Le podcast tech de Jérôme Colombain, journaliste spécialiste des technologies. Des news, des interviews de personnalités et des reportages sur les innovations et les phénomènes qui changent nos vies, pour mieux comprendre l'évolution de notre monde numérique. Bonne écoute !

L'intelligence artificielle, la robotique, la cybersécurité et la désinformation ont marqué 2025. Dans ce dernier Hebdo de l'année, on dresse le bilan d'un millésime technologique hors norme et se projette déjà vers 2026.

La récente visite d'Emmanuel Macron en Chine a placé l'intelligence artificielle au centre des échanges franco-chinois. Au menu : coopérations éducatives, données numériques, voitures autonomes et open source.Interview : Shanhui Zhang, journaliste à China Global Television Network (CGTN)Vous avez suivi le déplacement du président français en Chine. Que faut-il en retenir sur le plan technologique ?Cette visite s'inscrit dans une continuité : c'était déjà la quatrième fois qu'Emmanuel Macron se rendait en Chine. À chaque déplacement, le président français aborde plusieurs dossiers clés - énergie, géopolitique, économie - mais cette fois encore, la dimension technologique, et en particulier l'intelligence artificielle, était centrale. La France joue un rôle important au sein de l'Union européenne, notamment dans la définition des normes, et cela pèse fortement dans les discussions avec la Chine sur l'IA, la gestion des données et les coopérations industrielles.Un moment marquant a été la tenue de la septième session du comité des entrepreneurs franco-chinois, qui réunit de grandes entreprises des deux pays pour explorer les opportunités de coopération à l'ère numérique. On a vu la présence d'acteurs majeurs de l'IA chinoise comme iFLYTEK, un leader de l'intelligence artificielle spécialisé dans la traduction automatique, l'éducation et la santé, dont les technologies sont déjà largement utilisées en Chine et pourraient, à terme, s'exporter vers la France et l'Europe.La coopération éducative et scientifique semble également centrale. Pourquoi ?Parce que l'intelligence artificielle ne se limite pas aux entreprises : elle se construit aussi dans les universités. Lors de son discours à l'université du Sichuan, Emmanuel Macron a clairement évoqué les opportunités offertes aux étudiants chinois de venir étudier en France, notamment dans le domaine de l'intelligence artificielle et des hautes technologies.Mais il faut aussi souligner que la Chine a énormément investi ces dernières années dans l'enseignement de l'IA. L'avenir ne sera donc pas une coopération à sens unique, mais plutôt une exploration commune, « main dans la main ». L'objectif est un échange équilibré de compétences, de chercheurs et d'étudiants, bénéfique à la fois à la Chine et à la France.Les questions des données et de la méfiance européenne à l'égard de la Chine ont-elles été abordées ?Oui, c'est un sujet absolument central, qui touche au cœur même de la coopération technologique entre la Chine et l'Europe. En juillet 2025, un dialogue spécifique sur l'intelligence artificielle a eu lieu entre le vice-ministre chinois des Sciences et Technologies et l'envoyé spécial du président français. Les deux parties ont publié une déclaration commune insistant sur le développement d'une IA sûre, équitable et porteuse de sens, ainsi que sur la nécessité d'une gouvernance mondiale de ces technologies.La Chine cherche aujourd'hui à rassurer les Européens, notamment sur la gestion des données, en travaillant avec l'Union européenne à la création de plateformes bilatérales et à une meilleure organisation des flux de données. L'idée est de trouver des convergences entre les règles européennes, comme le Règlement général sur la protection des données (RGPD), et les lois chinoises sur la sécurité des données, afin de bâtir un cadre commun acceptable des deux côtés.Voir : China Global Television Network (CGTN)-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Comment garantir la sécurité des données à l'ère du "cloud hybride" ? Une émission spéciale enregistrée à l'occasion de l'événement NetApp INSIGHT Xtra Paris.En partenariat avec NetAppGuillaume de Landtsheer, vice-président France de NetApp Pourquoi le cloud est-il devenu une infrastructure critique, mais aussi un sujet de défiance ?Le cloud computing est devenu invisible, mais absolument indispensable. Il est derrière nos applications, nos services numériques et, plus largement, derrière le fonctionnement des entreprises et des services publics. En parallèle, il cristallise des inquiétudes légitimes : où sont stockées les données, qui y a accès et selon quelles règles ? La souveraineté numérique ne se résume pas à la nationalité d'un fournisseur, mais à un cadre de confiance, de transparence et de contrôle donné aux clients. Notre rôle est de fournir une technologie qui permette cette maîtrise, sans accès direct de notre part aux données.Comment garantir la souveraineté des données quand les acteurs sont mondiaux ?Vouloir une souveraineté basée uniquement sur l'origine géographique des entreprises n'est pas réaliste. Beaucoup de nos clients sont internationaux et ont besoin que leurs données circulent de manière sécurisée entre plusieurs pays. Nous parlons donc de « trusted vendor », un fournisseur de confiance, transparent sur sa gouvernance, ses obligations légales et ses pratiques de sécurité, en cohérence avec des cadres comme SecNumCloud porté par l'ANSSI. Concrètement, nos technologies sont déployées chez les clients de manière totalement étanche : même en tant qu'éditeur, nous n'avons aucun accès aux données, y compris face à des demandes extérieures.Paul Cayot, directeur commercial de TélédiagComment garantir la protection des données de santé dans le cloud ?Le principal défi aujourd'hui pour une entreprise comme la nôtre, qui stocke et transmet des données de santé, c'est de concilier trois exigences qui peuvent sembler contradictoires : une sécurité absolue, une disponibilité permanente et une résilience face à des menaces en constante évolution. Nous manipulons des données patients extrêmement sensibles, vitales même, dans des contextes d'urgence où la moindre interruption peut avoir des conséquences graves. Cela impose des infrastructures certifiées comme le HDS, des redondances multiples, des plans de reprise robustes, mais aussi une vigilance humaine permanente. Nous avons connu un épisode grave de cyberattaque qui a paralysé nos systèmes. Ce qui a fait la différence, ce sont les mécanismes de résilience, comme le système snapshot, qui nous ont permis de préserver l'intégrité des données et de redémarrer rapidement sans aucune fuite. -----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Des géants de la tech envisagent d'installer des data centers dans l'espace pour répondre aux besoins explosifs de l'IA, en misant sur l'énergie solaire et des infrastructures orbitales inédites mondiales.Interview : Julien Villeret, directeur de l'innovation d'EDFEn partenariat avec EDFPourquoi l'idée d'installer des data centers dans l'espace séduit-elle les géants de la tech ?Un data center, ce n'est pas seulement de l'informatique et des serveurs : c'est avant tout une question d'énergie, et de beaucoup d'énergie. Même si les puces et les modèles d'IA deviennent plus sobres, les usages explosent, notamment avec l'IA générative et l'inférence. Résultat : les besoins en calcul augmentent de façon exponentielle, et donc la consommation électrique aussi. La vraie question, aujourd'hui, c'est comment fournir une énergie massive, fiable et au coût le plus bas possible à ces infrastructures. C'est là que l'espace commence à faire rêver les grands acteurs du numérique comme Google, Amazon ou Tesla.En quoi l'espace apporterait-il un avantage décisif par rapport à la Terre ?Sur Terre, raccorder un data center au réseau électrique prend des années. Il faut des autorisations, creuser des tranchées, poser des câbles à très haute tension : c'est lourd, long et peu compatible avec le rythme du numérique. Dans l'espace, l'idée est de se rapprocher du Soleil. L'énergie solaire y est quasi permanente et beaucoup plus intense qu'au sol : en orbite géostationnaire, on capte jusqu'à 20 à 50 fois plus d'énergie. Il n'y a quasiment pas de cycle jour-nuit, ce qui permet une production continue. Sur le papier, c'est une source d'énergie abondante, puissante et presque illimitée.Comment communiquer avec des data centers situés en orbite ?Les technologies existent déjà. On fait exactement comme avec des constellations de satellites type Starlink : des communications à très haut débit entre l'espace et la Terre. Certes, la latence est un peu plus élevée qu'avec des infrastructures terrestres, mais pour des services d'IA, quelques dizaines de millisecondes ne posent aucun problème. Ce n'est pas idéal pour le gaming ultra-réactif, mais pour le traitement de données ou l'IA, c'est tout à fait acceptable et déjà opérationnel.Est-ce réellement faisable aujourd'hui, ou est-ce encore de la science-fiction ?Techniquement, c'est crédible. Économiquement, c'est encore un énorme pari. Des acteurs comme la startup StarCloud, soutenue par NVIDIA, ont déjà lancé un premier satellite avec des GPU embarqués, mis en orbite par SpaceX, capable d'exécuter des modèles d'IA comme Gemma de Google. C'est encore très symbolique, mais ça fonctionne réellement.Les défis restent immenses : rayonnements cosmiques, températures extrêmes, usure accélérée des composants et surtout le refroidissement, très complexe dans le vide spatial. Sans parler du coût des lancements, encore élevé malgré les progrès. Si les promesses de lanceurs comme Starship ou New Glenn se concrétisent, avec des coûts divisés par dix, l'équation pourrait changer. Pour l'instant, on est clairement sur un moonshot, comme le projet Suncatcher développé par Google au sein de sa division X, ambitieux et audacieux… mais encore loin d'un déploiement massif.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Ça y est, l'Australie a interdit les réseaux sociaux aux moins de 16 ans. Mais les jeunes rusent...Avec Bruno Guglielminetti (https://moncarnet.com/)L'Australie tente de bannir les jeunes des réseaux, mais...Depuis cette semaine, les jeunes Australiens de moins de 16 ans sont censés être exclus des réseaux sociaux. Une nouvelle loi impose aux plateformes de supprimer leurs comptes. Problème : seuls dix réseaux sont concernés par le texte. Résultat, les adolescents migrent en masse vers des applications comme Lemon8, Yoop ou Coverstar, qui échappent (pour l'instant) à la régulation. Lemon8, appartenant à ByteDance (maison mère de TikTok), est même devenue l'appli la plus téléchargée du pays en un jour. Le gouvernement promet d'adapter la loi, mais la réactivité des jeunes dépasse celle des législateurs.États-Unis : les visiteurs bientôt obligés de livrer 5 ans de vie numérique ?Un décret américain prévoit d'imposer à tout visiteur étranger de fournir un historique de cinq ans de ses activités numériques (réseaux sociaux, publications publiques). Ce projet, en discussion pour 60 jours, provoque un certain émoi, notamment en France. En réalité, la collecte d'informations est déjà partiellement en place via la demande ESTA, même si la saisie reste optionnelle. Le changement : l'application mobile deviendrait obligatoire, notamment pour capter de meilleures photos. Une extension de la surveillance ? Oui. Une nouveauté totale ? Pas vraiment.Adobe et OpenAI : création d'images et PDF intégrés dans ChatGPTAdobe intègre ses outils phares – Photoshop, Acrobat, Adobe Express – directement dans ChatGPT. Une nouveauté qui permet de générer une image avec l'IA, puis de la modifier dans Photoshop sans quitter l'interface. Idem pour les PDF. Ce partenariat vise à contrer Google et son IA Gemini, qui progresse rapidement. Pour les utilisateurs, le bénéfice est net : gain de temps et nouvelles possibilités créatives. C'est aussi une illustration concrète de la fusion croissante entre IA générative et outils métiers.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Cette semaine : les architectes de l'IA, GPT 5.2, les meilleurs smartphones, futures lunettes google, data centers dans l'espace, rapprochements Chine et Europe, souveraineté numérique et protection des données de santé.

Les géants de l'intelligence artificielle préparent un protocole universel pour permettre aux IA d'interagir avec tous les services numériques sans intégration spécifique.Un langage commun pour les agents intelligentsLes intelligences artificielles peinent aujourd'hui à agir efficacement dans un monde numérique fragmenté. Chaque outil ou service utilise sa propre API, ses propres règles d'interaction. Pour qu'un agent IA exécute une tâche concrète, il doit apprendre à dialoguer avec une multitude de systèmes hétérogènes. C'est à ce problème que répond MCP, le Model Context Protocol, conçu comme un langage universel entre IA et outils numériques.Une initiative d'Anthropic, soutenue par la Linux FoundationCréé en 2024 par deux ingénieurs d'Anthropic, David Soriapara et Justin Sparsomers, MCP vient de franchir une étape décisive : son passage sous l'égide de la Linux Foundation, via une nouvelle entité baptisée Agentic AI Foundation. L'objectif est clair : faire de MCP un standard ouvert, neutre et interopérable, comme l'a été Linux pour les systèmes d'exploitation. Cette fondation assurera la gouvernance, la documentation et la diffusion du protocole.Une architecture en trois couches pour un fonctionnement transparentLe fonctionnement de MCP repose sur une structure en trois éléments : l'agent IA qui formule une demande, le serveur MCP qui traduit cette demande en actions possibles, et l'outil compatible qui exécute l'action. Chaque service numérique déclare ses fonctions, permissions et formats, tandis que l'utilisateur garde la main sur les autorisations. Le protocole agit comme une API universelle, une « grammaire » commune pour permettre aux IA de manipuler n'importe quel outil numérique.Vers une nouvelle ère d'interopérabilité pour l'IALe développement de MCP s'accélère. OpenAI l'intègre dans ChatGPT, Google déploie ses propres serveurs compatibles, et une communauté de développeurs se constitue autour du standard. MCP n'est plus un simple prototype : il amorce son industrialisation. À terme, chaque service numérique pourrait devenir plug and play pour les IA. Une révolution silencieuse, mais potentiellement majeure, dans l'architecture du web intelligent.Site officiel MCP-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

L'intelligence artificielle transforme l'analyse médicale en révélant des motifs cellulaires invisibles à l'œil humain et en améliorant diagnostic, recherche scientifique et développement de nouveaux traitements contre le cancer.Interview : Jean-Frédéric Petit-Nivard, Chief Business Development Officer d'OwkinComment l'IA peut-elle concrètement améliorer les soins en oncologie ?Chez Owkin, notre objectif est d'utiliser l'intelligence artificielle pour mieux comprendre les maladies et améliorer la prise en charge des patients. Un exemple marquant remonte à 2019, avec notre publication dans Nature Medicine autour du projet Maisonnette. Nous avons montré qu'à partir d'images de biopsies – où l'on observe cellules cancéreuses et immunitaires – l'IA pouvait prédire la survie des patients. Là où cela devient passionnant, c'est que le modèle a redécouvert des critères connus des anatomopathologistes, mais aussi identifié de nouveaux motifs invisibles à l'œil humain, car nécessitant d'analyser des millions d'images. L'IA devient ainsi un véritable outil de recherche, capable de révéler des mécanismes biologiques que l'on n'avait jamais explorés.Aujourd'hui, vos technologies sont-elles réellement utilisées dans les hôpitaux ?Oui, et c'est une grande fierté. Certains de nos outils diagnostiques ont obtenu un marquage CE et sont désormais utilisés en pratique clinique. Ils aident les médecins à mieux diagnostiquer certaines pathologies et à orienter les patients vers les traitements les plus adaptés. Ce travail a été possible grâce à nos collaborations étroites avec de nombreux centres hospitaliers et de recherche, comme Gustave Roussy, l'Institut Bergonié, l'AP-HP ou encore des hôpitaux en Angleterre et en Allemagne. L'impact sur la vie des patients est réel, même si le développement de nouveaux traitements nécessite encore plus de temps et de validations.Quelles technologies d'IA utilisez-vous et comment les appliquez-vous à la santé ?Nous nous appuyons sur des architectures variées : CNN, LLM, modèles fondation… Beaucoup ont été initialement développées par les grands acteurs technologiques tels que Google DeepMind ou Meta AI, mais nous les adaptons à nos données biomédicales. L'un des enjeux majeurs consiste à transformer des images ou des données biologiques brutes en représentations mathématiques de qualité. C'est ce travail de representation learning qui rend possible des prédictions fiables et interprétables. Nous avons aussi beaucoup contribué au federated learning, permettant d'entraîner des modèles sur des données distribuées, un sujet décrit dans plusieurs de nos publications disponibles sur le site d'Owkin.Et demain : quelles sont les prochaines étapes pour Owkin ?Nous venons de lancer K-Pro, une nouvelle plateforme qui facilite la recherche biomédicale grâce aux agents et aux LLM. L'autre étape déterminante sera la publication des résultats de notre premier essai clinique, aujourd'hui en phase 1, mené en Australie, en Europe et aux États-Unis. Nous avons beaucoup d'espoir : confirmer notre hypothèse thérapeutique donnerait un sens immense à notre travail. Par ailleurs, de nouveaux outils diagnostiques arrivent, renforçant encore notre ambition d'accélérer la recherche et d'améliorer la vie des patients.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Damien Lucas explore les enjeux de souveraineté, de puissance de calcul et d'indépendance technologique à l'heure où l'IA redéfinit le marché du cloud pour les entreprises.Interview : Damien Lucas, CEO de ScalewayEn quoi l'adoption massive de l'IA change-t-elle les besoins des entreprises dans le cloud ?L'IA transforme avant tout la manière dont nos clients utilisent leurs données. Pour entraîner ou exploiter des modèles, il faut rapprocher l'IA de la data. Comme le rappelle souvent l'industrie, envoyer toutes ses données chez des acteurs extérieurs comme OpenAI n'est pas viable à long terme : cette data est stratégique. Notre rôle, chez Scaleway, est donc de fournir un cloud souverain, immunisé aux lois extraterritoriales et indépendant des technologies américaines, afin que les entreprises développent leurs infrastructures IA sans compromis.Comment Scaleway renforce-t-il sa capacité technologique face à la demande croissante en puissance de calcul ?Nous investissons massivement dans les GPU, désormais indispensables aux grands modèles de langage et à des usages émergents comme l'agentique ou la robotique. Nous avons été les premiers en Europe à proposer les nouveaux GPU NVIDIA Blackwell B300. En parallèle, nous soutenons l'écosystème européen : les modèles d'agentique développés par la startup française H sont par exemple disponibles dans notre cloud. Notre réseau de data centers — de Paris à Stockholm, en passant bientôt par Berlin — garantit une haute disponibilité tout en maintenant une souveraineté forte.Quelles sont les raisons concrètes qui poussent une entreprise à choisir Scaleway plutôt qu'un hyperscaler américain ?Trois raisons principales reviennent. D'abord, la souveraineté : nos clients veulent éviter la dépendance aux technologies américaines comme AWS ou Google Cloud, et protéger leurs données des lois extra-européennes. Ensuite, le prix : nous sommes significativement moins chers, notamment parce que nous ne facturons pas les egress fees, ces frais de sortie que les hyperscalers imposent systématiquement. Enfin, nous couvrons 90 % des besoins cloud du marché grâce à une offre d'environ 200 produits, bien plus simple à maîtriser que les 600 services proposés par AWS.La migration depuis AWS ou Google Cloud est-elle réellement accessible pour une startup ou une grande organisation ?Oui, très clairement. Si l'entreprise a adopté des standards modernes comme Kubernetes, Terraform ou une architecture microservices, la migration est fluide : on traduit l'infrastructure existante et on la redéploie chez Scaleway. Le frein principal est financier : comme lors d'un déménagement physique, le double loyer pèse lourd. C'est pourquoi nous proposons une “franchise de loyer”, avec plusieurs mois gratuits pour absorber la période de transition et éviter les coûts doublés.L'Europe a-t-elle encore une chance de devenir un acteur majeur du cloud ?Absolument. La transformation induite par l'IA représente une rupture technologique qui pousse toutes les entreprises à reconsidérer leur fournisseur cloud pour les années à venir. Les acteurs européens existent, la technologie est là, et les signaux politiques — comme ceux du sommet franco-allemand sur la souveraineté numérique — montrent une prise de conscience forte. Avec trois ou quatre champions solides, l'Europe peut tout à fait rivaliser avec les États-Unis. Il ne manque plus que la commande publique et privée pour accélérer cette dynamique.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Les agents IA permettent aujourd'hui une "hyper-automatisation" des tâches en entreprise. C'est la mission que s'est fixée la startup française MindflowInterview : Evan Bourgouin, Directeur des opérations de MindflowL'hyper-automatisation agentique, concrètement, qu'est-ce que cela change pour les entreprises ?Nous automatisons les tâches répétitives dès qu'un humain, un ordinateur et un processus entrent en jeu. Beaucoup d'organisations utilisent déjà des services comme AWS, Microsoft Azure ou encore Salesforce et SAP, mais ces systèmes restent souvent isolés.Chez Mindflow, notre obsession, c'est l'intégration : connecter chaque service, chaque opération, au niveau le plus granulaire.Sur cette base, nous automatisons des processus dans la cybersécurité, l'IT ou les ressources humaines — par exemple l'onboarding d'un collaborateur, la création d'accès, de rôles, de comptes sur des outils comme Jira ou un CRM. Ce sont des tâches indispensables, mais pas celles où la valeur humaine est la plus forte.Quel est l'impact sur la cybersécurité et la charge des équipes ?Dans la cybersécurité, recevoir 100 alertes par jour sur un SIEM comme Splunk ou Microsoft Sentinel est devenu courant. Avec une équipe restreinte, une partie finit forcément par ne pas être traitée.Nous automatisons donc une part de ces réponses, tout en gardant l'humain dans la boucle.Cela change radicalement le quotidien : c'est un secteur où l'épuisement professionnel est très élevé. Les jeunes analystes arrivent et se font submerger par les tâches répétitives. En retirant cette charge, on leur permet de se concentrer sur l'analyse et la résolution de nouvelles menaces.Les utilisateurs vont du C-level jusqu'à l'alternant : chacun retrouve une capacité à créer, à améliorer son travail, en s'appuyant sur la plateforme.Automatisation ou agentique : comment expliquer la différence ?L'automatisation est déterministe : même input → même output.L'agentique, elle, adapte son comportement en fonction du contexte — par exemple une alerte différente sur ServiceNow ou une anomalie détectée dans un ERP. Mais on n'a pas besoin d'IA partout : certaines entreprises ne souhaitent pas envoyer leurs données dans des modèles d'IA pour des raisons de confidentialité.La vraie différence, c'est que nous avons résolu le problème de l'intégration, ce qui fait de Mindflow « l'IA du dernier kilomètre ». Une fois qu'on sait se connecter à AWS, Azure, Salesforce, Jira, un ERP ou un data lake, l'agent peut vraiment agir. Sans intégration, rien n'est possible.Comment une entreprise démarre-t-elle un projet d'automatisation ?Tout commence par une volonté interne et une culture favorable. Avec nos clients — souvent de grands groupes comme LVMH, Hermès, Thales ou Auchan — nous réalisons un état des lieux : où sont les goulots d'étranglement, quelles équipes sont surchargées, quels profils veulent devenir "builders".Une fois l'intégration réalisée, tout s'accélère. Les quick wins sont fréquemment dans la cyber, l'IT ou le support opérationnel, mais chaque entreprise a ses propres cas d'usage, même si elles utilisent parfois les mêmes outils.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

L'IA permet de revaloriser des contenus vidéo anciens en permettant une recherche intelligente à l'intérieur des contenus, offrant aux médias et aux producteurs une manière radicalement nouvelle d'exploiter leurs immenses archives.Interview : Philippe Petitpont, CEO de Moments LabEn quoi l'IA aide-t-elle l'exploitation des archives vidéo ?Les grands médias, les groupes sportifs ou encore certaines marques sont assis sur des volumes d'archives immenses, mais souvent mal décrites. Résultat : retrouver un extrait précis devient extrêmement compliqué. Avec notre technologie d'analyse multimodale — présentée au sein de Moments Lab — nous décrivons automatiquement tout ce qu'un humain pourrait voir ou entendre dans une vidéo, scène par scène. Cela permet de retrouver en quelques secondes des moments très précis et de produire rapidement des compilations, des best-of ou des formats courts destinés aux réseaux sociaux, des tâches qui prendraient des heures en production traditionnelle.A qui est destinée votre technologie ?Nous travaillons avec des acteurs comme TF1, M6, la Fédération Française de Football ou encore de grands groupes américains. Les besoins vont de la valorisation d'archives à la création de contenus courts pour toucher de nouvelles audiences. Dans le divertissement, un simple prompt permet de générer un top 5 ou une compilation en quelques minutes. Dans l'information, les rédactions s'appuient sur nos outils pour faire du fact-checking quasi instantané, en retrouvant par exemple une déclaration antérieure d'un responsable politique en quelques secondes.Comment évolue la production audiovisuelle face aux nouveaux usages ?La consommation se fait de plus en plus sur smartphone. Le format de 52 minutes n'est plus la norme : les audiences privilégient désormais des séquences plus courtes. Nous aidons donc les producteurs à repenser leurs tournages, par exemple en téléréalité, où des centaines d'heures de rushs peuvent donner naissance non seulement à un épisode linéaire, mais aussi à une multitude de petites histoires adaptées aux réseaux sociaux. Cela permet un ciblage plus fin des audiences et ouvre de nouveaux modèles de monétisation.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Avec deux millions de modèles d'intelligence artificielle générative disponibles, la startup franco-américaine Hugging Face est devenue la référence en matière d'IA open source. Elle prend désormais le virage des agents IA et de la robotique.Interview : Jeff Boudier, Directeur commercial chez Hugging FaceVous proposez aujourd'hui plus de deux millions de modèles sur Hugging Face, comment expliquer une telle diversité ?L'IA ne se limite pas aux LLM comme ChatGPT : c'est un écosystème immense, une véritable foret amazonienne. Sur Hugging Face, on trouve des modèles qui génèrent du texte, mais aussi des images, de la vidéo, du son, qui travaillent dans toutes les langues ou encore sur des applications métiers comme la finance.Notre mission est claire : démocratiser l'IA. Nous ne voulons pas d'un monde dominé par une poignée d'acteurs. Toute organisation, quelle que soit sa taille, doit pouvoir construire sa propre IA.Pour cela, nous hébergeons des millions de modèles, datasets et applications, et nous fournissons des outils open source comme nos librairies d'entraînement ou l'écosystème Spaces, notre véritable App Store de l'IA. Plus de 12 millions d'AI builders les utilisent aujourd'hui.Pourquoi vous être lancé aussi dans la robotique ?Nous publions de nombreuses ressources scientifiques — de véritables “bouquins techniques” comme The Ultra-Scale Playbook — pour aider la communauté à comprendre et construire des modèles, mais il fallait aussi quelque chose de plus tangible pour le grand public. C'est là qu'intervient Richie Mini, notre robot pédagogique conçu avec Pollen Robotics (que nous avons acquis). Il écoute, voit, parle, interagit… et permet d'expérimenter concrètement avec des modèles de vision ou de parole. Le lancement a dépassé toutes nos attentes : plus de 5 000 robots vendus le premier mois, disponibles dans le monde entier pour environ 300 dollars.Les agents IA sont-ils la prochaine révolution ?Oui, les agents représentent clairement l'évolution naturelle de l'IA. L'an dernier, à AWS re:Invent, on parlait d'IA générative. Cette année, tout tourne autour des agents. Un agent ne se contente plus de générer une réponse : il choisit des outils, raisonne, explore plusieurs chemins avant d'aboutir. Cela ouvre d'immenses possibilités mais aussi de nouveaux défis, notamment technologiques et économiques : un système agent peut consommer des millions de tokens, ce qui change complètement l'équation du coût. Heureusement, les modèles ouverts ont fait un bond spectaculaire. Chaque semaine, un nouveau modèle open source de pointe apparaît sur Hugging Face : Mistral 3, DeepSeek V3.2, Qwen, etc. Avec Hugging Chat, on peut créer soi-même un agent capable de naviguer, raisonner ou utiliser des outils.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Sébastien Stormacq, responsable des relations développeurs chez AWS, explique comment le Vibe Coding bouleverse la manière de programmer : générer une application complète en discutant simplement avec un agent IA, même depuis son canapé.Interview : Sébastien Stormacq, responsable des relations avec les développeurs chez AWSQu'est-ce que le Vibe Coding et qu'est-ce que ça change pour les développeurs ?Le Vibe Coding consiste à programmer avec l'IA. Grâce à un chatbot intégré dans l'environnement de développement, on peut lui demander résoudre un problème, d'analyser des erreurs ou de générer du code. Cela permet d'aller beaucoup plus vite. Par exemple, j'ai personnellement créé un jeu pour iOS en quelques minutes, du fond de mon canapé. Certes l'application n'était pas parfaite, mais l'agent me proposait spontanément des corrections, et en une heure, tout fonctionnait. Sans écrire une ligne de code ! Aujourd'hui, je l'utilise au quotidien pour tout ce qui est répétitif, rébarbatif, et ça me fait gagner un temps énorme. On peut d'ailleurs télécharger l'environnement Kiro directement sur le site kiro.dev.Le Vibe Coding peut-il être utilisé à l'échelle d'une entreprise ?Le Vibe Coding est très efficace pour un développeur seul, mais il n'est pas facilement répétable en équipe. On peut vite perdre la trace de ce qui a été généré, comment et pourquoi.C'est pour cela que nous avons introduit une approche plus structurée chez AWS : le Spec Driven Development. L'agent rédige d'abord des spécifications en langage naturel, puis propose un design technique, avant de générer les tâches et le squelette du projet. Toutes ces étapes sont documentées et versionnées dans le repository, par exemple sur GitHub. Cela permet de garder un historique clair, partageable, et d'évoluer proprement, même un an plus tard. C'est cette méthode qui rend possible le passage à l'échelle.Les agents autonomes : la prochaine étape ?On voit apparaître des agents capables de tourner longtemps, sur serveur, et d'exécuter des tâches de fond : analyser des logs, réagir à des erreurs, croiser des sources de données, alerter… C'est comme avoir une personne supplémentaire dans l'équipe, disponible 24h/24.Un agent, au fond, c'est juste du code. Il s'appuie sur un modèle pour décider quels outils utiliser et dans quel ordre. Moi, j'aime comparer ça à un passe-plat : le modèle décide, l'agent exécute, puis lui renvoie les résultats jusqu'à atteindre l'objectif fixé. Aucun mystère, juste des API et une boucle logique très simple.Podcast de Sébastien Stormacq : AWS en français.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Dailymotion accélère sa mutation technologique : intelligence artificielle, agents IA, publicité ciblée et migration vers AWS redéfinissent la plateforme vidéo et l'expérience pour créateurs, annonceurs et utilisateurs.Interview : David Ramblewski, CTO de DailymotionOù en est Dailymotion, ce pionnier du Web français ?Nous travaillons essentiellement avec des créateurs de contenu, dont de nombreux médias français. Notre modèle est désormais très B2B, même si nous conservons des utilisateurs finaux qui consomment des vidéos comme sur toute plateforme grand public. Nous développons notre propre lecteur vidéo (iOS, Android, Connected TV), disponible également en lecteur embarqué pour les éditeurs. Beaucoup d'événements comme le Tour de France ou le Ballon d'Or utilisent notre player en marque blanche sans que le public s'en rende compte. Bref, Dailymotion va bien. Comment utilisez-vous l'intelligence artificielle ?L'IA est un virage essentiel. Nous avons commencé à préparer notre migration technologique en 2023 pour pouvoir, dès 2025, déployer des fonctionnalités beaucoup plus avancées. Pour nos créateurs, cela signifie un lecteur vidéo plus performant et des outils qui automatisent des tâches comme le chapitrage vidéo automatique, rendu possible grâce à l'IA. Elle nous permet aussi d'améliorer l'impact des contenus et d'affiner le ciblage publicitaire grâce à des analyses d'attention, d'audience, de vidéo ou encore de neurosciences.Ray, notre outil d'Agentic AI lancé par Dailymotion Advertising, peut construire un plan marketing complet à partir d'un simple brief. Il s'appuie sur différents types de data et de neurosciences pour optimiser les vidéos et affiner le targeting publicitaire. L'objectif est d'aider les annonceurs à placer les bons messages, au bon moment, devant les audiences les plus pertinentes. C'est l'une de nos premières applications concrètes d'agents IA, qui seront encore plus présents dans nos produits dès 2026.Pourquoi avoir choisi AWS comme partenaire technologique alors que vous êtes un acteur français ?En 2023, nous avons fait un choix pragmatique : migrer vers AWS pour améliorer l'expérience utilisateur, renforcer notre présence mondiale et accompagner nos équipes dans un changement technologique majeur. Grâce à l'infrastructure d'Amazon Web Services (AWS Cloud), nous pouvons proposer une qualité vidéo homogène dans plus de 500 zones de diffusion. AWS nous aide aussi à former nos ingénieurs et à anticiper les enjeux de souveraineté européenne et de conformité avec l'AI Act.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

La technologie française Pyannote est devenue l'outil IA indispensable pour comprendre "qui" parle dans un enregistrement audio. De la transcription d'interviews au doublage de vidéos, de nombreuses applications sont possibles.Interview : Vincent Molina, cofondateur de PyannoteEn quoi consiste votre technologie de "diarisation" ?La diarisation consiste à identifier les locuteurs dans un enregistrement audio. Avec Pyannote Audio, nous avons développé une technologie capable de reconnaître des voix qu'elle n'a jamais entendues, quelle que soit la langue, ce qui représente une difficulté scientifique majeure. L'histoire de Pyannote remonte à près de 15 ans : mon cofondateur, chercheur au CNRS, avait lancé une bibliothèque open source devenue la référence mondiale, avec plus de 150 000 utilisateurs. Depuis un an et demi, nous avons bâti une société pour porter ces avancées et proposer des modèles commerciaux déjà utilisés en production.Quels sont les principaux cas d'usage ?Notre brique technologique s'intègre dans de nombreux pipelines audio : transcription d'interviews, rendez-vous médicaux, audiences judiciaires, réunions d'entreprise… partout où il faut identifier qui parle. Nous sommes aussi très présents dans le doublage, le sous-titrage ou l'entraînement de grands modèles audio. Très souvent, on nous associe à des outils de transcription comme Whisper pour obtenir un traitement complet de la voix. Notre rôle, c'est d'indiquer précisément quand une voix apparaît, ce qui est essentiel pour synchroniser une voix de synthèse ou des sous-titres. Et tout cela fonctionne avec des modèles suffisamment légers pour tourner sur un téléphone, et bientôt sur un Raspberry Pi.Jusqu'où peut aller l'analyse de la voix ?La voix transporte bien plus que des mots : prosodie, rythme, chevauchements, indices contextuels… Sans aller jusqu'à interpréter les sentiments — notion trop subjective d'un pays à l'autre — nous pouvons fournir des métadonnées riches qui aident à comprendre la dynamique d'un échange. Pour l'instant, la plupart des usages sont en traitement différé, mais nous préparons une bascule vers le temps réel : retranscriptions d'événements, analyses en direct, signaux d'intensité vocale, etc.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Premier cas concret d'ingérence judiciaire étrangère sur des données hébergées en Europe : OVH se retrouve pris en étau entre le Canada et la souveraineté numérique.Une situation inédite secoue le monde de l'hébergement numérique : OVH, souvent présenté comme le champion français de la souveraineté numérique, est confronté à une requête de la justice canadienne. L'affaire débute lorsqu'un juge canadien exige l'accès à des données hébergées par OVH en Europe, dans le cadre d'une enquête criminelle visant un client basé au Canada.Le problème ? OVH possède une filiale officielle au Canada, ce qui soumet potentiellement l'entreprise à la juridiction locale, même pour des données stockées sur le sol européen. Cette affaire met brutalement en lumière la tension entre les promesses de souveraineté numérique et les réalités du droit international.Dans cet extrait du Debrief Transatlantique, on explique qu'OVH est aujourd'hui face à un dilemme impossible : obéir au juge canadien reviendrait à violer les principes européens de souveraineté et de protection des données. Refuser, c'est risquer des sanctions judiciaires au Canada. Un véritable casse-tête juridique.On rappelle que ce genre de scénario était jusqu'ici craint pour les géants américains comme Google ou Microsoft. Le fait qu'il concerne aujourd'hui une entreprise française, hébergeant des données en France, et attaquée juridiquement par un pays « ami » comme le Canada, donne une toute autre dimension au débat.Ce cas pourrait faire jurisprudence et entraîner des clarifications importantes sur les responsabilités des entreprises tech ayant des implantations internationales. Il pose aussi, de manière urgente, la question de l'effectivité des engagements en matière de souveraineté numérique, notamment en Europe.Extrait du Debrief Transatlantique du 8/12/25-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

À Las Vegas pour ReInvent, Julien Grouès revient sur la stratégie IA d'AWS, l'arrivée de Nova 2, l'essor des agents intelligents et les enjeux de souveraineté numérique en Europe.Interview : Julien Grouès, CEO AWS France et Europe du SudL'IA est désormais centrale dans la stratégie d'AWS. Quelle est votre approche ?Depuis le début, notre objectif est d'offrir aux entreprises le plus large choix possible de modèles. Je suis convaincu qu'il faut combiner plusieurs approches : de grands modèles quand la puissance est nécessaire, et des modèles plus petits et spécialisés pour des cas plus ciblés. Cela va plus vite, coûte moins cher et permet d'innover plus rapidement. Avec Nova, puis Nova 2, nous avons travaillé sur le meilleur rapport performance-coût, ajouté la multimodalité et surtout introduit NovaForge, qui permet aux entreprises de créer leurs propres modèles basés sur Nova, entraînés avec leurs données, tout en gardant le contrôle total.ReInvent, c'est devenu un rendez-vous incontournable. Qu'est-ce que cet événement représente ?ReInvent est l'occasion de réunir clients, partenaires et toute notre communauté. On fait le bilan de l'année, on écoute les témoignages des entreprises qui utilisent nos services pour se transformer, et on dévoile notre vision pour l'année suivante. Au-delà des annonces, c'est surtout une énergie incroyable : on voit vraiment comment le cloud et l'IA redessinent les modèles d'affaires. C'est pour ça que des dizaines de milliers de personnes viennent à Las Vegas chaque année.L'IA agentique explose. Quels usages observez-vous ?On voit l'IA agentique arriver à maturité très vite. Les agents sont capables d'analyser, d'agir et de conserver la mémoire de leurs actions. Trois grands usages se démarquent : la transformation des centres de relation client, où les agents gèrent déjà une grande partie des demandes ; le développement logiciel, avec des agents capables de moderniser du code, d'assurer la sécurité ou même de créer des applications à partir de spécifications ; et la gestion continue des opérations. Des outils comme Kiro ou encore la plateforme Adjuncore, déjà utilisée par plus d'un million d'utilisateurs, montrent à quel point ces technologies deviennent de véritables ingénieurs virtuels capables de travailler sur plusieurs jours ou semaines.Comment répondez-vous aux inquiétudes sur la souveraineté numérique ?Pour moi, une entreprise est souveraine si elle est performante et peut choisir où sont stockées ses données et qui y accède. Chez AWS, nous n'avons pas accès aux données de nos clients : tout est chiffré, et même nos administrateurs ne peuvent pas y accéder grâce à notre technologie Nitro. Et pour aller plus loin, nous lançons le European Sovereign Cloud, une région opérée depuis l'Europe, par des employés européens, selon le droit européen. Cela permet à ceux qui en ont besoin d'utiliser nos technologies tout en restant dans un cadre souverain strict.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Plongée au cœur de l'événement cloud géant d'AWS à Las Vegas, où Amazon affiche ses ambitions en matière d'intelligence artificielle et même de souveraineté numérique.Avec Bruno Guglielminetti (https://moncarnet.com/)C'est depuis Las Vegas que nous nous retrouvons cette semaine, en immersion dans l'univers d'AWS à l'occasion de Re:Invent, le grand raout mondial du cloud. Un événement massif, avec 60 000 participants, selon les organisateurs, venus chercher des formations, des certifications et découvrir l'écosystème AWS. L'ambiance rappelle celle du CES, en plus "geek" et B2B. L'objectif est clair : montrer l'étendue des usages de l'infonuagique au service de l'IA.IA, agents et souveraineté numériqueCette édition 2025 marque un tournant stratégique pour AWS vers les agents IA. Au-delà des modèles "fondations" comme Nova, la firme pousse sa vision des agents, ces outils spécialisés capables d'agir de manière autonome. Une annonce phare concerne Omni, un modèle multimodal pensé pour les créateurs (texte, image, vidéo, audio), que Bruno qualifie de très prometteur. L'IA est désormais au centre de toute la proposition AWS.La question de la souveraineté numérique est omniprésente dans les échanges. Pour tenter de rassurer ses clients européens, notamment, AWS propose désormais des AI Factories, c'est-à-dire des centres de données hébergés et opérés localement sur les territoires des clients, mais avec les technologies AWS. Cela peut-il suffire à rassurer quant à l'indépendance vis à vis des Etats-Unis ? Comme le rappelle la récente affaire OVH au Canada, même un hébergeur européen n'échappe pas aux lois d'un pays tiers s'il y a une implantation locale.Startups et coups de cœur IACet événement est aussi l'occasion de rencontrer de nombreuses entreprises, parmi lesquelles beaucoup de startups. Bruno a été conquis par Shop Travel, une future plateforme de voyages dopée à l'IA, qui joue le rôle d'assistant personnel du départ au retour. Pour ma part, j'ai été très intéressé par la startup française Pyanotte, spécialisée dans la diarisation vocale et la détection d'émotions. Deux innovations concrètes qui illustrent la richesse de l'écosystème IA présent à Re:Invent.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Un épisode spécial cloud cette semaine avec AWS qui fait son show à Las Vegas, des startup qui innovent à coups d'agents IA et Scaleway qui parie sur l'open source.

Remue-ménage chez Apple. Toujours en retard dans l'IA, la firme américaine procède à des remaniements interne et sort des produits bizarres sur fond de succession de Tim Cook. Y'aurait-il comme un flottement ? Extrait du Grand Debrief du 25 novembre avec François Sorel (BFM Tech & Co) et Bruno Guglielminetti (moncarnet.com)(Note : cet épisode a été enregistré avant les dernières annonces de départs et de remplacement au sein de la direction d'Apple).Comme un flottement stratégique chez AppleLes échanges mettent en évidence une impression persistante : Apple traverse une zone de turbulence inhabituelle. Entre un retard visible sur l'intelligence artificielle, les rumeurs d'un départ de Tim Cook et des réorganisations internes interprétées trop rapidement comme des licenciements, la firme paraît moins lisible que d'ordinaire. Pourtant, il s'agit davantage d'une respiration RH normale que d'une crise. Apple ajuste ses équipes, notamment celles dédiées aux grands comptes, et propose des reclassements internes plutôt que de réels départs. Malgré ce brouillard stratégique, les produits continuent de performer, et l'entreprise entretient habilement le mystère, notamment autour d'un éventuel iPhone Fold qui pourrait voir le jour en 2026.L'irrationalité assumée des accessoires AppleLa fameuse « chaussette » pour iPhone incarne parfaitement la capacité d'Apple à provoquer des achats impulsifs avec des objets aussi futiles qu'incompréhensibles. Comme la lingette à 25 €, ces accessoires très chers deviennent des signes de distinction. La marque s'est façonnée une dimension lifestyle en ouvrant davantage ses événements aux influenceurs qu'aux journalistes, imposant un imaginaire chic, exclusif et statutaire. L'accessoire n'est plus un outil mais un marqueur social : rareté, design, auteur prestigieux, distribution limitée… la recette fonctionne.Une marque plus forte que sa technologieMême en étant considérée comme en retard sur l'IA, Apple continue de surperformer grâce à une aura unique. Les consommateurs ne semblent pas se soucier de l'absence de fonctionnalités avancées tant l'expérience globale reste cohérente. L'iPhone 17 Pro bat des records et l'iPhone Fold, pourtant très coûteux, est anticipé comme un futur succès garanti. La stratégie lifestyle — luxe, mode, exclusivité — permet à Apple d'éclipser ses faiblesses. Dans ce contexte, les critiques technologiques pèsent peu face au poids du désir que la marque suscite.Épisode complet : https://audmns.com/WUbuZLZ-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Alors que l'IA progresse à un rythme effréné, les signaux d'alarme se multiplient : licenciements, automatisation accélérée et visions opposées des leaders tech interrogent notre rapport au travail et son avenir.Les signaux d'alerte qui ravivent les peursLa vague récente d'annonces liées à l'IA alimente un climat de nervosité croissante. HP prévoit de réduire 10 % de ses effectifs, motif : l'intelligence artificielle. À Las Vegas, AWS a exhibé des agents capables de superviser des infrastructures ou de diagnostiquer des incidents en continu. Ces innovations se veulent rassurantes, présentées comme un soutien aux équipes débordées, mais elles réveillent inévitablement l'idée d'une automatisation qui grignote les métiers, comme en témoignent traducteurs, graphistes ou rédacteurs dont l'activité a déjà été transformée, voire absorbée.Entre angoisse futuriste et optimisme technologiqueDeux camps s'opposent. Elon Musk prédit la fin du travail forcé : d'ici vingt ans, selon lui, l'emploi deviendra purement facultatif. Une perspective spectaculaire qui nourrit davantage la peur que la sérénité. À l'inverse, Jensen Huang (Nvidia) défend une vision plus lumineuse : l'IA ne remplacerait pas l'humain, mais lui offrirait plus d'espace pour créer, inventer et poursuivre des idées. Une opposition de visions qui cristallise parfaitement l'incertitude actuelle.Ce que disent réellement les étudesLe FMI estime que 40 % des emplois des pays développés seront touchés, mais toucher ne signifie pas nécessairement supprimer. Certains postes seront automatisables, d'autres améliorés, beaucoup transformés. L'OCDE rappelle que les régions très automatisées ne sont pas celles qui perdent le plus d'emplois : l'automatisation détruit des postes, certes, mais elle en crée aussi. Nous assistons moins à une disparition du travail qu'à un gigantesque rebattage de cartes.Vers un monde d'humains superviseurs d'IA ?L'IA peut désormais remplacer un nombre croissant de tâches, et certains métiers monotâches pourraient disparaître. L'humain deviendrait alors “résolveur de problèmes”, intervenant lorsque la machine s'enraye. Sera-ce un appauvrissement ou au contraire une évolution vers des missions à plus forte valeur ? La vraie question est celle de l'accompagnement : formation, adaptation, prise de conscience de nos forces face aux limites des systèmes. La transformation est inévitable ; c'est notre capacité collective à la maîtriser qui déterminera si elle sera un levier ou une menace.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Dans un show massif à Las Vegas, AWS affiche sa puissance : innovations IA full stack, nouveaux modèles Nova, partenariat renforcé avec Nvidia et ambition d'imposer une plateforme mondiale d'agents intelligents.Une démonstration de force au cœur de Las VegasAWS réunit 60 000 participants dans une effervescence qui rappelle l'écosystème mondial du cloud. L'événement met en scène la place centrale d'AWS dans l'infrastructure d'internet, au service de milliers d'entreprises, de la finance au streaming. L'organisation détaille sa vision à travers son grand rassemblement annuel, présenté sur scène par son CEO Matt Garman.L'enjeu principal est clair : Amazon veut montrer qu'il reste l'un des piliers du web moderne. Ce contexte donne le ton des annonces, pensées pour renforcer la maîtrise technologique d'un bout à l'autre de la chaîne. L'infrastructure, jusqu'ici invisible pour le grand public, devient l'argument clé d'une domination assumée.L'ambition du “full stack” et la course à la puissanceSur scène, Matt Garman insiste sur une vision : tout contrôler, des puces aux logiciels. Avec la puce Tranium 3 et l'annonce de Tranium 4, AWS s'affirme dans la bataille mondiale du calcul haute performance.Cette stratégie s'appuie à la fois sur ses propres puces et sur un partenariat renforcé avec Nvidia, permettant d'alimenter les serveurs les plus puissants du marché. L'objectif affiché : fournir l'assise matérielle des futurs agents IA et répondre à une demande exponentielle de puissance. Le cloud évolue ainsi vers un modèle toujours plus intégré.Nova et Bedrock : la bataille des modèles d'IAAWS renforce sa plateforme Amazon Bedrock et accueille de nouveaux modèles, dont ceux de Mistral AI. Mais la véritable rupture vient des modèles maison Amazon Nova, conçus pour les usages business plutôt que grand public.Avec Nova Sonic, dédié aux conversations naturelles et déjà utilisé dans Amazon Connect, AWS mise sur une IA plus fluide et expressive. NovaForge, nouvel outil de création de modèles personnalisés, permet aux entreprises d'entraîner leurs propres IA sur leurs données, ouvrant un accès simplifié aux modèles sur mesure. L'ensemble dessine une stratégie cohérente : devenir incontournable dans la production et l'exploitation de modèles professionnels.L'ère des agents intelligentsAWS annonce un futur où des milliards d'agents autonomes composeront l'environnement numérique. Ces programmes travailleront en continu, coopéreront et automatiseront une part importante des tâches.Cette vision place AWS au centre d'un basculement comparable à celui du web ou du smartphone. Mais elle pose aussi la question de la souveraineté numérique, notamment depuis l'Europe. La route paraît serrée face à de tels mastodontes américains, même si l'innovation reste porteuse d'opportunités pour startups et entreprises locales.➡️ À lire aussi : l'article complet sur les innovations annoncées par AWShttps://mondenumerique.info/blog/aws-dvoile-sa-nouvelle-gnration-dia-vers-des-milliards-dagents-et-de-nouveaux-modles-nova-surdous-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Envision, des jumelles à réalité augmentée conçues pour rendre l'observation du ciel et de la nature plus simple, plus intuitive et beaucoup plus immersive.Laurent Marfisi, fondateur et directeur général d'UnistellarPourquoi avoir imaginé des jumelles capables d'afficher de la réalité augmentée ?Quand j'ai commencé à réfléchir à ces jumelles, je suis parti d'un constat simple : observer le ciel avec des jumelles classiques est beaucoup plus difficile qu'on l'imagine. Je voulais créer un outil léger mais capable d'aider immédiatement l'utilisateur. Avec Envision, éteintes, ce sont des jumelles normales ; allumées, elles affichent constellations, étoiles, sommets ou chemins directement dans le champ de vision grâce à notre système de réalité augmentée développé en interne. Cette superposition change tout : on sait enfin ce qu'on regarde, où l'on se trouve, et comment s'orienter. Mon objectif, dès le départ, était de rendre l'observation du ciel et de la nature simple, plaisante et intuitive, que l'on soit amateur débutant ou passionné.En quoi Envision se distinguent-elles de votre télescope intelligent ?Avec notre télescope intelligent eVscope, j'avais développé un outil qui révèle des objets invisibles à l'œil nu grâce à un capteur très sensible. Avec Envision, j'ai pris le parti inverse : je ne cherche pas à amplifier la lumière, mais à guider l'utilisateur. Les jumelles ne montrent pas plus que l'optique traditionnelle, mais elles montrent mieux. On voit moins de détails qu'avec un télescope, bien sûr, mais on comprend exactement où se trouvent les objets dans le ciel. Le faible grossissement permet de reconnecter ce que l'on voit aux constellations visibles à l'œil nu. C'est vraiment le trait d'union entre vision naturelle et observation instrumentée, et c'était essentiel pour moi.Où en est la production et à qui s'adressent ces jumelles ?Nous sommes désormais dans une phase industrielle avancée : outils testés, moules finalisés, premières séries prévues en début d'année, puis bêta-tests au printemps avec les premiers acheteurs. Envision s'adresse à trois publics principaux : les astronomes confirmés, qui redécouvrent la position réelle des objets ; les débutants, pour qui les jumelles deviennent un formidable outil d'apprentissage ; et les amoureux de nature, qui profitent d'informations superposées au paysage. Aujourd'hui, nous avons dépassé les 4 600 précommandes, un résultat qui dépasse largement nos attentes et montre l'intérêt pour une nouvelle manière d'explorer le monde.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Entre robotaxis, robots humanoïdes téléopérés et compétition géopolitique autour de l'IA, Michel Lévy-Provençal raconte trois semaines au cœur des métropoles asiatiques les plus innovantes.Michel Lévy-Provençal, prospectiviste et dirigeant de BrightnessPourquoi avoir entrepris ce long voyage en Asie et qu'est-ce qui vous a le plus frappé à Shenzhen ?Je suis parti à la fois pour respirer et pour une opportunité professionnelle qui m'a conduit dans six métropoles asiatiques. À Shenzhen, j'ai reçu une véritable claque : une ville verte, silencieuse, largement électrifiée, bien loin des clichés de mégalopole polluée. Là-bas, tout repose sur l'écosystème mobile local. Sans WeChat, on ne peut strictement rien faire : payer, s'identifier, réserver un billet. Cette dépendance crée un mélange étrange de confort et d'oppression, renforcé par la biométrie systématique aux frontières et la surveillance omniprésente. Malgré cela, l'efficacité est bluffante. J'ai compris que Shenzhen est pensée comme une scène technologique destinée à montrer, très explicitement, la puissance numérique chinoise.Comment avez-vous vécu l'expérience des robotaxis et des robots humanoïdes ?Les robotaxis ont été une découverte spectaculaire. J'ai utilisé un taxi autonome de Pony.ai pour quelques euros à peine, une démonstration assumée de maturité technologique. Certaines voitures roulent totalement sans chauffeur, d'autres disposent d'un superviseur immobile, volontairement mis en retrait pour prouver la fiabilité du système. C'est fluide, précis, impressionnant. Du côté de la robotique humanoïde, j'ai visité les laboratoires d'Engine AI. Leurs robots marchent, courent, se rattrapent, dansent, manipulent des objets avec des gestes très crédibles. Mais tout est téléopéré : aucune autonomie réelle. Les vidéos virales que nous voyons montrent des machines pilotées à distance. La mécanique est brillante, mais la couche d'intelligence embarquée manque encore pour évoluer dans un environnement complexe.Quel regard portez-vous sur la compétition technologique entre la Chine, les États-Unis et le Japon ?La Chine mène aujourd'hui une offensive technologique assumée. En IA, des modèles comme Kimi cherchent clairement à rivaliser avec les modèles américains. En robotique ou en mobilité autonome, la communication est massive, calculée, internationale. À l'inverse, le Japon m'a semblé en retrait. Lors d'un échange avec l'ancien ministre de la Transformation Numérique, j'ai été frappé d'entendre Mistral cité comme exemple positif de stratégie souveraine. On voit bien que la compétition ne se joue plus seulement sur la performance brute mais sur la vitesse d'exécution, la frugalité, la cohérence stratégique et le récit.Qu'avez-vous observé en Asie concernant l'image de la France et ses opportunités ?J'ai été surpris par la puissance de la marque France dans toute l'Asie. À Séoul, Hong Kong ou Singapour, j'ai vu des dizaines de marques jouant la carte française, parfois sans lien réel avec la France. Notre imaginaire séduit : design, qualité, exigence, poésie. Nous sous-exploitons clairement ce potentiel. Des acteurs français comme Dassault Systèmes, Airbus ou TotalEnergies y jouissent déjà d'un immense respect. Je suis convaincu que nous pourrions créer bien plus de valeur en combinant technologies venues d'ailleurs et excellence française dans l'expérience, le software ou la conception. Le marché asiatique est une opportunité majeure.Brightness France : https://www.brightness.fr/-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

ChatGPT et Perplexity deviennent des assistants de shopping, l'IA impacte l'emploi, l'Europe veut interdire les réseaux sociaux aux plus jeunes.Avec Bruno Guglielminetti (https://moncarnet.com/)La Chine croule sous les robotsLe robot chinois Agibot A2 a parcouru 106 km sans s'arrêter, un exploit technologique… mais aussi un symptôme. Pékin s'inquiète désormais d'une surproduction de robots humanoïdes, issus de dizaines de startups. En parallèle, Memo, petit robot américain, apprend les gestes du quotidien grâce à des capteurs portés par des humains. L'ère des robots domestiques se précise.ChatGPT et Perplexity deviennent conseillers shoppingTrois ans après son lancement discret, ChatGPT revendique 800 millions d'utilisateurs hebdos. Il devient désormais un assistant shopping intelligent, capable de recommander des produits en langage naturel. Perplexity fait de même. Claude, l'IA d'Anthropic, se spécialise quant à lui dans le code et les tâches bureautiques, avec un style grammatical jugé plus rigoureux que ChatGPT. Deux approches, deux visions de l'IA.Tesla teste la conduite autonome en FranceC'est officiel : Tesla propose en décembre des essais gratuits de son FSD (Full Self-Driving) dans 8 villes françaises. Il s'agit d'une conduite de niveau 2, sous surveillance humaine. Derrière cette campagne : une tentative d'influencer les autorités européennes avant une possible homologation du système, toujours incertaine.L'IA détruit-elle vraiment des emplois ?HP annonce 4 000 à 6 000 suppressions de postes d'ici 2028. L'entreprise cite l'IA comme principal levier de réorganisation. Mais s'agit-il d'un véritable bouleversement technologique ou d'un prétexte commode ? Une chose est sûre : l'IA augmente la productivité, réduit les besoins humains et accélère la mutation de nombreux métiers.OVH, Qwant : accrocs à la souverainetéOVHCloud est sommé par la justice canadienne de fournir des données stockées en France. Un précédent préoccupant. Dans le même temps, Qwant est débouté face à Microsoft dans une plainte pour abus de position dominante. La souveraineté numérique européenne peine à s'imposer.La tech asiatique sous haute tension, vue de l'intérieurLe prospectiviste Michel Lévy-Provençal, de retour d'un long voyage en Chine, Corée et Japon, raconte un écosystème en ébullition. Il décrit des robots impressionnants mais… téléopérés, encore très loin de l'autonomie. Derrière les démonstrations spectaculaires : une course à la communication technologique, où la Chine cherche désormais à rivaliser avec les États-Unis, y compris en IA. À écouter en intégralité dans l'épisode.Unistellar invente les jumelles à réalité augmentéeAutre innovation made in France : les jumelles N-Vision de la société marseillaise Unistellar. Son CEO, Laurent Marfisi, présente un appareil capable d'afficher constellations, sommets ou monuments directement dans le champ de vision. Un outil à la croisée de l'astronomie et de la randonnée augmentée.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

ChatGPT fête ses 3 ans : retour sur une révolution technologique désormais ancrée dans nos usages. Google rebondit avec Gemini 3 et relance la bataille de l'IA face à OpenAI. Apple patauge. Les robots prolifèrent… mais sauront-ils prendre soin de leur hygiène ?Partenariat : Free Pro, le meilleur de Free pour les entreprisesAvec François Sorel (BFM Tech & Co) et Bruno Guglielminetti (moncarnet.com)ChatGPT a 3 ans : quel bilan pour l'IA générative ?Lancé en catimini le 30 novembre 2022, ChatGPT compte aujourd'hui plus de 800 millions d'utilisateurs hebdomadaires. Une progression fulgurante, marquée par l'intégration de l'interface vocale et la mémoire conversationnelle. François Sorel salue une nouvelle ergonomie technologique. Bruno Guglielminetti partage des usages concrets, bluffants, parfois presque… thérapeutiques. On s'accorde sur le risque de paresse cognitive qui nous guette. ChatGPT n'est pas un cerveau, c'est un outil — et il faut le manier avec recul.Google revient dans la course avec Gemini 3Après l'échec de Bard, Google a sorti Gemini 3, salué pour ses performances. Fait marquant : le modèle tourne en partie sur les puces maison TPU, marquant une rupture avec la dépendance aux GPU Nvidia. Selon certains analystes, Gemini pourrait concurrencer sérieusement OpenAI, au point d'inquiéter Sam Altman lui-même. L'IA, chez Google, devient un produit à part entière, maîtrisé de bout en bout.Apple : des chaussettes et des doutesApple semble en retrait. Malgré la promesse d'Apple Intelligence, peu de concrétisations sont visibles à ce stade. La firme fait davantage parler d'elle avec des produits… inattendus, comme la chaussette pour iPhone, objet statutaire vendu en édition limitée. Des rumeurs de licenciements et de départ de Tim Cook alimentent le sentiment d'une transition floue.Robots humanoïdes : promesses et absurditésTrois nouveaux robots humanoïdes ont été dévoilés ce mois-ci. La France, absente du hardware, pourrait tirer son épingle du jeu via le logiciel embarqué, à condition de légiférer en amont. Et puis, on se pose une question moins anecdotique qu'elle en a l'air : les robots se lavent-ils les mains ? -----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

La Chine inonde le monde de robots, ChatGPT devient conseiller shopping, Tesla teste la conduite autonome en France. L'IA bouleverse aussi le travail. Décryptage complet dans L'Hebdo.Envie de participer à l'aventure Frogans ? Investissez avant le 3 décembre !

Trois ans après son lancement, ChatGPT s'impose comme une force majeure du numérique, redéfinissant nos usages, notre travail et l'équilibre mondial de l'industrie de l'intelligence artificielle.Une adoption fulgurante qui redéfinit nos usages numériquesEn trois ans, ChatGPT est passé de simple curiosité technologique à outil quotidien pour des centaines de millions d'utilisateurs. Deux mois ont suffi pour atteindre les 100 millions d'usagers, un record historique, avant de grimper à 800 millions d'utilisateurs hebdomadaires aujourd'hui. En France, près de 40 % de la population a déjà essayé l'outil, et le pays se distingue par un nombre record d'abonnés payants. La recherche en ligne se transforme : on ne cherche plus, on demande. Cette bascule conversationnelle oblige les moteurs à repenser leurs modèles, tandis que les risques de confusion entre vrai et vraisemblable augmentent.Une révolution silencieuse du travail et de la créationL'essor de l'IA générative change profondément la production de texte, d'images, de vidéo et même de code. Les outils comme ChatGPT ou les modèles multimodaux accélèrent les tâches, homogénéisent les formats et reconfigurent de nombreux métiers. L'automatisation du travail cognitif s'intensifie, comme le rappelle Elon Musk, tandis que les entreprises misent sur l'assistance numérique pour accroître productivité et compétences. Le vocabulaire du quotidien évolue également : LLM, hallucinations, prompt engineering, fine-tuning… preuve d'une mutation culturelle accélérée.Un nouvel équilibre géopolitique et économiqueChatGPT a mis en lumière de nouvelles figures, à commencer par Sam Altman, devenu incontournable dans la Silicon Valley. OpenAI déclare 4,3 milliards de dollars de revenus au premier semestre 2025 mais fait face à des coûts massifs pour l'entraînement de ses modèles. La compétition mondiale est intense, menée par Google, Anthropic, Meta, Mistral AI ou encore les projets open source. La bataille industrielle se concentre autour des data centers et des puces, dominée notamment par Nvidia.La prochaine étape : la course à la superintelligenceLa next big thing est déjà lancée : la superIA. OpenAI, Google et Anthropic travaillent sur des modèles capables de raisonner, planifier et agir comme de véritables agents autonomes. Une perspective à la fois fascinante et inquiétante. Si les trois dernières années ont été fulgurantes, les trois prochaines pourraient être déterminantes pour l'équilibre mondial… et pour la place de l'Europe.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Comment l'IA peut-elle aider patients et dentistes à mieux comprendre les devis, anticiper les remboursements et réduire le renoncement aux soins ? Arnaud Assous détaille la vision et l'impact concret de La Fraise.Interview : Arnaud Assous, CEO de La FraiseComment l'IA peut-elle lever les freins au renoncement aux soins dentaires ?Notre objectif est simple : aider les patients à mieux comprendre leur devis dentaire et, ainsi, éviter qu'ils renoncent à leurs soins. Aujourd'hui, 50 % des devis ne sont pas réalisés, souvent parce que les patients oublient ce que leur a expliqué le praticien, ne comprennent pas le document ou ignorent leurs options de remboursement et de financement.Avec La Fraise, l'IA analyse automatiquement le devis et le transforme en une explication claire : du texte simple, des schémas, des vidéos, le tout dans la langue du patient. Si son téléphone est en turc, l'explication arrive en turc. Nous aidons aussi à comprendre le remboursement de la mutuelle, grâce à des centaines de milliers de cotations analysées. Le patient sait rapidement combien il sera remboursé et quelles démarches effectuer.La Fraise sera d'ailleurs présente au Congrès ADF Paris 2025.Comment fonctionne concrètement votre service ?Le patient reçoit un lien sécurisé par SMS ou e-mail. Pas besoin de télécharger quoi que ce soit. Une fois connecté, il retrouve son devis expliqué dans une interface simple. De son côté, le dentiste ne change rien à ses habitudes : notre outil s'intègre à tous les logiciels, y compris les plus anciens installés en local. Il fait son devis comme d'habitude, et nous prenons le relais pour l'analyse et la communication au patient.Pour le praticien, c'est gratuit pour ses patients et c'est un service supplémentaire qui valorise son cabinet tout en lui faisant gagner du temps : en moyenne 10 minutes par patient.Où en est votre développement ?Nous avons lancé La Fraise en bêta en début d'année avant d'accélérer commercialement à partir de septembre. Nous comptons aujourd'hui 1 200 dentistes utilisateurs répartis sur plusieurs centaines de cabinets. Notre dernière levée de fonds, de 3,2 millions d'euros, marque la confiance d'investisseurs comme 20VC, Kima Ventures, Sitcamp, Bpifrance, mais aussi de nombreux dentistes qui se sont impliqués dès les premières phases de test.Notre équipe de cinq associés réunit notamment quatre anciens de Doctolib, chacun avec une expertise dédiée (commercial, technique, produit…). Nous avons développé notre technologie en interne, du parsing des devis à l'intégration avec des IA existantes.Quels bénéfices observez-vous déjà sur le terrain ?Les résultats sont très nets : les cabinets constatent 20 % de devis signés en plus. Cela prouve que mieux comprendre ses soins, connaître ses droits et ses options de financement change radicalement la décision du patient. Nous accompagnons aussi ceux qui ont besoin d'aide pour contacter leur mutuelle ou organiser un financement.Pour les équipes administratives, c'est un soulagement : moins de scans, moins de relances, moins d'appels à la mutuelle. L'IA fait le travail et libère du temps pour le reste.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Les robots humanoïdes s'imposent dans l'industrie : Patrice Duboé explique leurs usages, leurs limites, leur impact sur l'emploi et la souveraineté technologique dans un secteur en pleine accélération mondiale.Interview : Patrice Duboé, Directeur de l'innovation pour l'Europe du Sud chez CapgeminiEn partenariat avec CapgeminiEn quoi consiste le robot humanoïde Hoxo développé par Capgemini et Orano ? Le robot humanoïde Hoxo, que nous développons conjointement avec Orano, sera destiné à évoluer dans des environnement dangereux pour l'homme, comme le nucléaire. Il pourra manipuler des matériaux sensibles à la place d'un opérateur. Les annonces se multiplient partout dans le monde, notamment aux États-Unis et en Chine, et l'on voit clairement une accélération autour des robots humanoïdes. Après l'essor de l'intelligence artificielle, ce sont eux qui vont occuper le devant de la scène. Comment « éduque-t-on » un robot humanoïde comme Hoxo ?Au départ, un humanoïde arrive totalement nu. Il ne sait ni marcher, ni voir, ni interagir. C'est la grande différence avec un robot industriel classique, comme un bras robotisé que l'on programme en quelques heures. Pour un humanoïde, il faut construire progressivement la parole, la vision, la perception ou encore le mouvement. Nos équipes, réparties dans nos labs spécialisés, travaillent sur ces briques logicielles. On les assemble ensuite pour rendre le robot capable d'interagir avec son environnement, d'apprendre, de prendre certaines décisions. C'est un processus qui s'étale sur plusieurs mois. Comment garantir la souveraineté d'un robot fabriqué en Chine ?En Europe, nous n'avons pas d'alternatives locales pour le matériel. Hoxo est bâti sur la base d'un robot G1 du fabriquant chinois Unitree mais toute l'intelligence embarquée, l'IA générative, l'intégration et les algorithmes sont développés chez nous, dans des environnements fermés et souverains. Il n'y a pas de connexion à des clouds publics donc la maîtrise des données reste totale. L'enjeu est crucial : rester compétitif technologiquement, économiquement et énergétiquement.Est-ce également une manière de préparer l'arrivée des robots dans la société ?Absolument. Jusqu'ici, robots et humains évoluaient dans des zones séparées, comme dans les entrepôts inspirés du modèle Amazon Robotics. Mais aux États-Unis, des taxis autonomes circulent déjà parmi les voitures traditionnelles, preuve que la cohabitation est possible. En Europe, les contraintes sont plus fortes, ce qui peut ralentir l'innovation. Comme pour chaque révolution technologique, la crainte du remplacement revient, mais nous parlons d'augmentation de l'humain, et cela génère de nouveaux métiers, dans la programmation, l'intégration, la maintenance, etc. L'humain reste maître du jeu; il supervise, pilote et se concentre sur les tâches à plus forte valeur. -----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

L'IA conversationnelle, l'arrivée des agents intelligents et leur intégration profonde dans Windows 11 transforment l'usage du PC, entre gain de productivité, sécurité renforcée et protection des données personnelles.Interview : Xavier Perret, Directeur Cloud Azure & IA, Microsoft FranceL'IA devient la nouvelle interface : qu'est-ce que cela change pour les utilisateurs ?L'IA transforme profondément la manière dont on interagit avec nos appareils. Comme le dit Satya Nadella, AI is the new UI. Concrètement, sous Windows 11, la barre de tâches devient un point d'entrée intelligent : plus besoin d'ouvrir l'application adéquate, je lui parle directement. Je peux lui demander de configurer mon PC, diagnostiquer un souci, lancer un agent de recherche ou créer un document. Et avec les nouveaux PC équipés de NPU, l'IA peut travailler en tâche de fond : je délègue une synthèse, une enquête documentaire, et pendant ce temps je fais autre chose. On entre dans un modèle beaucoup plus naturel et productif, pour les particuliers comme pour les entreprises.Pourquoi cette nouvelle génération d'agents IA est-elle plus pertinente ?Nous sommes arrivés à un stade de maturité où les agents ne se contentent plus de converser : ils agissent. Ce qui manquait auparavant, c'était l'ancrage dans le contexte. Aujourd'hui, grâce à des technologies comme Microsoft Fabric ou WorkIQ, on réconcilie données structurées et non structurées pour offrir une compréhension beaucoup plus fine. Les agents deviennent spécialisés et adaptés aux usages réels. Je me suis par exemple créé un agent dédié à la randonnée sur plusieurs jours : il calcule mes itinéraires, dénivelés, temps de marche… un vrai assistant expert. Cette pertinence change tout dans l'adoption.Comment garantir la sécurité, la confidentialité et éviter les dérives ?La confiance repose sur plusieurs piliers. D'abord, la sobriété des données : n'utiliser que ce qui est nécessaire. Ensuite, un cadre clair : les données des clients restent leurs données et restent en Europe, dans des infrastructures conformes comme Azure avec ses régions européennes. Mais l'enjeu majeur d'aujourd'hui, c'est l'observabilité : s'assurer que les agents font bien ce qu'on leur demande, pouvoir vérifier, auditer, détecter un jailbreak, ou une tentative malveillante. Nous intégrons désormais des gardes-fous natifs, y compris des IA qui surveillent les IA, au sein de plateformes comme Foundry. Et nous insistons sur un point : ne pas tomber dans la surconfiance. Un agent reste faillible ; il aide, mais il ne remplace pas le jugement humain, surtout dans les décisions à impact.Ces évolutions sont-elles déjà accessibles ?Pour beaucoup, oui. Certaines capacités de Windows 11 sont déjà disponibles, et les nouveaux PC avec NPU débloquent encore plus de scénarios. Les outils liés à Fabric ou à WorkIQ existent déjà dans les entreprises. Nous ne parlons pas d'une technologie futuriste à 5 ans : c'est un mouvement en cours, que chacun peut commencer à explorer dès maintenant à travers Copilot et les nouveaux agents IA.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Chaque semaine, un regard croisée sur l'actualité numérique, entre Paris et Montréal.Avec Bruno Guglielminetti (Mon Carnet)OVHcloud au sommetLe OVHcloud Summit 2025 s'est tenu à Paris à la Maison de la Mutualité. Moment fort de l'événement : le retour du fondateur Octave Klaba, accueilli comme une rockstar. Il reprend les rênes de l'entreprise avec une vision résolument axée sur l'intelligence artificielle et la souveraineté numérique. L'objectif est clair : positionner OVH non plus comme un acteur français, mais comme un champion européen du cloud, à contre-courant des géants américains. L'accueil enthousiaste du public montre que le message passe.Gemini 3 Pro : Google frappe fort en IALancé discrètement, Gemini 3 Pro, le nouveau modèle de Google, impressionne. Nous saluons ses performances, sa vitesse de génération d'images et sa capacité à produire du code avec une fluidité bluffante. Contrairement au lancement très orchestré de GPT-5, Google a surpris par son efficacité sans fanfare. Gemini 3 Pro s'annonce comme un sérieux rival dans le domaine de l'intelligence artificielle grand public et professionnelle.Cloudflare fait vaciller InternetUne panne de Cloudflare a entraîné l'indisponibilité de près de 20 % du web mondial pendant plusieurs heures. L'incident rappelle à quel point l'infrastructure Internet reste fragile, malgré sa complexité. Pourtant, la réaction globale a été étonnamment calme, comme si une forme de résilience collective s'était installée face à ces aléas devenus presque banals.L'Europe veut réformer sa régulation numériqueBruno et Jérôme abordent également le projet d'« omnibus numérique », un texte en préparation à Bruxelles. Objectif : simplifier le millefeuille réglementaire européen – RGPD, AI Act, ePrivacy, etc. – et alléger certaines contraintes, notamment autour des bannières cookies. Mais la crainte d'un détricotage des protections fondamentales demeure, et les soupçons de lobbying américain planent sur cette volonté de réforme.Windows fête ses 40 ansPetit clin d'œil historique : Windows a 40 ans. L'occasion pour les deux chroniqueurs de se remémorer les débuts de l'interface graphique sur PC, quand il fallait encore taper des commandes en ligne de code pour la lancer. Une nostalgie assumée.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

L'IA Gemini 3 Pro de Google repousse les limites, en bien... et en mal. Aussi : carte Vitale numérique pour tous, OVH Cloud, Microsoft Windows boosté à l'IA CoPilot, robots humanoïdes dans le nucléaire, l'IA au service des dentistes...

L'Union européenne lance un vaste “omnibus numérique” pour simplifier ses règles, mais derrière la promesse d'allègement administratif se profilent inquiétudes, paradoxes et accusations de recul sur la protection des données.La grande promesse de simplification réglementaireLa Commission européenne engage une réforme baptisée “omnibus numérique” destinée à refondre ou ajuster plusieurs textes majeurs, du RGPD à ePrivacy, en passant par le Data Act. L'objectif : réduire la complexité réglementaire qui étouffe l'écosystème européen. Entre bannières de consentement incessantes, obligations labyrinthiques et formalités chronophages, les entreprises réclament depuis longtemps plus de cohérence. Bruxelles promet des procédures allégées, des interfaces plus claires et un environnement propice à l'innovation. Une promesse séduisante, à condition de ne pas vider les textes de leur substance.Cookies : vers la fin de la fatigue du clicL'une des mesures les plus concrètes concerne les cookies. L'idée est de permettre aux utilisateurs de définir leurs préférences une fois pour toutes dans leur navigateur — Chrome, Safari, Firefox ou Edge. Fini les pop-ups répétitifs. Les choix seraient appliqués automatiquement pour les usages les moins sensibles. Cette simplification répond à une fatigue collective bien réelle. Mais elle soulève une inquiétude majeure : confier aux géants du numérique ce pouvoir revient à leur attribuer un rôle de gatekeeper supplémentaire, avec le risque de biais, d'abus ou d'opacité.Intelligence artificielle : un glissement réglementaire sensibleAutre changement majeur : consacrer l'entraînement des modèles d'IA comme un “intérêt légitime” pour les entreprises. Cela permettrait d'exploiter de larges ensembles de données sans demander un consentement explicite à chaque fois. Sur le plan technique, c'est cohérent avec les besoins des modèles génératifs et des systèmes d'apprentissage. Mais pour les défenseurs des libertés numériques, c'est une brèche inquiétante dans le cadre de l'AI Act. Ils redoutent un recul du modèle européen, ouvrant la voie aux pratiques plus permissives des géants américains.Trouver la nuance pour ne pas sacrifier les droits fondamentauxCe débat illustre un paradoxe typiquement européen : construire une forteresse réglementaire jugée étouffante, puis être accusé de reniement dès qu'on tente de l'alléger. La voie raisonnable semble être celle de la nuance : simplifier sans renoncer. Cela implique des interfaces de consentement honnêtes, des outils publics pour aider les PME à être conformes, et un encadrement très clair des usages sensibles liés à l'IA. Alléger le train réglementaire sans décrocher les wagons des droits fondamentaux : un exercice délicat dont dépend l'avenir numérique du continent.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Semaine marquée par la panne mondiale de Cloudflare qui a ralenti 20% du web, tandis que Google lançait Gemini 3 Pro, son modèle d'IA destiné à concurrencer ChatGPT et redéfinir la bataille des géants.Le chaos Cloudflare et ses effets en cascadeLa semaine a été secouée par une panne majeure chez Cloudflare, un acteur essentiel mais discret du web mondial. Ce service, pilier de la sécurité et de l'accélération des sites, a connu un incident critique causé par un fichier de configuration devenu trop volumineux. Résultat : environ 20% du web mondial perturbé pendant plusieurs heures. Des plateformes comme X, Reddit, Discord ou encore des services de paiement et de transport ont été touchés.Cet épisode rappelle la dépendance extrême de l'infrastructure mondiale à quelques acteurs clefs et montre à quel point des erreurs humaines peuvent provoquer des perturbations massives. Une fragilité inquiétante à l'heure où les usages numériques explosent.Google relance la bataille avec Gemini 3 ProAu même moment, Google a dévoilé discrètement mais clairement son nouveau modèle Gemini 3 Pro, pensé pour concurrencer frontalement ChatGPT 5.1 et Claude Opus 4.1.Selon les benchmarks, notamment LM Arena, Gemini 3 Pro prend la tête grâce à des évaluations humaines. Sa force : une multimodalité native (texte, image, audio) encore améliorée, une grande rapidité pour la génération d'images et un duo de modes — rapide ou “thinking” — qui lui permet soit de répondre instantanément, soit de vérifier rigoureusement ses hypothèses avant de produire une réponse.L'agentification, clé de la nouvelle génération d'IAGemini 3 Pro introduit aussi des capacités agentiques plus avancées via les nouvelles API et des plateformes comme Google Antigravity. L'objectif : permettre à l'IA d'exécuter des actions complexes et de générer du code en fonction d'objectifs, le fameux “vibe coding”.Google promet un modèle moins “psychophantique”, plus direct, même si les premiers tests montrent une tendance persistante à la flatterie. Reste l'enjeu majeur : la conquête du public. Avec 500 millions d'utilisateurs contre 800 millions pour ChatGPT, Google mise sur un déploiement massif — Android, iOS, Search — même si certaines fonctions ne sont pas encore disponibles en France.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Le journaliste Guillaume Grallet raconte ses rencontres avec de nombreux innovateurs du numérique et tente de comprendre ce qui les motive.Guillaume Grallet, rédacteur en chef tech & sciences au magazine Le Point, auteur du livre “Pionniers” (Grasset)Qu'est-ce qui caractérise tous ces "pionniers" ?Je crois que tous ces pionniers refusent instinctivement l'ordre établi et pensent toujours "hors du cadre". Je l'ai constaté aussi bien chez Dario Amodei d'Anthropic, chez Elon Musk sur X, ou chez les fondateurs de Mistral AI. Ils veulent changer les choses, parfois de façon brutale, mais toujours avec l'idée qu'un autre futur est possible. Je pense que leur force vient de cette capacité à ne pas se plier à la normalité, qui étouffe l'imagination et l'initiative. Pour eux, sortir du cadre n'est pas une prise de risque : c'est une manière naturelle d'avancer. Et c'est pour cela qu'ils peuvent être déroutants, parfois inquiétants, mais aussi essentiels à l'évolution de l'humanité.L'Afrique est très présente dans le livre, pourquoi ?Je suis frappé par l'énergie et l'inventivité que je vois en Afrique. Avec les conférences Indaba, AIMS ou des personnalités comme Pélonomie Moïloa, on assiste à un mouvement extrêmement puissant. Le continent possède plus de 2 000 langues, ce qui permet de construire des modèles d'IA beaucoup plus riches. Je vois aussi des initiatives comme Amini, qui lance ses propres satellites, ou AfriClimate, qui montrent une volonté de souveraineté numérique. Pour moi, l'Afrique développe une IA ancrée dans le réel, tournée vers des besoins concrets comme l'agriculture, le climat ou l'éducation, et pas seulement vers la compétition technologique mondiale.Qu'est-ce qui caractérisent les figures les plus médiatiques comme Zuckerberg ou Musk ?J'ai découvert chez ces personnalités des contradictions fascinantes. Mark Zuckerberg peut me parler avec passion de communication “cerveau à cerveau”, puis consacrer une énergie folle à construire un immense bunker autosuffisant à Hawaï. Elon Musk, que j'ai rencontré plusieurs fois, oscille entre vision scientifique brillante, doutes très humains et projets comme Neuralink, qui me mettent franchement mal à l'aise. Ce qui me frappe, c'est leur capacité à rêver très grand tout en étant parfois aveuglés par leur propre puissance. Ils dévoilent à la fois le meilleur de l'innovation et ses zones de danger. Et cela montre à quel point on doit ouvrir le débat sur la fusion homme-machine, les inégalités à venir et la nécessité de garder notre plasticité intellectuelle.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Interview : Philippe Notton, CEO de SiPearlPourquoi était-il urgent pour l'Europe de relancer une filière microprocesseur ?Depuis des décennies, l'Europe dépend totalement des technologies américaines et asiatiques pour le calcul haute performance. Cette dépendance est dangereuse : elle alimente la R&D étrangère, crée un transfert massif de valeur hors du continent et expose l'Europe aux décisions géopolitiques de pays tiers. Aujourd'hui, entre les restrictions d'export, les risques de kill switches et l'accès parfois limité à certains composants, il était urgent de reconstruire une capacité européenne. SiPearl s'inscrit dans ce réveil nécessaire.Qu'apporte RHEA-1 sur le plan technologique par rapport aux standards du marché ?REHA-1 repose sur une architecture ARM, plus efficiente et plus moderne que le x86 historique. Cela nous permet d'obtenir un excellent ratio performance/consommation, un point clé pour les datacenters.Le processeur embarque une très grande quantité de mémoire, ce qui le rend idéal pour le calcul scientifique ou l'inférence IA de modèles volumineux. Gravé en 6 nm, il se situe dans les standards actuels du HPC, et notre génération 2 passera au 3 nm pour renforcer densité et efficacité énergétique. Le fait d'avoir remporté l'appel d'offres du supercalculateur Jupiter face à Intel démontre que nos performances sont au niveau des leaders mondiaux.Pourquoi votre stratégie repose-t-elle sur le modèle fabless et sur TSMC ?Pour fabriquer un processeur avancé, il faudrait posséder une usine dont le coût dépasse les 30 milliards d'euros : impossible pour une startup. Le modèle fabless nous permet de nous concentrer sur la conception, tout en profitant du savoir-faire de TSMC, leader mondial.Même les géants américains – AMD, Nvidia, Apple – fonctionnent ainsi. L'enjeu pour l'Europe est donc d'abord de créer des produits compétitifs ; ensuite seulement, une demande suffisamment forte pourrait justifier l'installation de lignes de production avancées sur le continent.Quel rôle jouera SIPearl dans les supercalculateurs européens de nouvelle génération ?Notre premier client est le supercalculateur Jupiter, en Allemagne, où nos processeurs seront intégrés par Eviden. Jupiter sera la machine la plus puissante d'Europe, destinée au calcul scientifique, à l'intelligence artificielle et à des applications stratégiques.Ce premier déploiement est crucial : il prouve que l'Europe peut concevoir du silicium de très haut niveau et l'intégrer dans des systèmes complets. Les prochains supercalculateurs – dont le projet français Alice Recoque – pourraient amplifier cette dynamique et installer durablement une filière européenne de HPC.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

On revient sur le départ annoncé de Yann LeCun, patron de la recherche en IA chez, GPT-5.1, la chute du robot russe AIdol, la chaussette connectée d'Apple : l'actu techno vue depuis Paris et Montréal.Avec Bruno Guglielminetti (Mon Carnet)Yann LeCun claque la porte de MetaLe cofondateur de l'IA moderne quitte Meta après douze ans. Une rupture révélée par le Financial Times qui traduit un désaccord de fond avec Mark Zuckerberg. L'arrivée d'une nouvelle direction plus business-oriented, incarnée par Alexandr Wang (Scale AI), aurait précipité son départ. Yann LeCun pourrait lancer sa propre start-up — une bonne nouvelle pour une IA plus éthique et utile.GPT-5.1 : plus personnalisé, plus utile ?OpenAI corrige le tir après le flop de GPT-5. La version 5.1 promet une IA plus « friendly », avec des vitesses de réponse réglables (Auto, Instant, Thinking) et des interactions plus naturelles. Mais la vraie question reste : à quel prix ? Selon Forbes, faire tourner Sora, le générateur vidéo d'OpenAI, coûterait 15 millions de dollars par jour.Russie : le bide robotiqueLe robot humanoïde russe AIdol s'effondre en direct lors de sa présentation officielle. Une séquence surréaliste qui contraste avec les approches plus prudentes d'acteurs comme Wandercraft (France) ou 1X Technologies (Norvège). Ces entreprises misent sur l'intégration industrielle et l'assistance au quotidien plutôt que sur l'effet d'annonce.Côté smartphone : OnePlus 15, iPhone PocketBruno teste le OnePlus 15 : design soigné, autonomie de deux jours, processeur Qualcomm dernière génération… un excellent rapport qualité/prix. Pendant ce temps, Apple commercialise l'iPhone Pocket, un étui textile designé par Issey Miyake vendu jusqu'à 250 € — un produit gadget déjà culte… et introuvable.À écouter dans Monde Numérique et Mon CarnetDans L'Hebdo, je donne la parole à SiPearl, concepteur du futur microprocesseur souverain européen, et je reçois le journaliste Guillaume Grallet pour son livre Pionniers.Dans Mon Carnet, Bruno Guglielminetti revient sur le sommet du jeu vidéo à Montréal, l'impact des IA sur le site du gouvernement du Québec, et les essentiels pour se lancer dans le podcast.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Le patron français de la recherche en IA de Meta sur le départ, cyberattaque pilotée par une IA, microprocesseur souverain : encore un épisode bourré de tech et d'IA !

Entre prouesses technologiques et chutes spectaculaires, 2025 marque le véritable départ de la robotique humanoïde. Une course mondiale s'engage entre États-Unis, Chine et Europe.La chute d'A.I.Dol, symbole d'une robotique en apprentissageEn novembre à Moscou, le robot russe A.I.Dol s'est effondré dès son entrée en scène. Pensé pour incarner la puissance technologique du pays, il est devenu malgré lui le symbole des limites actuelles de la robotique humanoïde. L'épisode a fait rire le monde entier, mais il illustre surtout une vérité : la route vers des machines capables d'évoluer naturellement dans notre environnement humain reste longue et semée d'embûches.2025, du laboratoire à la mise en situation réelleCette année, les humanoïdes sortent enfin des labos. Aux États-Unis, Tesla teste Optimus dans ses usines ; Figure AI, soutenue par OpenAI, présente un robot capable d'effectuer des tâches ménagères. En Chine, la mobilisation est massive : des dizaines d'entreprises, soutenues par l'État, développent des robots pour l'industrie et la santé. Même les « marathons de robots » se multiplient à Pékin, preuve d'une émulation sans précédent. La robotique humanoïde est devenue un enjeu stratégique national.L'Europe avance prudemment mais sûrementSur le continent européen, la philosophie est différente : prudente, humaniste, réfléchie. En France, Wandercraft prépare Calvin 40 pour les usines ; au Royaume-Uni, Ameca fascine par ses expressions réalistes ; en Norvège, 1X Technologies commercialise Iron, un humanoïde encore maladroit mais prometteur. L'Europe mise sur la coopération homme-machine plutôt que sur la substitution. Cette approche, parfois jugée lente, pourrait pourtant s'avérer payante sur le long terme.Une course mondiale encore balbutianteAucun humanoïde n'est encore autonome. Tous sont partiellement télécommandés, corrigés par des opérateurs humains. Mais chaque chute, chaque essai, alimente les algorithmes d'apprentissage. 2025 n'est pas l'année des robots parfaits, mais celle du coup d'envoi. Et comme toujours dans la tech, celui qui part au bon moment – ni trop tôt, ni trop tard – pourrait bien remporter la course.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Une étude surprenante montre que les requêtes les plus impolies adressées à ChatGPT produisent des réponses plus précises. Une découverte contre-intuitive sur le pouvoir du ton et du langage face à l'IA.Quand l'impolitesse devient un atoutSelon une étude de l'Université de Pennsylvanie, parler sèchement à ChatGPT améliorerait ses performances. Les chercheurs Om Dobaria et Akhil Kumar ont testé cinquante questions sur le modèle GPT-4o, reformulées du ton le plus courtois au plus brutal. Résultat : les requêtes les plus rudes obtiennent 84,8 % de bonnes réponses, contre 80,8 % pour les plus polies. Une différence modeste mais réelle, détaillée dans le rapport disponible sur arXiv.Une question d'attention et de clartéLes chercheurs avancent plusieurs explications. Les formulations polies dilueraient l'attention du modèle : trop de mots périphériques comme « s'il te plaît » ou « pourrais-tu » dispersent le sens. À l'inverse, un prompt direct va droit au but : « Résous ce problème » plutôt que « Peux-tu m'aider à résoudre ce problème ? ». Cette concision renforce la focalisation de l'IA sur sa tâche.Défier l'IA, ça marcheAutre hypothèse : la rudesse agirait comme un défi cognitif. Face à une tournure provocante – « Si tu n'es pas complètement à côté de la plaque, réponds à ceci » – le modèle basculerait dans un mode plus compétitif, optimisant sa recherche de précision. Une attitude qui rappelle, ironiquement, le comportement humain face à la pression.N'insultez pas pour autant les IA !Les chercheurs insistent : inutile de devenir désagréable avec vos robots. L'expérience portait sur un échantillon limité et un seul modèle. Surtout, la clé ne serait pas la méchanceté, mais la clarté syntaxique et la concision. Et pour la santé mentale collective, mieux vaut préserver un climat bienveillant, même à l'ère des machines.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

L'IA bouscule le monde de l'enseignement et de l'emploi. Dans un livre au titre provocateur, Olivier Babeau et Laurent Alexandre, de l'institut Sapiens, appellent à une révolution dans la manière d'apprendre et de se former.Olivier Babeau, co-auteur du livre Ne faites plus d'études ! Les études traditionnelles sont-elles vraiment devenues inutiles ?Ce que nous expliquons dans ce livre, avec Laurent Alexandre, c'est que le modèle actuel de l'enseignement est en complet décalage avec la révolution en cours. L'intelligence artificielle rend obsolètes les cursus figés et les diplômes qui ne garantissent plus l'employabilité. Aujourd'hui, ce qui compte, ce sont les compétences réelles, la capacité à apprendre en continu, à s'adapter. Il faut sortir du modèle passif des cinq années d'études « paresseuses » suivies d'une entrée dans la vie active. Le savoir ne peut plus être statique.Qui sont les premiers impactés par l'IA sur le marché du travail ?Ce que l'on constate, c'est que les juniors semblent les premières "victimes" de cette révolution. En effet, ce sont les tâches de début de carrière qui sont les plus facilement automatisables dans de nombreux secteurs tels que développeurs, juristes, consultants… À l'inverse, les seniors expérimentés tirent pleinement parti de l'IA, qu'ils utilisent comme un levier pour aller plus loin. C'est une forme de revanche des boomers mais cela pose un problème inquiétant : s'il n'y a plus de place pour les débutants, comment former les experts de demain ?Alors, comment se former aujourd'hui ?Il faut travailler avant tout sa capacité à apprendre, à se réinventer, à connecter des savoirs issus de différents domaines. Il faut valoriser la culture générale, l'histoire des idées, le raisonnement critique. Et surtout, il faut travailler. Il n'y a plus de place pour les "feignasses". Mais l'époque est formidable car l'IA peut être une aide puissante si elle est utilisée comme un coach, un partenaire d'apprentissage. En revanche, si elle remplace l'effort intellectuel, alors cela devient un piège. Tout l'enjeu est là.Quel avenir pour les enseignants dans ce nouveau modèle ?Les enseignants professionnels ne disparaîtront pas, mais leur rôle va profondément changer. Grâce à l'IA, chaque élève pourra bénéficier d'un accompagnement personnalisé, comme un précepteur numérique. Le professeur deviendra alors un guide, un coach, qui aidera l'étudiant à se construire intellectuellement et humainement. C'est une transformation radicale de la pédagogie, mais aussi une immense opportunité.Livre : Ne faites plus d'études, apprendre autrement à l'ère de l'IA (Buchet-Chastel).-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

L'IA s'invite dans les navigateurs web, mais à quel prix ? Sylvestre Ledru (Firefox) alerte sur les dérives potentielles, entre hallucinations, sécurité et vie privée.Sylvestre Ledru, directeur de l'ingénierie, Firefox (Mozilla)Quelle est la vision de Firefox face aux géants du web ?Bien que Firefox dispose de moyens limités face à Google, Microsoft ou Apple, il maintient une forte présence sur certains marchés européens, comme la France ou l'Allemagne. Son modèle open source et sa mission en faveur d'un Internet libre lui permettent de proposer une alternative crédible, centrée sur la transparence et la souveraineté technologique.Pourquoi les navigateurs boostés à l'IA posent-ils des problèmes de sécurité, selon vous ?L'arrivée de l'agentique dans les navigateurs soulève de nombreuses inquiétudes : attaques par prompt injection, exfiltration de données, hallucinations… Pour Sylvestre Ledru, ces technologies sont encore insuffisamment sécurisées. Firefox préfère avancer prudemment, en testant des usages limités de l'IA sans compromettre la vie privée des utilisateurs.Cela veut-il dire que vous tournez le dos à l'IA ?Non. Firefox intègre déjà plusieurs fonctionnalités IA (résumé de pages, analyse de contenu), via des modèles comme Mistral ou ChatGPT. Mais toujours dans le respect de l'utilisateur : traitements en local, choix des fournisseurs, et aucun agent autonome. Une stratégie guidée par une mission forte : défendre un web ouvert, accessible et respectueux des droits fondamentaux.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

En ,retard sur l'intelligence artificielle, Apple miserait sur Google Gemini pour muscler son assistant Siri. La Chine bannit les puces Nvidia. Microsoft promet un Copilot localisé pour rassurer sur la confidentialité des données.Avec Bruno Guglielminetti (Mon Carnet)Apple mise sur Google pour réinventer SiriApple aurait tranché : plutôt que de tout développer en interne, la firme californienne s'apprêterait à intégrer des modèles d'intelligence artificielle développés par Google dans son assistant vocal Siri. Selon plusieurs fuites concordantes, il s'agirait du modèle Gemini, avec ses 1 200 milliards de paramètres, le tout hébergé sur les serveurs Apple pour préserver la confidentialité des données. Un choix stratégique, signe d'un certain aveu de faiblesse sur l'IA, mais aussi d'un réalisme technologique.Ce partenariat inédit pose aussi la question de la différenciation : comment Siri saura-t-il se démarquer de l'expérience Pixel, propulsée par le même moteur IA ? Réponse attendue dans les prochaines versions d'iOS.Pékin boute Nvidia hors de Chine et crée ses propres microprocesseurs IALa Chine franchit un nouveau cap dans sa stratégie d'indépendance technologique. Pékin a officiellement interdit l'usage des puces IA étrangères dans ses centres de données publics. Nvidia — jusqu'ici très présent sur le marché chinois — est directement visé.Cette décision s'inscrit dans un mouvement entamé depuis plusieurs années : après avoir été privé des technologies américaines, Huawei a réussi à rebondir avec ses propres solutions. Le pays entend désormais faire de même avec les puces IA, en s'appuyant sur des acteurs comme Cambricon, Enflame ou encore Alibaba Cloud. Même le patron de Nvidia, Jensen Huang, reconnaît : « la Chine va gagner la course à l'IA ».Microsoft Copilot veut rassurer sur la souveraineté des donnéesMicrosoft promet que, d'ici fin 2026, son assistant Copilot de Microsoft 365 traitera les requêtes localement dans 15 pays, dont la France, le Canada et l'Allemagne. Une annonce destinée à rassurer les utilisateurs face aux enjeux de souveraineté numérique.Mais dans les faits, les données resteront soumises au Cloud Act, cette loi américaine qui autorise les autorités à accéder aux serveurs des entreprises US, même à l'étranger. En France, le sujet est particulièrement sensible, et le concept de “cloud souverain” a d'ailleurs été discrètement remplacé par celui de cloud de confiance.Au Canada, un budget national tourné vers l'infonuagiqueAu Canada, le nouveau budget fédéral 2025 prévoit d'importants investissements dans l'infrastructure numérique, avec des data centers locaux et une IA “made in Canada”. Une réponse directe aux enjeux géopolitiques et à la dépendance vis-à-vis des géants technologiques américains. Pendant ce temps, en France, l'IA reste (hélas) largement absente du débat budgétaire.-----------♥️ Soutien : https://mondenumerique.info/don

Cette semaine : annonces Tesla, nouveau robot Xpeng, microprocesseurs chinois vs Nvidia, objets connectés Ikea, alliance Apple-Google en IA, Firefox et les navigateurs IA, comment l'IA révolutionne l'enseignement.

La mort à San Francisco d'un chat écrasé par un taxi autonome a provoqué l'émotion de tout un quartier. Une affaire en apparence anodine, révélatrice de nos craintes face à une technologie irresponsable.L'émotion était grande, fin octobre, dans le quartier de Mission Street, à San Francisco, après la mort du chat Kitkat, tué accidentellement par un robotaxi de la compagnie Waymo. L'animal, qui passait ses journées dans une supérette, était la mascotte du quartier, si l'on en croit le média local San Francisco Standard.Technologie irresponsableCe n'est pas tant la mort de l'animal qui a bouleversé les habitants, que l'absence totale de réaction humaine. Pas de conducteur pour descendre, pas de mot d'excuse, pas de visage à accuser. Juste une machine qui redémarre. L'intelligence artificielle est plus précise, rapide et plus sûre que l'humain mais elle est aussi incapable d'empathie et de regret.Qui est responsable ? L'IA ne peut pas être coupable. Alors, est-ce le concepteur ? L'entreprise qui exploite le véhicule ? Le régulateur ? Cette dilution de la responsabilité augmente au fur et à mesure que les machines prennent des décisions. Un monde où plus rien ni personne ne répond des erreurs commises.Près de 900 incidents en 2025Kit Kat n'est pas le premier animal victime d'un robotaxi à San Francisco. D'autres chats, des chiens et aussi des cyclistes ou des piétons ont été heurtés de manière plus ou moins grave. On déplore près de 900 incidents chez Waymo cette année. Chacun de ces cas révèle la même faille : la difficulté pour ces systèmes, pourtant calibrés au millimètre, à gérer les imprévus du réel.La mésaventure du chat Kitkat incarne le tiraillement entre deux visions du progrès : d'un côté, une technologie qui nous protège, et, de l'autre, un futur qui, parfois, nous échappe.-----------♥️ Soutenez Monde Numériquehttps://donorbox.org/monde-numerique

La traduction simultanée d'Apple arrive enfin en Europe en décembre. Aux Etats-Unis, j'ai testé cette fonction qui transforme les AirPods en véritables traducteurs personnels. Un véritable "game changer".Le rêve de la Tour de Babel devient réalitéApple déploie enfin en Europe sa fonction de traduction audio instantanée. Celle-ci sera disponible à partir de décembre 2025 sur les AirPods Pro 3 mais aussi sur les modèles précédents. Grâce à Apple Intelligence intégrée à iOS 26.1, la conversation est traduite en temps réel dans les écouteurs, sans passer par le cloud. J'ai pu tester cette fonction à New York : c'est bluffant. On parle en français, l'interlocuteur comprend immédiatement en anglais, et inversement. L'expérience reste fluide, naturelle et étonnamment fidèle.Comment fonctionne la traduction simultanéeLe système repose sur plusieurs briques technologiques : traitement audio intelligent, réduction du bruit et traduction locale grâce aux nouvelles puces A17 Pro et M4. Tout se passe sur l'iPhone, garantissant rapidité et confidentialité. Le service gère une dizaine de langues et fonctionne même si un seul utilisateur est équipé : l'écran affiche alors la traduction écrite en parallèle. C'est l'un des premiers exemples concrets d'intelligence artificielle embarquée et utile au quotidien.L'Europe, un défi technique et réglementaireSi cette innovation arrive avec trois mois de retard, c'est à cause d'un bras de fer entre Apple et Bruxelles. La réglementation européenne impose d'ouvrir le flux audio des appareils pour permettre à d'autres applications (comme Google Translate ou Duolingo) d'y accéder. Apple a dû créer une nouvelle API audio sécurisée pour préserver la vie privée tout en respectant la loi. Un compromis complexe, mais nécessaire.Une avancée… et un reculBonne nouvelle pour la traduction, mais mauvaise pour l'Apple Watch car Apple va supprimer en Europe la fonction de synchronisation automatique Wi-Fi entre iPhone et montre, faute d'accord réglementaire. Un petit changement, mais un gros symbole car c'est la première fois qu'une fonction existante disparaît du fait des règles européennes. Est-ce le début d'une triste série ? L'équilibre entre innovation, sécurité et souveraineté numérique n'a jamais été aussi fragile.-----------♥️ Soutienhttps://donorbox.org/monde-numerique

Emmanuel Macron plaide pour un encadrement plus strict des plateformes, mais jusqu'où faut-il aller sans basculer dans la censure ?Extrait de L'Hebdo du 1er novembre 2025Un discours présidentiel sans détourLors du Forum de la Paix à Paris, Emmanuel Macron a livré une violente charge contre les réseaux sociaux. Il a dénoncé un modèle économique fondé sur la manipulation de l'attention, accusant les plateformes américaines – et en particulier X – de favoriser les contenus les plus extrêmes. Selon lui, cette dérive menace directement nos démocraties, car l'émotion y supplante la vérité et l'argumentation.Vers une nouvelle ère de régulation ?Le chef de l'État appelle à “reprendre le contrôle” de notre vie démocratique et informationnelle. Transparence des algorithmes, suppression des faux comptes, fin de l'anonymat total… autant de pistes qui s'inscrivent dans un mouvement européen plus large, initié avec le Digital Services Act.Mais ce discours de fermeté révèle aussi un paradoxe : comment encadrer les géants du numérique sans freiner l'innovation ? Et surtout, comment réguler des entreprises souvent hors de portée du droit européen ?Le risque d'un glissement autoritaireImposer l'identité réelle sur les réseaux pose une question fondamentale : faut-il renoncer à l'anonymat pour plus de sécurité ? Ce serait oublier que le pseudonymat protège aussi la liberté d'expression, notamment celle des lanceurs d'alerte ou des citoyens ordinaires. Lutter contre les dérives en ligne ne peut se faire au prix d'une surveillance généralisée.Les réseaux sociaux, toujours sources d'informationEmmanuel Macron affirme que “les réseaux sociaux ne sont plus des lieux où l'on peut s'informer”. Je ne partage pas ce constat. Entre les médias traditionnels, les médias alternatifs et les témoignages directs, ces plateformes restent des espaces d'expression essentiels. Le vrai enjeu, c'est l'éducation au discernement : apprendre à reconnaître la désinformation, à vérifier les sources, à penser contre soi-même.Réguler, oui — mais sans oublier de former les citoyens à exercer leur esprit critique.-----------♥️ Soutienhttps://donorbox.org/monde-numerique

Pourquoi l'intelligence artificielle est-elle si “sympa” avec nous ? Cette amabilité, que l'on appelle la "sycophancy", peut devenir un véritable problème contre lequel il convient de se protéger, selon mon invité.Grégory Renard, spécialiste de l'intelligence artificielle, cofondateur de Everyone.ai.Pourquoi les chatbots d'IA sont-ils aussi aimables ?Les outils d'intelligence artificielle comme ChatGPT sont conçus pour interagir de manière bienveillante avec les utilisateurs. Cette amabilité, que l'on appelle la “sycophancy”, c'est-à-dire la flatterie automatique, est un biais qui provient de la manière dont les modèles ont été entrainés à partir de données humaines, souvent extraites de forums et de réseaux sociaux, comme Reddit, où les échanges positifs aboutissent à des échanges plus qualitatifs.En quoi est-ce dangereux ?Ce penchant pour la complaisance pose un vrai risque : la création d'une dépendance émotionnelle. Certains utilisateurs se confient à ces systèmes comme à des amis, parfois pour évoquer des pensées suicidaires et cela peut les conduire à passer à l'acte, comme on l'a vu récemment aux Etats-Unis avec le cas d'un jeune homme (Adam Raine, NDLR) qui s'est donné la mort après avoir dialogué avec ChatGPT. OpenAI a d'ailleurs révélé que plus d'un million de requêtes hebdomadaires contiennent des propos liés au suicide. Quelles solutions pour éviter ce phénomène ? Il est urgent de mieux encadrer les interactions homme-machine afin d'éviter que l'IA n'accentue la fragilité psychologique de certains publics, notamment les plus jeunes. C'est ce que nous cherchons notamment à faire au sein de l'organisation à but non lucratif que nous avons créée, Everyone.ai, dédiée à la prévention des risques numériques. L'objectif est de sensibiliser les parents, former les enseignants et promouvoir des “ceintures de sécurité cognitive”, comparables aux ceintures de sécurité en voiture. Ces garde-fous permettent de filtrer et d'ajuster les comportements des IA, sans freiner la recherche. L'IA n'est pas une menace, mais un outil dont il faut simplement apprendre à maîtriser les règles et les limites.-----------♥️ Soutienhttps://donorbox.org/monde-numerique

Les géants du numérique accélèrent encore dans la course à l'intelligence artificielle. Meta, Google et Microsoft investissent des sommes vertigineuses pour dominer le futur de l'IA. Et aussi : Macron et les réseaux sociaux, le nouveau robot Neo, IA et fausses vacances. Avec Bruno Guglielminetti (Mon Carnet) L'IA, un gouffre financier… et une arme stratégiqueLes GAFAM viennent d'investir 80 milliards de dollars en trois mois dans leurs infrastructures d'intelligence artificielle. Data centers, serveurs, énergie, talents : tout y passe. Une véritable course à la puissance s'engage, où chaque acteur veut disposer de la plus grande capacité de calcul. Google, par exemple, prévoit déjà 100 milliards supplémentaires pour 2025. Derrière ces chiffres, une bataille mondiale pour le contrôle de l'innovation et, surtout, de l'économie de demain.Une bulle IA sur le point d'exploser ?Face à ces montants astronomiques, certains, comme le chercheur Yoshua Bengio, appellent à un ralentissement. L'expert estime qu'un éclatement de la bulle serait peut-être salutaire pour freiner la fuite en avant actuelle. Entre spéculation et surenchère, la question d'une crise de l'IA revient sur la table, alors même que les usages explosent.Musique : Universal et Udio signent la paixPendant ce temps, l'industrie musicale s'adapte. Universal Music a trouvé un accord inédit avec la start-up Udio, spécialisée dans la génération de musique par IA. Objectif : permettre de revisiter légalement le catalogue Universal grâce à des outils d'IA générative. Une première mondiale qui pourrait redéfinir les droits d'auteur à l'ère de l'intelligence artificielle.Réseaux sociaux : Macron sonne l'alerteEn France, Emmanuel Macron a dénoncé la dérive des plateformes et leurs effets délétères sur la société. Addiction, désinformation, radicalisation : les réseaux deviennent un champ de bataille politique. Derrière cette sortie présidentielle, une inquiétude bien réelle sur la cohésion nationale et le pouvoir des algorithmes.Robots et fausses vacances : quand l'IA envahit le quotidienDes robots humanoïdes à 20 000 dollars aux photos de vacances totalement inventées par IA, le futur s'installe dans nos vies avec une vitesse vertigineuse. Entre fascination technologique et vertige éthique, l'IA ne cesse de redéfinir notre rapport au réel.VERSION VIDEOhttps://youtu.be/Mnwv-7sz7gQ-----------♥️ Soutienhttps://donorbox.org/monde-numerique

L'influence des réseaux sociaux sur l'information inquiète à l'approche des élections. Dans cet épisode, on analyse les appels à la régulation, les investissements massifs dans l'IA et les dérives potentielles de la technologie.