Explorez toutes les facettes de la planète avec l'oeil et la sensibilité d'un voyageur curieux. Cette émission de reportages, produite par Ludovic Dunod et Céline Develay-Mazurelle, invite à parcourir le monde, au fil des rencontres, et la France par les chemins de traverse. 46 minutes pour voir le…
Rfi - Céline Develay Mazurelle
À l'occasion de la réouverture du Musée départemental Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, en région parisienne, on part sur la planète, haute en couleurs et en images, de ce banquier philanthrope iconoclaste et visionnaire du XIXè siècle. (Rediffusion du 10 avril 2022) Le voyage c'est « garder les yeux grands ouverts », disait celui qui, en 1898, une fois sa banque fondée, va créer sa première entreprise philanthropique : les bourses « Autour du monde ». Ces bourses de voyage de 15 mois, financés par Kahn, étaient alors destinées à des agrégés français, hommes d'abord, femmes et étrangers ensuite, dans l'idée de modifier le regard des élites, de les décentrer et les ouvrir au monde par l'expérience et l'immersion. Né en 1860 dans une famille juive alsacienne, Albert Kahn va orchestrer ensuite, au début du XXè siècle, une entreprise de collecte et d'inventaire de la beauté et de la réalité du monde, unique son genre : les Archives de la Planète. 72 000 autochromes,180 000 mètres de pellicules cinéma et 4 000 plaques stéréoscopiques noir et blanc vont être ramenés par une douzaine d'opérateurs, véritables aventuriers de l'image envoyés dans plus d'une cinquantaine de pays. Un siècle plus tard, ces images sont saisissantes par leur couleur et l'intimité qu'elles dégagent encore, l'autochrome étant le premier procédé photographique en couleur naturelle inventé en 1903 par les Frères Lumière. Les films, en noir et blanc, obtenus eux à l'aide du Cinématographe créé aussi par les Frères Lumière en 1895, offrent de fascinantes fenêtres sur l'état du monde au début du XXè siècle, entre progrès techniques, Première guerre mondiale et temps coloniaux. Aujourd'hui, dans le Musée départemental Albert Kahn qui a rouvert ses portes en avril 2022, ces images se dévoilent dans une nouvelle muséographie et des espaces entièrement repensés par l'architecte japonais Kengo Kuma, situés sur l'ancien domaine de 4 hectares du banquier. À l'époque de Kahn, les lieux, aux allures de campus, servaient de base arrière à son projet philanthropique tourné vers un idéal de paix et de progrès, de fondations en bourses de voyage, d'imprimerie en laboratoire de biologie ou de développement de films. Aujourd'hui, ces lieux servent d'écrin à de nouveaux espaces permanents et temporaires d'exposition, qui offrent une plongée inédite dans l'œuvre et la trajectoire hors-norme de cet homme. Un homme insaisissable en quête de lumières et d'harmonie qui finira ruiné par la crise de 1930, et qui aura finalement passé toute sa fortune et son temps à défendre une meilleure connaissance du monde et des peuples, afin de garantir la paix et l'entente, sa grande œuvre, son idéal envers et contre tout. Un reportage de Céline Develay-Mazurelle. En savoir plus : - Sur le Musée Départemental Albert Kahn situé dans les Hauts-de-Seine - Sur Les Archives de la Planète, disponibles ici en open data Diaporama
Voyage en terre de contes, au Danemark, sur les traces du plus célèbre des Danois: Hans Christian Andersen. Un écrivain mondialement célèbre pour ses contes mais dont le destin, hors norme, demeure peu connu. Rarement, un auteur aura autant puisé dans sa singulière existence matière à imaginer et écrire des histoires fantastiques, à la beauté tragique et étrange, mettant en scène de fragiles princesses au petit pois, un roi tout nu, une sirène opiniâtre ou des fleurs qui vont au bal pendant que les enfants sont au lit. Né en 1805 à Odense sur l'île de Fionie, dans une famille aimante mais très pauvre, l'auteur de la Reine des Neiges, la Petite Fille aux Allumettes ou le Vilain Petit Canard a très tôt trouvé refuge dans l'imaginaire et la fantaisie, nourrissant le rêve de jouer, plus grand, sur une scène de théâtre. Parti seul à Copenhague dès l'âge de 14 ans, Andersen a dû lutter contre le froid, la faim et bon nombre de préjugés pour devenir l'immense écrivain reconnu dans le monde entier, qu'il a été de son vivant et qu'il est encore aujourd'hui. Près de 150 ans après sa mort, dans les rues de Copenhague, la figure d'Andersen est partout présente: dans le nom des rues, les vitrines de souvenirs mais aussi dans le statuaire de la ville, où il apparaît souvent tel un magicien du XIXe siècle, avec sa longue cape de voyage et son chapeau haut de forme. À Odense, sa ville natale, un tout nouveau musée Andersen immersif et ambitieux, a ouvert ses portes en juin 2021. Imaginé par le studio d'architecture du japonais Kengo Kuma, les lieux invitent le visiteur à plonger dans un univers enchanté et inquiétant, truffé de fleurs métalliques, de silhouettes découpées au ciseau qui s'animent et d'objets qui parlent. Ici, on est très loin de l'univers Disney qui a adapté certains des récits les plus célèbres d'Andersen. La visite est poétique, teintée de la douce ironie dont Andersen avait le génie dans ses écrits, et ramène à des territoires de l'enfance insoupçonnés sinon oubliés. Maître incontestable du papier découpé, Andersen a laissé derrière lui plus de cent soixante contes ainsi que six romans, une trentaine de pièces de théâtre, une impressionnante correspondance, trois recueils de poésie, quatre mille cinq cents pages de journaux intimes et sept récits de voyages. « Voyager, c'est vivre » disait-il. Et Andersen passera en effet sa vie, en nomade solitaire et farfelu, sans enfants ni famille, sur les routes du vaste monde, à la table des rois, des reines et des plus grands artistes de son temps. Auteur de trois autobiographies, il a tenu à faire de sa vie un conte. Et c'est ce conte là que l'on vous raconte ici, entre Odense et Copenhague, entre hier et aujourd'hui, entre fiction et réalité, entre magie du conte et mélancolie de la vie. Un voyage sonore de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary, réalisé en collaboration avec le Labo RFI et Xavier Gibert. Émission initialement diffusée le 25 décembre 2021. Pour préparer votre voyage sur les pas d'Andersen : Le site de Visitdenmark regorge d'informations en français sur Andersen et les différents sites reliés au grand homme. À travers tout le Danemark, et particulièrement dans la jolie ville de Odense mais aussi l'élégante capitale Copenhague Le musée ou HC Andersens Hus situé dans la ville d'Odense est un lieu incontournable qui mérite le voyage (1h30 en train seulement depuis Copenhague). Ouvert en juin 2021, sa scénographie est hypermoderne et son architecture impressionnante. Ce musée est adossé à la maison de naissance d'Andersen. Non loin, on peut également visiter la petite maison où Andersen a grandi. Pour voyager en contes et en lettres : Oeuvres. Tome I & II. Hans Christian Andersen. Collection La Pléiade. Éditions Gallimard. 1992,1995. L'ensemble de ses contes ici réunis et quelques récits de voyage ainsi qu'une autobiographie dans une belle traduction de Régis Boyer. Contes d'Andersen illustrés par Edmund Dulac. Éditions BNF. 2016. Il ne faut pas passer à côté des sublimes aquarelles de Dulac qui a su saisir avec son pinceau l'étrange beauté des contes d'Andersen. Le conte de ma vie. Hans Christian Andersen. Éditions Les Belles Lettres. 2019. Parce que le plus extraordinaire récit d'Andersen est sans doute celui qu'il a fait de sa vie Les papiers découpés d'Andersen. Éditions Ion. 2018. Pour découvrir les étranges silhouettes et compositions découpées dont Andersen avait le génie. Andersen, les ombres d'un conteur. Nathalie Ferlut. Éditions Casterman. 2016. Une BD qui raconte avec brio qui se cache derrière les contes mondialement connus du grand écrivain danois.
Situé tout au nord des États-Unis, non loin du Canada, le Montana est un État rural, immense et sauvage. Là, entre les Rocheuses et les Grandes Plaines, les grands espaces de l'Ouest américain et la promesse de solitude qu'ils renferment, aimante depuis longtemps les rêves des pionniers en quête de liberté. C'est aussi là que se concentre la mémoire des luttes amérindiennes d'hier et d'aujourd'hui. L'avenir des États-Unis se jouerait-il dans ses marges ? C'est par un récit de voyage aux allures de roadtrip dans le Montana, que l'autrice française Sylvie Brieu tente de répondre à cette question, complexe et passionnante. Car depuis 6 ans, le Montana est son refuge, là où elle vit la moitié du temps, là où elle dit aussi avoir retrouvé le goût de l'Amérique, «celle des origines» écrit-elle. Dans le Montana comme ailleurs dans l'Ouest américain, l'histoire verse souvent dans la mythologie poussiéreuse des pionniers et des cow-boys. Alors, pour s'ouvrir à d'autres récits, plus justes et plus sensibles, Sylvie Brieu a décidé d'arpenter la terre du Montana, à la rencontre de rangers militants, d'écrivains écolos amoureux des grizzlis ou d'amérindiens combatifs et créatifs. À l'occasion du Festival du Grand Bivouac d'Albertville qui s'est tenu en octobre 2022, la journaliste diplômée de Berkeley, membre de la National Geographic Society, très attachée à la cause des peuples autochtones était venue défendre son dernier livre «L'âme de l'Amérique». Surtout, elle avait à cœur de défendre la force et la beauté des cultures amérindiennes du Montana, qu'elles soient Blackfeet, Crows, Nez percés ou Cheyenne, avec à ses côtés Alaïna Buffalo Spirit, une artiste Cheyenne du Nord venue en France pour l'occasion. Rencontre avec deux femmes lumineuses pour un dialogue éclairant sur l'histoire et le présent du Montana. Une histoire empreinte de conquête, de ruée vers l'or, de dépossession des terres amérindiennes par les colons et de guerres mythiques, à commencer par celle des Black Hills qui opposa, à la fin du XIXè siècle, l'armée du Général Custer aux Indiens Sioux et leurs alliés. Une histoire de résilience et de résistance aussi. En savoir plus : - Sur le ledger art d'Alaina Buffalo Spirit, artiste Cheyenne du Nord - Sur l'autrice Sylvie Brieu et son dernier livre «L'âme de l'Amérique» paru aux Éditions Albin Michel - Sur l'action du Northern Plains Resource Council, organisation environnementale du Montana - Sur les écrivains du Montana répartis entre les villes de Livingston et Missoula.
Aux portes de Marseille, dans les criques rocheuses et les vallons étroits des Calanques, on part à la rencontre de tous ceux qui arpentent, défendent et aiment ce territoire à la fois terrestre et maritime, fragile et extrêmement prisé. Un nouvel épisode de notre série de voyages à la découverte des parcs nationaux français. Au sud de la France, entre Marseille, la Ciotat et Cassis, les Calanques dessinent au bord de la Méditerranée un littoral ciselé et rocailleux, fait de falaises calcaires, de garrigue, de pinèdes et de criques magiques. Mais bien plus qu'un paysage ou un décor de carte postale, cet écrin de nature, unique et majestueux, représente un patrimoine naturel sauvage qu'il faut partager mais surtout protéger. Ainsi en 2012, après un long processus de concertation, le Parc National des Calanques, premier parc péri-urbain de France et d'Europe, a vu le jour. Réparti sur 8500 hectares terrestres et 43 500 hectares marins, ce Parc a suscité dès sa création beaucoup d'attentes et de déceptions parfois. Surtout, il a attiré, en particulier après la pandémie, de plus en en plus de visiteurs : 3 millions par an au bas mot. Parmi eux, des touristes et des baigneurs d'un jour mais aussi des locaux : pêcheurs, plongeurs ou marcheurs invétérés, tous amoureux de longue date du massif des Calanques. Car bien avant la création du Parc, ce sont eux qui ont dessiné et défendu ces lieux riches d'une biodiversité insoupçonnée mais aussi d'un long passé industriel qui a souvent menacé la survie et la beauté des Calanques. A Marseille, tout le monde a un souvenir dans les Calanques, que ce soit l'odeur des pins, la vie simple et douce dans les cabanons ou les dimanches en famille les pieds dans l'eau turquoise. Voyage dans une géographie à la fois intime et bien réelle, avec tous ceux qui ont à cœur de vivre et protéger les Calanques. Un reportage d'Inès Edel-Garcia, dans le cadre de notre série sur les Parcs nationaux français. En savoir plus : - Sur le Parc National des Calanques - Sur le système de réservation obligatoire mis en place récemment par le Parc sur la Calanque de Sugiton - Sur Les Excursionnistes Marseillais, association pionnière de la randonnée en France qui fête en 2022 son 125e anniversaire - Sur le mouvement citoyen Clean my Calanques et ses sessions de ramassage de déchets - Sur Les Calancoeurs, club de randonnée spécialiste des Calanques de Marseille - Sur la réplique de la Grotte Cosquer ouverte récemment à Marseille. La grotte ornée, elle, a été découverte en 1985 dans les Calanques. À lire : - «Calanques, les entrevues de l'Aigle» de Karine Huet. Éditions Glénat/Parc National des Calanques. Une série d'entretiens avec les différents acteurs du territoire - «Balades curieuses dans les Calanques». Éditions Glénat. Un éco-guide pour inviter le public à découvrir des sentiers méconnus du Parc. - «Il était une fois dans les Calanques : les dossiers secrets des Calancœurs», de Jean-Marc Nardini et Thierry Garcia. Éditions Calancœurs.
Rencontre avec une nomade de la toundra, une poétesse rare qui voyage à travers les mots, et nous montre ainsi le chemin. Joséphine Bacon est une grande voix de la poésie francophone, une grande voix autochtone aussi. Née au Québec en 1947, à Pessamit, sur la Côte Nord du fleuve Saint-Laurent, Joséphine illumine le monde et ceux qui veulent bien l'écouter de ses mots et de sa profonde humanité, mettant à l'honneur et en lumière sa culture innue. Pendant des années, Joséphine Bacon a marché dans les pas et les récits des anciens, se faisant l'interprète de sa culture et de sa communauté auprès de linguistes ou d'anthropologues québécois. En 2009, elle publie son premier recueil « Bâtons à message. Tshissinuatshitakana » aux Éditions Mémoire d'Encrier; et depuis, celle qui se dit poète par accident n'a eu de cesse de nous tendre le bâton de parole, écrivant toujours dans sa langue l'innu-aimun et le français qu'elle a appris « tranquillement », dit-elle avec pudeur, dans un pensionnat. Elle a reçu de nombreuses distinctions parmi lesquelles le Prix Samuel de Champlain pour le Canada en 2019. En octobre 2021, Joséphine Bacon était l'invitée du Festival du film documentaire et du livre d'Albertville « Le Grand Bivouac ». Sur place, la grande dame de 74 ans a animé des ateliers de poésie et présenté le film « Je m'appelle humain » qui lui est consacré. Ce documentaire juste et sensible, réalisé par Kim O'Bomsawin, a reçu le Prix Médias du Grand Bivouac. Une émission initialement diffusée en novembre 2021. À lire : - Bâtons à message. Tshissinuashitakana, Montréal, Mémoire d'encrier, 2009 - Nous sommes tous des sauvages, en collaboration avec José Acquelin, Montréal, Mémoire d'encrier, 2011 - Un thé dans la toundra. Nipishapui nete mushuat, Montréal, Mémoire d'encrier, 2013 - Uiesh / Quelque part, Montréal, Mémoire d'encrier, 2018. En savoir plus : - Sur la culture Innue, le site Nametau innu est une mine d'informations et de connaissances - Sur Mémoire d'encrier, maison d'édition fondée en 2003 à Montréal qui publie les ouvrages de Joséphine Bacon - Sur Terre innue, société de production autochtone qui a produit « Je m'appelle humain », documentaire de Kim O'Bomsawin consacré à Joséphine Bacon. Ce film a reçu le Prix Médias au Festival du Grand Bivouac - Sur le palmarès de l'édition 2021 du Festival du film documentaire et du livre d'Albertville « Le Grand Bivouac ». Céline Develay-Mazurelle, productrice de Si loin si proche, est membre du jury du Prix Médias.
La cité, située sur la côte nord-est du pays, est la ville la plus africaine du continent américain. La baie de tous les Saints, c'est là que l'histoire du pays a commencé au XVIème siècle. Première capitale du Brésil, Salvador est aussi le premier marché d'esclaves du Nouveau Monde où, pendant 4 siècles, plus de 4 millions d'Africains ont été déportés. Ce qui vaut aujourd'hui à Salvador le surnom de «Rome noire», en référence à ses 360 églises et à son héritage africain, partout présent. Aujourd'hui, 86% de la population à Salvador se déclare noire. Chaque année, le 2 février, dans la cité bahianaise, comme ailleurs au Brésil, on célèbre Iemanjá, la déesse des eaux, issue du panthéon yoruba et arrivée sur les côtes américaines par les galères d'esclaves. Et à cette occasion, on part à la découverte de la culture afro-brésilienne qui a façonné l'âme de Salvador dans sa musique, sa gastronomie ou ses croyances. Le Candomblé, religion syncrétique afro-brésilienne, réunit ainsi de nombreux adeptes dans la région de Bahia. À Salvador, cette âme noire est perceptible à chaque coin de rue, mais son histoire, de l'esclavage à nos jours, est encore trop peu racontée et lisible dans la ville. Dans le centre historique du Pelourinho, les figures de la résistance noire sont rares et souvent méconnues. Aujourd'hui, des Afro-Brésiliens ravivent cette mémoire, afin de déconstruire l'empreinte laissée par la société plantationnaire et esclavagiste sur les consciences. Au Brésil, pays encore très conservateur et inégalitaire, le racisme structurel reste omniprésent. Un reportage de Sarah Cozzolino initialement diffusé en mars 2022. En savoir plus : - Sur les visites guidées et tours Afro de « Like a Sotero » par la guide Sayuri Koshima - Sur Ilê Aiyê, premier bloco, ou groupe de musique noire du Carnaval - Sur les poupées noires « Amor.a » et leur kit éducatif antiraciste - Sur le terreiro ou lieu de culte de Candomblé La Casa de Òsùmàrè - Sur le racisme structurel au Brésil, un entretien avec Djamila Ribeiro, autrice de l'ouvrage Pequeño manual antirracista. Ce « Petit manuel antiraciste » est un des ouvrages les plus vendus en 2020 au Brésil.
Nouvel épisode de « Compagnons de route », notre série de portraits d'écrivain.e.s voyageurs et voyageuses. À la découverte d'une femme pressée, mais oubliée : Titaÿna, icône des années folles et seule femme grand reporter de son époque. Née en 1897 dans les Pyrénées-Orientales, Élisabeth Sauvy a choisi pour nom de plume Titaÿna, « par indépendance et individualisme », espérant que ce nom d'origine catalane qui évoque « l'héroïne d'un mystère inconnu (...) soit un gage de réussite ». Et à sa manière il l'a été, puisque la journaliste et écrivaine française, férue d'aventures et de sensations fortes, s'est hissée un temps, au rang de grand reporter, aux côtés de Joseph Kessel ou Albert Londres. Jusqu'à ce qu'elle perde pied, se confonde dans la collaboration et tombe en disgrâce puis dans l'oubli. Retour aux années 1920, le public est avide de récits au long cours et d'horizons lointains. Le monde s'est élargi au sortir de la Grande Guerre et dans la presse, toute puissante, un genre nouveau : le reportage littéraire, triomphe. C'est durant cette parenthèse effervescente et particulièrement créative des années folles que Titaÿna va enchaîner les voyages, les publications dans la presse et les livres comme Loin, La caravane des morts, Une femme chez les chasseurs de têtes ou Les ratés de l'aventure. Pionnière de l'aviation, voyageuse risque-tout et féministe d'avant-garde, Titÿana multiplie les heures de vol, les accidents et les tours du monde. Sans cesse en quête de scoop et de reconnaissance, elle est avide à la fois de rencontres sincères avec des peuples méconnus d'Indonésie ou d'Océanie, mais aussi d'interviews exclusives des puissants de son époque (Mussolini, Atatürk, Liautey ou encore Hitler), des interviews qu'elle obtient sans souci de l'étiquette et parfois de la contradiction strictement journalistique. Un temps, elle va aussi s'essayer au cinéma documentaire, consciente déjà qu'elle tient là un nouveau langage pour raconter le monde et les autres. Un jour au Maroc, le lendemain sur un cargo pour l'Amérique, Titaÿna est un personnage fascinant, trouble et insaisissable. Mais au-delà de son destin brisé - elle finira en exil aux États-Unis, oubliée de tous, et décèdera seule en 1966 -, ses écrits restent et frappent encore aujourd'hui par leur modernité. Pionnière du journalisme d'immersion et d'impressions, à hauteur d'homme ou plutôt de femme, elle va critiquer de sa plume acérée et poétique, les ravages de la colonisation et les mirages de l'exotisme, encore si puissants en son temps. Une lucidité, un humanisme qu'elle ne mettra, hélas, pas à profit, pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, en France, ses écrits sont redécouverts. Ses livres sont notamment réédités aux Éditions Marchialy. Et la biographie qu'a consacrée le journaliste et écrivain Benoît Heimermann à Titaÿna est ressortie en 2020. Ce livre hyperdocumenté, sensible et passionnant, se lit comme un roman d'aventures et demeure à ce jour une référence pour qui voudrait suivre cette femme de lettres dans un milieu d'hommes, que l'on a surnommé en son temps « la femme aux semelles de vent ». Avec Benoît Heimermann, auteur de Titaÿna. L'aventurière des années folles disponible aux Éditions Points Aventure / Seuil. Un portrait radiophonique initialement diffusé en février 2022. Quelques ouvrages de Titaÿna : Une femme chez les chasseurs de tête, Titaÿna. 1934. Réédition 2016 aux Éditions Marchialy. Les ratés de l'aventure, Titaÿna. 1938. Réédition 2020 aux Éditions Marchialy. La bête cabrée, Titaÿna. Aux Éditeurs associés - Les Éditions du Monde moderne, 1925. Loin, Titaÿna. Éditions Flammarion. 1929. Quelques ouvrages de Benoît Heimermann : Titaÿna. L'aventurière des années folles, une biographie de Benoît Heimermann. 1994. Réédition 2020 aux Éditions Point Aventures / Seuil. La Ligne Latécoère-Aéropostale, Benoît Heimermann. 2011. Villalobos-Latécoère Éditions. Femmes des pôles, Benoît Heimermann. Éditions Paulsen. 2016. Albert Londres. La plume et la plaie, Benoît Heimermann. Éditions Paulsen. 2020.
À l'extrême sud du Sénégal, en Casamance, entre la Guinée-Bissau et la Gambie, se trouve une réserve protégée à nulle autre pareille : un dédale de bancs de sable, de lagunes, de mangroves et d'îlots forestiers, véritable refuge pour les oiseaux, les dauphins ou les tortues marines mais aussi les voyageurs de passage. Découverte au fil de l'eau d'un monde insulaire fascinant, en compagnie d'agents de conservation et d'habitants, véritables gardiens d'une nature riche mais fragile. Créée en 1978, la Réserve Ornithologique de Kalissaye se déploie sur plus de 30 000 hectares entre les îles du Bliss et de Karones, au cœur du delta du fleuve Casamance. Traversés de marigots, de vasières et de bolongs, les lieux se découvrent en pirogue et à petits pas, pour ne pas déranger les milliers d'oiseaux marins ou d'espèces marines menacées qui viennent y trouver des lieux de ponte et de reproduction. Depuis des décennies, la Casamance est une région surtout connue pour abriter l'un des plus vieux conflits sécessionistes du continent; et pourtant, loin des radars des voyageurs et des zones rouges sécuritaires, cette réserve ouverte au public, fait office d'espace de quiétude et de nature unique en son genre. En effet, malgré son classement en réserve protégée par l'État, la ROK demeure habitée et les populations insulaires locales sont étroitement associées à la conservation des lieux, dans une gestion partagée et concertée entre agents des parcs nationaux et villageois, parmi lesquels certains sont désignés comme éco-gardes. Et c'est justement cette gouvernance partagée qui en fait sa force. Sur place, malgré de maigres ressources, un manque manifeste d'eau potable et d'électricité, les habitants de la réserve mettent en place des solutions basées sur la nature pour se maintenir sur ces terres isolées. Accompagnés par le Comité français de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), ils réinventent alors chaque jour un mode de vie soucieux de cet environnement qui les entoure, cherchant à préserver la mangrove ou les ressources halieutiques, dans un équilibre déjà fragile et menacé chaque jour un peu plus par les dérèglements climatiques ou la surpêche en cours. Parfois, il faut s'éloigner des grands centres pour aller au cœur des choses, et c'est ce qu'enseigne un voyage à Kalissaye, ce bout du monde qui, à sa manière, en est le centre. Un reportage en 2 épisodes de Raphaëlle Constant, initialement diffusé en mai 2022. Pour prolonger le voyage. Liens utiles : - La page Facebook de la Réserve Ornithologique de Kalissaye - Les objectifs du PPI ou programme de petites initiatives africaines dans la ROK - La page Facebook du Comité français de l'UICN.
À l'extrême sud du Sénégal, en Casamance, entre la Guinée-Bissau et la Gambie, se trouve une réserve protégée à nulle autre pareille : un dédale de bancs de sable, de lagunes, de mangroves et d'îlots forestiers, véritable refuge pour les oiseaux, les dauphins ou les tortues marines mais aussi les voyageurs de passage. Découverte au fil de l'eau d'un monde insulaire fascinant, en compagnie d'agents de conservation et d'habitants, véritables gardiens d'une nature riche mais fragile. Créée en 1978, la Réserve Ornithologique de Kalissaye se déploie sur plus de 30 000 hectares entre les îles du Bliss et de Karones, au cœur du delta du fleuve Casamance. Traversés de marigots, de vasières et de bolongs, les lieux se découvrent en pirogue et à petits pas, pour ne pas déranger les milliers d'oiseaux marins ou d'espèces marines menacées qui viennent y trouver des lieux de ponte et de reproduction. Depuis des décennies, la Casamance est une région surtout connue pour abriter l'un des plus vieux conflits sécessionistes du continent; et pourtant, loin des radars des voyageurs et des zones rouges sécuritaires, cette réserve ouverte au public, fait office d'espace de quiétude et de nature unique en son genre. En effet, malgré son classement en réserve protégée par l'État, la ROK demeure habitée et les populations insulaires locales sont étroitement associées à la conservation des lieux, dans une gestion partagée et concertée entre agents des parcs nationaux et villageois, parmi lesquels certains sont désignés comme éco-gardes. Et c'est justement cette gouvernance partagée qui en fait sa force. Sur place, malgré de maigres ressources, un manque manifeste d'eau potable et d'électricité, les habitants de la réserve mettent en place des solutions basées sur la nature pour se maintenir sur ces terres isolées. Accompagnés par le Comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ils réinventent alors chaque jour un mode de vie soucieux de cet environnement qui les entoure, cherchant à préserver la mangrove ou les ressources halieutiques, dans un équilibre déjà fragile et menacé chaque jour un peu plus par les dérèglements climatiques ou la surpêche en cours. Parfois, il faut s'éloigner des grands centres pour aller au cœur des choses, et c'est ce qu'enseigne un voyage à Kalissaye, ce bout du monde qui, à sa manière, en est le centre. Un reportage en deux épisodes de Raphaëlle Constant, initialement diffusé en mai 2022. Pour prolonger le voyage, liens utiles - La page Facebook de la Réserve ornithologique de Kalissaye - Les objectifs du PPI ou Programme de petites initiatives africaines dans la ROK - La page Facebook du Comité français de l'UICN.
Au sud de la RDC, Lubumbashi est surtout connue pour être la capitale du cuivre et le coffre-fort du Congo. Pourtant, à l'ombre des terrils et des églises, une solide tradition chorale s'est ancrée dans la ville, portée par des musiciens classiques et des chanteurs passionnés. (Rediffusion du 21 janvier 2022). Chaque dimanche, dans le quartier de Makomeno, avec ses flamboyants et sa vue imprenable sur le terril et l'emblématique cheminée d'usine de la ville, on croise un fascinant ballet de choristes qui, une fois la messe terminée, se dispersent dans le grand parc situé juste derrière l'église Saint Eloi, afin de répéter d'autres chants, religieux ou profanes. Pour eux comme pour les chanteurs des dizaines de chorales que compte la ville, la musique est une passion de tous les instants, le sel de leur existence, même si elle ne remplit pas la marmite. Qu'ils soient banquiers, ouvriers, tailleurs ou avocats, ces choristes ont pris souvent très tôt le goût de la musique classique occidentale, cultivant un art bien particulier d'harmoniser les chants, qu'ils soient religieux ou populaires. Cette tradition chorale s'est développée à l'ombre des terrils mais surtout des églises, au temps de la colonisation belge, quand la ville, fondée en 1910, s'appelait alors Elisabethville. Elle a fait émerger des figures, comme Joseph Kiwele, grand compositeur katangais né en 1912 et décédé en 1961, qui a également adapté des chants traditionnels pour des chœurs classiques. Aujourd'hui, ses dignes successeurs continuent à défendre et porter haut ce patrimoine méconnu, mais précieux dans une ville dénuée de tout conservatoire ou école de musique. En ces temps de crise économique, alors que la prospérité lushoise d'antan n'est plus qu'un fantôme, les chorales sont des sanctuaires où se mélangent les classes sociales, les genres et les âges, qui cultivent le bonheur d'être ensemble et transcendent un quotidien fait de difficultés. Un reportage de Vladimir Cagnolari. En savoir plus: - Sur les chorales au Congo - Sur la chorale des petits chanteurs à la croix de cuivre - Sur la chorale Les Troubadours de Lubumbashi - Sur le compositeur katangais (et plus tard politicien) Joseph Kiwele - Sur la Missa Luba et la Missa Katanga - Sur Serge Kakudji, chanteur lyrique qui a débuté dans les Troubadours de Lubumbashi et fait aujourd'hui carrière en Europe - Sur le paysage musical de Lubumbashi, un panorama dressé en 2005 par Vladimir Cagnolari.
À l'occasion du Festival du documentaire et du livre « Le Grand Bivouac » qui vient de se tenir à Albertville, on part à la découverte d'un chemin original, tracé par la photographe Viviane Lièvre et l'écrivain nomade français Jean-Yves Loude, invité du festival. Ensemble, les deux ethnologues sont partis du Puy-en-Velay jusqu'en Galice en passant par le Portugal, en quête de vierges enceintes, faisant du voyage une quête de vérité, de justice et d'égalité. Pour sa 21ème édition qui vient de s'achever, le festival français d'Albertville a décidé de célébrer les « identités remarquables », mais aussi de « prendre le monde à témoin ». Témoin du monde et de ses coulisses, Jean-Yves Loude, en est un assurément, tant cet écrivain sillonne le monde -lusophone surtout- depuis plus de 30 ans pour le comprendre et surtout en témoigner à son retour. Depuis de nombreuses années, on le suit à Si loin si proche, avec sa compagne Viviane Lièvre, à travers des récits qui nous emmènent sur les traces des mémoires silenciées des Afriques, des Açores à Lisbonne en passant par le continent africain, ou encore dans l'Hindou Kouch où ils ont tous les deux longuement séjourné en tant qu'ethnologues. Pour son dernier récit « Le chemin des vierges enceintes », paru aux Éditions Chandeigne, Jean-Yves Loude s'est longuement plongé avec Viviane Lièvre dans les textes saints, dans le Nouveau Testament, ses évangiles canoniques mais aussi apocryphes, avant de se lancer physiquement en quête de représentations bien particulières de la Vierge Marie, le ventre rond, enceinte, allaitante ou parturiente. Des statuettes parfois disparues ou cachées car jugées « irregardables » par le Concile de Trente en 1563. Leur voyage long de 14 stations, entre la France, le Portugal et l'Espagne, prend alors des allures de jeu de pistes, en quête de ces statuettes qu'il faut aller chercher dans les recoins de l'histoire, dans des églises, des musées ou des chapelles isolées. Chemin faisant, sur cette voie de Compostelle bien à eux, nos deux inspecteurs-voyageurs remontent aux sources du discours misogyne de l'Église et interrogent la faiblesse du rôle dévolu aux femmes, à commencer par Marie, une figure pourtant populaire qui a su traverser les âges et les interdits. En savoir plus : - Sur le récit de Jean-Yves Loude, paru aux Éditions Chandeigne. - Sur le chemin des vierges enceintes, un site internet avec près de 450 photos de Viviane Lièvre vient compléter le livre.
À l'occasion du Festival du documentaire et du livre «Le Grand Bivouac» qui a lieu, du 18 au 24 octobre 2022, à Albertville, en Savoie, rencontre avec la documentariste française Anne Pastor qui, depuis plus de vingt ans, part à la rencontre des peuples autochtones, en particulier des femmes. Après un projet de plateforme en ligne: «La voix des femmes autochtones» et de nombreuses séries documentaires radio mêlant voyage, reportages et paroles autochtones. La journaliste radio publie aux Éditions Akinomé un beau livre réunissant 40 femmes autochtones, 40 voix qui ont bien décidé de se faire entendre. Des femmes Khanti, Kichwa, Kanak, Anishnabe, Sami, Peuls M'Bororo, Algonquine, etc..., situées aux avant-postes de la lutte contre l'extractivisme, le réchauffement climatique, pour l'égalité et l'émancipation des femmes, la reconnaissance de leur culture et leurs droits. Pendant longtemps, les femmes autochtones, 238 millions au bas mot, qu'elles soient de Sibérie Orientale, de l'Équateur, de Nouvelle Calédonie, d'Amérique du Nord, de Norvège, de Guyane et d'ailleurs… ont été méprisées, silenciées, assimilées de force et discriminées doublement: en tant que femmes d'abord et aussi parce qu'elles étaient issues des peuples premiers. Mais aujourd'hui, des voix, leurs voix s'élèvent… Depuis de nombreuses années, Anne Pastor fait bien plus que leur tendre le micro, elle est leur porte-voix, leur messagère. Pendant longtemps, trop longtemps, la relation avec les peuples autochtones était une relation à sens unique, teintée de condescendance, de fantasme, d'exotisme et de racisme structurellement bien pensé. On n'écoutait pas ces hommes et peut-être encore moins ces femmes. Alors la première et la plus élémentaire des choses que nous leur devons à tous et à toutes, c'est d'abord de les écouter. Et c'est ce que nous allons faire cette semaine, grâce à Anne Pastor. Avec des témoignages sonores du projet «La voix des femmes autochtones». En savoir plus : - Sur la plateforme sonore et multimédia «La voix des Femmes autochtones» - Sur les différents documentaires d'Anne Pastor pour Radio France - Sur le livre «La voix des femmes autochtones», publié aux Éditions Akinomé - Sur «Le Grand Bivouac», Festival du documentaire et du livre d'Albertville.
Boisson la plus consommée au monde, le thé porte dans son histoire et ses usages les ferments de l'aventure et du voyage, de l'Orient à l'Occident. Le thé, c'est aussi l'indispensable compagnon de route de l'autrice française Lucie Azéma qui lui consacre un ouvrage érudit et personnel, dessinant au passage une philosophie de poche du voyage, entre errances et escales. Depuis longtemps, au fond d'une tasse à thé, il y en a qui cherchent à lire un certain état du monde à travers les feuilles flottant au fond du bol. On connaît surtout cette pratique divinatoire pour le café, mais elle existe aussi pour le thé. Depuis qu'elle est en âge d'en boire, Lucie Azéma, qui vit désormais entre la Turquie et la France après avoir vécu en Inde, en Iran ou au Liban, voit au fond de sa tasse de thé des routes et des cartes déployées, des caravelles et des porteurs, des caravanes et des empereurs, des voyageurs, des voyageuses et des ailleurs… Ce monde d'aventure(s), bonne ou mauvaise, elle nous le livre dans son dernier livre « L'usage du thé, une histoire sensible du bout du monde », savant mélange de thés et de voyage, de récits intimes et de grande histoire autour de ce breuvage millénaire, d'instants suspendus, nomades ou immobiles, d'altérité et de retour à soi, une dialectique subtile qui va bien à son autrice, grande voyageuse et amatrice de thé elle-même. Après avoir écrit un essai remarqué, traduit en plusieurs langues « Les femmes aussi sont du voyage, l'émancipation par le départ », on attendait avec impatience la suite que Lucie Azéma saurait donner à son premier livre qui offrait une vision féministe et enfin renouvelée du voyage, de ses récits et ses figures imposées. La suite, la voici donc : autour du thé et ses multiples routes et déroutes, de la province chinoise du Yunnan, berceau du thé aux rives du Bosphore, des salons anglais aux « chây-khâneh » iraniens en passant par les plantations de l'Inde ou de Ceylan où la colonisation anglaise l'a établi. Parce qu'il en va finalement de l'usage du thé comme du monde… À lire : - « L'usage du thé, une histoire sensible du bout du monde ». Lucie Azéma. Éditions Flammarion. 2022 - « Les femmes aussi sont du voyage, l'émancipation par le départ ». Lucie Azéma. Éditions Flammarion. 2021 - « L'usage du monde ». Nicolas Bouvier. Dessins de Thierry Vernet. Editions La Découverte Poche. Réédition 2014 - « Voyage d'une parisienne à Lhassa ». Alexandra David Néel. Editions Pocket. Réédition 2018 - « La route du thé et des fleurs ». Robert Fortune. Editions Payot et Rivages. Collection Petite Bibliothèque. Réédition 2017. À écouter : - Adieu Pénélope, pour une relecture féministe du voyage : échange avec Lucie Azéma en 2021, autour de son premier livre « Les femmes aussi sont du voyage, l'émancipation par le départ ».
La nuit, c'est un territoire, un monde en soi où les 2 000 km2 du Parc National des Cévennes gagnent en immensité, en mystères et en sons. Exploration à pas lents, de nuit et tout ouïe. Couverts à 70% de forêts, entre hauts-plateaux de granit et vallées truffées de châtaigniers, ces lieux de moyenne montagne, situés dans le sud de la France, offrent la nuit de grands voyages : regarder la Voie lactée pour la première fois peut-être ; guetter patiemment le chant des chouettes ; se rapprocher d'un monde sauvage souvent méconnu, redouté parfois ; gagner en hauteur, en clarté et en silence. Crée en 1970, le Parc National des Cévennes s'étend entre le Gard, la Lozère et l'Ardèche et son cœur conserve un patrimoine naturel et culturel rare, particulièrement protégé. En 2018, le Parc a obtenu le prestigieux label «Réserve internationale de ciel étoilé» (RICE). Aujourd'hui, il est la plus grande RICE d'Europe pour la qualité de son ciel étoilé, la beauté de ses paysages et la richesse de sa faune. Une faune, qui la nuit, de l'Aigoual au Mont Lozère, s'entend et s'écoute. Ici, les gardes moniteurs du Parc veillent à établir des périmètres de quiétude pour la faune sauvage, quand d'autres, depuis l'Observatoire Astronomique des Pises, scrutent les astéroïdes et accueillent l'été des marcheurs fondus d'astronomie et de grands espaces. Dans les Cévennes, les habitants ont de tout temps trouvé refuge dans la nuit et les montagnes, à commencer par les Huguenots, protestants, fuyant la répression après la révocation de l'Édit de Nantes. La nuit, c'est alors un horizon qui s'élargit, une liberté possible. Un voyage sonore de Sarah Lefèvre. Ce reportage s'inscrit dans une série de voyages à la découverte des Parcs Nationaux Français, au nombre de 11, en France métropolitaine et dans les Outre-Mer. En savoir plus : - Sur le Parc National des Cévennes et les expériences nocturnes qu'il propose - Sur l'Observatoire Astronomique des Pises, situé en plein cœur du Parc National des Cévennes - Sur les séjours « La tête dans les étoiles » d'Azimut Voyage, mêlant astronomie et randonnée itinérante avec un âne dans le Parc - Sur Jean Poinsignon, musicien installé en Lozère qui compose avec les sons de la nature et du vivant - Sur l'histoire de la création du Parc National des Cévennes - Sur les forêts, terreau de luttes et de résistances dans les Cévennes et ailleurs : le livre « Être Forêts » de Jean Baptiste Vidalou. Éditions La Découverte.
À l'occasion du Festival America qui s'est tenu du 22 au 25 septembre 2022 à Vincennes, en région parisienne, rencontre avec un écrivain qui interroge, depuis plus de 30 ans, à travers ses récits et ses voyages l'Amérique, son histoire, ses blessures et son racisme. Dans les années 80, l'Américain Eddy L. Harris décide à 30 ans de se lancer seul, en canoë, sur le Mississippi pour voir « de quel bois il était fait », cherchant dans ses eaux troubles le reflet de sa propre histoire et celle de son pays: les États-Unis. Á l'issue de ce voyage initiatique sur près de 4 000 kilomètres, il va publier « Mississippi Solo », son premier livre devenu par la suite un classique des récits de voyage. Il a aussi relevé le défi qu'il s'était lancé, résumé à sa manière par son vieil oncle Robert : « aller de là où il n'y a pas de Noirs à là où on ne nous aime toujours pas beaucoup. ». Trente ans plus tard, l'écrivain noir américain repart seul sur ce fleuve mythique, immense, qui coule du Nord au Sud et traverse pas moins de 10 États, charriant la mémoire de la colonisation et de l'esclavage dans un pays hanté par ses blessures raciales. De ce nouveau voyage, il en tire un récit, « Mississippi dans la peau », publié en 2022 en France. On y croise pêle-mêle l'ombre de Mark Twain et d'Obama, des barges obèses signes d'une industrialisation effrénée autour du fleuve, des descendants d'autochtones amérindiens et d'autres oiseaux -les tourtes voyageuses- eux aussi décimés par le colon européen avide de prises et de conquête. Chemin faisant, à coup de pagaie et de réflexions puissantes sur ce qu'être Noir signifie encore aujourd'hui aux États-Unis, l'écrivain trace sa route et creuse son sillon, profond. Car entre ces deux livres, Eddy L. Harris a parcouru et écrit le monde, de Harlem où il a vécu un temps, en passant par le Vieux Sud américain, l'Afrique et la France où il a désormais élu domicile. Quelques ouvrages d'Eddy L. Harris : - « Mississippi dans la peau ». 2022. Éditions Liana Levi - « Mississippi Solo ». 2020. Éditions Liana Levi. (Publication originale : 1988) - « Paris en noir et black ». 2009. Éditions Liana Levi - « Harlem ». 2007. Éditions Liana Levi.
Le 26 septembre 2002, au large des côtes gambiennes, a eu lieu l'une des pires catastrophes maritimes civiles connues à ce jour. 20 ans après, sur la liaison entre Dakar et Ziguinchor, le souvenir du drame du Joola est dans tous les esprits. Il y a 20 ans, par une nuit de tempête, le Joola sombrait en mer avec à son bord plus de 2 000 passagers de 12 nationalités. La capacité du bateau était de seulement 550 passagers et il n'y aura que 64 rescapés. Ce naufrage va endeuiller un pays tout entier: le Sénégal et une région la Casamance, frappant aussi au cœur l'humanité dans son ensemble, tant ce drame maritime, humain, nous concerne et nous touche tous encore, 20 ans après. 20 ans après, l'épave du bateau gît toujours au fond de l'océan, le dossier a été classé sans suite au Sénégal et les voies de recours sont épuisées en France. Aujourd'hui, entre Ziguinchor et la capitale Dakar, les navires font toujours la liaison entre les deux ports, assurant le transport du fret et des passagers. Dans leur sillage, ils charrient aussi la mémoire de ce naufrage, véritable drame national au sujet duquel de nombreuses questions demeurent sans réponses. 20 ans après, Raphaëlle Constant est allée à la rencontre de Malang Badji et Ousseynou Djiba, rescapés du Joola. Elle est également montée à bord du navire Aguène en route pour Ziguinchor, en compagnie de Boubacar Ba, président de l'Association Nationale des familles de victimes du Joola. Un voyage en mer où l'on navigue entre insouciance de la traversée au temps présent et gravité du souvenir, un souvenir qui pèse d'autant plus lourd que les familles de disparus réclament 20 ans après, encore justice. Un documentaire de Raphaëlle Constant. À lire : - « Les disparus du Joola ». Adrien Absolu. Éditions J.-C. Lattès. 2020. - « Souviens-toi du Joola ». Patrice Auvray. Éditions Globophile. 2015.
Alors que le retour du patrimoine africain sur le continent s'impose progressivement à l'Europe, l'autrice franco-finlandaise Taina Tervonen est partie entre la France et le Sénégal, sur les traces d'un fascinant trésor. Pendant longtemps, sur les cartels placés en dessous des objets du patrimoine africain exposés dans les musées de France et d'Europe, on pouvait lire les mots « collecte », voire « don ». Parfois, en plus de la date et la mention du lieu de provenance de ces objets, on pouvait lire le nom d'un homme, officier souvent, qui les aurait « collectés ». Un silence et des éléments de langage qui laissent peu de doute sur le contexte colonial dans lequel ces objets ont été capturés, pillés, pour arriver ensuite dans les collections des musées français et européens. Pour Taina Tervonen, qui a grandi au Sénégal, appris le français à l'école sénégalaise mais surtout les héros africains de la Résistance à la colonisation, ce silence des salles Afrique des musées français est assourdissant. L'autrice franco-finlandaise décide alors de partir en quête du trésor de Ségou, dont s'est emparé, en 1890, le colonel français Louis Archinard, au moment de la chute de la capitale de l'Empire Toucouleur. Consultant les archives et la tradition orale africaine, Taina Tervonen suit à la trace ce butin colonial, qui va se disperser et rejoindre les réserves des musées français, loin des regards, comme oublié de nos mémoires. Ce trésor de Ségou est composé de manuscrits, d'armes, de bijoux, d'objets rituels et du quotidien, mais aussi d'un enfant Abdoulaye, enlevé par le colonel Archinard et envoyé en France à la fin du XIXè siècle. Il était le petit-fils du grand chef mystique El Hadj Oumar Tall, héros de la Résistance à la colonisation. Depuis des décennies, la communauté oumarienne réclame en vains le retour de ces objets. En novembre 2017, lors de son discours de Ouagadougou, le président Emmanuel Macron a officiellement plaidé « pour le retour d'ici 5 ans » des œuvres du patrimoine africain, une annonce qui a suscité de vifs débats en France. En 2018, la France a officiellement rendu au Sénégal le sabre attribué à El Hadj Oumar Tall, qui aurait été pris à Ségou, mais dont on a du mal à déterminer la trajectoire et la provenance. Ce sabre est désormais exposé au Musée des Civilisations noires de Dakar. C'est donc l'histoire d'un voyage aller ET retour que nous raconte Taina Tervonen, une histoire commune entre la France et l'Afrique, peuplée de fantômes de la colonisation, d'enfants arrachés à leur terre et à leur culture, d'officiers dévorés par leur gloire personnelle, de stratégie de conquêtes et de manipulation, mais aussi d'objets trophées coloniaux, témoins de cette époque violente et longtemps passée sous silence. Dans son récit choral passionnant «Les otages» paru aux Éditions Marchialy, elle donne alors la parole à ses objets; et à sa manière, elle leur donne vie. En savoir plus : - Sur le rapport rendu en 2018 sur la restitution du patrimoine africain par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy - Sur «Les vies du Trésor de Ségou». Un article de Daniel Foliard. Revue historique 2018. Cairn.info - Sur Abdoulaye Tall, petit-fils d'El Hadj Oumar Tall, capturé en 1890 et envoyé en France par le Colonel Archinard. Abdoulaye Tall sera la premier Africain à intégrer l'École militaire de Saint-Cyr en France - Sur le retour des trésors royaux d'Abomey exposés au Bénin et le processus de réappropriation. Un Grand Reportage de Delphine Bousquet.
Ces deux aventuriers iraniens ont entrepris dans les années 50-60, un improbable tour du monde, à moto d'abord à travers l'Asie, l'Océanie ou l'Amérique, puis en 2 CV sur le continent africain. Le récit de leurs dix ans de voyage, encore largement méconnu dans l'espace francophone, est enfin adapté et traduit en français. Téhéran, été 1954 Issa et Abdullah Omidvar enfourchent leur moto Matchless et tracent un chemin de liberté et de fraternité à nul autre pareil, qui les conduira sur les pistes africaines, les routes sablonneuses de l'Australie ou les voies sinueuses du Tibet. Depuis trois ans, les deux frères préparent ce grand voyage, avec en tête l'idée de rencontrer, filmer et « étudier » les peuples les plus isolés de la planète. Dix ans plus tard, ils auront traversé près de 100 pays, vécu des mois auprès des Aborigènes, des Inuits du Grand Nord, des Pygmées ou d'ethnies reculées d'Amazonie, récoltant au passage de précieux témoignages (écrits, objets, photos et films) d'un monde particulièrement riche, parfois sans frontières, mais déjà secoué par un ordre mondialisé qui a la ferme intention de s'imposer partout. À leur retour en Iran, ils seront accueillis en héros. Leur voyage inédit est un exploit. Téhéran, années 2000 Jean-Louis Ozsvath, un français passionné de voyages, découvre comme beaucoup, l'existence de ces deux Iraniens pionniers de l'exploration, à travers le musée qui leur est consacré à Téhéran, dans le palais de Saadabad, présenté comme le « premier musée d'ethnologie d'Iran ». Il découvre aussi le récit publié en anglais de ce tour du monde, écrit par Abdullah et Issa. Mieux, Jean-Louis Ozsvath apprend que les deux frères sont encore en vie et continuent de partager leurs souvenirs depuis l'Iran où vit Issa, et le Chili où s'est installé pour sa part Abdullah (jusqu'à sa mort récente à l'été 2022). Il entreprend alors de les rencontrer de Santiago à Téhéran, et d'adapter en français leur récit de voyage, encore totalement méconnu dans le monde francophone. Pendant leurs dix années passées sur les routes, les frères Omidvar n'ont pas fait que partager le quotidien des peuples qu'ils ont rencontré. Ils les ont filmés, suivi longuement, cherchant à les comprendre, les connaître sans les préjugés coloniaux qui guidaient alors encore beaucoup d'Européens. Ils étaient Iraniens, leur rapport était différent, le regard neuf souvent, naïf parfois. Mais ce qui frappe en lisant leur récit publié aux éditions Névicata/Elytis, c'est à quel point les deux ethnographes et documentaristes iraniens nous alertent, à leur manière, sur la direction que prend le cours de l'histoire et du monde, dénonçant la surpopulation, la surexploitation des ressources naturelles et la disparition en marche de la richesse et de la diversité culturelle qu'incarnent les peuples premiers. Deux aventuriers pas banals qu'il faut donc suivre et à qui il faut aussi, enfin, rendre hommage. À lire, à voir et écouter Le voyage des frères Omidvar : deux aventuriers iraniens à travers le monde d'Issa Omidvar, par Jean Louis Ozsvath. Éditions Nevicata Elytis Un article sur le musée des frères Omidvar et ce que cela dit de notre rapport au voyage, par l'autrice Lucie Azéma dans le Courrier International. Quelques extraits en ligne des films des frères Omidvar, sous-titrés en anglais. La musique enregistrée par frères Omidvar pendant leur tour du monde : Rahavard (2002). Disponible en ligne sur les plateformes audio.
Nouvelle escale dans notre grand voyage sur les traces de la mémoire de l'esclavage. Après Nantes, Liverpool, la Louisiane ou les îles de La Guadeloupe, on prend la direction de La Rochelle, deuxième port négrier de France au XVIIIe siècle. Encre marine et chaînes d'esclaves. Chairs noires et pierres blanches. Ces mots hantent la visite de ceux qui cherchent les traces du passé négrier de cette belle cité marine et marchande, située au cœur du golfe de Gascogne, et qui, très tôt, s'est lancé dans cet « infâme trafic ». En effet, dès le XVIe siècle, La Rochelle est le premier port français à s'engager dans le commerce transatlantique d'êtres humains et de denrées dites coloniales pour devenir au XVIIe siècle le premier port négrier du Royaume de France. En tout, on dénombre 427 navires partis de la cité rochelaise, des navires qui vont déporter plus de 130 000 Africains de l'autre côté de l'Atlantique. Aujourd'hui, au coin de la rue, à La Rochelle, on retrouve le nom d'un de ces bateaux négriers, L'Armide. Et depuis 2021, la ville a choisi d'adosser des explications à ce nom de rue, comme elle l'a fait pour six autres plaques de rue portant le nom d'armateurs négriers ou de descendants d'esclavagistes rochelais. Ce travail de mémoire et de partage du passé négrier de La Rochelle a donc fait son chemin, sous l'impulsion d'associations comme Mémoria ou Mémoires et partages, qui a débuté à Bordeaux et ouvert récemment une antenne à La Rochelle. Elle propose aujourd'hui des visites guidées de « La Rochelle négrière ». À l'issue du Black History Month ou Mois de l'histoire des Noirs en France qui s'est tenu en février 2022, on part comprendre comment se raconte et se retrouve ce passé dans une ville qui a, en partie, bâti sa prospérité sur l'esclavage et le commerce triangulaire. Les traces sont là, des quais du Vieux port aux belles façades de pierre blanche, des rues de la Vieille ville au musée du Nouveau Monde, situé dans un hôtel particulier, jadis propriété d'un planteur esclavagiste rochelais ayant fait fortune à Saint-Domingue, l'actuelle Haïti. Ouvert en 1982, ce musée est l'un des tout premiers musées français à avoir partagé ce passé à la fois tragique et fondateur. Un reportage de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary. Initialement diffusé le 13 mars 2022. ► En savoir plus : - La mairie de La Rochelle a édité un parcours sur les traces de l'esclavage dans la ville. À retrouver et télécharger ici avant votre visite. - Sur l'histoire de la traite rochelaise au XVIIIe siècle, une exposition virtuelle disponible ici et un dossier pédagogique élaboré par les archives départementales de Charente-Maritime. - Sur le musée du Nouveau Monde ouvert en 1982 qui revient longuement dans ses salles sur le passé négrier de la ville. - Sur l'antenne rochelaise de l'association Mémoires et partages qui organise des visites guidées « La Rochelle négrière » dans la ville. - Sur l'action de l'association Mémoires et partages créé par Karfa Diallo à Bordeaux, autour de visites du « Bordeaux Nègre ». - Sur l'association Mémoria, une association mémorielle pionnière créée par Josy Roten. - Sur la Fondation pour la mémoire de l'esclavage. ► À lire : - Mémoire noire, histoire de l'esclavage : Bordeaux, La Rochelle, Rochefort, Bayonne, un ouvrage collectif de référence. Éditions Mollat, 2020. - La Rochelle, l'Aunis et la Saintonge face à l'esclavage, ouvrage collectif sous la direction de Mickaël Augeron et Olivier Caudron. Éditions Les Indes savantes, 2012. - La Rochelle, second port négrier français, de Jean-Michel Deveau. Cahiers des Anneaux de la Mémoire. Nantes, 2007.
Depuis La Charité-sur-Loire située dans le centre de la France, le festival Aux quatre coins du mot célèbre, du 24 au 27 juin 2021, « la bourlingue » et le voyage dans tous ses états. À cette occasion, rencontre avec une pionnière du voyage à moto, aujourd'hui septuagénaire assagie, quoique… Cette femme est un phénomène. C'est le premier mot qui vient d'emblée quand on rencontre Anne-France Dautheville, première motarde à avoir fait le tour du monde en solitaire dans les années 70, qui nous régale encore aujourd'hui de ses pétaradants récits de voyage passé sur les routes de la planète. Dans les nombreux articles qui lui sont consacrés, Anne-France Dautheville est tour à tour « la bikeuse », « l'easy rideuse », « la demoiselle à la moto » ou « la vieille qui conduisait des motos », en écho au titre un brin provocateur d'un de ses ouvrages récents. Mais au jeu des qualificatifs, Anne-France Dautheville a toujours préféré celui de « bourlingueuse » ; la bourlingue, un terme emprunté aux marins qui signifie avancer contre le vent et plus largement rouler sa bosse à travers le vaste monde. Et sur sa moto, Anne-France a roulé la sienne pendant plus de 10 ans d'Afghanistan au Japon, des Rocheuses à l'Inde en passant par l'Australie ou l'Amérique latine, à une époque où les road trips semblaient sans limites et diablement plus drôles qu'aujourd'hui. Autrice de Et j'ai suivi le vent ou de La vieille qui conduisait des motos, Anne-France Dautheville, aujourd'hui 77 ans, ne cultive pas tellement la nostalgie de cette époque, car elle l'a vécu et bien vécu. En 2016, la trajectoire quelque peu oubliée de cette grande voyageuse française a été redécouverte. La grande dame en a alors profité pour livrer de nouveaux ouvrages, toujours pleins d'esprit et d'humour, qui mêlent présent et passé, souvenirs et réflexions tout en conjuguant route, audace et liberté, sainte trinité de son existence pas banale. Car rien ne prédestinait Anne-France, née dans un milieu bourgeois et conservateur à tracer ainsi sa route… Dans le cadre du festival de La Charité-sur-Loire, Si loin si proche est également invité à présenter des écoutes sonores sur le quai Senghor de nos séries radiophoniques sur les femmes voyageuses. (Émission initialement diffusée le 27 juin 2021) En savoir plus: - Sur la programmation du festival Aux quatre coins du mot de La Charité-sur-Loire - Sur les ouvrages d'Anne-France Dautheville parus ou réédités aux Éditions Payot - Sur Bessie Stringfield, première femme noire à avoir traversé l'Amérique à moto dès les années 30 et pionnière encore largement méconnue.
En matière d'art contemporain, la capitale économique ivoirienne est depuis longtemps un terreau fertile. Après avoir traversé les années de crise et de conflits, la ville fait peau neuve, et de plus en plus de galeries et fondations d'art contemporain fleurissent au bord de la lagune Ebrié. Des lieux qui partagent et encouragent la création contemporaine africaine et ivoirienne, tout en cherchant à l'ouvrir au plus grand nombre, à commencer par le MuCAT, Musée des Cultures contemporaines Adama Toungara, inauguré en 2020 dans le quartier populaire d'Abobo, situé au Nord d'Abidjan. Peintres, sculpteurs, performers et plasticiens, dont beaucoup sont issus de l'école des Beaux-Arts d'Abidjan, trouvent alors des espaces pour exposer, vendre leurs œuvres et vivre de leur art, suivant les traces de leurs illustres aînés Ouattara Watts, Ernest Dükü ou Jems Koko Bi... Car à Abidjan, il y a l'argent et des fortunes capables d'acquérir toiles et sculptures, de faire collection, dans un marché international qui lorgne de plus en plus vers l'Afrique. Du quartier des affaires du Plateau, à Abobo, en passant par le quartier chic et vert de Cocody, suivons Vladimir Cagnolari parti prendre le pouls de l'Abidjan Arty. D'ateliers en expositions street-art, de vernissages en inauguration de galerie, Abidjan est zo ! Un reportage de Vladimir Cagnolari. En savoir plus : - Sur le MuCAT, Musée des Cultures contemporaines Adama Toungara situé à Abobo - Sur le travail de l'artiste ivoirien Peintre Obou - Sur la Fondation Donwahi pour l'Art contemporain ouverte en 2008 à Cocody - Sur la Rotonde des arts, autre adresse incontournable à Abidjan, dirigée par Yacouba Konaté, une figure des arts en Côte d'Ivoire - Sur la Galerie Pièce Unique/ Fondation BJKD inaugurée récemment. Émission initialement diffusée le 17 octobre 2021.
Nouvel épisode de notre série de voyages à travers le passé et le présent noir des grandes villes du monde. Direction Madrid, capitale d'un pays situé à seulement 14 km des côtes africaines mais qui ignore encore largement son africanité. Dire que l'Espagne est proche de l'Afrique relève de l'évidence. Géographique d'abord, l'Espagne étant le seul pays d'Europe à conserver des territoires (Ceuta et Melilla) sur le sol africain. Historique aussi. La période musulmane de la péninsule ibérique (711-1492) où de nombreux Nord-Africains ont foulé le sol d'Al Andalus, est une page importante de la longue histoire du métissage dans la péninsule, faite d'héritages croisés entre monde arabe, grec, latin, juif mais aussi africain. À tel point que l'on disait que l'Afrique commençait au pied des Pyrénées. Aujourd'hui à Madrid, capitale conservatrice et castillane peuplée de plus de 3 millions d'habitants, comme ailleurs dans le pays, cet héritage est largement méconnu voire ignoré. Il en va de même pour l'histoire esclavagiste et coloniale, les Espagnols n'ayant pas fait grande publicité, à l'inverse des Portugais, de leur entreprise coloniale en Afrique, notamment en Guinée Équatoriale. «Afro-espagnols» nés en Espagne, Africains du continent arrivés plus récemment ou «Afro-latinos» venus d'Amérique du Sud, les personnes noires du pays seraient au nombre de 1 à 2 millions. Et parmi elles, 700 000 seraient de nationalité espagnole. Très peu de données officielles existent à ce sujet et la communauté africaine et afro-descendante d'Espagne, consciente de son invisibilité, cherche aujourd'hui à se compter et à se rassembler. À Madrid, c'est à Lavapiés que l'on peut retrouver le visage multiculturel de la ville. S'y côtoient des Espagnols, des immigrés sénégalais et bangladais, des touristes internationaux... Des militants anti-racistes s'y rassemblent et font cause commune, notamment pour défendre les sans-papiers africains de la ville. Dans les grandes institutions culturelles de Madrid, en revanche, les visages et l'histoire noire demeurent invisibles, comme maintenus dans un angle mort du récit national espagnol. Il faut alors aller les chercher. C'est ce qu'a fait notre reporter partie à la découverte d'Afro-madrilènes qui font bouger la ville et les lignes d'un pays qui a du mal à regarder son africanité en face. Un reportage d'Inès Edel-Garcia. Émission initialement diffusée le 5 décembre 2021. Ce reportage s'inscrit dans le cadre de notre série de voyages à la rencontre des diasporas africaines que ce soit à Bruxelles, Lisbonne ou encore Berlin, etc. Intervenants : Antumi Toasijé, Justo Bolekia Boleká, Elena García, Becha Sita Kumbu, Serigne Mbayé, Vanessa Cadena, Yeison García López, Rubén H. Bermúdez, Ana Cebrián Martínez. À découvrir : - Le Museo de America propose jusqu'en février 2022 une exposition temporaire sur l'esclavage et l'héritage culturel de l'Afrique dans les Caraïbes. - Certains lieux incontournables de Madrid sont intimement liés à l'histoire esclavagiste et coloniale de l'Espagne. Par exemple, des ventes aux enchères de personnes réduites à l'esclavage ont eu lieu sur la Plaza Mayor et des «zoos humains» ont été organisés au parc du Retiro. Quant au luxueux quartier de Salamanca, il est étroitement lié au Marquis de Vinent, un esclavagiste qui s'est enrichi de la traite transatlantique. - Au Musée du Prado, découvrez l'oeuvre de Juan de Pareja, en particulier La Vocación de San Mateo sur laquelle cet ancien esclave noir et membre de l'atelier de Velázquez s'est auto-représenté. - À deux pas de la gare d'Atocha, la basílica-parroquia Nuestra Señora de Atocha abrite une vierge noire très similaire à la Moreneta que l'on trouve aussi en Catalogne. Jusqu'au XVIIe siècle, au sein de l'Église catholique, les personnes noires étaient représentées comme des figures proches du pouvoir. - Lavapiés est le quartier multiculturel de Madrid. Calle Esgrima, vous rencontrerez Becha Sita Kumbu qui a fait de son atelier de couture BeshaWear une boutique solidaire et anti-raciste. Plus bas sur la calle Mesón de Paredes, le Sindicato de Manteros a récemment ouvert une boutique nommée «Pantera» pour soutenir financièrement les vendeurs de rue sans papiers. En descendant sur la calle Embajadores, en face du Mercado de San Fernando, vous découvrirez la fresque «En mémoire à Mame Mbaye et à nos frères et soeurs victimes migrantes... qui luttent pour obtenir leurs papiers» - ce vendeur de rue est décédé en 2018 après une course poursuite avec la police. - À Madrid, la diaspora équato-guinéenne se concentre plutôt en banlieue Sud, dans les communes de Léganès, Móstoles, Alcorcón, Fuenlabrada, Getafe, Parla ou encore Torrejón de Ardoz où est né le hip-hop espagnol. Chaque 15 août, la communauté Bubi y célèbre la Madre Bisila, la patronne de l'île guinéenne de Bioko. - Les anciens abattoirs de Matadero Madrid ont longtemps accueilli le festival Conciencia Afro et la rédaction de la revue en ligne Negrxs. Le collectif vient d'ailleurs de lancer une campagne de crowdfunding pour créer un «Espacio Afro» en toute indépendance. À lire : - Rogelio López Cuenca, Los Bárbaros, lugares de memoria del colonialismo español en Madrid, 2016 - Juan Valbuena, Ojos que no ven, corazón que no siente, 2018 - Observatorio Español del Racismo y la Xenofobia, Seminario sobre el legado de las personas africanas y afrodescendientes a España, 2020 - Lucía Asué Mbomio Rubio, Las que se atrevieron, Sial/Casa de África, 2017 - Rubén H. Bermúdez, Y tú, ¿Por qué eres negro ?, Encuadernación Rústica, 2018 - Moha Gerehou, Qué hace un negro como tú en un sitio como este, Península, 2021. À voir : - Miguel Ángel Rosales, Gurumbé, canciones de tu memoria negra, 2016, 75' - Telemadrid, Eso no se pregunta : Negros, 2018, 40' - Javier Fernández Vázquez, Anunciaron Tormenta, 2020, 88' - Rubén H. Bermúdez, A todos nos gusta el plátano, 2021, 61'. Diaporama
Faire du voyage une érudition sensible, c'est un art auquel s'emploie brillamment l'autrice d'origine bulgare, livre après livre. Que l'on referme «Lisière», son premier ouvrage traduit en français ou «L'écho du Lac» tout juste publié, on en ressort à chaque fois avec l'impression tenace d'avoir fait soi-même, lecteur, un grand voyage… du genre qui «vous fait ou vous défait», comme disait Nicolas Bouvier. L'écrivain voyageur suisse, on le retrouve sur le chemin de Kapka, puisqu'elle a reçu en 2020 pour «Lisière» le prix Nicolas Bouvier, décerné par le grand festival français «Étonnants Voyageurs» ; mais aussi parce que Bouvier avait très tôt perçu, ce que Kapka, enfant bulgare née en 1973 à l'ombre du rideau de fer, a connu dans sa chair : soit la force et la fureur des Balkans, terres de larmes et de musique, de brassages et d'exodes, d'empires déchus et de nations malades, de destins singuliers qui, ensemble, conjuguent au pluriel notre grande histoire humaine. Installée aujourd'hui en Écosse dans les Highlands, après des années passées sur les routes, Kapka Kassabova a décidé de retourner sur les lieux de son enfance, aux confins de l'Europe, afin d'en déployer la carte mentale et physique, dans des zones frontalières à la géographie «traumatisée» pour Lisière ou aux abords des lacs Prespa et Ohrid, entre Macédoine, Albanie et Grèce à la croisée des civilisations et des cultures pour «L'écho du lac». Les éléments naturels : la forêt, les montagnes ou les lacs irriguent l'écriture poétique et mosaïque de Kapka Kassabova, comme ils conduisent ses pas en chemin. Et puis, il y a les hommes et les femmes qui vivent en ces lieux, y survivent souvent, les hantent parfois. En véritable disciple d'Hérodote, Kapka écoute et collecte les destins romanesques -mais vrais- de ces habitants. Mêlant récits familiaux, mythes antiques et légendes locales, elle donne alors à ses récits un souffle épique, presque magique mais aussi une dimension chorale qui dépasse son seul voyage, à l'écoute de lieux longtemps passés sous silence. Voyage à l'est et au sud de l'Europe, entre la Grèce, la Bulgarie, la Turquie ou encore la Macédoine et l'Albanie, en compagnie d'une écrivaine pour qui la géographie façonne l'histoire et l'âme des peuples. Émission initialement diffusée le 3 octobre 2021. Bibliographie : - «L'écho du lac. Guerre et paix dans les Balkans», Kapka Kassabova. Éditions Marchialy. Traduit de l'anglais par Morgane Saysana - «Lisière. Voyage aux confins de l'Europe», Kapka Kassabova. Éditions Marchialy. Traduit de l'anglais par Morgane Saysana.
Chaque année en France, aux beaux jours, ils et elles sont plus d'un millier à prendre leurs quartiers d'été en montagne, le temps d'une estive, avec leur troupeau. Ils et elles sont bergers, bergères : un métier rude et exigeant, un mode de vie singulier et fascinant, un monde pastoral universel et ancestral, que l'on sait exister là-haut, mais qu'en bas, l'on connaît souvent peu ou mal. « Aller au-delà du pays », c'est le sens du mot transhumance et c'est le voyage qu'a fait Raphaëlle Constant dans les Alpes de Haute-Provence, dans les pas de Léa Coelho, une bergère souveraine à sa manière dans ses montagnes. À leurs côtés, 200 brebis, une centaine de chèvres et d'autres bergers comme Léa, en route pour des alpages à 1 500 mètres d'altitude, entre la Vallée du Verdon et de la Vaïre. Le monde pastoral change, se féminise, dit-on. Mais loin du mythe de la bergère, Léa et ses compagnons de route nous montrent la voie : celle d'un dialogue cohérent, généreux et indispensable entre l'homme et son environnement. Suivons-les ! Un reportage de Raphaëlle Constant. En savoir plus : - La Maison de la transhumance en Provence - La Maison du berger et des cultures pastorales alpines dans les Hautes-Alpes - Le Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée dans les Alpes de Haute-Provence - L'association La Sarriette qui valorise la laine de brebis et les plantes des montagnes des Alpes de Haute-Provence. À lire : - « Bergères en leurs alpages », d'Hélène Armand, Éditions Glénat - « Bergère », de Florence Debove, Éditions Transboréal - « Dans les pattes des moutons », une BD de Maiiva, Éditions la Cardère, et un film de Natacha Boutkevitch - « Un berger, des bergères, Nouveaux enjeux d'un métier en mutation » : une enquête de Guillaume Lebaudy (ethnologue, École des Hautes Études en Sciences Sociales) et Julien Seghers (stagiaire INFOMA du Ministère de l'Agriculture), 2010. (Rediffusion du 25 juillet 2021)
À l'occasion du bicentenaire de la Société de Géographie, la Bibliothèque Nationale de France propose une exposition qui invite à repenser et déconstruire l'exploration au XIXè siècle. Car au-delà de la figure héroïsée de l'explorateur solitaire, aventurier blanc avide de lointains et de découvertes, existent d'autres visages, d'autres figures longtemps maintenues dans l'ombre : des intermédiaires locaux, des femmes exploratrices, des explorateurs non-européens, etc. Dépasser le mythe pour entrer dans l'histoire, c'est l'ambition affichée et réussie par la BNF dans son exposition « Visages de l'exploration au XIXè siècle. Du mythe à l'histoire ». Pour cela, elle s'est appuyé sur près de 200 pièces issues des fonds de la Société de Géographie, une société savante fondée à Paris en 1821 afin d'encourager la découverte et la connaissance du monde. À cette époque, après les grandes expéditions maritimes et scientifiques du XVIIIè siècle, les voyages d'exploration se multiplient, encouragés notamment par la Société de Géographie. Dans la presse illustrée ou les récits d'aventure à la Jules Verne, la figure de l'explorateur bravant tous les dangers dans des contrées lointaines et sauvages, devient totémique et prend toute la place. Une culture et un imaginaire de l'exploration se forgent alors, avec au centre l'homme blanc, casque colonial vissé sur la tête et la carabine jamais très loin. Dans les récits d'exploration, la solitude et le courage sont souvent mis en scène, omettant de dire que l'explorateur n'est jamais seul sur le terrain et que son action est parfois loin d'être désintéressée, maintenant ainsi dans l'ombre des auxiliaires ou savants lettrés jouant les intermédiaires, qui ont pourtant rendu l'exploration possible. Au XIXè siècle, à l'heure où les nations du Vieux Continent ont bien compris que l'exploration du monde était un formidable levier de connaissances, mais aussi de puissance, les appétits coloniaux s'aiguisent. Ainsi dans cette exposition, la figure du militaire conquérant usant de ruse et de violence est aussi présenté et le lien étroit, voire intrinsèque, entre colonisation et exploration est largement déconstruit tout au long du parcours. Enfin, dans la dernière salle consacrée au retour des missions d'exploration, au sujet des objets ramenés par les explorateurs qui figurent encore aujourd'hui dans les musées français, se pose la question brûlante du retour de ces pièces parfois spoliées dans un contexte de domination coloniale. Dans la grande famille des explorateurs du XIXè siècle, si l'on connaît déjà Dumont Durville, Admunsen, Livingstone, Caillé, Rasmussen ou Stanley, les noms de David Boilat le métis, Eugénie Coudreau, Apatou, El Hadj Ahmed ben Mohammed El Fellati, Nain Singh, Matthew Henson ou encore Mohammed ibn-Omar El Tounsy dit le Tunisien auront enfin un visage. Un reportage de Céline Develay-Mazurelle. En savoir plus : - Sur l'exposition « Visages de l'exploration au 19e siècle. Du mythe à l'histoire » qui se tient à la BNF jusqu'au 24 août 2022. - Sur la Société de Géographie, société savante fondée en 1821 et plus ancienne société de géographie au monde. - Sur la thématique, la BNF a publié en ligne un dossier très complet. Elle a, par ailleurs, édité un catalogue d'exposition richement documenté et illustré. Sous la direction de l'historienne spécialiste des voyages Hélène Blais et d'Olivier Loiseaux, conservateur général au Département des cartes et des plans de la BNF en charge des collections de la Société de Géographie. Ils sont les deux commissaires de l'exposition. - Sur le travail de Camille Lefebvre, historienne spécialiste du Sahel et du Sahara au XIXè siècle et membre du Comité scientifique de l'exposition. Un article sur son livre publié aux Éditions de la Sorbonne en 2015 « Frontières de sable, frontières de papier. Histoire de territoires et de frontières, du jihad de Sokoto à la colonisation française du Niger (xixe-xxe siècles) ».
Au sud-est de la République Démocratique du Congo, les mines de cuivre ont donné naissance à la seconde ville du pays. À Lubumbashi, s'est alors forgée une culture originale qui perdure, même si son fleuron, la société Gécamines, n'est plus que le fantôme d'elle-même. Située dans la province du Haut-Katanga, une région particulièrement riche en minerais (cobalt, cuivre…), la capitale minière de la RDC a connu comme en Afrique du Sud, une ruée, un boom minier qui dès le début du XXè siècle va faire naître une des premières cultures ouvrières d'Afrique, dans le giron des sociétés coloniales puis de compagnies paternalistes qui leur succédèrent. Déjà, plusieurs siècles avant l'arrivée des Belges, les « mangeurs de cuivre » exploitaient artisanalement les ressources de leur terre pour en faire une monnaie d'échange, les fameuses croisettes de cuivre devenues emblématiques du Katanga. Puis, avec la colonisation, la ville, fondée en 1910 sous le nom d'Elisabethville, va bâtir sa prospérité, son architecture mais aussi sa culture autour des mines de cuivre. C'est l'Union Minière du Haut Katanga, nationalisée en 1967 (elle prendra plus tard le nom de Gécamines), qui donnait alors le tempo de la ville, réglant la vie de ses habitants jusque dans leurs loisirs. Aujourd'hui, la Gécamines n'a plus le monopole du cuivre et du cobalt, et la ville est devenue une métaphore de la mondialisation avec ses concessions géantes gérées par des groupes étrangers. Que reste-t-il de cette histoire et de cette culture, dans la capitale du Katanga qui, en 1960, fit sécession et manqua de devenir indépendant ? C'est ce qu'on est parti chercher, à l'ombre du terril et de la cheminée de l'usine de Lubumbashi désormais à l'arrêt. Un reportage de Vladimir Cagnolari. En savoir plus / À lire : - Le site de la Gécamines ou Générale des Carrières et des Mines - Sur l'effondrement de la Gécamines, un article historique publié dans les Cahiers d'études africaines - « Lubumbashi 1910-2010- Mémoire d'une ville industrielle », un livre de Donatien Dibwe dia Mwembu, sous la direction de Bogumil Jewsiewiki. Éditions L'Harmattan. - « La société de la Kopperbelt Katangaise », un livre de Donatien Dibwe dia Mwembu. Éditions L'Harmattan.
Situé au-delà du 60è parallèle Nord, au beau milieu de l'Atlantique Nord, quelque part entre l'Islande et l'Écosse, ce chapelet de 18 îles volcaniques est longtemps resté méconnu et isolé. Aujourd'hui, ces confins sauvages et majestueux attirent de plus en plus de voyageurs, férus de nature et de culture à l'état brut. Surtout que sur place, les attend un peuple fier et attachant, à l'identité féroïenne passionnante. Aux Féroé, sur ces terres de landes verdoyantes, truffées de moutons, d'oiseaux, de cascades, de montagnes et de falaises déchiquetées par la mer, les panoramas sont sublimes, époustouflants. Encore faut-il que le brouillard épais du Nord n'ait pas décidé de gâcher la vue ? Car là-bas, le climat est rude et particulièrement changeant. Le vent souffle fort et la pluie tombe, paraît-il, près de 300 jours par an. En ces lieux qui comptent plus de moutons (80 000) que d'habitants (53 000), chaque apparition du soleil fait alors l'effet d'une bénédiction, offrant des lumières typiquement nordiques, entre bleu profond de la mer et ciel mordoré. Sans parler de l'hiver, où il n'y a que 5 heures de lumière par jour. Ainsi, sur ces cailloux de basalte, il faut apprendre à déposer les armes de la certitude et faire avec le temps et les éléments, comme ont finalement appris à le faire, depuis des siècles, les Féroïens, descendants de Vikings et de femmes celtes, longtemps pêcheurs de père en fils. D'ailleurs, parce qu'ici la nature règne en maître, les Féroé ont été surnommées par les Anglais, passés par là pendant la Seconde Guerre Mondiale « The land of maybe », le pays du peut-être… Aujourd'hui au XXIè siècle, l'archipel subarctique dépend toujours du Royaume du Danemark, mais il dispose depuis 1948 d'une autonomie importante et s'exprime dans sa langue : le féroïen. Longtemps proscrite par les Danois, cette langue a toujours été le socle d'une culture décidément particulière, faite de traditions orales, de sagas nordiques et de ballades héroïques datant du Moyen-Age. Et rares sont les endroits dans le monde, où l'on peut rencontrer, comme c'est le cas aux Îles Féroé, des traditions aussi vivantes et vibrantes parmi la population. Bien sûr, la chasse traditionnelle de cétacés, le fameux Grindadráp est la plus décriée et contestable d'entre toutes, pour son archaïsme et sa violence. En voyage sur place, il est intéressant d'échanger à ce sujet avec les Féroïens, afin de comprendre comment ce peuple s'appuie sur ces traditions mais les interroge aussi. Car la société féroïenne bouge et s'est considérablement développée grâce à l'argent de la pêche, en particulier l'élevage de saumon. En à peine vingt ans, la capitaleTórshavn a vu fleurir cafés, restaurants, galeries d'art et lieux de musique prisés des touristes et des Féroiens. Car la nation est particulièrement musicale, artiste dans l'âme, inspirée par cet environnement naturel si puissant qui l'entoure. Dans ces confins volcaniques battus par les vagues et les vents, on circule désormais facilement entre les îles, via des tunnels sous-marins dernier cri ; et les lieux se prêtent à la randonnée, l'imperméable jamais très loin, sur des sentiers historiques ouverts par les anciens, à une époque où l'on ne pouvait que marcher dans les montagnes. Car au-delà des paysages à couper le souffle, c'est cela que l'on retient d'un voyage aux Féroé : à quel point ce peuple a résisté et lutté pour se maintenir sur ces îles, contre vents, marées et vagues de colonisation, entre survie et harmonie avec la nature. Un reportage en 2 épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary. Avec le concours du Labo RFI. Y ALLER : - Ouverte en 2019 mais interrompue pendant la pandémie, un vol direct d'Atlantic Airways relie à nouveau, deux fois par semaine, les Féroé à la France. Durée de vol : 2h40 seulement - Pour préparer votre voyage, le site de Visit Faroe Islands est une mine d'informations, en anglais. Le territoire étant petit et bien exploré, tout y est, ou presque ! EN VOYAGE : - Sur place, le mieux est de se baser dans la capitale Tórshavn depuis laquelle on circule facilement entre les îles par les tunnels et les ferrys. L'hôtel Føroyar, idéalement situé sur les hauteurs de la ville, offre une vue imprenable sur le port et la baie. - Dans les endroits plus isolés, il est possible de recourir à l'Heimablídni soit « hospitalité à la maison », un concept qui s'est développé avec le tourisme, faute de restaurants dans tout l'archipel. Des Féroïens proposent alors chez eux des plats locaux typiquement féroïens. Une bonne occasion de rencontrer des habitants, souvent anglophones, comme Lena et Jakup qui font l'Heimablidni, dans leur maison-jardin Garðarhúsið, ou chez Harriett et John, un jeune couple touche à tout, éleveur de moutons, commerçant et photographe qui reçoit en table d'hôtes à la maison Hanusarstova, sur l'île d'Esturoy. Harriett, instagrameuse et bergère, fait par ailleurs des clichés romantiques et inspirées de ses bêtes. Elle prépare prochainement un hébergement à la ferme, avec vue sur la mer et les vastes prés. - Les îles regorgent de sentiers de randonnée qui mènent à des cascades comme celle de Gásadalur, des lacs comme celui de Sørvágsvatn, parfois en partant de petits villages typiques de pêcheurs avec ses maisons aux toits de tourbe. - À découvrir pour les passionnés d'oiseaux l'île de Mykines. C'est le paradis des oiseaux marins (macareux, puffins) qui se gagne par la mer depuis Sorvagur. Attention, la météo peut annuler tout départ à Mykines. - Le village de Kirkjubøur, avec ses églises et son histoire très ancienne est un bon point de départ, couplé avec une visite du Musée national des Îles Féroé pour comprendre l'histoire du peuplement et s'imprégner de l'atmosphère féroïenne, faite de légendes et de croyances. - Si vous souhaitez être guidé, le site Guide to Faroe Islands propose des tas de visites guidées, en anglais. L'offre est riche et va du tour photo à la rando d'hiver en passant par l'observation des oiseaux ou l'excursion en bateau. Elin Hentze est une guide francophone culturelle reconnue sur place. - À Tórshavn, le Paname Café est le refuge idéal et cosy par temps de pluie. Il est adossé à une librairie où les ouvrages sur les Îles Féroé en anglais sont légion. - Situé dans la capitale, la Nordic House est un lieu à l'architecture étonnante où il fait bon s'arrêter dans son café vegan. Cette institution culturelle affiche une programmation artistique ambitieuse qui témoigne de la vitalité culturelle des îles. À LIRE, ÉCOUTER ET VOIR : - La littérature féroïenne est aujourd'hui en plein essor, portée à l'étranger par l'organisme Farlit. À noter que peu d'auteurs féroïens sont traduits en français. Parmi eux, Jóanes Nielsen qui a publié aux Éditions La Peuplade « Les collectionneurs d'images », un ouvrage fort et habité sur le quotidien rude des Féroïens dans les années 60-70, entre poids de l'église et vies de labeur en mer. - À Tórshavn, une seule adresse, incontournable et géniale pour les amateurs de musique 100% Féroé : Tutl Records. À la fois magasin de disques, musée de l'histoire de la musique dans l'archipel et producteur d'artistes féroïens depuis près de 50 ans, les lieux ont été initiés par le musicien Kristian Blak, un passeur d'histoires et de musiques unique en son genre. Si vous avez la chance de le croiser à Tutl, il est francophone. - Parmi les artistes féroïens, on vous recommande la grande Eivør, artiste féroïenne la plus connue à l'international, ou encore Elin Brimheim Heinesen. Dans la jeune génération, allez écouter la touchante Greta Svabo Bech ou encore les jeunes trublions rock garage Joey and the Shitboys. La Cultural Night qui se tient chaque année en juin, est un bon moyen de découvrir l'effervescence musicale des îles, depuis la capitale. - De plus en plus d'étrangers viennent s'installer aux Îles Féroé et beaucoup passent un jour derrière les micros de Stella Zachariassen, une Féroïenne d'origine sri-lankaise et artiste touche-à-tout qui a lancé son podcast Home and Away. The Faroe Islands Podcast. Il fait la part belle aux récits des nouveaux venus dans l'archipel. - Parmi ces nouveaux venus, deux photographes français qui vivent depuis 2021 sur place et mène un travail d'images tout en finesse sur les Féroé. D'un côté, Lucas Frayssinet poursuit un travail documentaire au long cours sur les traditions du peuple féroïen, en particulier autour de la pêche. De l'autre, Ophélie Giralt mène actuellement une exploration visuelle et sensible autour de l'enfance et des contes et légendes de l'archipel. À découvrir aussi les images lunaires de Kevin Faingnaert aux îles Féroé.
Situé au-delà du 60è parallèle Nord, au beau milieu de l'Atlantique Nord, quelque part entre l'Islande et l'Écosse, ce chapelet de 18 îles volcaniques est longtemps resté méconnu et isolé. Aujourd'hui, ces confins sauvages et majestueux attirent de plus en plus de voyageurs, férus de nature et de culture à l'état brut. Surtout que sur place, les attend un peuple fier et attachant, à l'identité féroïenne passionnante. Aux Féroé, sur ces terres de landes verdoyantes, truffées de moutons, d'oiseaux, de cascades, de montagnes et de falaises déchiquetées par la mer, les panoramas sont sublimes, époustouflants. Encore faut-il que le brouillard épais du Nord n'ait pas décidé de gâcher la vue ? Car là-bas, le climat est rude et particulièrement changeant. Le vent souffle fort et la pluie tombe, paraît-il, près de 300 jours par an. En ces lieux qui comptent plus de moutons (80 000) que d'habitants (53 000), chaque apparition du soleil fait alors l'effet d'une bénédiction, offrant des lumières typiquement nordiques, entre bleu profond de la mer et ciel mordoré. Sans parler de l'hiver, où il n'y a que 5 heures de lumière par jour. Ainsi, sur ces cailloux de basalte, il faut apprendre à déposer les armes de la certitude et faire avec le temps et les éléments, comme ont finalement appris à le faire, depuis des siècles, les Féroïens, descendants de Vikings et de femmes celtes, longtemps pêcheurs de père en fils. D'ailleurs, parce qu'ici la nature règne en maître, les Féroé ont été surnommées par les Anglais, passés par là pendant la Seconde Guerre Mondiale « The land of maybe », le pays du peut-être… Aujourd'hui au XXIè siècle, l'archipel subarctique dépend toujours du Royaume du Danemark, mais il dispose depuis 1948 d'une autonomie importante et s'exprime dans sa langue : le féroïen. Longtemps proscrite par les Danois, cette langue a toujours été le socle d'une culture décidément particulière, faite de traditions orales, de sagas nordiques et de ballades héroïques datant du Moyen-Age. Et rares sont les endroits dans le monde, où l'on peut rencontrer, comme c'est le cas aux Îles Féroé, des traditions aussi vivantes et vibrantes parmi la population. Bien sûr, la chasse traditionnelle de cétacés, le fameux Grindadráp est la plus décriée et contestable d'entre toutes, pour son archaïsme et sa violence. En voyage sur place, il est intéressant d'échanger à ce sujet avec les Féroïens, afin de comprendre comment ce peuple s'appuie sur ces traditions mais les interroge aussi. Car la société féroïenne bouge et s'est considérablement développée grâce à l'argent de la pêche, en particulier l'élevage de saumon. En à peine vingt ans, la capitaleTórshavn a vu fleurir cafés, restaurants, galeries d'art et lieux de musique prisés des touristes et des Féroiens. Car la nation est particulièrement musicale, artiste dans l'âme, inspirée par cet environnement naturel si puissant qui l'entoure. Dans ces confins volcaniques battus par les vagues et les vents, on circule désormais facilement entre les îles, via des tunnels sous-marins dernier cri ; et les lieux se prêtent à la randonnée, l'imperméable jamais très loin, sur des sentiers historiques ouverts par les anciens, à une époque où l'on ne pouvait que marcher dans les montagnes. Car au-delà des paysages à couper le souffle, c'est cela que l'on retient d'un voyage aux Féroé : à quel point ce peuple a résisté et lutté pour se maintenir sur ces îles, contre vents, marées et vagues de colonisation, entre survie et harmonie avec la nature. Un reportage en 2 épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary. Avec le concours du Labo RFI. Y ALLER : - Ouverte en 2019 mais interrompue pendant la pandémie, un vol direct d'Atlantic Airways relie à nouveau, deux fois par semaine, les Féroé à la France. Durée de vol : 2h40 seulement - Pour préparer votre voyage, le site de Visit Faroe Islands est une mine d'informations, en anglais. Le territoire étant petit et bien exploré, tout y est, ou presque ! EN VOYAGE : - Sur place, le mieux est de se baser dans la capitale Tórshavn depuis laquelle on circule facilement entre les îles par les tunnels et les ferrys. L'hôtel Føroyar, idéalement situé sur les hauteurs de la ville, offre une vue imprenable sur le port et la baie. - Dans les endroits plus isolés, il est possible de recourir à l'Heimablídni soit « hospitalité à la maison », un concept qui s'est développé avec le tourisme, faute de restaurants dans tout l'archipel. Des Féroïens proposent alors chez eux des plats locaux typiquement féroïens. Une bonne occasion de rencontrer des habitants, souvent anglophones, comme Lena et Jakup qui font l'Heimablidni, dans leur maison-jardin Garðarhúsið, ou chez Harriett et John, un jeune couple touche à tout, éleveur de moutons, commerçant et photographe qui reçoit en table d'hôtes à la maison Hanusarstova, sur l'île d'Esturoy. Harriett, instagrameuse et bergère, fait par ailleurs des clichés romantiques et inspirées de ses bêtes. Elle prépare prochainement un hébergement à la ferme, avec vue sur la mer et les vastes prés. - Les îles regorgent de sentiers de randonnée qui mènent à des cascades comme celle de Gásadalur, des lacs comme celui de Sørvágsvatn, parfois en partant de petits villages typiques de pêcheurs avec ses maisons aux toits de tourbe. - À découvrir pour les passionnés d'oiseaux l'île de Mykines. C'est le paradis des oiseaux marins (macareux, puffins) qui se gagne par la mer depuis Sorvagur. Attention, la météo peut annuler tout départ à Mykines. - Le village de Kirkjubøur, avec ses églises et son histoire très ancienne est un bon point de départ, couplé avec une visite du Musée national des Îles Féroé pour comprendre l'histoire du peuplement et s'imprégner de l'atmosphère féroïenne, faite de légendes et de croyances. - Si vous souhaitez être guidé, le site Guide to Faroe Islands propose des tas de visites guidées, en anglais. L'offre est riche et va du tour photo à la rando d'hiver en passant par l'observation des oiseaux ou l'excursion en bateau. Elin Hentze est une guide francophone culturelle reconnue sur place. - À Tórshavn, le Paname Café est le refuge idéal et cosy par temps de pluie. Il est adossé à une librairie où les ouvrages sur les Îles Féroé en anglais sont légion. - Situé dans la capitale, la Nordic House est un lieu à l'architecture étonnante où il fait bon s'arrêter dans son café vegan. Cette institution culturelle affiche une programmation artistique ambitieuse qui témoigne de la vitalité culturelle des îles. À LIRE, ÉCOUTER ET VOIR : - La littérature féroïenne est aujourd'hui en plein essor, portée à l'étranger par l'organisme Farlit. À noter que peu d'auteurs féroïens sont traduits en français. Parmi eux, Jóanes Nielsen qui a publié aux Éditions La Peuplade « Les collectionneurs d'images », un ouvrage fort et habité sur le quotidien rude des Féroïens dans les années 60-70, entre poids de l'église et vies de labeur en mer. - À Tórshavn, une seule adresse, incontournable et géniale pour les amateurs de musique 100% Féroé : Tutl Records. À la fois magasin de disques, musée de l'histoire de la musique dans l'archipel et producteur d'artistes féroïens depuis près de 50 ans, les lieux ont été initiés par le musicien Kristian Blak, un passeur d'histoires et de musiques unique en son genre. Si vous avez la chance de le croiser à Tutl, il est francophone. - Parmi les artistes féroïens, on vous recommande la grande Eivør, artiste féroïenne la plus connue à l'international, ou encore Elin Brimheim Heinesen. Dans la jeune génération, allez écouter la touchante Greta Svabo Bech ou encore les jeunes trublions rock garage Joey and the Shitboys. La Cultural Night qui se tient chaque année en juin, est un bon moyen de découvrir l'effervescence musicale des îles, depuis la capitale. - De plus en plus d'étrangers viennent s'installer aux Îles Féroé et beaucoup passent un jour derrière les micros de Stella Zachariassen, une Féroïenne d'origine sri-lankaise et artiste touche-à-tout qui a lancé son podcast Home and Away. The Faroe Islands Podcast. Il fait la part belle aux récits des nouveaux venus dans l'archipel. - Parmi ces nouveaux venus, deux photographes français qui vivent depuis 2021 sur place et mène un travail d'images tout en finesse sur les Féroé. D'un côté, Lucas Frayssinet poursuit un travail documentaire au long cours sur les traditions du peuple féroïen, en particulier autour de la pêche. De l'autre, Ophélie Giralt mène actuellement une exploration visuelle et sensible autour de l'enfance et des contes et légendes de l'archipel. À découvrir aussi les images lunaires de Kevin Faingnaert aux îles Féroé.
Depuis la Guinée et le Fouta Djalon où il tire sa source, le fleuve Sénégal déroule son long ruban d'eau sur près de 1 800 km, pour traverser le Mali, arroser la Mauritanie et le Sénégal où il fait autant office de frontière que de trait d'union, jusqu'à se jeter dans l'océan Atlantique à Saint-Louis, cité historique d'eau douce et salée. Les photographes et auteurs Yves Barou et Djibril Sy ont descendu ce fleuve depuis sa source jusqu'à Saint-Louis, promenant leur regard inspiré et curieux «daande maayo», soit au fil de l'eau en poular. Croisant chutes tonitruantes, rives populeuses, barrages, vestiges coloniaux, villages et pirogues de pêcheurs. Jadis grande voie navigable d'échanges, le fleuve Sénégal a dû composer avec la sécheresse, la salinisation, l'exploitation de ses ressources et la dégradation de son environnement. Surtout, il a façonné les imaginaires comme les réalités de ceux qui vivent sur ses deux rives. Avec le Sénégalais Djibril Sy et le Français Yves Barou, suivez-nous à l'écoute de la voix d'un grand fleuve. Une émission initialement diffusée le 24 janvier 2021. En savoir plus : - «Daande Mayo, en descendant le fleuve Sénégal», de Djibril Sy et Yves Barou. Éditions Tohu Bobu. 2020. Un beau livre photo agrémenté notamment de textes du géographe et climatologue sénégalais Alioune Kane - Le site de l'association saint-louisienne La Liane, au bénéfice de laquelle tous les bénéfices du livre sont reversés - Sur l'enjeu de rendre le fleuve Sénégal navigable, autour du projet de l'OMVS ou «Organisme de mise en valeur du fleuve Sénégal» réunissant le Mali, le Sénégal, la Mauritanie et la Guinée. Un document instructif de l'IAGF ou «Initiatives sur l'Avenir des Grands Fleuves».
Au panthéon des écrivains voyageurs, le Britannique Bruce Chatwin tient une place résolument à part. Consacré chef de file dans les années 80 du « travel writing », il refusait cependant ce terme qu'il jugeait insignifiant. En même temps, l'auteur de « En Patagonie » ou du « Chant des pistes », avec ses allures de dandy baroudeur, a envoyé un paquet de voyageurs, sac au dos, sur les pistes argentines ou australiennes. Fasciné par le mode de vie nomade, Bruce Chatwin était toujours sur le départ ou de retour de quelque part. Mort en 1989 à 48 ans, il a donc fait de sa courte vie un voyage, une errance, de l'Italie au Soudan, de l'Afghanistan au Bénin, de la Grèce au Brésil. Ce faisant, il ne cessait d'écrire et de nourrir par le mouvement, l'étude et les rencontres, la matière de ses prochaines histoires, des récits souvent de vies lointaines et fascinantes. Plus de 30 ans après sa disparition, suivez-nous avec Jennifer Lesieur, auteure de « Tu marcheras dans le soleil », une biographie très personnelle de l'écrivain, sur les pas de cet esthète aventurier tout aussi impatient qu'érudit, qui avait en horreur le domicile et la vie sédentaire. Cette émission s'inscrit dans la collection Compagnons de route, série de portraits radiophoniques d'écrivains-voyageurs. Elle a été initialement diffusée en septembre 2019. → À lire : - « Tu marcheras dans le soleil », de Jennifer Lesieur. Éditions Stock - « Œuvres Complètes », de Bruce Chatwin. Éditions Grasset - « Songspirals : Sharing women's wisdom of Country through songlines ». Gay'Wu group of women.
Entre le sud-ouest de la France et le nord de l'Espagne, s'est jouée au XVIIè siècle une chasse aux sorcières éclair, qui va marquer les esprits. Et aujourd'hui, le Pays Basque revendique la mémoire de ses « Sorginak », loin des clichés folkloriques. Tremblez, les sorcières sont de retour ! Pendant près de 300 ans, en Europe et ailleurs dans le monde, des hommes, la raison dans une main et la croix dans l'autre, ont mené dès le XVè siècle une inlassable chasse aux sorcières, imaginant des simulacres de procès, des tortures indicibles et des meurtres de masse s'abattant surtout sur les femmes. Au XVIIè siècle, au Pays Basque, alors que les hommes étaient partis pêcher au large des côtes canadiennes, on a raconté que des messes noires se tenaient en forêt, dans des grottes, au sommet de la Rhune, dans la montagne Jaizkibel ou sur les plages d'Hendaye. Et sous le règne d'Henri IV, d'importants procès en sorcellerie ont eu lieu dans la région, en particulier en 1609. Cette date reste gravée dans la mémoire des Basques, comme elle l'est dans les monuments qui rendent hommage aux victimes de ces procès. Et de part et d'autre de la frontière, en Espagne et en France, des guides culturels, des historiens locaux et des musées s'attachent à rappeler le contexte qui a présidé à ces expéditions meurtrières, visant des femmes trop affranchies mais aussi une région et une culture basque trop rebelle à l'ordre établi et au pouvoir royal. Plus largement, ce pan de l'histoire, jadis méconnu voire méprisé, est désormais largement appréhendé et déconstruit dans une lecture de genre salutaire. Et en Europe, souffle enfin un vent de justice et de réhabilitation de ces femmes accusées à tort d'être maléfiques dans une fabrique du mal et de la domination à peine croyable. La figure de la sorcière, édentée et au nez crochu, est alors devenue en Occident une icône féministe. Parce qu'elle dit beaucoup du sort réservé aux femmes à travers les siècles et de notre rapport au monde invisible et païen. Et c'est ce que l'on découvre au Pays Basque, en suivant le sillage de la « Sorgin »… Un reportage d'Inès Edel-Garcia. À découvrir : - Le musée des sorcières à Zugarramurdi a ouvert en 2007 dans un ancien hôpital. Au premier étage, on découvre comment le mythe de la sorcière est né. On y présente les 33 personnes originaires de la vallée, accusées de sorcellerie et condamnées au procès de Logroño organisé par l'Inquisition espagnole en 1610. Le deuxième étage est consacré à la mythologie basque, aux rites et à la figure de l'herboriste. - À Saint-Pée-sur-Nivelle, sur la place rebaptisée «Place 1609» par l'association Lapurdi 1609, la sculpture Oroit Mina (En souvenir de la douleur) de Nestor Basterretxa a été érigée en 2009 à l'occasion des commémorations des 400 ans des procès du Labourd. Derrière, on devine le château de Saint-Pée-sur-Nivelle aujourd'hui en ruines. C'est là que s'était établi le tribunal laïc du juge Pierre de Lancre. - Depuis 2020, le guide Julien Gaüzère propose la Marche des sorcières, une randonnée transfrontalière de 8 km (3h30) au départ des grottes de Sare. La balade s'achève dans le village de Zugarramurdi avec la visite de la grotte. Aujourd'hui, c'est un site touristique payant, mais jusqu'au début des années 2000, la grotte accueillait chaque été une importante Fête des sorcières qui réunissait 15 000 personnes environ. - La Sorgin Gaua (Nuit de la sorcière) est organisée chaque année à Ciboure par l'association Donibane Ziburuko Ihauteriak. Au programme : défilé en habits traditionnels au rythme des cloches et danse autour du feu en mémoire des akelarre. - Le projet «Sourcière» du duo d'artistes -Y-est né en 2019. Pendant deux ans de résidence artistique au sein de la structure COOP, les artistes plasticiennes Julie Laymond et Ilazki de Portuondo ont mené une enquête sur l'empreinte de la magie sur le territoire basque en partant sur les traces d'Inessa de Gaxen, une femme condamnée à l'exil après le procès de Logroño. Ce travail a donné lieu à une première exposition à Orthez en septembre 2021. À lire : Sur les chasses aux sorcières et la figure de la sorcière dans le monde : - Silvia Federici, Caliban et la sorcière, Éditions Entremonde et Senonevero, 2014 - Mona Chollet, Sorcières, la puissance invaincue des femmes, Éditions La Découverte, Zones, 2018 - Céline Du Chéné, Les Sorcières - Une histoire de femmes, Éditions Michel Lafon, 2019 - Catherine Clément, Le musée des sorcières, Éditions Albin Michel, 2020. Sur les chasses aux sorcières et la mythologie au Pays Basque : - Jacques Ospital, La chasse aux sorcières au Pays Basque en 1609, Éditions Piperrak-Pimientos, 2009 - Claude Labat, Sorcellerie ? : ce que cache la fumée des bûchers de 1609, Elkar Éditions, 2009 - José Miguel Barandiaran Ayerbe, Brujería y brujas. Testimonios recogidos en el País Vasco, Txertoa, 2008 - Toti Martínez de Lezea, Leyendas de Euskal Herria, Erein, 2004.
De l'Afrique aux Balkans, voyage sur les traces d'un explorateur et cartographe oublié du XIXème siècle, avec l'écrivain français Guillaume Jan. Partir sur les traces des anciens, illustres ou inconnus, c'est un exercice de style littéraire, intellectuel et sensible auquel s'adonnent volontiers les écrivains dit voyageurs, tous rassemblés du 4 au 6 juin 2022, à Saint-Malo, en Bretagne, pour le Festival Étonnants Voyageurs. Pour ces écrivains, c'est souvent une façon de tremper la plume dans le romanesque des aventuriers avides et désorientés des siècles passés. Une façon aussi d'ancrer leur pas et leurs mots dans un territoire plus vaste, dans l'espace mais surtout le temps. C'est une manière de se dire aussi qu'avant soi, d'autres avaient tracé les mêmes chemins et de gagner par-là en perspective ou en complexité. Convoquer les figures anciennes, et marcher dans leurs pas, c'est surtout, peut-être, un moyen d'élargir sa famille vagabonde, de se trouver des pairs dans les entreprises solitaires que sont le voyage et l'écriture. Et c'est en somme ce qu'aime à faire depuis plus de 10 ans l'écrivain nomade français Guillaume Jan, notre invité, également présent ce week-end au Festival de Saint Malo. Dans son dernier récit «Alias Lejean», il tisse ainsi le motif de ses propres voyages à ceux d'un aventurier du XIXème siècle : un Breton comme lui, oublié de nos mémoires, qu'il a découvert sur le tard, un presque homonyme qui s'appelle Guillaume Lejean. Chemin faisant, l'écrivain français fait de ce cartographe un vieux père idéal, un aîné dont il aurait suivi la route à 150 ans d'écart, des Balkans à l'Afrique, sans le savoir, «avant même de le connaître», écrit-il. Car entre les deux hommes, au-delà du nom, les correspondances sont troublantes et les jeux de miroirs nombreux. Des livres de Guillaume Jan : - «Le baobab de Stanley» 2009. Réédition Éditions Livre de Poche 2016 - «Traîne Savane. 20 jours avec David Livingstone» 2014. Réédition Éditions Livre de Poche 2015 - «Samouraïs dans la brousse». Éditions Paulsen 2018 - «Alias Lejean» Éditions Stock 2022. En savoir plus sur Guillaume Lejean : - Un portrait dans la bibliothèque de l'IRD - Autour de la biographie de Marie Thérèse Lorrain sur le cartographe et voyageur breton paru aux Éditions Les Perséides - Un article paru en 2018 dans les Cafés Géographiques. Avec des dessins et gravures de Guillaume Lejean - La carte ethnographique des Balkans établie en 1861 par Guillaume Lejean.
Depuis dix ans, chacun à leur manière, Félix Blume et Sophie Berger parcourent le monde qu'ils écoutent, enregistrent et recomposent dans des pièces sonores comme autant de fenêtres sur le large. Cette semaine, on leur donne la parole et surtout on leur tend l'oreille ! Quand, en 1953, Nicolas Bouvier part avec son acolyte Thierry Vernet jusqu'en Afghanistan et au-delà, l'écrivain voyageur suisse emmène avec lui un enregistreur portable Nagra, encore à l'état de prototype, que lui a prêté son inventeur Stefan Kudelski. Durant ce voyage mythique qu'il relate dans son livre tout aussi mythique « L'Usage du monde », le Nagra deviendra son sésame, mais aussi le ferment du lien précieux qu'a eu toute sa vie, Nicolas Bouvier avec le monde, les sons venant irriguer plus largement son écriture ciselée, fine et sensible. Jusque-là, cet enregistrement de terrain ou «field recording» était une pratique, une démarche réservée aux seuls professionnels, ethnomusicologues ou audio-naturalistes. Et puis, la technologie aidant, capter les sons du dehors sera à la portée de voyageurs à l'écoute de ce chant du monde, qu'ils collectent, composent et restituent dans une vaste polyphonie aux accents scientifiques ou artistiques. Chez Félix Blume, le voyage s'est invité dans sa vie alors qu'il était preneur de son sur des documentaires, souvent tournés à l'étranger. Il a donc commencé à nous envoyer des cartes postales sonores depuis le Mali ou le Venezuela, avec la complicité d'Arteradio, site pionnier et inventif du podcast en France. Ensuite, ce sont des fresques qu'il s'est mises à peindre avec ses micros, collectant les cris des marchands ambulants de Mexico ou le dialogue subtil entre la forêt amazonienne profonde, les animaux et les hommes qui la peuplent. En parallèle, entre Mexico, le Brésil et la France où il vit tour à tour, Félix Blume imagine de délicates installations sonores, dans les arbres au Mexique, les forêts en Belgique ou sur des pontons en Thaïlande, des créations aux allures d'invitation à voyager, dialoguer et surtout écouter. Sophie Berger, elle, a 36 ans et place le voyage au cœur de sa démarche sonore. Formée à l'ENSATT (École Nationale des Arts et Techniques du Théâtre), elle a décidé, à l'issue de ses études en 2012, de partir marcher trois mois le long de la Loire, micro tendu et oreilles grandes ouvertes. Depuis, elle a embarqué et enregistré trois mois durant sur un gros porte-conteneur depuis le Havre jusqu'en Chine et retour. Elle s'est lancée jusqu'à l'île de Pâques ou Rapa Nui et pris le large pour les Terres Australes et Antarctiques Françaises, afin d'en ramener le son froid et pénétrant du vent à de telles latitudes. Artiste sonore indépendante, elle brode à chaque fois des pièces sensibles et immersives qui laissent une grande place au silence et à l'imaginaire de l'ailleurs. En parlant de leur travail et de leur position d'écoute et de prise de son, ces deux Français, vagabonds des ondes, nous racontent leurs voyages et leur usage sonore du monde à eux. Pour aller et écouter plus loin : - Le travail sonore de Félix Blume - Les créations sonores de Sophie Berger - Sur « l'enregistrement de terrain », le livre d'Alexandre Galand « Field recording, l'usage sonore du monde en 100 albums », paru aux Éditions «Le mot et le reste» est une ressource précieuse - Prolongez le voyage avec Monica Fantini, artisane de sons et de création avec «Écouter le monde» diffusé sur l'antenne de RFI. Écouter le monde est également une plateforme internet qui a pour vocation à partager et éditer les sons du monde, échos de notre quotidien de nos territoires et de notre humanité. Plus d'infos ici. - Pour toutes les oreilles nomades et sensibles, Arteradio, site français pionnier du podcast, offre depuis près de 20 ans de grands voyages sonores, notamment avec Félix Blume et Sophie Berger... - Cet été 2021, Phonurgia Nova lance la première édition du Dinard Podcast Festival, avec 4 nuits d'écoutes sous casque sur la plage du 28 au 31 juillet, des ateliers de formation et des rencontres professionnelles du 15 juillet au 15 août 2021. Une rencontre initialement diffusée le 11 juillet 2021.
À l'extrême sud du Sénégal, en Casamance, entre la Guinée-Bissau et la Gambie, se trouve une réserve protégée à nulle autre pareille : un dédale de bancs de sable, de lagunes, de mangroves et d'îlots forestiers, véritable refuge pour les oiseaux, les dauphins ou les tortues marines mais aussi les voyageurs de passage. Découverte au fil de l'eau d'un monde insulaire fascinant, en compagnie d'agents de conservation et d'habitants, véritables gardiens d'une nature riche mais fragile. Créée en 1978, la Réserve Ornithologique de Kalissaye se déploie sur plus de 30 000 hectares entre les îles du Bliss et de Karones, au cœur du delta du fleuve Casamance. Traversés de marigots, de vasières et de bolongs, les lieux se découvrent en pirogue et à petits pas, pour ne pas déranger les milliers d'oiseaux marins ou d'espèces marines menacées qui viennent y trouver des lieux de ponte et de reproduction. Depuis des décennies, la Casamance est une région surtout connue pour abriter l'un des plus vieux conflits sécessionistes du continent; et pourtant, loin des radars des voyageurs et des zones rouges sécuritaires, cette réserve ouverte au public, fait office d'espace de quiétude et de nature unique en son genre. En effet, malgré son classement en réserve protégée par l'État, la ROK demeure habitée et les populations insulaires locales sont étroitement associées à la conservation des lieux, dans une gestion partagée et concertée entre agents des parcs nationaux et villageois, parmi lesquels certains sont désignés comme éco-gardes. Et c'est justement cette gouvernance partagée qui en fait sa force. Sur place, malgré de maigres ressources, un manque manifeste d'eau potable et d'électricité, les habitants de la réserve mettent en place des solutions basées sur la nature pour se maintenir sur ces terres isolées. Accompagnés par le Comité français de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), ils réinventent alors chaque jour un mode de vie soucieux de cet environnement qui les entoure, cherchant à préserver la mangrove ou les ressources halieutiques, dans un équilibre déjà fragile et menacé chaque jour un peu plus par les dérèglements climatiques ou la surpêche en cours. Parfois, il faut s'éloigner des grands centres pour aller au cœur des choses, et c'est ce qu'enseigne un voyage à Kalissaye, ce bout du monde qui, à sa manière, en est le centre. Un reportage en 2 épisodes de Raphaëlle Constant. Pour prolonger le voyage. Liens utiles : - La page Facebook de la Réserve Ornithologique de Kalissaye - Les objectifs du PPI ou programme de petites initiatives africaines dans la ROK - La page Facebook du Comité français de l'UICN.
À l'extrême sud du Sénégal, en Casamance, entre la Guinée-Bissau et la Gambie, se trouve une réserve protégée à nulle autre pareille : un dédale de bancs de sable, de lagunes, de mangroves et d'îlots forestiers, véritable refuge pour les oiseaux, les dauphins ou les tortues marines mais aussi les voyageurs de passage. Découverte au fil de l'eau d'un monde insulaire fascinant, en compagnie d'agents de conservation et d'habitants, véritables gardiens d'une nature riche mais fragile. Créée en 1978, la Réserve Ornithologique de Kalissaye se déploie sur plus de 30 000 hectares entre les îles du Bliss et de Karones, au cœur du delta du fleuve Casamance. Traversés de marigots, de vasières et de bolongs, les lieux se découvrent en pirogue et à petits pas, pour ne pas déranger les milliers d'oiseaux marins ou d'espèces marines menacées qui viennent y trouver des lieux de ponte et de reproduction. Depuis des décennies, la Casamance est une région surtout connue pour abriter l'un des plus vieux conflits sécessionistes du continent; et pourtant, loin des radars des voyageurs et des zones rouges sécuritaires, cette réserve ouverte au public, fait office d'espace de quiétude et de nature unique en son genre. En effet, malgré son classement en réserve protégée par l'État, la ROK demeure habitée et les populations insulaires locales sont étroitement associées à la conservation des lieux, dans une gestion partagée et concertée entre agents des parcs nationaux et villageois, parmi lesquels certains sont désignés comme éco-gardes. Et c'est justement cette gouvernance partagée qui en fait sa force. Sur place, malgré de maigres ressources, un manque manifeste d'eau potable et d'électricité, les habitants de la réserve mettent en place des solutions basées sur la nature pour se maintenir sur ces terres isolées. Accompagnés par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature, ils réinventent alors chaque jour un mode de vie soucieux de cet environnement qui les entoure, cherchant à préserver la mangrove ou les ressources halieutiques, dans un équilibre déjà fragile et menacé chaque jour un peu plus par les dérèglements climatiques ou la surpêche en cours. Parfois, il faut s'éloigner des grands centres pour aller au cœur des choses, et c'est ce qu'enseigne un voyage à Kalissaye, ce bout du monde qui, à sa manière, en est le centre. Un reportage en 2 épisodes de Raphaëlle Constant. Pour prolonger le voyage. Liens utiles : - La page Facebook de la Réserve Ornithologique de Kalissaye - Les objectifs du PPI ou programme des petites initiatives africaines dans la ROK - La page Facebook du Comité français de l'UICN.
Voyager en tant que femme au XXIème siècle est encore une conquête. Pour se lancer, il faut donc s'armer de confiance, de mots et de modèles féminins. L'autrice Lucie Azéma s'y est récemment employée, en détricotant dans son essai, les mythes, en déconstruisant les biais sexistes, misogynes qui ont largement prévalu dans les récits de voyage et en convoquant de sacrées aventurières. « Les hommes ont des voyages, les femmes ont des amants », a dit André Malraux. Cette phrase résume à elle seule la place longtemps réservée aux femmes, réduites à leurs intérieurs et à qui la seule aventure que l'on concédait peut-être était celle du cœur. Et puis, il y a ce mythe persistant de Pénélope, figure sédentaire, fidèle, qui tisse et détisse son ouvrage pendant qu'Ulysse, lui, parcourt le monde. À la femme l'attente. À l'homme, l'aventure ! Pourtant, dès la moitié du XIXᵉ siècle, des occidentales intrépides ont décidé de se lancer et de parcourir le monde pour mieux le raconter. Certaines devaient partir incognito, déguisées en homme, d'autres attendaient le deuil d'un mari ou d'un père pour oser le voyage. Encore trop méconnues, ces pionnières demeurent des sources d'inspiration indispensables pour toutes celles qui envisagent aujourd'hui de voyager seule. Après des années de voyage et de lectures, Lucie Azéma a décidé d'écrire le livre qu'elle aurait aimé lire jeune fille, soit une relecture féministe de la trajectoire de ces pionnières, de leurs écrits et aussi de ceux de leurs homologues masculins, écrivains-voyageurs. Dans son essai « Les femmes aussi sont du voyage. L'émancipation par le départ », la journaliste française se livre à une déconstruction brillante et documenté du voyage au féminin, mettant en lumière à quel point le récit du monde s'est écrit entre hommes, blancs de surcroît, et comment ce fameux « male gaze » ou « regard masculin » s'est longtemps attaché à érotiser les ailleurs, surjouer l'exploit viriliste et inventer l'Autre, l'étranger, dans un rapport forcément inégalitaire, dominant et colonialiste. À partir de ses propres expériences de voyageuse et de lectrice, Lucie Azéma encourage alors les femmes à plonger dans les récits d'Isabelle Eberhardt, Nellie Bly, Jane Dieulafoy, Odette du Puigaudeau, Isabella Bird, Alexandra David-Néel, Anne-Marie Schwarzenbach et tant d'autres, à puiser dans leurs forces comme dans leurs doutes, pour mieux partir et accéder à cette puissante liberté que seule la route sait nous offrir. À tous et à toutes! (Rediffusion du 11 avril 2021). À lire / À écouter : - «Les femmes aussi sont du voyage. L'émancipation par le départ» de Lucie Azéma. Éditions Flammarion - «Le monde est à elles. Histoires d'aventurières» : L'émission chorale et littéraire que nous avons consacrée à ces pionnières en 2019. Vous y trouverez plusieurs idées et références de lecture - «Balade féministe à Paris: à la recherche des femmes» : Une déambulation sonore et engagée dans l'Est parisien, en 2021, avec Charlotte Soulary, fondatrice de La guide de voyage, qui revisite Paris en mettant les femmes au centre. - «Isabelle Eberhardt, un destin nomade» : Un portrait radiophonique et littéraire de la grande écrivaine amoureuse du désert, réalisé en 2019, depuis ses terres natales à Genève. - «Odette du Puigaudeau et Marion Sénones, aventurières des sables» : Rencontre en 2020 autour de ces deux voyageuses singulières et largement oubliées, avec Marine Sanclemente et Catherine Faye, qui ont cherché leurs traces dans l'Adrar Mauritanien et au Maroc. - «Sur les traces d'Alexandra David-Néel» : De l'Himalaya à Digne-les-Bains, voyage et reportage à la découverte de la plus grande exploratrice du XXᵉ siècle. - «Nellie Bly. Dans l'antre de la folie» de Virginie Ollagnier. Éditions Glénat. Une BD récente qui retrace un épisode passionnant de la vie de la reporter nomade, pionnière du journalisme d'immersion, ici dans un hôpital psychiatrique.
Voyage dans les Caraïbes, là où s'est écrite une page fascinante, ambigüe et méconnue de l'histoire de l'humanité. (Rediffusion) 1938 : alors que l'Europe s'apprête à basculer dans l'horreur nazie et que l'Autriche, annexée par les forces d'Hitler, vient de « céder à la force », les juifs d'Allemagne et d'Europe ont pris les routes de l'exil mais le monde lui, ferme déjà ses portes aux réfugiés… sauf la petite République Dominicaine située sur l'île d'Hispaniola. À cette époque, lors de la conférence d'Evian, Rafael Trujillo, président dictateur de la République Dominicaine, propose d'accueillir 100 000 réfugiés juifs sur son île. Finalement, ils seront moins d'un millier à pouvoir rejoindre ces terres baignées par l'Atlantique et la Mer des Caraïbes, très loin de la vieille Europe bientôt à feu et à sang… Aujourd'hui, sur cette île devenue une destination balnéaire prisée, des descendants de cette singulière communauté juive perpétuent la mémoire de leurs ancêtres qui ont contribué à bâtir au Nord, la petite ville de Sosua. Et une écrivaine française Catherine Bardon, grande amoureuse de la République Dominicaine, autrice d'une grande saga romanesque autour de cette histoire, contribue également à la partager. C'est elle qui va nous guider de Saint-Domingue à Sosua sur les traces de cette incroyable histoire. Un reportage de François-Xavier Freland. Pour prolonger le voyage : - La saga « Les déracinés », de Catherine Bardon est parue aux Éditions Les Escales et rééditée en France chez Pocket - Le site de l'Office du tourisme de République Dominicaine - Le site du « Sosua Virtual Museum » rassemble en ligne de nombreuses ressources sur la petite communauté juive dominicaine - La page de ce site touristique regorge d'informations historiques et de photographies sur la colonie El Batey de Sosua - Les archives photos de Sosua de la JDC ou « American Jewish Joint Distribution Committee » qui, dès 1914, est venu en aide aux juifs d'Europe et a participé à l'installation des juifs de Sosua. - Plus d'infos sur cette organisation qu'était la JDC, autrement appelée le « Joint », dans l'encyclopédie multimédia de la Shoah, de l'United States Holocaust Memorial Museum.
Depuis les Alpes françaises, rencontre au sommet avec le physicien et philosophe français des sciences, grand amoureux de montagnes et d'alpinisme. À l'occasion du Festival International du Film Aventure et Découverte de Val d'Isère qui vient de se tenir du 19 au 22 avril 2022 dans les Alpes françaises, on célèbre la montagne et l'aventure, en compagnie d'Étienne Klein, homme de sciences et homme de radio, vulgarisateur de la physique moderne, mais aussi alpiniste amateur passionné, penseur à sa manière de ce monde à la verticale qu'est celui de la montagne et de l'alpinisme. En 2020, Étienne Klein a fait paraître «Psychisme ascensionnel», un livre d'entretiens dans lequel il partage son rapport, sa relation à la montagne: à la fois intime, esthétique, savante et physique. Cette année, il a été choisi pour présider le jury du Festival International du Film Aventure et Découverte de Val d'Isère aux côtés de Céline Develay-Mazurelle, productrice de l'émission, Charles Dubouloz, alpiniste français qui en janvier 2022 a réalisé l'exploit de grimper la face nord des Grandes Jorasses en solo et en hivernal et Marine Barnérias, réalisatrice et productrice, autrice de Rosy, un film personnel sur un grand voyage qu'elle décide d'entreprendre pour conjurer la maladie qu'on venait alors de lui annoncer. Depuis 25 ans, ce festival est un rendez-vous majeur de l'aventure en France, offrant à voir des films et des aventuriers qui nous emmènent à la découverte du monde, de ceux qui le peuplent et l'arpentent, en quête de sens et de vérité, de sensations et de beauté. Et de longue date pour les hommes, la Montagne, c'est un sacré terrain de jeu et d'aventures, un espace de fraternité et de risques, un lieu d'émerveillement et de dépassement, un terrain de conquête mais surtout de quête, à la verticale de soi et du monde… En savoir plus sur : - Le Festival International du Film Aventure et Découverte de Val d'Isère qui s'est tenu du 19 au 22 avril 2022. Le Festival International du Film Aventure & Découverte de Val d'Isère renoue avec son public pour célébrer ses 25 ans en salles et en ligne. Lors de ces quatre soirées, les 11 films de la sélection officielle sont présentés par Sylvain Tesson en présence des aventuriers et réalisateurs. Le jury, présidé cette année par le physicien et philosophe des ... - «Psychisme ascensionnel», un livre d'Étienne Klein, paru en 2020, aux Éditions Arthaud.
Dans l'Ouest américain, parmi les immensités des plaines ou des Rocheuses, la nature sauvage fait office, depuis longtemps, de refuge pour les pionniers et les rêveurs en quête d'horizon et de liberté. De longue date, les écrivains arpenteurs s'en sont saisi pour célébrer la grandeur de ses paysages mais aussi tendre un miroir à l'Amérique et ses vieux mythes fondateurs. L'écrivain du Montana Pete Fromm est de ceux-là. Devenu célèbre à travers le monde avec « Indian Creek » , un récit d'hivernage dans les montagnes entre l'Idaho et le Montana, à l'hiver 1978, Pete Fromm est un écrivain du genre sédentaire, tant il est attaché à sa terre d'adoption : le Montana. Pourtant, ses livres, des récits à la première personne et surtout des romans, offrent aux lecteurs de grands voyages, sensibles et à hauteur d'hommes, à travers l'Ouest américain. Aux États-Unis, l'Ouest est un mythe fondateur, une promesse de vie nouvelle, entre esprit de conquête et de frontière. C'est aussi là que s'est forgé un rapport complexe mais fertile à la grande nature, qu'on appelle en Amérique la « wilderness ». Ceux qui mettent en mots ce monde peuplé de lynx, de grizzlis et de vie au grand air, appartiennent au « nature writing » ou « écriture de nature », un genre littéraire profondément lié aux grands espaces américains, où le sauvage rôde dehors comme il sommeille en chacun de nous. Né en 1958 dans le Wisconsin et débarqué étudiant dans le Montana, Pete Fromm a longuement aiguisé son regard et ses sens, au contact d'une nature préservée. En effet, après son expérience dans les Rocheuses à Indian Creek, il va partir en voyage en Nouvelle Zélande puis passer huit ans comme « Park Ranger » dans les parcs et les rivières du Wyoming, du Nevada ou du Texas, avant de se lancer comme écrivain et connaitre le succès avec son premier ouvrage « Indian Creek ». Dans ses livres, ne cherchez pas l'exploit personnel ou la description béatement lyrique d'une aventure en pleine nature ! Car Pete Fromm écrit surtout sur la nature humaine. Il convoque alors la Black Foot River ou les Rocheuses pour décrire avec d'autant plus de finesse et d'acuité la complexité et la force des liens intimes et familiaux qui unissent les personnages de ses romans. Son dernier livre, « Le lac de nulle part », paru en France aux Éditions Gallmeister, nous embarque ainsi en canoë, à travers une myriade de lacs au Canada, en compagnie d'une curieuse équipée familiale : un père et ses deux enfants, les jumeaux Al et Trigg qui vont inexorablement s'enfoncer dans l'inconnu. Ce roman haletant, est un voyage en eaux troubles, où le lac devient le miroir du passé de cette famille désunie et meurtrie. Bien plus qu'un décor, la nature devient un personnage à part entière de ce récit, comme elle l'est d'ailleurs dans tous les autres livres de Pete Fromm. À l'occasion de son passage en France en avril, Pete Fromm revient à nos micros sur la relation simple et généreuse qu'il entretient avec la littérature, la nature et le Montana, un Etat immense et sauvage qui a inspiré bon nombre d'écrivains. À lire : - « Le lac de nulle part ». Pete Fromm. Éditions Gallmeister. 2022 - « La vie en chantier ». Pete Fromm. Editions Gallmeister. 2019 - « Mon désir le plus ardent ». Pete Fromm. Editions Gallmeister. 2018 - « Le nom des étoiles ». Pete Fromm. Editions Gallmeister. 2016 - « Indian Creek». Pete Fromm. Editions Gallmeister. 2006. En savoir plus: - Sur les éditions Gallmeister, une maison d'édition française spécialisée au départ en littérature nord-américaine, et connue pour ses ouvrages de nature writing - Sur le concept de wilderness, un des fondements des sociétés nord-américaines - Sur l'école dite du Montana, une communauté d'écrivains dont la base arrière a toujours été la ville universitaire de Missoula.