Chaque jour, un invité, spécialiste ou acteur de l’événement, vient commenter l’actualité internationale sur RFI au micro du présentateur de la tranche de la mi-journée.
Le Conseil des ministres libanais se réunit mardi 5 août pour évoquer le débat clivant sur le désarmement du Hezbollah. Le président Joseph Aoun a assuré vouloir « retirer les armes de tous les groupes armés, y compris du parti chiite » et réserver le monopole des armes aux forces militaires. Mais le Hezbollah demande, avant toute chose, le retrait définitif des Israéliens du Liban et l'arrêt des violations du cessez-le-feu. Anthony Samrani, co-rédacteur en chef au quotidien libanais L'Orient-Le Jour et auteur de Vu du Liban. La fin d'un pays, la fin d'un monde ? (Gallimard) décrypte les enjeux de cette situation.
Près de 600 anciens responsables de l'appareil sécuritaire en Israël en appellent dans un courrier à Donald Trump à faire pression sur le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, pour arrêter la guerre à Gaza. D'anciens chefs espions, militaires, policiers, diplomates, estiment que les objectifs de l'État hébreu ont été atteints dans l'enclave palestinienne, et considèrent que le Hamas « ne représente plus une menace stratégique ». L'analyse de Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Université ouverte d'Israël. À lire aussiIsraël: des ex-responsables de la sécurité demandent à Trump d'aider à «arrêter la guerre» à Gaza
Il y a 50 ans étaient signés les accords d'Helsinki, marquant une étape décisive dans l'histoire de l'après-guerre en Europe. Une signature dans le cadre de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE). À cette occasion, Volodymyr Zelensky a appelé le monde à œuvrer pour « un changement de régime en Russie ». Cyrille Bret, géopoliticien, maître de conférences à Sciences Po Paris, chercheur associé spécialiste de la Russie et de l'Europe orientale à l'Institut Jacques Delors, est notre invité. RFI : Comment expliquez-vous le regain de violence sur le terrain militaire ukrainien ? Cyrille Bret : C'est le pari de Vladimir Poutine. La violence paye, la violence militaire paye et la remise en cause par les armes des traités internationaux paye. Et donc la priorité est donnée à la force. La priorité est donnée à l'action et au terrain. C'est-à-dire au champ de bataille, au rapport de force hors du champ de bataille, dans le domaine économique, dans le domaine cyber. Et c'est ainsi effectivement que l'Europe se trouve désormais non plus être un territoire de droit, mais un champ de confrontation des forces et des puissances. À lire aussiL'Ukraine dénonce une attaque aérienne «massive» de la Russie sur Kiev Comment expliquer que les forces armées russes ont lancé autant de drones contre l'Ukraine en juillet dernier ? Presque 6 300 selon une analyse de nos confrères de l'AFP qui a été publiée vendredi... La raison stratégique transparaît dans votre question. C'est-à-dire que depuis le début de l'année, les autorités russes essaient de remporter le maximum de victoires sur le terrain pour aborder d'éventuelles négociations forcées par les États-Unis en position avantageuse. Sur le plan tactique, les drones, c'est beaucoup moins coûteux en homme, c'est beaucoup moins coûteux financièrement que des missiles. Et puis c'est saturant. C'est-à-dire que ça sature les défenses antiaériennes. Et puis sur le plan industriel, ça montre que l'industrie russe de défense s'est transformée depuis trois ans et est allée vers des solutions low cost high tech à l'instar de ce que l'Ukraine a réussi à faire très vite, avec l'aide des occidentaux et avec l'aide également de la Turquie. À lire aussiUkraine: des missiles et drones russes frappent Kiev dans une importante attaque meurtrière Les accords d'Helsinki ont célébré leurs 50 ans. Ils reposent sur trois principes : l'inviolabilité des frontières, la souveraineté des États et le respect des droits de la personne. Est-ce qu'on peut considérer les accords d'Helsinki comme bel et bien morts ? Oui, ils ont été remis en cause le jour où les forces russes ont franchi officiellement la frontière internationalement garantie de l'Ukraine et ils sont également morts dans la mesure où vous l'avez rappelé, les autres principes des accords d'Helsinki de 1975, c'est l'autonomie des États. C'est-à-dire en fait la non-ingérence des États dans la vie, les institutions, les régimes politiques des autres. À l'époque, en 1975, ça voulait tout simplement dire qu'un État capitaliste n'appelait pas, et ne cherchait pas à faire d'un État communiste, un État de l'Ouest et réciproquement. Ça voulait dire que les États communistes ne remettaient pas en cause le choix du régime et de la nature de l'économie à l'Ouest. Donc, on était dans un statu quo. Ça n'est plus du tout le cas. Les autorités russes appellent depuis de nombreuses années à des changements institutionnels de régime à l'Ouest. Et réciproquement, on l'a entendu, le président ukrainien, et de très nombreuses voix en Europe, appellent à un changement de régime en Russie. L'esprit d'Helsinki, cet équilibre, est bel et bien mort et le droit ainsi que les populations civiles en sont les principales victimes. À lire aussiL'Ukraine dit avoir frappé des cibles militaires et énergétiques en Russie Ça veut dire qu'il faudrait repenser ces accords ? Oui, ça fait des années, malheureusement, que plusieurs voix s'élèvent, y compris la mienne, pour qu'on rebâtisse une architecture comparable à celle des accords d'Helsinki. On en est très loin puisque la condition de sensibilité de ces accords d'Helsinki en 1975, c'était la conscience et l'espoir de deux côtés du rideau de fer qu'il était impossible de remettre en cause par les armes cet équilibre stratégique. On n'en est plus du tout là. Les protagonistes et les différents États en Europe croient dans la force militaire et voient qu'elles payent. Notamment dans la façon dont la Russie a mis la main littéralement par les armes sur plus de 1/5 du territoire ukrainien. Et donc cette architecture de sécurité collective doit commencer à être bâtie dès maintenant par des petits pas, naturellement.
La 35e édition des Nuits des Étoiles, organisée du 1ᵉʳ au 3 août partout en France permet au public d'observer le ciel nocturne. Le thème cette année - très poétique d'ailleurs - est les « océans du ciel ». L'occasion pour les associations environnementales de rappeler que les Français sont très exposés à la pollution lumineuse, ces lumières artificielles qui ne s'éteignent pas la nuit. En France, 85 % du territoire est impacté, particulièrement dans les villes, où il est devenu difficile de voir un ciel complètement noir. Olivier Las Vergnas, astronome et président de l'Association française d'astronomie (AFA), un des fondateurs de la Nuit des Étoiles, est notre invité. À lire aussiNuits des étoiles: l'observation du ciel en France est très perturbée par la pollution lumineuse
Virage diplomatique opéré par l'Allemagne, premier soutien européen d'Israël du fait de sa responsabilité dans la Shoah. Berlin commence à prendre ses distances et accentuer la pression sur l'État hébreu en lançant un avertissement et l'estimant de plus en plus isolé sur le plan diplomatique face au désastre humanitaire à Gaza et aux menaces d'annexion de la Cisjordanie. L'analyse de ce changement de ton vis-à-vis d'Israël avec Hélène Miard-Delacroix, professeure d'histoire et de civilisation de l'Allemagne contemporaine à Sorbonne Université. Autrice de « Les émotions de 1989 », éditions Flammarion.
Moscou continue de pilonner sans relâche Kiev, malgré l'ultimatum de 10 jours de Donald Trump pour mettre fin au conflit. L'armée russe a également affirmé avoir conquis la ville de Tchassiv Iar, ancienne place forte des troupes ukrainiennes dans l'est du pays, une information démentie par Kiev. Volodymyr Zelensky a appelé les soutiens de l'Ukraine à œuvrer pour un changement de régime. Le point de la situation militaire avec le colonel Peer de Jong, vice-président de l'institut de formation Themiis et professeur associé à l'École de Guerre économique. Auteur de Poutine, Lord of war, éditions Mareuil.
Les discussions se poursuivent entre la Chine et les États-Unis à Stockholm pour conclure un accord commercial. Les deux parties ont discuté de la possibilité de prolonger la trêve tarifaire au-delà de la date limite du 12 août, mais aucune décision n'a été prise. Les deux pays semblent vouloir éviter une nouvelle escalade. Une rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump pourrait même avoir lieu dans les prochains mois. Entretien avec Pierre-Antoine Donnet, essayiste et rédacteur en chef de la revue trimestrielle Asia Magazine et du site d'informations gratuit Asialyst.com.
Après cinq jours d'affrontements meurtriers, la Thaïlande et le Cambodge se sont accordés, lundi 28 juillet, sur un cessez-le-feu inconditionnel. Les relations entre les deux pays, unis par d'importants liens économiques et culturels, sont au plus bas depuis des décennies. Les rancœurs liées à leur différend territorial sont tenaces, et d'autant plus profondes que le récent épisode de violences a atteint une intensité rarement vue ces dernières décennies. Entretien avec David Camroux, chercheur honoraire et professeur associé au CERI-Sciences Po.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président américain Donald Trump ont conclu un accord imposant 15% de taxes sur la plupart des produits européens importés aux États-Unis. Bien en deçà des 30% prévus jusqu'ici. L'accord a été arraché à cinq jours de la date butoir du 1er août, préalablement fixée par M. Trump. Ce deal qui a été conclu en Écosse, sur les terrains de golf du président américain, a suscité une vague de réactions politiques à l'échelle européenne. L'analyse de Jérémy Ghez, professeur d'économie et d'affaires internationales à HEC Paris Business School. Auteur de La dernière des Américaines. Chroniques d'un monde parallèle, Éditions L'Harmattan.
Israël a annoncé ce dimanche des « pauses humanitaires quotidiennes » dans plusieurs zones de la bande de Gaza, ravagée par 21 mois de guerre et touchée de plein fouet par la famine. Après des semaines de pression internationale, des camions d'aide humanitaires ont pris la direction de l'enclave palestinienne ce matin, depuis l'Égypte. Précédemment, l'armée israélienne avait annoncé avoir également parachuté de l'aide, dans la nuit. Pour en parler avec nous, Amande Bazerolle, responsable des opérations d'urgence de MSF à Gaza. RFI : Quelle est votre réaction face à ces annonces ? Amande Bazerolle : Enfin, il se passe quelque chose. Même si, hélas, la situation qui est à déplorer sur place aurait pu être évitée puisqu'elle était complètement injustifiée. Elle est due au blocus israélien depuis le début du mois de mars à Gaza. Au vu des nombreuses alertes de l'ONU et d'ONG sur la famine à Gaza, ces annonces suffisent-elles, selon vous ? Non, cela ne suffit pas, car nous n'avons aucune garantie que cela va continuer dans le temps. Aujourd'hui, c'est une population qui est extrêmement amaigrie, avec des morts que l'on constate déjà. Une population qui est à bout de souffle. Le seul moyen de les prendre en charge, c'est de s'assurer qu'il y ait de la nourriture qui rentre en quantité suffisante pour la totalité de la population, puisque ce sont deux millions d'habitants qui sont dépendants de l'aide alimentaire. Et que ce soit fait de manière continue. On ne peut pas être dépendant de la volonté des Israéliens qui ne justifient aucunement le pourquoi du blocus. Au niveau géographique, dans l'enclave palestinienne, il y a trois points principaux de foyers de population où une pause tactique a été annoncée par l'armée israélienne. D'abord Gaza-ville au nord, Deir al Balah au centre, Al Mawasi au sud. Trois grands points de rassemblement. Avez-vous une idée de combien de personnes vont pouvoir bénéficier de cette aide ? Aujourd'hui, il ne reste que 15 % du territoire qui est accessible aux Palestiniens. Le reste est sous ordre d'évacuation de la part de l'armée israélienne. La grande majorité des 2,1 millions d'habitants de la bande de Gaza se concentrent dans ces trois poches qui ont été créées par les activités militaires des Israéliens. Via ces trois territoires, les autorités et les ONG vont pouvoir distribuer auprès de la population directement la nourriture, comme c'était le cas pendant la trêve. On parle de zones assez larges, de centres urbains. Mais quid de la population en périphérie et éloignée de ces zones ? Va-t-elle pouvoir bénéficier aussi de cette aide ? Nous mettrons tout en œuvre pour pouvoir distribuer à l'entièreté de la population. Cette pause va permettre de faire entrer non seulement l'aide, mais surtout, on l'espère, d'arrêter les bombardements quotidiens qui ont lieu, y compris dans ces zones qui ne sont pas sous ordre d'évacuation, afin d'y permettre la sécurité pour que les gens puissent se déplacer. Il y avait 400 centres de distribution pendant la trêve. Nous espérons pouvoir réactiver la grande majorité de ces centres pour pouvoir distribuer à la population et, évidemment, pouvoir avoir accès aux plus démunis. La façon dont cela s'organise, c'est via des listes. Aujourd'hui, nous savons à qui nous distribuons de la nourriture - quand je dis nous, je parle des ONG en charge de la distribution. Ce n'est plus organisé comme le faisait la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), qui n'était pas du tout organisée et qui fonctionnait sur le principe du « premier arrivé, premier servi ». Cela va être organisé comme savent le faire les professionnels de l'humanitaire et de la distribution de nourriture. Savez-vous ce que contiennent les camions humanitaires qui arrivent dans le territoire ? Et savez-vous également ce que ce qu'on a largué comme type d'aide dans les parachutages cette nuit ? Je n'ai pas le détail exact. Ce que l'on sait, c'est que nous allons faire entrer de la farine, ce qui est l'un des aliments principaux pour les Gazaouis, mais aussi beaucoup de boîtes de conserve. Parce qu'on ne sait pas combien de temps va durer cette situation. Il faut pouvoir avoir de la nourriture qui va rester le plus longtemps possible. Mais aussi de la nourriture thérapeutique pour pouvoir s'occuper des 30 000 enfants aujourd'hui recensés – c'est sûrement beaucoup plus – qui ont besoin d'être dans un programme de nutrition. Il faut de l'eau et du gaz de cuisine pour préparer parfois certaines denrées alimentaires. La population est-elle en mesure de profiter de l'intégralité de cette aide au vu des conditions de vie sur place ? Cela va être compliqué. Effectivement, on ne sait pas si on va pouvoir faire entrer du gaz pour pouvoir cuisiner. Concernant l'eau, les Israéliens ont annoncé qu'ils allaient rétablir l'électricité sur l'une des principales centrales de dessalement. Ce qui prouve à nouveau que tout cela était possible, pouvoir distribuer de l'eau en quantité suffisante. Que c'était une volonté politique de ne pas le faire. MSF concourt à distribuer cette eau directement aux populations, l'amener aux populations et arrêter de faire se déplacer les populations. C'est à nous d'aller au-devant d'eux et pas l'inverse. Quand on sort de famine, après des mois de dénutrition, y a-t-il des dangers ? Vous parliez de nourriture thérapeutique. Certaines personnes, qui ont été complètement dénutries, qui sont en situation de malnutrition sévère, vont devoir être accompagnés dans la renutrition. Leur métabolisme n'est pas capable d'absorber la nourriture. Il va falloir le faire de manière très suivie, par du personnel médical et nous allons concourir à cela. Ce que nous espérons, c'est pouvoir atteindre ceux que nous n'atteignons pas à présent, dû à l'insécurité constante dans la bande de Gaza. Combien de temps faudra-t-il pour réalimenter la population, alors qu'on ignore la durée de l'autorisation de l'aide humanitaire ? Il n'est pas question de « combien de temps ». Il faut que ce soit de manière pérenne. La question ne se pose pas aujourd'hui. Les populations sont exténuées après une famine, 21 mois de guerre, de déplacements incessants, de conditions de vie absolument drastiques, de conditions d'hygiène encore pires. La seule solution, c'est que cela cesse et qu'on ait un vrai cessez-le-feu qui soit absolument permanent. Qu'on laisse les organisations dont c'est le métier travailler à Gaza et apporter assistance à deux millions de personnes qui sont dans le besoin. On en parlait du déroulement de l'opération. Peut-on rentrer dans le détail ? Comment cela va s'opérer ? Est-ce vous, les ONG, le système onusien, qui allez-vous occuper de l'acheminement ? Avez-vous des informations plus précises sur le déroulement ? Il y a des ONG et des agences onusiennes telles que le Programme alimentaire mondial qui ont déjà commencé à faire rentrer des camions. Tant qu'on n'assure pas à la population que cela sera une distribution qui va concerner l'entièreté de la population, il y aura toujours des problèmes de pillages, des gens qui auront peur d'être laissés pour compte. Et c'est ce qui s'est passé aujourd'hui. Il faut s'assurer, et on a réussi à faire pendant la trêve, qu'il y ait assez de nourriture qui rentre pour tout le monde pour ne pas créer de concurrence et de risques sécuritaires. Il faut s'assurer que non seulement cela rentre, mais que surtout, il n'y ait pas de tirs autour, comme on l'a constaté ces dernières semaines de la part des forces israéliennes. La GHF est-elle écartée ? Nous espérons que la GHF sera écartée puisqu'elle ne répondait aucunement aux besoins de la population, ni au droit humanitaire, en excluant complètement les plus démunis et les plus vulnérables. Les Nations unies et les autres organisations sont prêtes à faire rentrer de la nourriture qui attend depuis des mois pour entrer dans Gaza et subvenir aux besoins de la population.
Les combats en raison d'un différend frontalier entre le Cambodge et la Thaïlande ont fait 33 morts de part et d'autre de la frontière depuis jeudi, selon les derniers bilans disponibles. Un niveau de violence jamais vu depuis 2011, qui a conduit le Conseil de sécurité de l'ONU à se réunir d'urgence. Pour en parler, Sophie Boisseau Du Rocher, chercheure associée au Centre Asie de l'IFRI, maîtresse de conférences à Sciences-Po Paris*. RFI : Le conflit entre la Thaïlande et le Cambodge est au cœur des préoccupations depuis jeudi. Il y aurait au moins 33 morts, selon les derniers bilans. Alors qu'hier soir, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence, les affrontements ont éclaté au niveau de temples avant que les combats n'interviennent le long de la frontière. Phnom Penh et Bangkok ont aussi signalé des affrontements vers 5 h, heure locale, sur la côte. Face à cette situation, peut-on parler d'un risque de guerre ouverte entre la Thaïlande et le Cambodge ? Sophie Boisseau du Rocher : À ce stade, je ne crois pas. Depuis l'indépendance du Cambodge en novembre 1953, plusieurs crises, dont certaines ont été aussi très violentes et ont connu un paroxysme dans les affrontements militaires, ont eu lieu. Je pense, par exemple, à la crise de 2008. Ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est qu'on assiste à une même mobilisation militaire et à des embrasements ponctuels, puisque plusieurs affrontements ont encore eu lieu récemment, comme vous l'avez signalé, dans six zones de la frontière, provoquant la mort de plusieurs dizaines de personnes, également de nombreux blessés et près de 140 000 évacués. Ces derniers jours, on a vu des tirs de roquettes cambodgiennes sur des cibles civiles en Thaïlande qui ont provoqué des frappes aériennes avec des avions de combat F-16 du côté thaïlandais sur des bases militaires cambodgiennes. Il y a un risque d'embrasement. Néanmoins, à ce stade, les opérations militaires sont très ciblées et sous contrôle. Que faut-il comprendre historiquement pour expliquer cette crise frontalière ? Le litige porte sur le tracé de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande. Un tracé de 817 kilomètres, dont 195 restent d'ailleurs à définir. Notamment autour de quatre sites angkoriens qui sont contrôlés par la Thaïlande, mais qui sont considérés par les Cambodgiens comme partie prenante de leur patrimoine. Au XIXᵉ siècle, le Cambodge est un royaume faible qui est travaillé par les coups de butoir des Thaïlandais à l'ouest et des Vietnamiens à l'est. Norodom 1er, le roi du Cambodge à cette époque, fait appel aux Français pour ne pas voir son royaume dépecé. En 1907, un traité franco-siamois détermine le tracé de la frontière. Mais la Thaïlande du très vieux roi Chulalongkorn néglige une analyse détaillée des tracés, notamment autour des monts Dângrêk. Or, les Français ont placé le temple de Preah Vihear du côté cambodgien, en contradiction avec la ligne de crête. Donc, quand les Thaïlandais se réveillent, plusieurs dizaines d'années après, ils sont en état de sidération. Ils profitent des désordres de la colonisation et de la première guerre du Vietnam pour occuper le temple de Preah Vihear. C'est le début des tensions militaires entre les deux voisins. À lire aussiThaïlande-Cambodge: aux origines d'un vieux conflit frontalier Quelles solutions sont envisageables pour mettre fin à ce conflit à court, mais aussi à long terme ? À court terme, arrêt évidemment du déploiement des forces et des opérations militaires. Fin des mesures de rétorsion, également. Les Thaïlandais ont fermé les points de passage frontaliers. Les Cambodgiens, de leur côté, ont mis un terme aux importations de gaz, de carburant, de fruits et légumes en provenance de Thaïlande. Et puis, à plus long terme, évidemment, l'établissement ou la reprise d'un dialogue et des consultations, notamment par le biais de la Commission mixte de coopération, pour aboutir à un compromis bilatéral qui serait éventuellement validée par les institutions internationales. L'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean) peut-elle aussi jouer un rôle dans cette affaire ? L'Asean a effectivement à plusieurs reprises tenté de jouer un rôle. La Thaïlande, récemment, s'est dit prête à résoudre le conflit par la voie diplomatique sous l'égide de la Malaisie, qui préside cette année l'Asean. Le Cambodge, lui, préfère avoir recours à la Cour internationale de Justice, auquel à laquelle il a eu recours en 1962 et en 2013. Mais c'est une solution qui ne convient pas à la Thaïlande, puisque, à deux reprises, le tracé de la frontière de 1907 a été reconnu comme le tracé légitime. Quand le Cambodge souhaite cette solution, elle sait qu'elle va être d'emblée refusée par la Thaïlande. * Sophie Boisseau Du Rocher est co-autrice de l'ouvrage L'Asie-Pacifique, nouveau centre du monde, paru chez Odile Jacob.
Vives réactions à l'international après l'annonce d'Emmanuel Macron de la prochaine reconnaissance de l'État de Palestine par la France en septembre à l'Assemblée générale des Nations Unies. Des dirigeants saluent une avancée pour la paix, Israël, les États-Unis dénoncent une « décision imprudente ». Cette initiative rejoindra plus de 140 pays qui ont déjà franchi le pas, d'autres pourraient suivre le mouvement. La solution à deux États est-elle encore possible après le 7-Octobre ? La réaction de l'écrivain franco-libano-palestinien Jadd Hilal, auteur de Le caprice de vivre publié aux éditions Elyzad. À lire aussiLa France va reconnaître l'État de Palestine en septembre À lire aussiReconnaissance de la Palestine: la France veut «entraîner les Occidentaux», selon Jean-Paul Chagnollaud
Un avis historique a été rendu mercredi 23 juillet par la Cour internationale de Justice, à la suite d'une plainte des étudiants de l'archipel du Vanuatu. Elle estime que les États ont l'obligation légale de réduire leurs émissions et protéger le climat et ouvre ainsi la voie aux demandes de réparation des pays insulaires. Les législateurs, avocats et juges du monde entier peuvent désormais s'en saisir pour changer les lois ou attaquer en justice les États pour leur inaction. L'analyse de Sébastien Duyck, juriste au Centre pour le droit environnemental international (Ciel). À lire aussiAvenir climatique: le grand recadrage des États par la Cour internationale de justice
À neuf jours de l'entrée en vigueur des droits de douanes, Donald Trump a annoncé la conclusion d'un accord « énorme » avec le Japon qui a accepté de nouvelles taxes sur l'automobile, en échange d'un accès élargi au marché américain. Alors que le président américain multiplie les offensives douanières, l'UE est menacée de droits de douane de 30% faute d'accord avant le 1er août et réfléchit à une batterie de contre-mesures. La Chine appelle à une résolution des différends commerciaux par un « dialogue équitable », avec les États-Unis, alors que les deux pays doivent négocier à nouveau dans les prochains jours. L'analyse de Lionel Fontagné, directeur de l'Institut des politiques macroéconomiques et internationales (l'i-Mip), associé à l'École d'Économie de Paris.
Israël continue d'intensifier ses opérations à Gaza. Avec de nouvelles frappes, ce mardi 22 juillet, mais aussi l'extension de son offensive sur Deir al-Balah, où l'État hébreu n'était jamais allé depuis le 7-Octobre. Les appels à mettre fin à la guerre sont de plus en plus nombreux à l'international. L'ONU alerte sur le risque extrêmement élevé de violation grave du droit international. Elle accuse Israël d'avoir tué plus de mille personnes tentant d'obtenir de l'aide depuis fin mai. L'hôpital de Gaza Ville affirme que 21 enfants sont morts de malnutrition et de faim dans les trois derniers jours. Entretien avec Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l'ONU.
Le groupe armé M23 et la RDC ont signé au Qatar, samedi 19 juillet, une déclaration de principes comprenant un engagement pour un cessez-le-feu permanent. Depuis février, le front dans l'est de la RDC s'est stabilisé, mais les violences se sont intensifiées entre le M23 et une myriade de milices pro-Kinshasa qui mènent des actions de guérilla dans l'Est congolais, région frontalière du Rwanda riche en minerais et en proie aux conflits depuis plus de 30 ans. L'analyse de Fred Bauma, directeur exécutif d'Ebuteli, l'Institut congolais de recherches sur la gouvernance, la politique et la violence.
Le président philippin Ferdinand Marcos Junior est attendu ce dimanche 20 juillet à Washington, sur invitation du président américain. Une visite de trois jours, où le chef d'État des Philippines rencontrera à la fois Donald Trump, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, et le ministre de la Défense américain. La guerre commerciale de Donald Trump sera omniprésente dans les discussions, alors que Manille est menacée par une surtaxe douanière de 20% sur ses exportations. Mais la coopération militaire, entre les deux nations, sera aussi au programme. À l'heure où Washington veut contrer l'affirmation de Pékin en mer de Chine méridionale. Pour en parler, Jean-François Di Meglio, économiste et président de l'institut de recherche Asia Centre.
La présidence syrienne a annoncé un « cessez-le-feu immédiat » dans la province de Soueïda, dans le sud de la Syrie, où les forces de sécurité ont commencé à se déployer, à nouveau. Cette province syrienne est en proie à des affrontements meurtriers entre Druzes et tribus bédouines sunnites. Israël, qui dit défendre les Druzes, avait bombardé Damas et le sud du pays mercredi pour contraindre les troupes syriennes de se retirer de Soueïda. Gaza, Liban, Iran et Syrie, Israël semble vouloir s'imposer comme maître du jeu dans la région. Pour en parler, Matthieu Rey, directeur des études contemporaines à l'Institut français du Proche-Orient (IFPO) et chercheur associé à la chaire Histoire contemporaine du monde arabe (Collège de France).
Les affrontements entre des combattants tribaux proches du pouvoir syrien et groupes druzes à Soueïda ont fait près de 600 morts en quelques jours. Les forces gouvernementales se sont retirées de cette ville du sud de la Syrie, sous la pression d'Israël qui dit vouloir protéger la minorité druze. Ce retrait jette le doute sur la capacité du président par intérim à contrôler les diverses factions. Ahmed al-Charaa, celui qui a fait tomber il y a sept mois Bachar el-Assad, est-il déjà en danger ? L'analyse de Cédric Labrousse, doctorant à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste des dynamiques des groupes armés et des oppositions civiles en Syrie.
Remaniement d'ampleur attendu au sein du gouvernement ukrainien pour remplacer notamment le Premier ministre et le ministre de la Défense, avec l'ambition affichée de Volodymyr Zelensky d'insuffler un nouvel élan, en plein rapprochement avec les États-Unis. Le parlement a donné, jeudi 17 juillet, son feu vert pour nommer Ioulia Svyrydenko en tant que Première ministre. Cette économiste de formation a joué un rôle clé dans les récentes négociations sur les minerais avec les États-Unis. Les enjeux d'un tel bouleversement, alors que Moscou intensifie son offensive en Ukraine, avec Annie Daubenton, journaliste et spécialiste de l'Ukraine.
Donald Trump fait face à une fronde de son camp qui lui reproche un manque de transparence au sujet de l'affaire pédocriminelle portant le nom de Jeffrey Epstein, retrouvé mort en 2019. Le président américain avait en effet promis de divulguer les documents du FBI et du ministère de la Justice sur la mort du milliardaire de la jet-set. Mais depuis son retour à la Maison Blanche, une bonne partie de ses partisans exprime leur déception, estimant qu'il n'a pas tenu parole. De nombreux Américains pensent que les autorités dissimulent des éléments liés à l'affaire Epstein afin de protéger des élites riches et puissantes qui auraient été en lien avec lui, y compris Donald Trump. Entretien avec Gabriel Solans, chercheur en civilisation américaine à l'Université Paris Cité. À lire aussiÉtats-Unis: l'affaire Epstein, un caillou dans la chaussure de Donald Trump
Violences meurtrières entre combattants druzes et bédouins depuis deux jours à Soueïda. L'aviation israélienne a bombardé ce mardi 15 juillet les forces gouvernementales syriennes après leur entrée dans cette ville à majorité druze du sud de la Syrie où Israël dit défendre cette communauté. Les violences en mars dernier contre la communauté alaouite, puis contre les druzes, ainsi qu'un attentat contre une église à Damas en juin, ont ébranlé la confiance dans la capacité du pouvoir intérimaire d'Ahmad al-Charaa à protéger les minorités. L'analyse de Thomas Pierret, chercheur à l'Irenam, un laboratoire rattaché au CNRS et à Aix-Marseille Université, spécialiste de la Syrie et auteur de Baas et Islam en Syrie (PUF). À lire aussiSyrie: des frappes israéliennes sur Soueïda, malgré un cessez-le-feu annoncé
La diplomatie reprend de plus belle entre les États-Unis et l'Ukraine, alors que les négociations avec Vladimir Poutine sont dans l'impasse. L'émissaire américain Keith Kellogg est à Kiev pour des discussions sur la sécurité ukrainienne et sur les sanctions imposées à la Russie, après la promesse de Donald Trump de fournir des missiles Patriot à l'Ukraine. La livraison d'armes fera partie d'un accord impliquant l'Otan, qui paiera les États-Unis pour des armes qu'elle enverra à l'Ukraine. Entretien avec Ulrich Bounat, analyste géopolitique et chercheur associé chez Open diplomacy, auteur de « La guerre hybride en Ukraine : quelles perspectives ? », éditions du Cygne.
10 ans après le JCPOA, que reste-t-il de l'Accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Et ce, après les bombardements des sites abritant les installations par l'armée israélienne avec le soutien des Etats-Unis, lors de « la guerre de 12 jours » ? Benjamin Hautecouverture, historien et maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste des questions de sécurité internationale et des questions nucléaires est, ce dimanche 13 juillet, l'invité international de la mi-journée de RFI. À lire aussiNucléaire: l'Iran met en garde la «troïka européenne» et refusera un accord sans enrichissement À lire aussiLe programme nucléaire iranien n'a pas été détruit par les frappes américaines, selon un rapport du renseignement
Il y a réception à l'Élysée ce samedi soir, après le consensus trouvé par les forces politiques dans la crise multisectorielle qui secouait le territoire de Nouvelle-Calédonie. Création d'un nouvel État de Nouvelle-Calédonie, d'une nationalité calédonienne à côté de la nationalité française, un accord dit historique a été trouvé entre les négociateurs. Éclairage avec Charlotte Mannevy, correspondante de RFI à Nouméa. Rappel pour bien saisir l'importance de ce texte : en mai 2024, la Nouvelle-Calédonie a connu des émeutes tragiques d'ailleurs avec un bilan très lourd de 14 morts. Qu'est-ce qui a mis la Nouvelle-Calédonie en colère à l'époque et comment, en si peu de temps, est-on arrivé à un consensus ? Charlotte Mannevy : Tout a commencé en 2021 avec le dernier référendum de l'accord de Nouméa sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Référendum qui avait été boycotté par les indépendantistes. Résultat, ils en ont toujours contesté le résultat, donc la victoire du "non" à l'indépendance et surtout ce scrutin sans les indépendantistes a définitivement jeté le discrédit sur cette sortie de l'accord de Nouméa qui avait été signé en 1998. Et depuis, plus personne ne se parlaient. Le précédent gouvernement et le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer de l'époque, Gérald Darmanin avait tenté de relancer le dialogue, sans succès, au point de lancer unilatéralement une réforme électorale contestée par les indépendantistes. Et c'est cette réforme qui, à l'époque, avait jeté dans la rue des milliers de jeunes indépendantes qu'on ne voyait plus depuis des années dans les meetings. Ils se sont en quelque sorte réveillés, mobilisés pour la pleine souveraineté de l'indépendance, on a vu revenir en force la revendication indépendantiste. Qu'est ce qui s'est passé pour qu'on réussisse à remettre tout le monde autour de la table, depuis une dizaine de jours à Paris ? Il y a eu des concessions, mais tout d'abord un principe de réalité, c'est-à-dire que ce bilan terrible, 14 morts en quelques mois pour un pays d'à peine 270 000 habitants, c'est un traumatisme. C'est un traumatisme économique. Imaginez que le PIB a chuté de 20% et que des milliers de personnes aujourd'hui n'ont plus d'emploi. La Calédonie ne vit plus que des subsides de l'État qui a multiplié par deux son aide au territoire qui est sous perfusion. Et bien sûr sans accord politique, impossible de relancer l'économie. C'est la porte ouverte à une nouvelle crise politique et économique. Si on entre dans l'état de ce projet d'accord qui vient d'être signé, on acte la création d'un État de Nouvelle-Calédonie au sein de la République française, avec des Calédoniens qui restent français, mais qui disposent de leur propre nationalité. C'est une solution qu'on avait envisagée par le passé ? C'est une solution qui est en fait la souveraineté partagée, déjà inscrite dans l'accord de Nouméa, c'est-à-dire une souveraineté qui appartient à la fois à la Nouvelle-Calédonie et à la France. C'est une concession pour l'État français qui est jacobin. C'est une concession pour les non-indépendantistes qui voulaient à tout crin rester dans la France et qui acceptent donc ce terme d'État et de nationalité. Mais c'est aussi une concession pour les indépendantistes puisqu'ils acceptent que cet État reste dans la France. Il y a aussi le renforcement des capacités régaliennes de la Nouvelle-Calédonie. C'est une demande de longue date des indépendantistes qui souhaitent notamment être représentés à l'ONU, pouvoir avoir une reconnaissance internationale. Tout cela sera décliné dans les mois à venir. Parmi les compétences régaliennes, des transferts vers la Nouvelle-Calédonie serait éventuellement également fait, par exemple, dans le domaine de la justice et de la police. Mais ce n'est pas encore fini, il faut que le Parlement français d'abord se réunisse en Congrès à Versailles, probablement au mois de septembre. Et à la rentrée, il y aura aussi des scrutins locaux en Nouvelle-Calédonie. Il y a de l'espoir, mais ce n'est pas encore bouclé ? Oui, parce qu'il va falloir convaincre maintenant. Qui dit consensus, compromis, dit mécontents des deux côtés. Il faut savoir que la société calédonienne est aujourd'hui extrêmement fracturée. Chacun campe sur ses conditions. Il va falloir aller expliquer ce compromis. Car ce texte, pour pouvoir être adopté, il doit être adopté par référendum. Un référendum qui aura lieu en février prochain. Et bien sûr, il doit être remporté pour que le texte entre en vigueur. Mais surtout, il faudra que, politiquement, il soit emporté à une très large majorité. On n'imagine pas un texte d'une ampleur pareil, créant un État, adopté à 52% des voix seulement, par exemple, et qui ferait l'unanimité. Là encore, ça crée de la fragilité. Donc il faudra convaincre pour que le “oui” soit massif à ce référendum. Il y a une chance de convaincre véritablement une masse de population de voter cet accord qui vient d'être signé ? La population, majoritairement en Calédonie, veut vivre ensemble. Ça, c'est de tout temps. La population calédonienne vit ensemble depuis la colonisation, donc la prise de position française en 1850 et quelques, donc de ce point de vue, effectivement, il y a des désaccords politiques, mais les gens vivent ensemble, les gens aspirent à ce vivre ensemble. D'autant plus avec cette crise économique majeure qui touche toutes les couches de la population et toutes les ethnies.
Une trentaine de combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan ont déposé les armes ce vendredi 11 juillet lors d'une cérémonie dans le nord de l'Irak. Un désarmement symbolique censé conduire à la fin de quatre décennies de violences. Entretien avec le géographe Jean-François Pérouse, ancien directeur de l'Institut français d'études anatoliennes et enseignant chercheur rattaché à l'université Toulouse Jean Jaurès.
Alors qu'Israël a lancé mercredi 9 juillet de nouvelles opérations contre le Hezbollah dans le sud du Liban, des personnalités libanaises, des politiques et des journalistes réclament l'ouverture d'une enquête judiciaire contre le chef du mouvement chiite. Le quotidien francophone L'Orient-Le Jour parle d'un tabou qui se brise. Entretien avec Anthony Samrani, l'un de ses rédacteurs en chef. «Le Hezbollah ne peut plus jouer un rôle d'acteur régional, mais il souhaite rester la milice Anthony Samrani est l'auteur de Vu du Liban, la fin d'un pays, la fin d'un monde ? (éditions Gallimard)
Kiev a affirmé ce mercredi 9 juillet que la Russie avait lancé dans la nuit sa plus grande attaque de drones et missiles depuis le début de l'invasion en février 2022, dans un contexte d'intensification des frappes russes et d'impasse diplomatique. L'analyse de la stratégie russe avec Carole Grimaud, spécialiste Russie à l'Université de Montpellier, chercheuse en sciences de l'information à l'Université d'Aix-Marseille. Carole Grimaud est l'autrice de Les Étudiants face à la guerre russe en Ukraine (éditions l'Harmattan)
Alors que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu est en visite à Washington, son ministre de la Défense Israel Katz a évoqué lundi 7 juillet la possibilité de construire une « ville humanitaire » à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où vivraient tous les habitants de l'enclave palestinienne. Des experts juridiques considèrent ce plan comme une violation grave du droit international, équivalente à de l'épuration ethnique. Témoignage en direct de Gaza du journaliste Rami Abou Jamous, lauréat du Prix Bayeux des correspondants de guerre.
Donald Trump poursuit ses échanges d'amabilité avec son ancien allié, le milliardaire Elon Musk, qui a décidé de lancer son propre parti politique, le « Parti de l'Amérique ». L'idée a été immédiatement balayée par le président américain avec qui il s'est récemment brouillé, à la suite de leur désaccord sur la loi budgétaire. Donald Trump a qualifié de « ridicule » la démarche d'Elon Musk et a défendu le bilan de son propre parti. L'analyse de Jérôme Viala-Godefroy, chargé de cours à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, spécialiste de la politique américaine. Auteur de « Les mots de Trump », éditions Dalloz.
Le sommet des Brics s'ouvre ce dimanche 6 juillet au Brésil. Au menu des discussions, la problématique des droits de douanes, mais aussi la situation au Proche-Orient. Deux grands absents, Xi Jinping et Vladimir Poutine. Quel poids, quelle influence et quel avenir pour cette organisation ? Sylvie Matelly, économiste et directrice générale de l'Institut Jacques Delors, est ce dimanche 6 juillet, l'invitée internationale de la mi-journée de RFI. À lire aussiUn sommet des Brics au Brésil au défi de l'unité sur le Moyen-Orient et face à Donald Trump
Le paysage politique espagnol est marqué par deux congrès, celui du PSOE, le Parti socialiste espagnol, et du PP, le Parti populaire, principal parti de l'opposition placé dans le camp libéral et conservateur. Le Premier ministre Pedro Sanchez est quant à lui sous pression, sous fond d'accusations de corruption qui visent son camp. Quels sont les enjeux de ces congrès et quel avenir pour Pedro Sanchez ? Pour en parler, Hubert Peres, professeur émérite de science politique, chercheur au laboratoire CEPEL à l'Université de Montpellier, est l'invité international de la mi-journée de RFI. À lire aussiEspagne: l'opposition de droite souhaite que Pedro Sanchez rende des comptes devant le Parlement
Le Congrès américain a adopté jeudi 3 juillet le mégaprojet loi budgétaire de Donald Trump lors d'un ultime vote serré à la Chambre des représentants. Sa « Grande Loi » qu'il a tant vantée sera promulguée ce vendredi et il a déjà commencé à s'en féliciter avec le style et la modestie qu'on lui connaît. Le président américain peut s'enorgueillir d'avoir réussi à convaincre, mais cela ne s'est pas fait sans friction et beaucoup de républicains s'inquiètent pour la dette et pour leur propre sort, car les coupes sociales risquent de peser lourd sur leur électorat. L'analyse de l'avocat en droit public et essayiste Olivier Piton, auteur de La Nouvelle Révolution américaine et Kamala Harris. La conquérante, éditions Plon.
Confirmation des charges très lourdes qui pèsent contre les Français Cécile Kohler et Jacques Paris, deux chercheurs détenus depuis trois ans déjà en Iran. Ils sont inculpés d'espionnage au profit d'Israël, de corruption et de complot pour renverser le régime, ce qui est passible de la peine de mort. Indignation de leurs familles et du gouvernement français qui met dans la balance les sanctions imposées au régime iranien, elles ne seront pas levées si les deux Français ne sont pas libérés. Le témoignage de l'invitée de RFI Noémie Kohler, la sœur de Cécile Kohler au micro d'Anne Cantener.
L'administration américaine a annoncé stopper la livraison de certaines armes à l'Ukraine, notamment des missiles de défense antiaériens, craignant que ses propres stocks aient trop diminué. Cet arrêt porte un coup dur à Kiev au moment où la Russie intensifie ses attaques de drones. Une décision qui reflète les nouvelles priorités de la présidence américaine et qui pourrait gravement nuire à la défense ukrainienne. L'analyse du général Jean-Paul Palomeros, ancien chef d'état-major de l'armée de l'Air et ancien commandant suprême de l'Otan.
L'organisation Médecins sans frontières (MSF) alerte sur la situation humanitaire à Gaza et demande le démantèlement de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une structure chargée de distribuer l'aide alimentaire, avec le soutien des États-Unis. Selon MSF, son fonctionnement « provoque des massacres à la chaîne ». Pour en parler nous recevons Marie-Elisabeth Ingres, cheffe de mission Médecins sans frontières (MSF) en Palestine.
Ce samedi, il y a une manifestation anti-gouvernementale à Bangkok. Des milliers de personnes réclament la démission de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, en poste depuis moins d'un an. Elle n'est pas populaire et semble inexpérimentée. Que lui reproche-t-on exactement ? Décryptage avec Sophie Boisseau du Rocher, chercheure associée au Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (Ifri), spécialiste des questions politiques et géostratégiques en Asie du Sud-Est.
Après bientôt 30 ans de conflit, le Rwanda et la RDC doivent signer ce soir à Washington un accord historique de paix sous l'égide des États-Unis. La RDC cherche à obtenir le soutien des États-Unis contre les groupes rebelles en échange d'un accès à ses abondantes ressources minérales. L'est du pays, riche en ressources naturelles et frontalier du Rwanda, est en proie à des violences depuis plus de 30 ans. Le président congolais avait évoqué en avril un accord minier avec le conseiller spécial de Donald Trump pour l'Afrique, en visite alors à Kinshasa, Massad Boulos. Décryptage de Thierry Vircoulon, chercheur associé à l'Observatoire de l'Afrique centrale et orientale à l'IFRI.
Les dirigeants des pays membres de l'Otan ont validé mercredi 25 juin une hausse historique de leurs dépenses en matière de sécurité. Cette augmentation était une exigence de Donald Trump. Entretien avec Louise Souverbie, chercheuse à l'IRIS, spécialisée sur les questions de défense et sur l'industrie de l'armement
L'armée iranienne a accusé ce mardi 24 juin Israël d'avoir mené des frappes sur le territoire de l'Iran jusqu'au matin, soit après l'annonce d'un cessez-le-feu par le président américain Donald Trump, qui accuse les deux pays d'avoir violé le cessez-le-feu. Après plus de 10 jours d'hostilités, Israël a donc annoncé avoir accepté l'arrêt des combats tout en jurant de « réagir avec force » à toute violation. Côté iranien, le chef de la diplomatie a indiqué que Téhéran n'avait « pas l'intention » de poursuivre ses frappes si Israël « arrêt(ait) » son agression. Le Qatar « a persuadé l'Iran » d'accepter un cessez-le-feu avec Israël après l'attaque de missiles iraniens ayant visé lundi une base américaine sur son territoire. Entretien avec Jean-Loup Samaan, expert associé à l'Institut Montaigne, chercheur senior à l'Institut Moyen-Orient de l'Université nationale de Singapour, auteur de New Military Strategies in the Gulf, éditions I.B.Tauris.
En décidant de bombarder le site souterrain d'enrichissement d'uranium à Fordo et les installations nucléaires à Ispahan et Natanz, Donald Trump a rappelé son soutien indéfectible à Benyamin Netanyahu, dans un contexte d'escalade militaire sans précédent. Le Premier ministre israélien sort renforcé après ses frappes qui lui offrent une victoire politique. L'Iran a averti Washington d'un risque d'« extension de la guerre dans la région ». L'analyse de la stratégie de Benyamin Netanyahu avec Michel Duclos, conseiller spécial géopolitique à l'Institut Montaigne, auteur de Diplomatie française (éditions Alpha). À lire aussiAttaque des États-Unis contre l'Iran: quelles sont les options de Téhéran pour riposter?
Les États-Unis ont mené, dans la nuit du 21 au 22 juin, des frappes sur plusieurs sites nucléaires en Iran, dont celui hautement stratégique de Fordo. Une opération d'envergure qui fait monter la tension d'un cran et suscite de vives inquiétudes à travers le monde. Washington affirme avoir atteint ses objectifs, mais Téhéran promet de réagir. L'invité de la mi-journée est Gabriel Solans, chercheur en civilisation américaine à l'université Paris-Cité et spécialiste du Parti républicain. À lire aussiGuerre Israël-Iran: «La confrontation pourrait encore durer des semaines»
Les États-Unis ont mené cette nuit des frappes sur plusieurs sites nucléaires en Iran, dont celui hautement stratégique de Fordo. Une opération d'envergure qui fait monter la tension d'un cran et suscite de vives inquiétudes à travers le monde. Washington affirme avoir atteint ses objectifs, mais Téhéran promet de réagir. Dans cette édition spéciale, nous revenons avec notre invité, Guillaume Ancel ancien officier et chroniqueur, auteur de Petites leçons sur la guerre – comment défendre la paix sans avoir peur de se battre, éditions Autrement, et du blog « Ne pas subir », sur le déroulé de l'attaque. Quels moyens ont été mobilisés par les États-Unis ? À écouter aussiGuerre Israël-Iran: «Les Américains soutiennent les frappes mais s'inquiètent de l'engrenage de la guerre»
Limiter le réchauffement climatique à 1,5°, c'est désormais un objectif inatteignable... Selon un collectif de scientifiques de renom, l'objectif fixé par l'accord de Paris en 2015 ne pourra pas être atteint. Pour en parler, nous recevons Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, directrice de recherche au Commissariat à l'énergie atomique (CEA), mais aussi ancienne co-présidente du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). À lire aussiClimat: selon une étude, limiter le réchauffement à 1,5° est désormais un objectif «inatteignable»
À l'occasion de la journée mondiale pour les réfugiés, le Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés, Filippo Grandi, est l'invité de la mi-journée, en liaison depuis la Syrie où il se trouve actuellement. Selon lui, « compenser le désengagement américain, ce n'est pas seulement une obligation morale, c'est aussi un intérêt stratégique » pour l'Europe. À lire aussiJournée mondiale des réfugiés: les aides diminuent, mais les besoins augmentent
Le conflit entre Israël et l'Iran ne montre aucun signe d'apaisement. Téhéran se retrouve isolée diplomatiquement et ne peut compter sur aucun soutien militaire étranger concret. La Chine et la Russie condamnent les frappes israéliennes et réclament un règlement par la diplomatie. Du côté des pays du Golfe qui considèrent l'Iran comme leur principal rival régional, son isolement est vu d'un bon œil. L'analyse de Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po et sociologue des relations internationales. Bertrand Badie est l'auteur de Pour une approche subjective des relations internationales (Odile Jacob)
Au sixième jour, l'escalade dans le conflit entre l'État hébreu et la République islamique a poussé Donald Trump à écourter sa participation au sommet du G7. Peu avant son départ, les dirigeants du G7 se sont entendus pour appeler à une « désescalade » et à « protéger les civils » tout en réaffirmant le droit de l'État hébreu à « se défendre ». Pour l'Iran, cette déclaration est un scandale, la diplomatie iranienne dénonce une « rhétorique unilatérale » du G7 et explique que le pays « se défend contre une agression cruelle » d'Israël. Que dit le droit international ? Éléments de réponse avec Serge Sur, professeur émérite de droit international public à l'Université Paris II, membre de l'Académie des sciences morales et politiques et rédacteur en chef de la revue Questions internationales.
La guerre se poursuit entre Israël et l'Iran sans aucun signe d'apaisement. Téhéran menace d'intensifier ses attaques et Israël annonce avoir tué le plus haut gradé militaire. De nombreux membres importants des Gardiens de la Révolution islamique n'ont pas survécu aux offensives ciblées, quasiment toutes de la même génération et avec le même type de profil. Qui étaient les fonctionnaires et les scientifiques victimes d'Israël au cours de ces derniers jours et quelles conséquences pour le pouvoir des mollahs ? Entretien avec Stéphane Dudoignon, directeur de recherche au CNRS. Auteur de l'ouvrage « Les Gardiens de la Révolution en République islamique d'Iran », aux éditions CNRS.
Au quatrième jour de confrontation entre Israël et l'Iran, le bilan est de 24 tués en Israël depuis vendredi et au moins 224 morts côté iranien. Analyse des conséquences possibles sur les conflits déjà en cours dans la région et pour le régime iranien avec Firouzeh Nahavandi, professeure émérite à l'université libre de Bruxelles, autrice de « Femmes iraniennes, évolution ou révolution, comment survivre sous un régime islamique », éditions Code9/La Pensée et les Hommes, et Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités et président de l'IReMMO, co-auteur de « L'Atlas du Moyen-Orient », éditions Autrement. RFI : Où vont ceux qui quittent Téhéran ? Est-ce qu'il n'y a que la capitale et les villes dans lesquelles se trouvent des installations nucléaires qui sont menacées aujourd'hui ? Firouzeh Nahavandi : Non, bien évidemment. Il y a beaucoup de concentration dans Téhéran. Il ne faut pas oublier non plus que c'est la capitale avec près de 10 000 000 d'habitants. Et donc ceux qui peuvent partir et qui peuvent se faire loger ailleurs dans les villes qui seraient moins touchées, dans les petits villages, et ailleurs en Iran, sont en train de quitter. Il est vrai que la ville est en train de se vider à une rapidité assez impressionnante et que la population est totalement choquée et affolée par ce qui est en train de se passer, ce qu'éventuellement ils pourraient subir. Donc, il y a une peur à Téhéran, mais c'est une peur que l'on peut retrouver également dans d'autres lieux, même autres que là où il y a des installations nucléaires et où, à côté des installations nucléaires. Il faut dire que ces installations sont un petit peu dispersées partout en Iran. Cette peur selon vous pourrait-elle amener certains à se retourner contre le régime ? Il y a déjà des manifestations contre le régime et donc des personnes qui ne soutiennent pas, au contraire, ce qui est en train de se passer. Donc de là à parler d'un soulèvement d'une population sans armes et sans aucun soutien, on ne peut pas le dire. Ce que l'on peut dire, c'est que de toute façon, s'il se passe quelque chose, c'est de l'intérieur de l'Iran, que cela va avoir lieu. Mais dans quelles circonstances ? Je crois qu'il est difficile de le dire maintenant. Plusieurs figures des Gardiens de la révolution ont été visées par Israël. Est-ce que selon vous, le régime est assez solide pour fonctionner après leur disparition ? Je pense que le régime est loin d'être solide. Effectivement, il était déjà délégitimé depuis longtemps et en particulier depuis le mouvement « Femme, vie, liberté ». Et aujourd'hui, en perdant quand même des responsables importants de différents secteurs militaires, paramilitaires, il est en faiblesse. Et en plus il a perdu le soutien de ses proxys. On pense en particulier au Hezbollah qui a dit qu'il n'en avait rien à faire. Donc c'est un régime affaibli et qui est aux abois et qui sera prêt à faire tout ce qu'il peut pour sa survie. Israël dit avoir visé la force d'élite al-Qods, qu'est-ce qu'elle représente en Iran ? C'est la principale force qui intervient à l'extérieur de la République islamique d'Iran. C'est une des forces qui intervient dans tous les pays et dans tous les conflits que provoque la République islamique et qui est présente dans les pays voisins, qui est intervenue en Irak, qui est intervenue en Syrie et qui soutient ou qui arme et en même temps apprend, fait des exercices avec tous les proxys et tous les mouvements qui sont dans les pays voisins, pour déstabiliser ces pays voisins. Il n'y a pas d'indications que le site nucléaire souterrain de Natanz soit touché, nous dit l'AIEA. C'est la partie en surface qui a été détruite, comme l'a revendiqué le Premier ministre israélien. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement, que les capacités sont intactes ? Jean-Paul Chagnollaud : Ça, il est beaucoup trop tôt pour le dire. Mais c'est vrai que lorsqu'on parle du programme nucléaire, il faut distinguer plusieurs choses. Il y a des réacteurs nucléaires. S'ils étaient attaqués, ce serait un drame absolu. Et d'ailleurs, l'AIEA l'a rappelé très fermement. Deuxièmement, il y a les usines d'enrichissement d'uranium à Natanz, mais aussi à Fordow. Et à Natanz, il y a une partie manifestement qui est à ciel ouvert, si je puis dire, et sans doute une partie souterraine. Mais Fordow, d'après ce qu'on peut savoir, c'est entièrement enfoui et donc il est clair qu'il doit y avoir encore des capacités importantes qui sont là. Donc, on ne sait pas exactement le résultat. On le saura plus tard. Mais pour l'instant, il est clair que ce programme doit être abîmé, mais il est évidemment loin d'être complètement détruit. Et puis il y a une autre dimension que je trouve importante, c'est la dimension qualitative, c'est-à-dire le fait qu'il y a beaucoup de gens, des scientifiques en Iran aujourd'hui, qui sont capables de trouver des solutions à ce genre de problème. On est dans une optique dont il est difficile aujourd'hui de mesurer l'importance. L'objectif est uniquement le programme nucléaire de Téhéran ? Firouzeh Nahavandi : L'objectif déclaré est le programme nucléaire iranien. Mais dans le même temps, Israël aimerait bien pouvoir se débarrasser de ce régime qui met de toute façon son existence en danger. Donc, si ouvertement, un changement de régime n'est pas déclaré, il est évidemment une des hypothèses possibles, et un changement de régime est aussi visé quelque part par Netanyahu et ses partisans. Dans ce cas, comment peut-on expliquer que ni le Guide suprême, ni le président ou aucune personnalité du gouvernement n'ait été visé ? Jean-Paul Chagnollaud : On est dans un scénario tout de même assez singulier, l'Iran est un État souverain et si je me permets, ce qui est totalement aujourd'hui inaudible, de rappeler le droit international, il y a une intégrité territoriale et on ne doit pas attaquer les dirigeants d'un pays. Donc là, il y a une vraie question. Et si on se met à banaliser le fait qu'on peut assassiner les dirigeants de quelque pays que ce soit, ça nous promet un monde sans droit international, ce qui d'ailleurs est déjà le cas. Le Conseil de sécurité, ça n'a échappé à personne, a complètement disparu. Il est bloqué aussi bien sur l'Ukraine que sur la question de l'Iran ou la Palestine par l'un ou l'autre, c'est à dire la Russie ou par les États Unis. Et donc aujourd'hui ce qui prime c'est le rapport de force. Donc effectivement, dans ce cadre-là, votre question est tout à fait pertinente dès lors qu'on a comme idée dominante et paradigme dominant la force, la force n'a pas de limites, mais en même temps elle n'a pas finalement de résultat possible, parce que ça veut dire qu'il n'y a aucun compromis politique. Au terme de tout ça, on cherche une victoire totale, on cherche à écraser l'autre. Et je ne pense pas que c'est comme ça qu'on puisse régler le problème important du programme nucléaire. Je pense qu'il faudra impérativement et malheureusement, pour l'instant, il n'en est pas question, revenir à la diplomatie. La diplomatie est fondée sur des rapports de force, ça va de soi, mais à condition que les rapports de force, justement, s'arrêtent à un moment donné pour permettre que chacun s'y retrouve. Or là, les Israéliens souhaitent écraser ce programme, sans doute écraser le régime aussi, comme ça a été dit. Je pense que s'ils pouvaient le faire, bien entendu, ils le feront. Et ils ont commencé à bombarder un peu partout des cibles qui sont bien au-delà des sites du programme nucléaire et aussi des cibles militaires. Donc on est dans une situation où finalement plus rien n'arrête celui qui dispose de la force dominante, ce qui est le cas aujourd'hui. Il y a eu les opérations d'Israël contre le Hezbollah au Liban et des bombardements qui se poursuivent. Il y a eu aussi des bombardements en Syrie. Et puis bien sûr, la guerre qui est en cours à Gaza. Est-ce qu'Israël a les moyens de poursuivre tous ces fronts ? Jean-Paul Chagnollaud : Je pense que Israël a les moyens, en tout cas à ce stade, d'autant plus qu'il est soutenu par les États-Unis. Il ne faut jamais oublier que les armes sont en partie israéliennes, mais essentiellement elles sont américaines et dans toutes les questions que vous venez d'évoquer, vous voyez bien qu'il n'y a aucune solution politique qui est au bout de tout ça, ce sont autant d'impasses stratégiques. Le Liban continue à être bombardé de manière sporadique malgré un cessez-le-feu. La Syrie reçoit régulièrement des bombardements, y compris dans sa capitale Damas. Quant à Gaza, on est en train d'organiser une épuration ethnique que rien ne semble pouvoir arrêter. Ce n'est pas non plus une solution politique. C'est un drame de plus. Donc, si vous voulez, nous sommes pris aujourd'hui dans l'actualité de ce rapport de force et on compte les victoires militaires. Mais au bout de la victoire militaire, qu'est-ce qu'il y a ? Il y a des cendres. Donc il faut penser autrement les choses. Et c'est pourquoi je pense que la plupart des pays occidentaux en tout cas, vont appeler à un cessez-le-feu rapide. Sinon, on va je le répète, dans des violences qui en engendreront d'autres. Quelles que soient les situations qui vont sortir de ces journées ou peut être de ces semaines, je n'en sais rien, de ce conflit, il faut impérativement qu'un jour la diplomatie reprenne son cours. Le conflit se poursuit avec des bilans de plus en plus lourds et notamment des morts civils. Pourquoi Israël s'est-il lancé maintenant contre l'Iran ? Firouzeh Nahavandi : En effet, tout d'abord, depuis 1979, Israël a été la cible de toutes les accusations de la République islamique et l'un des piliers de la légitimité de la République islamique a été l'éradication et la disparition d'Israël. Et puis est venue se greffer là-dessus la question du nucléaire. Et je rappelle qu'Israël a toujours été contre les accords et les négociations sur le nucléaire et contre l'accord qui a été signé en 2015, et s'est préparé selon les spécialistes depuis très longtemps, à des opérations en Iran. D'ailleurs, ils sont intervenus à plusieurs reprises pour tuer l'un ou l'autre des spécialistes, des scientifiques ou des chefs militaires. Mais apparemment la situation actuelle faisait qu'on a plusieurs éléments qui allaient soutenir Israël dans la mesure où les proxys de l'Iran sont neutralisés d'une certaine manière. Et après le rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique qui confirmait quand même un problème avec le nucléaire iranien et la dangerosité possible, les cartes étaient là pour qu'Israël intervienne. Jean-Paul Chagnollaud : Je souscris à ce qui vient d'être dit, mais il faut regarder une chronologie. Chacun jugera si c'est une coïncidence ou un calcul politique. La semaine dernière, Netanyahu était en grande difficulté sur la scène intérieure puisque les haredim, les partis religieux, voulaient remettre en question sa coalition pour un certain nombre de raisons de politique intérieure importantes. Deuxièmement, il y avait une importante négociation sur le nucléaire qui avait lieu à Oman. Et puis enfin, il y avait cette conférence à New York avec la possibilité d'un État palestinien. Tout ça a été gommé et pulvérisé dès lors que Netanyahu a choisi d'attaquer à ce moment-là l'Iran. Et du coup, la question de l'Iran a tout balayé, il faut quand même réfléchir à cela.
Guerre Israël-Iran, treize personnes ont été tuées dans la nuit de samedi à dimanche 15 juin en Israël par des tirs de missiles iraniens en représailles des frappes israéliennes depuis le début de cette escalade militaire vendredi. Quel est actuellement le sentiment général des Israéliens sur cette opération lancée par le gouvernement de Benyamin Netanyahu ? Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Université ouverte d'Israël, spécialiste de la société israélienne, est l'invité international de la mi-journée de RFI. RFI : Ces dernières nuits, les sirènes d'alerte ont retenti à travers le pays, la population a été appelée à se mettre à l'abri. Quel est le sentiment général des Israéliens sur cette opération lancée par le gouvernement de Benyamin Netanyahu ? Denis Charbit : De manière générale, par rapport au conflit qui oppose Israël au Hamas dans la bande de Gaza, avec la question des otages où, effectivement, les opinions sont relativement divisées, là, il y a plutôt unanimité. Parce que personne n'ignore en Israël, toutes tendances politiques confondues, que l'Iran développait, était sur le point de mettre au point une arme nucléaire dont on sait bien qu'elle aurait visé Israël tôt ou tard. Et en tout cas, elle aurait établi un duopole dans une région dans laquelle seul Israël maîtrise l'arme nucléaire. De ce point de vue-là, il y a un très large consensus, mais qui, bien sûr, oblige la société israélienne, tous les Israéliens, à prendre les mesures de sécurité nécessaires et, en gros, à se tourner vers leur abri. C'est là où les inégalités sociales apparaissent, puisqu'il y en a qui disposent de cet abri anti-atomique dans leur propre appartement. Mais d'autres doivent aller dans les escaliers lorsqu'il s'agit de bâtiments construits avant 1990. À partir de 1990, tous les bâtiments construits en Israël doivent avoir un abri anti-atomique. Et là, je dirais, et c'est un petit peu, il faut bien le dire, au petit bonheur la chance. Ça atteint la localité de Rishon LeZion. Hier, celle de Bat Yam, Tel Aviv avait été frappée, Haïfa également, avec les dégâts matériels très expressifs, mais surtout aussi des pertes humaines. Vous avez donné le chiffre de treize à ce jour et on comprend bien qu'on est dans une longue durée. La population se prépare à ce que cela dure ? Oui. Tout le monde se prépare à ce que cela dure. D'abord, toutes les activités sont arrêtées. Les gens continuent de travailler chez eux, à domicile. Personne ne se rend sur son lieu de travail, sauf ce qui est considéré comme urgent les hôpitaux, mais tout le reste est bloqué. Vous imaginez que toutes les personnes se sont approvisionnées puisque ça, ça reste ouvert. On est aussi incertain sur la durée de l'opération. On voit bien que l'armée israélienne tient bien les choses en main. On se rend compte que la capacité de riposte iranienne, certes, est significative, mais elle est globalement interceptée par la défense israélienne. Mais ce n'est pas du 100 %, ce n'est pas totalement hermétique. Les drones, le Dôme de fer, toute la panoplie mise en place par Israël depuis de longues années fait bien le travail, mais elle ne le fait pas complètement. D'où ces cinq ou six immeubles qui ont été gravement endommagés et qui ont entraîné effectivement des pertes humaines. La population fait-elle la différence entre cette riposte iranienne et les tirs qu'elle avait pu subir de la part du Hezbollah libanais ? Oui, parce qu'il faut bien comprendre une chose : c'est la première fois, en fait, depuis 1973, depuis la guerre du Kippour, que l'armée israélienne est confrontée à une autre armée. Alors certes, ce ne sont pas les fantassins, ce n'est pas l'armée de mer, ce n'est pas la même configuration qu'en 1973, mais on n'a plus affaire à une organisation comme le Hezbollah, le Hamas, le Fatah autrefois. Là, on est dans une confrontation d'État à État. L'Iran, ce n'est pas une petite organisation militaire et donc on se doute, et c'est la grande question qu'on se pose en fait. Est-ce que c'est un tigre de papier ? Elle a fait miroiter – ce qui avait été le cas pour le Hezbollah, on avait surestimé sa capacité. On s'est rendu compte qu'il était finalement bien plus faible, qu'on le croyait. Et c'est la question qu'on se pose pour l'Iran. Est-ce que, effectivement, l'Iran, à l'image du Hezbollah, n'a pas la capacité qu'elle prétendait avoir lorsqu'elle menaçait Israël de représailles. Ou bien c'est un plan à échéance, à plusieurs étapes et, peut-être, finalement, on est, encore une fois, dans une opération de longue durée. Et quand bien même le rapport de force semble être beaucoup plus favorable à Israël, dans la capacité de frapper le terrain de l'adversaire, il n'empêche qu'il n'est pas encore certain que l'Iran soit, comme on a un peu le sentiment aujourd'hui, aussi faible. [L'Iran] n'a peut-être pas dit son dernier mot, parce que là, on est dans le secret. On peut imaginer que du côté du renseignement israélien, on sait à peu près évaluer les capacités iraniennes. Nous, ce sont des expectatives, ce sont des interrogations que l'on se fait. Actuellement, on est plutôt confiants, mais finalement, on se dit que pour transformer le Moyen-Orient, parce que si c'est une opération qui aboutit à un match nul, je pense que ce n'est pas de cela que les Israéliens rêvent. Eux, ils aimeraient que le régime iranien, le régime de la République islamique tombe. Et pour arriver à cela, il ne suffit pas d'Israël. Israël peut ouvrir les hostilités, mais il faudra bien, à un moment ou un autre, que les Américains interviennent. Personne n'en veut donc au gouvernement de Benyamin Netanyahu d'avoir ouvert un nouveau front ? Non…. Alors attention, même la guerre menée après le 7-Octobre a été considérée comme légitime par Israël. Mais je dirais que l'argument, vous savez, sur la dimension personnelle, « il fait ça pour rester au pouvoir, etc. »... Alors bien sûr que s'il réussit dans cette opération, il sera conforté dans son pouvoir. Mais là, personne ne doute que l'ennemi iranien n'est pas un ennemi que Netanyahu a inventé de toute pièce pour justifier une nouvelle opération militaire. Personne ne doute de l'hostilité foncière de la République islamiste à l'égard de l'existence même de l'État d'Israël. 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Après l'offensive lancée dans la nuit de jeudi à vendredi 13 juin par Israël sur l'Iran, Téhéran a riposté avec des missiles balistiques sur l'État hébreu. Quelle va être la durée et la suite des événements ? Pour en parler, Joshua L. Zarka, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l'État d'Israël en France, invité international de RFI. RFI : L'armée israélienne annonce dans un communiqué que ses avions de chasse vont reprendre les frappes, que les voix vers l'Iran ont été ouvertes. Concrètement, c'est une nouvelle phase de ce qu'on peut qualifier de guerre ouverte ? Joshua L. Zarka : Non, ce n'est pas une nouvelle phase. Nous avions clarifié d'une façon très claire que notre but n'était pas d'avoir une opération qui durerait un jour seulement. Nous allons nous débarrasser et débarrasser le Moyen-Orient de la capacité nucléaire militaire que l'Iran voulait développer. Et tant que cela n'est pas terminé, nous devons continuer cette opération. Nous allons continuer cette opération. Mais quand le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, déclare que « Téhéran brûlera », si l'Iran tire de nouveaux missiles sur Israël, cela va au-delà justement de cet objectif que vous évoquiez, des installations nucléaires... C'est exactement pour clarifier aux dirigeants iraniens, parce que ce n'est pas avec le peuple iranien que nous avons un problème, bien au contraire. Le peuple iranien en a assez de ses dirigeants, de ces mollahs, de ce régime qui les tue. Alors c'est pour clarifier à ce régime qu'il faudrait mieux de ne pas tirer contre nos civils. Nous n'attaquons ni Téhéran, ni les civils iraniens, bien sûr, mais seulement des militaires et des infrastructures militaires. Pour rebondir sur ce que vous dites, parmi les victimes qui ont été annoncées vendredi en Iran, une grande partie sont des civils, selon l'ambassadeur de l'Iran à l'ONU... Oui, c'est vrai, c'est selon l'ambassadeur de l'Iran, comme vous l'avez dit. Mais donc vous niez la qualité de civils de ces personnes ? Nous faisons en sorte, mais nous ciblons seulement les militaires. Si vous avez vu les frappes, certaines des frappes qui ont été faites, c'est non seulement les militaires et les personnes chargées des opérations militaires, mais c'est aussi la chambre à coucher spécifique de la personne où il dormait. C'est seulement l'appartement, par exemple, de M. Salami qui était responsable du programme nucléaire et d'autres. Ce n'est pas contre des civils. Ce qu'a fait l'Iran hier en quatre différentes occasions, c'est de tirer des missiles contre des gens, contre des civils, contre des endroits qui sont peuplés par des civils. Ils n'ont pas ciblés, par exemple, des bases militaires, ce qui serait, comme on dit, de bonne guerre. Vous dites que vous voulez débarrasser le Moyen-Orient de la menace nucléaire iranienne. Beaucoup d'experts doutent de cette faisabilité. Pensez vraiment que ce soit véritablement un objectif réaliste ? Vous utilisez le terme de ce qui est connu justement. Vous savez, dans le développement de capacités militaires, il y a énormément de choses qui ne sont pas connues par le public. Si nous avons décidé de faire cette opération, c'est que nous savons qu'elle peut aboutir. À lire aussiRiposte iranienne à l'attaque d'Israël: à Tel-Aviv, le quartier du ministère de la Défense lourdement touché Vous estimez avoir les capacités militaires pour atteindre les infrastructures souterraines ? Ce qui est connu par des gens qui sont soi-disant, des experts militaires qui ne savent pas ce qu'il y a exactement, ce qui existe dans les arsenaux israéliens, ne veut rien dire. Si nous avons décidé de faire cette opération, c'est que nous sommes certains de pouvoir y aboutir. De pouvoir éradiquer complètement le programme nucléaire, pas juste de le retarder ? Vous savez, regardez, il y a eu deux différentes occasions. Il y a eu des événements dans lesquels Israël a débarrassé le Moyen-Orient de programmes nucléaires illicites, c'était en Irak et en Syrie. Dans les deux cas, des experts internationaux disaient que c'était impossible et que de toute façon, ça allait repousser le programme de un ou deux ans. Et dans les deux cas, depuis et jusqu'à présent, les deux dictateurs ont disparu, mais quand ils étaient encore en vie, ils n'avaient pas repris leur intention de développer une arme nucléaire. Alors les experts, souvent, sont des experts civils qui ne savent pas exactement de quoi il s'agit. Ou bien c'est des gens qui connaissaient les facteurs dans le passé, mais ils ne savent pas de quoi il s'agit aujourd'hui. Encore une fois, je le je répète d'une façon très claire. Si nous avons décidé de faire cette opération, c'est que nous pensons que nous savons que nous pouvons y aboutir. Monsieur l'ambassadeur, vous parlez d'opération préventive. Dans quel cadre légal notamment, se déroule cette opération ? Il n'y a pas de résolutions de l'ONU et a priori pas de concertation avec les alliés d'Israël ? Mais ce n'est pas une question seulement d'opération préventive. Vous savez, le 7-Octobre est un événement iranien. Sans l'Iran, le Hamas n'aurait pas eu d'armes, n'aurait pas eu le soutien militaire, n'aurait pas eu le soutien économique qu'il a eu. Et non seulement cela, mais en deux différentes occasions, l'Iran a tiré directement sur notre territoire des centaines de missiles. La première fois 350 missiles, missiles de croisière et drones, la seconde fois 180 missiles. Mais il n'y a pas eu d'armes nucléaires utilisées le 7-Octobre ? Madame, j'essaie de vous répondre. Donc, en deux différentes occasions, l'Iran a tiré directement des centaines de missiles contre Israël. Nous sommes déjà en guerre avec l'Iran depuis des années. Depuis très longtemps, l'Iran a tiré des missiles de croisière, des drones, contre Israël à maintes occasions. Alors dire que c'est une opération qui vient « comme ça », comme si on était en paix avec le régime iranien et que d'un seul coup on a décidé d'attaquer, c'est pas du tout le cas. L'Iran nous a attaqué, nous attaque régulièrement. L'Iran a essayé d'assassiner des gens en Israël. L'Iran arme les terroristes, les groupes terroristes qui opèrent en Israël, et l'Iran a attaqué directement le territoire israélien avec des missiles de son territoire directement. Est-ce que c'est une opération qui s'inscrit pour votre pays dans un temps long ? Non, ce n'est pas dans un temps long. Notre intention est de faire ça le plus rapidement possible. Ce n'est pas une opération de plusieurs longues semaines. Ce n'est clairement pas une opération de plusieurs mois. C'est une opération que nous essayons de faire le plus rapidement possible, de raccourcir autant qu'on peut. Le président français a défendu le droit d'Israël à se protéger tout en appelant à la négociation pour régler la question nucléaire iranienne. Est-ce que le Premier ministre Benyamin Netanyahu a parlé à Emmanuel Macron ? Oui, ils se sont parlé. Ils ont eu une très bonne discussion. Les deux dirigeants se parlent assez régulièrement et généralement ont de très bonnes discussions. Est-ce que la France participe aux opérations d'une manière ou d'une autre ? D'abord, la France n'a pas du tout participé à l'attaque. C'était une attaque, une opération qui était une opération israélo-israélienne. La question de la défense d'Israël par rapport aux attaques iraniennes est une question, je pense que le président a parlé qu'il comptait aider Israël à se défendre contre les attaques iraniennes. À lire aussiÀ la Une: l'escalade entre l'Iran et Israël La question de la légalité a été posée par un certain nombre de personnes. Vous estimez que vous étiez dans un état de légitime défense après le 7-Octobre ? C'est ça qui constitue la légalité, le cadre juridique dans lequel vous intervenez ? Ce n'est pas seulement le 7-Octobre. Vous savez, quand un pays comme l'Iran dit d'une façon très claire, et c'est le président, le dirigeant de ce pays qui déclare d'une façon très claire plus d'une fois, il le répète pratiquement chaque semaine, qu'il compte détruire l'État d'Israël, il met même une date, 2035 était la date à laquelle l'Iran devait terminer de détruire Israël. Quand ce pays arme tous les ennemis autour d'Israël, et non seulement cela, mais les encourage, les finance et en plus, quand cet ennemi développe la capacité de détruire mon État, nous sommes en toute légitimité. En plus, si vous voulez ajouter cela, l'Iran a deux fois attaqué, comme je l'ai dit auparavant. L'Iran a attaqué Israël deux fois par des centaines de missiles tirés de son territoire. Au-delà du nucléaire, l'objectif c'est la chute du régime iranien ? C'est l'anéantissement de l'Iran ? Non, clairement non. Je dis ça d'une façon catégorique. D'abord, l'anéantissement de l'Iran, pas du tout. Le peuple iranien est un peuple pacifique, un peuple qui veut et qui a vécu en paix avec nous. Nous n'avons aucune raison de ne pas vivre en paix avec eux. Nous voulons et nous pourrons et nous vivrons en paix avec le peuple palestinien. Alors clairement, ce n'est pas d'anéantir l'Iran. Mais non seulement cela, ce n'est pas non plus d'amener un changement de régime. Nous sommes un petit pays et nous nous défendons. Nous ne sommes pas un nouvel architecte du Moyen-Orient. Même si le Premier ministre Netanyahu disait vendredi dans une vidéo que « le temps est venu pour le peuple iranien de s'unir face au régime pervers et oppressif »... Est-ce que du fait de cette opération contre l'Iran, le front de Gaza devient pour votre pays un théâtre d'opération secondaire ? Je voudrais d'abord répondre à la question dont vous parlez. Le Premier ministre a dit cela en disant que c'était au peuple iranien de choisir leurs dirigeants. Ce n'est pas à Israël de le faire. Et effectivement, je peux vous dire d'une façon très claire que tant que ce régime sera en place, tant que le régime iranien sera en place, il n'y aura pas entièrement de paix au Moyen-Orient, parce que c'est un régime révolutionnaire qui veut changer la façade du Moyen-Orient, qui veut changer le Moyen-Orient en utilisant la force et la violence et le terrorisme. Et sur Gaza, est-ce que ce théâtre est devenu secondaire pour Israël ? De toutes les façons, nous arrivons à la fin de la guerre à Gaza. Le Hamas n'a plus les capacités qu'il avait. Cette guerre à Gaza se terminerait immédiatement si demain ou aujourd'hui le Hamas libérait tous nos otages. Mais ça nous l'avons dit depuis longtemps et ils n'ont qu'à nous tester, qu'ils libèrent nos otages. Cette guerre sera terminée. Nous n'avons rien à faire à Gaza. Nous ne comptons pas rester à Gaza. Nous n'avons jamais voulu annexer ou repeupler Gaza. Gaza est aux Palestiniens, appartient aux Palestiniens et restera aux Palestiniens. Ce que nous voulons, c'est nos otages et qu'ils nous laissent vivre en paix. Vous dites que la guerre arrive à sa fin à Gaza, pourtant le processus politique est un petit peu à l'arrêt. Autour de la bande de Gaza, les négociations peinent à avancer. C'est quoi l'avenir de Gaza ? D'abord, les négociations peinent à avancer. Parce que vous savez que deux fois et à deux occasions, des offres de cessez-le-feu ont été présentées par l'envoyé spécial du président des États-Unis, monsieur Steve Witkoff. Et ces deux occasions, Israël les a acceptées et elles ont été rejetées par le Hamas. Alors, vous savez, le fait que ces organisations, les dirigeants palestiniens rejettent des offres de paix qui sont faites, c'est quelque chose qui se fait régulièrement. Toutes les offres faites par le Hamas ont été rejetées par Israël. C'est le propre des négociations, c'est qu'il faut parvenir à un compromis... C'est pour ça qu'il y a l'envoyé spécial des États-Unis. Mais ce ne sont pas des offres israéliennes. Ce sont des offres américaines avec lesquelles les négociations auxquelles ont participé les Égyptiens et les Qataris. Quel est l'avenir de Gaza dans la vision israélienne ? Notre vision c'est que Gaza appartient aux Gazaouis et doit être géré éventuellement par les Gazaouis et simplement que ce soit démilitarisé, désarmé et qu'ils vivent en paix avec nous. À lire aussi«Israël peut continuer à détruire des sites en Iran mais l'expertise nucléaire va rester»