en pleine zone humanitaire. Il y a des gens qui ont la chance d'avoir encore un toit, alors en général, ils sont des familles entières dans une pièce qui doit faire 20 mètres carrés, et ils sont tous les uns sur les autres. Ils ont quand même la chance d'avoir un toit. La plupart des Palestiniens vivent dans des tentes. Comment on vit dans ces tentes ? On dort par terre. Il y a des rats. Il y a des mouches. Comme il n'y a pas de sanitaires, vous imaginez un peu toute la vermine qui a sur le sol. Et puis il faut trouver de l'eau. Et l'eau des puits est saumâtre. Elle n'est pas potable. Donc, le quotidien d'une famille palestinienne, c'est le quotidien de tout le personnel qui travaillait avec nous. C'est une lutte constante pour survivre en fait. À lire aussiGaza: l'ONU déclare officiellement la famine, qui aurait «pu être évitée» sans «l'obstruction» d'Israël Ce qui rend d'autant plus inquiétante l'offensive terrestre qui a été lancée par l'armée israélienne dans la ville de Gaza. Vous, médecins, qu'est-ce que vous avez observé comme blessures chez les patients que vous soignez ? Alors, ce sont des blessures dites de « guerre », déjà depuis novembre 2023, mais toujours là, maintenant. Ce sont des gens qui ont reçu des éclats d'obus, d'explosifs, de drones. C'est des morceaux de métal qu'on trouve dans le corps des patients ; ce sont des corps mutilés avec des larges plaies ; ce sont des gens qui ont des membres fracturés, ouverts, dépourvus de sensibilité au niveau de la jambe ou au niveau de la main – donc ça, ce sont des plaies par balles –. Après, ce sont aussi des gens qui ont été écrasés sous les décombres d'un immeuble. Donc, ce sont des gens qui, souvent, on est obligé de les amputer. C'est ce qu'on appelle un crush syndrome [ou syndrome d'écrasement, NDLR], ce sont les gens qui ont été broyés et dont les tissus ne sont plus vivants. Et il reste de quoi les soigner ces personnes ? Alors, on les soigne avec ce qu'on a et les moyens du bord. On n'a malheureusement pas tout le matériel nécessaire pour les soigner. Je pense à des plaies nerveuses par exemple, ça nécessiterait de pouvoir réparer les nerfs au microscope, ça, ce n'est pas possible. Et puis ça nous prendrait trop de temps parce qu'on a énormément de patients tous les jours à opérer – entre dix et quinze ! Et si on passe quatre heures sur un patient, c'est au détriment des autres et ça, ce n'est pas évident. À lire aussiDocteur Izzeldin Abuelaish: «La bande de Gaza est aujourd'hui un cimetière» François Jourdel, j'ai une dernière question. Vous le disiez tout à l'heure, ça fait quasiment deux ans que ça dure. La situation ne fait qu'empirer. Que ressentez-vous, vous, en tant que médecin, face à une telle impasse et face à des drames d'une telle ampleur ? On ne peut avoir que de l'empathie et du chagrin pour eux. Parce qu'après deux ans, c'est quand même des gens qu'on a côtoyés, avec qui on a partagé des choses, on a discuté de nos familles. Ce sont des gens comme vous et moi, donc on partage leurs peines et on voudrait les réconforter à notre départ en leur disant : « ça va aller mieux, on sera contents de te revoir ». Mais, il y a tellement peu de perspectives que c'est extrêmement douloureux de les quitter parce qu'on ne sait pas du tout quel sera leur sort, eux non plus ne le savent pas et je crois que personne ne le sait. Et ça rend le départ extrêmement douloureux. Et alors moi, je garde contact encore un petit peu via WhatsApp, mais c'est pour moi encore plus d'inquiétude et de stress. Je suis ça [la situation à Gaza, NDLR] au jour le jour, mais voilà, c'est énormément de chagrin, de larmes, de sang, voilà ! Vous y retournerez quand même ? Moi, j'aimerais beaucoup y retourner parce que j'ai vraiment envie de continuer à les aider. Et vraiment, il faut le faire. Enfin, il faut, ils le méritent. Et voilà. Donc j'ai très envie d'y retourner. Après, il faut que je compose aussi avec ma famille, mon travail. Ce n'est pas toujours évident. Il faut libérer du temps et c'est quand même pas simple quand on a une activité déjà dans un hôpital à temps plein, donc toujours difficile. C'est beaucoup de stress pour toute la famille et voilà. Donc ce n'est pas si évident. À lire et à écouter aussiGaza: les médecins étrangers, témoins précieux de la situation sur place
C'est la nouvelle stratégie au Mali des terroristes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim) : asphyxier économiquement Bamako et contraindre les forces armées à se disperser. Depuis début septembre, pointe Jeune Afrique, « le groupe jihadiste a imposé un blocus sur les routes qui relient le Mali à ses voisins. Une opération inédite et révélatrice de sa nouvelle stratégie. (…) Les attaques se sont multipliées sur les principaux axes qui entourent Bamako, semant la terreur dans les corridors qui relient la capitale aux ports de Dakar, de Conakry et d'Abidjan. Destruction de camions-citerne, prise d'un poste militaire, instauration de check-points sauvages, fouille des voyageurs, racket des passagers, incendie ou mitraillage de véhicules… Six camionneurs sénégalais ont même été pris en otage, puis relâchés vingt-quatre heures plus tard. Jamais, constate encore Jeune Afrique, le Jnim n'avait semé pareil chaos dans ces régions habituellement préservées en raison de leur éloignement de la zone d'influence traditionnelle des groupes jihadistes, à près de 1 000 km de là. Après avoir harcelé, pendant plus de dix ans, les Forces armées maliennes, la filiale sahélienne d'Al-Qaïda a modifié sa stratégie, résume le site panafricain. Elle a décidé de frapper au porte-monnaie, et d'ouvrir un nouveau front. Bref, de mener une guerre économique. » Dernière action en date, relate Maliweb à Bamako : l'attaque d'un convoi de camions-citerne dimanche dernier, près du village de Ségala, à une soixantaine de kilomètres de Kayes : « les assaillants ont tendu une embuscade avec, pour seul objectif, de faire le maximum de victimes civiles au sein du convoi, rapporte Maliweb. Une manœuvre qui complique la tâche de l'armée, contrainte de neutraliser l'ennemi tout en protégeant les civils, piégés entre deux feux, au milieu de produits hautement inflammables. » L'armée minimise L'armée malienne qui tente de calmer le jeu, avec des communiqués victorieux : « de Kayes à Kidal : les Fama (les Forces armées maliennes, NDLR) imposent leur tempo et rassurent les populations, affirme Malijet, reprenant un communiqué de l'armée. À Kayes, les routes nationales 1 et 3 ont été ciblées par des attaques coordonnées visant à paralyser les flux économiques et à semer la peur. La riposte fut immédiate. Le 9 septembre, une frappe aérienne chirurgicale a détruit une base logistique à Mousafa, dans le cercle de Diéma. Plusieurs dizaines de combattants ont été neutralisés, permettant la reprise sécurisée des convois commerciaux sous escorte militaire. » Vers une spirale d'insécurité ? Pour Ledjely en Guinée, la menace est bien réelle. « En s'attaquant à des convois de camions-citerne circulant sur l'axe vital Dakar-Bamako, malgré la présence d'escortes militaires, les groupes armés islamistes ont envoyé un signal clair : ils disposent d'une capacité d'action capable de contourner, voire de défier, la protection de l'armée. (…) Malgré les efforts des Fama et l'appui de ses partenaires, notamment russes, la menace terroriste reste capable de frapper au cœur même de la stabilité nationale. » Et Ledjely de prévenir : « si cette dynamique n'est pas rapidement contenue, le pays pourrait replonger dans une spirale d'insécurité durable qui pourrait s'avérer très préjudiciable pour les autorités. » Protéger et écouter le peuple Comment contrer la menace djihadiste ? Pour L'Inter à Bamako, les moyens militaires ne suffisent pas. « La véritable force réside dans le renseignement, estime le quotidien bamakois. Savoir où se trouvent les camps, connaître les plans des chefs, identifier les réseaux de financement : c'est là que se gagne la guerre. Pour ce faire, il faut une collaboration étroite avec les populations locales. Ce n'est pas par la force que l'on obtient la confiance des habitants, mais par la protection et l'écoute, pointe le journal. Les groupes terroristes excellent dans la communication. Ils utilisent les réseaux sociaux, les radios clandestines et le bouche-à-oreille pour recruter, semer la terreur et diffuser leur propagande. Ils se présentent souvent comme les défenseurs des communautés locales contre un État jugé corrompu ou absent. L'État malien doit riposter sur ce même terrain, s'exclame L'Inter. Il s'agit de prouver par des actes que le gouvernement est le protecteur légitime de son peuple. Construire des écoles, des dispensaires, et assurer un accès à la justice dans les zones reculées, c'est là que la vraie communication s'opère. C'est en améliorant le quotidien des gens, conclut L'Inter, que l'on coupera l'herbe sous le pied des terroristes. »
C'est la nouvelle stratégie au Mali des terroristes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim) : asphyxier économiquement Bamako et contraindre les forces armées à se disperser. Depuis début septembre, pointe Jeune Afrique, « le groupe jihadiste a imposé un blocus sur les routes qui relient le Mali à ses voisins. Une opération inédite et révélatrice de sa nouvelle stratégie. (…) Les attaques se sont multipliées sur les principaux axes qui entourent Bamako, semant la terreur dans les corridors qui relient la capitale aux ports de Dakar, de Conakry et d'Abidjan. Destruction de camions-citerne, prise d'un poste militaire, instauration de check-points sauvages, fouille des voyageurs, racket des passagers, incendie ou mitraillage de véhicules… Six camionneurs sénégalais ont même été pris en otage, puis relâchés vingt-quatre heures plus tard. Jamais, constate encore Jeune Afrique, le Jnim n'avait semé pareil chaos dans ces régions habituellement préservées en raison de leur éloignement de la zone d'influence traditionnelle des groupes jihadistes, à près de 1 000 km de là. Après avoir harcelé, pendant plus de dix ans, les Forces armées maliennes, la filiale sahélienne d'Al-Qaïda a modifié sa stratégie, résume le site panafricain. Elle a décidé de frapper au porte-monnaie, et d'ouvrir un nouveau front. Bref, de mener une guerre économique. » Dernière action en date, relate Maliweb à Bamako : l'attaque d'un convoi de camions-citerne dimanche dernier, près du village de Ségala, à une soixantaine de kilomètres de Kayes : « les assaillants ont tendu une embuscade avec, pour seul objectif, de faire le maximum de victimes civiles au sein du convoi, rapporte Maliweb. Une manœuvre qui complique la tâche de l'armée, contrainte de neutraliser l'ennemi tout en protégeant les civils, piégés entre deux feux, au milieu de produits hautement inflammables. » L'armée minimise L'armée malienne qui tente de calmer le jeu, avec des communiqués victorieux : « de Kayes à Kidal : les Fama (les Forces armées maliennes, NDLR) imposent leur tempo et rassurent les populations, affirme Malijet, reprenant un communiqué de l'armée. À Kayes, les routes nationales 1 et 3 ont été ciblées par des attaques coordonnées visant à paralyser les flux économiques et à semer la peur. La riposte fut immédiate. Le 9 septembre, une frappe aérienne chirurgicale a détruit une base logistique à Mousafa, dans le cercle de Diéma. Plusieurs dizaines de combattants ont été neutralisés, permettant la reprise sécurisée des convois commerciaux sous escorte militaire. » Vers une spirale d'insécurité ? Pour Ledjely en Guinée, la menace est bien réelle. « En s'attaquant à des convois de camions-citerne circulant sur l'axe vital Dakar-Bamako, malgré la présence d'escortes militaires, les groupes armés islamistes ont envoyé un signal clair : ils disposent d'une capacité d'action capable de contourner, voire de défier, la protection de l'armée. (…) Malgré les efforts des Fama et l'appui de ses partenaires, notamment russes, la menace terroriste reste capable de frapper au cœur même de la stabilité nationale. » Et Ledjely de prévenir : « si cette dynamique n'est pas rapidement contenue, le pays pourrait replonger dans une spirale d'insécurité durable qui pourrait s'avérer très préjudiciable pour les autorités. » Protéger et écouter le peuple Comment contrer la menace djihadiste ? Pour L'Inter à Bamako, les moyens militaires ne suffisent pas. « La véritable force réside dans le renseignement, estime le quotidien bamakois. Savoir où se trouvent les camps, connaître les plans des chefs, identifier les réseaux de financement : c'est là que se gagne la guerre. Pour ce faire, il faut une collaboration étroite avec les populations locales. Ce n'est pas par la force que l'on obtient la confiance des habitants, mais par la protection et l'écoute, pointe le journal. Les groupes terroristes excellent dans la communication. Ils utilisent les réseaux sociaux, les radios clandestines et le bouche-à-oreille pour recruter, semer la terreur et diffuser leur propagande. Ils se présentent souvent comme les défenseurs des communautés locales contre un État jugé corrompu ou absent. L'État malien doit riposter sur ce même terrain, s'exclame L'Inter. Il s'agit de prouver par des actes que le gouvernement est le protecteur légitime de son peuple. Construire des écoles, des dispensaires, et assurer un accès à la justice dans les zones reculées, c'est là que la vraie communication s'opère. C'est en améliorant le quotidien des gens, conclut L'Inter, que l'on coupera l'herbe sous le pied des terroristes. »
C'est le journal Le Devoir, au Canada, qui nous rappelle qu'en 2015, le monde a découvert « la photo d'un bambin syrien de trois ans, vêtu d'un bermuda bleu et d'un t-shirt rouge, mort noyé, qui gît face contre terre sur le sable balayé par la mer ». « Une photo qui crève le cœur, tant elle est insoutenable », soupire le Devoir, selon lequel cette photo « a changé des millions de vies ». Le journal a interrogé Paul Clark, qui à l'époque était à la tête de l'organisation Action Réfugiés Montréal. Il est « catégorique ». Il y a eu « un avant » et « un après » la mort du petit garçon. Avant, « la moitié de la population ne savait pas ce qu'était un réfugié, et l'autre moitié était partagée entre ceux qui désiraient les accueillir et ceux qui n'en voulaient pas. » Mais, le 3 septembre 2015, explique Paul Clark, « il y a eu un changement total de perception ». « Les médias voulaient savoir, le public voulait faire sa part (…) On recevait des appels de partout (…) Tout le monde voulait parrainer une famille syrienne ». Qu'en est-il dix ans plus tard ? A Montréal, le responsable du HCR, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés reconnaît que « cet élan de solidarité s'est étiolé », il parle de « fatigue compassionnelle ». Les gens « sont empathiques », mais « ne passent pas à l'action ». Paul Clark, ancien responsable d'Action réfugiés Montréal constate, de son côté, que « les crises mondiales empirent. Et nous, on met encore plus de murs. Ça serait bon que ça change, sans qu'on ait besoin d'une autre photo ». Interdiction d'aller à New York À la Une également, pas de visa pour les dirigeants de l'Autorité Palestinienne à l'ONU. Le Times Of Israël titre ce matin : « Les États-Unis annoncent qu'ils interdiront à Abbas de l'Autorité Palestinienne et à 80 autres responsables de participer à l'Assemblée Générale de Nations Unies » qui aura lieu en septembre à New York. Pourtant, remarque le quotidien israélien, « les États-Unis sont en principe tenus d'autoriser l'accès des diplomates étrangers au siège de l'ONU à New York » mais le département d'État américain accuse l'OLP et l'Autorité Palestinienne, d'être responsables (...) de la dégradation des perspectives de paix ». Il y a un précédent, rappelle de son côté le Jerusalem Post : « En 1988, les États-Unis avaient refusé de délivrer un visa au chef de l'OLP Yasser Arafat. Cette année-là, l'assemblée générale des Nations Unies s'était réunie cette année-là à Genève, au lieu de New York, afin qu'il puisse s'exprimer ». A Londres, le Guardian estime « que cette mesure aligne davantage l'administration de Donald Trump sur le gouvernement de droite israélien, qui rejette catégoriquement la création d'un État palestinien », que plusieurs pays, dont la France, ont prévu de reconnaître à New York. Mauvaise publicité Enfin, en France, une information de Mediapart, pourrait mettre François Bayrou en difficulté. En effet, selon le journal en ligne, le premier ministre « a engagé pendant l'été des travaux de rénovation pour son bureau à Pau (ville dont il est le maire NDLR). Montant de la facture : 40 000 euros », selon les informations de Mediapart qui parle « d'une dépense politiquement inflammable en plein plan d'austérité et dans une commune où la dette a explosé, depuis qu'elle est dirigée par François Bayrou ». « Cette opération n'a fait l'objet d'aucune communication officielle », ajoute Mediapart, selon lequel « les travaux décidés par la mairie de Pau, auraient pour objet 'de redonner la splendeur' d'origine au bureau de François Bayrou », pour « la bagatelle », donc, de 40 000 euros. Une bien mauvaise publicité pour le Premier ministre qui, le 15 juillet dernier, estimait que « l'État et les collectivités locales » devaient « montrer l'exemple en réduisant leur train de vie », rappelle Mediapart.
Avec la suspension de l'aide américaine, le camp d'Al-Hol, en Syrie, fait face à une crise humanitaire grandissante. Tandis que les familles peinent à subvenir à leurs besoins, les autorités locales redoutent une aggravation de la situation et un possible regain du groupe État islamique. De notre envoyé spécial à Al-Hol, Plus de cinquante femmes, vêtues de noir, se tiennent à l'intérieur d'une petite boutique du marché du camp d'Al-Hol, en Syrie, qui abrite des milliers de familles de membres de Daech [l'acronyme en arabe du groupe terroriste État islamique, NDLR]. Elles attendent d'entendre leur nom pour recevoir un virement envoyé par leurs familles. Depuis que les États-Unis ont suspendu les programmes d'aide destinés au camp, ces virements sont devenus la principale source de revenus des familles pour acheter de la nourriture et des vêtements, selon deux femmes ayant requis l'anonymat : « La situation est très difficile, témoigne dit une. Je suis venue récupérer un virement au centre, car nous vivons actuellement uniquement grâce aux transferts d'argent envoyés par nos familles à l'étranger. Récemment, nous avons été coupés d'Internet, malgré nos demandes répétées pour son rétablissement. Nous sommes entièrement contrôlés, comme si nous étions en prison. Ils font de nous ce qu'ils veulent, et voilà que l'électricité et l'eau viennent aussi d'être coupées. » « Nous sommes des personnes âgées. Mon mari est handicapé et reste toujours dans la tente, s'agace une autre habitante du camp. Depuis plusieurs jours, il n'y a plus de médecins ni de soins médicaux. Même la simple distribution de médicaments a cessé, et maintenant, les habitants du camp meurent sur place à cause des maladies. » « Les enfants ont besoin de lait » La décision des États-Unis a entraîné un déficit de 60 % des coûts opérationnels et des aides pour le camp d'Al-Hol, affectant notamment les programmes de soins médicaux. Toutefois, selon la directrice de l'administration civile du camp Haval Jihan, certains programmes ont été maintenus jusqu'à la fin du mois de septembre prochain : « Ce système où l'aide s'arrête un mois, reprend un autre mois, puis s'interrompt à nouveau ne peut pas fonctionner. Nous restons dans l'incertitude, sans savoir ce qui nous attend. Parfois, l'aide est suspendue pendant deux jours, puis revient pour trois mois. Ce n'est pas viable. Nous avons commencé à chercher une alternative au soutien américain, mais honnêtement, c'est une tâche extrêmement difficile. » La ministre des Affaires étrangères de l'administration autonome kurde Ilham Ahmed craint que l'arrêt des aides n'accélère la fermeture du camp et ne favorise ainsi la résurgence de Daech : « Sans financement, le camp sera hors de contrôle. Les enfants ont besoin de lait et il n'y en a pas. Il y a un grand nombre d'enfants et de nourrissons ici, et si nous ne pouvons pas répondre à leurs besoins, la situation deviendra incontrôlable. Il y aura des révoltes, des manifestations, et bien d'autres problèmes plus graves. » Selon les chiffres officiels, le camp abrite plus de 60 000 personnes issues de familles de Daech, originaires de 43 nationalités différentes. À lire aussiSyrie: au camp d'Al-Hol, «il est urgent de trouver une solution»
Avec la suspension de l'aide américaine, le camp d'Al-Hol, en Syrie, fait face à une crise humanitaire grandissante. Tandis que les familles peinent à subvenir à leurs besoins, les autorités locales redoutent une aggravation de la situation et un possible regain du groupe État islamique. De notre envoyé spécial à Al-Hol, Plus de cinquante femmes, vêtues de noir, se tiennent à l'intérieur d'une petite boutique du marché du camp d'Al-Hol, en Syrie, qui abrite des milliers de familles de membres de Daech [l'acronyme en arabe du groupe terroriste État islamique, NDLR]. Elles attendent d'entendre leur nom pour recevoir un virement envoyé par leurs familles. Depuis que les États-Unis ont suspendu les programmes d'aide destinés au camp, ces virements sont devenus la principale source de revenus des familles pour acheter de la nourriture et des vêtements, selon deux femmes ayant requis l'anonymat : « La situation est très difficile, témoigne dit une. Je suis venue récupérer un virement au centre, car nous vivons actuellement uniquement grâce aux transferts d'argent envoyés par nos familles à l'étranger. Récemment, nous avons été coupés d'Internet, malgré nos demandes répétées pour son rétablissement. Nous sommes entièrement contrôlés, comme si nous étions en prison. Ils font de nous ce qu'ils veulent, et voilà que l'électricité et l'eau viennent aussi d'être coupées. » « Nous sommes des personnes âgées. Mon mari est handicapé et reste toujours dans la tente, s'agace une autre habitante du camp. Depuis plusieurs jours, il n'y a plus de médecins ni de soins médicaux. Même la simple distribution de médicaments a cessé, et maintenant, les habitants du camp meurent sur place à cause des maladies. » « Les enfants ont besoin de lait » La décision des États-Unis a entraîné un déficit de 60 % des coûts opérationnels et des aides pour le camp d'Al-Hol, affectant notamment les programmes de soins médicaux. Toutefois, selon la directrice de l'administration civile du camp Haval Jihan, certains programmes ont été maintenus jusqu'à la fin du mois de septembre prochain : « Ce système où l'aide s'arrête un mois, reprend un autre mois, puis s'interrompt à nouveau ne peut pas fonctionner. Nous restons dans l'incertitude, sans savoir ce qui nous attend. Parfois, l'aide est suspendue pendant deux jours, puis revient pour trois mois. Ce n'est pas viable. Nous avons commencé à chercher une alternative au soutien américain, mais honnêtement, c'est une tâche extrêmement difficile. » La ministre des Affaires étrangères de l'administration autonome kurde Ilham Ahmed craint que l'arrêt des aides n'accélère la fermeture du camp et ne favorise ainsi la résurgence de Daech : « Sans financement, le camp sera hors de contrôle. Les enfants ont besoin de lait et il n'y en a pas. Il y a un grand nombre d'enfants et de nourrissons ici, et si nous ne pouvons pas répondre à leurs besoins, la situation deviendra incontrôlable. Il y aura des révoltes, des manifestations, et bien d'autres problèmes plus graves. » Selon les chiffres officiels, le camp abrite plus de 60 000 personnes issues de familles de Daech, originaires de 43 nationalités différentes. À lire aussiSyrie: au camp d'Al-Hol, «il est urgent de trouver une solution»
En Côte d'Ivoire, le patrimoine architectural reste méconnu des habitants d'Abidjan. Le quartier administratif du Plateau recèle pourtant de petites perles, avec des immeubles emblématiques comme « La Pyramide », dessinée par l'Italien Rinaldo Olivieri, aujourd'hui abandonnée. Alors que le quartier est un chantier permanent, de jeunes architectes ivoiriens tentent de préserver la mémoire des bâtiments. Reportage dans une promenade organisée par une association, la PAACIV. Une dizaine de randonneurs remontent le temps et les rues du Plateau. « Au Plateau, on a de l'art déco, on a une période post-coloniale, on a une période coloniale, on a même de l'architecture contemporaine, expose Ben Mohammed Kouyaté, le guide de la visite. On va le voir avec les tours. Chaque bâtiment s'illustre parce qu'il est le fruit d'une époque. » Le futur architecte décrit les techniques de construction, notamment comment les bâtiments de la rue du commerce ont été conçus à la fin de l'époque coloniale pour atténuer la chaleur tropicale, à l'image des anciennes galeries Peyrissac. « Le fait de pouvoir entrer sur l'angle, le retrait des portes qui permet de ne pas avoir d'ensoleillement direct… On n'a pas de chaleur, c'est typiquement une sorte d'architecture bioclimatique. Et ils avaient pensé leurs bâtiments de sorte qu'il y ait de la ventilation naturelle à l'intérieur », retrace-t-il. Au Plateau, l'architecture est aussi politique. En 1962, le Français Henri Dufau a construit le palais présidentiel de Félix Houphouët-Boigny, avec son toit concave inspiré du tabouret Akan, symbole de souveraineté. « Le nouveau palais présidentiel est construit sur les décombres de l'ancien palais du gouverneur. Et symboliquement, Houphouët-Boigny le fait pour dire que "nous sommes indépendants" et que nous pouvons choisir des choses par nous-mêmes », poursuit Ben Mohammed Kouyaté. L'architecture comme témoin de l'histoire Un siècle d'urbanisme résumé en trois heures de balade : l'occasion de contempler l'architecture tropicale du Plateau Sud, les tours du quartier administratif, le siège de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest, ou encore l'hexagone imposant de béton et de verre de 62 mètres de haut, signé Michel Goli Kouassi. On passe également devant le siège du premier architecte ivoirien ; l'impressionnant immeuble de la Caistab [caisse de stabilisation des prix des produits agricoles, NDLR], un gratte-ciel de plus de 100 mètres de haut conçu au plus fort du « miracle ivoirien » par le Français Robert Boy ; ou encore l'emblématique « Pyramide », chef-d'œuvre brutaliste de l'Italien Rinaldo Olivieri. Au milieu des nouvelles constructions et du chantier permanent du Plateau, ces immeubles anciens sont parfois oubliés. « Les nouveaux bâtiments sont mis en avant un peu au détriment des anciens bâtiments, selon Leïla Sangaré, architecte installée depuis un an à Abidjan. C'est un nouveau souffle du Plateau, une nouvelle image du Plateau, mais il ne faut pas non plus oublier ce qui était là avant. » Le prix du mètre carré est très élevé au Plateau, autour d'un million de francs CFA. Les projets immobiliers neufs prennent de la place, ce qui, pour l'architecte Issa Diabaté, doit poser question : « Qu'est-ce que l'on préserve, qu'est-ce que l'on peut laisser partir ? Parce que la ville a aussi besoin de se transformer... Donc oui, c'est intéressant pour l'histoire de laisser des traces… Mais il faut aussi laisser de l'espace pour les générations futures puissent se réapproprier des espaces existants. » L'histoire architecturale du Plateau se poursuit. La Tour F, gratte-ciel futuriste de 420 mètres, sera inaugurée en mars 2026. À lire aussiCôte d'Ivoire : au musée des Civilisations, l'emplacement du tambour parleur montré à la France
Les départs clandestins de pirogues depuis les côtes guinéennes vers l'archipel espagnol des Canaries se sont multipliés, en conséquence de l'accord migratoire conclu entre la Mauritanie et l'Espagne l'an dernier. Pourtant, la traversée depuis la Guinée peut durer une dizaine de jours et est extrêmement dangereuse. En 2024, l'ONG espagnole Caminando Fronteras dénombre 10 457 morts dans l'Atlantique. Entretien avec Elhadj Mohamed Diallo, ancien exilé, qui dirige désormais l'Organisation guinéenne de lutte contre la migration irrégulière. RFI : La Guinée est devenue une alternative pour les candidats à la migration clandestine, notamment depuis la ville côtière de Kamsar. Pourquoi ce phénomène, selon vous, a-t-il pris de l'ampleur dans la ville ? Elhadj Mohamed Diallo : D'abord, la ville de Kamsar est une ville portuaire, où la pêche est beaucoup développée. La plupart des jeunes maîtrisent parfaitement l'océan. Ce sont des pêcheurs qui maîtrisent la conduite des pirogues. La situation aux îles Canaries est telle que des journalistes espagnols sont venus enquêter jusqu'en Guinée pour identifier les familles des disparus, racontez-nous. Lorsque des Guinéens sont arrivés dans les îles des Canaries – le troisième convoi au départ de Kamsar -, il y a eu un accident. Sept personnes sont décédées, dont deux enfants. Donc les journalistes se sont intéressés à la question. Ils nous ont contactés et ils sont venus sur le terrain pour identifier trois familles parmi les sept et après, ils sont venus à Conakry. On les a mis en contact avec des familles de disparus, et eux nous ont mis en relation avec des organisations qui travaillent sur les questions d'identification dans les autres pays. Il y a plusieurs familles qui sont identifiées, on est en train de mettre en place le collectif des familles de disparus. Et une fois que vous les identifiez, qu'est-ce que vous faites ? Parfois, un jeune décède dans un autre pays, mais la famille n'est pas identifiée. Donc, ils nous contactent. On accompagne la famille pour qu'elle puisse rapatrier le corps au pays et inhumer le jeune. On les accompagne aussi dans leur deuil et dans les démarches administratives. Lorsqu'un corps est identifié, il y a un tas de dossiers qu'il faut aller retirer à la justice ou à la mairie. Parfois, les familles ne sont pas informées. Nous accompagnons les familles dans toutes ces démarches, s'ils décident de rapatrier le corps ou pour qu'ils aient les documents nécessaires pour engager des procédures auprès des tribunaux. À lire aussiGuinée: une nouvelle route dangereuse pour la migration vers les Canaries au départ de Kamsar Alors concrètement, comment ça se passe ? Ce sont des passeurs qui sont, disons, des « professionnels » et qui ouvrent un nouveau point de passage ? Ou est-ce que ce sont des pêcheurs ou des personnes sur place, à Kamsar, qui se lancent dans le marché de la migration par opportunisme ? Le premier convoi, c'était des pêcheurs. Comme le Sénégal est un pays frontalier, on se dit que s'il y a des voies de passage depuis le Sénégal, nous aussi Guinéens pouvons tenter. Donc c'est comme ça qu'ils ont commencé. Un groupe d'individus étaient là en train de travailler, ils se sont réunis, ils ont formé leur convoi et ils sont partis. Ca a même échappé aux autorités. Pour le moment, on n'a pas pu avoir des informations sur les passeurs, on est en train de faire des recherches. Mais bon, vous savez, c'est une question très compliquée de former un groupe de réseaux. Ça peut être des compatriotes qui étaient déjà en Mauritanie ou au Sénégal et qui reviennent en Guinée, ou ça peut être aussi des gens issus du réseau marocain qui se ramifie jusqu'en Guinée. Ce sont des réseaux qui sont vraiment professionnels. On doit planifier le terrain, il faut identifier qui doit être impliqué, qui ne doit pas être impliqué aussi. Ça va prendre du temps. Mais quand même, il y a eu pour le moment trois ou quatre convois qui sont partis et le mois dernier, les autorités ont arrêté pas mal de groupes de personnes qui étaient prêtes à partir. Deux convois ont été arrêtés au mois de juillet. Un autre convoi a été arrêté en Mauritanie où il y avait des Guinéens, des Sénégalais et d'autres nationalités. Vous voulez dire qu'en fonction des politiques migratoires des pays pourtant voisins, le point de départ peut changer ? Pas forcément les politiques migratoires en soi. Ça peut être peut-être la façon dont on est en train de réprimer les migrants, ou bien comment on est en train de durcir un peu les politiques migratoires. C'est une chaîne, en fait. Ça a commencé par le Maroc, puis le Maroc a « fermé » sa voie d'accès. Puis la Mauritanie, le Sénégal où ça devient de plus en plus difficile. Finalement, les points de départ s'éloignent de plus en plus. Et certainement demain, quand on va « fermer » la Guinée, peut-être que c'est Sierra Leone, le Liberia ou la Côte d'Ivoire qui seront concernés. En ce qui concerne le réseau des passeurs, ce n'est pas seulement la Guinée qui doit y travailler. Il faut que les pays collaborent, que ça soit une coordination entre les États parce que ces passeurs sont des criminels. Ça, il faut le dire. Quand vous voyez ce qui se passe aujourd'hui en Tunisie, vous comprendrez pourquoi les pays doivent coopérer pour pouvoir travailler sur cette question. Est-ce que vous avez pu dresser un profil des personnes qui prennent la mer ? Ce sont des familles avec des enfants, parce qu'ils sont convaincus qu'avec des enfants, on vous donne des papiers en règle dès votre arrivé. Donc, ils prennent toute la famille pour partir. En majorité, c'est des jeunes de 17 à 35 ans. Mais il y a également des vieux, des femmes, des enfants, des intellectuels, des étudiants, des non-étudiants... C'est les mêmes personnes, des fois, qui avaient envie de partir mais qui n'en avaient pas la possibilité. Avec 15 millions de francs guinéens [1 500 €, NDLR], ils vont migrer depuis Kamsar. À lire aussiMauritanie: «Notre politique vis-à-vis de la migration irrégulière est restée la même» Alors même que la communication habituelle des autorités et la sensibilisation communautaire martèlent que le risque de partir clandestinement, c'est très dangereux, que la Guinée ou même l'Afrique en général, a besoin de bras pour se construire et que les politiques migratoires, vous l'avez dit, sont de plus en plus dures. Pourquoi, selon vous, les jeunes continuent de tenter « l'aventure », comme on l'appelle en Afrique de l'Ouest ? On est tous d'accord que d'abord, la migration, c'est un fait naturel. Deuxièmement, il y a une communication sur les réseaux sociaux qui dit que l'Allemagne ou la France ont besoin de plus de main-d'œuvre et les jeunes ont besoin de travailler. Mais quand vous prenez le cas spécifique de la Guinée, la majeure partie des jeunes Guinéens ont perdu confiance non seulement en l'intellectuel guinéen, mais aussi en la République de Guinée. Même s'ils avaient des milliards en poche, ils n'auraient pas envie d'investir dans ce pays parce qu'il y a une totale perte de confiance. Même si ces jeunes sont des intellectuels, même si vous leur trouvez un travail, ils vont chercher un moyen de transport pour quitter le pays parce qu'ils n'ont plus confiance en la République. À une époque, on avait des tee-shirts qui disaient La Guinée est mon avenir. Il y a un jeune qui m'a interpellé un jour, en me disant : « Tu penses qu'il y a une possibilité de réussir dans ce pays où un Premier ministre te dit qu'une région n'a pas le courant parce qu'un Chinois est mort ? » [en 2018, l'ex-Premier ministre Kassory Fofana avait justifié l'absence d'électricité à Kankan par le décès prématuré de l'investisseur chinois choisi pour le projet, NDLR] Vous voyez la mentalité ? Au début de ce mois, 49 Sénégalais ont quitté la Mauritanie en pirogue, se sont perdus en mer et ont finalement pu atteindre les îles Canaries en s'accrochant à une barge remorquée par un navire européen. Comment vous expliquez une telle détermination chez les jeunes Africains, avec pourtant un énorme risque de se faire arrêter ou pire, de mourir, tout simplement ? Vous interrogez dix jeunes aujourd'hui sur pourquoi ils sont prêts à prendre ces risques-là. Ils vous diront que dans l'état actuel des choses, ils sont comme déjà morts. Donc pour eux, il vaut mieux aller mourir ailleurs et peut-être réussir, que de rester ici et mourir. C'est comme un jeune avec ses parents, s'il n'a plus confiance, il va quitter la maison. Donc quand on n'a plus confiance en notre nation, on va forcément la quitter. C'est ce qui arrive en l'Afrique de l'Ouest, surtout au Sénégal et en Guinée. Quand dans un pays, même manger devient un luxe, ça devient un problème. Il y a donc la communication sur les réseaux sociaux et aussi cette question politique qui motive de nombreux jeunes à partir. Et on comprend parfois leur motivation, ils veulent tout simplement vivre en paix. À lire aussiLa France peut-elle se passer d'immigration ?
En France, la traditionnelle rentrée littéraire commence à remplir les rayons des librairies : 484 romans sont annoncés et la concurrence sera rude. Et si le secteur de l'édition n'échappe pas à la crise, certains tirent leur épingle du jeu comme les livres de cuisine. Cuisine du monde, gastronomie française ou recettes de grand-mère, il y en a pour tous les goûts. À l'ère du numérique et des contenus accessibles gratuitement, comment sont-ils encore si populaires ? Reportage de Lola Marteau. Ils ont été les grands gagnants de la pandémie de Covid-19. Confinés, les Français s'étaient remis aux fourneaux, plébiscitant les livres de cuisine. Sept millions d'exemplaires avaient été vendus en 2021. Aujourd'hui, les ventes se sont stabilisées, mais les ouvrages culinaires n'ont jamais été aussi nombreux et divers. Mais que cherchent donc les acheteurs ? L'abondance des titres entraîne une forte concurrence. Il faut se démarquer à tout prix. Le chef pâtissier français Christophe Felder, auteur d'une cinquantaine d'ouvrages, mise sur des recettes simples : « On a deux pâtisseries en Alsace, on fait des mille-feuilles, des Paris-Brest, tous les jours. Et toutes les recettes qui nous plaisent, ou qui ont plu aux clients qui les achètent, on se dit qu'on va les mettre dans les prochains livres. Dès mon premier livre, je voulais que les gens puissent refaire les recettes sans trop de difficultés pour pouvoir faire un truc rapide, mais fait maison. » Son best-seller, Pâtisserie, publié aux éditions de La Martinière, s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires en dix ans. Ce livre dense, de couleur fuchsia, attire l'œil des plus curieux. « Quand j'avais fait MasterChef (une émission télévisée culinaire, NDLR), la productrice de l'émission m'a dit : "Vous savez Christophe, moi, je ne vous connaissais pas, mais mon mari m'avait offert ce livre car il trouvait la couverture super". Il y a des gens qui adorent le design, des gens qui ne sont ni cuisiniers, ni pâtissiers, mais qui veulent un peu toucher à ça. Donc le graphisme va aider à la vente, au succès d'un livre aussi », raconte Christophe Felder. Marion, directrice d'une librairie parisienne, a vu un réel changement s'opérer dans ses rayons : « Alors, la nouvelle tendance du livre de cuisine, c'est que ce sont des livres qui font effectivement plus décoration, cadeau. Autour de 300, 400 pages. Avant, on avait plutôt uniquement la recette. Aujourd'hui, on propose une idée de voyage, qui accompagne souvent les recettes. » Les livres de cuisine sont aujourd'hui souvent des beaux livres. Parmi les plus populaires, on remarque les déclinaisons du chef anglo-israélien Yotam Ottolenghi. Des succès qui offrent de belles opportunités aux maisons d'édition : « Pour l'éditeur, cela permet de vendre des livres plus chers, qui sont quand même entre 30, 50, 60 euros. Ça combine aussi bien le livre de voyage que le livre de recettes. Graphiquement, il y a des identités. La cuisine du monde, c'est très coloré. » Avec son héritage gastronomique, la France perpétue et réinvente la tradition et l'attachement pour ces livres qui, comme la cuisine, suivent les tendances et les époques pour satisfaire les nouvelles papilles. À lire aussiVoyager, mitonner, transmettre : la tête dans les livres de cuisine
GESTIONNAIRES EN ACTION. La société spécialisée en commerce électronique Shopify (SHOP, 199,46$) a récemment ravi à la Banque Royale (RY, 188,61$) la couronne de plus importante capitalisation boursière au Canada. La grande question, c'est de savoir si la situation peut durer dans le temps. Depuis la fin des années 90, quelques entreprises sont parvenues brièvement à s'emparer de la première marche du podium des capitalisations boursières canadiennes. On peut penser aux entreprises Nortel Networks, Manuvie (MFC, 42,25$), EnCana, Research in Motion (devenue BlackBerry: BB, 5,08$), Potash Corporation, Barrick Gold (ABX, 32,67$) et Valeant Pharmaceuticals (devenue Bausch Health: BHC, 10,38). Après avoir dépassé la capitalisation boursière de la Banque Royale, toutes ces sociétés ont connu d'importantes difficultés. «Toutes ces périodes ont été marquées par des tendances favorables à certains secteurs qui se sont reflétées sur des entreprises, ce qui leur a permis de dépasser dépassé la Banque Royale. Par exemple, si on prend le cas de Nortel, on se rappelle qu'on était alors au sommet de la bulle des titres technologiques», explique Marc L'Écuyer, gestionnaire de portefeuille à Cote 100. La Banque Royale a toujours repris la pole position. Mais ça s'explique aussi par le peu de profondeur du marché boursier canadien. On n'a pas beaucoup d'entreprises comparativement aux États-Unis. Des Nvidia (NVDA, 182,02$US), Microsoft (MSFT, 522,48$US) et Apple (AAPL, 232,78$US), ça n'existe pas ailleurs», raconte-t-il. Pour revenir à Shopify, l'entreprise a déjà dépassé la Banque Royale en 2020, au début de la crise de la pandémie de COVID-19 qui a favorisé les titres présents dans le monde du commerce électronique. La société a par la suite passé à travers un petit creux de vague avant de revenir au sommet. «Si on regarde le dénominateur commun de ces deux périodes. Si on remonte depuis l'arrivée en bourse de Shopify (en 2015, NDLR), c'est une entreprise qui a eu beaucoup de succès, qui est innovante et qui réussit très bien dans son secteur», résume Marc L'Écuyer. Ce qui caractérise les deux sommets selon lui est que le titre de Shopify est, tout comme en 2020, valorisé pour la perfection avec, entre autres, un ratio cours/bénéfice prévu des 12 prochains mois de plus de 100. Il estime que si Shopify veut rester au sommet de la Bourse canadienne, elle devra maintenir une forte croissance pendant plusieurs années, à moins que la Banque Royale ne connaisse des difficultés pendant une certaine période. *Le balado «Gestionnaires en action» a reçu un honneur, étant reconnu en juin dernier dans le Top 100 des meilleurs balados sur les marchés financiers en ligne par la société américaine Million Podcasts.Pour de l'information concernant l'utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
En France, la traditionnelle rentrée littéraire commence à remplir les rayons des librairies : 484 romans sont annoncés et la concurrence sera rude. Et si le secteur de l'édition n'échappe pas à la crise, certains tirent leur épingle du jeu comme les livres de cuisine. Cuisine du monde, gastronomie française ou recettes de grand-mère, il y en a pour tous les goûts. À l'ère du numérique et des contenus accessibles gratuitement, comment sont-ils encore si populaires ? Reportage de Lola Marteau. Ils ont été les grands gagnants de la pandémie de Covid-19. Confinés, les Français s'étaient remis aux fourneaux, plébiscitant les livres de cuisine. Sept millions d'exemplaires avaient été vendus en 2021. Aujourd'hui, les ventes se sont stabilisées, mais les ouvrages culinaires n'ont jamais été aussi nombreux et divers. Mais que cherchent donc les acheteurs ? L'abondance des titres entraîne une forte concurrence. Il faut se démarquer à tout prix. Le chef pâtissier français Christophe Felder, auteur d'une cinquantaine d'ouvrages, mise sur des recettes simples : « On a deux pâtisseries en Alsace, on fait des mille-feuilles, des Paris-Brest, tous les jours. Et toutes les recettes qui nous plaisent, ou qui ont plu aux clients qui les achètent, on se dit qu'on va les mettre dans les prochains livres. Dès mon premier livre, je voulais que les gens puissent refaire les recettes sans trop de difficultés pour pouvoir faire un truc rapide, mais fait maison. » Son best-seller, Pâtisserie, publié aux éditions de La Martinière, s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires en dix ans. Ce livre dense, de couleur fuchsia, attire l'œil des plus curieux. « Quand j'avais fait MasterChef (une émission télévisée culinaire, NDLR), la productrice de l'émission m'a dit : "Vous savez Christophe, moi, je ne vous connaissais pas, mais mon mari m'avait offert ce livre car il trouvait la couverture super". Il y a des gens qui adorent le design, des gens qui ne sont ni cuisiniers, ni pâtissiers, mais qui veulent un peu toucher à ça. Donc le graphisme va aider à la vente, au succès d'un livre aussi », raconte Christophe Felder. Marion, directrice d'une librairie parisienne, a vu un réel changement s'opérer dans ses rayons : « Alors, la nouvelle tendance du livre de cuisine, c'est que ce sont des livres qui font effectivement plus décoration, cadeau. Autour de 300, 400 pages. Avant, on avait plutôt uniquement la recette. Aujourd'hui, on propose une idée de voyage, qui accompagne souvent les recettes. » Les livres de cuisine sont aujourd'hui souvent des beaux livres. Parmi les plus populaires, on remarque les déclinaisons du chef anglo-israélien Yotam Ottolenghi. Des succès qui offrent de belles opportunités aux maisons d'édition : « Pour l'éditeur, cela permet de vendre des livres plus chers, qui sont quand même entre 30, 50, 60 euros. Ça combine aussi bien le livre de voyage que le livre de recettes. Graphiquement, il y a des identités. La cuisine du monde, c'est très coloré. » Avec son héritage gastronomique, la France perpétue et réinvente la tradition et l'attachement pour ces livres qui, comme la cuisine, suivent les tendances et les époques pour satisfaire les nouvelles papilles. À lire aussiVoyager, mitonner, transmettre : la tête dans les livres de cuisine
« Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le FMI. S'il contribue de 25 à 65% du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. Au Cameroun, le secteur de l'informel représente plus de 85 % des emplois, selon les chiffres du ministère des Petites et Moyennes Entreprises. Dans le Septentrion, le chômage y est important, les commerçants profitent de leur proximité avec le Nigeria pour s'approvisionner en carburant, denrées alimentaires ou encore médicaments de l'autre côté de la frontière. On les surnomme les « zoua-zoua ». Les vendeurs de carburant à la sauvette bordent les routes du centre-ville de Garoua, une ville située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière nigériane. Dans la région septentrionale du Cameroun, zone enclavée et touchée par le chômage, le commerce informel joue un rôle très important. Derrière les bouteilles en plastique et les panneaux en carton qui annoncent les prix, Paul (le prénom a été modifié) organise son petit commerce. Pour se ravitailler, il « loue une voiture 5 000 francs [environ 7,5 euros, NDLR] » et traverse la frontière nigériane. Là-bas, chaque litre lui coûte « 600 ou 650 francs [environ 1 euro, NDLR] ». Paul le revend 800 francs CFA (1,2 euro) dans les rues de Garoua, quand d'autres montent jusqu'à 850 francs (1,3 euro). « Il n'y a pas de prix fixe », reconnaît le vendeur. Pour passer la douane, un billet permet d'éviter les contrôles de marchandises. « La police ne nous dérange pas », raconte Paul, « quand on passe, parfois, on paye 10 000, parfois 5 000 francs [de 7,5 à 15 euros environ, NDLR] ». Comme beaucoup de Camerounais, le commerce de rue permet à Paul de gagner « un peu » sa vie. « C'est mieux que pas de travail », met-il en avant. « Nous, les gens du quartier, c'est avec ça, avec le carburant, qu'on se débrouille. » Grâce à la revente informelle, Paul a construit sa petite maison. Son commerce fait également travailler régulièrement deux à cinq jeunes du voisinage. À lire aussiCameroun: les autorités interdisent l'accès aux vendeurs ambulants dans 15 lieux de Yaoundé « On n'a pas le choix. On n'a que ça à faire. Il n'y a pas de travail » Un peu plus loin, au marché, deux jeunes hommes sont affalés sur leurs étals. Eux vendent des médicaments, également importés sans déclaration du Nigeria. « Il y a tous genres de médicaments : mal de tête, mal d'estomac… Même pour le palu, il y en a », présentent fièrement les deux commerçants d'une vingtaine d'années. « Je viens avec la voiture et je traverse comme ça. On est habitués », raconte l'un d'eux. « Parfois, la police dérange (…) ils prennent la marchandise », ajoute-t-il. « Plusieurs fois », les jeunes ont été visés par des saisies des forces de l'ordre. Des opérations qui les « ruinent », se plaignent-ils. Mais pas de quoi décourager les deux vendeurs ambulants. « On n'a pas le choix. On n'a que ça à faire. Il n'y a pas de travail », regrettent-ils, car le Cameroun est un pays où il est « très dur » de trouver un emploi salarié. Accoudé à son stand de médicaments, l'un des jeunes renchérit : « Les gens ont fait l'école. Il y a les diplômes, les diplômes professionnels comme académiques, mais on ne trouve pas de travail. Le gouvernement n'est pas bon. On souffre. Les gens souffrent au Cameroun, surtout les jeunes », dit-il. Matériaux de construction ou encore produits alimentaires sont également importés du Nigeria pour être revendus à Garoua. À lire aussiHausse du prix du carburant au Cameroun: les transporteurs se disent «asphyxiés»
El 31 de julio de 2025 el congreso salvadoreño aprobó la reelección presidencial indefinida dejándole a Nayib Bukele el camino libre para perpetuarse al mando de este país de América Central. Las reformas constitucionales que le dan más poder serían “un quiebre definitivo para su democracia”, dijo a RFI Juanita Goebertus Estrada, Directora de la División de las Américas de Human Rights Watch. En un trámite exprés, el jueves 31 de julio, los 57 diputados oficialistas de una Asamblea Legislativa de 60 escaños aprobaron las leyes que le permitirían al presidente Bukele seguir en el poder de manera indefinida. Al ritmo de fuegos pirotécnicos que estallaban en la plaza principal del centro histórico de San Salvador, la capital, los legisladores ratificaban una serie de reformas constitucionales para que entraran en vigor la "reelección sin reservas", la ampliación del mandato de gobierno (de 5 a 6 años), y el desarrollo simultáneo de elecciones presidenciales, legislativas y municipales. La reforma también le ponía fin a la segunda vuelta electoral. Leer tambiénBukele consigue luz verde para su reelección indefinida en El Salvador Para Juanita Goebertus, el poder que le dio el legislativo salvadoreño a su presidente es un ejemplo de cómo se forman los gobiernos totalitarios. La defensora de derechos humanos pidió a los latinoamericanos que estén atentos cuando alguien pretende implementar el modelo Buekele. “No solamente está prometiendo mano dura en la seguridad, está prometiendo el desmantelamiento del Estado de Derecho, está prometiendo que va a coptar todos los derechos públicos, que va a perseguir a la sociedad civil y al periodismo, y que va a reformar a las instituciones para poder mantenerse en le poder y en eliminar la posibilidad de una alternancia democrática”, dijo. Seguridad forzada Bukele, que ganó las elecciones de 2024 con un 85 % de los votos, alcanzó gran popularidad por su "guerra" contra las pandillas, reduciendo a mínimos históricos la violencia en el país. Aun así, Goebertus alerta del peligro que corre la población civil. “La pregunta para muchos de los salvadoreños, que quizá todavía veían con buenos ojos a Bukele, es cuándo esos poderes van a ser usados en contra de ellos mismos, contra sus familiares”. Para ella el caso de la represión en Venezuela es un ejemplo del abuso de poder por parte de las autoridades, donde "se traduce en represión del pueblo” y donde “ya no quedan controles para evitar que ese tipo de arbitrariedades se puedan dar”. Para la experta, Estados Unidos también juega un papel en este declive de la democracia. "Recordemos que Bukele estrechó lazos con Washington acogiendo a cientos de migrantes deportados en la megacarcel que construyó para los pandilleros. [Con ello] Donald Trump ha provocado una valentonada de los distintos líderes autoritarios de la región”, dijo. Sin oposición Goebertus prevee un futuro incierto para El Salvador con un calendario hecho a la medida de las pretensiones de gobierno indefinido de Bukele. “Se anticipan las elecciones presidenciales dos años [serían en 2027, NDLR] para unificar el calendario electoral, lo cual significa que Bukele volverá en dos años a ser elegido, que controlará nuevamente la asamblea, que tendrá ahora un periodo más largo, de seis años”. “Seguramente para el momento en que haya nuevamente elecciones, la represión haya aumentado de tal manera que sea imposible cualquier tipo de alternancia”, lamentó. Goebertus anima a la ONU y al resto de potencias de la región a alzar la voz frente a la situación de El Salvador, haciendo incapié en que en los últimos tres años en estado de excepción, el Gobierno de Bukele ha encarcelado a 88 mil personas, muchos de ellos encarcelados de forma arbitraria y procesados con pruebas inconcluyentes.
El 31 de julio de 2025 el congreso salvadoreño aprobó la reelección presidencial indefinida dejándole a Nayib Bukele el camino libre para perpetuarse al mando de este país de América Central. Las reformas constitucionales que le dan más poder serían “un quiebre definitivo para su democracia”, dijo a RFI Juanita Goebertus Estrada, Directora de la División de las Américas de Human Rights Watch. En un trámite exprés, el jueves 31 de julio, los 57 diputados oficialistas de una Asamblea Legislativa de 60 escaños aprobaron las leyes que le permitirían al presidente Bukele seguir en el poder de manera indefinida. Al ritmo de fuegos pirotécnicos que estallaban en la plaza principal del centro histórico de San Salvador, la capital, los legisladores ratificaban una serie de reformas constitucionales para que entraran en vigor la "reelección sin reservas", la ampliación del mandato de gobierno (de 5 a 6 años), y el desarrollo simultáneo de elecciones presidenciales, legislativas y municipales. La reforma también le ponía fin a la segunda vuelta electoral. Leer tambiénBukele consigue luz verde para su reelección indefinida en El Salvador Para Juanita Goebertus, el poder que le dio el legislativo salvadoreño a su presidente es un ejemplo de cómo se forman los gobiernos totalitarios. La defensora de derechos humanos pidió a los latinoamericanos que estén atentos cuando alguien pretende implementar el modelo Buekele. “No solamente está prometiendo mano dura en la seguridad, está prometiendo el desmantelamiento del Estado de Derecho, está prometiendo que va a coptar todos los derechos públicos, que va a perseguir a la sociedad civil y al periodismo, y que va a reformar a las instituciones para poder mantenerse en le poder y en eliminar la posibilidad de una alternancia democrática”, dijo. Seguridad forzada Bukele, que ganó las elecciones de 2024 con un 85 % de los votos, alcanzó gran popularidad por su "guerra" contra las pandillas, reduciendo a mínimos históricos la violencia en el país. Aun así, Goebertus alerta del peligro que corre la población civil. “La pregunta para muchos de los salvadoreños, que quizá todavía veían con buenos ojos a Bukele, es cuándo esos poderes van a ser usados en contra de ellos mismos, contra sus familiares”. Para ella el caso de la represión en Venezuela es un ejemplo del abuso de poder por parte de las autoridades, donde "se traduce en represión del pueblo” y donde “ya no quedan controles para evitar que ese tipo de arbitrariedades se puedan dar”. Para la experta, Estados Unidos también juega un papel en este declive de la democracia. "Recordemos que Bukele estrechó lazos con Washington acogiendo a cientos de migrantes deportados en la megacarcel que construyó para los pandilleros. [Con ello] Donald Trump ha provocado una valentonada de los distintos líderes autoritarios de la región”, dijo. Sin oposición Goebertus prevee un futuro incierto para El Salvador con un calendario hecho a la medida de las pretensiones de gobierno indefinido de Bukele. “Se anticipan las elecciones presidenciales dos años [serían en 2027, NDLR] para unificar el calendario electoral, lo cual significa que Bukele volverá en dos años a ser elegido, que controlará nuevamente la asamblea, que tendrá ahora un periodo más largo, de seis años”. “Seguramente para el momento en que haya nuevamente elecciones, la represión haya aumentado de tal manera que sea imposible cualquier tipo de alternancia”, lamentó. Goebertus anima a la ONU y al resto de potencias de la región a alzar la voz frente a la situación de El Salvador, haciendo incapié en que en los últimos tres años en estado de excepción, el Gobierno de Bukele ha encarcelado a 88 mil personas, muchos de ellos encarcelados de forma arbitraria y procesados con pruebas inconcluyentes.
Jadis simple jeu de pied pratiqué par les jeunes filles au clair de lune ou à l'école, le nzango est désormais devenu une discipline sportive organisée, pratiquée par les femmes. Le Congo-Brazzaville a même créé une Fédération. Et la transformation semble réussie. De notre correspondant à Brazzaville, À l'entrée de Mpila, quartier est de Brazzaville, sur un terrain nommé Zig-Zag, deux équipes de nzango se font face. L'Union sportive de Brazzaville et les Diables noirs, se livrent à un match officiel sous un soleil brûlant. L'animation est chaude. Onze sportives sont sur le terrain. Le jeu consiste en une série de petits sauts, un pied en avant, les points sont attribués en fonction des pieds présentés par les adversaires. Une joueuse gagne par KO lorsqu'elle terrasse six joueuses adverses. « J'aime pratiquer le nzango parce que c'est une discipline qui me fait bouger tout le corps, confie cette trentenaire. Le nzango me fait transpirer et me permet de me libérer. Bref, le nzango me rend très à l'aise. » Le jeu puise ses origines pendant la période coloniale. Au Congo-Brazzaville, certaines sources disent qu'il permettait aux jeunes femmes de se distraire pendant la construction du chemin de fer Congo-océan dans les années 1920 et 30. Après un passage à vide, le nzango a dû être modernisé et codifié pour être relancé. « Il ressort ceci : que le nzango fut un jeu de divertissement dans notre pays avant les indépendances (en 1960). À partir de 1980, il ressort que ce jeu commençait à perdre sa valeur. En 2004, nous avons des règles que nous avons rédigées et codifiées, puis nous avons enregistré le dossier industriel du nzango à l'OAPI (Organisation africaine de la propriété intellectuelle, NDLR) au Cameroun », explique Titov Guillaume Mpassi, l'un des experts de ce sport. Pour Sophie Aminata Cissé, présidente de la Fédération congolaise de nzango, l'organisation de ce jeu traditionnel a porté ses fruits et le sport est désormais très populaire : « Aujourd'hui, sur le plan national, nous avons plus de 103 affiliées au niveau des ligues et au niveau de la Fédération. Je vous citerais Nzila Zoulou, Amis 6, le Port autonome de Pointe-Noire et bien d'autres. La popularité vient du fait que nous nous sommes appropriées cette discipline, au départ, étant un jeu que toute jeune fille a eu à jouer dans son cursus scolaire. » Quant à Antoine Mvou, amoureux du sport, il lui prête longue vie : « Le problème du nzango c'était la naissance, mais la vie du nzango restera éternelle. Avant nous, il y en a eu, maintenant, il y a et après nous, il y en aura ». Au Congo, seules les femmes jouent au nzango. À lire aussiCongo-Brazzaville: «La rumba congolaise, les héroïnes», au Festival panafricain de musique
Reconnaître l'État de Palestine. C'est l'annonce faite hier par Emmanuel Macron. La France officialisera cette reconnaissance lors de la conférence de l'ONU en septembre. Et les réactions sont nombreuses ce matin dans la presse internationale. The Times of Israel ouvre le bal avec les mots de Marco Rubio, secrétaire d'État américain. Il dénonce une décision « imprudente. Une gifle aux victimes du 7-Octobre », peut-on lire dans les colonnes du quotidien. The New York Times parle d'« une déclaration surprise », après « des mois d'allusions et d'hésitations ». The Washington Post y voit « une initiative diplomatique audacieuse dans un contexte de colère mondiale croissante face à la famine à Gaza ». La BBC relève la réaction de l'adjoint de Mahmoud Abbas, Hussein Al-Cheikh. Pour lui, cette décision reflète « l'attachement de la France au droit international ». Même tonalité du côté du mouvement terroriste du Hamas, qui parle d'une décision « allant dans la bonne direction pour rendre justice à notre peuple palestinien opprimé ». Et d'un appel à d'autres États pour « en faire autant ». À l'opposé, Benyamin Netanyahu prévient : « un État palestinien serait un tremplin pour anéantir Israël, et non pour vivre en paix à ses côtés ». The Times of Israel raconte comment la déclaration de Macron est tournée en dérision par plusieurs membres du gouvernement israélien. « Alors qu'Israël est susceptible de prendre des mesures punitives contre la France », écrit le quotidien, « certains ministres ont estimé que la réponse la plus appropriée serait d'annexer le territoire sur lequel les Palestiniens espèrent établir leur futur État ». Le ministre des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, remercie Macron d'avoir « fourni une nouvelle raison convaincante pour enfin appliquer la souveraineté israélienne sur les régions historiques de Judée et de Samarie ». Le ministre de la Justice, Yariv Levin, affirme, lui, que « la terre d'Israël appartient au peuple d'Israël ». D'autres vont plus loin encore. Le ministre de la Diaspora, Amichai Chikli, relaie la vidéo virale de la prétendue gifle de Brigitte Macron à son mari, expliquant que « c'est la réponse du gouvernement israélien » aux déclarations du président. La ministre de la Protection de l'environnement, Idit Silman, poste sur le réseau social X une image générée par IA de Macron embrassant le chef du Hamas, Yahya Sinwar [tué le 17 octobre 2024 à Gaza, NDLR]. Dans l'opposition, le ton est moins provocateur. Ayman Odeh, président du parti Hadash-Ta'al, parle d'une « étape nécessaire pour un peuple qui a tant souffert ». Gilad Kariv, député travailliste, fustige une « course puérile entre ministres pour attaquer le président français », au lieu de travailler à une stratégie de long terme. Il conclut : « une bande de bébés trop grands dirige notre pays ». À lire aussiConflit israélo-palestinien: «Reconnaître l'État de Palestine, c'est changer de prisme» Mais ces réactions israéliennes tranchent avec d'autres lectures dans la presse internationale. Arab News rapporte que l'Arabie saoudite « salue cette décision », la qualifiant de « prise de position historique ». De Riyad au Caire, en passant par Amman et Beyrouth, la France est saluée pour avoir « enfin franchi le pas » – aux côtés de 147 pays déjà favorables à la reconnaissance de la Palestine, selon le site argentin Todo Noticias. Et au Royaume-Uni, c'est le Guardian qui observe une onde de choc à Westminster. Un « comité multipartite de députés », appelle le gouvernement britannique à reconnaître à son tour l'État de Palestine, « immédiatement ». Le Premier ministre Keir Starmer, « confronté à une pression croissante pour tenir la promesse du Parti travailliste », convoque une réunion d'urgence avec la France et l'Allemagne. Objectif : discuter de la crise humanitaire à Gaza. Une crise qualifiée de « famine indéfendable » par le chef du gouvernement britannique. Et les bilans continuent de s'alourdir. Au moins quarante morts jeudi dans des frappes israéliennes, selon la défense civile locale. Parmi eux, des enfants et des personnes venues recevoir de l'aide. Quarante-cinq autres sont mortes de faim en quatre jours. Dans un communiqué glaçant, Philippe Lazzarini, commissaire général de l'UNRWA, parle d'« habitants de Gaza transformés en cadavres ambulants ». Il décrit des jeunes « émaciés, faibles, et courant un risque élevé de mourir s'ils ne reçoivent pas le traitement dont ils ont besoin de toute urgence ». Et rappelle que les médecins de l'agence survivent eux-mêmes avec « un petit repas par jour », selon Sky News Australia. Car, reconnaissance ou pas, ce sont bien la guerre et la famine qui se poursuivent sur le terrain. À lire aussi«Historique», «inutile»: le monde réagit à la future reconnaissance française de l'État de Palestine
Tous les ans, des dizaines d'équipes convergent à Adiaké, à 100 km d'Abidjan, dans le sud-est de la Côte d'Ivoire. Objectif : devenir les champions lors du festival Êlê, une compétition disputée sur la lagune Aby juste avant la saison des pluies. Plus qu'un sport, c'est une question de fierté villageoise pour les participants. De notre envoyé spécial à Adiaké, Huit pirogues turquoise s'élancent. À grands coups de pagaie, les équipages fendent l'eau. Leur but : terminer premier à l'issue de deux allers-retours, 1 200 mètres. Une course en ligne d'aviron, en beaucoup plus physique. Au bout, les Anges de Kakoukro s'imposent. Les cinq rameurs en maillot orange s'écroulent sur le rivage. Eric le capitaine est aussi heureux qu'à bout de souffle. « Ce n'est pas un jeu. C'est un très bon sport. Cela fait du bien, c'est un niveau sportif comme le foot, c'est aussi bon, j'aime cela », confie-t-il, en reprenant haleine. Il y a de quoi. En Côte d'Ivoire, les courses d'Adiaké attirent jusqu'à 20 000 spectateurs pour les finales. Ce succès populaire prend ses racines chez les Agnis. « C'est une vieille tradition. Elle intervient au moment de l'année où on arrête la pêche pour pouvoir permettre aux poissons de se reproduire. Pour ne pas laisser les pêcheurs oisifs, on organise des courses de pirogue. Cela permet de resserrer les liens entre les différents villages et nous permet également de régler les problèmes des différentes communautés », explique Tahi Kassi, l'un des chefs de cette communauté de pêcheurs. La course de pirogue représente plus que du sport pour les concurrents. Une question d'orgueil, notamment pour Tahi Kassi : « C'est un honneur, parce que traditionnellement les villages sont célébrés pendant toute une année jusqu'à la prochaine trêve. » « Cette année, on doit rentrer à la mairie de Grand-Bassam avec le trophée. C'est très important, car on a fait un long voyage [60 kilomètres, NDLR] pour venir à Adiaké. Ce n'est pas la ville d'Adiaké qui nous plaît, ce n'est pas la lagune qui nous plaît, nous sommes venus ici pour prendre le trophée. Cela va changer beaucoup de choses, cela va nous donner l'honneur », témoigne Joël, marin. Lui et son équipe sont venus de Bassam pour gagner. Pour l'emporter, certains s'entraînent donc toute l'année. Mais plus que la compétition, c'est surtout une identité qui est préservée pour Tahi Kassi : « Cela redonne de la vigueur à la culture. C'est très important pour la communauté Agni. » Cette année, le trophée est revenu aux Anges de Kakoukro pour la sixième fois. Les terreurs de la lagune Aby sont champions jusqu'à la prochaine édition du festival Êlé. À lire aussiAfrobasket féminine 2025: avec le retour de Kariata Diaby, la Côte d'Ivoire rêve plus grand
Il l'a annoncé dimanche 13 juillet par un simple tweet : Paul Biya sera candidat le 12 octobre prochain pour un huitième mandat présidentiel au Cameroun. Le chef de l'État a ainsi mis fin à un faux suspense. À 92 ans et après 42 ans au pouvoir, il sera donc candidat à sa propre succession. Cette nouvelle candidature a aussitôt été dénoncée par l'opposition, qui y voit « un mépris pour le peuple » et un président qui s'accroche au pouvoir. Comment analyser cette nouvelle candidature ? Peut-elle encore rassembler ? Brice Molo est sociologue et historien, docteur à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et à l'Université de Yaoundé. Il est l'invité de Pierre Firtion. RFI : À 92 ans, Paul Biya a donc annoncé dimanche 13 juillet se porter candidat à un huitième mandat. Comment analysez-vous cette candidature ? Ce n'est pas vraiment une surprise ? Brice Molo : Non, pas vraiment. Il y a eu un petit moment d'attente. Mais quiconque observe la scène politique camerounaise s'attendait à une candidature de Paul Biya. Il y a déjà eu par le passé, même en 2018, un petit moment de latence. Mais la déclaration, elle, finit toujours par arriver à peu près au même moment de l'année, à chaque fois. Ce qui diffère cette fois avec 2018, c'est que sa candidature, on pourrait dire, a suscité quelques tensions au sein du camp présidentiel. Comment est-ce que vous les analysez ? Paul Biya avait laissé une sorte d'incertitude sur sa candidature en annonçant que le moment venu, il dirait s'il rentre au village ou s'il se présente pour un nouveau mandat. Cette phrase-là a été plusieurs fois reprise à la fois par des proches du régime, comme des analystes, en disant qu'il y avait quand même comme une incertitude là-dessus. Tout cela s'inscrit aussi dans un climat politique assez particulier, avec la démission annoncée de deux ministres, avec le décès de membres du gouvernement, et donc avec l'impression aussi, au sein de l'opinion, qu'il y a une forme d'érosion du pouvoir et d'usure même aussi due à l'âge de Paul Biya et à ses apparitions de moins en moins nombreuses dans l'espace public. L'absence de Paul Biya est compensée par l'hyper présence du secrétaire général de la présidence de la République [Ferdinand Ngoh Ngoh, NDLR], dont quelques observateurs ont dit que c'était lui le véritable porteur, ou en tout cas profiteur de la nouvelle candidature de Paul Biya. À lire aussiCameroun: Paul Biya annonce sa candidature à la présidentielle pour un huitième mandat Le président camerounais est apparu mardi à la télévision alors que l'opinion, et vous en parliez, s'interroge un peu sur son état de santé. Est-ce pour justement rassurer la population ? Est-ce qu'il y a là la volonté de faire passer un message ? De mon point de vue, il y a la volonté de faire passer un message. On estime que Paul Biya n'est pas là ou que c'est une candidature qui est portée par des personnes qui veulent se servir de son image et de son corps pour se maintenir au pouvoir ou profiter du pouvoir ou encore garder des positions de pouvoir. À travers les images qu'on a vues de Paul Biya recevant le nonce apostolique, il y a aussi la volonté de faire passer le message selon lequel il est et qu'il reste. À 92 ans et après 42 ans au pouvoir, Paul Biya peut-il encore rassembler selon vous ? Paul Biya rassemble. Son nom est encore associé aux instruments qui permettent de gouverner. L'administration publique camerounaise est restée jusqu'ici assez loyale. Donc Paul Biya rassemble encore. Pourquoi ? Parce qu'il a encore la possibilité de rétribuer et de punir. Et cela ne nécessite pas d'être toujours présent. On a vu, il n'y a pas si longtemps, des mouvements au sein de l'armée avec la nomination des généraux et la nomination au ministère de la Défense. Tant que Paul Biya aura la capacité de rétribuer et de punir, il sera souverain. Et donc Paul Biya pourra rassembler et rassemblera toujours autour de lui. Il ne manque pas de personnes en quête de notabilité, en quête de prébendes ou en quête de position de pouvoir au Cameroun. À lire aussiCameroun: les interrogations qui entourent la candidature à la présidentielle de Paul Biya Côté opposition, plusieurs leaders se sont déjà portés candidats. Est-ce qu'une candidature unique est-elle encore possible à vos yeux ? Certains rapprochements sont beaucoup plus faciles et envisageables que d'autres. Il est envisageable de voir une coalition entre Cabral Libii et Joshua Osih. Je pense que sur la question du fédéralisme, il y a des passerelles entre les deux. Mais une coalition entre Cabral Libii par exemple et Maurice Kamto est beaucoup moins envisageable parce qu'idéologiquement, on a quand même affaire à deux oppositions radicales. Donc il peut y avoir des coalitions, il faut analyser les compositions possibles et celles qui seraient beaucoup plus de l'ordre de l'impossible. À lire aussiÀ la Une: l'indéboulonnable Paul Biya au Cameroun
En Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara fait durer le suspense... Hier, à l'issue du congrès du parti au pouvoir RHDP, le président ivoirien a répondu ni « oui » ni « non » aux militants qui lui avaient demandé la veille, à l'unanimité, d'être candidat à un quatrième mandat présidentiel le 25 octobre prochain. Il a simplement dit qu'il prendrait sa décision « dans les jours qui viennent ». Pourquoi cette stratégie de l'attente ? Le chercheur ivoirien Geoffroy-Julien Kouao a publié récemment deux ouvrages, Faut-il désespérer de la Côte d'Ivoire ? et Côte d'Ivoire : une démocratie sans démocrate ?, aux éditions Kamit. En ligne d'Abidjan, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Ce 22 juin, tous les militants du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) attendaient qu'Alassane Ouattara leur dise tout simplement : « Oui, j'accepte d'être votre candidat. » Mais le chef de l'État n'a répondu ni oui ni non et s'est donné quelques jours de réflexion. Comment expliquez-vous cette non-réponse ? Geoffroy-Julien Kouao : Je m'y attendais un peu parce que le président de la République s'inscrit dans une stratégie qui consiste à voir la réaction de ses principaux opposants qui sont Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo. Dans tous les cas de figure et selon toute vraisemblance, il est fort possible que le président Ouattara accède à la requête de ses militants. Mais si Alassane Ouattara n'a fait que reporter de quelques jours l'annonce de sa candidature, pourquoi n'a-t-il pas profité dimanche de ce grand rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de ses militants pour galvaniser son parti ? C'est vrai que les rencontres du samedi et du dimanche étaient une véritable démonstration de force politique pour le RHDP. Mais le président de la République a d'autres occasions. Souvenez-vous que, en 2020, c'est à l'occasion de son discours pendant la fête nationale, le 7 août, qu'il a annoncé qu'il serait candidat. Il peut rester dans cette logique. Alors, quand vous dites qu'Alassane Ouattara ne dévoile pas tout de suite son jeu parce qu'il attend les réactions de ses principaux adversaires, que voulez-vous dire par rapport notamment à Laurent Gbagbo et à Tidjane Thiam ? Vous savez très bien que Monsieur Laurent Gbagbo et Monsieur Tidjane Thiam sont pour l'instant disqualifiés de la course présidentielle. Et ils se sont mis ensemble en créant un front commun pour leur réinscription sur la liste électorale. Et dans la foulée, Monsieur Laurent Gbagbo a annoncé qu'il s'opposerait à un quatrième mandat du président Ouattara. Donc, si le président avait annoncé sa candidature hier dimanche, cela aurait donné du temps à Monsieur Thiam et à Monsieur Gbagbo pour mettre en place une stratégie politique consistant à faire pression sur le régime d'Abidjan. Vous savez que le front commun entre Monsieur Thiam et Monsieur Gbagbo obéit à une logique, celle de leur réinscription sur la liste électorale. Et s'ils arrivent à mobiliser assez d'Ivoiriens autour de leur combat, cela pourrait peut-être influencer le régime d'Abidjan. Voulez-vous dire qu'Alassane Ouattara attend éventuellement le dernier moment pour dévoiler son jeu et pour annoncer sa candidature afin d'empêcher ses adversaires de mobiliser leurs partisans ? Monsieur Alassane Ouattara, il est évident qu'il connaît la capacité de mobilisation de Laurent Gbagbo et aussi de Tidjane Thiam. Et évidemment, devant la démonstration de force opérée par son parti le samedi et le dimanche dernier, il s'inscrit dans une stratégie qui consiste à court-circuiter l'opposition sur ses propres bases. C'est-à-dire qu'en n'annonçant pas tout de suite sa candidature, il laisse l'opposition dans l'incertitude, c'est ça ? Oui. Ça lui permet de voir quelle stratégie celle-ci va mettre en place, puisque bientôt ce sera le début des parrainages. Pour qu'il y ait parrainage, il faut qu'il y ait des noms proposés. Or, pour l'instant, l'opposition ne veut pas présenter de plan B. Et si les parrainages commencent, si l'ouverture des dépôts de candidatures débute, peut-être que l'opposition serait dans l'obligation de proposer d'autres noms que ceux de Monsieur Thiam et de Monsieur Laurent Gbagbo. Ce qui permettrait à Monsieur Ouattara d'apprécier objectivement la situation et peut-être lui aussi de proposer un plan B. Alors ce plan B, justement, est-ce qu'un autre cadre du RHDP pourrait porter les couleurs du parti le 25 octobre prochain ? Et qui pourrait être cet autre responsable ? Oui, il y a d'autres cadres et le premier que je vois en tant qu'analyste politique et observateur, c'est le vice-président de la République, Monsieur Tiémoko Meyliet Koné. Il y a aussi d'autres personnalités comme l'ancien Premier ministre Patrick Achi. On peut aussi penser au gouverneur de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) [Jean-Claude Kassi Brou, NDLR]. Mais vous avez vu aussi le samedi et le dimanche à l'applaudimètre, on a vu que le ministre de la Défense Téné Birahima reste très populaire auprès des militants. Le frère du président ? Oui, le frère cadet du président de la République. Alors, si demain le président Ouattara propose un autre candidat pour le RHDP, il n'y aura pas des risques de divisions internes au RHDP ? Non, je ne le pense pas. Le congrès l'a montré, il y a une certaine cohésion autour des idéaux du parti et surtout de la personne d'Alassane Ouattara. Tant que la figure tutélaire d'Alassane Ouattara sera présente, je ne pense pas qu'il y ait des voix discordantes.
« Les entreprises françaises sont trop frileuses en Afrique, elles doivent se réengager sur le continent », déclare Étienne Giros, le patron des opérateurs français en Afrique, qui publie 54 nuances d'Afrique aux éditions Télémaque. Étienne Giros a travaillé 23 ans dans le groupe Bolloré. Depuis onze ans, il préside le CIAN, l'association professionnelle qui regroupe les entreprises françaises opérant en Afrique. Il salue la résilience des quelque 5 000 opérateurs français qui travaillent toujours en Afrique et qui emploient 700 000 personnes. Mais il les invite à plus d'audace. Étienne Giros est le Grand invité Afrique de Christophe Boisbouvier. RFI : Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ne sont pas d'accord sur tout, comme chacun le sait, mais ils sont d'accord pour dire que les entreprises françaises en Afrique profitent trop d'une situation de rente et qu'elles n'innovent pas assez. Pourquoi cela vous met-il en colère ?Étienne Giros : Cela m'agace parce que cela ne correspond pas à la réalité. Qu'est-ce que c'est qu'une rente ? Une rente, c'est bénéficier d'une situation de monopole qu'on va créer soi-même pour obtenir des tarifs élevés et ne pas développer des progrès techniques, etc. Les grands groupes français et les entreprises de taille moyenne, qui sont en France, ont peut-être eu des situations de rente en Afrique il y a cinquante ou soixante ans. Maintenant, rien n'est plus faux que cela. Les entreprises françaises sont soumises à la concurrence. Je prends un exemple d'un groupe que je connais bien : l'ancien groupe Bolloré qui maintenant s'appelle en Afrique AGL. Il est en concurrence avec des opérateurs chinois, dubaïotes et originaires d'autres régions du monde sur les ports. Le groupe Orange, qui est très important en Afrique dans la téléphonie, est en concurrence avec sept ou huit opérateurs mondiaux. S'il ne performe pas en qualité et s'il n'a pas les bons prix, je peux vous dire qu'il sera battu. C'est donc une erreur de croire que nous sommes en position de monopole.Est-ce que la compagnie Air France ne profite pas de sa position de monopole sur certaines lignes pour imposer des billets d'avion très très chers ?J'avoue que cela peut arriver et que les billets sont chers. C'est une question souvent de permis et d'autorisation de slots [les créneaux horaires donnés à une compagnie aérienne, NDLR] qui doivent être donnés par les autorités africaines. On appelle de nos vœux l'ouverture de ces marchés, car la communication entre les pays africains est très importante et effectivement c'est trop cher.Vous dites que les entreprises françaises restent très présentes en Afrique. Elles sont plus de 5 000, elles emploient 700 000 Africains pour un chiffre d'affaires de combien ?Cent milliards d'euros, ce qui est beaucoup plus que tout le volume d'affaires que nous faisons avec les États-Unis ou la Chine.Mais vous dites aussi, que depuis le Covid-19 de 2020, vous voyez des chefs d'entreprise français qui préfèrent renoncer à leurs projets en Afrique. Pourquoi ?Ils renoncent ou ralentissent parce qu'ils sont confrontés à un ressenti du risque africain qui est élevé. Le départ de la France dans des conditions compliquées, on va dire cela comme ça, du Sahel, les affaires de conformité avec le risque réputationnel ou le risque d'être traîné devant les tribunaux, les questions de la corruption qui perdurent et la petitesse des marchés…Tout cela fait que les entreprises françaises y réfléchissent à deux fois avant d'aller sur place. Notre travail, c'est de faire baisser le ressenti du risque en disant : « Non, l'Afrique n'est pas plus risquée qu'ailleurs ». Deuxièmement, en disant « Petit marché deviendra grand, une classe moyenne en Afrique arrive, la croissance démographique est là et ce continent est ouvert sur le monde ».Vous racontez dans votre livre l'histoire d'une entreprise française implantée en Afrique qui réclamait son argent. Le ministre des Finances de l'État concerné lui a répondu : « Je vous paye si vous me donnez 10% en dessous de la table ». C'est ce qu'on appelle du chantage. Comment cette entreprise française s'en est-elle tirée ?Elle s'en est tirée parce que c'était un grand groupe qui avait les reins solides. Elle a attendu. Elle a discuté avec les bailleurs de fonds. Elle a rendu public, non pas dans la presse mais à certaines personnalités, cet état de fait. Finalement au bout d'un an, un an et demi, ça a été réglé. Mais une entreprise de taille moyenne qui ne peut pas tenir un an, un an et demi et qui a les emplois en cause, va quelquefois, soit être obligée de partir, soit être obligée de céder. Tout ça pour dire que je sais que peut-être certains ne vont pas être d'accord avec ce que je vais dire. Et je pense que les entreprises dans les affaires de corruption sont davantage victimes qu'opératrices.Un groupe français bien connu, le groupe Bolloré, pour lequel vous avez travaillé, est visé par la justice française qui le soupçonne d'avoir acquis frauduleusement la gestion des ports de Lomé et de Conakry. Est-ce que le groupe est plutôt victime ou plutôt coupable ?Je ne vais pas prendre parti sur ce dossier d'autant que la justice n'a pas encore rendu ses conclusions. Je ne peux pas répondre à votre question.Cette affaire judiciaire n'est-elle pas la raison pour laquelle Vincent Bolloré a vendu toutes ses activités africaines en 2022 à l'armateur italo-suisse MSC ?Je ne suis pas mandaté pour expliquer les motivations du groupe pour son départ d'Afrique dans les domaines du transport. Je ne crois pas que cela soit la raison. Je crois que c'est simplement un arbitrage d'actifs. Et ce groupe, qui est un groupe puissant, qui évolue beaucoup, a décidé d'orienter sa stratégie de manière différente et de quitter les transports, puisqu'il a vendu, certes, ses activités de transport en Afrique à MSC, mais il a aussi vendu ses activités de transport monde à CMA CGM. Ce n'est pas l'Afrique qui était visée. Je pense que c'était simplement une réorientation stratégique. D'ailleurs, ce groupe conserve sa présence en Afrique dans le domaine des médias. Canal+, qui appartient à ce groupe, est en cours d'acquisition du grand opérateur de télévision payant sud-africain qui s'appelle Multichoice, une énorme acquisition sur toute l'Afrique australe. Deuxièmement, il déploie la fibre dans une dizaine de pays. Je pense donc que ce n'est pas un signe de désintérêt de l'Afrique, c'est plutôt une réorientation stratégique.
Le Lesotho, petit royaume de 2 millions d'habitants enclavé dans l'Afrique du Sud, est menacé de 50% de taxes par l'administration Trump. C'est le pays le plus touché dans le monde après la Chine. Or, il dépend de l'industrie textile. Reportage dans des usines où ces taxes américaines font craindre le pire. De notre envoyé spécial de retour de Maseru,Nous sommes au sud de Maseru, dans une petite usine de textile en brique rouge. Et ici, quand on évoque Donald Trump, les réactions ne se font pas attendre. « Je trouve qu'il est égoïste, juge une employée, il ne pense pas à l'impact négatif de ses décisions sur notre population. »Malgré la suspension des taxes par le président américain, qui a décrété une pause pour trois mois début avril, l'avenir est particulièrement incertain, et la menace des 50% de droits de douane plane toujours sur le personnel de cette usine du Lesotho. « Ils sont stressés et inquiets, témoigne Malerai Mosotho, la manageuse. On fait de notre mieux pour les rassurer. On les réunit et on leur parle. Mais si, du jour au lendemain, on avait 50% de taxes, ce serait un vrai désastre ici. On devrait renvoyer des gens chez eux. »À écouter aussiLes habitants du Lesotho veulent rebondir sur le tacle de Trump et faire connaître leur pays« Soyez clément avec notre pays, notre usine, nos familles »Le stress est palpable et les visages sont fermés dans cette usine où résonne le bruit des machines à coudre et où la vapeur émane des stands de repassage. Car le marché américain représente 10% des exportations. « Le marché américain est un de nos principaux débouchés, en dollars, souligne Teboho Kobeli, le fondateur d'Afri-export-textile. On s'était particulièrement orienté vers les États-Unis depuis quelques années. Pour nous, c'est un marché d'un million de dollars par an ! »Mamohapi travaille ici depuis huit ans. « Là, je contrôle un jean qui sort du lavage. Je vérifie tout avant d'emballer », dit-elle. Mère de trois enfants, elle est inquiète : « Si je ne peux plus ramener d'argent dans mon foyer, ma famille va mourir. Tout le pays est affecté. Alors, je demande à Donald Trump : soyez clément avec notre pays, avec notre usine. Soyez clément avec nos familles ! »Un geste envers Musk pour apaiser la situationPas sûr que Donald Trump soit sensible à cette demande. Pour sauver les plus de 10 000 postes en danger, le gouvernement lésothien devra plutôt négocier. « Ces taxes, c'est une décision troublante de la part d'un grand pays que je considérais comme un symbole d'espoir, juge Mokethi Shelile, ministre du Commerce et de l'Industrie du royaume enclavé. Et ce n'est pas fondé sur la réciprocité. Nous exportons beaucoup par rapport à eux dans le cadre de l'Agoa (African Growth and Opportunity Act, le programme d'aide américain sur la croissance et les possibilités en Afrique, NDLR). Elles vendent peu chez nous. Mais nous ne sommes que deux millions d'habitants ! Les entreprises américaines ne sont peut-être tout simplement pas intéressées par notre marché. »Le Lesotho a récemment accordé une licence d'exploitation à Elon Musk pour son entreprise Starlink. En faisant un pas vers le milliardaire très proche du président Trump, le royaume enclavé espère éviter des taxes trop importantes.À lire aussiLes habitants du Lesotho veulent rebondir sur le tacle de Trump et faire connaître leur pays
Une nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse doit relier d'ici 2029 les villes de Kénitra et Marrakech. Il s'agit d'étendre la liaison entre Tanger et Casablanca inaugurée en 2018. Avec 430 kilomètres de voies, une myriade d'ouvrages d'art et plusieurs gares à construire, le projet est évalué à près de 6 milliards d'euros. Le Maroc, seul pays d'Afrique à exploiter une ligne ferroviaire à grande vitesse à ce jour, compte aussi développer son réseau sur le continent. Développer la grande vitesse ferroviaire dans un pays du Sud, comme le Maroc, c'était un pari fou, une expérience unique dans le monde. « La grande vitesse était au départ un produit pour les pays développés, les pays à revenus très élevés, rappelle lors d'une intervention à la télévision marocaine Mohamed Smouni, le directeur général adjoint de l'ONCF, l'Office national des chemins de fer. Le Maroc a démontré qu'un pays à économie émergente peut prétendre avoir cette technologie de la grande vitesse. Les gens au départ imaginaient que seuls les riches pourraient y avoir accès. Avec la tarification qu'on a faite, on l'a démocratisée pour toutes les populations. Chacun trouve son prix. »Résider à Tanger, travailler à RabatLa LGV Tanger-Casablanca est un succès populaire. À moins de 30 euros le billet, le nombre de voyageurs est passé de 3 millions en 2019 à 5,5 millions l'année dernière. « Le Maroc capitalise sur l'expérience d'Al Boraq [le TGV Casablanca-Tanger, NDLR] qui a bouleversé radicalement la mobilité, observe Mohammed Jadri, économiste et directeur de l'Observatoire de l'action gouvernementale. On n'avait jamais pensé qu'à un moment donné, un jeune Marocain pourrait résider à Tanger et travailler à Rabat, Kénitra ou Casablanca et revenir le soir même à son domicile. Aujourd'hui, c'est le cas. »Répondre à la demande ferroviaire en Afrique de l'OuestL'extension de la LGV promet un trajet Tanger-Marrakech, 500 kilomètres, en 2 h 40 seulement. L'objectif est aussi de créer un écosystème ferroviaire industriel au Maroc. « L'avenir est en Afrique, prédit Mohammed Jadri. Le Maroc se prépare dès aujourd'hui à répondre à la demande de voies ferrées de pas mal de pays africains, surtout les pays de l'Afrique de l'Ouest. »L'ONCF et Alstom ont signé un contrat de 780 millions d'euros pour l'achat de 18 trains à grande vitesse de toute dernière génération. La multinationale française avait déjà fourni les rames de la LGV Tanger-Casablanca. « C'est un partenariat concret, commentait Laurent Saint-Martin, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur français, en visite au Maroc le mois dernier. C'est une expertise française qui vient rencontrer une volonté de développement forte dans un pays qui, effectivement, a souhaité ensemble écrire une nouvelle page dans la relation bilatérale. »Les travaux de la LGV devraient être terminés d'ici à quatre ans pour une mise en service fin 2029, six mois avant la Coupe du Monde co-organisée par l'Espagne, le Portugal et le Maroc.À lire aussiAfrique : quel serait l'impact pour l'économie africaine d'un réseau ferroviaire à grande vitesse ?
El debate alrededor de la inteligencia artificial se instala en las escuelas de diseño, animación y fotografía de París. De la productividad a la sensibilidad artística, la comunidad educativa busca respuestas y garantías en cuanto a las salidas profesionales. ChatGPT, Midjourney y Firefly son solo algunos de los muchos nombres comerciales de la inteligencia artificial generativa (IAG), una tecnología que se nutre de datos, textos e imágenes para entrenar sus algoritmos y, a su vez, producir nuevos contenidos escritos y audiovisuales. Aunque el origen de la IA generativa se remonta a varias décadas atrás, el desarrollo exponencial durante los últimos años explica el debate acerca de sus límites éticos, su impacto ecológico y la creciente preocupación por su falta de regulación. Y también sobre la banalización del arte y el trabajo creativo.“Es un insulto a la vía misma”, declaró Hayao Miyazaki, fundador del famoso estudio de animación Studio Ghibli, tras la ola de imágenes inspiradas en el estilo de sus películas creadas con inteligencia artificial. Una opinión compartida por un sector de los estudiantes que aspiran a trabajar en dicha industria.Foco en la propiedad intelectual“Es regurgitar un montón de imágenes hechas por artistas a los que no han pedido su consentimiento. No tiene sentido”, se queja Lianne, estudiante en cine de animación en la escuela de Gobelins París. "Es ilegal, no pagan por los derechos de autor, ¡es un robo!", añade su compañera Laura. Sin una delimitación clara, la cuestión de la autoría sigue siendo confusa.“Es algo cada vez más presente en nuestro día a día y creo que irá a más”, opina Louane, que también cursa cine de animación en Gobelins. Prefiere no pensar en la inteligencia artificial porque le produce cierto estrés, “pero es verdad que hay que tenerlo en cuenta”, admite. “Si hacemos una formación tan reconocida como ésta es para encontrar trabajo después. Si la IA nos lo quita, es estúpido hacerla”, concluye.El diseño gráfico, ¿en peligro?Difícil obviar la cuestión. Según el último Informe sobre el Futuro de los Empleos del Foro Económico Mundial, publicado en enero de 2025, la automatización que la IA trae consigo supondrá la destrucción de 92 millones de puestos de trabajo para 2030, mientras que creará otros 170 millones. Entre las profesiones con una rápida tendencia de declive, según este informe, está el diseño gráfico.“Una compañera de trabajo que no tenía estudios en este ámbito hizo un logo con ChatGPT y pensó que así ya podría ser grafista. Me lo dijo como si mi trabajo fuese un fraude", cuenta Axelle, estudiante de la escuela de diseño LISAA.Útil para ganar tiempoPero la IA no es perfecta. Como cualquier otra herramienta, para los que se sirven de ella como tal, es necesario utilizarla correctamente para obtener los resultados deseados. "Te hace ganar mucho tiempo, pero hay que saber hacer un prompt (la orden que se le da a la IA para que responda con un texto, imagen o vídeo, NDLR) y seleccionar las imágenes correctas. Siempre hará falta un director artístico que la supervise”, asegura Noémie, también de la escuela LISAA. “Tengo un bagaje suficiente como para poder encontrar un empleo. No puedes no usarla solo por tener miedo a que te quite el trabajo."Algunos la usan porque la ven como una herramienta, otros la rechazan por motivos éticos o ecológicos, pero el debate alrededor de la inteligencia artificial roza incluso lo filosófico. "Mientras no tengas demasiado apego a las herramientas y mantengas tu independencia y tus ideas, me parece bien", dice Tony, alumno de diseño gráfico y animación en la escuela ECV, aventurándose a hacer el paralelismo con la película “Her” (Spike Jonze, 2013), donde el personaje interpretado por Joaquín Phoenix se enamora de una inteligencia artificial.“En la escuela usamos la IA para generar storyboards que luego convertimos en secuencias de video.”. Para él, la utilidad está en la fase de preproducción de los proyectos, donde asegura que le permite avanzar mucho más rápido.Priorizar la creatividad y la sensibilidadEl grado de permisión e incorporación de la IAG en los programas educativos depende de cada escuela, de cada departamento y de cada docente. “Nosotros incorporamos la IA desde el primer año de la formación. Los alumnos aprenden técnicas de fotografía analógica y digital, pero también el tratamiento de sus fotos con inteligencia artificial”, explica Yann Philippe, enseñante de fotografía y vídeo en Gobelins."No sentimos que nuestro trabajo esté directamente amenazado por la IA y creemos que, con un buen uso e inteligencia, puede potenciar la creatividad de algunos alumnos”. Son sorprendentemente los que ingresan con amplios conocimientos de IA generativa los menos interesados en trabajar con ella y más con el formato analógico y los procesos tradicionales, a diferencia de quienes no la han utilizado aún. “De todas formas, las herramientas avanzan a tal velocidad que cuando terminamos de preparar los cursos, ya están obsoletas."“Hice el curso de Midjourney de Gobelins, pero me interesa más la autenticidad”, confiesa Axel, alumno de fotografía, con su cámara Leica analógica colgada del hombro. “Con IA o sin IA, lo importante es la motivación y la sensibilidad que cada artista pone en sus proyectos.” Este precisamente lo que Yann Philippe busca desarrollar porque considera que “es ahí donde está su valor añadido”.La inteligencia artificial generativa avanza más rápido que el ritmo al que se da respuesta a las dudas y preguntas que ésta plantea, y se exige un marco normativo a la altura de los retos que conlleva. La Ley de Inteligencia Artificial de la Unión Europea, en vigor desde el 1 de agosto de 2024, es un primer paso, pero no parece suficiente. En el ámbito educativo, la UNESCO ha realizado una llamada urgente a los gobiernos de todo el mundo para que la regulen de manera eficaz.
L'Association des producteurs de coton africains, l'AProCA, a célébré ses 20 ans d'existence lors de son assemblée générale à Garoua, dans le nord du Cameroun, le bassin cotonnier du pays. Présente dans 15 pays du continent, l'AProCa a su devenir un acteur incontournable de la filière en défendant les intérêts de plus de 2 millions de producteurs de coton répartis dans plus de 31 000 coopératives. Quelque 300 participants de huit pays étaient réunis pour deux jours d'échanges intenses à Garoua afin de dresser l'état des lieux de deux décennies de travail. Et surtout débattre de la feuille de route de l'AProCa pour les dix prochaines années. Professionnaliser les cotonculteurs afin qu'ils puissent tirer le meilleur parti de leur activité, c'est le premier grand objectif de l'Association des producteurs de coton africains, l'AProCa, pour les dix ans qui viennent. L'association aimerait en particulier voir renaître son université du coton. « Il faut que ce soit une affaire régionale, défend Koussouwè Kouroufei, président de l'AProCa et président de la Fédération des producteurs du Togo. Cette université coton doit être appuyée par les États, nos partenaires, l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), etc. Pour que les enjeux et les problèmes du coton y soient traités. L'objectif serait de former les chercheurs, les agronomes, les entomologistes [spécialistes des insectes, NDLR], tout ce qui est lié au coton. Cette université du coton serait la bienvenue pour réfléchir à long terme sur la production du coton. »Relancer l'université du cotonAutre grand défi souligné à Garoua, au Cameroun : l'adaptation des cotonculteurs au changement climatique. Pluies torrentielles, sécheresses prolongées, érosion des sols, ou encore ensablements affectent les rendements. Face à cela, l'AProCa cherche des solutions et entend convaincre les autorités. « Au moins que l'on s'adapte avec les chercheurs pour trouver des variétés résistantes qui auront un bon rendement, plaide Koussouwè Kouroufei. Pourquoi ne pas aller également vers l'irrigation à contre-saison ? Nous allons faire des plaidoyers auprès de nos gouvernements. »Innover et s'assurer face aux risques climatiquesIl s'agit aussi de mieux rémunérer et de mieux protéger les cotonculteurs. « De plus en plus, nos partenaires techniques disent qu'il y a de l'argent dans le coton, rappelle Youssouf Djimé Sidibé, le secrétaire permanent de l'AProCa. Mais les recettes du coton ne sont pas contrôlées par les producteurs. Or dans la filière coton qui compte beaucoup d'acteurs, c'est le producteur qui prend le plus grand risque, mais qui est le moins bien assuré et le moins payé. Donc, nous nous battons pour permettre au producteur de vivre décemment de sa production. » L'un des chevaux de bataille de l'AProCA est la mise en place d'une assurance climatique agricole pour les producteurs de coton.À lire aussiLes producteurs africains de coton subissent les cours mondiaux et le changement climatique À lire aussiUne campagne difficile pour le coton africain plombé par ses coûts de revient
C'était samedi dernier. Donald Trump a lancé aux journalistes de la Maison Blanche : « Nous avons, je crois, une excellente nouvelle à venir avec le Rwanda et le Congo. Je pense que vous allez voir la paix dans ces deux pays ». Est-ce à dire que le président américain s'intéresse beaucoup plus au continent africain qu'on le pensait il y a 100 jours, à son arrivée au pouvoir ? Jeffrey Hawkins a été ambassadeur des États-Unis en Centrafrique. Aujourd'hui, il est chercheur associé à l'IRIS, l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques, et enseigne à Sciences Po Paris. RFI : Jeffrey Hawkins, bonjour. Il y a 100 jours, vous nous disiez que Donald Trump risquait de se désintéresser totalement du continent africain. Aujourd'hui, est-ce que vos prédictions se réalisent ?Jeffrey Hawkins : C'est déjà un peu tôt pour dire, mais des signes sont toujours, à mon sens, aussi mauvais qu'avant. D'abord, il y a eu la destruction de la coopération américaine, donc de l'USAID, un outil qui était extrêmement important en Afrique, un outil pour les États-Unis, pour la diplomatie américaine. En même temps, il y a eu d'autres programmes aussi démolis par l'administration Trump et on parle aussi de réformes au sein du département d'État. Pour l'instant, on n'a pas trop de détails, mais on parle certainement de fermeture de quelques ambassades américaines en Afrique. Et aussi, on a parlé d'un mémorandum qui circulait au sein du département, où on parlait même d'abolir le Bureau pour l'Afrique au sein du département d'État. Ça, je ne sais pas si ça va arriver, mais ça, c'est mauvais signe.Alors, il y a une exception dans tout ce tableau, c'est la région des Grands Lacs, puisque, samedi dernier, Donald Trump a déclaré : « Nous avons, je crois, une excellente nouvelle à venir avec le Rwanda et le Congo. Je pense que vous allez voir la paix au Rwanda et au Congo ». Oui, je pense que l'intérêt de Donald Trump pour les matières premières et notamment les minéraux de terres rares est incontestable. Mais malgré tout le bruit qu'on a fait et malgré un certain investissement ces derniers temps par Massad Boulos, qui est le représentant de Trump et pour le Moyen-Orient et pour l'Afrique et qui a un peu fait le déplacement sur le continent récemment, il faut rester prudent. Avec cette annonce de déclaration de principe, oui, il y a un intérêt et il y a des discussions. Mais je pense qu'il faut rester très prudent parce que, quand on sait le conflit au Congo, dans les Grands Lacs, c'est très compliqué. Donc entre faire des déclarations de principe, entre faire un peu le tour des capitales et arriver vraiment à une paix durable, il y a quand même pas mal de pas à faire.Il y a juste deux ans, c'était en mars 2023, l'opposant rwandais Paul Rusesabagina [le héros de Hôtel Rwanda, NDLR] a été libéré par les autorités rwandaises sous pressions américaines. Est-ce que le président des États-Unis, quel qu'il soit, n'est pas le seul dans le monde à pouvoir faire pression sur Paul Kagame ?Bon, ça je ne sais pas. Et entre faire libérer une seule personne et notamment quelqu'un qui est un tout petit peu connu en Occident et demander un changement structurel de sa façon de gérer sa politique étrangère vis-à-vis du Congo, c'est quand même un écart assez important.Alors dans cette annonce de samedi dernier, Donald Trump a ajouté : « On va investir plus de 6 milliards de dollars dans le corridor angolais de Lobito, qui permettra essentiellement de transporter de magnifiques minerais depuis le Congo, l'Angola et plusieurs autres pays ». Dans ce cas de figure, n'est-on pas dans la continuité de la politique de Joe Biden qui était allé en Angola, c'était en décembre dernier ?Et justement, ce projet de corridor de Lobito, ça ne date pas de Trump, hein ! C'est une initiative qui est là depuis quelque temps, mais se concentrer sur un ou deux projets, simplement pour avoir accès à des matières premières, ça ne constitue pas une politique globale.Mais comme il est en difficulté sur Gaza et sur l'Ukraine, est-ce que Donald Trump ne se penche pas sur les Grands Lacs pour trouver enfin un succès diplomatique à mettre à son actif ?Je dois dire que je me suis posé la question aussi, mais je pense que Donald Trump, comme ses prédécesseurs, va trouver que le conflit dans les Grands Lacs, c'est aussi épineux que Gaza ou l'Ukraine et tout ça, c'est très compliqué. Et ce qu'il faudrait, c'est vraiment un engagement diplomatique de longue haleine, ce qui ne caractérise pas en général la diplomatie trumpienne.Et vous ne faites pas confiance actuellement à messieurs Marco Rubio et Massad Boulos pour trouver la solution ?Non, franchement, pour l'instant, une déclaration de principe, une discussion sur l'accès des compagnies minières américaines qui sont de moins en moins présentes d'ailleurs sur le sol congolais… Entre cela et vraiment mener à bien tout un processus de paix qui implique énormément d'acteurs domestiques et internationaux, ça ce n'est pas pour demain. Donc si Donald Trump cherche une petite victoire diplomatique pour briguer un prix Nobel, je pense qu'il faudra qu'il regarde ailleurs.Jeffrey Hawkins, merci.À lire aussiÀ la Une: Trump et l'Afrique À lire aussiTrump à la Maison Blanche, impact particulier pour l'Afrique australe
Aux États-Unis, l'administration Trump poursuit sa politique d'expulsion à grande échelle. Des centaines de migrants accusés d'être membres de gangs ont ainsi été envoyés de manière expéditive dans une prison géante au Salvador. Partout dans le pays, les services de contrôle de l'immigration procèdent à des arrestations de migrants illégaux, d'autres voient leur statut de résident révoqué brutalement. À tel point qu'un climat de peur règne au sein de la communauté latino. Particulièrement au Texas où elle est très nombreuse. De notre correspondant à Houston,Devant l'université de Houston-Downtown, nous rencontrons Gladys, 21 ans dont 20 ans passés aux États-Unis. Mais elle n'a pas encore la nationalité puisqu'elle est née au Guatemala : « J'ai peur pour tous les sans-papiers. Ils vivent dans la peur. Les gens n'osent plus sortir dans la rue, quand on frappe à la porte, ils n'osent plus ouvrir de peur que ce soit la police de l'immigration. J'ai vu des gens emmener leur passeport ou la monnaie de leur pays d'origine sur eux au cas où ils se feraient expulser. » Et ces personnes planifient leur vie quotidienne comme si elles pouvaient être expulsées à tout moment. « Oui, à tout moment », confirme Gladys.Dans ce climat, on est surpris de la décontraction de Martin. « Je ne parle pas espagnol, lui pas très bien anglais, mais avec l'aide des mains, on arrive à se comprendre. » Cela fait 32 ans qu'il vend ses fruits et ses légumes sur ce marché de Houston, mais il n'a ni la nationalité américaine, ni de permis de résidence : « Non, pas de carte verte. Je suis Mexicain. Il n'y a pas de problème ! Ça fait 32 ans que je suis ici, et je n'ai jamais eu de problème avec les services de l'immigration. »À lire aussiLes États-Unis mettent fin au statut légal de plus de 500 000 étrangers et leur ordonnent de quitter le paysPeur d'être arrêté à tout momentSur le parking du marché, Maria remplit son coffre. Elle a trois enfants, trois garçons. Eux ont la nationalité américaine. Pas elle. Alors le simple fait de sortir faire des courses est une source d'angoisse : « J'ai très peur. On ne sait jamais ce qui peut se passer en cas de contrôle routier. C'est très effrayant. Imaginer que je puisse être détenue alors que mes enfants sont à l'école, c'est… ». Elle s'arrête un instant puis reprend : « Le beau-père de mon frère a été arrêté la semaine dernière avec d'autres membres de sa famille. Et on ne sait rien, on ne peut même pas leur rendre visite. Ils sont seuls et personne ne sait ce qui va leur arriver. »Les papiers de Gladys sont en règle alors, elle joue parfois les éclaireurs : « J'ai une amie mexicaine qui m'a appelée un jour pour me demander d'aller voir si ICE [les services de contrôle de l'immigration, NDLR] était près d'un magasin. Je suis allée voir et c'était vrai : il y avait quatre voitures des services de l'immigration ! Les gens couraient de peur d'être arrêtés et expulsés. J'ai prévenu mon amie, et comme son appartement se trouve juste derrière ce magasin, elle n'a pas osé sortir de la journée. Elle n'est même pas allée travailler ce jour-là. »À lire aussiÉtats-Unis: l'administration Trump prive des milliers d'immigrés de la sécurité sociale en les déclarant morts
C dans l'air du 22 avril 2025 : Impôts : les retraités vont-ils plus payer ?Comment renflouer les caisses de l'État de 40 milliards d'euros ? C'est l'équation sur laquelle planche Bercy, avec la préparation du budget 2026, dont l'objectif est une réduction du déficit à 4,6 % l'an prochain. Parmi les pistes envisagées se trouvent les niches fiscales. Elles sont 467 au total et coûtent 85 milliards d'euros à l'État chaque année. Bercy veut en supprimer au moins 50 et n'écarte aucune hypothèse. Pas même celle de mettre les retraités à contribution via la suppression de l'abattement fiscal de 10 % dont ils bénéficient.Créé en 1978 par le gouvernement de Raymond Barre, cet abattement fiscal accorde à chaque retraité une déduction automatique de 10 % sur ses revenus (dans la limite de 4.399 euros) annuels au moment de la déclaration. Ce qui se traduit in fine par une baisse d'impôt. Dans Le Parisien, la ministre des Comptes publics ne s'est pas dit contre une remise en cause de cet abattement fiscal, estimant "que ce n'est pas votre âge qui doit définir votre contribution". "Je pense, à titre personnel, qu'on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement", a ajouté Amélie de Montchalin.La suppression de cette niche fiscale permettrait à l'État de récupérer près de 5 milliards d'euros. Plus précisément, la Cour des comptes estime à 4,494 milliards d'euros le coût de cette mesure pour l'État en 2023, ce qui en fait la quatrième niche fiscale la plus coûteuse, derrière le crédit d'impôt en faveur de la recherche (CIR), une aide aux entreprises (7,2 milliards) ; le crédit d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile (5,9 milliards) et la détermination du résultat imposable des entreprises de transport maritime en fonction du tonnage de leurs navires (dispositif mis en place pour protéger les armateurs face à la concurrence asiatique, 5,6 milliards). La Cour des comptes déplorait dans un précédent rapport une "articulation insuffisante" entre les dépenses fiscales et les objectifs des politiques publiques qu'elles sont censées soutenir – quand leurs effets concrets sont connus et appelé à procéder à la revue de l'ensemble des dépenses fiscales d'ici 2027.Alors que va décider le gouvernement ? Si le Premier ministre a fixé avant le 14 juillet la date butoir pour dévoiler ses grandes orientations, le premier président de la Cour des comptes n'a pas attendu pour pousser un coup de gueule. Lors de la présentation son rapport sur le résultat du budget 2024 de l'État, Pierre Moscovici a étrillé la gestion budgétaire des derniers mois. Il a également regretté l'impossibilité pour son institution de certifier les comptes de État "sans des réserves très significatives", dénonçant le "refus persistant de l'administration d'appliquer les principes et normes comptables communément acceptés". L'institution de la rue Cambon déplore "5 anomalies significatives", autrement dit des comptes sous-évalués ou surévalués « sur plusieurs milliards d'euros", mais aussi 11 insuffisances ou incertitudes, sur lesquelles les magistrats financiers ont été incapables de "réconcilier les chiffres". Dans ces conditions, Pierre Moscovici s'interroge sur l'attitude à adopter lors des prochains exercices budgétaires, si ses observations continuent d'être prises "à la légère" et prévient : "en l'absence de progrès significatifs en 2025, la Cour pourrait être amenée à en tirer les conséquences […] autrement dit à ne pas certifier les comptes". L'ancien ministre de l'Économie a d'ailleurs fait la comparaison avec le monde privé. " J'imagine la situation d'une entreprise où le commissaire aux comptes certifierait les comptes avec de fortes réserves ou ne les certifierait pas, et où le conseil d'administration dirait on s'en fiche. Ce n'est pas sérieux !"Du coté des entreprises également, plusieurs grands patrons français ont donné de la voix ces derniers jours face à l'exécutif à Paris et à Bruxelles. Bernard Arnault, PDG du numéro un mondial du luxe LVMH, qui avait dénoncé en février une taxation française pénalisant le "Made in France", a mené la charge jeudi dernier contre l'UE et les "bureaucrates" de Bruxelles. L'Union européenne, selon lui, "n'est pas dirigée par un pouvoir politique […] mais par un pouvoir bureaucratique qui passe son temps à éditer des réglementations", rendant "pas facile" la création d'une "zone de libre-échange" entre les États-Unis et l'UE - une zone à laquelle il s'est dit comme Elon Musk "favorable". Le même jour le directeur général de L'Oréal, Nicolas Hieronimus a évoqué parmi les pistes pour faire face aux droits de douane américains la possibilité de relocaliser "une partie" de la production aux États-Unis. Le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné s'est lui attaqué dans les colonnes du Figaro magazine au "millefeuille administratif du pays". "Quand il faut trois ans pour faire une ferme solaire aux États-Unis, cela prend sept ans en France. Et pour un projet dix fois plus petit !", selon lui.À rebours de ces positions, Michel-Édouard Leclerc, le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, a estimé qu'"il ne faut pas que Bernard Arnault, que Rodolphe Saadé, le président de CMA CGM (qui s'est affiché début mars dans le Bureau ovale avec Donald Trump pour annoncer 20 milliards d'investissements aux États-Unis sur 4 ans) ou Schneider Electric (qui avait dit fin mars compter investir plus de 700 millions de dollars d'ici 2027 aux États-Unis, NDLR) aillent signer leur accord avant que l'Europe n'ait négocié, sinon on a l'air minable". "Je lance un appel à Bernard Arnault : Fais société, fais nation", a-t-il ajouté.Pendant ce temps, Donald Trump poursuit sa guerre commerciale et accentue sa pression sur le président de la Fed, Jerome Powell. "Si je veux qu'il parte, il va partir très vite croyez-moi", a lancé le locataire de la Maison-Blanche jeudi dernier. Une menace réitérée lundi : "Il peut y avoir un RALENTISSEMENT de l'économie à moins que 'Monsieur le retardataire', cet immense looser, ne baisse les taux d'intérêt, MAINTENANT", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social. Jerome Powell a pourtant été nommé par Donald Trump en 2017, puis reconduit par Joe Biden en 2022. Son mandat s'étend désormais jusqu'en mai 2026. Mais depuis son retour au pouvoir, le républicain reproche au patron de la Fed de ne pas baisser ses taux assez vite. Une baisse des taux pourrait doper la croissance, alors que les États-Unis viennent d'imposer des droits de douane à presque tous les pays du monde. Mais la Fed préfère prendre son temps afin de ne pas prendre le risque d'aggraver l'inflation qui est repartie à la hausse. Des tensions persistantes entre le président américain et Jerome Powell qui inquiètent les marchés. La Bourse de Wall Street a fini en forte baisse lundi et le dollar poursuit sa dégringolade face aux principales devises mondiales.LES EXPERTS : - PHILIPPE DESSERTINE - Directeur de l'Institut de Haute Finance, auteur de Le grand basculement - CAROLINE MICHEL-AGUIRRE - Grand reporter au service politique - Le Nouvel Obs - NATHALIE SAINT-CRICQ - Editorialiste politique - France Télévisions - OLIVIA DETROYAT - Journaliste économique - Le Figaro
Des restes de la Première Guerre mondiale au Rwanda. À l'ouest du pays, aux alentours de la ville de Gisenyi au bord du lac Kivu, un guide tente de mettre en avant un site historique vieux de plus d'une centaine d'années. À l'époque, le Rwanda est sous administration allemande. Les militaires installent une base avancée à Nengo pour défendre la frontière avec la République démocratique du Congo, à l'époque colonie belge. De notre correspondante régionale,Sur les pans de la colline de Nengo, Susanne Mukankusi désherbe autour de jeunes pousses d'eucalyptus. De l'histoire ancienne de cette montagne sur les hauteurs de Gisenyi, où elle habite depuis presque 50 ans, elle ne connaît que les rumeurs : « Les gens plus âgés que moi, qui habitaient ici, disent qu'il y a une tranchée en haut de la colline. J'ai entendu dire qu'ils [les Allemands, NDLR] ont fait la guerre et qu'ils ont laissé du matériel et une tranchée. »Une histoire méconnue de la Première Guerre mondiale, que Karim Gisagara tente de mettre en lumière. C'est en travaillant sur un nouveau sentier de randonnée que tout en haut de la colline, le guide tombe sur le site historique : « Tu vois, là où tu marches, ce n'est pas de la roche, C'est du béton. Ils ont construit ce site avec du béton pour stabiliser les armes. »Une tranchée encore visible 110 ans plus tard. Du haut de la colline de Nengo, les militaires allemands avaient une vue imprenable sur le lac Kivu et la ville de Goma. « Ils avaient leur campement juste derrière. Pour la population, ce n'était pas leur guerre, c'était la guerre des Blancs. Ils se sont battus en ville avant que les Belges débordent de l'autre côté de la montagne. Ils ont tiré quelques coups de fusils à Goma et Gisenyi, mais quand ils se sont retrouvés contournés, ils ont décidé d'abandonner leurs positions », raconte Karim GisagaraRestaurer le lieuEn mai 1916, les troupes allemandes se replient rapidement, d'abord dans le sud, à Nyanza, puis quittent le pays. « On va restaurer le site, on va restaurer aussi le campement. On va essayer de faire des recherches, en faisant appel des historiens pour nous aider à comprendre ce qui s'est passé, explique le guide. Après ça, on va commencer la restauration. »Une guerre européenne exportée sur un autre continent avec de lourdes conséquences pour le pays. « La fin de la guerre mondiale a marqué la fin d'une époque allemande, mais c'était la prolongation d'une époque coloniale qui allait mal tourner. Les Belges vont investir un autre système d'occupation, vont beaucoup se mêler dans les affaires internes, ils vont bouleverser la politique du Rwanda, ils vont institutionnaliser les races et les ethnies. »D'autres sites de la Première Guerre mondiale restent visibles au Rwanda. L'année dernière, une équipe de chercheurs a même retrouvé, au fond du lac Kivu, les restes d'un bateau allemand de l'époque.
C dans l'air du 17 avril 2025 : Face à Trump, la Chine contre-attaqueAlors qu'il s'est lancé dans une guerre commerciale avec le reste du monde en étant convaincu de sa position de force, Donald Trump pourrait-il sortir affaibli de cet épisode ? Principal pays dans la ligne de mire des Etats-Unis, la Chine affirme ne pas avoir « peur de se battre » et rend coup pour coup. En représailles des surtaxes de 145 % sur les exportations chinoises, Pékin a répliqué avec une surtaxe qui atteint désormais 125 % et en décidant la suspension de l'exportation de sept catégories de terres rares indispensables pour plusieurs secteurs économiques clés, de la défense au médical, en passant par le numérique - téléphones portables, disques durs, écrans - et l'énergie.Ces derniers jours Donald Trump a rétropédalé dans un premier temps en retirant les taxes sur les ordinateurs et les smartphones, produits essentiellement en Chine, mais il a finalement décidé de les maintenir lundi, à hauteur de 20 %. Depuis l'empire du Milieu demande au président américain d' « annuler complètement» les droits réciproques, et ne semble pas entendu. Résultat : Pékin a décidé de geler toutes les livraisons d'avions Boeing déjà commandés ainsi que l'achat de composants américains. La Chine bouderait également depuis mi-mars le soja, le maïs et la viande américaine, préférant se tourner vers l'Australie et le Brésil notamment.Pékin qui a publié ses résultats économiques, montrant une croissance de 5,4 % au premier trimestre 2025, plus forte qu'anticipé, a également annoncé la nomination d'un nouveau négociateur en charge du commerce international. Répondant aux propos de l'administration Trump, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois a estimé mercredi que « si les Etats-Unis veulent véritablement résoudre le problème par le dialogue et la négociation, ils doivent cesser d'exercer une pression extrême, cesser de menacer et de faire du chantage, et discuter avec la Chine sur la base de l'égalité, du respect et du bénéfice mutuel ». Un peu plus tôt, la Maison Blanche avait indiqué être ouverte « à un accord avec la Chine » et annoncé que "la balle est dans le camp de la Chine sur la question des droits de douane", puisqu'elle compte sur l'argent du "consommateur américain".De son côté, mercredi le patron de la banque centrale américain a dit redouter une accélération de l'inflation aux Etats-Unis, conséquence des surtaxes douanières de Donald Trump. Ses déclarations n'ont pas manqué de faire monter la pression avec le président américain. Donald Trump a répondu jeudi dans un post sur Truth Social que Jerôme Powell est «trop lent» à baisser les taux d'intérêt et qu'il « est plus que temps que son mandat (à la tête de la Fed, NDLR) se termine». Mais si le président américain continue de défendre sa politique économique, le doute s'installe chez les Américains.Après seulement deux mois à la Maison-Blanche, la popularité de Donald Trump est en effet en baisse, atteignant 53 % d'opinion négative, selon le dernier sondage pour CBS News paru dimanche 13 avril, et la contestation monte en puissance dans le pays. Après les manifestations massives contre l'administration Trump dans plusieurs villes du pays, la bataille se poursuit dans les tribunaux et les universités. Contrairement à Columbia, Harvard a décidé de ne pas se plier aux injonctions du gouvernement Trump, qui a gelé 2,2 milliards de subventions en représailles et menace désormais de lui geler ses avantages fiscaux.Alors jusqu'où ira la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis ? Quelles conséquences pour l'économie mondiale ? Que pensent les Américains de Donald Trump et de sa politique ? Face aux droits de douanes, comment les entreprises françaises s'adaptent-elles (ou pas) ? LES EXPERTS :Elie COHEN - Économiste, directeur de recherche au CNRSJoséphine STARON - Directrice des études et des relations internationales – SynopiaCorentin SELLIN - Historien spécialiste des États-Unis, chroniqueur - Les JoursValérie NIQUET - Spécialiste de l'Asie - Fondation pour la Recherche Stratégique
Il est né dans le maquis camerounais en 1957, un an avant que son père soit assassiné par l'armée française... le 13 septembre 1958. Daniel Um Nyobe, le fils du leader indépendantiste Ruben Um Nyobe est notre invité ce matin. Alors qu'est paru fin janvier le rapport de la commission Cameroun sur le rôle de la France au Cameroun dans la lutte contre les mouvements indépendantistes, il appelle désormais le président français à « assumer les faits » et à reconnaître la responsabilité de la France dans la mort de Ruben Um Nyobè et de ses camarades. Il témoigne aussi sur son parcours, marqué par le combat de son père. RFI : Daniel Um Nyobé, suite à la publication du rapport de la Commission Cameroun, qu'est-ce que vous attendez aujourd'hui ?Daniel Um Nyobé : C'est la reconnaissance des faits, la responsabilité du gouvernement français de l'époque dans ce qui s'est passé. Et, éventuellement, présenter des excuses et mettre en place un processus de réparation. Cette histoire-là, il faut l'assumer, sinon ça va être une histoire politicienne.Cette histoire, c'est aussi la vôtre, Daniel Um Nyobe, puisque vous êtes né dans le maquis, un an avant l'assassinat de votre père.De la date du 13 septembre 1958, je reste le seul survivant. Donc ce jour-là, non seulement Ruben Um Nyobe a été assassiné, mais son plus proche collaborateur Yem Back a été également assassiné. Ma grand-mère maternelle, Ruth Ngo Kam a été aussi assassinée. Et il faut dire qu'au moment de cet assassinat, j'étais à côté d'elle, ce qui fait que j'ai ramassé une balle. Symboliquement, je me dis que dans le rouge du drapeau camerounais, j'y suis aussi pour quelque chose. C'est aussi mon sang qui y est versé.Par la suite, dans quelles conditions vivez-vous avec votre mère ? Comment est-ce qu'on fait pour vivre ou survivre lorsqu'on s'appelle Um Nyobé dans ces années-là ?C'est très très très difficile. Donc, on vit du peu qu'on a des récoltes des champs, et tout ça, c'est dans la misère. Mais bon, il faut quand même avouer qu'on avait certains sympathisants qui de temps en temps passaient nous donner quelque chose et tout ça.Vous avez mis plusieurs années à oser aller vous recueillir sur sa tombe ?Oui, c'était interdit. On y allait la nuit. Je me rappelle les premiers jours, c'était la nuit, clandestinement. Il fallait le faire, ç'avait une valeur pour moi.Est-ce que vous avez envisagé de changer de nom ?Non, surtout pas. C'est une fierté pour moi d'avoir été le fils de cet homme-là !En 1991, une loi a réhabilité plusieurs leaders indépendantistes, dont votre père. Qu'est-ce que ça a changé, est-ce que c'est suffisant ?Ça n'a rien changé. Bon, là, on peut prononcer son nom, on peut prononcer le nom de ses camarades, on peut se revendiquer de lui. Mais, dans les discours officiels au Cameroun, on ne cite pas ces noms-là. Rien n'est fait, il n'y a pas de lieux de mémoire. J'envisage de transférer la tombe à Boumnyébel, parce que ce sont les assassins qui ont choisi le lieu d'enterrement à Ezéka. Donc, voilà pourquoi j'aimerais ramener cet homme-là. Mais au mois de novembre dernier, je suis allé, j'ai seulement mis une seule plaque indicative pour dire que, bientôt, la tombe de Mpodol [surnom de Ruben Um Nyobè, NDLR] sera installée à cet endroit. Dans la journée, j'ai eu la visite, cinq fois, des gendarmes et des policiers.Aujourd'hui, l'UPC, le parti fondé par votre père, est profondément divisé. En mai 2017, vous avez été désigné premier vice-président de l'une de ses branches, celle dirigée par Bapooh Lipot qui est considérée comme proche du président Paul Biya. Pourquoi ce choix ?Ça, c'est quelque chose qui m'a été imposé comme ça, mais je n'ai jamais exercé de fonction de premier vice-président.C'est de la récupération ?Oui, oui, je crois. On ne confondra jamais l'UPC, le parti nationaliste qui a revendiqué l'indépendance, avec tout ce qui est fait aujourd'hui. Il y en a qui le font par conviction et d'autres qui le font par opportunisme.En 2018, on vous prête d'avoir appelé à voter pour Paul Biya ?Je l'assume, parce que je croyais que c'était son dernier mandat. Je me disais, avec l'âge, l'expérience qu'il a, avant de partir, on pouvait mettre en place quelque chose plus tard. Ça n'a pas été le cas.Mais que répondez-vous à ceux qui estiment que soutenir Paul Biya revient en fait à trahir la mémoire de votre père, dans le sens où lui-même est héritier direct de ceux qui ont été placés au pouvoir au détriment des vrais indépendantistes ?Alors ça, c'est le tribunal de l'histoire. Et moi, je suis de ceux qui pensent que, tout être humain peut changer, pour l'intérêt du pays.En 2018, vous pensiez qu'il poserait un geste s'agissant de votre père ?Ah oui ! Il avait dit à ma mère : « Je poursuis le travail commencé par votre mari. » Donc, j'attendais quelque chose venant de lui. Je m'attendais quand même à ce qu'on facilite le transfert des restes de ces personnes-là, qu'on cite leurs noms dans les discours, qu'il y ait des lieux de mémoire, les dates de commémorations, tout ça. Si je vous dis que je ne suis pas déçu, c'est que je suis un menteur. À lire aussiLe rapport sur la colonisation française au Cameroun remis au président Paul Biya
À deux jours de la présidentielle du 12 avril, huit candidats, dont le chef de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, sont en lice pour un septennat à la tête du pays. Son principal adversaire, Alain-Claude Bilie-By-Nze, n'hésite pas à l'attaquer sur les sujets de gestion financière et de dette en particulier, ce qui lui vaut une réponse musclée. Depuis qu'il est en campagne pour le poste de président du Gabon, Alain-Claude Bilie-By-Nze lâche ses coups contre la transition, qu'il accuse de gestion financière dispendieuse et mensongère. Encore en début de semaine sur la chaîne Africa 24, il a affirmé : « Les pouvoirs publics actuels ne donnent pas la vérité. Il y a de la dette cachée, il y a de la dette intérieure non comptabilisée, de la dette extérieure vis-à-vis notamment de fonds vautour, non comptabilisée. Il y a des dettes contractées pour acquérir des parts dans des entreprises dont personne ne connait le niveau exact de l'actionnariat. » Et d'ajouter : « Il faut voir clair dans cette question d'endettement. La dette gabonaise a aussi un problème, c'est qu'on s'endette pour financer le fonctionnement. »Alain-Claude Bilie-By-Nze parle de 8 500 milliards de francs CFA de dettes quand, selon les chiffres du gouvernement, elle vient de descendre en dessous des 7 000 milliards de francs CFA. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le niveau d'endettement est de 67% du PIB. Plutôt de 54%, disent les autorités qui refusent d'y inclure des arriérés comme les retraites et les soldes des fonctionnaires. Ces attaques, de la part du dernier Premier ministre d'Ali Bongo, lui valent des réponses musclées des soutiens de la transition.« Ceux qui se plaignent aujourd'hui ont habitué les Gabonais à des postures fallacieuses, arrogantes. Quand on a un bilan comme le leur, comme lorsque nous arrivons en septembre 2023 avec le président Oligui Nguema, et qu'il y a des échéances de dettes qui ne sont pas remboursées… Le Gabon était au ban de la communauté internationale parce qu'il ne tenait plus ses engagements internationaux », répond la ministre de la Communication, Laurence Ndong, et porte-parole du candidat Oligui Nguema. « La première chose qui a été faite a été de rembourser ces échéances de dette. On a trouvé un pays endetté à 7 500 milliards, une dette creuse pour laquelle on a vu aucune infrastructure [réalisée, NDLR]. Donc, aujourd'hui, le Gabon tient ses engagements en matière de dette. Tous nos bailleurs ont été remboursés », met-elle en avant.Depuis le 1ᵉʳ septembre 2023, le remboursement de la dette a absorbé 45,6% des ressources de l'État. Le Gabon a notamment réglé la Banque mondiale, malgré un retard très médiatisé. Une source au fait du dossier se dit « bien moins alarmiste qu'il y a 18 mois ». « Les grands bailleurs viendront et ils ne vont rien nous imposer », a déclaré à la télévision Brice Clotaire Oligui Nguema. Les agences de notation demeurent toutefois perplexes : l'agence Fitch a baissé sa note en janvier, inquiète particulièrement de fortes dépenses budgétaires et sociales. Elle anticipe un retour du FMI dans le pays d'ici à la fin de l'année.À lire aussiPrésidentielle au Gabon: la campagne est entrée dans la dernière ligne droite
Nkayi, dans le sud du Congo-Brazzaville, quatrième ville du pays, est connue pour sa production sucrière. Mais depuis quelques années, elle est aussi devenue un fief des tuk-tuks. Leur nombre a explosé, ce qui est loin de faire l'unanimité. De notre correspondant à Brazzaville,Cela fait quatre années que les motos-taxis de couleur jaune ont envahi les rues de Nkayi. Sibel Ndamba est très vite devenu chauffeur de ce nouveau mode de transport au Congo-Brazzaville. Il témoigne de son succès : « Cette moto, son vrai nom de confection, c'est le tuk-tuk. Mais, vulgairement, ici à Nkayi, on appelle cela "Wehua". Quand cela a commencé en 2021, cela a aidé la population qui a commencé à se sentir mieux parce qu'il n'y avait pas de système de bus. Dès que cela a commencé, les gens se sont sentis à l'aise puisqu'il fallait donner 150 francs CFA [0,23 euro, NDLR] pour se déplacer », raconte-t-il.Il faut cependant travailler dur pour payer le propriétaire du tuk-tuk, démarrer tôt le matin et finir tard dans la soirée. « Les patrons (propriétaires des motos) ont tendance à demander 10 000 francs CFA [15 euros] de recettes par jour. Comme nous sommes dans un pays où le taux de chômage est très élevé, nous sommes obligés de faire avec les moyens de bord », ajoute-t-il.Ces tuk-tuks importés d'Asie sont l'unique moyen emprunté par Carmel Loubakalafoua, agent du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), entre son domicile et son lieu de travail. « Quand je suis à l'intérieur de ce moyen, je libère mon esprit pour que je puisse arriver là où je vais. Cela me permet de venir au boulot et surtout d'arriver à temps », affirme le jeune travailleur.Mais ils sont loin de plaire à Jean-Claude Mpaka, qui déplore surtout des cas d'accidents. « Ce qui embête les gens qui circulent dans les rues parfois, c'est que ces gens ne conduisent pas correctement. C'est de la pagaille, d'après moi. Ils ne veulent pas respecter les piétons, il y a parfois des accidents », témoigne ce passant.Quant à Luc Mbetani, chauffeur de taxi-voiture, il estime que ces tuk-tuks représentent une vraie concurrence. « Les Wehua nous embêtent beaucoup. Ce n'est plus facile pour avoir de l'argent. Ils font le taxi, le cent-cent et ils prennent tout : du bois, du ciment. Nous, pour avoir des recettes, c'est difficile maintenant », affirme ce chauffeur. Selon différents observateurs, Nkayi dispose de près de 700 tuk-tuks pour une population estimée à 80 000 habitants.À lire aussiGuinée: le bombona, tricycle en vogue, exclu des grandes artères en raison d'accidents fréquents [1/3]
C'est une lutte impitoyable qui oppose moto-taxis, tuk-tuk, taxi-voitures et bus dans les villes du continent. En Guinée, cela fait bien longtemps que les éternels taxis jaunes ont perdu le monopole du transport à Conakry. Ils ont d'abord été concurrencés par les motos-taxis et le sont depuis quelques années par un nouveau type de véhicule : les tricycles, couramment appelés « bombonas », importés d'Inde. Leur avantage ? Ils échappent aux embouteillages permanents de la ville et sont plus abordables que les motos-taxis. Ils sont plébiscités par les Conakriens, mais leur dangerosité a forcé l'État à prendre des mesures de restriction. De notre correspondant à Conakry, Il est 8 heures au marché de Taouyah. C'est l'heure de pointe et la route est complètement embouteillée. Mais les bombonas jaunes et verts, toit rétractable, se faufilent entre les voitures grâce à leur petite taille, en empruntant la « troisième position », explique Ibrahima, un chauffeur : « Troisième position, c'est-à-dire quand les voitures sont en ligne, nous, on prend le milieu pour les dévier. » Aïssata apprécie : « C'est plus rapide que les taxis. »Avec les bonbonas, le prix du tronçon est un peu plus élevé que pour les taxi-voitures ordinaires. « Pour un trajet en bombona, c'est 2 500 francs guinéens (26 centimes d'euros) et pour le taxi, 2 000 francs (21 centimes d'euros) », explique Hawa, une autre usagère, qui se dit plus à l'aise dans ces tricycles : « Avant, je prenais le taxi voiture, mais ce n'était pas trop confortable à l'intérieur parce que derrière, c'est quatre places (quatre personnes serrées à l'arrière, NDLR). Par contre, le bombona c'est trois places derrière. »Avec quatre personnes serrées sur trois places, les taxis deviennent rapidement des étuves, comme le confirme Sékou Kaba, responsable d'un syndicat des bombonas : « Le passager assis dans le tricycle, il est en contact direct avec l'air. Le Guinéen aime ça. Se coincer à quatre derrière les taxis, il n'aime pas ça. »Malgré ce succès, le développement des bombonas a connu un grand coup de frein quand les autorités leur ont interdit de circuler sur les principales artères de la capitale, l'autoroute Fidel Castro et la route Le Prince. Ils provoquaient trop d'accidents, explique le responsable syndicaliste : « Les premiers chauffeurs de tricycles ont été formés, ils travaillaient dans de bonnes conditions. Après, il y a eu une deuxième vague. Quand la troisième vague est arrivée, ça a débordé. Ils ne respectaient pas le Code de la route et ainsi de suite. »Aujourd'hui, c'est donc à chacun sa route : les taxi-voitures gardent leur monopole sur les grandes voies, les bombonas sont relégués sur la route littorale reliant Sonfonia à Dixinn, en passant par Lambanyi et Kipé. Pour autant, leur popularité est telle que les chanteurs Pushka et Gwada Maga leur ont dédié une chanson.À écouter aussiLes défis des transports urbains en Afrique
Hamadoun Dicko a été détenu pendant trois mois au secret, en dehors de toute procédure légale, par les services maliens de renseignements - du 16 décembre 2023 au 11 mars 2024. Un an après, en exclusivité pour RFI, cet actuel président de la Jeunesse Pulaaku International et ancien président des associations communautaires peules de défense des droits humains, raconte ses trois mois de calvaire : enlèvement, détention, interrogatoires. Un témoignage inédit, car les personnes libérées ont pour consigne de se taire, et plus que jamais nécessaire, compte tenu de la multiplication actuelle des enlèvements extrajudiciaires par les services maliens. Invité d'Afrique matin, Hamadoun Dicko, désormais en exil hors du Mali, répond aux questions de David Baché. RFI : Lorsque la Sécurité d'État vous a enlevé, vous vous apprêtiez à lancer une nouvelle association internationale de jeunes de la communauté peule. C'est pour cela que vous avez été détenu pendant trois mois ? Hamadoun Dicko : Effectivement, j'étais en train d'organiser le premier congrès de la Jeunesse Pulaaku International et j'ai été enlevé à la veille même du congrès. Pendant les interrogatoires, on m'a demandé pourquoi je voulais organiser ce congrès, si c'était pour déstabiliser la Transition. Je faisais beaucoup de dénonciations des exactions commises par les forces armées et de sécurité contre les civils peuls, il y avait cela aussi. Ils m'accusaient aussi d'être en complicité avec certains groupes armés terroristes.Est-ce que vous pouvez nous raconter, pour commencer, les circonstances de votre enlèvement ?J'ai d'abord été convoqué le 14 décembre 2023 à la direction de l'ANSE [Agence nationale de la Sécurité d'État, NDLR], où ils m'ont intimidé et demandé de surseoir à la conférence de presse. Puis à la veille du congrès [deux jours plus tard, le 16 décembre, NDLR], aux environs de minuit, je rentrais chez moi, et plusieurs véhicules, quatre, m'ont intercepté. L'un des véhicules m'a bloqué la route. Les hommes étaient nombreux, en civil. Il y en a un qui est venu vers moi, il m'a fait rentrer dans sa voiture, il a démarré, et il a demandé à celui qui était à côté de moi de me mettre la cagoule.Pendant ces trois mois de détention, quelles étaient vos conditions, votre rythme de vie ?Ils m'ont gardé dans une chambre annexe d'une maison. C'était une maison habitée, avec une famille. J'avais un matelas, deux couvertures. On était plusieurs parce qu'il y avait trois chambres annexes, et il y avait un autre [prisonnier, NDLR] dans une autre chambre, mais je ne l'ai jamais vu. J'étais très mal nourri. Je ne pouvais pas sortir de ma chambre. Je ne suis jamais sorti, à part les deux fois où ils ont voulu m'interroger. Le reste du temps, j'étais dans ma chambre, seul. Quand ils rentraient, je devais mettre une cagoule. Je ne voyais personne, je n'ai jamais vu une seule personne quand j'étais là-bas. J'étais seul, séquestré, isolé. Pendant trois mois, j'avais même le rêve de voir juste le soleil ou le ciel.D'autres prisonniers de la Sécurité d'État, une fois libérés, ont raconté à des proches ou à leurs avocats, avoir subi des tortures : coups, décharges électriques, simulations de noyade. Heureusement, cela n'a pas été votre cas ?Heureusement, moi, je n'ai pas été torturé, je n'ai pas été frappé. Seulement, j'étais affamé et isolé, séquestré loin de ma famille. C'était psychologique et cela me fatiguait parce que je ne voyais pas un être humain. J'avais juste envie de voir une personne, en face de moi.À lire aussiMali : après un an passé en détention, l'universitaire Étienne Fakaba Sissoko a été libéréComment se passaient les séances d'interrogatoires ? Quand ils venaient pour m'amener dans le salon d'interrogatoire, ils étaient trois. Quand ils tapaient à la porte, je devais mettre la cagoule, donc je ne pouvais plus les voir. Ils m'ont sorti de ma cellule, ils m'ont emmené dans un petit salon où ils m'ont fait assoir sur une chaise. Ils sont sortis et ils m'ont laissé avec leur chef qui devait m'interroger.Et sur quoi est-ce que vous avez été interrogé ?Ils m'ont demandé pourquoi je voulais organiser ce congrès, pourquoi j'étais avec Hamadoun Kouffa…Le chef de la Katiba Macina du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim), lié à Al-Qaïda…Oui, exactement. Ils m'ont demandé pourquoi je le représentais à Bamako. J'ai été très surpris, j'ai demandé comment je pouvais être le représentant de Kouffa et être à Bamako, cela ne corrobore pas.Donc la Sécurité d'Etat vous accusait d'être un complice des groupes jihadistes ?Exactement, ils m'accusaient d'être leur complice, et en même temps d'être avec les puissances occidentales, telles que la France. Surtout, j'étais en contact avec Radio France Internationale (RFI).Donc vous avez aussi été interrogé sur vos liens avec des journalistes de RFI ? Bien sûr, ils m'ont demandé si j'étais en contact avec David Baché, exactement. Heureusement, je n'étais pas en contact avec David Baché.Pas encore…Ils m'ont demandé pourquoi je dénonçais les exactions commises par Wagner. Moi, j'ai dit : « je suis Malien, contre l'impunité, c'est pourquoi j'ai dénoncé. »Et comment est-ce qu'il réagissait à vos réponses ?Quand je répondais, il reconnaissait que vraiment, j'avais raison ! Parce que quand il a voulu dire que j'étais avec des puissances comme la France, je lui ai fait savoir que quand il y a eu la bavure française à Bounti, je l'avais dénoncée.À lire aussiMali: trois ans après le massacre de Moura, pas de justice pour les victimesBounti, lorsqu'une frappe de la force française Barkhane s'est abattue sur un mariage de civils, en 2021.Oui, exactement. Donc quand je lui ai fait savoir cela, il a dit « oui, c'est vrai. » Je lui ai dit « alors, si j'étais avec la France, je pense que je n'aurais pas dénoncé cette frappe. » Il a reconnu cela aussi.On parle généralement des « geôles secrètes de la Sécurité d'État », puisque ces lieux de détention ne sont pas connus. Est-ce que vous, vous avez une idée de l'endroit où vous avez passé ces trois mois ?Oui. J'étais dans un domaine d'un haut gradé de l'armée malienne. Il revenait souvent le weekend. Il était là, il causait avec ses amis…Donc vous l'avez vu, entendu ?J'entendais. J'entendais des voix et je comprenais aussi.Hamadoun Dicko, au bout de trois mois, vous avez finalement été relâché par la Sécurité d'État. Pourquoi, comment ?J'ai décidé de ne plus manger. Parce que j'étais fatigué, je ne savais pas pourquoi j'étais là, je savais que je n'avais commis aucun crime. J'ai décidé de ne plus manger. Quand ils ont constaté cela, ils sont venus pour me dire : « Hamadoun, si tu ne manges pas, on va te présenter à un juge, tu seras à la Maison centrale d'arrêt de Bamako, là-bas ce n'est pas facile. » J'ai dit : « je préfère être là-bas parce qu'au moins, je vais prendre un avocat et mes parents sauront où je suis. » Donc, ils ont compris que cela ne m'empêcherait pas de continuer la grève de la faim. (…)Le 11, c'était le premier jour du Ramadan, ils ont toqué à la porte et m'ont demandé de prendre mes affaires. Mais je n'avais pas d'affaires, je n'avais que mon boubou ! Ils m'ont sorti, ils m'ont emmené jusqu'au quartier de Bougie Ba, à Bamako, et ils m'ont dit qu'ils allaient me libérer, mais avec des conditions. Les conditions, c'était de collaborer, de ne pas dénoncer, de travailler avec eux.Ils vous ont proposé de travailler pour la Sécurité d'État ?Je n'ai pas accepté, c'est pourquoi je suis là. J'ai décidé de partir [hors du Mali, NDLR] parce que je ne pouvais pas rester, ma vie était en danger.Aujourd'hui, pourquoi tenez-vous à témoigner de ce qui vous est arrivé ?Parce qu'on voit que les enlèvements continuent de plus belle. On ne doit pas enlever des gens en plein jour et les séquestrer ! Ce n'est pas normal, c'est inadmissible, on doit empêcher cela. Donc j'ai décidé de partir et de parler, on ne peut pas rester muet. Il faut que cela cesse, on ne peut pas continuer comme cela dans un pays de droits. S'ils te reprochent quelque chose, il y a la justice.Et vous, est-ce que vous avez porté plainte, devant la justice ?Je n'ai pas porté plainte parce qu'il n'y a pas de justice au Mali en ce moment. La Justice est dictée. Donc, je ne peux pas porter plainte au Mali, tout en sachant que cela ne réussira pas. Je vais attendre. Le moment venu, peut-être que je le ferai.Un dernier mot, peut-être, sur la situation actuelle au Mali ou dans l'Alliance des États du Sahel (AES), qui inclut aussi le Burkina et le Niger ?Malheureusement, aujourd'hui, dans les États du Sahel, nous constatons une épuration ethnique, si vous me permettez le mot. Certaines communautés sont ciblées. Quand tu es peul, surtout au Mali et au Burkina, on t'exécute du simple fait d'être de la communauté peule.Les régimes en place au Mali et au Burkina démentent…Mais nous le constatons quand même, les faits sont têtus ! Nous avons vu des VDP [Volontaires pour la défense de la partie, milices civiles locales supplétives de l'armée burkinabè, NDLR] et cette force armée et de sécurité burkinabè qui se filmaient et mettaient tout sur les réseaux sociaux. Ils disaient dans leur langue mooré que les peuls ne les dirigeraient jamais.C'est le mot « peul » qui sort dans leur bouche, cela veut dire que ce sont les peuls qui sont systématiquement ciblés. Les autorités sont responsables de ce qui se passe au Sahel. Les autorités démentent, mais montrent le contraire sur le terrain, malheureusement. À lire aussiMali: l'association Tabital Pulaaku alerte sur les attaques contre des villages peuls près de Ségou
Mi-mars 2025, aux Assises internationales du journalisme, Steven Jambot a animé une grande table ronde dont l'intitulé était « Plateformes : comment résister à la manipulation de l'information ? ». L'atelier des médias vous propose d'en écouter quelques extraits portant sur les solutions pour passer à l'action, parmi lesquelles une meilleure régulation, la création d'un réseau social d'intérêt général européen ou encore l'éducation aux médias et à l'information (EMI). Les échanges ont duré 2h30 à Tours, L'atelier des médias diffuse des extraits choisis, qui font entendre les trois grands témoins de cette Agora : Thibaut Bruttin (secrétaire général de RSF), David Colon (historien et chercheur à Sciences Po Paris) et Sophie Taillé-Polian (députée Génération•s). Mais aussi François-Xavier Lefranc (directeur la publication de Ouest-France), Pablo Aiquel (SNJ-CGT), Leïla de Comarmond (SDJ des Échos), Peter Limbourg (DG de la Deutsche Welle), Damien Leloup (élu CFDT, journaliste au Monde), Sébastien Montaigu (DGMIC du ministère français de la Culture), Chloé Woitier (Le Figaro), Lucile Berland (Fake Off) et Jérôme Morin (SNJ et journaliste au Progrès).Quelques phrases : Thibaut Bruttin (RSF) : « Le droit à l'information fiable des citoyens, c'est quelque chose pour lequel on se bat bec et ongles. On l'a fait inscrire dans le droit européen et on continuera jusqu'au bout, parce que c'est ça qui compte et qui permettra de réconcilier les journalistes et les citoyens. » François-Xavier Lefranc (Ouest-France) : « Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, il faut investir dans le journalisme. (...) Il faut être le plus puissant possible pour être le moins dépendant des grandes plateformes numériques. »Pablo Aiquel (SNJ-CGT) : « Musk s'est lancé en bataille contre le journalisme. Et nous, il nous faut absolument quitter cette plateforme [X, NDLR] dans laquelle on va être inondé de merde, comme le disait Steve Bannon. On ne parle pas aux citoyens quand on reste dans une plateforme où l'algorithme est totalement biaisé. »Peter Limbourg (DW) : « Il faut aussi rester là où ça fait mal. Si on quitte les plateformes, on les laisse aux idiots et à ceux qui ont des mauvaises intentions. » Sophie Taillé-Polian (députée Génération•s) : « On parle beaucoup actuellement de réarmement. On parle beaucoup de changements géopolitiques majeurs – et on a raison d'en parler. Mais une stratégie de défense, ce n'est pas que des canons et des obus. Une stratégie de défense profonde d'une société démocratique, c'est une presse libre, indépendante, plurielle. »François-Xavier Lefranc (Ouest-France) : « Il faut mener une bataille farouche, féroce et voire cruelle pour le respect du droit. Et pour que les plateformes respectent le droit, il faut leur faire des procès. »Damien Leloup (CFDT, journaliste au Monde) : « C'est pas des gens ou des plateformes qui sont invulnérables, impossibles à encadrer, impossible à gérer. Quand on établit un rapport de force et qu'on montre concrètement qu'il y aura des conséquences au fait de ne pas respecter la loi dans les pays où elles sont présentes, ces plateformes de manière quasi systématique. » David Colon (historien) : « Si vous n'avez pas compris qu'aux prochaines élections, on va se prendre d'un côté les manipulations de TikTok et de l'autre X-Twitter et Meta, et que les ingérences vont être massives, c'est à désespérer. » Peter Limbourg (DW) : « La solution, c'est d'être très dur en matière de régulation. N'ayons pas peur. Si on ne démarre pas le combat, eh bien il est perdu d'avance. »Sébastien Montaigu (DGMIC) : « Ce qu'on attend et ce qu'on ce qu'on soutient, c'est une Europe forte qui tire les conséquences de ses actions et qui applique les textes. Parce que pour nous, il ya des infractions qui sont manifestes (...). On comprend que les dossiers sont complexes et qu'en face on a des armées de juristes. (...) On souhaite une prise en main des textes ambitieuse, mais il y a un équilibre à trouver pour ne pas perdre la face. »Chloé Woitier (Le Figaro) : « Je pense qu'au niveau des rédactions, il faut faire attention aussi au type de sujet sur lequel on va bondir sans forcément prendre le temps de la réflexion. »Lucile Berland (Fake Off) : « L'EMI existe. Elle n'est pas encore assez systématique. Ça devrait être quasiment une matière à part entière (...) il faut ce temps, c'est essentiel. On ne peut pas laisser les 1-18 ans face à des écrans sans outils pour parler de ce qu'ils regardent. »Jérôme Morin (SNJ) : « On est à un moment de bascule où nos élections peuvent être déterminées par des ingérences qui sont à la fois étrangères et domestiques et où tout se mélange avec un nivellement par le bas du débat. Donc il faut vraiment qu'on arme tout le monde [en matière d'EMI] et pas que les jeunes. »
Candidate à la présidence du Comité international olympique, à l'occasion de la 144ᵉ session à Costa Navarino (Grèce) le 20 mars, la Zimbabwéenne de 41 ans, double championne olympique du 200 m dos en 2004 et 2008, membre de la Commission exécutive du CIO et ministre des Sports depuis 2018, détaille à RFI ses positions sur les grands enjeux auxquels l'institution est confrontée. RFI : Vous êtes la plus jeune candidate à cette élection, la seule femme et la première représentante d'Afrique à briguer la présidence du CIO. Êtes-vous le meilleur symbole de ce que devrait être le CIO au XXIe siècle ? Kirsty Coventry : J'espère que c'est ce que ressentent les membres du Comité, mais je veux aussi être la meilleure personne pour le poste, pas seulement en raison de mon genre ou de mon origine. Je veux que les membres sentent qu'ils peuvent avoir confiance en moi et qu'ils pensent que je serai la meilleure pour diriger notre incroyable organisation, en particulier dans cet avenir qui change si rapidement.En tant qu'ancienne sportive de haut niveau et ex-présidente de la commission des athlètes du CIO, vous êtes consciente des défis auxquels sont confrontés les athlètes, en particulier en Afrique, pour atteindre le plus haut niveau international. Quelle devrait être la priorité pour accroître leurs chances ?En tant qu'ancienne athlète, la partie la plus difficile de mon parcours a été de devenir championne olympique. C'est là que je pense que nous devrions concentrer un peu plus les programmes dédiés du CIO. Je veux également m'assurer que les voix des athlètes soient toujours entendues, car c'est ainsi que nous savons ce qu'ils attendent de nous, par le biais de la commission des athlètes, en veillant à ce que nous écoutions précisément ce dont les athlètes ont besoin, et comment nous pouvons travailler à leur protection et à leur soutien. En revanche, je ne crois pas aux primes [versées aux médaillés en athlétisme lors des JO de Paris 2024, une mesure annoncée par World Athletics, présidée par Sebastian Coe, autre candidat à la présidence du CIO, NDLR]. Encore une fois, en regardant mon parcours et en parlant aux athlètes autour de moi, la partie la plus difficile, c'est toujours avant de devenir champion olympique ou avant d'être célèbre. Une fois que vous l'êtes ou que vous avez gagné des médailles, beaucoup plus d'opportunités s'offrent à vous. La question est donc de savoir comment nous pouvons aider davantage d'athlètes à devenir champions ou finalistes olympiques. C'est comme ça que nous pourrons concerner davantage d'athlètes.À lire aussiLes sportifs de la solidarité olympique qualifiés pour les JO 2024Vous êtes très sensible à la place du sport féminin et à la représentation des athlètes féminines dans les médias. Quelle serait la première mesure que vous mettriez en œuvre dans ce domaine si vous étiez élue ?Au sein du mouvement olympique, nous avons déjà réussi à faire du bon travail pour la promotion de l'égalité des sexes. Il faut maintenant l'étendre. Nous avons besoin d'une meilleure représentation des femmes dans les fédérations internationales et dans les comités nationaux olympiques. On doit voir davantage d'opportunités pour les femmes entraîneurs et l'entourage des athlètes. Au lancement d'un programme ou lorsqu'on essaie de faire avancer quelque chose, les quotas jouent certainement un rôle parce qu'ils aident à changer la culture. Une fois que les gens ont adhéré à cette culture et qu'ils voient la véritable valeur d'avoir plus de diversité autour de la table, et que cela devient vraiment ancré dans la culture d'une organisation, alors les systèmes de quotas peuvent être supprimés. Donc, je pense vraiment qu'ils servent un objectif au début.La question des athlètes transgenres ou des personnes concernées par une différence de développement sexuel, comme la boxeuse algérienne Imane Khelif, médaillée d'or à Paris 2024, mais visée par des messages haineux sur les réseaux sociaux, reste controversée. Quel est votre avis à ce sujet ?Je veux m'assurer que nous protégeons la catégorie féminine et je crois que nous devons trouver une voie à suivre en le faisant collectivement avec les fédérations internationales. Le CIO doit jouer un rôle de premier plan et nous devons nous assurer, là encore, que nous protégeons et servons les athlètes. Ce que j'entends par « protéger les athlètes », c'est que lorsque l'une d'elles vit quelque chose comme ce qu'il s'est passé à Paris, ou si vous regardez le cas des athlètes à différence de développement sexuel, comme le cas bien connu de Caster Semenya, ça n'est pas géré avec sensibilité. Nous devrions faire beaucoup mieux, nous devons trouver une voie collective qui ne mette pas un athlète en danger.À lire aussiLa boxeuse algérienne Imane Khelif dénonce l'offensive judiciaire de la Fédération internationale de boxeLes Jeux olympiques de Paris 2024 ont été un grand succès populaire et financier pour le CIO. Est-ce désormais le modèle à suivre et comment ce succès peut-il être mis à profit pour engager la jeune génération dans un paysage médiatique en constante évolution ?Paris 2024 était exactement ce dont le monde avait besoin, surtout après le COVID. C'étaient des Jeux incroyables et extrêmement réussis, et nous devons utiliser cette plateforme en ce moment où tout le monde en parle encore. Le Comité d'organisation de Paris 2024 et Tony Estanguet ont fait un travail incroyable à travers le pays en engageant les jeunes, les écoliers, et en les impliquant dans le sport, et c'est la mission du CIO de construire un monde meilleur grâce au sport. Donc, la question est de savoir comment on peut utiliser ce qui a été fait à Paris 2024 et le répandre à travers le monde.Les JO devraient-ils être diffusés sur des plateformes telles que Netflix ?À mesure que nous allons vers l'avenir, Netflix, Apple TV, YouTube, ces entreprises de streaming en ligne, ne font que se renforcer. Et quand on regarde l'Afrique par exemple, dans quelques années, vous aurez plus d'un demi-milliard de jeunes de moins de 35 ans et la plupart d'entre eux auront des smartphones. Donc, si nous ne trouvons pas des moyens créatifs de nous connecter avec eux sur ces plateformes en ligne, ça sera vraiment une occasion manquée.Êtes-vous favorable au retour des athlètes russes et biélorusses aux Jeux olympiques, à commencer par Milan Cortina l'année prochaine, et sous quelles conditions ?Malheureusement, dans le monde d'aujourd'hui, nous allons surtout devoir faire face à la question de savoir comment protéger et soutenir les athlètes dans toutes les zones de conflit. Nous constatons de plus en plus de conflits en Afrique, vous en avez en Europe et au Moyen-Orient. Pour moi, nous devons créer un groupe de travail qui élaborera un cadre qui permettra de protéger et de soutenir les athlètes de toutes ces zones de conflit afin de les aider à participer aux Jeux. Au bout du compte, nous devons également nous assurer que tous les athlètes présents aux Jeux seront protégés. Donc, il pourrait être nécessaire de mettre en place différentes réglementations pour garantir que tous les athlètes sont soutenus et qu'il n'y en ait pas qui soient davantage protégés que d'autres.À lire aussiJO 2024: les Russes et Biélorusses ne défileront pas à la cérémonie d'ouverture à ParisVous êtes actuellement la présidente de la commission de coordination des Jeux olympiques de la jeunesse de Dakar 2026. Le succès de ces Jeux sera-t-il crucial pour la crédibilité de l'Afrique à accueillir un jour les Jeux olympiques ?Oui, à 100 %. C'est la première fois que le mouvement olympique vient en Afrique et peut découvrir notre enthousiasme, notre énergie, notre culture, et cette opportunité nous excite. Mais cela s'accompagne de beaucoup de responsabilités. Nous travaillons en étroite collaboration avec Dakar 2026 pour nous assurer de donner cette tribune au Sénégal, mais aussi à l'Afrique, pour montrer au monde ce que nous pouvons faire.En général, pensez-vous que les intérêts du sport africain sont suffisamment représentés au sommet du mouvement olympique et que feriez-vous pour améliorer les choses ?Il y a toujours des points que nous pouvons améliorer pour nous en assurer. L'une des grandes choses dont j'ai parlé aux membres du CIO serait d'essayer de trouver des moyens innovants de combler le fossé entre les comités nationaux olympiques qui sont très bien soutenus et bien gérés et ceux qui ont besoin de beaucoup plus de soutien, car encore en développement. L'utilisation de la technologie et de l'intelligence artificielle en particulier sera très importante pour combler ce fossé, car une fois qu'il sera un peu comblé, les pays en développement pourront consacrer plus de temps et d'argent à soutenir leurs athlètes, et nous pourrons alors voir plus de médailles gagnées dans le monde entier.Apprendrez-vous le français si vous êtes élue au CIO ?Oui (elle le dit en français, et en riant)… C'est une promesse que j'ai faite aux membres du CIO. C'est quelque chose que je prendrai très au sérieux. Nous avons une école française au Zimbabwe et j'ai déjà fait quelques démarches (rires). Ce serait certainement un grand honneur pour moi de pouvoir parler la langue de notre fondateur, Pierre de Coubertin !À lire aussiSur les traces des Jeux olympiques de 1924, à Paris et ailleurs
Depuis un bon moment, le parc zoologique au milieu de Brazzaville, la capitale congolaise, a engagé sa mue. Il reçoit de nouvelles espèces animales au grand bonheur de visiteurs qui reviennent en nombre. De notre correspondant à Brazzaville,La guérite du parc est prise d'assaut par les visiteurs. La forêt comprise entre l'hôpital Mère et enfant et la cour arrière du palais du Parlement attire plus que jamais. Le parc zoologique a désormais un jardin botanique et une partie animalière. « Il s'appelle désormais Zoolandia. Quand on le décompose, ça signifie"Je suis terre de vie", explique Chems Roc, concessionnaire du parc. Le parc zoologique est un patrimoine forestier naturel. C'est l'un des seuls blocs qui reste naturel. Raison pour laquelle nous avons voulu faire de ce parc un centre de la biodiversité au centre-ville de Brazzaville ».Pourquoi cette réorganisation ? Pour le concessionnaire, il s'agissait de faire renaître un lieu de divertissement pour le public brazzavillois : « Le parc zoologique existe depuis plus de 72 ans, il existe depuis 1952. Il a connu une grande histoire, suite aux évènements douloureux du Congo (guerre civile de 1997, NDLR). Il a été délabré et a perdu une partie de sa faune. Aujourd'hui, après 20 ans, notre mission est de réhabiliter le parc, de lui redonner sa fonction éducative et pédagogique, mais aussi de divertissement pour la jeunesse. »107 espèces animales regroupéesLe long des couloirs, des sièges minutieusement aménagés. De part et d'autre du site, on peut contempler sous bonne garde : un boa, des chacals, des babouins, des antilopes noires, des crocodiles, des autruches. Au total, on y trouve 107 espèces animales, certaines sont là pour la première fois. Au fond du parc, des dromadaires captivent un public important.« Ce qui m'a plus impressionnée, c'est le boa : voir ce serpent ici plus qu'à la télé, ça m'a fait peur. J'ai même peur de dormir ce soir », partage Laudia, 20 ans, visiblement émue. « On voit qu'il y a beaucoup d'animaux et ça nous fait de la joie. On voit également des espaces aménagés pour les enfants, c'est chic. On peut dire qu'il y a innovation », affirme Rose, 22 ans.Au moins 40 agents travaillent sur ce parc qui, dans un bref avenir, pourrait accueillir un lion, selon ses gestionnaires.À écouter dans C'est pas du ventAfrican Parks : protéger quoi qu'il en coûte ...
Au Gabon, la popularité du président de la transition, le général Oligui Nguema, est-elle en train de s'effriter ? « Oui », affirmait hier notre invité, le syndicaliste Jean-Rémy Yama. « Non », répond ce matin François Ndong Obiang, qui est le premier vice-président de l'Assemblée nationale et qui affirme que 70 % des Gabonais soutiennent l'ancien officier putschiste du 30 août 2023. La présidentielle, c'est dans deux mois, le 12 avril, mais aucun poids lourd n'a encore annoncé sa candidature. Que fera le général Oligui Nguema ? De passage à Paris, le premier vice-président de la Chambre répond à Christophe Boisbouvier. RFI : On est à moins de deux mois de la présidentielle et le général Brice Oligui Nguema reste muet sur ses intentions. Est-ce à dire qu'il hésite à être candidat ? François Ndong Obiang : Non, je ne pense pas qu'il y ait d'hésitations. Nous sommes dans les temps. Je pense que s'il a la volonté et la détermination d'être candidat, il annoncera sa candidature dans les jours prochains. Je pense que d'ailleurs cette candidature est souhaitée par le peuple gabonais, parce qu'il a commencé quelque chose qui a été perçu comme un profond changement. Et donc vous pensez qu'il annoncera sa candidature d'ici à la fin de ce mois de février ? Oui, nous sommes à deux mois, nous sommes le 14 février aujourd'hui, il faudra effectivement que, dans les jours qui viennent, monsieur Oligui se prononce sur sa candidature. Alors vous-même, François Ndong Obiang, vous avez appelé à voter « oui » à la nouvelle Constitution, c'était au mois de novembre dernier. Vous êtes député, premier vice-président de l'Assemblée nationale, est-ce que vous soutiendrez son éventuelle candidature ? Oui, nous partageons cette vision. Nous partageons une vision de tranquillité, une vision de prospérité et une vision de rupture apaisée. Vous savez, le Gabon vit une transition spécifique où il n'y a pas eu d'emprisonnement et de chasse aux sorcières, et où le chronogramme qui a été arrêté en septembre 2023 est suivi et respecté. Donc, si nous marchons dans cette voie, je suis prêt à continuer à soutenir cette logique et probablement la candidature de monsieur Oligui quand il se prononcera. Voilà 18 mois que le général Oligui préside la transition. Alors, juste après le putsch, il était très populaire. Mais aujourd'hui, avec les difficultés de la vie quotidienne, avec les pannes d'électricité qui sont nombreuses en ce moment à Libreville, est-ce que vous ne craignez pas que cette popularité s'effondre ?Elle ne peut pas s'effondrer en deçà de 50 % de l'électorat gabonais. Je peux reconnaître effectivement tous les dysfonctionnements sur la SEEG [la société d'électricité - NDLR] qui sont dramatiques, qui sont pénibles pour tous les Gabonais. C'est vrai. Encore que ces problèmes soient là depuis longtemps, la société n'a pas été restructurée. Bon, mais même le bon Dieu a des contradicteurs. Donc, Oligui Nguema, légitimement, devrait avoir des contradicteurs, mais sa popularité ne peut pas être en deçà de 70 % aujourd'hui. On ne peut pas tout faire maintenant, mais ce qui se fait au moins est visible et apprécié par les Gabonais. Donc oui, il peut y avoir des dysfonctionnements avec le courant et l'eau, mais on va réparer tout cela. À lire aussiAu Gabon, la population vit au rythme des délestages d'électricitéÀ la présidentielle d'août 2023, François Ndong Obiang, vous étiez le président de la plateforme Alternance 2023 et donc le premier soutien du candidat Albert Ondo Ossa contre le parti au pouvoir PDG et son candidat Ali Bongo. Or, aujourd'hui, vous êtes aux côtés du PDG pour soutenir le probable candidat Brice Clotaire Oligui Nguema. Pourquoi cette volte-face ?Oh, ce n'est pas une volte-face. Moi, je suis sur mes convictions. Moi, je ne suis pas PDGiste, et je crois que je ne l'ai pas été et que je ne le serai jamais. Mais, par conséquent, on peut avoir des acteurs de ce parti qui sont des hommes convenables et respectables. Donc, si le PDG soutient le candidat Oligui, c'est leur affaire, mais moi, je ne suis pas dans la logique du PDG. Moi, je soutiendrai le candidat Oligui parce que je sais que c'est un homme authentique dont on ne recherche pas l'acte de naissance pendant six jours, qui a une trajectoire scolaire établie et qui a un père et une mère qui sont visibles.À la différence d'Ali Bongo, en fait ?Je ne vous le fais pas dire... Donc, je soutiendrai Oligui pour la vision du bâtisseur qu'il a. Il ne sera pas le candidat du PDG.Au vu des conditions très restrictives de la Charte de la transition et du Code électoral, il y a très peu de figures politiques gabonaises qui seront éligibles ce 12 avril. Est-ce que vous ne craignez pas que le général Oligui se retrouve tout seul comme candidat de poids face à simplement deux ou trois figurants ?Mais il faut justement qu'Oligui ait des candidats contre lui. Il faut que l'élection soit ouverte, sinon on va proclamer autre chose. Bon, attendons voir.Hier, on a entendu sur RFI le syndicaliste Jean-Rémy Yama qui vient de créer son parti et qui semble penser sérieusement à une candidature. Qu'est-ce que vous lui conseillez ? Je lui conseillerai simplement de garder et de conserver ses énergies et de participer à un mouvement collectif qui nous permettrait de capter toutes les capacités qu'il y a de bon dans ce pays pour avancer. Vous lui conseillez de rejoindre la future plateforme pour le candidat Oligui Nguema ?Mais oui, c'est un monsieur courageux. C'est un monsieur qui a souffert dans sa chair. Je pense qu'il ne serait pas bon qu'il se disperse. À lire aussiPrésidentielle au Gabon: «C'est un mauvais signal que le président Oligui soit le candidat du PDG»
En Syrie, les treize années de guerre ont laissé des traces : quelque 300 000 mines et engins explosifs sont disséminés à travers le pays. Depuis la chute du régime, au moins 144 personnes ont été tuées, selon Halo Trust, une organisation internationale spécialisée dans l'enlèvement des mines terrestres, notamment en raison du retour des déplacements. Des équipes de déminage ont commencé la lourde tâche de nettoyer le pays, mais manquent d'effectifs et de soutiens financiers. De notre envoyée spéciale dans la province de Homs, Chaque matin depuis deux mois et la chute du régime, le rituel d'Hassan Talfah est le même. Trouver le point de localisation de l'engin explosif, avant d'enfiler sa tenue, un casque à visière et une veste de protection : « Jusqu'à présent, nous n'avons pas eu d'accident, parce que nous sommes bien préparés. »Le risque est moindre pour ces démineurs de la Défense civile syrienne que pour les habitants du petit village de Buwaydah al-Sharqiyah, situé à 25 km au sud de Homs, longtemps en proie à la guerre. Les combats entre les rebelles et le régime de Bachar el-Assad ont ici, comme ailleurs, laissé leurs legs. Des maisons à terre, des murs criblés d'impacts de balle, et des champs chargés de mines et d'engins explosifs encore actifs.Dans la région, les accidents ont tué ou blessé entre 40 et 50 personnes en deux mois, explique Abdel, l'un des démineurs : « La plupart sont des enfants. Ils pensent que ces mines sont des jouets. Ils s'amusent avec et les font exploser. »À lire aussiMalgré le traité d'Ottawa, les mines antipersonnel font davantage de victimes chaque année« Je m'étonne qu'il y ait encore des mines ici »À l'aide d'un ruban, il balise un champ et d'une pioche, installe des panneaux de prévention. L'explosif est entouré de sacs de sable. Les habitants sont invités à rentrer chez eux. « Allez les gars, on perd du temps, s'exclame Hassan Talfah. Rentrez à l'intérieur, s'il vous plait, je ne peux rien faire exploser tant qu'il y a du monde dehors ! »Depuis sa maison, Houda regarde l'explosion. « J'ai peur pour mes enfants… Je m'étonne qu'il y ait encore des mines ici. Je suis revenue il y a dix jours. Juste avant, ils ont trouvé 35 petits obus en grappe dans mon jardin. Les gars du HTS [le groupe rebelle à l'initiative dans la chute du clan Assad, NDLR] ont enlevé ces 35 obus. Et heureusement, aucune explosion ne s'est produite suite à mon arrivée. » Depuis la chute du régime, avec le retour d'exil des familles et l'intensification des déplacements dans le pays, les accidents se multiplient. Face à l'ampleur de la tâche, la Défense civile syrienne manque de soutien. À Homs, ils sont sept à déminer, 130 dans tout le pays à travailler. Jamais le gouvernement n'a mis en place de programme de déminage. Les nouvelles autorités ne se sont pas encore prononcées.À lire aussiSyrie: Ahmed al-Charaa face à la difficile conciliation des attentes de ses partenairesDes mines qui explosent depuis le début de la guerreLe problème, pourtant, n'est pas récent. Les accidents liés aux engins explosifs datent du début de la guerre. Mahmoud est berger. Il a perdu sa femme et son frère en 2017 et sa jambe porte encore les marques de l'explosion : « Nous étions sur un petit chemin de terre, comme celui-ci. Nous allions rejoindre la route principale, mais après avoir parcouru 100 mètres, une mine a explosé sous notre voiture, se rappelle-t-il. Nous espérons que les choses s'amélioreront, que la Syrie sera totalement nettoyée. Mais malheureusement, nous n'oublierons jamais ce qu'il s'est passé. » Ahmad, son neveu, intervient. Le problème est loin d'être fini, dit-il. « Mon cousin a des moutons ici. Il y a deux semaines, une mine a explosé sur son passage alors qu'il allait les faire paître, raconte-t-il. Quelques jours plus tard, c'était un petit enfant. Il a jeté une pierre sur une mine et celle-ci a explosé. Heureusement, il n'a pas été tué. Mais il a été gravement blessé aux yeux. »Ici, tout le monde a une histoire à raconter. Des voisins, des amis, des enfants cibles de mines encore cachées. La guerre est peut-être terminée. Ses victimes, elles, n'ont pas fini d'être comptées.À lire aussiSyrie : après la chute de Bachar al-Assad, la difficile unification du pays
Deuxième ville du Congo, capitale économique d'où est extrait le pétrole, Pointe-Noire a un réseau routier dévasté. Pour le réaménager, les autorités ont lancé un vaste chantier début 2024. Mais, un an après leur démarrage, les habitants affirment que les travaux n'avancent pas. Le gouvernement évoque, lui, « des temps économiques durs ». De notre correspondant à Brazzaville,Nous sommes à quelques mètres de l'hôpital Congo-Malembé, dans le troisième arrondissement de Pointe-Noire, au Congo. Le véhicule qui nous embarque sous une fine pluie, qui prend de l'ampleur au fur et à mesure, traverse une zone pleine de nids de poules. Il débouche sur une voie dégradée, qui relie les quartiers du deuxième et du quatrième arrondissement. La voie est bloquée en partie par des travaux qui, visiblement, n'avancent pas, mais provoquent la colère des habitants.« Rien ne se fait. Je ne serais pas surpris de constater qu'il n'y aura jamais rien d'entrepris. Je ne sais pas si vous avez pris le temps de parcourir la ville, mais il n'y a plus d'avenues [praticables]. Tout est en lambeaux. Parfois, on prend un tracteur ou une niveleuse, on va la déposer quelque part pour montrer que les travaux ont commencé. Mais non, ça ne commence pas », dénonce cet habitant qui ne décolère pas.Plus loin, au bord d'une route, Junior, qui a arrêté momentanément de travailler, s'abrite sous le parapluie d'une vendeuse qui propose des beignets. Il cite pêle-mêle les routes qui nécessitent une cure de jouvence. « Prenons un peu la route de la ligne 8 [empruntée par les bus, NDLR], c'est tellement de gaspillage. Siafoumou, c'est la même chose. La route de Ngoyo, également. Finalement, nous les Congolais, où allons-nous circuler ? », interroge-t-il.Ses collègues chauffeurs n'ont pas grand espoir quant à la fin des travaux d'aménagement d'une ville dans laquelle pourtant coule l'or noir. « À Pointe-Noire, les routes n'ont plus l'image d'avant. Elles sont dégradées. Donc, on attend. Il n'est pas facile de circuler à Pointe-Noire. C'est difficile. Je suis chauffeur et chaque fois la suspension et les roues de la voiture se gaspillent. Voilà pourquoi nous demandons au gouvernement d'arranger les routes », dit l'un d'entre eux.« Le gouvernement nous a promis un changement, qu'il va y avoir des routes, qu'il va arranger les routes. Mais, jusque-là, je ne suis pas sûr qu'il va le faire », affirme un autre. Selon un officiel à Pointe-Noire, il est trop tôt pour évaluer les travaux en cours. Le gouvernement a lui promis de « faire beaucoup avec peu », en évoquant la crise économique actuelle.À lire aussiÀ Brazzaville, ces jeunes contraints d'étudier sous les lampadaires mis en lumière dans une exposition
À la fin des années 1950, la France a mené au Cameroun une « guerre » marquée par des « violences extrêmes », affirme un rapport d'historiens français et camerounais, qui a été remis le mardi 28 janvier 2025 à Yaoundé au président camerounais Paul Biya. Y a-t-il eu des avancées sur les circonstances de la mort de l'indépendantiste Ruben Um Nyobé et sur les commanditaires de l'empoisonnement de son camarade Félix Moumié ? Quelles suites attendre de ce rapport ? Karine Ramondy est l'une des 14 autrices et auteurs de ce document de plus de 1 000 pages. Elle répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Pourquoi dites-vous que la France a mené une «guerre totale » au Cameroun ? Karine Ramondy : Déjà, on commence par dire que la France a mené une « guerre » au Cameroun. Une guerre de décolonisation. C'est déjà poser quelque chose qui ne va pas de soi, surtout en France où cette page d'histoire est relativement méconnue, même s'il y a eu déjà des ouvrages fondateurs sur cette question. Pourquoi une « guerre totale » ? Parce qu'on part évidemment du constat qu'il y a eu véritablement des violences répressives qui ont été exercées par les autorités coloniales et l'armée française, avant et après l'indépendance, et que ces violences se sont peu à peu inscrites dans ce qu'on appelle la doctrine de la guerre révolutionnaire, qui pratique donc un certain nombre de violences physiques, psychologiques, des violences collectives, des déplacements forcés de populations.Pourquoi déplace-t-on les populations ? Parce qu'une population regroupée, c'est une population qui est coupée de ses bases familiales, claniques. Et ça permet aussi, quand on regroupe les populations, de mieux les contrôler et d'avoir une véritable action psychologique sur ces personnes.Le 13 septembre 1958, Ruben Um Nyobé est abattu dans le maquis. Ses carnets personnels sont alors saisis par l'armée française, mais depuis, ils sont introuvables. Est-ce que vous avez pu en savoir plus ? Alors, écoutez, oui, parce qu'évidemment, on savait qu'il y avait une très forte attente sur ces carnets. Nous avons vraiment retourné toutes les archives [militaires] de Vincennes pour retrouver ces carnets. Nous n'avons malheureusement pas pu retrouver ces carnets. Par contre, là où nous avons fait une véritable avancée, me semble-t-il, c'est que ces fameux carnets, qui ont été retranscrits par Georges Chaffard dans son ouvrage Les Carnets de la décolonisation.Le journaliste Georges ChaffardTout à fait. Et nous avons découvert qu'il y a eu très clairement une correspondance entre Lamberton, le lieutenant-colonel Lamberton,Donc l'un des chefs de la répression françaiseTout à fait, entre Lamberton et Georges Chaffard, à qui Lamberton aurait donc fourni une recopie de ces carnets. Ce qui signifie donc, en fait, qu'on a progressé sur la traçabilité de ces carnets.À partir de 1958, vous dites que, côté français, la répression au Cameroun est également supervisée à Paris par Jacques Foccart, le conseiller spécial du général De Gaulle. Qui a donné l'ordre de tuer par empoisonnement Félix Moumié, ce sera le 3 novembre 1960 à Genève ?Là encore, les ordres ne sont jamais écrits, ou très rarement. Donc on a pu retracer une chaîne de commandement hypothétique, mais qui est réelle, dans le sens où, en fait, on voit très bien comment cette chaîne de commandement a pu se mettre en place, tout simplement parce que nous avons eu aussi accès à des archives, qui étaient jusqu'alors classifiées, sur William Bechtel, qui était l'agent du SDECE [Service de documentation extérieure et de contre-espionnage - NDLR], qui a donc empoisonné Félix Moumié à Genève quelques jours avant son décès, le 3 novembre, comme vous l'évoquiez.C'est assez intéressant parce que ces archives nous ont permis de creuser sur le portrait de cet agent qui apparaissait comme un simple honorable correspondant au départ. Mais là, on s'aperçoit que c'est vraiment un cador du renseignement et quelqu'un d'extrêmement introduit, protégé, qui a même pu peut-être laisser beaucoup de preuves derrière lui car il savait qu'il ne serait absolument pas inquiété.Alors, vous écrivez qu'il s'agit d'un assassinat politique impliquant la responsabilité du gouvernement français. Est-ce que Foccart est dans le coup ? [Rires] Oui.À l'origine de ce rapport, que vous avez rédigé avec vos 13 collègues camerounais et français, il y a une initiative du président français Emmanuel Macron. Aujourd'hui, qu'attendez-vous de lui ? Des suites. Nous lui avons formulé un certain nombre de recommandations. C'est une reconnaissance effective de certains faits par des discours, par une lettre. Il y a aussi une très forte demande pour inscrire cette page d'histoire totalement méconnue, ou très peu connue, dans les programmes scolaires. C'est une évidence.Alors du côté du Manidem d'Anicet Ekane, qui est l'un des partis qui se revendiquent de l'héritage de l'UPC de Ruben Um Nyobe, on dit que « les Camerounais ne peuvent pas demander au bourreau de faire le bilan de son œuvre » et que l'initiative mémorielle d'Emmanuel Macron vise en fait à disculper la France de ses responsabilités.Je dirais que les historiens n'ont pas de nation. Ils travaillent en objectivité sur des archives et, pour la plupart d'entre nous, nous ne nous sommes pas illustrés pour avoir réalisé des travaux qui étaient à l'éloge « des bourreaux », pour reprendre vos termes. Donc, je pense que, si on veut considérer qu'aujourd'hui, en France, des historiens français ne peuvent pas écrire cette histoire avec objectivité, c'est faire injure à notre expertise.
Les autorités ont instauré un couvre-feu mercredi 20 et jeudi 21 novembre 2024 en Irak, pour faciliter une opération historique de recensement de la population. Le premier d'une telle ampleur depuis 1987. Une entreprise particulièrement sensible, dans un pays ravagé par des années de guerres et de déplacements forcés de population. Pour la minorité yézidie de la montagne du Sinjar, qui a fui les persécutions de l'État islamique en 2014, et dont plusieurs centaines de milliers de ses membres vivent toujours dans des camps de déplacés au Kurdistan irakien, ce recensement soulève la crainte d'être à jamais séparés de leurs terres ancestrales. De notre envoyé spécial à Duhok, Dix années ont passé depuis le génocide des Yézidis par le groupe terroriste État islamique. Mais les milliers de tentes blanches du camp de Charia au Kurdistan irakien n'ont pas bougé. Comme Salim, 30 ans, ils sont plusieurs milliers de déplacés yézidis à subsister dans cet univers précaire de plastique et de poussière. À l'approche du recensement irakien, le jeune homme témoigne de sa confusion : « Concernant ce recensement, la population du camp est complètement négligée. On ne nous a rien expliqué, le système n'est pas clair. Nous ne savons pas comment répondre aux questions et comment elles pourront nous profiter, alors que tout ce que nous souhaitons c'est que nos droits soient respectés. Nous ne voulons ni plus, ni moins que cela. »Salim est inquiet. Il ne souhaite pas être recensé comme un déplacé au Kurdistan, mais comme un habitant du Sinjar : la région montagneuse et largement détruite par la guerre qu'il a dû fuir, mais où il souhaite retourner un jour. En effet, le décompte sera utilisé pour calculer les budgets alloués à chaque province d'Irak : « Le gouvernement va profiter de notre situation difficile pour exploiter les résultats du recensement et priver les Yézidis de leurs droits dans de nombreux domaines. La répartition du budget et le développement des projets publics, ainsi que la distribution des services, seront basés sur ces résultats. La reconstruction des écoles ou des hôpitaux du Sinjar en seront affectés. Pour moi, c'est la poursuite du génocide, toujours en cours au Sinjar. »Le Sinjar, un lointain espoirDans son bureau du centre culturel Yézidi de la ville de Duhok, le docteur Faris Koti – figure respectée au sein de la communauté – ne cache pas son inquiétude quant à l'organisation du recensement dans ces conditions : « Notre principale préoccupation concerne le bouleversement démographique de la région. La population principale du Sinjar, ce sont les Yézidis, ils pourraient être remplacés par les Arabes tant que le peuple Yézidi n'y est pas retourné. Aujourd'hui, 250 000 personnes vivent toujours dans les camps de déplacés. Elles ne peuvent pas retourner au Sinjar, là d'où elles viennent. La situation est trop instable pour organiser un tel processus au Sinjar. »Les déplacés Yézidis sont en effet prisonniers des tensions politiques entre les gouvernements kurdes et irakiens, qui se rejettent la responsabilité de leur retour au Sinjar. Dans ces conditions, le recensement pourrait diminuer la voix déjà fragile des Yézidis au sein des institutions. « Cela aura aussi un effet sur l'attribution du nombre de sièges pour le Sinjar, poursuit le docteur Koti. La représentation des Yézidis au Parlement sera diminuée si elle est basée sur ces résultats. »Pour Layla, 27 ans, et elle aussi déplacée du Sinjar depuis 2014, les enjeux et les résultats de ce recensement risquent au fond de repousser encore un peu plus le retour des Yézidis dans leurs villages d'origine : « Je crois que le gouvernement va tirer parti du recensement contre les Yézidis parce qu'ils n'ont pas de solutions alternatives. La région a souffert de la guerre bien plus qu'aucune autre en Irak. Pourtant, aucun effort n'est déployé pour la reconstruire. Alors qu'à Mossoul, ou d'autres endroits détruits par Daech [l'acronyme en arabe du groupe terroriste État islamique, NDLR], les autorités développent des projets. Rien au Sinjar. »À lire aussiAu Kurdistan irakien, les peshmergas s'alarment d'une autonomie kurde en péril
Au Gabon, nous sommes à J-2 avant le référendum constitutionnel prévu samedi 16 novembre. Les partisans du « oui » et du « non » ont labouré le terrain depuis près de dix jours pour tenter de convaincre les électeurs de voter pour leur point de vue. Le Premier ministre et coordinateur national de la campagne pour le « oui » est le Grand invité Afrique de ce matin. Raymond Ndong Sima explique pourquoi les Gabonais devraient voter « oui » dans deux jours et tente de rassurer les tenants du « non ». Il répond aux questions de Esdras Ndikumana. RFI: Raymond Ndong Sima, pourquoi, selon vous, cette Constitution est-elle bonne pour le Gabon ?Raymond Ndong Sima : En premier lieu, nous sommes dans une situation transitoire depuis maintenant 14 mois et qu'il faut bien sortir de la transition pour aller vers une situation normale. Or, je rappelle que la Constitution qui est en vigueur, lorsque les militaires prennent le pouvoir le 30 août [2023, NDLR], est une Constitution de 2023 qui comportait un ensemble d'anomalies, pour ne pas dire d'infamies, comme on a pu le voir à l'occasion des élections où le président de la République était maintenant candidat en ticket avec chacun des députés. Donc, oui, c'est une Constitution qui est bonne, il faut bien en sortir.Quelles avancées portent-elles ?Les avancées, il y en a un certain nombre. Certaines concernent directement les précisions qui ont été apportées sur les conditions à remplir par les différents candidats. D'autres portent sur l'organisation du pouvoir lui-même en tant qu'architecture générale de l'État. Je pense qu'il y a un certain nombre de points que les spécialistes ont énumérés. Si on les prenait un à un, on verrait exactement à quoi ça correspond.L'une des dispositions les plus controversées de ce projet de Constitution est celle qui instaure un régime présidentiel jugé très fort. Les partisans du « non » parlent de l'intronisation d'un monarque au pouvoir. Quelle est votre réaction ?Je suis mal à l'aise sur ce point précis pour la raison très simple que je suis Premier ministre en fonction et que ce point-là, précisément, conduit à la suppression du poste de Premier ministre. Mais vous savez, on ne discute pas des affaires de l'État pour son compte personnel. On en discute dans le sens de l'intérêt général. Je rappelle que deux de mes anciens prédécesseurs à la fonction du Premier ministre ont indiqué que, pour eux, il fallait supprimer la fonction de Premier ministre parce que celui-ci avait des pouvoirs fictifs, donc il valait mieux établir une clarté dans la liaison entre les pouvoirs décrits et les pouvoirs exercés. Donc, dès lors que le plus gros des personnes qui sont concernées se prononcent en faveur de quelque chose, je ne vois pas pourquoi je m'y opposerai.Mais sur la question précise de l'intronisation d'un monarque au Gabon, qu'est-ce que vous répondez ?Je voudrais bien qu'on me montre ce qu'on appelle le monarque intronisé. Lorsque l'on prend les dispositions de la Constitution qui était jusque-là, nous avions un président de la République qui définissait la politique de la Nation et un Premier ministre qui conduisait cette politique. Mais, en pratique, nous avions un président de la République qui était président du Conseil supérieur de la magistrature – ce n'est pas une nouveauté –, nous avions un président de la République qui avait à son actif la possibilité de nommer un Premier ministre et de le révoquer – admettons –, ce n'est pas une nouveauté. Quelle est aujourd'hui la différence avec ce qui se passait ? Je vois qu'il n'y a pas de très grande différence. Je pense qu'on est en train de faire des jeux de mots, mais la réalité est que le président de la République disposait déjà de tous les pouvoirs qu'il a aujourd'hui et qu'on clarifie purement et simplement.Le président peut par exemple dissoudre l'Assemblée, mais le Parlement n'a que la haute trahison comme moyen de pression contre lui. Est-ce que ce déséquilibre des pouvoirs n'est pas dommageable ?Écoutez, tous les cas de figure sont dommageables. On peut imaginer que telles situations soient dommageables. Moi, j'ai indiqué - si vous m'avez écouté dans mes interventions dans la campagne - clairement que nous sommes dans un cas de figure où il faut prendre une décision à un moment donné. Nous verrons bien, dans la pratique, si ça pose des problèmes, comment on fait pour revenir dessus. En effet, on peut avoir le sentiment que le président disposant de la possibilité de dissoudre d'un côté et le Parlement n'ayant pas la possibilité de le destituer de l'autre, ça crée un déséquilibre, c'est une possibilité. Est-ce que pour autant on a un monarque ? Je ne sais pas.Alors, pour soutenir le choix pour le « non », les partisans du rejet regrettent la concentration des pouvoirs entre les mains du chef de l'État. La justice, par exemple, va rester sous son contrôle. Que leur répondez-vous ?Vous savez, le processus qui a été conduit pour arriver au point où nous sommes, on l'a lancé en octobre 2023 en demandant aux uns et aux autres d'apporter des contributions sur le diagnostic de la situation du pays et sur les solutions qu'ils proposaient pour corriger les déséquilibres qui apparaissaient. Je rappelle que ce processus, qui s'est déroulé pendant deux mois, a été suivi ensuite d'un dialogue national. Je pense que les arguments qu'ils invoquent maintenant, ils auraient dû les présenter au moment du dialogue national.Et contre le fait que c'est, au final, le président Brice Oligui Nguema qui a choisi les éléments qui devaient rentrer dans la Constitution.En fait, à qui faites-vous allusion quand vous dites les adversaires de cette...Ceux qui prônent le « non ».J'entends beaucoup de critiques et cetera, mais je rappelle qu'un débat a eu lieu pendant un mois à Angodjé, sur différents aspects, sur les questions constitutionnelles et cetera. Je n'ai pas entendu qu'ils ont déposé ces arguments à ce moment-là. Ensuite, lorsque le débat a eu lieu à l'Assemblée nationale, lorsque le texte a été transmis au Parlement en congrès, il y a eu beaucoup d'auditions là-bas. Est-ce qu'ils ont fait valoir les arguments à cet endroit ? Je ne sais pas très bien.Est-ce que finalement le Gabon ne court-il pas le risque de connaître les mêmes travers que sous le régime déchu, les mêmes causes produisant les mêmes conséquences ?Oui, c'est possible. C'est toujours possible, dans tous les cas de figure au monde, qu'on retrouve les mêmes travers. Mais est-ce que nous pouvions rester dans une position transitoire infinie ? La question, c'est : quelle est la contre-proposition qui a été faite ? Vous savez quel est le grand théorème de l'impossibilité d'agrégation ? Quand on a un texte qui fait 175 articles, est-ce que vous croyez qu'on peut tomber d'accord : la totalité des gens, les citoyens de ce pays, sur les 175 articles ? À un moment donné, il faut bien sortir de la transition. Et c'est vrai qu'il y a des points qui peuvent poser problèmes, mais dans la pratique, on verra comment ils vont se déployer, comment ils vont se dérouler. Autrement, on resterait sur place. Et moi, je considère que, à un moment donné, il faut sortir de la boucle dans laquelle on se trouve. On est dans la boucle transitoire, il y a des propositions qui sont faites, il y a beaucoup de choses qui ont été modifiées, assouplies. Je vous rappelle les questions sur la nationalité, je vous rappelle les questions sur les aspects fonciers. Je n'ai pas le texte en entier sous les yeux, donc je peux ne pas me rappeler tous les détails. Donc, je pense que dans une situation donnée, il faut accepter d'aller au débat et considérer, à un moment donné, qu'on ne peut pas avoir raison sur tous les points. Et il faut prendre date de bonne foi sur le fait qu'on arrive dans une position et on verra bien à la pratique comment ça évolue.L'ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze qualifie cette Constitution de « texte d'exclusion ». Il cite notamment la question de la limitation d'âge de 35 à 70 ans pour être candidat à la présidentielle ou encore l'impossibilité pour les descendants d'un chef d'État d'être candidat. Votre réaction ?Bon, je pense d'abord que Bilie-By-Nze est, à mon avis, de tous les Gabonais, celui qui peut le moins s'exprimer sur ces questions tellement sensibles. Je rappelle que monsieur Bilie-By-Nze était, l'année dernière, Premier ministre. Quand on a été à ce point un fossoyeur de la République, en signant, en année électorale, à quelques semaines de l'élection, une loi portant modification des dispositions des conditions de l'élection, on se tait ! On ne parle pas ! C'est ça qu'il devrait faire. Monsieur Bilie-By-Nze est en liberté par la magnanimité de mon gouvernement qui devrait le poursuivre, mais qui a choisi l'apaisement parce qu'on aurait pu le poursuivre pour atteinte, pour forfaiture et violation des lois. Ils ont violé la loi. La loi disait qu'on ne peut pas modifier le Code électoral en année électorale et il a contresigné ça, ça porte sa signature ! Alors, il n'est pas bien placé pour venir nous donner des leçons. Je suis désolé.Est-ce que le camp du « oui » n'a pas bénéficié d'un certain avantage durant la campagne, au vu des tournées du président de transition, de ses ministres, avant son début ?Ça, c'est une question que je trouve à la fois, je dirais, logique. Nous sommes dans un gouvernement de transition qui s'est engagé à sortir de là par une restauration des institutions. La logique même veut que l'on propose un texte qui est, dans l'ordonnancement, un des éléments qui permet de revenir à l'ordre normal. Comment le gouvernement peut-il à la fois être en train de travailler pour revenir à l'ordre normal et ne pas porter ce texte là sur la place publique ? Si le président en exercice, qui est un président de la transition, ne porte pas lui-même, dès le départ, les textes qui lui permettent de justifier la parole qu'il a donnée de revenir à la normalité, qui peut le faire ? Et je suis en train de faire en sorte que nous ayons un corpus de texte qui nous permet de sortir de cette transition. Voilà ce qu'on fait. Il y a des malfaçons dedans, il y a des choses. Mais, au final, l'objectif, c'est d'être sorti de là dans un délai raisonnable.Vous avez évoqué le président de transition. Le général Oligui Nguema a dit ne pas vouloir de Constitution taillée sur mesure. Mais est-ce que ce n'est pas le cas ? C'est ce que certains disent.C'est un des traits particuliers de la démocratie : chacun a besoin de dire ce qu'il pense, et je crois que c'est une question d'appréciation personnelle. Oui, effectivement, les gens peuvent dire que c'est une Constitution qui est taillée sur mesure. Non, d'autres disent que ce n'est pas le cas. Nous verrons bien à la pratique. Mais je rappelle, tout à l'heure, quand vous évoquiez l'une des personnes qui est opposée, qui indique que le président, il y a discrimination par rapport aux fils de président, il ne faut pas vouloir une chose et son contraire. On ne peut pas vouloir à la fois éviter qu'un système monarchique ne s'installe et s'opposer à ce que les gens ne mettent pas une barrière à ce que les fils de président ne soient pas candidats, ou les filles de président et cetera. Il y a quand même une contradiction là-dedans.Vous venez de donner aux Gabonais deux jours, jeudi et vendredi, fériés, payés et récupérables. Est-ce à dire que vous craignez un faible taux de participation ?Oui, et il y a des raisons d'avoir un faible taux de participation, de façon mécanique. Je vais vous expliquer ça. Lorsque nous avons fait les élections présidentielles l'année dernière, les élections ont eu lieu au mois d'août, et les Gabonais et les Gabonais se sont enrôlés sur les listes électorales en prévision de ce que les élections se passeraient pendant qu'ils sont en vacances avec leur famille dans leur province d'origine. C'est ce que la plupart des gens font. Tout le monde sait qu'à partir de la fin du mois de juin, fin juin, les gens s'en vont dans leur province. Or, cette année, l'élection a lieu alors que l'année scolaire a démarré il y a deux mois et la saison des pluies commence à battre son plein et, par conséquent, il y a effectivement des problèmes de mobilité. Ce qui veut dire que les gens, pour aller chez eux, voter, ont besoin d'un peu de temps pour circuler. Donc oui, il peut y avoir une abstention qui serait tout à fait mécanique parce que les gens ne sont pas en vacances, ils sont à leur lieu de travail, que les enfants sont à l'école, et qu'il sera beaucoup plus difficile à tous les pères et mères de famille de se déplacer alors que ça aurait été différent si on avait fait l'élection pendant la période de vacances. Mais vous voyez bien aussi, que si on avait retardé pendant les mois de vacances, on aurait attendu le mois d'août prochain pour faire la partie concernant ce référendum, ça retarderait d'autant la période de retour potentielle à la normalité. Alors, il faut choisir, à un moment donné, l'un des handicaps.Quel est votre objectif en termes de participation qui serait un véritable indicateur de l'adhésion de la population au projet ?Mon objectif est que le « oui » l'emporte massivement.Est-ce qu'il y a un chiffre ?Aujourd'hui, la population de base, elle cherche qui sont les adversaires. Les gens sont habitués à s'engager à une élection parce qu'il y a deux protagonistes qui sont là. Là, on a un texte. Les populations de l'arrière-pays n'ont pas forcément une vision très claire de ça. Je pense qu'il pourrait y avoir, de ce fait-là, une partie de la population qui ne se mobilise pas nécessairement. Moi, je viens de vous donner la première raison qui est mécanique. Donc, si vous me demandez un taux, je ne suis pas capable de vous donner un taux. Certains s'aventurent dessus, moi, je ne m'aventure pas. Ce que je veux, c'est une victoire nette. Je conduis le camp du « oui », j'ai besoin de gagner nettement, voilà.Alors, vous étiez ces derniers jours en campagne à Port-Gentil, la deuxième ville du pays, et à Franceville. Quel accueil vous a été réservé dans ce fief des Bongo ?J'ai été très bien accueilli à Franceville. J'ai été très bien accueilli partout. Bon, je rappelle que, en premier lieu, nous avons eu des mobilisations limitées dans la mesure où il s'agissait pour moi d'aller rencontrer les coordinations de chacune des provinces, coordination de campagne dans chacune des provinces, pour les rebooster, pour les relancer, disons les pousser à se déployer sur le terrain, et leur demander de s'impliquer dans un travail de proximité, c'était ça.Si la Constitution est adoptée massivement, les élections de fin de transition, est-ce qu'elles doivent être avancées ou est-ce qu'elles doivent être maintenues à août prochain ?Personne n'a jamais dit que les élections auraient lieu au mois d'août. Je voudrais rappeler que c'est moi qui ai décliné au mois de septembre, à New York, que nous nous étions donnés une date moyenne de 24 mois, en partant d'août 2023, sans forcément nous amener à août 2025. On peut être légèrement avancé ou légèrement après. Si nous terminons de faire le référendum, on verra bien à quel moment nous réunissons les autres conditions pour faire les autres élections qui permettent de mettre en place les différentes institutions. Août 2025, ce n'est pas une date marquée dans le marbre pour moi, c'est un objectif de date. L'essentiel, c'est que, comme on le voit depuis un an et deux mois, nous sommes dans un calendrier, on tient le tempo. À écouter aussiNouvelle Constitution gabonaise: «Les autorités ont pris en compte un certain nombre de points clivants»
Fin 2023, le Congo-Brazzaville a subi les pires inondations de son histoire récente. Les cours d'eau sont sortis de leur lit dans des proportions inédites, provoquant des dégâts considérables : 1,79 million de personnes ont été affectées, un Congolais sur 12 a eu besoin d'une assistance humanitaire. La Likouala, département le plus éloigné de la capitale, fut aussi le plus touché. Les envoyés spéciaux de RFI s'y sont rendus en septembre 2024 avec une équipe de l'Unicef. Pour rejoindre les rives de l'Oubangui dans le département de la Likouala, au départ de Brazzaville, il faut d'abord rouler sur 800 km jusqu'à Ouesso, à la frontière camerounaise, traverser la rivière Sangha sur le bac, puis emprunter durant six heures une route carrossable de latérite rouge à travers la forêt équatoriale.De Bétou, certains villages sont atteignables par la route. Pour d'autres, c'est la pirogue, comme Ikpengbele, où lors des précédentes inondations, l'eau a tout envahi. « On pouvait sillonner le village en pirogue, raconte Bongo Abdoulaye, son chef. On n'avait pas connu de telles inondations ici depuis 1953. Nos parents ont perdu leur bétail à l'époque. Nous, on a grandi sans connaître ce genre de catastrophe. Puis en 2019, on a connu des grandes inondations et depuis, chaque année, 2020, 2021, 2022, 2023, nous subissons les inondations. Et vu le niveau actuel [en septembre 2024, NDLR] nous sommes sûrs que nous allons encore être inondés cette année. »La dernière fois, les eaux de l'Oubangui ont mis plus d'un mois et demi à se retirer. Durant plusieurs semaines, beaucoup d'habitants n'ont eu d'autre choix que de se réfugier en forêt, comme Jean-Faustin Massimo, ses deux épouses et leurs onze enfants : « On y a passé un mois et vingt jours. Nous avons construit des petites bicoques dans les collines. C'était très douloureux, on n'avait pas de lit, pas de bâches. On était sous la pluie, avec les moustiques, les serpents, les nuisibles, les scorpions... Les enfants dormaient sous la belle étoile, et nous n'avions rien pour les couvrir. »43 000 élèves privés d'école dans tout le CongoDes enfants privés d'école pendant des semaines. Selon l'Unicef, la scolarité de plus de 43 000 élèves a été interrompue dans tout le Congo pendant les inondations l'an dernier.Sur le plan sanitaire, près de 480 000 habitants dans tout le Congo ont eu besoin d'une aide immédiate pour avoir accès à de l'eau potable, comme dans le quartier Ca mètre de Bétou où la montée des eaux a rendu inutilisable le puits devant lequel se trouve le Dr Hermann Didi Ngossaki, responsable santé à l'Unicef Congo. « Il y a eu de la boue, des matières fécales, des débris qui sont entrés dedans, détaille-t-il. Le temps de réhabiliter, il a fallu distribuer des pastilles de chlore et montrer comment potabiliser l'eau pour éviter au maximum les maladies. »Depuis, le puits a été curé, surélevé. Georges Nikoué, en est désormais le président du comité de gestion. Il se dit marqué par le souvenir de l'eau arrivée au niveau de sa hanche dans sa maison : « J'ai perdu des documents précieux, des livres que m'avaient transmis mon père. » Pour autant, il n'envisage pas de s'installer ailleurs : « C'est là où moi je suis né. Je veux rester. Il faut qu'on lutte contre ces inondations, en canalisant la ville ou le quartier. »Inquiétude à l'approche d'une nouvelle saison des pluiesDans les eaux de l'Oubangui, encore calmes en cette matinée de septembre, des habitants se lavent et font leur lessive. Marème Bemba, animatrice de l'ONG EEA (Eau et assainissement pour l'Afrique) observe pourtant la scène avec inquiétude. « Vous voyez la femme-là ? Elle a l'eau jusqu'à mi-cuisses. Alors qu'il y a trois mois encore, là où elle est, il n'y avait pas d'eau », souligne-t-elle.Un peu plus loin, des bateliers chargent un navire de transport de marchandises sous le regard du chef du port de Bétou : « Malheureusement, on n'a pas d'échelle d'étiage pour mesurer le niveau de l'eau, ici. Il n'y en a qu'au niveau d'Impfondo [chef-lieu du département de la Likouala, NDLR]. » Un autre habitant, commerçant connu localement sous le nom de Koumerou, est catégorique : « Nous sommes nés à Bétou, nous avons grandi ici. Chaque matin, on voit comment l'eau monte. L'eau est déjà trop haute. Quand les pluies vont arriver, ça va recommencer. Nous serons inondés. » Pour lui, l'aide apportée par les autorités et les ONG l'an passé est insuffisante : « On nous apporte le riz, les éponges, mais cela ne nous protège pas. Nous avons besoin d'engins, pour construire des canaux, des dérivations. »Une prise de conscience à l'échelle nationaleCe que les habitants observent à l'œil nu au bord de l'Oubangui, Alain Loumouamou le confirme. Chef du bureau études, recherches et applications à la direction de la météorologie du Congo, il revient du 19è forum de prévisions climatiques d'Afrique centrale organisée en septembre à Douala, au Cameroun. Il plaide pour la mise en place d'un système d'alerte précoce dans tout le pays : « Il faut qu'il y ait des instruments météo qu'il faut installer dans les départements comme des pluviomètres, un système de bornage, des balises pour vérifier la montée des eaux. Dans le département de la Likouala, il est prévu pour octobre, novembre, décembre, des conditions de précipitations au-dessus de la normale saisonnière. Il est probable de vivre les mêmes scénarios que l'année 2023. Avec l'augmentation de la température aujourd'hui liée au changement climatique, nous ne serons jamais épargnés par ces phénomènes naturels. »Une prise de conscience accélérée par l'ampleur des inondations de l'an dernier. Dans la Likouala, les autorités locales encouragent les habitants à s'éloigner des rives.Les acteurs humanitaires se préparent aussi pour ne pas être pris de court. Au niveau gouvernemental, à Brazzaville, Marie-Cécile Mboukou Kimbatsa, ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et de l'Action humanitaire, parle d'une réflexion à mener à plus long terme. « Nous ne pouvons plus nous projeter dans la résilience, nous nous projetons dans l'adaptation, assure-t-elle. Il faut réfléchir sur l'habitat, sur le type de pratiques agricoles que nous allons mettre en place dans ces zones-là puisque les populations ne veulent pas se déplacer. Il faut que nous puissions mettre en place des infrastructures sanitaires, d'éducation pérennes et que nous puissions canaliser les eaux pour permettre d'assécher les zones d'habitation. Mais tout cela nécessite de très gros investissements. Ce ne sont pas des investissements qu'un État puisse supporter seul. »Faute de solutions à court terme, la résignation des plus modestesRetour dans la Likouala. À Boyélé-Port, à deux heures et demie de route au sud de Bétou, le chef de village Sylvestre Doli se prépare à appeler les habitants à évacuer. « Le réchauffement climatique, nous en entendons parler. Nous ne comprenons pas profondément ce que c'est. Mais nous constatons qu'au moment où il devrait faire moins chaud, il fait plus chaud. Au moment où il ne devrait pas pleuvoir, il pleut abondamment et nous, nous perdons des cultures. Nous subissons, mais nous n'avons pas la solution », résume-t-il.Plusieurs habitants de la Likouala racontent que depuis les inondations de fin 2023, les enfants se mettent à pleurer quand la pluie tombe. Léonie Niamazongo, 62 ans, se dit elle-même très marquée par la crue de l'an dernier, mais résignée. « La dernière fois, quand l'eau est montée et qu'on a dû partir, on s'est d'abord débrouillé avec les tubercules de manioc qu'il nous restait, puis nous avons utilisé nos économies pour faire manger les enfants, raconte-t-elle. Et puis, au bout d'un moment, il n'y avait presque plus rien. J'ai huit enfants et vingt petits-enfants. Depuis les inondations de l'an dernier, j'ai mal au ventre, je me sens tendue. Quand je vois les eaux remonter, mon cœur bat très vite. »
