Chronique des Matières Premières

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Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus. Diffusion : 6h18, 8h52 (sauf Afrique) et 13h24, heure de Paris.   Retrouvez les sujets traités par cette émiss…

Rfi - Claire Fages


    • Oct 26, 2025 LATEST EPISODE
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    Les exportations somaliennes de mouton profitent des restrictions australiennes et des difficultés soudanaises

    Play Episode Listen Later Oct 26, 2025 1:51


    Alors que le gouvernement australien prévoit l'interdiction des exportations par bateau de moutons vivants et que le Soudan s'enfonce dans la guerre, la Somalie profite du vide pour augmenter encore ses exportations de bétail, en direction des pays du Golfe. Les exportations de moutons et, dans une moindre mesure, de chèvres ont toujours été au cœur de l'économie somalienne. Un poids qui ne cesse de se renforcer : d'après le Bureau national des statistiques du gouvernement de la République fédérale de Somalie, les exportations de bétail du pays représentaient un peu plus de 310 millions de dollars en 2018, 520 millions en 2021 et 970 millions de dollars en 2024. Autrement dit, les exportations de bétail ont plus que triplé en six ans, à tel point qu'en valeur, elles représentent aujourd'hui plus du quart des exportations de la Somalie. Une demande venue du Golfe toujours plus forte Une situation qui s'explique en partie par la fragile stabilisation du pays après des décennies de conflit, mais pas seulement. D'abord, la demande venue notamment des pays du Golfe est toujours plus forte. En 2023, à elle seule, l'Arabie saoudite a importé près de 10 millions de moutons vivants. Si on y ajoute le bétail importé par la Jordanie et les autres monarchies du golfe Persique, on arrive à plus de 14 millions de têtes importées chaque année. Ensuite, les moutons somaliens ont moins de concurrents. Même si les exportations de moutons venues du Soudan ne se sont pas effondrées autant qu'on pouvait le craindre malgré deux ans de guerre civile, le pays a perdu des parts de marché. L'état des infrastructures et de la flotte soudanaise joue aussi en sa défaveur. En 2022, un bateau a coulé en mer Rouge, entraînant la perte de plus de 15 000 moutons, une cargaison d'une valeur de 4 millions de dollars. La Nouvelle-Zélande et l'Australie mettent fin au transport d'animaux en mer La concurrence plus lointaine se fait aussi plus rare. Emboîtant le pas à la Nouvelle-Zélande, l'Australie a récemment décidé au nom du bien-être animal de mettre fin au transport maritime d'animaux vivants ​​​​​​​à compter de 2028, entraînant dès aujourd'hui une forte diminution des exportations de moutons. Comme le souligne ​​​​​​​Bloomberg, les exportations de bétail somalien pourraient donc dépasser pour la première fois cette année le milliard de dollars.

    La culture du sésame au Sénégal, une filière en pleine expansion

    Play Episode Listen Later Oct 24, 2025 1:32


    C'est une culture de niche qui ne demande qu'à grandir, assurent les acteurs du secteur. La culture du sésame qui présente des avantages économiques avec une forte demande internationale et des atouts agronomiques, car elle résiste à la sécheresse et ne cesse de grandir au Sénégal. De bonnes perspectives de récolte sont attendues cette année. La saison du sésame s'ouvre sous de bons auspices au Sénégal. La récolte qui vient de commencer dans la région du Sine Saloum et de Kaolack, dans le centre du pays, révèle de bons rendements et ce grâce à une pluviométrie favorable, ni trop d'eau, ni pas assez. Autre élément qui explique ces bons résultats, l'utilisation de variétés avec un rendement plus élevé, explique la fédération nationale des producteurs de sésame. De 250 kg par hectare cultivé, le rendement pourrait passer à 350 kg cette année. Moins d'entrants pour réduire les coûts Enfin, l'utilisation de moins d'intrants et de l'engrais exclusivement biologique donne de bons résultats, selon les professionnels du secteur, tout en réduisant les coûts. Jusqu'à 20 000 tonnes de sésame pourraient ainsi être récoltées cette année. Des quantités qui n'ont cessé d'augmenter ces dix dernières années, même si elles restent petites. Le Sénégal se place au rang de 28ème pays exportateur de sésame seulement, loin derrière le Soudan et le Nigeria ou encore le Mali et le Burkina. Une plante oléagineuse encore peu connue des agriculteurs sénégalais Et c'est l'un des enjeux de ce secteur : convaincre les agriculteurs de l'intérêt de planter du sésame. Une plante encore peu connue au Sénégal (introduite il y a 40 ans) face à l'arachide toute-puissante et qui a pourtant une rentabilité économique plus grande avec des coûts de production faible. La saison a démarré avec un prix de vente de 400 francs CFA par kilo (soit 0,61 euros), il y a une semaine, sachant que la demande à l'export – principalement vers la Chine – est bonne pour le moment. Principal frein à la création d'une filière, l'absence de transformation. Seules deux unités artisanales transforment le sésame en huile dans le sud du pays en Casamance, là où il y aurait la place pour une véritable politique industrielle de transformation de la plante, estiment les professionnels du secteur. À lire aussiLes prix du sésame s'envolent pour les provenances africaines

    La RDC impose des quotas sur les exportations de cobalt: quels impacts sur le marché?

    Play Episode Listen Later Oct 22, 2025 1:51


    Il y a tout juste une semaine, le 16 octobre, la République démocratique du Congo levait l'interdiction d'exporter du cobalt issu de ses mines. Une interdiction désormais remplacée par un système de quotas, lequel a d'ores et déjà un effet sur les marchés.  Tout a commencé en février 2025, lorsque Kinshasa a suspendu les exportations de cobalt. Pour le marché mondial, c'était un coup de tonnerre, car la RDC représente les trois quarts de la production mondiale de ce métal, utilisé dans l'aéronautique, mais surtout dans les batteries.  Cette interdiction a été levée il y a une semaine, le 16 octobre, mais remplacée par un système de quotas. Un peu plus de 18 000 tonnes exportées cette année, 96 000 par an pour 2026 et 2027 ; c'est moitié moins qu'en 2024.  « On est à la limite du tolérable » Avec cette mesure, Kinshasa entendait, entre autres, faire remonter les prix. Pour le moment, c'est chose faite : en début d'année, le cobalt était tombé à 21 000 dollars la tonne, au plus bas depuis dix ans. Le prix a depuis doublé à près de 44 000 dollars la tonne. Et cela pourrait aller plus loin. « Je m'attends à ce que les prix atteignent un pic à la fin de l'année, ou au début de l'année prochaine », estime Thomas Matthews, analyste chez CRU. Pour lui, cette politique des quotas va « soutenir les prix au moins jusqu'en 2027 ». Ces quotas sont donc en train de réorganiser le marché. Mais pas forcément à l'avantage de Kinshasa. « On est à la limite du tolérable », a déclaré il y a quelques jours le directeur commercial de CMOC, géant chinois de l'extraction minière, qui prévient : les entreprises risquent d'être forcées de trouver des alternatives au cobalt si les prix ne retombent pas.  Risque de contrebande La Chine, premier client du cobalt congolais, émet donc un avertissement. Mais un avertissement à relativiser pour Raphaël Danino-Perraud, chercheur associé à l'IFRI : « Il y a quatre ans, les prix étaient plus hauts, et ils ne disaient pas que c'était inacceptable. » Cela fait plusieurs années que ce métal est peu à peu remplacé dans les batteries. Pour Thomas Matthews, il est « probable » que les mesures prises par la RDC ne parviennent pas à ralentir ce phénomène.  Autre risque : celui de la contrebande. Des prix élevés et une politique stricte de quotas pourraient favoriser le commerce informel. « ​​​​​​​Ça n'est pas impossible », estime Raphaël Danino-Perraud. Alors, comment l'éviter ? Pour lui, favoriser la transformation locale « ​​​​​​​encouragera la formalisation de l'activité informelle ». Côté congolais, l'Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales et stratégiques du pays (ARECOMS) a mis en garde. Elle se réserve le droit d'exclure du système de quotas « ​​​​​​​toute entreprise ne respectant pas les lois et règlements en vigueur ».  À lire aussiRDC: les exportations de cobalt reprennent après cinq mois d'interruption

    Le paradoxe du lait en Afrique: un continent dépendant malgré son cheptel

    Play Episode Listen Later Oct 21, 2025 1:53


    C'est un produit essentiel et qui dit beaucoup des difficultés auxquelles font face les éleveurs africains : le lait. Il y a quelques jours, la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde (Farm), l'Organisation panafricaine des agriculteurs (Pafo) et une association d'agriculteurs français (Agriculteurs français et développement international) ont publié pour la première fois un baromètre de la filière sur le continent. C'est un paradoxe qui tient en trois chiffres. L'Afrique représente 1,5 milliard de consommateurs, 20% du cheptel bovin, et seulement 5% de la production mondiale de lait. Dans leur rapport, la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde (Farm), l'Organisation panafricaine des agriculteurs (Pafo) et l'Afdi (Agriculteurs français et développement international) estiment que « malgré une demande croissante, la production locale de lait peine à suivre ». Pourtant, il est difficile de parler d'un marché africain, puisqu'il y a de fortes disparités sur le continent. L'Afrique de l'Est fait office de locomotive, avec plus de la moitié de la production, quand l'Afrique du Nord, elle, en représente le tiers. L'Afrique centrale, elle, est loin derrière, avec seulement 2%.  L'autosuffisance est encore loin Autre paradoxe, le déficit commercial atteint des sommets. En 2023, l'Afrique a importé pour plus de 7 milliards de dollars de lait, contre un peu plus d'un milliard de dollars d'exportations. Ainsi, les pays du continent comptent sur un certain nombre de pays pour leur consommation, au premier rang desquels la Nouvelle-Zélande, suivie des Pays-Bas et de la France.  Si les pays africains importent autant, c'est qu'ils sont loin de l'autosuffisance. La RDC par exemple ne produit que 2% du lait qu'elle consomme. Mais là aussi, difficile de faire des généralités, puisque certains pays sont autosuffisants. C'est le cas par exemple de l'Éthiopie, du Burundi, du Kenya. Certains vont même plus loin, comme l'Ouganda, qui est le seul pays africain à produire plus de lait qu'il ne consomme.  À lire aussiLe Sénégal importe plus d'un millier de bovins pour aller vers une autosuffisance laitière Impact du réchauffement climatique Comment expliquer cette dépendance aux importations et les difficultés de production ? Pour Matthieu Brun, directeur scientifique de la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde (Farm), « ce qui fait vraiment défaut aujourd'hui, c'est le taux de lait qui est collecté ». D'après lui, pour améliorer la collecte, il faut plus d'investissements publics et privés en matière de logistique : organisation de producteurs, outils de stockage, chaîne du froid...  Autre défi auquel la filière fait face : le réchauffement climatique, qui frappe les éleveurs de plein fouet. Entre 2020 et 2023, la sécheresse au Kenya a entraîné la mort de 2,6 millions d'animaux d'élevages. Pour Matthieu Brun, le changement du climat a des conséquences directes, d'abord sur les vaches elles-mêmes, « qui produisent beaucoup moins passé une certaine température ». Face à la dégradation des pâturages et de l'accès à l'eau et à l'alimentation, les éleveurs et les éleveuses « sont souvent obligés de vendre leur bétail » pour s'adapter.  À lire aussiLe lait africain à l'épreuve de la chaîne du froid, pour augmenter la production

    Le charbon russe connaît sa pire crise depuis trente ans

    Play Episode Listen Later Oct 20, 2025 1:33


    Le secteur pèse de manière marginale dans l'économie russe : moins de 1% du PIB. Mais des régions entières dépendent de son exploitation. Et la crise souffle très fort. De notre correspondante à Moscou, La presse officielle russe l'admet : le secteur du charbon russe traverse une grave épreuve. Certains analystes parlent même de la pire crise depuis 30 ans. Cela charrie pour le pays les souvenirs d'un passé qui ne passe pas : celui des chaotiques années 90, cette transition brutale à l'économie de marché, où des travailleurs du charbon venaient à Moscou crier leur colère en tapant leur casque de mineurs sur le pavé. Une descente aux enfers en deux ans Dans un pays chaque jour plus verrouillé comme la Russie, pas de protestations sociales. Seulement des indicateurs économiques qui traduisent froidement un tableau très sombre. À commencer par celui-ci : selon l'Agence nationale russe des statistiques, au cours des sept premiers mois de l'année, le secteur a enregistré des pertes de 225 milliards de roubles, soit 2,4 milliards d'euros. C'est le double de celles de 2024, année où il figurait déjà parmi les secteurs les moins performants du pays. Le signe d'un retournement radical de situation et d'une descente aux enfers rapide, car en 2023 le secteur dégageait encore des bénéfices, à hauteur de 375 milliards de roubles, près de 4 milliards d'euros. Cela pour une industrie qui emploie directement plus de 140 000 personnes en Russie, et demeure le poumon essentiel dans certaines régions. Des régions qui s'annoncent sinistrées. Des ventes à faibles marges, voire à perte En septembre, selon un dernier bilan du ministère de l'Énergie, 23 entreprises charbonnières russes, soit environ 13% du total national, avaient fermé leurs portes ; 53 autres risquent de suivre. Selon les analystes, ce sont les petites et moyennes structures qui sont les plus menacées. À l'origine, les prix du charbon thermique, utilisés dans les centrales, qui ont atteint cette année des prix historiquement bas, 93 dollars la tonne, soit 78% de moins que lors du pic de 2022. En cause : les niveaux records de production en Chine. À cela, il faut ajouter des contraintes russes liées aux sanctions occidentales : pour vendre, il faut désormais offrir des rabais. On estime aujourd'hui que la Russie vend son charbon avec de très faibles marges, voire parfois à perte. Le commerce souffre aussi de goulots d'étranglement logistiques. Les perspectives ne sont pas meilleures : pour les analystes, la tendance des cours mondiaux du charbon est baissière jusqu'en 2027.

    Le Kenya suspend les exportations d'avocats

    Play Episode Listen Later Oct 19, 2025 1:42


    Au Kenya, les exportations d'avocats suspendues à partir d'aujourd'hui. L'AFA, l'Autorité pour l'agriculture et la nourriture, a pris cette décision il y a dix jours. L'objectif : protéger la qualité de l'avocat kényan sur le marché mondial, en évitant la commercialisation de fruits immatures. La décision de l'Autorité pour l'agriculture et la nourriture fait suite à une étude menée sur l'ensemble du pays. « Les volumes de fruits mûrs sont insuffisants pour justifier le transport maritime », explique dans un communiqué le Dr Bruno Linyiru, directeur général de l'AFA. À partir d'aujourd'hui, il est donc interdit d'exporter par bateau des avocats kényans. Cette mesure concerne également les producteurs d'huile. Certaines espèces, comme les avocats Hass, Pinkerton, Jumbo ou encore Fuerte, disposent d'une dérogation très limitée qui en autorise le transport par voie aérienne. L'AFA espère ainsi empêcher des récoltes précoces qui ont deux conséquences négatives : d'abord elles perturbent les cycles de culture, ensuite elles dégradent la valeur de l'avocat kényan sur le marché mondial, qui a parfois la réputation d'être un fruit immature, et de mauvaise qualité. À écouter aussiL'avocat kényan en mauvaise posture face à la vague péruvienne Contestation des producteurs Cette mesure est très contestée par les producteurs d'avocats, qui sont souvent de petits fermiers. Dans le comté de Nyandarua, dans la vallée du Rift, un collectif de producteurs a fait appel de la décision de l'AFA. « Les avocats n'arrivent pas tous à maturité au même moment de l'année, dans toutes les régions productrices, explique Samuel Githaka, directeur de l'Agriculture pour le comté. Les nôtres sont déjà mûrs et ne peuvent plus être exportés. Nous allons perdre beaucoup d'argent », déplore-t-il. Les producteurs de Nyandarua demandent à l'AFA de mettre en place un système de régulation par zones de production. « Sur le principe, la suspension des exportations est cohérente, ajoute un professionnel du secteur de l'huile. Mais on ne peut pas réguler un commerce global avec seulement dix jours de délai. Certains engagements ont déjà été pris, et des contrats ne pourront pas être honorés », poursuit-il en rappelant que certains de ces contrats ont bénéficié d'avances sur marchandises.  Le Kenya est aujourd'hui un acteur majeur du secteur de l'avocat dans le monde. Sixième producteur mondial du fruit, il est devenu le deuxième fournisseur d'huile après le Mexique.

    La flambée des cours du tungstène pèse sur l'industrie du forage

    Play Episode Listen Later Oct 16, 2025 2:09


    Les contrôles chinois sur les exportations de tungstène depuis février ont fait grimper les prix. Or ce métal est utilisé pour sa dureté, sa résistance à l'abrasion qui sont des qualités précieuses pour l'industrie. Parmi les secteurs touchés par cette flambée des prix, il y a celui du pétrole aux États-Unis, et plus précisément les entreprises de forage pétrolier, celles qui mettent en œuvre indirectement la doctrine de Donald Trump « Drill baby drill ». Les exportations de Chine ne sont pas interdites, mais elles se font au ralenti. Résultat, le prix du tungstène a presque doublé entre le 4 février, date des restrictions imposées par Pékin et aujourd'hui. Cette hausse se répercute directement sur le coût de production des outils de forage de haute qualité, et notamment ceux en carbure de tungstène. Selon la taille des forêts utilisées, il faut compter entre 3 000 et 25 000 dollars de plus, selon l'agence Reuters. Les entreprises qui produisent ces outils ont de quoi s'inquiéter pour leur clientèle. Certaines comme R.S.Rock Drilling Tools, se sont d'ailleurs lancées dans des opérations de communication pour convaincre que la qualité, même plus chère, restait un bon investissement. Cette hausse réduit un peu plus les marges d'un secteur soumis aussi à l'augmentation des prix de l'acier et pourrait compliquer un peu plus les ambitions pétrolières de la Maison Blanche. L'industrie mondiale du forage n'est pas la seule à être affectée : les produits semi-finis de tungstène alimentent tous les procédés industriels, précise l'Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi). La demande en tungstène pour les secteurs de l'énergie et de la défense va être exponentielle d'ici à 7 ans (75% et plus) selon l'organisme qui précise que l'augmentation concerne aussi le secteur de la construction, des produits de grande consommation et le secteur médical. Quelle alternative pour les États-Unis ? Les États-Unis n'ont pas vraiment d'alternative pour s'approvisionner, car la Chine contrôle près de 80% de la production minière de tungstène et plus de 80 % des opérations de raffinage. En 2024, plus d'un quart de l'approvisionnement américain provenait de Chine, selon les services géologiques américains (USGS). Troisième importateur mondial de tungstène, les États-Unis ne produisent pas de minerai de tungstène sur leur sol. Ils misent sur le recyclage, et la transformation locale, comme l'illustre la subvention accordée à une société texane, Melt Technologies, pour soutenir l'installation pilote de production de matériaux en carbure de tungstène.  Suite au renforcement des liens commerciaux entre Washington et Kigali, les États-Unis viennent aussi de recevoir ce mois d'octobre leur première cargaison de concentré de tungstène rwandais issu de la mine de Nyakabingo exploitée par Trinity Metals. Le Rwanda produit moins de 2% du tungstène mondial, mais dans la crise actuelle, chaque tonne commercialisée, hors du circuit chinois, devient précieuse. L'Europe mieux lotie ? À la différence des États-Unis, l'Europe produit du minerai en Autriche, au Portugal et en Espagne, mais elle ne maîtrise pas suffisamment les étapes de raffinage et de traitement, ce qui l'oblige à importer 80% du tungstène raffiné dont elle a besoin.  Les restrictions à l'exportation imposées par la Chine ont eu un impact sur les importations nettes européennes : elles ont baissé de 60% sur les oxydes sur le premier semestre 2025 par rapport à 2024, de 45% sur les carbures de tungstène et de 20% sur le ferrotungstène, selon des données d'Eurostat.  Tout l'enjeu pour l'Europe est de recycler plus. Sa marge de progrès est encore grande, relève l'Ofremi, à condition qu'elle arrive à freiner l'appétit de la Chine qui a intensifié ses importations de concentrés et de déchets métalliques pour faire tourner son industrie manufacturière et pour capter des parts de marché de la fabrication des produits semi-finis. 70% des produits en fin de vie ne sont pas recyclés – par exemple, les pièces d'usure et de coupe intégrés aux outils industriels –, « pourtant le tungstène se recycle très bien et l'Europe détient des capacités performantes » relève l'Ofremi.

    Les cours mondiaux du cacao atteignent un plus bas depuis vingt mois

    Play Episode Listen Later Oct 15, 2025 1:46


    La folle ascension des cours du cacao est-elle terminée ? La baisse, constatée cette année, s'est accélérée depuis la mi-août. Les cours ont atteint ces derniers jours leur plus bas depuis février 2024, soit depuis vingt mois. Le cacao new-yorkais se négociait en début de semaine à moins de 6 000 dollars la tonne contre un pic en décembre 2024 à 12 000 dollars la tonne. La baisse des prix s'explique par les nouvelles rassurantes venues d'Afrique de l'Ouest. Les pluies du mois dernier ont été bonnes, et le risque que la nouvelle récolte soit mauvaise s'éloigne. Les cours s'expliquent aussi par un recul de la demande. Les prix records, qualifiés d'intenables à long terme par certains analystes, ont fini par devenir un frein pour les industriels qui ont imaginé d'autres recettes, et pour les consommateurs qui ont appris à manger moins de chocolat.  Les fonds spéculatifs participent également à alimenter cette tendance : sentant la baisse se profiler, ils ont liquidé leur position, c'est-à-dire revendu leurs contrats, ce qui donne l'impression que l'offre est plus abondante sur le marché, même si c'est artificiel.  Fin de la hausse des prix ? La baisse des cours qui dure depuis plusieurs mois acte un renversement de tendance, au moins à court terme. Elle ne se traduira, en effet, pas immédiatement sur les prix, il y a toujours dans le secteur du cacao un décalage d'au moins six mois, voire plus, ce qui veut dire que la consommation pourrait encore rester tiède. L'hypothèse d'une nouvelle année excédentaire n'est pas exclue : la production mondiale pourrait dépasser la consommation d'environ 186 000 tonnes au cours de la saison 2025-26, soit plus du double de l'excédent de l'année précédente, selon une enquête de l'agence Bloomberg réalisée auprès de plus d'une dizaine de traders et d'analystes en septembre. Ce décalage entre l'offre et la demande, s'il se confirme, ne devrait pas pour autant faire baisser les prix jusqu'aux niveaux d'avant 2023, époque où le cacao s'échangeait entre 2  000 et 3 000 dollars la tonne, relève le Financial Times. Structurellement, la production d'Afrique de l'Ouest reste sous pression, en raison du vieillissement des plantations, de la prévalence de la maladie du swollen shoot et du changement climatique. Baisse structurelle de la production Le relèvement des prix payés aux planteurs en Côte d'Ivoire et au Ghana, pour la campagne cacaoyère 2025-26, ne semble pas en mesure d'enrayer la baisse structurelle de la production. Si selon Rabobank, ces prix encourageront les agriculteurs à livrer plus de fèves aux transformateurs, pour François Ruf, économiste de la filière, cela ne permettra probablement que de ralentir la baisse de la production, pas à inverser la tendance.  C'est en particulier vrai au Ghana où la concurrence de l'orpaillage a déjà fait perdre du terrain à la filière. Le pays pourrait d'ailleurs perdre à court terme sa place de deuxième producteur mondial, au profit de l'Équateur. À lire aussiHausse des prix du cacao en Côte d'Ivoire: «Ces prix jamais-vus ne tiennent pas compte de l'inflation»

    Le diamant naturel peine à faire sa promotion face au synthétique

    Play Episode Listen Later Oct 14, 2025 1:33


    L'inondation du marché du diamant par les pierres synthétiques est une source de préoccupation pour la filière. À tel point qu'en juin dernier, l'industrie du diamant naturel s'est engagée à alimenter un fonds pour une vaste opération marketing. Quatre mois plus tard, les promesses de financement n'ont pas été suivies d'actes. Les signataires se sont engagés à verser 1% de leurs revenus d'exportation de pierres brutes à un fonds collectif. Cette structure, le National Diamond Council, existe depuis longtemps, mais a vu ses moyens chuter avec l'arrêt des financements russes d'Alrosa. L'objectif est de le doter à nouveau de 100 millions de dollars pour mener une vaste campagne de promotion mondiale du diamant naturel.  Quatre mois plus tard, les montants promis n'ont pas été débloqués, selon le Centre pour le diamant d'Anvers (AWDC) qui a bataillé pour réunir tous ces acteurs à la même table, et qui demande aujourd'hui à chacun de respecter son engagement, dans une lettre ouverte. « Chaque retard affaiblit la crédibilité de l'engagement que nous avions pris ensemble », écrivent les responsables de l'AWDC. La bataille du marketing Du point de vue des diamantaires, il y a urgence à agir, car les pierres de laboratoire ont provoqué une crise dans le secteur ces dernières années, crise qui s'est traduite par une baisse des ventes et une chute des prix.  Pour livrer la bataille, le terrain de la communication est incontournable. « Pendant que nous hésitons, les diamants synthétiques inondent le marché de milliards de dollars de publicité et les influenceurs redéfinissent le discours d'une manière qui sape tout ce que notre secteur représente », relève l'AWDC. Le marketing est d'autant plus important à l'approche de Noël et ensuite du Nouvel An chinois, des périodes cruciales pour la vente de diamants. L'Angola intéressé par De Beers Parmi les contributeurs signataires au mois de juin et rappelés à l'ordre figure l'Angola, où l'industrie s'est réunie en juin. Le pays offre aujourd'hui le plus gros potentiel minier du continent et est devenu, depuis l'année dernière, le premier producteur africain en valeur. Une stature qui s'accompagne d'une ambition : Luanda assure avoir les financements pour acquérir une part du géant De Beers, dont la maison mère Anglo American veut se séparer. Proposition presque concomitante avec celle du Botswana, déjà actionnaire à 15% du groupe et qui souhaite devenir majoritaire.  « Des offres, qui, à ce stade, illustrent une volonté panafricaine croissante de gérer les ressources du continent, et qui, si elles se concrétisent, pourraient avoir un impact important sur le marché du diamant », commente un industriel du secteur.   À lire aussiLe secteur du diamant s'unit pour redorer l'image des pierres naturelles

    L'Équateur, premier exportateur mondial de bananes touché par la maladie TR4

    Play Episode Listen Later Oct 12, 2025 2:02


    Mauvaise nouvelle chez le premier exportateur mondial de bananes, l'Équateur. La maladie baptisée TR4 a officiellement été détectée. Ce qui veut dire que le champignon qui en est responsable est probablement entré dans le pays il y a déjà plusieurs mois. Cette alerte sanitaire est prise très au sérieux, dans un secteur qui n'a pas été épargné par les dernières crises géopolitiques, logistiques et climatiques, et conforte ceux qui plaident pour plus de diversité variétale. (Rediffusion du 25 septembre 2025)  Les bananeraies ne seront pas décimées dans les mois qui viennent, mais l'arrivée de la TR4 – fusariose race 4 tropicale – est une nouvelle considérée comme grave, car il n'y a pas de traitement possible. La seule solution, c'est la protection, via un contrôle très strict des surfaces qui sont touchées, pour que la maladie ne se propage pas ailleurs. Concrètement, explique Denis Loeillet, économiste de la filière au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, « ça passe par l'installation de clôture autour des zones atteintes, la désinfection de tout ce qui entre et sort des plantations, que ce soit les pelles, les chaussures ou encore les roues des véhicules agricoles. » Au Pérou, où la maladie est apparue en 2021, les mesures n'ont pas été suffisantes et des zones entières de culture ont été abandonnées, ce qui a entrainé des baisses de production et une contagion aujourd'hui à l'Équateur. Ailleurs, en Colombie ou encore aux Philippines, on a appris à faire avec, preuve qu'il y a des moyens d'agir pour éviter le pire. Pas d'impact à court terme sur l'approvisionnement L'Équateur met chaque année entre 6 et 7 millions de tonnes de fruits jaunes sur le marché, soit l'équivalent de ce que consomment les 27 pays européens et le Royaume-Uni en un an ! Une maladie chez un géant qui nourrit le monde, inquiète forcément, mais l'avenir dépendra de la vitesse de propagation de l'épidémie. A priori, à court terme, l'effet ne devrait pas être significatif sur les volumes, l'approvisionnement mondial sera largement assuré, mais un effet sur les prix n'est pas à exclure : « Les mesures de biosécurité à mettre en place d'urgence vont augmenter les coûts de production », explique l'expert du Cirad. La grande distribution pourra alors difficilement ignorer la situation lors des négociations à venir et sera probablement contrainte d'acheter plus cher la banane, et peut-être de la revendre à un prix plus élevé aussi. Les limites du tout-Cavendish Avant l'Équateur, 25 pays producteurs ont déjà été touchés par cette maladie, mais le fait que la TR4 arrive en Équateur est perçu comme un marqueur important dans la filière, qui fera probablement bouger les lignes. C'est le signe qu'il est peut-être temps de diversifier les variétés ou de travailler sur la résistance de la banane Cavendish, qui domine le marché depuis les années 1960, mais qui montre aujourd'hui, en Équateur, un peu plus sa vulnérabilité. C'est précisément la mission que s'est donnée, en France, le Cirad, via l'initiative Bana+, un projet de 7,5 millions d'euros qui vise à proposer des variétés résistantes contre la cercosporiose noire et la TR4, deux des principales maladies fongiques qui attaquent le bananier.

    Coup d'accélérateur sur la production de cuivre en Zambie

    Play Episode Listen Later Oct 9, 2025 1:50


    La production de cuivre en plein essor en Afrique. Si la République démocratique du Congo est le premier producteur du continent, la Zambie, le numéro 2, devrait connaître une production record cette année. Le pays n'occupe aujourd'hui que la 9e place au niveau mondial, mais c'est un des rares où la production est en hausse. La production zambienne est plus que prometteuse et cela s'illustre par la présence des grands noms du secteur minier tels que Barrick Mining et First Quantum Minerals pour la partie production. D'autres opérateurs ont lancé des activités de prospection, parmi eux Ivanohe, Anglo American ou encore Rio Tinto. Selon les calculs de l'agence Bloomberg, les miniers présents dans le secteur ont au total investi 10 milliards de dollars pour accroître la production qui était l'année dernière d'un peu plus de 820 000 tonnes. L'ambition du président zambien est d'atteindre 3 millions de tonnes, au début de la prochaine décennie, mais pour y arriver, il faudra des investissements encore plus conséquents. À écouter aussiAnglo American et Teck Ressources, un mariage taillé pour le marché du cuivre Une manne pour l'économie nationale ? La hausse des cours, de plus de 20% cette année, est une bonne nouvelle pour tous ceux qui ont investi dans la production sur le continent. Barrick Mining a prévu de récupérer ses derniers investissements en moins de deux ans si les niveaux actuels du marché se maintiennent, selon Bloomberg.  Pour la Zambie, qui sort d'une longue période de renégociation de sa dette, c'est la perspective de nouvelles recettes pour soutenir le redressement économique du pays. Il y a moins d'un an, selon une note du cabinet Global Sovereign Advisory, le gouvernement zambien a conclu un accord avec le groupe de négoce suisse Mercuria pour que son cuivre soit mieux valorisé sur les marchés internationaux. À lire aussiLa Zambie souhaite augmenter ses revenus issus de ses mines de cuivre Mines historiques en déclin L'augmentation de la production de cuivre en Zambie ne permettra cependant pas de compenser le ralentissement des mines historiques, notamment celles du Chili, numéro un mondial dans le secteur. Les volumes extraits ne sont pas comparables, la Zambie a produit moins de 4% du cuivre mondial l'année dernière, mais sa production peut donner une bouffée d'air au marché.  Selon l'Agence internationale de l'énergie, d'ici 2050, 60 à 90% des ressources qui sont identifiées aujourd'hui pourraient être épuisées d'ici 2050. En parallèle, les besoins vont bondir, car le cuivre est indispensable à la transition énergétique. Hausse des prix inévitable Dans un secteur où les découvertes minières sont rares, la montée en puissance d'un acteur comme la Zambie participera à modérer la hausse des prix, inévitable à moyen terme. À court terme, les prévisions ne plaident pas pour une flambée durable des cours, précise GSA. La hausse progressive des prix de ces derniers mois est essentiellement liée à la multiplication des perturbations et des imprévus de production chez les leaders du secteur – inondation d'une mine en RDC, effondrement minier meurtrier au Chili, et révision de la production de Teck Resources –, hausse contrebalancée par une demande atone en Chine, et le développement du recyclage selon la note du cabinet d'analyse. 

    La Chine peut-elle se priver encore longtemps de soja américain?

    Play Episode Listen Later Oct 8, 2025 1:42


    L'annonce du plan de sauvetage de la Maison Blanche, dédié aux agriculteurs, tarde à venir en raison du blocage budgétaire qui paralyse une partie de l'État fédéral. Ce plan d'urgence est très attendu par les producteurs de soja, qui souffrent depuis des mois de la chute des importations chinoises. La Chine s'est donné les moyens de se passer de son fournisseur américain. Mais jusqu'à quand ? Difficile de savoir quelle est la marge de manœuvre de la Chine, car plusieurs paramètres entrent en ligne de compte. Ces derniers mois, la Chine a acheté essentiellement du soja du Brésil et d'Argentine pour nourrir ses porcs et ses volailles, mais ces deux pays exportent le gros de leurs volumes d'avril à août. Quand leurs exportations vont se raréfier, les importateurs chinois devront soit acheter ailleurs, c'est-à-dire à cette période de l'année aux États-Unis, soit puiser dans les réserves que Pékin et les industriels ont constituées, en achetant notamment du soja brésilien. L'Empire du Milieu a une tradition de stockage, et a anticipé la crise, personne n'a de doute là-dessus, mais le niveau exact des réserves chinoises est une donnée à laquelle il est quasiment impossible d'avoir accès. Levier politique Au bout du compte, c'est peut-être la politique qui décidera d'une reprise, plus qu'un réel besoin d'approvisionnement. Le soja est clairement un levier pour la Chine, « une arme géopolitique » selon Olivier Antoine, auteur du livre Géopolitique du soja, publié ce mois-ci aux éditions Armand Colin. La Chine a utilisé cette arme lors de la première guerre commerciale en 2018/2019 et la réutilise aujourd'hui, en étant dans une position encore plus forte, car entre-temps, le géant asiatique a continué à diversifier ses fournisseurs. « Ces dernières années la Chine a compris comment transformer sa faiblesse en force » explique Olivier Antoine, sa faiblesse étant son besoin d'acheter plus de la moitié du soja exporté dans le monde, sa force étant d'avoir diversifié ses fournisseurs - Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay pour moins dépendre des États-Unis. La Chine est allée plus loin, pour sécuriser son approvisionnement, explique l'auteur, elle a investi dans toute la chaîne de valeur du soja, en Amérique latine, aussi bien dans la logistique, que dans des entreprises semencières.  La Chine achètera-t-elle encore du soja américain demain ? La Chine n'a pas montré qu'elle voulait, dans l'immédiat, se passer totalement du soja américain. Mais à moyen terme ou à long terme, il n'est pas exclu que Pékin cherche à ne plus s'approvisionner du tout aux États-Unis. Les signaux qui confirment la volonté du pays de renforcer sa sécurité alimentaire, et d'être plus résilient se multiplient. La conséquence de cette politique, c'est que les États-Unis ont perdu un moyen de pression. « Les Chinois ont compris que les producteurs de soja étaient un maillon central du système agro-alimentaire américain et qu'ils représentaient aussi un bastion républicain » explique Olivier Antoine.  Les producteurs de soja constituent un bloc électoral clé, pour Donald Trump. Un électorat qui a déjà souffert lors de son premier mandat : les producteurs de soja ont perdu 20% de part de marché en Chine, pendant la première guerre commerciale, mais sont restés fidèles. Cette loyauté des communautés agricoles envers Donald Trump fait partie des enjeux de la période actuelle, selon le Financial Times.    À lire aussiLe soja américain dans l'attente du plan de sauvetage de la Maison Blanche

    Barry Callebaut, le géant de la transformation cacaoyère, va-t-il se retirer de la Bourse?

    Play Episode Listen Later Oct 7, 2025 1:57


    C'est le premier grossiste d'ingrédients de chocolat au monde. Avec ses 60 usines, Barry Callebaut, basé à Zurich, en Suisse, fournit les grandes marques, de Mars à Nestlé, mais aussi les chocolatiers gourmets et les restaurateurs en poudre et en beurre de cacao, en blocs et en liquide de chocolat. Mais ce géant continue d'être fragilisé par la raréfaction de sa matière première, le cacao. L'industriel du chocolat vient de voir ses perspectives en Bourse dégradées en fin de semaine dernière. La banque allemande Berenberg ne recommande plus d'« acheter » le titre Barry Callebaut mais juste de le « conserver ». L'action, qui ne valait guère plus de 700 francs suisses en avril dernier, est certes remontée à plus de 1000 francs depuis, mais elle devrait plafonner désormais, alors qu'elle valait trois fois plus, il y a quatre ans. Série de revers Le groupe zurichois a traversé de grosses turbulences. Une épidémie de salmonelle en 2022 dans sa plus grande usine, en Belgique. Les ateliers de produits chocolatés sont fermés pendant des mois, les clients rationnés. Malgré d'énormes investissements dans la sécurité sanitaire, la réputation du géant du chocolat en prend un coup. L'année suivante, c'est le départ brutal du PDG, Peter Boone. Un autre Peter, Feld, imposé par la holding de la famille Jakobs, l'actionnaire majoritaire, supprime alors des emplois et des lignes de production, ce qui fragilise encore les relations commerciales. Dette multipliée par quatre C'est alors que démarre la folle envolée des cours du cacao, multipliés par quatre l'an dernier, après l'annonce de faibles récoltes en Côte d'Ivoire et au Ghana. Ce qui quadruple aussi la dette de Barry Callebaut. Le grossiste est pris en étau : il doit emprunter pour continuer d'acheter de plus en plus cher les fèves qui font tourner ses usines. Mais il ne peut plus passer comme d'habitude la hausse à ses clients. Certains annulent même des commandes ou récupèrent la transformation en interne. Demande de chocolat en berne Aujourd'hui, même si les cours du cacao ont rebaissé, ils restent deux fois supérieurs à la moyenne des dix dernières années, ce qui fait désormais stagner, voire baisser la demande de chocolat – les grandes marques modifient leurs recettes pour intégrer, par exemple, plus de lécithine de soja. Dans ce contexte, difficile pour Barry Callebaut de réaliser ses objectifs de croissance. Sa valorisation boursière n'est plus que de 7,5 milliards de dollars, contre 13 milliards il y a trois ans. Ce qui alimente les rumeurs selon lesquelles, rapporte Bloomberg, le grossiste suisse du chocolat pourrait se retirer de la place financière de Zurich. À lire aussiSur les pistes du trafic de cacao

    Le soja américain dans l'attente du plan de sauvetage de la Maison Blanche

    Play Episode Listen Later Oct 6, 2025 1:53


    Les agriculteurs américains sont dans l'attente d'un plan de soutien ce mardi. Le ministre des Finances, Scott Bessent, leur a promis une aide conséquente, en particulier pour les producteurs de soja, très mal en point. Les exportations de soja américain se sont effondrées depuis que la Chine a décidé de réduire drastiquement ses achats aux États-Unis.  Les 20% de droits de douane imposés par la Chine en représailles aux taxes américaines ont été plus que dissuasives. Le soja américain n'est plus compétitif par rapport aux origines d'Amérique latine avec cette taxe. Entre janvier et juillet, les exportations américaines de soja vers la Chine ont chuté de 39% en volume et de plus de 51% en valeur. Entre janvier et août, la Chine a acheté 66 millions de tonnes au Brésil, soit les trois quarts des exportations totales du géant d'Amérique latine. La Chine a même acheté deux millions de tonnes de soja en Argentine, en profitant des trois jours pendant lesquels le gouvernement a levé sa taxe à l'exportation de 33%, c'est dire si les importateurs chinois sont sensibles au prix et à quel point ils saisissent toutes les occasions pour ne pas acheter aux États-Unis.  Coup dévastateur pour les agriculteurs Plus le temps passe, plus les conséquences sont dévastatrices pour les farmers américains, car la Chine est le premier acheteur de soja au monde, et de très loin. En 2024, les États-Unis ont exporté 27 millions de tonnes de soja vers la Chine, ce qui a représenté un cinquième des importations chinoises de soja pour une valeur de plus de 12 milliards de dollars. À l'heure où la nouvelle moisson débute aux États-Unis, et où la récolte est généralement déjà en partie vendue, la Chine n'a passé aucune commande, ce qui n'était pas arrivé depuis 20 ans. À cette période de l'année, l'Empire du Milieu avait acheté déjà 6,5 millions de tonnes, l'année dernière. La Chine, un marché impossible à compenser Le soja américain s'est exporté plus que d'habitude vers d'autres destinations, le Bangladesh notamment, mais aussi la Thaïlande, le Vietnam, l'Égypte ou encore la Malaisie, mais cela ne suffit pas à compenser la perte du marché chinois. Les exportations américaines, toutes destinations confondues, ont baissé de 8% sur les sept premiers mois de l'année. Dans ce contexte, les silos américains se remplissent, les cours du soja sombrent et pèsent sur les profits de chaque maillon du secteur, comme le rappelle l'agence Bloomberg, que ce soit sur les entreprises qui gèrent les silos à grains, les transformateurs qui fabriquent de l'huile et des tourteaux, ou encore les compagnies ferroviaires qui transportent le soja. Des mesures qui pourraient ne pas suffire Donald Trump a promis de défendre les intérêts des agriculteurs, et en particulier les producteurs de soja lors de sa rencontre avec son homologue chinois Xi Jinping à la fin du mois, en marge du sommet de l'APEC (la Coopération économique Asie-Pacifique) prévu le 31 octobre et 1er novembre en Corée du Sud. « Un accord ne signifierait pas forcément que les exportations reprendront rapidement et au même niveau que par le passé », pointe Olivier Antoine, auteur du livre Géopolitique du soja, publié ce mois-ci aux éditions Armand Colin.  Le plan de sauvetage annoncé aujourd'hui ne résoudra pas tout non plus, « il peut être bénéfique à court terme, mais ne compensera pas d'éventuelles pertes de marché qui pourraient être plus durables », prévient Scott Gerlt, économiste en chef de l'American Soybean Association.

    Le gaz américain gagne enfin des contrats de long terme en Europe

    Play Episode Listen Later Oct 5, 2025 1:47


    Depuis des mois, Donald Trump met la pression sur les Européens pour qu'ils remplacent les derniers achats de gaz russe par des importations américaines. Désormais, les compagnies européennes semblent prêtes à s'engager sur de longues durées à acheter du GNL en provenance des États-Unis. Même si l'Europe n'entend pas accélérer la fin de ses achats de gaz russes, ils ont déjà très fortement diminué. Et Bruxelles prévoit que les derniers contrats s'arrêtent fin 2027. Ce qui est nouveau, c'est que certaines compagnies européennes ont effectivement commencé à passer des contrats de long terme avec des fournisseurs américains. En juillet, le pétrolier italien ENI et l'Allemand Sefe ont signé des contrats de vingt ans. Et en septembre, c'est la major Exxon qui a publiquement reconnu qu'elle espérait à son tour conclure un accord de long terme avec l'Europe.   Une production américaine attractive Si les Européens se montrent finalement intéressés par ces contrats, c'est d'abord parce qu'avec la guerre en Ukraine et la diminution des achats de gaz russe, ils ont été contraints de se réorganiser. Ils ont d'abord privilégié le gaz asiatique, puis du GNL américain sur le marché spot. Mais les prix de gros du gaz américain sont actuellement trois fois inférieurs. À moyen terme, l'écart pourrait se resserrer, mais les prix américains devraient rester bien inférieurs à ceux du gaz asiatique et européen. Et question volume, les États-Unis sont prêts. La production américaine de GNL va représenter la moitié de l'augmentation de l'offre mondiale d'ici à 2030. À lire aussiL'Europe consomme moins de gaz naturel liquéfié mais en achète plus à la Russie Un nombre record de projets Car malgré l'incertitude macroéconomique et le besoin d'accélérer la transition énergétique, les États-Unis continuent toujours de miser sur le développement du gaz. Donald Trump n'y est pas étranger. L'activité de liquéfaction de GNL est restée très soutenue depuis le début de l'année. Les États-Unis ont approuvé un nombre de record de projets dans ce domaine. C'est la suite d'un développement sans précédent de cette industrie qui a commencé il y a plus de vingt ans. Entre 2004 et 2024, la production gazière américaine a doublé. Les États-Unis sont devenus le premier exportateur mondial de GNL en 2023. Fin 2024, leur capacité de liquéfaction atteignait près de 120 milliards de mètres cubes par an, soit 20 % de la production mondiale.     À lire aussiÉtats-Unis: le président élu Donald Trump veut libérer les énergies fossiles

    Après le Bangladesh, le coton africain regarde vers le marché indien

    Play Episode Listen Later Oct 2, 2025 2:00


    L'avenir du coton africain était au cœur de la réunion annuelle de l'Association française cotonnière (Afcot), qui s'est tenue les 29 et 30 septembre à Deauville, en France. L'or blanc du continent est devenu, ces dernières années, dépendant de la demande du Bangladesh, son principal client. Mais le Brésil, désormais premier exportateur mondial de coton devant les États-Unis, pourrait changer la donne. Le Bangladesh reste le marché principal pour l'Afrique : environ six balles de coton sur dix y sont exportées. L'année dernière, les importations de coton africain y ont même augmenté de 10%. La part de marché de l'or blanc du continent au Bangladesh est passée de 37 à 40%. Mais il y a, en parallèle, de mauvais signaux : les filateurs bangladais ont eu besoin de 250 000 tonnes supplémentaires cette année, suite à la chute des exportations indiennes, et l'Afrique n'a pas réussi à saisir cette opportunité. Le Brésil est le pays qui a capté la majorité de cette hausse des achats au Bangladesh. Il en a profité pour s'implanter un peu plus sur ce marché, faisant passer son poids dans le pays de 16 à 24%, précise Antonia Prescott, directrice de la rédaction du site d'information et d'analyse Cotton Outlook. Le coton brésilien est ultra-compétitif et offre notamment de meilleures marges aux filateurs. Le Brésil, un « problème » pour le coton africain ?  « Le Brésil est notre problème à tous », résumait, le 30 septembre, un acteur africain du coton, lors de la réunion de l'Afcot. Mais derrière cette boutade, il y a une réalité : le coton exerce une pression considérable sur les filières africaines. Parmi ses avantages, on peut citer son coût de production, un des plus faibles de la planète, ses rendements parmi les plus hauts, sa disponibilité parfois dans des délais meilleurs que ceux proposés par l'Afrique, et une qualité standard – notamment pour la qualité Pima –, reconnaît Kassoum Koné, président de l'Association cotonnière africaine. Dans le secteur cotonnier, le Brésil fait l'effet d'un rouleau compresseur : sa production a augmenté de plus de 72% en quatre ans, relève Antonia Prescott, pour atteindre 4 millions de tonnes. Sur la campagne 2024-2025, le Brésil a contribué à la hausse de la production mondiale – qui a augmenté d'1,3 million de tonnes – et à la lente baisse des prix qui déprime aujourd'hui bon nombre d'opérateurs. Avec ses atouts, le coton brésilien fait plus d'ombre à l'Afrique que le coton américain, qui ne pèse pour l'instant pas grand-chose au Bangladesh. La donne pourrait cependant changer si le projet de loi Buying American Cotton devait voir le jour. Déjà, comme par effet d'anticipation, les achats de coton américain du Bangladesh ont augmenté cette année de 20% par rapport à l'année dernière, et ceux du Vietnam de 70%. À lire aussiRetrouvailles cotonnières à Deauville pour l'Afcot, sur fond de marché morose L'Inde, l'autre opportunité L'Inde, autre pays de la filature et du textile du continent asiatique, apparaît aujourd'hui comme un débouché potentiellement intéressant pour l'Afrique. L'Inde est en déficit structurel. Ses besoins, que ce soit dans l'industrie du fil ou de l'habillement, sont de plus en plus en décalage avec la production de coton du pays. Résultat : les importations de coton du pays ont plus que triplé sur la saison 2024-2025, selon les données de Cotton Outlook. Le Brésil s'est taillé la part du lion en multipliant ses exportations par 12, mais la zone franc a pu multiplier ses ventes par cinq. Le coton africain a aussi profité de la suspension des droits d'importation sur le coton annoncée le 18 août par New Delhi, avec effet jusqu'à la fin de l'année. Une fenêtre d'opportunité, de courte durée, qui s'est déjà quasiment refermée, au vu des délais d'expédition à intégrer, mais qui a permis de relancer les ventes. Des filateurs très sensibles au prix L'espoir, c'est maintenant que la mesure soit reconduite, même si les filateurs indiens sont très sensibles au prix, eux aussi, et que les négociants vont devoir faire preuve de persuasion pour les convaincre de continuer à acheter africain plutôt que brésilien. « La qualité du coton de la zone franc ne suffit plus pour rester dans la course », ont reconnu plusieurs participants à la conférence de Deauville. « ​​​​​​​Il n'y aura pas d'avenir avec un rendement qui reste inférieur à une tonne à l'hectare », a résumé Gérald Estur, expert du secteur.

    Retrouvailles cotonnières à Deauville pour l'Afcot, sur fond de marché morose

    Play Episode Listen Later Sep 30, 2025 1:37


    Deauville, dans le nord-ouest de la France, a accueilli en ce début de semaine, les 29 et 30 septembre, la traditionnelle rencontre de l'Association française cotonnière (Afcot). Un rendez-vous qui a rassemblé près de 300 participants issus d'une quarantaine de pays. Cette rencontre s'est déroulée dans un contexte particulier, celui d'un marché « totalement à l'arrêt », pour reprendre les mots d'un participant. Chacun avec leurs mots, les participants ont tous confirmé et déploré à Deauville l'immobilité du marché et l'absence de lumière au bout du tunnel. « Depuis des mois, on assiste à une lente dérive à la baisse, avec une volatilité minimale des prix », résume Antonia Prescott, directrice de la rédaction du site d'information et d'analyse Cotton Outlook. Les négociants, dont le métier est de choisir le moment opportun pour acheter et vendre en dégageant la meilleure marge, sont comme paralysés par cette quasi-stabilité. « On patauge tous, confie l'un deux, comme pris dans un marécage. » Il y a néanmoins du coton qui est exporté, mais surtout du coton du Brésil et des États-Unis. Les deux origines représentent 65% des ventes mondiales.  À écouter aussiLes cours du coton dévissent sur fond de bonnes récoltes mondiales Le coton africain pénalisé La situation est beaucoup plus difficile pour le coton africain, dont le coût de production est beaucoup plus élevé que celui du coton brésilien ou américain. Lors des appels d'offre, explique un négociant, le coton de la zone franc se retrouve en haut de la liste des prix, et donc souvent écarté, malgré sa belle qualité qui fait sa réputation. Quand les sociétés cotonnières africaines finissent par céder des volumes, elles le font généralement à perte. Le seul maillon de la chaîne qui est à peu près épargné, c'est le producteur ouest-africain, dont le coton est garanti par un prix fixé en début de campagne dans chaque État concerné. À écouter aussiLes cotonniers africains sur le qui-vive refusent d'être déclassés Des perspectives 2026 très incertaines Dans un tel paysage, l'humilité s'impose, a rappelé le président de l'Association française cotonnière à Deauville, dans son discours de clôture. Le schéma actuel est celui d'une surproduction mondiale par rapport à une demande qui ne suit pas. Il faudrait qu'un des paramètres ou les deux bougent dans le bon sens pour que la filière africaine retrouve des couleurs. Rien ne dit que la production va ralentir, car les subventions accordées au coton brésilien, indien, chinois et américain pourraient inciter les agriculteurs de ces pays à produire plus, relève un participant. « Les tensions géopolitiques, l'affaiblissement du dollar et la pression sur les matières premières agricoles plaident davantage pour une stabilisation des cours que pour une remontée significative à moyen terme », selon Thierry Devilder, le président de l'Afcot.

    L'huile de tournesol reste chère après une récolte qui s'annonce encore maigre

    Play Episode Listen Later Sep 29, 2025 1:53


    L'Ukraine est le plus grand exportateur mondial d'huile de tournesol et la France, le premier producteur de l'Union européenne. Les prix de l'huile de tournesol restent élevés, alors que la récolte de cette année s'annonce une fois de plus réduite. Les prévisions ne sont pas bonnes. Et ce aussi bien dans l'Union européenne qu'en Ukraine, alors que les récoltes de tournesols se poursuivent jusqu'à la fin septembre. Après un été chaud et sec qui a entravé le développement des graines, les cultivateurs français, mais aussi roumains, hongrois ou encore bulgares, s'attendent à une production limitée. Elle est néanmoins un peu plus généreuse que l'an passé. La troisième pire récolte de cette décennie Cela pourrait à nouveau être une des pires récoltes de tournesol que l'UE ait connue ces dix dernières années. En effet, 8,6 millions de tonnes d'huile de tournesol devraient être produites, cette année, selon Argus Media, à peine mieux qu'en 2024 (8,3 millions de tonnes). Alors qu'en 2020 la production européenne a atteint 9,8 millions de tonnes. « Les prix de l'huile de tournesol sont bien plus élevés qu'il y a dix ans. Et comme les récoltes n'ont que très légèrement augmenté, les prix restent à un haut niveau. Une tonne d'huile de tournesol vaut actuellement autour de 1 109 euros, alors que l'hiver dernier, elle valait 1 200 euros la tonne », précise Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France. Rien à voir cependant avec le pic à 2 700 euros la tonne, après l'agression russe de l'Ukraine, en février 2022. À titre de comparaison : en 2020, à Rotterdam qui est la place de la cotation des huiles, l'huile de tournesol valait en moyenne 700 euros la tonne. L'impact de la guerre en Ukraine Quant à l'Ukraine, les zones de conflit couvrent souvent les zones agricoles, ce qui n'arrange pas les choses. On s'attend à une récolte de 12,9 millions de tonnes, une production là-aussi un peu supérieure à celle de l'année passée (12,3 millions de tonnes, en 2024), d'après les chiffres d'Argus Media. Alors qu'avant la guerre, l'Ukraine produisait jusqu'à 15 millions de tonnes. « Le marché d'huile de tournesol ukrainien reste malgré tout soutenu », note l'expert. Les prix évoluent à des niveaux comparables à ceux de l'UE. La diminution de l'offre d'oléagineux, l'an dernier, comme l'huile de palme ou celle de colza, a également alimenté cette hausse des prix. Cette année, la faible récolte de tournesol devrait être partiellement remplacée par son concurrent, le colza, dont la production s'annonce très bonne. Reste à savoir quel effet cela aura sur les prix. À lire aussiMaroc: la sécheresse fait exploser le prix de l'huile d'olive, en passe de devenir un produit de luxe

    Noix de pécan, l'enquête chinoise qui vise les États-Unis et le Mexique

    Play Episode Listen Later Sep 28, 2025 1:47


    La Chine vient de lancer une enquête sur les exportations de noix de pécan des États-Unis et du Mexique. Pékin dénonce des ventes à des prix inférieurs à ceux du marché, ventes qui porteraient préjudice à l'industrie nationale chinoise.  La Chine ne produit qu'environ 3 000 tonnes de noix de pécan et a besoin de beaucoup plus pour faire tourner ses usines de transformation, explique José Gutierrez Fernandez, analyste, noix, épices et fruits secs, chez S&P Global Commodity Insights. Depuis 2010, la Chine est le premier importateur mondial et dépend des États-Unis et du Mexique qui fournissent à eux deux 70 % du marché ! La Chine achète aussi en Afrique du Sud, ce qui lui permet d'avoir des fournisseurs aux périodes de récoltes différentes, qui lui garantissent un approvisionnement tout au long de l'année. Cette enquête est donc perçue avant tout comme une mesure de rétorsion contre les taxes américaines. Les noix de pécan avaient déjà été prises dans la tourmente de la guerre commerciale lancée pendant le premier mandat de Donald Trump, Pékin avait à ce moment-là riposté par des droits de 47 % sur la noix de pécan. L'intégration du Mexique dans l'enquête est nouvelle, et interroge, dans la mesure où le Mexique n'est pas le fournisseur principal de la Chine. Impact immédiat ? L'enquête chinoise, annoncée pour durer un an, n'interdit pas aux exportateurs américains et mexicains de vendre en Chine, mais il n'est pas exclu de voir les douaniers chinois mettre plus de temps à approuver les commandes. En pratique, l'enquête se fait déjà sentir : les achats chinois ont chuté depuis un an et les exportations américaines aussi, les deux étant très liés. Sur les quatre premiers de l'année de la campagne commerciale, d'octobre 2024 à janvier 2025, les exportations américaines de noix de pécan ont chuté de 70 %, selon le ministère américain de l'Agriculture. L'ensemble de la saison 2024/2025 a été une des plus basses depuis les années 1990, selon S&P Global Commodity Insights. Coup dur pour les États-Unis et le Mexique Les conséquences de l'enquête pourraient être d'autant plus contraignantes que c'est précisément l'appétit chinois qui a poussé les principaux États producteurs à augmenter leurs volumes de production ces dernières années, Mexique et États-Unis en tête. Toute nouvelle baisse des importations chinoises de noix de pécan va faire augmenter les stocks au Mexique et aux États-Unis et risque d'entrainer de fortes baisses de prix sur ces deux marchés. Sans parler des difficultés pour les agriculteurs : lors de la précédente guerre commerciale, les producteurs de plusieurs États américains avaient été durement touchés, et les États-Unis avaient dû diversifier leurs ventes vers le Canada, Israël, la Hollande ou encore l'Allemagne, explique José Gutierrez Fernandez, mais cela n'avait pas suffi à combler le manque d'achats chinois. Cette enquête va aussi directement compliquer l'approvisionnement de la Chine. Son alternative, c'est d'acheter plus en Afrique du Sud, et auprès d'autres producteurs mineurs tels que l'Argentine, le Brésil et l'Australie. Mais ils ne fourniront jamais assez si les besoins de la Chine restent les mêmes. À lire aussiLa guerre commerciale de Donald Trump redessine les exportations chinoises

    Les diamants européens exemptés de taxes sur le marché américain

    Play Episode Listen Later Sep 25, 2025 1:42


    Les diamants polis et taillés dans l'Union européenne sont désormais exemptés de droits de douane. L'accord trouvé est rétroactif au 1er septembre. Cette victoire a été obtenue après plusieurs semaines de mobilisation des acteurs européens de la filière, basés en Belgique. C'est une victoire obtenue de haute lutte à en croire la présidente du Centre Mondial du Diamant d'Anvers (AWDC). Derrière cet accord, explique Karen Rentmeesters, il y a des heures d'appels et de réunions, des négociations pratiquement 24h sur 24, et 7 jours sur 7 durant des semaines pour faire admettre à l'administration américaine que les diamants n'ont pas leur place dans une liste de droits de douane, puisqu'ils ne font concurrence à aucune industrie locale américaine. Les États-Unis, un marché incontournable Si les industriels européens du diamant se sont autant battus, c'est parce que les États-Unis représentent un marché majeur, un partenaire « crucial » pour Karen Rentmeesters. Les Américains sont, de fait, les premiers acheteurs au monde de pierres précieuses. Chaque année, l'Union européenne, et donc la Belgique essentiellement, exporte vers les États-Unis pour 2,1 milliards de dollars de diamants : la moitié est liée au négoce de pierres taillées en Inde qui transitent par la Belgique, l'autre moitié à la vente de pierres polies et taillées à Anvers. C'est cette partie-là, qui pèse un milliard de dollars, qui n'est aujourd'hui plus soumise à une taxe de 15 %.  Une opportunité pour tailler plus en Belgique ? Avec cet accord, Anvers devient le seul centre commercial important de taille de diamant qui peut exporter des pierres libres de droit aux États-Unis. Tous les autres pays concernés par cette industrie sont taxés, certains très lourdement, comme l'Inde, qui taille plus de 80 % des diamants commercialisés dans le monde, mais qui est aujourd'hui soumis à des droits de 50 %. D'autres acteurs comme le Botswana, la Namibie, l'Afrique du Sud ou encore le Vietnam sont aussi pénalisés à des degrés différents. En attendant que ces pays trouvent des accords bilatéraux avec l'administration Trump, les professionnels belges du secteur se félicitent de voir leur « leur compétitivité en tant que centre commercial et de polissage se renforcer ». Ils espèrent attirer plus de pierres à tailler, même s'ils restent limités par leurs capacités : Anvers compte 350 tailleurs de diamants, contre 500 000 en Inde. À lire aussiLe secteur du diamant s'unit pour redorer l'image des pierres naturelles

    L'Équateur, premier exportateur mondial de bananes touché par la TR4 (maladie)

    Play Episode Listen Later Sep 24, 2025 2:02


    Mauvaise nouvelle chez le premier exportateur mondial de bananes, l'Équateur. La maladie baptisée TR4 a officiellement été détectée. Ce qui veut dire que le champignon qui en est responsable est probablement entré dans le pays il y a déjà plusieurs mois. Cette alerte sanitaire est prise très au sérieux, dans un secteur qui n'a pas été épargné par les dernières crises géopolitiques, logistiques et climatiques, et conforte ceux qui plaident pour plus de diversité variétale.  Les bananeraies ne seront pas décimées dans les mois qui viennent, mais l'arrivée de la TR4 – fusariose race 4 tropicale – est une nouvelle considérée comme grave, car il n'y a pas de traitement possible. La seule solution, c'est la protection, via un contrôle très strict des surfaces qui sont touchées, pour que la maladie ne se propage pas ailleurs. Concrètement, explique Denis Loeillet, économiste de la filière au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, « ça passe par l'installation de clôture autour des zones atteintes, la désinfection de tout ce qui entre et sort des plantations, que ce soit les pelles, les chaussures ou encore les roues des véhicules agricoles. » Au Pérou, où la maladie est apparue en 2021, les mesures n'ont pas été suffisantes et des zones entières de culture ont été abandonnées, ce qui a entrainé des baisses de production et une contagion aujourd'hui à l'Équateur. Ailleurs, en Colombie ou encore aux Philippines, on a appris à faire avec, preuve qu'il y a des moyens d'agir pour éviter le pire. Pas d'impact à court terme sur l'approvisionnement L'Équateur met chaque année entre 6 et 7 millions de tonnes de fruits jaunes sur le marché, soit l'équivalent de ce que consomment les 27 pays européens et le Royaume-Uni en un an ! Une maladie chez un géant qui nourrit le monde, inquiète forcément, mais l'avenir dépendra de la vitesse de propagation de l'épidémie. A priori, à court terme, l'effet ne devrait pas être significatif sur les volumes, l'approvisionnement mondial sera largement assuré, mais un effet sur les prix n'est pas à exclure : « Les mesures de biosécurité à mettre en place d'urgence vont augmenter les coûts de production », explique l'expert du Cirad. La grande distribution pourra alors difficilement ignorer la situation lors des négociations à venir et sera probablement contrainte d'acheter plus cher la banane, et peut-être de la revendre à un prix plus élevé aussi. Les limites du tout-Cavendish Avant l'Équateur, 25 pays producteurs ont déjà été touchés par cette maladie, mais le fait que la TR4 arrive en Équateur est perçu comme un marqueur important dans la filière, qui fera probablement bouger les lignes. C'est le signe qu'il est peut-être temps de diversifier les variétés ou de travailler sur la résistance de la banane Cavendish, qui domine le marché depuis les années 1960, mais qui montre aujourd'hui, en Équateur, un peu plus sa vulnérabilité. C'est précisément la mission que s'est donnée, en France, le Cirad, via l'initiative Bana+, un projet de 7,5 millions d'euros qui vise à proposer des variétés résistantes contre la cercosporiose noire et la TR4, deux des principales maladies fongiques qui attaquent le bananier.

    Pourquoi les prix du pétrole ne reflètent pas vraiment le marché?

    Play Episode Listen Later Sep 23, 2025 1:32


    Les prix du pétrole résistent dans un contexte en apparence baissier, porté par l'annonce d'une surabondance à venir. Seulement, d'autres points d'incertitude, tels que l'état des stocks chinois ou les volumes de pétrole sanctionnés qui sont commercialisés, rendent difficile la lisibilité du marché. L'offre en pétrole augmente beaucoup plus vite que la demande et, de l'avis général, il faut se préparer à une surabondance de brut dès le quatrième trimestre et au premier semestre 2026. Mais le niveau de cette surabondance est loin de faire consensus – l'Opep+ prévoit une croissance de la consommation deux fois plus forte que l'Agence internationale de l'énergie. « Il y a trop d'angles morts sur le marché » pour dresser un tableau réaliste, résume l'agence Reuters. Parmi les inconnues figurent les stocks de pétrole détenus par la Chine, des stocks sur lesquels le pays ne communique pas. Or, le niveau de ces réserves est en théorie une des données qui peut avoir une influence majeure sur les prix, a fortiori quand il s'agit des stocks du premier importateur mondial de brut. Opacité des stocks chinois Malgré l'absence de données officielles, le recoupement de différentes données permet d'affirmer que depuis le mois de mars, la Chine a importé du brut – notamment de Russie, du Venezuela et d'Iran – à un rythme bien plus élevé que ce qui était nécessaire pour répondre à la demande en carburant du pays. Selon les calculs de Reuters, l'excédent en pétrole brut du pays aurait même bondi à un peu plus d'un million de barils par jour au mois d'août. À lire aussiComment la Chine contourne les sanctions américaines sur le pétrole vénézuélien? Pour l'instant, le marché semble ne pas tenir compte de ces stocks, pointe le Financial Times, comme s'ils étaient invisibles. « Ces stocks ne sont pas nécessairement négatifs, car si les Chinois accumulent, c'est qu'ils vont consommer », explique Charles Thiémélé, directeur Afrique de la société de trading pétrolier et gazier BGN SA, qui précise que la gestion des stocks en Chine ne correspond pas à celle des Occidentaux. Le pétrole sanctionné, mal répertorié Le marché n'est pas en mesure non plus de refléter tous les volumes de pétrole sanctionnés qui naviguent à bord de la flotte fantôme. C'est peut-être ce qui explique que les cours restent depuis le mois de juillet dans une fourchette relativement stable entre 60 à 70 dollars le baril de Brent – une des références mondiales –, et c'est probablement ce qui fait aussi qu'ils ne reflètent pas correctement l'équilibre entre l'offre et la demande. Tant que la Chine achètera beaucoup, elle absorbera une partie de l'excédent mondial, comme le relève Javier Blas, éditorialiste de l'agence Bloomberg, ce qui jouera contre un effondrement des prix. Tant que la production de la Russie et de l'Iran ne sera pas revenue en grâce sur le marché et ne sera pas commercialisée au grand jour, l'impression de manque soutiendra également les prix. Plus que jamais, le marché manque de lisibilité, reconnaît Charles Thiémélé, tout en rappelant que les prix du pétrole sont le fruit de la combinaison de nombreux facteurs et qu'ils « restent liés à la perception que le marché a de la consommation future ». À écouter aussiDétroit d'Ormuz : accès crucial pour les importations de pétrole de la Chine

    Le cobalt de RDC bientôt autorisé à l'exportation, mais en quantité limitée

    Play Episode Listen Later Sep 22, 2025 1:51


    La République démocratique du Congo donne le feu vert à de nouvelles exportations de cobalt, à compter du 16 octobre, après plusieurs mois d'interdiction. Le pays, principal producteur du métal bleuté utilisé dans les batteries électriques, opte pour un retour contrôlé sur le marché, via l'instauration de quotas d'exportation, jusqu'en 2027. L'option des quotas n'est pas une surprise, c'était une des quelques hypothèses étudiées par les analystes et experts du marché, qui planchaient depuis plusieurs mois sur des scénarios de reprise. Les opérateurs du secteur, qui vivaient dans l'angoisse de ce qu'allaient décider les autorités congolaises, sont désormais fixés, mais pas forcément soulagés. Les quotas autorisés par la RDC – 18 125 tonnes d'ici fin décembre et 96 600 tonnes les deux années qui suivent – ne vont pas augmenter sensiblement l'offre à court terme et sont inférieurs aux attentes. Leur application pose par ailleurs de nombreuses questions, y compris celle de la capacité du pays à mettre en place des contrôles stricts pour faire respecter les volumes alloués à chaque exportateur. À écouter aussiLe jour où les exportations de cobalt congolais reprendront... Déficit en vue, à court terme En février 2025, l'interdiction d'exporter a fait s'envoler les prix de tous les produits à base de cobalt : l'hydroxyde de cobalt exporté par le Congo a plus que doublé, et les prix des matériaux de batterie tels que le sulfate et le tétroxyde de cobalt ont atteint des sommets fin août, rapportent les analystes de Project Blue. Mais cette hausse n'était manifestement pas liée à un déficit de l'offre par rapport à la demande : grâce aux stocks hors de RDC, notamment ceux d'Afrique du Sud, de Zambie et de Malaisie, les raffineries chinoises ont en effet pu continuer à s'approvisionner. Aujourd'hui, elles ne tournent plus à pleine capacité et les stocks d'hydroxyde commencent à être très serrés, pour ne pas dire inexistants, à en croire certaines sources. La pénurie qui n'a pas eu lieu en 2025 se profile donc pour 2026. L'ampleur du déficit varie selon les estimations, de 10 000 tonnes à plus de 60 000 tonnes. Et ce, « même en supposant une baisse de la demande et une croissance plus rapide de la production indonésienne », rapporte Chris Welch, analyste du marché du cobalt pour Argus Media, qui n'exclut pas un resserrement considérable du marché. À écouter aussiL'enfer du cobalt en RDC : l'envers de la transition énergétique Diminuer les stocks pour soutenir les prix L'objectif de la RDC est d'éviter le surplus de production de cobalt métallique en Chine, qui pèse sur les prix, explique l'expert. Le président de l'Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales et stratégiques du pays (ARECOMS) a confié à l'agence Bloomberg vouloir réduire les stocks mondiaux à l'équivalent d'environ un mois de demande, pas plus. Le choix de mettre en place des quotas à long terme et serrés montre que la RDC privilégie le soutien des prix au volume exporté, relève l'analyste d'Argus Media. Cette stratégie conforte également, via certaines des clauses prévues, la capacité de la RDC à influencer les cours mondiaux du cobalt, selon Ying Lu de Project Blue.

    Les restrictions chinoises sur le germanium font flamber les prix

    Play Episode Listen Later Sep 21, 2025 1:37


    Depuis que la Chine a imposé des contrôles très stricts à son exportation, le germanium a vu son prix flamber. Ce métal, utilisé, en minuscule quantité, dans les équipements militaires et les semi-conducteurs, atteint son plus haut niveau depuis quatorze ans. Aucun autre métal n'offre les mêmes propriétés que le germanium. Il faut désormais compter environ 5 000 dollars pour un kilo de germanium, contre 1 000 dollars en 2023, avant que la Chine n'impose ses restrictions, selon l'agence Fastmarkets. Les prix ont réellement explosé à partir de fin 2024, quand les exportations chinoises ont commencé à chuter sérieusement, rapporte le Financial Times. Certains experts n'excluent pas que des entreprises aient choisi de faire des stocks et provoqué une distorsion du marché, qui à son tour renforce la stratégie chinoise de restrictions. La plupart des usages industriels ne nécessitent que quelques grammes ou quelques nanogrammes de germanium. Aujourd'hui, « l'argument du prix n'est plus pertinent, la question est la disponibilité », pointe Raphaël Danino-Perraud, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Pour cet analyste, il revient aux pays consommateurs de mettre en place avec les industriels une stratégie souveraine d'approvisionnement. L'offre disponible sur le marché a fondu. Des négociants qui achetaient 100 kg de germanium auparavant, racontent dans le Financial Times être obligés de se contenter de 10 kg. Selon plusieurs témoignages cités par le journal britannique, les États-Unis, qui ont importé l'année dernière pour 50 millions de dollars de germanium selon l'USGS, font face à une crise d'approvisionnement « désespérée ». À lire aussiLa Chine restreint les exportations de deux métaux rares Importations en chute aux États-Unis Le commerce du germanium a nettement ralenti. Les États-Unis, qui l'utilisent dans la fabrication des fibres optiques, des cellules infrarouges et des semi-conducteurs, ont vu leurs importations chuter de 40% pour les sept premiers mois par rapport à la même période en 2024. La situation ne devrait guère évoluer, car même si d'autres pays exportent du germanium issu du recyclage, comme le Canada ou encore la Belgique, « la Chine domine la production et n'a aucun intérêt à diminuer sa mainmise sur le secteur », résume Raphaël Danino-Perraud. En 2023, selon le site français MineralInfo, la Chine produisait plus de 94% du germanium raffiné. À lire aussiLes États-Unis devront se passer de gallium, germanium et antimoine chinois Une production liée au zinc Ces prix, qui crèvent le plafond depuis plusieurs mois, pourraient inciter les miniers à extraire plus de germanium, en théorie, mais le germanium est un co-produit du zinc essentiellement, il est donc tributaire de la demande et de la production de cet autre secteur. Les producteurs de zinc sont en tout cas très courtisés par les industriels. L'Américain Lockheed Martin a par exemple annoncé fin août un partenariat stratégique avec Korea Zinc, un groupe de métallurgie sud-coréen, pour sécuriser ses achats.

    Anglo American et Teck Ressources, un mariage taillé pour le marché du cuivre

    Play Episode Listen Later Sep 16, 2025 1:53


    En fusionnant leurs activités, les deux géants miniers vont créer le cinquième producteur mondial de cuivre. L'extraction de ce qu'on surnomme le minerai de la transition représentera alors 70% de leur production.  Ces dernières années, les deux miniers avaient dû résister aux assauts de rivaux qui voulaient les avaler. Le Canadien Teck avait déjoué l'offensive du trader suisse Glencore, le britannique Anglo American, repoussé les offres successives de l'Australien BHP. Avec ce mariage, les deux groupes sortent de la catégorie des proies et regagnent des marges de manœuvre. « Ils vont être en mesure d'investir et d'optimiser leurs coûts sur le marché du cuivre où seuls les très gros acteurs tirent leur épingle de jeu », explique Yves Jégourel, professeur titulaire de la chaire Économie des matières premières et transitions durables, au Conservatoire National des Arts et Métiers.  Un marché très volatil Malgré la demande en hausse, le marché du cuivre reste difficile. C'est tout le paradoxe de cette matière première. Si son prix a bien grimpé depuis dix ans, il ne s'envole pas encore, et ce, alors que la teneur en minerai des gisements a tendance à diminuer. « Les cours restent en plus soumis à une forte volatilité », confirme Yves Jégourel. Le marché va par exemple tenir compte du niveau de l'activité chinoise et si cette dernière ralentit, le prix du cuivre risque de baisser. Cela créé de l'incertitude pour les actionnaires et, in fine, freine l'investissement, explique le chercheur en guise d'illustration. Pourtant, les ressources en cuivre vont être de plus en plus exploitées dans les années à venir. Les besoins auront doublé en 2040. Une voiture électrique en contient quatre fois plus qu'une voiture thermique. Le développement des énergies renouvelables aussi réclame du cuivre, tout comme la construction des infrastructures électriques pour lesquelles il n'existe quasiment pas de possibilité de substitution. À lire aussiPar crainte de manquer de cuivre, la Chine relève sa prime à l'achat Des co-actionnaires à convaincre Selon Yves Jégourel, si cette fusion apparaît comme une évidence, c'est principalement parce que Teck Resources et Anglo American possèdent chacun une très importante mine au Chili. Les deux gisements sont distants de seulement une quinzaine de kilomètres : une proximité qui va permettre de créer des synergies et donc réduire les coûts. Notamment de profiter de la production d'Anglo American pour faire tourner l'usine de traitement du minerai de Teck Resources. Les experts soulignent aussi la qualité des autres mines que les deux groupes possèdent. Une fois la création du nouveau groupe Anglo Teck définitivement entérinée, il deviendra le cinquième producteur mondial. Le cuivre représentera 70% de sa production totale.  Mais l'opération n'est qu'aux prémices. Sa finalisation prendra entre 18 et 24 mois. Les deux miniers devront notamment trouver des accords avec leurs co-actionnaires. Au Chili, Teck possède 60% de Quebrada Blanca et Anglo American seulement 44% de Collahuasi, à égalité avec Glencore. Il n'est pas impossible que les deux groupes reçoivent dans l'intervalle une meilleure offre, qui fasse capoter le projet commun. Car dans les affaires encore plus qu'ailleurs, il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour. À lire aussiLes nouveaux droits de douane américains sur le cuivre secouent le marché

    La hausse annoncée de la production mondiale de lait devrait permettre de faire baisser les prix du beurre

    Play Episode Listen Later Sep 15, 2025 1:47


    Space, le salon international de l'élevage, ouvre ses portes ce mardi 16 septembre à Rennes, en Bretagne, dans l'ouest de la France. Et parler de l'élevage, c'est parler aussi du lait et des produits laitiers. Alors qu'en 2025, la production mondiale de lait s'annonce en hausse, celle-ci devrait permettre de détendre les prix du beurre.  Il y aura cette année plus de lait chez quelques grands exportateurs. Parmi les bons élèves, on peut citer les États-Unis où, après avoir connu une baisse, la production remonte très rapidement. Il y a aussi un gros rebond en Argentine, pays qui avait été très affecté par des sècheresses. On note également une remontée, plus douce mais notable, en Nouvelle-Zélande, selon les données rapportées par le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (CNIEL). Ces pays compensent la stabilité de la collecte européenne évaluée sur les six premiers mois de l'année à - 0,1%.  La collecte mondiale en hausse annonce plus de volumes disponibles à l'export, donc moins de tension dans un contexte où la Chine, le premier acheteur, n'a pour l'instant pas prévu de relancer ses achats, qui ont nettement baissé depuis 2022. Le beurre, un marché toujours porteur La proportion de beurre produite à partir de la collecte globale dépend des arbitrages liés aux prix et à la demande en crème et en fromage. Cette demande évolue au gré des changements d'habitudes alimentaires et des tensions internationales qui réorientent les flux et changent la nature des besoins : la France n'exporte, par exemple, pas les mêmes produits laitiers en Chine et aux États-Unis. Si les industriels choisissent de produire plus de crème - et de poudre de lait entier, son co-produit - ils fabriqueront moins de beurre, et moins de poudre de lait écrémé. Mais le beurre reste un produit porteur, et pas qu'en France, l'un de ses plus gros consommateurs dans le monde avec 8 kg par an et par habitant. Selon l'interprofession laitière française, la consommation pourrait augmenter de 16% d'ici 2033, au niveau mondial. Baisse des prix mondiaux du beurre  Les volumes de lait annoncés pour 2025 commencent à faire baisser ceux du beurre : le beurre industriel a perdu à l'export plus de 1 000 euros la tonne en deux mois en Europe et autant sur deux mois et demi en Océanie. Au niveau mondial, les prix ont baissé de 2,5% entre juillet et août, après avoir atteint un record en juin, selon les dernières statistiques publiées par la FAO. L'évolution des prix mondiaux dépendra, dans les prochains mois, de la dynamique de la collecte de la Nouvelle-Zélande, premier exportateur mondial, qui vient de reprendre. Une évolution qui s'annonce plutôt bonne. Un beurre européen qui manque de compétitivité Le beurre européen reste beaucoup plus cher que ses concurrents. L'écart est important, surtout avec les États-Unis : la tonne de beurre européen était, à la fin du premier semestre, environ 2 000 dollars plus chère que la tonne de beurre américain. Elle est aussi plus onéreuse que le beurre néo-zélandais, mais avec un écart beaucoup plus réduit, précise Jean-Marc Chaumet, directeur Économie du CNIEL. Ce manque de compétitivité du beurre européen n'empêche pas les exportations, mais elles ont cependant baissé au premier semestre par rapport à l'année dernière. Difficile de savoir si c'est dû à un prix trop élevé ou à une volonté des Européens de moins exporter pour répondre à la consommation des 27.

    Chine: le sorgho américain bientôt remplacé par du sorgho brésilien?

    Play Episode Listen Later Sep 14, 2025 1:48


    Premier acheteur mondial de sorgho, la Chine, qui pourrait en importer cinq millions de tonnes cette année selon Argus Media, vient d'autoriser le sorgho brésilien à entrer sur son sol, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent. La mesure concerne le sorgho destiné à l'alimentation animale, le seul qui fasse l'objet d'un commerce international.   Avec cette décision, la Chine mise sur l'avenir car, dans l'immédiat, le Brésil ne dispose pas d'importants volumes de sorgho à exporter. Si la production brésilienne a quasiment doublé ces cinq dernières années, tout ou presque est consommé sur place, explique Maxence Devillers, analyste de marché chez Argus Media, alors que le pays ne pèse que 1% à 2% du marché mondial et en a exporté l'an dernier moins de 200 000 tonnes, soit juste de quoi remplir deux ou trois bateaux.  Certes, la perspective de voir la Chine devenir un nouvel acheteur de sorgho va peut-être pousser les agriculteurs brésiliens à produire plus, mais cela va toutefois dépendre des surfaces disponibles car Il existe déjà une grosse compétition entre les cultures dans le pays, relève Damien Vercambre du cabinet Inter-Courtage. En attendant, seuls de petits volumes symboliques devraient donc partir vers la Chine.   Une réponse à la guerre commerciale américaine ? La volonté chinoise de moins acheter de sorgho américain est manifeste depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir : les exportations américaines vers la Chine ont chuté de 97% sur les sept premiers mois de l'année !  Cette décision est aussi le reflet d'une stratégie mise en place depuis quelques années par Pékin pour « diversifier ses sources d'approvisionnement et limiter les risques », explique Maxence Devillers. La Chine a ainsi élargi ses fournisseurs en maïs en s'ouvrant aux grains argentins et brésiliens. Pour le sorgho, cela fait un an que l'idée d'acheter au Brésil a été évoquée, avant même donc le nouveau bras de fer commercial avec Washington.  À lire aussiLa Chine cherche à mieux maîtriser ses importations agricoles Qui pour acheter la production américaine ? L'année dernière, les États-Unis ont vendu la quasi-totalité de leur sorgho à la Chine, cette année s'annonce donc difficile. Dans l'immédiat, il n'y a pas vraiment de débouché alternatif, car le deuxième acheteur mondial de sorgho, le Mexique, importe des volumes nettement plus petits : 400 000 tonnes en 2024. La solution sera probablement de stocker tout ce qui ne trouvera pas preneur, ce qui aura un impact baissier sur les prix américains et indirectement dans le monde. Ils ont déjà tendance à diminuer, sous l'influence des prix du maïs et du blé. La situation est d'autant plus préoccupante aux États-Unis que la récolte s'annonce meilleure cette année, ce qui veut dire qu'il y aura aussi plus de volumes à exporter. 

    Le soja, nouveau levier politique et économique de la Chine?

    Play Episode Listen Later Sep 11, 2025 1:42


    Au cœur de la rivalité commerciale sino-américaine, le soja n'est pas qu'un simple produit agricole. S'il illustre une vulnérabilité stratégique de la Chine qui en est la première consommatrice dans le monde, il montre aussi sa capacité à transformer une dépendance en levier politique et économique.  Pour Pékin, le soja est devenu un produit sensible, presque vital. La Chine, qui en importe plus de 100 millions de tonnes chaque année, en consomme des quantités colossales, non seulement pour produire du tofu ou du lait de soja, mais aussi et surtout pour nourrir des millions de porcs et de poulets, piliers de l'alimentation chinoise. Alors que l'essor des classes moyennes a fait exploser la consommation de viande dans le pays, la production locale ne parvient en effet à couvrir qu'une fraction des besoins, malgré des subventions massives et une récolte nationale en hausse. Fournisseurs étrangers Si, Pour la Chine, les États-Unis ont été pendant de longues années un fournisseur incontournable, les guerres commerciales déclenchées par Donald Trump ont aujourd'hui changé la donne : Pékin a riposté en boycottant le soja américain, préférant se tourner vers le Brésil, désormais son premier fournisseur.  Si la stratégie se révèle payante sur le plan diplomatique, elle est toutefois risquée sur le plan agricole : en cas de sécheresse ou d'inondation en Amérique du Sud, Pékin voit toute sa chaîne d'approvisionnement fragilisée. Le problème pour elle réside dans le fait que les alternatives restent limitées. Un temps présentée comme une solution, la Russie a aujourd'hui freiné ses exportations depuis la guerre en Ukraine, privilégiant son propre marché et ses soldats. À lire aussiLe soja d'Amérique latine profite du retour au pouvoir de Donald Trump Stocks stratégiques Face à sa dépendance persistante au soja, Pékin a donc sorti une autre arme : ses stocks stratégiques. Officiellement secrets, ils sont estimés à près de 45 millions de tonnes, soit de quoi amortir un choc ou résister à la pression américaine pendant plusieurs mois. Mais derrière le soja se dessine une leçon plus large qui montre que si la Chine a su bâtir une industrie high-tech et sécuriser ses approvisionnements en terres rares, en pétrole ou en gaz, elle dépend encore largement en revanche de l'étranger pour son alimentation. Un paradoxe qui fragilise son ambition de souveraineté... Résultat aujourd'hui : chaque cargaison de soja qui entre dans un port chinois n'est pas seulement un navire de marchandises, c'est aussi un rappel que l'autosuffisance alimentaire reste, pour Pékin, le maillon faible de sa puissance. Un maillon que Washington n'hésite pas à tester dans sa nouvelle guerre froide commerciale avec le géant asiatique... À lire aussiÉtats-Unis: les producteurs de soja inquiets face aux tensions commerciales avec Pékin

    Nucléaire: l'industrie rappelle l'urgence à ouvrir de nouvelles mines d'uranium

    Play Episode Listen Later Sep 10, 2025 2:08


    L'approvisionnement en uranium sera-t-il suffisant pour répondre aux ambitions mondiales dans le secteur, d'ici 2040 ? L'industrie se dit inquiète et étudie plusieurs scénarios de l'offre et de la demande dans son rapport biennal qui vient de sortir. L'Association nucléaire mondiale, qui représente les industriels, confirme que la production n'est pas à la hauteur des énormes besoins qui se profilent. Les besoins en uranium sont connus : 70 réacteurs sont en construction actuellement, dont 59 en Asie. L'inconnue, c'est la bonne tenue ou pas du calendrier de leur mise en service. À cela peut s'ajouter la validation d'autres projets plus hypothétiques, qui sont toujours en attente de décisions règlementaires ou d'investissements. Sur la base d'un scénario dit de référence, qui se base sur les objectifs annoncés des gouvernements, l'Association nucléaire mondiale estime dans son rapport que les besoins pourraient plus que doubler d'ici à 2040 pour atteindre 150 000 tonnes. Un chiffre appelé potentiellement à être plus bas ou plus haut dans un scénario très optimiste. Du côté de l'offre, les perspectives ne sont pas les mêmes : les mines existantes s'épuisent et la production pourrait diminuer de moitié entre 2030 et 2040 selon l'Association nucléaire mondiale. Des producteurs font épisodiquement état de difficultés : tout récemment, Kazatomprom au Kazakhstan et le canadien Cameco ont revu à la baisse leurs ambitions pour 2025. À lire aussiUranium: le géant russe Rosatom se retire de sites d'extraction au Kazakhstan et vend ses parts à la Chine Risque d'approvisionnement ? D'ici à la fin de la décennie, la production répondra amplement aux besoins selon Teva Meyer, chercheur associé à l'Iris (l'Institut des relations internationales et stratégiques) et co-auteur d'un rapport sur l'approvisionnement en uranium, publié en janvier 2025 par l'Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques (OSFME). Selon l'Association nucléaire mondiale, la production a même augmenté de 22 % entre 2022 et 2024. Mais à partir de 2035, des mines auront fermé et la production mondiale sera insuffisante pour alimenter les réacteurs existants et a fortiori ceux qui doivent entrer en fonction. À cela s'ajoutent des incertitudes sur la production australienne : l'activité de la plus grosse mine au monde d'uranium – dans laquelle le minerai est un co-produit du cuivre –, se développe dans une zone à plus faible teneur. L'industrie renouvelle donc son appel à accélérer les investissements pour éviter des ruptures d'approvisionnement, au vu des délais inhérents au développement d'une mine. Le problème est que les prix qui évoluent dans une fourchette comprise entre 70 et 78 dollars la livre d'uranium sont à peine supérieurs au coût d'exploitation des gisements actuels, et donc guère incitatifs. À écouter aussiLes États-Unis relancent leurs anciennes mines d'uranium Impact de la guerre en Ukraine La guerre en Ukraine a un impact indirect sur le secteur depuis mars 2022 : elle pose la question de la dépendance à la Russie, qui est un fournisseur majeur d'uranium enrichi – minerai transformé pour être utilisé comme combustible. Pour l'instant, les Occidentaux ont peu d'alternative, mais ils misent sur le développement de capacités d'enrichissement, en France, aux Pays-Bas et aux États-Unis, dans l'espoir de pouvoir se passer d'ici à quelques années des importations russes. Selon un responsable d'Orano, cité par le Financial Times, « il faudra attendre le début des années 2030 pour voir l'Occident rompre sa dépendance à l'enrichissement russe ». La politique commerciale américaine a aussi un impact sur le marché : les droits de douane ne concernent pas l'uranium à ce stade, mais c'est une crainte, et « très peu de contrats d'approvisionnement en uranium ont été signés ces derniers temps », assure un observateur de la filière. À lire aussiQu'est-ce que l'enrichissement de l'uranium et comment sert-il à fabriquer des bombes nucléaires ?

    Crise de croissance brutale sur le marché européen de la pomme de terre

    Play Episode Listen Later Sep 8, 2025 2:12


    En France, premier exportateur mondial de pommes de terre, la récolte 2025 s'annonce inédite depuis dix ans. La tendance européenne est la même, avec des volumes estimés à +11% par rapport à l'année dernière. Ce qui pourrait être une bonne nouvelle sur le papier se traduit par des prix qui se sont effondrés. Ce scénario, annoncé il y a déjà plusieurs mois, inquiète le réseau North-Western European Potato Growers (NEPG). L'Union nationale des producteurs (UNPT), avait prévenu qu'augmenter les surfaces et produire plus était risqué, car c'était anticiper une demande qui n'existait pas encore. Les promesses des industriels ont été manifestement trop fortes et ont stimulé les producteurs. On parle en particulier de gros acteurs implantés en Belgique, qui ont promis d'acheter des volumes plus importants, cette année, avant finalement de revenir sur leurs engagements. Résultat, les agriculteurs français, mais aussi allemands, hollandais et belges, se retrouvent aujourd'hui à récolter une production qui est en décalage avec le besoin réel des industriels. « Une partie importante de la récolte ne pourra être stockée, et des dizaines de milliers de tonnes ont déjà été redirigées vers l'alimentation animale, les unités de biométhanisation ou les installations de compostage », déplore le réseau North-Western European Potato Growers, la plateforme de discussion européenne des producteurs de pommes de terre. Un déséquilibre qui fait chuter les prix La baisse des prix a commencé il y a plusieurs mois. Aujourd'hui, sur le marché libre, c'est-à-dire hors des contrats longue durée, des industriels proposent d'acheter la tonne de pommes de terre à 15 euros la tonne, voire moins, des prix jugés indécents par l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) qui déconseille aux agriculteurs d'alimenter le marché de la frite avec des pommes de terre « payées zéro euro ou presque », résume un de ses membres. En France, environ 80 % de la production est vendue sous contrat, à des prix qui dépassent 180 euros la tonne cette saison, donc les agriculteurs peuvent s'inquiéter pour la vente des 20 % restants. « En revanche, dans d'autres pays européens qui ont moins l'habitude de vendre sous contrat, l'exposition à ces prix libres qui ont chuté s'annonce beaucoup plus grande », explique un expert de la filière. La crainte du réseau européen des producteurs est que la crise de l'offre d'aujourd'hui se transforme en crise de la demande dès 2026 « si les producteurs n'ont plus la capacité économique de suivre le rythme » et réduisent leur surface. Demande mondiale en forte hausse Cette crise de croissance est conjoncturelle et particulière à l'Europe, car la demande industrielle au niveau mondial est en forte hausse, en particulier en Asie où le nombre d'usines explose. L'industrie chinoise de la frite et de la chips a enregistré un taux de croissance de 80 %, entre 2019 et 2024 selon Rabobank, qui assure que la Chine et l'Inde – qui affiche un taux de croissance de 45 % – cherchent encore à augmenter leur capacité de transformation pour tirer profit de la hausse de la demande, au Moyen-Orient et en Asie. En cinq ans, ces deux pays sont passés d'importateurs nets à exportateurs nets de produits surgelés à base de pommes de terre.  L'Asie ne peut cependant pas être un débouché pour la production européenne. L'Inde et la Chine alimentent leurs usines avec leur propre production. « La pomme de terre fraiche voyage très mal, elle est transformée dans la région où elle est produite, généralement à quelques centaines de km maximum » explique un de nos interlocuteurs. À lire aussiLes pressions commerciales déstabilisent le marché de la pomme de terre

    La solution danoise pour relancer la consommation de café et cacao

    Play Episode Listen Later Sep 7, 2025 1:51


    Le Danemark souhaite supprimer les taxes sur le café et le cacao. Cette annonce pourrait se concrétiser dans la prochaine loi de finances qui sera finalisée d'ici début décembre. Cette décision vise à stimuler la demande, en limitant l'impact du coût pour les ménages. Elle illustre surtout à quel point le pouvoir d'achat est attaqué dans le pays, et plus largement en Europe.  La proposition est symboliquement très forte, car la taxe sur le cacao est considérée comme un des impôts les plus anciens du Danemark. L'augmentation de 25 % des prix du chocolat, et de 35 % des prix du café, en un an, selon les statistiques nationales, a finalement eu raison de cette « taxe réputée pour être la plus complexe et la plus bureaucratique », selon la ministre des Affaires économiques, Stéphanie Lose. Et ce, même si cette suppression pourrait provoquer un manque à gagner estimé à 320 millions d'euros pour le gouvernement. Le choix des autorités est de s'adresser directement au porte-monnaie des Danois, qui font partie des plus gros consommateurs de chocolat en Europe et boivent en moyenne plus de trois tasses de café par jour et par personne. Ce qui les place dans le top 5 des consommateurs de la planète, les premiers étant les Finlandais, selon le site suédois Kaffeinformation. Les prix ont fini par « détruire » la demande Comme le cacao, dont le marché a explosé ces deux dernières années, le café a vu ses prix augmenter au point d'affecter la consommation et de « détruire » la demande, pour reprendre la formulation employée par les négociants. Ce qui est vrai au Danemark, où le pouvoir d'achat est un des plus élevés d'Europe, est aussi vrai ailleurs : les marchés européens et américains stagnent depuis plusieurs années. Même au Brésil, la consommation a baissé. Le pays est pourtant le premier exportateur au monde d'Arabica, mais cela ne le préserve pas de l'augmentation des cours mondiaux. Entre juillet et août 2025, les prix du café brut ont augmenté de 25 % localement, selon l'association brésilienne de l'industrie du café (ABIC). L'Asie, un marché porteur Les importations asiatiques de café cette année ont aussi été affectées par la hausse des prix, mais à plus long terme, c'est une des régions du monde où le potentiel de développement est le plus élevé. Le marché du café en Asie et en Océanie affiche un taux de croissance de plus de 2 %, taux qui pourrait doubler rapidement, selon le négociant Sucafina. Cela n'a pas échappé à l'organisme brésilien Cecafé, qui dit surveiller avec attention la croissance du marché chinois. Dans le pays, la demande a dépassé les 4 millions de sacs de 60 kg par an et ne faiblit pas. Dans la série des marchés porteurs, on peut citer aussi la Corée du Sud où la consommation a augmenté significativement ces dix dernières années et dépasse maintenant les 3 millions de sacs, selon une des dernières notes du courtier britannique Marex. À lire aussiLe café brésilien pris dans la tourmente des taxes douanières américaines

    La Syrie, un acteur de retour sur le marché mondial du pétrole?

    Play Episode Listen Later Sep 4, 2025 2:06


    Quatorze ans après la dernière exportation de brut, le 1er septembre 2025, une cargaison de 600 000 barils a quitté la Syrie. Une opération rendue possible par la levée des sanctions européennes et américaines sur le pays.  La cargaison est composée de pétrole lourd, le Syria Heavy, qui contient beaucoup de soufre et qui est généralement commercialisé avec une décote par rapport au cours mondial. Cette décote n'est donc pas liée au fait qu'il s'agit de pétrole syrien, précise Homayoun Falakshahi, le responsable de l'analyse pétrolière chez Kpler, un cabinet franco-belge de suivi maritime. Difficile de savoir à quel prix précisément le brut a été négocié, mais il pourrait s'agir d'un chargement d'une valeur de 35 à 40 millions de dollars. Ce pétrole a été acheté par Vitol, le numéro un des négociants privés dans le secteur énergétique et semble être en cours d'acheminement vers la raffinerie du groupe à Sarroch en Sardaigne. Le client final n'est pas identifié avec certitude et peut d'ailleurs encore changer. Le pétrole, comme d'autres matières premières, est parfois revendu pendant son trajet en mer et dirigé vers une destination qui n'était pas celle prévue initialement.  À lire aussiSyrie: six mois après la chute de Bachar el-Assad, le défi de la relance économique   Regain d'activité au port de Tartous Ce pétrole est transporté à bord du navire Nissos Christiana, qui a quitté Tartous en début de semaine, un port où l'activité a très fortement augmenté. Depuis le début de l'année, une quarantaine d'arrivées ont été observées contre un bateau tous les trois à quatre mois avant 2025. Il s'agit surtout de chargement de grains, de blé et de maïs, mais aussi de charbon, signe que les infrastructures portuaires ont pu être maintenues et que le commerce a repris avec de plus en plus de partenaires.  Le port de Tartous devrait encore se développer après la signature au printemps d'un protocole d'accord pour un montant de 800 millions de dollars avec la société de logistique DP World, basée à Dubaï. Exportation ponctuelle Aucune autre cargaison de pétrole n'est annoncée au départ de la Syrie. Pour exporter plus et régulièrement, il faudrait que l'équilibre entre l'offre et la demande dans le pays le permette, ce qui impliquerait que la Syrie produise davantage. C'est potentiellement faisable, mais pour l'instant, l'offre locale est plus faible que la demande. Les champs pétroliers syriens produisent environ 80 000 barils par jour, contre 400 000 avant la guerre, pour une consommation de 120 000 barils jour au minimum. Ce qui manque est en totalité importé de Russie. La production est donc en priorité destinée à la consommation locale, sauf quand il s'agit de pétrole lourd que les raffineries syriennes n'ont pas la capacité de raffiner, c'est le cas du chargement exporté.  À lire aussiComment la Syrie peut-elle rebâtir son économie ?

    Un peu plus de 100 pays restent dépendants de leurs exportations de matières premières, selon un rapport de l'ONU

    Play Episode Listen Later Sep 3, 2025 2:13


    À quel point les pays sont-ils dépendants de leurs matières premières ? Et certains arrivent-ils à se diversifier pour être moins vulnérables ? Un rapport intitulé « State of Commodity Dependence 2025 » publié cet été par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) passe en revue le degré de dépendance de chaque État. Selon la définition choisie par l'ONU, une économie est considérée comme dépendante aux matières premières quand plus de 60% de ses exportations repose sur des produits non transformés, qu'il s'agisse de pétrole, coton ou de cuivre. Le premier enseignement du rapport « State of Commodity Dependence 2025 » est qu'entre 2014 et 2023 - la période étudiée -, le nombre de pays qui y restent dépendants n'a guère évolué, soit 103 contre 106. Cette dépendance reste même supérieure à 80% pour un peu plus de 70 pays situés pour la plupart en Amérique du Sud et en Afrique, le continent qui arrive en tête : 46 pays sur 54 y sont tributaires du commerce de leurs matières premières, selon les chiffres arrêtés en 2023. À lire aussiLa France mise au défi d'exporter huit millions de tonnes de blé Une forte dépendance aux minerais en Afrique Une vingtaine de pays africains sont, eux, considérés comme dépendants, voire très dépendants, de leur sous-sol. Parmi eux, la République démocratique du Congo, avec ses exportations de cuivre et son cobalt, le Mali, producteur d'or, ou encore le Botswana, dont l'économie repose sur l'extraction du diamant. Les pays africains dépendants de leurs matières premières agricoles sont moins nombreux : ils sont 15, même si ces dernières années l'agriculture a pris de plus en plus de place dans le portefeuille des exportations du continent. En moyenne, le secteur représentait en 2023 19% des exportations des pays africains contre 13% en 2014. Ce chiffre cache toutefois de grandes disparités. Parmi les États dont l'économie est hautement tributaire du commerce de produits agricoles figurent la Côte d'Ivoire, pays exportateur de cacao, d'hévéa et de noix de cajou ; le Bénin, exportateur de coton ; l'Éthiopie pour son café et le Kenya pour le thé. Si moins de pays africains restent dépendants de leurs produits énergétiques, leur nombre reste cependant élevé : ils sont 11 au compteur de la CNUCED. Dépendance dangereuse La CNUCED pointe ces dépendances parce qu'elles rendent les pays concernés vulnérables à la volatilité des prix mondiaux sur lesquels ils n'ont aucune prise. Entre 2021 et 2023 par exemple, l'une des périodes étudiées par l'ONU, les cours du pétrole ont baissé en moyenne de 20%, chute qui a été un coup dur notamment pour l'Algérie, l'Angola et le Nigeria, trois pays dont le budget repose sur la rente pétrolière. Les deux tiers des pays en développement sont aujourd'hui jugés dépendants à leurs exportations de matières premières et donc fragilisés. D'où l'urgence pour eux, rappelle le rapport onusien, de mettre l'accent sur la transformation de leur richesse localement pour créer de la valeur.  À lire aussiRDC : prolongation de la suspension de l'exportation du cobalt

    La France mise au défi d'exporter huit millions de tonnes de blé

    Play Episode Listen Later Sep 2, 2025 2:00


    Après une année 2024 catastrophique, la production française 2025 devrait se redresser de 30%, selon les estimations d'Argus Media, tout en restant inférieure par rapport à la moyenne calculée entre 2017 et 2023. Une meilleure récolte annonce plus de quantités à exporter, mais la grande question aujourd'hui est de savoir vers quelle destination car le premier exportateur européen doit toujours composer sans l'Algérie et avec une demande chinoise en chute.  La France a appris à se passer de l'Algérie depuis que le pays à commencer à se tourner vers le blé russe en 2020. Mais avec la décision de l'Algérie d'acheter plus de céréales de la mer Noire, l'Hexagone a perdu un acheteur qui absorbait entre deux et cinq millions de tonnes de blé par an.  L'année dernière, l'Algérie n'a acheté que 30 000 tonnes, donc presque rien ; mais sur une année de mauvaise récolte française, cela a été moins problématique que ce qui semble se dessiner pour cette année 2025. Au vu du bilan de la production 2025, la France devrait avoir au moins huit millions de tonnes à exporter hors de l'Union européenne, selon l'agence d'information et de conseil Argus Media. Or, les tensions diplomatiques qui persistent ne laissent pas présager une reprise du commerce de blé entre Alger et Paris. Un autre client est aussi aux abonnés absents : la Chine. Le pays est devenu acheteur juste avant la fermeture progressive du marché algérien, ce qui a permis de compenser en partie les volumes perdus. En 2023, l'empire du Milieu a acheté 2,4 millions de tonnes de blé français, mais l'appétit chinois « est devenu tout petit, voire réduit à zéro », explique Maxence Devillers, analyste de marché chez Argus Media. L'agence prévoit 500 000 tonnes de blé français exporté vers la Chine pour la campagne 2025-2026. Quelles alternatives à l'export ?  Le Maroc est devenu le premier acheteur de blé français et pourrait en importer 2,5 millions de tonnes cette année, selon Argus Media. La demande devrait venir aussi d'Afrique subsaharienne – 2,4 millions de tonnes – et d'Égypte, qui pourrait importer 900 000 tonnes. Il y a donc des débouchés, mais l'année s'annonce cependant compliquée. Ce qui ne sera pas vendu et pas consommé sur le marché intérieur sera entreposé. Les prévisions font état de stocks qui pourraient atteindre quatre millions de tonnes en France, un niveau inédit depuis la campagne de 2004-2005. De belles productions en Roumanie et Bulgarie Les pays européens restent un débouché pour le blé français, mais avec ses limites. Cette année, près de 6,8 millions de tonnes de la céréale française devraient être écoulées sur le marché communautaire, mais il y a d'autres producteurs qui comptent et qui encombrent le circuit. La production s'annonce par exemple record en Espagne et en Roumanie – 12,2 millions de tonnes – ainsi qu'en Bulgarie, qui pourrait produire 7,7 millions de tonnes de blé. Ces deux derniers pays pourraient à eux seuls représenter la moitié des exportations de blé de l'Europe sur cette campagne, selon l'agence d'information. Cette abondance de blé en Europe, mais aussi en mer Noire, maintient des prix bas. Les prix du blé à la bourse Euronext se rapprochent de 190 euros la tonne, pour une livraison en décembre, sans perspective de remonter pour l'instant, à moins d'un choc climatique ou géopolitique. Ce cours reste insuffisant pour être rémunérateur pour les producteurs français qui font face, selon Alexandre Willekens d'Argus Media, à un coût de production moyen de 200 euros la tonne.  À lire aussi«La part de la Russie dans les importations des pays d'Afrique subsaharienne de blé a augmenté »

    Le groupe français Touton, acteur historique du négoce de cacao, prépare sa succession

    Play Episode Listen Later Sep 1, 2025 2:02


    C'est une page qui est en passe de se tourner dans le secteur du négoce du cacao : le groupe français Touton implanté à Bordeaux dans le sud-ouest de la France, qui fait partie des six premiers acheteurs de fèves dans le monde, est à vendre. Il annonce être entré en négociation exclusive avec Hartree, un groupe de négoce international. Touton appartient à l'histoire du cacao, même si le groupe commercialise aussi du café, de la vanille et des épices. L'activité de Touton repose sur celle de ses 14 filiales. Plusieurs sont basées en Afrique et notamment en Côte d'Ivoire où le groupe s'est distingué à la fin des années 1990 en rachetant des plantations. La société s'est aussi illustrée pour son investissement dans la production de cacao premium. Le groupe se targue aujourd'hui d'avoir construit une chaîne d'approvisionnement en cacao 100 % traçable et durable. Dans l'entourage du président Patrick de Boussac, à l'âge de la retraite, on évoque des raisons personnelles et une volonté de passer la main depuis deux trois ans déjà. Mais plusieurs facteurs ont certainement pesé, selon des observateurs de la filière, y compris le fonctionnement du marché, tel qu'il est aujourd'hui. Contexte de marché « ingérable » De l'avis général, ces deux dernières années ont en effet été ingérables et imprévisibles pour les traders. La hausse des prix et leur volatilité ont contraint les négociants à déposer des garanties financières de plus en plus importantes pour couvrir les risques financiers qu'ils prenaient. Le tout avec un impact évident sur leur trésorerie. Dans le contexte de marché actuel, « le défi le plus important pour un négociant en cacao est clairement devenu l'accès à des lignes de crédit plus que l'accès aux fèves », résume Javier Blas, éditorialiste chez Bloomberg et co-auteur du livre Un monde à vendre, publié aux éditions Novice. Toutes les entreprises ont en effet besoin de contracter des prêts auprès de banques pour acheter le cacao avant de le revendre. Ce défi est encore plus grand pour une maison de négoce familiale comme Touton, pointe Javier Blas, sachant que même des multinationales ont été mises en difficulté ces derniers mois. Un repreneur adossé à un fonds d'investissement Ce n'est d'ailleurs peut-être pas un hasard si la société Hartree, qui est en passe de reprendre Touton, est adossée à Oaktree, un fonds d'investissement. C'est en effet beaucoup plus facile pour un fonds d'investissement qui gère des milliards de dollars d'actifs de naviguer dans le marché tel qu'il est aujourd'hui. Dans un tel contexte de marché, les petits disparaissent souvent au profit des plus grands. La société qui est positionnée pour racheter Touton a d'ailleurs conclu en juillet l'acquisition d'EDFMan, un autre trader de cacao, de sucre et de café, bien implanté en Afrique. Parmi les facteurs qui ont aussi probablement eu un impact dans la décision de Touton, il y a la baisse des volumes de fèves auxquels les entreprises de négoce implantées en Côte d'Ivoire ont eu accès. « En raison de la diminution de la production ces deux dernières années, les fèves ont été en priorité dirigées vers les usines de transformation locales [Touton n'en possède pas] et mises à disposition des exportateurs locaux, ivoiriens », explique un acteur de la filière, implanté en Côte d'Ivoire. Les négociants comme Touton ont été « servis » après, et ont donc eu accès à moins de sacs de cacao, ce qui pu constituer un frein à leur activité.  Touton a vu son bénéfice net bondir de plus de 1 000 % entre l'exercice 2022-2023 et l'exercice 2023-2024, passant de 11,4 millions d'euros à 128 millions d'euros. Ses derniers résultats financiers ne sont pas encore accessibles.

    Le café brésilien pris dans la tourmente des taxes douanières américaines

    Play Episode Listen Later Aug 31, 2025 1:54


    Les droits de douane mis en place par Washington ont un impact direct sur le commerce des matières premières et c'est en particulier vrai pour le café. Le Brésil, premier exportateur mondial de grains, a vu depuis le 6 août ses exportations vers les États-Unis taxées à 50 %. Les Américains achetaient jusque-là un tiers de leur café non torréfié chez le géant d'Amérique latine, les conséquences sont donc importantes, et ce, pour les deux pays. Sans surprise, avec ce niveau de taxe, les torréfacteurs américains réduisent ou annulent leurs commandes depuis début août, et puisent dans leur stock tant qu'ils peuvent le faire. C'est ce que confient plusieurs d'entre eux, comme le rapporte l'agence Bloomberg. Il faudra cependant attendre un ou deux mois pour que cela se traduise dans les statistiques douanières.  Certains espèrent tout de même une baisse des droits de douane et demandent à leur fournisseur brésilien d'attendre pour expédier la marchandise. Ces délais de livraison rallongés ont des conséquences financières importantes pour les exportateurs de café. Quelle alternative au café brésilien ? Ces taxes sont prohibitives et insurmontables pour la plupart des acheteurs américains qui cherchent déjà à remplacer l'origine brésilienne. « Dans un contexte de demande morose, ils ne peuvent pas répercuter la hausse au consommateur et sont donc obligés de changer de fournisseur », explique un négociant.  L'alternative pour les États-Unis est d'acheter plus dans les pays producteurs qui sont moins taxés, en Amérique centrale et en Amérique latine. L'autre possibilité, c'est aussi de se fournir plus au Vietnam, qui commercialise un café de qualité inférieure, mais moitié moins cher que l'arabica (150 cents contre 300 cents la livre), et qui reste donc intéressant, même taxé à 20 %. Tous les industriels n'ont cependant pas la capacité de modifier leurs recettes pour intégrer du robusta à la place de l'arabica brésilien. À lire aussiComment le Brésil compte résister aux surtaxes douanières de 50% imposées par Trump Huit millions de sacs à trouver Le défi pour les acheteurs américains ne sera pas d'acheter quelques lots, mais d'arriver à compenser, avec le minimum de surcoût, les volumes qui étaient jusque-là achetés chaque année, au Brésil, c'est-à-dire environ 8 millions de sacs de 60 kg. Le Brésil, va inévitablement de son côté chercher d'autres débouchées. Le café brésilien devrait être redirigé vers l'Europe, et la Chine, un marché en pleine croissance. Pékin a d'ailleurs récemment autorisé près de 200 nouvelles entreprises brésiliennes à exporter du café vers son marché intérieur.  Des prix qui reflètent un marché tendu Les cours mondiaux sont repartis à la hausse début août. Mais les droits de douane ne sont pas les seuls responsables, même s'ils sont pointés du doigt par Cecafé, le conseil des exportateurs de café du Brésil. L'équilibre entre l'offre et la demande est précaire, et la production ne suffit pas à reconstituer les stocks qui sont bas après trois années de déficit. Les prix brésiliens restent d'ailleurs élevés, même si le pays perd son gros client américain, preuve d'un marché tendu. Pour rassurer les opérateurs, il faudra attendre les pluies de l'automne, qui détermineront la qualité de la floraison et le niveau de la prochaine récolte brésilienne de 2026. À lire aussiAprès l'annonce de taxes douanières américaines, la Chine s'apprête à acheter plus de café brésilien

    Au Nigeria, Aliko Dangote étend son emprise sur le secteur pétrolier aval

    Play Episode Listen Later Jul 31, 2025 2:06


    Au Nigeria, le milliardaire Aliko Dangote semble avoir réussi son pari : d'ici à la fin de l'année, sa raffinerie de Lekki estime pouvoir produire jusqu'à 700 000 barils de pétrole raffiné par jour, au-delà même de son objectif initial. C'est assez pour couvrir entièrement la demande locale, au Nigeria. Ce projet titanesque, chiffré à 20 milliards de dollars, est en train de faire bouger les lignes dans tous les secteurs de l'industrie pétrolière. Fin février, un peu plus d'un an après le début des opérations de sa méga-raffinerie de Lekki, Aliko Dangote annonçait que celle-ci produisait déjà jusqu'à 57 millions de litres d'essence par jour. Suffisamment pour répondre à la demande domestique totale au Nigeria, où la consommation de carburant a bien baissé depuis la levée d'une partie des subventions sur l'essence en 2023. Mais le succès fulgurant de ce projet titanesque crée beaucoup de tensions avec les acteurs historiques du secteur, qui redoutent qu'Aliko Dangote ne verrouille totalement le marché pour asseoir son monopole. Le milliardaire a, de son côté, beaucoup dénoncé les agissements des importateurs, accusés d'acheter du carburant de mauvaise qualité à l'étranger, afin de dégager des marges plus importantes lors de la revente au Nigeria, le tout avec la complicité du régulateur. Aliko Dangote milite désormais pour que les carburants raffinés localement soient tout simplement exclus de la liste des produits importables au Nigeria. À lire aussiNigeria: la raffinerie de pétrole Dangote se lance dans la distribution de carburants Accord « Pétrole brut contre Naira » En réalité, le magnat mène une offensive bien plus large, qui vise au réaménagement du secteur pétrolier aval au Nigeria. Aliko Dangote a notamment annoncé le déploiement, dès la mi-août, de 4 000 camions-citernes roulant au gaz naturel comprimé, pour livrer de l'essence et du diesel en direct à ses clients nigérians. L'homme d'affaires a aussi obtenu le soutien de l'exécutif pour continuer à acheter une partie du pétrole brut qui fournit sa raffinerie en nairas, la devise locale, plutôt qu'en dollars, malgré les résistances initiales de la compagnie nationale pétrolière, la NNPCL. Mais le gouvernement fédéral risque tout de même de devoir tempérer pour préserver ses revenus en dollars, alors que le groupe Dangote annonce déjà vouloir se fournir exclusivement en brut nigérian d'ici à la fin de l'année. Pour l'instant, la production locale reste encore insuffisante pour répondre aux besoins de la méga-raffinerie. Ambitions globales Les ambitions d'Aliko Dangote dépassent de toute façon largement le marché nigérian et même ouest-africain. Le groupe projette de construire en Namibie des réservoirs de stockage pouvant contenir au moins 1,6 million de barils d'essence et de diesel, afin de fournir du carburant raffiné à l'Afrique Australe. Fin juin, 90 000 tonnes de carburant produit sur le site de Lekki ont été embarqués à destination du marché asiatique. C'est la première exportation de carburant du groupe Dangote en dehors du continent africain. À lire aussiNigeria: la méga raffinerie Dangote exporte désormais son pétrole jusqu'aux États-Unis

    Au Cameroun, objectif zéro importation pour le sucre

    Play Episode Listen Later Jul 30, 2025 2:09


    Dans sa stratégie nationale de développement pour la décennie 2020-2030, le Cameroun se donne pour ambition de devenir « le nourricier de l'Afrique centrale et du Nigéria ». Parmi sept plans présentés comme prioritaires dans l'agro-industrie : le sucre. Avec un objectif de production de 500 000 tonnes annuelles pour répondre à la demande intérieure et exporter du sucre camerounais. Aujourd'hui, pourtant, les Camerounais consomment principalement du sucre brésilien ou chinois. L'objectif que s'est fixé le Cameroun est loin d'être atteint. Selon ses propres chiffres, la Sosucam, en 2024, n'a produit que 86 000 tonnes de sucre. La Société sucrière du Cameroun exploite 25 000 hectares de plantations à Mbandjock, Nkoteng et Lembe-Yezoum dans le département de la Haute-Sanaga. Elle est en situation de quasi-monopole sur le marché intérieur, mais ses objectifs affichés ne sont pas les mêmes que ceux de l'État camerounais.  L'entreprise sexagénaire créée en 1965 est détenue majoritairement par le groupe français Somdia, groupe de la famille Vilgrain appartenant lui-même à la multinationale Castel. En 2023, Somdia annonçait un plan de restructuration « intégral » destiné à atteindre une capacité de production de 130 000 tonnes de sucre à l'horizon 2027. Soit seulement un quart du volume annoncé par l'État camerounais dans sa stratégie nationale  Pour produire plus, selon les experts, il faudrait investir : moderniser l'outil de production, exploiter plus de terres et, pourquoi pas, faire entrer des capitaux étrangers. Ce ne sont ni la disponibilité des terres ni le coût de la main d'œuvre, très faible, qui posent problème. Mais rien n'incite à l'heure actuelle la Sosucam à prendre plus de risques en injectant davantage de ressources.  Sa position de quasi-monopole, notamment, ne l'y encourage pas. Aujourd'hui, la demande nationale tourne autour de 300 000 tonnes annuelles, englobant la consommation des ménages, celles des petites structures alimentaires et celle de l'industrie brassicole. Sans réponse locale suffisante, le Cameroun importe, comme pour tous les autres produits de consommation que le pays pourrait produire sur son territoire et sa balance commerciale est déficitaire. Selon l'Institut national de la statistique, en 2023, ce déficit a franchi le seuil symbolique et historique des 2000 milliards de FCFA.  En plus de ses difficultés structurelles, la Sosucam – au chiffre d'affaires 2024 de 54 milliards de francs CFA – a été confrontée au moins de février à un mouvement de protestation de quelque 5 000 travailleurs saisonniers, dénonçant leurs conditions de travail et de rémunération.  À lire aussiAu Cameroun, une raffinerie pour limiter la dépendance aux importations

    En Côte d'Ivoire, la production de la filière avicole est en hausse

    Play Episode Listen Later Jul 29, 2025 2:01


    En Côte d'Ivoire, le secteur avicole emploie plusieurs milliers de personnes. Le ministère des Ressources animales et halieutiques estime que 95% des besoins sont couverts, même si des efforts doivent encore être fournis afin d'éviter la dépendance avec l'importation d'œufs à couver. De notre correspondante en Côte d'Ivoire, Entre 2010 et 2024, la production de viande de volaille est passée de 23 000 à 114 000 tonnes, selon l'Ipravi, l'interprofession avicole de Côte d'Ivoire. « Au plan économique et social, la filière avicole représente un chiffre d'affaires de 450 milliards de francs CFA en 2024 contre 80 milliards en 2010 », affirme Sylvain Gotta, le président de l'Ipravi. Cette filière génère près de 300 000 emplois directs et indirects en 2024, d'après les données de cette organisation. « Ce secteur couvre les besoins des Ivoiriens, qui consomment 5 kg de viande de volaille par habitant et par an », soutient le président de l'Ipravi.   Soutien de l'État à la filière  On part pourtant de loin, puisque les producteurs se sont longtemps heurtés à des problèmes de formation. Ou encore à des difficultés d'accès au marché, car il était auparavant dominé par les poulets importés d'Europe.    Mais depuis 2000, le gouvernement a mis en place une politique de compensation pour réduire la concurrence avec les produits importés. « Cette politique se matérialise notamment par une taxe. Les ressources tirées de cette manne sont réinjectées dans l'accompagnement des producteurs locaux », explique Gouebini Dougnon, le directeur de cabinet adjoint au ministère des Ressources animales et Halieutiques. « Cela a créé de la place pour les producteurs locaux, qui ont pu accéder au marché », poursuit cette source. De son côté, le secteur privé s'est engagé à investir également dans la filière.   Pour autant, certains aspects peuvent encore être améliorés. « La filière est devancée par la viande de brousse et la viande bovine : il faudrait encore encourager la consommation de volaille par habitant », reconnait un acteur du secteur.   Autre interrogation : le recours encore élevé aux OAC, les œufs à couver, issus de l'importation. Près de 60% des acteurs de la filière sont concernés, indique l'Interprofession avicole. « Le prix des poussins a augmenté : il est passé de 480 à 650 francs CFA par tête », explique Pétré Fabiola, responsable technique de la ferme Kloklo Premium. « Il n'y a pas assez de poussins et souvent, on se retrouve avec des poussins de moindre qualité », regrette cette responsable. « Pour être autosuffisant, préconise cette entrepreneure, il faut former les jeunes à la génétique afin de travailler sur des races de volailles purement locales ». D'après le ministère des Ressources animales, plusieurs projets sont en cours pour développer des fermes d'élevage de reproducteurs d'ici à 2030. Un projet dans lequel le secteur privé promet d'augmenter ses investissements, indique Sylvain Gotta, le président de l'Interprofession avicole. À lire aussiÀ Abidjan, une grande exposition de friperie illustre cette tendance vestimentaire grandissante en Côte d'Ivoire

    Le Maroc peine à réduire sa dépendance aux importations

    Play Episode Listen Later Jul 28, 2025 2:12


    Le Maroc a infléchi sa politique d'importation et d'exportation pour favoriser la consommation de produits locaux. Une réforme déjà engagée en 2019 et renforcée après la crise du Covid. Mais pour l'heure, la dépendance vis-à-vis de l'extérieur demeure en produits manufacturés, y compris pour une partie des matières premières agricoles. Le Maroc a souhaité freiner les importations pour réduire son déficit commercial en mettant en place, comme d'autres pays, des conditions sur les importations et des droits de douane protectionnistes. Ce qu'il fait traditionnellement, par exemple, sur les céréales, en fermant son marché à l'importation pour protéger l'offre locale. Cependant, les épisodes de sécheresses ont fait chuter de 40 % la production de blé tendre, de blé dur et d'orge. Et le pays s'est retrouvé contraint d'importer massivement, et même de subventionner les importations de blé tendre. Pendant de cette stratégie, le contrôle de l'exportation comme dans la filière olive. Utilisées pour la cuisine ou pour embellir la peau et les cheveux, l'huile d'olive et les olives de tables sont très prisées localement, mais également à l'étranger. Le Maroc est classé dans le top 10 des producteurs d'huile d'olive. Cependant, il est nécessaire pour Rabat de maintenir sa disponibilité et à un prix correct sur son marché. Il y a deux ans par exemple, les autorités, anticipant une mauvaise récolte, ont décidé de limiter les exportations en les soumettant à des licences. Une mesure renouvelée l'année dernière à la demande de l'interprofession. L'objectif, explique son président : servir le marché national en priorité et réguler les prix. Avec plus ou moins de réussite, convient-il. Des restrictions qui devraient être levée cette année, les prévisions de récolte sont au vert. Dans le même esprit, en février, les ventes de tomates, oignons et pommes de terre vers l'Afrique de l'Ouest ont été temporairement stoppées pour contrer la flambée des prix. Mais ce qui démarque le plus le Royaume chérifien dans ce domaine, c'est la création en 2020 d'une banque dédiée aux projets de substitution aux importations. Une « war room » a même été mise en place pour accompagner les porteurs de projets. Plus de 1 900 projets industriels ont été identifiés dans le cadre de ce programme, dont près de 500 dans l'alimentaire qui peuvent influencer les matières premières locales. Par exemple, le Maroc est l'un des leaders mondiaux de l'agrume. Des records de production et d'exportation ont été atteints lors de la dernière saison. Pourtant, pour sa consommation locale, le Maroc importe massivement des concentrés de l'étranger. Les raisons : une production locale peu adaptée pour les jus, et un coût à l'importation moins élevé que la production locale. À lire aussiMaroc: la pluie, don du ciel pour l'agriculture et le pouvoir d'achat

    Au Sénégal, l'autosuffisance en riz toujours fixée à 2030

    Play Episode Listen Later Jul 27, 2025 1:46


    « L'autosuffisance en riz est à la portée du Sénégal », a affirmé le président Bassirou Diomaye Faye mi-juin, lors d'une visite dans la région rizicole du nord du pays. Mais si la production a augmenté au Sénégal, le pays est toujours loin de son objectif d'autosuffisance, malgré un programme national lancé dès 2008.  De notre correspondante à Dakar, Un sénégalais consomme en moyenne 100 kg de riz par an. Aliment de base de tous les plats, la pression est donc particulièrement forte sur cette céréale. Si la production a augmenté dans les principales zones de culture ces dernières années : le long du fleuve Sénégal, au nord du pays, au sud, en Casamance et au Sine Saloum, la production a triplé en 10 ans, passant de 469 000 tonnes en 2012 à 1,5 million de tonnes, selon les chiffres officiels. Cela reste néanmoins largement en deçà des besoins du Sénégal. Le pays importe toujours 60 % de son riz d'Asie, 40 % seulement étant produit localement. Des coûts de production élevés Le manque de matériel de récolte, un accès inégal aux intrants et une production de riz encore insuffisamment mécanisée avec beaucoup de petites exploitations favorisent des coûts de production élevés au Sénégal. Un déficit d'aménagements pour l'irrigation fluviale aussi et des crédits bancaires qui arrivent tardivement, ajouté à une faible structuration des circuits de transformation et de commercialisation. Tout cela impacte les rendements et la compétitivité du riz sénégalais, face à la céréale importée d'Asie. Enfin, ces dernières années, le changement climatique a ajouté des contraintes supplémentaires à la filière du riz, avec des pluies précoces qui noient les champs. En 2023, dans la vallée du fleuve, les cultivateurs ont dû faire venir des moissonneuses-batteuses à chenille de Mauritanie pour récolter leurs parcelles inondées. Le potentiel du Sénégal encore sous-exploité Cette année, le gouvernement a promis d'aménager 10 000 hectares supplémentaires pour l'exploitation du riz. Car les terres sont là. Pour le coordonnateur du programme national d'autosuffisance en riz, Wally Diouf, la clef ce sont les ressources allouées au secteur et la constance : « Systématiser l'aménagement de nouvelles terres, mais aussi la distribution de tracteurs, de matériel agricole et de semences », détaille-t-il. Fixé pour 2017, puis 2019 et enfin 2030 : le coordonnateur de ce programme national appelle à faire « beaucoup plus et plus vite pour tenir l'objectif du doublement de la production » et de la souveraineté alimentaire dans cinq ans. À lire aussiKayar, petit village de pêcheurs devenu grand

    Face au changement climatique, les prix de l'alimentation s'envolent dans le monde

    Play Episode Listen Later Jul 24, 2025 1:55


    Les prix de l'alimentation augmentent à cause du changement climatique, selon une étude publiée cette semaine dans Environmental Research Letters. Les auteurs analysent seize exemples à travers le monde. Aucun continent n'est épargné par ces hausses qui ont suivi des périodes de chaleur extrême, de sécheresse ou de précipitations abondantes entre 2022 et 2024. Et les réponses des États restent court-termistes. Au Royaume-Uni, c'est le prix des pommes de terres qui a augmenté de 22% l'année dernière à cause des fortes pluies hivernales. Au Pakistan, le prix des denrées alimentaires a bondi de 50% dans les semaines qui ont suivi les inondations d'août 2022. Des pluies de mousson inhabituelles, que le changement climatique a rendu entre 50% et 75% plus intenses, estiment les chercheurs. Les canicules en Asie l'année dernière ont entraîné des hausses des prix des oignons en Inde, du chou en Corée du Sud, jusqu'au riz au Japon. En avril 2024, les prix mondiaux du cacao ont augmenté de près de 300% à la suite de la vague de chaleur record qui a frappé la Côte d'Ivoire et le Ghana deux mois plus tôt. À eux deux, ces pays représentent près des deux tiers de la production mondiale de cacao. Un évènement majeur pour leurs économies. Des enjeux sanitaires, sociaux et politiques Cette hausse des prix a des répercussions bien plus vastes que simplement alourdir la facture des ménages. Les prix grimpent, mais les salaires ne suivent pas, et une étude de la Banque centrale européenne montre une hausse de l'inflation qui perdure jusqu'à un an après un évènement climatique. Les ménages à faibles revenus tendent alors à réduire leur consommation d'aliments les plus chers tels que les fruits et légumes, car ils n'ont pas les moyens de se les offrir. Il y a donc un enjeu sanitaire qui peut aller de la malnutrition aux maladies chroniques causées par la malbouffe, en passant par les troubles mentaux liés à l'insécurité alimentaire. Ces crises menacent aussi la stabilité sociale et politique des pays, en exacerbant les inégalités, les tensions et les conflits. Une adaptation nécessaire des systèmes agricoles Ils prennent en général des mesures temporaires, comme bloquer les prix des denrées de base ou fournir des chèques alimentation aux plus vulnérables. À plus long terme, certains réfléchissent à diversifier leur agriculture pour ne pas être dépendants de la production d'autres pays et éviter de tout perdre après un évènement climatique. Mais ces réponses ne suffisent pas et encore trop peu d'États prennent la mesure des catastrophes climatiques à venir. L'adaptation des systèmes agricoles au changement climatique est possible et nécessaire, mais tarde à être mise en route. À lire aussiLes stocks de poissons se déplacent en raison du réchauffement climatique

    Au Maroc, l'avocat sur le banc des accusés

    Play Episode Listen Later Jul 23, 2025 1:58


    C'était l'un des paris de l'agriculture marocaine : accélérer la production d'avocats sur son territoire. En 2011, près de 2 700 hectares d'avocatiers ont été plantés d'après les chiffres du gouvernement et, chaque année, les surfaces dédiées s'agrandissent. Par Elie Polselli Une politique qui porte ses fruits : en 2025, la production s'élève à 130 000 tonnes d'avocats, soit près du double de l'année passée, selon les chiffres de l'Association marocaine de l'avocat. Pourtant, le Maroc n'est pas dans le top 5 des pays les plus producteurs d'avocats au monde, mais compte bien se faire une place dans ce marché. Alors pour atteindre les cadences de ses concurrents, comme le Pérou ou le Kenya, le Maroc a redoublé d'efforts dans la région irriguée de Gharb, au nord du pays. Mais dans les localités déjà en tension hydrique, comme Rabat, Khémisset et Benslimane, la culture d'avocats impacte la qualité des sols et des ressources en eau. En 2024, le royaume a dû réduire les irrigations agricoles, et la situation est d'autant plus préoccupante, car le pays entame sa 7ᵉ année de sécheresse. La désalinisation de l'eau de mer comme solution La désalinisation de l'eau de mer est une solution technique pour irriguer les champs artificiellement, mais qui demande en amont beaucoup d'énergie afin d'extraire le sel de l'eau. 17 stations de distillation existent déjà, et 9 doivent voir le jour dans le pays à l'horizon 2030. Le problème de cette solution : le sel retiré de l'eau de mer est ensuite relâché, mélangé à de nombreux produits chimiques, utilisés dans le processus de distillation. Un cocktail qui se retrouve en bout de course dans l'océan. L'eau va poser problème à l'avocat Même si l'Organisation mondiale de l'avocat estime que cette culture est plus raisonnable que celle du café ou du chocolat, il faudrait quand même environ 900 litres par plant d'avocat pour obtenir une production rentable, selon l'Association marocaine de l'avocat. La solution, pour la durabilité de la filière de l'avocat au Maroc, se trouve peut-être dans la réduction de la consommation mondiale, qui s'est emballée ces dernières années. Un constat qui n'est pas partagé par tous les acteurs : l'Organisation mondiale de l'avocat mise sur une croissance de la consommation d'avocats de 10% par an en Europe pour les cinq prochaines années. À lire aussiFrance: boom de la production du sorgho, une céréale adaptée au changement climatique

    France: boom de la production du sorgho, une céréale adaptée au changement climatique

    Play Episode Listen Later Jul 22, 2025 1:47


    Le sorgho est la cinquième céréale la plus consommée au monde derrière le blé, le maïs, le riz et l'orge. Les grandes zones de production restent l'Afrique subsaharienne et l'Inde, où le sorgho est une plante vivrière qui sert essentiellement à l'alimentation humaine. Mais il est aussi très présent en Chine, au Japon, au Mexique et aux États-Unis, où il est destiné au bétail. En Europe, la surface cultivée était de 350 000 hectares en 2024, soit une hausse de 40 % par rapport à l'année précédente. Mais c'est en France qu'il y a eu la plus forte hausse. En France, 103 000 ha de sorgho grain ont été cultivés en 2024, soit une hausse de 89 % par rapport à 2023, qui fait du pays le premier producteur européen de sorgho grain, celui qui permet de faire la farine, les galettes ou la semoule. À ne pas confondre avec une autre espèce de sorgho, le sorgho fourrager, qui permet lui de nourrir le bétail. En France, la culture du sorgho était considérée comme une culture de niche. Cependant, à partir des années 2000, les surfaces cultivées ont augmenté lentement, mais surement, pour atteindre en 2024 ce titre honorifique de premier producteur européen. Une céréale adaptée au climat français Le sorgho est une plante qui a toutes les caractéristiques pour s'adapter au changement climatique. Son système racinaire très profond, il peut atteindre jusqu'à deux mètres, lui permet de mieux mobiliser l'eau disponible et donc de mieux résister à la sécheresse, et ce, sans grand apport d'intrant. Autre avantage, ses besoins en eau sont inférieurs de 50 % à celui du maïs. Tous ces atouts font ainsi du sorgho une plante idéale pour les zones qui connaissent des périodes de sécheresse à répétition comme le sud-ouest de la France. Le sorgho peut-il supplanter le maïs ? Pour l'instant non. Il est vrai que la culture du sorgho s'intègre parfaitement dans la rotation avec le tournesol et le maïs, ce qui permet une meilleure gestion des risques climatiques. Le sorgho pourrait devenir une alternative crédible au maïs dans les zones ou l'irrigation devient problématique. Mais n'oublions pas que le maïs a été optimisé depuis cent ans à coups de millions d'euros d'investissements et qu'il bénéficie de filières très solides. L'enjeu pour la filière sorgho est donc de continuer à améliorer ses rendements et sa qualité pour réellement s'imposer comme une culture de premier plan de l'agriculture française.  À lire aussiRemettre les plantes méconnues au centre des systèmes alimentaires au Sahel

    Les stocks de poissons se déplacent en raison du réchauffement climatique

    Play Episode Listen Later Jul 21, 2025 1:35


    Le dérèglement du climat pousse les poissons à fuir leurs zones habituelles. Si certains pays y voient de nouvelles opportunités halieutiques, ailleurs, les pêcheries s'effondrent. Le déplacement des stocks marins bouleverse un équilibre déjà fragilisé. Depuis quelques décennies, les océans se réchauffent : +1°C en moyenne depuis l'ère industrielle, avec des hausses particulièrement marquées dans certaines régions comme l'Atlantique Nord-Est ou les côtes ouest-africaines. Sensibles à ces variations de températures, les poissons migrent vers des eaux plus froides, soit vers le nord, soit vers les profondeurs. On estime qu'ils se déplacent de 40 à 45 kilomètres par décennie. Une vitesse trop rapide pour les communautés côtières dépendantes de la pêche. Un exemple marquant : la sardinelle ronde, un poisson-clé pour la consommation locale en Afrique de l'Ouest, a vu son aire de répartition se décaler de 180 kilomètres en deux décennies. Au Sénégal, les prises ont chuté de 70 à 80%, mettant en péril emplois, revenus et sécurité alimentaire. Au Ghana, les débarquements de petits pélagiques ont diminué de 59%. Des opportunités en eaux plus froides Pour d'autres régions, les mouvements des stocks halieutiques peuvent représenter des occasions inédites. Des espèces jusque-là absentes deviennent capturables à des latitudes nouvelles. Le merlu et le maquereau abondent désormais en Islande ou en mer de Norvège. Le rouget méditerranéen est lui désormais observé en mer du Nord. Ce phénomène s'accompagne d'une « tropicalisation » des populations de poissons, avec une augmentation des espèces d'eaux chaudes. Certaines zones comme les profondeurs de la mer du Nord ou les côtes atlantiques du Royaume-Uni pourraient devenir des refuges climatiques, accueillant une biodiversité capable de soutenir une pêche plus durable. Des pertes bien plus lourdes Ces déplacements ne sont pourtant pas une bonne nouvelle pour tous. Car ce que l'on gagne en diversité locale peut masquer la perte d'espèces essentielles au fonctionnement des écosystèmes. Les pêcheries, elles, doivent s'adapter vite, et n'y parviennent pas toujours. Les infrastructures, les compétences, les marchés sont remis en causes. En Afrique de l'Ouest, certaines communautés abandonnent déjà la pêche. À cela s'ajoute la surexploitation, la pêche illégale et des techniques destructrices qui aggravent l'effet du réchauffement. Ce dernier a également des effets sur la physiologie des poissons : ils atteignent la maturité plus tôt, mais à une taille réduite, avec une mortalité naturelle accrue. Ces changements biologiques compromettent la régénération des populations. Ainsi, face au changement du climat et aux activités humaines, si certaines zones peuvent temporairement bénéficier de conditions nouvelles, le bilan global est largement négatif. À lire aussiCommunautés de pêcheurs ouest-africaines, menace sur la ressource

    Les semi-conducteurs asséchés par le changement climatique

    Play Episode Listen Later Jul 20, 2025 1:47


    Alors que l'intelligence artificielle continue de croître à une vitesse fulgurante, elle pourrait bien fragiliser les bases même sur lesquelles elle repose. Car les semi-conducteurs, essentiels à sa fabrication, sont de plus en plus menacés par les pénuries d'eau, lesquelles sont amplifiées par le réchauffement climatique... auquel contribue de plus en plus l'intelligence artificielle. L'intelligence artificielle (IA) n'est pas sans conséquences environnementales. Son déploiement s'appuie sur des infrastructures énergivores, et surtout hydrovores. Les semi-conducteurs en sont le cœur technologique et nécessitent en effet d'importantes quantités de cuivre, métal dont l'extraction requiert jusqu'à 85 litres d'eau par kilo produit. Or, 28 millions de tonnes sont consommées chaque année à l'échelle mondiale, selon l'Association internationale des producteurs de cuivre. Une industrie au bord de la surchauffe Avec la multiplication des épisodes de sécheresse, les chaînes d'approvisionnement se fragilisent. Le Chili, premier producteur mondial de cuivre, est déjà classé à haut risque hydrique, impactant 7% de la production actuelle de semi-conducteurs. Selon un rapport du cabinet PwC, cette proportion pourrait grimper à 32% d'ici à 2035, avec des effets en cascade sur d'autres pays clés comme la Chine, la Corée du Sud, le Japon ou encore les États-Unis. Cela arrive alors que le marché des semi-conducteurs s'apprête, selon la filière, à franchir les 1 000 milliards de dollars de valeur d'ici à cinq ans. Dans ce contexte, chaque menace pesant sur la chaîne de production prend une dimension stratégique. Les semi-conducteurs sont qualifiés par PwC d'« élément vital » de la technologie moderne. Ils sont présents partout : télécommunications, intelligence artificielle, véhicules électriques, défense... Des réponses encore limitées Pour faire face à ces tensions, il y a plusieurs leviers d'action. Le premier – et plus important – est cependant le moins utilisé par les acteurs du domaine : la réduction des émissions par les activités humaines de gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique, pour s'attaquer à la racine du problème. La filière opte en revanche pour des approches plus techniques : des techniques d'extraction moins consommatrices d'eau sont en cours de développement, et certains projets misent sur la désalinisation de l'eau de mer. Cette solution reste pourtant controversée en raison de ses impacts écologiques non négligeables. Pour les semi-conducteurs, la recherche se penche sur des matériaux alternatifs au cuivre. Mais l'un des leviers les plus concrets reste le recyclage : en 2022, un tiers du cuivre consommé provenait déjà de sources recyclées, et ce chiffre pourrait encore augmenter. Car contrairement à d'autres matériaux, le cuivre peut être recyclé sans perte de performance. À lire aussiL'intelligence artificielle fait grimper la facture d'électricité des Américains

    L'impact de la guerre sur les olives en Cisjordanie occupée

    Play Episode Listen Later Jul 17, 2025 1:49


    Surnommée « l'or vert de Palestine », l'huile d'olive représente un secteur agricole vital, tant sur le plan économique que culturel pour les Palestiniens. En Cisjordanie occupée, les mois de la guerre meurtrière d'Israël contre les Palestiniens – et les violences répétées qui y sont liées – ont gravement fragilisé la filière de l'olive. En 2023, la récolte a été rendue impossible dans le sillage du 7-Octobre, et en 2024, les attaques de colons ont perturbé la cueillette. Qu'en sera-t-il de 2025, après presque deux ans de guerre et de restrictions continues ? C'est la pierre angulaire de l'économie palestinienne. Mais cette année, le comité agricole palestinien a mis en garde. D'une part, des milliers d'arbres ont été détruits ou rendus inaccessibles : rien qu'en juin 2025, 604 oliviers ont été vandalisés, chaque arbre représentant des décennies de croissance perdue. D'autre part, les récoltes et les revenus qui en dépendent se sont effondrés. Moins de disponibilité donc, un moindre volume d'olives pressées et une qualité des olives altérée par manque d'entretien. Un producteur d'huile d'olive à Umm Safa, Akram Tanatra, raconte qu'il n'a pas pu faire de cueillette en 2023 à cause des restrictions, qu'il n'a cueilli que 10% de sa récolte l'an dernier par peur des colons, et qu'il craint aussi l'alternance de la production. Car si une saison a été bonne, la prochaine le sera moins, les olives fonctionnant sur un cycle alternatif, auquel s'ajoute l'aggravation des conditions climatiques et un risque de sécheresse qui perdure. Des perspectives pour la récolte 2025 qui restent incertaines L'anticipation tourne autour de 20 et 27 millions de litres d'huile d'olive. Un volume qui dépendra surtout des variables clés liées à la situation sur le terrain, et donc de la guerre : l'accès et la sécurité. D'après les prévisions de l'agence humanitaire des Nations unies, si ces deux variables ne sont pas assurées, la production pourrait chuter de 10 à 15%. Dans son dernier rapport publié en mars, l'organisation chiffrait d'ailleurs les pertes de la saison 2024, dont la récolte a eu lieu un an après le 7-Octobre : 35 000 dunums, l'équivalent de 3 500 hectares d'oliveraies non accessibles, et 8,5 millions de dollars de pertes directes. Rien ne prouve pour le moment que cette année ira dans le bon sens : les parcelles de terre des villages sont grignotées petit à petit par des avant-postes israéliens qui s'installent et perdurent, les manifestations populaires des habitants sont réprimées par l'armée et les violences des colons se généralisent et augmentent, en nombre comme en intensité. Au niveau global, les prix de l'huile d'olive ont également commencé à reculer légèrement après des années de forte hausse. Une tendance qui pourrait peser grandement sur les marges des producteurs palestiniens, dont les coûts de transports et de sécurité restent élevés. À lire aussiCisjordanie: à Taybeh, diplomates et religieux unis face à la montée des violences de colons israéliens

    Ravagée par la guerre civile, la Birmanie est devenue un narco-État

    Play Episode Listen Later Jul 16, 2025 2:07


    En Birmanie, la culture du pavot bat tous les records. Malgré une légère baisse, le pays conserve sa place de premier producteur mondial d'opium devant l'Afghanistan, où la production s'est effondrée suite au retour des talibans au pouvoir. Depuis le coup d'État militaire, il y a plus de quatre ans, le pays est en proie à la guerre civile. L'ampleur de la production de drogue est étroitement liée à ce conflit armé qui oppose la junte birmane à une multitude de groupes ethniques armés, en particulier dans la région du Triangle d'or, où fleurissent culture de l'opium et trafic en tout genre. La guerre s'éternise, entraînant avec elle un appauvrissement généralisé de la population, et des dizaines de milliers de déplacés. Plusieurs États birmans traditionnellement tournés vers la production d'opium depuis la période coloniale ont choisi de revenir à la culture du pavot, notamment dans le Triangle d'Or et son centre névralgique l'État Shan, pauvre et isolé, frontalier du Laos, de la Chine et de la Thaïlande, qui y consacre 88% de sa superficie. L'ONUDC, l'agence onusienne contre la drogue et le crime, relève que malgré une légère baisse, la quantité d'opium produite l'an dernier avoisine les niveaux les plus élevés enregistrés, il y a plus de vingt ans. La production reste très inégale selon les régions : -10% dans l'État Kachin contre + 18% dans l'État Chin, frontalière avec l'Inde. À lire aussiGangstérisation : le roman noir de la mondialisation Malgré une baisse des prix - environ 304 dollars le kilo - la production de l'opium constitue l'une des plus importantes sources de revenus pour les belligérants et les mafias régionales. Toujours selon l'ONUDC, les gains tirés de la production d'opium et d'héroïne sont estimés entre 522 millions et près d'un milliard et demi d'euros. Ces revenus permettent au régime militaire d'acheter des armes de plus en plus sophistiquées et aux groupes insurgés de résister et de financer leurs opérations contre la junte. Selon les experts, des alliances existent depuis longtemps entre des officiers militaires birmans de haut rang, des groupes armés ethniques, des réseaux criminels locaux et le Sam Gor, une organisation criminelle transnationale, basée en Asie et qui regroupe les plus importants groupes mafieux de la région, dont les triades chinoises. Ce cartel qui gère la logistique, le raffinage et la distribution de la drogue génère jusqu'à huit milliards de dollars par an. Effondrement économique, insécurité alimentaire, absence de services publics et grande instabilité ont poussé de nombreux agriculteurs et ménages à se reconvertir dans la culture du pavot, plus rentable que les cultures traditionnelles. La production d'opium leur permet d'arrondir leurs fins de mois et constitue un moyen de survie pour les milliers de déplacés internes qui ont perdu leur emploi. À lire aussiLa production de drogues, un fléau ancré dans l'histoire et l'économie de la Birmanie

    RDC-Rwanda: les minerais de la discorde ?

    Play Episode Listen Later Jul 15, 2025 2:58


    On poursuit ce mercredi 16 juillet notre semaine consacrée aux effets des guerres et des conflits sur les matières premières. Aujourd'hui, on se penche sur les minerais de la discorde entre la RDC et le Rwanda.  Pour Kinshasa, le conflit avec le Rwanda est avant tout lié aux minerais, une lecture contestée par Kigali et l'AFC/M23. Pourtant, pour de nombreux experts, ces ressources jouent aussi un rôle central dans la crise. Alors, de quels minerais parle-t-on ? On désigne principalement trois ressources très convoitées, appelées les « minerais 3T ». D'abord, il y a le coltan. C'est un mot formé à partir de colombite et de tantalite. Il contient du tantale, un métal rare utilisé pour fabriquer les condensateurs dans nos téléphones portables, nos ordinateurs et d'autres appareils électroniques. Ensuite, la cassitérite, à la base de la production de l'étain, utilisé dans les soudures et l'emballage. Et enfin, le tungstène, qui sert notamment à fabriquer certaines armes, des outils de forage et des pièces pour l'aéronautique. Ces minerais sont indispensables à l'industrie mondiale. Et comme ils se trouvent en abondance dans l'est de la RDC, leur exploitation artisanale attire des groupes armés et des réseaux de contrebande, souvent liés à des intérêts venus de l'étranger. On ne peut pas non plus oublier l'or, une vraie valeur refuge. Plus discret, plus facile à transporter, mais aussi plus difficile à tracer, il alimente aussi de nombreux circuits parallèles, parfois encore plus lucratifs.  Et l'AFC/M23 dans tout ça ? Il faut dire que la zone contrôlée par l'AFC/M23 touche directement la frontière avec le Rwanda. Et ce n'est pas un détail anodin. Depuis plusieurs années, le Rwanda est une des principales voies de sortie pour certains minerais extraits dans l'est de la RDC. Prenons un exemple concret : la région de Rubaya, l'un des bastions miniers passés sous le contrôle de l'AFC/M23. D'après des estimations officielles, Rubaya à elle seule représenterait entre 15 et 30 % de la production mondiale de coltan. Rien que ça. Et selon le groupe d'experts de l'ONU, sur le terrain, les opérations minières sont étroitement surveillées par les combattants de l'AFC/M23. Le groupe encadre les activités d'extraction, supervise les sites de lavage des minerais, et garde la main sur plusieurs centres de négoce. Selon des sources onusiennes, l'AFC/M23 a transporté plusieurs centaines de tonnes de coltan, de cassitérite et de wolframite depuis des sites à Goma, Bukavu et Nyabibwe. Une fois au Rwanda, ces minerais ne restent pas tels quels. Ils sont mélangés à la production locale, ce qui permet de les faire passer pour des produits d'origine rwandaise. Résultat : ils entrent dans les circuits commerciaux classiques et perturbent le commerce légal, selon le Groupe d'experts de l'ONU.  Le Rwanda, un hub régional ? Le Rwanda affirme posséder ses propres réserves de minerais dits « 3T » – le coltan, la cassitérite et le tungstène. Contrairement à l'est de la RDC, souvent associé à une exploitation artisanale désorganisée, marquée par l'ingérence de groupes armés et de certains fonctionnaires corrompus, le Rwanda se présente comme un modèle de bonne gouvernance minière. Le pays dit avoir mis en place un secteur réglementé, formalisé, avec des investissements dans des infrastructures modernes : usines de traitement, systèmes de traçabilité, et même certification internationale des minerais. Et ce n'est pas tout : Kigali affiche clairement son ambition de devenir le hub minier régional. Pour y parvenir, le pays s'est doté d'une fonderie d'étain, d'une raffinerie d'or et même d'une raffinerie de tantale. À lire aussiRDC-Rwanda: «Cet accord est basé sur le principe du retrait du Rwanda du Congo», note Jason Stearns À lire aussiEst de la RDC: à quel point le conflit est-il lié aux minerais du sous-sol congolais?  

    Accord Chine-États-Unis: vers une reprise des exportations de terres rares

    Play Episode Listen Later Jul 14, 2025 2:22


    La Chine et les États-Unis ont signé fin juin un accord pour mettre en pause leurs augmentations réciproques des droits de douane, ceci doit aussi permettre la reprise des exportations des terres rares chinoises, essentielles pour les secteurs automobiles et de la défense. Leur pause a en effet semé la panique et rappelé le dangereux contrôle de la Chine sur ces minerais stratégiques. Sept matériaux vous manquent, et l'industrie est affolée. C'est le constat amer de ces derniers mois : suite à l'imposition de droits de douane à la Chine par Donald Trump, Pékin a restreint en avril ses exportations de sept éléments dits rares, comme l'Yttrium ou le Scandium. Cela a semé la panique dans l'industrie automobile, qui en a grand besoin pour ses moteurs électriques ou ses systèmes de freinage. Les entreprises de défense en sont également très dépendantes pour leurs systèmes électroniques de guidage ou de propulsion. Panique ? Oui, car la Chine possède non seulement l'essentiel des réserves de ces terres rares, mais contrôle surtout plus de 90% de son raffinage : ces minerais sont très peu concentrés et leur extraction requiert un processus lourd et polluant, l'une des raisons pour lesquels les pays européens et les États-Unis n'ont pas investi dedans. Donald Trump a compris la menace. Il a suspendu son augmentation des droits de douane pour six mois, la Chine reprend donc doucement ses exportations de terres rares. La catastrophe semble évitée, mais cela rappelle que cette dépendance est insoutenable. Difficile, toutefois, de la réduire rapidement, notamment pour l'Europe qui compte des réserves très limitées, et seulement en Scandinavie. Certains fabricants, comme Mercedes, disent vouloir réduire leur utilisation de terres rares, mais il n'y a pour l'instant pas d'alternatives, surtout pour les aimants nécessaires aux voitures électriques. Autre solution, le recyclage : un consortium industriel regroupant quinze pays européens, appelé Reproduce, a été mis en place dans ce sens, mais n'a pas encore démarré ses travaux. Dernière option : aller chercher les minerais, comme l'a fait la Chine en Afrique et en Amérique latine. Et c'est certainement ce qu'aimerait faire Donald Trump en annexant le Groenland, car ce territoire possède les huitièmes plus grandes réserves mondiales de terres rares.   À lire aussiMétaux critiques: Pékin accentue la pression sur Washington

    Les forêts ukrainiennes paient un lourd tribut depuis le début de la guerre

    Play Episode Listen Later Jul 13, 2025 2:08


    Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'écosystème naturel paie aussi un lourd tribut. Un cinquième des zones boisées du pays ont été détruites. Les exportations de bois ont aussi souffert au début de la guerre, mais sont de nouveau en hausse. Selon le Centre mondial de surveillance des incendies, une ONG financée par le gouvernement allemand, deux millions d'hectares de forêt sont partis en fumée depuis février 2022, soit environ 20% des zones boisées du pays. Ces massifs se trouvent dans l'est de l'Ukraine, sur un territoire occupé par les Russes ou proche de la ligne de front. Les tirs de missiles et d'obus y provoquent de nombreux incendies, impossibles à éteindre à cause des combats. À cela s'ajoutent des millions de grenades et de mines disséminées dans la région, qui rendent les forêts dangereuses et constituent une autre source de départs de feu. Secteur à fort potentiel La guerre, c'est aussi moins de bras et de compétences disponibles pour couper des arbres et faire tourner l'industrie du bois, c'est ce que notait la Commission économique pour l'Europe des Nations unies fin 2024. La participation des forêts à la création de richesse était modeste avant la guerre. Elle a encore baissé de près de 30% après le début des hostilités.  Pour Kiev, le bois reste néanmoins un secteur à fort potentiel parce que la plupart des forêts se situent dans l'ouest du pays loin de l'ennemi russe et parce que, même avant la guerre, elles ont été globalement sous-exploitées. L'État, qui gère une très grande majorité des forêts, a adopté ces dernières années une série de lois pour optimiser l'exploitation de la ressource et garantir plus de transparence. Des mesures encore insuffisantes : WWF constatait l'an dernier encore d'importantes coupes illégales. Des exportations qui repartent Selon les données de l'administration ukrainienne, les exportations sont en augmentation en 2025 et l'an dernier, elles étaient déjà remontées après un fort recul suite à l'invasion russe. Ces ventes sont facilitées par la dévaluation quasi continue de la monnaie nationale depuis trois ans.  L'Ukraine vend du pin, essentiellement, de l'épicéa aussi et un peu de chêne, principalement sous forme de bois d'œuvre. Si elle écoulait avant la guerre une partie de ses produits vers la Chine et la Russie, l'Ukraine se concentre désormais sur l'Europe : Pologne, Allemagne, Roumanie en tête.  À lire aussiUkraine: vague d'incendies meurtriers dans le Donbass près de la ligne de front

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