Reportage international

Follow Reportage international
Share on
Copy link to clipboard

Chaque jour, l’illustration vivante et concrète d’un sujet d’actualité. Ambiance, documents, témoignages, récits en situation : les reporters de RFI présents sur le terrain décrivent le monde avec leur micro. 

RFI


    • Oct 31, 2025 LATEST EPISODE
    • daily NEW EPISODES
    • 2m AVG DURATION
    • 851 EPISODES


    More podcasts from RFI

    Search for episodes from Reportage international with a specific topic:

    Latest episodes from Reportage international

    Le Grand Musée égyptien ouvre ses portes au Caire

    Play Episode Listen Later Oct 31, 2025 2:33


    Après plus de vingt ans d'attente, le Grand Musée égyptien s'apprête enfin à ouvrir ses portes ce samedi 1ᵉʳ novembre. Bien plus qu'un événement national, l'inauguration du plus grand musée archéologique du monde, situé au pied des pyramides, rassemblera un parterre de chefs d'État venus des quatre coins du monde et des centaines de journalistes. À la tête de cette mise en scène pharaonique du prestige égyptien, le président Abdel Fattah Al-Sissi compte faire briller l'image de son pays. De notre correspondant au Caire, Mohamed, la vingtaine, habite tout près des pyramides et du musée dont l'ouverture approche à grands pas. Un événement qui lui passe un peu au-dessus. « Hmm, ça ne m'intéresse pas vraiment. Peut-être que je regarderai la cérémonie avec les enfants à la télévision… et les feux d'artifice depuis le toit de l'immeuble », déclare Mohamed. À Kafr Nassar, ce quartier poussiéreux aux portes du désert, tout est prêt depuis une semaine. Les habitants s'organisent, comme ce tenancier de café coincé entre deux axes routiers. « La rocade va être fermée, toutes les routes qui mènent au musée aussi. Le président Al-Sissi attend des invités de marque », explique-t-il.  Un événement mondial Soixante chefs d'État attendus, des centaines de journalistes… Les riverains, eux, regarderont ça de loin. Même si certains ne boudent pas leur plaisir : « C'est une aubaine ! Dans le quartier, tout le monde vit du tourisme. C'est une joie plus grande que la qualification de l'Égypte pour la Coupe du monde ! » Car avant d'être une fête égyptienne, cette inauguration se veut mondiale. Un message adressé à la planète, explique l'ancien ministre des Antiquités, Zahi Hawass : « Parce que nous croyons que les monuments égyptiens appartiennent à tout le monde, et pas seulement aux Égyptiens. Cinq cents chaînes de télévision vont retransmettre la cérémonie à travers le monde. » « Cette inauguration montrera que l'Égypte est un pays sûr » Depuis son bureau bardé de diplômes, l'archéologue vedette vante une opération de prestige au cœur d'une région marquée par les conflits : « C'est un message envoyé par le président de la République au monde entier : nous prenons soin de notre patrimoine. Ce musée va apporter beaucoup au pays. Des millions de touristes viendront, car cette inauguration montrera que l'Égypte est un pays sûr. » Un discours que tempère Khaled Azzab, professeur d'archéologie islamique, pour qui l'événement relève avant tout du soft power : « Celui qui coupe le ruban est celui qui récolte les honneurs de l'événement, qui attire la lumière sur lui et figure au premier plan sur la photo. » Derrière les paillettes, il y voit surtout un jeu diplomatique à grande échelle. « Ces rencontres ne sont jamais anodines : elles permettent d'échanger, d'apaiser des tensions, de régler certains différends. L'événement n'est pas une fin en soi », ajoute le professeur d'archéologie. À peine un mois après le sommet de Charm el-Cheikh et la signature du plan de paix pour Gaza, Le Caire saisit une nouvelle occasion de s'imposer comme pôle de stabilité au Moyen-Orient. Cette fois, à travers ses vestiges pharaoniques. À lire aussiÉgypte: le Grand Musée du Caire, un projet pharaonique, culturel et géopolitique

    Espagne: cinquante ans après la mort de Franco, les symboles du franquisme toujours présents

    Play Episode Listen Later Oct 31, 2025 2:37


    En Espagne, le 20 novembre 1975, cela fera cinquante ans que Franco est décédé. Au cours de ce mois, une centaine d'événements seront organisés pour honorer la mémoire des victimes de son régime autoritaire qui a duré 34 ans. Les autorités ont également annoncé la publication d'une liste des symboles franquistes dans l'espace public qui doivent être retirés tel que le prévoit la loi sur la mémoire démocratique de 2022. Des statues, emblèmes militaires ou noms de rue en référence à la dictature... Selon le syndicat Commissions ouvrières, 6000 symboles franquistes sont encore présents sur le territoire. Coincé entre deux bretelles du périphérique, à l'entrée ouest de Madrid, l'Arc de la Victoire est devenu un vestige encombrant. Cet édifice néoclassique construit dans les années 50 pour célébrer le succès des troupes franquistes sur les soldats républicains lors de la Guerre civile, symbolise à lui-seul la polémique autour des éléments du franquisme encore présents dans l'espace public espagnol. Emilio Silva, président de l'association pour la récupération de la mémoire historique réclame depuis des décennies un autre statut pour cet emblème du franquisme. « Cet Arc de la Victoire pourrait être soumis à un collectif d'artistes qui le réinterprète pour en changer sa signification. Madrid est encore rempli de symboles franquistes, il y a des tas de rues avec des noms de généraux qui ont participé au coup d'État. Ils sont des criminels de guerre devenus des hauts dignitaires durant la dictature. Comme par exemple, la rue du Docteur Vallejo Najera qui a été un médecin, un psychiatre qui a élaboré une théorie sur la pureté de la race espagnole ». La loi sur la mémoire historique adoptée en 2007 sous le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero prévoyait déjà le retrait des symboles faisant l'apologie de la dictature dans l'espace public. Cette mesure a été de nouveau mentionnée dans la loi sur la mémoire démocratique votée en 2022. Or dans les faits, à l'exception des statues de Franco qui ont été déboulonnées et l'exhumation du Caudillo de son mausolée, la présence franquiste dans les rues du pays est encore très visible. Et certaines régions, dirigées par des gouvernements de droite, rechignent à retirer ces vestiges du passé comme le reconnait Emilio Silva, qui fustige le manque de volonté politique. « On voit bien que lorsque certaines régions comme Madrid refusent d'appliquer la loi, le gouvernement central n'utilise pas tous les moyens de l'État pour faire appliquer le droit. Rien ne se passe pour ces régions qui décident de passer outre la loi ». « Il y a certaines choses que l'on ne peut pas effacer » Il faut dire que la suppression des symboles franquistes se heurte toujours à de vives réticences au sein d'un électorat conservateur. Juan Antonio, âgé de 65 ans, vit à quelques mètres de l'Arc de la Victoire. « Qu'il s'agisse d'une époque blanche ou d'une époque noire, on parle de notre Histoire et il y a certaines choses que l'on ne peut pas effacer. Il faut maintenir certains monuments. Oui, cela me dérange que l'on touche à ce passé ». Les conservateurs ont promis d'abroger la loi sur la Mémoire démocratique s'ils reviennent au pouvoir et ont boycotté tout au long de cette année anniversaire les commémorations pour célébrer le retour à la démocratie espagnole après quarante ans de dictature.  À lire aussiEspagne: le gouvernement de Pedro Sanchez veut effacer les symboles du franquisme de l'espace public

    À Édimbourg, le spectre de Celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom plane sur le tourisme Harry Potter

    Play Episode Listen Later Oct 30, 2025 2:35


    La capitale écossaise et ses décors médiévaux ont inspiré J.K. Rowling pour la saga Harry Potter. Destination de vacances prisée par les fans, Édimbourg regorge de marches guidées et de magasins dédiés à l'univers du sorcier à lunettes. Mais depuis quelques années, l'autrice désormais milliardaire a mis sa fortune au service de l'idéologie transphobe, au point de contraindre la justice à revenir sur les droits des femmes transgenres. Le secteur du tourisme se voit forcé de s'adapter, entre demande commerciale et respect des minorités. De notre correspondante à Londres, Le château millénaire d'Édimbourg se découpe sur le ciel gris d'Écosse, à quelques centaines de mètres du cimetière de Greyfriars. Connu pour sa statue du chien Bobby, l'endroit accueille chaque année un demi-million de touristes vêtus de capes noires et d'écharpes en laine aux couleurs des maisons de l'école (fictive) de sorcellerie de Poudlard. Les pierres tombales portent des noms familiers pour les fans de la saga littéraire Harry Potter : Thomas Riddell, Scrymgeour, Moodie, McGonagall... Plusieurs fois par semaine, Christine dirige des marches guidées à travers le cimetière. « La popularité de ces tours m'étonne toujours, après toutes ces années, s'émerveille la jeune femme, vêtue d'un uniforme de velours noir et vert émeraude. Édimbourg ressemble tellement à Poudlard, c'est merveilleux pour se plonger dans l'univers de Harry Potter ! » Parmi les participants, beaucoup ont grandi avec les livres. Le montant des marches Potter Trails est libre. Et depuis quelques années, l'entreprise reverse une partie de ses profits à des ONG qui défendent les droits des personnes transgenres. « C'est une manière d'afficher clairement que nos marches accueillent tout le monde, sans distinction de genre », explique Christine. Ce qui pourrait sembler évident relève pourtant du nécessaire. Depuis quelques années, la créatrice de l'univers Harry Potter, J.K. Rowling, s'est distinguée sur les réseaux sociaux par ses positions conservatrices transphobes. Plus inquiétant, elle, à qui la marque Harry Potter rapporte chaque année plus de 50 millions de dollars, a financé le recours en justice d'une association écossaise contre des réformes. En avril dernier, elle a obtenu que la justice considère les femmes transgenres comme des hommes. Depuis, les fans s'interrogent : faut-il continuer à consommer du contenu, et donc verser de l'argent à une autrice dont l'idéologie est loin de faire consensus ? « La moralité des livres est complexe, et bien entendu loin d'être idéale, admet la guide. Mais de nombreux lecteurs, y compris ceux qui ont grandi avec Harry Potter, ont trouvé du réconfort dans le message de la série : le fait de se sentir différent et d'enfin trouver un endroit où on se sent bien, et la résistance contre la haine. C'est ce qui nous motive. » L'une des rues principales de la vieille ville d'Édimbourg, Victoria Street, possède un café qui a abrité les premières séances d'écriture de J.K. Rowling et lui aurait servi d'inspiration pour la rue commerçante des fournitures magiques, le Chemin de Traverse. Devant la boutique officielle, les fans font la queue pour acheter une baguette magique, une peluche, une écharpe. Après une demi-heure d'attente, Estelle sort du magasin, les mains vides : « J'aime relire les livres, revisionner les films... Mais je ne cautionne pas les propos de l'autrice et je ne veux plus lui verser d'argent. » Alors, la jeune Normande, vêtue d'un pull de la maison Serdaigle, s'adapte : « J'achète d'occasion, et je me suis mise au tricot pour fabriquer mon pull ! » Du côté des militants LGBTQ+, certains membres de la communauté appellent plutôt au boycott de tout ce qui touche à l'univers magique du sorcier à la cicatrice en éclair. Les associations, elles, préfèrent ne pas évoquer les positions de l'autrice pour ne pas participer à sa visibilité. Dans cette démarche, Fraser Horn a décidé de totalement repenser son offre de marches guidées dans Édimbourg. Ce jeune papa s'est lancé comme guide indépendant au début de l'année, et propose à l'époque des tours Harry Potter et des marches LGBTQ, sur les lieux importants dans l'histoire des minorités sexuelles. « Mais en avril [quand la Cour suprême a indiqué ne plus reconnaître le genre auto-déclaré], les positions de J.K. Rowling sont devenues indéfendables, et j'ai compris que ces deux marches n'avaient plus leur place sur le même flyer », explique-t-il. À l'approche du mois des Fiertés – le mois de juin, consacré à la visibilité de la communauté LGBTQ+ –, le guide décide de remplacer ses tours Harry Potter par de nouveaux horaires pour ses marches LGBTQ+, ce qui suscite un fort intérêt médiatique. « Certains ont pensé que c'était un coup de communication de ma part, mais j'ai tout de même lâché un tiers de mon activité, pour respecter mes valeurs », précise-t-il. Depuis, Fraser propose de manière permanente plus de marches LGBTQ+, où il en profite pour donner plus de visibilité aux personnalités homosexuelles et transgenres de l'histoire édimbourgeoise, celles-là même que J.K. Rowling cherche à effacer. « J'emmène mes groupes dans la cour du collège de médecine, pour leur montrer la plaque commémorative du Dr. James Barry : un homme transgenre, né dans une famille pauvre, qui est devenu l'un des meilleurs chirurgiens de la Royal Navy », raconte-t-il. La transidentité du docteur n'a été révélée qu'à sa mort, à l'indifférence de ceux qui l'avaient connu. Du côté du secteur touristique et à l'échelle de toute l'Écosse, les syndicats notent une légère baisse du tourisme liée à Harry Potter, au profit d'autres séries comme Outlander, mais se préparent à une recrudescence des séjours sur les lieux de tournage des films, avec la sortie d'une nouvelle série inspirée des livres sur HBO en 2027. À lire aussiLa Cour suprême britannique statue que la définition légale d'une femme repose sur le sexe biologique

    En Russie, la région de Belgorod face à une nouvelle étape du conflit

    Play Episode Listen Later Oct 29, 2025 2:20


    Les attaques de drones venues de l'Ukraine, singulièrement depuis la fin de l'été, se sont intensifiées en Russie et tout particulièrement dans la région de Belgorod. Cette région militarisée, dont la capitale est une ville de garnison, voit aussi ses infrastructures civiles, et notamment énergétiques, désormais particulièrement visées. À ce stade, l'impact des attaques est réel, mais très loin d'atteindre un seuil critique pour la vie quotidienne, qui continue son cours. À lire aussiBelgorod, Chebekino, deux villes frontalières russes face à l'intensification du conflit

    Mexique: la fin du rêve américain pour les migrants

    Play Episode Listen Later Oct 28, 2025 2:25


    Neuf mois après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et la fermeture de la frontière entre le Mexique et les États-Unis, le Mexique est devenu pour beaucoup de migrants latino-américains la seule option qui reste. Le pays devient une voie pour survivre quand le rêve américain s'effondre. De notre correspondante à Mexico, « J'ai 28 ans. Je suis vénézuélien. Ça fait déjà un an que je suis là », raconte Luis Marcano. Six jours sur sept, Luis traverse Mexico d'est en ouest pour aller travailler. Un job informel dans la construction. L'année dernière, il voulait d'aller aux États-Unis. Mais rien ne s'est passé comme prévu. Victime de la violence au Mexique, la frontière s'est fermée sous ses yeux. « On ne peut plus passer et maintenant, ils expulsent tout le monde. Eh bien moi, j'ai décidé de rester ici. Pour l'instant ça va, j'ai du travail. Je peux aider ma famille depuis ici », confie-t-il.  En allant dans un café, il raconte comment il parvient à envoyer un peu d'argent à sa famille restée au Venezuela. « Hier, c'était l'anniversaire de ma grand-mère et je lui ai offert un téléphone », raconte-t-il. Il montre une vidéo de la fête qui a eu lieu et ajoute : « Là, c'est ma mère. Je suis loin, on ne peut pas partager ces moments. Elles me manquent, mais bon. Elles me disent de venir, de ne pas rester seul ici. Elles savent tout ce par quoi je suis passé. Mais je suis vivant, Dieu merci. Je ne regrette rien. » À lire aussiMexique : le retour difficile des migrants expulsés ou déçus des États-Unis Rester, attendre la fin de l'ère Trump et retenter sa chance ? Après dix ans loin du Venezuela, Luis imagine plutôt rentrer quand il aura réuni assez d'argent et obtenu son statut légal au Mexique. « S'ils me le donnent, je pourrais voyager et même faire des allers-retour. Je pourrais emmener des choses là-bas. Ici les vêtements, les chaussures sont accessibles. Je veux ramener quelque chose. Je ne veux pas partir sans rien. Tant d'années loin de chez moi pour rien ? », s'interroge-t-il.  Et quand on lui demande de quoi il rêve maintenant, il répond : « Si je pouvais, je partirais demain. J'achèterais un terrain sur la plage dans mon pays. » Comme Luis, ils seraient des dizaines de milliers de personnes restées au Mexique. Encore loin de nourrir un rêve mexicain, beaucoup regardent désormais vers le sud, en direction de leur pays d'origine.  À lire aussiTravel ban : Haïti, Cuba et le Venezuela concernés par la nouvelle mesure d'immigration américaine

    Syrie: le camp de jihadistes de Harem, un «mini-califat avec son propre émir, Omar Omsen»

    Play Episode Listen Later Oct 27, 2025 4:59


    Idleb, dans le nord du pays, théâtre la semaine dernière de violents affrontements entre l'armée syrienne et des combattants jihadistes étrangers, français notamment, retranchés à l'intérieur d'un camp, celui de Harem. Tensions qui illustrent le défi sécuritaire auquel sont confrontées les nouvelles autorités de Damas. Celui qui le dirige, une figure bien connue du jihadisme, Omar Omsen. Notre correspondante dans la région s'est rendue dans ce camp et l'a rencontré. On a commencé par prendre contact par Telegram avec Omar Omsen, le jour de l'assaut des forces gouvernementales syriennes, il nous a donné son feu vert. Donc, on a pris la route, direction Harem, au nord-ouest de la Syrie, où se trouve donc ce camp de jihadistes français. Et donc, vous tombez au bout d'une petite route sur les hauteurs d'une colline, sur ce camp adossé au mur qui sépare la Syrie de la Turquie. C'est un camp complètement enclavé où vivent depuis 2017 environ 70 Français – hommes, femmes et enfants –, le tout en quasi-autarcie, selon leurs propres lois, les lois de la charia, qu'ils appliquent de la manière la plus fondamentale. C'est une sorte de mini-califat, avec son propre émir, Omar Omsen donc, qui exerce une influence assez importante sur ses membres. Personne n'est autorisé à sortir. Les occupants peuvent aller faire quelques courses, mais ça se limite à ça. À l'intérieur, quand on rentre, c'est assez surprenant, ça ressemble plus à un petit village, voire un centre de vacances avec une mosquée, une école, de grands arbres et un terrain de football pour les enfants.  C'est donc ici autour de ce camp que des affrontements ont éclaté la semaine dernière entre jihadistes et forces gouvernementales. Que leur reprochent-elles ?  Les affrontements ont été assez violents avec l'intervention même de combattants ouzbeks qui sont venus prêter main forte aux jihadistes français. Les destructions sur place sont significatives. Dès qu'on arrive, on voit les lance-roquettes qui ont perforé le mur d'enceinte. Il y a partout des impacts de balles, au sol, des mines antichars disposées à l'entrée. On a rencontré cette Française qui nous a dit avoir très peur : « Vers 22h00, on était chez nous, on a commencé à entendre des tirs. Et les tirs sont devenus de plus en plus forts. On savait que c'étaient des armes lourdes et après, moi, j'ai trois filles, on s'est mises au sol tout simplement pour se protéger. » Donc, lors de cet assaut, c'est bien Omar Omsen lui-même qui était visé. Une source au sein du ministère de l'Intérieur nous a affirmé qu'ils étaient venus pour l'arrêter, lui, suite notamment à de nombreux crimes. Plus récemment, une mère a déposé plainte pour maltraitance et violence envers sa fille de 11 ans, évoquant également un mariage forcé. À lire aussiSyrie : le gouvernement conclut un accord avec les derniers jihadistes français retranchés dans un camp Que faut-il retenir de ce personnage, Omar Omsen, une figure du jihadisme considéré comme l'un des, si ce n'est « le » principal recruteur de combattants français en Syrie ? On parle d'environ 100 à 200 départs depuis 2012. Une enquête de nos confrères de Libération a d'ailleurs montré récemment que six Français ont été arrêtés par le Parquet national antiterroriste depuis décembre 2024 et la chute du régime de Bachar el-Assad. Pour retracer rapidement le parcours d'Omar Omsen, c'est un Franco-Sénégalais né à Nice. Il est parti en Syrie en 2013 pour combattre le régime de Bachar el-Assad. Il a fait rapidement allégeance au Front al-Nosra, donc la branche syrienne d'al-Qaïda, ce qui lui a valu d'être mis sous le coup d'un mandat d'arrêt de la justice française. Les États-Unis l'ont également qualifié de terroriste international en 2016.  Vous l'avez donc rencontré, il vous a parlé, longuement, et manifestement assez librement. Nous avons fait le choix, ici, à RFI, de ne pas diffuser les propos d'un homme recherché pour terrorisme et qui n'hésite pas à utiliser les médias comme un levier de communication. Ce n'est pas la première fois à vrai dire qu'Omar Omsen donne des interviews. Il a l'habitude de recevoir des journalistes, mais c'est vrai que d'ordinaire, il refuse d'être enregistré. Cette fois-ci, nous avons pu garder notre micro ouvert tout le long de l'interview. Alors, on peut penser qu'il avait envie de se servir de cette interview pour rectifier un moment de tension avec les autorités. Il a assuré plusieurs fois pendant notre entretien qu'il répondait désormais aux ordres du gouvernement syrien, alors que jusqu'ici, il tenait plutôt un discours contestataire. On peut aussi imaginer d'une manière assez égotique qu'il aime se donner de l'importance et qu'il avait envie de faire passer un message à la France.  La France, c'est toujours « la » cible privilégiée d'Omar Omsen.  Il affirme cette fois-ci que ce sont les autorités françaises qui ont fait pression sur le gouvernement syrien pour l'arrêter. Ce qui est évidemment une simple accusation, rien ne permet pour le moment de le confirmer. Il affirme que son groupe dérange, car il prétend faire venir des Français encore aujourd'hui en Syrie. Cela, il nous l'explique, il dit que des Français le contactent sur Telegram, il leur explique, il leur donne des indications pour les faire venir jusqu'à son camp. Et malgré l'accord de cessez-le-feu qui a été signé, il refuse toujours d'en sortir. Cela fait plus de trois ans. Il craint d'être extradé vers la France, de prendre 22 ans de prison ferme. C'est pour cela qu'il assure qu'il ne se rendra jamais.  À lire aussiSyrie : plus de 200 Français liés à l'EI toujours dans l'attente d'une solution

    Ukraine: les 18-22 ans autorisés de nouveau à sortir du territoire relance le débat sur la mobilisation

    Play Episode Listen Later Oct 26, 2025 2:38


    L'Allemagne constate une forte augmentation des arrivées de jeunes Ukrainiens sur son territoire et cela commence à faire grincer des dents. Le chef du Parti conservateur bavarois appelle l'Union européenne à faire pression pour que Kiev interdise aux jeunes hommes de quitter l'Ukraine. Faisant valoir le rôle de l'Allemagne comme premier fournisseur européen d'aide militaire, Markus Söder martèle que l'Ukraine a besoin de « soldats ukrainiens pour défendre leur propre pays ». En août dernier, les autorités ukrainiennes ont assoupli la loi martiale, en permettant aux hommes de 18 à 22 ans de franchir la frontière, ce qui a entraîné une vague de départs. En Ukraine, la mesure ne fait pas consensus. De nos envoyés spéciaux à Kiev, Un terrain d'entraînement à une quinzaine de kilomètres du front dans le Donbass. À l'abri d'un sous-bois, de jeunes soldats s'entraînent au pilotage de drones. Lorsqu'on lui demande quels sont les défis les plus importants que son équipe doit relever, Vova répond sans détours : « Ce qui manque le plus ce sont les gens, on manque de personnes normales, équilibrées, qui veulent faire quelque chose et qui prennent leur activité au sérieux. Il y a très peu de gens. » Une réglementation qui fait débat Pour faire face au manque d'hommes dans l'armée, plusieurs partenaires occidentaux de l'Ukraine, les États-Unis en tête, ont longtemps plaidé pour un abaissement de l'âge de la mobilisation, aujourd'hui fixé à 25 ans. Mais les autorités ukrainiennes s'y sont toujours refusées. À l'inverse, elles ont décidé d'assouplir la loi martiale, en autorisant les 18-22 ans à franchir la frontière. Une mauvaise décision, selon l'opérateur de drones Mikhailo, alias « Mamba » : « Ceux qui partiront ne reviendront pas. Personnellement, je n'aurais pas adopté une telle loi. Parce que le résultat, c'est que tous ceux qui auraient pu venir nous prêter main-forte vont partir. Or, si on unissait nos forces, on pourrait sans doute stopper les Russes. » La nouvelle loi vise notamment à endiguer les départs de jeunes garçons de 17 ans. Ils étaient nombreux à quitter l'Ukraine avant d'avoir terminé le lycée pour ne pas se retrouver coincés dans le pays à leur majorité. Mais des observateurs redoutent que cette réglementation ne provoque un exode massif de jeunes hommes. Maksim, étudiant en médecine de 21 ans, a déjà vu plusieurs jeunes de son entourage partir à l'étranger après l'adoption de cette loi, dont son meilleur ami : « Il est parti à l'étranger en disant qu'il ne reviendrait que lorsque la guerre serait terminée. Il dit que tant qu'il y a la guerre, il ne veut pas prendre de risque. Il me semble que ça n'est pas bien, parce qu'on va finir par ne plus avoir d'armée. » Une mobilisation en question Cette loi aura-t-elle des conséquences militaires ? Aura-t-elle une influence sur la capacité de l'armée ukrainienne à mobiliser dans les années qui viennent ? Le député d'opposition Oleksiy Honcharenko ne le pense pas : « Tous ceux qui voulaient quitter l'Ukraine, l'ont déjà fait de toute façon, par des moyens illégaux. Cette loi s'applique aux jeunes jusqu'à 22 ans. Or, en Ukraine, la mobilisation, c'est à partir de 25 ans. Il n'y a donc aucune influence directe sur la mobilisation, pas même en théorie. Il y a en revanche un point avec lequel je suis d'accord avec nos militaires : nous avons un très mauvais processus de mobilisation. Malheureusement, rien n'est fait pour inciter les gens à s'engager dans l'armée. » Pour tenter d'attirer des recrues motivées, l'armée ukrainienne a mis en place en février dernier un contrat assorti d'incitations financières pour les jeunes de 18 à 24 ans, sur la base du volontariat. Mais le succès escompté n'est pas au rendez-vous. Sur le front, les soldats attendent toujours la relève.

    Autriche: à Vienne, des dîners pour lutter contre la polarisation

    Play Episode Listen Later Oct 25, 2025 2:39


    En Autriche, une initiative qui entend favoriser le vivre ensemble. Alors que nos sociétés semblent de plus en plus polarisées, l'association « L'Autriche des tables rondes et carrées » organise des dîners dans l'espace public pour faire se rencontrer des gens d'horizons sociaux, culturels et politiques différents.  De notre correspondante à Vienne, C'est dans une jolie rue piétonne du VIIe arrondissement que le dîner, organisé par l'association « L'Autriche des tables rondes et carrées », se tient ce soir, mais les lieux varient selon les partenariats noués par l'ONG. Le concept est simple : chaque invité doit amener une personne très différente de lui, qu'il s'agisse d'âge, de confession, d'opinion politique, de classe sociale ou d'orientation sexuelle. Parmi la vingtaine de convives, Edith, 45 ans, venue avec une enseignante allemande plus âgée qu'elle, est ravie de cette expérience qui la sort du quotidien : « Il y a trente ans, quand on allait au café, on y rencontrait toute sorte de personnes, des gens différents. Aujourd'hui, je vais au café quand j'ai rendez-vous avec quelqu'un. Il n'y a plus autant d'espaces publics où l'on peut aller pour simplement passer du temps et engager des conversations. Et depuis le coronavirus, je trouve que les gens ne sortent plus. » Dépasser les clivages politiques et identitaire Sur la table, les plats et les verres se vident, pendant que des musiciens indiens chantent et dansent. Et peu à peu, des conversations se nouent. Daniel a osé faire le premier pas. Ce jeune enseignant de 24 ans habite la rue et a décidé au dernier moment, intrigué, de se joindre à la tablée. Geste qu'il ne regrette pas, car ce genre d'échange est rare, selon lui, dans une Autriche où le débat politique polarise : « Un de mes élèves m'a demandé : "d'où est-ce que je viens, moi, monsieur ? Ma mère vient de Palestine, mon père de Syrie et je vis à Vienne depuis l'âge de deux ans." Je lui ai alors répondu : "Pour moi, tu es Viennois, comme moi", car Vienne n'est pas une mais multiple. Mais c'est quelque chose qu'on oublie très facilement. Je remarque aussi dans la salle des professeurs à quel point les opinions sont polarisées. On a besoin de discuter en mettant l'accent sur des choses positives et ne pas toujours parler de politique. On y vient tôt ou tard. Mais quand on comprend d'abord les gens et leur histoire, on ne peut pas être trop en colère. »  Des moments de partage La participation à ces dîners est gratuite. Depuis le lancement de l'initiative, il y a six mois, 39 dîners rassemblant près de 2 000 personnes ont eu lieu, et chaque fois, selon l'organisatrice Katharina Jeschke, l'ambiance est à l'écoute et au partage, loin du ton conflictuel souvent observé sur les réseaux sociaux : « La dernière fois, il y avait une institutrice à notre table. Elle était venue avec son mari et nous avons tous pensé : "Bon, ce n'est pas vraiment quelqu'un de si différent". Mais elle nous a répondu qu'il travaillait dans la police et qu'elle voulait qu'un policier découvre ce projet. Il y avait aussi avec nous un sauveteur originaire de Jordanie et deux personnes seules vivant dans des logements sociaux. C'est exactement ça notre but : créer des zones de rencontres où je peux sortir de ma réalité, car sinon je crois que le monde entier fonctionne comme chez moi. » L'association compte organiser davantage de dîners à l'avenir, y compris dans les autres régions autrichiennes.

    Au Nord-Est syrien, la sécheresse pourrait provoquer une pénurie de pain

    Play Episode Listen Later Oct 24, 2025 3:07


    En Syrie, les agriculteurs du nord-est du pays ont été confrontés cet été à un nouvel épisode de sécheresse dramatique, notamment pour les récoltes de blé, une ressource pourtant indispensable à la population dont le pain représente la base de l'alimentation. La situation suscite l'inquiétude quant à la capacité de l'administration autonome du nord-est syrien (AANES) – l'entité politique dominée par les Kurdes en charge de la région – à poursuivre la distribution de pains subventionnés, à la base du contrat social du Rojava.  De notre correspondant de retour de Qamishli, Le long de la route défoncée qui relie Raqqa à Hassaké, longtemps considérée comme le grenier à blé de la Syrie, les propriétés agricoles autrefois florissantes sont difficiles à deviner dans la poussière. La Syrie a été confrontée cet été à la pire sécheresse depuis 36 ans. « La saison est très mauvaise, le climat est trop sec et il fait trop chaud. Et l'hiver dernier, il n'a pas plu, donc il n'y a plus d'eau dans les puits. » D'un ample geste de la main, Oum Raly embrasse son domaine : là le coton, ici les blés… Mais il n'y a pas grand-chose à voir : la surface cultivée s'est réduite à peau de chagrin. Ici, il faut désormais creuser à plus de 300 mètres pour dénicher un peu d'eau : « Avant, nous pompions l'eau grâce à des moteurs, mais le diesel est devenu trop cher. Alors, nous nous sommes endettés pour les remplacer par des panneaux solaires. Ici, chaque famille envoie un fils travailler en Allemagne ou en Turquie et ils renvoient de l'argent tous les ans. D'ici deux ans, peut-être que nous aurons remboursé nos dettes. » À écouter aussiSyrie: la sécheresse et le manque d'eau, un défi de plus pour la population et le nouveau pouvoir D'autres n'ont pas cette possibilité. Plus loin, sur la route, une femme, arrosoir à la main, le dos courbé, humecte péniblement son champ dont le sol est nervuré de larges crevasses : « Nous n'avons fait aucun profit cette saison, il a fallu que nous vendions tous nos moutons pour financer l'agriculture. Mais c'est un échec, nous n'avons rien gagné grâce à la terre. Si nous pouvions, nous partirions, mais pour aller où ? » Le blé, une ressource en chute libre Le Programme alimentaire mondial évalue une baisse de 40% de la production de blé en Syrie, une chute libre surveillée de près par les autorités kurdes. À Qamishli, Noursheen administre l'une des nombreuses boulangeries étatiques du nord-est syrien, véritable usine à pain : « Nous sommes confrontés à une crise du blé et de l'eau. Nous recevons encore de la farine et nous pouvons faire du pain tous les jours. Mais les quantités sont limitées et nous devons puiser dans les stocks des années précédentes, la qualité du pain s'en ressent. » Dans son dos, les galettes fumantes défilent sur un tapis, elles seront vendues à prix réduit à la population. Le pain est largement subventionné par les autorités kurdes en prise avec le pouvoir de Damas, une autre source d'inquiétude pour cet ouvrier : « Avec l'ancien régime, nous pouvions encore échanger du blé contre du pétrole. Mais là, le gouvernement de transition a coupé les routes et isole certaines régions kurdes, ils veulent mettre la pression sur l'administration autonome, et ça affecte la production de pain ! » À écouter aussiSyrie: la région de Deraa frappée par une pénurie d'eau sans précédent Avec ces contraintes politiques et climatiques, le prix du pain a doublé en quelques mois. De 1 500 livres syriennes le sac, il se vend désormais 3 000, soit un peu plus d'un dollar. Pour les habitants des quartiers modestes de Qamishli, comme Hamid, cette hausse des prix est alarmante : « Notre peuple est pauvre ! Il faudrait que l'administration fournisse le carburant et le pain sans chercher à faire de profit pour le soutenir. » Alors que se négocient âprement les conditions de la réunification du pays, les autorités du nord-est syrien sont vigilantes à préserver les bases du contrat social, et à ne pas laisser s'installer un climat de défiance.

    Afghanistan: une nouvelle campagne de vaccination pour éradiquer la polio

    Play Episode Listen Later Oct 23, 2025 2:35


    Le monde va-t-il se débarrasser de la poliomyélite ? L'Afghanistan et le Pakistan sont les deux seuls pays où le virus de la polio reste endémique. Malgré les campagnes de vaccination nationale et l'aide internationale chapeautée par l'OMS, ces deux États n'ont pas réussi à enrayer la transmission de la maladie. En Afghanistan, deux régions restent des foyers de propagation : l'est du pays, densément peuplé, et le sud, très conservateur, où les campagnes de vaccination ne reçoivent pas l'adhésion totale des autorités. Jusqu'en 2022-2023, l'Afghanistan a fait des progrès importants vers l'éradication complète de la polio, avant de connaître une recrudescence de cas. Les expulsions massives d'Afghans depuis le Pakistan font craindre une augmentation supplémentaire dans les prochains mois. Une campagne de vaccination a été organisée à Kunar, province récemment sinistrée par un séisme et proche de la frontière pakistanaise. De notre correspondante à Kunar, Margot Davier À Dar-i-noor, depuis quelques jours, les équipes s'activent à plein régime pour rassembler les enfants de moins de 5 ans éligibles au vaccin contre la polio. Les sites de vaccination, particulièrement rudimentaires, comme ici au milieu des vaches, sont déployés dans chaque localité. Un représentant de l'OMS, désireux de rester anonyme, témoigne : « Donc, nous avons trois personnes dans notre équipe. L'un d'entre eux est un mobilisateur. C'est une femme. Elle va de maison en maison, et grâce à l'aide de la communauté, elle essaie de conduire les enfants à ce site, depuis leurs maisons. Et ce site, si nous regardons le plan, correspond à trois maisons. Dix enfants sont associés à ces habitations. » Les femmes jouent un rôle crucial pour sensibiliser les familles, comme l'explique Najibullah, l'un des vaccinateurs : « Les femmes se rendent directement au sein des maisons et peuvent s'adresser aux mères de familles, elles les invitent à se rendre sur les centres de vaccination. Les femmes sont vraiment importantes. Avant que la campagne ne commence, cette mobilisatrice sociale se rend dans les maisons, met à jour les registres. Si des bébés sont nés, s'il y a de nouveaux arrivants, surtout en ce moment, les listes changent rapidement. Par exemple, avant, il y avait cinq enfants dans cette maison, maintenant, il y en a sept. » Vaccination orale et injectable pour une efficacité de la campagne Dans les provinces les plus conservatrices du pays, à Helmand et Kandahar, au sud, les femmes n'ont pas le droit de participer aux campagnes. En conséquence, les résultats sont beaucoup plus faibles qu'à l'Est. À Kunar, 97% des équipes accueillent au moins une femme. 98% des enfants devraient être vaccinés à la fin de la campagne. Une petite fille arrive justement avec son père, elle fait la grimace. « Normalement, on ne donne qu'un vaccin oral pour cette campagne. On fait le vaccin oral, mais aussi le vaccin injectable. » C'est la première fois que les deux vaccins sont utilisés en même temps pour renforcer l'efficacité de la campagne. La petite fille voit deux de ses ongles coloriés au feutre noir. Cette marque sert à distinguer les enfants vaccinés des autres. La densité de population, les faibles conditions d'hygiène et la malnutrition sont des facteurs de transmission, selon le responsable de l'OMS. « Malheureusement, la plupart de ces facteurs existent à l'est du pays. C'est pourquoi nous sommes plus exposés aux risques ou plus susceptibles de contracter ce virus. Donc, nous menons davantage de campagnes ici. À l'Est, nous avons noué des partenariats avec nos collègues de Wash pour améliorer les conditions sanitaires et d'hygiène dans les zones les plus problématiques. » Quatre cas de polio ont été recensés en Afghanistan depuis le début de l'année. À lire aussiAfghanistan: plus de 800 morts dans un séisme qui a secoué l'est du pays

    Irlande: la réunification avec l'Irlande du Nord au cœur de l'élection présidentielle

    Play Episode Listen Later Oct 22, 2025 2:34


    Les Irlandais sont appelés aux urnes. Ils voteront, vendredi 24 octobre, pour leur prochain président. Une fonction symbolique dans le pays, mais que l'actuel président, Michael D. Higgins, a su transformer en véritable tribune pour aborder les grands enjeux mondiaux, à commencer par la situation à Gaza. La question palestinienne a d'ailleurs animé la campagne, tout comme la réunification avec l'Irlande du Nord. Un sujet brûlant, et pour cause : près de deux tiers des Irlandais, et 60% des Nord-Irlandais, jugent essentiel de se préparer à ce rapprochement historique.  Après Belfast, c'est la deuxième plus grande ville d'Irlande du Nord : Derry ou Londonderry. C'est ici qu'ont grandi Daryl et Adam, cigarettes roulées à la bouche et écarteurs aux oreilles. A 25 ans, ils forment à eux deux Crack Pipe, un groupe de hip-hop. Ils sont nés après l'accord de paix du Vendredi saint en 1998 et n'ont donc jamais connu les violences du conflit. Pour eux, la réunification de l'Irlande n'est qu'une question de temps.  « Il y a un certain fossé entre les plus âgés et les jeunes, parce que Derry a beaucoup changé. Je crois que les gens veulent avancer, tourner la page et aller de l'avant. La frontière à elle seule entretient la division. »  Le changement dont parle Daryl a été illustré en 2022 par la victoire du Sinn Fein aux élections en Irlande du Nord. Une victoire historique pour ce parti, ancien bras politique de l'IRA, l'armée républicaine irlandaise, et qui a relancé le débat sur réunification de l'île.   Aujourd'hui, 60% des Nord-Irlandais s'y disent favorables. De l'autre côté de la frontière, c'est un espoir de longue date. Selon un sondage, 64% des citoyens de la République étaient pour fin 2023. Et l'évolution des Nord-Irlandais est importante pour eux, car ces derniers peuvent voter demain à la présidentielle s'ils résident en République d'Irlande.   Les promesses de nouvelles perspectives C'est le cas de Karl Duncan, 23 ans, qui a posé ses valises à Dublin il y a à peine deux mois. « Quand on grandit et qu'on vit en Irlande du Nord, les opportunités économiques ne sont pas très nombreuses, surtout en dehors de Belfast. Donc, pour beaucoup de jeunes du Nord, la réunification serait synonyme de nouvelles perspectives en nous rapprochant de l'Union européenne. »  Ross Neel, 29 ans, lui est avocat. Originaire de Belfast, il vit à Dublin depuis quelques années. Et à ceux, dans le Sud, qui redoutent le coût de la réunification et soulignent que l'Irlande du Nord est la province la plus pauvre du Royaume, Ross rétorque : « Dublin subit énormément de pression car il n'y a pas assez de logements ni d'infrastructures. À Belfast, en revanche, il y a de l'espace disponible. Il y a des choses que l'Irlande du Nord peut apporter à la République et qu'on ne mesure peut-être pas suffisamment. Par exemple, l'industrie de défense en Irlande du Nord pourrait bénéficier à la République qui est très faible dans ce domaine. »  Demain, le rêve longtemps si lointain d'une Irlande réunifiée pourrait donc enfin devenir réalité, entre les mains de la future présidente Catherine Connolly ou Heather Humphreys.  À lire aussiComment l'Irlande du Nord et la République d'Irlande continuent-elles à coexister, cinq ans après le Brexit?

    Benfica-Sporting: la rivalité lisboète s'invite en Ligue des Champions

    Play Episode Listen Later Oct 21, 2025 2:41


    À Lisbonne, la capitale portugaise, le foot fait partie intégrante de la vie des habitants. Depuis plus d'un siècle, elle est le théâtre d'une rivalité entre les deux clubs, le Sporting et le Benfica. De notre envoyé spécial à Lisbonne, Ce chant, Damiao le connaît depuis toujours. Glorieux SLB, ode à la gloire du Benfica, le seul club de Lisbonne qui compte pour celui qui vient d'avoir 40 ans, et qui a toujours vécu dans la capitale portugaise : « Ah, moi, c'est Benfica pour toujours ! J'aime le rouge, le sang est rouge, chez moi tout est rouge ! » Le rouge, couleur iconique du maillot de Benfica, adoré aussi par Joao, plus jeune, mais tout aussi passionné : « Le meilleur, c'est Benfica, et ça l'a toujours été. À Lisbonne, on est les seuls à avoir remporté la Ligue des Champions. Et on compte le double de titres. Franchement, ça ne sert à rien de comparer. » « Quand il y a des duels entre nous, toute la ville s'arrête » Le palmarès est éloquent. Deux victoires en Ligue des Champions au compteur pour le Benfica. Trente-huit titres de champion du Portugal contre 21 au Sporting, qui est tout de même double tenant du titre. Une fierté pour ses supporters même si Diogo, qui est derrière les « Vert et Blanc » depuis l'âge de 11 ans, a du mal à accepter cette rivalité : « C'était un moment très difficile l'année dernière. Il y a eu beaucoup d'insultes échangées tout au long de la saison avec les supporters de Benfica. Ils ont passé leur temps à nous dénigrer. Quand il y a des duels entre nous, toute la ville s'arrête. » Le « Derby éternel » existe depuis plus d'un siècle à Lisbonne entre deux clubs dont les stades sont situés à moins de trois kilomètres l'un de l'autre. Voisins, mais pourtant si opposés depuis leur création, comme l'explique Sergio Kritinas, qui est journaliste pour Record, un des quotidiens sportifs portugais : « Comme souvent, c'est une histoire de lutte des classes. Benfica a des origines plus populaires, fondé en 1904 par une institution qui accueillait des enfants orphelins ou démunis. Le Sporting, quant à lui, a été fondé deux ans plus tard au sein d'une élite plus aristocratique. » Voisins, rivaux et éternels adversaires Et la saison dernière a été le théâtre d'un duel accroché dont l'épilogue a été heureux pour les « Lions ». Pour leur entraîneur Rui Borges, cette rivalité avec Benfica leur permet de se transcender : « C'est un grand adversaire, notre plus grand adversaire, notre principal rival pour aller chercher des trophées. C'est toujours du 50-50 entre nous, entre deux grandes équipes. » Sevré de titres par son rival depuis deux saisons, le Benfica de José Mourinho espère inverser la tendance dans les mois à venir. Et tant pis si ça vient contrarier une importante partie des Lisboètes, explique Sergio Kritinas : « Le rapport de force est finalement assez équilibré. Dans la ville, il y a plus de supporters du Sporting que de supporters de Benfica. Mais dans tout le pays, et dans le monde entier, c'est l'inverse. » Engagés chacun de leur côté en Ligue des Champions cette semaine, les deux clubs se retrouveront plus tard dans la saison. Le 5 décembre en championnat… Un nouveau chapitre pour obtenir la suprématie de la capitale lusitanienne.

    «Les Russes n'ont pas réussi à zombifier tout le monde»: en Ukraine, ces ados qui fuient les territoires occupés

    Play Episode Listen Later Oct 20, 2025 2:31


    Plusieurs centaines de milliers d'enfants et d'adolescents ukrainiens résident actuellement dans les territoires occupés par la Russie. À l'école, ils subissent l'endoctrinement : on leur apprend à haïr l'Ukraine et à glorifier l'armée russe. En dépit de ce lavage de cerveau, certains jeunes parviennent à s'extraire de ce milieu et à fuir les territoires occupés par la Russie. C'est le cas d'Ivan, 18 ans, qui, après avoir fait connaissance avec des adolescents ukrainiens sur Internet, a pris la décision de quitter sa ville natale de Louhansk pour rejoindre Kiev, au risque de ne plus jamais revoir ses parents.

    En Cisjordanie, le poids psychologique de la colonisation israélienne

    Play Episode Listen Later Oct 19, 2025 2:29


    En Cisjordanie occupée, plus de 40 000 personnes ont été déplacées de force depuis le début de l'année. Expulsions, arrestations, check-points, tout cela concourt à mettre les Palestiniens sous haute pression. L'impact psychologique, l'une des faces invisibles de la colonisation, touche enfants comme adultes et inquiète les praticiens sur place. De notre correspondante de retour de Bethléem,  Lever aux aurores pour Razzan Quran. Elle est psychologue itinérante. Ce matin, elle est attendue à Bethléem, à seulement 30 kilomètres de chez elle, à Ramallah. Elle est sortie près de trois heures avant son rendez-vous. « Chaque jour, chaque heure, ils ouvrent ou ferment un nouveau check-point, se plaint-elle. Personnellement, je ne peux jamais prévoir avec certitude à quel moment je vais arriver. Votre boussole interne est littéralement déréglée. Être dans un véhicule avec d'autres Palestiniens me procure un sentiment de protection et de confiance. » Si elle se sent protégée dans l'habitacle de ce taxi collectif, Razzan évoque le stress que représente le moindre trajet sur les routes de Cisjordanie occupée. Check-points, murs, barbelés, drapeaux israéliens, tours de contrôle, colonies… Tout sur le chemin rappelle l'occupation : « Un État colonial a besoin de s'imposer avec ce type de symboles. De grands drapeaux israéliens, c'est pour dire : "Je suis là !", "C'est à moi !". Ce besoin frénétique de dire "c'est à moi" raconte qu'en fait tu sais que ce n'est pas à toi… » Les blessures invisibles de l'occupation Parce qu'elle est psychologue, Razzan a les moyens de mettre à distance cette pression. Mais tous les Palestiniens n'ont pas cette chance. Dans cette cellule d'écoute psychologique à Bethléem, elle et ses confrères peinent parfois à apaiser la douleur de leurs patients. L'assistante sociale souhaite attirer aujourd'hui l'attention de Razzan sur le cas d'une petite fille de 10 ans qui s'est renfermée sur elle-même depuis peu. « Elle était dans le champ avec sa famille en train de travailler la terre, raconte l'assistante sociale. L'armée israélienne a débarqué. Les soldats ont lancé des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes et la petite fille a eu peur. Depuis, elle n'accepte de sortir qu'après avoir demandé exactement où va sa famille. Si elle estime qu'ils peuvent tomber sur l'armée, elle ne sort pas, elle reste à la maison. » « L'aspect psychologique est un tribut invisible pour le monde extérieur, ajoute-t-elle. Mais quelqu'un comme notre assistante sociale qui est en poste ici depuis 23 ans est bien placée pour voir à quel point ce phénomène augmente. » Face à ce futur toujours plus angoissant, Razzan Quran applique à elle-même le conseil qu'elle donne à ses patients : tenter autant que possible de se concentrer sur l'instant présent. Une forme de « résistance », dit-elle.

    Corée du Sud: à Jeungsan, des seniors sur les bancs de l'école

    Play Episode Listen Later Oct 18, 2025 2:26


    Dans les campagnes sud-coréennes, la chute du nombre d'élèves contraint certaines écoles à fermer leurs portes. Ce phénomène est lié au taux de natalité du pays, le plus bas de l'OCDE. Pour éviter ces fermetures, des établissements accueillent des seniors qui ne sont jamais allés en classe. Reportage dans la province de Gyeongsang du Nord, à la rencontre de ces élèves un peu particuliers. De notre correspondante de retour de Jeungsan, Dans cette salle de classe du petit village de Jeungsan, les élèves ne sont pas tous des enfants. L'établissement accueille aussi, depuis plus d'un an, des seniors analphabètes. Objectif : ne pas fermer la dernière des trois écoles du village. Une des élèves, octogénaire, se fait un café. Les quelques enfants de l'établissement vont, eux, prendre leur petit déjeuner dans la pièce d'à côté, en attendant que les retardataires arrivent. Aujourd'hui, c'est classe verte. La directrice, Kwon Kyong-mi, est aussi de sortie : « Il y a trois raisons pour lesquelles nos aînés aiment venir à l'école : échapper à leur vie, devenue aliénante et solitaire, pouvoir enfin s'éduquer et aider l'établissement à ne pas disparaître. À cause de l'exode rural et du taux de natalité qui chute de manière spectaculaire, les campagnes sont de moins en moins peuplées d'enfants. » À 9h précise, la vingtaine d'élèves, enfants et seniors, montent dans un bus. Direction, la forêt montagneuse, qui veille sur les alentours. Si certains grimpent les flancs de la montagne avec les enfants et les deux professeurs, les plus âgés se reposent sous un kiosque en attendant. Lee Gi-nam, 86 ans, est assise parmi eux, en chaussettes. Elle a fait sa rentrée en 2024. « Il y a beaucoup de choses que je ne savais pas, confie-t-elle. Avant, je ne faisais que manger et travailler [dans les champs]. Maintenant, j'apprends les mathématiques, le coréen, et même la musique, ce qui me rend très heureuse. » Une seconde chance sur les bancs de l'école Avant de fréquenter l'école de Jeungsan, la plupart de ses camarades ne savaient même pas écrire leur prénom. Derrière ces difficultés quotidiennes, des parcours de vie souvent très bouleversés. Après l'armistice en 1953, le pays est appauvri par la guerre… Le miracle économique sud-coréen a demandé bien des sacrifices. « À cette époque, on vivait dans la pauvreté. Ma mère est tombée malade et est décédée quand j'avais neuf ans, raconte Park Lye-sun, agricultrice et élève de 77 ans. J'ai eu une vie difficile et je n'ai pas pu aller à l'école. » Adulte, elle est atteinte de dépression. « J'ai pris des antidépresseurs pendant environ dix ans. Mais je les ai arrêtés dès que j'ai fait ma rentrée à Jeungsan. J'ai du mal à réaliser, mais je suis tellement heureuse. » Le village n'est pas le seul en Corée du Sud à accueillir des seniors pour remplir ses salles de classe. Dans la capitale, d'autres établissements fusionnent pour faire face à la baisse du nombre d'élèves. Un des nombreux défis que pose le taux de natalité sud-coréen, l'un des plus bas du monde.

    Irlande: Oscar Wilde figure révolutionnaire et icône gay célébré 125 ans après sa mort

    Play Episode Listen Later Oct 17, 2025 2:32


    C'est l'un des plus grands écrivains d'Irlande, Oscar Wilde est mis à l'honneur dans son pays, à l'occasion des 125 ans de sa mort. Plus d'un siècle après sa disparition, le festival Oscariana célèbre le dandy sulfureux dans sa ville natale, Dublin, où son héritage continue de vibrer. De notre correspondante à Dublin, « Voici sa statue parlante'', qui donne vie à Oscar Wilde, grâce à la voix de l'acteur irlandais Andrew Scott, dans un style très flamboyant, typique de l'écrivain ! » Mary Phelan, guide touristique, se trouve devant la statue d'Oscar Wilde. À son image : Wilde est allongé avec sa légendaire nonchalance, sourire en coin. Gravées tout autour, quelques-unes de ses citations les plus célèbres : « Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles… » « Je peux résister à tout, sauf à la tentation ! » « Ce suspense est terrible. J'espère qu'il va durer… » Juste en face, nous retrouvons Martin Burns, qui est à l'origine du festival Oscariana : « Bienvenue à la maison d'Oscar Wilde ! » C'est ici qu'a grandi l'écrivain. « Il a compris ce qu'était le culte de la célébrité avant tout le monde ! Le mouvement esthétique était tourné en ridicule dans les journaux, mais Oscar a commencé à s'habiller comme les caricatures qui se moquaient de lui. Alors que d'autres artistes fuyaient cela parce qu'ils étaient raillés, Oscar a compris qu'il vaut mieux qu'on parle de vous, même en mal, que pas du tout ! » Érigé en martyr  Et son chef-d'œuvre, « Le portrait de Dorian Gray », suscita l'indignation dès sa parution. Le roman raconte l'histoire d'un homme, qui reste éternellement jeune, tandis que son portrait se défigure. Jarlath Killeen, directeur du département d'anglais à l'université Trinity, explique : « Le tableau commence à vieillir à sa place, tandis qu'il conserve sa beauté extraordinaire pendant des années, et à cause de cela, il pense pouvoir faire tout ce qu'il veut ! Il peut céder à toutes ses passions et à toutes les tentations. Cela déclenche de violentes campagnes de lettres de protestation, dans lesquelles on accuse Oscar Wilde de dépravation et d'immoralité. » Peu de temps après, Oscar Wilde est condamné à deux ans de prison pour « indécence grossière ». « Essentiellement, la prison l'a tué. Elle a brisé sa carrière, et il est décédé trois ans après sa libération. Longtemps après sa mort, le nom d'Oscar Wilde resta imprononçable, synonyme de scandale. Mais peu à peu, Wilde devint une figure utile au mouvement des premiers droits homosexuels. Comme il avait été emprisonné pour sa vie sexuelle, il fut érigé en martyr. » Derrière les barreaux, Oscar Wilde écrivit une lettre à l'homme de sa vie, À l'occasion du festival, ses mots résonnent à nouveau interprétés avec force par des artistes LGBTQ+. À lire aussiOscar Wilde, raconté par son petit-fils Merlin Holland et l'acteur Rupert Everett

    Prisonniers palestiniens libérés vers l'Égypte: «L'exil reste 10000 fois plus enviable que la prison»

    Play Episode Listen Later Oct 16, 2025 2:34


    Dans le cadre de l'échange des 250 prisonniers palestiniens condamnés à des peines de prison à vie contre les derniers otages détenus par le Hamas ce lundi 13 octobre 2025, de nombreuses familles palestiniennes espéraient retrouver leurs proches avant de découvrir qu'ils avaient été envoyés en Égypte. C'est le cas de cette femme rencontrée à Naplouse, en Cisjordanie, et dont le frère avait été incarcéré en 2006 pour avoir préparé un attentat contre Israël. De notre correspondant de retour de Naplouse, D'abord, la désillusion… Nour a attendu que le dernier des 88 prisonniers libérés ce lundi à Ramallah descende du bus pour comprendre que son frère n'en était pas : « On est restés jusque dans l'après-midi. Tous ceux qui étaient dans les bus sont partis, on est restés encore un peu puis on a abandonné pour rentrer à Naplouse. » Ensuite le soulagement, il serait en route pour l'Égypte, exilé, mais libre : « L'un des prisonniers a appelé sa famille avec le téléphone du chauffeur de leur bus, j'ai appris que mon frère était parmi eux, c'est là que la peur a disparu. » Dans un coin de la pièce, le sac de voyage est prêt. S'il ne peut pas revenir en Palestine, alors elle ira le voir en Égypte. D'ici là, il faut l'appeler comme pour se rassurer à nouveau, rien d'évident après plus de vingt-ans en prison : « Mon fils est resté en ligne avec lui jusqu'à trois heures du matin, pour essayer de lui créer des comptes Facebook et WhatsApp. Le lendemain, on a pu lui parler en appel vidéo. Et hier soir, depuis le dîner jusqu'à deux heures du matin, on était encore avec lui, mon fils, mes enfants qui sont à l'étranger, mon mari et moi. C'était vraiment une belle conversation, chacun parlait un peu à son tour. » À lire aussiGaza: faim, entrave, torture... les otages du Hamas racontent leurs terribles conditions de détention « C'était un déchaînement de violence » Dans une chambre d'hôtel du Caire, c'est un visage émacié, drapeau de la Palestine sur les épaules, qui s'affiche sur l'écran et déroule le récit de sa sortie de prison : « Nous avons été humiliés, c'était un déchaînement de violence, les services de renseignements israéliens nous ont interrogés. Ils nous ont menacés, ils expliquaient qu'ils allaient nous tuer pour tout un tas de raisons incroyables, ou qu'ils nous re-arrêteraient. » Les prisonniers sont finalement embarqués pour un long périple. Par les fenêtres, ils découvrent les destructions de Gaza au moment de passer la frontière avec l'Égypte. C'est seulement là, au point de passage de Rafah, qu'on le libèrera des liens qui ont laissé des plaies à vif sur ses poignets :  « Le pays de mon cœur, c'est la Palestine, et c'est là-bas que j'espérais être libéré, et j'aimerais pouvoir y revenir un jour pour y retrouver ma famille. Mais l'exil reste 10 000 fois plus enviable que la prison. » Plus enviable que la prison, et peut-être moins dangereux qu'un retour en Cisjordanie occupée, voudrait croire Nour : « Nos prisonniers, même libres, restent menacés. Au lendemain des libérations, ils ont fait irruption dans les maisons de certains détenus libérés et ont tout cassé. Mon frère était menacé avant même sa libération, ils lui ont dit que s'il s'écartait des clous, ils allaient le retrouver et qu'ils savaient tout de ses moindres faits et gestes. » Ce harcèlement des anciens prisonniers par les forces israéliennes sont documentées par plusieurs ONG investies dans le soutien juridique des détenus palestiniens dont la plupart, refusent de s'exprimer par peur de représailles. À lire aussiPrisonniers palestiniens : Israël « commet des disparitions forcées contre des détenus originaires de Gaza »

    Ukraine: à Sloviansk, la dernière maternité ouverte de la région de Donetsk poursuit ses accouchements sous les bombardements

    Play Episode Listen Later Oct 15, 2025 2:31


    En Ukraine, alors que la population est appelée à quitter de nouvelles communes de la région de Donetsk, des dizaines de milliers d'Ukrainiens toujours sur place vivent sous les frappes russes devenues quotidiennes et une situation humanitaire qui se dégrade. À Sloviansk, l'une des deux dernières grandes agglomérations encore libres du Donbass, avec Kramatorsk, sa ville jumelle, la dernière maternité encore ouverte de la région continue à recevoir et à accoucher des dizaines de patientes chaque mois, malgré la situation qui se dégrade quotidiennement, et la proximité du front. De notre envoyée spéciale à Sloviansk, En arrivant dans la maternité de Sloviansk, le calme des couloirs d'hôpital est frappant, il semble désert, et pour cause : au moment de ce tournage, les bébés et leur maman sont tous rentrés chez eux, car des bombes planantes sont tombées à trois reprises à quelques dizaines de mètres seulement de l'hôpital. « Notre maternité est la seule encore active de la partie non occupée de la région de Donetsk à l'heure actuelle. Nous travaillons dans des conditions difficiles, des bombardements constants, surtout aujourd'hui, explique Volodymyr Ivanenko, 69 ans, directeur de l'hôpital. (...) Dans la situation actuelle, on peut prendre des mesures d'évacuation, c'est-à-dire renvoyer chez elles les patientes qui peuvent l'être. Le personnel restant est à son poste pour fournir tous les soins médicaux nécessaires. » Malgré les ordres d'évacuation répétés issus par les autorités, la patientèle continue d'affluer, et avec elle, les naissances dans cette ville si proche de la ligne de front : « En cas d'évacuation de la population, bien sûr que les actes médicaux diminueront également, mais regardez : avant la guerre, nous avions plus de cent naissances par mois, et maintenant, nous en avons quarante. » Anastasia Yevgenovna, cheffe du département de néonatologie, explique pourquoi les naissances sont toujours nombreuses : « Beaucoup de femmes ne veulent pas quitter la ville, et il y a aussi celles qui viennent d'autres régions d'Ukraine, car leur mari sont soldats ici. » C'est le cas de Dasha, 22 ans et future maman, qui précise : « Je pense que c'est très important, c'est une bonne chose qu'il y ait des gynécologues qui restent en ville, car les militaires se déplacent désormais d'une ville à l'autre, et parfois avec leurs proches. » « Il y a davantage de pathologies chez les femmes Pourtant, si la vie continue d'être donnée si près du front, la guerre a des conséquences directes sur la santé des mères et de leurs enfants : « Il y a davantage de pathologies chez les femmes, d'abord le stress, puis toutes ces substances qui se retrouvent dans l'environnement à cause des munitions, dont on ne sait pas ce qu'elles contiennent... Et des enfants trisomiques qui, pour une raison ou une autre, ne se sont pas présentés, car leurs mères n'étaient pas enregistrées, viennent des villages proches de la ligne de front, où les combats font rage, et disent ne pas avoir la possibilité de se rendre à la clinique prénatale » Depuis cet été, la situation humanitaire s'est considérablement dégradée dans l'ensemble de la région de Donetsk. Malgré le danger, les femmes enceintes peuvent encore y donner la vie dans un cadre médicalisé, mais si la maternité de Sloviansk fermait ses portes, elles ne pourraient plus bénéficier d'un suivi médical adéquat. À lire aussiEst de l'Ukraine, lâcher du terrain ou combattre jusqu'au bout ?

    Espagne: l'embauche de travailleurs recrutés à l'étranger inquiète les saisonniers immigrés locaux

    Play Episode Listen Later Oct 14, 2025 2:37


    En Espagne, pour pallier la pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs, le gouvernement autorise les entreprises à embaucher des étrangers dans leur pays d'origine pour travailler quelques mois avant de repartir. À Lleida, en Catalogne, l'arrivée de ces travailleurs temporaires contentent les agriculteurs, tandis que les travailleurs immigrés saisonniers résidant en Espagne se plaignent de voir leurs emplois menacés. Une mise en concurrence qui passe mal. Le reportage de notre correspondante à Barcelone est à retrouver dans son intégralité sur le site de RFI dans le podcast Accent d'Europe.   À lire aussiEspagne: vers une régularisation de près de 500 000 personnes en situation irrégulière

    En Serbie, une répression policière toujours plus féroce, un an après l'accident de Novi Sad

    Play Episode Listen Later Oct 13, 2025 2:30


    Voilà bientôt un an que la Serbie est secouée par un important mouvement de protestation contre la corruption. Depuis la catastrophe de la gare tout juste rénovée de Novi Sad, qui a fait 16 morts le 1er novembre 2024, le régime autoritaire d'Aleksandar Vucic est dénoncé par des manifestations et des blocages de rues. Alors que le président, notoirement proche de la Russie, refuse toujours d'organiser des élections anticipées, les étudiants sont à la pointe de ce mouvement résolument pacifique et démocratique. Mais depuis plusieurs semaines, ils font face à une répression de plus en plus violente. Comme des milliers de jeunes Serbes, Dusan Svetkovic a passé l'été à bloquer les rues de Belgrade pour exiger des élections anticipées. Mais le 14 août dernier, lors d'un rassemblement près de la place Slavija, le destin de cet étudiant en physique bascule. « Je me tenais tranquillement près de la fontaine quand une voiture sans plaque est arrivée. Des hommes en civil en sont sortis, et l'un d'entre eux s'est précipité vers moi et m'a violemment jeté au sol. Quatre ou cinq autres hommes sont arrivés, et ils ont commencé à me frapper et à me donner des coups de poing au visage. Ils m'ont frappé la tête contre le sol, et l'un d'entre eux m'a donné des coups de pied avec ses bottes, alors que j'avais la tête sur le goudron », se souvient-il. Embarqué par les hommes de cette unité spéciale, Dusan affirme avoir été battu et menacé de mort dans un garage situé sous le siège du gouvernement, avant d'être relâché trois heures plus tard. Le lendemain, à quelques centaines de mètres de là, Alexandra Nikolic tombe à terre lors d'une charge policière. Elle reçoit un coup de matraque sur le crâne du policier. « Vu comment la police s'est comportée pendant ces dix derniers mois de contestation, je ne m'attendais à rien de bon de leur part. Mais je n'imaginais même pas qu'ils nous frappent par derrière, alors que nous étions deux femmes tombées au sol », explique l'étudiante en droit, montrant les photos de son visage ensanglanté. Elle dénonce la dérive autoritaire du régime du président Aleksandar Vucic : « La justice, la violence, les médias, les insultes... Les autorités utilisent tous les moyens dont elles disposent pour réprimer leurs citoyens. Personnellement, je considère que cela relève d'un type de fascisme. Avec cette philosophie du "où vous êtes avec nous, où vous êtes contre nous", pour moi, il est clair que l'État emploie des méthodes fascistes. » Usage illégal de la force, séquestration dans des lieux non officiels, absence d'avocats... Les méthodes de répression employées par le pouvoir sont aujourd'hui documentées par plusieurs ONG. Les étudiants et les opposants dénoncent notamment la mainmise du SNS, le parti présidentiel, sur l'appareil judiciaire. Des pratiques bien éloignées des valeurs de l'Union européenne, à laquelle la Serbie est toujours officiellement candidate. Alors que le président Vucic se montre inflexible, des élections pourraient avoir lieu en avril 2026. En attendant, les étudiants se préparent et envisagent de présenter leur propre liste lors de ces législatives. Espérant ainsi ouvrir des premières brèches dans un système jusque-là verrouillé. À lire aussiSerbie: le président Vucic tente de reprendre la main à l'occasion d'un défilé militaire   Un reportage à écouter en entier ici, dans le podcast Accents d'Europe.

    Suède: des «repas de crise» à l'école pour se préparer à la guerre

    Play Episode Listen Later Oct 12, 2025 2:45


    Cette semaine, en Suède, a lieu la « semaine de la préparation aux crises » ou « semaine de la résilience », organisée par l'Agence suédoise de protection civile. Le thème pour 2025 est « Tu fais partie de la défense totale de la Suède ». L'idée est de montrer que tout le monde a un rôle à jouer dans la sécurité et la préparation nationale en cas d'attaque, de crise ou de guerre. Dans les écoles, de nombreuses initiatives sont prises pour expérimenter des situations de crise de manière concrète. Notre correspondante à Stockholm s'est rendue dans une école qui a servi, un midi, ce qu'ils ont appelé un « repas de crise ». Amanda, 5 ans, assiette à la main, s'apprête à se servir une portion de couscous et de carottes. Elle raconte qu'elle est un petit peu déçue qu'il n'y ait pas de concombre aujourd'hui sur le buffet de la cantine. En effet, ce midi, tous les élèves de 5 à 16 ans dégustent un « déjeuner de crise » comme ils l'ont surnommé. Un défi inédit pour Patrick, le cuisinier de l'école.  « Dans le scénario d'aujourd'hui, on a cuisiné avec des quantités limitées en eau et en électricité. Et en plus, toute la nourriture a été cuisinée avec ce qui se trouve dans notre stock de crise comme de la pâte de soja séchée, des haricots en conserve et des tomates concassées », raconte-t-il. Avec ces ingrédients, Patrick a tout de même réussi à concocter un chili sin carne, des pommes de terre et une soupe de poireaux. « Aucun légume frais aujourd'hui du coup, mais des carottes, du chou blanc qui peuvent se conserver longtemps. Le reste, c'est du congelé ou de la conserve », précise-t-il. Mais ça ne semble pas perturber les élèves outre mesure. « C'est super bon ! », réagit Amanda. « Franchement, c'est bon, je suis agréablement surpris », ajoute un autre élève. Mais le menu ne fait pas non plus l'unanimité, en tout cas pas auprès de Victoria : « C'est vrai que ça ne ressemble pas trop à ce qu'on a l'habitude d'avoir. On dirait un peu de la nourriture pour enfant, si je suis honnête. En général, on prend toujours des légumes, mais du coup, pas aujourd'hui. » À lire aussiLa Suède et la Finlande veulent préparer leurs habitants à une possible guerre Même si le chili sin carne made in 100% conserves n'est pas particulièrement ragoutant pour Victoria, ses camarades, comme Ruth, comprennent qu'il s'agit de sensibilisation. Et en Suède, de manière générale, on préfère toujours être préparé à toute éventualité. La pression exercée par le voisin russe ces dernières années a bien entendu fait accélérer les préparatifs. « C'est hyper, hyper important, insiste Ruth. Il pourrait y avoir la guerre, et dans ce cas-là, c'est bien que l'école sache comment faire à manger pour autant de monde et sans électricité, par exemple. » L'Agence de protection civile a aussi dit qu'il fallait avoir de quoi survivre chez soi une semaine sans électricité ni chauffage. Et si on leur demande s'ils sont préparés, chez eux, à la maison, ils répondent en chœur : « Oui, oui, oui. » Conserves, radio, réchaud, sacs de couchage, le chef cuisinier Patrick a aussi tout ce qu'il faut à la maison. Mais à l'école, c'est plus de 900 élèves qu'il doit savoir nourrir en cas de crise, d'attaque ou de guerre.  « On a un classeur de crise avec des idées de recettes à l'intérieur. C'est la ville de Stockholm qui les distribue à toutes les écoles en donnant aussi des directives sur ce qu'il faut stocker comme nourriture, etc. À l'avenir, on va tenter de cuisiner sans aucune électricité, et pourquoi pas essayer une semaine entière de repas de crise », affirme Patrick. Les élèves se disent prêts à manger de la salade de pommes de terres à répétition, mais n'espèrent évidemment pas en arriver là. « Ça voudrait dire que ça va vraiment mal », disent-ils en rigolant, à moitié. À lire aussiL'Otan défend les câbles sous-marins en Baltique

    Légalisation du tatouage en Corée du Sud: une «reconnaissance sociale» pour les tatoueurs

    Play Episode Listen Later Oct 11, 2025 2:32


    En Corée du Sud, 33 ans après son interdiction, la pratique du tatouage par du personnel non médical est légalisée. Son interdiction était en réalité peu appliquée. Mais si de nombreux Coréens se sont fait tatouer ces dernières années, c'était sans cadre légal ou sanitaire. Cette légalisation était attendue depuis longtemps par des milliers de tatoueurs exerçant illégalement. De notre correspondant en Corée du Sud, Un salon de tatouage qui se fait discret, non loin d'une bouche de métro. Si depuis ses débuts en 2019, elle restait confidentielle, celle qui se fait appeler Park pourra bientôt sortir de l'ombre. Jeudi 25 septembre, les députés sud-coréens ont voté en majorité pour la légalisation du tatouage par du personnel non médical. Une victoire après un long combat pour de nombreux tatoueurs comme Park. « Cela fait très longtemps qu'on espérait que le tatouage trouve enfin une place légale en Corée. Pour ma part, j'ai continué à exercer dans un contexte incertain, toujours avec de la peur, de la frustration et de la déception. Mais désormais, nous sommes enfin dans le cadre de la loi. Et au-delà de la simple légalisation, je pense que cela a une grande signification : c'est la reconnaissance sociale de notre art et de notre métier. » Si la loi vient d'être votée, elle ne sera appliquée que dans deux ans, le temps de mettre en place une licence professionnelle ainsi que des formations sanitaires pour les tatoueurs. Un délai apprécié par Park : « Jusqu'à présent, nous devions tous assumer ces responsabilités individuellement, mais désormais, nous allons pouvoir nous préparer de façon plus systématique dans le cadre fixé par l'État. Je pense que ce n'est pas une contrainte, mais une bonne opportunité pour que le tatouage en Corée gagne davantage de confiance et puisse se développer sainement. » Autrefois associé à la mafia, le tatouage restait mal vu en Corée du Sud. Les tatoueurs pris sur le fait pouvaient écoper de 7 500 euros d'amende. Malgré l'interdiction, le nombre de salons de tatouage a explosé depuis les années 2000 et le nombre de tatoués avec, atteignant les 10 millions de Coréens. Ces deux jeunes femmes ont bravé l'interdiction. « J'ai deux tatouages. Je pense que c'est juste de l'expression individuelle, je ne comprends pas que la politique se soit mêlée à ça, cela aurait dû être autorisé depuis longtemps », dit l'une. « Moi, je comptais m'en faire un avec mon amie, j'avais demandé l'autorisation à mes parents, mais je ne me souciais pas vraiment que ce soit illégal ou non. Personne ne respectait cette loi de toute manière », ajoute l'autre.  Les tatoueurs coréens sont même aujourd'hui reconnus à l'étranger pour leur talent et leurs créations. La légalisation de leur pratique facilitera l'arrivée des clients internationaux déjà très intéressés par les artistes coréens. À lire aussiEn Corée du Sud, le tatouage est considéré comme un acte médical

    En Afghanistan, le retour précaire des réfugiés d'Iran et du Pakistan

    Play Episode Listen Later Oct 10, 2025 2:32


    En Afghanistan, des milliers de rapatriés franchissent, chaque semaine, les frontières terrestres avec l'Iran et le Pakistan. Contraints de rentrer dans leur pays d'origine qu'ils ne connaissent pas ou plus, ils doivent composer avec le manque de ressources et de perspectives, l'arrivée imminente de l'hiver et la crise économique qui s'abat sur l'Afghanistan. Le poste-frontière de Spin Boldak a vu l'arrivée de 20 000 personnes en seulement quelques jours. Les hommes et les femmes attendent patiemment de pouvoir entrer en Afghanistan, sous le regard sévère des militaires pakistanais, puis des talibans. Une fois qu'ils sont autorisés à traverser la frontière, ils sont conduits dans des salles d'attente impersonnelles et grises, où les hommes sont séparés des femmes et des enfants. C'est ici que se tient Rahmatullah, 75 ans, à la longue barbe blanche. « Je suis originaire de la province de Jawzan, au nord de l'Afghanistan, se présente-t-il. Cela fait 45 ans que je vis au Pakistan, au Balouchistan. J'étais à la mosquée, en train de prier, lorsque je me suis fait arrêter. Ils ont gardé mes vêtements et m'ont frappé au visage. J'ai essayé d'expliquer à la police que j'avais une carte de réfugié, que je pouvais leur apporter et leur montrer. On m'a dit que ce n'était pas nécessaire. Ils m'ont emmené dans un endroit qui ressemblait à une prison, aux alentours de 8h du matin. Dans la nuit, j'ai été conduit en Afghanistan. » À lire aussi« Ils nous traitaient comme des animaux » : la déportation de masse des Afghans expulsés d'Iran Le vieil homme n'a même pas eu le temps de prévenir sa famille et se retrouve désormais tout seul en Afghanistan. « Je n'ai pas pu passer chez moi. Ils m'ont enfermé, puis emmené ici. Je n'ai rien avec moi : je n'ai pas d'argent, je n'ai rien. Mes enfants, ma femme, tout le monde est resté au Pakistan. J'ai besoin d'aide, je ne sais pas ce que je vais faire », se désole-t-il. Rahmatullah est bouleversé. Il avait jusqu'au 31 août pour quitter son pays d'accueil, en dépit d'un titre de séjour. Mais il n'a pu se résoudre à partir de lui-même. Une aide humanitaire limitée Un peu plus loin, les talibans en charge de Zero Point, le poste-frontière de Spin Boldak, se veulent rassurants et accablent les autorités pakistanaises. « Cela fait plusieurs années que le Pakistan expulse des réfugiés afghans. La situation est difficile, ils se font arrêter, emprisonnés, puis conduire en camions jusqu'ici dans des mauvaises conditions, constate Ali Mohammad Haqmal, l'un des responsables. Lorsqu'ils arrivent ici, nous essayons de les aider, de leur donner de l'argent liquide, nous parlons avec eux. Nous essayons vraiment de les rassurer et de leur dire qu'ils sont nos frères et que nous les aidons. » Ces efforts restent insuffisants pour les nouveaux arrivants, qui ne débarquent pas indemnes. Selon Mohamed Sabir, médecin au sein du croissant rouge, ils souffrent principalement de malnutrition : « Nous n'avons que quelques médicaments de base, nous ne pouvons pas leur donner grand-chose. » Rahmatulla et ses milliers de semblables transitent ensuite dans un second camp, à une heure de route. Avant d'être dispersés dans le reste du pays. Depuis le mois de janvier, ils sont 1,8 million à être rentrés d'Iran et du Pakistan. DossierAfghanistan : faits marquants de quatre années de régime taliban

    Inde: à Tirupur, la guerre commerciale avec les États-Unis menace des milliers d'emplois du textile

    Play Episode Listen Later Oct 9, 2025 2:30


    Accusant l'Inde d'être trop protectionniste et de financer la guerre en Ukraine par l'achat de pétrole russe, Donald Trump lui a infligé 50% de barrières douanières. Depuis, les relations entre l'Inde et les États-Unis ne cessent de se tendre. Notre reporter s'est rendu à Tirupur, dans le sud de l'Inde, appelée la capitale du textile indien. On y trouve 10 000 petites usines textiles qui emploient au moins 600 000 ouvriers. Toute la métropole dépend du textile, dont une bonne partie à l'export vers les États-Unis. Enfin, jusqu'à il y a peu… De notre envoyé spécial à Tirupur, Sur les trois étages de VPR Textiles, seuls quelques ouvriers s'affairent encore à la découpe. « Cinquante pour cent de taxes, c'est terrible pour Tirupur. Depuis quelques semaines, nous n'avons plus aucune commande, car 80% de nos clients venaient des États-Unis. Ils ont annulé. Moi, je fais 10% de marge, il m'est impossible de compenser ! », s'inquiète Ponnusamy, propriétaire de l'atelier. « Il y a soixante ouvriers ici. Je ne veux pas les licencier. Mais d'ici quelques semaines, je n'aurai pas d'autre choix. » Avec un chiffre d'affaires annuel de près de 8 milliards d'euros à l'export, Tirupur est une réussite industrielle. Si les portes du marché américain se ferment définitivement, la ville saura rebondir, assure le président de la Tirupur Export Association : « Sur 5 milliards d'euros d'exportations dans les usines de Tirupur, 1,6 milliard vont aux États-Unis en moyenne, soit un tiers. Pour l'instant, seuls 5% des emplois sont menacés. Et nous allons nous tourner vers de nouveaux marchés. Ça ne se fera pas en un jour, mais c'est l'affaire de six mois. » Entre incertitudes diplomatiques et espoirs européens Alors que les échanges continuent entre Donald Trump et le Premier ministre indien Narendra Modi, certains espèrent un accord commercial plus arrangeant. Au local du Parti communiste indien, bien implanté dans cette ville ouvrière, l'inquiétude est plus marquée : « 30 % du marché qui s'évapore, cela ne va pas être compensé du jour au lendemain. Ce sont des dizaines de milliers d'emplois menacés à Tirupur. Les patrons disent qu'il y a peu de licenciements, mais c'est parce qu'ils renvoient les migrants pauvres venus du nord qui travaillent au noir et ne sont pas comptabilisés. » C'est l'Union européenne qui est dans tous les esprits, après la conclusion d'un accord de libre-échange entre l'Inde et le Royaume-Uni. Le patron d'Esstee Exports, un des plus grands exportateurs de Tirupur, se veut confiant : « Si un accord de libre-échange est signé avec l'Union européenne, on doublera nos exportations là-bas et ça compensera les risques liés à nos relations troublées avec les États-Unis. » Reste le risque que toutes ces négociations échouent. Tirupur compenserait alors difficilement avec le marché intérieur indien, immense mais bien moins riche. 

    Les voitures chinoises, grandes gagnantes des sanctions contre Moscou

    Play Episode Listen Later Oct 9, 2025 2:50


    En Russie, c'est l'une des conséquences des sanctions prises au lendemain de l'invasion de l'Ukraine : les ventes de véhicules chinois ont explosé. Elles ont été multipliées par sept depuis 2022 ! Et malgré un marché de l'automobile morose, une nouvelle domination est en train de s'installer. Depuis le début de l'année, plus d'une voiture neuve sur deux vendues en Russie est de marque chinoise. Sur un parking d'un centre commercial, Mikhail recharge à une borne électrique sa berline, une Hongqi achetée il y a trois ans. « C'est sûr que conduire une voiture allemande, c'est bien plus agréable, mais ça va, en termes de confort, de stabilité et de tenue de route, cette voiture fait bien l'affaire. Après, c'est vrai qu'en hiver la batterie se décharge très vite. Ça, c'est un problème. Mais en été ou à ce moment de l'année, tout est parfait », dit-il.  Pour se rendre compte du phénomène, il suffit de se connecter sur l'application de VTC, Yandex. Aux côtés des marques coréennes ou japonaises, de plus en plus de courses sont proposées à bord de véhicules chinois. Taalay est originaire du Kirghizistan et s'il a opté pour une voiture de la marque Geely, c'est avant tout pour son prix. Pour un véhicule chinois moyenne gamme, il faut compter en Russie 2 millions de roubles en moyenne, soit à peu près 20 000 euros. « Aujourd'hui, sur le marché, les voitures chinoises sont bien plus accessibles… Donc moi, c'est le rapport qualité/prix qui m'a décidé. Et puis avec les sanctions, ça ne sert plus à rien d'avoir une voiture européenne, parce que c'est très dur de trouver des pièces détachées. Au moins, avec les voitures chinoises, vous n'avez aucun problème ! », explique-t-il. Un marché conquis après le départ des marques européennes Malgré un contexte économique difficile pour l'automobile en Russie, les constructeurs chinois continuent à gagner des parts de marché. Depuis le début de l'année, 500 000 véhicules chinois ont été vendus en Russie, ce qui représente plus de la moitié des ventes de voitures neuves. Nicolaï Nazaikinskii est journaliste, expert en automobile. « L'une des principales raisons, c'est l'introduction des sanctions occidentales. Quand les Européens ont quitté la Russie, ils ont aussi abandonné leurs concessions. Et les Chinois n'ont eu qu'à les remplacer... Ils ont juste repris leurs concessions et mis leurs logos à la place », indique-t-il. Pour écouler leurs voitures en Russie, les marques chinoises peuvent compter sur des taxes moins élevées qu'en Europe et aux États-Unis, des délais de livraisons plus courts. Mais ils assemblent aussi désormais plus de voitures sur le sol russe. « Nous avons plusieurs usines de voitures chinoises en Russie. La marque Haval avait ici deux usines avant les sanctions, mais vous avez désormais Chery qui assemble ses voitures, et d'autres marques prévoient de faire pareil. En fait, tout est devenu beaucoup plus simple pour ces marques, parce que les infrastructures sont déjà là. Il leur suffit de venir assembler leurs voitures là où les Européens le faisaient auparavant. » Mais cet afflux de voitures chinoises n'est pas sans inquiéter le Kremlin. En janvier, Moscou a décidé de relever les « frais de recyclage », c'est-à-dire des droits de douane pour limiter l'entrée des véhicules étrangers et ainsi protéger les constructeurs russes.

    Royaume-Uni: l'IA, une bénédiction pour les historiens britanniques

    Play Episode Listen Later Oct 7, 2025 2:38


    Malgré les questions éthiques qu'elle pose, l'intelligence artificielle reste une avancée majeure pour de nombreux domaines. C'est le cas notamment dans la recherche historique, où l'IA permet à des spécialistes d'avoir accès à des anciens textes ou des documents illisibles ou inaccessibles autrement. Des universités ont développé des outils IA pour déchiffrer des écritures inconnues, et au Royaume-Uni, leur usage se développe largement. À lire aussiRoyaume-Uni: le Premier ministre Keir Starmer lance un plan pour «libérer» l'IA

    En Israël, la société se radicalise autour des questions de sécurité

    Play Episode Listen Later Oct 7, 2025 2:29


    Les attaques du 7-Octobre et la guerre qui a suivi ont fait évoluer la société israélienne. Elle est plus conservatrice. Plus polarisée que jamais et radicale aussi. Reportage à Yeruham, dans le sud du pays, en plein désert du Néguev. De notre envoyée spéciale de retour de Yehuram, Si vous cherchez la ville de Yeruham, la blague locale dit : « C'est au bout du monde à gauche. ». Yehoram est une localité de 12 000 habitants construite au milieu du désert du Néguev, dans les années 1950. Elle est peuplée de descendants de juifs venus d'Afrique du Nord, un peu des pays de l'Est et aussi de populations bédouines. Aux dernières élections municipales, le parti de Benyamin Netanyahu a remporté la mise. Sur la place du centre-ville, Melloul un habitué du café, brosse un portrait plus qu'élogieux du Premier ministre israélien : « Nous avons un Premier ministre qui est fort, il est fort et nous transmet cette confiance en nous. » La maire de la ville a été élu avec les voix du parti d'extrême droite de Itamar Ben Gvir. Le ministre de la Sécurité était justement à Yehoram récemment et Melloul s'en souvient très bien : « Ben Gvir a fait le tour de la ville, il a vu la situation et a immédiatement autorisé les armes à feu. Les gens peuvent désormais acheter des armes. Alors, j'ai tout de suite soumis une demande et, bientôt, je recevrai une licence et un pistolet légal. C'est pour la légitime défense. Si, par malheur, il y a du terrorisme, alors je pourrais l'utiliser. » À lire aussiCe que le 7 octobre 2023 a changé Depuis le 7 octobre 2023, la société israélienne est devenue moins tolérante, plus conservatrice. Omer Yair le confirme, il est spécialiste de l'opinion à l'université Reichman à Herzliya : « On a vu un changement politique, idéologique, vers la droite, le conservatisme. Oui, c'est clair, ce changement a eu lieu après le 7-Octobre. Un accord de paix avec les Palestiniens ? La plupart des Israéliens sont de plus en plus sceptiques à ce sujet. En revanche, le soutien à un leader fort augmente. » La polarisation de la société israélienne, Avi, chef d'entreprise dans la tech, l'a constatée. Mais pour lui, ça ne date pas du 7-Octobre : « Les gens votent pour la communauté, la tribu à laquelle ils appartiennent. J'ai un ami, il est Bédouin et il m'explique qu'il a envie de voter pour le parti sioniste de gauche. Il me dit : " Je suis d'accord avec leur programme, mais je ne peux pas voter pour eux ". Et à la fin, il va voter pour un parti arabe et je crois que c'est la principale considération. » À lire aussiIsraël: Benyamin Netanyahu, fragilisé par les négociations de paix, tente de rebondir

    Ukraine: l'opéra de Kharkiv célèbre ses 100 ans malgré la guerre

    Play Episode Listen Later Oct 5, 2025 2:37


    À Kharkiv, en Ukraine, l'opéra vient de fêter ses cent ans. La ville a beau être située à une trentaine de kilomètres du front, l'institution continue ses spectacles, au sous-sol de cet immense bâtiment. Et si la scène est trois fois plus petite, si plus de la moitié des danseurs et chanteurs sont partis, les représentations font salle comble et pas question pour la troupe d'arrêter. Des portés majestueux, des danseurs qui virevoltent. En cette fin d'après-midi, le ballet de Kharkiv donne une représentation de Corsaire, inspirée d'un poème de Lord Byron. On est bien dans l'opéra de la ville, mais au sous-sol. Plus exactement, dans un abri anti-bombes, transformé depuis un an en salle de spectacle. Ici, l'orchestre joue à quelques centimètres des spectateurs. Les quatre cents sièges de la salle ont davantage l'air de chaises de bureau que de confortables sièges de velours, mais tous les regards sont rivés sur les danseurs qui multiplient les figures aériennes. Olha Charikova, 35 ans, incarne ce soir Gulnare, l'un des rôles principaux. Pour elle, danser à Kharkiv était une évidence : « C'est ma ville natale, mes parents sont ici. Ils ne sont jamais partis. Je veux rester avec eux et faire mon travail. Nous avons l'opportunité de montrer notre art à notre peuple, la guerre est dehors, mais à l'intérieur, nous essayons de leur donner du bonheur et un peu d'espoir pour un futur meilleur. » Il a fallu s'adapter : la scène, trois fois plus petite, ne permet pas d'exécuter toutes les figures, les décors sont simplifiés et certains morceaux ont même dû être retravaillés pour correspondre aux dimensions de la salle. « "Corsaire" se joue maintenant en deux actes au lieu de trois. Par exemple, dans la dernière scène, il y a un grand navire qui vogue sur la scène et coule. Ça ne peut vraiment être montré que sur une grande scène. Aujourd'hui, le ballet se termine avec des jeunes filles en tutu, des fleurs, et une happy end, parce que nous avons déjà assez de tragédies dans nos vies ! », explique Olha Charikova. Maintenir l'opéra à Kharkiv, coûte que coûte  Après le 24 février 2022, la troupe est partie deux ans en Europe, accueillie en Lituanie et en Slovaquie. Mais dès que cela fut possible, ceux qui ont pu le faire sont revenus à Kharkiv. Le directeur de l'opéra, Ihor Tuluzov, a tout tenté pour maintenir l'institution : « Durant les premières semaines, c'était vraiment très difficile, parce qu'il y avait des bombardements constants. Notre bâtiment aussi a été touché. »  À lire aussiUkraine: «pluie» de drones russes sur la ville de Kharkiv, deux morts et trente blessés De nombreuses fenêtres de cette immense dalle de béton ont par exemple explosé. Dans la ville d'ailleurs, même si les ouvriers travaillent vite pour effacer les stigmates de la guerre, on croise encore des façades éventrées, des trottoirs marqués par des éclats d'obus, ou des fenêtres recouvertes par d'immenses palissades. Après deux ans de fermeture, l'opéra a désormais presque repris une activité normale et propose des spectacles plusieurs fois par semaine : « Pour nous, il est très important de montrer, psychologiquement, que Kharkiv bouillonne », souligne Ihor Tuluzov. « Et puis, nous voulons présenter les exemples les plus éclatants de la culture ukrainienne : l'opéra, le ballet, etc. Ce qui compte aussi, c'est que nous, en tant que troupe professionnelle, nous nous produisions ici, à Kharkiv. La ville avait besoin de notre activité, de notre travail, de nos représentations, de notre soutien », ajoute-t-il. « Je suis vraiment heureuse de voir qu'à Kharkiv, notre ville vit sa vie » Plus de la moitié des danseurs et des musiciens sont partis, certains en Europe, d'autres ailleurs en Ukraine. Et d'autres sont partis sur le front. L'un d'entre eux est mort au combat dans les environs de la ville. Chaque représentation est d'ailleurs précédée de l'hymne ukrainien pour leur rendre hommage. Malgré ces conditions, le directeur de l'opéra se veut optimiste : « Bien sûr, maintenant, nous n'avons plus la possibilité d'accueillir autant de spectateurs. Mais je pense que nous avons aussi gagné un nouveau public : des gens qui n'étaient jamais venus à l'opéra ou au ballet avant la guerre. » Dans cette ville où beaucoup de bars, de musées et de salles de concert ont dû fermer, venir à l'opéra est un luxe rare. À l'entracte, Yulia, 27 ans, invitée par son amie Khrystyna, découvre les lieux et a encore les yeux qui brillent : « Je suis très heureuse d'avoir la possibilité de voir l'opéra et le ballet à Kharkiv. » À côté d'elle, son amie renchérit : « Je suis vraiment heureuse de voir qu'à Kharkiv, notre ville vit sa vie. » À l'extérieur, une alerte aérienne retentit : des drones survolent la région. Mais dans la salle, où la sécurité est maximale, personne ne bouge : le public n'entend que la musique. Et dans cet abri, chaque spectacle devient bien plus qu'un simple divertissement : une parenthèse dans un quotidien d'angoisse. À lire aussiUkraine: rester à Kramatorsk, malgré le danger quotidien des bombes russes

    Israël: Vicky Cohen, une mère d'otage déterminée à faire rentrer son fils

    Play Episode Listen Later Oct 4, 2025 2:30


    L'armée israélienne a annoncé samedi poursuivre ses opérations à Gaza malgré des appels des familles d'otages et de Donald Trump à cesser immédiatement les bombardements, après un accord du Hamas pour libérer tous les captifs. Le Hamas a dit vendredi qu'il était prêt à libérer les otages et à négocier. Avant cette annonce, notre correspondante a rencontré Vicky Cohen, la mère d'un soldat enlevé le 7 octobre 2023. Avec notre correspondant à Jérusalem, « Il n'y a pas d'objectifs à cette guerre, cela fait deux ans et il y a toujours 48 otages à Gaza. L'un d'eux est Nimrod, mon fils », raconte Vicky Cohen. La fatigue se lit sur le visage de cette mère de famille fluette. Elle reste cependant déterminée. Vicky ne travaille plus depuis deux ans, son combat quotidien : faire rentrer son fils, otage à Gaza. Chaque matin, elle enfile un t-shirt sur lequel est dessiné le visage de Nimrod, un portrait tout en douceur. « Il est très calme, très timide, sensible, modeste. Il aime jouer avec son Rubik's cube. Il a un monde intérieur qui, j'espère, l'aidera à survivre et a gardé l'espoir d'être bientôt de retour à la maison », confie-t-elle. Nimrod faisait son service militaire près de la bande de Gaza lorsqu'il a été enlevé par le Hamas, le 7 octobre 2023. Il avait 19 ans. Vicky Cohen est certaine que son fils est vivant, les dernières preuves de vie datent du mois de mars : « Le Hamas a diffusé une vidéo sur laquelle on ne voyait pas son visage, mais j'ai reconnu le tatouage sur son bras. Nous avons su immédiatement que c'était lui. C'était la première preuve visuelle qu'on avait. J'étais dans un état de grande excitation. Il était sur ses pieds, il bougeait. Mais j'étais aussi très inquiète pour lui. Je ne sais pas dans quelle situation physique et mentale, on ne connait pas ses conditions de détention. Je sais juste qu'il est vivant ». Lorsqu'elle a appris que l'armée israélienne intensifiait ses opérations dans la ville de Gaza, Vicky a fait des insomnies, imaginant le pire pour son fils. Elle ne décolère pas contre le gouvernement israélien qui, dit-elle, n'en fait pas suffisamment pour faciliter le retour des otages : personne ne les tient au courant. « De temps en temps, on nous envoie des messages WhatsApp. Dans ces messages, il n'y a aucune information. Les informations que l'on obtient viennent de la presse », reproche-t-elle. Vicky est convaincue que le Premier ministre Benyamin Netanyahu prend ses décisions en fonction de son agenda politique. Chaque samedi à Tel-Aviv, Rehovot, Jérusalem, Vicky manifeste pour que la guerre à Gaza s'arrête. À lire aussiOtages à Gaza: le combat de Vicky Cohen pour le retour de son fils Nimrod

    Syrie: les mines menacent le retour des déplacés à Deir Ezzor

    Play Episode Listen Later Oct 3, 2025 3:10


    Dans la province syrienne de Deir Ezzor, frontalière de l'Irak, des villages ravagés par la guerre voient peu à peu revenir leurs habitants confrontés à la menace des explosifs, mines et autres munitions abandonnés par les belligérants. Ces retours dans une région marginalisée et dominée par l'insécurité représentent un défi logistique pour les équipes de démineurs et ont déjà engendré de nombreux accidents.  De notre correspondant de retour de Deir Ezzor, À l'abri derrière les épais murs de terre d'une bergerie, Ahmad, les traits tirés, actionne le détonateur. Avec son équipe de démineurs, il opère depuis deux mois dans la zone dite des Sept villages de la province de Deir Ezzor : « Ces villages ont longtemps été une zone interdite, une ligne de front bombardée par les forces en présence. » C'est sur cette terre de sable, battue par les vents, qu'a été recensé le quart des 1 400 victimes d'engins explosifs abandonnés en Syrie depuis la chute du régime. « Pour le moment, l'urgence, ce sont les zones habitées, et ensuite, nous passerons aux parcelles agricoles », observe Ahmad. Coincée entre les flots paisibles de l'Euphrate au sud, au nord, une voie ferrée lestée de mines anti-personnelles : les maisons sont comme figées, les murs criblés d'impacts. S'y sont tour à tour réfugiés les combattants de Daech, les miliciens iraniens et les soldats du régime, abandonnant derrière eux les sinistres vestiges de la guerre. Ahmad confie : « Les habitants d'ici ont tous été déplacés. Depuis la chute du régime, ils commencent à revenir chez eux et découvrent des restes d'explosifs ou de munitions dont ils se débarrassent en reconstruisant leurs maisons. Ça pourrait nous prendre plus de cinq mois pour nettoyer la zone. » À lire aussiSyrie: dans la province de Deir Ezzor, la résurgence du groupe État islamique Selon certaines estimations, 70% des mines répandues en Syrie seraient concentrées dans la province de Deir Ezzor. Alors, d'ici là, l'urgence, c'est aussi de protéger les plus jeunes. Employé d'une ONG internationale, Tamer sillonne la région : « Nous essayons, avec des jeux, d'enlever de la tête des enfants des comportements qui se sont enracinés au cours des 14 années de guerre. » Avec le retour des déplacés, les accidents se multiplient. Protégée du soleil par l'auvent d'une maison aux fenêtres soufflées, la dizaine d'enfants est attentive, les yeux rivés sur un tableau aux visuels éloquents : « ​​​​​​​Ils me disent : "Oui, j'ai joué avec ce truc, je l'ai rejeté, je l'ai même repris une deuxième fois sans que ça explose." Oui, mais la troisième fois, ça va exploser… » Amar, dix ans, victime d'une mine Parmi les enfants réunis, Tamer désigne un garçon, dix ans à peine, recroquevillé sur une chaise roulante : « ​​​​​​​On a un blessé parmi nous… Amar, il a eu un accident avec un explosif, alors qu'il jouait avec son frère et son cousin. Malheureusement, il a été amputé de la jambe, son frère a perdu un doigt et son cousin a perdu la vie. » Revenu avec sa famille au mois de mars, le petit Amar déroule doucement le souvenir de son accident survenu 15 jours plus tard : « Nous sommes partis chercher nos cousins pour le déjeuner. On les a suivis jusqu'au bâtiment détruit. Ils ont trouvé ce truc et ont commencé à jouer avec, à le frapper avec une pierre et à s'amuser avec les câbles. Mais quand ils l'ont jeté par terre, ça a explosé. » D'ici la pose d'une prothèse, Amar est péniblement poussé par son père, épuisé par huit années à s'échapper d'une guerre qui ne cesse de le rattraper : « ​​​​​​​Nous avons tout abandonné derrière nous pour fuir vers un endroit où nos enfants seraient en sécurité. Une fois rentrés, le destin nous rattrape… Mais où pourrions-nous aller ? C'est ici, chez nous, c'est notre maison… » Sur la route, dans un nuage de poussière, s'approche une camionnette encombrée de ballots, des enfants juchés sur le toit. Les retours se poursuivent dans cette région éloignée de tout et toujours en proie à l'insécurité.

    Allemagne: à Spremberg, la maire se lève contre les dérives nazies

    Play Episode Listen Later Sep 30, 2025 2:31


    La petite ville de Spremberg, dans la région du Brandebourg, dans l'est de l'Allemagne, fait face à des actes néo-nazis répétés depuis des mois. Croix gammées dessinées sur le mobilier urbain, jeunes qui font le salut nazi... Face à cela, la maire a tiré la sonnette d'alarme dès cet été et appelé ses concitoyens à réagir. Mais cet appel à l'aide crée la polémique.

    En Albanie, les projets immobiliers «futuristes» de la famille Trump suscitent le débat

    Play Episode Listen Later Sep 29, 2025 2:26


    La famille Trump rêve de développer ses innombrables projets immobiliers dans les Balkans. Sa fille Ivanka et son mari Jared Kushner ont ainsi de grandes ambitions en Albanie. Le couple veut y investir plus d'un milliard d'euros pour transformer l'île militarisée de Sazan en un nouveau lieu branché pour les ultra-riches. Les autorités albanaises déroulent le tapis rouge à la famille Trump, mais les écologistes s'inquiètent pour l'écosystème exceptionnel de la région et certains habitants redoutent de se faire expulser de leurs terres. Reportage dans la région de Vlora, dans le sud de l'Albanie. Un reportage à retrouver en entier sur le site de RFI rubrique podcast Accents d'Europe. À lire aussiLa Vjosa : en Albanie, l'un des derniers fleuves sauvages d'Europe, menacé par le tourisme...

    Cisjordanie: à Ramallah, la vie malgré la douleur de Gaza et les incertitudes de l'occupation

    Play Episode Listen Later Sep 28, 2025 2:40


    Voilà près de deux ans que Gaza est sous le feu de l'armée israélienne. La guerre continue. La vie aussi. À Ramallah, ville de Cisjordanie occupée, connue pour ses lieux de sorties, ses cafés design et ses belles voitures, les Palestiniens semblent partagés entre l'envie de vivre malgré tout et la conscience que « Gaza brûle », pour reprendre l'expression du ministre de la Défense israélien Israël Katz. Gaza n'est effectivement qu'à quelques dizaines de kilomètres de là et omniprésente dans les esprits. Alors comment continuer à danser, chanter, rire et vivre dans ces conditions ? C'est la question qu'a posé notre correspondante à des Palestiniens de Ramallah.  De notre correspondante en Cisjordanie, Un anniversaire à Ramallah. Dans le jardin d'un restaurant très en vue, un grand-père danse et chante avec ses enfants et petits-enfants. Plats très soignés, décoration moderne et serveurs aux petits soins, ce restaurant, très instagrammable, a ouvert ses portes cet été.  Le propriétaire préfère rester anonyme. Il dit recevoir des commentaires interloqués d'internautes choqués par cette ambiance festive alors que Gaza est sous les bombes : « Certaines personnes sont gênées de voir qu'on fait des publications pour mettre en valeur les plats. Elles laissent des messages pour dire qu'il y a la famine à Gaza et tout ça. C'est blessant. J'aimerais beaucoup demander à ces personnes ce qu'elles aimeraient que je fasse. Est-ce qu'il faut que je ferme mon restaurant et que je prive 70 personnes de revenus ? Personnellement, je trouve qu'être là, c'est une preuve d'espoir. Je pourrais très bien m'asseoir et juste regarder les infos toute la journée et tomber en dépression. Mais moi, je trouve qu'avoir un objectif, ça donne de l'espoir. » Alors, peut-on continuer à vivre normalement à Ramallah, alors que « Gaza brûle » ? Cette question torture Moatassem Abu Hasan, metteur en scène. Ce soir se joue à Ramallah, l'une de ses pièces. Elle raconte les rêves d'une jeune diplômée palestinienne sous l'occupation. Une œuvre engagée. Et pourtant, cela ne suffit pas à atténuer le malaise de Moatassem à l'idée de se préoccuper de théâtre alors que son peuple meurt à Gaza : « C'est compliqué. On vit avec ce combat intérieur tous les jours. Littéralement, tous les jours. On essaye d'être joyeux, mais c'est impossible. » Ressent-il un sentiment de culpabilité ? « Mais oui, bien sûr, et ce sentiment ne peut se dissoudre. Là, au moment même où je te parle, je culpabilise de pouvoir avoir accès à la presse. C'est un privilège. À Gaza, personne ne les écoute, eux », répond Moatassem Abu Hasan. Gaza sous les bombes. Et la Cisjordanie occupée secouée par les exactions des soldats et des colons israéliens au quotidien. Dans ce contexte, les Palestiniens éprouvent une incapacité à se projeter. Un phénomène qui interroge en même temps qu'il fascine Razzan Quran, psychologue : « Le fait que les Palestiniens soient capables de s'ancrer dans le présent est une posture très très importante. C'est une façon de vouloir habiter et savourer le présent. Mais il ne faut pas romantiser cette posture parce qu'elle a un coût. C'est très douloureux. Moi et mon mari par exemple, on essaye de fonder une famille, mais on se demande toujours, qu'est-ce qui garantit que notre maison ne sera pas détruite ? Qu'est-ce qui garantit qu'on ne fera pas de mal à notre fils ? Il n'y a aucune garantie, mais malgré ça, je choisis de vivre. » À lire aussiEn Cisjordanie occupée, la colonie de Sa-Nur enterre un peu plus l'idée d'un État palestinien

    Royaume-Uni: l'opération «Raise the Colours» entre patriotisme revendiqué et tensions identitaires

    Play Episode Listen Later Sep 27, 2025 2:33


    Depuis quelques semaines, les rues anglaises se parent de drapeaux : l'Union Jack, le drapeau britannique ou encore la croix rouge de Saint-Georges sur fond blanc, drapeau de l'Angleterre. Certains rond-points ont également été repeints aux couleurs nationales. Cette campagne « Raise the Colours » (Levez les drapeaux, en français), encouragée par le leader d'extrême droite Nigel Farage, intervient alors que les hôtels accueillant des demandeurs d'asile sont visés par des manifestations nationalistes. Notre correspondante s'est rendue dans l'un des quartiers ciblés par l'opération. De notre correspondante en Angleterre, À deux pas du quartier d'affaires de Canary Wharf, visé par des manifestations anti-migrants depuis deux mois. Les lampadaires sont bardés de drapeaux anglais, croix rouge sur fond blanc, financés par des groupes liés à l'extrême droite sur les réseaux sociaux. Les cordes claquent au vent. « Une tentative d'intimidation » Tom, qui ramène sa fille de l'école, aimerait les voir disparaître : « Je ne peux pas dire que j'aime ça. Je le vois comme une tentative d'intimidation, c'est une manière de dire à une partie des gens qui vivent par ici : vous n'êtes pas chez vous. Quand les Anglaises ont gagné l'Euro il y a deux mois, il n'y avait pas de drapeaux, donc je ne pense pas que ce soit une histoire de fierté nationale. » Des drapeaux qui disent « vous êtes chez nous ». C'est exactement l'interprétation de Michael, qui a participé aux manifestations dans le quartier : « Les gens qui viennent ici doivent respecter le Royaume-Uni, ses lois, ses valeurs. Le gouvernement n'arrive pas à freiner tous ces immigrants qui arrivent. Mais quand vous êtes une minorité, que vous venez vivre ici, légalement ou non, vous n'êtes pas chez vous ! » Ici, la mairie a fait retirer plusieurs étendards. Mais dans les rues, certains expatriés, comme ce jeune Portugais, n'y voient pas de menace : « C'est le signe que les gens aiment leur pays, en sont fiers. Cela ne me dérange pas. » Les drapeaux, fierté nationale ou signe d'une radicalisation de la société ? Le Premier ministre Keir Starmer lui-même a dû trancher sur la BBC : « Chez nous, nous avons une croix de saint Georges. J'encourage les drapeaux, c'est un symbole de patriotisme, mais ils ne doivent pas être dévalués et utilisés pour diviser. Je ne veux pas de ça, je suis fier de notre drapeau. » À lire aussiRoyaume-Uni: le militant d'extrême droite Tommy Robinson réunit plus de 100 000 personnes à Londres Pas de condamnation, bien au contraire. John Denham, chercheur en politique à l'université de Southampton, souligne que contrairement à d'autres, le Royaume-Uni ne réserve pas ses drapeaux aux nationalistes : « Nous ne sommes pas une nation qui agite ses drapeaux. C'est historique : nous étions le plus grand Empire du monde. Les drapeaux, c'était pour [les colonies], les Américains par exemple. Nous n'en avions pas besoin. Par conséquent, aujourd'hui, chacun donne le sens qu'il veut au drapeau. » En clair, pour ce professeur proche du Parti travailliste : la campagne « Raise the Colours » a fait long feu : « Je pense que les groupes d'extrême droite espéraient susciter des réactions de la part de la gauche, qu'elle demanderait le retrait des drapeaux. Ce qui aurait permis à ces groupes de se présenter comme les seuls patriotes. Ça n'a pas fonctionné. » Certains poseurs de drapeaux encourent aujourd'hui des poursuites pour dégâts criminels, après avoir tagué la croix de saint Georges sur des ronds-points et aux abords de mosquées. À lire aussiIrlande: importé du Royaume-Uni, le mouvement «hisser les couleurs» interpelle  

    Nouvelle-Zélande: tourisme en terre maori, le revers de la médaille à Rotorua

    Play Episode Listen Later Sep 26, 2025 2:22


    Au cœur de la Nouvelle-Zélande, à Rotorua, tous les rêves des touristes deviennent réalité : baignade dans des sources sacrées, haka spectaculaire… Mais à quel prix ? Si la culture maorie est mise en vitrine de ce tourisme, ceux qui en sont les gardiens se retrouvent pourtant marginalisés.   De notre correspondante en Nouvelle-Zélande, Plantée au pied d'un volcan éteint, la vallée géothermique de Rotorua est entrée dans le classement des villes les plus touristiques du pays. Toute l'économie de la région s'est donc développée en ce sens. Les habitants de Whakarewarewa font par exemple visiter leur village construit sur des sources chaudes à plus de 100 °C. « Certains pensent que c'est un décor, mais non, c'est un véritable village maori. Quand on voit le linge sécher sur la corde ou notre cuisine, c'est la preuve que nous habitons ici ! », raconte une habitante. Le ticket est plus cher si les touristes souhaitent assister au spectacle de danse traditionnelle. L'objectif est de mieux rémunérer les interprètes comme Harata Waera, dont c'est le métier à plein temps. « En été, nous pouvons donner jusqu'à trois spectacles par jour, parfois même quatre. Nous interprétons nos chants traditionnels, notamment le haka. Je vois l'émerveillement dans les yeux du public, car beaucoup de gens n'ont pas gardé leur culture ancestrale comme nous, nous la faisons encore vivre aujourd'hui », explique Harata Waera. Mais il est de plus en plus difficile pour les Maoris de préserver leurs habitudes ancestrales. En tant que membre de la communauté, Chanz Mikaere s'était notamment indignée lorsque des touristes ont été autorisés à nager dans une source thermale sacrée : « Quand on accueille des influenceurs ou des stars de TikTok, des YouTubeurs, on voit qu'ils sont habitués à avoir des passe-droits. C'est d'autant plus le cas depuis que Christopher Luxon est Premier ministre. C'est comme s'il censurait les Maoris d'une main et de l'autre, il s'attend à ce que nous "performions" dans le cadre du tourisme. » Le gouvernement néozélandais travaille en coordination avec la mairie de Rotorua pour développer encore plus le tourisme. Parmi les mesures annoncées figure la fermeture des hébergements d'urgence pour les transformer en motels touristiques. Chanz Mikaere y voit une nouvelle forme d'exclusion : « J'ai été sans-abri à un moment de ma vie, mais j'ai pu passer trois mois dans un de ces logements d'urgence. C'est notre normalité en tant que Maoris, c'est la vie en communauté, le partage de nos ressources comme dans une grande famille. Mais actuellement, nous sommes dans le capitalisme, qui provoque l'exact opposé. » L'essor du tourisme à Rotorua entraîne une véritable gentrification menaçant directement la communauté maorie, surreprésentée dans les catégories les plus pauvres de la population. À lire aussiChanz Mikaere, la voix rebelle des terres maories

    États-Unis: les baleines de retour dans la baie de New York

    Play Episode Listen Later Sep 25, 2025 2:40


    Les baleines sont de plus en plus nombreuses dans la baie de New York. Leur retour a commencé il y a une dizaine d'années, mais il surprend encore les scientifiques. Ce sont surtout des baleines à bosse qui dévient de leur route estivale, vers le Grand Nord. En 2011, elles étaient cinq, aujourd'hui près de 500 ont été identifiés. Elles font le bonheur des touristes et des habitants de la région, qui peuvent partir en mer les observer. Les naturalistes de l'association Gotham Whale, qui étudient, répertorient et protègent les baleines et les dauphins de la baie, sont tous les jours à bord de l'American Princess, au départ de Brooklyn.  De notre correspondante aux États-Unis, Après une heure de navigation, la joie éclate : une baleine plonge et fait claquer ses nageoires tachetées de blanc à quelques mètres de l'American Princess. C'est la deuxième excursion pour Reysonia Owens qui vit à 200 km de New-York. L'assistante dentaire confirme, le phénomène est encore peu connu : « J'en parle à tout le monde ! Quand je demande à mes patients : "devinez où je suis allée observer les baleines", ils répondent : "Alaska ? Maine ?". Et quand je leur dis : "eh non, Brooklyn, New York", ils n'en reviennent pas ! » Les baleines de l'Atlantique nord passent l'hiver dans les eaux tropicales et l'été dans les eaux froides. Mais comme sur toute la planète, leurs migrations sont en train de changer, explique le jeune naturaliste Chris St Lawrence, de l'association Gotham Whale : « Avant, ces baleines allaient directement dans le Maine sans passer par New York. Mais à présent, certaines s'arrêtent pour se nourrir. Surtout des jeunes. Parfois, elles ne vont pas plus loin et passent tout l'été avec nous ici, où elles se nourrissent du poisson, appât local, une sorte de petit hareng. » Le changement du climat est l'un des facteurs en jeu, selon le naturaliste : « Le golfe du Maine se réchauffe relativement plus vite que le reste de l'océan. Et ça influence la répartition des proies préférée des baleines. » À lire aussiÉtats-Unis: les baleines à bosse de retour dans la baie de New York Mais sans eaux propres, pas de poissons. La loi sur la protection de l'eau de 1972 a donc joué un rôle essentiel à New York, explique le photographe animalier Jason Denesevitch : « Avec une eau plus propre, on a davantage de poissons appâts, qui attirent à leur tour les grands animaux comme les baleines. Depuis vingt ans, les pêcheurs voient revenir des espèces plus variées, comme les ombrines et les sars, qui avaient disparu tellement l'eau était polluée. Aujourd'hui, en juin et juillet, on voit même des esturgeons ! » Gotham Whale a identifié 463 baleines à bosse dans la baie de New York, dont certaines sont devenues familières des naturalistes. Mais des espèces plus rares font parfois leur apparition. « L'an dernier, on a repéré un regroupement de plus de cinquante baleines noires dans le canyon de l'Hudson, à environ 160 km de New York. Et on a pu alerter les autorités compétentes pour assurer leur protection », raconte Chris St Lawrence. À bord de l'American Princess, les naturalistes sensibilisent le grand public : sur treize espèces de baleines, six sont menacées. Or ces mammifères régulent l'ensemble de l'écosystème marin, et piègent de grandes quantités de CO2. Baptisées ingénieurs des océans, les baleines sont essentielles à la santé de la planète. À lire aussiLa chasse à la baleine, histoire d'une surexploitation mondiale

    Élections en Moldavie: la propagande russe infiltre l'Église orthodoxe

    Play Episode Listen Later Sep 24, 2025 2:33


    La Moldavie est en pleine campagne pour les législatives du 28 septembre, où le parti Action et solidarité de la présidente Maia Sandu risque de perdre sa majorité. Sur les réseaux sociaux, les discours pro-russes, anti-Union européenne et anti-Occident se diffusent massivement. L'Église orthodoxe rattachée à la Russie est accusée de propager la propagande du Kremlin sur les réseaux sociaux.

    Une vague #MeToo secoue la Turquie

    Play Episode Listen Later Sep 23, 2025 2:44


    La Turquie serait-elle en train de connaître un épisode tardif de la vague #MeToo, ce vaste mouvement de libération de la parole des femmes démarré dans le milieu du cinéma aux États-Unis en 2017 ? Le mouvement féministe turc est puissant et a gagné en popularité avec les réseaux sociaux. Les nouvelles générations, très connectées, s'inspirent de ce qui se passe à l'étranger. Depuis un mois, une vague de milliers de dénonciations sur les réseaux sociaux révèle plusieurs dizaines de noms de personnalités connues et d'anonymes dans les milieux artistiques et académiques. Le phénomène relance la réflexion sur la gestion des violences sexistes et sexuelles au sein des organisations de défense des droits des femmes. Reportage à Ankara de notre correspondante, Messages graveleux, gestes déplacés répétés jusqu'à des cas de viols par soumission chimique... Chaque jour charrie son lot de témoignages et vient ajouter de nouveaux noms à la liste des hommes accusés de violences sexistes et sexuelles. Ce sont plus de 5 000 posts qui ont été partagés sur les réseaux sociaux en une dizaine de jours, d'après les statistiques du réseau X. Des personnalités du monde de l'art, des milieux universitaires et de la société civile sont au cœur du scandale. Alors, plusieurs institutions culturelles, chaînes de télévision et plateformes de diffusion ont annoncé rompre leurs contrats avec les hommes accusés. Medine Aybar, 29 ans, travaille dans le secteur du cinéma et de la publicité. Elle a choisi de partager sur les réseaux sociaux le harcèlement d'un de ses anciens patrons. Militante féministe, elle décrypte les mécanismes d'impunité qui règne dans son secteur professionnel : « J'ai commencé par lire les posts de dénonciations sur les photographes de mode, en lisant, j'ai tout de suite fait le parallèle avec mes propres expériences, alors je me suis mise à écrire et à partager aussi ce que j'avais vécu. » À écouter aussiMeToo: des affaires emblématiques en Suède, Espagne, Afrique du Sud et Japon Les dynamiques propres à l'industrie du cinéma rendent les dénonciations extrêmement risquées pour les carrières, mais elle a reçu de nombreux messages de soutien de la part de collègues : « J'ai eu des coups de fil de la part de personnes du secteur que j'aime beaucoup, qui m'ont dit "on te suit et on voit ce que tu publies" et s'ils m'appellent, c'est parce qu'ils savent que plein de gens du secteur pourraient me menacer de perdre du travail, ou faire pression sur moi de plein de manières différentes. » Témoigner en ligne : une option pour de nombreuses victimes Forte de cette première initiative, elle a décidé de se mobiliser pour recueillir le plus de témoignages possible et les diffuser de manière anonyme. Car nombre de victimes d'agressions préfèrent partager leurs témoignages sur les réseaux sociaux plutôt que dans les salles d'audience des palais de justice. Begüm Baki est membre de l'Association de lutte contre les violences sexuelles : « Il existe de nombreux obstacles à la dénonciation des violences sexuelles. C'est d'ailleurs pour cela que dans tous les pays, les violences sexuelles sont les crimes les moins rapportés, et en Turquie, malheureusement, c'est très rare. L'absence de mécanismes de soutien, la méconnaissance des droits, le manque d'institutions et l'approche culpabilisante à l'égard des victimes – manifestations du patriarcat et des inégalités de genre – sont particulièrement visibles là où ces inégalités sont les plus profondes. Face à cette réalité, certaines personnes finissent par ressentir le besoin de dire "stop". » Les dénonciations publiées sur les réseaux sociaux feront-elles l'objet d'enquêtes de la part de la justice ? Les avocates des droits des femmes en doutent, mais elles rappellent que les victimes ne sont pas totalement dépourvues. Le principe de « primauté de la parole de la victime » a été maintes fois validé par les différentes instances de justice et donne espoir de voir punir les auteurs de violences dont les noms sont désormais connus de tous.

    Incursions de drones russes en Pologne: la population démunie face à la menace

    Play Episode Listen Later Sep 22, 2025 2:37


    Les représentants des 32 pays de l'Otan vont se réunir ce mardi matin, à Bruxelles, à la demande de l'Estonie, après une incursion russe vendredi dans l'espace aérien de ce pays balte. En Pologne aussi, la situation inquiète. Quelques jours seulement après l'incursion de 21 drones russes dans l'espace aérien polonais, les alarmes ont retenti dans la petite ville de Chełm lorsque les drones russes se sont dangereusement rapprochés de la région. La ville est située à peine à 25 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine et l'alerte a révélé le manque de préparation des habitants face à ce genre de menaces. RFI a rencontré ces citoyens qui ignorent comment se comporter en situation de crise. À lire aussiIncursions russes en Pologne et en Estonie : qu'est-ce que le recours à l'article 4 de l'Otan? À lire aussiIncursion russe : le Conseil de sécurité de l'ONU et l'Otan se réunissent à la demande de l'Estonie

    En Cisjordanie occupée, la colonie de Sa-Nur enterre un peu plus l'idée d'un État palestinien

    Play Episode Listen Later Sep 20, 2025 2:34


    La France s'apprête à reconnaître l'État de Palestine lundi 22 septembre dans l'enceinte des Nations unies à New York. Un geste diplomatique salué par les Palestiniens, qui s'empressent souvent de dire qu'il devrait être accompagné de mesures fortes contre la colonisation. Celle-ci grignote, en effet, de plus en plus le territoire de la Cisjordanie occupée. Illustration de ce phénomène aux abords de la future colonie de Sa-Nur, dans le nord de ce territoire palestinien. Reportage de notre envoyée spéciale à Tarsala, future colonie de Sa-Nur, C'est une visite qui est encore sur toutes les lèvres : Bezalel Smotrich, ministre des Finances suprémaciste d'Israël, débarquant en personne dans le nord de la Cisjordanie occupée. Un peu plus d'un mois plus tard, les riverains palestiniens restent marqués par cette visite qui a drainé un déploiement massif de soldats dans leur localité. Ceux qui acceptent d'en parler veulent rester anonymes. « On a peur. On a peur d'être arrêté. » « Tant que l'armée est dans le coin, on a l'interdiction de parler ou de prendre des photos. Ils ont posé des caméras en haut. Ils voient ce qu'il se passe ici. » À lire aussiDix pays, dont la France, décidés à reconnaître l'État palestinien à l'ONU En haut : Sa-Nur, une ancienne colonie israélienne évacuée en 2005 et que Bezalel Smotrich entend désormais faire renaître de ses cendres. Une revanche sur l'histoire, 20 ans plus tard. Mais aussi un message clair passé à la France, qui s'apprête à reconnaître l'État de Palestine. Bezalel Smotrich : « Quiconque dans le monde tentera de reconnaître un État palestinien recevra une réponse de notre part, sur le terrain. Cette réalité finira par enterrer l'idée d'un État palestinien. Tout simplement parce qu'il n'y a rien à reconnaître et personne à reconnaître. » Ces déclarations tonitruantes du ministre d'extrême droite israélien commencent à lasser sur le terrain. Depuis son bureau, Ghassan Qararya, le maire de Sa-Nur – appelée Tarsala par les Palestiniens – a une vue plongeante sur la future colonie : « On voit tout d'ici. On voit l'armée. On voit l'avancée des travaux préliminaires. Il n'y a pas longtemps, il y avait des bulldozers. Ils sont en train de nettoyer le site. Ils disent qu'ils veulent construire 126 logements. Mais que je sache, la mère de ce Smotrich, elle n'a pas accouché de lui ici. Il faudrait que moi, je parte d'ici pour laisser cette terre à des gens qui débarquent d'Irlande, d'Ukraine, d'Allemagne, d'Éthiopie ou de je ne sais où ? On ne se laissera pas faire, ce pays est notre pays. Où voulez-vous qu'on aille ? Vous nous accepteriez en France, vous ? » Une seule issue, insiste le maire : la solution à deux États prônée et acceptée par l'Autorité palestinienne dont il dépend, mais qui semble de moins en moins crédible sur le terrain.  À lire aussiIsraël annonce la création de 22 nouvelles colonies illégales en Cisjordanie occupée

    Au Chili, la communauté juive inquiète après plusieurs actes de vandalisme

    Play Episode Listen Later Sep 19, 2025 2:41


    Au Chili, des actes de vandalisme ont eu lieu à l'extérieur de la synagogue Bicur Jolim dans le centre de Santiago. Depuis les attaques du 7 octobre, ce n'est pas la première fois qu'elle est prise pour cible et d'autres lieux de cultes juifs ont également été vandalisés. Dans une lettre adressée au président chilien, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la liberté de religion ou de conviction se dit préoccupée face à une possible augmentation de l'antisémitisme au Chili. De notre correspondante à Santiago, Les murs de la plus vieille synagogue de la capitale ont retrouvé leur couleur jaune originelle. Il y a quelques jours, trois individus, le visage caché, ont jeté de la peinture rouge sur la façade extérieure du bâtiment alors qu'une vingtaine de fidèles était réuni pour la célébration de Shabbat. Cet homme, qui préfère témoigner anonymement, est chilien de confession juive, il était présent ce soir-là : « Ils ont aussi lancé des pamphlets contre Netanyahu. Ils n'étaient que trois, donc on n'a pas vraiment eu peur ». Mais quelques jours plus tard, lors d'un évènement non-religieux organisé à la synagogue où il est encore présent, une quinzaine de personnes s'était réunie à l'extérieur de l'édifice. « Ils criaient qu'ils étaient pour la Palestine et contre Israël, qu'on était des génocidaires et qu'on devait partir du Chili. Mais ici, la majorité d'entre nous, on est chiliens ! », poursuit-il. « Il serait temps qu'on commence à parler d'actes antisémites » Selon Gabriel Silber, porte-parole de la Communauté juive du Chili, ce type d'attaque n'est pas nouveau dans le pays. Mais après le 7 octobre, il y a eu un tournant. « Il y a une escalade des actes antisémites. Et très souvent, ces actes se cachent derrière un discours anti-israélien ou même antisioniste. Mais au bout du compte, les destinataires de ces attaques, ce sont les membres de la communauté juive locale, affirme Gabriel Silber. On peut comprendre la légitime position que chacun peut avoir par rapport à ce qu'il se passe au Moyen-Orient. Mais ce qu'on ne peut pas faire, c'est importer le conflit et installer des discours de haine, que ce soit de la part d'autorités ou d'influenceurs, qui finalement vont affecter la communauté juive du Chili. » Le président chilien a condamné « sans nuances » le vandalisme contre la synagogue de Santiago. Gabriel Boric qui fait partie des leaders internationaux qui se positionnent fermement sur le conflit au Moyen-Orient. Il le faisait encore en juin dernier face aux parlementaires chiliens. « Je vous exhorte à ne pas vous battre entre vous, entre peuples, car le responsable ici est un gouvernement, un gouvernement génocidaire, et non le peuple d'Israël. Nous condamnons catégoriquement le terrorisme du Hamas et exigeons la libération de tous les otages », avait-il alors déclaré. Malgré ces mots, les juifs du Chili ne se sentent pas suffisamment soutenus et protégés. « Il serait temps qu'on commence à parler d'actes antisémites au Chili, reprend Gabriel Silber. Nous sommes aussi chiliens, il faut le comprendre ! Et nous méritons le respect de la part de nos autorités. » Un appel qui semble avoir été entendu, car après le deuxième indicent survenu à l'extérieur de la synagogue de Santiago, le ministre chilien de la Sécurité publique s'est entretenu en privé avec des représentants de la Communauté Juive du Chili. À lire aussiAu Chili, la communauté palestinienne demande des sanctions contre Israël

    Pologne: des «vacances avec l'armée» pour devenir réserviste

    Play Episode Listen Later Sep 16, 2025 2:34


    Alors que d'autres en profitent pour partir en vacances au soleil, certains polonais profitent de leurs grandes vacances pour suivre un entraînement militaire qui fera d'eux, des soldats. Le programme « Vacances avec l'armée », proposé par le ministère de la Défense polonais, connait cette année sa deuxième édition et rencontre un grand succès, notamment chez les jeunes étudiants. La troisième session de cet été vient de s'achever, juste avant la rentrée universitaire fin septembre, et Adrien Sarlat est allé rencontrer ces jeunes au cours du dernier entraînement de la saison, dans une brigade militaire de Varsovie. À lire aussiL'engagement militaire des jeunes polonais   À lire aussiEn Pologne, faire une formation militaire en continuant ses études, une formule qui séduit

    Claim Reportage international

    In order to claim this podcast we'll send an email to with a verification link. Simply click the link and you will be able to edit tags, request a refresh, and other features to take control of your podcast page!

    Claim Cancel