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Face à une nouvelle menace tarifaire de Donald Trump, l'Union européenne intensifie ses négociations commerciales avec Washington. Objectif: éviter une crise économique majeure. Depuis quelques jours, les tensions commerciales entre les États-Unis et l'Union européenne reprennent de plus belle. En cause, la récente déclaration de Donald Trump qui menace d'imposer à partir du 1er juin des droits de douane pouvant atteindre 50% sur tous les produits européens entrant sur le territoire américain.Une décision motivée par l'agacement du président américain face à la lenteur des discussions commerciales en cours avec Bruxelles. Déjà soumise à des taxes américaines depuis mars – 25 % sur l'acier, l'aluminium et l'automobile, et 10 % sur d'autres produits – l'UE redoute une escalade aux conséquences économiques lourdes car les États-Unis demeurent le premier client de l'Union. En 2023, les exportations européennes vers le marché américain ont atteint 606 milliards de dollars, générant un excédent commercial qui dérange ouvertement Washington.À lire aussiComment l'UE peut relancer son économie face à la Chine et les États-UnisL'incertitude, une stratégie assuméeAu-delà des menaces concrètes, c'est l'incertitude qui pèse lourdement sur l'économie européenne. Un climat volontairement instable que Donald Trump semble cultiver, selon les analystes. Et cette instabilité a des effets immédiats. Les marchés réagissent, les industriels reportent ou réorientent leurs investissements, souvent au bénéfice des États-Unis.Des géants européens comme Sanofi, CMA CGM ou encore Stellantis ont déjà renforcé leur présence outre-Atlantique. Face à cette pression, Bruxelles n'a d'autres choix que d'accélérer ses négociations. Non par stratégie, mais par nécessité. Car une guerre commerciale franche pourrait fragiliser encore davantage une économie européenne déjà affaiblie.Négocier dans le flou : un équilibre précaireLe principal obstacle reste le manque de clarté côté américain. Si la volonté de réduire le déficit commercial est affichée, Washington ne précise pas ses attentes concrètes. Une ambiguïté qui place l'Europe dans une position inconfortable: négocier sans véritable visibilité. Et dans ce rapport de force, la stratégie américaine semble clairement orientée vers des concessions à sens unique.Pourtant, l'Europe se prépare. En cas d'échec des discussions, un plan de contre-attaque est prêt, avec des mesures de rétorsion ciblées sur certains produits américains. Mais pour l'heure, ni Bruxelles ni Washington ne ferment la porte à un compromis. L'enjeu : parvenir à un accord équilibré sans céder sur des points cruciaux. Un exercice délicat pour les Vingt-Sept, contraints de manœuvrer entre fermeté et diplomatie.À lire aussiFace à Donald Trump, l'Union européenne recherche de nouvelles alliances
En Europe centrale et orientale, des élections cruciales se succèdent et pourraient faire basculer l'unité des Vingt-Sept. La Roumanie vient d'élire comme président un candidat pro-européen, Nicusor Dan, face à George Simion, qui se présentait comme grand admirateur de Donald Trump et hostile à l'aide à l'Ukraine.
Cette semaine, nous recevons Stéphane Séjourné, vice-président exécutif chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle à la Commission européenne. Simplification administrative et lancement du programme "Choose Europe", il présente les mesures pour relancer la compétitivité des Vingt-Sept, et nous parle de l'Europe de la défense et du défi démocratique en Roumanie et Pologne.
Nous recevons François-Xavier Bellamy, député européen (LR) et vice-président du Parti populaire européen au Parlement européen. Renforcement de la défense européenne, politique migratoire et unité des Vingt-Sept, il commente les défis à relever par l'Union européenne.
Le Parlement européen a sorti les calculettes : le prochain budget de l'Union européenne se dessine en ce moment et l'équation paraît très difficile à résoudre pour les Vingt-Sept, qui doivent financer toujours plus de secteurs avec un budget très contraint. Celui-ci représente actuellement 1 % du PIB de l'Union, soit 1 000 milliards d'euros sur 7 ans. Il sert pour un tiers à la politique agricole commune, pour un autre tiers à la cohésion entre les régions d'Europe, pour assurer leur rattrapage économique, et pour le reste à payer le fonctionnement de l'Union et les autres politiques. Dans le même temps, les Vingt-Sept entendent développer leurs investissements dans la défense, le numérique et les nouvelles technologies. Avec quel argent ? Ils devront déjà rembourser un grand emprunt contracté pendant le Covid, qui risque de grever le budget de 15 à 20 % par an. L'Union européenne pourrait-elle avoir recours à de nouvelles ressources propres, indépendantes des contributions des États ? L'idée est avancée, mais les pistes, comme la taxe carbone aux frontières, suscitent beaucoup de scepticisme.
Cette semaine, nous accueillons Luuk van Middelaar, philosophe et historien néerlandais, ancien conseiller du Conseil européen et également à la tête du think tank Brussels Institute for Geopolitics. Face à la menace russe et à l'hostilité des États-Unis envers l'Union européenne, il commente les défis majeurs que les Vingt-Sept doivent relever.
Donald Trump entend taxer tout produit importé sur le sol américain. Et si le président américain assume ce choix pour protéger l'économie des États-Unis, l'effet indirect, c'est que le reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marché. Décryptage. Pour se rendre compte des conséquences des mesures de Donald Trump, un chiffre : 440 milliards de dollars. C'est la valeur des produits chinois importés par les États-Unis l'année dernière. C'est beaucoup. Une illustration vaut mieux que de longues explications, puisque d'après le Centre du commerce international, une paire de chaussures sur trois portées par les Américains a été produite en Chine. La grande question est donc celle-ci : que va-t-il advenir de ces 440 milliards de dollars de marchandises ? À lire aussiLa Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?Car il va inévitablement y avoir un « effet domino ». Toute cette production va devoir trouver des débouchés et être détournée de sa destination principale, à savoir les États-Unis. Certes, une partie devrait selon toute vraisemblance continuer d'arriver sur le sol américain, car les produits chinois sont très bien intégrés dans les chaînes de valeurs du pays. Mais une majorité devrait en effet trouver preneur ailleurs, car avec les droits de douane appliqués par Washington, certaines marchandises vont coûter beaucoup plus cher et risquent d'être moins compétitives que la production locale. L'UE en ligne de mire Mais difficile à dire comment les autres économies peuvent absorber un tel volume. Il y a pourtant quelques pistes, puisque ces dernières années, Pékin a diversifié ses partenaires commerciaux pour éviter d'être trop dépendante des États-Unis. Par exemple, en redirigeant une partie de sa production vers l'Amérique latine et l'Afrique où la demande est très élevée et où les tarifs douaniers sont bas. Mais l'une des régions du monde qui pourrait se retrouver en première ligne, c'est l'Union européenne, car les États européens sont les clients « idéaux » pour toute la marchandise asiatique et a fortiori chinoise, qu'il s'agisse de pièces ou de produits assemblés. Bruxelles l'a d'ailleurs parfaitement intégré. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, estime que les Vingt-Sept ne peuvent pas « absorber la surcapacité mondiale ». Comprenez le volume asiatique. À lire aussiDans la tête de Donald Trump, que veut-il gagner avec sa guerre commerciale?Comment répondre ? Le problème de l'UE est donc double : limiter l'impact des mesures tarifaires américaines et contrer l'offre excédentaire en provenance d'Asie. Car la Chine, grâce aux subventions publiques, a la capacité d'exporter de très grandes quantités, à très bas prix. Résultat, les biens trouveront preneurs facilement, ce qui mettra en difficulté bon nombre de producteurs européens qui, eux, ne pourront pas s'aligner sur les prix de cette concurrence. C'est déjà le cas et ça pourrait empirer. Alors, heureusement des règles existent et Bruxelles compte les utiliser. L'une d'elles via l'Organisation mondiale du commerce, appelée « clause de sauvegarde » peut être activée lorsqu'un pays – ou un groupe de pays dans le cas de l'UE – peut démontrer une augmentation significative des importations dans certains secteurs. L'UE, comme beaucoup d'États du monde, a d'ailleurs dès le premier mandat de Donald Trump pris des mesures pour protéger son économie, craignant un choc commercial. C'est précisément à nouveau ce qui menace l'Europe. Dorénavant, l'enjeu pour l'Europe comme pour les autres économies, c'est la capacité de réaction. Vont-elles répondre au risque d'augmentation de l'offre chinoise par des mesures protectionnistes comme les États-Unis ? Ou discuter, négocier, pour trouver un terrain d'entente entre victimes des mesures américaines ? À lire aussiDroits de douane: vent de panique sur les marchés mondiaux face à l'inflexibilité de Trump
Avant même d'entrer dans le détail des réponses aux droits de douane, les Vingt-Sept n'ont toujours pas arrêté de position commune.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Quinze jours après leurs précédentes retrouvailles, les Vingt-Sept se sont de nouveau réunis ces 20 et 21 mars pour discuter du plan proposé par la Commission pour réarmer le continent et devenir autonome en matière de sécurité. Un troisième sommet en six semaines qui traduit l'urgence de la situation périlleuse dans laquelle l'Europe se trouve, elle qui est menacée par la Russie et lâchée par les Etats-Unis. Véronique Lamquin est journaliste et spécialiste des questions européennes. Elle revient avec nous sur les objectifs de ce nouveau sommet et sur les défis que l'Europe souhaite relever. « À propos », c'est notre sélection de l'actualité, du lundi au vendredi dès 5 heures sur Le Soir et votre plateforme de podcasts préférée. Retrouvez tous les podcasts du journal « Le Soir » sur https://podcasts.lesoir.be
C dans l'air l'invitée du 21 mars 2025 : général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d'état-major, et ancien commandant suprême de la transformation de l'OTAN.Deux mois après l'investiture de Trump, les Vingt-Sept se sont retrouvé hier à Bruxelles pour lancer le chantier du réarmement du continent. L'Union doit pouvoir se défendre seule d'ici 2030. Un nouvel instrument à 150 milliards d'euros financera des équipements militaires qui devront être produits majoritairement dans l'UE. "Une situation de danger comme on en connaît une fois par génération" : c'est ainsi qu'une haut gradée de la Commission européenne a décrit ce mercredi le nouveau contexte international dans lequel l'UE évolue.Après plusieurs moments traumatisants qui les ont plongés dans la stupeur, comme le discours du vice-président américain J.D. Vance à la conférence sur la sécurité de Munich ou l'humiliation brutale de Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale, les Vingt-Sept réagissent désormais avec un effort de réarmement massif, après des décennies de sous-investissement dans leurs armées. Leur objectif : que l'Union puisse se défendre seule d'ici 2030. Un nouvel instrument baptisé SAFE (Security Action for Europe), accordera des prêts de long terme bonifiés aux Etats membres qui le souhaitent pour financer des investissements à plusieurs - à condition qu'ils respectent une "préférence européenne".Le général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d'état-major, et ancien commandant suprême de la transformation de l'OTAN, nous donnera sa vision d'une défense européenne, et nous expliquera comment les Etats européens travaillent ensemble sur les sujets de défense.
Quinze jours après leurs précédentes retrouvailles, les Vingt-Sept se sont de nouveau réunis ces 20 et 21 mars pour discuter du plan proposé par la Commission pour réarmer le continent et devenir autonome en matière de sécurité. Un troisième sommet en six semaines qui traduit l'urgence de la situation périlleuse dans laquelle l'Europe se trouve, elle qui est menacée par la Russie et lâchée par les Etats-Unis. Véronique Lamquin est journaliste et spécialiste des questions européennes. Elle revient avec nous sur les objectifs de ce nouveau sommet et sur les défis que l'Europe souhaite relever.
C dans l'air du 20 mars 2025 - Prêts à financer la défense ?Face au désengagement américain, les Européens pressent le pas pour tenter d'assurer eux-mêmes leur défense. Après avoir validé le plan d'investissements "ReArm Europe" au début du mois, les Vingt-Sept se réunissent de nouveau ce jeudi pour examiner les orientations du Livre blanc sur la défense, présenté par la Commission européenne. On y retrouve les grandes lignes du plan dévoilé par Ursula von der Leyen il y a deux semaines, avec un objectif affiché de 800 milliards d'euros pour réarmer l'Europe d'ici 2030 ainsi que des propositions pour aider les États à augmenter leurs dépenses militaires et renforcer l'industrie de défense. Mais des divergences persistent quant au financement de ce plan.En France, le chef de l'Etat a promis mardi d'augmenter les commandes de Rafale ainsi que "d'importantes décisions pour nos armées" dans les "prochaines semaines", dans le cadre de nouveaux investissements décidés en raison de la "bascule" géopolitique. En quelques semaines, la défense est devenue la priorité du gouvernement. Son budget, de plus de 50 milliards d'euros en 2025, devrait doubler d'ici 2030 pour se rapprocher de 100 milliards d'euros, selon le ministre de la Défense. Mais comment financer le réarmement de la France ? A-t-on les moyens de nos ambitions ? Alors qu'investisseurs et entreprises sont réunis ce jeudi au ministère de l'Economie pour réfléchir à une montée en cadence, dans le contexte de la guerre en Ukraine, Eric Lombard a annoncé ce jeudi la création d'un fonds de 450 millions d'euros dans lequel les Français pourront investir pour financer le secteur de la défense. "Il ne peut pas y avoir de nouveau 'quoi qu'il en coûte'" a prévenu de son côté le gouverneur de la Banque de France. La réunion de ce jeudi répond à "une première question 'Qui va prêter au début aux industries de défense ?'""Mais la question plus difficile qui viendra ensuite, qui est plus difficile, c'est : 'Qui va payer à la fin ?'", a poursuivi François Villeroy de Galhau.Si l'exécutif exclut toute hausse d'impôts, le Premier ministre, François Bayrou, a défendu l'idée d'une "reconquête de la production" sur France Inter, sans préciser comment. En travaillant plus, dans la semaine ou dans l'année et tout au long de la vie, a expliqué de son côté Edouard Philippe alors qu'à gauche c'est l'idée d'un grand emprunt européen et d'une taxe Zucman sur les ultrariches qui est poussée. L'Observatoire européen de la fiscalité dirigé par l'économiste français Gabriel Zucman propose de taxer à hauteur de 2 % ou 3 % le patrimoine des ultrariches européens (plus de 100 millions d'euros) pour financer l'effort de défense du Vieux Continent. Cette taxe rapporterait, en fonction du taux retenu, de 67 milliards à 121 milliards d'euros par an.Parallèlement, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Olivier Faure, Mathilde Panot ou encore Marine Tondelier ont alerté l'éxécutif sur la situation de Vencorex, un sous-traitant stratégique pour la dissuasion nucléaire française, placée en redressement judiciaire en septembre dernier. "On ne peut pas laisser Vencorex fermer" a estimé le leader de la France insoumise que nous avons suivi lors de son déplacement sur le site ce mercredi. Il a également exhorté le gouvernement à cesser "son baratin sur la souveraineté".Nos journalistes sont également allés en Estonie. Ce pays frontalier de la Russie est désormais l'un des pays de l'OTAN qui investit le plus dans sa défense. Il y consacre 3,4 % de son PIB depuis l'année dernière et entend passer à plus de 5 % de son PIB à partir de 2026. "Avec la Russie, nous avons un délai de trois à cinq ans" a expliqué le ministre des Affaires étrangères estonien qui appelle les autres pays européens à investir de la défense européenne. Les experts :- ALAIN PIROT - Journaliste spécialiste des questions de défense- ISABELLE LASSERRE - Correspondante diplomatique - Le Figaro , spécialiste des questions de stratégie et de géopolitique- SYLVIE MATELLY - Économiste, directrice de l'Institut Jacques Delors, auteure de Géopolitique de l'économie - PIERRE HAROCHE - Maître de conférences en politique européenne et internationale, Université Catholique de Lille PRÉSENTATION : Caroline Roux - Axel de Tarlé - REDIFFUSION : du lundi au vendredi vers 23h40PRODUCTION DES PODCASTS: Jean-Christophe ThiéfineRÉALISATION : Nicolas Ferraro, Bruno Piney, Franck Broqua, Alexandre Langeard, Corentin Son, Benoît LemoinePRODUCTION : France Télévisions / Maximal ProductionsRetrouvez C DANS L'AIR sur internet & les réseaux :INTERNET : francetv.frFACEBOOK : https://www.facebook.com/Cdanslairf5TWITTER : https://twitter.com/cdanslairINSTAGRAM : https://www.instagram.com/cdanslair/
C dans l'air l'invité du 7 mars 2025 : Nathalie Loiseau, eurodéputée, membre du parti Horizon, et rapporteuse du Livre blanc sur l'avenir de la Défense européenne.Hier, lors du sommet européen sur l'Ukraine, à Bruxelles, les dirigeants des 27 ont validé le plan de la Commission européenne pour renforcer la défense de l'Europe. La mobilisation de 800 milliards d'euros, dont 150 milliards d'euros via un emprunt commun, musclera les capacités des membres de l'UE en matière de défense.L'objectif ? Faciliter une meilleure production d'armes et de munitions sur le territoire européen, afin de renforcer les équipementiers des Vingt-Sept et de limiter les approvisionnements hors-Europe.Le chef de l'Etat s'est exprimé à l'issue de ce Conseil européen extraordinaire. "Le moment que nous vivons est grave pour l'Europe" a-t-il déclaré. Il a également affirmé être disponible pour des pourparlers : "Je suis prêt à parler au président Poutine, quand nous aurons considéré, avec le président Zelensky et nos partenaires européens, que c'est le bon moment". Nathalie Loiseau, eurodéputée, membre du parti Horizon, et rapporteuse du Livre blanc sur l'avenir de la Défense européenne, est notre invitée. Elle nous racontera les coulisses des négociations et nous livrera sa vision de l'avenir de la défense européenne. Les députés débattront jeudi prochain de l'avenir de la Défense européenne, à Strasbourg.
C dans l'air du 7 mars 2025 - Poutine/ Macron : le ton monteFace au désengagement des Américains, les Vingt-Sept se sont mis d'accord hier à Bruxelles sur un plan de 800 milliards d'euros pour se réarmer rapidement. "Des financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen des munitions, des chars, des armes, des équipements parmi les plus innovants", avait expliqué mercredi soir lors de son allocution télévisée Emmanuel Macron qui veut aller plus loin. Le chef de l'Etat défend également l'idée d'un grand emprunt commun et s'est dit prêt à l'ouverture d'un débat stratégique sur l'extension de la dissuasion nucléaire de la France aux pays de l'UE. Un sujet qui fait couler beaucoup d'encre et a suscité de vives réactions à Moscou et Washington. Vladimir Poutine l'a accusé hier de vouloir revenir "aux temps de Napoléon, en oubliant comment ça s'est terminé", en référence au fiasco de la campagne de Russie. La menace est explicite. Alors depuis Bruxelles le chef de l'État a répliqué : "Napoléon menait des conquêtes. La Russie est la seule puissance impériale que je vois en Europe et c'est un impérialisme révisionniste de l'histoire et de l'identité des peuples. En tout cas c'est une contre-sens historique" a-t-il asséné. Le président de la République a également répondu à son homologue américain qui a mis en doute la solidarité de la France si les Etats-Unis avaient un problème : "Nous sommes des alliés loyaux et fidèles. Que quiconque ose en douter regarde l'histoire contemporaine qui est la nôtre. Elle justifie respect et amitié et je pense que l'on est en droit de réclamer la même chose" a-t-il affirmé.En début de semaine, Donald Trump a ordonné la suspension de toute fourniture d'armes et munitions à l'Ukraine. Le directeur de la CIA a également confirmé avoir mis fin aux échanges de renseignements avec Kiev alors que sur le front les combats se poursuivent. Nos journalistes ont rencontré à Zaporijia, en Ukraine, Maksym et Tetatyana. Tous deux sont originaires de Melitopol, une ville située au sud de l'Ukraine occupée par les Russes depuis le début de l'invasion en 2022. C'est là qu'ils ont été enlevés par les soldats russes et séparés - Maksym pendant 8 mois, Tetyana pendant 44 jours. Une période extrêmement difficile au cours de laquelle ils ont été torturés et violentés. Ils nous en parlent ce soir dans #cdanslair.Pendant ce temps-là, en France, l'aide à l'Ukraine fait débat. Marine Le Pen a dit soutenir les Ukrainiens, tout en refusant une réponse européenne au conflit et relativisant la menace russe. Dans un entretien au Figaro, la triple candidate à l'élection présidentielle a considéré comme "étrange" l'urgence exprimée par Emmanuel Macron lors de son allocution. Elle a également dit être sur la même ligne que François Fillon qui siégeait jusqu'en 2022 au conseil d'administration de deux entreprises russes, dont une étatique, et qui a affirmé dans les colonnes de Valeurs actuelles : « La Russie est une menace infiniment moindre que celle de l'islam radical". "Oui, la Russie a attaqué illégalement l'Ukraine mais de là à laisser croire qu'elle veut envahir l'Europe, tout cela me semble totalement farfelu", a renchéri de son côté l'Eurodéputé RN Thierry Mariani. Une position partagée par l'extrême droite européenne, tiraillée sur l'Ukraine, ses liens avec la Russie et sa fascination pour Donald Trump.Les experts :- Anthony BELLANGER - Éditorialiste - Franceinfo TV, spécialiste des questions internationales- Isabelle LASSERRE - Correspondante diplomatique - Le Figaro, auteure de Macron-Poutine, les liaisons dangereuses- Marie JÉGO - Journaliste spécialiste de la Russie - Le Monde- Michel GOYA - Historien militaire, ancien officier des troupes de marine- Anne PONSINET ( en duplex de Moscou) - Correspondante en Russie – France Télévisions
durée : 00:24:07 - 8h30 franceinfo - Les dirigeants des Vingt-Sept, réunis jeudi en sommet à Bruxelles, ont donné leur feu vert à un plan de la Commission européenne pour renforcer leur défense."On ne va pas pouvoir augmenter nos dépenses en matière de défense, si on ne fait pas d'efforts sur d'autres sujets", estime l'élu Les Républicains.
C'est le constat dressé par Libération après l'allocution du président français hier soir. « À situation exceptionnelle, réaction exceptionnelle, commente le journal. Soulagé d'être projeté loin du théâtre politique hexagonal sur lequel il a perdu toute crédibilité depuis sa dissolution ratée, Emmanuel Macron a endossé le rôle qui lui va objectivement le mieux, celui de leader européen confronté à une crise internationale majeure. (…) “La menace russe est là“, a-t-il asséné d'emblée, avant d'annoncer de nouveaux efforts budgétaires et peut-être de nouvelles réformes afin d'accroître l'aide française et européenne à l'Ukraine et renforcer nos armées. “Il faudra des choix et du courage, a-t-il martelé, la mine grave, le moment exige des décisions sans précédent“. Force est de constater, reconnait Libération, qu'Emmanuel Macron n'a pas ménagé sa peine, depuis les premiers signes de lâchage émis par Donald Trump, pour battre le rappel de ses homologues européens, profitant de l'arrivée au pouvoir, au Royaume-Uni et en Allemagne, de deux hommes décidés à faire front commun et à s'en donner tous les moyens. »« Le choix des armes ne peut être que souverain… »Le Figaro embraye : « Emmanuel Macron devait rassurer l'opinion, clarifier la position du pays, présenter les choix à opérer pour la nation. En somme, faire œuvre de pédagogie, à la veille d'un sommet européen capital, à Bruxelles. Après une dissolution ratée et alors qu'il ne pourra pas se représenter en 2027, le chef de l'État est rattrapé par l'accélération de l'histoire et se replace ainsi sur le devant de la scène. »Le Figaro qui se félicite de la posture du président en matière de souveraineté : « il était fondamental qu'il éloigne l'idée d'une mutualisation européenne des décisions militaires. N'en déplaise à Ursula von der Leyen, la tentation du fédéralisme est une chimère en la matière, estime Le Figaro. Sans empêcher les alliances et les coalitions, le choix des armes ne peut être que souverain. Le “Make Europe Great Again“ ne peut passer que par la force des nations. Pas par une armée européenne. C'était important de le rappeler, pointe encore le quotidien de droite. Seule titulaire, avec la Grande-Bretagne, de la dissuasion nucléaire, la France en garde le contrôle. Ainsi que le pouvoir exclusif de mettre d'autres pays sous son bouclier. »Pas d'autre solution…« Le réarmement des pays occidentaux, un mal nécessaire », soupire pour sa part La Croix. « Vouloir la paix doit-il passer par un effort important de réarmement ? C'est tout l'amer paradoxe de la situation actuelle. (…) L'expérience montre qu'une arme produite finit toujours par être utilisée. Il n'est que de se rappeler comment les arsenaux militaires soviétiques ont été retrouvés dans les Balkans, en Afrique ou au Moyen-Orient après l'effondrement de l'URSS. Cette logique du rapport de force et non celle de la construction par le dialogue ne peut que nous heurter. » Mais « visiblement, reconnait La Croix, il n'y a pas d'autre voie possible aujourd'hui. »Sommet crucial à BruxellesAlors, les Vingt-Sept pays de l'Union européenne et Volodymyr Zelensky se retrouvent ce jeudi à Bruxelles pour un sommet extraordinaire sur l'Ukraine.Concrètement, précise le Guardian à Londres, « les dirigeants européens envisagent la perspective d'un retrait du soutien à long terme des États-Unis à Kiev et, plus généralement, à ses alliés européens. Ce sommet sera l'occasion de discuter d'une augmentation massive des dépenses de défense européennes pour compenser la diminution attendue du soutien transatlantique sous Trump. Parallèlement, les dirigeants européens discuteront d'une proposition de la Commission européenne visant à emprunter jusqu'à 150 milliards d'euros dans le cadre d'un plan de réarmement. »L'Union européenne prête à montrer les dents…« Aujourd'hui, plus personne n'en doute, l'Union européenne est résolue à montrer les dents, s'exclame Le Temps à Genève. (…) Plus qu'une question de priorité, c'est devenu une affaire de survie. Ce sursaut européen, à la mesure des menaces lancées par le nouveau pouvoir américain, sera-t-il le bon ? », s'interroge le quotidien suisse. « Pour être spectaculaire, il n'efface pas les divisions qui, au contraire, ne seront que redoublées tant il faudra convaincre à la fois les Etats qui rechignent à trop se distancier de la Russie (Hongrie, Slovaquie…) ou des États-Unis (comme l'Italie de Giorgia Meloni). Mais surtout, devenue une puissance carnivore parmi les autres, produisant des obus par millions en pleine période de montée des égoïsmes et des extrêmes droites, l'Europe ne pourra se dispenser de s'interroger en profondeur, pointe encore Le Temps : quelles sont réellement les valeurs communes que ces canons flambant neufs devront si précieusement préserver ? »
« Se préparer à être seuls pour sécuriser l'Ukraine dans la foulée d'un accord de paix, et en même temps tout tenter pour ne pas l'être : c'est la mission que s'est assignée le duo Starmer-Macron, relève Le Soir à Bruxelles. Ce week-end à Londres, sous la houlette du Premier ministre britannique, décidément providentiel, le groupe de dirigeants européens mais pas que – le Premier ministre canadien Justin Trudeau était présent –, réunis aux côtés de Volodymyr Zelensky, ont envoyé quatre signaux cruciaux sur la forme et sur le fond, aux citoyens du monde – en premier lieu aux Ukrainiens –, plongés dans l'angoisse depuis le clash de la Maison Blanche ».Le Soir nous détaille ces quatre signaux : « primo, une “coalition des volontaires“ non seulement se forme, mais agit ; secundo, l'axe Paris Londres reprend le fil de la négociation d'une paix juste et durable en Ukraine et travaille avec le président Zelensky à un plan, discuté avec les Américains ; tertio, les États-Unis restent un allié important et le dialogue avec le président Trump n'est pas interrompu ; et enfin quarto, quoi qu'il advienne de ces pourparlers, la “coalition“ assurera une sécurisation de l'Ukraine, les Européens s'engageant quant à eux sur une hausse de leurs dépenses de défense ».Réponse musclée…« La riposte », s'exclame en première page Libération à Paris.« 19 pays occidentaux autour de Volodymyr Zelensky, président de l'Ukraine et victime d'une tentative de bizutage humiliant à la Maison Blanche. Acte de solidarité, bien sûr, mais surtout réponse musclée à la question posée par Donald Trump, et reformulée par Emmanuel Macron en ces termes : “On veut choisir ou subir ?“ (…) Hier soir, l'Europe a fermement répondu qu'elle avait opté pour choisir son destin, mais, pointe Libération, c'est jeudi à Bruxelles, lors d'un sommet européen extraordinaire, que le coût de ce choix devra être approuvé. L'opinion publique est-elle prête à en payer les conséquences ? “Nos générations qui ont vécu dans une Europe rêvée, et sans s'en rendre compte, c'est terminé !“, a déclaré Emmanuel Macron. En France, le débat s'ouvre ce lundi à l'Assemblée nationale, et bien peu des parlementaires pourront être aussi tranchants ».Le temps presse…Il faut aller vite, souligne El Pais à Madrid. « Etant donné la lenteur institutionnelle des Vingt-Sept, il est logique qu'un groupe de pays mené par les deux puissances nucléaires de l'Europe libre - le Royaume-Uni et la France - prenne l'initiative en matière politique, diplomatique et militaire. La tâche est ardue, mais les alternatives ne sont pas nombreuses, pointe le quotidien espagnol. Il faut d'abord empêcher l'Ukraine de s'effondrer en lui fournissant une nouvelle aide. Deuxièmement, il faut gagner une place dans les négociations en apportant un soutien renouvelé à Kiev et en créant des capacités militaires de dissuasion. Un accord de paix sans l'Europe serait intenable. Plus les Européens montreront la volonté politique de soutenir cet effort, mieux ce sera ».Vers une Europe post-Amérique…Dans une tribune publiée par Le Monde à Paris, la spécialiste de sécurité et défense européenne Gesine Weber, renchérit : « les Européens doivent aujourd'hui dessiner une Europe post-Amérique, et l'Ukraine sera leur premier grand test. (…) Les Européens doivent s'atteler à la fabrication de leur propre table pour négocier entre eux l'avenir de l'ordre de sécurité européen, affirme-t-elle. Les récentes réunions de dirigeants européens avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ainsi que l'optimisme de la Commission européenne quant à une adhésion de l'Ukraine à l'UE d'ici à 2030, constituent des signaux forts. Après ces engagements initiaux, toutefois, reconnait Gesine Weber, l'Europe devra fortement accroître sa puissance militaire pour être en mesure d'exercer une force de dissuasion suffisante. Tout cela ne signifie pas que les Européens doivent rompre toute collaboration avec les États-Unis sur la question de la sécurité européenne. Avec un plan solide en main, l'Europe aura de meilleures cartes pour s'assurer que les États-Unis lui accorderont le soutien minimal dont elle a besoin pour exercer une force de dissuasion efficace et poursuivre sa stratégie ».Maintenir les Américains dans le jeu…En effet, sans les États-Unis, rien ne pourra se faire… C'est du moins l'avis du Times à Londres : « les Européens n'ont pas la puissance militaire (…). Nos dirigeants doivent (donc) continuer à s'efforcer de maintenir les Américains dans le jeu, estime le Times, en exhortant Washington à mettre en place un plan de paix. Nous devons expédier toutes les armes dont nous pouvons disposer tant que les Ukrainiens continuent de se battre (…). Mais nous ne pouvons pas nous réarmer assez rapidement pour annuler les conséquences de la trahison de Trump ».
Cette semaine, le président du Conseil européen, Antonio Costa, nous accorde une interview exclusive. Ancien Premier ministre portugais socialiste, il est en charge, depuis le 1er décembre, d'accorder les Vingt-Sept sur les grands dossiers. Il réaffirme leur soutien aux Ukrainiens : il appelle à des négociations incluant l'Ukraine et l'UE, et à un renforcement de la défense européenne.
Cette semaine, nous recevons Enrico Letta, président de l'Institut Jacques Delors, ancien ministre et ancien président du Conseil des ministres italien. Auteur d'un rapport sur la compétitivité de l'Union européenne (UE), il commente les menaces commerciales des États-Unis, le souverainisme grandissant au sein des Vingt-Sept et l'avenir de l'UE portée par le couple franco-allemand.
Le dernier Conseil européen de la présidence hongroise, le 19 décembre, a porté sur la place de l'Europe dans le monde. Le ministre des Affaires étrangères de Belgique, Bernard Quintin, issu du parti Mouvement Réformateur, qui est libéral (Renew), estime que les Vingt-Sept sont unis dans leur soutien à l'Ukraine, où ils veulent peser ; discutent de leur future relation avec les États-Unis sans envisager une guerre commerciale ; et observent l'évolution de la Syrie.
Alors que Donald Trump sera bientôt à la Maison Blanche, le mystère s'épaissit autour de l'Ukraine. Et si Washington s'apprêtait à lâcher Kiev et à négocier directement avec le Kremlin les conditions d'un cessez-le-feu, en laissant de côté les aspirations ukrainiennes – et demain la sécurité du continent ? C'est la crainte des Européens, mais comment les Vingt-Sept entendent-ils s'imposer face à la Russie ? Sont-ils prêts à risquer la guerre pour garantir la paix ?
Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 8 novembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.L'ÉLECTION ET LA SITUATION DES ÉTATS-UNISAux Etats-Unis, trois ans après avoir quitté le bureau ovale, Donald Trump a été élu 47ème président des 244 millions de citoyens américains. Pour la première fois depuis 2004, les Républicains ont remporté le vote populaire en plus d'une nette majorité de grands électeurs. Selon les dernières projections, 64,5% des Américains ont voté soit la deuxième plus forte participation depuis 1908, juste derrière 2020. Donald Trump a remporté la totalité des États pivots, tandis que son parti a décroché dans le même temps la majorité au Sénat. C'est la première fois qu'un candidat républicain remporte le vote populaire depuis George W. Bush en 2004, et la seconde fois qu'un président est réélu pour un second mandat non consécutif depuis Grover Cleveland en 1892. L'ampleur de cette victoire « haut la main » provoque la surprise, les sondages ayant longtemps été favorables à Kamala Harris, puis les deux candidats ayant été annoncés « au coude-à-coude » au cours des dernières semaines de la campagne.Élu une première fois en 2016, battu de justesse en 2020 par Joe Biden lors d'un scrutin dont il n'a jamais reconnu les résultats, Donald Trump a revendiqué une « victoire politique jamais vue » dans le pays, et promis un nouvel « âge d'or » aux Américains. Sa victoire, le candidat républicain la doit à une stratégie électorale risquée : miser d'abord sur l'Amérique rurale. Il a rassemblé 55% des voix chez les blancs non diplômés et 60% dans les campagnes. Un socle ultra solide qui s'est aussi élargi : Trump fait mieux qu'en 2020 dans « quasiment tous les groupes démographiques » dont certains piliers de l'électorat démocrate : les femmes (+ 2 points qu'en 2020), les Hispaniques (+6) les Afro-américains (+7) et surtout les jeunes hommes (le "bro vote", +15). A l'inverse, Kamala Harris ne progresse que chez les femmes diplômées et échoue à mobiliser sur l'avortement et la défense de la démocratie : elle réalise 80% des votes chez ceux plaçant ces deux thèmes comme priorité mais cela est compensé intégralement par les 80% de votes contraires chez ceux favorisant l'immigration ou l'économie. Au lendemain du scrutin, Kamala Harris a reconnu sa défaite. Après avoir appelé son adversaire pour le féliciter, la candidate démocrate a appelé ses soutiens à accepter les résultats.Au lendemain de la victoire de Donald Trump, la bourse américaine s'est envolée, le dollar a connu sa plus forte hausse depuis huit ans, le bitcoin - soutenu par Trump - a dépassé pour la première fois les 75.000 dollars.CONSÉQUENCES POUR L'EUROPE ET LA FRANCELe triomphe de Donald Trump impactera l'économie mondiale. Le candidat républicain souhaite augmenter les droits de douane de 10 ou 20% sur tous les produits importés aux Etats-Unis. Une surtaxe conséquente, au regard des 3,3% de droits de douane moyens pratiqués aujourd'hui. En 2023, l'Union européenne a importé 344 milliards d'euros de biens d'outre-Atlantique et lui en a exporté pour 502 milliards d'euros. Un déficit commercial de 158 milliards de dollars insupportable aux yeux de Donald Trump. Il compte aussi surtaxer de 60 % ceux qui proviennent de Chine, faisant peser sur l'Union européenne la menace de voir les industriels chinois réorienter leurs exportations vers le Vieux Continent.Parmi les Vingt Sept réunis jeudi et vendredi à Budapest, une petite minorité souhaitait la victoire de Donald Trump. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, dont le pays occupe jusqu'à fin décembre la présidence du Conseil de l'UE et qui reçoit ses homologues à ce titre, le Slovaque Robert Fico, tandis que l'Italienne, Giorgia Meloni reste ambiguë. Les Vingt-Sept sont tiraillés par des intérêts divergents. Paris, chantre de l'autonomie stratégique de l'Union, prône l'instauration d'un rapport de force musclé avec Washington, si cela se révélait nécessaire. Mais plusieurs États membres sont pour la prudence, redoutant les mesures de rétorsion. A commencer par l'Allemagne, dont la coalition est secouée par le limogeage du ministre des finances libéral, et qui, en plus de son tropisme transatlantique et de son attachement au parapluie militaire américain, a un besoin impérieux d'exporter ses voitures et ses machines-outils de l'autre côté de l'Atlantique. Comme l'Italie, pour qui le marché américain est également un débouché essentiel. L'impact de cette élection concernera aussi les secteurs secteurs énergétique, technologique, militaire et géopolitique, avec, en ligne de mire, l'avenir de la guerre russo-ukrainienne et le spectre d'une déstabilisation des pays frontaliers en cas d'affaiblissement, de l'OTAN : la Pologne et les pays baltes, notamment, ont pour obsession de conserver les garanties de sécurité américaines offertes par l'OTAN. Que ce soit parce qu'il est vital pour leurs industriels de continuer à exporter outre-Atlantique ou pour s'assurer que Washington continuera à les protéger d'éventuelles agressions extérieures, une majorité des Vingt-Sept ne semble pas spontanément disposée à engager un bras de fer avec l'allié américain.Les rapports de force que Donald Trump devrait engager avec l'Europe porteront également sur la propagation des ressorts idéologiques et stratégiques qui ont « fait » sa victoire et pourraient consolider la doxa des extrêmes droites dans des démocraties déstabilisées et sous tension.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
Cette semaine, nous recevons Andrej Plenkovic, Premier ministre de la Croatie, pays des Balkans entré dans l'Union européenne (UE) en 2013. Membre du parti de droite HDZ qui siège au sein du Parti populaire européen (PPE) en Europe, il revient sur un potentiel élargissement de l'UE à d'autres pays des Balkans occidentaux ainsi que sur le rôle des Vingt-Sept dans les conflits en Ukraine et au Proche-Orient.
Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 18 octobre 2024.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.LOI IMMIGRATION EN FRANCE EN 2025, EN ALLEMAGNE ET EN POLOGNEBien que la précédente loi sur l'immigration ait été promulguée il y a moins d'un an, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé un texte sur ce sujet pour le début de 2025, afin, notamment, de prolonger la durée maximale de rétention des étrangers visés par une mesure d'éloignement. Préférence nationale, quotas, délit de séjour irrégulier, renvoi des étudiants étrangers, restriction du regroupement familial et du droit du sol, la plupart de ces mesures, contenues dans la loi sur l'immigration, adoptée fin 2023 par le Parlement, et censurées, dans la foulée, par le Conseil constitutionnel, devraient servir « de base pour le nouveau projet de loi sur l'immigration ». Une « nouvelle loi » sur l'immigration qui s'ajoutera à une longue série de 118 textes depuis 1945. Soit une loi sur l'immigration tous les deux ans en moyenne – sans compter les ordonnances, arrêtés, circulaires et décrets qui se sont multipliés. Bruno Retailleau, a déclaré son intention de mettre fin au « désordre migratoire », quitte à remettre en cause l'Etat de droit qui, selon lui, « n'est ni intangible ni sacré ». Les macronistes sont divisés sur ce projet : Gabriel Attal, ancien Premier ministre et président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée, estime qu'une nouvelle loi n'est pas prioritaire, tandis que Gérald Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur, s'est, lui, déclaré plutôt d'accord avec le projet du gouvernement Barnier.A Bruxelles, le débat autour de la migration a pris une nouvelle vigueur dans une orientation toujours plus dure, voire radicale. Désormais, ce mouvement touche aussi la gauche au pouvoir en Allemagne, quelques années après le Danemark. Le changement de pied de la coalition réunissant à Berlin sociaux-démocrates, écologistes et libéraux a désinhibé l'ensemble du continent, entraînant un changement de paradigme. A la surprise générale, Berlin a réinstauré, en septembre, les contrôles à ses frontières intérieures pour bloquer l'entrée de clandestins, écornant un peu plus l'espace Schengen de libre circulation. L'attentat de Solingen, survenu le 23 août 2024, peu avant des élections régionales à fort enjeu politique dans l'est du pays et lors duquel trois personnes ont été tuées, a poussé le gouvernement à restaurer des contrôles aux frontières et à multiplier les mesures volontaristes comme des restrictions de prestations sociales pour certains réfugiés, examinées ces jours-ci au Bundestag. Le 12 octobre, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, est allé plus loin en demandant à Bruxelles la possibilité de suspendre partiellement le droit d'asile pour les migrants qui entrent illégalement par la frontière biélorusse, assurant qu'il n'appliquerait pas une obligation européenne qui contreviendrait à « la sécurité » du pays. Cette annonce a provoqué la surprise et la consternation au sein de sa coalition démocrate, et une levée de boucliers des organisations de défense des droits humains.L'UKRAINE À LA PEINE AVANT L'HIVER ET LE 5 NOVEMBRELe président ukrainien Volodymyr Zelensky a entamé le 10 octobre une tournée européenne à Londres, Rome, Paris et Berlin, pour présenter son « plan de la victoire », comme il l'avait fait le 26 septembre à Washington. Ce document, qui n'a pas été rendu public, est conçu, d'après les Ukrainiens, comme une nouvelle tentative de mobiliser les soutiens occidentaux sur le plan militaire, économique et diplomatique. L'objectif est d'inverser le rapport de force, à ce jour favorable aux Russes, et de contraindre Vladimir Poutine à entamer, un jour, des négociations. Le président ukrainien espérait obtenir l'autorisation d'utiliser des missiles occidentaux à longue portée sur le territoire russe, et un engagement sur des négociations pour une adhésion à l'OTAN, deux limites pour les Etats-Unis, face au risque d'une escalade avec Moscou.Sur le terrain, les forces armées ukrainiennes espèrent épuiser l'armée russe, mais souffrent elles-mêmes d'un manque d'hommes et de munitions. Après de longs mois de guerre de positions durant lesquels la ligne de front n'a que peu évolué, l'Ukraine perd à nouveau du terrain, submergée par les assauts incessants des troupes russes, qui, villages après villes, ont raison des défenses ukrainiennes, mais au prix de larges pertes. Profitant de sa supériorité numérique, la Russie a multiplié les vagues d'assaut sur ses différents couloirs de progression, sans se soucier des pertes occasionnées. Depuis l'offensive ukrainienne début août dans la région de Koursk, les Russes ont conquis plus de 700 kilomètres carrés en l'espace de deux mois ainsi dans le Donbass, une avancée sans précédent depuis 2022.Alors que le projet de budget de la Russie pour 2025 prévoit une enveloppe de près de 130 milliards d'euros pour les dépenses militaires, Kyiv ne disposera que d'un plus de 48 milliards d'euros. Une somme largement dépendante du soutien financier et militaire occidental. Or, de ce côté-là, les signaux se font de plus en plus alarmants, alors que l'élection présidentielle américaine de novembre pourrait bouleverser la politique de soutien de son allié le plus puissant. Un vide que les alliés européens de Kyiv ne pourraient pas combler. Le 9 octobre, toutefois, les ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l'Union européenne se sont entendus pour prêter à l'Ukraine jusqu'à 35 milliards d'euros en 2025. Les intérêts des actifs russes gelés permettront de rembourser ce prêt. Si en 2024, l'aide militaire française à l'Ukraine dépassera deux milliards d'euros, notamment grâce à l'utilisation d'intérêts d'avoirs russes gelés, elle n'atteindra cependant pas le maximum de trois milliards envisagé dans un accord de sécurité conclu avec Kyiv, a précisé lundi le ministre des Armées Sébastien Lecornu. Winter is coming.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
L'immigration est au cœur du sommet européen qui se tient depuis hier à Bruxelles. Après la décision de l'Italie de faire traiter les demandes d'asile, non plus sur son territoire mais en Albanie , les Vingt-Sept envisagent de nouvelles législations sévères. Pourtant ils disposent d'un pacte adopté en avril et le nombre de passages clandestins est en baisse. Christophe visiblement c'est la peur d'une montée de l'extrême droite, partout dans l'union, qui motive cette nouvelle politique.
Notre union des Vingt-Sept doit à la fois composer avec des pays surendettés et relancer sa croissance et sa compétitivité en investissant massivement. Une équation difficile à trouver. Dans le club des mauvais élèves, sept pays se distinguent, placés en procédure de déficit excessif car dépassant le seuil de 3 % du PIB fixé par le pacte de stabilité. Parmi eux, la France frôle dangereusement les 6 %, conduisant le gouvernement Barnier à promettre un retour dans les clous au plus tôt en 2029.
Nous sommes à Strasbourg, où Viktor Orban, le Premier ministre hongrois ultraconservateur, se fait attendre depuis des mois. Depuis juillet et pour six mois, la Hongrie occupe la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. Son discours devant le Parlement européen a été reporté à deux reprises : d'abord en juillet pour ne pas gêner la nomination du nouvel exécutif européen, puis en septembre, lorsque Viktor Orban a finalement décidé de rester dans son pays, touché par de violentes inondations. Ces rendez-vous manqués en disent long sur les relations tendues entre Bruxelles et le dirigeant hongrois, éternel trublion dans ce club européen des Vingt-Sept.
L'émission 28 Minutes du 16/09/2024 Agnès Jaoui part à la recherche de son enfance perdue “Je n'ai jamais été autant courtisée, regardée, draguée, pelotée, harcelée, abusée qu'entre mes 10 et 13 ans. Il faut dire que j'ai eu des seins très tôt”. Avec “La taille de nos seins” (Grasset, 2024), Agnès Jaoui se livre de manière intime en racontant ses souvenirs d'enfant pendant les années 1970, au cœur du 5e arrondissement de Paris. L'amitié — entre filles — y tient une place prépondérante. Le livre est justement illustré par Cécile Partouche, avec qui elle a partagé toutes ses aventures parisiennes et rocambolesques. “Madame Sahoute”, l'institutrice qui la surnomme “Mademoiselle Chichi”, le déracinement après avoir déménagé de Sarcelles, mais aussi l'apprentissage de ce qu'implique son genre sont autant de sujets qu'elle revisite cinquante ans après. Agnès Jaoui dépeint la naissance de sa poitrine comme un moment particulier où elle perçoit un changement dans le regard des hommes. Une vérité qu'elle portera dans sa chair — dévoilée avec pudeur dans un chapitre sobrement intitulé “Le secret”. Rapport Draghi sur la compétitivité de l'UE : un électrochoc pour l'Europe ? Le Rapport sur “le futur de la compétitivité européenne”, remis par Mario Draghi à la présidente de la Commission européenne lundi 9 septembre, est apparu comme un coup de tonnerre. L'ancien patron de la BCE dresse le portrait d'un “défi existentiel” pour l'économie européenne : la compétitivité des Vingt-Sept a décroché par rapport aux États-Unis, souligne-t-il, tandis que la concurrence de la Chine s'accroît sur le “Vieux continent”. “Le revenu disponible réel par habitant a augmenté presque deux fois plus aux États-Unis qu'en Europe depuis 2000”, développe Mario Draghi. Face à ce constat, il met sur la table 170 propositions, notamment des investissements massifs à hauteur de 750 à 800 milliards d'euros. Les préconisations formulées par l'économiste et homme d'État italien pourraient-elles se traduire par des mesures concrètes ? Sont-elles envisageables alors que plusieurs pays sont visés par une procédure de déficit excessif ? Enfin, Xavier Mauduit s'intéresse à la “Joconde de Berlin” et Marie Bonnisseau revient sur le destin d'un paquet de chips, qui a bouleversé l'écosystème d'un parc naturel américain. 28 Minutes est le magazine d'actualité d'ARTE, présenté par Elisabeth Quin du lundi au jeudi à 20h05. Renaud Dély est aux commandes de l'émission le vendredi et le samedi. Ce podcast est coproduit par KM et ARTE Radio. 16 septembre 2024 - Présentation : Élisabeth Quin - Production : KM, ARTE Radio
L'émission 28 Minutes du 16/09/2024 Rapport Draghi sur la compétitivité de l'UE : un électrochoc pour l'Europe ? Le Rapport sur “le futur de la compétitivité européenne”, remis par Mario Draghi à la présidente de la Commission européenne lundi 9 septembre, est apparu comme un coup de tonnerre. L'ancien patron de la BCE dresse le portrait d'un “défi existentiel” pour l'économie européenne : la compétitivité des Vingt-Sept a décroché par rapport aux États-Unis, souligne-t-il, tandis que la concurrence de la Chine s'accroît sur le “Vieux continent”. “Le revenu disponible réel par habitant a augmenté presque deux fois plus aux États-Unis qu'en Europe depuis 2000”, développe Mario Draghi. Face à ce constat, il met sur la table 170 propositions, notamment des investissements massifs à hauteur de 750 à 800 milliards d'euros. Les préconisations formulées par l'économiste et homme d'État italien pourraient-elles se traduire par des mesures concrètes ? Sont-elles envisageables alors que plusieurs pays sont visés par une procédure de déficit excessif ? Nous en débattons avec Béatrice Mathieu, grand reporter à "l'Express" en charge des dossiers économiques ; Élie Cohen, économiste, directeur de recherche au CNRS et David Cayla, économiste, maître de conférences à l'Université d'Angers. 28 Minutes est le magazine d'actualité d'ARTE, présenté par Elisabeth Quin du lundi au jeudi à 20h05. Renaud Dély est aux commandes de l'émission le vendredi et le samedi. Ce podcast est coproduit par KM et ARTE Radio. Enregistrement : 16 septembre 2024 - Présentation : Élisabeth Quin - Production : KM, ARTE Radio
Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 13 septembre 2024.Avec cette semaine :Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.ÉLECTIONS ALGÉRIENNES, RELATIONS FRANCO-ALGÉRIENNES ET FRANCO-MAROCAINESLe président algérien Abdelmadjid Tebboune a été élu le 8 septembre pour un second mandat avec 94,65 % des voix, selon l'Autorité nationale indépendante des élections, tandis qu'Abdelaali Hassani Chérif, le candidat islamiste (MPS) a rassemblé 3,17 % des voix, et Youcef Aouchiche, le candidat du FFS (opposition laïque), de 2,16 % des voix. Le taux de participation officiel serait de 48,03 %, selon une première estimation donnée dans une communication un peu confuse. En réalité, le taux de participation ne serait pas supérieur à 23 %. Certaines évaluations le situent même à 10%.Troisième économie d'Afrique avec un produit intérieur brut attendu à 267 milliards de dollars en 2024, selon le Fonds monétaire international, l'Algérie s'est reconstitué un matelas de sécurité – elle disposait de 69 milliards de dollars de réserves de change à la fin de 2023. Mais le chantier permanent de la diversification de son économie, qui permettrait de sortir de la dépendance au gaz et au pétrole, est incessamment retardé par les intérêts liés à ces deux secteurs dans les milieux dirigeants.Ambassadeur à deux reprises en Algérie, Xavier Driencourt estime qu'« en affichant un score pareil, le régime n'a aucune volonté de changement. Sur le plan économique, les finances publiques tiennent par le pétrole. La grande répression va se poursuivre. Par contre, sur le plan international, le pays est significativement isolé. » Il existe avec le Maroc, le Mali et la Libye, un arc de crises diplomatiques qui devrait être l'un des plus gros dossiers du second mandat. d'Abdelmadjid Tebboune.Cet été, une nouvelle brouille a mis aux prises Alger et Paris après le revirement français pro-marocain sur l'affaire du Sahara occidental. Le 30 juillet, Emmanuel Macron adressait au roi du Maroc, Mohammed VI, un courrier consacrant le ralliement de la France à la thèse de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Né bien après l'indépendance algérienne, le président français a multiplié, depuis 2017, les gestes de bonne volonté pour bâtir une relation apaisée avec l'Algérie, notamment dans le domaine mémoriel de la guerre d'Algérie. En vain, les crises succédant aux brouilles avec Alger. Aujourd'hui, Emmanuel Macron se tourne vers le Maroc où il devrait se rendre prochainement en visite d'État, tandis que sa visite en Algérie, un temps envisagée, n'est plus évoquée.RAPPORT DRAGHIMandaté par Ursula von der Leyen en septembre 2023, l'ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi a livré lundi un rapport dont les recommandations doivent alimenter les travaux de la nouvelle Commission européenne pour les cinq prochaines années. Selon lui, l'Union européenne est aujourd'hui confrontée à « un défi existentiel » ; si elle ne change pas, elle sera condamnée à « une lente agonie ». C'est donc de « 800 milliards d'euros d'investissements supplémentaires par an » dont l'UE a besoin si elle veut pouvoir financer les réformes nécessaires afin d'éviter qu'elle ne se laisse distancer définitivement par les États-Unis et la Chine. Un bond significatif qui représenterait 5 % du PIB européen actuel. (Le plan Marshall entre 1948 et 1951 équivalait à 1 à 2% du PIB de l'UE.) Face à la Chine et aux États-Unis, l'Europe décroche. Entre l'UE et les États-Unis, l'écart de niveau de PIB s'est progressivement creusé entre 2002 et 2023, passant d'un peu plus de 15 % à 30 %, tandis qu'en termes de parité de pouvoir d'achat, l'écart s'élève à 12 %. Le rapport Draghi découpe la compétitivité européenne en trois secteurs auxquels une attention particulière doit être apportée : l'innovation, la décarbonation, et la sécurité énergétique et économique. L'Europe doit mieux financer ses industries de pointe, en ciblant et coordonnant ses investissements ; elle doit adapter sa transition énergétique et climatique pour en faire une source de compétitivité et non pas de décroissance ; et elle doit s'assurer de réduire ses dépendances stratégiques, en revoyant sa politique commerciale et la sécurité de ses chaînes d'approvisionnement.Mario Draghi expose 170 propositions. Les Européens doivent se doter d'une main-d'œuvre qualifiée, miser sur la recherche, achever la construction d'un marché intérieur qui reste inaboutie, baisser la facture d'électricité des citoyens comme des entreprises (deux ou trois fois plus élevée qu'aux Etats-Unis) et s'attaquer à la débureaucratisation de leur économie. S'ils veulent réussir, les Vingt-Sept devront aussi revoir leurs règles en matière de concurrence, qui empêchent parfois l'émergence de champions européens, et veiller à une plus grande cohérence entre leurs politiques commerciale, environnementale et climatique. Mais surtout, l'Union européenne doit investir massivement dans les technologies propres et le numérique, tout en réduisant ses dépendances, notamment à la Chine. A l'heure de la guerre en Ukraine, elle doit aussi se donner les moyens de financer une industrie de la défense à même de pallier le désengagement annoncé des Etats-Unis, que Donald Trump revienne à la Maison Blanche après les élections de novembre ou pas.Mario Draghi, n'est pas le premier à s'alarmer du déclin relatif de l'Europe. Au printemps, Enrico Letta, un autre ex-président du Conseil italien, avait établi le même diagnostic.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
Beyond discussing the true meaning of hospitality, the boys shared some interesting dining updates. Vincent ate pizza made in/on a Green Egg. Quinno ate crispy Asian ribs. And John ate some humble pie. If you think there's a story behind this, you're right.
Alors que les élections européennes ont débuté ce jeudi (6 juin) et s'étalent jusqu'à dimanche (9 juin 2024), la santé du continent interroge. La croissance en berne oblige l'Europe à multiplier les importations. Au mépris du développement de sa compétitivité qui l'éloigne des objectifs de souveraineté. Où se situe l'Europe aujourd'hui face aux géants américains et chinois ? Comment (re)devenir un poids lourd mondial ? Pour en débattre :- Guillaume Klossa, fondateur et président du Think tank EuropaNova, il a publié un rapport remis aux Vingt-Sept avec une série de propositions indispensables pour construire une Europe « Europe 2040 : Demain se joue dès aujourd'hui. Co-construire une puissance globale, durable et responsable »- Sébastien Jean, professeur titulaire de la chaire Jean-Baptiste Say d'économie industrielle au Conservatoire National des Arts et Métiers et membre du Conseil d'analyse économique.
Alors que les élections européennes ont débuté ce jeudi (6 juin) et s'étalent jusqu'à dimanche (9 juin 2024), la santé du continent interroge. La croissance en berne oblige l'Europe à multiplier les importations. Au mépris du développement de sa compétitivité qui l'éloigne des objectifs de souveraineté. Où se situe l'Europe aujourd'hui face aux géants américains et chinois ? Comment (re)devenir un poids lourd mondial ? Pour en débattre :- Guillaume Klossa, fondateur et président du Think tank EuropaNova, il a publié un rapport remis aux Vingt-Sept avec une série de propositions indispensables pour construire une Europe « Europe 2040 : Demain se joue dès aujourd'hui. Co-construire une puissance globale, durable et responsable »- Sébastien Jean, professeur titulaire de la chaire Jean-Baptiste Say d'économie industrielle au Conservatoire National des Arts et Métiers et membre du Conseil d'analyse économique.
En février, l'ancien président américain Donald Trump menaçait ses alliés de l'OTAN, à l'occasion d'un meeting en Caroline du Sud : s'il est réélu en novembre, il n'hésitera pas à les laisser se débrouiller seuls en cas d'invasion armée de la Russie s'ils ne remplissent pas leurs obligations de dépenses militaires.Cette intimidation a déstabilisé les pays européens membres de l'organisation militaire transatlantique, qui comptent fortement sur les Américains en cas de conflit avec un pays tiers.Après l'invasion russe de l'Ukraine, un autre électrochoc pour le Vieux Continent, cette provocation de Donald Trump a été une nouvelle occasion pour les Vingt-Sept de se demander comment mieux faire face aux menaces extérieures et comment développer la défense européenne, alors même que les traités interdisent à l'Union européenne (UE) toute dépense militaire.Dans cet épisode du podcast « L'Heure du Monde », Philippe Jacqué, correspondant du Monde à Bruxelles, nous explique comment l'idée de défense européenne est née et comment elle a évolué depuis la création de l'UE.Un épisode de Cyrielle Bedu. Réalisation : Amandine Robillard. Présentation et suivi éditorial : Jean-Guillaume Santi. ---Pour soutenir "L'Heure du Monde" et notre rédaction, abonnez-vous sur abopodcast.lemonde.fr
Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 25 avril 2024. Avec cette semaine : Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialiste des questions de Défense. Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors. Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. Michel Winock, historien et écrivain. LA FRANCE EST-ELLE PRÊTE POUR LA GUERRE ? Si l'armée française était, demain, déployée dans un « engagement majeur » de « haute intensité », comme en Ukraine, elle pourrait tenir un front de 80 kilomètres. Pas plus ! Le front ukrainien s'étend, lui, sur près de 1 000 kilomètres… Armée bonzaï, voire échantillonnaire, l'armée française dispose de presque tous les matériels - elle manque toutefois de drones et surtout de munitions – et ne compte pas suffisamment d'hommes. Nous sommes passés de 160.000 hommes en 1991, avant la fin de la conscription en 1996, à 15.000 en 2013. Désormais, on ne donne plus de chiffres d'effectifs. L'armée française ne fait donc pas masse. Parmi les réponses à cette situation, certains préconisent le retour au service militaire, d'autres un modèle de volontaires, d'une réserve à l'instar des Etats-Unis. Révélé à l'occasion de la guerre d'Ukraine, notre manque criant de munitions se résume à deux chiffres : pour la seule armée française, « les contrats actuels permettent de financer 6.000 coups par an, voire 9.000 coups au maximum ». C'est ce que les Ukrainiens tirent chaque jour… Toutefois, à l'abri de sa géographie, de sa dissuasion nucléaire et de ses alliés, la France peut faire l'impasse sur la perspective d'une guerre « à l'ukrainienne ». Il est impossible de prévoir quelle forme prendrait une future guerre. Aucune guerre ne ressemble à une autre. Il est donc impossible d'être prêt pour la guerre. Nous n'aurions pas de meilleur choix que de nous y adapter le plus vite et le mieux possible. Sur le plan militaire, cela suppose que les armées deviennent des « organisations apprenantes de combat ». Ce n'est pas gagné d'avance, à cause de leur structure très hiérarchisée et du poids des traditions en leur sein. L'impulsion doit donc venir du politique et de la société civile. Se pose dès lors la question de la capacité des Français qui passent pour égoïstes et indiscipliné à faire face collectivement aux exigences encore inconnues de la guerre. L'EUROPE EST-ELLE PRÊTE POUR LA GUERRE ? La Russie consacrera cette année, croit-on, 6 % de son PIB à la défense, tandis que l'Union européenne dépense en moyenne moins que l'objectif fixé par l'OTAN, soit 2 % du PIB. Depuis des décennies, l'Europe n'investit pas suffisamment dans sa sécurité et sa défense. Rompant avec la croyance née à la fin de la Guerre froide dans les fameux « dividendes de la paix », confrontée au plus grand défi en matière de sécurité depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Europe sait qu'elle doit intensifier l'effort commencé avec la guerre d'Ukraine. L'industrie européenne de la défense a augmenté ses capacités de production de 50 %, et elle doublera sa production de munitions pour atteindre plus de 2 millions d'obus par an d'ici la fin de l'année prochaine. Lors de la réunion à Bruxelles le 21 mars, des chefs d'États et de gouvernements européens, à l'exception de la Hongrie et de la Slovaquie, tous les pays membres partageaient une obsession : accroître au plus vite l'aide militaire à Kyiv. L'Union européenne vit un moment de bascule, qui l'amène à envisager des initiatives encore inimaginables il y a peu. Même si les Vingt-Sept sont encore loin d'un accord sur le sujet, ils n'excluent plus de s'endetter ensemble pour financer leur industrie de défense et livrer des armes à l'Ukraine, comme ils l'ont fait pour contenir les ravages économiques de la pandémie liée au Covid-19. Les Vingt-Sept ont eu un premier échange sur la stratégie de renforcement des industries européennes de défense, présentée début mars par la Commission. Ils ont enfin demandé à la Banque européenne d'investissement, qui, aujourd'hui, ne peut financer que des équipements à double usage, militaire et civil, d'« adapter sa politique de prêts à l'industrie de la défense ». Les Vingt-Sept demandent donc à la Commission d'explorer « toutes les options » et de leur remettre un rapport sur le sujet en juin. L'exécutif communautaire a les mains libres pour étudier la possibilité d'un nouvel emprunt des Vingt-Sept. « Les États membres ont dépensé 100 milliards de plus pour leur défense », depuis le début de la guerre, rappelle la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. La Première ministre estonienne, Kaja Kallas, a lancé l'idée d'un fonds pour la défense de 100 milliards d'euros, financé par une dette commune. L'initiative a fait des émules, notamment à Paris et à Varsovie. Dans une lettre commune envoyée au Vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, le 20 mars, le ministre français des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, avec ses homologues letton, lituanien, estonien, portugais et roumain, argumentent : « Face à la pandémie de Covid-19, nous avons agi avec solidarité et mis en place des instruments sans précédent. Face à l'agression de la Russie, nous entrons également dans l'histoire. » L'Allemagne n'est pas à ce stade sur cette ligne.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
Le président Xi Jinping est attendu ce mercredi 8 mai au soir en Hongrie, la troisième étape de sa tournée européenne. Un pays où la Chine est bienvenue, notamment pour investir dans le véhicule électrique. La Hongrie est aujourd'hui le troisième producteur mondial de batteries. Très loin derrière la Chine qui fabrique les trois quarts des batteries, mais tout près du numéro deux, les États-Unis qui fournissent 6% de la demande. Un numéro deux que Viktor Orban rêve de dépasser d'ici à 2030. Mégalomanie pour les uns, vrai plan de développement pour les autres, sa politique industrielle est constante.Les grandes marques automobiles allemandes, coréennes, japonaises sont déjà installées en Hongrie, mais c'est la Chine qui fait la différence avec des investissements record dans le véhicule électrique. Le numéro un mondial des batteries, le chinois CATL a investi plus de sept milliards de dollars pour construire une giga factory. Le plus grand investissement étranger de tous les temps pour la Hongrie.La ruée des acteurs chinoisBeaucoup d'autres acteurs chinois ont des projets en cours. Le constructeur BYD a une usine en chantier. Et on murmure qu'un nouveau méga-investissement pourrait être annoncé pendant la visite de Xi Jinping. Par Great Wall Motor, un autre poids lourd chinois du e-véhicule. Il aurait dans ses cartons un projet d'usine proche de la ville de Pecs où doit se rendre le dirigeant chinois.Pour la Chine, de plus en plus snobée par les Vingt-Sept, l'accueil enthousiaste que lui réserve la Hongrie est une aubaine politique, mais aussi économique. Elle trouve sur place une main-d'œuvre bon marché et un gouvernement peu regardant sur les normes environnementales et très accommodant sur le plan fiscal avec les ristournes généreuses accordées aux investisseurs chinois. Ses constructeurs ont désormais une partie de leurs ateliers installés au cœur même de l'Union européenne, un marché vital pour leur industrie.Pari gagnant pour la Hongrie ?L'automobile représente environ 15% du PIB hongrois en intégrant les équipementiers. Développer cette industrie avec les capitaux chinois lui permet d'accélérer la cadence. Mais à quel prix pour l'environnement, s'interrogent les sceptiques. Des accidents parfois mortels sont déjà survenus à cause des déchets toxiques émis par ces nouvelles usines.Dans le village où est installée la giga factory de CATL, la population s'inquiète aussi de la pollution et de la surconsommation d'eau de l'usine qui pourrait épuiser les faibles ressources aquifères de la région. D'après un sondage réalisé par un institut américain, 52% de la population hongroise se déclarait hostile à la présence chinoise en 2022, 15% de plus qu'il y a cinq ans. Mais il y a toujours une majorité de Hongrois qui accordent leur confiance à Viktor Orban, le meilleur allié européen de la Chine. La Hongrie de Viktor Orban se définit elle-même comme la tête de pont de la Chine en Europe. À des années-lumière de la confrontation et de l'autonomie stratégique de l'Europe prônée par la France où Xi Jinping a commencé sa tournée.À lire aussiLa Hongrie, porte d'entrée des «nouvelles routes de la soie» en Europe
Après cinq ans d'absence, Xi Jinping est de retour en Europe avec une première étape en France où il est question, ce lundi 6 mai, des pratiques commerciales déloyales de la Chine. Le président Macron entend exiger la réciprocité dans les affaires. L'Europe se réveille enfin face à la Chine ? Longtemps la Chine a été perçue en Europe comme une nation industrielle secondaire sur le plan technologique. Aujourd'hui, les Vingt-Sept réalisent que les entreprises chinoises peuvent aussi rivaliser dans les domaines d'excellence de l'industrie du Vieux Continent. Après avoir quasiment éliminé la filière européenne du photovoltaïque, les Chinois sont en mesure de rééditer la manœuvre dans le véhicule électrique.Biberonnée aux subventions, l'industrie chinoise produit à tout-va des véhicules qu'elle exporte en cassant les prix. Les Chinois ont raflé 20% du marché européen en deux ans. De quoi inquiéter les constructeurs européens. Pour faire barrage à cette concurrence féroce, perçue comme une menace existentielle pour l'Europe, selon les mots du président Macron, l'Europe ne se contente plus de donner de la voix, elle sort désormais l'artillerie juridique chaque qu'elle s'estime en danger.Les nouvelles armes juridiques de l'EuropeQuatre nouvelles procédures ont été lancées contre la Chine depuis le début de l'année. Sur la base de la nouvelle réglementation sur les subventions étrangères introduite l'été dernier. La Commission européenne a dénoncé ces pratiques dans la voiture électrique, puis dans la construction ferroviaire, l'éolien et le photovoltaïque. La semaine dernière, Bruxelles a aussi accusé la Chine d'exclure les entreprises européennes du marché chinois des équipements médicaux et menace de bannir les Chinois des appels d'offres européens en représailles. Une première pour l'Europe.Autre intervention spectaculaire de la Commission : des perquisitions ont été effectuées il y a une dizaine de jours dans les bureaux néerlandais et polonais de Nuctech, l'entreprise chinoise ultra-dominante dans les aéroports européens pour le scan des bagages. Une entreprise qui a aussi les moyens d'aspirer des données, elle est interdite en Lituanie et aux États-Unis. Citons enfin l'avertissement adressé à Shein. La plate-forme chinoise de « fast fashion » est désormais placée sur le même plan que les géants américains de l'internet et s'expose à des amendes sévères si elle ne respecte pas le règlement européen sur les services numériques.Les représailles chinoises contre le cognac françaisLa Chine a déjà pris des mesures de représailles en lançant une enquête sur le cognac français. C'est de bonne guerre. La France est perçue par Pékin, et à raison, comme le pays moteur dans ce changement de pied de l'Europe. Le président Macron a réussi à faire venir, ce lundi matin à Paris, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen pour cette session consacrée aux différends commerciaux.En revanche, le chancelier allemand a décliné. Emmanuel Macron reconnaît que tous les Européens ne partagent pas sa vision. « Certains pays, a-t-il dit à nos confrères de la Tribune, voient toujours la Chine comme un marché de débouchés », une remarque qui s'applique bien sûr à l'Allemagne. Xi Jinping peut évidemment jouer sur les divisions de l'Europe, c'est ce qu'il a fait jusqu'à maintenant. Il peut aussi choisir de ménager l'Europe, au moment où la croissance de la Chine patine et où sa relation avec les États-Unis se dégrade.À lire aussiXi Jinping en France: «La vision européenne sur la Chine est aujourd'hui un peu différente»
Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 3 mai 2024. Avec cette semaine : Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. BARDELLA : DE QUOI S'AGIT-IL ? Avec à sa tête Jordan Bardella, la liste du Rassemblement national aux européennes, caracole en tête des sondages. Elle atteint 32 % dans la dernière enquête Ipsos, fin avril, pour Le Monde et se situe 15 points devant celle de la majorité présidentielle. Les experts électoraux dressent le même constat : à partir d'un socle élevé, le Rassemblement national se renforce dans ses bastions populaires et s'élargit en direction des cadres et des retraités, tandis qu'il confirme son emprise sur les jeunes. Dans un sondage Ifop, publié en mars dans Le Figaro, Jordan Bardella récolte 27 % chez les 18-24 ans et 33 % chez les 25-34 ans. « Déjà, le vote RN est un vote jeune », explique Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop. Il apparaît en rupture avec les stéréotypes classiques des personnels politiques ». Le président du Rassemblement national pèse un million d'abonnés sur TikTok, troisième personnalité la plus suivie sur le réseau social après Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. À 28 ans, le dauphin de Marine Le Pen n'a pas fait d'études poussées, il a fréquenté à peine quelques semaines la faculté de géographie, mais compte déjà douze ans de terrain. De ses origines : sa naissance dans un quartier peu favorisé de Seine-Saint-Denis, le divorce de ses parents, le HLM dans lequel il est élevé par sa mère, agent territoriale, il fait une force : celle de ne pas être coupé du peuple. Il fait même un clin d'œil aux étrangers en évoquant fréquemment ses « racines italiennes ». En 2015, il est élu à 20 ans conseiller régional d'Île-de-France, plus jeune élu régional de France. En 2019, il prend la tête de la liste du RN pour les élections européennes, marquant ainsi son entrée sur la scène politique nationale. Malgré sa jeunesse et son manque d'expérience, il obtient plus de 23 % des voix, ce qui place le RN en tête du scrutin. En novembre 2022, face à Louis Aliot, il devient président du parti, avec plus de 85 % des voix, et après un demi-siècle de gouvernance des Le Pen. Son discours reprend les thèmes classiques du parti : sécurité, immigration, souveraineté nationale, et identité nationale. Au Parlement européen, la tête de liste du Rassemblement national déclare s'appuyer sur son assiduité lors des votes en sessions plénières. Mais ce n'est qu'une infime partie du travail parlementaire. Pour ce qui est du reste, notamment du travail en commission Jordan Bardella brille par ses absences. Pratiquant l'évitement vis-à-vis des médias, il a refusé par trois fois de débattre avec ses adversaires. Le 25 avril, il a quitté une conférence de presse qu'il avait convoquée pour faire pièce à celle d'Emmanuel Macron sans se prêter au jeu des questions-réponses avec les journalistes, au prétexte que le président de la République ne l'avait pas fait. Fort de ses bons sondages depuis l'automne, Jordan Bardella a théorisé la dimension nationale du scrutin européen dans le but d'en faire un marchepied vers l'élection présidentielle. LE RAPPORT ENRICO LETTA SUR L'UNION EUROPÉENNE L'ancien président du Conseil italien Enrico Letta a présenté aux Vingt-Sept, réunis à Bruxelles le 18 avril, son rapport sur le marché intérieur. Pendant huit mois, il a sillonné l'Union européenne, rencontré tous les chefs d'État et de gouvernement européen ainsi que des représentants des entreprises, de la société civile ou des intellectuels. Il préconise d'approfondir le marché unique, notamment dans les secteurs de la finance, des télécoms de l'énergie, et de la défense, secteurs que les États membres avaient souhaité exclure, lorsque Jacques Delors a créé le marché unique, il y a bientôt quarante ans, Or « le fossé se creuse entre l'UE et les Etats-Unis. La prochaine législature doit être celle du rattrapage de notre retard », avertit Enrico Letta qui se fait particulièrement sévère sur la finance, un des facteurs clefs du déclassement européen. Il juge urgent de développer un « marché financier européen plus intégré et plus robuste » et propose une « union de l'épargne et des investissements » afin de retenir en Europe les flux de capitaux qui partent aujourd'hui massivement vers les Etats-Unis. En Europe, l'épargne privée est abondante - estimée à 35.000 milliards d'euros - et largement inexploitée. Mais cette manne est aussi un tuyau percé : 295 milliards d'euros quittent chaque année l'Europe vers les marchés financiers américains, aux fonds d'investissement et de pension plus attractifs... qui rachètent ensuite des entreprises européennes. Comme le résume un haut responsable français, « nous finançons aujourd'hui triplement l'économie américaine : par l'épargne, par les achats de défense et par les importations de gaz ». Le marché des télécoms est également en proie à la fragmentation : plus de 100 opérateurs coexistent aujourd'hui sur le continent. Un opérateur télécoms européen compte en moyenne seulement 5 millions d'abonnés, contre 107 millions aux Etats-Unis et 467 millions en Chine. De même, le secteur de l'énergie souffre d'interconnexions insuffisantes au niveau européen. Il est donc nécessaire de renforcer l'intégration des marchés européens dans le domaine de l'énergie pour réduire les divergences de prix de l'électricité entre les États membres, divergences exacerbées depuis la crise provoquée par l'invasion de l'Ukraine et la fermeture des robinets du gaz russe. Dans le secteur de la défense, l'Europe paie là encore « le prix de la fragmentation » : « 80 % de ce que nous avons dépensé pour soutenir militairement l'Ukraine est allé vers des fournisseurs non européens », alerte Enrico Letta. Non seulement l'Europe est fragmentée, mais elle a, devant elle et de manière urgente, dans les domaines des technologies vertes, du numérique (intelligence artificielle), de la sécurité et de la défense un besoin d'investissements que Mario Draghi a évalué entre 500 et 600 milliards d'euros. Pour compléter le travail d'Enrico Letta, l'ancien président de la BCE remettra en juin un rapport sur la compétitivité de l'Union européenne. Les décisions sont reportées à l'après élections européennes et alimenteront un « programme stratégique pour les cinq prochaines années» qui devrait être adopté en juin.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
L'émission 28 Minutes du 21/02/2024 À 16 ans, il se dresse contre les nazis « On était jeunes, on était fous, on voulait se battre pour foutre les Allemands dehors ». De 1942 à 1944, alors qu'il n'avait que 16 ans, Robert Birenbaum entre en résistance dans la France occupée par l'Allemagne nazie. Lancers de tracts, vols d'armes, de machines à écrire, planques, attentats, sabotages, arrestations et fuite par les toits de Paris… Celui qui se faisait alors appeler « Guy » risquait sa vie pour défier l'occupant et recruter les Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI). Fils de Moshe et Rywka Birenbaum, émigrés juifs qui avaient fui la Pologne antisémite pour la France, c'est au lendemain de la rafle du Vél' d'Hiv que Robert Birenbaum décide de s'engager. À aujourd'hui 97 ans, il raconte son histoire à travers le livre « 16 ans, résistant », publié aux éditions Stock. Il est notre invité. Navires attaqués en Mer Rouge : l'économie mondiale sabotée ? « L'Europe va assurer la liberté de navigation en mer Rouge, en coordination avec nos partenaires internationaux ». Lundi 19 février, Ursula von der Leyen et les Vingt-Sept ont lancé « Aspides », une mission de protection du trafic maritime en mer Rouge, où, depuis le mois de novembre, de nombreux navires ont été ciblés par les rebelles houthis du Yémen. Ces derniers affirment agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza. La mission de défense, lancée initialement pour une durée d'un an, sera présente le long des principales routes maritimes en mer Rouge et s'ajoute aux forces navales américaines, britanniques ou françaises qui tentent déjà de protéger les navires marchands. Depuis le début de l'année, les revenus du canal de Suez ont chuté de moitié, a annoncé l'Égypte. Quelles conséquences ces attaques provoquent-elles sur l'économie planétaire ? La mondialisation marchande montre-t-elle sa vulnérabilité ? On en débat. Enfin, retrouvez également les chroniques de Xavier Mauduit et Paola Puerari ! 28 Minutes est le magazine d'actualité d'ARTE, présenté par Elisabeth Quin du lundi au jeudi à 20h05. Renaud Dély est aux commandes de l'émission le vendredi et le samedi. Ce podcast est coproduit par KM et ARTE Radio. Enregistrement : 21 février 2024 - Présentation : Élisabeth Quin - Production : KM, ARTE Radio
L'émission 28 Minutes du 21/02/2024 Navires attaqués en Mer Rouge : l'économie mondiale sabotée ? « L'Europe va assurer la liberté de navigation en mer Rouge, en coordination avec nos partenaires internationaux ». Lundi 19 février, Ursula von der Leyen et les Vingt-Sept ont lancé « Aspides », une mission de protection du trafic maritime en mer Rouge, où, depuis le mois de novembre, de nombreux navires ont été ciblés par les rebelles houthis du Yémen. Ces derniers affirment agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza. La mission de défense, lancée initialement pour une durée d'un an, sera présente le long des principales routes maritimes en mer Rouge et s'ajoute aux forces navales américaines, britanniques ou françaises qui tentent déjà de protéger les navires marchands. Depuis le début de l'année, les revenus du canal de Suez ont chuté de moitié, a annoncé l'Égypte. Quelles conséquences ces attaques provoquent-elles sur l'économie planétaire ? La mondialisation marchande montre-t-elle sa vulnérabilité ? On en débat. 28 Minutes est le magazine d'actualité d'ARTE, présenté par Elisabeth Quin du lundi au jeudi à 20h05. Renaud Dély est aux commandes de l'émission le vendredi et le samedi. Ce podcast est coproduit par KM et ARTE Radio. Enregistrement : 21 février 2024 - Présentation : Élisabeth Quin - Production : KM, ARTE Radio
Les vingt-sept pays de l'Union européenne se sont accordés sur l'aide que l'UE versera à l'Ukraine: 50 milliards d'euros, dont 33 de prêts et 17 de dons. Une aide jusqu'ici bloquée par la Hongrie, son Premier ministre ne voulant pas se mettre en porte-à-faux avec son ami Vladimir Poutine. Viktor Orbán a cédé grâce aux garanties qu'il a reçues, dit-il, de la part de l'Union: l'argent hongrois n'ira pas à Kiev.Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a bien sûr salué ce soutien attendu de longue date et évoqué un «signal clair adressé à Moscou que l'Europe résistera et ne se laissera pas briser par les vagues destructrices que le Kremlin crée constamment».Le président américain Joe Biden, lui, a appelé Ursula von der Leyen en personne pour remercier les Vingt-Sept, tandis que l'aide américaine est toujours bloquée par le Congrès.Dans le même temps, les chefs d'État et de gouvernement ont évoqué le sujet brûlant de l'agriculture dans de nombreux pays de l'Union. Cédant à la pression des agriculteurs français, le Premier ministre Gabriel Attal a demandé à ce que l'on discute des importations de céréales ukrainiennes, comme cela est fait pour les œufs, les volailles ou le sucre car les échanges avec Kiev déstabiliseraient les cours au sein de l'Union. Emmanuel Macron, lui, s'est positionné en défenseur des intérêts des agriculteurs français en demandant à la Commission européenne «des simplifications concrètes et tangibles dès la fin du mois de février» en leur faveur.Cette aide à l'Ukraine est la bienvenue, mais sera-t-elle un game changer?Le monde devant soi est un podcast hebdomadaire d'actualité internationale présenté par Christophe Carron, avec Jean-Marie Colombani, directeur de la publication de Slate.fr, et Alain Frachon, éditorialiste au Monde spécialisé dans les questions internationales.Direction et production éditoriale: Christophe CarronPrise de son, montage et réalisation: Aurélie RodriguesPrésentation: Christophe CarronMusique: «Sinister», Anno Domini BeatsSi vous aimez Le monde devant soi, pensez à l'exprimer en nous donnant la note maximale sur votre plateforme de podcast préférée, en en parlant autour de vous et en laissant vos commentaires sur les réseaux sociaux.Suivez Slate Podcasts sur Facebook et Instagram.
C dans l'air du 1er février : Crise agricole : c'est fini ? Après des mois de négociation, les Vingt-Sept réunis ce jeudi à Bruxelles sont finalement parvenus à un accord pour une aide militaire de 50 milliards à l'Ukraine. Demandée avec insistance par Volodymyr Zelensky, dont le pays continue d'être bombardé par l'armée de Vladimir Poutine, ce soutien était conditionné à la levée du veto du Premier ministre hongrois Viktor Orban. Le leader populiste, seul parmi les Vingt-Sept à avoir maintenu des liens étroits avec Moscou après le lancement de l'invasion de l'Ukraine il y a près de deux ans, avait suscité la colère et l'exaspération de ses homologues en décembre dernier, lorsqu'il s'était opposé à cette aide cruciale pour l'Ukraine. Incluse dans une rallonge au budget de l'UE jusqu'en 2027, cette aide permettra de maintenir à flot l'économie du pays, au moment où le soutien financier à Kiev est toujours l'objet d'un bras de fer au Congrès américain. Mais si cette question est désormais résolue en Europe, une autre crise s'est invitée à Bruxelles ce jeudi, celle du monde agricole. Les aides dégagées mercredi par le gouvernement français comme les concessions de la Commission européenne – flexibilité sur la question des jachères et rétablissement des droits de douane sur les produits agricoles ukrainiens s'il s'avère qu'ils bousculent trop nos marchés - n'ont pas semblé trouver grâce aux yeux de la profession, toujours mobilisée en France, Italie, Espagne et Allemagne. Des centaines de tracteurs ont convergé ce jeudi dans la capitale belge pour se faire entendre. Depuis le début du mouvement des agriculteurs, certains dénoncent une "concurrence déloyale" des pays étrangers, notamment des produits ukrainiens. La levée des droits de douanes par Bruxelles au début de la guerre contre la Russie en 2022 pour soutenir le régime ukrainien sont pointés du doigts par les acteurs du secteur, et depuis plusieurs semaines la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, la Bulgarie ou la Roumanie, en premières lignes du fait de leur proximité avec l'Ukraine, font pression sur la Commission pour mettre en œuvre des mesures de protection. Parallèlement, en France les blocages continuent et le Premier ministre a fait de nouvelles annonces. Gabriel Attal a notamment promis une aide de 150 millions d'euros pour les éleveurs dès cet été. Le plan "Ecophyto", visant à réduire l'usage des pesticides, est également mis en pause. Bruno Le Maire a de son côté annoncé que les seuils d'exonération seront relevés sur les transmissions des biens agricoles. La FNSEA et les Jeunes agricoles ont appelé à suspendre les blocages. Se dirige-t-on vers la fin des blocages ? L'Ukraine inonde-t-elle vraiment l'Europe de ses produits ? Représente-t-elle une menace pour les agriculteurs français ? Comment l'UE a-t-elle convaincu Viktor Orban de retirer son véto sur l'aide à l'Ukraine ? LES EXPERTS : - PHILIPPE DESSERTINE - Économiste, directeur de l'Institut de Haute Finance - SYLVIE MATELLY - Économiste, directrice de l'Institut Jacques Delors - MARION VAN RENTERGHEM - Grand reporter, chroniqueuse - L'Express - CYRIL GRAZIANI - Chef du service politique – France télévisions
durée : 00:15:16 - Journal de 8 h - C'est aujourd'hui l'hommage français et européen à Jacques Delors, mort la semaine dernière. 27 chefs d'État sont attendus aux Invalides pour saluer l'un des pères de l'Europe.
durée : 00:15:16 - Journal de 8 h - C'est aujourd'hui l'hommage français et européen à Jacques Delors, mort la semaine dernière. 27 chefs d'État sont attendus aux Invalides pour saluer l'un des pères de l'Europe.
durée : 00:15:16 - Journal de 8 h - C'est aujourd'hui l'hommage français et européen à Jacques Delors, mort la semaine dernière. 27 chefs d'État sont attendus aux Invalides pour saluer l'un des pères de l'Europe.
Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.fr Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique. Michel Eltchaninoff, rédacteur en chef du mensuel Philosophie Magazine. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. L'ARGENTINE ENTRE DEUX POPULISMES En Argentine, alors que tous les sondages donnaient le libertarien Javier Milei vainqueur il a obtenu 30, 2% des voix au premier tour de la présidentielle contre 36,3% à son rival, Sergio Massa, ministre de l'Économie et candidat de la coalition péroniste de gauche sortante Unión por la patria. Alors que voter est obligatoire en Argentine, le scrutin a été marqué par une abstention record : 74 % de participation, en recul de 9 points par rapport à 2019. Pour le deuxième tour, le 19 novembre, les deux hommes se disputeront notamment les voix de la droite traditionnelle, éliminée avec Patricia Bullrich et ses 23,8 %,. L'actuel ministre de l'Économie a pourtant été incapable de juguler une inflation de 140 %, dans un pays où 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où le dollar atteint 1.000 pesos au marché noir et où le PIB perd 3,3 % par an. Pour effectuer sa « remontada » par rapport aux élections primaires d'août qui le donnait deuxième, ( il est passé de 5,3 millions à 9,6 millions de voix), Sergio Massa a annoncé une série de mesures destinées à protéger le pouvoir d'achat des électeurs. Il a mis en place un remboursement de la TVA sur les produits de première nécessité pour les salaires inférieurs à 700.000 pesos par mois (soit six fois le salaire minimum). Il a supprimé l'impôt sur le revenu pour l'immense majorité des travailleurs. Il veut « reconstruire la patrie » grâce à un large programme pour faciliter l'accès à la terre et au logement. Il veut renforcer les entreprises publiques, prône une politique d'adaptation volontariste au réchauffement climatique, et promet une « révolution éducative » dont le contenu reste vague. Sergio Massa se fixe quatre objectifs macroéconomiques : l'ordre fiscal, l'augmentation de l'excédent de la balance commerciale, qui devrait permettre de renflouer la Banque centrale, le développement dans l'inclusion sociale. Enfin, il veut rembourser au plus vite la dette que le pays a contractée auprès du F. M.I. Javier Milei, quant à lui, est un polémiste surgi en 2021 des plateaux TV sur la scène politique, souvent comparé à Donald Trump. Il a depuis suivi un fil rouge « dégagiste » contre la « caste parasite », visant les péronistes (centre-gauche) et les libéraux qui alternent au pouvoir depuis vingt ans. Anti-étatiste, son « plan tronçonneuse » vise à diminuer les dépenses publiques en supprimant plusieurs ministères (Éducation, Santé, Travaux publics et Développement social, Femmes), à libéraliser le port d'armes pour les civils et le commerce d'organes Il entend remplacer la monnaie nationale par le dollar, comme l'ont déjà fait le Panama ou l'Équateur. Mais dans un texte publié début septembre, 170 économistes qualifiaient cette dollarisation de « mirage », en raison du manque de dollars en circulation dans le pays et dans les coffres de la banque centrale. Il est opposé à l'avortement, doute de l'origine humaine du changement climatique, considère l'homosexualité comme un handicap et célèbre Viktor Orbán, Giorgia Meloni et Marine Le Pen. Lundi matin à l'ouverture des marchés, le risque pays, tel que mesuré par JP Morgan, a augmenté de plus de 10 %. *** L'EUROPE ET LA SÉCURITÉ Deux citoyens suédois ont été tués et un autre grièvement blessé à Bruxelles, le 16 octobre, par un homme qui s'est présenté ensuite, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, comme un membre de l'organisation Etat Islamique. L'auteur des faits, Abdesalem Lassoued, un Tunisien de 45 ans sans papiers, a été tué par la police. Le royaume, qui a connu deux attentats meurtriers faisant trente-cinq morts en 2016, compterait aujourd'hui quelque 600 « fichés S » dont la surveillance serait difficilement assurée. L'auteur de l'attentat ne figurait toutefois pas sur les listes de l'Office central d'analyse de la menace, a assuré le ministre de la Justice qui a démissionné. La Sûreté de l'Etat – le service de renseignement intérieur – a appelé récemment à un renforcement de ses moyens dans la lutte contre le terrorisme. Après l'assassinat dans un lycée à Arras du professeur Dominique Bernard et le meurtre des deux touristes suédois à Bruxelles, des aéroports ont été évacués en catastrophe en France, des frontières intérieures se sont fermées... L'Europe fait face à un risque terroriste bien plus important depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier. Le 19 octobre, à Luxembourg, les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne ont discuté de l'importation du conflit israélo-palestinien et de leurs corollaires, qu'il s'agisse d'antisémitisme ou d'islamophobie. Plusieurs ministres ont appelé à des politiques migratoires plus strictes consistant à mieux filtrer les entrées dans l'Union européenne et à pouvoir renvoyer plus rapidement les demandeurs d'asile qui présentent un risque pour la sécurité. Gérald Darmanin a dénoncé « un peu de naïveté dans les institutions de certains pays ou de l'Union européenne » face à ce qu'il appelle le « djihadisme d'atmosphère ». L'UE dispose désormais d'outils bien plus coercitifs que lorsque la France et la Belgique avaient été frappées en 2015 et en 2016. D'abord le règlement de l'UE adopté en 2021 et mis en œuvre depuis juin 2022 qui oblige les plateformes à supprimer en une heure les contenus terroristes, sur injonction des autorités compétentes des États membres. Mais également, le Digital Service Act, cette loi récente portée par le commissaire français Thierry Breton et qui vise à la modération des contenus diffusés sur internet. La guerre entre le Hamas et Israël, la polarisation croissante observée dans nombre d'États membres et le risque terroriste, conjugués aux importantes arrivées irrégulières dans l'UE, font monter la pression autour du pacte migration et asile, cet ensemble de textes présentés en septembre 2020 et toujours en discussion. Réunis en conseil à Bruxelles, jeudi et vendredi, les Vingt-Sept ont fait le point sur la sécurisation des frontières extérieures de l'UE. Certains États membres ont d'ores et déjà choisi de ne pas attendre davantage. Comme l'Autriche, l'Italie a décidé de réintroduire des contrôles à la frontière avec la Slovénie. Les gouvernements européens craignent une poussée des tensions communautaires à mesure qu'augmentera le nombre de victimes civiles dans la guerre d'Israël contre le Hamas. Dans plusieurs pays, dont la France, les actes antisémites, et, dans une moindre mesure, islamophobes, ont augmenté.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
C dans l'air du 31 juillet - Putsch au Niger: pourquoi la France s'en mêle? LES EXPERTS : - STEPHANIE HARTMANN - Journaliste indépendante, spécialiste des questions de politique africaine - ANTHONY BELLANGER - Editorialiste - France Inter, spécialiste des questions internationales - OUSMANE NDIAYE - Rédacteur en chef du service Afrique - TV5 Monde - CHRISTOPHE GOMART - Ancien directeur du renseignement militaire, ex-commandant des opérations spéciales La crise se poursuit au Niger. Cinq jours après le coup d'Etat dans le pays, les militaires nigériens qui ont renversé le président Mohamed Bazoum ont accusé, ce lundi, la France de vouloir "intervenir militairement" pour le rétablir dans ses fonctions. Selon un communiqué lu à la télévision nationale, Paris "recherche des voies et moyens pour intervenir militairement au Niger". Les putschistes affirment que la France a pris contact avec "l'état-major de la Garde nationale du Niger" pour "obtenir des autorisations politiques et militaires nécessaires". Depuis la veille la pression s'est accentuée sur le nouvel homme fort proclamé du pays, le général Tiani, chef de la garde présidentielle. Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis dimanche à Abuja, ont donné un ultimatum d'une semaine pour rétablir l'ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure un "recours à la force". Un blocus économique a également été ordonné. La Cédéao a notamment demandé "la libération immédiate" du président Bazoum, élu en 2021 et désormais retenu dans la résidence présidentielle. L'UE "appuiera rapidement et résolument" les décisions de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a indiqué le chef de la diplomatie des Vingt-Sept, Josep Borrell, dans un communiqué. De son côté, la France a salué ces décisions et dit soutenir "les sanctions économiques et financières décidées à l'appui de ces demandes". Paris a également menacé de répliquer "de manière immédiate et intraitable" à toute attaque contre ses ressortissants après une manifestation dimanche ayant ciblé son ambassade à Niamey. Hier des milliers de Nigériens, partisans du coup d'Etat, ont manifesté devant l'ambassade de la France pour dénoncer ce qu'ils qualifient d'ingérence française, avant d'être dispersés par des grenades lacrymogènes. Un rassemblement où l'on a pu observer des drapeaux russes et qui fait penser ce qui s'est passé précédemment au Burkina Faso et au Mali. Des pays dont une large partie du territoire est désormais aux mains de la mouvance djihadiste, dirigés par des putschistes, déchirés par les conflits communautaires et où la Russie avance ses pions via le groupe paramilitaire Wagner. Une influence que Moscou étend, notamment également au Soudan et en Centrafrique, grâce à ses mercenaires, mais aussi avec des usines à trolls, qui ont obtenu la première victoire russe : celle des esprits. De Niamey, où, jeudi dernier, des manifestants ont réclamé la venue des « Russes » après le coup de force des militaires, jusqu'à Kinshasa, où fleurissent dans les rues les drapeaux du pays, jamais le continent n'a paru aussi russophile et francophobe. A Saint-Pétersbourg la semaine dernière, Vladimir Poutine a accueilli les délégations de 49 pays africains, dont 17 chefs d'Etat. Une déclaration commune a été adoptée à l'issue du sommet, prévoyant une coopération accrue dans les domaines de l'approvisionnement alimentaire, l'énergie et l'aide au développement. Mais pour l'heure, Vladimir Poutine n'a promis de fournir que 25 000 à 50 000 tonnes de céréales gratuites à six pays après avoir torpillé l'accord céréalier avec l'Ukraine. Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a prévenu jeudi dernier qu'une "poignée de dons à certains pays" ne compenserait pas l'impact dramatique de la décision de la Russie de quitter l'accord qui permettait à l'Ukraine d'exporter des céréales dans le monde entier. "Des centaines de millions de personnes font face à la faim" et elles vont en "payer le prix" avait-il déjà alerté les jours précédents. Alors quelle est la situation au Niger ? Quels sont les enjeux du coup d'Etat dans le pays ? Marque-t-il la fin de l'influence française au Sahel ? Pourquoi depuis 2020 l'Afrique de l'Ouest connait une spirale de putschs militaires ? Comment la Russie accroît-elle son influence sur le continent ? DIFFUSION : du lundi au samedi à 17h45 FORMAT : 65 minutes PRÉSENTATION : Caroline Roux - Axel de Tarlé REDIFFUSION : du lundi au vendredi vers 23h40 RÉALISATION : Nicolas Ferraro, Bruno Piney, Franck Broqua, Alexandre Langeard, Corentin Son, Benoît Lemoine PRODUCTION : France Télévisions / Maximal Productions Retrouvez C DANS L'AIR sur internet & les réseaux : INTERNET : francetv.fr FACEBOOK : https://www.facebook.com/Cdanslairf5 TWITTER : https://twitter.com/cdanslair INSTAGRAM : https://www.instagram.com/cdanslair/
N°302 / 18 juin 2023. Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.fr Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 16 juin 2023. Avec cette semaine : Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du quotidien La Croix. Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung. LES DÉSERTS MÉDICAUX Un Français sur dix, plus de six millions de personnes n'a pas de généraliste à proximité de chez lui, alors que la population vieillit. En 10 ans, le nombre de généralistes a baissé de 3%. Ils sont 53.000 en exercice, un sur quatre est en âge de partir à la retraite. Pour deux médecins sur le départ, un seul peut prendre le relais. Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) publiée le 25 mai, les deux tiers des médecins généralistes déclarent désormais refuser des patients comme médecin traitant, contre 53 % en 2019. Huit médecins sur dix jugent que les médecins ne sont pas assez nombreux sur leurs zones géographiques respectives, soit 11 points de plus qu'en 2019. Durant les « trente glorieuses », le nombre de médecins explosait. Avec le choc pétrolier et le ralentissement de l'activité économique, les dépenses de santé sont alors jugées dispendieuses et les pouvoirs publics mettent en place la contrainte du numerus clausus. Mécaniquement, au début des années 2000, le nombre de médecins n'augmente qu'à la marge, diminuant même dans les rangs des généralistes, tandis qu'en parallèle les besoins ne cessent d'augmenter, avec une population qui vieillit et une demande de soins en hausse. Depuis les années 2000, chaque ministre a fait son plan : des aides, des bourses, des incitations, des soutiens… la panoplie des outils incitatifs n'a pas marché. Aucun n'a mis en place de régulation ou de coercition. Face à ce problème, l'Assemblée nationale a lancé lundi l'examen d'un texte de la majorité sur l'accès aux soins. Dans son préambule, il est indiqué que « 87 % du territoire est un désert médical, résultat d'une longue fragilisation du système de santé et d'aspirations professionnelles des nouvelles générations jusqu'à présent mal anticipées ». La loi devrait notamment permettre de simplifier l'exercice des « praticiens diplômés hors de l'UE » et de s'opposer à l'intérim médical dans certains établissements en début de carrière, ou encore élargir le nombre d'étudiants pouvant signer des « Contrats d'engagement de service public » avec une allocation mensuelle versée en contrepartie d'un engagement dans un désert médical. Sous la pression de l'exécutif, une mesure a été supprimée : la régulation de l'installation des médecins censée lutter contre les déserts médicaux. Le ministre de la Santé, François Braun « reste opposé à la coercition à l'installation. » Considérant la mesure comme un « levier » indispensable, le député socialiste Guillaume Garot a décidé de déposer un amendement pour la réintégrer, soulignant qu'« il y a aujourd'hui trois fois plus de généralistes par habitant dans les Hautes-Alpes que dans l'Eure, 18 fois plus d'ophtalmos par habitant à Paris que dans la Creuse, et 23 fois plus de dermatos dans la capitale que dans la Nièvre ». Après l'Assemblée nationale, le texte partira ensuite au Sénat, où la majorité Les Républicains, opposée à cet amendement comme d'ailleurs à l'ensemble du texte, pourra apporter des modifications. Déjà, trois syndicats de médecins hospitaliers appellent à une « journée de grève et d'action le 4 juillet ». *** LE SOMMET DU TRIANGLE DE WEIMAR Dans une intervention le 31 mai devant le think tank Globsec à Bratislava, en Slovaquie, le président français a assuré que la France apportait clairement son soutien à l'option d'une Ukraine ayant à terme sa place dans l'Alliance atlantique et devant bénéficier « de garanties de sécurité crédibles et tangibles ». Il a également plaidé pour élargir « le plus vite possible » l'édifice bâti par les Vingt-Sept. Une façon d'envoyer un signal fort aux Etats d'Europe centrale les plus pressés d'accueillir Kyiv et Chișinău. Après quelques hésitations, Paris propose désormais d'ouvrir les négociations avec les deux pays candidats, dès la fin de l'année. En rejetant toute idée de cessez-le-feu ou de conflit gelé, le président contribue à clarifier le débat, rejoignant la position des Européens de l'Est. « Nous avons perdu une occasion de vous écouter », leur a-t-il dit à Bratislava. Le lendemain, les représentants des 47 pays composant la Communauté politique européenne (CPE) se sont réunis à Chișinău, en Moldavie. Née de la guerre en Ukraine pour donner une perspective à Kyiv, la CPE rassemble des États souverains qui, parce qu'ils habitent le même continent, font face à des problématiques communes, en matière sécuritaire ou énergétique, notamment. Emmanuel Macron, avait, le 9 mai 2022, lancé l'idée de cette Communauté politique européenne, arguant que « l'UE ne peut pas être le seul moyen de structurer le continent ». Au sein de ce nouveau club, tous les Etats sont sur un pied d'égalité. Sur la question européenne, Emmanuel Macron a réitéré sa position d'ouverture à l'élargissement, appelant l'UE à repenser sa gouvernance et à « inventer plusieurs formats » pour répondre aux aspirations d'adhésion de pays d'Europe de l'Est et des Balkans. L'élargissement de l'UE a été de nouveau au menu d'un dîner de travail entre le président et Olaf Scholz, le 6 juin, à Potsdam, destiné à préparer la visite d'État d'Emmanuel Macron en Allemagne, début juillet. Le chancelier se montre très prudent. « Les conditions pour l'adhésion sont les mêmes pour tous » répond Olaf Scholz, qui refuse d'évoquer le moindre passe-droit susceptible de favoriser l'Ukraine par rapport aux autres pays candidats. Lors d'un dîner de travail lundi à l'Elysée dans le cadre du Triangle de Weimar, les présidents français et polonais et le chancelier allemand ont discuté de l'aide militaire et des garanties de sécurité à apporter à l'Ukraine. Le format dit de Weimar est une plateforme d'échanges réguliers entre Paris, Berlin et Varsovie, fondée en 1991, deux ans après la chute du mur de Berlin. Emmanuel Macron a confirmé que la contre-offensive de l'armée ukrainienne contre les forces russes avait commencé, estimant qu'elle allait durer « plusieurs semaines, voire mois », il a ajouté « nous avons intensifié les livraisons d'armes et de munitions, de véhicules blindés, de soutien aussi logistique ». La réunion visait à coordonner les positions des trois pays en amont du sommet de l'Otan à Vilnius, les 11 et 12 juillet, et du Conseil européen des 29 et 30 juin.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
N°297 / 14 Mai 2023.Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 11 mai 2023.Avec cette semaine :François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.COMMENT LA DETTE A DISPARU DU DÉBAT PUBLICSelon les données de l'Insee publiées le 28 mars, la dette publique française a atteint 2.950 milliards d'euros fin 2022, soit 111,6 % du produit intérieur brut (PIB). Au rythme auquel l'État multiplie les dépenses, l'endettement des administrations publiques devrait franchir le seuil symbolique des 3.000 milliards dans le courant de l'année 2023. L'État n'a plus présenté un seul budget à l'équilibre depuis 1974 et le déficit public poursuit une ascension constante, avec une forte accélération à partir de la décennie 2000. Les administrations publiques françaises se sont endettées de 635 milliards sous Nicolas Sarkozy, un quinquennat marqué par la crise financière. La dette s'est ensuite creusée de 396 milliards avec François Hollande. La situation s'est détériorée de 700 milliards sous Emmanuel Macron, pour beaucoup en raison de la crise sanitaire du Covid-19. Un sondage de l'Ifop pour Acteurs publics, EY et l'Observatoire des politiques publiques révélait en novembre 2021 que 81 % des Français jugeaient le niveau d'endettement « inquiétant ». Pour autant, la maîtrise des dépenses publiques a totalement été éclipsée du débat politique lors de l'élection présidentielle qui s'est tenue au printemps 2022 et ne fait pas depuis l'objet de vifs débats.Le gouvernement compte aujourd'hui accélérer le désendettement de l'économie française en ramenant le ratio de la dette rapportée au PIB de 111,6 % du PIB à la fin de 2022 à 108,3 % en 2027, en dopant l'activité et en créant plus d'emplois. Pour réduire la dépense, Bercy compte également sur l'extinction du bouclier tarifaire et la fin des chèques énergie pour les ménages. Enfin, la Première ministre Elisabeth Borne a envoyé une lettre de cadrage à chaque ministère qui devront réduire de 5% leurs dépenses sans toucher à la masse salariale.Le 28 avril, Fitch, l'une des quatre principales agences chargées d'évaluer la solvabilité des États, a abaissé d'un cran la note de la France, à AA – avec perspective stable. En cause, non seulement la trajectoire de dette et de déficit du gouvernement, jugée sujette à caution, mais aussi « l'impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) » que connaît le pays, a indiqué l'agence. Dans son avis, Fitch précise s'attendre à une amélioration « modeste » du ratio français de dette rapporté au PIB, en raison de « déficits relativement importants et de progrès modestes dans la consolidation budgétaire ». L'agence craint une croissance plus faible et des dépenses gonflées par l'inflation. Ce faisant, elle enfonce un coin dans le programme de stabilité, ce document présenté le 26 avril en conseil des ministres et qui doit être envoyé à Bruxelles, afin de détailler le chemin que la France compte suivre pour revenir aux 3 % de déficit public à l'horizon 2027. La décision d'une autre agence de notation, Standard & Poor's est attendue début juin. L'agence avait prévenu, fin 2022, que la France serait sanctionnée si la dette ne diminuait pas d'ici 2025.***TENSIONS FRANCO-ITALIENNES ET NOUVEAU PACTE ASILE ET MIGRATION DE LA COMMISSION EUROPÉENNELe ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a estimé, le 4 mai, que la Première ministre italienne d'extrême droite Giorgia Meloni était « incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue ». Des propos qui ont suscité une nouvelle poussée de fièvre sur ce sujet qui empoisonne les relations diplomatiques entre les deux alliés, et provoqué l'annulation le même jour de la première visite à Paris du ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani. Celui-ci, jugeant ces propos « irresponsables », a exigé des excuses. Lors du conseil européen de mars Emmanuel Macron avait pourtant déclaré que les deux pays devaient agir ensemble par rapport à la nouvelle pression migratoire que subissaient l'Italie et l'Union Européenne. Une visite de Giorgia Meloni à l'Elysée était même envisagée pour la fin du mois de juin.En novembre, les deux pays avaient connu de fortes tensions lorsque le gouvernement Meloni, à peine au pouvoir, avait refusé de laisser accoster un navire humanitaire « Ocean Viking » de l'ONG SOS Méditerranée qui avait fini par être accueilli par la France à Toulon avec plus de 200 migrants à bord. L'épisode avait suscité la colère de Paris qui avait convoqué une réunion européenne pour que ce scénario inédit ne se reproduise pas. Selon le ministère italien de l'Intérieur, plus de 42.000 personnes sont arrivées par la Méditerranée en Italie cette année contre environ 11.000 sur la même période en 2022. Près de la moitié d'entre eux proviennent de pays francophones (Côte d'Ivoire, Guinée, Tunisie, Cameroun, Burkina Faso, Mali), selon le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, Didier Leschi.Les Européens sont d'accord sur le fait que les règles actuelles, datant de 2013 - le fameux « Règlement Dublin » - ne fonctionnent pas. La gestion des frontières extérieures, engorgée, repose sur une poignée de pays, les procédures d'asile ont des dizaines de milliers de dossiers en retard et il y a très peu de retours. Il y a deux ans, la Commission européenne avait présenté un « Pacte sur la migration et l'Asile », proposant notamment un plan de répartition entre les États membres proportionnellement à leur taille et leur économie, mais l'UE peine toujours à s'entendre pour l'adopter. Avec pour mot d'ordre : « l'équilibre entre solidarité et responsabilité », ce pacte asile et migration, que les Vingt-Sept veulent voir aboutir au plus tard début 2024, avant les européennes, pourrait aller de l'avant dans les prochaines semaines. Les eurodéputés ont, en effet, formellement donné leur feu vert le 20 avril au début des négociations avec les États membres. Et ce, avant même qu'un accord n'ait été trouvé sur tous les textes au Conseil.Pour l'heure, ce sont toujours les pays qui sont situés au sud de l'Europe qui doivent accueillir les embarcations de migrants et enregistrer les demandes d'asile de ces derniers.Vous pouvez consulter notre politique de confidentialité sur https://art19.com/privacy ainsi que la notice de confidentialité de la Californie sur https://art19.com/privacy#do-not-sell-my-info.
Today's guest is Jua.Jua is a Singer-Songwriter and Musician. She was featured in Guitar Girl Magazine and London-based Vingt Sept.In this episode, the two discuss: Jua's background in music and how she got her start (01:31), the inspiration behind Jua's songwriting process and what success in the industry means to her (20:14), and an incredible live performance (41:44).AND SO MUCH MORE!Follow Jua: @juasworldListen to Jua's Music: @juaMore info about Jua can be found here.For more content: https://www.adamtillercomedy.comFollow the pod: https://www.instagram.com/fandfpodMentioned in this Episode:Rick Rubin and Pharrell Interview:https://www.youtube.com/watch?v=PnahkJevp64&t=2113s