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Retrouvez tous les podcasts de "La Story" présentés par Brice Depasse

Nostalgie Belgique


    • Sep 13, 2025 LATEST EPISODE
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    1965 L'année Louis de Funès (Episode 5)

    Play Episode Listen Later Sep 13, 2025 7:12


    Parlez-en à vos parents, grands-parents, en 1965, ils ne sont pas allés voir que Sean Connery alias James Bond, les Beatles, John Wayne et Omar Sharif. Non, ils sont comme un spectateur sur cinq, allés voir au moins un film avec Louis de Funès. Un acteur qui a bien changé de registre car figurez-vous que l'année précédente, l'ORTF, l'unique chaîne de télé a diffusé une quinzaine de films avec lui, dont certains où il tient, déjà, le premier rôle. Mais ce n'est pas celui qui, métamorphosé, explose à l'écran : nerveux, roublard, vaniteux, ignoble avec ses subalternes et larvaire devant les plus grands que lui. Un personnage qu'il a développé en interprétant au théâtre le rôle de Bertrand Barnier dans la pièce Oscar, et qui lui a valu une première consécration. Tout Paris, toute la France et la Belgique ont couru voir cette comédie, attendant la fameuse tirade du nez dont tout le monde parle. Il y a eu, bien sûr, des tests, des répétitions, mises au point au cinéma, comme dans Des pissenlits par la racine, Carambolages, Faites sauter la banque ou encore Pouic Pouic, qui au début des années 60 font des succès mais se noient partie du flux de films qui nourrit la programmation de milliers de salles depuis la fin de la guerre. Des cinémas de 2000 places où on entre sans savoir le film qu'on va voir, avec un premier long métrage, des actualités et un dessin animé, avant le grand film.C'est totalement incompréhensible et pourtant qui alors pour remarquer dans le jeu de Louis de Funès autre chose que des grimaces. Car on n'a jamais vu ça, un premier rôle qui utilise autant les mimiques que la parole, … et puis ses colères ! Les gens finissent d'ailleurs par y croire. Il est comme ça dans la vie. Et la rumeur court, dans les milieux du théâtre et du cinéma, comme quoi, Louis de Funès serait colérique, qu'il s'emporterait sur ses partenaires et les techniciens. De Funès s'en amuse mais ne contredit pas, il laisse la rumeur devenir sa réputation. Il se confiera un jour à une journaliste en disant : on dit que je brouiller avec tout le monde. Ça fait tellement peur à la troupe que tous jouent sans rigoler et c'est tant mieux. C'est le public qui doit rire, pas nous. Et comme je suis moi-même rieur et qu'il ne faut pas me pousser, faire régner la terreur est le seul truc que j'ai trouvé pour faire rire le public sérieusement.Et puis c'est pour cela que tout le monde s'est pressé en salles en cette année 1965, pour ces colères tellement spectaculaires qu'elles en deviennent irrésistiblement drôles. Cruchot, Saroyan et Juve, flic ou voyou, ont imprimé sur la pellicule une image tellement forte que soixante ans après, ils restent les seuls personnages du cinéma des années 60 à être toujours diffusés sur une chaîne généraliste en prime time avec la certitude que le lendemain, ils figureront en tête du box-office. Comme les Rolling Stones, finalement, pour qui l'année 1965 a aussi été celle de la révélation, du phénomène.

    1965 L'année Louis de Funès (Episode 4)

    Play Episode Listen Later Sep 12, 2025 6:22


    Si vous allez voir sur internet, pas de doute, Le gendarme de St Tropez, c'est le film qui a lancé Louis de Funès à l'automne 1964. Erreur grave. Ce n'est pas comme ça que cela se passait à l'époque. Les films sortaient d'abord, à Paris, dans certaines salles, en exclusivité. Pourquoi ? Parce que les bobines de projection coûtent cher, il n'y en a qu'un nombre limité. C'est la raison pour laquelle les comédies sont non seulement tournées très vite mais de plus, en noir et blanc.Donc c'est dans ces salles que vous devez vous rendre pour voir le film dont on parle dans les journaux, à la radio et sur l'unique chaîne de télé. Qu'ont-elles de plus que les autres ? Et bien le prix du ticket, qui est deux fois plus élevé que dans les cinémas de quartier et en province, bien sûr. Et donc, plus il marche, plus vous allez devoir attendre pour voir arriver les bobines dans le cinéma de votre quartier, de votre ville ou village. C'est parfois carrément deux ans. Ainsi ce fameux Gendarme de St Tropez, sorti à Paris le 9 septembre 1964, et ben il arrive à Bruxelles en mars 1965, soit en même temps que Le Corniaud à Paris. Vous imaginez le décalage. Y a le premier Fantômas qui est sorti à Paris, entretemps, et dont on a aussi entendu parler. Lui, il est arrivé chez nous en février 1965, donc un mois avant le Gendarme. La raison, et bien une carrière moins longue en exclusivité dans les salles parisiennes.Alors, comment faisait-on, nous, le public ? Et bien, on attendait, tout simplement. On savait qu'il faudrait des mois avant qu'on puisse voir ce qui n'est au départ, pour tout le monde, qu'un petit film. Louis de Funès n'a d'ailleurs pas plus de scènes que les autres dans ce film collectif. Mais tous ses partenaires lui renvoient si bien la balle que son jeu n'en ressort que plus étonnamment. Ils sont d'ailleurs tous arrivés, début juin 64, sans aucune ambition, avec juste la joie de passer quelques semaines cool à la Côte d'Azur, aux frais de la production. Mais voilà, ils tournent avec un réalisateur qui sait lâcher la bride à ses comédiens et leur permet d'improviser, de re-tourner une scène le lendemain, si en regardant les rushes, ils trouvent une meilleure idée.Et ce n'est pas un hasard, car en 1964, le cinéma français connaît un renouveau et une reconnaissance mondiale, surtout aux Etats-Unis, grâce à la Nouvelle Vague, cette école de jeunes réalisateurs qui font du cinéma comme dans la vraie vie. Alors bien sûr, on tourne en couleurs et surtout plus en studio. On n'a plus besoin de techniciens pour recréer la réalité, on tourne en décors naturels, avec des cadres assez larges pour donner de la liberté aux acteurs.Et non seulement, on n'a jamais vu la Côte d'Azur de cette manière, mais de plus, le burlesque qui ne s'embarrasse jamais de la crédibilité ainsi que la parodie, passent d'autant mieux qu'on se dit que, oui, le cinéma comique façon nouvelle vague, ça le fait, et que Louis de Funès, malgré ses mimiques et son interprétation physique manie le verbe, joue la comédie avec une justesse à laquelle peu peuvent prétendre.

    1965 L'année Louis de Funès (Episode 3)

    Play Episode Listen Later Sep 11, 2025 5:41


    Quelques semaines après la sortie de Fantômas, le réalisateur André Hunebelle songe à réaliser une suite. Ça se passera au Sahara et ce sera très exotique, déclare-t-il dans la presse. On sent qu'il a déjà tourné deux OSS 117 et puis il y a les James Bond au sommet du box office. Et oui, ce sera bien évidemment avec Jean Marais et Mylène Demongeot, mais Hunebelle ne mentionne pas Louis de Funès. Pas qu'il soit fâché avec lui, Louis et lui se connaissent depuis près de vingt ans et ont déjà tourné ensemble plusieurs films, mais c'est plutôt parce qu'il souhaite que son Fantômas contre Interpol soit un film d'action pure, pas une comédie.Mais voilà, le triomphe exponentiel de Louis de Funès, écrasant même les films d'action au box office, y compris Goldfinger, le dernier James Bond, fait réfléchir le producteur réalisateur. Alors, au grand dam de Jean Marais, de Funès revient au casting et les scènes comiques se multiplient au fur et à mesure de l'écriture du scénario. Bien sûr, on remarque les heures de maquillage de Jean Marais pour se transformer en Fantômas, mais aussi en professeur Lefèvre et même en commissaire Juve. Mais il va être éclipsé par les déguisements de Louis de Funès en colonel italien, valet de chambre, contrôleur de train, évêque ou encore pirate de bal masqué. Mais comment fait-il ? Car contrairement à ce qu'on pourrait penser, ou à certains témoignages qui circulent, Louis de Funès, en 1965, amuse les équipes.A table, au déjeuner, il est toujours avec Mylène Demongeot, les seconds rôles et les techniciens qu'il ne cesse de faire rire. En clair, Louis teste ce qu'il va faire devant la caméra. C'est vrai, au théâtre, on sait si ce qu'on dit ou ce qu'on fait est drôle : on entend le public rire, retour immédiat. Au cinéma, il faut que le film soit projeté pour le savoir, et là, inutile de dire que si c'est pas drôle, c'est trop tard. Et donc, en bon professionnel, éternel inquiet, Louis fait endosser aux équipes techniques et aux autres acteurs, le rôle du public dont il a besoin pour ne pas se tromper, être le meilleur.Et il y arrive. Si Fantômas se déchaîne, car Hunebelle a finalement abandonné les titres de Fantômas contre Interpol et Fantômas revient, n'arrive pas à la hauteur du score du premier. Il bat malgré tout Le gendarme à New York dont la réalisation hâtée a finalement eu raison du bouche-à-oreilles.Mais qu'on ne s'y trompe pas, c'est à coup de millions que les gens se sont déplacés pour ces deux films qui vont tenir l'affiche une éternité dans les salles les plus reculées de France et d'Europe. Vraiment, en ces fêtes de fin d'année 1965, quand Louis de Funès tient le compte depuis Pouic Pouic, deux ans plus tôt, il s'est retrouvé à l'affiche dix fois, pas un semestre sans film avec lui. Il est devenu une vedette énorme, lui, le spécialiste de la figuration dans les années 40, du petit rôle la décennie suivante, et a vécu une année 1965 comme aucun comédien n'en a vécu, même dans l'histoire d'Hollywood. Et si l'Amérique ne succombe pas à son jeu, la belle affaire !

    1965 L'année Louis de Funès (Episode 2)

    Play Episode Listen Later Sep 10, 2025 6:30


    Festival de Cannes 65, les professionnels ne parlent que d'un film français, Le gendarme de St Tropez : douze millions de recettes en France, 26 semaines qu'il est à l'affiche à Bruxelles, 23 à Montréal, il est vendu dans toute l'Europe, même en URSS, aux Etats-Unis, en Amérique latine, Hong Kong, jusqu'au Pakistan. Et le prochain est déjà prévendu partout, annonce le producteur. Le prochain ? Un gendarme 2 ? Oui, le tournage est commencé depuis quelques jours. Incroyable mais vrai, quand on sait que le film n'est sorti qu'en automne dernier, et que depuis, Louis de Funès en a tourné trois autres, dont un avec le duo Lautner-Audiard, oui celui des Tontons flingueurs. C'est le plus méconnu, je vais vous expliquer pourquoi.Si autant de pays font un triomphe au Gendarme de St Tropez, il faut qu'il s'exporte, cette fois. Mais où ? New York étant la ville la plus familière auprès du public mondial, banco, les gendarmes vont se rendre à un congrès sur le paquebot France, évidemment, où ils vont tourner quelques scènes d'anthologie. Cela dit, la réalité dépasse souvent la fiction. Ainsi, vous vous souvenez que Jean Lefèvre se casse une jambe à l'arrivée et se retrouve à l'hôpital durant tout le séjour à New York. Et bien c'est parce qu'au cours du voyage, il s'est violemment disputé avec le réalisateur et a quitté le tournage. Toutes les scènes à New York vont donc se faire sans lui. Et donc le problème résolu, tous les plans avec lui seront filmés en France, dont le taxi, l'hôpital et la chambre d'hôtel.Mais ce n'est pas le seul problème que rencontre Louis de Funès dans sa toute nouvelle carrière de star car alors que Le Corniaud, Fantômas et le premier Gendarme triomphent dans toute la France et ailleurs, ce vendredi 29 octobre 1965, on ne parle que de la sortie du Gendarme à New York. Mais voilà, la veille vient de sortir Les bons vivants, le fameux film en noir et blanc de Lautner dans lequel de Funès joue un bon et prude bourgeois de province qui va se retrouver maquereau malgré lui. Aucun des deux distributeurs n'a voulu céder sa place à l'autre, révélateur du fait que Louis de Funès est désormais le plus bankable des comédiens français, que dis-je, européens. Le Gendarme à New York est un nouveau triomphe, Louis de Funès a demandé d'éviter les invités les premiers jours de la sortie, et il a bien fait. Un spectateur pas comme les autres a ainsi payé sa place et devant la salle comble, il est rassuré. Ce spectateur se nomme André Hunebelle, vieil ami de Louis de Funès avec qui il vient de tourner un deuxième Fantômas, qui se passe à Rome, cette fois, comme Le Corniaud. Il faut dire que le public italien fait un triomphe à de Funès, et que cet été-là, en France, on danse le slow sur le nom d'une île italienne.

    1965 L'année Louis de Funès (Episode 1)

    Play Episode Listen Later Sep 9, 2025 5:55


    Il faudra attendre un jour lointain pour que les historiens qualifient notre époque de charnière. Ainsi, 60 ans après, nous pouvons dire que 1965 en a été une avec l'entrée de l'Amérique dans la Guerre du Vietnam, le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis mais aussi le succès mondial d'artistes rock comme les Rolling Stones, Bob Dylan et bien sûr, les Beatles qui ont eu un impact considérable sur toute une génération et au-delà. Et c'est au milieu de ce bouleversement qu'un petit acteur français, présent dans le métier depuis vingt ans, spécialiste des seconds rôles, avec plus de cent films au compteur, va se hisser au sommet du box-office européen. Oui, contre toute attente, c'est ce second couteau, devenu récemment vedette du théâtre de boulevard, qui va, entre guillemets, sauver le cinéma européen de l'effondrement des fréquentations en salle : - 75% ces dix dernières années. On ne compte plus les fermetures des cinémas de village et de quartier, partout en France, Angleterre, Belgique, Allemagne. Sauf que depuis le début de l'année, le vaste public qui avait abandonné les salles obscures pour la télévision, y revient en courant pour voir deux films dont tout le monde parle : Le gendarme de St Tropez et Fantômas. Oui, même Fantômas, où il n'a que le second rôle derrière Jean Marais, c'est à peine la presse parle de lui, fait un malheur grâce à Louis de Funès.L'acteur est au courant de son soudain succès mais entre ceux qui disent que c'est un hasard, un long tournage en Italie qui l'emmène loin de Paris, et puis, comment savoir que ses films remplissent à Liège, Bordeaux, Nice, allez vous faire une certitude. Ça fait tellement longtemps que Louis est noyé dans la masse de ceux se battent pour un jour ou deux de tournage ! Mais voilà, ce 25 mars 1965, jour de la sortie du Corniaud, première grosse production où son nom figure en haut de l'affiche, va tout changer. Les critiques de presse, tout d'abord, puis les entrées en salles qui semaine après semaine augmentent. Je vous le demande, quand a-t-on vu ça ? 71.000 spectateurs à Paris, la première semaine, plus de 900.000 à la fin de l'année. Et puis il y a la province, et l'étranger, chez nous, le film ne sort qu'en octobre, sous le titre De snul en Flandre, tant et si bien que fin de l'année suivante, Le Corniaud franchit la barre des 8 millions d'entrées. Fin de l'année suivante, … Ah c'est certain, le monde a bien changé. Aujourd'hui sur les plateformes, nous sommes parfois des millions à regarder un même film ou épisode de série, le premier jour de sa diffusion. En 1965, à Bruxelles, les quatre derniers de Funès sont à l'affiche en même temps, en 25ème, voire en 50ème semaine. Car on en parle : je suis allé voir, j'ai ri du début à la fin. Il est incroyable. Alors oui, même si on évoque surtout la sortie de Thunderball, le 4ème James Bond, du Docteur Jivago, avec ses cinq Oscars, de Pierrot le fou de Godard, avec Belmondo, et du Help! des Beatles, 1965 fut bel et bien, l'année Louis de Funès, et le début du règne d'un acteur, à l'échelle de l'Europe.

    La Story Supertramp (Episode 4)

    Play Episode Listen Later Sep 8, 2025 10:53


    La lecture des biographies de Supertramp sur internet nous inspire une réflexion  immédiate : et ben ils en ont mis du temps à avoir du succès. Et c'est vrai : six années entre la formation du groupe et le premier tube cela doit paraître bien long.Et pourtant, ce n'est pas parce que la case tube est vide que les musiciens sont restés les bras croisés. Ils ont pendant ce temps composé un tas de chansons, publié quatre albums et donné un tas de concerts. Et surtout commencé à gagner leur vie correctement : un toit et de la nourriture, une maison de disques et des tournées, quand on fait de la musique rock dans les années septante c'est déjà pas si mal. C'est même très bien.Oui, leur premier album a été enregistré entre minuit et six heures du matin avec un ingénieur du son qui piquait du nez vers trois heures, raide épuisé mais ils l'ont fait ce disque … qui ne s'est pas vendu. Et comme tout était payé par un mécène hollandais, Supertramp a pu en enregistrer un second album sans se faire virer. Bon, mauvaise idée cette femme tatouée torse nu, même si le torse était plutôt pas mal, sur la pochette de leur second 33 tours qui ne s'est pas vendu non plus.Là le mécène, il jette l'éponge. Nous sommes en 1972, quelques membres du groupe ont quitté le navire et ont été remplacés. Supertamp met deux ans avant de sortir le disque de la dernière chance et … bingo. C'est le hit en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis où les musiciens ont fini par conquérir un public qui leur permet de gagner leur vie en jouant pas mal. Il n'en faut pas plus pour que plusieurs d'entre eux élisent domicile en Californie, aux Etats-Unis, où ils enregistrent leur nouvel album en 1976. Là, vous vous attendez à ce que je vous raconte un studio à Los Angeles, sous le soleil, pas loin de la plage dorée, le ciel bleu intense limite mauve et les bars en paillote … et bien non, la bande se retrouve dans les montagnes, au Caribou Ranch Studio, à Nederland, dans le Colorado. Quand on sait que leur ancien mécène était Hollandais, c'est un signe.Pas étonnant donc que l'album qui en sort se nomme Even in the quietest moments, même dans les moments les plus calmes. Hé, vous avez vu la vue ? Les montagnes enneigées derrière le piano ? C'est beau, hein ? Ben, allez voir sur Google Images. Et pas de trucage à l'époque, une équipe a dû monter le piano jusqu'au sommet de la montagne pour réaliser la photo de couverture du 33 tours. La partition sur le piano à queue est intitulée Fool's ouverture, un long titre de près de 11 minutes qui encore aujourd'hui est dans toutes les oreilles. Pour les fans, pas de doute, c'est le meilleur de leur carrière. C'est d'ailleurs celui qu'on fait écouter aux copains sur disque ou sur cassette, il n'y a ni Facebook, ni Youtube à l'époque : comment tu ne connais pas ? C'est super, il a plein de bruitages et quand le morceau démarre enfin, tu décolles avec lui. La tournée qui passe par chez nous se déroule sur 130 concerts, un vrai triomphe pour Supertramp longtemps espéré par ses membres. Ca y est, se disent-ils : on est au sommet, on n'ira pas plus haut.Et pourtant …

    La Story Supertramp (Episode 3)

    Play Episode Listen Later Sep 8, 2025 7:21


    Il a raison Voulzy. Londres en 1966 est véritablement coupée en deux mondes qui semblent ne pas pouvoir se rejoindre. D'un côté vous avez les bobbys, les hommes en costumes noirs, les façades sombres, bref à part le rouge des cabines téléphoniques et des autobus, la capitale de l'ex-empire britannique n'a pas changé malgré la reconstruction d'après-guerre. Et puis de l'autre côté, vous avez quelques quartiers où la folie explose : ça s'appelle la pop. Elle s'écoute sur quelques nouvelles radios de la BBC et de la Mer du Nord embarquant la jeunesse anglaise dans un monde de couleurs. Les jupes sont courtes à faire peur, les cheveux longs à en rire, et puis surtout il a ces danses où les jeunes font n'importe quoi.Dans cette ville où l'industrie du disque règne grâce aux ventes mondiales des Beatles, Tom Jones, Eric Clapton, des Who et autres Rolling Stones, l'argent coule à flots. Tout est permis surtout de rêver dans sa cave, son grenier, le garage des parents, qu'on peut réussir comme eux. C'est tellement possible que même les Américains quittent New York pour Londres afin de se faire connaître chez eux. Ainsi le jeune Jimi Hendrix qui vient de recruter deux Anglais pour former son groupe : the Experience. Il a pour ce faire, dévoyé un certain Noel Redding de son groupe les Lovely Ones qui se retrouve sans claviériste. Je peux le remplacer si vous voulez ? Tu sais jouer de l'orgue ? Bien sûr. Rick Davies, 22 ans, a menti. Mais la perspective de partir enregistrer de la musique en Allemagne l'a poussé à raconter cette carbistouille. Après une solide formation musicale à la batterie, Rick a appris tout seul le piano il y a quelques années pour jouer du rock'n'roll. Mais l'orgue électrique, c'est autre chose. Sauf qu'en 1966 à Londres, tout est possible, je vous l'ai dit. Rick apprend vite. Le groupe ne fait pas d'étincelles mais lors d'une session de studio à Munich, Rick rencontre un riche Hollandais qui lui fait une proposition dingue : tu es vraiment doué. Si tu montes un groupe, je le finance. Je paie tout : matériel, enregistrement.Produire un groupe du pays des Beatles, un hobby de millionaire du continent. Et il tient parole. Rick organise un casting en 1969 en publiant une petite annonce à laquelle répondent de nombreux musiciens dont un multi-instrumentiste à la voix haut perchée nommé Rodger Hodgson. C'est le coup de foudre artistique, un nouveau duo de la trempe Lennon-McCartney vient de naître. Il faudra juste six ans pour que leurs compatriotes en entendent parler et presque dix pour qu'ils soient populaires dans le monde entier. Comment ont-ils tenus tout ce temps ? Tout simplement parce que gagner des fortunes n'était pas leur but. A l'époque, tout ce qu'ils voulaient, c'est créer de la musique et la jouer, si possible devant des salles pleines et accueillantes.

    La Story Supertramp (Episode 2)

    Play Episode Listen Later Sep 8, 2025 8:18


    Ceux qui ont connu une star de la pop ou du cinéma sur les bancs de l'école ont tous dit la même chose : on n'aurait jamais cru. Oui, qui peut affirmer : « J'ai toujours su que Mick deviendrait une star. John ? On était tous d'accord au lycée : un jour, on le verrait passer à la télé. »Non, bien sûr. Les profs et les camarades de classe ont tous été étonnés du destin d'un Michel Polnareff ou d'un Paul McCartney. Mais alors puisqu'il n'y a pas d'école de stars où elles grandissent toutes ensemble, qu'est-ce qui fait qu'un jour Michael devient Mick Jagger ou un Farokh Boulsara, Freddie Mercury ?Et bien, le plus souvent, un drame, une fêlure, un manque, bref un gros problème non résolu qui poussent ces enfants à développer un talent dans lequel ils vont tout donner, s'engouffrer, et qui va un jour être reconnu par tous car, oui, on n'a jamais vu ou entendu un truc pareil. Et en 1962, à Windlesham, une petite ville de la campagne londonienne près du fameux champ de course hippique d'Ascot, le jeune Roger Hodgson vit un drame avec le divorce de ses parents. Avant de quitter la maison familiale, son père lui fait un incroyable cadeau : une guitare électrique. A cette époque, je peux vous dire que des guitares électriques, on n'en voit pas beaucoup. D'ailleurs pourquoi deviendrait-on guitariste ? Les membres de l'orchestre sont toujours dans l'ombre, regardez, derrière Elvis Presley ou Frank Sinatra. Ce sont les Beatles qui dans quelques mois vont devenir les premiers premiers musiciens superstars et envoyer des milliers d'adolescents britanniques dans les magasins d'instruments, créant une génération de surdoués. Voilà donc notre jeune Roger replié sur sa guitare électrique. Il est tellement attaché à ce cadeau de son père que, pour combler le vide, se protéger du complexe d'être désormais un enfant de divorcé, il se rend à l'école avec elle. Et surprise, il ne se fait pas montrer du doigt en classe, miuex, son instituteur lui apprend à jouer les trois accords principaux.Rodger fusionne alors avec sa guitare. Un an plus tard, il donne déjà un concert dans son école en duo avec un autre élève avec qui il interprète neuf chansons qu'il a lui-même composées. La musique et lui font désormais UN. Rodger apprend aussi à jouer de nombreux instruments, rien ne lui résiste.Au sortir de l'école, en 1969, Rodger Hodgson enregistre déjà un disque pour le label Island qui avant de produire Bob Marley et U2, publie alors Steve Winwood et Eric Clapton. Il faut dire que Rodger a croisé le chemin d'un autre surdoué nommé Reginald Dwight avec qui il chante sous le nom de Argosy. Malheureusement après un premier 45 tours, Reginald le quitte avec le batteur et l'autre guitariste pour faire une carrière solo sous le nom de Elton John. Se retrouvant seul, Roger Hodgson répond alors à la petite annonce d'un certain Rick Davies : cherche guitariste. Le jour de l'audition, ils sont une petite centaine à faire la file. Pourtant, immédiatement, Rick dira : C'est lui ! Quel talent ! Je n'ai jamais entendu un truc pareil.

    La Story Supertramp (Episode 1)

    Play Episode Listen Later Sep 8, 2025 7:01


    Si on prend les exemples les plus connus de la légende du rock, les Beatles, les Rolling Stones ou encore Queen, on apprend qu'ils ont vécu des débuts très difficiles avec un métier qui ne croit pas en eux, ne leur laissant qu'une misère et la foi en leur musique pour vivre.Et bien si cela a été le cas pour les membres de Supertramp, sachez que nous n'aurions en fait jamais dû en entendre parler, ils n'auraient jamais commis les tubes et les albums que nous connaissons par cœur s'ils n'avaient pas été aidé par un homme totalement désintéressé, ou presque. Et ça, c'est une belle story.Au début des années 50, dans le sud de l'Angleterre, un défilé militaire défile à Swindon, une ville ouvrière de la taille de Liège. A son passage un petit garçon nommé Rick Davies ouvre la porte de sa maison pour les voir passer. Il ne rate jamais une fanfare, il adore ça. Particulièrement le son métallique du tambour, c'est ça qui le fait vibrer. Aussi, à l'occasion d'un anniversaire, un ami de la famille qui est bricoleur lui offre une batterie qu'il a fabriquée lui-même à l'aide de boîtes de biscuit en métal. Ca fait un boucan d'enfer, au grand dam des parents mais le petit adore ça et il se débrouille drôlement bien. En faut-il plus pour qu'il entre à l'académie ? Du tout, Rick est super motivé et il apprend le solfège, la musique, la batterie. A l'âge de douze ans, ça y est : il en possède une vraie. Un véritable événement, ses parents ne sont pas riches avec un père dans la marine marchande et une maman coiffeuse dans un petit salon.A l'âge de 15 ans, Rick découvre le rock'n'roll avec Cliff Richard et les Shadows, c'est le coup de foudre. Il s'est mis entretemps au piano et à l'orgue électrique dont il a appris tout seul à jouer. Une nouvelle fois, admiration de ses parents et de ses amis.Sûr, ce gamin ne mérite pas la vie dure de ses parents, aussi ils l'envoient dans l'enseignement supérieur où Rick rencontre d'autres musiciens avec qui il forme un groupe de rock. Le batteur se nomme Gilbert O'Sullivan. Oui, LE Gilbert O'Sullivan qui sera un jour une superstar mondiale et à qui, il le clamera haut et fort, Rick Davies a tout appris puisqu'au départ il n'est que le batteur du groupe.Mais voilà, son père tombé gravement malade et pour longtemps, Rick doit abandonner les études et son groupe pour travailler : c'est sur lui que pèse désormais la charge de faire rentrer de l'argent à la maison. La soudure à l'usine, ça n'a rien à voir avec la musique : jour après jour, mois après mois, la routine s'installe. Ce n'est plus dans la vie rêvée des Beatles dans A Hard Days Night mais plutôt Le Voyage au bout de l'enfer avec Robert de Niro et Meryl Streep.Qui pourrait croire que ce jeune type qui arrive l'usine le matin, la mine sombre avec dans son sac sa boîte et son thermos va un jour écrire et chanter des chansons que le monde entier reprendra durant des décennies ? Seul un rêveur pourrait y croire.

    Septembre 1989 pour Jean-Louis Aubert et toujours en été

    Play Episode Listen Later Sep 6, 2025 7:55


    Premier septembre 1989, c'est toujours l'été, les années 80 se terminent sans qu'on ne fasse trop attention à la décennie de fous qu'on vient de vivre. Dix années où tout est arrivé, où la révolution du monde du cinéma, de la musique, de la télé et des jeux vidéos a donné des couleurs comme rarement à deux générations de teenagers qui s'y sont superposés en partageant la même production foisonnante de ce qu'on n'appelle pas encore la Pop Culture. Finalement, le seul moment mélancolique de ces années folles ce premier septembre, n'est-il pas la nouvelle chanson de Jean-Louis Aubert qui paraît en single. Il y a évidemment mille façons de comprendre ce texte mais il faut bien avouer qu'elle noue la gorge et l'estomac, elle nous parle ! La fin d'une époque, fin d'un amour et bien sûr, pour Jean-Louis, la fin de Téléphone.Alors on les imagine, avec son aide poétique et musicale, les quatre membres de Téléphone qui n'ont pas pu aller plus loin ensemble que le milieu des années 80. Deux par deux, ils ne s'entendent plus. Jean-Louis et Corinne n'aiment pas les nouvelles chansons mièvres de Jean-Louis, malgré les ventes astronomiques du nouveau single. Ils s'entendent sur l'insistance de Jean-Louis et Richard, et puis du manager de Téléphone enregistrer un nouvel album. Puis ils feront un break, pas de tournée. Et certainement pas Bercy, la nouvelle salle qui leur tend les bras.Mais dès le premier jour des répétitions, Corinne pose sa basse. Les titres de Jean-Louis, Juste une illusion et Plâtre et ciment, ne sont vraiment pas, dit-elle, des chansons pour Téléphone. Elle n'y arrive pas, n'y arrive plus. La répétition tourne court, on se perd dans de longues discussions stériles sur la direction musicale du groupe, et bien sûr les énormes enjeux financiers désormais autour du groupe. Où est encore le rock'n'roll dans ce qu'ils font ? C'est vrai, dit Jean-Louis, j'ai l'impression d'aller à l'usine en venant à cette répétition, ça ne va pas. C'était pas comme ça, avant.Une réunion est fixée quelques jours plus tard dans le café de la rue de Belleville qui huit ans plus tôt avait vu les débuts improbables de cette bande de jeunes fous, un peu destroy, dont la vie pulsait au rythme du rock, des copains et de la fête. On n'en est plus là. L'entrevue prend des airs de dernier verre ensemble avec au-dessus de leur tête le nom tout aussi improbable de leur projet commun : Téléphone. Aucun d'eux n'est soulagé ni joyeux, c'est dans une atmosphère de profonde tristesse qu'ils disent adieu au bistrot de quartier de leur jeunesse et à leur aventure folle. Un adieu alourdi par le courrier des fans qui leur reprochent de les abandonner, là, au milieu de cette décennie qui, décidément, n'a pas été avare de surprises, bonnes et mauvaises.

    Septembre 1977 pour Blondie et toujours en été

    Play Episode Listen Later Sep 5, 2025 5:34


    L'été 1977 n'est pas seulement celui où Star Wars triomphe dans les salles américaines et où les Bee Gees enregistrent Saturday Night Fever dans un studio de la région parisienne. Ça étonne toujours, hein, que ces chansons qui incarnent tellement les mythiques discothèques d'Amérique aient été enregistrées par des Anglais dans la campagne française. Et encore, s'il n'y avait que ça. Car en cette année 1977, il y a aussi le punk qui explose à Londres avec les Clash et les Sex Pistols, une musique pourtant au départ typiquement américaine. C'est vrai, la principale colonie se développe depuis maintenant trois bonnes années dans les squats et boîtes pourries de Manhattan. Une véritable fourmilière, une jeunesse aussi remuante et active que le furent bien avant eux des Bob Dylan, Lou Reed et autres Andy Warhol. Disons que l'actuelle est plus radicale musicalement, moins optimiste dans l'esprit mais toujours partante pour une partie de rigolade, peu importe le carburant. Ils n'ont pas un balle, vivent de rien, mangent rarement, ingèrent tout ce qui se boit et s'inhale, alors avec un pédigrée pareil, on n'aurait jamais dû entendre parler d'eux. Mais on est à New York, la ville où si on se fait connaître, on devient célèbre dans le monde entier, dit la chanson.Et c'est vrai que tous ces groupes punks sont signés les uns après les autres par de grandes firmes de disques, ils s'appellent les Talking Heads, Televison ou encore les Ramones. Les seuls de la bande qui sont à la traîne, ce sont les plus barrés mais aussi les plus actifs artistiquement : Blondie. Pourquoi pas eux ? C'est ce que se disent souvent Debbie Harry, la chanteuse, et son compagnon Chris Stein, photographe et guitariste, et leader du groupe. Et quand enfin, un label daigne enfin s'intéresser à d'eux, c'est pas le plus grand. Loin s'en faut. Tenez, on n'a même pas retenu le nom : Private Stock. Mais ils ont le mérite d'y croire. Un 45 Tours d'abord, qui ne marche pas, puis un album, intitulé Blondie qui ne marche pas terrible non plus, sauf en Australie, où un single devient N°1. Mais quand Blondie débarque en Grande-Bretagne, tout change. Le public, d'abord, punk jusqu'à l'os qui pogote du sol au plafond pendant les concerts, puis la presse. Alors que fait leur manager, il va trouver une des grandes maisons de disques britanniques, très actives dans la new wave et leur vend Blondie. Il fait le truc à l'envers ! Chrysalis, c'est son nom, rachète le contrat au petit label new yorkais, et signe avec Blondie ce premier septembre 1977. Dans les bagages de l'album qui est en cours d'enregistrement, un cover dont Blondie a la spécialité, version dynamitée d'un hit view doo wop de 1963 … Denise devient Denis pour des raisons évidentes, et je vais vous dire : tout le monde aurait aimé se prénommer comme ça, Denis, quand Debbie l'a chanté jusqu'au sommet des hits parades européens.

    Septembre 1965 et toujours en été pour les Rolling Stones

    Play Episode Listen Later Sep 4, 2025 7:23


    Je pense ne pas me tromper en disant que certains d'entre vous doivent garder un souvenir de ce mois de septembre 1965. De cet été qui semble ne pas vouloir en finir avec des bandes de jeunes qui tournent à moto sur la place en écoutant les Animals, les Beatles, et bien sûr, les copains, les yéyés. Les deux tubes de cet été, les premiers de l'Histoire de notre pop culture ne sont-ils pas Capri, c'est fini d'Hervé Vilard et Aline de Christophe ?Mais en ce mois de septembre 65, c'est une chanson d'un groupe qu'on n'a pas vu venir qui va tout changer dans le monde de l'adolescence. En effet, si les Beatles viennent par la voix de John Lennon de chanter, pour la première fois, autre chose que des histoires de garçons et filles, ce sont les Rolling Stones qui se mettent à tracer clairement une ligne de démarcation entre les deux générations parents – enfants. Un peu moins de quatre minutes, quelques riffs de guitare saturée et cinq mots chantés par Mick Jagger en feu d'artifice, et le monde bascule. Car oui les jeunes d'aujourd'hui sont blasés par le monde des aînés. Et pourtant, Mick Jagger le chante : c'est pas faute d'avoir essayé de s'y faire. Le succès prodigieux de ce titre va souder la génération des teenagers sur la piste de danse, et transformer la sortie du samedi soir en communion incantatoire. Et pourtant, il s'en est fallu de peu pour que tout cela n'arrive pas.Tout d'abord parce que ce matin-là, quand Keith Richards, le guitariste des Rolling Stones, se réveille chez lui à Londres, il porte encore dans le palais le goût d'une nuit qui a été passablement arosée. Arrivé devant son enregistreur, il est étonné de voir que la cassette qu'il avait glissée dedans la veille, ça il se le rappelle, est au bout de la bande. Alors, il la rebobine et entend ces notes qu'il a enregistrées mais dont il ne garde aucun souvenir. Rapide coup de d'œil dans l'appartement, non il n'y a personne, c'est bien lui qui a joué ces notes, d'ailleurs il s'entend ronfler sur le reste de la bande.Lorsque quelques jours plus tard, au bord d'une piscine à Miami, en pleine tournée des Stones, il fait entendre ces notes à Mick Jagger, son regard s'illumine. Et voilà qu'il écrit sur le champ le texte de la chanson qu'ils enregistrent aussitôt. Richards joue ses riffs sur sa guitare électrique mais dit au producteur et manager des Rolling Stones qu'il doit les remplacer par des cuivres genre Motown. Andrew Loog Oldham, c'est son nom, n'est pas de cet avis, alors que fait-il : il publie le 45 tours dans cette version, aux Etats-Unis uniquement, fin mai ,sans l'avoir consulté, faisant des Rolling Stones, groupe de blues anglais à succès, des stars mondiales du rock'n'roll. Mieux ! Des modèles pour une génération qui va réclamer un monde nouveau.Alors oui, on peut dire que le Summer of love, la contestation contre la guerre au Vietnam, Mai 68, tout cela a pris racine avec le premier numéro 1 américain des Stones, un 3 septembre 1965, grâce à un sillon gravé dans le rock.

    Septembre 1984 et toujours en été pour Tina Turner

    Play Episode Listen Later Sep 3, 2025 7:18


    En septembre, l'été n'est pas un vain mot aux Etats-Unis. Et en cette année 1984, il a été sonorisé par les nouveaux albums de Michael Jackson, Prince, Van Halen et The Police, et pour cause, on les écoute encore autant 40 ans après. Mais si ce n'était que ça car ce 1er septembre se produit un événement improbable : Tina Turner est N°1 au Billboard. Qui l'eût cru. Personne n'aurait osé miser un cent sur Tina. En effet, depuis qu'elle avait disparu de la chambre d'hôtel de Las Vegas où elle devait donner un concert avec son mari Ike Turner, si Tina avait mis un terme à sa vie de femme battue, elle avait échoué à retrouver le succès. Le public américain voulait Ike & Tina Turner pas Tina toute seule, comme le prouve l'échec de différents disques dont un carrément disco, l'énergie du désespoir, à la fin des années 70. Aussi quand en 1983, Tina qui n'a plus accès qu'à des salles de seconde zone dans son pays est trop heureuse quand le groupe New Wave anglais Heaven 17 lui propose de produire un titre sur leur label, à Londres. Tina est loin de son univers rock mais le 45 Tours fait un hit en Europe et dans les classements soul en Amérique. La firme Capitol qui a signé Tina Turner à Londres voudrait sortir un album mais voilà, Capitol US refuse. Vous imaginez le truc, c'est son pays, hein, mais non, on estime en haut lieu que la promo va coûter trop cher pour ne pas vendre grand chose. Ce n'est donc pas la joie.Mais voilà, au cours de ce printemps - été 1983, une toute nouvelle signature de Capitol America fait exploser les records de vente : David Bowie. Et quand il débarque pour la promotion de son nouvel album, Let's Dance, alors que le single démarre sur les chapeaux de roue et qu'on entend plus que lui à la radio, les pontes de la firme de disques lui ont préparé une belle soirée new yorkaise avec grand restaurant et tout le toutim. Ah non, répond Bowie, j'peux pas, je vais voir ma chanteuse préférée. Qui ? Tina Turner. Il faut dire que Tina vient de reprendre un de ses vieux titres avec les gars de Heaven 17, le cover figurant en face B, n'est pas génial mais c'est la chanson d'un album dont l'insuccès avait laissé Bowie sur sa faim dix ans auparavant. Alors que fait le staff de Capitol, il accompagne son artiste évidemment, au Ritz, et se retrouvent avec entre autres Keith Richards et le tennisman John McEnroe. Tina est à la hauteur du challenge, elle emballe le public et quand en applaudissant, Bowie se retourne vers eux en disant : vous devriez sortir son album. Mais bien sûr, David. Voilà comment en ce premier septembre 84, grâce au petit coup de pouce de David Bowie, Tina Turner se retrouve N°1 pour la première fois de sa carrière alors que tout le monde s'attendait à la voir disparaître dans l'arrière-boutique du showbiz. Avec un single qu'elle n'aimait pas, en plus ! Non, elle en aurait préféré un autre, plus rock, mais bon, elle ne va pas faire la fine bouche.

    Septembre 2001 et toujours en été pour Michael Jackson

    Play Episode Listen Later Sep 2, 2025 7:07


    Le 7 septembre 2001, c'est toujours l'été à New York. Une température qui varie entre 25 et 30°C, de rares passages nuageux, c'est l'été indien comme on l'aime à Manhattan doit avoir lieu l'événement de l'année. En effet, ce soir à Madison Square Garden a lieu la première des deux représentations célébrant les 30 ans de carrière de Michael Jackson ? A 43 ans, c'est pas mal, hein ? Et encore ce sont les 30 ans du premier disque des Jacksons Five, avec qui il va jouer ce soir. Imaginez le truc, tous les frères Jackson seront sur scène pour un bon best of de leurs hits, c'est historique ! Mais ce n'est pas tout puisqu'une pléiade de géants de la pop, de Whitney Houston à Ray Charles en passant par Usher, Britney Spears et les Destiny's Child, seront aussi de la partie. Et puis bien sûr, Michael terminera seul avec trois titres dont son nouveau single, et oui, il s'agit aussi et surtout d'un programme télé pour CBS afin de lancer le nouvel album de Michael. Un Michael dont les ventes de disques s'éloignent de plus en plus du record de Thriller et qui, aussi, s'est plaint de ne pas avoir eu assez de temps pour répéter un tel événement télévisé.20 heures, la salle est en ébullition, avec ses plus de 20.000 sièges occupés mais voilà, Michael, qui est censé assister à la première partie aux premiers rangs, n'est toujours pas arrivé. 20.30, toujours pas de Michael et il ne répond pas au téléphone. Son assistant se fait ouvrir la porte de la chambre d'hôtel où il est descendu et constate que la star de la soirée est au lit. Il dort. T'as pris quelque chose ?Du Demorol, j'avais trop mal au dos.On se fiche de ce que tu as pris. Tu dois monter sur scène.Michael arrive très en retard et mal en point, au bras d'Elizabeth Taylor. Sous les flashes des photographes, il répond mécaniquement à une ou deux questions, comme un zombie. Ambiance Thriller. Et arrivé en coulisses, il dort debout. C'est la panique à la production, on a du mal à croire qu'il puisse assurer. Mais il y arrive malgré quelques hésitations, et bien sûr, une légère déception dans le public. Heureusement qu'il y a une seconde représentation dans trois jours, Michael a le temps de mettre au point ce qui ne fonctionne pas, et surtout d'être clair, en forme ce 10 septembre 2001 au soir.Même si l'audience cumulée des deux diffusions sur CBS de cette célébration dépassera les 70 millions de téléspectateurs en novembre, un chiffre ahurissant, ce ne seront cependant pas ces images que nous garderons imprimées de ce mois de septembre 2001 et qui vont, on le comprend, faire passer au second plan la sortie du nouvel album de Michael Jackson.

    Laurent Voulzy : là où il va, c'est Mélancollection (Episode 5)

    Play Episode Listen Later Aug 29, 2025 7:52


    Laurent Voulzy n'a jamais été un homme pressé. Chaque chanson est un voyage, un paysage sonore où le temps semble s'arrêter ou revenir. Depuis ses débuts avec Rockollection, il a toujours su mêler nostalgie, poésie et mélodies lumineuses. En 1977, à 29 ans, il veut déjà raconter sa jeunesse avec les chansons qui l'ont fait rêver. L'idée est folle : un patchwork de hits anglais des sixties, avec ses propres mots et sa propre voix. Chaque accord, chaque refrain, est un fragment de mémoire. Il trouve même un titre : Mélancollection. Mélancolie + collection. Parce que oui, il y a une douceur triste ou une nostalgie heureuse dans ses souvenirs. Le producteur, lui, fronce les sourcils : C'est trop triste, Laurent. Le public ne suivra pas. Voulzy hésite. Il aime ce mot. Cette idée que sa chanson respire un peu de nostalgie. Après quelques discussions, ils trouvent le compromis parfait : Rockollection. Rock, pour le rythme, l'énergie. Collection, pour le côté souvenirs. Et ça fonctionne. Tout est là : la nostalgie reste, mais elle danse. À la sortie du single, c'est l'explosion. Les adolescents encore à l'âge de lire Podium découvrent une manière de revivre leurs propres souvenirs. Les adultes retrouvent les leurs, qui datent de bien avant. Cet énorme succès en poche, à travers les années et les décennies qui ont suivi, Laurent Voulzy a tissé patiemment, et lentement, une discographie où la lumière, le rêve et le temps se sont entrelacés. Et le voyage a continué, toujours. C'est d'ailleurs ce fil conducteur qui le mène au succès, encore une fois, de son Là où je vais, une chanson plus récente, du XXI° siècle, mais qui reprend tous les thèmes chers à l'artiste : le périple intérieur, la douceur, et cette capacité à nous transporter ailleurs. Dans ce titre, Voulzy regarde vers l'avenir avec la même poésie qui l'accompagne depuis le début : tendre une main au rêveur qui sommeille en chacun de nous, et rappeler que, peu importe où la vie nous mène, il y a toujours un endroit vers lequel l'âme peut s'envoler.Avec Là où je vais, le parcours de Laurent Voulzy trouve une belle conclusion pour une chanson inédite figurant sur une double compilation de hits, mais c'est aussi, en cette année 2003, un nouveau départ. Comme toujours, ses chansons ne vieillissent pas : elles voyagent avec nous, et nous rappellent que la musique est un horizon infini, un chemin qui mène vers un ailleurs.

    Laurent Voulzy & Serge Gainsbourg (Episode 4)

    Play Episode Listen Later Aug 29, 2025 7:57


    3 février 1990, les années 80 sont finies. Viendront celles où on les pleurera mais ce n'est pas pour aujourd'hui. Ce soir à Paris, les sièges du Zénith sont occupés par tous les acteurs de la chanson française pour une nouvelle cérémonie des Victoires de la Musique avec en finale, un trophée d'honneur remis à Serge Gainsbourg pour l'ensemble de son œuvre et l'immense influence qu'il exerce. Serge est le premier à se dire que ça sent le sapin. Il est aux premières loges. Alors il va donner le meilleur de lui-même, se montrer tel qu'il est vraiment, fini les frasques et la provoc cathodique pour faire les gros titres. Pour ce faire, il a loué le plus beau des costumes avec nœud pap et reste sobre. C'est Michel Sardou qui est chargé du discours et qui entame La Javanaise, suivi par Patrick Bruel, la nouvelle star, un symbole, et Vanessa Paradis, avec qui Gainsbourg travaille actuellement. Et puis, last but not least, il y a Laurent Voulzy. Il t'aimait bien, hein ? lui dit Alain Souchon en regardant les images plus de 20 ans après. C'est vrai que sur le papier Voulzy et Gainsbourg sont deux des artistes qui ont dominé et façonné le son des années 80. On pourrait croire de prime abord qu'ils sont l'eau et le feu, sans doute la raison pour laquelle on n'a pas eu la joie de les voir collaborer.Sans doute étaient-ils trop complets musicalement pour avoir à collaborer. Mais il n'empêche, ils partageaient la même passion pour le son et les arrangements. Combien d'ingénieurs du son et d'assistants pourraient témoigner de ces nuits interminables avec un Gainsbourg qui demandait à entendre et réentendre encore chaque piste, remixer, demander à l'interprète qui le chantait de réinterpréter car le résultat ne correspondait pas tout-à-fait au morceau qu'il avait dans la tête.Alors c'est vrai que Gainsbourg souffre d'une mauvaise réputation de bâcleur et travailleur de dernière minute, à cause des anecdotes qui ont été trop racontées. Ce n'était vrai que pour les textes, pas la musique. La musique, c'était comme par Voulzy, qui est là, assis dans la salle à reprendre la Javanaise pour lui, et avec lui. Il vient, comme Gainsbourg, de sortir une compile qui casse la baraque chez les disquaires. Tous deux voient leurs singles connus et moins connus alignés sur un même CD suscitant une admiration nouvelle. Et tous deux préparent un nouvel album. Pour Gainsbourg, ce sera un disque de blues qu'il va enregistrer à la Nouvelle Orléans mais que le destin abandonnera à jamais dans les limbes. Quant à Laurent, son Caché Derrière sera son plus grand succès, un des plus grands dans l'histoire de l'industrie de la musique française, un disque aux accents mélancoliques et nostalgiques, il est vrai que Gainsbourg était pour lui une source d'inspiration et de rêve.

    Laurent Voulzy et le temps qui passe (Episode 3)

    Play Episode Listen Later Aug 28, 2025 6:48


    Il est désormais loin le temps où tous les artistes, quelle que soit leur nationalité, devaient sortir un album par an et une paire de singles pour espérer rester dans la course impitoyable au succès. Oh il y avait déjà une exception, Laurent Voulzy, qui dès ses débuts a opté pour un album de chansons originales par décennie et un single par an. Et ce n'est pas parce que c'était bon comme ça, non. Laurent a toujours été un orfèvre qui a du mal à laisser partir son bijou, le retaillant sans cesse.Et ça marche ! En 1992, Laurent Voulzy n'est plus seulement le chanteur de Rockollection ou de Belle-Île-en-Mer. Il est devenu un créateur rare et célébré grâce à son troisième et nouvel album, le CD absolu qui ne compte aucun temps mort entre les six tubes qu'il va donner dont plusieurs battent des records de diffusion radio. Cet album dénommé à juste titre Caché derrière est celui qui pousse Laurent à, enfin, monter sur scène, plus de quinze ans après son premier tube. Vous le croyez ça ? On l'a peut-être oublié mais c'est vrai. Ce qui est vrai aussi, c'est que d'emblée il a affiché un tel génie, une telle maîtrise sur scène que ces années d'absence invraisemblable ont d'office été gommées. C'est comme si Laurent avait toujours été sur le devant de la scène. Mais voilà, c'est pas pour ça qu'il va aller plus vite pour sortir de nouvelles chansons. Il va falloir attendre le siècle suivant, soit neuf ans en tout, pour entendre un nouveau single de Laurent Voulzy à la radio. Je me rappelle encore du bazar des attachés de presse de la firme de disques autour de l'arrivée de ce disque improbable, inespéré. Le texte, signé Alain Souchon, raconte l'attente, l'absence, la force d'un amour qui se vit comme une épopée intime. Le mot « héroïne » ne désigne pas une guerrière de roman, mais une femme réelle, forte et insaisissable, capable de bouleverser une vie. L'enregistrement est somptueux. Les arrangements, luxuriants, portent la voix de Voulzy comme une vague. La chanson dure plus de six minutes, un format inimaginable pour la radio. Mais c'est aussi ça, Laurent : ne pas céder à la mode, suivre son inspiration.Avec Une héroïne, Laurent Voulzy rappelle qu'il est un orfèvre : un artiste qui écrit peu, mais dont chaque chanson compte. Après ce retour triomphal, il pourra à nouveau disparaître, prendre son temps, malgré quelques surprises, mais revenir, toujours avec des mélodies qui marquent des générations entières.

    When Laurent Voulzy Met Paul McCartney (Episode 2)

    Play Episode Listen Later Aug 28, 2025 7:01


    Ca nous a sauté aux oreilles dès son premier tube, en 1977 : Laurent Voulzy est un fan des Beatles. Mais pas un « fan » comme on dit vite fait, non. Lui, c'est du sérieux. Les Beatles, il les a écoutés à s'en user les pavillons. À l'âge de douze ans, il a appris la guitare uniquement pour jouer leurs chansons.Et justement, un après-midi de 1978, son téléphone sonne. Voulzy décroche.— Laurent, it's Paul here.Laurent pense à une blague, un pote qui imite McCartney. Ça doit être ça. Sauf que non. C'est bien Lui au bout du fil, qui a entendu Rockollection, et qui a adoré. Il lui dit même avoir retrouvé dans cette chanson française, l'énergie et la mélancolie des débuts des Beatles. Laurent est sous le choc. Imaginez : vous avez grandi en imitant vos idoles, et un jour, c'est l'une d'elles qui vous appelle pour dire qu'elle aime ce que vous faites.Les deux hommes se rencontrent. Paul, en gentleman, demande : Tu veux qu'on joue quelque chose ? Voulzy, paralysé, n'ose pas sortir sa guitare. Il se contente d'écouter, de parler musique, de boire chaque mot comme un gosse. Il dira : Je ne pouvais pas jouer devant Paul. Moi, je suis son fan, pas son confrère.Hey Laurent, ça va ?Laurent sort du vieux rêve qu'il avait fait à la sortie de Rockollection, s'imaginant fraterniser avec McCartney. Nous sommes dix ans plus tard, et il est dans les coulisses d'un studio télé, face à Michel Drucker. Oui, Laurent Voulzy est assis face à la porte fermée d'une loge sur laquelle il est écrit Paul McCartney, avec un poster et un feutre en main. Devinant qu'il a l'air d'un gamin, lui la désormais star française aux multiples tubes, il dit d'emblée à l'animateur : J'attendrai le temps qu'il faut. T'imagine pas ce qu'il représente pour moi.Attends, dit Drucker, je vais lui dire qui tu es.Drucker entre la loge de McCartney qui a accepté de venir chanter pour le Téléthon, son dernier tube en date, qui faisait lui aussi référence, comme la chanson de Voulzy, à cette période qu'il trouve déjà très lointaine. Vingt ans ! Et aussi sept ans après la mort brutale de son ami John, Paul n'est pas encore débarrassé de sa peur du public. Il n'y en aura d'ailleurs pas, à sa demande, sur le plateau. Paul, le gars qui attend devant ta porte, c'est un chanteur très célèbre ici, et un excellent guitariste. Il a un son ! Tu n'imagines pas à quel point tu comptes pour lui.McCartney fait un signe de la main signifiant OK, OK, il n'en est pas à sa première star qui est fan de lui. Michel appelle Laurent qui entre. McCartney vient vers lui et lui serre la main sans que Voulzy n'arrive pas à sortir un mot car, comme il le dira, c'était comme si l'ex-Beatle venait de tomber d'un poster.

    Larent Voulzy et nous (Episode 1)

    Play Episode Listen Later Aug 28, 2025 6:31


    Vous connaissez sans doute l'histoire de ce titre de Laurent Voulzy qui à la fin des années 80 avait été élu par le public français, meilleure chanson de la décennie. En effet en 1980, Laurent cherche l'idée du prochain single quand là, dans un livre de voyage, il tombe sur une photo de Belle-Île-en-Mer. Le nom l'interpelle et le paysage le fait rêver. Pas de Google image à l'époque, mais n'empêche, c'est ça être compositeur, quelques accords lui viennent, puis des mots : Belle-Île-en-Mer, Ouessant, Marie-Galante, Saint-Vincent… Il aligne des noms comme on enfile des perles. Des lieux réels, mais pour lui, encore imaginaires et qui, sous la plume de Souchon, se transforment en une carte postale envoyée d'un endroit où il n'est jamais allé.Quelques mois plus tard, Voulzy finit par se rendre dans cette île qui est désormais célèbre grâce à lui. Et là, surprise, car les Bellilois l'attendent. Tu as chanté notre île mieux que nous, lui dit-on. Laurent, ému, avoue qu'il ne la connaissait pas, qu'il a écrit la chanson en rêvant. Son rêve a parlé juste …Et huit ans plus tard, Laurent Voulzy sort un titre qui, au premier abord, peut également faire croire à une chanson d'été mais qui est, en fait, bien plus qu'un air de plage. L'histoire commence en Guadeloupe. Laurent est en vacances, il a emporté avec lui un petit synthé, un instrument minuscule sur lequel il bidouille une suite d'accords qu'il pense d'abord utiliser pour une face B mais très vite, il sent qu'il tient quelque chose. Quelques mots lui viennent, en anglais : « In the sun down… » Et soudain, la phrase claque : Le Soleil donne. Simple, évident.De retour à Paris, il en parle à son complice Alain Souchon qui lui écrit des paroles limpides : Le soleil donne la même couleur aux gens. Tout est dit dans ce message universel car bien sûr que le soleil se fiche de nos origines, de nos différences. Il éclaire tout le monde pareil. Laurent, qui a connu le racisme dans son enfance de métis, y met beaucoup de lui-même. Et comme le message ne doit pas avoir de frontières, il reprend les paroles en plusieurs langues. En studio, l'ambiance est particulière. Voulzy veut que la chanson reste légère, mais que le fond transparaisse.À sa sortie, en 1988, Le Soleil donne devient un tube. On le chante en France, en Belgique, en Suisse, au Québec. Dans les écoles, les colonies de vacances, les veillées, tout le monde s'en empare. C'est une chanson simple, facile à fredonner, mais qui, mine de rien, porte un message profond, comme celui de Bob Marley : sous la peau coule un même sang rouge, nous sommes tous pareils.

    La Story de vos vacances

    Play Episode Listen Later Jun 29, 2025 3:13


    Vous le sentez ? Ce petit parfum d'iode, de monoï et de gelati qui fondent trop vite ? Ça y est, on y est presque. On est fin juin. Le moment où dans les bureaux,  les écoles, les familles, tout le monde commence à décrocher un peu. Les esprits sont ailleurs. On roule déjà vitres ouvertes, avec le coude qui dépasse de la portière, le soleil sur la nuque. Et c'est là que revient dans votre tête, comme chaque année, la bande-son de souvenirs de vos vacances. Enfin certaines. Vous connaissez ça ?Le tube de l'été qui tournait sur l'autoradio de papa, une compile gravée sur le PC à la va-vite avant le départ, la cassette qu'on retournait toutes les trente minutes sur le lecteur orange fluo, entre deux plongeons dans la piscine. Et ce CD qu'on glissait dans le changeur 6 disques de la voiture, en espérant qu'il ne saute pas sur les ralentisseurs. Ou ce slow qui était parti en vrille lors d'une soirée en boîte, en Espagne ou à la côte d'Azur, ou au bal du camping sous les lampions. Finalement, en cette époque où la pub veut nous faire croire que c'est sûr, cette fois on va ramasser 250 millions, si c'était ça, le vrai luxe : avoir 15 ans à nouveau le temps d'une chanson.Parce qu'on l'oublie trop souvent, mais les vacances, c'est pas seulement le farniente et les files sur l'autoroute du soleil. C'est la famille qui rigole, les copains qu'on revoit, les coups de soleil qu'on n'a pas vu venir et les refrains qu'on n'a jamais oubliés. Ce sont lesquels, dites-moi ?Tenez, moi, c'est un été 1973. La première fois qu'on part en Espagne. Ca s'annonce magique, on est coincé dans d'interminables bouchons au poste frontière dans les Pyrénées quand tout à coup, sur les longues ondes, on envoie la chanson d'un groupe au nom improbable, Michel Fugain et le Big Bazar. Où qu'on se trouve, ça vend déjà du rêve, mais là quand vous êtes aux portes d'un pays labellisé terre de vacances comme vous n'en avez encore jamais vu, et pour cause, à onze ans à cette époque, on n'a encore rien vu.Les vacances, c'est ça. Ce sont des lieux, des visages, des odeurs mais surtout des musiques. Parce qu'aucun souvenir d'enfance ou d'adolescence n'est complet sans un refrain qui l'accompagne. On n'a jamais embrassé quelqu'un pour la première fois sans une musique en fond sonore. On n'a jamais quitté un endroit, un été, un amour de passage, sans une chanson dans les oreilles et un petit pincement au cœur. Alors cette année, laissez les soucis au bureau, fermez les écrans, et embarquez pour un été que vous allez vivre dans l'instant présent, le seul qui vaille la peine d'être vécu, mais en laissant tourner la musique de ces instants gravés dans votre mémoire avec le volume à fond. Vous allez voir, ça marche.

    En vacances avec Mylène Farmer

    Play Episode Listen Later Jun 29, 2025 2:57


    Ah, l'Amérique… Pour certains, c'est le rêve d'une vie. Pour Mylène Farmer, ce fut une échappée presque définitive. Des vacances en mode aller simple pour disparaître. Je vous raconte. Nous sommes au milieu des années 90. Mylène a explosé tous les records de vente avec son album Ainsi soit je… , on chante Pourvu qu'elles soient douces et Sans contrefaçon, partout, c'est l'apothéose. Tout le monde dans les médias et le public veut sa part de Mylène. Sauf elle. Parce que derrière le succès, il y a une femme fatiguée. Vidée. Et surtout très marquée par un événement dont on parle peu : l'échec cuisant de son premier film, Giorgino, en 1994. Projet personnel du duo avec son complice Laurent Boutonnat, ce film très esthétique a fait un four monumental en salles, alors que Mylène s'est donnée corps et âme dans cette œuvre sombre. Et voilà que la critique l'enterre sans fleurs ni couronnes et qu'à l'heure des visites, pas de files. Mais où est passé son immense public ? Mylène encaisse mal. Très mal.Alors elle s'en va. Elle s'envole pour Los Angeles, seule, anonyme. Elle loue une maison sur les hauteurs de Beverly Hills, se met à la peinture, au yoga, écrit ses pensées. Elle sort le soir, parfois, flâne sur Melrose Avenue, capuche sur la tête. Personne ne la reconnaît. Elle vit comme une ombre dans la ville des anges et du soleil.À ce moment, personne en France ne sait si elle reviendra un jour. Pas même Laurent Boutonnat. Elle pense sérieusement à tout arrêter. Mais c'est là qu'elle commence à écrire ce qui deviendra son grand retour : Anamorphosée. Un peu comme Sting à New York, quelques années plus tôt. Cela donne un album très influencé par ce qui sera une parenthèse américaine, plus rock, plus brut, plus libre.La Mylène mystérieuse qu'on connaît aujourd'hui, serait-elle née là-bas, dans cette retraite californienne, entre les doutes existentiels et quelques soirées au Château Marmont. Une star européenne parmi d'autres à L.A., sauf qu'elle, va décider de renaître et qui revient, fin 1995, avec XXL. Une autre Mylène, plus forte, plus directe, mais qui se veut toujours plus insaisissable. Et depuis ? Chaque fois qu'elle disparaît, on se dit qu'elle est peut-être repartie là-bas. Sous le soleil de Californie. Parce que même les icônes ont parfois besoin de vacances, le soleil, c'est pas bon pour elles qui risquent d'en perdre leurs couleurs. Non, ce qui leur convient ce sont de longues pauses à l'ombre, très longues.

    En vacances avec John Lennon

    Play Episode Listen Later Jun 29, 2025 2:54


    Hong Kong, été 1977. David Bowie s'ennuie. Ben oui, ça arrive, même aux stars du rock en tournée mondiale qui par définition n'ont pas le temps de voir passer le temps. Mais là, il traîne dans le hall de son hôtel, accompagné de son inséparable et impitoyable assistante Coco Schwab, et de son pote Iggy Pop probablement encore jet-lagué de leur tournée nippone. Les rues moites de la ville ne lui disent rien. Trop chaud, trop loin, trop rien.Soudain, une silhouette surgit de l'ascenseur, sourire espiègle, baskets aux pieds, c'est John Lennon. L'ex-Beatle, en vacances anonymes avec son fils Julian, et qui ouvre les bras vers Bowie.Hey Dave ! Tu t'en souviens de L.A. ?Comment David pourrait-il oublier leur rencontre à Los Angeles trois ans plus tôt lors d'une fête chez Elizabeth Taylor. Bowie est encore timide, Lennon est déjà fan. Ils se sont retrouvés en studio à New York début 75. Bowie a lancé un riff. Lennon a poussé un Fame qui a donné un N°1 mondial.Et donc, ces deux grands trentenaires reprennent leur numéro comme s'ils s'étaient quittés la veille. Lennon sort des vannes et Bowie rit. Un vacancier les reconnaît :Vous êtes John Lennon ?Non, mais j'aimerais avoir son compte en banque, répond John. Bowie adore cette vanne, il va la ressortir plus d'une fois.David et John sortent dîner, explorent les clubs douteux de Wan Chai, un verre glacé à la main. À un moment, Lennon monte sur scène dans un bar et lance au public un Vous connaissez les Beatles ? histoire de rigoler. Plus tard, dans une échoppe, David trouve un blouson The Beatles. Il insiste pour que John l'essaie, elle ne lui va pas mais on prend une photo souvenir. Malheureusement le temps passe vite, même en vacances. C'est la dernière fois que David et John se voient. Ils devaient se retrouver à New York en décembre 1980 pendant la série de représentations de la pièce Elephant Man que David jouait à Broadway, malheureusement … Six ans plus tard, Bowie est de retour à Hong Kong, pour la dernière date de sa tournée Serious Moonlight. Ce soir-là, après un triomphal Let's dance, il entonne Imagine, les larmes aux yeux. Nous sommes le 8 décembre 1983, trois ans jour pour jour après la mort de John, David ne s'en est jamais vraiment remis. Comme quoi, même les extraterrestres peuvent avoir le cœur brisé avec un souvenir d'été.

    En vacances avec des voisins bruyants

    Play Episode Listen Later Jun 28, 2025 2:59


    Aaah ! Vacances. J'oublie tout, dit la chanson depuis des générations. Fini le réveil, rien que le bruit de la mer, comme cette année du début de ce siècle où un jeune homme se paie des vacances à vraiment pas cher sur la Côte d'Azur. Et attention ! Pas un camping à trente kilomètres de la Méditerranée, non à Beaulieu-sur-Mer, entre Nice et Saint-Jean-Cap Ferrat. La maison est de rêve, c'est celle des parents de sa copine qui lui ont demandé de la garder. Alors ce jardin en terrasse, les cactus, la piscine et le chant des oiseaux, il s'apprête à en profiter. Les batteries sont prêtes à la recharge en mode farniente et grasse matinée. Mais voilà, à la fin de la première soirée, alors que les cigales viennent de se taire, l'ambiance vespérale prend un tournant inattendu. En effet, les deux jeunes gens entendent des éclats de voix, des rires et des accords de guitare qui semblent venir de la maison d'à côté. À travers la fenêtre, la copine aperçoit en effet deux silhouettes y allant de leurs refrains, le verre à la main. À 2 heures du matin, ras-le-bol. Direction la porte des voisins bruyants. Sonnerie. La musique s'arrête net. Un calme gêné s'installe. Qu'est-ce tu vas leur dire ? Mais leur demander de faire un peu moins de bruit, voyons. C'est bien les mecs, ça, t'as peur d'eux ? Je vais leur expliquer, moi, qu'ils ne sont pas les seuls sur terre. Et là, à travers la porte, un éclat de rire contenu, et irrésistiblement communicatif. Pas assez cependant pour la petite amie qui ne semble pas contaminée quand la porte s'ouvre. Et là ? Surprise !Face à eux, ou à vous, imaginez que ça vous arrive, enfin ça vous est peut-être arrivé, car oui, là, dans l'embrasure de la porte, se tiennent deux icônes de la chanson française : Alain Souchon et Laurent Voulzy, gais comme des pinsons, beurrés comme des tartines, dégoulinant de bonne humeur à défaut de confiture. Champagne à la main et complices, ils leur expliquent, vous expliquent : Oaaah on fête la fin de la tournée, on a un peu oublié les voisins, désolés mais bon, c'est les vacances, hein ! Excuses acceptées, finalement, aucun reproche, juste des sourires sincères, on se tape dans le dos, bonne nuit, bonnes vacances.Vous retournez, ils retournent dans leur maison de vacances, l'été commence plutôt bien avec cette rencontre improbable parce que le lendemain, c'est vous qui allez réveiller deux chanteurs célèbres, enfin eux, car cette histoire est vraiment arrivée, oui avec Souchon et Voulzy. Et pensez à ceux qui ont eu la même blague avec Johnny Hallyday, et Johnny qui a eu la même blague avec le groupe Kiss, alors, vous savez qu'ils ont eu une histoire unique, à raconter lors  d'un repas, un irrésistible clin d'œil à la dolce vita estivale.

    En vacances avec Monsieur Hulot

    Play Episode Listen Later Jun 28, 2025 3:04


    Ça y est ? Vous y êtes ? Hé, ces deux mois de vacances, ils nous semblaient à leurs débuts ne jamais devoir prendre fin, tellement le compte des semaines à venir était du haut de nos trois pommes, innombrable. Neuf semaines, c'est interminable sous un ciel bleu. Pas de classe, ni devoirs, ni leçons ni ce soir, ni ce week-end. Demain matin, on se lèvera sans ce maudit réveil ou le clairon des parents avec la voix pleine d'insistance.Et puis il y a le départ en vacances et l'excitation quand la date approche. Voilà sans doute ce qui a expliqué l'énorme succès international d'un petit film français au milieu des années 50 : Les vacances de Mr Hulot. Et aussi le fait qu'il ait traversé les décennies. Notre quotidien ne ressemble plus en rien à cette époque ni aux bonnes manières de sa société stricte mais le film marche toujours aussi efficacement, malgré le noir et blanc. Il faut dire que les personnages correspondent toujours à ceux sur qui on tombe en vacances. Les gosses qui crient et font des conneries, l'homme d'affaires très pris et très imbu de sa réussite, la belle pour qui on va en pincer et qui voit les matins se lever en se demandant quand on va se décider. J'allais oublier la bande de scouts, le gars qui s'y croit, le patron d'hôtel très sérieux et le garçon j'en foutre, le couple de vieux qui se promène tout le temps et arrive en premier à l'heure du souper, non vraiment, les temps changent mais les comportements restent les mêmes. Jacques Tati met toujours dans le mille.Et puis, il y a la mer, la plage, le soleil. Ces jeunes gens qui vivent le meilleur moment de leur vie et vont peut-être mettre le reste à s'en remettre. Sérieux, on a tous laissé un bout de nous-mêmes en vacances, avec un Monsieur Hulot ou pas. Et quel que soit l'âge où on a vécu cet été pas comme les autres, celui qui nous revient plus ou moins régulièrement avec force, au détour d'une photo, un film, une chanson.Alors je ne sais pas si vous allez vous les refaire à la télé, ces Vacances de Mr Hulot, ce moment de bonheur, que vous avez peut-être connu avec Les bronzés,  Hôtel de la plage ou Camping. Le plus important est de ne pas perdre de vue que  malgré ce que vous pouvez croire parfois, quand vous y repensez, non, vous n'avez rien raté. Vous avez été, vous êtes à la hauteur des rêves de cette fille, de ce gamin que vous étiez, cet été-là. Car le présent, c'est plus que le moment plus important de votre vie, c'est le seul que vous vivrez jamais. Alors, bonnes vacances !

    Sur scène avec Paul McCartney

    Play Episode Listen Later Jun 27, 2025 3:06


    Le rideau est encore baissé mais dans les coulisses, l'air est déjà chargé d'électricité. On entend des cordes de guitares grattées nerveusement, des pas précipités, des talkies-walkies qui crachent. Et au milieu de ce chaos organisé, debout, tranquille, presque zen… Paul McCartney. Ex-Beatle, ex-Wings, et ce soir, redevenu tout simplement rock star solo. Nous sommes dans la banlieue d'Oslo en 1989, le premier soir de la première véritable tournée mondiale de Paul depuis les années 70. Autant dire un événement. Et en coulisses, ça se sent. Il y a cette tension qu'on sent juste avant un premier baiser ou un saut dans le vide. Même les musiciens sont un peu nerveux. Il faut dire que jouer aux côtés d'un Beatle, ce n'est pas rien. Même pour des pros. Et lui ? Lui, il rigole. Il grignote une banane. Oui, une banane. Un petit rituel. Pour l'énergie, dit-il avec un clin d'œil. Puis il attrape sa basse Höfner, en forme de violon. Le public, lui, n'en peut plus. Il crie, il scande « Paul ! Paul ! ». Dans la salle, il y a des gens qui ont grandi avec les Beatles, d'autres avec Live and let die, et puis leurs enfants. Des familles entières venues voir une légende marcher sur les braises de sa propre histoire. Et là, d'un coup, blackout. Un silence qui ne dure que trois secondes mais qui semble suspendre le monde entier. Puis les lumières explosent, et McCartney entre sur scène. Et là… c'est la décharge. Il commence avec deux nouveaux titres et un tube des Wings, faut oser. Riff costaud, voix impeccable. Et tout de suite après, sans prévenir, Got to Get You Into My Life. Et là, c'est Hiroshima dans la salle. Les gens pleurent. Dansent. Hurlent. Certains sont pétrifiés. Lui, il sourit. Ce sourire qu'on connaît par cœur, mais qui, vu d'aussi près, paraît presque irréel. Sur scène, McCartney est comme un gamin qui aurait retrouvé ses jouets préférés : sa voix, sa basse, et le public. Il bouge, plaisante, balance des anecdotes. Et quand il s'assoit au piano, tout chavire. Il prend une longue respiration. Un silence se fait. Et là, tout doucement, Let it be. Le temps s'arrête, la salle entière l'accompagne, comme quand il chante seul Yesterday. 1989, c'est bien plus qu'un comeback. C'est McCartney qui reprend possession de sa légende, debout, vivant, devant des milliers de gens qui n'ont jamais cessé d'y croire. Et quand il quitte le public ce soir-là, en balançant un see you next time, on sent bien que quelque chose vient de se passer. Que l'histoire recommence, qu'il ne va plus jamais redescendre de scène. Car malgré les millions, malgré un succès complètement hors norme, jouer de la musique en public, c'est toute sa vie, à Paul McCartney, depuis ses quinze ans.

    Sur scène avec Serge Gainsbourg

    Play Episode Listen Later Jun 27, 2025 3:37


    5 janvier 1980, le thermomètre est ce soir proche du zéro et pourtant le quartier de la colonne du congrès pourtant habitué à la foule des spectacles du Cirque Royal connaît une agitation inhabituelle. Ce soir Serge Gainsbourg va s'y produire à deux reprises, un truc de fou, car il s'agit de répondre à l'énorme demande qui a assailli le bureau de location dès l'annonce de sa venue. Cela fait donc deux fois plus de monde qui se croise à l'entrée et la sortie, entre les deux représentations. Et bien plus de monde encore que d'habitude puisqu'ayant ôté les sièges du parterre, c'est près de deux fois 2.500 personnes qui se croisent et se pressent dans la salle. La première explication, c'est que malgré 25 ans de carrière, personne ou presque en Belgique n'a encore vu Gainsbourg sur scène, puisqu'il l'a abandonnée en 1964, épuisé par les mauvaises réflexions à propos de sa voix et les insultes aussi au sujet de son physique. La seconde c'est que son album Aux armes etc paru au printemps dernier est un énorme succès en France et encore plus en Belgique, un disque 100% reggae, un genre musical qui est au sommet de sa popularité. Le reggae, c'est LA musique jeune. Alors les rythmes ronds et chauds joués par les potes de Bob Marley associés aux textes transgressifs, potaches ou joyeusement défoulatoires de Gainsbourg font un malheur. Le voilà d'ailleurs qui entre sur scène avec son personnage de dandy désabusé, jean, chemise légèrement ouverte et clope au bec. Pas de paras français aux premiers rangs comme la veille à Strasbourg pour l'empêcher de chanter sa version reggae de la Marseillaise. Au contraire, c'est la clameur d'un public conquis d'avance qui l'accueille et le rassure après un sérieux traumatisme. Il faut dire que ce public est une mosaïque : des étudiants, des couples fauchés, des fans de la première heure et des curieux. Tous scotchés. Ce n'est pas le Gainsbourg provoc' de la télé. Pas besoin de pyrotechnie. C'est un type en état de grâce, pas encore le gars qui susurre, il a encore sa voix claire., diablement magnétique. Gainsbourg danse à peine, balance doucement les hanches, l'œil rieur. On sent déjà pointer Gainsbarre, son double mal léché, mais ce soir, il reste à distance. Serge est encore poète. Il chante Aux armes et cætera une seconde fois pour notre plus grand plaisir. Et cette fois, les gens chantent avec lui. Une salle belge emportée par une chanson française née en Jamaïque. Faut le faire.Entre les deux concerts, à peine une pause. Le public du deuxième round est tout aussi brûlant. Moins surpris, peut-être, mais encore plus prêt. Ce soir-là, tout le monde repart avec un truc en plus. Une vibration. Une fièvre. Gilles Verlant, l'animateur de la seule émission de télé rock belge et coorganisateur de ce concert fou, est heureux. Il a le sentiment d'avoir vécu quelque chose de rare, loin de se douter que dans pas longtemps, il écrira la biographie de référence de l'artiste qui vient de sortir de scène.Gainsbourg au Cirque Royal, c'est pas juste un souvenir. C'est un parfum. Celui d'un moment suspendu, où un artiste a touché quelque chose de sacré. Et nous “avec”, comme on disait à Bruxelles, en ce temps-là.

    Sur scène avec Bob Marley

    Play Episode Listen Later Jun 26, 2025 3:09


    Ceux qui ont vu Bob Marley sur scène n'ont jamais pu l'oublier.Ceux qui ont vu Bob Marley savent ce qui se passait quand il était dans la salle. Je vous raconte ?Fermez les yeux une seconde. Imaginez… la grande fosse de Forest National en 1978, le moment où on éteint les lumières, la clameur, la chaleur presque moite, et voilà le lieu devenu subitement un temple. Un projo sur scène, il est là. Bob Marley. Silhouette fine, dreadlocks dansant au rythme du groove de son discours de bienvenue et sa voix, … Ah, sa voix, elle s'élève comme un cri d'espoir, comme une prière musicale. La foule est déjà conquise. Ce n'est pas un concert. C'est une cérémonie. Une messe rasta. Les bras se lèvent, les corps ondulent doucement, comme portés par un courant invisible. Pas besoin de savoir danser, ici c'est l'âme qui bouge. Même les plus raides deviennent fluides. Et Marley, lui, il est comme toujours, habité. Yeux mi-clos, sourire discret, il prêche, en musique.Déjà en arrivant, devant Forest National il y avait cette foule immense, colorée, bigarrée, des jeans pattes d'eph et des chemises bariolées, évidemment, mais aussi des écharpes rasta, et des effluves qui chatouillaient les narines. Ça parlait français, flamand, anglais, ça rigolait, ça planait déjà un peu. Ce soir, Bob Marley est à Bruxelles. Un Bob qui, si ne parle pas beaucoup entre les chansons, rayonne. Il est le chef d'orchestre d'un truc bien plus fort que lui. Quand il entonne Punky Reggae Party, Forest devient un village. On se connaît pas, mais on se serre. On chante. Y a cette nana juste devant, les larmes aux yeux et ce gars torse nu qui bat le rythme comme s'il était en transe. C'est que Bob, il chante pas seulement pour les oreilles, il chante pour les tripes. Et puis arrive No Woman No Cry. Là, tout le monde se lève, bien sûr. Mais c'est plus que ça. C'est une clameur. Une déclaration. Comme si pendant quelques minutes, la Belgique entière se dressait contre l'injustice du monde. Dans le noir de Forest National, on voit s'allumer des centaines de petites flammes humaines et des briquets aussi. Une communion. Quand les lumières se rallument à la fin, les gens ne bougent pas. Ils restent là, hébétés, rincés, heureux. Comme si un prophète venait de passer, avec une guitare, un sourire, et une vérité simple : l'amour, la paix, la dignité. Ce soir de 1978, comme toutes les autres fois, à Bruxelles, Bob Marley n'a pas donné un concert. Il a allumé la lumière. Et ceux qui y étaient s'en souviennent encore, pas vrai, le cœur qui bat un peu plus lentement, mais toujours en rythme.

    Sur scène avec Michel Polnareff

    Play Episode Listen Later Jun 26, 2025 3:42


    Quand la dernière note du dernier concert de Michel Polnareff retentit dans l'arène de Forest National en ce printemps 2025, sa derrière tournée comme il dit, il règne un air de nostalgie sertie de souvenirs de moments légendaires. Car depuis qu'il est monté sur la scène de l'Ancienne Belgique il y a plus d'un demi-siècle, jusqu'aux grands soirs de la salle de Forest en passant par celle du Cirque Royal, Michel Polnareff a offert des concerts d'exception au public de chanceux amoureux de musique qui sont allés l'applaudir. On repense à son piano transparent et aux tenues futuristes de ses musiciens dont certains ne sont rien moins que les plus grands de l'histoire de la pop anglo-saxonne. Qui sait que lors de ce fameux concert à Forest National retransmis en direct sur une radio périphérique pour que toute la France l'entende, se tenait derrière les claviers l'homme qui un jour écrira et produira pour Whitney Houston, Céline Dion ou Earth Wind & Fire. Tenez, ce fameux concert, oui, c'est celui où le matériel, la sono n'arrive pas. Imaginez le truc, l'ambiance dans les coulisses et la loge. La salle est pleine d'attente, comble de ces fans venus de loin car Michel est parti pour l'Amérique et ne peut plus remettre un pied en France, sous la menace d'une contrainte du fisc. Mais Michel ne se contente pas d'être le roi des studios, le plus inventif des compositeurs, arrangeur de génie, c'est aussi une bête de scène. Il n'a peur de rien, et certainement pas de son public. Il monte sur le podium, s'assied à son piano en expliquant avec humour ce qui se passe, donc, à la salle, mais aussi à la France entière, je le répète. Comment il se fait entendre ? Avec un haut parleur, un gueulophone comme disent les jeunes. Puis Michel se met à jouer pour ce public qui n'est pas venu pour rien, et chante dans le gueulophone. Imaginez la scène, ou plutôt, écoutez. Ah c'est clair que ce type est un artiste à part, rien à voir avec le monde bien encadré de la variété qui est alors au sommet de sa popularité grâce à un nombre ahurissant d'émissions de télévision que tout le monde regarde, et qui réunit toutes les générations, en famille, le soir devant le poste. Michel n'est pas là que pour l'argent et la gloire. Ainsi de ce soir ou par blague, en province, il se glisse sur scène pendant un concert de son ami Johnny Hallyday. La surprise est totale, Johnny et lui s'amusent. Au point qu'ils décident de faire le Palais des Sports ensemble en octobre 1971. Michel en pianiste de Johnny. Spectacle total mais surtout, grande prestation d'artistes fous de rock'n'roll.Les occasions ont été rares de voir Polnareff en concert et de profiter des arrangements de fous qu'il offrait de ses tubes, de ses envolées au piano et surtout de son humour car il nous parlait comme si on était dans son salon. Alors comme une chanson vaut mieux qu'un long discours, je vous propose de découvrir un enregistrement live rare, que seuls connaissent ceux qui avaient été assez vite pour l'acheter en 1981. Montez le son, c'est maintenant.

    Sur scène avec Joe Cocker

    Play Episode Listen Later Jun 25, 2025 3:40


    Il n'y a rien à faire, l'émotion suscitée par un disque est décuplée quand l'artiste est là devant vous à jouer son répertoire. Bien sûr, tout dépend du talent d'interprète, du niveau des musiciens et de leur authenticité. Et puis, il y a les phénomènes, ceux qui vivent leur musique comme personne, au point qu'on en reste bouche bée devant le spectacle prodigieux de leur performance, voire nous font carrément perdre les pédales. Alors, je vous emmène avec moi sur scène, au plus près de ces artistes d'exception qui ont, grâce à leur charisme et leur génie, fait du concert pop, un art. Et nous voilà à Woodstock, en plein été 1969. Trois jours de musique, de paix et d'amour libre ont promis les organisateurs de ce festival sur les affiches qui ont recouvert les murs de New York. Ils n'auraient peut-être pas dû parce que tout le monde les a crus, on dirait. Dès le premier jour, plus moyen d'avancer sur les routes. Même le matériel et les artistes sont coincés dans des bouchons invraisemblables, causant des retards considérables et des ballets d'hélicoptères improvisés. Et puis, il a beau faire chaud dans la région à ce moment de l'année, des draches orageuses transforment la plaine en bain de boue. Bref, des corps allongés sur des bâches, des tentes enroulées comme des chips, et cette odeur… mélange de terre mouillée, de patchouli et de liberté.Et nous voici au début du troisième jour. Enfin, il est quatorze heures car les têtes d'affiches terminent vers 8 - 10 heures du matin, quand un type que personne ne connaît grimpe sur scène, l'air plus déglingué qu'un vieux tracteur. Dans le public, on croit que c'est un gars sorti des premiers rangs pour faire patienter le public. Mais non, il vient de Sheffield, en Angleterre, et il chante. L'accent aussi épais que sa tignasse. Le regard flou, les bras qui dansent tout seuls, comme désarticulés face à cette marée humaine de 400 000 personnes. Le ciel, au-dessus, s'assombrit comme dans un film catastrophe mais lui, il s'en fout. Il s'avance une dernière fois et lance son arme secrète : une reprise des Beatles qu'il transfigure en version pesante, viscérale. Une messe sauvage. Joe Cocker ne chante pas, il grimace, il se tord comme s'il expulsait un démon à chaque note. Le public est hypnotisé. Un silence étrange est tombé sur la foule. Même les plus stones lèvent les yeux, les plus boueux s'arrêtent de fumer. Parce que ce qu'ils voient là, c'est pas juste un chanteur. C'est une âme en train de brûler, là, sous leurs yeux.Quand il crie le dernier "my friends", le ciel explose. L'orage se met à gronder, comme si la nature répondait à l'appel. Une douche céleste tombe sur la plaine, semant la confusion. Mais il est trop tard. Le moment est gravé. Joe Cocker vient de faire basculer Woodstock dans la légende car tout a été filmé et enregistré. Et le plus dingue ? Après le concert, il sort de scène, lessivé, comme vidé. On lui tend une serviette, il bafouille un merci. Il a mis le feu mais il ne le sait pas encore.

    C'est arrivé en juin à Madonna

    Play Episode Listen Later Jun 25, 2025 3:04


    11 juin 1985, il y a 40 ans exactement, Madonna donne le dernier de ses cinq concerts new yorkais à Madison Square Garden. Et la voilà pour la dernière fois de cette première tournée, apparaissant au rappel en tenue de mariée enchaînant Like a Virgin et Material Girl. L'an dernier, elle en était encore à jouer quelques morceaux dans des boîtes de nuit et puis voilà qu'au printemps elle passe aux grandes salles de concerts. Quarante en tout, à travers les Etats-Unis avec un petit crochet par le Canada le temps d'une soirée. C'est une solide réussite commerciale, pas encore artistique, on est encore loin des méga shows, tout est encore nouveau aussi bien pour le métier que pour elle. Mais le plus important n'est pas là. Ca se passe en effet dans les premiers rangs, ceux que Madonna ne manque pas de voir depuis la scène malgré les nombreux ballets, elle bouge beaucoup, c'est vrai, pas question de faire des concerts avec juste un groupe qui joue derrière elle. Et ben, elles sont là, toutes, les filles habillées comme elle, sur ses disques, les photos de presse et bien sûr, le film, Recherche Susan désespérément. Oui, ce look qu'elle s'est construite, avec les sous-vêtements par-dessus, les multiples chaînes et croix qui pendent à son cou et puis les innombrables bracelets en joyeux toc, et ben, elle les retrouve sur celles qu'on va appeler les Madona Wannabe. Toutes ces filles qui veulent être des Madonna. C'est plus du star system, là. C'est sociologique. Car ça va bien au-delà du cercle des fans qui viennent au concert et épinglent ses posters dans leur chambre, non, l'industrie de la lingerie annonce cette année-là une augmentation du volume de ventes de plus de 30%. Elle qui s'habillait comme ça par anticonformisme, voilà que tout le monde s'habille comme elle. Alors oui, sociologique n'est pas un superlatif exagéré comme on en entend trop aujourd'hui, Madonna est, comme Prince, pour quelque chose dans les stéréotypes vestimentaires qu'on retient aujourd'hui des années 80.Mais ce mois de juin 1985 ne s'arrête pas là pour la Madone. Quelques jours plus tard, des photos d'elle nue, prises avant la célébrité, sont publiées sans son consentement dans Playboy et Penthouse. Premier scandale et embarras auquel elle répond par un : Je n'ai pas honte. Une réponse qui renforce encore son image de femme libre et assumée, un modèle pour les femmes, plus qu'un sex symbol pour les mecs. Car vous souvenez-vous de ce moment où, pour la première fois, vous avez entendu Into the Groove à la radio ? Ce frisson qui vous a traversé, cette envie soudaine de danser, de vivre, d'être libre. C'était ça, l'effet Madonna.

    C'est arrivé en juin à Serge Gainsbourg

    Play Episode Listen Later Jun 24, 2025 3:31


    19 juin 1986, la nouvelle tombe, terrible. Coluche est mort. Un proche, pour Serge. Il se rappelle ce soir pas si éloigné où il l'avait invité à la maison, et où son pote avait dégagé toute la table sans lui demander la permission pour le dîner qu'il s'était mis en tête de préparer lui-même depuis des plombes. Serge avait piqué une colère du bazar qu'il avait mis avec les autres convives, c'est vrai, c'était pas une table pour manger. En tout cas, ce qu'il regrette, c'est le frère qu'il a perdu. Car Coluche et lui ont un point commun : ils sont la cible des têtes bien pensantes d'une société qu'ils ne manquent jamais de choquer. Désormais, Serge sait qu'il est seul dans la ligne de mire. Lui, le gros dégueulasse, le provocateur. Ce n'est pas un hasard si Coluche et lui ont tous les deux crevés les records d'audience télé lors de leur passage dans Le jeu de la vérité. Tenez, c'était il y a tout juste un an. Le 7 juin 1985, Serge n'en mène pas large juste avant l'émission. Il adore la promo mais là, il va se retrouver seul devant dix millions de gens dont certains qui vont lui poser des questions. Le mettre au pied de ses récentes provocations dont il est si fier quand il voit la visibilité que cela lui rapporte. Mais là, le coup du gros billet auquel il a foutu le feu récemment, il sait que ça ne passe vraiment pas bien. Même Charlotte est victime de railleries à l'école, et elle en souffre. Va-t-il comme Coluche deux semaines plus tôt, utiliser ses deux jokers immédiatement ? Enfin, point positif, Serge a arrêté de picoler depuis huit jours. Il aura moins les idées claires. Enfin, même à jeun, il n'est plus tout à fait fit and well après autant d'années d'excès. On va le lui reprocher d'ailleurs : lui balancer au téléphone et en direct qu'il est sale, vulgaire, cynique, qu'il a déshonoré la France avec sa Marseillaise en reggae, outragé le monde ouvrier avec son billet de 500 balles et qu'il n'est pas venu chanter pour l'Ethiopie avec son pote Renaud. Mais Serge a encore des réserves, c'est le cas de le dire. Il sort un chéquier et rédige un ordre de 100.000 nouveaux francs pour Médecins sans frontières. Applaudissements. Il a marqué un point, et pas des moindres. Bon, il ne peut s'empêcher de raconter des blagues épouvantablement mauvaises qu'il collectionne. Là, il est authentique pour une fois. L'une d'entre elles lui vaut d'ailleurs d'être accosté en boîte juste après l'émission par une jeune femme qui lui dit que sa blague du petit immigré qui va demander à Le Pen combien il lui donnerait pour qu'il quitte la France et que Le Pen lui répond 5 minutes, avait bien fait rire son père. Et qui est-ce, votre père ? Ben, Jean-Marie Le Pen. Gainsbourg ne le croit pas mais c'est bien une Marine Le Pen face à lui, bien loin de s'imaginer qu'un jour elle fera un jour de la politique. Mais pour en revenir à l'émission, l'idée de ressortir une chanson d'Aznavour de 1959 et de l'interpréter, à une époque où la grande majorité du public ne connaît pas La Javanaise, était excellente. Car bientôt, avec l'arrivée du CD, on va tous découvrir ces chansons des années 50 et 60 que presque personne n'avait achetées et qui étaient bien loin du Gainsbarre des années 80 …

    C'est arrivé en juin à Jean-Jacques Goldman

    Play Episode Listen Later Jun 24, 2025 3:41


    Juin 1988, ce n'est pas seulement les années fameuses années insouciantes qui tirent à leur fin, ni l'époque des chemises à rayures et pull Lacoste, c'est surtout pour tous les élèves de secondaires qui tournent une cassette de Jean-Jacques Goldman dans leur baladeur d'être à Paris. Car depuis le mois dernier, l'artiste qui ne fait rien comme les autres, a entamé une tournée parisienne. Oui, au lieu de jouer au finish dans une salle, il en fait plusieurs, de la plus petite à la plus grande. Déjà, ça permet à ceux qui ont des préférences de choisir la taille du lieu. Bon, il fallait être rapide et surtout se pointer tôt devant le guichet pour les deux soirs au Bataclan et les trois à l'Olympia. Après c'était déjà la jauge de 4500 sièges du palais des Sports qui s'est  également rempli très vite pour deux semaines jusqu'à la fin du mois.Et donc en ce mois de juin, direction le tout récent Zénith. Une semaine remplie en un clin d'œil, puis on ouvre une seconde semaine et rebelotte, plus un strapontin de libre. Jean-Jacques aurait pu faire Bercy, tout aussi neuf, mais il choisit la proximité, la chaleur du public, l'intimité dans la foule. Alors le public vient de toute la France. Des cars entiers arrivent de Bretagne, d'Alsace, de Lyon. Des gamins avec des t-shirts marqués Minoritaire. Des couples qui se tiennent la main pendant Il changeait la vie. Et des larmes qui coulent au coin des yeux pendant Comme toi. Le show, lui, est millimétré mais sans chichis, c'est pas du Johnny. Pas de flammes, ni de cascades. Juste Goldman, ses potes musiciens, sa guitare rouge et des mots qui vont droit au cœur. En ce mois de juin, dans un Paris encore un peu noir de la désillusion du grand rêve Mitterrand, Goldman donne treize concerts avec chaque soir, un public qui chante toujours plus fort que la veille. Et c'est peut-être ça, le vrai miracle de juin 1988. Ce n'est pas la performance, ni les ventes de disques. C'est ce moment suspendu où la France chantait en chœur, sans cynisme, avec un gars qui n'a pas besoin de costume à paillettes pour briller. Comme il le dit dans une interview qu'il donne pendant la série, ce sont les spectateurs qui m'ont appris la scène, qui me l'ont fait aimer. A priori, je suis le contraire d'un homme de scène. Gauche, lent à la répartie, introverti. Mon énergie, c'est celle qu'ils me communiquent. Mon plaisir, c'est celui de passer une soirée ensemble, autour de choses qui touchent. C'est pourquoi je ne cherche pas à jouer devant des « curieux », à racoler le plus de monde possible. Oui, je sais, on a vécu la même expérience quelques mois plus tard à Bruxelles, à Forest National. Six soirées consécutives fin novembre, début décembre et trois supplémentaires en janvier suivant qui feront dire à un journaliste : si Michael Jackson met des mois à réunir 60000 Belges pour un soir, Jean-Jacques Goldman a vendu 72000 tickets à la vitesse de la lumière. Sans doute est-ce parce que le public sent que Goldman fait ça par plaisir et pour aucune autre raison. Les gens savent qu'il est allé jouer au Congo, dans les îles, là où il n'y avait pas un franc à gagner, et parce que ses musiciens étaient OK d'y aller. Jouer, être avec les autres. Le plaisir, et rien d'autre.

    C'est arrivé en juin à David Bowie

    Play Episode Listen Later Jun 23, 2025 3:53


    Le 16 juin 1972, le disquaire, c'est un autre monde aujourd'hui disparu mais alors un point de passage obligé pour presque tout le monde. C'est là qu'on se procure ces chansons magiques qu'on a entendues à la radio, dans un juke-box, dans une émission de variétés à la télé ou chez des copains. Et puis il y a ceux, des passionnés, qui s'y rendent pour se renseigner sur ce qui vient de sortir, écouter un extrait et si ils accrochent, ils achètent et rentrent chez eux avec leur nouveau trésor. Car c'est ça la musique en 1972 : un bien précieux. Et si la pochette est belle, c'est encore mieux. Et justement, en parlant de pochette, sur ce 33 Tours qui vient d'arriver chez le disquaire, on voit un type pâle, les cheveux couleur feu, poser dans une ruelle sombre avec la guitare nonchalamment en bandoulière. Et puis gros plan à l'arrière dans une de ces fameuses cabines téléphoniques rouges, c'est sûrement Londres. Le gars, on dirait un acteur échappé d'un film de science-fiction. Le titre de l'album est à rallonge en plus, c'est pas une première mais il est intriguant quand même : The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars. Oui, tout ça. Le chanteur se nomme David Bowie. Certains le connaissent. Il a déjà sorti pas mal de disques mais bon, c'est un second couteau qui n'a pas bien choisi son camp, entre rock, folk, expérimental, cabaret, bref il est aussi flou que la photo de la pochette de ce disque. Et là, il fait le coup de l'album concept façon Sgt Pepper des Beatles. Il pousse même un peu plus loin car cela semble raconter toute une histoire, celle d'une rockstar, un messie déchu, prophète de notre décadence. Ah bon ? On est décadent ?Mais ce qu'on ignore ici c'est que David Bowie ne fait pas que raconter une histoire : il la vit de l'autre côté de la Manche, soir après soir sur scène, maquillé comme une drag-queen samouraï. Et le public britannique devient fou. En Belgique et en France, on ne va pas comprendre tout de suite. Trop bizarre, trop anglais. Mais dans les chambres d'adolescents, le disque commence à tourner, on s'en parle en classe ou à l'intercours. Car Ziggy est le premier vrai héros pop à dire : sois toi-même, même si ce “toi-même” vient d'une autre planète. Imaginez le choc pour tous ceux qui vivent à l'intérieur d'eux-mêmes, avec la peur de l'extérieur, de ce qu'on va dire. Et puis tous ceux qui, à cet âge, rêvent d'être quelqu'un d'autre, fantasment en s'endormant chaque soir dans la maison familiale remplie de silence et d'ennui.There's a starman waiting in the sky… dit la chanson qui vient de sortir en 45 Tours. Personne pour imaginer que des décennies plus tard, elle sera utilisée dans une campagne de pub pour des télécoms. Ni que David Bowie sera alors un artiste connu de tous. Et respecté. Ce qui ne va pas être le cas, ni en cette année 1972, ni les suivantes, où il y aura plus de gens pour le détester que l'apprécier. Et encore moins que cet album sera un jour considéré comme un des plus grands de l'histoire. Mais quelle histoire ? Tout cela n'est que du présent, et de l'émotion, ce 16 juin 1972. D'ailleurs, ce soir, vous l'avez vu, cet homme des étoiles, juste avant de vous endormir avec le casque sur les oreilles. Et il vous regardait.

    C'est arrivé en juin aux Rolling Stones

    Play Episode Listen Later Jun 23, 2025 3:55


    On ne peut pas parler des Rolling Stones sans penser à leur incroyable succès aux Etats-Unis. L'histoire entre le groupe et ce pays a été et reste légendaire. Là-bas, les Stones, c'est une religion. Et pourtant, l'avez-vous remarqué, on ne parle jamais de leur première venue aux Etats-Unis. On devrait ! Regardez les Beatles, vous voyez tout de suite ces images folles de milliers de jeunes gens qui les accueillent en criant à l'aéroport, les scènes de poursuite dans les rues, les records d'audience télé au Ed Sullivan Show. Et les Stones, alors? Et bien, ils arrivent à JFK en juin 1964, quatre mois après le phénoménal déclenchement de la Beatlemania. A l'aéroport, des filles crient quand ils montent dans les limousines, quelques motards les escortent, on y est. Enfin, pas tout-à-fait car le Ed Sullivan Show n'a pas voulu d'eux et là, ils auraient dû se méfier. Car pour leur première télé, à Los Angeles, c'est un show de seconde zone, les Stones découvrent au dernier moment qu'ils vont chanter entre deux numéros de cirque. Ils sont de plus présentés par un animateur ringard et ivre qui dit aux téléspectateurs que le gars du numéro de trampoline après eux c'est leur père qui essaie désespérément de se tuer. Dans une autre émission, c'est le chanteur comédien Dean Martin, partenaire de Frank Sinatra, bourré lui aussi, qui les traite de singes. Puis commence la tournée dans des endroits du perdus du Texas, Minnesota, Nebraska, Michigan. Les Stones ne sont pas encore connus, alors leur équipe a pris les engagements qu'ils ont trouvés. Ils jouent en attraction, ici avant un groupe country, là dans un rodéo où le public qui a du mal avec les cheveux longs, leur demande s'ils sont les Beatles ou s'ils sont des gonzesses. T'as vu, y a une puce qui vient de sauter de la tête du guitariste. Ouais ils puent tellement qu'elles ne tiennent pas le coup. Et quand ils sont en vedette, les auditoires sont vides. Ou presque. 600 personnes dans une salle qui peut en accueillir 10.000. Alors les Stones font tout pour que le public ne regarde pas derrière, et ils jouent plus fort pour que le courant passe. Comme dit Keith Richards, Nous sur scène, on voit une grande grotte vide mais eux sont comme à un mariage, ils regardent les mariés.Oui, en ce mois de juin 1964, les Stones en bavent lors de leur première tournée américaine, ils en sont encore à apprendre le métier, à entrer par la petite porte. Mais en voyant le public accrocher à leur musique, lire le bonheur sur les visages, ils prennent de l'assurance. A force de jouer, leurs disques montent de la 80ème à la 60ième place pendant que les chansons des Beatles occupent les cinq premières. Ils sont un peu sauvés à New York par l'animateur radio que John Lennon a lui-même contacté pour qu'il daigne assurer leur présentation. Il a attiré du monde, la salle est pleine. L'année prochaine, la sortie de leur Satisfaction changera tout, les Stones feront au moins deux tournées par an et en 1978, ils en seront déjà à leur première tournée des stades. Mais le 22 juin 1964 quand leur avion atterrit à Londres de retour de la Terre promise, Keith Richards a dans sa valise un revolver du même calibre que celui qu'un policier lui a braqué sous le nez avant un concert car il refusait de vider dans les toilettes des loges un verre de whisky coca.

    Un soir avec les frères Gallagher

    Play Episode Listen Later Jun 20, 2025 3:21


    Hé les amis, vous savez quoi ? Je vous emmène passer la soirée avec les frères Gallagher. Non, sérieux ! C'est pas d'hier que je traîne dans tous les coins de la Grande-Bretagne. Bon je veux pas vous obliger, hein, faut que vous aimiez les cendriers pleins, les verres cassés, les éclats de voix avec les Beatles à fond. Allez, on vous ouvre la porte de leur QG à Londres, ou de la grande baraque de Supernova Heights, tiens. C'est celle de Noel, on dit Nole en anglais, et Noel Gallagher, c'est le cerveau, l'auteur de Oasis. Et Oasis, c'est pas juste un groupe. C'est une bande. Et surtout, impossible de l'ignorer, deux frères ennemis qui vivent entourés comme des caïds de Manchester. On n'entre pas là comme dans un moulin. Non, mais on débarque pour s'y éclater, entre mecs, avec les potes d'enfance, les roadies, les musiciens, des fans sélectionnés — ou parfois juste ramassés en fin de soirée au pub. Mais attention, pas de rendez-vous chez les Gallagher. Faut tomber au bon moment. Et une fois dedans, pas question de rester coincé dans l'entrée. On vous file une bonne ale, on s'assoit sur un canapé écrasé par cent derrières depuis 1994, et on vous passe la dernière démo de Noel ou un live pirate de leur dernier concert. Il n'est pas impossible de tomber sur Johnny Depp, parfois, ou sur Kate Moss qui cherche Liam dans la cuisine. Parce que Liam, lui, il squatte la cuisine. Il parle peu, marmonne beaucoup, toujours avec une clope en main et un regard d'enfant jaloux dans un corps d'adulte. Liam, c'est le feu. Le charisme, le front en avant. Il chante à travers les murs, des vieux trucs de Lennon, parfois même du Slade, et il fout la paix à personne. Noel, lui, c'est la salle de musique. Casque sur les oreilles, guitare sur les genoux, il compose. Il y en a toujours un qui bosse et un autre qui fout le bordel. Et vice versa.Entre les deux, ça claque. Littéralement. On a vu des verres voler, des amplis aussi. Même qu'une fois, un Brit Award a fini dans l'aquarium. Mais faut pas croire, ils s'aiment. À leur manière. Des frères, quoi. Avec des coups dans le dos et des câlins qui finissent en prise de catch. Un jour, on a trouvé une lettre d'amour de Liam à Noel. Deux lignes bourrées de cœurs et de fautes. On a cru à une blague. C'en était pas une. Ah, et les objets ? Parlons-en. Des centaines de lunettes rondes à la Lennon, pour Liam, alignées sur un meuble Ikea. Des guitares à moitié pétées que Noel refuse de jeter. Et des baskets Adidas neuves, jamais portées. Parce que faut que ça claque, même aux pieds, comme dit Liam. Et puis le jukebox qui marche une fois sur deux et où on trouve des 45 Tours de Bowie, The La's, Stone Roses et un seul disque de Blur. Rayé. Volontairement.Oui, ce soir, chez les Gallagher, ça va encore fumer, gueuler, chanter et rigoler jusqu'à pas d'heure. Demain on s'insultera dans la presse ou on se battra dans les loges. Oasis, c'est pas une success story. C'est une tragédie rock à deux voix. Et c'est p'tet pour ça qu'on les aime, ces sales gamins.

    Un soir avec Jacques Brel

    Play Episode Listen Later Jun 19, 2025 2:52


    Paris, 1966. Le rideau tombe sur la scène de l'Olympia, où Jacques Brel vient de livrer une fois de plus, un récital bouleversant. Le public, encore sous le choc, applaudit à tout rompre. Brel, épuisé mais exalté, quitte les coulisses sans un mot, son regard déjà tourné vers la nuit qui s'ouvre. Il retrouve ses amis dans un bistrot discret de Montmartre, un lieu qu'il affectionne pour son ambiance chaleureuse et son absence de prétention. Autour d'une table de bois usée, les verres se remplissent et la conversation s'anime. Brel, toujours en quête d'authenticité, écoute autant qu'il ne parle, car il ne peut s'empêcher d'observer les visages et de capturer les émotions. On ferme ! Oh non ! Brel insiste pour avoir le petit dernier en forçant un accent brusseleir mais ça ne marche pas, alors rentré dans son immeuble, il va réveiller Georges Brassens, son nouveau voisin de palier. Les deux artistes et amis de longue date échangent des histoires, des nouvelles et des rires. La nuit avance, la bouteille se vide, mais l'énergie ne faiblit pas.Cette fois, il n'est plus d'heure, Brel suggère de continuer la soirée chez lui, où quelques bouteilles de Chartreuse les attendent. Brassens refuse mais Brel insiste. Chez Brel, la musique reprend, les discussions s'intensifient, Jacques en est à la philosophie, aux grands sermons, il s'emporte, refait le monde, il est vrai qu'il n'a pas besoin d'aller jusqu'au bout de la nuit pour livrer sa version définitive du sens de la vie. Ce n'est pas que l'homme soit méchant, en définitive, mais il est toujours perdant à vivre avec les autres, non ce qu'il faut c'est être libre … Mais à l'aube, il est seul, Brassens, épuisé, s'est endormi sur le canapé. Brel le raccompagne à son appartement, non sans difficulté, et alors qu'il le couche, Brassens ouvre un œil et murmure : Je prendrais bien un petit dernier !  Le lendemain soir, Jacques se rend dans son restaurant favori. Il est rentré à Bruxelles dans la journée. Assis à sa table favorite, il déguste des croquettes de crevettes, son plat préféré, tout en prenant des notes dans un carnet. Il note des idées, … Une nouvelle chanson ? Il ne sait pas encore. Il observe les clients, le personnel, en écoutant les conversations autour de lui. C'est dans ces moments de solitude et de réflexion que naissent ses plus belles histoires. Ainsi vous avez assisté à une soirée classique avec Jacques Brel : entre passion, amitié, musique et recherche incessante de vérité. Un homme loin d'être parfait mais qu'il ne revendique pas, non, il est profondément humain, toujours en mouvement, toujours en recherche, laissant derrière lui des femmes tristes mais des souvenirs impérissables.

    Un soir avec Linda Perry

    Play Episode Listen Later Jun 18, 2025 2:58


    Nous sommes à la fin des années 80 dans les rues de San Francisco. Le quartier animé du Castro, où une jeune artiste venue du Massachusetts, vit dans une petite chambre sans fenêtre. Qu'est-elle venue faire loin de sa côte est et de New York ? Elle est artiste, d'accord, mais alors pourquoi pas Los Angeles, là où tout se passe. Et en effet, le jour, elle travaille comme serveuse pour le soir, arpenter les rues avec sa guitare, jouant ses compositions originales aux passants qui sont, il faut bien le dire, beaucoup plus réceptifs aux artistes et à la musique folk dans cette ville où est né, 25 ans plus tôt, le mouvement hippie. Ce soir-là, elle se produit au Nightbreak, un club de Haight Street aujourd'hui disparu mais à l'époque réputé pour sa scène alternative, et aussi son vin californien, ses bières mexicaines et jamaïcaines, je peux en témoigner, j'y ai traîné au même moment. Elle m'a peut-être servi, cette demoiselle dont vous devinez qu'elle n'y est pas restée, dans ce bar. La salle est modeste, mais l'ambiance électrique, c'est pour ça qu'on y vient ou que d'autres nous y emmènent. Linda, j'ai oublié de vous dire que la jeune fille se prénomme Linda, monte sur scène, coiffée d'un chapeau particulier dans le Massachusetts mais ici c'est ok. Et elle entame une chanson qu'elle a écrite dans sa chambre, vous savez la petite chambre sans fenêtre dont je viens de vous parler. Dans le public, un gars qui rame assez bien pour le moment. Il s'appelle Stephan Jenkins, et il est dans le désordre le futur leader de Third Eye Blind, un groupe pré grunge qui va vendre des millions d'albums, et qui sera par après le compagnon de Charlize Theron et de Vanessa Carlton. Mais pour le moment, il est juste rien, enfin il est lui, ce qui est déjà pas mal avec ce que je viens de vous dire et il est captivé, le gars. À la fin de la prestation, il l'aborde, et les voilà à discuter de leur vie qui commençait, comme disait la chanson de Michel Fugain. Elle lui rejoue son What's Up?, car vous avez deviné qu'il s'agit de Linda Perry des 4 Non Blondes, et lui son Semi-Charmed Life. Ils ignorent évidemment que ces chansons deviendront immortelles, ce qui ne rend l'instant présent que plus beau.Après ça, Linda et quelques amis se dirigent vers le Paradise Lounge, un autre endroit emblématique de la scène musicale de San Francisco. Là, elle improvise un mini-set acoustique, captivant l'audience évidemment, avec sa voix et puis ses textes. La nuit se termine dans un café du Mission District, où artistes et musiciens se rassemblent pour discuter, partager des idées et rêver de succès. Linda, bien que fatiguée, est inspirée. Elle griffonne des paroles sur une serviette en papier, peut-être les prémices d'une future chanson à succès.

    Un soir avec Coluche

    Play Episode Listen Later Jun 17, 2025 3:27


    Il fut un temps où, si vous vouliez passer une soirée avec Coluche, c'était possible, et sans payer votre ticket de théâtre, quand il était à l'affiche. Si vous étiez copain avec lui, ou le copain d'un copain, il suffisait de sonner à la porte de sa maison, à Paris. Ah ils sont très nombreux à connaître la façade carrée de briques rouges du numéro 11 de la rue Gazan, avec la cour jardin sur le côté gauche, derrière une grille où on gare les motos et mobylettes.Oui, il a beau être devenu une star, Coluche a gardé le plaisir, l'instinct de vivre en meute. Il est d'ailleurs interdit de prendre rendez-vous, de demander l'autorisation de passer et obligatoire de s'asseoir, boire un coup et accepter la bouffe qu'on va vous servir. L'installation parle d'elle-même : la juxtaposition des divans devant la télé, la série de chaises de bistrot et de chaises longues vous appelle quand vous entrez dans la salle de séjour, très éclairée. Il y a beaucoup de chance que ce soit Gérard Lanvin qui soit venu ouvrir la porte. Oui, le comédien qu'on a tous vu dans le terrible film, Tir groupé, et qui nous a fait rire dans Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine. Gérard habite là. Car c'est Coluche qui l'a emmené dans le métier, l'a tiré des puces de St Ouen où il vendait un tas de trucs. Au début Gérard conduisait la voiture, la camionnette, décrochait le téléphone, faisait un peu tout. Puis il a construit un café théâtre avec d'autres potes, Le Point Virgule, c'est lui qui y a fait entrer tout le bois des banquettes et du balcon. Puis Gérard a fourni des vannes à Coluche, pour le spectacle mais aussi les émissions de radio. Et même quand Véro est partie, Gérard est resté, enfin, un temps, on ne va pas s'attarder. Mais suivons-le, entrons … Le coude sur la table, une cigarette à la main et un verre de whisky devant lui, c'est Eddy Mitchell, bien sûr, le grand pote, avec Renaud, pas loin, avec un demi ou un pastagard. C'est le cercle rapproché des chanteurs, car la musique, ça le botte, Coluche, il aurait tant voulu être chanteur. Il a même monté un studio d'enregistrement dans la maison. Pour lui, oui, et que les copains utilisent pour enregistrer leurs trucs, ah ils se démerdent entre eux, dit Coluche, j'loue pas, j'suis pas dans l'commerce, moi. On ne peut pas s'empêcher de s'attarder un instant sur les casques de motos sur l'appui de fenêtre. Pourquoi il y en a tant ? Un pour chaque moto ? Non, un pour chaque usage. Enfin bref, passons, le présentoir à lunettes est beaucoup plus fun. Ça a commencé bêtement parce qu'il les paumait, ses lunettes, alors il en avait toujours plusieurs paires. Et pour rigoler, un copain lui a un jour offert un présentoir qu'il s'est mis en peine de garnir complètement. Ah oui, tous ses potes lui apportent un tas de trucs quand ils viennent. Alors, il ne les jette pas, du moins tant qu'y viennent, comme il dit. Et comme il faut les distraire, tous ces camarades, il y a deux flippers sur lesquels Mick Jagger et même Jack Nicholson ont joué, oui monsieur, et puis la table de ping pong qui remplace la piscine dans laquelle on s'est bien marrés mais au bout d'un temps, on a fini par ne plus y aller. C'est comme tout, hein, on se lasse.Oui, ce soir, chez Coluche, on va encore parler, rigoler jusque tard dans la nuit. Demain n'existe pas quand on est une bande de jeunes et qu'on se fend la gueule …

    Un soir avec Freddie Mercury

    Play Episode Listen Later Jun 16, 2025 3:21


    Munich, début des années 80. Freddie Mercury y séjourne régulièrement dans un petit appartement meublé que lui a dégoté son amie Barbara Valentin, star allemande du cinéma, égérie du réalisateur Rainer Fassbinder. Barbara adore faire la fête, comme Freddie qui adore Munich. Il aurait pu, comme David Bowie, aller à Berlin où on connaît le chemin qui mène au bout de la nuit mais voilà, Freddie a atterri dans la capitale bavaroise pour des raisons professionnelles : pour travailler avec le producteur Reinhold Mack qui s'est notamment illustré sur tous les albums à succès d'Electric Light Orchestra. Et donc c'est en découvrant le studio de cet ingénieur du son qui va renouveler le son de Queen en 1980 que Freddie constate à sa grande satisfaction qu'en plus des soirées sans fin, on le laisse tranquille quand il marche dans la rue, s'assoit dans un café. Pas de chasseurs d'autographes comme à Londres, et surtout, pas de photographes d'impitoyables tabloïds britanniques.Et donc ce soir, tout commence dans un grand restaurant. Ambiance chic, couverts en argent, Freddie est invité par des gens qui veulent lui parler affaires. Freddie s'ennuie rapidement. Il soupire. Et quand l'un des convives ose faire une blague sur son look, Freddie se lève, balance sa serviette et sort. Rideau. Le voilà dans la rue sous les lampadaires, habillé en rock star, perfecto noir, lunettes fumées et bottes de cuir, quand au coin de la rue, il entend de la musique. Des rires. C'est une fête, étudiante, on dirait. Freddie sonne à la porte. On ouvre. Le reconnaît-on ? Il n'en sait rien. Son nouveau look cheveux courts et surtout moustache n'est pas encore vraiment connu de tous. Et puis des moustaches comme la sienne, en Allemagne, à cette époque, il y en a à tous les coins de rue. Alors Freddie entre, prend une bière, s'assoit avec les autres, discute, rigole. Puis, il entend quelqu'un jouer sur un piano droit, s'approche, demande si il peut, s'installe et joue Bohemian Rhapsody. La salle se fige, murmure. Puis explose. Tout le monde chante. Freddie monte sur une table, improvisant un récital improbable devant une trentaine de jeunes gens ébahis. Et vers quatre heures du matin, c'est lui qui sert les bières derrière le bar, blaguant, hilare, avant de filer au petit matin en lançant un : Thanks for the party, darlings! C'est ça, Freddie Mercury. Chanter devant dix mille spectateurs ou trente convives, ça reste le même plaisir. Et si cette histoire qui circule et que j'ai enjolivée n'est pas tout-à-fait exacte, quelle importance. Elle a forcément eu lieu. J'ai assez assisté à des scènes de ce genre pour savoir que c'est arrivé et que ça se produit encore, enfin peut-être plus parce qu'aujourd'hui des gens sortent aussitôt leur portable pour filmer. Freddie n'aurait pas aimé car ce qu'il appréciait par-dessus tout, c'était de vivre, faire la fête, pas la regarder. La vraie vie, quoi.

    On ne sait rien d'eux : Joan Osborne

    Play Episode Listen Later Jun 6, 2025 2:42


    Quand on milieu des années 90, une chanson intitulée One of Us, se met à tourner en radio et qu'on découvre la jeune femme qui l'interprète dans un clip, on se dit qu'on va faire connaissance avec l'artiste, que ce n'est que le début de son histoire avec nous. Et pourtant ce n'est pas ce qui va se passer car, vous le savez, que sait-on de Joan Osborne dont on n'a retenu, finalement, que cette chanson. Et bien déjà, sachez qu'elle n'aurait jamais dû être une star de la musique. Car quand à la fin des années 80, Joan quitte son Kentucky natal pour étudier le cinéma à New York, rien, absolument rien, ne la prédestine à se retrouver un jour au sommet des charts, aux côtés de Madonna et Michael Jackson.Mais voilà, un soir, dans un club de Manhattan, ses amis la poussent à prendre le micro. La voix sort. Râpeuse, chaude, habitée. Le public est scotché. Joan vient de trouver sa voie et sa voix. Et là, c'est le coup de théâtre. Un musicien de Philadelphie, Eric Bazilian, écrit une petite chanson, presque pour rire, pour séduire une fille. Il n'y croit pas une seconde. Mais son producteur, Rick Chertoff, entend le truc et se dit : Et si Joan la chantait ?La suite est fulgurante. En 1995. L'Amérique, puis nous, découvrons son One of Us. Une guitare qui traîne, une voix pleine de spleen, avec cette question insolite : Et si Dieu était l'un de nous ? Juste un paumé comme nous… Dans un monde qui court après le progrès, Joan Osborne lâche une bombe douce : un morceau spirituel, presque naïf, qui fait le tour du monde, plantant le doute dans la tête des croyants comme des sceptiques. Le clip passe sur MTV, on l'entend dans les cafés, les pubs, les voitures. Joan est partout. Elle est tout en haut de l'échelle de Jacob. Mais jamais elle ne fera mieux.Et c'est peut-être ça, le plus beau. Joan Osborne n'a jamais couru après le tube suivant. Elle a préféré suivre sa route : jouer du blues, reprendre du Dylan, chanter du gospel, être sur scène. Une carrière à contre-courant, à hauteur d'âme. One hit wonder ? Comme disent les Américains. Peut-être. One of a kind ? Comme disent les Anglais. Sans aucun doute.

    On ne sait rien d'eux : Philippe Timsit

    Play Episode Listen Later Jun 5, 2025 3:10


    On a peu d'images des shows de Claude François, ce qui est bien dommage entre parenthèses car il est de loin, la plus grande bête de scène que le métier français ait connu. Mais, vous le savez sans doute, la tension était les jours de concert aussi élevée que le niveau d'énergie dépensé, alors cette image de Claude François sermonnant rudement son éclairagiste n'est pas passée inaperçue depuis cette année 1977 où elle a été captée par une équipe de télé. Et bien, figurez-vous que cet éclairagiste qu'on ne voit pas à l'image, se nomme Philippe Timsit. Et que, quelques mois plus tard, ce jour fatal du 11 mars 1978, il se retrouve sans boulot car il tournait énormément avec Cloclo. Alors, puisque dans le domaine de la variété, on a déjà tout vu en France, comme un laveur de voitures qui devient vedette de la chanson, alors pourquoi pas lui ? Philippe en parle à Paul Lederman, l'agent de Claude François qui lui dit, OK ! C'est vrai, il écrit de chouettes chansons, Timsit, voyons ce que ça va donner. C'est ainsi que paraît en 1979 le premier 45 Tours de Philippe Timsit qui n'a aucun succès, tout comme le suivant. Il faut dire que les textes sont un peu légers, c'est du déjà entendu. Mais le chanteur a un style et une voix différente. Il vend bien son texte. Faut juste qu'il ponde celui qui va vraiment émouvoir. Et puis il a un son, aussi. Grand bien lui prend, à son producteur, de persévérer car en 1981, c'est la bonne pioche avec cette chanson mélancolique qui parle d'un temps révolu, celui des yéyés au Golfe Drouot où beaucoup de stars sont nées mais où d'autres musiciens n'ont pas réussi à trouver la lumière, ou la garder sur eux. Et c'est le cas d'Henri, qui habitait Porte des Lilas et qui se rappelle au bon souvenir de quelqu'un, à vous de l'imaginer, de cette époque lointaine où il a été sous les feux de la rampe et dont les souvenirs se sont figés. C'est la même inspiration musicale, la même façon de chanter mais cette fois, le disque interpelle, accroche dès la première écoute et paradoxalement, cette histoire de loser vaut un immense succès à Philippe Timsit.Un succès sans lendemain, les disques suivants ne fonctionnent pas, alors, comme il connaît très bien ce métier de l'intérieur, Philippe retourne à son métier de régisseur pour les plus grands, de Michel Sardou à Claude Nougaro en passant par Michel Fugain. Combien de fois s'est-il repassé cette histoire dans sa tête à l'ombre de ceux à qui il donnait la lumière ? On ne le saura jamais, mais il nous a laissé un sacré testament avec cette histoire que combien d'artistes ont vécu avant de disparaître du showbiz.

    On ne sait rien d'eux : Spin Doctors

    Play Episode Listen Later Jun 4, 2025 3:34


    Si je vous dis, Spin Doctors, vous allez probablement répondre Quoi ? Mais si je vous mets le disque … j'entends déjà les ah oui, ça ! Quel énorme tube au début des années 90 pour ce groupe sorti de nulle part, et pour cause, il fait partie du mouvement qu'on a appelé le rock alternatif. Peu importe finalement le nom qu'on lui donne, ce qui compte, au début des années 90, c'est le succès fulgurant des groupes Nirvana et Pearl Jam, tous deux sortis de la même ville du fin fond des Etats-Unis qui réveille subitement les géants de l'industrie du disque. Et oui, elles n'en avaient plus que pour le Hip hop et le Rap, d'un côté, et le métal de l'autre. Et au milieu ? Et ben, il y a une foule de groupes rock qui se font éditer par des labels indépendants, locaux, à cause de leur manque d'intérêt. C'est d'ailleurs de là que sort Nirvana.Alors quoi ? Qu'est-ce que vous attendez ? disent les boss des grandes boîtes à leurs chercheurs de talents qui déjà découvrent qu'ils ont plein de groupes dans leurs écuries et que ça serait bien de mettre des sous sur leur nouvel album, genre Faith No More … et bien sûr ils signent tout ce qui bouge, ou presque.Dans le cas des Spin Doctors, ils n'ont pas dû aller bien loin, ils sont de New York. Et leur musique est un mélange de musique rock, funk, punk, on ne sait pas bien mais c'est ce qui est à la mode, la fusion, alors, on les pousse ? Et voilà que leur album sorti l'année précédente décolle au son d'un single qui, il faut bien ce qui est, est d'une efficacité redoutable. Mais si vous ne faites rien pour le faire entendre, évidemment, il ne se passera rien pour eux ou pas grand chose. Y a pas encore internet en 1992.Et ainsi du jour au lendemain, on voit les Spin Doctors, notamment sur MTV qui est en demande de clips depuis que tous les mômes sont en pâmoison devant les vidéos de Nirvana et Pearl Jam. On glisse le titre sur les compiles aussi, même si c'est une compile grunge, hein, allons-y, ils ne verront pas la différence. Ben si, justement, il y a une différence, les Spin Doctors, c'est un groupe rock tranquille comme les Soul Asylum et les Counting Crows, tiens, qui vont être poussés de la même façon. Ca vous dit quelque chose ? Je vous fais entendre … Et c'est vrai qu'on les entendus partout et qu'on n'a pas fait l'effort promo avec l'album suivant évidemment, on avait fait entrer trop de monde dans la maison pour les pouponner tous, ces bébés. Alors on n'a plus entendu parler des Spin Doctors, Chris Barron, le chanteur, a aussi eu un problème aux cordes vocales, ce qui n'a pas aidé. On aura eu le temps de les voir à Werchter, sur la grande scène bien sûr, et de pogoter comme des malades sur leur titre, Two Princes. Je dois rappeler des souvenirs à certains, on était quand même nombreux cet été-là, y avait Rage Against the Machin, Peter Gabriel et Aerosmith qui jouaient juste après. Alors on se le refait ce Two princes des Spin Doctors ? Ça veut dire quoi ? C'est des gars qu'on appelle au secours quand il faut rectifier la mauvaise posture d'un homme politique, façon de dire que ces gars font de la musique comme un discours.

    On ne sait rien d'eux : Duffy

    Play Episode Listen Later Jun 3, 2025 4:08


    Avec sa voix et ses intonations soul retro qu'on dirait tout droit sorties d'un enregistrement de la Motown des sixties, Duffy a illuminé la fin des années 2000. Vrai, d'où sortait cette fille pour se hisser à la hauteur de l'inimitable Amy Winehouse ? Quels débuts fracassants avec cet album vendu à plus de six millions de copies et je ne vous parle pas de son propre pays où elle est un véritable phénomène avec son premier single écoulé à 500.000 exemplaires. Un demi-million de CD singles en 2008, vous vous rendez compte ?Duffy, c'est son vrai nom, son nom de famille, se prénomme Aimée. Un patronyme bien français mais on ne s'en étonne au Royaume-Uni, même au Pays de Galles, une région en retrait mais qui a quand même donné son lot de stars. Si je vous dis Tom Jones, les Stereophonics ou Bonnie Tyler, on y est. Et finalement, n'est-ce pas de ces embruns venus de l'Atlantique et des hautes plaines du pays gallois que vient ce grain dans la voix et ce souffle particuliers qu'ont ses habitants quand ils chantent. Et qui vous fait dresser les poils, venir la larme à l'oeil quand ils poussent en plein refrain. Duffy est de cette race d'interprètes. Comme beaucoup de Britanniques, elle a grandi avec une maman dingue de soul américaine. Vous n'imaginez pas à quel point cette musique est populaire en Grande-Bretagne, c'est comme la génération yéyé en France, c'est pareil. Et puis brusquement, un traumatisme pas banal à l'adolescence. Comment, à 14 ans, gérer son stress, le sentiment d'insécurité particulièrement quand la police vous exfiltre de chez vous pour vous cacher car elle a découvert que l'ex-femme de votre beau-père a engagé un tueur à gage pour l'assassiner ? Duffy part vivre chez son père, sa mère et ses soeurs coupent les ponts avec elle, elle devient une adolescente rebelle qui s'adonne au binge drinking comme beaucoup de filles de son âge d'ailleurs, un fléau qui s'abat sur les îles britanniques au début du siècle et que le pays va avoir du mal à gérer. Heureusement qu'il y a la musique, qu'elle a dans le sang, et qui la suit durant toutes ses années d'études. C'est ainsi que revenue dans son Pays de Galles après des années d'études supérieures, Duffy participe à une émission de télé locale à la recherche de nouveaux talents. Aimée Duffy termine deuxième et sort un EP qui lui sert de carte de visite.C'est ainsi que naît le fameux album Rockferry. Bye Bye le job de serveuse et d'employée dans une poissonnerie, la voilà propulsée révélation mondiale, multipliant les singles et établissant son nom. Un feu de paille malheureusement. Que se passe-t-il ? L'album suivant ne tient pas les promesses du premier. Suivi par un début de carrière au cinéma et puis plus rien. Duffy disparaît. Elle dira bien plus tard avoir été séquestrée dans un pays à l'étranger, on n'en sait pas plus mais toujours est-il qu'il n'y a pas eu de suite à ce début de carrière éblouissant. On attendait d'elle de prendre la place d'une Amy Winehouse dont le parcours dramatique ne lui a pas non plus permis de dépasser le cap du deuxième album. Reste ce tube gigantesque et tous les autres de l'album Rockferry, indispensable, et cette merveilleuse chanteuse au look de Brigitte Bardot des années 60. Elle s'appelait Duffy, elle avait un talent fou.

    On ne sait rien d'eux : Elégance

    Play Episode Listen Later Jun 2, 2025 3:47


    L'autre jour, je fouillais dans les 45 tours que j'ai achetés dans les années 80 et dont une bonne partie tourne sur Nostalgie depuis 25 ans et je me disais qu'on sait finalement peu de choses, sinon rien, sur la majorité des artistes dont les chansons, du moins certains, sont devenues des classiques. Regardez Elegance, le groupe dont le tube ressort inévitablement chaque été avec le même bonheur. Parce que c'est clair qu'on s'y voit ou qu'on s'y revoit sur le chemin des vacances dès le premier couplet. C'est d'ailleurs une des forces imparables de ce titre qui fait partie de la légende des années 80. Mais finalement qui est-ce ? Vous pourriez ne fut-ce que dire combien ils étaient ces gars-là ? Je vous raconte.En 1981, grâce à Chagrin d'amour, la preuve est faite qu'on peut faire du funk et même du rap en français avec bonheur. Est-ce cela qui motive trois jeunes gens qui oeuvrent dans la musique à se mettre ensemble pour tenter de faire le même coup ? Allez savoir. Toujours est-il que Marc Ricci, Pierre Zito et Patrick Bourges décident de former Elegance pour nous emmener dans un univers nettement moins borderline. Ils ont respectivement 22, 26 et 18 ans et chacun apporte son expérience. Marc est DJ au Palace à Paris et au Papagayo à St Tropez, c'est la grande époque des platines, du funk et du hip hop mais aussi les remarquables débuts des rythmes automatiques de la new wave. Marc a tout entendu de Prince, Earth Wind & Fire et Orchestral Manoeuvres, alors pourquoi ne pas marier les deux en faisant un truc très groovy avec des synthés ? Pierre est musicien, claviériste, c'est sur lui que va reposer la composition des mélodies. Patrick, lui, est chanteur, il va assurer les refrains car les couplets vont être slammés par le DJ, Marc, qui connaît la musique, c'est le cas de le dire. Inutile de vous dire que le mariage de ces trois talents fait de cette chanson sans prétention, hein, un truc définitif, tellement qu'aucun d'eux n'imagine alors qu'elle fera encore du bien à tout le monde, plus de 40 ans après.Et en parlant d'après, je sais ce que vous pensez, ils n'ont plus rien fait. Ben si, justement, pas mal de 45 Tours avec Élégance, déjà. Au moins un par an. Mais aucun ne rentre dans le Top 50. Est-ce le manque d'envie, d'inspiration, du vite fait, de la paresse, on n'en sait rien mais force est de constater si tous sont bien réalisés et balancés, ça ne fonctionne pas, du moins pas de la même façon que ces vacances qui leur ont valu de vendre un million de singles en 1982. Oui, je sais, j'en entends certains qui disent : il va oublier de dire que la chanson a été arrangée par François Feldman qui était alors inconnu. C'est vrai mais il a aussi travaillé sur d'autres titres d'Élégance, donc. Marc est retourné à ses platines, et avec quel succès car quand l'ère des DJ est venue, ben, il a cartonné avec les fameux Hotel Costes et les compiles du même nom, et puis des chansons pour beaucoup d'interprètes de Marc Lavoine à Yannick Noah en passant par Alain Chamfort et Chimène Badi. Quant à Patrick, il a aussi écrit, avec Pierre, pour d'autres, comme le fameux Un enfant de toi de Phil Barney. Élégance s'est séparé en 1986 mais on ne les a pas oubliés, en tout cas pas le nom de leur groupe.

    C'est arrivé à Cannes avec Serge Gainsbourg en 1974

    Play Episode Listen Later May 23, 2025 3:32


    Pourquoi aller au Festival de Cannes quand on est artiste mais qu'on n'a rien à y vendre ? C'est ce que doit se dire Serge Gainsbourg en ce mois de mai 1974 où malgré vingt années de métier et un unique immense tube international en 1969, il n'est toujours pas une star. Ses récents albums Histoire de Melody Nelson et Vu de l'extérieur n'ont pas marché du tout et ça lui a fait mal. Il était pourtant sûr d'avoir fait œuvre de nouveauté, de culot. On a beaucoup entendu Je venu te dire que je m'en vais à la radio, mais c'est tout. Aucune reconnaissance du public si ce n'est ceux qui élèvent la voix pour dire qu'ils n'aiment pas Gainsbourg, ce gros dégueulasse. Par contre, pour Jane, tout va bien. C'est un peu elle qui fait bouillir la marmite à leur domicile, rue de Verneuil. Les disques qu'il lui écrit marchent bien et surtout, Jane est devenue une star du cinéma : trois films l'an dernier et cinq cette année dont un actuellement en tournage, pas loin de Cannes, avec Pierre Richard (et qui entre parenthèses va connaître un succès considérable). Alors Cannes, c'est plutôt une évidence pour Monsieur Birkin, comme certains commencent à dire pour se moquer de lui. En ce mois de mai, un petit tour lui fera du bien pour se regonfler le moral. Il faut dire que l'émission de télé que les Carpentier lui ont, enfin, proposée a été un fiasco d'audience. Ce soir du Top à Serge Gainsbourg, il avait beau avoir convié Françoise Hardy et Jacques Dutronc, et puis Jane aussi, les gens ont regardé l'autre chaîne. Et pour cette majorité qui n'a pas regardé, la presse donne le coup de grâce : Pourquoi invite-t-on Serge Gainsbourg ? Il n'a aucun talent, il est sale et mal rasé.Et donc, ce photographe qui reconnaît le couple Gainsbourg Birkin et lui demande de poser devant le Carlton aux couleurs du nouveau James Bond avec Roger Moore, ça lui fait du bien, à Serge. Son sourire radieux et spontané fait plaisir à voir. Et qu'est-ce qu'elle est belle, Jane, comme ça, nature, avec son jean et son panier de courses en osier qu'elle vient de rendre à la mode. Et si on faisait d'autres photos sur la plage ?Gainsbourg ne se fait pas prier. D'autres photographes se joignent à la séance improvisée, des vacanciers s'attroupent autour d'eux, tu as vu, c'est Jane Birkin, c'est Gainsbourg. Serge s'en trouve un peu requinqué, et ça tombe bien, en buvant un café dix minutes plus tôt, il est tombé sur un article de Nice-Matin qui disait : Personne de sensé n'aime Serge Gainsbourg. Il est dépravé, méprisant et chante comme un drogué, régurgitant des chansons que personne ne comprend.Alors, invité à un déjeuner au restaurant, Gainsbourg a enfilé son fameux veston sombre à fines lignes. Assis en bout de table avec devant lui un pot de langues de belles-mères, ces fameuses plantes à la mode en forme de couteau dressé vers le ciel, un producteur vient s'asseoir à côté de lui : Dites, j'ai vu votre émission. J'ai senti que la réalisation venait de vous. Le jour où vous voulez réaliser un film, venez me voir. Gainsbourg remercie dans un souffle, en écrasant sa Gitane, il sait ce que vaut une promesse de festival. Mais bon, Jane va repartir tourner ce fameux film La moutarde me monte au nez, alors, pourquoi pas, écrire et réaliser un film. Ainsi va le Festival de Cannes …

    C'est arrivé à Cannes avec John Lennon en 1971

    Play Episode Listen Later May 23, 2025 3:24


    Mai 1971, le Festival de Cannes s'apprête à vivre ce qui est, rétrospectivement, un événement de taille, et pourtant, sur le coup, on dirait que tout le monde passe à côté. Oui si vous aviez cette année-là arpenté la Croisette, où la foule ne se pressait pas encore en masse comme aujourd'hui, vous auriez croisé John Lennon. Nous sommes juste un an après l'annonce officielle de la fin des Beatles, l'histoire est encore du présent, tout le monde pense qu'ils vont se remettre ensemble et John Lennon est là, tranquille, sans se faire harceler par des fans des Beatles qui soit, ne sont pas au courant de sa présence, soit sont passés à autre chose. Il faut dire que depuis quelques années, Lennon a tout fait pour casser le mythe de l'idole : des albums solos expérimentaux pour ne pas dire ridicules, des appels à la fin de la guerre rendus inaudibles, eux aussi, par une faune dont il s'entoure ou qui profite de lui, et bien sûr ses errements dans des événements artistiques d'avant-garde comme les deux films qu'il a réalisés avec sa femme Yoko et qui vont être projetés au cours du festival.N'empêche, quel moment privilégié, loin de la folie des années écoulées et quelle occasion que ce Festival de Cannes où on le voit répondre à des interviews de journalistes avec le même humour et le même décalage qu'à l'époque de la Beatlemania. Il n'a en fait pas changé. Il a en vérité, toujours été le même, malgré la pression, malgré la fureur hystérique qui régnait autour de lui. Ça lui faisait plaisir, ce succès, mais jamais cela ne lui est pas monté à la tête. Alors on le voit ce soir, à table avec des amis dont Louis Malle et Jeanne Moreau, John est allé assister avec eux à la projection de leur film. On fait peu de photos à l'époque, qui a un appareil sur lui, mais on est à Cannes et les photographes accrédités sont déjà nombreux, à la pêche aux clichés à vendre à des rédactions.Mais John Lennon avec ses lunettes rondes fumées et sa veste en jeans ne vaut plus les colonnes à la Une désormais réservées aux Rolling Stones, Led Zeppelin et les Doors. C'est à peine si on entendra parler du public de la salle qui a hué la projection de son film, il faut dire qu'on y voit une mouche se promener durant 25 minutes sur le corps nu d'une actrice. Ah il n'y avait pas que ça, ils ont aussi projeté un autre de ses films nommé Apotheosis, une grosse production, là, puisqu'il s'agit d'un ballon dont il a filmé avec Yoko l'ascension jusqu'aux nuages durant 17 minutes.Comme quoi, si vous pensiez qu'on a tout vu à Cannes, c'était déjà plié en 1971 dont on ne doit retenir que la présence de l'ex-Beatle, charmant, tranquille et plein d'humour. Mais avec les idées bien en place quand on lui parle musique. Tenez, comme à ce journaliste de la télévision norvégienne, à qui il explique qu'il n'est pas heureux quand on le réduit aux Beatles. La musique des Beatles, c'est l'œuvre d'un groupe ; lui, en tant qu'artiste, ce qu'il veut à présent, c'est savoir ce qu'on pense de la musique qu'il fait seul, aujourd'hui, car c'est de lui qu'il parle, ce qu'il ressent. Et cette musique en 1971, c'est par exemple cette chanson …

    C'est arrivé à Cannes avec Johnny Hallyday en 1962

    Play Episode Listen Later May 22, 2025 3:36


    Autant on parle des années 80 aujourd'hui, autant dans les années 80 on rêvait des années 60. Ah c'est vrai que c'était pas du pipeau, non plus, les sixties. Tenez imaginez-vous en ce mois de mai 1962, sous le soleil du Festival de Cannes, car c'est encore une de ces éditions qui bénéficie d'une météo splendide. Vous la voyez cette affiche de film devant l'hôtel Carlton ? On ne peut pas la louper avec Alain Delon en grand, aux côtés de Monica Vitti. Le film se nomme L'éclipse, signé Michelangelo Antonioni, un film oublié aujourd'hui mais il va remporter le prix spécial du jury et c'est mérité. Une Jaguar cabriolet décapotée passe sous l'affiche, pas de quoi étonner les passants à Cannes, sauf qu'au volant, c'est Johnny Hallyday tout juste débarqué d'avion pour un passage éclair. Mais que fait-il là ? On ne va pas tarder à le savoir, y a sûrement de la promo dans l'air pour le jeune sauvage de la chanson française qu'on va cette année surnommer Yéyé et qui est aussi désormais acteur.Et de fait, il rejoint sur la plage, à deux pas du Carlton, l'actrice allemande Elke Sommer, l'héroïne du film De quoi tu te mêles Daniela, qu'on a vu l'an dernier et pour lequel son ami Eddy Mitchell et ses Chaussettes noires ont interprété une chanson signée Charles Aznavour … La pose des deux jeunes gens devant les caméras et les objectifs n'est pas innocente, on annonce en effet que Johnny et Elke joueront bientôt ensemble. Et le voilà assis sur le porte bagage d'un vélomoteur conduit par celle qui partage sa vie, Patricia Viterbo, et qui n'est pas encore actrice. Ils vont prendre un bateau pour voir Cannes depuis le large, puis il y aura une partie de pétanque, c'est un vrai Français, notre Johnny. Allez, on ne pointe pas sans boire un ballon de blanc sorti d'un pichet bien frais.Mais le Festival reprend déjà le dessus, Johnny est à présent attablé avec des professionnels du cinéma, on le retrouve assis à une terrasse aux côtés de Ludmila Tcherina, une des rares danseuses étoiles à avoir réussi une carrière d'actrice. On lui demande un autographe, Johnny s'exécute aimablement, il va déjà repartir, ce garçon a décidément un V8 sous la chemise. Il faut dire que le Twist l'appelle, cette danse rock venue d'Amérique dont il a ravi la vedette à Richard Anthony et qui lui vaut une mauvaise réputation auprès d'une bonne partie de la belle société, horrifiée de le voir “remuer comme un singe et se traîner par terre”, disent-ils. Mais ce n'est pas à cela que nous assistons, un orchestre mexicain, en tout cas en tenue mariachi, joue un twist exécuté par des enfants habillés aussi en tenue mexicaine, Johnny se joint au groupe pour son fameux pas de danse, il est tout sourire, aimable, loin de la mauvaise réputation qu'on lui fait.Ce soir, Johnny enfilera un smoking qui convient si bien à cette époque dont nous n'avons gardé le souvenir qu'en noir et blanc, il montera et descendra les marches de l'escalier de l'ancien Palais Croisette, il va soutenir Claude Chabrol, un des rois de la Nouvelle Vague, et puis, il finira la nuit au Whisky à Gogo, évidemment, en dansant et chantant. Le lendemain, Johnny s'envolera pour New York, un peu à la manière de ces acteurs américains venus se montrer au monde entier, comme chaque printemps, sur cette Côte d'Azur où il se passe tant de choses. Tenez, un peu plus loin vers Marseille, à St Tropez, un gars nommé Claude François donne des cours de danse.

    C'est arrivé à Cannes avec Michael Jackson en 1997

    Play Episode Listen Later May 21, 2025 4:03


    Je vous l'ai dit, et vous le devinez sans peine, il vaut mieux voir le Festival de Cannes à la télé que sur place. Sur place, on ne voit rien, et quand il se passe quelque chose, c'est la cohue, ça dure deux secondes et c'est terminé. Ou alors il faut avoir un rendez-vous et ça, c'est autre chose. Et puis, il y a des jours plus calmes que d'autres, ça dépend en fait de qui va monter les marches le soir, car à un moment où l'autre, ce “qui” va se déplacer en ville, se pointer dans un restau ou une fête au milieu de la nuit. Ainsi de ce 8 mai 1997, où l'hôtel Carlton est en ébullition. Oh on a l'habitude de voir des stars au Carlton, 14 ans plus tôt Elton John y a même tourné un clip mythique … les murs de sa suite se souviennent encore de la fiesta qu'il y a faite avec les musiciens de Duran Duran. Mais revenons à ce 8 mai 1997 où il n'y a non seulement pas moyen de passer sur le trottoir devant, ni de déambuler dans le hall car Michael Jackson arrive. Que vient-il y faire ? Et bien, présenter en avant-première son film Ghosts ? Un moyen métrage d'une demi-heure, il refait le coup du clip grand format de Thriller en 1983. Mais ici, c'est plus grand, plus long, plus fort. La projection a lieu à minuit, évidemment, il fallait y penser. C'est donc sur une Croisette nocturne que sa limousine s'engage après qu'il ait, tout sourire, réussi à s'extirper non pas de la foule mais de la cohue des cameramen et photographes qui l'attendent dans le hall. Ah oui, plus de 200 chaînes de télé et titres de presse de 70 pays sont accrédités pour cette soirée.Sur le trajet, relativement court, entre l'hôtel et le palais des festivals, quelques jeunes fans courent à côté de la voiture, l'ambiance est bon enfant, sans stress, m'enfin, on est un peu étonnés d'en voir une courir très vite en tenant ses béquilles dans la main gauche. A l'arrivée, pas moyen de sortir, trop de monde, la foule déborde, il y a même des gens perchés dans les palmiers, le chauffeur s'arrête donc avant l'espace du photocall pour permettre au service d'ordre et aux gardes du corps persos de se frayer un chemin. Grosses bousculades dans le public, des photographes râlent car ils n'ont rien obtenu de valable, Michael est passé trop vite, mais finalement, ça s'est bien passé, on attaque le tapis rouge. Michael se retourne vers le public pour un salut souriant mais trop vite à nouveau pour les photographes qui pestent à nouveau. Les fans, eux, sont heureux de ces quelques secondes où ils ont vu leur idole en vrai. Ça valait bien les deux heures d'attente et les centaines de kilomètres parcourus. Et puis les plus organisés d'entre eux qui ont fait le pied de grue la veille sous le soleil de la croisette, l'ont vu sortir sur le balcon de sa suite au Carlton. Ils ont crié après lui, Michael s'est penché au balcon et a répondu en faisant signe de la main. Il était bien plus cool que ce soir où malgré les sourires, on voit bien que les apparitions mondaines, ce n'est pas son truc.Ce n'est pas la première fois qu'un chanteur fait une apparition remarquée à Cannes pour une raison autre que le cinéma, John Lennon l'avait déjà précédé, George Harrison aussi, et encore, du temps des Beatles, il s'agit ce soir d'un vidéoclip mais la télé n'est-elle pas, après tout, la fiancée du Festival de Cannes. En tout cas le film Ghosts, ben, il tient ses promesses. Michael y joue plusieurs rôles dont certains sont inattendus, c'est un clip qu'il faut voir au moins une fois dans sa vie, surtout qu'un budget pareil, vu l'état du marché aujourd'hui, on n'est plus près d'en voir un.

    C'est arrivé à Cannes avec Robert De Niro en 1976

    Play Episode Listen Later May 20, 2025 4:06


    On en a beaucoup parlé les jours qui ont suivi, les images resteront sans doute dans l'histoire du cinéma, Robert de Niro recevant de Leonardo Dicaprio une palme d'or d'honneur en ouverture du 78ème festival de Cannes, c'est historique. Et tous les journalistes de mentionner sa toute première célébration à Cannes en 1976 qui avait lancé sa carrière et imprimé son nom dans le monde entier. On la voit encore cette affiche où De Niro se tient debout devant son taxi jaune. Près de 50 ans plus tard, Taxi Driver reste un film fascinant, qui nous montre un personnage que sa solitude a rendu inquiétant et qui, pourtant, est convaincu d'être du bon côté. Mais c'est là qu'il faut sortir des sentiers battus, des raccourcis : l'image que nous offrent les médias et surtout la télévision, car finalement c'est surtout ça, le festival de Cannes, une émission de télévision qui nous vend du rêve avec ces grands acteurs et réalisateurs, américains surtout, dans le cadre idyllique de la Côte d'azur. Car quand on s'y trouve, dans cette ville qui finalement n'est pas bien grande, au milieu de la foule agitée de gens de cinéma, de médias, de Cannois, de touristes, d'invités, c'est pas du tout la même chose. On est soit perdu, on ne sait pas où ça se passe, même si on a le badge, hein, tellement il y a des accrédités qui courent partout, soit on ne voit rien, à part la foule. Ah ben oui, je me suis une nuit, retrouvé obligé à quatre heures du matin de rentrer d'une soirée à pied, des kilomètres, car toute la croisette était à l'arrêt, coincée à mort.Alors imaginez-le, Robert de Niro, en 1976. Déjà il a pas du tout la même image que celle qui s'imprime dans votre tête actuellement. Son compère Martin Scorsese non plus, mince avec sa barbe noire, d'ailleurs essayez de le reconnaître dans le film, en client cocu dans le taxi, et fou furieux. Et bien, ils n'en mènent pas large, ces deux jeunes cinéastes. Oh Cannes, ils connaissent, enfin un peu, car ils y sont venus deux ans plus tôt, totalement inconnus, pour présenter un premier film à la Quinzaine des réalisateurs, ça s'appelait Mean streets, et leur avait valu de se faire un peu remarquer.Mais depuis, De Niro a joué Vito Corleone jeune dans Le Parrain 2, sa cote a monté et pourtant, il a refusé un blockbuster pour un tout petit cachet sur un second film avec Scorsese, Taxi Driver. Il y croit. Mais à la projection en compétition, ça ne se passe pas bien. En fait, le public, comme le jury, est terriblement divisé. Trop violent. Mais New York est comme ça ! D'accord mais vous justifiez la violence du héros ! Bref, quand il apprend que le grand Tennessee Williams, membre du jury, a détesté le film, Scorsese repart pour New York sans attendre le verdict, bientôt suivi par De Niro. Mais le jour de la délibération, deux autres membres du jury nommés Ennio Morricone et Costa Gavras bataillent ferme, alors, c'est à la surprise générale qu'on annonce que la Palme d'or va à Taxi Driver. Il n'y a plus que le producteur pour recevoir le prix, avec la moitié de la salle debout et une partie de l'autre qui siffle en guise de protestation. La carrière de Taxi Driver est lancée, on va courir dans les salles comme rarement après une Palme, et souvent on ne sera pas d'accord, après, au bistro. Robert De Niro deviendra la légende du cinéma américain qu'on connaît et du cinéma tout court, d'ailleurs. Et c'est à Cannes que ça a commencé.

    1984, quand Van Halen devient une star de la pop

    Play Episode Listen Later May 3, 2025 4:20


    1984, c'est non seulement une grande année musicalement parlant mais aussi le titre d'un album de Van Halen qui est alors l'incarnation du groupe de heavy metal. Oui, Van Halen, c'est un son … Un son à part dans la musique rock des années 70 qu'ils imposent grâce à un hit mondial, une reprise étonnante des années 60. Et c'est vrai qu'en 1984, beaucoup de ces messieurs mais aussi demoiselles croient que ce fameux Van Halen est logiquement le chanteur mais en fait il n'en est rien, Van Halen, c'est le nom de famille d'Eddie, le guitariste, et Alex, le batteur. Tous autant que nous sommes ignorons qu'ils ne sont pas Américains mais sont nés pas loin de chez nous , à Amsterdam, en Hollande. Ce n'est que 7 ans plus tard qu'ils émigrent avec leurs parents vers les Etats-Unis et s'établissent dans la ville de Pasadena. C'est là que plus tard, les frères Alex et Edward, devenu Eddie, forment leur premier groupe qu'ils baptisent Mammoth. Pourquoi ? Vous avez deviné.Entretemps, Papa Jan Van Halen, excellent clarinettiste et saxophoniste, a mis ses deux rejetons au cours de piano classique. Mais bon, au début des années septante, tous les jeunes gars ont plus envie de jouer le répertoire de Led Zeppelin et des Stones que celui de Chopin et Schubert. Eddie se met donc à la batterie et Alex à la guitare. Vous vous rendez compte à côté de quoi on a failli passer ? Pour ne prendre qu'un exemple parmi d'autres, le solo de guitare de Beat it n'aurait jamais été aussi génial. Car c'est en constatant qu'Alex est bien meilleur que lui à la batterie, que Eddie abandonne les tambours au profit des cordes de guitare. Son jeu devient rapidement révolutionnaire ; les guitaristes rock ayant une formation de pianiste classique sont en effet très rares. Et après avoir maîtrisé son instrument, Eddie comprend qu'il peut comme sur un piano jouer des notes différentes avec chaque main sur sa guitare. Personne n'y avait jamais pensé avant lui et pourtant le résultat est hallucinant et inédit. Conscient de sa trouvaille, Eddie va réussir à la cacher aux éventuels imitateurs et concurrents en jouant durant plusieurs années en tournant le dos au public. C'est l'arrivée de David Lee Roth au chant qui va changer la donne. En effet, quand celui qui n'est que le loueur de matériel, prend le micro et fait son show, le groupe devient tout simplement explosif. Fini Mammoth, bonjour Van Halen ! Mais Van Halen est surtout un groupe d'albums, entendez par là qu'à chaque disque qui sort, les nouveaux fans achètent tous les précédents. Ainsi leur premier album se vend-il aux Etats-Unis à 10 millions d'exemplaires. Van Halen, c'est une machine colossale au son tout aussi énorme qui lorsqu'il propose en 1984, déjà son sixième album, va découvrir les joies d'être N°1 au hit parade des singles. Cela fait en effet quelques années qu'Eddie Van Halen a découvert les synthés dont il s'est servi jusque-là pour encore alourdir le son du groupe. Est-ce le passage par le studio de Michael Jackson et la joie d'entendre son solo cinq fois par jour à la radio mais ici, pour la première fois, il se sert des claviers pour le rendre plus aérien, plus mélodique. Le résultat est étonnant, Jump figure aujourd'hui, avec Beat it, au panthéon des plus grandes chansons des années 80.

    1983, cette année surprenante où même David Bowie nous a demandé de danser

    Play Episode Listen Later May 2, 2025 3:59


    Parmi les figures qui ont forgé la légende des années 80, la plus foisonnante des décennies de l'histoire de la musique populaire, la présence de David Bowie est inévitable, incontournable et pourtant la plus étonnante. Inattendue je devrais dire. En tout cas en 1983. Pourquoi ? Ben il faudrait qu'on y retourne, je vous emmène ?En ce printemps 83 où on en a plus que pour Michael Jackson, U2 et Simple Minds, bref une nouvelle aube sonore et musicale, David Bowie a tout de l'artiste des années 70 où il a brillé partout. Au point qu'il est le modèle de toute cette nouvelle génération nommée New Wave qui lui a tout piqué ou presque. Est-ce pour cela qu'il a disparu depuis trois ans ? Non. Ou en tout cas pas uniquement. C'est vrai que David a un problème avec tous ces clones de lui. Il a l'impression de se voir et de s'entendre partout. Mais bon, il y a aussi eu l'assassinat de son pote John Lennon à New York alors qu'il était lui-même sur scène à deux pas de là et qui a engendré une peur bleue de se montrer en public. Et puis enfin un gros problème de relation avec sa maison de disques qu'il a dû régler. Et malgré cette longue absence, qui pourrait imaginer que de tous les albums de David Bowie, ce fameux Let's dance est de tous, celui qui a été le moins préparé et le plus vite exécuté. David n'a écrit que cinq nouvelles chansons en trois ans quand il approche des portes du studio d'enregistrement. L'option de tout écrire en une nuit en absorbant des substances illicites appartenant au passé, il lui reste celle des fonds de tiroir, ce qu'il fait en reprenant une chanson qu'il a enregistrée quelques mois plus tôt avec Giorgio Moroder pour un film d'horreur esthétique mais de série B passé plus ou moins inaperçu en dehors des couloirs du BIFF à Bruxelles et des vidéoclubs. C'est ainsi qu'il ressort également un titre dont il a coécrit la musique avec son ami Iggy Pop pour le premier album solo qu'il a produit pour lui … en 1977, encore les 70's. Ah c'est qu'il s'amuse toujours avec Iggy qui est probablement son seul ami ; il l'avait d'ailleurs emmené dans ses valises quand il avait quitté Los Angeles au milieu de la décennie, pour Paris, puis Berlin. C'est là qu'ils avaient écrit cette chanson qui, au départ, n'a rien d'une bluette puisqu'elle fait référence à la coke et à l'héroïne. C'est d'ailleurs cela qui amuse beaucoup Nile Rodgers, le producteur de Let's Dance : faire de cette China Girl un titre pop à prendre au premier degré comme le prouvera le vidéoclip. Et il fait bien vu l'incroyable succès qu'elle va rencontrer en cette année 1983.Comme Nile le dira plus tard : il m'est souvent arrivé de savoir que la chanson que j'enregistrais allait faire un tube. Comme cette fois où on a fait écouter “Le Freak” à notre maison de disques. Ils n'y ont pas cru et pourtant c'est le single le plus vendu de leur histoire. C'était le cas aussi pour le “We are family” de Sister Sledge mais pas pour “China Girl”. Nile a ainsi poussé Bowie à sortir Let's dance en premier. Bowie n'y croyait pas, il avait tort. Lui, il voulait sortir China Girl en premier. Les deux ont eu raison et ont eu tort, mais heureusement pas au même moment. Résultat, deux tubes successifs et un Bowie au sommet, qui marque la décennie de son empreinte, imposant une nouveau look et regagnant en cette année 1983 tout l'argent qu'il avait perdu dans les années 70.

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