Aujourd'hui l'économie

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Pour mieux comprendre notre environnement, Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique. Un focus quotidien complété par une sélection d'informations économiques. Le vendredi, diffusion d’« Aujourd’hui l’économie, le Portrait…

Rfi - Pauline Gleize


    • Nov 21, 2023 LATEST EPISODE
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    Italie: la 'Ndrangheta condamnée mais pas coulée

    Play Episode Listen Later Nov 21, 2023 2:59


    En Italie, le maxi-procès contre la mafia calabraise s'est achevé ce 20 novembre sur la condamnation de plus de 200 des prévenus. Ils ont écopé de peines allant jusqu'à trente ans de prison. Malgré la traque incessante de la police italienne, cette organisation criminelle demeure vivace, l'une des plus florissantes de la péninsule. La 'Ndrangheta est considérée comme la plus puissante des mafias italiennes, dépassant de loin Cosa Nostra, la mafia sicilienne, très affaiblie par l'arrestation de ses chefs. Elle est aussi l'une des plus mondialisées avec une présence de l'Afrique de l'Ouest à l'Amérique du Sud. Mais c'est en Europe qu'elle concentre ses activités. Elle contrôlerait 80% du trafic de cocaïne.La 'Ndrangheta a longtemps cantonné son activité criminelle dans la pointe de la botte où elle est née il y a plus d'un siècle. La Calabre et sa pauvreté endémique ont fait son lit. Le sous-développement chronique de la région, le chômage des jeunes, joue toujours en sa faveur.Dans les années 1970, elle devient tristement célèbre à travers une série d'enlèvements crapuleux. Mais depuis une vingtaine d'années, en toute discrétion, sans effusion de sang, elle étend son emprise en s'immisçant dans l'économie légale.Holding du crimeSon revenu annuel représente environ 3% du PIB de l'Italie, soit plus de 50 milliards d'euros par an. C'est une holding du crime, selon le bureau anti-mafia. Si elle était une entreprise cotée, elle figurerait parmi le top cinq des sociétés transalpines.Mais la 'Ndrangheta n'est pas une entreprise, elle tire sa richesse des trafics : de la drogue et aussi des déchets, du blanchiment de ses revenus et de la prédation. Asphyxiant les entreprises italiennes qu'elle ponctionne. Gangrenant les administrations où elle s'infiltre. Selon le procureur anti-mafia Nicola Gratteri qui a mené la vaste enquête ayant abouti à ce procès fleuve, la 'Ndrangheta « ne tue plus, elle corrompt ». Sur le banc des accusés, étaient présents des cadres de l'administration italienne accusés de complicité, et même des élus. Parmi eux, un ancien sénateur de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, condamné à onze de prison. Ce procès visait un seul clan, celui des Mancuso, une cellule parmi d'autres d'une organisation très cloisonnée et donc très difficile à noyauter.Coopération internationalePour l'éradiquer, l'Italie s'appuie désormais sur la coopération internationale. En 2020, elle demande l'aide des polices du monde entier. Car la 'Ndrangheta agit souvent avec le concours d'autres organisations criminelles. Pour le trafic de drogue en Europe, elle collabore avec la mafia albanaise et un groupe colombien.Les raids à l'échelle internationale sont de plus en plus fréquents. La dernière opération en date réalisée cette année dans huit pays européens, dont la France, a permis l'arrestation de plus d'une centaine de personnes et la saisie de 23 tonnes de cocaïne. Un nouveau coup d'épée porté à la pieuvre, comme ce procès, mais on est encore loin de son élimination de l'économie souterraine.

    Présidentielle argentine: Milei contre Massa, deux projets radicalement différents pour l'économie du pays

    Play Episode Listen Later Nov 17, 2023 2:32


    Les Argentins sont appelés aux urnes ce dimanche 19 novembre pour le second tour d'une élection présidentielle particulièrement polarisée. Dans un pays plongé dans une profonde crise économique, l'ultralibéral Javier Milei, qui a recueilli 30 % des voix au premier tour, affronte le ministre de l'Économie sortant, Sergio Massa.  Veste en cuir noir, faux airs de rockeur, Javier Milei veut appliquer une politique de la motosierra (la tronçonneuse). Pour symboliser la réduction drastique du budget de l'État qu'il souhaite mettre en œuvre s'il gagne la présidentielle, le candidat ultralibéral exhibe l'engin pendant certains meetings et fait vrombir le moteur devant la foule. L'objet est devenu l'un des symboles de la campagne du candidat libertarien, qui promet de faire tomber les dépenses de l'État central à 9,3% du produit intérieur brut (PIB) contre 24,3% aujourd'hui. Une baisse de 15 points que bon nombre d'économistes jugent irréalisable, en particulier en l'espace d'un mandat présidentiel de quatre ans. Admirateur des économistes les plus libéraux - il a nommé ses chiens des prénoms de plusieurs d'entre eux, dont « Milton » en hommage à Milton Friedman, l'un des pères du néolibéralisme - Milei veut réduire autant que possible la place de l'État dans l'économie. Il compte ainsi supprimer les aides sociales, les subventions, mettre fin à l'éducation gratuite, privatiser la santé... Il tient dans le même temps des discours véhéments contre les impôts : « c'est du vol », tout comme la « justice sociale » assure-t-il, avant de comparer le prélèvement de l'impôt à un héritage de « l'esclavage » et à une pratique pire que celle des voleurs de droit commun.Abandon du pesoMais la mesure phare du candidat (qui a obtenu 30% des voix au premier tour, derrière le ministre de l'Économie sortant Sergio Massa) est de dollariser l'économie argentine. « Cela mettrait fin à cette arnaque qu'est le peso, qui fond comme des blocs de glace dans le désert du Sahara en pleine journée », a assuré le candidat lors d'une interview télévisée, pendant la campagne. La monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur face au dollar depuis quatre ans et l'inflation dépasse les 140 % sur un an, au point que les commerçants changent les étiquettes de prix des produits plusieurs fois par semaine : pour Javier Milei, la solution passe donc par l'abandon du peso au profit du billet vert. Pendant ses meetings, ses partisans brandissent même des billets de 100 dollars à son effigie.   Sans monnaie nationale, l'ultralibéral compte se débarrasser également de la Banque centrale. L'Argentine serait alors dépendante de décisions de politique monétaire prises aux États-Unis, sans avoir de marge de manœuvre au niveau local.À lire aussiPrésidentielle en Argentine: le favori des sondages accusé d'être à l'origine de la chute du pesoUne économie en criseDans un pays en plein marasme économique, le ministre sortant de l'Économie a - contre toute attente - réussi à se hisser en tête du premier tour de l'élection présidentielle. Sergio Massa, centriste rallié à la majorité péroniste, a obtenu 37 % des voix. Au gouvernement depuis août 2022 (avec un portefeuille élargi), il n'a pas réussi à freiner significativement l'inflation à trois chiffres. La Banque centrale argentine a les taux d'intérêt les plus élevés au monde (130 %). Près de quatre Argentins sur 10 se trouvent sous le seuil de pauvreté. Le pays est lourdement endetté auprès du Fonds Monétaire International (FMI), à qui il doit près de 44 milliards de dollars. La sécheresse historique enregistrée cette année n'a fait qu'empirer la situation : les mauvaises récoltes agricoles n'ont pas permis de renflouer en devises étrangères les caisses de l'État. ÉquilibristeÀ la fois ministre et candidat, Sergio Massa a joué durant toute la campagne les équilibristes. D'un côté, il a dévalué le peso de près de 20% en août, pour répondre aux exigences du FMI. De l'autre, il a baissé l'impôt sur le revenu et la TVA, pour montrer à son électorat qu'il tente de lutter contre les effets de l'inflation. Malgré l'endettement colossal du pays, Sergio Massa promet aussi de préserver les services publics et d'alléger les taxes à l'exportation des produits agricoles, très critiquées par les producteurs de viande ou encore de soja et de blé. À quelques jours du scrutin, les sondages ne permettaient pas dégager une tendance claire en faveur d'un candidat ou de l'autre. Quel que soit le gagnant de l'élection, il fera face à une économie argentine à l'agonie et devra sans doute renégocier la dette du pays auprès du FMI.À lire aussiPrésidentielle argentine: Massa et Milei s'opposent rudement à une semaine du scrutin

    Pourquoi les sanctions contre le pétrole russe manquent leur but

    Play Episode Listen Later Nov 16, 2023 3:00


    Est-ce vraiment possible d'asphyxier la Russie en restreignant ses exportations de pétrole ? Malgré les sanctions occidentales, Moscou continue d'engranger des revenus records en vendant son pétrole bien au-delà du plafond à 60 dollars le baril fixé par le G7. Entre la mi-septembre et la mi-octobre, le brut exporté par la Russie a été expédié à un prix moyen de 83 dollars le baril. Depuis cet été, l'essentiel des exportations russes de pétrole dépasse systématiquement le seuil des 60 dollars. L'État en est le premier bénéficiaire. Près de la moitié des recettes fiscales provient des hydrocarbures, essentiellement du pétrole. Ces recettes ont augmenté de 15 % en septembre. Elles ont doublé en octobre. Vladimir Poutine a donc encore des moyens conséquents pour financer sa guerre en Ukraine.Car la Russie a toujours une longueur d'avance sur les mesures mises en place à Bruxelles ou à WashingtonD'abord parce que beaucoup de pays n'ont pas souscrit aux sanctions. Comme la Chine et l'Inde qui achète 40 % du brut russe. Circonscrire un aussi grand exportateur de brut, le troisième au monde, se révèle bien plus compliqué que sanctionner l'Iran par exemple. Et puis, comme tous les États sous sanctions, la Russie est rapidement devenue experte en contournement. En recourant à une flotte dite fantôme qui assure le transport de la moitié des cargaisons. Les barils encore acheminés par les circuits habituels, via des opérateurs occidentaux, circulent avec des papiers contrefaits. Les coûts annexes en transport et en assurance sont gonflés pour maintenir un prix apparent du baril inférieur à la barre des 60 dollars.Les Occidentaux ont-ils des nouveaux outils pour améliorer le dispositif ?Les États-Unis ont lancé une série de contrôles sur les sociétés de fret soupçonnées de transgresser les règles. Une trentaine sont concernées. Et l'Europe de son côté est en train de mettre au point un douzième train de sanctions. Une fois ces mesures adoptées par les 27, si tout va bien en décembre, les transporteurs devront à l'avenir présenter des documents plus précis spécifiant le coût des assurances, du fret et de la cargaison. Selon le Financial Times, le Danemark pourrait également être sollicité pour effectuer des contrôles sur les bateaux suspects. Car 60 % des cargaisons de pétrole russe partent du port de Primorsk sur la mer Baltique et traversent ensuite les eaux danoises.L'objectif affiché pourra être atteint avec ces mesures ?Bonne question. En Europe, les contrôles incombent aux États membres. Ils interprètent les textes très complexes adoptés à Bruxelles en fonction de leurs lectures juridiques et aussi de leurs intérêts nationaux. D'où la dilution des effets escomptés. La chute des cours du pétrole serait plus rapide et plus sûre pour affaiblir l'économie russe, suggère l'agence internationale à l'énergie dans les chiffres publiés cette semaine. L'agence constate que c'est surtout à cause du reflux des cours que les revenus pétroliers de la Russie se sont tassés début novembre. Moscou vient d'ailleurs d'annoncer la baisse de ses taxes à l'export pour préserver ses marges.

    L'impossible divorce entre la Chine et les Etats-Unis

    Play Episode Listen Later Nov 15, 2023 3:17


    L'heure est à l'apaisement entre la Chine et les Etats-Unis. C'est le message que vont essayer de faire passer Xi Jinping et Joe Biden, lors de leur rencontre prévue dans la matinée de mercredi à San Francisco, en marge du sommet de l'APEC. Un soulagement pour les économies des deux premières puissances mondiales. Elles ont plus que jamais besoin l'une de l'autre. Malgré les rivalités géopolitiques et les tensions sécuritaires, malgré la guerre commerciale entamée par Donald Trump et poursuivie par Joe Biden, le découplage des deux économies n'est plus du tout d'actualité assurent en chœur Américains et Chinois. Jack Sullivan, le conseiller à la Sécurité de la Maison Blanche l'écrit en toutes lettres « les États-Unis et la Chine ont des économies interdépendantes ». Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, prévient qu'« une rupture totale aurait des répercussions négatives significatives sur l'économie ». À Pékin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères surenchérit : « Nous nous opposons à une définition des relations sino-américaines en termes de concurrence ». Le très nationaliste quotidien chinois Global Times explique que le grand sujet de San Francisco, c'est la stabilisation des relations économiques entre les deux pays pour relancer la croissance mondiale.Qu'est-ce qui motive ce changement de ton ?Les deux dirigeants traversent une phase délicate sur le plan intérieur et ils ont plus que jamais besoin de bons résultats économiques chez eux. Aux États-Unis, à un an des élections, les sondages indiquent que les Américains ne sont pas convaincus par les Bidenomics. Pour préserver l'étonnante croissance que connaissent les États-Unis, il faut absolument apaiser des tensions qui pourraient nuire à l'économie américaine. À Pékin, Xi Jinping se rend à l'évidence : son pays ne supplantera pas la première puissance mondiale aussi vite que prévu. Maintenant que la croissance s'essouffle, que le chômage gonfle, notamment parmi les jeunes, ce n'est pas le moment de guerroyer avec un précieux partenaire commercial aussi précieux : le marché américain est un débouché vital pour faire tourner les usines et relancer l'activité sinistrée par la crise immobilière.Est-ce qu'il y aura des retombées concrètes et immédiates à ce réchauffement sino-américain ?Pékin a déjà fait un geste de bonne volonté en important, il y a quelques jours, une grosse quantité de soja, trois millions de tonnes, un oléagineux que la Chine a coutume d'acheter au Brésil où il est moins cher. Il est aussi question d'une commande chinoise à Boeing, le constructeur aéronautique aujourd'hui snobé par les compagnies chinoises. En échange, Pékin rêve d'une levée des restrictions sur les exportations de semi-conducteur. Mais sans doute en vain, Joe Biden vient de les reconduire. En revanche, un apaisement des tensions pourrait ramener les entreprises américaines sur le marché chinois. Une brochette de grands patrons très impliqués sur le plus grand marché du monde comme Elon Musk avec Tesla participeront au dîner organisé en l'honneur de Xi Jinping. Leurs investissements, leurs achats sont plus que jamais les bienvenus pour soutenir la croissance chinoise

    Au Liberia, le bilan économique du président George Weah a déçu ses partisans

    Play Episode Listen Later Nov 14, 2023 3:16


    Au Liberia George Weah, l'ancienne star du ballon rond et actuellement président en exercice, va tenter aujourd'hui d'obtenir un deuxième mandat. Le second tour qui l'oppose à l'ancien vice-président Joseph Boakai promet d'être serré. Parmi les griefs qui lui sont adressés, un bilan économique jugé décevant. Comme en 2022, la croissance du Liberia dépassera cette année la barre des 4 %. Une bonne performance après des années de stagnation, mais avec des déficits du commerce extérieur et des comptes publics, une inflation qui galope toujours au-dessus de 10 %, cette amélioration macro-économique passe totalement inaperçue au sein de la population. Ce petit pays d'Afrique de l'Ouest est l'un des plus pauvres au monde, avec un PIB par habitant de l'ordre de 800 dollars annuel. Ce pays panse toujours les plaies des deux guerres civiles qui l'ont dévasté à la fin du 20ᵉ siècle et qui lui ont fait perdre des décennies de développement. Son produit intérieur brut est toujours inférieur d'un tiers au niveau de 1989, l'année où les troubles ont commencé.À lire aussiPrésidentielle au Liberia: entre George Weah et Joseph Boakai, le second tour s'annonce serréGeorge Weah avait promis de gouverner en faveur des plus pauvres, et de faire de son pays une économie à revenu intermédiaireMais les évènements extérieurs ont contrarié ses ambitions. À peine remis de l'épidémie d'Ebola, le Liberia a été balayé par le Covid, puis est survenue la guerre en Ukraine, deux évènements qui ont déchainé l'inflation. Réduisant à néant les efforts entrepris pour améliorer le pouvoir d'achat des ménages. En revanche, son programme d'infrastructures, avec la construction de routes et d'hôpitaux, a rendu la vie quotidienne plus facile. Tout comme la gratuité pour l'enseignement secondaire. Des efforts qu'il a fallu financer par l'emprunt. Car les revenus miniers tirés de l'exploitation des richesses minières, le fer et l'or, ne suffisent pas à remplir les caisses de l'État. Le poids de la dette du Liberia par rapport au PIB a doublé pendant le mandat de George Weah. C'est à la fois une nécessité pour financer le développement, grâce surtout aux prêts des bailleurs internationaux, mais c'est aussi un fardeau qui fragilise les finances publiques et donc les marges de manœuvre du gouvernement.On lui reproche aussi son échec dans la lutte contre la corruptionLa corruption demeure un mal endémique, elle a même légèrement progressé selon Transparency International. L'an dernier, le Liberia a été rétrogradé à la 142ᵉ place sur 180 pays examiné. Cette criminalité délétère pour le développement éclabousse l'entourage de l'ancienne gloire du football. L'an dernier son chef de cabinet, Nathaniel Mac Gill, a été suspendu de ses fonctions suite à des sanctions prononcées par l'administration américaine pour des soupçons de corruption.Aujourd'hui, le département d'État s'intéresse de près à un accord passé juste avant le début de la campagne entre le gouvernement et le groupe Arcelor Mittal. Grâce à un transfert de permis minier en sa faveur, le sidérurgiste indien est en situation de quasi-monopole sur l'extraction du fer, selon Africa Intelligence, au détriment entre autres d'une compagnie américaine.À lire aussiPrésidentielle au Liberia: les candidats indépendants misent sur la lutte contre la corruption

    Bangladesh: la mode à bas coût confrontée à la hausse des salaires

    Play Episode Listen Later Nov 13, 2023 3:09


    Les grandes marques occidentales de la mode à bas coût vont-elles mettre la main au portefeuille pour couvrir la hausse des salaires décidée au Bangladesh ? C'est ce que réclament les patrons de l'industrie textile locale, après avoir accepté une augmentation de 60% du salaire minimum. Officiellement, H&M, Zara, Adidas et consorts sont les meilleurs amis des ouvriers bangladais. Dix-huit marques, pour la plupart américaines, ont écrit le mois dernier à la Première ministre Sheikh Hasina, appelant à « des négociations pacifiques pour fixer un salaire minimum couvrant les besoins fondamentaux des travailleurs ». Des vœux restés sans grand écho à Dacca.Le bras de fer a viré au bain de sang, avec quatre morts parmi les grévistes. Et beaucoup de déception parmi les ouvriers. Ils réclamaient un salaire minimum à 210 dollars par mois. Ils n'auront que la moitié à partir du premier décembre. C'est certes un bond de 60% par rapport au Smic inchangé depuis cinq ans, mais bien loin du compte pour compenser la perte du pouvoir d'achat engendrée par cette stagnation des salaires et surtout par l'inflation.NégociationsAu-delà de la compassion, les grandes marques vont-elles mieux rémunérer leurs fournisseurs pour couvrir la hausse des salaires ? Personne n'y croit vraiment. Les industriels bangladais sont parmi les plus sceptiques. Ils savent par expérience qu'au moment de négocier un contrat, leurs donneurs d'ordre sont les premiers à exiger des ristournes. Surtout dans le contexte actuel de crise rampante du secteur.À lire aussiBangladesh: face aux revendications salariales, les industriels du vêtement ferment les usinesLe mois dernier, les exportations textiles du Bangladesh ont chuté de 14%. Cette hausse des salaires les rend particulièrement fébriles. Ils parlent déjà d'un désastre pour les 4 000 usines du pays et leurs quatre millions d'employés.Salaires décents ?Le modèle économique de la mode à bas coût repose sur les bas salaires des pays du Sud. Mais dans cette partie du monde, l'échelle des bas salaires est relativement ouverte. Au Vietnam ou au Cambodge, les salaires du textile sont deux à trois fois plus élevés qu'au Bangladesh.Pour décrocher son podium de numéro deux mondial du textile, derrière la Chine, le Bangladesh a écrasé les salaires des ouvrières du textile. Ils sont aujourd'hui parmi les plus bas au monde, juste au-dessus de ceux du Pakistan et du Myanmar. Leur revalorisation ne remettra pas en cause le modèle économique de la fast fashion, mais il implique des profits moindres pour les fournisseurs comme pour les donneurs d'ordre.Le labeur des forçats de la mode représente 10% des coûts des industriels bangladais et seulement 1% du prix final en magasin. Les grandes marques sont donc les mieux placées pour contribuer à la hausse des salaires.On voit mal qui peut contraindre ces marques, excepté leurs clients. S'ils se mobilisent en faveur des ouvriers bangladais, elles y seront fortement incitées. Mais contrairement à ce qu'il s'est passé il y a dix ans au moment de l'incendie du Rana Plaza, leur cause du moment n'a pas encore ému les consommateurs occidentaux.

    Les transporteurs routiers polonais inquiets face à la concurrence ukrainienne

    Play Episode Listen Later Nov 10, 2023 2:40


    Depuis le 6 novembre 2023, des dizaines de compagnies de transports polonaises ont commencé à bloquer des points de passage entre la Pologne et l'Ukraine. Les routiers dénoncent une concurrence jugée « déloyale » de la part des transporteurs ukrainiens. Ils craignent la déstabilisation du marché. Plus de 20 000 véhicules patientent des deux côtés de la frontière, alors que des camions polonais bloquent la route principale menant au poste-frontière de Dorohusk. Des blocages similaires ont été notamment installés à Hrebenne, Korczowa et Rava-Rouska. Les transporteurs polonais craignent pour l'avenir de leur profession.Le problème couvait depuis quelque temps et s'est intensifié dernièrement. Au lendemain de l'invasion russe de l'Ukraine, Bruxelles a mis en place un programme « transport sans visas ». Le système de permis qui régissait jusque-là l'entrée des compagnies de transport ukrainiennes dans l'Union européenne (UE) a été abandonné. Résultat : une hausse significative de camions ukrainiens non seulement sur les routes en Pologne, mais aussi dans toute l'Europe. Ce que dénoncent les protestataires, ce sont les assurances, les charges sociales, le recrutement des chauffeurs qui coûtent moins cher en Ukraine. « Oui, on a peur de la concurrence ukrainienne. Comparé à l'Ukraine, la cotisation santé est cinq fois plus élevée en Pologne. Ce qu'on craigne c'est le dumping social », martèlent-ils. La concurrence est difficilement surmontable.Le transporteur ukrainien à l'image du plombier polonaisLa situation actuelle rappelle étrangement le passé. Avec l'élargissement de l'Union européenne en 2004, les camionneurs français accusaient à l'époque leurs collègues polonais de leur prendre le travail pour un salaire de misère.Et plus tard, c'est le « plombier polonais » qui a semé la zizanie. Mais le fond du problème est réel et beaucoup plus complexe. Le transport routier est devenu l'un des piliers de l'économie polonaise. Il contribue à hauteur de 7% au PIB national, et son importance est capitale pour le commerce et l'industrie. Le secteur a le vent en poupe et son taux de croissance fait des envieux. Un million de salariés y travaillent et des milliards de zlotys - la monnaie nationale - d'impôts rentrent dans les caisses de l'État.Au total, 20% du marché européen est desservi par les camions polonais. Ce succès fulgurant va au-delà des frontières de la Pologne. En Europe, un camion sur cinq roule sous le pavillon polonais. En 2019, le pays a détrôné l'Allemagne, autrefois le leader du secteur. La nouvelle génération d'entrepreneurs polonais a vu le potentiel de ce marché et a investi massivement dans la modernisation de la flotte et la formation des chauffeurs. Pratiquement tous parlent l'anglais.Flexibilité et prix compétitifsLa Pologne est devenue une plaque tournante du transport de biens en Europe. Les entreprises plébiscitent ce pays pour sa position géographique entre l'Est et l'Ouest, ses petits camions adaptables à tout type de marchandises pour des livraisons rapides, ainsi que pour que des prix compétitifs, évidemment. Malgré l'adhésion à l'UE, les coûts d'exploitation en Pologne sont encore inférieurs à ceux d'autres pays membres. Toutefois, les risques géopolitiques qui pèsent sur la croissance et l'inflation, tout comme la crise énergétique et la récession qui menace la Pologne, pourraient donner un sacré coup de frein à ce marché florissant.C'est dans ce contexte difficile pour le secteur que les routiers polonais demandent à l'UE la restauration des permis d'entrée pour le transport de biens par leurs voisins. À l'exception de l'aide humanitaire et des équipements militaires pour l'armée ukrainienne. Leur appel pourrait rester vain. Bruxelles et Kiev viennent de prolonger d'un an le programme de « transport sans visa »qui facilite le transport bilatéral et le transit vers les États de l'UE. Le vice-ministre ukrainien du Développement communautaire, des Territoires et des Infrastructures Serhiy Derkach a appelé les protestataires à lever les barrages. Mais pour les routiers polonais leur mobilisation est une question de survie.

    Pourquoi l'énergie fossile est fêtée à la Bourse

    Play Episode Listen Later Nov 9, 2023 3:14


    Les projets d'expansion dans les énergies fossiles mettent en péril la limitation du réchauffement à +1,5°C, prévient un nouveau rapport des Nations unies. C'est pourtant l'industrie des hydrocarbures qui a le vent en poupe sur les marchés. Celle des énergies renouvelables pique du nez. D'après l'indice Standard and Poor's des énergies propres suivant les 100 entreprises les plus significatives du secteur, les actions sont en repli de 30% depuis le début de l'année et même de 50% depuis 2021. Tandis que l'indice Standard and Poor's 500, qui scrute les entreprises des hydrocarbures, progresse. Il est même en forte hausse depuis cet été. Les investisseurs savent bien qu'à long terme le pétrole, le charbon et le gaz sont néfastes pour la planète et donc pour l'économie. Mais ce n'est pas la priorité du moment, ils privilégient les hydrocarbures parce qu'elles leur offrent des dividendes immédiats et juteux.Les marchés ne croient pas au pic pétrolier annoncé pour 2030 par l'Agence internationale à l'énergie (AIE) ?Le « peak oil », qui est perçu comme un pic de la consommation de pétrole, est une prévision. Elle varie donc régulièrement, au gré des informations disponibles sur l'offre et la demande d'énergies. Mais aussi en fonction des intérêts et des convictions des commanditaires de l'étude. L'AIE représente les pays occidentaux consommateurs de pétrole et est très engagée dans la décarbonation. D'après l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le« peak oil » n'interviendra pas avant 2045. Et pour la première compagnie pétrolière américaine, Exxon Mobil, ce serait même 2050.La guerre en Ukraine a fait grimper le cours du brut. Celle qui est en cours au Proche-Orient pourrait avoir le même effet. C'est dans ce contexte que les Américains Exxon et Chevron ont défrayé la chronique des offres publiques d'achat (OPA) en annonçant des méga acquisitions dans le gaz de schiste américain et le pétrole de Guyana, pour un montant total dépassant les 100 milliards de dollars. Les deux compagnies se préparent à un possible choc de la demande, en pensant très fort que les énergies renouvelables ne seront pas suffisantes pour y répondre.Comment expliquer la contre-performance des énergies renouvelables à la Bourse ?Cette industrie encore jeune est certes fortement subventionnée aux États-Unis comme en Europe, mais c'est aussi une industrie qui nécessite des investissements colossaux. C'est pourquoi la rentabilité n'est espérée qu'à très long terme. En attendant, il faut rembourser les dettes alors que les taux d'intérêt se sont envolés. Et supporter l'inflation des coûts. Deux phénomènes concomitants qui rognent leurs marges dans un univers hyper concurrentiel, où les Chinois ont une longueur d'avance, sur le solaire comme sur l'éolien. Même les champions chinois ont vu leurs profits se tasser au troisième trimestre. À la veille de la COP28, le message envoyé par les marchés vient conforter le lobby des énergies fossiles et saper les arguments des scientifiques.À lire aussiPourquoi produit-on toujours plus de sources d'énergie fossile ?

    L'Ukraine à la porte de l'UE

    Play Episode Listen Later Nov 8, 2023 3:11


    L'Ukraine va faire un pas historique en direction de l'Union Européenne aujourd'hui. Sa candidature à l'adhésion devrait être officiellement validée par la commission de Bruxelles. Un processus à vitesse grand V malgré les immenses défis économiques que pose sa candidature. Kiev a fait sa demande en février 2022 quelques jours après le début de la guerre et elle a été acceptée dès le mois de juin. Après l'avis favorable de la commission, ce sera aux 27 de donner leur feu vert pour démarrer les discussions formelles. C'est à cause de cette guerre russe que le processus a été accéléré. En temps de paix, l'Ukraine aurait eu sans doute beaucoup plus de mal à convaincre aussi rapidement étant donné le grand écart entre son économie et celle des 27. Son PIB par habitant représente seulement le dixième de la moyenne européenne, ou encore la moitié de celui de la Bulgarie, le pays le plus pauvre de l'Union. La corruption endémique qui gangrène toute l'économie, l'oligarchie qui prévaut sont les autres obstacles majeurs sur la voie de l'adhésion.L'Ukraine, un pays entièrement à reconstruire une fois la paix revenueD'après la Banque mondiale cela coûtera au moins 400 milliards de dollars. La guerre et l'occupation d'une partie du pays ont effacé 30% du PIB en une année. Sept millions d'Ukrainiens ont plongé dans la grande pauvreté. Malgré ces marches arrière, l'économie ukrainienne tourne toujours à environ 70% du niveau d'avant-guerre et la culture des terres noires si réputées pour leur fertilité ont encore permis d'exporter de large quantité de blé en 2022. Mais l'État ukrainien, entièrement concentré sur l'effort de guerre, est en permanence sous perfusion financière. Il est alimenté par le FMI, les Etats-Unis et l'Union européenne.L'adhésion future de l'Ukraine implique donc des transferts massifs des 27 vers ce nouvel entrantSi le budget est constant, cela signifie que les parts du gâteau seront revues à la baisse pour les 27. Les fonds européens étant distribué entre autres en fonction du poids démographique, l'Ukraine forte de ses 44 millions d'habitants, absorbera une part considérable de la manne bruxelloise. La taille de son agriculture en fera sans doute l'un des premiers bénéficiaires de la Politique agricole commune (PAC). Les pays aujourd'hui bénéficiaires nets de l'UE pourraient donc devenir des contributeurs nets.Cela ne manquera pas d'inquiéter les pays de l'est de l'EuropeDes États membres qui ont largement profiter des subsides européens. Pour éviter à l'Europe de se déchirer avec ce nouvel élargissement, elle devra revoir de fond en comble les règles de son financement. Pourquoi pas se doter enfin du pouvoir de lever l'impôt ? Ou encore de celui d'emprunter régulièrement sur les marchés ? Ces idées sont très polémiques parmi les 27, mais il faudra en débattre, cela sera incontournable une fois que Kiev aura entamé les négociations d'adhésion. Une procédure qui peut durer des années.

    La guerre entre le Hamas et Israël éreinte les pays voisins

    Play Episode Listen Later Nov 7, 2023 3:10


    La guerre entre le Hamas et Israël entre ce mardi 7 novembre dans son deuxième mois. Le monde entier redoute les répercussions négatives sur l'économie. Elles sont déjà sensibles chez les voisins immédiats : l'Égypte, le Liban et la Jordanie. Trois pays déjà fragilisés par de grosses difficultés internes avant même le début des hostilités. Le tourisme, un moteur, voire une bouée de sauvetage pour l'économie de la région, avait fortement rebondi après la crise du Covid mais la guerre aux frontières de ces trois pays est en train d'effacer cette embellie. L'insécurité éloigne les voyageurs, plusieurs compagnies ont déjà suspendu leurs vols. La fréquentation des sites les plus visités a fortement chuté en Égypte et en Jordanie. Au Liban, cette industrie s'est complètement effondrée.Autre source d'inquiétude: l'approvisionnement extérieurLe Caire a souffert de la suspension des livraisons du gaz israélien extrait au large de Gaza. Elles ont repris mais à un débit trois fois moindre. Le gazoduc égyptien qui alimente la Jordanie est à la merci d'une coupure ou d'un sabotage. Le Liban déjà exsangue, totalement dépendant de l'extérieur pour ses besoins en nourriture, en médicament, ou en pétrole, est le plus exposé en cas d'extension du conflit. Si l'accès à la mer venait à être coupé, 90 % de ses importations vitales seraient compromises. En 2006, lors de la guerre menée par Israël contre le Hezbollah, les marchandises ont transité par la Syrie, pour contourner l'embargo maritime.Le Liban est surtout aujourd'hui épuisé par quatre ans de crise économiqueQuelque 80 % de la population est tombée dans la grande pauvreté, l'inflation dépasse les 200 % et la livre libanaise est au fond de l'abîme. Ceux qui ont encore un peu d'argent achètent tout ce qu'ils trouvent encore dans les magasins. Car la famine menace. Il n'y a plus que trois mois de denrées en réserve, indique le gouvernement. Faute de stockage suffisant, depuis l'incendie qui a ravagé le grand silo du port de Beyrouth en 2020. L'élargissement de la guerre porterait un coup fatal au pays du Cèdre. Il ne résisterait pas non plus à l'afflux de nouveaux réfugiés alors qu'il a par le passé accueilli des centaines de milliers de Palestiniens puis de Syriens. La Jordanie abrite encore plus de 600 000 Syriens, elle en paie encore le prix, l'aide internationale n'a couvert que la moitié des dépenses.À lire aussiGuerre Israël-Hamas: «Une catastrophe économique pour le Liban»Le Liban, comme l'Égypte et la Jordanie ont des besoins urgents de financementQue le FMI est prêt à couvrir. Des milliards de dollars ont été promis à Beyrouth et au Caire mais sous condition de réformes structurelles qui ne se sont pas encore matérialisées. Pour des raisons politiques : le vide du pouvoir au Liban et un président Sissi en campagne pour sa réélection en Egypte, qui vit sa pire crise économique depuis cinquante ans et se trouve aux abois pour rembourser les futures échéances de sa dette. Le risque pour Beyrouth, c'est l'anéantissement. Pour Le Caire comme pour Amman, c'est l'instabilité. L'accumulation des problèmes économiques pourrait dégénérer en mécontentement social dans ces pays jeunes où la rue est prompte à s'enflammer.

    Les Européens divisés sur le sort de la fusée Ariane

    Play Episode Listen Later Nov 6, 2023 3:14


    Le programme de la fusée Ariane a longtemps fait la fierté de l'Europe. Aujourd'hui, il la divise. Pour lui donner un nouveau souffle, face à la concurrence écrasante de Space X, les ministres concernés se retrouvent ce lundi 6 novembre à Séville, en Espagne, pour enfin se mettre d'accord. Avant d'évoquer l'avenir, c'est-à-dire que faire, et pourquoi faire dans l'espace, les Européens doivent urgemment résoudre la question du transport. Car en ce moment, il n'y a même plus de lanceur lourd à disposition, une crise sans précédent pour l'Europe qui avait conquis de haute lutte son indépendance avec le programme de la fusée Ariane. Ariane 5 a effectué son dernier tir cet été sans que sa cadette soit prête à la remplacer. Dans ce vide intersidéral, les Européens ont fini par se résoudre à faire appel à Space X pour assurer le lancement de quatre satellites du système de navigation Galileo. Une double humiliation pour l'Europe : contrainte de reconnaître la domination du grand rival et aussi sa dépendance à l'égard des États-Unis pour son programme GPS, mis au point justement pour s'affranchir de leur tutelle technologique.Pourquoi une telle panne de lanceur alors que l'Europe était très bien positionnée sur ce marché ?Space X et ses fusées réutilisables ont soudainement ringardisé le lanceur européen, toujours utile mais beaucoup plus cher. Il a fallu mettre les bouchées doubles pour mettre au point un concurrent compétitif. Cela prend du temps et surtout beaucoup d'argent. Les coûts d'Ariane 6 ont explosé. Les industriels estiment avoir besoin de 350 millions d'euros de subventions annuelles à partir de 2026, deux fois plus que ce qui a été acté en 2021. Une addition trop salée, rejetée par l'Allemagne. Comme l'Italie, elle veut dorénavant privilégier ses intérêts nationaux. Rome, qui a sa propre gamme de lanceur Vega, voudrait commercialiser elle-même les vols sans passer par Arianespace. Tandis que Berlin pousse à l'ouverture du marché des futurs mini-lanceurs qui pourraient être made in Germany.Paris, qui finance la moitié du programme, dénonce la mauvaise gouvernance.C'est ce qu'explique le président du CNES, Philippe Baptiste. D'après lui, le problème vient de la règle du retour géographique. Chaque pays est en mesure d'exiger des retombées pour son industrie à la hauteur de son investissement, même s'il ne produit pas l'élément le moins cher du marché. Un système contre-productif, très lourd à gérer et in fine hyper-inflationniste. Les 12 pays partenaires de la fusée Ariane, qui se retrouvent aujourd'hui à Séville, sont au bord de la rupture sur le financement futur de ce programme phare de l'Europe spatiale.Tandis qu'Elon Musk, lui, enchaîne les succès commerciaux.Space X est de fait en situation de quasi-monopole, avec déjà 77 tirs à son actif en 2023. C'est bien plus que son score de 2022 et c'est plus de la moitié des tirs effectués dans le monde. La Chine a lancé une cinquantaine de fusées, la Russie une douzaine, l'Inde six. Et la base européenne de Kourou seulement trois cette année.

    Au Japon, le plan du gouvernement ne devrait pas redorer l'économie du pays

    Play Episode Listen Later Nov 3, 2023 2:37


    Le Premier ministre japonais a annoncé, jeudi 2 novembre, un plan de 17 000 milliards de yens, soit 113 milliards de dollars, pour soutenir l'économie et atténuer les effets de l'inflation. Les économistes sont sceptiques. Fumio Kishida, Premier ministre japonais en mal de popularité, a présenté un plan pour soutenir l'économie nippone jeudi 2 novembre. Parmi les mesures, on trouve des baisses ponctuelles d'impôts sur le revenu et sur la taxe d'habitation, des aides aux ménages les plus modestes, ou encore des réductions d'impôts pour des secteurs stratégiques, comme les puces électroniques et la fabrication de batteries.Enfin, l'exécutif a prévu des subventions pour limiter le prix de l'essence, qui avait beaucoup augmenté au début de la guerre en Ukraine, et pourrait repartir à la hausse en raison du conflit entre Israël et le Hamas. Si on ajoute à cela les prêts garantis par l'État, prévus aussi dans ce plan, et les dépenses qui viendront des gouvernements locaux, le plan – qui doit encore être approuvé par le Parlement – atteint l'équivalent de 150 milliards de dollars.  L'exécutif assure ainsi vouloir aider les ménages face à l'inflation, qui devrait rester proche des 3% cette année, alors que l'objectif de la Banque centrale est de 2%. Fumio Kishida cherche également à améliorer son image auprès des Japonais, peut-être avant d'appeler à des élections anticipées début 2024.Pas de hausse des taux de la Banque centraleMalgré l'inflation, les taux de la Banque centrale japonaise restent parmi les plus bas au monde. Tandis que la Réserve fédérale américaine (Fed) ou la Banque centrale européenne (BCE) n'ont fait qu'augmenter les taux d'intérêt depuis 2022 et viennent seulement de marquer une pause, le principal taux directeur de la Banque du Japon reste négatif à – 0,1%. C'est en ce moment la seule Banque centrale au monde à avoir un taux directeur en dessous de zéro, par crainte de la déflation, la baisse des prix, qui a longtemps touché l'économie japonaise.Une partie des habitants semble sceptique, tout comme des experts interrogés par les médias nationaux et internationaux. Un économiste japonais chevronné, interviewé par l'agence Reuters, estime par exemple que les effets du plan seront faibles sur le PIB japonais et ne permettront pas d'atteindre l'objectif de 1% de croissance annuelle fixé par le gouvernement. Sans compter que le pays va encore plus s'endetter, alors le gouvernement a déjà annoncé en décembre 2022 vouloir doubler ses dépenses dans le secteur de la défense et que le Japon est déjà le plus endetté des pays développés. Les gouvernements successifs ont en effet longtemps tenté de soutenir la croissance à grands coups de dépenses publiques.Une économie encore convalescenteAu départ, le Japon avait bien résisté au choc de la pandémie de Covid-19, mais le pays subit finalement toujours les conséquences de cette crise qui a ébranlé l'économie mondiale, mis à l'épreuve les chaînes d'approvisionnement et a fait grimper les prix de l'énergie et des matières premières. La croissance a bien repris au printemps 2023, mais cela n'a pas duré : elle est repassée à 0,6% au troisième trimestre, notamment à cause du ralentissement économique de la Chine.Le yen, la monnaie japonaise, flirte avec son niveau le plus bas depuis trente-trois ans face au dollar. Le pays vieillit, manque de main-d'œuvre. Il a aussi pris du retard dans le domaine des semi-conducteurs ou encore des voitures électriques. D'après les projections du Fonds monétaire international (FMI), le Japon devrait perdre sa place de troisième économie mondiale cette année aux dépens de l'Allemagne. Avant d'être écarté du pied du podium par l'Inde, qui passerait bientôt quatrième, avant l'année 2030.

    Face au conflit au Proche-Orient, l'Ukraine craint d'être oubliée par ses alliés

    Play Episode Listen Later Nov 2, 2023 2:57


    Depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre et la reprise des hostilités au Proche-Orient, l'attention internationale est tout entière concentrée sur la situation dans la bande de Gaza et en Israël. Mais la guerre en Ukraine ne s'est pas arrêtée pour autant. L'ONU appelle à ne pas oublier Kiev. Depuis l'invasion russe en février 2022, l'Ukraine dépend fortement de ses alliés tant sur le plan militaire qu'économique. Pour l'instant, les financements promis continuent à lui parvenir : le ministère des Finances ukrainien a fait savoir que Kiev avait reçu en octobre 2,8 milliards de dollars d'aide financière des États-Unis et de l'Union européenne. Des sommes qui doivent servir à financer les dépenses de l'État, la protection sociale, les salaires des enseignants et du personnel médical.Mais alors que l'hiver approche et que le conflit s'est enlisé, Kiev craint que le conflit en cours entre Israël et le Hamas ne détourne l'attention de ses partenaires occidentaux, surtout au moment où Washington accentue son aide militaire à Israël. Inquiétude partagée par l'ONU : « Il est important de ne pas perdre de vue d'autres crises, en particulier une crise aussi brutale et de grande portée que celle provoquée par la guerre en Ukraine […] qui continue d'infliger des niveaux de souffrance inimaginable », a déclaré Ramesh Rajasingham, du bureau humanitaire des Nations unies.Les républicains prêts à voter une aide à Israël mais pas à l'UkraineUne crainte loin d'être infondée. Aux États-Unis, le soutien à Israël et à l'Ukraine fait déjà l'objet d'un débat partisan. La Maison Blanche a promis à Kiev que son soutien à Israël ne se ferait pas à ses dépens, mais l'administration Biden a besoin d'un vote du Congrès pour une nouvelle tranche d'aide de 60 milliards de dollars à destination de l'Ukraine, pour moitié dépensés en armement. Il faut y ajouter un paquet de 14 milliards de dollars pour soutenir l'effort de guerre israélien.Mais si les républicains qui contrôlent le Sénat sont traditionnellement favorables à Israël, ils sont en revanche beaucoup plus réticents à soutenir Kiev. Le nouveau speaker républicain Mike Johnson, issu des rangs de l'extrême droite trumpiste, se dit prêt à accorder une rallonge à Israël, mais exige un vote séparé sur les deux enveloppes. Ce serait une « victoire pour Poutine » a tenté d'argumenter Lloyd Austin, le patron du Pentagone.Pour tenter d'éviter ce piège tendu, Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, a plaidé mardi devant le Sénat pour une enveloppe commune : « Poutine essaye de tirer profit de l'attaque du Hamas contre Israël. Il espère que cela va nous distraire, que les États-Unis vont se désintéresser de l'Ukraine, lui retirer ses ressources, son soutien. Pour nous, les deux sont liés », a-t-il ajouté avant de faire référence à l'Iran, à la fois allié du Hamas et de Moscou.Kiev a d'autant plus besoin du soutien financier et militaire de ses alliés occidentaux que la Russie tourne son économie tout entière vers l'accroissement de son effort de guerre. La semaine dernière, la Douma – le Parlement russe – a voté une hausse de quasiment 70% du budget militaire de Moscou pour 2024. Le budget de la défense va dépasser 6% du PIB, du jamais vu dans l'histoire récente. Pour comparaison, les dépenses militaires en France atteignent 2% et 3% aux États-Unis.L'économie ukrainienne résisteSur le plan économique, l'Ukraine est sous perfusion, mais prouve sa résilience. Pour la première fois depuis l'invasion russe, le pays a renoué avec la croissance au deuxième trimestre 2023, d'après les données de la Banque mondiale. Reste que l'économie ukrainienne souffre de la destruction des infrastructures par les bombardements russes et de la mobilisation : les hommes et les femmes sur le front ne font pas tourner l'économie.La balance commerciale ukrainienne souffre aussi du refus de la Russie de renouveler l'accord d'exportation de céréales par la mer Noire. Cette semaine, le ministère ukrainien de l'Agriculture a fait savoir que malgré la mise en place de routes alternatives par le Danube, les exportations de céréales de Kiev avaient diminué de près de moitié cette année par rapport à octobre 2022.À écouter aussiUkraine: un conflit éclipsé par le Proche-Orient

    L'Asie centrale courtisée tous azimuts

    Play Episode Listen Later Nov 1, 2023 2:56


    Le président français Emmanuel Macron est arrivé ce mercredi 1er novembre à Astana pour une visite de deux jours au Kazakhstan, puis en Ouzbékistan. Un déplacement à fort accent économique. Une délégation d'une quinzaine de patrons d'entreprises est d'ailleurs du voyage. Des contrats sont attendus dans les secteurs pharmaceutique et aéronautique. Sont également représentés, dans la délégation, les secteurs de l'agroalimentaire et surtout de l'énergie et des minerais.Déjà cinquième investisseur étranger au Kazakhstan, du fait notamment de l'implantation de TotalEnergies, la France est sur les rangs pour le projet d'une première centrale nucléaire, qui doit encore être validé par référendum.Construire et s'approvisionnerAvec sa politique de relance de l'atome civil, la France cherche par ailleurs à diversifier et consolider son approvisionnement. Orano entend donc développer ses activités en Ouzbékistan et au Kazakhstan, déjà importants fournisseurs en uranium de la France. D'autres matières premières sont convoitées. Le sous-sol de la région regorge de « matériaux critiques » essentiels pour la transition énergétique.La France est loin d'être la seule à s'intéresser à la région. L'Asie centrale attise les convoitises tous azimuts. Au nord, la Russie conserve des appétits. Le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et les trois autres pays d'Asie centrale de l'ex-Union soviétique sont restés liés à Moscou.Avec l'invasion de l'Ukraine, même si certaines capitales marchent sur des œufs dans l'équilibre géopolitique, selon la Banque européenne de reconstruction et de développement, les échanges commerciaux avec la Russie ont été stimulés. Entre autres, car ces anciens satellites de Moscou serviraient d'intermédiaires. Mais pas seulement, la Russie a dû modifier les flux de marchandises.Après le bras de fer avec l'Union européenne au sujet du gaz le 7 octobre, le coup d'envoi à la livraison de gaz russe a été donné à l'Ouzbékistan via le Kazakhstan. L'Ouzbékistan, pourtant riche en hydrocarbures, a néanmoins été confronté à une crise énergétique l'hiver dernier. Et puis Moscou a aussi, selon Le Figaro, redynamisé un projet de « corridor de transport international Nord-Sud » allant de Saint-Pétersbourg à Bombay par bateau, le train et la route.« Nouvelles routes de la soie »Il n'empêche, Moscou étant occupée en Ukraine, d'autres prétendants en profitent pour faire la cour à l'Asie centrale, à commencer par la Chine. Pékin soigne ses relations dans la région. Xi Jinping avait réservé au Kazakhstan l'honneur de sa première visite à l'étranger post-Covid. En mai, la Chine a organisé un sommet à Xi'an, terminus de la « route de la soie », celle d'antan. Tout un symbole, car l'Asie centrale est l'un des points névralgiques du projet des « nouvelles routes de la soie » de Pékin.Côté ouest, la Turquie avance également ses pions dans cette région de langue turcique. Recep Tayyip Erdogan se rendra d'ailleurs au Kazakhstan ce 3 novembre. Entre-temps, jeudi, le Premier ministre hongrois Viktor Orban aura pris part au défilé.L'ensemble de l'Europe n'est d'ailleurs pas en reste. En marge de la COP27, l'Union européenne a conclu un accord de partenariat stratégique avec Astana sur les matières premières, les batteries et l'hydrogène vert.

    Afrique du Sud: la Banque mondiale au secours d'Eskom pour rétablir le courant

    Play Episode Listen Later Oct 31, 2023 3:09


    En Afrique du Sud, la Banque mondiale a signé la semaine dernière un nouveau chèque d'un milliard de dollars en faveur d'Eskom, la compagnie nationale d'électricité littéralement à l'agonie. Cette entreprise centenaire est aujourd'hui incapable de fournir du courant en continu aux habitants et aux entreprises. Les délestages sont devenus quasi quotidiens cette année. Si on met bout à bout les coupures programmées par Eskom pour assurer un service minimum, le pays a déjà été plongé dans le noir pendant au moins deux mois complets depuis le premier janvier. Un record absolu dans la longue histoire des coupures de courant qui grèvent l'économie sud-africaine et pourrissent le quotidien des habitants depuis maintenant quinze ans.Eskom surendettéeEn théorie, Eskom a des capacités de production bien supérieures à la demande, mais les centrales fonctionnant pour la plupart au charbon sont tellement délabrées qu'elles tombent en panne les unes après les autres. Quand elles ne sont pas délibérément mises en maintenance par des personnes opposées aux réformes cherchant à améliorer le service.Eskom est surendettée, minée par la mauvaise gouvernance et désormais sans pilote à bord puisqu'il n'y a toujours pas de remplaçant depuis le départ au printemps d'André de Ruyter. Après trois ans d'activité, le PDG, arrivé comme un énième sauveur, a préféré démissionner, après avoir dénoncé la corruption qui gangrène l'entreprise avec la complicité d'après lui de l'ANC, le parti au pouvoir.La compagnie peut-elle assurer la transition énergétique ? Cela relève de la mission impossible, d'autant plus que le ministre de l'Énergie, un fervent partisan du charbon, est régulièrement accusé par l'opposition de stopper les projets dans les énergies alternatives. Seulement la moitié des appels d'offre lancés en 2021 dans l'éolien et le solaire, pour couvrir le déficit de l'offre d'Eskom, a abouti.Lente agoniePour sortir de l'impasse et pour sortir du charbon, le gouvernement préfère s'en remettre au privé. Il cherche à démanteler Eskom en dissociant la production, la transmission et la distribution de l'électricité. C'est en appui à ce plan de sortie de crise que la Banque mondiale renfloue une nouvelle fois la compagnie.Par ailleurs, la Banque mondiale veut promouvoir la décarbonation de l'énergie au niveau local. Les énergies renouvelables ne représentent qu'1% de la production d'Eskom, mais plus de 10% de l'offre au niveau national. Grâce aux initiatives spontanées prises par des consommateurs lassés des coupures incessantes. De plus en plus d'entreprises, ou de collectivités, se tournent vers des fournisseurs d'énergie renouvelable pour assurer leur besoin en électricité.Le secteur privé a pris le relais de l'opérateur public. Cette année, entre mars et juin, les capacités en électricité photovoltaïques ont quadruplé. Un bienfait pour les consommateurs comme pour la transition énergétique, et a priori un soulagement pour Eskom qui réduit ainsi la durée des délestages. Mais ces clients qui disparaissent, cette contraction de la demande, ce sont aussi des revenus en moins pour la compagnie, aggravant ainsi sa lente agonie.À lire aussiLe gouvernement sud-africain reprend la moitié de la dette de la compagnie d'électricité Eskom

    Le véhicule électrique toujours pas rentable pour l'industrie américaine

    Play Episode Listen Later Oct 30, 2023 3:01


    Aux États-Unis, l'engouement pour la voiture électrique s'essouffle. L'industrie automobile en prend acte et commence à ralentir ses investissements. Ford et General Motors revoient tous les deux leurs ambitions à la baisse. Pour Ford, l'objectif des 600 000 véhicules électriques sortis d'usine en 2023 est remis à 2024, les 12 milliards de dollars d'investissements dans l'électrique sont gelés. Chez General Motors, le partenariat avec Honda pour sortir un e-véhicule d'entrée de gamme est annulé ; le projet d'usine dédiée au pickup électrique suspendu et la sortie de deux nouveaux modèles reportée. Ce rétropédalage étonne de la part de l'ancien numéro un de l'industrie automobile américaine, car il a été l'un des premiers constructeurs historiques à miser sur le tout électrique dès 2035.Le marché n'arrive pas à absorber les nouvelles productions américaines disent les constructeursPourtant les Américains n'ont jamais acheté autant de voitures électriques. Le e-véhicule représente près de 8 % des ventes au troisième trimestre, 50 % de hausse par rapport à l'année précédente. Mais l'industrie a surestimé la dynamique du marché et les voitures qui sortent des usines américaines s'accumulent sur les parkings des concessionnaires sans trouver preneur. Car entre-temps, l'inflation a changé la donne. Même Elon Musk le reconnaît : la hausse des taux est néfaste au marché automobile, son usine mexicaine sera revue à la baisse.L'achat d'une voiture électrique est aussi dominée, et donc parfois refrénée par la politiqueDepuis son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden a propulsé cette mutation en multipliant les cadeaux à l'industrie et aux consommateurs. Tandis que Donald Trump a pris le contre-pied. Un discours qui a visiblement des effets sur les ventes : quand cinq électeurs démocrates achètent un véhicule électrique, seulement deux électeurs républicains font de même. La voiture électrique est perçue par les conservateurs comme contraire aux intérêts de l'Amérique. Elle détruit des emplois, et elle accélère la disparition des hydrocarbures, une des sources de puissance et de prospérité de la première économie mondiale.Du côté des industriels, c'est encore la voiture à essence qui assure la rentabilité de leur modèle économiqueCe sont les gains encaissés, grâce entre autres à ces SUV gourmands en essence, qui leur permettent d'augmenter les salaires pour satisfaire les revendications des grévistes. À l'heure actuelle, la voiture électrique n'est pas rentable et la guerre des prix déclenchée par Elon Musk a aggravé la situation. Le seul chemin bien connu pour gagner de l'argent passe par la Chine, là où le prix des batteries est le plus compétitif. Comme le fait Tesla qui exporte une bonne partie des véhicules construits dans son usine chinoise de Shanghai. Les concurrents pourraient être tentés de suivre son exemple, mais ils prennent alors le risque d'être privé des subventions de l'Inflation Reduction Act, réservées au made in America.

    La revanche des pays du club Med de la zone euro

    Play Episode Listen Later Oct 26, 2023 4:03


    La Grèce accueille aujourd'hui la réunion mensuelle de la Banque centrale européenne. Un honneur au goût de revanche pour l'ancien maillon faible de la zone euro : sa note souveraine vient d'être reclassée par l'agence Standard and Poor's. Standard and Poor's l'avait dégradée il y a treize ans dans la catégorie dite spéculative, la plus humiliante et la plus dangereuse, celle qui fait fuir les prêteurs. La Grèce est alors au bord du défaut de paiement. Elle sera soutenue à bout de bras par le FMI et l'UE qui lui font payer très cher en lui imposant une cure d'austérité drastique. Ce retour en classe investissement avec le grade BBB- annoncé vendredi est une victoire morale après des années de convalescence et d'efforts budgétaires. Une satisfaction somme toute symbolique, car dès 2015 la Grèce a retrouvé la confiance des marchés après avoir renoué avec les excédents budgétaires en 2014.La Grèce a même réussi à alléger le fardeau de sa dette à une allure stupéfianteCette année, sa dette publique devrait représenter 160% du PIB c'était 200% en 2020. Avec plusieurs indicateurs au beau fixe : un excédent budgétaire en 2022 puis en 2023 hors service de la dette. Un taux tout à fait honorable pour la dette à dix ans, à 4,4%, c'est mieux que l'Italie qui dépasse en ce moment les 5%. Si les finances publiques ont réussi cette prouesse dans un temps aussi court, et après l'épreuve du Covid, c'est grâce au tourisme, le principal moteur de la croissance. En 2021 elle était supérieure à 8% et proche de 6% l'année suivante.Les résultats macro-économiques sont rassurants mais le niveau de vie des Grecs en revanche s'est considérablement détérioréLa population n'a pas fini de payer l'addition. Le salaire moyen est encore inférieur de 25% à celui de 2008. Cela fait plus de dix années consécutives que le quart des habitants est exposé à la grande pauvreté. L'hôpital et l'école ont fait les frais de cette crise de la dette. Le pays s'est considérablement appauvri, son PIB est encore bien en dessous du niveau de 2008. Un autre maillon faible de la zone euro, le Portugal, bien plus pauvre que la Grèce avant la crise de la dette, l'a aujourd'hui dépassé en termes de produit intérieur brut.Le Portugal qui est devenu l'un des meilleurs élèves de la classe euroCe pays aux abois en 2010 va dégager cette année un excédent budgétaire. Le premier depuis cinquante ans. Et il compte renouveler la performance en 2024. Le poids de sa dette devrait passer l'an prochain en dessous de la barre des 100% du PIB après avoir culminé à 132% en 2014. Plutôt impressionnant pour un pays que la presse anglo-saxonne avait regroupé dans la catégorie club Med, aux côtés bien sûr de la Grèce et de l'Espagne quand la crise déchainait les passions entre le nord et le sud de l'Europe. Comme en Grèce, l'essor du tourisme a dopé la croissance. Le gouvernement a su aussi attirer les investissements étrangers, notamment chinois, grâce au passeport doré et relancer des activités exportatrices. Mais comme en Grèce, la population continue à payer l'addition.Le Portugal et la Grèce sont sortis de la zone de tous les dangers, en revanche l'Italie inquièteSa dette pèse 140% du PIB. C'est le pays le plus endetté après la Grèce. Son déficit va se creuser à plus de 4% du PIB l'an prochain. Sur les marchés, ces chiffres alarmants ont déjà creusé l'écart entre le taux italien et celui de l'Allemagne. La pause dans la hausse des taux qui devrait être annoncée aujourd'hui par la BCE est un répit bienvenu, mais pas une solution. Juste un répit.

    L'étonnante résilience de l'économie américaine

    Play Episode Listen Later Oct 25, 2023 4:00


    La récession promise aux États-Unis pour 2023 n'aura pas lieu. La croissance est au contraire robuste. Les économistes reconnaissent qu'ils se sont largement trompés et tentent de comprendre ce qui leur a échappé. Avec la hausse express des taux américains – ils sont passés de 0 à plus de 5% en un an et demi – le scénario de la récession était en théorie couru d'avance. La hausse des taux est un outil universel pour étouffer l'inflation. L'inconvénient c'est qu'il génère de la récession puisque la hausse du loyer de l'argent refroidit le moteur. C'est sur la base de cette théorie classique et sur l'expérience passée que les économistes prédisaient tous dès 2022 le ralentissement très net de l'économie américaine d'ici à la fin de l'année 2023.Mais à la surprise générale, la croissance a été robuste au deuxième trimestre avec +2,4%. Grâce à la consommation frénétique des ménages, bien au-delà des attentes. Cette tendance devrait se confirmer au troisième trimestre. Goldman Sachs a revu à la hausse sa prévision : elle dépasse les 4% pour ce troisième trimestre. Les premiers chiffres officiels seront publiés ce 26 octobre.Comment expliquer cette accélération des dépenses alors que les prix flambent ?Première explication : la très bonne tenue du marché de l'emploi. Le taux d'activité est très élevé aux États-Unis. Les Américains en profitent pour décrocher des jobs mieux rémunérés, augmentant ainsi leur pouvoir d'achat. Certains ont aussi profité de la hausse des salaires. La consommation a été dopée également par l'épargne accumulée pendant les années de Covid.Ces réserves insoupçonnées sont difficiles à quantifier et ont souvent été occultées dans les prévisions. Enfin, la hausse des taux a certes ralenti le marché immobilier, mais beaucoup de ménages avaient acquis leur logement quand les taux étaient encore proches de zéro. Ils ont donc conservé un pouvoir d'achat bien supérieur à ce que les économistes avaient anticipé.Crise énergétiqueL'économie américaine a aussi bénéficié de la crise énergétique qui a frappé l'Europe suite à la guerre russe en Ukraine. C'est un effet d'aubaine. De la chance selon l'économiste Paul Krugman. Le malheur de l'Europe, privée du gaz russe, a dopé les exportations américaines de gaz naturel liquéfié à partir de 2022, donnant un coup de fouet durable à l'industrie des hydrocarbures.Selon le prix Nobel d'économie, les aides gouvernementales largement distribuées en 2021 par Joe Biden pour faire face au ralentissement provoqué par les confinements ont aussi un rôle clé dans le dynamisme de l'économie en renforçant les comptes des ménages.Les investissements dans la transition énergétique, également soutenus par l'État fédéral, ont aussi profité au tissu industriel. Ce sont ces forces sous-jacentes en place depuis deux ans qui alimentent la très bonne tenue actuelle de l'économie américaine.Les tensions actuelles au Proche-Orient vont-elles faire dévier cette trajectoire ?C'est évidemment une menace pour les États-Unis si le conflit s'étend à d'autres pays comme l'Iran. Des facteurs internes aux États-Unis sont aussi susceptibles d'enrayer cette croissance vigoureuse. L'inflation est aujourd'hui à un niveau plus soutenable, 3,7%. Si elle repart sous la pression de la consommation et de la hausse des salaires, la Réserve fédérale relèvera à nouveau ses taux, ce qui pourrait finir par déclencher le ralentissement.Quant au moteur de la consommation, il est surtout alimenté par les ménages les plus riches, ceux qui ont profité de la hausse de la bourse, qui ont encore un matelas d'épargne confortable. Une autre partie de l'Amérique souffre. Entre autres parce qu'il faut à nouveau rembourser les emprunts étudiants depuis le premier octobre. Difficile aujourd'hui de savoir quelle force sera dominante en cette fin d'année. Des économistes reconnaissent qu'ils doivent revoir leur modèle avant d'être en mesure de faire des prévisions sur cette économie américaine encore en pleine mutation.À écouter aussiAujourd'hui l'économie - États-Unis : en 2023, les salariés et syndicats américains se réveillent

    L'Europe sécurise son approvisionnement en gaz avec le Qatar

    Play Episode Listen Later Oct 24, 2023 3:58


    Le Qatar, premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), s'engage à en fournir à l'Europe sur les trente prochaines années. Des contrats de long terme ont été signés ces derniers jours par plusieurs énergéticiens européens. Faut-il y voir une remise en cause de la transition énergétique ? Les termes du contrat signé ce lundi par l'Italien Eni interrogent. La livraison en Italie de gaz naturel liquéfié qatari est garantie sur 27 ans. Elle commencera en 2026. Cela signifie qu'Eni compte bien injecter ce gaz en Italie, ou en Europe, jusqu'en 2053. C'est-à-dire après la barre fatidique de 2050, année où les Européens ont pris l'engagement de ne plus émettre de carbone, ce qui implique en théorie la disparition des hydrocarbures dans leur mixte énergétique.Un contrat similaire a été signé par le Néerlandais Shell pour une livraison aux Pays-Bas. Le Français TotalEnergies a ouvert la voie il y a quinze jours. C'est presque la première compagnie européenne à avoir signé un contrat de très long terme, pour une livraison en France. Presque parce que Conocophilips l'a précédé en contractant avec le Qatar en novembre dernier sur 15 ans, au bénéfice de l'Allemagne.Ces pays ont-ils renoncé à leurs engagements dans la transition énergétique ?C'est plutôt un pari fait par les énergéticiens, qui coïncide avec les préoccupations des gouvernements. Du côté des énergéticiens, ils ne s'intéressent pas à la baisse de la demande en gaz, que l'Agence internationale à l'énergie (AIE) prévoit à partir de 2030, dans son rapport publié ce mardi matin. Eux regardent du côté de l'offre et constatent qu'il n'y aura pas d'alternative crédible au gaz dans les vingt ans qui viennent.L'hydrogène vert présenté par la Commission européenne comme le substitut idéal ne sera pas disponible aussi rapidement que cela avait été annoncé. Les 20 millions de tonnes annoncées par la Commission pour 2030 sont un objectif hors de portée, souligne Thierry Bros, car « on ne sait pas comment on fait » pour l'atteindre.Selon cet expert des marchés gaziers, ces contrats de long terme passés avec le Qatar indiquent bien qu'il y a un début de changement de politique. C'est pour lui l'échec du dogmatisme de la Commission et le retour au réel.Explosion de la consommation de charbonC'est la conséquence directe de la fin des livraisons du gaz russe qui couvrait 40% des besoins européens. Pour réduire ses émissions de carbone, l'Europe doit d'abord commencer par se passer du charbon. Le gaz pourrait d'ailleurs le remplacer, avant que les nouvelles capacités en hydrogène vert, et en nucléaire pour la France, ne soient mises en service.La sécurité de l'approvisionnement européen passe encore par le gaz. Un avis partagé au Royaume-Uni. D'après le responsable de la distribution du gaz britannique, le gaz restera indispensable au moins jusqu'en 2040 pour éviter les pannes de courant inhérentes à l'énergie éolienne qui fait partie du mixte énergétique des Britanniques. Limiter l'envolée de la facture énergétiqueDans l'industrie gazière, les contrats de long terme sont une pratique historique. Ceux qui ont été passés entre Gazprom et les énergéticiens d'Europe de l'Ouest ont été les piliers de la stabilité des prix jusqu'en 2022.140 millions de mètres cubes étaient garantis par contrat. Aujourd'hui c'est environ le quart. Parce que les boucliers énergétiques mis en place en 2022 coûtent chers, parce que le prix de l'énergie est un facteur clé de la compétitivité de l'industrie, les Européens cherchent à retrouver la maitrise de leur facture énergétique. Et ces contrats de long terme passés avec le Qatar font partie de la solution.À lire aussiQatar: les ventes de gaz explosent depuis la guerre en Ukraine

    La communication des entreprises à l'épreuve du conflit israélo-palestinien

    Play Episode Listen Later Oct 23, 2023 3:38


    Comment les entreprises doivent-elles communiquer sur le conflit israélo-palestinien ? La question met dans l'embarras de nombreux dirigeants, soucieux de ménager à la fois leurs salariés et leurs affaires. Une question sans réponse évidente, qui se pose dans toutes les entreprises. Dans celles qui sont présentes dans la région, dans les multinationales, comme dans les entreprises installées dans un pays où le conflit est clivant au sein de l'opinion publique. Depuis quelques années, les dirigeants réagissent de plus en plus à l'actualité. Ils sont quasiment contraints de s'engager publiquement au nom de leur entreprise.Pendant la pandémie, leurs salariés comme leurs clients voulaient savoir ce qu'ils pensaient du télétravail ou du vaccin. Ils ont aussi donné leur avis, suite à l'agression russe contre l'Ukraine. Et aux États-Unis, ils se sont même engagés en faveur du droit à l'avortement et du mouvement Black Lives Matter. Des causes qui unissent une majorité de citoyens. Mais avec cette nouvelle guerre entre l'État hébreu et le Hamas, l'exercice prend un tour beaucoup plus périlleux.DémissionEn témoigne la démission ce week-end de Paddy Cosgrave, le fondateur du Web Summit de Lisbonne, pour ses prises de positions trop hostiles à Israël. « Les crimes de guerre, écrit-il la semaine dernière sur X, sont des crimes de guerre même lorsqu'ils sont commis par des alliés et devraient être dénoncés pour ce qu'ils sont. » Les propos de ce ressortissant irlandais scandalisent la tech israélienne. Immédiatement, les entreprises concernées annulent leur venue au salon prévu à la mi-novembre. Il s'excuse, comprenant un peu tard que son avis de citoyen met en péril le Web Summit. Mais malgré ses regrets, cela ne s'arrête pas là. Les multinationales emboîtent le pas à la tech israélienne. Intel, Siemens, Google, Meta – la maison mère de Facebook – se retirent à leur tour du Web Summit. Le mal est fait. On verra dans les prochains jours si la démission de Paddy Cosgrave sauve l'événement de l'accident industriel.McDonald's dans une posture délicateLa branche israélienne a spontanément distribué des plateaux repas gratuits aux militaires de Tsahal. Une démarche condamnée par la rue arabe, des restaurants McDo ont été saccagés en Turquie. Et une démarche condamnée également par les filiales des pays arabes.Elles se sont désolidarisées du geste de la franchise israélienne et prennent le parti des Palestiniens en promettant des dons pour subvenir aux besoins des habitants de la bande de Gaza. Des initiatives prises aussi bien dans le golfe, à Oman, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis, qu'en Malaisie, en Turquie et au Liban. La maison mère de la chaîne de restauration rapide reste mutique, au nom de l'indépendance de ces filiales.Ne pas réagir peut être contre-productifMcDonald's fait partie des entreprises les plus ciblées par les appels au boycott. Sur les réseaux sociaux, la liste des entreprises mises à l'index est déjà pléthorique : Coca Cola, Danone, Nestlé, Starbucks, KFC, L'Oréal, Disney y figurent, pour ne citer que les plus connues.Ces marques sont parfois ciblées de longue date par le mouvement palestinien de boycott BDS, qui appelle à fuir les entreprises jugées trop proches d'Israël ou trop favorables à ses intérêts économiques. La liste a été actualisée avec la mention des propos ou des actes récents répertoriés depuis le début de cette nouvelle guerre de l'État hébreu contre le Hamas.À lire aussiGuerre Israël-Hamas: quinze jours d'un conflit sans précédent

    Guerre Israël-Hamas: un nouveau choc en vue pour l'économie mondiale ?

    Play Episode Listen Later Oct 19, 2023 3:44


    La guerre entre Israël et le Hamas aura-t-elle des conséquences sur l'économie mondiale ? Après le Covid et la guerre en Ukraine, un nouveau coup de frein est-il à redouter ? C'est la grande crainte exprimée à mot couvert par la directrice du FMI, dès le début des hostilités. La semaine dernière, lors de l'Assemblée générale du fonds à Marrakech, Kristina Georgevia évoquait « un nouveau nuage dans un horizon déjà peu ensoleillé pour l'économie mondiale ». En clair, l'embrasement de la région où est concentrée 40 % de la production du pétrole pourrait très vite faire flamber le cours du brut et ainsi anéantir le recul encore fragile de l'inflation. Ces deux grands chocs pour l'économie mondiale qu'ont été la pandémie puis la crise énergétique engendrée par la guerre de la Russie contre l'Ukraine ont réveillé l'inflation à des niveaux qu'on avait quasiment oubliés en occident.Une flambée des prix que les moins de cinquante ans n'ont jamais connue, et pour cause, le dernier épisode de très forte inflation qu'a connu l'Occident a été déclenché il y a tout juste cinquante ans. Les 16 et 17 octobre 1973, les pays arabes producteurs de pétrole décrètent une hausse des prix du pétrole, pour des raisons géopolitiques. Le contexte de l'époque : Israël, attaqué sur son territoire par ses voisins arabes, a riposté. C'est la guerre du Kippour qui entraîne donc ces représailles économiques des pays membres de l'Opep. Le prix du pétrole atteint rapidement un niveau stratosphérique. Il quintuple en l'espace de trois mois.Suite à l'explosion de l'hôpital Al Ahli dans la bande de Gaza, l'Iran a appelé les pays musulmans à un embargo pétrolier contre Israël. La situation est-elle comparable ?L'histoire effectivement semble bégayer, mais en fait beaucoup de choses ont changé depuis. Israël, par exemple, importe son pétrole non pas du Golfe, et encore moins de la république islamique d'Iran, mais de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan, du Gabon, ou encore du Brésil, des pays qu'elle considère sans doute comme sûrs, même si deux d'entre eux sont musulmans. L'Opep n'a pas réagi à cet appel iranien ; il n'y a pas de réunion extraordinaire en vue. Cette menace a tout de même fait grimper le cours du pétrole de 3 % hier, mais la pression est très vite retombée. Grâce à l'allègement annoncé des sanctions sur le pétrole du Venezuela. Les données de l'offre et de la demande sont globalement très différentes. Le pouvoir de marché de l'Opep est bien moindre. Ses membres fournissaient alors la moitié du pétrole consommé dans le monde. Aujourd'hui ce n'est plus que le tiers. Aujourd'hui leur production est surtout destinée à l'Asie, des restrictions affecteraient donc pas seulement Israël et ses alliés occidentaux, mais aussi leurs meilleurs clients asiatiques. Et enfin, il y a aujourd'hui des réserves stratégiques de grande ampleur en occident.Quels seraient les pays les plus affectés par une hausse du brut ?Les pays importateurs souffriront le plus. C'est le cas en Europe. L'Europe serait sans doute très affaiblie par un embrasement des marchés pétroliers. Avec des moyens financiers limités pour en adoucir l'impact sur les ménages comme cela a été fait dans la plupart des pays avec les aides publiques pendant le Covid puis les boucliers énergétiques. Car entre temps les banquiers centraux ont prestement relevé les taux d'intérêts pour éradiquer l'inflation. Recourir à l'emprunt pour redistribuer aux ménages sera plus délicat, notamment pour les pays déjà très endettés avec des déficits qui se creusent comme l'Italie ou la France.

    L'Afrique, le nouveau marché frontière de l'audiovisuel

    Play Episode Listen Later Oct 18, 2023 4:10


    Cette semaine, Cannes accueille le Mipcom, le marché international de la production audiovisuelle. Les diffuseurs occidentaux, en quête de relais de croissance, misent aujourd'hui sur l'Afrique. L'Afrique c'est le nouveau marché frontière de l'audiovisuel, c'est-à-dire un futur marché émergent. C'est dire s'il reste encore beaucoup à faire sur le continent. Actuellement, le taux d'abonnement aux plateformes de vidéo à la demande est supérieur à 70% aux États-Unis, 50% en Europe et seulement 2% en Afrique. Huit millions d'abonnés sur une population estimée à un milliard deux cents millions d'habitants, la marge de progression est exponentielle. D'après une étude américaine, le nombre d'abonnements devrait plus que doubler d'ici cinq ans.La plupart des géants du streaming sont déjà disponibles sur le continentDisney + est le dernier arrivé. Il s'est implanté en 2022, dans quelques pays seulement comme l'Égypte ou l'Afrique du Sud. Il a été précédé par le français Mycanal présent de longue date dans plus d'une vingtaine de pays d'Afrique sub-saharienne, essentiellement des pays francophones. Canal commencé à émettre en Afrique dans les années 1990 avec Canal Horizon. Prime Vidéo pour Amazon est également présent. Et bien sûr Netflix qui aurait même détrôné la plateforme africaine la plus populaire, ShowMax, proposé par la société sud-africaine Multichoice depuis maintenant huit ans. Showmax est disponible dans une cinquantaine de pays africains. Pour séduire le public du continent, la recette est connue : il faut produire localement. Les chiffres de Showmax sont éloquents : parmi ses abonnés sud-africains, 7 sur 10 ont visionné en priorité des contenus locaux, ils sont 8 sur 10 au Kenya et au Nigeria, et 9 sur 10 au Ghana. C'est un plébiscite pour les programmes africains.La papesse du divertissement nigérian Mo Abudu était invitée ce 17 octobre au Mipcom où elle a appelé les producteurs à financer davantage de contenu africainCette Nigériane qui a grandi au Royaume-Uni est revenue dans son pays pour monter sa propre société de production, Ebonylife, aujourd'hui l'une des plus prolifiques du continent. Son objectif : faire des films africains qui parlent d'abord aux Africains, mais aussi à la terre entière. La série qu'elle a produite pour Netflix en 2022, Blood sisters, a été l'un des succès planétaires de la plateforme. Autre exemple de succès global d'un contenu africain : le thriller nigérian Blackbook qui cartonne en ce moment sur Netflix. Depuis trois ans, les services de vidéo à la demande ont tous passé des accords avec des studios locaux pour produire sur place, Canal plus est engagé depuis longtemps dans cette voie. Mais ce n'est encore qu'un début en volume produit. Prime Vidéo a sorti cette année sa première production 100% africaine Gangs of Lagos.  Mo Abudu souligne à raison que la quantité de production africaine est sans doute tout en bas de la pyramide.Les plateformes parviennent-elles à rentabiliser leurs investissements sur le continent ?Gagner de l'argent, le but ultime de tous les diffuseurs est encore très aléatoire en Afrique. D'abord parce que la classe moyenne est encore embryonnaire, avec un pouvoir d'achat limité. Difficile d'imposer un tarif trop élevé. Ensuite, et c'est lié, le marché publicitaire est étroit. Enfin, les obstacles sont aussi d'ordre technologique. Les pénuries d'électricité au Cap consécutives à la sécheresse puis le Covid ont fortement pénalisé les revenus de Showmax. Le manque de couverture en haut débit est un autre facteur qui entrave la vidéo à la demande. Showmax a été l'un des premiers à autoriser le téléchargement sur les téléphones mobiles pour contourner l'obstacle. C'est donc un pari sur le très long terme que font les diffuseurs.

    LVMH, un partenaire de luxe pour Paris 2024

    Play Episode Listen Later Jul 25, 2023 4:16


    LVMH sera bien l'un des partenaires de premier rang des Jeux olympiques de Paris. L'annonce a été faite le 24 juillet dans la soirée par le numéro un mondial du luxe, qui a confirmé des négociations en cours depuis plusieurs mois déjà. C'est un soulagement pour le comité d'organisation des Jeux olympiques. Car depuis le retrait de Total, il manquait une grande entreprise du CAC 40 pour boucler le tour de table. Pour mémoire, la mairie de Paris avait retoqué la candidature du groupe pétrolier, jugé incompatible avec l'esprit de cette édition qui se veut durable et écologique.Le choix était en fait assez restreint puisque les partenaires officiels du Comité international olympique, des grandes marques planétaires, exigent l'exclusivité sur leur secteur. La présence de Toyota éliminait donc de fait celle des constructeurs automobiles français, tout comme celle du fabricant américain de pneumatique Bridgestone a évincé Michelin.Un parrainage inédit pour le groupeIl laisse en général la main à chacune de ses marques. LVMH, un groupe qui gagne de l'argent surtout à l'étranger, entend souligner le lien unique qu'il cultive avec son pays d'origine. Un discours cousu de fil blanc pour mieux éclipser ses rivaux, comme l'autre français du luxe Kering ou le Suisse Richemont. Le joaillier Chaumet dessinera les médailles, une grande marque de couture les vêtements de la délégation française et Sephora sera présent sur le parcours de la flamme.Bien d'autres déclinaisons sont attendues pour cet exercice de communication de taille XXL. Un exercice qui n'est pas sans risque : la géopolitique avec le conflit Russie-Ukraine, ou tout simplement le bouillonnement de la rue française, pourraient se retourner contre la présence tous azimuts du champion tricolore du luxe, qui cherche à doser subtilement sa participation. Pendant la réforme des retraites, le patron du groupe, Bernard Arnault, devenu l'homme le plus riche du monde derrière Elon Musk, était régulièrement conspué par les manifestants parce qu'il ne payait pas suffisamment d'impôts selon eux.À lire aussiBernard Arnault, patron de LVMH, en tournée en Chine, où le luxe ne connait pas la crisePremier sponsor avec un chèque de 150 millions d'eurosCent cinquante millions selon l'Agence France Presse, mais le chiffre n'a pas été officialisé par LVMH. À l'aune de ses bénéfices, 14 milliards d'euros en 2022, le ticket est abordable. Mais c'est un record pour les organisateurs. Ce chèque fait exploser le compteur des partenariats. La quinzaine d'entreprises associées aux jeux au niveau du COJO mettent sur la table un milliard 200 000 euros. Tant mieux, parce que le budget initial a déjà débordé, a averti la Cour des comptes.Le budget du COJO se monte à 4,4 milliards d'euros, soit 10 % de plus que ce qui était annoncé. Le budget total atteint le double avec 8,8 milliards, c'est-à-dire 2 milliards de plus que ce qui était annoncé au moment de la candidature de Paris. D'autres surcoûts pourraient encore apparaître, comme il est de coutume lors de cette grande fête du sport qui démarre dans exactement un an et un jour.La cérémonie d'ouverture : un argument pour attirer les sponsors ?« Ce sera probablement le spectacle le plus regardé de l'histoire de la télévision, de l'histoire des jeux. C'est évidemment un élément auquel on s'intéresse beaucoup », estimait Bernard Arnault. Cette prestation très originale est un plus très apprécié après les précédentes éditions des jeux, jugées calamiteuses.Les Jeux de Sotchi ont pêché par les failles de la sécurité, ceux de Rio étaient une catastrophe en termes de logistique, les Jeux d'hiver de Pékin en 2022 ont déçu les marques en termes d'audience et donc de visibilité. Et les Jeux de Tokyo 2020, où elles espéraient retrouver des standards plus en phase avec leurs attentes, ont viré au fiasco pour cause de Covid. Les entreprises espèrent que Paris saura renouer avec l'esprit de Londres 2012, leur référence absolue en termes d'organisation et d'impact publicitaire.

    Pourquoi la sécurité alimentaire demeure insuffisante

    Play Episode Listen Later Jul 24, 2023 3:49


    Un nouveau sommet pour améliorer la sécurité alimentaire, 1 600 participants et plusieurs dizaines de chefs d'État et de gouvernement sont attendus ce 24 juillet à Rome pour trois jours de réflexions. Un rendez-vous prévu de longue date qui intervient au moment où l'on redoute une nouvelle flambée des prix des produits agricoles. L'inflation globale commence à ralentir, sauf pour les fruits, les légumes, les céréales... En bref, tout ce qui constitue les bases de l'alimentation humaine. Les prix ont reculé par rapport à 2022, mais ils restent anormalement élevés. Selon l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) les importations mondiales de produits alimentaires devraient pour la première fois cette année frôler la barre des 2 000 milliards de dollars. Premier motif d'inquiétude : la météo. La chaleur et le manque d'eau compromettent les récoltes de fruits et de légumes, mais aussi les récoltes de céréales. La Chine, premier producteur de blé au monde, pourrait avoir besoin d'importer davantage pour couvrir ses besoins. Sa production de riz est aussi compromise, tandis que la Thaïlande, l'un des trois premiers exportateurs de riz, a diminué ses semis à cause de la sécheresse. Dans ce contexte alarmant pour le marché du riz, l'Inde a annoncé vendredi 21 juillet un embargo sur ses exportationsL'Inde est le premier fournisseur du marché mondial de la céréale la plus consommée au monde et un exportateur clé pour les pays africains. Ses silos sont remplis à ras bord, il n'y a pas de problèmes de récoltes. Mais le gouvernement veut surtout calmer l'inflation alimentaire interne. Au détail, le prix du riz indien a augmenté de 9% en un an. À huit mois des prochaines élections générales, toutes les mesures susceptibles de faire retomber la pression sur les prix sont bonnes à prendre. Les autorités indiennes ont promis d'exporter vers les pays fragiles sur le plan alimentaire si leurs gouvernements en font la demande. Il y aura donc assez de riz. Mais à quel prix ? L'embargo aura un effet positif sur les prix indiens. En revanche, son impact sera haussier sur les marchés mondiaux. Ceux qui en dépendent pour se nourrir vont devoir dépenser davantage pour couvrir leur besoin. Du côté des grains et des oléagineux, les informations sur l'état des récoltes sont plutôt rassurantesLa production de blé va souffrir en Europe. Pour les 27, ce sera sans doute la plus faible depuis 2007. El Nino, ce courant d'air chaud qui aggrave les vagues de chaleur que l'hémisphère nord endure en ce moment, pourrait aussi gâter la récolte des États-Unis. En revanche, la Russie devrait engranger une récolte record de blé, et le Brésil une récolte record de maïs et de soja. Il n'y a donc pas vraiment d'inquiétudes sur l'offre. Même si la Russie est sortie de l'accord sur le corridor de la mer noire, même si l'armée russe prend pour cible le port d'Odessa pour empêcher Kiev de sortir son blé comme elle l'a encore fait cette nuit. Aujourd'hui, Vladimir Poutine renouvelle d'ailleurs sa proposition d'exporter gratuitement des céréales pour remplacer les volumes ukrainiens manquants. Les céréales sont bien là, mais le marché reste nerveux, suspendu aux dernières nouvelles du front ukrainien.Ce cocktail de facteurs météo, politiques et géopolitiques pourrait-il déboucher sur une crise alimentaire ?L'embargo indien réveille des souvenirs pénibles. C'est déjà un embargo sur le riz décidé par New Delhi qui a fait flamber les marchés en 2008 et provoqué ainsi une crise alimentaire planétaire. Aujourd'hui, le nombre de personnes sous-alimentées est en forte hausse. Selon le dernier rapport onusien sur la sécurité alimentaire, 783 millions de Terriens sont confrontés à la famine. C'est 120 millions de plus qu'en 2019, à cause du Covid-19 et de la guerre en Ukraine qui ont ralenti l'acheminement des denrées. Il y a donc en 2023 une détérioration préoccupante de la sécurité alimentaire pour les pays les plus pauvres. 

    Football au féminin: la lutte pour l'égalité continue

    Play Episode Listen Later Jul 20, 2023 4:02


    La Coupe du monde du football féminin démarre ce jeudi 20 juillet en Australie et en Nouvelle-Zélande avec des primes record en perspective pour toutes les joueuses. Cependant, les disparités avec les joueurs masculins demeurent flagrantes. Le budget alloué pour cette coupe par la Fifa a triplé par rapport à l'édition de 2019. Les 736 joueuses des 32 pays participants se départageront 110 millions de dollars : un minimum de 30 000 dollars directement versés sur le compte de celles qui seront éliminées dès les matchs de poule, sans passer par les fédérations, et 270 000 dollars pour chacune des gagnantes. C'est un record absolu dans l'histoire du ballon rond féminin. Mais on est encore très loin du but, c'est-à-dire l'égalité de traitement homme-femme. Au Qatar, le budget alloué par la Fifa était quatre fois plus important. À la suite de la lettre signée au printemps par 150 joueuses, la Fifa a fait un gros effort. On parle de révolution. Et promis l'égalité absolue pour les prochaines coupes prévues en 2026 pour les hommes et 2027 pour les femmes.Malgré ces avancées encourageantes, les joueuses sont plus remontées que jamais contre les différences de traitementLes fédérations qui récompensent à parité leurs équipes nationales (hommes et femmes) sont encore minoritaires sur les terrains de foot. C'est le cas entre autres aux États-Unis, au Brésil, en Angleterre, en Norvège, au Danemark, en Espagne, en Australie et en Nouvelle-Zélande, les deux pays hôte de la Coupe. Et même quand ce principe est acquis, des inégalités persistent. Et les équipes féminines ne les supportent plus. Les équipes sont de plus en plus nombreuses à exiger le respect de leurs droits. Les Sud-Africaines ont finalement obtenu gain de cause grâce au gros chèque signé par un milliardaire. En revanche, les lionnes britanniques commenceront la compétition sans avoir trouvé un accord sur les bonus. Idem pour les Allemandes et les Canadiennes. Ces dernières ont menacé de boycotter leur premier match qui les opposera à une équipe encore plus déchaînée contre ses instances nationales, celle du Nigeria.Les « Super falcons » estiment avoir été volées par leur fédération« Elles n'ont jamais vu la couleur du million de dollars octroyé par la Fifa pour préparer la compétition », s'est indigné leur entraîneur. « Et elles attendent toujours le versement des arriérés de primes pour la CAN 2022 comme pour leur prestation à la Coupe du monde 2019 disputée en France. » Les Zambiennes, elles aussi, ont bataillé ferme pour obtenir le paiement des arriérés. Les Matildas australiennes réclament aussi plus de parité dans l'attribution des primes. Elles sont réputées pour leur pugnacité sur le terrain social. En 2015, elles ont fait grève pour l'égalité de traitement. Mais dans beaucoup de pays, il est impossible de mener un tel combat, faute d'interlocuteur. Parmi les 32 pays représentés, seulement 40% ont une fédération nationale. Le football féminin dégage-t-il suffisamment de revenus pour mieux rémunérer les joueuses ?Il y a aujourd'hui un engouement bien réel pour le ballon rond au féminin. Un million 375 000 billets ont été vendus pour cette coupe en Océanie, surtout en Australie. Les plus optimistes misent sur des audiences télévisées dépassant les deux milliards de spectateurs. Le potentiel est évident. Cette coupe féminine sera donc une machine à cash pour les organisateurs comme pour les annonceurs et les diffuseurs. Mais ils sont encore chiches dans leurs dépenses. La Fifa leur demande de faire un effort pour les prochaines éditions. Quant aux clubs féminins, ils commencent à attirer les investisseurs. Depuis cette année, le cabinet Deloitte intègre les équipes féminines à son classement annuel des clubs les plus rentables. Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant que les joueuses ne gagnent autant que les hommes. La star de la sélection australienne, Sam Kerr, est la joueuse la mieux payée au monde avec 510 000 dollars annuels. C'est 346 fois moins que le mieux payé des joueurs, le portugais Cristiano Ronaldo.

    Les États-Unis peuvent-ils relancer l'économie chinoise?

    Play Episode Listen Later Jul 19, 2023 4:10


    Les hauts responsables américains sont de retour à Pékin. Après Janet Yellen et Anthony Blinken, John Kerry achève ce 19 juillet une visite axée sur le climat. Au moment où son économie patine, la Chine rouvre le dialogue avec les États-Unis. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? C'est la thèse défendue par le correspondant à Pékin du New York Times. C'est aussi le vœu exprimé par les industriels chinois. Pour faire repartir la machine, ils attendent le coup de pouce de l'État pour relancer les commandes et espèrent autant la reprise des achats américains. Le commerce demeure l'un des moteurs de l'économie chinoise.Le marché intérieur censé prendre le relais des exportations tarde à délivrer ses promesses tandis que les gros clients de la Chine, Europe et États-Unis confondus, ont revu à la baisse leurs importations en provenance de l'empire du Milieu : le mois dernier, les exportations chinoises ont chuté de 12 %. La couronne de premier fournisseur des États-Unis en périlUne couronne détenue depuis douze ans qui lui a été soufflée en début d'année par le Mexique, suivi du Canada. D'après les derniers chiffres du commerce américain, c'est-à-dire ceux des quatre premiers mois de cette année, la Chine n'est plus aujourd'hui que le troisième fournisseur des États-Unis derrière ces deux pays.Une tendance qui devrait se confirmer dans les prochains mois : les Américains favorisent désormais la production de proximité, c'est le grand mouvement de « reshoring », de relocalisation à l'œuvre depuis le confinement de l'atelier du monde.Des relations commerciales relancées ?La visite de Janet Yellen à Pékin la semaine dernière a été perçue comme positive par les deux pays. On a même beaucoup jasé sur les salutations inclinées à répétition de la secrétaire du Trésor des États-Unis devant un haut dignitaire chinois. Elle n'était pas venue à Pékin pour se prosterner devant l'administration chinoise, elle avait tout simplement consommé des champignons hallucinogènes dans un restaurant pékinois. La presse en a fait des gorges chaudes mais le retour au réel est brutal.La guerre technologique déclenchée par les États-Unis est toujours à l'ordre du jour. Pékin, en mesure de rétorsion, a décidé de suspendre les exportations de minerais indispensables à la fabrication des semi-conducteurs, ce qui évidemment déplaît à Washington. Dans le domaine commercial, Janet Yellen estime qu'il est prématuré d'envisager la levée des barrières douanières. Pour les industriels chinois, la seule alternative pour récupérer les commandes américaines consiste à passer par un pays tiers, en Asie du Sud-Est, ce qu'ils ont commencé à faire depuis plusieurs mois.Une coopération sur le climat favorable au rebond de l'économie chinoise ?La Chine est aujourd'hui de loin le premier pollueur de la planète : elle s'est dotée en 2022 d'une centaine de centrales à charbon et n'est pas pressée d'y renoncer comme le souhaite John Kerry, surtout au moment où la reprise de l'économie se fait désirer. Pékin n'a d'ailleurs pas l'intention de réduire ses émissions avant 2030.Car le climat est aussi l'un des champs de bataille de la guerre commerciale qui oppose la Chine aux États-Unis. Le Congrès américain a voté au printemps le retour des droits de douane sur les panneaux solaires chinois, taxes que Joe Biden avait suspendu pour assurer l'approvisionnement américain. Malgré la vague de chaleur qui s'abat aujourd'hui sur la Chine comme sur les États-Unis – et qui dépasse les clivages selon John Kerry – ce contexte est plutôt refroidissant et peu propice aux concessions. La Chine ne se fera pas dicter son chemin par d'autres pays, a rappelé Xi Jinping dans un discours tenu hier à la télévision chinoise.

    Le pari économique du président du Nigeria

    Play Episode Listen Later Jul 18, 2023 3:51


    Au Nigeria, les premières mesures prises par le nouveau président pour relancer l'économie ont agréablement surpris les investisseurs. Mais parmi les ménages, elles sont durement ressenties. En témoigne le chiffre de l'inflation publié hier, lundi 17 juillet, qui continue à grimper. Elle culmine à 22,7 % en juin, légèrement au-dessus du mois de mai. Les réformes radicales menées depuis six semaines par Bola Tinubu n'ont donc pas encore amélioré le quotidien des Nigérians. Elles ont sans doute au contraire aggravé la flambée des prix. Le nouveau président en est bien conscient et se concentre depuis quelques jours sur les urgences sociales.Vendredi 14 juillet, il a déclaré l'état d'urgence alimentaire car les prix des denrées de base s'envolent encore plus vite que les autres. Grâce à une enveloppe de la Banque mondiale, il a aussi annoncé une aide mensuelle de 10 dollars pendant six mois en faveur des 12 millions de ménages parmi les plus pauvres pour contrebalancer le doublement, voire même le triplement, des prix du carburant depuis la suppression de toutes les subventions. C'est l'une des toutes premières décisions qu'il a prises, une mesure très douloureuse dans un pays où 40 % des 220 millions d'habitants survivent dans un état de grande pauvreté.Soulager les finances publiquesSous les huit ans de présidence de Buhari, la dette nigériane a explosé : elle s'élève environ à 90 % du PIB et surtout, elle coûte très cher. Le FMI a averti : à ce rythme, le service de la dette absorbera toutes les recettes publiques à partir de 2026. Éliminer ces 10 milliards de dollars de dépenses annuelles redonnera un peu d'air aux finances publiques.Le président a aussi suspendu le contrôle des changes, et limogé dans la foulée le gouverneur de la banque centrale, poursuivi en justice pour manipulation de la monnaie. Il a été l'artisan du soutien artificiel au naira voulu par l'ancien président. Ce protectionnisme avait fait fuir les investisseurs et creusé le fossé entre le taux de change officiel et celui du marché noir. Aujourd'hui, ce grand écart s'est refermé mais le naira continue à plonger puisqu'un dollar s'échangeait hier contre 820 nairas. Une politique économique très favorable au secteur privéLes entrepreneurs vont pouvoir emprunter plus facilement car les réserves obligatoires des banques commerciales vont baisser à partir du 1er août. Plusieurs taxes ont été récemment supprimées pour doper les affaires, notamment la taxe sur les télécommunications ou encore la toute nouvelle taxe sur le plastique.Bola Tinubu ne s'embarrasse pas trop de considérations écologistes : pour stimuler la production agricole, le président prévoit d'augmenter les surfaces cultivées en déforestant, ce qui est rendu possible dans le cadre de l'état d'urgence alimentaire. Au Nigeria, la croissance est plus urgente que la lutte contre le réchauffement climatique.Un tournant libéral qui enchante les marchésLe coût de la dette nigériane s'est soudainement détendu et la bourse s'est emballée, grimpant jusqu'à un sommet qu'elle n'avait plus atteint depuis 15 ans. Les investisseurs étrangers ont été agréablement surpris par les réformes, mais ils attendent encore avant de revenir alors que la pauvreté pourrait s'aggraver dans les prochains mois. C'est donc un quitte ou double que tente le nouveau président du Nigeria.Les « Tinubunomics » pourraient doubler le taux de croissance dès 2024 et faire enfin décoller la première économie du continent, laissant l'Afrique du Sud loin derrière, enlisée dans ses problèmes de corruption et de gouvernance. Mais le plus grand pays d'Afrique de l'Ouest a ses propres fragilités outre l'inflation, la pauvreté, l'endettement et le chômage. C'est pourquoi le moindre coup de froid sur l'économie pourrait compromettre le traitement de choc administré par Bola Tinubu.

    Les vagues de chaleur appauvrissent la planète entière

    Play Episode Listen Later Jul 17, 2023 3:53


    Les températures extrêmement élevées qu'on connaît en ce moment dans l'hémisphère nord ont un coût en vie humaine, mais aussi en pertes sèches pour l'économie. Les effets nocifs sont quasi instantanés : les premiers à en souffrir sont les travailleurs les plus exposés dans le bâtiment, le transport de marchandises, la restauration ou l'agriculture. Des activités contraintes à réduire la voilure dans certains pays quand la sécurité des salariés est compromise. Mais c'est hélas loin d'être le cas, d'où les accidents et les morts au travail provoqués par les trop fortes chaleurs.Au Canada, des scieries ont momentanément fermé à cause de la proximité des incendies gigantesques, favorisés par les vagues de chaleur. La chaleur a aussi un impact létal immédiat sur le bétail. En Chine, cela fait plusieurs semaines que les élevages de cochons, de poissons et de lapins sont décimés par la canicule.La production électrique mise à rude épreuveEn Chine toujours, l'un des plus gros producteurs d'électricité au monde a enregistré une production record lundi dernier. L'empire du Milieu a déjà connu, ces six derniers mois, le plus grand nombre de jours de chaleur extrême, plus de quatre jours. C'est deux fois plus que la moyenne de l'année en cours.Et ce n'est pas terminé. Le thermomètre va encore s'emballer dans les semaines qui viennent. C'est la climatisation qui propulse la demande de courant. La facture d'électricité des ménages américains devrait augmenter de 11 % par rapport à l'été dernier. Aux États-Unis, le réseau national s'inquiète d'éventuelles ruptures de courant, car la production peut être empêchée quand la chaleur devient insoutenable pour les centrales.Un envol du prix des denrées agricoles ?C'est une crainte pour cet automne. On redoute un sursaut de l'inflation alimentaire du fait des récoltes atrophiées par l'excès de chaleur et le manque d'eau. En Espagne ou en Thaïlande, des semis ont été annulés pour limiter l'impact sur la ressource aquatique. La production du sucre et du riz que la Thaïlande exporte abondamment va en pâtir. Celle du maïs est menacée au Texas. La production chinoise de coton sera aussi réduite du fait de ces grandes chaleurs.Certains marchés reflètent déjà les tensions à venir. Les cours de l'huile de palme indonésienne et du riz thaïlandais sont en forte hausse, les marchés anticipant une grosse baisse de l'offre disponible à l'exportation dans les prochains mois. En Amérique du Nord, on s'attend à la hausse du cours du bois, qui aura un impact inflationniste sur le bâtiment.Les méfaits du réchauffement largement documentésCe n'est pas la première vague de chaleur exceptionnelle : l'été dernier était déjà bouillant pour une bonne partie de la planète et les économistes se sont très vites emparés du sujet pour évaluer l'impact de ces phénomènes météo de grande ampleur. Une étude américaine datant d'il y a cinq ans conclut qu'un degré Fahrenheit s'ajoutant à la moyenne des températures estivales, soit environ deux degrés Celsius, peut grignoter jusqu'à un quart de point à la croissance de l'État concerné.Une autre étude publiée en 2022 par l'université de Dartmouth constate que sur la durée, les épisodes de fortes chaleurs coïncident avec des baisses du PIB par habitant. Entre 1992 et 2013, les pays du sud ont perdu en moyenne 6,7 % de PIB par habitant du fait des journées de températures excessives, et 1,5 % pour les pays du nord. Des pertes qui vont s'aggraver dans les prochaines années, à moins que les efforts pour diminuer les émissions de carbone ne s'accélèrent.À lire aussiL'hémisphère nord entame une nouvelle semaine de canicule

    La dette des États, un échec systémique selon Antonio Guterres

    Play Episode Listen Later Jul 13, 2023 3:50


    La planète se noie dans un océan de dettes, alertent les Nations unies dans un nouveau rapport sur l'endettement des États. Une situation qui entraîne les plus faibles vers le fond à cause d'un système financier injuste, accuse le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. L'Afrique est le continent qui en souffre le plus. Au total, la dette des États pèse aujourd'hui cinq fois plus lourd qu'en l'an 2000. 70% a été émis par les pays riches. Les dettes des États-Unis, du Japon ou de plusieurs pays européens sont colossales au regard de leur PIB. 200% pour le Japon ou l'Italie.Mais le fardeau demeure léger dans l'hémisphère nord car les taux d'intérêts consentis par les marchés, avec la bénédiction des agences de notation, restent très supportables : à peine plus de 3% en moyenne aux États-Unis en 2022, tandis que dans les pays en développement, le coût de la dette est accablant. C'est particulièrement vrai en Afrique, où l'argent prêté est le plus cher. Taux d'intérêt moyen supérieur à 11%Ce grand écart entre le Nord et le Sud n'est pas seulement le reflet des économies concernées. Mais une distorsion injuste propulsée par les « dynamiques coloniales de l'époque où l'architecture financière internationale a été créée », poursuit le secrétaire général des Nations unies. Aujourd'hui, les États en développement, moins puissants, moins connectés que les pays développés, ne présentent pas de risque systémique, c'est-à-dire de risque de contagion à l'ensemble de la planète en cas de défaut. Ce n'est plus le risque qui est systémique, dénonce Antonio Guterres mais l'échec de cette architecture devenue obsolète.Des pays asphyxiés par la detteAvec les taux d'intérêt les plus élevés au monde, de plus en plus de pays africains sont asphyxiés par le coût de leur dette. Le poids du service de la dette a augmenté de 130% en dix ans en Afrique, deux fois plus que dans l'ensemble des pays en développement. Pendant la même période, les dépenses de santé n'ont augmenté que de 6% sur le continent, les investissements de 7%, et le budget de l'éducation a baissé.  Le service de la dette dévore le reste du budget. Dans plus d'un pays africain sur deux, l'État débourse plus d'argent pour rembourser ces emprunts que pour l'école et la santé. Avec le Covid, l'endettement a empiré. De plus en plus de pays sont acculés à la faillite. En témoigne la situation de la Zambie, du Tchad, du Ghana, trois pays qui se débattent aujourd'hui avec leurs créanciers pour restructurer leur dette, pour alléger un fardeau écrasant. Inégalités face à l'endettementCe constat a déjà été fait maintes fois ces dernières années sans que les choses bougent réellement. Effectivement, la prise de conscience ne suffit pas à renverser la table. C'est pour ça qu'il faut sans cesse rappeler l'ampleur des inégalités face à l'endettement. C'est seulement au plus fort de la crise du Covid, en 2021, que le G20 a suspendu le service de la dette pour les pays les plus pauvres.Les pays riches ont aussi pris l'engagement de céder une partie de leurs Droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le Fonds monétaire international (FMI), aux États les plus pauvres. Mais les 100 milliards de dollars réalloués n'ont toujours pas été décaissés. En piqûre de rappel, Antonio Guterres a demandé à ce que cet argent soit enfin rendu disponible. L'autre volet pour sortir de cette crise rampante de la dette passe par la recapitalisation des banques de développement. Des sujets qui seront à nouveau abordés au G20 présidé par l'Inde en septembre.À lire aussiQuelles chances pour l'Afrique de siéger au Conseil de sécurité de l'ONU?

    La «Beyoncé-flation» ou comment les stars font flamber les prix

    Play Episode Listen Later Jul 12, 2023 3:56


    Les concerts géants des stars mondiales de la pop alimentent-ils vraiment l'inflation ? Dernier élément à charge : la prochaine tournée mondiale de Taylor Swift. La billetterie en ligne ouverte le 11 juillet pour sa venue à Paris a implosé sous l'afflux des demandes. La plateforme Ticketmaster est en cause. Elle a dû fermer son site, incapable de gérer ce raz de marée. C'est déjà ce qui s'est produit l'an dernier aux États-Unis où la chanteuse a commencé sa tournée. L'artiste de 33 ans suivie par 267 millions d'abonnés sur Instagram, n'est pas montée sur scène depuis cinq ans, d'où cette attente frénétique du public.Au Royaume-Uni, des millions de fans rêvaient de décrocher un billet pour 2024, 40 000 ont franchi avec succès l'étape de la prévente. En Australie, quatre millions de candidats ont tenté de décrocher les 450 000 billets en vente. Aux États-Unis où le « Eras tour » est en cours, deux millions de billets sont partis en un seul jour, un record absolu, avec à nouveau des couacs de Ticketmaster. Le prix des places flambeAu Royaume-Uni, les onze dates programmées par Taylor Swift se sont déjà revendues à des niveaux stratosphériques. Jusqu'à 3 000 euros pour Londres alors que le ticket le plus cher était proposé à 130 euros. Le marché secondaire est le premier facteur d'inflation. Le prix officiel des billets de concerts a aussi fortement grimpé au Royaume-Uni ou aux États-Unis depuis la fin du Covid, ce qui n'est pas le cas de la France.Enfin, comme l'a constaté l'économiste de la Danske Bank en Suède avec le concert de Beyoncé au mois de mai, ces shows qui drainent un public considérable font aussi bondir le prix des hôtels, des restaurants. Le concert de Beyoncé à Stockholm a ajouté 0,2% à l'inflation galopante du royaume scandinave. Elle était de 9,7% en mai, alors que les prévisionnistes tablaient sur 9,2.Cette « Beyoncé-flation » est-elle durable ?Probablement pas, reconnaît l'économiste qui l'a identifiée. Mais il n'y a pas que Taylor Swift et Beyoncé qui drainent des foules : Bruce Springsteen, Elton John, Ed Sheeran pour ne citer que les plus connus en Europe, font partie de ces icônes populaires générant une demande spectaculaire. Aux États-Unis, les experts de l'industrie du divertissement ont bien détecté l'émergence de cette nouvelle économie aux retombées assez incroyables.Les dates américaines de la tournée de Taylor Swift devraient générer 4,5 milliards de chiffres d'affaires en incluant tous les revenus. À Cincinnati et Pittsburgh, le prix des chambres d'hôtel a doublé lors de sa venue. Les agences proposent donc de plus en plus de pack concert et voyage tout compris pour capter ce nouveau public. Une clientèle en général assez jeune et argentéeOn les appelle des YOLO, pour You Only Live Once. « Vous ne vivez qu'une fois » en français. Ce principe est devenu un art de vivre et de consommer après le Covid. Le confinement et l'épargne contrainte du fait de la pandémie décuplent les ardeurs des groupies.Maintenant que le retour à la vie normale est avéré, elles veulent rattraper le temps perdu en vivant des soirées d'exception. Les plus riches n'hésitent pas à voyager dans le monde entier pour écouter leur artiste préféré en live. On parle de l'économie de l'expérience. Une nouvelle forme de tourisme en plein essor, dont les concerts géants sont l'une des déclinaisons. Aux États-Unis au premier trimestre, les ventes de billets ont grimpé de 40%. À écouter aussi«Music Queens»: de Nina Simone à Queen Latifah, quand le féminisme s'inscrit dans la musique

    Pourquoi l'industrie européenne de la défense est incapable de faire face à la hausse de la demande

    Play Episode Listen Later Jul 11, 2023 4:01


    Le sommet de l'Otan qui s'ouvre ce mardi, à Vilnius, devrait émettre des recommandations pour rendre l'industrie de la défense plus efficace. Car en Europe, les budgets militaires sont repartis à la hausse avec la guerre en Ukraine, mais l'industrie est toujours à la peine pour répondre à la demande. L'Europe dispose d'une solide industrie de la guerre. Elle capte 27% du marché mondial, entre les États-Unis 39% et la Russie 19%. Et les poids lourds français, britanniques, allemands ou scandinaves ont très vite réagi à l'offensive russe en achetant des matières premières, anticipant la montée en puissance de leur production. Ils ont augmenté les cadences, investi sur leurs fonds propres pour agrandir ou construire de nouvelles usines et ils recrutent à tour de bras.Cet effort est considérable, mais très insuffisant pour répondre à la fois à la demande des États membres et à celle de l'Ukraine. Sur ce pays transformé en champ de bataille est consommé cinq fois plus d'armes que ce que l'Europe est capable de fabriquer.La fonte des budgets militaires qu'on observe depuis la chute du mur de Berlin a fortement limité les investissements des industrielsLe sursaut de 2022, avec une augmentation générale de 13%, n'effacera pas en quelques mois des décennies de disettes. Les groupes européens sont aussi ralentis par les pénuries de matières premières sensibles depuis la pandémie. Ils ont du mal à surmonter cet obstacle par rapport aux grandes multinationales parce qu'ils sont des champions nationaux, certes très forts à l'export, mais aussi des rivaux désunis, incapables de mutualiser leurs achats pour être servis plus rapidement.Cette concurrence exacerbée, cette fragmentation les a poussés à produire des armes aux standards très différents, les rendant incompatibles entre elles. Un casse-tête quotidien pour les soldats ukrainiens. Il existe, au sein de l'UE, 170 systèmes d'armements. C'est évidemment un handicap pour construire une défense fonctionnelle à l'échelle européenne.Les Vingt-Sept sont conscients de ces faiblesses, mais ils tardent à réagirLes contrats de long terme, sur dix ans, que les industriels réclament depuis des mois, pour assurer leur expansion, sont très lents à se matérialiser. Le sommet de l'Otan est en train de donner un coup d'accélérateur aux négociations.Le britannique BAE Systems vient de signer un contrat avec le gouvernement de Rishi Sunak pour augmenter la production de munitions, dans le cadre d'un partenariat sur 15 ans. L'allemand Rheinmetall, le premier fournisseur de la Bundeswehr a annoncé de son côté une commande à 1,9 milliard d'euros des armées allemande et néerlandaise pour la fourniture de Caracal, des véhicules tout-terrain. Au printemps, les Vingt-Sept se sont enfin mis d'accord sur des achats communs pour soutenir Kiev, plus d'un an après le début du conflit. Quel contraste avec la pandémie et l'achat groupé des vaccins rapidement acté par les Européens.Dans le domaine de la défense, les États demeurent jaloux de leur compétenceLes États européens veulent protéger leurs champions nationaux et l'approvisionnement de leur armée. Pas forcément pour le bien de l'industrie continentale. Les États-Unis, qui fournissent déjà la moitié de la demande de leurs alliés européens, pourraient être les grands gagnants de la hausse des budgets militaires. Au grand dam du président Macron.Sans approvisionnement indépendant, comment les Vingt-Sept peuvent-ils prétendre à l'autonomie stratégique, plaide le président français. Les usines du vieux continent ne suffisant pas à répondre à la demande actuelle, la tentation est grande de faire ses courses ailleurs, auprès des États-Unis ou d'autres pays comme la Turquie, Israël ou encore la Corée du Sud.

    Migrations: l'Europe dans le piège des injonctions contradictoires

    Play Episode Listen Later Jul 10, 2023 4:00


    Sous la pression de l'extrême droite, les dirigeants européens font de la surenchère pour stopper l'immigration. En même temps, certains d'entre eux facilitent l'arrivée de la main d'œuvre étrangère. Pourquoi ces contradictions ? Ce double langage est particulièrement frappant dans les pays qui aimantent le plus de réfugiés en raison de leur géographie, l'Italie et la Grèce. Des pays où les dirigeants élus sont tous les deux décriés pour leur gestion brutale des migrants arrivant par la Méditerranée.En Italie, la populiste Giorgia Meloni a annoncé la semaine dernière que 425 000 permis de travail seraient octroyés à des non-Européens jusqu'en 2025. En Grèce, le Premier ministre conservateur Kyriákos Mitsotákis a passé une série d'accords discrets avec des pays du sud, comme l'Égypte ou le Pakistan, pour faire venir 80 000 saisonniers cet été.Des pénuries de main d'œuvreDes pénuries critiques existent et pourraient compromettre le rebond post-Covid de ces pays aux finances encore fragiles. Ces pénuries sont patentes dans le tourisme, mais aussi dans le bâtiment, l'informatique et les soins à la personne en Italie. Si les postes ne sont pas pourvus, la péninsule ne pourra pas mettre en œuvre le grand plan à 200 milliards d'euros consenti par Bruxelles, a mis en garde la Banque centrale. L'Italie a déjà attribué 80 000 visas cette année, elle va en octroyer 40 000 supplémentaires, soit quatre fois plus qu'avant la pandémie.Les 70 000 migrants illégaux arrivés depuis janvier en Italie ne sont pas concernés par ces visas. Certains sont recrutés ponctuellement, et ils ne sont pas toujours déclarés. Mais Rome a prévenu : sont prioritaires les ressortissants de pays luttant contre l'immigration illégale. Les demandeurs d'asile fraîchement débarqués n'ont pas forcément les compétences recherchées. Ceux qui échouent en Sicile ou sur les plages grecques viennent d'abord en Europe pour y trouver un refuge, et pas nécessairement un travail. Idem pour les Ukrainiens qui ont fui les combats. L'Allemagne en a accueilli un million, seulement 10 % d'entre eux ont un emploi.Un rebond post-CovidCette pression de la migration irrégulière s'est fortement accrue cette année à cause du Covid. Le coronavirus a appauvri la planète entière et la levée des restrictions de voyage a encouragé les ressortissants des pays en développement à partir tenter leur chance dans les pays riches. Il y a eu, en 2022, cinq millions d'entrées nettes dans les pays occidentaux, soit 80 % de plus qu'avant la pandémie selon les estimations du Wall Street Journal.Ce soudain afflux intervient dans un contexte économique dégradé, dominé par l'inflation qui ronge le pouvoir d'achat des ménages. Les nouveaux venus sont alors perçus par les habitants comme des concurrents qui font baisser les salaires, qui dévorent les prestations sociales et parfois qui aggravent la crise du logement, comme aux Pays-Bas. C'est sur ces peurs que prospèrent les populistes.Les économistes considèrent au contraire que l'immigration peut faire baisser l'inflation. La main d'œuvre étrangère fraîchement recrutée accepte plus facilement des bas salaires. Or, quand le coût du travail diminue, cela fait baisser la pression sur les prix et alimente la croissance. Pour lutter contre l'inflation, la migration est aussi efficace que la récession et beaucoup moins douloureuse sur le plan économique mais politiquement très difficile à défendre.Le Royaume-Uni, où le déficit de main d'œuvre a explosé avec le Brexit, a accueilli 600 000 nouveaux venus non-Européens l'an dernier. Continuer à ce rythme ferait passer la population étrangère à 20 % du total d'ici la fin de la décennie, ce qui est ingérable en termes d'intégration, estiment les experts. C'est pourquoi aujourd'hui, un ancien membre du gouvernement et partisan assumé du Brexit en appelle à un accord avec Bruxelles pour faciliter la venue des jeunes issus de l'Union européenne.

    Quel bilan économique pour Macky Sall ?

    Play Episode Listen Later Jul 6, 2023 4:20


    Au Sénégal, trois jours après avoir annoncé qu'il renonçait à briguer un nouveau mandat de président, Macky Sall déroule ce jeudi 6 juillet le tapis rouge aux investisseurs étrangers pour le premier forum international « Invest in Senegal ». Cette manifestation arrive à point nommé pour faire le bilan de son action économique. Ce forum était prévu de longue date, c'est un nouveau jalon sur le chemin tracé par le président Macky Sall vers l'émergence de son pays. Après son arrivée au pouvoir, il fixe son cap : faire du Sénégal une économie à revenu intermédiaire en 2035.La première étape du plan « Sénégal Émergent » aura duré dix ans. Elle a consisté à doter le pays des infrastructures qui manquaient, pour faire de Dakar une capitale capable de rivaliser avec les autres grandes métropoles africaines. La construction de l'aéroport, de la ville nouvelle de Diamniadio où se déroule le forum, des chemins de fer, des autoroutes, des ports sont les grands chantiers à l'actif du président. Tout comme l'amélioration de la couverture en électricité.Des investissements indispensablesLe plan a été appliqué à la lettre mais il reste à réaliser le même effort dans les campagnes, souligne Dominique Fruchter de la Coface. Et à mieux partager le fruit de ces efforts, ajoutent la plupart des observateurs. Arthur Minsat de l'OCDE retient plutôt la performance et souligne que l'économie sénégalaise est aujourd'hui « plus diversifiée, plus dynamique, la productivité a augmenté et le secteur de l'agroalimentaire en plein essor parvient à exporter, notamment chez les pays voisins ».Car le Sénégal joue la carte continentale en privilégiant les chaînes de valeur intrarégionale. Autre bémol : la demande interne n'est pas encore couverte par l'essor de l'agroalimentaire et l'informel est encore largement dominant, privant l'État de ressources fiscales non négligeables.Un environnement politique favorableLes investissements étrangers réalisés au Sénégal ont bondi depuis cinq ans. Le stock est passé de 438 millions de dollars en 2018 à plus de 2,2 milliards en 2021. Mais le Covid puis la guerre en Ukraine ont refroidi leurs ardeurs. Les investisseurs refluent du Sénégal comme des autres pays africains pour privilégier les projets de relocalisation en cours en Occident.Ceux qui restent seront donc encore plus vigilants sur l'environnement, notamment politique. Si la situation politique dégénère, s'en sera fini du sursaut économique, avertissent les agences de notation. Arthur Minsat est plus tempéré : « Le système démocratique fonctionne. Comme au Ghana, poursuit-il, cet environnement politiquement stable a été déterminant pour convaincre les investisseurs, et Macky Sall a été le garant qui a pu les rassurer. En particulier pour développer les hydrocarbures ».Le coup de boost des revenus gaziersLa production du gaz va démarrer avant la fin de l'année et va mettre un turbo dans l'économie. La croissance pourrait doubler par rapport à l'an dernier et atteindre 8 % en 2023, et même 10 % en 2024. Cette manne de l'or noir va vraiment faire décoller le Sénégal. À condition bien sûr que les revenus soient gérés rigoureusement.L'afflux des revenus gaziers peut tuer le reste de l'activité, c'est le fameux syndrome hollandais. « Éviter cet écueil sera sans doute la problématique essentielle de la prochaine administration du Sénégal », estime Arthur Mingat. Dominique Fruchter, de la Coface, remarque que le gouvernement actuel a pris grand soin d'encadrer l'emploi de ces revenus. Les dividendes des hydrocarbures sont réservés à l'investissement et au fonds intergénérationnel. Pas question qu'ils servent à colmater le déficit public.

    L'Afrique est-elle en train de tourner la page des subventions à l'essence?

    Play Episode Listen Later Jul 5, 2023 3:49


    En Afrique, les prix à la pompe flambent dans de nombreux pays. La faute aux gouvernements qui se sont résolus à supprimer les subventions aux carburants. La décision la plus spectaculaire a été prise par le nouveau président du Nigeria. Bola Ahmed Tinubu l'avait inscrit dans son programme et il s'y est tenu. Du jour au lendemain, le prix de l'essence a triplé dans le plus grand pays d'Afrique de l'Ouest. Un coup dur pour le pouvoir d'achat des Nigérians, mais un soulagement pour les finances publiques, car le poste des subventions à l'énergie devenait hors de contrôle.Le Nigeria rejoint le groupe en plein essor des États africains appliquant cette mesure d'économie. Il y a eu auparavant le Kenya, le Sénégal, l'Angola, le Ghana. C'est un tournant, selon Dominique Fruchter de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface), « qu'un événement extérieur peut à tout moment remettre en cause », tempère l'économiste. Le Congo-Brazzaville a annoncé une hausse de 20% à partir du 15 juillet. Une fois toutes les subventions disparues, l'essence augmentera de 65% dans ce pays.Le FMI oblige le Congo-Brazzaville à prendre cette décision politiquement sensible ?C'est la justification du ministre des Finances. Et c'est vrai que le Fonds monétaire international (FMI) répète inlassablement que ces subventions dévorent des ressources qui seraient plus fécondes dans l'éducation ou la santé. Le fonds a fait de la disparition des subventions au carburant une condition pour débloquer son aide. Cela s'applique à la Zambie, au Congo-Brazzaville, au Cameroun, au Ghana, à tous les pays qui ont récemment fait appel à lui, qu'ils soient africains ou non.Mais c'est particulièrement sensible sur le continent où les États sont de plus en plus nombreux à souffrir de leur endettement et de son coût. Avec la hausse des taux, le refinancement de la dette devient de plus en plus acrobatique, voire hors de portée, c'est alors que le FMI est appelé à la rescousse.Soulagement pour les finances publiquesLe Nigeria économisera 28 milliards de dollars en deux ans s'il supprime toutes les subventions à l'énergie, selon la Banque mondiale. De quoi réduire considérablement son déficit budgétaire. La compagnie nationale des hydrocarbures va aussi exporter davantage, puisqu'elle ne sera plus contrainte de conserver une partie de sa production pour ces subventions.Globalement, les ventes de carburant devraient baisser au Nigeria. Car une bonne partie de ce carburant très bon marché était détournée vers le Bénin, le Togo ou le Cameroun. Dans ces trois pays voisins du Nigeria, l'assèchement du marché noir est déjà une réalité. Là aussi, c'est un gain pour les recettes publiques, puisque les automobilistes retournent à la pompe pour faire le plein.Dédommager les plus démunisEn revanche, c'est une mauvaise nouvelle pour le pouvoir d'achat des ménages, déjà éreinté par le Covid-19 puis la flambée du pétrole provoquée par la guerre en Ukraine. Les États se sont engagés à dédommager les plus démunis. Au Nigeria, un pays où l'essence est vitale pour se déplacer mais aussi pour faire tourner les générateurs, des discussions sont en cours pour décider de la répartition d'une enveloppe de 800 millions de dollars financée par la Banque mondiale.À lire aussiNigeria: le télétravail se développe pour faire face à l'envolée des prix du carburantAujourd'hui, le risque de cette mesure malaimée est aussi d'alimenter la colère populaire. Il y a dix ans, le gouvernement nigérian avait fait machine arrière sous la pression de la rue. En Angola, la hausse des prix a provoqué des émeutes meurtrières en juin. Le président a préféré limoger le ministre des Finances plutôt que de reculer. La fin des subventions est aussi un vecteur d'inflation dans les pays où la hausse des prix est élevée comme le Nigeria. Mais répercuter les prix sur les clients n'est pas toujours chose facile. Les moto-taxis sont les premiers à en faire les frais.

    Pourquoi la transition énergétique du fret maritime patine

    Play Episode Listen Later Jul 4, 2023 3:46


    L'organisation maritime internationale (OMI), l'agence des Nations unies chargée de réguler le trafic en mer, réunit cette semaine à Londres les 175 pays impliqués dans le transport par bateaux. Son ambition : trouver enfin un accord sur la neutralité carbone du secteur d'ici 2050. Il y a urgence. La marine marchande assure le transport de 90% des biens échangés dans le monde. Elle émet autant de carbone que le secteur aérien ; si c'était un pays, ce serait autant que l'Allemagne. Elle ferait partie des dix premiers États pollueurs de la planète. Mais cette industrie vitale pour l'économie mondialisée, habituée à évoluer en haute mer, où elle échappe aux lois des États, à l'impôt, fait peu de cas de sa transition énergétique.Il y a cinq ans, les pays concernés se sont engagés à réduire les émissions de leur flotte de moitié en 2050, sur la base de l'année 2008. Un objectif beaucoup trop timoré, car entre temps le commerce maritime va continuer à croître. Pour avoir un réel impact contre le réchauffement, la marine doit immédiatement s'engager vers la neutralité estiment les scientifiques.L'agence des Nations unies va-t-elle aboutir à un accord ?Il y a encore pas mal de réserves des pays pétroliers comme l'Arabie saoudite ou des grands pays commerçants comme la Chine ou l'Inde. Les grands armateurs y sont en revanche plutôt favorables. Le numéro un, le Danois Maersk, comme le numéro quatre, le Français CMA CGM ont déjà entamé leur mue vers la neutralité carbone en 2050.Depuis l'an dernier, plus de la moitié des nouveaux bateaux commandés sont désormais conçus pour naviguer avec des carburants alternatifs au fuel. Le recours à la voile et au vent est une autre voie expérimentée pour diminuer rapidement la consommation de carburant et donc les émissions de carbone. Mais les pays sont encore très divisés sur le chemin à suivre. Par exemple, l'Europe est moins ambitieuse que les États-Unis ou le Royaume Uni sur les étapes intermédiaires.Discuter d'une future taxe sur le fretC'est la taxe dont on a beaucoup parlé il y a quinze jours à Paris lors du sommet sur le nouveau pacte financier. Une partie des recettes pourrait être affectée à un fonds indemnisant les États pour les dommages causés par le réchauffement climatique. L'idée est portée entre autres par les îles Marshall, l'un des États prospérant grâce au transport maritime et aussi l'un des pays qui a le plus à craindre de la montée du niveau des eaux.Au sommet, une vingtaine de pays ont soutenu la mise en place de ce nouvel impôt, dont la Corée du Sud et le Japon, deux grandes nations maritimes. Mais cette promesse de Paris a peu de chance de se concrétiser à Londres.Les poids lourds du commerce maritime fermement opposésLa Chine est l'un des plus virulents opposants. D'après le Financial Times, dans les couloirs de la réunion de l'OMI, les représentants chinois diffusent une note auprès des pays en développement pour critiquer cette taxe qu'ils jugent « irréaliste » et surtout trop onéreuse ; une idée disent-ils émanant des pays qui polluent le plus surtout pour protéger leur propre marché.La Chine, qui est le premier client du fret maritime, est loin d'être isolée. Le Brésil, l'Argentine, l'Afrique du Sud, l'Inde ou la Russie sont contre. Tout comme l'Australie. Les États-Unis sont très réservés. En terme de poids économique, il y a donc une très large majorité qui bataille contre ce nouvel impôt.À écouter aussi - Grand reportage (2022)Moins de carbone et plus de vent pour le transport maritime

    Pourquoi les «plans banlieues» sont-ils inopérants face aux flambées de violence?

    Play Episode Listen Later Jul 3, 2023 3:43


    L'embrasement de banlieues françaises à la suite de la mort du jeune Nahel, abattu par un policier, s'inscrit aussi dans une réalité économique récurrente : malgré quatre décennies de politique de la ville, ces quartiers populaires sont toujours des concentrés de misère urbaine. Environ 8% de la population française, soit cinq millions de personnes, habite les quartiers dits périphériques. Ce sont des quartiers devenus prioritaires de la politique de la ville, qu'on identifie surtout par leur niveau élevé de pauvreté. Le revenu disponible médian est de 14 000 euros par an en banlieue, contre 22 000 euros au niveau national.Plus de la moitié des enfants, six sur dix, sont confrontés à la grande pauvreté, alo