Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus. Diffusion : 6h18, 8h52 (sauf Afrique) et 13h24, heure de Paris. Retrouvez les sujets traités par cette émiss…
En Birmanie, la culture du pavot bat tous les records. Malgré une légère baisse, le pays conserve sa place de premier producteur mondial d'opium devant l'Afghanistan, où la production s'est effondrée suite au retour des talibans au pouvoir. Depuis le coup d'État militaire, il y a plus de quatre ans, le pays est en proie à la guerre civile. L'ampleur de la production de drogue est étroitement liée à ce conflit armé qui oppose la junte birmane à une multitude de groupes ethniques armés, en particulier dans la région du Triangle d'or, où fleurissent culture de l'opium et trafic en tout genre. La guerre s'éternise, entraînant avec elle un appauvrissement généralisé de la population, et des dizaines de milliers de déplacés. Plusieurs États birmans traditionnellement tournés vers la production d'opium depuis la période coloniale ont choisi de revenir à la culture du pavot, notamment dans le Triangle d'Or et son centre névralgique l'État Shan, pauvre et isolé, frontalier du Laos, de la Chine et de la Thaïlande, qui y consacre 88% de sa superficie. L'ONUDC, l'agence onusienne contre la drogue et le crime, relève que malgré une légère baisse, la quantité d'opium produite l'an dernier avoisine les niveaux les plus élevés enregistrés, il y a plus de vingt ans. La production reste très inégale selon les régions : -10% dans l'État Kachin contre + 18% dans l'État Chin, frontalière avec l'Inde. À lire aussiGangstérisation : le roman noir de la mondialisation Malgré une baisse des prix - environ 304 dollars le kilo - la production de l'opium constitue l'une des plus importantes sources de revenus pour les belligérants et les mafias régionales. Toujours selon l'ONUDC, les gains tirés de la production d'opium et d'héroïne sont estimés entre 522 millions et près d'un milliard et demi d'euros. Ces revenus permettent au régime militaire d'acheter des armes de plus en plus sophistiquées et aux groupes insurgés de résister et de financer leurs opérations contre la junte. Selon les experts, des alliances existent depuis longtemps entre des officiers militaires birmans de haut rang, des groupes armés ethniques, des réseaux criminels locaux et le Sam Gor, une organisation criminelle transnationale, basée en Asie et qui regroupe les plus importants groupes mafieux de la région, dont les triades chinoises. Ce cartel qui gère la logistique, le raffinage et la distribution de la drogue génère jusqu'à huit milliards de dollars par an. Effondrement économique, insécurité alimentaire, absence de services publics et grande instabilité ont poussé de nombreux agriculteurs et ménages à se reconvertir dans la culture du pavot, plus rentable que les cultures traditionnelles. La production d'opium leur permet d'arrondir leurs fins de mois et constitue un moyen de survie pour les milliers de déplacés internes qui ont perdu leur emploi. À lire aussiLa production de drogues, un fléau ancré dans l'histoire et l'économie de la Birmanie
On poursuit ce mercredi 16 juillet notre semaine consacrée aux effets des guerres et des conflits sur les matières premières. Aujourd'hui, on se penche sur les minerais de la discorde entre la RDC et le Rwanda. Pour Kinshasa, le conflit avec le Rwanda est avant tout lié aux minerais, une lecture contestée par Kigali et l'AFC/M23. Pourtant, pour de nombreux experts, ces ressources jouent aussi un rôle central dans la crise. Alors, de quels minerais parle-t-on ? On désigne principalement trois ressources très convoitées, appelées les « minerais 3T ». D'abord, il y a le coltan. C'est un mot formé à partir de colombite et de tantalite. Il contient du tantale, un métal rare utilisé pour fabriquer les condensateurs dans nos téléphones portables, nos ordinateurs et d'autres appareils électroniques. Ensuite, la cassitérite, à la base de la production de l'étain, utilisé dans les soudures et l'emballage. Et enfin, le tungstène, qui sert notamment à fabriquer certaines armes, des outils de forage et des pièces pour l'aéronautique. Ces minerais sont indispensables à l'industrie mondiale. Et comme ils se trouvent en abondance dans l'est de la RDC, leur exploitation artisanale attire des groupes armés et des réseaux de contrebande, souvent liés à des intérêts venus de l'étranger. On ne peut pas non plus oublier l'or, une vraie valeur refuge. Plus discret, plus facile à transporter, mais aussi plus difficile à tracer, il alimente aussi de nombreux circuits parallèles, parfois encore plus lucratifs. Et l'AFC/M23 dans tout ça ? Il faut dire que la zone contrôlée par l'AFC/M23 touche directement la frontière avec le Rwanda. Et ce n'est pas un détail anodin. Depuis plusieurs années, le Rwanda est une des principales voies de sortie pour certains minerais extraits dans l'est de la RDC. Prenons un exemple concret : la région de Rubaya, l'un des bastions miniers passés sous le contrôle de l'AFC/M23. D'après des estimations officielles, Rubaya à elle seule représenterait entre 15 et 30 % de la production mondiale de coltan. Rien que ça. Et selon le groupe d'experts de l'ONU, sur le terrain, les opérations minières sont étroitement surveillées par les combattants de l'AFC/M23. Le groupe encadre les activités d'extraction, supervise les sites de lavage des minerais, et garde la main sur plusieurs centres de négoce. Selon des sources onusiennes, l'AFC/M23 a transporté plusieurs centaines de tonnes de coltan, de cassitérite et de wolframite depuis des sites à Goma, Bukavu et Nyabibwe. Une fois au Rwanda, ces minerais ne restent pas tels quels. Ils sont mélangés à la production locale, ce qui permet de les faire passer pour des produits d'origine rwandaise. Résultat : ils entrent dans les circuits commerciaux classiques et perturbent le commerce légal, selon le Groupe d'experts de l'ONU. Le Rwanda, un hub régional ? Le Rwanda affirme posséder ses propres réserves de minerais dits « 3T » – le coltan, la cassitérite et le tungstène. Contrairement à l'est de la RDC, souvent associé à une exploitation artisanale désorganisée, marquée par l'ingérence de groupes armés et de certains fonctionnaires corrompus, le Rwanda se présente comme un modèle de bonne gouvernance minière. Le pays dit avoir mis en place un secteur réglementé, formalisé, avec des investissements dans des infrastructures modernes : usines de traitement, systèmes de traçabilité, et même certification internationale des minerais. Et ce n'est pas tout : Kigali affiche clairement son ambition de devenir le hub minier régional. Pour y parvenir, le pays s'est doté d'une fonderie d'étain, d'une raffinerie d'or et même d'une raffinerie de tantale. À lire aussiRDC-Rwanda: «Cet accord est basé sur le principe du retrait du Rwanda du Congo», note Jason Stearns À lire aussiEst de la RDC: à quel point le conflit est-il lié aux minerais du sous-sol congolais?
La Chine et les États-Unis ont signé fin juin un accord pour mettre en pause leurs augmentations réciproques des droits de douane, ceci doit aussi permettre la reprise des exportations des terres rares chinoises, essentielles pour les secteurs automobiles et de la défense. Leur pause a en effet semé la panique et rappelé le dangereux contrôle de la Chine sur ces minerais stratégiques. Sept matériaux vous manquent, et l'industrie est affolée. C'est le constat amer de ces derniers mois : suite à l'imposition de droits de douane à la Chine par Donald Trump, Pékin a restreint en avril ses exportations de sept éléments dits rares, comme l'Yttrium ou le Scandium. Cela a semé la panique dans l'industrie automobile, qui en a grand besoin pour ses moteurs électriques ou ses systèmes de freinage. Les entreprises de défense en sont également très dépendantes pour leurs systèmes électroniques de guidage ou de propulsion. Panique ? Oui, car la Chine possède non seulement l'essentiel des réserves de ces terres rares, mais contrôle surtout plus de 90% de son raffinage : ces minerais sont très peu concentrés et leur extraction requiert un processus lourd et polluant, l'une des raisons pour lesquels les pays européens et les États-Unis n'ont pas investi dedans. Donald Trump a compris la menace. Il a suspendu son augmentation des droits de douane pour six mois, la Chine reprend donc doucement ses exportations de terres rares. La catastrophe semble évitée, mais cela rappelle que cette dépendance est insoutenable. Difficile, toutefois, de la réduire rapidement, notamment pour l'Europe qui compte des réserves très limitées, et seulement en Scandinavie. Certains fabricants, comme Mercedes, disent vouloir réduire leur utilisation de terres rares, mais il n'y a pour l'instant pas d'alternatives, surtout pour les aimants nécessaires aux voitures électriques. Autre solution, le recyclage : un consortium industriel regroupant quinze pays européens, appelé Reproduce, a été mis en place dans ce sens, mais n'a pas encore démarré ses travaux. Dernière option : aller chercher les minerais, comme l'a fait la Chine en Afrique et en Amérique latine. Et c'est certainement ce qu'aimerait faire Donald Trump en annexant le Groenland, car ce territoire possède les huitièmes plus grandes réserves mondiales de terres rares. À lire aussiMétaux critiques: Pékin accentue la pression sur Washington
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'écosystème naturel paie aussi un lourd tribut. Un cinquième des zones boisées du pays ont été détruites. Les exportations de bois ont aussi souffert au début de la guerre, mais sont de nouveau en hausse. Selon le Centre mondial de surveillance des incendies, une ONG financée par le gouvernement allemand, deux millions d'hectares de forêt sont partis en fumée depuis février 2022, soit environ 20% des zones boisées du pays. Ces massifs se trouvent dans l'est de l'Ukraine, sur un territoire occupé par les Russes ou proche de la ligne de front. Les tirs de missiles et d'obus y provoquent de nombreux incendies, impossibles à éteindre à cause des combats. À cela s'ajoutent des millions de grenades et de mines disséminées dans la région, qui rendent les forêts dangereuses et constituent une autre source de départs de feu. Secteur à fort potentiel La guerre, c'est aussi moins de bras et de compétences disponibles pour couper des arbres et faire tourner l'industrie du bois, c'est ce que notait la Commission économique pour l'Europe des Nations unies fin 2024. La participation des forêts à la création de richesse était modeste avant la guerre. Elle a encore baissé de près de 30% après le début des hostilités. Pour Kiev, le bois reste néanmoins un secteur à fort potentiel parce que la plupart des forêts se situent dans l'ouest du pays loin de l'ennemi russe et parce que, même avant la guerre, elles ont été globalement sous-exploitées. L'État, qui gère une très grande majorité des forêts, a adopté ces dernières années une série de lois pour optimiser l'exploitation de la ressource et garantir plus de transparence. Des mesures encore insuffisantes : WWF constatait l'an dernier encore d'importantes coupes illégales. Des exportations qui repartent Selon les données de l'administration ukrainienne, les exportations sont en augmentation en 2025 et l'an dernier, elles étaient déjà remontées après un fort recul suite à l'invasion russe. Ces ventes sont facilitées par la dévaluation quasi continue de la monnaie nationale depuis trois ans. L'Ukraine vend du pin, essentiellement, de l'épicéa aussi et un peu de chêne, principalement sous forme de bois d'œuvre. Si elle écoulait avant la guerre une partie de ses produits vers la Chine et la Russie, l'Ukraine se concentre désormais sur l'Europe : Pologne, Allemagne, Roumanie en tête. À lire aussiUkraine: vague d'incendies meurtriers dans le Donbass près de la ligne de front
Sur les premiers mois de 2025, les cours mondiaux du cacao ont reflué, mais ils restent à des niveaux élevés depuis deux ans et cela pèse sur les résultats des broyeurs de fèves qui ont pour clients les géants de l'agro-alimentaire comme Nestlé ou Mondelez. L'un d'eux, le groupe suisse Barry Callebaut, vient d'abaisser ses objectifs annuels. C'est la deuxième fois en trois mois que le groupe reconsidère ses prévisions. En cause des ventes qui ont diminué plus que prévu. Sur les neuf derniers mois, elles ont reculé de plus de 6% et devraient encore baisser d'ici la fin de l'exercice financier 2024/2025 qui sera clos en août, selon les estimations de Barry Callebaut, qui a vu ses actions chuter de près de 13% après sa communication. Le géant suisse du cacao dit subir les conséquences d'un environnement de marché « sans précédent » lié à la volatilité des prix du cacao et à la baisse de la demande. Cette chute de la consommation est directement liée à la hausse des cours mondiaux. Envolée du prix de la poudre de cacao Cette hausse du prix des fèves a fait bondir celui de la poudre de cacao qui se vend désormais à prix d'or : aux États-Unis, les prix ont bondi de 16% au cours de l'année écoulée, frôlant les 9 000 dollars la tonne et en Europe, la limite des 10 000 dollars la tonne a été franchie. Cette hausse s'explique en grande partie par l'envolée des prix du beurre de cacao, qui constitue environ 20% du poids d'une tablette : quand il est devenu trop cher, il a été en partie remplacé par des huiles végétales mais moins de beurre fabriqué c'est aussi moins de poudre, les deux étant, pour simplifier, produits au cours du même processus. Au premier trimestre, moins de fèves ont été broyées : la transformation de cacao a baissé de 3,7% en Europe, le plus grand marché mondial, soit la baisse la plus importante à cette période de l'année depuis 2017. À lire aussiSur les pistes du trafic de cacao Poudre de cacao et poudre de blé Le prix est un vrai frein pour les industriels, le manque de disponibilité aussi et toutes les solutions sont bonnes pour faire baisser la teneur en poudre des préparations. Des alternatives moins chères arrivent sur le marché à base de caroube, une autre plante, ou encore de blé comme Cocoa Replace, un substitut commercialisé par le plus grand minotier d'Amérique du Nord, Ardent Mills et qui permet de remplacer 25% de la poudre dans une recette. Ces records de prix confortent aussi ceux qui ont choisi d'investir dans les saveurs vanille ou caramel, deux goûts qui pourraient être de plus en plus répandus dans les préparations industrielles, à défaut de poudre de cacao abordable. À lire aussiDes alternatives au cacao pour répondre aux craintes d'approvisionnement
Les menaces de l'administration Trump se sont concrétisées : le cuivre qui avait échappé jusque-là aux taxes américaines sera finalement soumis à des droits de 50% d'ici la fin du mois. Même si ce n'est pas une surprise, le marché est secoué, car 50%, c'est un niveau de taxation plus élevé que ce qui était pressenti. La mesure était anticipée, mais devrait assister cependant à un ultime sprint des acheteurs, qui ont déjà fait entrer d'énormes volumes dans le pays ces derniers mois, volumes prélevés dans les entrepôts du monde entier, qui ont logiquement vu fondre leur stock. En réaction à l'annonce de Donald Trump, les prix du cuivre ont immédiatement grimpé. La prime à l'achat à la bourse aux métaux de New York (COMEX) a aussi augmenté. Plus précisément, vendre aux États-Unis rapporte aujourd'hui 2 500 dollars de plus par tonne qu'à la bourse aux métaux de Londres (LME). La contrainte reste que le métal arrive avant l'entrée en vigueur des nouveaux droits, ce qui veut dire qu'il doit venir d'Amérique latine ou d'Europe s'il part rapidement, ou bien qu'il soit déjà chargé sur un bateau et change de destinataire en cours de trajet. « Les États-Unis n'ont pas encore fixé de date précise d'entrée en vigueur des droits de douane, ni de détails sur l'impact sur les cargaisons entrantes déjà achetées. La situation reste donc suffisamment floue pour que certains prennent le risque d'expédier des cargaisons avant et après la date limite » selon Ronan Murphy, responsable « pricing » pour le secteur du cuivre chez Argus Media. Conséquences aux États-Unis À court terme, il ne devrait y avoir aucun problème d'approvisionnement aux États-Unis puisque des montagnes de cuivre ont été accumulées : à titre d'exemple, rien qu'en avril et mai, les importations ont dépassé 400 000 tonnes, soit ce qu'importent les États-Unis sur six mois habituellement, explique Ronan Murphy. Et comme la consommation américaine n'a pas augmenté, ces volumes ont pu être stockés. À moyen terme, une pénurie n'est pas à exclure. Il y a certes des projets miniers dans le pays qui pourraient en théorie permettre de remplacer la totalité de ce qui est importé soit environ la moitié des besoins américains, mais ces projets ne sont pas aboutis, « leur financement n'est pas garanti et leur mise en service est prévue au plus tôt à la fin de la décennie, voire au début des années 2030 », explique l'expert d'Argus Media. À lire aussiLes États-Unis accélèrent le projet d'exploitation minière de cuivre en Arizona Impacts sur le commerce mondial Les nouveaux droits sur le cuivre sont un coup dur pour les trois principaux fournisseurs des États-Unis, le Chili, le Canada et le Mexique. Dès qu'ils entreront en vigueur, le cuivre importé va devenir beaucoup plus coûteux pour les acheteurs américains, et les flux vers les États-Unis devraient ralentir. Le centre de gravité du marché du cuivre se déplacera et les volumes seront redirigés vers le reste du monde, ce qui pourrait faire baisser la tension provoquée par les achats américains frénétiques de ces derniers mois. À lire aussiFace à la Chine, les États-Unis à la recherche de métaux rares
Le commerce du coton africain va-t-il devenir de plus en plus compliqué ? C'est ce que craignent les représentants de la filière. Dans une lettre ouverte, l'association cotonnière africaine (ACA) relaie une inquiétude de l'Association internationale du coton (ICA). L'inquiétude du secteur est de voir les importations de fibre de coton être limitées dans l'Union européenne d'ici 2030 pour des questions de durabilité et de traçabilité. La filière africaine craint de ne pas pouvoir répondre à toutes les exigences d'une éventuelle règlementation en la matière et a peur de voir son coton délaissé, malgré les investissements déjà consentis. L'Union européenne est effectivement engagée dans une démarche pour rendre la mode et le textile plus écologique, mais elle a démenti que de tels objectifs existaient dans sa législation sur l'économie circulaire. Cela ne suffit pas à rassurer le secteur. D'où cette lettre ouverte du président de l'ACA au commissaire européen à l'Agriculture pour défendre leurs spécificités du coton africain. Le coton n'a pas bonne presse À Bruxelles, le lobby des fibres synthétiques sort pour l'instant vainqueur d'un classement élaboré par l'UE qui évalue l'empreinte environnementale des produits. Au vu des critères pris en compte, ce classement PEF (Product Environmental Footprint), appliqué aux textiles, note beaucoup mieux les polyesters que le coton, ou la laine, dernière du classement, comme si le synthétique était meilleur pour la planète. Pour défendre leurs intérêts, plusieurs organisations ont créé un label Make the label count, « Faisons en sorte que le label soit efficace ». L'objectif est de convaincre l'UE de se baser sur une méthodologie qui soit plus complète et qui prenne en compte, par exemple, l'impact d'un textile sur la pollution par micro-plastiques. Un collectif pour défendre les fibres naturelles L'association cotonnière africaine n'en fait pas partie, mais a décidé de rejoindre ce collectif. Elle tient aussi à rappeler qu'elle est déjà engagée dans la création d'une filière intégrée pour que le coton qu'elle produit soit filé et tissé sur place, et qu'il ne fasse plus le tour du monde avant de revenir sous forme de T-shirt. 95 % du coton africain est aujourd'hui exporté sous forme de fibres brutes. Plus largement, la lettre ouverte de l'ACA reflète les craintes de la filière d'être mise de côté dans un monde en pleine mutation. À lire aussiL'association des producteurs de coton africains élaborent leur feuille de route à Garoua Donald Trump a bouleversé les équilibres Jusqu'à ces derniers mois, huit balles de coton africain sur dix partaient en Asie, essentiellement au Bangladesh, au Pakistan et au Vietnam. Mais ces pays sont en train de se laisser un à un convaincre d'acheter plus de coton américain, en échange d'un allègement des taxes douanières qui leur sont imposées par l'administration Trump. L'autre handicap est lié à la demande américaine en textile, qui est morose et suspendue à l'évolution de la politique commerciale nationale. Les clients américains des filatures asiatiques ne confirment plus leurs commandes, les achats de coton s'en ressentent et les volumes prêts à quitter le continent ne sont pas embarqués. « Ce qui alimente la crainte de voir la nouvelle récolte se heurter aux stocks de l'ancienne production invendue », ajoute Kassoum Kone, président de l'ACA. À lire aussiLes prix du coton, ballotés par la guerre commerciale, pèsent sur l'Afrique
La chute des prix du nickel pèsent sur la rentabilité des projets miniers depuis deux ans et demi, mais elle fait l'affaire des acheteurs. Un pays est particulièrement actif, dans ses achats : la Chine. La Chine est fidèle à sa tradition de stockage et s'illustre particulièrement en ce moment par ses importations de nickel, ce métal qui entre notamment dans la fabrication des batteries de véhicules électriques. Une enquête du Financial Times a permis d'établir que la Chine aurait acheté 100 000 tonnes de nickel de haute pureté – de classe 1 – depuis le mois de décembre. En quelques mois, le pays aurait grosso modo doublé ses réserves stratégiques. En parallèle, depuis le mois de janvier, la bourse aux métaux de Londres a été assaillie de demandes d'acheteurs, une donnée cohérente avec les informations commerciales chinoises sur lesquelles s'appuient les journalistes du Financial Times. Contexte de guerre tarifaire Les prix sont très probablement un puissant moteur pour la Chine, car ils sont à leur plus bas niveau depuis 2020, et c'est évidemment important pour un acheteur. Mais il ne faut pas écarter le contexte de guerre tarifaire avec les États-Unis, qui pousse la Chine à sécuriser autant qu'elle peut ses chaînes d'approvisionnement. Au-delà du nickel, le lithium, le cobalt et le cuivre sont aussi concernés par cette stratégie chinoise, selon un avis officiel de l'administration des réserves stratégiques datant du mois de mars, mentionné par le journal britannique. La plupart de ces achats chinois sont réalisés par l'agence gouvernementale qui gère les stocks officiels, signe d'une véritable volonté politique. Ces achats sont bien supérieurs aux besoins de la Chine en nickel. Les achats chinois, remède aux prix bas ? Peut-être que grâce aux importations conséquentes de Pékin, les prix ne chuteront pas plus bas, l'hypothèse est émise par plusieurs analystes. La demande chinoise a d'ailleurs poussé le géant minier russe Nornickel à revoir à la baisse ses prévisions d'excédent mondial pour cette année. L'avenir des prix reste entre les mains de l'Indonésie, premier producteur mondial, premier fournisseur de la Chine, premier responsable des volumes mis sur le marché. Face à l'augmentation exponentielle de la production, le ministre des Mines indonésien a évoqué la possibilité ces derniers jours de ne plus octroyer des quotas miniers pour trois ans, mais pour un an seulement, afin de revoir les volumes plus souvent et donc, en théorie, de réagir plus vite en cas d'excédent jugé trop élevé. La demande mondiale est loin d'être suffisante pour l'instant pour redresser les prix. Au vu de l'évolution du marché des véhicules électriques ces deux dernières années, Jim Lennon analyste chez Macquarie a réduit d'un tiers, son estimation des besoins en nickel d'ici à 2030, soit 967 000 tonnes contre 1,5 million de tonnes estimées, il y a deux ans.
Le thé matcha, une poudre, obtenue par broyage de feuilles séchées et reconnaissable à sa belle couleur verte, poudre qui s'utilise en boisson, ou dans les pâtisseries, a vu sa consommation et son prix grimper en flèche. L'engouement pour le thé matcha n'est pas nouveau, mais les réseaux sociaux ont fait bondir la demande. Hors du Japon où il est traditionnellement consommé en boisson chaude et associé à la pâte de haricots rouges en cuisine, le thé matcha s'est invité depuis une quinzaine d'années chez les pâtissiers et les restaurateurs, mais sa consommation s'est envolée réellement depuis quelques années. En France, le Palais des Thés a constaté une accélération des ventes depuis 2022, avec la seule saison dernière, + 60% de demande. Parmi les moteurs de cette nouvelle demande, on trouve YouTube, TikTok, ou encore Instagram, des réseaux sur lesquels on peut voir des influenceuses, ce sont surtout des femmes, prises de passion pour ce thé perçu comme un super-aliment, certaines ont même créé leur propre marque. Les nouveaux consommateurs sont des adolescents, séduits par les vertus anti-oxydantes de ce thé vert moulu, et par sa couleur intense et pimpante. La plupart des chaînes internationales de café ont compris qu'il y avait un marché et proposent aujourd'hui des laits, des smoothies ou des desserts au matcha. Hausse des exportations japonaises L'effet se traduit en chiffres : plus de la moitié des exportations japonaises de thé vert l'année dernière étaient constituées de thé matcha. Tout thé vert confondu, les exportations du Japon ont augmenté de 16% en volume, et de 25% en valeur. Certains grossistes, comme Tealife basé à Singapour, assurent, selon l'agence Reuters, être fréquemment en rupture de stock et imposent des limites d'achat. Même les acheteurs qui se fournissent directement auprès des producteurs sont régulièrement rationnés. La demande est telle que les producteurs sont dépassés, éberlués même, témoigne François-Xavier Delmas, fondateur du Palais des Thés et en contact avec certains d'entre eux. Pourtant, la production est en hausse. Le Japon a récolté l'année dernière 2,7 fois plus de tencha, le nom donné à la plante, qu'il y a dix ans, selon l'Association japonaise des producteurs de thé. Il faut compter 4 à 5 ans pour que de nouvelles surfaces plantées arrivent à maturité, à court terme, il n'y a donc pas vraiment de solution. Un marché toujours plus tendu La dynamique des producteurs est aussi mise à mal par le réchauffement climatique : 2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée au Japon et les vagues de chaleur de l'été dernier ont fait baisser les rendements de la dernière récolte d'avril-mai. Dans ce contexte, il n'est pas exclu de voir les prix encore grimper. La hausse est pourtant déjà spectaculaire. Aux enchères de Kyoto du mois de mai, les prix ont augmenté de 170% : le kilo de tencha s'est vendu 8 235 yens soit environ 45 euros le kilo, c'est beaucoup plus que le précédent record de 2016. Cette mode pour le thé en poudre pourrait, à moyen terme, aussi renchérir également le prix d'autres thés, comme le sencha, explique François-Xavier Delmas, si jamais les fermiers japonais se mettaient à cultiver plus de matcha sur leur exploitation.
C'est une des conséquences de la guerre commerciale initiée par Donald Trump : il y a de moins en moins de cuivre sur le marché, les acheteurs de cuivre peinent à s'approvisionner, mais aux États-Unis, depuis plus d'un an, les stocks ne font que grossir. Il y a eu un appel d'air très fort aux États-Unis, avec des transferts de gros volumes, grâce à des primes payées Outre-Atlantique incitatives. Tous ceux qui pouvaient, ont fait rentrer du cuivre sur le sol américain, par précaution, avant que le métal rouge ne soit éventuellement taxé. Résultat, les stocks nationaux ont augmenté pour la seizième semaine consécutive et ont plus que doublé depuis mi-février. Ils sont plus fournis que ceux de la bourse aux métaux de Shanghai et de Londres (LME) réunis, une première, selon Saxo Banque. Plus précisément les stocks du LME ont baissé des deux tiers en quelques mois et sont aujourd'hui à leur plus bas niveau depuis deux ans alors que les stocks chinois sont en baisse depuis février et oscillent depuis mi-mai entre 80 et 110 000 tonnes, peinant à redécoller au-delà malgré une augmentation de la prime à l'achat par les opérateurs chinois. Production ralentie L'approvisionnement est aussi perturbé par des difficultés de production dans plusieurs pays. On peut citer les inondations au mois de mai dans la grande mine de Kamoa-Kakula en République démocratique du Congo, et des barrages routiers érigés par les mineurs artisanaux au Pérou qui ont fait obstacle ces derniers jours au transport du minerai. Un minier canadien est aussi en difficulté au Panama. La mine de First Quantum Minerals a été fermée, il y a un an et demi, par le gouvernement, suite à des protestations de la population. Les 120 000 tonnes de cuivre semi-transformé attendent de quitter le site. Pression sur les prix À plus de 10 000 dollars la tonne, les prix ont atteint cette semaine, à Londres, leur plus haut niveau depuis trois mois. Preuve du stress qui règne sur le marché, les prix immédiats sont plus élevés que ceux pour une livraison dans trois mois, alors que c'est l'inverse dans un marché normal. Au vu de la demande en cuivre qui se profile, les perspectives de long terme sont celles d'un marché en tension car « le rôle du cuivre en tant que conducteur industriel le plus efficace devient de plus en plus vital, rappelle l'analyste en chef du département matières premières de Saxo Banque. La demande d'énergie liée à l'IA, le déploiement de véhicules électriques, les infrastructures de recharge, la relocalisation industrielle aux États-Unis et la demande croissante de refroidissement soulèvent des vents arrière de la demande ». À court terme, les prix pourraient rester élevés, tant que l'administration Trump n'aura pas clarifié sa position sur les taxes douanières, car d'ici là, la prime américaine pour le cuivre devrait rester élevée, selon Saxo Banque, ce qui confortera les flux vers les États-Unis au détriment d'autres pays alors que les besoins américains ne représentent que 8% de la demande mondiale. À lire aussiPar crainte de manquer de cuivre, la Chine relève sa prime à l'achat
Les prix du coton sont en chute depuis un an et demi et ont atteint leur plus bas niveau depuis mai 2020. Cet effondrement des prix traduit d'abord l'abondance de coton. Le Brésil poursuit son ascension sur le marché du coton. Les surfaces ont atteint plus de deux millions d'hectares et devraient produire 3,9 millions de tonnes de coton fibre en 2025, soit une augmentation de 5,5% par rapport à l'année dernière, selon la Conab, l'agence agricole du pays. Aux États-Unis, le dernier rapport du ministère américain de l'Agriculture a revu à la hausse ses prévisions de production pour la campagne en cours à 19,9 millions de balles, soit près de 6% de plus que l'année dernière. Ce à quoi il faut ajouter des superficies en augmentation de 8% en Inde et des stocks mondiaux au plus haut depuis trois ans. Des nouvelles qui sapent tout espoir de remontée des cours à court terme, selon le site Trading Economics. Demande plus que tiède Cela fait plus de deux ans que les prix du coton sont affectés par la faiblesse de la croissance économique mondiale. Ils sont également, depuis le début de l'année 2025, pris dans la tourmente des tarifs douaniers américains. L'incertitude sur la demande aux États-Unis entraîne un ralentissement de l'activité des filatures et des usines textiles des pays, qui sont sous la menace de taxes particulièrement élevées. C'est le cas notamment du Sri Lanka et du Bangladesh. Cette incertitude affecte directement la demande en coton. Dans ce contexte, la Chine a également moins acheté cette année. Le ministère chinois de l'Agriculture a abaissé, en juin, ses estimations d'importation de coton de 300 000 tonnes par rapport à celles du mois de mai, soit un volume total prévu d'1,2 million de tonnes. Des marges qui se resserrent pour les producteurs Avec des prix à terme qui ont chuté de 12% au cours des 12 derniers mois à New York, et des cours en ce début de semaine à moins de 60 cents la livre, les producteurs brésiliens voient leur marge se resserrer et luttent pour rester au-dessus du seuil de rentabilité. La question est de savoir si ceux qui déchantent vont moins planter l'année prochaine. L'association brésilienne des producteurs de coton (ABRAPA) table pour l'instant sur des surfaces toujours supérieures à deux millions d'hectares pour la campagne 2025-2026. Au-delà du Brésil, ces prix affectent tous les producteurs et en particulier ceux d'Afrique de l'Ouest qui « sont dans l'incapacité structurelle » de réduire leurs coûts de production, comme le constate le négociant français Mambo Commodities dans sa note de marché du 10 juin. Les cotonculteurs vont devoir prendre leur mal en patience car les prix devraient, au mieux, se redresser modestement d'ici la fin de l'année, selon le cabinet de conseil Oxford Economics. À lire aussiLes prix du coton, ballotés par la guerre commerciale, pèsent sur l'Afrique
Une demande qui ne cesse d'augmenter, mais des prix qui sont au plus bas. C'est le paradoxe du marché du lithium, un métal clé pour les batteries électriques. Ceux qui en parlent le mieux sont les opérateurs miniers eux-mêmes. Les opérateurs miniers ne font pas semblant que tout va bien. Ce serait difficile face à des cours mondiaux qui ont chuté d'environ 90% en deux ans, un contexte qui a eu pour conséquences des rachats d'entreprises, des licenciements et retardé des projets. Réunis la semaine dernière à Las Vegas pour une conférence organisée par Fastmarkets sur les matières premières pour batteries, les opérateurs miniers ont partagé leurs états d'âme. Jon Evans, le PDG de Lithium Americas, une entreprise qui construit la plus grande mine de lithium du Nevada, reconnaît traverser « des périodes d'euphorie, suivies de moments de souffrance et de douleur ». D'autres expliquent qu'« après le déni l'année dernière, le temps de l'acceptation est venu », comme le rapporte l'agence Reuters. La période est très difficile, mais le secteur est toujours perçu comme stratégique. Une offre toujours trop abondante Ce qui fait mal à la filière, c'est l'offre trop abondante : les opérateurs miniers se sont engouffrés ces dernières années dans le secteur du lithium. « Il est difficile d'imaginer un avenir dans lequel le lithium ne jouera pas un rôle central » justifie Paul Lusty, responsable de la recherche sur les matières premières des batteries chez Fastmarkets. La Chine est l'un des principaux moteurs de la surproduction, elle pourrait dépasser l'Australie l'année prochaine comme premier producteur mondial. Contrairement aux miniers australiens qui ont réduit la cadence, les chinois n'ont que très peu ralenti, même si l'activité n'est pas rentable dans les conditions actuelles de prix. D'ici 2035, les mineurs chinois devraient extraire 900 000 tonnes de lithium, contre 680 000 tonnes pour l'Australie, 435 000 tonnes pour le Chili et 380 000 tonnes pour l'Argentine, selon les prévisions de Fastmarkets. En face, la demande en lithium est importante. Elle a augmenté de 24 % l'année dernière et augmentera potentiellement de 12% par an dans la prochaine décennie selon le même cabinet d'expert, mais cela ne suffit pas à rétablir la balance. Un déséquilibre parti pour durer L'avenir dépendra des besoins et de la capacité des opérateurs miniers à lever le pied. Project Blue, un cabinet de conseil sur les métaux, prévoit une demande qui pourrait tripler d'ici 2040. Il y aura donc forcément un point de bascule. Selon les sources, la demande pourrait dépasser l'offre à partir de 2030, voire un peu plus tard. Cela veut dire encore plusieurs années qui s'annoncent rudes pour les investisseurs qui tentent actuellement d'économiser là où ils peuvent, notamment sur les coûts d'exploitation. En attendant, les licenciements continuent. SQM, le géant chilien du lithium, a annoncé la semaine dernière se séparer de 5% de ses effectifs. Le numéro un mondial Albemarle avait lui, dès l'année dernière, annoncé des suppressions de poste pour compenser la faiblesse des prix. À lire aussiLes prix bas du lithium pèse toujours sur l'essor des projets miniers
La course effrénée des prix du café serait-elle terminée ? Après les records historiques atteints en février, le marché repart à la baisse : ces trois derniers mois, les prix de l'arabica ont chuté de 17% et ceux du robusta de 30%. Le premier signe rassurant pour les marchés, c'est la production brésilienne et en particulier celle de robusta, qui entre dans la composition des cafés solubles : la récolte est en cours au Brésil, mais elle s'annonce déjà record, selon Rabobank. Cette bonne nouvelle compense la récolte brésilienne d'arabica a priori plus basse que celle de l'année dernière et elle fait grossir les bilans mondiaux estimés pour l'année prochaine : les analystes de Rabobank prévoient une augmentation de 1,4 million de sacs de 60 kg pour la campagne 2025/2026. Bilan 2024/2025 satisfaisant À ces perspectives qui impactent les prix, il faut ajouter le bilan de la saison qui se termine avec des exportations brésiliennes qui ont atteint près de 43 millions de sacs sur la période qui va de juillet dernier à mai et un bilan de production aussi très bon en Colombie avec 14 millions de sacs. À ces facteurs physiques s'ajoute une composante financière : des fonds d'investissements se sont désintéressés du café quand les prix ont commencé à baisser. L'un d'eux, Managed Money, s'est séparé de la moitié de ses contrats en quatre mois, selon Rabobank, ce qui a rajouté artificiellement du café sur le marché. Exportations éthiopiennes exceptionnelles L'Afrique a aussi contribué à rassurer le marché. À côté des deux mastodontes que sont le Brésil et le Vietnam, l'Ouganda et surtout l'Éthiopie ont mis plus de café sur le marché cette année. Les exportations éthiopiennes ont été exceptionnelles : + 66% sur un an, soit sept millions de sacs entre avril 2024 et avril 2025, contre 4,2 millions de sacs, selon les données de l'Organisation internationale du café. Ce chiffre s'explique par une bonne production, mais aussi par une forte incitation des autorités à exporter et des prix très compétitifs : à l'export les prix éthiopiens sont 1 à 2 dollars par kilo plus bas que les cafés sud-américains, à qualité égale, selon Jacques Chambrillon, directeur Sourcing Afrique Café & Cacao chez Belco. Selon Rabobank, l'augmentation des exportations éthiopiennes serait liée aussi à une mise sur le marché d'une partie des stocks, et à une baisse du commerce informel vers le Soudan et le Soudan du Sud. La hausse des exportations a aussi été permise par une baisse de la demande intérieure, en raison notamment des guerres qui secouent la région Amhara et Oromo et qui font obstacle au commerce. Demande en baisse La hausse des prix du café a été telle, ces derniers mois, qu'elle a fini par se répercuter sur les prix au détail avec un impact prévisible sur la demande. La consommation a diminué sur des marchés importants autres que l'Éthiopie : en Europe et en particulier en Allemagne, mais aussi au Brésil. Le prix annuel au détail a augmenté de 80% et les ventes brésiliennes ont baissé, en avril 2025, de 16% par rapport à la même période l'année dernière, selon l'association des torréfacteurs brésiliens. À lire aussiFaute de certitude sur la récolte du Brésil, les prix du café restent élevés
La République démocratique du Congo, numéro 1 mondial de la production de cobalt, minerai qui entre dans la composition des batteries de voitures, a reconduit pour trois mois son interdiction d'exportation. Mais la filière a déjà les yeux rivés sur la suite, et spécule sur les modalités de la reprise, tant le cobalt congolais est incontournable. La RDC s'est donnée jusqu'au 21 septembre pour décider, mais pourrait communiquer avant ce délai. La question, c'est évidemment de savoir jusqu'à quand le pays peut tenir : le cobalt est une ressource minière capitale pour les finances de l'État congolais et le manque de redevances sur le cobalt va finir par se faire sentir. Les stocks nationaux se sont accumulés ces quatre derniers mois, et devraient encore grossir, mais personne ne sait si la RDC cherche à assécher totalement le marché avant d'ouvrir à nouveau les vannes ou si elle attend seulement que les cours aient atteint un niveau jugé satisfaisant. Un quota d'exportation demain ? Officiellement, toutes les portes restent ouvertes. La RDC pourrait donc encore prolonger l'interdiction d'exporter, mais ce n'est pas l'hypothèse privilégiée. Ce qui semble le plus probable pour les analystes, c'est une reprise des exportations, de manière progressive, faute de quoi le marché risquerait d'être inondé de cobalt, ce qui serait catastrophique pour les prix. L'instauration d'un quota de production ne semble pas faisable, le cobalt étant produit au même rythme que le cuivre auquel il est associé dans les mines de RDC. Le quota d'exportation pourrait être une solution, mais il posera le défi de contrôler de manière stricte ce qui sort du pays, ce qui « peut s'avérer coûteux et inefficace », pointe Jack Bedder de Project Blue. De l'avis de Chris Welch, analyste du marché du cobalt pour Argus Media, la seule solution durable, c'est d'arriver à un marché équilibré, avec une offre stable, et une demande forte. Pour l'instant, aucun de ces critères n'est rempli. Des industriels découragés ? L'impossibilité d'importer du cobalt congolais et la remontée des prix pourraient laisser penser que les industriels cherchent à se détourner du cobalt. Mais à court terme, le contexte actuel ne devrait pas peser sur la demande. Le cobalt représente en effet moins de 5% du coût d'une batterie classique, donc une hausse du prix n'aura pas d'impact significatif sur les coûts de production, résume Thomas Matthews, analyste en matériaux pour batteries, chez CRU Group. Les alternatives de batteries sans cobalt ont par ailleurs commencé à se développer avant même que la RDC n'interdise l'exportation de son minerai. L'exemple, c'est la technologie LFP (phosphate fer lithium) largement développée dans le secteur de l'automobile électrique en Chine. L'autre facteur qui ne plaide pas pour un changement radical, c'est que l'essentiel de la production de cobalt repose sur des contrats à long terme, explique Thomas Matthews. Sans compter, ajoute l'expert de CRU Group, que certains fabricants de batteries comme CATL ont des intérêts dans des mines de cobalt : le premier fabricant mondial de batteries, détient des parts dans CMOC, le plus grand minier du secteur, ainsi qu'une participation directe dans KFM, la plus grande mine de cobalt au monde, située en RDC. À lire aussiLa demande de cobalt en hausse de 11% en 2025
Comment mettre fin à l'offre excédentaire en cobalt, et redresser les prix ? La République démocratique du Congo a choisi, en février, d'interdire les exportations pour quatre mois. Elle vient tout juste de renouveler la mesure pour trois mois. Ces restrictions ont eu un effet sur les prix, mais il n'est pas encore suffisant aux yeux de Kinshasa. Les prix ont rapidement augmenté en février lorsque les exportations se sont arrêtées, mais ils se sont stabilisés dès mi-mars, probablement dans l'attente des suites qui seraient données par les autorités congolaises. Assez vite, le cobalt a augmenté de plus de 60 % par rapport à son plus bas niveau de février, mais sur un an, l'augmentation n'est finalement que de 20 %. Le nouveau délai de trois mois annoncé a relancé la dynamique sur les marchés asiatiques. Le prix de plusieurs produits dérivés du cobalt a immédiatement augmenté. Mais il s'agirait plus d'une réaction spéculative que d'achats réels. Les prix hors de Chine sont restés relativement stables, avec peu de transactions physiques. Le signe, selon Chris Welch, analyste du marché du cobalt pour Argus Media, que de nombreux acteurs avaient peut-être déjà anticipé la prolongation et constitué des stocks à l'avance. La RDC produit les trois quarts du cobalt mondial et espère continuer avec son poids à peser sur les prix dans les prochains mois. Kinshasa n'a cependant pas fait mention officiellement du niveau de prix qui serait jugé acceptable pour permettre une reprise des exportations. Des stocks mondiaux finalement pas si bas L'Autorité congolaise de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS) a décidé de reconduire sa mesure en raison du « niveau des stocks toujours élevé sur le marché ». En tout début d'année, les stocks, hors RDC, étaient estimés à environ quatre mois de consommation. La situation devrait être, en théorie, critique aujourd'hui. Mais elle ne l'est visiblement pas encore. Une des raisons, explique Jack Bedder du cabinet Project Blue, c'est qu'une partie du cobalt congolais a continué à être acheminé en Chine après le 22 février : 51 000 tonnes seraient arrivées dans le pays pour le seul mois de mars, selon les douanes chinoises. De janvier à mai, la Chine aurait même importé autant d'hydroxyde de cobalt qu'une année normale, selon un négociant, ce qui pose, pour l'expert d'Argus Media, la question de l'application de la mesure congolaise. À l'expiration du délai de trois mois, le 21 septembre, les stocks devraient avoir atteint un niveau très bas si rien ne change, selon Project Blue. Surtout que ce qui sortirait éventuellement après cette date mettrait encore 90 jours pour arriver en Chine. En RDC, les stocks s'accumulent Le cobalt est un sous-produit du cuivre, et la montée en puissance de la mine de Kisanfu a fait gonfler mécaniquement les stocks intérieurs de cobalt. Des estimations d'Argus Media font état de stocks qui auraient atteint 70 000 tonnes près des mines du géant chinois CMOC. Les exportations devront donc tôt ou tard reprendre, c'est une certitude : « Un cobalt cher qui ne se vend pas ne profite à personne, ni aux miniers, ni à la République Démocratique du Congo, ni aux négociants », commente un analyste. À lire aussiRDC: prolongation de la suspension de l'exportation du cobalt
Comme le secteur du pétrole, celui des engrais est aussi plongé en pleine inconnue depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et l'Iran. Le conflit risque en effet de mettre en péril les exportations de gaz qui servent à fabriquer certains types d'intrants, et l'Iran est lui-même producteur d'engrais. Les marchés ont rapidement réagi. L'urée, un des engrais les plus utilisés dans le monde, a vu son prix s'envoler. Selon les régions du monde, l'urée a augmenté de 50 à 80 dollars par tonne, soit en moyenne une augmentation de 20% en une dizaine de jours, hausse qualifiée de « gigantesque » par un négociant. La première raison, c'est que l'Iran aurait fermé ses sept usines de production d'ammoniac et d'urée. Selon Chris Lawson, responsable des engrais au sein du cabinet de conseil CRU Group cité par l'agence de presse Bloomberg, plus rien ne sort donc du pays. Or, l'Iran exporte en temps normal 5 à 6 millions de tonnes d'urée par an, essentiellement vers la Turquie, le Brésil et l'Europe. Quand un fournisseur qui compte est empêché, comme c'est le cas aujourd'hui, les marchés réagissent souvent très vite, voire par anticipation. Arrêt temporaire de la production d'urée en Égypte Israël a par ailleurs dû suspendre les flux qui partaient de ses champs gaziers vers l'Égypte le 13 juin. Un coup dur pour les fabricants égyptiens d'engrais, qui souffrent déjà d'ordinaire en cette saison chaude de l'allocation d'une partie du gaz au secteur de la climatisation. L'arrêt de l'approvisionnement israélien en gaz n'a duré finalement que six jours, mais cela a suffi à alimenter la hausse des prix et l'inquiétude des Européens : l'Égypte est un fournisseur incontournable, d'autant plus depuis que l'Union européenne a décidé de sanctionner les engrais russes à compter du 1er juillet. Parmi les facteurs rassurants, il y a la Chine, qui devrait de nouveau exporter cette année après deux à trois années d'absence. De l'autre côté de la balance, il y a le Brésil, qui entre dans sa pleine saison d'achat et qui devra peut-être chercher d'autres fournisseurs pour remplacer l'Iran. Le Brésil achetait jusque-là 10 à 15% de sa production en Iran, soit environ 1 million de tonnes. Appel d'offres indien infructueux Ces tensions s'illustrent dans le dernier appel d'offres publié par l'Inde la semaine dernière, pour acheter de l'urée. Les deux meilleures propositions ont été validées. L'Inde a tenté de convaincre les recalés de s'aligner sur leur prix, mais personne n'a voulu s'engager tant la situation géopolitique, et son impact sur les cours, est incertaine. Résultat : le pays n'a pu acheter que 230 000 tonnes, alors que ses besoins sont estimés à plus d'un million de tonnes. « Et rien ne dit que ceux qui ont remporté l'appel d'offres indien pourront livrer au prix annoncé », commente un de nos interlocuteurs. L'Inde achète, par ailleurs, un million de tonnes d'ammoniac par an à l'Iran, pour fabriquer des engrais, en temps normal. Le pays devra, si le conflit dure, se fournir un peu plus encore en Arabie saoudite ou au Qatar. Une autre source d'inquiétude qui se traduit par une augmentation des prix de l'ammoniac de 10% dans le sous-continent indien. À lire aussiGuerre Israël-Iran: pourquoi bloquer le détroit d'Ormuz serait une décision très risquée pour Téhéran
La Chine est le plus grand acheteur de pétrole au monde, et le seul client pour le pétrole iranien. Cette relation commerciale est aujourd'hui suspendue à l'évolution du conflit entre Israël et l'Iran. En cas de défaillance de Téhéran, la Chine perdrait environ 12% à 15% de son approvisionnement, ce qui représente en moyenne – sur les premiers mois de 2025 – 1,6 million de barils par jour. Ces barils iraniens sont vendus avec une décote importante, et c'est ce qui fait tout l'intérêt de cette origine. La réduction proposée par l'Iran est variable. Elle était mi-juin de 4 dollars par baril par rapport au prix du Brent, de 5 à 6 dollars par rapport au brut irakien ou saoudien. Et de 6 à 8 dollars par rapport au prix proposé par l'Afrique de l'Ouest ou le Brésil. Une réduction donc très avantageuse. Les acheteurs : des raffineries privées Ces remises ne profitent pas aux compagnies pétrolières étatiques, qui n'achètent plus de pétrole iranien depuis quelques années. Les clients sont essentiellement de petites raffineries chinoises indépendantes de la région de Shandong, explique Homayoun Falakshahi, chef analyste pétrole au cabinet franco-belge de suivi maritime Kpler. Leur marge est très mince : environ 8 dollars, d'où l'intérêt pour elles de se fournir au prix le plus bas. Si elles devaient remplacer demain le pétrole iranien par du brut d'autres pays du Golfe, l'addition serait plus salée. L'équilibre financier de ces raffineries vieillissantes et très polluantes est si précaire que certaines risqueraient de fermer. L'impact d'un éventuel blocage d'Ormuz D'éventuelles perturbations, voire une fermeture du détroit d'Ormuz, priverait la Chine de 47% de ses importations de brut, selon les données fournies par Kpler. L'Empire du Milieu achète en effet son pétrole dans plusieurs États du Golfe et en particulier en Arabie saoudite qui est un de ses plus grands fournisseurs avec la Russie. Un blocage d'Ormuz aurait aussi un impact sur les importations de gaz de la Chine : l'an dernier, un quart des commandes chinoises de gaz naturel liquéfié provenait des pays du Golfe, selon S&P Global, et transitait donc par ce passage maritime stratégique. À l'inverse, si l'Iran ne pouvait plus exporter son pétrole par le détroit, ce serait catastrophique pour son économie. Depuis la chute du régime syrien, la totalité de ses exportations de pétrole est destinée à la Chine, confirme l'analyste de Kpler, même si le transbordement d'une partie des cargaisons au large de la Malaisie rend parfois difficile le suivi des flux. À lire aussiGuerre Israël-Iran: pourquoi bloquer le détroit d'Ormuz serait une décision très risquée pour Téhéran
Plusieurs producteurs de diamants africains ont décidé de s'unir pour promouvoir le diamant naturel. Une déclaration de principe a été signée mercredi à Luanda, en Angola. Les pays s'engagent à verser 1% de leurs revenus annuels liés à la vente de diamants bruts au Conseil du diamant naturel (NDC). Le Conseil du diamant naturel (NDC) est une structure à but non lucratif qui a, depuis plusieurs années, pour mandat de faire la promotion du diamant. Mais avec les sanctions contre la Russie, les financements russes, qui étaient parmi les plus importants avec ceux du géant De Beers, se sont taris. L'accord de Luanda qui vient d'être signé vise donc à relancer la dynamique en collectant des fonds pour une campagne marketing mondiale en faveur des pierres naturelles exclusivement, par opposition à celles fabriquées en laboratoire. Ces opérations de promotion se veulent « génériques », a priori donc sans mention d'origine précise ou de marque, et cibleront « les principales régions consommatrices », selon le texte de l'accord. Les signataires sont les principaux producteurs du continent africain, à savoir le Botswana, l'Afrique du Sud, l'Angola, la Namibie et la République démocratique du Congo. L'innovation, c'est que les acheteurs de diamants bruts d'Anvers regroupés au sein de l'AWDC et ceux de Dubaï (DMCC) ainsi que d'autres organisations professionnelles (GJEPC en Inde, ADPA) se sont associés à eux dans cette démarche. D'autres pays tels que la Centrafrique, le Liberia, le Zimbabwe ou encore la Côte d'Ivoire, et hors Afrique, le Canada pourraient plus tard rejoindre cette initiative. La Russie n'a volontairement pas été conviée par les organisateurs de la rencontre de Luanda. Réaction à une crise de deux ans Cela fait deux ans que l'ambiance n'est pas à la fête dans la filière. Après la reprise des affaires post-Covid, le marché a été miné par le ralentissement économique général, par la concurrence des diamants synthétiques vendu à des prix toujours plus bas, par l'absence de dynamisme sur le marché chinois et par la guerre commerciale initiée par Donald Trump qui a paralysé la demande aux États-Unis, le pays où l'on achète le plus de pierres précieuses. « Même si la consommation reprend petit à petit, l'incertitude sur les taxes douanières pèse toujours sur la demande américaine, d'autant qu'il y a aussi dans le pays d'énormes stocks de diamants importés par crainte qu'ils soient taxés et qu'il faut maintenant écouler », explique un représentant de l'industrie. Face à la chute des prix du diamant, qui ont perdu entre 25 et 30% selon leur qualité et leur taille, plusieurs sociétés ont réduit leur production. La dernière en date, n'est autre que De Beers qui a baissé mi-juin ses objectifs de 2025 à 15 millions de carats, soit 5 millions de carats de moins que le dernier chiffre qui avait déjà été révisé. « Il a fallu que la crise devienne vraiment aigüe pour que les pays et les industriels se réunissent et décident de débloquer des fonds », résume notre interlocuteur pour qui cette volonté est le signe d'une prise de conscience de l'urgence qu'il y a à agir en faveur de la promotion des diamants naturels. L'intérêt de l'Angola L'Angola, qui a chapeauté la signature de l'accord, est en passe de prendre la troisième place des producteurs mondiaux derrière les deux géants que sont le Bostwana et la Russie. « C'est quasiment le seul pays où la prospection est active et où l'on découvre encore de nouvelles mines, à l'instar de celle très prometteuse de Luele inaugurée il y a un an et demi », précise un expert de la filière. L'Angola a donc tout intérêt à ce que la demande reparte et à ce que les prix remontent. Tout comme De Beers, la compagnie minière d'État angolaise a annoncé, sans attendre, une contribution de 8 millions de dollars au pot commun – soit 1% de ses exportations de pierres brutes du 1er semestre, preuve de volonté de relancer rapidement le secteur, pour les géants miniers. À lire aussiBotswana: la production de diamants au ralenti freine l'économie du pays
La nouvelle campagne de karité vient de débuter en Afrique de l'Ouest. Il s'agit de la collecte de fruits dont on extrait une amande, qui est transformée en beurre de karité et en d'autres dérivés utilisés par l'industrie agroalimentaire. Cette campagne débute dans un contexte inédit : jamais autant de pays producteurs n'ont règlementé leurs exportations. Tout a commencé l'automne dernier, quand le Mali et le Burkina Faso ont interdit l'exportation des noix brutes et des amandes de karité. Deux autres pays ont suivi cette année le mouvement, la Côte d'Ivoire et le Togo. Le Ghana a lui décidé de conditionner ses exportations à une autorisation supplémentaire qui n'existait pas auparavant. Les flux d'approvisionnement vont donc devoir encore cette année s'adapter. La fermeture du Mali et du Burkina, les deux principaux fournisseurs du marché, avait eu un effet immédiat sur les prix dans les pays qui restaient ouverts aux achats. Ils ont ainsi plus que triplé au Bénin, pour atteindre 600, voire 800 FCFA le kilo d'amande et sont globalement restés très hauts durant toute la saison passée. « Quatre pays qui n'exportent plus, ça ne s'est jamais vu, donc l'impact est difficile à imaginer », explique un expert de la filière. Ce qui est certain, c'est que ces restrictions vont accroître la pression sur les vendeurs qui sont moins nombreux, et exacerber la concurrence entre intermédiaires qui vont chercher à mettre la main le plus tôt possible sur la nouvelle récolte alors que la demande internationale pour le beurre de karité augmente. Hausse des prix du beurre de karité Cette hausse de la demande est liée à l'explosion des prix du beurre de cacao auquel le beurre de karité peut, plus ou moins, se substituer. Elle a inévitablement fait grimper les prix du beurre de karité. Les besoins en karité s'ajoutent à « des stocks historiquement bas » d'amandes, selon le dernier bulletin d'analyse agricole N'Kalo. Ce contexte devrait encore cette année profiter aux collectrices qui ramassent les noix brutes, surtout celles des pays où les exportations sont libres et les prix susceptibles d'augmenter, comme cela a été le cas l'année dernière. Effets difficiles à évaluer Peu de chiffres sont disponibles pour savoir si au Mali et au Burkina Faso les usines ont pu produire plus et exporter plus de beurre de karité suite aux nouvelles restrictions à l'exportation. Mais a priori, les filières locales ont eu moins de problème à se fournir à bon prix, rien ne dit en revanche qu'elles aient réussi à augmenter leur capacité de production – que ce soit d'un point de vue structurel ou économique, car acheter plus sous-entend avoir une trésorerie suffisante. Une chose est sûre, la mesure prise à l'automne dernier a provoqué d'énormes disparités entre les pays producteurs d'Afrique de l'Ouest, ce qui pourrait encore être le cas cette année.
La guerre entre Israël et l'Iran pousse les prix du pétrole à la hausse. Dans les premières heures du conflit, le cours du baril a pris près de 10% par rapport à ce qu'il était une semaine plus tôt. Malgré tout, on n'observe pas, à ce stade, d'explosion des prix comme on pouvait le craindre. Les experts sont prudemment optimistes : les marchés ont certes réagi après les premières frappes israéliennes, mais malgré des bombardements visant les infrastructures pétrolières et gazières iraniennes durant le week-end, ils ne se sont pas emballés. Les cours du pétrole ont même brièvement baissé à l'ouverture lundi avant de remonter légèrement mardi face à la crainte d'un engagement américain. La situation est fragile et il faut s'attendre à de nouveaux soubresauts dans les prochains jours. Malgré tout, un pétrole entre 70 et 80 dollars n'a rien d'inhabituel, c'était d'ailleurs le prix en début d'année. Les capacités d'exportation iraniennes préservées Plusieurs raisons expliquent que les marchés gardent la tête froide : d'abord, Israël a pris soin pour l'instant de ne pas frapper les raffineries et les dépôts de carburant destinés à l'exportation du pétrole iranien. Les frappes de l'État hébreu visent d'abord à affaiblir l'approvisionnement interne. Ensuite, les opérations militaires israéliennes interviennent après que l'OPEP+, l'alliance des producteurs de pétrole, a annoncé à la surprise générale début mai une hausse importante de ses quotas de production. Après une longue période de restriction auto-imposée pour soutenir les cours, cette décision portée notamment par l'Arabie saoudite avait été perçue comme une faveur faite à Donald Trump, lui qui rêve d'un pétrole faible. À défaut, ces nouveaux quotas permettent au moins de contenir la hausse actuelle, car d'ici à la fin de l'année, cette surproduction des pays de l'OPEP+ devrait représenter autant que la production iranienne destinée à l'exportation. Personne, pas même l'Iran, n'a intérêt à fermer le détroit d'Ormuz Autrement dit : le pétrole iranien devient moins vital pour l'économie mondiale. Reste que ce pétrole – comme une grande partie du gaz naturel liquéfié consommé dans le monde – circule toujours par le détroit d'Ormuz, à portée de tir donc des Iraniens. De quoi faire grimper les cours des assurances pour les navires pétroliers, ce qui finira forcément par se ressentir sur le prix à la pompe. Mais là encore, les experts sont relativement optimistes. D'abord, parce que fermer le détroit d'Ormuz affecterait aussi les capacités de la République islamique à exporter son pétrole, au risque de fâcher son principal client : la Chine. Ensuite, les conséquences seraient telles pour l'économie mondiale que le régime iranien s'exposerait à des représailles considérables, au point de menacer la survie même du régime. « Bloquer le détroit d'Ormuz reviendrait à déclencher l'arme atomique » pour l'Iran, estime un expert. Un scénario qui paraît encore loin. À lire aussiÉdition spéciale: la guerre entre Israël et l'Iran fait craindre un embrasement de la région
Les éleveurs de porc en difficulté en Chine. Leur activité n'est plus rentable en raison de la chute des prix qui sont à leur plus bas, depuis près d'un an, alors que la production a retrouvé ses niveaux d'avant peste porcine. En raison de la crise économique qui perdure, la Chine consomme globalement moins, et moins de viande porcine, alors que la production n'a pas diminué, au contraire : les élevages qui avaient perdu un tiers de leurs animaux en raison de la peste porcine -de 2018 à 2020-, se sont reconstitués. Ce décalage entre offre et demande a fait baisser les prix de 10 à 20 % depuis janvier et de 50 % depuis 2020. À titre d'exemple, il faut compter environ 14 yuans le kilo vif -animal vivant-, bien loin du record des 35 yuans en 2020. Le nombre de truies serait supérieur, selon l'agence Bloomberg, à 40 millions, un seuil au-delà duquel l'État, réputé pour ses politiques interventionnistes, se donne la possibilité d'agir sur la production. Limiter la production pour faire remonter les prix Depuis plus de deux ans, le gouvernement chinois essaie de réguler la production porcine pour qu'elle s'adapte à la consommation, explique Jean-Paul Simier, économiste de la filière viande, et pour que les prix remontent. Aujourd'hui, les éleveurs perdent environ 70 yuans, soit 10 dollars par animal, selon Bloomberg. Pour tenter d'enrayer la chute des prix, la Commission nationale du développement et de la réforme, l'agence de planification de l'État, vient donc de leur demander récemment de faire un effort pour produire moins. Une des méthodes est qu'ils arrêtent d'engraisser le bétail au-delà du poids normal d'abattage, une pratique courante en Chine, surtout quand les prix sont bas, car elle permet aux éleveurs de patienter, et d'augmenter la production de viande par animal, même si le calcul n'est pas toujours gagnant, car plus un porc vieillit plus sa viande devient grasse. Des importations toujours nécessaires Le pays est le premier producteur, premier consommateur, mais aussi premier importateur mondial de viande de porc. À son échelle, la Chine n'importe pas grand-chose, seulement 3% de ce qu'elle consomme, soit environ 2 millions de tonnes. Mais elle reste structurellement déficitaire et même si sa consommation est en baisse, c'est dans son ADN de continuer à importer pour assurer une marge de sécurité. C'est sans doute pour cela que Pékin a prolongé de six mois son enquête anti-dumping, sur le porc européen qui devait se terminer le 16 juin 2025. Une manière de ne pas se prononcer sur d'éventuelles taxes, et de se réserver la possibilité d'acheter du porc en Europe, si les relations avec les États-Unis, un des principaux fournisseurs de la Chine, devaient se compliquer, explique Jean-Paul Simier. L'équilibre ou le déséquilibre chinois en porc est suivi de près par le marché mondial : il a un impact sur les prix de la viande, mais aussi sur celui des céréales, car pour nourrir l'immense cheptel porcin chinois, le pays importe chaque année des dizaines de millions de tonnes de soja. À lire aussiLa Chine se prépare à une nouvelle guerre commerciale avec les États-Unis
L'Union européenne décide d'imposer des droits provisoires sur le contreplaqué chinois. La décision a pris effet, en fin de semaine dernière. L'UE répond avec cette mesure à une plainte déposée par un regroupement de producteurs européens. Derrière le groupement baptisé Greenwood, on retrouve des industriels installés dans plusieurs pays européens et qui dénoncent une concurrence déloyale de la part de la Chine. Leur plainte déposée le 27 août dernier a été jugée suffisamment étayée aux yeux de la Commission européenne qui a ouvert une enquête anti-dumping le 11 octobre. Après s'être penchée sur le dossier pendant sept mois, la Commission vient décider de taxer à 62% toutes les entreprises chinoises qui exportent du contreplaqué de feuillus en Europe, à l'exception de l'une d'elle taxée seulement à 25%. Ces droits s'appliquent essentiellement sur les contreplaqués de peuplier, de hêtre et de bouleau. « Préjudice important » selon l'UE La Commission européenne dit avoir constaté qu'il y avait « un préjudice important », tant sur les prix que sur les volumes, entre le 1er juillet 2023 et le 30 juin 2024, la période étudiée. La Chine a de fait comblé en partie le vide laissé par les exportations russes après leur interdiction en Europe, mais en raison des prix cassés pratiqués par les entreprises chinoises, ces sanctions n'ont pas profité aux producteurs européens. À titre d'exemple, un contreplaqué de peuplier basique, produit en France, est vendu autour de 1 000 euros le m3, celui qui est proposé par la Chine est à 300, voire 350 euros, fret compris. La Commission européenne estime dans son enquête qu'à ce niveau de prix, la rentabilité de l'industrie du contreplaqué de l'Union n'est plus assurée Les fabricants européens veulent des droits plus élevés Les industriels regroupés au sein de Greenwood souhaitent que ces taxes provisoires soient prolongées et à un niveau plus élevé, seule condition pour égaliser véritablement les règles du jeu, disent-ils, rappelant qu'ils sont soumis à des normes environnementales et sociales beaucoup plus strictes que celles en vigueur en Chine et qu'ils ont des coûts de production aussi nettement plus élevés. Mais un autre lobby est très inquiet de voir l'UE se positionner sur le sujet : c'est celui des importateurs, et des vendeurs de bois regroupés au sein de la Plywood Trade Interest Alliance : ils craignent des augmentations de prix, voire une pénurie de contreplaqué. À ce stade, la Commission a tranché, l'incidence des taxes sera limitée pour les utilisateurs « au regard des effets positifs » attendus pour l'industrie européenne du contreplaqué. Dans tous les cas, les mesures européennes seront probablement vite confrontées à leur contournement, explique Emmanuel Groutel, spécialiste des flux internationaux de bois et co-auteur du rapport CyclOpe sur les matières premières. Il ne serait pas étonnant, explique-t-il, de voir la Chine fabriquer demain plus de contreplaqué de résineux à vendre en Europe, du contreplaqué qui n'a pas le même code douanier que celui de feuillus et qui peut échapper aux nouvelles taxes.
À quelques semaines du début de la récolte de blé dans l'hémisphère nord, c'est toujours la déprime pour les céréaliers européens. Les cours du blé tendre, celui utilisé pour fabriquer la farine et le pain, ont chuté pour atteindre le seuil symbolique dès 200 euros/tonne. La céréale souffre du recul du dollar par rapport à l'euro et de la fermeture, dans les faits, du marché algérien aux blés français. Le blé européen est pris dans une spirale baissière depuis plusieurs mois. La tonne de blé, pour une livraison en septembre qui s'échangeait en février à 240 euros, sur Euronext, est tombée à 200 euros. Le mouvement est général, car la demande internationale est timide. L'essoufflement des cours se manifeste aussi à la bourse de Chicago, mais en raison de la hausse de l'euro par rapport au dollar, le blé européen est moins compétitif par rapport aux blés russes et ukrainiens et donc plus difficile à vendre. L'Algérie préfère les blés russes Avec la hausse de l'euro par rapport au dollar, la fermeture de facto du marché algérien est le facteur qui alimente la baisse des prix : la demande pour les blés français s'est effondrée en Algérie et la France étant le premier producteur européen, l'impact est important. Depuis 2020, l'Algérie s'est ouverte aux blés russes, les exportations françaises vers cette destination ont donc chuté, mais elles se sont quand même maintenues à environ 1,8 million de tonnes par an, jusqu'à la campagne qui se termine pendant laquelle l'Algérie n'a acheté que 30 000 tonnes de blé français, autant dire quasiment rien. « Les perspectives d'une reprise sont maigres, pour ne pas dire nulles », constate un expert de la filière, et ce, en raison de la dégradation des relations entre les deux pays et en particulier du soutien affiché par Emmanuel Macron à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en octobre dernier. La solution pour les Européens, c'est de trouver des marchés ailleurs, mais là encore la hausse de l'euro par rapport au dollar complique la tâche des exportateurs. La production mondiale est rassurante Les cours du blé reflètent aussi « un bilan mondial relativement confortable », explique Arthur Portier, consultant chez Argus Media France. Il reste des volumes disponibles à commercialiser dans l'hémisphère sud, en Argentine et en Australie. Et les productions de l'hémisphère nord s'annoncent bonnes, que ce soit en mer Noire, en particulier en Russie, mais aussi en Europe, avec un record qui se profile en Roumanie et une récolte en France qui devrait être bien meilleure que celle catastrophique de l'année dernière. Les prévisions françaises oscillent entre 31 et 33 millions de tonnes, contre moins de 26 millions de tonnes sur la précédente campagne. Le blé subit aussi la pression du maïs : avec la perspective d'une récolte record, aux États-Unis notamment, les cours du grain jaune sont en baisse, et induisent, comme c'est généralement le cas, la même tendance pour le blé. Aux prix actuels, le blé n'est plus rentable pour les agriculteurs européens : « Il faudrait 35 à 40 euros de plus par tonne pour qu'un agriculteur français couvre ses coûts de production », en prenant un rendement moyen pour référence, explique Arthur Portier. À lire aussiChine: baisse de la production de blé
Le Zimbabwe avait déjà obligé l'année dernière les acteurs miniers à ne plus exporter de lithium brut. Le gouvernement leur demande d'aller un cran plus loin dans le traitement du minerai, avec une nouvelle date butoir. La transformation du lithium exigée depuis l'année dernière dans le pays permet de produire du concentré de lithium, mais cette étape reste sommaire, au regard de l'ensemble du processus de raffinage. En édictant ces règles, le Zimbabwe a voulu décourager les mineurs artisanaux qui n'ont pas les moyens de réaliser ce premier traitement. Harare veut maintenant créer de la valeur et produire du sulfate de lithium, un produit intermédiaire qui se vend environ trois fois plus cher que le spodumène exporté aujourd'hui. Le sulfate de lithium sera, comme c'était le cas avant, aussi en grande partie commercialisé en Chine, pays qui domine 80% de l'activité de raffinage de lithium. Il y sera transformé jusqu'à devenir un matériau de qualité batteries. Des entreprises chinoises au Zimbabwe Si des miniers australiens sont présents au Zimbabwe, les sociétés chinoises ont aussi jeté leur dévolu sur le pays pionnier en matière d'exploitation de lithium sur le continent africain et dans le top 5 des producteurs mondiaux (selon l'USGS, le service géologique américain). La raison de cet intérêt est simple, la Chine a besoin du minerai pour faire rouler ses voitures électriques. L'année dernière, le Zimbabwe a fourni près de 15% des besoins de la Chine en concentré de lithium. À partir de janvier 2027, si le calendrier est tenu, ce sera du sulfate que le géant asiatique achètera. Répondre aux nouvelles exigences d'Harare Les miniers présents au Zimbabwe n'ont pas contesté publiquement le calendrier donné par le gouvernement. Mais, en revanche, ils demandent un geste aux autorités, pour qu'elles reportent l'application de la taxe à l'exportation qu'ils paient aujourd'hui sur les cargaisons de concentré de lithium. Un report, le temps qu'ils construisent et mettent en service les nouvelles unités de raffinage. Le défi des miniers sera d'être demain capable de produire dans les conditions offertes par le Zimbabwe, « un vrai beau sulfate pur », fait remarquer Michel Jebrak, professeur émérite au département des Sciences de la Terre et de l'Atmosphère de l'Université du Québec et auteur du livre Des mines et des empires paru aux éditions Multimondes, la pureté étant un élément essentiel pour éviter que les batteries prennent feu. À lire aussiLes prix bas du lithium pèse toujours sur l'essor des projets miniers
Le fond des océans est pour l'instant vierge de toute exploitation minière, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'opérateurs miniers intéressés, bien au contraire. Les ambitions se manifestent également au niveau des États. On connaît celles des États-Unis qui tentent de contourner les conventions internationales pour accélérer l'exploitation des ressources sous-marines. La Chine fait moins parler d'elle, mais son intérêt ne date pas d'hier. Les ambitions chinoises ne datent pas d'hier, « le pays a même longtemps été un des plus favorables à l'exploitation minière des fonds marins sans pour autant pousser pour qu'une industrie minière voie le jour rapidement », explique Anne-Sophie Roux, activiste pour l'océan et conseillère en politiques maritimes. En 2001, l'Association chinoise dédiée aux ressources minérales océaniques (COMRA) a ainsi signé un contrat avec l'Agence internationale des fonds marins (AIFM) pour l'exploration de nodules polymétalliques. C'est-à-dire de gros galets de roches riches en métaux comme le manganèse, le fer, le cuivre, ou encore le cobalt.Aujourd'hui, la Chine détient 5 des 22 contrats d'explorations délivrés par l'AIFM. Des licences portées par plusieurs entreprises - China Minmetals, China Ocean Mineral Resources, Beijing Pioneer hi-Tech Development Corporation. Pékin a aussi signé un accord avec les îles Cook, en février 2025, pour plusieurs licences d'exploration dans les eaux territoriales de l'archipel et travaille également à un rapprochement avec les Kiribati.Le défi de la technologieDe l'avis des experts, il faudrait aux entreprises chinoises probablement encore quelques années pour être opérationnelles. Rien d'étonnant à cela : développer des technologies, et des matériaux capables de résister à la pression qui règne en profondeur et à l'hostilité du milieu, est un défi pour la plupart des sociétés, et « un vrai gouffre financier » précise Anne-Sophie Roux.Il y a un an, un prototype de robot chinois capable d'extraire des minerais (Pioneer II) a réussi un test à plus de 4 000 m de profondeur. Un autre test pour collecter des nodules polymétalliques à plus de 5 000 m de fond est annoncé pour les prochains mois.Enjeu géopolitique La Chine n'a pas l'urgence des États-Unis ou de l'Europe : elle a une longueur d'avance en terme d'approvisionnement en minerais et métaux, et pourrait craindre qu'une exploitation sous-marine à grande échelle fasse baisser les cours. Le pays a jusque-là préféré jouer la carte du droit et du multilatéralisme en soutenant l'élaboration d'un code minier international, par l'AIFM, pour l'exploitation dans les eaux internationales. Mais le décret signé par Donald Trump autorisant l'exploitation dans les eaux territoriales américaines et internationales pourrait changer la donne.La Chine a été le premier pays à protester contre ce décret, mais si l'exploitation des fonds marins devait finalement commencer, en violation du droit international, interdirait-elle aux entreprises chinoises d'y aller aussi ? « Tous les scénarios sont envisageables » selon Anne-Sophie Roux. Les fonds marins sont vus aujourd'hui comme une ligne de front dans la concurrence que se livrent Pékin et Washington. « Ils sont désormais au cœur de la compétition stratégique qui se joue dans le Pacifique », écrit l'Australian strategic policy Institute.À lire aussiAux îles Cook, un accord avec la Chine déclenche la colère de la Nouvelle-Zélande
La production de blé en Chine, premier producteur mondial, pourrait chuter de près de 5% cette année, pour atteindre 133 à 135 millions de tonnes, soit son plus bas niveau depuis 2018. Cette baisse, qui fait suite à un record de 140 millions de tonnes l'année dernière, est, dans le contexte géopolitique actuel, notable, même si elle n'est pas encore catastrophique. De notre correspondante à PékinSur le terrain, les dégâts sont bien visibles : des températures extrêmes et une sécheresse inédite, notamment dans les provinces agricoles clés du Henan et du Shaanxi. Des cultivateurs affirment qu'ils n'obtiendront que la moitié de leur rendement habituel. Le sol est craquelé, le blé parfois brûlé avant même d'avoir pu mûrir et dans certains villages, les moissonneuses soulèvent plus de poussière que de grains. Sécheresse inéditeCette sécheresse, la pire que certains paysans disent avoir connue en vingt ans, arrive deux ans seulement après des inondations dévastatrices qui avaient déjà affecté la production nationale. Un contraste brutal, symptôme des effets du changement climatique qui bouleversent la régularité des cycles agricoles.Officiellement, les prévisions de récolte restent optimistes — autour de 140 millions de tonnes — mais sur le terrain, les pertes sont réelles, notamment dans les zones mal irriguées. Dans certaines exploitations, les rendements ont chuté de 40 à 50%. Pour l'instant, les stocks sont jugés suffisants et la demande intérieure reste modérée, ce qui limite l'urgence d'augmenter les importations. Mais Pékin pourrait devoir revoir sa stratégie si la situation empire. Guerre commercialeLa Chine tente de protéger ses approvisionnements agricoles contre l'intensification des risques géopolitiques, en particulier les hostilités commerciales non résolues avec les États-Unis, l'un des principaux exportateurs mondiaux. Pékin a imposé en mars une taxe de 15% sur le blé américain, à un moment où la demande d'importation était faible. Au cours des quatre premiers mois de l'année, les achats à l'étranger ont atteint leur plus bas niveau en sept ans, avec un peu plus d'un million de tonnes.Face à cette nouvelle alerte climatique, la Chine est confrontée à une réalité implacable : pour garantir sa sécurité alimentaire, elle va devoir investir davantage dans des variétés plus résistantes à la chaleur, dans des infrastructures agricoles modernes, et surtout, soutenir ses petits agriculteurs, de plus en plus vulnérables.À lire aussiLa Chine limite drastiquement ses importations de blé et de gaz américain
D'ici à 2029, la totalité du manganèse gabonais devra subir au moins une première transformation localement, avant de quitter le pays. C'est ce qu'a décidé le gouvernement il y a quelques jours, afin de créer des emplois et faire un pas de plus vers le développement industriel du pays. Le Gabon est le deuxième producteur mondial de manganèse, un minerai extrait essentiellement par le groupe français Eramet, qui transforme une petite partie du minerai sur place. Eramet dispose d'unités de transformation aux États-Unis, en Norvège, en France, mais aussi, sur place, au Gabon. Cette transformation est chapeautée par sa filiale Comilog (détenue en partie par l'État gabonais), qui dispose de deux usines : le Complexe Métallurgique de Moanda et le Complexe Industriel de Moanda (CIM), capable de traiter environ 20 % du minerai, le reste est exporté brut. Mais ces unités ne tournent pas au maximum de leurs capacités : l'année dernière, le Gabon n'a exporté que 18 000 tonnes en 2024 de silico-manganèse, selon le cabinet Argus Media, c'est-à-dire moins d'un tiers de ce que peut transformer sur place l'usine d'Eramet.Exigence réaliste ? La demande des autorités peut-elle être satisfaite dans les délais impartis ? Cela s'annonce difficile, assure un expert de la filière qui évoque « une décision à l'emporte-pièce qui nécessite un certain nombre de préalables qui ne sont pas réunis ».La difficulté, comme toujours quand on parle de transformation, c'est d'avoir de l'énergie, à un coût qui n'est pas prohibitif et qui ne compromet pas la rentabilité du projet industriel. Or le Gabon fait face depuis une année à de nombreux délestages, faute de capacité énergétique suffisante. Les miniers tels qu'Eramet, qui sont présents au Gabon, ont-ils par ailleurs les reins assez solides pour débloquer les investissements nécessaires à la transformation de tout le minerai sur place ? Certains analystes en doutent.Eramet ne s'est pas prononcé sur le défi que représente l'annonce des autorités, mais a assuré rester « attentif à la mise en œuvre de cette orientation politique ».Les investissements nécessaires seront-ils à la portée des industriels présents au Gabon tels qu'Eramet, le chinois CICMHZ (Compagnie industrielle des mines de Hangzhou) ou encore l'entreprise NGM (Nouvelle Gabon Mining), filiale du groupe indien Coalsale Group, d'autres acteurs du manganèse ? Les analystes du bureau ODDO BHF, cités par l'agence Bloomberg, en doutent. Pas d'impact sur les prixSeul le cours de l'action d'Eramet a immédiatement réagi à la baisse. Le prix du manganèse lui n'a pas été ébranlé : 90 % est utilisé pour fabriquer des aciers, comme le rappelle MinéralInfo. Le minerai est donc suspendu aux éventuelles perturbations dans ce secteur-là, plus qu'à une annonce qui devrait être mise en œuvre en 2029, fait remarquer un analyste d'Argus Media.À long terme, en revanche, le marché pourrait être perturbé si le Gabon n'arrive pas à attirer les investissements nécessaires. Le pays produit environ 20 % du manganèse mondial, selon l'USGS, et toute tension dans la filière locale peut avoir des conséquences.À lire aussiGabon: le manganèse brut sera interdit à l'exportation dès 2029
Cela fait plus d'un mois qu'une grève contre la réforme des retraites paralyse la filière banane du Panama. Ce qui se passe dans ce petit État d'Amérique centrale a un impact au-delà des frontières, même si le pays est un « petit » fournisseur, au niveau mondial. Le Panama, c'est 4% des importations européennes seulement et moins de 1% des importations américaines. Mais l'effet reste important, car on parle de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de bananes. Ce que les importateurs ne trouvent plus au Panama, ils vont le chercher ailleurs, en Équateur. Résultat, le prix de la banane au départ de Guyaquil a atteint des sommets rédhibitoires. À l'arrivée en Europe, c'est la même chose, les prix sont au zénith : un importateur allemand ou français paye en ce moment 16 à 18 euros pour un carton de bananes de 18 kg, c'est deux à quatre euros de plus que les prix pratiqués dans les derniers contrats annuels d'approvisionnement signés.Ce surcoût ne devrait pas se répercuter en magasin, car l'essentiel des volumes commercialisés a fait l'objet de contrats à un prix fixe. Les prix du marché qui sont concernés par l'augmentation récente ne s'appliquent que pour les achats « spot » c'est-à-dire pour les commandes ponctuelles, et donc plus petites en volumes a priori.L'Équateur, seul pays de secoursEn schématisant, c'est grâce à l'Équateur que la moindre supérette est approvisionnée en banane en Europe. La production de banane est globalement dimensionnée à la demande des consommateurs : la récolte du Costa Rica, de la Colombie, du Cameroun ou de la Côte d'Ivoire est déjà vendue, par contrat (à un prix fixé à la signature). Il ne reste à ces pays quasiment rien à commercialiser. Seul l'Équateur à un peu de marge, c'est l'organisation même de la filière locale qui veut ça. Mais la limite aujourd'hui est le prix proposé par l'Équateur et le manque de bateau pour acheminer la banane équatorienne.« Ce qui arrive au Panama met en tension tout le secteur » explique Denis Loeillet, économiste de la filière banane au Cirad, qui rappelle que le secteur est déjà affecté par le changement climatique et par des perturbations logistiques multiples depuis 2020. La demande en banane n'a en revanche pas baissé, au contraire, elle est même plus forte en Europe. Aujourd'hui, pour résumer, « le problème n'est pas de trouver des mangeurs de banane, c'est de trouver des fruits à vendre », explique un importateur.Le Panama encore exportateur de bananes demain ?Les entreprises du secteur annoncent avoir perdu des dizaines de millions de dollars. Du côté des plantations, notamment celles qui étaient exploitées par le géant Chiquita, l'avenir est plus que sombre : les bananiers ont besoin d'entretien et sans personnel, puisque tous les employés ont été licenciés, cela devient compliqué.La question aujourd'hui est de savoir si le Panama va perdre sa place d'exportateur, de manière temporaire ou sur le plus long terme. Tout dépendra des investissements qui seront consentis pour redresser le secteur. À lire aussiLa banane africaine entre concurrence latino-américaine et exigences salariales
Que valent les statistiques publiées dans le secteur du cacao ? La question fait débat dans la filière, depuis plusieurs mois. Les prévisions peuvent avoir un impact sur les prix et, après deux ans durant lesquels les cours se sont envolés, le sujet est devenu particulièrement sensible. Le sujet est devenu si sensible qu'il a été mis à l'ordre du jour d'une réunion exceptionnelle du Conseil international du cacao qui s'est déroulée mi-mai. À l'issue de ce rendez-vous, pays producteurs et pays consommateurs se sont entendus sur le principe de nommer un groupe d'experts pour mettre au point « un modèle statistique consensuel » comme le mentionne l'ordre du jour. Ce qui est en cause, c'est le principe de voir l'Organisation internationale du cacao (ICCO) publier des prévisions pour les mois à venir. Celle des exportations, autrement dit de la production – puisque tout est exporté, et celle de la demande des industriels. Prévisions de février remises en causeCe sont précisément des statistiques publiées en février par l'ICCO qui ont ouvert la polémique. La perspective d'un excédent de production qui se dessinait dans ce bulletin a contrarié le premier producteur mondial de fèves, la Côte d'Ivoire : le Conseil Café Cacao l'organe qui régule la filière a estimé qu'ils étaient erronés et de nature à alimenter la baisse des cours mondiaux constatée à ce moment-là, assure un témoin de l'affaire.Du côté de l'Organisation internationale du cacao, on explique que ces chiffres sont élaborés par des statisticiens, qui restent tributaires de l'information partagée par les pays membres. À défaut, l'ICCO – dont le mandat est notamment de publier des statistiques – se base sur des estimations.En attendant, l'élaboration d'un modèle de calcul validé par tous, plusieurs pays producteurs ont demandé l'arrêt des statistiques trimestrielles en lien avec la production. Le dernier bulletin du 30 mai, a donc vu une colonne disparaître, celle des estimations pour la prochaine campagne. La crainte d'une influence sur les coursAucune prévision n'est anodine, car elles peuvent servir aux analystes et aux négociants pour acheter ou vendre par anticipation une production, selon qu'elle s'annonce plus ou moins bonne. Mais « c'est prêter une grande influence aux chiffres de l'ICCO », commente cependant un expert.Si cette année les chiffres ont été contestés, c'est peut-être que leur publication est arrivée pile au moment où le pays commençait à vendre sa prochaine récolte par anticipation. Une production plus importante indique forcément des contrats qui se négocient à la baisse.Des chiffres sensibles en période électoraleÀ l'approche de la présidentielle ivoirienne, l'intérêt de la filière n'est pas de voir les cours mondiaux baisser, mais au contraire qu'ils restent hauts afin de pouvoir continuer à offrir le meilleur prix aux cacaoculteurs qui sont aussi des électeurs.La préoccupation est la même au Cameroun, où des élections sont attendues en octobre aussi : le représentant du pays s'est d'ailleurs montré « particulièrement solidaire avec les Ivoiriens » lors de la dernière réunion du Conseil International du cacao, raconte un participant.L'enjeu derrière ce débat est celui de la transparence du secteur du cacao : « 100 ans après la première cotation du cacao en bourse, on ne sait toujours pas combien chaque pays produit réellement », rappelle un expert de la filière.À lire aussiGrand reportage: Sur les pistes du trafic de cacao
Le marché du cobalt est toujours secoué par la décision de la République démocratique du Congo, prise fin février, de ne plus exporter son minerai pendant quatre mois. Le pays produisant les deux tiers du cobalt mondial, l'annonce a donc fait l'effet d'un séisme dans le secteur. La filière est maintenant dans l'attente de ce que décidera la RDC d'ici à la fin du mois de juin. La décision de Kinshasa a permis de faire remonter les prix, c'était son but. Mais elle a aussi asséché le marché, dont les stocks de métal disponibles à l'extérieur du pays n'étaient que de quatre mois de consommation, début janvier 2025, selon l'Institut du Cobalt, qui regroupe les industriels de la filière. Les usines de raffinage, qui souffraient des prix bas, manquent maintenant d'approvisionnement en matière première. Le marché a été si bousculé, que l'Institut du cobalt, détaille, dans un rapport publié fin mai, quatre scénarios, en fonction de ce que Kinshasa pourrait décider.Quatre scénarios pour les marchésLes volumes qui sortiront de République démocratique du Congo (RDC), dans les prochains mois, seront déterminants pour savoir si le marché restera excédentaire. Selon les hypothèses, le trop-plein de cobalt pourrait durer jusqu'en 2030 au moins, ou au contraire laisser place à un déficit dès 2027. Qui dit déficit, dit, en général, remontée des cours. Le positionnement de la RDC aura aussi un impact sur la consommation : les difficultés d'approvisionnement sur le long terme pourraient « détruire la demande », comme on dit dans le jargon, et conforter les technologies qui se passent de cobalt comme celle des batteries LFP (lithium fer phosphate).Une demande record, en hausseSelon les derniers chiffres publiés par l'Institut du Cobalt, la demande n'a jamais été si forte qu'en 2024, avec une consommation de plus de 200 000 tonnes qui pourrait doubler d'ici à la fin de la décennie, selon les prévisions de Benchmark.Le secteur le plus gourmand est celui de l'automobile : à l'horizon 2030, près de 60% du cobalt pourrait être absorbé par la fabrication de batteries. Les prévisions restent difficiles et sont « plus pessimistes qu'auparavant », selon l'Institut du Cobalt, car elles sont mises à mal par la situation économique mondiale et par la politique de l'administration Trump moins favorable à la généralisation des véhicules électriques. Parmi les pays producteurs qui profiteront de demande, il y a la RDC au premier chef, mais aussi l'Indonésie dont la part de marché ne cesse d'augmenter. La RDC qui représentait jusqu'à ce qu'elle gèle ses exportations 76% de l'offre mondiale, devrait voir sa part baisser à 65% en 2030 pendant que l'Indonésie devrait, à cet horizon, voir la sienne grimper pour atteindre 22% du cobalt mondial.À lire aussiLa RDC suspend les exportations de cobalt pour voir remonter les prix
Le prix du pétrole stagne à son plus bas niveau depuis la pandémie. Le baril de Brent de la mer du Nord s'échange aux alentours des 65 dollars, alors qu'il dépassait les 100 dollars après l'invasion russe de l'Ukraine en 2022. Le résultat d'un changement de politique de la part des pays de l'Opep+. Alors qu'il y a deux ans, l'Opep+, qui regroupe les pays producteurs de pétrole et leurs alliés, avait réduit l'offre volontairement en espérant de faire monter les prix, elle a décidé en avril dernier de rouvrir les vannes. Il y a trois jours, il a été décidé d'augmenter encore les volumes d'or noir mis sur le marché.Selon les observateurs, c'est Riyad qui serait derrière ce changement de cap surprise. C'est l'Arabie saoudite qui avait fait comprendre début mai qu'elle pouvait supporter une baisse des prix pendant une période prolongée. L'Arabie saoudite semble se plier aux requêtes de Donald Trump. Peu après sa prise de fonction, le président américain avait demandé à son allié de produire davantage pour faire baisser les prix de l'or noir et par ricochet les prix à la pompe pour les consommateurs américains.La fin du boom de schiste aux États-UnisMais cette stratégie n'est pas sans conséquence sur le secteur du schiste aux États-Unis. Confrontés à une accumulation de pétrole sur les marchés, les foreurs de schiste américains ont dû arrêter plusieurs de leurs plateformes pour faire face à la chute des prix. On s'attend à une baisse de production américaine de 1,1% l'année prochaine, à 13,3 millions de barils par jour.Ces producteurs de pétrole de schiste, qui avaient fait des États-Unis le plus grand producteur mondial d'or noir, se retrouvent aujourd'hui devant la première crise majeure de leur secteur. Si les prix de brut devaient descendre à 50 dollars, la production américaine pourrait perdre jusqu'à 300 000 barils par jour. Soit davantage que la production totale de certains petits pays membres de l'Opep+. Les compagnies américaines ne pourront clairement pas suivre. Des suppressions d'emplois ont déjà commencé.À lire aussiLe cours du pétrole chute après les annonces de l'Opep+ accélérant sa production de brut
L'Afrique du Sud tente de lutter contre la diminution de ses troupeaux de moutons. La finesse de la laine sud-africaine fait la fierté du pays, mais comme en Australie, autre grand pays d'élevage, la viande et la laine ne sont plus assez rémunérateurs. La situation n'est pas aussi alarmante qu'en Australie, mais en Afrique du Sud aussi, le déclin du cheptel et de la production de laine préoccupe les acteurs de la filière. « L'éleveur est sous forte pression financière » et le défi est de faire en sorte qu'ils n'abandonnent pas, explique James de Jager PDG de Segard Masurel South Africa. À cela s'ajoute l'expansion de l'industrie minière dans le nord du pays qui a réduit les terres disponibles, les vols de bétail et la tentation de faire aussi de l'agriculture ou d'élever des moutons uniquement pour leur viande. « Le nombre d'éleveurs n'a pas forcément chuté, mais les pratiques agricoles ont changé », explique le négociant, venu, ce mois de mai 2025, participer au 94e congrès de la Fédération lainière internationale (IWTO) à Lille, au nord de la France.En l'espace de 20 ans, la production nationale de laine a chuté de 60% : elle est passée d'un peu plus de 100 millions de kg de laine à 42 millions aujourd'hui. Les acteurs de la filière locale pensent avoir atteint un point bas « parce que la chute s'est stabilisée depuis à peu près cinq ans », relève James de Jager et aussi parce que « la spécificité de l'Afrique du Sud est de compter, en plus des grands élevages, de petits producteurs qui n'ont que deux, cinq ou vingt moutons », explique Isak Staats directeur de BKB et courtier en laine, « des éleveurs qui ont besoin du revenu lié à la laine et sur lesquels la filière compte s'appuyer ».Une demande textile trop faibleLa laine est un marché de niche et représente moins de 1% des fibres utilisées, mais la laine n'en est pas moins tributaire de la bonne santé du secteur de l'habillement. Un secteur en berne, la demande en textile n'est pas bonne en Europe, et pas meilleure en Chine. Or le pays achète 80% de la laine sud-africaine pour la laver, avant de réexporter ce qui n'est pas utilisé dans les usines chinoises.Pour réduire les risques, les producteurs sud-africains cherchent donc à s'ouvrir de plus en plus à d'autres marchés, comme la République tchèque, la Bulgarie et l'Uruguay. Augmenter les exportations vers l'Inde est aussi un objectif, mais l'Afrique du Sud paye pour l'instant des droits à l'importation de 2% qui rendent la laine difficilement compétitive.Se distinguer sur le marché internationalDepuis des années, le pays est engagé pour une laine durable, produite selon des pratiques dites « régénératives », qui réponde aussi aux normes de bien-être animal, mais également aux dernières exigences sociales et environnementales en vigueur.L'Afrique du Sud a mis l'accent sur la collecte de données, pour une traçabilité de la ferme, à la laine exportée. « On sait d'où vient la laine, qui l'a achetée aux enchères et où elle est exportée, notamment grâce au numéro d'identification donné à chaque producteur », explique Deon Saayman, PDG de Cape Wools, l'organisation qui chapeaute l'ensemble de la filière. Deux marques commerciales ont été créées par l'interprofession pour valoriser la laine sud-africaine sur le marché international et les entreprises développent individuellement leur propre standard.Cette mobilisation a payé : même si l'Afrique du Sud a vu fondre son cheptel, le pays reste le premier exportateur mondial de laine certifiée.À lire aussiAnglo American se sépare de ses mines de platine en Afrique du Sud
Petite révolution dans le secteur minier : le géant mondial Anglo American se sépare de ses mines de platine en Afrique du Sud. Anglo American Platinum devient une entité autonome et prend le nom de Valterra, dans un contexte très incertain pour l'avenir des platinoïdes. La branche sud-africaine d'Anglo American devient indépendante dans un contexte difficile pour le secteur des platinoïdes, un groupe de six métaux, qui comprennent le palladium et le rhodium que l'on retrouve dans les pots catalytiques des voitures. Leur prix s'est envolé après la pandémie et au début de l'invasion de l'Ukraine. Mais la bulle a éclaté en 2023 et depuis l'Afrique du Sud accuse le coup : le pays est le premier producteur mondial de platine d'où l'on peut extraire du palladium et du rhodium. Les grands groupes miniers présents dans le pays ont dû s'adapter, et pour certains se restructurer et licencier du personnel. Pour ne rien arranger, des inondations ont mis à l'arrêt, en début d'année, la production d'une importante mine dans la province du Limpopo, exploitée par l'ancienne filiale d'Anglo American. Un contexte difficile pour cette société devenue donc Valterra Platinum : selon une note de la banque UBS, citée par le site spécialisé Mining.com, la société pourrait afficher d'ici fin juin un déficit de plus de 8 milliards de rands (soit plus de 400 millions d'euros) en raison notamment du coût de la scission avec Anglo American.Demande en platinoïde très incertaineAu premier trimestre, la demande de bijoux en platine a augmenté de près d'un quart, en raison de la flambée des cours de l'or qui a fait reculer l'achat de bijoux en métal jaune. Mais les débouchés des platinoïdes restent essentiellement liés au secteur de l'automobile. Le décollage ou non de la demande pour les véhicules électrique et la fin des pots d'échappement qui va avec, sera donc déterminant pour l'avenir du platine, du rhodium ou encore du palladium.D'autres sous-métaux du groupe, tels que l'iridium, pourraient en revanche, eux, trouver un nouvel élan avec le développement de la filière hydrogène, une filière sur laquelle mise l'Afrique du Sud.Une troisième année de déficitLes disponibilités seront inférieures à la demande encore cette année, selon le World Platinum Investment Council (WPIC), en raison notamment d'une baisse de 4% de l'offre disponible.Ce nouveau déficit devrait entamer un peu plus les stocks et pourrait créer de la tension sur le marché : les prix ont d'ailleurs rebondi depuis la publication des prévisions 2025 du WPIC le 19 mai. Comme d'autres analystes, le PDG de Valterra Platinum table lui-même sur des perspectives de prix positives. À lire aussiLes groupes miniers producteurs de platinoïdes face à la crise en Afrique du Sud
Le monde ne manque pas d'acier, il croule même sous les excédents, c'est ce que pointe le rapport annuel de l'OCDE, une organisation économique qui regroupe essentiellement les pays occidentaux, rapport qui vient de sortir cette semaine. Ce qui explique la surproduction d'acier, ce sont essentiellement les subventions octroyées par certains États. Plusieurs gouvernements ont mis en place des politiques de soutien à leur industrie sidérurgique, c'est le cas dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et dans les pays d'Asie du Sud-Est, mais un pays fait plus que les autres : la Chine. Les subventions de Pékin sont dix fois supérieures à celles des pays de l'OCDE. Ce soutien se matérialise par des emprunts en dessous des taux du marché, des prix de l'énergie subventionnés ou encore un traitement fiscal préférentiel. Une pratique qui « fausse » le marché mondial, selon l'OCDE.Grâce à son acier subventionné, la Chine prend de plus en plus de part de marché : les exportations d'acier chinois ont plus que doublé depuis 2020, pour atteindre un record de 118 millions de tonnes en 2024. Ce tsunami d'acier a fait chuter les prix. Après leur pic en 2021, ils sont tombés au plus bas depuis près de dix ans. Des prix bas qui profitent naturellement aux utilisateurs d'acier du secteur de la construction ou de l'automobile, mais pas aux fabricants d'acier.Des fabricants d'acier qui ne sont plus rentablesLes industriels voient leur rentabilité se rapprocher de leurs plus bas niveaux historiques, selon l'OCDE : l'allemand ThyssenKrupp a annoncé la suppression de milliers emplois, le géant US Steel, désormais relégué aux 24e rang des aciéristes mondiaux, est contraint de se marier avec le japonais Nippon Steel, numéro 4 du secteur. Quant à ArcelorMittal, le géant mondial prévoit de licencier environ 600 personnes dans le nord de la France.Face aux difficultés et à la grogne des producteurs d'acier dont l'activité souffre de la concurrence asiatique, de plus en plus de pays ont lancé des enquêtes anti-dumping. Leur nombre a été multiplié par cinq en deux ans. Rien qu'en 2024, 81 ont été lancées – contre 16 précédentes –, un tiers visait des producteurs chinois.À écouter aussiLa surabondance d'acier chinois pèse sur les prix du minerai de ferLa consommation ne suit pasElle est variable selon les régions, stable, voire en déclin dans les pays occidentaux, mais elle diminue en Chine. Au niveau mondial, le solde est à peine positif, les besoins en acier n'augmentent même pas de 1 % par an. D'où les excédents d'acier, qui risquent de s'aggraver puisque de nouvelles usines vont entrer en service.Dans les deux années qui viennent, les capacités de production devraient bondir de plus de 6 %, selon les projections de l'OCDE, ce qui annonce des dizaines de millions de tonnes d'acier en plus sur le marché. Des nouveaux investissements situés majoritairement en Asie et surtout en Inde et en Chine.Impact sur la décarbonation du secteurLa fabrication d'acier est responsable de 8 % des émissions mondiales de CO2. Mais les investissements pour décarboner la filière sont difficilement tenables dans le contexte actuel de prix. Fin 2024, ArcelorMittal a suspendu son projet d'investissement dans la décarbonation de ses hauts fourneaux de Dunkerque, en raison de la non-compétitivité de l'acier produit en Europe. En parallèle, 40 % des nouvelles capacités qui doivent entrer en production ne seront pas bas-carbone et même « à forte intensité d'émission », pointe l'OCDE.
Cela fait quatre ans que les prix du charbon n'ont pas été si bas, on parle du charbon thermique, celui qui est utilisé dans les centrales pour produire de l'électricité. Depuis leur sommet de 2022, les prix ont perdu un quart de leur valeur. Au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine, les prix du charbon se sont envolés, comme ceux de nombreuses matières premières. La perspective d'une crise gazière avec la Russie a provoqué un regain d'intérêt pour le charbon. Les prix sont restés à leur sommet jusqu'au début 2023 avant de dégringoler. Depuis, ils évoluent dans une fourchette basse et le charbon a même retrouvé un niveau plus bas que celui d'avant-guerre. Cette chute est due essentiellement à une mécanique bien connue : quand les prix étaient à la hausse, les investisseurs ont misé sur le charbon et ont fait grimper artificiellement la demande, et donc les prix. Le contexte a poussé en parallèle les grands producteurs, la Chine, l'Inde, et l'Indonésie, à produire plus et cela a été d'autant plus facile qu'ils ont mis en service de nouvelles mines ces dernières années, rappelle le Financial Times. Des stocks au plus hautLes volumes de charbon disponibles n'ont fait qu'augmenter. Cette surabondance a fait baisser les importations des gros acheteurs, ce qui a aussi alimenté la baisse des prix : au cours des quatre premiers mois de 2025, la Chine a importé 13% de moins par rapport à la même période un an plus tôt, selon les données de suivi maritime du cabinet franco-belge Kpler, cité par l'agence Reuters. En parallèle, la production chinoise a atteint un niveau record au premier trimestre, selon l'agence Bloomberg. Ce qui n'est pas consommé, ni exporté, s'accumule. Les stocks sont si élevés que même si les prix étaient plus bas, « personne n'achèterait du charbon », assure un analyste de Kpler. Ce n'est pas la demande actuelle qui peut bousculer les choses : on est dans une période creuse pour l'hémisphère Nord : l'hiver est terminé et la saison où la Chine et l'Inde allument leurs climatiseurs n'est pas encore arrivée. Un redressement des prix à partir de cet été ?Les stocks et la production sont tels qu'ils ne sont pas de nature à relever les prix dans l'immédiat. Il y a même eu des moments ces dernières semaines où les prix du charbon chinois ont atteint un niveau inférieur aux coûts de production. Face à la chute de leurs bénéfices, ceux qui le peuvent ralentissent la cadence : c'est le cas de deux sociétés en Colombie : Cerrejón filiale de Glencore et Drummond ont annoncé des coupes de production.Les cours pourraient repartir à la hausse cet été, avec la demande estivale, selon plusieurs experts, à moins que la part d'électricité produite par énergie renouvelable connaisse une nette augmentation. C'est une éventualité en Chine où la libéralisation du marché de l'électricité sera actée à partir du mois de juin et devrait rendre les énergies renouvelables moins chères, rappelle l'agence Bloomberg. « Comme c'est le cas depuis 25 ans, la Chine, qui consomme 30% de charbon de plus que le reste du monde réuni, continuera à définir les tendances mondiales » résumait fin décembre l'Agence internationale de l'énergie dans son rapport sur les perspectives du marché du charbon.
Le groupe minier français Eramet a un nouveau directeur général. Il s'appelle Paulo Castellari et a travaillé chez le géant du secteur, anglo-américain, de 2003 à 2015. Christel Bories, qui cumulait les deux fonctions, reste présidente. Cette nomination ne devrait que renforcer l'ambition d'Eramet à l'international. Il y a une dizaine d'années, le groupe français était essentiellement connu pour son activité métallurgique, c'est-à-dire de transformation du minerai en métaux. Les mines d'Eramet servaient avant tout à faire tourner les usines, explique Cristel Bories au journal Les Echos.En quelques années le groupe a cédé plusieurs entreprises, dont Aubert&Duval, et s'est recentré sur la production minière tout en se diversifiant : aujourd'hui Eramet est présent dans le nickel en Nouvelle-Calédonie et en Indonésie – projet Weda Bay avec le sidérurgiste chinois Tsingshan –, dans le lithium en Argentine, et bien sûr toujours dans le manganèse au Gabon où le groupe exploite la plus grande mine au monde de ce minerai qui entre dans la composition des aciers.Une « petite » multinationaleEramet reste une « petite multinationale », relève un expert du secteur minier, mais le CV du nouveau directeur général est tout indiqué « pour accompagner un groupe qui grossit », selon un autre interlocuteur. L'expérience de Paulo Castellari plaide pour une présence plus forte encore à l'international, en particulier en Amérique latine, continent qu'il connaît bien : il est brésilien, mais a surtout travaillé des années au Brésil, pour le géant minier anglo-américain.Sur le continent, Eramet a aussi jeté son dévolu sur le Chili : le groupe a acquis une concession de lithium, mais doit encore franchir plusieurs étapes pour rentrer dans une phase opérationnelle.L'Afrique, un terrain à consoliderLa présence française contestée ouvertement dans plusieurs pays d'Afrique est une donnée que n'importe quel investisseur doit aujourd'hui intégrer. « Le nouveau directeur ne prendra pas de risque et ne partira pas sur des terrains qui ne sont pas déjà maitrisés » confirme quelqu'un qui l'a rencontré, mais Eramet n'affiche aucune volonté de se détourner du continent, au contraire. Le projet serait plutôt de consolider les acquis, que ce soit au Sénégal où le groupe exploite des sables minéralisés ou au Gabon, pays auquel le nouveau directeur général a réservé une de ses premières visites de terrain.
Indispensable à l'aviation, le titane produit en Russie est, jusqu'à présent, passé entre les gouttes et n'a pas été sanctionné par l'Union européenne. La guerre tarifaire initiée par Donald Trump ne s'est pas intéressée non plus à ce métal réputé pour sa légèreté et sa résistance à la corrosion. Les inquiétudes n'ont jamais porté sur le minerai brut de titane, qui est essentiellement utilisé sous forme de pigments, mais sur le métal, c'est-à-dire le minerai qui a subi plusieurs étapes de transformation. Plus particulièrement, les inquiétudes sont concentrées en particulier sur le métal de qualité aéronautique, qui entre dans la composition des fuselages, des moteurs ou encore des trains d'atterrissage, et dont la Russie est le premier exportateur. Vladimir Poutine avait évoqué la possibilité de couper le robinet, mais ne l'a pas fait. La Chine n'a pas imposé non plus de contrôle à l'exportation de son titane – probablement parce que la qualité du titane chinois ne pèse pas encore assez sur le marché international pour que ce soit un levier pertinent. Le titane, déjà soumis à des mesures tarifaires américaines, a par ailleurs été exempté des droits de douane supplémentaires introduits le 2 avril.L'Europe, trop dépendante au titane russe, continue de son côté d'en importer, même si les groupes aéronautiques, Airbus et Safran, notamment, poursuivent leurs efforts pour diversifier leur approvisionnement. À écouter aussiLe titane russe toujours irremplaçableAccélération de nouveaux projetsLes tensions suscitées par le début de la guerre en Ukraine ont accéléré les projets de production de titane. Des investissements engagés en Arabie saoudite avant la guerre ont permis, depuis l'année dernière, de produire du métal de qualité aéronautique, qui intéresse de près Airbus. Au Japon, au moins une usine de production qui devait fermer a finalement continué à tourner. L'Inde se positionne aussi dans le secteur : les premiers lingots de titane du pays sont en passe d'être produits par le groupe PTC Industries, s'ils ne le sont pas déjà, explique un expert de la filière. Il faut aussi compter avec la Chine qui, depuis dix ans, a démultiplié ses capacités de raffinage, au point d'être quasiment en surcapacité, selon un de nos interlocuteurs. S'il est de plus en plus exporté au Japon et en Corée du Sud, le titane chinois n'est pas reconnu de qualité aéronautique par Airbus et Boeing et sert essentiellement à l'industrie locale et au nouvel avionneur Comac. Si cela changeait, le marché mondial gagnerait un fournisseur important. Tensions sur les prix de certaines qualités de titaneLes craintes de voir l'approvisionnement perturbé se sont traduites sur les prix, mais selon le produit en titane concerné, les variations ne sont pas les mêmes. Le ferrotitane, un alliage, a vu son prix baisser en raison d'une moindre demande des sidérurgistes, selon le cabinet Argus Media. Selon leur analyste Ronan Murphy, depuis le début de la guerre en Ukraine, le titane de qualité aéronautique n'a lui, en revanche, plus jamais vu son prix baisser. Certaines qualités d'éponge de titane ont augmenté de 42% depuis le début de la guerre, pour ne donner qu'un seul exemple.Un des facteurs déterminants pour les prix sera la demande, et en particulier celle de Boeing. En 2024, l'avionneur a vu sa production d'appareils chuter à son niveau le plus bas depuis la pandémie de Covid-19.
La campagne de commercialisation de la nouvelle récolte de vanille verte doit être lancée d'un jour à l'autre à Madagascar. Une campagne qui s'ouvrira région par région, pour des questions de maturité de culture. Cette nouvelle saison débute avec des stocks importants de l'ancienne récolte. Cette nouvelle saison débute avec des stocks importants de vanille issus de l'ancienne récolte. En mars, les autorités avaient évalué le stock disponible sur la Grande-Ile à 1 000 tonnes. Il existe aussi de la vanille entreposée chez les industriels, à l'étranger. Les importateurs ont en effet acheté des volumes records l'année dernière – 4 400 tonnes sur 2023/2024 – pour profiter de la libéralisation des prix et de leur chute. En revanche, ces stocks à l'extérieur sont très difficiles à évaluer, « personne n'a vraiment les chiffres », confirme Georges Geeraerts, président du groupement des exportateurs de vanille de Madagascar, notamment parce qu'ils dépendent de la consommation et qu'il y a peu de données sur le sujet. Ce qui est à peu près certain, c'est que ces stocks de vanille pourraient, en théorie, permettre aux industriels qui en ont, de voir loin, et de ne pas se précipiter pour acheter dans les prochains mois. Demande suspendue aux taxes américainesLa demande à venir est très incertaine, car dépendante de l'évolution du contexte économique mondial qui influe sur le pouvoir d'achat. Elle est aussi suspendue à d'éventuelles taxes américaines, car les États-Unis sont les premiers acheteurs mondiaux de vanille.Dans leur première version, début avril, les droits de douane pour Madagascar avaient été fixés à 47%. Ils ont été suspendus pour 90 jours, et on ne sait pas si les négociations permettront d'alléger la sanction. Un importateur américain qui ne sait pas à quelle sauce il va être taxé dans les prochains mois est évidemment plus réticent à signer des contrats. Or c'est à cette période de l'année, alors que la récolte commence, qu'ils sont généralement finalisés. Quel horizon pour les prix à l'export de la vanille ?L'incertitude sur la demande mondiale, et sur la production de cette année, alimente l'incertitude sur les prix à l'export qui seront pratiqués dans les mois à venir. Sur l'année écoulée, ils se sont maintenus à des niveaux faibles, autour de 50 dollars/kg en moyenne, soit un cinquième des prix imposés pendant trois ans par les autorités. Résultat, les recettes de l'État ont chuté, malgré l'augmentation des volumes exportés.Les prix bas vont-ils se prolonger ou l'horizon se dégagera-t-il en 2025 ? La question est posée par les auteurs du rapport CyclOpe 2025 sur les matières premières. Selon Georges Geraerts, la priorité est d'assainir la filière, pour augmenter les volumes de gousses certifiées, plus rémunératrices pour les producteurs, et gagner des parts de marché à l'international, sur ce segment commercial.À lire aussiMadagascar: les recettes en baisse de la vanille et du clou de girofle tirent les exportations vers le bas
La ville de Lille dans le nord de la France, accueille cette année le 94e congrès de la Fédération lainière internationale (IWTO). Une réunion qui se tient dans un contexte morose, marqué par le déclin du cheptel ovin chez les grands producteurs tels que l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud. Il est déjà difficile en temps normal d'exister quand on représente 1 % des fibres textiles produites dans le monde, mais quand en plus les prix du marché sont bas et les aléas climatiques s'en mêlent, cela devient un vrai défi de maintenir une activité lainière. Les principaux producteurs ne savent pas dire si le déclin de leur production se poursuivra dans les prochaines années. L'espoir reste évidemment de ne pas tomber plus bas en termes de volumes : « Ceux qui ont résisté et produisent encore n'avaient certainement pas d'alternatives et seront donc encore là demain », argumente un responsable de filière.Chute du cheptel ovinAucun animal n'est élevé pour être seulement tondu. Sa valeur dépend du prix de vente de la laine et de la viande. La production est donc dépendante de la bonne santé des troupeaux. Or, les sécheresses répétées ont eu un impact sur les pâturages et affecté la taille des cheptels chez de nombreux États producteurs. Les éleveurs doivent aussi faire face au coût de l'aliment bétail qui a augmenté et finissent parfois par passer à l'élevage de ovins ou par opter pour la culture des céréales quand le climat le permet. C'est en Australie que la baisse du cheptel est la plus frappante. La production de laine pourrait baisser pour la saison 2024/2025 à son niveau le plus bas enregistré depuis un siècle, selon le dernier rapport CyclOpe sur les marchés mondiaux, qui s'appuie sur les chiffres produits par l'Australian Wool Production Forecasting Committee (AWPFC).Une offre réduite et une demande insuffisanteLa demande de la Chine, pays où se trouve le plus grand nombre de centres de lavage de la laine, est en baisse : pour ne citer qu'un chiffre, les importations de matière brute ont diminué de 15 % au premier trimestre 2025, selon le Nanjing Wool Market. Elles reflètent la petite forme du secteur textile qui impacte aussi bien l'Australie que l'Afrique du Sud, qui a fait du bien-être animal un argument commercial.Au vu de la demande, les prix pourraient être plus bas qu'ils ne sont, mais ont finalement pour l'instant été « sauvés » par la baisse de la production mondiale, explique un représentant de la fédération lainière internationale (IWTO).
Le pétrole russe est encore dans le collimateur de l'Union européenne. Un 17e paquet de sanctions adopté à Bruxelles cible de nouveaux navires pétroliers « fantômes », ces bateaux qui sont utilisés pour contourner les sanctions sur les exportations de brut de Russie. Avec ces nouvelles mesures, près de 350 navires russes sont maintenant concernés. Le poids de la flotte fantôme est difficile à évaluer. Les chiffres varient selon les sources dans une fourchette comprise entre 400 et 600 navires. Le ministre estonien de la Défense estime ce chiffre à 500.Rien qu'au mois de mars, près de 160 pétroliers de la flotte fantôme ont quitté les ports russes pour livrer du pétrole brut et des produits dérivés du pétrole, selon la Kyiv School of Economics (KSE), un institut de recherche ukrainien. Des bateaux qui se rendent « invisibles »Ces navires ne sont généralement pas immatriculés ou opèrent sous des pavillons de complaisance. Une centaine d'entre eux auraient plus de 15 ans d'âge, 20 ans même pour certains. Au moins 200 de ces navires ne seraient plus en service aujourd'hui si la Russie n'avait pas eu besoin d'échapper aux sanctions.Beaucoup ne sont pas assurés ou du moins pas selon les standards internationaux. Selon plusieurs sources, ces navires multiplient les tactiques pour ne pas être géolocalisés et sont de plus en plus difficiles à suivre. Leur stratégie est d'échapper aux systèmes de positionnement automatisés, ou de brouiller les pistes en envoyant de fausses informations. L'objectif est en particulier de ne pas être détecté lors des transbordements de pétrole. À écouter aussiSécurité maritime : pourquoi la «flotte fantôme» russe échappe-t-elle à tout contrôle ?Efficacité relative des sanctionsLa Russie aurait gagné grâce à son pétrole 189 milliards de dollars en 2024. Un cinquième des navires pétroliers ciblés à la date du 20 avril étaient toujours en service et ont pu continuer à charger du pétrole même après avoir été mis sous sanction, selon KSE.Même si elles sont contournées, les sanctions introduisent leur lot de perturbation : par peur d'être immobilisés, des bateaux doivent se dérouter, d'autres livrent leur cargaison avec retard, comme l'explique Lloyd's List. Si les mesures de rétorsion ne sont pas plus efficaces, c'est qu'il y a toujours des acheteurs peu regardants : on peut citer l'Inde, le premier importateur de brut russe par voie maritime, la Chine et la Turquie, selon KSE. Même si les volumes sont beaucoup plus petits, plusieurs pays africains continuent, eux aussi, de profiter des prix cassés proposés par la Russie.
Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis ont un impact sur le commerce du bois, et précisément sur l'exportation de grumes américaines en Chine. Ce bois brut, destiné à être transformé, est soumis depuis le mois de mars à une mesure non tarifaire de la part de Pékin. Le bois américain est soumis à une barrière sanitaire due, selon la douane chinoise, à la présence de petits ravageurs dans le bois américain – scolytes et longicornes – arrivé en Chine. Le bois a donc été immobilisé dans les ports, et les importations de nouveaux lots venant des États-Unis suspendues, officiellement, pour des raisons de « biosécurité ».Il est cependant difficile de ne pas interpréter cette mesure sanitaire comme une forme de rétorsion commerciale : elle a en effet été prise juste après l'annonce de l'instauration de droits de douanes par Donald Trump. Vers la reprise des échanges ?Maintenant qu'une partie des tarifs douaniers ont été mis en pause pour 90 jours, la Chine a accepté de suspendre, voire de supprimer, les mesures non tarifaires prises depuis le 2 avril en rétorsion contre les États-Unis. En théorie, donc, l'interdiction sanitaire pourrait être concernée, si ce n'est que la mesure est antérieure puisqu'elle date de début mars.Le commerce de bois brut des États-Unis vers la Chine pourrait-il cependant reprendre et si oui, dans quel délai ? « L'incertitude est notre nouvelle certitude dans ces temps heurtés. On sait seulement que les Américains ont besoin de vendre leurs essences de feuillus en Chine », résume Emmanuel Groutel, spécialiste des flux internationaux de bois et co-auteur du rapport CyclOpe sur les matières premières.Parmi les bois américains exportés en Chine figurent en particulier le chêne rouge, le chêne blanc et le noyer ainsi que des résineux.Coup dur pour l'est des États-UnisLes exportateurs de grumes sont les victimes inattendues de la guerre commerciale, comme l'écrit WoodCentral, plateforme digitale dédiée au secteur du bois : avant le mois de mars, environ 40 % du bois américain était exporté en Chine.C'est un coup dur, particulièrement pour l'est des États-Unis, notamment la région montagneuse des Appalaches, explique Emmanuel Groutel. Et ce, même si la production totale de bois de feuillus dans la région pourrait avoir été en 2024 la plus faible depuis 65 ans, selon l'édition 2025 du rapport CyclOpe.Aujourd'hui, l'industrie américaine de l'ameublement peut difficilement absorber beaucoup plus de volumes, elle s'est délocalisée au fil des ans en Asie. En revanche, le Vietnam s'impose comme un acheteur de plus en plus important de bois américain. Une opportunité peut-être pour les États-Unis d'écouler, en 2025, une partie de ce qui aurait été exporté en Chine.
Aux États-Unis, les prix du bœuf continuent de grimper. En cause, une pénurie de bétail, alors que la demande est toujours importante. Le prix moyen du bœuf a augmenté de 60 % depuis 2020 dans le pays. En sortie d'abattoir, un kilo de bœuf vaut près de sept euros en moyenne aux États-Unis, soit davantage qu'en Europe, du jamais vu. « Un renversement complet de situation », dit même Jean-Paul Simier, expert de la filière viande et co-auteur du rapport CyclOpe sur les marchés des matières premières dont la dernière édition vient d'être publiée. Au pays du barbecue et du hamburger, les prix de la viande de bœuf ont traditionnellement toujours été plus bas qu'ailleurs.Aujourd'hui, il n'y a plus assez de bêtes pour répondre à la consommation nationale. En 50 ans, le cheptel est passé de 140 millions de têtes à 90 millions aujourd'hui – soit une baisse de 36 %. Conséquence, depuis deux ans, les importations américaines sont supérieures aux exportations et les Américains n'ont jamais autant acheté au Brésil : +57 % en cinq ans. Diminution des pâturagesLa principale explication, c'est la sècheresse qui a entraîné une baisse des surfaces de pâturages. Le réchauffement a touché les zones traditionnelles de production, notamment les Rocheuses, là où naissent les veaux, avant d'être transférés dans les régions agricoles où ils sont engraissés, dans le centre des États-Unis, au Texas notamment.La production de viande de bœuf étant devenue peu attractive et peu rémunératrice, il y a aussi moins en moins de « naisseurs » c'est-à-dire d'éleveurs de vaches allaitantes. Impact sur l'industrieLes premiers touchés sont les consommateurs, il faut aujourd'hui être « addict » pour continuer à manger du bœuf à prix d'or. L'industrie n'est pas moins concernée, les parcs d'engraissement n'étant pas assez remplis et devenant moins rentables. Les engraisseurs ont beau produire des animaux plus lourds, comme le prix d'achat des broutards et de l'alimentation bétail a augmenté, leur marge peine à être bénéficiaire.Le moral n'est pas meilleur chez les conditionneurs et exportateurs de viande : « Le bœuf connaît les conditions de marché les plus difficiles que nous ayons jamais vues », reconnaissait ces derniers jours le patron de Tyson Foods, cité par le Financial Times.Volonté d'exporter malgré toutTrès attentif à la situation et au moral des « farmers » américains, le dirigeant de la Maison Blanche affiche, malgré la baisse du cheptel, sa volonté d'exporter plus de bœuf. Donald Trump l'a prouvé encore ces derniers jours en demandant au Royaume-Uni d'importer du bœuf américain – et d'autres produits agricoles – en contrepartie d'un allègement des tarifs douaniers.Cette volonté risque cependant de ne pas suffire, car au-delà du bétail qui baisse, les prix sont un autre frein. Début 2025, le bœuf brésilien était 54 % moins cher que le bœuf américain – avec un prix de gros, à la sortie de l'abattoir, à trois euros en moyenne au Brésil contre 6,80 aux États-Unis.Les États-Unis arrivent encore à exporter des morceaux très chers, comme l'entrecôte, ou l'aloyau, au Japon et en Corée du Sud. C'est plus compliqué, en revanche, pour les morceaux de seconde catégorie sur lesquels la concurrence est plus rude. « Les Américains ne sont plus dans la compétition mondiale » résume Jean-Paul Simier.Canada et Mexique, des partenaires indispensables La filière bovine américaine pourrait souffrir, encore plus, si les tensions commerciales avec le Canada, et le Mexique devaient à nouveau se tendre. « Se fâcher avec le Canada serait tout simplement se tirer une balle dans le pied », résume Jean-Paul Simier. Les États-Unis aspirent 80 % de la production canadienne, ils achètent aussi bien la viande que des animaux vivants. Autrement dit, c'est le Canada qui permet de faire tourner les abattoirs américains. Le Mexique est lui devenu depuis quelques années un fournisseur de bêtes à engraisser des États-Unis. Début 2025, les flux ont baissé de 75 % en raison de restrictions sanitaires, résultat en février, les arrivées dans les usines d'engraissement américaines ont baissé de 19 % par rapport à l'année dernière. La mesure est progressivement en train d'être levée, les besoins d'alimenter le marché américain sont trop grands. À lire aussiÉtats-Unis : la viande de bœuf s'arrache à prix d'or
Maïs, blé, soja, ces trois matières premières agricoles vont voir leur récolte augmenter, c'est ce que confirme le rapport publié cette semaine par le ministère américain de l'Agriculture (USDA) qui fait référence. Cette hausse de production, liée essentiellement à de bonnes conditions météo, pèse sur les prix. Sauf sur ceux du soja qui sont aussi très influencés par ceux du pétrole et de la relation Chine-États-Unis. Malgré les inquiétudes chez quelques pays producteurs, ce qui domine sur le marché du blé sont les bonnes nouvelles relatives aux récoltes ou aux semis en cours, en Chine, en Inde, au Kazakhstan et au Canada. Les conditions sont également favorables en Europe, confirme la cellule de veille économique du ministère français de l'Agriculture. La production mondiale de blé qui sera commercialisée dans l'année qui vient, s'annonce record avec plus de 770 millions de tonnes, soit environ presque 15 millions de tonnes de plus par rapport à la moyenne quinquennale. Concernant le maïs, les semis de printemps aux États-Unis, en Europe, en Ukraine et en Russie ont débuté là aussi dans de bonnes conditions météo, selon FranceAgriMer. Pour le grain jaune, la production s'annonce potentiellement record.Des récoltes qui tirent les prix à la baisseLes marchés des matières premières voient loin et s'inspirent de la météo dans le monde, mais aussi de l'état des stocks et de la demande. Selon les céréales, un facteur compte plus que l'autre, mais les cours du maïs comme ceux du blé ont baissé sur le dernier mois. À titre indicatif, les contrats européens de blé sur Euronext pour une livraison en septembre se rapprochent chaque jour un peu plus du seuil des 200 euros la tonne.Le soja soumis à d'autres contraintesEn sens inverse, les cours du soja ont atteint leur niveau le plus haut depuis dix mois ces derniers jours, en raison des prévisions de l'USDA qui annoncent une hausse des stocks de 16% d'ici à la fin de la campagne commerciale. Ce mercredi 14 mai, ils ont cependant flanché de plus de 5% – la plus forte baisse en une seule journée depuis juin 2023 – à cause d'une nouvelle baisse des cours du pétrole américain (WTI) : quand le brut perd de la valeur, le biocarburant fait de même et entraine dans le mouvement aussi l'huile de soja et les grains.Les cours du soja restent en parallèle toujours guidés par la relation entre Pékin et Washington. Sans résolution du différend commercial, la Chine se fournira demain encore moins aux États-Unis et plus au Brésil. Les exportations américaines de soja pourraient chuter de 20% selon certaines estimations, ce qui aurait un impact inévitable sur les prix.
« Investir dans l'Énergie africaine », le forum réunissant le gratin du secteur des hydrocarbures en Afrique s'est refermé ce mercredi 14 mai à Paris. Résultat des échanges : les projets pétroliers ne manquent pas sur le continent, mais les investisseurs ne se bousculent pas. Le réservoir est immense : plus de 125 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole. Et pourtant, c'est le paradoxe, l'exploitation de ces ressources restent très difficile. L'Afrique n'attire pas assez de capitaux. En RDC, il y a eu l'annulation de l'appel d'offre sur 27 blocs pétroliers de la cuvette centrale en fin d'année. Il a été relancé la semaine dernière après un redécoupage en 52 blocs, mais que la route est longue. L'Angola subit aussi une baisse de sa production et des départs d'investisseurs. Au Nigeria, les majors ont tour à tour quitté le pays et ses puits onshore. Le Ghana n'arrive également pas à être attractif malgré les appels répétés de ses gouvernants. Dernier en date, John Mahama au CEO forum d'Abidjan ce mardi demandant aux investissements étrangers de « pomper du pétrole comme s'il n'y avait pas de lendemain ».Baisse des prix néfaste pour les pays producteursD'autant que la dynamique des investissements n'est pas bonne, notamment depuis l'élection de Donald Trump. Un président américain, grand soutien des énergies fossiles. La première des conséquences, c'est que les banques américaines risquent d'orienter leurs investissements vers les projets aux États-Unis. C'est, pour elles, moins risqué qu'en Afrique où le FMI souligne les infrastructures limitées, l'insécurité accrue et la gouvernance parfois déficiente. Une autre conséquence de l'élection de Trump, c'est une baisse des prix du pétrole qui aujourd'hui pénalise les producteurs africains. Les incertitudes namibiennesMême les valeurs sûres comme la Namibie charrient leurs lots d'incertitudes. Le pays d'Afrique australe est vu comme l'eldorado pétrolier du continent avec les récentes découvertes d'importants gisements offshore. Maggy Shino, commissaire au pétrole au ministère de l'Énergie namibien, était à Paris au forum d'investissement ce mardi. Elle a insisté sur les opportunités de son pays pour les investisseurs, mais sur le terrain, tout semble plus complexe. Shell traîne des pieds, Chevron fore des puits sans grand succès pour l'instant et TotalEnergies n'a toujours pas signé sa décision finale d'investissement sur le projet Vénus. Un gisement de 750 millions de barils estimés à près de 3 000 mètres de profondeur. Les défis techniques et les calculs de rentabilité ne semblent pas encore complètement résolus.
Comment y voir clair sur les marchés mondiaux dans une période de ruptures géopolitiques et de tensions ? C'est le défi auquel ont dû faire face les auteurs du rapport Cyclope, la bible annuelle des matières premières, dont l'édition 2025 vient d'être publiée avec pour sous-titre Le piétinement sourd des légions en marche. Les matières premières restent à l'origine des grandes dynamiques économiques et restent sources de convoitises, que l'on parle des terres rares ukrainiennes, du cobalt congolais, du pétrole russe ou du cacao africain, c'est ce qui ressort du nouveau rapport CyclOpe. En 2024, malgré les conflits, le commerce a finalement continué, comme dans « une année presque normale », résume Philippe Chalmin le président-fondateur de CyclOpe, en revanche le choc provoqué par le retour de Donald Trump au pouvoir, en 2025, a ajouté une dimension imprévisible à une accumulation de situation géopolitiques déjà complexes.Les niveaux de taxation entre la Chine et les États-Unis sont aujourd'hui toujours très élevés. relèvent les auteurs du rapport. Plus que jamais, c'est l'incertitude qui domine et cela se traduit par une grande nervosité sur les marchés des matières premières. Une plus grande place pour les métaux Les métaux sont devenus une quasi-obsession de Donald Trump et ont été directement pris dans la tempête des taxes américaines et des contre-mesures chinoises. Les cours de plusieurs d'entre eux se sont illustrés par une forte volatilité ces dernières semaines. Un facteur important, qui peut avoir un impact sur le choix des miniers à engager de nouveaux investissements.Les tensions politiques ont aussi entraîné une réduction de l'offre et fait flamber le prix de l'étain, du germanium ou encore du gallium. « Ils ne sont pas plus demandés, mais simplement moins disponibles », explique un contributeur.La fin des tabousPlus que jamais, les métaux sont devenus un enjeu majeur de souveraineté et de puissance, un élément de survie autant qu'un outil de domination. Maîtriser les minerais et métaux est essentiel pour aller vers la transition énergétique, mais aussi le rayonnement industriel, les États l'ont intégré mais « on assiste aux États-Unis à un changement de méthode », explique Yves Jegourel, codirecteur de CyclOpe et titulaire de la chaire Économie des matières premières au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam).Si la question des mines et des métaux pose pour tous la question de territoires, et de régions à valoriser, elle devient pour le président américain une question de zones à conquérir, voire à annexer. Donald Trump n'a aucune limite, comme l'a encore prouvé son décret destiné à autoriser l'extraction de minerais dans les fonds océaniques, y compris les eaux internationales.
Comme d'autres matières premières, le coton est pris dans les turbulences de la guerre commerciale et les changements de cap de l'administration Trump. La Chine est le premier importateur d'or blanc, les États-Unis, un exportateur majeur, les relations entre les deux pays sont donc scrutés à la loupe dans le secteur. La mise en place des taxes douanières américaines et la riposte chinoise ont entraîné, ces dernières semaines, une « baisse ostensible des importations de coton américain en Chine », selon la lettre de marché de Mambo Commodities, datée du 28 avril et représentaient une menace sur les importations de textile chinois aux États-Unis. L'annonce ce lundi d'un allègement conséquent des droits de douane entre les deux pays pourrait rebattre les cartes, au moins pour les 90 jours à venir.À lire aussiLe marché du coton sous l'influence des États-Unis et de la ChineQuel marché pour le coton américain ? Les États-Unis exportent environ 11 millions de balles par an et pourraient, si les tensions duraient, probablement écouler leur coton ailleurs qu'en Chine. Le contexte actuel n'est cependant pas porteur. « Les filateurs asiatiques sont restés prudents ces dernières semaines, personne ne veut s'engager, et encore moins sur le long terme », constate un négociant français. À cette époque de l'année, la récolte américaine s'est déjà bien vendue et sa commercialisation n'est donc pas menacée. D'autant moins que pour obtenir une levée des taxes les concernant, des pays de filature comme le Vietnam, le Bangladesh et le Pakistan pourraient accepter, dans un cadre bilatéral, d'augmenter leurs importations de coton américain. À lire aussiLe marché du coton entre forte volatilité et manque de visibilitéLes ventes de coton africain à la traîneSi le Bangladesh achète plus de coton des États-Unis, ce serait potentiellement un coup dur pour les pays producteurs du continent qui exportent jusqu'à 70% de leur récolte vers les usines de ce pays asiatique, rappelle Mambo Commodities. Pour l'heure, la concurrence vient surtout du Brésil : en raison de son mode de production, le coton brésilien est plus compétitif et offre une qualité standard qui séduit de plus en plus.La baisse des cours du coton - qui a perdu près d'un tiers de sa valeur en un an - a fait tomber l'or blanc africain sous son coût de production et paralysé les exportateurs qui veulent éviter de vendre à perte.Il reste à ce jour du coton invendu dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, selon un de nos interlocuteurs à la tête d'une société de négoce. La commercialisation de la récolte pourrait se prolonger jusqu'en décembre ou janvier au rythme actuel, assure cet expert, soit bien au-delà des délais habituels.À lire aussiLes producteurs africains de coton subissent les cours mondiaux et le changement climatique
Le deuxième producteur mondial de cacao, le Ghana, réfléchit à revoir son calendrier de commercialisation de fèves cette année. La campagne principale de cacao qui démarre traditionnellement le 1ᵉʳ octobre, pourrait débuter avec deux mois d'avance. La Côte d'Ivoire et le Ghana lancent d'ordinaire leur campagne principale ensemble, le 1ᵉʳ octobre. À cette occasion, les deux pays fixent un prix garanti au producteur, un prix qui est généralement équivalent des deux côtés de la frontière, notamment pour éviter la fraude.Cela fait deux ans que le Ghana prend quelques jours d'avance sur son voisin et lance la saison de commercialisation et de vente des contrats de cacao en septembre. Mais cette année, selon des sources officieuses, la campagne pourrait débuter entre le 1ᵉʳ et le 15 août. Parmi les explications avancées figure le facteur climatique, qui aurait accéléré la maturité des arbres : certains pourraient, par endroits, donner leur récolte principale, la plus importante, dès le mois de juillet. Mais cette modification de calendrier permet aussi techniquement de lancer la commercialisation des fèves et de réajuster les prix payés au planteur. Au Ghana, ceux-ci n'ont pas été revus à la hausse pour la récolte intermédiaire, qui débute en avril.À lire aussiGhana: la production de cacao en forte baisse, la perte de terres agricoles en partie responsableS'aligner sur le prix ivoirien ?Le prix au Ghana est inférieur à 1 900 francs CFA, alors qu'en Côte d'Ivoire, il est, depuis le 1ᵉʳ avril, à 2 200 francs CFA pour un kilo de fèves. Cet écart augmente le risque de fuite du cacao vers la Côte d'Ivoire, même si la récolte intermédiaire ghanéenne, celle du printemps, est traditionnellement beaucoup moins bonne, et plutôt destinée au marché local qu'à l'exportation.Lancer la campagne cet été au Ghana permettrait aux autorités de s'aligner à nouveau sur le prix du géant ivoirien, sachant que la Côte d'Ivoire décidera peut-être d'augmenter son prix deux mois plus tard, à l'approche de la présidentielle.Les deux pays vont-ils continuer à coordonner leur prix comme ils tentaient de le faire depuis quelques années sous l'égide de l'Initiative Cacao Côte d'Ivoire - Ghana ? C'est une des questions que pose le potentiel changement de calendrier ghanéen.Consolider la production ghanéenneAu Ghana, « chaque fève compte » résume un expert. L'année dernière, la production a baissé de plus d'un quart : le pays n'a pas pu honorer ses commandes et a dû piocher dans la récolte de ces derniers mois pour apurer ses anciens contrats.Les défis de la nouvelle direction du Cocobod, l'organe régulateur de la filière, qui a pris ses fonctions en mars sont immenses : lutter contre le swollen shoot, la maladie du cacaoyer, et contre l'orpaillage qui grignote les terres du cacao, mais aussi repenser le mécanisme financier d'achat du cacao aux producteurs, qui a montré ses limites. Les nouveaux dirigeants du Cocobod font face à une dette colossale. L'anticipation de la récolte pourrait faire partie de leur nouvelle stratégie de réforme du secteur ghanéen.À lire aussiQuelles pistes pour lutter contre le «swollen shoot», la maladie redoutable du cacao?
Le scénario sur le marché du riz se confirme : le retour mi-octobre des exportations indiennes, après des mois de restrictions, a fait considérablement baisser les prix. Ceux qui pariaient en début d'année sur une baisse qui allait se poursuivre, ont eu raison. La baisse n'a pas cessé depuis mi-octobre. Le marché s'est effondré un peu plus en avril, après l'annonce par New Delhi de la levée des dernières restrictions sur le riz brisé. Globalement, les prix ont chuté de 35% par rapport à leur sommet de 2024. La première explication, c'est que l'Inde est partie pour exporter autant qu'en 2022, une année record. Les dernières prévisions font état de 23 millions de tonnes qui pourraient être exportées cette année, voire 24 millions, selon le groupe Olam Agri India cité par l'agence Reuters. L'autre facteur qui explique cette baisse des prix est le niveau très élevé des stocks qui rassure les acheteurs et qui contribue à apaiser le marché. Rien qu'en Inde, les stocks de riz, y compris le riz non décortiqué, dans les entrepôts gouvernementaux s'élevaient à plus de 63 millions de tonnes au 1er avril, c'est près de cinq fois l'objectif fixé par le gouvernement indien de 13,6 millions de tonnes, selon l'agence Reuters.Relance des achats Les stocks grossissent aussi en Thaïlande et au Vietnam, deux exportateurs qui n'arrivent plus à concurrencer les prix bas de l'Inde et exportent donc moins cette année. Au niveau mondial, on a dépassé 200 millions de tonnes de stock, c'est l'équivalent d'environ 38% de la consommation annuelle.Début 2025, de nombreux importateurs hésitaient à passer commande, même après une première baisse des prix. Mais la chute qui s'est poursuivie les a convaincus de relancer leurs achats. Parmi eux, on trouve des pays africains, Sénégal, Bénin, Nigeria, Côte d'Ivoire, mais aussi les Philippines.Stabilisation des prix Ces achats ont certainement contribué à la stabilisation des prix. Ils ont arrêté de chuter depuis fin avril en Inde, au Vietnam et au Pakistan, seuls les prix thaïlandais ont augmenté de près de 5% depuis début avril, en grande partie en raison du raffermissement du bath par rapport au dollar, explique Patricio Mendez del Villar, économiste au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, et éditeur de la note de conjoncture Osiriz.Cette stabilisation est peut-être aussi due à un creux dans la saison de production asiatique et au fait que la roupie indienne s'est renforcée, ce qui soutient les prix du riz en dollar. Plusieurs acteurs du négoce estiment qu'un prix plancher a peut-être été atteint sans pour autant que l'on assiste à un véritable rebond.Offre mondiale recordCes prix bas pourraient se prolonger plusieurs mois, car fondamentalement, la production mondiale s'annonce bonne et le marché a intégré que l'Indonésie, qui avait acheté 4 millions de tonnes l'année dernière, serait beaucoup moins demandeuse cette année.Le bureau météorologique indien prévoit des pluies de mousson supérieures à la moyenne pour la deuxième année consécutive en 2025, ce qui stimulera la production de cet automne. L'offre mondiale de riz, y compris les stocks, devrait atteindre un niveau record de 543,6 millions de tonnes contre 535,4 millions de tonnes l'année précédente et dépasser de 27% la demande cette année, selon les estimations de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).Les riziculteurs africains en profiteront-ils ?En raison des perspectives de production, l'Association indienne des exportateurs de riz s'attend à ce que les prix fluctuent d'ici à la fin de l'année dans une petite fourchette de 10 dollars autour de 390 dollars la tonne pour le riz brisé à 5%.C'est une bonne nouvelle pour les consommateurs, mais pas forcément pour les producteurs asiatiques, ni pour les riziculteurs africains, car quand le riz importé est si compétitif, ils ont plus de mal à écouler leurs volumes sur les marchés urbains, et sont moins incités à planter l'année suivante. « Les politiques d'autosuffisance volent en éclats dès que les prix mondiaux baissent », résume Patricio Mendez del Villar.À lire aussiLa baisse des cours du riz ralentit considérablement les achats
Les festivités des vingts ans de l'Association des producteurs de coton africain se sont tenues la semaine dernière à Garoua dans le nord du Cameroun, le bassin cotonnier du pays. Le lieu de la célébration n'a pas été choisi au hasard, car le Cameroun est le pays qui présente les meilleurs rendements du continent. Le rendement du coton camerounais se situe autour de 1 500 kg par hectare, alors qu'il est de moins de 850 kg par hectares au Burkina Faso ou au Togo, par exemple. Selon les acteurs sur place, ces bons résultats s'expliquent par le suivi des itinéraires techniques, c'est-à-dire le respect d'un cahier des charges rigoureux : la bonne préparation du sol, le respect des dates de semis, l'usage des bonnes quantités d'engrais, les doses d'insecticides recommandées ou encore leur ordre d'utilisation. La qualité des semences est aussi mise en avant.Pour en arriver là, il a fallu former les cotonculteurs et les accompagner. Autre spécificité au Cameroun : la sélection des producteurs. Un cultivateur qui ne parvient pas à un minimum de production est exclu du système. La dernière campagne s'annonce décevanteLa campagne 2023-2024 a permis au Cameroun de se hisser au troisième rang des producteurs du continent avec près de 400 000 tonnes de coton graine récolté. La dernière campagne est en train de se terminer et les prévisions mettent en avant une baisse significative de la production. Elle devrait péniblement atteindre les 290 000 tonnes. Plusieurs facteurs expliquent cette production plus faible que la normale : des phénomènes météo extrêmes avec une partie des récoltes inondées, et sur d'autres parties du territoire, une saison sèche qui s'est prolongée. Les attaques de jassides, des insectes ravageurs déjà connus en Afrique de l'Ouest, sont une autre problématique majeure. À cela s'ajoute des délais importants pour l'obtention des agréments des produits phytosanitaires adaptés, ce qui a retardé le traitement du coton. À lire aussiLes producteurs africains de coton subissent les cours mondiaux et le changement climatiqueLes petits producteurs s'endettent Autre spécificité, le Cameroun est le seul pays du continent à ne pas subventionner les engrais. À première vue, il s'agit d'un point positif qui tend à laisser penser que la filière a su être suffisamment efficace et rentable pour ne pas avoir besoin de soutien. Cependant, la réalité est un peu plus complexe. Un fond de roulement permet d'avancer les engrais aux cotonculteurs, un coût soustrait aux producteurs lors de la vente du coton après récolte.En réalité, beaucoup de petits producteurs vivent donc à crédit et cultivent pour rembourser les engrais. Ces dettes sont d'autant plus importantes que les prix des intrants ont grimpé en flèche depuis le début de la guerre en Ukraine. À Garoua, l'ensemble des acteurs de la filière espèrent un geste de la part des autorités. Ces dernières, le recul attendu cette année, mises à l'horizon 2030 sur une production de 600 000 tonnes.À lire aussiL'association des producteurs de coton africains élaborent leur feuille de route à Garoua
La demande en cobalt pourrait augmenter de plus de 10% cette année. C'est ce que prévoit l'Institut du Cobalt, une organisation qui regroupe l'ensemble des industriels du secteur. Une fois encore les besoins en cobalt sont essentiellement tirés par la fabrication des batteries contenues dans les véhicules électriques. La hausse annoncée de la demande en cobalt est directement liée aux bonnes ventes des véhicules électriques. Cette hausse s'observe au premier trimestre 2025 sur tous les grands marchés : +22% en Europe, +16% aux États-Unis et +36% en Chine, pays qui remporte la palme avec des ventes qui ont décollé au premier trimestre. Globalement, la demande mondiale en cobalt pourrait être de 227 000 tonnes cette année, selon l'Institut du Cobalt soit 11% de plus que l'année dernière. L'année 2024 avait connu une hausse de « seulement » 4% par rapport à l'année précédente.Un marché toujours amputé de la production congolaiseLe cobalt congolais est interdit d'exportation, depuis fin février, or il représente les deux tiers de l'approvisionnement mondial. La décision a été prise pour quatre mois, mais pourrait être rediscutée d'ici fin mai. Entre-temps, la possibilité de mettre en place des quotas d'exportation a été évoquée, ainsi que d'éventuelles concertations avec l'Indonésie, le deuxième producteur mondial de cobalt, l'idée étant de trouver une manière de gérer la suroffre et de mieux contrôler les prix. La décision de Kinshasa a permis de faire remonter les prix en flèche pendant un mois, ils ont depuis marqué une pause, dans l'attente peut-être de nouvelles annonces.À lire aussiLa RDC suspend les exportations de cobalt pour voir remonter les prixForte baisse des stocks hors de RDC En Afrique, en dehors de la RDC, les stocks de cobalt sont entreposés en Zambie et en Afrique du Sud. Sinon, ils sont essentiellement situés en Chine et en Malaisie, selon le cabinet d'études Project Blue. Fin décembre, ces réserves étaient jugées suffisantes pour répondre à la demande du marché pendant quatre mois environ, mais pas pour faire face à une interdiction beaucoup plus longue.Le gel des exportations congolaises va inévitablement réduire les stocks hors de RDC mais n'empêchera pas une accumulation de cobalt dans le pays, ont relevé les experts de Project Blue dans une de leurs notes d'information. Seul un ralentissement de la production minière et une demande plus importante pourrait influer sur l'excédent mondial et sur les prix du cobalt.À lire aussiLes pays du Golfe, futur hub du raffinage de minerais critiques?
La chute des cours du pétrole entraîne dans son sillage celle des cours de l'éthanol et indirectement celle des cours du sucre : la canne à sucre et la betterave sont aussi des sources de biocarburant et quand les prix du pétrole baissent, les sucreries préfèrent produire du sucre. Le choix est vite fait pour les usines de transformation, surtout celles du Brésil qui ont une flexibilité de production. Cette année, les volumes de canne dédiés au sucre dans le pays pourraient atteindre un niveau record et pourraient encore augmenter l'année prochaine grâce à des investissements qui devraient permettre de produire un jus de canne plus pur et donc de maximiser la transformation en sucre.Si les prix du pétrole brut continuent de baisser, la tendance ne va faire que se renforcer. Plus de sucre sur le marché, cela veut dire des prix qui baissent : ceux du sucre brut sont tombés à moins de 17 cents la livre à la bourse de New York, la semaine dernière. Cela fait plus de trois ans et demi qu'ils n'ont pas été si bas.Des stocks en baisse en Inde et en EuropeL'annonce ces derniers jours d'une production brésilienne moins mauvaise que prévu, même s'il faudra attendre le mois de juin pour consolider la tendance, est aussi un des facteurs de baisse des prix.La récolte de canne devrait rester en deçà de celle de l'année dernière – S&P prévoit 602 millions de canne traitée contre 630 l'année dernière –, « mais l'important, c'est le volume transformé en sucre » dans le pays, explique un expert. C'est ce qui compte pour les marchés et ce qui guide les prix, le Brésil étant le premier exportateur mondial de sucre.La situation actuelle est contrebalancée par des signaux qui pourraient tirer les prix vers le haut. On peut parler des surfaces en baisse en Europe (-8%), mais aussi des stocks : selon la Commission européenne, la campagne commerciale pourrait se terminer avec les réserves les plus basses depuis trois ans, soit 1,9 million de tonnes.À lire aussiLe marché du sucre toujours sous influence brésilienneCampagne déficitaireLes stocks pourraient aussi chuter en Inde en raison d'une baisse de la production pour cause de mauvaise mousson et de surfaces qui ont baissé dans deux États clés, mais aussi de la décision des autorités d'allouer un quota plus important à la fabrication d'éthanol : contrairement au Brésil, les prix du sucre et de l'éthanol sont fixés en Inde et donc moins sensibles au cours du pétrole.Ce « détournement record du sucre vers l'éthanol » en Inde contribue à alimenter le déficit qui se profile, explique Timothé Masson, secrétaire général de l'Association mondiale des planteurs de betteraves et de canne à sucre, dans sa dernière note de marché. Ce déficit est évalué à 3,9 millions de tonnes en 2024/2025 et 1,5 million de tonnes en 2025-2026 par l'agence S&P Global.