Reportage International

Follow Reportage International
Share on
Copy link to clipboard

Chaque jour, l’illustration vivante et concrète d’un sujet d’actualité. Ambiance, documents, témoignages, récits en situation : les reporters de RFI présents sur le terrain décrivent le monde avec leur micro. Retrouvez les sujets traités par cette émission sur RFI SAVOIRS = http://savoirs.rfi.fr/

Rfi - Sarah Bakaloglou


    • Feb 7, 2025 LATEST EPISODE
    • daily NEW EPISODES
    • 2m AVG DURATION
    • 1,611 EPISODES


    Search for episodes from Reportage International with a specific topic:

    Latest episodes from Reportage International

    La nouvelle Syrie face au défi du déminage

    Play Episode Listen Later Feb 7, 2025 2:43


    En Syrie, les treize années de guerre ont laissé des traces : quelque 300 000 mines et engins explosifs sont disséminés à travers le pays. Depuis la chute du régime, au moins 144 personnes ont été tuées, selon Halo Trust, une organisation internationale spécialisée dans l'enlèvement des mines terrestres, notamment en raison du retour des déplacements. Des équipes de déminage ont commencé la lourde tâche de nettoyer le pays, mais manquent d'effectifs et de soutiens financiers. De notre envoyée spéciale dans la province de Homs, Chaque matin depuis deux mois et la chute du régime, le rituel d'Hassan Talfah est le même. Trouver le point de localisation de l'engin explosif, avant d'enfiler sa tenue, un casque à visière et une veste de protection : « Jusqu'à présent, nous n'avons pas eu d'accident, parce que nous sommes bien préparés. »Le risque est moindre pour ces démineurs de la Défense civile syrienne que pour les habitants du petit village de Buwaydah al-Sharqiyah, situé à 25 km au sud de Homs, longtemps en proie à la guerre. Les combats entre les rebelles et le régime de Bachar el-Assad ont ici, comme ailleurs, laissé leurs legs. Des maisons à terre, des murs criblés d'impacts de balle, et des champs chargés de mines et d'engins explosifs encore actifs.Dans la région, les accidents ont tué ou blessé entre 40 et 50 personnes en deux mois, explique Abdel, l'un des démineurs : « La plupart sont des enfants. Ils pensent que ces mines sont des jouets. Ils s'amusent avec et les font exploser. »À lire aussiMalgré le traité d'Ottawa, les mines antipersonnel font davantage de victimes chaque année« Je m'étonne qu'il y ait encore des mines ici »À l'aide d'un ruban, il balise un champ et d'une pioche, installe des panneaux de prévention. L'explosif est entouré de sacs de sable. Les habitants sont invités à rentrer chez eux. « Allez les gars, on perd du temps, s'exclame Hassan Talfah. Rentrez à l'intérieur, s'il vous plait, je ne peux rien faire exploser tant qu'il y a du monde dehors ! »Depuis sa maison, Houda regarde l'explosion. « J'ai peur pour mes enfants… Je m'étonne qu'il y ait encore des mines ici. Je suis revenue il y a dix jours. Juste avant, ils ont trouvé 35 petits obus en grappe dans mon jardin. Les gars du HTS [le groupe rebelle à l'initiative dans la chute du clan Assad, NDLR] ont enlevé ces 35 obus. Et heureusement, aucune explosion ne s'est produite suite à mon arrivée. » Depuis la chute du régime, avec le retour d'exil des familles et l'intensification des déplacements dans le pays, les accidents se multiplient. Face à l'ampleur de la tâche, la Défense civile syrienne manque de soutien. À Homs, ils sont sept à déminer, 130 dans tout le pays à travailler. Jamais le gouvernement n'a mis en place de programme de déminage. Les nouvelles autorités ne se sont pas encore prononcées.À lire aussiSyrie: Ahmed al-Charaa face à la difficile conciliation des attentes de ses partenairesDes mines qui explosent depuis le début de la guerreLe problème, pourtant, n'est pas récent. Les accidents liés aux engins explosifs datent du début de la guerre. Mahmoud est berger. Il a perdu sa femme et son frère en 2017 et sa jambe porte encore les marques de l'explosion : « Nous étions sur un petit chemin de terre, comme celui-ci. Nous allions rejoindre la route principale, mais après avoir parcouru 100 mètres, une mine a explosé sous notre voiture, se rappelle-t-il. Nous espérons que les choses s'amélioreront, que la Syrie sera totalement nettoyée. Mais malheureusement, nous n'oublierons jamais ce qu'il s'est passé. » Ahmad, son neveu, intervient. Le problème est loin d'être fini, dit-il. « Mon cousin a des moutons ici. Il y a deux semaines, une mine a explosé sur son passage alors qu'il allait les faire paître, raconte-t-il. Quelques jours plus tard, c'était un petit enfant. Il a jeté une pierre sur une mine et celle-ci a explosé. Heureusement, il n'a pas été tué. Mais il a été gravement blessé aux yeux. »Ici, tout le monde a une histoire à raconter. Des voisins, des amis, des enfants cibles de mines encore cachées. La guerre est peut-être terminée. Ses victimes, elles, n'ont pas fini d'être comptées.À lire aussiSyrie : après la chute de Bachar al-Assad, la difficile unification du pays

    En Slovaquie, de nouvelles manifestations contre le gouvernement de Robert Fico

    Play Episode Listen Later Feb 6, 2025 2:29


    Des dizaines de milliers de Slovaques s'apprêtent à descendre à nouveau dans la rue ce vendredi 7 février pour manifester contre le gouvernement de Robert Fico. Critiqué pour sa politique trop servile envers la Russie, le Premier ministre a déjà évoqué des menaces de coup d'État contre lui avec l'aide de l'étranger, dans ce pays frontalier de l'Ukraine.  De notre correspondant à Bratislava,Avec déjà 60 000 manifestants fin janvier dans la capitale slovaque, Marian Kulich estime qu'il faut mettre davantage de pression sur le pouvoir en place. Il fait partie de l'organisation Paix pour l'Ukraine, fondée il y a près de trois ans, juste après l'invasion russe : « En allant récemment à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine, notre Premier ministre a lancé une campagne contre Bruxelles, dénonce-t-il. Cela ne nous convient pas du tout, nos valeurs ne doivent pas être trahies pour la Russie. La Slovaquie est l'Europe : c'est le slogan de notre manifestation ». En allant jusqu'à évoquer — sans preuves concrètes — la menace d'un coup d'État fomenté contre le gouvernement, le Premier ministre slovaque Robert Fico et ses alliés d'extrême droite dénoncent des manœuvres de l'opposition progressiste, des médias et « des ONG financées par l'étranger ». Et ce, sur fond de crise avec les autorités ukrainiennes à propos des livraisons de gaz russe et de crise gouvernementale. « Le gouvernement ne dispose pas d'une grande majorité au Parlement et le Premier ministre doit mobiliser l'électorat, souligne le politologue Tomas Strazay. Je pense que sa rhétorique anti-ukrainienne et pro-russe est un moyen pour lui de mobiliser son électorat. » À lire aussiLe Premier ministre slovaque Robert Fico reçu par Vladimir Poutine pour parler du gaz russeUne société diviséeLa société slovaque est singulièrement divisée, comme en témoignent les résultats des récents scrutins. Pour Ingrid, retraitée mais toujours employée, il n'est pas question d'aller manifester aujourd'hui : « Je ne participerai pas. J'ai voté pour le parti Smer du Premier ministre et je considère qu'il veut s'assurer qu'on ait du gaz, défend-elle. Moi, j'ai 63 ans et je dois continuer de travailler même si je suis à la retraite pour pouvoir payer mes factures et mes courses, à cause de l'inflation. Et ça ne me plaît pas. » Psychologue sociale et trentenaire, Veronika, en revanche, compte bien venir au rassemblement contre Robert Fico et son gouvernement : « Il nuit à l'image de la Slovaquie à l'étranger et au sein de l'Union européenne, en s'alliant aussi avec le Hongrois Viktor Orban. C'est difficile avec mes proches, avec mes parents par exemple qui votent pour Fico et pour le président Pellegrini, comme mes amis qui habitent dans l'est de la Slovaquie. Je vois les choses différemment et c'est comme si chacun avait sa vérité. »Organisées dans la capitale et de nombreuses autres villes de Slovaquie, les manifestations du jour pourraient fragiliser encore un peu plus la coalition gouvernementale en place depuis un an et demi.  À lire aussiLa Slovaquie se tourne vers TurkStream pour l'approvisionnement en gaz russe

    Le Kosovo à la veille d'élections législatives: un modèle démocratique au sud-est de l'Europe?

    Play Episode Listen Later Feb 5, 2025 2:33


    Un peu partout en Europe, les démocraties sont confrontées à une crise de confiance et au populisme. Dans le sud-est de la région, beaucoup de pays candidats à l'Union européenne font du surplace dans leurs réformes. Un pays se distingue avec de réelles avancées démocratiques : le Kosovo. 26 ans après la guerre avec la Serbie, ce petit pays très jeune est le seul de la région à tenir des élections apaisées, entièrement libres et transparentes, et ce devrait être encore le cas avec les législatives de ce dimanche 9 février. Un reportage à Gjakova à retrouver en entier dans le podcast d'Accents d'Europe.À lire aussiLe Kosovo ferme dix municipalités serbes, Belgrade dénonce une «escalade»

    Aux Philippines, les cours d'éducation sexuelle font polémique

    Play Episode Listen Later Feb 4, 2025 2:30


    Depuis deux semaines, une coalition d'une dizaine de groupes catholiques a créé le Projet Dalisay aux Philippines. Son but : lutter contre un projet de loi contre les grossesses précoces, qui implique la mise en place de plusieurs mesures sur l'éducation sexuelle. Sur les réseaux sociaux, le Projet Dalisay diffuse des vidéos de désinformations désormais devenues virales. Même le président Marcos a été convaincu : il a annoncé vouloir opposer son veto à la loi. Un coup de massue pour ceux qui se battent pour les droits des femmes et des enfants aux Philippines. Un reportage de Nemo Lecoq-Jammes, qui s'est rendue à Tondo, le district le plus pauvre de Manille, où l'association Likhaan lutte contre le fléau croissant des grossesses précoces.  À lire aussiLes Philippines portent la majorité sexuelle à 16 ans, une grande avancée pour les mineurs

    Vu d'Australie, champion du libre-échange, la guerre économique de Trump suscite l'interrogation

    Play Episode Listen Later Feb 3, 2025 2:40


    La plupart des économistes sur place estiment que l'Australie saura faire valoir ce statut d'allié stratégique pour éviter d'être directement sanctionné. Mais redoutent que la hausse massive des droits de douane promise par Donald Trump sur les exportations venues de Chine, le principal partenaire commercial de l'Australie, aura indirectement des conséquences lourdes sur l'économie de l'île-continent. De notre correspondant à Canberra,Protéger le marché américain de la concurrence étrangère, en rendant artificiellement les produits venus d'ailleurs plus chers, c'est la promesse formulée par Donald Trump tout au long de sa campagne victorieuse. « Le mot droit de douane, c'est le plus beau mot dans le dictionnaire. Il va rendre notre pays riche », s'est-il exclamé. Un discours aux antipodes de celui porté par le gouvernement australien, qui se présente pour sa part comme un champion du libre échange.Mais malgré ces divergences de vue, l'économiste Richard Holden, de l'université de Nouvelle-Galles du Sud, et comme nombre de ses collègues, pense que l'Australie a de bons arguments pour échapper à de nouvelles barrières douanières. « Je crois que l'Australie est bien placée pour les éviter. Nous sommes un allié proche et assez important des États-Unis dans le Pacifique. Qui plus est, Donald Trump laisse entendre que le pacte Aukus va être maintenu, ce qui veut dire que nous allons devenir un allié militaire encore plus important pour les États-Unis. Et mettre en difficulté un allié de cette nature, ce n'est pas une très bonne idée. L'autre point important à souligner, c'est que la balance commerciale des États-Unis est excédentaire avec l'Australie », explique-t-il.En revanche, il est beaucoup moins optimiste concernant la Chine, avec qui Donald Trump a déjà mené une guerre commerciale lors de son premier mandat. Or, la Chine est aussi le premier partenaire commercial de l'Australie. Elle y a écoulé en 2023 plus de 130 milliards d'euros de marchandises, soit près du tiers de toutes ses exportations. « Des droits de douane massifs appauvriraient la Chine, à un point qu'ils ne seraient plus disposés, ou plus capables d'acheter nos produits agricoles haut de gamme, par exemple les homards, le bœuf wagyu ou nos vins les plus onéreux. Et cela nous ferait mal » redoute-t-il.Un point de vue partagé par Medo Pournader, de la faculté d'économie de l'université de Melbourne. Mais elle veut croire que l'Australie, malgré un protectionnisme américain a priori défavorable à son économie, pourrait tirer son épingle du jeu. « Ce n'est pas que du sang et des larmes, il y a peut-être même de belles opportunités pour l'Australie. Je crois que nous devons négocier avec les États-Unis pour éviter des droits de douane. Ou, a minima, qu'ils soient moins élevés que pour d'autres pays, ce qui nous permettrait d'exporter davantage de produits australiens aux États-Unis », espère-t-elle. Face à un président américain qui place les relations personnelles au-dessus de tout, tout dépendra de la capacité d'Anthony Albanese, le Premier ministre australien, à le séduire.À lire aussiLes États-Unis suspendent pour un mois leurs tarifs douaniers avec le Mexique et le Canada

    Comment Madrid est devenue une nouvelle capitale latino-américaine

    Play Episode Listen Later Feb 2, 2025 2:34


    Madrid, nouvelle capitale des Latino-Américains. Ils étaient 80 000 il y a 20 ans, ils sont aujourd'hui plus d'un million. Poussés par les crises économiques ou politiques, les immigrés sud-américains ont fait de la capitale espagnole un lieu de refuge. Ils représentent désormais 14% de ses habitants, une présence visible dans tous les quartiers de la ville. De notre correspondante à Madrid,En Espagne, dans son salon d'esthétique situé dans le quartier huppé de la capitale, Annabelle a parfois l'impression d'être dans sa Caracas natale. Cette Vénézuélienne de 42 ans s'est entourée d'employés qui, pour la plupart, viennent de son pays. « Avant, j'avais beaucoup d'élèves espagnols, mais maintenant ce sont toutes des latinas. C'est incroyable le nombre de filles d'Amérique latine qui débarquent. Elles viennent de Colombie, du Venezuela, du Brésil, de toute l'Amérique du Sud. Elles cherchent une opportunité de travail et un salaire pour survivre et avoir rapidement leurs papiers. Suivre un cours d'esthétique, c'est une façon facile d'aller de l'avant, d'être indépendante financièrement et d'avoir une stabilité, car la majorité d'entre elles sont des femmes seules ou des mères de famille », explique-t-elle.Annabelle est arrivée à Madrid en 2018. Elle fait partie de ces migrantes latino-américaines qui affichent leur réussite professionnelle en Espagne. Sa « success story », elle la partage avec les jeunes filles latino-américaines qui débarquent tout juste à Madrid et à qui elle vient en aide en proposant des formations de manucure à moitié prix.Sofia, âgée tout juste de 24 ans, a débarqué en Espagne il y a à peine quatre mois. Assise à une table, cette Vénézuélienne apprend à poser de faux ongles recouverts de paillettes. « Dans mon pays, je ne pouvais trouver aucun travail. La délinquance, c'est horrible. Là-bas, il y a des endroits où seulement pour un regard, on te dépouille. Si tu as une petite boutique, tu dois constamment la surveiller pour ne pas être volée. Sans parler de l'inflation, des taxes ou des loyers très élevés », raconte-t-elle.La qualité de vie et la sécurité sont les principaux motifs qui poussent aussi ces dernières années des milliers de Latino-Américains de la classe moyenne ou aisée à traverser l'Atlantique. Sarah, mexicaine et mère de deux enfants, est venue avec son époux s'installer en Espagne juste après la pandémie. « Les États-Unis n'ont jamais été une option. Ici, nous avons des racines en commun avec l'Espagne. Et en plus, mon époux peut faire valoir que ses grands-parents étaient asturiens, ce qui lui a permis d'obtenir la nationalité espagnole. On a du coup une certaine connexion avec le pays », se réjouit-elle. Comme de nombreux Latino-Américains, Sarah espère obtenir la nationalité espagnole au terme de deux ans de résidence légale en Espagne. La loi permet de solliciter la nationalité à certaines communautés d'Amérique latine.À lire aussiEspagne: grâce à un accord avec les séparatistes catalans, Pedro Sanchez fait passer des mesures sociales

    Entre le Chili et le Pérou, le «Pisco Sour», le cocktail de la discorde

    Play Episode Listen Later Feb 1, 2025 2:27


    Chaque premier samedi de février, on célèbre le jour du Pisco Sour. Un cocktail à base d'une eau-de-vie, le pisco, une distillation de vin blanc, dont la paternité est âprement discutée entre le Pérou et le Chili. RFI a tenté de déterminer l'origine de cet alcool, à l'origine d'une querelle qui remonte au début du XXe siècle. De notre correspondante à Santiago,Il faut bien l'avouer : c'est le Chili qui a mis de l'eau sur le feu en revendiquant le premier la paternité du pisco, en 1931. Depuis, c'est la guerre avec le Pérou, chacun revendiquant le label « appellation d'origine ».  La discorde a été ravivée en décembre dernier, puisque l'Unesco a certifié l'authenticité d'un ensemble de manuscrits péruviens qui attestent la production et la commercialisation de pisco entre 1587 et 1613. C'est la preuve la plus ancienne, à ce jour, qui établirait donc l'origine de cette eau-de-vie au Pérou.Mais dans les rues de Santiago, quand on demande d'où vient le pisco, la réponse est immédiate. Eduardo, chilien et manifestement chauvin concernant cette question, nous confie les secrets de sa recette de Pisco Sour. « Ce n'est pas le citron habituel, le citron banal, il faut des citrons plus petits, qu'on appelle ici le Limon de Pica. Et bien sûr, un bon pisco, moi, j'utilise du chilien », détaille-t-il. À proximité, Horacio, d'ailleurs en pleine dégustation d'un Pisco Sour, n'est pas d'accord. « Le pisco péruvien, il est plus doux, donc pour un Pisco Sour, il est plus agréable. Notre pisco chilien, il est plus puissant, pour ainsi dire », estime-t-il.Dans le quartier très touristique de Lastarria, si on veut boire un Pisco Sour, ce sera au restaurant Chipe Libre. Celui-ci est géré par un Français, Jérôme, installé au Chili depuis 26 ans, qui pourrait bien avoir trouvé la réponse à cette discorde chilo-péruvienne. « C'est le "chi" de Chili et le "pé" de Pérou. L'idée de "Chipe Libre", c'est que le pisco en a eu assez. Il en a eu marre de ces batailles, donc il a fait sa révolution. Il a annexé le sud du Pérou et le nord du Chili et il a créé sa propre République », imagine-t-il. Chaque pays a du bon pisco, mais avec quelques différences. « Par exemple, au Chili, on passe le pisco dans des barriques de bois, au Pérou, le bois est interdit. On ne travaille pas non plus les mêmes raisins », explique ce spécialiste de la question.Si cette querelle est bien sûr culturelle et gastronomique, l'enjeu est aussi économique. Pour le Chili, les exportations de pisco rapportent presque 3 millions d'euros. Pour le Pérou, cela grimpe à près de 7 millions. Depuis son restaurant indépendantiste, Jérôme regrette que les deux pays n'unissent pas plus leurs forces pour faire connaître cet alcool au-delà de leurs frontières. « Malheureusement, aujourd'hui, ce qui bloque le développement du pisco, c'est cette guerre ridicule entre le Pérou et le Chili. Ils dépensent leurs budgets dans des procès et des avocats », déplore-t-il. Aujourd'hui, la majorité des exportations des deux pays se font vers les États-Unis, le Japon et l'Espagne. Alors, à savoir tout de même, si vous en trouvez en France : le pisco pur, péruvien ou chilien, c'est entre 30 et 45°C d'alcool.  À lire aussiLe Chili, l'autre pays du vin

    Canada: les entreprises québécoises face aux droits de douane américains

    Play Episode Listen Later Feb 1, 2025 2:33


    Après des mois de suspense, le président américain met sa menace à exécution en promettant d'imposer dès aujourd'hui des droits douaniers de 25% sur les marchandises en provenance du Mexique et du Canada. Côté canadien, Donald Trump cible particulièrement les secteurs de l'aluminium, du cuivre et de l'acier. Des tarifs sur le pétrole pourraient venir un peu plus tard. Pour l'instant, le Canada réserve sa réponse. Mais déjà les entreprises exportatrices s'interrogent sur leur avenir… Beauce Atlas, l'usine de poutre d'acier de Nicolas Blais, se situe seulement à une heure de la frontière américaine, au Québec. Dès les premières annonces de Donald Trump sur la possibilité d'une hausse des droits de douane, l'entrepreneur a mis les bouchées doubles pour expédier le plus de charpentes métalliques possibles chez ses clients aux États-Unis.Confrontée à de possibles droits de douane de 25% sur ses ventes, l'entrepreneur compte sur la fidélité de ses clients américains. « On a quand même un produit qui est très abordable à cause du taux de change. On a une proximité aussi avec eux depuis les 15 ans, 20 ans que nous sommes là. Donc, ils veulent entretenir les relations pour nous conserver comme sous-traitants. Eux, ils sont prêts à assumer les droits de douane. Il y a tout de même 50% de risques avec les autres clients qui ne veulent pas payer ces tarifs-là », analyse-t-il.Nicolas Blais espère que le Canada va pouvoir négocier des tarifs à la baisse avec son puissant voisin : « Actuellement, on n'est pas en mode urgence. On pense que c'est uniquement un levier de négociation. On a vécu des crises économiques par le passé, on a vécu des droits de douane en 2019, de l'ordre de 10% pendant neuf mois. Finalement, ils ont été retirés. Ça nous a été remboursé. On croit vraiment fermement que c'est la même chose qui va se passer actuellement. Du moins, on l'espère. »À 80 km de là, un autre entrepreneur, vit lui aussi avec les conséquences des droits douaniers. Julien Veilleux, de l'entreprise Rotobec, fabrique de grandes pinces mécaniques dans une usine au Québec et dans deux usines américaines. Il y a quelques mois, il a décidé de déménager une partie de sa production québécoise. « Toutes mes pinces forestières étaient faites à Sainte-Justine. Cela va être délocalisé aux États-Unis parce que 100% de ce chiffre d'affaires là est américain. Si les droits de douane continuent, il faudra continuer le projet de délocalisation. C'est malheureusement là-dessus que l'on travaille présentement. Pour le Canada, ce ne sont pas de bonnes nouvelles, puisque moi, j'avais quand même de la place pour y faire de la croissance. Mais je vais être obligé de la faire aux États-Unis », regrette-t-il.Face à l'imposition de ces droits douaniers, le Premier ministre canadien Justin Trudeau se veut rassurant. « Nous allons aussi réagir. Notre réponse est prête. Une réponse déterminée, énergique, mais raisonnable et immédiate. Nous allons veiller sur les Canadiens, sur les propriétaires d'entreprises et les gens à travers le monde qui considèrent le Canada comme un partenaire clé », a-t-il déclaré. On devrait savoir d'ici peu comment le Canada va mener la guerre commerciale qui s'amorce avec un pays où sont envoyés 75% de ses exportations. À lire aussiDonald Trump lance la guerre commerciale contre le Canada, le Mexique et la Chine

    Pour les Kurdes syriens réfugiés au Kurdistan irakien, l'impossible retour?

    Play Episode Listen Later Jan 30, 2025 2:41


    Le retour chez eux est-il possible pour les Kurdes de Syrie réfugiés au Kurdistan irakien voisin ? Ils sont 300 000 à y vivre depuis plus de dix ans, dans des camps pour la plupart. Soulagés par la chute du régime de Bachar el-Assad, ces réfugiés sont néanmoins inquiets de la place qui sera faite aux Kurdes dans une Syrie en gestation. Tandis que des tractations politiques intenses ont lieu pour définir les contours que pourrait y prendre l'autonomie kurde. Ayaz, 29 ans, fait défiler les pages d'un album qu'il garde précieusement au fond d'une armoire. « Ce sont nos photos de famille. Ces albums sont les souvenirs qui nous restent de la Syrie et que nous avons pu emporter avec nous. C'est la seule chose qui nous relie à la Syrie. Avec la guerre, il y avait deux options : devenir un meurtrier ou bien se faire tuer. J'ai pris la meilleure décision ou en tout cas la plus sûre, celle de quitter la Syrie. »Son exode le conduit de l'autre côté de la frontière, dans le camp de réfugiés de Kawergosk, au Kurdistan irakien. Dix ans ont passé et les tentes de plastique ont laissé place à des maisons de parpaings. Si les 1 800 familles kurdes syriennes qui vivent là ont célébré la chute du régime de Bachar el-Assad le 8 décembre dernier, aucune ne s'est empressée de prendre le chemin du retour. « Bien sûr que je vais rentrer, nous n'allons pas rester ici. Mais pour l'instant, la situation est trop mauvaise en Syrie, explique Ayaz. Je ne veux y retourner que si l'on construit un État civil et décentralisé, qui protège les droits de toutes les communautés syriennes, c'est-à-dire des Kurdes et de toutes les autres minorités. Il faut une protection constitutionnelle de nos droits, qui ne soit pas seulement des mots, mais qui se traduisent par des faits. »Ces attentes sont largement partagées par ces réfugiés. Mais pour les faire entendre aux nouvelles autorités à Damas, les factions politiques kurdes doivent afficher un front uni. Or, les habitants du camp ne se sentent pas représentés par les milices au pouvoir au Kurdistan syrien, réputées proches du Parti des travailleurs du Kurdistan, en guerre contre la Turquie.Accoudé à son échoppe de vêtements, Alan-Walid a justement quitté la Syrie à 14 ans, de peur d'être enrôlé contre son gré. « Dans les régions kurdes de Syrie, le parti politique en charge opère un recrutement forcé. Mais nous ne souhaitons pas nous battre pour un parti politique ou une idéologie. Nous souhaitons nous battre pour les Kurdes. Si les parties parviennent à s'unir, alors nous rentrerons nous battre pour la cause kurde, pour le Rojava », clame-t-il.Depuis plusieurs jours, les promesses de discussions vont bon train entre ces milices qui administrent le Kurdistan syrien et l'opposition, principalement exilée, en Irak. Cependant, pour cette jeune femme croisée dans l'allée principale du camp, ces négociations ne suffiront pas à la faire rentrer chez elle. « Si nous retournons en Syrie, nous n'aurons plus rien. Nous finirons à la rue. Ici, au moins, nous possédons une maison, nous vivons au jour le jour. Je sais qu'il faudrait encore dix ans à la Syrie pour se reconstruire et revenir à la situation antérieure à la guerre. Et peut-être que ça n'arrivera jamais », soupire-t-elle.Au-delà de ces tractations politiques fragiles, les bombardements turcs et les combats entre les forces kurdes syriennes et les mercenaires soutenus par la Turquie se poursuivent. La situation sécuritaire reste trop instable pour permettre aux réfugiés de Kawergosk d'envisager un retour.À lire aussiSyrie: les civils pris en étau par les affrontements entre les forces kurdes et les pro-turcs

    Cinq ans après le Brexit, un bilan mitigé pour les agriculteurs

    Play Episode Listen Later Jan 29, 2025 2:34


    Cela fait cinq ans que le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne. Le 31 janvier 2020, une période de transition s'ouvrait pour faciliter le passage, mais les Britanniques n'étaient déjà plus citoyens de l'UE. En 2016, ils avaient voté en majorité pour le Brexit, et le milieu agricole comptait parmi les fervents partisans de la sortie. Cinq ans plus tard, le bilan est mitigé. Cela fait cinq ans que la cloche du Big Ben, au Parlement de Westminster, a retenti. À 23h, elle annonçait la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Cette cloche-là, c'est celle qui annonce le début des enchères aux moutons du marché de Melton Mowbray. Richard est présent ce matin, bien qu'il n'ait pas de moutons à vendre cette fois-ci. Cet éleveur apprécie l'ambiance du marché.« On nous avait dit qu'avec le Brexit, les prix allaient chuter et que l'agneau britannique n'aurait plus de demande à cause des droits de douane. Mais c'est tout le contraire. La demande est là, et aucune taxe n'a été imposée sur l'agneau britannique, pour l'instant en tout cas. La demande la plus forte vient du Moyen-Orient, d'Arabie saoudite, d'Israël et de Turquie. Hors Union européenne. Mais également plus près de nous, d'Espagne et d'Italie et de France. Et puisque ces clients avaient une relation commerciale avec nous avant le Brexit, ils continueront cette relation après le Brexit ».Un avis, qui n'est pas partagé par tousAndrew Wheeler, cultivateur de céréales à quelques kilomètres de là, a stocké toute sa récolte dans son entrepôt. Lui aussi avait voté pour la sortie de l'Union européenne en 2016. « J'ai voté en faveur du Brexit pour quitter l'UE pour un certain nombre de raisons. Mais c'est probablement mon cœur qui l'a emporté sur ma tête. L'une des raisons pour lesquelles je voterais différemment aujourd'hui, c'est que je vois que notre gouvernement ne s'intéresse pas à l'agriculture. Lorsque nous étions membres de l'Union européenne, il ne fait aucun doute que la pression exercée par les agriculteurs, surtout les français, avait de l'impact à Bruxelles. L'UE avait peur, elle a toujours peur, des agriculteurs. Ce n'est pas le cas du gouvernement britannique ».À lire aussiAu Royaume-Uni, les agriculteurs manifestent contre un projet de taxe sur la successionLe principal syndicat de fermier britannique, le NFU, tient une permanence au marché de Melton Mowbray. James Haddon, son représentant local, reçoit de nombreuses plaintes, notamment de la part des producteurs de fruits et légumes, qui peinent à recruter la main-d'œuvre saisonnière venue d'Europe de l'Est avant le Brexit.« Vous travaillez toute l'année pour avoir une récolte et vous n'êtes pas en mesure de la faire. C'est pourquoi la NFU souhaiterait un plan stratégique quinquennal pour les travailleurs saisonniers. Pour qu'ils puissent venir en nombre raisonnable, donc sans plafond arbitraire, afin que tous les aliments cultivés puissent être récoltés avec succès ».Le gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir en juillet, veut revoir et améliorer la relation entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Mais il reste catégorique : un retour à la liberté de mouvement est exclu.À écouter aussiLes défis du Royaume-Uni, cinq ans après le Brexit

    Accord UE-Mercosur: les attentes des éleveurs de bétail argentins au marché Cañuelas

    Play Episode Listen Later Jan 28, 2025 2:30


    « Non au Mercosur ! » L'Assemblée nationale française résonnera d'oppositions fermes contre l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). À l'initiative du Parti socialiste, les députés examineront une résolution visant à rejeter cet accord, qui divise profondément les 27 États membres de l'UE. La France, préoccupée par l'impact sur sa filière agricole, s'y oppose fermement, aux côtés de la Pologne. D'autres pays, comme l'Italie, adoptent une position plus nuancée, tandis que l'Allemagne se montre clairement favorable à l'accord. Outre-Atlantique, la filière bovine espère une issue positive après 25 ans de négociations, voyant dans cet accord une opportunité économique majeure. Reportage de notre correspondant au plus grand marché de bétail d'Argentine, le marché de Cañuelas.  À lire aussiMercosur, un accord est-il inévitable ?

    Pourquoi le Groenland intéresse Trump?

    Play Episode Listen Later Jan 27, 2025 2:26


    Donald Trump a déclaré que la propriété et le contrôle américain du Groenland étaient essentiels à la sécurité nationale. L'île Arctique occupe en effet une position géopolitique unique. Le réchauffement climatique est en train d'ouvrir de nouvelles routes maritimes et la fonte des glaces dévoile petit à petit les trésors de son sous-sol, minerais critiques et terres rares. De notre correspondante à Nuuk,Quand on survole le Groenland en avion, on aperçoit des étendues de glace à l'infini. Et pour cause : une gigantesque calotte glaciaire recouvre 80% du territoire. Alors que peut bien vouloir Trump de cette immense terre gelée ? Qupanuk, inuite et ingénieure minière de l'île Arctique a son explication : « La raison pour laquelle il dit qu'il veut acheter le Groenland et que son fils visite le Groenland, c'est juste pour montrer qu'il est là, c'est juste une manière politique et tactique d'éloigner la Chine et la Russie du Groenland en déclarant "Je suis ici, c'est mon territoire" ». Donald Trump le sait bien, sous ces épaisses couches de neige et de glace repose un petit trésor géologique sur le point d'être révélé au grand jour, car au Groenland, la glace fond aujourd'hui six fois plus vite que dans les années 1980. « Nous avons beaucoup de minéraux, le Groenland est comme un paradis pour les géologues, nous avons des terres rares, nous avons de l'or, nous avons du fer, nous avons des diamants, des rubis, du titane, du zinc, du plomb… Sérieusement, nous avons de tout ».À écouter aussiImage carrée Reportage international Groenland: Trump, l'allié improbable des indépendantistesCe jour-là, une journée portes ouvertes se tient à l'Institut des ressources naturelles du Groenland. Les habitants viennent en famille pour découvrir et en apprendre davantage sur les ressources de leurs terres. Beaucoup veulent parler avec Majken Djurhuus Poulsen, première géologue groenlandaise. Devant elle, des dizaines de roches différentes sont exposées. Elle en pioche une multicolore. « Ça, c'est une terre rare par exemple. Elle vient d'un des plus gros gisements que nous possédons dans le sud du Groenland. C'est même l'un des plus grands au monde ». Ce minéral est indispensable à la transition écologique enclenchée par de nombreux pays dans le monde. Il est utilisé dans la fabrication de toutes sortes d'appareils électroniques de notre quotidien, notamment les fameuses voitures électriques d'Elon Musk.Le Groenland, terre gelée, devient une terre de conquêteAu centre de recherche sur l'Arctique, ce jour-là, on trouve aussi Pénélope Ruth How, glaciologue et climatologue. Devant elle, une carte du Groenland sur laquelle elle pointe la face nord-ouest du territoire. C'est cette zone précise qui intéresse également Donald Trump. Avec la fonte des glaces, ce passage au nord du Canada, infranchissable il y a quelques années, commence à devenir accessible durant la courte période de l'été, entre fin juillet et mi-septembre. « Ça ouvre beaucoup de possibilités, mais remet aussi en cause la sécurité dans l'Arctique ».La Russie et la Chine manifestent un intérêt croissant pour l'Arctique. Les deux pays y construisent des infrastructures et investissent dans des projets miniers. Contrôler ce nouveau passage maritime ainsi que le territoire tout entier serait donc un moyen pour les États-Unis de contrer ces deux grandes puissances. Un moyen aussi d'assurer ses arrières militaires et de protéger la base américaine de Thulé, cruciale pour la surveillance et haut lieu de sécurité, avec des systèmes de défense antimissile. À lire aussiDonald Trump veut-il sérieusement rattacher le Groenland aux États-Unis?

    Pologne: Dorota, la guide de Auschwitz

    Play Episode Listen Later Jan 26, 2025 2:33


    C'est devenu le site touristique le plus visité de Pologne. Le camp d'Auschwitz-Birkenau accueille chaque année près de deux millions de visiteurs, venus découvrir ce qui demeure le symbole de la Shoah. Un pèlerinage rendu possible grâce à une équipe de guides au métier hors du commun, qui ont fait de la transmission de l'histoire de la Shoah leur métier. De notre envoyé spécial à Auschwitz,« Cette partie est devenue le secteur des femmes, et vous connaissez au moins un témoignage d'ici. Le témoignage de madame Simone. »Au cours de ses 27 ans de carrière, Dorota a guidé plusieurs milliers de touristes au cœur du tristement célèbre camp d'Auschwitz-Birkenau. Chaque jour, elle enchaîne des visites de trois heures et demie, en répétant inlassablement l'horreur de la Shoah face aux visiteurs. « Parfois, il y a des journées difficiles. Imaginez quelqu'un qui a perdu toute la famille ici, il y a beaucoup de mauvaises émotions qui se retrouvent sur nos épaules. Alors après une telle visite, on a besoin de temps pour se détacher de ce lieu, de ce sujet. Je pense que tout le monde ne pourrait pas être guide ici, et enseigner aux visiteurs et rester longtemps ici. »À écouter aussiAnniversaire de la libération du camp d'Auschwitz: comment la Shoah est-elle enseignée?Un public de moins en moins sensibiliséAvec le temps, elle a vu évoluer non seulement le profil, mais aussi le comportement des visiteurs. Face à un public parfois moins respectueux de l'histoire de l'Holocauste, elle reconnaît que les guides ont dû adapter leur discours jusqu'à déborder de leur fonction première. « La fonction des guides a évolué, nous sommes parfois enseignants, parfois psychologues, pédagogues. Mais nous sommes aussi là pour protéger le site, pour dire que tel ou tel comportement est incorrect, pour parler du respect, ou pour réprimander des gens qui font des choses à ne pas faire ici. »Au total, le musée compte 320 guides venus de tous horizons qui animent des visites dans vingt langues différentes. Âgés de 25 à 70 ans, les collègues de Dorota sont tous des passionnés d'histoire dont certains ont un autre travail à côté. Tomasz Michaldo, en charge de leur recrutement, leur impose les jalons de la visite, tout en leur laissant la possibilité de la personnaliser.Tomasz lui-même s'efforce d'ailleurs de raconter celles des survivants qu'il a rencontrés en personne, et dont certains ont disparu aujourd'hui : « C'est sûr qu'être guide à Auschwitz, ça n'est pas un travail classique que n'importe qui pourrait faire. Mais il me semble qu'il n'y a pas un seul bon moyen universel pour gérer l'expérience que constituent ces visites. Je dirais que 5 à 6% de ceux qui commencent à travailler avec nous finissent par démissionner. »En cause, une charge émotionnelle trop intense pour les moins aguerris. Fort de quinze ans d'expérience, Tomasz se fait un devoir de transmettre cette histoire, dont il ne restera bientôt plus aucun témoin.À lire aussiCommémorations d'Auschwitz: vives critiques suite à la décision polonaise sur les dirigeants israéliens

    Chemnitz, capitale européenne de la culture: un regard vers l'avenir

    Play Episode Listen Later Jan 25, 2025 2:33


    Chemnitz en Saxe dans l'Est de l'Allemagne est depuis quelques jours capitale européenne de la culture pour 2025. La ville a organisé pour les douze prochains mois un programme ambitieux de manifestations avec les communes de la région pour faire mieux connaître une partie de l'Allemagne peu connue et dont la réputation n'est pas la meilleure. « Chemnitz, capitale européenne de la culture 2025, est lancée ». Sur la scène, devant l'énorme tête de Karl Marx qui a donné son nom à la ville sous la RDA communiste, le président Steinmeier donnait il y a une semaine le coup d'envoi d'une année de festivités avec 225 projets et 1 000 événements à Chemnitz et dans les 38 communes de la région. Ce titre de capitale européenne de la culture pour Chemnitz, décroché en 2020, n'allait pas de soi, comme se le rappelle Martin Bauch : « C'était une grande surprise. À côté des autres grandes villes qui ont candidaté, on ne s'est pas attendu à ça. Ça peut vraiment donner un coup de pouce pour que l'on puisse être plus fier de notre ville ». Il est vrai que Chemnitz n'était pas favorite. La ville au riche passé industriel, autrefois baptisée le « Manchester saxon », vit aujourd'hui dans l'ombre de ses voisines, Dresde et Leipzig. Détruite à 80% durant la guerre, le régime est-allemand y a construit une ville nouvelle, avec des tours et des barres peu glamours, rebaptisée Karl-Marx-Stadt.À lire aussiAllemagne: Chemnitz, capitale européenne de la culture 2025, veut changer d'imageUne ville anti-migrantsChemnitz avait été le théâtre d'une chasse aux migrants en 2018 dont l'écho médiatique négatif avait été mondial. Khaldun Al Saadi participe au projet de centre de documentation sur les crimes du groupe néo-nazi NSU qui doit ouvrir en mai à Chemnitz : « La ville a montré qu'elle est prête à se confronter à l'extrémisme de droite. Cela nous donne du courage, car il y a aussi ici des personnes qui voient ça différemment ».À écouter aussiA Chemnitz, l'extrême droite maintient la tensionL'extrême-droite rejette ce projet Dans un discours de l'extrême-droite qui manifestait le week-end dernier, elles réclament : « Ce sont des projets soutenus avec 100 millions d'euros. C'est de l'argent dont on nous prive. C'est une honte ». 35 ans après la réunification, Chemnitz veut se donner une nouvelle image, se faire mieux connaître et reconnaître, redonner confiance à une population qui a subi des transformations difficiles depuis la chute du mur. Le week-end dernier, l'heure était à la fête : « Nous sommes heureux d'être capitale européenne de la culture. C'est un bel événement. C'est sympa que Chemnitz donne une image positive au lieu d'infos négatives ». À écouter aussiExtrême droite, récession : les grandes peurs allemandes

    Basket: la NBA, un rêve américain pas si inaccessible pour les supporters français

    Play Episode Listen Later Jan 24, 2025 2:29


    C'est l'un des événements sportifs de ce début d'année en France et en Europe. La plus grande ligue de basket a délocalisé deux rencontres régulières à Paris. Pour assister à l'un des deux matchs, les 16 000 spectateurs de l'Accor Arena ont dû casser leur tirelire : environ 350 euros la place en moyenne. Un prix inaccessible pour la plupart des passionnés de basket américain, qui sont en revanche de plus en plus connectés aux contenus proposés par la National basket-ball association (NBA). Chaque jeudi soir, après l'entraînement, les joueurs d'un petit club de basket-ball de l'est parisien se retrouvent autour d'un verre. Cette semaine, le planning n'a pas changé : ils n'assisteront pas à la rencontre des San Antonio Spurs contre les Indiana Pacers, une des deux affiches de saison régulière de NBA exceptionnellement délocalisées en France. Tous confient avoir espéré une offre plus accessible. « Ils auraient au moins pu faire quelque chose pour les licenciés de la fédération de basket », regrette l'un d'entre eux.Ces deux matchs de NBA offrent aux spectateurs européens des horaires plus confortables pour suivre ces rencontres. Car c'est aussi le décalage horaire qui rend les matchs de basket-ball américain plus difficiles à suivre. « Quand tu es au chômage, c'est facile, parce que tu peux mater le match le lendemain matin. Mais évidemment, quand tu travailles de 9 heures jusqu'à 18h30, c'est compliqué de regarder les matchs. Mais si tu es un vrai passionné, tu peux mater un match par semaine, en général. Moi, c'est mon rythme. J'ai oublié qu'il y a aussi le dimanche soir, c'est un match qui commence à 20h30. Donc là, c'est abordable pour nous, on peut regarder. Tu peux aussi suivre sur Instagram, tu peux voir tous les résumés, les meilleures actions d'un match… », détaille Fabien, grand passionné de basket américain. Délocaliser ne suffira pas pour conquérir un nouveau public. Adam Silver, patron de la NBA, l'a bien compris : « Je pense que la NBA en Europe se développera en grande partie par le biais de diverses formes de médias. Nous parlons de délocaliser plus de matchs en Europe, mais ce n'est pas extensible. Ce n'est rien par rapport à notre public mondial : deux milliards de personnes sur la planète consomment la NBA d'une manière ou d'une autre au cours d'une année. »Selon lui, les réseaux sociaux permettent de cultiver l'intérêt pour les matchs. Contrairement à la plupart des ligues de football, qui verrouillent les contenus, la ligue nord-américaine adopte une stratégie inverse. « Les technologies de diffusion en continu nous permettent de personnaliser les flux, consommateur par consommateur, fan par fan. Si je veux regarder les matchs des Spurs et Wembanyama et voir tout ce qu'il fait pendant ce match, c'est possible », détaille le dirigeant américain.George Eddy aurait eu du mal à imaginer ça, il y a 40 ans, quand il est devenu la voix du basket en France, puis en Afrique sur la chaîne Canal+. « Quand on compare avec les premiers matchs que j'ai faits dans les années 1980, c'étaient des matchs qui étaient joués deux semaines auparavant et diffusés en différé. Maintenant, il y a des matchs tous les jours. C'est une prolifération, grâce à internet et à la communication moderne. La NBA en profite pleinement et la France aussi », se réjouit le journaliste sportif.Illustration avec ce contrat faramineux que vient de signer la NBA avec Disney et Amazon : 76 milliards de dollars au total pour les droits télévisés aux États-Unis ces 11 prochaines années.À lire aussiBasket: le Français Victor Wembanyama porte-étendard de la NBA à Paris

    Syrie: le retour de l'électricité, priorité du nouveau gouvernement de Damas

    Play Episode Listen Later Jan 23, 2025 2:36


    En Syrie, les 13 années de conflit ont entraîné un effondrement des infrastructures électriques. Depuis le début de la guerre civile, l'approvisionnement en électricité est tombé à moins de 25% du niveau d'avant-guerre. Les coupures de courant sont fréquentes, et la majorité de la population ne vit qu'avec deux heures d'électricité par jour. Rétablir le courant est l'une des priorités du nouveau gouvernement de Damas. La lumière vacille, tremble puis s'éteint. Sous l'unique ampoule, ils sont une quinzaine, réunis autour d'un poêle, installés dans le salon de la famille Alomr. L'aînée, Fatima, explique qu'ils n'ont plus d'électricité après 21 heures, malgré le panneau solaire installé sur le toit. Quatre ans d'économies ont été nécessaires pour se l'acheter, mais l'électricité ainsi générée n'est pas suffisante pour avoir du courant toute la journée.« Étudier et faire la lessive sont les deux choses les plus compliquées, estime Fatima. Les coupures de courant sont constantes ici. C'est aussi très difficile d'avoir de l'eau, car l'électricité n'est pas assez puissante pour faire fonctionner la pompe. »Une fois l'obscurité, chacun sort de sa poche un briquet, au bout duquel une petite lumière est intégrée. Ce sera l'unique source de lumière dont ils disposeront ce soir. « Nous l'utilisons uniquement pour que la famille puisse se réunir et se voir avec un éclairage adéquat. Nous sommes habitués. C'est comme ça depuis 2014, ou 2015, depuis le début de la guerre ici », selon la jeune femme.Dans ce quartier, le plus pauvre d'Alep, toutes les familles sont concernées. Karm Al Jazmati, c'est son nom, a longtemps été le théâtre de violents combats entre les rebelles et l'armée de Bachar el-Assad. La centrale électrique d'Alep, l'une des plus grandes de Syrie, a été endommagée, et seules deux turbines sur cinq fonctionnent désormais. « À cause des bombardements. La station a été bombardée », explique Emad Abo Ali, le manager du complexe.Sur ses parois, des impacts de shrapnels rappellent la guerre civile récente. Cette centrale a été tenue par le groupe État islamique entre 2013 et 2016 avant d'être reprise par le régime. « La station a été complètement vandalisée puis sabotée par les deux camps. L'État islamique l'a d'abord saboté en partant. Ensuite, le régime a recommencé en arrivant. Regardez les transformateurs, regardez l'état de cette station ! Tout a été volé, le cuivre, les câbles, tout », se désole le manager.L'objectif du nouveau gouvernement de Damas est de faire passer la production d'électricité de 1 200 à 7 000 mégawatts. La compagnie nationale d'électricité a annoncé début janvier que le Qatar et la Turquie allaient envoyer deux navires pour produire de l'électricité. « Notre principal objectif aujourd'hui est que la situation s'améliore, afin que l'électricité soit disponible non plus deux heures, mais huit par jour, indique Mahmoud El-Ahmad, directeur général de la compagnie dans la région d'Alep. La deuxième étape consistera à réhabiliter les centrales électriques afin d'augmenter la quantité d'énergie disponible. »Longtemps, les sanctions imposées au régime de Bachar el-Assad ont compliqué l'importation de pétrole. Pour que le courant reparte, le nouveau pouvoir en réclame la levée. D'après Mahmoud El-Ahmad, de premiers accords sont en cours de négociation : « Le gaz sera acheminé par un gazoduc appelé gazoduc euro-arabe, qui traversera la Jordanie. Le carburant sera, lui, acheminé par voie maritime depuis des pays pétroliers. »Pour l'heure, les plus importants champs pétroliers et gaziers du pays sont situés dans la région autonome kurde. Ils échappent ainsi au contrôle du pouvoir central. L'électricité, vitale pour la reconstruction du pays après 13 années de guerre, sera un enjeu décisif des négociations avec les Kurdes dans les prochaines semaines.À lire aussiSyrie: les habitants d'Idleb à nouveau libres de voyager et revoir les familles, «un rêve de retourner sur la route»

    Covid: à Wuhan, cinq ans après le premier confinement, la douloureuse mémoire d'une ville meurtrie

    Play Episode Listen Later Jan 22, 2025 2:34


    Il y a cinq ans jour pour jour, le 23 janvier 2020, la Chine annonçait à Wuhan le premier confinement à cause d'une maladie à coronavirus, alors un virus inconnu, qui sera baptisée plus tard Covid-19. On ne fait mention nulle part en Chine de cet anniversaire. Mais à Wuhan, les stigmates demeurent.  Avec notre correspondante à Wuhan, Clea Broadhurst avec la collaboration de Chi XiangyuanLa vie a repris son cours à Wuhan, dans la province du Hubei, au centre de la Chine. Mais, interrogés sur le premier confinement dû au Covid-19, les habitants se souviennent, parfois dans la douleur, « des mois les plus difficiles de [leur] vie », comme nous le dit Tang.« Au début, ce n'était pas grand-chose, mais plus les rumeurs se répandaient, plus elles devenaient exagérées et on se sentait tous à cran, se remémore l'homme, qui tient un petit magasin près du marché de fruits de mer Huanan. Dire que le marché est à l'origine de toutes ces infections, c'est complètement absurde. Des rumeurs circulaient même sur le fait que les gens d'ici mangeaient des chauves-souris ! Aucune preuve, juste leur imagination débordante. » Ils sont nombreux, parmi les passants interrogés par RFI, à dire que le marché de la ville a été blâmé à tort.À l'époque, ce qui comptait pour eux, c'était de survivre, explique Yue, un chauffeur de taxi. « À Wuhan, causer des ennuis, c'est comme demander la mort, se souvient-il. L'approche était la suivante : "Mieux vaut arrêter à tort que laisser passer quelqu'un." Sur TikTok, on regardait des vidéos de Pékin ou de Shanghai où des gens disaient : "Je veux sortir, je viens d'outre-mer, je veux juste faire un jogging", et la police restait là, à essayer de les raisonner. Mais des vidéos similaires à Wuhan ? Non. Si vous osiez faire quelque chose comme ça, c'était chercher les ennuis. »Le nombre de victimes est une incertitude qui demeure, souligne Li, qui affirme ne pas savoir « combien de personnes sont mortes, car il n'y a pas eu de bilan officiel. Les critères pour les statistiques étaient très stricts. Par exemple, on ne comptait que les personnes officiellement diagnostiquées et décédées à l'hôpital. Et encore, il fallait mourir dans un service spécifique ou dans une zone désignée pour être pris en compte. Les crématoriums fonctionnaient 24 heures sur 24, sans interruption. Wuhan comptait quatre crématoriums, qui fonctionnaient tous sans interruption. S'ils brûlaient un corps toutes les demi-heures… je vous laisse faire le calcul ».Aujourd'hui, les habitants de Wuhan veulent tourner la page, oublier à quel point leur ville a pu être silencieuse. Pour Dang, cela a aussi révélé la persévérance des habitants : « Tout le monde était uni dans la lutte contre la pandémie. Les personnes âgées, les jeunes, on faisait tous preuve de patience. L'esprit d'entraide, les bonnes actions sans se soucier du profit personnel se sont renforcés. C'est toujours le cas aujourd'hui. »Wuhan tente de reprendre du poil de la bête, voulant à tout prix laisser derrière elles les stigmates de cette période douloureuse.À lire aussiChine: cinq ans après l'annonce du premier mort du Covid-19 à Wuhan, les stigmates demeurent

    Roumanie: l'extrême droite manifeste contre l'invalidation de l'élection présidentielle

    Play Episode Listen Later Jan 21, 2025 2:32


    Suite à l'invalidation par la Cour constitutionnelle du second tour de la présidentielle en Roumanie, l'extrême droite manifeste. Elle estime que le candidat Calin Georgescu, arrivé en tête, a été injustement écarté. Pour motiver l'annulation du scrutin, des soupçons de financement illégaux, ainsi que des ingérences sur le réseau social TikTok, sans doute par la Russie, ont été évoquées. Mais l'enquête n'a pas encore rendu ses conclusions, ni publié les preuves. Les manifestants étaient près d'un millier, samedi 18 janvier, rassemblés dans une rue étroite du centre-ville de Bucarest, la capitale de la Roumanie. Entre le tintamarre des vuvuzelas et des sifflets, les protestataires ont demandé la reprise du second tour de la présidentielle. Au milieu de la foule, Antonia, 19 ans, enlace son compagnon, Matteï, 22 ans. Les deux étudiants sont venus protester contre l'invalidation du premier tour par la Cour constitutionnelle, le 6 décembre 2024.« La Cour constitutionnelle de Roumanie a annulé ces élections complètement, du jour au lendemain, quelques heures avant de pouvoir voter en Roumanie. À l'étranger, on votait déjà. Et puis, ils ont dit que non, on annule et c'est irrévocable. Et finalement, ils n'ont pas trouvé de preuves concrètes puisque Georgescu les a attaqués devant la justice et ils n'ont pas pu dire pourquoi. Simplement, ils ont dit que non, on annule cela, sans preuves qui soutiennent cette décision », croit savoir Antonia.La jeune femme parle français car elle a grandi au Québec et est revenue avec sa famille en Roumanie en 2022. Elle n'a manqué aucune des manifestations initiées par les partis souverainistes qui ont lieu chaque semaine depuis début janvier. Son compagnon, Matteï, en master d'économie internationale, dénonce lui aussi un manque de transparence : « Je voudrais que l'on organise un second tour, car je considère que c'était le choix du peuple. Nous n'avons pas reçu d'explications claires et je ne pense pas que des spéculations sont de bonnes raisons pour annuler cette élection. »Dans le hall d'un hôtel de la capitale, le politologue Sergiu Mişcoiu reconnaît que la situation soulève des questions et que le statu quo observé par les partis au pouvoir ne fera que renforcer les partis nationalistes. « On a vécu les dix dernières années dans une sorte de bulle en croyant que nous sommes très pro-européens, que la Roumanie est un pays rempart de la démocratie libérale. Et malheureusement, ce discours-là a permis aux partis, notamment aux libéraux et aux sociaux-démocrates, de s'isoler du reste de la population, d'avoir une sorte d'entre soi dans les décisions prises », déplore-t-il.La Cour constitutionnelle a invalidé le premier tour suite à la déclassification de documents des services de renseignement. Des documents qui mentionnent des manipulations graves sur TikTok et d'autres réseaux sociaux en faveur du candidat d'extrême-droite, Calin Georgescu, mais aussi des soupçons d'ingérences russes et des financements illicites pour sa campagne, alors qu'il n'a déclaré aucune dépense. Comme le revendiquent les protestataires, les preuves concrètes n'ont pas été présentées au public par les autorités.À lire aussiSoupçons d'ingérence russe en Roumanie: l'UE annonce une enquête contre TikTokUn reportage à retrouver en entier dans l'émission Accents d'Europe.

    «Je déclarerai l'état d'urgence à notre frontière sud», a affirmé D. Trump lors de son investiture

    Play Episode Listen Later Jan 21, 2025 2:56


    Donald Trump a été investi, ce lundi 20 janvier, pour un second mandat à la Maison Blanche. Lors de son discours, il a abordé de nombreux thèmes de sa campagne, notamment sur la question migratoire.  À lire Notre live sur l'investiture de Donald Trump

    Groenland: Trump, l'allié improbable des indépendantistes

    Play Episode Listen Later Jan 19, 2025 2:26


    Les élus et une majorité de Groenlandais voient dans les velléités du président américain élu, Donald Trump, l'opportunité de se libérer de la tutelle danoise. L'indépendance du territoire stratégique est au cœur des débats.  De notre correspondante à Nuuk,Le Groenland américain ? Pas grand monde à Nuuk, la capitale, pense que Donald Trump mettra à exécution ses plans d'annexion de l'île arctique. Tida, 60 ans, n'y croit pas du tout : « Les gens ici n'en ont rien à foutre. On ne peut pas être achetés. On sait de génération en génération à quel point les peuples autochtones sont maltraités aux États-Unis. » « Nous ne sommes pas des objets, mais des êtres humains. Ça nous fait beaucoup rire. Mais nous ne voulons pas être doublement colonisés. Nous voulons être nous-mêmes et je pense que le temps est venu », rajoute Kira, étudiante de 25 ans.Et c'est ainsi que Trump est devenu l'allié improbable des indépendantistes groenlandais. Son intérêt pour la plus grande île du monde a ravivé et attisé les espoirs de nombreux Groenlandais. C'est le cas de Qarsoq, youtubeuse et ingénieure, qui grimpe rapidement dans sa voiture pour aller se réchauffer dans un café. « Il y a deux jours, j'ai annoncé me présenter aux élections. Je viens de rejoindre le parti indépendantiste et je vais me battre pour l'indépendance du Groenland, affirme-t-elle. Le fait que Trump s'intéresse au Groenland, ça a provoqué un immense déclic. Les Groenlandais commencent vraiment à réaliser qu'ils ont beaucoup plus de valeur que ce qu'ils pensaient. Beaucoup se disent : "Wow, ok, peut-être qu'on peut faire plus que ce qu'on pensait". Je vois tout ça d'un œil très positif. » À écouter aussiGroenland: les déclarations de Trump créent la stupeur, le Danemark se dit «ouvert au dialogue»« Beaucoup de personnes ont été mentalement colonisées »Svend Hardenberg, appareil photo argentique autour du cou, prend quelques clichés des passants. Il est une figure locale très populaire. Il a été chef de cabinet sous l'ancienne Première ministre du Groenland, il est aujourd'hui homme d'affaires et un acteur connu. Pour lui, les Groenlandais ont toujours voulu leur indépendance, mais pour y arriver, le peuple doit encore briser des barrières psychologiques. « Beaucoup de personnes ont été mentalement colonisées à travers le temps et c'est très difficile de se libérer de ces schémas de pensée. C'est tout un processus. »Pourquoi acheter un territoire déjà totalement acquis à la cause américaine ? Cela n'a pas de sens pour Pele Broberg, leader de Naleraq, le parti de l'opposition et indépendantiste. « S'il veut plus de forces armées au Groenland, je l'y invite. S'il veut plus de sécurité autour de l'Arctique, on veut la même chose, souligne-t-il. Le Groenland a été annexé en 1953 par le Danemark qui est comme un mari violent pour un enfant qui essaie de sortir de cette relation. Et d'un coup, il y a ce grand type avec de grands enjeux qui débarque et qui dit : "Hé, laissez cet enfant partir." Lui, c'est Trump pour l'État danois. »Cela ne fait aucun doute. L'enjeu majeur des élections générales le 6 avril prochain sera l'indépendance de la plus grande île du monde.À lire aussiDonald Trump veut-il sérieusement rattacher le Groenland aux États-Unis?

    Mexique: à Ciudad Juárez, ville frontalière, l'inquiétude à la veille de l'investiture de D. Trump

    Play Episode Listen Later Jan 19, 2025 2:47


    Donald Trump menace de fermer la frontière avec le Mexique à son arrivée à la Maison Blanche et Kristi Noem, la prochaine secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis, a déjà annoncé devant le Sénat l'intention du gouvernement de supprimer l'application CBP One, lancée par l'administration Biden pour obtenir un rendez-vous pour faire une demande d'asile aux États-Unis. Dans la ville frontalière de Ciudad Juárez, en face d'El Paso, si la frontière n'est pas saturée de monde comme elle a pu l'être par le passé, les incertitudes et les craintes liées aux premières mesures de Donald Trump inquiètent les personnes souhaitant migrer. De notre envoyée spéciale à Ciudad Juárez,  Le pont international de Ciudad Juárez est l'un des principaux points d'entrée vers les États-Unis. Au milieu du pont, au côté des voitures, s'est formée une file de plus d'une centaine de personnes. Avec leurs bagages et leurs papiers à la main, ce sont des personnes migrantes qui ont obtenu un rendez-vous cet après-midi pour déposer une demande d'asile.Adriana Flores est Salvadorienne. Cette infirmière a tout quitté pour tenter sa chance du côté des États-Unis. Elle descend tout juste de l'avion depuis la capitale mexicaine où elle a attendu quatre mois avant de décrocher un rendez-vous. « J'ai mon passeport, la confirmation du rendez-vous et le mail qu'on m'a envoyé, explique-t-elle. J'ai été très heureuse, quand c'est arrivé. Car avec le nouveau président qu'il va y avoir, j'avais peur que le rendez-vous n'arrive jamais. Je doutais, mais grâce à dieu, j'arrive à temps. Aujourd'hui, je suis là. »À ses côtés, des Vénézuéliens, des Haïtiens, des Mexicains... Ils pourraient être parmi les derniers à passer aux États-Unis via la procédure de CBP One.À la moitié du pont, deux agents de l'immigration états-unienne vérifient les identités de ceux qui ont un rendez-vous avant de les laisser continuer d'avancer. Alicia Gonzalez, son mari et sa fille viennent de l'État du Michoacán, au Mexique. Cela fait un an qu'ils attendent de partir, pour fuir l'insécurité. « Je suis très nerveuse, car je ne sais pas ce qui nous attend, confie-t-elle. Justement, le mandat de Donald Trump va commencer et qui sait comment ça va se passer pour nous là-bas ? »Comme tous ceux qui veulent aller aux États-Unis, elle est inquiète des menaces du président des États-Unis qui a promis de lancer un plan d'expulsions massives.À écouter dans Grand reportageTrump, le retour: le Texas se prépare à l'expulsion massive de migrantsDe fausses informations renforcent l'inquiétude des personnes souhaitant migrerDans le centre-ville de Juarez, les migrants sont peu nombreux. L'endroit a mauvaise réputation et beaucoup de migrants craignent les enlèvements contre rançon. Mais assise à un kiosque, Emilie Diaz attend encore une chance de faire une demande d'asile - elle a essayé aussi à Tijuana, sans succès pour l'instant.Arrivée dans le nord depuis 20 jours, elle se plaint de douleurs, accentuées par le froid qui avoisine les zéro degré en ville. Cette Vénézuélienne emmène avec elle une amie et quatre enfants. Elle vend des bonbons dans la rue pour payer quotidiennement sa chambre d'hôtel. Emilie raconte être confuse par toutes les fausses informations. « Comme l'investiture est le 20, on nous a dit que le 19, ils vont ouvrir la porte. C'est une rumeur. » Elle hésite à essayer de passer. « Je préfère attendre le rendez-vous, mais si ça ne donne rien ?! Certains disent qu'ils se livrent aux autorités… Je ne sais pas quoi faire. »À écouter dans Grand reportageTrump, le retour : au Mexique sur les rails de la crise migratoire

    Los Angeles, une ville-sanctuaire pour éviter les expulsions massives de migrants

    Play Episode Listen Later Jan 17, 2025 2:43


    Le 20 janvier, Donald Trump sera de retour à la Maison Blanche, et sa promesse de lancer dès le premier jour de son mandat une vaste opération d'expulsions de « sans-papiers » pourrait toucher des millions de personnes. La Californie et Los Angeles, la plus grande ville de l'État, ont déjà prévenu qu'elle n'assisterait pas le nouveau président américain dans sa tâche et qu'elles feraient de leur mieux pour protéger les quelque 1,8 million de « sans-papiers » qui vivent dans le Golden State. De notre correspondant à Los Angeles,Maria garde un œil sur son adorable petit-fils de 2 ans, elle fait partie des « abuelitas », ces grand-mères, « sans-papiers » et « sans histoire », loin du stéréotype du « dangereux migrant » véhiculé par certains politiques. Et quand Donald Trump parle d'expulsions de masse, il ne cible pas que les criminels endurcis. « Je n'ai jamais eu de problèmes avec la loi, affirme Maria. J'ai toujours essayé de bien me comporter justement pour les éviter. »Arrivée il y a 31 ans du Chili avec un visa touriste, Maria attend sa régularisation. La procédure est bien enclenchée, mais la fermeté affichée par Trump sur l'immigration pourrait tout changer. Il n'exclut pas d'expulser des familles entières. « Il dit tellement de choses qu'on ne sait plus que croire. Il dit que oui, il va expulser tout le monde, puis non. Donc, on vit dans l'incertitude. Qu'est-ce qu'il va se passer ?, s'inquiète Maria. Est-ce qu'il va faire tout ce qu'il annonce ? Est-ce qu'il aura le pouvoir de faire tout ce qu'il annonce ? On vit tous avec ces doutes. »La fille de Maria, Jennifer, est une « Dreamer », une protection spéciale créée par l'administration Obama pour les « sans-papiers » entrés enfants aux États-Unis. Un statut lui aussi incertain. « Il n'y a rien de nouveau avec ce statut. On le renouvelle encore et encore, mais on ne sait pas jusqu'à quand on pourra le faire, explique Jennifer. Trump veut apparemment s'en débarrasser, mais ce serait pour nous trouver une solution permanente. On n'a pas vraiment plus de détails, donc on attend de voir ce qui va se décider. »À lire aussiÉtats-Unis: la Cour suprême valide le statut de 700 000 «dreamers»La Californie, un bastion de la résistance anti-TrumpDans leur situation, la chance de Maria et Jennifer, c'est qu'elles vivent en Californie, un bastion de la résistance anti-Trump. Mi-décembre, des centaines de personnes ont défilé dans le centre de Los Angeles avec des pancartes clamant, en espagnol : « Les immigrés sont bienvenus ». Le Conseil municipal a formalisé le statut de ville-sanctuaire de Los Angeles.« On ne peut pas ignorer les menaces de Trump. Elles ont pour but de faire peur. Ce qu'une ville-sanctuaire veut dire, c'est que Los Angeles ne mettra pas d'argent, de personnel ou de ressources à disposition des agents fédéraux pour mener leurs expulsions, indique Jorge-Mario Cabrera, qui travaille avec Chirla, une association d'aide aux migrants. C'est très simple, mais ça aidera à éviter, ou en tout cas aidera à ralentir, le travail de ces agents à Los Angeles. »Roxanne Hoge, porte-parole du Parti républicain de Los Angeles, dénonce de vaines gesticulations : « L'immigration relève de la compétence du gouvernement, pas d'un Conseil municipal. Est-ce qu'on vit dans un État de droit ou pas ?, interroge-t-elle. C'est très décevant de voir des élus censés défendre la loi faire exactement le contraire. Ils préfèrent qu'on parle d'eux pour montrer qu'ils s'opposent à Donald Trump. »En 2024, l'administration Biden a expulsé 270 000 personnes. Donald Trump vise cinq fois plus chaque année.À écouter dans Grand reportageTrump, le retour : au Mexique sur les rails de la crise migratoire

    Aux États-Unis, les fonctionnaires inquiets à la veille de l'arrivée d'Elon Musk au gouvernement

    Play Episode Listen Later Jan 16, 2025 2:22


    Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche devrait entraîner des expulsions massives d'immigrés en situation irrégulière, des droits de douanes sur les importations, mais aussi des coupes claires dans les dépenses et les effectifs de l'État fédéral. Une mission, le Doge, le ministère de l'Efficacité gouvernementale, va même être créée et confiée à l'homme d'affaires Elon Musk. Et cela fait peur aux fonctionnaires fédéraux.  De notre envoyé permanent à Washington,Dans un parc de Washington, loin du Pentagone où elle travaille, nous avons rendez-vous avec une femme qui se fait appeler Lucy — ce n'est pas son vrai nom. Cette haute responsable du ministère de la Défense va quitter ses fonctions et, sous couvert d'anonymat, elle a accepté de témoigner. Elle dirige des milliers de fonctionnaires fédéraux, et ils sont inquiets. « Les gens sont affolés, très très tendus. Ils sont très inquiets de perdre leur boulot ou leurs programmes, confie-t-elle. Ils s'inquiètent aussi beaucoup du Doge. Est-ce que ça va vraiment exister ? Est-ce que ça va peser beaucoup ? Ils ont l'impression qu'Elon Musk a le Pentagone dans le collimateur, ce qui est ironique parce que nous avons financé beaucoup de ses entreprises. Nous subventionnons Space X en quelque sorte, alors c'est quand même bizarre de nous attaquer. »La Défense n'est pas le seul domaine qui est dans le viseur. Billy, ce n'est pas non plus son vrai nom, travaille pour l'Agence de protection de l'environnement. Et il s'attend au pire. « Je m'attends à des choses comme l'obligation de revenir en présentiel au bureau, peut-être des déménagements — des agences déplacées des bâtiments où elles sont depuis des décennies vers de nouvelles villes. Peut-être des licenciements, énumère-t-il. Il y a de la peur. Je crois qu'il y a beaucoup d'incertitudes. Et je pense qu'il y a aussi un peu de résignation, particulièrement pour les gens qui ont connu la première présidence Trump. Il y a un sentiment de déjà-vu. »À écouter dans Eco d'ici, éco d'ailleursElon Musk et les autres, des milliardaires plus forts que les États ?« Cette administration a des listes de personnes à viser »Si ces deux fonctionnaires ont demandé à être anonymisés, il y a une raison : ne pas être spécifiquement visé. « Cette administration a des listes de personnes à viser. C'est très inquiétant et c'est sans précédent, s'inquiète Tim Washington, qui travaille dans une organisation qui protège les lanceurs d'alerte du secteur de l'environnement. Et c'est généralement basé sur les convictions personnelles de chacun et non sur les qualités de fonctionnaire. Par exemple, la Heritage Foundation [un think tank très conservateur] a demandé des informations sur les mots que les fonctionnaires ont utilisés dans leurs courriels. Il y a par exemple "changement climatique", "orientation sexuelle", "transgenre", il y a toute une série de mots dans leurs demandes sur des employés qui ont utilisé ces mots avec l'idée qu'ils ne seraient pas loyaux au président Trump ».Elon Musk promet de faire faire « maigrir » l'État fédéral pour atteindre les 2 000 milliards de dollars d'économies.À écouter dans l'Invité internationalÉtats-Unis: la nomination d'Elon Musk dans la future équipe Trump répond à «une volonté de taper fort»

    Syrie: les combats entre forces armées kurdes et factions pro-turques inquiètent les civils

    Play Episode Listen Later Jan 16, 2025 2:52


    Dans le nord de la Syrie, les combats continuent entre les forces armées kurdes et les factions pro-turques de l'Armée nationale syrienne. L'objectif : récupérer la totalité de la poche kurde, contrôlée par les forces démocratiques syriennes. En début de semaine, Ankara, qui accuse les forces démocratiques syriennes d'avoir des liens avec les séparatistes armés kurdes sur son sol, a menacé de lancer une opération militaire. De notre envoyée spéciale à Manbij,Des soldats s'entassent à l'arrière d'une Toyota transformée en canon anti-aérien. La carrosserie est recouverte de poussière, les visages sont concentrés, les fusils AK-47 chargés. Ces combattants de l'Armée nationale syrienne quittent Manbij, dans le nord de la Syrie, pour lancer l'assaut quelques kilomètres plus à l'est, en direction du barrage de Tichrine. C'est là que les milices kurdes des Forces démocratiques syriennes tiennent leurs positions. Abou Jumaa, chef de faction, lance les dernières instructions à ses hommes : « Nous ne sommes pas d'ici, nous sommes d'Azaz, mais il est de notre devoir de libérer chaque centimètre carré de la Syrie ! Hier, nous avons libéré environ cinq villages, et y avons établi des positions. D'ici à quelques jours, nous parviendrons à traverser l'Euphrate et à pénétrer dans la zone kurde ! »Dans le ciel, des avions de reconnaissance font des allers-retours. Un soldat lève les yeux, s'amuse à compter les traces blanches. À qui appartiennent-ils ? « Certainement pas aux Turcs », avance Khalil Al-Wakaf, un chef de faction. Le dos tourné, des soldats moins gradés affirmeront l'inverse. À Manbij, l'intervention de la Turquie est visible dès l'arrivée. Des drapeaux turcs sont peints sur le béton des check-points.« Ça ne veut rien dire. C'est parce que nous avons dans nos rangs des combattants syriens d'origine turkmènes. Ils brandissent des drapeaux turcs, car ils aiment la Turquie. Mais c'est tout, cela ne veut rien dire de plus », appuie-t-il.À lire aussiSyrie: combats mortels entre forces kurdes et milices pro-turques, un accord trouvé entre les FDS et DamasDes tunnels sous-marins jusqu'au barrage de TishrineKhalil Al-Wakaf insiste surtout pour nous faire visiter les kilomètres de tunnels creusés par les combattants kurdes ces dernières années : « Il y a une ville entière sous la ville. Venez, regardez ! » Dans un hall d'entrée, le soldat ouvre une trappe, nous fait descendre à l'intérieur. Un trou béant, et à perte de vue, des dédales de sous-terrain.« La ville entière est truffée de tunnels. Nous n'avons pas eu le temps de tous les fouiller. Nous avons placé des gardes à chaque sortie, car vous savez, ces tunnels vont jusqu'au barrage de Tishreen, où se déroulent les combats. Les ennemis pourraient y entrer et venir jusqu'ici », précise Khalil Al-Wakaf.Sur des pierres, en kurde, ont été gravés les noms des rues où débouchent ces tunnels. Dans les murs creusés des cavités, des kilos de TNT y avaient été dissimulés. « Montre-lui la vidéo ! », clame un homme. Sur son téléphone, Khalil Al-Wakaf nous montre : des sacs entiers d'explosifs, fabriqués à la main.À lire aussiSyrie: à Abu Qilqil, les civils fuient les combats entre factions pro-turques et forces kurdesLes civils rêvent d'une paix À la sortie du tunnel, des habitants sont regroupés. Inquiets, ils craignent que les combats qui se tiennent sur le barrage de Tishreen ne reviennent jusqu'à Manbij. Mohammad, un berger du village, confie : « La situation est très instable, il y a encore des batailles et des affrontements partout. Nous avons peur. »Sur la route du village, quelques ambulances reviennent du front. Elles roulent à toute vitesse en direction de l'hôpital de Dar al Shift. « Il y a aussi eu des victimes civiles. Manbij est déjà une zone de front, une zone de guerre. Ces victimes sont arrivées jusqu'à cet hôpital et nous avons pu les prendre en charge. Ils ont été blessés car il y a eu deux attentats à la voiture piégée. Deux attentats... », lâche Taïsir Ahmed, le directeur.Depuis l'hôpital, on entend le son des bombes et des tirs. Ici, les civils ne rêvent que d'une chose : que cessent ces bruits sourd. Et que s'installe enfin la paix.À lire aussiLes Kurdes du nord-ouest syrien, perpétuels déplacés, presque oubliés

    Albanie: l'interdiction de TikTok pendant un an fait polémique

    Play Episode Listen Later Jan 14, 2025 2:42


    Un peu partout, le réseau social TikTok est de plus en plus dans le viseur des gouvernements. Accusée d'espionnage aux États-Unis, au cœur d'une enquête après des soupçons d'ingérence dans les élections en Roumanie, la plateforme chinoise est visée par des interdictions partielles ou totales. L'Albanie a ainsi décidé de bloquer pendant un an l'application. Le Premier ministre reproche à l'algorithme d'encourager la violence chez les plus jeunes. Mais la mesure ne fait pas l'unanimité.  Emmitouflé dans sa doudoune, avec sa capuche sur la tête, Amarildo, 17 ans, attend des amis à la sortie de son lycée situé dans le centre de Tirana, capitale de l'Albanie. Les yeux rivés sur l'écran de son smartphone, cet élève de terminale fait défiler des vidéos de voitures et des scènes de rue :« Voilà, c'est ça TikTok. C'est le réseau qu'on utilise le plus, nous les jeunes. Là, tu reçois des likes, des vues. Là, j'en ai reçu 63 000. Là, c'est 2 000, ça dépend de la vidéo et de comment elle devient virale, combien de gens la regardent. On met de la musique avec la vidéo et je montre où je suis et ce que je fais avec mes potes. »Fin décembre, le Premier ministre albanais, Edi Rama, a annoncé la fermeture pour un an de la célèbre plateforme chinoise. Une décision qui survient quelques semaines après qu'un élève de 14 ans a été poignardé à mort près d'une école de la capitale.Contenu violent ou inapproprié, soupçons d'ingérence chinoise... Plus de 20 pays dans le monde ont déjà interdit ou limité l'accès à TikTok. En Albanie, le Premier ministre assure avoir pris la décision après une série de concertations avec les parents d'élèves et l'administration scolaire. Mimi Kodheli, députée de la majorité socialiste et présidente de la commission des Affaires étrangères, affirme :« TikTok est un outil de communication sans filtre. Il rend accessible aux plus jeunes des scènes de violence qui deviennent parties prenantes de leur éducation. Les familles nous ont demandé avec insistance de trouver un moyen de bloquer l'accès des mineurs à TikTok notamment. »À lire aussiLe sort de TikTok aux États-Unis devant la Cour suprême américaineUne interdiction qui divise, dans la société comme en politiqueDepuis son annonce, cette interdiction – qui doit commencer en ce début d'année, à une date encore inconnue – alimente les polémiques au sein de la société albanaise. Beaucoup d'entrepreneurs qui font leur publicité sur TikTok redoutent des pertes de revenus. De leur côté, les partis d'opposition accusent le gouvernement d'entraver la liberté d'expression. Surtout que d'importantes élections parlementaires auront lieu au printemps. Redi Muçi est l'un des militants du mouvement Ensemble, un parti de gauche qui dénonce l'autoritarisme et les conséquences sociales des politiques libérales d'Edi Rama :« Des élections législatives ont lieu le 11 mai prochain, et c'est assurément une des raisons pour lesquelles le Premier ministre a choisi exactement ce moment pour interdire l'un des réseaux sociaux les plus utilisés par le public albanais, et une plateforme très importante pour un jeune parti comme nous. C'est purement et simplement de la censure. Le Premier ministre contrôle les médias traditionnels. Il peut manipuler les autres réseaux comme Facebook ou Instagram et là, il choisit de bloquer le seul sur lequel il n'a pas d'influence. »Alors que l'interdiction de TikTok devrait entrer en vigueur dans les prochaines semaines, le gouvernement assure que ce blocage ne devrait durer qu'une année. Le temps de trouver une solution technique pour empêcher son utilisation par les moins de 18 ans.À lire aussiLemon8, la petite sœur de TikTok, émerge lentement mais sûrement

    L'histoire de la Suisse coloniale racontée dans une exposition à Zurich

    Play Episode Listen Later Jan 14, 2025 2:24


    Quand on pense aux pays qui ont prospéré grâce à leurs colonies, on pense à la France bien sûr, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas ou à l'Espagne. On pense plus rarement à la Suisse, en revanche. On peut ne jamais avoir possédé de colonies et avoir bâti sa fortune sur l'exploitation des hommes et des ressources naturelles des pays du sud, participant de fait activement à la colonisation. Ce pan méconnu de l'histoire suisse est exposé pour la première fois au musée national à Zurich.   À lire aussiEmpreintes coloniales à NeuchâtelÀ lire aussi«Vielleicht», Cédric Djedje explore le souvenir de l'histoire coloniale allemande en AfriqueÀ lire aussiNEWSLETTER RFI CULTURE : Ne manquez pas les meilleurs reportages et idées d'une actualité culturelle internationale qui n'oublie pas l'Afrique.

    États-Unis: comment Donald Trump a progressé auprès de l'électorat jeune

    Play Episode Listen Later Jan 12, 2025 2:25


    Donald Trump a su élargir sa base électorale. Il a obtenu 2,5 millions de voix de plus qu'il y a quatre ans quand il a perdu contre Joe Biden. Un chiffre qui s'explique par les gains du républicain chez certains électorats traditionnellement plus démocrates, et notamment chez les jeunes. Kamala Harris a récupéré plus de voix chez cet électorat, mais moins que ces prédécesseurs démocrates. Preuve que le président élu a su s'adresser à ces électeurs.  Chez Skyler Akins, des portraits de l'ancien président démocrate John Fitzgerald Kennedy sont affichés aux murs, ainsi qu'une photo de Skyler avec Kamala Harris. Elle a été prise avant 2020, à l'époque où il votait encore démocrate. Aujourd'hui, celui qui est désormais vice-président des jeunes Républicains d'Atlanta (Géorgie, sud-est des États-Unis) constate un engouement jamais vu pour son parti : « On vient d'avoir notre fête de Noël et on n'a jamais eu autant de personnes. Et on n'a jamais eu autant de sponsors. Le soutien pour les jeunes républicains est à un niveau historique. »Ce succès, estime Skyler, provient surtout du programme économique de Donald Trump : « Ils voient que, pendant le dernier mandat de Donald Trump, tous les indicateurs économiques étaient meilleurs quand il était président. Tout était moins cher et les taux d'intérêts étaient plus bas. »À lire aussiLa jeunesse américaine dans le bouillonnement des électionsLes podcasts, biais de communication de Trump pour la jeunesseSur une voie piétonne d'Atlanta, Matt, 30 ans, se promène devant des restaurants et magasins. Il a voté pour le parti libertarien, mais reste optimiste pour le mandat de Donald Trump : « La dernière fois, il s'était mal entouré. J'espère qu'il le sera mieux cette fois dans son administration pour qu'ils le mettent sur la bonne voie. »Pour Matt, les interviews accordées par Donald Trump à des podcasts ont contribué à son succès. « Il s'est pris au jeu et s'est dit "les médias traditionnels ne proposent pas de discussion de trois heures". Je pense que ça l'a vraiment aidé, avec ses électeurs, de pouvoir s'installer et discuter pendant trois heures. Ça a changé les choses. Je ne dis pas que je suis d'accord avec tout ce qu'il a dit, mais ça a permis de le rendre plus personnel », souligne Matt.À lire aussiPrésidentielle américaine: les jeunes sur TikTok ont l'intention de contrebalancer le vote de leurs aînésDes jeunes démocrates convertis en jeunes républicainsTyler, 31 ans, a voté démocrate et se dit inquiet. Mais il a vu la popularité de Donald Trump augmenter dans son entourage : « Un de mes meilleurs amis a voté pour Donald Trump. Il vit en Californie. Il a toujours été un démocrate et a voté pour lui pour la première fois. Il en a juste marre des politiques en Californie. Une part importante de ma génération lit et regarde les infos plus que jamais. Et ils voient les politiques des démocrates au pouvoir qu'ils n'aiment pas et ça les pousse vers Donald Trump. Je pense que la criminalité, la délinquance et l'immigration sont importants. L'impression dans les médias, c'est que les démocrates tolèrent le crime et la délinquance. Si c'est vrai ou pas, c'est à chacun de voir. »Mais les jeunes ont moins voté qu'aux dernières élections, selon des estimations du centre de recherche Circle.  La participation des personnes entre 18 et 29 ans était de 42%, soit dix points de pourcentage de moins qu'en 2020.À lire aussiVictoire de Donald Trump: ces électorats qui ont fait basculer l'élection

    Haïti: 15 ans après, le pays se souvient de ce jour sombre où la terre a tremblé

    Play Episode Listen Later Jan 11, 2025 2:33


    Le 12 janvier 2010, Haïti a connu l'une des plus grandes catastrophes naturelles de son histoire. Un séisme de magnitude 7,3 a mis la première République noire indépendante dans le monde à genoux. Tout a basculé en moins de 30 secondes de secousses. Ce cataclysme a emporté avec lui des milliers de vies, des foyers et une part de l'âme du pays. Quinze ans plus tard, les Haïtiens ressassent encore ce mauvais souvenir. Cette tragédie reste une plaie béante dans le cœur de certains citoyens. Entre souvenirs douloureux et espoirs de résilience, des Port-au-Princiens racontent ce jour qui a bouleversé leur existence, à jamais gravé dans la mémoire collective. Des milliers de vies brisées, des familles éclatées, des souvenirs engloutis... Le 12 janvier 2010, Haïti a vécu l'un des chapitres les plus sombres de son histoire. Quinze ans après, citoyens et citoyennes du pays ne sont pas prêts d'oublier ce jour, à l'image de Pouchon. Croisé à Bois Verna, il se souvient encore avec tristesse de ce terrible tremblement de terre :« C'était la première fois que j'assistais à un tel événement. Cela a apporté beaucoup de tristesse, beaucoup de larmes. Chaque année, à cette date, nous, le peuple haïtien, lorsque nous nous rappelons cet événement, nous ressentons beaucoup de stress. Quand vous avez de nombreux membres de votre famille qui vous aidaient et qui sont morts dans cet événement, cela apporte tristesse et chagrin. »Le 12 janvier 2010 reste une cicatrice profonde dans le cœur du peuple haïtien. Pour Julio, la douleur est toute personnelle. Sa cousine, un pilier dans sa vie qui l'aidait à payer sa scolarité, n'a pas survécu au cataclysme : « C'est l'un des jours qui m'a le plus marqué, car j'ai perdu des amis, des membres de ma famille, notamment une cousine que j'aimais beaucoup. Malheureusement, je ne la reverrai jamais. C'est un jour qui m'a profondément marqué. »À lire aussiSéisme en Haïti: la terre continue de trembler, l'état d'urgence déclaré pour un mois« La maison a commencé à trembler avec nous à l'intérieur »Autre témoignage marquant de cette tragédie : celui de Paulémond. Âgé de 63 ans, il est contremaître. Il travaillait en compagnie de ses amis dans un bâtiment de deux étages lorsque le séisme l'a surpris. Il se souvient comment il est parvenu à s'échapper :« Je venais tout juste de poser quelques blocs de pierre, et alors que je discutais avec mes amis, la maison a commencé à trembler avec nous à l'intérieur. Chacun a couru dans une direction différente. Les secousses m'ont tétanisé et projeté en hauteur, puis immédiatement, j'ai dévalé avec mes vêtements couverts de poussière. »À lire aussiHaïti: 12 ans après le séisme de 2010, mémoire et préventionTout comme Paulémond, Daphné a également vécu l'horreur de ce moment. Elle confie que cet événement traumatisant lui a coûté une proche et qu'elle ne souhaite jamais revivre une telle tragédie : « Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a été un événement traumatisant pour presque tous les Haïtiens, un moment que nous n'oublierons jamais dans notre histoire. Personnellement, j'ai perdu un ami qui m'était très cher. Nous ne souhaiterions jamais revivre une telle expérience. »Et après une quinzaine d'années, les cicatrices laissées par le séisme du 12 janvier ne se referment toujours pas. Chaque témoignage est un rappel poignant de cette douleur partagée, mais aussi de la résilience d'un peuple qui continue de lutter pour se relever des décombres de son histoire.À lire aussiHaïti: 13 ans après le séisme, le cri des handicapés

    Il y a 25 ans, les soldats membres de la communauté LGBTQ+ pouvaient être incarcérés au Royaume-Uni

    Play Episode Listen Later Jan 10, 2025 2:32


    La communauté LGBTQ+ du Royaume-Uni célèbre ce week-end du 11 janvier un anniversaire particulier : il y a 25 ans, l'armée levait son interdiction aux minorités sexuelles. Jusqu'au 12 janvier 2000, les soldats de Sa Majesté n'avaient pas le droit d'être homosexuels, bisexuels ou transgenres – ceux qui étaient « découverts » étaient renvoyés, voire incarcérés. Pourtant, l'homosexualité est légale au Royaume-Uni depuis 1967. 25 ans plus tard, les vétérans ayant connu ces années d'interdiction réclament toujours justice. De notre correspondante à Londres, À 75 ans, Robert Ely vit avec son petit chien blanc dans un logement social de l'ouest londonien. En 1986, après 20 ans comme musicien dans l'armée, la police militaire frappe à sa porte. « C'était un samedi, il était 9h15 du matin, se rappelle le septuagénaire. Ils m'ont dit : “Nous vous soupçonnons d'avoir eu des relations homosexuelles”. On m'a interrogé pendant plusieurs heures, puis on m'a mis à l'isolement dans une chambre du quartier des officiers pendant 3 ou 4 jours. La porte était gardée et je ne pouvais parler à personne. »  Robert est finalement renvoyé, sans peine de prison, mais ne parvient pas à reconstruire sa vie dans le civil. « Les certifications professionnelles que j'avais acquises dans l'armée n'étaient pas reconnues à l'extérieur, déplore-t-il. Je n'avais plus de revenus, j'ai dû vendre ma maison, et mettre mes biens dans un garde-meuble… Mais je ne pouvais plus payer non plus, donc ils ont été saisis. J'ai fini par déménager à Bristol, où j'ai trouvé un emploi sous-qualifié. » Des histoires comme celle de Robert, Craig Jones en a recueilli des dizaines, que cet ancien de la Navy a publiées dans un livre, Fighting with Pride (Combattre avec fierté), devenu depuis une association. « Ils étaient envoyés devant une cour martiale pour être jugés. Les plus chanceux étaient simplement exclus pour conduite déshonorante, dénonce-t-il. Ils étaient obligés de faire leur coming-out auprès de leur famille et de leurs proches… Tout cela a détruit des vies. »À lire aussiRoyaume-Uni: les services secrets présentent des excuses aux homosexuels« C'était une loi absurde, une loi d'auto-destruction »L'interdiction a été levée en 2000, après une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme, mais il faut attendre 24 ans pour des excuses nationales, après une enquête publique où 1 200 vétérans ont témoigné. « Nos forces armées ont perdu de nombreux effectifs. On en compte des centaines. Et notez que c'était en pleine guerre froide : c'était donc une loi absurde, une loi d'auto-destruction », rappelle Craig Jones.Le gouvernement a entamé depuis les restitutions des médailles et des grades aux vétérans concernés. Les indemnités, elles, tardent à tomber, regrette Mary, qui accompagne les victimes dans leurs démarches. « Le ministère de la Défense estime n'être responsable que jusqu'au départ des soldats de l'armée. Ils ont accepté de verser 50 000 livres à tous ceux qui ont été renvoyés, et jusqu'à 20 000 livres supplémentaires dans certains cas, par exemple pour une peine de prison, détaille-t-elle. Mais ils n'indemniseront rien après : ni les bénéfices perdus, ni les pensions de retraite, ni les dépressions… Ils ne paieront pour rien de cela. » Rien non plus pour les personnes LGBT parties par peur d'être découvertes… Craig Jones et Mary revendiquent tout de même une victoire : que les vétérans LGBT soient devenus dans l'opinion publique des anciens combattants comme les autres. À lire aussiLe Royaume-Uni va indemniser les anciens combattants LGBT renvoyés de l'armée

    Mexique: au passage des trains, les «Patronas» nourrissent les migrants au vol

    Play Episode Listen Later Jan 9, 2025 2:41


    Pour des millions de personnes qui souhaitent une vie meilleure et poursuivent le rêve américain, le Mexique est un lieu de passage. Le président élu Donald Trump fait de la lutte contre la migration son leitmotiv et, à quelques semaines de son arrivée à Maison Blanche, l'incertitude est importante quant aux mesures qu'il pourrait prendre pour compliquer davantage le passage des migrants. Côté mexicain, sur ces routes migratoires, certaines font ce qu'elles peuvent pour leur venir en aide. De notre envoyée spéciale dans l'État de Veracruz,Sur une voie unique entourée de végétation tropicale, dans l'État de Veracruz, au sud du Mexique, un train de marchandises, surnommé par les migrants « la Bestia » (la bête), tant il s'agit d'une épreuve pour les personnes qui montent dessus, passe obligatoirement par un village situé en zone rurale. C'est dans ce village que vivent les « Patronas ». Les « Patronas », ce sont un groupe de femmes qui habitent le long de cette voie ferroviaire qui traverse le pays. Et lorsque le train passe par le village, chargé de wagons-citernes, lancé à environ une trentaine de km/h, les « Patronas » envoient de la nourriture qu'elles ont cuisinée aux migrants.Accrochés aux attelages, cinq ou six jeunes hommes se suspendent pour attraper les sacs tendus. Ce type de train laisse peu d'espace aux migrants, mais ils sont parfois des centaines lorsqu'il s'agit de conteneurs, raconte une des « Patronas », Itabiane Avendaño, en rangeant tous les sacs qu'elle n'a pas eus le temps de donner.Toute la journée, les « Patronas » guettent le passage des trains. « On ne peut pas prévoir le nombre de trains. On ne sait jamais à quel moment il va passer, explique Itabiane Avendaño. Donc on doit toujours être préparées quand on l'entend arriver, pour sortir sur les rails avec des sacs de nourriture. Ça peut compter beaucoup pour eux, dans leur parcours. »Les « Patronas » regroupent une dizaine de volontaires qui se relaient pour cuisiner ce qu'on leur donne, du riz, des légumes, des sandwichs, préparés depuis de très nombreuses années par Julia Ramirez. « Je viens toute la journée, je travaille avec beaucoup d'amour, confie-t-elle. Tant que Dieu me donnera la santé, je continuerai à aider. »À lire aussiLe Mexique, victime de la politique migratoire des États-UnisLe « train de la mort »Omar, à 27 ans, s'est engagé il y a quatre mois comme volontaire auprès des « Patronas ». Un mois plus tôt, un Vénézuélien de 21 ans est mort écrasé. « Certains parlent aussi "du train de la mort", témoigne Omar, nous en avons été témoins malheureusement. Il est tombé du train. On n'a rien pu faire pour le sauver. »Le long des rails, à quelques dizaines de mètres des maisons, les femmes ont installé une petite croix blanche. « C'est arrivé juste là, pointe-t-il. C'est une petite preuve de foi. Quelque chose pour dire qu'il est encore là et que le rêve qu'il portait n'est pas mort. Cette personne, je ne lui ai pourtant jamais parlé, mais je n'oublierai jamais son visage. »Un petit refuge destiné à accueillir les tombés du train ou ceux qui vont à pied est vide ce jour-là. En colère, Norma Vazquez explique que depuis des mois, les migrants sont traqués par les autorités mexicaines et se dépêchent d'aller vers le nord avec la Bestia. « Ils ne peuvent pas prendre un bus, car il y a toujours un risque que la police migratoire les attrape et les renvoie vers le sud. Donc, beaucoup ont peur, s'indigne-t-elle. Donc, la seule manière qu'ils ont de voyager est le train. »Depuis déjà 30 ans qu'elle jette des repas sur le train, elle a vu défiler les politiques migratoires, tant au Mexique qu'aux États-Unis. Et la situation a toujours empiré. « Ils menacent toujours de militariser les frontières, de construire des murs, etc. La migration continuera. Le migrant le plus pauvre continuera à payer les conséquences de ce désastre. » À lire aussiLe Mexique va aider ses ressortissants installés aux Etats-Unis à affronter la politique anti-migrants de Trump

    En Ukraine, des millions de déplacés ont fui les bombardements, des dizaines de milliers restent

    Play Episode Listen Later Jan 8, 2025 2:25


    En Ukraine, près de cinq millions de personnes ont été déplacées depuis le début de l'invasion russe à grande échelle. Elles viennent pour la plupart des régions de l'Est, notamment de la région de Donetsk, d'où elles continuent de fuir les combats. Malgré l'ordre d'évacuation totale de la population donné il y a plusieurs mois par les autorités régionales, en raison de l'avancée des troupes russes, beaucoup ne se résignent pas à quitter leur foyer qu'une fois que les bombardements s'abattent sur leurs communes. Un reportage de notre envoyée spéciale dans les régions de Dnipropetrovsk et Donetsk auprès de ceux qui partent, et de ceux qui restent. Un reportage à retrouver dans la longueur dans Accents d'Europe.À lire aussiUkraine: mille jours après l'invasion russe, l'omniprésence de la guerre au quotidien

    La Bulgarie et la Roumanie accèdent pleinement à l'espace Schengen

    Play Episode Listen Later Jan 6, 2025 2:28


    Il aura donc fallu 18 ans après leur adhésion à l'Union européenne pour supprimer leurs frontières communes. Cela facilitera les voyages, notamment en été lorsque les embouteillages bloquent les postes-frontière entre la Bulgarie et la Roumanie. Les transporteurs routiers se sont également félicités pour ce développement longtemps attendu dans le secteur. Concrètement, l'adhésion à l'espace Schengen ne va pas bouleverser la vie des Bulgares. Les citoyens ont le droit de libre circulation depuis 2007, mais désormais, se rendre dans les pays voisins sera beaucoup plus facile. Setti et Dimitar sont les premiers à se réjouir de l'entrée de la Bulgarie dans l'espace Schengen. Ils passent la majorité de leurs vacances et de leurs week-ends en Grèce. Un voyage souvent synonyme de tracasseries douanières. Avec l'entrée pleine et entière dans l'espace Schengen, ces mauvaises expériences devraient appartenir au passé. « Il nous est arrivé d'attendre pendant des heures à la frontière. Il sera plus aisé de planifier notre séjour aussi. Jusque-là, il fallait suivre les groupes sur les réseaux sociaux pour connaître le trafic à la frontière. On évitait de partir le vendredi soir, par exemple, lorsqu'il y avait de très longues files d'attente. »Le soulagement au niveau du trafic frontalier est une aubaine pour les transporteurs routiers. La levée des contrôles douaniers aux frontières avec la Grèce et la Roumanie rendra leur travail beaucoup plus facile et agréable, explique le directeur de l'Union des transporteurs internationaux : « On peut traverser le pont sur le Danube en une minute sans devoir attendre, il faut juste payer le tarif demandé. C'est un soulagement énorme pour les routiers qui devaient attendre dix, 20 heures, parfois même plusieurs jours. »Des bénéfices à plus de 800 millions d'eurosLes entreprises de transport devraient par ailleurs profiter financièrement de l'espace Schengen. Les grands partenaires commerciaux de la Bulgarie sont tous situés dans l'Union européenne, donc dans l'espace Schengen, l'Allemagne d'abord, avec des échanges évalués à plus de 9 milliards d'euros, d'après l'Institut national des statistiques. Selon les calculs de l'Académie bulgare des sciences, les bénéfices de l'entrée dans l'espace Schengen, s'élèveront à plus de 800 millions d'euros. « Cela aura un effet direct sur les heures supplémentaires et les salaires des routiers, sur les frais de dédommagement en cas de retard, lorsque le transport n'est pas rapide, il n'est pas attrayant », précise encore le directeur de l'union des transporteurs internationaux. Le jour de l'An, les ministres bulgare et roumain de l'Intérieur se sont donné rendez-vous au poste frontière pour lever une dernière barrière symbolique. « Un succès historique pour nos pays », a souligné le ministre de l'Intérieur bulgare Atanas Ilkov.Côté passagers, les témoignages sont enthousiastes sur les réseaux sociaux. Les vidéos enregistrées en voiture par des Bulgares rentrant de vacances ont fait le tour du net. Comme quoi l'espace Schengen est bien une réalité.À lire aussiEspace Schengen: accord de l'Union européenne pour la pleine adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie

    Syrie: à Homs, la traque des anciens du régime inquiète les Alaouites

    Play Episode Listen Later Jan 6, 2025 2:29


    Depuis la semaine dernière, la ville syrienne de Homs vit aux sons des tirs et des opérations de ratissage contre les derniers fidèles de l'ancien régime. Les hommes de Hayat Tahrir al-Cham, qui ont mené à la chute de Bachar el-Assad, traquent les anciens officiers et soldats mais aussi les miliciens qui refusent de rendre les armes. Plusieurs personnalités ont été arrêtées, dont l'un des responsables des caméras de surveillance de la prison de Saydnaya. Au cœur de ces quartiers passés au peigne fin, une population alaouite, assimilée au régime sanguinaire des Assad, et qui crie à l'injustice et au sectarisme de la part des combattants de HTS. Ces derniers jours, plusieurs quartiers à majorité alaouite de Homs sont en état de siège. Tirs de sommation pour faire rentrer les gens chez eux, survole de drone, fouilles et arrestations parfois musclées se multiplient... Abou Bakr Sheikh Al Souq, membre d'une brigade de HTS explique. « C'est une opération qui vise les derniers éléments du régime du "fugitif". Pourquoi ces quartiers ? Parce que les gens ont refusé d'enregistrer leurs armes, malgré plusieurs appels, malgré l'installation de bureaux dédiés dans leur quartier. Personne ne s'est présenté, pas même les suspects. On est donc là pour les arrêter afin d'éviter les troubles. Il y a eu des arrestations. Et des affrontements car certains résistent encore ».Dans une mosquée du quartier de Wadi-Dahab, un registre des « disparus » a été établi pour toutes les familles qui n'ont plus de nouvelles de leurs proches arrêtés. « Rue Jamil-Serhan, ils ont pris tous mes frères. Qu'ils nous les rendent, et s'ils sont morts qu'ils nous le disent. On saura quoi faire ! Mes frères n'avaient pas d'armes, ils n'ont rien trouvé ! », raconte une femme. « Mon fils portait une arme pour nous défendre, vous, moi, tout le monde. Pas pour le pouvoir. Et quand on est pauvre, on n'a pas le choix. On n'a pas de fortune, pas d'argent. L'armée, c'est pour vivre, pour le salaire ! », ajoute une autre.Tensions croissantes entre familles et nouvelles autoritésAssailli par les plaintes, l'imam alaouite Mohieddine Saloum tente de calmer les esprits. « J'entends votre douleur. Je dirai à mes frères sunnites de ne pas enfermer nos enfants sans raison légale, ni preuve. Mais il faut rester guidés par la raison. Je vous jure que certains essaient de nous monter les uns contre les autres, sur Facebook et ailleurs, en insultant les Alaouites. Que cherchent nos ennemis ? Semer la haine pour justifier notre massacre. On leur donne cette occasion ? »Après les belles paroles, l'imam espère des actes des nouvelles autorités. Dehors, les combats continuent y compris à l'arme lourde contre ceux qui sont accusés par HTS d'avoir du sang sur les mains. 

    Le Trophée des champions français à Doha: «Cela fait partie de la stratégie du Qatar»

    Play Episode Listen Later Jan 4, 2025 2:30


    Ce dimanche 5 janvier a lieu le Trophée des Champions entre le PSG et Monaco. Le premier grand rendez-vous de l'année pour les clubs français se tiendra à Doha, au Qatar. Un match reporté plusieurs fois et délocalisé donc dans l'Émirat. Ce qui prouve son influence sur le foot hexagonal. À lire aussiFoot: Luis Enrique se dit "très tranquille" pour la fin de saison du PSGPSG-Monaco,c'est ce dimanche à 16h30 TU (17h30 à Paris)

    Lituanie: Vilnius, capitale verte européenne pour l'année 2025

    Play Episode Listen Later Jan 3, 2025 2:16


    Vilnius, en Lituanie, est la capitale verte de l'Union européenne cette année. Un titre décerné par la Commission européenne pour récompenser les efforts réalisés pour se développer de manière plus durable. Cette ville de 600 000 habitants, en constante croissance, a de grandes ambitions et veut devenir un lieu d'expérimentation. De notre correspondante à Vilnius,Vue du ciel, Vilnius est une ville verte : 61% du territoire est recouvert par la nature. On trouve même une forêt en plein centre-ville. Jekaterina Lavrinec, anthropologue, explique : « Vilnius a sa couronne verte, des plantations qui entourent la ville et qui sont visibles de nombreux endroits dans la ville. Au début du XXᵉ siècle, on plantait encore des allées à Vilnius, ce qui a incité à se déplacer à pied dans la ville. »La ville a obtenu ce titre pour les efforts faits dans différents domaines, comme la qualité de l'air, l'adaptation de la ville au réchauffement climatique ou la diversité biologique. Jurga Mikutiene, responsable du projet de capitale verte, déclare : « Nous cherchons à préserver la faune et la flore à divers endroits et notre décision de ne pas tondre tous les espaces verts comme c'est habituel a été très remarquée. »Place aux piétons et aux cyclistes La municipalité a aussi réduit la largeur de certaines voies pour faire de la place aux piétons et aux vélos. Comment mieux se déplacer dans la ville est l'une des grandes préoccupations. « Il y a cinq ans, la ville a restreint le flux de voiture pouvant circuler dans le centre. Pour moi, cela a permis aux gens de comprendre que se rendre partout en voiture n'est pas forcément un mieux », affirme Silvestras Dikcius, formateur en développement durable.Plus d'une centaine de kilomètres de pistes cyclables relient désormais les différents quartiers de Vilnius, une ville très étendue. Les transports en commun sont de plus en plus écologiques. « Les trolleybus sont des bus reliés par des antennes à un réseau électrique. Maintenant, nous avons des véhicules qui rechargent leurs batteries en roulant connecté au réseau, énonce Jurga Mikutiene, la responsable du projet de capitale verte. Ils peuvent être autonomes pendant un certain temps et ainsi, il n'y a aucune émission de CO2. »Néanmoins, tout n'est pas rose pour l'anthropologue Jekaterina Lavrinec : « Les surfaces dures augmentent dans la ville. De plus en plus d'espaces verts disparaissent pour faire place à de nouveaux quartiers. C'est dû au modèle économique. Les prêts immobiliers sont bon marché et la demande est là. »Durant cette année où Vilnius sera la capitale verte de l'Europe, l'accent sera mis sur la communication et la sensibilisation à l'écologie. En 2030, Vilnius a l'ambition de devenir neutre du point de vue climatique.À lire aussiLituanie: racheter des terres pour préserver les forêts primaires et la biodiversité

    Azerbaïdjan: la baisse du niveau de la mer Caspienne impacte durement les pêcheurs

    Play Episode Listen Later Jan 2, 2025 2:38


    En Azerbaïdjan, où a eu lieu la COP29 du 13 au 24 novembre 2024, les conséquences du changement climatique sont déjà évidentes. Le pays connait une crise d'approvisionnement en eau sans précédent, et la mer Caspienne, la plus grande étendue d'eau intérieure au monde, a baissé de trois mètres depuis 1995. Un drame pour les villages alentour, comme à Balikcilar, où 95% de la population vit de la pêche depuis des générations. De notre envoyée spéciale de retour de Balikcilar,Balikcilar, littéralement « le village des pêcheurs », a perdu toute sa raison d'exister. Ces dernières années, l'eau de la mer Caspienne a reculé. Les poissons, eux, ont migré. avec elle, les poissons ont migré. « Ça a tellement changé. Avant, l'eau montait jusqu'ici », constate un habitant de ce village d'Azerbaïdjan.Le village créé par l'Union soviétique dans les années 1930 pour accueillir les pécheurs azéris a, lui, été déserté. « Avant, il y avait plus de 200 familles qui vivaient ici. Désormais, il n'y en a plus que 56. Il n'y a plus de poissons, donc il n'y a plus rien à faire. Les jeunes partent tous dans les grandes villes, à Bakou, même en Russie et en Turquie », poursuit le même habitant.« Tout l'Azerbaïdjan connaissait notre village. Les pêcheurs de Balikcilar étaient célèbres. Et puis, entre pêcheurs, on s'entraidait comme des frères. Aujourd'hui, c'est différent. On galère tellement », complète un autre.« La mer Caspienne n'est pas épargnée »Dans le salon de thé, une baraque désormais entourée de marécages, de vieux pêcheurs se rappellent l'époque où les vagues frôlaient encore les fondations de leur maison. Désormais, le village est une étendue de sable gris où s'entassent les algues sèches, les détritus, les vieux filets de pêche.Velia Gaillard, 70 ans, nous montre sur son téléphone d'anciennes photos de sa barque remplie de poissons. Un vieux souvenir de 1992 : « Dans ce village, nous sommes tous nés pécheurs, notre chair est faite de poisson. Mon grand-père était pêcheur, mon père l'était également, et moi, je le suis devenu. Mais mon fils, non. Je ne le laisserai pas devenir pêcheur. C'est devenu le boulot le plus dur au monde. J'ai jeté ma dernière pierre à la mer, désormais, je suis réparateur. Je fais de la soudure. J'étais pécheur, c'était beau. Tout ça à cause de l'écologie. La mer Caspienne n'est pas épargnée. »À lire aussiCOP29: les défenseurs du climat de plus en plus réprimés en Azerbaïdjan et dans le mondeRisque de déséquilibre de l'écosystèmeÀ l'origine du phénomène, il y a la baisse des précipitations. Il y a aussi l'augmentation des températures. Et il y a surtout l'intensification des irrigations agricoles et des extractions d'eau dans la Volga et l'Oural, les deux fleuves qui alimentent la mer Caspienne. Bien que les cinq pays côtiers soient concernés, aucun accord au système de gouvernance n'a encore été mis en place.En Azerbaïdjan, le phénomène est déjà visible partout. Bakou, la capitale, est désormais entourée de terres grises et boueuses, au milieu desquelles sont creusés des puits pour extraire du pétrole. Avec ces derniers, l'eau de la Caspienne a été polluée. À terme, la mer connaît un risque d'eutrophisation, un processus qui peut entraîner une baisse de l'oxygène et asphyxier les poissons. « C'est Dieu qui l'a voulu ainsi. Qui sommes-nous pour y faire quelque chose ? », lâche un pêcheur.Près de la Caspienne, quand la mer se retire, restent les légendes, comme celle d'un esturgeon d'une demi-tonne pêchée au tournant des années 1990, que se répète, à Balikcilar comme ailleurs, tous les anciens.À lire aussiMer Caspienne: les pays riverains signent un accord historique

    Syrie: le message d'ouverture d'Ahmed al-Charaa envers les minorités peut-il marquer un tournant?

    Play Episode Listen Later Jan 2, 2025 2:10


    À Damas, l'ouverture du nouveau chef syrien Ahmed al-Charaa envers les minorités suscite des réactions variées. Si certains estiment qu'il cherche à rassurer les États-Unis et la communauté internationale, d'autres voient dans cette démarche un message d'unité, rappelant que, par-delà les différences religieuses et culturelles, tous les Syriens partagent un même destin. Dès son arrivée au palais du peuple, situé au sommet du mont Qassioun à l'ouest de Damas, le président de la nouvelle administration syrienne, Ahmed al-Charaa, n'a cessé de recevoir des délégations officielles et non officielles, venant de l'intérieur et de l'extérieur du pays. Il s'efforce d'envoyer des messages rassurants aux Syriens, affirmant que l'ère de la répression des libertés est révolue avec le départ de Bachar el-Assad. Ces messages semblent avoir atteint de nombreux Syriens, comme en témoigne un groupe rencontré dans le quartier de Mezzeh. Ils ont particulièrement apprécié qu'al-Charaa, malgré ses origines islamiques conservatrices, reçoive une délégation représentant les communautés chrétiennes de Syrie, en pleine période des célébrations de Noël et du nouvel an.Quelques réactions de Syriens interrogés dans les rues de Damas concernant cette politique d'ouverture des nouvelles autorités syriennes : « Nous, Syriens, sommes unis et nos confessions ne font qu'un. Peu importe la diversité de nos confessions, nous resterons un seul peuple. Sous la direction du leader Ahmad al-Charaa et du conseil dirigeant, nous espérons renforcer notre coopération pour reconstruire la Syrie ensemble », dit un homme. « J'ai le sentiment que le pays se dirige vers une phase de reconstruction, même si cela prendra du temps. Ces rencontres prouvent que notre nation sera exempte de toute discrimination », ajoute une femme.Une politique internationale qui séduitSur le plan des relations internationales, les États-Unis, qui réclamaient autrefois la tête d'Ahmed al-Charaa, cherchent aujourd'hui à le courtiser et à le rencontrer. Cela reflète, selon les Syriens comme le jeune Obeid, sa capacité à construire de bonnes relations avec les nations, contrairement à l'ancien régime. « C'est le climat que souhaitent les États-Unis et l'Occident. L'image que présente al-Charaa est satisfaisante pour l'Occident, contrairement à l'ancien régime. al-Charaa est parfaitement conscient de ses objectifs dans ces démarches, visant à réconcilier la Syrie avec les différentes nations du monde ».Depuis la chute de Bachar al-Assad, al-Charaa a accueilli des dizaines de délégations issues de la plupart des pays arabes, de l'Union européenne et des voisins de la Syrie. Toutes ont exprimé leur volonté de soutenir économiquement le pays après ces rencontres.

    À Tchernihiv, en Ukraine, la France investit dans la culture

    Play Episode Listen Later Dec 31, 2024 2:32


    En Ukraine, depuis 2022, la France investit dans des projets de reconstruction, particulièrement dans la région de Tchernihiv. 50 millions d'euros ont déjà été fournis et un bureau d'Expertise France, l'agence publique française mettant en œuvre des projets de coopération internationale, vient d'ouvrir une filiale dans la ville même de Tchernihiv.     De notre envoyée spéciale à Tchernihiv,Bien que la ville n'ait pas été occupée, elle a été fréquemment la cible des bombes russes. En plus de l'hôpital, d'infrastructures stratégiques et de l'université, les fonds débloqués par Paris ont servi à rénover le théâtre de la ville. La sonate de Franck résonne dans la salle rénovée, une mélodie française pour une soirée hors temps au cœur d'une ville ukrainienne éprouvée par la guerre. Ici même, le 19 août 2023, un missile russe s'abattait, tuant 7 personnes et en blessant plus de 150, en témoigne le plafond de l'entrée encore endommagé. Mais dans la salle, les rénovations financées par la France et l'Allemagne ont rendu possible un retour à la vie culturelle.Gaël Veyssière, l'ambassadeur de France en Ukraine, s'est rendu sur place : « Il y a une relation particulière entre la France et Tchernihiv, puisque les autorités ukrainiennes avaient demandé en juillet 2022, lors d'une grande réunion internationale à Lugano, que chaque État qui veut aider et accompagner l'Ukraine se porte plus spécifiquement volontaire pour une région en particulier. »C'est donc en matière de reconstruction que le partenariat français à Tchernihiv s'est établi. « En plus de tout ce qu'on fait par ailleurs dans le domaine de la santé, dans le domaine de l'éducation - construire des abris pour les écoles - en aide pour les hôpitaux, on a pensé que ça valait vraiment la peine de se mobiliser. Et grâce au soutien d'Expertise France et des programmes français, on a donc pu refaire le toit de ce théâtre, se réjouit l'ambassadeur. Et donc aujourd'hui, c'est le premier grand spectacle qui reprend dans ce théâtre, qui n'a jamais arrêté de fonctionner en fait, dans les petites parties qui étaient à l'abri. »À lire aussiÀ Kiev, des visites culturelles pour se réapproprier une identité ukrainienneDes artistes partis au frontLa guerre est présente partout. Au cœur du théâtre, le directeur Serhiy Moisienko mène la délégation française jusque dans les combles. Au détour de la visite, une galerie de portraits montre des artistes partis au front et ceux qui n'en sont pas revenus. « Ce sont ceux de nos artistes héros, ceux qui sont au front, ceux qui se battent. Celui-ci a eu 55 ans il y a une semaine... », confie Serhiy Moisienko.Malgré l'absence de dizaines d'artistes, les représentations ont eu lieu dans les sous-sols du théâtre le temps des réparations. Lors de cette visite française, dans la grande salle rénovée, seuls des artistes français seront joués. Pour Gaël Veyssière, cela montre une Ukraine résolument tournée vers l'Occident. « C'est une façon de résister, c'est une façon d'affirmer aussi qui on est, estime l'ambassadeur. C'est aussi une façon de s'affirmer dans un ensemble plus large. Et le choix d'aujourd'hui, c'est un choix français, avec les musiciens français, mais c'est aussi un choix européen. Et c'est ce que veulent les Ukrainiens, je crois, profondément. »Ce soir-là, le temps d'un concert, les Ukrainiens de Tchernihiv ont pu vivre une parenthèse culturelle aux couleurs de la France, sans alerte aérienne, comme un rappel d'une normalité précieuse et trop rare dans un pays toujours à la merci de son voisin russe.

    Israël: dans le Nord, les habitants ne reviennent pas

    Play Episode Listen Later Dec 30, 2024 2:38


    Ils étaient 60 000 à avoir quitté leurs maisons toutes proches de la frontière avec le Liban. Un peu plus d'un mois après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, les habitants du nord de l'État hébreu ne semblent pas vraiment prêts à revenir chez eux. C'est toujours la méfiance qui l'emporte avec la crainte d'une reprise des combats.  De notre envoyé spécial à She'ar Yashuvet et Hurfeish,Dans l'extrême nord d'Israël, le moshav de She'ar Yashuv a des allures de village fantôme. C'est une petite communauté où vivaient 600 personnes avant la guerre, mais plus d'une sur deux a fui les combats. Au milieu des maisons aux volets fermés, Gidi Harari, lui, n'est jamais parti. Cet ancien colonel nous accueille chez lui, autour d'un café. « Là, c'est Kiryat Shmona, la grande ville du coin. Et nous sommes ici, à She'ar Yashuv, et à 2 km, c'est la frontière avec le Liban. On est vraiment dans la périphérie d'Israël », montre-t-il sur une carte. Ce moshav est toujours officiellement une zone évacuée, alors Gidi Harari prépare le futur retour des habitants. « Par exemple, je coordonne une équipe de bénévoles qui préparent les maisons des personnes âgées qui sont parties, ça veut dire s'occuper du jardin, repeindre, ranger, nettoyer... Tout ce qui n'a pas été fait depuis plus d'un an ! » À la question de savoir ce qui manque, il répond : « D'abord, il faudrait que les écoles rouvrent. Et puis il n'y a aucune activité économique, ce n'est pas très attirant, les magasins sont fermés, les usines aussi, les gens ont besoin de pouvoir reprendre leur travail pour rentrer et ce n'est pas le cas ! »D'après Gidi Harari, certains habitants ne reviendront même jamais. « La plupart des familles évacuées n'avaient jamais vécu ailleurs qu'ici. Dans les grandes villes, elles ont découvert qu'il y a de bonnes écoles, des bons médecins, que les salaires sont meilleurs. 15 % ne reviendront pas ! », juge-t-il.À écouter dans Grand reportageLiban : les civils pris au piège de l'offensive israélienneBeaucoup hésitent à revenir, une minorité revientParmi ceux qui hésitent à revenir dans le nord d'Israël, il y a Ren Blum, une mère de famille : « Ce cessez-le-feu ne tiendra pas et je ne veux pas mettre mes enfants en danger, répond-elle via WhatsApp. Donc, pour l'instant, rentrer n'est pas à l'ordre du jour, personne n'a dit qu'on pouvait revenir. Et même si je suis très patriote, j'ai décidé de rester là, pour offrir un meilleur avenir à mes enfants. »Et puis, il y a ceux, une minorité, qui sont revenus, comme Raed Hamed, qui habite à 4 km de la frontière libanaise, dans le village druze d'Hurfeish. « Maintenant, c'est devenu calme. Calme... mais pas sûr ! D'accord, il n'y a plus le bruit des bombes, des roquettes, mais on ne sait pas ce qui peut se passer au Liban ou en Syrie, juste à côté d'ici. Il suffit d'une étincelle pour que ça reparte comme après le 7 octobre 2023. » Pour l'instant, le gouvernement israélien continue de subventionner les personnes déplacées en leur payant l'hôtel, mais cela s'arrêtera un jour. Nombreux sont ceux qui évoquent la date du 1ᵉʳ février prochain.À lire aussiIsraël-Gaza: 7 octobre 2023, le jour où une nouvelle guerre a débuté

    Les Romains exaspérés par les travaux en amont du Jubilé 2025

    Play Episode Listen Later Dec 29, 2024 2:28


    À l'occasion du Jubilé 2025, proclamé par le pape François, des centaines de chantiers ont été lancés à Rome depuis deux ans, grâce à 4,3 milliards d'euros de financements. L'objectif est de restituer son prestige à la Ville éternelle et de la rendre plus durable. Mais les Romains sont exaspérés par les travaux qui perturbent leur vie quotidienne. En outre, ils redoutent l'arrivée de hordes de pèlerins. Environ 32 millions de fidèles sont attendus dans la capitale qui souffre déjà du surtourisme. De notre correspondante à Rome,La Ville éternelle, aussi chaotique que la scène du grand embouteillage dans le film « Roma » de Federico Fellini, sorti en 1972, c'est l'impression qui se dégage des deux côtés du Tibre. La directrice de la surintendance spéciale de Rome, Daniela Porro, rappelle que qui dit Jubilé, depuis le premier lancé en 1300 par le pape Boniface VIII, dit grands travaux : « La ville de Rome est aussi le reflet de toutes les opérations de rénovation et de modernisation réalisées à l'occasion des Années Saintes », affirme-t-elle.Mais sur les 205 chantiers prioritaires, seuls 64 sont achevés. Parmi ces derniers, la réfection de stations de métro ou encore la restauration de monuments. Antonella, avocate qui vit près du Panthéon, a un regard courroucé. « Aux difficultés de gestion des transports en commun s'ajoutent tant de travaux qui créent des désagréments. Et puis il y a des problèmes récurrents à Rome, comme la saleté, s'exaspère-t-elle. Tout un tas d'activités de restauration rapide ont été ouvertes, mais il n'existe aucun espace adapté à la consommation ».À lire aussiItalie: fermée pour des travaux, la fontaine de Trévi à Rome rouvre avec un accès limitéFuir Rome ou trouver des astuces pour slalomer entre les touristesRomain d'adoption, le Britannique James songe à prendre la poudre d'escampette. « Tout devient très compliqué. Même l'accès aux toilettes publiques… Vous comprenez ? Moi, je pense m'échapper à la campagne », rit-il.Pour Alessandra, vaillante octogénaire, sillonner à pied le cœur de Rome est un parcours du combattant. « J'ai accroché à ma canne une sonnette de vélo pour demander l'autorisation de passer, explique-t-elle, parce qu'il n'y a pas de place pour marcher. Il y a trop de touristes ! »Quant à Attilio, enseignant rencontré sur la piazza Navona, libérée des échafaudages, il déplore les rénovations tape-à-l'œil. « Tout a été concentré sur le maquillage du centre-ville. Je suis choqué par la fontaine des Quatre-Fleuves du Bernin, s'exclame-t-il. Elle est d'une blancheur immaculée ! Mais, à mes yeux, ces types de fontaines doivent avoir une patine pour préserver le sens de l'Histoire ».Les Romains sont donc loin de jubiler. D'autant que dans les zones touristiques, les prix montent en flèche. Celui du traditionnel « espresso » au bar atteint jusqu'à 4 euros contre 1,50 euro en moyenne.À lire aussiItalie: Rome, musée à ciel ouvert, souffre du tourisme de masse

    El Hierro, l'île la plus écologique des Canaries

    Play Episode Listen Later Dec 28, 2024 2:37


    À l'extrême sud-ouest de l'archipel des Canaries, l'île d'El Hierro est certainement la plus étonnante. La plus petite avec ses 278 km², la moins peuplée avec ses 10 500 habitants, la plus isolée des sept îles. Et aussi la plus écologique. Depuis 2000, elle est classée réserve de la biosphère par l'Unesco. Depuis 2014, elle fait partie des géoparcs mondiaux, et, surtout, elle dispose d'une centrale hydro-éolienne, Gorona del Viento, qui lui assure en moyenne par an plus de la moitié de son électricité produite d'origine renouvelable. De notre envoyé spécial dans l'île du Hierro Dans un cratère volcanique, une réserve d'eau. 650 mètres plus bas, près de l'océan, une autre réserve d'eau, en face, deux conduits qui les relient. « Ici, nous avons une chute d'eau, avec un dépôt supérieur à 700 mètres et un dépôt inférieur à 50 mètres, ce qui veut dire que nous avons une chute hydraulique de 650 mètres pour générer de l'électricité avec les turbines », décrit l'ingénieur Félix BodaJuste à côté, une immense salle hébergeant 5 turbines, qui ensemble produisent 11,5 mégawatts. Juste derrière, cinq éoliennes gigantesques, qui à plein rendement produisent aussi 11,5 mégawatts. L'originalité de cette centrale, Gorona del Viento, c'est précisément la combinaison de ces deux sources d'énergie renouvelable.Felix Boda en explique le fonctionnement et la philosophie : « Le cœur du mécanisme, c'est le système éolien. Avec les aérogénérateurs, on alimente l'île et le système de pompage. Et ensuite, nous avons le système hydroélectrique. Il fonctionne lorsqu'il n'y a plus de vent. Quand c'est le cas, on fait tomber l'eau stockée et cela permet de produire l'électricité que le vent ne peut plus générer. Les deux systèmes se complètent et s'appuient pour générer une énergie stable ».C'est cette centrale qui permet à l'île d'El Hierro de se diriger vers l'auto-suffisance énergétique. Tout, bien sûr, repose sur la force du vent. S'il est très puissant, alors l'île consomme 100% d'énergie renouvelable. Lorsqu'il n'y a pas assez de vent, l'hydroélectrique supplée, et lorsque ses piles sont déchargées, une centrale thermique juste à côté prend la relève.Candelaria Sanchez est l'une des responsables de Gorona de Viento, une entreprise à la fois publique et privée. Elle explique l'objectif de cette centrale : « Oui, notre idée est d'aller vers la décarbonation complète de l'île pour la partie électrique. On n'arrête pas de faire des améliorations dans les installations pour que la part du renouvelable soit de plus en plus importante et on espère bientôt être totalement renouvelable 355 jours par an ». Candelaria se réfère à un projet ambitieux photovoltaïque, dans une autre partie de l'île qui permettrait à El Hierro une autosuffisance supérieure à 80%. Une ambition qui s'accompagne du fait que déjà l'île a fait des choix écologiques. Pas de grands hôtels, pas de grand aéroport, un tourisme soutenable.Des scientifiques sont venus de Corée du Sud, d'Hawaï, de Scandinavie pour étudier ce modèle unique. Les autorités de l'île savent qu'elles sont sur le bon chemin. Leur obsession est de poursuivre l'effort et de parvenir à être la première île qui fonctionnerait uniquement à l'énergie renouvelable.À lire aussiLes îles Canaries face au défi de la transition énergétique

    Le saké, intégré au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, rêve de lendemains meilleurs

    Play Episode Listen Later Dec 27, 2024 2:41


    Au Japon, les réveillons sont particulièrement festifs et arrosés en cette année 2024 grâce à l'Unesco, qui vient d'intégrer le processus traditionnel de fabrication du saké, l'alcool de riz, à sa liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Cette décision consacre une tradition qui remonte à l'ère impériale Muromachi – entre le XIVe et le XVIe siècle – et s'est transmise de générations en générations. Cette reconnaissance internationale est une bouée d'oxygène pour un secteur qui peine. Dans un pays où plus de 40% des moins de 30 ans ne boivent jamais d'alcool ou très rarement, on ne compte plus désormais que 700 petits producteurs de saké, cinq fois moins que dans les années 60. « Kanpaîîî !! » (« Santé !! » en japonais). Dans les bars à saké du centre-ville de Tokyo, la décision de l'Unesco d'intégrer le saké au patrimoine culturel immatériel de l'humanité met tout le monde en joie : « Cette consécration internationale est une si belle reconnaissance pour nos petits producteurs. Ça va les motiver comme jamais », souligne cet homme. « Le monde entier va découvrir nos si bons produits du terroir. C'est vraiment super », avance une Japonaise. « Je viens de Kôchi, une région réputée pour son saké. Cela me ferait trop plaisir s'il avait aussi du succès à l'étranger. Moi, en tout cas, pour sûr, je ne compte pas m'en priver », lâche-t-elle.« Moi, je suis originaire d'Okinawa, l'archipel tropical situé à 2 000 kilomètres d'ici. Quand j'ai le mal du pays, il suffit d'une coupe de notre saké local, l'awamori, pour avoir l'impression d'être de retour là-bas », confie une monsieur originaire de cette île au climat tropical.« Il n'y a pas un saké, en fait, il y en a des dizaines. Chacun a sa particularité et un goût singulier en fonction de la région dont il provient et du type de riz utilisé. Cette diversité est absolument passionnante », précise cette femme.Le saké tarde à conquérir les jeunes JaponaisShuso Imada dirige l'association regroupant les producteurs de saké. Il se frotte les mains : « En 2013, la tradition culinaire nippone a été inscrite dans la liste du patrimoine immatériel de l'humanité. Cette consécration a eu un effet spectaculaire. Aujourd'hui, à l'étranger, on dénombre trois fois plus de restaurants japonais qu'il y a dix ans, et depuis, les exportations de saké ont quadruplé. On peut donc vraiment dire que, tout comme notre patrimoine gastronomique, cette boisson a conquis le monde entier. Et ce nouveau coup de pouce de l'Unesco va sans doute encore accélérer cette tendance. »Pour autant, malgré ce succès à l'international, l'industrie du saké va mal : « Les Japonais en consomment quatre fois moins qu'il y a 50 ans, notamment parce que nos jeunes ne s'intéressent plus au saké. Pour eux, c'est un produit suranné, destiné surtout aux personnes âgées. Et puis, ce qu'ils adorent, ce sont les boissons légèrement alcoolisées. Or, le saké est assez fort, précise Shuso Imada. Malgré cette belle initiative de l'Unesco, l'avenir s'annonce assez sombre. Pour changer les choses, en fait, il faudrait un sursaut civique des Japonais eux-mêmes : une immense vague de fierté envers leur alcool national, qui est devenu si populaire à l'étranger. »Les professionnels du secteur demandent au gouvernement de mener des campagnes de promotion du saké, mais les autorités marchent sur des œufs. Il y a deux ans, affolé par la chute des recettes fiscales provenant des ventes d'alcool, le ministère des Finances avait lancé « Saké Viva », une campagne tonitruante qui avait tourné court, en raison d'un tollé d'anthologie de la part des addictologues notamment, car elle incitait les jeunes à s'enivrer davantage.À lire aussiUnesco: le «Nouvel an chinois» inscrit sur la liste du patrimoine culturel de l'humanité

    Syrie: dans les ruines du camp de réfugiés de Yarmouk, des familles tentent de survivre

    Play Episode Listen Later Dec 26, 2024 2:30


    Après 13 ans de guerre, la Syrie a aujourd'hui besoin d'aide humanitaire d'urgence. La Croix-Rouge a annoncé avoir besoin de 139 millions d'euros pour venir en aide à cinq millions de personnes. Certaines zones du pays sont également en ruines. C'est le cas du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk. Cette banlieue de Damas a été le théâtre d'affrontements du régime avec des groupes rebelles puis avec le groupe État islamique, avant d'être entièrement rasé. De nos envoyés spéciaux à Yarmouk,Dans le camp de Yarmouk, pas un immeuble n'est intact. Sur un amoncellement de gravats, Hani Hassan dirige la reconstruction d'une maison. Il commente :« Sur cette rue, avant, il y avait des agences d'assurances automobiles ! C'était très civilisé, mais en 2011 avec la révolution, tout a changé ! Le camp a été coupé du reste du monde par le régime. Les gens avaient faim, certains sont morts. Quand les forces rebelles sont parties de Yarmouk, le régime a forcé tout le monde à partir pour dix jours. L'aviation russe a frappé chaque bâtiment. Il ne reste pas un seul immeuble intact. »Comme presque tous ses anciens voisins, Hani Hassan est descendant de Palestiniens qui ont fui ou ont été expulsés lors de la création de l'État d'Israël en 1948 :« Je suis né en Syrie, mais je suis palestinien. Je n'ai pas de passeport. Je ne peux pas voyager. Ma sœur est en Jordanie, je ne peux pas la voir. J'ai trois frères et sœurs à Gaza. Tout le monde déteste les Palestiniens. On nous a massacré en Jordanie, au Liban, ici ! Les peuples arabes disent s'intéresser à notre sort, mais c'est faux, personne ne veut de nous dans son pays. Je vous le dis, nous sommes l'épine dans le pied du monde entier. » À lire aussiSyrie: malgré l'urgence humanitaire les combats continuent au sud de Damas Un espoir de reconstruction pour un retour des populationsDans une rue étroite aux immeubles sans façade, une jeune femme pousse la porte en métal d'un rez-de-chaussée. Les étages supérieurs ne sont plus que des pans de murs entassés. Dans la petite pièce isolée du froid et de la lumière, c'est la grand-mère Safane qui commande :« Nous habitions déjà ici avant la guerre avec mes quatre enfants. Moi, j'habitais au rez-de-chaussée et mes enfants dans les étages. Mais tout ce qui est au-dessus de notre tête a été détruit. Je suis revenue il y a deux ans, ma maison avait été brulée. Regardez le plafond, les murs ! Alors, nous reconstruisons tout petit à petit. Mais je préfère être ici. Ma maison, c'est ma dignité. »La jeune fille qui nous a ouvert la porte s'est assise discrètement dans la pénombre. Elle confie : « J'aimerais être psychologue pour aider les enfants d'ici. Ils souffrent énormément. Quand je suis arrivée ici, j'avais très peur. J'étais seule dans ce quartier, il n'y avait personne dans les rues. Et puis, finalement, d'autres familles sont revenues avec des filles de mon âge. On va ensemble au collège et j'ai accepté la réalité : je vais vivre ici. »  Avec la chute du régime, les habitants du camp de Yarmouk espèrent bientôt recevoir de l'aide financière afin de les aider à reconstruire et d'encourager leurs voisins à revenir.À lire aussiIsraël vise à nouveau la Syrie, l'ONU demande l'arrêt des «frappes israéliennes», contraires au droit international

    Tsunami de 2004: 20 ans après, sur l'île thaïlandaise de Koh Phi Phi, le traumatisme demeure

    Play Episode Listen Later Dec 26, 2024 2:38


    Il y a deux décennies, au lendemain de Noël, un tsunami a touché de plein fouet l'archipel de Koh Phi Phi, dans la province de Krabi, au sud de la Thaïlande. Dans le royaume qui a recensé plus de 5 000 morts, la douleur des locaux, qui ont survécu et perdu des proches, est encore là. Certains survivants s'inquiètent, par ailleurs, du tourisme effréné qui frappe l'île aujourd'hui, trop reconstruite à leurs goûts. De notre correspondant en Thaïlande,Sur un bateau transportant des touristes en direction de Koh Phi Phi, seuls les Thaïlandais, culturellement superstitieux, enfilent un gilet de sauvetage. Dans cet archipel touristique du sud de la Thaïlande, dévasté il y a 20 ans par le pire tsunami du XXIe siècle, les traumatismes persistent.À l'intérieur d'une cabane en bois perchée sur le point culminant de l'île, loin de la mer, Pin vend du jus de coco aux touristes venus admirer la vue. « Je travaille là parce que j'ai toujours peur du tsunami, on ne sait jamais ce qui peut arriver. En bas, je ne me sens pas en sécurité », confie-t-elle.Le 26 décembre 2004, sa petite sœur, qui n'avait pas encore 20 ans, fut emportée par les vagues. « Chaque jour, elle me manque », répète Pin.À lire aussiTriste jour pour l'Asie, dix ans après le tsunami dévastateur de 2004Le tsunami toujours dans les mémoires des locauxSur une plage bondée de Koh Phi Phi, Suwat, un survivant, se souvient d'une scène : « Quand la mer s'est retirée, une Japonaise a hurlé "Tsunami ! Tsunami !" Peu de gens l'ont prise au sérieux, car ici, contrairement aux Japonais, on ne savait pas ce que cela voulait dire. » Lui, sa femme et son fils ont pu échapper aux vagues à temps.À côté de lui, Malek qui, comme la plupart des locaux, propose des tours de kayaks aux touristes, a perdu des proches : « Ma maison a été détruite, quinze membres de ma famille sont décédés, ma mère, mon grand-père, mon oncle. Mais les gens ne parlent plus du tsunami, c'est du passé. »Sur la jetée, où des dizaines de bateaux remplis de touristes arrivent et repartent chaque jour, Luak, un autre rescapé du tsunami, pointe un index sur sa tempe : « Les gens de Koh Phi Phi n'ont pas oublié, ça restera gravé là, à tout jamais (dans nos mémoires, ndlr), personne ne peut oublier. » Il montre du doigt le littoral, ravagé il y a 20 ans : « J'étais là et, après le tsunami, tout ici s'est effondré, effondré et complètement effondré. »À lire aussiTsunami de 2004: un «électrochoc pour la communauté internationale»Les locaux inquiets du sur-tourismeL'île, dont 70% des bâtiments furent engloutis après le tsunami, est aujourd'hui entièrement reconstruite. Entre deux baies, où sont concentrées les infrastructures touristiques, quelques panneaux d'évacuation en cas de tsunami se fondent dans un paysage qui incarne désormais le sur-tourisme.Dans ce brouhaha permanent, on entend le tintamarre des valises à roulettes des milliers de touristes qui déambulent entre les hôtels, bungalows, restaurants, bars, salons de tatouages et boutiques de cannabis.Suwat est remonté contre ces constructions à n'en plus finir : « Il y a trop de bâtiments, trop de gens, ce n'est pas si bien, (et si cela continue), ce sera bientôt la fin de Koh Phi Phi, adieu le paradis de Phi Phi, car il y a trop de monde, trop de tout. »Sous-entendu, l'homme craint le désastre écologique induit par ce tourisme effréné.À lire aussiTsunamis, une menace planétaire

    Les publicités de Noël, tradition anglaise

    Play Episode Listen Later Dec 25, 2024 2:29


    Chaque année, en Angleterre, il y a une tradition à Noël: regarder et commenter les pubs à la télévision ! Elles sont devenues un véritable phénomène culturel, mêlant émotion, créativité et surtout… des budgets colossaux. Décryptage de ces machines à sous. De notre correspondante au Royaume-Uni,Cette année, le très attendu spot publicitaire des grands magasins John Lewis met en scène une femme qui, en cherchant un cadeau pour sa sœur, revit les moments clés de leur relation.Le budget ? Il n'est jamais clairement dévoilé, mais il tourne autour de 7 millions de livres, soit près de 9 millions d'euros.C'est qu'il faut tenir la compétition de la meilleure publicité, car chaque année, dans les bureaux de Sainsbury's, Tesco au Royaume-Uni, mais aussi chez Coca-Cola ou encore Amazon, un chargé de campagne a une grande responsabilité : gagner la course de Noël.Pourquoi cette pression ?Pour créer un lien émotionnel avec le consommateur qui associe la marque à des souvenirs positifs. Mais aussi, parce qu'une bonne publicité rapporte jusqu'à 20 fois l'argent investi.Pour Jason Gale, le fondateur des London Lifestyle Awards, c'est le moment de l'année où il faut tout miser sur l'émotion.« Les gens achètent avec le cœur, et Noël est une période très sentimentale. Les publicités intelligentes comme celle de John Lewis parlent d'émotions. Elles sont si fortes qu'elles sont comme des mini-films dont on se souvient pendant toute l'année. À mon avis, ça vaut chaque centime dépensé. »Une publicité pour faire vibrer une corde sensibleL'an dernier, les dépenses publicitaires autour de Noël ont généré près de 8 milliards de livres pour les marques britanniques. Pour Grace Jacobson, de l'agence Publicis, c'est toujours une question d'argent, mais aussi l'occasion de rêver un peu. « À Noël, les gens veulent s'évader. Ils veulent voir une publicité qui les transporte ailleurs, qui leur fait ressentir quelque chose, que ce soit de la nostalgie, de la joie ou toute autre émotion qui éveille quelque chose en eux. Des marques comme John Lewis, Marks & Spencer, Lidl ou JD Sports, qui ont mis l'accent sur la famille et les différentes formes qu'elle peut prendre, réussissent particulièrement bien à capter cet esprit. Et puis il a quelque chose de vrai, en phase avec ce que les gens vivent, notamment au Royaume-Uni. C'est une période où les publicités ne semblent pas uniquement dire "achetez, achetez, achetez", mais cherchent plutôt à faire vibrer une corde sensible. Même si, au bout du compte, l'objectif reste de vendre un produit et de générer des bénéfices, et de décrocher le prix de la meilleure publicité. »Ces trésors de publicité sont aussi sur Internet, commentés, classés, certains ont même leur page Wikipédia. Et c'est peut-être ça, les nouveaux contes de Noël.À lire aussiLes «mince pies», dessert fétiche des Britanniques à Noël

    Cisjordanie: à Bethléem, un Noël sans joie et sans touristes

    Play Episode Listen Later Dec 23, 2024 2:41


    En cette veille de Noël pour les chrétiens, reportage à Bethléem, en Cisjordanie occupée, où l'atmosphère n'est pas vraiment à la fête. La ville où, selon la croyance, Jésus serait né, est sinistrée depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre 2023. Des hôtels fermés, faute de clients, quasiment aucun pèlerin, et une population locale qui sombre dans la pauvreté. De notre envoyé spécial à Bethléem,Devant la basilique de la Nativité, quelques pèlerins venus d'Asie, une dizaine tout au plus.Nadim tient une boutique de souvenirs transmise de génération en génération depuis 200 ans. « Cette année, Bethléem est triste ! Nous n'avons aucun touriste. Regardez, il n'y a même pas de décorations dans Bethléem. Ça ne ressemble vraiment pas à l'ambiance de Noël », se désole l'homme.Conséquence, sur les 80 hôtels que compte la ville, seuls 22 sont ouverts. Elais Arja dirige l'établissement Bethléem, presque désert. Il nous raconte le déclin des clients : « La crise a commencé avec le Covid, on a été fermé pendant deux ans. Puis, on a ouvert quelques mois seulement. Et depuis maintenant 445 jours et le début de la guerre, on a dû fermer à nouveau faute de visiteurs. J'ai 400 chambres à 50 dollars la nuit ici. Ça fait plus de 8 millions de pertes ! ».« Par rapport à une année normale, nous n'accueillons que 2% de touristes. Chaque jour, le manque à gagner est d'un million et demi de dollars pour la ville de Bethléem avec les hôtels, les restaurants, les souvenirs », s'inquiète Majed Israk, adjoint du ministre palestinien du Tourisme, qui nous raconte la situation catastrophique de l'économie du tourisme à Bethléem.« Un tiers des habitants de Bethléem n'a aucun revenu »Plus grave encore, des dizaines de milliers d'habitants se retrouvent sans travail. « 8 000 employés vivaient du tourisme, et plus de 10 000 travaillaient en Israël, dans le bâtiment notamment. Mais depuis le 7-Octobre, ils n'ont plus le droit de passer la frontière. Aujourd'hui, un tiers des habitants de Bethléem n'a aucun revenu ! », rajoute Majed Israk.Il suffit de se rendre au marché, à l'autre bout de la ville, pour percevoir cette pauvreté galopante. Mai y fait ses courses avec ses trois enfants.« Même les produits essentiels, il y en a beaucoup que je n'achète pas, car nous n'avons plus les moyens. Mon mari ne travaille plus depuis le début de la guerre. Il était employé en Israël », raconte la mère de famille.Alors à Bethléem, les initiatives se multiplient. Le père Laurent, membre de la communauté apostolique salésienne, est responsable d'une boulangerie solidaire. Il nous explique ce qui a changé : « Au début, la boulangerie a été créée pour les pauvres de la région de Bethléem, on aidait 50 familles. Mais depuis le début de la guerre, on aide entre 120 et 130 familles et on donne la moitié de notre pain aux bonnes œuvres. En échange de plusieurs pains par jour, les familles paient un montant symbolique comme 5 euros par mois ».Dans une rue près de la Nativité, un chrétien palestinien nous confie son vœu le plus cher pour Noël : « La paix, la paix, la paix, et encore la paix ! ».À lire aussiGaza: à Bethléem, un voile de tristesse enveloppe les célébrations de Noël 2023