Pour mieux comprendre notre environnement, Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique. Un focus quotidien complété par une sélection d'informations économiques. Le vendredi, diffusion d’« Aujourd’hui l’économie, le Portrait…
Réunis en Inde pour leur sommet annuel, les acteurs du transport aérien revoient leurs prévisions pour 2025. Entre tensions commerciales, pressions écologiques et hausse des coûts, les compagnies doivent composer avec un contexte économique nettement moins favorable, malgré une demande toujours soutenue. Décryptage. C'est dans un climat d'incertitudes que les compagnies aériennes mondiales participent, cette semaine à New Delhi, au sommet annuel de l'Association internationale du transport aérien (IATA). Première annonce majeure: les prévisions pour 2025 ont été revues à la baisse, en raison de ce que l'on qualifie de « vents contraires » pour l'économie mondiale. En première ligne, la guerre commerciale relancée par Donald Trump. Depuis avril, les États-Unis imposent une taxe de 10% sur les avions et composants aéronautiques produits hors de leurs frontières. Résultat, Airbus, le géant européen, fait face à des surcoûts lorsqu'il vend à des compagnies américaines. Et son concurrent Boeing n'est pas épargné non plus, en subissant des mesures de rétorsion similaires en Chine et en Europe. Ces tensions impactent directement les compagnies aériennes, qui absorbent ces hausses de coûts, parfois accompagnées de retards de livraison. Cela se traduit par une réduction des vols internationaux et une rentabilité mise à mal.Virage écologique contrariéAutre difficulté, la transition énergétique du secteur, essentielle pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, se trouve elle aussi freinée. Les compagnies misaient sur des subventions américaines pour les carburants d'aviation durables, un levier important pour investir dans une flotte plus écologique. Or, cette aide a été supprimée par Donald Trump. Une décision qui prive les transporteurs américains d'un avantage concurrentiel précieux, estimé à plusieurs milliards de dollars. À cela s'ajoute une forte baisse des déplacements en classe affaires, conséquence d'un climat économique peu propice aux échanges internationaux. Moins de voyages professionnels, c'est aussi moins de revenus pour les compagnies, qui voient leur modèle économique traditionnel remis en question.Une demande en croissance mais des marges sous pressionParadoxalement, la demande pour le transport aérien reste bien orientée. L'Inde, hôte du sommet, a doublé en dix ans son nombre de passagers et d'aéroports. En Afrique et au Moyen-Orient, la croissance du trafic dépasse les 14 %, là où l'Amérique du Nord plafonne à +1,6 %, malgré le fait qu'elle représente un quart du marché mondial. Même le fret aérien se porte bien, dopé par les anticipations liées aux hausses de droits de douane. Mais derrière cette dynamique, les compagnies doivent faire face à une pression accrue sur leurs revenus par siège. Résultat: des ajustements économiques nécessaires pour absorber les surcoûts. Si le chiffre d'affaires mondial du secteur devrait atteindre un nouveau record en 2025 — plus de 1000 milliards de dollars —, les marges restent stables. Illustration d'un changement d'époque pour une industrie autrefois focalisée sur la croissance des profits, désormais contrainte de maîtriser ses dépenses.À lire aussiInde: boom dans le secteur du transport aérien
À la veille de la finale de la Ligue des champions face à l'Inter Milan, le Paris Saint-Germain se retrouve une nouvelle fois sous les projecteurs. Si l'aspect sportif attire tous les regards, le parcours économique du club depuis son rachat par le Qatar en 2011 est tout aussi spectaculaire. Décryptage. C'est en 2011 que le Qatar rachète un PSG, alors criblé de dettes et peu performant sportivement, pour environ 70 millions d'euros. Depuis, le club de la capitale française a connu une métamorphose spectaculaire. Multiple champion de France, il est aujourd'hui valorisé à plus de 4 milliards d'euros, soit 60 fois son prix d'achat initial. Une montée en puissance rendue possible par une stratégie financière offensive reposant sur des investissements massifs dans tous les secteurs du club.Plus de 2 milliards d'euros investis, bien au-delà du terrainLa somme impressionne. Quelque 2,1 milliards d'euros ont été dépensés en transferts depuis 2011. Et ce montant ne comprend pas les salaires des stars comme Ibrahimovic, Cavani, Messi, Neymar ou Mbappé. À cela s'ajoutent des investissements sur le long terme, comme la rénovation du Parc des Princes et la construction d'un centre de formation moderne.Résultat, le PSG peut viser le très haut niveau européen avec un budget annuel avoisinant les 900 millions d'euros, bien au-delà des 450 millions nécessaires pour viser une demi-finale de Ligue des champions. Mais ce modèle, largement dépendant des capitaux qatariens, interroge sur sa durabilité et illustre aussi l'usage du soft power sportif sur la scène européenne.À lire aussiLa mauvaise passe financière du football françaisUne réussite économique en attente d'un sacre sportifLa domination du PSG sur la Ligue 1 ne fait plus de doute. Pourtant, l'objectif ultime reste la Ligue des champions. Cinq ans après une première finale en 2020, celle de ce samedi face à l'Inter Milan est une nouvelle opportunité de valider sportivement un projet colossal.Néanmoins, la progression du PSG a été plus lente que celle d'autres clubs rachetés par des fortunes étrangères, comme Chelsea. Le PSG est désormais une marque mondiale, notamment très populaire en Amérique du Nord, où ses maillots figurent parmi les plus vendus. Reste que sans un titre européen, cette réussite économique pourrait voir sa valeur relativisée. Car au fond, le Qatar a bel et bien fait du PSG un géant financier. Il ne manque plus que la Coupe aux grandes oreilles pour en faire une légende.
Dimanche, les Polonais élisent leur président au second tour d'un scrutin crucial. Au-delà de l'affrontement politique entre le pro-européen Rafał Trzaskowski et le conservateur Karol Nawrocki, c'est l'avenir économique de la Pologne qui se joue. Entre modernisation, compétitivité et transition énergétique, les orientations des deux candidats pourraient transformer en profondeur le cap du pays. Décryptage. Depuis son entrée dans l'Union européenne en 2004, la Pologne connaît un développement économique fulgurant. Le produit intérieur brut par habitant a plus que doublé, signe d'un enrichissement rapide. Avec une croissance estimée à 2,9%, le pays se place parmi les leaders économiques d'Europe centrale. Le chômage, quant à lui, atteint un niveau historiquement bas à 5,2 %, classant la Pologne au deuxième rang européen sur ce critère. Pour le prochain président, il s'agira donc de préserver cette dynamique. Mais derrière cette croissance se cachent des fragilités structurelles qui nécessiteront des réponses stratégiques.Fragilité commerciale et pression internationaleL'un des signaux d'alerte concerne le commerce extérieur. En un an, l'excédent commercial polonais a fondu, passant de 10 milliards à moins d'un milliard d'euros. Cette chute s'explique en grande partie par le recul des exportations, notamment vers l'Allemagne, principal partenaire économique du pays.Autre défi de taille, la montée en puissance de la concurrence internationale, notamment chinoise, qui met sous pression les secteurs industriels historiquement porteurs de la croissance polonaise. L'appréciation du zloty, la monnaie nationale, accentue cette difficulté en réduisant l'attractivité prix des produits polonais à l'export.Charbon, transition énergétique et choix politiques opposésAu cœur des préoccupations économiques figure aussi la question énergétique. La Pologne reste le pays européen le plus dépendant au charbon. Cette position complique sa transition vers une économie bas-carbone. Le dilemme est clair: poursuivre l'exploitation du charbon pour maintenir l'indépendance énergétique ou miser sur les énergies renouvelables au risque de fragiliser certaines régions minières.Sur ce point, les deux candidats présentent des visions opposées. Rafał Trzaskowski souhaite accélérer la transition écologique avec un investissement public massif, soutenu notamment par les 60 milliards d'euros du plan de relance européen. Karol Nawrocki, lui, prône une approche plus prudente, soucieux de ne pas déstabiliser l'équilibre industriel régional. En somme, cette présidentielle polonaise dépasse le simple enjeu électorale. Elle engage le pays sur des choix économiques majeurs, qui résonnent jusqu'à l'échelle européenne. Avec une base industrielle solide, une main-d'œuvre qualifiée et une position géographique stratégique, la Pologne pourrait jouer un rôle clé dans la relance industrielle du continent.
Face à une nouvelle menace tarifaire de Donald Trump, l'Union européenne intensifie ses négociations commerciales avec Washington. Objectif: éviter une crise économique majeure. Depuis quelques jours, les tensions commerciales entre les États-Unis et l'Union européenne reprennent de plus belle. En cause, la récente déclaration de Donald Trump qui menace d'imposer à partir du 1er juin des droits de douane pouvant atteindre 50% sur tous les produits européens entrant sur le territoire américain.Une décision motivée par l'agacement du président américain face à la lenteur des discussions commerciales en cours avec Bruxelles. Déjà soumise à des taxes américaines depuis mars – 25 % sur l'acier, l'aluminium et l'automobile, et 10 % sur d'autres produits – l'UE redoute une escalade aux conséquences économiques lourdes car les États-Unis demeurent le premier client de l'Union. En 2023, les exportations européennes vers le marché américain ont atteint 606 milliards de dollars, générant un excédent commercial qui dérange ouvertement Washington.À lire aussiComment l'UE peut relancer son économie face à la Chine et les États-UnisL'incertitude, une stratégie assuméeAu-delà des menaces concrètes, c'est l'incertitude qui pèse lourdement sur l'économie européenne. Un climat volontairement instable que Donald Trump semble cultiver, selon les analystes. Et cette instabilité a des effets immédiats. Les marchés réagissent, les industriels reportent ou réorientent leurs investissements, souvent au bénéfice des États-Unis.Des géants européens comme Sanofi, CMA CGM ou encore Stellantis ont déjà renforcé leur présence outre-Atlantique. Face à cette pression, Bruxelles n'a d'autres choix que d'accélérer ses négociations. Non par stratégie, mais par nécessité. Car une guerre commerciale franche pourrait fragiliser encore davantage une économie européenne déjà affaiblie.Négocier dans le flou : un équilibre précaireLe principal obstacle reste le manque de clarté côté américain. Si la volonté de réduire le déficit commercial est affichée, Washington ne précise pas ses attentes concrètes. Une ambiguïté qui place l'Europe dans une position inconfortable: négocier sans véritable visibilité. Et dans ce rapport de force, la stratégie américaine semble clairement orientée vers des concessions à sens unique.Pourtant, l'Europe se prépare. En cas d'échec des discussions, un plan de contre-attaque est prêt, avec des mesures de rétorsion ciblées sur certains produits américains. Mais pour l'heure, ni Bruxelles ni Washington ne ferment la porte à un compromis. L'enjeu : parvenir à un accord équilibré sans céder sur des points cruciaux. Un exercice délicat pour les Vingt-Sept, contraints de manœuvrer entre fermeté et diplomatie.À lire aussiFace à Donald Trump, l'Union européenne recherche de nouvelles alliances
Alors que Paris accueille la REuse Economy Expo, unique salon européen dédié à la réutilisation, la question du réemploi des objets du quotidien s'impose comme un enjeu crucial. Créateur d'emplois et levier économique, ce modèle reste pourtant en retrait face au recyclage. Décryptage. Le réemploi et la réutilisation des objets connaissent un coup de projecteur à Paris, à l'occasion de la REuse Economy Expo, le seul événement en Europe entièrement consacré à cette thématique. Redonner une seconde vie à nos objets est un impératif à la fois écologique et économique. Pourtant, cette pratique reste marginale: ni les producteurs, ni les vendeurs, ni même les consommateurs ne l'ont pleinement adoptée.Résultat, il est difficile d'évaluer précisément le poids de cette économie. Ce qui est certain en revanche, c'est son potentiel en matière d'emploi. Rien que dans le secteur de la remise en état des emballages, 8 000 personnes sont actuellement employées en France. Et selon plusieurs experts, ce chiffre pourrait grimper à 40 000 d'ici 2040. Le réemploi se présente donc comme une véritable opportunité de développement économique.Réutiliser plutôt que recycler : un changement de paradigmePendant des années, c'est le recyclage qui a été érigé en norme. On démonte, on détruit, puis on reconstruit. Mais le réemploi reste à la traîne, alors même qu'il présente des avantages considérables. Pour les consommateurs, il signifie des prix plus accessibles. Pour les entreprises, selon l'ADEME (Agence française de la transition écologique), il permet de réduire significativement les coûts de production.L'exemple du secteur verrier illustre parfaitement ce tournant. Au printemps 2022, confrontés à une pénurie de calcin après le début de la guerre en Ukraine, les producteurs français ont choisi de laver et réutiliser les bouteilles existantes, plutôt que de les recycler dans des fours énergivores. Une solution plus rapide, plus économique, et bien plus écologique.À lire aussiLes industriels européens du plastique prennent le virage du recyclableConstruire une culture du réemploiLe véritable défi réside dans la conception même des produits, qui sont majoritairement pensés pour un usage unique. Or, l'essor du réemploi dépend en grande partie d'une évolution dans cette logique de production. En France, la réglementation évolue. D'ici 2027, 10 % des emballages devront être réutilisés. À l'échelle européenne, une nouvelle directive encore plus ambitieuse entrera en vigueur dès l'année prochaine. Mais il faut aussi convaincre les consommateurs. Entre une machine à laver bon marché, mais irréparable, et une plus coûteuse aux pièces robustes et remplaçables, le choix immédiat est souvent dicté par le prix. Pourtant, sur le long terme, c'est souvent la solution réparable qui s'avère la plus rentable. Penser les produits pour qu'ils aient plusieurs vies, dès leur conception, devient une piste incontournable. Les enseignes de seconde main fleurissent à travers l'Europe, et ces produits investissent désormais les rayons des grands magasins. Comme le rappelait justement Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » L'économie circulaire n'a peut-être jamais été aussi actuelle.
Alors que le sommet de l'Asean s'est ouvert, ce lundi 26 mai, à Kuala Lumpur, les dix pays membres du bloc régional doivent faire face à des défis de taille. Pris en étau entre les menaces tarifaires des États-Unis et l'offensive diplomatique de la Chine, les pays d'Asie du Sud-Est cherchent à préserver leur modèle économique et leur neutralité stratégique. Décryptage. La question brûlante au cœur du sommet de Kuala Lumpur : les mesures commerciales que Donald Trump menace d'appliquer contre certains pays de l'Asean. Pour l'heure, ces hausses de tarifs douaniers sont suspendues, mais les avertissements sont clairs. Le Cambodge et le Vietnam sont notamment dans la ligne de mire, avec des menaces de droits de douane respectivement de 49% et 46%. Ces pressions ne sont pas sans conséquences : les économies de la région reposent fortement sur les exportations. Les États-Unis représentent à eux seuls 30% des ventes à l'étranger du Vietnam. Si les tarifs entraient en vigueur, ce seraient des millions d'emplois en péril. Des entreprises comme Nike, qui y fabrique la moitié de ses chaussures avec 500 000 salariés, ou Apple, qui emploie 200 000 Vietnamiens via des sous-traitants, seraient directement touchées.L'Asean entre consensus régional et nécessité de dialogueFace à cette incertitude, les pays de l'Asean misent sur leur principale force, le consensus. Pour éviter les sanctions, plusieurs membres ont engagé des discussions avec les États-Unis, aussi bien collectivement qu'au cas par cas. Car pour ces États, couper les liens avec Washington est tout simplement impossible. L'objectif est clair, maintenir un équilibre dans leurs relations internationales. Le modèle de développement de la région, qui a profité du retrait de nombreuses entreprises américaines de Chine sous le premier mandat de Donald Trump, pourrait être profondément remis en cause. D'où l'importance stratégique de ce sommet pour définir une position commune.À lire aussiLa Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?La Chine avance ses pions et renforce ses liensPendant que Washington brandit la menace des sanctions, Pékin joue la carte de la séduction. Xi Jinping a récemment effectué des visites au Vietnam, en Malaisie et au Cambodge. Il propose à l'Asean un partenariat renforcé, notamment par des investissements dans les infrastructures, avec l'idée de créer un grand bloc asiatique capable de faire contrepoids aux États-Unis. L'Indonésie et la Chine viennent d'ailleurs de réaffirmer leur volonté de renforcer leurs relations bilatérales. Et les chiffres le prouvent. En avril, les exportations chinoises vers les pays de l'Asean ont bondi de 21%, compensant la baisse des échanges avec les États-Unis. Mais un sujet cristallise les tensions : le transbordement. Il s'agit pour Pékin de faire passer des produits par l'Asie du Sud-Est pour éviter les taxes américaines, sans qu'ils soient identifiés comme « made in China ». Une stratégie que Washington entend surveiller de près. Dans ce contexte tendu, l'Asean doit une nouvelle fois faire preuve de diplomatie et d'agilité. Son histoire le montre, elle excelle dans l'art du compromis. Le sommet de Kuala Lumpur en est une nouvelle démonstration.À lire aussiPourquoi l'essor des exportations chinoises est une mauvaise nouvelle pour Pékin
Le 28 avril dernier, une gigantesque panne d'électricité plongeait l'Espagne et le Portugal dans le noir. Ce sont 55 millions de personnes qui ont été privées de courant pendant 17 heures. Si les causes techniques restent à élucider, les conséquences de cette coupure touchent directement l'avenir des énergies renouvelables en Europe. Décryptage. Avec 56 % de son électricité provenant des énergies renouvelables en 2024, l'Espagne est souvent citée comme modèle en matière de transition énergétique. Certains jours, la totalité de l'électricité consommée dans le pays était même d'origine renouvelable. L'an passé, ce sont déjà 18 milliards d'euros qui ont été injectés dans le secteur. Pourtant, cette prouesse cache une fragilité structurelle : le réseau de transport et de distribution peine à suivre. Selon Goldman Sachs, seuls 30 centimes sur chaque euro investi dans les renouvelables espagnoles ont été consacrés aux infrastructures de réseau – contre 90 centimes en France et 1,50 euro en Italie. Résultat : un système sous-dimensionné qui peut s'effondrer lorsque la production atteint des pics.À lire aussiL'Espagne s'engage à produire 81% d'électricité d'origine renouvelable en 2030Trop d'électricité… et pas assez de réseauLorsque toutes les installations solaires et éoliennes tournent à plein régime, le réseau espagnol n'est pas toujours capable d'absorber toute cette énergie. Ce déséquilibre entre production et consommation peut conduire à des coupures, comme celle d'avril. Faute de solutions de stockage adaptées, une partie de cette production est tout simplement perdue. Ce paradoxe interroge : malgré des investissements massifs, l'absence de modernisation du réseau et de capacités de stockage suffisantes menace la stabilité énergétique. Et quand la production dépasse régulièrement la demande, les prix de l'électricité baissent, rognant la rentabilité des projets.Entre scepticisme des marchés et nécessité climatiqueL'incident du 28 avril agit comme un électrochoc. Les investisseurs, désormais plus prudents, attendent des signaux clairs de l'État. Le gouvernement espagnol prévoit 308 milliards d'euros d'ici 2030 pour poursuivre la transition énergétique. Mais 82 % de ce montant doivent provenir du secteur privé, qui hésite sans garanties sur la stabilité du réseau et la rentabilité à long terme. Pour rétablir la confiance, deux leviers sont identifiés : un soutien public renforcé aux infrastructures, et une feuille de route claire sur le stockage énergétique. Car au-delà des enjeux économiques, cette transition est vitale pour la décarbonation des économies européennes et leur souveraineté énergétique face aux hydrocarbures importés.À lire aussiInvestir dans le renouvelable ou pas, le dilemme des compagnies pétrolières
Le géant américain de la tech a dévoilé sa nouvelle stratégie, largement axée sur l'IA. Entre acquisitions spectaculaires, transformation des recherches en ligne et adaptation de ses services phares comme Gmail ou YouTube, Google joue une partie décisive. Décryptage. Google n'a pas attendu pour prendre le virage de l'intelligence artificielle (IA). Dès 2014, l'entreprise posait les bases de sa domination future en rachetant DeepMind pour 400 millions de dollars. Un pari gagnant : DeepMind est aujourd'hui à l'origine de Gemini, le robot conversationnel maison. Plus récemment, en mars dernier, Google a également déboursé 32 milliards de dollars pour acquérir Wiz, une entreprise spécialisée en cybersécurité, afin de sécuriser ses infrastructures IA.À lire aussiPourquoi les géants de la tech investissent dans l'intelligence artificielleVers une transformation profonde de l'expérience utilisateurSundar Pichai, le PDG de Google, veut transformer la façon dont nous utilisons internet. L'objectif est ainsi de faire des recherches classiques une interaction directe avec l'IA. Par exemple, au lieu d'afficher une liste de résultats, le moteur pourrait bientôt fournir directement une réponse détaillée, synthétisant le contenu recherché. Cette révolution s'étend à tout l'écosystème Google. Dans Gmail, des réponses pertinentes seront proposées automatiquement. Sur YouTube, l'IA pourra analyser les vidéos. Et sur Google Meet, un système de traduction en direct est en cours de développement.Des investissements massifs pour un modèle économique en mutationGoogle met les bouchées doubles : 75 milliards de dollars seront investis cette année, contre 52 milliards l'an passé. Cette transformation est cruciale car la recherche sur internet représente encore plus de la moitié du chiffre d'affaires du groupe, avec près de 200 milliards de dollars générés l'an dernier. Or, cette activité repose largement sur la publicité. Google envisage donc de lancer des abonnements payants pour compenser d'éventuelles pertes, tout en faisant face à une concurrence croissante (Bing, Qwant, Yahoo…) et à une pression réglementaire, notamment aux États-Unis, où des voix s'élèvent pour demander la vente de Chrome. Une chose est sûre, ces innovations vont profondément changer nos habitudes numériques.À lire aussiL'intelligence artificielle, nouvel atout caché des salariés
Le géant britannique Revolut annonce un investissement d'un milliard d'euros en France. Une occasion de faire le point sur ces banques 100 % digitales, qui séduisent de plus en plus d'usagers à travers le monde, en bouleversant les codes traditionnels du secteur. Décryptage. Les banques en ligne, aussi appelées néobanques, se distinguent par leur fonctionnement entièrement digital. Accessibles uniquement via une application mobile ou un site internet, elles n'ont ni agences physiques, ni guichets. Cette absence d'infrastructure leur permet de proposer des services bancaires à des tarifs très compétitifs, voire gratuits. L'ouverture d'un compte se fait en quelques clics, sans frais, sans rendez-vous, et sans paperasse. Les coûts de fonctionnement étant réduits au minimum, ces établissements misent sur l'automatisation pour assurer la gestion des opérations. On distingue deux grands types de banques en ligne : les indépendantes, comme l'Allemande N26 ou la Britannique Revolut, et celles adossées à des banques traditionnelles, comme HelloBank (BNP Paribas) ou Boursobank (Société Générale).Un marché en pleine explosionMême si elles ne rivalisent pas encore en taille avec les banques traditionnelles, les néobanques occupent une place de plus en plus importante. Selon Grand View Research, le marché mondial des banques en ligne, estimé à 67 milliards de dollars en 2022, pourrait dépasser 3400 milliards d'ici à 2030. Cette croissance est portée par la hausse rapide du nombre de clients dans le monde : il a triplé depuis 2020, atteignant aujourd'hui plus de 300 millions.Une solution d'inclusion financière, notamment en AfriqueLe succès des néobanques ne se limite pas à l'Europe ou aux pays occidentaux. Sur le continent africain, elles apparaissent comme de véritables leviers d'inclusion financière. Face à un taux de bancarisation encore faible, elles offrent des solutions simples, mobiles et accessibles à des millions de personnes exclues du système bancaire classique.Des acteurs comme TymeBank en Afrique du Sud, Kuda au Nigeria ou encore Djamo et Orange Bank en Afrique francophone participent à cette transformation. En combinant l'essor du smartphone, le développement du commerce en ligne et le désintérêt des banques traditionnelles pour les populations à faibles revenus, ces néobanques trouvent un terrain fertile. Reste néanmoins un défi de taille : atteindre une rentabilité durable malgré un modèle basé sur des frais réduits, tout en consolidant la confiance des usagers sans relation physique.À lire aussiLe Nigeria à la pointe dans la monnaie digitale de banque centrale
En pleine incertitude liée à la guerre commerciale sino-américaine, Pékin tente de soutenir son économie par des mesures de relance monétaire. La Banque centrale chinoise a une nouvelle fois abaissé deux de ses taux d'intérêt, alors que l'activité industrielle affiche une croissance contrastée. Décryptage. La Chine donne un coup de pouce à son économie. Ce mardi, la Banque centrale a de nouveau abaissé deux de ses taux d'intérêt clés. Une décision qui intervient dans un contexte économique tendu, marqué par les tensions commerciales persistantes avec les États-Unis. Pourtant, malgré cette conjoncture incertaine, l'économie chinoise montre une certaine résilience. En avril, la production industrielle a progressé de 6,1 % par rapport à l'année précédente. Un chiffre encourageant, mais qui masque un ralentissement: la croissance industrielle est moins vigoureuse que les mois précédents. Ce sont principalement les secteurs de haute technologie – robots industriels, véhicules électriques et équipements d'impression 3D – qui soutiennent cette dynamique.À lire aussiNégociations commerciales: la Chine et les États-Unis font état de «progrès» avant un communiqué communCommerce extérieur en repli, malgré une trêve fragileCette vigueur industrielle contraste cependant avec la mauvaise performance du commerce extérieur. Le mois dernier, les exportations vers les États-Unis ont chuté de 21 %. Une baisse qui a poussé les industriels chinois à se réorienter vers l'Asie du Sud-Est, pour contourner les droits de douane imposés par l'administration Trump. Mais récemment, un changement de cap s'est opéré : les deux pays ont convenu d'une trêve commerciale de 90 jours. Les droits de douane ont été réduits, bien qu'ils restent élevés : 40 % pour les produits chinois entrant aux États-Unis, et environ 25 % pour les exportations américaines vers la Chine. Une accalmie temporaire donc, qui a poussé les importateurs américains à stocker massivement des biens chinois, soutenant artificiellement la production au moins jusqu'en juin.Une consommation intérieure en berneMalgré ces signaux, des faiblesses structurelles persistent. Le principal point noir: la consommation des ménages chinois reste faible, alors qu'elle constitue un moteur essentiel de la croissance. Pour 2025, les autorités visent une croissance de 5 %, un objectif ambitieux dans un contexte incertain. C'est dans cette optique que la Banque centrale a décidé d'abaisser ses taux directeurs, espérant stimuler la demande intérieure. Ces mesures de relance pourraient soutenir l'économie à court terme. Mais la dynamique reste conditionnée à la résolution durable de la guerre commerciale entre Pékin et Washington.À lire aussiLes dernières mesures chinoises vont-elles suffire à relancer l'économie?
Depuis plusieurs mois, les cryptomonnaies sont au cœur de faits divers inquiétants : dirigeants de start-up enlevés, proches séquestrés, tentatives de racket... Autant d'affaires qui révèlent l'envers d'un secteur à la croissance fulgurante, mais qui attire aussi les convoitises les plus violentes. Décryptage. Un peu de pédagogie ne fait jamais de mal. Une cryptomonnaie, c'est est une monnaie 100% virtuelle. Elle n'existe pas sous forme de pièces ou de billets, mais sous forme de jetons numériques, protégés par un système de cryptographie. Pour y accéder, il faut un portefeuille numérique, sécurisé par une « clé privée », une sorte de mot de passe unique connu de son seul propriétaire. Ce modèle repose sur un principe simple : permettre des échanges fiables, transparents et sans passer par une banque ou une autorité centrale. C'est cette promesse de liberté, combinée à la valeur que peuvent atteindre ces actifs, qui attire les criminels.Valorisation record, accès rapide : un terrain favorable pour les malfratsSi ces cryptomonnaies attirent tant, c'est parce que leur valeur peut être colossale. Un seul Bitcoin vaut aujourd'hui près de 100 000 dollars. Et contrairement à un coffre-fort ou un compte bancaire, les fonds peuvent être transférés en quelques secondes, depuis un simple téléphone. Mais tout n'est pas si simple pour les cyber-délinquants. La plupart des transactions passent aujourd'hui par des plateformes d'échange régulées, notamment en France et en Europe. Ces plateformes imposent une vérification d'identité stricte, dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d'argent. Chaque transaction laisse une trace, comparable à un virement bancaire. Contrairement à un billet de banque dont on ignore l'historique, une cryptomonnaie est traçable de bout en bout. Chaque jeton possède une « carte d'identité » numérique : on peut savoir par quelles adresses il est passé, dans quel ordre, et parfois même à qui il appartenait. Cette transparence rend le blanchiment ou la revente illicite bien plus complexe.À lire aussiDonald Trump et les cryptomonnaies: quand le business est aussi politiqueUn système sécurisé, mais pas à l'abri des dérivesMais il existe une faille. Toutes les cryptomonnaies ne transitent pas par ces plateformes. Certains experts préfèrent gérer leurs fonds de manière autonome, via des portefeuilles hors ligne, sans intermédiaire. Ce sont souvent ces profils qui sont ciblés par les malfrats : ils détiennent parfois des fortunes numériques et sont en mesure d'effectuer des transactions discrètes. S'ils cèdent à la pression ou aux violences, que se passe-t-il ensuite? Les criminels se retrouvent avec des actifs certes volés, mais traçables. Ils doivent trouver des acheteurs ou des moyens de convertir ces cryptos en monnaie classique. Et c'est là que les choses se compliquent. Car sans plateforme, difficile de trouver preneur, et les plateformes sérieuses exigent de connaître l'origine des fonds. Cette traçabilité, si souvent critiquée par les puristes du « crypto-anonymat », devient donc une alliée précieuse pour les enquêteurs. Elle permet de suivre le fil des transactions, d'identifier des réseaux, voire de retrouver les auteurs d'un vol numérique.À lire aussi«Gain maximal, prise de risque minimale»: pourquoi les cryptomonnaies attirent les malfaiteurs?
Selon le baromètre EY 2025, la France reste le pays européen le plus attractif pour les investisseurs étrangers. Mais derrière ce leadership affiché se cachent des signaux d'alerte. Moins de projets, tensions sur les coûts, et attentes fortes des entreprises en matière de stabilité et de simplification. Décryptage. Pour bien comprendre la position française, il faut d'abord élargir la focale à l'échelle européenne. En 2024, l'Europe a connu son plus faible niveau d'investissements directs étrangers (IDE) depuis neuf ans. Une contraction nette, causée par la faible croissance de la zone euro, la montée des tensions géopolitiques et l'essor des barrières commerciales. Pendant ce temps, les États-Unis poursuivent leur ascension. Leurs IDE y ont bondi de 20 %, portés par une croissance dynamique et une politique industrielle ambitieuse. En comparaison, les pays de l'Union européenne apparaissent fragilisés. Une France toujours en tête, mais sous pression La France reste pourtant en haut du podium européen pour la sixième année consécutive. Elle conserve ainsi son statut de pays le plus attractif du continent. Mais ce classement cache une réalité plus nuancée. Le nombre de projets d'investissements étrangers y a chuté de 14 % en un an. Résultat : moins de créations d'emplois et un essoufflement qui inquiète. Les raisons de cette baisse sont bien identifiées par les investisseurs : coût du travail trop élevé, prix de l'énergie dissuasif, complexité administrative, accès limité au foncier industriel, et manque de robotisation dans certaines filières. Autant de défis à relever pour redonner de l'élan à la dynamique économique. À lire aussiComment expliquer les difficultés de l'industrie européenne?Des atouts solides… et des attentes tout aussi fortes Face à ces fragilités, la France peut heureusement compter sur de solides atouts. Elle possède un grand marché intérieur – 67 millions de consommateurs –, des pôles scientifiques reconnus, des universités de qualité, des infrastructures performantes, une main-d'œuvre qualifiée et une qualité de vie qui séduit. Certains secteurs restent particulièrement porteurs, comme l'intelligence artificielle, les énergies renouvelables ou encore l'agroalimentaire. À l'inverse, l'industrie – notamment la chimie et l'automobile – subit de plein fouet les pressions sur les coûts. Les investisseurs internationaux attendent aujourd'hui un rétablissement de la confiance, une stabilité politique et budgétaire renforcée, et un accompagnement plus clair des pouvoirs publics. La dissolution de l'Assemblée nationale il y a près d'un an a laissé des traces. Enfin, pour faire face à la concurrence américaine, les chefs d'entreprise appellent à une véritable stratégie industrielle européenne. Ils demandent davantage de coordination à l'échelle des 27, qu'il s'agisse de réglementation ou de soutien financier. L'objectif : éviter que l'Europe ne joue en ordre dispersé, et perde du terrain face aux géants mondiaux. À lire aussiBudget 2025: la France à la veille d'une crise d'ampleur?
La Chine organise un sommet diplomatique d'envergure à Pékin, réunissant plusieurs dirigeants d'Amérique latine, dont ceux du Brésil, de la Colombie, du Chili ou encore du Pérou. Objectif affiché : resserrer les liens avec la région dans un contexte de rivalité croissante avec les États-Unis. Décryptage. Dès l'ouverture du forum, le ton est donné : le président chinois Xi Jinping annonce un prêt de 9,2 milliards de dollars à destination de l'Amérique latine et des Caraïbes. Une initiative qui s'inscrit dans la continuité d'une stratégie chinoise déjà bien engagée. Pékin considère depuis plusieurs années cette région comme un pilier de son expansion internationale. Infrastructures, investissements, accords commerciaux, les projets se multiplient. À ce jour, deux tiers des pays latino-américains ont rejoint les « nouvelles routes de la soie », ce gigantesque programme de développement lancé par la Chine il y a 12 ans. Dernier exemple en date, un accord de coopération signé avec la Colombie ce mercredi. À lire aussiLe Brésil, un des gagnants de la guerre commerciale de Donald Trump?Une montée en puissance chinoise qui bouscule l'influence américaine À travers ces efforts, la Chine cherche à sécuriser ses approvisionnements tout en diversifiant ses débouchés économiques. Elle est déjà devenue le premier partenaire commercial de pays comme le Brésil, le Chili ou le Pérou, détrônant les États-Unis dans une région longtemps considérée comme leur zone d'influence. En 2023, le Brésil a exporté 94 milliards de dollars vers la Chine, principalement du soja et d'autres produits agricoles, tandis que Pékin y écoule des produits à forte valeur ajoutée : semi-conducteurs, smartphones, véhicules ou médicaments. Une relation stratégique mais asymétrique Si les pays latino-américains voient dans ce rapprochement une chance d'attirer des investissements et de diversifier leurs alliances, le partenariat n'est pas sans risques. En rompant avec la dépendance américaine, certains redoutent l'émergence d'une dépendance chinoise. Par ailleurs, en restant cantonnés à l'exportation de matières premières, ces pays pourraient manquer l'opportunité d'un réel essor industriel. Ce sommet à Pékin s'inscrit donc dans un mouvement plus large de recomposition des équilibres mondiaux. Des dirigeants comme Lula (Brésil) ou Gustavo Petro (Colombie) insistent sur la nécessité de faire entendre la voix latino-américaine dans le jeu international, en tirant parti des tensions sino-américaines pour mieux défendre leurs intérêts. À lire aussiLa Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?
Le Festival de Cannes ouvre ses portes ce mardi 13 mai, et si les projecteurs sont braqués sur les stars et les projections, c'est aussi en coulisses que le cinéma se joue. Chaque année, la Croisette accueille en parallèle le plus grand rendez-vous professionnel du secteur : le Marché du film. Décryptage. Oubliez le tapis rouge, les photographes et les petits fours et parlons affaires. Pendant dix jours, Cannes devient la capitale mondiale de l'économie du cinéma. 15 000 professionnels accrédités, 4000 films et projets représentés : le Marché du film est le lieu où se négocient les droits de distribution des films que vous verrez dans les mois à venir. C'est aussi là que se montent les coproductions internationales, que se repèrent les tendances de demain. Producteurs, distributeurs et acheteurs arpentent les stands et les salons pour décider quels films feront l'actualité des écrans de l'année à venir. À lire aussiSourires aux Golden Globes, grimaces en coulisses: Hollywood face à la criseUne année 2024 dynamique, mais sans boom pour le box-office Cet événement est aussi l'occasion de faire le point sur l'état du marché. RFI a pu consulter en avant-première le rapport annuel de l'Observatoire européen de l'audiovisuel. Ce que l'on peut affirmer, c'est que même si 2024 a été exceptionnelle en termes de production, l'année n'a pas été celle du rebond espéré. Le box-office mondial atteint 28,1 milliards d'euros, mais cela reste en baisse de 9 % par rapport à 2023. Deux géants connaissent une baisse significative. La Chine, avec -24 %, et les États-Unis, à -4 %, touchés par les récentes grèves à Hollywood, qui ont gelé la production et retardé la sortie des blockbusters. Côté gagnants, on retiendra l'Inde, le Royaume-Uni et la France, qui restent des places solides. Le streaming bouleverse l'équilibre des salles Mais le cinéma aujourd'hui, ce n'est plus seulement des projections en salles. Et les professionnels l'ont bien intégré. Toujours selon l'Observatoire européen de l'audiovisuel, un tiers des films disponibles en VOD sont européens. Les plateformes de streaming sont donc devenues essentielles à la diffusion des longs-métrages, qu'ils soient exclusivement destinés à ces canaux ou qu'ils aient eu une vie en salle auparavant. Pour les exploitants – c'est-à-dire les cinémas eux-mêmes – les conséquences sont bien réelles. Le temps passé devant un écran chez soi est aussi du temps en moins en salle. C'est l'un des défis majeurs du secteur. Autre tendance forte : le renforcement des partenariats public-privés pour financer les projets, ainsi que la promotion de la coproduction internationale pour mutualiser les coûts et s'ouvrir à de nouveaux marchés. Car, on l'a dit, le cinéma reste un marché. Un marché avec des acteurs importants, en concurrence, et où le premier rôle est très convoité.
Omniprésente dans nos usages professionnels comme personnels, la visioconférence continue de transformer le paysage numérique. Un secteur ultraconcurrentiel qui pèse lourd et qui a même entraîné la disparition de Skype, pionnier du genre. Décryptage. Elle est aujourd'hui pratiquement omniprésente, aussi bien dans le monde professionnel que dans notre quotidien, la visioconférence.Vous vous souvenez sans doute de la fameuse sonnerie Skype, qui ne retentira plus. Si l'application née en 2003 était une vraie révolution, elle a depuis été reléguée au second plan, que ce soit pour un usage personnel ou professionnel. Son monopole a pris fin avec l'arrivée de FaceTime d'Apple, puis plus récemment avec Zoom, Google Meet ou encore Microsoft Teams. Ironie du sort : Microsoft possédait Skype, mais a préféré miser sur son autre outil, et a fini par l'abandonner. À écouter aussi8 milliards de voisins: Télétravail, fin de partie ?Un marché boosté par la pandémie et le télétravail hybride C'est pendant la pandémie de Covid-19, au printemps 2020, que le marché de la visioconférence a connu un véritable bond. Avant 2019, les logiciels Zoom et Teams étaient encore très peu utilisés par le grand public. Aujourd'hui, ces applications sont entrées dans le vocabulaire courant et le quotidien de centaines de millions de salariés.Le marché de la visioconférence est valorisé à 33 milliards de dollars. D'ici à 2033, ce chiffre pourrait doubler selon plusieurs projections. Chaque année, la croissance du secteur est estimée entre 7 % et 10 %, soutenue par l'essor du télétravail hybride, ce mélange entre présentiel et travail à domicile. Difficile, voire impossible pour les grandes entreprises de passer à côté de cette dynamique. À lire aussiTélétravail: un acquis de plus en plus remis en cause dans les entreprisesDes investissements massifs… mais aussi des limites Au-delà de l'apparente simplicité de la visioconférence, les entreprises investissent massivement, notamment en recherche et développement. L'intelligence artificielle est au cœur de ces efforts. Depuis 2023, Microsoft a investi plus de 2 milliards de dollars dans l'IA collaborative. Zoom, de son côté, rachète des start-ups spécialisées dans le traitement du langage, pour créer des assistants capables de résumer automatiquement les réunions. Certains vont encore plus loin et travaillent sur des solutions holographiques pour remplacer les écrans.La visioconférence devient ainsi un véritable outil de travail, un soutien à la productivité. Mais elle a aussi ses limites. Selon l'agence X2O Media, 9 entreprises sur 10 utilisent cet outil. Mais elle serait aussi responsable de 34 milliards de dollars de pertes par an, en raison de réunions mal gérées. Pour les salariés, cette pratique généralisée peut entraîner une certaine fatigue, voire une forme de dépendance, avec des conséquences négatives sur la productivité. Et ce n'est que le début : selon le cabinet Straits Research, d'ici à 2030 – autrement dit, demain – 60 % des interactions professionnelles pourraient être totalement dématérialisées.
Alors que l'Europe cherche à affirmer son indépendance technologique face aux géants américains, le groupe Eutelsat, spécialiste des télécommunications par satellite, s'apprête à changer de direction. Un nouveau dirigeant prendra bientôt les rênes de l'entreprise avec un objectif ambitieux: garantir la souveraineté numérique du continent. Décryptage. Née de la fusion entre la société française Eutelsat et la Britannique OneWeb en 2023, l'entreprise est aujourd'hui un acteur central dans le domaine des télécommunications spatiales. Elle dispose de plus de 600 satellites en orbite basse et de 35 en orbite géostationnaire. L'objectif: permettre l'accès à un réseau numérique, internet ou téléphonique, via l'espace.Mais dans ce secteur stratégique, difficile d'ignorer la présence écrasante de Starlink, la constellation de satellites du milliardaire américain Elon Musk. Elle compte déjà 7 000 satellites, soit dix fois plus qu'Eutelsat. Malgré cet écart, le groupe européen reste un acteur sérieux, capable de rivaliser, à condition de relever plusieurs défis majeurs.À lire aussiL'Europe affine sa stratégie pour retrouver le chemin de l'espaceUn redressement financier nécessaire pour affronter la concurrenceLe nouveau dirigeant aura une mission délicate, remettre Eutelsat sur les rails d'une stabilité financière. Le groupe affiche une dette de 2,7 milliards d'euros, aggravée par la fusion avec OneWeb. En parallèle, il doit investir plus de 4 milliards d'euros pour moderniser sa flotte de satellites et participer au projet IRIS², l'équivalent européen de Starlink, prévu pour 2030 avec 288 satellites supplémentaires. Pour faire face, Eutelsat a déjà vendu certains actifs et réduit ses investissements annuels. Pourtant, les agences de notation, comme Fitch, s'inquiètent de la solidité financière de l'entreprise, ce qui met davantage de pression sur sa stratégie de développement.Une alternative crédible mais des défis techniques et économiquesEutelsat est aujourd'hui le seul acteur européen capable de proposer une véritable alternative à Starlink, que ce soit pour les particuliers, les entreprises ou même les armées. Mais pour rester compétitif, il faudra aussi baisser les coûts. Là où un terminal Starlink coûte environ 589 dollars, celui d'Eutelsat est estimé à 10 000 dollars. Et la compétition ne fait que commencer. Amazon vient d'entrer dans la course avec sa constellation Kuiper, dont les premiers satellites ont été mis en orbite la semaine dernière. La Chine, elle aussi, accélère ses projets spatiaux.Si l'Europe veut préserver sa souveraineté numérique, elle devra investir massivement dans ces technologies stratégiques et soutenir des acteurs comme Eutelsat, qui incarnent l'avenir de l'indépendance technologique du continent.
Les cardinaux du monde entier sont réunis en Conclave pour élire un nouveau pape. Si l'enjeu est évidemment religieux, il est aussi d'ordre financier. Car le futur souverain pontife héritera d'un État aux comptes déséquilibrés, plombé par un déficit structurel et une gouvernance en crise. Décryptage. Derrière la grandeur de la basilique Saint-Pierre et la richesse non moins culturelle du Vatican se cache une réalité financière bien plus fragile. En 2023, le plus petit État du monde affichait un déficit de 83,5 millions d'euros, sur un budget total d'1,2 milliard. Une situation chronique : depuis plusieurs années, ce déficit varie entre 50 et 90 millions, représentant près de 7 % du budget annuel. Le budget 2025, jugé trop ambitieux, a même été rejeté une première fois par le secrétaire à l'économie avant d'être adopté à la mi-mars après de nombreux ajustement. À lire aussiFinances du Vatican: l'héritage réformateur du pape FrançoisUn patrimoine immobilier mal exploité La cause principale de cette situation réside dans la baisse des recettes, notamment à cause de la diminution des dons des fidèles, qui constituent une ressource clé. Le Vatican possède par ailleurs un parc immobilier impressionnant : 5 000 biens dans le monde entier. Pourtant, seuls 14% de ces biens sont loués aux prix du marché. Le reste bénéficie de loyers préférentiels, souvent accordés à des employés ou des proches de l'Église. Résultat : chaque année, entre 20 et 25 millions d'euros de patrimoine sont vendus pour éponger les pertes. Cette gestion inefficace met en lumière les lacunes d'un système qui, malgré ses actifs, peine à équilibrer ses comptes et à capitaliser sur ses ressources. À lire aussiÉlection d'un nouveau pape: comment le conclave va-t-il se dérouler?Une gouvernance à réformer d'urgence Le chapitre des dépenses est tout aussi alarmant. Le fonds de pension des quelque 5 000 employés et retraités du Vatican est en déficit, estimé entre 350 millions et 1 milliard d'euros. En novembre, le pape François a dû intervenir directement en remplaçant en urgence l'ensemble du Conseil d'administration, tant la situation semblait critique. Au cœur de ces difficultés : des failles de gouvernance profondes, une bureaucratie jugée opaque et une gestion souvent qualifiée d'amateuriste. Le futur pape devra donc poursuivre le chantier ouvert par François : assainir les finances et instaurer une transparence économique inédite dans un État qui, jusqu'ici, ne publie qu'une partie de ses comptes. Alors que le conclave s'ouvre, les enjeux spirituels se doublent d'un impératif économique. Car si dans la religion on est habitués aux miracles, en économies, ils sont beaucoup plus rares.
Réélu avec une majorité renforcée à la tête du gouvernement australien, Anthony Albanese entame un second mandat sous le signe de la stabilité et de l'ambition. Porté par des indicateurs économiques rassurants, il se prépare à affronter les grands enjeux qui pourraient redéfinir l'avenir du pays. Décryptage. Quand c'est bien, il faut le dire. Car les perspectives économiques de l'Australie sont plutôt encourageantes. La croissance devrait atteindre 1,75 % en 2025, tandis que l'inflation est redescendue à 2,4 %, après avoir connu un pic à plus de 7 % en 2022. Cette maîtrise de l'inflation constitue une base essentielle pour Anthony Albanese, qui veut s'appuyer sur ces bons résultats pour financer ses réformes sociales et écologiques. Parmi les priorités du Premier ministre : la crise du logement. Le gouvernement a déjà lancé un fonds de 10 milliards de dollars pour construire 30 000 logements abordables et a élargi le programme « Help to Buy » pour faciliter l'accès à la propriété des primo-accédants. Mais ces politiques sociales ont un coût, et la gestion rigoureuse des finances publiques reste cruciale, alors que le déficit oscille entre 33 et 35 % du PIB. À lire aussiLégislatives en Australie: Anthony Albanese savoure sa victoire et promet un gouvernement «discipliné»Une transition énergétique ambitieuse Grand exportateur de charbon et de gaz, mais aussi l'un des plus gros pollueurs par habitant au monde, l'Australie veut opérer un virage vers les énergies renouvelables. Albanese vise une réduction de 43 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement prévoit des investissements massifs, des subventions, la création de milliers d'emplois verts et un accompagnement des collectivités et des entreprises dans cette transformation. Un modèle économique à rééquilibrer L'économie australienne reste encore très dépendante de ses exportations de matières premières, notamment vers la Chine. Le secteur du fer, qui représente environ 40 % de l'offre mondiale, en est un pilier. Mais la demande chinoise est en baisse pour la deuxième année consécutive, en partie à cause des tensions commerciales héritées de la présidence Trump. Les droits de douane américains sur les produits chinois pourraient à terme pénaliser les exportations australiennes, utilisées en amont de la chaîne de production chinoise. À lire aussiLégislatives en Australie: l'ombre de Donald Trump plane sur le voteFace à ces incertitudes, le gouvernement veut diversifier ses partenaires commerciaux, tout en menant des réformes structurelles pour assurer la souveraineté économique du pays. Le succès de ce second mandat dépendra donc de la capacité d'Albanese à conjuguer transition écologique, justice sociale et prudence budgétaire, sans compromettre la stabilité économique du pays.
Tesla traverse une période difficile et le conseil d'administration s'inquiète. Selon des informations du Wall Street Journal, le groupe aurait commencé à chercher un possible successeur à Elon Musk. Mais peut-on vraiment imaginer Tesla sans son emblématique dirigeant ? Décryptage. Depuis le début de l'année, Tesla accumule les déconvenues. Les ventes mondiales ont chuté de 13% au premier trimestre, entraînant une baisse du chiffre d'affaires et plongeant l'entreprise à son niveau le plus bas depuis trois ans. Face à cette situation, le Conseil d'administration aurait, selon le Wall Street Journal, discrètement sollicité des cabinets de recrutement dès le mois de mars pour identifier un potentiel successeur à Elon Musk, fondateur et emblème du groupe. Si la présidente du Conseil d'administration a rapidement démenti toute recherche active de remplaçant, ce simple mouvement trahit un malaise interne et une inquiétude réelle quant à la direction prise par Tesla.Elon Musk, entre ambitions politiques et désamour des actionnaires La situation financière de Tesla n'est pas la seule source de tension. Elon Musk, qui incarne la marque depuis 2008, s'est récemment engagé sur le terrain politique, notamment au sein du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) sous l'administration Trump. Ce double engagement suscite la défiance de nombreux actionnaires, inquiets de voir leur dirigeant s'éloigner des priorités de l'entreprise. Pire, l'image de Tesla s'en trouve écornée : baisse des ventes, appels au boycott, actes de vandalisme et manifestations devant plusieurs concessions témoignent d'un désamour croissant envers la marque et son patron. Face à ces critiques, le Conseil d'administration aurait demandé à Elon Musk de se recentrer sur Tesla, un premier avertissement qui souligne leur dépendance mutuelle. À lire aussiPourquoi Donald Trump pourrait faire du mal à la voiture américaineUn avenir incertain sans successeur naturel Si la personnalité d'Elon Musk façonne Tesla, la question de sa succession reste entière. Les analystes estiment que la valorisation boursière du constructeur repose en grande partie sur les promesses technologiques portées par Musk - « robotaxis », véhicules autonomes, humanoïdes - dont aucune n'a encore abouti. Un départ du dirigeant représenterait donc un risque majeur pour l'entreprise, tant sur le plan financier que stratégique. Reste à savoir qui pourrait prendre la relève : à ce jour, aucun candidat naturel ne se dessine, renforçant l'idée qu'Elon Musk demeure, pour le moment, indispensable à Tesla. À lire aussiPourquoi Donald Trump fait involontairement le jeu de la voiture électrique chinoise
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump enchaîne les coupes budgétaires, notamment dans le secteur des énergies propres. Résultat : des milliers d'emplois supprimés, des projets abandonnés et des milliards d'investissements menacés. Décryptage. En un peu plus de 100 jours au pouvoir, l'administration Trump a signé pas moins de 26 décrets visant principalement à démanteler les politiques de son prédécesseur Joe Biden. D'après l'ONG Climate Power, cela a déjà entraîné la suppression de 20 000 emplois dans les énergies propres. Ce sont autant de projets abandonnés et de milliards de dollars d'investissements remis en cause. Parmi les mesures emblématiques : la suspension des subventions pour les véhicules électriques ou encore l'annulation de crédits d'impôt pour les filières éolienne et solaire. Le Financial Times cite notamment l'exemple d'un projet de construction d'une usine de batteries en Arizona, abandonné en février dernier. Un investissement de 850 millions de dollars envolé et 3 000 emplois directs supprimés. Autre exemple : un fabricant de panneaux solaires dans le Michigan a gelé l'intégralité de ses recrutements. Résultat, ce sont 1 200 postes qui restent aujourd'hui vacants. À lire aussiPourquoi les géants pétroliers pourraient nuire aux ambitions de Donald TrumpUne stratégie fossile assumée par la présidence Ces deux cas illustrent une vraie tendance. Toujours selon Climate Power, près de 100 projets dans les énergies propres ont été annulés, retardés ou suspendus au premier trimestre 2025, soit entre janvier et mars seulement. Cela représente environ 7 milliards de dollars de pertes potentielles, selon le MIT (Massachusetts Institute of Technology). Cette orientation découle d'une ambition assumée de Donald Trump : redonner la priorité au pétrole, au gaz et au charbon.Dès le début de son mandat, il a déclaré l'« urgence énergétique nationale », un dispositif qui permet de lever les restrictions sur le forage et l'exploitation minière. Le président américain a aussi multiplié les décrets pour annuler les réglementations environnementales. Pourtant, le charbon, par exemple, ne représente plus que 20% de l'électricité produite aux États-Unis. Et les géants du secteur n'envisagent plus de construire de nouvelles centrales, jugées non rentables. Une inquiétude scientifique dans un contexte économique tendu En parallèle, l'administration Trump s'en prend aussi aux institutions scientifiques. Les mentions du changement climatique ont disparu des sites gouvernementaux, et la communauté scientifique américaine s'inquiète. Certains chercheurs n'excluent plus de quitter le pays pour poursuivre leurs travaux en Europe, où les conditions de recherche seraient plus favorables. Tout cela intervient dans un contexte économique fragile.L'économie américaine s'est contractée au premier trimestre, principalement à cause de l'impact des droits de douane. Et sur le plan énergétique, la nouvelle orientation présidentielle suscite des doutes. Si Joe Biden pariait sur la transition verte pour relancer croissance et production, Donald Trump affirme, lui, vouloir améliorer le pouvoir d'achat. Pourtant, plusieurs projections indiquent que les factures d'énergie pourraient augmenter de 100 dollars par an et par foyer d'ici à 2035 si son plan était mis en œuvre. À lire aussiInvestir dans le renouvelable ou pas, le dilemme des compagnies pétrolières
En ce 1er-Mai, journée internationale des droits des travailleurs, focus sur l'essor discret mais puissant de l'intelligence artificielle dans le monde professionnel. Si elle promet des gains de productivité impressionnants, son usage reste encore largement dissimulé dans les entreprises, par crainte des jugements. Décryptage. Selon plusieurs études, l'intelligence artificielle permettrait de réduire de 30 à 40% le temps passé sur certaines tâches précises. En clair, plus de productivité pour les salariés, plus de valeur ajoutée, et, au final, davantage de richesse. D'après des travaux menés par des chercheurs de HEC, et selon Google, l'usage de l'IA générative permettrait d'économiser 122 heures de travail par an, soit plus de trois semaines, notamment sur des tâches administratives ou créatives comme la rédaction d'e-mails ou la création de synthèses.Des gains de productivité, mais dans l'ombreMais cette amélioration ne profite pas toujours pleinement aux entreprises : près de 7 salariés sur 10 qui utilisent l'IA préfèrent ne pas le dire à leur hiérarchie. Ce phénomène, baptisé « shadow adoption » (« adoption cachée», en anglais) s'explique par la peur d'être jugé comme paresseux. Une défiance renforcée par le fait que 73 % des managers sous-estiment l'effort fourni lorsqu'une IA est utilisée et sont parfois incapables de détecter si un travail est réalisé seul ou avec assistance, allant jusqu'à suspecter l'usage d'IA même lorsqu'il n'y en a pas.Vers une reconnaissance positive de l'usage de l'IAFace à cette situation, plusieurs pistes émergent pour changer les mentalités. D'abord, réviser la perception de l'intelligence artificielle : un salarié plus productif grâce à l'IA, c'est aussi un bénéfice pour l'entreprise. Encourager la transparence est également essentiel. Par exemple, un cabinet d'avocats en Angleterre a décidé de récompenser les collaborateurs qui utilisent ouvertement des IA génératives en créant des « prompts » efficaces, leur offrant ainsi des bonus sur salaire.L'idée principale est donc de ne plus considérer l'IA comme un substitut au travail, mais comme un outil au service du collectif. Former les managers à évaluer la qualité du travail plutôt que le temps passé et mettre en place des incitations pourraient permettre d'intégrer durablement l'IA dans les pratiques professionnelles, pour renforcer à la fois productivité et compétitivité.
À la veille des 100 jours du deuxième mandat de Donald Trump, focus sur une conséquence de sa guerre commerciale avec la Chine. Face aux droits de douane massifs imposés par Washington, Pékin organise la riposte pour soutenir ses entreprises, avec en première ligne ses champions du numérique. Décryptage. Depuis l'instauration de droits de douane de 145% par les États-Unis, les distributeurs chinois prennent des mesures pour soutenir leurs entreprises. La conséquence directe de cette guerre commerciale, ce sont des montagnes d'invendus qui s'accumulent dans les entrepôts chinois. Et pour cause : les États-Unis étaient, jusqu'à l'an passé, le premier acheteur de biens chinois, avec près de 500 milliards de dollars d'importations. Concrètement, près d'un produit sur cinq fabriqué en Chine était destiné au marché américain : vêtements, jouets, chaussures ou composants électroniques. Aujourd'hui, des milliers d'entreprises chinoises cherchent de nouveaux débouchés, notamment sur leur propre marché intérieur. Le ministère du Commerce chinois parle même de « choc », et appelle à transformer le marché intérieur en véritable bouée de sauvetage. À lire aussiLes petits producteurs chinois, grands perdants des mesures de Donald TrumpAlibaba et JD.COM en première ligne Pour mener cette stratégie, Pékin mise sur ses géants technologiques comme Alibaba et JD.COM. Ainsi, JD.COM a lancé un fonds de 200 milliards de yuans, soit environ 27 milliards de dollars, pour acheter directement les stocks des entreprises exportatrices. Le groupe identifie des fournisseurs stratégiques dont les produits sont ensuite mis en avant sur sa plate-forme pour séduire le marché local. Alibaba suit une stratégie similaire : le géant du e-commerce réserve une place de choix sur son site à 10 000 exportateurs et 100 000 produits, afin d'accroître leur visibilité. L'idée est claire : offrir aux entreprises touchées par la guerre commerciale américaine une meilleure exposition sur le marché chinois et favoriser ainsi l'absorption de leurs stocks. À lire aussiChine: le président Xi Jinping reçoit le gratin du secteur privé, dont Jack Ma, le fondateur d'AlibabaUne mobilisation qui dépasse le e-commerce Le soutien aux exportateurs ne se limite pas aux plates-formes en ligne. Les réseaux sociaux chinois comme WeChat, Douyin ou TikTok mettent également en place des programmes de promotion ciblée pour les aider. Même les supermarchés traditionnels s'adaptent : Walmart, filiale chinoise du géant américain, ouvre ses rayons aux entreprises locales frappées par les mesures américaines. Un objectif central guide cette mobilisation : éviter que toute l'économie chinoise ne soit plombée. La consommation intérieure reste fragile, affectée par la morosité économique et les incertitudes sur l'emploi. Si les entreprises venaient à fermer, cela entraînerait une vague de suppressions de postes. De plus, la concurrence féroce entre exportateurs pour séduire les mêmes clients pourrait déclencher une guerre des prix dévastatrice. Sans compter que les produits initialement destinés au marché américain ne sont pas toujours adaptés aux consommateurs chinois, ce qui entraîne des coûts logistiques supplémentaires et réduit les marges. Si l'aide des géants du numérique semble bienvenue, elle devra être soutenue sur la durée, car derrière cette crise, c'est toute la dépendance structurelle de la Chine aux exportations que Pékin tente, coûte que coûte, de corriger.À lire aussiLe reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marché
Le roi du Maroc a donné le coup d'envoi, en fin de semaine dernière, aux travaux d'extension de la ligne de TGV marocaine. Une étape majeure pour le pays, qui inspire aussi d'autres nations africaines séduites par le projet de grande vitesse ferroviaire. Décryptage. Depuis 2018, le TGV Al Boraq relie Tanger à Casablanca en atteignant jusqu'à 320 km/h. Cette première ligne de train à grande vitesse du continent a été construite en partenariat avec des acteurs français tels qu'Alstom et la SNCF. L'an dernier, selon l'Office national des chemins de fer marocains (ONCF), 5,5 millions de voyageurs ont emprunté cette ligne, générant un chiffre d'affaires de 780 millions de dirhams, soit un peu plus de 16% des recettes totales de la compagnie nationale. Aujourd'hui, avec l'extension en direction de Marrakech, le Maroc confirme son rôle de pionnier du TGV en Afrique. Un continent qui prépare ses projets À ce jour, aucun autre pays africain ne dispose d'un train roulant à 320 km/h. Mais plusieurs projets de réseaux ferroviaires à grande vitesse sont en cours de développement, dans le cadre de l'Agenda 2063 de l'Union africaine, qui prévoit à terme un maillage continental. L'Égypte est l'un des pays les plus avancés dans cette ambition : trois nouvelles lignes sont en construction en partenariat avec l'Allemand Siemens, avec des trains pouvant atteindre 250 km/h. En Afrique subsaharienne, le Nigeria exploite depuis 2016 la ligne Kaduna-Abuja, où l'on circule à 150 km/h. Cette ligne, en grande partie financée par la Chine, sera prochainement prolongée jusqu'à Kano grâce à un nouveau prêt chinois de 225 millions de dollars. En Afrique du Sud également, des réflexions sont en cours pour restructurer le système ferroviaire et intégrer le train à grande vitesse dans une réforme plus large, encore difficile à mettre en œuvre. Le train, moteur de transformation économique Pendant longtemps, le train en Afrique a été essentiellement utilisé pour le transport des matières premières. Aujourd'hui, le regard change : il s'agit de favoriser l'intégration économique des régions, d'encourager la mobilité des populations, et de désenclaver les territoires. Se déplacer vite, bien et en sécurité devient un enjeu stratégique pour créer de nouveaux pôles économiques. Le développement de la grande vitesse ferroviaire est perçu comme un levier majeur pour accélérer la transition écologique, soutenir la croissance et renforcer l'intégration territoriale du continent africain. À lire aussiLe rail européen à l'heure de la concurrence
Créée en 2004, l'agence fédérale américaine MCC (Millennium Challenge Corporation) va fermer ses portes. Une décision prise par le Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), dirigé par Elon Musk, qui signe un nouveau recul de l'engagement des États-Unis en matière d'aide au développement. Décryptage. Après l'USAID, c'est au tour du MCC de disparaître. Cette agence américaine, fondée en 2004 sous l'administration Bush, avait pour mission d'aider au financement de projets d'infrastructure dans les pays en développement, notamment en Afrique et en Asie. Avec plus de 17 milliards de dollars investis en vingt ans, elle incarnait un instrument majeur de la diplomatie économique américaine. Pourtant, sur le site officiel du MCC, un message s'affiche en grand : « Le MCC contribue à la sécurité, la force et la prospérité du peuple américain grâce à des investissements qui favorisent la croissance et la stabilité dans le monde entier ». Un slogan qui résonne désormais comme une promesse inachevée. La décision, impulsée par le DOGE (Département de l'efficacité gouvernementale) dans le cadre d'une politique de rationalisation des dépenses fédérales, met un terme aux activités du MCC. Une vingtaine de projets en cours ou en planification sont immédiatement mis sur pause. L'Afrique, première victime de l'arrêt des financements L'Afrique était l'une des principales régions bénéficiaires du MCC. Au Sénégal, entre 2010 et 2015, 540 millions de dollars ont été investis dans des infrastructures rurales et l'électrification de zones isolées. Un second programme de 600 millions de dollars, prévu sur la période 2018-2025, vise à réformer le secteur énergétique et améliorer l'accès à l'électricité. Avec la fin du MCC, de nombreux chantiers cruciaux sont suspendus au Sénégal, mais aussi au Népal, en Mauritanie, et en Côte d'Ivoire. Des pelleteuses remisées, des sites bouclés : c'est tout un écosystème de développement qui se retrouve à l'arrêt. Pour les pays concernés, c'est un coup dur, car ces fonds servaient souvent à boucler des projets stratégiques dans des secteurs clés comme l'eau, l'agriculture, ou encore l'éducation. Une perte d'influence face à la Chine Au-delà de l'impact local, la fermeture du MCC fragilise la position stratégique des États-Unis dans des régions où d'autres puissances, comme la Chine, renforcent leur présence. Pékin est aujourd'hui le premier partenaire commercial du continent africain, et sa capacité à financer de grands projets d'infrastructure lui offre une influence croissante. Ironie de l'histoire, le MCC avait été conçu justement pour contrebalancer cette montée en puissance. En mettant fin à cette agence, l'administration Trump affaiblit un levier d'action diplomatique essentiel, tout en laissant un terrain libre à la concurrence internationale. Côté américain, plus de 300 agents fédéraux perdront leur emploi, principalement à Washington. Mais c'est à l'échelle globale que la perte pourrait être la plus lourde : celle d'un outil d'influence, de partenariat, et de présence sur des territoires stratégiques. À lire aussiJeunes, inexpérimentés et fans de Musk: les «DOGE Kids» à l'assaut du budget américain
Face aux mesures commerciales de Donald Trump, le Japon est en sursis. L'archipel était visé par 24% de droits de douane. Le pays négocie avec l'administration américaine et est pris en étau entre les États-Unis et l'ennemie jurée du président Trump, la Chine. Décryptage. Si la quatrième économie mondiale se retrouve dans une situation délicate, c'est parce qu'elle entretient des liens économiques très étroits, pour ne pas dire essentiels, avec d'un côté les États-Unis, de l'autre, la Chine. Pour ne citer que cette donnée, les investissements directs étrangers du Japon sur le sol américain sont de 600 milliards de dollars. Et les chaines d'approvisionnement japonaises dépendent de la Chine. C'est simple, ce sont tout simplement les deux premiers partenaires commerciaux du Japon. C'est un problème pour Tokyo car les autorités chinoises se sont agacées cette semaine des pays qui négociaient avec les États-Unis. C'est le cas du Japon. Et parce qu'à l'inverse, l'administration américaine ne semble pas vouloir entendre parler de la Chine et discute unilatéralement avec les pays qu'elle entend viser par ses mesures. Mais concernant le Japon, ce qu'il faut comprendre, c'est que son économie est ultra dépendante des deux pays. Pour être clair, les entreprises japonaises ont besoin de la Chine et de ses biens pour fabriquer des produits qu'elles vendront ensuite aux États-Unis. Un exemple, le secteur automobile. Il illustre parfaitement la dualité de ce modèle japonais. Des concessions, mais pas trop La marge de manœuvre des autorités nippones est très étroite. Le Premier ministre ne cache pas la vulnérabilité de l'archipel. Il a expliqué ces derniers jours que « si le Japon concédait tout, il serait impossible d'en garantir l'intérêt national ». Les Américains demandent surtout aux Japonais d'importer bien plus, avec un objectif, rééquilibrer la balance commerciale. Il s'agit là d'importer notamment plus de voitures et de produits agricoles. Le riz est une option. On en parle souvent, le Japon traverse une crise du riz. Ces derniers mois, le prix de ce bien de consommation a été multiplié par deux. La production japonaise ne suffit pas à la demande intérieure. Et c'est important, les États-Unis produisent du riz. L'idée est donc de répondre à cette demande par des importations de riz américain. Équilibre instable L'enjeu pour le gouvernement japonais, c'est de trouver une solution de court terme. Car sur le temps long, cela pourrait affecter les producteurs japonais eux-mêmes, notamment quand la récolte sera de nouveau au rendez-vous. Et puis le Japon a noué d'autres alliances commerciales. Le pays a diversifié ses dépendances commerciales, notamment avec les pays d'Asie du Sud-est ou la Corée du Sud en y investissant beaucoup. Le Premier ministre japonais ira d'ailleurs au Vietnam et aux Philippines la semaine prochaine, avec toujours l'ombre de la Chine qui, il faut le dire, est au cœur de l'économie asiatique, très intégrée dans la chaine régionale de production. Le Japon marche donc sur un fil, avec pour équilibre à trouver le maintien de sa croissance et la protection de ses industries clé !
Le vice-président américain JD Vance achève une visite en Inde où il y a rencontré le Premier ministre Narendra Modi, pendant laquelle les deux ont négocié au sujet des mesures tarifaires envisagées par Donald Trump. À l'ordre du jour notamment, les médicaments, car l'Inde est un géant de l'industrie pharmaceutique. C'est un euphémisme d'affirmer que les États-Unis sont extrêmement dépendants des médicaments produits en Inde : près d'un générique sur deux consommés y est fabriqué. On parle ici de traitements contre l'hypertension, les troubles de la santé mentale ou encore le diabète. Car il faut le rappeler, si l'Inde est le premier fournisseur de médicaments au monde, c'est aussi le premier fournisseur des États-Unis. L'an passé, ce sont près de 13 milliards de dollars de médicaments indiens qui ont été exportés sur le sol américain.Pourtant, avant la pause de Donald Trump et donc les négociations en cours, l'Inde était visée par les droits de douane américains, puisqu'il était question d'une surtaxe de 26%. Cela veut donc dire que tout produit fabriqué en Inde arrivant aux États-Unis pourrait être taxé à cette hauteur, y compris donc les médicaments.À lire aussiEn visite en Inde, J.D. Vance affiche son optimisme commercial et sa proximité idéologique avec Narendra ModiÉconomiquement avantageux, sanitairement dangereux Mais il ne s'agit pas de marchandises lambda : il est question de santé publique. La conséquence de l'application des mesures tarifaires de Donald Trump, c'est évidemment un risque sur la santé des Américains en raison d'une hausse des prix.Car les coûts de production en Inde sont trois à quatre fois moins élevés qu'aux États-Unis. Cela permet à Washington d'économiser des milliards de dollars en frais de santé. Rien qu'en 2022, d'après le cabinet de conseil IQVIA, les économies réalisées grâce aux génériques indiens se sont élevées à 219 milliards de dollars.Un pas vers Donald TrumpSi l'objectif de Donald Trump, c'est de relocaliser la production aux États-Unis, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Les Américains ne disposent pas forcément des principes actifs sur leur sol pour fabriquer les médicaments en tant que tels. D'autant que leur deuxième fournisseur, c'est la Chine, pays le plus touché par les mesures du président américain. Devant telle situation, plusieurs géants européens présents en Inde notamment ont annoncé des investissements massifs aux États-Unis, avec l'ambition d'anticiper les hausses des prix. Le laboratoire Roche prévoit 50 milliards de dollars pour renforcer ses capacités de production et de diagnostic sur le sol américain. Novartis de son côté parle de 23 milliards sur cinq ans. Donc pour le moment, si on ne s'en tient qu'aux annonces, le président américain obtient des résultats. Mais pour toutes les raisons que l'on vient de détailler, Washington et New Delhi n'ont pas d'autres choix que de discuter. Le bras de fer est diplomatique, mais aussi économique. On a pu le voir ces dernières heures avec la visite de JD Vance à New Delhi. Sauf que la particularité, c'est qu'à court terme, pour les Américains, il est impossible de remplacer l'approvisionnement indien. Ces produits sont vitaux, car l'Inde est un véritable pilier de la santé aux États-Unis. C'est en fait l'un des meilleurs exemples de produit à demande inélastique, à savoir des produits dont on ne peut pas se passer. La question maintenant, c'est jusqu'à quel prix ! À lire aussiComment l'Union européenne compte éviter les pénuries de médicaments?
Les Réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale commence ce lundi à Washington. Durant cet événement notamment, les acteurs de l'économie de tous les pays se réunissent pour parler de l'état de l'économie mondiale. Sans surprise, cette édition va être marquée par la politique commerciale de Donald Trump. Décryptage. Depuis son retour à la Maison Blanche il y a moins de 100 jours, c'était le 20 janvier, Donald Trump a relancé la guerre commerciale contre pratiquement tous les pays du globe. On le rappelle, tous les produits qui entrent aux États-Unis sont taxés à hauteur de 10%. Cela monte jusqu'à 145% sur certaines importations chinoises. Pékin ne s'est pas fait attendre pour répondre avec une taxation de 125% sur les produits américains. Bref, cette escalade entre les deux premières économies mondiales a des conséquences pour la planète toute entière, ce qui inquiète et le Fonds monétaire international, et la Banque mondiale. Croissance mondiale affectée La directrice générale du FMI l'explique elle-même mais elle reste modérée. Kristalina Georgieva estime aujourd'hui que l'incertitude sur les politiques commerciales mondiales est "hors norme”. Selon plusieurs études du FMI justement, le taux effectif moyen des droits de douane américains atteint désormais environ 20%. Et les conséquences sont très concrètes. Par exemple. le dollar s'affaiblit alors qu'il est perçu comme une valeur refuge. Et puis la croissance américaine en souffre. D'après le Peterson Institute, elle devrait tomber à 0,1% cette année. C'est loin de ce qui était envisagé il y a encore quelques semaines, à savoir 2,5%. Une tendance qui va irrémédiablement avoir un impact sur la croissance mondiale. À lire aussiLe coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondialeToujours d'après la directrice du FMI, il faut se préparer à revoir sa copie car l'institution financière prévoit désormais une révision à la baisse des perspectives économiques mondiales. Le rapport devrait justement être publié cette semaine. Si en janvier, avant l'investiture de Donald Trump, la croissance mondiale pour 2025-2026 était estimée à 3,3%, elle devrait diminuer. Ce chiffre semble aujourd'hui optimiste voire irréaliste car la croissance de la planète aurait dû être stimulée par celle des États-Unis. Or, on l'a dit, elle devrait être pratiquement atone. Un multilatéralisme mis à mal Ce n'est presque plus à prouver, Donald Trump a une vision assez personnelle du multilatéralisme. Le problème, c'est que les États-Unis sont les premiers actionnaires du FMI. Le pays est aussi essentiel dans le fonctionnement de la Banque mondiale puisqu'il y est représenté via 17% des capitaux de l'institution. Et lorsque l'administration Trump remet en cause son rôle dans l'activité de ces deux instances, c'est en effet tout un pan de l'économie mondiale qui est en sursis. À lire aussiSur la piste d'une machine à café pour comprendre les effets des taxes douanières de TrumpL'aide au développement est un secteur très affecté. D'après l'OCDE, elle a diminué de 7% l'an passé. Cette année, elle devrait encore baisser, entre -9 et -17%. Concrètement ce sont des dizaines de milliards d'euros en moins. Les patrons du FMI et de la Banque mondiale appellent ainsi à des réformes profondes de l'économie, plus équilibrée, plus résiliente, avec une priorité: continuer à dialoguer avec toutes les parties, même les États-Unis. Mais pour échanger, il faut être deux, et Donald Trump ne compte visiblement pas faire partie de la discussion.
Le salon de l'automobile de New York s'est ouvert cette semaine avec au cœur des discussions les mesures commerciales de Donald Trump. 25% sur l'acier et l'aluminium, deux matériaux essentiels pour l'industrie, 25% également pour tout le secteur en tant que tel d'ailleurs. Forcément, ça déboussole les constructeurs et cela rebat les cartes pour les géants du monde entier. Décryptage. La logique est implacable et purement protectionniste, Donald Trump souhaite rapatrier la production de véhicules sur le sol américain. L'ambition du locataire de la Maison Blanche, c'est de créer de l'emploi aux États-Unis grâce aux relocalisations et de mettre un coup de frein à la concurrence étrangère. Mais ce plan, qui sur le papier a l'air simple, n'est pas si bénéfique que ça pour les géants américains de l'auto. Les mesures de Donald Trump pourraient même être contre-productives pour le secteur. Tesla face à BYD L'Américain Tesla est très exposé par les nouvelles règles commerciales. Ces surtaxes augmentent ses coûts de production, et cela même pour ses modèles fabriqués localement. Même situation pour les trois grands constructeurs américains que sont Ford, General Motors et Stellantis. Certaines usines de Stellantis d'ailleurs ont dû mettre leur activité sur pause. D'après le Center for Automotive Research, les mesures de Donald Trump vont coûter 108 milliards de dollars à l'industrie automobile américaine rien que pour 2025. À lire aussiPourquoi Donald Trump pourrait faire du mal à la voiture américaineMais le secteur peine déjà à faire face aux constructeurs étrangers. Le géant chinois de la voiture électrique, BYD, a dépassé Tesla en ventes 100% électriques deux trimestres de suite l'année dernière. La particularité, c'est que la Chine est le deuxième marché de Tesla. Face aux mesures de Donald Trump, les appels au boycott peuvent s'y amplifier du jour au lendemain. Les ventes de Tesla dans le pays justement ont plongé de 11,5% en mars dernier pendant que celles de BYD grimpaient dans les mêmes proportions. Avantage comparatif des géants chinois C'est sa force. BYD n'est pas présent aux États-Unis. Le groupe s'est déployé un peu partout, en Europe, en Amérique latine, en Asie évidemment. Paradoxalement, c'est cette stratégie qui est en train de l'immuniser contre les nouvelles surtaxes américaines. Pour faire simple, l'isolement américain devient un avantage stratégique pour la voiture électrique chinoise. BYD pour ne citer que ce constructeur n'a strictement aucun actif ni enjeu sur le sol américain. Résultat, il est à l'abri de la guerre commerciale menée par l'administration Trump. À lire aussiLa Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?Et alors que les autres groupes automobiles sont frappés de plein fouet par ces mesures, les constructeurs chinois peuvent continuer leur progression sur les marchés mondiaux et donc grapiller des parts à leurs homologues américains et a fortiori occidentaux. Cela veut dire que Donald Trump donne sans le vouloir à la Chine un avantage concurrentiel majeur. C'est l'effet boomerang de ses mesures protectionnistes. Ce que l'on constate, c'est qu'en cherchant à imposer sa logique au reste du monde, Donald Trump fragilise les entreprises américaines et encourage les autres à s'émanciper de ce marché. Les chaines d'approvisionnement, elles, qui sont mondialisées sont pour l'heure en train de se désorganiser. C'est d'ailleurs pour cela que le président américain a laissé entrevoir cette semaine la possibilité d'un nouveau revirement concernant les surtaxes sur l'automobile !
Dans un nouvel épisode de la guerre commerciale avec Washington, Pékin a ordonné à ses compagnies aériennes de suspendre les livraisons de Boeing et d'arrêter les achats de pièces d'avion fabriquées aux États-Unis. Après ce coup de tonnerre venant de Chine, c'est l'ensemble du secteur aérien et aéronautique qui retient son souffle. Car les constructeurs, les sous traitants, et les compagnies aériennes pourraient payer très cher les décisions de Donald Trump. Si c'est un véritable coup dur pour Boeing, dont un quart des exportations s'effectuent en Chine, c'est toute une filière qui pourrait se retrouver en difficulté face aux taxes douanières que veut imposer Donald Trump. Celles-ci sont en pause pour trois mois, mais les 10% en vigueur depuis le 9 avril ont déjà commencé à avoir des effets négatifs sur toute une chaine de production très mondialisée.Le risque porte notamment sur l'approvisionnement en composants aéronautiques. Les américains en importent une grande partie de l'Union européenne, et il faut en moyenne trois millions de pièces pour faire un avion. C'est le patron d'Airbus qui le rappelle et cela illustre bien la complexité de la guerre commerciale lancée par Donald Trump pour ce secteur, qui repose sur des échanges incessants entre l'Amérique du Nord et l'Europe.Les américains en première ligne Depuis 1980, un accord international exonérait de toutes taxes les produits aéronautiques civils. La politique tarifaire de Trump va surtout faire du mal aux américains, à Boeing notamment qui achète beaucoup d'équipements en Europe. Certains équipementiers ont d'ailleurs trouvé des astuces pour modifier leur circuit de livraison. Donald Trump a fait une petite concession : les composants aéronautiques importés du Canada et du Mexique ne sont pas taxés. Quant aux compagnies aériennes nord-américaines, elles pourraient, elles aussi, avoir à payer le prix fort. Certaines comme Delta Airlines ont déjà fait savoir qu'elles préfèreraient repousser leurs prochaines livraisons d'avions.Surcoût des avions La compagnie Airbus dont le marché américain représente 15% du carnet de commande, pourrait lui aussi se retrouver en difficulté. L'avionneur européen est en partie protégé, car l'avionneur assemble une proportion de ses avions aux États-Unis ce qui lui permet de contourner certaines taxes, mais l'entreprise reste vulnérable : la plupart des pièces nécessaires à la fabrication notamment de l'A320, l'appareil le plus vendu au monde, sur sa chaine d'assemblage de l'Alabama sont importées et donc taxées. Selon Goldman Sachs, chaque A320 produit aux États-Unis pourrait subir un surcoût de 5 à 6 millions de dollars.Les gros-porteurs d'Airbus sont eux assemblés en France à Toulouse, mais la taxe s'appliquera sur le prix de vente final de l'appareil et la note pourrait être encore plus salée : de 50 à 70 millions de dollars supplémentaires par appareil. C'est une bataille qui s'engage où chacun va tenter de se faire passer la facture. Pour le directeur d'Airbus, il n'y a qu'une seule voie possible : c'est au client qui importe l'avion de payer la note, a affirmé son patron. Mais avec une surtaxe de 20%, il est peu probable que cette facture soit facile à avaler pour les clients.À lire aussiGuerre commerciale: Pékin suspend toutes les livraisons d'avions Boeing
Le secteur du luxe traverse une période compliquée. Les cours boursiers des géants Kering, Hermès et LVMH ont passé leur journée de mardi dans le rouge. Cela fait suite à la publication des résultats du premier trimestre 2025 de LVMH qui sont dans le négatif, -2% de perte de chiffre d'affaires. Décryptage. Le géant français du luxe dirigé par Bernard Arnault, habitué aux bons résultats, vit un moment pour le moins complexe. En particulier, sa division phare, la mode et la maroquinerie, qui fait d'ailleurs briller Louis Vuitton ou Dior, a vu ses ventes chuter : -5%. Là où c'est d'autant plus dur pour LVMH, c'est que les analystes attendaient une légère hausse sur tout le secteur. Ce n'est visiblement pas le cas. Résultat, l'action du premier groupe mondial du luxe a dévissé en bourse. Cela a entrainé tout le secteur dans sa chute. Il s'agit là d'un vrai coup de froid. À lire aussiL'industrie du luxe à un tournant de son histoireL'explication de cette tendance tient en un prénom et un nom : Donald Trump. Car depuis son retour à la Maison Blanche, il a relancé sa guerre commerciale avec une certaine agressivité. Les droits de douane pleuvent sur les importations, y compris sur le champagne, les cosmétiques, les montres et les sacs. Face à une telle situation, le consommateur américain dépense moins. Et quand on sait que le marché outre-Atlantique est le premier débouché mondial des marques du luxe, on comprend l'impact des mesures de Donald Trump. Deux marchés en souffrance D'après une étude publiée ces derniers jours par la société de recherche Bernstein, 32% des dépenses mondiales du luxe se font aux États-Unis et 24% en Chine. À ces seuls deux pays, cela en représente plus de la moitié. Ce que l'on comprend grâce à ces données, c'est que le luxe est en première ligne dans les mesures commerciales de Donald Trump. Pourtant, un de ses représentants, Bernard Arnault est un proche du président américain. Il tente d'ailleurs en personne de dissuader l'administration Trump d'appliquer jusqu'à 200% de taxes douanières sur les vins et spiritueux français mais à quel prix. Il était justement à Washington fin mars. Le groupe LMVH comme d'autres d'ailleurs comme L'Oréal poursuivent leur stratégie pour produire sur le sol américain, comme le souhaite Donald Trump ! Pas de reprise en vue Les mines sont grises car le secteur attendait une reprise américaine pour compenser l'effondrement de la demande chinoise. On le rappelle, la consommation chinoise s'effondre. Selon le cabinet McKinsey, la demande sur le marché du luxe s'y est contractée de 18 à 20% l'an passé. C'est évidemment beaucoup. Sauf que la situation américaine n'est pas aussi bonne que l'avaient prédit les analystes, au contraire. Tous revoient leurs estimations au niveau mondial à la baisse. Toujours d'après la société Bernstein, le secteur pourrait perdre 2 % cette année, là où on s'attendait à une croissance de 5 % il y a encore quelques mois. Pour continuer d'exister, les marques devront peut-être revoir leurs chaînes d'approvisionnement et repenser leurs prix.
Les États-Unis taxent désormais à hauteur de 145% tous les produits chinois importés sur leur sol, sauf les produits issus de la tech, exemptés mais pas complètement. Si l'on en croit l'administration américaine, ça devrait encore changer. Pour comprendre comment fonctionne ces droits de douane et les mécanismes qui s'appliquent, suivons le parcours d'une machine à café. La cafetière, à l'heure du petit-déjeuner, est un élément essentiel. Pratiquement tous les foyers américains en sont équipés. En 2024, il s'en est vendu entre 27 et 30 millions sur le sol des États-Unis, d'après l'Observatoire de la complexité économique. Et si on prend cet exemple, c'est parce que c'est un produit du quotidien, courant, qui est fabriqué intégralement ou en partie en Chine. À lire aussiLes petits producteurs chinois, grands perdants des mesures de Donald TrumpPour comprendre ce qui est en jeu, suivons le parcours de cette machine à café depuis le sol chinois où sa production est sous-traitée, dans des usines très loin des États-Unis donc. Un atelier va fabriquer le réservoir, un autre la carafe, et sans être exhaustif, un troisième va produire la plaque chauffante. Mais il y a une particularité : les fournisseurs ne sont pas tous nécessairement chinois, ils peuvent être d'autres pays asiatiques. Ensuite, toutes ces pièces détachées qui composent notre cafetière vont être regroupées ensemble sur un site d'assemblage en Chine. Coût de production et taxes De ce site chinois va donc sortir la machine à café intégralement construite. À partir de là, quand on additionne toutes ces étapes, on sait combien a coûté la fabrication du produit. On appelle ça son coût de production. Pour en avoir une estimation, regardons le site en ligne Ali Express. Le prix sec de cette cafetière y est de 30 dollars. Elle va maintenant prendre le bateau, direction un port américain. Ajoutons 4 dollars de frais de port. Prix total, 34 dollars. À lire aussiComment Apple tente d'esquiver les droits de douane de Donald TrumpEt c'est là qu'interviennent les mesures douanières américaines. Car pour quitter le port de Shanghai, arriver à Baltimore, et que la cafetière sorte du cargo, l'importateur doit s'acquitter des 145% de droits de douane. Et cela, même si les pièces viennent d'un peu partout : on le disait, le produit est chinois, étant donné qu'il a été assemblé en Chine. Un petit calcul nous permet à présent de déterminer le prix de cette machine à café. On l'a vu, sa valeur est de 34 dollars, avec une taxe à 145%. Son prix grimpe donc de 34 à 83 dollars ! À la fin, qui paie ? Ça ne s'arrête pas là. On peut ajouter les frais de logistique, de stockage, de transport, et la marge du vendeur. On atteint ainsi facilement plus de 100 / 120 dollars. On est loin de la cafetière assemblée pour 30 dollars dans une usine chinoise. L'impact est donc réel pour le consommateur américain. Car si techniquement, on l'a dit, c'est l'importateur qui paie les droits de douane, dans les faits, c'est le consommateur qui absorbe ce coût. Mais au-delà de l'exemple de la machine à café, ce mécanisme s'applique pour bon nombre de produits du quotidien consommés aux États-Unis. On peut penser à l'iPhone évidemment, aux jouets et jeux, mais aussi à tout un tas de matériel électroménager dont les Américains sont ultra-dépendants. Car les tarifs douaniers jouent un rôle clé dans la détermination du prix que l'on paie !
Donald Trump poursuit la guerre commerciale qu'il mène à l'encontre de la Chine. Désormais, le pays est visé par des taxes douanières de 145 %. Cette escalade va frapper de plein fouet les petits producteurs chinois. Ils sont des dizaines et des dizaines de milliers et représentent un secteur vital de l'économie de la Chine : les petits producteurs. Ce sont ces manufactures de taille moyenne qui produisent tout ou partie des biens importés depuis la Chine. On peut notamment penser à des fabricants de vêtements, de sacs, de machines ou encore d'équipements de cuisine. Ces structures, comme le précise le New York Times, ce sont des ateliers familiaux, voire semi-industriels et ils dépendent fortement de la demande internationale. Leur principal argument évidemment, c'est la production à très bas coût, mais avec des droits de douane de 145%, c'est toute la chaîne de production qui s'écroule de la Chine aux États-Unis ! À lire aussiLe reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marchéRentabilité minimale Prenons par exemple un t-shirt qui sort de ces ateliers chinois et qui est à destination de New York. La pièce va être produite, puis prendre un bateau direction les États-Unis. Disons que, symboliquement, tout cela coûte 10 dollars à l'exportateur. Sauf qu'il va devoir appliquer 145% de taxes. La valeur du t-shirt va donc augmenter et passer à 24,5 dollars. À ce montant, il faudra ajouter la marge du commerçant qui vendra ce t-shirt dans sa boutique de Brooklyn. Avec un tel prix, il va être difficile de trouver preneur. Et c'est là que les producteurs chinois souffrent puisque les exportateurs vont essayer de rogner sur le prix du t-shirt. Mais ces structures sont déjà à la limite de la rentabilité, essorées par les grossistes qui tentent d'acheter au prix le plus bas. Ce qui se passe aujourd'hui, ce sont donc des commandes annulées par les importateurs américains. Résultat, la production est bloquée, les stocks s'accumulent sans trouver d'acheteurs. Bref, la perte est sèche pour ces ateliers, ce qui en bout de chaine implique des suppressions d'emplois. À lire aussiLa Chine sur une ligne de crête face à la politique douanière de Donald TrumpQuelles alternatives ? Ces producteurs peinent à trouver des solutions. L'une d'elles serait de se tourner vers le marché chinois. Mais c'est complexe. Le marché domestique est saturé, marqué par une demande en baisse. Difficile donc d'écouler les stocks. On peut imaginer en effet une recherche de nouveaux marchés, mais les volumes sont loin de compenser la perte du marché américain. Car on le précise, l'an passé, ce sont 440 milliards de dollars de produits fabriqués en Chine qui sont arrivés aux États-Unis. Et puis pour ne rien arranger, les entreprises chinoises sont déjà frappées par une surcapacité industrielle, leurs entrepôts débordent ! Pourtant, la Chine réplique aux mesures de Donald Trump. Symboliquement, difficile de rester sans répondre devant de telles décisions. Au niveau national, le gouvernement tente aussi de juguler la situation. L'État notamment vient de recapitaliser les grandes banques qui ne sont pas en forme. Les plans de relance ont permis de soutenir la croissance à court terme, mais la grande question, c'est de savoir comment tout l'écosystème industriel et manufacturier chinois va faire face durant les prochains mois.À lire aussiLa Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?
Les droits de douane réciproques de Donald Trump n'auront été en vigueur que quinze heures. Quinze heures de panique sur les marchés boursiers du monde entier. Mais le président américain a finalement changé d'avis hier. C'est un rétropédalage que le monde n'attendait plus. Mais Donald Trump l'a fait en décidant de faire une pause de 90 jours dans l'application des mesures commerciales à l'encontre des pays du monde, qui restent taxés à hauteur de 10%. À une exception près, sur les importations chinoises qui vont être taxées à 125%. C'est donc la Chine qui paie le prix fort de la guerre commerciale voulue par le président américain. Cela parce qu'hier, on a assisté à une véritable escalade. Après l'entrée en vigueur des mesures américaines, Pékin a annoncé une surtaxe de 84% sur les importations de biens produits aux États-Unis avec application quasi immédiate. Les marchés boursiers se sont affolés, l'Europe a vu rouge, tout comme les indices américains, surtout ! À lire aussiDans la tête de Donald Trump, que veut-il gagner avec sa guerre commerciale?Panique à bord L'une des explications, c'est lorsque Donald Trump a vu le cours de Wall Street dégringoler encore une fois. Pour autant, le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, le réfute et estime que cela fait partie de la stratégie initiale du locataire de la Maison Blanche. Et les résultats sont là. Après avoir annoncé la suspension des droits de douane réciproques pour le monde entier et de s'en prendre encore plus violemment à la Chine, les indices américains ont bondi hier. Le S&P 500, l'indice des 500 plus grandes entreprises américaines, a augmenté de 9,5% et le Nasdaq, qui lui répertorie les valeurs technologiques, a pris 12%. Craintes sur le marché obligataire Et si le président américain a changé d'avis, c'est parce que l'économie de son pays est liée aux marchés financiers. La véritable explication là. Donald Trump lui-même l'a écrit hier soir sur son réseau social Truth. « Je regardais le marché obligataire et certaines personnes commençaient à se sentir un peu fébriles », affirmait-il. Le marché obligataire, c'est grossièrement là où les États se financent via notamment des bons du Trésor. Sauf que les bons du Trésor américain qui étaient considérés comme des valeurs refuges ont connu une hausse très importante de leurs taux ces derniers jours. Comme si, finalement, les États-Unis avaient perdu du crédit auprès des investisseurs, ce qui est risqué pour la première économie mondiale. À lire aussiLe coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondialeDes impacts concrets sur l'économie américaine Et même si Donald Trump et son équipe s'en défendent, on sent tous cas qu'il y a eu panique à bord. Cette instabilité dans cette valeur considérée comme l'une des plus sûres au monde a tout bouleversé. La conséquence directe pour le gouvernement américain, c'est que s'il veut emprunter, le coût de son crédit va augmenter.C'est une très mauvaise nouvelle pour un pays dont la dette fédérale est estimée à 36 000 milliards de dollars. Cela engendrera une hausse des taux d'intérêts, ce qui serait une catastrophe pour Donald Trump, car sur le long terme, ça pourrait contribuer au ralentissement économique américain. Puisque au-delà de la dette, cela va avoir un impact sur d'autres secteurs de l'économie du pays comme l'immobilier. C'est donc cela qui a fait réagir Donald Trump. Il l'expliquait hier, « il faut savoir faire preuve de souplesse » pour inciter les marchés à suivre ses mesures. Visiblement, il s'est appliqué son conseil à lui-même.
Les mesures douanières de Donald Trump sont entrées en vigueur. Ce n'est pas sans conséquences, notamment, pour Apple. Le problème pour la « marque à la pomme », c'est qu'une grande partie de son produit phare, à savoir l'iPhone, est produite en Chine. Décryptage. On les craignait, elles sont désormais entrées en application : les mesures commerciales de Donald Trump à l'encontre de la Chine sont entrées en vigueur ce mercredi 9 avril. Dorénavant, tout produit fabriqué et venant de la Chine arrivant sur le sol américain est taxé à partir d'aujourd'hui à hauteur de 104%. Concrètement pour Apple, si tout à l'heure, une cargaison d'iPhones produits en Chine arrive dans un port américain, l'entreprise devra payer cette surtaxe aux autorités. Et cette surtaxe devrait coûter très cher à Apple, quoique, au bout de la chaîne, c'est le consommateur américain qui en paiera le prix fort. D'après le bureau d'analyses Rosenblatt Securities, le prix d'un iPhone 16 SE devrait passer de 599 à 846 dollars. Cela correspond à une augmentation du prix de 43%. Et forcément, une telle hausse pourrait provoquer un recul de la demande. On estime déjà de 8 à 10 millions d'unités en moins vendues dans le monde sur les prochains mois, ce qui représente tout de même 5% des ventes d'iPhones par an par Apple. Et quand on sait que ce produit représente la moitié des revenus de l'entreprise, ce n'est pas négligeable. À lire aussiDans la tête de Donald Trump, que veut-il gagner avec sa guerre commerciale?Trouver des alternatives, et vite Apple a pris ses précautions. Avant que cette surtaxe n'entre en vigueur, selon le Wall Street Journal, Apple a vidé ses stocks de ses sites d'assemblage. Ces derniers jours, ce sont cinq avions-cargos remplis d'iPhones qui ont quitté la Chine en urgence pour atterrir aux États-Unis. C'est en effet une opération artisanale et éclair pour constituer des stocks et gagner du temps, mais ce n'est pas viable sur le long terme. L'autre solution trouvée par la « marque à la pomme », c'est d'augmenter ses capacités de production dans un autre pays moins concerné par les mesures du président américain. Il s'agit de l'Inde. Les droits de douane sur sa production sont de 26%. Et puis produire en Inde ça permet à Apple de continuer d'utiliser des pièces chinoises sans être soumis aux taxes de Donald Trump. Garder un œil sur les États-Unis Mais Apple pourrait produire aux États-Unis, intégralement, comme le souhaite Donald Trump. Sauf que ça coûte cher, très cher. Un iPhone, c'est 2 000 composants. Les fabriquer sur le sol américain aurait un impact considérable sur les prix. Si on se réfère aux travaux du cabinet de recherche WedBush, un iPhone produit intégralement aux Etats-Unis coûterait 3 500 dollars. C'est trois à quatre fois plus qu'aujourd'hui. A ce prix-là, il serait difficile de trouver des acheteurs. À lire aussiComment les multinationales ont anticipé les droits de douane américainsPour autant, Apple a fait un pas vers les autorités en promettant 500 milliards de dollars d'investissements aux États-Unis. Il existe une marge de manœuvre, notamment en négociant avec l'administration Trump pour éviter de subir trop fortement sa guerre commerciale. Le lobbying entre la Silicon Valley et la Maison Blanche doit être intense. En tous cas preuve que la situation fait peur, le cours d'Apple à la Bourse de New York a perdu plus de 20% depuis l'annonce des mesures douanières du président américain la semaine dernière. Finalement, Apple n'est qu'une illustration de bon nombre d'entreprises américaines qui ont délocalisé leur production et qui sont confrontées à la politique commerciale de Donald Trump !
Les marchés boursiers reprennent des couleurs en ce mardi 8 avril. Marqués par d'importantes turbulences ces derniers jours en raison des mesures tarifaires de Donald Trump, les grandes places boursières se sont fait peur, laissant parfois craindre à une déroute des cours. Décryptage. Un peu de pédagogie pour commencer avec ce petit point sur le système boursier pour bien comprendre de quoi il s'agit. Concrètement, en bourse, ce sont des actions qui sont vendues et achetées. Une action, c'est une part, par exemple, d'une entreprise. Donc si on en achète une, on devient actionnaire, propriétaire en quelque sorte, de l'entreprise en question. Tout l'enjeu demeure dans la valeur de l'action et du montant auquel elle sera achetée ou vendue. Le fonctionnement du système est simple puisque c'est que le marché s'autorégule. La règlementation qui existe n'a pas pour but de maintenir le cours des actions : il est déterminé par des mécanismes d'offre et de demande. Si tout le monde veut vendre et que personne ne veut acheter, les cours vont naturellement baisser. C'est « le jeu ». En revanche, oui il y a une règlementation quand dans ce jeu il y a un problème, à savoir quand le marché est manipulé ou quand une fraude est détectée chez l'un des joueurs. L'ambition est bien de protéger les investisseurs. Un coupe-circuits en cas d'urgence Les mesures du président américain font simplement peur aux acteurs boursiers qui anticipent des craintes d'un blocage de l'économie mondiale. Cette chute du cours des bourses mondiales peut continuer petit à petit mais les marchés vont naturellement se stabiliser et trouver un point d'équilibre qui certes sera bas mais il n'atteindra pas le niveau zéro. C'est un peu ce qu'on voit ce mardi sur les cotations asiatiques. En revanche il existe un frein, un garde-fou. On appelle ça un coupe-circuit. Quand un indice boursier chute trop vite en quelques minutes, les échanges s'arrêtent temporairement. Par exemple pour l'indice des 500 plus grandes entreprises américaine, le S&P 500, c'est quand la chute est de 7%. C'est un peu comme un bouton d'arrêt d'urgence en cas de panique pour laisser aux marchés le temps de respirer et de retrouver la raison. La dernière fois qu'il a été utilisé, c'était en mars 2020 au tout début de la pandémie de Covid. Réguler ou pas, telle est la question On peut naturellement penser qu'il peut être utilisé en cette période car on l'a dit, les cours ont dévissé ces derniers jours. Mais attention, pas de manière brusque et rapide. Ça a duré dans le temps, sur plusieurs heures. Cela veut dire que les échanges boursiers sont restés naturels finalement. La régulation ne peut donc pas empêcher un krach mais elle peut limiter les dégâts, éviter que la chute ne se transforme en effondrement total !
Donald Trump entend taxer tout produit importé sur le sol américain. Et si le président américain assume ce choix pour protéger l'économie des États-Unis, l'effet indirect, c'est que le reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marché. Décryptage. Pour se rendre compte des conséquences des mesures de Donald Trump, un chiffre : 440 milliards de dollars. C'est la valeur des produits chinois importés par les États-Unis l'année dernière. C'est beaucoup. Une illustration vaut mieux que de longues explications, puisque d'après le Centre du commerce international, une paire de chaussures sur trois portées par les Américains a été produite en Chine. La grande question est donc celle-ci : que va-t-il advenir de ces 440 milliards de dollars de marchandises ? À lire aussiLa Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?Car il va inévitablement y avoir un « effet domino ». Toute cette production va devoir trouver des débouchés et être détournée de sa destination principale, à savoir les États-Unis. Certes, une partie devrait selon toute vraisemblance continuer d'arriver sur le sol américain, car les produits chinois sont très bien intégrés dans les chaînes de valeurs du pays. Mais une majorité devrait en effet trouver preneur ailleurs, car avec les droits de douane appliqués par Washington, certaines marchandises vont coûter beaucoup plus cher et risquent d'être moins compétitives que la production locale. L'UE en ligne de mire Mais difficile à dire comment les autres économies peuvent absorber un tel volume. Il y a pourtant quelques pistes, puisque ces dernières années, Pékin a diversifié ses partenaires commerciaux pour éviter d'être trop dépendante des États-Unis. Par exemple, en redirigeant une partie de sa production vers l'Amérique latine et l'Afrique où la demande est très élevée et où les tarifs douaniers sont bas. Mais l'une des régions du monde qui pourrait se retrouver en première ligne, c'est l'Union européenne, car les États européens sont les clients « idéaux » pour toute la marchandise asiatique et a fortiori chinoise, qu'il s'agisse de pièces ou de produits assemblés. Bruxelles l'a d'ailleurs parfaitement intégré. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, estime que les Vingt-Sept ne peuvent pas « absorber la surcapacité mondiale ». Comprenez le volume asiatique. À lire aussiDans la tête de Donald Trump, que veut-il gagner avec sa guerre commerciale?Comment répondre ? Le problème de l'UE est donc double : limiter l'impact des mesures tarifaires américaines et contrer l'offre excédentaire en provenance d'Asie. Car la Chine, grâce aux subventions publiques, a la capacité d'exporter de très grandes quantités, à très bas prix. Résultat, les biens trouveront preneurs facilement, ce qui mettra en difficulté bon nombre de producteurs européens qui, eux, ne pourront pas s'aligner sur les prix de cette concurrence. C'est déjà le cas et ça pourrait empirer. Alors, heureusement des règles existent et Bruxelles compte les utiliser. L'une d'elles via l'Organisation mondiale du commerce, appelée « clause de sauvegarde » peut être activée lorsqu'un pays – ou un groupe de pays dans le cas de l'UE – peut démontrer une augmentation significative des importations dans certains secteurs. L'UE, comme beaucoup d'États du monde, a d'ailleurs dès le premier mandat de Donald Trump pris des mesures pour protéger son économie, craignant un choc commercial. C'est précisément à nouveau ce qui menace l'Europe. Dorénavant, l'enjeu pour l'Europe comme pour les autres économies, c'est la capacité de réaction. Vont-elles répondre au risque d'augmentation de l'offre chinoise par des mesures protectionnistes comme les États-Unis ? Ou discuter, négocier, pour trouver un terrain d'entente entre victimes des mesures américaines ? À lire aussiDroits de douane: vent de panique sur les marchés mondiaux face à l'inflexibilité de Trump
Les cours boursiers mondiaux dévissent depuis l'annonce des mesures commerciales de Donald Trump. Personne n'est épargné, pas même les marchés américains qui subissent leurs plus fortes baisses depuis mars 2020 et le Covid. On a beaucoup analysé les conséquences, mais revenons aux faits. Pourquoi Donald Trump a-t-il déclenché cette guerre commerciale ? Que peuvent y gagner les États-Unis ? Décryptage. Comme très souvent en économie, à question simple, attendez une réponse un peu plus compliquée ! Donald Trump veut tout simplement rendre l'Amérique encore plus puissante comme il le martelait d'ailleurs durant sa campagne électorale. Traduisez : plein emploi, croissance forte, donc plus de productions sur le sol américain ou encore tenter d'atteindre l'autosuffisance. Et cela à tout prix. Voilà sa boussole, et pour atteindre ses objectifs, il utilise les outils et les mécanismes économiques qui lui semblent les plus opportuns. Logique protectionniste L'un de ses outils préférés, ce sont les droits de douane. Taxer, taxer et encore taxer. Voilà la solution que Donald Trump a trouvée pour réduire le déficit commercial américain qui, on le rappelle, est de pratiquement 1000 milliards de dollars. Pour lui, c'est un signe de faiblesse des États-Unis. En taxant, il entend limiter les importations et donc rééquilibrer la balance commerciale. La conséquence, toujours selon Donald Trump : plus d'investissements — du monde entier – sur le sol américain, pour y augmenter la production et donc créer de la richesse et des emplois, avec au bout de la chaine, des rentrées fiscales fédérales plus importantes. En fait, c'est une logique protectionniste. À demande égale, si l'on suit le président américain, l'offre américaine va remplacer l'offre du monde entier. Quelles conséquences ? C'est ce qu'il avait d'ailleurs entrepris durant son premier mandat, et ça n'a pas spécialement fonctionné. Selon la Réserve fédérale de New York, entre 2018 et 2019, avant la pandémie de covid donc, la guerre commerciale de Donald Trump a coûté en moyenne 850 dollars par an à chaque foyer américain. Ce que l'on comprend c'est que sur le court et moyen terme, le premier impact visible sera une hausse du niveau général des prix. Le niveau de vie des États-uniens va donc diminuer en raison d'une inflation que beaucoup d'économistes annoncent importante. Pourtant, Donald Trump l'a encore affirmé ce jeudi 3 avril, les États-Unis ressortiront « forts » de cet épisode. Jouer avec le dollar Le président américain met ainsi la pression au monde entier, et comme souvent, en cassant les codes et en sortant du système, il incite à négocier. Sauf qu'il prend un risque. Beaucoup de pays ne sont pas dans cet état d'esprit et entendent eux aussi se défendre en augmentant les tarifs douaniers pour taxer les produits importés depuis les États-Unis. Et puis il y a un point essentiel : le dollar ne cesse de perdre de sa valeur, et c'est sûrement l'un des éléments clés de la stratégie de l'administration Trump. À lire aussiGuerre commerciale: «C'est 25 ans d'histoire commerciale qui sont en train de s'achever»Ses mesures engendrent une baisse du billet vert. Cela peut soutenir l'agressivité tarifaire américaine. La monnaie étant moins forte, il est plus facile d'exporter et moins d'intéressant d'importer. Donc naturellement, cela tend à réduire le déficit commercial américain. Voilà pour la théorie de Donald Trump. Un peu trop simpliste pour beaucoup d'économistes. Ce qui est sûr, c'est que jouer avec le dollar, la monnaie mondiale de référence, c'est là encore changer la donne pour le monde entier. Finalement, pour revenir au point de départ, si Donald Trump veut rendre l'Amérique encore plus grande, il le fait au détriment du reste du monde. Et dans une économie globalisée, ultra-connectée et interdépendante, c'est l'effet boule de neige. C'est-à-dire que les conséquences seront elles aussi globalisées !
Donald Trump a donc déclaré une guerre commerciale au monde entier. Le président américain a lancé son offensive ce mercredi 2 avril et personne n'est épargné, amis comme ennemis. Dix pour cent minimum et parfois plus pour certains, comme la Chine, le Vietnam, le Cambodge. Le Brésil fait partie des « chanceux », concerné que par une hausse de 10%. Décryptage. Avant toute chose, il convient de rappeler que le Brésil et les États-Unis sont économiquement liés. Les États-Unis sont les premiers investisseurs dans la plus grande économie d'Amérique latine. Le Brésil est d'ailleurs l'un des grands exportateurs de la région. On peut citer notamment le soja, le bœuf, le poulet ou l'acier. Les Américains en importent d'ailleurs beaucoup. Mais la balance commerciale entre les deux pays est excédentaire côté Américains, ce qui est un atout pour Brasilia. À lire aussiÉtats-Unis: Donald Trump déclare la guerre commerciale au mondePas dans la ligne de mire de Donald Trump En effet, Donald Trump vise en priorité les pays qui exportent vers les États-Unis plus qu'ils n'importent. Le Brésil peut donc profiter de cette situation. Le président Lula l'a d'ailleurs parfaitement intégré. Il ne veut pas mettre un terme au dialogue avec Washington. Preuve en est, la semaine dernière, une mission brésilienne était dans la capitale américaine pour échanger avec l'administration Trump. Cela n'empêche pas le Brésil pour autant de répondre avec le vote il y a quelques heures par le Parlement d'une loi de riposte aux mesures américaines. Mais le gouvernement brésilien a su nouer aussi d'autres partenariats qui lui permettent précisément de ne pas trop en souffrir. Aller voir ailleurs ! Parmi ces nouvelles relations, la Chine. Pékin est d'ailleurs devenue le premier partenaire commercial du Brésil. Les deux échangent beaucoup. Les entreprises brésiliennes exportent du soja, du poulet, du bœuf notamment. Et c'est là que ça devient intéressant, puisque ça ne vous a pas échappé, la Chine est particulièrement visée par les États-Unis. Pékin justement a répondu en augmentant les taxes sur les produits agricoles américains stratégiques comme le soja et la viande. La Chine peut donc trouver dans le Brésil une alternative viable pour ses besoins de biens de consommation courante. Les entreprises chinoises, et c'est la contrepartie évidemment, sont présentes sur le sol brésilien et y investissent beaucoup dans la construction d'infrastructures essentielles à l'activité économique comme des routes, des voies ferrées ou des ports. Une opportunité avec des risques Si on ne s'en tient qu'au poulet et aux œufs brésiliens, les exportations de ces deux produits vers la Chine explosent. Entre 9% et 20% de hausse par rapport à l'an passé. Preuve que la confiance est là, l'indice boursier brésilien, basé principalement sur les matières premières, a progressé de 9% ces dernières semaines, cela alors que les principaux cours mondiaux sont dans le rouge. Mais si cette conjoncture semble bénéfique à court terme, sur un temps plus long, elle expose le Brésil à une forte dépendance de la Chine. Et si les relations sino-américaines s'améliorent, c'est tout l'équilibre qu'on vient d'évoquer qui deviendrait instable. Les autorités brésiliennes jouent ainsi sur plusieurs tableaux. Récemment, elles ont signé de nouveaux accords avec le Japon ou encore avec les Européens dans le cadre de l'accord Mercosur. Une situation qui permet au pays de renforcer sa position sur la scène commerciale internationale et de stimuler sa croissance économique ! À lire aussiLe coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondiale
Le président américain le promet : mercredi 2 avril, c'est « Jour de libération ». Donald Trump va annoncer de nouveaux droits de douane et personne ne semble épargné. Il s'agit là d'un nouveau tournant dans sa guerre commerciale qui pourrait très cher à l'économie mondiale. Le montant peut donner le tournis : 1 400 milliards de dollars, voilà le coût à l'échelle internationale des différentes mesures de Donald Trump et notamment sa volonté d'imposer à hauteur de 25 % toute importation sur le sol américain. D'après cette étude menée par l'Université d'Aston au Royaume-Uni, ce scénario frapperait dans un premier temps de plein fouet les États-Unis.Mais les partenaires économiques des Américains seraient aussi durement touchés. C'est d'ailleurs toute l'ambition de Donald Trump, frapper au portefeuille les économies avec lesquelles les États-Unis ont un déficit commercial. Si cette escalade protectionniste permettrait à certaines industries locales américaines de voir une hausse de leur production à court terme, la contrepartie, ce sont bien les représailles des partenaires commerciaux clés. Le Mexique, le Canada et l'Union européenne, pour ne citer qu'eux, ne comptent pas rester sans réponse.Résultat, toujours d'après l'étude de l'université d'Aston, cela provoquerait une chute des exportations américaines pouvant dépasser les 43 %.À lire aussiDroits de douane, barrières non tarifaires, mesures de rétorsion: les mots du protectionnismeLe consommateur américain en première ligneMais qui dit guerre commerciale dit mécaniquement une hausse des prix sur les produits importés, y compris les biens de consommation courante. Côté entreprises, mêmes causes, mêmes effets. Elles pourraient voir leurs chaines d'approvisionnement perturbées avec une hausse du coût de production. Certaines ne pourraient pas faire face et celles qui tiendront le coup augmenteront mécaniquement leurs prix. Bref, la spirale inflationniste tournerait à plein et les premières victimes de ces mesures seraient les Américains eux-mêmes.Pourtant, c'est tout ce que Donald Trump ne veut pas. Mais le président américain l'expliquait à son arrivée à la Maison Blanche, il y aurait « des perturbations » mais que « cela ne durerait pas ». Pour le moment, la dynamique semble lui donner tort.Le monde financier s'inquièteL'activité boursière est directement touchée, elle aussi, par les mesures, ou du moins les plans, de Donald Trump. L'indice des 500 plus grandes entreprises américaines, le S&P 500 vient de connaitre l'un de ses pires trimestres en trois ans. Le risque de récession, à savoir un ralentissement du rythme de la croissance, est de plus en plus important d'après la banque d'affaire Goldman Sachs. Baisse de la croissance et inflation pourraient ainsi motiver la banque centrale américaine de revoir ses taux d'intérêt pour tenter d'endiguer la crise, sans garantie de succès.En jouant la carte de l'Amérique d'abord, Donald Trump met certes un coup de pied dans le système, mais beaucoup de spécialistes considèrent qu'il se met aussi des œillères. Car au jeu de l'escalade de représailles, aucune économie ne sort gagnante, pas même celle qui a initié la guerre commerciale. La question est donc toujours celle-ci : jusqu'où ira Donald Trump dans ses mesures à l'égard des partenaires historiques des États-Unis sans que les Américains en subissent de plein fouet les conséquences ?À lire aussiComment les multinationales ont anticipé les droits de douane américains
Plus de 32 000 migrants ont été arrêtés lors des 50 premiers jours du mandat de Donald Trump. En revanche, malgré les annonces du président américain, les expulsions sont pour l'instant stables par rapport au mandat de Joe Biden. En effet, il faut du temps pour organiser les vols retour et certains pays refusent de recevoir des migrants expulsés. Nombre d'entre eux attendent donc dans des centres de rétention aux États-Unis. Ce qui fait les affaires de grands groupes privés gérant ces centres. C'est une particularité des États-Unis : la majorité des lits des centres de rétention ne sont pas gérés par l'État mais par des entreprises à but lucratif, qui gèrent aussi certaines prisons. Les deux géants du secteur s'appellent GEOgroup et CoreCivic. L'essentiel de leur activité se fait aux États-Unis (mais GEOgroup a aussi des contrats en Australie ou encore en Afrique du Sud). Leur chiffre d'affaire annuel se compte en milliards de dollars. Ils sont côtés en bourse et le prix de leurs actions a grimpé en flèche au lendemain de l'élection de Donald Trump. Leur cours est resté très élevé depuis, car ils s'attendent à recevoir encore plus de migrants arrêtés.Doubler le nombre de litsLes centres sont actuellement plein à près de 90%. Et le « Monsieur frontières » de Donald Trump, Tom Homan, a annoncé qu'il veut plus que doubler le nombre de lits pour répondre aux besoins du plan d'expulsion à grande échelle de la Maison Blanche. Une série de contrat a été conclue récemment. GEOgroup est en train de rouvrir un centre de rétention dans le New Jersey, qui devrait lui rapporter 60 millions de dollars par an, sur 15 ans. CoreCivic, de son côté, a annoncé il y a deux semaines en rouvrir un au Texas, avec 2400 places. Cette période est « parmi les plus palpitantes de ma carrière », estimait en février son PDG, cité par le New York Times. Il s'attend pour les prochaines années à une forte croissance pour l'entreprise.Soutien à la campagne de Donald TrumpCes groupes ont contribué à la campagne de Donald Trump à hauteur d'au moins un million de dollars, d'après ABC News. Un montant loin de pouvoir changer le cours des élections aux États-Unis. Néanmoins, il est à noter que les compagnies du secteur ont récemment changé de stratégie. Habituellement, elles donnaient presque autant aux candidats démocrates. Cette fois-ci quasiment tous leurs dons sont allés au camp du futur président.Retournement de situationLes perspectives n'ont pas toujours été aussi bonnes pour les compagnies du secteur. Il y a quatre ans encore, de grandes banques s'étaient engagées à cesser de les financer, après une forte mobilisation contre ces entreprises, accusées de profiter du malheur des migrants. Des inspections ont également révélé l'insalubrité de plusieurs centres et prisons, ou encore un manque d'accès aux soins. Des plaintes ont par ailleurs été déposées pour travail forcé car des détenus doivent parfois travailler pour seulement un dollar de l'heure. Le vent aura donc fini par tourner. Il y a deux ans, Bank of America et la banque Wells Fargo ont assoupli leur conditions d'emprunt. Enfin, Joe Biden, malgré ses promesses de campagne, a finalement maintenu lors de son mandat la plupart des contrats entre l'État et ces groupes privés.
On s'intéresse ce matin à un vieux serpent de mer, le changement d'heure. Car ça ne vous a pas échappé, dans la nuit de samedi à dimanche, les Européens passent à l'heure d'été pour passer d'une à deux heures de plus par rapport au temps universel que l'on connait bien ici à RFI. Deux fois par an, on avance ou on recule les aiguilles de sa montre. Mais au-delà de cette manœuvre d'horlogerie, cette mesure a des conséquences économiques. Décryptage. Pour comprendre cette idée du changement d'heure, il faut remonter dans les années 70. L'Europe, et a fortiori la France, traversent une grande crise pétrolière. En 1975, devant la hausse du prix du fioul qui était très utilisé pour produire de l'énergie, chauffage et lumière, il a été décidé de changer d'heure afin de réduire le temps d'éclairage artificiel. Réduire ces besoins a été bénéfique sur la consommation d'électricité nationale. À ses débuts, la mesure a permis d'économiser jusqu'à 1200 gigawatts/heure par an. Pour vous faire une idée, c'est l'équivalent de la consommation annuelle en éclairage de plusieurs millions de foyers.D'autres pays ont fait aussi ce choix du changement d'heureÀ l'échelle européenne, il y a eu une harmonisation de cette mesure en 1988, l'objectif étant le même : réduire la consommation d'électricité et donc payer moins. Le monde a d'ailleurs pris cette idée au sérieux. Aujourd'hui par exemple, une grande partie des États-Unis change encore d'heure au printemps et en hiver. Mais la mesure est contestée et globalement abandonnée. Le Mexique y a mis fin il y a deux ans... L'Argentine, la Russie, la Tunisie, la Turquie, l'Égypte et l'Arménie, pour ne citer qu'eux, ont aussi décidé d'abandonner les changements d'heure saisonniers.Pourquoi ce changement d'heure est de plus en plus boudé ?Tout simplement parce que les gains sont marginaux, voire dérisoires. En France, ces dernières années, d'après les travaux de l'agence de la transition écologique, ce changement d'heure a fait économiser autour de 350 gigawatts/heure, quatre fois moins qu'en 1980. Cela s'explique par l'amélioration continue de la performance des systèmes d'éclairage et de meilleures politiques énergétiques. Au sein de l'Union européenne d'ailleurs, une proposition pour supprimer ce système a été votée en 2019, mais elle n'a jamais été appliquée puisque les États membres doivent d'abord se coordonner, et ils ont d'autres priorités !À lire aussiHeure d'été: la fin du changement d'heure tarde à s'appliquer au sein de l'UEChanger d'heure perturbe l'économie et la finance mondialeAu-delà de la consommation d'énergie, cela représente des coûts. Et oui, les systèmes informatiques tout comme les horaires de transport doivent être réajustés. Cette manœuvre peut engendrer des surcouts et des perturbations dans l'activité des organisations. Et puis au sein de l'UE, si chaque pays décide de son heure, cela peut avoir des conséquences sur le marché intérieur, notamment pour faire des affaires.Et géographiquement, si la Belgique et la France ont une heure de décalage, cela peut paraitre, vous en conviendrez absurde. Quoi qu'il en soit, si pendant longtemps cette mesure a été perçue comme efficace pour les économies d'énergie, elle semble aujourd'hui à bout de souffle. La production d'énergie évolue, les modes de consommation aussi. Le changement d'heure est aujourd'hui plus un choix politique et de société qu'un levier économique majeur !
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump multiplie les annonces chocs visant la communauté scientifique. Coupes budgétaires brutales, licenciement de centaines d'employés des agences fédérales chargées du climat ou de la santé, censure de certains sujets dans les recherches subventionnées, ces annonces font peur aux chercheurs qui peuvent trouver en l'Europe une terre d'accueil. Décryptage. L'heure n'est pas à la fête dans les centres américains de recherche. Les annonces de Donald Trump font peur à ces scientifiques. Beaucoup doutent de leur capacité à travailler sous le second mandat du magnat de l'immobilier. Et cette situation a des conséquences économiques. Les nombreuses décisions de l'administration de Donald Trump, comme le récent gel des recrutements, vont, sur le long terme, affaiblir le niveau de recherche et d'innovation. Concrètement, si vous baissez le budget pour ces secteurs, les résultats vont être beaucoup plus limités et donc la compétitivité américaine pourrait en pâtir. Par ailleurs, une équipe gouvernementale perçue comme hostile à la science peut tempérer les ambitions des entreprises de haute technologie ou de santé, qu'elles soient américaines ou pas d'ailleurs, avec pour conséquence moins de capitaux investis dans le secteur. Bref, tout l'inverse de la politique et de l'ambition qu'affiche le président américain ! À lire aussiÉtats-Unis: quelles sont les recherches scientifiques que Donald Trump accuse de «wokisme»?Une chance pour l'Europe Ces chercheurs pourraient trouver refuge sur le continent européen pour continuer leurs travaux. L'Union européenne dispose d'ailleurs de différents programmes de recherches comme Horizon Europe dont le portefeuille est de 95,5 milliards d'euros pour 2021-2027, ou encore le conseil européen de la recherche. Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, près de 400 chercheurs militent pour la création d'un fonds européen de 750 millions d'euros par an. Certains pays comme l'Allemagne, les Pays-Bas ou la France ouvrent déjà leurs portes à ces chercheurs américains. Plusieurs grandes écoles renommées françaises l'ont fait, comme l'école Centrale Supélec, l'université PSL ou encore l'université d'Aix-Marseille qui met 15 millions d'euros sur la table pour les accueillir via son programme « Safe Place for Science ». À lire aussiLa France se déclare prête à accueillir les chercheurs mécontents des politiques menées par TrumpDes retombées économiques importantes La France travaille sur des mesures concrètes pour faire venir des chercheurs américains. D'après le journal Les Echos, le gouvernement pourrait créer un fonds de 100 millions d'euros. L'intérêt économique est fort, car d'après l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques, il y a un effet multiplicateur dans la recherche. Chaque euro qui y est investi attire en moyenne deux à trois euros de retombées économiques. L'enjeu réside dans l'attractivité de l'Europe, car elle n'a pas forcément tous les arguments et les atouts pour faire venir ces cerveaux. Le niveau de financement européen est plus faible qu'aux États-Unis, et le niveau de rémunération en Europe est bien moindre qu'outre-Atlantique. Pensons aussi à la bureaucratie lourde du continent. L'argument n'est donc pas là et peut naturellement dissuader les chercheurs américains. Mais l'Europe a d'autres atouts en revanche, avec un écosystème capable de les accompagner. Car sur le long terme, il faut voir cette arrivée de cerveaux comme un investissement rentable. Des dizaines d'emplois sont créés autour de travaux de recherche qui peuvent générer des innovations, des brevets et donc de la valeur ajoutée sur le long terme. Il peut aussi y avoir un effet boule de neige : les talents attirent les talents, et l'Europe peut ainsi se démarquer sur des domaines essentiels comme l'intelligence artificielle, la cybersécurité, le climat ou la santé. Et ça, les pays européens semblent l'avoir compris à l'heure où l'UE entend réduire sa dépendance aux États-Unis ou à la Chine !
La Russie organise à partir de mercredi 26 mars le Forum international de l'Arctique. Un évènement pour parler du futur de cette région de 27 millions de kilomètres carrés, à la fois de sa gouvernance et de tout l'enjeu économique qu'il revêt. La carte postale est belle, une étendue de glace à perte de vue. Mais en dessous de cet or blanc, l'Arctique recèle d'immenses gisements de pétrole, de gaz naturel ou encore de minerais rares. D'après l'Institut d'études géologiques des États-Unis (USGS), c'est en moyenne un quart des réserves mondiales d'hydrocarbures restant à découvrir qui s'y trouvent. C'est beaucoup, et les pays voisins de ce continent l'ont bien intégré. D'abord la Russie, en y organisant notamment ce forum de l'Arctique à Mourmansk et en y investissant massivement dans l'extraction offshore. Mais les États-Unis l'ont également compris, d'où le projet du président américain Donald Trump d'acheter le Groenland pour que cette île et ses ressources deviennent américaines.À présent, équipons-nous d'un globe terrestre afin de comprendre ce qu'il se joue au pôle Nord. Si on le fait tourner, on voit que ce sont six nations qui bordent les eaux arctiques : le Canada, les États-Unis, la Russie, l'Islande, la Norvège et le Danemark par le Groenland. Ce sont ainsi ces six États, ainsi que la Suède et la Finlande qui font partie du conseil de l'Arctique. Cette organisation constitue l'enceinte politique de coopération régionale au sujet de ces 27 millions de kilomètres carrés. Ce sont autant d'États qui sont concernés par ce qu'il s'y joue. À lire aussiCanal de Panama, Canada, Groenland: le rêve expansionniste de Donald TrumpNouvelle route maritimeDu côté de Moscou, on ne s'en cache pas : la région est l'une de ses priorités. L'Arctique russe représente près de 7 000 kilomètres de côtes, soit toute sa frontière Nord.L'enjeu est primordial, notamment pour le passage de bateaux. Selon l'observatoire Copernicus, l'Arctique européen est la région qui se réchauffe le plus au monde. La fonte des glaces ouvre une autoroute maritime : la route maritime du Nord.Parce que la terre est ronde, reprenons notre globe pour nous faire une idée. À l'Est, en longeant les côtes russes, on arrive au détroit de Bering et aux ports chinois, japonais ou encore sud-coréens : 38 millions de tonnes de marchandises y ont transité l'an dernier. C'est un record, mais c'est dérisoire par rapport au 1,5 milliard de tonnes qui passent par le canal de Suez. Et par l'Ouest, en longeant cette fois les côtes canadiennes, l'Europe a accès à l'Asie sans passer par le canal de Suez.Ces routes sont plus courtes car comme la Terre est ronde, les distances sont réduites aux pôles. C'est donc plus rapide, d'une à deux semaines, et par conséquent moins cher.Par ailleurs, un nouvel acteur y investit beaucoup : la Chine. Le pays pourrait y voir une nouvelle route de la soie, mais polaire. D'autant qu'avec les sanctions occidentales conséquentes à la guerre en Ukraine, Moscou échange beaucoup avec Pékin. La Chine est d'ailleurs le premier acheteur sur le long terme de ressources de l'Arctique russe. Car finalement, au-delà de la question économique, l'Arctique représente un enjeu géopolitique majeur. Et paradoxalement, cette large étendue de glace est en effet l'un des points chauds de tensions internationales.
L'Office européen des brevets publie mardi 25 mars son baromètre annuel. Les brevets prouvent l'investissement dans l'innovation, qui en Union européenne semble être dynamique. Les brevets sont des droits de propriété industrielle qui permettent de protéger une invention dans un temps et un territoire donné. Dans notre cas, il s'agit du continent européen. Si une entreprise ou personne met au point une technologie et qu'elle pense être la seule à l'avoir trouvée, elle dépose cette innovation moyennant finance évidemment. Après étude de son dossier, on lui délivre ce brevet, empêchant que toute autre entreprise se déclare détentrice de cette innovation.Après plusieurs années en hausse, la tendance est plutôt stable, puisqu'en 2024, ce sont pratiquement 200 000 demandes de brevets qui ont été déposées à l'OEB, office européen des brevets. Pour la première fois, ce sont les technologies informatiques qui prennent la tête de ce baromètre. Le secteur est porté par l'intelligence artificielle, car ces brevets concernent notamment l'apprentissage automatique et la reconnaissance des formes. Un autre domaine est par ailleurs en forte croissance, celui des batteries électriques, poussées par la transition énergétique. C'est d'ailleurs ce pôle qui enregistre la deuxième plus grande demande de dépôt de brevets. Chacun y trouve son compte Sans surprise, les champions de l'innovation en Union européenne sont des grandes entreprises... mais qui ne sont elles-mêmes pas européennes, paradoxalement. On notera, par exemple, les coréennes Samsung et LG ou la chinoise Huawei. Car pour se protéger sur le sol européen, ces grands groupes qui opèrent dans le monde entier y déposent leurs brevets comme ils le feraient ailleurs, afin de ne pas être doublés.Autre particularité également : les petites et moyennes entreprises recourent à ce système de brevet pour stimuler cette innovation et se protéger.Le succès du brevet unitaire Mais on le précisait, déposer un brevet a un coût non négligeable pour ces structures. Pour faciliter l'opération, un brevet unitaire a été mis en place et il rencontre un grand succès. Plébiscite total pour ce brevet unitaire entré en vigueur en 2023. Si vous le sollicitez, vous ne faites qu'un dossier qui sera valable dans 18 États membres. Plus rapide, moins contraignant et surtout moins cher pour les entreprises : +54 % de déposants entre 2023 et 2024. Cette initiative a d'ailleurs vocation à attirer encore plus en Europe.C'est d'ailleurs l'essentiel : l'Europe continue d'attirer. Grâce au nombre de brevets déposés, on peut comprendre que la tendance semble montrer un vrai dynamisme dans l'innovation européenne. Cela faisait d'ailleurs partie de recommandations des rapports Draghi et Letta, publiés ces derniers mois. À l'heure où l'Europe veut renforcer sa souveraineté, notamment technologique, chaque brevet compte. Car la question est maintenant de savoir si l'innovation va s'amplifier sur le continent et si les politiques publiques européennes vont payer.
Bassirou Diomaye Faye est arrivé à la présidence du Sénégal il y a un an. L'occasion de faire un premier bilan de son action sur l'économie du pays, car quand il est entré en fonction, il avait beaucoup d'ambitions pour réformer le Sénégal. Décryptage. Bassirou Diomaye Faye souhaitait mener une transformation systémique du Sénégal. Ce sont les mots de ses ambitions en menant tout un tas de réformes, dont celle du service public. Car quand il est arrivé à la tête du Sénégal, la croissance était soutenue : aux alentours de 5-6 % par an. Le pays attendait les revenus des investissements réalisés sous son prédécesseur, Macky Sall, et notamment dans le secteur pétrolier et gazier. Mais il a dû aussi compter avec une dégradation des comptes publics et un fort taux de chômage, surtout chez les jeunes, situation couplée à un coût de la vie très élevé.Et justement, très vite, Bassirou Diomaye Faye a joué la carte de la transparence sur le sujet en commandant à la cour des Comptes un audit sur les finances du Sénégal. Dix mois de travail ont été nécessaires avant que les conclusions soient rendues publiques. Et elles sont claires : la dette est plus importante qu'annoncé, autour de 100 % du PIB. Le déficit budgétaire est quant à lui aux alentours de 12 % du PIB.Une transparence non sans conséquences L'agence de notation Moody's a immédiatement dégradé la note du pays à B3, deuxième dégradation pour cette agence en seulement quelques mois. De même pour Standard & Poors. Cela veut dire que si l'État veut emprunter, cela lui coutera plus cher en raison de taux d'intérêt plus élevés sur les marchés. Et puis les investisseurs étrangers, voyant les notes baisser, peuvent être dissuadés de faire des affaires au Sénégal. Mais l'exécutif assure garder le contrôle de la situation et espère renouer très vite avec le FMI qui a suspendu son programme à la suite des résultats de l'audit.Bassirou Diomaye Faye a aussi besoin d'une reprise rapide des décaissements pour appliquer son plan. Le président souhaite que le Sénégal renforce sa souveraineté économique et son indépendance financière. Il entend par là renégocier autant que possible les contrats pétroliers, gaziers et miniers pour que l'État obtienne une plus grande part des revenus. Il envisage une réforme fiscale et a aussi rappelé sa volonté d'abandonner le franc CFA, même si à ce jour aucune mesure n'a été dévoilée.Bassirou Diomaye Faye entend également redonner la priorité à l'agriculture et répondre aux besoins immédiats de sa population. Par exemple, en juin dernier, le gouvernement a annoncé une baisse des prix des denrées alimentaires comme le riz, l'huile, le sucre et le pain.À lire aussiGrand invité Afrique: Ayib Daffé: «La bonne gouvernance et la lutte contre la corruption sont les priorités du président Diomaye Faye»Une feuille de route pour les trente prochaines années Toutes ces mesures sont inscrites dans le plan Sénégal 2050. Une stratégie notamment tournée vers l'exploitation des ressources fossiles. Le Sénégal espère atteindre une production de 100 000 barils de pétrole par jour et va aussi profiter d'une partie des revenus du champ gazier GTA partagé avec la Mauritanie. Concrètement, grâce à l'argent du pétrole, il veut diversifier l'économie du pays. Bassirou Diomaye Faye qui souhaite en effet impulser une rupture avec la présidence passée en s'appuyant sur la meilleure valorisation des ressources locales. Transparence et rigueur semblent être ses boussoles. Les promesses sont fortes et ambitieuses, mais les défis restent nombreux et le chef de l'État doit trouver un équilibre entre rassurer les investisseurs étrangers, assainir les comptes publics et mettre fin à la cherté de la vie.
L'IFPI, la fédération internationale de l'industrie phonographique a publié les chiffres de l'industrie pour 2024 et ils sont bons. Le secteur poursuit sa croissance pour la dixième année consécutive, porté par les plateformes d'écoute en ligne. Décryptage. Le marché de la musique se porte bien. Il pèse aujourd'hui à peu près 30 milliards de dollars à travers le monde. La tendance est à la hausse. Une progression qui repose essentiellement sur le streaming, puisque ces plateformes d'écoute comme Spotify, Apple Music, YouTube Music ou Deezer représentent plus de deux tiers des revenus du secteur. Le nombre d'abonnés payants à une plateforme de ce type est justement aussi en augmentation. Dans ce rapport de la musique mondiale publié par l'IFPI, on voit cette tendance prendre de l'ampleur. Oui le consommateur paie pour écouter de la musique. Illustration aux États-Unis où les 100 millions d'abonnements au streaming musical payant ont été atteints. Et puis la plateforme Deezer a vu son chiffre d'affaires augmenter en 2024, lui permettant pour la première fois de son histoire d'atteindre son seuil de rentabilité, c'est-à-dire le montant de chiffre d'affaires nécessaire pour que les recettes de l'entreprise soient au moins égales à ses dépenses. Une stratégie payante Plusieurs pistes d'explications à cette dynamique. Déjà, certaines régions du monde, jusqu'ici peu intéressées par ces plateformes, le sont aujourd'hui. Le nombre d'abonnements y a explosé en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Sur ces trois zones, cette croissance est d'environ 22-23%. En comparaison, aux États-Unis, elle n'est que de 2%. Certains des plus grands marchés atteignent donc un point d'adoption relativement élevé, ce qui signifie que la croissance des nouveaux abonnés a été plus lente. Par ailleurs, les stratégies des plateformes portent leurs fruits. Elles se repositionnent petit à petit afin que l'on s'abonne pour écouter de la musique. Avec un simple abonnement, Deezer notamment, propose une expérience client premium, en organisant, par exemple, des jeux concours pour assister aux concerts de vos artistes préférés, voire les rencontrer dans le cadre d'événements chapeautés par la marque, à destination de ses clients évidemment. À lire aussiLes plateformes de streaming à l'assaut de l'intelligence artificielleLe poids de l'intelligence artificielle Il faut aussi souligner le travail des maisons de disques qui jouent un rôle-clé dans le succès des artistes et par extension des plateformes, tendance amplifiée par les réseaux sociaux. Avec un enjeu colossal, ne pas se laisser dépasser par l'intelligence artificielle. Le sujet préoccupe d'ailleurs les plateformes. Sur Deezer, une chanson sur dix mise en ligne par semaine est générée, en partie ou en intégralité par l'IA. Et dans un marché où plus d'un million de titres sont publiés chaque semaine, difficile de surveiller si chaque morceau est issu de la créativité humaine ou pas. Certaines plateformes mettent d'ailleurs en place des barrières pour d'une part limiter ces initiatives et d'autre part, éviter à des robots d'amplifier le nombre d'écoutes de chansons, ce qui implique une rémunération. Les géants du secteur vont donc devoir trouver un équilibre entre prix compétitifs, séduire de nouveaux clients et protéger les artistes !
Les ministres français de l'Économie et des Armées reçoivent, ce jeudi 20 mars, les investisseurs privés et les industriels de la défense. Objectif de ce rendez-vous : mobiliser des financements pour le secteur, cela alors que l'Union européenne entend se réarmer face à la menace russe. À l'ordre du jour, trouver les financements pour mener à bien ce projet. Décryptage. L'objectif est ambitieux pour la France. Aujourd'hui, les dépenses de la défense tricolore s'élèvent à un peu plus de 2% du PIB, ce qui correspond à environ 50 milliards d'euros. Le président français veut augmenter ce budget pour atteindre d'ici cinq ans les 100 milliards. La grande interrogation réside dans le financement de ce projet. Ces dernières semaines, une multitude de pistes ont été évoquées, plus ou moins prises au sérieux d'ailleurs, et c'est de cela dont il sera question tout à l'heure à Bercy. Les banques sollicitées Il suffit de voir qui est convié à cette réunion pour envisager quelques options qui s'offrent à l'exécutif, puisque ce sont les banques, les assurances ou encore des fonds d'investissements qui prendront part à l'événement. Les banques d'abord, via les livrets d'épargne. Le ministre de l'Économie et des Finances n'exclut pas la possibilité de mobiliser cette épargne privée mais attention, cela ne veut pas dire que l'État pourra obliger à investir dans des livrets qui vont être dirigés vers la défense et vers l'armement. Cela veut juste dire qu'il pourra simplement utiliser l'épargne existante, comme le Livret A. Évidemment le tout avec l'accord des banques. À lire aussiL'Europe peut-elle devenir un géant de l'industrie de défense?Il a aussi été question de la création d'un nouveau livret d'épargne spécifique aux dépenses militaires. Il s'agit là d'un produit bancaire permettant aux citoyens de contribuer directement au financement de l'effort de défense tout en bénéficiant d'avantages fiscaux. À ce stade, ça reste une piste parmi d'autres, mais quoi qu'il en soit, les banques restent en première ligne car ce sont elles qui prêteront de l'argent aux entreprises. La Fédération bancaire française estime que les six plus grandes banques du pays soutiennent déjà le secteur à hauteur de 37 milliards d'euros. Un choix politique Il y a aussi les assurances vie qui peuvent permettre de trouver des fonds. Et ce n'est pas négligeable. Les assureurs en France disposent via les contrats d'assurance vie, de plus de 2 000 milliards d'euros placés principalement dans des obligations d'État et d'entreprises. Si le secteur de la défense n'a pas forcément les faveurs des assureurs, plus attentifs ces dernières années aux critères environnementaux notamment, leur regard sur le militaire est en train de changer, voyant que le sujet devient de plus en plus stratégique. À lire aussiL'Europe se réarme, le secteur de la défense se frotte les mainsEt puis on peut aussi penser à des financements 100% publics. L'Allemagne a fait ce choix et a trouvé une solution pour financer ses dépenses militaires en s'endettant. Mais s'endetter coûte cher et la France n'a plus les moyens, elle-même déjà très endettée. D'autant qu'Emmanuel Macron le promet, l'augmentation du budget militaire n'impliquera pas de hausse d'impôts. L'équilibre est donc très précaire. Faudra-t-il créer un nouvel impôt ? Faire des économies ? S'endetter ? Des enjeux financiers et économiques avec des conséquences sociales. Le financement de la défense française est plus que jamais une affaire de choix politique !
Le Nigeria était encore il y a quelques années la première économie africaine, reléguée, si on peut dire, aujourd'hui à la troisième place. Mais depuis le début de l'année, les investisseurs étrangers reviennent sur les marchés nigérians. Décryptage. Si le Nigeria a perdu sa place de leader africain en termes de création de richesse, le pays a de nombreux atouts qu'il convient de rappeler. Avec plus de 220 millions d'habitants, c'est le pays le plus peuplé du continent. Des secteurs clés font vivre son économie comme les ressources naturelles abondantes, notamment le pétrole ou le gaz, mais aussi les télécoms, la finance ou la tech qui y sont en pleine expansion. Mais si elle est insuffisante pour faire décoller le pays, la croissance y est positive. Le fonds monétaire international l'envisage d'ailleurs aux alentours de 3% pour 2025 . Difficultés économiques et sociales Pourtant, le Nigeria traverse une période compliquée. De nombreuses manifestations se sont déroulées durant l'été 2024 pour dénoncer la vie chère et la mauvaise gouvernance du pays. Le symbole de cette situation c'est le niveau de l'inflation, 34,8% en décembre dernier. Elle a amorcé sa décrue depuis le début 2025, s'établissant aujourd'hui à 23%. Certes, c'est beaucoup mais c'est tout de même moins élevé que ces derniers mois. À lire aussiGrand reportage: le Nigeria face à la crise économiqueCar depuis deux ans, avec l'arrivée au pouvoir de Bola Tinubu, l'exécutif a mené d'importantes réformes économiques. Après l'arrêt des subventions sur le carburant, il a entamé ces derniers mois la refonte du système fiscal du Nigeria avec pour objectif d'accroître les recettes de l'État. Des réformes qui ont pour certaines pesé sur le pouvoir d'achat de la population, mais dont le but est d'assainir les finances publiques et de faire revenir les investisseurs qui boudaient le pays. Donald Trump et le naira La stratégie du président nigérian a l'air de fonctionner, grâce à Donald Trump et à la monnaie nationale, le naira. Alors si les deux n'ont aucun rapport, ils concourent à ce retour des investisseurs. Le président américain dans un premier temps en raison de la guerre commerciale qu'il mène tous azimuts. Les investisseurs, toute proportion gardée, qui boudent les marchés américains retrouvent un intérêt dans le Nigeria étant donné qu'il n'est pas dans le viseur de Donald Trump. La force du pays c'est qu'il est d'ailleurs moins arrimé à l'économie américaine que d'autres économies émergentes. Concrètement, les investisseurs cherchent des endroits où ils peuvent faire des affaires, sans être concernés par les mesures de Washington. Concernant le naira, c'est l'une des devises les plus performantes depuis l'élection présidentielle américaine. Le naira nigérian reprend des couleurs par rapport au dollar, ce qui rassure les investisseurs. Précisons tout de même qu'il a subi dévaluation sur dévaluation ces dernières années. Maintenant qu'il est stabilisé, le pays redevient attractif pour les investisseurs. Et c'est important pour les autorités. Ces derniers mois, bon nombre d'entreprises internationales ont tout simplement quitté le Nigeria. Des départs en cascade qui ont évidemment mis en difficulté l'économie nationale mais ont surtout envoyé un mauvais signal. La tendance semble changer et la confiance est de retour, ce qui en économie est essentiel pour faire des affaires. Reste à voir si cela va durer !
Le président français, Emmanuel Macron a réuni un Conseil de politique nucléaire afin d'envisager et surtout de préparer les années à venir à ce sujet. Car cet enjeu stratégique est aussi financier. Décryptage. C'est un marché qui pèse lourd même si c'est vrai qu'il est très difficile d'estimer un montant. Mais en tout état de cause, le marché français du nucléaire est estimé à plusieurs dizaines de milliards d'euros par an. Juste un indicateur pour vous faire une idée, l'an passé, EDF, qui produit et qui fournit l'électricité en France a dépensé à peu près cinq milliards d'euros uniquement pour la maintenance et l'exploitation de ses 18 centrales nucléaires dans le pays. Ce n'est qu'un indicateur mais il permet de comprendre l'importance de ce secteur qui est en mutation. Regarder vers l'avenir D'un côté, le parc nucléaire tricolore vieillit, les premiers réacteurs ont aujourd'hui plus de quarante ans. L'idée est donc de prolonger leur durée de vie, ce qui nécessite des mises à niveau coûteuses, environ 50 milliards d'euros d'ici 2030 selon EDF. Et puis de l'autre côté, des réacteurs nouvelles générations sont développés et mis en service, les EPR. La première version de ces réacteurs, à Flamanville, dans le nord-ouest de la France, a été connecté au réseau électrique à la fin de l'année dernière. Mais ce projet a rencontré bon nombre de soucis, douze ans de retard sur les travaux et surtout, ça a coûté sept fois plus que l'estimation prévue en 2006 avant le début du chantier. Des coûts très élevés Construire des installations nucléaires coûte cher comme on vient de le démontrer. Et ce sujet était d'ailleurs à l'ordre du jour hier, de la réunion présidée par le chef de l'État. Car une nouvelle version des EPR est à l'étude, les EPR 2. Emmanuel Macron vise une première mise en service d'ici 2038 au lieu de 2035. Un retard sur l'agenda en raison du prix de construction de telles structures. Parce que comme pour les EPR première génération, la facture s'envole. En 2022, le coût du programme était initialement évalué à 51,7 milliards d'euros. Il l'est à 67,4 milliards d'euros aujourd'hui. Cette facture pourrait atteindre les 100 milliards si on compte les frais financiers, soit le double de l'estimation initiale. Où trouver l'argent? On le rappelle, la France est limitée dans son déficit public qui est déjà au-dessus de 6% de son PIB donc difficile de trouver des fonds et EDF est fortement endettée, près de 65 milliards d'euros en 2023. Et on l'a dit le groupe doit mobiliser d'importants financements pour moderniser le parc existant. Il y a donc un enjeu important pour la France, mais aussi pour l'Europe, cela parce que le retour en grâce de l'atome est un investissement qui a un coût. Un coût qui permet de produire une électricité décarbonée, plutôt bon marché et surtout disponible à tout moment. Ces capacités de production permettent à la France d'exporter de l'électricité vers ses voisins européens. Et cette souveraineté européenne par l'indépendance énergétique de la France, ça compte, à l'heure où les tensions géopolitiques sont de plus en plus exacerbées !
La Chine est dans le viseur de Donald Trump. Le président américain a imposé 20 % de droits de douane sur tout produit chinois importé sur le sol américain. Son ambition, c'est de mettre en difficulté l'économie chinoise tout en relançant la production aux États-Unis. Mais paradoxalement, Pékin pourrait sortir gagnante de cette guerre commerciale. Décryptage. L'idée fait son chemin: Pékin peut tirer profit des lourdes sanctions américaines dont elle fait l'objet. Plusieurs analystes et observateurs l'affirment, à l'image il y a quelques jours de la cheffe de la diplomatie européenne.Dans une interview accordée à Bloomberg, Kaja Kallas explique que la Chine a tout à gagner des guerres commerciales menées par Washington. On le rappelle, pour le moment, les États-Unis imposent les produits chinois à hauteur de 20 %. Car les Américains importent beaucoup plus qu'ils n'exportent vers la Chine ! En 2024, cet excédent commercial était d'environ 300 milliards de dollars. Ce qui agace Donald Trump ! La riposte de Pékin Pékin n'a pas attendu pour répondre aux mesures du président américain, en imposant des taxes de 10 à 15 % sur les produits agricoles américains, notamment le soja, le maïs, le blé ou le bœuf. Cette stratégie cible directement la base électorale de Trump, principalement située dans les États agricoles. Et puis les autorités chinoises ont aussi adopté des mesures plus strictes sur les entreprises américaines qui opèrent en Chine, stratégie qui réduit ainsi les exportations américaines vers leur marché. Pékin a donc riposté, mais tout de même avec une certaine prudence et en frappant de manière précise car, difficile de ne pas l'évoquer, l'économie chinoise traverse une zone de turbulences. Le pays est très dépendant des exportations d'autant que sa consommation interne est faible. Il faut donc trouver un équilibre et laisser la porte ouverte à de possibles négociations entre les deux pays. À lire aussiLa Chine sur une ligne de crête face à la politique douanière de Donald TrumpUne nouvelle stratégie Mais la Chine peut tirer profit de cette situation qui de prime abord n'a pas l'air bonne. Déjà, de nombreuses entreprises chinoises ont déplacé ou déplacent leur production vers des pays qui ne sont pas concernés par les sanctions américaines comme le Cambodge, le Vietnam ou le Maroc pour contourner les droits de douane appliqués par les États-Unis. Et puis surtout, Pékin est en train de sortir de sa dépendance américaine. La Chine a tout simplement développé de nouveaux marchés comme en Amérique du Sud, au Moyen-Orient ou en Afrique. En diversifiant ses partenaires commerciaux, on prend moins de risques quand le principal vous tourne le dos. L'Union européenne, objet des convoitises L'Union européenne pourrait être l'alliée idéale de Pékin, d'autant qu'elle est la cible de menaces et de sanctions très lourdes par Donald Trump. En torpillant les accords avec les Européens, le président américain les pousse irrémédiablement à trouver d'autres partenaires. La Chine fait figure de candidate puisqu'on le disait, elle aussi se cherche des nouvelles alliances. L'Union européenne qui par la force des choses est poussée dans les bras de Pékin. À lire aussiLa Chine se prépare à la politique économique de Donald TrumpCette solution, Pékin envisage sérieusement. Le mois dernier, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé que la Chine attachait "une grande importance à sa relation avec l'UE en la considérant comme un partenaire stratégique global”. Le message est clair et tout sauf innocent. Car finalement, sur le long terme, Donald Trump pourrait bien être l'ouvrier d'une hégémonie chinoise, et pas seulement économique !
C'est un marché qui pèse lourd: celui des médicaments, 60 milliards d'euros. Il en a été question cette semaine à la Commission européenne puisque l'exécutif européen a présenté son plan pour réduire sa dépendance aux médicaments asiatiques. Car les chiffres le prouvent, les États membres de l'UE importent beaucoup. Décryptage. Tenez-vous bien, les principes actifs de huit antibiotiques sur dix consommés en Europe sont produits en Asie ! Soit en Chine, soit en Inde. Sur les dix dernières années, ces deux pays sont tout simplement devenus des références en termes de production de principes actifs. Petit rappel, les principes actifs, ce sont ces molécules qui sont le cœur des médicaments et qui permettent de nous soigner. D'après le cabinet Advancy, aujourd'hui, à l'échelle mondiale, l'Inde et la Chine produisent la moitié de ces principes actifs mondiaux. L'Europe à elle seule 30 %. Il y a dix ans, elle était leader au niveau de l'Inde et de la Chine. Le continent et son industrie sont donc en effet en décrochage.À lire aussiLes pénuries de médicaments, la faute à l'industrie?Course aux produits les moins chers Produire sur le sol européen ces principes actifs pharmaceutiques coûte beaucoup plus cher que dans les pays asiatiques. Résultat, d'année en année, les industriels ont sous-traité leur production ou l'ont directement externalisée. Et puis toujours concernant les coûts, la fin de brevets limitant la production a permis à des industriels de lancer la leur. On appelle ça les médicaments génériques. En produisant ailleurs qu'en Europe, ces médicaments sont bon marché. Et dans la course effrénée à l'accès à des médicaments les moins chers possibles, car la santé a un coût, les États ont privilégié les génériques. Ces mêmes États qui s'inquiètent paradoxalement de leur dépendance aux pays asiatiques. C'est le serpent qui se mord la queue. Car, il faut le préciser, ce sont bien les États qui gèrent les commandes de médicaments. Si les entreprises pharmaceutiques sont chargées de garantir un approvisionnement suffisant, ce sont les États qui supervisent la distribution au sein même de leur territoire. Et si pénurie il y a, elles sont gérées au niveau national !À lire aussipénuries de médicaments: des millions d'euros d'amendes pour les laboratoires pharmaceutiquesPenser à l'échelle européenne Cette dépendance aux pays asiatiques n'est pas sans risques, car l'enjeu est stratégique dans un contexte de tensions géopolitiques de plus en plus fortes. Si demain, la Chine et l'UE ne s'entendent pas, c'est la chaîne d'approvisionnement du médicament européen qui en subira les conséquences notamment. Car sans médicaments, pas d'interventions chirurgicales, même bénignes ou de traitements. Et puis de l'autre côté de l'Atlantique, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche qui menace d'augmenter les droits de douane sur les importations pharmaceutiques européennes, inquiète. Mais l'UE a des propositions. Cinq ans après la pandémie de Covid-19 qui a notamment mis en lumière ses difficultés, place à l'action. Bruxelles propose par exemple l'achat groupé de médicaments européens entre États afin de faire baisser les prix d'achat, voire de créer un marché unique du médicament. La Commission incite aussi à relocaliser la production sur le continent en échange de subventions avec des fonds européens pour construire des usines de médicaments critiques. En tout cas, il y a urgence, c'est le commissaire européen à la Santé qui le dit. La situation que l'on vient d'évoquer « met en danger la santé des Européens ». Voilà pour la prescription, reste maintenant à voir quel traitement choisira le patient Europe !À lire aussiLe plan de l'Union européenne face aux pénuries de médicaments