Podcasts about Conakry

Capital and chief port of Guinea

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Conakry

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7 milliards de voisins
Comment vont les profs ? Salaire, conditions de travail, considération...

7 milliards de voisins

Play Episode Listen Later Oct 1, 2025 48:30


Ils sont près de 100 millions dans le monde, leur rôle est jugé essentiel par les institutions internationales, pourtant la profession d'enseignants souffre d'une grave crise de vocations. Selon l'Unesco, le taux d'enseignants démissionnaires a doublé en 7 ans, pour atteindre 9% en 2022. En France, le nombre de candidats au concours pour le secondaire a diminué de trois quarts depuis 1990. En cause, des salaires insuffisants, des classes surchargées, un manque de matériels, des réformes à répétition, un manque de considération qui poussent les enseignants à questionner le sens de métier. Il manque 44 millions d'enseignants, d'ici 2030 pour garantir l'accès universel à l'éducation primaire et secondaire, ce qui rend le sujet de la revalorisation de la profession d'autant plus cruciale. Comment résoudre la crise de confiance entre les enseignants et les décideurs politiques ? Comment améliorer leurs conditions de travail ?   Avec : • Jérémie Fontanieu, professeur de Sciences économiques et sociales au Lycée Eugène Delacroix de Drançy en Seine-Saint-Denis. Auteur du livre Le mythe du prof-héros (Les liens qui libèrent, 2025). Porte-parole du collectif Réconciliations • Borhene Chakroun, directeur de la Division pour les politiques et les systèmes d'apprentissage tout au long de la vie de l'UNESCO • Jolino Malukisa, directeur du pilier gouvernance à l'Institut congolais de recherches Ebuteli. Chercheur associé à l'Université d'Anvers en Belgique. En première partie de l'émission, l'École autour du Monde avec Camille Ruiz, correspondante à Séoul, en Corée du Sud. Avec 56,2%, des adultes de 25 à 64 ans titulaires d'un diplôme, le pays conserve sa première place mondiale en matière de diplômés pour la 17ème année consécutive.    En fin d'émission, la chronique Un parent, une question et les conseils du psychologue Ibrahima Giroux, professeur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Aujourd'hui, il répond à la question d'El Mohammed, directeur d'école à Conakry en Guinée qui s'inquiète pour une de ses élèves très timide.     Programmation musicale : ► A deux – Aupinard  ► Djilon – Victor Démé.

7 milliards de voisins
Comment vont les profs ? salaire, conditions de travail, considération...

7 milliards de voisins

Play Episode Listen Later Oct 1, 2025 48:30


Ils sont près de 100 millions dans le monde, leur rôle est jugé essentiel par les institutions internationales pourtant la profession d'enseignants souffre d'une grave crise de vocations. Selon l'Unesco, le taux d'enseignants démissionnaires a doublé en 7 ans, pour atteindre 9% en 2022. En France, le nombre de candidats au concours pour le secondaire a diminué de trois quarts depuis 1990. En cause, des salaires insuffisants, des classes surchargées, un manque de matériels, des réformes à répétition, un manque de considération qui poussent les enseignants à questionner le sens de métier. Il manque 44 millions d'enseignants, d'ici 2030 pour garantir l'accès universel à l'éducation primaire et secondaire, ce qui rend le sujet de la revalorisation de la profession d'autant plus cruciale. Comment résoudre la crise de confiance entre les enseignants et les décideurs politiques ? Comment améliorer leurs conditions de travail ?   Avec : • Jérémie Fontanieu, professeur de sciences économiques et sociales au Lycée Eugène Delacroix de Drançy en Seine-Saint-Denis. Auteur du livre Le mythe du prof-héros (Les liens qui libèrent, 2025). Porte-parole du collectif Réconciliations   • Borhene Chakroun, Directeur de la Division pour les politiques et les systèmes d'apprentissage tout au long de la vie de l'UNESCO • Jolino Malukisa, directeur du pilier gouvernance à l'Institut congolais de recherches Ebuteli. Chercheur associé à l'Université d'Anvers en Belgique. En première partie de l'émission, l'École autour du Monde avec Camille Ruiz, correspondante à Séoul en Corée du Sud. Avec 56,2 % des adultes de 25 à 64 ans titulaires d'un diplôme, le pays conserve sa première place mondiale en matière de diplômés pour la 17eme année consécutive.    En fin d'émission la chronique Un parent, une question et les conseils du psychologue Ibrahima Giroux, professeur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Aujourd'hui il répond à la question d'El Mohammed, directeur d'école à Conakry en Guinée qui s'inquiète pour une de ses élèves très timide.     Programmation musicale : ► A deux – Aupinard  ► Djilon – Victor Démé

Reportage Afrique
Massacre du 28-Septembre en Guinée: des victimes toujours sous le choc après la grâce de Dadis Camara

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Sep 27, 2025 2:15


En Guinée, plus d'un an après le procès des accusés du massacre du 28 septembre 2009, et ce verdict historique qui a vu la condamnation de huit personnes, dont l'ex-président Moussa Dadis Camara à vingt ans de prison pour crimes contre l'humanité, les familles de victimes réclament d'urgence l'ouverture du procès en appel. Pour l'heure, seuls 334 sur plus de 700 victimes recensées ont été indemnisés, tandis que le principal accusé Dadis Camara a bénéficié d'une grâce et a quitté le pays. Notre correspondante s'est rendue dans les locaux de l'association des Victimes Parents et Amis du massacre du 28 septembre 2009, à Conakry. De notre correspondante en Guinée,  Plongée dans le jugement du 31 juillet 2024, un document de près de trois cents pages. Asmaou Diallo, qui dirige l'Association des Victimes Parents et Amis du massacre du 28 septembre 2009, est perplexe. Sur les près de 800 victimes recensées, et qui se sont portées partie civile au procès, moins de la moitié a obtenu un droit à réparation.« Je vois les victimes qui ne sont pas prises en compte m'appeler à longueur de journée, me dire : "Qu'est-ce qu'on va faire ?". Je réponds d'abord, moi-même, mon fils n'a pas été pris en compte dans le processus. On se demande : est-ce que maintenant, après les 334, est-ce qu'il y aura une continuité pour les victimes qui ne sont pas prises en compte ? », réagit Asmaou Diallo. Asmaou, qui a perdu son fils en ce jour terrible du 28 septembre 2009, comme les autres familles de victimes, a donc interjeté appel, pour que la justice réexamine les cas des victimes oubliées. Mais plus d'un an après, rien, elle s'inquiète, d'autant plus depuis la grâce accordée en mars 2025 au principal coupable, l'ex-président Moussa Dadis Camara. À lire aussiGuinée: deux mois après la grâce de Moussa Dadis Camara, une mission de la CPI à Conakry « J'ai été dévastée par la nouvelle de sa grâce au point de tomber malade » Aïcha qui fait partie des 109 femmes reconnues victimes de viol, et qui a obtenu réparation de la part de la justice guinéenne, se souvient exactement de ce qu'elle a ressenti le 28 mars 2025, jour de la libération de Dadis : « J'ai été dévastée par la nouvelle de sa grâce au point de tomber malade, et depuis je ne me sens plus en sécurité, car une personne m'a appelée de Kankan et m'a dit qu'elle m'avait reconnue sur une photo. Elle m'a menacée, depuis je suis terrifiée par la libération de Dadis Camara. » Souleyman, blessé le 28 septembre 2009, est également membre de l'association qui vient en aide aux victimes, confirme ce sentiment d'une justice restée à mi-chemin : « La justice avait commencé d'une bonne manière, jusqu'à la condamnation, tout le monde était content. La libération de Dadis Camara, a été un coup de massue qui est tombée comme un couperet sur la tête des victimes. Cela a vraiment changé le visage de la justice. Les autres victimes, qui attendent l'appel pour être indemnisées, maintenant, on ne sait pas s'il y aura même cet appel avec la libération du principal auteur. » Du côté du ministère de la Justice, on se veut rassurant. Un procès connexe après l'inculpation de quatre nouveaux accusés l'année dernière doit s'ouvrir prochainement. Aucune date n'a pour l'heure été rendue publique. À lire aussiProcès du massacre du 28 septembre 2009 en Guinée: vérités judiciaires et zones d'ombres

Revue de presse Afrique
À la Une: manifestations, pillages et répression à Madagascar

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 26, 2025 4:17


C'est l'Express de Madagascar qui nous raconte la journée de jeudi 25 septembre : « De la contestation aux pillages », titre le journal qui précise : « La manifestation anti-délestage a dégénéré dans la capitale, laissant place à des affrontements, des pillages et des incendies. Face au chaos, le préfet d'Analamanga a instauré un couvre-feu de 19h à 5h du matin. » « Antananarivo s'est embrasée hier », poursuit l'Express de Madagascar, qui détaille les moments forts de la journée : « Vers 10h45, les premiers heurts éclatent du côté de Mandrosoa lorsque les forces de l'ordre repoussent les manifestants à coups de gaz lacrymogène. En riposte, des jets de pierre pleuvent ». La journée est très tendue et à la tombée de la nuit, rapporte l'Express de Madagascar, « la situation échappe totalement au contrôle. Les protestations laissent place à une succession de pillages éclairs (…) Les infrastructures ne sont pas épargnées. À Anosibe, le chantier de la future gare du train urbain est incendié, tout comme une banque voisine ». « Sur le terrain, ajoute le journal, l'organisation des forces de sécurité paraît vacillante. Plusieurs arrestations sont néanmoins recensées ». Journée très tendue donc, qui se termine par l'instauration d'un couvre-feu. « L'objectif, précise l'Express de Madagascar, est de limiter les attroupements et de prévenir de nouveaux débordements après la vague de violences et de pillages qui a secoué la ville. » Vengeance post-mortem Dans la presse africaine également ce matin, des commentaires sur la condamnation à cinq ans de prison de l'ancien président français Nicolas Sarkozy. Notamment dans les quotidiens burkinabés, toujours inspirés lorsqu'il s'agit d'interpréter l'actualité internationale. « Entre jubilation, abus de la République des juges et vengeance post-mortem de [Mouammar] Kadhafi » titre Aujourd'hui au Faso qui interroge : « Qu'en pensent les Africains, notamment dans les ex-post-colonies » ? « On évoque mezza-voce, une sorte de vengeance post mortem de Kadhafi, car sous nos cieux, si c'est le même Sarkozy qui était copain-copain avec l'auteur du Livre Vert, qui lui a permis d'implanter sa tente à Paris lors de sa visite le 10 décembre 2007 (…) si c'est ce même [Nicolas] Sarkozy qui a aussi aiguillonné la révolution onusienne et ameuté d'autres pays occidentaux pour chasser Kadhafi, qui a trouvé la mort, alors pour certains Africains, c'est ni plus ni moins qu'un retour de la manivelle outre-tombe, genre malédiction de celui qu'on a tué le 20 octobre 2011 et dont nul ne sait où se trouve exactement la sépulture ». Trahison impardonnable En Guinée, Ledjely ne ménage pas non plus ses critiques à l'égard de l'ancien président français.  « Pour les Africains, Nicolas Sarkozy représente la duplicité et la trahison (…) de Conakry à Djibouti, et de Rabat au Cap, tout le monde croit que de l'argent a circulé entre les hommes de Kadhafi et l'équipe de campagne de l'ancien président français (…) l'idée que le séjour XXL de l'ancien guide libyen en France, en 2007, était la contrepartie des transferts de fonds entre Tripoli et Paris est très largement partagée au sein de l'opinion publique africaine. » Et Ledjely aboutit à la même conclusion qu'Aujourd'hui au Faso, le journal guinéen nous dit : « Dès lors, la volte-face de Nicolas Sarkozy qui avait consisté à prendre la tête de la coalition internationale ayant fini par tuer Kadhafi en février 2011, passe pour une trahison impardonnable. Moins que la corruption en tant que telle, c'est cette façon de se retourner de manière aussi inique contre son bienfaiteur d'hier, que les Africains abhorrent chez l'ancien président français. » Conclusion du journal guinéen : « Il ne faut guère s'attendre à ce qu'en Afrique, on s'apitoie sur le sort de l'ancien président. Tout au contraire, ce qui lui arrive aujourd'hui devrait servir de leçon à ceux qui seraient tentés de suivre son exemple. »

Revue de presse Afrique
À la Une: manifestations, pillages et répression à Madagascar

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 26, 2025 4:17


C'est l'Express de Madagascar qui nous raconte la journée de jeudi 25 septembre : « De la contestation aux pillages », titre le journal qui précise : « La manifestation anti-délestage a dégénéré dans la capitale, laissant place à des affrontements, des pillages et des incendies. Face au chaos, le préfet d'Analamanga a instauré un couvre-feu de 19h à 5h du matin. » « Antananarivo s'est embrasée hier », poursuit l'Express de Madagascar, qui détaille les moments forts de la journée : « Vers 10h45, les premiers heurts éclatent du côté de Mandrosoa lorsque les forces de l'ordre repoussent les manifestants à coups de gaz lacrymogène. En riposte, des jets de pierre pleuvent ». La journée est très tendue et à la tombée de la nuit, rapporte l'Express de Madagascar, « la situation échappe totalement au contrôle. Les protestations laissent place à une succession de pillages éclairs (…) Les infrastructures ne sont pas épargnées. À Anosibe, le chantier de la future gare du train urbain est incendié, tout comme une banque voisine ». « Sur le terrain, ajoute le journal, l'organisation des forces de sécurité paraît vacillante. Plusieurs arrestations sont néanmoins recensées ». Journée très tendue donc, qui se termine par l'instauration d'un couvre-feu. « L'objectif, précise l'Express de Madagascar, est de limiter les attroupements et de prévenir de nouveaux débordements après la vague de violences et de pillages qui a secoué la ville. » Vengeance post-mortem Dans la presse africaine également ce matin, des commentaires sur la condamnation à cinq ans de prison de l'ancien président français Nicolas Sarkozy. Notamment dans les quotidiens burkinabés, toujours inspirés lorsqu'il s'agit d'interpréter l'actualité internationale. « Entre jubilation, abus de la République des juges et vengeance post-mortem de [Mouammar] Kadhafi » titre Aujourd'hui au Faso qui interroge : « Qu'en pensent les Africains, notamment dans les ex-post-colonies » ? « On évoque mezza-voce, une sorte de vengeance post mortem de Kadhafi, car sous nos cieux, si c'est le même Sarkozy qui était copain-copain avec l'auteur du Livre Vert, qui lui a permis d'implanter sa tente à Paris lors de sa visite le 10 décembre 2007 (…) si c'est ce même [Nicolas] Sarkozy qui a aussi aiguillonné la révolution onusienne et ameuté d'autres pays occidentaux pour chasser Kadhafi, qui a trouvé la mort, alors pour certains Africains, c'est ni plus ni moins qu'un retour de la manivelle outre-tombe, genre malédiction de celui qu'on a tué le 20 octobre 2011 et dont nul ne sait où se trouve exactement la sépulture ». Trahison impardonnable En Guinée, Ledjely ne ménage pas non plus ses critiques à l'égard de l'ancien président français.  « Pour les Africains, Nicolas Sarkozy représente la duplicité et la trahison (…) de Conakry à Djibouti, et de Rabat au Cap, tout le monde croit que de l'argent a circulé entre les hommes de Kadhafi et l'équipe de campagne de l'ancien président français (…) l'idée que le séjour XXL de l'ancien guide libyen en France, en 2007, était la contrepartie des transferts de fonds entre Tripoli et Paris est très largement partagée au sein de l'opinion publique africaine. » Et Ledjely aboutit à la même conclusion qu'Aujourd'hui au Faso, le journal guinéen nous dit : « Dès lors, la volte-face de Nicolas Sarkozy qui avait consisté à prendre la tête de la coalition internationale ayant fini par tuer Kadhafi en février 2011, passe pour une trahison impardonnable. Moins que la corruption en tant que telle, c'est cette façon de se retourner de manière aussi inique contre son bienfaiteur d'hier, que les Africains abhorrent chez l'ancien président français. » Conclusion du journal guinéen : « Il ne faut guère s'attendre à ce qu'en Afrique, on s'apitoie sur le sort de l'ancien président. Tout au contraire, ce qui lui arrive aujourd'hui devrait servir de leçon à ceux qui seraient tentés de suivre son exemple. »

Revue de presse Afrique
À la Une: une nouvelle Constitution pour la Guinée

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 24, 2025 4:20


« Le Oui pulvérise le Non à 89,38 % contre 10,62 % » : c'est le grand titre du site d'information Ledjely à Conakry. Un résultat encore « provisoire, précise le site, qui sera transmis à la Cour suprême, l'institution compétente pour en assurer l'examen, traiter d'éventuels contentieux, valider les résultats et proclamer les résultats définitifs ». « Les résultats montrent un taux de participation de 86,42 %, pointe pour sa part le site Guinée 360. Un chiffre qui témoigne d'une adhésion considérable des Guinéens, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, au projet de nouvelle Constitution. Désormais, (donc) tous les regards sont tournés vers la Cour suprême ». Ce taux de participation « divise les acteurs politiques », relève de son côté Media Guinée. Pour le Congrès Africain pour la Démocratie et le Renouveau, il y a eu « une très grande mobilisation : le taux de participation annoncé reflète la réalité ».  Non, rétorque l'opposition. Pour le Parti pour le progrès et le changement, « le peuple de Guinée n'a pas répondu à l'appel de la junte au pouvoir pour participer à cette élection. Il y a eu un taux d'abstention très élevé. (…) En Guinée, quand le pouvoir organise un scrutin, rien ne peut l'effrayer. Ce que le pouvoir veut, c'est ce qui va être dicté et c'est ce qui va être fait ». Chape de plomb En fait, tout était joué d'avance, constate Le Monde Afrique : « la campagne pour le Oui au référendum a été ostentatoire à travers le pays et largement incarnée par Mamadi Doumbouya, à grand renfort d'affiches à son effigie, rassemblements et fanfares. Celle du Non a été, elle, quasi inaudible ». Il faut dire, poursuit le journal, « qu'une chape de plomb s'est abattue en Guinée sur les voix dissidentes depuis l'arrivée des militaires au pouvoir. Plusieurs partis politiques et médias ont été suspendus, les manifestations – interdites depuis 2022 – sont réprimées, et de nombreux dirigeants de l'opposition ont été arrêtés, condamnés ou poussés à l'exil. Les disparitions forcées et enlèvements se sont multipliés ». En effet, renchérit WakatSéra au Burkina Faso, « le boycott prôné par les opposants de l'UFDG et du RPG, l'ancien parti chassé du pouvoir par le coup d'État du 5 septembre 2021, n'a pas été massivement suivi. Rien de plus normal, la campagne qui a précédé le scrutin étant allée dans un sens unique, celui des partisans du Oui. Il n'y avait de place pour aucune voix dissonante, que ce soit dans la rue où par le biais des médias qui n'avaient la possibilité que de relayer les échos des partisans du Oui. Et le gendarme de la Haute autorité de la communication veillait au grain. Qui plus est, poursuit WakatSéra, l'épée de Damoclès de la suspension plane en permanence sur les organes de presse qui ont encore la chance d'exister et qui oseraient aller contre la volonté du censeur. » Ce qui explique la prudence des médias guinéens qui se contentent de donner les résultats du référendum et de relayer les communiqués officiels. Un boulevard pour Doumbouya En tout cas, relève Afrik.com, « ce référendum constitutionnel, longtemps attendu, ouvre une séquence électorale cruciale. Les autorités ont déjà annoncé l'organisation d'élections présidentielle et législatives avant la fin de l'année, afin de rétablir l'ordre constitutionnel et de répondre aux pressions de la communauté internationale. Pour une partie de la population, précise le site panafricain, l'adoption d'une nouvelle Constitution marque l'espoir d'un retour à la stabilité et au pouvoir civil. Pour d'autres, ce vote ouvre surtout la voie à une candidature du chef de la junte, Mamadi Doumbouya, désormais juridiquement en position de briguer la magistrature suprême ». Ce qui fait dire à L'Observateur Paalga que « l'adoption de cette nouvelle Constitution vaut déjà plébiscite pour le général Doumbouya ». En effet, insiste Aujourd'hui, toujours à Ouagadougou, cette « nouvelle loi fondamentale lui permet de quitter sa tenue bariolée de camouflage pour se couler dans le boubou du président élu ». Désormais, « l'ex-légionnaire a tous les leviers pour basculer dans l'État de droit avec lui comme président élu. Et peut-être que le peuple guinéen lui saura gré de passer de la baïonnette à l'urne ». Et Aujourd'hui de s'interroger : « quelle Guinée sous Doumbouya II en gestation ? Quel avenir pour les partis politiques ? Le général-président va-t-il acter le changement générationnel en Guinée ? »

Revue de presse Afrique
À la Une: une nouvelle Constitution pour la Guinée

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 24, 2025 4:20


« Le Oui pulvérise le Non à 89,38 % contre 10,62 % » : c'est le grand titre du site d'information Ledjely à Conakry. Un résultat encore « provisoire, précise le site, qui sera transmis à la Cour suprême, l'institution compétente pour en assurer l'examen, traiter d'éventuels contentieux, valider les résultats et proclamer les résultats définitifs ». « Les résultats montrent un taux de participation de 86,42 %, pointe pour sa part le site Guinée 360. Un chiffre qui témoigne d'une adhésion considérable des Guinéens, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, au projet de nouvelle Constitution. Désormais, (donc) tous les regards sont tournés vers la Cour suprême ». Ce taux de participation « divise les acteurs politiques », relève de son côté Media Guinée. Pour le Congrès Africain pour la Démocratie et le Renouveau, il y a eu « une très grande mobilisation : le taux de participation annoncé reflète la réalité ».  Non, rétorque l'opposition. Pour le Parti pour le progrès et le changement, « le peuple de Guinée n'a pas répondu à l'appel de la junte au pouvoir pour participer à cette élection. Il y a eu un taux d'abstention très élevé. (…) En Guinée, quand le pouvoir organise un scrutin, rien ne peut l'effrayer. Ce que le pouvoir veut, c'est ce qui va être dicté et c'est ce qui va être fait ». Chape de plomb En fait, tout était joué d'avance, constate Le Monde Afrique : « la campagne pour le Oui au référendum a été ostentatoire à travers le pays et largement incarnée par Mamadi Doumbouya, à grand renfort d'affiches à son effigie, rassemblements et fanfares. Celle du Non a été, elle, quasi inaudible ». Il faut dire, poursuit le journal, « qu'une chape de plomb s'est abattue en Guinée sur les voix dissidentes depuis l'arrivée des militaires au pouvoir. Plusieurs partis politiques et médias ont été suspendus, les manifestations – interdites depuis 2022 – sont réprimées, et de nombreux dirigeants de l'opposition ont été arrêtés, condamnés ou poussés à l'exil. Les disparitions forcées et enlèvements se sont multipliés ». En effet, renchérit WakatSéra au Burkina Faso, « le boycott prôné par les opposants de l'UFDG et du RPG, l'ancien parti chassé du pouvoir par le coup d'État du 5 septembre 2021, n'a pas été massivement suivi. Rien de plus normal, la campagne qui a précédé le scrutin étant allée dans un sens unique, celui des partisans du Oui. Il n'y avait de place pour aucune voix dissonante, que ce soit dans la rue où par le biais des médias qui n'avaient la possibilité que de relayer les échos des partisans du Oui. Et le gendarme de la Haute autorité de la communication veillait au grain. Qui plus est, poursuit WakatSéra, l'épée de Damoclès de la suspension plane en permanence sur les organes de presse qui ont encore la chance d'exister et qui oseraient aller contre la volonté du censeur. » Ce qui explique la prudence des médias guinéens qui se contentent de donner les résultats du référendum et de relayer les communiqués officiels. Un boulevard pour Doumbouya En tout cas, relève Afrik.com, « ce référendum constitutionnel, longtemps attendu, ouvre une séquence électorale cruciale. Les autorités ont déjà annoncé l'organisation d'élections présidentielle et législatives avant la fin de l'année, afin de rétablir l'ordre constitutionnel et de répondre aux pressions de la communauté internationale. Pour une partie de la population, précise le site panafricain, l'adoption d'une nouvelle Constitution marque l'espoir d'un retour à la stabilité et au pouvoir civil. Pour d'autres, ce vote ouvre surtout la voie à une candidature du chef de la junte, Mamadi Doumbouya, désormais juridiquement en position de briguer la magistrature suprême ». Ce qui fait dire à L'Observateur Paalga que « l'adoption de cette nouvelle Constitution vaut déjà plébiscite pour le général Doumbouya ». En effet, insiste Aujourd'hui, toujours à Ouagadougou, cette « nouvelle loi fondamentale lui permet de quitter sa tenue bariolée de camouflage pour se couler dans le boubou du président élu ». Désormais, « l'ex-légionnaire a tous les leviers pour basculer dans l'État de droit avec lui comme président élu. Et peut-être que le peuple guinéen lui saura gré de passer de la baïonnette à l'urne ». Et Aujourd'hui de s'interroger : « quelle Guinée sous Doumbouya II en gestation ? Quel avenir pour les partis politiques ? Le général-président va-t-il acter le changement générationnel en Guinée ? »

Journal de l'Afrique
Référendum en Guinée : les soutiens de Mamadi Doumbouya se mobilisent

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later Sep 18, 2025 13:34


En Guinée, dernière journée de campagne avant le référendum constitutionnel du 21 septembre prochain. Après plusieurs semaines passées à sillonner le pays pour convaincre les citoyens de voter “oui” à la nouvelle Constitution, les soutiens du général Mamadi Doumbouya se mobilisent à Conakry, la capitale. Dans le pays, le climat politique est particulièrement tendu. Les principaux leaders politiques en exil appellent au boycott du scrutin. La correspondance de Malick Diakité

Revue de presse Afrique
À la Une: quelle participation au référendum de dimanche en Guinée?

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 17, 2025 4:34


La campagne pour le référendum constitutionnel en Guinée s'achève jeudi 18 septembre, à 23h59. « À partir de cette date, relève Ledjely à Conakry, toute activité de propagande est strictement interdite sur l'ensemble du territoire national : meetings, caravanes, affichages, communications audiovisuelles ou numériques, ainsi que tout signe extérieur de soutien ou d'opposition au projet de Constitution. (…) La Direction générale des élections (DGE), réaffirme son engagement à organiser un scrutin "transparent, inclusif et crédible", et appelle l'ensemble des acteurs et citoyens guinéens à contribuer à la réussite de ce rendez-vous électoral historique. » Appel au boycott Le principal opposant Cellou Dalein Diallo, dit « non » : « Depuis son exil, rapporte Afrik.com, l'ancien Premier ministre estime que ce scrutin n'est rien d'autre qu'un "paravent constitutionnel" destiné à prolonger le règne du général Mamadi Doumbouya. (…) Le leader de l'Union des Forces démocratiques de Guinée demande donc à ses militants et sympathisants de rester chez eux dimanche. "Même si vous votez non, votre vote sera compté comme un oui", martèle-t-il, dénonçant une "mascarade" et un "parjure" politique. Son mot d'ordre : ne pas cautionner par la participation un scrutin qu'il juge illégitime. » Pour sa part, rapporte encore Afrik.com, « face aux critiques, le gouvernement reste droit dans ses bottes. Son porte-parole, Ousmane Gaoual Diallo, assure que le référendum ouvre la voie au retour à la normalité constitutionnelle. À ses yeux, l'opposant n'apporte aucune alternative crédible au peuple guinéen. Le bras de fer reste donc entier, pointe le site panafricain. Entre un pouvoir déterminé à valider sa nouvelle constitution et un opposant qui mise sur le boycott pour délégitimer le scrutin, les électeurs guinéens devront trancher dimanche… en choisissant d'aller voter ou de rester chez eux. » « Désert démocratique » Alors quel impact aura cet appel au boycott ? Quelle participation dimanche à ce référendum constitutionnel ? Aujourd'hui, au Burkina Faso voisin, s'interroge : « la voix de l'opposant qui retentit dans le silence ambiant des anti-nouvelle constitution, a le mérite d'être constante, déterminée, mais sera-t-elle entendue et surtout efficace ? Ne revient-on pas au même résultat, sauf peut-être à épargner aux uns et aux autres de se fatiguer pour se rendre dans les bureaux de vote ? (…) Si le "oui" l'emporte, ce qui devrait être le cas quoi qu'on dise, ce sera déjà le premier marchepied vers une élection du général-président Mamadi Doumbouya dont la candidature, à moins d'un cataclysme politique, ne fait plus de doute. » « Quand Cellou Dalein Diallo pêche dans un désert démocratique », s'exclame L'Observateur Paalga, toujours à Ouagadougou. En effet, « une chose est sûre, pointe le journal, quel que soit le taux de participation au scrutin à venir, la nouvelle Constitution passera comme une lettre à la poste, ouvrant ainsi un boulevard au "colosse de Conakry", pour légitimer plus tard son pouvoir. » D'autant, insiste L'Observateur Paalga, « quand on connaît la chape de plomb à laquelle sont confrontés les Guinéens actuellement : musellement des médias, enlèvement d'activistes de la société civile, répression d'opposants et suppression de partis politiques. C'est dans ce climat de terreur que se déroule la campagne où les partisans du oui sont les seuls visibles sur le terrain. » Une image écornée à l'international Sur place, en Guinée, les médias marchent sur des œufs. Pas de commentaires défavorables au projet de nouvelle constitution. À noter cependant cet article à lire sur le site Guinée 360, plutôt critique envers le pouvoir en place. Son titre : « trafic, corruption, cybercriminalité, libertés en recul : l'image de la Guinée écornée à l'international » : « alors que les autorités de transition se félicitent des performances économiques et d'un "retour de la confiance", plusieurs rapports publiés en cette année 2025 dressent un tableau beaucoup moins flatteur de la Guinée sur la scène internationale (…). Le pays figure parmi les moins bien classés dans la plupart des évaluations. » Et Guinée 360 de citer, à chaque fois avec des sources précises, les libertés publiques en recul, le problème du trafic de cocaïne, la cybercriminalité, l'opacité de la dette, la corruption persistante ou encore la mauvaise régulation du secteur de l'électricité. « Une exception positive », toutefois, pointe Guinée 360 : « le rapport Africa's Pulse de la Banque mondiale prévoit pour la Guinée une croissance exceptionnelle de 11,3 % cette année, l'une des plus fortes d'Afrique subsaharienne. Le pays devrait maintenir cette dynamique à moyen terme, soutenue par l'exploitation minière et la relative stabilité budgétaire. »

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À la Une: quelle participation au référendum de dimanche en Guinée?

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 17, 2025 4:34


La campagne pour le référendum constitutionnel en Guinée s'achève jeudi 18 septembre, à 23h59. « À partir de cette date, relève Ledjely à Conakry, toute activité de propagande est strictement interdite sur l'ensemble du territoire national : meetings, caravanes, affichages, communications audiovisuelles ou numériques, ainsi que tout signe extérieur de soutien ou d'opposition au projet de Constitution. (…) La Direction générale des élections (DGE), réaffirme son engagement à organiser un scrutin "transparent, inclusif et crédible", et appelle l'ensemble des acteurs et citoyens guinéens à contribuer à la réussite de ce rendez-vous électoral historique. » Appel au boycott Le principal opposant Cellou Dalein Diallo, dit « non » : « Depuis son exil, rapporte Afrik.com, l'ancien Premier ministre estime que ce scrutin n'est rien d'autre qu'un "paravent constitutionnel" destiné à prolonger le règne du général Mamadi Doumbouya. (…) Le leader de l'Union des Forces démocratiques de Guinée demande donc à ses militants et sympathisants de rester chez eux dimanche. "Même si vous votez non, votre vote sera compté comme un oui", martèle-t-il, dénonçant une "mascarade" et un "parjure" politique. Son mot d'ordre : ne pas cautionner par la participation un scrutin qu'il juge illégitime. » Pour sa part, rapporte encore Afrik.com, « face aux critiques, le gouvernement reste droit dans ses bottes. Son porte-parole, Ousmane Gaoual Diallo, assure que le référendum ouvre la voie au retour à la normalité constitutionnelle. À ses yeux, l'opposant n'apporte aucune alternative crédible au peuple guinéen. Le bras de fer reste donc entier, pointe le site panafricain. Entre un pouvoir déterminé à valider sa nouvelle constitution et un opposant qui mise sur le boycott pour délégitimer le scrutin, les électeurs guinéens devront trancher dimanche… en choisissant d'aller voter ou de rester chez eux. » « Désert démocratique » Alors quel impact aura cet appel au boycott ? Quelle participation dimanche à ce référendum constitutionnel ? Aujourd'hui, au Burkina Faso voisin, s'interroge : « la voix de l'opposant qui retentit dans le silence ambiant des anti-nouvelle constitution, a le mérite d'être constante, déterminée, mais sera-t-elle entendue et surtout efficace ? Ne revient-on pas au même résultat, sauf peut-être à épargner aux uns et aux autres de se fatiguer pour se rendre dans les bureaux de vote ? (…) Si le "oui" l'emporte, ce qui devrait être le cas quoi qu'on dise, ce sera déjà le premier marchepied vers une élection du général-président Mamadi Doumbouya dont la candidature, à moins d'un cataclysme politique, ne fait plus de doute. » « Quand Cellou Dalein Diallo pêche dans un désert démocratique », s'exclame L'Observateur Paalga, toujours à Ouagadougou. En effet, « une chose est sûre, pointe le journal, quel que soit le taux de participation au scrutin à venir, la nouvelle Constitution passera comme une lettre à la poste, ouvrant ainsi un boulevard au "colosse de Conakry", pour légitimer plus tard son pouvoir. » D'autant, insiste L'Observateur Paalga, « quand on connaît la chape de plomb à laquelle sont confrontés les Guinéens actuellement : musellement des médias, enlèvement d'activistes de la société civile, répression d'opposants et suppression de partis politiques. C'est dans ce climat de terreur que se déroule la campagne où les partisans du oui sont les seuls visibles sur le terrain. » Une image écornée à l'international Sur place, en Guinée, les médias marchent sur des œufs. Pas de commentaires défavorables au projet de nouvelle constitution. À noter cependant cet article à lire sur le site Guinée 360, plutôt critique envers le pouvoir en place. Son titre : « trafic, corruption, cybercriminalité, libertés en recul : l'image de la Guinée écornée à l'international » : « alors que les autorités de transition se félicitent des performances économiques et d'un "retour de la confiance", plusieurs rapports publiés en cette année 2025 dressent un tableau beaucoup moins flatteur de la Guinée sur la scène internationale (…). Le pays figure parmi les moins bien classés dans la plupart des évaluations. » Et Guinée 360 de citer, à chaque fois avec des sources précises, les libertés publiques en recul, le problème du trafic de cocaïne, la cybercriminalité, l'opacité de la dette, la corruption persistante ou encore la mauvaise régulation du secteur de l'électricité. « Une exception positive », toutefois, pointe Guinée 360 : « le rapport Africa's Pulse de la Banque mondiale prévoit pour la Guinée une croissance exceptionnelle de 11,3 % cette année, l'une des plus fortes d'Afrique subsaharienne. Le pays devrait maintenir cette dynamique à moyen terme, soutenue par l'exploitation minière et la relative stabilité budgétaire. »

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À la Une: la menace d'un éventuel blocus sur Bamako

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 16, 2025 4:11


C'est la nouvelle stratégie au Mali des terroristes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim) : asphyxier économiquement Bamako et contraindre les forces armées à se disperser. Depuis début septembre, pointe Jeune Afrique, « le groupe jihadiste a imposé un blocus sur les routes qui relient le Mali à ses voisins. Une opération inédite et révélatrice de sa nouvelle stratégie. (…) Les attaques se sont multipliées sur les principaux axes qui entourent Bamako, semant la terreur dans les corridors qui relient la capitale aux ports de Dakar, de Conakry et d'Abidjan. Destruction de camions-citerne, prise d'un poste militaire, instauration de check-points sauvages, fouille des voyageurs, racket des passagers, incendie ou mitraillage de véhicules… Six camionneurs sénégalais ont même été pris en otage, puis relâchés vingt-quatre heures plus tard. Jamais, constate encore Jeune Afrique, le Jnim n'avait semé pareil chaos dans ces régions habituellement préservées en raison de leur éloignement de la zone d'influence traditionnelle des groupes jihadistes, à près de 1 000 km de là. Après avoir harcelé, pendant plus de dix ans, les Forces armées maliennes, la filiale sahélienne d'Al-Qaïda a modifié sa stratégie, résume le site panafricain. Elle a décidé de frapper au porte-monnaie, et d'ouvrir un nouveau front. Bref, de mener une guerre économique. » Dernière action en date, relate Maliweb à Bamako : l'attaque d'un convoi de camions-citerne dimanche dernier, près du village de Ségala, à une soixantaine de kilomètres de Kayes : « les assaillants ont tendu une embuscade avec, pour seul objectif, de faire le maximum de victimes civiles au sein du convoi, rapporte Maliweb. Une manœuvre qui complique la tâche de l'armée, contrainte de neutraliser l'ennemi tout en protégeant les civils, piégés entre deux feux, au milieu de produits hautement inflammables. » L'armée minimise L'armée malienne qui tente de calmer le jeu, avec des communiqués victorieux : « de Kayes à Kidal : les Fama (les Forces armées maliennes, NDLR) imposent leur tempo et rassurent les populations, affirme Malijet, reprenant un communiqué de l'armée. À Kayes, les routes nationales 1 et 3 ont été ciblées par des attaques coordonnées visant à paralyser les flux économiques et à semer la peur. La riposte fut immédiate. Le 9 septembre, une frappe aérienne chirurgicale a détruit une base logistique à Mousafa, dans le cercle de Diéma. Plusieurs dizaines de combattants ont été neutralisés, permettant la reprise sécurisée des convois commerciaux sous escorte militaire. » Vers une spirale d'insécurité ? Pour Ledjely en Guinée, la menace est bien réelle. « En s'attaquant à des convois de camions-citerne circulant sur l'axe vital Dakar-Bamako, malgré la présence d'escortes militaires, les groupes armés islamistes ont envoyé un signal clair : ils disposent d'une capacité d'action capable de contourner, voire de défier, la protection de l'armée. (…) Malgré les efforts des Fama et l'appui de ses partenaires, notamment russes, la menace terroriste reste capable de frapper au cœur même de la stabilité nationale. » Et Ledjely de prévenir : « si cette dynamique n'est pas rapidement contenue, le pays pourrait replonger dans une spirale d'insécurité durable qui pourrait s'avérer très préjudiciable pour les autorités. » Protéger et écouter le peuple Comment contrer la menace djihadiste ? Pour L'Inter à Bamako, les moyens militaires ne suffisent pas. « La véritable force réside dans le renseignement, estime le quotidien bamakois. Savoir où se trouvent les camps, connaître les plans des chefs, identifier les réseaux de financement : c'est là que se gagne la guerre. Pour ce faire, il faut une collaboration étroite avec les populations locales. Ce n'est pas par la force que l'on obtient la confiance des habitants, mais par la protection et l'écoute, pointe le journal. Les groupes terroristes excellent dans la communication. Ils utilisent les réseaux sociaux, les radios clandestines et le bouche-à-oreille pour recruter, semer la terreur et diffuser leur propagande. Ils se présentent souvent comme les défenseurs des communautés locales contre un État jugé corrompu ou absent. L'État malien doit riposter sur ce même terrain, s'exclame L'Inter. Il s'agit de prouver par des actes que le gouvernement est le protecteur légitime de son peuple. Construire des écoles, des dispensaires, et assurer un accès à la justice dans les zones reculées, c'est là que la vraie communication s'opère. C'est en améliorant le quotidien des gens, conclut L'Inter, que l'on coupera l'herbe sous le pied des terroristes. »

Revue de presse Afrique
À la Une: la menace d'un éventuel blocus sur Bamako

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Play Episode Listen Later Sep 16, 2025 4:11


C'est la nouvelle stratégie au Mali des terroristes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jnim) : asphyxier économiquement Bamako et contraindre les forces armées à se disperser. Depuis début septembre, pointe Jeune Afrique, « le groupe jihadiste a imposé un blocus sur les routes qui relient le Mali à ses voisins. Une opération inédite et révélatrice de sa nouvelle stratégie. (…) Les attaques se sont multipliées sur les principaux axes qui entourent Bamako, semant la terreur dans les corridors qui relient la capitale aux ports de Dakar, de Conakry et d'Abidjan. Destruction de camions-citerne, prise d'un poste militaire, instauration de check-points sauvages, fouille des voyageurs, racket des passagers, incendie ou mitraillage de véhicules… Six camionneurs sénégalais ont même été pris en otage, puis relâchés vingt-quatre heures plus tard. Jamais, constate encore Jeune Afrique, le Jnim n'avait semé pareil chaos dans ces régions habituellement préservées en raison de leur éloignement de la zone d'influence traditionnelle des groupes jihadistes, à près de 1 000 km de là. Après avoir harcelé, pendant plus de dix ans, les Forces armées maliennes, la filiale sahélienne d'Al-Qaïda a modifié sa stratégie, résume le site panafricain. Elle a décidé de frapper au porte-monnaie, et d'ouvrir un nouveau front. Bref, de mener une guerre économique. » Dernière action en date, relate Maliweb à Bamako : l'attaque d'un convoi de camions-citerne dimanche dernier, près du village de Ségala, à une soixantaine de kilomètres de Kayes : « les assaillants ont tendu une embuscade avec, pour seul objectif, de faire le maximum de victimes civiles au sein du convoi, rapporte Maliweb. Une manœuvre qui complique la tâche de l'armée, contrainte de neutraliser l'ennemi tout en protégeant les civils, piégés entre deux feux, au milieu de produits hautement inflammables. » L'armée minimise L'armée malienne qui tente de calmer le jeu, avec des communiqués victorieux : « de Kayes à Kidal : les Fama (les Forces armées maliennes, NDLR) imposent leur tempo et rassurent les populations, affirme Malijet, reprenant un communiqué de l'armée. À Kayes, les routes nationales 1 et 3 ont été ciblées par des attaques coordonnées visant à paralyser les flux économiques et à semer la peur. La riposte fut immédiate. Le 9 septembre, une frappe aérienne chirurgicale a détruit une base logistique à Mousafa, dans le cercle de Diéma. Plusieurs dizaines de combattants ont été neutralisés, permettant la reprise sécurisée des convois commerciaux sous escorte militaire. » Vers une spirale d'insécurité ? Pour Ledjely en Guinée, la menace est bien réelle. « En s'attaquant à des convois de camions-citerne circulant sur l'axe vital Dakar-Bamako, malgré la présence d'escortes militaires, les groupes armés islamistes ont envoyé un signal clair : ils disposent d'une capacité d'action capable de contourner, voire de défier, la protection de l'armée. (…) Malgré les efforts des Fama et l'appui de ses partenaires, notamment russes, la menace terroriste reste capable de frapper au cœur même de la stabilité nationale. » Et Ledjely de prévenir : « si cette dynamique n'est pas rapidement contenue, le pays pourrait replonger dans une spirale d'insécurité durable qui pourrait s'avérer très préjudiciable pour les autorités. » Protéger et écouter le peuple Comment contrer la menace djihadiste ? Pour L'Inter à Bamako, les moyens militaires ne suffisent pas. « La véritable force réside dans le renseignement, estime le quotidien bamakois. Savoir où se trouvent les camps, connaître les plans des chefs, identifier les réseaux de financement : c'est là que se gagne la guerre. Pour ce faire, il faut une collaboration étroite avec les populations locales. Ce n'est pas par la force que l'on obtient la confiance des habitants, mais par la protection et l'écoute, pointe le journal. Les groupes terroristes excellent dans la communication. Ils utilisent les réseaux sociaux, les radios clandestines et le bouche-à-oreille pour recruter, semer la terreur et diffuser leur propagande. Ils se présentent souvent comme les défenseurs des communautés locales contre un État jugé corrompu ou absent. L'État malien doit riposter sur ce même terrain, s'exclame L'Inter. Il s'agit de prouver par des actes que le gouvernement est le protecteur légitime de son peuple. Construire des écoles, des dispensaires, et assurer un accès à la justice dans les zones reculées, c'est là que la vraie communication s'opère. C'est en améliorant le quotidien des gens, conclut L'Inter, que l'on coupera l'herbe sous le pied des terroristes. »

Eco d'ici Eco d'ailleurs
Baba Hady Thiam : entre pouvoir et affaires, un avocat au cœur du projet Simandou

Eco d'ici Eco d'ailleurs

Play Episode Listen Later Sep 13, 2025 53:22


Notre grand invité de l'économie RFI - Jeune Afrique est Baba Hady Thiam, avocat d'affaires franco-guinéen formé en France et aux États-Unis. Il a travaillé au sein de grands cabinets internationaux avant de fonder Thiam & Associés à Conakry en 2017. Son cabinet, implanté aussi à Abidjan (Côte d'Ivoire), s'est imposé dans les projets structurants dont Simandou, l'un des plus grands gisements de fer au monde dont l'exploitation représente un investissement colossal de 20 milliards de dollars. Conseiller du géant chinois Baowu, Baba Hady Thiam négocie au cœur de ce projet qui redessine la carte minière et économique de la Guinée, entre souveraineté nationale, attractivité pour les investisseurs et bénéfices locaux. Classé en 2024 et 2025 dans le «Top 100 Legal Powerlist» d'Africa Business+, il incarne la montée en puissance des cabinets africains capables de rivaliser avec les grandes firmes internationales. Pour lui, la concurrence est dépassée : l'avenir réside dans les alliances de compétences et le partage de la valeur en Afrique. Au-delà des contrats, Baba Hady Thiam défend une vision : faire du droit un levier de souveraineté, et transformer les ressources naturelles en opportunités tangibles pour les populations. Engagé aussi pour l'éducation et l'entrepreneuriat, il soutient des écoles, forme de jeunes juristes et encourage le retour des talents de la diaspora. Dans cet entretien exclusif accordé à Bruno Faure (RFI) et Aurélie M'Bida (Jeune Afrique), il revient sur son parcours, les coulisses du dossier Simandou, les défis du droit en Afrique, la place des cabinets locaux face aux majors, mais aussi ses engagements personnels comme la promotion de l'entrepreneuriat en Guinée et sa passion pour le sport.

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Baba Hady Thiam : entre pouvoir et affaires, un avocat au cœur du projet Simandou

Éco d'ici éco d'ailleurs

Play Episode Listen Later Sep 13, 2025 53:22


Notre grand invité de l'économie RFI - Jeune Afrique est Baba Hady Thiam, avocat d'affaires franco-guinéen formé en France et aux États-Unis. Il a travaillé au sein de grands cabinets internationaux avant de fonder Thiam & Associés à Conakry en 2017. Son cabinet, implanté aussi à Abidjan (Côte d'Ivoire), s'est imposé dans les projets structurants dont Simandou, l'un des plus grands gisements de fer au monde dont l'exploitation représente un investissement colossal de 20 milliards de dollars. Conseiller du géant chinois Baowu, Baba Hady Thiam négocie au cœur de ce projet qui redessine la carte minière et économique de la Guinée, entre souveraineté nationale, attractivité pour les investisseurs et bénéfices locaux. Classé en 2024 et 2025 dans le «Top 100 Legal Powerlist» d'Africa Business+, il incarne la montée en puissance des cabinets africains capables de rivaliser avec les grandes firmes internationales. Pour lui, la concurrence est dépassée : l'avenir réside dans les alliances de compétences et le partage de la valeur en Afrique. Au-delà des contrats, Baba Hady Thiam défend une vision : faire du droit un levier de souveraineté, et transformer les ressources naturelles en opportunités tangibles pour les populations. Engagé aussi pour l'éducation et l'entrepreneuriat, il soutient des écoles, forme de jeunes juristes et encourage le retour des talents de la diaspora. Dans cet entretien exclusif accordé à Bruno Faure (RFI) et Aurélie M'Bida (Jeune Afrique), il revient sur son parcours, les coulisses du dossier Simandou, les défis du droit en Afrique, la place des cabinets locaux face aux majors, mais aussi ses engagements personnels comme la promotion de l'entrepreneuriat en Guinée et sa passion pour le sport.

Vous m'en direz des nouvelles
«I am the future», portraits d'une jeunesse qui prend en main son avenir

Vous m'en direz des nouvelles

Play Episode Listen Later Sep 9, 2025 48:29


Ils sont 4 : Mamadou vient de Conakry, Soumayra est née au Liban, Latchmi est Indienne et Dian, Indonésienne. Ils ont pour point commun d'être nés dans cette partie de l'humanité où la santé, l'éducation, l'alimentation, ne sont pas des évidences, et peuvent même être une bataille. Dans le film «I am the future», ces jeunes se racontent avec le sourire et tente de se dessiner un avenir à travers la pratique d'un art : le cinéma, la danse, la photo ou la peinture. La réalisatrice Rachel Cisinski et le producteur Romain Mailliu sont les invités de Sur le pont des arts. «I am the future» sortira en salles le 10 septembre 2025.   ► Reportage Emma Garboud-Lorenzoni nous emmène en Nouvelle-Zélande où la promotion de la culture maori, sa mise en «vitrine»,  est de plus en plus discutée.   ► Playlist du jour Fatoumata Kamissoko – La Guinée Jay like the alphabet – Get it Sparow & Barbarossa, Von Boch –  Pop Pop.

Vous m'en direz des nouvelles !
«I am the future», portraits d'une jeunesse qui prend en main son avenir

Vous m'en direz des nouvelles !

Play Episode Listen Later Sep 9, 2025 48:29


Ils sont 4 : Mamadou vient de Conakry, Soumayra est née au Liban, Latchmi est Indienne et Dian, Indonésienne. Ils ont pour point commun d'être nés dans cette partie de l'humanité où la santé, l'éducation, l'alimentation, ne sont pas des évidences, et peuvent même être une bataille. Dans le film «I am the future», ces jeunes se racontent avec le sourire et tente de se dessiner un avenir à travers la pratique d'un art : le cinéma, la danse, la photo ou la peinture. La réalisatrice Rachel Cisinski et le producteur Romain Mailliu sont les invités de Sur le pont des arts. «I am the future» sortira en salles le 10 septembre 2025.   ► Reportage Emma Garboud-Lorenzoni nous emmène en Nouvelle-Zélande où la promotion de la culture maori, sa mise en «vitrine»,  est de plus en plus discutée.   ► Playlist du jour Fatoumata Kamissoko – La Guinée Jay like the alphabet – Get it Sparow & Barbarossa, Von Boch –  Pop Pop.

Musiques du monde
Concert Orchestra Baobab à Musiques Métisses 2025

Musiques du monde

Play Episode Listen Later Sep 6, 2025 48:30


Concert de l'Orchestra Baobab le 7 juin 2025 au festival Musiques métisses à Angoulême (France). Suite et fin de la semaine concerts de RFI. Après Tiken Jah Fakoly, Luidji, Queen Rima, Kutu, Ballaké Sissoko & Piers Faccini, place à l'Orchestra Baobab ! Avec sa fusion inimitable de rythmes afro-cubains, de sonorités mandingues, et de traditions musicales wolof et sérères, Orchestra Baobab offre une célébration de l'âme sénégalaise et un hommage vibrant à son patrimoine musical. Leur dernier album Made in Sénégal est un voyage musical inoubliable et un retour triomphal après sept ans de silence. Titres interprétés lors du concert : Outro Horas, Wanema Ma Guiss, Sutukoum, Anna Maria, Sénégal, Ndiga Niaw et Sibo Odia. Line Up : Seydou Norou Koite (directeur musical, sax alto), Mamadou Mountaga Koite (batterie), Zaccharia Koite (chant lead), René «Boléro» Sowatche (guitare lead), Yahya Fall (guitare rythmique), Moussa Sissokho (percussions), Malick Sy (basse), Ndeye Korka Dieng (chant) et Wilfrid Ambroise Zinsou (sax ténor). Nos invités : Mamadou Mountaga Koite alias Taga et Abib M'Baye (manager). Biographie Orchestra Baobab Depuis l'indépendance (1960), les nuits dakaroises sont principalement animées par les musiques cubaines. La clientèle, aisée, composée principalement d'élites politiques et économiques qui dirigent l'État présidé par Léopold Sédar Senghor, s'y retrouve pour boire et danser. L'Orchestra Baobab naît en 1970 dans l'effervescence nocturne de Dakar, capitale cosmopolite du Sénégal. Le plus prolifique et le plus durable des orchestres dakarois des années 1970, enregistre plus de vingt disques et cassettes entre 1972 et 2001. À l'image d'un Sénégal indépendant, moderne et ouvert tant aux influences occidentales qu'aux flux migratoires panafricains, l'Orchestra Baobab dévoile une musique métissée qui mêle instruments électriques importés et percussions de facture locale, rythmes et mélodies tirées du folklore et improvisations jazzistiques. L'orchestre a animé l'élégant « Club Baobab », situé dans un complexe du même nom regroupant un bar américain, un restaurant et la boîte de nuit. La musique de l'Orchestra Baobab reprend une formule consacrée par ses prédécesseurs d'Afrique de l'Ouest. Les grands orchestres de danse post-indépendance comme le Bembeya Jazz National et l'Orchestre Paillotte de Guinée Conakry, les Maravillas de Mali de Boncana Maïga ou le Rail Band de Bamako, le Star Band de Dakar, font vibrer les élites des nations nouvelles au rythme de musiques inspirées tant des folklores locaux que des rythmes caraïbes ou noirs américains. Le Sénégal est, avec le Congo Zaïre, le pays qui a le plus consommé les musiques cubaines et latino-américaines.  Ce qui caractérise le « son » du Baobab, c'est qu'il tire son inspiration de plusieurs folklores nationaux. Le wolof est la langue nationale, et la principale influence dans les autres orchestres de la capitale. Mais les inspirations sérère, toucouleur, malinké ou créole font tout autant partie du registre du Baobab. Plusieurs folklores harmonisés par des arrangements orchestraux modernes pour le plaisir d'un public demandeur de distractions nocturnes qui soient autant les réinterprétations des folklores entendus dans l'enfance que les musiques étrangères contemporaines en vogue en Europe et aux États-Unis. Panafricain et enraciné dans les cultures régionales du Sénégal et de ses frontières, moderne, l'orchestra Baobab n'est pas un orchestre national à proprement parler, comme ce fut le cas de certains orchestres maliens ou guinéens. Basé dans la capitale, il reflète à lui seul la diversité ethnoculturelle d'un Sénégal uni par une capitale qui attire des habitants venus de l'ensemble du pays. Pas d'orchestre officiel régional ici. Plus cosmopolite, peut-être aussi plus élitiste, le « son » du Baobab est à l'image d'un Dakar très ouvert à la modernité occidentale. Le succès rapide de l'orchestre Baobab est dû aussi bien au talent des musiciens qu'à celui des entrepreneurs qui ont idéalisé le Club, à leur capacité à attirer certains des meilleurs musiciens et chanteurs du Dakar by night. Mais la vie nocturne dakaroise est le théâtre d'un éternel conflit entre concurrents sur un marché de taille restreinte. Beaucoup de musiciens et quelques orchestres se disputent une place sous les spotlights, alors que la capitale compte en définitive peu de clubs et encore moins de clients. Les membres du Baobab sont recrutés dans les autres formations déjà actives dans les boîtes dakaroises. Le premier chef d'orchestre, Baro N'Diaye, travaillait auparavant au bar-restaurant club « La Plantation ». Saxophoniste ténor, c'est lui qui forme la première mouture de l'orchestre du Baobab, probablement avec le bassiste Sidath Ly. Balla Sidibe, chanteur/batteur, Rudy Gomis et Barthélémy Attisso sont issus du Star Band, qui animait le club « Le Miami » d'Ibrahima Kasse. Le Club Baobab ferme ses portes en 1979. L'Orchestre demeure en activité, et continue d'enregistrer des disques tout aussi géniaux. Mais le « son » n'est plus le même. Au fil des changements techniques et stylistiques, avec l'apparition de la mini-cassette qui ouvre la porte à la piraterie en masse, l'explosion du m'balax, et du simple fait qu'il n'anime plus un club destiné à certaines élites, se perd le cachet si particulier aux enregistrements d'une époque marquée par une vie nocturne intense. Au XXIè siècle, rencontre avec l'Anglais Nick Gold du label World Circuit qui relance la carrière du Baobab avec Specialist in all styles.  Aujourd'hui, l'Orchestra Baobab s'est lancé dans une trilogie avec Made in Dakar (2007), Made in Sénégal (2026) puis Made in Africa (dans le futur avec des invités prestigieux). Son & Mixage en binaural : Mathias Taylor (RFI Labo). Site Orchestra Baobab - Facebook - YouTube.

Légendes urbaines
Émission spéciale FMM

Légendes urbaines

Play Episode Listen Later Sep 6, 2025 29:00


Pour le top départ de la rentrée, Légendes urbaines donne la parole aux journalistes légendaires de France Médias Monde ! Pauline Paccard, Julien Fanciulli et Juan Gomez, en leur donnant carte blanche sur un sujet qui leur tient à cœur, avec pour support un titre musical.  La sélection : Juan Gomez : la discrimination des Gitans en Espagne → Titre : Gata Cattana – « Samsara » Pauline Paccard : la déshumanisation des « migrants », l'importance de l'histoire de ces hommes et femmes → Titre : Gaël Faye – « Petit Pays » Julien Fanciulli : l'humour africain, en mettant en avant l'interactivité avec le public et l'improvisation → Titre : Mink's – « Le gars là est laid » Juliette Fievet : Nimba Reggae Festival de Conakry sous le signe de la « repatriation » → Titre : Takana Zion – « Zion ». 

Musiques du monde
Concert Orchestra Baobab à Musiques Métisses 2025

Musiques du monde

Play Episode Listen Later Sep 6, 2025 48:30


Concert de l'Orchestra Baobab le 7 juin 2025 au festival Musiques métisses à Angoulême (France). Suite et fin de la semaine concerts de RFI. Après Tiken Jah Fakoly, Luidji, Queen Rima, Kutu, Ballaké Sissoko & Piers Faccini, place à l'Orchestra Baobab ! Avec sa fusion inimitable de rythmes afro-cubains, de sonorités mandingues, et de traditions musicales wolof et sérères, Orchestra Baobab offre une célébration de l'âme sénégalaise et un hommage vibrant à son patrimoine musical. Leur dernier album Made in Sénégal est un voyage musical inoubliable et un retour triomphal après sept ans de silence. Titres interprétés lors du concert : Outro Horas, Wanema Ma Guiss, Sutukoum, Anna Maria, Sénégal, Ndiga Niaw et Sibo Odia. Line Up : Seydou Norou Koite (directeur musical, sax alto), Mamadou Mountaga Koite (batterie), Zaccharia Koite (chant lead), René «Boléro» Sowatche (guitare lead), Yahya Fall (guitare rythmique), Moussa Sissokho (percussions), Malick Sy (basse), Ndeye Korka Dieng (chant) et Wilfrid Ambroise Zinsou (sax ténor). Nos invités : Mamadou Mountaga Koite alias Taga et Abib M'Baye (manager). Biographie Orchestra Baobab Depuis l'indépendance (1960), les nuits dakaroises sont principalement animées par les musiques cubaines. La clientèle, aisée, composée principalement d'élites politiques et économiques qui dirigent l'État présidé par Léopold Sédar Senghor, s'y retrouve pour boire et danser. L'Orchestra Baobab naît en 1970 dans l'effervescence nocturne de Dakar, capitale cosmopolite du Sénégal. Le plus prolifique et le plus durable des orchestres dakarois des années 1970, enregistre plus de vingt disques et cassettes entre 1972 et 2001. À l'image d'un Sénégal indépendant, moderne et ouvert tant aux influences occidentales qu'aux flux migratoires panafricains, l'Orchestra Baobab dévoile une musique métissée qui mêle instruments électriques importés et percussions de facture locale, rythmes et mélodies tirées du folklore et improvisations jazzistiques. L'orchestre a animé l'élégant « Club Baobab », situé dans un complexe du même nom regroupant un bar américain, un restaurant et la boîte de nuit. La musique de l'Orchestra Baobab reprend une formule consacrée par ses prédécesseurs d'Afrique de l'Ouest. Les grands orchestres de danse post-indépendance comme le Bembeya Jazz National et l'Orchestre Paillotte de Guinée Conakry, les Maravillas de Mali de Boncana Maïga ou le Rail Band de Bamako, le Star Band de Dakar, font vibrer les élites des nations nouvelles au rythme de musiques inspirées tant des folklores locaux que des rythmes caraïbes ou noirs américains. Le Sénégal est, avec le Congo Zaïre, le pays qui a le plus consommé les musiques cubaines et latino-américaines.  Ce qui caractérise le « son » du Baobab, c'est qu'il tire son inspiration de plusieurs folklores nationaux. Le wolof est la langue nationale, et la principale influence dans les autres orchestres de la capitale. Mais les inspirations sérère, toucouleur, malinké ou créole font tout autant partie du registre du Baobab. Plusieurs folklores harmonisés par des arrangements orchestraux modernes pour le plaisir d'un public demandeur de distractions nocturnes qui soient autant les réinterprétations des folklores entendus dans l'enfance que les musiques étrangères contemporaines en vogue en Europe et aux États-Unis. Panafricain et enraciné dans les cultures régionales du Sénégal et de ses frontières, moderne, l'orchestra Baobab n'est pas un orchestre national à proprement parler, comme ce fut le cas de certains orchestres maliens ou guinéens. Basé dans la capitale, il reflète à lui seul la diversité ethnoculturelle d'un Sénégal uni par une capitale qui attire des habitants venus de l'ensemble du pays. Pas d'orchestre officiel régional ici. Plus cosmopolite, peut-être aussi plus élitiste, le « son » du Baobab est à l'image d'un Dakar très ouvert à la modernité occidentale. Le succès rapide de l'orchestre Baobab est dû aussi bien au talent des musiciens qu'à celui des entrepreneurs qui ont idéalisé le Club, à leur capacité à attirer certains des meilleurs musiciens et chanteurs du Dakar by night. Mais la vie nocturne dakaroise est le théâtre d'un éternel conflit entre concurrents sur un marché de taille restreinte. Beaucoup de musiciens et quelques orchestres se disputent une place sous les spotlights, alors que la capitale compte en définitive peu de clubs et encore moins de clients. Les membres du Baobab sont recrutés dans les autres formations déjà actives dans les boîtes dakaroises. Le premier chef d'orchestre, Baro N'Diaye, travaillait auparavant au bar-restaurant club « La Plantation ». Saxophoniste ténor, c'est lui qui forme la première mouture de l'orchestre du Baobab, probablement avec le bassiste Sidath Ly. Balla Sidibe, chanteur/batteur, Rudy Gomis et Barthélémy Attisso sont issus du Star Band, qui animait le club « Le Miami » d'Ibrahima Kasse. Le Club Baobab ferme ses portes en 1979. L'Orchestre demeure en activité, et continue d'enregistrer des disques tout aussi géniaux. Mais le « son » n'est plus le même. Au fil des changements techniques et stylistiques, avec l'apparition de la mini-cassette qui ouvre la porte à la piraterie en masse, l'explosion du m'balax, et du simple fait qu'il n'anime plus un club destiné à certaines élites, se perd le cachet si particulier aux enregistrements d'une époque marquée par une vie nocturne intense. Au XXIè siècle, rencontre avec l'Anglais Nick Gold du label World Circuit qui relance la carrière du Baobab avec Specialist in all styles.  Aujourd'hui, l'Orchestra Baobab s'est lancé dans une trilogie avec Made in Dakar (2007), Made in Sénégal (2026) puis Made in Africa (dans le futur avec des invités prestigieux). Son & Mixage en binaural : Mathias Taylor (RFI Labo). Site Orchestra Baobab - Facebook - YouTube.

Revue de presse Afrique
À la Une: les lenteurs du processus de paix en RDC

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 5, 2025 4:00


C'est à la Une d'APAnews : « La deuxième réunion du Comité conjoint de suivi du traité de paix dans l'est de la RDC, signée le 27 juin dernier, s'est tenue mercredi à Washington ». Y participaient : la RDC, le Rwanda, les États-Unis, le Qatar, le Togo et l'Union africaine. Autant de participants qui ont reconnu « des lenteurs dans la mise en œuvre de certains volets de l'accord ». « Les discussions », poursuit l'Agence de Presse Africaine, « ont porté sur la violence récente dans l'est de la RDC et sur les mesures concrètes à prendre, pour assurer le respect des dispositions de l'accord ». Afrik.com, de son côté, cite le Département d'état américain, qui parle de « retards significatifs », alors que « des violences continuent d'ensanglanter l'est congolais, où les rebelles de l'AFC/M23 continuent de régner en maître dans les deux Kivu », précise le site d'information. « À ce stade », conclut Afrik.com, « l'Accord de Washington semble illustrer plus une dynamique diplomatique qu'une transformation concrète de la crise sécuritaire. Reste à savoir si la volonté politique des signataires pourra se traduire en actes tangibles dans les prochains mois, condition indispensable pour espérer une paix durable dans l'est congolais ». Matériel de fabrication russe Autre pays en proie à la violence : le Mali, où l'armée reçoit du nouveau matériel. « Le Mali se modernise » titre Bamada.net. « L'armée malienne reçoit du matériel militaire de pointe ». « Blindés, chars et camions ont été aperçus, provenant du port de Conakry. Ces matériels, de fabrication russe sont destinés à renforcer les capacités opérationnelles des FAMA (les forces armées maliennes) et à lutter efficacement contre toute menace pesant sur la paix et la stabilité du Mali », ajoute Bamada.net. Pas de chiffres sur ces livraisons d'armes, effectuées, précise l'Agence de Presse Africaine, « dans un contexte de multiplication des attaques jihadistes, notamment par engins explosifs improvisés, causant de lourdes pertes parmi les militaires et les civils ». Premier octobre Le Mali où, par ailleurs la rentrée scolaire se prépare. Rentrée fixée au premier octobre, « malgré les défis », remarque le Journal du Mali, qui s'inquiète : « Entre les pluies encore présentes, les milliers d'écoles fermées, et la suspension des subventions aux établissements catholiques, l'année scolaire s'annonce fragile ». D'autant que, rappelle le Journal du Mali, « la saison des pluies n'est pas encore terminée. Si les précipitations s'intensifient, la question d'un report (comme l'année dernière) pourrait à nouveau se poser, même si aucune décision officielle n'a encore été envisagée dans ce sens ». Pour le Journal du Mali, la situation de l'éducation reste préoccupante, « plus de 2 000 écoles sont fermées, fermetures liées à l'insécurité, aux catastrophes naturelles et aux faiblesses structurelles du système éducatif ». Gratitude Enfin, la tragédie du funiculaire de Lisbonne : un Marocain figure parmi les rescapés. Un Marocain qui a aidé une Française à s'extirper des débris du funiculaire, juste après la catastrophe. Afrik.com nous raconte la fin de la course folle du funiculaire, « la vitesse qui augmente, les freins qui ne répondent plus, le wagon qui sort de ses rails et fonce droit vers la façade d'un immeuble ». « Le Marocain », poursuit le site d'information, « légèrement blessé au bras a été projeté contre une barre métallique. Autour de lui, des corps, des sanglots, des appels à l'aide », et donc cette Française, « qui pendant quelques instants a perdu connaissance et qui est coincée sous un siège renversé, il va la dégager, aidé par un autre passager ». Le Marocain et la Française, précise Afrik.com, « ont accepté de témoigner anonymement dans un média local. Tous deux expriment une même gratitude : être en vie. »

Revue de presse Afrique
À la Une: les lenteurs du processus de paix en RDC

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 5, 2025 4:00


C'est à la Une d'APAnews : « La deuxième réunion du Comité conjoint de suivi du traité de paix dans l'est de la RDC, signée le 27 juin dernier, s'est tenue mercredi à Washington ». Y participaient : la RDC, le Rwanda, les États-Unis, le Qatar, le Togo et l'Union africaine. Autant de participants qui ont reconnu « des lenteurs dans la mise en œuvre de certains volets de l'accord ». « Les discussions », poursuit l'Agence de Presse Africaine, « ont porté sur la violence récente dans l'est de la RDC et sur les mesures concrètes à prendre, pour assurer le respect des dispositions de l'accord ». Afrik.com, de son côté, cite le Département d'état américain, qui parle de « retards significatifs », alors que « des violences continuent d'ensanglanter l'est congolais, où les rebelles de l'AFC/M23 continuent de régner en maître dans les deux Kivu », précise le site d'information. « À ce stade », conclut Afrik.com, « l'Accord de Washington semble illustrer plus une dynamique diplomatique qu'une transformation concrète de la crise sécuritaire. Reste à savoir si la volonté politique des signataires pourra se traduire en actes tangibles dans les prochains mois, condition indispensable pour espérer une paix durable dans l'est congolais ». Matériel de fabrication russe Autre pays en proie à la violence : le Mali, où l'armée reçoit du nouveau matériel. « Le Mali se modernise » titre Bamada.net. « L'armée malienne reçoit du matériel militaire de pointe ». « Blindés, chars et camions ont été aperçus, provenant du port de Conakry. Ces matériels, de fabrication russe sont destinés à renforcer les capacités opérationnelles des FAMA (les forces armées maliennes) et à lutter efficacement contre toute menace pesant sur la paix et la stabilité du Mali », ajoute Bamada.net. Pas de chiffres sur ces livraisons d'armes, effectuées, précise l'Agence de Presse Africaine, « dans un contexte de multiplication des attaques jihadistes, notamment par engins explosifs improvisés, causant de lourdes pertes parmi les militaires et les civils ». Premier octobre Le Mali où, par ailleurs la rentrée scolaire se prépare. Rentrée fixée au premier octobre, « malgré les défis », remarque le Journal du Mali, qui s'inquiète : « Entre les pluies encore présentes, les milliers d'écoles fermées, et la suspension des subventions aux établissements catholiques, l'année scolaire s'annonce fragile ». D'autant que, rappelle le Journal du Mali, « la saison des pluies n'est pas encore terminée. Si les précipitations s'intensifient, la question d'un report (comme l'année dernière) pourrait à nouveau se poser, même si aucune décision officielle n'a encore été envisagée dans ce sens ». Pour le Journal du Mali, la situation de l'éducation reste préoccupante, « plus de 2 000 écoles sont fermées, fermetures liées à l'insécurité, aux catastrophes naturelles et aux faiblesses structurelles du système éducatif ». Gratitude Enfin, la tragédie du funiculaire de Lisbonne : un Marocain figure parmi les rescapés. Un Marocain qui a aidé une Française à s'extirper des débris du funiculaire, juste après la catastrophe. Afrik.com nous raconte la fin de la course folle du funiculaire, « la vitesse qui augmente, les freins qui ne répondent plus, le wagon qui sort de ses rails et fonce droit vers la façade d'un immeuble ». « Le Marocain », poursuit le site d'information, « légèrement blessé au bras a été projeté contre une barre métallique. Autour de lui, des corps, des sanglots, des appels à l'aide », et donc cette Française, « qui pendant quelques instants a perdu connaissance et qui est coincée sous un siège renversé, il va la dégager, aidé par un autre passager ». Le Marocain et la Française, précise Afrik.com, « ont accepté de témoigner anonymement dans un média local. Tous deux expriment une même gratitude : être en vie. »

Journal de l'Afrique
Guinée : campagne pour le référendum constitutionnel dans un climat tendu

Journal de l'Afrique

Play Episode Listen Later Sep 3, 2025 14:32


La campagne électorale pour le référendum constitutionnel s'est ouverte en Guinée dans un contexte tendu. Trois principaux partis politiques opposés à la gestion de la transition ont été suspendus par les autorités. La Haute autorité de la communication interdit aux journalistes de leur donner la parole, une décision que dénonce le syndicat de la presse. Les explications de Malick Diakité notre correspondant à Conakry.

Revue de presse Afrique
À la Une: la Guinée, avec le lancement de la campagne pour le référendum constitutionnel

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 1, 2025 4:21


Dans trois semaines, le 21 septembre, très exactement 6 millions 768 mille 458 électeurs, incluant les résidents à l'étranger, seront appelés aux urnes pour se prononcer sur le projet de nouvelle Constitution. Ce chiffre définitif du fichier électoral biométrique permanent a été donné par la Direction générale des Élections, précise le site Guinée 7, « après les opérations de vérification et de correction des listes électorales. » Hier, rapporte le site Guinée News, pour marquer le lancement de la campagne, une marche a été organisée dans les rues de Kaloum (l'une des communes de Conakry), « en soutien total au CNRD » au pouvoir, le Comité National du Rassemblement et du Développement. « Des milliers de participants, vêtus de blanc, se sont rassemblés sur l'esplanade du Palais du Peuple avant de défiler calmement en direction du boulevard Telly Diallo. Cette marche blanche symbolise, pointe Guinée News, la volonté de promouvoir la paix, l'unité, et le développement, en s'inscrivant dans la vision et les réformes engagées par le CNRD. Le choix de la couleur blanche n'est pas anodin ; il représente la pureté des intentions et l'espoir d'un avenir radieux pour la nation guinéenne, loin des clivages politiques du passé. » Parallèlement, certains poids-lourds du gouvernement ont commencé à donner de la voix : « les Ministres Djami Diallo et Bouna Sylla ont appelé à voter largement en faveur du oui », rapporte AfricaGuinée. L'opposition muselée… Reste que « cette campagne pour le référendum constitutionnel du 21 septembre s'ouvre dans un climat tendu. » C'est ce que souligne Afrik.com. « La suspension des principaux partis réduit le pluralisme et renforce les soupçons d'un passage en force du général Doumbouya. L'opposition et la société civile appellent à manifester, malgré les risques de violences. Sous pression, les médias dénoncent des restrictions qui limitent le débat public. » C'est le cas du site d'information guinéen Ledjely : « l'UFDG de Cellou Dalein Diallo et le RPG d'Alpha Condé, suspendus depuis le 22 août, (…) annoncent des manifestations à partir de vendredi prochain (5 septembre, date symbolique, puisque ce sera le 4e anniversaire de la prise de pouvoir de Mamadi Doumbouya). Mais il ne faut guère se faire d'illusions, soupire Ledjely : en l'absence de leurs leaders respectifs, contraints à l'exil depuis des années, il est peu probable que les militants répondent massivement à l'appel. D'autant plus que le ministre de l'Administration du territoire et de la Décentralisation a mis en garde contre toute tentative de semer le trouble, et que les partis suspendus se sont vu interdire toute activité. » Quelle participation ? Alors, « dans les faits, constate Ledjely, les partisans du oui règneront donc en maîtres sur le terrain durant les deux prochaines semaines. Mais, prévient le site guinéen, cela pourrait se traduire par un faible engouement populaire, notamment de la part de ceux dont les opinions n'auront pas eu d'espace pour s'exprimer. (…) Le texte adopté pourrait (donc) symboliquement porter la marque de la fracture qui traverse le pays. (…) Et se traduire par un faible taux de participation au référendum du 21 septembre. (…) Et ce serait une tare congénitale, s'exclame Ledjely, que certains pourraient toujours lui reprocher. Il faut rappeler qu'en la matière, le référendum fondateur de septembre 1958 avait enregistré un taux de participation de plus de 85 %, tandis que celui de décembre 1990 — comparable à celui attendu le 21 septembre prochain — avait mobilisé un peu plus de 97 % des électeurs inscrits. » Doumbouya : « une forme d'exercice solitaire du pouvoir » Jeune Afrique, pour sa part, fait le point sur la garde rapprochée de Mamadi Doumbouya. Jeune Afrique répertorie les proches du général, militaires ou civils, officiels ou dans l'ombre, « politiciens dévoués et conseillers du soir. » Ils sont moins d'une vingtaine. Principalement rassemblés au sein d'une nouvelle institution. En effet, précise le site panafricain, « pour “sécuriser“ le vote référendaire et “répondre avec efficacité à tous les défis sécuritaires“, Mamadi Doumbouya s'est doté d'un Conseil supérieur de défense et de sécurité nationale. Tous ses membres ont posé, le 18 août dernier, pour la photo de famille à l'issue de sa première réunion. En première ligne, quelques figures civiles bien connues devant un parterre d'hommes en tenue, parmi lesquels les indéboulonnables du CNRD. Qu'ils soient ministres ou militaires, plusieurs de ces hommes sont au cœur du dispositif du général pour se maintenir au pouvoir après l'avoir conquis par la force. Mais Mamadi Doumbouya semble plus méfiant que jamais, relève encore Jeune Afrique. “Il est difficile de s'y retrouver, tant le président s'enferme de plus en plus dans une forme d'exercice solitaire du pouvoir“, remarque un observateur à Conakry. “Doumbouya, glisse un ancien ministre, souffre de la complotite aiguë guinéenne, qui explique aussi qu'il s'est refermé sur lui-même. »

Revue de presse Afrique
À la Une: la Guinée, avec le lancement de la campagne pour le référendum constitutionnel

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Sep 1, 2025 4:21


Dans trois semaines, le 21 septembre, très exactement 6 millions 768 mille 458 électeurs, incluant les résidents à l'étranger, seront appelés aux urnes pour se prononcer sur le projet de nouvelle Constitution. Ce chiffre définitif du fichier électoral biométrique permanent a été donné par la Direction générale des Élections, précise le site Guinée 7, « après les opérations de vérification et de correction des listes électorales. » Hier, rapporte le site Guinée News, pour marquer le lancement de la campagne, une marche a été organisée dans les rues de Kaloum (l'une des communes de Conakry), « en soutien total au CNRD » au pouvoir, le Comité National du Rassemblement et du Développement. « Des milliers de participants, vêtus de blanc, se sont rassemblés sur l'esplanade du Palais du Peuple avant de défiler calmement en direction du boulevard Telly Diallo. Cette marche blanche symbolise, pointe Guinée News, la volonté de promouvoir la paix, l'unité, et le développement, en s'inscrivant dans la vision et les réformes engagées par le CNRD. Le choix de la couleur blanche n'est pas anodin ; il représente la pureté des intentions et l'espoir d'un avenir radieux pour la nation guinéenne, loin des clivages politiques du passé. » Parallèlement, certains poids-lourds du gouvernement ont commencé à donner de la voix : « les Ministres Djami Diallo et Bouna Sylla ont appelé à voter largement en faveur du oui », rapporte AfricaGuinée. L'opposition muselée… Reste que « cette campagne pour le référendum constitutionnel du 21 septembre s'ouvre dans un climat tendu. » C'est ce que souligne Afrik.com. « La suspension des principaux partis réduit le pluralisme et renforce les soupçons d'un passage en force du général Doumbouya. L'opposition et la société civile appellent à manifester, malgré les risques de violences. Sous pression, les médias dénoncent des restrictions qui limitent le débat public. » C'est le cas du site d'information guinéen Ledjely : « l'UFDG de Cellou Dalein Diallo et le RPG d'Alpha Condé, suspendus depuis le 22 août, (…) annoncent des manifestations à partir de vendredi prochain (5 septembre, date symbolique, puisque ce sera le 4e anniversaire de la prise de pouvoir de Mamadi Doumbouya). Mais il ne faut guère se faire d'illusions, soupire Ledjely : en l'absence de leurs leaders respectifs, contraints à l'exil depuis des années, il est peu probable que les militants répondent massivement à l'appel. D'autant plus que le ministre de l'Administration du territoire et de la Décentralisation a mis en garde contre toute tentative de semer le trouble, et que les partis suspendus se sont vu interdire toute activité. » Quelle participation ? Alors, « dans les faits, constate Ledjely, les partisans du oui règneront donc en maîtres sur le terrain durant les deux prochaines semaines. Mais, prévient le site guinéen, cela pourrait se traduire par un faible engouement populaire, notamment de la part de ceux dont les opinions n'auront pas eu d'espace pour s'exprimer. (…) Le texte adopté pourrait (donc) symboliquement porter la marque de la fracture qui traverse le pays. (…) Et se traduire par un faible taux de participation au référendum du 21 septembre. (…) Et ce serait une tare congénitale, s'exclame Ledjely, que certains pourraient toujours lui reprocher. Il faut rappeler qu'en la matière, le référendum fondateur de septembre 1958 avait enregistré un taux de participation de plus de 85 %, tandis que celui de décembre 1990 — comparable à celui attendu le 21 septembre prochain — avait mobilisé un peu plus de 97 % des électeurs inscrits. » Doumbouya : « une forme d'exercice solitaire du pouvoir » Jeune Afrique, pour sa part, fait le point sur la garde rapprochée de Mamadi Doumbouya. Jeune Afrique répertorie les proches du général, militaires ou civils, officiels ou dans l'ombre, « politiciens dévoués et conseillers du soir. » Ils sont moins d'une vingtaine. Principalement rassemblés au sein d'une nouvelle institution. En effet, précise le site panafricain, « pour “sécuriser“ le vote référendaire et “répondre avec efficacité à tous les défis sécuritaires“, Mamadi Doumbouya s'est doté d'un Conseil supérieur de défense et de sécurité nationale. Tous ses membres ont posé, le 18 août dernier, pour la photo de famille à l'issue de sa première réunion. En première ligne, quelques figures civiles bien connues devant un parterre d'hommes en tenue, parmi lesquels les indéboulonnables du CNRD. Qu'ils soient ministres ou militaires, plusieurs de ces hommes sont au cœur du dispositif du général pour se maintenir au pouvoir après l'avoir conquis par la force. Mais Mamadi Doumbouya semble plus méfiant que jamais, relève encore Jeune Afrique. “Il est difficile de s'y retrouver, tant le président s'enferme de plus en plus dans une forme d'exercice solitaire du pouvoir“, remarque un observateur à Conakry. “Doumbouya, glisse un ancien ministre, souffre de la complotite aiguë guinéenne, qui explique aussi qu'il s'est refermé sur lui-même. »

Vivre ailleurs
L'expatriation en Guinée d'une famille française d'origine africaine

Vivre ailleurs

Play Episode Listen Later Aug 29, 2025 13:19


Française d'origine congolaise, Géraldine Poundza a suivi son mari en expatriation en Guinée-Conakry, dans une mission de coopération de l'Union européenne. Une expérience qui a durablement marqué le couple, y compris après leur retour en France. Géraldine a voulu, comme une sorte de thérapie, consigner ce vécu dans deux livres parus aux éditions L'Harmattan. Son troisième ouvrage intitulé Sacrifiée est diffusé aussi par L'Harmattan à Paris et traite d'un tout autre sujet. À lire aussiUn site et un MOOC pour aider à comprendre ses enfants expatriés

Invité Afrique
Guinée: «L'illusion du coup d'État pour plus de liberté s'est transformée en prison à ciel ouvert»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Aug 26, 2025 12:22


Et si les activistes guinéens Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah étaient toujours en vie ? Plus d'un an après leur enlèvement par des militaires à Conakry - c'était le 9 juillet 2024 - un ancien député guinéen proche du régime du général Mamadi Doumbouya affirme qu'ils se portent bien, mais qu'ils restent gardés au secret. Réaction aujourd'hui d'un autre leader de la société civile guinéenne : Abdoul Sakho, Coordinateur national du Forum des Forces Sociales de Guinée, a été enlevé lui aussi par des militaires, a subi de terribles sévices, mais a eu la chance d'être relâché. Aujourd'hui, il vit en exil et témoigne au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Le 18 février dernier au soir, vous dites avoir été enlevé à votre domicile de Conakry par des hommes en treillis lourdement armés, venus à bord d'une dizaine de véhicules non immatriculés. Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? Abdoul Sakho : D'abord, ce n'est pas une question de dire, c'est une question de fait. Effectivement, j'ai été enlevé la nuit du mardi 18 février. Ça a été un moment de cauchemar, un moment de terrorisme, de traumatisme, aussi bien pour moi mais aussi pour ma famille. Ils n'ont pas pu passer par la porte, ils sont passés par le toit et ont menacé ma pauvre maman qui a été jetée d'ailleurs de la cuisine. Ils ont sommé ma fille, qui n'avait pas onze ans d'ailleurs, à se coucher sur le ventre, ma petite sœur également. Ils m'ont giflé, avec six personnes qui sont tombées du plafond, lourdement armées, qui m'ont molesté devant ma famille, m'ont sorti de la maison. Il faut noter qu'ils étaient cagoulés. Et de là, destination inconnue. Et quand vous avez été mis dans ce véhicule, vous avez été transporté jusqu'où ? Ils ont dit dès le départ qu'ils ont « le colis », ils communiquaient avec quelqu'un à distance. Et j'ai été conduit dans trois lieux différents. Je sais que c'est à Conakry, parce que de la maison à là où l'on me conduisait, ça n'était pas aussi loin que ça. Et dans les trois lieux différents, c'était les séances de torture, des séances d'interrogatoire, des séances d'évanouissement, des séances de réanimation. Avez-vous été violemment torturé ? C'est hors de l'imagination. C'est hors de description. De mon corps, tout, tout… Le dos, les mains, torturé avec la technique de l'eau. Quand on m'a attaché les mains au dos, totalement ligoté, on me faisait coucher sur le dos. Je me rappelle de cela à chaque fois, quand je m'étouffe, je m'évanouis. Et en cours de route, quelqu'un a dit « maintenant, c'est fini pour toi ». Et quelqu'un a dit « lui, il ne s'agit pas de le présenter à un juge ou de mettre à une prison. C'est fini pour lui ». Est-ce que vous pensez que des pressions internationales vous ont permis de rester en vie ? Absolument, absolument. Il faut saluer la promptitude des partenaires de façon générale, le courage aussi à ne pas parler avec des mots entre les lignes. Il faut le saluer, notamment celui de l'ambassade des Etats-Unis et tous les partenaires d'ailleurs. Et c'est cette chaîne de solidarité locale et internationale, avec la grâce de Dieu, qui m'a permis aujourd'hui d'avoir la vie sauve. Parce que mon cas est une illustration parfaite de cette conjugaison des efforts. Vous n'êtes pas le seul Guinéen à avoir été kidnappé ces quinze derniers mois à Conakry. Quels sont aujourd'hui vos camarades pour lesquels vous êtes le plus inquiet ? Honnêtement parlant, malgré la douleur dans ma chair, malgré le traumatisme que ma famille a vécu, quand je vois cet exemple sur mon cas, je me demande aujourd'hui… Ceux qui détiennent les camarades, je veux parler de Foniké Menguè, de Mamadou Billo Bah, de Habib Marouane Camara le journaliste, de Sadou Nimaga, un expert minier, je veux parler même d'un parolier, un simple parolier qu'on appelle Djéliman Kouyaté, et d'autres anonymes encore... Je me demande si ceux qui les détiennent, ceux qui nous enlèvent, ceux qui menacent, je me demande si ces gens-là sont des pères de famille. Est-ce que ces gens-là ont des mamans ? Est-ce qu'ils pensent à la douleur que les familles de ceux-ci vivent aujourd'hui ? C'est extraordinaire. Honnêtement parlant, l'illusion du coup d'Etat [du 5 septembre 2021] pour plus de liberté s'est transformée en prison à ciel ouvert pour tous les Guinéens aujourd'hui. C'est pour cela, pour les familles de nos collègues-là, sans parler de tout ce que moi j'ai subi en termes de techniques de tortures, en termes de menaces de mort… C'est pour cela que j'imagine aujourd'hui dans quelles conditions ces collègues sont. C'est pour cela qu'il faut davantage que le monde libre, le monde des libertés conjugue les efforts pour la dignité humaine dans le respect des lois. Alors, il y a quelques jours, un ancien député pro Alpha Condé, Taliby Dabo, qui est aujourd'hui rallié aux militaires du CNRD, a affirmé face caméra que vos camarades Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah étaient toujours vivants, se portaient bien, mais restaient gardés au secret pour des raisons de sécurité nationale. Qu'est-ce que vous pensez de ce témoignage ? D'abord, c'est la bonne nouvelle, déjà. Je trouve cela comme un ouf de soulagement qu'on nous dise qu'ils vivent bien. Mais au-delà de cela, je pense que c'est une piste sérieuse qu'il ne faut pas négliger. Parce que ce n'est pas n'importe qui, c'est quelqu'un qui peut être dans le secret des autorités de la transition. Oui, mais cet ancien député Taliby Dabo, ce n'est pas un militaire du CNRD lui-même... Absolument. Il ne s'agit pas d'un militaire. Mais je me demande s'il peut s'évertuer de dire cela comme ça, sans pour autant avoir des raisons solides, sans pour autant avoir des informations assez soutenues. Donc il soutient ces allégations.

Nota Bene
ENTRETIEN - Décolonisation et panafricanisme : le cas de la Guinée et de Conakry - Avec Elara Bertho

Nota Bene

Play Episode Listen Later Aug 24, 2025 85:09


Mes chers camarades, bien le bonjour !La colonisation et la décolonisation, ce sont des questions qu'on a jusqu'à présent assez peu abordées sur Nota Bene. C'est extrêmement vaste, alors pour aujourd'hui, je vous propose de nous concentrer sur le cas de la Guinée, qui a pris un chemin différent des autres anciennes colonies françaises 1958… Je n'en dis pas plus, car vous l'aurez compris, on va en parler dans cet entretien ! En parallèle, on va découvrir l'histoire de deux personnes qui ont joué un rôle clé dans le régime guinéen, deux défenseurs des droits des Africains-Américains qui se sont rencontrés aux États-Unis : Miriam Makeba et Stokely Carmichael. Alors qui sont-ils, quelle est leur histoire, et qu'est-il arrivé en Guinée ? Eh bien pour le découvrir, j'ai le plaisir de recevoir aujourd'hui Elara Bertho ! Elara est agrégée de lettres modernes, docteure en littérature, et chargée de recherches dans le laboratoire LAM, Les Afriques dans le Monde, une unité mixte de recherche du CNRS, de Sciences Po Bordeaux, et de l'Université Bordeaux Montaigne.Je vous souhaite une bonne écoute sur Nota Bene !➤ Merci à notre partenaire Elgato de nous avoir accompagné sur cet entretien ! Bénéficiez de 5% de réduction sur leur catalogue grâce au code ZZ-NB : elgato.sjv.io/55AAGo➤ Jetez un œil au livre d'Elara, Un couple panafricain : Miriam Makeba et Stokely Carmichael en Guinée : https://www.rot-bo-krik.com/un-couple-panafricain

Invité Afrique
La Guinée devient un point de départ des migrants car «les jeunes ont perdu confiance en la République»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Aug 21, 2025 7:08


Les départs clandestins de pirogues depuis les côtes guinéennes vers l'archipel espagnol des Canaries se sont multipliés, en conséquence de l'accord migratoire conclu entre la Mauritanie et l'Espagne l'an dernier. Pourtant, la traversée depuis la Guinée peut durer une dizaine de jours et est extrêmement dangereuse. En 2024, l'ONG espagnole Caminando Fronteras dénombre 10 457 morts dans l'Atlantique. Entretien avec Elhadj Mohamed Diallo, ancien exilé, qui dirige désormais l'Organisation guinéenne de lutte contre la migration irrégulière.  RFI : La Guinée est devenue une alternative pour les candidats à la migration clandestine, notamment depuis la ville côtière de Kamsar. Pourquoi ce phénomène, selon vous, a-t-il pris de l'ampleur dans la ville ? Elhadj Mohamed Diallo : D'abord, la ville de Kamsar est une ville portuaire, où la pêche est beaucoup développée. La plupart des jeunes maîtrisent parfaitement l'océan. Ce sont des pêcheurs qui maîtrisent la conduite des pirogues.  La situation aux îles Canaries est telle que des journalistes espagnols sont venus enquêter jusqu'en Guinée pour identifier les familles des disparus, racontez-nous.  Lorsque des Guinéens sont arrivés dans les îles des Canaries – le troisième convoi au départ de Kamsar -, il y a eu un accident. Sept personnes sont décédées, dont deux enfants. Donc les journalistes se sont intéressés à la question. Ils nous ont contactés et ils sont venus sur le terrain pour identifier trois familles parmi les sept et après, ils sont venus à Conakry. On les a mis en contact avec des familles de disparus, et eux nous ont mis en relation avec des organisations qui travaillent sur les questions d'identification dans les autres pays. Il y a plusieurs familles qui sont identifiées, on est en train de mettre en place le collectif des familles de disparus. Et une fois que vous les identifiez, qu'est-ce que vous faites ? Parfois, un jeune décède dans un autre pays, mais la famille n'est pas identifiée. Donc, ils nous contactent. On accompagne la famille pour qu'elle puisse rapatrier le corps au pays et inhumer le jeune. On les accompagne aussi dans leur deuil et dans les démarches administratives. Lorsqu'un corps est identifié, il y a un tas de dossiers qu'il faut aller retirer à la justice ou à la mairie. Parfois, les familles ne sont pas informées. Nous accompagnons les familles dans toutes ces démarches, s'ils décident de rapatrier le corps ou pour qu'ils aient les documents nécessaires pour engager des procédures auprès des tribunaux. À lire aussiGuinée: une nouvelle route dangereuse pour la migration vers les Canaries au départ de Kamsar Alors concrètement, comment ça se passe ? Ce sont des passeurs qui sont, disons, des « professionnels » et qui ouvrent un nouveau point de passage ? Ou est-ce que ce sont des pêcheurs ou des personnes sur place, à Kamsar, qui se lancent dans le marché de la migration par opportunisme ? Le premier convoi, c'était des pêcheurs. Comme le Sénégal  est un pays frontalier, on se dit que s'il y a des voies de passage depuis le Sénégal, nous aussi Guinéens pouvons tenter. Donc c'est comme ça qu'ils ont commencé. Un groupe d'individus étaient là en train de travailler, ils se sont réunis, ils ont formé leur convoi et ils sont partis. Ca a même échappé aux autorités. Pour le moment, on n'a pas pu avoir des informations sur les passeurs, on est en train de faire des recherches. Mais bon, vous savez, c'est une question très compliquée de former un groupe de réseaux. Ça peut être des compatriotes qui étaient déjà en Mauritanie ou au Sénégal et qui reviennent en Guinée, ou ça peut être aussi des gens issus du réseau marocain qui se ramifie jusqu'en Guinée. Ce sont des réseaux qui sont vraiment professionnels. On doit planifier le terrain, il faut identifier qui doit être impliqué, qui ne doit pas être impliqué aussi. Ça va prendre du temps. Mais quand même, il y a eu pour le moment trois ou quatre convois qui sont partis et le mois dernier, les autorités ont arrêté pas mal de groupes de personnes qui étaient prêtes à partir. Deux convois ont été arrêtés au mois de juillet. Un autre convoi a été arrêté en Mauritanie où il y avait des Guinéens, des Sénégalais et d'autres nationalités. Vous voulez dire qu'en fonction des politiques migratoires des pays pourtant voisins, le point de départ peut changer ? Pas forcément les politiques migratoires en soi. Ça peut être peut-être la façon dont on est en train de réprimer les migrants, ou bien comment on est en train de durcir un peu les politiques migratoires. C'est une chaîne, en fait. Ça a commencé par le Maroc, puis le Maroc a « fermé » sa voie d'accès. Puis la Mauritanie, le Sénégal où ça devient de plus en plus difficile. Finalement, les points de départ s'éloignent de plus en plus. Et certainement demain, quand on va « fermer » la Guinée, peut-être que c'est Sierra Leone, le Liberia ou la Côte d'Ivoire qui seront concernés. En ce qui concerne le réseau des passeurs, ce n'est pas seulement la Guinée qui doit y travailler. Il faut que les pays collaborent, que ça soit une coordination entre les États parce que ces passeurs sont des criminels. Ça, il faut le dire. Quand vous voyez ce qui se passe aujourd'hui en Tunisie, vous comprendrez pourquoi les pays doivent coopérer pour pouvoir travailler sur cette question. Est-ce que vous avez pu dresser un profil des personnes qui prennent la mer ? Ce sont des familles avec des enfants, parce qu'ils sont convaincus qu'avec des enfants, on vous donne des papiers en règle dès votre arrivé. Donc, ils prennent toute la famille pour partir. En majorité, c'est des jeunes de 17 à 35 ans. Mais il y a également des vieux, des femmes, des enfants, des intellectuels, des étudiants, des non-étudiants... C'est les mêmes personnes, des fois, qui avaient envie de partir mais qui n'en avaient pas la possibilité. Avec 15 millions de francs guinéens [1 500 €, NDLR], ils vont migrer depuis Kamsar.  À lire aussiMauritanie: «Notre politique vis-à-vis de la migration irrégulière est restée la même» Alors même que la communication habituelle des autorités et la sensibilisation communautaire martèlent que le risque de partir clandestinement, c'est très dangereux, que la Guinée ou même l'Afrique en général, a besoin de bras pour se construire et que les politiques migratoires, vous l'avez dit, sont de plus en plus dures. Pourquoi, selon vous, les jeunes continuent de tenter « l'aventure », comme on l'appelle en Afrique de l'Ouest ? On est tous d'accord que d'abord, la migration, c'est un fait naturel. Deuxièmement, il y a une communication sur les réseaux sociaux qui dit que l'Allemagne ou la France ont besoin de plus de main-d'œuvre et les jeunes ont besoin de travailler. Mais quand vous prenez le cas spécifique de la Guinée, la majeure partie des jeunes Guinéens ont perdu confiance non seulement en l'intellectuel guinéen, mais aussi en la République de Guinée. Même s'ils avaient des milliards en poche, ils n'auraient pas envie d'investir dans ce pays parce qu'il y a une totale perte de confiance. Même si ces jeunes sont des intellectuels, même si vous leur trouvez un travail, ils vont chercher un moyen de transport pour quitter le pays parce qu'ils n'ont plus confiance en la République. À une époque, on avait des tee-shirts qui disaient La Guinée est mon avenir. Il y a un jeune qui m'a interpellé un jour, en me disant : « Tu penses qu'il y a une possibilité de réussir dans ce pays où un Premier ministre te dit qu'une région n'a pas le courant parce qu'un Chinois est mort ? » [en 2018, l'ex-Premier ministre Kassory Fofana avait justifié l'absence d'électricité à Kankan par le décès prématuré de l'investisseur chinois choisi pour le projet, NDLR] Vous voyez la mentalité ? Au début de ce mois, 49 Sénégalais ont quitté la Mauritanie en pirogue, se sont perdus en mer et ont finalement pu atteindre les îles Canaries en s'accrochant à une barge remorquée par un navire européen. Comment vous expliquez une telle détermination chez les jeunes Africains, avec pourtant un énorme risque de se faire arrêter ou pire, de mourir, tout simplement ? Vous interrogez dix jeunes aujourd'hui sur pourquoi ils sont prêts à prendre ces risques-là. Ils vous diront que dans l'état actuel des choses, ils sont comme déjà morts. Donc pour eux, il vaut mieux aller mourir ailleurs et peut-être réussir, que de rester ici et mourir. C'est comme un jeune avec ses parents, s'il n'a plus confiance, il va quitter la maison. Donc quand on n'a plus confiance en notre nation, on va forcément la quitter. C'est ce qui arrive en l'Afrique de l'Ouest, surtout au Sénégal et en Guinée. Quand dans un pays, même manger devient un luxe, ça devient un problème. Il y a donc la communication sur les réseaux sociaux et aussi cette question politique qui motive de nombreux jeunes à partir. Et on comprend parfois leur motivation, ils veulent tout simplement vivre en paix. À lire aussiLa France peut-elle se passer d'immigration ?

Invité Afrique
Guinée: l'opposant Cellou Dalein Diallo veut s'organiser pour «s'opposer à cet autre coup d'État» de la junte

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Aug 11, 2025 13:59


En Guinée, l'opposition se cherche une stratégie en vue du référendum constitutionnel du 21 septembre. Si le oui passe à cette consultation, le général Doumbouya, qui a pris le pouvoir par la force il y a quatre ans, pourra être candidat à la présidentielle qui suivra. Quel va être le mot d'ordre de l'opposition ? Cellou Dalein Diallo préside l'UFDG, l'Union des forces démocratiques de Guinée, le principal parti d'opposition. En ligne d'Abidjan, où il vit actuellement en exil, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Le 21 septembre, plus de 6 millions de Guinéens sont appelés à se prononcer par référendum pour ou contre la nouvelle Constitution. Est-ce que vous allez appeler à voter oui ou non ? Cellou Dalein Diallo : L'UFDG ne se sent pas concerné par cette opération parce que, d'abord, la junte n'a jamais accepté qu'il y ait un dialogue pour définir les termes dans lesquels le retour à l'ordre constitutionnel soit réorganisé. Et elle a toujours fait ce qu'elle a voulu. Et donc, l'UFDG et les coalitions dont on est membre ne se sentent pas concernés. Est-ce à dire que vous allez appeler à l'abstention ? Nous sommes en train de nous concerter puisque, au-delà de nos coalitions, il y a beaucoup d'autres partis politiques et d'organisations de la société civile qui n'acceptent pas cette Constitution imposée, dans la mesure où elle comporte une violation des engagements pris et du serment que le général avait prêté : de ne pas candidater, ni lui-même, ni les membres du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), ni les membres du gouvernement. Donc, nous sommes en train de voir comment nous pourrions nous organiser pour effectivement s'opposer à cet autre coup d'État contre le peuple de Guinée, contre les droits et libertés des Guinéens de choisir librement leurs dirigeants. Parce que vous suivez sans doute toutes ces mobilisations, toutes ces « mamaya » comme on le dit chez nous, pour promouvoir, justifier la candidature de Mamadi Doumbouya qu'on veut présenter comme un homme providentiel qui doit continuer justement ce chantier, alors que sa gouvernance a été catastrophique pour le peuple de Guinée, marquée par une violation massive et récurrente des droits humains et des libertés fondamentales, marquée par les disparitions forcées. Vous connaissez Foniké Mengué, Billo Bah, Marouane Camara, Sadou Nimaga. Il y a au moins quatre acteurs majeurs de la société civile et des journalistes qui sont portés disparus et dont on n'a pas de nouvelles jusqu'à maintenant. Je ne parle pas de la corruption et de détournement des deniers publics. Avec la manne minière – comme vous le savez, la bauxite aujourd'hui s'exporte – ils vont faire peut-être 200 millions de tonnes cette année, contre une vingtaine de millions en 2015. Et donc, il y a de l'argent. Mais justement, vous pourriez appeler à voter non ? Non, mais les conditions d'un scrutin juste et transparent ne sont pas réunies. Je vous rappelle que c'est le ministère de l'Administration du territoire dirigé par un général, appuyé de ces préfets qui sont tous militaires et de ces sous-préfets qui sont à 60% issus des forces de défense et de sécurité, qui vont organiser ce référendum. Et donc, dans un environnement où il y a une terreur qui s'abat sur le peuple de Guinée, où il y a la peur, la corruption et donc l'expression de la volonté populaire ne sera jamais prise en compte. Donc, nous, nous ne sommes pas pour cette mascarade, tout juste pour doter le pays d'une Constitution qui permettra à Doumbouya de confisquer le pouvoir. Voilà plus de trois ans, Cellou Dalein Diallo, que vous vivez en exil en Afrique de l'Ouest, notamment parce que vous êtes poursuivi par la justice guinéenne. Et il y a six semaines, vous avez tenté de vous faire recenser à Abidjan afin de pouvoir voter au référendum du 21 septembre prochain, mais cela n'a pas marché. Qu'est-ce qui s'est passé alors ? On m'a dit « non », que des instructions ont été données par les autorités de Conakry de ne pas me recenser. Je suis allé à un bureau, on m'a renvoyé. On a même fermé le bureau dès mon arrivée pour plier tout et partir. Et donc, je n'ai pas pu me recenser. Pour justifier votre non-recensement, le Premier ministre actuel, Monsieur Bah Oury, a affirmé sur RFI, il y a quelques jours qu'il y avait vous concernant un problème en termes de résidence et qu'il fallait que vous attestiez d'une résidence d'une certaine durée ce que vous n'aviez pu faire et qu'il n'y a aucune volonté d'exclure qui que ce soit de ce processus. Le rôle de Bah Oury est de justifier ce que la junte a pris comme décision. Alors moi, je disposais de tous les documents requis. Donc, ce que le Premier ministre dit, c'est de la contre-vérité. Il y a un peu plus d'un an, c'était en juin 2024 sur RFI, vous nous avez dit : je vais rentrer bientôt à Conakry. Or, vous n'êtes toujours pas rentré. Pourquoi ? Les conditions de mon retour ne sont pas encore réunies. Il y a trop de haine et de harcèlement. Vous voyez tout ce qu'ils font tous les jours pour empêcher la tenue du Congrès, pour refuser que je m'enrôle dans le fichier électoral, pour déclencher des poursuites fantaisistes contre moi. Donc, j'attends qu'il y ait moins de passion et de haine. Mais dans tous les cas, ma place est là-bas auprès du peuple pour mener le combat contre les dérives qui s'annoncent.

Reportage Afrique
Les délices du continent: en Guinée, le konkoé, plat typique du pays à base de poisson [6/10]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Aug 10, 2025 2:15


Suite de notre série sur les spécialités culinaires africaines. Aujourd'hui, on se rend à Conakry, où notre correspondant nous fait découvrir le konkoé, le nom local du mâchoiron, un poisson pêché au large des côtes guinéennes. Il est séché puis préparé et servi avec du riz. Un plat typique de la région Basse-Guinée qui fait le bonheur de tous les Guinéens. De notre correspondant à Conakry, En face de la direction générale des douanes de Conakry, dehors sous un chapiteau orange, Aïssata prépare le konkoé chaque jour. Les marmites alignées devant elle, certaines pour la sauce rouge, et le poisson, d'autres pour le riz, elle fait face à l'afflux de clients : « Pour préparer, il faut laver le konkoé, chauffer l'huile rouge dans la marmite, mettre le konkoé dedans, puis mettre les condiments : oignon, tomate, piment et puis bien préparer. Si c'est bien préparé, c'est délicieux ! C'est comme ça que je fais. C'est le plat préféré en Guinée parce qu'il y a beaucoup de vitamines. Si mon restaurant était mieux situé, j'aurais encore beaucoup plus de clients. » La plupart des clients prennent des plats à emporter, mais quelques-uns sont installés sur les tables sous un chapiteau. Parmi eux, Bérété. Le konkoé est de loin son plat préféré : « C'est très doux, raison pour laquelle quand je me couche, parfois dans mes rêves, je vois du konkoé que je suis en train de manger. Quand je me réveille, je vais automatiquement acheter konkoé. Et quand j'en mange, je me sens à l'aise, je me vois très gros et puis robuste, ajoute Bérété en riant.  Il y a deux choses que j'aime sur cette terre : le Real Madrid et le konkoé. » Tous les Guinéens adorent cette spécialité de la Basse-Guinée, tout le monde aime ce poisson fraîchement pêché, insiste Koumassi, un autre client : « En Basse-Côte, c'est très consommé. Parce que ça te donne envie de manger des produits de la mer. Et surtout, quand il est bien préparé comme on le prépare chez les Soussous. On se moque entre nous, Peuls et Malinkés, en disant  " Tu ne vas plus retourner en Haute-Guinée, tu as mangé le konkoé " ou " Tu ne vas pas retourner au Fouta, tu as mangé le konkoé ". Le konkoé, c'est une sauce de la Basse côte, mais actuellement tous les Guinéens consomment. » Même si le konkoé est un peu plus cher que les autres plats, comme la viande, le restaurant d'Aïssata ne désemplit jamais. À lire aussiLes délices du continent: le ti'hilo, un plat familial qui gagne en popularité en Éthiopie [5/10]

Invité Afrique
Bokar Ture: «Pour mon père Stokely Carmichael, la Guinée était le coin le plus révolutionnaire d'Afrique»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Aug 9, 2025 18:12


De Stokely Carmichael, figure des luttes noires du XXème siècle, on connaît surtout le combat aux États-Unis, comme dirigeant des Black Panther. On sait moins qu'en 1968, Carmichael a rejoint la Guinée avec son épouse, la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba. Il est alors devenu un proche collaborateur du président ghanéen en exil Kwame Nkrumah et s'est engagé aux côtés de la révolution guinéenne. Bokar Ture, fils de Stokely Carmichael, a accordé un entretien à RFI : il raconte les années africaines de la vie de son père. RFI : Votre père a été un acteur important des luttes noires du XXème siècle. Aux États-Unis, où il a été l'un des responsables des Black Panther… mais aussi dans son parcours transatlantique puisqu'il vient s'installer en 1968 en Guinée. Parlez-nous d'abord de lui. D'où vient-il ? Comment est née cette conscience militante noire ?  Bokar Ture : Kwame Ture est né Stokely Carmichael à Trinidad et Tobago, connu aussi en français comme Trinité-et-Tobago, en 1941. Il immigre plus tard aux États-Unis pour retrouver sa mère -donc ma grand-mère- qui y était déjà installée quelques années plus tôt. Elle avait pu avoir sa nationalité américaine parce qu'elle était née à Panama. Comment a commencé cette conscience ? Déjà, il avait un penchant politique très tôt. Il y a une de ses tantes qui racontait une anecdote : quand il était jeune, il la poussait à aller voter pour un syndicaliste à l'île de Trinidad. Et au lycée, aux États-Unis, il fréquentait déjà des groupes gauchistes. Un de ses amis de classe était le fils du président du Parti communiste américain dans les années 1952. Et donc, très tôt, il a pu découvrir les discours marxistes. Et bien sûr, il vivait au sud du Bronx, à côté de Harlem. Et la 125e rue de Harlem est une rue reconnue pour des discours politiques de tout genre, de différents groupes.  Il a été l'un de ceux qui ont travaillé l'idée de Black Power. Il a même coécrit, en 1967 avec Charles Hamilton, un ouvrage qui le théorise, intitulé Black Power, the politics of Liberation in America.  Effectivement, le concept de Black Power existait avant. Il y avait un livre qui s'appelait Black Power par Richard Wright, qui a été écrit pendant les années 1950 et qui était un ouvrage dédié à Kwame Nkrumah. Mais personne n'a rendu l'idée de Black Power aussi populaire que Kwame Ture - Stokely Carmichael à l'époque. Notamment durant une marche contre la peur au sud des États-Unis, aux côtés de Martin Luther King, où il disait, plus ou moins : « On est fatigué de mendier notre liberté, comme on l'a fait ces dernières années dans les droits civiques. Maintenant, ce qu'on va faire, c'est de demander le Black Power », le pouvoir noir, qui était un appel à une autodétermination en termes de structures politiques et économiques pour les personnes noires descendantes d'africains aux États-Unis.  En 1968, votre père épouse une première femme, la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba. Au-delà de la relation amoureuse qui s'est nouée entre eux, cette union reflète-t-elle aussi une pensée de votre père, de plus en plus tournée vers l'Afrique et vers le panafricanisme à cette époque ?  Ce n'est pas un tournant, c'est une continuité. Kwame Ture a toujours été Africain dans l'âme. Il vient d'un milieu où l'Afrique est centrale dans l'identité noire. Bien avant qu'il ne se marie avec Miriam Makeba. On le voit dans des photos au début des années 1960 avec ses camarades où il est en tenue africaine. Il se sentait toujours africain. Pour lui, être noir et africain, il ne voyait pas de distinction et toute sa vie était ainsi. Quand il a marié Tantie Miriam, comme je l'appelle, c'était juste une continuité. Après aussi, ma mère, Marlyatou Barry, qui était aussi une Guinéenne. C'était juste une continuité de sa façon de vivre.  Comment se fait concrètement la connexion entre votre père et le premier responsable guinéen, Ahmed Sékou Touré ? Stokely Carmichael, à l'époque, faisait une tournée mondiale et il a rencontré Shirley Graham Du Bois, qui était la veuve de W.E.B Du Bois, qui est aussi une légende de l'histoire de la lutte antiraciste et du développement du panafricanisme. Elle a invité Stokely Carmichael à venir en Guinée pour une conférence du Parti démocratique de Guinée pour rencontrer Kwame Nkrumah et Sékou Touré. Quand il est venu, il a rencontré les deux présidents. Il avait déjà beaucoup entendu parler de Kwame Nkrumah, parce que mon grand-père a travaillé dans un bateau un moment. Il est parti au Ghana et quand il est revenu à New York, il expliquait que c'était la première fois qu'il avait vu une nation noire, indépendante, avec sa propre armée, un président, etc. et il expliquait ceci à un jeune Stokely Carmichael. Cela a vraiment marqué sa pensée. Quelques années plus tard, ils se voient face à face avec Kwame Nkrumah. Après la conférence, en quittant la Guinée, il part dire au revoir à Sékou Touré, qui lui dit : « Écoute, mon fils. Ici, c'est chez toi, tu peux revenir quand tu veux. C'est ta maison. »  Il part voir Kwame Nkrumah qui lui dit « Écoute, moi, je cherche un secrétaire politique, donc si ça t'intéresse, tu es toujours le bienvenu. » Un an et demi plus tard, deux ans pratiquement, il était de retour avec sa nouvelle épouse, Miriam Makeba.  Qu'est ce qui fait qu'il vient s'installer à Conakry à cette époque ?  Pour lui, c'était le coin le plus révolutionnaire en Afrique. Lumumba a été assassiné très tôt donc il n'y avait plus le Congo. Après, il y a eu le coup d'État contre Kwame Nkrumah en 1966. Modibo Keïta en 1968. Quand lui est arrivé, le seul autre pays, c'était la Tanzanie, mais qui était beaucoup moins radicale. Donc il a choisi la Guinée. C'était le pays qui s'alignait le plus avec sa pensée du pouvoir noir à l'échelle mondiale.  Il est aussi menacé aux États-Unis. C'est aussi pour cela qu'il quitte les États-Unis ? De toute façon, mon père était prêt à se martyriser. Il a vu Malcolm X tué, il a vu Martin Luther King tué et les agences voulaient sa tête. Il a échappé à pas mal d'attentats. Mais ce n'était pas la raison centrale. Déjà, il y avait l'invitation. Ensuite, il ne voyait pas les États-Unis comme le centre de cette lutte à laquelle il a dédié sa vie. Il voyait l'Afrique comme étant une partie essentielle. Pour lui, en venant en Guinée, il rejoignait l'Afrique, il rejoignait la révolution africaine qui pouvait donner la dignité à tout le peuple noir à travers le monde.  Diriez-vous qu'il y a un vrai projet politique international derrière cette volonté de s'installer en Guinée ?  Il a toujours eu ce projet. Quand il parlait de Black Power, déjà, dans le livre dont vous avez parlé, il parlait aussi des colonies en Afrique. Dans Black Power, lui et Charles Hamilton faisaient le parallèle entre la situation que vivaient les Afro-Américains aux États-Unis et la situation que vivaient les Africains en Afrique et aux Caraïbes aussi. Il faisait ce parallèle. Dans sa tête, c'était quelque chose qui était un combat international dès le début.  Quelles sont les idées sur lesquelles votre père, Stokely Carmichael – Kwame Ture, une fois qu'il change de nom – et Ahmed Sékou Touré se retrouvaient ?  On parle de personnes qui avaient la même vision d'une Afrique unie, une Afrique libre où il n'y a pas d'inégalités. Ils étaient tous deux penchés vers des idées socialistes. Ils étaient totalement alignés idéologiquement. Sékou Touré était un de ses mentors, une de ces personnes qui l'ont formé dans cette idéologie.  Ils se retrouvent dans l'idée, qui est défendue par Ahmed Sékou Touré à l'époque, d'authenticité africaine ? À 100 %. Et il s'intègre à 100 %. Je peux vous dire que moi, par exemple, j'ai très peu de souvenirs de mon père en habit occidental. Il s'habillait en tenue africaine, cousue en Afrique. Il s'est enraciné dans la population africaine. Ce qui était quand même unique parce que tout le monde était tourné vers une façon de vivre occidentale. Et lui non, il voulait se réapproprier son héritage culturel.  Et la volonté de promouvoir les cultures africaines, de leur donner leur vraie place ? C'est exactement cela, revaloriser la culture africaine, la culture noire, se réapproprier celle-ci. Et ne pas avoir de complexes vis-à-vis des cultures européennes, dominantes et autres.  Depuis le début de cet entretien, on joue avec deux noms pour parler de votre père, Stokely Carmichael, Kwame Ture. À un moment donné de sa vie, il décide de passer du nom de Stokely Carmichael à celui de Kwame Ture. C'est une démarche qui dit aussi beaucoup de choses sur le lien qu'il a avec Kwame Nkrumah et Ahmed Sékou Touré.  Effectivement. Il y avait un précédent aux États-Unis. Il y avait pas mal d'Afro-Américains, notamment dans son milieu révolutionnaire, qui changeaient de nom. Notamment Malcolm X, Mohamed Ali. Bien sûr, le nom est inspiré de Kwame Nkrumah et de Sékou Touré. L'anecdote, c'est qu'il était en Tanzanie lors d'un entretien radio. Après l'entretien, apparemment, un vieil homme venu à pied d'un village lointain est venu le voir et lui a dit : « Écoute mon fils, j'ai vraiment aimé ton entretien. Mais il y a une chose : ton nom sonne un peu bizarre, un peu féminin, il faut le changer ». Il a alors pris le nom de Kwame Nkrumah et de Sékou Touré. Lorsqu'il venait l'annoncer à Sékou Touré et lui dire : « J'ai pris le prénom de Kwame », Sékou Touré lui a répondu : « C'est bien, parce qu'à chaque fois que nous avons des débats, tu prends toujours son parti. » Il lui a répondu : « Mais j'ai pris le nom Touré comme nom de famille. ». Ce qui était approprié, car c'étaient ses deux mentors. À lire aussiKwame Ture, le destin hors du commun d'un Black Panther parti s'installer en Guinée [1/2] Comment est-ce que vous décririez les liens qu'il entretenait avec Kwame Nkrumah et Ahmed Sékou Touré ? En Kwame Nkrumah, il voyait un symbole de cette lutte. Il était prêt à le suivre. Il a mené quelques opérations au Ghana pour essayer de voir s'il pouvait réinstaurer Kwame Nkrumah au pouvoir. Il était très proche de lui. Et Sékou Touré était comme un père pour lui. En 1970, votre père vit l'un des moments charnières de l'histoire de la Première République guinéenne, à savoir l'attaque contre Conakry du 22 novembre 1970. Savez-vous comment il a vécu ces journées ?  Je sais qu'il était un participant dans l'action de repousser les troupes portugaises. Il était armé ce jour et a dû utiliser son arme. Selon ce que j'ai appris, il était un des premiers à alerter les autorités, y compris le président, du fait qu'il y avait une attaque qui venait. Ca tirait sur sa case, donc il devait quitter sa maison. Lui et Miriam Makeba ont dû se réfugier quelque part d'autre où il l'a laissée et lui est ressorti pour aider à défendre la ville.  Cette opération conjointe de militaires portugais et de rebelles guinéens a conduit à la plus grande vague d'arrestations en Guinée de toute la Première République. La vie du pays va être rythmée pendant de longs mois par des confessions publiques de personnes présentées comme les complices d'un « complot impérialiste » aux ramifications tentaculaires. Comment est-ce que votre père se positionnait par rapport à cette thèse du complot permanent contre la Guinée ? Et plus généralement, quel regard portait-il sur l'État policier qu'était aussi devenu la Guinée de cette époque ?  C'est quelque chose de très complexe et malheureusement, la Guinée ne s'est toujours pas réconciliée avec ce passé et les positions sont assez ancrées. Maintenant, si on parle de Kwame Ture précisément, pour lui, c'était un régime panafricaniste, le seul régime panafricaniste radical. Et malgré toutes ses erreurs, c'était celui qui pouvait tenir jusqu'au bout cette conviction qu'il avait lui-même. Il était totalement d'accord avec le fait qu'il fallait conserver ce régime pour qu'il ne bascule pas dans un régime néocolonialiste.  À tout prix ? À tout prix.  En 1974, il y a un autre évènement important pour l'Afrique et plus généralement pour le monde noir, c'est le combat en Afrique, à Kinshasa, entre Mohamed Ali et George Foreman. Dans un livre de mémoires, votre père indique qu'il a été invité par Mohamed Ali lui-même à venir à Kinshasa pour le combat. Est-ce que vous savez ce que représentait cet affrontement pour votre père ?  Mohamed Ali était son ami. Il y avait ce symbole de Mohamed Ali qui représentait l'Africain fier et George Foreman qui était un peu l'opposé de cela. Mais après, il a rencontré George Foreman et il disait que George Foreman l'avait séduit avec son charme, l'a embrassé et tout. Je pense qu'au-delà du symbolique, mon père était beaucoup plus intéressé par ce qui se passait au Congo démocratique, c'est-à-dire le Zaïre à l'époque, et le fait que c'était sous le régime de Mobutu Sese Seko, auquel il était farouchement opposé par ce qu'il représentait en termes de corruption et d'alignement avec les puissances coloniales. Qui sont de manière générale les acteurs politiques qui fréquentaient le salon de votre père dans ces années 1970 et au début des années 1980, pendant la Première République en Guinée ? On parle d'un melting pot qui ne dit pas son nom. Que ce soit des artistes - Miriam Makeba et Nina Simone, qui était une de ses amies très proches - ou des activistes de partout dans le monde. Qui venaient à Conakry et qui venaient le rencontrer ? Qui venaient à Conakry ou qui y vivaient. Parce que vous savez qu'à une époque, Conakry était un centre du monde noir où on conciliait l'art, les mouvements de libération, etc. Il y avait un grand nombre de personnes qui y vivaient, comme Amilcar Cabral, comme Kwame Nkrumahn, avant même il y avait Félix-Roland Moumié du Cameroun, pour ce qui est de la politique. Concernant les arts et la littérature, il y avait Ousmane Sembène qui y vivait, il y avait Maryse Condé qui y vivait. C'était vraiment un centre… et il se retrouve chez lui avec toutes ces personnes, plus ou moins de différentes sphères. Moi, je peux raconter avoir vu des activistes exilés sud-africains, Tsietsi Mashinini, qui a commencé la révolte estudiantine de Soweto, qui était parmi d'autres exilés sud-africains. Il y avait beaucoup d'Afro-Américains, bien sûr, des Black Panthers exilés. Il y avait la diplomatie guinéenne, des diplomates de pays gauchistes et souverainistes, il y avait tout un monde. Mais aussi, il faut savoir que Kwame Ture était vraiment penché vers la masse, la masse populaire. Donc autour de tout ça, on voit un chef villageois qui est assis ou on voit la personne déshéritée du quartier qui est là, assise, qui peut recevoir un repas. Parce que notre maison était comme un centre communautaire pour la jeunesse du quartier. Il amenait tous les enfants du quartier à la plage chaque dimanche. Puis se retrouvait peut-être un mardi à saluer un chef d'État. Puis avait une conférence avec un groupe communautaire. Moi, j'ai vu tout cela dans cette maison. C'était quelque chose de magique. Il recevait où, justement ? Dans son salon, dans son bureau ? Y avait-il un rituel autour de la réception de ses amis politiques ? Déjà, il avait une véranda où il était assis… parce que c'était un bibliophile. Il lisait beaucoup, il écrivait beaucoup. Il ne lisait pas pour le plaisir, mais il lisait pour ses conférences. Après, il y a des gens qui venaient pour le rencontrer. Je sais qu'il y a eu Charles Taylor qui était venu de nulle part pour le rencontrer. C'était vraiment un melting pot.    À cette époque, votre père continue aussi ses voyages et ses tournées, il n'est pas tout le temps à Conakry ? Il était très organisé. Sur toutes ses photos, il écrivait les dates et les lieux. On se demande comment il pouvait parcourir toutes ces distances en si peu de temps. Un jour, on le voit au Connecticut. Le lendemain, on le voit à Paris, banni, chassé. En Angleterre, peut-être, d'où il est banni et chassé. Parce que c'était très compliqué pour lui d'avoir accès a beaucoup de pays. Après, on le voit en Californie... Il était partout. Sékou Touré disparaît en 1984. Mais votre père continue, lui, son engagement pour ses idées au sein du Parti démocratique de Guinée. Qu'est-ce qui a marqué ces années de militantisme politique sous Lansana Conté ? Le contexte a vraiment changé !  Et c'est là que l'on voit vraiment les convictions de l'homme. Parce que, du jour au lendemain, tout a changé. Il a été arrêté par le régime de Lansana Conté. Donc, il a perdu les privilèges qu'il avait, bien sûr, où il connaissait le président et était sous sa tutelle. Mais malgré cela, il a décidé de rester en Guinée. La moitié de sa vie guinéenne, quinze ans, s'est passée ainsi. Il a décidé malgré tout de rester en Guinée, d'être actif dans la vie politique guinéenne et la vie sociale de la Guinée.  … Et de rester fidèle à ses convictions.  Exactement. Vous êtes à l'époque enfant. Quel souvenir est-ce que vous gardez de ces années, de votre maison à Conakry, de ceux qui y passaient ? Quelle était l'ambiance ? Vous disiez tout à l'heure que tout le quartier se retrouvait chez vous…  C'est cela. Mon père était d'une gentillesse rare, d'un altruisme qu'on ne retrouve pas très souvent. Donc effectivement, c'était pour moi quelque chose de très formateur. Comment quelqu'un peut traiter un chef d'État avec le même respect qu'il traite la personne la plus déshéritée du quartier. Et toutes ces personnes pouvaient se retrouver chez lui, devant lui, avec le même respect, ou peut-être même le déshérité avec un peu plus d'amour.  Vous appelez régulièrement les Guinéens à se souvenir de votre père, Stokely Carmichael / Kwame Ture. Avez-vous le sentiment que son histoire a été oubliée en Guinée ?  Je parle de manière générale. Il y a une politique de mémoire en Guinée qui doit être améliorée. Stokely Carmichael est un pont unique entre l'Afrique et l'Amérique. On parle d'un personnage qui a passé la moitié de sa vie en Guinée. À ce stade, l'État guinéen n'a pas fait une seule initiative pour se réapproprier de l'héritage de cette personnalité.  Donc il y a un vrai chantier ? Il y a un chantier.  Une dernière question plus personnelle. Quel père a été Stokely Carmichael ? Quelle image retenez-vous de lui ?  Un père adorable, d'une gentillesse rarissime, qui m'a beaucoup appris, que j'ai profondément aimé. Quelqu'un qui était attaché à tout ce qui est beau dans le monde, à commencer par les enfants. ►A lire pour aller plus loin : BERTHO Elara, Un couple panafricain, Editions Rot-Bo-Krik, 2025 À (ré)écouterElara Bertho: «Replacer Conakry au centre des imaginaires, c'était un peu l'idée de cet ouvrage»

Invité Afrique
Présidentielle en Guinée: «Rien n'indique que Mamadi Doumbouya a renoncé à sa promesse»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Aug 8, 2025 14:28


En Guinée, il est de plus en plus probable que le numéro un du pays, le général Mamadi Doumbouya, sera candidat à la future élection présidentielle. « Les dispositions qui vont être proposées au peuple par référendum le 21 septembre n'interdisent pas sa candidature », déclare aujourd'hui sur RFI le Premier ministre Bah Oury, qui espère que cette présidentielle pourra avoir lieu avant la fin de l'année. Bah Oury s'exprime aussi sur les disparitions forcées de Foniké Menguè et de Mamadou Billo Bah, il y a plus d'un an. En ligne de Conakry, le Premier ministre guinéen répond aux questions de Christophe Boisbouvier.   RFI : Le 21 septembre est programmé le référendum constitutionnel en prélude à une prochaine élection présidentielle. Dans la charte de transition, le général Mamadi Doumbouya avait promis de ne pas se présenter à cette future élection. Pourquoi a-t-il changé d'avis ?   Bah Oury : Bon, pour le moment, aucune information officielle n'a été délivrée sur ce sujet. Mais ce qui est sûr, les dispositions constitutionnelles qui vont certainement être proposées à la population le 21 septembre prochain n'interdisent pas la candidature principalement de Monsieur Mamadi Doumbouya.   Et justement, pourquoi renonce-t-il à sa promesse de 2021 quand il avait pris le pouvoir ?   Pour le moment, rien n'indique qu'il a renoncé à sa promesse. Laissons-lui le temps, le moment venu, de s'exprimer et de donner des motivations dans n'importe quel sens qu'il pencherait, il va expliquer cela à la population guinéenne.   Mais pensez-vous qu'il y a un doute sur sa candidature à venir à la prochaine présidentielle ?   Permettez-moi de lui laisser le soin, le moment venu, de s'exprimer sur sa position.   Alors pour constituer le fichier des votants à ce référendum du 21 septembre, les autorités ont procédé à un recensement biométrique. Il y aura 6 700 000 votants. Mais les autorités ont oublié de recenser le numéro un de l'opposition, l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo. Pourquoi cet oubli ?   Je pense qu'il a un problème en termes de résidence. Et vous savez, si vous êtes non-résident dans une ville ou dans une collectivité, il faut que vous attestiez d'une résidence d'une certaine durée. Donc, il n'y a aucune volonté d'exclure qui que ce soit dans ce processus.   Dans ce projet de Constitution, il est prévu que, pour le président, le mandat de sept ans sera renouvelable une fois, sans plus de précisions. Est-ce que, par rapport à l'avant-projet initial qui était beaucoup plus restrictif, il n'y a pas la porte ouverte à une présidence à vie ?   Non, pas du tout. Au contraire, les dispositions d'intangibilité ont été renforcées pour empêcher, de manière juridique, toute possibilité de procéder à des modifications de ces dispositions d'intangibilité. Et la question des mandats fait partie de ces dispositions d'intangibilité.   Et si le « oui » passe, est-ce que la présidentielle aura lieu dans les semaines suivantes ?   L'objectif, comme l'a dit le général Mamadi Doumbouya, l'année 2025 est une année électorale. Le référendum n'est pas une élection, donc ceci explique cela.   Donc la présidentielle avant la fin de l'année ?  Inchallah.  Vous avez une date ?   Non. On respectera les procédures réglementaires et législatives pour la fixation de n'importe quelle date après le référendum.   Il y a treize mois, le 9 juillet 2024, les deux leaders de la société civile, Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, ont été enlevés à Conakry par des hommes armés et en uniforme. Est-ce que vous avez de leurs nouvelles ?   Nous cherchons toujours et de la manière la plus sérieuse. Nous cherchons à avoir des renseignements sur leur sort, sur les lieux où ils pourraient être. Et je dis que cela, c'est une préoccupation aussi bien du président de la République que du gouvernement dans sa globalité.   Est-ce que Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah sont encore en vie ?   Je souhaite ardemment que Billo et Foniké soient en vie.   Ce jeudi 7 août viennent d'entrer en vigueur les nouvelles surtaxes douanières des États-Unis à l'égard de leurs partenaires commerciaux. Quel est l'impact pour votre pays, la Guinée ?   Notre économie est une économie relativement pas importante au regard de la puissance de l'économie américaine, et nous exportons beaucoup plus des matières brutes comme la bauxite. Et dans les prochains mois, le fer. Et comme vous le savez, ça rentre dans des combinaisons de transformation dans des pays qui pourraient être peu ou prou affectés par ces hausses de tarifs. Mais nous, c'est relativement marginal puisque notre partenaire économique privilégié pour les matières premières, c'est la Chine. Donc notre économie n'est pas directement affectée au premier rang.  

The 92 Report
143. Gregory Mose, The Long Road to Provence

The 92 Report

Play Episode Listen Later Aug 4, 2025 49:09


Show Notes: Gregory Mose, an English major, currently lives in Aix-en-Provence where he is the director of international relations and professor of International Law at a small American University program called the American College of the Mediterranean.  When he graduated, his parents wanted him to go to Law School, but Greg wanted to travel. He was offered a teaching fellow position at Athens College in Greece, and he fell in love with the place and the experience. He returned to the US and law school at Duke where he met his wife.   Working for United Nations Greg's interest in international public international law led him to work for the UN during Yugoslavia's war crimes tribunal research project. He secured a two-year contract with the UN High Commissioner for Refugees in Conakry, Guinea, which was a paranoid, isolated place. He worked with refugees there for two years, traveling through Mali, Timbuktu, Dakar, Freetown, Abidjan, and upcountry Guinea. During this time, he helped resettle some people to the United States. Greg's experience in Conakry was both powerful and passionate. He helped resettle some people to the United States who wouldn't be able to be resettled today. However, he returned home underweight and suffering from malaria and PTSD. A Career Changes: Director of International Relations - Stay-at-home Dad Greg joined his fiance in London. After a period of recovery, Greg secured a job in corporate law at an international firm in London. He worked on IPOs and was hired as a young US lawyer in securities practices. After three years, he moved to a London-based firm, Freshfields, Brookhouse, Deringer.  Greg and his wife had their son in 2002 and decided to raise their son themselves rather than handing him over to a nanny. He decided to leave his job to write a novel and raise their son while his wife worked at the European Bank for Reconstruction and Development. They considered downsizing and moving to the English countryside or getting more remote to facilitate a change in lifestyle. However, after spending time in the South West of France, they decided to do something radical and bought a medieval farmhouse and land in the South West of France, near a village called Montcabrier.  Village Life in Wine Country Greg describes their experience living in a wine region called the Lot, near the Dordogne, in the southwest. The village had about 30 full-time residents, but most people  lived in farmhouses outside the village. The village had a two-room schoolhouse, a bakery, and a mayor's office. Greg and his family rented out renovated three holiday cottages in summers to families with small children. They built a playground, swimming pool, and a beautiful field on their property. Greg also shares his experiences with their neighbors. He also learned how to use a chainsaw and finished his novel, Stunt Road. However, as their son grew older, they decided they needed a bigger centre with more activities and schools. They moved to Aix-en-Provence. Working in Education Greg didn't know what he was going to do there, but they enrolled their son in the International School where he was hired to teach a critical thinking course called Theory of Knowledge at the International Baccalaureate program. He became a high school teacher for 10 years and realized his love for teaching, and eventually wanted to teach at university. He decided to pursue a PhD program at French universities, which were affordable. The tuition for a PhD was about $500 a year.  Greg mentions the benefits of social programs in France. He eventually became a full-time professor at the American College in Aix and runs a master's program in international relations. Integration with French Culture Greg's life is different from what people think it is like living in Southern France. He finds it challenging to integrate into the country. In the rural areas, French culture is radically different, with people being warm but also private. Weekends are spent with family, and they do not easily invite people into their homes. However, he finds warmth in the greetings and the respect shown to others. This reinforces a tradition of treating each other as equals and respect. He also talks about how his students from abroad adjust to French culture.  Back to London and Recovery Greg thinks back to 1998 when he  arrived in North London with his fiance and was unemployed. He had been working at UNHCR, which provided decent pay. However, he was always physically cold and underweight due to his previous experiences with malaria and the constant heat in the tropical climate. He was exhausted from the work and the influx of refugees during the renewed violence in Freetown. One of his bouts of malaria occurred while doing a refugee census in the forest region. He spent three days in a room full of bugs and had limited access to food. He talks about how he broke down and found it was cathartic for him. He talks about a particularly difficult time, and how he teaches a course on armed conflict, linking it to genocide, crimes against humanity, war crimes, and refugees. Large glass He often shares anecdotes from his time there, but admits that sometimes he struggles to get through them. Influential Harvard Professors and Courses Greg mentions his first year English course with Helen Vendler. He recalls a kind act of kindness from her. He also mentions professor Burriss Young, who was the Associate Dean of freshmen at the time and lived in Mass Hall. Burriss was an archeologist, and he invited students to tea in his apartment filled with archeological artifacts. This made his first year at Harvard a magical experience. Greg, coming from LA, idealized Harvard. He had a wonderful time in Cabot House, and Greg believes that these experiences will be a lasting memory for him.  Timestamps: 04:44: Early Career and UN Experience 09:31: Transition to Corporate Law and Family Life  22:55: Return to Education and Teaching Career  30:10: Life in Southern France and Cultural Adjustments  40:37: Personal Reflections and Professional Growth  45:02: Memorable Experiences and Influences from Harvard    Links: LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/gregorymose/ Stunt Road, by Gregory Mose: https://amzn.to/46Orq4X The American College of the Mediterranean: https://www.acmfrance.org/ Greg's Blog: https://quercychronicles.wordpress.com/ Featured Non-profit: The featured non-profit of this week's episode is recommended by Keith Quinn who reports: “Hi. This is Keith Quinn, class of 1992 the featured non-profit of this episode of The 92 Report is water.org. Water.org. Is a global NGO working to bring water and sanitation to the world. The water crisis is a global crisis where 2.2 billion people lack access to safe water, and 3.5 billion people lack access to a safe toilet. I've served on the board of water.org for over 15 years, doing rewarding work, along with two other class of 1992 alums, my fellow board member, Larry Tans, and water.org co-founder, Matt Damon, and I'm proud to say that to date, water.org has changed 76 million lives with water and sanitation. You can learn more about their work@water.org and now here's Will Bachman with this week's episode.”   To learn more about their work, visit: water.org.   

Reportage culture
Rue des artistes: les studios Kirah, incubateur d'artistes émergents en Guinée

Reportage culture

Play Episode Listen Later Jul 27, 2025 3:48


Les studios Kirah de Conakry, nés en 2017, se sont imposés comme un haut lieu de production artistique et culturelle en Guinée. Ils sont un incubateur très prisé pour les artistes en herbe. Ils peuvent venir y travailler librement sur leurs projets personnels. Ils y trouvent des formations techniques en photo, en montage ou en design. Les activités des studios se structurent autour de deux projets phares : « Musi'Shine », pour accompagner de jeunes chanteurs et chanteuses dans leur professionnalisation, et l'accueil du festival de théâtre « Univers des mots ».  Dans le quartier de Kipé, c'est dans ce bâtiment de deux étages et son jardin, où s'entasse le matériel laissé en vrac par des scénographes, qu'aura lieu le festival « Univers des mots », en novembre. Aujourd'hui, des artistes français et guinéen en résidence aux studios Kirah travaillent sur le spectacle qu'ils proposeront lors du festival, explique Myriame, une responsable des studios : « Dans le cadre d'Univers des mots, on a un projet inclus dedans, « Les mots et le geste ». Ça permet de rassembler les artistes en binômes, on crée des binômes mixtes interdisciplinaires avec des artistes français et guinéens. C'est vraiment un échange culturel qu'on veut au travers de ça, une communication entre différentes formes d'arts, les différentes disciplines. Créer un projet pour aider les populations à prendre conscience de certains enjeux sociaux ». Slam et danse : une collaboration en mouvement Maureen, une danseuse française, a profité de sa résidence pour animer des ateliers avec des danseurs guinéens : « Le projet de « L'univers des mots, Les mots et le geste », c'est de créer un métissage et un lien entre un artiste guinéen et un artiste français. Moi je suis danseuse et je vais travailler avec un artiste guinéen, Bademba Barry, qui est slameur. Le but est de collaborer, de trouver une thématique en s'inspirant de l'univers d'ici, de Conakry, trouver un thème. Et à partir de ça, trouver son axe de recherche, développer et créer une proposition artistique, un duo, qui mélange le slam et la danse ». Bademba Barry aussi anime des ateliers, de slam, pendant sa résidence. Pour lui, il s'agit autant de métisser les équipes d'artistes que les arts sonores et visuels, pour créer un spectacle complet : « L'intérêt, c'est d'apporter une expression visuelle au slam qui est un art d'expression orale. Moi, je l'ai déjà fait, ça fait déjà cinq bonnes années que je fais de grands spectacles à Conakry où je fais intervenir des danseurs et d'autres artistes. Mais cette fois-ci c'est différent, car Maureen est une danseuse professionnelle. […] Elle a de l'expression dans le mouvement. Je pense qu'elle pourra parfaitement interpréter mes mots à travers ses mouvements sur une scène. J'ai d'ailleurs hâte de voir la thématique que nous allons choisir et l'œuvre que nous allons créer ». Structurer une carrière artistique en Guinée Un autre grand projet des studios Kirah, c'est « Musi'Shine », un programme aidant des chanteurs et chanteuses talentueux à pouvoir vivre de leur art, à travers du coaching par des chanteurs expérimentés et des formations juridiques sur les contrats ou les droits d'auteurs. Le rappeur Africanisé en a bénéficié l'an dernier. « Pour moi, le début, c'était juste une passion. Et après, j'ai compris, quand je suis venu à Musi'Shine, ils m'ont fait comprendre que ce que je fais, je peux en vivre. Ils m'ont appris le sens du métier, ils m'ont appris à m'organiser de façon professionnelle. C'est-à-dire à me structurer, même si pour le moment tout n'est pas encore au complet, mais ils m'ont beaucoup aidé sur ce plan ». Une nouvelle cohorte de chanteurs va participer cette année à ce programme des studios Kirah pour booster leur carrière.

Reportage Afrique
Objets de pouvoir - Guinée-Bissau: le bonnet d'Amilcar Cabral [8/10]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Jul 15, 2025 2:25


Aujourd'hui, intéressons-nous au bonnet d'Amilcar Cabral. Le dirigeant indépendantiste, originaire du Cap-Vert, qui a mené la lutte pour l'indépendance dans le maquis de la Guinée-Bissau, est connu pour cette coiffe qu'il portait très souvent. Ce qui est moins connu, c'est que ce bonnet portait un message essentiel pour la lutte du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), et qu'il a servi à abriter des protections magiques.  C'est devenu une image iconique. Le célèbre indépendantiste Bissau-Guinéen Amilcar Cabral coiffé de son bonnet « Suwiya » aux motifs caractéristiques. Ce bonnet, selon la tradition du mouvement indépendantiste de Cabral, le PAIGC, lui a été remis par Toumani Seidi, un paysan de Morès, dans le nord de la Guinée-Bissau. Le chef indépendantiste l'a alors adopté pour ressembler à un mandingue de la région de Oio. Avec un objectif bien précis : faire oublier ses origines capverdiennes, rallier à lui les populations rurales... Comme le raconte le fils de Toumani Seidi, Keba Seidi : « Cabral fut obligé de porter le bonnet, car à cette époque de la mobilisation pour la lutte armée, les gens étaient très réticents. Ils considéraient Cabral comme un Portugais. Et mon père, Toumani Seidi, avait peu d'arguments pour convaincre sa communauté. Il a donc trouvé une astuce : habiller Cabral comme un mandingue, en lui faisant porter un bonnet. C'est d'ailleurs son propre bonnet qu'il a remis à Cabral. "Pour convaincre ma communauté, lui a-t-il dit, je te ferai porter ce bonnet de laine". Ainsi, tu seras vu comme un pur Guinéen, car on n'a jamais vu un Blanc porter un bonnet, encore moins un capverdien, pendant 500 ans de présence coloniale. Qui dirait que Cabral n'est pas un pur Guinéen en voyant un bonnet solidement vissé sur sa tête ? » À écouter aussiAmilcar Cabral et Maria Helena, de l'intime au politique Le bonnet est également devenu au fil de la lutte le réceptacle de protections mystiques. Mario Sissoco, historien et responsable des archives du PAIGC : « À l'issue de la majorité, il avait introduit un petit grigri dans le bonnet. C'est le bonnet, avec ce contenu, qui le préservait de toute trahison, de tout complot, des balles de l'ennemi. Il était invulnérable ».  Mario Sissoco rappelle que le soir de son assassinat, le 20 janvier 1973 à Conakry, Amilcar Cabral était allé à une réception diplomatique et ne portait donc pas le bonnet.   Y a-t-il par ailleurs un lien entre la coiffe de Cabral et le soutien que la République Tchèque apportait à l'époque à la lutte du PAIGC ? Deux faits sont troublants. Un bonnet traditionnel tchécoslovaque qui porte le nom de Smiovka ressemble fort à celui de Cabral… Par ailleurs, la documentariste Violette Deffontaines, qui enquête sur cette histoire, a retrouvé des archives mentionnant l'envoi par Prague de bonnets aux maquis du PAIGC. VidéoQue reste-t-il de l'héritage de Amílcar Cabral ?       ► Webdocumentaire : des documents exceptionnels sur le leader anticolonial Amilcar Cabral

Priorité santé
Comment améliorer le développement de la petite enfance en Guinée ?

Priorité santé

Play Episode Listen Later Jul 14, 2025 48:29


Reportage long-format dans la région de Kindia, à 140 km de Conakry, où le suivi de la santé infantile constitue un défi majeur. Difficultés d'accès aux services de soins, manque de structures de santé et de personnel formé, pauvreté et pratiques néfastes, sont autant d'obstacles à l'épanouissement des enfants de 0 à 3 ans. Alors pour répondre à ces problématiques, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) soutient un programme local de développement de la petite enfance : prévention de la malnutrition chronique, sensibilisation à l'importance de l'allaitement maternel et de la vaccination, lutte contre le paludisme et les maladies infantiles liées à l'eau, mais également préapprentissage par le jeu et stimulation intellectuelle et motrice des petits… Si cette initiative est une réussite, c'est notamment parce que l'éducation parentale s'appuie sur la dynamique communautaire. Les activités sont mises en place par des groupements de femmes et des relais communautaires sous la supervision des agents de santé. Notre reporter Raphaëlle Constant s'est rendue dans les villages perchés dans les collines de la commune de Samaya, à la rencontre d'acteurs locaux impliqués dans la santé infantile, porteurs d'initiatives de terrain pour répondre aux besoins essentiels des tout-petits.

Priorité santé
Comment améliorer le développement de la petite enfance en Guinée ?

Priorité santé

Play Episode Listen Later Jul 14, 2025 48:29


Reportage long-format dans la région de Kindia, à 140 km de Conakry, où le suivi de la santé infantile constitue un défi majeur. Difficultés d'accès aux services de soins, manque de structures de santé et de personnel formé, pauvreté et pratiques néfastes, sont autant d'obstacles à l'épanouissement des enfants de 0 à 3 ans. Alors pour répondre à ces problématiques, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) soutient un programme local de développement de la petite enfance : prévention de la malnutrition chronique, sensibilisation à l'importance de l'allaitement maternel et de la vaccination, lutte contre le paludisme et les maladies infantiles liées à l'eau, mais également préapprentissage par le jeu et stimulation intellectuelle et motrice des petits… Si cette initiative est une réussite, c'est notamment parce que l'éducation parentale s'appuie sur la dynamique communautaire. Les activités sont mises en place par des groupements de femmes et des relais communautaires sous la supervision des agents de santé. Notre reporter Raphaëlle Constant s'est rendue dans les villages perchés dans les collines de la commune de Samaya, à la rencontre d'acteurs locaux impliqués dans la santé infantile, porteurs d'initiatives de terrain pour répondre aux besoins essentiels des tout-petits.

La marche du monde
Miriam Makeba et Stokely Carmichael à Conakry, un amour panafricain

La marche du monde

Play Episode Listen Later Jul 12, 2025 48:29


Le saviez-vous ? En 1968, Miriam Makeba, la chanteuse africaine la plus célèbre au monde fait le choix de quitter les États-Unis pour s'installer à Conakry avec son révolutionnaire de mari Stokely Carmichael, le leader du mouvement Black Power. Le couple panafricain va servir la révolution socialiste de Sékou Touré ! Cette histoire aussi fascinante que méconnue est documentée par Elara Bertho, chargée de recherche au CNRS au sein du Laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM). Historienne de la littérature, elle revisite les années 70 marquées par une extrême violence envers les noirs, que ce soit aux États-Unis ou en Afrique du Sud, mais depuis Conakry, capitale de la Guinée indépendante dirigée par Ahmed Sékou Touré depuis 1958 et son célèbre « Non » à la communauté française proposée par le Général de Gaulle. Une indépendance immédiate, en rupture avec la France, et un choix politique clair : celui du socialisme. Anticolonialiste, panafricaniste, Sékou Touré soutient les luttes de libération et accueille combattants clandestins et réfugiés politiques. Pour Stokely Carmichael, théoricien du Black Power et de la colonialité, des millions de Noirs sont justement devenus des réfugiés politiques à l'époque. « Dans le monde entier, il y a des centaines de milliers, je dirais même des millions de réfugiés politiques noirs, et nous devenons des réfugiés politiques dans le monde. Et nous n'avons absolument rien à voir avec les luttes politiques qui se déroulent, les luttes politiques des Blancs. Mais ce sont des luttes politiques blanches pour le contrôle des Noirs, et nous sommes pris au milieu. Chaque fois qu'il y a un coup d'État dans un pays africain, qui est provoqué par les forces impérialistes occidentales blanches, des milliers de Noirs doivent alors fuir. Prenons l'exemple du Congo. Au Congo, il y avait (Moïse) Tshombe, Mobutu et Lumumba. Lorsque les forces impérialistes blanches ont tué Lumumba, des dizaines de milliers de Noirs vivant au Congo ont dû fuir le pays à la recherche d'un refuge politique dans les pays environnants, affirme-t-il au micro de Hayward Henry aux USA en 1968 (Archive Afro-Marxist). Et des milliers de personnes ont dû fuir lorsque Nkrumah a été renversé, ce sont les forces blanches qui contrôlent les richesses. Ma femme (Miriam Makeba) est une réfugiée politique de son propre pays, née et élevée en Afrique du Sud. Certains envahisseurs blancs viennent expulser les Noirs de leur propre terre et leur disent qu'ils ne peuvent pas y retourner. Nous avons des milliers de réfugiés politiques d'Afrique du Sud, du Mozambique, d'Angola, de Guinée-Bissau, toute l'Afrique est inondée de réfugiés politiques noirs, et maintenant les États-Unis complotent pour déplacer ce phénomène dans les Caraïbes. Et enfin, bien sûr, vers les États-Unis.» Lors de ses différentes visites à Conakry, Miriam Makeba, infatigable militante contre l'apartheid en Afrique du Sud, s'est vue plusieurs fois proposer l'accueil de la Guinée. C'est ainsi qu'en 1968, après leur mariage le 29 Avril à New-York, Miriam Makeba et Stokely Carmichael s'envolent pour Conakry et s'engagent au service de la révolution culturelle lancée par Sékou Touré… un récit aux sons de nos archives sonores et musicales ! À lire : Un couple panafricain par Elara Bertho, aux éditions ROT-BO-KRIK.   À voir : Le diaporama des photos du livre. Programmation musicale : - Miriam Makeba / Kilimanjaro Live 1971 Guinée - Harry Belafonte / Give Us Our Land (Mabayeke) - Miriam Makeba / Pata Pata (Strut Records) - Miriam Makeba / Sékou Famaké (SYLLART RECORDS) - Miriam Makeba / Kadeya Deya (SYLLART RECORDS).

Appels sur l'actualité
[Vos questions] Angélique Kidjo : première chanteuse africaine à briller sur le « Walk of Fame »

Appels sur l'actualité

Play Episode Listen Later Jul 9, 2025 19:30


Les journalistes et experts de RFI répondent également à vos questions sur la blessure de Jamal Musiala lors d'un match contre le PSG, la réaction de Donald Trump au nouveau parti d'Elon Musk et les un an de la disparition de Foniké Menguè et Billo Bah. Angélique Kidjo : première chanteuse africaine à briller sur le « Walk of Fame »   La diva béninoise aura son étoile sur l'emblématique « Walk of Fame » d'Hollywood, à Los Angeles. Comment expliquer cette reconnaissance ? Pourquoi les artistes africains sont si peu nombreux sur le célèbre trottoir d'Hollywood Boulevard ? Avec Sophie Torlotin, cheffe adjointe du service culture de RFI. PSG-Bayern : retour sur la terrible blessure de Jamal Musiala   Lors du match PSG-Bayern Munich en quarts de finale du Mondial des clubs, Jamal Musiala a brutalement quitté la pelouse avant la pause, victime d'une fracture du péroné gauche avec entorse de la cheville dans un choc involontaire avec le gardien Gianluigi Donnarumma. Combien de temps sera-t-il immobilisé ? Le gardien parisien est-il responsable de cette blessure ? L'absence de l'attaquant risque-t-elle d'affaiblir le « Rekordmeister » ? Avec Antoine Grognet, journaliste au service des sports de RFI. États-Unis : Elon Musk est-il un danger pour Donald Trump ?    En annonçant la création de son parti, le Parti de l'Amérique, Elon Musk acte définitivement sa rupture avec Donald Trump. Comment le président américain réagit-il à cette initiative ? A-t-il des raisons de s'inquiéter de son ex-allié ? Elon Musk peut-il grappiller des voix aux Républicains ? Avec Pierre Gervais, professeur de Civilisation américaine à l'Université Sorbonne Nouvelle. Auteur du livre « Histoire des États-Unis de 1860 à nos jours » (éditions Hachette Éducation).  Guinée : un an de silence sur la disparition de Foniké Menguè et Billo Bah   Un an jour pour jour après leur enlèvement à Conakry, les militants de la société civile Foniké Menguè et Billo Bah demeurent introuvables. Malgré les alertes répétées de leurs proches, du FNDC et d'organisations internationales, les autorités guinéennes n'ont livré aucune information sur leur sort. Où en sont les enquêtes ouvertes par la justice guinéenne ? Que peut-on attendre des recours déposés devant la justice internationale ? Avec Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel à Human Rights Watch.

Invité Afrique
Disparition de Foniké Menguè et Billo Bah en Guinée: «Nous voulons garder l'espoir de surtout les retrouver en vie»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Jul 9, 2025 8:24


Le 9 juillet 2024, Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, les deux leaders de la société civile guinéenne, ont été arrêtés à Conakry par des hommes en armes et en uniformes. Sont-ils toujours en vie ? Depuis un an, on est sans nouvelles d'eux. « Pour nous, cette incertitude est insoutenable », disent leurs épouses et leurs proches. Un an après, la FIDH, la Fédération internationale pour les droits humains, appelle les États de la Cédéao à « se réveiller » pour faire libérer ces deux disparus. Maître Drissa Traoré est le secrétaire général de la FIDH. En ligne d'Abidjan, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Est-ce que vous gardez l'espoir que Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah sont vivants ? Maître Drissa Traoré : Oui, nous voulons garder l'espoir de surtout les retrouver en vie, ces deux militants des droits humains et de la société civile. Parce que, en l'état actuel, on n'a aucun élément qui puisse nous amener à croire qu'ils ne sont plus en vie. Et donc pour nous, l'espoir est toujours là et vivace. Est-ce qu'il y a eu des signes de vie depuis un an ? Non, nous n'avons pas de signes de vie, en dehors de quelques rumeurs, et de l'autre côté également, on n'a pas des éléments pouvant nous laisser croire qu'ils sont morts. Donc ce qui nous permet de garder de l'espoir jusqu'à ce moment précis. Le 9 janvier dernier, sur RFI, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, a déclaré que le ministre de la Justice ou le procureur général ferait bientôt un point de situation pour donner plus ample information sur l'évolution de l'enquête… Nous l'avons cru, nous l'avons espéré et malheureusement, depuis plusieurs mois, nous attendons ces déclarations. Nous attendons ce point-là, et rien ne vient. Et nous pensons que c'est le lieu d'interpeller le garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l'homme, je précise, et le Procureur général, pour qu'ils puissent nous situer sur l'état de progression et d'avancement de cette enquête-là. Parce que leur silence, ce lourd silence, devient de plus en plus insupportable pour nous. Alors, depuis un an, il y a une mobilisation internationale en faveur des deux disparus, notamment de la part des États-Unis. La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples et le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ont publié un communiqué commun, c'était en octobre dernier, dans lequel ils ont fait part de leurs craintes grandissantes sur les risques de tortures et même d'exécutions concernant ces deux disparus. Est-ce que la communauté internationale se mobilise assez à vos yeux ? Non. Au départ, nous avons vu beaucoup de mobilisation. Mais au fur et à mesure que le temps passe, cette mobilisation s'affaiblit. Cela nous inquiète et nous voulons interpeller la communauté internationale, surtout les organisations sous-régionales, pour que la question de ces deux disparus et des autres disparus puisse être à l'ordre du jour et que le gouvernement guinéen continue d'être interpellé, afin qu'au moins, on puisse savoir ce qui s'est passé, ce qui leur est arrivé, où ils sont, s'ils sont en vie ou non. Et nous pensons que cette mobilisation internationale doit être ravivée par l'ensemble des responsables de ces organisations-là et de ces pays-là. Est-ce que vous pensez, comme Me Brengarth, l'un des avocats français des familles des deux disparus, que « le pouvoir guinéen est dans une guerre d'usure, dans l'attente que les choses se tassent et que plus personne n'en parle » ? Oui, je pense que c'est la stratégie du gouvernement guinéen. Mais nous, de notre côté, nous n'allons jamais cesser notre mobilisation. Nous n'allons jamais cesser notre engagement tant que la lumière ne sera pas faite et notre mobilisation sera également, je pense, à la hauteur du silence du gouvernement guinéen. Pensez-vous que la France a joué un rôle dans la réintégration de la Guinée au sein de la grande famille francophone ? C'était au mois de septembre dernier… Non, nous ne le savons pas. Mais nous regrettons surtout que la Guinée puisse être réintégrée dans l'OIF alors que la transition n'a pas pris fin, alors que les violations des droits humains continuent de se perpétrer et surtout alors qu'il y a des enlèvements et des tortures en Guinée ces derniers temps. Et pensez-vous que la France a peur de perdre un quatrième allié en Afrique de l'Ouest si elle fait trop de démarches sur les droits de l'homme en Guinée-Conakry ? Une lecture de la situation en Afrique de l'Ouest, en tout cas, peut laisser penser que la France aujourd'hui marche sur des œufs, qu'elle ne veut pas faire les erreurs qu'elle a pu faire avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger et qu'elle veut tout faire pour maintenir ses relations avec la Guinée. Et cela est inquiétant en ce qui concerne la situation des droits de l'homme dans ce pays. Et qu'en est-il du silence de la Cédéao, la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest ? Je peux dire que c'est enrageant pour nous, parce que, depuis plusieurs années, les autorités de la Cédéao ont indiqué construire la Cédéao des peuples, et nous pensons que la Cédéao des peuples, c'est la Cédéao de la protection des droits humains, c'est la Cédéao où on protège les populations. Et donc cette Cédéao des peuples ne peut pas se taire, ne peut pas être indifférente à l'enlèvement de ces acteurs qui se battent pour la démocratie, qui se battent pour les droits humains en Guinée. Pour nous, c'est incompréhensible et nous souhaitons que la Cédéao se réveille et que la Cédéao également puisse interpeller les autorités guinéennes afin que la lumière soit faite sur ces événements. À lire aussiUn an après leur enlèvement, la Guinée toujours sans nouvelle de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah

Grand reportage
Simandou: miracle ou mirage pour l'économie guinéenne?

Grand reportage

Play Episode Listen Later Jul 7, 2025 19:30


L'exploitation des immenses réserves de fer des monts du Simandou pourrait marquer un tournant décisif pour l'économie guinéenne. Estimées à près de 8 milliards de tonnes de minerai, ces réserves font l'objet de discussions depuis trois décennies. Les autorités prévoient une entrée en production pour la fin de l'année 2025, présentant ce projet comme la vitrine de leur ambition économique. (Rediffusion) Face au manque de transparence, la population guinéenne, qui a connu les désillusions de l'exploitation de bauxite, oscille entre espoir et scepticisme. Sur le chantier du chemin de fer, la poussière et les boues envahissent les champs, rendant impossible toute culture. Mamoudou Youla, habitant du village de Sounganyia marche sur la terre craquelée qui a envahi sa rizière. « Tout ça, là, c'est le lieu de travail. Depuis que les sociétés minières sont arrivées il y a cinq ans, on ne travaille pas ici, rien, tout est gâté. », se lamente-t-il. Les dédommagements promis par les miniers ne suffisent pas à compenser les pertes subies par les agriculteurs. Mamaseta Camara, une autre habitante, exprime son désenchantement face aux promesses non tenues. « Quand les entreprises sont arrivées ici, j'étais contente, je me suis dit que c'était une opportunité pour nous. Mais ça ne s'est pas passé comme prévu. On subit de nombreux impacts. » Tout se fissure. Les murs des maisons, comme la confiance des habitants envers les sociétés. Il n'y aurait pas eu assez d'emploi pour les jeunes de Soungayah. La corruption autour du chantier est un autre sujet de préoccupation. « Quand vous allez sur le chantier pour du travail, il y a des intermédiaires qui vous demandent de l'argent. Environ 1 million et demi de francs guinéens », témoigne anonymement ce jeune homme. Il a le verbe haut et une profonde colère en lui. « À Conakry, on dit que nous sommes les boss. Qu'il y a un grand projet chez nous, le grand port de la Guinée, et donc qu'on est les rois, mais les gens ne savent pas ce qui se passe réellement ici. Pas d'emploi, pas d'eau, pas d'hôpital. J'en veux aux autorités guinéennes. Parce que depuis que le projet a commencé ici, personne ne s'est déplacé pour voir ce que nous traversons ici. Ils s'en foutent de nous ». Plus de 33 000 emplois ont déjà été créés sur le corridor, avançait Mamadi Doumbouya, le président de la transition, lors de ses derniers vœux à la nation. Des retombées XXL espérées pour l'économie guinéenne Initié en 1997, le projet Simandou a connu de nombreux rebondissements. D'abord attribués à Rio Tinto, les blocs 1 et 2 ont ensuite été confiés à BSGR, avant d'être réattribués à Winning Consortium Simandou en 2019, un partenariat sino-singapourien avec une participation guinéenne. Après le coup d'État en 2021, les travaux ont été interrompus par la junte. Puis, le géant de l'acier Baowu Steel a investi 6 milliards de dollars dans le projet, renforçant l'engagement de la Chine. Les espoirs sont énormes. Les autorités guinéennes misent sur des retombées économiques annuelles de 600 à 700 millions de dollars via des taxes et redevances. « Les ressources générées par les mines du projet Simandou et la transformation locale des minerais par la construction des raffineries nous ouvrent des perspectives heureuses d'avenir. », se réjouissait Mamadi Doumbouya. La construction d'une aciérie permettrait également de transformer une partie du fer sur place. « Nous osons espérer que cela soit la bonne cette fois, explique l'économiste Mohammed Camara. Pour un projet minier, l'important, c'est qu'est-ce qu'on en tire comme fiscalité, quels sont les impôts et taxes que ce projet va payer à l'État ? Il faut voir le projet sur du long terme et s'assurer de l'utilisation efficace des ressources. Le peu que l'on gagne, il faut l'investir où on peut impacter le plus. » Le « pont vers la prospérité » vanté par les autorités guinéennes n'est pas garanti. « Les autorités comptent beaucoup sur le Simandou parce que c'est un projet qui va doubler le produit intérieur brut du pays, mais attention, il ne faut pas croire que cela va régler tous les problèmes d'un seul coup », poursuit Mohammed Camara. Des contrats miniers toujours secrets D'autant qu'un doute subsiste sur les retombées économiques réelles. Les contrats signés entre l'État et les sociétés minières n'ont en effet pas été publiés. Ces trois conventions minières, ferroviaires et portuaires finalisées en 2023 ne sont connues que de quelques-uns dans le pays. « On se demande bien qui les a vues, c'est l'omerta la plus totale », témoigne un ancien proche du ministère des Mines. La publication des contrats est obligatoire selon le code minier guinéen. Or, ces conventions validées par la Cour suprême adoptées par le CNT – l'Assemblée nationale guinéenne – en février 2024 sont introuvables. Manque de transparence flagrant pour certains acteurs de la société civile. Incompréhension pour Oumar Totiya Barry de l'Observatoire des mines et métaux : « Officiellement, le Premier ministre parle de contrat stratégique, donc de secret d'État. Le ministre des Mines évoque le fait que le processus de négociation n'est pas terminé. Mais on sait quand même que ces documents sont passés au niveau du CNT et donc, que le processus est à son terme. On ne comprend pas pourquoi la Guinée ne rend pas encore public ces contrats. Cela aiderait aujourd'hui à améliorer le niveau de compréhension. » À lire aussiGuinée: de Sekou Touré à Mamadi Doumbouya, l'incroyable histoire du gisement de fer de Simandou Même du côté des sociétés minières, on peine à comprendre ce manque de transparence. Mais le gouvernement reste droit dans ses bottes sur cette question. « Quand on négocie avec quelqu'un, il y a toujours des clauses de confidentialité, explique le ministre du plan Ismaël Nabé. Nous sommes en train de discuter avec les partenaires industriels et on publiera au temps opportun. On renégocie parce que la Guinée était perdante. Nous sommes avec des partenaires et on doit avoir un commun accord, et respecter ce que l'on s'est dit. Si on est d'accord, ça sera publié. » Les éléments juridiques des conventions signées ont déjà été publiés dans un numéro spécial du Journal officiel qui n'a pas été rendu public, mais que RFI a pu se procurer. Certains y voient la preuve que tout est déjà négocié et que les autorités n'ont pas envie de dévoiler des contrats qui seraient défavorables à la Guinée. Un des négociateurs nous informe que la plupart des contrats de revente par lesquels les clients achètent le minerai produit ne sont pas encore signés. Le prix de revente du fer de Simandou – élément clé pour le calcul des recettes de l'État – ne serait pas fixé. Djiba Diakité, le président du comité stratégique de Simandou, a récemment expliqué dans une interview à Forbes Afrique que « si on mettait bout à bout tous les documents contractuels de Simandou... ça ferait 14 kilomètres ». Un train pour le minerai et pour les passagers ? La Guinée veut croire à la renaissance de son réseau ferroviaire grâce au gigantesque projet minier. Le gisement de fer, l'un des plus riches au monde, doit être relié au port de Moribayah par une ligne de chemin de fer de 650 kilomètres. Une infrastructure qui cristallise les espoirs de désenclavement de la Haute et Moyenne-Guinée. Pensée comme une double voie, cette ligne doit permettre non seulement l'acheminement du minerai vers la côte, mais aussi, à terme, le transport de marchandises et de passagers. « Le chemin de fer est multi-utilisateur. Une partie va servir aux miniers, une autre aux marchandises, mais aussi aux personnes. L'objectif est de développer plus de 2 000 km de voie ferrée dans le pays », déclare Ismaël Nabé, ministre du Plan à RFI. Cette ambition de désenclaver les régions agricoles, comme la zone de Kankan ou de N'zérékoré, suscite l'enthousiasme. Certains imaginent déjà des trains chargés d'ignames ou de bananes rejoindre plus facilement les marchés urbains. Mais sur le terrain, les observateurs sont plus prudents. « L'idée d'un train passager est séduisante, mais peu réaliste dans l'état actuel du tracé », estime Oumar Totiya Barry, directeur de l'Observatoire des mines et métaux. Selon lui, la ligne évite les grands centres urbains. « Il y a bien une quinzaine de gares prévues, mais elles sont souvent à des dizaines de kilomètres des villes. Madina Oula, par exemple, se trouve à plus de 80 km de Kindia. Pour Mamou, c'est le même problème avec la gare de Farenta. » En cause, une logique de tracé prioritairement industrielle. Le chemin de fer suit le chemin le plus court et le moins coûteux entre la mine et le port, au détriment d'une intégration fine au territoire. « Le mariage entre aménagement du territoire et conception du chemin de fer n'a pas suffisamment fonctionné », regrette Oumar Totiya Barry. À Kaloum, cœur battant de Conakry, certains commerçants restent sceptiques. Marqués par les promesses non tenues des précédents projets miniers, ils redoutent que Simandou ne soit qu'un mirage de plus. Dans les zones d'exploitation de la bauxite, comme à Boké, l'exploitation a certes rapporté des devises, mais elle a aussi laissé des séquelles : pollution de l'air, raréfaction de l'eau potable, routes dégradées. « Simandou, c'est du vent », tranche un commerçant, dénonçant une richesse qui ne profite toujours pas à la population. En attendant, Simandou creuse son sillon, porté par de grandes ambitions.  

Reportage Afrique
Objets de pouvoir - Guinée : le mouchoir blanc de Sékou Touré [2/10]

Reportage Afrique

Play Episode Listen Later Jul 7, 2025 2:16


Notre série de reportages sur les objets de pouvoir en Afrique se poursuit. En Guinée, le premier président du pays, Ahmed Sékou Touré, se distinguait par un objet qui semble anodin : un mouchoir blanc, qu'il agitait devant les foules. Retour sur cet accessoire essentiel, dont la signification est débattue jusqu'à aujourd'hui. De correspondant à Conakry, L'image a marqué la mémoire des Guinéens. Sékou Touré en boubou agite son mouchoir blanc devant la foule lors d'un discours, ou à travers la vitre de sa Cadillac. Cette pratique n'est venue qu'après l'indépendance du pays, se souvient Madifing Diané, qui fut directeur des services de sécurité du premier président de la Guinée : « Il a vu dans sa maturité que le blanc est symbole non seulement de la pureté de l'âme, il est le symbole de la vérité. Le blanc, c'est aussi le symbole de la conviction sur ce qu'on entreprend. Des mouchoirs blancs, il en avait des dizaines. Chaque fois qu'il sortait, on pouvait en mettre deux ou trois avec lui. » Madifing Diané a lui-même conservé quelques-uns de ces mouchoirs. Il insiste pour dire que Sékou Touré était un pieu musulman, ce mouchoir ne serait donc pas un symbole mystique. Avant de choisir l'exil pour fuir la dictature, Boubacar Baldé a vu Sékou Touré agiter son mouchoir blanc. Pour lui, c'était avant tout un moyen de rallier les foules : « C'était un instrument d'hypnotisation des foules. Parce que Sékou Touré aimait être aimé, il adorait ça. Ça participait à sa séduction. Les foules pensaient même qu'il y avait de la magie dans ça. Ça faisait partie de ses outils de communication. » « Ce mouchoir incarnait une fonction mystique » Dans une ambiance de complot permanent où les dirigeants se sentaient menacés par des puissances étrangères, ce mouchoir avait aussi une fonction de protection, estime l'historien Mamady Bamba : « Ce mouchoir blanc incarnait une fonction mystique. Une fonction mystique parce que, pour le sens commun en Guinée, Sékou Touré n'était pas un homme ordinaire. Pour nous, ce mouchoir avait un caractère de protection de l'homme. Protection non seulement contre les forces maléfiques. Donc, il faut être protégé contre ces esprits, à travers les hommes peuvent s'infiltrer par des pouvoirs mystiques. » Ce symbole du mouchoir blanc a réapparu dernièrement. Le général Mamadi Doumbouya l'a brandi à plusieurs reprises, dans l'objectif clair d'établir une filiation avec le président de la première République.

Invité Afrique
Volkan Isiksi (Turquie): «On veut subvenir aux besoins de nos amis africains qui nous font la demande»

Invité Afrique

Play Episode Listen Later Jul 3, 2025 11:32


« La Turquie n'est pas en rivalité avec la France en Afrique », affirme le responsable de la diplomatie turque pour l'Afrique. Depuis vingt-cinq ans, la Turquie est en pleine expansion sur le continent africain. On le voit avec ses opérateurs économiques et avec le succès de ses drones sur les champs de bataille. Mais loin de vouloir prendre sa place, la Turquie veut renforcer sa coopération avec la France. C'est ce qu'affirme Volkan Isiksi, directeur général pour l'Afrique au ministère turc des Affaires étrangères. De passage à Paris, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Volkan Isikci, bonjour, Volkan Isikci : bonjour RFI : En 2007, la France de Nicolas Sarkozy et l'Allemagne d'Angela Merkel ont dit non à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Est-ce que c'est l'une des raisons pour lesquelles votre pays s'est tourné vers le continent africain avec une politique ambitieuse ? En fait, notre politique ambitieuse vers les autres continents, notamment l'Afrique, ça remonte bien avant 2007, donc en 1998. A partir de 2003, les relations de la Turquie avec l'Union africaine, ça s'est développé et on a essayé d'être présent sur le continent africain avec l'ouverture des ambassades. En l'an 2002, on avait douze ambassades. Aujourd'hui, on en a 44 et notre vision est de pouvoir augmenter le nombre de ces ambassades et de pouvoir les augmenter jusqu'à 50 dans les prochaines années, avec les possibilités que l'on va avoir. Tout de même, Monsieur le Directeur général, on remarque que, en 2007 donc, il y a ce refus de la France et de l'Allemagne de faire entrer la Turquie dans l'Union européenne. Et un an plus tard, en 2008, il y a ce premier sommet Turquie-Afrique. Est-ce qu'il n'y a pas un lien de cause à effet ? Non, c'est une coïncidence. Le choix de 2008, c'est indépendamment de la décision que vous avez mentionnée. C'était une feuille de route que l'on avait déjà établie. Donc, en 2008, on a organisé le premier sommet Turquie-Afrique, c'était en Turquie. En 2014, le deuxième, c'était en Guinée équatoriale. En 2021, on a organisé le troisième en Turquie et le quatrième, on va l'organiser l'année prochaine en Libye. Le choix a été ratifié par les organismes concernés de l'Union africaine. Et par les autorités libyennes de Tripoli, puisque ce sera à Tripoli ? Exactement. Depuis 20 ans, Monsieur le Directeur général, le volume d'échanges de votre pays avec l'Afrique a fait un bond très important. Il est passé de 5 milliards à 40 milliards de dollars par an. Qu'est-ce que vous apportez de différent par rapport à l'Europe et la Chine ? Avec nos amis africains, la période de Covid a eu des effets positifs pour que ce volume d'échanges augmente. Comme vous savez, à ce moment-là, il y avait des restrictions du point de vue des visas, du point de vue des vols. Nous, on n'a jamais essayé de rendre la vie difficile à nos amis africains qui voulaient visiter la Turquie. Notre régime de visas était flexible. En plus, les vols de Turkish Airlines n'ont jamais cessé à cette période-là. Nos amis africains, au lieu des destinations classiques qu'ils avaient pour voyager, faire du commerce en Europe ou bien en Asie, ils ont découvert un peu la Turquie. Et dans plusieurs pays africains, ils mentionnent que la continuité, la qualité, le prix et le suivi des produits turcs qu'ils se procurent en Turquie sont nettement plus concurrents que ceux des autres régions du monde. Ils nous disent : « Vous avez des produits de qualité européenne au prix de produits chinois. Alors en effet, certains disent en Afrique que les produits turcs sont moins chers que les produits européens et de meilleure qualité que les produits chinois. Quels produits par exemple ? De tout. Des dentifrices aux tissus, aux chaussures, aux meubles. Surtout dans le secteur de la construction. La plupart du matériel est importé de la Turquie. Évidemment, au lieu d'importer de très loin comme la Chine, le matériel qui est commandé de la Turquie, il parvient à peu près dans un délai d'un mois, un mois et demi, dans le pays concerné. Quand il faut construire un centre de conférence très vite pour un sommet de dans six mois, les Turcs sont là. C'est ça ? Voilà. Donc je ne vais pas citer le pays, mais dans un pays africain, le leader qui avait demandé à une compagnie turque de pouvoir organiser une grande conférence internationale avec la participation des chefs d'Etats, il lui a demandé s'il pouvait construire un centre de conférence en six mois. La compagnie concernée, qui est très active en Afrique, lui a fait la proposition de pouvoir le faire avec un délai de six mois. Evidemment, le prix était très abordable pour ça. La compagnie lui a demandé quelques faveurs : pouvoir amener 4000 ouvriers de Turquie avec six navires et tout le matériel qui serait nécessaire. Donc la commande a été passée au mois de janvier et les portes de cette conférence ont été ouvertes pour accueillir les chefs d'Etat mi-juin. Et donc c'est un succès qui a été réalisé en six mois. Et cet exemple que vous donnez sur six mois, je crois que c'est arrivé dans un pays d'Afrique centrale ? Oui, en Afrique centrale. L'un de vos produits phares en Afrique, Volkan Isikci, c'est le drone de la société Bayraktar. Il a fait ses preuves à Tripoli en 2019, puis dans la guerre Éthiopie -Tigré en 2021. Et du coup, beaucoup de pays africains vous achètent ce produit, comme le Mali, le Tchad. Est-ce que certains pays africains n'ont pas renoncé à la protection des avions de chasse classiques au bénéfice de ces drones, parce que c'est moins cher et parce qu'il y a moins d'abandon de souveraineté ? Je pense qu'il faut voir cette approche dans un contexte technologique et de maniabilité parce que, pour l'utilisation des avions de chasse, il faut déjà des terrains, des pistes d'atterrissage qui sont adéquats. Et ces drones ou ces nouveaux engins depuis quelque temps sont beaucoup plus abordables, maniables et efficaces que les avions de chasse. Que les Mirage 2000 par exemple ? Les avions de chasse demandent beaucoup de dépenses évidemment pour l'achat, pour la maintenance ou le personnel. Les drones, évidemment, ce sont des sociétés privées qui en font, mais l'autorisation d'exportation émane de notre ministère de la Défense. Il faut d'abord un feu vert d'Ankara ? Voilà. Et le suivi de l'utilisation de ces engins est régulé par le ministère de la Défense et d'autres institutions qui travaillent dans ce domaine-là. Est ce qu'on peut parler, de la part de la Turquie en Afrique, d'une diplomatie du drone ? Mais la question du drone se passe seulement dans quelques pays africains pour protéger leur intégrité territoriale. Ce sont des demandes conjoncturelles qui font que la demande des pays est acceptée par la Turquie. Évidemment, les formations que l'on offre, avec un prix abordable et la continuité et la confiance qu'ils ont en la Turquie, tout cela fait que beaucoup plus de pays maintenant recourent à notre technologie dans ce domaine-là. Mais quand vos drones sont utilisés pour frapper des populations civiles, je pense au Mali par exemple, est ce que vous ne craignez pas que cela ternisse l'image de la Turquie ? Évidemment, comme je vous l'ai dit, pour les ventes et l'exportation, il y a une régulation très restreinte. On fait le suivi de ces engins-là dans ces pays-là. Donc, une mauvaise utilisation de vos drones peut conduire à la rupture de la livraison de ces drones ? Voilà, parce que c'est régulé internationalement. Nous, on ne voudrait pas nuire à l'image de la Turquie dans ce sens-là, on ne voudrait pas que ça arrive. Est ce qu'il vous est arrivé, ces dernières années, de dire à un pays africain client de vos drones : « Là, vous avez utilisé ces drones contre des populations civiles, nous ne sommes pas d'accord et nous arrêtons la livraison » ? Après, on n'a pas dit. Mais avant, on dit toujours : « Il ne faut pas les utiliser de façon inappropriée, sinon ça va être la rupture », parce qu'il y a un contrôle continu dans ce sens-là ». Et c'est arrivé qu'il y ait une rupture ? Non, ça n'est pas arrivé, mais on suit de très près pour que ce genre d'évènement n'arrive pas dans ce sens-là. En 2019, la Turquie a soutenu militairement le gouvernement Sarraj à Tripoli contre l'offensive du maréchal Haftar sur la capitale libyenne. Pourquoi avez-vous fait ce choix ? Monsieur Sarraj, c'était le leader de la Libye à ce moment-là, qui était reconnu par les Nations Unies. Du coup, quand il y a eu les actes émanant de l'Est de la Libye vers Tripoli, il a écrit une lettre de demande d'aide d'urgence aux leaders internationaux de cinq pays, y compris la France et la Turquie. Et la Turquie a été le seul pays à pouvoir répondre positivement à son appel à l'aide. Donc notre coopération avec le gouvernement de Tripoli, ça a commencé avec ces démarches de Monsieur Sarraj à ce moment-là et ça continue jusqu'à présent. Et maintenant, on voit que la Libye est en cours de pouvoir solidifier sa démocratie, disons sa gouvernance, avec l'aide qu'on leur a fournie pour que le pays ne tombe pas dans le chaos. Et justement, vous continuez de soutenir Tripoli contre Benghazi ? Le gouvernement Dbeibah contre le maréchal Haftar et ses fils ? Ou est-ce que vous essayez de réconcilier les deux camps ? Non, il n'y a pas de pour et contre. Nous avons des relations avec l'Est aussi. On a ouvert notre Consulat général à Benghazi par exemple. On a des contacts avec Monsieur Haftar et les dirigeants du côté Est. Donc on soutient toutes les parties pour qu'il y ait une entente entre eux pour stabiliser politiquement leur pays. Et je crois que Turkish Airlines atterrit maintenant à Benghazi ? Voilà ! Depuis la chute du régime Assad en Syrie, au mois de décembre dernier, la Russie redéploie ses bateaux et ses avions gros-porteurs vers l'Est de la Libye, notamment Tobrouk et Benghazi. Est-ce que cela vous préoccupe ? Non, pas du tout. Nous, on a toujours des contacts avec la Russie concernant les questions de sécurité et de défense, concernant différentes régions du monde. Donc ça ne nous préoccupe pas. Est que c'est pour apaiser la situation politique au Congo-Brazzaville… Il y a 5 ans, vous avez accepté de soigner dans votre pays, en Turquie, l'opposant Jean-Marie Michel Mokoko, qui est donc sorti de sa prison congolaise pendant quelques semaines et qui y est retourné depuis. Voilà 9 ans quand même que cet opposant politique est détenu à Brazzaville. Qu'est-ce que vous pensez de cette situation ? Pour cela, il faut voir la qualité du plateau technique sanitaire que la Turquie offre aux différents demandeurs dans ce sens-là. Les pays africains font beaucoup de demandes pour pouvoir se soigner sur le sol turc. Donc, il faut considérer cette approche du gouvernement du Congo-Brazzaville pour pouvoir soigner l'opposant. La relation qui existe entre les chefs d'Etat et la confiance qui règne entre eux… Je pense que c'est le résultat de ces approches-là qui a fait que cet opposant a pu retrouver la santé et retourner après dans son pays. Donc, c'est le témoignage d'une relation de confiance entre les présidents Sassou-Nguesso et Erdogan ? Voila. Dans votre esprit, c'est plus une approche humanitaire qu'une approche politique ? Humanitaire. Il faut voir ça sous l'optique humanitaire. Autre séjour médical très remarqué dans votre pays, la Turquie, celui évidemment de l'ancien président Alpha Condé de Guinée Conakry. Est-ce à dire que vous pourriez jouer un rôle de facilitateur aujourd'hui entre le général Doumbouya, qui est venu d'ailleurs à Ankara pour la dernière investiture du président Erdogan il y a deux ans, et les opposants guinéens en exil ? Vous savez, la médiation ne se fait pas parce que vous avez le désir d'être médiateur. Ça doit venir des parties concernées. Donc une demande n'a pas été mentionnée. Donc du coup, ça n'a pas été vu dans ce sens-là. Il n'y a pas de médiation turque sur la Guinée Conakry ? Non. On dit souvent, Volkan Isikci, qu'il y a une rivalité entre la Turquie et la France en Afrique. Est-ce que c'est vrai ou pas ? Pas du tout ! Parce que le mot rivalité, c'est quelque chose de négatif. La concurrence, ça existe parce que, dans le monde, les intérêts, ça existe. Avec la France, je pense que le mot concurrence est plus adapté, mais il faut enrichir ça avec une coopération, une collaboration. Avec les relations historiques que la France a avec le continent africain, avec l'expérience de plus en plus aiguë des acteurs turcs sur le continent, je pense qu'avec ces atouts, les deux pays peuvent servir davantage pour pouvoir subvenir aux besoins des pays concernés, pour être à côté de ceux qui en ont besoin. Et dans le cadre d'un partenariat entre les deux pays, quels sont les atouts de la France en Afrique sur lesquels vous, les Turcs, vous aimeriez vous appuyer ? Les deux pays ont des expériences différentes. Évidemment, la connaissance du terrain, la présence linguistique peuvent apporter beaucoup de choses de la part de la France. La Turquie, avec son expérience de plus en plus aiguë depuis les années 2000, peut servir davantage pour pouvoir réaliser de grands investissements dans ce sens. Moi j'aimerais bien mentionner que la zone de confort n'existe pas. Il faut prendre des risques. Il faut être sur le terrain avec un partenaire de confiance. Je pense qu'on peut faire beaucoup de choses. On croit beaucoup à ça et, quel que soit le pays, on n'a jamais essayé de destituer une entité, un pays du continent africain. Vous n'avez jamais voulu chasser la France de certains pays africains ? Pas du tout, pas du tout. On n'a pas cette position. On veut seulement développer davantage et subvenir aux besoins de nos amis africains qui nous font la demande. Vous n'êtes pas dans une démarche de rivalité avec la France, comme peut l'être la Russie par exemple ? Pas du tout, pas du tout. La question de la Russie, je ne suis pas en mesure d'y répondre, mais nous, on ne voit pas la France en tant que rivale sur le continent africain. Volkan Isikci, monsieur le Directeur général, merci. Merci beaucoup   À lire aussiEntre l'Afrique et la Turquie, un partenariat qui s'enracine À lire aussiLa Turquie s'apprête à débuter sa mission d'exploration pétrolière en Somalie

Revue de presse Afrique
À la Une : l'indignation en Guinée

Revue de presse Afrique

Play Episode Listen Later Jun 25, 2025 4:15


Les réactions sont vives dans le pays après l'enlèvement et les sévices subis par l'avocat Mohamed Traoré. Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, relate Jeune Afrique, « un groupe de personnes encagoulées (cinq selon la famille, au moins sept selon le barreau de Guinée) font irruption chez les Traoré, à Sonfonia, un quartier de la banlieue Est de Conakry. Giflé, ainsi que sa fille aînée qui voulait s'interposer, l'avocat est embarqué de force et conduit vers une destination inconnue (…). Au cours de sa séquestration, il est allongé au sol puis cruellement fouetté. Le chef présumé de l'opération donne l'ordre explicite de ne pas interrompre la flagellation avant d'atteindre 500 coups. Le dos de Me Traoré est couvert de plaies, signes manifestes des sévices subis. »  L'ancien bâtonnier sera ensuite retrouvé, inconscient, à 70 km de la capitale, avant de recevoir des soins dans un lieu tenu secret. Trop critique Pourquoi cet enlèvement, pourquoi ces tortures ? Mohammed Traoré avait critiqué à maintes reprises le pouvoir militaire en place. Il avait, précise Jeune Afrique, « claqué la porte du Parlement de transition, après l'expiration du délai de deux ans donné, sous l'égide de la CEDEAO, à la junte pour le retour des civils au pouvoir. Et il avait récemment critiqué publiquement la création d'une Direction générale des élections, qui va se substituer à la Commission électorale nationale indépendante dans l'organisation des prochains scrutins. » Jeune Afrique rapporte les premiers mots de l'avocat après qu'il a été retrouvé : « je vais faire une pause, dit-il, par respect pour ma famille et mes amis (…). Ceux qui veulent me faire taire diront sûrement : “Voilà, il a compris l'avertissement.” Mais je les laisse dans leurs illusions. » Condamnations en série Depuis ces derniers jours, les réactions indignées se succèdent. Dans un communiqué repris notamment par l'hebdomadaire Le Lynx, l'ordre des avocats de Guinée condamne cet enlèvement et ces tortures : « cet acte jette une ombre sur la crédibilité de l'Etat de droit en Guinée. Le Barreau exige que toute la lumière soit faite sur les auteurs, exécutants, complices et commanditaires de cette opération ignoble. » La Conférence des Barreaux de l'UEMOA condamne également fermement l'enlèvement de Me Traoré. « Quand les avocats sont attaqués, c'est la justice qui est en danger », affirme l'organisation dans un communiqué repris par le site Guinée 360. Vive réaction également de l'opposant en exil Cellou Dalein Diallo, à lire sur le site Guinée Live : « jusqu'à quand allons-nous rester silencieux pendant que cette junte écrase les libertés, viole les lois et continue de faire taire, par tous les moyens y compris par l'élimination physique et la disparition forcée toute voix dissonante ? » « Toutes les voix dissonantes sont en train d'être supprimées par la junte », renchérit Aboubacar Biro Soumah, président du Parti pour le progrès et le changement, dans un entretien à Guinée Matin. Allusion aux personnalités enlevées ces derniers mois et dont on est toujours sans nouvelles : les responsables du Front national pour la défense de la Constitution, Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, le journaliste Habib Marouane Camara, ou encore l'ancien secrétaire général du ministère des Mines, Saadou Nimaga. La stratégie de la répression ? Interrogé par Ledjely, Alseny Sall, de l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme, exprime sa préoccupation face à cette recrudescence d'enlèvements ciblés. : « ce qui est encore plus alarmant, affirme-t-il, c'est que le dénominateur commun à la quasi-totalité des victimes est leur engagement pour la démocratie et leur prise de position contre les dérives de la transition en cours. Cela laisse penser qu'il ne s'agit pas d'actes isolés, mais d'une stratégie bien orchestrée visant à faire taire les voix dissidentes, ce qui est contraire aux principes d'un État de droit. » Il y a une semaine, lors d'une visite officielle en Côte d'Ivoire, le chef de la junte guinéenne, le général Mamadi Doumbouya affirmait : « ma profonde conviction est que la stabilité politique est la pierre angulaire de tout développement durable. » Des élections législatives et présidentielles sont prévues à la fin de l'année en Guinée. Auparavant en septembre, un référendum constitutionnel doit avoir lieu. Il y a quelques jours, le pouvoir a fait voter un projet de Constitution qui pourrait entraîner la suppression de la limitation des mandats présidentiels. D'où cette question posée par Jeune Afrique : « Mamadi Doumbouya s'ouvre-t-il la voie à une présidence à vie ? »

Radio Maria France
Préparons dimanche 2025-06-21

Radio Maria France

Play Episode Listen Later Jun 21, 2025 20:26


Par le Père Pierre Baba Mansare, Directeur de Radio Voix de la Paix - Guinée Conakry

Priorité santé
Albinisme : maladie rare, non transmissible et héréditaire

Priorité santé

Play Episode Listen Later Jun 12, 2025 48:29


À l'occasion de la journée internationale de sensibilisation à l'albinisme qui se tient tous les 13 juin, nous parlons de cette maladie héréditaire caractérisée par une absence de pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux. L'albinisme est une maladie présente partout à travers le monde, mais est plus fréquente en Afrique subsaharienne avec une prévalence qui varie entre 1 cas sur 5 000 à 1 cas sur 15 000 selon l'OMS. Souvent discriminées, les personnes atteintes d'albinisme peuvent avoir des handicaps, notamment visuels, et ont plus de risques de déclencher des cancers de la peau.  Dr Fanny Morice-Picard, dermatologue au Centre de référence maladies rares de la peau du CHU de Bordeaux et au Service de Dermatologie et Dermatologie Pédiatrique de ce même CHU Pr Mohamed Maciré Soumah, dermatologue-vénéréologue au CHU Donka de Conakry, praticien hospitalier, professeur d'université, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences et Techniques de la Santé de l'Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, en Guinée Souradji Ouro-Yondou, directeur exécutif de l'Association Nationale des personnes atteintes d'albinisme au Togo (ANAT).   Programmation musicale :  ► Eu.clides - Ira para que ? ► ADB, Yujio - Wa wa wa.

Priorité santé
Albinisme : maladie rare, non transmissible et héréditaire

Priorité santé

Play Episode Listen Later Jun 12, 2025 48:29


À l'occasion de la journée internationale de sensibilisation à l'albinisme qui se tient tous les 13 juin, nous parlons de cette maladie héréditaire caractérisée par une absence de pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux. L'albinisme est une maladie présente partout à travers le monde, mais est plus fréquente en Afrique subsaharienne avec une prévalence qui varie entre 1 cas sur 5 000 à 1 cas sur 15 000 selon l'OMS. Souvent discriminées, les personnes atteintes d'albinisme peuvent avoir des handicaps, notamment visuels, et ont plus de risques de déclencher des cancers de la peau.  Dr Fanny Morice-Picard, dermatologue au Centre de référence maladies rares de la peau du CHU de Bordeaux et au Service de Dermatologie et Dermatologie Pédiatrique de ce même CHU Pr Mohamed Maciré Soumah, dermatologue-vénéréologue au CHU Donka de Conakry, praticien hospitalier, professeur d'université, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences et Techniques de la Santé de l'Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, en Guinée Souradji Ouro-Yondou, directeur exécutif de l'Association Nationale des personnes atteintes d'albinisme au Togo (ANAT).   Programmation musicale :  ► Eu.clides - Ira para que ? ► ADB, Yujio - Wa wa wa.

7 milliards de voisins
Les villes africaines face à leurs déchets

7 milliards de voisins

Play Episode Listen Later Jun 10, 2025 48:29


Selon la Plateforme Africaine des Villes Propres, 90% des déchets produits en Afrique sont déversés dans des décharges non contrôlées à ciel ouvert et souvent brûlés. 19 des 50 plus grandes décharges du monde se situent en Afrique subsaharienne qui pourrait devenir la région la plus productrice de déchets. En cause : la forte croissance démographique, l'urbanisation galopante et l'évolution des habitudes de consommation avec l'importation de produits plastiques. Alors que la gestion des déchets ménagers est un enjeu sanitaire, économique et environnemental majeur pour les villes africaines, comment renforcer le traitement des déchets, notamment dans les zones où les services sont encore peu structurés, voire inexistants ? Quel rôle pour les pouvoirs publics, les entreprises et le secteur informel ? Avec :• Matthieu Le Corre, responsable du département Services essentiels et ressources naturelles du GRET, ONG internationale de développement social et solidaire• Jean-Claude Muissa, directeur général de la Régie de Gestion des déchets de Kinshasa (REGEDEK).Le portrait de Mariam Keita, fondatrice de Binedou, transforme les déchets plastiques en pavés et en briques. Raphaëlle Constant l'a rencontrée à Conakry.  Portrait d'une entrepreneure guinéenne, lauréate de l'édition 2019 de la compétition « Women In Africa Initiative » : Mariam Mohamed Keita, 32 ans et mère de 4 enfants, est la fondatrice de BGS Recyplast, une entreprise spécialisée dans la récupération et le recyclage des déchets plastiques. Avec son équipe de 10 personnes, elle s'attèle à transformer les déchets de sa ville en pavés dans son entrepôt basé à Coyah.  Programmation musicale :► Parioca - Seu Jorge, M (11"-2'49) ► Wa Wa Wa - ADB x Yujio.

Grand reportage
Communautés de pêcheurs ouest-africaines, menace sur la ressource

Grand reportage

Play Episode Listen Later Jun 9, 2025 19:29


Toute cette semaine, la ville de Nice dans le sud de la France accueille la troisième conférence des Nations unies sur l'océan. L'océan, qui occupe 70 % de notre planète, est sous pression du changement climatique et malmené par l'activité humaine. Au point, parfois, de ne plus offrir aux populations des littoraux les ressources nécessaires. C'est le cas en Afrique de l'Ouest, où les communautés de pêcheurs ont été très fragilisées ces dernières années. Plusieurs reporters de RFI sont allés à leur rencontre en Guinée, en Sierra Leone, au Ghana et au Sénégal.  La lourde embarcation, poussée, tirée, glisse sur cette plage. Les cris des pêcheurs en plein effort percent le grondement des vagues. Les pirogues qui partent et reviennent ont cousu ensemble, au fil des siècles, l'histoire de la communauté Lébou et l'océan. L'océan est tellement au cœur de la vie Lébou qu'une confrérie soufie, tournée vers les flots, est née ici : les Layènes.Yoff. Une commune de Dakar, Sénégal. Le vendredi, un haut-parleur diffuse dans les rues, à 100 mètres de la plage, la prière du vendredi. Face à l'océan, Seydina Diop, un érudit layène, évoque l'histoire du fondateur de la confrérie, Seydina Limamou Laye (1843-1909). Et son lien avec la mer. « C'est, explique-t-il, comme si l'océan avait signé un pacte avec Seydina Limamou Laye et sa famille. Tôt après la prière du matin, il s'est dirigé vers la mer en compagnie de ceux qui priaient derrière lui. Arrivé à la mer, il lui intime l'ordre de reculer. Et la mer recule comme une natte sur plusieurs dizaines de mètres. Il a dit, "j'espère que ça suffit ici pour installer ma maison ici". Et s'adressant à ses compagnons : "Vous, vous ne me connaissez pas, mais la mer me connaît, connaît ma dimension et respectera mes ordres". » Depuis l'époque du fondateur, les vagues ont épargné le sanctuaire Layène. Mais Seydina Diop en convient, ailleurs dans le pays, l'océan n'est plus tout à fait le même. « C'est comme si effectivement la mer était en colère. Cette côte va passer par le village de Kayar, une zone poissonneuse, et les gens sont très inquiets. Vous continuez à Thiaroye c'est la même situation, vous continuez à Mbao c'est la même situation. Donc pourquoi ? »De plus en plus loin pour trouver du poissonKayar, aux eaux réputées poissonneuses… Le quai de pêche est bondé de monde, mais la localité, située à une soixantaine de kilomètres de Dakar, se nourrit de plus en plus difficilement de l'océan. Les sécheuses de poisson se plaignent d'attendre de plus en plus longtemps l'arrivée de la matière première : « Comme vous le voyez, nous sommes assises ici à discuter, explique l'une d'elles, Khoudia Touré, installée sous un parasol. Cela veut dire qu'il n'y a pas de poissons ; il arrive parfois que nous passons des journées entières sans aucune activité parce qu'il n'y a pas de poisson, alors que c'est notre matière première et qu'on a des commandes à honorer. Quand les pêcheurs partent en mer, ils restent plusieurs jours d'affilée, car il n'y plus rien. »À lire aussiDix choses à savoir sur la surpêche, fléau des océans au fil des sièclesLes conséquences se font également sentir au Ghana, à Tema, le plus gros marché de pêche artisanale du pays. Une femme, vendeuse depuis 28 ans, regrette les bacs de poisson qu'elle vendait par le passé : « Quand j'ai commencé à travailler, dit-elle, les revenus étaient bons, mais aujourd'hui ce n'est plus le cas. On ne reçoit plus beaucoup de poissons. Quand on recevait beaucoup de poissons, nous avions de l'argent pour mettre nos enfants à l'école. Maintenant, vu que les pêcheurs n'en ramènent plus, nous n'avons plus grand-chose à vendre. Nous n'avons plus d'argent, nous sommes fatigués. »Même chose en Sierra Leone. Tombo, à une cinquantaine de la capitale, Freetown, était autrefois un port de pêche prospère. La ville est aujourd'hui en déclin. Les pêcheurs y sont de plus en plus nombreux, les poissons de plus en plus rares, et les conditions de travail de plus en plus difficiles. « Nous avons beaucoup de soucis aujourd'hui, confie Chernor Bah, le capitaine du port de Tombo. Mais surtout, il n'y a plus de poisson et nous avons du mal à survivre. Maintenant, pour trouver du poisson, on est obligé de brûler beaucoup d'essence. On part tôt le matin, mais ce n'est pas avant 10 heures ou 11 heures qu'on arrive à trouver un endroit avec du poisson... Autrefois, on dépensait peut-être 20 litres, 30 litres d'essence pour aller attraper du poisson... C'était possible de faire des affaires. Mais aujourd'hui, il faut peut-être utiliser 100 litres... 150 litres de carburant pour arriver au même résultat. » La raréfaction du poisson menace, selon certaines études, la sécurité alimentaire de la Sierra Leone. Les produits de la mer représentent en effet 80 % des apports en protéines dans le pays.Toute la région est concernée par l'épuisement de la ressource. Boulbinet est l'un des principaux ports de pêche artisanale de Conakry, la capitale guinéenne. Les prises sont versées à même le sol, sur des bâches tendues sur la digue. Les pêcheurs guinéens doivent, eux aussi, aller de plus en plus loin. Prendre de plus en plus de risques pour trouver le poisson. « Vous savez que cette pêche-là, ça représente un danger, indique Abdoulaye Camara, membre de l'Union des pêcheurs artisanaux, parce que, vous savez, la mer a sa façon de faire. Même le temps où il n'y a pas de pluie, la mer peut s'agiter elle-même. Au fur et à mesure que l'embarcation va très loin, c'est là qu'elle se retrouve en danger. Parce que la mer, c'est la mer. Cette méthode d'aller pêcher loin, c'est pas parce qu'ils veulent aller loin, mais le poisson est un peu éloigné maintenant. »Soumah Seny, alias « Tozo », a une cinquantaine d'années. Il est responsable de l'association des doradiers de Boulbinet. Avec la chute des prises, il explique que de nombreux pêcheurs connaissent une situation financière difficile : « Si vous sortez faire quatre à cinq, six jours, sixième jour vous rentrez. Si vous enlevez la dépense, tu peux te retrouver avec 50 000 dans ta main. Ça permet difficilement de pourvoir aux dépenses de la maison ! Les pêcheurs ne gagnent pas beaucoup d'argent. On peut faire un an sans acheter de viande, parce qu'on n'a pas d'argent pour en acheter. Le prix d'un sac de riz, quand tu reviens de la mer, des fois, tu ne peux même pas gagner ça. » À lire aussiConférence de l'ONU sur l'océan 2025 : l'Afrique particulièrement concernée par ses enjeuxEffondrement de la ressourceCette raréfaction de la ressource, constatée en mer par les pêcheurs, a été documentée par des recherches de l'IRD, l'Institut de recherche pour le développement. « On a étudié un peu les quantités débarquées dans chaque pays au fil des années, explique Timothée Brochiet, chercheur à l'IRD. On s'est rendus compte que pour le Sénégal, les quantités maximales qui ont été débarquées étaient tombées en 2011. Et on s'est rendus compte qu'à partir de 2019, on tombe en dessous de 10 % de cette quantité-là. Et selon une définition qui a été donnée en halieutique, on peut parler d'un stock "écroulé" quand, après quatre années d'affilée, les quantités débarquées sont inférieures à 10 % du maximum. » La situation est à ce point alarmante qu'une mobilisation se met en place pour propager la voix des communautés menacées.Ce jour-là, à Ngor au Sénégal, il s'agit de faire entendre le cœur de l'océan aux jeunes générations, grâce à un enregistrement sous-marin, réalisé avec un hydrophone. Fabrice Monteiro, photographe engagé, participe ce jour-là à l'animation. « Ça m'évoque le pouls de la planète, qu'on partage tous un monde commun et que même sous l'eau, il y a toute une vie, il y a des échanges, il y a des tas de choses auxquelles on pense pas parce qu'on nous a expliqué qu'on pouvait disposer de tout et que finalement la vie comptait pour très peu si ce n'est la nôtre. » Pour cet artiste, l'humanité doit « changer de logiciel ». Et le photographe dit vouloir utiliser ses images pour participer à cette conversation.Comment expliquer ces difficultés croissantes à trouver du poisson ? Les pêcheurs artisanaux mettent régulièrement en cause la pêche industrielle. Une critique partagée par le chercheur sierra-léonais Salieu Kabba Sankho : « Quand nous avons commencé la lutte contre la pêche illégale, de nombreux navires sont venus s'enregistrer. Mais cela a fait augmenter de manière conséquente le nombre de bateaux de pêche industriels. Ces navires achètent un permis qui correspond à la taille du bateau, pas au nombre de poissons qu'ils pêchent. Cela va peut-être couter 15 ou 20 000 euros par an, pour un permis qui permet de pêcher 365 jours sur une année et autant de poissons que vous pouvez en attraper. C'est comme un chèque en blanc pour les industriels. Il y a un gros risque de surpêche et d'effondrement des réserves de poissons. »À lire aussiConférence sur l'Océan : « L'Afrique s'attend à » avoir « plus de poids dans la discussion », dit Foga AgbetossouTrop de bateaux de pêche ?Mais le problème semble aller au-delà de la pêche industrielle : trop de bateaux cherchent désormais à puiser les ressources de l'océan. Cette surexploitation a conduit à une véritable bataille du poisson entre pêcheurs industriels et artisanaux, mais aussi entre pêcheurs artisanaux de nationalités différentes. « Les pêcheurs industriels, comme les pêcheurs artisanaux, sont coresponsables de la baisse des réserves de poissons, indique Thomas Turay, le président d'un syndicat de pêcheurs sierra-léonais qui essaie de promouvoir des pratiques plus respectueuses de l'océan. Il y a vingt ans, ici même, dans ce bureau, on avait 75 000 pêcheurs enregistrés et maintenant, on compte 150 000 personnes qui dépendent de la pêche... Il y a beaucoup de chômage, donc les gens viennent ici pour devenir pêcheurs. La fermeture des mines a aussi joué un rôle. Avant, on voyait des "mango fish", c'est-à-dire des espèces de poissons qui apparaissaient au début de la saison des mangues, qui précède la saison des pluies. Mais aujourd'hui, on ne voit plus ça. C'est quand il pleut seulement qu'on comprend que c'est le début de la saison des pluies. »Dans ce contexte de compétition, les règles sont de moins en moins respectées. « Il y a le problème des chalutiers, poursuit Thomas Turay, qui viennent pêcher jusque dans la Zone d'exclusion côtière, qui nous est réservée, plutôt que d'aller au large, dans la Zone économique exclusive où ils sont autorisés à pêcher. Et puis, il y a des braconniers ! Et notre marine n'est pas équipée pour surveiller la mer pendant toute une journée. Donc, dès que la marine s'en va, les braconniers viennent depuis la Guinée ou le Sénégal. À cela s'ajoute la corruption. Des étrangers viennent et enregistrent leurs bateaux comme s'ils étaient des Sierra-Léonais. Ils paient une commission, c'est tout. »À cette compétition pour la ressource s'ajoute le dérèglement climatique, qui provoque le réchauffement des océans. Ces changements de températures provoquent la migration de certaines espèces vers des eaux plus froides. Le chercheur ghanéen John Kusimi, professeur associé de géographie physique au département de géographie et développement des ressources à l'Université du Ghana, a travaillé sur le phénomène. « Au cours des dernières décennies, indique-t-il, la température à la surface de la mer dans le golfe de Guinée a augmenté de 0,2 à 0,4 degré Celsius. Cette augmentation de la température a poussé les petits poissons pélagiques, ceux que pêchent les pêcheurs artisanaux, à migrer des eaux tropicales vers des mers plus tempérées, où l'eau est plus froide. Cela a également eu pour effet de pousser ces poissons, qui ont le sang-froid, à plonger dans les profondeurs des mers tropicales pour réguler leur chaleur corporelle, les rendant souvent inaccessibles aux pêcheurs traditionnels. Donc tout cela, en ajoutant d'autres facteurs humains, a provoqué un déclin de 60 à 80 % de la population de poissons pélagiques depuis les années 90 jusqu'à aujourd'hui. »Un phénomène chimique menace également la biodiversité de l'océan : son acidification, le fait que sa composition chimique devienne de plus en plus acide. Les premières mesures ont été faites au large des côtes californiennes, mais le professeur Malick Diouf, de biologie animale à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, craint que le phénomène n'en vienne à se répandre : « S'il y a acidité, ça veut dire que tous ceux qui ont une coquille calcaire ont leur vie qui va être hypothéquée, parce que le calcaire est attaqué par l'acide. Et si on regarde les animaux qui ont un test calcaire, aussi bien unicellulaires que pluricellulaires, il y en a des masses. On va vers une perte drastique de la biodiversité. »À écouter aussiSommet des océans à Nice : l'acidification de l'eau menace la biodiversité marineMieux contrôler qui pêche quoiQue faire face à l'effondrement en cours et aux menaces futures ? Depuis ses bureaux de Dakar, l'ONG Greenpeace appelle les autorités à mieux contrôler qui pêche quoi… Le Dr Aliou Ba est responsable de la campagne « Océans » pour Greenpeace Afrique. « La majeure partie de nos pêcheries sont en situation d'accès libre. L'accès libre conduit à la surpêche, à la surexploitation des ressources. Donc, pour parer à cela, il faudrait que l'on contrôle la capacité de pêche dans ces pêcheries, mais aussi accentuer la surveillance pour baisser vraiment ce qu'on appelle la pêche INLA. » Greenpeace essaie aussi d'obtenir une régulation des usines de farine de poisson qui sont à terre et qui sont en concurrence avec le marché local.Reprendre le contrôle ? Les gouvernements de la région disent qu'ils ne cherchent pas autre chose. Le ministère des Ressources maritimes et de la Pêche sierra-léonais est installé au Youyi building, le grand immeuble gouvernemental de la capitale, Freetown. Sheku Sei reçoit à la sortie d'un entretien avec la ministre. Il est responsable de l'aquaculture et de la pêche artisanale au ministère : « Nous avons en tant que pays commencé à mettre en place un système de "saison fermée", durant laquelle les pêcheurs artisanaux ne peuvent plus aller en mer – et au mois d'avril, nous faisons la même chose pour la pêche industrielle. L'idée, c'est qu'il y ait une période de repos biologique pour que les poissons puissent grossir et que la population cesse de décliner, comme ça, on aura plus de poissons dans nos eaux et on pourra produire plus de nourriture. Car un des objectifs, c'est de garantir la sécurité alimentaire et la nutrition. Donc, la fermeture saisonnière de la pêche, les aires marines protégées, mais aussi, nous aimerions avoir plus de fonds pour opérer des patrouilles de surveillance de nos côtes. Donc, nous allons prendre des contacts pendant la conférence de Nice. Nous allons aussi voir si l'on peut améliorer notre système de surveillance à distance, le moderniser, pour pouvoir suivre les opérations des navires en mer, sans avoir à nous déplacer. »À écouter aussiPourquoi les forêts de mangrove sont importantes pour la biodiversité ? Certaines solutions dorment également aux portes de l'océan, dans ces zones charnière que constituent les mangroves. Malmenées par les exploitants miniers, surexploitées par les communautés locales, elles sont pourtant essentielles. En Guinée, des associations s'activent pour les défendre, comme Guinée écologie. Aboubacar Soumah, l'un de ses cadres, guide le visiteur sur un débarcadère de Dubreka. Ici, les communautés pratiquent la pêche artisanale, mais également la riziculture, et elles mènent des activités de reboisement de la mangrove.Aboubacar Soumah longe la digue d'une aire de riziculture abandonnée. À gauche, des terres en friche. À droite, les terres en cours de restauration. Les jeunes pousses de mangrove pointent déjà vers le ciel et le militant écologiste espère que, d'ici à quelques années, cet espace redeviendra propice pour la reproduction des poissons. À marée basse, l'eau s'engouffre dans un petit chenal. Quand la marée monte, l'océan inonde la mangrove et emmène avec lui les poissons, qui y trouvent un milieu favorable pour se reproduire. « Restaurer la mangrove, dit Aboubacar Soumah, ça a beaucoup d'avantages. C'est un espace vital pour les poissons juvéniles. C'est dans ces milieux, dans les zones de mangrove, les zones ombragées, que les gros poissons viennent pondre les œufs. C'est dans cet espace aussi que les juvéniles grandissent jusqu'à atteindre un certain stade de maturité avant de migrer en mer. »Les mangroves grouillent encore de vie, de crabes et d'insectes, dans des sols riches de nutriments et de minéraux charriés depuis l'amont, un écosystème fixé par les racines des palétuviers. Les mangroves sont de véritables incubateurs de vie marine. Leur restauration, explique Aboubacar Soumah, est indispensable pour protéger l'avenir des communautés de pêcheurs.À écouter aussiEn Gambie, des pêcheurs dans une mauvaise passe

Couleurs tropicales
Queen Rima, Smarty et Cegra Karl au coeur de l'actualité musicale

Couleurs tropicales

Play Episode Listen Later May 30, 2025 48:30


Dans l'actualité musicale de ce vendredi, entretien avec trois artistes dont les concerts ont lieu dans les prochains jours, prochaines semaines. Smarty, artiste burkinabè, se produit pour la première fois sur la scène du Casino de Paris dimanche 1er juin. Queen Rima, lauréate du Prix Découverte RFI 2025, débute sa tournée samedi 31 mai à Conakry, au centre culturel franco-guinéen. Elle sera la scène du New Morning, à Paris le 26 juin. Et Cegra Karl, artiste congolais, sera sur la scène du Pan Piper, à Paris samedi 5 juillet.  Pour visionner les clips, cliquez sur les titres des chansons : Nono Manazanza - T'es grillé kekenoSmarty - Chacun sa vieSmarty feat Korka Dieng -Ne parle pasQueen Rima - LifeQueen Rima - ChocolatCegra Karl - L'architecteCegra Karl - Point mortPassi feat NDO Layams - KoalaPassi feat K-Reen - Hold upRetrouvez notre playlist sur Deezer. À lire aussiLa chanteuse guinéenne Queen Rima remporte le Prix Découvertes RFI 2025