Le monde en questions

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Le monde en questions, une chronique hebdomadaire qui met en valeur, en contexte et en perspective un fait marquant de l’actualité internationale. Elle sera assuré par Bruno Daroux.

Rfi - Bruno Daroux


    • Feb 28, 2025 LATEST EPISODE
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    Comment la Chine perçoit-elle le rapprochement entre la Russie et les États-Unis?

    Play Episode Listen Later Feb 28, 2025 3:10


    Le spectaculaire rapprochement opéré par l'administration Trump avec la Russie de Vladimir Poutine a des conséquences directes et importantes, d'abord pour l'Ukraine et les Européens, mis au pied du mur. Et pour la Chine également, qui regarde ces événements avec attention, tout en restant assez discrète pour l'instant. Mais que dit ce changement incroyable du gouvernement de Trump vis-à-vis de la Chine ? On peut dire que ce tournant majeur du positionnement américain vis-à-vis du conflit en Ukraine et des États européens a également des conséquences à la fois sur la relation entre les États-Unis et la Chine, et sur celle entre la Chine et la Russie.Pour certains analystes, c'est même l'objectif stratégique essentiel de Donald Trump : se débarrasser du conflit en Ukraine, laisser les Européens se débrouiller tout seuls et se rapprocher de Moscou pour tenter de déstabiliser la Chine. Ce dernier pays reste l'adversaire principal, le concurrent systémique, d'un point de vue économique et politique, des États-Unis.L'idée est de contrarier fortement le lien entre Moscou et Pékin, qui s'est fortement resserré depuis le début de l'invasion russe en Ukraine. Pour des raisons économiques et géopolitiques, la Russie de Vladimir Poutine a tenté de se défaire de l'étau des pays occidentaux en affichant sa proximité avec Pékin. Et en développant un partenariat déjà existant.Un jeu d'équilibriste pour la ChineDe son côté, la Chine joue une partition apparemment équilibrée depuis trois ans. Elle ne condamne pas l'agression russe mais rappelle son attachement à l'intégrité territoriale des États, ce qui va plutôt dans le sens de Kiev, qui réclame le départ des troupes russes des territoires ukrainiens occupés, y compris la Crimée. Ce faisant, Pékin pense à ses propres intérêts, puisque c'est au nom de ce principe d'intégrité qu'elle revendique de rattacher l'île de Taïwan à son espace.Dans les faits, néanmoins, les Chinois ont accepté sans sourciller de développer leurs liens politiques, économiques et militaires avec Moscou. Les États-Unis accusent même Pékin d'une aide militaire indirecte à l'effort de guerre russe.À lire aussiComment la Chine compte-t-elle réagir aux droits de douane imposés par les États-Unis ?Cette stratégie peut-elle fonctionner ?Les prochaines semaines le diront. Moscou sera sans doute obligée d'afficher une forme de distance avec Pékin puisqu'elle s'engage dans un dialogue actif avec Washington. Mais cela n'ira sûrement pas plus loin qu'une forme de posture. La Russie considère la Chine comme un roc solide, avec un dirigeant qui reste au pouvoir, contrairement aux États-Unis, où les élections tous les quatre ans peuvent changer la donne.De plus, l'alliance Russie-Chine repose aussi sur des intérêts mutuels bien compris. Les Chinois, de leur côté, vont continuer à se présenter comme un pays neutre et facilitateur dans le conflit, pour concurrencer le nouveau rôle des États-Unis.Au final, l'objectif de Washington de briser le lien entre Moscou et Pékin a peu de chances de se concrétiser. Car la Russie notamment n'a aucun intérêt à mettre tous ses œufs dans le même panier – américain en l'occurrence.À lire aussiLe rapprochement à pas réfléchis du Kremlin avec Donald Trump

    Avec Trump, la fin du multilatéralisme?

    Play Episode Listen Later Feb 14, 2025 3:04


    Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump multiplie les initiatives et déclarations notamment contre les institutions multilatérales. Sommes-nous en train d'assister à l'effondrement de l'ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale ?   Cet ordre, fondé sur des institutions internationales et multilatérales, est sérieusement ébranlé par les coups de butoir de certains dirigeants issus de régimes autoritaires comme Vladimir Poutine ou de systèmes démocratiques comme Donald Trump. L'ordre créé en 1945, avec la création de l'ONU et de nombreuses autres organisations, avait pour but d'éviter ou d'atténuer les conflits entre États, en s'appuyant sur un corpus de principes regroupés sous le terme de droit international. Depuis cette époque, cet ordre a plus ou moins bien fonctionné et n'a pas empêché de nombreux conflits. Mais les institutions n'étaient pas globalement contestées. C'est cela qui a changé depuis une quinzaine d'années et qui s'accélère aujourd'hui. Avec une ONU quasi impuissante, attaquée par certains pays, soit pour être inefficace, soit pour défendre les intérêts du monde occidental, et avec l'arrivée de Trump au pouvoir, le retour d'une confrontation entre empires – russe, américain, chinois – et la préférence systémique accordée à la négociation bilatérale. À lire aussiDonald Trump signe un décret pour retirer les États-Unis de plusieurs instances de l'ONUComment expliquer cette détestation de Donald Trump pour le multilatéralisme ? Il y a au moins deux raisons qui expliquent ce positionnement : il pense d'abord que ces organisations sont lourdes, inefficaces et bavardes. Dans son logiciel d'homme d'affaires, tout cela ne peut conduire qu'à des demi-mesures, voire au statu quo.La deuxième raison est que Trump pense que les États-Unis payent beaucoup trop pour les autres au sein de ces organisations. Qu'il s'agisse de l'ONU ou de l'Otan, le refrain est toujours le même : nous payons trop, il faut rééquilibrer tout ça. D'où sa décision également de suspendre l'aide à l'étranger via USAID. À lire aussiGel des financements américains: les réfugiés yézidis dans la tourmente au Kurdistan irakienUn mode virilisteEt enfin, Donald Trump est sur un mode viriliste : on va se parler d'homme à homme, à deux, entre personnes importantes. Et cela fonctionnera. Ça n'a pas été vraiment le cas lors de son premier mandat avec Xi Jinping ou Kim Jong-un. Mais il recommence, cette fois, avec Vladimir Poutine.Le résultat, c'est que le représentant de la première démocratie du monde s'aligne sur des positions qui mettent à mal les principes du droit international, notamment sur les frontières. Et assume cette loi du plus fort, au mépris de ses alliés et en permettant aux dirigeants autocratiques de penser qu'ils peuvent, eux aussi, s'en prendre à tel ou tel territoire en quasi-impunité.Oui, le multilatéralisme est moribond, la loi de la jungle ou du Far West revient à grands pas, et laisse augurer des temps bousculés.  À lire aussiL'offensive anti-immigration du président Trump inquiète les migrants africains aux États-Unis

    Donald Trump et Javier Milei, mêmes combats?

    Play Episode Listen Later Feb 7, 2025 3:03


    Les présidents des États-Unis et d'Argentine ont pris des décisions similaires ces derniers jours sur le retrait de l'OMS, l'Organisation mondiale de la santé, et font preuve d'une hostilité marquée vis-à-vis des programmes aidant à la transition de genres pour les mineurs. Dès lors, peut-on parler d'un alignement de Javier Milei sur Donald Trump ?  Il y a une proximité idéologique entre les deux hommes et un quasi-alignement, qu'il s'agisse de politique économique ou de révolution culturelle, pour mettre fin à ce qui est désigné comme le « progressisme woke », dans les deux pays. En économie, les deux hommes assument une approche libérale : laisser faire le marché, réduire les impôts des sociétés et procéder à des coupes drastiques dans les dépenses publiques — on se souvient du slogan de Milei durant sa campagne, les coupes « à la tronçonneuse ».Et ces derniers jours, les décisions de Milei de quitter l'OMS et de stopper les programmes de traitement et de chirurgie de transition de genre pour les mineurs sont très semblables à ce que fait ou ce que veut faire Donald Trump.À lire aussi Donald Trump signe un décret pour retirer les États-Unis de plusieurs instances de l'ONULes premiers résultats de la « révolution économique et culturelle » prônée par Javier Milei Javier Milei dirige l'Argentine depuis un peu plus d'un an et il peut se targuer d'avoir réglé au moins deux des problèmes de l'économie argentine. À commencer par l'inflation, passée de plus de 25 % à environ 3 %. Autre promesse tenue, celle de la stabilisation du taux de change entre le peso argentin et le dollar américain.Mais sur d'autres aspects, la thérapie de choc n'a pas fait ses preuves, avec une augmentation du chômage, qui reste quand même sous la barre des 10 %, et une augmentation de la pauvreté, qui concerne un Argentin sur deux.  Sur le plan « culturel », il montre une volonté farouche de transformer la matrice culturelle qui aurait été étouffée par la gauche depuis des décennies. Les partisans de Milei réfutent le terme d'extrême droite parfois accolé au président argentin. Selon eux, il n'est pas d'extrême droite, car l'immigration n'est pas un sujet pour lui — c'est une différence avec Donald Trump —, il ne serait pas raciste et encore moins antisémite et considère Israël comme « un phare occidental au milieu de la barbarie ».À lire aussi « Critiquer la politique du gouvernement israélien est aujourd'hui qualifié d'antisémitisme »Javier Milei se définit comme un anarcho-capitaliste, proche des libertariensCette définition renforce le sentiment de connexion avec certains partisans de Donald Trump. Ce mouvement libertarien, ou réactionnaire au sens propre du terme selon d'autres observateurs, ne se limite pas à ces deux pays. Le président Macron parle même d'une « internationale réactionnaire », caractérisée par la volonté de défaire la suprématie culturelle de la gauche et les excès supposés du progressisme et du wokisme, une quasi-détestation de l'État, et un fort rejet des organisations multilatérales instaurées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale — l'ONU, l'OMS, le Conseil des droits de l'Homme, l'Accord de Paris sur le climat, ou encore la CPI.Rappelons-le, ces organismes ont été créés à l'issue de la Seconde Guerre mondiale pour faciliter le dialogue et la coopération et pour éviter les guerres. Ainsi, on est entré dans une ère de forte contestation de cet ordre multilatéral, y compris par de plus en plus de démocraties, comme les États-Unis de Trump ou l'Argentine de Milei.  À lire aussiÀ Davos, Javier Milei souligne sa proximité idéologique avec Donald Trump

    Gaza, le cessez-le-feu de tous les défis

    Play Episode Listen Later Jan 17, 2025 3:06


    Quelques jours avant l'investiture de Donald Trump à la Maison Blanche, le « miracle » est en passe d'arriver : la situation à Gaza semble vouloir se débloquer après 15 mois de guerre. Comment expliquer cette percée diplomatique ? Fallait-il que les menaces de Donald Trump – il avait promis « l'enfer » si les otages n'étaient pas libérés avant son retour au pouvoir – aient été l'argument qui aura décidé, ou contraint, le Hamas à Gaza et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, mais aussi les négociateurs américains, qatariens et égyptiens à, coûte que coûte, trouver une solution pour la libération des otages israéliens et un cessez-le-feu ? Il est vrai, en tout cas, que de l'avis même des très nombreux contempteurs du milliardaire populiste, on s'accorde à saluer ce qu'on appelle déjà «l'effet Trump ».Pour autant, c'est dans les détails, c'est bien connu, que se cache le diable et Trump, l'homme d'affaires, expert en « deals expéditifs », ne s'embarrasse pas des détails. L'accord de cessez-le-feu de cette semaine, qui tient sur cinq pages, est à l'identique, ou presque, de celui proposé il y a de longs mois, en mai 2024, par le président Joe Biden. Et il est truffé de ces fameux détails qui peuvent à tout moment faire capoter le processus.À lire aussiGaza: que contient l'accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas?L'accord comporte trois phases censées se succéderAnnoncé dans la précipitation suite à la pression maximale et inédite exercée par l'émissaire pour le Moyen-Orient de Trump, le promoteur immobilier Steve Witkoff, et son homologue de l'administration démocrate, l'accord recèle de nombreuses incertitudes. La phase une, qui doit commencer dimanche 19 janvier si tout va bien, doit s'étaler sur une très longue période de six semaines à raison de trois otages libérés par semaine en l'échange de 1 000 à 1 600 prisonniers palestiniens et l'entrée de quelque 600 camions — contre 70 aujourd'hui — d'aide humanitaire dans un Gaza transformé en charnier à ciel ouvert. Un Gazaoui sur dix a été tué ou blessé en 15 mois. Pour les deux tiers, ce sont des enfants et femmes.Rien ne peut indiquer à ce stade que les deux phases suivantes — fin des libérations d'otages puis début de la reconstruction — ne relèvent pas du vœu pieux et de l'hypothèse, alors que la reprise de l'offensive au terme de la phase une est dans les exigences de l'aile suprématiste de la coalition Netanyahu, mais aussi et surtout si le fameux « effet Trump » n'agit plus sur le Proche-Orient.À lire aussiGaza: le nombre de morts sous-estimé de 41%, selon une étude publiée dans The LancetUne reconstruction de Gaza — très hypothétique — face à des défis immensesLa bande de Gaza, territoire mutilé, connaît un taux de destruction tel que le processus pour rebâtir est, selon les experts onusiens, le plus grand défi auquel la communauté internationale ait été confronté depuis la Seconde Guerre mondiale. 72% des bâtiments résidentiels sont rasés et des dizaines de millions de tonnes de débris se sont accumulées. Le coût de cette opération s'élèverait à 50 milliards de dollars d'après les premières estimations. Une reconstruction qui prendrait plusieurs décennies.À lire aussiBande de Gaza: 365 km² anéantis par Israël en 365 jours, «une volonté de détruire une mémoire»

    2025, Israël et les fronts multiples

    Play Episode Listen Later Jan 10, 2025 3:23


    Dans le sillon de la réponse aux attentats du 7 octobre 2023 en Israël, l'État hébreu multiplie les offensives au Proche-Orient contre la nébuleuse iranienne de l'« Axe de la résistance ». Les évènements en Syrie ne semblent pas faire changer de cap le Premier ministre israélien, qui poursuit une ligne résolument pro-guerre.  Tout d'abord, c'est en raison d'un profond sentiment de surpuissance militaire, largement incarnée par le Premier ministre va-t-en-guerre Benyamin Netanyahu, qu'Israël continue de foncer, tête baissée, sur ses ennemis proches et lointains avec l'aide soutenue de Washington. « LaSyrie n'est plus la même Syrie, le Liban n'est plus le même Liban, a récemment martelé Benyamin Netanyahu, ajoutant : Gaza n'est plus la même Gaza et même l'Iran a, lui aussi, ressenti la puissance de notre bras. » Il faut dire que la réponse israélienne aux attaques du Hamas a produit une impressionnante tectonique des plaques de la géopolitique du Proche-Orient — impensable il y a encore quelques mois — résultat d'offensives militaires qui ont de quoi donner raison à un chef de gouvernement qui affirme combattre sur sept fronts simultanés.Les branches armées et politiques du Hamas et du Jihad islamique à Gaza sont décimées, bien que non vaincues, alors que l'enclave palestinienne a été transformée en charnier à ciel ouvert après 15 mois de bombardements d'une violence inégalée. Au Liban, la milice chiite du Hezbollah, pourtant redoutée, a été défaite en quelques semaines de combats, sa direction politique et opérationnelle anéantie au prix de centaines de morts civils et de sérieux doutes persistent sur les intentions israéliennes — mettre fin, ou non, à l'occupation de fait du Sud-Liban — quand le cessez-le-feu de soixante jours expirera le 27 janvier prochain. À lire aussi Bande de Gaza : 365 km — anéantis par Israël en 365 jours, « une volonté de détruire une mémoire »Le revers historique de l'« Axe de la résistance » pro-iranien offre pour Benyamin Netanyahu une porte de sortie personnelle inespéréeCette fuite en avant à marche forcée et les succès indéniables du Premier ministre israélien sont évidemment politiquement opportuns, lui permettant de se maintenir au pouvoir. Mais ce maintien se fait dans un équilibre instable, alors qu'une partie de l'opinion publique lui reproche une guerre sans but et sans fin et de ne pas avoir tout fait pour libérer les otages encore retenus à Gaza. En outre, sa responsabilité dans la faille sécuritaire qui a permis les massacres du 7-Octobre n'a toujours pu être établie, faute de la formation d'une commission d'enquête. Sur le plan juridique aussi, Benyamin Netanyahu est poursuivi pour corruption, fraude et abus de confiance et son procès a constamment été repoussé à cause d'un conflit auquel il n'a donc aucun intérêt à mettre fin.   À lire aussi Israël-Gaza : 7 octobre 2023, le jour où une nouvelle guerre a débutéPeut-on parler de victoire définitive et irréversible ?  Nombreux sont les experts qui estiment que le chef du gouvernement israélien serait tenté par reconfigurer le Moyen-Orient dans une sorte de « pax israeliana » — une paix sous domination israélienne — profitant des flottements politiques de l'après-Bachar dans la Syrie voisine, de la perte d'influence de l'Iran et ses affidés, et de l'abandon total de toute tentative de résolution de la problématique palestinienne.Reste que la région, dont l'imprévisibilité et la complexité sont proverbiales, regorge d'éléments déstabilisateurs comme, par exemple, les rebelles houthis du nord-Yémen qui multiplient les attaques contre Israël et perturbent dangereusement le trafic maritime en mer Rouge.Quoi qu'il en soit, l'année 2025 sera aussi celle du retour de Donald Trump à la Maison Blanche et Benyamin Netanyahu, son meilleur allié, sait parfaitement que cela sera sans doute providentiel pour le destin expansionniste d'Israël et donc du sien. À lire aussiLes attaques des rebelles houthis du Yémen, un véritable casse-tête pour la défense israélienne

    Birmanie: 2025, année de tous les dangers pour la junte?

    Play Episode Listen Later Dec 27, 2024 3:21


    Presque quatre ans après le coup d'État militaire qui a renversé le gouvernement élu, ce grand pays d'Asie orientale sombre dans la guerre civile, le chaos social et l'une des pires crises humanitaires de son histoire. Pourtant, les insurrections armées progressent. Cyril Payen, peut-on, d'ores-et-déjà, parler d'un tournant ? Ce qui est certain, c'est que la longue marche vers la victoire contre la dictature militaire a commencé avec, pour horizon, l'année 2025. Organisée et structurée, l'opposition pro-démocratique civile et armée opère une montée en puissance qui semble de plus en plus implacable, et ce aux quatre coins de cet immense territoire, carrefour entre l'Asie du Sud-Est et l'Inde.Le pouvoir central perd du terrainSelon le gouvernement parallèle, né clandestinement après le coup d'État de février 2021, près des deux tiers du pays ne sont plus contrôlés par le pouvoir central, alors que régions et garnisons militaires tombent une à une, du lointain état d'Arakan à la frontière, du Bangladesh aux sanctuaires de la guérilla kachin aux confins du Triangle d'Or, sans oublier les traditionnels bastions karens, plein est, sur la frontière thaïlandaise où, symbole parmi les symboles, l'ancien quartier général de Manerplaw, tombé en 1994, a été repris cette semaine.Signe des temps : un an après être officiellement passé d'une tactique de guérilla à une offensive conventionnelle tous azimuts, une grande partie des responsables du NUG, le Gouvernement d'union nationale, a annoncé sortir de la clandestinité pour rejoindre la Birmanie dès janvier 2025.À lire aussiBirmanie: la junte militaire au pouvoir continue de subir les revers des groupes rebellesUne grande fébrilité dans la junte militaire et chez ses alliésDu côté de la Tatmadaw, l'armée birmane, il y a bien entendu les pertes, de plus en plus importantes, qui permettent aux rebelles de se constituer d'impressionnants arsenaux, mais il y a aussi les défections. Sentant le vent tourner ou écœurés par les méthodes d'une armée souvent accusée d'être en guerre contre sa propre population, des milliers de soldats sont passés dans le camp des rebelles, et de vastes purges ont eu lieu au sein d'un état-major que l'on sait infiltré par les insurgés.Plus isolés que jamais, les chefs de la junte birmane ne survivent que grâce à leurs parrains chinois, russes ou nord-coréens, pour ne citer que les plus visibles, l'indifférence coupable de la communauté internationale faisant le reste. Mais là aussi, la nervosité du gouvernement chinois face à l'instabilité chez le voisin birman, ou les déboires de Moscou au Proche-Orient, pourraient faire changer les orientations de cette guerre par procuration asiatique.À lire aussiBirmanie: l'impossible démocratieLe chef de l'armée putschiste dans le collimateur de la CPILes soucis, c'est bien connu, volant souvent en escadrille, le karma politique du chef de la junte militaire s'est encore un peu plus assombri le 27 novembre 2024, à des milliers de kilomètres de son bunker de Naypidaw, à La Haye où siège la Cour pénale internationale.Premier mandat d'arrêt requis par le procureur : le vieux dossier du massacre de la minorité musulmane des rohingyas est exhumé. Le général Min Aung Hlaing y est accusé de crimes, de déportation et de persécutions, des actes qualifiés de crimes contre l'humanité. Les premières audiences pourraient avoir lieu en 2025. Une année donc décisive pour le destin pro-démocratique de la Birmanie.À lire aussiBirmanie, le rêve d'une union fédérale gagne du terrain

    Changement de cap politique imminent en Allemagne?

    Play Episode Listen Later Dec 20, 2024 3:20


    Après la décision lundi 16 décembre du chancelier Olaf Scholz d'affronter un vote de défiance au Bundestag, le Parlement allemand, il chamboule la situation politique de l'Allemagne. Il provoque la chute de son gouvernement, la dissolution du Bundestag et la convocation d'élections générales anticipées le 23 février prochain. Doit-on s'attendre à un changement de cap en Allemagne ? À en croire les enquêtes d'opinion actuelles, la situation politique enAllemagne pourrait probablement changer. Selon ces sondages, c'est la CDU, le parti chrétien démocrate dirigé aujourd'hui par Friedrich Merz qui fait la course en tête, crédité de 30 à 32 % des voix. Loin devant le SPD, les sociaux-démocrates du chancelier sortant Olaf Scholz, qui obtiendraient environ 15 % des voix. La formation d'extrême droite AfD est annoncée avec un score autour des 20 %. On assiste donc à la fin de la coalition SPD / Verts / Libéraux menée par Olaf Scholz, et la victoire semble à ce stade en vue pour Friedrich Merz.À lire aussiAllemagne: la droite désigne l'ultraconservateur Friedrich Merz candidat à la chancellerie en 2025Un dirigeant qui revient de loin ?Le parcours et l'histoire de Friedrich Merz sont assez incroyables. Élu dès 1994 au Bundestag, il a vite vu son ascension stoppée par une certaine Angela Merkel, qui lui ravit en 2002 la présidence du groupe parlementaire de la CDU. Il se fait discret jusqu'en 2009, date à laquelle il quitte la politique pour redevenir avocat d'affaires. Ce n'est qu'en 2018 qu'il revient dans le jeu, quand Madame Merkel annonce son retrait qui prend date en 2021. Friedrich Merz est donc débarrassé du fantôme de sa plus tenace adversaire et prend les rênes de son parti. À 69 ans, il pense que son heure est enfin arrivée.Un programme libéral en économie et conservateur sur les questions sociétalesFriedrich Merz accuse Olaf Scholz d'avoir raté sa chance au cours des trois dernières années et entend appliquer, s'il est élu, un programme libéral très orthodoxe. Respect du « frein à la dette », inscrit dans la Constitution, baisses d'impôts, allègement des droits de succession... Il veut aussi mettre fin au programme de remplacement des chaudières au gaz ou au fioul, entamé par l'actuel gouvernement pour lutter contre le réchauffement climatique, et qui fait l'objet d'un débat passionné outre-Rhin. Un programme à l'opposé de celui de son adversaire Scholz, alors que l'Allemagne traverse une vraie crise économique et risque d'être en récession pour la deuxième année consécutive, avec son secteur à l'exportation en difficulté notamment dans le secteur de l'industrie automobile, on pense notamment à Volkswagen. Conservateur sur les questions de société, il veut par exemple abolir la loi sur la légalisation du cannabis, adoptée par la majorité sortante.Olaf Scholz, un candidat combatifLe chancelier reste combatif et a été désigné comme le candidat du SPD. Il part certes avec un lourd handicap, mais cela ne lui fait pas peur. En 2021, déjà, on le donnait perdant, et il avait remporté le scrutin. La grande question sera celle de la coalition. Nous n'y sommes pas encore. Le choix que feront les Allemands, un mois après l'investiture de Donald Trump, en pleine guerre en Ukraine, aura bien sûr des conséquences importantes pour l'Europe et notamment la France.À écouter dans Décryptage Économie, politique: la fin du modèle allemand?

    La Turquie et les Kurdes, un danger pour la Syrie?

    Play Episode Listen Later Dec 13, 2024 3:08


    Après la chute de Bachar el-Assad en Syrie dimanche 8 décembre, la situation est très incertaine dans le pays. Et une question préoccupe : celle du rapport de force entre les forces Kurdes et les rebelles pro-turcs. Il faut d'abord rappeler que les Kurdes contrôlent environ un tiers du territoire syrien au nord-est du pays. Dans cette région riche en ressources pétrolières, les FDS (Forces démocratiques syriennes), c'est-à-dire les forces kurdes pour faire simple, ont instauré un gouvernement en totale autonomie par rapport au pouvoir central. Dans cette zone, ils ont établi une administration qui garantit la liberté religieuse, qui garantit les droits des femmes et qui gère aussi la détention de milliers de détenus jihadistes, en grande partie issus de l'organisation État islamique. C'est une des raisons essentielles pour laquelle les Kurdes sont alliés des Occidentaux, en particulier des Américains, présents dans cette zone, et du coup protégés par eux. Les Kurdes ont des alliés, mais ils ont aussi un ennemi de taille, la TurquiePour Ankara, les Kurdes de Syrie sont des soutiens indéfectibles des Kurdes de Turquie, notamment du PKK, l'organisation considérée comme terroriste par Ankara qui estime qu'elle représente une menace existentielle sur l'unité de la Turquie. C'est pourquoi Ankara soutient, finance et équipe des forces pro-turques en Syrie, l'ANS, l'Armée nationale syrienne. L'ANS détient une partie du nord de la Syrie.L'objectif du président Erdogan, qui n'est pas nouveau, est de tout faire pour que l'ANS contrôle les 930 km de frontière commune entre la Turquie et la Syrie, pour couper en deux l'alliance entre Kurdes de Turquie et de Syrie. Un objectif qui pourrait pousser le dirigeant turc à profiter de la nouvelle situation en Turquie pour mettre fin à l'autonomie kurde en Syrie. À écouter Syrie : « La région kurde est très largement menacée par la Turquie »Les Européens et les Américains inquiets  Le secrétaire d'État américain Antony Blinken s'est rendu à Ankara pour convaincre Recep Tayyip Erdogan de limiter ses actions en Syrie. Les États-Unis tentent de jouer les médiateurs pour obtenir un cessez-le-feu entre forces kurdes et pro-turques dans le nord du pays. Les affrontements entre les deux parties ont déjà fait plus de 200 morts autour de la localité de Manbij, tombée aux mains des rebelles pro-turcs, qui ont aussi pris le contrôle de la ville de Deir Ezzor.Les Occidentaux redoutent qu'Erdogan, en position de force, veuille pousser son avantage pour s'emparer de villes kurdes qui sont des symboles de la lutte contre l'organisation État islamique, comme Kobané, au nord-est de la Syrie. La grande crainte, c'est donc qu'Erdogan démantèle totalement l'ensemble de l'administration autonome kurde en Syrie. Et qu'il les remplace par le Conseil national kurde, une instance kurde syrienne proche du parti du Kurdistan d'Irak (PDK) qui entretient de bonnes relations avec Ankara. Des plans qui pourraient compromettre dangereusement une transition pacifique en Syrie. À lire aussiLe risque de morcellement plane sur la Syrie post-Assad

    Crise politique en France: le président Emmanuel Macron est-il désavoué à l'étranger?

    Play Episode Listen Later Dec 6, 2024 3:18


    La motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier a placé la France dans une période politique d'une rare incertitude. Et cette instabilité politique n'épargne pas l'image du président de la République sur la scène internationale. On peut sans doute parler d'une forme de dépit envers Emmanuel Macron, déjà présent et qui est fortement accentué par l'actuelle crise politique en France. Un dépit, à l'aune de ce qu'il a longtemps incarné à l'étranger, depuis sa première élection en 2017 : un président jeune, dynamique, capable de transformer et de moderniser la France et désireux de relancer l'Europe. Il incarnait aussi beaucoup d'espoirs et avait, dans un premier temps, revitalisée l'image de la France sur la scène internationale.Mais avec le temps et les différentes crises qui se sont succédé, la pratique macronienne et le comportement personnel du président ont quelque peu désarçonné certains de ses interlocuteurs en Europe et ailleurs. Mais on saluait aussi le volontarisme et la volonté de faire du chef de l'État.Une situation qui fragilise le président et le paysLa France reste, malgré tout, une puissance qui compte sur la scène internationale et notamment en Europe. Et une France fragilisée en interne, politiquement et économiquement, a des conséquences, en particulier au sein de la zone euro. Et en Europe plus largement, avec une Allemagne en proie, elle aussi, à une incertitude politique avec des élections convoquées en février prochain, un « moteur » franco-allemand qui tousse, ce qui n'est jamais bon.Plus généralement, ce qui inquiète à l'étranger, c'est que jusqu'ici la France était considérée, grâce aux institutions de la Ve République, comme un pays stable. C'est ce statut qui s'est sérieusement effrité depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin dernier et tout ce qui a suivi. Cela donne la sensation d'un pays hésitant et profondément divisé avec un président à mi-chemin entre orgueil et déni de la réalité de la situation.Certains sont tentés d'en profiter. On peut penser à la Russie ou aux États-Unis qui, pour des raisons différentes, ne sont pas mécontents de voir les deux principales puissances du Vieux Continent en proie aux difficultés.Et les problèmes peuvent aussi venir d'alliés présumés. C'est ainsi qu'Ursula Von der Leyen s'est rendue en Uruguay au sommet du Mercosur. Pour annoncer que la signature finale de l'Union européenne sur ce traité, refusé en l'état par la France, est proche.Seule consolation pour Emmanuel Macron : il a, sur ce dossier au moins, le soutien de l'ensemble de la classe politique française. Ce n'est pas la fin de l'histoire, puisque même une signature d'Ursula Von der Leyen ne suffit pas pour que le traité soit appliqué. Mais le combat de la France pour rallier d'autres pays à sa position et dégager une minorité de blocage sur ce dossier s'annonce encore plus compliqué, même si la Pologne, l'Italie et l'Autriche sont proches des positions françaises. Comme l'a dit Michel Barnier devant les députés : pour la France, et donc pour Emmanuel Macron, tout sera désormais plus difficile.À lire aussiGouvernement en France: ces noms qui circulent pour remplacer Michel Barnier à Matignon

    Ukraine, deux mois à venir dangereux?

    Play Episode Listen Later Nov 22, 2024 3:00


    Entre la Russie de Vladimir Poutine, l'Ukraine et ses alliés occidentaux, les tensions montent. Doit-on craindre un embrasement en Ukraine dans les semaines à venir ?  Deux facteurs rendent la situation actuelle particulièrement volatile. D'abord, on est presque à trois ans de guerre et il y a une forme de fatigue de part et d'autre. Côté russe, même si la dynamique est favorable depuis le printemps, elle n'est pas non plus décisive. Certes, les avancées se font plus franches sur le front Est — mais rien de déterminant. Car, à bien y réfléchir, obtenir des gains de 15 km2 chaque jour, ce n'est pas suffisant pour effectuer une percée significative vers une occupation à grande échelle de l'Ukraine. En ce sens, rapporté aux objectifs initiaux fixés par Vladimir Poutine en 2022, on est très loin du compte et très proche d'une forme d'échec. Côté ukrainien, malgré la prise d'une enclave en territoire russe, on reste dans une position fragile sur le front Est. Kiev, outre un vrai problème de renouvellement des effectifs, reste par ailleurs trop dépendante des armes occidentales et de leur utilisation la plus efficace contre l'ennemi. Le changement de locataire à la Maison Blanche, un autre facteur d'incertitudeL'élection de Donald Trump aux États-Unis explique la sensation de crispation de part et d'autre ces derniers jours. Chacun cherche à consolider, voire à améliorer, ses positions pour être dans la meilleure ou la moins mauvaise situation quand Donald Trump reviendra au pouvoir. D'où la décision de l'administration Biden d'autoriser les tirs à longue portée en territoire russe avec les missiles ATACMS et la fourniture controversée de mines antipersonnel à l'Ukraine. En réponse, Moscou met une pression maximale sur l'Ukraine avec des bombardements sur les villes et le tir du missile Orechnik, un missile balistique à portée intermédiaire, pouvant transporter des ogives nucléaires. Le message est à destination des Ukrainiens, mais aussi des Occidentaux. Ce missile, d'une portée de 3 000 à 5 500 km, pourrait en effet atteindre le territoire de la côte ouest des États-Unis et la quasi-totalité de l'Europe.À lire aussiMissiles ATACMS: quels bénéfices attendus pour l'Ukraine après le feu vert américain?Donald Trump laisse planer le flou sur ses intentionsIl s'agit sans doute d'une stratégie délibérée. Durant sa campagne, il avait expliqué qu'il réglerait le conflit en Ukraine en 24 heures et, si possible, avant son investiture fin janvier. Et depuis, c'est le silence radio sur cette question. En plein brouillard trumpien, Russes et Ukrainiens font monter la pression. Chacun cherche à contrôler le niveau d'escalade néanmoins. Il n'en reste pas moins que la période qui nous mène au 20 janvier s'annonce périlleuse.

    Les démocraties en péril financier?

    Play Episode Listen Later Nov 15, 2024 3:38


    Au sein des États démocratiques, un défi est de plus en plus prégnant : le difficile équilibre à trouver entre réductions des déficits et investissements nécessaires à la modernisation de l'économie, avec l'impératif de la transition écologique. Et une question se pose : cette exigence contradictoire peut-elle menacer le fonctionnement des démocraties ?  Les démocraties occidentales sont fragilisées par une forme de désaffection civique et par la concurrence féroce de modèles alternatifs, en particulier les modèles autoritaires russes et chinois. Mais le débat politico-économique autour du bon niveau de dépenses publiques prend de l'ampleur. On le voit notamment, sur des modalités différentes, dans des pays comme la France, l'Allemagne ou les États-Unis. Le niveau d'endettement pèse lourd dans le débat public. En France, le gouvernement de Michel Barnier tire la sonnette d'alarme. Avec un taux à 110 % du PIB, la dette représente à terme un danger sur l'équilibre financier du pays. En particulier à cause des taux d'intérêt de cette dette, qui représentent le 2ᵉ poste de dépenses ! Ce taux est également élevé aux États-Unis, où l'endettement équivaut à 122 % du PIB, mais les États-Unis, notamment avec le dollar, ont les reins plus solides auprès de leurs créanciers. Une situation différente en AllemagneEn Allemagne, la dette ne dépasse pas les 60 % du PIB. Dans ce pays traumatisé par la catastrophe financière de la République de Weimar, qui a conduit à amener les nazis au pouvoir, ce « frein à l'endettement » est de plus en plus critiqué par certains partis, défendu mordicus par d'autres.Les premiers expliquent qu'il faut desserrer ce frein qui bloque le développement de l'économie, les seconds insistent sur la nécessité de rester rigoureux. Ces tensions ont provoqué l'éclatement de la coalition gouvernementale du chancelier Scholz — avec, à la clé, de nouvelles élections en février prochain. À lire aussi Crise politique en Allemagne : Scholz limoge le ministre des Finances, la coalition vole en éclatsLe débat sur la dette est concomitant à celui sur le déficit budgétaireLa dette sert en partie à combler les déficits budgétaires qui ne cessent de se creuser en France et aux États-Unis, deux pays qui en sont à 6 % de déficit budgétaire. En France, le gouvernement cherche désespérément à faire 60 milliards d'économies, avec des débats homériques à l'Assemblée nationale entre réductions des dépenses et nouvelles taxes. Aux États-Unis, Donald Trump a chargé Elon Musk de couper les dépenses publiques d'un tiers — cela représente pas moins de 2 000 milliards de dollars. En Allemagne enfin, le débat est presque à l'opposé. Comme sur la dette, des voix de plus en plus nombreuses demandent à sortir de la règle des 0,35 % de PIB maximum pour le déficit, qui empêche les dépenses d'investissement dans l'avenir et la sécurité du pays. Dans ces trois pays, il faut arbitrer plus que jamais entre les dépenses courantes (pour combler le déficit et financer la protection sociale) et les dépenses d'investissement pour la modernisation de l'économie et la transition écologique — qui peuvent justifier de recourir à l'emprunt. Et ces débats, qui peuvent paraître techniques, sont en fait extrêmement politiques. Car c'est sur ce terrain aussi que va se jouer l'avenir des systèmes démocratiques.À écouterÉtats-Unis: la nomination d'Elon Musk dans la future équipe Trump répond à «une volonté de taper fort»

    Les Européens pourront-ils relever le défi Donald Trump?

    Play Episode Listen Later Nov 8, 2024 3:16


    Donald Trump va faire son retour à la Maison Blanche après sa victoire à l'élection présidentielle américaine, face à la candidate démocrate Kamala Harris, le 5 novembre. Avec cette élection qui met le Vieux Continent au pied du mur, les Européens parviendront-ils à rester unis face au nouveau locataire du bureau ovale ? La première difficulté, ce sont les divisions idéologiques entre les Européens. Il y a les partisans d'une Europe fortement dépendante des États-Unis, notamment sur le plan militaire – on peut citer des pays comme la Hongrie ou encore la Pologne –, et ceux qui pensent que l'Europe doit prendre des mesures pour se débrouiller seule, en matière politique, diplomatique, économique et militaire. C'est bien sûr le point de vue du président français Emmanuel Macron, qui insiste sur la nécessité pour l'Europe de sortir d'une forme de naïveté. Faute de quoi, les Européens seraient réduits, selon la métaphore élyséenne, à devenir des « herbivores attaqués par des carnivores ».La deuxième difficulté, ce sont les deux poids lourds de l'Union européenne (UE). La France et l'Allemagne sont actuellement affaiblies, économiquement et politiquement. Le chancelier Olaf Scholz était même absent de la réunion de la Communauté politique européenne (CPE), après l'éclatement de sa coalition à Berlin survenue au pire moment.Une réduction de l'aide américaine à l'Ukraine redoutéeCes divisions doivent d'abord être surmontées sur le dossier ukrainien, car la crainte des Européens – et de Kiev bien sûr – est double : avec Donald Trump de retour à la Maison Blanche, on peut s'attendre à une réduction plus ou moins forte de l'aide américaine à l'Ukraine et, parallèlement, au lancement de négociations pour mettre un terme à la guerre, avec Washington, Moscou et Kiev. C'est du moins ce que souhaite le futur président américain. Et les Européens, là-dedans ?Volodymyr Zelensky, qui était à Budapest jeudi 7 novembre, les a implorés de ne pas céder aux pressions des États-Unis, ou pire encore, de la Russie, notamment sur deux points essentiels : le refus d'une renonciation à l'intégrité territoriale de l'Ukraine et le refus de l'abandon de l'adhésion à terme de Kiev à l'Otan. Pour l'instant, pas de réponse unanime de l'Europe. Le tout sur fond d'inquiétudes concernant les demandes de Trump sur les contributions financières des européens à l'Otan.Risque de guerre commerciale avec l'EuropeDonald Trump ne s'en cache pas : durant la campagne, le candidat républicain réélu a dit très clairement qu'il voulait taxer les produits européens exportés aux États-Unis, de 10 à 20% selon les cas. Pour lui, économiquement, l'Europe – qu'il n'a pas hésité à qualifier de « mini-Chine » – est un concurrent qu'il faut dominer, sinon laminer. Les flux commerciaux entre les États-Unis et l'UE sont très importants mais se font au détriment des Américains, avec plus de 300 milliards de dollars de déficit. C'est cela que le nouveau président veut corriger, d'abord en imposant aussi des droits de douane, mais aussi et surtout en musclant son appareil productif et ses investissements dans l'avenir, l'innovation numérique, la transition écologique... Là encore, comment l'Europe peut-elle réagir ?Pour cela, les Européens vont-ils vraiment adopter le plan Draghi, qui estime que l'Europe doit débloquer 600 à 8 000 milliards de dollars pour rattraper son retard par rapport aux États-Unis. Cette question est aussi importante que l'autonomie stratégique du Vieux Continent. Reste maintenant à passer aux actes, et pas en ordre dispersé. C'est là que tout se complique. À écouter aussiPrésidentielle aux États-Unis: «Le retour de Donald Trump va relancer les guerres commerciales»

    La Géorgie et la Moldavie tiraillées entre Moscou et Bruxelles?

    Play Episode Listen Later Oct 25, 2024 3:37


    La Moldavie et la Géorgie, ce sont deux ex-républiques soviétiques, dans lesquelles vont se dérouler des élections ces prochaines semaines. Et la question qui se pose est la suivante : la Moldavie et la Géorgie sont-elles à la croisée des chemins, comme prises en étau entre Moscou et Bruxelles ? Ce samedi 26 octobre, des élections législatives se tiennent en Géorgie, et le week-end suivant, la Moldavie se rendra aux urnes pour le second tour de l'élection présidentielle qui s'annonce serrée entre la présidente sortante pro-européenne et des partis d'opposition pro-russes. La Moldavie vient de voter de justesse lors d'un référendum pour une adhésion à l'UE.Ainsi, ces deux ex-républiques soviétiques sont traversées en leur sein par des tensions de plus en plus fortes entre les partisans d'un rapprochement avec la Russie et ceux qui rêvent d'une adhésion à l'Union européenne. En ce sens, elles jouent avec ces scrutins leur orientation géopolitiqueÀ lire aussiEn Géorgie, les élections législatives mobilisent la jeunesse pro-européenneEn Géorgie, l'enjeu des élections de ce samedi est décisif. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, adopte un ton de plus en plus proche de celui du Kremlin. Pourtant, dans les sondages, 80% des Géorgiens se prononcent pour un rapprochement avec l'Europe.En trois ans, le gouvernement géorgien a opéré un tournant pro-Kremlin, marqué notamment par l'adoption de la loi sur les agents de l'étranger, un copié-collé de celle adoptée par Moscou quelques années auparavant. Une loi très controversée et qui a crispé les relations avec l'Union européenne. Sans compter le rôle de l'oligarque Ivanichvili, qui a été au cœur du pouvoir, et qui pèse pour un tiers du PIB du pays. Une immense richesse qui lui permet de corrompre les travailleurs pauvres ou certaines entreprises - en distribuant de l'argent contre un vote adéquat.Un combat de valeurs sur fond de concurrence géopolitique entre Moscou et l'Occident La Géorgie comme la Moldavie sont prises en otage, en quelque sorte, et doivent se déterminer. Ce samedi 26 octobre, si le Rêve géorgien remporte le scrutin législatif, les négociations avec Bruxelles seront gelées. Alors certes, ce parti ne peut pas dire ouvertement qu'il est contre l'Europe, mais il fait tout pour se rapprocher de Moscou.En Moldavie, le référendum sur l'adhésion à l'UE est passé de justesse avec 50,4 % des voix. Et le second tour de la présidentielle s'annonce serré dans neuf jours pour la présidente sortante pro-européenne. Il faut dire que ce pays, à la différence de la Géorgie, est bien plus divisé entre pro-russes et pro-européens. À écouter dans GéopolitiqueÉlection en Moldavie : l'avenir du pays en question La stratégie de Moscou : récupérer son glacisMoscou cherche à éviter que les ex-républiques soviétiques ne tombent dans l'escarcelle occidentale. On sait, avec l'exemple terriblement parlant de l'Ukraine, que c'est l'obsession de Vladimir Poutine.En ligne de mire du dirigeant russe, il y a d'abord l'Ukraine donc, mais ensuite, on trouve justement la Géorgie et la Moldavie. Pour Poutine, le fait que ces deux pays pourraient rejoindre le camp occidental, attirés par la liberté, la démocratie, mais aussi, il faut le dire, par une promesse de prospérité, ce fait est tout simplement inacceptable. Mais, au-delà de la propagande russe, il joue aussi sur les places fortes russes dans ces deux pays : l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud en Géorgie, la Transnistrie pour la Moldavie. Des territoires autonomes auto-proclamés aux mains des Russes et qui sont une menace permanente. En particulier en Moldavie, un pays qui n'a pas d'armée, alors que 2 000 soldats russes sont basés en Transnistrie.Pour toutes ces raisons, il faut suivre de très près le résultat des élections ce samedi 26 octobre en Géorgie et, le 3 novembre, du 2ᵉ tour de l'élection présidentielle en Moldavie.À lire aussiComment la Russie poursuit aussi la guerre en Géorgie

    Après la mort de Yahya Sinwar, le «début de la fin» de la guerre à Gaza?

    Play Episode Listen Later Oct 18, 2024 3:18


    Jeudi 17 octobre, Israël a annoncé avoir tué le chef politique et militaire du Hamas, Yahya Sinwar — de manière fortuite. Une victoire incontestable pour Benyamin Netanyahu. La mort de Yahya Sinwar, l'architecte des attaques du 7 octobre 2023, était l'un des objectifs essentiels de l'opération de l'armée israélienne dans la bande de Gaza. Une victoire militaire donc, mais pour aller où ? Le premier commentaire du dirigeant israélien est plutôt ambigu : c'est « le début de la fin », a-t-il déclaré jeudi 17 octobre au soir. Ce que l'on peut comprendre, c'est que c'est pour lui une étape importante, mais pas l'étape ultime. Et cela pose un certain nombre de questions. Le sort des otages israéliens toujours détenus à Gaza est le dossier le plus immédiat pour le Premier ministre israélien. Les familles d'otages se sont félicitées de l'élimination de Yahya Sinwar, mais demandent un accord rapide sur la libération des quelque 101 otages toujours détenus — du moins celles et ceux qui sont encore en vie. Benyamin Netanyahu, lui, ne parle pas vraiment d'accord : il demande à ce qui reste du Hamas de déposer les armes et de relâcher les otages, ce qui selon lui pourrait alors mettre fin au conflit à Gaza, puisque les deux buts de guerre assignés à l'armée israélienne seraient alors accomplis, à savoir la destruction du Hamas et la libération des otages. Mais il n'entend pas négocier. Et on ne sait pas ce que vont faire les combattants du Hamas : déposer les armes ou lutter jusqu'au bout dans un élan désespéré ? Quel avenir pour la bande de Gaza ?Là aussi, le Premier ministre israélien reste dans le flou. Dans l'hypothèse d'une défaite du Hamas, le conflit s'arrête, l'armée israélienne se retire, et ensuite ? Quid du statut de l'enclave palestinienne ? Qui va administrer le territoire ? Reconstruire ? Netanyahu se contente de dire que la bande de Gaza doit être délivrée des groupes terroristes et démilitarisée. Sans aller plus loin.À lire aussi Bande de Gaza : 365 km — anéantis par Israël en 365 jours, « une volonté de détruire une mémoire »Les autres fronts ouverts par le gouvernement de Netanyahu contre le Hezbollah et contre l'IranL'impression qui domine, c'est que l'apaisement n'est pas à l'ordre du jour, que les bombardements contre le Hezbollah au Liban vont se poursuivre, et que la frappe de riposte contre Téhéran aura bien lieu — très certainement avant l'élection présidentielle américaine dans un peu plus de deux semaines. Un événement qui explique en partie cet attentisme du Premier ministre israélien — qui espère secrètement une victoire de Donald Trump. Pour résumer, cette victoire militaire ne signifie en rien que Benyamin Netanyahu veuille passer à l'étape suivante : un règlement politique et diplomatique des conflits en cours — on peut même sérieusement se demander s'il le veut vraiment.

    Les ouragans aux États-Unis instrumentalisés par les trumpistes?

    Play Episode Listen Later Oct 11, 2024 2:38


    D'abord Hélène, puis Milton, les États-Unis sont frappés par une saison d'ouragans d'une intensité exceptionnelle. Donald Trump et ses partisans, en pleine campagne électorale, en ont profité pour attaquer les démocrates, Joe Biden et Kamala Harris en diffusant de fausses informations. Comment expliquer qu'un tel événement soit récupéré à ce point politiquement par l'ancien président ? Cela s'explique en grande partie bien sûr par l'approche de l'élection présidentielle du 5 novembre. Tout en précisant que dans une démocratie, lorsque survient ce genre de catastrophe naturelle, il est normal et naturel d'observer comment réagissent les services concernés et les responsables politiques, puisqu'il s'agit de porter secours à des dizaines de milliers de citoyens le plus efficacement possible.Mais ce phénomène est accentué aux États-Unis pour plusieurs raisons. D'abord, Milton a été le deuxième ouragan en deux semaines à s'abattre sur le pays après l'ouragan Hélène qui a fait plus de 200 morts. Ensuite, nous sommes donc à un peu plus de trois semaines de l'élection présidentielle. Et les résultats s'annoncent très serrés dans les états clés, notamment en Géorgie et en Caroline du Nord, touchés par l'ouragan Hélène.Enfin, il y a le rôle des médias sociaux, et leur utilisation par Trump et ses partisans. Les trumpistes ont justement fait s'abattre sur le pays un tsunami de désinformation à propos de ces ouragans. Mais personne ne s'en étonne, car malheureusement, c'est une stratégie délibérée, quitte à raconter n'importe quoi. Il a par exemple été question de complot ourdi en secret pour accaparer les terres des victimes, ou encore de rumeurs, propagées par Donald Trump lui-même, en affirmant que l'argent des secours aurait été détourné par l'administration Biden pour aider les « immigrés clandestins ».À lire aussiOuragan Hélène aux États-Unis: la gestion de la catastrophe prend un tournant politiqueImpact sur les secours aux sinistrésLe candidat républicain a aussi suggéré que les démocrates faisaient tout pour empêcher l'aide d'arriver dans les comtés qui votent traditionnellement républicain. Last but not least, le gouvernement aurait lui-même orchestré les catastrophes naturelles qui ont frappé la côte est des États-Unis, selon l'élue républicaine Marjorie Taylor Greene. Il est encore trop tôt pour affirmer que ces outrances peuvent avoir un impact majeur sur l'élection du 5 novembre. Il faut attendre les premiers sondages post-ouragans.Mais les démocrates ont bien vu le danger. Des moyens de secours énormes ont été mobilisés pour venir en aide aux populations. Le président Biden et la candidate démocrate, ainsi que de nombreux sénateurs républicains ont appelé à cesser la propagation de désinformation, dont l'ampleur complique l'aide aux sinistrés qui hésitent même à la demander. Le président a annulé un déplacement en Allemagne ce samedi. Car lui et Kamala Harris savent que dans les prochains jours, ils n'ont pas le droit à l'erreur sur ce dossier. Et puis, le 5 novembre, on verra si les fake news du camp républicain auront influencé certains électeurs ou électrices.À lire aussiLe «Fracking», l'impossible débat de la campagne présidentielle américaine

    Les Ukrainiens sont-ils en danger après deux ans et demi de guerre?

    Play Episode Listen Later Oct 4, 2024 3:18


    En Ukraine, où le conflit est éclipsé depuis 15 jours par les affrontements au Proche-Orient, la situation reste très difficile pour l'armée ukrainienne, notamment sur le front est. Et la question que l'on se pose : les Ukrainiens vont-ils tenir le coup pendant l'automne et l'hiver qui s'annoncent rudes ? Pour les Ukrainiens, les semaines à venir s'annoncent en effet difficiles. Pour l'armée de Kiev, les problèmes restent les mêmes : difficulté à renouveler les effectifs après deux ans et demi de guerre, trop peu de batteries anti-aériennes, trop peu d'avions, même si les premiers F 16 sont arrivés. Malgré l'incursion ukrainienne en territoire russe, dans la région de Koursk, qui tient pour l'instant avec l'occupation de 1 000 km2, l'armée de Kiev est plus que jamais sur la défensive sur le front est de l'Ukraine. Et les Russes gagnent du terrain. Ils viennent de s'emparer de la localité de Vougledar, important nœud stratégique entre leurs conquêtes au sud et à l'est de l'Ukraine. Et ils comptent bien en faire autant de Pokrovsk, cette ville qui est aussi importante en termes de voies ferroviaires et de routes, et qui produit également une bonne partie de l'acier ukrainien.Parallèlement, les deux pays se livrent à une véritable guerre de drones, avec des échanges qui s'intensifient en ce moment. Les Ukrainiens ciblent des sites militaires et des bases russes en territoire ennemi. Les Russes de leur côté viennent d'envoyer une salve de drones sur quinze régions d'Ukraine. La stratégie, macabre, est toujours la même : à l'orée de l'automne, ils visent les centrales électriques pour placer la population dans une situation extrême pour le chauffage alors que les températures vont bientôt dégringoler. Il s'agit de forcer le gouvernement de Kiev à négocier une paix aux conditions de Moscou, ce qui est totalement rejeté par le gouvernement ukrainien.L'Ukraine réclame plus de soutien de ses alliésPourtant, Volodymyr Zelensky reste sur une posture offensive et déterminée. Il continue de réclamer plus de solidarité de la part de ses alliés occidentaux. Et il présente deux demandes récurrentes. Il veut d'abord convaincre ses alliés occidentaux d'abattre les missiles et drones russes qui visent son pays, malgré leurs réticences actuelles. Ensuite, le président ukrainien appelle les alliés à autoriser des frappes en profondeur sur le territoire russe avec les armes fournies par les Occidentaux, leur reprochant de « retarder » leur décision.Et, en se projetant vers l'avenir, il plaide encore et toujours pour une adhésion de l'Ukraine à l'Otan. Et il a sur ce dossier un allié de poids, le nouveau secrétaire général de l'Otan Mark Rutte. Ce dernier a effectué très symboliquement une visite à Kiev cette semaine, deux jours seulement après sa prise de fonctions. Mark Rutte a réaffirmé le soutien occidental à l'Ukraine jusqu'à ce qu'elle « l'emporte » sur la Russie. En dépit, là encore, des réticences de certains pays membres de l'Otan, à commencer par les États-Unis et l'Allemagne. On le voit, en ces temps difficiles, l'union entre Kiev et ses alliés est aussi un combat.Suivez nos dernières infos aussi Sur la guerre en Ukraine 

    Les États-Unis, une superpuissance démunie face aux agissements d'Israël?

    Play Episode Listen Later Sep 20, 2024 3:25


    Retour sur l'offensive massive déclenchée par l'armée et les services israéliens contre le Hezbollah, avec ces explosions meurtrières et les bombardements de sites de lancements de roquettes, une opération qui s'est faite sans implication américaine, a fait savoir le secrétaire d'État américain Antony Blinken. Face aux initiatives du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, peut-on parler d'un embarras, voire d'une impuissance de l'administration Biden? Du côté de Washington, on ne cache plus l'embarras et parfois l'exaspération face à cet allié encombrant qu'est devenu l'État d'Israël. Mais peut-on parler impuissance ? C'est plus complexe à affirmer. Depuis les évènements tragiques du 7 octobre dernier, et la riposte massive de l'État hébreu dans la bande de Gaza, les États-Unis sont passés d'un soutien indéfectible au droit à l'existence de l´État israélien, et donc à son droit de se défendre, à une attitude plus pressante sur la proportionalité de la riposte à Gaza. Et puis, au fil des semaines, à une crispation face à ce qui est considéré comme l'intransigeance du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.La tension entre les deux alliés porte notamment sur l'accord de cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne. Un échec qui, pour Washington, est dû à la mauvaise volonté évidente du Premier ministre israélien. Ce dernier envoie ses émissaires au Caire tout en torpillant régulièrement les efforts enregistrés péniblement par des déclarations fracassantes sur les exigences délirantes, selon lui, du Hamas - lequel joue de son côté une carte similaire.Un accord important du point de vue de la politique intérieure américaineÀ six semaines de l'élection présidentielle, un tel accord serait important pour des raisons de politique intérieure et permettrait au camp démocrate de répondre à la colère d'une partie de son électorat. Les jeunes et la communauté arabo-américaine, notamment, ne comprennent pas le soutien, aveugle selon eux, au gouvernement israélien.Il offrirait le visage d'une administration à l'approche plus équilibrée du dossier israélo-palestinien. Tout en ne remettant pas en cause le soutien à Israël, pour ne pas froisser les partisans de cette solidarité historique dans ce même électorat. Pas question notamment de suspendre l'aide militaire à Israël. On le voit, l'équation est déjà délicate sur le principe. Autant dire que l'attitude de Benyamin Netanyahu complique sérieusement les calculs du camp démocrate à l'approche du scrutin de novembre.Les États-Unis mis sur le fait accompli Les Américains étaient-ils au courant de la préparation de l'opération consistant à infiltrer les outils de communication des agents du Hezbollah pour y dissimuler des charges explosives ? Difficile à dire.Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui était en déplacement au Caire, en train de négocier encore et encore le fameux accord de cessez-le-feu, a expliqué que les États-Unis n'étaient « pas impliqués » dans les explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah. Étaient-ils au courant ? Pas de commentaires à ce sujet à la Maison-Blanche, même si on a appris que le secrétaire d'État américain à la défense Lloyd Austin s'était entretenu quatre fois avec son homologue israélien Yoav Gallant avant et après les explosions.Quoi qu'il en soit, le constat est sévère : l'influence américaine sur Israël semble plus limitée que jamais. Et Benyamin Netanyahu, qui espère certainement une victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre, sait qu'en attendant, il peut continuer à faire ce qu'il veut – ou presque.À lire aussiGaza: «les États-Unis démontrent leur incapacité et leur manque de volonté à transformer la situation»

    Au Moyen-Orient, un risque de détérioration et d'extension du conflit?

    Play Episode Listen Later Sep 6, 2024 3:09


    La mort de six otages dans la bande de Gaza, enlevés le 7 octobre 2023, par le Hamas a relancé la contestation contre le Premier ministre Benyamin Netanyahu et son gouvernement. Ils sont accusés de privilégier la guerre au détriment du sort des otages, mais aussi la tension à la frontière libanaise et en Cisjordanie. Y a-t-il un risque réel de détérioration d'extension dans cette région du monde ? Le risque est bien réel, essentiellement à cause des stratégies poursuivies par les principaux acteurs, notamment le Hamas d'un côté et le gouvernement israélien de l'autre. Des stratégies de confrontation dont les otages israéliens détenus à Gaza font malheureusement les frais. Impossible du coup d'aboutir à un accord entre les deux parties, à la fois sur les contours d'une trêve et sur les conditions d'une libération des otages.Chacun accuse l'autre de tout faire pour que cet accord, négocié depuis des semaines sous l'égide de l'Égypte, du Qatar et des États-Unis, n'aboutisse pas. La diplomatie américaine met la pression maximale, mais sans résultat pour l'instant.Du côté du HamasLes dirigeants du Hamas à Gaza restent sur leurs positions. Ils demandent toujours la fin des combats et le retrait de l'armée israélienne de Gaza. Ce qui est inacceptable pour le Premier ministre israélien dans les conditions actuelles, puisque selon lui, le travail d'éradication du Hamas n'est pas terminé. De même que l'exigence de superviser militairement le fonctionnement de l'enclave palestinienne à l'issue de la guerre ou de contrôler le corridor de Philadelphie entre Gaza et l'Égypte n'est pas recevable pour le Hamas – ni non plus pour l'Égypte. On tourne en rond, essentiellement parce que les deux protagonistes ont intérêt à ce que dure le conflit.Du côté du gouvernement israélienLe débat est vif sur les intentions belliqueuses de certains ministres et leurs éventuelles conséquences. Les divisions entre va-t-en-guerre et partisans d'une fin des combats sont de plus en plus fortes – et visibles. Il y a quelques jours, c'est le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui a tiré la sonnette d'alarme. Dans un document, il estime qu'il y a un risque sérieux de détérioration sur tous les fronts. Il dit aussi que certains ministres du gouvernement plaident pour une confrontation totale – à Gaza, contre le Hezbollah au Sud Liban et en Cisjordanie.Le calcul de ses ministres d'extrême droite est cynique : la montée des tensions permettrait de justifier une annexion totale de la Cisjordanie, réalisant ainsi leur projet de grand Israël. Au risque, selon Yoav Gallant, d'une déflagration régionale entraînant une intervention de l'Iran. Et Benyamin Netanyahu laisserait faire, obnubilé par son maintien au pouvoir. D'où cette volonté d'une poursuite des hostilités à Gaza.On le voit : l'heure est grave. C'est au Premier ministre de déjouer les plans de ses ministres. Le fera-t-il ? La réponse, malheureusement, ne va pas de soi.

    Au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, quelles stratégies face à l'extrême droite?

    Play Episode Listen Later Aug 30, 2024 2:35


    Dans trois grandes démocraties européennes, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, on assiste à la montée en puissance des forces populistes et nationalistes. Comment expliquer le succès de ces partis dans ces États démocratiques ? En France, le phénomène n'est pas récent, mais le score du Rassemblement national aux élections européennes (32 %) a entraîné la décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives du 7 juillet ont débouché sur une situation de blocage dont le pays n'est pas encore sorti, avec 10 millions d'électeurs qui ont choisi le parti de Marine Le Pen. En Allemagne, c'est l'AfD qui ne cesse de progresser, ce qui devrait se traduire ce dimanche 1er septembre par de très bons résultats pour cette formation lors des élections régionales en Thuringe et en Saxe. Selon les sondages, il pourrait atteindre autour de 30 %. Cela alors que le SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, se prépare à une débâcle dans les urnes, annoncée par les sondages.À écouterAllemagne: «La montée de l'AfD s'explique par un sentiment de déclassement chez les Allemands de l'Est»Enfin, au Royaume-Uni, le Labour du Premier ministre Keir Starmer vient certes d'obtenir la majorité absolue à la Chambre des communes. Mais le scrutin a aussi été marqué par un score inédit pour le parti anti-migrants  Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu 14 % des voix.Dans les votes pour les partis protestataires, il y a des éléments économiques, sociétaux et identitaires - même s'il y a des spécificités dans chaque pays. Lors de ses déplacements à Berlin puis à Paris, le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, le travailliste Keir Starmer, a appelé ses homologues Olaf Scholz et Emmanuel Macron à se mobiliser pour endiguer « l'extrême droite, le populisme et le nationalisme ». À lire aussiRoyaume-Uni: Nigel Farage, figure emblématique du Brexit, entre au ParlementLes difficultés à faire face à la progression des droites duresPour Keir Starmer, le meilleur moyen d'entraver cette progression est d'« obtenir des résultats et d'être honnêtes ». Mais concrètement, il faut que les partis du centre et de gauche trouvent les moyens de parler à nouveau aux catégories populaires, d'assurer leur niveau de vie et de les convaincre qu'une société multiculturelle ne signifie pas la fin de leur culture et de leurs traditions. Comme disait le général Charles de Gaulle, « vaste programme... »À écouterLa montée de l'extrême droite en France suscite «beaucoup de fantasmes chez les Africains», selon Marc Ona Essangui

    Guerre à Gaza, l'impossible trêve?

    Play Episode Listen Later Aug 23, 2024 3:43


    Alors que le conflit à Gaza dure depuis plus de dix mois, la pression internationale, menée par Washington, s'accentue tant bien que mal sur le Hamas et Israël pour arracher un cessez-le-feu. Pourquoi un nouvel accord est-il si difficile à obtenir ? Éléments de réponse.  Le 7 octobre 2023, avec l'attaque du Hamas sur le sud d'Israël, les 70 années d'un conflit israélo-palestinien non réglé se sont d'un coup, tragiquement, dans le sang et les larmes, rappelées au bon souvenir d'une communauté internationale défaillante. Gaza, c'est le symptôme d'une procrastination diplomatique que l'histoire jugera un jour. Alors que nous approchons du onzième mois de conflit, sur fond de désastre humanitaire, de carnage et d'une impensable spirale de violences sur de multiples fronts — Cisjordanie, Sud-Liban, menace d'escalade régionale —, les incendiaires du Proche-Orient continuent leur fuite en avant sans que personne ne parvienne à les arrêter. La dernière trêve remonte à novembre 2023, un fragile cessez-le-feu, qui avait permis la libération de 80 otages israéliens en l'échange de prisonniers palestiniens, mais qui avait surtout autorisé la population gazaouie à reprendre son souffle, sans imaginer le calvaire qui l'attendait. À lire aussiGaza subit bombardements et déplacements massifs alors qu'Israël a annoncé la phase III de la guerreUne feuille de route états-unienne existe depuis mai, les points de divergences perdurent Sur le fond et la forme, le Hamas et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ne sont en fait d'accord sur rien, ou presque. Même s'ils font, chacun de leur côté, des promesses de bonne volonté auprès de leurs interlocuteurs américains, qataris et égyptiens qui commencent, eux aussi, à trouver le temps long, sur fond de perte de crédibilité et de déficit d'influence. Au-delà du nombre d'otages libérables — une centaine d'Israéliens, civils et militaires, sont toujours retenus dans l'enclave palestinienne —, du profil des prisonniers palestiniens échangeables, c'est bien de la présence des forces israéliennes après le cessez-le-feu qui pose problème. Pas question pour elles de quitter — et donc de laisser au Hamas et au Jihad islamique — des zones stratégiques comme les corridors de Netzarim, qui coupent Gaza en deux du sud au nord, et celui de Philadelphie, une zone tampon de 14 kilomètres qui borde l'Égypte. L'Égypte, elle aussi partie prenante, voit cette exigence comme une violation du traité de paix de 1979 entre Le Caire et Tel-Aviv. Seul point d'accord, semble-t-il, la question humanitaire et l'accès à Gaza de 600 tonnes d'aide par jour. Si seulement il y a une trêve. À lire aussiGaza: les appels à une trêve se multiplient, le Hamas demande l'application du plan Biden La guerre à Gaza s'invite dans la présidentielle états-unienne À plus de 10 000 kilomètres de l'enclave palestinienne, l'élection présidentielle aux États-Unis est scrutée de près. Alors qu'une partie de l'opinion israélienne est favorable à un retour de Donald Trump au pouvoir, du côté palestinien, on vit encore le traumatisme de sa présidence pro-colonisation et qui avait enterré la possibilité de la solution à deux États. En équilibre instable entre une alliance indéfectible, morale et militaire de Washington à Israël et une opinion publique américaine bouleversée, le camp démocrate a choisi, par la voix de Kamala Harris, de défendre le droit à l'autodétermination du peuple palestinien. Un calcul électoral dont l'histoire dira en novembre s'il est gagnant, aux États-Unis comme au Proche-Orient. À lire aussiGuerre à Gaza : Kamala Harris joue les équilibristes

    Guerre à Gaza: «Le Proche-Orient au bord de l'embrasement»

    Play Episode Listen Later Aug 16, 2024 3:35


    Plus de deux semaines après l'élimination de hauts dirigeants du Hamas et du Hezbollah au Liban et en Iran, Israël vit sous la menace d'une riposte annoncée par Téhéran. La course contre-la-montre diplomatique engagée par la communauté internationale peut-elle sauver la situation ? Pour tenter de répondre à une telle question et donc, entrevoir une issue à cette profonde crise qui agite le Proche-Orient depuis plus de dix mois, il faudrait déjà pouvoir réunir les protagonistes, ce qui a été possible lors des précédentes négociations. Or, du côté palestinien, il n'y a plus d'interlocuteur puisque le médiateur en chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, l'un des visages connus du mouvement islamiste, a été tué le 31 juillet en plein cœur de Téhéran dans une attaque non revendiquée, mais imputée à Israël.Le nouveau chef suprême du Hamas, Yahya Sinouar, l'homme qui a organisé les attentats du 7 octobre et qui se terre dans les tunnels de Gaza, est non seulement difficile à joindre, mais n'a pas une réputation de grande ouverture diplomatique.Une guerre polarisanteDe l'autre côté de la table, les Israéliens font l'objet d'une intense pression de Washington. Le président américain Joe Biden serait heureux de pouvoir être crédité d'une avancée en pleine campagne électorale aux États-Unis, alors que la guerre à Gaza polarise la société américaine.Mais Benyamin Netanyahu, le chef du gouvernement, a-t-il vraiment envie d'une trêve, rien n'est moins sûr... Et surtout, a-t-il les moyens politiques de la susciter, prisonnier volontaire des ministres suprémacistes et ultra-nationalistes de sa coalition gouvernementale qui rejettent systématiquement toutes négociations et appellent à coloniser la bande de Gaza ?Et l'Iran, de son côté, continue de faire monter la pression. La riposte iranienne, pour venger la mort du chef politique du Hamas sur son sol, est depuis deux semaines l'épée de Damoclès qui pèse sur Israël.L'armée israélienne est en alerte maximum, d'autant que le nouvel exécutif iranien a juré de lancer une offensive d'envergure, plus importante que les 300 missiles et drones tirés en avril dernier en représailles à la frappe israélienne sur son consulat à Damas. Déjà considéré comme une escalade significative, les deux grands ennemis du Proche-Orient ont ainsi renoncé au mode opératoire non frontal d'usage, en vigueur depuis des années, recourant à la guerre clandestine ou par procuration.Plus de 40 000 morts à GazaAlors qu'au Yémen, en Irak et surtout, au sud-Liban, les affidés de Téhéran multiplient les menaces, l'Iran joue la montre, sans doute partagée entre la volonté de punir Israël et les conséquences hasardeuses d'un conflit régional. Mais, pour autant, la violence à Gaza, en Cisjordanie occupée et sur la frontière avec le Liban ne fait que s'intensifier. Dans la bande de Gaza, où le bilan a dépassé les 40 000 morts en fin de semaine, la population en agonie continue de subir les bombardements quotidiens et les ordres d'évacuation. Dans les villages palestiniens, au nord de Jérusalem, les incursions de l'armée et les attaques des colons israéliens sont de plus en plus fréquentes et ont fait au moins 630 morts en dix mois.À l'extrême nord du pays, les échanges de tirs entre Israéliens et miliciens du Hezbollah libanais sont devenus quotidiens avec des centaines de morts à déplorer. Dans cette spirale qui semble incontrôlable, les deux communautés sont désormais dos à dos et commencent, peu à peu, à faire le deuil de leur coexistence.À lire aussiCisjordanie: des maisons palestiniennes ciblées dans une vague de «domicides» israéliennes

    Ukraine: l'audace inespérée de la contre-offensive de Kiev en Russie

    Play Episode Listen Later Aug 9, 2024 4:11


    Alors que la guerre d'agression russe en Ukraine approche bientôt les mille jours, entre progression russe et épuisement de l'effort de guerre ukrainien, l'incroyable percée dans la région de Koursk cette semaine déjoue toutes les statistiques. S'agit-il d'un tournant stratégique ?  En tout cas, nous sommes déjà bien au-delà du coup de chance ou du simple revers militaire localisé infligé par les troupes du général Oleksandr Syrsky, l'austère chef d'état-major ukrainien. Un officier formé à l'époque soviétique, qui a servi en Afghanistan et était déjà auréolé du succès de la défense de Kiev puis de Kharkiv, mais dont la réputation de chercher l'affrontement avec l'ennemi « quoi qu'il en coûte », et les campagnes perdues de Bakhmout, notamment, avaient ces derniers mois quelque peu terni son image.Incroyable audace de l'opération ukrainienne en milieu de semaine : un millier de soldats avec chars et blindés impliqués dans la plus importante offensive organisée sur le sol russe depuis le début de la guerre – 420 km2 de territoire conquis en trois jours – rebat les cartes et va, à l'évidence, redorer le blason du général ukrainien.Il fallait voir la sombre mine de Vladimir Poutine, cette semaine, flanqué de son conseil de sécurité dans un entretien vidéo diffusé à la télévision pour mesurer l'effet désastreux de la percée ukrainienne, alors que d'autres images circulaient montrant l'affolement et la fuite des populations russes de cette région frontalière de l'Ukraine.Au-delà de l'effet de surprise et de l'indéniable gain psychologique dans un pays épuisé par la guerre, l'offensive sur la région de Koursk a pour objectif, incertain pour sa part, de faire baisser la pression sur le front est où les forces russes progressent, mais il pose, aussi, la question de la pérennité d'un tel coup de force. À Moscou, quoi qu'il en soit, de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer la « mollesse » de la réaction, exhortant le président Poutine à « punir » les Ukrainiens.L'opération militaire spéciale de trois jours lancée à l'aube du 24 février 2022 – déjà considérée comme la plus importante opération militaire qu'ait connue l'Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – va-t-elle finalement se transformer en guerre totale ?Kiev a confirmé la livraison des premiers F-16 promis par la communauté internationaleAutre symbole, autre source d'espoir dans cette terrible guerre d'endurance : l'arrivée cette semaine des avions de chasse de conception américaine dédiés à la défense du ciel ukrainien et à la pénétration en profondeur de l'espace russe. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui réclamait et attendait ce soutien des nations alliées depuis plus d'un an, a confirmé leur arrivée les jugeant en « nombre insuffisant » et espérant « prochainement » des « livraisons supplémentaires ». Trop peu, trop tard, comme le dénonce bon nombre d'experts militaires, l'arrivée des avions de combat occidentaux pour la défense de l'Ukraine ne peut plus constituer la solution magique qui retournera la situation sur le terrain tant le confit est entré dans une forme d'impasse stratégique et tactique, sans oublier le rapport de force implacablement favorable à la Russie avec son impressionnant réservoir humain. Sur un autre front parallèle, l'Ukraine fait parler d'elle en AfriqueÀ l'heure où la guerre informationnelle et la lutte d'influence font rage, alors que ce conflit d'une violence rare aux confins de l'Europe a plongé le monde dans une version moderne et multilatérale de la Guerre froide. C'est loin, très loin de Kiev, que la bataille semble s'être transportée. Coup de bluff ou pas ? Et quel que soit le rôle que l'Ukraine a joué dans la victoire des rebelles touaregs contre l'armée malienne et les supplétifs russes de Wagner dans l'extrême-nord-est du Mali, dans la bataille sanglante de Tin Zaouatine fin juillet, Kiev a habilement su exploiter ce formidable outil de propagande, d'autant qu'il marque la plus grande perte des supplétifs russes en Afrique.En équilibre diplomatique instable avec une partie de l'Afrique où la Russie monte en puissance, l'Ukraine fait déjà les frais de ses engagements : le Mali puis le Niger ont immédiatement rompu leurs relations diplomatiques avec Kiev, dénonçant un soutien aux « groupes terroristes sur le territoire malien ».

    Birmanie: l'insurrection gagne du terrain contre la junte militaire

    Play Episode Listen Later Aug 2, 2024 4:02


    Pour la sixième fois consécutive depuis le putsch du 1er février 2021, la junte militaire birmane vient de prolonger de six mois l'état d'urgence alors que le pays continue de sombrer dans une guerre civile à huis clos. Cependant, l'insurrection pro-démocratie continue de gagner du terrain sur plusieurs fronts. Décryptage des raisons d'une telle progression.  Il y a dix jours, le général putschiste Min Aung Hlaing s'autoproclamait président. Dans une nation tenue d'une main de fer par ce général, dont la fuite en avant a plongé l'une des jeunes et prometteuses démocraties d'Asie orientale vers les heures les plus sombres de l'autarcie et de la violence politique, la population birmane a fini par comprendre et à s'y résigner, dans le sang et les larmes : elle ne pourra compter que sur elle-même pour maintenir la flamme démocratique dans son pays. En effet, selon l'ONU : « La situation des droits de l'Homme [est] devenue en Birmanie un cauchemar sans fin, loin des regards de la politique mondiale ».Le peuple birman, qui a enduré sept décennies d'une succession de dictatures militaires depuis son indépendance, a décidé d'entrer en résistance, coûte que coûte. Alors que les premiers manifestants étaient abattus par les forces de sécurité dans les rues des grandes villes de Birmanie, trois semaines après le coup d'État de 2021, prélude à un bain de sang et à une répression féroce contre lesquels la communauté internationale a mollement réagi, une partie des élus, députés, activistes encore libres ont choisi la clandestinité afin d'organiser la rébellion. D'abord politiquement puis militairement, en s'alliant aux dizaines de guérillas ethniques actives aux quatre coins de cet immense pays bordant entre autres l'Inde, la Chine, le Bangladesh et la Thaïlande.  Depuis octobre dernier et le déclenchement de l'Opération 1027, d'audacieuses offensives armées menées par une coalition de volontaires et de guérilleros au nord, à l'ouest et au sud du pays ont provoqué la chute de dizaines de villes, l'arrestation, la fuite ou la reddition de centaines de soldats gouvernementaux et ont fait renaître l'espoir.  À lire aussiBirmanie: premiers revers pour la junte militaireÉtat des lieux des rapports de force dans les soutiens internationaux Sur la scène diplomatique, la contre-offensive, elle aussi, a commencé. Le gouvernement de l'ombre, formé sur les ruines de l'après-putsch, s'est organisé. Zin Mar Aung, ancienne prisonnière politique et infatigable ministre des Affaires étrangères de ce pouvoir parallèle birman, multiplie les appels à la communauté internationale : « Non seulement vous ne nous fournissez pas d'armes, martèle-t-elle, mais nous ne recevons aucune aide humanitaire... Si nous perdons la guerre, le monde démocratique sera, lui aussi, perdant. » Dont acte.De son côté, le régime militaire, honni par l'ensemble de la population, acculé sur plusieurs fronts, fait aussi l'objet d'une batterie de sanctions internationales. Mais là encore, tout ne semble pas joué, tant politiquement que militairement. Pourvoyeurs d'armes et de précieuses technologies militaires, la Russie, la Chine ou la Corée du Nord sont encore les garants de la survie de la Tatmadaw, l'armée birmane. Idem au Conseil de sécurité de l'ONU où les vétos alliés de la junte empêchent tout vote décisif. Mais la Chine, inquiète pour la sécurité à sa frontière et déterminée à jouer un rôle croissant sur la scène mondiale, est en train, peu à peu, de lâcher les généraux putschistes birmans, un tournant sans doute décisif.Le rêve d'une Fédération birmane est-il enfin à portée de main, comme le souhaitent le gouvernement de résistance et les 135 minorités ethniques ? Rien n'est moins sûr dans un pays où le facteur ethnique a toujours été le point de discorde et le préambule aux conflits armés. Les minorités ont toujours été considérées comme des citoyens de seconde zone, bien qu'elles représentent les deux tiers de la population et concentrent sur leurs territoires la plupart des immenses richesses et matières premières du pays. C'est là aussi le grand défi de la Birmanie. Que le jour vienne où elle parvienne à s'unifier dans la paix.  À lire aussiBirmanie: des rebelles prennent le contrôle d'une ville de l'Ouest, les Rohingyas paient un lourd tribut

    Gaza: les grandes manœuvres diplomatiques de Benyamin Netanyahu

    Play Episode Listen Later Jul 26, 2024 4:51


    Le Premier ministre israélien a pu s'exprimer cette semaine devant le Congrès américain, en pleine guerre à Gaza, acclamé par le camp républicain et boycotté par un grand nombre de représentants démocrates. Décryptage des raisons de la venue de Benyamin Netanyahu aux États-Unis. Benyamin Netanyahu est un peu chez lui aux États-Unis : ses parents ont quitté New York pour Jérusalem en 1948 et, habile orateur, il sait parfaitement comment s'adresser à une audience américaine, de droite par surcroît. Ensuite, dans l'incroyable contexte pré-électoral qui agite Washington depuis quelques jours, le dirigeant israélien se devait de resserrer les rangs alors qu'il s'était promis d'offrir à son ami Donald Trump une fin de guerre à Gaza comme cadeau diplomatique de réélection en novembre prochain.Le scénario n'étant plus exactement celui d'un retour garanti de l'ancien président populiste aux affaires après le coup de théâtre historique du retrait de Joe Biden et l'entrée en lice de Kamala Harris, les lignes ont considérablement bougé et Netanyahu n'est donc pas venu pour mettre un terme à la guerre, mais pour, bien au contraire, obtenir les moyens de la poursuivre.Après pas moins de 52 ovations qui ont interrompu son discours d'une heure devant les deux chambres d'un Congrès clairsemé, déserté par un grand nombre d'élus démocrates, il est vrai que Netanyahu s'est offert une cure de popularité dont il est loin de pouvoir jouir en Israël - où 70% de la population réclame son départ - défendant pêle-mêle « une guerre existentielle », prophétisant aussi « un choc des civilisations », élargissant au péril de l'« axe de terreur iranien qui menace les États-Unis. »  À lire aussiL'occupation de territoires palestiniens par Israël est «illégale», selon la Cour internationale de justice« Tel un clown, le Premier ministre israélien est monté à la tribune et a craché tout son poison et ses mensonges » dissimulant « la vérité du génocide, de la tuerie et de la famine » à Gaza, a aussitôt commenté le quotidien palestinien Al-Quds, alors que le sénateur américain Bernie Sanders affirmait, pour sa part, que pour la « première fois de l'histoire, un criminel de guerre s'exprimait devant le Congrès. » Du côté démocrate, l'exaspération est à son comble face à la durée de la guerre et l'absence de stratégie du Premier ministre israélien La politique de la chaise vide au Congrès a révélé l'état de profonde crispation et d'inquiétude d'une grande partie du camp démocrate face à la fuite en avant de Netanyahu depuis le déclenchement de l'offensive israélienne sur Gaza, trois semaines après l'attaque du Hamas sur le sud d'Israël le 7 octobre dernier. Aucun cessez-le-feu depuis novembre n'a pu être négocié en dépit de l'implication croissante de l'Égypte, du Qatar et des promesses publiques du président Biden qui, outre l'humiliation, d'avertissement en ligne rouge, a semblé être incapable d'aucune prise sur le Premier ministre israélien, alors qu'il lui fournit la plus grande partie de son armement. D'ailleurs, le rituel de la rencontre Biden-Netanyahu en fin de semaine à Washington était essentiellement protocolaire - les deux hommes se détestant désormais cordialement - mais c‘est bien la rencontre avec la nouvelle candidate Kamala Harris qui a permis d'observer un timide virage de la potentielle stratégie des États-Unis à l'égard de son plus ancien allié au Proche-Orient. La vice-présidente s'est dite « gravement préoccupée par l'ampleur des souffrances humaines à Gaza, notamment par la mort d'un trop grand nombre de civils innocents », rappelant les images d'enfants morts et de personnes désespérées et affamées, fuyant pour se mettre à l'abri, parfois déplacées pour la deuxième, troisième ou quatrième fois. Une déclaration en prise avec le réel qui a déclenché la fureur des officiels israéliens, toutefois rassérénés par la dernière étape du déplacement du Premier ministre : la villa de Donald Trump. À lire aussiGuerre à Gaza: étonnement en Israël après les déclarations de Kamala Harris Pendant ce temps, Gaza continue de vivre et de mourir sous les bombes Un collectif de 13 ONG internationales, parmi lesquelles Oxfam ou Médecins sans frontières, a récemment dénoncé la « détérioration » de l'accès de l'aide humanitaire à Gaza, mettant en cause les opérations militaires israéliennes qui se sont intensifiées mi-juillet, signalant plusieurs « massacres » dans des « zones de sécurité » abritant des réfugiés.L'offensive sur Gaza dure depuis dix mois sans perspective de fin. L'enclave palestinienne a été réduite à un champ de ruines. Une centaine d'otages seraient encore entre les mains du Hamas, les négociations pour leur libération sont au point mort. Le bilan fournit par le mouvement islamiste a dépassé les 40 000 morts et près de deux millions de Gazaouis ont été déplacés par la guerre. Et bon nombre d'observateurs posent cette question : que va-t-on découvrir lorsque les premiers témoins pourront un jour entrer dans Gaza ? À lire aussiGaza: un médecin de l'hôpital al-Aqsa constate des éclats d'obus dans le corps des enfants

    États-Unis: Joe Biden peut-il tenir jusqu'au 5 novembre?

    Play Episode Listen Later Jul 19, 2024 3:05


    Le Monde en Questions de cette semaine revient sur la campagne électorale pour l'élection présidentielle aux États-Unis qui doit avoir lieu le 5 novembre prochain, en particulier sur le positionnement plus que compliqué du président sortant Joe Biden. La question est la suivante : Joe Biden peut-il espérer remonter la pente ?  La réponse à cette question est que cela sera très difficile. Et peut-être impossible, tant la position du président des États-Unis Joe Biden apparaît de plus en plus fragile. Les mauvaises nouvelles s'enchaînent depuis quelques semaines : un débat totalement raté face à Donald Trump le 27 juin, des signes de faiblesse évidents lors du sommet de l'Otan il y a dix jours, et l'annonce qu'il doit rester à l'isolement quelques jours après avoir attrapé le Covid alors qu'il est pourtant vacciné. Sans parler de la tentative d'assassinat contre Trump la semaine dernière, qui non seulement a grandement profité à ce dernier en termes d'image, creusant encore un peu plus le fossé entre le Républicain, fort, solide et dynamique, protégé de Dieu lui-même pour certains et, en comparaison, Joe Biden, usé et fatigué, qui inquiète de plus en plus le camp démocrate. Certains poids lourds du Parti démocrate lui conseillent de renoncer...Depuis fin juin, de plus en plus de personnalités du Parti tentent de faire pression sur le président sortant pour l'inciter à renoncer et à laisser la place à un autre candidat ou à la vice-présidente Kamala Harris. Jusqu'à Barack Obama, dont Joe Biden a été le vice-président... Selon le Washington Post, il aurait indiqué à son proche entourage que l'actuel hôte de la Maison-Blanche, âgé de 81 ans, devrait « évaluer sérieusement la viabilité de sa candidature »... Mais, jusqu'ici, Joe et sa femme Jill, qui joue un rôle essentiel auprès de lui, estiment qu'il est le seul à pouvoir battre Trump dans un peu plus de 100 jours. Pourtant, les sondages sont préoccupants, notamment dans les fameux « États-clés »...Ces États, au nombre de sept, peuvent basculer l'élection d'un côté ou de l'autre, jouant un rôle essentiel de victoire à la marge, mais décisive. Ils apportent les quelques grands électeurs qui permettent d'atteindre la barre fatidique des 270 - chiffre indispensable pour remporter la victoire. Dans quatre de ces États, la Géorgie, le Nevada, l'Arizona et la Caroline du Nord, l'avantage Trump semble d'ores et déjà trop installé pour être rattrapé. Et la situation est critique dans trois États anciennement industriels de ce qu'on appelle la « Rust Belt » : le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie. Trump l'a si bien compris que, pour asseoir son avantage, il a choisi comme colistier un régional de l'étape, JD Vance, originaire du Wisconsin. À 100 jours de l'élection, tout peut certes changer. Mais la dynamique est clairement du côté de Trump, auréolé désormais du statut de miraculé après la tentative d'assassinat du week-end dernier. Pour les démocrates, et particulièrement pour Joe Biden, l'heure du choix approche. Faire le dos rond et se maintenir en attendant que ça s'arrange, ou renoncer avant qu'il ne soit trop tard. Comme on dit en anglais : « time flies », le temps passe… très vite, dorénavant.À lire aussiÉtats-Unis: face à un maintien de Joe Biden, des démocrates craignent pour leurs sièges au Sénat

    La France, le Royaume-Uni et les États-Unis sont-ils des démocraties en crise?

    Play Episode Listen Later Jul 12, 2024 3:04


    Le Monde en Questions de cette semaine revient sur les législatives qui viennent de se dérouler en France et au Royaume-Uni, et l'élection présidentielle qui se profile aux États-Unis dans quatre mois. La question est la suivante : dans ces trois pays, la démocratie représentative est-elle en danger ? La réponse est oui, la démocratie représentative est en danger, même si on peut noter des éléments de solidité et de résilience de l'instance démocratique dans ces trois états. Au Royaume-Uni, à priori, les toutes récentes élections générales, qui ont porté le parti travailliste Labour au pouvoir, semblent démontrer que le système parlementaire et démocratique fonctionne correctement. Deux grands partis qui s'affrontent, avec chacun un dirigeant clairement désigné, et un résultat qui dégage une majorité absolue forte au Parlement. Mais dans ce paysage qui peut sembler idyllique, on voit aussi l'apparition d'une formation nationaliste et anti-migrants : « Reform UK ». Elle n'obtient certes que quelques sièges à la Chambre des communes, mais recueille 14 % des voix. Preuve que la tentation populiste progresse, même dans ce pays qui a été un précurseur de la démocratie parlementaire. La France dans une crise de régime ? Peut-être que la France n'est pas loin d'une crise de régime. En tout cas, le résultat de ces élections, provoquées par la décision présidentielle de dissolution, laisse apparaître un Parlement éclaté en trois blocs minoritaires qui, pour l'instant, refusent de travailler ensemble pour former une coalition. Ce qui laisse le pays sans possibilité de nouveau Premier ministre, de nouveau gouvernement et d'une majorité à l'Assemblée nationale.À la différence du Royaume-Uni, il y a en France le président. Mais il fait partie du problème, puisque c'est lui qui a décidé de dissoudre la précédente Assemblée. C'est donc à ce stade le blocage qui pourrait à terme déboucher sur une crise de régime sans solution rapide.À lire aussiFrance : l'instabilité politique est-elle une menace pour l'économie ?C'est aussi le système de scrutin majoritaire qui est en crise, parce qu'il ne peut fonctionner correctement qu'avec deux grands blocs. Et les ambitions des uns et des autres pour l'élection présidentielle, en principe en 2027.Aux États-Unis, Biden interrogeC'est autour de la figure et des agissements du président des États-Unis que se noue la crise politique. Même si le Congrès joue un rôle très important de contre-pouvoir, Joe Biden reste figure centrale du système politique américain. Entre le comportement d'un Donald Trump, qui a contribué à aggraver la défiance envers le fonctionnement démocratique le 6 janvier 2021 lors de l'assaut du Capitole, et qui pourrait revenir au pouvoir en novembre prochain, et en face un Joe Biden usé, vieilli, fatigué, qui pour l'instant s'accroche à sa candidature, dans un pays plus polarisé que jamais, il y a potentiellement un danger pour la démocratie.France, Angleterre, États-Unis, dans ces trois pays, à de divers degrés : le système représentatif connait des difficultés. À la grande joie des régimes autoritaires, la Chine et la Russie en tête. Mais, à regarder l'Histoire, la démocratie, « le pire des systèmes à l'exception de tous les autres », comme disait l'ancien Premier ministre Winston Churchill en a vu d'autres. Il faut imaginer la démocratie victorieuse.À lire aussiÉtats-Unis: la conférence de presse de Joe Biden ne rassure pas le parti démocrate

    États-Unis: la Cour suprême a-t-elle renforcé l'immunité du président?

    Play Episode Listen Later Jul 5, 2024 3:22


    Le 1ᵉʳ juillet, aux États-Unis, la Cour suprême a rendu un arrêt concernant l'immunité du président, suite aux poursuites à l'encontre de l'ancien président Donald Trump. La décision ne concerne pas uniquement le nouveau prétendant à la Maison-Blanche, elle s'appliquera à tous les présidents. Et dans le pays, l'arrêt suscite la controverse.   Dans son arrêt, la Cour suprême établit un distinguo subtil entre les actes officiels et non officiels du président des États-Unis : « Le président ne jouit d'aucune immunité pour ses actes non officiels », mais : « il a le droit au moins à une présomption d'immunité pour ses actes officiels ». En clair, pour les actes officiels du président, ce dernier a droit non pas à une immunité, mais à une présomption, ce qui renvoie en fait toute décision au niveau des tribunaux de première instance. Cela signifie aussi qu'il s'agira d'une politique du cas par cas.Et en l'occurrence, concernant les deux procès prévus pour Donald Trump, le premier sur sa volonté d'inverser le résultat de l'élection présidentielle de 2020, le deuxième sur ses propos sur le 6 janvier 2021, lors de l'assaut du Capitole, il faudra décider s'il s'agit d'actes officiels ou non officiels, ce qui va prendre du temps et retarder donc la date des procès, espèrent ses avocats, après l'élection présidentielle du mois de novembre. Et c'est exactement ce que recherche Trump qui, s'il remportait le scrutin, pourrait, une fois investi en janvier 2025, ordonner l'arrêt des poursuites fédérales à son encontre.À écouter aussi3. Le candidat Trump au tribunalUne décision de la Cour suprême qui fait polémiqueLa décision de la Cour suprême fait controverse, critiquée par certains, approuvée par d'autres, en fonction de la façon dont on envisage le rôle du président. Ce qui est certain, c'est que l'arrêt peut être qualifié de « mi-chèvre mi-chou ». Donald Trump et ses avocats réclamaient une immunité absolue pour les actes du président quand il est en fonction, ce qu'ils n'ont pas obtenu, mais l'avis rendu par la Cour va tout de même dans le sens de l'ancien président.La Cour était profondément divisée : sur les neuf juges en poste, six ont voté pour et trois contre la décision rendue publique. Le débat sur l'indépendance de l'institution risque d'être relancé : ce sont les six juges conservateurs, dont les trois nommés par Donald Trump au cours de son mandat, qui ont voté le texte, alors que les trois juges progressistes s'y sont opposés.Les opposants à cette décision dénoncent un texte dangereux, car, pour eux, il renforce une forme d'impunité du président. La critique est celle d'une dérive vers un pouvoir absolu, transformant le locataire de la Maison-Blanche en « roi au-dessus des lois dans chaque usage de son pouvoir officiel », comme l'a écrit la juge Sotomayor, dans son avis de désaccord.Et pour de nombreux Américains, leur Constitution a été établie contre la royauté britannique en 1776 pour établir une république rendant justement impossible qu'un seul homme, comme le roi d'Angleterre à l'époque, ait les pleins pouvoirs et une impunité totale. Voilà pourquoi cette décision de la Cour suprême n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre.

    Le service militaire pour les «haredim», un tabou brisé en Israël?

    Play Episode Listen Later Jun 28, 2024 3:06


    Cette semaine, la Cour suprême israélienne a ordonné la conscription des étudiants en école talmudique, ceux appelés les « haredim » en hébreu, et qui étaient dispensés de service militaire depuis la création de l'État hébreu en 1948. C'est un tabou que la Cour suprême vient de briser en Israël. Elle renvoie le pays à ses ambiguïtés, entre le sionisme laïque et socialiste qui a construit la nation israélienne et le messianisme religieux qui imprègne l'histoire du peuple juif. À la création de l'État hébreu, en 1948, c'est David Ben Gourion qui souhaite rassembler en Israël tous les juifs qui le souhaitent, d'où qu'ils viennent et quelles que soient leurs convictions politiques et religieuses. Ce qu'il veut alors, c'est apporter la sécurité à ses contemporains qui viennent de vivre l'épreuve terrible et inhumaine de la Shoah. Et donc, c'est lui qui décide de respecter les demandes du courant ultra-orthodoxe, qui estime que l'étude de la Torah est essentielle et doit être une activité à plein temps. C'est ainsi que les étudiants des écoles talmudiques sont exemptés de service militaire. Il faut dire qu'à l'époque, ils ne sont qu'une centaine.À lire aussiIsraël a 70 ans: paroles de bâtisseursCette situation perdure de longues années, même si assez vite certains militants laïques ou des responsables militaires trouvent ce régime d'exemption trop discriminatoire. Mais ces « haredim », comme on les appelle en hébreu, revendiquent leur style de vie et leur mission d'étude approfondie de la Torah.Mais au fil du temps, les positions des deux camps se durcissent. Depuis 1998, la Cour suprême est régulièrement saisie par des mouvements laïques qui estiment que cette rupture d'égalité face au devoir militaire est tout simplement inacceptable.Depuis le 7-Octobre, la remise en cause croissante de l'exemption de service militaire pour les « haredim » La décision de la Cour suprême arrive dans un contexte dans lequel se pose le problème des effectifs et surtout des rotations de ces effectifs militaires déployés dans la bande de Gaza et aussi au nord du pays. D'autant plus que les étudiants ultra-orthodoxes ont fait beaucoup d'enfants depuis 1948. Ils représentent aujourd'hui 13% de la population, et sont plus de 160 000 à étudier la Torah.À lire aussiEn Israël, les ultraorthodoxes devront-ils bientôt faire l'armée ?Et c'est donc ce moment, alors que la Knesset, le Parlement israélien, étudie un texte de loi sur la fin de l'exemption, que choisit la Cour suprême pour rendre son avis. Un avis motivé par les circonstances actuelles : « En plein milieu d'une guerre difficile, l'inégalité du fardeau est plus marquée que jamais et requiert la mise en place d'une solution durable ».Seulement voilà : l'adoption de ce texte par le Parlement pourrait conduire à de vives tensions au sein de la coalition gouvernementale dirigée par Benyamin Netanyahu, où cohabitent opposants et partisans de cette mesure. À suivre donc. Mais la Cour suprême, elle, a choisi son camp. À lire aussi«Rien n'a changé pour nous sur le plan sécuritaire»: à Gaza, pas un jour sans morts ni blessés     .

    Dans le sud du Liban, l'ombre d'un conflit ouvert entre Israël et le Hezbollah?

    Play Episode Listen Later Jun 21, 2024 4:24


    Alors que la guerre continue de faire rage à Gaza, une autre bataille se déroule parallèlement le long de la frontière nord d'Israël avec le Liban - un jeu risqué de coup pour coup qui s'est intensifié ces dernières semaines. Sommes-nous vraiment à la veille d'un nouveau conflit ?  Jamais les deux pays et, par extension, le Moyen-Orient, n'ont été aussi proches d'un conflit depuis le 7 octobre et l'attaque du Hamas sur le sud d'Israël. Les propos de plus en plus belliqueux et les provocations des deux côtés de ces quelques dizaines de kilomètres de frontière, le dangereux « flirt » avec les fameuses lignes rouges dénoncées par bon nombre d'observateurs, le nombre effarant de tués en quelques mois - plus de 500 du côté libanais, une vingtaine côté israélien - font raisonner les sombres tambours de la guerre totale.L'émissaire de Washington, Amos Hochstein, l'un des plus proches collaborateurs du président Joe Biden, a lancé un avertissement cette semaine : « La situation est dangereuse » a-t-il déclaré, avant de se lancer dans une visite aux allures de dernière chance.Un marqueur important restera sans doute les images saisissantes du drone de reconnaissance, largement diffusées par le Hezbollah, il y a quelques jours, montrant, très clairement, les villages et les kibboutz frontaliers, mais aussi et surtout des cibles potentielles - navires de guerre, réservoirs de pétrole et même l'aéroport de la grande ville d'Haïfa, située à 30 km du Liban.Un pied de nez propagandiste des miliciens chiites au gouvernement et à l'État-major israéliens. D'ailleurs, ces derniers ont concomitamment annoncé avoir approuvé des « plans opérationnels en vue d'une offensive ». Cela alors que le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz menaçait le Hezbollah de destruction en affirmant « que son pays était très proche du moment de la décision de changer les règles du jeu ».Rien de très rassurant en somme, d'autant que le Hezbollah, plus grande milice armée de la planète, n'est pas le Hamas : son arsenal est estimé à un peu moins de 200 000 roquettes et missiles et pourrait, en cas de guerre, saturer le Dôme de fer, le système antimissile israélien. Et, enfin, l'offensive sur le Liban, un autre front donc, ne ferait pas consensus dans un pays qui semble loin d'en avoir fini avec Gaza.La pression sur le gouvernement israélien ne faiblit pasLa pression politique sur le gouvernement israélien ne faiblit pas dans les rues du pays. Parmi les manifestants, qui par centaines de milliers, se retrouvent chaque week-end à Tel-Aviv pour dénoncer la politique du Premier ministre Benyamin Netanyahou et sa stratégie à Gaza, un nombre croissant de résidents de l'extrême nord d'Israël. Ceux-ci sont 140 000 à avoir été évacués de leurs communautés de la frontière libanaise et attendent depuis d'interminables mois de rentrer chez eux, hébergés aux frais du gouvernement, dans des hôtels de Galilée, un peu plus au Sud. L'armée israélienne qui a mobilisé des dizaines de milliers d'hommes sur la frontière, ne peut prendre le risque en l'état d'autoriser le retour de ces déplacés internes.Le Premier ministre israélien joue de plus en plus avec le feu pour sa survie politique, est pris en étau entre ses alliés d'extrême droite va-t-en-guerre et une partie grandissante de la société civile. Il leur a promis un retour en septembre prochain, gageant que la diplomatie aura finalement eu raison des tensions ou bien que l'offensive sur le Liban soit terminée.Les tensions sont source d'inquiétude à WashingtonC'est dans ce contexte d'extrêmes tensions que l'allié américain perd patience : la perspective d'une offensive israélienne sur le Liban est aussi source d'inquiétude à Washington, fidèle et traditionnel allié d'Israël, mais qui a d'ores et déjà rendu public son véto formel, comme celui sur l'offensive à Rafah, dans le sud de la Bande de Gaza. Et les dernières sorties de Benyamin Netanyahou dans la presse - accusant l'administration américaine de « retenir ses livraisons d'armes, des armes dont Israël a besoin dans la guerre pour son existence » - ont été très fraîchement accueillies dans l'entourage de Joe Biden. Ce dernier supporte de moins en moins la fuite en avant solitaire et incontrôlable du chef du gouvernement israélien. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale s'est d'ailleurs déclaré « profondément déçu et offensé étant donné l'ampleur du soutien américain à l'État hébreu ». Quoi qu'il en soit, Benyamin Netanyahou est attendu à Washington le 24 juillet prochain, en pleine campagne pour les élections présidentielles et législatives, pour prononcer un discours devant le Congrès.

    Le G7, pour quoi faire?

    Play Episode Listen Later Jun 14, 2024 2:57


    Les chefs d'État et de gouvernement des pays membres du groupe des 7 sont actuellement réunis dans la région des Pouilles, au sud de L'Italie. Un sommet lors duquel la Chine devrait dominer les discussions. Mais le G7 est-il encore une organisation pertinente ?  C'est la question que l'on se pose depuis déjà quelque temps. Lors de la création de cette instance au milieu des années 1970, les sept pays qui la composaient, États-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Japon, et Canada, étaient de très loin les états les plus industrialisés et donc les plus puissants, les plus riches de la planète. Leurs économies combinées représentaient les deux tiers du PIB mondial. Une instance créée pour mieux coordonner les politiques macro-économiques de ces États, durement frappées par le choc pétrolier et la fin du système de Bretton Woods. C'était donc une volonté d'échanger directement, de manière informelle, et sans le filtre des conseillers, entre chefs d'État et de gouvernement. Cette instance a-t-elle été efficace à l'époque ?C'est un système qui a permis une gouvernance plus ou moins efficace de l'économie mondiale pendant une vingtaine d'années. Avec la chute de l'URSS en 1991, la Russie a rejoint le système de l'économie de marché et a été admise au sein du G7 qui est donc devenu le G8 entre 1998 et 2014, date à laquelle, suite à l'annexion de la Crimée, Moscou a été exclue. Parallèlement, depuis le début des années 2000, la situation a évolué rapidement avec la montée en puissance de grands pays émergents comme la Chine, le Brésil, l'Inde ou l'Afrique du Sud. Pour sauvegarder le système bancaire international, on a décidé d'intégrer ces nouvelles économies importantes à sein d'une nouvelle organisation, le G20, incluant les sept pays occidentaux et 13 autres États.À lire ou à écouter aussiAu G7, «l'incertitude risque de freiner la capacité des chefs d'État à prendre des décisions durables»Fallait-il maintenir le G7 ?Pour certains économistes et spécialistes de géopolitique, la pertinence du G7 s'est en tout cas posée. Et ce que l'on voit aujourd'hui, c'est que, depuis l'exclusion de la Russie en 2014, l'organisation est devenue autant une organisation qui parle coordination économique qu'un club des pays occidentaux qui défendent aussi un système de valeurs humanistes, un système politique, la démocratie libérale et l'état de droit. Précisément au moment où ce modèle est de plus en plus contesté par d'autres acteurs sur la scène internationale.En ce sens, le G7, pour les pays concernés, reste une organisation pertinente. À condition que les valeurs partagées le soient vraiment, ce qui n'est plus une évidence quand on voit le positionnement de l'Italie sur certaines questions de sociétés comme l'avortement. En ce sens, l'arrivée au pouvoir de dirigeants populistes dans certains pays du G7 pourrait avoir un impact sur la cohésion de ce club vieux de 50 ans. À lire aussiLes relations commerciales avec la Chine au centre des débats de la deuxième journée du G7 à Bari

    La commémoration du Débarquement, une cérémonie pour le présent aussi?

    Play Episode Listen Later Jun 7, 2024 2:46


    Les cérémonies qui viennent de marquer le 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie étaient-elles plus politiques que d'habitude ?  La réponse est oui. Certes, la mémoire des dizaines de milliers de combattants qui ont participé au Débarquement a été largement honorée. La détermination des nations démocratiques, États-Unis et Royaume-Uni en tête, aussi.  Mais, dans les discours des présidents français et américains, les tensions géopolitiques actuelles étaient bien présentes. C'est Joe Biden qui parle du combat de la liberté contre la tyrannie, de l'invasion de l'Ukraine par un tyran, du rôle prééminent de l'Otan, « plus unie que jamais pour défendre la paix et la liberté dans le monde », Emmanuel Macron qui évoque le combat juste contre les idéologies mortifères. Des symboles forts pour marquer la situation géopolitiqueL'un des symboles de cette cérémonie du souvenir rattrapée par les tourments du présent, c'était d'abord l'absence de toute délégation russe, contrairement à ce qu'il s'était passé en 2014, où Vladimir Poutine avait été invité alors même qu'il venait d'annexer la Crimée. Et en contrepoint, l'invitation en Normandie du président ukrainien Volodymyr Zelensky, très applaudi. Le rôle de l'Armée Rouge sur le front est pour battre le nazisme en 1944 a néanmoins été évoqué par le chef de l'État français. Comme pour rendre hommage au peuple russe, et non à ses dirigeants, Staline hier, et Poutine aujourd'hui. Une réunion du camp occidental ?En effet, avec la certitude que la paix et la liberté ne sont jamais acquises, qu'il faut parfois se battre pour les préserver. Joe Biden a été très clair. Montrant les croix blanches du cimetière de Colville, il a lancé : « La paix n'est pas gratuite ». Une façon pour lui de souligner que la mobilisation en faveur de l'Ukraine n'en doit pas faiblir. Et Biden a ensuite estimé que « l'isolationnisme n'est pas la solution », façon de critiquer le camp républicain et en particulier son adversaire à l'élection présidentielle Donald Trump. Quatre-vingts ans après le Débarquement, l'Europe est de nouveau confrontée à la guerre. Et à un combat qui oppose une nouvelle fois un pays dictatorial à des nations certes imparfaites, mais décidées à défendre leur liberté et leur modèle démocratique. Comme si, malheureusement, les leçons de l'Histoire, peu à peu s'effacent. 

    Le rapprochement de la Chine-Russie, une alternative à l'Occident?

    Play Episode Listen Later May 17, 2024 2:58


    Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine en visite chez son hôte chinois viennent de signer ce jeudi une déclaration scellant l'approfondissement du partenariat stratégique entre leur deux pays. Cette visite de Poutine en Chine est-elle aussi un message aux Occidentaux et à ce qu'on appelle le sud global ?  Et bien la réponse est oui. Certes l'aspect bilatéral de cette visite est très important. Elle symbolise l'importance de ce lien ancien et parfois complexe entre Pékin et Moscou. Longtemps, c'était la Russie ou plus exactement l'URSS qui tenait le rôle-titre dans cette association duale. La situation s'est inversée. Aujourd'hui c'est Pékin qui domine cette relation. Sa puissance économique et diplomatique est sans commune mesure avec celle de la Russie. Mais en même temps, la Chine apprécie d'avoir pour allié un pays qui reste important et surtout qui a adopté un régime politique similaire à celui de l'Empire du milieu - un régime autoritaire, voire dictatorial, qui veut s'ériger en contre-modèle du système des démocraties libérales occidentales. Un message à l'OccidentC'est un message très clair envoyé à l'Occident. Il proclame que, contrairement à ce qui a longtemps été dit, le développement économique ne débouche pas forcément sur une libéralisation politique. Qu'une économie peut prospérer sans pour autant tomber dans les travers des démocraties - selon les dirigeants russes et chinois : changements trop fréquents de gouvernements, individualisme forcené, et abandon des traditions qui selon eux tiennent une société, le respect, l'obéissance et l'observation des bonnes mœurs, loin de ce qui est décrit comme la décadence occidentale. Ce qui n'est pas dit bien sûr, c'est que ce discours convient parfaitement à des élites élues dans des conditions plus que douteuses et qui voient dans l'attachement à ce système le moyen de se maintenir le plus longtemps possible au pouvoir. S'adresser au Sud global.Xi Jinping et Vladimir Poutine veulent montrer à ces pays qu'il existe une autre alliance que celle des États-Unis et de l'Europe. Une alliance qui porte un rejet du modèle occidental, accusé de vouloir dominer le monde et lui imposer ses valeurs plus que discutables selon eux. Ce message est bien reçu dans de nombreux pays du Sud global - notion discutable, mais qui trouve précisément une de ses justifications dans cette rhétorique anti-occidentale. Soit qu'il s'agisse de grands pays émergents qui veulent jouer un rôle autonome sur la scène internationale, comme le Brésil, l'Inde ou l'Afrique du Sud. Soit de pays moins importants, mais qui veulent sortir du modèle postcolonial auquel ils estiment être encore trop assujettis. C'est le cas en particulier en Afrique. En ce sens, cette visite de Vladimir Poutine en Chine consacre aussi une nouvelle forme de guerre froide avec le monde occidental, mais plus protéiforme et moins binaire que la précédente. À lire aussiVladimir Poutine à Pékin en quête d'assurances sur l'avenir

    Russie: célébration du «Jour de la victoire», quel message de Vladimir Poutine?

    Play Episode Listen Later May 11, 2024 3:48


    Le « Jour de la victoire » a été célébrée jeudi 9 mai à Moscou. Une cérémonie qui a permis à Vladimir Poutine de réitérer sa vision de l'Histoire. En quoi cette journée de la victoire est-elle un outil de propagande pour Vladimir Poutine ? Cette cérémonie est une des occasions qui permettent au président russe de pousser son narratif sur l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et de réécrire l'Histoire pour ce qui concerne 1945 et aussi le présent. Sur la victoire de la Russie en 1945, Vladimir Poutine est en fait sur la même ligne que son prédécesseur Staline. Ce dernier estimait, à juste titre, que son pays avait payé le tribut le plus lourd à la victoire. Pour rappel, 27 millions de Soviétiques sont morts dans leur lutte contre Hitler. Aucun autre pays n'a connu autant de victimes.Mais surtout, et là on peut dire que Vladimir Poutine est le digne héritier de Staline, il affirme que l'Armée rouge a vaincu seule les troupes nazies. Les Russes certes ont été les premiers à atteindre Berlin, mais le rôle joué par les Alliés, en particulier les Américains, a été également déterminant dans la chute du IIIe Reich.L'Histoire comme outil de propagandeJeudi 9 mai, il a rappelé les efforts et les sacrifices consentis par la population et l'armée russes en 1945. C'est pourquoi il parle de cette cérémonie du 9-Mai comme la fête la plus importante, la plus sacrée. Nos pères et nos grands-pères ont libéré l'Europe, martèle-t-il. Mais, sans qu'on sache vraiment s'il y croit lui-même ou pas, « il y a aujourd'hui une vérité erronée sur la Seconde Guerre mondiale. On veut faire oublier notre rôle ».Surtout, il instrumentalise l'Histoire pour expliquer que le combat mené à l'époque par la Russie Soviétique contre le nazisme est toujours d'actualité. Car l'ennemi qualifié de nazi aujourd'hui, et bien c'est le régime ukrainien. Ce qui lui permet de justifier en partie l'intervention militaire contre son voisin, l'autre élément d'explication étant que l'Ukraine est une création artificielle datant de 1991 et qu'il n'y a pas de nation ukrainienne – l'Ukraine est historiquement selon lui une partie de la Russie, qu'il s'agit donc légitimement de récupérer. Là encore, une réécriture de l'Histoire.Des avancées indéniables de l'armée russe en Ukraine ces dernières semainesEn ce 9 mai 2024, la Russie est en meilleure posture en Ukraine et Vladimir Poutine reste menaçant. Pour preuve, l'offensive terrestre lancée, vendredi, par la Russie, dans la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine. Une attaque que l'Ukraine redoutait depuis des semaines car en fait, les choses sont fragiles. Certes, à la différence de l'an dernier, où la Russie était sur la défensive en Ukraine, les choses se présentent mieux cette année. C'est l'armée russe qui est à la manœuvre face à une armée ukrainienne qui, faute d'armements suffisants, se retrouve en position délicate. Pas de grande percée mais des avancées indéniables russes ces dernières semaines.Pourtant, le président russe, qui vient de rempiler jusqu'en 2030, ne paraît pas serein. Il s'en prend à ces « élites occidentales revanchardes qui créent des clivages ». Et il prévient : personne ne nous menacera. Renversement là encore d'une situation où c'est la Russie qui menace et annonce des essais nucléaires tactiques. Poutine promet la victoire à son peuple sur un mode agressif. Preuve, en creux, que rien n'est gagné.

    Géorgie: un point de bascule?

    Play Episode Listen Later May 3, 2024 3:22


    En Géorgie, des milliers de personnes manifestent depuis presque trois semaines pour empêcher l'adoption d'une loi sur le financement des organisations non gouvernementales et des médias. Pourquoi cette loi provoque-t-elle une aussi grande opposition ? Pour les dizaines de milliers de personnes qui manifestent chaque jour devant le Parlement, cette « loi sur l'influence étrangère » est en fait un moyen déguisé utilisé par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, pour brider la liberté d'expression, les ONG et les partis d'opposition dans le pays, à quelques mois d'élections législatives qui s'annoncent périlleuses pour l'actuelle majorité. Plus grave, cette loi est vue comme un moyen de replacer la Géorgie dans l'orbite russe. Elle est en tous points semblable à une loi adoptée en Russie en 2012 et qui a permis de faire taire peu à peu les opposants à Vladimir Poutine. Ce projet de loi stipule que les ONG et les médias bénéficiant de plus de 20% de financements étrangers doivent s'enregistrer comme des « organisations agissant pour le compte d'une puissance étrangère ». Ce qui ensuite, dans un climat de manipulation nationaliste, peut conduire une justice pas vraiment indépendante à les interdire et donc à les réduire au silence. C'est exactement ce qui s'est passé en Russie. La menace est réelle pour l'État de droit et les libertés démocratiques, notamment la liberté d'expression et d'association. À lire aussiGéorgie: nouvelle démonstration des opposants à la loi sur «l'influence étrangère»Bras de fer sur l'avenir de la GéorgieOn assiste donc, avec cette loi, à un véritable bras de fer sur l'avenir de la Géorgie. Au-delà de la loi elle-même, il s'agit en effet de décider si ce petit pays du Caucase, longtemps une république de l'URSS, qui a donc connu la férule soviétique, et qui a été envahi en 2007-2008 par les troupes de Moscou stationnant toujours dans deux provinces du pays passées sous contrôle russe, à savoir l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.Le pays doit-il retourner dans la sphère d'influence russe, ou au contraire continuer à s'intégrer dans le modèle occidental et plus précisément dans l'Union européenne ? C'est le souhait d'une très grande majorité de la population, notamment chez les jeunes. Et c'est donc le cœur du problème. D'autant que la Géorgie a obtenu le statut de candidat officiel à l'adhésion à l'Union européenne, en précisant que des réformes étaient nécessaires avant de lancer toute négociation. Mais cette initiative a fortement déplu au camp pro-russe et à Moscou.À écouter aussiEn Géorgie, l'inquiétude face au retour du projet de loi sur les agents de l'étrangerDes soupçons d'ingérence russe, mais pas de preuvePeut-on pour autant parler d'une ingérence directe de Moscou ? Pour l'instant, il n'y a aucune preuve avérée de cela. Mais on sait que le parti au pouvoir, et surtout son président d'honneur Bidzina Ivanichvili, un milliardaire, véritable homme fort du pays, sont proches de Moscou. Surtout, les moyens employés, avec cette loi, ressemblent trop à ceux de la Russie poutinienne.Bref, le soupçon est là. La loi a été validée en deuxième lecture au Parlement, elle doit encore faire l'objet d'une troisième lecture dans les quinze jours. D'ici là, tout peut arriver : un retrait de la loi, ou au contraire l'adoption définitive du texte et un vrai risque d'embrasement interne – et peut-être, alors, une implication de Moscou. Plus que jamais, la Géorgie reste sur le fil du rasoir.

    Avec Emmanuel Macron, l'Europe plus puissante?

    Play Episode Listen Later Apr 26, 2024 3:30


    Retour sur le discours prononcé cette semaine par le président Macron à l'université de la Sorbonne à Paris, consacré à l'avenir de l'Union européenne, sept ans après un premier discours sur le même thème et dans le même lieu. Avec ce discours de la Sorbonne, acte II, Emmanuel Macron fait-il avancer la cause de l'Union européenne ?  La réponse est affirmative, à condition que les paroles du président Français convainquent l'ensemble des 27 États membres de l'Union – ce qui est tout sauf évident – et ensuite que ces paroles se traduisent en actes. En tout cas, le chef de l'État a voulu frapper les esprits avec sa formule : « Notre Europe est mortelle ». Un cri d'alarme pour souligner que l'Union européenne est menacée par différents périls qu'il faut affronter dès maintenant si on ne veut pas en payer le prix fort, l'éclatement de l'UE. Il est temps de faire des choix, de tracer un chemin pour les cinq à dix ans qui viennent. Il est temps de réarmer l'Europe, sur les plans politiques, diplomatiques, économiques et écologiques. Voilà la conviction du dirigeant français. L'objectif d'une « Europe puissance »L'objectif est clair : en 2017, Emmanuel Macron appelait à une Europe souveraine. Dans ce domaine, l'Europe a progressé, sans doute plus sous l'effet de crises extérieures, le Covid, la guerre en Ukraine, la flambée des prix de l'énergie, que d'impulsions volontaristes des dirigeants européens. Bref, l'Europe a réagi, s'est adaptée, pas trop mal finalement. Mais il faut aujourd'hui aller plus loin et bâtir, selon les termes du président, une « Europe puissance ». Non seulement autonome, mais capable par elle-même de tracer les objectifs qui servent ses intérêts. Europe puissance pour mieux affronter les autres puissances, américaine, chinoise, russe et autres, afin de se faire respecter – et de se protéger.Cela passe, selon le président, par la fin d'une forme de naïveté dans nos politiques commerciales avec les blocs qui nous concurrencent. Américains et chinois ne respectent plus vraiment les règles de l'OMC, notamment en subventionnant massivement leurs entreprises, y compris à l'exportation ? Bien, faisons pareil en exigeant plus de clauses de réciprocité. Cela passe aussi, selon Emmanuel Macron, par un doublement des investissements en Europe – autour de 1 000 milliards par an. Avec quel argent ? C'est une autre question. L'objectif en tout cas est de rattraper notre retard dans le numérique, l'intelligence artificielle et dans la réindustrialisation. Tout en développant un modèle décarboné, où le renouvelable, mais aussi le nucléaire, sont clairement assumés. Frontières et défense européenneUn autre objectif d'Emmanuel Macron : affirmer clairement nos frontières pour absorber la crise migratoire et résister à des tentations d'agression militaire. Il faut pour cela renforcer la défense européenne. Un vieux mantra du président français, qui a progressé avec la guerre en Ukraine, mais qui reste insuffisant. Problème : beaucoup de pays européens se satisfont de l'Otan, dominé par Washington. Mais pour Emmanuel Macron, il faut poursuivre ce but. Procéder déjà à des achats militaires auprès des européens, et bâtir un bouclier antimissile – concession faite à l'Allemagne réticente sur ce dossier de la défense. Belles perspectives pour les dix ans à venir, si Paris est entendu et suivi par le reste de l'Europe. Cela dépendra en partie du résultat des élections européennes en juin – or pour l'instant, il ne s'annonce pas brillant pour la majorité présidentielle. 

    L'Europe a-t-elle enfin une politique migratoire digne de ce nom?

    Play Episode Listen Later Apr 12, 2024 3:31


    Le Parlement Européen a adopté le pacte migratoire, aboutissement de longs mois de négociations entre les différents groupes représentés à Bruxelles. Cette adoption marque-t-elle une avancée historique pour l'Union européenne ? La réponse est oui, car jamais auparavant l'Union européenne n'avait réussi à adopter un ensemble de textes aussi complet sur la difficile question des migrations. Oui, mais à condition que le texte soit d'abord validé par chacun des États membres de l'Union européenne, et ensuite qu'il soit réellement appliqué, dans la vraie vie en quelque sorte, normalement à partir de 2026.Jusqu'au dernier moment, l'incertitude a régné dans les couloirs du Parlement pour savoir si le pacte serait adopté. Il l'a donc été ce mercredi 10 avril, grâce aux voix des trois grandes formations qui dominent le Parlement aujourd'hui, à savoir Parti populaire européen (PPE), de centre-droit, Renew, la formation libérale, et Socialistes et démocrates, le parti de centre-gauche. Mais même au sein de ces organisations favorables au projet européen, les divisions ont été fortes.À lire aussiLe Parlement européen adopte le pacte asile et migrationCertains trouvaient que le contrôle des flux migratoires à l'entrée du territoire européen était trop peu respectueux de la dignité humaine. D'autres que les contraintes en termes de solidarité entre États membres étaient trop fortes. Quant aux formations plus à droite ou à gauche, elles ont critiqué certaines des mesures du pacte, pour des raisons diamétralement opposées parfois.Des critiques à gauche, mais aussi à droiteLes formations de gauche dénoncent une politique trop dure vis-à-vis des demandeurs d'asile. Dans le futur pacte, en effet, on décidera à l'arrivée des migrants ceux qui ont une chance ensuite de bénéficier du droit d'asile. Ceux dont les chances n'excéderont pas 20% seront reconduits hors d'Europe. À condition, bien sûr, que les pays d'origine de ces migrants acceptent leur retour, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. Autre critique formulée à gauche : les accords qui seront passés avec des « pays tiers sûrs » pour qu'ils prennent en charge la migration chez eux – une façon, pour les opposants à cette mesure, de sous-traiter le problème de manière indigne.À lire aussiCe que contient le pacte asile et migration adopté par le Parlement européenPlus à droite, on met en cause le laxisme du pacte et les contraintes imposées à tout le continent. Les formations de droite et d'extrême droite estiment que ce pacte est insuffisant. Ces partis dénoncent aussi les mesures prévues en situation de crise, comme lors de la vague migratoire de 2015. Pour soulager les pays d'entrée – Grèce, Espagne et surtout Italie, il est en effet prévu que chacun des 27 membres de l'UE leur viendra en aide, en proportion de sa richesse et de sa population. Il y a aura des installations de migrants dans toute l'Union, des relocalisations ou une aide financière conséquente aux pays d'entrée.Ce mécanisme de solidarité forcée est contesté par ces formations, qui y voient une attaque à la souveraineté des États. En dépit de toutes ces critiques, le pacte a quand même été adopté. C'est un succès. Reste maintenant à transformer l'essai pour doter véritablement l'Europe d'une politique migratoire digne de ce nom, entre fermeté et humanisme. Ce sera de toutes façons compliqué.

    Crise en Haïti, l'impasse totale?

    Play Episode Listen Later Apr 5, 2024 2:31


    Retour sur la situation plus que préoccupante en Haïti. Le pays peut-il espérer retrouver un peu de stabilité ? La réponse est plutôt non, malheureusement. Du moins, pas à court terme. Haïti est gangréné depuis des années par la corruption, la délinquance extrême de gangs violents, l'instabilité politique, la pauvreté et les catastrophes naturelles. Une situation qui n'a cessé d'empirer ces derniers mois, avec un phénomène marquant : la montée en puissance, qui semble irrépressible, de gangs de plus en plus armés et qui ont accru leur domination territoriale. Accru et même transformé en une domination sociale, économique et même policière ou militaire.Ce phénomène n'est pas nouveau, mais désormais, il est omniprésent, interdisant l'essentiel des quartiers de Port-au-Prince, la capitale, aux forces de l'ordre. Depuis l'époque des Duvalier père et fils, la classe politique et les milieux d'affaires ont utilisé, instrumentalisé ces groupes délinquants pour asseoir leurs intérêts politiques et économiques. Pendant des années, la relation, perverse et cynique, était donc relativement claire. Une relation en quelque sorte employeur-employé. Mais le ver était dans le fruit, et peu à peu, la relation s'est inversée, pour en arriver à la situation ubuesque que nous observons aujourd'hui. À écouter aussiGangs en Haïti : des sanctions sans conséquencesDes gangs professionnalisés et qui visent la conquête du pouvoirCes gangs haïtiens se sont professionnalisés, d'un point de vue logistique, organisationnel et opérationnel. Et désormais, ils ont un objectif clairement politique. Après la démission contrainte du Premier Ministre Ariel Henry il y a trois semaines, ils veulent non seulement imposer leur agenda politique, mais même participer concrètement au pouvoir politique, voire à l'exercer tout simplement.C'est notamment l'ambition du groupe « Viv Ansanm » (« Vivre ensemble », en créole haïtien), qui a fédéré plusieurs gangs puissants et dont le leader, Jimmy Chérizier, surnommé Barbecue, explique sans rire que ce sont eux qui pourront rétablir la sécurité et la prospérité des Haïtiens.À lire aussiHaïti: le chef de gang Jimmy «Barbecue» Chérizier se dit prêt à dialoguerForts de ces atouts, ces gangs ont désormais un objectif qui va au-delà de la défense de leurs intérêts ; la conquête du pouvoir politique, ni plus ni moins. Et pour l'instant, les admonestations de la communauté internationale, notamment les États-Unis et la France, n'y changent rien. Ni non plus les sanctions adoptées il y a plus d'un an par l'ONU contre les leaders de ces groupes, ou en tentant d'imposer un embargo sur les ventes d'armes en Haïti.Le pays, dont les institutions sont à terre, risque de passer en coupe réglée sous la férule impitoyable des gangs.

    Benyamin Netanyahu est-il devenu un problème pour Israël?

    Play Episode Listen Later Mar 29, 2024 3:29


    Presque six mois après les massacres commis par le Hamas dans le sud du pays le 7 octobre dernier, les critiques se concentrent de plus en plus sur le Premier Ministre Benyamin Netanyahu, en interne comme en externe. Avec cette intervention militaire brutale dans la bande de Gaza, est-il devenu un obstacle pour son propre pays ?  Depuis l'odieux massacre commis par le Hamas le 7 octobre dernier, la riposte militaire d'Israël sous la conduite du Premier ministre israélien ne cesse de poser question et de créer des remous non seulement sur la scène internationale, mais aussi en interne, au sein de la société civile en Israël. Le choix d'une riposte massive pour éradiquer le Hamas, avec des bombardements intensifs des localités de l'enclave palestinienne, la décision de n'autoriser l'acheminement de l'aide humanitaire qu'au compte-goutte, le casse-tête des négociations pour obtenir la libération des otages israéliens encore retenus par le Hamas, tout cela a conduit à des critiques de plus en plus acerbes sur les modalités d'une intervention qui a déjà causé la mort de plus de 30 000 civils et placé plus de la moitié des Gazaouis dans une situation alimentaire catastrophique. Sans pour autant que l'éradication du Hamas soit achevée après plus de 5 mois d'intervention ni que ses principaux chefs, à commencer par Yahya Sinouar ou Mohamed Deïf, deux des principaux organisateurs des massacres du 7 octobre, ne soient neutralisés — ce qui est aussi un des objectifs de l'opération de Tsahal. À lire aussiGuerre à Gaza: Israël sommé par la CIJ de laisser passer l'aide humanitaireBilan plus que mitigéLe bilan, plus que mitigé, est de plus en plus critiqué à l'étranger. D'abord dans les pays arabes et chez les soutiens de l'Iran. Et aussi dans de nombreux pays de ce qu'on appelle aujourd'hui le « Sud global ». Les critiques sont aussi de plus en plus prononcées dans les pays occidentaux, et notamment aux États-Unis. On sait que les relations sont exécrables entre Benyamin Netanyahu et Joe Biden. Ce dernier n'hésite plus à critiquer ouvertement le dirigeant israélien.  Et, pour la première fois depuis le 7 octobre, les Américains se sont abstenus au Conseil de sécurité de l'ONU, permettant l'adoption d'une résolution qui demande à Israël un cessez-le-feu immédiat. En fait, Joe Biden est pris en étau entre son soutien à Israël - pas question à ce stade de remettre en cause l'aide militaire indispensable pour Tsahal - et la prise en compte, en pleine campagne électorale, des réticences et indignations d'une partie de son électorat : les jeunes et une grande partie des américains musulmans et/ou d'origine arabe.D'où cette intervention inédite du patron de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, qui pense que les Israéliens devraient se rendre aux urnes pour élire un nouveau gouvernement. Une forme de désaveu cinglant pour Netanyahu de la part de ce proche de Joe Biden. Mais il sait lire les sondages. Les critiques contre le Premier Ministre sont féroces en Israël. À la fois pour avoir négligé les renseignements de ses services avant le 07 octobre, et aussi pour le coût élevé de l'offensive de Tsahal et l'impasse sur la libération des otages.  Les sondages sont donc rudes pour Netanyahu : entre 15 et 20% de cote de popularité, et surtout une majorité écrasante d'israéliens qui souhaite son départ. Et des élections anticipées — comme l'a bien noté donc Chuck Schumer. Un scrutin qui sonnerait le glas de la coalition très à droite actuellement au pouvoir, et aussi sans doute la fin de la carrière politique de Benjamin Netanyahu. À lire aussiRésolution de l'ONU sur Gaza: le message de Washington largement commenté par la presse israélienne

    Poutine et la tentation des nouveaux fronts russes

    Play Episode Listen Later Mar 22, 2024 3:31


    La reconduite de Vladimir Poutine à la tête de la Russie cette semaine a de quoi donner des sueurs froides à l'État major ukrainien alors que le conflit entre dans sa troisième année, mais les appétits de conquête du Président russe ne pourraient-ils pas mener le pays bien au-delà de ses frontières ?  C'est un scénario catastrophe redouté, qui pourrait dépasser le seuil de la politique fiction. Au même titre que très peu d'analystes croyaient, quelques heures avant son déclenchement, à la possibilité de l'invasion de l'Ukraine à l'aube du 24 février 2022, la fuite en avant guerrière de Vladimir Poutine pourrait continuer de surprendre et, effectivement, mener son pays, à court et moyen terme, vers des contrées lointaines réparties aux quatre coins de la planète, au gré de guerres multidimensionnelles et hybrides qui changeraient assurément le monde tel que nous le connaissons. Bien entendu, le premier des sujets de préoccupations reste l'Ukraine, aux avant-postes de l'Europe, qui, au-delà des revers militaires récents sur le terrain, redoute l'échéance électorale américaine en novembre prochain qui pourrait, brutalement, en cas de retour au pouvoir de Donald Trump, laisser Kiev bien seule face à la soldatesque russe, soudain privée de milliards de dollars d'aide militaire de Washington.Mais le fantasme expansionniste du maître du Kremlin lui fait clairement lorgner en direction des anciennes républiques soviétiques d'Europe Orientale, la petite Moldavie en tête, considérée comme composante de la zone d'influence naturelle de Moscou qui s'ingénie à contribuer à sa déstabilisation politique en attendant de passer, qui sait, à la vitesse supérieure.À lire aussiUkraine: attaque massive de missiles et de drones russes, Moscou en «état de guerre» Dans le viseur de Vladimir Poutine, ce sont aussi les frontières de l'Otan et même le continent africain. Les pays Baltes, la Finlande, la Géorgie et même l'Arménie. Tout est prétexte pour Moscou à engager une tectonique de la confrontation avec l'Occident et ses valeurs quitte à se lancer, bien au-delà d'une économie de guerre, vers une véritable mondialisation de la guerre sur fond d'un narratif et d'une propagande implacablement bien huilée.D'ailleurs, bon nombre de soldats russes faits prisonniers sur le front ukrainien révélaient dans leurs interrogatoires qu'ils étaient persuadés de venir se battre contre des militaires de l'Otan, américains et européens. Et ce commentaire lapidaire du chef de l'armée française, le général Thierry Burkhard : « La Russie est déjà un peu en guerre avec les pays occidentaux. Une guerre informationnelle pour déstructurer nos sociétés ».En Afrique, difficile de ne pas reconnaître les succès de l'influence russe. Avec des années d'avance, la Russie a eu la vision et l'intuition de l'énorme potentiel de la guerre hybride. Dévastatrice et peu coûteuse. Le continent africain en a été le laboratoire. La France, la cible privilégiée, dont la sphère post-coloniale s'est écroulée de manière fulgurante, en deux ou trois ans. De l'Afrique centrale à l'effet domino des coups d'État militaires au Sahel. Syrie, Soudan, Libye... L'hydre russe continue de montrer au monde sa profonde volonté de conquête. Quels sont les moyens de se défendre ? Les récentes déclarations du président français Emmanuel Macron à l'encontre de l'expansionnisme de Moscou enjoignant l'Europe, elle aussi, à se mobiliser dans une économie de guerre, ont reçu un accueil mitigé en Occident, mais ont fait redoubler les attaques et invectives russes à l'égard de Paris. Ce qui montre, peut-être, que le chef de l'État français ne se trompe pas. « Vous, les Français, êtes en train de provoquer la Troisième Guerre mondiale » a même lancé le francophone vice-président de la Douma et propagandiste-en-chef, Piotr Tolstoï.Soutenir l'Ukraine coûte que coûte, assurer la souveraineté et la cohésion européennes comme celle de l'Alliance atlantique, mais aussi utiliser les mêmes armes de la guerre hybride sont les options qui semblent avoir été choisies par Paris et ses alliés pour contrecarrer les plans de Vladimir Poutine. Ne reste plus qu'à espérer qu'il ne soit pas trop tard.  À lire aussiVladimir Poutine veut mobiliser le FSB contre les unités russes pro-Kiev dans la région de Belgorod

    Le nouvel engagement français contre la Russie

    Play Episode Listen Later Mar 15, 2024 3:52


    C'est un revirement stratégique qui a fait couler beaucoup d'encre : les déclarations du président français Emmanuel Macron en faveur de l'Ukraine semblent dessiner les contours d'un nouvel axe anti-Poutine. Mais comment expliquer une telle rupture ? Le président Emmanuel Macron est connu pour être très rodé à la pratique des réseaux sociaux, aussi a-t-il tenu à enfoncer le clou et exprimer le fond de sa pensée lors d'un échange avec des internautes français cette semaine : « Vouloir la paix, ce n'est pas choisir la défaite ou laisser tomber l'Ukraine », a-t-il martelé face à la petite caméra de son téléphone portable.Dernier pavé jeté dans la mare diplomatique de l'une des bascules stratégiques les plus spectaculaires depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine il y a deux ans et dont l'avenir dira un jour s'il relevait d'une intuition historique, d'un instinct de survie européen ou d'un coup de bluff sans lendemain.À lire aussiDans un entretien télévisé, Emmanuel Macron affiche un soutien total à l'UkraineTollé chez les puissances alliéesBascule, revirement ? Oui, car si Emmanuel Macron évoque l'envoi de troupes en Ukraine aujourd'hui, il n'y avait bonne presse à l'été 2022 alors que les défenseurs ukrainiens lançaient leur contre-offensive fracassante à Kharkiv et que lui, de son côté, continuait de téléphoner au président russe Vladimir Poutine souhaitant « ne pas humilier » la Russie.Le chemin a été long, mais le chef de l'État français a sans doute fini par comprendre qu'il tournait en rond face aux attaques de plus en plus systémiques de Moscou et de progressivement tenter de réchauffer ses relations personnelles avec son homologue ukrainien. Volodymyr Zelensky analysant d'ailleurs avec une indulgence maîtrisée qu'Emmanuel Macron avait « compris que Poutine l'avait personnellement trompé. Qu'il avait fallu un certain temps, mais que le résultat était là. » L'essentiel donc, quitte – sur le coup – à provoquer un tollé chez les puissances alliées mais de commencer, seul ou presque pour l'instant, à mener l'Europe vers une économie de guerre.À lire aussiFrance: l'Assemblée nationale vote largement en faveur de l'accord de sécurité avec l'UkraineEmmanuel Macron dos au murIl faut dire que 2024 est une année d'élections importantes aux quatre coins de la planète et l'ombre des scrutins russe et américain plane sur le conflit. Si le président français a choisi de défendre cette nouvelle équation « renforcer l'Ukraine, c'est défendre l'Europe », c'est qu'il se sait dos au mur. Comme l'est l'Ukraine. En difficulté sur son front est après l'échec des offensives de 2023 et le défaut de livraisons de munitions et de missiles, bloquées depuis des semaines au Congrès à Washington. Et précisément, les projections et les perspectives électorales aux États-Unis donnent des sueurs froides à bon nombre d'experts militaires occidentaux.La rupture nette de la doctrine Pax Americana ou gendarme du monde, en cas de retour aux affaires de l'isolationniste populiste Donald Trump en novembre prochain, signifierait le retrait du « second front » en Ukraine incarné par le formidable soutien militaire américain sous l'impulsion du président Biden. Et cette perspective effrayante pour la sécurité mondiale a largement dépassé le stade de la politique fiction… D'autant que le maître du Kremlin, galvanisé par sa probable reconduite au pouvoir, pourrait continuer et aller même encore plus loin dans sa fuite en avant guerrière. L'Ukraine et l'Europe, donc, se retrouveraient bien seuls.Le pari de cette nouvelle donne stratégique française est-il gagnable ? Sur le terrain, l'enlisement du front en Ukraine ne signifie pas pour autant effondrement. Loin de là. « L'opération spéciale militaire » russe censée durer trois jours avec la prise de la capitale et la chute du gouvernement ukrainien entre dans sa troisième année et le président Zelensky est bien vivant et en place.Les forces russes ne contrôlent que 18% du territoire, exactement comme en 2022. Le défi de Paris est de tordre le cou à l'idée que le temps long serait nécessairement favorable à Moscou, alors que son économie de guerre a provoqué une surchauffe inflationniste et une profonde dépendance à des partenaires comme la Chine. Seule certitude, l'année 2024 va être déterminante. Pour le meilleur ou pour le pire.

    Gaza, la trêve impossible

    Play Episode Listen Later Mar 8, 2024 3:19


    C'est une course contre-la-montre qui est engagée pour tenter de décrocher une cessation des combats et des bombardements à Gaza quelques jours avant le début du ramadan, sur fond de pressions internationales montantes devant l'étendue du drame humanitaire dans l'enclave palestinienne. Pourquoi les partis ne parviennent-ils pas à se mettre d'accord comme la fois précédente fin novembre 2023 ? Il y a déjà une question technique d'importance : si les deux belligérants sont au centre d'une énorme mobilisation des intermédiaires internationaux au Caire, à Doha, Paris ou Washington, la réalité sur le terrain dans l'enclave palestinienne au cinquième mois du début de la riposte israélienne fait que les communications sont souvent difficiles, téléphone ou internet fréquemment coupés de longues heures durant.Aussi, de l'aveu même des négociateurs du Hamas, il faut parfois 24 à 48 heures au bureau politique au Qatar pour entrer en contact avec son aile militaire dirigée par Yayha Sinouar et Mohammed Deif, chef des brigades Ezzedine al-Qassam, ceux-là mêmes qui ont lancé l'opération « Déluge d'al-Aqsa » sur Israël le 7 octobre, toujours introuvables, et sans doute retranchés dans les tunnels de Khan Younès dans le sud de l'enclave. Ensuite, bien sûr, la pression constante de l'offensive israélienne terrestre, navale et surtout aérienne rend la situation extrêmement volatile.À lire aussiGuerre à Gaza: après 150 jours de guerre, la population suffoqueUn plan de trêve existe pourtantLe paradoxe tragique face à l'urgence est que les deux partis sont presque d'accord. C'est le « Plan de Paris » qui a été mis sur la table mi-février sous impulsion française avec le concours du cheikh Tamim ben Hamad al-Thani du Qatar, l'intermédiaire numéro un dans tous les conflits au Proche-Orient, qui a, un temps, laissé planer un vent d'optimisme parmi les protagonistes des services de renseignement comme William Burns de la CIA ou David Barnea du Mossad, jusqu'à pousser le président américain Joe Biden à annoncer un peu vite une trêve imminente.Ce plan prévoit trois périodes successives de cessez-le-feu de 45 jours. La première permettrait la libération d'un otage par jour, femmes et personnes âgées, en échange de plusieurs prisonniers palestiniens. La seconde impliquerait la libération des réservistes et la dernière, sans doute la plus compliquée, les soldats israéliens... Et qui sous-entend bien entendu une hausse des enchères dans le ratio otage contre prisonniers. Mais le véritable point de discorde reste l'exigence du Hamas : obtenir un cessez-le-feu définitif. Impensable pour le cabinet de guerre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, qui joue lui-même sa survie politique avec une guerre qu'il n'a donc pas l'intention de cesser.À écouter aussiGaza: les chiffres, les images et les motsGaza livré au chaos, à la mort et à la famineCinq mois ont passé. Le calvaire des otages continue, alors que Gaza se transforme en un champ de ruines. Les rares témoignages qui sortent de la bande de Gaza renvoient, jour après jour, une image d'horreur. L'un des territoires les plus densément peuplés de la planète, livré au chaos, à la mort et à la famine. Dans sa fuite en avant vengeresse, l'armée israélienne applique la stratégie de la terre brûlée, abolissant la distinction entre combattants et civils.Gaza n'a plus d'avenir. Et alors que les centaines de milliers de déplacés internes redoutent la grande offensive sur Rafah et le sud de l'enclave, le Hamas n'est même pas en mesure de confirmer combien d'otages du 7 octobre sont encore en vie parmi les 130 encore captifs.

    La Transnistrie, nouveau pôle de tension entre la Russie et l'Occident?

    Play Episode Listen Later Mar 1, 2024 3:14


    Cette semaine, Le monde en questions revient sur la situation dans le territoire sécessionniste de Moldavie, la Transnistrie. Une région qui s'est autoproclamée indépendante et qui est très proche de Moscou. Et la question posée est la suivante : ce territoire peut-il devenir un nouveau pôle de tensions entre la Russie de Vladimir Poutine et l'Occident ? La réponse est oui. Il faut d'abord rappeler ce que représente la Transnistrie. C'est un territoire de 200 kilomètres de long sur environ 20 kilomètres de large, une bande de terre qui appartient officiellement à la Moldavie. Sauf que, en 1990, juste avant l'effondrement de l'URSS, la Transnistrie, qui est majoritairement russophone, a rompu avec la Moldavie.Une menace pour l'Ukraine ? Il y a eu un conflit armé, qui s'est achevé en juillet 1992, avec cette situation de facto : la Transnistrie s'est autoproclamée indépendante et n'est pas reconnue par la Moldavie et la communauté internationale. À l'époque, l'armée russe est intervenue pour soutenir les combattants de Transnistrie. Et élément important, elle y a laissé des troupes. Moscou, aujourd'hui encore, dispose d'environ 1 500 à 2 000 militaires en Transnistrie.Le territoire de 4 000 km2 environ, qui compte environ 450 000 habitants, est donc resté dans l'orbite de Moscou. Et cette situation est devenue encore plus stratégique depuis février 2022. Alors quel pourrait être l'impact d'une plus grande implication de Moscou ? Il serait important. Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, il y a régulièrement des inquiétudes sur l'ouverture d'un nouveau front à partir de la Transnistrie en direction du grand port ukrainien d'Odessa, sur la mer Noire.À lire aussiÀ la Une: la Transnistrie demande sa «protection» à la RussieMoscou est également accusée de chercher à déstabiliser la Moldavie, dirigée par des autorités résolument pro-européennes. L'Union européenne lui a d'ailleurs accordé en juin 2022 le statut de candidat à l'entrée dans l'Union, en même temps qu'à l'Ukraine. De leur côté, les autorités prorusses de Transnistrie accusent Kiev de vouloir attaquer le territoire qu'elles administrent, ou comme cette semaine, de pressions économiques insupportables de la part du gouvernement moldave donc des règles douanières demandant aux entreprises du territoire de verser les droits d'importation au budget moldave.La Russie silencieuse Donc, les députés de Transnistrie appellent la Russie à l'aide. Ils demandent à la Russie de prendre des mesures pour les protéger de ce qu'ils appellent une pression croissante de la Moldavie. Pas de réponse officielle pour l'instant à Moscou. Vladimir Poutine n'en a pas parlé dans son discours fleuve cette semaine. Mais la menace pour la Moldavie et pour l'ouest de l'Ukraine, en particulier la région d'Odessa, reste bien réelle, comme une épée de Damoclès.C'est pourquoi les États-Unis et l'Union européenne expriment ouvertement leurs craintes et préviennent qu'ils ne laisseront pas Vladimir Poutine déstabiliser la Moldavie en instrumentalisant la Transnistrie. Il faudra voir dans les prochaines semaines si ce dernier en tient compte – ou pas. À écouter aussiLes ambitions européennes de la Moldavie à l'épreuve de la Transnistrie

    Deux ans après l'invasion russe, l'Occident doit tout faire pour sauver l'Ukraine

    Play Episode Listen Later Feb 23, 2024 3:09


    Deux ans après le déclenchement de l'invasion russe en Ukraine lancé par Vladimir Poutine, quels sont les principaux changements géopolitiques engendrés par cette guerre ? Il y a plusieurs changements, tant on peut désormais dire qu'il y a un avant et un après 24 février 2022. Le plus frappant, bien sûr, c'est la rupture totale entre la Russie de Vladimir Poutine et les pays occidentaux. Assez logique en somme, puisque au fond l'argument justifiant l'intervention russe en Ukraine est précisément le rapprochement trop fort entre ce pays et l'Occident au détriment des intérêts russes. Résultat : Kiev fait aujourd'hui partie du camp occidental aujourd'hui, même s'il n'en fait pas partie intégrante au sens propre du terme. En effet, l'adhésion de Kiev à l'Otan est toujours en suspens, et pour l'Union européenne, on en est aux prémices d'une candidature, même si le pas que voulait éviter la Russie a été franchie. En ce sens d'ailleurs, on peut parler d'échec stratégique pour Moscou. D'autant que le conflit a eu un effet contraire à celui attendu par le Kremlin – du moins dans un premier temps : un resserrement du camp occidental, une aide militaire et des financements importants pour l'Ukraine. Qui se révèlent aujourd'hui insuffisants malgré tout. Alors que deux ans après le début de la guerre, les opinions et la classe politique s'interrogent plus ou moins selon les pays sur la nécessité de poursuivre ce soutien à Kiev.Une fracture qui continue de se creuser entre Occident et RussieCe renforcement des liens occidentaux s'est accompagné, d'un autre changement notable qui était en germe, mais qui a été accéléré par le conflit, d'un relatif isolement de l'Occident sur la scène internationale. En clair, les pays du Sud et les grands émergents, Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud, ont oscillé selon les cas entre une prudente neutralité et un soutien plus ou moins explicite à la Russie. Attention toutefois : l'attitude de certains États et dirigeants relève aussi de la posture. Quand il s'agit concrètement de voter à l'ONU sur le conflit actuel, une large majorité de pays a choisi de condamner l'action de Moscou.  Alors que le conflit entre dans sa troisième année, ces changements géopolitiques majeurs creusent donc la fracture entre la Russie et l'Occident. Avec, au milieu, une Ukraine qui compte plus que jamais sur le soutien des Américains et des Européens pour résister à la pression russe et, plus tard peut-être, repousser cette agression insensée et sans réel fondement. Ce soutien est donc décisif.Les Américains hésitent en ce moment à débloquer une aide cruciale pour Kiev pour des raisons de basse politique. Ceux qui bloquent, les républicains trumpistes qui ont tort. Quant aux Européens, ils doivent poursuivre et accentuer leur effort de soutien. Faute de quoi, les prochains mois s'annoncent très difficiles pour l'Ukraine. C'est l'aide occidentale qui a permis à Kiev de tenir deux ans et à l'armée russe d'échouer sur son objectif initial, qui était d'envahir l'Ukraine entière.Le moment est décisif. Européens et Américains ont une responsabilité historique face à l'hubris de Vladimir Poutine, dans ce combat qui est aussi un combat de valeurs démocratiques et autoritaires. Un choc de volonté. Il faut tenir bon. Pour l'Ukraine. Pour l'Europe. Pour la démocratie. Pour notre liberté.À lire aussiAprès la mort de Navalny, les États-Unis dévoilent un arsenal de nouvelles sanctions contre la Russie

    Mariage pour tous en Grèce, une décision historique?

    Play Episode Listen Later Feb 16, 2024 3:25


    Cette semaine, zoom sur le vote qui s'est déroulé ce jeudi 15 février à Athènes. L'Assemblée nationale a adopté à une large majorité, mais après des débats houleux, le droit au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels. Et la question de cette chronique est la suivante : avec ce vote, la Grèce est-elle en train d'opérer une petite révolution sociétale ? La Grèce est un pays méditerranéen, membre de l'Union européenne, mère historique de la démocratie. Mais la Grèce contemporaine est aussi un pays où le modèle de société, notamment en ce qui concerne la famille, reste assez traditionnel, avec une Église orthodoxe encore très puissante, et il n'y a pas d'ailleurs de véritable séparation entre l'église et le pouvoir politique.Certes, il y avait eu en 2015 une première avancée avec la possibilité d'une union civile entre personnes de même sexe. Mais le mariage, et à fortiori le droit à l'adoption et la reconnaissance de droits homoparentaux, c'était une autre histoire.Un projet de loi porté par un Premier ministre de droite Et le paradoxe, c'est que c'est un Premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, qui a porté ce texte. Il l'a fait en partie pour ancrer un peu plus la Grèce dans le camp des pays les plus progressistes en termes de valeurs européennes au sein de l'Union. À un moment où le Parlement européen vient de s'alarmer « des menaces très graves qui pèsent sur la démocratie, l'État de droit et les droits fondamentaux en Grèce », en particulier la liberté de la presse.C'est donc un Premier ministre de droite qui fait adopter un texte progressiste avec les voix de la gauche, un peu comme cela s'était produit en France avec la loi Veil sur l'avortement. C'est notamment le parti Syriza qui a permis l'adoption du texte, une formation dont l'actuel dirigeant est le premier politique grec ouvertement homosexuel.À lire aussiLe Vatican se justifie pour les bénédictions de couples homosexuelsLes débats ont été longs, houleux et passionnés entre les opposants et les partisans de cette « loi pour l'égalité civile », y compris au sein même du parti de Monsieur Mitsotakis, Nouvelle démocratie. Une partie des députés a même refusé de voter.Premier pays chrétien orthodoxe Au final, le texte a été largement adopté par le Parlement monocaméral, la « Vouli ». L'opposition acharnée de l'Église orthodoxe, dont se réclament plus de 90 % des Grecs, n'aura rien pu empêcher. Et au-delà de ce texte, c'est aussi une forme d'émancipation laïque du pays qui se manifeste.En tout cas, une décision courageuse pour le Premier ministre grec, qui songe aussi à en tirer profit sur le plan européen, pour l'image de son pays à l'étranger, et pour la sienne sans doute, au cas où il penserait à des fonctions européennes à l'avenir.Pour toutes les personnes concernées, c'est bien sûr un moment historique. Désormais, elles ont non seulement les mêmes obligations, mais aussi les mêmes droits que les autres citoyens. Et la Grèce devient le 17ᵉ pays de l'Union européenne à autoriser le mariage pour les couples de même sexe, le 37ᵉ dans le monde, et, plus symboliquement, le 1ᵉʳ pays chrétien orthodoxe.À lire aussiGrèce: adoption au Parlement du droit au mariage pour les homosexuels

    Présidentielle américaine: Joe Biden devient-il un handicap pour les démocrates américains?

    Play Episode Listen Later Feb 9, 2024 3:19


    Le président américain, âgé de 81 ans, est actuellement en campagne pour sa réélection. Il a multiplié ces derniers jours les faux-pas en confondant plusieurs dirigeants étrangers, vivants ou même morts. Chez les démocrates, doit-on s'inquiéter de l'âge du capitaine Biden ?  La réponse est oui. Cette inquiétude d'ailleurs est déjà perceptible chez les sympathisants démocrates. Il y a l'âge et surtout les manifestations de l'âge. Le problème, qui s'accentue dangereusement depuis quelques mois, c'est que Joe Biden semble avoir une mémoire qui flanche de plus en plus. Une élocution parfois difficile, et surtout ce phénomène remarqué ces derniers jours : le président américain se souvient de certains événements, mais confond les intervenants de manière troublante, comme s'il était resté figé entre les années 1980 et 2000. C'est ainsi que, évoquant le sommet du G7 dans les Cornouailles en juin 2021, il se souvient d'une conversation avec… François Mitterrand, décédé en 1996... au lieu, bien sûr, d'Emmanuel Macron.Il remet ça quelques jours plus tard, toujours à propos de ce sommet qui l'a marqué, dit-il, car les dirigeants européens exprimaient leurs inquiétudes sur l'état de la démocratie américaine après le mandat de Donald Trump. Il parle cette fois d'une conversation qu'il a eue avec le chancelier allemand Helmut Kohl, mort en 2017, en lieu en place d'Angela Merkel, bien présente, elle, au sommet du G7.À lire aussiÀ la Une: la mémoire défaillante de Joe BidenJoe Biden, un « homme âgé, sympathique, mais qui a une mauvaise mémoire »Et les choses ne se sont pas arrangé en cette fin de semaine… Mis hors de cause dans une affaire de documents confidentiels conservés par lui, Joe Biden se trouve confronté à la publication du rapport du procureur, qui certes le met hors de cause, mais rend aussi publics ses commentaires sur cet « homme âgé, sympathique, mais qui a une mauvaise mémoire », et souligne que, notamment, il n'a pas pu se souvenir de la mort de son fils aîné Beau.Fureur de Joe Biden, qui convoque la presse pour dire que oui, il est âgé, mais que non, il n'a pas problèmes de mémoire. Avant de répondre à une question sur la situation à Gaza, et là, patatras : il parle du président du Mexique, Al Sissi, qui en fait dirige l'Égypte. L'effet est désastreux et fait les délices du camp trumpiste.À lire aussiDocuments confidentiels: aucune charge contre Joe Biden en raison de sa «mauvaise mémoire»Trop tard pour remplacer Joe BidenDans le camp démocrate, la situation devient sérieuse. Trois Américains sur quatre estiment que Joe Biden n'est pas en mesure d'effectuer un second mandat à la tête du pays, quand ils ne sont que 60 % à penser que les ennuis judiciaires de Donald Trump sont un problème pour sa candidature.L'état-major démocrate se trouve face à la quadrature du cercle : il est trop tard pour remplacer Joe Biden, et par qui d'ailleurs ? En même temps, il faut tenir la longueur avec un candidat dont le bilan est plutôt bon, mais dont la fatigue, les gaffes et les trous de mémoire deviennent un sujet de campagne.Trouver la meilleure parade possible, c'est donc désormais la priorité. Car, si rien n'est fait, Joe Biden pourrait devenir le meilleur et le pire des candidats face à Donald Trump.

    Israël/Territoires palestiniens: quels projets, quels hommes pour l'après-conflit à Gaza?

    Play Episode Listen Later Feb 2, 2024 3:37


    Que pourrait-il se passer et qui est déjà en train de s'esquisser dans la perspective du « Jour d'après », dans la bande de Gaza où les combats continuent entre l'armée israélienne et le Hamas ? Et au-delà d'une éventuelle trêve, actuellement en négociation, y a-t-il des pistes sur l'après-conflit, notamment en termes de projets et de personnalités des deux côtés ?   Il y a sur la table plusieurs options pour l'avenir de la bande de Gaza, en termes de gouvernance notamment. Car, une fois le conflit terminé et le Hamas « éradiqué », selon la terminologie israélienne, que va-t-il advenir du statut de l'enclave et des plus de 2 millions de personnes qui y vivent ? Une réoccupation par Israël semble exclue, même si l'armée israélienne aurait la possibilité à tout moment de réinvestir le territoire en cas de nécessité sécuritaire.L'enclave pourrait être placée sous contrôle international de l'ONU pendant une certaine période, ou sous la responsabilité de pays arabes de la région. Ces deux options sont étudiées, ainsi qu'une gestion de l'enclave par une Autorité palestinienne rénovée, selon le qualificatif de l'administration Biden.De part et d'autre, on reparle de personnalités qui pourraient permettre de relancer le dialogue entre Israéliens et Palestiniens. Côté israélien, c'est Benny Gantz qui a de plus en plus la cote dans les sondages d'opinion. L'ancien chef d'état-major et ministre de la Défense a finalement accepté de rejoindre le cabinet de guerre de Benyamin Netanyahu. Et il fait de l'ombre à ce dernier, de plus en plus critiqué dans la société israélienne pour sa gestion de la crise. L'après-Netanyahu, ce pourrait donc être lui lors des prochaines élections.À lire aussiGouvernement Netanyahu: comment l'extrême droite israélienne arrive à imposer son agendaCôté palestinien, on reparle beaucoup de Mohammed Dahlan, l'ancien homme fort du Fatah à Gaza,qui a lutté férocement contre le Hamas dans les années 2000. Très critique de Mahmoud Abbas qui le lui rend bien, il est aujourd'hui réfugié aux Émirats arabes unis. C'est un homme d'affaires richissime, proche du dirigeant émiratien « MBZ » Mohammed Ben Zayed, qui le décrit comme un frère. Après un long silence ces dernières semaines, Mohammed Dahlan a accordé une interview au site web français Politique internationale. Il y préconise un gouvernement de technocrates à la fin du conflit pour une période de deux ans. Puis des élections dans tous les territoires palestiniens pour choisir un successeur au vieux et très impopulaire Mahmoud Abbas.Est-ce que ce serait lui ? Non, dit-il, tout en précisant qu'il est prêt à œuvrer pour sa patrie. Mohammed Dahlan, pourrait donc être l'artisan de la rénovation de l'Autorité palestinienne voulue par Washington. Mais rien n'est fait pour l'instant. Et puis il y a aussi une autre figure palestinienne très populaire, actuellement emprisonnée par Israël, Marwan Barghouti.En tout cas, de part et d'autre, on sent que les lignes commencent à bouger un peu. Et c'est un début de bonne nouvelle. 

    Birmanie: premiers revers pour la junte militaire

    Play Episode Listen Later Jan 26, 2024 3:00


    Près de trois ans jour pour jour après le coup d'État en Birmanie qui a renversé un gouvernement élu et mis brutalement fin à une parenthèse démocratique de dix ans, le pouvoir birman montre les premiers signes de faiblesse sur fond de vastes offensives rebelles. Peut-on déjà parler d'un tournant ? Si l'on en croit la rumeur, seul indicateur de l'opinion dans un pays sans presse libre et fermé au monde extérieur depuis trois ans, les jours au pouvoir du général putschiste Min Aung Hlaing seraient comptés. Une manifestation de centaines de soldats mécontents dans les rues de plusieurs villes du nord birman la semaine dernière a même laissé se murmurer qu'un contre-coup d'État était en cours.Chose impensable il y a encore quelques mois dans une Birmanie tenue d'une main de fer et repris par ses vieux démons dictatoriaux, le pouvoir militaire est entré dans une profonde zone de turbulences opérationnelles et structurelles depuis le déclenchement d'une série d'audacieuses offensives rebelles aux quatre coins de cet immense pays d'Asie du Sud-Est. L'opération « 1027 » de la résistance armée, lancée en novembre dernier, a déjà provoqué la chute de 35 villes, dont certaines proches de Naypidaw, la capitale, sans compter les centaines de bases abandonnées par une troupe en retraite et, du jamais vu dans l'histoire de la Tatmadaw, l'armée birmane, la reddition de milliers de soldats et de dizaines d'officiers supérieurs dont certains n'ont eu d'autres choix que de fuir en franchissant illégalement et piteusement les frontières indienne et chinoise.Si le vent semble progressivement tourner en faveur de la résistance armée, c'est d'abord grâce à une audace politique : celle du gouvernement de l'ombre constitué après le putsch et composé de parlementaires ou d'activistes entrés en clandestinité. Ainsi, pour la première fois depuis l'indépendance en 1948, les Birmans, issus d'une gigantesque mosaïque ethnique et sociale, ont décidé de parier sur l'unité et d'en faire une force contre la dictature.Depuis novembre 2023, c'est en effet une alliance inédite de rebelles ethniques et de militants de la Force de défense populaire, étudiants, ouvriers, femmes et hommes, qui a conjointement mis en branle des attaques tous azimuts. Du lointain État d'Arakan dans l'Ouest frontalier du Bangladesh, à l'Extrême Nord des États Shan et Kachin qui bordent le Yunan chinois, en passant par les bastions karens et karennis le long des quelque 2 000 kilomètres qui séparent l'est birman de la Thaïlande, les insurgés ont frappé fort, déstabilisant les forces gouvernementales, provoquant désertion en masse comme le ralliement de plusieurs milices pro-junte. Jusqu'à politiquement fragiliser le chef suprême du pouvoir militaire…Si la junte birmane a traditionnellement pu compter sur des appuis de taille, à Pékin et Moscou notamment, tant au Conseil de sécurité des Nations unies pour bloquer des votes de sanctions que pour, aussi, renforcer son arsenal – les avions de combats chinois et les hélicoptères russes sont l'un des derniers grands atouts des militaires birmans sur le terrain face aux rebelles – une page, là aussi, est en train de se tourner sur la frontière nord. Les récents bombardements qui ont débordé du côté chinois et ont touché des villes frontalières ont provoqué la colère de Pékin qui a toujours cultivé une ambiguïté diplomatique en soutenant le pouvoir birman, mais en commerçant aussi avec des rebelles exportateurs de précieuses ressources naturelles. 

    Présidentielle américaine 2024: quelles conséquences internationales en cas de réélection de Trump?

    Play Episode Listen Later Jan 12, 2024 3:21


    L'ancien président Donald Trump part largement favori, pour l'instant, dans le cadre des primaires républicaines lancée depuis le 8 janvier. Quelles seraient les conséquences internationales d'une élection de Donald Trump à la Maison Blanche en novembre prochain ?  On peut parler de conséquences importantes. Car par rapport à son premier mandat qui déjà avait fait turbuler le système international, les choses pourraient être encore plus déstabilisantes en cas de deuxième mandat de Donald Trump. Entre 2016 et 2020, ce dernier avait déjà posé des mesures disruptives comme ses foucades contre l'Otan, sa proximité avec la Russie de Vladimir Poutine, ses mesures protectionnistes contre la Chine et l'Union européenne ou encore sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale de l'État hébreu. Alors à quoi s'attendre si Donald Trump l'emporte à la prochaine présidentielle ? Les mêmes thèmes seront mis en avant, mais en pire si l'on peut dire. Autour des slogans « MAGA » (« Make America Great Again ») et America first, l'Amérique d'abord, Trump va de nouveau dire tout le mal qu'il pense des organisations de coopération multilatérales telles que le G7, le G20 ou l'Otan. Au-delà de déclarations intempestives ou d'actions inattendues, on peut s'attendre à des sommets pénibles ou vains.À lire aussiÀ la Une: le match Biden-Trump a déjà commencéQuid de l'OtanOn s'interroge surtout sur le sort de l'Otan, voué aux gémonies entre 2017 et 2021, Trump estimant que ce n'était pas le rôle des États-Unis de payer autant pour assurer la sécurité de ses alliés européens. Que pourrait-il faire cette fois-ci ? Par précaution, deux sénateurs américains ont d'ailleurs fait adopter un amendement législatif empêchant un président de procéder au retrait unilatéral des États-Unis de l'organisation. Il vaut mieux prévenir que guérir.La question est encore plus préoccupante en pleine guerre d'Ukraine. Trump, même s'il doit rester dans l'Otan, pourrait décider de stopper l'aide militaire et financière à Kiev, une catastrophe pour l'Ukraine et les Européens, et une aubaine pour Vladimir Poutine.À lire aussiPrésidentielle 2024 aux États-Unis: Trump se dit sûr de gagner... pour la «troisième fois»Les inquiétudes économiques et politiques des EuropéensLes Européens ont d'autres motifs d'inquiétude avec un Trump de nouveau à la Maison Blanche. Des inquiétudes économiques tout d'abord. Avec une crispation quasi certaine des relations commerciales. Et inquiétude politique, avec un encouragement pour les partis ou mouvements populistes en Europe et leurs critiques acérées du fonctionnement actuel des démocraties. Critiques qui se verraient encouragées par une administration Trump. Enfin, un retour de Donald Trump aurait aussi un impact en Asie et au Proche-Orient. En effet, les Chinois redoutent à la fois un durcissement des relations économiques bilatérales et une attitude de totale protection de Taïwan. Enfin, au Proche-Orient, Benyamin Netanyahu doit rêver secrètement de la victoire de Trump, allié indéfectible d'Israël et pas du tout enclin à encourager la solution à deux États.Pour toutes ces raisons, une éventuelle victoire de Trump aux États-Unis représenterait l'un des plus grands défis géopolitiques pour le monde en 2024.

    Washington et Tel Aviv, ça se complique?

    Play Episode Listen Later Jan 5, 2024 3:08


    Retour sur la tournée qu'effectue actuellement le secrétaire d'État américain Antony Blinken au Proche-Orient, la quatrième depuis les attaques meurtrières du Hamas en Israël le 7 octobre dernier. Peut-on dire que cette tournée est à la fois nécessaire et risquée ? Cette visite est nécessaire, car les États-Unis veulent continuer à jouer un rôle de premier plan dans la région. Ils sont soucieux de maintenir leur soutien à Israël, mais aussi d'entendre les frustrations – et le mot est faible – des dirigeants arabes et turcs sur ce qu'il se passe depuis trois mois dans la bande de Gaza.Le secrétaire d'État tentera de faire passer le message suivant : les États-Unis sont certes un soutien indéfectible de l'État d'Israël, surtout lorsque sa sécurité existentielle est mise en danger, et c'est pourquoi ils soutiennent le refus de Tel Aviv d'instaurer un cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne, mais ils entendent aussi œuvrer, à la faveur de cette crise extrême, au retour sur le devant de la scène internationale de la solution à deux états.À écouter aussiIsraël-Hamas, quelle influence pour les États-Unis ?Et c'est là que les choses se compliquent, car pour le gouvernement israélien actuel, cette perspective n'est pas du tout à l'ordre du jour.Pour Netanyahu, seule domine la volonté d'éradiquer le Hamas. Mais c'est beaucoup plus dur que prévu. Et le Premier ministre a donc prévenu : ce conflit va durer. Non seulement parce qu'il lui permet de rester au pouvoir, mais aussi peut-être parce que, s'il n'est pas terminé au moment de l'élection présidentielle aux États-Unis, et si Donald Trump l'emporte, ce sera une très bonne affaire pour Benyamin Netanyahu, beaucoup plus en phase avec Trump. Cela fait beaucoup de « si » néanmoins.Dans l'immédiat, la destruction du Hamas est là encore un objectif partagé par Washington, mais les deux alliés divergent de plus en plus sur la façon d'y parvenir. Les Américains, qui restent l'indispensable soutien financier et militaire à la poursuite de l'offensive de Tsahal, demandent des efforts, notamment un arrêt des bombardements massifs sur les populations civiles au profit d'opérations plus ciblées, et un acheminement massif et immédiat de l'aide humanitaire dans le sud de la bande de Gaza.Le problème, c'est que ces demandes à Israël restent sans réelle réponse pour l'instant.Autant dire que pour l'administration Biden, la gestion de cette crise par le gouvernement de Tel Aviv est source de bien des complications. En interne, où les jeunes générations démocrates dénoncent ce soutien jugé excessif à Israël. Et pourraient donc rester à la maison le jour de la présidentielle, en novembre prochain. Et en externe, où les gouvernements des pays arabes accusent Washington de parti pris délibéré en faveur de Tel Aviv et croient très mollement à une action de médiation américaine. C'est bien pour cela que cette tournée de Monsieur Blinken, si elle est nécessaire, est également à haut risque.

    Donald Trump pourrait-il être empêché de se présenter à la présidentielle américaine?

    Play Episode Listen Later Dec 29, 2023 3:45


    Cette semaine, le monde en questions revient sur les déboires judiciaires divers et variés de Donald Trump, qui concernent aussi bien des accusations de manipulation électorale que fiscales. Donald Trump court-il le risque de ne pas pouvoir se présenter à l'élection présidentielle de novembre prochain aux États-Unis ? Le risque est réel, mais rien n'est joué, car Donald Trump et ses avocats ont bien l'intention de se battre sur tous les fronts. Désormais, on compte cinq dossiers judiciaires contre l'ancien président. Il y a d'abord une enquête pénale au niveau fédéral pour son rôle dans l'assaut du Capitole en janvier 2021. Ensuite, une enquête au niveau de l'État de Géorgie, en fait une tentative pour inverser de manière frauduleuse le résultat de l'élection dans cet État. À cela s'ajoute l'enquête sur le recel d'archives classifiées du gouvernement emmenées par Trump dans sa villa de Mar-A-Lago en Floride.Viennent ensuite deux accusations fiscales, la première sur des paiements secrets pendant la campagne de 2016, notamment pour faire taire l'actrice Stormy Daniels en échange de la somme juteuse de 130 000 dollars. La seconde accuse Trump et des membres de sa famille d'avoir gonflé frauduleusement les actifs de la Trump Organization pour obtenir des prêts avantageux. Sur ce dossier, la fraude a été établie, le procès est terminé et un juge doit se prononcer sur la peine encourue par l'ex-président dans un mois environ.Nouvel épisode dans le dossier de l'assaut du Capitole Après l'État du Colorado, le Maine vient de décider en la personne de Shenna Bellows, sa secrétaire démocrate, que Donald Trump n'est plus apte à la fonction de président. Dans ces deux États, l'argument invoqué pour le disqualifier des élections primaires est que son attitude lors de l'assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, s'apparente à des actes d'insurrection, ce qui est interdit selon le 14e amendement de la Constitution à toute personne briguant un mandat public. Dans l'immédiat, cela signifie que Trump ne pourrait pas se présenter aux primaires dans ces deux États, sauf en cas d'injonction contraire de la Cour suprême fédérale vers laquelle se sont tournés ses avocats.L'issue de ces déboires judiciaires va donc se jouer en grande partie sur le timing et les décisions de la Cour Suprême. Donald Trump compte sur le talent de ses avocats pour retarder la tenue de ses procès, actuellement prévus entre mars et mai 2024, en pleine campagne des primaires. Il y a donc un grand risque de parasitage entre les calendriers politiques et juridiques.L'idée est, bien évidemment, de décaler ces rendez-vous judiciaires après le scrutin de novembre. Côté stratégique, les décisions de la Cour suprême vont en effet décréter si Donald Trump peut ou non se présenter à l'élection présidentielle. Il convient de rappeler que la plus haute instance juridique des États-Unis est dominée par les juges conservateurs, notamment en raison des trois nominations de Donald Trump durant son mandat.Qui l'emportera de la proximité partisane ou de l'examen plus impartial du droit ? C'est une des questions importantes pour ce scrutin qui en 2024 aura un impact essentiel, pour les États-Unis, mais aussi pour le reste du monde. À lire aussiÉtats-Unis : Donald Trump bientôt inéligibles dans d'autres États ?

    Gaza, quelles sorties de crise possibles?

    Play Episode Listen Later Dec 15, 2023 3:16


    Cette semaine le monde en questions revient sur le terrible conflit qui se poursuit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Et la question posée est la suivante : quelles sont les options possibles pour une sortie de crise ? Eh bien, elles sont toutes compliquées et, pour certaines d'entre elles, difficilement envisageables dans l'immédiat, alors que les combats font rage et que la situation humanitaire de la population gazaouie atteint un point de quasi-non-retour.La première option justement, à très court terme, serait de parvenir à un cessez-le-feu humanitaire pour permettre aux habitants de Gaza de souffler, de se nourrir et de connaître un minimum d'apaisement. Option irréaliste pour l'instant en dépit du vote massif en ce sens, mais non contraignant, de l'assemblée générale de l'ONU. C'est que, pour l'instant, les États-Unis maintiennent leur soutien à Israël. Mais, et c'est la 2ᵉ option, ils mettent la pression sur Benyamin Netanyahu pour cesser les bombardements sur l'enclave et passer à des opérations ciblées contre les infrastructures et les responsables du Hamas. Option rejetée pour l'instant par le Premier ministre israélien, ce qui crée d'ailleurs des tensions avec Joe Biden.Troisième évolution, plus probable malheureusement, de cette guerre : c'est qu'elle dure, tant l'objectif d'éradication du Hamas apparaît difficile. Un enlisement qui ne ferait qu'accroître les souffrances des Gazaouis et pèserait de plus en plus sur l'économie israélienne, dont les forces vives sont massivement mobilisées sur le front.On peut aussi redouter, et c'est la 4ᵉ évolution possible du conflit, un embrasement régional, même si l'Iran semble ne pas vouloir pousser ses alliés, Hezbollah et Houthis, à aller au-delà d'une politique de harcèlement d'Israël. Embrasement qui pourrait aussi concerner la Cisjordanie.On réfléchit aussi aux scénarios envisageables, en partant de l'hypothèse, hors de portée pour l'instant, d'une cessation des combats. Avec cette question : que devient ensuite l'enclave palestinienne, détruite aux deux tiers ? Il y a d'abord le scénario d'une réoccupation par Israël, 18 ans après l'évacuation des colons. Benyamin Netanyahu reste très vague sur ce point - insistant surtout sur le contrôle sécuritaire autour de l'enclave. Car une réoccupation poserait de nombreux défis sécuritaires et, surtout, elle n'offre aucune perspective politique, ni pour les Palestiniens, ni pour les Israéliens.Autre scénario : le déploiement d'une force internationale et/ou régionale dans l'enclave, pour assurer une transition vers un règlement du conflit et permettre aussi de débuter la reconstruction de Gaza. Mais les pays arabes potentiellement concernés, ainsi que l'ONU, sont réticents à une telle solution - tant le transitoire peut durer.Enfin, on arrive sur le scénario longtemps oublié, à savoir le retour de la solution à deux États. Mais il suppose plusieurs conditions, le retour de l'Autorité palestinienne à Gaza, l'organisation d'élections dans tous les territoires palestiniens et sans doute aussi en Israël. Le meilleur et pour l'instant, le plus inatteignable.

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