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C'est l'un des derniers piliers de la stratégie «zéro Covid-19» qui tombe en Chine. Après près de trois ans de fermeture du pays, les quarantaines à l'arrivée sur le sol chinois sont levées ce dimanche. En un mois, la Chine a fait table rase de sa politique sanitaire. De notre correspondant à Pékin, avec Louise May, du bureau de Pékin Une cabine de tests Covid-19 comme il y en avait des milliers sur les trottoirs de Pékin il y a encore un mois. Celle-ci est hissée sur un véhicule triporteur. « Elle sera revendue d'occasion plus tard sur internet », nous dit la compagne du transporteur. « C'est fini tout ça ! Il n'y a plus de « gros blancs », plus de tests à Pékin… La ville est ouverte ! » Pékin, ville ouverte… au virus. Autre disparition : celle des Dabai, surnommés les « gros blancs » pour leurs combinaisons blanches devenues symbole de la stratégie sanitaire chinoise. Dans chaque ville de Chine, les autorités sanitaires chinoises avaient mis en place un cabanon de tests Covid-19 pour 800 habitants. Dix travailleurs médicaux ou assistants sur chaque station. Monsieur Lee faisait partie de cette armée du « zéro Covid ». Travailleur migrant, il a suivi les foyers épidémiques l'année dernière dans l'est et le sud de la Chine. « D'abord, j'ai été à Hangzhou où j'ai aidé les autorités locales à collecter les tubes des tests Covid. Je faisais la tournée entre les laboratoires et 10 stations de PCR. Deux tours le matin et deux tours l'après-midi. Après je suis allé à Ningbo où j'ai travaillé comme gardien de centre de quarantaine, détaille monsieur Lee. Enfin, j'ai été à Canton, quand l'épidémie a éclaté là-bas ». Payés entre 30 et 40 euros la journée, depuis la levée des restrictions sanitaires, ces soldats du coronavirus ont perdu leur emploi. ► À lire aussi : Covid-19: comment la Chine est passée du «zéro Covid» au «full Covid» Nous sommes dans le nord de Pékin près de l'aéroport. Une grue soulève des cabanons Algeco qui sont démontés un peu plus loin sur le parking d'un parc des expositions. Chapka et veste molletonnée, le gardien à l'entrée explique : « Ça, c'était l'hôpital de campagne pour les malades à symptômes légers. Avant ça, il y avait une zone de quarantaine ici pour les voyageurs venant de l'étranger. Mais tout est terminé désormais. Le centre a été vidé, il y a 10 jours. Ils démontent tout maintenant. Ça ne reviendra » « 80 euros par jour pour le transport de cadavres » Vestige d'une époque là encore révolue, sur un mur, une bannière : « Point de transfert vers la zone de quarantaine » disent les caractères blancs sur fond rouge. Les quarantaines obligatoires à l'arrivée sont supprimées ce dimanche dans les aéroports en Chine. Quant à monsieur Lee, juste après avoir enlevé sa combinaison, il a attrapé le Covid-19. « J'ai perdu mon travail le 13 décembre. Le lendemain j'ai voulu me faire embaucher dans l'usine d'un ami et j'ai été infecté. Je ne suis pas inquiet, je pense que je pourrai vite retrouver un emploi dans le gardiennage. Et puis comme il y a beaucoup de gens qui meurent à Shanghai en ce moment, affirme Monsieur Lee, des agences proposent 80 euros par jour pour transporter les cadavres. » Transport de cadavres, revente sur internet des tubes et longs cotons tiges utilisés pour les tests, les derniers gagne-pain du « zéro Covid-19 » finiront par disparaître, affirme Monsieur Lee, content de sortir de ces trois ans d'enfermement. ► À écouter aussi : Chine: de la stratégie zéro Covid à une épidémie galopante
Depuis le début de l'année, les règlements de compte entre gangs composés d'immigrés d'Amérique latine ont déjà fait cinq morts dans la capitale espagnole. Selon la Garde civile, ces bandes d'adolescents sont violents, de plus en plus jeunes et très présents à Madrid et sa périphérie. De notre correspondant à Madrid, Nous sommes dans le quartier de Villaverde, dans l'extrême sud de Madrid, une périphérie où vit une importante population issue de l'Amérique latine, principalement des Équatoriens, des Péruviens, des Colombiens et des Dominicains. Dans un marché, pullulent les petits commerces latinos, comme on dit ici. Et aussi des discothèques, où ont lieu l'essentiel des disputes violentes. Jorge est Péruvien. Il confirme que ces groupes violents de jeunes Latinos sont chaque fois plus présents dans le quartier. « Je les vois souvent, car je reviens du travail au petit jour. Ils sortent des discothèques. Une fois, je les ai surpris dans une rue où deux bandes s'affrontaient avec des tessons de bouteilles. Dans mon pays, cela arrive, c'est normal, mais pas ici. Cela m'a atterré », témoigne-t-il. Ces groupes d'adolescents sont nombreux. Les forty two, les Dominican don't play, les Trinitarios, la garde civile et la police nationale ne savent plus où donner de la tête, et constatent que les affrontements entre bandes sont de plus en plus nombreux, pour en découdre. Notamment ici à Villaverde où récemment un jeune a été tué de deux balles dans la nuque, en plein jour. « Ces bandes bougent beaucoup d'un quartier à l'autre, explique Rosa, une Équatorienne à la retraite qui œuvre dans une association de quartier pour tenter de freiner le phénomène de ces groupes rivaux. Je connais une discothèque où des jeunes s'y rendent pour s'amuser. Certains commencent à discuter pour un rien et les problèmes commencent. Ça peut s'envenimer jusqu'à l'utilisation d'une arme blanche. Dans cet endroit, il y a déjà eu un mort ou deux, voire plus. » De plus en plus jeunes et une éducation déficiente Ce qui inquiète le plus les enquêteurs, c'est que les membres de ces groupes sont de plus en plus jeunes, des adolescents de 13 à 16 ans, qui cessent d'aller à l'école. Ils rejoignent les rangs de ces mouvements, avec des rites d'initiation violents, au couteau, qui impliquent de s'attaquer physiquement à un groupe rival. Rosa pointe un grave déficit d'éducation : « En plus du problème parental, très souvent personne ne les élève. Ils regardent beaucoup la télévision, jouent aux jeux vidéo. La clé serait qu'ils puissent étudier comme de bons adolescents. » Il y a l'éducation, et il y a aussi le phénomène de la drogue, cocaïne, héroïne, crack. Juan Francisco est dominicain, professeur d'éducation physique dans un lycée de Villaverde Alto. Il connaît bien ces jeunes. « Comme ces bandes sont très territoriales, elles ne permettent pas que quiconque s'approche de leur zone, car elles craignent qu'on leur prenne leur part de marché, quelque chose qui leur serait inacceptable », explique-t-il. Les sociologues pointent divers facteurs pour expliquer cette montée de la violence entre groupes latinos : le manque d'emploi, l'expulsion en banlieue de familles immigrées, la pénétration des drogues. Sans oublier, souligne Juan Francisco, l'attrait pour des jeunes Latino-Américains déracinés d'appartenir à une tribu urbaine puissante et respectée.
En Pologne, les prix de l'électricité renvoient des étudiants à la maison. À Varsovie, l'université de théâtre ne rouvre pas au mois de janvier, comme c'était pourtant prévu dans le calendrier universitaire. Elle hibernera jusqu'en mars. Pour les étudiants, c'est le retour des cours à distance.
Selon certaines projections, 50 000 personnes seraient arrivées au Canada l'an dernier en empruntant le Chemin Roxham, une route de campagne en théorie interdite entre les États-Unis et le sud du Québec. Des Haïtiens, des Mexicains, des Colombiens, des Congolais empruntent ce passage, car il leur permet de demander l'asile. La politique canadienne très restrictive d'octroi de visas limite les demandes à l'aéroport. Le problème, c'est que les organismes d'accueil manquent de ressources pour fournir un hébergement d'urgence et aider les migrants dans leurs démarches. Plusieurs doivent se résoudre à dormir dehors faute d'un toit disponible. De notre correspondante à Montréal, « On est obligés de refuser beaucoup de gens. Sur toute l'île de Montréal, on est trois organismes à faire de l'hébergement pour des familles demandeuses d'asile », explique Eva Garcia Turgeon. Elle coordonne le Foyer du monde, qui accueille une vingtaine de familles venues au Canada pour demander protection. Une goutte d'eau dans l'océan de migrants qui fuient leur pays pour aboutir à Montréal. À chaque semaine, on cogne à notre porte avec des personnes qui sont en pleurs, des femmes avec leurs enfants qui ne savent pas où aller dormir, où passer la nuit, parce qu'il n'y a rien, il n'y a aucune option pour elles. Là, c'est l'hiver qui s'en vient. Donc, ça fait peur, ça fait vraiment peur, parce qu'on n'a pas de ressources, et on n'a pas assez d'aide, pour pouvoir accueillir ces personnes-là. Depuis la réouverture des frontières avec les États-Unis, les demandeurs d'asile passent à nouveau par un chemin frontalier interdit, mais connu de tous, au sud du Québec. Ces dizaines de milliers de personnes arrivent à Montréal, une ville où le prix des appartements explose, comme l'explique cette Mexicaine d'origine. « Le problème, c'est qu'on a une crise de logement, et le propriétaire chaque jour augmente le loyer parce qu'il y a une demande. Je voudrais que le gouvernement aussi s'implique parce qu'il y a beaucoup de propriétaires qui sont abusifs », dit-elle. Les enfants vivent mal leur acclimatation Confrontés à un manque de services à leur arrivée au Canada, de nombreux demandeurs d'asile vivent difficilement leur acclimatation. Arthur Durieux, qui a fondé l'organisme d'hébergement Le Pont, constate que les conditions difficiles sur la route affectent aussi les enfants. Des jeunes enfants de 5 ou 6 ans qui ne parlent pas, qui sont soit très violents, soit très affectueux avec des personnes qui ne sont pas leurs parents ou leurs familles. On a des enfants qui ne grandissent plus, les parents nous disent ils ont arrêté de grandir, ils ne mangent pas correctement, ils dorment plus. Faire pipi au lit, faire des cauchemars, crier, tous les enfants qu'on a vus, on a observé des rapports de ça. Maria a dû fuir le Nicaragua et laissé son fils de 6 ans, après avoir été harcelée par la police lors des dernières élections. « Je n'avais plus accès à mes médicaments, le stress augmentait, mon moral était affecté », explique Maria. « Un jour, ils sont venus chez moi, en mettant tout à sac, et en me volant. Sur le mur, ils ont écrit des menaces de mort. C'est là que j'ai décidé de partir rapidement pour le Canada, pour ne pas mourir. » La jeune femme prépare sa demande d'asile, en espérant faire venir son fils d'ici à deux ans, si elle l'obtient.
L'Allemagne s'est fixée pour objectif de sortir de la production d'électricité à partir du charbon d'ici à 2038 au plus tard. La dernière mine de houille allemande ayant fermé en 2018, les mines de charbon encore en activité dans le pays n'extraient plus que du lignite, source importante de pollution. Cette activité se concentre dans trois régions : la Rhénanie, l'Allemagne centrale et la Lusace, qui sont d'ores et déjà engagées dans un processus de transformation progressive de leurs mines à ciel ouvert. Mais cette transformation se révèle plus difficile que prévu, car les enjeux sont à la fois économiques, sociaux et environnementaux.
En raison de l'explosion des coûts, 60% des Britanniques doivent restreindre leur chauffage, et un sur cinq ne peut même pas l'allumer. Alors, des « banques de chaleur » fleurissent à travers le pays : des lieux publics ouverts à tous pour venir se réchauffer. Visite de l'une d'elles à Birmingham, la ville la plus affectée par la pauvreté énergétique. De notre correspondante à Londres, Tous les vendredis, ils sont une dizaine à se rassembler au centre communautaire de Nechells, au nord-est de Birmingham. Autour d'une table, on discute, on boit un thé… Entre ses deux petits boulots, Yunfang vient régulièrement, au lieu de rester seule chez elle dans la journée. « Ici, il fait plus chaud que chez moi. Il fait trop froid dans ma maison. Quand mon mari travaille, que les enfants sont à l'école, je ne vais pas allumer le chauffage pour moi toute seule… », dit-elle. À côté de la jeune femme, Bea grignote un biscuit. Cette quadragénaire a cessé de travailler après un AVC. Elle vient profiter d'un peu de compagnie ici et du chauffage. « J'ai une minuterie sur ma chaudière, elle s'éteint automatiquement dans la matinée et ne se rallume que le soir. Pour la même durée, mes factures ont doublé ! C'est difficile », déplore-t-elle. ► À lire aussi : Royaume-Uni: avec la crise, les banques alimentaires de plus en plus sollicitées 4 000 lieux recensés Dans la région de Birmingham, près de la moitié des habitants n'ont pas les moyens de se chauffer correctement. Beth Bailey, la gérante du Nechells Pod, est bien consciente des défis auxquels fait face le quartier. « Les gens que nous accueillons ici sont vraiment très affectés par ce problème », explique Beth Bailey. « Ceux qui travaillent travaillent pour des plateformes, comme Uber, ou ont des contrats précaires, et n'ont pas de revenus stables ni élevés. Ici, notre assistante sociale est conseillère en énergie, elle peut les aider dans les démarches pour obtenir des aides. » Cet hiver, plusieurs plateformes ont été lancées pour recenser 4 000 warm spaces, des églises, des gymnases chauffés ouverts au public. Ce n'est pas une première pour le Nechells. « C'est quelque chose que nous avons toujours fait, la seule différence, c'est que ça a un nom cette année et qu'on a pu avoir un peu d'argent pour couvrir les factures », ajoute Beth Bailey. « On est toujours ouverts dans la journée, n'importe qui peut venir, se faire une tasse de thé, se réchauffer, charger son téléphone… Tout ce qui peut poser problème à la maison. » ► À lire aussi : Crise énergétique au Royaume-Uni: des actions organisées jusqu'au British Museum Éviter la pérennisation du mouvement Les subventions viennent des associations, mais le conseil municipal n'a pas encore participé. Les politiques saluent l'élan de solidarité, mais les mouvements de lutte contre la pauvreté énergétique craignent que la nécessité des warm banks ne devienne permanente, dit Alexandra Considine, de Fuel Poverty Action. Des banques de chaleur, ça ne devrait pas exister. Nous savons que beaucoup de gens s'engagent, font en sorte d'aider leurs voisins à ne pas avoir froid. Mais nous estimons que ce n'est pas tenable. Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Nous aurions dû investir dans le renouvelable il y a bien longtemps, nous devrions mettre en place un tarif de l'énergie progressif, pour que vous et moi n'ayons pas à payer aussi cher l'unité que le propriétaire d'une villa ou d'une piscine. Une nouvelle hausse des prix de l'énergie est attendue au printemps.
Longtemps exclues des expéditions touristiques au Machu Picchu, les femmes péruviennes sont désormais de la partie. Guides et porteuses sont de plus en plus nombreuses sur les chemins de randonnée. Reportage au départ d'un trek, à une centaine de kilomètres de Cusco. Avec notre correspondante dans la région, Sac à dos sur les épaules, bâtons de marche en main, Soledad et son collègue encadrent un groupe de 16 randonneurs. Au programme pour quatre jours de marche : 42 kilomètres et des passages à plus de 4 000 mètres d'altitude, pour atteindre la citadelle inca du XVe siècle, le Machu Picchu. « Aujourd'hui, c'est le jour le plus facile, nous allons au campement d'Ayapata. Ce chemin des incas, c'est comme notre bureau de travail. On y raconte notre histoire. Ce que je préfère, c'est la partager avec les groupes », raconte la guide. Avant de venir dans la région de Cusco il y a deux ans, Soledad a travaillé dans la forêt amazonienne. Là-bas, les femmes sont guides depuis une dizaine d'années. Dans les Andes, c'est plus récent : Avant, beaucoup croyaient qu'on était le sexe faible, qu'on ne pouvait pas guider un groupe, marcher sur de longues distances. Ici, sur le chemin inca, il y a parfois des tarentules. Eh bien, on ne s'enfuit pas en courant ! Les mentalités changent peu à peu. Nous sommes les femmes d'une nouvelle génération. Les entreprises commencent à évoluer aussi : elles nous font plus confiance, à nous les femmes, car nous sommes plus responsables. Des qualités appréciées aussi chez les porteuses. Autour de Soledad, une vingtaine de porteurs en blouson vert fluo s'activent : tri des duvets, des matelas, des sacs de vêtements des touristes. Elle est la seule femme de l'expédition. Aujourd'hui, elle ne porte pas la jupe traditionnelle des Andes, mais un t-shirt floqué « Donner le pouvoir aux femmes ». ► À lire aussi : Au Pérou, les jeunes influenceurs défendent coûte que coûte la langue quechua « Aujourd'hui, on a l'opportunité de gagner un peu plus » « Pour moi, rien n'est difficile, on peut tout faire ! Bien sûr, il y a encore beaucoup de machisme. Pendant longtemps, mon frère disait que c'était dangereux de travailler avec autant d'hommes », poursuit la jeune femme. Soledad a été l'une des premières embauchées, en 2018. Elle a candidaté après avoir lu une petite annonce dans les journaux : 70 euros pour quatre jours de portage. « J'éduque mes deux fils seule, je dois tout payer : les factures, la pension… Avant, je travaillais dans des restaurants comme femme de ménage, mais aujourd'hui, on a l'opportunité de gagner un peu plus. C'est sûr que ça nous éloigne aussi de la famille, mais c'est aussi pour leur bien », conclut la guide. Parmi les 200 collègues de Soledad, on retrouve dix guides femmes et 20 porteuses. Le chemin vers la parité sera encore long, mais l'entreprise a déjà réussi à organiser une expédition avec une équipe 100% féminine l'an dernier. ► À écouter : S'unir pour exister : le combat des rappeuses féministes d'Amérique latine
Le 1er décembre, l'Inde a pris pour un an la présidence du G20. C'est une fierté pour ce pays émergent, que le gouvernement de Narendra Modi veut également utiliser pour promouvoir sa version de l'histoire au service de sa propre idéologie nationaliste. L'un des slogans mis en avant est en effet que l'Inde est la « mère de la démocratie ». Une affirmation contestée par beaucoup d'historiens indiens et qui dénote avec les atteintes portées aux droits démocratiques dans le pays. Avec notre correspondant à New Delhi, On voit sur une vidéo de promotion du gouvernement indien le Premier ministre, Narendra Modi, prendre symboliquement le bâton de la présidence du G20 – ce groupe des 20 pays les plus industrialisés, devenu de plus en plus important sur la scène mondiale – au nom de l'Inde. Ce pays y est décrit comme « la mère de la démocratie ». On retrouve cette appellation à de nombreuses reprises dans la communication indienne. Elle est justifiée par New Delhi, en s'appuyant sur un livre qui vient d'être publié par le Conseil indien de la recherche historique, sous la coordination de son secrétaire, le professeur Umesh Ashok Kadam. « Des éléments de démocratie sont présents en Inde de manière continue depuis l'époque védique, soit plus d'un millénaire avant notre ère. Mais cela n'a pas été compris par les colons. Ils ont exclu les textes religieux, qu'ils considéraient comme des textes épiques et non de l'histoire, alors que ces écrits montrent qu'il y avait des conseils de village où toute la communauté participait », explique ce dernier. ► À lire aussi : Inde : les laissés-pour-compte du « modèle du Gujarat » « Réécrire l'histoire de manière glorieuse dans le but d'inspirer les générations futures » Ce sont les mots du ministre de l'Intérieur, lors d'une déclaration récente, et c'est dans ce sens que travaille ce centre de recherche public. Avec un risque : celui de tordre la réalité. Car ces conclusions sont contestées par beaucoup d'historiens indiens, comme Mahalakshmi Ramakrishnan, professeure d'histoire ancienne à l'université Jawaharlal Nehru. « Il est connu qu'au Xe siècle, un village du Tamil Nadou organisait l'élection d'un conseil de représentants. Mais c'est un village de brahmanes, les élites et prêtres locaux. Ce n'est même pas au niveau régional, et encore moins généralisé à la société indienne. Ce n'est donc pas la même chose que de parler de démocratie telle qu'on la perçoit aujourd'hui », rectifie la chercheuse. Cet exemple dévoile notamment à quel point, pour les nationalistes hindous au pouvoir, l'histoire est un outil politique qui peut être remodelé pour servir leur idéologie. C'est l'analyse Nilanjan Mukhopadhyay, écrivain spécialisé dans le mouvement nationaliste hindou : Ces gens ont une vision qui place les hindous au centre de l'Histoire. Ils modifient le passé pour démontrer que les musulmans sont des étrangers et des traîtres dans ce pays, et s'en servent pour glorifier l'histoire hindoue. Pour ce faire, ils utilisent les textes mythologiques comme preuves historiques. Par ce slogan, l'inde se targue aussi d'être un modèle de démocratie. Or depuis huit ans que Narendra Modi est au pouvoir, les arrestations d'opposants au régime ont explosé et les journalistes sont poursuivis pour leurs écrits, ce qui indiquerait plutôt un déclin de la pratique démocratique en Inde. ► À lire aussi : Inde : le BJP de Narendra Modi remporte une victoire écrasante dans le Gujarat
En Chine, la déferlante Omicron a pris de court les services de santé. Les soins intensifs sont saturés, notamment dans les villes moyennes de la province du Hebei, autour de Pékin. Reportage à Langfang. De notre correspondant à Pékin et Louise May, du bureau de RFI en Chine, Des chariots-brancards poussés avec l'énergie du désespoir, des visages fermés sous les masques, voilà plus d'un mois que l'hôpital de Langfang se bat contre une épidémie qui a surpris les campagnes alentours. Ici, on cultivait les céréales, les légumes, les fruits, quand tout le monde est tombé malade, suite à la levée abrupte des restrictions sanitaires. Après trois semaines de silence, les commerces et les restaurants rouvrent peu à peu. Les salariés masqués retournent au travail et des TGV qui toussent font le plein, matin et soir, pour aller et revenir de la capitale chinoise située à une soixantaine de kilomètres. La vie normale a repris, dit la propagande. Mais pas aux urgences, où les personnes âgées, dans un état critique, continuent d'affluer. Les températures sont descendues jusqu'à -12°C ces derniers jours dans les plaines du Hebei. De l'extérieur, la masse grise de l'hôpital Guandaojiu de Langfang semble frigorifiée. Une fois passé les grandes portes doublées de couvertures matelassées à l'entrée, les visiteurs aux regards inquiets accélèrent le pas, les bras chargés de couvertures, de vêtements et de victuailles pour les malades. Dans le hall d'accueil, les cris lancés aux smartphones sont autant de bouteilles jetées dans un océan d'incertitude : « c'est le troisième service d'urgence que je fais avec ma mère, martèle un homme d'une cinquantaine d'années et, à chaque fois, on nous répond qu'il n'y a pas de place ! » La plupart des hôpitaux de Pékin et sa région ont poussé les murs pour répondre à l'afflux des fiévreux. Mais tous les établissements ne disposent pas des mêmes ressources. Un chauffeur de VTC ronge son frein : « nous devons nous battre pour trouver des cachets contre la fièvre et un lit pour soigner nos anciens, comment se fait-il que nos usines qui produisent autant de médicaments n'aient pas été informées de l'ouverture du pays ? ». Patients sous dialyse L'ouverture de la Chine et des villes chinoises est une autre manière de parler du relâchement de la politique de prévention et de contrôle de l'épidémie annoncé par la commission nationale de la santé le 7 décembre. L'explosion des contaminations qui a suivi ce changement à 180 degrés de la politique sanitaire, affecte en priorité les personnes âgées. « Tous les matins, à 5 heures, j'avais de la fièvre et j'avais froid, raconte une septuagénaire. Je voulais prendre des médicaments antidouleurs, mais on en n'avait pas à la maison. J'ai envoyé mon mari en chercher, il n'en a pas trouvé ! J'y suis allée, j'ai fait sept ou huit pharmacies avant de trouver deux boites ». Les récits se suivent et se ressemblent. Généralement, l'étape d'après, c'est une respiration altérée et un état de santé qui se dégrade rapidement. Puis, la tournée des établissements de soins, en panique, jusqu'à trouver celui qui peut prendre en charge une mère, un père, un oncle, une tante en grande souffrance. Mais pour cela, il faut d'abord prendre un numéro dans la file d'attente. Faute de place, les patients s'effondrent dans les couloirs ou sont allongés à même le sol. La plupart doivent patienter quelques jours sous dialyse avant d'être hospitalisés, pour celles et ceux qui ont de la chance. Pas de lit sans « guanxi » C'est le cas de cet homme de 79 ans qui a fini par être accepté aux services des maladies respiratoires au huitième étage de l'établissement. C'est sa fille qui nous parle de lui et du combat qu'il a fallu mener pour arriver jusqu'ici : « Tout le monde a attrapé le Covid ici, affirme cette dernière. On a attendu en bas aux urgences pendant trois jours. Les médecins disent que les morts sont des personnes âgées, mais personne n'est venu nous voir. À chaque fois, on nous répondait : "il n'y a pas de lits." Si vous n'avez pas de relations, ne pensez même pas à venir ici. » Pas de lits sans « guanxi » (« relations » en chinois). Toutes les chambres du service des maladies respiratoires sont occupées par six patients, dont cette grand-mère de 74 ans, qui n'en revient pas d'être toujours en vie. « Vendredi dernier, je ne pouvais plus ouvrir les yeux, raconte-t-elle. Marcher entre le salon et ma chambre était devenu impossible. Mon fils m'a d'abord emmenée aux urgences de l'hôpital du peuple, mais il y avait tellement de monde qu'on ne pouvait même pas s'assoir. Puis, ils ont pris une radio de mes poumons. Ils ont dit : "tes poumons sont devenus tout blancs, toutes les parties sont infectées." Ma petite sœur a eu la trouille en voyant ça. Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle m'a trouvé une place ici ! » ► À lire aussi : Covid-19 : crainte du sous-variant chinois BF.7, Pékin se veut rassurant « Asymptomatiques au cimetière » Les « poumons blancs », marques de l'infection sur les scanners, ont envahi les réseaux sociaux. Ces images de bronches laiteuses ont rappelé à certains internautes les débuts de la pandémie à Wuhan il y a trois ans, déclenchant toutes sortes de rumeurs aussitôt démenties par les autorités. Ces dernières ont pourtant de plus en plus de mal à convaincre, vu le manque de transparence sur les statistiques. En plus d'avoir cessé de publier les bilans quotidiens de l'épidémie, les critères permettant d'établir ce qui définit une mort du Covid, en l'occurrence la pneumonie et l'insuffisance respiratoire, ont été réduits. Les médias d'État ne parlent jamais des décès liés à la pneumonie virale et répètent que la majorité des cas de contaminations au sous-variant d'Omicron sont asymptomatiques. « Cela fait 20 jours que mon beau-père est sous perfusions, s'emporte un voyageur à la gare. Ils parlent de 95 % de personnes qui n'ont pas de symptômes avec le Covid, mais moi, je n'en connais pas ! L'épouse du frère de mon père a été asymptomatique jusqu'au cimetière. » Nouveau coup de feu au huitième étage de l'hôpital de Langfang. Près de la sortie des ascenseurs, des lits de camps de fortune permettent à celles et ceux qui attendent des nouvelles de se reposer ou de pleurer. Un patient, visiblement au plus mal, vient de franchir les portes battantes sur une civière, direction les urgences. « Mon père a 74 ans. Il est trop malade cette fois. Il a les poumons blancs. J'ai vu d'autres patients dans le service qui ont aussi les poumons blancs. Mais avec des symptômes plus légers, c'est possible de s'en sortir. Là, on ne sait pas. Ils l'ont emmené, mais rien n'est sûr, selon les médecins. On n'a rien dit à maman », confie la fille du patient, en larmes, qui vient de voir son père partir sur un brancard. Rien n'est certain avec cette première épidémie, dont la région du Hebei a été l'épicentre mi-décembre. « Il y a des gens qui viennent des comtés voisins, confie une cheffe infirmière. L'hôpital reste sous pression et beaucoup de personnes âgées sont décédées. On fait tous notre maximum pour les sauver. Vous voyez ces respirateurs, ces équipements pour administrer de l'oxygène aux patients, mais leur corps est trop faible pour lutter contre ce virus. C'est vraiment une maladie qui décime les oncles et les tantes âgées. Et ça coûte très cher de rester en soins intensifs. » ► À lire aussi : Nouvelle vague de Covid-19 en Chine : l'Inde se tient prête Crématoriums débordés Les frais d'hospitalisation sont inabordables pour la plupart des familles. Il en est de même pour les funérailles. Comme à Pékin, les crématoriums sont débordés et obtenir une place ces jours-ci exige de la patience. Devant le grand funérarium de Langfang, les faux canons grimpés à l'arrière des pick-up funéraires font le tour du parking plusieurs fois par jour. Comme le veut la tradition, la pétarade vient chasser les mauvais esprits. Il n'y a presque plus de place pour se garer. Une épaisse fumée noire sort de la longue cheminée du salon mortuaire. « Il y a 4 à 5 fois plus de cérémonies en ce moment qu'avant l'épidémie, confie un employé à l'entrée. Il y a tellement de monde que l'on doit refuser des demandes. Avant, on comptait 8 à 10 personnes à incinérer par jour, en ce moment, c'est entre 30 et 50. »Puis l'homme vérifie dans son carnet. « L'affluence a commencé à partir du 11 décembre dernier. C'était juste après l'ouverture de la ville [la levée des restrictions sanitaires qui a entrainé une explosion des cas, NDLR]. » Devant la salle de deuil, les familles se bousculent pour accompagner les défunts dans leur dernière demeure. Mais là aussi, il faut patienter. « Nous avons dû attendre plusieurs jours avant d'obtenir une place, il y a 4 ou 5 morts qui attendent devant nous, indique l'un des accompagnants. Il y a tellement de morts du Covid, qu'ils gagnent de l'argent. La situation est sombre, et cela, à un prix pour les proches. Les frais d'hôpital, puis la morgue et la cérémonie funéraire, au total cela peut dépasser les 11 000 euros. » Une somme importante notamment pour les familles d'agriculteurs des environs encore sonnées, comme la plupart des habitants, par la fulgurance du mal qui décime les plus fragiles. « Ce virus est tellement fort que tout le monde a été touché, poursuit le chauffeur de VTC. Je n'avais pas attrapé de rhume en dix ans. Je n'avais pas de médicaments chez moi. Et j'ai été infecté comme la plupart des personnes que je connais en moins de six jours après la levée des restrictions sanitaires. »
En Iran, dix manifestants attendent dans le couloir de la mort, alors que deux ont déjà été exécutés ces dernières semaines. Des morts qui s'ajoutent aux centaines des manifestations, victimes de la répression du régime de Téhéran. Une bonne moitié d'entre elles seraient kurdes. Certains choisissent de s'exiler face à cette violence, notamment en Irak où la frontière n'a jamais été fermée. Rencontre avec l'un de ces manifestants iraniens, devenu réfugié au Kurdistan d'Irak. Avec notre correspondant de retour de Souleymane, Souleymane, ville de 800 000 habitants, est située aux pieds des montagnes qui séparent l'Irak de l'Iran. Nous sommes à 40 kilomètres de la frontière iranienne. D'anciens manifestants ont trouvé refuge ici, dont Salah. Ce Kurde iranien vient juste de trouver un poste de mécanicien au sud de la ville. « J'étais dans une manifestation, il y a onze jours encore… Les forces gouvernementales sont venues me chercher la nuit suivante, chez moi, à deux heures du matin pour me mettre en prison. Là-bas, les gardes ont commencé à me frapper. J'ai un énorme bleu encore aujourd'hui sur l'épaule droite. Ils me demandaient pourquoi j'étais dans les manifestations. Je leur disais que je n'avais rien fait d'illégal ! Que j'étais simplement présent. Au bout de quelques jours, ils m'ont présenté à un juge. Mais j'avais les yeux bandés : je ne suis même pas sûr que c'était un vrai juge… À cet instant, je tremblais, j'avais vraiment très peur. Le juge m'a dit que qu'il allait me libérer, mais que si jamais j'étais repris à manifester, il donnerait personnellement l'ordre de mon exécution », retrace-t-il. Une fois sorti de prison, Salah prend la décision de quitter l'Iran. « Je suis allé dans une ville, proche de la frontière. Arrivé sur place, je me suis rendu compte que j'avais été suivi par les services secrets. J'ai passé une nuit là-bas avant de mettre le cap sur l'Irak. Arrivé à Souleymane, j'ai pris une chambre dans un motel et j'ai commencé à chercher du travail pour pouvoir survivre. Ce garage avait besoin d'un mécano, j'ai fait un essai et ils m'ont gardé », poursuit-il. « Les manifestations en cours ne sont conséquentes que dans les villes kurdes » S'il retourne en Iran, Salah craint de se faire arrêter de nouveau pour des raisons arbitraires. « Si un policier ne croit pas le papier qui prouve que j'ai purgé ma peine de prison, je risque d'être à nouveau enfermé. Ici, je suis plus en sécurité qu'en Iran, mais je me méfie. Les services secrets de Téhéran sont partout. Ils peuvent me surveiller et penser que je prépare quelque chose. Alors, je dois prendre garde », explique-t-il. Trois mois après la mort de Mahsa Amini, Jina de son nom kurde, Salah espère bien voir la République islamique tomber. Mais il doute d'une telle issue. Évidement que j'espère que ce régime meurtrier va s'effondrer… Mais les manifestations en cours ne sont conséquentes que dans les villes kurdes. Il faudrait que les grandes villes perses comme Téhéran ou Ispahan se soulèvent bien plus ! C'est seulement comme ça que le régime pourrait tomber. En Irak, il n'existe pas de statut de réfugié pour les Iraniens. En théorie, Salah doit faire un aller-retour à la frontière dans 30 jours pour renouveler son visa. ► À lire aussi : Contestation en Iran : la peine de mort reste l'ultime outil de répression
Direction la Hongrie, championne d'Europe de l'inflation. La hausse des prix était de 23% en novembre, 25% prévu pour décembre. C'est le taux le plus élevé de toute l'Union européenne, où la hausse des prix est en moyenne de 10%. Certains Hongrois sont obligés de prendre un deuxième, voire un troisième emploi. Avec notre correspondante à Budapest, Sur les marchés de Budapest, c'est l'affluence. Erzsébet fait ses courses, à l'affût des promotions, car les prix alimentaires ont augmenté de 44% depuis l'année dernière. Le prix des œufs et du pain a même doublé. « Tout est beaucoup plus cher ! Au moins 40% de plus ! La viande, le pain… Ah, le pain est inabordable ! Beaucoup de gens apprennent à faire le pain à la maison. Manger sainement, c'est devenu un luxe », témoigne-t-elle. Pour lutter contre l'inflation, le gouvernement hongrois a gelé les prix de certains aliments : la farine, le lait demi-écrémé, certains morceaux de porc et de poulet… Ce gel des prix vient d'être prolongé jusqu'en avril prochain. Mais Erzsébet ne voit pas vraiment la différence dans son porte-monnaie : « Les gens se précipitent sur ces produits dont le prix est plafonné, décrit-elle. Du coup, les étagères sont vides, et si on veut du lait, il ne reste que le plus cher. Ce gel des prix, je ne vois pas en quoi il nous aide vraiment. » ► À lire aussi : Hongrie : la flambée des prix de l'énergie annonce un hiver particulièrement rude Pourquoi l'inflation atteint-elle 25% en Hongrie, alors qu'en Europe elle n'est que de 10% ? C'est à cause de la guerre en Ukraine, répète le gouvernement de Viktor Orban. Mais pour Dora Györffy, professeur à l'université Corvinus de Budapest, c'est aussi dû à la politique économique du gouvernement : En janvier 2020, le taux d'inflation était déjà de 4,7%, trois fois plus que la moyenne européenne ! Tout ça parce que depuis 2016, le gouvernement a constamment dévalué le forint, pour rendre le pays plus compétitif. Mais les importations sont devenues plus chères, et ça a nourri l'inflation. Pour Dora Györffy, le populisme de Viktor Orban a aussi contribué à la hausse des prix : « La deuxième cause de l'inflation, c'est l'énorme déficit budgétaire, affirme-t-elle. Avant les élections, le gouvernement a dépensé beaucoup d'argent : il a remboursé les impôts aux familles nombreuses, et il a versé un treizième mois aux retraités. » Ce sont les retraités qui subissent le plus les conséquences de l'inflation. C'est le cas de Katalin. Avec sa pension d'environ 380 euros par mois, elle n'arrive plus à payer ses factures. Alors, elle travaille à temps partiel dans quatre endroits différents : « Je travaille dans une pharmacie, je fais des ménages chez une famille, et aussi dans un bureau, et dans un café… Je m'en sors comme ça. » Le gouvernement a annoncé que les retraites seraient augmentées de 15% à partir de janvier. Mais cette hausse sera loin de compenser l'inflation. ► À lire aussi : Allemagne : l'inflation devrait rester haute dans les prochaines années
Plus fermée que jamais. Voilà plus de trois ans que la Corée du Nord a renforcé significativement le contrôle de ses frontières et de sa population pour contrôler la pandémie. Malgré des informations très limitées, l'isolement du pays inquiète de nombreuses ONG, notamment au sujet de la sécurité alimentaire des 25 millions de Nord-Coréens, alors que les récoltes n'ont pas été très bonnes dans l'un des pays les plus pauvres au monde. Une situation qui inquiète les quelque 30 000 transfuges nord-coréens passés au sud. Les températures glaciales de la capitale sud-coréenne n'effraie pas Kim Na-young*. À 26 ans, elle a passé 23 hivers en Corée du Nord, où le thermomètre peut descendre jusqu'à -30, avant de passer au sud. « Je n'ai personne de ma famille nucléaire, mais j'ai beaucoup de proches encore sur place comme ma grand-mère maternelle et ma tante qui m'ont élevée », raconte-t-elle. C'est dans les locaux du groupe des médias de l'unification, organisme visant à promouvoir les droits de l'homme en Corée du Nord, qu'elle nous accueille. Comme beaucoup d'autres transfuges, elle est inquiète pour son pays: « Depuis que je suis arrivée ici, j'ai été en contact avec des personnes en Corée du Nord à plusieurs reprises, donc j'ai entendu parler de la situation sur place et on m'a dit que c'était très inquiétant. Mais comme j'étais infirmière là-bas, c'était quelque chose auquel je m'attendais… » Un recours constant au marché noir pour se soigner Le pays a dû affronter une vague de Covid-19 qui a démarré officiellement en mai dernier et Na-young connaît les failles du système de santé nord-coréen. « Le système de santé est cent fois meilleur à Pyongyang que dans le reste du pays. Si vous voulez recevoir des soins, vous devez d'abord vous rendre à l'hôpital, le médecin vous donne une ordonnance et il faut aller à la pharmacie. Mais ça, c'est la théorie. Car en réalité, les gens vont au marché noir pour acheter des médicaments. La plupart sont des produits de contrebande. Il y a beaucoup de faux médicaments, certains qui viennent de Chine, d'Asie du Sud-Est ou d'Allemagne. Et le problème, c'est que même si les gens ont leur ordonnance, ils ne s'adressent pas à des pharmaciens mais à de simples commerçants. Et si vous voulez une opération ou un traitement particulier, il faudra absolument payer, même si officiellement c'est gratuit », explique la transfuge. Le prix du riz en forte augmentation Autre source d'inquiétude : la situation alimentaire. De mauvaises récoltes et une baisse des importations dues au contrôle strict des frontières ont fait grimper le prix du riz, produit essentiel en Corée du Nord. « Pour les Nord-Coréens, si tu manges, tu vis, si tu ne manges pas, tu meures et c'est pour cela que le riz est aussi important. En travaillant à l'hôpital, j'ai vu des gens mourir de faim. Donc en fait pour les Nord-Coréens, la question déterminante ce n'est pas : qu'est-ce que je peux manger ? Mais est-ce que je peux manger ? Ainsi, en Corée du Nord, l'importance du prix du riz est similaire à celle du dollar pour l'économie mondiale. Tous les prix de tous les produits dépendent de celui du riz, c'est à ce point-là important pour la société nord-coréenne. Donc si les prix augmentent, ceux qui ne peuvent pas en acheter seront affamés, seront en mauvaise santé et pourront éventuellement mourir. En fait, la hausse du prix du riz, cela veut dire que les circuits d'importations fonctionnent mal et que tout va augmenter. Donc le pays sera plus pauvre et ce sera plus dur d'y vivre », détaille-t-elle. Malgré une hausse des coûts depuis le début de la pandémie, Na-young, comme beaucoup d'autres transfuges, continue d'envoyer chaque année de l'argent à ses proches en Corée du Nord. * Les prénoms ont été modifiés
En Jordanie, plus de 50% de l'eau douce est utilisée pour l'agriculture, un secteur très aquavore dans un pays aride où la ressource en eau est très limitée. Dans le sud de l'État, à une quinzaine de kilomètres d'Aqaba, une exploitation maraîchère d'un nouveau genre a vu le jour il y a 5 ans. Une ferme au milieu du désert où faire pousser des légumes est devenu possible grâce à de l'eau de mer et un savant mélange de technologies. De notre envoyée spéciale à Aqaba, Dans cette vallée particulièrement aride, deux serres blanches se distinguent dans ce paysage ocre, sablonneux où rien en pousse. Ici, les températures peuvent atteindre les 45 degrés l'été, elles descendent à peine en dessous de 20°C degrés en hiver, et les jours de pluie se comptent sur les doigts de la main sur une année. À l'intérieur de la première serre, Mahmoud Al Shehab, l'un des employés de la ferme, s'affaire autour des cultures. « Je commence à récolter d'abord les tomates puis les poivrons... Je n'aurais jamais pensé que l'on serait capable de faire pousser des légumes dans le désert. C'est vraiment incroyable. » Ici les plantes sont cultivées hors sol, dans des grands bacs, l'irrigation se fait grâce à un système de goutte à goutte. « Comme vous pouvez le voir ici, il y a seau et un autre seau là-bas, ce qui nous permet de voir la quantité d'eau que l'on donne et celle que les plantes n'absorbent pas pour être sûr qu'on leur donne assez d'eau. Ici, l'eau, c'est tout ! » Un site autosuffisant en énergie Cette eau, si précieuse, elle est pompée dans la mer Rouge, à une quinzaine de kilomètres de là. « Ce que vous entendez, c'est l'eau de mer qui arrive dans les réservoirs sur la ferme, et cette eau passe ensuite dans notre processus de désalinisation », explique Blaise Jowett, le responsable de l'exploitation. « L'eau douce sert à irriguer les cultures, le reste de l'eau qui est encore très salée, alimente notre système de climatisation, l'eau est vaporisée dans les serres pour les rafraîchir », ajoute-t-il. « On utilise des ressources renouvelables que nous offre l'océan, et on arrive à produire. Ça n'impacte pas les ressources en eau douce jordaniennes. » Et pour faire fonctionner l'unité de dessalement de l'eau et le système de climatisation des serres, des panneaux solaires sont installés sur le site, ce qui permet à la ferme d'être autosuffisante en énergie. Un projet soutenu en Norvège Dans la chambre froide, des concombres et des aubergines attendent d'être vendus. « Nous les vendons sur le marché local, nous avons noué des liens avec les navires de croisière qui accostent à Aqaba et nous leur fournissons des légumes et puis, nous avons aussi essayé d'exporter vers la Norvège et ça a plutôt bien fonctionner », souligne Blaise Jowett. Ce projet de ferme éco-responsable est soutenu par une fondation norvégienne. Et Blaise Jowett et ses collègues ne comptent pas s'arrêter là. « À l'avenir, nous allons nous agrandir pour atteindre 10 hectares, mais l'idée, c'est d'accroître la portée de cette initiative, particulièrement en Jordanie, mais aussi dans d'autres régions arides. » Un projet de ferme similaire est censé voir le jour en Tunisie.
Sur la place Navone, à Rome, se trouve le plus caractéristique marché de Noël italien. Fondé en 1876, on l'appelle « la Fête de la Befana ». Du nom d'une drôle de sorcière qui, selon la légende, distribue, la nuit précédant l'Épiphanie, des bonbons aux enfants sages et du charbon à ceux qui n'ont pas été gentils. Mise à l'arrêt en 2019, en raison de la pandémie, la fête renaît avec de nouvelles attractions, à la grande joie des visiteurs qui pourront en profiter jusqu'au 6 janvier. De notre correspondante à Rome, Des rires, des regards émerveillés par les spectacles de marionnettes avec en vedette Pulcinella, personnage emblématique de la commedia dell'arte, le petit théâtre de Marvin Bucci, installé derrière la fontaine de Neptune, est une des nouveautés de la Fête de la Befana. Et Aldo semble aussi heureux que ses deux bambins « C'est super ! Il y a plein de monde, les enfants jouent avec des copains… On est tous ensemble à faire la fête. » La place Navone accueille 70 stands où l'on trouve toutes sortes d'objets artisanaux, notamment pour la décoration des crèches. Stefania De Angelis est une « presepista ». Elle crée des crèches en bois, des santons et autres éléments, selon un savoir-faire ancestral. « Pour notre famille, être sur cette place est une tradition. Ma belle-mère y était depuis 1944. J'observe une forte envie de se retrouver ensemble, de refaire les crèches et aussi l'envie de paix. Revoir la place avec tant de gens, cela m'émeut. » Parfums de douceurs sucrées Émotions, plaisirs et légèreté dans un bain de parfums mêlant marrons chauds, barbe à papa et mela stregata : une pomme recouverte d'un glaçage rouge flamboyant. Explications du commerçant Alfiero Tredicine. « La mela stregata est une spécialité romaine qui remonte à l'époque de la guerre. On l'aime vraiment beaucoup… Et à partir du 29 décembre, on verra de grandes chaussettes suspendues autour des stands pour la Befana ». La Befana est une sorcière bienveillante censée se déplacer sur un balai volant pour récompenser les enfants sages en garnissant leurs chaussettes de friandises, à l'occasion de l'Épiphanie. Mais avant, on attend bien sûr Babbo Natale… Juste à côté du manège, qui semble sorti d'un conte de fées, autre nouveauté : une boîte aux lettres pour soumettre ses désirs au Père Noël et à l'édile de Rome. Lisa, 10 ans, et Elio, 11 ans, nous confient ce qu'ils demandent au maire. « Pour ma ville, je voudrais que les rues ne soient plus envahies par les ordures et moins de pollution », dit l'un des enfants. « J'aimerais tant que les pauvres deviennent comme nous : ni riches ni pauvres ; la sérénité pour toutes les personnes », s'exclame l'autre. Avec ces paroles de sagesse, Lisa et Elio découvriront certainement leur chaussette remplie de petites douceurs par la mythique Befana.
Après deux Noël virtuels à cause de la pandémie, le Royaume-Uni s'apprête à passer un réveillon gâché par les grèves des transports, des postiers et par l'inflation qui a atteint 10,7% le mois dernier. De notre correspondante à Londres, Charlotte bien au chaud dans sa doudoune bleu marine ouvre la porte de son café. Il donne sur le marché de Noël, avec ses cahutes en bois ornés de décorations aux tons rouges. La commerçante aurait dû monter dans un train pour rejoindre sa famille, mais les grèves en ont décidé autrement. Exceptionnellement, elle conduira jusqu'à la maison de ses parents… « Je ne veux pas dépendre des trains, car je ne rentrerai jamais à la maison et je ne voulais pas dépendre non plus de la poste, je suis allée faire mes courses en magasin. Noël n'a pas été le même cette année, on n'a même pas l'impression que c'est Noël », constate Charlotte. Pourtant, les guirlandes lumineuses égayent cette petite ville médiévale, aux maisons à colombage et aux rues pavées. Elle attire de nombreux touristes en cette période, mais cette année, ils étaient moitié moins que d'habitude, regrette cette trentenaire. « Normalement tout le monde fait ses courses à cette période, même en soirée, cette année personne n'a fait ça, les magasins ne restaient pas ouverts, car ils ne pouvaient pas payer le personnel plus longtemps. » Une année « stressante » Anthony se tient de l'autre côté de la place, un sac dans une main. « J'ai le cadeau de ma mère… C'est un savon pour le visage et une bougie », indique-t-il. Cet avocat se dit peu touché par l'inflation. Il y aura des cadeaux sous le sapin pour tout le monde, sauf celui qu'il a commandé par internet. Il avait oublié la grève des facteurs. « Il a été expédié il y a une semaine, mais je n'ai toujours rien », dit Anthony. À quelques minutes du marché de Noël, une chorale s'est installée dans une rue piétonne. Carry écoute avec son fils William. Ils grignotent des bonbons dans un grand sac en plastique. Cette année a été stressante, raconte sa mère. « Il a fallu réduire les dépenses à cause du prix du carburant et de l'électricité qui grimpe, réduire le nombre de cadeaux aussi », explique-t-elle. « Nous prenons toujours quelques jours pour Noël, mais cette année, nous ne le ferons pas, c'est triste », Faire des économies pour les fêtes de fin d'année Selon l'Armée du salut, une personne sur cinq pourrait être allée dans une banque alimentaire pour préparer le dîner de Noël… Et des millions ont prévu de faire des économies pour ces fêtes de fin d'année. Presque la moitié de la population a réduit ses dépenses, explique Harry Kind membre de l'association de consommateur Which, qui vient de sortir une étude sur le sujet Que ce soit en offrant moins de cadeaux, de la nourriture moins chère ou même un quart des personnes qui ont l'intention de rester à la maison plutôt que de sortir voir leurs amis et leur famille. Les factures sont tellement plus élevées que l'année dernière ; l'énergie seule est deux fois plus chère, les gens doivent trouver 1200 euros de plus juste pour payer leur facture d'énergie. Quant aux prix de l'alimentation, ils ont augmenté de 20 %. Plus 22% même pour la traditionnelle dinde de Noël… Si bien que de nombreux Britanniques avouent faire l'impasse cette année…
Au Moyen-Orient, où les deux tiers de la population a moins de 35 ans, le marché du jouet est en ébullition à l'approche des fêtes de fin d'années. Alors que le secteur est dominé par les marques occidentales, de plus en plus d'entrepreneurs arabes relèvent le défi. Loin des figurines Spiderman, Lego et Barbie, eux, fabriquent des jeux qui s'inspirent de la société et de la culture locale. Beaucoup de ces créateurs sont à Beyrouth où la crise économique a donné un coup d'accélérateur au « made in Lebanon ». De notre correspondante à Beyrouth, Sophie Guignon Au Liban, sous les sapins de Noël, les cadeaux fabriqués localement ont une place de choix cette année. Dans un magasin de jouet de la capitale, Rachelle Daou et son fils Mateo viennent essayer un kit de construction de maisons baptisé Bildits. Muni de peinture, de mini-briques et de ciment « made in Lebanon », le garçon de 8 ans se glisse dans la peau d'un architecte. « Moi, j'adore ! Ça nous laisse travailler notre imagination », dit le petit Mateo. « Ce jeu l'aide à développer sa créativité et ça lui permet de travailler avec ses mains », ajoute sa mère Rachelle. Ce jeu, inventé par Nadi Chemaly, propose d'ériger une maison sans imposer de modèle culturel. « Si vous regardez tous les jeux ici, aucun d'eux ne vise le marché libanais. Les enfants libanais doivent toujours s'amuser avec les mêmes jouets que les Européens ou les Américains. Alors que les maisons qu'ils construisent, elles ressemblent vraiment à des maisons libanaises », explique Nadi Chemaly. Des jeux moins chers que ceux importés Alors que 95% des jouets sont importés au Liban, les produits locaux - jusqu'à moitié moins chers - sont une aubaine pour les parents dont le pouvoir d'achat s'est effondré avec la crise économique. Sur les hauteurs de Beyrouth, la menuiserie Bejjani tourne à plein régime. Ici, le Jakaroo, un jeu de stratégie jordanien, a été remis au goût du jour par Rafqa Achkar, une créatrice libanaise. « Il y a beaucoup de commandes sur le Jakaroo et les jeux de société. Depuis la crise, pour soutenir l'économie locale, on fait tout au Liban », dit Rafqa Achkar. Roy Bejjani, le menuisier, s'affaire sur ses machines de découpe de bois. Diversifier son activité lui a permis de sauver son entreprise de la faillite et de retrouver le sourire. « C'était un défi de réussir à produire cet objet au Liban. C'est un contexte difficile pour trouver des matières premières. Quand je commence à travailler sur les jeux, ça me rend heureux », souligne le menuisier. 9 % de croissance d'ici à cinq ans L'enthousiasme pour les jeux libanais touche aussi les adultes. Dans un café pour passionnés, tout le monde connaît Wasta, « piston » en arabe. Le gagnant de ce jeu de carte - créé par Elie Kesrouany - est celui qui survit au politicien corrompu, au banquier sans scrupules ou encore au voyou milicien. « La carte numéro 4, c'est l'immunité parlementaire. C'est un jeu satirique », indique Elie Kesrouany. « Au Liban, tout est basé sur les pistons. C'est un message sous forme de jeu, le but est d'amuser les gens, de les faire rire, mais ça les rend aussi très conscients de ce qu'il se passe. » Wasta s'est déjà vendu à 6 500 exemplaires. Avec une population jeune, le marché du jouet au Moyen-Orient devrait enregistrer 9% de croissance d'ici à cinq ans, la plus forte augmentation au monde.
En Afghanistan, les autorités ont annoncé mardi 20 décembre que les universités afghanes étaient interdites aux femmes. Depuis que les talibans ont pris le pouvoir, les filles sont privées d'enseignement secondaire. Les facultés publiques et privées du pays ont été informées par un courrier du ministre de l'Enseignement supérieur. Aucune explication n'a été fournie par le régime taliban pour justifier cette décision, qui entre en vigueur jusqu'à nouvel ordre. « Si nous sommes tous admis, nous entrerons. Si ce n'est pas le cas, aucun de nous ne participera aux cours. » C'est le slogan scandé par au moins une centaine d'étudiantes et d'étudiants solidaires, devant l'université de médecine de Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan, suite à la décision du régime. Auparavant, les universités leur étaient toujours accessibles à la condition que femmes et hommes soient séparés dans les classes et que seules des personnes âgées enseignent aux étudiantes. À Kaboul, des étudiantes qui se sont présentées aux portes de leurs facultés en ont été chassées à coup de crosse par les talibans. Un enseignant d'une faculté de médecine a accepté de se confier sous couvert d'anonymat. Mardi 20 décembre, aucune étudiante n'a été autorisée à pénétrer dans l'établissement. « La plupart de nos collègues féminines ont éclaté en sanglot, raconte-t-il. Pour être honnête, je suis aussi très triste. Je ne peux même pas expliquer ce que je ressens. Si nous continuons comme ça, je suis sûr que nous nous dirigeons vers l'obscurité. Le monde nous a abandonné au milieu de nulle part. » ► À lire aussi : Afghanistan : l'accès aux universités interdit aux femmes, « une étape supplémentaire de durcissement » « J'ai peur de l'avenir » À Kaboul, Rabia, étudiante en quatrième année de journalisme, est restée chez elle toute la journée, impuissante et désemparée. « Je n'ai pas peur des difficultés auxquelles nous sommes confrontées, mais j'ai peur de l'avenir, car je n'ai aucun contrôle là-dessus, confie-t-elle. Parce que ce sont d'autres personnes qui décident pour moi. Pourquoi : parce que je suis une fille. » Pour Leila, étudiante à Herat dans l'ouest du pays, la désillusion est à son paroxysme. « Ils mettent en place les mêmes restrictions que lors de leur précédent régime, explique-t-elle. La seule différence, c'est que cette fois-ci, ils le font de façon progressive et pas en une seule fois. Nous y avons cru, nous étions pleines d'espoir et nous étions confiantes. On pensait que les talibans avaient changé et qu'ils n'imposeraient pas de restrictions aux femmes cette fois-ci. » La jeune femme âgée de 23 ans refuse de se déclarer vaincue. Elle va poursuivre ses études à domicile, assure-t-elle, et se promet de ne jamais baisser les bras. ► À lire aussi : Afghanistan : première exécution publique officielle depuis le retour des talibans
Direction Piazza Navona (place Navone, en français) à Rome, sur le plus caractéristique marché de Noël italien. Fondée en 1876, on l'appelle « la fête de la Befana », du nom d'une drôle de sorcière qui, selon la légende, distribue, la nuit précédant l'Épiphanie, des bonbons aux enfants sages et du charbon à ceux qui n'ont pas été gentils. Mise à l'arrêt en 2019, en raison de la pandémie, la fête renaît avec de nouvelles attractions, à la grande joie des visiteurs qui pourront en profiter jusqu'au 6 janvier. Avec notre correspondante à Rome, Des rires, des regards émerveillés par les spectacles de marionnettes avec en vedette Pulcinella (Polichinelle en français), personnage emblématique de la Commedia dell'arte, le petit théâtre de Marvin Bucci installé derrière la fontaine de Neptune est une des nouveautés de la fête de la Befana. Aldo semble aussi heureux que ses deux bambins : « C'est super ! Il y a plein de monde, les enfants jouent avec des copains… On est tous ensemble à faire la fête. » La place Navone accueille 70 stands où l'on trouve toutes sortes d'objets artisanaux, notamment pour la décoration des crèches. Stefania De Angelis est une « presepista ». Elle crée des crèches en bois, des santons et autres éléments, selon un savoir-faire ancestral. « Pour notre famille, être sur cette place est une tradition, explique Stefania De Angelis. Ma belle-mère y était depuis 1944. J'observe une forte envie de se retrouver ensemble, de refaire les crèches et aussi l'envie de paix. Ça m'émeut beaucoup de revoir la place avec tant de gens ! » Émotions, plaisir et légèreté Une ambiance légère dans un bain de parfums mêlant marrons chauds, barbe à papa et « mela stregata » : une pomme recouverte d'un glaçage rouge flamboyant. « La mela stregata est une spécialité romaine qui remonte à l'époque de la guerre, décrit Alfiero Tredicine, le commerçant. On l'aime vraiment beaucoup… Et à partir du 29 décembre, on verra de grandes chaussettes suspendues autour des stands pour la Befana ». La Befana est une sorcière bienveillante censée se déplacer sur un balai volant pour récompenser les enfants sages en garnissant leurs chaussettes de friandises, à l'occasion de l'Épiphanie. Mais avant, on attend bien sûr Babbo Natale, le Père Noël. Juste à côté du manège qui semble sorti d'un conte de fée, une autre nouveauté : une boîte aux lettres pour soumettre ses désirs au Père Noël et à l'édile de Rome. Deux enfants nous confient ce qu'ils demandent au maire. « Pour ma ville, je voudrais que les rues ne soient plus envahies par les ordures et moins de pollution » affirme Lisa, 10 ans. Elio, d'un an son ainé : « J'aimerais tant que les pauvres deviennent comme nous : ni riches ni pauvres ; la sérénité pour toutes les personnes ! » Avec ces paroles de sagesse, Lisa et Elio découvriront certainement leur chaussette remplie de petites douceurs par la mythique Befana. ► À lire aussi : Noël en Allemagne : le sapin de la sobriété fait polémique
Aux États-Unis, les suites de la crise migratoire causée par le gouverneur du Texas. Le républicain Greg Abbott continue d'envoyer des bus remplis de migrants vers la Côte Est. Une manœuvre qui fait polémique et qui a été critiquée jusqu'au sommet de l'État. À New York, le maire a déclaré l'état d'urgence et les associations locales s'organisent du mieux qu'elles peuvent. De notre correspondante à New York, « Non, 10 et demi, c'est trop grand pour toi. Enlève-les ». À l'église Sainte-Rita, c'est jour de distribution de vêtements pour l'hiver. Depuis quelques semaines, cette église vient en aide aux migrants et demandeurs d'asile récemment arrivés à New York, comme Manuela, une Vénézuélienne de 26 ans accompagnée de sa fille et son mari : « Ici, on nous donne de la nourriture et des vêtements. Et nous sommes logés dans une chambre d'hôtel tous les trois ». Elle et sa famille sont arrivées, il y a deux semaines, après un long voyage périlleux : « On a mis 28, 30 jours. On a marché, pris des bus. On a quitté notre pays à cause de la crise économique, du manque de travail… tout ! » ► À lire aussi : États-Unis : des gouverneurs républicains déplacent des migrants pour dénoncer la politique de Biden « Expulsés » par le gouverneur du Texas Manuela fait partie de plus de 25 000 migrants expédiés en bus, depuis la frontière sud des États-Unis, par le gouverneur républicain du Texas. Ils arrivent souvent épuisés, affamés et perdus, selon Helen Foster de l'église Sainte Rita. « Ils leur disent juste qu'il faut partir. Ils sont mis dans un bus, leurs enfants sont dans un autre, ils s'inquiètent… Ils sont vraiment traités comme du bétail ». Face à ces arrivées massives, des associations d'entraide et des bénévoles ont mis en place des lieux de premier accueil offrant notamment un soutien psychologique. « On voit tout de suite qu'ils sont en détresse. Donc ce qu'on essaie de faire, c'est de vérifier s'ils vont bien et on leur offre un soutien émotionnel. Ils se sentent dépassés. Ils sont très reconnaissants d'être là, mais certains n'ont pas choisi de venir à New York. Et il y a beaucoup de choses qui font surface. Beaucoup d'entre eux sont sur la route depuis 35 mois et c'est la première fois qu'ils sont pris en charge, explique Mariposa qui fait partie d'une association de défense de migrants. « Certains ont des traumatismes, ils ont été exposés à des violences sexuelles, physiques, ils ont fait face aux difficultés météorologiques, ça fait beaucoup ! » déplore encore Mariposa. Elle se dit choquée par les décisions du gouverneur texan : « C'est vraiment dégoûtant de voir que des êtres humains sont utilisés comme des pions dans un jeu politique. C'est scandaleux, ça me dépasse. » Ces associations jugent également insuffisantes les solutions du maire pour loger les migrants. New York qui fait déjà face à une crise de logement se retrouve dépassée par ces arrivées massives. En tout, la prise en charge de ces migrants devrait coûter plus de 600 millions de dollars à la ville cette année. ► À lire aussi : États-Unis : les données personnelles de milliers de migrants publiées en ligne par erreur
Ils vivent principalement autour de Bethléem. Les lieux saints chrétiens sont en passe de devenir des musées, affirment-ils. Ils émigrent en grand nombre, notamment vers le continent américain. À Beit Sahour, la communauté compte 13 000 habitants où l'on compte une majorité de chrétiens. Avec notre correspondant à Jérusalem, Allumage du sapin de Noël, nous sommes à Beit Sahour, une ville avec plus de 90% de chrétiens. Un record dans cette région. À deux pas de Bethléem et de Beit Jala, en tout trois petites villes, derniers bastions chrétiens de Cisjordanie avec une communauté de 33 000 âmes. Samir Qumisyeh dirige, Al Mahd, une petite station de télévision chrétienne, une entreprise quasi familiale. Quatre de ses frères et un de ses fils sont déjà partis. « Du point de vue économique, la situation est très mauvaise. D'une manière générale, les gens souffrent. Il y a beaucoup de restrictions en raison de l'occupation et pour les chrétiens, la situation est désastreuse. Parmi les membres de notre communauté, beaucoup sont pauvres, les gens émigrent quotidiennement. Il faudrait trouver une solution, mais je suis pessimiste ! », ajoute Samir Qumisyeh. Pour le journaliste Elias Atrash dont une partie de la famille est également déjà installée à l'étranger, le taux de chômage élevé fait fuir la population : « L'avenir est très limité ici. À vrai dire, c'est plus facile en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine. Il y a des Palestiniens qui vivent partout dans le monde entier. Mais ici, c'est très limité pour trouver du travail. » Chercher une vie meilleure Et la situation a peu de chance de s'améliorer avec la nouvelle configuration politique en Israël, estime le maire de Beit Sahour, Hani al Hayek qui tente d'inciter les habitants de sa ville à tenir bon. « Ce sont les familles et les jeunes qui s'en vont. Ils cherchent une meilleure vie à l'extérieur. Nous faisons notre possible pour arrêter cette émigration. C'est important, bien sûr, de mettre un terme à l'occupation pour donner l'espoir aux gens que la vie, ici à Beit Sahour, est meilleure pour eux. » Cette année, la saison de Noël se présente sous un meilleur jour que les deux années précédentes. Les pèlerins ont repris le chemin de la principale attraction touristique de la ville : le site du Champ des Bergers tel qu'il est évoqué dans les évangiles. ►À écouter aussi : Décryptage - Cisjordanie : la violence au quotidien
En Côte d'Ivoire, près de 80% du couvert végétal a disparu ces dernières années. La culture du cacao est souvent indexée. Et pourtant, il existe des initiatives durables, qui associent agroforesterie et culture du cacao. En témoigne l'expérience menée par Ambroise N'Koh, qui cultive du cacao de manière biologique. Ce planteur ivoirien a été primé en 2019 d'un International Cacao Awards. Un prix qui récompense les meilleurs cacaos du monde au salon du chocolat de Paris. De notre correspondante à Abidjan, Tous les matins, Ambroise N'Koh observe et parle à ses cacaoyers. « Ici, c'est Capitaine, mon arbre fétiche. Il est le seul cacaoyer qui, à ma connaissance, produit jusqu'à 450 cabosses par an. Il était stérile. Il m'a fallu passer seulement trois mois à ses pieds pour lui demander de ne pas être le dernier de la classe. Et aujourd'hui, il me le rend bien. ». Ambroise N'Koh, installé près d'Azaguié à 40 km au nord d'Abidjan, utilise des outils et des techniques traditionnels pour entretenir sa plantation de quinze hectares. Des plans de caféiers ceinturent la plantation de cacao. Ce producteur cultive aussi des agrumes et des légumes. Selon lui, l'agroforesterie crée un microclimat et un écosystème qui permet d'éviter d'utiliser des pesticides. « Un des fléaux qui frappent le cacaoyer, c'est une maladie considérée comme le sida du cacaoyer. Elle est transmise par le virus contenu dans la salive de la cochenille farineuse. Or quand une cochenille farineuse passe par une caféière, elle est dévitalisée. C'est la raison pour laquelle nous mettons la caféière autour du cacaoyer. De plus, dans la caféière, nous élevons ce que l'on appelle des fourmis rouges. Donc tous les insectes qui viennent de la forêt seront détruits à 80 – 90% par ces fourmis. ». Emprisonner le carbone Cette plantation fait aussi l'objet d'une analyse régulière : Mafoudia Soumah, une étudiante, calcule chaque jour, le carbone séquestré par chaque arbre de la plantation. « Je dois d'abord mesurer la hauteur de tous les arbres, y compris les cacaoyers ainsi que la circonférence, et je dois aussi analyser le sol. Les producteurs attendent le retour du calcul carbone. Car quand ils plantent des arbres, ils sont payés en fonction du carbone séquestré par arbre. » Des recherches ont démontré que le rendement était plus important grâce à l'agroforesterie. Dr Athanaze Yaou Bi, enseignant-chercheur à l'université de Bouaké : « Quand les feuillages tombent, les animaux viennent loger là, car il y a une forêt… ça améliore le rendement du cacao. » Ici, rien ne se perd. Les résidus issus du cacao sont transformés en beurre de cacao ou encore en jus. Des produits valorisés par un groupement de femmes, qui trouvent preneurs à l'étranger. ►À écouter aussi : Afrique Économie - Le cacao est-il en surproduction ?
Les Restos du cœur français ont inspiré d'autres initiatives à l'étranger : celle de la Fondation Saciar en est l'exemple. Avec l'aide de la directrice de l'Alliance française, dans les années 2000, une famille colombienne a ouvert la première banque alimentaire de Colombie. Aujourd'hui, son travail ne cesse de croître, car la pauvreté est omniprésente en Colombie. Depuis la pandémie, elle a augmenté. On estime qu'environ 21 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. De notre correspondante à Medellín, Le quartier de Vallejuelos est situé au nord-ouest de Medellín, dans les montagnes. Il faut marcher une centaine de mètres sur un chemin étroit en ciment pour arriver à la cantine de la Fondation Saciar. Elle se trouve dans une paroisse, près de la station de téléphérique urbain. Dans ce quartier d'invasion, c'est-à-dire que ses habitants s'y sont installés sans autorisation à leur arrivée à Medellín, du lundi au vendredi, 110 enfants et 35 personnes âgées déjeunent grâce aux dons de la Fondation Saciar. Clemencia Tamayo est bénévole et responsable des « temples cantines ». « La pandémie a aggravé les besoins et la faim dans le pays, et donc par extension la nécessité d'avoir ces "temples cantines". On a aussi moins de donateurs. Parce qu'il faut le dire, les donateurs ont aussi des problèmes financiers. Ils ne sont pas en mesure de donner comme avant. En ce moment, il est donc plus compliqué pour nous de trouver des ressources pour soutenir ce type d'initiatives. Partout, il y a plus de besoins que l'on peut couvrir vue la situation économique. » Soulager financièrement les Colombiens La majorité des bénéficiaires sont des victimes de la violence. Ce sont des déplacés ou réfugiés qui ont fui leurs régions à cause du conflit armé ou de menaces. Ces Restos du cœur colombiens sont devenus leur deuxième maison : celle de l'espoir. Alba Tamayo est mère de deux enfants et habitante du quartier. « Ça permet de faire de grandes économies. Pour moi, c'est primordial. Je peux me coucher l'esprit tranquille, car je sais que mes deux filles vont pouvoir déjeuner le lendemain. Avec ma situation financière, je me suis toujours demandé si mes filles pourraient réaliser leurs rêves et travailler. Je ne savais pas si c'était possible. Grâce à ces lieux, elles peuvent s'en sortir. » 1 500 personnes aidées chaque jour Aujourd'hui, après plus de 20 ans d'existence, treize cantines ont vu le jour à Medellín et ses alentours. Tout fonctionne grâce aux dons, soit de particuliers, soit d'entreprises, mais aussi et surtout grâce à la chasse au gaspillage. Par l'intermédiaire du programme de récupération des excédents agricoles, Saciar a sauvé, en 2020, 3 000 tonnes de fruits et légumes. Pedronel Giraldo Araque, l'ex-directeur de la Fondation Saciar, explique : « Avec les banques alimentaires et les dons qu'on offre à plus de 450 organisations humanitaires, on aide directement environ 108 000 personnes. En plus de ça, on peut dire que 1 500 personnes sont nourries chaque jour de la semaine grâce à ce qu'on appelle nos "temples cantines" et nos cafétérias. » En Colombie, l'insécurité alimentaire touche plus de 54 % des Colombiens, tandis que près de 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année dans le pays.
Au Qatar, où se terminera dimanche la Coupe du monde de football, les habitants ne sont pas forcément de grands passionnés du ballon rond. Les Qatariens adorent en revanche les courses de chameaux, une passion qui peut rapporter gros. Nous sommes au Hejen Racing Comité, à 25 kilomètres au nord de Doha. Un carré de pelouse taillé aux ciseaux, un parterre de fleurs, une piste ronde de 8 kilomètres et partout autour, des autoroutes et le désert. Il est midi, et on s'affaire. Après celles du petit matin, seize nouvelles courses sont programmées en début d'après-midi. Chameaux et chamelles doivent être préparés, harnachés et équipés d'un robot. Ali est l'un des éleveurs. « C'est un robot. Un robot pour la course. Il est harnaché sur le chameau. Et c'est lui qui va faire que le chameau coure vite. Avant, c'étaient des enfants, mais c'est fini depuis 20 ans. Trop dangereux. J'ai une télécommande et un talkie-walkie. Si je veux que le chameau accélère, j'active la cravache ou je crie dans le talkie-walkie. Il reconnaît ma voix et va plus vite. » Un sport qui peut rapporter gros Cravache activée, en piste ! À bord d'un gros 4x4 rutilant, course filmée et commentée en direct sur une télé et une radio dédiées. Adnan Yaya est chargé des relations publiques du comité. Il nous présente la course : « C'est très important, oui, très important. C'est le premier festival de la saison ici et dans le golfe Persique. Aujourd'hui, les courses sont longues de 5 kilomètres. Vous allez voir de l'action ! - Il y a beaucoup d'argent à gagner ? - Oh oui bien sûr ! Celui ou celle qui va gagner va rapporter aujourd'hui à son propriétaire 400 000 euros par course si c'est une femelle, et 250 000 si c'est un mâle. Parce que les femelles sont différentes et plus rapides que les mâles. - Les femelles sont plus rapides ? - Oui, bien sûr, et leur prix est plus élevé parce qu'elles se reproduisent entre les courses. Elles sont bien traitées parce que si une femelle coure vite, elle donnera des petits qui courront vite aussi ! » Des courses dans tout le golfe Persique Peu ou pas de public, mais un ballet de voitures de part et d'autre de la piste. « Nous suivons toujours la course juste à côté des chameaux. Dans le dernier kilomètre, chaque entraîneur active sa cravache. Tous veulent gagner, ils encouragent les chameaux. Chaque bête comprend ses propres mots. Lorsqu'elle les entend, elle sait ce qu'on attend d'elle. » Après dix jours de course au Qatar, la caravane prendra la direction de Dubaï, avant Abou Dhabi, puis l'Arabie saoudite. C'est culturel et c'est ainsi chaque saison de novembre à mars.
En marge de la COP15 à Montréal, des représentants d'organismes de protection de l'environnement et des villes du Québec se rencontrent ce jeudi 15 décembre. Au menu des discussions : la façon dont les municipalités peuvent en faire davantage pour prendre soin de la biodiversité sur leur territoire. Plusieurs d'entre elles prennent déjà des initiatives pour limiter le développement urbain, comme dans la ville de Québec. Avec 540 000 habitants environ, la ville de Québec compte un grand nombre d'autoroutes pour desservir les banlieues qui ne cessent de grignoter les territoires encore préservés. Pourtant, il y a quelques mois, cette municipalité décide d'acheter 150 hectares vendus par un promoteur non loin du centre-ville. Canards Illimités, un organisme qui protège les marais où vit la sauvagine, participe à l'acquisition de cet espace sauvage. Sébastien Rioux en est le directeur. « On y retrouve des lacs, des milieux humides, des grandes parcelles de forêt. C'est un milieu extrêmement riche en termes de biodiversité. On a sauté sur cette opportunité-là, sans hésitation. » Préserver des fonctions écologiques naturelles Un quart des milieux humides de la planète se trouvent au Canada. Ils conservent l'eau et la filtrent. Sébastien Rioux détaille les risques que représentent la destruction de ce type de zone en y construisant des routes ou des habitations. « En développant ce secteur-là, il y a une série de conséquences qui viennent avec ça. Il y a plus de nutriments dans l'eau, il y a certains milieux humides qui vont être drainés, certaines portions de forêts qui vont être enlevées. On vient couper le potentiel de biens et services écologiques du milieu. Donc, en le conservant intégralement, on vient préserver ces fonctions écologiques-là. » En protégeant le domaine de la Sagamité, la ville de Québec et Canards Illimités protègent aussi une zone située non loin d'un lac utilisé qui alimente 300 000 personnes en eau potable. La conseillère municipale, Marie-Josée Asselin explique : « On ne peut pas renoncer à investir dans la protection de la source d'eau notamment, mais aussi dans la protection de la biodiversité, on veut lutter contre les îlots de chaleur. Il faut garder des arbres, il faut garder de la verdure. C'est bon pour la santé mentale des citoyens aussi, on sait que lorsqu'on vit à proximité de la nature, les gens sont en meilleure santé. » Des taxes foncières retirées aux municipalités En protégeant cet espace, la ville de Québec investit finalement dans une infrastructure naturelle pour ne pas construire une usine de filtration d'eau plus tard. Ce faisant, elle renonce à des taxes foncières. Un choix que l'on observe dans plusieurs équipes municipales élues récemment et qui reflète un changement de mentalité au Québec, selon Marie-Josée Asselin. « Il y a quelques années, développer un nouveau quartier résidentiel en rasant un boisé, ouvrir des rues, il n'y avait personne qui s'opposait à ça, cela faisait partie de ce qu'on voyait un peu partout. Maintenant, chaque quartier qui se développe, les gens sont préoccupés du devenir des arbres, on doit justifier les actions qu'on pose, en fonction du long terme, en fonction de la crise climatique. Je pense que les élus sont représentatifs aussi des préoccupations des citoyens qui commencent à être de plus en plus tournés vers ces enjeux-là. » Les municipalités vont avoir besoin du soutien financier du gouvernement du Québec pour protéger leur territoire, car leurs revenus dépendent en très grande partie des taxes foncières.
Les coraux ne couvrent que 0,2 % des fonds marins dans le monde. Pourtant, ils abritent au moins un quart de la faune et de la flore des océans. Plus de 500 millions de personnes en dépendent directement pour pêcher, attirer les touristes ou simplement continuer de vivre sur leurs terres, car le récif corallien protège de l'érosion. Problème : ils sont très sensibles au changement climatique. 99 % des coraux seraient incapables de survivre à des canicules marines de plus en plus fréquentes. Il y a toutefois un espoir selon les chercheurs : les coraux du nord de la mer Rouge, qui résistent à la hausse des températures et peuvent survivre dans une eau jusqu'à 5 degrés plus chaude. Depuis 15 ans, Fahad Galal emmène les touristes en excursion à la découverte des trésors sous-marins de la mer Rouge. Mais le moniteur de plongée craint pour l'avenir... « On s'inquiète vraiment pour les coraux. Parce que ces dernières années, il y en a beaucoup qui ont été abîmés. Près de 30 à 40 % d'entre eux ! Il y a une grande différence entre ce qu'on voit ici par rapport à il y a 10 ou 15 ans. On essaye de sensibiliser et de protéger les coraux, mais sans soutien de la part du gouvernement, on ne peut pas le faire correctement. » Une résistance génétique au réchauffement maritime Et ce jour-là, sur son bateau, équipé de son masque et tuba, Youval Arbel se jette à l'eau : « Là, on va plonger. On va voir les coraux, ceux qui survivent et qui souffrent du réchauffement climatique ». Sous l'eau, des dizaines de poissons multicolores nagent encore près du récif. Un spectacle époustouflant et un grand soulagement pour le directeur adjoint de l'association environnementale israélienne Zalul. « On veut protéger ces coraux parce qu'ils sont résistants au blanchissage thermique, qui cause la mort des coraux partout dans le monde. C'est une particularité génétique de ces coraux ici, au nord de la mer Rouge. » Cette résistance, héritée d'évènements géologiques et climatiques anciens, représente un grand espoir selon lui. « S'ils survivent, tous les coraux survivent, car il s'agit des mêmes espèces qu'ailleurs. Il s'agit juste de quelques gènes qui leur donnent cette résistance. On pourrait les faire se reproduire avec les autres coraux et ainsi sauver les coraux de toute la planète ! » Un risque accru de pollution en mer Rouge Et en plus du risque climatique, ces coraux doivent faire face à un danger plus immédiat : la pollution, explique Nadav Dasberg, également membre de l'ONG. « Il y a environ 2 ans, Israël a fait la paix avec les Émirats arabes unis. On est devenus amis ! C'est une très bonne nouvelle, car nous sommes pour la paix, mais avec ce rapprochement diplomatique a été conclu un accord pour que les pétroliers ne passent plus par le canal de Suez, mais rejoignent Israël et que le pétrole passe par un vieux pipeline jusqu'en Méditerranée, puis soit transféré en Europe. Cela va augmenter le risque de marée noire dans le golfe d'Aqaba. » De deux ou trois bateaux par an, il est prévu que 70 pétroliers empruntent ce passage chaque année. Une menace environnementale, mais aussi économique, rappelle-t-il. Le tourisme rapporte chaque année des millions d'euros à la région.
Pour faire face à l'envolée des prix du gaz et de l'électricité, les Hongrois s'adaptent comme ils peuvent. L'inflation est l'une des plus élevées de l'Union européenne : 21% sur un an, et 40% pour l'alimentation. L'hiver s'annonce difficile, alors chacun fait comme il peut pour tenter de conserver un peu de chaleur. Reportage à Budapest, où le mot d'ordre est aux économies d'énergie. Reportage à retrouver en intégralité dans Accents d'Europe à 19H10 TU. ► À lire aussi : L'Europe face à la crise énergétique
Les BTS, le groupe de K-pop le plus écouté au monde, débute le 13 décembre 2022 une pause d'au moins trois ans. Les fans ultra-fidèles du groupe, les Army, étaient évidemment déçus, mais ils avaient eu le droit à un dernier concert en octobre. Un événement qui a rassemblé 50 000 personnes sur place et plus de 50 millions en ligne auquel s'était rendu notre correspondant en Corée du Sud. Les sept membres du boys band qui pèse plusieurs milliards de dollars, doivent effectuer leur service militaire et le premier, Jin, le plus âgé va débuter ce mardi ses 18 mois de service sous les drapeaux. ► À écouter aussi : Corée du Sud: BTS, le groupe de K-Pop le plus connu au monde, en mode pause
Un fleuron de la marine française, le bras droit du porte-avion Charles de Gaulle, patrouille actuellement en mer Baltique. La frégate de défense anti-aérienne Chevalier Paul, intégrée à la mission « Brilliant Shield » de l'Otan a fait escale à Stockholm. Un signal donné à la Suède (et à la Finlande), pour leur témoigner du soutien de la France pendant leur attente d'adhésion à l'Otan. De notre correspondante à Stockholm, C'est un colosse de 153 mètres de long et de 42 mètres de haut. La frégate Chevalier Paul abrite 200 marins et plus de 40 missiles de moyenne et longue portée. Ce soir, la presse suédoise est conviée à bord. C'est donc en anglais, depuis la passerelle de pilotage, que le commandant Anthony Branchereau décrit sa mission. « Ce qu'on offre à l'Otan ici en mer Baltique, c'est notre capacité très ample de détecter tout ce qui passe dans l'espace aérien. Les vols commerciaux, à plus de 10 000 mètres de haut, toute l'activité militaire liée à l'Otan. On travaille aussi avec les forces aériennes suédoises, on s'entraîne avec vos avions militaires, les Grippen. Et on est là pour surveiller les activités de l'armée de l'air russe entre Saint-Pétersbourg et l'enclave de Kaliningrad, au sud de la Baltique. Pour être prêts, pour anticiper, pour connaître les activités menées par les forces russes. » Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'Otan a doublé sa présence dans la Baltique pour renforcer le flanc est de la frontière européenne. Avec son radar d'une portée de 500 kilomètres, le Chevalier Paul, une fois posté au milieu de la mer, a l'œil sur toute la région. « Il y a 50 ans, beaucoup de pays de la région étaient sous la tutelle de l'URSS. Mais depuis que les États baltes, que les Polonais, les Danois et les Norvégiens ont rejoint l'Otan, et peut-être demain la Suède et la Finlande, si on regarde une carte, on peut dire que la Baltique – qui était un lac russe avant – est devenue un lac de l'Otan », poursuit le commandant Anthony Branchereau. Coopération Sur le pont, une piste d'hélicoptères, des lanceurs de missiles, des cheminées infrarouges pour capter et brouiller les signaux. Le navire peut lancer une attaque en quatre secondes et atteindre une vitesse de trente nœuds en deux minutes. Pour Jérôme Chevalier, l'attaché de la Défense française en Suède, l'escale du Chevalier Paul à Stockholm est aussi une opération diplomatique : « On a permis au personnel du FMB, l'équivalent de la DGA française qui s'occupe des programmes d'armement suédois, de nous visiter pour s'intéresser à des systèmes très particuliers puisqu'ils voudraient acquérir les mêmes sur leurs bâtiments. » C'est la première fois que la frégate navigue dans la Baltique, l'occasion de tester le matériel dans des conditions glaciales : les températures prévues pour les prochaines semaines sont bien en dessous de zéro.
C'est à 1 800 kilomètres des stades qatariens que les ballons de la Coupe du monde ont été fabriqués : à Sialkot, dans le nord du Pendjab, au Pakistan. Le pays fou de cricket est devenu au fil des dernières décennies une grande industrie du football qui a permis à la ville de devenir un fleuron du ballon rond. De notre correspondante à Islamabad, Des milliers de ballons blancs nacrés aux zébrures dorées bleues et rouges sont alignés sur des charriots de l'usine Forwards Sports. Située à Sialkot, dans le Pendjab, au Pakistan, elle garde bien secrètes les étapes de fabrication d'« Al Rihla », le ballon officiel du Mondial 2022. Elle est la seule au monde, avec une autre située en Chine, à le fabriquer. Champion de la fabrication du ballon rond « Et voici pour finir la station d'inspection finale. Ici, nous vérifions le poids du ballon, sa taille, sa rondeur, et aussi son design », indique Hassan Masood, directeur de Forward Sports, une entreprise familiale initiée par son grand-père en 1975. L'usine a fabriqué les ballons des trois dernières Coupes du monde. « Ici, nous avons des travailleurs hautement qualifiés qui ont savoir qui s'est transmis depuis le siècle dernier. Leur savoir-faire, qui a commencé par la couture à la main, s'étend maintenant à la reliure thermique et à d'autres technologies. Mais l'état d'esprit, les compétences et la capacité d'apprentissage des habitants de cette ville sont la principale force derrière le développement de ces productions », assure le chef d'entreprise. Sialkot est la grande gagnante du ballon rond sur le plan économique. Elle a résisté à la montée de la Chine, à l'automatisation et à l'instabilité politique et économique du Pakistan, pour construire un pôle de fabrication de football et de sport de classe mondiale, attirant des marques de premier plan. Sur les terrains, c'est une autre histoire. À l'extérieur de l'usine Forwards Sports, s'étend un terrain de football. Sur la pelouse, aucun ballon rond, mais des joueurs de cricket, le sport favori des Pakistanais, dont l'équipe nationale a été finaliste lors de la récente Coupe du monde en novembre dernier. Quant au football, l'équipe pakistanaise ne s'est jamais qualifiée pour une Coupe du monde de la Fifa. Elle peine à se faire une place et n'a jamais été sélectionnée pour une compétition internationale. Absent des compétitions de football Sur un terrain de Sialkot, Malik Abdul Aziz encourage son équipe de juniors. « Nous devons garder notre défense bien serrée, nous devons bien faire le marquage individuel, et surtout les milieux de terrain doivent être très bons, leur rappelle-t-il. Bonne chance les gars. » L'entraîneur, professeur de sport et passionné de football, a créé son club il y a onze ans. Il compte à ce jour 500 membres, dont une vingtaine de filles. Il regrette que le ballon rond n'ait pas plus de place au Pakistan. « C'est la troisième fois consécutive que les ballons de la Coupe du monde sont fabriqués dans cette ville, mais Sialkot n'a même pas de stade de football. Les principaux revenus de la ville proviennent de l'industrie du sport, mais il n'y a pas d'infrastructure sportive digne de ce nom », regrette l'entraîneur. « Nos joueurs manquent de professionnalisme, les entraîneurs ici manquent de professionnalisme, et il n'y a pas de véritable intérêt développé pour le football. Quand vous prenez l'exemple du Sénégal ou du Ghana, ce ne sont pas des pays riches, tout comme le Pakistan. Ils sont même plus pauvres que le Pakistan. Mais ils ont cette culture, tout comme le Qatar qui l'a développée, ajoute Malik Abdul Aziz. Mais ici, nous n'avons même pas cette base de départ. Sans cela, nous ne pouvons pas avoir de bonne équipe au niveau national ou international. » La plupart des joueurs de Malik Abdul Aziz n'ont pas les moyens de payer les frais d'inscription mensuels qui s'élèvent à 750 roupies soit 3,18 euros. L'entraîneur ne demande qu'à 20% des membres de s'en acquitter afin d'encourager les plus démunis à intégrer son club.
On la présente souvent comme la Silicon Valley de l'agriculture : la région du Westland aux Pays-Bas. C'est sur cette terre d'innovation que les Néerlandais ont développé la culture sous serres, ce qui fait du pays aujourd'hui le deuxième exportateur mondial de fruits et de légumes, derrière les États-Unis. Mais avec l'augmentation des prix de l'énergie, les factures de gaz ont explosé et c'est tout un secteur qui est en difficulté. Leo Van Der Lans garde le sourire. Les temps sont pourtant durs pour son entreprise. À l'abri de ses serres, des tomates s'alignent à perte de vue. Pour qu'elles poussent en hiver, la technique est bien connue de sa famille depuis des décennies : une température ambiante, des néons pour remplacer la lumière naturelle... Mais tout cela consomme beaucoup trop d'énergie. « Le problème, c'est que les prix du gaz sont incroyablement hauts. On est passé de 15 à 20 centimes d'euros le mètre cube, à 1,60 ou 1,70 euro, relate l'agriculteur. On a même atteint à un moment 2,50 euros ! C'est beaucoup trop pour faire pousser des tomates. » Léo Van Der Lans n'a donc pas le choix : pour faire des économies, ils vont devoir freiner leur production. « On limite notre utilisation des lumières artificielles et on va aussi retarder la plantation de certains plants de tomates, explique-t-il. Cela devrait nous permettre de réduire de 20 à 25% notre consommation de gaz par rapport à ce qu'on consomme habituellement » ► À lire aussi : Coûts de l'énergie : la filière endive en sursis « Nos producteurs ne peuvent pas faire face » D'après l'association Glastuinbouw, qui représente les professionnels du secteur, les exploitants agricoles sous serres ont dû réduire leur consommation de gaz de près d'un quart. « La situation sur le plan énergétique évolue trop vite en ce moment. Et nos producteurs ne peuvent pas faire face, explique Jean Aerts, spécialiste en énergie. On estime qu'ils ont dû réduire leur production sur 40% de leurs parcelles. Nous sommes en crise aujourd'hui. » Et cela se ressent déjà, avec cet hiver moins de tomates, de poivrons ou de concombre néerlandais exportées vers les supermarchés européens. Les fleurs, autre produit phare issus des serres des Pays-Bas, sont aussi touchées. Woutert Duijvesteijn cultive des chrysanthèmes. Il fait le choix de l'innovation. « Nous avons changé tout notre système d'éclairage pour le remplacer par des LED, expose-t-il. Ça nous permet de réduire notre consommation d'énergie de 50%. Ici, nous avons aussi une machine alimentée en gaz, qui produit de l'électricité. Lorsque la demande est forte, on revend une partie de cette électricité à des entreprises. On évolue, on s'adapte et on innove. Mais notre défi, c'est vraiment d'aller vers moins de gaz. » Woutert en est sûr : d'ici cinq à dix ans, les Néerlandais sauront une nouvelle fois innover sous leurs serres pour se passer totalement du gaz. ► À lire aussi : Rachid Mrabet (Giec) : « Il faut aller vers une agriculture écologiquement intensive »
En Allemagne, les autorités berlinoises ont renommé la semaine dernière une place du nom du roi Rudolf Douala Manga Bell, véritable héros national au Cameroun. Ce résistant fut pendu en public par les colons allemands en 1914 pour s'être opposé à une décision de l'administration coloniale. Ce changement de nom n'est pas le premier, la ville de Ulm avait déjà fait de même récemment. C'est en tout cas un pas important vers la réhabilitation de ce résistant africain et une nouvelle étape dans le travail de mémoire des Allemands. À Berlin, Delphine Nerbollier revient sur ce processus de réparations tardives de la part des Allemands.
Le bourdon à tache rousse, la chauve-souris nordique, la raie tachetée, la couleuvre brune font partie des espèces que le gouvernement du Québec vient de placer sur la liste des espèces menacées à l'occasion de l'ouverture de la COP15 sur la biodiversité à Montréal. Cependant, le caribou forestier, qui ressemble beaucoup au renne de Laponie, ne bénéficiera pas de nouvelles mesures de protection alors qu'il a quasiment disparu de la vallée du Saint-Laurent. Les organismes de défense de l'environnement s'inquiètent de sa possible disparition. « Nos grands-parents, mon grand-père entres autres, chassaient le caribou. Le nord de notre territoire, c'était une forêt de caribous il n'a pas si longtemps. » Louis Lesage veille sur le territoire des Wendats, une des nations autochtones établie un peu au nord de la ville de Québec. Comme beaucoup d'autres, il constate la quasi-disparition de ce quadrupède un peu moins gros qu'un cheval dans le sud du Québec. Il a fallu mettre une quinzaine d'individus dans un enclos pour les protéger, à 1h30 à vol d'oiseau de là. Pour lutter contre ce déclin, la communauté wendat a pris une décision. Réguler le nombre de prédateurs « Faut prendre un choix déchirant, à un endroit précis, dans un secteur précis, là où les femelles caribous mettent bas, on va essayer d'éliminer le plus possible les prédateurs qui sont là, principalement l'ours. L'ours, au printemps, est un prédateur très important des jeunes caribous. » Au printemps, les Wendats piègent donc l'ours. Sauf que d'autres prédateurs s'attaquent aussi aux caribous, notamment le coyote et le loup. Cependant, ce sont surtout les coupes forestières qui précipitent sa disparition, comme l'explique la biologiste Marianne Caouette de Nature Québec, un organisme qui défend l'environnement. « La cause ultime du déclin du caribou au Québec, c'est la transformation de l'habitat par les activités humaines et tout particulièrement par l'exploitation forestière. Toutes les coupes forestières et la construction des chemins forestiers, ça va vraiment nuire au caribou, mais aussi favoriser ses prédateurs. C'est un indicateur de la santé de nos écosystèmes, de notre environnement. Donc, quand on perd le caribou, on sait que quelque chose ne va pas bien dans l'écosystème. Ce n'est pas seulement le caribou qui va disparaître, mais probablement beaucoup d'autres espèces. Et cela a un impact sur nous les humains qui profitons de ce que la nature nous offre. » Recréer un environnement propice au caribou Conscients de l'importance de disposer de forêts sans coupes forestières, les Wendats veulent relier entre eux des parcs régionaux et des territoires au nord de Québec pour créer un environnement propice aux espèces sauvages. « Dans quelques années, on va se ramasser avec un immense territoire de vieilles forêts, très bonnes pour le caribou dans le futur. Donc, a cette chance-là ici d'avoir des secteurs forestiers qui vont être prêts à accueillir le caribou quand on va le relâcher de là où il est en enclos », explique Louis Lesage. Pour l'instant, le gouvernement du Québec refuse de prendre de telles mesures, mais la société civile veille au grain.
En Irlande, après deux années de pandémie qui ont boosté le secteur, les licenciements se multiplient chez les géants du numérique qui font face à une crise. Le secteur de la technologie de l'information dans le pays représente 140 000 emplois, soit 6 % de l'emploi total. Un poids économique qui risque aujourd'hui de coûter cher à l'île. Car si l'Irlande a réussi à sortir quasiment indemne de la pandémie, c'est grâce aux recettes fiscales générées par ces multinationales. Ces suppressions de poste pourraient coûter 10 milliards d'euros à l'Irlande.
Choisir entre se chauffer ou se nourrir : au Royaume-Uni, ce dilemme touche de plus en plus de monde. L'inflation a atteint 11% ce mois-ci et les factures d'énergies explosent. À Londres, de moins en moins de personnes sont épargnées par la crise. De notre correspondante à Londres, Des vitraux aux couleurs vives éveillent cette journée pluvieuse. Il fait froid dans cette église à Hackney, dans le nord de Londres. Les bénévoles emmitouflés dans leurs manteaux servent des sacs remplis de nourritures. « Pâtes, riz, jus de fruit, légumes en boîte, biscuit, sucre… », énumère Clive. Il travaille pour la banque alimentaire depuis sept ans. Il voit de plus en plus de nouvelles têtes franchir le seuil du lieu de culte. C'est le cas de Simon, comédien de 28 ans. « C'est ma première fois dans une banque alimentaire, ça fait trois semaines que je ne mange que de la soupe et du pain, donc j'ai un peu faim. Je ne mets pas le chauffage, j'utilise le moins possible l'électricité », indique-t-il. « On ne peut pas continuer à s'agrandir » Son visage caché derrière son bonnet noir et son masque révèlent des yeux verts fatigués. Depuis qu'il a attrapé le coronavirus, il ne peut plus postuler de nouveaux emplois. Des cas de Covid long qu'on voit souvent, explique Pat, des boucles grises tombent sur son visage souriant. Elle dirige la banque alimentaire depuis 10 ans. La demande n'a jamais été aussi élevée, même pendant la pandémie. « On s'attend à ce que ça dure encore au moins 2 ans. Quelque chose doit changer, car de plus en plus de personnes ont besoin de notre aide. On ne peut pas continuer à s'agrandir », craint Pat Une chose l'inquiète encore plus, le profil de ses nouveaux clients : des familles dont les parents travaillent, si bien qu'elle doit adapter les horaires. « Des infirmières, des professeurs… Nous avons dû mettre en place un nouveau créneau, le vendredi soir, de 18h à 20h, qui permet aux personnes qui travaillent de venir dans notre banque alimentaire. Jusqu'ici, nous n'avions jamais eu besoin d'ouvrir le soir. » D'une crise du coût de la vie en crise de santé publique ? Pat fait un signe de la main à une dame d'un certain âge qui vient d'entrer dans l'église avec son caddie. Elle n'a pas très envie de parler de sa situation comme la plupart des gens ici. « On n'utilise plus la lumière et pas le chauffage, donc on a froid. Depuis ce matin, j'ai un peu de gaz, au moins on pourra boire quelque chose de chaud », explique la femme. L'association qui gère ces points de distribution dans le pays a publié ses derniers chiffres. En 6 mois, 320 000 nouvelles personnes ont fréquenté une banque alimentaire. Le rapport à la nourriture change, alerte Susan Jebb de l'organisme britannique Food Foundation, Nos dernières chiffres montrent qu'un tiers des personnes interrogées nous déclarent qu'au cours du dernier mois, elles ont sauté un repas ou mangé un repas beaucoup plus petit que d'habitude parce qu'elles s'inquiétaient du prix des aliments. Et c'est une augmentation dramatique par rapport à il y a seulement 6 mois. Elle craint que cette crise du coût de la vie se transforme en crise de la santé publique.
Bien loin du froid et du climat politique de Moscou, de nombreux Russes ont trouvé refuge dans l'État balnéaire de Goa pour éviter la conscription. Ici, on fraternise avec les Ukrainiens et on fait la fête pour oublier le conflit. Avec la bienveillance de l'Inde qui délivre très facilement des visas aux Russes, tout en refusant de condamner Vladimir Poutine devant les Nations unies. De notre envoyé spécial à Goa, Un barman ukrainien, des conversations en russe, des sourires, un fond de musique électro. Au nord de Goa, le café Sho est un incontournable pour les touristes de Russie. La saison commence pour eux d'ordinaire fin novembre, mais cette année, ce fut le 21 septembre. Le jour où Poutine a décrété la mobilisation, se souvient Vladimir, arrivé de la ville de Nizhny-Novgorod. « J'ai préféré partir avant de recevoir ma lettre de mobilisation », explique Vladimir. « J'ai de la famille et des amis en Ukraine. Il était hors de question que je me batte contre eux et meurt pour un vieux dirigeant stupide. À Goa, je m'amuse. Je suis sûr que je ne veux pas rentrer tant que Poutine est au pouvoir. » « À Goa, les Russes sont plutôt des électrons libres » Vladimir part le 23 septembre et met 5 jours à rejoindre les cocotiers de Goa. « Je ne voulais pas attirer l'attention des services secrets », poursuit-il. « J'ai pris un premier avion pour la ville russe d'Oufa, puis le train pour passer la frontière du Kazakhstan. Sur place c'était terrible, il y avait énormément de Russes qui fuyaient. On a finalement trouvé un taxi pour Astana. De là, j'ai pris l'avion pour Almaty, puis Delhi, puis Goa. » Cette année tout a changé, témoigne Denis Chernenko, une figure russe de Goa qui organise des tournois d'échecs. « J'étais là quand la guerre a commencé. Beaucoup plus de Russes sont venus que d'habitude », a-t-il constaté. « Et pas des touristes de masses, ils viennent pour fuir la guerre. Ils sont arrivés en avion du Kazakhstan, de Géorgie, de Turquie, des Émirats… À Goa, les Russes sont plutôt des électrons libres. En général, ils ont des valeurs démocratiques, libérales et pacifistes. » Pour une réconciliation entre Russes et Ukrainiens Sous l'URSS, ses parents se sont installés à Saint-Pétersbourg après la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine. Aujourd'hui, Denis milite pour la réconciliation entre les deux peuples. « Avec des Ukrainiens, nous essayons d'alerter sur la guerre. Nous avons fait une manifestation silencieuse dans la capitale Panjim, un défilé entre les villages avec des drapeaux ukrainiens. Donc, pour moi aussi, il vaut mieux rester à Goa ! En rentrant, je risquerais d'avoir de sérieux ennuis. Et puis Narendra Modi nous héberge. Il tente de ménager toutes les parties. » Le groupe Facebook de la communauté russe de Goa compte aujourd'hui plus de 45 000 membres. Venir vivre ici n'est cependant à la portée que d'une minorité de Russes. Il reste assez de pauvres à envoyer se faire massacrer au front, juge avec amertume un client du café Sho.
Depuis plusieurs semaines, le Kurdistan irakien est la cible de bombardements de toutes parts. À l'est, Téhéran vise différents groupes d'opposition kurdes iraniens et dans le nord, la Turquie cible le Parti des travailleurs du Kurdistan depuis des années. Une situation qui a des conséquences sur les civils proches des Peshmergas, mais aussi les Irakiens qui subissent l'importation de conflits extérieurs sur leur territoire. La ville de Koya, à l'est du Kurdistan irakien, vit sous la menace des frappes iraniennes sur les positions militarisées du PDKI. Le Parti démocratique du Kurdistan d'Iran est accusé par Téhéran d'attiser les manifestations contre le régime depuis la mort de Mahsa Amini. Mais ces frappes ont aussi visé ces derniers mois le camp abritant les civils proches de ces Peshmergas. Souroush, 7 ans, y était. Il vit aujourd'hui caché dans une petite maison de la ville, mais ses dessins représentent toujours l'attaque au cours de laquelle son école a été endommagée. « Il y a les missiles qui ont frappé notre école. Le missile a cassé notre école et les élèves sont partis en courant, raconte-t-il. Il n'y a plus personne là-bas depuis l'attaque. Je n'ai pas eu peur, je ne suis pas un enfant qui a peur. » « Nous sommes un troupeau sans berger » Son aplomb cache des traumatismes. Ses parents craignent la reprise des bombardements et les conséquences psychologiques sur leur fils. Le quartier général des PDKI est tout proche, particulièrement du village chrétien voisin d'Harmota. Ici, la quasi-totalité des 250 familles ont fui, affirme Zaya Martany, est le prêtre de la commune. « Qui va leur dire de revenir et "ne vous en faites pas, on vous protège" ? Nous sommes un troupeau sans berger. Nous aimerions que la situation s'arrange, et que tous les acteurs externes ou internes respectent cette nation comme toutes les autres. » Dans la vallée de Nahla, à l'autre bout du Kurdistan irakien, l'exaspération est la même. Ici, la Turquie bombarde régulièrement les positions du parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK. Allan Esho Youel est né là. Il a 26 ans et il en a assez : « Ça n'a rien à voir avec nous et ce n'est pas supposé se produire ici. S'ils nous attaquaient, on penserait à partir, mais ils attaquent ceux qui se sont installés dans notre région. Ce serait préférable qu'ils s'en aillent ». William Esho Oshana, chef de village, craint que la situation ne se dégrade encore. Une fissure de la largeur de sa main court le long du mur de son salon depuis les derniers bombardements. « La Turquie continue d'avancer et de les pousser toujours plus vers nous. Le PKK était dans les montagnes et maintenant, il commence à descendre », témoigne-t-il. Un check-point contrôle toute entrée dans la vallée, y compris des marchandises. Les habitants se sentent donc enfermés et abandonnés par les autorités kurdes et irakiennes. ► À lire aussi : L'Iran mène de nouvelles attaques au Kurdistan irakien
Au Royaume-Uni, la dinde est un incontournable des fêtes. Mais depuis plusieurs semaines, la grippe aviaire sévit sur les élevages. La moitié des dindes du pays a été tuée ou abattue, à quelques semaines du 25 décembre. De notre envoyée spéciale, À l'entrée de la ferme de Steve Childerhouse, deux chiens de berger accueillent les visiteurs… Mais hormis leurs aboiements et le bêlement d'un mouton, il règne sur la petite exploitation un silence inhabituel. « Il y a normalement des dindons partout autour de nous, dans les bois, dans les enclos, 24 heures sur 24, raconte l'éleveur. Et à cette période de l'année, on commence d'habitude à plumer les oiseaux, on est quarante à travailler ici ! Cette année, c'est vraiment une ambiance différente. » Avec émotion, il raconte cette journée d'octobre : un premier oiseau retrouvé mort, le diagnostic du vétérinaire, puis l'abattage, par l'agence sanitaire animale, de ses 13 000 oies et dindes. Or, tout son bénéfice, Steve Childerhouse le fait à Noël. « Je crois qu'on va être indemnisé à hauteur de 7 500 oiseaux, je n'en suis même pas sûr. J'espère qu'on va toucher environ 30 livres sterling par dinde, alors qu'on les vend en moyenne 70 à 80 livres en période festive. Ça fait une sacrée différence. » L'éleveur n'a d'ailleurs pas encore reçu la compensation de l'État. Impossible pour lui de se reconvertir, même temporairement : les bâtiments des oiseaux grippés doivent rester en quarantaine pendant douze mois. « Nos bâtiments sont anciens, on ne peut pas les nettoyer selon les critères établis par le ministère de l'Agriculture. Par conséquent, on ne peut pas les réutiliser avant octobre prochain. Or, les poussins arrivent en général en juin. Dans l'état actuel des choses, on va manquer Noël prochain aussi, et on ne pourra recommencer à travailler qu'en juin 2024. » Pour l'instant, l'éleveur s'occupe avec de petits boulots ici et là. De la dinde peut-être, mais à quel prix Chaque Noël, depuis près de 20 ans, Steve Childerhouse fournit le magasin agricole Goodie's, à 40 minutes en voitures. Le propriétaire, Stuart Gooderham, craint de perdre des clients cette année. « Il faut que je trouve de nouveaux fournisseurs, n'importe où, mais évidemment en ce moment, les producteurs de dindes n'ont pas de surplus ! J'ai trouvé pour l'instant 80 à 100 dindes. J'en ai besoin de 250, voire 300. Du coup, je ne peux donner aucune certitude à mes clients tant que je n'ai pas trouvé ces dindes », se désole-t-il. Le marchand se prépare à devoir gérer le mécontentement des clients fin décembre. « Forcément, ils vont s'énerver après nous, s'ils veulent de la dinde bronzée et qu'il n'y a que de la blanche, s'ils veulent une dinde de six kilos, mais qu'il n'y a que des sept. Ils ne vont pas nous rater. On essaye, déjà, de leur proposer des alternatives : côtes de bœuf, cochon rôti ou faisan ! » La grippe aviaire a évidemment fait grimper les prix. Comme il a fixé ses tarifs, il y a plusieurs semaines, pour les repas de Noël, Stuart Gooderham avertit : le reste des produits risque de continuer d'augmenter les prochains mois. ► À lire aussi : Au Royaume-Uni, les Britanniques craignent une pénurie de dindes à Noël
Alors que les extrémistes et les suprématistes juifs – soutenus par les colons – pourraient obtenir davantage de portefeuilles ministériels en Israël, en Cisjordanie occupée, la violence des colons explose. Dans la plupart des cas, les auteurs ne sont pas poursuivis. Chez les Palestiniens monte un sentiment d'injustice et l'idée d'une violence commise en toute impunité. De notre envoyée spéciale, C'était un vendredi après-midi, fin juin, à Iskaka, un village à côté de Naplouse, au nord de la Cisjordanie occupée. Ali Harb, 28 ans, était sur ce petit terrain bordé d'oliviers – celui de sa famille – avec d'un côté, une vue imprenable sur la vallée et de l'autre, les barbelés de la colonie israélienne d'Ariel. C'est là qu'il a été tué, poignardé par un colon, raconte son père, Hassan Harb. « C'est la première fois que je reviens ici depuis la mort de mon fils. Ce jour-là, j'étais malade, j'avais de la fièvre, quand j'ai reçu un coup de téléphone de nos voisins agriculteurs pour nous dire que des colons étaient sur nos terres, qu'ils planifiaient d'y rester, de mettre des tentes pour s'y installer ». Hassan demande alors à deux de ses fils, Ali et Ahmad, d'aller voir. Ils partent avec un de leurs oncles. Sur place, il y a des « jeunes des collines », ces adolescents religieux et violents, accompagnés d'un adulte, la quarantaine. En voyant arriver le groupe de Palestiniens, les colons déguerpissent. Puis ils reviennent, avec l'armée israélienne. Ali s'adresse à cette dernière, demande aux soldats de les faire partir, lorsqu'un des colons, le plus âgé, se détache du groupe et s'approche de lui. « Le colon a sorti un couteau de derrière lui. Au début, il a essayé de poignarder le cousin d'Ali, il a réussi à l'éviter, puis il a poignardé Ali, raconte le père du jeune garçon. C'était un couteau d'environ 6 cm, qui lui est allé directement au cœur, ce qui a brisé une de ses côtes et touché son artère principale, celle qui alimente le cœur… C'est ce qui a provoqué sa mort. Et lorsqu'il s'est écroulé, l'armée israélienne a empêché son frère et ses cousins de le sauver. » Plusieurs mois après, malgré les caméras de surveillance, malgré la station de police à proximité, à l'intérieur de la colonie, Hassan désespère que le coupable soit jugé et le précise : « ces colons peuvent agir en toute impunité ». Cette année, ces attaques, liées à la violence des colons, sont récurrentes et très variées. Elles peuvent être physiques ou ciblées contre les biens des Palestiniens, comme des véhicules, des maisons, des troupeaux. « Elles ont plus que doublé par rapport à l'année dernière », explique Anthony Dutemple, de l'ONG Première Urgence Internationale. Parfois, ces attaques sont même coordonnées entre différentes colonies ou avant-postes, ou se font en pleine journée, souvent avec la police et l'armée israélienne à proximité, comme l'a confirmé un rapport de Breaking The Silence publié l'été dernier. Il y a aussi les menaces avec des armes des colons sur les Palestiniens, le harcèlement moral et psychologique au quotidien, poussant les communautés palestiniennes à partir de leurs terres. « Et cela fait vraiment partie de la stratégie des autorités israéliennes d'occuper le territoire », ajoute Anthony. « Il y a deux ans, on parlait d'annexion formelle, cette annonce de Benyamin Netanyahou qui n'a finalement pas eu lieu. Mais nous, sur le terrain, on estime que l'annexion, de fait, est là : la population palestinienne n'a plus accès à ses ressources et ses moyens d'existence sont mis en péril. » +53% par rapport à 2021, selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha). Entre janvier et fin octobre 2022, quatre Palestiniens ont été tués par des colons, 241 blessés par des colons, 1 669 blessés par l'armée pendant des incidents liés à la violence des colons. À cela s'ajoutent 596 véhicules (170% de plus qu'en 2021) et 9 445 arbres vandalisés par des colons. Cette violence est quasi systématiquement filmée, documentée, par les Palestiniens eux-mêmes, par des volontaires et des défenseurs des droits ou encore des caméras de surveillance, mais qui, dans presque l'entièreté des cas, ne mène à aucune condamnation ou jugement des auteurs. Selon l'organisation israélienne Yesh Din, 97% des plaintes des Palestiniens restent sans suite.
Cet automne, 37 000 réfugiés étaient logés dans des hôtels britanniques, coûtant chaque jour 6 millions de livres sterling aux contribuables, selon la BBC. L'utilisation de ces hôtels est très controversée, surtout quand ils sont en centre-ville. C'est le cas à Ipswich, une ville de 140 000 habitants dans la région du Suffolk, à l'est de l'Angleterre. Plus de 40 000 personnes ont traversé la Manche pour arriver sur le sol anglais depuis le début de l'année. En revanche, le traitement des demandes d'asile a ralenti au Royaume-Uni. En juin, plus de 122 000 dossiers étaient en attente. Un reportage à retrouver en intégralité dans Accents d'Europe, à 19h10 TU. ► À lire aussi : Royaume-Uni : des conservateurs demandent une réforme du système d'asile
Ces dernières semaines, en Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan mène une offensive de charme en direction des alévis. Minorité rassemblant plusieurs millions de personnes, les alévis ne sont pas sunnites comme la majorité de la population turque, mais adeptes d'une croyance plurielle et hétérodoxe, longtemps persécutée sur ses terres d'Anatolie. Chez la plupart d'entre eux, les récentes initiatives du pouvoir passent mal, car ils y voient une forme de mise au pas ou d'assimilation. Leurs représentants multiplient les manifestations.
En Chine, la sévérité des politiques sanitaires anti-Covid et la morosité économique générée par les restrictions donnent aux citoyens des envies d'ailleurs. Les plus fortunés ont un pays particulièrement en ligne de mire, où de plus en plus de Chinois fortunés expatrient leurs richesses et leur famille. Un exil des millionnaires et milliardaires qui commence à peser sur l'économie du pays. De notre correspondante régionale, En 2018, le monde entier découvrait la vie des très fortunés de Singapour avec le succès du film Crazy Rich Asians. Une pandémie plus tard, ce petit État d'Asie du Sud-Est continue d'attirer les grandes richesses, tout particulièrement celles qui viennent de Chine. Dominic Volek en sait quelque chose, son métier est justement de conseiller les millionnaires qui souhaiteraient s'expatrier, au sein du cabinet Henley & Partners. De manière générale, les migrations des ultras riches sont en grande progression. On s'attend à un record de flux migratoires de millionnaires en 2023. Singapour est clairement un pays qui les attire, particulièrement les Chinois. Et pas seulement pour y transférer des fonds, pour installer le bureau d'un groupe familial ou ouvrir un compte en banque. Car lorsqu'ils y transfèrent leur argent en suivant un certain protocole, ils peuvent s'installer avec leur famille et profiter du très bon système éducatif de Singapour, de son système de santé et de son climat. D'un point de vue fiscal, c'est aussi très avantageux. Sur le plan politique ou économique, c'est très stable. Et si vous ne parlez pas anglais, Singapour c'est rassurant : il y a des quartiers entiers où tout est écrit en chinois, les panneaux de circulation, les menus des restaurants… ► À lire aussi : En devançant Hong Kong, Singapour devient le nouveau centre financier de l'Asie La bonne réputation de Singapour Et si Singapour attire les Chinois, c'est également parce que depuis des décennies, ce petit État d'Asie du Sud-Est jouit d'une excellente réputation en Chine, assure Adam Liu, un universitaire qui s'est un jour posé une question : comment les Chinois perçoivent le reste du monde ? « La première chose qui m'a étonné, c'est que si la Chine a une réputation de plus en plus mauvaise en Europe, les Chinois eux n'ont pas d'a priori négatif sur l'Europe et encore moins sur l'Allemagne. Plus de 70% des Chinois sondés ont une image positive de l'Allemagne et le seul pays qui remporte encore plus de succès, c'est Singapour ! », a-t-il constaté. Du « laquais des impérialistes américains » à « La Cité Jardin » Et cet amour pour Singapour, c'est aussi le fruit d'un effort politique qui remonte à la guerre froide. « Singapour était alors souvent surnommée par les Chinois le "laquais des impérialistes américains". Mais quand Deng Xiaoping est arrivé au pouvoir, une des premières choses qu'il a faites, c'est d'aller à Singapour. Et le Premier ministre de Singapour lui aurait alors dit : "il faut arrêter avec ce surnom". Et figurez-vous que depuis lors, Singapour est avant tout connu par les Chinois comme "La Cité Jardin". » Une « Cité Jardin » où les Chinois peuvent prospérer. Parmi les 10 milliardaires les plus riches de Singapour aujourd'hui, six sont nés en Chine.
C'est un tour du monde un peu particulier que réalise en ce moment un bateau baptisé Energy Observer. Cet ancien catamaran de course a en effet été rénové pour pouvoir fonctionner uniquement avec des énergies propres. En utilisant tout à la fois l'énergie du soleil, du vent et des courants marins, et en conservant celle-ci sous forme d'hydrogène produit à partir de l'eau de mer, l'équipage de l'Energy Observer espère convaincre l'industrie du transport maritime que l'on peut naviguer sans polluer. Notre correspondante est à bord lors d'une escale sur l'île de Langkawi, en Malaisie.