Une émission consacrée à la langue française dans le monde et aux cultures orales. Un rendez-vous quotidien du lundi au jeudi, pour rendre plus vivant notre rapport à la langue, et être la vitrine des initiatives en faveur de la francophonie. Une émission

Que nous enseignent les contes aujourd'hui ? Comment les contes nous apprennent à apprendre ? Nous permettent-ils de rester éveillés aux autres ? Invitée : Muriel Bloch, conteuse. L'Enfant au poisson rouge et autres contes d'apprentissage est paru chez Gallimard.

Dans son dernier roman, l'autrice Hala Moughanie revient sur l'explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020. C'était en 2020, il y a un peu plus de 5 ans, une explosion ravageait le port de Beyrouth et une partie de la capitale libanaise. Bilan : 235 morts, 6 500 blessés, 77 000 bâtiments détruits ou endommagés. À lire aussiLiban: cinq ans après l'explosion du port de Beyrouth, une enquête et une reconstruction inachevées Le roman se passe sur 5 jours : du 4 août, jour de l'explosion, jusqu'au 8 août, date de la première manifestation pendant laquelle les Libanais manifestent leur colère. Les autorités parlaient alors de «négligence». L'autrice se trouvait à quelques kilomètres de la capitale ce jour-là, elle a entendu la déflagration. Ce qui a fait la particularité de ce moment-là, c'est son côté très soudain. Chacun vaquait à ses affaires. Aujourd'hui, il n'y a ni vérité, ni responsable dans cette affaire. «Elle a souhaité écrire ce texte immédiatement après ces évènements, ce qui lui confère selon elle une valeur de témoignage historique». On ne peut pas être Libanais sans perdre quelque chose en chemin. Les évènements sont narrés du point de vue d'un épicier, un survivant ; il habitait dans le périmètre qui a été soufflé, mais avait fermé sa boutique plus tôt ce jour-là... Le narrateur est persuadé d'avoir entendu des avions rafales ou F16, les «bestioles» qui donnent le titre au livre, survoler le port. Hala Moughanie avait cœur à ancrer la fiction dans une réalité quasiment intangible. Je cherche l'exactitude dans les faits, mais aussi de l'exactitude du ressenti et de l'émotion. Malgré la gravité du sujet, l'autrice parsème son roman d'ironie, de cynisme et d'humour noir. Utiliser ces formes d'humour m'a permis de mettre de la distance et de dire des choses vraies de manière très brutale que le sérieux ne permettrait pas. Invitée : l'autrice Hala Moughanie est née en 1980 à Beyrouth. De 1990 à 2003, elle vient à Paris et suit des études de littérature à La Sorbonne. En 2003, elle décide de retourner vivre au Liban, où elle enseigne et travaille comme journaliste. Elle se passionne pour le travail de mémoire dans une société post-guerre. Autrice de roman, elle écrit également des pièces de théâtre dont Tais-toi et creuse qui obtient le Prix RFI Théâtre en 2015. Son dernier roman, Les bestioles a été publié aux éditions Elyzad. Il a remporté le Prix France Liban. Et comme chaque semaine, la chronique de Lucie Bouteloup décrypte les expressions de la langue française ! Alors, on se tient à carreaux et on écoute bien ! Une chronique enregistrée avec Géraldine Moinard des éditions Le Robert, et toujours avec la complicité des enfants de la classe de CM2 de l'École élémentaire Vulpian à Paris ! Programmation musicale : L'artiste libanaise Yasmine Hamdan avec le titre Hon extrait de l'album I remember, I forget.

Gabriel Mwénè Okoundji est considéré comme l'une des grandes voix de la poésie africaine francophone contemporaine. Le nom est l'autre visage des êtres, écrit Gabriel Mwéné Okoundji. «Okoundji» en langue bantoue, cela veut dire chef et «Mwéné» porteur de la spiritualité du peuple. Son deuxième nom, «Mwéné», il l'a hérité à la mort de son père, à ses neuf ans. Un nom qui a marqué sa vie, son enfance et probablement une destinée de poète ! La poésie permet à l'homme de faire confiance en sa fragilité Gabriel Mwéné Okoundji est né en 1962 dans le petit village de Okondo en République du Congo, village qui a fait naître en lui «toute la sensibilité qu'il porte». Adolescent, il rejoint Brazzaville pour aller au lycée. Puis, il part à Bordeaux, en France, pour suivre des études de médecine. Il y vit désormais depuis près de 40 ans. Parallèlement, il écrit beaucoup de poésie pour porter la parole de l'écriture. Il se décrit comme un «enfant de la négritude» mais se sent aussi comme un descendant de troubadour. L'écriture pour moi vient parfois par effraction, d'une rencontre, d'un mot, d'une lecture, d'un chant. Mais cette rencontre peut aussi venir en langue tékée comme elle peut venir en langue française. Ce sont ces deux langues qui me nourrissent. Quand l'une donne, l'autre reçoit, quand l'une reçoit, l'autre invoque, l'autre évoque. Ce sont mes deux langues maternelles. Parfois, je ne trouve pas de mot équivalent en français alors, je le laisse en langue tékée. Gabriel Okoundji Invité : Gabriel Mwéné Okoundji, psychologue de métier et poète franco-congolais. Son recueil L'âme blessée d'un éléphant noir, suivi de Stèles du point du jour, est à retrouver dans la collection Poésie aux éditions Gallimard. Programmation musicale : L'artiste Ours avec le titre Le spleen d'une vie sublime.

« Contrairement à ce qu'on peut penser, Feydeau c'est une écriture très fine et très aigüe, avec des mécaniques de précisions incroyables. C'est un très bon exercice pour le metteur en scène de se confronter à ces structures implacables, qui vous obligent à travailler différemment et à revenir à la compréhension de la narration d'une histoire. Avant de faire rire, Feydeau raconte des histoires. » L'Hôtel du Libre-Échange, c'est une nuit de quiproquos, de rendez-vous ratés, d'amours escamotés et d'infidélités consommées... Vingt ans après avoir mis en scène La Puce à l'oreille, Stanislas Nordey retrouve l'univers de Georges Feydeau avec l'une de ses œuvres majeures. Cette production réunit sur la scène du Théâtre de l'Odéon à Paris une troupe de quatorze comédiens et comédiennes hors pair - un nombre important et apprécié - dont Hélène Alexandridis, Marie Cariès, Claude Duparfait ou encore Cyril Bothore. Invité : Stanislas Nordey, comédien et metteur en scène. « L'Hôtel du libre-échange » est à voir au Théâtre de l'Odéon jusqu'au 13 juin 2025. ► Pour approfondir les thèmes abordés dans la pièce, un séminaire intitulé « Genre, sexualité et vaudeville » est organisé le mercredi 21 mai 2025 à 18h00 au Salon Roger Blin de l'Odéon. Ce séminaire, en partenariat avec Sorbonne Université, réunira des experts pour discuter des questions de genre et de sexualité dans le contexte de la pièce. ► Pour en savoir plus sur le parcours de Stanislas Nordey, un livre d'entretiens avec Frédéric Vosier : Stanislas Nordey, Locataire de la parole, publié aux Solitaires intempestifs. La programmation musicale : ♦ «Clair de Lune», Pierre Kwenders ft Pierre Lapointe & NegoO.

Pourquoi a-t-on tant de mal à réformer notre orthographe ? Qui sont les détracteurs des réformes avortées de l'orthographe ? Le linguiste Bernard Cerquiglini a mené l'enquête dans son dernier ouvrage ! La première réforme de l'orthographe date de 1542 ! Bernard Cerquiglini est un partisan des réformes de l'orthographe : il estime que la langue française est incohérente, trop étymologiste, peu fidèle à l'oral et implique une pédagogie lourde. Mais, pourtant, les élèves s'en accommodent ! Pourquoi les Français sont-ils si attachés à cette orthographe ? La tentative de réforme de 1990, sous Michel Rocard, a en effet échoué, de nombreux détracteurs l'ayant dénoncée. Cependant, depuis plusieurs années, le niveau baisse : que faire ? Consacrer plus d'heures à enseigner l'orthographe… Ou bien la simplifier ? L'orthographe est un marqueur social. Nous surveillons celle des autres ! On porte un jugement défavorable lorsqu'on voit une faute. La crainte de certains détracteurs de la réforme est que soit créée une « orthographe à deux vitesses » : l'une distinguée, et l'autre plus populaire. Certains linguistes demandent une orthographe phonétique, ce à quoi est opposé Bernard Cerquiglini qui considère que cela pourrait « défigurer la langue ». À écouter aussiBernard Cerquiglini ou l'histoire de la féminisation des mots « L'orthographe doit analyser la langue » Bernard Cerquiglini préconise alors de simplifier quelques aspects de la langue tous les deux-trois ans et propose de « rénover » la langue plutôt que de « réformer ». Et « rénover en gardant les fondamentaux ». Invité : Bernard Cerquiglini, linguiste. Auteur de nombreux livres, il fut aussi l'un des maîtres d'œuvre de la réforme de l'orthographe de 1990. Son dernier ouvrage À qui la faute ? – L'impossible (mais nécessaire) réforme de l'orthographe est publié chez Gallimard en version poche. Et comme chaque mercredi, retrouvez la chronique La puce à l'oreille de Lucie Bouteloup. Aujourd'hui, elle décortique avec la lexicographe Géraldine Moinard l'expression « C'est reparti comme en 40 ». Une chronique en collaboration avec Le Robert. ► Programmation musicale : l'artiste ivoirien Serge Beynaud avec le titre « Créatair »"

Agnès Desarthe publie son nouveau roman «L'oreille absolue» : un conte lumineux dans lequel la Mort cesse de faire mourir… C'était un hiver lumineux et sec. Ainsi commencent la plupart des chapitres du roman d'Agnès Desarthe ! Un choix littéraire pour dire la répétition des jours, mais également celui de la musique, comme un refrain. Tout commence dans un village, près de la mer, un 18 décembre vers 15h15. Il n'y a plus de place au cimetière. Les habitants décident alors de ne plus mourir… Un petit garçon intenable rencontre un homme au bout du rouleau. Une femme retrouve son amant disparu. Un musicien prépare un concours avec un jeune prodige qui ne sait pas lire une note. Deux adolescents filent à moto sans casque. Ces personnages – et bien d'autres encore – semblent n'avoir aucun lien entre eux, si ce n'est que tous appartiennent à la même harmonie municipale. Tous préparent le concert de Noël. Un roman choral aux allures de partition – à cinquante personnages dans lequel les destins sont liés les uns aux autres. Agnès Desarthe est née en 1966, elle est traductrice de l'anglais. Romancière, outre de nombreux ouvrages pour la jeunesse, elle a publié notamment : Un secret sans importance (prix du Livre Inter 1996), Dans la nuit brune (prix Renaudot des lycéens 2010) ou encore Une partie de chasse. Elle est également l'auteure d'un essai consacré à Virginia Woolf avec Geneviève Brisac, V.W. Le mélange des genres, d'un essai autobiographique, Comment j'ai appris à lire (Stock, 2013), et d'une biographie consacrée à René Urtreger, Le Roi René (Éditions Odile Jacob, 2016). Elle a publié onze romans aux Éditions de l'Olivier, dont Un secret sans importance (prix du Livre Inter 1996), Dans la nuit brune (prix Renaudot des lycéens 2010), Ce cœur changeant (Prix littéraire du Monde 2015), L'Éternel fiancé et Le Château des rentiers (en lice pour le Goncourt 2023). Son dernier roman : «L'oreille absolue» a été publié aux éditions de l'Olivier. Elle publiera en janvier 2026 un nouveau roman : Qui se ressemble, aux éditions Buchet-Chastel, coll. «La Résonnante» et consacré à la chanteuse égyptienne Oum Khalthoum. Programmation musicale : Le groupe Bonbon Vaudou avec le titre Gourmandises Amoureuses, extrait de leur nouvel album «Épopée Métèque».

À l'occasion de la Journée internationale des migrants le 18 décembre, quels mots pour parler des migrations ? Pourquoi le langage lié aux migrations est-il important ? Comment retrouver un lexique correct ? Invités : - Constance Rivière, directrice générale du Palais de la Porte Dorée qui abrite le Musée national de l'histoire de l'immigration, qui a ouvert en 2007 et qui a pour mission de reconnaître les apports de l'immigration dans l'histoire de France et de faire évoluer les regards sur l'immigration selon sa directrice. Raconter comment l'immigration est structurante dans l'histoire de France. C'est le musée de notre histoire commune alors qu'elle est parfois déniée. Selon l'historien Gérard Noiriel, pionnier de l'histoire de l'immigration, le mot «immigré» s'impose dans le vocabulaire français au début du XIXè siècle. C'est devenu, selon elle, un mot fourre-tout qui regroupe tout et n'importe quoi, un mot chargé de connotations négatives par le discours politique et médiatique. C'est presque devenu le mot-valise de toutes nos peurs. Nous essayons de lui redonner ses lettres de noblesses" - Hicham Jamid, docteur en sociologie des Hautes Écoles Sorbonne Arts et Métiers Université, chercheur post-doctorant au Laboratoire d'études des processus sociaux (LAPS) de l'Université de Neuchâtel (Suisse). Ses recherches portent sur les mobilités pour études, la migration des hautement qualifiés, ainsi que les processus de libéralisation et d'internationalisation de l'enseignement supérieur en Afrique, avec un intérêt particulier pour le Sénégal et le Maroc. Les mots ne sont pas du tout neutres et sont nourris par les imaginaires qui véhiculent les médias, les discours politiques ou scientifiques. Selon le chercheur, on a tendance à qualifier de «migrants» les personnes qui viennent du «Sud global» et d'«expatriés» ceux qui viennent de pays industrialisés. Ici en France, un «Afghan sera un immigré, un Américain, un expatrié». Il en est de même pour les mobilités étudiantes. «Il y a un distinguo entre les mots «étudiant international» si on parle d'un étudiant américain et «étudiant étranger» si on parle d'un étudiant sénégalais, brésilien ou marocain. À lire : Les 100 mots des migrations, cahier du Palais de la Porte Dorée, coordonné par Marie Poinsot, sous la supervision de François Héran. À lire de Hicham Jamid : «Les mains dans le cambouis… les mots de la migration», dans la revue Afrique(s) en Mouvement. Et la chronique Ailleurs nous emmène à Brazzaville en République du Congo où Sylvie -Dyclopomos, directrice artistique, nous présente la vingt-deuxième édition de son Festival Mantsina sur Scène qui aura lieu du 16 au 20 décembre 2025. Cette année, le thème : Hommage aux vétérans des planches avec des spectacles, des lectures, des rencontres, des ateliers, ainsi qu'une exposition autour de Sonny Labou Tansi. Programmation musicale : L'artiste Alba avec le titre «Les autres mots».

«Je voulais faire quelque chose de poétique, chercher de la hauteur. [...] Avec ces oiseaux, je voulais m'éloigner de mes autres pièces, où il y avait souvent des cris, des blessures ouvertes, [...] je voulais chercher un langage plus aérien, pour aller plus loin sur ce que je voulais dire sur la situation d'aujourd'hui à Gaza.» La pièce Au nom du ciel de Yuval Rozman est une fable qui a pour point de départ des recherches ornithologiques sur les espèces d'oiseaux qui n'arrivent pas à se partager le territoire au Proche-Orient. Elle met ainsi en scène trois oiseaux – un bulbul, une drara et un martinet noir – qui, depuis le ciel de la Cisjordanie, observent la violence et l'absurdité du monde des humains, en tentant de comprendre et d'expliquer l'assassinat d'un jeune Palestinien autiste, Iyad Al-Hallaq, tué en 2020 par un soldat israélien. Le spectacle nous plonge dans une ambiance à la fois grave et drôle, où l'ironie surgit pour mieux désamorcer la tension des sujets abordés, en puisant dans «un langage plus léger». À lire aussiYuval Rozman, un cœur israélien Invité : ► Yuval Rozman, auteur, metteur en scène et comédien israélien installé en France depuis le début des années 2010. Formé au Conservatoire national d'art dramatique de Tel-Aviv, il fonde en 2010 sa première compagnie et se fait remarquer dès son premier spectacle, Cabaret Voltaire. Son travail est profondément marqué par son histoire personnelle et par les tensions de la guerre israélo-palestinienne, et explore les questions d'identité, de religion, d'amour et de politique à travers une écriture mêlant «humour acide» et poésie. En France, il crée la compagnie Inta Loulou et un cycle de créations appelé la «Quadrilogie de ma Terre» — Tunnel Boring Machine, The Jewish Hour, Ahouvi et Au nom du ciel — dont Au nom du ciel est le quatrième opus. ► La pièce de Yuval Rozman se joue jusqu'au 20 décembre 2025 au Théâtre du Rond-Point à Paris, puis du 13 au 17 janvier 2026 au Théâtre 104 à Paris, et partira en tournée en France et en Belgique jusqu'à fin avril 2026. Programmation musicale : La chanteuse franco-algérienne Souad Massi et son titre Samt, de son album Zagate qui sortira en mars 2026.

Une émission consacrée à la transmission des langues non majoritaires, en compagnie de deux invité.e.s qui partagent leur vision du passage des langues rares : le patois normand dans le documentaire Ma langue natale avec Rémi Mauger, et une multitude d'autres langues, comme l'esperanto, le wolof ou le créole avec le podcast Ma langue maternelle n'est pas la langue de ma mère d'Alice Magdelaine. [L'intervention de Rémi Mauger a été largement écourtée suite à un problème technique indépendant de notre volonté. Nous vous prions de nous en excuser.] Le podcast d'Alice Magdelaine donne la parole chaque mois à un.e invité.e qui livre le récit intime de son rapport à sa langue familiale, souvent différente du français ou de la langue dominante. Ils rendent ainsi visibles la multitude des trajectoires langagières, les rapports affectifs, interrogent leurs propres racines et déconstruisent certaines représentations. Son dernier épisode est consacré à l'esperanto car, dans certaines familles, bien qu'il s'agisse d'une langue inventée dans un projet de pont entre les peuples, l'esperanto se parle comme une langue maternelle ou ici «conjugale». Rémi Mauger se penche quant à lui sur le patois normand, dans un documentaire aux allures de road-movie à travers la Normandie. En France, le normand n'a pas de statut officiel : il n'est ni reconnu comme langue régionale à part entière ni enseigné massivement. Le film documente une réalité fragilisée : la langue normande, comme beaucoup de langues régionales en France, risque de disparaître si elle n'est pas transmise. Ma langue natale nous emmène donc à la rencontre des gardiens et passeurs de ce parler normand. Parmi eux, le Père Marc, rencontré dans cet extrait des bonus du documentaire à l'abbaye de Bricquebec dans le Cotentin. Invités : – Alice Magdelaine, sociolinguiste et réalisatrice du podcast mensuel Ma langue maternelle n'est pas la langue de ma mère. – Rémi Mauger, journaliste et réalisateur français originaire d'Herqueville dans la Manche. Son documentaire Ma langue natale sera diffusé sur France 3 Normandie le 11 décembre 2025 à 22h50. Le documentaire est déjà disponible gratuitement en replay sur France TV. Programmation musicale : La chanteuse martiniquaise Meryl avec le titre Biznes issu de son nouvel album La dame. Et la chronique de Lucie Bouteloup La Puce à l'oreille qui décrypte aujourd'hui l'expression «mettre les pieds dans le plat», avec la complicité des CM2 de l'École Vulpian à Paris, en partenariat avec Le Robert.

Une émission enregistrée lors de la seizième édition du Festival Les Traversées Mauritanides à Nouakchott, capitale de la Mauritanie et lieu de rendez-vous d'une vingtaine d'écrivains. Pourquoi apprendre le français en République islamique de Mauritanie alors que cette langue héritée de la colonisation a perdu son statut de langue officielle depuis 1979 au profit de l'arabe et depuis peu du pular, du soninké et du wolof ? La Mauritanie est un pays plurilingue dans lequel le français est une langue parmi d'autres. Il y a quatre langues officielles en Mauritanie : le hassanya (un arabe dialectal) le pular, le soninké et le wolof, langues introduites dans le système éducatif depuis 2022 lors de la réforme du système éducatif). Le français a peu à peu été abandonné depuis l'Indépendance du pays en 1960, mais reste une langue d'enseignement. Il est enseigné notamment à l'Université et a aujourd'hui un statut de langue de communication et de langue étrangère. Pour Mamadou Diop, professeur de Littérature, que Pascal Paradou «Le français est une langue considérée par beaucoup de gens, une langue partagée, mais quand on voit comme elle est enseignée, on se pose des questions ! On a l'impression que tout est fait pour réduire la présence du français en Mauritanie, certainement, pour des raisons politiques ! Moussa Abderhamane Keita ne s'inquiète pas de la présence du français : Dans la vie de tous les jours, c'est une langue qui existe partout. La question relève plus du niveau d'enseignement ! Quant à Idoumou Abbas, ce sont les réformes linguistiques successives et leurs mises en œuvre qui posent problème : Il n'y a pas assez de formation, en français, comme en arabe, pour garantir une bonne qualité d'enseignement. Pour Alassane Dia, ce sont les réformes qui tendent vers l'arabisation, mais le français reste dans les faits une langue officielle, une langue du quotidien, ce qui est paradoxal, c'est que les enfants des décideurs suivent leur scolarité dans des lycées français ! Invités : - Idoumou Abbas, écrivain et professeur à l'université. Il a également écrit un guide de la littérature mauritanienne - Moussa Abderhamane Keita, chef du département de langue et littératures françaises à l'Université de Nouakchott - Alassane Dia, linguiste. Il enseigne le français. Avec un reportage réalisé dans la classe de CM2 D du Lycée français Théodore Monod. Programmation musicale : Le groupe de rap mauritanien Adviser qui chante principalement en pular.

Une émission enregistrée lors du seizième édition du Festival Les Traversées Mauritanides à Nouakchott, capitale de la Mauritanie et lieu de rendez-vous d'une vingtaine d'écrivains. Que peut-on demander à la littérature ? Qu'est-ce que l'écrit peut dire, que la parole ordinaire ne peut pas ? C'est le thème d'une des tables rondes organisées lors de cette seizième édition du Festival Traversées Mauritanides, un nom du Festival qui a emprunté son nom à la chaîne de montagnes située dans le sud de la Mauritanie. Un festival ouvert qui programme des auteurs français, mais aussi des auteurs arabophones et anglophones et qui reste ouvert à toutes les langues, précise son organisateur. Cet évènement organisé par Bios Diallo, écrivain et poète, a réuni une vingtaine d'écrivains mauritaniens. C'est sa rencontre avec William Sassine, l'écrivain guinéen exilé et avec Oumar Ba, qui a traduit le Coran en peul, qui a donné le goût de l'écriture à Bios Diallo. Des autrices telles que Hemley Boum, était invitée à donner des conférences aux étudiants lors de cet évènement. Écrivaine camerounaise d'expression française, Hemley Boum a grandi à Douala, mais vit aujourd'hui majoritairement en France, mais raconte des histoires du Cameroun et aussi des histoires d'ailleurs, des histoires des frontières, des géographies contrastées, le monde dans lequel on vit aujourd'hui. Elle publie son premier roman en 2010 : «le clan des femmes» aborde le sujet de la polygamie dans un village africain, au début du XXè siècle. En 2015, «Les Maquisards» remporte le Grand prix Littéraire d'Afrique Noire ainsi que le Prix Les Afriques. En 2020, c'est le prix Ahmadou Kourouma qui lui est attribué pour les jours viennent et passent. En 2024, le Rêve du pécheur est couronné par le prix des Cinq continents de la Francophonie. Elle organise le salon littéraire «Lire à Yaoundé». Également invité, Guillaume Jan, écrivain français né en Bretagne en 1973. Journaliste, devenu auteur «globe-trotter», ses livres mettent en scène ses errances aux quatre coins de la planète. Le Baobab de Stanley, 2009 ; Le Cartographe, 2011 ; Traîne-Savane, 2014 ; Samouraïs dans la brousse, 2018). Il est aujourd'hui en résidence en Mauritanie à l'Institut français de Nouakchott, Son dernier livre s'intitule République Démocratique du Congo et il évoque l'article 15 de la Constitution congolaise, «un texte de loi imaginaire qui prône le jus de crâne et l'huile de coude pour s'en sortir». Avec aussi le témoignage d'Anne-Sophie Stefanini, écrivaine, son dernier roman en date s'intitule Une femme a disparu. Elle est aussi éditrice chez Jean-Claude Lattès et organise le Prix Voix d'Afrique auquel RFI et la Cité internationale des Arts sont associés, c'est un prix pour les primo-romanciers de moins de 30 ans, un prix qui a permis de faire naître des vocations. Programmation musicale L'artiste Capitaine Alexandre avec le titre «Venir aux mots».

La seizième édition du Festival Les Traversées Mauritanides à Nouakchott, capitale de la Mauritanie et lieu de rendez-vous d'une vingtaine d'écrivains, vient de s'ouvrir. Toute la littérature mauritanienne vient-elle de l'oral ? Comment vivent les traditions orales dans ce pays où cohabitent plusieurs ethnies ? «Oui, selon Mamadou Kalidou Bâ, à l'origine, tout vient de l'oral parce que nos langues ont d'abord été des langues orales avant d'être transcrites, nous avons conservé cette oralité encore plus utilisée que l'écrit». Écrivain, il explique mettre beaucoup d'oralité dans ses livres. Ghassem Ahmedou, écrivain et ethnologue. Il écrit en français et pense que l'oralité se traduit mieux en français. Il est important de recourir aux traditions orales dans une entreprise de résilience face aux fléaux comme l'embrigadement des jeunes dans le djihadisme. Aujourd'hui, je pense que les traditions orales sont menacées. Ghassem Ahmedou Dans ses écrits, il met l'accent sur des problématiques de communautés et inter-communautaires. Pour Aboubakry Njapafta Sow, anthropologue et ethno-musicologue, musique et traditions orales sont très liées. On ne peut pas parler de nos traditions sans parler de l'oralité. Les Griots par exemple font partie de cette catégorie des médiateurs et son maître de la parole. Mais il existe d'autres catégories comme les boisseliers ou les tisserands qui ont leur oralité et leurs chants. Avec également un reportage sur l'écrivain Saidou Abdoulaye Ba, un ancien infirmier qui a voulu écrire, les histoires de ses ancêtres dans Le souffle d'un destin commun. Notes biographiques et bibliographiques : Mamadou Kalidou Bâ, écrivain, professeur à l'Université de Nouakchott et coordinateur de plusieurs ouvrages dont Visages des littératures et traditions orales de langues mauritaniennes. Auteur de La résistance pacifique, Paris, L'Harmattan, 2016, Les remparts de l'espérance, Paris, Lettres de renaissance, 2020 Zizanie au Sahel, Paris, Lettres de renaissance, 2025. Ghassem Ahmedou, écrivain et ethnologue. Auteur du recueil de poèmes Tonnerre au-dessus des vagues. Aboubakry Njapafta Sow, anthropologue et ethnomusicologue, conseiller pour le musée des Civilisations de Dakar et enseignant à l'Université Cheik Anta Diop. Auteur de plusieurs ouvrages et articles scientifiques, parmi lesquels : «Musique et Jeux. La lutte Sippiro au village mauritanien de Djéwol» (L'Harmattan, 2021) et «Kerooɗe. Textes cynégétiques dans la spiritualité peule» (L'Harmattan, 2025). «Enquête dans mon village. Intimité réflexive et réflexion intime à partir de ma position de chercheur et musicien» (Article en Ligne). Album Doktan (MAURITANIA), Gong-Records Belgique sur Spotify. Salihina Konaté, poète. Par sa plume engagée, il dénonce ce qu'il appelle «Les dérives de nos sociétés». Il publie en 2022 Souffle d'humanité (Éditions Orizons, Poésie), préfacé par le sociologue franco-iranien Nader Vahabi. Ce recueil révèle une voix émergente de la poésie mauritanienne. En 2025, on le retrouve parmi 40 poètes d'Afrique francophone dans le hors-série «Afrique» de la revue Les Haleurs portant sur l'éco-poésie. Programmation musicale : L'artiste Doktan Kotawa avec le titre Gawlo Miskinébé qui veut dire «le griot des pauvres», une reprise de l'artiste Baaba Maal.

La seizième édition du Festival Les Traversées Mauritanides à Nouakchott, capitale de la Mauritanie et lieu de rendez-vous d'une vingtaine d'écrivains vient de s'ouvrir. Quatre émissions consacrées aux littératures et aux langues de Mauritanie à l'occasion de ces rencontres littéraires. Et une question essentielle pour commencer : quel est le panorama des littératures mauritaniennes aujourd'hui, un pays où cohabitent deux langues : le français et l'arabe ? On est dans un pays où les littératures se côtoient mais se rencontrent rarement, explique Mariem Derwich. Née avec l'indépendance du pays, dans les années 60, la littérature mauritanienne francophone occupe une place importante dans le patrimoine culturel mauritanien. Le roman est le genre dominant de la littérature même si la littérature mauritanienne est née avec la poésie ! Et bien que le français ait perdu son statut de langue officielle, la littérature mauritanienne francophone reste très importante. L'un des romanciers mauritaniens de langue française les plus connus est Beyrouk. Né en 1957 à Atar, il dit avoir rencontré la langue française «par hasard» et être tombé amoureux de cette langue en lisant «Les Misérables» de Victor Hugo. Il écrit en langue française «un véritable choix pour lui et un engagement». Son dernier roman Saara, publié aux éditions Elyzad en 2022 raconte l'histoire d'une héroïne qui se définit comme une «femme libre» qui refuse la pression sociale et religieuse. Son prochain roman s'intitulera «Le vieux fou et la petite fille qui n'était pas belle.» "J'essaye d'écrire les autres, de nous écrire et même de m'écrire". Beyrouck Marieme Derwich est chroniqueuse et poétesse et elle aussi écrit en français, sa langue maternelle. Une langue qui lui «a ouvert le monde», selon ses termes et dans laquelle elle «rêve». Elle a écrit pendant très longtemps dans l'hebdomadaire mauritanien Le Calame pour raconter le quotidien de la Mauritanie. En 2014, elle a publié le recueil de poèmes Mille et un Je. Elle estime que la littérature doit être dynamique. «Il faut qu'on raconte comment chaque Mauritanien est arrivé avec ses coutumes, ses ancêtres, ses langues. La littérature est vivante, on ne peut pas passer notre vie à pleurer quelque chose qui n'a pas existé !» Elle publiera les Nouvelles de Mauritanie, au printemps 2026, aux éditions Magellan. Quant à Ndiaye Sarr, il est enseignant en Lettres modernes francophones à l'Université de Nouakchott et spécialiste du roman mauritanien francophone. Il y enseigne essentiellement la littérature d'Afrique francophone. Il raconte que les littératures mauritaniennes ont beaucoup évolué car, selon lui, car les premiers romans pouvaient se définir comme «ethnographiques». La génération suivante a produit des romans qui interrogent les dynamiques de la société mauritanienne et ses chamboulements, et qui dénoncent les violences politiques, comme celles de 1999. «Mais chaque communauté a sa propre littérature», précise-t-il. Une littérature qui aborde souvent les problématiques liées à la Mauritanie contemporaine. Mais il existe également une littérature féminine avec des autrices comme Belinda Mohamed ou Safi Ba : une littérature qui dénonce l'oppression des femmes et qui ouvre le débat citoyennes. Le pays au million de poètes Enfin, les Mauritaniens, toutes ethnies confondues, sont très attachés à la poésie ; que ce soit la poésie amoureuse, la poésie religieuse ou la poésie guerrière. Dans notre émission également, un reportage à la librairie Vents du Sud à Nouakchott, une librairie créée en 1994, et la seule librairie francophone de Mauritanie. Elle est fréquentée par des francophones et des étudiants. On y trouve des auteurs classiques comme Victor Hugo, Racine ou Balzac, mais aussi des auteurs contemporains comme Emmanuel Carrère ou Marie Desplechin. Programmation musicale : L'artiste griotte Noura Mint Saymaly avec le titre Guéreh, extrait de son nouvel album.

«Haute-Folie», le nouveau roman d'Antoine Wauters, raconte l'histoire de Josef un enfant devenu orphelin à trois ans et à qui on cache une bonne partie de son histoire. Dans cette fiction, l'auteur parle du silence, et de ses ambivalences et ses trous d'ombre. Le silence secret de famille, le silence pesant, le silence habité et souhaitable. Le silence qui nous fait du tort et celui qui peut libérer, explique Antoine Wauters. L'histoire commence comme une tragédie, le père de Josef, se tue, et sa mère assassine celui qu'elle considère comme responsable du suicide de son mari. Puis, elle se donne la mort, laissant le petit Josef, âgé de trois ans, orphelin. Toute la vie de Josef sera faite de fuites et de départs... avec une tentative de s'apaiser, de comprendre, de connaître son identité. Mais «Haute-Folie» est aussi un livre fait pour ne pas laisser gagner le silence, car les choses qui ne sont pas dites «finissent par nous tuer à petit feu». Invité : Antoine Wauters, écrivain belge de langue française né le 15 janvier 1981. Il écrit de la poésie et des romans. Il se définit comme auteur «hybride». En 2021, il publie «Mahmoud ou la montée des eaux» entièrement écrit en vers libres et qui met en scène un vieux poète syrien en proie à la folie des hommes. En 2023, paraît Le Plus Court Chemin, un texte très personnel où il revient sur son enfance dans la campagne wallonne. Son dernier roman «Haute-folie», publié chez Gallimard, a remporté le prix Jean-Giono 2025. Programmation musicale : L'artiste Arthur Ely avec le titre Tous les matins du monde.

Comment l'œuvre d'Annie Ernaux est-elle enseignée ? Comment est-elle reçue, étudiée, apprise ? Comment la jeunesse d'aujourd'hui, d'ici et d'ailleurs, s'empare-t-elle des écrits d'Annie Ernaux ? Ils sont de Sarcelles, Cayenne, Villefranche-sur-Saône. Ils lisent et racontent Annie Ernaux sous la caméra de Claire Simon. Faire un film sur l'œuvre d'Annie Ernaux... mais sans elle... et avec le point de vue de lycéens. Tel est le projet de la réalisatrice Claire Simon qui s'est déplacée dans plusieurs lycées pour interroger des lycéens et surtout des lycéennes sur la lecture qu'ont ces jeunes des textes d'Annie Ernaux. Un film documentaire tourné après la réception de son Prix Nobel de Littérature ! La réalisatrice du documentaire a cherché plusieurs œuvres lues et étudiées au lycée. Les titres «la place et les années» sont les œuvres les plus travaillées. Les jeunes évoquent souvent une «écriture plate» pour parler d'Annie Ernaux, un terme qu'emploie l'autrice elle-même. L'intimité, la sexualité : des thématiques qui touchent beaucoup ces adolescents : l'occasion d'ouvrir des débats... en classe. À voir Le documentaire de Michelle Porte Les mots comme des Pierres. À écouter Annie Ernaux sur RFI dans l'émission De Vive(s) Voix. Annie Ernaux est une écrivaine française née en 1940. Son œuvre mêle récit autobiographique et analyse sociologique. Issue d'un milieu populaire, elle explore dans ses livres la mémoire collective, la honte, les rapports de classe, le corps ou encore la condition féminine. Elle se fait connaître, en 1983, avec son roman La place, qui obtient le Prix Renaudot. Elle écrit des romans marquants tels que La Honte, qui évoque son enfance, Les armoires vides qui parle de la honte et des rapports de classe, L'autre fille qui revient sur les secrets de famille autour d'une sœur morte avant sa naissance, Les années qui traite de la mémoire individuelle, L'évènement qui aborde la question de l'avortement clandestin. En 2022, elle reçoit le Prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre. Invitée : Claire Simon, auteure et documentariste. Réalisatrice du documentaire Écrire la vie qui sera diffusé sur France TV, le 3 décembre 2025. Et la chronique Ailleurs au Mali avec Lamine Diarra, acteur, metteur en scène et directeur du Festival les Praticables, dont la sixième édition se déroule dans la capitale malienne, dans le quartier de Bamako-coura, du 4 au 14 décembre 2025, un évènement que l'organisateur définit comme «une fabrique citoyenne du vivre-ensemble». Programmation musicale L'artiste Alma Rechtman avec le titre Je veux être dans tes bras.

Sylvain Creuzevault adapte «Pétrole», roman inachevé de Pier Paolo Pasolini et publié dix-sept ans après sa mort. Pétrole est un roman de 850 pages, écrit sous forme de notes par juxtapositions de récits entre 1972 et 1974 et publié en 1992, soit dix-sept ans après la mort de Pier Paolo Pasolini, son auteur. Il suit l'itinéraire de Carlo Valetti, fils ambitieux d'un bourgeois et cadre de l'industrie pétrolière italienne. Il gravit tous les échelons de la puissante compagnie italienne d'hydrocarbure ENI, au passé fasciste, lorsque son dirigeant est retrouvé mort. Ce personnage «se dédouble» : il y a Carlo I et Carlo II. Tandis que son premier avatar, Carlo I, connaît une ascension fulgurante au sein de l'ENI, Carlo II se dévoue entièrement à une frénétique quête sexuelle, une sexualité bestiale, criminelle et dépourvue d'interdits. Le fait de dédoubler son personnage est un hommage au grand roman picaresque, explique Sylvain Creuzevault. Dans sa mise en scène, Sylvain Creuzevault fait donc jouer les deux «Carlo» par des comédiens, mais aussi Pier Paolo Pasolini, joué par plusieurs comédiens et comédiennes, qui raconte l'écriture de ce roman ou encore des personnalités politiques italiennes de l'époque, une manière d'aborder la thématique de la corruption et de la mafia. La première partie du spectacle se déroule dans une réception, et raconte les pactes de corruption des élites italiennes, toute la scène est projetée sur un écran. Pier Paolo Pasolini est un écrivain, poète, cinéaste et intellectuel italien né en 1922 à Bologne. Il débute comme romancier et poète avant de devenir l'un des plus grands auteurs du cinéma italien. Son travail explore les marges sociales, la sexualité, le sacré, la politique et les sociétés de consommation. Il a été assassiné en 1975 sur une plage d'Ostie, dans la périphérie de Rome. Si l'affaire n'a jamais été élucidée, certains affirment qu'il a pu être assassiné à cause de ce texte qui dénonçait la corruption des gouvernants et de la démocratie chrétienne. L'une des notes de ce roman — la 21 - aurait d'ailleurs disparu... Invité : Sylvain Creuzevault, metteur en scène, auteur et comédien français né en 1981. Il adapte et met en scène le roman de Pasolini. Il a adapté Karl Marx et Dostoïevski. En 2023, il présente deux spectacles, intitulés L'Esthétique de la résistance et Edelweiss [France Fascisme]. Pétrole, à voir au Théâtre de l'Odéon jusqu'au 21 décembre 2025 dans le cadre du Festival d'Automne.

400 maisons d'édition venues du monde entier, des milliers d'autrices et d'auteurs, et un thème, l'Art de l'autre, qui célèbre l'empathie et la curiosité : le Salon du Livre et de la Presse jeunesse est ouvert aux petits et aux grands à partir de ce mercredi 26 novembre 2025. Les dernières études montrent un recul marqué de la lecture chez les jeunes qui lisent moins souvent et moins longtemps – seulement 19 minutes par jour en moyenne – et peinent davantage à se concentrer. Pour autant, l'offre jeunesse n'a jamais été aussi abondante (elle représente actuellement 13% des ventes de livres en France) et propose de nombreuses pistes pour reconnecter les jeunes au plaisir de lire. Les BD, mangas et comics dominent largement leurs lectures, tandis que les romans, bien que toujours présents, reculent légèrement. Le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse, depuis sa première édition en 1984, reste le rendez-vous incontournable (et gratuit) des jeunes lecteurs. Parmi les propositions exposées cette année, Le Dinosaulyre de Guillaume Métayer, «un livre pour les enfants de 7 à 117 ans» ; et Pirates en Enfer, de Lucas Scholtes, l'histoire d'une bande de pirates coincée dans les neuf cercles de l'Enfer qui tente de trouver une porte de sortie. Deux auteurs qui fabriquent l'imaginaire des adultes de demain. Invités : Guillaume Métayer, poète et chercheur en Lettres et en Philosophie. Spécialiste de Nietzsche et d'Anatole France, il est agrégé de Lettres classiques, germaniste et traducteur littéraire de l'allemand et du hongrois. Son livre, Le Dinosaulyre (suivi de l'Etymosaure), illustré par Djohr, propose un voyage dans le temps à dos de dinosaure pour aller jusqu'à la préhistoire de la langue française et en décortiquer les étymologies Lucas Scholtes, illustrateur et auteur de romans graphiques. Pirates en Enfer est une BD inspirée de son mémoire d'étude, et revisite le lore dantesque des Enfers, mais aussi celui de la piraterie. Le jeune dessinateur signe le scénario, les dialogues et le dessin de l'ouvrage. La BD a reçu le soutien du Centre national du livre. ► La 41è édition du Salon du Livre et de la Presse jeunesse se tient du 26 novembre au 1ᵉʳ décembre 2025 à Paris Montreuil Expo en Seine-Saint-Denis. Et la chronique la Puce à l'oreille de Lucie Bouteloup, qui décrypte le langage texto à l'occasion du 33è anniversaire de l'apparition du SMS. Programmation musicale : Requin Chagrin - Parachute.

Dans ce nouveau roman, l'autrice islandaise Audur Ava Ólafsdóttir brosse le portrait d'une femme transgenre arrivée dans la soixantaine. Les noms islandais sont toujours un peu longs, car ils ont la particularité de marquer le genre ! À la naissance, elle est née homme et s'appelle V … comme son père. Adulte, elle devient biochimiste, spécialisée dans les cellules, les plus petits éléments du corps humain. Elle a 61 ans, s'est toujours sentie femme, mais elle est née dans un corps d'homme. Elle s'est mariée avec Sonja, est devenue père alors qu'elle voulait devenir père. Mais elle ne veut pas mourir dans ce corps d'homme. Elle va demander à s'appeler Logn, un terme qui n'existe pas en français, qui signifie «le calme plat entre deux tempêtes, l'immobilité de l'air» en islandais. Ce temps suspendu, c'est le temps perdu de sa vie. Son surnom «Bambi» n'est pas anodin. Formé à partir de l'italien «bambino, enfant». C'est aussi le nom choisi par sa grand-mère et son frère, d'après une référence à Disney, mais surtout au roman de Felix Salten publié en 1923 qui fut brûlé une dizaine d'années plus tard par les Nazis qui le considéraient comme une allégorie du sort des Juifs. Contrairement au long métrage de 1942, Bambi est seul, comme le personnage du livre, car toute sa vie, elle a dû essuyer les insultes, la culpabilité et un grand sentiment de solitude et pense même à se suicider. Mais ce n'est pas un roman sur la mort, c'est un roman sur la survie, sur la guérison, sur la réparation, la renaissance. L'idée de ce roman lui est venue d'après une amie, une femme transgenre qui lui a demandé si elle pouvait écrire sur elle et sur la transidentité. En Islande, la loi de juin 2019 sur l'autonomie de genre, facilite les procédures de transition. Aujourd'hui, le pays reconnaît un genre neutre sur les passeports et les documents officiels, prenant en compte les personnes non-binaires. L'islandais est une langue qui comporte trois langues : le masculin, le féminin, le neutre. Invitée : Auður Ava Ólafsdóttir, née en 1958 à Reykjavik, est une autrice, poétesse et dramaturge islandaise. Formée à l'histoire de l'art, La Sorbonne, elle a longtemps enseigné cette discipline à l'Université d'Islande. Elle s'est imposée sur la scène littéraire avec ses romans Rose candida, Hotel silence ou encore Miss Islande. DJ Bambi, son dernier roman est paru aux éditions Zulma. Programmation musicale : L'artiste Joseph Marchand avec le titre Au début du soleil et son nouvel album Treize miniatures.

Avec ses machines, son sodaphone et quelques bidons en plastique en guise de percussions, Plastic Jesus aka Lechapus fabrique une musique spontanée, expérimentale et fantaisiste. Invité : l'artiste Ben Lechapus, alias Plastic Jésus. Artiste, musicien, il a inventé le «plasticisme», la religion du plastique. Il détourne le récit qui est fait des déchets plastiques en imaginant un personnage. Pour lui, le plastique est vivant. Il utilise cette matière pour créer des instruments de musique, costumes et accessoires comme ce chapeau fait de rasoirs jetables ! Tout cela est traité sur le ton de l'humour et de l'absurde avec évidemment un volet écologique. Je veux qu'il y ait en filigrane un objet politique. Je ne pense pas que je peux éveiller les consciences en faisant cette musique, mais j'ai envie que ce soit un moment drôle Son personnage est né durant la période de la COVID. Ben Lechapus a découvert le livre d'un luthier belge, Max Vandervorst. Ce musicien, compositeur est également un formidable inventeur d'instruments. Dans Nouvelles lutheries sauvages, il explique comment fabriquer des instruments à partir de déchets. Il a commencé à ramasser chaque déchet et à faire les poubelles et à stocker bidons, bouteilles et autres déchets plastiques pour créer objets, instruments d'où sortent les sons post-punk ! Plein d'artistes en Afrique et ailleurs se sont emparé de ce sujet qu'est le plastique pour le détourner ! nous explique l'artiste. L'artiste fait aussi des spectacles jeune public «Plastic Monster». Et la chronique Ailleurs nous emmène en Haïti, avec Guy-Régis Junior, auteur, traducteur, metteur en scène et directeur du Festival des Quatre chemins en Haïti qui débute ce lundi 24 novembre, avec pour thème et pour titre «Paroles de fille». Invité : Ben Le Chapus alias Plastic Jesus. Titres diffusés : L'artiste haïtien Jean D'Amérique en featuring avec the plug pour le titre Li dim Le groupe congolais Fulu Miziki avec le titre Tia mungwa na biloko L'artiste Plastic Jésus avec les titres Ma tribu et Caddie.

Chaque année, a lieu la Journée internationale des professeurs de français (JIPF). Cette année, cette journée s'articule autour du thème : «Chanter, jouer, enseigner, la francophonie en musique». «Un amour pour une langue, c'est aussi une rencontre». Pour cette septième édition de la journée des profs de français, c'est le chanteur Benjamin Piat qui a été désigné comme parrain. Né le 24 avril 1985 à Angers, il grandit avec les chansons de Bernard Lavilliers, Henri Salvador et Charles Trenet. Il commence très tôt à se passionner de poésie, notamment pour Jacques Prévert. Il se met à composer ses premières chansons. La musique est un outil merveilleux pour apprendre une langue de manière joyeuse. Son premier album Boite à musique sort en 2013. L'échappée Belle, son deuxième album, en 2017. Puis sortiront Frenchy et Eldorado. Son dernier album Bivouac dont les sonorités ont été inspirées grâce à une tournée au Moyen-Orient, est sorti en juin 2024. Avec également le témoignage de Cynthia Eid, présidente de la FIPF (Fédération Internationale des Professeurs de Français) qui nous explique pourquoi ce thème de la francophonie en musique a été choisi. Elle nous détaille les nombreux défis auxquels doivent faire face les professeurs de français. Vous pourrez également entendre les témoignages des professeurs de français recueillis par Adrien Delgrange. Quel avenir face à l'Intelligence Artificielle ? Retrouvez l'enquête lancée par le journal Le français dans le monde, sur l'enseignement de langue et du français en 2050. Sur le site aussi, le reportage d'Adrien sur les profs et l'Intelligence Artificielle, vous pouvez participer au webinaire sur l'éducation aux médias organisé avec la villa Albertine et le consulat à San Francisco et Los Angeles. Découvrez aussi la saison 2 du podcast En cours. Programmation musicale : Les enseignants de la francophonie - Benjamin Piat Faire danser le monde - Benjamin Piat.

Dans son dernier roman, l'autrice Hala Moughanie revient sur l'explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020. C'était en 2020, il y a un peu plus de 5 ans, une explosion ravageait le port de Beyrouth et une partie de la capitale libanaise. Bilan : 235 morts, 6 500 blessés, 77 000 bâtiments détruits ou endommagés. À lire aussiLiban: cinq ans après l'explosion du port de Beyrouth, une enquête et une reconstruction inachevées Le roman se passe sur 5 jours : du 4 août, jour de l'explosion, jusqu'au 8 août, date de la première manifestation pendant laquelle les Libanais manifestent leur colère. Les autorités parlaient alors de «négligence». L'autrice se trouvait à quelques kilomètres de la capitale ce jour-là, elle a entendu la déflagration. Ce qui a fait la particularité de ce moment-là, c'est son côté très soudain. Chacun vaquait à ses affaires. Aujourd'hui, il n'y a ni vérité, ni responsable dans cette affaire. «Elle a souhaité écrire ce texte immédiatement après ces évènements, ce qui lui confère selon elle une valeur de témoignage historique». On ne peut pas être Libanais sans perdre quelque chose en chemin. Les évènements sont narrés du point de vue d'un épicier, un survivant ; il habitait dans le périmètre qui a été soufflé, mais avait fermé sa boutique plus tôt ce jour-là... Le narrateur est persuadé d'avoir entendu des avions rafales ou F16, les «bestioles» qui donnent le titre au livre, survoler le port. Hala Moughanie avait cœur à ancrer la fiction dans une réalité quasiment intangible. Je cherche l'exactitude dans les faits, mais aussi de l'exactitude du ressenti et de l'émotion. Malgré la gravité du sujet, l'autrice parsème son roman d'ironie, de cynisme et d'humour noir. Utiliser ces formes d'humour m'a permis de mettre de la distance et de dire des choses vraies de manière très brutale que le sérieux ne permettrait pas. Invitée : l'autrice Hala Moughanie est née en 1980 à Beyrouth. De 1990 à 2003, elle vient à Paris et suit des études de littérature à La Sorbonne. En 2003, elle décide de retourner vivre au Liban, où elle enseigne et travaille comme journaliste. Elle se passionne pour le travail de mémoire dans une société post-guerre. Autrice de roman, elle écrit également des pièces de théâtre dont Tais-toi et creuse qui obtient le Prix RFI Théâtre en 2015. Son dernier roman, Les bestioles a été publié aux éditions Elyzad. Et comme chaque semaine, la chronique de Lucie Bouteloup décrypte les expressions de la langue française ! Alors, on se tient à carreaux et on écoute bien ! Une chronique enregistrée avec Géraldine Moinard des éditions Le Robert, et toujours avec la complicité des enfants de la classe de CM2 de l'École élémentaire Vulpian à Paris ! Programmation musicale : L'artiste libanaise Yasmine Hamdan avec le titre Hon extrait de l'album I remember, I forget.

La Bibliothèque des mondes croisés a été inaugurée, en octobre 2025, au CCRI John Smith de Ouidah avec, notamment, un fonds dédié à l'histoire de l'esclavage. C'est ici, à Ouidah, que plusieurs centaines de milliers d'esclaves ont emprunté la porte du non-retour, à quelques kilomètres de la ville. John Smith, qui a donné son nom au centre, est le nom d'un citoyen américain, petit-fils d'un esclave parti avec la Clotilda, l'un des derniers bateaux de la traite négrière à partir vers les États-Unis, dans les années 1860. Lorsque l'esclavage a été aboli, son aïeul n'a pu retourner au Bénin, faute d'argent pour payer le voyage en bateau. John Smith, devenu maire de Prichard en Alabama, avait déclaré vouloir être enterré à Ouidah. Y a-t-il encore des choses à découvrir sur la traite négrière ? Oui, selon Dieudonné Gnammankou, certaines thématiques n'ont pas été suffisamment explorées par les historiens comme celle de la réaction des Africains à l'arrivée des premiers navires négriers. Comment ont réagi les royautés et la population ? C'est une période mal connue. Ouidah est considéré comme le deuxième pôle de la traite négrière sur le continent africain, la première étant l'Afrique Centrale. On estime qu'entre 1 million et 1 million et demi d'esclaves ont été déportés depuis la région de Ouidah. Ces esclaves partaient principalement au Brésil et dans les Antilles françaises (Saint-Domingue en particulier). Un silence autour de l'esclavage partiellement brisé avec des projets, notamment celui de l'UNESCO initié en 1994, mais aussi grâce à cette bibliothèque dans laquelle on peut trouver de nombreux livres sur le sujet. Il faut que les jeunes connaissent leur histoire, c'est important, explique Rene Akobi alias Loizes. Pendant de nombreuses années, les jeunes ne s'y sont pas intéressés, car les ouvrages proposés étaient vieillots, précise Dieudonné Gnammankou. Aujourd'hui, se pose la question de la réparation, mais aussi des conséquences sur le continent africain d'aujourd'hui. Invités : - Dieudonné Gnammankou, historien spécialiste de la traite négrière - Rene Akobi alias Loizes, plasticien et dessinateur de bandes dessinées. Il a consacré une - bande dessinée au thème de la traite négrière : Akobi, Zomai, Marâtre, Mariage à paraître chez Dagan BD. Programmation musicale : L'artiste Pépé Oléka avec le titre Sebla koko.

Le groupe Feu ! Chatterton a sorti son quatrième album studio Labyrinthe, le 12 septembre 2025. Du ciel, tombent des cordes… Faut il y grimper ou s'y pendre… Allons voir ce que la vie nous réserve… N'ayons peur de rien, peut-on entendre dans la chanson Allons voir sur le nouvel album du groupe Feu ! Chatterton. Feu ! Chatterton est un groupe de rock français originaire de Paris, formé en 2011. Le nom du groupe rend hommage au poète anglais du XVIIIè siècle, Thomas Chatterton, «poète maudit» qui se donna la mort à l'âge de 17 ans. Cette référence reflète bien leurs inspirations littéraires, mais aussi leur côté mélancolique : profondément mélancolique, mais aussi optimiste, précise Arthur Teboul, l'auteur des textes et chanteur du groupe. Dans ce nouvel album Labyrinthe, ce sont en effet 13 chansons qui sont présentées comme un éloge du chemin, donc du mouvement «faire des chansons, c'est un artisanat, on se perd dans notre pratique. Si on ne laisse pas une idée germer, on l'étouffe tout de suite dans un monde tyrannisé par l'urgence. C'est une pratique salvatrice». Invités : Arthur Teboul, auteur et chanteur du groupe Feu ! Chatterton et Sébastien Wolf, guitariste du groupe. Ils se sont rencontrés au lycée. Arthur Teboul vient également de publier Que savions-nous faire de nos mains qui rassemble toutes les paroles du groupe aux éditions Seghers. Titres diffusés : - Le labyrinthe - Ce qu'on devient - L'étranger (d'après un poème de Louis Aragon). Et la chronique Ailleurs nous emmène à Dakar, au Sénégal où le conteur Massamba Gueye nous parlera du podcast Mémoires de Tirailleurs, conçu et réalisé par de la Maison de l'Oralité et du Patrimoine «KËR LEYTI» à Dakar, en collaboration avec l'Ambassade de France à Dakar.

Dix ans après les attentats qui ont endeuillé Paris : que reste-t-il de la mémoire collective ? Le Théâtre de la Concorde a imaginé un mois autour de la thématique «faire corps» : pour ne pas céder à la haine et imaginer la vie d'après. 130 morts, plus de 350 blessés et plus encore si l'on compte les blessures invisibles, un traumatisme collectif, c'était il y a dix ans, les attentats de Paris, sur les terrasses du 11è arrondissement, au Carillon, au Petit Cambodge, À la bonne bière, Au comptoir Voltaire ou à la Belle Équipe et dans la salle de concert du Bataclan... En cette journée de commémoration, comment vivre sans oublier, comment imaginer l'avenir, faire communauté : quels mots prononcer, quels mots penser... Le Théâtre de la Concorde, ancien café des Ambassadeurs, théâtre des Ambassadeurs puis espace Pierre-Cardin, est un lieu culturel situé dans le huitième arrondissement de Paris. Propriété de la Ville de Paris, il ouvre en mars 2024 sous la direction d'Elsa Boublil et propose chaque fois des spectacles (danse, théâtre, musique), rencontre, ateliers, débats et animations autour d'une thématique. Ce mois-ci, ce «théâtre citoyen» a choisi comme thème «faire corps et se souvenir» pour ne pas oublier les attentats qui ont endeuillé Paris en 2015 avec, notamment, la représentation de la pièce «Les consolantes» de Pauline Susini, une pièce créée en 2024 qui rassemble les voix de victimes, de leurs proches, de soignants, d'amis, d'inconnus. Comment le théâtre peut-il aider à traverser ensemble les traumatismes ? Cela pose aussi la question de ce que nous, collectivement, devons faire pour les victimes : faut-il les consoler ? Invitées : Elsa Boublil, directrice du Théâtre de la Concorde et Pauline Susini, metteuse en scène du spectacle «Les Consolantes» qui donne voix aux victimes du 13 novembre. Le texte de la pièce «Les Consolantes» est publié aux éditions de l'Avant-Scène Théâtre, et sera jouée la pièce au Grand Parquet à Paris, les 20 et 21 novembre 2025. Programmation musicale : L'artiste D.J Snake avec le remix du titre «Patience» du duo Amadou et Mariam.

« Nous voulûmes d'abord dire que la Congolexicomatisation est un trait d'union entre la culture congolaise et le monde, à travers la francophonie. C'est une coopération, un contact d'invention et de créativité, entre les langues congolaises et le linguisme francophone. [...] Alors, soyez là ! Congolexicomatisez-vous, Agglutinogénisez-vous, savanestiquez-vous ! » En 2013, lorsqu'un journaliste tombe sur Eddy Malou pendant un micro-trottoir sur le roller, la vidéo devient virale et fait le tour du monde francophone. Dans une véritable démonstration oratoire, le Kinois s'exprime dans un français soutenu, à la fois érudit et exubérant, et s'auto-présente comme « le premier savant de toute la République démocratique du Congo », cherchant à « imposer la force vers Lovanium », la première université du Congo. Intellectuel autodidacte, Eddy Malou a été professeur dans des écoles techniques, puis à l'Athénée Royal de la Gombe, où il donne cours notamment au chanteur Jean-Baptiste Mpiana. On peut le voir à partir de 1998 sur la chaîne kinoise Antenne A, où il a été animateur. Aujourd'hui, l'homme septuagénaire, ne possédant ni téléphone ni internet, est devenu une star des réseaux, suivi par plus de 300 000 personnes à travers le monde. Pendant près de dix ans, il a marché dans les rues de Kinshasa, livrant des cours improvisés aux passants. Avec lui et « la valise de mots » qu'il a dans la tête, le plus simple des échanges devient un exercice rhétorique de haute volée. Eddy Malou nous offre aujourd'hui son premier ouvrage, La Congolexicomatisation, publié par l'association Les Amis d'Eddy Malou. C'est un dictionnaire de plus de 200 mots inventés, remixés, empruntés et détournés, des mots qu'il recharge dans le même geste de sens et de savoir. Une œuvre luxuriante, l'aboutissement d'un travail qui demeurait jusqu'à présent essentiellement filmé. Valabater (v.tr.) : « Se promener physiquement et intellectuellement. » Exemple : « Eddy Malou faisant valabater sa cognostacéité au XXIè siècle. » Etymologie : Jeu sonore sur l'expression populaire « va là-bas », transformée en verbe par suffixation. Rondelade (n.f.) : « Une tournée qui revient à son point de départ. » Exemple : « Votre Savant effectue une rondelade quotidienne, partant de l'UPn, puis transitant à Matonge pour repartir au campus de l'Unikin. La curvilinéarité ! » Etymologie : De « ronde » (danse en cercle) en français, + suffixe « -lade » marquant un retour au point de départ. ► Suivre Eddy Malou sur Tik Tok. Programmation musicale : Le compositeur électro français Thylacine avec le titre Mafwe.

Dans Musée Duras, Julien Gosselin retraverse l'œuvre protéiforme de Marguerite Duras à travers onze propositions scéniques. Aux côtés de seize interprètes issus de la promotion sortante du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, le directeur de l'Odéon nous fait découvrir l'œuvre complète de Marguerite Duras sur une journée, avec les élèves de la promotion 2025 du Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris. Un spectacle fleuve de dix heures assez hypnotique avec un rythme : celui des mots, celui de la musique, de la techno et des lumières stroboscopiques. Il y a aussi des scènes filmées en vidéo et projetées sur les écrans autour de la scène ; pour chaque texte, le dispositif change. On peut s'immerger dans l'homme Atlantique, la douleur, Hiroshima mon amour ou La Musica deuxième. Ce qui m'intéresse quand je monte un texte, ce n'est pas de rendre hommage à un auteur ou à une autrice, c'est de faire un théâtre d'aujourd'hui : c'est faire un théâtre vivant. Julien Gosselin Julien Gosselin explore aussi les thèmes de l'amour fou, «aimer à en mourir» un thème très durassien: «Je crois qu'une des choses fondamentales pour le théâtre, c'est qu'au fond, le théâtre n'est pas là pour montrer des sentiments raisonnables. On ne vient pas au théâtre pour voir des choses qui ressemblent de manière identique et molle à la vie. On vient voir des zones d'extrémité dont on pourrait dire qu'elles sont presque interdites». Marguerite Duras, née Marguerite Donnadieu le 4 avril 1914, près de Saigon (Vietnam), est une autrice, dramaturge, scénariste et réalisatrice française. Elle passe son enfance en Indochine française, une expérience qui marquera son œuvre. Après des études de droit, elle s'engage dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et adopte le nom «Duras». Son mari, Robert Antelme, sera arrêté par la Gestapo et conduit vers les camps de Dachau et Buchenwald d'où il ressortira vivant. Elle s'inspirera de ces années pour écrire La douleur. L'œuvre de Marguerite Duras aborde les questions de la passion, de désir, de la solitude. Elle obtient le prix Goncourt en 1984 pour l'Amant. En 1959, elle écrit le scénario du film Hiroshima, mon amour, qui sera réalisé par Alain Resnais. Elle est également l'autrice de romans tels que Un barrage contre le Pacifique, Moderato cantabile, son style épuré a considérablement renouvelé la littérature française. Elle milita aussi activement contre la guerre en Algérie et s'engage pour les droits des femmes en signant le manifeste des 343, réclamant l'abrogation de la loi de 1920 interdisant l'avortement et toute contraception. Elle décède à Paris en 1996. Invité : Julien Gosselin, metteur en scène français né en 1987. En 2009, il fonde le collectif Si vous pouviez lécher mon cœur avec six comédiens de sa promotion. Il se fait connaître avec l'adaptation du roman de Michel Houellebecq Les particules élémentaires présentée au Festival d'Avignon en 2013. En juin 2025, il est nommé directeur du Théâtre National de l'Odéon pour une durée de cinq ans. Musée Duras à voir à l'espace Berthier jusqu'au 30 novembre 2025. Programmation musicale : L'artiste montréalaise Laura Lefevre avec le titre Un séjour.

Les réseaux sociaux nous vendent aussi de la littérature : sur les médias sociaux, de nombreux influenceurs émergent depuis quelques années pour mettre en avant des nouveautés ou des classiques ! Comment vend-on un livre aujourd'hui ? Depuis quelques années, de plus en plus de maisons d'édition font appel aux influenceurs littéraires, font appel aux influenceurs littéraires : «Les réseaux sociaux sont un énorme levier de visibilité. Le temps de lecture baisse alors que le temps passé sur les écrans augmente. Il faut donc aller chercher le lecteur là où il est», nous explique Maïa Gros, attachée de presse aux éditions de l'Observatoire. « Il faut comprendre que les réseaux sociaux, ce n'est pas le marché du contenu, mais le marché de l'attention. Des centaines de milliers de contenus sont postés chaque jour. Il faut donc capter l'attention le plus rapidement possible et créer de l'intérêt ; il faut partir du jeune vers la vidéo alors qu'à l'école, on part de l'œuvre pour aller vers le jeune ». De plus en plus de livres, moins de places dans les médias, moins de lecteurs, la littérature circule énormément sur ces nouveaux canaux d'informations, notamment chez les jeunes. «On n'a pas forcément une très bonne image des influenceurs. J'ai voulu propager des connaissances autour de la littérature sud-américaine ou plus classique, de fil en aiguille les gens se sont intéressés à ce que je disais», raconte Chris Laquieze. Et ça marche : le livre de l'autrice américaine Freida McFadden La femme de ménage a émergé grâce à TikTok. «Un bouche-à-oreille numérique efficace», selon Maïa Gros. C'est également l'occasion de faire (re)découvrir une littérature méconnue en France ou une littérature classique oubliée ou des auteurs moins connus. «J'aime bien mettre en avant des petits auteurs qui sont moins connus qui produisent des maisons d'édition des œuvres exceptionnellement bien, et dont on parle très peu parce qu'ils sont moins médiatisés», précise Chris Laquieze. Invités : Chris Laquieze, auteur et influenceur littéraire. Vous pouvez suivre son compte Instagram ou son compte TikTok. Il sortira en janvier son premier roman La rosa perdida, aux éditions J.-C. Lattès. Maïa Gros, attachée de presse aux éditions de l'Observatoire, une maison d'édition créée en 2016, qui publie des essais et des romans. Et le témoignage de Timothée, responsable de la librairie Temps-Livres au Pré-Saint-Gervais. Propos recueillis par Cécile Lavolot. Et la chronique Ailleurs nous emmène à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, où la 11è fête du Livre a lieu du 2 au 21 novembre (du 8 au 15 dans la capitale, Kinshasa). Et c'est Françoise Balais, directrice déléguée de l'Institut français de Kinshasa qui nous parlera de cet évènement ! On pourra notamment y retrouver en clôture la création de la pièce «Silence» du lauréat du Prix Rfi Théâtre 2025, Israël NZILA. Programmation musicale : L'artiste Orelsan en duo avec Yamé, avec le titre Encore une fois.

Dans sa nouvelle création, le metteur en scène Pascal Rambert brosse le portrait d'une famille chic sur plusieurs générations. Des enterrements, des mariages, des enfants à venir, des règlements de comptes, des amours abimés, Pascal Rambert nous raconte aussi un monde qui vacille. Plus qu'une pièce, Les Conséquences fera partie d'une trilogie dans laquelle l'on retrouvera personnages et comédiens jusqu'en 2029. La pièce commence par un enterrement, celui de l'aïeule qui avait 106 ans et dont l'urne est sur scène, une introduction qui donne le ton d'une pièce qui est parfois très drôle, mais qui est profondément triste et désenchantée : Une pièce au ton caustique précise le metteur en scène. Je ne fais pas des pièces à "sujets". Je fais parler des gens. Je mets des mots sur des énergies, sur des acteurs. Pascal Rambert Les conséquences aborde la question du temps qui transforme les êtres, en tant que corps, mondes psychiques, collections de comportements, pour examiner de près les retentissements de nos actes. J'ai besoin de m'adresser à mon temps, j'ai envie de parler aux gens, et que ce qu'ils voient sur le plateau leur parle de ce qu'ils sont en train de penser. La pièce interroge aussi sur les conflits de génération. Le texte de Les Conséquences est disponible aux éditions les Solitaires Intempestifs. Invité : Pascal Rambert, auteur et metteur en scène français né en 1962. De 2007 à 2016, il a dirigé le T2G (Théâtre de Gennevilliers), il travaille en France et à l'international. Ses pièces les plus connues, Clôture de l'amour et Argument explorent les rapports humains, le langage et la rupture. Programmation musicale : Le duo Nous étions une armée avec le titre Ne pas regarder en bas.

Pour cette 42è édition des Assises de la Traduction, l'Association Atlas ouvre le débat sur le thème de la censure et de l'autocensure dans la traduction. Traduire, est-ce trahir ? Comment dire ce qui ne peut s'écrire dans certains contextes ? Depuis plus de 40 ans, les Assises de la Traduction réunissent à Arles, traducteurs et passionnés de littérature, auteurs et amoureux de langues. Cette année, le thème retenu est «Traduire sous contraintes». Un thème que connait bien Arezou Dadvar, traductrice. Elle a traduit King-Kong Théorie de Virginie Despentes en persan : «un projet assez difficile depuis le début. Je trouvais ce texte unique. Je me suis lancée dans cette traduction, j'avais proposé cette traduction à cinq éditeurs qui ont tous refusé. Finalement, je me suis autocensurée en traduisant et ai proposé une version modifiée, mais cette version n'a pas passé la censure. Je suis allée voir un éditeur à Paris». En effet, Tinouche Nazmjou publie depuis Paris des auteurs iraniens ou afghans qui écrivent en langue persane et qui sont censurés dans leurs pays. Les thèmes liés au désir, à la passion et les mots du sexe, ou liés à l'alcool, sont proscrits dans les écrits : «Les écrivains envoient leurs textes au Bureau de la Censure et des gens jugent leurs écrits pour savoir s'ils sont conformes aux lois islamiques du pays. Ce sont donc parfois des pages qui sont arrachées ou des écrits qui sont totalement censurés, mais il y a énormément de moyens de détourner cette censure. On va ruser et trouver un «code» entre le lecteur et le traducteur». Si la censure est un thème majeur de la rencontre de cette année, la contrainte est également inhérente à la difficulté que peut rencontrer un traducteur face à des poèmes ou des auteurs tels que James Joyce qu'on a décrits comme «intraduisibles». Xavier Luffin est, entre autres, traducteur littéraire de l'œuvre de l'écrivain soudanais Abdelaziz Baraka Sakin — dont le romain Le corbeau qui m'aimait a été publié aux éditions Zulma «Un texte difficile à traduire, car il y a de nombreux dialectes qu'il faut réussir à restituer». Invités : - Arezou Dadvar, traductrice du français vers le persan et traductologue. Elle travaille sur la sociologie de la traduction littéraire en Iran et notamment sur les thèmes de la liberté expression et de la traduction littéraire - Tinouche Nazmjou, traducteur, éditeur, metteur en scène. Il a créé sa Maison d'édition Naakojaa (qui veut dire «Utopia» en persan) en 2012 et édite des auteurs persans et des traductions d'ouvrages en persan interdits en Iran. Il est désormais «interdit de plume» en Iran - Xavier Luffin, membre du Conseil de l'ATLAS (Association pour la promotion de la traduction littéraire), professeur de Littérature arabe à l'Université Libre de Bruxelles. Les 42è Assises de la traduction littéraire : «Traduire sous contraintes» se tiendront à Arles les 7, 8 et 9 novembre 2025. Et comme chaque semaine, la chronique de Lucie Bouteloup décrypte les expressions de la langue française ! Cette semaine, «on essuie les plâtres !». Une chronique enregistrée avec Géraldine Moinard des éditions Le Robert, et toujours avec la complicité des enfants de la classe de CM2 de l'École élémentaire Vulpian à Paris ! Programmation musicale : L'artiste Aya Nakamura avec le titre «La femme alpha».

Le prestigieux prix Goncourt a été attribué à l'auteur, Laurent Mauvignier pour son roman «La maison vide», publié aux éditions de Minuit. Que sait-on de sa famille ? De génération en génération, Laurent Mauvignier détricote le fil de son histoire familiale depuis son trisaïeul, Firmin Proust. Mais où est donc passée la médaille de Jules, l'arrière-grand-père ? C'est ainsi que commence le nouveau roman de Laurent Mauvignier, une saga familiale sur plusieurs générations. Il y a des histoires inventées qui contiennent plus de vérité que des histoires vécues qui sont complètement «toc» en fait. Parfois, le roman, en inventant, peut toucher plus de vérités. Pour la première fois, l'auteur «se met en scène». Il écrit, il cherche et compose à la recherche de son passé. Il part de l'histoire de son arrière-arrière-grand-père puis déploie l'histoire de son arrière-grand-mère pour comprendre les raisons du décès de sa grand-mère officiellement «morte des suites d'alcoolisme» puis comprendre le suicide de son père lorsque l'auteur avait seize ans. Laurent Mauvignier a toujours considéré l'écriture comme une «évidence» pour lui. Quand vous écrivez, toute votre vie est consumée par l'écriture. Il y a des moments, il faut se battre pour se sentir vivant parmi les autres. Son écriture se caractérise par la longueur de ses phrases, des phrases un peu «proustiennes». Quand je suis sur une phrase, chaque point est une torture. Il n'y a pas de point qui ne soit pas final, j'ai l'impression de tuer mes propres phrases. Je suis admiratif des gens qui savent faire des phrases très courtes. Invité : Laurent Mauvignier est un auteur français né à Tours en 1967. Il est issu d'une famille ouvrière de cinq enfants. Il intègre l'École des Beaux-Arts à 17 ans, dont il sort diplômé en 1991 en Arts plastiques. En 1999, il publie son premier roman, Loin d'eux, aux Éditions de Minuit, «une suite ininterrompue de monologues intérieurs». Il publiera par la suite des romans tels que Dans la foule (inspiré du drame de Heysel) Des hommes, qui raconte le traumatisme de la guerre d'Algérie et Histoires de la nuit, un thriller social qui sera adapté pour le cinéma prochainement. Il vient de publier son nouveau roman La Maison vide, mais aussi Quelque chose d'absent qui me tourmente – Entretiens avec Pascaline David (« Double », 2025) aux éditions de Minuit. Programmation musicale : l'artiste Coline Rio avec le titre Grand-mère.

Pour plusieurs jours, De Vive(s) Voix est délocalisée à Ouidah, au Bénin, à l'occasion de la troisième édition du festival Sin'ART. «Être comédien au Bénin, c'est être fou, être déterminé, et être prêt à être rejeté. C'est ça être comédien au Bénin !», nous dit Gildas Agossoukpe. Faut-il être fou pour faire du théâtre au Bénin ? La question mérite d'être posée alors qu'a lieu le Festival SIN'ART à Ouidah ! Quel est le statut des comédiens et des comédiennes ? Comment le métier est-il perçu ? Les pouvoirs publics aident-ils la création ? Invités : - Didier Sèdoha Nassègandé, metteur en scène et directeur artistique du Tout Grand Théâtre Djogbé. Il a, par ailleurs, une formation de philosophe et de juriste. pour le Sin'art, il crée Trans-Maitre(s), une pièce écrite par l'auteur togolais Elemawusi Agbedjidji, qui revient sur la question de la colonisation par la langue et sur les sévices imposés à ceux qui ne parlaient pas le français. Dans cette pièce, Dzitri un jeune élève d'une classe de cinquième qui utilise sa langue vernaculaire en classe alors qu'elle est proscrite dans l'enseignement au profit du français ! Il sera puni avec le «signal», un collier d'objets répugnants que devaient porter les élèves qui parlaient une autre langue que le français : une véritable humiliation, symbole de la colonisation et du mépris envers les langues locales. Je me positionne comme quelqu'un qui raconte une histoire, non pas pour juger les parties prenantes. Je raconte une histoire pour interpeller la conscience, la mémoire collective sur la question de la responsabilité de l'acte. Une situation qui a existé dans toute l'Afrique de l'Ouest, mais aussi en France. C'est également une pièce qui rappelle le massacre de Thiaroye où des dizaines de tirailleurs sénégalais ont été massacrés par l'armée française. Des histoires, des mémoires pas toujours connues par la jeune génération. - Raoul Arsène Awo-Oke, écrivain, metteur en scène et réalisateur. Il vit à Parakou, dans le nord du pays. Ses textes et mises en scène sont très influencés par la culture traditionnelle. Il a créé La douleur de la faute, sur un texte d'un jeune auteur béninois, Yannick Tchango qui alerte sur le phénomène du cyberharcèlement, les violences qui en découlent et qui s'engage pour les droits des femmes : «Être artiste ici, c'est être résilient. Tout artiste est un engagé, un militant et quand on vit dans un pays comme le nôtre, avec crise des financements sur la culture, on doit multiplier l'énergie de nos résiliences». Une émission enregistrée à Ouidah au Centre Culturel de Rencontres Internationales John Smith, communément appelé CCRI, un espace patrimonial situé dans l'ancien tribunal colonial. C'est aujourd'hui un centre pluridisciplinaire, une ruche, centré autour de l'art et de la création. Un lieu d'expression artistique qui accueille notamment des résidences théâtrales, mais aussi de la musique, de la danse et des arts plastiques. Depuis que Janvier Nougloï en assure la direction, le CCRI a évolué, a été entièrement réorganisé et redécoré, dans la visée d'être pluriel et accessible afin que les habitants de la ville se le réapproprient. Programmation musicale : L'artiste Richard Flash avec le titre Gbedododa.

Pour plusieurs jours, De Vive(s) Voix est délocalisée à Ouidah au Bénin. À l'occasion du festival Sin'ART, un échange avec Hakim Bah, auteur et metteur en scène de À bout de sueur et Bardol Migan, qui crée La Noyée de Laëtitia Ajanohun. Deux pièces qui racontent, chacune à sa façon, les allers-retours entre l'Europe et l'Afrique. Focus sur deux pièces qui sont à l'affiche du Sin'ART, festival de théâtre béninois exclusivement consacré aux auteurs et autrices contemporaines. À bout de sueur, un texte écrit et mis en scène par Hakim Bah, raconte l'exil. Elle est inspirée d'une tragédie, la mort de deux adolescents retrouvés morts de froid dans le train d'atterrissage d'un avion, le 2 août 1999. On suit dans la pièce le parcours de Binta, Bachir, et leurs enfants, qui tentent tour à tour le départ vers la France. L'écriture d'Hakim Bah est très rare et reconnaissable : les phrases se brisent, tâtonnent et jouent sur la répétition. Bardol Migan a choisi quant à lui de créer, donc mettre en scène pour la première fois, La Noyée, un texte de l'autrice belge Laëtitia Ajanohun. Il raconte les accidents d'une histoire d'amour, entre le Burkina Faso et la Belgique, qui repose sur une illusion. À lire aussiThéâtre : « À bout de sueurs », d'Hakim Bah et Diane Chavelet au Lucernaire Invités : ► Hakim Bah vit entre la Guinée et la France. Dramaturge, poète et nouvelliste, il a créé avec Billia Bah le festival L'univers des mots à Conakry et en assure aujourd'hui la direction artistique. En 2016, il a reçu le prix RFI Théâtre pour Convulsions. ► Bardol Migan est comédien et metteur en scène. Il dirige la compagnie Baobab Théâtre du Bénin. Le festival le SIN'ART a débuté mercredi 29 octobre 2025 au Bénin et se déroule jusqu'au 1ᵉʳ novembre. Les représentations ont lieu à Ouidah, mais également à Grand Popo, à Togbin ou à Cotonou. Une émission enregistrée à Ouidah au Centre Culturel de Rencontre Internationale John Smith, communément appelé CCRI, ancien tribunal colonial. C'est aujourd'hui un centre pluridisciplinaire, une ruche, centré autour de l'art et de la création. Un lieu d'expression artistique qui accueille notamment des résidences théâtrales, mais aussi de la musique, de la danse et des arts plastiques. Depuis que Janvier Nougloï en assure la direction, le CCRI a évolué, a été entièrement réorganisé et redécoré, dans la visée d'être pluriel et accessible afin que les habitants de la ville se le réapproprient. Programmation musicale : Tgang le Technicien ft. Lil Jay Bingerack - Dans la vie.

Pour plusieurs jours, De Vive(s) Voix est délocalisée à Ouidah au Bénin. Aujourd'hui, focus sur un évènement culturel majeur, le festival de théâtre Sin'ART, en partenariat avec le CCR International John Smith. Coup d'envoi ce soir à Ouidah, mais des représentations auront également lieu à Grand Popo, à Togbin ou à Cotonou. Une émission enregistrée à Ouidah dans un lieu unique, le Centre Culturel de Rencontre Internationale John Smith, communément appelé CCRI, ancien tribunal colonial. C'est aujourd'hui un centre pluridisciplinaire, une ruche, centré autour de l'art et de la création. Un lieu d'expression artistique qui accueille notamment des résidences théâtrales, mais aussi de la musique, de la danse et des arts plastiques. Depuis que Janvier Nougloï en assure la direction, le CCRI a évolué, a été entièrement réorganisé et redécoré, dans la visée d'être pluriel et accessible afin que les habitants de la ville se le réapproprient. Parmi les nombreuses activités organisées par le CCRI de Ouidah, il y a le festival Sin'ART, exclusivement consacré aux auteurs et autrices contemporaines. Il vise à accompagner, former et mettre en avant des auteurs, autrices, comédiens et comédiennes en valorisant la jeunesse du continent. Cette troisième édition du Sin'ART proposera onze spectacles en cinq jours dans différentes villes. Ce soir, la création de Mes poupées noires, noires, un texte d'une autrice béninoise, Cécile Avougnlankou, également professeure de littérature. La mise en scène est signée Laurent Hatat, qui dirige la compagnie de spectacle vivant Anima Motrix (en codirection avec Emma Gustafsson). Pour ce spectacle, il est assisté de Hezou Kadjaziou. Bertrand Bossard est également parmi nous, il porte le projet d'ouvrir une école professionnelle de cirque à Ouidah, qui devrait ouvrir ses portes en 2027. En attendant, des cours de loisirs ont déjà démarré. Invités : Janvier Nougloï, directeur du CCRI (Centre Culturel de Rencontre International) de Ouidah. Laurent Hatat, metteur en scène. Hezou Kadjaziou, assistant à la mise en scène sur Mes poupées noires, noires Bertrand Bossard, directeur de l'École nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois. ► Le festival le SIN'ART débute ce jeudi 29 octobre avec la création de Mes poupées noires, noires, un texte de Cécile Avougnlankou, mise en scène Laurent Hatat. Programmation musicale : Dangbé Musik - Aquadi.

Tout le monde me trouvait sublime, phénoménale. Je n'en revenais pas. J'étais enfin consacrée. Mais pour compenser cette joie, aberrante, il me fallait expier. Rester un corps souffrant. Ça a commencé au niveau des pieds, ils enflaient dans les chaussures. Dans « Avale », on suit deux parcours, celui de Lame, une jeune comédienne montante qui découvre aux portes du succès qu'elle est atteinte d'une mystérieuse maladie de peau, et Tom, un jeune homme désœuvré et tourmenté, obnubilé par la jeune actrice jusqu'à développer pour elle une obsession dévorante, angoissante et malsaine. Chacun, dans l'écriture, a sa langue propre. Écrit à la façon d'un polar ou d'un thriller, par moment gore, inspiré et nourri du parcours et de l'expérience personnelle de Séphora Pondi sans être pour autant de l'auto-fiction, le roman explore les thématiques du harcèlement, de la vie d'actrice et de tout ce qu'elle implique dans sa corporéité la plus brute, ainsi que la question du désir sous toutes ses déclinaisons. Invitée : Séphora Pondi, actrice franco-camerounaise. Elle grandit en banlieue parisienne dans un environnement modeste, où elle découvre très tôt le goût de la lecture et de la scène. Après une formation théâtrale à l'École départementale de théâtre de l'Essonne, elle rejoint le programme « Premier Acte » de Stanislas Nordey au théâtre de la Colline, avant d'intégrer l'École régionale d'acteurs de Cannes et Marseille (ERACM). En septembre 2021, elle devient pensionnaire de la Comédie-Française. Artiste polyvalente, elle travaille actuellement au scénario d'un long-métrage et prépare sa première mise en scène, l'adaptation de Bestioles de Lachlan Philpott. « Avale », publié en 2025 aux éditions Grasset, est son premier roman. Programmation musicale : La colère - Dernière fois ► Séphora Pondi est à l'affiche d'Hécube, pas Hécube de Tiago Rodrigues au théâtre 13E Art dans le XIIIe Arrondissement de Paris du 21 mars au 2 mai 2026.

Vous notez vos pensées dans un carnet ou dans un journal intime ? Sans peut-être le savoir, vous pratiquez déjà l'écriture personnelle. Retour avec Régine Detambel sur cette activité discrète, presque confidentielle, à laquelle se consacrent des millions de personnes en France. Invitée : Régine Detambel est écrivaine et autrice de nombreux romans et essais, mais aussi bibliothérapeute, c'est-à-dire qu'elle s'intéresse à la manière dont la lecture et l'écriture peuvent contribuer au soin de soi, au mieux-être et à la compréhension de l'expérience humaine. Dans son nouvel essai Écrire juste pour soi, Les mots prennent soin de nous, paru chez Actes Sud, Régine Detambel mêle réflexions théoriques et entretiens avec celles et ceux qu'elle accompagne dans leur pratique. Une «médecine de velours», dit-elle, capable d'aider chacun à tourner la page et comprendre ce qu'il vit, interrogeant dans le même geste notre rapport à l'écriture et à la lecture. Et la chronique Ailleurs nous emmène à Dakar à l'occasion de la Semaine mondiale de la Francophonie Scientifique, présentée par Slim Khalbous. Programmation musicale : Pierre Lapointe & Voyou - Fallait pas nous inviter.

Bouchra Khalili est à l'honneur du festival d'Automne avec des œuvres vidéos installées dans trois théâtres pour retrouver la mémoire du Mouvement des travailleurs arabes. Avec ses trois projets Astérismes (Fig. 1 à 3), l'artiste Bouchra Khalili refait surgir la mémoire des histoires effacées, des traces fragiles de mémoires. Trois installations qui correspondent à trois périodes de travail puisque la première date de 2017 et la dernière de 2025 et qui sont réunies sous ce titre de «Astérisme» qui est un terme d'astronomie pour designer une figure dessinée par les étoiles : une constellation... C'est donc un ensemble. On découvre notamment, dans l'une de ces expositions, le Mouvement des Travailleurs arabes qui avait constitué deux troupes de théâtre avec un slogan, «de la rue à la scène et de la scène à la rue». «Ce qui m'a interpellée, c'est que des ouvriers qui travaillaient dans des usines aient pensé au théâtre». Une histoire très peu connue. Elle a retrouvé pour faire ce travail certains acteurs de l'époque qu'elle a filmés. «Ces expositions opèrent comme une forme de résurrection», nous raconte l'artiste Bouchra Khalili. «Ce qui m'intéresse, c'est ce qui n'a pas été archivé, des mémoires dont il ne reste uniquement que quelques fragments». Et quand il n'y a pas d'archives, elle imagine des fictions pour dire ce qui a eu lieu comme dans l'exposition Astérismes (Fig. 3) : L'Écrivain public avec, par exemple, avec Mririda n'Aït Attik, poétesse amazighe, active dans la première moitié du XXè siècle dans le Haut-Atlas qui «maitrisait la poésie sans l'écrit» et dont on a que des traductions. L'artiste réactive également un élément de la culture marocaine : le conte avec un jeune conteur de Marrakech qui salue l'histoire de Djelali Kamal, immigré et gréviste de la faim et candidat à la présidence de la République en 1974. Invitée : Bouchra Khalili est une artiste visuelle franco-marocaine née en 1975 à Casablanca. Elle est diplômée en Études cinématographiques et médiatiques de la Sorbonne Nouvelle et en arts visuels de l'École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy. Multidisciplinaire, elle utilise le textile, la photographie, la sérigraphie et la vidéo pour concevoir ses œuvres. À voir dans le cadre du Festival d'automne : - Astérismes (Fig. 1) : The Tempest Society - T2G Théâtre de Gennevilliers, Centre Dramatique -Astérismes (Fig. 2) : The Circle and The Public Storyteller - Odéon Théâtre de l'Europe – Berthier Paris 17 2 – 26 octobre - Astérismes (Fig. 3) : L'Écrivain public Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt 22 – 29 octobre. Programmation musicale : Les Artistes Amadou et Mariam avec le titre L'amour à la folie.

Dans cette narration, l'autrice Laura Vazquez reprend et détourne les motifs du roman d'apprentissage. «Les heures étaient longues dans mon enfance, mais je ne me suis pas tuée». Elle raconte l'odyssée d'une jeune fille avec en toile de fond une critique de l'éducation, du salariat, du matérialisme et de la norme générale : «des asticots dans les cerveaux». La narratrice est une jeune fille, qui voit et sent la souffrance autour d'elle : «Quand j'écris, au départ, une voix arrive, et parfois, il y a plusieurs voix. Pour «les forces», il n'y en a eu qu'une qui a tenu le texte pendant un bon moment. Cette voix, c'est celle de cette fille.» De l'enfance à l'écriture, en passant par un bar lesbien étrange, une maison abandonnée et un immeuble rempli de sectes, Laura Vazquez nous entraîne dans une odyssée parsemée de miroirs homériques. Le monde est décrit de façon réaliste, parfois cynique, mais l'autrice parvient aussi à nous transporter dans une sorte de troisième dimension, un monde onirique, un univers transréaliste nous décrit l'autrice. Invitée : Laura Vazquez, poète et romancière, née en 1986. Elle enseigne l'écriture à Marseille. En 2023, elle reçoit le prix Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son œuvre qui a été traduite dans une dizaine de langues dont le chinois, anglais, espagnol. «Les forces», publié aux éditions du Sous-sol, est son deuxième roman. Et comme chaque semaine, la chronique de Lucie Bouteloup décrypte les expressions de la langue française ! Et si vous ne voulez pas vous «faire appeler Arthur», soyez attentif ! Une chronique en partenariat avec Benjamin Rouxel, des éditions Le Robert, et toujours avec la complicité des enfants de la classe de CM2 de l'École élémentaire Vulpian à Paris ! Programmation musicale : L'artiste Camille Frillex, dite Frix avec le titre Auto psycho.

Dans «Peu Importe», Robin Ormond, adapte la pièce du dramaturge allemand Marius von Mayenburg, dans laquelle les fragilités d'un couple «comme les autres» sont analysées... «Peu importe» : le titre interroge. Qu'est-ce qui est sans importance ? Et d'ailleurs : est-ce vraiment sans importance ? Que se passe-t-il lorsque toute tentative d'affection et d'intimité s'enferme dans un cycle infini de conflits et de ressentiment ? Une femme, Simone, ingénieure dans l'industrie automobile, revient d'une semaine de voyage avec un cadeau pour son mari, Erik, éditeur et traducteur en télétravail. Mais, «voilà», cet évènement banal va révéler les inégalités du couple et mettre le feu aux poudres, dans ce foyer... Mais tout va se retourner. Plusieurs fois. C'est l'histoire de deux personnes qui essaient de se dire à quel point ils s'aiment sans parvenir à le formuler. Ils n'ont pas le temps de leur propre histoire d'amour, nous dit Assane Timbo qui joue le rôle d'Erik. Ce texte fait partie d'un corpus de textes écrits pendant le confinement et dans lesquels le dramaturge Marius von Mayenburg s'emploie à interroger jusqu'à l'absurde tout ce qui semble pouvoir cimenter un couple : l'égalité, l'écoute, le dialogue. En nous donnant cette vision de la famille un peu tordue, Marius von Mayenburg, nous replace aussi face à ce qu'on prétend être une nouvelle norme, précise Robin Ormond, traducteur et metteur en scène de la pièce Peu Importe. Invités : Assane Timbo, comédien, metteur en scène, traducteur. Il joue le rôle d'Erik dans la pièce. Formé au Conservatoire et aux Cours Florent, il a joué sous la direction de nombreux metteurs.ses en scène tels que Anne-Laure Liégeois, Célie Pauthe, Stéphane Braunschweig, Simon Stone, Jean Boillot, François Rancillac, Jean-Michel Ribes, Johanny Bert, mais aussi dans ses propres travaux de mise en scène. Au sein de sa compagnie, La Surface de Réparation, il met en scène un théâtre du corps, à travers Molière, Claudel, Pinter, Dagerman, Akakpo et deux textes originaux. Il a aussi tourné pour le cinéma… Artiste du mouvement et de la parole, il est professeur d'art dramatique aux Cours Florent, et a enseigné à l'ESJ Paris. Il a cotraduit «Générations» de Debbie Tucker Green pour la Maison Antoine Vitez. Robin Ormond, traducteur et metteur en scène de la pièce de Marius von Mayenburg Peu importe. Né en 1993, il a grandi à Strasbourg où il a étudié le jeu auprès de la troupe du Théâtre National de Strasbourg. Il a ensuite étudié à Sciences Po Paris. Parallèlement à ses études, il monte ses premières productions, dont «Tourista» de Marius von Mayenburg au Théâtre de la Manufacture à Nancy - Lorraine (2013). Il est enseignant à Sciences Po Paris et a été metteur en scène-dramaturge à l'académie de la Comédie-Française pour la saison 2022-2023. Au cours de la saison 2024-2025, il a effectué des mises en scène à la Scala Provence et Paris, au Burgtheater de Vienne, au Nationaltheater de Weimaret à la Comédie-Française. À propos du dramaturge : Marius von Mayenburg est un dramaturge et metteur en scène allemand né en 1972 à Berlin. Il est également traducteur et dramaturge pour la Schaubühne. Auteur des pièces Le moche ou Visage de feu des pièces dans lesquelles il s'empare de sujets de société. «Peu importe» à voir à la Scala jusqu'au 4 janvier 2026. Le texte «Peu importe» à retrouver aux éditions de l'Arche. Programmation musicale : Les artistes Malik Djoudi avec Alka Balbir qui reprennent le titre «L'été indien» de Joe Dassin.

Dans son ouvrage «Écrire le français», Gabriella Parussa retrace l'histoire de l'écrit de la langue française, et son évolution. Comment le français est-il devenu une langue écrite ? Le français fut tout d'abord une langue orale, une langue parlée, une langue de la communication, alors que la langue écrite, celle de la culture, de la justice, de l'administration, était le latin. Le français a beaucoup évolué, tant au niveau de la phonétique qu'au niveau de la syntaxe et la morphologie. Les premiers textes (rarissimes) écrits en français remontent à la deuxième partie du IXè siècle. C'est l'alphabet latin qui est utilisé pour «transférer» cette langue de l'oral à l'écrit, mais Il faut faire des ajustements, car l'alphabet latin n'est pas parfait et ne permet pas de restituer tous les sons… Il y a alors vingt-trois lettres dans l'alphabet latin. Le passage à l'écrit s'est fait avec la volonté de conserver la mémoire. Les premiers «livres» s'écrivaient grâce à des copistes ; cela pouvait prendre des mois. L'écriture : comme une «peinture de la voix» En 842, les petits-fils de Charlemagne signent une alliance militaire : les serments de Strasbourg, Nithard écrit alors en ce qu'on appelle «le proto français» : un mélange entre le latin tardif et le français. C'est l'un des premiers textes conservés avec des traces de français écrit. «C'est une étape importante, on écrit dans les deux langues vernaculaires de l'époque». Ils écrivent cette nouvelle langue en «écoutant». «On dira que l'écriture doit être comme une peinture de la voix, doit correspondre à ce que l'on dit, ce qu'on prononce». Le français est alors très mouvant : on ne parle pas et on n'écrit pas de la même manière selon qu'on habite Arras ou Lyon. Mais les choses vont se fixer avec l'invention de l'imprimerie puis des premières grammaires écrites. Les variations vont alors s'estomper peu à peu. Les imprimeurs vont alors jouer un rôle très important dans la standardisation pour que le livre qu'ils diffusent soit lu et compris et plus grand nombre. Les graphies régionales vont alors peu à peu disparaître. À lire : Bernard Cerquiglini, auteur de L'invention de Nithard aux éditions de Minuit. Invitée : Gabriella Parussa, spécialiste de l'histoire de la langue française, est professeure de linguistique et philologie à la Faculté des Lettres – Sorbonne Université. Ses travaux portent sur le code écrit et son histoire des origines à nos jours. Son ouvrage «Écrire le français, toute une histoire» est publié aux éditions Actes Sud. Dans la chronique Ailleurs, nous parlerons du Festival Beyrouth Livres qui aura lieu dans la capitale libanaise, du 22 au 26 octobre 2025. Et c'est Sarra Ghorbal, attachée pour le livre et le débat d'idées et co-commissaire générale du festival Beyrouth livres qui nous parle de l'évènement. Programmation musicale : Le collectif musical Lamomali avec le titre Totem.

De Bruxelles à Abidjan en passant par Yaoundé et Kinshasa : les spectateurs de Barber Shop Chronicles suivent les histoires de quelques habitués des salons de coiffure pour hommes... Qu'est-ce qui se raconte dans les salons de coiffure pour hommes ? En deux heures vingt de spectacle, les metteurs en scène Michael de Cock et Junior Mthombeni adaptent la pièce de l'auteur et poète anglo-nigérian Inua Ellams. Entre documentaire et fiction, la pièce nous plonge dans les questionnements qui traversent les masculinités noires d'aujourd'hui avec une douzaine de comédiens sur scène. Dans ces lieux très particuliers, on cause de tout, des femmes, de la politique, du foot et de sa famille. Quand on arrive là-bas [chez le barbier] tu existes, tu as le droit d'être sans préjugés et automatiquement, le barbier se transforme en thérapeute. On partage tout. Junior Akwety L'adaptation de cette pièce anglophone a commencé, il y a un an et demi. Il y a eu tout d'abord une traduction puis une «transplantation» vers des pays francophones tout en gardant la même trame dramaturgique. On passe donc de Londres, de l'Angola ou du Ghana à Bruxelles, Kinshasa ou Dakar. On voyage dans le quotidien des gens, mais aussi dans les situations politiques des pays concernés... Il y a beaucoup d'amusements, mais il y a aussi beaucoup de choses qui sont dites, des messages qui sont clairs qu'on arrive à passer. Salif Cissé Une pièce qui parle aussi des pères : les pères absents, les pères violents. Un lien qu'on essaye de chercher, de retrouver avec nos cultures, précise Junior Akwety. On parle aussi beaucoup de société politique, mais aussi de l'histoire de la colonisation et de l'esclavage entre deux coupes de cheveux, mais on discute aussi des langues et de... foot ! Invités : Salif Cissé, un des comédiens de la pièce et Junior Akwety, comédien. Ce dernier a également participé à l'adaptation de la pièce. Salif Cissé est un comédien né en 1992. Il grandit à La Courneuve, en banlieue parisienne. Il découvre le théâtre au lycée. Après un baccalauréat, il suit une formation au Conservatoire dont il sort diplômé en 2017, puis au Conservatoire national supérieur d'art dramatique. Il jouera avec ses camarades de promotion dans le film À l'abordage, sorti en 2020. Il enchaîne depuis les rôles au cinéma et au théâtre. Junior Akwety est un chanteur, acteur, musicien de néo-rumba né au Congo. Le spectacle Barber Shop Chronicles est à voir à la MC 93 du 15 au 19 octobre 2025, puis en tournée, en Italie, en Belgique, à Bruxelles et à Lisbonne au Portugal. Programmation musicale : L'artiste Steve Ibrahim avec le titre Sur le mur du salon.

Dans son nouvel essai, la philosophe Barbara Cassin analyse les pratiques langagières de Donald Trump et Vladimir Poutine. Selon la philosophe et académicienne Barbara Cassin, Trump et Poutine accordent une importance capitale au langage ! Comment parlent Donald Trump et Vladimir Poutine ? Le premier parle comme un môme de 14 ans avec très peu de mots, l'autre comme un malfrat, nous dit Barbara Cassin. L'un comme l'autre semble inventer une novlangue. Mais qu'attaquent-ils au-delà des mots ? Comment se déroule cette «guerre des mots» ? «Un livre urgent et nécessaire», selon Barbara Cassin Depuis sa prise de fonction en janvier 2025, le président Donald Trump a banni des sites officiels, documents administratifs, des centaines de mots : woke, activisme, non-binaire, golfe du Mexique, injustice. Donald Trump utilise un pouvoir performatif inversé du langage : il pense qu'en supprimant les mots, il supprime les choses. Quant à Vladimir Poutine, il utilise des mots à la place d'autres mots : Il va utiliser l'expression «opération spéciale en Ukraine» à la place de «guerre». Invitée : Barbara Cassin, philologue, philosophe et académicienne. «La guerre des mots» est publié chez Flammarion. Et comme chaque semaine, la chronique de Lucie Bouteloup décrypte les expressions de la langue française ! Et cette semaine, elle nous dit les choses «de but en blanc !» Une chronique en partenariat avec Benjamin Rouxel, des éditions Le Robert, et toujours avec la complicité des enfants de la classe de CM2 de l'École élémentaire Vulpian à Paris ! Programmation musicale : L'artiste Solann en duo avec Yoa avec le titre Thelma et Louise.

Six ans après Bleue, la chanteuse Keren Ann sort Paris Amour, un album dans lequel elle clame son amour pour la capitale. « Je suis rentrée par la fêlure d'un monde qui m'a eue à l'usure. » Il lui aura fallu six ans pour composer ce nouvel album Paris Amour. Six années pendant lesquelles l'autrice compositrice aura fait un pas de côté et aura travaillé pour le théâtre, composé un opéra, fait des concerts avec le quatuor Debussy. Je suis méticuleuse dans le son, je veux que la fréquence que je recherche dans l'album, soit la bonne. En neuf titres et trente-trois minutes, elle rend hommage à Paris, sa ville d'adoption et chante l'éloge de l'amour, mais parle également du deuil et de la guerre. Issue d'une famille multiculturelle et métissée, Keren Ann est née en 1974 à Césarée en Israël. Elle a vécu en Israël et aux Pays-Bas jusqu'à ses onze ans, puis sa famille s'installe à Paris, où elle apprend le français grâce aux chansons de Gainsbourg, de Françoise Hardy ou de Bourvil. Elle écrit ses premières chansons avec l'aide de dictionnaires de traduction. Son premier album, La Vie de Luka Philipsen, coécrit avec Benjamin Biolay est sorti en 2000. En 2002, sort La disparition. Son troisième album, entièrement écrit en anglais, Not Going Anywhere, sort en 2003. Elle est nommée en 2004 aux Victoires de la Musique dans la catégorie artiste féminine de l'année. Dans ses albums, elle écrit en français ou en anglais, « deux langues qui m'intriguent, qui sont pour moi intéressantes dans l'écriture sans fin. J'aime le fait de comprendre différentes sonorités, différentes langues. Il y a une manière à travers les langues d'entendre les choses ». Elle joue du piano, de la clarinette et de la guitare et écrit des chansons comme des « récits ». À lire aussiKeren Ann : « Paris Amour », un album solaire malgré les échos de la guerre Invitée : La chanteuse Keren Ann pour la sortie de son neuvième album studio Paris Amour. Programmation musicale : Paris Amour. Comme si la mer se divisait. Expérience étrange de l'inégal. Et la chanson Jardin d'hiver qu'elle a écrite et composée avec Benjamin Biolay, pour Henri Salvador.