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Chaque jour, l’illustration vivante et concrète d’un sujet d’actualité. Ambiance, documents, témoignages, récits en situation : les reporters de RFI présents sur le terrain décrivent le monde avec leur micro. 

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    • Jun 3, 2025 LATEST EPISODE
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    Maintenir Gaza connecté, le combat d'activistes du monde entier

    Play Episode Listen Later Jun 3, 2025 2:44


    Alors que Gaza est sous blocus et que les principales infrastructures – électricité, eau potable – sont à terre, comment les Gazaouis réussissent-ils à se connecter à internet ? En grande partie grâce à la solidarité de citoyens du monde entier, qui leur envoient des e-SIMS, des cartes SIM virtuelles. De notre correspondante à Ramallah,Bombardements, témoignages de médecins depuis des hôpitaux dévastés, distributions alimentaires ou choses de la vie quotidienne en temps de guerre. Les témoignages en provenance de Gaza inondent la toile depuis le déclenchement de la guerre. Certains internautes gazaouis comptent même des millions de followers. Un paradoxe, car depuis octobre 2023 et le début de l'offensive militaire, toutes les infrastructures de communication sont à terre.Certains, à l'époque, ont très vite compris que l'enclave palestinienne risquait d'être coupée du monde. C'est le cas de Moaz Mansour, ingénieur en télécommunications égyptien basé sur la côte ouest des États-Unis. « Bien que la connexion soit coupée à Gaza, on peut toujours y capter le réseau égyptien ou encore israélien. On a pris cela en considération. On s'est dit que c'était donc possible de se connecter grâce à un système de roaming », nous explique-t-il en communication via WhatsApp.En clair : Moaz achète en masse des recharges égyptiennes et israéliennes qu'il met gratuitement à la disposition des Gazaouis. Sur son site internet Gaza Online, il reçoit des dons du monde entier. Moaz Mansour dit avoir réussi ainsi à faire parvenir plus de 50 000 recharges Internet à Gaza. « On essaye de pousser les gens à faire des dons réguliers parce que c'est ce qui nous permet de continuer ce que l'on fait. On donne la priorité à la connexion sur place aux personnes qui travaillent dans le secteur médical », détaille-t-il.Comme Moez Mansour, des activistes du monde entier tentent de maintenir Gaza connecté. Jane Shi, une artiste qui vit à Vancouver, au Canada, revendique l'envoi de 18 000 SIM virtuelles vers Gaza. Internet est devenu un besoin élémentaire. « Cela peut être très dangereux de monter sur un toit, d'aller près de la mer ou de se rapprocher de la frontière pour essayer d'avoir une connexion israélienne. Les gens risquent leur vie pour avoir une connexion internet. On a entendu des récits de personnes qui ont été tuées par des bombardements israéliens alors qu'ils essayaient d'avoir un accès à Internet », raconte-t-elle.Maintenir la connexion sur place permet aux Gazaouis de rester en contact avec leurs proches. C'est aussi une façon pour ses militants de garder un œil sur ce qui se passe à Gaza. Une façon de dire aux Israéliens : « On vous voit. » « Quand il y a eu le massacre de l'hôpital Al Shifa, on a envoyé des SIM virtuelles à des journalistes qui étaient sur place », se souvient la militante canadienne. D'après les témoignages recueillis, les opérateurs israéliens tenteraient bien de couper ces connexions sans avoir réussi encore à ce stade à les empêcher complètement.À lire aussiGaza: les sauveteurs de la Défense civile en première ligne face aux victimes des bombardements israéliens

    Au Liban, la difficile lutte contre la pollution plastique

    Play Episode Listen Later Jun 2, 2025 2:32


    S'il n'existe au Liban aucune politique nationale de lutte contre la pollution au microplastique, pourtant omniprésente, de plus en plus d'acteurs de la société civile s'emparent du plastique et des déchets recyclables pour les valoriser et éviter qu'ils ne terminent dans les décharges ou au large des côtes.  Au Liban, à Kfar Aabida, à 50 km au nord de Beyrouth, la plage est bordée d'immondices que des écoliers viennent nettoyer avec des bénévoles de l'ONG SWIM. « Le microplastique va aller dans l'eau. "Micro", ça veut dire qu'on ne peut pas le voir à l'œil nu. Les poissons et les algues l'absorbent et automatiquement, ça va se retrouver dans notre alimentation. Si chacun ramasse une bouteille, il peut sauver des millions et des millions de vies sous-marines », leur explique Marcos Hado, biologiste marin. Car ces particules peuvent engendrer des perturbations endocriniennes, des troubles respiratoires, des maladies cardio-vasculaires et des cancers.Les adolescents découvrent l'ampleur de la pollution en Méditerranée, la mer la plus contaminée du monde. « C'est du verre, du bois, un paquet de chips, une tortue pourrait s'étouffer avec. Elles sont en voie d'extinction. On a trouvé beaucoup de choses, franchement, je suis déçu des Libanais », confie Thalia Kannir 15 ans. « Où qu'on aille, on voit des gens qui jettent leurs déchets dans la mer, sur les plages, dans les rues », raconte Marcus Najjar, 16 ans.En moins de deux heures, ces jeunes Libanais ont rempli des dizaines de sacs de détritus et même exhumé des pneus. Une pollution venue en amont pour Marcos Hado, le biologiste marin : « Le problème, c'est que 90% de cette poubelle est venue par les rivières. Parce que les municipalités en haut de la montagne l'ont jetée dans les rivières et les rivières l'ont emportée avec les pluies et l'ont jetée sur la plage. »Les déchets seront ensuite triés et donnés à des entreprises de recyclage comme Plastc Lab au nord de Beyrouth. Fondée par deux frères, Ralph et Rami Sbeih, elle compte sept employés. Ici, rien ne se perd, tout se transforme : « On peut voir le broyage, c'est ce qu'on est en train d'obtenir, c'est la première étape pour le plastique. On est en train de transformer ce broyage en matériaux comme des poutres, des plaques, etc. »Dans l'atelier, les paillettes sont ensuite fondues. « Il y a ici des plaques chauffantes et puis on va avoir comme une sorte de pâte à modeler, ensuite cela va être injecté dans le moule. Quand c'est froid, on les met dans un bac à eau. Après, cela va prendre la forme du moule », détaille Rami Sbeih, fondateur de Plastc Lab.Matériaux de construction, meubles, et même accessoires, l'usine remodèle 60 tonnes de plastique par an. « On est un des acteurs ici au Liban qui sont en train de minimiser le volume des déchets. Le problème principal, c'est qu'il n'y a plus de place, il n'y a plus de décharge pour mettre les déchets », se désole-t-il. Alors que le seul site d'enfouissement de Beyrouth est sur le point de déborder, si rien n'est fait, les poubelles pourraient vite s'amonceler dans les rues.À lire aussiLiban: «Certains malades sont en train de mourir» du cancer faute de moyens pour se soigner

    Immigration: en Autriche, menace sur le regroupement familial

    Play Episode Listen Later Jun 1, 2025 2:32


    Le Parlement autrichien examine jusqu'au 10 juin un décret pour mettre fin au regroupement familial pour les réfugiés. Les associations dénoncent une mesure d'affichage, alors que le nombre de regroupements a chuté en 2024. Reportage à Vienne à la rencontre de mineurs isolés qui n'ont plus espoir d'être réunis avec leurs parents.  De notre correspondante à Vienne, La résidence pour les demandeurs d'asile mineurs est un immeuble à l'aspect maussade, dans le 10ᵉ arrondissement de Vienne. Dans une salle de réunion spartiate, ce jeune préfère rester anonyme. Il vient de Syrie, mais connaît bien ce terme du jargon administratif : le « regroupement familial ». Les réfugiés venus de Syrie font en effet l'objet de restrictions depuis la chute de Bachar el-Assad, et que l'Autriche a lancé des processus de révision de leurs droits de séjour. C'est maintenant au tour du regroupement familial, un droit qui permet à un réfugié installé dans un pays de faire venir sa famille proche auprès de lui.Un coup dur pour ce jeune de 17 ans, qui pensait revoir bientôt ses parents et son petit frère, actuellement réfugiés en Turquie. « Pour moi, c'est très grave. J'attendais ça depuis trois ans. Je suis arrivé ici à 14 ans et mes parents me manquaient. Ma famille a fait les démarches, ils sont allés jusqu'au Liban pour prendre rendez-vous et faire un visa. Maintenant, je ne peux plus rien faire. Tous mes plans se sont effondrés. C'est très grave pour moi », se désole-t-il. À lire aussiRegroupement familial : en Autriche, des réfugiés plongés dans l'angoisse et l'incertitudeEn 2024, les Syriens formaient 90% des effectifs du regroupement familial. Alors, quel intérêt de légiférer alors que les chiffres sont déjà en baisse ? L'association Asylkoordination, qui représente les ONG autrichiennes du secteur de l'asile, donne des éléments de réponse. Le gouvernement présente son projet comme un moyen de stopper les pères qui veulent faire venir femmes et enfants, car ces derniers mettraient le système scolaire en état d'urgence.Lukas Gahleitner-Gertz, le porte-parole de l'association, dénonce des amalgames. « Par exemple, le gouvernement met en avant le nombre d'écoliers qui parlent une autre langue que l'allemand à la maison, explique-t-il. Mais on ne peut pas confondre ce chiffre avec celui des enfants qui n'ont pas le niveau pour suivre des cours en allemand. Certains parlent une autre langue à la maison et comprennent par ailleurs très bien l'allemand. C'est un type d'argument proche de ceux de l'extrême droite. »À Vienne, 45% des enfants entrent à l'école sans pouvoir suivre les cours en allemand. Une réelle difficulté, mais seulement dans la capitale et seulement la première année de leur scolarité, le chiffre baisse par la suite. C'est pour cela que l'Asylkoordination affirme que la mesure décidée sous la houlette des conservateurs relève surtout du populisme. À lire aussiMigration : le Conseil de l'Europe refuse d'affaiblir la Convention des droits de l'Homme, un revers pour neuf États

    En Australie, l'abri de plage «beach cabana» ne fait pas que des heureux

    Play Episode Listen Later May 31, 2025 2:29


    En Australie, la plage, c'est du sérieux ! L'été y bat actuellement son plein, et cette année, un accessoire fait fureur sur les plages. C'est le « beach cabana » - abri de plage, en français - une sorte d'hybride entre la tente et le parasol. Critiqué par certains, il est aussi plébiscité par de nombreux autres, car dans ce pays qui affiche le plus fort taux de prévalence du cancer de la peau au monde, la protection contre le soleil que ces abris apportent est saluée, et même encouragée. De notre correspondant à Sydney,Les vagues sont puissantes un dimanche à Maroubra, mais cela ne décourage pas les milliers de personnes qui sont venues passer la journée sur cette plage de Sydney, pour fuir la chaleur qui dépasse 35°C. Mais l'océan, si on l'entend distinctement, n'est pas facile à voir : il est masqué par des centaines d'abris de plage. Un phénomène plutôt nouveau, qui gâche un peu le plaisir de Jeff, qui veut profiter du littoral : « C'est un peu gênant quand il y en a trop devant soi, parce que ça bloque la vue… », soupire-t-il. Et puis il y en a d'autres qui s'en servent pour réserver leur petit coin de sable. Ils installent leur abri tôt le matin, puis retournent en ville, par exemple pour faire leurs courses, avant de revenir à la plage, plusieurs heures plus tard. Un comportement qui a fait l'objet de polémiques intenses sur les réseaux sociaux, et sur lequel le Premier ministre Anthony Albanese a lui-même donné son avis : « Ça ne se fait pas ! Ce qui est formidable en Australie, c'est que contrairement à d'autres endroits dans le monde, ici, la plage est à tout le monde, c'est un endroit où on est tous égaux… Et donc se réserver son petit coin sur la plage, c'est une rupture de ce principe. »À lire aussiLes cancers de la peauDes propos qui n'ont pas entamé la popularité de cet accessoire, bien au contraire même, puisque ceux qui, comme Alistair, n'en sont pas équipés, rêvent de s'en acheter un : « J'ai des amis qui en ont un, et c'est super facile à installer… Et vu la puissance des rayons UV ici, c'est vraiment utile… ». Un point sur lequel s'accorde son amie Heather, qui n'est pourtant pas vraiment une fan : « Je les trouve assez moches, mais en tant que Britannique à la peau extrêmement pâle, on ne rigole pas avec le soleil australien… Même si je préférais m'asseoir et dessous de quelque chose de plus joli », tempère-t-elle.Il faut dire que l'Australie affiche le plus fort taux de prévalence au monde de cancers de la peau. C'est une maladie dont on détecte un nouveau cas toutes les 30 minutes, et qui, chaque année, tue plus de personnes que les accidents de la route en Australie. C'est ce qui explique pourquoi l'Institut australien du mélanome a annoncé il y a quelques mois un partenariat avec CoolCabanas, l'entreprise australienne qui vend ces abris de plage. Qu'on les trouve moches ou pas, l'Institut du mélanome le rappelle, le meilleur moyen de se protéger du soleil, c'est de se mettre à l'ombre.À lire aussiAustralie : le gamilaraay, une langue aborigène menacée à l'étonnante vitalité

    La Pologne veut investir dans la rénovation et la construction d'abris antiaériens

    Play Episode Listen Later May 30, 2025 2:30


    En Pologne, alors que le second tour des élections présidentielles se déroule ce dimanche 1er juin, la question de la sécurité est dans tous les esprits. Les petites villes polonaises aussi investissent dans ce domaine, notamment en construisant des abris antiaériens pour se préparer au risque d'une guerre.  De notre envoyée spéciale à VarsovieKrystyna Gucewicz est écrivaine. Elle est née à Mińsk Mazowiecki, juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Selon elle, cette ville disgracieuse située à 45 kilomètres à l'est de Varsovie « est une ville de passage » à tous celles et ceux qui rêvent de monter à la capitale.Enfant, Krystyna jouait avec des amis à la guerre dans les rues de sa ville natale. Mais des abris ici ? « Jamais entendu parler... Secret défense, sans doute. Comme tout ce qui touchait au domaine public sous le communisme, y compris les cartes géographiques. Je dois dire que vous êtes la première à m'en parler. Est-ce qu'on a besoin de ces abris ? À l'heure actuelle, cela ne se discute pas ! », conclut la femme aux cheveux rouge vif.Barbara, propriétaire d'un point photo, abonde : « Notre ville abrite une base aérienne avec un escadron du 1er régiment d'aviation de chasse. Ils sont là pour défendre Varsovie. Si la Russie attaque, cette base sera la première à être visée. Alors, les abris ? Parlons-en, Monsieur le Maire ».Les villes rénovent à tour de brasMarcin Jakubowski, le maire de cette ville de 30 000 habitants, tient un discours rassurant à l'égard de ses administrés. C'est sous un immeuble d'habitation dans le centre-ville qu'il nous a donné rendez-vous : « Nous sommes dans un abri antiaérien d'une capacité de 55 personnes, construit dans les années 1950. Nous avons franchi cette double porte étanche. Ce que vous entendez, c'est la pompe à air. Voici des stocks d'instruments de mesure et de communication, comme la radio. Les murs de 2 mètres d'épaisseur laissent passer le réseau mobile et protègent contre une attaque chimique. L'endroit est équipé d'un réservoir d'eau potable et d'une voie d'évacuation. Mais la guerre en Ukraine nous a appris que les lieux les mieux adaptées à la protection des civils sont les parkings souterrains ou les stations de métro. »La Pologne n'est, certes, pas en état de guerre, martèle le maire, mais les autorités ayant averti à plusieurs reprises que le pays devait s'y préparer. Dès le début de l'année, différentes institutions d'État ont entrepris l'inspection, le contrôle et la rénovation des abris antiaériens pour protéger la population. Un enjeu pour le budget des collectivités locales, mais qui répond à l'inquiétude de leurs habitants.Construire des infrastructures dites « à double usage  », adapter tous types de lieux qui peuvent servir de refuge est un vrai défi pour la ville de Mińsk Mazowiecki, soupire Marek Heller, colonel de l'armée de l'air à la réserve et chef de la cellule de crise locale : « Pour que les gens se sentent en sécurité, il faut intégrer la notion de danger dans la stratégie nationale. Et celui-ci est réel. Planifier ces travaux engendre des dépenses, mais il faut que l'on soit prêt pour y faire face. »Les investissements massifs pour protéger la populationLa Pologne compte débourser plus de 2 milliards d'euros par an pour la construction d'abris, soit 0,3% du PIB polonais. Un plan national sous l'égide de l'Agence gouvernementale de réserves stratégiques devrait être déployé sur tout le territoire dès l'été prochain.Mais le pays devra accélérer la cadence s'il veut égaler en la matière la Finlande et la Suède, qui, elles aussi, redoutent une possible offensive russe. En effet, les autorités suédoises ont réactivé leur concept de « défense totale » en 2015 et intensifié cet effort après l'invasion russe de l'Ukraine en 2022.À lire aussiPologne : la difficile croissance des start-up de l'industrie d'armement

    Ligue des champions: l'Inter Milan à la recherche d'une quatrième étoile

    Play Episode Listen Later May 30, 2025 2:43


    La finale de la Ligue des champions aura lieu à l'Allianz Arena à Munich ce samedi 31 mai avec une affiche inédite entre le PSG et l'Inter Milan. Le club italien, finaliste malheureux face à Manchester City en 2023, rêve de remporter une quatrième Ligue des champions. Maillot bleu roi et noir fièrement porté, casquette « Nerrazzurri » sur la tête, Mario affiche clairement ses couleurs. Pour lui, c'est l'Inter Milan et rien d'autre : « Parce que c'est la plus grande équipe d'Italie ! Je suis fan de l'Inter depuis que je suis petit. C'est l'équipe de mon cœur. »À côté de lui, Michel s'est même tatoué l'écusson de l'Inter sur l'avant-bras. Fan depuis toujours, il ne veut surtout pas que l'on confonde avec le Milan AC, l'autre club de la ville : « Oui, c'est l'équipe la plus importante de Milan ! Depuis que je suis enfant, je soutiens l'Inter, comme toute ma famille. C'est une passion. Une fois que vous commencez à l'encourager, vous ne pouvez plus vous arrêter. Il n'y a que l'Inter à Milan ! »Créé il y a bien longtemps, en 1908, le club provient d'une scission au sein du Milan AC qui ne voulait pas accueillir de joueurs étrangers à l'époque. Les dissidents lui ont donné un nom : « Internazionale »Et aujourd'hui, les deux rivaux se partagent la suprématie de la ville et même leur stade. Mais depuis quelques années, ce sont bien les Nerazzuri qui sont au dessus, comme l'explique Alfio Musmarra, journaliste pour Antenna 3, une chaine de télé lombarde : « Bien sûr qu'il y a une grande rivalité ! Mais aujourd'hui, l'Inter est dans un cercle vertueux. Avec plus de continuité, plus de victoires. Aujourd'hui, sur le papier, il n'y a pas photo, c'est une équipe nettement supérieure au Milan AC ». Sept trophées en quatre ans et l'image d'une équipe généreuse et combative, guidée par son capitaine, l'Argentin Lautaro Martinez.« Il faudra un grand Inter Milan pour gagner ce match »Et l'Inter s'est donc hissé en finale de la Ligue des champions, après avoir notamment écarté le Bayern Munich et le Barça, au cours d'une confrontation qui restera dans les annales de la compétition.À lire aussiLe PSG à 48 heures de son rêve de Ligue des championsArrivé il y a 4 ans, l'entraîneur Simone Inzaghi a façonné un groupe qui n'abdique jamais et ça pourrait servir face au PSG : « C'est évident, on joue avec le cœur. C'est déterminant dans notre équipe et ça sera un aspect important du match. Et mon équipe l'a souvent montré ces dernières années. Ce qui fait qu'en tant qu'entraîneur, je suis très fier de guider un groupe comme celui-là. On sait quoi faire. On a joué deux finales en trois ans, et je ne pense pas que cela soit arrivé avant dans l'histoire du club. C'est sûr qu'il faudra un grand Inter Milan pour gagner ce match. »Le club milanais a le plus vieil effectif de la compétition. Près de 30 ans de moyenne d'âge. Beaucoup ont donc déjà disputé une finale de Ligue des champions. Un atout peut-être déterminant : « Ils ont déjà joué une finale contre Manchester City il y a deux ans. Et ils avaient réussi à faire jeu égal contre une équipe qui a dépensé beaucoup d'argent. Deux ans après, ils sont de retour en finale, et ça pourrait être une belle revanche pour tout ce groupe de joueurs. »Cette finale ressemble donc à un dernier défi pour la bande de Simone Inzaghi. Si elle atteint son objectif, ce serait la 4e Ligue des champions de l'histoire du club. La première depuis 2010.►PSG – Inter Milan. La finale de la Ligue des champions sera à suivre sur RFI dans une soirée spéciale à partir de 18h40 TU.

    Les notes de la liberté, les femmes de la chorale Gardénia

    Play Episode Listen Later May 28, 2025 2:46


    Deux mois après la chute du régime des Assad, la vie culturelle renaît petit à petit en Syrie. Tandis que de nombreux artistes sont de retour d'exil, d'autres ne sont jamais partis. C'est le cas des femmes de la chorale Gardénia. Créé en 2016, en pleine guerre, ce groupe de chanteuses et musiciennes a un répertoire d'œuvres classiques, mais depuis peu, elles reprennent aussi des chansons des manifestations anti-régime. Depuis décembre, elles multiplient les représentations à travers tout le pays. Notre envoyée spéciale, Sophie Guignon, les a suivis de Damas à Alep.  De notre envoyée spéciale de retour d'Alep, À Damas, tout juste libérée du joug des Assad, les chanteuses de la première chorale féminine de Syrie sont en pleine répétition sous la direction de Safana Bakleh. Fondée en 2016, la chorale reprend des morceaux arabes classiques, mais aussi, depuis la chute du régime, des chants des manifestations de 2011. Safana Bakleh : « Avant, on devait faire attention à chaque mot. Tous les citoyens syriens ont un petit censeur qui vit en eux et on doit s'habituer à l'idée que c'est fini. Depuis décembre, on redécouvre qui on est, en tant que Syriens et en tant que musiciens. »Une note d'espoir que les musiciennes entendent diffuser aux quatre coins du pays. Quelques jours plus tard, à l'aube, nous retrouvons Safana Bakleh et ses chanteuses. Elles prennent le bus direction Alep pour un concert : « Les provinces ont besoin d'avoir accès à la culture, je suis enthousiaste, on part à l'aventure ! »Une aventure à travers un pays en ruines. Pendant 350 kilomètres, le bus longe la Ghouta orientale, Homs, Hama… des villes défigurées par la guerre : « Les habitants ne sont toujours pas rentrés chez eux, les maisons sont détruites. »Chanter la liberté dans les ruines Dans le bus, les musiciennes issues de toutes les confessions continuent à célébrer la vie malgré tout en dansant sur leurs tubes préférés. À 24 ans, Yara Shasha et Ghinwa Salibi, s'inquiètent pour l'avenir des femmes dans la Syrie du HTS, le groupe islamiste au pouvoir. « Il y a de la peur, de l'anxiété, de l'appréhension sur les décisions, sur tout ce qui se passe », se confie Yara Shasha.Pour Ghinwa Salibi : « Mais c'est notre responsabilité, nous les femmes syriennes. Si on sent que quelque chose va nous être imposé qui ne nous ressemble pas, il faut faire entendre notre voix. »Cinq heures plus tard, arrivée à Alep. Au cœur de l'une des plus vieilles villes du monde, pilonnée par l'ancien régime et son allié russe. La chorale redonne vie à un caravansérail entouré de ruines en entonnant les hymnes de la révolution syrienne. Ému, le public de ce spectacle gratuit connaît par cœur les paroles qu'il était interdit de prononcer il y a deux mois encore. « Chaque chanson fait appel à un sentiment que nous avons traversé où que l'on ressent maintenant, la peine d'avant et la joie d'aujourd'hui. Là, l'avenir est entre les mains de la nouvelle génération. », raconte une femme du public. Une jeune génération qui compte bien défendre ses libertés dans la nouvelle Syrie.

    Lituanie: s'évader des cours une journée pour faire de Vilnius une grande école

    Play Episode Listen Later May 27, 2025 2:35


    « Vilnius est une école », c'est le nom de la plateforme qui met en relation les enseignants à Vilnius et les lieux qui proposent de faire cours à l'extérieur des établissements. Le but de cette initiative portée par la mairie de Vilnius est que 10% des cours soient assurés du primaire au lycée hors des salles de classe. Le tout a été créé grâce à un appel d'offres lancé par Bloomberg Philanthropy. Vilnius est l'une des 15 villes qui a gagné avec ce projet.  Pour aller plus loin « Vilnius est une école »À lire aussiLituanie: Vilnius, capitale verte européenne pour l'année 2025

    En Roumanie, la future mégabase aérienne de l'Otan face à la menace russe

    Play Episode Listen Later May 26, 2025 2:30


    En Roumanie, pays stratégique sur le flanc est de l'Otan face à la menace russe, un grand chantier est en cours sur la base militaire de la mer Noire. Il s'agit d'une première étape qui consiste à construire une nouvelle piste d'avion. Mais si le projet final est mené à terme, elle pourrait devenir la plus grande base aérienne d'Europe et accueillir près de 10 000 soldats permanents. Des inquiétudes émergent cependant, avec la possibilité de retrait de troupes américaines sur le continent. Reportage de Marine Leduc à Constanța et à Mihail Kogălniceanu.

    «Disillusioned», un podcast qui donne la parole aux Israéliens qui dénoncent l'oppression des Palestiniens

    Play Episode Listen Later May 25, 2025 2:40


    Si la guerre à Gaza a montré combien le vernis de la civilisation était fin, certains tentent de montrer que l'inverse est aussi vrai. Le cycle de la haine peut être renversé, et c'est ce que donne à entendre le podcast israélien Disillusioned qui donne la parole à d'anciens colons ou soldats sortis de la spirale de la violence. Parfois, il suffit d'une seule rencontre pour que tout bascule. Amira Souilem a rencontré Yahav Erez, la fondatrice de ce podcast à Tel Aviv. Après avoir été une fervente partisane de la politique israélienne, elle œuvre désormais pour une ONG de défense des droits de l'homme et espère que ses compatriotes seront plus nombreux à ouvrir les yeux sur ce que vivent les Palestiniens. De notre correspondante à Tel Aviv,Ils se surnomment « les désillusionnés ». Ce sont les désabusés du rêve israélien. « Je m'appelle Yahav. Je suis née et j'ai été élevée en tant qu'Israélienne et sioniste. Depuis quelques années, je me pose des questions sur le récit que l'on m'a fait de cette terre et de ceux qui la peuplent. »Au micro de Yahav Erez, 34 ans, d'anciens soldats et d'anciens colons s'expriment. « Je ne voyais pas les Palestiniens comme des individus. Même les bébés. Certains Israéliens comme moi étaient extrêmes et pouvaient même se réjouir du meurtre d'un bébé », confie l'un. « On pensait que les Palestiniens voulaient nous tuer parce qu'ils sont antisémites et qu'il fallait donc bâtir un mur de fer pour se protéger », lâche un autre.Le point commun entre tous les invités : un rejet désormais catégorique de la violence. Loin de la clinquante promenade de Tel Aviv, Yahav Erez, fondatrice du podcast Disillusioned, donne rendez-vous dans un quartier habité par la classe moyenne israélienne.« J'ai découvert l'occupation à 30 ans »« Je me suis rendue compte de ce que signifiait l'occupation à 30 ans, quand j'ai commencé à aller en Cisjordanie pour la première fois et à voir la situation de mes propres yeux. Non pas en tant que soldat ou colon, comme c'est le cas pour la plupart des Israéliens, mais en tant qu'invitée chez des Palestiniens. Comprendre à quoi ressemble leur vie depuis leur point de vue est vraiment très choquant. Tout ce système qui vise à oppresser les Palestiniens est fait en notre nom, pour nous protéger soi-disant, et cela m'a rendue furieuse », explique-t-elle.Yahav Erez va jusqu'à parler d'endoctrinement de la société israélienne. Une emprise mentale renforcée, selon elle, par le service militaire : « Un officier militaire qui combattait à Gaza m'a écrit par exemple pour me dire qu'il avait écouté tous les podcasts et qu'il était confus désormais, qu'il ne savait plus quoi faire. On a commencé à correspondre, et quelques mois après – je ne veux pas dire que je suis la seule impliquée dans cette décision –, il a décidé de ne plus servir. Je fais ce podcast pour que ces gens-là ne se sentent pas seuls, mais ça va même plus loin que cela. Je le fais pour qu'ils n'aient pas l'impression d'être fous, parce que les Israéliens qui s'érigent contre le génocide à Gaza, leur entourage va leur dire qu'ils sont fous de penser cela. Peut-être que ce podcast sera écouté par des jeunes de 17 ans sur le point de rejoindre l'armée et qu'il les empêchera de commettre des crimes. »L'interview s'arrête là. Yahav Erez doit partir. Ce soir-là, elle se rend à une manifestation pour les enfants de Gaza.À lire aussiIsraël: les manifestants augmentent la pression sur Benyamin Netanyahu pour la fin de la guerre

    États-Unis: pourquoi des libertariens sont vent debout contre les mesures de Donald Trump

    Play Episode Listen Later May 24, 2025 2:20


    Le Parti républicain regroupe actuellement différents courants de pensées conservateurs aux États-Unis avec une partie qui se reconnait comme libertarienne. Une idéologie souvent assimilée aux conservateurs, pourtant, elle s'y oppose sur de nombreux points. Rencontre avec des libertariens de la ville de Mount Washington, dans le Kentucky, pour voir ce qu'ils pensent de la politique du président Donald Trump. De notre envoyé spécial à Mount Washington,Trois personnes terminent la réunion mensuelle du parti libertarien local, dans une salle de cette bibliothèque publique. Un des points de désaccord avec les républicains est la place qu'occupe la religion dans la politique, comme l'explique Steve, le président du parti libertarien local : « Je me considère comme un chrétien anarchiste. Ce qui veut dire que chacun devrait vivre la vie que Dieu a prévue pour lui et le gouvernement ne devrait pas nous dire comment faire cela. Le gouvernement ne doit avoir aucun rôle dans la vie des personnes, ce que les gens font ne nous regarde pas. »De nombreux États conservateurs, comme ici dans le Kentucky, ont interdit ou réduit l'accès à l'avortement, citant notamment des raisons religieuses. Un argument auquel Steve s'oppose : « Je ne suis pas en faveur de l'avortement, je n'aime pas ça. Mais s'il existe une clinique d'avortement et une personne estime qu'elle a besoin d'y aller, je peux détourner le regard, car la dernière chose qu'on veut, c'est la création d'un marché noir. »Diminuer le rôle du gouvernement Autre point de désaccord : la politique anti-immigration des républicains contraire aux valeurs de Mitch : « Je suis pour l'ouverture des frontières. Je n'ai aucun problème à ce que les gens entrent dans ce pays. C'est ce que tout le monde a fait quand ce pays a été créé. Et je pense que c'est formidable d'avoir un groupe varié de personnes avec des idées et des cultures différentes. C'est une chose géniale. Essayer de renvoyer la moitié de la population ou je ne sais combien, on s'en fiche. »Une des revendications principales des libertariens est de diminuer le rôle du gouvernement, ce que fait Donald Trump avec ses coupes budgétaires drastiques et ses licenciements de fonctionnaires. Mais la façon dont le président procède n'est pas la bonne pour Rhonda : « Je pense qu'on doit examiner chaque partie de l'administration pour voir où l'on peut faire ces changements. Mais arriver avec un bulldozer en renvoyant tout le monde et retirant des ressources du peuple américain n'est pas la bonne façon de le faire. »Les trois personnes s'opposent également au système politique américain dominé par les deux partis - -républicain et démocrate - et regrettent le manque d'alternatives politiques.

    États-Unis: le virage républicain des «crunchy moms» sous l'influence de Robert Kennedy Jr.

    Play Episode Listen Later May 23, 2025 2:37


    Aux États-Unis, le terme « crunchy moms » a longtemps été associé à des mères démocrates, hippies et partisanes d'une vie plus holistique et naturelle pour leurs enfants. Depuis quelques mois, l'élection du nouveau ministre de la Santé RFK Jr., qui fait débat, notamment pour ses théories complotistes, a mis en lumière un nouveau type de « crunchy moms » qui le soutiennent : elles sont chrétiennes, conservatrices, anti-vaccination, en faveur de l'école à la maison et surtout en lutte contre un système dominé par les grandes industries agro-alimentaires. De notre correspondante dans le Michigan, Margot GuicheteauJenny vit à Carleton, une petite ville de campagne à l'ouest de Detroit. Coiffeuse deux jours par semaine, elle consacre le reste de son temps à sa fille de deux ans, Faye, qui court, cet après-midi, dans la maison, bible à la main. La jeune maman a décidé de ne pas vacciner son enfant, lit les ingrédients de tout ce qu'elle achète, et se laisse guider par sa foi pour prendre ses décisions. Elle cite un verset qui l'inspire au quotidien : « Elle travaille avec dévouement, elle prend soin de sa famille, et veille à ce que chacun soit vêtu. Je pense que beaucoup de ces valeurs me poussent à servir ma famille. »Même son de cloche avec Ashley, mère de trois enfants, qui se rend fréquemment au Community Center de Brighton, un grand centre catholique offrant de nombreuses activités où elle peut retrouver ses amies et laisser ses enfants jouer. Diagnostiquée à 21 ans de la maladie de Hashimoto, elle est convaincue que le système est responsable de la hausse des maladies : « Six Américains sur dix souffrent d'une maladie chronique. La génération de mes enfants est la plus malade de l'histoire, alors où allons-nous à partir de là ? Où serons-nous dans cinq ans si nous n'agissons pas ? Je pense que RFK Jr. (Robert Francis Kennedy Jr.), que je suis depuis longtemps, pose les bonnes questions. C'est son moment donné par Dieu, et je crois qu'il va résoudre la crise sanitaire dans notre pays. »« Crunchy moms » ont foi en RFK Jr.Martha, de Northville, a grandi dans une famille démocrate et athée. Aujourd'hui, elle a changé de bord. Ici, dans sa grande maison de campagne, elle fait école pour ses cinq enfants vifs d'esprit, qui s'amusent à tous les étages. Pour elle, ce mouvement est plutôt un facteur d'unification. « Le mouvement "crunchy" réunit en réalité libéraux et conservateurs, car le pays est tellement divisé. J'espère que cela nous permet de trouver un terrain d'entente, en réalisant que nous partageons des valeurs communes. »Si les « crunchy moms » ont foi en RFK Jr., le corps médical reste sceptique. Au DMC, l'hôpital de Detroit, Rachael Hone, pathologiste, pense que ces « crunchy moms » manquent d'informations : « Les vaccins sont la meilleure des préventions. J'ai peur de voir les progrès réalisés dans le domaine de la santé annulés à cause de personnes qui ne se font pas vacciner. Il faut qu'un certain pourcentage de la population soit vacciné pour que ces vaccins fonctionnent, donc si de plus en plus de gens choisissent de ne pas se faire vacciner, de plus en plus de personnes vont tomber malades, c'est un risque scientifique. »Selon le PEW Center, 31% des républicains affirment aujourd'hui que « les vaccins sont plus dangereux que les maladies qu'ils étaient censés prévenir ». En 2023, seulement 57% des républicains soutenaient l'idée de vacciner les enfants fréquentant les écoles publiques, contre 79% en 2019.À lire aussiÉtats-Unis: l'antivax Robert Kennedy Jr revoit sa position après la mort d'un enfant de la rougeole

    Au Mexique, les familles de disparus se lancent à la recherche de leurs proches

    Play Episode Listen Later May 22, 2025 2:45


    Au Mexique, où plus de 120 000 personnes sont aujourd'hui portées disparues, la découverte d'un camp d'extermination tenu par un cartel a remis le sujet des disparitions forcées au centre des débats. Les familles accusent l'État mexicain d'inaction et sortent chercher elles-mêmes les restes de leurs proches disparus.  De notre correspondante à Mexico, Machette et pioche en main, une trentaine de bénévoles s'alignent à l'entrée de l'Ajusco, une forêt de pins au sud de Mexico City. « On va commencer cette journée de recherche en invoquant la divinité chercheuse, qui marche à nos côtés. Que la lumière de ceux que nous cherchons illumine le chemin jusqu'à ce que nous les trouvions et nous les ramenions à la maison. »Parmi eux, Esteban Gallardo est vêtu d'un tee-shirt sur lequel est floquée une photo de sa sœur Pamela, disparue à l'âge de 23 ans. « Aujourd'hui, on fait une nouvelle journée de recherche afin de comprendre ce qu'il s'est passé, trouver un indice. Elle a disparu il y a sept ans justement ici dans l'Ajusco et nous n'avions pas encore eu l'opportunité de chercher dans cette zone précise de l'Ajusco. »À ses côtés, sa cousine donne les dernières directives aux bénévoles : « On va chercher des ossements. Si vous trouvez des vêtements, des bouteilles d'alcool vides... concentrez-vous sur cet endroit, car c'est probablement là où ils sont restés un moment et où ils ont pu tuer. »Les recherches vont durer quatre jours. La famille de Pamela accompagnée de bénévoles, de pompiers et d'anthropologues vont passer cette partie de la forêt au peigne fin. Cette fois, des membres du parquet spécialisé contre les disparitions forcées se sont joints à eux, mais Esteban Gallardo comme les autres familles de disparus ne leur font plus confiance : « Au-delà de me sentir abandonné et invisible, je me sens frustré. Ça me frustre de savoir que le parquet aurait pu déjà retrouver ma sœur et d'autres personnes avec toutes les informations et tous les éléments que les familles elles-mêmes trouvent et leur donne. »À quelques mètres de là, l'un des bénévoles met la main sur un os. L'anthropologue s'approche : « C'est animal. On le voit à l'épaisseur, c'est un os animal. »Plus de 120 000 personnes portées disparuesFausse alerte, les recherches continuent, il ne faut oublier aucun recoin du secteur désigné aujourd'hui, car demain, ce sera une autre zone de cette forêt de 1 000 hectares qui sera fouillée. Une quête sans fin qu'Esteban continue au prix de nombreux sacrifices : « Même si on a un travail, des activités, une vie… quand ces sessions de recherche s'organisent, on arrête tout pour venir. Avoir le moindre indice sur elle, savoir dans quelles conditions elle se trouve, ça nous permettrait d'avancer vers un possible deuil. Mais ne pas savoir ce qui lui est arrivé conditionne toutes nos actions, que ce soit dans la vie personnelle, familiale ou sociale. »Une situation ambiguë que vivent les familles des plus de 120 000 personnes portées disparues au Mexique à ce jour. Après la découverte d'un camp d'extermination dans l'ouest du pays, Claudia Sheinbaum a annoncé plusieurs mesures pour lutter contre les disparitions forcées, toutes jugées déjà existantes ou inutiles par les familles.À lire aussiMexique: découverte d'une fosse clandestine dans un ranch, l'enquête passe sous contrôle fédéral

    Pays-Bas: à Amsterdam, les moteurs thermiques sont interdits sur les canaux

    Play Episode Listen Later May 21, 2025 2:37


    C'est une petite révolution sur les canaux d'Amsterdam… Depuis le 1er avril dernier, plus question pour les bateaux à moteur thermique de naviguer dans le centre-ville de la capitale néerlandaise. Adieu diesel et essence, dans cette zone « zéro émission », seules les embarcations électriques, à hydrogène ou à la rame peuvent maintenant circuler – qu'il s'agisse de bateaux de plaisance ou commerciaux et touristiques. L'idée de la mairie d'Amsterdam ? Améliorer la qualité de l'air, des eaux et réduire les nuisances sonores. 

    Irak: pour les civils pris au piège des combats, la dissolution du PKK soulève l'espoir de mettre fin à l'occupation du territoire par la Turquie

    Play Episode Listen Later May 20, 2025 2:45


    Si la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, est née en Turquie à la fin des années 1970, c'est au Kurdistan irakien voisin qu'elle a installé ses quartiers généraux. Les combats s'y sont déportés et même concentrés : depuis 2022, l'armée turque mène une opération militaire d'envergure dans la vallée d'Amedi en Irak, véritable occupation du territoire où les populations civiles sont prises au piège. L'officialisation, le lundi 12 mai, de la dissolution du groupe insurgé kurde qui mettrait un terme à plus de 40 ans de lutte armée, suscite les espoirs d'un retour à la vie normale, même si beaucoup craignent que la présence militaire turque se prolonge malgré la fin annoncée du PKK. De notre envoyé spécial de retour d'Amedi,Deux jours après l'annonce par le Parti des travailleurs du Kurdistan de sa volonté à s'engager dans un processus de paix avec la Turquie, le calme règne dans le petit village de Guharzé, au Kurdistan irakien. Shayda, 19 ans, nous ouvre les portes de son jardin. Une sérénité qui contraste avec la violence de ces derniers mois : « Le 27 octobre dernier, nous étions tous en train de dîner, il n'y avait pas particulièrement de combats ce soir-là, alors, nous ne nous y attentions pas, quand soudain, il y a eu un immense fracas, nous sommes sortis précipitamment de la maison, nous ne pouvions rien voir avec la fumée et la poussière dans nos yeux. »Le père de Shayda nous emmène au fond du jardin, il désigne un cratère creusé à une dizaine de mètres de la bâtisse : « Une rocket tirée par un drone est tombée juste là. Regardez, ici, le plafond s'est effondré, les murs sont fissurés, toutes les fenêtres ont été soufflées vers l'intérieur de la maison. Nous avons vidé quatre brouettes de fragments de la bombe… »La bombe qui s'est écrasée sur le jardin de Shayda et son père a été larguée par un drone turc. Malgré la rumeur de la paix, leur ronronnement discret est incessant dans le ciel de Guharzé. Sur une pente rocailleuse à la sortie du village, nous retrouvons son chef, Ahmed, il fait paître ses 200 chèvres dans un enclos bien trop étroit : « Si l'on s'éloigne du village, on risque d'être pris pour cible. Ou les drones vont se mettre à nous tourner autour dans le ciel, ils vont nous forcer à rentrer avec nos chèvres. C'est pour ça qu'on ne quitte pas le village. On se fait tirer dessus. Avant, nous vivions plus haut dans la montagne, nous avions des vignes, des arbres fruitiers, nos fermes. Mais nous ne pouvons plus y accéder, l'armée turque occupe ces terres. »À lire aussiTurquie : le Parti des travailleurs kurdes (PKK) annonce sa dissolution après plus de 40 ans de lutte arméeDans sa lutte contre la guérilla du PKK, repliée dans un réseau de tunnels et dont les déplacements sont invisibles, depuis six ans, la Turquie a renforcé son emprise sur le territoire. Pour en prendre la mesure, nous rejoignons le village de Sergélé, situé à 20 kilomètres de la frontière. Agriculteur à la retraite, Rochavi nous invite à le suivre sur son toit : « Vous voyez, de ce côté, il y a les bases de la Turquie, toute la montagne de Matin, c'est désormais la Turquie… »À moins de cinq cents mètres, nous pouvons discerner les sacs de sables qui protègent une installation militaire posée sur un promontoire rocheux. Il y en aurait plus de 136 disséminées au Kurdistan irakien : « Nous sommes tous extrêmement soulagés que le PKK ait pris cette décision de se dissoudre, ils auraient dû la prendre il y a plus de dix ans. Si ce processus de paix est un succès et que le PKK abandonne les armes, nous pourrons retrouver nos montagnes, nos animaux, nos fermes… »Pour cela, les soldats turcs doivent quitter le Kurdistan. Les mains crispées autour de sa tasse de thé, Rochavi est habité par les doutes : « Je ne suis pas sûr que la Turquie s'en ira aussi facilement. La terre du Kurdistan, c'est de l'or. Et les Turcs ont jeté leur dévolu dessus et ont coupé tous les arbres de la région, des arbres fruitiers parfois centenaires, et ils les ont emportés en Turquie. Mais si le PKK n'existe plus, ça doit s'arrêter. »Les bruissements de la paix sont sur toutes les lèvres dans cette vallée où les civils vivent sur un fil et les bombardements ont certes diminué ces derniers jours, mais n'ont pas cessé pour autant, alors que la démobilisation du PKK est attendue ces prochains mois. À lire aussiPKK: histoire d'une lutte armée dont la fin annoncée peut recomposer le Moyen-Orient

    La milice autrichienne, une réserve mobilisable en cas de crise

    Play Episode Listen Later May 19, 2025 2:27


    Alors que l'architecture de sécurité mondiale est en pleine reconfiguration, le mouvement de réarmement touche l'Autriche comme le reste de l'Europe. Mais en Autriche, il s'accompagne d'interrogations sur la capacité du pays à se défendre et, au-delà, sur l'identité de cette petite République neutre. Le débat se focalise sur la milice, censée être un des piliers de l'armée autrichienne à côté des militaires de carrière, mais fortement affaiblie. Reportage à la caserne d'Amstetten en Basse-Autriche.

    Cisjordanie occupée: pour les Palestiniens du camp d'Askar, la situation à Gaza est une continuation de la Nakba

    Play Episode Listen Later May 18, 2025 2:35


    C'était il y a 77 ans : la création de l'État d'Israël. Joie et fierté pour les juifs qui voient leur rêve d'État se concrétiser. Accablement pour les populations arabes sur place. La semaine dernière, les Palestiniens commémoraient ce qu'ils appellent la « Nakba », la « catastrophe » en français, en référence à l'exode et à l'expulsion de plus de 800 000 Palestiniens de leurs terres après la création de l'État d'Israël. Ce fut le cas hier, notamment dans le camp de réfugiés d'Askar aux abords de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Pour les Palestiniens rencontrés sur place par RFI, la situation à Gaza est une continuation de cette histoire tragique. De notre envoyée spéciale à Naplouse,Jusqu'à la dernière minute, un doute planait sur la tenue des commémorations de la Nakba. Le matin même, les forces spéciales israéliennes ont investi le camp de réfugiés voisin de Balata. Elles viennent de se retirer. La fanfare démarre. Des centaines de personnes défilent dans les rues du camp d'Askar. Parmi eux, de nombreux enfants et de jeunes habillés en tenue d'époque. « On est habillés comme nos ancêtres qui ont été déracinés en 1948 pendant la Nakba. Quand on les a fait sortir de leurs terres, ils étaient habillés comme ça. Mes grands-parents vivaient leurs vies normalement dans la ville de Lod quand des milices sionistes leur ont demandé de partir trois jours seulement. Ils avaient promis de les faire revenir. Mes grands-parents sont partis et, 77 ans plus tard, ils ne sont toujours pas rentrés », témoigne Jamil, un grand adolescent qui arbore une longue jellaba et un keffieh. Un petit train arrive plein à craquer. « Ce train symbolise la Nakba et le fait qu'on veut rentrer chez nous. C'est aussi pour que les enfants puissent s'amuser et qu'ils n'oublient pas nos villes, Jaffa et Haïfa. On ne doit pas les oublier. Mes grands-parents m'ont raconté que ce sont de belles villes et qu'on a une maison là-bas. J'espère qu'on pourra y retourner un jour », explique Qacem, 15 ans. Jaffa et Haïfa se situent désormais en Israël. Dans la foule, certains enfants brandissent aussi des armes ou des clefs en cartons. Le message est clair et assumé ici : le « droit au retour » se fera coûte que coûte. Pour Samer Al Jamal, qui supervise les programmes scolaires au ministère palestinien de l'Éducation nationale, transmettre la mémoire de la Nakba est crucial. « Au sein du ministère de l'Éducation nationale, nous faisons en sorte que le récit palestinien des événements soit présent dans les programmes scolaires. On organise aussi des évènements dans nos écoles. Des activités, des festivals, tout ce qui est en notre pouvoir pour que ces élèves continuent d'être attachés à cette terre. Les Israéliens ont cru que les anciens allaient mourir et que les plus jeunes allaient oublier. Cette génération n'oubliera pas la terre de ses grands-parents et de ses ancêtres. Chaque génération se passera le flambeau du souvenir », estime-t-il.Sur les banderoles ou dans les discours, une phrase revient sans cesse : la « Nakba continue ». Ghassan Daghlas, gouverneur de Naplouse en explique la signification : « La Nakba continue, oui. Tant que l'occupation perdure, la Nakba continue. Tant que l'injustice se maintient vis-à-vis du peuple palestinien, alors la Nakba continue. On espère que cette injustice cessera et que le peuple palestinien pourra accéder à son rêve d'État indépendant avec Jérusalem comme capitale. » Quelques heures après cette cérémonie, on apprenait qu'Israël lançait sa vaste offensive terrestre sur Gaza. À lire aussiEn Cisjordanie occupée, la mémoire de la Nakba perpétuée

    Pérou: à Chiclayo, les habitants se souviennent avec émotion du pape Léon XIV

    Play Episode Listen Later May 17, 2025 2:46


    Léon XIV est un pape originaire des États-Unis, mais il est aussi péruvien. Dans son diocèse de Chiclayo, dans le nord du Pérou, tout le monde a célébré l'élection de Robert Francis Prevost, très apprécié dans la région, comme a pu le constater RFI sur place. Tout le monde connaissait le Père Robert à Chiclayo. Celle qui était connue comme « la ville de l'amitié » est maintenant rebaptisée « la ville du pape Léon XIV ». Impossible de passer à côté de cette information, son visage a été affiché partout. À Chiclayo, chacun a son souvenir avec celui qui est désormais pape. « Je l'ai rencontré juste ici. Il donnait la bénédiction après la messe. Nous nous approchions tous de lui pour recevoir sa bénédiction. Chiclayo est une ville très catholique », se souvient Nino Onofre. Rocio, elle, est venue avec des photos devant cette grande cathédrale construite d'après les plans et les dessins de Gustave Eiffel. « Regarde, là, tu as ma maman, et là, c'est le pape. Sur celle-là, il y a ses petits-enfants, ça, c'est mon fils. À côté du pape ! », s'exclame-t-elle. En 10 ans, Robert Francis Prevost aura marqué les esprits ici. Tous se souviennent d'un homme proche de ses fidèles et humble. Pour Nino Onofre, Chiclayo a profondément marqué le pape, et en a fait l'homme qu'il est aujourd'hui. « Ici, on dit que le peuple de Chiclayo a trois caractéristiques. Déjà, il est très aimable, généreux et joyeux. Comme le pape. La deuxième chose, c'est notre cuisine : ancestrale et délicieuse. Et enfin notre culture », explique-t-il.Les Péruviens sont très fiers de leur gastronomie et tous les Chiclayanos ont une anecdote culinaire avec le pape. Si certains ont partagé leur pain avec lui dans son restaurant préféré à côté de la cathédrale. Nino se souvient de son petit péché mignon. « Le pape allait souvent manger un gâteau à la poire à la plage. Maintenant, ils l'appellent le gâteau du pape. Tu vas là-bas, tu commandes ça, et tu as le gâteau à la poire préféré du pape », s'amuse-t-il. Devant la cathédrale de Chiclayo a été placardé des affiches sur Léon XIV, notamment avec son profil. Il est écrit qu'il est connu pour sa nature affable, modérée et pastorale. Il combine le pragmatisme américain avec la sensibilité latino-américaine forgée au Pérou. Outre l'anglais, l'espagnol, le français et le portugais, le pape Léon XIV est aussi un locuteur du quechua, ce qui est important aux yeux des péruviens.Cette élection est vécue par certain comme une lueur d'espoir dans une situation politique nationale très compliquée. La courbe de popularité de la présidente Dina Boluarte frôle les 0 % dans tout le Pérou. Antonio, venu célébrer Léon XIV dans une messe en plein air en l'honneur du souverain pontife, espère que ça pourra faire changer les choses. « Il connaît notre réalité. Il a déjà critiqué l'ex-président Fujimori, il a soutenu les manifestations contre le gouvernement. Donc, pour nous, c'est une bonne nouvelle », espère-t-il. Parmi la foule réunie sur la place principale de Chiclayo, quelques fidèles se permettent de croire en une visite du pape dans son diocèse d'origine. Et un voyage pontifical, avant l'élection présidentielle prévue l'an prochain, pourrait influencer les sondages.À lire aussiPérou: Chiclayo, la ville du pape Léon XIV, se met aux couleurs du souverain pontife

    Législatives au Portugal: à Elvas, le parti d'extrême droite Chega en terrain conquis

    Play Episode Listen Later May 16, 2025 2:19


    Le Portugal est appelé aux urnes ce dimanche 18 mai pour les troisièmes élections législatives en trois ans. Si l'avantage semble être du côté de l'alliance démocratique sortante, celle-ci pourrait ne pas atteindre la majorité absolue. La troisième force politique, le parti d'extrême droite Chega, devrait conforter ses scores précédents. De notre envoyée spéciale à Elvas,Dans la jolie ville d'Elvas, au Portugal, près de la frontière espagnole, André Ventura est venu à la rencontre d'une foule acquise à ses idées. Accolades, selfies et tapes dans le dos, Ventura aime se livrer à cet exercice obligé d'une campagne. « La circonscription de Portalegre nous a donné des résultats incroyables en 2024. Ici, c'est la plus grande victoire du pays. Je me devais de dire aux électeurs que je ne les oublie pas. Je sais ce qu'ils vivent. Mais il y a un candidat et un parti, le Chega, qui va les défendre contre une véritable brutalisation territoriale de la part des communautés tziganes », ose le candidat d'extrême droite.En 2024, la ville d'Elvas avait voté à 36,5% pour le Chega, un score record que le parti veut répéter. Les discours politiques du Chega convoquent des thèmes récurrents : l'immigration, la corruption et les « tziganes subventionnés ». Les militants sont conquis par le passage de leur candidat. « Tant d'années passées à cotiser pour ces gens qui ne veulent rien faire. Nos retraites sont misérables. Nous, on veut vivre aussi bien qu'eux, les tziganes. Le gouvernement soutien ceux qui ne travaillent pas. Alors moi, je vais voter Ventura », raconte Lourdes Cabeço, venue avec sa fille et sa petite fille, conquise par la visite de son candidat menée au pas de charge.« On a vu apparaître quelqu'un qui annonce avoir trouvé des remèdes à tous les maux de la société. André Ventura se sert du mécontentement des gens. Il dit ce que les gens ont envie d'entendre pour attirer leurs voix », estime le maire d'Elvas, José Rondão Almeida, sous étiquette indépendante après avoir été longtemps membre du parti socialiste, qui dénonce l'opportunisme du Chega.Crédité de 18 à 20% des voix pour le scrutin du 18 mai, le parti antisystème et populiste, consoliderait sa position de troisième force politique du pays. Une ascension fulgurante pour un parti créé en 2019. Alors que le Chega a dû finir la campagne électorale privé de son leader, victimes de malaises, les sondages montrent une avancée du Premier ministre sortant, Luis Montenegro, mais sans majorité absolue. À lire aussiPortugal: à deux semaines des élections, l'économie du pays passe au rouge

    Pologne: Sławomir Mentzen, le candidat d'extrême droite qui séduit les jeunes électeurs

    Play Episode Listen Later May 15, 2025 2:40


    Il est le troisième homme dans la course à la présidentielle polonaise, mais le premier chez les jeunes électeurs. Le candidat du parti d'extrême droite Konfederacja Sławomir Mentzen combine une vision sociétale très conservatrice à un programme économique très libéral. Sa vision devrait attirer près d'un jeune électeur sur trois ce dimanche 18 mai. De notre correspondant à Varsovie,Il fait partie de ces hommes politiques qui savent soigner leurs apparitions. Émergeant d'un nuage de fumée rouge et blanche, Slawomir Mentzen salue les centaines de Varsoviens massés sur la place de la Cour suprême polonaise. Au milieu de la foule, Krystian est déjà conquis par le candidat : « En tant que citoyen, je veux pouvoir rouler dans la voiture que je veux, je veux pouvoir porter une arme à ma ceinture, et je ne veux pas qu'un quelconque politique essaie de m'en empêcher. »C'est avant tout le côté libertarien du candidat qui a su convaincre le jeune étudiant en marketing. Agata, elle, ne sait pas encore pour qui elle va voter, mais elle est déjà convaincue par le personnage : « C'est le candidat le plus puissant en termes de caractère, il est sûr de lui et de ce qu'il dit, et si les jeunes veulent quelque chose de nouveau, ils vont vouloir quelqu'un qui a un fort caractère et qui n'a pas peur de s'affirmer. »La jeune indécise serait presque prête à sauter le pas, quitte à fermer les yeux sur la vision très conservatrice et nationaliste de Mentzen sur les questions sociétales : « Ce n'est pas le candidat dont je me sens le plus proche en termes de questions sociétales, mais son discours sur les questions économiques et financières me parlent davantage. Et je pense que c'est important, car les jeunes veulent pouvoir monter des entreprises et gagner de l'argent. »À lire aussiPologne: dernier débat très vif avant la présidentielle du 18 maiDésillusion des jeunes À 18 ans, Weronika s'apprête à voter pour la première fois, et pourrait se laisser tenter par lassitude, alors qu'elle s'oppose frontalement à certaines de ses promesses : « Je ne soutiens pas tous les points du programme de Mentzen. Par exemple, le fait qu'il veuille rendre les études payantes. Mais je veux aussi qu'il y ait d'autres alternatives qu'un gouvernement PO ou PiS, et que quelqu'un de nouveau puisse entrer dans la course. »Un sentiment de désillusion partagé par la plupart des Polonais d'une vingtaine d'années qui n'ont connu toute leur vie que l'alternance entre les gouvernements de Tusk et de Kaczynski. Alors chez Konfederacja, on a fait place nette à l'approche des élections, en prenant ses distances avec son fondateur. Il était notamment connu pour avoir déclaré que les femmes faisaient partie du patrimoine de leur mari, ou encore qu'il faudrait leur retirer le droit de vote. À 17 ans, Oliwia assure n'avoir rejoint les jeunesses du parti qu'après son éviction : « Je ne suis pas d'accord avec la majorité de ce qu'il a pu dire. Et en venant ici, je me suis rendu compte que la majorité des politiciens avec lesquels je parlais, n'ont absolument pas la même opinion. Maintenant, on a des députées et des eurodéputées chez Konfederacja. »Au mois d'avril, la moitié des jeunes électeurs comptait donner leur voix à Mentzen. Une proportion aujourd'hui divisée par deux, depuis que le candidat a qualifié le viol de simple « désagrément ».À écouter aussiLa sécurité en toile de fond de l'élection présidentielle en Pologne

    Présidentielle en Roumanie: les minorités menacées par les groupuscules d'extrême droite

    Play Episode Listen Later May 14, 2025 2:33


    En Roumanie, le second tour de la présidentielle dimanche 18 mai opposera le candidat de centre-droit Nicusor Dan au nationaliste George Simion. Cette poussée de l'extrême droite dans les urnes s'est accompagnée d'une augmentation des menaces envers la minorité rom et la communauté juive. De notre correspondant à Bucarest, Marine LeducDans un quartier périphérique de Bucarest, Alin Banu entre avec précaution au siège de l'association Roma for Democracy, une association de droit des Roms dont il est le directeur. « Nous avons des caméras vidéo, un accès avec une carte magnétique à l'entrée comme à la sortie, et nous avons un bouton d'urgence. Si on l'active, la police peut arriver en cinq à huit minutes. On a mis ça en place quand les menaces ont commencé pour notre sécurité », explique-t-il.Preuve à l'appui. Sur son téléphone, Alin Banu fait défiler les messages que lui et ses collègues ont reçus ces dernières semaines : « Je vais m'assurer que je vais avoir vos têtes et les mettre sur des pales comme Vlad l'empaleur faisait avec les Turcs et on va vous torturer un par un » ; « Vous avez mis Cosmin en prison et moi je vais vous mettre dans un cercueil » ; « Que les Juifs et les Tsiganes soient éliminés, et toutes les races impures. » « Bien sûr qu'on est inquiets », admet Alin Banu.Ces intimidations qui touchent aussi bien les Roms, les Juifs que les communautés LGBTQ+ sont proférées par des factions néo-nazies, mais aussi néo-légionnaires, mouvement inspiré des légionnaires, groupuscules fascistes roumains de l'entre-deux-guerres. Ce mouvement est à l'origine de la Shoah en Roumanie.À lire aussiPrésidentielle en Roumanie : pourquoi la diaspora a voté massivement pour l'extrême droiteUn pays au passé difficile à assumerDans le centre-ville, une répétition en yiddish a lieu au Théâtre national juif de Bucarest. En février, des commentaires antisémites ont été diffusés sur TikTok avec des menaces de mettre le feu au théâtre ou d'y poser une bombe. La police a dû protéger la bâtisse pendant quelques jours. Le directeur Andrei Munteanu préfère garder son calme et rappelle l'importance de la diversité culturelle en Roumanie : « L'État roumain s'est préoccupé, et pas seulement maintenant, du développement des minorités nationales, du développement de la culture nationale, parce que la principale richesse de la Roumanie est sa diversité. Mais il faut aider cette diversité, la conserver, la soutenir. Chacun fait partie du patrimoine humain de ce pays. »Les liens entre les groupes néo-légionnaires et les candidats d'extrême droite ne sont pas dissimulés. George Simion a certes lissé son discours, mais plusieurs membres de son parti Aur (Alliance pour l'unité des Roumains) font la glorification des dirigeants de la Garde de fer, autre nom du mouvement des légionnaires. La Roumanie a été durant les années 1940 un pays allié de l'Allemagne nazie et a encore des difficultés à regarder son passé. Le pays n'a reconnu son rôle actif dans la Shoah qu'en 2003, alors qu'environ 300 000 Juifs et 12 000 Roms y ont péri.Aujourd'hui, la Roumanie compte près de 570 000 Roms, selon le recensement de 2021, mais ils seraient au moins deux fois plus nombreux. Les Juifs, eux, ne sont plus que quelques milliersÀ lire aussiPrésidentielle en Roumanie : George Simion, le candidat d'extrême droite, en tête du premier tour

    Au Groenland, le débat sur l'indépendance relancé par l'offensive de Donald Trump

    Play Episode Listen Later May 13, 2025 2:48


    Les déclarations de Donald Trump de s'emparer du Groenland sont perçues comme une menace par de nombreux Groenlandais. Mais dans ce territoire autonome encore rattaché au royaume du Danemark, l'offensive du président américain a aussi relancé les débats autour de l'indépendance.  De notre envoyée spéciale de retour de Nuuk,Sur les hauteurs de Nuuk, en cette fin du mois d'avril, Julia Aka Wille se souvient de la manifestation qui a eu lieu quelques semaines plus tôt, le 15 mars, dans le centre-ville : « On dit que c'est la plus grande manifestation de l'histoire du Groenland. La ville était pleine de monde. » Journaliste indépendante, la trentaine, elle nous montre des vidéos qu'elle a tournées ce jour-là. Entre 1 000 et 3 000 manifestants sur les 20 000 habitants que compte la capitale et partout, le drapeau rouge et blanc du Groenland : « Les gens scandaient : "Le Groenland appartient aux Groenlandais". C'était très fort, que tout le monde soit uni autour du fait de dire non à Donald Trump. »« Ni États-Unis, ni Danemark », c'est la position d'une partie des habitants. Julia estime aussi que les déclarations de Donald Trump ont, de fait, changé la relation entre le Groenland et Copenhague. « Cela a rendu plus facile pour nous de parler d'indépendance. Avant, la question qui nous était renvoyée, c'était : "Comment allez-vous faire, sans l'aide du Danemark ?"  Alors que maintenant, on a une nouvelle carte en main : on peut dire qu'on a aussi d'autres options. »Ne pas aller trop vite Comme près de 80% des Groenlandais, Julia est pour l'indépendance. Mais faut-il divorcer avec le Danemark tout de suite ou plus tard ? C'est là que les habitants sont partagés. Les partisans d'une indépendance rapide ont doublé leur nombre de sièges au Parlement lors des dernières élections, début mars. Leur chef de file, Pele Broberg, n'a pas encore eu le temps de finir de déballer les cartons dans leur nouvelle salle de réunion : « Le Danemark a énormément interféré dans ces élections. »Le leader de l'opposition pointe du doigt les médias danois qui, selon lui, ont voulu faire peur aux habitants en agitant les menaces d'annexion par les États-Unis : « On s'en fiche, nous, de qui est président des États-Unis ou de qui est roi du Danemark. Regardez cette carte du Groenland : c'est à qui ? C'est au royaume danois. Nous ne sommes propriétaires de rien. »Un discours qui n'a pas suffi pour gagner le scrutin. C'est un parti de centre-droit, Demokraatit, qui est arrivé en tête. Selon Pipaluk Olsen, l'une de ses députés, c'est grâce à leur position modérée et à leur défense d'une proximité avec Copenhague : « Ce que dit notre parti, c'est qu'il ne faut pas aller trop vite dans le processus. Nous voulons travailler avant tout à l'amélioration des conditions de vie au Groenland. »Le Danemark contribue encore pour moitié au budget du gouvernement groenlandais. Et même si cette parlementaire estime que le pays est plus divisé qu'avant, fin avril, plus de 200 personnes sont tout de même venues applaudir le roi du Danemark, dans les rues de Nuuk, lors de sa visite officielle au Groenland.

    Retour à Kfar Blum, dans le nord d'Israël, un kibboutz dans la guerre

    Play Episode Listen Later May 12, 2025 2:36


    Après le 8 octobre 2023 et l'offensive lancée par le Hezbollah - en solidarité avec le Hamas à Gaza -, 60 000 personnes ont été priées d'évacuer les villages et communautés frontalières au Liban. En mars, le gouvernement israélien a décrété que le retour était possible, mais toutes ne sont pas revenues. Dans le nord d'Israël, le Kibboutz de Kfar Blum, lui, se trouvait juste en dehors de la zone d'évacuation. Trop loin pour que les habitants puissent bénéficier d'une aide gouvernementale pour se réinstaller ailleurs, mais suffisamment proche du Liban pour constituer une cible de choix pour le Hezbollah. Jeux d'enfants dans l'école élémentaire de Kfar Blum. Loin des sons de la guerre qui rythmaient le quotidien l'an dernier.« Ça, c'est une roquette qui part ! Ah, là, elle est tombée. Ils ont tout appris, les enfants, souligne-t-elle en riant. Ils sont très intelligents. Ils se sont habitués à la situation, et je pense que, le soir, ils devaient regarder les informations ! »Limor Dadon et Shani Saar sont deux enseignantes. Elles habitent ailleurs, mais n'ont jamais quitté leur poste, même quand les sirènes hurlaient et les roquettes tombaient. « Certains enfants ont quand même développé de l'anxiété. J'ai un élève qui malheureusement s'est fait pipi dessus en entendant le son des sirènes d'alerte. Il faut s'occuper de quinze enfants qui demandent en panique "mon Dieu qu'est-ce-qui se passe ?". Mais il faut aussi s'occuper de ce garçon qui a peur, et qui a honte de ce qui s'est passé. En tant qu'enseignante, il faut montrer de la force, montrer qu'on contrôle la situation. C'est le plus important. »« En fait, instaurer une routine les aide à rester sains d'esprit. Il faut leur dire "OK, il y a tout ça autour de nous, mais ça va aller". »À lire aussiGuerre au Liban: le cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël a débutéKfar Blum ne sera plus jamais pareil« On a commencé à travailler sans clients, et sans travailleur. On n'avait pas de clients, pas de visiteurs, on n'avait rien. » Elyse est une cadre de l'hôtel Pastoral. Elle décrit la réalité pendant la guerre dans ce lodge de luxe depuis janvier. Après d'immenses efforts de la direction, la main d'œuvre est presque entièrement revenue. « 80 % et on attend, on attend jusqu'à ce que tous les gens retournent avec les enfants. L'année prochaine, j'espère qu'on aura tous nos travailleurs ici. »« Quand tous les habitants seront rentrés, que trouveront-ils ? Quelques maisons partiellement abimées, à réparer sans l'aide du gouvernement puisque les autorités n'ont pas évacué le village », s'exclame Masha. La vieille dame habite Kfar Blum depuis 1955. Pour elle, une chose plus importante encore s'est brisée à Kfar Blum. « Ici, ça ne sera plus jamais comme avant. On ne parle même plus des sujets qui fâchent entre nous. Ça part en hurlements. Ce n'est pas comme en ville où tout le monde s'exprime. On n'est pas ennemis pourtant, on est tous Israéliens. Mais si vous n'êtes pas avec ce gouvernement, Bibi et les autres, on vous déteste et c'est cela qu'ils cherchent. »« Ils », ce sont les soldats du Hezbollah de l'autre côté de la frontière. Dans le nord d'Israël, nombreux sont ceux qui pensent que la menace n'a pas disparu. Des familles avec enfants attendent la fin de l'année scolaire pour se décider éventuellement à retourner à Kfar Blum. Sur les 60 000 personnes évacuées des localités du nord, la moitié seulement seraient rentrées.À lire aussiLiban: la confiance entre le Hezbollah et les nouvelles autorités libanaises se fissure

    15ᵉ édition de «Locked Shields», exercice majeur de cybersécurité

    Play Episode Listen Later May 11, 2025 2:23


    « Locked Shields » est le plus grand exercice de cybersécurité au cours duquel les pays de l'Otan et leurs alliés s'entraînent. Quatre mille participants, répartis dans plusieurs pays, cherchent à trouver la parade pour contrer des attaques informatiques visant les États, les infrastructures et les services aux citoyens. Il s'agit de la 15ᵉ édition, imaginée par le Centre d'excellence de l'Otan à Tallinn, en Estonie, premier pays à avoir subi une cyberattaque de grande ampleur en 2007. Marielle Vitureau, notre correspondante, a pu se rendre en Estonie avant le début de l'exercice. De notre correspondante à Tallinn,Dans la salle où se trouve l'équipe estonienne, la centaine de participants porte un T-shirt bleu, un casque audio sur les oreilles et garde les yeux rivés sur un écran grand format. Dans quelques heures, avec des collègues de Lituanie, d'Ukraine et du Monténégro, tous à distance, ils devront répondre aux attaques lancées par l'équipe rouge. Le lieutenant-colonel Nino Rodrigues, du centre d'excellence de l'Otan, a élaboré le scénario qui se déroule dans des pays imaginaires : « Les gentils viennent de "Berylia", et les méchants de "Crimsonia". Les tensions augmentent autour de ressources naturelles situées dans les eaux internationales. C'est la racine du problème. Nous sommes partis de ce simple scénario pour créer un contexte qui justifierait une cyberattaque ».À écouter aussiLes cyberattaques pro-russes s'intensifient en France et dans l'UEUne menace bien présenteL'entrée pour aller voir l'équipe rouge, les attaquants, est filtrée. Il est interdit de photographier ou d'interviewer ceux qui mèneront les attaques contre les infrastructures et les services de communication de Berylia. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les cyberattaques augmentent en Estonie. En 2024, les autorités en charge de la protection des réseaux en ont dénombré 6 515 ayant eu un impact. Récemment, l'Estonie a officiellement attribué l'une de ces attaques au renseignement militaire russe. Tanel Sepp, ambassadeur estonien pour la cybersécurité, explique : « Ces attaques sont souvent liées à des déclarations politiques. Dès que le Parlement ou le gouvernement fait certaines déclarations, il y a immédiatement des attaques qui mettent hors ligne les serveurs. C'est récurrent ». Dans la salle de l'équipe bleue estonienne, la pression monte. Tous les systèmes sont vérifiés avant le lancement de l'attaque.Pas de retour possible au papierUko Valtenberg dirige l'équipe estonienne. Cet exercice, pour lui, est plus que nécessaire : « L'Estonie est un pays complètement numérisé. Nous n'avons pas de solutions de repli, nous ne pouvons pas revenir au papier, ce n'est plus possible. Si quelqu'un nous ciblait, nous attaquait, les conséquences pourraient être dramatiques ». À l'avenir, les équipes devraient jouer 24 heures sur 24, comme si elles contraient une offensive dans la vraie vie. Et peut-être même que le scénario prévoira des morts, conséquence possible de cyberattaques.À écouter aussiLe cyber, une «arme d'emploi» pour la Russie

    En Corée du Sud, l'IA s'invite dans l'éducation

    Play Episode Listen Later May 10, 2025 2:31


    En Corée du Sud, l'intelligence artificielle s'installe dans les écoles. Depuis la rentrée du mois de mars 2025, un tiers des primaires et collèges du pays disposent de manuels scolaires avec une IA intégrée pour assister les professeurs dans leurs cours. Une innovation censée faciliter le travail des professeurs et améliorer les résultats scolaires, mais qui ne fait pas l'unanimité. De notre correspondant à Séoul,Après la sonnerie, la vingtaine d'élèves de cette classe de CM1 de la ville de Daegu rejoint sa salle de classe pour une heure de cours d'anglais. Pour pratiquer la langue de Shakespeare, pas de dialogue avec la professeure : chaque élève sort ses écouteurs et parle à son écran.«On va pratiquer les expressions en utilisant l'IA, d'accord?»À l'intérieur de la tablette, une intelligence artificielle discute avec l'enfant et analyse sa prononciation avant d'envoyer les résultats à l'enseignante. Désormais, en Corée du Sud, les cours de mathématiques, d'anglais et d'informatique, de la primaire au collège, sont assistés par une intelligence artificielle qui évalue en temps réel les performances des élèves.À lire aussiL'IA est-elle une chance pour l'éducation?Pour Lim Seong-ha, professeur de mathématiques, cette innovation facilite le travail des enseignants. « Avant, je devais imprimer des documents et passer beaucoup de temps à corriger les élèves. Maintenant, l'intelligence artificielle corrige les exercices et gère l'évaluation. Elle ne conçoit pas le cours à ma place, elle rend juste certaines choses plus pratiques et permet de suivre les résultats des élèves en temps réel ».En classe, les résultats des élèves sont affichés et comparés en temps réel sur le tableau. Une course à la performance dans un système scolaire déjà connu pour être extrêmement compétitif. Une approche de la pédagogie loin d'être partagée par la majorité du personnel éducatif.Kwon Jungmin, chercheuse à l'Université nationale de l'Éducation à Séoul, décrit un programme qui se fait au détriment des élèves. « Cela passe à côté de toutes les bases de la philosophie de l'éducation. Ce programme est pensé uniquement pour les résultats. Le problème, c'est que notre système éducatif doit permettre de former des étudiants à la pensée créative, à la pensée critique. Cette intelligence artificielle fait l'opposé ».Pour l'heure, seul un tiers des établissements a choisi d'implémenter ce système. Le ministère sud-coréen de l'Éducation devra convaincre les professeurs réticents de transitionner vers l'intelligence artificielle au sein des classes.À écouter aussiComment l'IA transforme l'enseignement et l'apprentissage ?

    En Autriche, le camp oublié de Gusen

    Play Episode Listen Later May 9, 2025 2:30


    En Autriche, une cérémonie se tient ce samedi 10 mai dans l'ancien camp de concentration de Gusen, au nord du pays, pour commémorer les 80 ans de sa libération. Quelque 71 000 personnes y furent déportées, originaires de près de 30 nationalités différentes, dont de nombreux Polonais. Plus de la moitié y ont trouvé la mort, faisant de Gusen le camp le plus meurtrier d'Autriche. Pourtant, il est longtemps resté oublié après la guerre. Aujourd'hui, 80 ans plus tard, des efforts sont enfin en cours pour créer un véritable mémorial sur ce site, désormais occupé en partie par des habitations privées. De notre correspondante à Vienne,Érigé comme camp annexe du camp de concentration de Mauthausen, Gusen fut le plus meurtrier des camps autrichiens, surnommé « l'enfer des enfers » en raison des conditions de détention extrêmement dures. Mais on est surpris, en arrivant à Gusen, par le peu de vestiges restants. On aperçoit quelques stèles, le four crématoire, et, à quelques mètres seulement de celui-ci, derrière un mur fin, plusieurs maisons.Un lieu de mémoire longtemps effacéCela s'explique par le fait qu'au lendemain de la guerre, ni les Soviétiques, qui occupèrent la zone jusqu'en 1955, ni l'Autriche, qui récupéra le terrain à cette date, n'ont voulu faire de Gusen un lieu de mémoire. Des parcelles du camp furent ainsi vendues, explique Bernhard Mühleder, en charge du mémorial de Gusen. « À partir du milieu des années 1950, il était possible d'acheter des terrains ici, ce que de nombreuses personnes ont fait, d'abord parce que c'était bon marché, et aussi parce que ce n'était pas très loin de la ville de Linz, où il y avait du travail, se souvient-il. Aujourd'hui, beaucoup de gens vivent ici depuis deux ou trois générations. Cela veut dire que, pour eux, cet endroit est devenu leur foyer d'une certaine manière. Mais bien sûr, l'histoire nazie du lieu reste là ».Renate Erbst s'est rendue de nombreuses fois à Gusen avec son père, qui y fut déporté. Il est décédé en 2020, mais elle continue, à 76 ans, à faire ce pèlerinage mémoriel. Et chaque fois, elle revoit son père se recueillir dans ce lieu où, dit-elle, trop peu d'éléments rappellent les milliers de victimes. « Je pense qu'il voulait s'y rendre pour ne pas oublier, parce que l'homme a tendance à refouler les mauvaises choses. Il ne parlait pas de ce qu'il ressentait, mais je vois encore cet homme, petit et mince, se tenir voûté et laisser couler ses larmes... Moi, je ressentais moins de la tristesse que de la colère et de l'incompréhension ».À lire aussiLili Leignel, rescapée de la Shoah: «À la Libération, on ne nous croyait pas !»Une mémoire tardive, mais essentielleEn 2021, l'Autriche a enfin pu racheter certaines parcelles du camp d'importance historique, notamment celle où se trouvait la place d'appel. Un concours à l'échelle européenne pour la conception d'un nouveau mémorial doit s'achever cet été ; il sera construit dans les prochaines années. Si Renate Erbst salue ce projet, elle regrette que son père ne puisse jamais le voir concrétisé, car tout cela vient trop tard.« Il n'y a plus personne. Tout le monde est déjà mort. Alors qui va s'y rendre pour vraiment commémorer les victimes ? Une poignée de personnes. Mon père dirait sûrement que si déjà cinq personnes pensent différemment après, c'est déjà ça. Ce serait pour moi aussi, bien sûr, une satisfaction si cela ressemblait un peu plus à un mémorial, qui commémorerait vraiment les victimes. Et j'espère devenir aussi indulgente que mon père l'est devenu avec l'âge ».Le nouveau mémorial devrait être achevé en 2031.À écouter aussiMémoire de la Shoah: les jeunes se sentent-ils capables de la transmettre?

    «Je suis sur le point de pleurer»: au Vatican, l'émotion des fidèles après l'élection du pape Léon XIV

    Play Episode Listen Later May 9, 2025 2:44


    Un nouveau pape a été élu ce jeudi 8 mai à Rome: Robert Francis Prevost est désormais Léon XIV, une cérémonie suivie partout sur la planète, mais aussi évidemment place Saint-Pierre, au Vatican. Juste après 18h, une fumée commence à s'échapper de la cheminée. Elle est blanche et les cloches de la basilique Saint-Pierre commencent à sonner. La foule envahit le Vatican. On note l'émotion dans la voix de Claudia : « C'est incroyable, je me sens hyper heureuse, je suis sur le point de pleurer. Je ne sais pas encore qui est le pape, mais je suis très ému ».Fidèles, pèlerins, curieux... Tous espèrent se rapprocher du balcon. Alessandro Romain a réussi à se frayer un chemin : « C'est un moment très positif. On espère que ce sera une bonne personne qui fera du bien au peuple ».Les gardes suisses et la gendarmerie vaticane prennent position sur la place au son de la fanfare. Ségolène, elle, a les yeux rougis d'émotion : « Je pense à l'après-midi qu'il a dû vivre en voyant son nom qui sortait, ce qui a dû ressentir dans son cœur, j'accepte, je n'accepte pas, ma vie va être bouleversée et se dire, la stature qu'il est en train de prendre, d'un diocèse à la terre entière. »Et puis le Cardinal Mamberti, Proto Diacre s'avance en premier, sous le regard des cardinaux. « Habemus Papam ! »À lire aussiL'Américain Robert Francis Prevost devient pape sous le nom de Léon XIVQuelques minutes plus tard, Robert Prevost Léon XIV apparait au balcon dans l'euphorie générale : « Que la paix soit avec vous, la paix, les ponts entre les peuples… ». Des mots qui sont revenus dans le discours du souverain pontife, ponctué par des applaudissements.Une fidèle déclare : « Aujourd'hui, ça fait 80 ans que la Seconde Guerre mondiale est terminée et ça me touche qu'il ait parlé beaucoup de la paix. Je pense qu'on a réussi à sortir de ce conflit et qu'on a encore pleins de guerres. On prie pour la paix. L'émotion m'a envahie quand on a vu son visage. C'est plus un nom, c'est une personne avec son histoire, sa pensée, son cœur, ses souffrances. »Une histoire américaine, mais pas seulement. Ce missionnaire a longtemps habité au Pérou. Luiz de Lima s'était enveloppé dans un drapeau péruvien pour célébrer la nouvelle : « Je suis très content ! Parce qu'il a des racines péruviennes et tout le peuple péruvien est fier et content du nouveau pape. » Au téléphone, la famille restée au Pérou affiche aussi un grand sourire.Mais pas autant que ces touristes franco-vietnamiens arrivés sur le tard place Saint-Pierre : « Sur le chemin du retour à Rome, on a vu la fumée blanche.C'était la joie ! On a chanté dans le bus. » Anne a été touchée par les mots et le parcours de Léon XIV : « Nous sommes des réfugiés. Nous sommes aussi étrangers en Europe, ça, ça nous touche au fond du cœur. »

    Pologne: le long de la frontière russe, le «bouclier oriental» commence à prendre forme

    Play Episode Listen Later May 7, 2025 2:35


    Cet investissement de 10 milliards de zlotys (2,3 milliards d'euros) le long de la frontière avec la Russie et la Biélorussie doit servir à consolider la frontière est de l'Europe pour la rendre imperméable à toute tentative d'invasion venue de Moscou ou de Minsk. Près d'un an après son annonce par le gouvernement polonais, les premiers tronçons de travaux ont déjà été réalisés à la lisière de l'enclave de Kaliningrad, avec l'ambition de faire de cette frontière la plus sécurisée d'Europe. De notre correspondant de retour de Braniewo, Pour se rendre dans ce lieu hautement stratégique, l'armée nous a donné rendez-vous près de la frontière et nous fait monter dans un véhicule militaire. Encore quelques mètres sur un sentier boueux et voilà qu'apparaissent les impressionnantes installations qui bordent la clôture frontalière. Cette portion du « bouclier oriental » a été entièrement réalisée par la brigade d'ingénieurs militaires d'Iwona Misiarz. Elle repose principalement sur un alignement de dents de dragons, des blocs de pierre triangulaires qui doivent faire office de rempart face aux chars russes. « Sur la droite, on a creusé un fossé antichar, et sur la gauche, il y a la première rangée de dents de dragon, décrit-elle. Puis, vous avez une surface qui peut éventuellement devenir un champ de mines antichar, et enfin une nouvelle rangée de dents de dragon. »Un parcours d'obstacles qui ne prétend pas bloquer complètement la route aux Russes en cas d'invasion, mais qui vise à les ralentir. « Les barrages d'ingénierie ont pour but de forcer l'ennemi à abandonner le maximum de son équipement militaire ici, explique Iwona Misiarz. Histoire de lui montrer que s'il veut nous mordre, il y laissera des dents. Et c'est aussi pour la sécurité des habitants, car plus on a de temps pour procéder à des évacuations, mieux c'est. » À lire aussiPologne : devant la menace russe, les formations militaires en faveur des civils se multiplient Une initiative qui ne fait pas l'unanimitéDepuis son exploitation agricole, Sergiusz, le chef de la localité voisine, se réjouit de voir l'armée prendre les devants pour anticiper une éventuelle invasion russe. « On a vraiment besoin de ce bouclier, affirme-t-il. Et on est pour sa construction, c'est une très bonne chose. Il faut se protéger de ces bandits de Russes. » À peine a-t-il fini sa phrase qu'un véhicule des gardes frontières se gare devant sa ferme pour contrôler notre identité. Ils disent avoir repéré notre véhicule, inconnu sur leurs registres. « Ce sont des gens bien ! réagit Sergiusz. Ils sont aux aguets, ils surveillent pour qu'on soit en sécurité et pour s'assurer que personne ne traverse la frontière. » Mais quelques mètres plus loin, au milieu de ses ruches, Stefan est plus dubitatif quant à la nécessité de tout ce dispositif : « Aujourd'hui ça va un peu mieux, même si on est toujours sur nos gardes. Je pense qu'on s'y est habitué et que le temps a passé, le pire est derrière nous ». Pour lui, la peur d'une agression russe s'est apaisée avec le temps.Dans le village voisin, Marta ose même parler d'une simple opération de communication de l'armée. Pour elle, l'hypothèse d'une invasion russe par Kaliningrad relève du fantasme. « Ça leur ferait plus de mal qu'autre chose d'envoyer des missiles dans notre région, soutient-elle. Peut-être sur Varsovie à la limite, mais je n'y crois pas vraiment... Parce qu'ici, il n'y a rien ! Ils vont lancer des missiles sur nos petites maisons et dans nos champs ? Des missiles à plusieurs millions ? Quel intérêt pour eux ? »Le bouclier oriental doit être terminé d'ici trois ans, en 2028, mais le ministère de la Défense reconnaît déjà que les travaux colossaux se poursuivront probablement au-delà de ce délai. À lire aussiL'engagement militaire des jeunes polonais

    Drame migratoire en Méditerranée: «Ils voyaient un bateau au loin et sautaient dans la mer»

    Play Episode Listen Later May 6, 2025 2:36


    Le 13 mars 2024, l'Ocean Viking met le cap sur un bateau en bois qui lui a été signalé. Les sauveteurs tombent par hasard sur un autre bateau, un canot pneumatique qui transporte 23 migrants. Cela fait sept jours qu'ils sont à la dérive, environ 65 personnes sont déjà mortes. Un rapport d'Alarm Phone met en cause les garde-côtes italiens et Frontex : selon leurs informations, ce bateau a été sciemment laissé à la dérive. Les survivants racontent ce qu'il s'est joué à bord.  De notre correspondante à Ancône,C'est la deuxième nuit que la situation commence à se dégrader. Les vagues sont énormes, le moteur ne fonctionne plus. Depuis plusieurs heures, le bateau pneumatique dérive au large des côtes libyennes et se remplit d'eau qu'il faut écoper sans cesse. Seules les lumières d'une plateforme pétrolière éclairent la nuit noire. Certains passagers ont des hallucinations, se souvient Ali, qui a 17 ans lors du voyage : « Un homme disait : ''Je vais marcher, me mettre debout et monter dans la voiture." Il délirait, mais à ce moment-là, personne n'était mort. » Cette traversée, c'est le premier face à face d'Ali avec la mort. Dès le deuxième jour, il n'y a plus rien à manger et de l'eau de mer comme seule boisson. À partir du quatrième jour, les morts s'accélèrent : « Certains sautaient dans l'eau, mais c'étaient eux qui voulaient le faire, raconte le jeune homme. Personne ne les a poussés. Parfois, ils voyaient un bateau au loin et sautaient par-dessus bord pour le rejoindre. » De l'autre côté du bateau, Modou, 21 ans, reste uniquement concentré sur son objectif : atteindre l'Europe. Comme Ali, il essaie de ne pas dormir ou le moins possible et de ne penser qu'à rester en vie. C'est la deuxième fois qu'il tente de monter à bord d'un bateau après que le premier a coulé à quelques mètres de la plage du départ en Libye. « J'ai subi beaucoup de tortures, beaucoup de problèmes... Il fallait que je parte, confie Modou. J'ai un vécu très difficile. Je vivais en Casamance, au Sénégal, dans la zone la plus difficile. À cinq ans, je me suis séparé de ma mère. J'ai toujours travaillé seul. C'est cette force qui m'a donné cette énergie. » À lire aussiRoyaume-Uni: lancement d'une commission d'enquête sur le pire naufrage de migrants survenu dans la MancheAu total, 23 personnes ont survécu, des Gambiens, Maliens et Sénégalais. Ils vivent aujourd'hui en Italie où ils attendent leurs papiers, et l'un d'entre eux vit en Espagne. Tous ont refusé de reparler de ce voyage et ont demandé à Modou de parler pour eux. « La partie la plus importante pour lui, affirme-t-il au nom de son camarade, c'est de raconter vraiment la situation de tous ceux qui ont perdu la vie en mer qui et qui ne sont pas arrivés jusqu'ici. Ce sont des personnes qui étaient chargées d'une mission, d'un objectif, pour apporter de l'espérance à leur famille. » En 2024, au moins 2 475 personnes migrantes sont mortes en Méditerranée et plus de 500 depuis le début de l'année. À lire aussiTunisie: dans le camp du «kilomètre 23» démantelé, les migrants ne savent pas où aller

    États-Unis: «Drill baby drill», une politique qui ne séduit pas tous les Texans

    Play Episode Listen Later May 5, 2025 2:25


    Donald Trump a fait campagne sur la promesse de relancer la production d'hydrocarbures aux États-Unis, reprenant à son compte le fameux slogan « Drill baby drill », (« Fore, bébé fore »), et tant pis pour l'environnement. Fin mars, son administration a de nouveau autorisé l'exploitation pétrolière et gazière des réserves naturelles de l'Arctique en Alaska. Mais même au très conservateur Texas, source de plus de 40% de la production pétrolière des États-Unis, cette politique du tout pétrole est loin de faire l'unanimité.  De notre envoyé spécial au Texas, Nous voici à Beaumont, tout à l'est du Texas. La Louisiane est toute proche. C'est ici même au tout début du XXe siècle qu'a été découvert un immense gisement pétrolier qui a lancé une véritable ruée vers l'or noir. À tel point que la ville consacre un musée à l'événement : « Après trois mois de travail acharné, les frères Hamill percent le secret de la plus importante découverte pétrolière de l'histoire. Le 10 janvier 1901, l'éruption projette du pétrole brut sur 30 mètres de haut », commente un film diffusé dans le musée. Le célèbre gisement est depuis longtemps épuisé, mais comme nous l'explique Heather qui travaille au musée, l'or noir reste au cœur de l'économie locale : « Le pétrole est essentiel pour Beaumont. L'université de la ville forme les gamins du coin aux métiers de l'industrie. Les usines pétrochimiques n'arrêtent pas de s'étendre et de recruter. Les gens de la région font jusqu'à deux heures de trajet par jour juste pour venir ici travailler dans nos raffineries. »Devant la grande raffinerie ExxonMobil de Beaumont, nous rencontrons Mike qui vient de finir son « shift » : « Si vous regardez une carte de Beaumont, vous allez voir que la raffinerie représente un tiers de la ville. C'est énorme ! » Alors, on lui demande ce qu'il pense de la politique pro-pétrole de Donald Trump : « Je ne suis pas la politique, pour tout vous dire, je ne vote même pas. Mais pour mettre les choses en perspective, pendant le Covid, Exxon a augmenté ses employés de 12%, alors que toutes les autres entreprises étaient en difficulté et dépendaient du gouvernement ! Donc pourquoi ne pas travailler ici ! »« Je suis préoccupé par l'environnement »Le musée de Beaumont propose une reproduction de la ville telle qu'elle était au moment de la découverte du premier gisement pétrolier. Il y a même un forgeron. « Quand l'industrie pétrolière est née, les forgerons fabriquaient la plupart des outils, les foreuses, rappelle l'intéressé, Rob Flurry. Et cette forge en particulier fabriquait des chariots, c'était le seul moyen de transporter le pétrole. Bien sûr, après, les voitures sont arrivées et les forgerons ont dû s'adapter. »Rob Flurry, lui, a fait le chemin inverse : « J'ai travaillé dans l'industrie pétrolière presque toute ma vie. Le pétrole a eu son moment, mais aujourd'hui, je suis préoccupé par l'environnement : il est temps de faire les choses plus proprement. Mais dans le climat politique actuel, ce n'est pas vraiment à l'ordre du jour, mais je suis sûr que ça reviendra ! » Comme quoi au Texas, on trouve de tout, même un forgeron écolo dans un musée du pétrole.À lire aussiEtats-Unis: la baisse des prix du pétrole et la crainte d'une récession freinent l'exploration

    Apprendre l'hébreu à Ramallah: ces Palestiniens qui suivent des études israéliennes pour mieux «combattre» l'occupation

    Play Episode Listen Later May 4, 2025 2:39


    Alors que la paix entre Palestiniens et Israéliens n'a jamais semblé aussi lointaine, une grappe d'étudiants palestiniens a fait le choix de suivre un cursus d'« études israéliennes ». Au programme : cours d'hébreu, études de grands textes du judaïsme et de la littérature israélienne, histoire et sociologie d'Israël. La prestigieuse université de Birzeit, en bordure de Ramallah, affiche clairement ses objectifs : « Mieux connaître l'occupant » pour mieux le combattre sur le terrain des idées. De notre correspondante à Ramallah,C'est un cours d'hébreu... à la palestinienne. Il démarre par une distribution de baklawas. Grand sourire, une étudiante annonce ses fiançailles tout en promenant un plateau de pâtisseries. Gourmand, Esmat Mansour, le professeur, se sert tout en ne perdant pas de vue ses objectifs pédagogiques : « Mazel tov ! Mazel Tov ! » Les yeux rieurs encadrés de lunettes, il confie à voix basse : « L'hébreu rappelle de mauvais souvenirs aux étudiants. Pour eux, c'est la langue des checkpoints. Alors, j'essaie autant que je le peux de détendre l'atmosphère pendant le cours. Moi, j'adore l'hébreu et mon rôle, c'est de faire aimer cette langue à mes étudiants. Je leur dis souvent qu'en maîtrisant l'hébreu, ils vont gagner en force et en confiance en eux. Si tu ne sais pas t'exprimer en hébreu, les Israéliens te mépriseront. »L'hébreu, le quinquagénaire a eu tout le loisir de l'apprendre en prison où il a passé vingt années de sa vie pour participation au meurtre d'un Israélien établi dans une colonie. Il avait pour camarade de cellule un certain Yahya Sinwar, ancien numéro un du Hamas et instigateur des attaques du 7-Octobre qui ont fait basculer la région dans un chaos dont on ne voit plus la fin.Mais sur ce lourd passé, l'homme préfère se faire discret : « Mes étudiants sont curieux et veulent en savoir plus sur l'expérience de la prison, mais l'université n'est pas le lieu pour le faire. Ici, je ne parle que des bons aspects de la prison. Avoir pu apprendre l'hébreu est l'une de ces bonnes choses. »« C'est normal de vouloir en savoir plus sur les Israéliens »Lui qui dit croire désormais en une « solution politique » au conflit, prodigue la matière phare du cursus : l'hébreu à raison de neuf heures par semaine. Révisions du vocabulaire de base et apprentissage de quelques adages en hébreu, le cours se déroule dans une ambiance bon enfant teintée de salves d'humour noir. Après la lecture d'un texte évoquant la protection de la nature et des animaux, un étudiant lance, cynique : « Ils sont fantastiques, les Israéliens ! Ils font attention à tout, la nature, les animaux ! Sauf à nous ! Nous non, on ne compte pas ! Pourquoi ? Aucune idée ! ». Les rires fusent. « Les plus tragiques des désastres sont ceux qui provoquent des rires », soutient le poète palestinien Mohammed El-Kurd dans son recueil « Rifqa ». Ici, on rit beaucoup. Tout en rondeurs et sourires lui aussi, Rabih Bader, 27 ans, dit vouloir entamer un travail de recherche consacré à ce qu'il appelle la « judaïsation de l'histoire palestinienne » par les Israéliens. Impossible donc de faire l'impasse sur l'hébreu : « C'est normal de vouloir en savoir plus sur les Israéliens. Eux savent tout de nous. Ils ont de très bons départements d'études palestiniennes dans leurs universités. Ils étudient non seulement l'arabe, mais même les différents dialectes palestiniens. Ils sont super spécialisés, à nous d'en faire de même. » Oreilles dressées pour écouter les cours, plusieurs étudiants gardent un œil en permanence sur leurs smartphones. Les dernières informations sont égrenées à haute voix : arrestations, incursions de l'armée israélienne ou rumeurs de fuites de documents au sein du Shin Bet, l'appareil de renseignements israéliens, la salle de classe a aussi des airs de rédaction. On commente, on se perd en conjectures et souvent, on ironise, encore et encore, sur la situation. Un programme lancé il y a dix ansPour accéder à cette rieuse salle de classe, il en aura fallu de la patience. Ici comme dans beaucoup d'endroits de Cisjordanie occupée, la méfiance règne. Avant de nous autoriser à nous mêler à leurs étudiants, les responsables de l'université de Birzeit annoncent avoir fait « leur enquête » sur nous. Un mois et demi d'échanges d'e-mails, de messages WhatsApp, de smileys, de vœux pour l'Aïd, de rencontres et de tractations plus tard, les portes de ce programme académique inédit s'ouvrent enfin à notre micro.Sous un portrait de Shireen Abou Aqleh – ancienne étudiante et professeur à Birzeit, mais surtout journaliste star d'Al Jazeera abattue en plein reportage à Jénine par l'armée israélienne – Najat Abdulhaq, sémillante responsable du département de la communication de l'université explique sa prudence. Smartphone en main, elle montre des photos des différents raids de l'armée israélienne sur le campus. Les dizaines d'étudiants arrêtés, les salles de classes retournées et les drapeaux arrachés l'incitent à la prudence désormais. Dans ce contexte hautement explosif, comment étudier sereinement la société israélienne ? Quand ce programme a été lancé il y a dix ans, un dilemme s'est posé d'emblée : peut-on étudier la société israélienne tout en évitant la « normalisation » ? La solution est vite trouvée. Les seuls Israéliens autorisés à donner cours ici sont des Palestiniens, citoyens d'Israël, comme Areen Hawari, directrice d'un centre de recherches à Haïfa, en Israël. Petite, coupe au carré, elle confie que cette escapade académique hebdomadaire en Cisjordanie occupée est paradoxalement une bouffée d'air pour elle : « Je suis heureuse d'enseigner ici à Birzeit. Je suis palestinienne et cela fait partie de notre projet de libération. Oui, cela fait partie de notre projet de libération de pouvoir produire des études qui soient critiques du colonialisme d'un point de vue académique. Je suis très enthousiaste. » Composant 20% de la population israélienne, les Palestiniens d'Israël sont minoritaires. Présentés comme une cinquième colonne qui menace la sécurité de l'État hébreu, ces professeurs – malgré les checkpoints qu'ils doivent franchir pour venir enseigner en Cisjordanie occupée – trouvent ici paradoxalement un répit de quelques heures dans le climat de suspicion généralisée qui prédomine en Israël. « J'ai un passeport israélien, mais je me sens palestinienne et je porte le poids de la douleur des Palestiniens moi aussi. Notre souhait, c'est qu'Israël ne soit pas un État que pour les juifs, mais pour tous les citoyens. On veut un État démocratique », poursuit Areen Hawari. Combattre la colonisation par les armes du savoirUn département d'études israéliennes peut-il se concevoir sans professeurs israéliens juifs ? Pour Asma, étudiante aussi appliquée qu'impliquée, la question ne se pose pas : « On n'a pas de professeur juif effectivement, mais le problème ce n'est pas la confession en soi. On ne veut pas avoir de profs sionistes. Mais ça n'empêche pas qu'on les lise. On ne peut pas comprendre les Israéliens si on ne lit pas Theodor Herzl et d'autres penseurs du sionisme ». Le sionisme. Le terme revient beaucoup en cours. « Plus de terre, moins d'Arabes », lance une étudiante pour le définir. Une question survient alors : « Peut-on étudier un domaine que l'on n'aime pas ? » Sans circonvolutions, Asma répond avec l'aplomb des punchlines propres à sa génération : « On est un peu comme les médecins qui étudient le cancer. Les médecins n'aiment pas le cancer, mais ils l'étudient pour pouvoir le combattre. » Tous, ici, professeurs comme étudiants, ont l'impression de combattre la colonisation par les armes du savoir. Fondée à l'aube du XXe siècle, l'Université de Birzeit a une longue tradition d'engagement pour la cause palestinienne. Les Français l'ont découverte à la (dé)faveur du déplacement de Lionel Jospin sur le campus le 26 février 2000. Pris à partie par des étudiants scandalisés par ses propos sur le Hezbollah qu'il a qualifié de « terroriste », le Premier ministre français essuie jets de tracts et de pierres. La scène donne des sueurs froides à son personnel de sécurité et vient rappeler combien chaque mot est miné dans cette région du monde. Un programme financé par le Centre arabe de recherche et de sciences politiques de DohaUn quart de siècle plus tard, rien n'a changé. L'Orient reste plus que jamais « compliqué » et suscite l'intérêt redoublé de programmes de recherches du monde entier. À commencer par celui des riches pétromonarchies du Golfe désormais convaincues de la nécessité d'investir dans le savoir en plus de la pierre et des clubs de football européens. La petite trentaine d'étudiants qui suit le programme bénéficient ainsi d'une bourse financée par le Centre arabe de recherche et de sciences politiques de Doha. Un institut dirigé par l'intellectuel palestinien Azmi Bishara également citoyen d'Israël où il fut député. Recherche, journalisme, diplomatie, les secteurs en mesure d'accueillir ces rares étudiants palestiniens connaisseurs en profondeur de la société israélienne sont nombreux et stratégiques.Casquette vissée sur la tête, main qui caresse tantôt un chapelet tantôt une cigarette, Mohanad, le regard clair – lui aussi ancien prisonnier comme 40% des hommes palestiniens et dont le nom sera tu pour des raisons de sécurité – confie pourtant avoir du mal à savoir ce qu'il fera de son diplôme. « Tu sais, nous en Palestine, on ne sait plus se projeter. Là, je suis avec toi, mais demain qui sait où je serai ? J'ai été emprisonné deux fois. Je peux être emprisonné à nouveau à tout moment. Depuis le 7-Octobre, on parle même de nous faire partir d'ici de façon massive. C'est difficile de pouvoir réfléchir à l'avenir ».  « L'impossible futur ; comment la colonisation israélienne sape les rêves d'avenir de la jeunesse palestinienne ». Un thème de recherche académique en soi… 

    Colombie: l'état d'urgence décrété à Medellin après des inondations meurtrières

    Play Episode Listen Later May 3, 2025 2:47


    Inondations, pluies intenses et destruction de routes ou de maisons : c'est ce qui attend la Colombie jusqu'au mois de juin, d'après l'institut météorologique du pays. La saison des pluies, qui a débuté le mois dernier avec le phénomène de la Niña, a déjà causé de nombreux dégâts et a fait au moins deux morts dans la ville de Medellin, le 30 avril. Le maire de la ville a déclaré l'état d'urgence pour catastrophe naturelle et un appel aux dons a été lancé pour venir en aide aux sinistrés. De notre correspondante à Medellin,Le bruit de la pluie est devenu le quotidien des habitants de l'arrondissement San Antonio Desperado de Medellin. Chaque année, les précipitations sont de plus en plus fortes. En ce début de la saison hivernale, les conséquences sont déjà visibles. Alejandro Castagno est agriculteur de père en fils. Ce quadragénaire est natif de San Antonio Desperado et il a été témoin de plusieurs inondations, dont la dernière en date, au début du mois d'avril : « Les affluents de ruisseaux sont obstrués, bouchés à cause de l'abattage des arbres, donc de nombreux bassins se retrouvent avec des sortes de barrages qui bloquent l'eau. La matière végétale s'accumule et se déverse partout et inonde les maisons qui sont proches des ruisseaux. C'était le cas dans le district d'Astilleros. »Natalia Mesa, sa voisine, s'inquiète de la fissure qui traverse la route près de chez elle : « Regardez, quelqu'un a essayé de boucher le trou. Ici, on voit des débris et de la terre, mais comme les camions continuent de passer dessus, notamment les poids lourds, eh bien la fissure continue de se creuser. Le trou dans le sol est énorme, surtout qu'il se trouve sur une faille géologique. D'ailleurs, juste en face, avant, il y avait une très belle maison. La famille a dû être évacuée et la maison détruite. »Risque de précipitations supérieures à la normalePour prévenir ces phénomènes, les pompiers de Medellin sont en train de cartographier le secteur.  À l'aide d'un drone, deux pompiers scannent la montagne pour détecter les éventuelles fissures ou mouvements de plaques tectoniques d'une des zones inondées, il y a quelques jours. « Dans ce type de cas, il est avant tout question de glissements de terrain. C'est parce que ce sous-sol est devenu une sorte de nappe phréatique. Il pleut tellement que le terrain ne parvient plus absorber l'eau. Du coup, l'eau commence à se déplacer vers le bas de la montagne, à travers ces chemins sur le côté.  Le cours d'eau augmente, ça peut se transformer en un barrage et finir par déborder. Avec les débris et blocs de rochers, ça se transforme en coulées de boue », explique le capitaine Juan Guillermo Usma, sous-commandant du corps des pompiers de Medellin.Pour faire face à ces phénomènes climatiques dits du Niño et de la Niña, les autorités utilisent un système d'alerte, « le Siata ». « Nous avons une surveillance en temps réel via le satellite, mais même si cela aide, il est parfois difficile d'avoir des prévisions précises, notamment concernant la quantité de précipitations attendues, admet Carlos Quintero, directeur du département de gestion des risques et des catastrophes de Medellin. Le sujet des catastrophes naturelles est un sujet ambigu, complexe. Tout ce que nous pouvons établir, ce sont des scénarios de risque d'origine naturelle. »D'après l'Institut de météorologie colombien (Ideam), la saison de fortes pluies en Colombie s'étendra jusqu'à la fin juin. Dans son rapport, l'organisme prévoit des précipitations supérieures de 20 à 50% à la normale au cours de mai.

    En Syrie, une nouvelle ère s'ouvre pour les médias et la liberté d'expression, entre espoirs et inquiétudes

    Play Episode Listen Later May 2, 2025 2:31


    En Syrie, après 54 ans d'une dictature qui appliquait une censure implacable aux médias et éliminait toute voix critique, une nouvelle ère s'ouvre pour les journalistes en Syrie. L'agence de presse et les chaînes officielles, qui ne servaient qu'à diffuser la propagande du régime, ont été renversées et de nombreux reporters exilés se réinstallent progressivement en Syrie. Ahmed al-Charaa, le nouveau maître de Damas, a promis de faire respecter la liberté d'expression. Si certains veulent y croire et investissent dans la création d'un nouveau paysage médiatique pour la Syrie, d'autres restent méfiants. Travailler et émettre depuis Damas, en plein cœur de la Syrie. Une scène encore impensable il y a quelques semaines pour Mohamed Al Dughaim, producteur de la chaîne Syria TV, un des médias d'opposition les plus suivis en Syrie, dont le siège est à Istanbul en Turquie. « Nous sommes actuellement dans l'hôtel Sheraton, à Damas, et nous avons transformé une partie des chambres de l'hôtel en studio temporaire pour Syria TV, indique-t-il. Nous sommes arrivés à Damas progressivement avec les forces rebelles au fil des offensives militaires, d'abord Alep, puis Hama, puis Homs, et enfin Damas. C'est la première fois que l'on parle de Damas en étant à Damas. C'est un très beau sentiment pour tous les syriens et pour tous les journalistes. »Financée par le Qatar, Syria TV compte 250 employés répartis entre la Syrie et la Turquie. Sur la terrasse de l'hôtel, un plateau télé a été érigé. La chaîne diffuse des informations en direct 3 à 4 h par jour depuis Damas. Pour le producteur originaire d'Idlib, c'est le début d'une nouvelle ère. « Aujourd'hui, on peut parler de tout en Syrie sans être inquiété, sans que les services de renseignement ne vous convoquent, et sans risquer d'être emprisonné. L'avenir des médias en Syrie est bien meilleur qu'à l'époque de Bachar al-Assad. »Après 54 ans de dictature durant lesquels aucune critique du pouvoir n'était tolérée, la nouvelle administration dirigée par Hayat Tahrir Sham (HTS) – l'un des groupes rebelles qui a repris Damas – a annoncé début janvier s'engager en faveur de la liberté d'expression, avec quelques limites. « Dans la nouvelle Syrie, nous garantissons la liberté de la presse, mais il existe des lignes rouges sur certaines questions, comme la diffusion de la haine au sein de la société, ou tout ce qui touche à des sujets susceptibles d'attiser les tensions sectaires. Ne pas préserver la cohésion sociale est aussi une ligne rouge », explique Ali Al Rifai, directeur des relations publiques au ministère de l'Information. Le ministère a aussi annoncé que les journalistes ayant collaboré avec le régime devront rendre des comptes. Dans les cafés de la capitale, de nombreux Syriens se retrouvent pour débattre à haute voix de l'avenir du pays. Une scène, elle aussi, inimaginable il y a peu. « Nous sommes heureux d'avoir cette nouvelle liberté d'expression. J'ai beaucoup confiance dans la société syrienne qui est aujourd'hui très éveillée. Rien ne passe inaperçu. Il y a une pression populaire contre toute décision qui serait inappropriée », raconte Colette Bahna, écrivaine et activiste pour les droits des femmes, qui savoure cette liberté retrouvée. Pour de nombreux syriens, la prudence reste de mise. Seul le temps permettra de savoir si ces promesses de liberté dureront.À lire aussiSyrie: à Jaramana, la vie reprend dans une atmosphère de peur et de méfiance

    Inde: pour les Cachemiriens, la double peine de l'escalade avec le Pakistan après les attentats

    Play Episode Listen Later May 1, 2025 2:43


    Depuis l'attentat qui a fait 26 morts dans le Cachemire Indien le 22 avril, la tension entre l'Inde et le Pakistan est à son comble. Après l'escalade diplomatique, les deux pays sont au bord de l'affrontement militaire. Les Cachemiriens, eux, font les frais de cet affrontement. Des maisons sont rasées et des familles déchirées au nom de la lutte contre le terrorisme et le Pakistan. Un silence lourd règne à Pulwama, au sud du Cachemire. Le 26 avril, les forces de sécurité indiennes sont intervenues dans ce village, où un habitant est soupçonné d'être lié à l'attentat. De nombreuses maisons y ont été dynamitées et depuis leurs occupants vivent dans les ruines. « L'armée est arrivée ici à sept heures du matin. Ils nous ont demandé d'évacuer la maison et nous ont conduits à la mosquée. Ils nous ont laissés partir à midi et lorsque nous sommes revenus les maisons étaient en ruine. S'il y avait un militant impliqué, pourquoi s'en prendre à tous les voisins ? », se demande Abdul Rashid. L'homme de 68 ans a tout perdu lors de cette opération de représailles indiscriminée, une méthode courante en Inde, bien qu'en dehors de tout cadre légal. « Ils ont fait exploser notre maison. C'était énorme, même la mosquée tremblait. On a eu très peur, certains habitants se sont évanouis. Il a fallu de l'eau pour les ranimer. Ils se sont tous mis à pleurer », se souvient-il.Depuis que l'Inde a désigné le Pakistan comme responsable de la tuerie du 22 avril, beaucoup d'Indiens jugent que la priorité est de punir leur voisin. Les Cachemiriens, eux, voient revenir dans l'indifférence leur pire cauchemar : être pris entre les feux des exactions des groupes militants et de la répression de l'armée indienne. « Le mariage de mon frère était prévu dans dix jours, mais ils ont tout détruit. On nous a juste ordonné de quitter la maison. S'ils nous avaient prévenus, on aurait peut-être pu sauver certaines choses. Ils transforment cet endroit en Palestine. C'est une injustice totale », se désole Haseena, mère de famille de 42 ans.Dans l'escalade des sanctions, les deux pays ont décidé du renvoi mutuel de leurs ressortissants. Bien que rares, les familles mixtes Indo-Pakistanais se retrouvent aujourd'hui écartelées. « J'étais sorti pour mon travail et j'ai reçu un appel de ma famille. Ils avaient reçu une notification de la police demandant à ma femme et mes deux filles de quitter le pays », raconte Bachir. Il est Pakistanais et vit dans le Cachemire Indien. Avec sa femme, ils ont trois enfants dont deux sont nés au Pakistan et l'un en Inde. Bachir et sa famille refusent d'être séparés et sont depuis terrés chez eux dans l'angoisse. « Cette séparation est insupportable. Qu'ils nous tuent, ce serait mieux, ce serait fini. Comment peuvent-ils séparer un fils de 10 ans de sa mère ? Que va devenir mon fils tout seul en Inde ? », s'inquiète-t-il. L'embrasement renforce la suspicion contre les musulmans indiens, soupçonnés de sympathie avec la cause indépendantiste du Cachemire, le seul État à majorité musulmane du pays. De nombreux cas de harcèlement par la police ou des groupes extrémistes hindous sont signalés. À lire aussi«Les habitants stockent des vivres»: les Cachemiriens se préparent à un potentiel conflit entre l'Inde et le Pakistan À écouter aussiDécryptage: Inde et Pakistan, un regain de tensions particulièrement inquiétant

    Dans les territoires annexés par Moscou, l'intensification de la russification

    Play Episode Listen Later May 1, 2025 2:41


    Médias dans la ligne, encadrement patriotique pro-Kremlin de la jeunesse, passeportisation intensive... Plongée dans la vie de la partie de la région de Kherson administrée par la Russie, à l'heure où le plan de cessation des hostilités de Washington veut faire accepter les conquêtes militaires de l'armée de Vladimir Poutine comme un état de fait. De notre envoyée spéciale à Genishensk,Djankoï, un des postes de contrôle des entrées et sorties entre la partie de la région de Kherson où flotte le drapeau russe et la Crimée annexée en 2014. C'est notamment par là que sont entrés les soldats de Vladimir Poutine lancés à l'assaut de l'Ukraine en février 2022. Plus de trois ans après, ce nœud stratégique reste sous très haute surveillance. Contrôle systématique des identités, fouille minutieuse des véhicules et des bagages, potentiel examen poussé des téléphones et de leurs contenus, auxquels s'ajoute la menace planante d'un interrogatoire par le FSB (les services russes de sécurité intérieure).Pour la presse internationale accréditée en Russie, l'accès est soumis à une autorisation qui doit être sollicitée auprès des autorités locales.La partie de la région sous contrôle russe vit, elle, avec un couvre-feu strict de 22 heures à 6 heures. À Genishensk, la capitale administrative des autorités russes, située à 80 km de Djankoï, personne ne plaisante avec la règle : on doit passer ses dernières commandes au restaurant avant 19h, pour être sûr que chacun, clients comme membres du personnel, soit rentré chez soi à l'heure fixée.« Guerre idéologique »La ville est gardée à toutes ses entrées par des barrages militaires, et dans les rues, la présence des forces de sécurité (soldats, police militaire, garde nationale..) est imposante. La journée, malgré le soleil printanier, pas de promeneurs visibles le long des sentiers longeant la mer d'Azov ou bien dans les allées ombragées de la ville. On se déplace dans l'espace public pour vaquer à ses affaires avec un but précis, et la population locale tient ses conversations dans les magasins à voix basse, presque en murmurant. Les regards sur les étrangers de passage sont lourds de questions et d'inquiétude.Les armes parlent surtout dans une zone dite « d'accès spécial » le long d'une distance de 30 kilomètres en bordure du Dniepr. Ce jeudi 1er mai, selon un message sur Telegram de Vladimir Saldo, le dirigeant régional nommé par Moscou, une frappe de drones ukrainiens a tué au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville d'Olechky.Même si le bruit des armes est bien plus loin, à Genishensk on vit aussi toujours à l'heure de la guerre. Et pas seulement sur le plan militaire : « Jusqu'à aujourd'hui encore, nous menons une guerre idéologique »,explique Oksana Kalachnikova, cheffe du département de politique intérieure au sein de l'administration installée par la Russie, ainsi que la responsable du comité d'organisation de la célébration du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. « Et dans certains endroits, nous menons très activement une guerre de l'information, car il est clair qu'il y a encore ici des opposants, des pro-ukrainiens. »Radio Tavria, mise en place en 2023, est l'un des instruments de ce combat revendiqué. Elle diffuse en journée de la musique, des débats, et des bulletins d'actualités quasiment toutes les heures. Une édition peut ainsi débuter par le rapport quotidien rédigé par les forces armées russes, repris in extenso par la présentatrice :« Au cours de la journée écoulée, les formations armées ukrainiennes ont perdu dans la direction de Kherson plus de 90 militants ; des unités du groupement de troupes Dniepr ont vaincu les effectifs et détruit l'équipement d'une brigade d'assaut, de deux brigades de défense côtière et d'une brigade de défense. Les pertes ennemies comprennent un véhicule blindé de transport de troupes, deux véhicules blindés de combat, neuf véhicules, trois pièces d'artillerie, deux stations de guerre électronique, une station radar, une batterie et deux dépôts de munitions ».La suite concerne notamment les dernières annonces du gouverneur, les mesures prises par l'administration locale. Un contenu au total très similaire à ce qu'on peut lire, entendre ou voir dans les médias fédéraux légitimistes russes. Radio Tavria est là seule à diffuser officiellement dans cette partie de territoire annexé par la Russie en septembre 2022, à la suite de référendums condamnés et jugés fictifs et illégaux par l'Ukraine, soutenue notamment par l'administration Biden, l'Union européenne ainsi que l'Assemblée générale de l'ONU par un vote de 143 voix pour, cinq contre et 35 abstentions. Dans cette ville côtière qui fût longtemps une ville de villégiature comme en témoigne la présence de nombreux hôtels, il est quasiment impossible d'avoir accès à d'autres sources d'information que les médias officiels : internet passe très mal et les VPN ne fonctionnent quasiment pas.« Formater toute une nouvelle génération loyale au Kremlin »Pour renforcer davantage son emprise, la Russie mise sur l'avenir et intensifie tout particulièrement ses efforts financiers et humains en direction de la jeunesse. Les écoles sont l'objet d'une attention spéciale et pour cause : l'administration locale revendique de vouloir formater toute une nouvelle génération loyale au Kremlin. Sur la façade de l'une d'entre elles, le portrait fraîchement peint de Daria Douguina, la fille de l'idéologue ultranationaliste Alexandre Douguine, tuée en août 2022 dans la région de Moscou dans l'explosion de sa voiture. Journaliste et politologue, elle affichait comme son père un soutien ouvert à l'offensive russe en Ukraine.L'école numéro 3 de la ville fleure bon le neuf, et sa directrice Zoya Anatolevna Yasintseva la fait fièrement visiter : « Regardez, nous avons mis des tables de ping-pong ici », détaille-t-elle. « Nous avons aussi des espaces dédiés à l'entrainement pour l'aviron, et nous avons même une élève qui a ramené une médaille d'or d'une compétition à Moscou ». Zoya Anatolevna Yasintseva invite à entrer dans une classe d'adolescents de 14 -15 ans, réunis sous la houlette de membres d'un des nombreux mouvements de jeunesse encouragés par l'administration locale, le mouvement panrusse des volontaires pour la victoire, présent aussi dans les frontières internationalement reconnues de la Russie. C'est sa responsable locale, Yana Yakoucheva, étudiante de 20 ans à la faculté de médecine de Génishensk, qui s'adresse aux élèves. L'activité du jour : écrire aux combattants, actuels ou anciens, de l'armée russe : « Vous commencez par les mots "bonjour, cher soldat" ou “bonjour, cher vétéran” », conseille Yana Yakoucheva. « Après cela, vous pouvez écrire des mots de soutien, des mots de gratitude ».La jeune femme ne ménage pas ses efforts pour convaincre son jeune public de rejoindre son mouvement en vantant ses nombreuses activités. Avec notamment comme argument, un séjour cet hiver à Saint-Pétersbourg : « J'ai eu l'honneur d'être invitée le 27 janvier dernier aux commémorations de la fin du siège de Léningrad », dit-elle debout devant le tableau. « C'était vraiment cool, des émotions que je ne peux même pas décrire ». Clou du déplacement à ses yeux : « J'ai pu apercevoir deux présidents, Alexandre Loukachenko et Vladimir Vladmirovitch Poutine ».« Affiches dans les écoles pour rejoindre les formations militaires dans toute la Russie »Dans une autre classe, des élèves de 8 - 9 ans en uniforme, cheveux nattés ou ramassés en queue de cheval pour les fillettes, coupés net pour les petits garçons. Tous assis sages comme des images le long d'un mur où est notamment accroché le portrait de Vladimir Poutine. C'est le jour d'une leçon dont on leur a répété à quel point elle était essentielle : ce qu'on appelle la « conversation sur les choses importantes », soit un cours sur le patriotisme. L'institutrice précise en entrée en matière comme premier point cardinal : « Nous devons avoir foi en la vérité. Seule la vérité est nécessaire. Vous devez y croire. »Elle lance ensuite une vidéo sur fonds de chanson patriotique connue vantant la Russie martiale, le tout sur des images montrant Moscou et ses bâtiments officiels, ainsi que les parades militaires qui y défilent. « Voilà la capitale de notre patrie », dit l'enseignante aux enfants. Elle aussi, enfin, fait écrire aux élèves dans un silence studieux des lettres aux soldats russes « qui se battent pour nous, notre pays et votre futur », dit-elle, et fait réciter des poèmes patriotiques russes.Dans les couloirs, on se bouscule et on chahute comme dans n'importe quel établissement scolaire. Mais dans l'entrée de l'école, des affiches invitent à rejoindre des écoles militaires dans toute la Russie. Une table est aussi dressée pour mettre en valeur à la vue de tous les premières contributions scolaires sur les commémorations du 9 mai 1945 célébrant la capitulation de l'Allemagne nazie. Depuis le lancement de l'offensive contre l'Ukraine en 2022, les forces russes ont sécurisé des cérémonies du 9 mai dans les territoires conquis, avant même leur annexion. En cette année particulière, qui marque les 80 ans de la victoire des Alliés, l'administration locale présente un très large éventail d'efforts de formation des jeunes et des adultes, et de préparation de très nombreuses cérémonies de commémoration et événements, dont elle avance qu'elles seront évidemment très suivies. La comptabilité est en tout cas soigneusement entretenue et présentée par Oksana Kalachnikova : « L'année dernière, environ 15 000 personnes ont participé aux événements consacrés à la célébration du 9 mai. Ce chiffre ne concerne que la seule ville de Genichensk. Et cette année, je pense que nous allons largement battre ce record. »Le Kremlin s'attache depuis 2022 à faire un parallèle historique entre sa guerre en Ukraine et la Seconde Guerre mondiale. Y adhérer est une des démonstrations de loyauté essentielles exigées par le pouvoir.Une autre, tout aussi fondamentale pour Moscou, est l'acquisition de la citoyenneté russe. Là aussi, Oksana Kalachnikova vante les chiffres locaux en matière de passeportisation : « En avril de cette année, 16 000 passeports russes ont été délivrés au cours du seul premier trimestre. On parle désormais de plus de 250 000 passeports déjà attribués dans la région. Je pense que nous approchons le chiffre de 300 000. Cela représente la quasi-totalité de la population adulte de la région de Kherson car selon les statistiques officielles, elle compte 380 000 habitants. Ce travail a été récemment intensifié et nous constatons une dynamique positive, car c'est impossible de refuser la citoyenneté d'un État, qui fait tant pour vous ».Pour expliquer les chiffres qu'elle présente, l'administration installée par la Russie met en avant ses efforts pour reconstruire et rénover des routes et des bâtiments, avec l'idée que la qualité de vie serait aujourd'hui bien meilleure qu'avant.Ce passeport russe est surtout devenu nécessaire pour toute une série de procédures administratives. Selon des ONG, les civils des territoires annexés subissent des pressions pour le prendre.  Kiev dénonce des méthodes « illégales » qui violent sa souveraineté. L'Union européenne a déclaré qu'elle « ne reconnaîtrait pas les passeports russes délivrés dans les régions d'Ukraine tenues par Moscou ».S'ajoute une date butoir : par oukaze de Vladimir Poutine signé le 20 mars dernier, les habitants de Genishensk comme ceux de tous les territoires sous administrés par la Russie ont jusqu'au 10 septembre dernier délaipour prendre un passeport russe. Au-delà, ceux qui ne l'ont pas fait seront considérés comme des migrants illégaux. Et devront partir.

    Aux États-Unis, J.D. Vance, une voix pour les «oubliés» du Kentucky

    Play Episode Listen Later Apr 28, 2025 2:29


    Il incarne la volonté trumpiste de représenter « l'Amérique oubliée » et son électorat populaire et blanc. J.D. Vance a grandi dans l'Ohio, dans la « rust belt », nom donnée aux régions désindustrialisées, mais sa famille est originaire de l'est du Kentucky dans les montagnes des Appalaches. Dans cette région pauvre et reculée, l'arrivée de J.D. Vance à la vice-présidence suscite la fierté des habitants qui espèrent des retombés économiques. De notre envoyé spécial à Jackson dans le Kentucky,Dans ces vallées qui s'enchaînent, recouvertes de végétation, Jessica Ellis rentre chez elle dans sa maison au bord de cette route sinueuse, à quelques kilomètres de l'ancienne demeure des grands-parents de J.D.Vance et de leur cimetière familial. Jessica, électrice de Donald Trump, explique que tout le monde ici se réjouit de l'arrivée de J.D. Vance à la vice-présidence :« Il comprend la situation ici. Il va pouvoir aider cette région d'une façon qu'on ne peut même pas imaginer. »J.D. Vance a raconté son histoire familiale entre ces montagnes du Kentucky et les plaines désindustrialisées de l'Ohio, à quelques centaines de kilomètres au nord. Dans son livre Hillbilly Elegy, il y revendique fièrement ce terme de « Hillbilly» qui peut se traduire par « péquenaud », terme péjoratif employé pour désigner les gens de cette région plus isolée. « Il y a un cliché qui dit qu'on serait pieds nus et stupides, mais comme vous pouvez le voir, je porte des chaussures, il y a aussi l'idée qu'on ne compte pas, mais J.D. a prouvé qu'on n'est pas stupides », ajoute Jessica.L'espoir d'être mieux représentéVingt-huit pour cent des habitants de ce comté vivent sous le seuil de pauvreté alors que la moyenne nationale est de 12%. Dans le centre du village, la vitrine d'une épicerie affiche un drapeau « Trump, sauvez l'Amérique à nouveau ». Le propriétaire Kenneth Patrick en attend également beaucoup du vice-président : « Il va peut-être nous aider à ramener des usines ici dans le comté de Breathitt, je l'espère, on a besoin de croître, on est en train de devenir un village fantôme et c'est effrayant. »Ici, J.D. Vance c'est l'espoir d'être mieux représenté et écouté à Washington, comme l'explique Stephen Bowling, le directeur de la bibliothèque publique et historien du comté : « Pendant des générations, on a permis aux autres d'écrire notre histoire. Les gens venaient dans les montagnes pour des pratiques économiques extractivistes. Ils ont pris le charbon puis sont partis, ils ont pris le bois puis sont partis, comme pour le sel. Tout ça a retiré le pouvoir, la stabilité économique et la richesse, donc maintenant la possibilité d'avoir une voix à Washington est importante pour les habitants. »Avant son investiture, J.D. Vance est revenu ici en visite, confirmant pour les habitants le dicton local : « Le garçon peut quitter la montagne, mais la montagne ne peut pas quitter le garçon. »À lire aussiPrésidentielle américaine: J.D. Vance, d'anti-Trump à colistier du candidat républicain

    Au Canada, un boycott des États-Unis à l'échelle individuelle

    Play Episode Listen Later Apr 27, 2025 2:42


    Les Canadiens votent ce lundi 28 avril pour des élections législatives anticipées que les libéraux emmenés par l'actuel Premier ministre, Mark Carney, devraient gagner au terme d'une campagne marquée par le conflit sans précédent avec les États-Unis. Les attaques répétées de Donald Trump contre son voisin suscitent beaucoup d'incompréhension et de colère parmi les Canadiens, à tel point que certains boycottent leur voisin.    De notre envoyée spéciale à Ottawa,Les chutes du Niagara pour faire oublier Broadway à sa fille ? Rachel Doeran et sa famille devaient passer leurs vacances aux États-Unis. À cause de Donald Trump, changement de destination : « Le changement s'est fait en dernière minute. On ne pouvait pas faire grand-chose de spécial, mais on a fait un petit tour chez nous. Ça nous a donné l'occasion de faire des choses que l'on n'aurait peut-être pas faites. On doit montrer la fierté canadienne. Je ne peux pas changer grand-chose, mais je peux choisir où dépenser mon argent. »Plus d'un Canadien sur deux a annulé un séjour aux États-Unis ces dernières semaines, d'après un sondage Abascus Data. Certains renoncent également à Netflix ou à Amazon. « C'est très pratique, car vous êtes livré chez vous. Même les croquettes de mon chien, je les achetais sur internet et je les recevais chez moi. Maintenant, je vais dans un supermarché canadien. Vous trouvez les mêmes produits en magasin. Il faut juste changer ses habitudes, s'organiser un peu mieux quand on fait ses courses. Une fois que cette histoire de droits de douane sera réglée, j'arrêterai. Mais pour l'instant, je fais de mon mieux pour soutenir les entreprises canadiennes », explique Daniel Martel, greffier de 31 ans. 70% des Canadiens évitent les produits américainsDans les supermarchés canadiens, ont fleuri ces derniers temps des feuilles d'érable, des étiquettes rouges et blanches qui indiquent aux clients que les produits vendus sont fabriqués au Canada. Selon un sondage paru dans la presse locale, plus de 70% des Canadiens évitent d'acheter des aliments américains. C'est le cas de David McCann, 72 ans, ancien ouvrier dans l'automobile : « Oh oui, quand je fais mes courses, je fais attention et j'achète autant que possible des produits canadiens. Et pour les aliments qu'on ne trouve pas ici, comme certains fruits et légumes, en hiver par exemple, j'achète des produits chiliens, mexicains ou espagnols. Je ne suis pas en colère contre les Américains, mais contre leur gouvernement. Donald Trump se prend pour un roi. Mais c'est un clown ! » Problème : les produits canadiens sont parfois plus chers. Et puis ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver entre ce qui est fabriqué au Canada par une compagnie américaine et ce qui est produit par une entreprise canadienne, mais avec des matières premières venues des États-Unis. Des Canadiens ont créé des applications qui permettent d'y voir clair. La guerre avec leur voisin stimule aussi la créativité des artistes canadiens. Comme le chanteur Jim Cuddy avec son dernier titre : Nous étions les meilleurs amis du monde. À lire aussiÉlections au Canada: portés par leur opposition à Trump, les libéraux de Carney s'avancent en favoris

    Chine: la foire de Canton à l'heure de la guerre commerciale avec les États-Unis

    Play Episode Listen Later Apr 26, 2025 2:17


    La 137ᵉ édition de la foire de Canton qui a débuté le 15 avril et se termine le 5 mai, réunit 31 000 exposants, presque tous orientés vers le marché de l'exportation. La première semaine était consacrée aux produits et machineries industrielles, à l'électroménager, aux produits électroniques, aux véhicules, au BTP. Les taxes douanières sont devenues un sujet sensible pour tous ces exportateurs, qui cherchent déjà des alternatives au marché américain. De notre correspondante à Pékin, Parmi les milliers de stands de produits industriels qui offrent les promesses de nombreux échanges à venir, Wang Lian, qui exporte des onduleurs solaires, nous raconte avoir vu un changement d'attitude de la part de ses clients américains : « Cela a clairement un impact, y compris sur nos clients. Ils ne viennent même plus chercher leurs marchandises. Les produits sont prêts, mais ils refusent de les prendre. Et bien sûr, ils nous demandent de baisser nos prix. »Aujourd'hui, il s'agit d'avoir le regard tourné ailleurs, notamment vers l'Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient et l'Europe, dit-elle : « Oui, nous devons absolument nous développer sur d'autres marchés. Nous ne pouvons pas nous accrocher uniquement aux États-Unis. Si les États-Unis ne sont pas favorables à notre entreprise, nous devons bien sûr envisager d'autres options, n'est-ce pas ? »Lily, qui exporte des câbles électriques, souhaite que les droits de douane soient simplement supprimés, car cela ne profite à personne. « Certains nouveaux clients américains nous ont dit qu'ils cherchaient des usines en dehors de la Chine. C'est ça la situation actuelle. Les États-Unis n'y gagnent rien. Ce que nous faisons en Chine n'est qu'une légitime défense : ils ont fait le premier pas, et nous ne faisons que riposter. Je soutiens sans réserve la décision de la Chine. »Tirer parti de cette situationLes acheteurs, eux aussi, s'interrogent, tentent de trouver leur compte. OJ, un jeune entrepreneur canadien, nous dit que s'il fallait choisir entre faire affaire avec les États-Unis ou la Chine, la question ne pose pas : « À l'heure actuelle, la Chine. En tant qu'homme d'affaires, je vais continuer à travailler avec la Chine, car c'est un endroit très, très diversifié, très beau. Il y a tellement de technologie. Ça se développe chaque jour. »Craig, un acheteur australien, explique que même s'il ne ressent pas directement le poids des taxes pour le moment, il a des inquiétudes quant à l'avenir. Mais il souligne aussi qu'il va tenter de tirer parti de cette situation. « C'est un sujet brûlant. Je vais franchement faire pression sur eux pour obtenir des prix plus bas. Ça reste vraiment notre travail. Nous allons donc chercher à obtenir des coûts de production moins élevés de la part de la Chine dès maintenant. »Faute d'accords trouvés le plus rapidement possible, tout le monde se prépare à mettre des alternatives en place, tout en gardant les yeux rivés sur les échanges entre les deux grandes puissances économiques.À lire aussiGuerre commerciale: inquiétudes, fierté et résilience des exportateurs chinois à la Foire de Canton

    Autriche: le projet de tunnel privé de la famille Porsche fait débat

    Play Episode Listen Later Apr 25, 2025 2:30


    Un projet de Wolfgang Porsche, petit-fils du fondateur du célèbre constructeur automobile allemand et président du conseil de surveillance de Porsche AG, fait polémique à Salzbourg. Le milliardaire veut aujourd'hui faire construire un tunnel privé de 500 mètres de long sous la colline du Kapuzinerberg pour accéder à sa villa. De notre correspondante à Vienne, Les ouvriers s'activent devant la « Villa Zweig ». La demeure dans laquelle vécut l'écrivain Stefan Zweig de 1919 à 1934 a été rachetée en 2020 par Wolfgang Porsche pour 8,4 millions d'euros. Outre ces travaux de rénovation, le milliardaire de 81 ans a un autre projet tout aussi spectaculaire : la construction d'un tunnel privé pour pouvoir la rejoindre sans avoir à emprunter l'actuelle route, étroite et fréquentée par les touristes. Ce tunnel passerait sous la colline du Kapuzinerberg.Pour cela, Wolfgang Porsche a signé, il y a un an, un contrat avec l'ancien maire conservateur de Salzbourg, Harald Preuner. Il prévoyait le paiement d'une somme forfaitaire de 40 000 euros pour le droit de servitude sous la colline. Tout a été fait dans les règles et cette polémique n'a pas lieu d'être, estime l'ancien édile.« La famille et l'entreprise Porsche est l'un des plus gros employeurs de la ville et du land de Salzbourg. Et il faudrait, je crois, réfléchir à la manière dont nous traitons les personnes qui ont, non seulement, beaucoup investi dans la ville durant des générations, mais qui ont en plus fait ici tout ce qui était légal et pris toutes les précautions nécessaires. Lui reprocher aujourd'hui d'acheter cette villa, de la rénover enfin, et de l'aménager correctement n'a pas de sens », défend Harald Preuner.Un projet situé sur un site protégéCommandée par le nouveau maire et payée par la famille Porsche, une expertise a conclu que la somme de 40 000 euros pour le droit de servitude était appropriée. Mais celle-ci n'a pas calmé les oppositions, car ce projet pose des questions plus larges, estime Ingeborg Haller, cheffe de file des Verts au conseil municipal, à la tête de la fronde : « Ce projet est problématique d'abord parce que le Kapuzinerberg est une montagne urbaine qui est très importante pour le microclimat de la ville. C'est un site protégé et une oasis verte. Et puis c'est aussi une question d'égalité de traitement, car d'autres personnes vivent ici. Tout cela pose la question de savoir comment, en tant que ville, nous gérons notre propriété foncière. »À Salzbourg, tout le monde connaît la Villa Zweig et les avis sur ce projet de tunnel privé sont partagés. « Rénover cette maison coûte beaucoup d'argent, la ville n'a pas cet argent et presque personne ne peut se le permettre, à part lui. Alors s'il a besoin d'une voie d'accès, je ne vois pas de problème », balaie une habitante. Un autre se souvient qu'il y a quelques années, « il y avait l'idée de construire un tunnel public à travers le Kapuzinerberg, cela n'a pas été fait. Mais un tunnel privé pour rejoindre une maison, c'est possible. C'est comme s'il y avait les riches et le reste. »Une décision du conseil municipal est attendue en mai et à ce stade, elle reste incertaine. Si la gauche s'alliait, le projet pourrait bel et bien être retoqué.

    La politique d'immigration de Donald Trump sème la terreur chez les Latinos du Texas

    Play Episode Listen Later Apr 24, 2025 2:37


    Aux États-Unis, l'administration Trump poursuit sa politique d'expulsion à grande échelle. Des centaines de migrants accusés d'être membres de gangs ont ainsi été envoyés de manière expéditive dans une prison géante au Salvador. Partout dans le pays, les services de contrôle de l'immigration procèdent à des arrestations de migrants illégaux, d'autres voient leur statut de résident révoqué brutalement. À tel point qu'un climat de peur règne au sein de la communauté latino. Particulièrement au Texas où elle est très nombreuse. De notre correspondant à Houston,Devant l'université de Houston-Downtown, nous rencontrons Gladys, 21 ans dont 20 ans passés aux États-Unis. Mais elle n'a pas encore la nationalité puisqu'elle est née au Guatemala : « J'ai peur pour tous les sans-papiers. Ils vivent dans la peur. Les gens n'osent plus sortir dans la rue, quand on frappe à la porte, ils n'osent plus ouvrir de peur que ce soit la police de l'immigration. J'ai vu des gens emmener leur passeport ou la monnaie de leur pays d'origine sur eux au cas où ils se feraient expulser. » Et ces personnes planifient leur vie quotidienne comme s'ils pouvaient être expulsés à tout moment. « Oui, à tout moment », ajoute Gladys.Dans ce climat, on est surpris de la décontraction de Martin. « Je ne parle pas espagnol, lui pas très bien anglais, mais avec l'aide des mains, on arrive à se comprendre. » Cela fait 32 ans qu'il vend ses fruits et ses légumes sur ce marché de Houston, mais il n'a ni la nationalité américaine ni permis de résidence :«  Non, pas de carte verte. Je suis mexicain. Il n'y a pas de problème ! Ça fait 32 ans que je suis ici, et je n'ai jamais eu de problème avec les services de l'immigration. »À lire aussiLes États-Unis mettent fin au statut légal de plus de 500 000 étrangers et leur ordonnent de quitter le paysPeur d'être arrêté à tout momentSur le parking du marché, Maria remplit son coffre. Elle a trois enfants, trois garçons. Eux ont la nationalité américaine. Pas elle. Alors le simple fait de sortir faire des courses est une source d'angoisse : « J'ai très peur. On ne sait jamais ce qui peut se passer en cas de contrôle routier. C'est très effrayant. Imaginer que je puisse être détenue alors que mes enfants sont à l'école, c'est… ». Elle s'arrête un instant puis reprend : « Le beau-père de mon frère a été arrêté la semaine dernière avec d'autres membres de sa famille. Et on ne sait rien, on ne peut même pas leur rendre visite. Ils sont seuls et personne ne sait ce qui va leur arriver. »Les papiers de Gladys sont en règle alors, elle joue parfois les éclaireurs : « J'ai une amie mexicaine qui m'a appelée un jour pour me demander d'aller voir si ICE [les services de contrôle de l'immigration, NDLR] était près d'un magasin. Je suis allée voir et c'était vrai : il y avait quatre voitures des services de l'immigration ! Les gens couraient de peur d'être arrêtés et expulsés. J'ai prévenu mon amie, et comme son appartement se trouve juste derrière ce magasin, elle n'a pas osé sortir de la journée. Elle n'est même pas allée travailler ce jour-là. »À lire aussiÉtats-Unis: l'administration Trump prive des milliers d'immigrés de la sécurité sociale en les déclarant morts

    En Grèce, un festival radiophonique pour éduquer les jeunes européens aux médias et à l'information

    Play Episode Listen Later Apr 23, 2025 2:38


    La radio, outil ludique et pédagogique d'éducation aux médias et à l'information. C'est ce que propose depuis une dizaine d'années le réseau social éducatif European School Radio, installé dans les locaux de l'université internationale de Thessalonique en Grèce. Cette structure éducative vient d'organiser mi-avril un festival radiophonique destiné aux enfants et aux adolescents grecs, avec des jeunes venus de France, d'Allemagne ou encore de Chypre. Comment s'informent-ils ? Comment abordent-ils les fausses informations ? De notre envoyé spécial à Neos Marmaras,L'événement de cette mi-avril, c'est la soirée d'ouverture d'un festival radiophonique destiné aux jeunes qui regroupe près d'un millier de participants en Grèce. Jeunes Français, Allemands ou Grecs sont venus réaliser un podcast pour documenter, comme des apprentis journalistes, leur passage au festival, un projet baptisé Kids radio Europe. Casque sur les oreilles et enregistreur à la main, Jade, 16 ans, profite d'une excursion dans la forêt pour se fondre dans le rôle de reporter et capturer l'atmosphère sonore. Face à la multitude d'informations qui circulent sur les réseaux sociaux, l'adolescente se dit méfiante. « Quand j'entends ma sœur parler de ce qui a eu lieu, de ce qui s'est passé sur TikTok, j'ai tendance à aller sur Internet voir si c'est réel ou pas. C'est plus simple quand ça vient de médias officiels pour moi parce qu'il y a des gens derrière qui ont revérifié l'info », estime la jeune fille.Ses jeunes collègues grecs, Johanna, 16 ans, et Anna, 15 ans, affirment également la culture du doute. « Pour l'actualité, je m'informe bien sûr un peu via la télévision, mais surtout via Internet. Je consulte plusieurs sites pour être sûr que les informations soient fiables. Quand les journalistes grecs exagèrent, lorsqu'ils en font des tonnes, je ne leur fais pas confiance », raconte Johanna. « C'est principalement la télé que je suis les informations. Ici, à la télévision, je trouve que les journalistes exagèrent beaucoup. Ils rendent les sujets beaucoup trop dramatiques. Cela peut pousser les gens à croire ne sont pas vraies. Je pense que ça va être encore pire dans le futur avec l'intelligence artificielle. Nous, les jeunes, on l'utilise, mais elle peut aussi contenir de fausses informations », selon Anna.D'où l'intérêt pour leurs encadrants d'initier enfants et adolescents à l'univers de l'information. Myrto Stamelaki dirige ce projet européen d'éducation aux médias au sein de l'association les Francas. Elle en résume la mission éducative. « Comprendre comment fonctionne le monde des médias, comment on peut aller chercher une information, vérifier une source. Notre objectif principal, c'est développer l'esprit critique », explique-t-elle. L'initiation aux médias et à l'outil radio passe aussi par la dimension ludique. Laura, 12 ans, informe ses auditeurs des péripéties du séjour, via un carnet de voyage. Documenter le monde tel qu'il est et non tel qu'on voudrait qu'il soit. Voilà peut-être pour ces collégiens et lycéens européens l'une des leçons de ce festival radiophonique.À écouter aussiAppels sur l'actualité: semaine de la presse et des médias à l'école

    Erdogan cherche à criminaliser les minorités LGBT avec une loi répressive aux conséquences radicales

    Play Episode Listen Later Apr 22, 2025 2:33


    Il n'a peut-être jamais été aussi difficile d'être homosexuel, bisexuel ou transgenre en Turquie. Depuis plusieurs années, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan s'en prend directement et de plus en plus violemment aux ONG de défense des droits des LGBT. Les autorités turques, qui ont décrété 2025 « année de la famille », préparent actuellement une loi qui pourrait aboutir à la criminalisation de l'homosexualité dans l'espace public. De notre correspondante à Ankara,Le 13 janvier dernier, Recep Tayyip Erdogan présentait les priorités de son gouvernement pour « l'année de la famille » – c'est ainsi que le président turc a désigné l'année 2025. Le ton, l'intention et les cibles étaient claires. « À ce stade, nous le voyons de façon très nette. La cible principale des politiques de désexualisation dans lesquelles les LGBT sont utilisés comme un bélier est la famille. Cette anomalie, qu'ils ont d'abord voulu légitimer en parlant de choix personnels, s'est transformée en une injonction fasciste », a clamé le président turc. Qui parle aussi régulièrement de « pervers » et de « déviants » pour attaquer la communauté LGBT, qu'il compare à la peste.La Marche des fiertés, autrefois autorisée, est interdite depuis plus de dix ans, tout comme le drapeau arc-en-ciel. Mais en cette « année de la famille », le pouvoir veut aller plus loin. Un projet de loi en préparation prévoit entre autres de punir de un à trois ans de prison le fait « d'encourager ou de faire l'éloge en public d'attitude et de comportement contraire au sexe biologique de naissance et à la moralité publique ».Si le texte passe en l'état, les conséquences sur le quotidien des LGBT de Turquie seront radicales. « Si deux lesbiennes ou deux gays qui se tiennent la main dans la rue ou un individu de sexe biologique masculin qui porte une jupe ou se maquille, tout cela sera criminalisé, tout cela sera puni de prison », explique Kerem Dikmen, coordinateur du programme Droits de l'homme de l'ONG Kaos GL.Les minorités sexuelles de Turquie affrontent d'année en année un climat politique de plus en plus hostile et répressif. Ce climat n'est pas seulement lié à la montée, ailleurs en Europe et dans le monde, de gouvernements de droite, conservateurs et populistes. « Le fait que Donald Trump soit au pouvoir aux États-Unis ou Victor Orban en Hongrie arrange les affaires du pouvoir turc. Mais au-delà de cela, le pouvoir en Turquie a aussi son propre agenda politique. D'une part, en s'en prenant au mouvement LGBT comme au mouvement féministe, il offre des gages aux franges les plus radicales de son électorat et donc consolide sa base. D'autre part, il se sert des LGBT pour attaquer toute l'opposition, des partis d'opposition à la société civile, en usant de la polarisation », estime Abdullah Ikbal Arslanbas, avocat pour l'association 17 mai, une ONG LGBT basée à Ankara.Recep Tayyip Erdogan accuse notamment le Parti républicain du peuple (CHP), le parti du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, incarcéré le mois dernier, d'être pro LGBT. Dans le but de dénigrer la principale formation d'opposition aux yeux des Turcs conservateurs, qui ne votent pas tous pour le pouvoir en place.À lire aussiHongrie: Orban fait modifier la Constitution pour restreindre un peu plus les droits des LGBT+ À lire aussiTurquie: «Le pouvoir a commencé à s'attaquer aux lignes rouges de la communauté LGBT+»

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