Explorez toutes les facettes de la planète avec l'oeil et la sensibilité d'un voyageur curieux. Cette émission de reportages, produite par Ludovic Dunod et Céline Develay-Mazurelle, invite à parcourir le monde, au fil des rencontres, et la France par les chemins de traverse. 46 minutes pour voir le…
Rfi - Céline Develay Mazurelle
Itinérance ferroviaire de Paris à Istanbul, sur le tracé historique de l'Orient-Express. Une éloge de la lenteur et du voyage en train, avec beaucoup d'escales. Paris-Munich-Vienne-Budapest-Bucarest-Istanbul : c'est le trajet historique de l'Orient-Express inauguré en 1883. Parti pour la première fois depuis la gare de l'Est à Paris, ce train de légende va ouvrir les portes de l'Orient, rapprocher les cultures et les hommes. À l'époque, certains commentateurs allaient même jusqu'à dire que le Bosphore était devenu la banlieue de Paris. L'avion n'en était alors qu'à ses balbutiements et quatre pour rejoindre directement Constantinople et cet Orient rêvé, fantasmé, c'était une vraie révolution ! Jusqu'en 1977, ce train mythique, luxueux, va embarquer toute une aristocratie européenne en mal de grands voyages et d'écrivains en quête de sensations. Aujourd'hui, au XXIe siècle, alors que le train revient en force et que les voyageurs s'interrogent sur l'impact carbone de leurs mobilités, il aura fallu aussi quatre jours à Sibylle d'Orgeval, notre reporter, pour rejoindre les rives du Bosphore, après de multiples escales, de rencontres inattendues, d'images furtives et de changements de train : six au total. Prenez votre billet, embarquement immédiat sur l'Orient pas si Express…Un voyage sonore de Sibylle d'Orgeval initialement diffusé en mars 2024.
Perdu dans l'océan Indien, entre les côtes yéménites et somaliennes, l'archipel de Socotra fascine tous ceux qui s'y aventurent. Parmi eux, le reporter français Quentin Müller qui vient de publier un singulier récit de voyage, journalistique et géopolitique. Une ode aussi, sensible, à la grande île décidément magnétique. Dans le monde, il est des lieux où les superlatifs peinent à dire la force des éléments, la puissance des paysages et des solitudes qu'on y rencontre… L'archipel yéménite de Socotra, situé dans la mer d'Arabie, à l'entrée du Golfe d'Aden, est de ceux-là. Depuis des siècles, des millénaires, les relations qui en ont été faites par les voyageurs, de Marco Polo à Pline l'ancien ou Ibn Battûta ont suscité bien des légendes, faisant de Socotra et ses montagnes le lieu d'origine du phénix sacré, un repaire de pirates ou de sorciers, un jardin d'Eden voire une île cannibale. Aujourd'hui, même si la guerre du Yémen et la géopolitique tourmentée de la région ont rattrapé ces terres rocailleuses, isolées et longtemps peuplées de bédouins réfugiés dans ses grottes, on dit encore de son île principale, sanctuaire de fascinants arbres dragon, balayée par les vents et les tempêtes, qu'elle est «extraterrestre». «Le paysage est un état d'âme», disait Victor Hugo, parce qu'il n'existe, peut-être, que dans les yeux de celui ou celle qui le regarde… Aujourd'hui, c'est donc à travers le regard singulier, sensible, précis d'un spécialiste français de la péninsule Arabique et grand amoureux du Yémen, Quentin Müller, que nous allons voyager et regarder Socotra. Le reporter nomade vient de publier en France «L'arbre et la tempête» : un récit personnel, entre quête et enquête, qui replace l'île au cœur d'enjeux géopolitiques majeurs, complexes et qui s'attache surtout à rendre plus proche et plus humaine cette île oubliée du reste du monde. Sauf peut-être de ceux, qui comme lui, un jour, en ont rêvé et y sont allés…À lire :- «L'arbre et la tempête. Socotra, l'île oubliée», de Quentin Müller. Éditions Marchialy. 2025- Sur le classement au Patrimoine mondial de l'humanité, de Socotra par l'Unesco- Sur l'arbre dragon de Socotra, un reportage de Quentin Müller pour le Monde diplomatique- «Voulez-vous que je vous raconte le Socotra d'autrefois?», un article sur l'histoire de Socotra perçu comme un lieu d'exception. 2011. Par l'anthropologue française Nathalie Peutz.
On file tout au nord du monde, en expédition sur un traîneau à chiens, quelque part sur l'inlandsis du Groënland. À sa tête, une femme, une grande exploratrice méconnue : Arnarulunnguaq. Arnarulunngaq est un nom qui ne vous dit sûrement rien et pourtant, cette exploratrice inuite, née à la fin du XIXè siècle est un monument à sa manière…Dans son sillage et celui du traîneau qui file dans le Grand Nord, on retrouve tout un pan de l'histoire de l'exploration de ces confins arctiques, la vie rude, impressionnante de ceux qui les peuplent, une déesse de la mer aux doigts coupés, le mythe de Thulé ou l'illustre anthropologue danois à l'âme aventureuse : Knud Rasmussen, avec l'horizon glacé, à perte de vue… De 1921 à 1924, Arnarulunngaq a participé à la célèbre cinquième expédition de Thulé de Knud Rasmussen, qui va les emmener, sur près de 3 ans, de Ummannaq au détroit de Béring, à travers l'Arctique canadien jusqu'en Alaska. Cette mission épique et héroïque va permettre de comprendre l'origine du peuple inuit, mais aussi de rassembler une collection de près de 20 000 artefacts, qui aujourd'hui représente l'une des plus grandes collections au monde sur les peuples de l'Arctique, désormais dans les musées danois.Cette semaine, on part pour un voyage polaire et littéraire, où une fois n'est pas coutume, une femme, qui plus est autochtone, est au centre, avec la navigatrice et écrivaine française Isabelle Autissier, qui voyage, cabote régulièrement dans ces contrées. Elle vient de publier en France aux Éditions Paulsen « La Fille du grand hiver », un récit romancé qui nous raconte la destinée à la fois extraordinaire et terriblement humaine d'Arnarulunngaq, une femme qui, un jour, a percé le plafond de verre ou plutôt de glace… En savoir plus :- Sur Arnarulunngaq, le site de visitgreenland met en lumière cette héroïne. En anglais- Sur la célèbre 5e mission de Thulé de Knud Rasmussen. En anglais- Sur « La Fille du grand hiver » d'Isabelle Autissier, paru aux Éditions Paulsen - Sur Ada Blackjack, une autre femme inuite au destin extraordinaire, surnommée la survivante de l'Arctique ou la « Robinson Crusoé au féminin ». Le livre de Jennifer Niven, préfacé par Isabelle Autissier, est paru aux Éditions Paulsen.
La cité portuaire bretonne porte en elle l'histoire de cette grande aventure du commerce du lointain, vers l'Asie, au XVIIe et XVIIIe siècle. Une aventure commerciale, maritime, politique, coloniale et esclavagiste. En 1664, quand l'intendant de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert décide de la création de la Compagnie des Indes orientales, la France arrive en retard dans la compétition commerciale à laquelle se livrent déjà les grandes puissances européennes du XVIIe siècle. Les Portugais qui ont franchi le Cap de Bonne Espérance en 1488 ont ouvert la voie des Indes par la mer et, dix ans plus tard, Vasco de Gama rejoint Calicut en 1498. Dans leur sillage, arrivent ensuite les vaisseaux britanniques ou néerlandais qui fonderont ensuite, au début du XVIIe siècle, de puissantes compagnies de commerce. Car eux aussi, cherchaient à s'affranchir des voies terrestres sur les routes de la soie, afin d'établir des comptoirs et développer ce négoce, le « plus riche commerce du monde », disait-on. L'Orient, l'Asie, les Indes sont alors des terres qui fascinent, perçues comme des contrées lointaines d'abondance, de pierreries, d'étoffes ou d'épices.En France, la première Compagnie des Indes (il y en aura trois successives) sera donc royale et bénéficie de multiples privilèges : monopole du commerce avec l'Orient, droit de propriété des terres occupées, droit de justice souveraine, d'armer des bateaux de guerre ou droit d'esclavage, etc… Son siège sera établi à Lorient, en Bretagne, une ville qui va naître et se développer avec la Compagnie jusqu'à devenir la porte vers l'Orient, auquel elle doit d'ailleurs son nom. Aujourd'hui, face à la mer, sur le site magnifique de la Citadelle de Port-Louis, le musée de la Compagnie des Indes, ouvert en 1984, retrace cette histoire complexe, mais fondatrice. Dans ce musée truffé d'étoffes, de cartes anciennes, de maquettes de bateaux ou de porcelaines, on raconte donc les épopées maritimes à bord des gros navires de la Compagnie des Indes, les marchandises convoitées et l'économie Monde déjà très concurrentielle au XVIIe siècle.Mais derrière ces longs voyages aux parfums d'aventure et d'exotisme, se dessinent des logiques de compétition et de prédation telles que l'homme deviendra une marchandise comme les autres. Le système esclavagiste et plantationnaire, notamment dans les Mascareignes soit l'île de La Réunion, Rodrigues et Maurice, faisait, en effet, partie intégrante du fonctionnement de la Compagnie fondée par Colbert, par ailleurs à l'origine du Code noir. Lorient sera donc un port négrier, le premier de France même, pendant une courte période de monopole… Déployées sur tous les continents, les compagnies européennes de commerce vont semer les graines de la mondialisation, ouvrant la voie à une société de consommation où les produits sont fabriqués aux quatre coins du monde, à commencer par la Chine, aujourd'hui justement en guerre commerciale avec les États-Unis…► Un reportage de Céline Develay-Mazurelle avec Laure Allary.En savoir plus Sur la destination Lorient Bretagne Sud et préparer votre voyage Sur le musée de la Compagnie des Indes de Lorient Sur l'ouvrage de référence Les compagnies des Indes de Gérard Le Bouëdec et Philippe Haudrère, réédition augmentée, Rennes, Editions Ouest-France-Edilarge, mai 2024 Sur Lorient, la compagnie des Indes et l'esclavage, un article de Jacques Chérel, 2018 Sur la Compagnie des Indes et l'île Bourbon- La Réunion, un article de Philippe Haudrère Sur les indiennes de traite, un article de Krystel Galdé, 2018 Sur Le café, plaisir au goût d'amertume, une exposition au musée de la Compagnie des Indes, 2022
L'aventurière et archéologue britannique aura mené une existence à nulle autre pareille, une vie digne d'un roman, faîte d'aventures, d'amours contrariés et d'intrigues politiques. Avec le désert et la Mésopotamie de la fin du XIXe siècle - début XXe pour décor et refuge. À son sujet, les surnoms sont légion et en disent long : la « Khatoun » soit la sultane en turc, la « Lawrence d'Arabie au féminin , la reine du désert, la reine sans couronne... Et pourtant, rien ne prédestinait Gertrude Bell à un tel destin. Née en 1868 dans une famille anglaise très fortunée, où le destin d'une fille de bonne famille est d'abord de faire de belles noces et de beaux enfants, Gertrude Bell sera à la fois archéologue, alpiniste, exploratrice, diplomate, voire espionne…Polyglotte et première diplômée d'Oxford en histoire moderne, cette femme a eu l'occasion, comme certaines de ses compatriotes anglaises issues de l'upper-class victorienne, de se mesurer au vaste monde, fuyant les conventions et un milieu certes privilégié, mais très étriqué pour le genre féminin, surtout quand il est intrépide… En même temps, Gertrude affichera des positions contradictoires contre le droit de vote des femmes, considérant qu'elles ne sont pas assez éduquées pour l'exercer. Elle sera fascinée par l'Orient, les cultures et les langues des bédouins locaux qu'elle respectait et traitait en égaux, mais tiendra toujours une stricte position coloniale et britannique. Malgré l'influence immense qu'elle a eue sur le Moyen-Orient et notamment le fait qu'elle participera à dessiner les contours de l'actuel Irak dans un contexte impérialiste féroce, Gertrude Bell demeure peu connue encore aujourd'hui, en particulier dans le monde francophone. Et c'est certainement ce qui a intrigué, fasciné, notre consœur journaliste de France 24, Roselyne Febvre… Elle lui consacre une biographie romancée parue récemment en France, aux Éditions du Rocher : Le Pacte du désert.À écouter aussi«Le pacte du désert», Roselyne Febvre explore la vie d'une aventurière oubliéeÀ travers ce livre, on suit les méandres d'une existence singulière passée à dos de chameau ou de cheval dans le désert d'Arabie, à la rencontre de redoutables chefs bédouins, dans des cénacles et des lointains où la femme n'avait, à cette époque, pour ainsi dire, pas sa place. Gertrude Bell, elle, l'a trouvé dans le désert, trouvant aussi dans les immensités la consolation d'une certaine solitude, sur fond d'amours impossibles et de dépression tenace. Un nouvel épisode de notre collection « Compagnons /Compagnes de route », série de portraits radiophoniques d'écrivains et d'écrivaines voyageurs et voyageuses. Avec Roselyne Febvre, autrice de Le pacte du désert.En savoir plus :Sur Le pacte du désert de Roselyne Febvre. Édition du Rocher. 2025Sur le fond d'archives de Gertrude Bell de l'Université de Newcastle qui concentre photos, cartes et écrits de la grande dame. Une vraie fenêtre sur le temps de Gertrude.
Voyage à la découverte de la Réserve de Biosphère du Mono, un espace protégé de 346 000 hectares de forêts, de zones marécageuses, de milieux marins ou lacustres situé entre le Togo et le Bénin. Deuxième étape : dans l'aire communautaire de la Bouche du Roy et son fascinant delta. Havre de paix des oiseaux et des tortues marines, l'aire de conservation communautaire de la Bouche du Roy est un paradis naturel de 10 000 hectares, fait d'îlots et de mangroves. Bien connue des Béninois comme des voyageurs étrangers, la Bouche du Roy est l'embouchure du fleuve Mono, là où il se jette dans l'océan Atlantique. Classée en réserve et reconnue par l'Unesco en 2017, cette aire est donc un site protégé mais aussi habité. 25 000 personnes y vivent au quotidien, dans une vingtaine de villages de pêcheurs, tantôt posés sur la lagune, tantôt insulaires que l'on rejoint en pirogue par des chenaux d'eau. Sur place, l'ONG béninoise Eco Bénin accompagnée par le Comité français de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) développe en concertation avec les populations locales des projets de gestion et de protection des ressources naturelles menacées. Ils misent sur l'écodéveloppement, l'écotourisme, mais aussi le culte vodoun pour sacraliser certains espaces de nature. Voyage à la découverte d'un sanctuaire de biodiversité et des initiatives visant à le protéger.Un reportage au Bénin en deux épisodes de Raphaëlle Constant initialement diffusé en juin 2024.- Le site d'Eco Bénin- L'histoire de l'ACCB de la Bouche du Roy et ses particularités- La page LinkedIn du Comité Français de l'UICN- Le site du Programme de Petites Initiatives.
Voyage à la découverte de la Réserve de Biosphère du Mono, un espace protégé de 346 000 hectares de forêts, de zones marécageuses, de milieux marins ou lacustres situé entre le Togo et le Bénin. Première étape : autour du Lac Ahémé, deuxième plus grand lac du Bénin. (Rediffusion) À seulement deux heures du tumulte de la capitale économique Cotonou, ce lac et ses alentours offrent une vraie parenthèse de nature, hors du temps, parmi des villages de pêcheurs bordés de mangroves et de forêts sacrées. Mais le territoire est fragile et pour le protéger, les populations locales misent déjà sur le culte vodoun ou l'agroécologie, puis à terme sur l'écodéveloppement et l'écotourisme, en collaboration avec l'ONG Éco Bénin et le Comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Voyage dans un espace en transition, entre eau douce et eau salée, entre sacré et profane, à la rencontre de communautés qui cherchent à repenser l'équilibre homme-nature.Un reportage au Bénin en deux épisodes de Raphaëlle Constant.- Le site d'Éco Bénin- La page d'Éco Bénin consacrée au Lac Ahémé- La page LinkedIn du Comité Français de l'UICN- Le site du Programme de Petites Initiatives.
Au-delà du cercle arctique, dans les régions septentrionales de Suède, Norvège, Finlande ou de Russie vit le dernier peuple autochtone d'Europe : les Sámis. Voyage en Finlande au cœur du Sápmi, la terre de leurs ancêtres… Répartis sur un vaste territoire, longtemps dénué de frontières, les Sámis sont aujourd'hui 80 000 habitant.e.s environ. Pendant des milliers d'années, les Sámis ont vécu nomades, de la pêche et de la chasse, au gré des transhumances de leurs troupeaux de rennes, cultivant un mode de vie pacifique, en harmonie avec le monde vivant, à la source de leur cosmogonie. Dans les langues sámies, il n'y a aucun mot pour dire « haine » mais il en existe plus de 300 pour décrire la neige… Oubliez le terme « Laponie » ou « Lapons », des exonymes coloniaux péjoratifs, qui en suédois, les désignent comme des « porteurs de haillons ». Des siècles de colonisation et d'assimilation ont certes mis à mal l'identité culturelle, artistique et linguistique du peuple sámi; mais depuis 1986, il bénéficie d'une reconnaissance officielle ; il a son drapeau, un Parlement sámi en Norvège, en Suède, et en Finlande depuis 1996.Et c'est justement en Finlande, qu'est partie Jeanne Lacaille, à la rencontre de celles et ceux qui œuvrent pour faire entendre la voix des Sámis, aujourd'hui encore confrontés à de nombreuses menaces : prédations foncières liées à l'extension de l'agriculture ou le développement de projets miniers ou éoliens sur leurs terres, racisme, surtourisme et bien sûr, changement climatique, la zone arctique se réchauffant quatre fois plus vite que le reste de la planète. Longtemps écartés des réflexions stratégiques et des décisions politiques concernant leur territoire, les Sámis luttent depuis plus de cinquante ans pour une reconnaissance politique, reconquérir leurs droits, leur identité et leur dignité, et surtout préserver leur terre. Aujourd'hui, toute une jeune génération d'activistes sámis prend le relais des aînés, sur fond de joik, cette tradition chantée sámie parmi les plus anciennes d'Europe, qui résonne particulièrement dans les immensités de la toundra. Un voyage sonore en deux épisodes de Jeanne Lacaille.À écouter aussiEn Finlande, les gardien.ne.s du Sápmi #1Avec : Teija Kaartokallio, présidente de l'association Suoma Sámi Nuorat Taija Aikio, conservatrice de Siida, le musée sámi d'Inari Mikkâl Antti Morottaja alias Amoc, journaliste à Yle Sami Radio et rappeur Anna Näkkäläjärvi-Länsman alias Ánnámáret, musicienne, chanteuse de joiks et éleveuse de rennes Asko Länsman, éleveur de rennes et mari d'Anna Niila-Juhán Valkeapää, secrétaire de l'association Suoma Sámi Nuorat et président du comité des jeunes sámis du Parlement Sámi de Finlande Tuomas Aslak Juuso, second vice-président du Parlement Sámi de Finlande et éleveur de rennes Áslak Holmberg, membre actif de la communauté et ancien président du Conseil SámiEn savoir plus : sur le Musée Siida, musée sámi et centre pour la nature d'Inari sur le Conseil Sámi ou Saami Council, une ONG créée en 1956 pour la défense du peuple sámi et composée de membres de Finlande, Suède, Norvège et Russie sur le Parlement Sámi en Finlande qui se réunit au Centre culturel sámi Sajos à Inari sur Suoma Sámi Nuorat, l'association des jeunes Sámis de Finlande sur la musique d'Ánnámáret, musicienne et joikeuse sámie sur le rappeur sámi Amoc, son instagram : @amocofficial sur Yle Sámi Radio, la radio des Sámis en Finlande sur le Festival Ijahis Idja organisé par Ánnámáret, qui se tient chaque année, en août, à InariProgrammation musicale : Mari Boine, Béaïvi Nieïda 1998 Hildá Länsmann & Lávre, Jodi 2021
Au-delà du cercle Arctique, dans les régions septentrionales de Suède, Norvège, Finlande ou de Russie vit le dernier peuple autochtone d'Europe : les Sámis. Voyage en Finlande au cœur du Sápmi, la terre de leurs ancêtres… Répartis sur un vaste territoire, longtemps dénué de frontières, les Sámis sont aujourd'hui 80 000 habitant.e.s environ. Pendant des milliers d'années, les Sámis ont vécu nomades, de la pêche et de la chasse, au gré des transhumances de leurs troupeaux de rennes, cultivant un mode de vie pacifique, en harmonie avec le monde vivant, à la source de leur cosmogonie. Dans les langues sámies, il n'y a aucun mot pour dire «haine» mais il en existe plus de 300 pour décrire la neige… Oubliez le terme «Laponie» ou «Lapons», des exonymes coloniaux péjoratifs, qui en suédois, les désignent comme des «porteurs de haillons». Des siècles de colonisation et d'assimilation ont certes mis à mal l'identité culturelle, artistique et linguistique du peuple sámi; mais depuis 1986, il bénéficie d'une reconnaissance officielle ; il a son drapeau, un Parlement sámi en Norvège, en Suède, et en Finlande depuis 1996.Et c'est justement en Finlande, qu'est partie Jeanne Lacaille, à la rencontre de celles et ceux qui œuvrent pour faire entendre la voix des Sámis, aujourd'hui encore confrontés à de nombreuses menaces : prédations foncières liées à l'extension de l'agriculture ou le développement de projets miniers ou éoliens sur leurs terres, racisme, surtourisme et bien sûr, changement climatique, la zone arctique se réchauffant quatre fois plus vite que le reste de la planète. Longtemps écartés des réflexions stratégiques et des décisions politiques concernant leur territoire, les Sámis luttent depuis plus de cinquante ans pour une reconnaissance politique, reconquérir leurs droits, leur identité et leur dignité, et surtout préserver leur terre. Aujourd'hui, toute une jeune génération d'activistes sámis prend le relais des aînés, sur fond de joik, cette tradition chantée sámie parmi les plus anciennes d'Europe, qui résonne particulièrement dans les immensités de la toundra. Un voyage sonore en deux épisodes de Jeanne Lacaille. Avec :- Teija Kaartokallio, présidente de l'association Suoma Sámi Nuorat- Taija Aikio, conservatrice de Siida, le musée sámi d'Inari- Mikkâl Antti Morottaja alias Amoc, journaliste à Yle Sami Radio et rappeur- Anna Näkkäläjärvi-Länsman alias Ánnámáret, musicienne, chanteuse de joiks et éleveuse de rennes- Asko Länsman, éleveur de rennes et mari d'Anna- Niila-Juhán Valkeapää, secrétaire de l'association Suoma Sámi Nuorat et président du comité des jeunes sámis du Parlement Sámi de Finlande - Tuomas Aslak Juuso, second vice-président du Parlement Sámi de Finlande et éleveur de rennes- Áslak Holmberg, membre actif de la communauté et ancien président du Conseil Sámi. En savoir plus :- sur le Musée Siida, musée sámi et centre pour la nature d'Inari- sur le Conseil Sámi ou Saami Council, une ONG créée en 1956 pour la défense du peuple sámi et composée de membres de Finlande, Suède, Norvège et Russie- sur le Parlement Sámi en Finlande qui se réunit au Centre culturel sámi Sajos à Inari- sur Suoma Sámi Nuorat, l'association des jeunes Sámis de Finlande - sur la musique d'Ánnámáret, musicienne et joikeuse sámie- sur le rappeur sámi Amoc, son instagram : @amocofficial- sur Yle Sámi Radio, la radio des Sámis en Finlande- sur le Festival Ijahis Idja organisé par Ánnámáret, qui se tient chaque année, en août, à Inari.
Passionnée de botanique et de récits d'aventures, la voyageuse et autrice française Katia Astafieff a décidé de suivre les pas d'un illustre botaniste, depuis oublié et parti en Inde près de deux cent ans avant elle... Victor Jacquemont... c'est son nom. Un nom tombé dans l'oubli, présent pourtant sur la façade de l'hôtel de ville à Paris avec sa statue, entre les pages de certains livres de botanique, Stendhal ou Mérimée, ou dans le nom de près d'une centaine d'espèces : «Arum Jacquemontii», «Betula Jacquemontii» ou «Prunus Jacquemontii»...Depuis plus de 10 ans, l'écrivaine et biologiste française Katia Astafieff a su allier son amour des plantes, de l'écriture et des chemins de traverse, des chemins qu'elle arpente le plus souvent seule, l'œil rivé sur les trésors végétaux, naturels de notre planète.Et après le Grand Nord, les steppes mongoles, le désert marocain ou les forêts de Bornéo, la voilà lancée sur les chemins des Indes, en quête de ce botaniste français du XIXè siècle, décédé à seulement 31 ans pendant sa mission en Inde, alors qu'il était envoyé par le Jardin du Roy, aujourd'hui Muséum d'histoire naturelle. Son existence aussi brève qu'intense, ses écrits, sa correspondance ou ses aventures jusqu'au Cachemire vont alors passionner et embarquer Katia jusqu'en Inde. « Par les chemins des Indes » c'est le titre de son récit, paru aux Éditions Paulsen, qui entremêle à deux cent ans d'écart le périple indien de Jacquemont et celui de Katia partie sur ses traces. Un livre qui nous rappelle ce temps des grandes expéditions scientifiques et botaniques, quand des Européens sont partis à l'aventure, en contexte colonial, explorer, inventorier, comprendre le monde, parfois au péril de leur vie, pour le simple et si romantique amour des plantes. À lire :- « Par les chemins des Indes », de Katia Astafieff. Éditions Paulsen. 2025- « L'aventure extraordinaire des plantes voyageuses », de Katia Astafieff. Éditions Dunod. 2023- « La fille qui voulait voir l'ours », de Katia Astafieff. Éditions Arthaud. 2022.
À l'occasion de la toute première journée mondiale des glaciers, on part en expédition dans les Pyrénées, côté français, jusqu'au glacier d'Ossoue, un géant des glaces en passe de disparaître. À la frontière entre la France et l'Espagne, sur le massif du Vignemale, plus haut sommet des Pyrénées françaises, s'accroche tant bien que mal le glacier d'Ossoue, ce patriarche pyrénéen qui fait l'identité et la beauté de ces lieux d'altitude. Le glacier d'Ossoue, c'est donc le plus haut glacier des Pyrénées françaises, mais c'est aussi un géant malade, dont la langue de glace s'étage de 2 800 à 3 200 mètres d'altitude ; ce qui est peu par rapport aux sommets alpins, qui plus est, dans une Europe qui se réchauffe vite, trop vite.Là-haut, souvent loin des regards, la hausse des températures est encore plus forte qu'en contrebas : deux degrés environ et le paysage change radicalement, la glace laissant place à un vaste désert de pierres, d'éboulis et de moraines. Ainsi, depuis 1850, les glaciers pyrénéens ont perdu 90% de leur volume et le phénomène continue. Mais depuis 20 ans, ce phénomène est mesuré, ausculté, scruté par Pierre René, fondateur de l'association pyrénéenne de glaciologie « Moraine » et toute son équipe de bénévoles.Le 21 mars a lieu la toute première journée mondiale des glaciers, en cette année 2025, également consacrée «Année internationale de la préservation des glaciers» par les Nations unies. Cette initiative vise à sensibiliser le monde à l'importance cruciale de ces géants des glaces, placés aux premières loges du réchauffement climatique, et dont la protection dépend la survie de notre planète et de nos écosystèmes. Alors pour en parler, on a décidé de se mettre en mouvement et de partir en expédition jusqu'au glacier d'Ossoue, en bivouac au sommet, en compagnie de passionnés pyrénéistes, membres de l'association Moraine, afin de dresser le bilan de l'état du glacier… Un reportage de Sibylle d'Orgeval. En savoir plus :- Sur l'association Moraine, association pyrénéenne de glaciologie fondée par Pierre René- Sur le photographe Grégoire Eloy du collectif Tendance Floue. Son travail « Troisième Nature » est en exposition aux Champs Libres, à Rennes, du 7 mars au 21 septembre 2025, et un livre est publié aux Éditions Textuel- Sur le pyrénéisme et Henry Russell, inventeur du pyrénéisme d'exploration- Sur la Journée mondiale des glaciers dont la première édition a lieu le 21 mars 2025.
Parti le long du fleuve Amou Daria, aux sources de la mer d'Aral désormais asséchée, l'écrivain et voyageur français nous alerte de sa plume éclairée sur la pénurie d'eau qui menace l'Asie Centrale. La première fois que l'on avait reçu l'écrivain géographe Cédric Gras, en 2015, ce dernier courait après l'automne en Extrême-Orient russe, dans une déglingue post-soviétique et une désolation géographique propre à ces confins… Un prix Albert Londres et cinq livres plus tard, le voici remontant le fleuve Amou Daria, véritable Nil de l'Asie Centrale aujourd'hui surexploité, sur des terres arides où la désolation est également de mise, en particulier en aval du fleuve, aux abords d'une mer d'Aral condamnée. La désolation c'est un terme qui évoque la peine, le sentiment de tristesse profonde mais aussi l'état d'un lieu rendu inhabitable, ravagé, désert… Tout au long de son récit, c'est justement cette désolation qu'interroge Cédric Gras, croisant des pêcheurs karakalpaks qui n'ont plus de mer pour pêcher, filant à travers des champs de coton ou des rizières en plein désert qui essorent le fleuve, interrogeant la provenance du moindre filet d'eau dans des cités légendaires de la route de la soie qui ne cessent d'enfler, retraçant l'histoire du canal Karakoum au Turkménistan, qui avec ses 1 300 km de long, représente le plus long canal d'irrigation au monde et achève de saigner le fleuve.Chemin faisant, ce spécialiste des mondes russes, n'oublie pas, comme il sait si bien le faire, de convoquer les rêves prométhéens des Soviets. Ce temps où Staline entendait « transformer la nature » et faire de l'Asie Centrale un pays de cocagne, quitte à détourner les cours d'eau et quadriller la région de canaux, aujourd'hui en piteux état. Plus tard, d'autres ont même rêvé de détourner les fleuves sibériens vers l'Asie Centrale. Aujourd'hui, ce sont les Talibans qui prévoient un canal pour prélever, eux aussi, leur part de l'Amou Daria.À l'issue de ce périple sinueux, sur près de 2 500 km, de l'Ouzbékistan au Tadjikistan en passant par le Turkménistan, Cédric Gras se hisse sur les hauteurs du Pamir jusqu'au glacier Fedtchenko, le château d'eau de l'Asie Centrale. Sans sombrer dans la solastagie, l'auteur nous alerte surtout, portant la plume dans la plaie, la trempant dans l'eau d'un fleuve nourricier mais en danger.À lire :- Les routes de la soif : voyage aux sources de la mer d'Aral. Cédric Gras. Éditions Stock. 2025- Alpinistes de Mao. Cédric Gras. Éditions Stock. 2023- Alpinistes de Staline. Cédric Gras. Éditions Stock. 2020- La mer des cosmonautes. Cédric Gras. Éditions Paulsen. 2017- L'hiver aux trousses. Cédric Gras. Éditions Stock. 2015.À voir :- La série documentaire « Aux sources de la mer d'Aral » de Christophe Raylat, avec Cédric Gras pour Arte. En deux épisodes, le premier sur le fleuve Amou Daria, le second sur le fleuve Syr Daria.
En écho à la Journée internationale des droits des femmes ce 8 mars, on part à la découverte de mondes rêvés, d'utopies ou de dystopies féministes prophétiques et magnétiques. À l'année, on se fait régulièrement l'écho de parcours de femmes qui, hier comme aujourd'hui, ont pris la route et la tangente, défiant les conventions et les assignations pour exister, voyager et prendre le monde. Avec souvent le verbe, les mots comme armes…Une fois n'est pas coutume, cette fois, on va puiser dans la fiction, la science-fiction, pour une anthologie de poche, non exhaustive, de toute une littérature de l'imaginaire, féminine et féministe, explorant d'autres planètes, d'autres ailleurs, d'autres possibles…Terriblement prophétique, la science-fiction met en lumière les maux très contemporains de nos sociétés ; elle désille le regard en extrapolant le réel et en imaginant des mondes alternatifs, des futurs souhaitables ou, au contraire, rendus invivables. Utopie, dystopie… quels sont les mondes qui se dessinent sous la plume de femmes écrivaines, qui ont imaginé des cités exclusivement féminines ou des planètes sur lesquelles le genre est aboli ? Quels univers ont-elles justement inventé pour parler en creux de leur époque, dénoncer les inégalités et partager leurs rêves? À travers les écrits de la célèbre afro-futuriste Octavia Butler, de la suffragette Charlotte Perkins Gilman et son roman culte «Herland», de Rokeya Sakhawat Hussain, une pionnière bengalie du genre utopique, de Monique Wittig, Ursula Le Guin, Margaret Atwood, Becky Chambers ou de l'Américano-Nigériane Nnedi Okorafor. Un voyage sonore et littéraire de Laure Allary et Celine Develay-Mazurelle. Sur une idée originale de Laure Allary. À lire: «La parabole du semeur» et la «La parabole des talents» d'Octavia Butler. Éditions Au Diable Vauvert 2020. Éd originale 93-94. «Le monde glorieux» de Margaret Cavendish. Éditions Corti 2024. Éd originale 1666-1668. «Les rêves de Sultana» de Begum Rokhaya Sakhawat Hussein. Éditions Caractères 2020. Éd originale 1905. «Herland» de Charlotte Perkins Gilman. Éditions Robert Laffont Pavillons poche 2019. Éd originale 1915. «La main gauche de la nuit. Le livre de Hain. Tome 4» de Ursula Le Guin. Éditions Le Livre de Poche 2006. Éd originale 1969. «Les Guérillères» de Monique Wittig. Éditions de Minuit 2019. Éd originale 1969. «La servante écarlate» de Margaret Atwood. Éditions Robert Laffont Pavillons Poche 2021. Nouvelle Traduction. Éd originale 1985. «Qui a peur de la mort ?» de Nnedi Okorafor. Éditions Le livre de Poche 2018. Éd originale 2010. «L'espace d'un an. Les Voyageurs. Tome 1» de Becky Chambers. Éditions Le livre de Poche 2020. Éd Originale 2014.
À l'occasion du Black History Month ou mois de l'histoires des Noir.e.s, on repart dans la métropole cosmopolite et vibrante du Québec, à la rencontre de l'auteur et artiste afro-québécois Webster, un homme en quête d'histoire(s) et de vérité... Quand on parle d'histoire noire et d'esclavage, le récit national canadien a longtemps fait la part belle au réseau abolitionniste du chemin de fer clandestin et à tous ces esclaves américains en fuite qui, au XIXè siècle, ont trouvé refuge au Canada. On les appelait les « freedom seekers », ceux qui cherchent la liberté. Dans le premier épisode de cette série, on est parti dans les rues de Montréal, à la rencontre de leurs dignes héritiers, « history seekers » cette fois : des hommes et des femmes, afro-canadiens pour la plupart, chercheurs d'histoire qui ont décidé de remettre à sa juste place l'histoire des Noir.e.s au Québec, longtemps reléguée, comme oubliée des mémoires. Le passé esclavagiste a longtemps occupé une place particulière dans l'historiographie québécoise, entre omissions et arrangements avec un passé complexe et une vérité inconfortable. Mais les faits, comme nos chercheurs d'histoire, sont têtus. Pour ce second épisode, on vous propose de creuser le sillon que l'on a suivi en voyage à Montréal dans le premier épisode, avec l'un de ces chercheurs d'histoire, en la personne de Webster, activiste et artiste afroquébécois, qui a initié, dès 2016, des visites guidées dans sa ville Québec, sur les traces de l'histoire noire là-bas. Depuis, il a multiplié les projets, le dernier en date étant la traduction en français qu'il a lui-même mené du livre phare du philosophe américain Charles W. Mills « Le contrat racial ».Webster, de son vrai nom Aly NDiaye, est né d'un père sénégalais et d'une mère québécoise ; et aujourd'hui, il est devenu une voix qui compte, qu'il faut savoir écouter…Et c'est ce que l'on va faire aujourd'hui.Un reportage en deux épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary, initialement diffusé en février 2024.À vivre, à voir :- Découvrir la programmation éclectique du Mois de l'histoire des Noir.e.s sur le site de Tourisme Montréal- Suivre une visite guidée sur les traces de la présence et l'histoire noire à Montréal : Black Montreal Experience- Aller au Musée Mc Cord Stewart, musée d'histoire sociale de Montréal- Faire un tour à Québec et suivre les visites Qc History X mises en place par l'artiste et conférencier Webster- Découvrir l'ABC's of Canadian Black History imaginé par l'historienne Dorothy Williams. En anglais.- En savoir plus sur la table ronde du Mois de l'histoire des Noir.e.s. Édition 2024- Découvrir le projet en ligne « Je suis Montréal », qui met en avant les communautés invisibilisées dans la société montréalaise.- Quelques statistiques publiques sur les communautés noires au Canada. À lire : - «L'esclavage et les Noirs à Montréal : 1760-1840» de Franck Mackey. 2013. Éditions Hurtubise - «Black in Montreal 1628-1986: An Urban Demography» de Dorothy W. Williams. En anglais- «Le contrat racial» de Charles W Mills. Traduction française par Webster. 2022. Éditions Mémoire d'encrier- «La pendaison d'Angelique. L'histoire de l'esclavage au Canada et de l'incendie de Montréal» de Afua Cooper. 2007. Éditions De l'Homme - «North of the Color Line. Migration and Black resistance in Canada. 1870-1955» de Sarah-Jane Mathieu. 2010. Éditions University of North Carolina Press. En anglais- «Le grain de Sable. Olivier le Jeune premier esclave au Canada » de Webster et illustré par ValMo!. 2019. Éditions Septentrion- «Fear of a Black Nation Race, Sex, and Security in Sixties Montreal», de David Austin. 2e Édition. 2023. Éditions AK Press. En anglais- «L'esclavage au Canada». Une synthèse en PDF accessible et pédagogique écrite par Webster - Un entretien avec Marcel Trudel, pionnier de l'histoire de l'esclavage au Québec». Un article de Cap aux Diamants, la revue d'histoire du Québec. 2004- Toutes les ressources sur l'histoire noire dans l'Encyclopédie Canadienne. À écouter :- Résistance : le balado sur les traces de Shadrach Minkins, par Webster. Produit par Radio Canada et disponible sur rfi.fr- Les 3 épisodes de notre voyage sur le chemin de fer clandestin au Canada, en Ontario. Une série Si loin si proche- La série audio « Portraits de Noirs au Canada» par Radio Canada Internationale.
À l'occasion du Black History Month ou mois de l'histoire des Noir.e.s, on repart dans la métropole cosmopolite et vibrante du Québec ; là où des hommes et des femmes se sont mis en marche pour révéler et partager l'histoire noire de la ville et de la province. Quand on parle d'histoire noire et d'esclavage, le récit national canadien a longtemps fait la part belle au réseau abolitionniste du chemin de fer clandestin et à tous ces esclaves américains en fuite qui, au XIXe siècle, ont trouvé refuge au Canada. On les appelait les « freedom seekers », ceux qui cherchent la liberté. Dans ce premier épisode, on vous propose d'aller à Montréal, à la rencontre de leurs dignes héritiers, « history seekers » cette fois : des hommes et des femmes, Afro-Canadiens pour la plupart, chercheurs d'histoire qui ont décidé de remettre à sa juste place l'histoire des Noirs au Québec.Le passé esclavagiste a longtemps occupé une place particulière dans l'historiographie québécoise, entre omissions et arrangements avec un passé complexe et une vérité inconfortable. Mais les faits, comme nos chercheurs d'histoire, sont têtus. Et désormais, dans les rues du vieux Montréal ou de la Petite Bourgogne, fief historique de la communauté noire surnommé la « Harlem du Nord », on croise des visiteurs emmenés par un guide, tous en quête d'histoire noire. Dans la ville, des institutions culturelles s'interrogent aussi sur leurs pratiques ; cherchant à décoloniser leurs approches et à faire plus de place aux communautés historiquement marginalisées, en tête les Autochtones et les Noirs. Révéler la présence noire dans une ville où plus de la moitié des Afro-Québécois a décidé de vivre, c'est une façon de faire le lien entre passé et présent de la ville, d'interroger le sort réservé, hier comme aujourd'hui, aux communautés noires, de faire la lumière sur les angles morts d'un récit national qui a longtemps occulté son passé d'esclavage et de ségrégation comme ses continuités. C'est enfin l'occasion de croiser des figures de la résistance noire particulièrement inspirantes. Un reportage en deux épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary, initialement diffusé en février 2024.Avec :- Rito Joseph, guide conférencier à l'initiative des visites « Black Montreal Experience »- Aly Ndiaye alias Webster, auteur, rappeur, conférencier et activiste afro-québécois - Dorothy Williams, historienne de référence sur la présence noire à Montréal, en particulier dans le quartier dit de la Petite Bourgogne - Les équipes en visite du Musée McCord Stewart, musée d'histoire sociale de Montréal- Franck Mackey, historien spécialiste de l'esclavage des Noirs à Montréal. À vivre, à voir : - Découvrir la programmation éclectique du Mois de l'histoire des Noir.e.s sur le site de Tourisme Montréal- Suivre une visite guidée sur les traces de la présence et l'histoire noire à Montréal : Black Montreal Experience- Aller au Musée Mc Cord Stewart, musée d'histoire sociale de Montréal- Faire un tour à Québec et suivre les visites Qc History X mises en place par l'artiste et conférencier Webster- Découvrir l'ABC's of Canadian Black History imaginé par l'historienne Dorothy Williams. En anglais et en français. - En savoir plus sur la table ronde du Mois de l'histoire des Noir.e.s. Édition 2024- Découvrir le projet en ligne « Je suis Montréal », qui met en avant les communautés invisibilisées dans la société montréalaise. - Quelques statistiques publiques sur les communautés noires au Canada. À lire : - « L'esclavage et les noirs à Montréal : 1760-1840 » de Franck Mackey. 2013. Éditions Hurtubise. - « Black in Montreal 1628-1986: An Urban Demography » de Dorothy W. Williams. En anglais.- « Le contrat racial » de Charles W Mills. Traduction française par Webster. 2022. Éditions Mémoire d'encrier.- « La pendaison d'Angelique. L'histoire de l'esclavage au Canada et de l'incendie de Montréal » de Afua Cooper. 2007. Éditions De l'Homme. - « North of the Color Line. Migration and Black resistance in Canada. 1870-1955 » de Sarah-Jane Mathieu. 2010. Editions University of North Carolina Press. En anglais- « Le grain de Sable. Olivier le Jeune premier esclave au Canada » de Webster et illustré par ValMo!. 2019. Éditions Septentrion.- « Fear of a Black Nation Race, Sex, and Security in Sixties Montreal, de David Austin. 2e Édition. 2023. Éditions AK Press. En anglais- « L'esclavage au Canada ». Une synthèse en PDF accessible et pédagogique écrite par Webster - Un entretien avec Marcel Trudel, pionnier de l'histoire de l'esclavage au Québec. Un article de Cap aux Diamants, la revue d'histoire du Québec. 2004- Toutes les ressources sur l'histoire noire dans l'Encyclopédie Canadienne. À écouter :- Résistance : le balado sur les traces de Shadrach Minkins, par Webster. Produit par Radio Canada et disponible sur rfi.fr- Les 3 épisodes de notre voyage sur le chemin de fer clandestin au Canada, en Ontario. Une série Si loin si proche- La série audio « Portraits de Noirs au Canada » par Radio Canada Internationale.
Sur cette île de glace et de feu truffée de volcans, le Mont Hekla tient une place à part. Il est un mythe puissant mais aussi une présence singulière, familière pour ceux qui vivent à ses pieds. Dans les Hautes Terres du Sud islandais, parmi la roche basaltique et de vastes étendues de landes rases, recouvertes de neige à l'hiver, le volcan Hekla règne en majesté. Culminant à 1 488 mètres d'altitude, ce stratovolcan a connu vingt éruptions depuis l'an 874, ce qui en fait l'un des volcans les plus actifs de l'île. Dans les légendes locales ou sur les gravures anciennes, il n'est pas rare de retrouver Hekla, une montagne de feu que l'on dit impétueuse, dangereuse, car imprévisible. On l'a surnommée jadis « la porte de l'enfer », une image colportée, dit-on, par des moines cisterciens au Moyen Âge.Située sur la dorsale médio-Atlantique, l'Islande est à la frontière des plaques tectoniques, eurasienne et nord-américaine, mais aussi à la verticale du plus important point chaud de la planète. Ce qui explique l'intense activité volcanique de l'île, qui doit justement son apparition, son émergence à l'accumulation progressive de coulées de lave, en plein milieu de l'océan. Là-bas, on peut alors entendre et voir le cœur de la planète battre, avec ces innombrables geysers, volcans, champs de lave, sources chaudes ou plages de sable noir. Sur les 130 volcans que compte l'Islande, plus d'une trentaine sont actifs. Imprégnant les imaginaires comme le quotidien des Islandais, ces géants de lave font bien plus que partie du paysage. Ils sont le socle d'une culture et d'un rapport au monde singulier, plus résilient, poétique aussi. S'adapter, vivre en paix avec l'incertitude, la violence des éléments, mais aussi leurs beautés, c'est ce que nous enseigne ce peuple qui vit au rythme des éruptions et parfois au pied des volcans. Un peuple pour qui Hekla demeure la Reine.Un reportage de Brice Andlauer, au pied du Mont Hekla, dans le sud de l'Islande. En savoir plus :- Sur le volcan Hekla, surnommé la Porte de l'Enfer- Sur les différentes éruptions en Islande et un guide complet des volcans là-bas - Sur Éruption, amour et autres cataclysmes, le livre de l'autrice islandaise Sigridur Hagalin Björnsdottir. En français aux Éditions Gaïa- Sur Les volcans et les hommes » d'Arnaud Guérin, un beau livre de l'Etna à Java en passant par l'Islande. Éditions Glénat & Arte Éditions. Arnaud Guérin est également l'auteur de Les deux saisons de l'Islande.- Sur Hekla et Laki, un très bel album jeunesse de Marine Schneider paru aux Éditions Albin Michel.
Surnommé «le pionnier de la musique électronique nomade», le DJ et musicien français Molécule explore la planète avec ses micros et ses machines, en quête d'inspiration et de sons. Avec une prédilection pour les lieux extrêmes et surtout la mer. Perché sur un phare en pleine mer, embarqué sur un chalutier breton dans l'Atlantique Nord, isolé dans un petit village du Groënland, au cœur de la glace et de l'hiver arctique, Molécule multiplie, depuis plus de dix ans, les expériences immersives et sonores. Son crédo au bout du micro ? Vivre la force, le génie des lieux, ressentir la puissance des éléments naturels, pour mieux en capter les sons et les mettre en musique, mais aussi en images. Récemment, Molécule, alias Romain De La Haye Sérafini, a ainsi équipé le voilier du skipper Thomas Ruyant d'un dispositif aléatoire d'enregistrement -16 micros et 13 caméras-, durant son tour du monde à la voile en 2020, sur la mythique course du Vendée Globe. De cette expérience, en ressort un film singulier, co-réalisé avec Vincent Bonnemazou: «29 173 miles nautiques», sans commentaires ni voix off, qui tranche avec les récits d'aventure face caméra, qu'on retrouve souvent à propos de ce genre d'exploit sportif. Autre projet marin, autre expérience inédite de notre homme, désormais installé à Cancale, en Bretagne : aller au plus près de la plus grosse vague au monde, celle de Nazaré située au Portugal, pour en capter la fureur et la beauté. Ce qu'il fera, en 2018, avec la complicité de l'élite des surfeurs de grosses vagues qui, eux seuls, savent se mesurer à cette vague pouvant atteindre jusqu'à 30 mètres. Cette fois-ci, ils seront équipés de micros «binaural» dans les oreilles, sur les combis ou les planches. Plaçant le silence et l'écoute au cœur de son travail, Molécule s'inscrit, à sa manière, dans cette longue lignée d'audio-naturalistes ou de collecteurs de musiques traditionnelles qui, tout au long du XXè siècle, ont cherché, à travers le globe, les sons du dehors. Sauf que lui ne le fait pas nécessairement pour rendre compte de manière réaliste des paysages sonores. Il privilégie dans sa musique comme dans ses expéditions, l'accident et l'aventure, dans son sens le plus pur : «ce qui adviendra»… Une rencontre avec Molécule, à l'occasion du Festival du Film d'Aventure de Paris où Molécule et son co-réalisateur Vincent Bonnemazou présentaient leur dernier film. En savoir plus :- Sur l'actualité de l'artiste Molécule qui vient d'achever sa première symphonie avec l'Orchestre de Lille. Performance à venir au Théâtre Zingaro à Paris, les 3 et 4 avril 2025- Sur le dernier film de Molécule et Vincent Bonnemazou : «29173 NM», projeté récemment au Festival du Film d'Aventure de Paris - Sur le field recording ou enregistrement de terrain des sons du dehors- Sur le Festival du Film d'aventure de Paris, organisé au 104 par le voyagiste Terre d'aventures.
Née à l'aube du XXe siècle, cette pionnière de l'océanographie moderne, photographe, vidéaste et écrivaine française, a sillonné les mers du monde en quête de sciences, d'images et surtout d'horizon. Suivre le sillage d'Anita Conti, c'est instantanément sentir un vent de liberté souffler, charriant avec lui les mots « avant-garde », « poésie » ou « engagement », mêlés aux intonations enjouées, à jamais gravées dans les archives radiophoniques françaises, de celle que l'on surnommait « La Dame de la mer ». Née en 1899, Anita Conti, née Caracotchian, a traversé son siècle avec une détermination sans faille, seule femme à bord des bateaux de pêche, que ce soit des chalutiers terre-neuvas dans l'Atlantique Nord ou des pirogues des mers chaudes, pendant ces dix années passées en Afrique de l'Ouest. Tour à tour relieuse d'art, journaliste, scientifique de terrain, résistante engagée sur les démineurs en 1939, écrivaine, lanceuse d'alerte sur les dégâts de la surpêche ou précurseure de l'aquaculture, Anita Conti a inspiré des générations d'enfants de la mer. À ceux qui lui demandaient si elle était un garçon manqué, Anita Conti répondait : « Non, je suis une femme réussie ! » ; une femme qui, jusqu'à son dernier souffle, en 1997, à l'âge de 98 ans, va s'attacher à donner une voix aux océans et à ceux qui les peuplent et en vivent… À l'occasion de l'année de la Mer 2025, et dans le cadre de l'exposition « Anita Conti, la femme aux semelles de vent » qui s'est tenue au Musée des Pêcheries de Fécamp, on suit son sillage profond. Un reportage de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary En savoir plus : - Sur Les Pêcheries de Fécamp qui ont imaginé l'exposition « Anita Conti, la Dame aux semelles de vent » - Sur le Fonds Anita Conti conservé par les Archives de Lorient depuis 2003. Il se compose d'archives papier, d'environ 40 000 photographies, des centaines d'objets et d'une bibliothèque de 1 800 ouvrages.- Sur Laurent Girault-Conti, fils adoptif d'Anita qui œuvre, depuis des décennies, à transmettre l'œuvre, la vie et le message d'Anita. Il a notamment publié le très bel ouvrage « Anita Conti et la Bretagne » - Sur les ouvrages d'Anita Conti paru en France aux Éditions Payot- Sur la surpêche et comment se portent les poissons en 2023, par l'Ifremer, institut français de recherche pour l'exploitation de la mer- Sur l'Année de la mer 2025. À lire :- « Racleurs d'océans ». Anita Conti. Éd. originale 1953. Petite Bibliothèque Payot 2017- « Géants des mers chaudes ». Anita Conti. Éd. originale 1957. Petite Bibliothèque Payot 2021- « Le carnet Vikings. 70 jours en mer de Barents ». Anita Conti. Éditions Payot 2018- « L'océan, les bêtes et l'homme ou l'ivresse du risque ». Anita Conti. Éditions Payot 2019- « Anita Conti et la Bretagne ». Laurent Girault-Conti. Éditions Filigrane 2021- « Anita Conti ». Catell et Bocquet. Une biographie dessinée parue chez Casterman. 2024- « Anita Conti, la Dame aux semelles de vent », le catalogue de l'exposition des Pêcheries de Fécamp. Éditions des Falaises 2024.
À l'occasion du Festival du Film d'Aventure de Paris, rencontre avec une armatrice et navigatrice franco-suédoise, grande amoureuse des pôles. Quand elle parle de la mer gelée, Sophie Galvagnon nous embarque avec elle, à bord, littéralement. Très tôt, cette Franco-Suédoise a été attirée par les zones froides du monde et après des études dans la marine marchande en France, elle deviendra à seulement 27 ans, la première femme aux commandes d'un navire d'expédition polaire. Aujourd'hui, à 37 ans, elle continue de se frotter aux conditions extrêmes de la navigation dans les glaces ; elle participe aussi à des projets innovants de navire d'exploration touristiques ou scientifiques dans l'Arctique ou l'Antarctique, nourrissant par-là cet imaginaire polaire tenace qui a envoyé depuis des siècles, des hommes et des femmes, vers ces contrées jadis inconnues et que l'on sait aujourd'hui de plus en plus fragiles et cruciales à la survie de notre planète. Ce week-end, une fois n'est pas coutume, ce n'est pas à la passerelle d'un bateau que l'on retrouve Sophie Galvagnon, mais dans les salles obscures, dans le cadre du Festival du film d'Aventure de Paris, organisé par le voyagiste français Terres d'Aventures, où Sophie Galvagnon fait office de membre du jury et de conférencière. Car avec elle, la planète blanche n'a jamais été aussi proche... En savoir plus :- Sur le festival du Film d'Aventure de Paris qui se tient au 104 à Paris, du 24 au 26 janvier 2025- Sur Selar et le projet de navire polaire décarboné que porte Sophie Galvagnon- Sur le projet Polar Pod, une plateforme océanographique en mer australe, imaginée par l'explorateur français Jean Louis-Étienne et sur laquelle a travaillé un temps Sophie Galvagnon- Sur l'association Empreinte Polaire, que Sophie a contribué à créer pour mieux faire connaitre et défendre les pôles.
En Lozère, sur de hauts plateaux arides aux allures de steppes mongoles vivent en liberté, depuis 30 ans, des chevaux de Przewalski. Voyage dans des terres françaises reculées à la découverte de chevaux presque sauvages… Le Causse Méjean est un pays montagnard, de pierres et de landes rases qu'on dit grandiose, austère, balayé par les vents et les solitudes. C'est là, depuis 30 ans, que l'association française Takh, soit « esprit » ou « cheval sauvage » en mongol, a implanté un troupeau de petits chevaux trapus, de couleur brun clair striés d'une raie de mulet noire le long de la colonne vertébrale. Ces équidés, uniques en leur genre, ressemblent étonnement aux chevaux préhistoriques que l'on retrouve sur les peintures rupestres et portent le nom d'un explorateur russe « Przewalski », qui un jour, au 19e siècle, a croisé leur route en Asie Centrale et les a fait connaître en Europe.Depuis les années 1960, la race, originaire d'Asie centrale, s'est éteinte à l'état sauvage mais elle a survécu dans des zoos avant d'être introduite en Lozère puis réintroduite en Mongolie, avec le concours des autorités mongoles. Et depuis 2020, l'association Takh développe un projet de centre scientifique et écotouristique, à destination du grand public. Sur le Causse Méjean, l'observation à bonne distance de ces chevaux qui s'épanouissent ici sans aucune intervention humaine, offre un voyage dans l'espace, jusqu'en Asie Centrale mais aussi dans le temps, à une époque où des millions de chevaux vivaient encore à l'état sauvage. Elle permet aussi de comprendre leurs enjeux de survie, leurs relations sociales, leur rôle dans l'écosystème et comment ces chevaux façonnent le territoire, tout en interrogeant le bien être-animal. Ce qui à l'heure de l'Anthropocène, cette nouvelle ère où l'humain a bouleversé le monde en se pensant au-dessus de tout, permet de décentrer le regard et qui sait, de remettre l'homme à sa place… Au pays des Przewalski, nous regardons les chevaux et eux, nous apprennent à regarder le monde autrement.En savoir plus : - Sur l'association Takh et son centre scientifique et écotouristique des chevaux de Przewalski situé au Villaret.Un voyage sonore de Sibylle d'Orgeval, initialement diffusé en janvier 2024.
Voyage en eau douce avec le naturaliste et biophysicien français qui, très tôt, a appris à lire l'eau et entend bien, depuis, partager la voix des rivières. Dans l'eau des rivières, se trame un spectacle insoupçonné, invisible, parmi des mulettes centenaires, des grenouilles kleptomanes, des truites voyageuses ou de féroces et patientes libellules. En regardant la surface de l'eau, rares sont ceux à deviner et interpréter cet incroyable ballet du vivant qui se joue en dessous. Bill François, lui, le sait. Depuis des années, il observe patiemment ce monde aquatique et sillonne pour cela la planète, afin de nourrir ses travaux de recherche en tant que biophysicien, mais aussi ses livres naturalistes et réjouissants.Après avoir mené de brillantes études, notamment sur la mécanique des fluides appliquée à la nage des bancs de poissons, ce pêcheur passionné a d'abord publié L'éloquence de la sardine paru en 2019 puis Le génie des mers. Mais cette fois, dans son dernier livre, il nous embarque en eau douce, à la découverte de rivières, de fleuves que l'on ne regarde plus et qui pourtant, telles des artères, irriguent nos vies terrestres, nourrissent nos sols et façonnent nos paysages intérieurs comme extérieurs.Dans La truite et le perroquet paru en France aux Éditions Albin Michel, à travers son regard et sa plume sans cesse émerveillés, Bill François raconte d'incroyables histoires de poissons migrateurs, de loyers jadis payés en aiguilles au Moyen Âge ou de peuples d'Amazonie entièrement tournés vers l'eau et détenteurs d'un fascinant savoir consistant à modifier les couleurs des plumes d'un oiseau, à partir de venins de grenouilles, de graisses de poissons-chats ou d'œufs de tortue. Mais au-delà de cette quête du tapirage, du nom de cette mystérieuse technique qui fascine Bill François et l'entraine jusqu'au Brésil, l'écrivain naturaliste français nous invite à une lecture, une écoute des cours d'eau et de ceux qui les peuplent. Une invitation au voyage, en somme… ► À lire : La truite et le perroquet. Confidences du peuple des rivières, Bill François. Éditions Albin Michel, 2024. Le génie des mers, Bill François. Éditions Flammarion, 2023. L'éloquence de la sardine, Bill François. Éditions Fayard, 2019. Histoire d'un ruisseau, Elisée Reclus. Édition initiale 1869, réédition dans sa version intégrale chez Actes Sud en 2005.
Engagé dans un processus revendiqué de décolonisation de ses collections, le musée McCord Stewart, musée d'histoire sociale de Montréal, propose désormais l'exposition permanente Voix autochtones d'aujourd'hui, une exposition passionnante et émouvante qui vise à redonner toute sa place aux cultures autochtones du Canada et du Québec en particulier.(Rediffusion) C'est une exposition qui invite à l'écoute… Écouter des voix autochtones longtemps silenciées, ignorées, dépréciées, « balayées avec arrogance de l'histoire officielle » nous dit l'exposition. Écouter ce qu'elles ont à nous dire : d'elles-mêmes, de leurs savoirs, de leurs traumas, de leur présent comme de leur passé. Surtout que le plus souvent, les allochtones -non autochtones- connaissent mal ces cultures ou les appréhendent, sans forcément en avoir conscience, à travers des biais, des représentations figées, stéréotypées, héritières des temps coloniaux.Conçu comme une rencontre entre autochtones et allochtones, ce parcours muséal a été longuement pensé par la commissaire Huronne Wendate Elisabeth Kane qui, pendant 8 ans, a mené un travail inédit de concertation auprès de plus de 800 individus issus des 11 nations autochtones que compte le Québec. L'exposition présente alors une centaine d'objets tirés de la collection du musée et près de 80 témoignages textuels, audio ou vidéo de membres de ces Nations. Guidé par ces voix autochtones, le visiteur part alors à la découverte des savoirs traditionnels des Premières Nations, des traumas de la colonisation jusqu'à la résilience autochtone. Une exposition tel un chemin de vérité mais aussi de réconciliation.Un reportage à Montréal de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary. Aller plus loin, aller à Montréal : - Sur l'exposition « Voix autochtones d'aujourd'hui. Savoir, Trauma, Résilience » du Musée McCord Stewart- Pour découvrir le Montréal Autochtone, un article plein d'infos de Tourisme Montréal- Le Festival Présence Autochtone se tient chaque année la première quinzaine d'août à Montréal- Sur le Centre d'art autochtone autogéré de Montréal Daphné- Pour partir à la rencontre des 11 nations autochtones du Québec, l'indispensable site « Tourisme Autochtone Québec »- En ligne, le projet « Rencontres avec les nations autochtones » du Musée McCord Stewart offre une multitude de contenus numériques- Écoutez notre rencontre avec Joséphine Bacon, poétesse innue et grande voix autochtone du Québec.
Road-trip à travers les grands espaces du Sud-Ouest américain, à bord d'une antique Ford Thunderbird, en suivant la route empruntée par les deux héroïnes de ce film culte américain. Quand on part en virée entre amies aux États-Unis, on dit qu'on est « ready to Thelma and Louise », ce qui en dit long sur la postérité des deux héroïnes du film de Ridley Scott sorti en 1991. Ce road-movie, qui débute en virée joyeuse pour finir en cavale tragique et puissante, en aura pourtant envoyé plus d'une sur la route. C'est le cas de Marine Sanclemente et Catherine Faye, deux autrices françaises nomades qui ont décidé un jour de partir sur les traces de Thelma et Louise sur un coup de tête et de sang, puis d'accélérateur…De cette échappée américaine, à l'ombre tutélaire de Thelma et de Louise, en épousant le trajet fictionnel de ces deux personnages, de l'Arkansas à l'Arizona, elles en ont tiré un récit écrit à 4 mains : « À la vie, à la mort » publié en France, aux Éditions Paulsen. En chemin, Catherine et Marine croisent et convoquent d'autres femmes bien réelles cette fois : Kadena la pompiste, Jan la bimbo armée jusqu'aux dents, Sheida l'Iranienne de Tulsa, Gloria, Mabel, Daisy ou encore Sunny, rescapée de l'emprise d'un gourou charismatique et violeur. Échapper, réchapper au patriarcat et à l'emprise machiste pour mieux exister pleinement, librement sur la route, c'est la trame, le motif du film « Thelma et Louise » que viennent aussi interroger Marine et Catherine dans leur livre, dans une ère certes post #MeToo mais dans une réalité américaine à la sauce red-neck qui n'a décidément pas renoncé à Trump. Leur récit, émaillé de réflexions sur le consentement et les contraintes faites aux femmes et à leur corps, fait aussi office de serment d'amitié entre les deux voyageuses, d'ode au voyage et à ses vertus: la curiosité et l'émancipation en tête, quoiqu'il arrive…sur la route.Une émission initialement diffusée en février 2024À lire :- À la vie, à la mort, de Catherine Faye et Marine Sanclemente. Éditions Paulsen- L'année des deux dames, de Catherine Faye et Marine Sanclemente. Éditions Paulsen.À écouter :- Notre échange avec les deux autrices autour d'Odette du Puigeaudeau et Marion Sénones, aventurières des sables.
Cette semaine, on tombe le haut et le bas pour se mettre tout nu et à nu, afin d'interroger une pratique culturelle, touristique aussi, surtout occidentale : le naturisme. La France est la première destination naturiste d'Europe, voire du monde, avec 4,7 millions d'adeptes, dont 2,6 millions d'étrangers qui, chaque année, souvent l'été, viennent dans l'hexagone pour vivre nu, ensemble, dans la nature, sans contrainte ni jugement. En prônant un certain retour à la nature dans la tolérance, la sobriété et le plus simple appareil, le naturisme a façonné un mode de vie singulier et alternatif, mais aussi des lieux (campings, centres, communautés…) en Europe, particulièrement sur les littoraux français.Récemment, à Marseille, une grande exposition Paradis naturistes s'est tenue au Mucem, le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. Déjouant les stéréotypes tenaces adossés au mouvement naturiste, pour en comprendre l'histoire, les valeurs et les vertus. Ne laissant aucune question de côté et sans réponse : pourquoi se mettre ainsi tout.e nu.e ? Quelles différences entre naturisme et nudisme ? Quels liens entre nudité et sexualité ? Comment et pourquoi la France est-elle devenue un « paradis naturiste » ? Est-ce une pratique de blancs ? Et si oui, pourquoi ?Certes, il y a le tabou de la nudité intégrale, visible et collective qui peut bousculer certain.e.s ; mais, une fois cette seule pensée ou vision dépassée, les naturismes – car ils sont pluriels – ont certainement beaucoup à nous apprendre sur notre rapport au corps et au monde. Surtout qu'à l'heure où les questions de respect de l'intégrité corporelle, de bouleversements climatiques, de lutte contre les discriminations ou les violences sexuelles et sexistes sont plus qu'à l'ordre du jour à travers le monde, il est certainement temps d'arrêter de regarder goguenards ces gens à poil et de tous poils. Arrêter de les regarder donc, pour mieux les écouter...Avec le philosophe français Bernard Andrieu, auteur de Nudités. Philosophie des naturismes et co-commissaire de l'exposition Paradis naturistes au Mucem.En savoir plus- Sur l'exposition Paradis naturistes qui vient de s'achever au Mucem, Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, situé à Marseille. - Sur Nudités. Philosophie des naturismes de Bernard Andrieu aux Éditions Presses universitaires de Rennes. Collection Epures. - Sur Monta Stories. Portrait d'un lieu pionnier du naturisme de Chloé Vasselin. Avec Magda Audredie à l'illustration. Un ouvrage autoédité sur l'histoire et les pionniers du Centre Héliomarin de Montalivet, dans le Sud-Ouest de la France. - Sur la Fédération française de naturisme : une mine d'infos pour savoir notamment où pratiquer le naturisme en toute liberté. Voir aussi le guide de voyage de Julien Claudé-Pénégry paru chez Hachette Voir la France tout nu. - Sur Vivre nu, un essai de la philosophe française Margaux Cassan. Éditions Grasset, 2023.
Le Bénin a accueilli, en septembre 2023, la 50è édition du Championnat du monde de pétanque. Mais déjà, bien avant cet évènement qui a réuni 37 nations à Cotonou, le pays avait déclaré sa flamme au jeu de boules provençal. Dans les rues de Porto Novo, Cotonou ou Abomey, il n'est pas rare de croiser sur des boulodromes improvisés des joueurs et des joueuses passionnés, en plein palabre pour savoir qui a emporté le point. Car au Bénin, la pétanque est devenue une affaire sérieuse, un sport national qui a vu émerger des titres et des champions qui ont su se rapprocher tout près du bouchon et fait de leur pays un vice-champion. En 2016 d'abord, après avoir battu la France en triplette masculine, la discipline reine ; puis en septembre 2023, en doublette pendant la compétition qui s'est tenue justement à Cotonou, à ciel ouvert, à l'ombre de sa grande Amazone.Surtout- et c'est ce que la rue nous apprend-, ce jeu accessible, ouvert à tous, est devenu un loisir populaire et fédérateur dans le pays, comme ailleurs sur le continent, que ce soit à Madagascar, au Burkina Faso ou en Côte d'Ivoire. Arrivée sur le continent dans les valises des Marseillais pendant la colonisation, la pétanque n'est pas qu'une passion béninoise, mais depuis les derniers championnats de Cotonou, on voit bien qu'elle est là-bas un motif de ferveur et d'élan national. Voyage entre le club mythique PCZAM de Cotonou et les terrains de boule de rue, à la rencontre de passionné.e.s d'hier et d'aujourd'hui, qui tirent et qui pointent !Un reportage de Raphaëlle Constant initialement diffusé en janvier 2024.
À l'occasion de sa réouverture, voyage intemporel en audio 3D au cœur de la plus célèbre des cathédrales de France. À partir d'enregistrements réalisés en 2013, dans le quotidien de Notre-Dame de Paris, juste avant que celui ne s'invente ou se réinvente… Dimanche 8 décembre 2024, des dizaines de milliers de personnes sont attendues à Paris, sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame, pour une réouverture au public, en grande pompe, après cinq ans de travaux titanesques, suite au tragique incendie qui, en 2019, a ravagé l'édifice et médusé le monde. Certes, le monument a désormais fait peau neuve, dévoilant à l'intérieur une blondeur insoupçonnée de sa pierre, un nouveau mobilier liturgique ou d'éclatantes peintures murales ; mais Notre-Dame de Paris retrouve surtout en ce week-end de célébration, sa vocation première : celle d'être à la fois un fascinant livre de pierre et d'histoire de France, mais aussi un lieu de culte catholique vivant, particulièrement visité. Avant l'incendie, la cathédrale située sur l'île de la Cité, au cœur du Paris historique, était le monument le plus visité du pays, voire d'Europe, avec 12 millions de visiteurs par an. Aujourd'hui, après sa réouverture officielle, on attend plus de 15 millions de visiteurs. Alors, au moment même où le monde va découvrir la nouvelle Notre-Dame, on vous offre une photographie sonore en audio 3D de son quotidien, tel que nous l'avions enregistré en 2013 ; du parvis bondé de touristes à la sacristie, en passant par sa nef ou ses deux tours au bestiaire fantastique, pour un voyage à travers le temps : celui des cathédrales.Une production à écouter au casque avec le Labo RFI. En savoir plus : - Sur le programme de réouverture de la cathédrale- Sur les réservations de visite de la nouvelle Notre-Dame- Sur les visites de groupe aux abords de la cathédrale proposées par le groupe CASA Notre Dame. Elles ont lieu tout au long du chantier et doivent reprendre prochainement- Sur le chantier de rénovation, allez sur Rebâtir Notre-Dame de Paris.
Faut-il encore voyager ? Comment voyager autrement ? Quels sont les méfaits environnementaux, sociaux ou culturels du tourisme ? Analyse critique d'une culture hyper-valorisée dans nos sociétés contemporaines mais qui peut s'avérer dévorante… Ces dernières années, le tourisme international a connu une croissance exponentielle, même après la crise sanitaire et en dépit de la crise climatique, suscitant des conflictualités nouvelles, liées notamment au surtourisme. De Barcelone -16 millions de visiteurs en 2023- à Athènes en passant par Venise -30 millions de touristes chaque année-, des manifestations se sont multipliées pour dénoncer la pression immobilière, l'inflation et les nuisances environnementales que génère, à l'heure de l'Anthropocène, le tourisme. Dans son dernier essai «Dévorer le monde» paru en France, l'anthropologue française et militante écologiste Aude Vidal s'inscrit dans la lignée de ces mouvements et nous invite à réfléchir collectivement et individuellement sur la place qu'a fini par occuper le voyage dans les imaginaires et les modes de vie occidentaux : entre mobilité frénétique, inconscience entretenue et envie de se distinguer socialement. Car voyager pour ses loisirs, qui plus est à l'autre bout du monde, demeure un privilège. 80% de la population mondiale n'a ainsi jamais pris l'avion et seulement 1% de la population mondiale concentre 50% des émissions du secteur aérien. Mais Aude Vidal, qui s'avoue elle-même grande voyageuse, interroge surtout l'industrie touristique qui pèse lourd dans l'économie mondiale et le PIB de nombreux pays ; une industrie «du surplus, qui privilégie les désirs des uns aux dépens des besoins des autres» et qui, tel un ogre, présiderait en quelque sorte, à la table d'un grand banquet où la planète et ses ressources seraient au menu.Plus que d'émettre des solutions, des aménagements concrets contre le surtourisme, l'anthropologue s'attache plutôt à repolitiser un champ - le voyage- perçu, voulu comme une parenthèse déréalisée, loin du travail et des tracas du quotidien, pour ceux qui ont la chance et les moyens de partir. Ce faisant, elle dénonce le capitalisme à l'œuvre dans ces dynamiques touristiques et les inégalités croissantes qu'il produit, partout dans le monde.Avec Aude Vidal, anthropologue française et autrice de « Dévorer le monde ». À lire :- «Dévorer le monde. Voyage, capitalisme et domination». Aude Vidal. Éditions Payot. 2024- «Égologie: écologie, individualisme et course au bonheur». Aude Vidal. Éditions Le monde à l'envers. 2017- «La vraie vie est ici. Voyager encore?» Rodolphe Christin. Éditions Écosociété. 2020 - «Désastres touristiques». Henri Mora. Éditions L'échappée. 2022- «Habiter une ville touristique». Collectif Droit à la ville Douarnenez. Éditions du commun. 2023- Le blog d'écologie politique d'Aude Vidal. À voir :- Mayapolis, un documentaire de Renaud Lariagon sur le tourisme et l'expansion urbaine dans la péninsule du Yucatan, recommandé par Aude Vida. Disponible en ligne.
Voyage en images avec le plus célèbre des photographes malgaches. Un maître du noir et blanc qui a toujours eu à cœur de partager son regard lumineux, poétique, au-delà des archétypes, sur la Grande Île. Depuis près de 50 ans et sa base arrière de Fianarantsoa où il a installé son studio et une de ses galeries, Pierrot Men balade son regard, appareil en bandoulière, dans les coins les plus reculés de Madagascar. Connu comme le loup blanc là-bas, celui qui se destinait au départ à la peinture, est aujourd'hui une référence qui inspire toute la jeune génération de photographes malgaches, pour un regard de l'intérieur... Né en 1954, Chan Hong Men Pierrot dit Pierrot Men voit sa carrière d'artiste photographe décoller après une première distinction à l'international, en 1994 avec le Prix Leica du Concours « Mother Jones » de San Francisco. Depuis, les honneurs et les expositions se succèdent sur le continent africain, comme dans le reste du monde : du Quai Branly à Paris, à la Chine en passant par la Biennale de Bamako ou les États-Unis. Pour ce disciple revendiqué des grands portraitistes de studios africains comme Seydou Keïta ou Malick Sidibé, cette carrière internationale est une occasion en or de donner à voir son pays mais surtout son peuple, dont il illustre avec patience la réalité sociale et culturelle. Car dans l'œil de Pierrot Men, les travailleurs de l'ombre, charbonniers, briquetiers ou pêcheurs sont dans la lumière, parfois plongés dans une brume matinale ou crépusculaire, frêles silhouettes dans un décor de collines, de baobabs ou de rivages à couper le souffle.Le rêve, l'enfance, l'immense dignité d'un peuple debout, affairé à travailler et à vivre, dans un pays miné par la pauvreté, c'est ce que l'on retrouve dans les images de Pierrot Men. Des images qui ont donné envie à beaucoup d'aller dans l'île de l'océan Indien et qui offrent surtout une autre perspective sur les habitants des campagnes de Madagascar. Depuis les Hautes-Terres, au centre-sud du pays, suivons le regard de cet enfant de Madagascar, devenu à sa manière un ambassadeur, un archiviste sensible de l'île. Un reportage à Madagascar de Raphaëlle Constant. En savoir plus :- Sur le travail de Pierrot Men- Pierrot Men a une galerie à Fianarantsoa et une autre à Antananarivo (Tana water Front, Module N°2)- Sur les nombreuses publications de Pierrot Men, parmi lesquelles «Des hommes et des arbres» Éditions Carambole 2015 ou «Portraits d'Insurgés, Madagascar 1947», texte de Jean-Luc Raharimanana, Éditions Vents d'ailleurs, 2011. Diaporama
Cabotage de fjords en fjords dans l'océan Arctique, autour de l'archipel norvégien situé tout au nord du monde. À bord d'un vieux bateau emblématique qui vient d'achever sa dernière saison dans les eaux glacées du Spitzberg. Pendant des décennies, le Nordstjernen ou « Étoile polaire » a promené son élégante silhouette dans l'archipel du Svalbard, un territoire émaillé d'îles et de fjords recouverts de glaciers. Construit en 1956 et désormais classé au patrimoine historique norvégien, ce bateau pouvant accueillir une centaine de passagers, a d'abord servi d'express-côtier le long du littoral enclavé de la Norvège, pour ensuite transporter chaque été, des voyageurs en croisière vers le Nord. Or, après une vaste entreprise de rénovation et du fait de son classement, ce vieux navire exploité par la compagnie Hurtigruten, ne correspond plus aux normes en vigueur qui permettent la navigation dans les eaux polaires, selon le Polar Code. Une retraite qui suscite beaucoup d'émotion chez les guides, les touristes de passage ou les locaux qui l'ont toujours connu. L'occasion de dire adieu à cette «grande et vieille dame» qui a marqué les esprits dans l'archipel, d'aller chercher la banquise jusqu'au 80ème degré de latitude nord, de découvrir les joyaux de l'Arctique, mais aussi d'interroger ce type de voyage dans des terres malmenées par les bouleversements climatiques. Au Svalbard qui compte 3 000 habitants, plus de 130 000 touristes s'y rendent chaque année. Parmi eux, près de la moitié découvrent l'archipel en été et en bateau de croisière. Un voyage sonore d'Oriane Laromiguière qui a effectué l'un des derniers voyages du Nordstjernen au Spitzberg.En savoir plus :- Sur les croisières au Svalbard par la Compagnie Hurtigruten- Sur le navire historique le Nordstjernen. En anglais- Sur le Svalbard, l'une des terres habitées les plus au nord du monde. À lire : - Un polar : «Personne ne meurt à Longyearbyen», de Morgan Audic, Albin Michel, 2023 - Une biographie : «La femme au renard bleu», de Robyn Mundy, Paulsen, 2024 - Un symbole : «L'ours polaire, vagabond des glaces», de Rémy Marion, Actes Sud, 2024. Diaporama
Dans ses récits de voyage comme dans ses romans, l'autrice naturaliste française a toujours préféré les chemins de traverse et les replis du territoire, pour aller chercher l'âme des lieux et des peuples. Quand elle était petite, Clara Arnaud raconte avoir longtemps eu sur sa table de chevet un globe lumineux, éclairant ses rêves d'ailleurs comme ses veillées nocturnes à bouquiner en cachette de ses parents. Depuis, à 38 ans, l'écrivaine française a déjà publié plusieurs récits de voyage et trois romans, le dernier «Et vous passerez comme des vents fous» ayant reçu de nombreuses distinctions et rencontré le succès en France. Rencontrer les lieux et ceux qui les peuplent, en livrer l'esprit, une boussole et un carnet de notes en poche, c'est ce qui semble avoir toujours guidé l'autrice nomade, dans ses écrits à mots pesés, comme dans ses voyages à pas lents, toujours à pied et souvent accompagnée d'un cheval. Après des échappées kirghizes, des itinérances en Chine avec deux chevaux, dans le Caucase aussi, ou après deux ans d'expatriation en République Démocratique du Congo, puis au Honduras, Clara Arnaud a désormais posé ses valises dans le Couserans, dans les Pyrénées ariégeoises, en France.C'est de là qu'elle a puisé l'inspiration pour écrire son dernier roman peuplé d'ours et de bergers qui vient questionner notre rapport au sauvage, dans une écriture à fleur de peau et de territoire. Consciente qu'il n'y a pas qu'un seul monde, Clara Arnaud intercède à sa manière, se plaçant aux coutures des mondes animal, végétal ou humain reliés souvent entre eux sans le savoir. Ce faisant, elle arpente, débusque et interroge nos géographies sensibles, en mettant le corps en mouvement, parfois à l'épreuve, dans des espaces grands et sauvages de préférence. Bibliographie : - «Au détour du Caucase. Conversation avec un cheval». Clara Arnaud. Éditions Actes Sud. Poche Babe. 2024- «Et vous passerez comme des vents fous». Clara Arnaud. Éditions Actes Sud. 2023- «La verticale du fleuve». Clara Arnaud. Éditions Actes Sud. 2021- «L'orage». Clara Arnaud. Éditions Gaïa. 2015.
Pendant l'esclavage, les résistances et les visages du marronnage en Guyane française ont été multiples. Celui des Bushinengué, descendants de marrons réfugiés en forêt et venus du Suriname voisin, interpelle par la force de leur destin et la vitalité de leur culture, si singulière. Voyage entre l'Ouest guyanais et le littoral, entre passé et présent à la rencontre d'une histoire vivante. En route sur les traces du marronnage dans ce qui est aujourd'hui un département français grand de 83 000 km2, situé entre le Suriname et le Brésil et recouvert à plus de 95% par la forêt amazonienne, on comprend très vite à quel point cette géographie de montagnes et de marécages, de fleuves tumultueux et de forêts denses, a pu constituer un refuge -hostile mais possible- pour ces fugitifs, ces marrons au temps de l'esclavage qui a duré en Guyane près de 200 ans. Marronner, c'est résister à l'oppression esclavagiste. C'est à la fois user de ruse à l'intérieur du système mais aussi fuir l'habitation pour constituer, parfois, des sociétés parallèles, marronnes, en marge. Une marge entre le littoral et l'intérieur des terres, immense en Guyane, où s'enfuyaient les marrons mais aussi les Amérindiens qui trouvaient ici refuge loin du joug colonial esclavagiste. Une marge aussi entre la Guyane et le Suriname voisin, où se sont établis le long du fleuve Maroni des communautés marronnes venues du Suriname. Et c'est justement dans cette marge, passée mais aussi présente, que nous allons naviguer. Guidés par des associations culturelles marronnes, des militants et artistes de la tradition Tembé mais aussi des historiens guyanais qui s'attachent à mettre en lumière toutes les résistances à l'esclavage, et pas seulement le grand marronnage des Bushinengué. Il faut dire qu'en Guyane française, si les marrons des habitations situées sur la bande côtière ont jadis lutté, fui, pillé, constitués en bandes emmenées par les chefs Simon, Linval, Gabriel ou encore Pompée..., tôt ou tard, ils ont été rattrapés par les milices esclavagistes lancées à leurs trousses. Par contre, dans le cas du Suriname voisin, les Bushinengué littéralement « noirs de la forêt » ont eux, réussi à maintenir des sociétés originales, autonomes ; certains signant des traités de paix avec les autorités néerlandaises, d'autres comme les Bonis fuyant de l'autre côté du fleuve Maroni pour s'installer durablement sur les rives françaises. Aujourd'hui, les Bushinengué, ces descendants de marrons venus du Suriname, vivent encore majoritairement le long du Maroni, dans les fiefs historiques de Papaïchton, Maripasoula, Grand Santi ou encore Apatou situé bien plus bas sur le fleuve. De plus en plus, ce peuple fier, qui a su maintenir ses traditions dans l'isolement et la relégation, rejoint les villes et la côte. Aussi, il continue d'enjamber le fleuve Maroni du Suriname vers la Guyane, comme il l'a toujours fait à travers le temps. Ce qui vient poser des questions de reconnaissance et de papiers de ce peuple décidément transfrontalier. Au XXIème siècle, dans une société guyanaise métissée, mais souvent divisée entre les Créoles, les Bushinengué et les Amérindiens, les « Bushi » sortent du bois et revendiquent fièrement leur histoire, leurs cultures ou leur art Tembé, cet art de la fuite qui, jadis, servait de langage codé pour s'échapper et communiquer dans les grands bois. Aujourd'hui, cette tradition, sculptée au départ et désormais peinte, fascine le monde avec ses entrelacs colorés et magnétiques. Et comme les Autochtones, longtemps marginalisés avec les Bushinengué dans la zone dite tribale, ils revendiquent désormais leurs droits. Les Bushinengué représentent de nos jours près d'un ⅓ de la population guyanaise.Une série en 2 épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary initialement diffusée en décembre 2023. En savoir plus :- Sur le marronnage en Guyane. Un document pédagogique illustré et synthétique. En PDF- Sur les différentes résistances à l'esclavage en Guyane. L'ouvrage édité par le Jeune Historien Guyanais aux Éditions Ibis Rouge- « Maroons in Guyane, Past, Present, Future », l'ouvrage de référence des historiens Richard et Sally Price. Il a été réédité dans une version actualisée en 2022 aux Éditions « University of Georgia Press »- Le centre culturel « Mama Bobi » œuvre depuis des décennies pour la connaissance et le partage des cultures des gens du fleuve, des Bushinengué- Sur l'Ouest guyanais, ses peuples et ses enjeux, actuels comme passés : le blog « Un témoin en Guyane » animé par Joël Roy, militant associatif et ancien enseignant installé en Guyane.- Sur l'art Tembe et les marrons de Guyane : deux expositions s'étaient tenues en 2022 et 2023 à Paris. À la Maison de l'Amérique Latine et à la Galerie Dominique Fiat- Sur le travail de l'artiste Tembe Franky Amete. Un article récent sur son travail et sa trajectoire- Sur l'odyssée des Boni, un groupe Bushinengué venu du Surinam jusqu'en Guyane française : le livre de référence : « Le Monde des Marrons du Maroni en Guyane (1772-1860). La naissance d'un peuple : les Boni », paru aux Éditions Ibis Rouge, 2004. Par l'historien Jean Moomou- Les Bushinengue, en images. À travers le travail du photographe italien Nicola Lo Calzo.
Pendant l'esclavage, les résistances et les visages du marronnage en Guyane française ont été multiples. Celui des Bushinengué, descendants de marrons réfugiés en forêt et venus du Suriname voisin, interpelle par la force de leur destin et la vitalité de leur culture, si singulière. Voyage entre l'Ouest guyanais et le littoral, entre passé et présent à la rencontre d'une histoire vivante. En route sur les traces du marronnage dans ce qui est aujourd'hui un département français grand de 83 000 km2, situé entre le Suriname et le Brésil et recouvert à plus de 95% par la forêt amazonienne, on comprend très vite à quel point cette géographie de montagnes et de marécages, de fleuves tumultueux et de forêts denses, a pu constituer un refuge -hostile mais possible- pour ces fugitifs, ces marrons au temps de l'esclavage qui a duré en Guyane près de 200 ans. Marronner, c'est résister à l'oppression esclavagiste. C'est à la fois user de ruse à l'intérieur du système mais aussi fuir l'habitation pour constituer, parfois, des sociétés parallèles, marronnes, en marge. Une marge entre le littoral et l'intérieur des terres, immense en Guyane, où s'enfuyaient les marrons mais aussi les Amérindiens qui trouvaient ici refuge loin du joug colonial esclavagiste. Une marge aussi entre la Guyane et le Suriname voisin, où se sont établis le long du fleuve Maroni des communautés marronnes venues du Suriname. Et c'est justement dans cette marge, passée mais aussi présente, que nous allons naviguer. Guidés par des associations culturelles marronnes, des militants et artistes de la tradition Tembé mais aussi des historiens guyanais qui s'attachent à mettre en lumière toutes les résistances à l'esclavage, et pas seulement le grand marronnage des Bushinengué. Il faut dire qu'en Guyane française, si les marrons des habitations situées sur la bande côtière ont jadis lutté, fui, pillé, constitués en bandes emmenées par les chefs Simon, Linval, Gabriel ou encore Pompée..., tôt ou tard, ils ont été rattrapés par les milices esclavagistes lancées à leurs trousses. Par contre, dans le cas du Suriname voisin, les Bushinengué littéralement « noirs de la forêt » ont eux, réussi à maintenir des sociétés originales, autonomes ; certains signant des traités de paix avec les autorités néerlandaises, d'autres comme les Bonis fuyant de l'autre côté du fleuve Maroni pour s'installer durablement sur les rives françaises. Aujourd'hui, les Bushinengué, ces descendants de marrons venus du Suriname, vivent encore majoritairement le long du Maroni, dans les fiefs historiques de Papaïchton, Maripasoula, Grand Santi ou encore Apatou situé bien plus bas sur le fleuve. De plus en plus, ce peuple fier, qui a su maintenir ses traditions dans l'isolement et la relégation, rejoint les villes et la côte. Aussi, il continue d'enjamber le fleuve Maroni du Suriname vers la Guyane, comme il l'a toujours fait à travers le temps. Ce qui vient poser des questions de reconnaissance et de papiers de ce peuple décidément transfrontalier. Au XXIème siècle, dans une société guyanaise métissée, mais souvent divisée entre les Créoles, les Bushinengué et les Amérindiens, les « Bushi » sortent du bois et revendiquent fièrement leur histoire, leurs cultures ou leur art Tembé, cet art de la fuite qui, jadis, servait de langage codé pour s'échapper et communiquer dans les grands bois. Aujourd'hui, cette tradition, sculptée au départ et désormais peinte, fascine le monde avec ses entrelacs colorés et magnétiques. Et comme les Autochtones, longtemps marginalisés avec les Bushinengué dans la zone dite tribale, ils revendiquent désormais leurs droits. Les Bushinengué représentent de nos jours près d'un ⅓ de la population guyanaise.Une série en 2 épisodes de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary initialement diffusée en décembre 2023.En savoir plus :- Sur le marronnage en Guyane. Un document pédagogique illustré et synthétique. En PDF- Sur les différentes résistances à l'esclavage en Guyane. L'ouvrage édité par le Jeune Historien Guyanais aux Éditions Ibis Rouge- « Maroons in Guyane, Past, Present, Future », l'ouvrage de référence des historiens Richard et Sally Price. Il a été réédité dans une version actualisée en 2022 aux Éditions « University of Georgia Press »- Le centre culturel « Mama Bobi » œuvre depuis des décennies pour la connaissance et le partage des cultures des gens du fleuve, des Bushinengué- Sur l'Ouest guyanais, ses peuples et ses enjeux, actuels comme passés : le blog « Un témoin en Guyane » animé par Joël Roy, militant associatif et ancien enseignant installé en Guyane.- Sur l'art Tembe et les marrons de Guyane : deux expositions s'étaient tenues en 2022 et 2023 à Paris. À la Maison de l'Amérique Latine et à la Galerie Dominique Fiat- Sur le travail de l'artiste Tembe Franky Amete. Un article récent sur son travail et sa trajectoire- Sur l'odyssée des Boni, un groupe Bushinengué venu du Surinam jusqu'en Guyane française : le livre de référence : « Le Monde des Marrons du Maroni en Guyane (1772-1860). La naissance d'un peuple : les Boni », paru aux Éditions Ibis Rouge, 2004. Par l'historien Jean Moomou- Les Bushinengue, en images. À travers le travail du photographe italien Nicola Lo Calzo.
Récemment, en France, on a beaucoup parlé du défi du youtubeur français Inoxtag, total novice en montagne qui a réussi à atteindre l'Everest. Mais qui connait l'exploit de Sophie Lavaud ? Cette alpiniste franco-suisse, méconnue au départ, arrivée sur la pointe des pieds et des crampons dans le club très restreint des «huitmillistes», a finalement achevé l'ascension des 14 sommets de plus 8000 mètres. En juin 2023, la Franco-Suisse Sophie Lavaud a achevé au sommet du Nanga Parbat, situé au Pakistan, son marathon des cimes en atteignant son 14ème sommet de plus de 8000 mètres, réussissant là où les Français avaient toujours échoué. Elle est donc LE premier Français (tous genres confondus), la première Suissesse mais aussi LE premier Canadien (tous genres confondus) à achever ces quatorze 8000. Ce genre de grand chelem himalayen, que seule une quarantaine d'alpinistes au monde détient à ce jour, suscite fascination, admiration mais aussi interrogations sur les évolutions de l'himalayisme et la pratique de l'alpinisme en général. Or, Sophie Lavaud incarne bien plus que ces nouvelles expéditions guidées, avec porteurs et apports d'oxygène qui viennent bousculer une certaine aristocratie de la haute altitude. Sa trajectoire de femme audacieuse, passionnée de montagnes et de sommets, non professionnelle au départ, qui aura passé onze ans de sa vie à aller au bout de son exploit, nous rappelle que les outsiders, non issus du sérail, ont eux aussi droit à leur part de rêves et de montagnes. Rencontre à l'occasion du Festival du documentaire et du livre «Le Grand Bivouac» qui s'est tenu du 14 au 24 octobre à Albertville avec l'himalayiste Sophie Lavaud et François Damilano, guide de haute montagne français, écrivain et réalisateur qui l'a suivie et filmée sur plusieurs ascensions. À lire :- «Les quatorze 8000 de Sophie Lavaud», de François Damilano et Sophie Lavaud. Éditions Glénat. 2024- «Chroniques himalayennes», de François Damilano. JM Éditions. 2023. En savoir plus :- Sur le le premier film de François Damilano «On va marcher sur l'Everest» consacré à Sophie Lavaud- Sur le Festival du documentaire et du livre d'Albertville «Le Grand Bivouac».
En août 2024, le Garma festival, plus grand rassemblement autochtone d'Australie, s'est tenu en Terre d'Arnhem. Une occasion rare de s'immerger dans le monde aborigène Yolngu. Au nord du pays, depuis Darwin, pour accéder au Festival Garma, il faut soit faire 1 200 km de routes sur des pistes en terre rouge, muni de permis spécifiques, soit survoler les 700 km qui séparent la capitale du Territoire du Nord et Nhulunbuy, une ville construite dans les années 70 pour desservir une mine de Bauxite. Dans les deux cas, en arrivant, vous êtes dans l'un des coins les plus reculés d'Australie, mais surtout dans des terres de réserves très réglementées, soumises à autorisation spéciale pour les non-autochtones. Le Garma lui, permet cet accès, au cœur d'un rassemblement unique en son genre, initié par le peuple Yolngu et placé dans une vaste clairière cernée de forêts tropicales truffées d'eucalyptus, située sur une falaise surplombant la mer et des rivages escarpés et sauvages.Ici, c'est donc la terre ancestrale des Yolngu, un groupe aborigène qui, jusqu'au début du XXè siècle, vivait de manière relativement autonome, à l'écart de la brutale colonisation britannique. On parle d'une présence des Yolngu depuis plus de 60 000 ans. Contrairement à d'autres groupes aborigènes, les Yolngu n'ont pas été déplacés, arrachés à ce lien si puissant qui les relie à la terre et au fait de la parcourir. Ce qui fait la force de leur culture, de leur langue et dialectes, de leurs chants et de leurs danses qu'ils ont su maintenir à travers les millénaires et qui s'expriment pendant quatre jours au Garma. Véritables pionniers de la lutte pour les droits fonciers autochtones aborigènes, les Yolngu ont également su faire de cet évènement une tribune où se pressent désormais les hommes politiques australiens de tous bords. En 2024, près de 3 000 visiteurs, dont la moitié non-aborigènes, se sont immergés dans ce monde peuplé de rêves, d'ancêtres créateurs, d'abeilles, de grues brolga ou de serpents arc-en-ciel ; au son du Yidaki ou Didjeridoo qui est né au nord-est de la Terre d'Arnhem. Un festival pour dire la fierté noire et autochtone, celle d'un peuple debout et maître chez lui. Un voyage sonore de Sophie Ansel. En savoir plus :- Sur le Garma Festival et la Yothu Hindi Foundation- Sur les Yolngu en images et en sons: le projet visuel Twelve canoes- Sur les Yolngu, le site du Musée National Australien.
À l'occasion du Festival International des Écrans de l'Aventure de Dijon dont elle est la présidente du jury, la grimpeuse française, alpiniste de renom et aujourd'hui éditrice, revient sur cette vie si singulière qui l'a menée au sommet. Au sujet de Catherine Destivelle, véritable star de la grimpe dans les années 80-90, plusieurs fois consacrée championne du monde d'escalade, on a usé de tous les superlatifs et qualificatifs plus ou moins heureux, la surnommant pêle mêle «la femme araignée», «la libellule du rocher», «la grimpeuse de l'impossible», «la sauvageonne du vertical» ou encore «l'alpiniste du charme». Il faut dire qu'en matière de femmes et de sport, d'exploits ou de titres, la règle a longtemps été de les cantonner au féminin, oubliant que parfois elles dament aussi le pion aux hommes, abolissant ainsi les catégories de genre bien persistantes dans nos sociétés comme en montagne. Mais Catherine Destivelle a toujours été au-dessus de ça, traçant sa voie en toute liberté sur les parois du monde, en escalade d'abord, en alpinisme ensuite. Particulièrement respectée par ses pairs et auréolée en 2020 du prestigieux Piolet d'Or Carrière, la grimpeuse affiche un palmarès impressionnant, inspirant des générations de grimpeurs et d'amoureux de la montagne par ses exploits extrêmes : parfois en solo intégral, sans assurage le long des parois, parfois en version hivernale et solitaire sur les grandes faces Nord des Alpes.Désormais éditrice à la tête des Éditions du Mont-Blanc, une maison d'édition française qui propose toutes les formes de récits de montagne, du polar aux beaux livres en passant par la BD ou l'ouvrage jeunesse, Catherine Destivelle a aujourd'hui à cœur de transmettre son amour de la montagne et de la grimpe ; une discipline qu'elle défend comme un jeu et surtout un plaisir immense, comme les sommets qu'elle a gravis. En savoir plus :- Sur les Éditions du Mont-Blanc- Sur le dernier ouvrage de Catherine Destivelle «Il était une fois l'escalade», une BD co-écrite avec David Chambre sur l'histoire de la discipline- Sur le Festival International des Écrans de l'Aventure qui se tient chaque année en octobre à Dijon.
Dans son dernier livre, l'écrivaine voyageuse française Lucie Azema convoque l'utopie et les ailleurs, réels ou imaginaires, pour dire le besoin que nous avons tous et toutes de rêver à demain et à ailleurs. Après avoir livré une réjouissante et salutaire analyse féministe du voyage dans son premier livre « Les femmes aussi sont du voyage », après être partie ensuite sur les multiples routes du thé dans son second ouvrage « L'usage du thé. Une histoire sensible du bout du monde », Lucie Azema a décidé de nous emmener ailleurs. « Nous avons besoin d'un ailleurs qui n'existe pas » : c'est le titre de son dernier essai, érudit mais très didactique qui vient puiser, comme à chaque fois avec l'écrivaine nomade, dans la littérature de voyage et ses figures imposées pour mieux les questionner, les déconstruire, voire les réenchanter. « Réenchanter le voyage », c'est d'ailleurs le sous-titre de ce livre aux allures de manifeste pour tous les coureurs d'horizons, mangeurs de ciel, brûleurs de route, qui enfants, ont rêvé sur les cartes ou lignes de crête, pour mieux se lancer dans le vaste monde, dans des ailleurs réels ou rêvés. De l'Atlantide à l'île d'Utopie, de l'Eldorado à Katmandou, de cités idéales en paradis perdus, Lucie Azema tisse des réflexions personnelles sur sa vie de femme voyageuse et son rapport au monde à une trame plus collective, celle des rêves de ses congénères occidentaux qui n'ont eu de cesse de projeter des ailleurs, de les chercher, de les inventer. L'autrice revient aussi longuement sur les années 60-70, quand toute une jeunesse occidentale, en quête d'idéal et de vie libre sur la route, s'est lancée sur le « Hippie Trail » ou « Route des Indes », d'Istanbul à Katmandou. Ode à l'imaginaire et au rêve, de puissants motifs de voyage, son livre invite à partir et à ne jamais renoncer à cette promesse qu'incarne l'ailleurs, où qu'il soit : celle d'un monde différent, renouvelé et qui sait meilleur. À lire :- « Nous avons besoin d'un ailleurs qui n'existe pas ». Lucie Azema. Éditions Allary. 2024- « L'usage du thé, une histoire sensible du bout du monde ». Lucie Azema. Éditions Flammarion. 2022- « Les femmes aussi sont du voyage, l'émancipation par le départ ». Lucie Azema. Éditions Flammarion. 2021- « L'Utopie », de Thomas More. 1516. Éditions Gallimard Folio 2012- « Magic bus, sur la routes des hippies d'Istanbul à Katmandou ». Rory MacLean. Hoëbeke Éditions. 2011- « Les villes invisibles », Italo Calvino. Éditions Gallimard. Édition originale 1972. Réédition Folio 2013.
Voyage dans les terres du ciel, en compagnie de pionniers qui, un jour, ont fait le rêve de chevaucher les nuages et voler comme des oiseaux... ou presque. Funambules de l'extrême et du vide, ingénieurs ingénieux, inventeurs cocasses et intrépides, ils et elles ont fait fi de la gravité et du danger pour se lancer dans les airs. Et pour cela, ils et elles ont inventé des tas de machines et de procédés, du ballon au vol tracté, du vol à voile ou planeur au deltaplane en passant par le parapente. Ces pionniers et aventuriers du vol non motorisé forment ainsi une curieuse famille que nous présente l'auteur français Gérard Guerrier dans son dernier livre « Rêves d'Icare » paru aux Éditions Paulsen. Et dans leurs trajectoires souvent méconnus, on retrouve tous les ingrédients d'une bonne histoire: du rêve d'abord, une bonne dose de folie et d'imagination au service d'inventions parfois farfelues, de la joie pure aussi, presque enfantine de signer une première dans les airs, et puis du tragique, car bon nombre de ces pionniers vont y laisser des plumes. Regarder les oiseaux voler et s'imaginer en faire de même, c'est une obsession toute terrestre, un des rêves, disons les plus vieux de l'humanité. Et voyager au gré de ceux qui ont cherché à le réaliser, c'est aussi un peu, voler à leurs côtés…Avec Gérard Guerrier, auteur de « Rêves d'Icare », paru aux Éditions Paulsen. Un entretien initialement diffusé en novembre 2023.
À 7 000 km de l'archipel des Comores, loin de l'océan Indien et de la côte sud-est du continent africain, voyage dans la cité portuaire surnommée « la cinquième île des Comores ». On connaît d'abord Marseille la Phocéenne fondée il y a 2 600 ans, Marseille la Méditerranéenne, la Corse, l'Italienne, l'Arménienne ou encore l'Algérienne, mais beaucoup moins la Comorienne ! Pourtant, selon une légende tenace, Marseille serait la plus grande ville comorienne au monde, devant même Moroni, la capitale de l'archipel ! Aujourd'hui, on estime que la population comorienne – d'origine ou de nationalité – atteint les 100 000 personnes et représente donc 10% des habitants de Marseille.En arrivant Gare Saint-Charles ou sur le Vieux-Port, dans les rues de la deuxième ville de France, si le métissage ne fait pas l'ombre d'un doute, pour ce qui est de la présence comorienne, il faut aller vers les quartiers nord pour en saisir vraiment l'importance. C'est là que se concentre la communauté comorienne de Marseille, une communauté récente à l'échelle de la longue histoire de la ville, ouverte quoique réputée discrète, mais surtout fière de partager sa culture et son identité à la fois comorienne et marseillaise.Un reportage de Benoit Godin.À lire :Les Comoriens à Marseille : d'une mémoire à l'autre de Karima Direche-Slimani et Fabienne Le Houérou. Éditions Autrement, 2002. Bien peu de choses à lire sur la vaste communauté marseillo-comorienne en dehors de cet ouvrage datant de 2002. Forcément daté, il reste malgré tout le livre le plus complet à ce jour sur ce sujet. La cinquième île : les comoriens de Marseille de Luc Saïd Mohamed Cheikh. Éditions Pragmatic, 2019. Un livre de photographies qui donne à voir quelques aspects de la vie des Comoriens de la cité phocéenne – prière du vendredi, figures politiques, cuisine...À voir :Le documentaire Planète Marseille, enfants des Comores de Charlotte Penchenier, 2016. Le parcours de trois Marseillais d'origine comorienne (dont Fatima Ahmed, que l'on entend dans notre reportage) qui tentent de concilier leurs différentes parts d'identité.Sur Marseille, n'hésitez pas à vous rendre chez Marie-Rose Said, « présidente » et cuisinière des « Terrasses de Moroni Mamoudzou », une bonne table comorienne.À écouter :La série en deux épisodes de Vladimir Cagnolari pour Si loin si proche en 2018 : Je viens de Marseille et je vais à Ouellah, suivi de Je viens de Ouellah et je vais à Marseille. On y suit Chebli Msaïdié, chanteur et producteur de musique de retour au pays. Et on y découvre une tradition comorienne essentielle : le Anda, ou « grand mariage ».
On fait parler la poudre d'escampette avec la grande écrivaine et voyageuse suisse du siècle passé : Ella Maillart. Voyage dans son pays natal, qui près de 30 ans après sa mort, continue d'honorer sa mémoire et son legs immense. À Si loin si proche, Ella, c'est une sorte de marraine, d'aînée que l'on convoque souvent, tant elle a ouvert la voie à d'autres sur les chemins de l'ailleurs, de la liberté et de l'Asie. Née en 1903 sur les bords du Lac Léman, Ella Maillart va très tôt tracer sa route au-delà des frontières et des conventions, voyageant seule et refusant « de remplir un destin tout tracé par son sexe » – on dirait genre aujourd'hui…Tour à tour sportive de haut niveau, marin, reporter, photographe, écrivaine, guide et conférencière jusqu'à l'âge de 80 ans, l'autrice de La voie cruelle ou d'Oasis interdites a laissé derrière elle une œuvre puissante, singulière : des images et des récits dans lesquels son regard bleu perçant avait à cœur de raconter, mettre à jour le monde et dire sa vérité. Aujourd'hui encore, on est frappé par la modernité, la cohérence de son existence. On la cite et on la lit encore, certain.e.s voyagent sur ses traces en Asie... Et en Suisse, à travers des lieux, des musées ou des expositions temporaires, on continue de célébrer, partager la géographie complexe d'Ella Maillart, « la femme du globe », comme l'avait surnommé le poète Paul Valéry. Nouvel épisode de notre série de portraits radiophoniques d'écrivain.e.s voyageurs-voyageuses, dans les yeux d'Ella en Suisse. Entre les rives du Léman de son enfance et son refuge d'altitude à Chandolin où elle s'est installée en 1946, entre les vitrines du Musée Rath de Genève qui lui a consacré une rétrospective au printemps 2024 et celles du Musée Bolle de Morges qui s'est penché sur son passé de navigatrice. Dans Ma philosophie du voyage, Ella Maillart faisait sienne les mots d'Antoine de Saint-Exupéry : « Une mauvaise littérature nous a parlé du besoin d'évasion. Bien sûr, on s'enfuit en voyage à la recherche de l'étendue. Mais l'étendue ne se trouve pas, elle se fonde. Et l'évasion n'a jamais conduit nulle part. » Puis, terminait ainsi : « Ces mots résument ma vie. »Un voyage sonore de Céline Develay-Mazurelle et Laure Allary.Partir en Suisse dans les yeux d'Ella : À Chandolin, dans la quiétude des Alpes valaisannes, on retrouve à près de 2 000 mètres, le chalet Atchala d'Ella Maillart et l'émouvant musée qui lui est dédié. Contacter l'Association des Amis d'Ella Maillart pour le chalet, un lieu particulièrement touchant et intouché. L'espace Ella Maillart est tout aussi passionnant. Un vrai voyage dans le temps et dans la vie d'Ella. Le Musée Rath, musée d'art et d'histoire de Genève, a consacré une grande exposition à l'écrivaine voyageuse et convoqué deux artistes plasticiennes pour interroger le sillon profond qu'a laissé Ella Maillart derrière elle. Le Musée Bolle de Morges s'est penché sur le passé de navigatrice d'Ella. À partir du travail de l'autrice suisse Carine Bertola, autrice de Ella Maillart Navigatrice. Libre comme l'eau paru aux Éditions Glénat. Le Musée photo Élysée de Lausanne concentre la fabuleuse collection d'images d'Ella Maillart. Plus d'infos pour organiser votre voyage sur le site de Suisse Tourisme.À lire en voyage : Ella Maillart. Navigatrice. Libre comme l'eau de Carine Bertola. Éditions Glénat 2024 Ella Maillart, l'intrépide femme du globe de Gwenaëlle Abolivier. Éditions Paulsen 2023 Les Éditions Payot publient en poche, en France, les différents ouvrages d'Ella Maillart Regards sur Chandolin d'Ella Maillart. Éditions Zoé 2021
Deuxième épisode de notre série à la découverte du passé et du présent africain de la ville éternelle. « Si tu es à Rome, vis comme les Romains » nous dit l'adage ; mais est-ce possible ici quand on est Noir, venu d'Afrique, débarqué dans une capitale et un pays : l'Italie, où l'immigration est finalement une réalité récente ? Cette question a pris de l'ampleur ces dix dernières années, avec l'afflux continu de bateaux en provenance d'Afrique sur les côtes sud de l'Italie.Rien qu'entre janvier et septembre 2023, on a dénombré 130 000 personnes entrées par l'Italie, soit le double de l'année précédente sur la même période. De quoi faire prospérer l'extrême droite qui, avec son discours anti-immigration, est arrivée au pouvoir. Mais ces chiffres cachent une réalité bien plus complexe, car la plupart de ceux qui arrivent en Italie, n'y restent pas et s'en vont pour d'autres pays d'Europe. Ceux que nous allons entendre ici, ont décidé, eux, d'y rester. Et c'est dans leur quotidien que nous allons voyager : celui d'Africaines et d'Africains que la vie, le travail, l'amour ou les chemins de l'exil ont amené à vivre à Rome… presque comme des Romains.Un reportage en deux épisodes de Vladimir Cagnolari initialement diffusé en octobre 2023. En savoir plus : Sur Pape Kanouté, griot, musicien et écrivain sénégalais, installé à Rome depuis 1995 Sur Balkissa Maïga, actrice d'origine malienne vivant à Rome et très investie dans l'aide aux immigrés africains Sur l'action de l'association Baobab Experience qui vient en aide aux migrants qui transitent par Rome Sur l'Orchestra di Piazza Vittorio, un orchestre emblématique du cosmopolitisme de Rome Sur notre premier épisode de cette série Rome l'Africaine #01 : parmi les fantômes de l'empire colonial italien.
Voyage dans la ville éternelle sur les traces d'une histoire coloniale partout visible mais longtemps restée muette. Juste après son unification, à la fin du XIXe siècle, l'Italie fait tout pour se doter, comme les autres puissances européennes, d'un empire colonial ; mais elle arrive tard dans la « course »... Et c'est sous l'impulsion du régime fasciste de Mussolini qu'est achevée la conquête de « l'Afrique orientale italienne » : Libye, Somalie, Érythrée et Éthiopie occupées pendant quelques années. Rome se dote alors d'un nouveau quartier et d'une architecture typique qui exaltent le « nouvel empire romain » : musée colonial, ministère des Colonies, rues aux noms des possessions italiennes…Aujourd'hui, au-delà de ces stigmates de pierre, c'est l'histoire coloniale toute entière du pays qui ressurgit ces dernières années, portée par des jeunes générations et des afro-descendants, malgré de vigoureuses résistances. Car le mythe de la colonisation faite par des « braves gens » a la peau dure, en dépit des évidences historiques. Voyage en cheminant dans la ville à travers un passé colonial italien peuplé de fantômes, de mythes et d'obélisques…Un reportage en deux épisodes de Vladimir Cagnolari initialement diffusé en octobre 2023. En savoir plus : Tezeta : un collectif qui s'est donné pour mission de faire connaître l'histoire italienne et révéler la présence notamment érythréenne, en proposant notamment des visites guidées du « quartier africain » de Rome. Le Musée des civilisations ou Muséo delle civilita qui a notamment hérité des collections de l'ex-musée colonial, créé en 1923 pendant l'époque fasciste. Aujourd'hui, ces collections sont exposées, réinterprétées et mises à distance à travers une confrontation avec des oeuvres d'art contemporain. À lire : L'aventure coloniale italienne et son échec, un article de Philippe Conrad La ville coloniale italienne, un article de Romeo Carabelli L'agression italienne contre l'Éthiopie, une fiche pédagogique utile sur le site Lumni Tous sauf moi (Sangue giusto), Francesca Melandri. Éditions Gallimard 2019 Roma negata, Igiaba Scego. Ediesse réédition 2020, non traduit
Il y a 80 ans, le 15 août 1944, s'est joué dans le Sud de la France, un événement qui va changer le cours de l'histoire. Voyage dans le Var sur les traces du débarquement de Provence. Opération “Dragoon” ou “Anvil”, c'est le nom qui a été donné à cet immense déferlement de troupes et d'engins sur le littoral provençal, afin de défaire l'Allemagne Nazie et achever la libération de la France, quelques mois après le fameux D.Day, le débarquement en Normandie. Moins connu que le 6 juin, le débarquement en Provence, n'en est pas moins capital pour les Alliés dans leur reconquête de l'Europe ; comme pour la résistance française de l'intérieur ou de l'extérieur qui a largement contribué au succès de ce débarquement.À l'occasion de l'anniversaire de cet autre débarquement, Raphaëlle Constant nous emmène en voyage dans le Var, sur les lieux de ce moment capital de la Seconde Guerre Mondiale : le long des côtes, entre Toulon, la plage historique de Cavalaire-sur-mer et l'arrière-pays provençal, afin de comprendre ce qu'il reste dans les mémoires de ce jour pas comme les autres. L'occasion aussi de rappeler que la Provence - et plus largement la France - doit sa libération à l'immense sacrifice des combattants venus d'Afrique qui ce jour-là, ont débarqué en nombre.Un reportage de Raphaëlle Constant. À lire aussiProvence: en août 1944, l'autre Débarquement qui libéra la France de l'occupation nazieEn savoir plus : La page du site de Var tourisme dédiée à la route du Débarquement de Provence Le site du Mémorial du débarquement de Provence, au sommet du Mont-Faron, à Toulon Le site du cimetière américain de Draguignan Le webdocumentaire de Julien Masson « Mémoire en marche. Sur les traces des tirailleurs sénégalais de 1939-45 ». Une production Si loin si proche avec des témoignages de tirailleurs qui ont pris part au débarquement de Provence Le site de l'association de Jean-Michel Soldi : Operation Dragoon Le documentaire Provence, août 44, l'autre Débarquement, réalisé par Christian Philibert et Laurent Moënard Les ouvrages Mémoire et Histoire : la Résistance et Le Var, la guerre, la résistance, 1939-1945, de l'historien Jean-Marie Guillon.Tous les contenusDébarquement en Provence
Photographe et enseignant-chercheur, depuis une quinzaine d'années, l'Italien Nicola Lo Calzo interroge les parallèles entre les expériences queers et décoloniales. De Sao Tomé à Haïti, de la Sardaigne au Bénin en passant par la Guyane, Cuba ou la Louisiane… Voyage aux marges de l'Histoire. Né en 1979 à Turin, Nicola Lo Calzo aurait pu devenir architecte paysagiste mais le voilà photographe et enseignant-chercheur à l'École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy et Cergy-Paris Université. Altérité, identité, intersectionnalité et post-colonialité sont les sujets qui l'animent depuis dix ans et ses travaux ont déjà été exposés dans le monde entier, de l'Italie au Mexique en passant par le Nigeria ou encore les Pays-Bas. Nominé au Prix Élysée 2019 et finaliste du prix Niepce en 2020, dans ses travaux, Nicola Lo Calzo met en parallèle le marronnage et l'expérience queer qu'il identifie comme des pratiques de résistance mais aussi de clandestinité, deux zones de pénombre et de dissimulation, deux zones d'auto-émancipation aussi. Les liens entre marronnage et expérience queer sont aussi les moteurs d'un projet au long cours : le projet KAM, soit huit séries photographiques autour des mémoires de l'esclavage et de ses résistances dans les sociétés postcoloniales. Un projet qui, depuis son lancement en 2010, a déjà mené Nicola Lo Calzo des rivages de l'Afrique de l'Ouest aux périphéries de Port-au-Prince à Haïti, en passant par les Mornes de la Guadeloupe, les quartiers oubliés de la Nouvelle-Orléans, les rives du fleuve Maroni en Guyane ou encore les faubourgs de Santiago de Cuba. Depuis son arrivée à Paris en 2005, Nicola Lo Calzo photographie régulièrement son entourage, sa « queer family » : militant·es, activistes de la lutte contre le sida ou encore artistes du milieu de la nuit parisienne... Une famille choisie composée de destins communs et d'individualités très fortes. Ainsi est né le projet Lyannaj («faire lien, allier ou rallier» en créole) qui, à travers un prisme intersectionnel, donne à voir les pratiques de soin et de résistance qui s'organisent en région parisienne et en outre-mer.En 2021, Nicola Lo Calzo publie Binidittu (L'Artiere éditions), soit le résultat de trois ans d'enquête en Sicile sur l'histoire de Biniditttu, c'est ainsi qu'était surnommé l'ermite Saint Benoît le More, fils d'esclaves africains né en Sicile au XVIème siècle et canonisé en 1807, devenant ainsi le premier saint noir de l'Église Catholique. Ici, le Saint-Patron de Palerme permet à Nicola Lo Calzo de déployer une réflexion plus vaste sur l'accueil des migrants sur les côtes de «mare nostrum», la Méditerranée. Escale également à Sao-Tomé-et-Principe, cet archipel du golfe de Guinée réputé pour ses forêts tropicales, ses plages magnifiques, sa chaîne de volcans. Une « île du bout du monde » colonisée dès 1471 par les Portugais qui y ont mis en place une sorte de laboratoire de l'esclavage qui allait conduire à la déportation de millions d'Africains vers les Amériques. Aujourd'hui, à Sao-Tomé-et-Principe, se perpétuent des rites et des traditions théâtrales héritées des premiers colons qui avaient fait venir des comédiens européens pour distraire les esclaves du travail dans les plantations de canne à sucre. Le «tchiloli» et le «danço congo», des rites autant que des héritages immatériels complexes redécouverts à la faveur du mouvement de décolonisation et de l'obtention de l'indépendance par Sao Tomé, en 1975. Et c'est tout l'objet de l'enquête qu'y a mené Nicola Lo Calzo, à retrouver prochainement dans un livre intitulé Tragedia. En savoir plus : ► Le site web de Nicola Lo Calzo ► Faire un don à SOS Méditerranée.
Voyage immobile depuis les Vosges avec l'audio-naturaliste et artiste sonore Marc Namblard qui dévoile les trésors de sa sonothèque. «J'ai assez vite cherché le sens de ma vie au contact de la nature, qui m'a tôt semblé être la seule véritable palpitation du monde.»Quelques mots de l'audio-naturaliste et artiste sonore Marc Namblard qui, depuis trente ans, promène ses micros au cœur du monde sauvage en quête de sons et de rencontres élémentaires. De ses forêts vosgiennes à celles de l'Amazonie, de l'Alaska aux Cévennes, Marc Namblard nous entraîne dans un voyage aux confins du sensible… Tendez l'oreille ! Un reportage de Jeanne Lacaille. En savoir plus : Le site web de Marc Namblard L'Esprit des Lieux, un film sur Marc Namblard, de Stéphane Manchematin et Serge Steyer.
On part dans des mondes inexplorés, souvent méconnus avec le photographe et plongeur professionnel français, qui a consacré sa vie à capturer la fragilité, la force mais aussi la beauté des profondeurs. Depuis qu'il a appris à plonger tout jeune, Alexis Rosenfeld n'a eu de cesse de s'inventer des projets pour passer le plus de temps possible dans l'eau et y faire des images aussi fascinantes et magnétiques que le sont les fonds marins. Le dernier projet en date : « 1Ocean », une fondation créée en 2021, placée sous l'égide de l'Unesco, qui fait de lui le grand témoin des profondeurs. Pendant une décennie, ce projet le mène dans les mers et les océans du monde, du Pacifique à la Méditerranée en passant par la mer de Corail, pour des expéditions photographiques et scientifiques, dans le but de documenter les fonds marins pour mieux les protéger.Enfant de Jules Verne et disciple du commandant Cousteau, Alexis Rosenfeld sillonne la planète bleue, avec un regard résolument optimiste, enchanté et engagé. Et dans ses images, à travers son œil-bleu lui aussi, les coraux et les gorgones multicolores sont féériques, les bancs de poissons dansent avec la mer et des jeux de lumières révèlent sous l'eau des forêts profondes, magiques qu'on croirait tout droit sorties de l'enfance… Sauf que pour Alexis Rosenfeld, la mer est bien plus qu'un décor pour faire de belles images. Elle est une archive vivante du temps passé, le miroir de sa propre quête aussi ; une quête de beauté, de mystères et qui sait, de réponses dans une époque parfaitement déboussolée, même à 200 mètres de profondeur. Ainsi, sa démarche documentaire vise désormais à servir la science et à alerter sur la situation alarmante, souvent invisible voire, impensée, de l'état des océans, premières victimes des bouleversements climatiques en cours.« Rendre visible l'invisible, explorer l'inexploré », c'est le crédo de notre homme, bien conscient que si 20% de l'océan a été cartographié, seulement 5% a été jusque-là exploré. Tout reste à faire, à découvrir… et à protéger !En savoir plus : Sur la Fondation « 1Ocean » d'Alexis Rosenfeld avec l'Unesco Sur la grande migration du vivant ou « sardin run » d'Afrique du Sud que suit Alexis Rosenfeld sur plusieurs expéditions Sur la « découverte » de la vallée aux mille roses, récif corallien immense et en bonne santé de Polynésie. Une nouvelle et des images qui ont fait le tour du monde
Ces deux aventuriers iraniens ont entrepris dans les années 50-60, un improbable tour du monde, à moto d'abord à travers l'Asie, l'Océanie ou l'Amérique, puis en 2 CV sur le continent africain. Le récit de leurs dix ans de voyage, encore largement méconnu dans l'espace francophone, est enfin adapté et traduit en français. Téhéran, été 1954Issa et Abdullah Omidvar enfourchent leur moto Matchless et tracent un chemin de liberté et de fraternité à nul autre pareil, qui les conduira sur les pistes africaines, les routes sablonneuses de l'Australie ou les voies sinueuses du Tibet. Depuis trois ans, les deux frères préparent ce grand voyage, avec en tête l'idée de rencontrer, filmer et « étudier » les peuples les plus isolés de la planète. Dix ans plus tard, ils auront traversé près de 100 pays, vécu des mois auprès des Aborigènes, des Inuits du Grand Nord, des Pygmées ou d'ethnies reculées d'Amazonie, récoltant au passage de précieux témoignages (écrits, objets, photos et films) d'un monde particulièrement riche, parfois sans frontières, mais déjà secoué par un ordre mondialisé qui a la ferme intention de s'imposer partout. À leur retour en Iran, ils seront accueillis en héros. Leur voyage inédit est un exploit. Téhéran, années 2000 Jean-Louis Ozsvath, un français passionné de voyages, découvre comme beaucoup, l'existence de ces deux Iraniens pionniers de l'exploration, à travers le musée qui leur est consacré à Téhéran, dans le palais de Saadabad, présenté comme le « premier musée d'ethnologie d'Iran ». Il découvre aussi le récit publié en anglais de ce tour du monde, écrit par Abdullah et Issa. Mieux, Jean-Louis Ozsvath apprend que les deux frères sont encore en vie et continuent de partager leurs souvenirs depuis l'Iran où vit Issa, et le Chili où s'est installé pour sa part Abdullah (jusqu'à sa mort récente à l'été 2022). Il entreprend alors de les rencontrer de Santiago à Téhéran, et d'adapter en français leur récit de voyage, encore totalement méconnu dans le monde francophone. Pendant leurs dix années passées sur les routes, les frères Omidvar n'ont pas fait que partager le quotidien des peuples qu'ils ont rencontrés. Ils les ont filmés, suivis longuement, cherchant à les comprendre, les connaître sans les préjugés coloniaux qui guidaient alors encore beaucoup d'Européens. Ils étaient Iraniens, leur rapport était différent, le regard neuf souvent, naïf parfois. Mais ce qui frappe en lisant leur récit publié aux éditions Névicata/Elytis, c'est à quel point les deux ethnographes et documentaristes iraniens nous alertent, à leur manière, sur la direction que prend le cours de l'histoire et du monde, dénonçant la surpopulation, la surexploitation des ressources naturelles et la disparition en marche de la richesse et de la diversité culturelle qu'incarnent les peuples premiers. Deux aventuriers pas banals qu'il faut donc suivre et à qui il faut aussi, enfin, rendre hommage. Une rencontre initialement diffusée en septembre 2022.À lire, à voir et écouter Le voyage des frères Omidvar : deux aventuriers iraniens à travers le monde d'Issa Omidvar, par Jean Louis Ozsvath. Éditions Nevicata Elytis Un article sur le musée des frères Omidvar et ce que cela dit de notre rapport au voyage, par l'autrice Lucie Azéma dans le Courrier International Quelques extraits en ligne des films des frères Omidvar, sous-titrés en anglais La musique enregistrée par frères Omidvar pendant leur tour du monde : Rahavard (2002). Disponible en ligne sur les plateformes audio.
Transhumance sonore en Soule, la plus sauvage des sept provinces du Pays basque. En quête d'un chant qui célèbre le sauvage et que seuls quelques bergers continuent de faire résonner dans les montagnes. Dans les hauteurs des Pyrénées Atlantiques, sur le côté français du Pays Basque, la province de la Soule ou Xiberoa est connue pour abriter un chant aussi fascinant que confidentiel : le basa ahaide. Ce chant ancestral, sans paroles, s'est transmis oralement et il traduit l'émotion du berger-chanteur face à la splendeur, la grandeur des éléments en altitude, quand il se retrouve seul, là-haut dans sa cabane ou cayolar après avoir transhumé à pied avec ses bêtes. Ce chant célèbre alors ces retrouvailles mais aussi une relation intime entre l'homme et son environnement, vivant, avec lequel il fait corps. Traditionnellement, il se dit que le basa ahaide se chante seul, en extérieur ; car la montagne, avec son écho puissant, chante le reste. Intriguée par ces chants du sauvage, Jeanne Lacaille est partie à la rencontre de bergers et de bergères qui continuent de partir avec des troupeaux en estive à la belle saison ; mais aussi des artistes souletins qui entretiennent, partagent ce répertoire du basa ahaide. Dans une terre de forêts, de gorges vertigineuses et de montagnes, où la vivacité de la culture pastorale fait la fierté de ses 13 000 habitant.e.s qui ne manquent jamais de célébrer en chansons leur langue, leur identité et leurs montagnes.Un voyage sonore de Jeanne Lacaille.En savoir plus : - Sur La Soule, l'une des provinces les plus sauvages du Pays basque- Sur Julen Achiary, artiste de basa ahaide et membre du quartet Haratago- Sur le festival Errobiko Festibala qui se tient à Itxassou du 18 au 21 juillet 2024.
Róise Mhic Ghrianna est une figure irlandaise qui a bercé les gens de son île, passionné les collecteurs de chansons traditionnelles pour inspirer aujourd'hui la jeune génération de musiciens irlandais. Flânerie sonore entre la capitale et son île située au large de la côte ouest de l'Irlande. On la surnommait la femme aux chansons : «Róise na Amhran» ou Rose la Rousse «Róise Rua». D'elle, il subsiste une voix gravée sur des enregistrements faits dans les années 50, des chansons traditionnelles irlandaises et une image restée célèbre en Irlande. Sur cette photo de 1953, Róise Mhic Ghrianna se plie à l'exercice de la pose, devant sa maison ; un cliché pris à l'occasion d'une collecte de la National Folklore Commission, une organisation commissionnée par l'État irlandais pour recueillir le patrimoine oral, soit des dizaines de chants en gaélique et en anglais ici interprétés par Róise. Née en 1879 et décédée en 1964, cette figure féminine a su résister au temps, à la disparition de la société rurale et d'une certaine tradition orale chantée là-bas. Aujourd'hui sur l'île d'Árainn Mhór, petit bout de terre aux falaises aussi abruptes que sauvages, on célèbre la mémoire de la femme aux chansons. Et dans les «Sessions» du pub de Dublin «The Cobblestone», on perpétue et revisite l'héritage de ces récits intimes et collectifs chantés. Un voyage sonore d'Anne Girard Esposito, avec à la prise de son Guillaume Beauron. En savoir plus : - Le Festival Róise Rua sur l'île d'Árainn Mhór dans le Donegal - La National Folklore Commission- Le groupe de Brian Mac Gloinn «Ye Vagabonds», fer de lance du renouveau folk en Irlande - Les sessions du pub de Dublin The Cobbelstone.
Voyage à contre-courant et en eaux troubles entre le Pacifique et l'Europe, à la découverte de l'aventurier Ahutoru, premier Polynésien à avoir embarqué avec Bougainville et fait le voyage inverse en 1769 jusqu'en France. Pendant longtemps, l'histoire des « découvreurs » autoproclamés de l'Amérique, de l'Afrique, des Indes ou de l'Océanie s'est écrite à sens unique, du seul point de vue européen ou occidental. Ainsi, selon ce narratif éculé mais persistant, seuls les Occidentaux auraient découvert et braver l'inconnu, seuls les Occidentaux auraient regardé l'autre-sans jamais vraiment le comprendre- et seuls les Occidentaux en auraient fait le récit… C'est alors forcément avec du retard, beaucoup de retard, que nous Occidentaux, nous avons découvert autre chose: que les autres nous regardaient aussi...Et cette semaine, c'est justement à un renversement du ciel, dans une histoire inversée que nous allons nous plonger, à l'envers du fameux voyage de Louis-Antoine de Bougainville à Tahiti. En suivant le sillage d'Ahutoru, un arioi, un initié qui honorait et diffusait par les arts le culte du Dieu Oro qui, après le passage de la Boudeuse et l'Étoile, va embarquer avec l'équipage français et débarquer en 1769 à Paris, où il va passer environ un an. De ce découvreur pionnier, on ne sait presque rien mais tout ce que l'on sait de lui est à retrouver dans « Ahutoru ou l'envers du voyage de Bougainville à Tahiti », un livre écrit par l'historienne et enseignante française Véronique Dorbe-Larcade, qui a enquêté, cherché dans les recoins d'une histoire « en lambeaux » pour nous livrer ce récit, tel un miroir de vérité dans lequel les Occidentaux ont longtemps refusé de se voir. Au travers d'une enquête minutieuse et fouillée, l'autrice rend plus humain et authentique cet homme au destin tragique mais méconnu, un homme qui a bravé les mers, l'incompréhension et la curiosité savante un brin narcissique qu'avaient les hommes au temps des Lumières pour les autres, « non européens ». Pour en finir avec Bougainville et sa cohorte d'affabulations mal placées qui a durablement marqué la Polynésie, à commencer par ses femmes ou vahine en reo tahiti (langue tahitienne). Pour se souvenir surtout d'Ahutoru et de tous ceux qui comme lui, sont allés de l'autre côté du ciel et des mers. Une émission initialement diffusée en juillet 2023.À lire :- « Ahutoru ou l'envers du voyage de Bougainville à Tahiti », de Véronique Dorbe-Larcade. Éditions Au vent des îles- « Mutismes », de Titaua Peu, Éditions Au vent des îles.
Fait social total, le tourisme n'échappe pas, dans son passé comme son présent, aux stigmates coloniaux. Parce qu'un autre voyage est possible, il faut le décoloniser… Depuis de nombreuses années, les études post-coloniales ont démontré à quel point analyser, étudier le fait colonial permettait de comprendre le temps présent et son propre désordre; avec au centre, la survivance de ce legs hérité de la colonisation dans les imaginaires, les savoirs ou les pratiques… Aujourd'hui, on parle ainsi de décoloniser les arts, les musées, l'architecture, l'école, les esprits ou l'histoire... Et le voyage, forcément, en tant que fabrique de l'Autre et de l'ailleurs, n'échappe pas à cette analyse décoloniale, complexe mais fertile. Des « découvreurs » aux explorateurs en casque colonial assoiffés de conquêtes, des aventuriers en terre inconnue aux touristes avides d'exotisme et d'entre-soi, la galerie de portraits fleure bon, parfois…souvent, ce temps des colonies où l'Europe se vivait en maître naturel de la planète. Tourisme et colonisation ont d'ailleurs fait bon ménage par le passé. Ainsi, dès la constitution des empires coloniaux, français ou autres, une mise en tourisme des colonies se met en place, comme une manière d'occuper -on disait « pacifier »- le territoire ; mais aussi de s'approprier les paysages et les cultures, de préférence sans les populations locales. Dans les expositions coloniales, on exhibait ces populations à grand renfort de clichés racistes, tout en les reléguant au rang de subalternes ou d'obligés, forcément exotiques. À noter que certains disent encore «j'ai fait la Thaïlande» pour parler de leurs voyages, comme jadis on disait dans le jargon militaire colonial «j'ai fait l'Indochine». Décoloniser le voyage, c'est savoir se décentrer pour un Occidental et se départir des stéréotypes sur la culture de l'Autre qui essentialisent et se perpétuent. C'est aussi dire et partager l'histoire coloniale dans l'espace public, interroger ses continuités et faire émerger d'autres récits. C'est enfin décoloniser les musées, notamment à travers la restitution des objets et biens culturels pillés pendant la colonisation. Avec :- Saskia Cousin Kouton, anthropologue française spécialiste du tourisme et de la restitution des biens culturels à l'Université Paris Nanterre - Souroure Najai à l'origine du compte Instagram @decolonial.voyage, bientôt disponible en podcast.À lire :- « Ogun et les matrimoines. Histoires des Porto-Novo, Xọ̀gbónù, Àjàṣẹ », de Saskia Cousin Kouton. 2024. Éditions Presses Universitaires de Paris Nanterre- « Sociologie du tourisme », de Saskia Cousin et Bertrand Réau. 2009. Éditions La Découverte- « Les femmes aussi sont du voyage », de Lucie Azéma. 2021. Éditions Flammarion. Un chapitre est consacré à la décolonisation du voyage- « Programme de désordre absolu : décoloniser les musées » de Françoise Verges. 2023. Éditions La Fabrique- « L'Orientalisme : L'Orient créé par l'Occident » d'Edward Saïd. 1980. Éditions Seuil. L'ouvrage de référence par un des pionniers du postcolonialisme- « Les damnés de la terre » de Frantz Fanon. 1961. Éditions Maspero. L'essai de référence par le célèbre militant anticolonialiste.
Aux confins de l'Europe, tout à l'est de la Pologne jusqu'en Biélorussie, s'étend une forêt mythique, consacrée dernière forêt « primaire » du continent. Mais dans cet espace peuplé de mousses, de lichens, de vieux arbres centenaires, de lynx ou de bisons, l'écho du monde se fait aussi entendre. Il était une forêt, la « Puszcza » comme on dit en polonais, jadis terrain de chasse des souverains locaux et aujourd'hui réserve de biosphère, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Là-bas, sur près de 150 000 hectares, le Parc National de Białowieża protège depuis une centaine d'années cette forêt unique en son genre, qui se distingue par ses marécages et l'amoncellement de bois morts laissés sur place. Formée il y a plus de dix mille ans à l'issue de la dernière glaciation, elle est l'un des derniers vestiges de l'immense forêt qui recouvrait jadis les plaines du nord et du centre de l'Europe. Aujourd'hui, on y trouve la plus grande population de bisons d'Europe, animal emblématique du Parc.Aller à Białowieża, c'est donc faire un voyage dans le temps, aux origines de l'écosystème forestier européen ; en particulier dans la réserve intégrale où l'influence humaine est quasi nulle et où l'on entre seulement accompagné d'un guide. De par son grand âge, sa biodiversité ou sa faune qui s'est épanouie à l'écart des hommes, cette forêt, ouverte au public, fascine et attire le monde. Depuis 2021, elle est aussi au centre de la crise diplomatique et migratoire entre la Biélorussie et la Pologne, qui a décidé de construire un immense mur anti-migrants qui vient balafrer la forêt, un écosystème résilient mais fragile.Un reportage en Pologne de Sibylle d'Orgeval. En savoir plus :- Sur le Mamal Research Institute de Białowieża- Sur l'association de Francis Hallé pour la Forêt primaire- Sur le mouvement Grupu Granica qui vient en aide aux migrants à la frontière- Sur le livre de Baptiste Morizot et Andrea Olga Mantovani « S'enforester ». Éditions D'une rive à l'autre.