Panorama de la presse internationale sur les sujets d’actualité du jour, du lundi au vendredi à 13h24, heure de Paris.

La décision de Donald Trump de reprendre les essais nucléaires après des décennies « ravive un débat digne de la guerre froide ». C'est en tout cas le point de vue du New York Times. Le journal parle d'une déclaration « inattendue » qui rappelle des visions d'un retour aux pires heures de cette période de l'Histoire. Une ère qui était censée prendre fin avec l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, signé par les nations en 1996. Sauf que, comme le rappelle le New York Times, le nombre de signataires n'a pas été suffisant pour que le traité entre formellement en vigueur, sachant que son objectif était de mettre fin à la course aux armements. « Puisque d'autres pays effectuent des essais, je pense qu'il est normal que nous en fassions autant », a donc déclaré jeudi Donald Trump. Mais à tort, souligne le New York Times. « Le seul pays à avoir procédé régulièrement à des essais nucléaires au cours des 25 dernières années est la Corée du Nord, et son dernier essai remonte à septembre 2017 », précise le journal. Quant à la Russie, « Moscou n'a pas procédé à un essai nucléaire depuis 35 ans, à la fin de l'Union soviétique ». Concernant Pékin, Donald Trump a déclaré aux journalistes qu'il n'incluait pas la Chine dans cette liste de pays procédant à des essais nucléaires ; son dernier essai explosif remontant à 29 ans. Le dernier essai nucléaire américain remonte à 1992 Alors que le dernier essai nucléaire américain remonte à 1992, la volonté de Trump de reprendre les essais nucléaires pourrait par ailleurs prendre des années, et coûter des millions, selon les experts. C'est ce que rapporte The Washington Post : la confusion et l'inquiétude de certains spécialistes, qui affirment que les essais physiques sont dépassés et ne feraient qu'alimenter une course aux armements qu'ils visent à contrer. Interrogés par le journal, d'anciens employés du site d'essais du Nevada - où les États-Unis ont procédé à leur dernier essai nucléaire - précisent que leur site s'appuie désormais sur la modélisation informatique, et non plus sur des explosions physiques. Et si d'autres affirment qu'un simple test pourrait être réalisé en seulement six mois, ce dernier pourrait coûter jusqu'à 100 millions de dollars. Le roi Charles se sépare du prince Andrew pour préserver la réputation de la famille royale Le journal Britannique The Guardian revient sur la décision du roi Charles III de se séparer du Prince Andrew. Le roi a en effet lancé une « procédure officielle visant à retirer le titre et les honneurs du prince Andrew », a annoncé le Palais Royal. Cette décision est « l'action la plus lourde de conséquences que le roi Charles ait entreprise depuis son accession au trône en 2022 », commente la presse. Andrew - qui n'a plus de titres princiers - est désormais contraint de quitter sa résidence de Windsor. Derrière cette annonce, se cachent des inquiétudes réelles au sein de la famille royale sur le risque d'atteinte à la réputation de la monarchie. En cause, raconte The Guardian : les gros titres incessants concernant l'amitié d'Andrew avec le délinquant sexuel sur mineurs Jeffrey Epstein - aujourd'hui décédé - mais aussi des accusations d'agression sexuelle portées directement contre lui, par l'une des victimes d'Epstein, qui s'est suicidée en avril dernier. Les révélations s'étaient aussi multipliées ces dernières semaines. The Times rappelle qu'on a appris dernièrement qu'Andrew avait reçu - au Royal Lodge - Epstein, avec Ghislaine Maxwell (l'ex-compagne de Jeffrey Epstein) et le célèbre Harvey Weinstein (condamné en 2020 à 23 ans de prison pour viol et agression sexuelles). Tout ça plusieurs mois après l'émission d'un mandat d'arrêt contre Epstein pour agression sexuelle sur mineure. Cette décision de Charles III est soutenue par le gouvernement et la famille royale au sens large, y compris le prince William. Une source royale a même précisé à la presse : « Sa Majesté était déterminée à faire ce qui était juste, et non ce qui était précipité ».

« Le match diplomatique de l'année » : c'est ainsi que Le Monde à Paris, qualifie la rencontre entre le président américain et son homologue chinois qui a eu lieu il y a quelques heures à Busan en Corée du Sud. Comme à son habitude, pointe Le Figaro, « à peine atterri, Trump a affiché son optimisme, prédisant un deal avec l'espoir de rassurer les marchés redoutant une escalade entre les deux premières puissances mondiales. Et d'augurer d'un prolongement de la fragile trêve commerciale mise à mal ces dernières semaines, sur fond de rivalité géopolitique au long cours, avec en arrière-plan la question brûlante de Taïwan ». Alors, relève La Repubblica à Rome, « la rencontre entre Trump et Xi en Corée du Sud a duré moins de deux heures. Le président américain l'a qualifiée de “franc succès“ et annoncé qu'il se rendrait en Chine en avril prochain. Les deux dirigeants se séparés en souriant et en se serrant la main, apparemment sans tension ». On n'en sait pas plus. Il n'y a pas eu de conférence de presse. Le bras-de-fer va se poursuivre… Quels résultats après cette rencontre au sommet ? « Entre Washington et Pékin, une trêve est possible, rien de plus », estime Le Soir à Bruxelles. Même en cas d'accord commercial, « ce ne serait pas la fin de l'histoire. Le bras de fer se poursuivra. », affirme le quotidien belge. En effet, « désormais capitaliste, la Chine n'accepte plus la place subordonnée qu'on lui avait conférée dans le cadre de la mondialisation. Surtout : elle a les moyens de résister – par exemple, via le contrôle à l'exportation des terres rares. Autrement dit, précise Le Soir : de contester les anciennes “règles du jeu“ – tout en assurant défendre le multilatéralisme face à un président étasunien imposant sa volonté par la force brute. Les États-Unis et l'Europe peuvent bien accuser Pékin d'avoir “triché“, la Chine, comme de nombreux États dudit “Sud global“, estime que ces règles étaient “biaisées“, conçues par l'Occident au profit de l'Occident – et d'abord par l'Amérique au profit de l'Amérique ». Trump perdant ? Le New York Times ne se fait aucune illusion… D'ores et déjà, « Trump a perdu la guerre commerciale face à la Chine », commente le quotidien américain. « Donald Trump peut bien se vanter de ses talents de négociateur. Ses conseillers pourraient même suggérer qu'il mérite un prix Nobel de la négociation. Broutilles… La relation bilatérale la plus importante au monde aujourd'hui, c'est celle entre les États-Unis et la Chine, et Trump l'a mal gérée. Il a déclenché une guerre commerciale que Washington est en train de perdre, et si une trêve est officialisée cette semaine, il est probable qu'elle permettra à la Chine de dominer l'Amérique et réduira considérablement notre influence ». Xi l'irréductible En fait, constate Le Temps à Genève, « Xi Jinping, est le seul dirigeant qui résiste vraiment à Donald Trump. (…) Tandis que les dirigeants européens, asiatiques ou arabes s'alignent ou cèdent aux injonctions du président américain, Xi incarne auprès des Chinois, et plus récemment auprès du monde, cette figure du contrepoids : celui qui résiste et ne plie pas ». Et « cette résistance face à l'intimidation trumpienne se traduit naturellement par une résistance économique, pointe Le Temps : avec le déploiement récent d'un levier irrésistible que sont les restrictions à l'exportation de terres rares, ce matériau essentiel aux industries modernes des pays développés dont la Chine détient le monopole du raffinage. Par ricochet, la résistance technologique de la Chine saute (également) aux yeux, relève encore le quotidien suisse. En ouvrant les vannes des aides publiques ciblées et au risque de fragiliser son économie en provoquant des surcapacités industrielles, Xi Jinping aura fait de son pays un champion des panneaux solaires, des voitures électriques, de la robotique industrielle comme humanoïde et bien sûr de l'intelligence artificielle en général ». Enfin, autre avantage pour le leader chinois, conclut Le Temps : « si Donald Trump sait qu'il n'est pas autorisé à se présenter à nouveau pour un troisième mandat de président, Xi Jinping semble bien parti pour prétendre à un quatrième en 2027 ».

Au moins 150 000 morts, 12 millions de réfugiés et 25 millions de personnes en proie à la famine… C'est le triste bilan après près de trois ans de conflit meurtrier entre l'armée soudanaise, héritière de l'ancien régime, avec à sa tête le général Abdel Fattah al-Burhan et les FSR, les Forces de soutien rapide, une unité paramilitaire dissidente dirigée par le général Hemedti. Avantage à ces derniers : dimanche, constate Libération à Paris, après 18 mois de siège, « la ville d'El-Fasher est tombée aux mains des Forces de soutien rapide, laissant présager de nouveaux massacres ethniques. Les paramilitaires contrôlent désormais la quasi-totalité de la région du Darfour ». Et le journal de s'interroger : « est-ce un tournant dans la guerre civile soudanaise ? » Oui, répond Alan Boswell, de l'International Crisis Group : « la chute d'El-Fasher est "le moment que beaucoup redoutaient, celui de la partition claire du Soudan. Le pays est désormais de facto divisé. Et plus la guerre durera, plus cette division deviendra concrète et sera difficile à inverser" ». Et « que fait la communauté internationale ? », s'interroge encore Libération. Réponse : « à peu près rien. En juin 2024, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté la résolution 2736 exigeant "que les FSR mettent fin au siège d'El-Fasher", demandant "l'arrêt immédiat des combats" et "que les parties au conflit autorisent et facilitent l'acheminement rapide, sûr, durable et sans entrave de l'aide humanitaire destinée aux civils qui en ont besoin". Aucune de ces "exigences" onusienne n'a été respectée. Après un an de siège, l'état de famine a été déclaré à Zamzam puis à El-Fasher même. Les bombardements et les assauts des FSR n'ont jamais cessé ». Deux prédateurs… Pour Le Temps à Genève, « le Soudan est (donc) plus que jamais divisé entre deux prédateurs ». Deux généraux, « deux anciens complices qui se battent entre eux, commente le chercheur Marc Lavergne, interrogé par le journal. Ce n'est pas une guerre civile, affirme-t-il. Car les Soudanais ne se détestent pas, ils subissent cette guerre. Il reste une conscience nationale et, malgré l'exil de millions d'habitants, le mouvement démocratique subsiste dans ce pays qui avait vu naître les premiers partis politiques en Afrique pendant la colonisation britannique ». Il n'empêche : le pays est plus que jamais coupé en deux, constate encore Marc Lavergne : « l'armée soudanaise aura de la peine à reprendre le contrôle du Darfour. Les FSR, quant à eux, pourront difficilement reprendre pied dans la capitale ». Pourtant, déplore-t-il, « une nouvelle partition n'est pas la solution. Il n'y a qu'à voir le destin du Soudan du Sud, lui aussi déchiré par les combats et les ambitions personnelles ». Du matériel militaire britannique Toujours à propos de ce conflit, cette révélation du Guardian à Londres : « du matériel militaire britannique a été retrouvé sur des champs de bataille au Soudan, du matériel utilisé par les FSR, groupe paramilitaire accusé de génocide », pointe le journal qui s'appuie sur « des documents consultés par le Conseil de sécurité de l'ONU ». Il s'agit, précise le Guardian de « de systèmes de cibles pour armes légères et de moteurs de fabrication britannique pour véhicules blindés de transport de troupes ». Ces matériels « auraient transité par les Émirats arabes unis, accusés à plusieurs reprises de fournir des armes aux paramilitaires ». Commentaire du journal : ces fournitures de matériels militaires « posent questions concernant le gouvernement britannique et son rôle potentiel dans l'alimentation du conflit ». « Ces vieillards qui s'accrochent au pouvoir… » Enfin, on reste en Afrique avec cet éditorial du Washington Post sur ces « dirigeants africains vieillissants qui s'accrochent au pouvoir sur un continent jeune : l'Afrique a un problème encore pire que les États-Unis, pointe le journal, avec des politiciens vieillissants qui ne veulent pas lâcher prise ». On aura compris le sous-entendu… Le Post cible le Camerounais Paul Biya qui vient de se faire réélire pour un 8e mandat. « Le qualifier de "vainqueur" est une affirmation généreuse, relève le journal, car l'élection a très probablement été truquée. (…) L'Afrique reste dominée par des vieillards, déconnectés depuis longtemps des préoccupations populaires, déplore le Washington Post. Déjà chef d'État le plus âgé du monde, Biya aura presque 100 ans s'il termine son huitième mandat. Le président du Togo a 86 ans, celui du Malawi 85 et celui de la Côte d'Ivoire 83. Cette gérontocratie crée un climat explosif, conclut le quotidien américain, qui ne peut qu'entrainer de futurs conflits ».

C'est l'histoire d'une rumeur qui s'est répandue comme une trainée de poudre ces dernières années. Une infox, une fausse information, qui circule sans barrières ni limites… en France comme à l'étranger. Brigitte Macron, l'épouse du président français, serait en fait un homme… Une affaire qui interroge, interpelle, interloque les médias du monde entier. Depuis lundi, relate le Guardian à Londres, « dix personnes sont jugées à Paris pour harcèlement en ligne à l'encontre de Brigitte Macron. C'est la dernière phase d'une bataille juridique des deux côtés de l'Atlantique contre la fausse allégation selon laquelle la première dame française serait, un homme nommé Jean-Michel Trogneux (du nom de son frère). Le président Emmanuel Macron et son épouse avaient déposé plainte en diffamation aux États-Unis fin juillet, en lien avec la même rumeur amplifiée et répétée en ligne par la podcasteuse d'extrême droite Candace Owens ». La machine à désinformer… « En quatre ans, pointe Le Soir à Bruxelles, le couple Macron n'a jamais réussi à se départir de cette rumeur intrusive et nauséabonde (…). Les montages photos, les vidéos détournées, les deep fakes sont désormais alimentés par une intelligence artificielle (…). Les milieux complotistes et d'extrême droite font tourner la machine à désinformer, certains influenceurs captant au passage un petit pactole sur la monétisation de cette infox. Les régimes algorithmiques favorisent une économie de la diffamation sexiste et transphobe. Avant Brigitte Macron, Michelle Obama, l'ancienne vice-présidente américaine Kamala Harris ou encore Jacinda Ardern, ex-Première ministre néo-zélandaise, ont subi des rumeurs similaires ». « Cette affaire, poursuit Le Soir, montre aussi la déstabilisation dont sont capables les nébuleuses d'extrême droite quand elles s'allient, des deux côtés de l'Atlantique. Selon une enquête du journal Le Monde, l'influenceuse américaine Candace Owens était alimentée par l'un des prévenus français, qui entretient des liens avec l'extrême droite. Les démentis, les colères, les silences du chef de l'État français et de son épouse n'ont pas apaisé la soif de complot ni comblé les brèches dans la capacité à s'informer ». Difficile à arrêter… « Comment arrêter une théorie du complot ? », s'interroge La Croix à Paris. Réponse : c'est très difficile… « Les théories du complot ont ceci de redoutable que : "ce sont des théories zombies : elles survivent à la contradiction et ressuscitent des années plus tard", explique Tristan Mendès France, chercheur et membre de l'Observatoire du conspirationnisme. Chaque démenti devient une "preuve" de plus. Si la victime se tait, c'est qu'elle "reconnaît la vérité". Et la justice, aussi nécessaire soit-elle, n'a qu'un effet limité. Les poursuites peuvent avoir un effet dissuasif ponctuel, mais elles ne font pas disparaître les contenus déjà partagés. Pour Thomas Huchon, journaliste d'investigation spécialiste du complotisme, toujours interrogé par La Croix, il faut distinguer les convaincus des indécis. "On ne convaincra jamais les complotistes, dit-il. Mais on peut informer ceux qui hésitent encore ou n'ont pas été exposés". Il plaide pour une stratégie de reconquête : "réoccuper l'espace médiatique, produire du vrai, donner des repères" ». « Pitoyable… » Lundi, relève Le Figaro à Paris, lors de la première journée du procès des harceleurs présumés de Brigitte Macron, « la majorité des prévenus n'ont pas reconnu être responsables de cyberharcèlement. Tous ont plaidé la liberté d'expression et se sont défendus d'avoir voulu cibler la première dame. Pour eux, leurs tweets ou retweets n'étaient que de "l'humour" et la manifestation d'un "esprit satirique". Un "esprit Charlie" ». « Une défense pitoyable », s'insurge Le Soir. « Les prévenus se sont posés en prétendues victimes ». Prêts à fournir des preuves… En tout cas, « la mise à nu du couple Macron ne fait sans doute que commencer, pointe Le Monde à Paris. Dans le cadre de la procédure contre (la podcasteuse américaine) Candace Owens, Brigitte Macron est prête à effectuer, si nécessaire, d'après son avocat, des tests physiologiques afin de prouver qu'elle est une femme. Le même type d'examens auxquels sont soumises certaines athlètes féminines accusées de mentir sur leur genre. Des photos de famille pourraient être également produites. (…) Les Macron seraient prêts à se déplacer dans le Delaware pour comparaître ou témoigner devant le tribunal ». Et Le Monde de s'interroger : « verra-t-on un président en exercice se présenter face à la justice d'une puissance étrangère ? L'événement serait hors norme. À l'image des proportions prises par cette affaire ».

Europe, Russie, Proche-Orient, Amérique latine, Asie : Autant de champs de bataille pour Donald Trump. Des luttes d'influence géopolitique à la recherche du deal commercial le plus avantageux. La presse internationale s'intéresse d'abord à la tournée asiatique du président américain. « Y a-t-il des avancées entre les États-Unis et la Chine sur le plan commercial ?, s'interroge le Washington Post. Un compromis apparemment gagnant-gagnant a émergé ce week-end à l'issue de négociations tendues à Kuala Lumpur, en Malaisie, mais il ne faut pas encore sabrer le champagne, tempère le quotidien américain. Un accord final ne pourra intervenir que lors de la rencontre entre les présidents Xi Jinping et Donald Trump en Corée du Sud. Ce sera jeudi. Le “cadre“ annoncé pour un accord ressemble davantage à une trêve temporaire qu'à une réconciliation totale, et encore moins à quelque chose qui se rapproche d'un grand compromis qui redéfinirait la relation entre les deux plus grandes économies du monde. » Optimisme prudent « Guerre commerciale : les États-Unis et la Chine sur la voie d'un accord ? », s'interroge également Libération à Paris. « “Je pense que nous allons trouver un bon accord avec la Chine“ : Donald Trump a conclu sur une note d'optimisme la première journée de sa tournée asiatique, entamée hier à Kuala Lumpur. Des partenariats commerciaux ont été signés avec la Malaisie, la Thaïlande et le Cambodge. Mais tous les regards sont tournés vers la bataille suprême entre Washington et son rival systémique chinois. Les signaux envoyés depuis Kuala Lumpur, où les délégations américaine et chinoise ont bouclé ce dimanche deux jours de discussions préparatoires intensives, leur cinquième round de négociations depuis le printemps, alimentent un climat d'optimisme prudent. De part et d'autre, on salue un dialogue “constructif“ et “prometteur“, alors que le monde retient son souffle face à une guerre commerciale entre les deux plus grandes puissances de la planète, dont les secousses ébranlent depuis des mois l'économie mondiale. » Et, attention, prévient Libération, « chacun sait que rien n'est jamais acquis avec Donald Trump, imprévisible et souvent prompt à torpiller ses propres engagements. » Nouvel ordre international C'est d'ailleurs le thème de l'éditorial d'El Pais : « les revirements de Trump sont spectaculaires et inextricables », pointe le quotidien espagnol. « Ses actions erratiques (…) sont autant de variables qui façonnent le nouvel ordre international sans règles qui est en passe de remplacer l'ancien, né de la Seconde Guerre mondiale. (…) Le monde assiste à une montée en puissance de la Chine et doit faire face aux aspirations impériales de Poutine, relève El Pais. La Russie pourrait tirer bénéfice d'une division du monde en sphères d'influence, les États-Unis se repliant sur leur continent et abandonnant l'Europe à son sort. Une fois une paix minimale instaurée, le Moyen-Orient serait sous la tutelle partagée d'Israël et de ses voisins arabes, alliés de type Otan de Washington et, surtout, partenaires commerciaux. La Chine, par conséquent, pourrait miser sur un désengagement trumpien de Taïwan, un mouvement dont la tournée présidentielle actuelle en Asie va offrir un premier aperçu. » Pression sur l'Amérique du Sud Le Figaro à Paris, s'attarde lui sur les visées de Trump en Amérique latine, avec une apparente contradiction : « l'intense activité diplomatique et à présent militaire de l'administration Trump en Amérique latine contraste avec sa volonté affichée de prendre de la distance avec les engagements américains en Europe ou en Asie. Le déploiement de forces dans la mer des Caraïbes pour lutter contre le trafic de drogue et déstabiliser le régime de Nicolás Maduro va aussi à l'encontre des positions précédentes de Trump, qui a lancé sa carrière politique en critiquant l'aventurisme militaire de ses prédécesseurs. » En fait, pointe encore Le Figaro, « Trump renoue avec une politique étrangère où le recours à la force devient le principal levier d'influence. Les pressions exercées contre le Venezuela rappellent aussi les politiques de changements de régime menées avec plus ou moins de succès en Amérique latine au cours du XXème siècle. » Le Figaro qui cite le chercheur américain Henry Ziemer, spécialiste de l'Amérique latine. Lui aussi pointe l'imprévisibilité de Donald Trump : « l'administration américaine essaie de faire pression sur Maduro et de déclencher des troubles internes qui le pousseraient à quitter le pouvoir. Mais des mesures autres qu'une invasion (militaire) en règle sont envisageables, affirme-t-il, comme des frappes aériennes, l'interception navale de navires, peut-être des incursions dans l'espace aérien vénézuélien, tout ce qui, il y a encore un mois, aurait été très improbable semble désormais envisageable. »

« Les sanctions de Trump contre le secteur pétrolier russe intensifient la guerre économique », titre le New York Times, selon lequel Donald « Trump va frapper la Russie là où ça fait mal ». Un vrai revirement de la part du président américain. Selon le quotidien américain, cette décision marque « un changement de stratégie important, de la part du président américain, qui jusqu'à présent s'était abstenu de punir la Russie… » « Pourquoi Trump a atteint un point de non-retour avec [Vladimir] Poutine ?, interroge de son côté le Wall Street Journal. Pendant des mois, Trump a menacé de prendre ce style de mesures, avant d'y renoncer, car il continuait de croire qu'il pouvait négocier avec Poutine sur la guerre en Ukraine, posture qui a longtemps frustré les dirigeants politiques, aux États-Unis et en Europe. » « Mais la patience du président a fini par s'émousser », selon des responsables américains. En Espagne, El Païs estime que « le coup porté par Trump aux compagnies pétrolières russes, va perturber les calculs de Poutine visant à prolonger la guerre en Ukraine ». La presse russe, et notamment le Moskovski Komsomolets, fait sa Une sur la réponse de Vladimir Poutine, qui a qualifié ces sanctions « d'acte inamical ». Le président russe a notamment affirmé que « si la part de la Russie sur le marché mondial diminue en raison des sanctions imposées à la Russie, cela aura des conséquences néfastes, y compris pour les États-Unis. » Un vote qui fait polémique À la Une également, les réactions après le vote au Parlement israélien, la Knesset, sur la Cisjordanie du vote d'un projet de loi préliminaire visant à établir une « souveraineté israélienne » sur le territoire. Où l'on reparle de Donald Trump qui, nous dit le Times of Israel, affirme que l'État hébreu « ne fera rien avec la Cisjordanie ». « Ne vous inquiétez pas pour la Cisjordanie », a encore déclaré le président américain. Cela alors que l'administration américaine s'indigne, estimant ainsi « les Israéliens ne peuvent pas nous traiter comme si nous étions Joe Biden ». Un autre responsable américain résume ainsi la situation : « Netanyahu est sur un fil avec Donald Trump. S'il persiste, il va faire capoter l'accord sur Gaza. Et s'il le fait capoter, Donald Trump le fera capoter. ». De son côté, le journal d'opposition Haaretz juge que « le contrôle israélien de la Cisjordanie serait le pire fléau pour le pays ». Évoquant le vote de la Knesset, Haaretz estime « qu'agir ainsi, lors de la visite du vice-président JD Vance (...) revient à cracher au visage de l'administration de droite la plus pro-israélienne de tous les temps ». Conclusion d'Haaretz : « Les illusions annexionnistes doivent être stoppées dès maintenant, et l'administration Trump ne peut s'en charger seule. Israël doit y renoncer s'il souhaite ouvrir la voie à un futur accord avec les Palestiniens. » Expérimentation originale en Inde C'est Libération qui nous en parle aujourd'hui : « L'Inde expérimente pour la première fois l'ensemencement de nuages à New Delhi, pour lutter contre la pollution ». Plus précisément, « l'Inde a provoqué [jeudi]une pluie artificielle au-dessus de la capitale indienne en pulvérisant d'un avion un produit chimique, dont la nature n'a pas été précisée. Si l'essai s'avère concluant, l'opération en elle-même commencera le 29 octobre. » L'ensemencement des nuages vise « à dissiper le brouillard de pollution toxique qui enveloppe la capitale depuis plusieurs jours », précise encore le quotidien français. Toutefois, la substance chimique utilisée pour cette opération pose question. Ce peut être par exemple de « l'iodure d'argent ». De plus, précise encore Libération, « des recherches ont montré que les opérations d'ensemencement ne produisent pas toujours les résultats escomptés. »

Nicolas Sarkozy s'apprête à franchir dans quelques minutes les portes de la prison de la Santé à Paris. Une incarcération qui fait suite à sa condamnation à cinq ans de détention pour association de malfaiteurs. La presse française est partagée ce matin. « L'épreuve personnelle, le choc politique », s'exclame Le Figaro en première page. Le Figaro qui s'en prend… à la justice : « une instruction fondée sur un faux, un jugement aussi clément sur le fond que sévère dans la peine prononcée, si l'on y ajoute le mandat de dépôt et l'exécution provisoire, on cherche désespérément ce qu'il reste de la présomption d'innocence. (…) Cette histoire dépasse Nicolas Sarkozy, comme elle dépasse les magistrats qui ont prononcé la sentence, s'exclame encore Le Figaro. (…) Quand il passera les portes de la prison, Nicolas Sarkozy perdra temporairement sa liberté, mais l'autorité judiciaire, pour longtemps, perdra de sa crédibilité ». Une « bienveillance pleurnicharde inédite » « Nicolas Sarkozy : à l'ombre », réplique Libération en Une. « Un événement sans précédent, dramatisé à outrance jusqu'au sommet de l'État ». Il a été reçu vendredi dernier à l'Élysée par Emmanuel Macron. Pour Libération, « un ancien président coupable d'association de malfaiteurs n'a aucune raison d'échapper aux rigueurs de la loi ». Et le quotidien de gauche de s'insurger contre le fait que Nicolas Sarkozy ait « fait l'objet, dans certains journaux et sur certains plateaux de télé, d'une touchante attention plaintive, d'un traitement compassionnel dégoulinant, d'une bienveillance pleurnicharde inédite s'agissant d'un candidat à la présidentielle condamné pour avoir laissé ses deux plus proches conseillers contracter un pacte de corruption avec un terroriste international ». Le Monde pour sa part note que « Nicolas Sarkozy ne devrait pas voir ses affaires trop affectées par la décision du tribunal dont il a fait appel. (…) L'ex-chef de l'État garde la confiance du monde des affaires, malgré sa condamnation. Il s'était reconverti, depuis 2012, rappelle le journal, en consultant de luxe et en membre rémunéré de conseils d'administration de grands groupes cotés. Aucun n'envisage de revoir sa collaboration ». D'ailleurs, « aucune "interdiction de gérer" n'a été prononcée à son encontre lors de la décision du tribunal, le 25 septembre dernier ». Bientôt libéré ? Quelques échos dans la presse européenne : « Sarkozy est aujourd'hui en prison : à l'isolement, sous surveillance avec trois livres et dix photos », constate La Repubblica à Rome. Le Süddeutsche Zeitung remarque que l'ex-président « prévoit d'écrire un livre en prison. La question est de savoir s'il aura le temps de le faire, pointe le quotidien allemand. Ses avocats vont en effet exiger sa libération. La cour d'appel aura deux mois pour répondre à cette demande ». Mais « les choses pourraient s'accélérer, relève encore le Süddeutsche Zeitung : Sarkozy pourrait bientôt être libéré et purger sa peine chez lui à la Villa Montmorency jusqu'à l'ouverture de son procès en appel, avec un bracelet électronique à la cheville ». Le casse du Louvre : « rocambolesque » à l'instar de la situation politique… Outre-Atlantique, les journaux américains s'intéressent plus au braquage du Louvre qu'à l'emprisonnement de Nicolas Sarkozy…« La police française est désormais engagée dans une course contre la montre, pointe le New York Times, pour retrouver les quatre voleurs qui ont commis ce casse audacieux. La police qui est bien consciente que les chances de récupérer les bijoux volés risquent de diminuer d'heure en heure. Ce braquage a stupéfié la France et a soulevé des questions plutôt embarrassantes sur la sécurité de l'une des institutions culturelles les plus célèbres du monde ». Le Washington Post, lui, établit un parallèle entre ce vol et la situation politique en France… « Ce vol rocambolesque montre à la fois le chaos, la fragilité et l'orgueil qui caractérisent la politique française aujourd'hui, affirme le quotidien américain. (…) Il montre clairement que les jours d'un président, qui n'est ni roi ni empereur mais Jupiter, sont comptés. Si Macron avait besoin d'un rappel, ses opposants politiques se sont empressés de lui rendre service : le président du Rassemblement national Jordan Bardella a affirmé que ce vol représentait "une humiliation insupportable pour notre pays". Une humiliation qu'il ne tolérerait sans doute pas une fois devenu Premier ministre sous la présidence de Marine Le Pen ». Et le Washington Post de conclure : « alors que les sondages témoignent de l'ascension apparemment irrésistible de ce parti xénophobe et autocratique, la France pourrait bien connaître un avenir qui n'aurait rien de rocambolesque ».

« On craint le retour de la guerre » : les mots de Mahmoud, jeune Gazaoui de 29 ans, s'affichent à la Une de Libération à Paris. « Le calme, le soulagement, la joie, l'espoir auront duré au moins quelques jours au Proche-Orient, soupire le journal. Ce qui est déjà énorme après deux ans de guerre acharnée. À Gaza, les armes se sont tues une partie de la semaine jusqu'à ce que le Hamas profite du cessez-le-feu pour se livrer à de violents règlements de compte contre des clans rivaux ou des Palestiniens accusés d'être des “collabos“. Et hier dimanche, pointe Libération, c'est l'armée israélienne qui a mené des frappes sur le centre et le sud de l'enclave, accusant le Hamas d'avoir tiré en premier et tuant une trentaine de personnes. Bref, le cessez-le-feu ne tient plus à grand-chose, si ce n'est à la pression absolue des pays de la région, conscients qu'un retour de la guerre ne ferait pas leurs affaires. » Les prochaines étapes s'annoncent délicates… « La première étape du plan de paix se déroule dans un climat très tendu, renchérit Le Monde. Les Israéliens mettent en doute la bonne volonté du Hamas à propos des corps des 28 otages (…). D'un côté, le Hamas affirme avoir fait le maximum pour rendre les dépouilles en sa possession et pour retrouver les autres. De l'autre, l'armée et le gouvernement estiment que le Hamas a choisi de ne pas rendre tous les corps disponibles, violant ainsi la première étape du plan de paix de Donald Trump. » Alors désormais, poursuit Le Monde, « les prochaines étapes du plan en 20 points entré en vigueur le 10 octobre sous la pression du président américain apparaissent particulièrement délicates. Les belligérants et les médiateurs doivent notamment s'entendre sur la future gouvernance temporaire de Gaza et sur la démilitarisation du Hamas, censé abandonner son contrôle de l'enclave. Les envoyés spéciaux de Donald Trump, Steve Witkoff et Jared Kushner, rencontrent Benyamin Nétanyahou ce lundi. » À qui la faute ? Si le cessez-le-feu à Gaza est train de se fissurer, « la faute en revient au Hamas », estime pour sa part le Washington Post. « Avant même que l'encre du dernier accord de cessez-le-feu ne sèche, les hommes du Hamas sont sortis de leurs repaires souterrains, le visage frais, bien nourris et vêtus d'uniformes impeccables. » Et ils se sont livrés, donc, à de violents règlements de comptes. Qui plus est, poursuit le Post, « selon le Département d'État, le Hamas préparerait d'autres attaques contre des civils palestiniens. (…) Le groupe djihadiste attise (donc) les flammes d'une guerre civile palestinienne. » « Les interrogations sur l'avenir immédiat de Gaza s'accumulent », constate pour sa part Haaretz à Tel Aviv. Haaretz qui pointe du doigt, lui, le Premier ministre israélien. « Si Netanyahou veut réellement accélérer la localisation des otages, il doit laisser entrer les équipes de recherches turques prêtes à intervenir, actuellement bloquées au point de passage de Rafah. » À lire aussiAprès de nouveaux bombardements israéliens à Gaza, le fragile cessez-le-feu reprend Le « casse du siècle » au Louvre À la Une également, le vol spectaculaire d'hier matin au musée du Louvre à Paris. Tous les journaux publient les photos des bijoux dérobés et soulignent leur valeur inestimable… C'est le « casse du siècle » pour Le Soir à Bruxelles. « Les clés du braquage du Louvre : sept minutes, quatre assaillants et une échelle pour accéder aux joyaux de la Couronne », constate El Pais à Madrid. « La chasse aux voleurs est ouverte », s'exclame le Guardian à Londres. Le Louvre « trop vulnérable », pointe La Repubblica à Rome. En effet, « le Louvre a-t-il sous-estimé les alertes sur ses failles de sécurité ? », s'interroge Le Figaro à Paris. Oui, répond le journal, qui révèle qu'un récent « rapport de la Cour des comptes alertait sur le retard pris par le Louvre dans la mise en conformité des équipements de sûreté du musée. » Le journal qui cite aussi une gardienne du musée selon laquelle « 190 postes de surveillance ont été supprimés en dix ans, soit 15% des effectifs ». « Le problème n'est pas nouveau, souligne Le Figaro. En 1939 déjà, au moment du vol de L'Indifférent de Watteau au Louvre, la question de la sécurité avait fait couler beaucoup d'encre. L'un des plus grands quotidiens français d'avant-guerre, Le Journal, déplorait déjà “l'inefficacité des mesures de surveillance dans nos musées nationaux. Par raison d'économies, poursuivait-il, le personnel des gardiens a dû être réduit récemment dans des proportions relativement considérables“. L'histoire se répète. » À lire aussiCambriolage au Louvre: la revente en l'état des joyaux volés est impossible, selon les experts

C'est un article du Monde intitulé : « Le choc des Palestiniens renvoyés à Gaza après leur libération. » « Les centaines de Palestiniens relâchés dans le cadre de la première phase de l'accord Trump », précise le quotidien français, « ont découvert l'ampleur des destructions infligées à l'enclave côtière. Certains d'entre eux, croyant retrouver leurs proches, ont appris leur mort sous les bombardements ». Le Monde a ainsi pu joindre Haitham Salem, « qui se faisait une joie de retrouver son épouse et leurs trois enfants à Gaza (…) Mais à la descente du bus ramenant les prisonniers dans l'enclave, lundi dernier, Haitham a découvert que tous les quatre ont été tués le 9 septembre, dans un bombardement israélien. » « Vendredi », poursuit le Monde, « sa fille Layane aurait fêté ses deux ans. Il lui avait confectionné en prison un bracelet avec des morceaux de pain séché ». À lire aussiCessez-le-feu à Gaza: entre joie et déception, le retour de 88 détenus palestiniens à Ramallah Aspergés de gaz Également libéré, Anis Barhouma, 30 ans. « Au bout du fil », raconte le quotidien français, « sa voix chevrotante fait penser à celle d'une personne âgée. » Anis Barhouma parle de ses geôliers. « Ils nous disaient : « il n'y a plus de Gaza, c'est terminé. On a exterminé tout le monde. Ça nous terrorisait, on n'en dormait pas de la nuit ». Il raconte aussi les sévices : « ils se sont acharnés sur nous. Ils nous ont aspergés de gaz, même les vieux, puis ils nous ont laissé menottés au sol pendant des heures ». À lire aussiGaza: faim, entrave, torture... les otages du Hamas racontent leurs terribles conditions de détention Trente ans de prison À la Une également, l'épilogue provisoire, car un appel est en cours, d'un fait divers qui a passionné la France. Hier, Cédric Jubillar, accusé d'avoir tué son épouse en décembre 2020, a été condamné à 30 ans de prison. Pourtant, il n'a jamais avoué, et le corps de Delphine, sa femme, n'a jamais été retrouvé. Mais tout ou presque le désignait coupable. « Delphine », titre le Parisien, « l'histoire d'une disparition désormais reconnue comme un féminicide ». Maître Laurent de Caunes, avocat de l'un des frères de Delphine, exprime « le sentiment du devoir accompli », « Delphine est morte », dit-il, « c'est un drame, la condamnation de son meurtrier ne suscite aucune satisfaction, mais c'est l'ordre naturel des choses. Il a commis un crime, il faut qu'il le paie ». À lire aussiFrance: Cédric Jubillar condamné à 30 ans de réclusion pour le meurtre de son épouse Le Monde, de son côté, remarque « que la main de la cour et des jurés n'a pas tremblé ». « Ce verdict », ajoute le quotidien, dit « qu'au terme de quatre semaines de débats, une majorité d'au moins sept voix – sur les six jurés citoyens et les trois magistrats professionnels composant la cour - a considéré que l'affaire Jubillar n'était qu'un tragique, mais ordinaire meurtre conjugal de plus. Et qu'un faisceau d'indices peut constituer une preuve suffisante ». Une affaire qui n'est toutefois pas totalement close, car l'accusé a fait appel de son jugement. Deux millions d'emplois menacés « Un projet de loi américain sur les centres d'appels menace le boom de l'externalisation aux Philippines », nous apprend le South China Morning Post, selon lequel « près de 2 millions d'emplois philippins sont en jeu ». En effet, précise le quotidien anglophone, « les législateurs américains ont dévoilé en juillet un projet de loi (…) destiné à dissuader les entreprises américaines de délocaliser leurs activités de dépannage des clients ». Ainsi, « les entreprises américaines disposant de centres d'appels à l'étranger ne pourront plus bénéficier de subventions fédérales. » Toutefois, selon l'ambassadeur des Philippines à Washington, José Manuel Romualdez, « Manille travaille dur avec ses amis du Congrès américain pour exempter les Philippines des restrictions ». Mince espoir, donc, pour les Philippins qui travaillent dans les centres d'appel et dont la tâche est aussi menacée par l'intelligence artificielle. Autant dire que nombre d'entre eux sont assis sur un siège éjectable.

C'est une information rapportée ce matin par le Times. Le quotidien britannique annonce « qu'après le retrait israélien, le Hamas tue ses rivaux et reprend le contrôle du territoire (…) la guerre est peut-être terminée, mais le Hamas mène un combat d'arrière-garde sanglant pour obtenir la paix ». « Pour les Palestiniens, les évènements des sept derniers jours ont fait naître une nouvelle menace, faisant planer le spectre d'une guerre civile. La violence interne, le chaos et l'anarchie règnent désormais là où les forces israéliennes se sont retirées »poursuit le Times. Parmi les images qui ont le plus marqué, ces derniers jours, celles de « combattants du Hamas, ouvrant le feu sur des rivaux palestiniens agenouillés au milieu d'une rue bondée (…) parmi les personnes exécutées figuraient les membres d'un clan, la famille Doghmosh, rivale de longue date, des militants islamistes. » « Même maintenant, après le cessez-le-feu, je ne me sens absolument pas en sécurité », témoigne un jeune homme de Khan Younès, alors qu'un autre habitant de la bande de Gaza, assure « que ceux que le Hamas a exécutés étaient corrompus, peut-être des collaborateurs ou des voleurs. Au moins, dit-il, le Hamas essaie de reprendre le contrôle et de mettre fin au chaos ». « La paix en Ukraine viendra-t-elle après Gaza ? » Question posée par die Welt. « Trump, précise le journal allemand, souhaite profiter de son succès au Moyen -Orient pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Kiev l'espère également ». Le président américain, qui doit recevoir aujourd'hui Volodymyr Zelensky, a annoncé une prochaine rencontre avec Vladimir Poutine, d'ici à deux semaines, à Budapest. Au cœur des négociations désormais, l'éventuelle livraison à l'Ukraine de missiles Tomahawk américains, explique le Guardian. «Trump, nous dit le quotidien britannique, a laissé entendre à plusieurs reprises, qu'il pourrait livrer ces missiles, capables de frapper Moscou avec des munitions précises et destructrices ». « Toutefois, a ajouté récemment le président américain, nous aussi nous en avons besoin, donc je ne sais pas ce que nous pouvons faire à ce sujet ». Une petite phrase qui n'a pas échappé au Moskovski Komsomolets, à Moscou, qui s'exclame ainsi : « Trump a déclaré qu'ils avaient besoin de missiles Tomahawk pour les États-Unis, et non pour les envoyer à Kiev ». En Ukraine, le Kiev Post n'appuie toutefois pas particulièrement l'utilisation des Tomahawk, estimant que l'armée ukrainienne ne serait pas véritablement à même de les utiliser, notamment parce que « l'option de lancements de Tomahawk depuis la mer est hautement improbable » pour des raisons techniques. Sébastien Lecornu provisoirement hors de danger Sébastien « Lecornu échappe à la censure, mais reste sous la menace du Parti Socialiste » titre le Figaro, qui ajoute : « le Premier ministre a obtenu un sursis à l'Assemblée, qui n'a pas adopté les deux motions de censures examinées hier ». Mais cela ne fait pas le bonheur du quotidien conservateur. « Sur le champ de bataille politique », estime l'éditorialiste Yves Thréard, « Sébastien Lecornu et son gouvernement ont sauvé leur peau, mais pour combien de temps ? Ils risquent fort désormais d'être les otages de la soixantaine de députés PS à qui ils doivent leur survie ». Libération, de son côté, accorde une « motion passable » pour Lecornu. « Il a manqué 18 voix seulement à La France Insoumise pour faire passer sa motion, hier, à l'Assemblée ». « Le premier ministre dispose désormais d'une semaine de répit, avant de replonger dans l'enfer budgétaire », ajoute le quotidien de gauche, selon lequel « le Parlement s'offre donc quelques semaines au moins de stabilité a priori et va, enfin, pouvoir entamer sa session après avoir été quasiment à l'arrêt technique depuis la mi-juillet ».

Selon le plan de paix américain, le groupe palestinien Hamas devrait à terme « démanteler » ses armes et « ne plus jouer aucun rôle » dans la gouvernance de Gaza. On en est encore loin. « Le Hamas conserve la mainmise sur Gaza, constate Le Monde à Paris. Lundi, les hommes de la branche armée du Hamas étaient bien là. La tête cachée par une cagoule et une casquette noire, fusil pointé vers le ciel d'une main, l'autre occupée à canaliser la foule rassemblée à Khan Younès, ils ont encadré l'accueil des quelque 2 000 détenus palestiniens libérés par Israël dans la première phase du cessez-le-feu, qui doit mettre fin à 24 mois d'une offensive qui a transformé la bande de Gaza en champ de ruines. Longtemps restés invisibles, donnant l'impression d'un vide total du pouvoir à Gaza, les cadres du mouvement islamiste prouvent qu'ils sont toujours aux commandes, pointe encore Le Monde, et capables de coordonner le processus complexe d'échanges de prisonniers. » Règlements de comptes Qui plus est, souligne le Washington Post, « le Hamas a peut-être cessé de combattre Israël, mais il a lancé une nouvelle campagne violente pour reprendre le contrôle des familles et des milices locales qui avaient contesté son pouvoir durant les deux dernières années de guerre. Que ce soit en menant des raids armés à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, ou en procédant à des exécutions publiques plus au nord, dans la ville de Gaza, le Hamas tente d'envoyer un message clair : après des mois passés à se cacher des tirs israéliens, le groupe militant est de retour comme la seule autorité visible dans la bande de Gaza. » Commentaire du Figaro à Paris : « alors qu'à Charm el-Cheikh, les gouvernements du monde entier tentent de dessiner un futur pour l'enclave sans le Hamas, le groupe armé donne sa réponse de la plus cruelle des manières : il règne sur Gaza. » Toujours le fracas des armes En fait, souligne La Repubblica à Rome, « les tirs à Gaza n'ont jamais vraiment cessé. Le Hamas fait usage de ses armes, les Israéliens aussi. Le groupe islamiste a (donc) engagé une confrontation sanglante avec des clans et des familles rivales, qui aurait déjà fait plus de 40 morts. Et de son côté, Tsahal cible non seulement des militants, mais aussi des civils, par des tirs d'artillerie et des frappes de drones. D'après les Nations-Unies, depuis le 10 octobre, au moins 15 Palestiniens ont été tués par balles dans des zones proches des troupes israéliennes, qui contrôlent encore plus de 50 % de la bande de Gaza. » Des corps d'otages introuvables Et le ton monte entre les autorités israéliennes et le mouvement islamiste à propos de la restitution des corps d'otages israéliens. C'est ce que constate notamment le Guardian à Londres : « le Hamas annonce que les restes de tous les otages israéliens décédés qu'il a pu récupérer ont été restitués et qu'il aurait besoin d'équipements spécialisé pour retrouver d'autres corps dans les ruines de Gaza. Et de son côté, Israël continue d'exiger la restitution de tous les corps et menace de reprendre les combats si les termes du cessez-le-feu ne sont pas respectés. » En effet, prévient le Jerusalem Post, « le cessez-le-feu prévoyait le rapatriement intégral des corps. Si le Hamas tergiverse, fait obstruction ou s'y conforme partiellement, Israël devra définir une politique claire alliant l'insistance sur la remise intégrale des corps aux conséquences d'un retard. Il ne s'agit pas d'une formalité. Il s'agit d'une question d'honneur national, liée à la promesse que “personne ne sera laissé pour compte“, même dans la mort. » Questions Et pendant ce temps, les Gazaouis attendent. « L'après de Gaza est insoutenable, soupire L'Orient-Le Jour à Beyrouth. On ne peut pas regarder l'ampleur de ce désastre sans avoir les larmes aux yeux. Par où commencer ? Comment vivre sans ceux qui sont partis. Comment dormir quand l'horreur attend le sommeil pour ressurgir (…) Même si les pétrodollars tombent en pluie sur la langue de terre assoiffée, combien de temps faudra-t-il pour la remettre sur pied, pour qu'une vie tant soit peu normale s'y développe ? Que fera la population entre-temps ? Ressasser sa souffrance ? Attendre la becquée des aides internationales ? Comment et à quelles conditions les Gazaouis pourront-ils reconstruire leurs villes perdues ? », s'interroge encore le quotidien libanais. « Leur donnera-t-on du béton et du fer ? Seront-ils autorisés à rebâtir sur les lopins démolis ? » Autant de questions toujours sans réponse.

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu a donc annoncé mardi 14 octobre, lors de sa déclaration de politique générale, la suspension de la réforme des retraites jusqu'à la présidentielle de 2027, comme le réclamait le Parti socialiste. Il éloigne ainsi la menace d'une censure de son gouvernement. « Un compromis plus que bienvenu pour la démocratie, se félicite Libération. Si elle ne règle pas la profonde crise que traverse le pays, cette décision du Premier ministre acte la possibilité d'un tournant dans la méthode employée par l'exécutif. » Libération note aussi cette petite phrase du Premier ministre : « “Le gouvernement propose, nous débattrons, vous voterez“. Chiche, a-t-on envie de dire aux parlementaires, s'exclame le journal. Ce qu'ils sauront faire de cette opportunité, à condition évidemment que l'exécutif joue sincèrement le jeu, donnera en tout cas une indication du rebond démocratique possible. » « Grande braderie d'automne » Espoir d'un sursaut démocratique, donc, pour Libération, désespoir pour Le Figaro qui voit dans le discours de politique générale de Sébastien Lecornu « un retour au socialisme » : « le Premier ministre a parfaitement récité, à la tribune, le texte du PS, fustige Le Figaro. Tête baissée, Sébastien Lecornu a transformé sa déclaration de politique générale en grande braderie d'automne : le 49.3 au rabais ! La suspension de la réforme des retraites, c'est offert par la maison ! (…) Affligeant spectacle, poursuit le quotidien de droite, que ce suicide collectif du bloc central et des LR laissant le champ libre, pour 2027, à la gauche et au RN. Triste tableau que celui d'un Premier ministre, tellement à son aise à la tête des Armées, contraint de se livrer à une séance d'humiliation publique. » Retraites : la prolongation du déni ? Le Parisien, lui, se focalise sur le problème des retraites. Avec ce constat arithmétique : « en 1960, la France pouvait compter sur presque cinq cotisants pour payer la pension de chaque retraité. Avec l'allongement de l'espérance de vie et le papy-boom, le rapport n'a cessé de reculer, atteignant aujourd'hui 1,8. Il tombera à 1,4 dans les prochaines décennies. (…) En 2027, tous les candidats à l'Élysée devront donc bien expliquer que, sauf à se diriger vers l'effondrement du système par répartition, il faut trouver des façons acceptables de prolonger la carrière des Français (pas simple). À moins de leur faire croire que, de la prolongation du déni, naîtra une solution (magique !). » Humilité Et puis La Croix retient ce mot de Sébastien Lecornu : « humilité » : « quelle que soit la durée de vie de ce nouveau gouvernement, l'humilité semble en effet plus que jamais nécessaire à nos responsables politiques, estime le quotidien catholique. Depuis la rentrée, l'instabilité politique a encore creusé le fossé entre les Français et leurs élus. Si ces derniers veulent commencer à le combler, le temps seul ne sera pas nécessaire. Il leur faudra aussi, y compris au sommet de l'État, changer d'attitude. Et cela commence en effet par faire preuve de cette humilité brandie par le nouveau premier ministre, et qu'il reste désormais à tous les responsables politiques de notre pays à mettre en œuvre. » La paix au Moyen-Orient au stade des balbutiements À la Une également, les espoirs de paix au Moyen-Orient, avec toujours autant d'interrogations. « La pax americana est-elle vraiment en marche, chaussée de ses grosses rangers, se demande L'Orient-Le Jour à Beyrouth, ou n'a-t-on là qu'une succession de moments forts, allant du pathétique au clownesque en passant par de rares et fragiles motifs d'espérance ? (…) Le processus n'en est encore qu'à ses balbutiements, même pour le seul cas de Gaza, le cheminement est long et semé d'écueils, notamment l'incertitude que laisse planer le Hamas sur son désarmement et le refus d'Israël d'évacuer l'intégralité de ce territoire. » Pour le New York Times, « la seule solution à long terme est un État palestinien à Gaza et en Cisjordanie, dont les frontières seraient négociées avec Israël. Cet État, cependant, devra être dirigé par une Autorité palestinienne réformée, avec le soutien permanent d'une force de maintien de la paix arabe et internationale qui garantirait que cet État palestinien ne menace jamais Israël, et le soutien d'un “Conseil de paix“ international qui garantirait sa réussite économique. « Mais, pointe le New York Times, la seule façon d'y parvenir est que le Hamas soit rapidement désarmé, que l'Autorité palestinienne soit rapidement réformée et intégrée à Gaza, et que Netanyahu trouve de nouveaux partenaires de gouvernement au centre ou bien qu'il quitte le pouvoir. Aucun d'entre eux, dans leurs incarnations actuelles, ne peut prétendre à être un partenaire pour une paix durable. Puissent-ils se transformer ou disparaitre rapidement. »

« La fin d'un cauchemar, pas le début de la paix » : en une seule phrase, Le Soir à Bruxelles résume un sentiment largement partagé par les journaux mardi matin. « Lundi fut un jour historique au Moyen-Orient, s'exclame le Washington Post : le Hamas a libéré ses 20 otages israéliens vivants, quelques jours seulement après l'arrêt de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza. En négociant cet accord, Donald Trump a mérité l'accueil enthousiaste qu'il a reçu au Parlement israélien. (…) « Mais, s'interroge le quotidien américain, s'agit-il vraiment de "l'aube historique d'un nouveau Moyen-Orient", comme l'a déclaré Trump à la Knesset, avec “une Terre sainte enfin en paix“ ? Ou bien s'agit-il simplement d'un nouveau cessez-le-feu dans le conflit judéo-arabe qui dure depuis plus de 100 ans ? Malheureusement, soupire le Post, tout porte à croire que cette paix n'a rien de définitif. Transformer ce cessez-le-feu en une paix durable nécessitera des sacrifices auxquels ni le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ni le chef du Hamas Khalil Al-Hayya ne semblent vouloir consentir. » « Incertitude, pressions, calculs politiques et jeux de pouvoir » « Le soulagement est réel, renchérit le Guardian à Londres, mais la promesse de Trump d'un “âge d'or“ sonne creux. La libération des otages et des prisonniers réjouit les familles. Mais rien ne garantit que le cessez-le-feu mettra fin aux souffrances des Palestiniens. » En effet, précise El Pais, « sur le terrain, les prochaines étapes sont incertaines. Il n'existe aucune condition concrète pour le désarmement du Hamas, ni pour le retrait de l'armée israélienne. Aucune directive n'est fixée pour le prétendu gouvernement technocratique. Derrière le slogan “paix au Moyen-Orient“, une période d'incertitude, de pressions, de calculs politiques et de jeux de pouvoir s'ouvre en réalité, rendant toute prédiction très risquée, si ce n'est l'espoir que les armes ne seront plus jamais utilisées. » Netanyahu sur la sellette « La deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza reste incertaine », reconnait le Jerusalem Post. (…) Les progrès ne seront pas faciles. » Car « le problème fondamental, c'est Netanyahu, affirme le quotidien israélien, pourtant proche du pouvoir. Netanyahu, même après l'accord, est toujours perçu dans une grande partie du monde arabe comme le destructeur de Gaza. » Le Haaretz à Tel Aviv appelle au départ du Premier ministre : « les otages sont rentrés à la maison malgré Netanyahu, et non grâce à lui. Netanyahu qui a tout fait pour torpiller l'accord. (…) L'écho des huées des familles d'otages devrait le hanter la nuit et le tenir éveillé jusqu'à ce qu'il se retire de la vue du public et permette à la société israélienne de se rétablir. Et tandis que nous célébrons le retour des otages, tout ce qui reste à faire, tonne encore Haaretz, c'est de dire explicitement au Premier ministre : “vous êtes venu, vous avez détruit, maintenant partez“. » Dans une interview au quotidien italien La Repubblica, la chanteuse israélienne Noa enfonce le clou : « le traumatisme demeure et la guérison prendra du temps. Ensuite, nous changerons de direction. La coexistence est notre seule option, affirme-t-elle. Nous devons l'accepter. Pour moi, le Premier ministre Netanyahu reste un criminel. L'idée que les gens puissent lui pardonner me terrifie. » France : journée décisive pour Lecornu À la Une également la situation politique en France, avec une « journée à haut risque pour Sébastien Lecornu », pointe Le Figaro. « Ce mardi, Sébastien Lecornu entre dans le dur. À peine reconduit à Matignon, le Premier ministre doit prouver qu'il peut gouverner sans majorité, défendre un budget contraint et désamorcer les premières offensives parlementaires. » Tout va se jouer cet après-midi à l'Assemblée, après son discours de politique générale, précise Le Figaro : « si la moitié des députés socialistes se joignent aux motions de censure déposées lundi par le Rassemblement national et La France insoumise, alors le gouvernement Lecornu sera renversé, arithmétiquement. » Et la question des retraites sera centrale… En effet, relève Libération, « pour ne pas le censurer, les socialistes attendent qu'il annonce la “suspension intégrale“ de la réforme Borne. (…) Voilà Lecornu prévenu, constate encore le journal. Et si le PS ne le censure pas d'entrée, un chemin de croix, amendement par amendement, l'attend lors de ses longues soirées d'automne à l'Assemblée. »

« Le jour longtemps imaginé, mais rarement cru possible, est enfin arrivé », souffle le Jerusalem Post. Mais « il a fallu, regrette le journal, tant de temps, tant de vies perdues ». Après plus de deux ans de guerre entre le Hamas et Israël, la libération des otages toujours détenus dans la bande de Gaza a été suivie en direct, par de nombreux médias, sur les continents américain et européen, jusqu'en Australie. Et, bien évidemment, du côté des médias locaux, qui témoignent de l'état d'esprit des Israéliens. « Il y a de la joie, résume un billet publié par The Times of Israel. La vie retrouvée, les familles réunies, un souffle collectif que nous avons trop longtemps retenu. Et il y a des larmes : pour les longs mois de peur, pour ceux qui ne sont pas rentrés chez eux, pour les cicatrices que chacun porte en lui ». The Times of Israel qui partage les « préparatifs de dernière minute » de Roni et Alma, deux petites filles aux cheveux tressés qui viennent de boucler leur valise, prêtes à retrouver leur père, capturé par le Hamas, le 7 octobre 2023. D'autres, en revanche, attendent le rapatriement des dépouilles, comme Udi Goren qui espère retrouver le corps de son cousin. « Depuis deux ans, on nous annonce sa mort, précise-t-il auprès du quotidien britannique The Times. Mais nous n'avons aucune preuve. Beaucoup de familles d'otages assassinées ressentent une lueur d'espoir. Des familles ont vu des vidéos du meurtre de leur proche. Et elles n'y croient toujours pas. Il y a un besoin, un besoin humain, de certitude, de savoir que ça y est, maintenant il faut l'accepter ». « Pourquoi maintenant ? » Dans les colonnes du New York Times, l'ancienne administration américaine sous Joe Biden défend ses efforts, et assure que « beaucoup de choses » ont changé depuis la nouvelle mandature : la mort de Yahya Sinwar « a plongé le Hamas dans une crise de leadership » ; « la pression militaire israélienne s'est intensifiée à mesure que les réserves de munitions du Hamas s'épuisaient ». Et puis « la tentative israélienne, rappelle le New York Times, d'assassiner les négociateurs du Hamas au Qatar, a à la fois irrité Donald Trump et l'a réveillé ». « Il a compris ce que Netanyahu ignorait : la guerre infligeait d'immenses dommages diplomatiques et une "victoire totale" à Gaza était impossible sans tuer les otages, sacrifier des soldats et blesser les civils derrière lesquels se cache le Hamas. Il a bien mieux compris, poursuit le journal new-yorkais, l'opinion publique israélienne que le gouvernement : 80% des Israéliens étaient favorables au rapatriement des otages, même au prix de la fin de la guerre ». C'est la raison pour laquelle « les Israéliens célèbrent Trump comme une superstar », titre le Süddeutsche Zeitung en Allemagne. Le correspondant du journal à Tel-Aviv raconte comment l'équipe du président américain – son émissaire Steve Witkoff et son gendre Jared Kushner – a été acclamée samedi soir, sur la place des Otages, par un demi-million d'Israéliens. « Leur héros n'est pas Netanyahu, mais Trump, le négociateur, le pacificateur », présent en Israël ce lundi 13 octobre, avant de coprésider, en Egypte, un sommet pour la paix à Gaza. Une conférence de Charm el-Cheikh qui « ne devrait pas régler les questions politiques de fond autour de l'avenir de Gaza », selon L'Orient-Le Jour, mais qui « servira de test crucial pour mesurer la solidité du cessez-le-feu, et la viabilité du pari diplomatique de Donald Trump ». Il faut désormais se tourner vers la suite « Tout cela n'est qu'un show, les gens veulent être optimistes. En réalité, ils sont terrifiés », s'inquiète un Israélien cité par Le Figaro. « La libération des otages n'est que la première phase du plan Trump, rappelle le journal français. La seconde phase de l'accord s'annonce plus complexe à mettre en œuvre ». En attendant, « la bataille de Netanyahu autour du récit commence », grince Haaretz. Alors que s'ouvre une année électorale, le quotidien israélien, critique vis-à-vis du gouvernement, estime que le Premier ministre laissera entendre, ce lundi matin devant le parlement israélien, qu'il a « résisté héroïquement aux pressions intérieures et extérieures ». « Mais la pression américaine, souligne Haaretz, ne lui a laissé d'autre choix que de céder ».

Ce matin, les réactions et commentaires fusent après la reconduction du Premier ministre français Sébastien Lecornu. C'est « La Résurrection de Saint Sébastien » et ça « repart pour un tour gratuit à Matignon » ironise le journal Français Libération. Un retour accueilli par des réactions consternées dans les oppositions, mais pas seulement. Dans un édito, Libération commente : « Emmanuel Macron (...) entraîne avec lui le pays dans une crise extrême. Marine Le Pen et Jordan Bardella avaient sans aucun doute vendredi soir plus que jamais le sourire ». Dans le Figaro, on décrypte aussi ce nouveau coup de théâtre : c'est « un mandat plus périlleux que jamais ». En fait, « Emmanuel Macron s'est activé pour tenter de trouver un point d'atterrissage, lui permettant d'éviter de revenir aux urnes ». Chez les voisins européens, la crise politique française est aussi largement scrutée de près dans la presse. Le journal britannique The Guardian, analyse la situation : Tout cela « est perçu par les partis d'opposition comme le signe que Macron, à qui il reste 18 mois avant la fin de son mandat, refuse d'élargir le gouvernement à d'autres opinions politiques... reflétant un Parlement divisé ». En Espagne, El Pais estime que Macron « limite la crise politique à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire aux partis. Selon ses proches, c'est la chute de l'ancien Premier ministre François Bayrou qui en est la cause. Il ne s'agit en aucun cas de la dissolution de l'Assemblée nationale, (...) qui a déjà donné lieu à quatre Premiers ministres différents en un peu plus d'un an ». Quant à Sébastien Lecornu, « le ministre le plus éphémère de la Ve République, a déclaré mercredi dernier (...) que sa mission était terminée. Mais il a ajouté qu'il était "un soldat" et qu'il ferait ce qu'on lui demandait. Et c'est exactement ce qu'on lui a demandé ». Même comparaison du soldat pour l'ancien ministre des Armées, dans le quotidien Italien La Reppublica : « Une nouvelle mission pour Lecornu »... mais « La nouvelle nomination de Lecornu ne met pas fin à la crise ; elle ne fait que la reporter ». Le prix Nobel de la paix pour la leader de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado La politique française est loin d'obtenir un Prix pour sa stabilité, tandis que le Nobel de la paix, lui, a été décerné hier et a fait un déçu. Le prix a été décernée à la leader de l'opposition vénézuélienne Maria Corina Machado pour « son travail inlassable en faveur des droits démocratiques du peuple vénézuélien ». Réponse de la Maison Blanche : le comité Nobel a privilégié « la politique au détriment de la paix ». Derrière ces mots, se cache très probablement Donald Trump qui n'a jamais caché ses ambitions sur le sujet et encore plus au moment du cessez-le-feu à Gaza annoncé deux jours avant la remise du prix. Sur la BBC, on précise : « Les nominations pour le prix Nobel de la paix se terminent le 31 janvier de chaque année, soit quelques jours seulement après l'entrée en fonction de Trump ». (...) et « On ne sait pas exactement quel résultat Trump aurait obtenu cette année ». De son côté, la Nobel de la paix Maria Corina Machado attire l'attention pour diverses raisons. Selon El Pais « Ce prix transcende le symbolique. C'est un geste qui réaffirme la nécessité du respect de l'État de droit, l'exigence de justice et le pouvoir de la parole face à l'intimidation totalitaire ». Le tout, « dans le contexte des récentes manœuvres militaires américaines à proximité du territoire vénézuélien. L'administration Donald Trump, a déployé des avions de combat et détruit des navires soupçonnés d'être liés au trafic de drogue, causant des dizaines de morts et exacerbant les tensions régionales. Ce scénario externe aggrave la situation intérieure », peut-on lire. Mais en marge de cette remise de prix, les responsables du Nobel de la paix enquêtent sur la forte augmentation des paris sur le lauréat, rapporte The Guardian. En cause : « les paris pour Maria Corina Machado ont grimpé en flèche sur le site de jeu Polymarket, quelques heures avant qu'elle ne reçoive son prix ». Le directeur de l'Institut Nobel a fait quelques déclarations : « Il semble que nous soyons la proie d'un acteur criminel qui veut gagner de l'argent grâce à nos informations ». Le président du comité, lui, évoque un processus hautement secret. Il est « trop tôt pour être certain » que l'identité du lauréat a pu être divulguée, mais il s'attend désormais à ce qu'une enquête soit ouverte.

L'accord de cessez-le-feu à Gaza et de libération des otages israéliens négocié par le président américain occupe une bonne partie de la presse internationale ce matin. Après 735 jours de guerre, ce n'est pas « l'histoire de deux camps qui trouveront enfin la paix », mais plutôt « l'histoire de deux peuples qui se réveilleront sous deux cieux bien différents : l'un libre de guérir, l'autre prisonnier des ruines », résume le journal israélien Hareetz, critique du gouvernement. Le cessez-le-feu, s'il est respecté, pourrait marquer la fin de la guerre la plus longue et la plus dévastatrice de l'histoire de Gaza « même si le mot "fin" sonne creux pour la plupart des Palestiniens (...) Ils ont déjà vu des cessez-le-feu s'effondrer et ont vécu les violences qui ont suivi », peut-on lire. En somme, « pour les Palestiniens, ce n'est que le début d'un autre long combat : reconstruire, se souvenir et être vus ». Donald Trump, le grand gagnant ? Pour l'instant, celui qui se présente comme le grand gagnant de ce plan de paix entre Israël et le Hamas, c'est surtout Donald Trump. « Qui a gagné, qui a perdu... », analyse L'Orient Le Jour. Pour le quotidien libanais ça ne fait pas de doute : « En parvenant à faire signer son plan aux deux belligérants, le président Trump s'impose comme le principal architecte de la paix, et décroche sa plus grande victoire en la matière ». Et pour cause : « Il est parvenu à forcer la main du Premier ministre israélien, pour ratifier les vingt points. Le président américain peut également se targuer d'avoir fait des pays arabes... ses meilleurs alliés sur cette séquence, car ils ont agi comme un rouleau compresseur sur le mouvement islamiste pour le contraindre à accepter l'accord...». Donald Trump a concédé « une ligne du plan, consacrée à "ouvrir une voie crédible à la création d'un État palestinien". Reste à savoir si l'accord marquera réellement un tournant irréversible vers la paix à Gaza ». D'autant plus que des négociations plus difficiles se profilent : « Les forces américaines prévoient d'établir un "centre de coordination civilo-militaire" en Israël pour fournir une assistance humanitaire, logistique et sécuritaire, mais ne se déploieront pas à Gaza », souligne The Washington Post. Le journal américain mentionne également les réactions de médiateurs et dirigeants mondiaux qui saluent le rôle du président Donald Trump dans la conclusion « d'un accord que son prédécesseur n'avait pas pu, ou voulu conclure »... Et surtout, à quelques heures de décerner un prix très convoité par l'occupant de la Maison Blanche. Le prix Nobel de la paix, une obsession trumpienne Donald Trump espère en effet obtenir le prix Nobel de la paix, qui sera annoncé ce vendredi 10 octobre. « Et c'est probablement bien son narcissisme et son impatience qui ont prévalu pour permettre l'accélération formidable d'un processus qui paraissait pourtant, il y a dix jours à peine, dans les limbes », commente le journal Libération, « Depuis des mois, il opère une campagne agressive pour se présenter en grand pacificateur de son temps, hurlant à qui veut bien l'entendre que si d'aventure le comité le lui refusait, ce serait par pure animosité personnelle ». Conséquence : la Norvège se prépare à la réaction de Trump s'il ne remporte pas le prix Nobel de la paix. Dans les colonnes du journal The Guardian, un analyste estime que le président américain pourrait « imposer des droits de douane, exiger des contributions plus élevées à l'Otan ou même déclarer la Norvège ennemie ». Il rajoute : « Si Trump gagne, ce serait la plus grande surprise de l'histoire du prix Nobel de la paix ». Dans la sphère politique norvégienne, on réagit aussi : « Quand le président est aussi instable et autoritaire, il faut bien sûr se préparer à tout » a déclaré la cheffe du Parti socialiste norvégien. Le mois dernier, à l'ONU, Trump a faussement affirmé avoir mis fin à sept « guerres interminables ». Pas de quoi convaincre la directrice de l'institut de recherche sur la paix d'Oslo, si l'on en croit ses déclarations : « il est encore trop tôt pour dire si la proposition de paix sera mise en œuvre et conduira à une paix durable ». Par ailleurs : « Le retrait de Trump des institutions internationales, son souhait de reprendre le Groenland au Danemark, et les atteintes aux droits démocratiques dans son propre pays, ne cadrent pas bien avec la volonté du Nobel ».

« Enfin, soupire Libération à Paris. Enfin les bombes devraient se taire. Enfin les otages devraient retrouver leurs familles. Enfin les Gazaouis, sur une terre brisée, ne devraient plus mourir. L'annonce qu'un accord a été trouvé entre Israël et le Hamas, cette nuit, a été donnée par celui qui en revendique la paternité : Donald Trump. Le président américain a annoncé que "TOUS les otages allaient être libérés" et qu'Israël allait "très bientôt retirer ses troupes" d'une partie de l'enclave palestinienne. Il ne s'agit pas d'une paix totale, pointe encore Libération, ce n'est pas encore le bout du tunnel, loin de là, mais il s'agit d'une première phase encourageante. Cet accord, qui doit être officiellement signé ce jeudi en Égypte, prévoit la libération, en une fois et dans les 72 heures qui suivront sa mise en œuvre, des 20 otages encore vivants contre 2000 prisonniers palestiniens. "Je pense qu'ils seront de retour lundi", a lancé Trump sur Fox News, tandis que des sources israéliennes évoquent un échange dès dimanche ». Bravo Trump… C'est donc un immense espoir de paix. La nouvelle est à la Une des médias du monde entier. Et notamment bien sûr de la presse américaine : « avec cet accord au Moyen-Orient, Trump est sur le point de réaliser un exploit diplomatique majeur », s'exclame le New York Times. « Et s'il parvient à convaincre le Premier ministre Benjamin Netanyahu de retirer ses troupes de Gaza et d'abandonner son projet de prise de contrôle des vestiges de l'enclave, s'il parvient à mettre un terme au carnage qui a tué 1200 personnes en Israël et plus de 60 000 Palestiniens, Donald Trump aura accompli ce que beaucoup avant lui ont tenté (…). » Et « si le plan de paix est mis en œuvre, poursuit le New York Times, Donald Trump pourrait prétendre au prix Nobel de la paix avec autant de légitimité que les quatre présidents américains qui l'ont remporté par le passé ». Encore beaucoup de tensions… On n'en est pas là… Attention, prévient le Guardian à Londres, « il reste tant de choses à discuter. Le plan de paix en 20 points proposé par l'administration américaine tente de concilier la création des conditions d'un cessez-le-feu et la négociation d'une fin durable de la guerre ; les questions difficiles sur l'avenir du Hamas et de son désarmement éventuel, ainsi que la vision d'Israël pour l'avenir de Gaza, restent à trancher. (…) Les tensions qui subsistent sont évidentes, pointe encore le Guardian. Le Hamas a appelé Trump et les autres partis à "veiller à ce que le gouvernement d'occupation israélien respecte pleinement les termes de l'accord" ». Et en effet, souligne le quotidien britannique, « on peut craindre qu'Israël ne reprenne son offensive une fois les otages rendus ». D'ailleurs, Haaretz à Tel Aviv se pose directement la question : « Trump peut-il empêcher Netanyahu de reprendre la guerre à Gaza après la libération des otages ? Ce qu'on a demandé au Hamas – libérer les otages – est concret et irréversible. En revanche, la contrepartie israélienne – mettre fin à la guerre – n'est qu'une promesse qui pourrait s'évaporer à tout moment. (…) Cela s'est déjà produit par le passé, rappelle le quotidien israélien d'opposition. Netanyahou a refusé de mettre fin à la guerre des dizaines de fois, allant jusqu'à refuser cyniquement de négocier la deuxième étape de l'accord précédent en janvier dernier ». « La route sera longue… » « La grande question est de savoir si toutes les parties continueront à jouer le jeu, renchérit le Times à Londres. (…) Même les plus optimistes de l'administration Trump affirment que la route sera longue. Les acteurs des négociations espèrent que le président américain restera impliqué tout au long du processus, plutôt que de miser sur un accord et de passer à autre chose. Trump qui a déjà annoncé qu'il présiderait le conseil de paix, dont Tony Blair fait partie. Ce conseil sera chargé de maintenir le plan en vie dans les semaines et les mois à venir ». En attendant la suite des événements, la presse israélienne, notamment le Jerusalem Post, annonce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a invité Donald Trump à s'adresser dimanche à la Knesset à Jérusalem. Donald Trump qui peut pavoiser… « "Le président de la paix", affichait le compte X de la Maison Blanche, hier soir, souligne Le Monde à Paris. Donald Trump a réussi un exploit : celui de recueillir les remerciements unanimes du Hamas et d'Israël ». Mais, prévient le quotidien du soir, « cela ne présage en rien de la suite du destin des Gazaouis ».

La France embourbée jusqu'aux genoux sinon jusqu'à la taille : pas de Premier ministre, pas de gouvernement, pas de budget et un président de plus en plus isolé… Alors comment sortir de cet enlisement ? La presse française et au-delà passe au crible les différentes hypothèses. « Le compte à rebours s'achève aujourd'hui, constate La Repubblica à Rome . Emmanuel Macron avait donné 48 heures au Premier ministre sortant, Sébastien Lecornu, pour trouver une solution au chaos politique qui paralyse la France. Deux jours pour tenter de former un gouvernement responsable et éviter une nouvelle dissolution du Parlement. Ce matin, Lecornu rencontrera à nouveau les chefs des principaux partis pour une dernière série de consultations, une ultime étape avant le retour aux urnes. Hier, pointe en effet La Repubblica, Macron a reçu à l'Élysée les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, dans un geste institutionnel qui précède traditionnellement la dissolution du Parlement français. » De nouvelles législatives ? Alors s'oriente-t-on vers une dissolution de l'Assemblée nationale ? Peut-être bien, s'il faut en croire Le Canard Enchaîné à Paris qui affirme que « les préfets ont déjà reçu la consigne officieuse de se tenir prêts à organiser les élections législatives les 16 et 23 novembre. Juste après la célébration de l'Armistice », remarque malicieusement l'hebdomadaire satirique. Car pour l'instant, pas de cessez-le-feu… Les tirs fusent de toute part, et notamment en direction du chef de l'Etat. Comme le souligne Libération à Paris, « lâché par Gabriel Attal ( son ancien Premier ministre ), invité à la démission par Edouard Philippe ( également ancien Premier ministre ), bousculé par LR… Emmanuel Macron est un homme seul. » Et « à la réflexion, poursuit Libé, cet isolement remonte chez Emmanuel Macron à ses débuts. Seul, il le fut lors de sa première campagne. Il est indéniable que ce fut une force. Son erreur aura été de penser qu'il pouvait le rester une fois entré à l'Elysée. Il a présidé seul. Il s'est soucié de son parti, donc de ses soutiens, comme de sa dernière chemise. » Porte ouverte au RN ? « Et maintenant ? », s'interroge Die Welt à Berlin. En effet, « à première vue, l'option la plus plausible serait de convoquer de nouvelles élections. Cependant, cela ouvrirait la voie au Rassemblement national pour obtenir une majorité et installer un Premier ministre issue de ses rangs. Macron devrait bien réfléchir, pointe le quotidien allemand, avant de se demander s'il veut vraiment entrer dans l'histoire comme le président qui a fait le lit des héritiers de Jean-Marie Le Pen, le banalisateur d'Auschwitz. » C'est vrai, renchériter le Guardian à Londres, « de nouvelles élections législatives, au vu des sondages, risqueraient de transférer le pouvoir au Parlement au Rassemblement national, ou bien de provoquer un nouveau blocage. Mais la paralysie politique et les luttes intestines actuelles représentent un véritable cadeau pour Marine Le Pen à l'approche de l'élection présidentielle de 2027. » Reste, tempère El Pais à Madrid, que si législatifs il ya, « il n'est même pas certain que le Rassemblement national obtienne la majorité absolue pour gouverner. Face à cette situation, le président du RN, Jordan Bardella, a appelé Les Républicains à unir leurs forces et à gouverner ensemble s'ils n'atteignaient pas les 289 sièges nécessaires. Une formule qui reproduirait le schéma utilisé dans des pays comme l'Italie ou l'Espagne (du moins dans les régions où Vox et le Parti Populaire ont uni leurs forces). » Les Français… premiers responsables ? Enfin, cette interrogation formulée par Le Temps à Genève : « Et si les responsables de la crise étaient les Français eux-mêmes ? (…) Il ya (en effet chez les Français), affirme le quotidien suisse, cette fascination pour l'homme providentiel, le charisme qui donne l'impression d'avoir raison envers et contre tous. Une perception centrale dans l'imaginaire politique français, intimement liée à ce système très présidentiel. Et puis il ya, presque en miroir, l'envie suprême de faire tomber cette figure après l'avoir portée aux nues. C'est ce qui semble motiver le plus les électeurs. (…) Les électeurs qui semblent depuis des années favorisent toujours celui qui n'aura fait aucune concession, celui qui sera resté le plus « pur » dans son idéologie, (…) qui aura promis de renverser le plus de tableaux. (…) La folie totale du débat public est indéniable, conclut Le Temps. Et c'est pour plaire aux électeurs que les politiciens français campent ainsi sur leurs positions, jusqu'à l'absurde, jusqu'à prendre le risque de mener le pays dans le mur. »

Les journaux, en France et au-delà, sont partagés entre stupeur et consternation après la folle journée d'hier qui a vu la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, juste après avoir formé son gouvernement. « Les incapables », s'exclame Libération en première page. « La France dans le grand n'importe quoi : le départ éclair de l'éphémère Premier ministre illustre un désordre politique français qui inquiète, à l'étranger comme chez les citoyens, et rappelle que seule la capacité au compromis peut éviter l'aggravation de la crise. » « De l'attitude des partis à la démission de l'éphémère Premier ministre, la séquence politique et institutionnelle de ces derniers jours aura été consternante, renchérit La Croix. Il faut désormais se ressaisir de toute urgence pour éviter le chaos. » Le retour aux urnes ? Oui, mais quelle solution ? Pour Le Figaro, il n'y en a qu'une seule : « ce grand désordre, cette pénible confusion, nous ramène à celui qui, par la grâce de la Ve République, possède autant de pouvoir que de devoirs : le chef de l'État. Lui seul a la clef : le retour aux urnes. En démocratie, c'est la plus mauvaise solution, à l'exception de toutes les autres. » Un retour aux urnes avec comme perspective une percée de l'extrême-droite… C'est ce que craint Le Soir à Bruxelles : « le chaos français, autoroute pour l'extrême droite et péril pour l'Europe », titre le quotidien belge. « La France gouvernée par l'extrême droite, des leaders populistes et nationalistes, après la Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie, et peut-être demain la Pologne, voire l'Allemagne ? On n'ose imaginer, soupire Le Soir, ce que la concrétisation de cette menace existentielle pour le projet européen, pourrait imprimer à nos destins. » Macron sous pression Désormais, « Emmanuel Macron est au pied du mur », constate le New York Times. « Impopulaire après plus de huit ans au pouvoir, alors qu'il lui reste environ 18 mois de mandat, Emmanuel Macron est sous la pression constante de l'extrême gauche pour démissionner et de l'extrême droite pour convoquer des élections législatives. » Ultime espoir de compromis, pointe Le Temps à Genève : « Emmanuel Macron a joué les prolongations en demandant à Sébastien Lecornu de convaincre les uns et les autres de revenir à la table des négociations. Mais le mal est fait, estime le quotidien suisse, son camp semble avoir définitivement perdu toute crédibilité. » À la Une également, le 7-Octobre, deux après… Pour le Jerusalem Post, proche du pouvoir, « la société israélienne ne doit pas se permettre d'oublier. (…) Alors que des négociations sont en cours au Caire pour un accord qui pourrait mettre fin à la guerre, la tentation sera grande de croire que, si les otages reviennent, si les réservistes retrouvent leurs familles et leurs emplois, si les roquettes houthies cessent, alors une vie normale pourra reprendre. » Non, s'exclame le Jerusalem Post : « céder à cette complaisance ouvrirait la voie à une prochaine catastrophe. (…) Nos ennemis sont implacables, notre sécurité dépend de notre préparation et la véritable dissuasion ne repose que sur une force incontestable et la volonté de l'utiliser. » Netanyahou sur la sellette Haaretz, quotidien israélien de gauche, note, lui, que « deux ans après la pire catastrophe sécuritaire de l'histoire d'Israël, les responsables sont toujours au pouvoir. (…) Ce sont les terroristes du Hamas qui ont perpétré le massacre brutal du 7 octobre 2023, mais, affirme le journal, cet échec s'est produit sous la direction du Premier ministre Benjamin Netanyahou, et il demeure le seul haut responsable à ne pas encore avoir assumé ses responsabilités. » Résultat, pointe Haaretz, « la guerre se poursuit sans but depuis deux ans. Les otages ont été abandonnés. Israël s'est enfoncé dans un isolement diplomatique, économique et moral. Et les mains du gouvernement sont souillées du sang de dizaines de milliers de Gazaouis. » « Deux ans de barbarie », dénonce également El Pais à Madrid. Reste que « le plan Trump est un espoir à conforter », affirme Le Monde à Paris. « Même si de nombreux points restent à préciser et que certains objectifs permettant d'aboutir à une solution à deux Etats restent aujourd'hui hors de portée, la fin de la guerre, estime le quotidien français, apparaît enfin possible. »

Ce ne sera pas un face-à-face direct entre représentants israéliens et représentants du Hamas, mais un échange orchestré par les médiateurs qataris ou égyptiens qui vont faire la navette entre les deux camps. Malgré tout, pointe Libération à Paris, « les négociations qui démarrent ce lundi en Égypte doivent initialement se focaliser sur un seul objectif : la libération de tous les otages israéliens, vivants ou morts, en échange de la libération de prisonniers palestiniens. De la réussite de cette première phase dépend sans doute la poursuite des négociations sur le reste du plan Trump, qui compte 20 points, rappelle le journal, notamment la création d'un gouvernement provisoire de technocrates palestiniens supervisés par des personnalités internationales, une force de maintien de la sécurité constituée par des pays étrangers ainsi que le désarmement complet du Hamas, sans oublier un retrait de l'armée israélienne. Mais ces discussions viendront (donc) après. » Sortir d'un engrenage mortifère… Finalement, relève Le Figaro, « peu importe qui crie victoire, pourvu que cette première phase du plan aboutisse – et même si cela prend un peu plus de temps que les 72 heures prévues. Tous les obstacles ne seront pas levés pour la suite, en particulier le désarmement du Hamas, qui n'est pas acquis. Le Premier ministre israélien a promis de l'obtenir, via le plan de Trump ou par la force. Mais du moins cette première étape permettrait de sortir d'un engrenage mortifère, après 730 jours d'une guerre terrible qui a tué plus de 65.000 Palestiniens. » En effet, renchérit Le Soir à Bruxelles, « pour les Gazaouis, pour les otages israéliens, l'abomination doit cesser immédiatement. » Le Temps à Genève est sur la même ligne : « tout le monde, ou presque, souhaite la libération des otages et des prisonniers ainsi que la fin des souffrances des Gazaouis. Mais, pratiquement deux ans après le 7-Octobre, il sera difficile, pour les uns et pour les autres, de se contenter de jouer à un jeu dont les règles n'ont pas été fondamentalement revues. » Divergences… Et d'ores et déjà, il y a des « points de friction », affirme Haaretz à Tel Aviv. Concernant la libération des prisonniers palestiniens, « le Premier ministre Benjamin Netanyahou a déjà clairement indiqué qu'Israël ne libérerait pas les terroristes de la force d'élite Nukhba du Hamas ayant participé aux attaques contre Israël du 7 octobre 2023, malgré les exigences du Hamas. » Quant au mouvement islamiste, poursuit Haaretz, « il aurait des objections à propos des lignes de retrait des Forces de défense israéliennes. Un retrait qui doit lui permettre une relative liberté de mouvement à Gaza pour localiser et regrouper les otages vivants et les corps à restituer à Israël. » Nombreux points en suspens… Et le plus dur reste encore à venir… Derrière ce premier round de négociations se cachent « des enjeux très politiques », constate Le Monde. En effet, précise le journal, « les discussions pourraient s'étendre au calendrier du retrait israélien et à l'administration de l'enclave. » Et dès demain mardi, on devrait entrer dans le vif du sujet, relève le quotidien du soir, avec « l'arrivée en Égypte, du gendre du président américain, Jared Kushner. Ce dernier, homme d'affaires très investi dans le Golfe, travaille depuis l'été à un plan de paix à long terme au Proche-Orient. Le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, lui, a déjà indiqué que des négociations sur une structure de gouvernement à Gaza pourraient avoir lieu dès les premières étapes du cessez-le-feu. » Quant au Hamas, « il devrait renouveler sa demande d'un engagement clair sur les plans d'aide humanitaire et de reconstruction de l'enclave. » Bref, ce processus de paix pourrait prendre des jours, des semaines, des mois… Personne n'est en mesure de faire le moindre pronostic…

Le président américain affirme que le mouvement islamiste est prêt à la paix et exhorte Israël à cesser de bombarder Gaza : c'est le grand titre des médias régionaux qui ont suivi en direct, sur leur site internet, l'évolution de la situation. Le Times of Israel rapporte, par exemple, que le chef d'état-major de l'armée a ordonné de se préparer à la mise en œuvre de la première étape du plan de Donald Trump pour libérer les otages. Al Jazeera, de son côté, relaie notamment les réactions des dirigeants étrangers – britannique, australien ou encore indien – qui, tous, saluent les efforts du président américain pour la paix à Gaza. L'attaque israélienne au Qatar, point de bascule Depuis les États-Unis, le New York Times revient sur l'événement qui a peut-être fait basculer la situation, début septembre, ou « comment la fureur suscitée par l'attaque israélienne contre le Qatar a poussé Netanyahu à se prononcer sur Gaza », titre le journal. Cette attaque « a incité, analyse le New York Times, un Donald Trump furieux et ses conseillers à faire pression sur M. Netanyahu pour qu'il soutienne un cadre visant à mettre fin à la guerre, après des mois durant lesquels le président semblait avoir donné carte blanche au dirigeant israélien pour poursuivre ses attaques contre le Hamas. » Le New York Times revient avec précision et témoignages sur ces 20 jours de discussions diplomatiques intenses entre les pays arabes et Washington, qui ont abouti au plan de paix proposé par Donald Trump en début de semaine. Pas de réponse du Hamas sur son désarmement « Mais la question est de savoir, tempère le New York Times, si la réponse du Hamas satisfera finalement Israël et la Maison Blanche. » « Le diable se cache (comme toujours) dans les détails », prévient The Independant à Londres, qui résume le nœud du problème : « Jusqu'à présent, ni Netanyahu ni le Hamas n'ont approuvé chaque point spécifique du plan. » « Le problème, poursuit le tabloïd britannique, est que le plan en 20 points est vague. Tellement vague, en fait, qu'il a permis à Trump, Netanyahu, le Hamas et d'autres personnalités clés de la région de diffuser et de promouvoir leurs propres interprétations. Les déclarations accompagnant chaque approbation dressent un tableau si différent qu'on se demande s'ils ont vraiment examiné le même document. » L'une des zones d'ombre concerne le désarmement du Hamas, prévu par le plan américain, mais qui n'a pas été mentionné dans la réponse du mouvement islamiste palestinien. Le Hamas lui-même « n'est pas parvenu à un consensus », d'après le Wall Street Journal. Les responsables du Hamas, situés hors de Gaza, « soutiennent l'acceptation de la proposition malgré d'importantes réserves », mais ils ont « une influence limitée sur la branche armée du groupe, toujours présente dans l'enclave ». Son chef, Izz al-Din al-Haddad, se dit prêt, selon le Wall Street Journal, « à céder des roquettes et des armes offensives ». Mais les commandants du Hamas à Gaza « craignent, selon les médiateurs, de ne pas pouvoir imposer le désarmement aux combattants s'ils acceptent un accord équivalant à une reddition ». « L'espoir d'un cessez-le-feu est dans les mains du Hamas et de son commandant "fantôme" à Gaza », titre Le Temps, qui dresse le portrait d'Izz al-Din al-Haddad, « quinquagénaire » au « visage rond », « l'un des derniers survivants de la vieille garde du Hamas », « moins connu et charismatique que Yahya Sinwar, mais réputé comme un organisateur efficace », assure un chercheur auprès du journal suisse. « La fin de la guerre à Gaza n'est pas la fin » « Certains observateurs estiment, explique le Wall Street Journal, que la déclaration du Hamas vise à gagner du temps pour apaiser les tensions persistantes entre ses ailes politique et militaire. Sur le champ de bataille, le Hamas est affaibli. La branche armée a perdu la plupart de ses hauts dirigeants et des milliers de combattants expérimentés. Nombre de ses nouvelles recrues manquent de formation, et le contrôle renforcé d'Israël sur Gaza a mis à rude épreuve la capacité du groupe à communiquer et à coordonner ses opérations. » Dans Le Temps, une politologue ne cache pas son scepticisme : « Même s'il accepte formellement le plan de Donald Trump, le Hamas n'aura pas dit son dernier mot, il pourrait se réfugier dans l'action terroriste contre les Israéliens. » Sceptique, aussi, Die Welt en Allemagne, avec ce titre : « Pourquoi la fin de la guerre à Gaza n'est pas la fin ». « Une véritable stabilité au Moyen-Orient est encore loin », tempère le journaliste allemand. Le conflit a, selon lui, « démontré l'étendue du réseau terroriste dans la région ». « Et malgré la lutte d'Israël sur plusieurs fronts, celui-ci continue d'exister, que ce soit sous le nom du Hamas ou sous un autre nom » : le Hezbollah, les Houthis au Yémen... et l'Iran « au centre de la déstabilisation », pour « maintenir Israël sous pression permanente ». Cela signifie pour l'État hébreu, selon Die Welt, « qu'une victoire militaire à Gaza ne marquera pas une fin stratégique, mais plutôt une phase de transition ».

De la colère « profonde, justifiée et vive », titre le Manchester Evening News, après l'attentat devant une synagogue lors de la fête juive de Yom Kippour. Deux hommes ont été tués par un Britannique, d'origine syrienne qui a été abattu par la police. La rédaction du journal local fait part de son soutien à la communauté juive, et appelle à ne pas laisser « la colère se transformer en haine ». « C'est, avant tout, une attaque odieuse contre les Juifs, affirme The Independant. C'est aussi une nouvelle épreuve pour la démocratie britannique, traditionnellement tolérante et multiculturelle. De nombreux Juifs en Grande-Bretagne pensaient qu'un jour comme celui-ci finirait par arriver, poursuit le tabloïd. Malheureusement, leurs craintes se sont confirmées, et ils ont raison de s'interroger douloureusement sur la protection que les autorités leur ont accordée ces dernières années ». Certains « ont fait l'éloge du multiculturalisme britannique » mais « difficile de prendre ces personnes au sérieux », attaque le Wall Street Journal, qui insiste : « Un seul groupe religieux en Grande-Bretagne pratique désormais systématiquement ses offices sous la protection d'agents de sécurité ». Dans le New York Times, on retrouve ce nombre cité dans plusieurs articles : 1 521 actes antisémites recensés en Grande-Bretagne au cours des six premiers mois de l'année. Le record date de l'an dernier – les autorités constatent que le phénomène a pris de l'ampleur depuis l'attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. Cet attentat à Manchester est donc « susceptible d'intensifier, selon le New York Times, le débat en Grande-Bretagne sur la guerre à Gaza ». C'est « la première manifestation, observe d'ailleurs The Times, du conflit à Gaza dans les rues britanniques sous la forme d'assassinats terroristes. Et certains craignent que ce ne soit pas la dernière ». La guerre à Gaza et ses conséquences, aussi, en Italie « Des dizaines de milliers d'Italiens sont sortis de chez eux à Rome, Bologne, Turin, Naples », raconte la correspondante en Italie du journal français La Croix. « On aurait dit le Black Friday », décrit le Corriere della Sera : dans plusieurs villes, « la circulation était paralysée par des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ». Des rassemblements qui se sont formés au moment où les forces israéliennes ont intercepté une flottille internationale au large de la bande de Gaza. En Italie, « des millions d'utilisateurs ont suivi cette intervention depuis leurs smartphones et leurs PC, remarque La Repubblica. Sept millions de commentaires ont été publiés tout au long de la journée. Pour tous, c'était l'occasion de briser le voile derrière lequel les choses se passent à Gaza ». « L'ampleur du mouvement interroge alors que les Italiens sont d'ordinaire peu enclins à manifester », s'étonne la correspondante de La Croix, citant le témoignage d'une informaticienne qui se mobilisait pour la première fois. Cela a « redonné un souffle au militantisme italien, en crise depuis une vingtaine d'années », explique un juriste milanais cité dans le journal français. Taylor Swift trop heureuse ? « Après le désordre, le nettoyage » : c'est de cette façon que le Los Angeles Times résume, non pas toutes les conséquences de la guerre à Gaza, mais le nouvel album de Taylor Swift, qui vient de sortir. The Life of a Showgirl et sa douzaine de « chansons pop découpées avec précision », moins de deux ans après son précédent album bien plus « émotionnellement instable », que le Los Angleles Times semble regretter. « Taylor Swift lâche quelques répliques amusantes sur les chihuahuas et la cocaïne, mais renonce totalement au sens de l'empathie qui a fait d'elle une telle icône. Peut-être est-ce, s'aventure le Los Angeles Times, parce qu'elle a fini par vivre une relation amoureuse épanouissante avec (le footballeur américain) Travis Kelce ». Tout en rappelant toutes les raisons et les records qui font de la chanteuse « une figure emblématique », le Süddeutsche Zeitung, en Allemagne, en arrive peut-être à la même conclusion : « le conte de fées de Cendrillon semble devenu réalité ». « Tous ceux qui se sont reconnus en elle y voient-ils désormais la confirmation de leurs rêves ? Ou est-ce la fin de leur identification, car la star est, malheureusement, heureuse ? »

Un pétrolier suspect arraisonné par la marine nationale française au large de la Bretagne, des drones qui s'égarent un peu partout en Europe du Nord… L'ombre de la Russie s'étend sur le vieux continent. Une nouvelle forme de « guerre hybride », pointe Le Figaro à Paris, dont Moscou « s'est fait une spécialité ». Le but, précise le journal : « provoquer et inquiéter les membres de l'Otan, sans pour autant justifier une escalade incontrôlable. Alors que son armée piétine en Ukraine, Poutine ne veut sûrement pas élargir le conflit à tout le continent européen. Mais, affirme Le Figaro, en affichant son audace, il espère intimider les soutiens de Kiev, voire les pousser à réaffecter des budgets à leur propre défense. (…) Pour les Européens, voilà l'occasion ou jamais de faire preuve de solidarité et de courage ». Divergences On n'en est pas là, soupire Le Monde. « Malgré la multiplication des attaques hybrides de la Russie, les Européens peinent à s'accorder sur une défense commune », constate le quotidien du soir. « Réunis hier à Copenhague, les chefs d'État et de gouvernement de l'UE ont débattu du rôle que doit prendre la Commission dans la coordination de leurs efforts militaires ». Mais ils ne sont pas arrivés à s'entendre… « Les plus petits pays de l'Union, qui n'ont pas ou peu d'industrie de défense, militent, pour une Commission qui aurait plus de pouvoir en la matière ». Et les autres, « dont la France, l'Italie ou l'Allemagne, veulent conserver la maîtrise sur les grands projets militaires. Et rappellent que la Commission n'a aucune compétence en matière de défense ». Seul point positif hier à Copenhague, note La Croix, toujours à Paris : « les dirigeants européens ont commencé à discuter de l'utilisation des actifs russes sous sanction pour financer le coût de la guerre en Ukraine. Ils pourraient ainsi transférer 140 milliards d'euros à Kiev. La Commission propose un mécanisme pour mettre la main sur cet argent, sans le confisquer formellement ». « La Russie ne s'arrêtera pas » Reste que les Européens piétinent, constate également La Repubblica à Rome. « Alors que l'inquiétude militaire continue de secouer le continent, le Conseil européen informel a mis un frein au projet de "mur anti-drone". La question sera réexaminée lors du sommet de la fin octobre, après que la Commission européenne aura finalisé une nouvelle feuille de route ». Pourtant, pointe le quotidien italien, les dirigeants européens parlent de « climat de guerre » et « les pays les plus impliqués aux frontières de la Russie préviennent : "nous devons nous préparer encore davantage", a déclaré le Premier ministre finlandais, Petteri Orpo. "Nous devons être prêts, car la Russie ne s'arrêtera pas" ». Tergiversations Le Guardian à Londres s'agace : « en matière de défense, il ne faut pas hésiter. On ne peut pas passer dix ans à décider d'intervenir dans un conflit. On ne peut pas non plus tergiverser lorsqu'il s'agit d'investir dans des défenses aériennes ou des chars. (…) Alors que la guerre fait rage en Ukraine et que la Russie est de plus en plus disposée à tester la détermination de l'Europe sur son flanc oriental, les Européens doivent réfléchir aux moyens de remplacer ou de compléter l'amoindrissement de l'engagement américain. (…) Mais, déplore le Guardian, les structures de décisions de l'UE en matière militaire ne sont pas adaptées à la situation. (…) Il faut donc encourager une plus grande collaboration entre les États membres et réfléchir sérieusement à la meilleure façon d'impliquer des États non-membres de l'Union, comme le Royaume-Uni, la Norvège, la Suisse et même le Canada ». « L'Europe admettra-t-elle qu'elle est en guerre ? » Enfin, dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, le philosophe français Bernard-Henri Lévy hausse encore le ton : « L'Europe admettra-t-elle qu'elle est en guerre ? », s'exclame-t-il. L'Europe « peine à accepter la vérité selon laquelle, lorsque la guerre est déclarée, il n'y a pas d'autre choix que d'y faire face – avec retenue, en respectant les règles de proportionnalité, mais avec suffisamment de fermeté pour dissuader l'ennemi de pousser plus loin l'escalade. Les drones sont interdits en Europe au-dessus des zones sensibles, des sites stratégiques, de la plupart des aéroports et de certaines zones urbaines. Alors, s'interroge encore Bernard-Henri Lévy, qu'est-ce qui empêche l'Europe de les abattre ? »

Que va décider le Hamas ? Toute la presse s'interroge ce matin, à l'instar du Figaro à Paris. « Accepter le plan Trump même sans garantie d'application, quitte à disparaître militairement ? Ou le refuser, quitte à creuser encore son isolement et le drame des Gazaouis ? Le Hamas n'a que de mauvaises options devant lui, constate le journal. Mais, s'interroge-t-il, sous une intense pression de tous les pays qui comptent – y compris de ses alliés qatariens et turcs – la formation intégriste, aujourd'hui disloquée militairement à Gaza, peut-elle dire non ? » Finalement, pointe le Times à Londres, « le Hamas doit choisir entre combattre ou capituler. Ou bien faire semblant de capituler, se fondant dans l'ombre en attendant des jours meilleurs ». D'ailleurs « qui mène la danse au sein du mouvement islamiste ? », s'interroge le quotidien britannique. « Les dirigeants politiques confortablement installés dans le Golfe ou les irréductibles qui contrôlent les otages dans le dédale de tunnels sous la bande de Gaza ? Les fanatiques qui résistent depuis près de deux ans capituleront-ils simplement pour sauver leur peau ? » Modifications ? Conditions ? Le Hamas en plein doute… « L'empressement avec lequel Donald Trump et Benyamin Netanyahu ont avancé leur plan pour mettre fin à la guerre à Gaza, avant-hier, a suscité la consternation au sein du mouvement islamiste, constate Le Monde à Paris. Ces dernières 48 heures, plusieurs de ses porte-paroles ont dénoncé un texte qui ne propose, selon eux, qu'une "reddition" pure et simple. Il apparaît d'ores et déjà difficile, pour ses chefs, de l'accepter sans modifications importantes. (…) Le mouvement islamiste ne veut pas apparaître comme le seul responsable d'un échec du plan de paix. Mais le fait que le retrait des troupes israéliennes ne soit pas un préalable au cessez-le-feu est un obstacle majeur ». D'après La Repubblica à Rome, « des sources arabes qui suivent de près les négociations à Doha s'attendent à ce que le Hamas finisse par accepter. La décision pourrait être prise d'abord par les dirigeants sur le terrain à Gaza, puis à Doha. Mais le mouvement islamiste devrait poser des conditions et demander un nouveau temps de négociation ». Ce qui est sûr, pointe encore le quotidien italien, c'est que « les États arabes du Golfe et des pays musulmans comme la Turquie et le Pakistan, font pression sur les négociateurs du Hamas pour qu'ils disent oui au plan de paix ». Embûches… Alors quand bien même le Hamas plierait, il resterait encore de nombreux obstacles… Pour le New York Times, « le plus grand risque désormais est qu'Israël et le Hamas affirment vouloir la paix sans pour autant prendre les mesures difficiles pour y parvenir. Benyamin Netanyahu pourrait ralentir le retrait israélien de Gaza et le Hamas pourrait tenter de conserver un rôle en coulisses dans la gestion de Gaza, chaque camp rejetant la faute sur l'autre. Dans ce scénario, les dirigeants arabes et américains devront faire preuve d'encore plus de courage. Les dirigeants arabes devront annoncer au Hamas qu'il est fini comme force politique à Gaza, puis appuyer cette déclaration en envoyant des troupes. Et Donald Trump devra obliger Benyamin Netanyahu à choisir entre son alliance nationale avec les extrémistes israéliens et l'alliance internationale d'Israël avec les États-Unis ». Urgence humanitaire Et pendant ce temps, soupire Haaretz à tel Aviv, « alors qu'Israël, Washington et le monde attendent la réponse du Hamas au plan de Trump, la situation sur le terrain reste impitoyable et meurtrière. Les otages continuent de languir dans les tunnels du Hamas, et le nombre de victimes à Gaza ne cesse de s'alourdir. Depuis le début de la guerre, 66 000 Gazaouis ont été tués et plus de 168 000 blessés. Parallèlement, la catastrophe humanitaire se poursuit. Les hôpitaux de Gaza souffrent d'une grave pénurie de médicaments et d'électricité, tandis que leur personnel est débordé. De nombreuses personnes sont encore coincées sous les décombres. Et la population civile erre d'un endroit à l'autre au milieu des ruines. C'est une situation intolérable qui doit cesser, s'exclame Haaretz, quelle que soit la réaction du Hamas à ce plan. Elle doit cesser au nom de la morale et de l'humanité. Cette guerre doit prendre fin immédiatement. »

« C'est potentiellement l'un des plus grands jours dans l'histoire de la civilisation. Nous allons tout régler : le commerce avec l'Iran, les accords d'Abraham (entre Israël et plusieurs pays arabes), la guerre à Gaza. Nous allons vers une paix éternelle au Moyen-Orient ». « Comme à son habitude, souligne Le Temps à Genève, Donald Trump n'a pas économisé les superlatifs lors de la conférence de presse hier à Washington en compagnie de Benjamin Netanyahu (pour présenter le plan de paix pour Gaza). (…) Toutefois, constate le quotidien suisse, ce plan de paix ressemble davantage à une permission de tirer qu'à un accord diplomatique. Il prévoit que le Hamas rende tous les otages, vivants et morts, accepte un désarmement complet, et qu'une administration internationale, à laquelle ni le Hamas ni l'État palestinien ne seront conviés à participer, dirige la bande de Gaza. Des conditions que le Hamas rejette depuis longtemps. Or, a averti Donald Trump, "si le Hamas refuse, Israël a notre soutien inconditionnel pour faire ce qu'il doit faire" ». Que va faire le Hamas ? En effet, rebondit Libération à Paris, « tout, absolument tout (dans ce plan) repose sur l'acceptation par le Hamas de se saborder contre une "amnistie" qui serait accordée à ses membres, qui accepteraient de rendre les armes. Le Hamas qui n'a pas été officiellement consulté. Le pari de Netanyahu est donc que l'organisation terroriste fasse le travail pour lui, s'exclame le journal, rejetant dans les 72 heures fatidiques le plan que, lui-même, est forcé d'accepter. Cette option devrait, selon l'accord, donner à Israël la permission de détruire le Hamas, "par la force s'il le faut". Autrement dit, résume Libération, retour à l'invasion de Gaza et sa colonisation, cette fois avec l'accord tacite des pays arabes et la bénédiction officielle de l'Amérique ». « Le Hamas doit répondre à une étrange injonction, insiste Le Soir à Bruxelles : le suicide ou subir les foudres mortelles d'Israël. Un choix cornélien s'il en est. En attendant, il doit restituer tous les otages dans les trois jours, qu'il considérait comme ses derniers atouts, et espérer qu'Israël tiendra parole, ne cherchera pas à procrastiner peu ou prou, voire à saboter l'accord qui l'empêche d'annexer et d'expulser à sa guise ». « Cet accord est nécessaire, même s'il paraît impossible. » Oui, c'est vrai, pointe le New York Times, « le Hamas, dont les dirigeants survivants se cachent pour l'essentiel dans un bunker à Doha, doit encore approuver ce plan. Et il a de multiples moyens de le saboter, tout comme Netanyahu. Mais cela vaut la peine d'essayer, s'exclame le journal. (…) Cet accord est nécessaire, même s'il paraît impossible ». Et « Israël doit être contraint de laisser ouverte la possibilité d'un État palestinien, affirme encore le New York Times, à la condition que les Palestiniens atteignent certains objectifs de gouvernance. Seul Trump peut l'imposer à Netanyahu. (…) Ce plan de paix peut créer un pont vers une solution à deux États. Il donnerait alors une énorme marge de manœuvre à l'Arabie saoudite, au Liban, à la Syrie et même à l'Irak pour envisager de rejoindre les accords d'Abraham et de normaliser leurs relations avec Israël ». Un chemin encore long… La porte est entrouverte, souligne Haaretz à Tel Aviv : « la guerre doit cesser, pour sauver les otages qui croupissent dans les tunnels du Hamas depuis deux ans, et parce qu'il est insupportable de continuer à sacrifier la vie de soldats sur l'autel d'un conflit vain. (…) Il faut espérer, implore le quotidien israélien de gauche, que Netanyahu ne changera pas d'avis et ne torpillera pas l'accord, comme il l'a fait par le passé. Les portes de l'enfer qui se sont ouvertes le 7 octobre doivent se refermer ». Le Guardian à Londres résume la situation : « le plan de Trump pour Gaza est ambitieux, mais la paix est loin d'être garantie. À première vue, ce plan semble plus susceptible de mettre fin au conflit de deux ans à Gaza que tout ce que nous avons vu jusqu'à présent. Mais il s'agit moins d'une feuille de route détaillée que d'un croquis sommaire qui laisse autant de chances de se perdre que d'atteindre la destination souhaitée. (…) Il y a encore beaucoup à faire, soupire le Guardian : même si le Hamas approuvait le plan, il resterait une multitude de détails à convenir, à fixer et à mettre en œuvre. Ce chemin pourrait être très long, et toute arrivée, et encore moins une arrivée sûre et confortable, est loin d'être garantie ».

« Tout le monde est prêt pour quelque chose de spécial, une première » au Moyen-Orient. « Nous allons y arriver » : déclaration hier de Donald Trump, avant sa rencontre ce lundi avec Benjamin Netanyahu. Alors qu'y-a-t-il derrière ce « quelque chose de spécial » ? Très certainement le nouveau plan de paix pour Gaza que le président américain a présenté la semaine dernière aux dirigeants arabes et musulmans en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Ce projet en 21 points est censé répondre aux préoccupations israéliennes et à celles des pays du Moyen-Orient, a indiqué Washington. Selon le site américain Axios, cité par Libération à Paris, « les propositions des Etats-Unis seraient des variantes d'idées discutées au cours des six derniers mois, des mises à jour de plans antérieurs présentés par Jared Kushner, le gendre de Donald Trump et ancien envoyé spécial pour le Moyen-Orient, et l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Révélés samedi par la chaîne saoudienne Al-Hadath et le média israélien Ynet, poursuit Libération, les principaux points de ce plan prévoient la fin immédiate des hostilités à Gaza, ainsi que la libération des otages israéliens en contrepartie de celle de milliers de prisonniers palestiniens. » Échange de prisonniers, retrait progressif de Tsahal, aide humanitaire… Le Washington Post, qui a pu consulter le document, donne plus de précisions, et cite un extrait du texte : « une fois tous les otages libérés Israël libérera 250 prisonniers condamnés à perpétuité ainsi que 1.700 Gazaouis détenus après le 7 Octobre. […] Pour chaque otage israélien dont la dépouille sera restituée, Israël restituera les dépouilles de 15 Gazaouis décédés. » « Ce plan, pointe encore Libération à Paris, évoque également un retrait progressif des forces armées de l'État hébreu ; et un afflux d'aide humanitaire sous l'égide de l'ONU “ainsi que d'autres institutions internationales non liées d'une quelconque manière à l'une ou l'autre des parties“, cite le Washington Post, sans qu'il soit précisé si cela inclut l'opaque Gaza Humanitarian Foundation, dont les distributions sont régulièrement émaillées de tirs mortels pour la population. » L'inconnue Netanyahu… Alors, Donald Trump rencontre donc Benjamin Netanyahu ce lundi à la Maison-Blanche. Et il va tenter de le convaincre… Commentaire du Washington Post : « Trump détient les leviers pour faire avancer Gaza vers la paix. S'il veut vraiment créer un jour nouveau à Gaza, il devra utiliser toute l'influence dont il dispose auprès du Premier ministre israélien. » Benjamin Netanyahu sera sous la pression de son allié américain, poursuit le Washington Post : car « ce plan crée une alternative au Hamas, ce qui, d'une certaine manière, devrait plaire à Netanyahu. » Toutefois, « le Premier ministre israélien a explicitement déclaré qu'il n'y aurait jamais d'État palestinien, et ce plan ouvre clairement cette possibilité. » Acculé ? L'Orient-Le Jour à Beyrouth insiste sur le fait que « plusieurs experts estiment que Benjamin Netanyahu est acculé à mettre fin au conflit, sous la pression grandissante internationale et d'une partie de l'opinion israélienne. “Il n'a pas d'autre choix que d'accepter le plan“, affirme (ainsi) Eytan Gilboa, spécialiste des relations israélo-américaines à l'université Bar-Ilan. “Tout simplement, poursuit-il, parce que les États-Unis, et Trump en particulier, restent presque ses seuls alliés“. » Temporiser ? Pour Haaretz à Tel Aviv, « la logique voudrait que le président Trump pousse Netanyahu à accepter un accord qui mettrait fin à la guerre à Gaza, qui ramènerait tous les otages chez eux et qui mettrait en œuvre un plan visant à sécuriser, stabiliser et finalement reconstruire la bande de Gaza. » Toutefois, soupire le quotidien israélien de gauche, « il y a peu de raisons de croire que la logique ou le courage l'emporteront chez ces deux dirigeants. Ils pourraient très bien se quitter ce lundi sans grand changement (…). » Enfin, La Repubblica à Rome cite l'éditorialiste israélien Ben Caspit : « Netanyahu peut accepter l'accord, dit-il, crier victoire et convoquer des élections, ou alors continuer à temporiser au péril de la vie des otages et à mettre à l'épreuve la patience de plus en plus fragile de Trump pour faire gagner quelques semaines ou quelques mois supplémentaires à sa coalition destructrice. En bref, Netanyahu doit choisir entre son gouvernement et le pays. » Ce qui est sûr dans tout cela, c'est que Donald Trump et Benjamin Netanyahu donneront une conférence de presse commune à l'issue de leur entretien ce lundi. Ce sera vers 19h15 heure française. On verra bien si les deux hommes annonceront… « quelque chose de spécial. »

Premier ministre depuis maintenant plus de deux semaines, Sébastien Lecornu n'a toujours pas formé son gouvernement. « Vous n'êtes pas pressé ? » lui demande le Parisien. « Je suis au travail », répond le Premier ministre, qui promet tout de même un gouvernement pour la semaine prochaine. « Y aura-t-il des personnalités issues du Parti Socialiste » ? demande encore le Parisien. « Je ne veux pas de débauchage de personnalité issue d'une formation politique qui ne soutiendrait pas le gouvernement, » assure Sébastien Lecornu. Quant aux projets, sur le fond, le Premier ministre les égraine les uns après les autres. D'abord la réduction des dépenses : le premier ministre va « proposer une diminution de six milliards d'euros sur l'État et son train de vie ». La Taxe Zucman ? Sébastien Lecornu est visiblement opposé à ce prélèvement de 2 % sur les plus riches. La réforme des retraites ? le Premier ministre n'envisage pas de la suspendre. Une interview qui a laissé le Parti Socialiste sur sa faim. « Aucun effort n'a été réalisé », a estimé Olivier Faure, le patron du PS sur TF1. Israël, un nouveau pays paria À la Une également, Benyamin Netanyahu à la tribune des Nations Unies. « Netanyahu promet de « finir le travail » à Gaza lors de son discours à l'ONU, alors que les délégations quittent le siège des Nations unies », titre le Guardian. Le quotidien britannique reprend une par une les déclarations du Premier ministre israélien, qui a donc « promis de finir le travail à Gaza » mais qui a aussi jugé « insensée » la reconnaissance d'un État palestinien, « quelques jours seulement après que le Royaume-Uni, la France, le Canada, l'Australie et d'autres pays ont rompu avec les États-Unis, pour reconnaître un État palestinien indépendant ». La presse américaine, elle aussi, revient sur le discours du Premier ministre israélien. C'est le cas du New York Times. Le quotidien américain parle« d'un Netanyahu provocateur » qui « dénonce la reconnaissance de la Palestine devant une salle de l'ONU presque vide », les délégués ayant ainsi montré leur réprobation. « L'image du Premier ministre israélien s'adressant à une salle où les applaudissements venaient en grande partie de sa propre délégation, semblait souligner les craintes exprimées par certains Israéliens de voir leur pays devenir un paria », ajoute le New York Times. Selon le Times of Israël, le cabinet du Premier ministre israélien a par ailleurs affirmé « que l'armée israélienne avait pris le contrôle des téléphones des Palestiniens de Gaza pour diffuser en direct son discours à l'ONU. Les habitants de Gaza auraient reçu des SMS contenant un lien vers le discours de Netanyahu, mais aucune confirmation de cette prise de contrôle n'a pu être obtenue » précise toutefois le Times of Israël. Robots à tout faire Les « camps d'entraînement de robots » en Chine est à la Une du South China Morning Post, quotidien anglophone de Hong Kong, qui nous explique que « ces camps d'entraînement de robots doivent servir à former des humanoïdes de renommée mondiale ». « La Chine met tout en œuvre pour devancer les États-Unis dans la course au développement de robots humanoïdes perfectionnés », explique le journal, qui précise : « Partout dans le pays, des villes ouvrent d'immenses bases de formation en robotique humanoïde, qui mettent les robots à l'épreuve dans différents scénarios, et collectent ensuite des données pour aider les fabricants à accélérer le développement de leurs produits ». Parmi les scénarios proposés à ces robots destinés à remplacer les êtres humains, on trouve notamment « le travail dans une usine, dans un point de vente au détail, dans un centre de soins pour personnes âgées, ou encore dans une maison intelligente ». « Ces derniers mois, rappelle le South China Morning Post, « la Chine a organisé une série d'événements de grande envergure pour présenter ses progrès en robotique, avec des humanoïdes participant à un semi-marathon, un match de kickboxing ou encore un spectacle de danse ». On croise les doigts pour que des robots humanoïdes ne s'installent pas derrière les micros de RFI.

« Le séisme », titre le Figaro, avec une photo que l'on retrouve ce matin dans tous les journaux français : Nicolas Sarkozy, blême, à la sortie du tribunal. Le quotidien conservateur qui prend fait et cause pour l'ancien président. Dans son éditorial, Yves Thréard parle d'un jugement « absurde et incompréhensible », estimant « que l'appareil judiciaire français s'est surpassé », « envoyant Nicolas Sarkozy pour 5 ans ferme, derrière les barreaux, dans un dossier qui ne tient pas debout ». « La haine n'a pas de limite », conclut Yves Threard, reprenant les propos de Nicolas Sarkozy. « L'ancien président a des raisons de le penser. La gauche peut ricaner, l'image de la patrie des droits de l'homme n'en sort pas grandie ». « La Taule » Eh bien non, justement, le quotidien Libération (marqué à gauche) affirme « ne pas se réjouir », estimant en effet que « derrière la condamnation de Nicolas Sarkozy, c'est le "Tous pourris" qui progresse ». En Une, le visage de Nicolas Sarkozy, derrière un gros titre « La Taule » dont les lettres forment les barreaux d'une prison. « Nicolas Sarkozy peut dire ce qu'il veut, remarque Libération. Il est évident que cette affaire de financement libyen de sa campagne électorale de 2007 n'aura pu que contribuer, comme d'autres affaires politico-financières qui ont concerné la gauche, l'extrême droite ou l'extrême gauche, à creuser ce fossé entre les Français et leurs représentants. Fossé dans lequel la démocratie française s'embourbe avec, à terme, un seul gagnant : l'extrême droite, qui n'a jamais été aussi proche du pouvoir. » L'un des secrets les mieux gardés de la République Le média en ligne Mediapart, qui est à l'origine de l'enquête sur l'affaire libyenne, commente, lui aussi, la condamnation de Nicolas Sarkozy. « S'attaquer enfin à la délinquance d'État ! » « Plus que jamais, estime-t-il, les citoyens et les citoyennes ont besoin d'être éclairé·es sur les pratiques de leurs représentants et sur les décisions prises en leur nom. » Médiapart qui rejoint Libération dans son analyse : « La délinquance politico-financière est l'un des secrets les mieux gardés de la République. Elle l'empoisonne à bas bruit, au détriment des citoyennes et des citoyens qui en paient le prix. C'est pourquoi le jugement rendu ce jeudi dans l'affaire libyenne est d'une importance capitale ». Douze ans d'enquête Mediapart salue le rôle de la justice : « Le tribunal de Paris laisse éclater au grand jour des pratiques inacceptables dans un État de droit, qui ont bien failli rester enfouies dans les caves obscures de la République ». Le journal revient d'ailleurs sur son propre rôle dans cette affaire, rappelant « que ses premières révélations remontent à l'été 2011 ». « C'est après la publication de plusieurs articles de Médiapart que la justice commence à enquêter en 2013 », « alors qu'entre 2016 et en 2018, le travail judiciaire s'accélère : les auditions et perquisitions se multiplient en France et à l'étranger ». « Puis viendront les mises en examen de Nicolas Sarkozy, en 2018 et en 2020, et un "procès hors-norme" en janvier 2025. Douze ans après le début de l'enquête menée par la justice ». Grâce présidentielle ? Enfin, le Parisien se demande si Emmanuel Macron peut gracier l'ancien président de la République. « S'il n'a pas commenté la décision de justice », remarque le quotidien, « Emmanuel Macron a déjà été sollicité par des sénateurs les Républicains qui lui ont demandé de gracier son prédécesseur ». Réponse de Christophe Boutin, professeur de droit public : « Je ne vois rien juridiquement qui s'oppose à la possibilité d'une grâce présidentielle du président Macron sur l'ancien président Sarkozy », déclare-t-il au Parisien. Le même professeur ajoute toutefois « qu'il juge "très improbable" la possibilité qu'Emmanuel Macron le fasse. » « Politiquement, dit-il, ce serait sulfureux, et ça poserait la question de la grâce de Marine le Pen », la cheffe du Rassemblement national, elle aussi condamnée par la justice.

La volte-face mardi 23 septembre de Donald Trump sur l'Ukraine et ses critiques envers la Russie vont-elles peser sur la suite des événements ? Assiste-t-on à un tournant ? Est-ce un espoir pour l'Ukraine ? La presse s'interroge ce matin. « L'Ukraine déchirée entre espoir et incrédulité après le virage de Trump en faveur de Zelensky », constate El Pais à Madrid. « Prendre au pied de la lettre tout postulat ou promesse du président américain Donald Trump comporte des risques », rappelle le quotidien espagnol. Et justement, Volodymyr Zelensky est resté prudent mercredi. « De la tribune de l'Assemblée générale, à New York, le président ukrainien a rappelé que pour garantir sa sécurité et sa souveraineté nationale, "seuls comptent les amis et les armes", relève Libération à Paris. Dans le temple des résolutions et du droit international, ces deux conditions pragmatiques à la survie d'un pays envahi depuis trois ans ont suscité le débat sur le mot "ami", après l'apparente volte-face de Donald Trump vis-à-vis de la Russie, avant-hier. En majuscules sur son réseau Truth Social, puis dans ses propos affables avec Zelensky et Emmanuel Macron, Trump assurait que l'Ukraine pourrait "GAGNER ses territoires d'origine" et critiquait de manière inhabituelle le "tigre de papier" russe, comme son économie malmenée par la guerre. "Cette publication de Donald Trump, c'est un grand tournant", a salué Zelensky. » Toutefois, s'interroge Libération, « Trump a-t-il vraiment changé d'avis, ou sa franche sortie contre Poutine ne représente-t-elle qu'un émouvant "au revoir et bonne chance" à l'Ukraine ? L'abandon, cette fois total du dossier aux Européens ? » Trump va-t-il durcir sa politique ? « Un nouveau départ pour Trump sur la question ukrainienne ? », s'interroge en écho le Wall Street Journal. « Le président Trump a capté l'attention du monde entier hier en affirmant que l'Ukraine pourrait "se battre et reconquérir" l'intégralité de son territoire. » Toutefois, s'interroge le journal, « s'agit-il d'une nouvelle manœuvre dilatoire, ou bien le président américain est-il enfin prêt à accroître la pression militaire et économique sur Vladimir Poutine pour mettre fin à ses offensives ? (…) Donald Trump ne souhaite pas être entraîné dans une guerre européenne, et c'est compréhensible. Mais ce danger serait bien moins probable si l'Ukraine survivait en tant qu'État souverain allié à l'Occident. Après avoir durci son discours, conclut le Wall Street Journal, Donald Trump devra maintenant durcir sa politique. » Le Soir à Bruxelles cite, lui, les propos de Marco Rubio, le chef de la diplomatie américaine : « le président Trump a fait preuve d'une patience extraordinaire en n'imposant pas de sanctions supplémentaires dans l'espoir d'obtenir des négociations de paix. Mais s'il n'y a pas de voie vers la paix à court terme, poursuit Marco Rubio, alors les États-Unis prendront les mesures nécessaires pour imposer des coûts en cas de poursuite de l'agression russe, des coûts économiques ou encore la vente à l'Ukraine d'armes potentiellement offensives. » Commentaire du Soir, cette « menace est brandie depuis des mois. » Et on ne voit toujours rien venir. Les Européens vont-ils se bouger ? En tout cas, le moment est propice, pointe Die Welt à Berlin : « l'économie russe s'enfonce dans la récession. Le budget 2025 est déjà déficitaire après seulement sept mois. Les dépenses ont augmenté de 20 %, et au moins 5 % du budget sont consacrés à l'armée. Poutine ne s'inquiète peut-être pas de ce déclin pour l'instant, mais ses propres experts économiques avertissent désormais que la récession va accroître les risques et les tensions au sein de la société russe. » Sur le plan militaire, poursuit Die Welt, « pendant trois étés consécutifs, la Russie n'a pas réussi véritablement à percer les lignes de défense ukrainiennes. Sans mobilisation générale, Poutine ne disposera pas des troupes nécessaires. (…) La situation offre donc de nombreuses opportunités à l'Occident pour prendre le dessus. » Alors, poursuit le quotidien allemand, avec ou sans le soutien de Trump, on connait son caractère imprévisible, il faut que les Européens se bougent. Il faut que « la Hongrie et la Slovaquie, qui importent encore du pétrole russe, coupent le robinet. (…) Et il faut que l'Union européenne se décide enfin à céder à l'Ukraine les 207 milliards d'euros d'actifs russes qu'elle détient. Après tout ce qui s'est passé et se passe encore, cet argent appartient à Kiev. »

Fidèle à sa stratégie d'occupation permanente du terrain médiatique, le président américain, à la tribune des Nations unies hier mardi, s'est lancé dans une longue diatribe, faisant la leçon au monde et à l'Europe, tout en se félicitant de ses propres actions… Le Soir à Bruxelles hésite entre rire et larmes… « Il n'y a pas de mots pour exprimer la répulsion autant que l'indignation ressenties à l'écoute du "discours" de Donald Trump devant l'Assemblée générale des Nations unies, s'exclame le quotidien belge. Si ce n'était pas le président des États-Unis, on se contenterait d'éclater de rire (…). Mais c'est bien le président des États-Unis qui croit et proclame, entre autres, que le changement climatique est la plus grande arnaque qui existe, que la "migration de masse" et la transition vers le renouvelable sont un monstre à deux têtes qui détruit les nations européennes et la plus grande partie du monde libre, et que c'est lui, Donald Trump, qui a résolu les conflits dans le monde depuis qu'il est à la Maison Blanche. Le monde n'est pas seulement dirigé par la loi du plus fort, soupire encore Le Soir, mais par la loi du plus "foutraque". Un homme qui nie la science, le droit international et les institutions démocratiques ». Des « affirmations parfois trompeuses, inexactes et même fausses » « À la tribune de l'ONU, Donald Trump fait durer le délire », renchérit Libération à Paris. « Dans un long discours décousu qui s'adressait davantage à ses électeurs qu'à son auditoire, le président américain a oscillé entre l'autocongratulation et l'invective, ciblant tout particulièrement l'Europe et l'ONU ». Le New York Times a vérifié les allégations de Donald Trump sur bon nombre de sujets. Résultat : des « affirmations parfois trompeuses, inexactes et même fausses », sur les investissements aux États-Unis, sur le prix de l'essence, sur les énergies renouvelables en Chine, sur le fait que le maire de Londres veuille imposer la charia, sur l'immigration à la frontière sud des États-Unis, sur le nombre d'Américains morts d'overdose, ou encore sur son prétendu rôle dans la résolution de guerres ou de conflits… Interrogé par La Repubblica à Rome, Jeffrey Sachs, économiste à l'Université Columbia et ancien conseiller du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ne mâche pas ses mots : « c'est une honte pour les États-Unis, affirme-t-il. Ce discours était plein de mensonges, de déformations, d'exagérations ou d'illusions. Un discours empli de mégalomanie, de vulgarité et d'humiliation envers tous les autres pays. Le monde doit cesser de se leurrer, affirme encore Jeffrey Sachs : Trump est en train de sortir les États-Unis de l'ordre international créé après la Seconde Guerre mondiale. Le reste de la communauté internationale doit s'unir de toute urgence pour maintenir cet ordre en vie, même sans l'Amérique ». Une volte-face spectaculaire sur l'Ukraine Qui plus est, Donald Trump n'en est plus à une contradiction près… Mais, là, c'est un point positif. Peu après son discours, relève le Wall Street Journal, le président américain « a déclaré pour la première fois que l'Ukraine pourrait reconquérir l'ensemble de son territoire et a encouragé ses alliés européens à abattre des avions russes s'ils pénétraient dans l'espace aérien de l'Otan. Une volte-face spectaculaire, s'exclame le Wall Street Journal, qui accroit la pression sur le président russe Vladimir Poutine », et qui a été saluée par les Européens. « Le président américain a donné l'impression d'avoir revu ses pronostics sur l'issue du conflit, relève Le Figaro à Paris. Au lieu de prédire la défaite de l'Ukraine, Trump est sorti d'une réunion bilatérale avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en déclarant que l'Ukraine pouvait gagner le conflit. (…) Malgré le fait que les promesses de sanctions contre la Russie plusieurs fois annoncées par Trump n'ont jusqu'à présent jamais été prises, c'est la première fois que le président américain semble avoir surmonté son aversion pour l'Ukraine et son inclination pour Vladimir Poutine, pour adopter une position plus favorable à Kiev. Et surtout, pointe encore Le Figaro, il reconnaît que ce pays, qu'il pressait voici quelques mois encore de renoncer à une partie de son territoire, a plutôt montré depuis trois ans de guerre une extraordinaire capacité de résistance ».

Après la reconnaissance officielle de la Palestine par la France ce 22 septembre 2025 lors de l'Assemblée Générale de l'ONU à New York, suivie par le Luxembourg, Malte, Monaco et Andorre, l'évènement fait couler beaucoup d'encre dans la presse française et internationale. L'objectif de Paris, derrière cette reconnaissance, est d' « empêcher la stratégie de Netanyahu qui est de rendre impossible la solution à deux États » souligne un billet politique du journal Libération, qui précise qu'un tel scénario est dangereux et ne peut mener qu' « à une guerre sans fin ». En Europe, cette reconnaissance fait aussi réagir et commenter la presse. L'Espagne a reconnu la Palestine en mai 2024, aux côtés de l'Irlande et de la Norvège, et depuis Madrid s'impose comme le fer de lance du soutien à la Palestine en Europe. Ce matin dans les colonnes du journal espagnol El Pais, on qualifie ainsi « d'évènement majeur » la reconnaissance de l'État palestinien par la France : « Cet acte décisif aurait été plus difficile à réaliser si l'Espagne – et son peuple – n'avaient pas fait le premier pas l'an dernier. (…) La décision française n'a certes pas été facile à prendre. Elle aurait été évidente à l'époque des présidents Charles de Gaulle et François Mitterrand, mais elle ne l'est plus aujourd'hui » affirme un politologue espagnol. À Rome, la presse réagit à cette reconnaissance de la Palestine avec un peu moins d'enthousiasme. Selon La Reppublica, quotidien de centre gauche : « L'Italie maintient son soutien à la solution à deux États, mais ne suit pas la même démarche que les autres, car, comme l'a déclaré Trump, "ce serait un cadeau au Hamas" ». Reconnaître la Palestine alors qu'elle disparaît de la carte, est pourtant un « acte indispensable » estime de son côté en Suisse, la rédactrice en chef du journal Le Temps dans un article d'opinion. La question centrale étant la suivante : « Comment peut-on promouvoir une solution à deux États, si l'un d'entre eux disparaît sous les bombardements, l'occupation et la colonisation ? ». La reconnaissance de l'État de Palestine est aujourd'hui l'engagement minimum pour le Conseil fédéral, explique la journaliste suisse, et notamment « (...) Pour obliger le maintien d'un espace diplomatique... que le Premier ministre israélien a réduit à sa plus misérable expression ». Derrière ces déclarations et reconnaissances officielles, des actions concrètes limitées « L'Europe parle beaucoup de Gaza, mais peine à agir » souligne, de l'autre côté de l'Atlantique, le New York Times. « Alors que de hauts responsables condamnent largement les actions d'Israël à Gaza, et même si certains ont commencé à qualifier cette guerre de "génocide", les grandes paroles n'ont pas encore débouché sur de grandes actions ». Toujours dans la presse américaine, Time, résume en un titre la situation cette semaine aux Nations unies : « Trump et Netanyahu s'opposent au reste du monde sur la question palestinienne ». Le magazine rappelle les déclarations et le spectre des menaces formulées dimanche par le ministre israélien des Finances et d'extrême droite, Bezalel Smotrich : « la seule réponse à cette initiative anti-israélienne, c' est la souveraineté sur la patrie du peuple juif en Judée-Samarie », c'est-à-dire la Cisjordanie. La guerre à Gaza se poursuit Selon une partie de la presse internationale, les reconnaissances officielles de la Palestine occultent également la réalité de la guerre dans la Bande de Gaza. Le journal israélien Haaretz, critique du gouvernement et favorable à l'existence d'un État palestinien, rapporte notamment les propos d'un économiste gazaoui déplacé : « Le monde continue de nous vendre des rêves et des illusions, alors que des enfants sont tués et des maisons détruites ». Le journal explique dans son analyse que « la reconnaissance d'un État palestinien n'est rien d'autre qu'une victoire symbolique et le restera si elle n'est pas suivie de mesures concrètes. (...) Le fossé entre l'enthousiasme officiel et le pessimisme populaire ne pourra être comblé que si l'Occident est prêt à recourir, à la force et à changer de politique ». En résumé, écrit L'Orient le Jour, cette reconnaissance « Ne doit pas être un sparadrap que l'on pose sur la plaie palestinienne. Ni un objet que l'on instrumentalise pour des questions de politique intérieure... Mais plutôt le début d'un processus qui doit aller crescendo... Et les sanctions doivent suivre. (...) ». Au-delà du symbole : « L'histoire retiendra peut-être qu'une première pierre a été posée ce 22 septembre. Ou qu'au contraire, l'espoir palestinien a été une nouvelle fois déçu, sinon trahi ».

L'incursion russe n'a duré que 12 minutes, mais elle a mis sous pression les pays de l'Otan. « Avions de chasse interceptés en Estonie : Moscou teste les nerfs de l'Otan », titre le Parisien. Partout dans la presse européenne, des photos des trois MIG-31 russes en plein ciel. « Ils ont violé l'espace aérien de ce petit pays balte, hier, forçant l'Alliance à intervenir », explique le Parisien. « Cet acte inédit fait monter d'un cran la pression militaire aux confins de l'Union Européenne », ajoute le quotidien français. L'incursion russe est aussi à la Une de la Republica, en Italie, car ce sont des F 35 italiens qui ont intercepté les MIG russes. La Republica n'hésite pas à employer des mots forts et parle « d'instants terribles, sans précédent en Europe ». Il s'agit d'une « violation formelle de l'espace aérien de Tallin, et donc de celui de l'Otan, qui s'est transformée en provocation explicite, lorsque l'escadron moscovite s'est dirigé directement vers la capitale Tallin ». « La Russie teste une fois de plus les limites de l'Otan en Europe de l'est » remarque, de son côté, le quotidien espagnol El Païs. Bref, la presse européenne est plutôt inquiète, contrairement à la presse américaine, qui ne dit rien, ou presque, de l'incursion russe dans le ciel de l'Estonie. Visas à 100 000 dollars La presse américaine qui, en revanche, revient sur les dernières annonces de Donald Trump concernant les visas. C'est à la Une du Washington Post : « Trump ajoute des frais de 100 000 dollars pour les visas des travailleurs qualifiés, et lance aussi des visas Gold Card d'une valeur d'un million de dollars », précise le quotidien américain, selon lequel « ces mesures risquent d'être contestées en justice ». « Mais si elles étaient maintenues, remarque le Washington Post, elles restreindraient considérablement l'immigration légale, tout en ouvrant la porte aux étrangers fortunés ». Ce qui mérite quelques explications que nous donne le quotidien américain. « Les frais annuels de 100 000 dollars seraient imposés aux candidats à un visa de travail hautement qualifié, largement utilisé dans la Silicon Valley, limitant ainsi un accès primordial vers l'immigration légale ». Ce qui inquiète d'ores et déjà certains pays. Ainsi le Times Of India, remarque « que les entreprises qui recrutent des travailleurs étrangers devront désormais faire face à des dépenses plus élevées, ce qui pourrait les inciter à se tourner à nouveau vers les travailleurs américains du secteur technologique ». Notez enfin que la Gold Card, la carte en or, serait, elle, destinée aux étrangers fortunés qui pairaient 1 million de dollars pour un visa de résidence aux États-Unis. « L'essentiel, a dit Donald Trump, c'est que des gens formidables arrivent et qu'ils paient ». Une oeuvre fragile Enfin, la célèbre tapisserie de Bayeux, en Normandie, entreprend un long voyage… Et cela fait grincer des dents… C'est le journal le Monde qui s'est penché sur la question, et nous indique que « pour la première fois depuis quarante ans, la célèbre broderie du XI siècle a quitté son musée, fermé pour travaux, pour rejoindre un lieu de conservation provisoire, avant d'être prêtée au British Museum en 2026 ». Mais un si long voyage est-il bien raisonnable, pour une si longue tapisserie de 70 mètres ? Certainement pas, disent plusieurs experts, « qui ont lancé des avertissements sur la grande fragilité de l'œuvre ». Des experts qui ont « minutieusement radiographié les dégradations qui fragilisent la tapisserie (24 204 tâches, 9 646 trous, 30 déchirures) ». En 2021, les autorités culturelles régionales avaient d'ailleurs estimé que « l'œuvre n'était pas transportable, avant d'être restaurée ». Mais le calendrier a été bouleversé, sur décision du président français, Emmanuel Macron qui (en prêtant la tapisserie de Bayeux) a souhaité « revivifier » les liens entre la France et le Royaume-Uni.

« La rue interpelle Lecornu », titre Libération, pour qui « la participation massive à la grève, ce jeudi, démontre le pouvoir d'organisation des syndicats ». « La mobilisation est réussie, elle est importante et populaire, poursuit le quotidien français, le principal message est clair, il exprime une forte volonté de justice et d'égalité ». Le Parisien, de son côté, remarque que l'intersyndicale « a réussi à mobiliser beaucoup plus de monde que le mouvement "Bloquons Tout", la semaine dernière ». « Mais après la chute du gouvernement Bayrou, avec des revendications éparses et dans l'attente du projet de budget, les syndicats tâtonnent. Ils devraient annoncer ce vendredi une nouvelle date de mobilisation », ajoute le quotidien. Le Figaro, de son côté, estime que « la mobilisation a été moins forte qu'attendu par le ministère de l'Intérieur qui avait déployé 80 000 policiers et gendarmes sur tout le territoire ». Le Monde, lui, a rencontré des « manifestants entre colère et désillusion ». À l'étranger, la journée de mobilisation en France ne fait pas les gros titres, mais en Allemagne, die Welt a retenu que « les manifestants avaient envahi la cour du ministère de l'Économie » et « qu'ils voulaient faire pression sur le premier ministre Sébastien Lecornu ». Ère de censure À la une également, la suspension de l'émission de Jimmy Kimmel, aux États-Unis. Le sujet intéresse la presse américaine, mais aussi la presse européenne. L'animateur de fin de soirée, a été sanctionné pour avoir tenu des propos ironiques sur la réaction de Donald Trump, après l'assassinat de l'influenceur et militant d'extrême droite Charlie Kirk, la semaine dernière. L'émission de Jimmy Kimmel a été suspendue par la chaîne qui la diffusait : ABC, « dont la maison mère est Disney » rappelle le Wall Street Journal, qui fait part de son inquiétude : « les propriétaires des médias sont confrontés à une dynamique politique et commerciale complexe sous l'administration Trump », explique le quotidien américain, qui prend pour exemple « la somme de 15 millions de dollars qu' ABC a accepté de payer l'année dernière, pour régler un procès en diffamation intenté par Trump contre la chaîne ». De son côté, le Washington Post titre sans ambiguïté : « La suspension de Jimmy Kimmel fait craindre une nouvelle ère de censure ». À Bruxelles, le Soir voit dans l'éviction de Jimmy Kimmel, « un nouvel exemple de la pression exercée par Donald Trump sur les voix critiques ». Enfin, à Madrid, El País estime que la décision de suspendre Jimmy Kimmel, s'ajoute à une « politique visant à faire taire les critiques de la presse, cibler les journalistes, et persécuter les organisations de gauche. » Faire appel à l'armée Donald Trump, qui par ailleurs, était reçu hier à Londres, en grande pompe, ce qui ne l'a pas empêché de critiquer sévèrement la politique des Britanniques en matière d'immigration. Et comme souvent, Donald Trump n'a pas été avare de conseils, suggérant au Premier ministre Keir Starmer de « faire appel à l'armée pour contrôler ses frontières ». Et même si la situation des États-Unis et celle du Royaume-Uni n'ont pas grand-chose à voir, le président américain n'a pas hésité à les comparer, rapporte le Guardian, Donald Trump « estimant que leur situation était très proche » : « des gens arrivent, et j'ai dit au Premier ministre que j'arrêterais ça, peu importe si on doit faire appel à l'armée ». « L'immigration détruit les pays de l'intérieur », a même ajouté Donald Trump. Après son départ, ajoute le Times, Trump aurait déclaré aux journalistes à bord d'Air Force One, « qu'il avait demandé à ce que Sadiq Khan, le maire de Londres, ne soit invité, à aucun évènement lors de sa visite d'État au Royaume-Uni ». Parce que c'est, selon lui, « l'un des plus mauvais maires du monde » et que « la criminalité est très élevée à Londres ». Le Times rappelle toutefois que le président américain et le maire de la capitale britannique « se sont à plusieurs reprises opposés publiquement, et cela, dès le premier mandat de Donald Trump ».

« Gaza, l'effroyable offensive » : c'est le titre de l'éditorial de La Croix à Paris. « À l'approche de l'anniversaire de l'attaque terroriste du 7-Octobre, jour le plus meurtrier pour le peuple juif depuis la Seconde Guerre mondiale, le pouvoir israélien a provoqué une spirale infernale, dénonce le quotidien catholique, visant les terroristes du Hamas, mais acceptant de frapper de plein fouet une population sacrifiée. » « Nétanyahou vers sa guerre totale », renchérit Libération en première page. « En annonçant hier mardi une énième "phase décisive" de sa guerre à Gaza, Benyamin Netanyahu a précipité son pays un peu plus loin dans un isolement total du monde civilisé. (…) Bombardant le Qatar puis le Yémen, menaçant presque ouvertement l'Égypte, rompant avec tous ses alliés, Netanyahu s'acharne sur Gaza que personne, dans le monde arabe ou à la Maison-Blanche, ne semble vouloir sauver. (…) lundi, le Premier ministre israélien avait appelé ses concitoyens à faire de l'État une "super Sparte" pour tenir bon face aux pressions internationales qui montent de toute part. » Sparte, référence à cette cité guerrière de l'Antiquité grecque qui vivait en quasi-autarcie. Vers un « État paria » ? Le problème, c'est que les israéliens sont plutôt sceptiques, relève le Guardian à Londres : « l'avenir que Benyamin Netanyahu a tracé pour Israël, celui d'une société plus militarisée, d'une autarcie partielle – ou d'un pays économiquement autosuffisant – avec des options commerciales limitées et s'appuyant de plus en plus sur la production locale, cet avenir a suscité une réaction négative parmi les Israéliens, de plus en plus inquiets à l'idée de le suivre sur la voie d'un État paria. » « Netanyahu entraîne Israël dans l'abîme », fulmine Haaretz à Tel Aviv. « Derrière ce discours sur Sparte se cache une exigence simple : permettre à Netanyahu de gouverner seul et sans entraves, au nom de la guerre éternelle. (…) Israël ne survivra pas s'il instaure une économie autarcique. L'économie israélienne est une économie d'exportation, et elle s'effondrera si le monde se retourne contre nous », prévient encore Haaretz qui conclut ainsi : « ce discours sur Sparte était celui d'un homme hanté et vaincu. La campagne de destruction (à Gaza) doit être stoppée au plus vite, et le peuple (israélien) doit avoir son mot à dire : il faut des élections générales anticipées. » Le feu vert implicite de Trump Si le Premier ministre israélien, imperturbable, trace son sillon, c'est qu'il sait qu'il a l'aval implicite de Donald Trump. C'est ce que constate le New York Times : « la position de laisser-faire de Trump donne carte blanche à Netanyahu pour l'escalade à Gaza. Alors qu'Israël a entamé une offensive majeure à Gaza, le président Trump n'a ni appelé à la retenue ni approuvé cette action, que le dirigeant israélien a interprétée comme un feu vert implicite pour procéder. » Mais, relève encore le New York Times, « la position pour le moins laxiste de Donald Trump envers Israël pourrait bientôt être mise à l'épreuve. L'Assemblée générale des Nations Unies tient sa réunion annuelle la semaine prochaine à New York, et plusieurs alliés proches des États-Unis – dont la France, l'Australie, le Canada et la Grande-Bretagne – affirment qu'ils reconnaîtront un État palestinien. » Pressions internationales accrues Qui plus est, mardi 16 septembre, une commission d'enquête indépendante nommée par les Nations unies a accusé pour la première fois Israël de génocide à Gaza. C'est une pression supplémentaire, relève El Pais à Madrid. El Pais qui constate « qu'un consensus international se développe pour punir l'État d'Israël. (…) Ensemble, arrêtons les massacres », s'exclame le quotidien espagnol. « Netanyahu se prépare à occuper militairement un territoire qui n'est, pour ainsi dire, qu'une plage sur laquelle un million de personnes sont entassées dans des conditions misérables. Il le fait, de plus, avec le soutien implicite des États-Unis, désormais dépourvus de toute autorité morale. Dans ce contexte, poursuit El Pais, toute action pacifique et légale visant à empêcher Netanyahu de mener ses actions exterminatrices est absolument nécessaire. Nul ne doit confondre la reconnaissance de la Palestine, les dénonciations internationales, les rapports de l'ONU, la suspension de tous les approvisionnements en armes et en munitions, ou les sanctions commerciales et sportives contre Israël, avec le soutien au terrorisme du Hamas. »

C'est un témoignage glaçant que publie Libération à Paris mardi 16 septembre : celui de Rémi, 48 ans, qui a passé deux ans et quatre mois dans les prisons chinoises. « Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour trafic de drogue à l'issue d'un simulacre de procès, ce commerçant qui vivait et travaillait en Chine depuis 2006 a finalement été acquitté avant d'être sommé de quitter le pays, dépouillé de tous ses biens. » Et « la première fois que Rémi débarque à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, en mars 2022, relate le journal, le médecin des urgences constate ses multiples traumatismes corporels et psychologiques. (…) Son corps tout entier porte encore les stigmates de nombreuses blessures non soignées » : fractures diverses, au poignet, à la mâchoire, douleurs articulaires et lombaires, troubles digestifs et ophtalmologiques. Et surtout un très lourd stress post-traumatique. « Il est temps de reconnaître que la Chine est une dictature » « Ce récit inédit dans l'enfer des geôles chinoises offre une plongée glaçante au cœur du système carcéral de la deuxième puissance économique mondiale », pointe Libération. Un témoignage d'autant plus accablant qu'il met aussi gravement en cause les autorités diplomatiques françaises, pourtant tenues à la protection de leurs ressortissants. « Or, relève le journal, si Rémi a bien reçu plusieurs visites consulaires au cours de sa détention, il n'a jamais bénéficié du moindre soutien juridique ou matériel. "J'ai été torturé par la Chine et abandonné par la France, résume-t-il. Aujourd'hui, je veux que les gens sachent tout ce que j'ai vécu". » Commentaire de Libération : « la Chine est devenue un pays dangereux pour les étrangers. On sait depuis un moment que le régime de Xi vire de plus en plus autoritaire. (…) On sait désormais que toute personne présente sur le territoire chinois peut être l'objet de mauvais traitements et la population locale, elle, ne peut bénéficier d'aucune aide extérieure. (…) Il est temps de reconnaître que la Chine est une dictature (…) et de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger tous ceux qui peuvent l'être. » Poutine tout-puissant À la Une également, « les jeux de guerre de Vladimir Poutine » : c'est le titre de l'éditorial du Figaro. « À quoi joue Vladimir Poutine ? », s'interroge le journal. « Trop de drones “s'égarent“ ces temps-ci dans l'espace aérien polonais ou roumain pour que la Russie puisse se dissimuler derrière des “ accidents“ ou des “allégations infondées“. Il ne fait aucun doute que, ragaillardi par le traitement “tapis rouge“ reçu de Donald Trump à Anchorage, puis de Xi Jinping à Tianjin et Pékin, le chef du Kremlin a décidé de tester l'Otan. (…) Pour l'instant, les incursions russes ont apporté deux enseignements précieux au Kremlin, relève Le Figaro. Le premier confirme le désengagement américain à bas bruit : Trump se montre de plus en plus enclin à regarder ailleurs, trouvant une excuse à chaque nouvelle provocation de Moscou. Le second tient à la vulnérabilité des Européens face à un usage massif de drones, produits à la chaîne par l'économie de guerre russe. » Sanctions ? Justement, côté américain, « il est temps que le Congrès agisse en faveur de l'Ukraine », s'exclame le Wall Street Journal. « Le projet de loi sur les sanctions contre la Russie est en suspens depuis des mois, soi-disant pour permettre à Donald Trump de mener sa politique internationale personnelle. Le président de la Chambre des représentants Mike Johnson et le chef du Parti républicain John Thune se sont inclinés par loyauté partisane. Mais le Congrès est doté de prérogatives et de responsabilités propres pour protéger les intérêts du pays et la sécurité nationale. S'il continue à refuser le vote des sanctions contre Moscou, il se rendra complice du sort qui attend l'Ukraine. » Action militaire ? Et pour en revenir à l'Europe, il ne faut pas faire l'autruche : « l'Europe est en guerre ! », selon ce qu'affirme Garry Kasparov dans une tribune publiée par Die Welt en Allemagne. Pour l'ancien champion du monde d'échecs, « aucun observateur raisonnable de la géopolitique ne peut nier que l'Europe est actuellement en guerre contre le régime de Poutine. Mais les dirigeants européens, déplore-t-il, n'ont jusqu'à présent pas réussi à mobiliser la volonté politique nécessaire pour s'exprimer et déclarer ouvertement cette réalité. » Et Gary Kasparov d'appeler à une action militaire européenne : « tous les futurs pourparlers de paix dépendent d'une démonstration de force immédiate, affirme-t-il. Il est temps d'affronter les adversaires du monde libre sur le champ de bataille. La seule issue acceptable à la guerre menée par Poutine et à la lutte contre la tyrannie dont elle fait partie est une victoire totale. »

« Jusqu'où l'AfD ira-t-elle en Allemagne de l'Ouest ? », s'interroge Die Welt à Berlin. En effet, le parti d'extrême droite a réalisé une percée hier lors du premier tour des municipales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé d'Allemagne (22 % de la population du pays). L'AfD a triplé son score par rapport aux élections municipales de 2020, passant de 5 % à environ 15 % des voix. « Un énorme succès », s'est immédiatement félicitée la coprésidente de l'AfD, Alice Weidel. « De fait, constate Die Welt, la progression de l'AfD est spectaculaire, même si la CDU, l'Union chrétienne-démocrate, demeure le premier parti du Land, où elle s'est tenue en tête avec environ 34 % des voix, un résultat très proche de celui de 2020.(…) Avec environ 15 % donc, l'AfD est désormais le troisième parti, derrière le SPD avec 22 % (en baisse de 2,2 points), mais devant les Verts pour la première fois, qui n'ont obtenu que 13 % (en baisse de 6 points et demi) ». Alors, « pour éviter que l'AfD n'amplifie sa percée lors du second tour des élections dans deux semaines, la CDU et le SPD ont décidé de s'allier, pointe encore le quotidien allemand : lorsque l'un de leurs candidats se présentera contre un candidat de l'AfD, ils uniront leurs voix ». Objectif : gouverner… Cette progression de l'AfD est scrutée à la loupe dans la presse européenne… « L'extrême droite confirme son enracinement à l'ouest de l'Allemagne », constate Le Soir à Bruxelles. « Les élections communales de Rhénanie-du-Nord-Westphalie étaient le premier grand test électoral pour le nouveau chancelier, Friedrich Merz, depuis son élection en mai. Tandis que l'AfD triple son score par rapport à 2020, la CDU ne progresse pas, malgré le durcissement de sa politique migratoire. (…) L'AfD démontre que sa politique de dédiabolisation, façon RN français, fonctionne. Les dirigeants du parti visent une participation au prochain gouvernement fédéral en 2029, voire à la chancellerie ». En effet, renchérit le Guardian à Londres, « ce vote indique que l'AfD est en bonne voie pour réitérer les gains importants réalisés dans les Länder de l'Est, anciennement communistes, où elle a le mieux su exploiter le mécontentement des électeurs. Son objectif est d'entrer au gouvernement fédéral dans les prochaines années. Elle est actuellement le principal parti d'opposition au Parlement ». Manif nationaliste à Londres : coup de semonce pour les partis traditionnels… Le Guardian qui commente également la grande manifestation nationaliste qui a eu lieu samedi à Londres… Plus de 110 000 personnes qui ont manifesté contre l'immigration, à l'appel de Tommy Robinson, figure de l'extrême droite. « La leçon est claire, affirme le Guardian : les mouvements populistes réussissent non seulement grâce à ce qu'ils offrent, mais aussi grâce à ce que leurs adversaires ne parviennent pas à leur offrir. Les États-Unis semblent désormais prisonniers d'un écosystème médiatique et politique qui profite de la division et de la haine. Rien de bon n'attend la Grande-Bretagne qui s'engage sur cette voie de la colère et du désespoir – un terrain fertile pour l'exploitation politique par des politiciens sans scrupules. Les élus doivent combler les divisions, et non les élargir ». Pour le Times, « l'écrasante majorité de la foule agitant drapeaux et croix n'étaient pas là, samedi, pour en découdre. Mais pour défendre une cause : stopper l'immigration, défendre la liberté d'expression, raviver le christianisme. C'est une trinité convaincante pour un pays en colère et désemparé ». Et attention, prévient le quotidien conservateur britannique : « ce qui a rassemblé les manifestants, c'est leur aversion pour les politiciens qui font des promesses qu'ils ne respectent jamais et qui réclament ensuite plus d'impôts pour compenser leurs échecs. Pourtant, rien n'indique que les dirigeants du Parti travailliste ou du Parti conservateur, dont les sondages totalisent désormais moins de 40 % des intentions de vote, soient conscients du danger qu'ils courent ». Objectif du RN en France : Matignon puis l'Élysée… Enfin, en France, militants et dirigeants du Rassemblement national étaient réunis à Bordeaux ce week-end. « Au RN, les regards rivés vers des élections législatives anticipées », constate La Croix à Paris. La Croix qui relève que les deux dirigeants du parti d'extrême droite « Marine Le Pen et Jordan Bardella n'ont eu de cesser de réclamer une dissolution assortie de législatives anticipées, convaincus que Matignon est à leur portée ». « Marine Le Pen n'a voulu laisser aucun doute sur ses intentions, ni ses ambitions, relève pour sa part Le Figaro, malgré son procès en appel qui doit commencer le 13 janvier prochain : « ce que nous commençons dès demain à Matignon, a-t-elle dit, nous l'amplifierons après-demain à l'Élysée ».

La chasse à l'homme est terminée. Et elle s'est conclue par l'arrestation de Tyler Robinson, 22 ans, accusé d'avoir assassiné l'influenceur et militant d'extrême droite, « il pourrait être condamné à la peine de mort, s'il est reconnu coupable », annonce le New York Times, qui résume son existence en quelques phrases : une vie tranquille dans l'Utah, un jeune homme au brillant parcours scolaire, amateur de jeux vidéo, on n'en sait guère plus pour le moment. Mais son geste a d'ores et déjà d'importantes répercussions sur la société américaine. Selon le New York Times, « des militants d'extrême droite exhortent leurs partisans à dénoncer ceux qui célèbrent, en ligne, le meurtre de Kirk ». Le quotidien américain parle « d'une campagne de dénonciation généralisée, ayant déjà entraîné d'innombrables licenciements, des suspensions professionnelles, et des enquêtes internes ». « Plusieurs personnalités présentes sur les réseaux sociaux, dont certaines sont extrêmement populaires, appellent presqu'à l'unisson « à la guerre », contre les militants de gauche qu'ils assimilent à des ennemis », explique encore le New York Times, qui prend pour exemple « le cas d'enseignants du Texas et de l'Iowa, licenciés ou mis en congé d'office », précise le quotidien américain. La gauche radicale dans le viseur de Trump Il faut dire que Donald Trump lui-même souffle sur les braises… Le président américain a promis de répondre au meurtre de Charlie Kirk en « tabassant les fous de la gauche radicale », titre le quotidien espagnol El Païs, qui remarque que Donald Trump fait de la mort de l'influenceur et militant d'extrême droite « une affaire personnelle ». De son côté, le journal allemand die Welt s'interroge : « Pardon ou vengeance, quelles leçons Trump et les autres républicains peuvent-ils tirer de ce meurtre ? ». Pour le président américain, visiblement, il n'est pas question de pardon. Dans une émission sur Fox News, Donald Trump s'est lancé dans un long discours contre la gauche radicale… L'accusant notamment « de vouloir la transsexualité pour tous et des frontières ouvertes ». Déclarations tempérées par celles de Spencer Cox, le gouverneur républicain de l'Utah, où Charlie Kirk a été tué. Spencer Cox a estimé que « si les gens cessent de dialoguer la violence s'installe. « Le faible ne peut jamais pardonner », a-t-il ajouté, « le pardon est la qualité du plus fort ». « Je crois », a conclu le gouverneur républicain, « qu'il y a plus de bien que de mal parmi nous et que nous avons une chance de changer le cours de l'histoire ». Sanction symbolique et instabilité politique Enfin, un mauvais point pour la France. L'agence américaine de notation Fitch vient en effet d'abaisser la note de crédit de la France qui passe de double A- à A+. « Fitch pointe ainsi des finances publiques dégradées », juge le Parisien, qui parle d'un « séisme en termes d'image » qui toutefois ne devrait avoir que « des conséquences limitées sur les marchés ». De son côté, le Monde estime que « cette sanction symbolique pourrait alourdir le coût de la dette pour l'État ». « Le temps de l'indulgence est révolu », constate le quotidien français, « face au déficit public persistant, à la dette « élevée et en hausse » et, surtout à l'instabilité politique, qui complique tout plan de redressement vigoureux ». Pour Le Monde, cette sanction n'a toutefois « rien d'anecdotique. Symboliquement d'abord, elle confirme le déclin français ». Et ensuite « elle matérialise les déboires politico-financiers du pays, qui, ces dernières années, s'est enfoncé dans les difficultés budgétaires sans réagir de façon forte, ni tenir les promesses de rétablissement faites par les gouvernements successifs ». « Une lettre de moins », annonce de son côté Libération. Le quotidien français remarque que Fitch « n'a pas attendu de savoir si le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, parviendrait à nouer un accord de non-censure, pour faire passer le budget 2026 ».

Alors que la chasse à l'homme se poursuit, aux États-Unis, pour retrouver celui qui a tué l'influenceur et militant d'extrême droite, deux photos s'affichent en Une de la presse américaine. Celle du suspect, portant jean et t-shirt noir, casquette et lunettes de soleil, et celle de Charlie Kirk, en t-shirt blanc, un micro à la main, devant les étudiants de l'université de l'Utah Valley, quelques minutes avant d'être abattu. Le Washington Post a recueilli la réaction de quelques témoins, encore traumatisés, comme Ryder Overton, 17 ans « qui se trouvait à trois mètres de Charlie Kirk lorsque le coup de feu mortel a retenti et que la balle a traversé son cou ». Ryder « s'est jeté au sol, avec son père ». Père, qui toutefois, ne s'avoue pas vaincu. « Ça ne nous affaiblira pas » dit-il, « Ça nous rend plus fort ». « De nombreux admirateurs de Kirk, à travers le pays ont exprimé le même sentiment », explique le Washington Post. Le Wall Street Journal, est lui aussi retourné sur le campus de l'Université de l'Utah. Le quotidien américain a rencontré Quincy Hale, un étudiant de 25 ans, qui se dit « vraiment nerveux », et envisage « de porter une arme sur le campus ». Un proche de Donald Trump Le New York Times, de son côté, s'intéresse à la réaction de Donald Trump. Le président américain a parlé de son « chagrin et de sa colère », « depuis le bureau ovale, quelques heures seulement après l'assassinat de Charlie Kirk », explique le quotidien américain qui précise : « Charlie Kirk était particulièrement proche de Donald Trump », « un ami proche, dont le charisme et les compétences en affaires et en matière de collecte de fonds », avaient impressionné le président ». « Une proximité qui s'est accrue après la défaite de Donald Trump en 2020 », poursuit le quotidien américain, « Charlie Kirk est devenu l'une des voix affirmant, sans fondement, que la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle lui avait été volée ». En France, le Parisien constate : « La mort de cette figure de la société américaine, très populaire parmi les jeunes générations en raison de sa forte présence sur les réseaux sociaux et de ses tournées à succès sur les campus, a ravivé les plaies d'un pays qui n'en finit pas de pleurer ses morts par armes à feu ». Le quotidien français cite aussi Ezra Klein « un éditorialiste progressiste américain » qui assure : « La violence politique est contagieuse, cela devrait tous nous terrifier ». Bolsonaro condamné Autre grand titre de l'actualité, la condamnation de Jair Bolsonaro au Brésil. C'est l'information qui retient l'attention de la presse européenne ce matin. « Bolsonaro condamné à 27 ans de prison pour avoir fomenté un coup d'État militaire au Brésil », titre le Guardian. L'ancien président d'extrême droite était accusé « d'avoir cherché à anéantir la démocratie dans le pays ». Pour die Welt, c'est « un verdict qui consolide le pouvoir de Lula ». « On connaît donc depuis hier, poursuit le quotidien allemand, la peine imposée à « l'ennemi juré de Lula, et, si l'on en croit les sondages, au candidat le plus prometteur des prochaines élections présidentielles ». En effet, explique die Welt, « cette peine de 27 ans de prison affaiblit l'opposition de droite avant les élections de l'année prochaine, écarte Bolsonaro du scrutin et assure le Parti des Travailleurs de Lula de rester au pouvoir dans les années à venir ». À Bruxelles, le Soir ajoute que « la défense de Bolsonaro va déposer des recours, « y compris au niveau international. Elle considère que la peine prononcée est incroyablement excessive et disproportionnée. » Le Monde, de son côté, parle d'un « jugement historique ». Une décision « qui réjouit le Brésil progressiste » alors que, remarque le quotidien français, « certains partisans de l'ex-chef d'État d'extrême droite n'hésitent pas à en appeler aux États-Unis de Donald Trump ». « En ligne, précise le quotidien français, l'extrême droite crie à la suprême persécution. Elle mise sur de nouvelle sanctions américaines, commerciales, et pourquoi pas militaires ».

« Nous y sommes, s'exclame Le Figaro à Paris. L'Otan vit son premier grand test historique de l'après-guerre froide, face à Moscou. Depuis des mois, les chancelleries occidentales envoyaient des signaux d'alarme concernant l'épreuve de vérité à laquelle la Russie pourrait soumettre l'Alliance, alors que Poutine est lancé dans une escalade guerrière (…). Plusieurs services de renseignements européens, notamment britanniques, baltes et allemands, ne cessaient d'alerter sur le risque d'une attaque russe visant à "nous tester". La plupart des experts redoutaient plutôt un coup de force dans les pays Baltes, ex-républiques soviétiques à la géographie vulnérable et fragilisées par la présence de minorités russes. Mais c'est (donc) vers la Pologne, constate Le Figaro, pilier oriental clé de l'Alliance qui joue depuis 2022 un rôle central dans l'aide à l'Ukraine, que dix-neuf drones russes ont été tirés dans la nuit de mardi à mercredi ». Provocation… Et pour nombre d'analystes, il ne s'agit certainement pas d'une erreur de tir, comme l'affirme Moscou… « La salve comptait (donc) dix-neuf drones et avait au moins trois points de départ distincts, dont deux situés en Biélorussie, précise une source militaire hexagonale citée par Le Monde. Il peut toujours y avoir des erreurs de programmation au moment d'entrer des coordonnées GPS, surtout lors d'un lancement d'une grosse salve. Le brouillage peut aussi entraîner un changement de trajectoire, mais avec les centrales inertielles embarquées, ce type d'appareils peut se recaler automatiquement. Donc dans le cas présent, les probabilités d'erreurs sont faibles ». « Il ne s'agit pas d'une simple violation de l'espace aérien polonais, s'exclame pour sa part Die Welt à Berlin ; c'est au mieux une provocation russe massive. Au pire, une attaque contre un pays de l'Otan. La Russie est en train de tester jusqu'où elle peut aller avec les Européens. Si les décideurs moscovites vont de plus en plus loin, c'est parce qu'ils ont déjà pu tester les limites de ce que les Européens ont pu tolérer par le passé, pratiquement sans réagir : sabotages, espionnage, campagnes de désinformation, menaces de guerre, brouillage GPS. La liste est longue ». Que faire ? « Les Européens, répond Die Welt, doivent enfin se doter d'une boîte à outils contre les ennemis extérieurs et ne pas hésiter à l'utiliser. Sinon, on peut s'attendre à ce que la Russie poursuive l'escalade ». Consultations… « Seule une attitude unie face à la violation de l'espace aérien polonais peut dissuader Moscou d'étendre son agression », renchérit El Pais à Madrid. Mais on n'en est pas là… Les responsables des pays-membres de l'Otan vont se consulter… Et hier, souligne Le Soir à Bruxelles, « le président ukrainien Zelensky, qui s'est entretenu au téléphone avec Donald Tusk, le Premier ministre britannique Keir Starmer, leur homologue italienne Giorgia Meloni et le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte, a regretté le "manque d'action" des dirigeants occidentaux (…). » En attendant, ces intrusions de drones en Pologne « sont un avertissement effrayant pour nous tous », s'alarme La Repubblica à Rome. « Ignorer la gravité de cette attaque, que les chaînes de télévision grotesques de Moscou imputent aux Ukrainiens, serait une erreur dangereuse et peut-être irréparable. (…) Et il faut mesurer, souligne le quotidien italien, l'angoisse des Polonais et des Baltes. En 1939, le monde les avait abandonnés face à Staline et Hitler : et maintenant ? » La violence politique encore et toujours aux États-Unis À la Une également, l'assassinat aux États-Unis de l'influenceur d'extrême-droite Charlie Kirk… Assassiné par balle alors qu'il tenait un meeting à l'Université de l'Utah. Le meurtrier court toujours. « La violence politique progresse à une fréquence inquiétante aux États-Unis », déplore le Washington Post. « Cet assassinat s'inscrit dans une terrible vague de violence politique aux États-Unis », pointe également le New York Times. « Nous, Américains, poursuit le journal, avons perdu une partie de notre grâce et de notre empathie ces dernières années. (…) Nous déshumanisons ceux qui ne pensent pas comme nous. (…) C'est le moment de baisser le ton et de réfléchir à notre culture politique ». Enfin, le Wall Street Journal souligne que « les auteurs de ces attaques présentent des degrés divers de troubles mentaux et de délires, mais, poursuit le journal, en raison notamment de la rhétorique de plus en plus violente du débat politique, notre société a progressivement démantelé les barrières sociales qui empêchaient autrefois ces esprits troublés de s'écarter des normes civilisées ».

Blocages et perturbations sont annoncés dans tous les secteurs ce mercredi en France : transports, écoles, entreprises. Et ce ne sont pas les syndicats ou les partis politiques qui ont lancé le mouvement, ce sont des milliers et des milliers d'anonymes en colère qui se sont fédérés sur les réseaux sociaux au cours des dernières semaines. Et « c'est la grande incertitude, s'exclame Le Parisien. Sur les réseaux sociaux, les appels à manifester et bloquer massivement la France résonnent de plus en plus fort. Les premiers sympathisants du mouvement “Bloquons tout“ ont incontestablement fait des émules, grâce également aux propositions budgétaires impopulaires du gouvernement de François Bayrou. Pour autant, si la grogne sociale existe, impossible de mesurer précisément quelle sera l'ampleur des actions menées ce mercredi. » « Niveau inégalités le plus élevé depuis 30 ans » Le Monde nous explique les raisons de cette colère : c'est le ras-le-bol de « la France ric-rac », des « fins de mois difficiles » ; « nombreux sont ceux à dénoncer le budget de l'ex-Premier ministre François Bayrou, qui demandait beaucoup à ceux qui ont peu, prônant une austérité douloureuse. Nombreux sont ceux à décrier les salaires qui ne bougent pas, les budgets de plus en plus difficiles à tenir, les arbitrages impossibles au moment de remplir les chariots de courses, si éloignés des préoccupations du gouvernement. » Si l'on regarde les chiffres, poursuit Le Monde, « la baisse du chômage, aujourd'hui stabilisé à 7,5 % environ de la population active, n'a pas empêché une hausse du taux de pauvreté et du surendettement. La faute notamment à une précarisation croissante de l'emploi. (…) Au contraire des revenus salariaux, les revenus financiers, eux, ont augmenté de 7 % en moyenne, poussés par la hausse des taux d'intérêt. Et cela a profité aux ménages les plus aisés, ceux qui possèdent un patrimoine financier. » Résultat, constate le journal : « le niveau d'inégalités atteint en France est ainsi le plus élevé depuis trente ans. » Lecornu Premier ministre : « la droite comblée, la gauche exaspérée » C'est dans ce contexte tendu que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu prend ses fonctions aujourd'hui. L'ex-ministre de la Défense est un très proche d'Emmanuel Macron. « On ne change pas une équipe qui perd », soupire Libération. « La droite comblée, la gauche exaspérée. (…) L'arrivée de Sébastien Lecornu à Matignon révèle qu'Emmanuel Macron manque décidément d'oxygène, s'exclame le quotidien de gauche. Face à la crise, il se recroqueville dans un espace politique qui, chaque jour, ressemble de plus en plus à une cabine téléphonique. Il a pourtant besoin d'espace. De se redonner des marges de manœuvre. Mais non. En nommant Sébastien Lecornu, le chef de l'État confirme qu'il lui est impossible de retirer l'énorme œillère qui l'empêche de regarder vers sa gauche. Peu importe ce qui se passe autour de lui. » Ligne claire ? À contrario, Le Figaro acquiesce. « À la veille d'une journée vampirisée par l'extrême gauche, la France a un premier ministre qui vient de la droite. Ministre depuis huit ans, il est, pour le grand public, neuf, intact. (…) Bien qu'à la tête d'une minorité de gouvernement, Sébastien Lecornu doit se faire le porte-voix de la majorité oubliée, invisible, abandonnée. Pression fiscale et normative désespérante, dépenses délirantes, immigration incontrôlée, insécurité galopante. Les inquiétudes qui réunissent plus de deux Français sur trois sont connues, affirme encore le quotidien de droite. (…) C'est cette ligne claire qu'il faut dessiner. (…) Le succès n'est pas garanti, mais l'autre choix, celui de la tambouille, mènerait à l'échec et au déshonneur. » L'extrême-droite en embuscade En tout cas, sur le plan politique, économique et social, la France va mal et pourrait bien finir par se jeter dans les bras de l'extrême-droite. Un vrai danger pour l'avenir de l'Europe et de ses valeurs, s'exclame La Repubblica à Rome : « nous sommes dangereusement proches du point de non-retour, affirme le quotidien italien. En Allemagne, les néonazis pro-Poutine de l'AfD, soutenus par Trump, aspirent à devenir le premier parti. En Grande-Bretagne, la droite anti-européenne de Farage nourrit les mêmes ambitions. En Italie, l'extrême droite est déjà au pouvoir. (…) Le seul espoir qui nous reste, estime La Repubblica, est que les électeurs et les responsables politiques français comprennent que le jeu dont ils sont les arbitres, au nom de 450 millions d'Européens, ne se résume pas à la suppression d'un ou deux jours de vacances ou au recul d'un an de l'âge de la retraite, mais à la survie même de l'Occident et de ses valeurs. »

« Cette question est sur toutes les lèvres en France, s'exclame le New York Times, après que le gouvernement a perdu hier la confiance à l'Assemblée nationale, forçant le Premier ministre, François Bayrou, et son équipe, à démissionner. » Nommer bientôt un nouveau Premier ministre comme il l'a annoncé, mais qui ? Et avec quelle majorité à l'Assemblée ? Convoquer de nouvelles élections ? Emmanuel Macron l'a d'ores et déjà exclu. Une démission du président ? Niet, a aussi répondu l'intéressé. « Quoi qu'il en soit, soupire le New York Times, la route à venir s'annonce semée d'embûches. » Le nécessaire compromis Pour Le Temps à Genève, le président français n'a pas le choix : « dos au mur, Emmanuel Macron va devoir faire ce qu'il exige des autres. » À savoir : « renoncer à des points centraux de son programme pour faire avancer un compromis avec des forces opposées. Ce n'est qu'ensemble que ces partis centraux pourront sortir la France de son ornière. » En effet, renchérit Le Soir à Bruxelles, « s'entendre n'est plus une option. C'est un devoir. S'entendre, non pas forcément pour former un improbable gouvernement d'union nationale, mais s'entendre à tout le moins sur l'indispensable : l'adoption d'un budget pour faire tourner le pays en 2026. La France a décidément un problème avec le compromis. Il ne s'agit pas de couper une poire au milieu. Mais de sortir de ses dogmes pour faire du chemin vers les autres. » Pour Le Figaro à Paris, la balance doit pencher à droite. « Emmanuel Macron doit affronter un mélange de déception, d'impatience, d'exaspération qui prend des proportions préoccupantes. Il ne peut plus se permettre de procrastiner, ni de rejouer la même partie en dérivant un peu plus à gauche. Tout - l'opinion, les marchés, son intérêt - l'oblige à trancher dans le vif. Nomination éclair sur sa droite, s'exclame Le Figaro, pour repousser de quelques mois le coup de tonnerre d'une nouvelle dissolution : c'est la prévision la moins défavorable. » Un « homme de passerelles » En tout cas, affirme La Croix, « quelle que soit la personnalité retenue, il lui faudra trouver une méthode nouvelle. Peut-on imaginer un gouvernement de coalition qui irait d'une partie de la droite à la gauche ? » Pas sûr, répond le journal. « Une perspective d'autant plus incertaine que l'extrême droite et l'extrême gauche attendent des actes beaucoup plus radicaux. » Démission, dissolution avec le risque de l'arrivée de l'extrême-droite au pouvoir ? « Emmanuel Macron doit trouver le bon candidat pour éviter un tel scénario, estime La Croix. Un homme de passerelles comme Xavier Bertrand ou l'ex-socialiste Éric Lombard, à Bercy dans le gouvernement sortant, ou bien un technicien comme Jean Castex. Mais, prévient le journal, si un nouveau Premier ministre sitôt nommé était rejeté, pour la troisième fois en un an, l'impasse politique pourrait déboucher sur une crise de régime. » Justement, rebondit le Washington Post, « il est de plus en plus difficile de savoir si la Ve République pourra perdurer sans réformes majeures ». Du beurre et des armes Le Washington Post qui élargit le débat en affirmant que cette impasse politique en France est aussi une « mauvaise nouvelle pour l'Ukraine ». En effet, pointe le quotidien américain, dans les conditions actuelles, « atteindre pour l'Europe l'autonomie stratégique (en matière de défense), comme le souhaite Emmanuel Macron, ne sera pas facile. (…) La France consacre 2,1 % de son PIB à la défense, et Macron s'est engagé à doubler ce montant pour atteindre 75 milliards de dollars d'ici 2027. Mais le déficit budgétaire national atteint déjà environ 6 % du PIB et la dette publique s'élève à 114 % du PIB. » Bref, conclut le Washington Post, « on ne voit pas bien comment le président français pourrait offrir à ses concitoyens à la fois du beurre et des armes sans creuser encore le déficit ».

« Le gouvernement français est au bord du gouffre », s'exclame le Guardian à Londres. « Le Premier ministre, François Bayrou, a peut-être pensé qu'il était pertinent de convoquer un vote de confiance parlementaire envers son gouvernement minoritaire, avant une journée de protestation nationale prévue après-demain et le début d'une saison budgétaire parlementaire chargée. (…) Mais en fait, François Bayrou semble avoir choisi le hara-kiri politique, affirme le quotidien britannique. Son éviction quasi certaine par un Parlement sans majorité, ce lundi, risque de transformer une impasse politique latente en une crise de régime fulgurante. » Et attention, prévient le Guardian, « une crise politique prolongée ne fera qu'accroître le soutien de l'opinion à la droite nationaliste et anti-immigrés et discréditer davantage les partis traditionnels. Face aux résonances toxiques des réseaux sociaux et à la montée d'une extrême droite à l'américaine qui fustige la criminalité, l'immigration et l'islam, Marine Le Pen et son jeune protégé Jordan Bardella semblent de plus en plus proches de la conquête du pouvoir. » Le danger à droite… ou à gauche ? En effet, renchérit Le Monde à Paris, « de la colère qui sourd dans le pays, le Rassemblement national en apparaît aujourd'hui comme le principal bénéficiaire. Ni les ennuis judiciaires de Marine Le Pen, ni la juvénilité de Jordan Bardella, ni les virages à 180 degrés du parti qui oscille entre radicalité et quête de respectabilité, ni sa versatilité et son amateurisme sur les questions budgétaires n'entament la dynamique. Le moteur est ailleurs : il suffit à ses dirigeants d'exploiter les faiblesses et les renoncements de ceux qui prétendaient le combattre pour prospérer. » À contrario, pour Le Figaro, le danger est à gauche… Qui pour succéder à Bayrou ? « Un Premier ministre socialiste, ce serait plonger le pays dans un nouveau cauchemar, estime le quotidien de droite. D'autant plus que les Insoumis rôderaient alentour. La France est payée pour le savoir depuis François Mitterrand et la retraite à 60 ans, Lionel Jospin et les 35 heures, François Hollande et la "chasse aux riches". Elle ne s'est jamais vraiment remise de toutes ces politiques dépensières et inconséquentes. Un Premier ministre socialiste, ce ne serait certainement pas une façon de rebondir dans la crise que traverse notre pays. Ce serait plutôt l'assurance d'un enlisement, d'un effondrement garanti. » Rome regarde du haut de ses 20 ans de dépenses La Repubblica à Rome revient sur l'aspect économique. Comment la France en est-elle arrivée là ? « Nous, Italiens, avons une certaine expérience, ironise le journal. Nous avons vécu pendant des décennies avec des gouvernements instables et une dette publique dépassant 100 % du PIB, et nous sommes malheureusement habitués à dépenser des dizaines de milliards par an en intérêts sur cette dette. Mais pour la France, une dette de 115 % avec un coût d'intérêt annuel de plus de 60 milliards d'euros, c'est la découverte d'un nouveau monde. Un monde qui s'est construit au cours des 15 à 20 dernières années, sachant qu'il n'y a pas si longtemps, la dette publique française équivalait à celle de l'Allemagne : toutes deux atteignaient un peu moins de 60 % du PIB. » Quel a été le point de bascule ? : Réponse de La Repubblica : « les dépenses publiques, 57 % du PIB de la France, sont les plus élevées des économies avancées du monde et ont évidemment contribué à la hausse de la dette. Et cette hausse a été constante, inexorable, jamais stoppée par les excédents budgétaires primaires des vingt dernières années, alimentée par la longue période de taux d'intérêt proches de zéro, et accélérée par le Covid et les mesures ultérieures visant à protéger les consommateurs des pics d'inflation. La conjoncture politique a ensuite fait le reste, freinant l'élan réformateur de Macron et rendant difficile tout changement de cap. » Macron, premier responsable ? En tout cas, conclut Libération à Paris, « la France va s'enfoncer un peu plus ce lundi dans un épais brouillard. Et cela n'a rien de réjouissant. Les plus fragiles sont les premières victimes d'un pays à l'arrêt. Ils le seront davantage si la crise politique mute en crise de régime. Ce jour, tous les regards seront tournés vers François Bayrou. Normal, et à la fois injuste. Le premier responsable de la situation s'appelle Emmanuel Macron. Sa dissolution fut une faute. Son départ, en plus de rajouter de la crise à la crise, créerait un dangereux précédent. Le Président n'a pas toutes les clés en main pour dessiner les mois qui nous séparent de la prochaine présidentielle. Mais il en détient une, pointe Libération : répondre au sentiment profond d'injustice qui plombe le pays. »
