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Le Nouvel Esprit Public
Le recul des accords de Paris / La politique de Netanyahou et l'isolement d'Israël

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Jun 1, 2025 66:40


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 28 mai 2025.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.LE RECUL DES ACCORDS DE PARISAprès avoir clamé « Make our planet great again (« Rendez sa grandeur à la planète »), et promis que son second quinquennat « sera écologique ou ne sera pas », Emmanuel Macron s'est montré de moins en moins ambitieux au fil de ses deux mandats. Son gouvernement n'a pas tenu sa promesse de sortie du glyphosate en trois ans, a édulcoré la loi zéro artificialisation nette et délivre encore des permis d'hydrocarbures. En 2019, sur recours du collectif d'associations « L'affaire du siècle », la responsabilité de l'État a été engagée par le juge administratif pour n'avoir pas respecté sa propre trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre.Déjà marginalisée depuis l'irruption de la guerre en Ukraine ou à Gaza, la cause climatique se retrouve foulée aux pieds dans le nouveau chaos géopolitique créé par l'administration Trump. En France, depuis le début de l'année, les reculs se multiplient, dans une ambiance d'attaques répétées de la droite et de l'extrême droite contre les opérateurs de l'État comme l'Office français de la biodiversité ou l'Agence de la transition écologique. Adopté au Sénat en janvier, un texte vise la réautorisation par dérogation de certains insecticides néonicotinoïdes et restreint l'indépendance de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), des reculs jugés considérables par les défenseurs de l'environnement.Or, il y a dix ans, dans le cadre des accords de Paris de 2015, la France s'est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050 et, pour y parvenir, s'est dotée d'une feuille de route de réduction des émissions par secteur, la Stratégie nationale bas carbone, dont la troisième version doit être officiellement publiée dans les prochains mois. L'objectif : réduire nos émissions brutes de 50 % entre 1990 et 2030, en accord avec l'objectif européen. Alors que la France doit réduire ses émissions de 4,7 % par an en moyenne entre 2022 et 2030, ces dernières n'ont diminué que de 1,8 % en 2024 par rapport à 2023 selon lebaromètre Citepa chargé de l'inventaire des émissions de la France. Le compte n'y est donc pas.Selon une enquête de 2022 de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), environ 43 % des Français ont une opinion sur le climat qui s'écarte significativement du consensus scientifique. Une proportion qui excède – parfois de plus de 20 points – ce qui est observé dans la douzaine des autres pays à hauts revenus inclus dans l'étude de l'OCDE.LA POLITIQUE DE NETANYAHOU ET L'ISOLEMENT D'ISRAËLDurant la tournée de Donald Trump dans le Golfe mi-mai, le premier ministre israélien a paru isolé et pris de court par les décisions du président américain de lancer des pourparlers avec l'Iran sur le nucléaire, de négocier directement avec le Hamas la libération d'otages israélo-américains, de conclure un cessez-le-feu avec les Houthis yéménites et de lever les sanctions américaines sur la Syrie.Le 19 mai, Benyamin Nétanyahou a annoncé qu'Israël allait prendre « le contrôle de tout le territoire » de la bande de Gaza en lançant l'opération Chariots de Gédéon. L'armée israélienne a depuis intensifié ses opérations dans l'enclave palestinienne, faisant des centaines de morts, dont une majorité de civils. Le plan du gouvernement israélien qui suppose de raser ce qui reste de Gaza, de parquer une population affamée dans une petite portion de l'enclave et de la soumettre à un système militarisé de distribution d'aide humanitaire a suscité une indignation générale de la communauté internationale y compris de la part de capitales occidentales proches d'Israël. Quelque 39 pays ont déposé un recours devant la Cour Internationale de Justice de La Haye. Le président français, et les Premiers ministres britannique et canadien ont prévenu qu'ils ne resteraient « pas les bras croisés » devant les « actions scandaleuses » du gouvernement israélien. 22 pays ont aussi exigé d'Israël une « reprise complète de l'aide à la bande de Gaza, immédiatement », demandant qu'elle soit organisée par les Nations unies et les ONG. Sous la pression, après deux mois et demi de blocus humanitaire, Benyamin Netanyahou a autorisé quelques camions transportant des médicaments et de la nourriture pour enfants à pénétrer dans la bande de Gaza. Un geste minimum, loin de répondre aux besoins. Le 20 mai, la Commission européenne a déclaré qu'elle allait entamer un processus de révision de l'accord d'association de l'Union européenne avec Israël, dont l'article 2 évoque le respect des droits humains qui pourrait aboutir à la suspension des relations commerciales favorables à Tel-Aviv. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas a constaté qu'« il existe une forte majorité en faveur du réexamen de l'article 2 de notre accord d'association avec Israël. Nous allons donc nous lancer dans cet exercice ». La mort de deux employés de l'ambassade d'Israël aux États-Unis, tués devant le musée juif de Washington, a renforcé un sentiment d'isolement en Israël et la crainte de devenir un Etat paria. Le 23 mai, le Conseil de l'Europe a estimé que les actes dans la bande de Gaza « vont dans le sens d'un nettoyage ethnique et d'un génocide ». Lundi, le chancelier allemand Friedrich Merz a menacé le gouvernement Netanyahou de ne plus continuer à le soutenir en raison de l'intensification de l'offensive de l'armée israélienne à Gaza. « On ne peut plus le justifier par une lutte contre le terrorisme du Hamas », a déclaré le dirigeant allemand, fustigeant avec une rare fermeté les actions d'Israël, dont Berlin est l'un des plus fidèles alliés avec les États-Unis.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le Nouvel Esprit Public
Bada : les questions du public (défis intérieurs)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later May 28, 2025 31:34


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'Union des Entreprises de Proximité le 25 mai 2025.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le Nouvel Esprit Public
Les défis intérieurs

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later May 25, 2025 72:23


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'Union des Entreprises de Proximité le 25 mai 2025.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.Les défis liés aux Frères musulmans, au narcotrafic, à l'immigration et à l'insécurité peuvent-ils être sérieusement relevés ou sont-ils condamnés à former la base de slogans électoraux ?Narcotrafic, insécurité, immigration, Frères musulmans, les défis ne manquent pas d'alimenter le débat public en France. Quasi-consensuelle, la proposition de loi visant à lutter contre le trafic de drogues a été définitivement adoptée par le Parlement, le 29 avril. Un succès pour le gouvernement, dont le projet a obtenu un large soutien des députés. Seuls quelques élus de gauche ont voté contre cette loi qui prévoit notamment un régime de détention strict pour les narcotrafiquants, l'anonymisation des agents pénitentiaires et la création en janvier 2026 d'un parquet national anti criminalité organisée, compétent sur les dossiers les plus graves et complexes sur le modèle du parquet national antiterroriste.Suscitant au contraire la controverse, l'ancien ministre de l'Intérieur adressé un tableau très noir de l'insécurité en France. Selon lui, « il n'y a plus de lieux safe » dans le pays : quartiers, centres-villes, périphéries urbaines, villages, lieux de culte, écoles, transports en commun, terrains de sport, une violence exacerbée et décomplexée touche l'ensemble de notre pays, en dépit des multiples lois votées sur la sécurité depuis vingt ans.Sur le défi de l'immigration, devenu une des questions centrales du débat national, l'essayiste Hakim El Karoui vient de réaliser un rapport pour Terra Nova intitulé « Les travailleurs immigrés. Avec ou sans eux ? » soulignant que « dans un contexte de vieillissement démographique » et avec les enjeux de renouvellement de la population active qui lui sont associés, « le recours à la main-d'œuvre étrangère sera décisif dans les années et qui viennent ». Réfutant la note de Terra Nova, le directeur de l'Observatoire de l'immigration et de la démographie assure dans le Figaro que la France n'a pas besoin de plus d'immigration.Autre défi, « Les Frères musulmans et l'islamisme politique en France », ont fait l'objet un rapport présenté mercredi lors d'un Conseil de défense à l'Élysée. Réalisé au premier semestre 2024 par un diplomate et un préfet, il décrit « un important réseau d'implantations », listant « 139 lieux de cultes affiliés aux Musulmans de France » et 55 proches de cette fédération, soit « 7% des 2.800 lieux de culte musulmans répertoriés sur le sol national », accueillant « en moyenne 91.000 fidèles le vendredi ». Pour les auteurs, « le danger d'un islamisme municipal, composite au plan idéologique mais très militant, avec des effets croissants dans l'espace public et le jeu politique local, apparaît bien réel ». Depuis sa publication, le document alimente un vif débat. Si l'anthropologue Florence Bergeaud-Blacker, chargée de recherche au CNRS, se félicite d'une « prise de conscience » salutaire, d'autres spécialistes dénoncent un usage politique du rapport et décrivent un mouvement en déclin, aussi bien à l'extérieur de nos frontières qu'à l'intérieur.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le Barbier du matin
Jean-Louis Bourlanges - Le Barbier du matin du 24/04/25

Le Barbier du matin

Play Episode Listen Later Apr 24, 2025 14:26


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Le Nouvel Esprit Public
Bada : les questions du public (verdict condamnant Marine Le Pen)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Apr 9, 2025 43:51


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 6 avril 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le Nouvel Esprit Public
Tableau des forces politiques après la décision du Tribunal de Paris

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Apr 6, 2025 62:07


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 6 avril 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.TABLEAU DES FORCES POLITIQUES APRÈS LA DÉCISION DU TRIBUNAL DE PARISLundi, Marine Le Pen a été reconnue coupable de détournement de fonds publics dans l'affaire des assistants parlementaires européens du Front national (devenu Rassemblement national, RN). Elle a été condamnée à quatre ans d'emprisonnement, dont deux ferme avec bracelet électronique, et à une amende de 100.000 euros. Mais c'est la peine d'inéligibilité à cinq ans avec exécution provisoire qui fait débat. La députée du Pas-de-Calais a interjeté appel, mardi, de la décision du tribunal correctionnel de Paris. Quelques heures après, la cour d'appel de Paris a annoncé vouloir rendre sa décision à l'été 2026.Alors que la leader du RN s'insurge contre « la tyrannie des juges », le Président défend « l'indépendance de la justice ». En revanche, tout en considérant qu'il n'a « pas le droit », en tant que membre du gouvernement, de « critiquer une décision de justice », François Bayrou a jugé « en tant que citoyen », que la décision du tribunal correctionnel de Paris soulève « des interrogations ». Lui-même est sous la menace d'une condamnation dans l'affaire des assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen, pour des faits comparables à ceux reprochés à Marine Le Pen. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a jugé que « la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple ». LFI pourrait bientôt devoir répondre devant la justice à des accusations semblables. Le président du Sénat, Gérard Larcher a estimé que « si la loi va trop loin, le législateur doit pouvoir la corriger », tandis que le président du groupe de l'Union des droites pour la République à l'Assemblée nationale, Éric Ciotti, allié de Marine Le Pen, a décidé de la « supprimer ».Écologistes, socialistes, communistes et anciens « insoumis » ont applaudi la décision des juges et fustigé au passage les propos de Jean-Luc Mélenchon. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, et le chef de file des députés macronistes, Gabriel Attal, se sont démarqués. « Je suis troublé par le trouble du Premier ministre », a dit Olivier Faure. « Je ne suis jamais troublé par la démocratie », a enchaîné Gabriel Attal. Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand s'est inquiété des « manifestations de soutien » de « l'internationale de l'extrême droite » à l'endroit de Marine Le Pen.Ce week-end, Le RN a organisé une mobilisation dans les rues afin de mettre la pression contre l'institution judiciaire – ou comme il le présente, « sauver la démocratie ». Ce dimanche, Gabriel Attal entend rassembler le bloc central dans un meeting au cours duquel, Edouard Philippe, qui n'est pas encore sorti de sa réserve, devrait s'exprimer. D'après un sondage Elabe pour BFMTV 57 % des Français estiment que la décision de justice est « normale au vu des faits reprochés ».Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le six neuf
Ben Stiller / Blanche Leridon et Jean-Louis Bourlanges

Le six neuf

Play Episode Listen Later Apr 5, 2025 179:29


durée : 02:59:29 - Le 6/9 - par : Ali Baddou, Marion L'hour, Benjamin Dussy, Mathilde Khlat, Elodie Royer - Aujourd'hui, entretienavec le comédien Ben Stiller, réalisateur et producteur de la série "Severance" à 7h50. Dans le grand entretien à 8h20, Blanche Leridon, chargée d'enseignement à Sciences Po et Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'AN (2021 et 2024). - réalisé par : Marie MéRIER

Le Nouvel Esprit Public
Thématique : « Pologne, histoire d'une ambition », avec Pierre Buhler

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Mar 23, 2025 58:29


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 21 mars 2025.Avec cette semaine :Pierre Buhler, diplomate et ancien ambassadeur de France en Pologne.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l'Intérieur.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.POLOGNE, HISTOIRE D'UNE AMBITIONLa Pologne occupe aujourd'hui une position stratégique centrale en Europe, façonnée par une histoire tourmentée et une résilience remarquable. Longtemps soumise à l'influence de puissances étrangères, elle a même disparu en tant qu'État entre 1795 et 1918 avant de renaître, pour être aussitôt confrontée aux épreuves de la Seconde Guerre mondiale et à la domination soviétique. Depuis la chute du communisme en 1989 et son adhésion à l'Union européenne en 2004, elle s'est affirmée comme un acteur incontournable de la sécurité européenne et transatlantique. Pierre Buhler, vous retracez avec finesse cette trajectoire historique dans l'ouvrage que vous publiez aux éditions Tallandier, Pologne, histoire d'une ambition, en montrant comment le pays a su conjuguer aspirations nationales et intégration internationale.L'essor économique amorcé dans les années 1990 sous l'impulsion des réformes de Leszek Balcerowicz a permis à la Pologne de s'intégrer pleinement aux chaînes de valeur européennes, en particulier grâce à son partenariat privilégié avec l'Allemagne. Pourtant, derrière cette réussite économique, des tensions persistent. Le parti conservateur Droit et Justice (PiS) revendique une souveraineté nationale affirmée, parfois en opposition avec Bruxelles, tandis que l'opinion publique reste globalement favorable au projet européen. Ces contradictions internes reflètent un débat plus large sur l'identité nationale et le positionnement du pays face aux institutions supranationales.Sur la scène internationale, la Pologne joue un rôle de premier plan dans la dissuasion face à la Russie. Elle a plaidé pour un renforcement des capacités de l'OTAN en Europe de l'Est et consolidant son alliance stratégique avec les États-Unis, aujourd'hui mise à mal. Son ambition de devenir la première puissance militaire conventionnelle d'Europe atlantique témoigne de cette volonté d'autonomie stratégique. Mais cette posture affirmée ne va pas sans heurts : les tensions mémorielles avec l'Allemagne autour des réparations de guerre, ou encore avec l'Ukraine sur la mémoire des massacres de Volhynie, rappellent combien l'Histoire reste un enjeu diplomatique majeur. À cela s'ajoute la question sensible de la restitution des biens spoliés pendant l'Holocauste, qui continue d'alimenter les débats sur la reconnaissance des injustices passées. La trajectoire polonaise illustre ainsi un équilibre délicat entre héritage historique, quête de souveraineté et ancrage dans les institutions euro-atlantiques. À travers votre analyse, vous mettez en lumière la manière dont la Pologne cherche à concilier ces dynamiques parfois contradictoires pour s'imposer comme un acteur incontournable de la sécurité et de la stabilité en Europe. Toutefois, le contexte actuel est peu favorable à une position d'équilibre et la question se pose de savoir si la Pologne peut - et jusqu'à quel point - prendre acte du retrait américain de l'OTAN.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le Nouvel Esprit Public
Bada : les questions du public (réarmement français et contre-pouvoirs américains)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Mar 19, 2025 49:40


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 16 mars 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Mardi politique
Jean-Louis Bourlanges, ancien président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale

Mardi politique

Play Episode Listen Later Mar 18, 2025 18:00


Mardi politique reçoit Jean-Louis Bourlanges, ancien président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Jean-Louis Bourlanges est interrogé par :- Frédéric Rivière (RFI)- Roselyne Febvre (France 24) Diffusions : - 18h10-18h30 sur RFI et France 24. Live-tweet @MardiPolitique #MardiPol

Le Nouvel Esprit Public
Comment réarmer ? / Trump-Musk : quels contrepoids ?

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Mar 16, 2025 66:40


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 16 mars 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.COMMENT RÉARMER ?Après l'intervention télévisée du chef de l'État le 5 mars, la défense nationale est devenue la priorité du gouvernement. Fleurons de l'industrie de l'armement, PME et start-up innovantes, sous-traitants ... Tout un écosystème est mobilisé pour faire face à la menace russe amplifiée et au retrait de l'allié américain. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a évoqué une enveloppe de 100 milliards d'euros par an pour la défense à l'horizon 2030, contre 68 milliards inscrits dans la loi de programmation militaire, soit 1,5 point de PIB supplémentaire évoqué par le président de la République, pour passer de 2% à 3%-3,5% chaque année. Le ministre des Armées a esquissé quelques priorités : « Les munitions et la guerre électronique sont les urgences puis la dronisation et la robotisation des armées. » L'accélération des cadences est déjà visible sur certains segments comme les munitions, l'artillerie et les missiles. Il faut également rester performant dans le domaine de l'intelligence artificielle, et du spatial. Du côté des grands programmes, Sébastien Lecornu entend augmenter le nombre d'avions de combat et de frégates de premier rang.Les revues stratégiques successives qui évaluent régulièrement les menaces pesant sur le pays et prévoient les moyens d'y répondre, n'ont jamais écarté le risque d'un retour de la guerre de haute intensité. C'est pourquoi le modèle d'armée complet français a toujours été préservé au nom de la souveraineté nationale, afin de pouvoir agir sur tous les niveaux de conflictualité, même s'il a souvent été qualifié d'échantillonaire. La France s'inscrit également dans un cadre européen avec de nombreux programmes de coopération comme le système de combat aérien du futur avec l'Allemagne et l'Espagne ; l'hélicoptère du futur avec notamment l'Italie, l'Espagne, et l'Allemagne ou les missiles avec le Royaume-Uni.Interrogés par Ipsos-Ceci pour La Tribune Dimanche, les Français sont 68 % à considérer favorablement une augmentation du budget de la Défense quitte à augmenter encore les déficits pour 66 % d'entre eux et même sacrifier des budgets de l'Éducation ou de la Santé (51 %). La sécurité nationale passant ainsi devant la sécurité sociale. Avant d'en arriver là, le gouvernement veut toutefois explorer d'autres pistes de financement. Le ministre français de l'Économie, Éric Lombard, exclut d'activer la clause de sauvegarde prévue par Bruxelles pour financer les investissements dans la défense par de la dette. Parmi les outils envisagés à Bercy ou à Matignon, figurent notamment le recours au Livret A ou encore un grand emprunt. Vendredi, le président de la République, Emmanuel Macron a reçu les industriels de la défense pour leur fixer une nouvelle feuille de route visant à accélérer les cadences de livraison d'équipements. Face aux difficultés budgétaires et industrielles, Bercy doit organiser le 20 mars prochain une réunion rassemblant les banques et les assurances, mais aussi des acteurs de l'industrie de la défense.TRUMP-MUSK : QUELS CONTREPOIDS ?Les décisions et les méthodes de Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, soulèvent des interrogations quant aux limites du pouvoir présidentiel aux États-Unis. Le système politique américain repose sur le principe des checks and balances, visant à ce que « le pouvoir arrête le pouvoir », comme l'avait théorisé Montesquieu au XVIIIème siècle. Chacune des trois branches du gouvernement – exécutif, législatif, judiciaire - dispose de moyens de contrôle sur les autres (checks) pour viser un certain équilibre (balance). Les Républicains contrôlent la présidence, la Chambre des représentants et le Sénat. Même si leur majorité à la Chambre est très étroite, la passivité des sénateurs conservateurs face aux nominations les plus controversées de Trump n'augure pas d'un rôle de frein à la présidence de la part du Congrès. Bien que les Républicains n'aient pas capturé l'ensemble du pouvoir judiciaire, ils disposent d'une nette majorité à la Cour suprême.Depuis deux mois, les recours en justice se multiplient dans les États fédérés à majorité Démocrate qui cherchent à mettre en place des contentieux stratégiques sur quasiment toutes les mesures : suspension des traitements médicaux pour les personnes transgenres, autorisations pour Elon Musk d'accéder aux informations du fisc et de la Sécurité sociale, licenciements massifs de fonctionnaires publics ou intimidations à leur encontre, suppression du droit du sol pour les personnes nées de parents irrégulièrement ou temporairement immigrés, élimination de plusieurs autorités administratives …Même les Églises se tournent vers la justice pour protéger les lieux de culte du décret y autorisant les raids de la police de l'immigration. Mais une bonne partie des dossiers risquent soit d'être enterrés, soit portés devant une Cour Suprême qui a proclamé, avant l'élection de 2024, que Donald Trump, poursuivi dans de multiples affaires, bénéficiait d'une présomption d'immunité en raison du principe de séparation des pouvoirs. Et, le vice-président, J.D. Vance, diplômé de la faculté de droit Yale, a déclaré que « les juges n'ont pas le droit de contrôler le pouvoir légitime de l'exécutif. » En outre, si l'administration Trump décidait de désobéir à une décision des juges, la Cour ne dispose pas de moyens de coercition.Face à une opposition étonnamment passive et encore sonnée, les contrepouvoirs paraissent bien faibles. Sauf un, que Montesquieu ne connaissait pas : Wall Street. Les entreprises américaines, surtout les grandes entreprises cotées en Bourse, dépendantes du marché mondial et de la chaîne de valeur globale paraissent être les seules à pouvoir refreiner les ardeurs autocratiques du clan au pouvoir à la Maison Blanche. Wall Street, qui avait soutenu l'élection de Donald Trump, semble déjà déchanter.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

8.30 franceinfo:
Guerre en Ukraine : "L'attitude des Américains est abjecte", dénonce l'ancien député européen Jean-Louis Bourlanges

8.30 franceinfo:

Play Episode Listen Later Mar 9, 2025 16:37


durée : 00:16:37 - 8h30 franceinfo - L'ancien président (MoDem) de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale était l'invité du "8h30 franceinfo", dimanche 9 mars 2025.

C’est pas tous les jours Dimanche
Le duel du dimanche : Menace russe, Macron réaliste ou alarmiste ? – 09/03

C’est pas tous les jours Dimanche

Play Episode Listen Later Mar 9, 2025 44:07


Ce dimanche 9 mars 2025, Robert Ménard, maire DVD de Béziers (Hérault), a débattu avec Jean-Louis Bourlanges, ancien député et ex-président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée, dans l'émission C'est pas tous les jours Dimanche présentée par Benjamin Duhamel sur BFMTV.

C à vous
Altercation Trump-Zelensky: Quelle est la réalité de la menace pour l'Europe?

C à vous

Play Episode Listen Later Mar 3, 2025 17:09


Altercation Trump-Zelensky, “pas d'accord” de trêve, défense européenne… Quelle est la réalité de la menace ? Quand le ministre des affaires étrangères explique que jamais "le risque d'une guerre dans l'Union européenne, n'a été aussi élevé, que depuis bientôt 15 ans, la menace ne cesse de se rapprocher de nous", Est-ce qu'il dramatise ? Le regard sur l'actualité de Jean-Louis Bourlanges, ancien député européen, ancien député Modem & ancien président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.Tous les soirs du lundi au vendredi à 19h sur France 5, Anne-Elisabeth Lemoine et toute son équipe accueillent celles et ceux qui font l'actualité du jour.

Le Nouvel Esprit Public
La fin de l'OTAN et l'heure de la défense européenne ?

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Mar 2, 2025 62:59


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 28 février 2025.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.LA FIN DE L'OTAN ET L'HEURE DE LA DÉFENSE EUROPÉENNE ?Le rapprochement russo-américain sur l'Ukraine, les « négociations de paix » amorcées sans Kyiv et le Vieux Continent et la menace de remise en question par Washington de son soutien militaire à l'Europe ont abasourdi ses alliés. Le discours du vice-président des Etats-Unis, J. D. Vance, lors de la Conférence de Munich le 14 février a ébranlé la relation transatlantique : les Européens ont brutalement pris conscience que la sécurité du continent ne dépend que d'eux-mêmes. Après l'annonce par le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, le 12 février à Bruxelles que l'Administration Trump écarterait la possibilité pour l'Ukraine d'intégrer l'Alliance atlantique dans les négociations de paix, la course aux idées pour pallier l'absence de protection américaine a été relancée. Mais, faute d'architecture de défense ou de structure de commandement commune européennes, ces moyens sont limités. Aujourd'hui, les membres européens de l'OTAN ne dépensent que 1,9% de leur PIB dans la défense. Le sommet du 24 au 26 juin à La Haye devrait porter la cible de dépenses de défense à 3% du PIB.À Bruxelles, en attendant de présenter son Livre blanc sur la défense, le 19 mars, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déjà évoqué une première piste : les États membres pourront demander un traitement budgétaire de faveur pour leurs dépenses de défense, afin de desserrer l'étau des critères de Maastricht d'une dette publique inférieure à 60% du PIB et un déficit public de 3% du PIB maximum. Le recours à cette « clause de sauvegarde nationale » pourrait notamment intéresser les pays sous procédure pour déficit excessif, comme la France, l'Italie, la Belgique, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, ou Malte. Pour l'heure, le débat sur la bonne utilisation des fonds communautaires se poursuit entre les États qui, comme la France, militent pour une préférence européenne et ceux qui, à l'instar de la Pologne, ne veulent pas exclure des achats aux États-Unis ou en Corée du Sud.En Allemagne, lundi, au lendemain de la victoire de l'Union chrétienne-démocrate aux législatives du 23 février, son leader le probable futur chancelier Friedrich Merz juge nécessaire pour l'Europe de se préparer « au pire scénario » en créant une défense autonome en tant qu'alternative à « l'OTAN dans sa forme actuelle ». Estimant que le temps presse, il se dit prêt ainsi à s'affranchir de 80 ans de tradition atlantiste allemande en matière de défense, allant jusqu'à déclarer vouloir « discuter avec les Britanniques et les Français pour savoir si leur protection nucléaire pourrait également s'étendre à [l'Allemagne] ».A Londres, mardi, devant la Chambre des communes, Keir Starmer a déclaré que son gouvernement porterait le budget de la défense à 2,5% du PIB en 2027. Du jamais vu « depuis la fin de la guerre froide », a précisé le Premier ministre britannique.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Thématique : le référendum, à quoi ça sert ?

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Play Episode Listen Later Feb 23, 2025 55:52


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 23 janvier 2025.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Raphaël Doan, essayiste, haut fonctionnaire.Antoine Foucher, spécialiste des questions sociales, auteur de Sortir du travail qui ne paie plus.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.frLE RÉFÉRENDUM, À QUOI ÇA SERT ?Lors de son allocution à l'occasion des vœux de fin d'année, le président de la République a émis l'idée de recourir à un ou des référendums à propos de certains « sujets déterminants ». Il s'inscrit ainsi dans la lignée de ses déclarations précédentes, puisqu'il avait déjà proposé de recourir à cet outil au moment de la crise des Gilets Jaunes. L'annonce d'un potentiel recours au peuple par ce biais a suscité de nombreux commentaires, à gauche comme à droite. Le Rassemblement National défend de longue date la tenue d'un référendum sur les questions migratoires, tandis qu'une partie de la gauche souhaite que ce soit la réforme des retraites qui fasse l'objet d'une consultation. Le président (Insoumis) de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, Éric Coquerel, a quant à lui suggéré que soit organisé un « référendum révocatoire » qui remettrait en jeu le mandat du président de la République.Historiquement, la question du référendum est indissociable de la figure du général de Gaulle, dont la pratique régulière des consultations populaires s'est terminée par sa démission après l'échec de son projet de réforme régionale et du Sénat. Cette défaite, combinée au rejet en 2005 du projet de constitution européenne, ont contribué à raréfier la pratique du référendum dont la perception a également été modifiée : instrument permettant de dénouer les conflits pour les uns, il est présenté par les autres comme l'outil populiste par excellence, puisqu'il a pour fonction de faire appel directement au peuple dont la volonté serait supposément mal comprise par les élites. Ses détracteurs attaquent en outre son manichéisme et la personnalisation du pouvoir qu'il entraîne, un référendum sur une question se trouvant bien souvent assimilé à un plébiscite pour ou contre celui l'ayant proposé.Dans le climat politique français actuel, la question du gouvernement par référendum se pose avec d'autant plus d'acuité qu'Emmanuel Macron ne dispose pas de la majorité absolue à l'Assemblée. Proposer des référendums lui permettrait alors de faire passer des textes sans passer par la représentation nationale. De l'autre côté, une défaite l'exposerait à l'intensification des appels à sa démission, approfondissant un peu plus la crise politique ouverte par la dissolution de juin dernier. Cette proposition est donc loin de faire l'unanimité au sein même de la majorité présidentielle. Dans un entretien publié en 2017 dans la revue Esprit, le philosophe Bernard Manin diagnostiquait le passage d'une démocratie de partis à une démocratie du public, dans laquelle « les différents segments de la population ne se reconnaissent plus durablement dans les partis, mais peuvent se regrouper momentanément pour produire le succès ou l'échec de l'un d'entre eux ». En creux, le référendum apparaît comme un moyen d'outrepasser ces divisions en forçant une adhésion claire. Subsiste cependant le risque d'une alliance des contraires qui ferait échouer les projets présidentiels.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Bada : les questions du public (politique intérieure et extérieure de Donald Trump)

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Play Episode Listen Later Feb 19, 2025 40:15


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 16 février 2025.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Politique intérieure et politique extérieure de Donald Trump

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Play Episode Listen Later Feb 16, 2025 63:12


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 16 février 2025.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.LA POLITIQUE INTÉRIEURE DE TRUMPDepuis son investiture, il y a quatre semaines, Donald Trump a lancé par décrets une série de politiques avec pour objectifs en politique intérieure de réduire l'État fédéral, de freiner l'immigration et de mettre fin au « wokisme ». Au nom de la lutte contre la dette fédérale qui s'élève à 36.000 milliards de dollars, le patron de Tesla et du réseau X, Elon Musk et une poignée d'ingénieurs, réunis au sein du nouveau département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), crée par décret présidentiel, organisent des coupes claires dans l'État fédéral. Une purge qui a lieu sans audit ni implication du Congrès et provoque la désorganisation de l'administration. L'agence de développement USAid est démantelée et le ministère de l'éduction devrait suivre le même sort. Les syndicats et les organisations de gauche contestent en justice la mise en place d'un plan de départs volontaires – dit « congé administratif », avec salaire assuré jusqu'en octobre – offert à deux millions d'employés du secteur public. Pour l'heure, selon la Maison Blanche, 75.000 fonctionnaires fédéraux ont accepté l'offre de départ volontaire soit 3% du total des effectifs. Elon Musk visait 5 à 10%. Tandis que l'ultimatum donné aux fonctionnaires a été repoussé par un juge fédéral, Elon Musk s'est vu interdire l'accès aux données du Trésor. Mais à ce stade, personne ne peut imaginer à quoi ressemblera l'État fédéral dans six mois.Avec l'immigration, les marqueurs identitaires ont été également au cœur des décrets présidentiels. Une cible prioritaire a été désignée : les programmes DEI (diversité, équité, intégration) ont été fermés, les employés placés en congé administratif, tandis que certains grands groupes privés sabordent leurs propres initiatives. Le dernier marqueur identitaire essentiel est la remise en cause du droit du sol, pour les enfants de migrants illégaux. Il s'agit selon les juristes d'une atteinte évidente au 14ème amendement de la Constitution. Trois juges fédéraux ont déjà suspendu l'application du décret présidentiel.Alors que Joe Biden a laissé un déficit public de 6,3 % du produit intérieur brut, le programme de Donald Trump comporte des mesures très coûteuses qui accentuent les pressions inflationnistes. D'abord les baisses d'impôts, notamment sur les sociétés dont le taux devrait passer de 21% à 15%. Ensuite la multiplication des droits de douane dont Donald Trump rêve qu'ils financent à eux seuls le Trésor. Une politique qualifiée par le Wall Street Journal de « guerre commerciale la plus stupide de l'histoire » qui menace de faire exploser de vastes pans de l'économie, d'éliminer des milliers d'emplois et de mettre en péril la sécurité des États-Unis. Enfin, la perte de la main-d'œuvre bon marché qui fait tourner l'économie des États-Unis contribuera à alimenter l'inflation, le milliardaire ayant promis d'expulser « en masse » des migrants.LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DE TRUMPDès son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, Donald Trump a signé un décret exécutif visant à retirer les États-Unis de l'Organisation mondiale de la santé, puis de l'accord de Paris sur le climat. Washington a aussi imposé des sanctions contre les magistrats de la Cour pénale internationale, révisé son engagement au sein de l'Unesco et décidé l'arrêt de sa contribution à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui était déjà gelée. Simple pays observateur, les États-Unis n'assisteront plus aux travaux du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme. En moins de trois semaines, Donald Trump a esquissé une feuille de route sidérante : s'emparer du Groenland et du canal de Panama ; faire du Canada le 51ème État américain, et prendre possession de la bande de Gaza pour la transformer en « Côte d'Azur » du Moyen-Orient.Après avoir imposé des droits de douane de 10 % supplémentaires sur les produits chinois, puis de 25 % sur l'aluminium et l'acier, le président américaina franchi une étape supplémentaire jeudi en annonçant la mise en place de « droits de douane réciproques » sur toutes les marchandises importées. En décidant de s'affranchir des règles de l'OMC, Donald Trump déclare une guerre commerciale au reste du monde.Mercredi, pour la première fois depuis février 2022, un président américain en fonction a eu un appel téléphonique direct avec Vladimir Poutine. Trump a annoncé qu'il pourrait rencontrer son homologue russe en Arabie saoudite, à une date inconnue. Sur l'Ukraine, la négociation s'annonce entre Moscou et Washington sans l'Ukraine ni les Européens. Le même jour, à Bruxelles, le secrétaire à la Défense américain, Pete Hegseth a énoncé les lignes rouges de l'administration Trump, toutes en défaveur de Kyiv. Poutine obtiendrait tout ce qu'il voulait. Territorialement, les Russes devraient garder les 20% du territoire ukrainien qu'ils ont occupé et auront une continuité territoriale vers la Crimée annexée en 2014. Militairement, l'Ukraine ne rejoindra jamais l'OTAN et n'aura pas d'accès à l'arme nucléaire. Politiquement, des élections devront être organisées, préparant la sortie de Zelensky. En précisant que les troupes européennes seront en charge du maintien de la paix en Ukraine, Hegseth ajoute que cette mission ne sera « pas une mission OTAN » et n'entraînera donc pas sa protection - y compris par les Etats-Unis au titre de article 5 du traité sur la solidarité militaire des membres de l'Organisation.Enfin, vendredi à la conférence de Munich sur la sécurité, le vice-président américain, James David Vance, a lancé une virulente diatribe contre les démocraties européennes, accusées d'étouffer la liberté d'expression et la liberté religieuse.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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La gauche décomposée ? / Quelle paix pour l'Ukraine ?

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Play Episode Listen Later Jan 26, 2025 67:38


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 24 janvier 2025.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Michel Eltchaninoff, rédacteur en chef du mensuel Philosophie Magazine.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.LA GAUCHE DÉCOMPOSÉE ? Les relations se sont tendues entre le Parti socialiste et La France insoumise, après le choix des députés socialistes de ne pas voter le 16 janvier la motion de censure défendue par le reste du Nouveau Front populaire. Selon le PS, les « concessions »programmatiques obtenues durant leurs longues tractations avec le Premier ministre justifiaient de ne pas le sanctionner immédiatement. Les socialistes ont notamment obtenu que les déremboursements prévus sur les médicaments et les consultations soient remis en question et que des crédits supplémentaires soient accordés aux hôpitaux, sans oublier le maintien de tous les postes dans l'Éducation nationale et le renforcement des dispositifs de justice fiscale, notamment pour les plus hauts patrimoines.L'initiative du PS, qui se définit toujours comme un « parti d'opposition », ouvre cependant une brèche à gauche et acte la confrontation avec Jean-Luc Mélenchon. Deux gauches coexistent, comme cela a toujours été. Elles sont de nouveau entrées en compétition. Tenant de la gauche réformiste, François Hollande observe que « les socialistes constituent désormais le pôle central au sein de l'Assemblée nationale puisque rien ne peut se faire sans eux ni contre eux. Ils ont la clef jusqu'en 2027 ». Il a enfoncé le clou en estimant qu'en 2027, il faudrait « deux offres à gauche », l'une réformiste et l'autre radicale. De quoi remettre de facto en cause la stratégie du premier secrétaire du parti, Olivier Faure, qui espère construire avec ses homologues écologistes et communistes une candidature unique alternative à celle de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier a hurlé à la « trahison », mais s'est toutefois gardé de sceller la rupture définitive avec le PS qui, pour lui, n'est « plus un partenaire », mais un « allié de circonstance ». Rêvant de renverser de nouveau le gouvernement et de provoquer une présidentielle anticipée, l'ancien sénateur a plus que jamais besoin des voix de son ancien parti pour voter la censure, lors du vote sur le budget, le 3 février].Dimanche dernier, le second tour de l'élection législative partielle de la première circonscription de l'Isère a été une véritable déroute de LFI et, partant, du NFP. La candidate d'Ensemble, a remporté largement la circonscription détenue par LFI. L'ampleur de cette défaite fait de cette élection partielle un événement de portée nationale au moment où le NFP se décompose au niveau national.QUELLE PAIX POUR L'UKRAINE ? Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les Européens craignent un désengagement des États-Unis dans le conflit en Ukraine, voire des pressions de Washington pour un accord au détriment de Kyiv. Le président américain qui se vantait d'obtenir la fin de la guerre en vingt-quatre heures, parle désormais de cent jours, sans jamais détailler son plan. Les contours d'un accord restent difficiles à imaginer. Le président ukrainien a récemment fait une ouverture en affirmant qu'il était prêt à renoncer à utiliser la force pour récupérer les territoires occupés par la Russie depuis 2014 (20 % de l'Ukraine) ; il a même envisagé un abandon de souveraineté temporaire sur la Crimée et une partie du Donbass, contrôlés par Moscou, en attendant une solution diplomatique. Cependant, Volodymyr Zelensky insiste pour que l'Ukraine soit invitée à adhérer à l'OTAN. De son côté, Vladimir Poutine s'est dit prêt à discuter d'un accord de cessez-le-feu avec Trump, mais exclut toute concession territoriale majeure et insiste pour que Kyiv abandonne ses ambitions de rejoindre l'OTAN.L'année 2024 aura été difficile pour Kyiv : l'armée russe a avancé en Ukraine de près de 4.000 km2 en 2024 face à des Ukrainiens en difficulté, soit sept fois plus qu'en 2023, et l'année à venir s'annonce incertaine notamment du fait d'interrogations sur la pérennité du soutien américain. En mai 2022, 10% des Ukrainiens se déclaraient prêts à céder des territoires pour parvenir à la paix lors que 82 % y étaient opposés. En décembre 2024, l'écart se resserre : 38 % des Ukrainiens se disent désormais disposés aux concessions territoriales, quand 51 % y restent opposés.À Varsovie mi-décembre, Emmanuel Macron et le premier polonais, Donald Tusk, ont évoqué la possibilité du déploiement d'un contingent militaire européen en Ukraine, le long de la ligne de front qui s'étend sur quelque 1.000 km. Cette hypothèse pourrait impliquer les armées de pays membres de l'OTAN, ou encore détenteurs de l'arme nucléaire, comme la France et le Royaume-Uni. Intervenant mardi au Forum économique mondial, le président ukrainien a affirmé qu'il faudrait une force de maintien de la paix européenne d'« au moins 200.000 hommes ». Mercredi, Donald Trump a sommé Moscou de trouver un accord pour clore la guerre en Ukraine, faute de quoi il lui imposerait de nouvelles sanctions. En saluant la volonté de Kyiv de chercher un compromis et en évoquant les « gros ennuis » notamment économiques de Poutine, le président américain semble mettre légèrement plus la pression sur le Kremlin, sans évoquer toutefois pour autant la possibilité d'armer l'Ukraine.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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De Barnier à Bayrou : un problème, deux réponses ? / La sécurité collective à l'heure du révisionnisme trumpiste

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Play Episode Listen Later Jan 19, 2025 69:24


ISSN 2608-984XVous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École de l'air et de l'espace de Salon-de-Provence le 17 janvier 2025.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.DE BARNIER À BAYROU : UN PROBLÈME, DEUX RÉPONSES ?Un mois après son arrivée à Matignon, François Bayrou s'est fixé « trois défis » : « Contenir » et « réduire » la dette publique, « mettre en place les conditions de la stabilité, qui impose de se réconcilier », et refondre l'action publique. Parmi les principales mesures annoncées, figure la remise en chantier de la réforme des retraites avec une ouverture majeure de la proposition du Premier ministre par rapport à celle de son prédécesseur Michel Barnier : il a fait sauter le tabou des 64 ans mais à condition de ne pas « dégrader l'équilibre financier » du système. Sur la base d'un « constat » chiffré, confié à la Cour des comptes pour une « mission flash », les partenaires sociaux auront trois mois pour dégager « un accord d'équilibre et de meilleure justice». S'il émerge, il sera soumis au Parlement à l'automne. Sinon « c'est la réforme actuelle qui continuerait à s'appliquer ».Un fonds spécial « entièrement dédié à la réforme de l'État », sera créé, financé en cédant une partie des actifs publics, notamment immobiliers. L'effort d'économie demandé aux collectivités territoriales sera réduit à 2,2 milliards d'euros au lieu des 5 milliards d'euros prévus par Michel Barnier. Le Premier ministre cherchera à protéger les entreprises de hausses d'impôts. Il est favorable au « principe proportionnel pour la représentation du peuple dans nos assemblées ». Un élément qui ouvre la porte à un « probable » retour du cumul des mandats. « L'étude des cahiers de doléances » présentés par les Gilets jaunes sera reprise. Le Premier ministre a abandonné « la mesure de déremboursement de certains médicaments et de consultations » prévue par son prédécesseur. La progression des dépenses de santé sera donc plus forte que prévu dans la copie Barnier. Elle devrait être relevé de +2,8% à +3,3 %. François Bayrou a également renoncé aux 4.000 suppressions de postes prévues dans l'éducation nationale ainsi qu'au passage d'un à trois jours de carence en cas d'arrêt maladie. Il maintient le projet de taxe sur les hauts revenus. Enfin, il a analysé l'immigration comme « d'abord une question de proportion ».Jeudi, ni les lepénistes ni les socialistes n'ont voté la motion de censure déposée par les mélenchonistes, avec des écologistes et des communistes. Elle n'a donc pas été adoptée.LA SÉCURITÉ COLLECTIVE À L'HEURE DU RÉVISIONNISME TRUMPISTEAvec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les puissances du Vieux Continent redoutent l'érosion, voire la dissolution, de leur principale alliance, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), au moment même où la Russie prend l'avantage en Ukraine. Au cours de sa précédente présidence, Trump avait envisagé de ne pas honorer l'article 5 du traité, qui prévoit que les pays signataires se portent au secours d'un allié attaqué. Or, toute la dissuasion de l'Alliance atlantique repose sur cet engagement.Cette menace voilée du président américain marquait sa volonté d'un rééquilibrage des contributions au budget de l'Otan entre les alliés et les États-Unis. Seulement les deux tiers des trente membres européens de l'Otan consacrent plus de 2 % de leur PIB à la défense. Sans les Etats-Unis, ils devront dépenser peut-être deux fois plus. Ce qui voudra dire accroître l'endettement, augmenter les impôts ou tailler dans certaines dépenses essentielles. Les Européens doivent aussi décider s'ils repensent ou non la base de leur défense collective. À l'heure actuelle, les forces armées européennes donnent priorité à l'Otan tout en veillant à élargir leurs capacités de défense et de sécurité au travers d'autres institutions, comme l'Union européenne, et des blocs militaires régionaux comme la Force expéditionnaire conjointe sous direction britannique. La victoire de Trump relance aussi le débat sur le rôle dissuasif des armes nucléaires françaises et britanniques en cas d'éventuelles attaques ailleurs en Europe.Aujourd'hui, l'Europe est bien plus vulnérable qu'elle ne l'était lorsque Trump a été élu pour la première fois en 2016. Elle est aux prises avec une guerre, une crise économique et une montée en puissance des mouvements nationalistes populistes. Actuellement, huit de ces mouvements dirigent des gouvernements ou participent à des coalitions à travers le continent. L'Europe doit se préparer, en filant la métaphore du Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, à voir son « jardin » menacé par une « jungle » peuplée de « carnivores » sans états d'âme. Un récent Eurobaromètre, qui mesure l'opinion publique européenne à l'égard de l'Union, montre que celle-ci n'a jamais été aussi favorable à l'intégration européenne. Bien que beaucoup de citoyens soient insatisfaits de leur gouvernement, plus de six personnes sur dix estiment que l'avenir de l'Europe réside dans l'Union.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. 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Bada : les questions du public (héritage de J-M Le Pen et couple Trump/Musk)

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Play Episode Listen Later Jan 15, 2025 36:13


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 12 janvier 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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L'héritage de Le Pen / Trump + Musk = ?

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Play Episode Listen Later Jan 12, 2025 70:30


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 12 janvier 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.L'HÉRITAGE DE LE PENJean-Marie Le Pen décédé mardi à l'âge de 96 ans, restera celui autour de qui l'extrême droite est sortie de la marginalité électorale où elle était confinée depuis la Seconde Guerre mondiale. En 1984, aux élections européennes, la liste Front national qu'il conduit réalise un score frôlant les 11 %. En 2002, il parvient au second tour de l'élection présidentielle. Le succès de sa rhétorique anti-immigrés va croissant tandis que la crise économique s'amplifie. On parle de « lepénisation des esprits ». Si aujourd'hui la domination de Marine Le Pen au sein des catégories populaires est avérée, c'est Jean-Marie Le Pen qui a siphonné le premier l'électorat ouvrier. Dès la présidentielle de 1988 l'universitaire Pascal Perrineau a identifié ce qu'il a appelé le « gaucho-lepénisme ». En 2011, Jean-Marie Le Pen transmet à sa fille cadette Marine, la présidence d'un parti encore encombré d'une image raciste et antisémite. De cet ascendant biologique et politique, Marine Le Pen tente de s'affranchir. La « dédiabolisation » sera son grand projet, au vif désappointement du vieux chef quelle finit par exclure en 2015. Le Pen perd alors les tréteaux sur lesquels il joue le rôle de sa vie, la profanation.Au moment de sa disparition, l'héritage politique de Jean-Marie Le Pen est double. D'un côté, il reste toujours présent au Front national – devenu Rassemblement national – à travers le nom de famille Le Pen. Il laisse derrière lui deux héritières. Marine qui préside le groupe Rassemblement national, devenu le premier groupe de l'Assemblée nationale depuis la dissolution avec 121 députés, et Marion Maréchal ex – Le Pen, élue au Parlement européen à la tête de son parti Identités-Libertés. Les thématiques chères à leur père et grand-père, comme les dangers de la mondialisation et de l'immigration, ainsi que la préférence nationale, rebaptisée priorité nationale, restent les clefs de voûte du Rassemblement national. D'un autre côté, ses provocations et son exaltation se prolongent davantage depuis la présidentielle de 2022 à travers Éric Zemmour, nouveau représentant électoral et médiatique de l'extrême droite la plus dure. Nicolas Lebourg, historien spécialiste des mouvements liés à cette idéologie distingue deux legs importants : « L'un culturel, car le RN reste un parti profondément national-populiste, en gardant un discours autour d'une France menacée de décadence par des élites faillies. L'autre patrimonial, car aucun des députés frontistes ne pourrait être à cette place aujourd'hui si Jean-Marie Le Pen n'avait pas œuvré pendant des décennies pour sortir l'extrême-droite du désert. » Virginie Martin, politologue, enseignante-chercheuse à Kedge Business School observe que si « Jean-Marie Le Pen n'était pas un grand théoricien du politique, pas plus qu'il n'était un grand idéologue politique […] il a gagné la bataille culturelle sur la question de l'immigration comme sur celle de la sécurité ». À moins qu'il n'ait été que le visage et la grande gueule d'une évolution des opinions à l'œuvre dans toute l'Europe.TRUMP + MUSK = ?Avant même son investiture le 20 janvier prochain Donald Trump déclenche les polémiques, en affirmant que le Canada est un possible « 51ème État », en n'excluant pas l'usage de la force pour annexer le Groenland - un territoire semi-autonome qui appartient au Danemark -, en souhaitant renommer le Golfe du Mexique « Golfe de l'Amérique », ou en envisageant que « le canal de Panama soit restitué aux États-Unis ». Tensions en interne également : les États-Unis ont échappé in extremis au risque d'un shutdown – un arrêt temporaire des activités gouvernementales non essentielles -, faute de financement de l'État fédéral, en défiant les souhaits de Donald Trump et d'Elon Musk, nouveau perturbateur de la vie politique américaine. Au lieu de voter des législations séparées comme le préféraient les élus républicains, Trump aurait l'intention de faire voter une « méga-loi » MAGA (« Make America Great Again ») comprenant ses mesures prioritaires : réforme de la fiscalité, de l'immigration et de la politique énergétique. Le passage de cette loi devrait dominer les premiers mois de son mandat. La question des visas H-1B, destinés aux travailleurs hautement qualifiés a également déclenché des crispations entre les représentants historiques du mouvement MAGA, souvent nativistes et hostiles à l'immigration, y compris légale, et les « néo-MAGA », libéraux et soucieux avant tout d'efficacité. Elon Musk, lui-même né en Afrique du Sud et bénéficiaire de ce visa, a pris fait et cause pour ces visas qui attirent aux États-Unis les ingénieurs les plus talentueux venus du monde entier. Ces tensions se sont calmées après que Trump a choisi son camp en se rangeant auprès de Musk.L'homme le plus riche du monde ne quitte plus Donald Trump depuis la campagne électorale, qu'il a contribué à financer à hauteur d'un quart de milliard de dollars. Son installation à la direction du « DOGE » (Département de l'Efficacité gouvernementale), en tandem avec l'entrepreneur anti-woke, climatosceptique et ultra-conservateur Vivek Ramaswamy promet, elle aussi, d'être fracassante. L'inspiration doctrinale est moins celle des libertariens, réclamant toujours moins d'État pour restaurer la liberté, que celle de la « révolution » néo-conservatrice reaganienne. L'objectif affiché est de privatiser l'État fédéral, de le dépecer et in fine de le transformer en entreprise. Parmi les chantiers du quasi-ministre Musk, des plans de suppression d'emplois massifs, une dérégulation tous azimuts et une coupe dans les dépenses publiques de 2.000 milliards. Ces sabrages concerneraient l'éducation, les retraites, l'audiovisuel, le planning familial, etc. L'implication du milliardaire américain dans la politique européenne se fait toujours plus nette, comme son soutien aux droites radicales. Fin décembre, Elon Musk a ainsi apporté un soutien clair et sans ambiguïté à Alternative für Deutschland (AfD), le parti d'extrême-droite allemand, après avoir traité Olaf Scholz d'« idiot incapable ». Au Royaume-Uni, il réclame de nouvelles élections et offre de financer le parti populiste de Nigel Farage, grand rival des conservateurs.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Les histoires de 28 Minutes
Que cache la croisade anti-européenne d'Elon Musk, conseiller de Donald Trump ?

Les histoires de 28 Minutes

Play Episode Listen Later Jan 6, 2025 22:21


L'émission 28 minutes du 06/01/2025 Que cache la croisade anti-européenne d'Elon Musk, conseiller de Donald Trump ? Depuis quelques jours, Elon Musk s'est lancé dans une véritable offensive contre plusieurs dirigeants européens, avec l'appui de son réseau social X. Le milliardaire a réclamé le départ du Premier ministre britannique travailliste Keir Starmer. Le 20 décembre dernier, il a traité le chancelier allemand Olaf Sholz d'“imbécile incompétent”, en pleine campagne électorale pour les législatives du 23 février prochain. En plus de sa croisade contre les sociaux-démocrates européens, Elon Musk apporte désormais son soutien aux partis d'extrême droite européens, comme l'AfD qu'il décrit comme “la dernière lueur d'espoir” pour l'Allemagne, dans une tribune publiée dans le quotidien “Die Welt”. Autant de prises de position vues comme une  forme d'ingérence côté européen. On en débat avec Asma Mhalla, politologue et spécialiste de la géopolitique et de la Tech, Jean-Louis Bourlanges, ancien Président de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, Sylvie Kauffmann, éditorialiste internationale au journal "Le Monde".  28 Minutes est le magazine d'actualité d'ARTE, présenté par Elisabeth Quin du lundi au jeudi à 20h05. Renaud Dély est aux commandes de l'émission le vendredi et le samedi. Ce podcast est coproduit par KM et ARTE Radio. Enregistrement : 6 janvier 2025 - Présentation : Élisabeth Quin - Production : KM, ARTE Radio

Les histoires de 28 Minutes
[Débat] Que cache la croisade anti-européenne d'Elon Musk, conseiller de Donald Trump ?

Les histoires de 28 Minutes

Play Episode Listen Later Jan 6, 2025 22:21


L'émission 28 minutes du 06/01/2025 Que cache la croisade anti-européenne d'Elon Musk, conseiller de Donald Trump ? Depuis quelques jours, Elon Musk s'est lancé dans une véritable offensive contre plusieurs dirigeants européens, avec l'appui de son réseau social X. Le milliardaire a réclamé le départ du Premier ministre britannique travailliste Keir Starmer. Le 20 décembre dernier, il a traité le chancelier allemand Olaf Sholz d'“imbécile incompétent”, en pleine campagne électorale pour les législatives du 23 février prochain. En plus de sa croisade contre les sociaux-démocrates européens, Elon Musk apporte désormais son soutien aux partis d'extrême droite européens, comme l'AfD qu'il décrit comme “la dernière lueur d'espoir” pour l'Allemagne, dans une tribune publiée dans le quotidien “Die Welt”. Autant de prises de position vues comme une  forme d'ingérence côté européen. On en débat avec Asma Mhalla, politologue et spécialiste de la géopolitique et de la Tech, Jean-Louis Bourlanges, ancien Président de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, Sylvie Kauffmann, éditorialiste internationale au journal "Le Monde".  28 Minutes est le magazine d'actualité d'ARTE, présenté par Elisabeth Quin du lundi au jeudi à 20h05. Renaud Dély est aux commandes de l'émission le vendredi et le samedi. Ce podcast est coproduit par KM et ARTE Radio. Enregistrement : 6 janvier 2025 - Présentation : Élisabeth Quin - Production : KM, ARTE Radio

Le Nouvel Esprit Public
Bada : les questions du public (nouveau gouvernement et Syrie)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Dec 18, 2024 30:57


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 15 décembre 2024.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.David Djaïz, entrepreneur et essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
Le nouveau gouvernement et nos institutions / Syrie : une crise partout expliquée mais jamais prévue

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Dec 15, 2024 68:23


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 15 décembre 2024.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.David Djaïz, entrepreneur et essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.LE NOUVEAU GOUVERNEMENT ET NOS INSTITUTIONSSix mois après la dissolution de l'Assemblée nationale, la France, plongée dans une incertitude politique sans précédent, se trouve divisée en trois blocs. Pour l'historien Marc Lazare, nous nous trouvons dans « une crise politique claire et nette, […] mais pas une crise institutionnelle, « de régime », comme nous l'avons vécue en 1958 ».La chute du gouvernement Barnier début décembre après une motion de censure votée à la fois par le Nouveau Front Populaire et par le Rassemblement National, a abouti à la nomination comme Premier ministre de François Bayrou, qui ne faisait pas mystère de sa conviction que son tour était venu d'occuper l'hôtel Matignon … Le chef de l'État, après avoir d'abord proposé par téléphone au président du MoDem la deuxième place du nouveau gouvernement l'a reçu et a cédé devant la possibilité d'un blocage et d'une rupture avec son principal allié.Le centriste préconise un gouvernement « large et central », avec des « réformistes, de gauche, du centre et de droite, républicains, hors extrêmes ». Il pourrait bénéficier, du moins dans un premier temps, de la bienveillance de Marine Le Pen, qu'il a toujours traitée comme représentante d'un mouvement concourant à l'expression du suffrage, jusqu'à lui donner son parrainage pour la présidentielle de 2022, ou à prendre sa défense lors du procès des assistants du Front National (et du Rassemblement National) au Parlement européen.Si de la gauche au RN, tout le monde loue sa capacité au « compromis », François Bayrou n'a qu'un groupe parlementaire plus restreint que celui de Michel Barnier (36 députés Modem contre 47 Les Républicains), un « socle commun » pas plus large (et même moindre si les LR se retirent), des Français qui ne veulent pas de lui (seuls 4% souhaitaient un Premier ministre issu du camp présidentiel) et un procès en appel prévu courant 2025 dans l'affaire des emplois fictifs au Parlement européen.La France insoumise a promis une nouvelle motion de censure immédiate, le Parti socialiste déclare rester dans l'opposition, le Rassemblement National affirme qu'il n'y aura « pas de censure a priori » et Les Républicains réclament des « garanties » pour rester au gouvernement. Selon le récent sondage Ipsos sur les fractures françaises 86 % des Français n'ont pas confiance dans les partis politiques.Alors que sa cote de popularité a chuté, Emmanuel Macron s'apprête à perdre son parti, Renaissance, au profit de Gabriel Attal. Si le Premier ministre qu'il vient de nommer tombe à nouveau, c'est lui qui se retrouvera en première ligne, seul. SYRIE : UNE CRISE PARTOUT EXPLIQUÉE, MAIS JAMAIS PRÉVUE.Tous les services de renseignement ont été pris par surprise par la rapidité de l'effondrement, en douze jours seulement, de la dictature syrienne au pouvoir depuis 1970. Bachar el-Assad et sa famille se trouvent désormais à Moscou où ils ont obtenu l'asile politique auprès des autorités russes. En 2015, c'est l'appui militaire de l'armée russe qui, face aux forces islamistes, avait permis à Damas de reprendre progressivement le contrôle d'une grande partie du pays. Cette année, malgré quelques interventions aériennes pour bombarder des rebelles dans le nord-ouest du pays, l'armée russe n'a presque pas agi pour sauver le régime de Damas.Pour Téhéran, la chute d'Assad marque également un revers majeur : depuis la guerre civile, le pouvoir iranien avait dépêché sans relâche ses conseillers militaires et factions armées pour soutenir le pouvoir syrien, tandis que la Syrie jouait un rôle de relais décisif pour l'approvisionnement en armes du Hezbollah libanais, financé par l'Iran. En quatorze mois, depuis le 7 octobre 2023, l'Iran a perdu son « corridor d'influence » allant de Téhéran à Beyrouth, en passant par l'Irak, la Syrie et le sud d'Israël. Ne lui reste que les Houthis du Yémen.Bien que voisine de la Syrie, la Turquie ne s'attendait pas non plus à la chute aussi rapide du président syrien. Partageant avec la Syrie plus de 900 kilomètres de frontière, la Turquie est devenue en 13 ans une terre d'asile pour 4 millions de réfugiés syriens et une partie de son opposition, comme l'Armée nationale syrienne. Entraînée par des conseillers militaires turcs durant les 10 dernières années, elle s'est jointe au Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) pour faire tomber le régime syrien. Une occasion pour le président Erdogan de sécuriser sa frontière, de renvoyer le plus possible de réfugiés syriens chez eux et de neutraliser des factions kurdes syriennes, dominées par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK turc), ainsi que les milices de Daesh présentes dans le désert syrien.Peu après l'annonce de la chute de Bachar Al Assad, le 8 décembre, l'armée israélienne s'est emparée sans résistance du versant syrien du Golan, une montagne située à cheval entre Israël, le sud de la Syrie et le Liban, ainsi que de la zone démilitarisée qui fait tampon avec la Syrie.Au nord du pays, 900 soldats américains se trouvent toujours stationnés depuis la guerre contre l'État Islamique (EI). Ils y protègent notamment les Kurdes. Durant l'été 2024, les Nations-unies et le commandement central des Etats-Unis avaient alerté sur la montée en puissance de l'EI depuis les attaques du 7 octobre 2023 contre Israël, avec un niveau de violence jamais vu depuis la chute du « califat » en 2019. Les Etats-Unis et leurs alliés veulent empêcher que la prise de Damas par les rebelles de HTC renforce l'EI. L'ombre du jihadisme plane encore sur la Syrie et le risque existe que les Syriens aient échangé la proie pour l'ombre …Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Les interviews d'Inter
Jean-Louis Bourlanges : "C'est extravagant de reprocher au chef de l'État d'avoir consulté le peuple français"

Les interviews d'Inter

Play Episode Listen Later Dec 6, 2024 23:54


durée : 00:23:54 - L'invité de 8h20 - Aujourd'hui dans le grand entretien, Ali Baddou reçoit l'ex-député et ancien président de la commission des Affaires Etrangères de l'Assemblée Nationale, Jean-Louis Bourlanges.

Le Nouvel Esprit Public
Le PS peut-il s'affranchir ? / La situation en Ukraine

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Dec 1, 2024 66:43


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 29 novembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.LE PS PEUT-IL S'AFFRANCHIR ? Le prochain congrès du PS devrait avoir lieu au printemps 2025. Elu depuis 2018, Olivier Faure remettra son mandat de premier secrétaire en jeu. Sa gouvernance est contestée par ceux qui lui reprochent de coller au pas et aux humeurs de Jean-Luc Mélenchon et d'avoir réduit le PS à une annexe de La France insoumise au lieu de profiter de la force acquise lors des européennes et même des législatives pour être en mesure de faire émerger un candidat socialiste présidentiable. Les partisans du député de Seine et Marne plaident pour la survie, à tout prix, de l'union de la gauche, tout en menant à l'Assemblée une bataille larvée contre LFI pour obtenir le leadership de la gauche. Un combat rendu possible par le retour en force des socialistes à l'Assemblée : les troupes du patron du groupe socialiste à l'Assemblée, Boris Vallaud, comptent 66 parlementaires, contre 71 mélenchonistes.Cette crise entre le PS et LFI a éclaté au grand jour après la proposition de pacte de « non-censure » évoqué dimanche dernier sur France Inter par Boris Vallaud qui a proposé à « tous les présidents de groupes du Sénat et de l'Assemblée de l'arc républicain de poser la question des conditions d'une non-censure ». Il a, en outre, dit vouloir « reprendre le fil » de ce que « les groupes du Nouveau Front populaire » à l'Assemblée et au Sénat avaient « commencé à faire à la mi-août en disant "nous sommes prêts à des compromis texte par texte, nous sommes prêts à discuter des priorités de politique budgétaire" ». « Le PS cherche des alliés. Mais ça sera sans LFI », a assuré Jean-Luc Mélenchon, accusant le PS de « tendre la main » au-delà de la gauche.La mésentente affichée entre LFI et le PS est également apparue à propos d'une proposition de loi déposée le 19 novembre, à l'initiative du député « insoumis » du Nord Ugo Bernalicis, qui vise à « abroger le délit d'apologie du terrorisme du code pénal ». Ce délit, créé par une loi de 2014, consiste à « présenter ou commenter favorablement soit le terrorisme en général, soit des actes terroristes déjà commis ». Bernard Cazeneuve avait défendu ce texte comme « nécessaire » face à « la stratégie médiatique » des groupes djihadistes et au fait qu'« Internet offre aux thèses les plus extrêmes une caisse de résonance démultipliée ». L'objectif consiste selon la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, à cantonner à nouveau l'apologie du terrorisme au droit de la presse afin de garantir « la liberté d'expression ». La proposition a suscité une vague de critiques. A gauche le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a jugé qu'il suffisait en la matière d'affiner « la définition » du délit « pour en éviter les dérives ». Plus clairement, le patron des députés PS, Boris Vallaud, a affirmé ne pas soutenir « la proposition de LFI ».LA SITUATION EN UKRAINE Après des mois de refus, le 17 novembre, les Etats-Unis ont donné aux Ukrainiens le feu vert pour frapper la Russie en profondeur avec leurs missiles balistiques sol-sol d'une portée allant jusqu'à 300 kilomètres. Washington a justifié cette autorisation par le récent déploiement de soldats nord-coréens dans la région frontalière russe de Koursk. Alors que le conflit passait le cap des 1.000 jours, le 19 novembre, Kyiv a frappé un poste de commandement russe dans la région de Koursk. En réponse, le président russe a annoncé l'adoption d'une nouvelle doctrine nucléaire qui élargit la possibilité d'un recours à l'arme atomique en cas d'attaque « massive » par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire. Une référence claire à l'Ukraine et aux États-Unis. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Union européenne ont dénoncé « une rhétorique irresponsable » de la part de la Russie.Alors que la Russie pousse son avantage sur la ligne de front, en s'emparant de territoires, dans l'est du pays, à une rapidité inédite, les Etats-Unis ont annoncé, le 20 novembre, que pour aider l'Ukraine à freiner l'avancée des Russes, ils allaient fournir à Kyiv des « mines antipersonnel non-persistantes », c'est-à-dire équipées d'un dispositif d'autodestruction ou d'autodésactivation. Une mesure dénoncée non seulement par la Russie, et jugée « désastreuse » par la Campagne internationale pour interdire les mines, une organisation qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1997. L'Ukraine est aujourd'hui le pays le plus miné au monde, avec 23 % de son territoire pollué par des mines terrestres et des munitions non explosées, indiquait dans un rapport en octobre, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).Le 21 novembre Vladimir Poutine a déclaré que Moscou « avait lancé un nouveau missile balistique de portée intermédiaire sur l'Ukraine, en réponse à l'utilisation récente par ce pays d'armes américaines et britanniques pour frapper plus en profondeur » le territoire russe. Il a précisé que l'engin était un nouveau type de missile balistique hypersonique baptisé « Orechnik » - « noisetier », en russe -, dans sa « configuration dénucléarisée ». Le tir a visé un « site du complexe militaro-industriel ukrainien » dans la ville de Dnipro, a-t-il ajouté. C'est une première dans l'histoire du nucléaire militaire. Il n'était pas chargé – d'où l'absence d'explosion au sol –, mais, avec un tel tir, les Russes ont franchi un pas dans l'escalade avec les Occidentaux. Face aux risques importants de méprise, donc de riposte et d'escalade nucléaire, la Russie a indiqué avoir prévenu les Etats-Unis de son tir. Une annonce confirmée par Washington.Face aux nouvelles menaces du président russe, qui prévient qu'il pourrait désormais les frapper directement, les Occidentaux hésitent, vis-à-vis de l'Ukraine, entre un soutien réitéré mais assorti de limites (Joe Biden), des promesses verbales (Otan, France, Royaume-Uni et Suède), et la « prudence » (Allemagne).Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
Bada : les questions du public (les défis qui attendent Bruno Retailleau)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Nov 20, 2024 30:34


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 17 novembre 2024.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
Antisémitisme, drogue, insécurité, immigration : M. Retailleau est-il condamné aux imprécations ?

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Nov 17, 2024 64:59


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 17 novembre 2024.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.ANTISÉMITISME, DROGUE, SÉCURITÉ, IMMIGRATION : M. RETAILLEAU EST-IL CONDAMNÉ AUX IMPRÉCATIONS ? Le poste de délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT est inoccupé depuis le 26 juin, alors même que, depuis le 7 octobre 2023, date de l'attaque terroriste du Hamas en Israël, les actes antisémites explosent en France. Déjà, en 2012, on comptait 614 actes antisémites, puis entre 800 et 900 en 2015 avec le terrorisme islamiste, jusqu'au seuil inédit de 1.676 actes en 2023. Au premier semestre 2024, selon la Direction nationale du renseignement territorial, les actes antisémites ont augmenté de 192%. Tandis que les Français juifs représentent moins de 1% de la population, ils concentrent 57% des agressions racistes et antireligieuses.Sur l'immigration, Bruno Retailleau multiplie les propositions parfois très clivantes, (durcissement du regroupement familial, restriction des aides, instauration de quotas migratoires, etc.), tandis que le Premier ministre affiche un ton plus prudent et renvoie à plus tard les arbitrages définitifs. Environ 140.000 décisions de retour sont prononcées par an en France et concernent principalement des ressortissants du Maghreb, d'Afrique, d'Afghanistan et de Syrie. Selo, des années, leur taux d'exécution a varié entre 3,9% et 17,1%. Quand la réadmission dans le pays d'origine ne fonctionne pas, le renvoi dans un pays tiers est, aux yeux de Bruno Retailleau, une solution à explorer. Aussi négocie-t-il des accords avec des pays tels que l'Irak, le Kazakhstan ou l'Egypte, afin d'y envoyer des étrangers impossibles à expulser dans leur pays d'origine. Ces pays tiers accepteraient de recevoir ces étrangers sur leur sol, à la condition qu'ils y aient déjà transité ou séjourné. Tout comme la Commission européenne et une majorité d'Etats membres, la France est de plus en plus encline à envisager une externalisation du traitement de l'asile.On attendait une nouvelle loi sur l'immigration au début de l'année 2025. Les parlementaires plancheront finalement, en janvier, sur une proposition de loi sur le narcotrafic, issue des travaux du Sénat. La succession, depuis plusieurs semaines, de règlements de comptes meurtriers liés au trafic de drogue, a poussé le ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, et celui de la justice, Didier Migaud, à annoncer leur « plan d'action » contre la criminalité organisée, le 8 novembre, à Marseille. Une « cause nationale », selon le couple régalien, qui s'engage à « faire front commun ». L'analogie avec la lutte contre le terrorisme irrigue l'approche du gouvernement face à la montée en puissance des groupes criminels organisés – un phénomène parfois nommé « narcoterrorisme ». En France, la consommation de drogue (5 millions de consommateurs, selon l'Office antistupéfiants) ne cesse d'augmenter, ainsi que le nombre de morts liés au trafic (85 en 2023). Des chiffres, des discours et des lois.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
L'élection et la situation aux Etats-Unis / Conséquences pour l'Europe et la France

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Nov 10, 2024 64:43


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 8 novembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.L'ÉLECTION ET LA SITUATION DES ÉTATS-UNISAux Etats-Unis, trois ans après avoir quitté le bureau ovale, Donald Trump a été élu 47ème président des 244 millions de citoyens américains. Pour la première fois depuis 2004, les Républicains ont remporté le vote populaire en plus d'une nette majorité de grands électeurs. Selon les dernières projections, 64,5% des Américains ont voté soit la deuxième plus forte participation depuis 1908, juste derrière 2020. Donald Trump a remporté la totalité des États pivots, tandis que son parti a décroché dans le même temps la majorité au Sénat. C'est la première fois qu'un candidat républicain remporte le vote populaire depuis George W. Bush en 2004, et la seconde fois qu'un président est réélu pour un second mandat non consécutif depuis Grover Cleveland en 1892. L'ampleur de cette victoire « haut la main » provoque la surprise, les sondages ayant longtemps été favorables à Kamala Harris, puis les deux candidats ayant été annoncés « au coude-à-coude » au cours des dernières semaines de la campagne.Élu une première fois en 2016, battu de justesse en 2020 par Joe Biden lors d'un scrutin dont il n'a jamais reconnu les résultats, Donald Trump a revendiqué une « victoire politique jamais vue » dans le pays, et promis un nouvel « âge d'or » aux Américains. Sa victoire, le candidat républicain la doit à une stratégie électorale risquée : miser d'abord sur l'Amérique rurale. Il a rassemblé 55% des voix chez les blancs non diplômés et 60% dans les campagnes. Un socle ultra solide qui s'est aussi élargi : Trump fait mieux qu'en 2020 dans « quasiment tous les groupes démographiques » dont certains piliers de l'électorat démocrate : les femmes (+ 2 points qu'en 2020), les Hispaniques (+6) les Afro-américains (+7) et surtout les jeunes hommes (le "bro vote", +15). A l'inverse, Kamala Harris ne progresse que chez les femmes diplômées et échoue à mobiliser sur l'avortement et la défense de la démocratie : elle réalise 80% des votes chez ceux plaçant ces deux thèmes comme priorité mais cela est compensé intégralement par les 80% de votes contraires chez ceux favorisant l'immigration ou l'économie. Au lendemain du scrutin, Kamala Harris a reconnu sa défaite. Après avoir appelé son adversaire pour le féliciter, la candidate démocrate a appelé ses soutiens à accepter les résultats.Au lendemain de la victoire de Donald Trump, la bourse américaine s'est envolée, le dollar a connu sa plus forte hausse depuis huit ans, le bitcoin - soutenu par Trump - a dépassé pour la première fois les 75.000 dollars.CONSÉQUENCES POUR L'EUROPE ET LA FRANCELe triomphe de Donald Trump impactera l'économie mondiale. Le candidat républicain souhaite augmenter les droits de douane de 10 ou 20% sur tous les produits importés aux Etats-Unis. Une surtaxe conséquente, au regard des 3,3% de droits de douane moyens pratiqués aujourd'hui. En 2023, l'Union européenne a importé 344 milliards d'euros de biens d'outre-Atlantique et lui en a exporté pour 502 milliards d'euros. Un déficit commercial de 158 milliards de dollars insupportable aux yeux de Donald Trump. Il compte aussi surtaxer de 60 % ceux qui proviennent de Chine, faisant peser sur l'Union européenne la menace de voir les industriels chinois réorienter leurs exportations vers le Vieux Continent.Parmi les Vingt Sept réunis jeudi et vendredi à Budapest, une petite minorité souhaitait la victoire de Donald Trump. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, dont le pays occupe jusqu'à fin décembre la présidence du Conseil de l'UE et qui reçoit ses homologues à ce titre, le Slovaque Robert Fico, tandis que l'Italienne, Giorgia Meloni reste ambiguë. Les Vingt-Sept sont tiraillés par des intérêts divergents. Paris, chantre de l'autonomie stratégique de l'Union, prône l'instauration d'un rapport de force musclé avec Washington, si cela se révélait nécessaire. Mais plusieurs États membres sont pour la prudence, redoutant les mesures de rétorsion. A commencer par l'Allemagne, dont la coalition est secouée par le limogeage du ministre des finances libéral, et qui, en plus de son tropisme transatlantique et de son attachement au parapluie militaire américain, a un besoin impérieux d'exporter ses voitures et ses machines-outils de l'autre côté de l'Atlantique. Comme l'Italie, pour qui le marché américain est également un débouché essentiel. L'impact de cette élection concernera aussi les secteurs secteurs énergétique, technologique, militaire et géopolitique, avec, en ligne de mire, l'avenir de la guerre russo-ukrainienne et le spectre d'une déstabilisation des pays frontaliers en cas d'affaiblissement, de l'OTAN : la Pologne et les pays baltes, notamment, ont pour obsession de conserver les garanties de sécurité américaines offertes par l'OTAN. Que ce soit parce qu'il est vital pour leurs industriels de continuer à exporter outre-Atlantique ou pour s'assurer que Washington continuera à les protéger d'éventuelles agressions extérieures, une majorité des Vingt-Sept ne semble pas spontanément disposée à engager un bras de fer avec l'allié américain.Les rapports de force que Donald Trump devrait engager avec l'Europe porteront également sur la propagation des ressorts idéologiques et stratégiques qui ont « fait » sa victoire et pourraient consolider la doxa des extrêmes droites dans des démocraties déstabilisées et sous tension.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
Loi immigration en France en 2025, en Allemagne et en Pologne / L'Ukraine à la peine avant l'hiver et le 5 novembre

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Play Episode Listen Later Oct 20, 2024 63:25


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 18 octobre 2024.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.LOI IMMIGRATION EN FRANCE EN 2025, EN ALLEMAGNE ET EN POLOGNEBien que la précédente loi sur l'immigration ait été promulguée il y a moins d'un an, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé un texte sur ce sujet pour le début de 2025, afin, notamment, de prolonger la durée maximale de rétention des étrangers visés par une mesure d'éloignement. Préférence nationale, quotas, délit de séjour irrégulier, renvoi des étudiants étrangers, restriction du regroupement familial et du droit du sol, la plupart de ces mesures, contenues dans la loi sur l'immigration, adoptée fin 2023 par le Parlement, et censurées, dans la foulée, par le Conseil constitutionnel, devraient servir « de base pour le nouveau projet de loi sur l'immigration ». Une « nouvelle loi » sur l'immigration qui s'ajoutera à une longue série de 118 textes depuis 1945. Soit une loi sur l'immigration tous les deux ans en moyenne – sans compter les ordonnances, arrêtés, circulaires et décrets qui se sont multipliés. Bruno Retailleau, a déclaré son intention de mettre fin au « désordre migratoire », quitte à remettre en cause l'Etat de droit qui, selon lui, « n'est ni intangible ni sacré ». Les macronistes sont divisés sur ce projet : Gabriel Attal, ancien Premier ministre et président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée, estime qu'une nouvelle loi n'est pas prioritaire, tandis que Gérald Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur, s'est, lui, déclaré plutôt d'accord avec le projet du gouvernement Barnier.A Bruxelles, le débat autour de la migration a pris une nouvelle vigueur dans une orientation toujours plus dure, voire radicale. Désormais, ce mouvement touche aussi la gauche au pouvoir en Allemagne, quelques années après le Danemark. Le changement de pied de la coalition réunissant à Berlin sociaux-démocrates, écologistes et libéraux a désinhibé l'ensemble du continent, entraînant un changement de paradigme. A la surprise générale, Berlin a réinstauré, en septembre, les contrôles à ses frontières intérieures pour bloquer l'entrée de clandestins, écornant un peu plus l'espace Schengen de libre circulation. L'attentat de Solingen, survenu le 23 août 2024, peu avant des élections régionales à fort enjeu politique dans l'est du pays et lors duquel trois personnes ont été tuées, a poussé le gouvernement à restaurer des contrôles aux frontières et à multiplier les mesures volontaristes comme des restrictions de prestations sociales pour certains réfugiés, examinées ces jours-ci au Bundestag. Le 12 octobre, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, est allé plus loin en demandant à Bruxelles la possibilité de suspendre partiellement le droit d'asile pour les migrants qui entrent illégalement par la frontière biélorusse, assurant qu'il n'appliquerait pas une obligation européenne qui contreviendrait à « la sécurité » du pays. Cette annonce a provoqué la surprise et la consternation au sein de sa coalition démocrate, et une levée de boucliers des organisations de défense des droits humains.L'UKRAINE À LA PEINE AVANT L'HIVER ET LE 5 NOVEMBRELe président ukrainien Volodymyr Zelensky a entamé le 10 octobre une tournée européenne à Londres, Rome, Paris et Berlin, pour présenter son « plan de la victoire », comme il l'avait fait le 26 septembre à Washington. Ce document, qui n'a pas été rendu public, est conçu, d'après les Ukrainiens, comme une nouvelle tentative de mobiliser les soutiens occidentaux sur le plan militaire, économique et diplomatique. L'objectif est d'inverser le rapport de force, à ce jour favorable aux Russes, et de contraindre Vladimir Poutine à entamer, un jour, des négociations. Le président ukrainien espérait obtenir l'autorisation d'utiliser des missiles occidentaux à longue portée sur le territoire russe, et un engagement sur des négociations pour une adhésion à l'OTAN, deux limites pour les Etats-Unis, face au risque d'une escalade avec Moscou.Sur le terrain, les forces armées ukrainiennes espèrent épuiser l'armée russe, mais souffrent elles-mêmes d'un manque d'hommes et de munitions. Après de longs mois de guerre de positions durant lesquels la ligne de front n'a que peu évolué, l'Ukraine perd à nouveau du terrain, submergée par les assauts incessants des troupes russes, qui, villages après villes, ont raison des défenses ukrainiennes, mais au prix de larges pertes. Profitant de sa supériorité numérique, la Russie a multiplié les vagues d'assaut sur ses différents couloirs de progression, sans se soucier des pertes occasionnées. Depuis l'offensive ukrainienne début août dans la région de Koursk, les Russes ont conquis plus de 700 kilomètres carrés en l'espace de deux mois ainsi dans le Donbass, une avancée sans précédent depuis 2022.Alors que le projet de budget de la Russie pour 2025 prévoit une enveloppe de près de 130 milliards d'euros pour les dépenses militaires, Kyiv ne disposera que d'un plus de 48 milliards d'euros. Une somme largement dépendante du soutien financier et militaire occidental. Or, de ce côté-là, les signaux se font de plus en plus alarmants, alors que l'élection présidentielle américaine de novembre pourrait bouleverser la politique de soutien de son allié le plus puissant. Un vide que les alliés européens de Kyiv ne pourraient pas combler. Le 9 octobre, toutefois, les ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l'Union européenne se sont entendus pour prêter à l'Ukraine jusqu'à 35 milliards d'euros en 2025. Les intérêts des actifs russes gelés permettront de rembourser ce prêt. Si en 2024, l'aide militaire française à l'Ukraine dépassera deux milliards d'euros, notamment grâce à l'utilisation d'intérêts d'avoirs russes gelés, elle n'atteindra cependant pas le maximum de trois milliards envisagé dans un accord de sécurité conclu avec Kyiv, a précisé lundi le ministre des Armées Sébastien Lecornu. Winter is coming.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Bada : les questions du public (gauche française et Israël)

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Play Episode Listen Later Oct 16, 2024 45:03


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 13 octobre 2024.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.David Djaïz, entrepreneur, essayiste.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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La gauche façon puzzle / Israël : ses responsabilités, ses adversaires, ses alliés

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Play Episode Listen Later Oct 13, 2024 62:47


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 13 octobre 2024.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.David Djaïz, entrepreneur, essayiste.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.LA GAUCHE FAÇON PUZZLEAprès le bon score de Raphaël Glucksmann aux élections européennes de juin dernier, les socialistes pensaient qu'un espace s'entrouvrait entre le futur successeur d'Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. La dissolution surprise annoncée par le Président de la République est venue tout remettre à plat. Réalisé dans l'urgence, en quatre jours, face à la menace d'un Rassemblement national dont les sondages prédisaient une victoire écrasante, le Nouveau Front Populaire (NFP) a rassemblé La France Insoumise-LFI, le Parti communiste-PCF, Europe écologie les verts-EELV, le Parti socialiste-PS et le Nouveau Parti anticapitaliste-NPA. Sa mobilisation a permis à la gauche d'arriver en tête au second tour des législatives, le 7 juillet, avec 178 députés élus.Toutefois, au Parti socialiste comme à la France insoumise, la rentrée s'est déroulée en ordre dispersée avec une éclosion de mouvements et de clubs. Les 5 et 6 octobre, lors de la première université d'été de son mouvement Place publique, Raphaël Glucksmann a officialisé son intention de se porter candidat aux présidentielles de 2027. Il souhaite incarner « une gauche sociale, européenne, humaniste, écologiste et féministe » et dessiné une voie « girondine », ni « succédané du macronisme », ni « populisme de gauche ». Le même jour, Olivier Faure s'est invité à Lomme près de Lille, là où les socialistes nordistes tenaient leur rentrée politique. L'occasion pour le premier secrétaire du PS de compter ses soutiens et de marquer à nouveau sa différence avec Raphaël Glucksmann et les figures de son propre parti, hostiles à une alliance avec le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon. La veille, le maire PS de Saint-Ouen, Karim Bouamrane lançait son propre mouvement, La France humaine et forte. Fin septembre, c'était la présidente du conseil régional de la nouvelle région OccitanieCarole Delga, PS, qui accueillait les quatrièmes rencontres de la gauche, avec notamment Bernard Cazeneuve qui a quitté le PS en 2022 pour fonder son club La Convention, ainsi que Benoit Hamon parti du PS dès 2017 pour créer Génération.s, à la gauche du parti. Du côté de LFI, les dissidents Alexis Corbière ou Raquel Garrido, qui se dénomment, « Les Insurgés » ont lancé L'Après, tandis que François Ruffin a créé Picardie debout, et que Gérard Filoche a lancé la Gauche démocratique et sociale.Cependant, malgré les crispations qui rythment le quotidien de la coalition de gauche, socialistes, insoumis, écologistes et communistes feront front commun dans le marathon budgétaire des prochaines semaines. Mercredi à l'Assemblée nationale, le Nouveau Front populaire a présenté dix propositions fiscales, qui prendront la forme « d'amendements communs du NFP » et permettront, selon eux, de dégager 49 milliards d'euros de recettes supplémentaires.ISRAËL : SES RESPONSABILITÉS, SES ADVERSAIRES, SES ALLIÉSDes failles béantes sont apparues en Israël avant, pendant et même après la violente attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023 : les services de renseignement israéliens ont fait défaut, les réponses dans les premières heures n'ont pas été à la hauteur, mais au-delà, c'est tout un système qui est interrogé. La poursuite de la guerre et son extension, aujourd'hui, à toute la région du Moyen-Orient, permettent au Premier ministre israélien, en se maintenant au pouvoir, de retarder aussi la mise en place d'une commission d'enquête, en Israël, devant établir les responsabilités dans les événements du 7 octobre.Depuis le 7 octobre 2023, un réseau de groupes paramilitaires, unis par leur opposition aux États-Unis et à Israël, a accentué ses attaques contre Israël : milices chiites en Irak et en Syrie, Hezbollah au Liban, Hamas et Jihad islamique à Gaza, Houthis au Yémen. Chacun entretenant des liens avec Téhéran. Si l'Iran ne semble pas avoir été prévenu par le Hamas de l'attaque du 7 octobre, il voit cependant ses « proxys » détruits les uns après les autres et ses deux frappes de missiles contre Israël - les 13/14 avril et le 1er octobre - guère efficaces, n'ont pas changé la donne. Le guide suprême, Ali Khamenei, a prévenu le 4 octobre que ses alliés, principalement le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, poursuivraient le combat contre Israël. Dimanche dernier, le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a menacé l'Iran de frappes similaires à celles menées « à Gaza et Beyrouth ». Un an plus tard, l'Iran se retrouve donc en première ligne face à Israël, soutenu par les Occidentaux et la majorité des pays arabes.Les Etats arabes qui ont signé des accords de paix avec Israël, d'abord l'Egypte en 1978, puis la Jordanie en 1994, comme ceux qui ont signé les accords d'Abraham en 2020 (Émirats arabes unis, Barheïn, Maroc et Soudan), n'ont pas rompu leurs liens avec l'Etat hébreu. Bien au contraire, puisque certains ont participé même, comme la Jordanie, à la défense du ciel israélien contre l'Iran.Allié majeur d'Israël, les Etats-Unis se sont montrés incapables d'obtenir un accord de cessez-le-feu à Gaza en échange de la libération des otages. Pas plus qu'ils ne sont parvenus à imposer une solution au Liban. Protégeant avec ses propres moyens militaires le ciel israélien contre les missiles iraniens, Washington continue de fournir les armes à Tsahal. Elle tente de peser aujourd'hui pour calibrer la réponse israélienne au bombardement du 1er octobre, afin que Tsahal ne s'en prenne ni au programme nucléaire, ni aux installations pétrolières.Emmanuel Macron a appelé à stopper les livraisons d'armes utilisées par Israël à Gaza. La France « ne tolérera pas » que l'armée israélienne vise à nouveau « délibérément » les Casques bleus.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Face à  Duhamel
Face à Duhamel: Jean-Louis Bourlanges - Proche-Orient, faut-il arrêter Netanyahu ? – 03/10

Face à Duhamel

Play Episode Listen Later Oct 3, 2024 18:48


Israël est actuellement engagé sur trois fronts : la guerre de Gaza qui continue, le conflit avec le Hezbollah à Beyrouth et la réplique imminente aux missiles lancés par l'Iran. Il est donc à l'offensive. Peut-on et faut-il arrêter Benjamin Netanyahu ? Ce jeudi 3 octobre 2024, Alain Duhamel, éditorialiste à BFMTV, a débattu avec Jean-Louis Bourlanges, ancien député, ancien président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale et membre du conseil d'administration de l'Institut Jacques Delors, dans l'émission BFM Story présentée par Olivier Truchot et Alain Marschall sur BFMTV.

Le 5/7
Vincent Droz-Bartholet - Jean-Louis Bourlanges

Le 5/7

Play Episode Listen Later Sep 17, 2024 120:20


durée : 02:00:20 - Le 5/7 - par : Mathilde MUNOS, Amaury Bocher, Elise Amchin - Vincent Droz-Bartholet, producteur de Mont d'Or AOP, et Jean-Louis Bourlanges, ancien député Modem, ancien président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, sont les invités du 5/7 de France Inter.

Les interviews d'Inter
Jean-Louis Bourlanges se dit "très choqué" par le départ du commissaire européen Thierry Breton

Les interviews d'Inter

Play Episode Listen Later Sep 17, 2024 6:59


durée : 00:06:59 - L'invité de 6h20 - La composition de la nouvelle commission européenne pour les cinq prochaines années pourrait être annoncée ce mardi. Quelle place pour la France dans ce casting gardera-t-elle un poste important ? Le commissaire français Thierry Breton a annoncé sa démission.

Le Nouvel Esprit Public
Élections algériennes, relations franco-algériennes et franco-marocaines / Le rapport Draghi

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Sep 15, 2024 63:32


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 13 septembre 2024.Avec cette semaine :Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.ÉLECTIONS ALGÉRIENNES, RELATIONS FRANCO-ALGÉRIENNES ET FRANCO-MAROCAINESLe président algérien Abdelmadjid Tebboune a été élu le 8 septembre pour un second mandat avec 94,65 % des voix, selon l'Autorité nationale indépendante des élections, tandis qu'Abdelaali Hassani Chérif, le candidat islamiste (MPS) a rassemblé 3,17 % des voix, et Youcef Aouchiche, le candidat du FFS (opposition laïque), de 2,16 % des voix. Le taux de participation officiel serait de 48,03 %, selon une première estimation donnée dans une communication un peu confuse. En réalité, le taux de participation ne serait pas supérieur à 23 %. Certaines évaluations le situent même à 10%.Troisième économie d'Afrique avec un produit intérieur brut attendu à 267 milliards de dollars en 2024, selon le Fonds monétaire international, l'Algérie s'est reconstitué un matelas de sécurité – elle disposait de 69 milliards de dollars de réserves de change à la fin de 2023. Mais le chantier permanent de la diversification de son économie, qui permettrait de sortir de la dépendance au gaz et au pétrole, est incessamment retardé par les intérêts liés à ces deux secteurs dans les milieux dirigeants.Ambassadeur à deux reprises en Algérie, Xavier Driencourt estime qu'« en affichant un score pareil, le régime n'a aucune volonté de changement. Sur le plan économique, les finances publiques tiennent par le pétrole. La grande répression va se poursuivre. Par contre, sur le plan international, le pays est significativement isolé. » Il existe avec le Maroc, le Mali et la Libye, un arc de crises diplomatiques qui devrait être l'un des plus gros dossiers du second mandat. d'Abdelmadjid Tebboune.Cet été, une nouvelle brouille a mis aux prises Alger et Paris après le revirement français pro-marocain sur l'affaire du Sahara occidental. Le 30 juillet, Emmanuel Macron adressait au roi du Maroc, Mohammed VI, un courrier consacrant le ralliement de la France à la thèse de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Né bien après l'indépendance algérienne, le président français a multiplié, depuis 2017, les gestes de bonne volonté pour bâtir une relation apaisée avec l'Algérie, notamment dans le domaine mémoriel de la guerre d'Algérie. En vain, les crises succédant aux brouilles avec Alger. Aujourd'hui, Emmanuel Macron se tourne vers le Maroc où il devrait se rendre prochainement en visite d'État, tandis que sa visite en Algérie, un temps envisagée, n'est plus évoquée.RAPPORT DRAGHIMandaté par Ursula von der Leyen en septembre 2023, l'ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi a livré lundi un rapport dont les recommandations doivent alimenter les travaux de la nouvelle Commission européenne pour les cinq prochaines années. Selon lui, l'Union européenne est aujourd'hui confrontée à « un défi existentiel » ; si elle ne change pas, elle sera condamnée à « une lente agonie ». C'est donc de « 800 milliards d'euros d'investissements supplémentaires par an » dont l'UE a besoin si elle veut pouvoir financer les réformes nécessaires afin d'éviter qu'elle ne se laisse distancer définitivement par les États-Unis et la Chine. Un bond significatif qui représenterait 5 % du PIB européen actuel. (Le plan Marshall entre 1948 et 1951 équivalait à 1 à 2% du PIB de l'UE.) Face à la Chine et aux États-Unis, l'Europe décroche. Entre l'UE et les États-Unis, l'écart de niveau de PIB s'est progressivement creusé entre 2002 et 2023, passant d'un peu plus de 15 % à 30 %, tandis qu'en termes de parité de pouvoir d'achat, l'écart s'élève à 12 %. Le rapport Draghi découpe la compétitivité européenne en trois secteurs auxquels une attention particulière doit être apportée : l'innovation, la décarbonation, et la sécurité énergétique et économique. L'Europe doit mieux financer ses industries de pointe, en ciblant et coordonnant ses investissements ; elle doit adapter sa transition énergétique et climatique pour en faire une source de compétitivité et non pas de décroissance ; et elle doit s'assurer de réduire ses dépendances stratégiques, en revoyant sa politique commerciale et la sécurité de ses chaînes d'approvisionnement.Mario Draghi expose 170 propositions. Les Européens doivent se doter d'une main-d'œuvre qualifiée, miser sur la recherche, achever la construction d'un marché intérieur qui reste inaboutie, baisser la facture d'électricité des citoyens comme des entreprises (deux ou trois fois plus élevée qu'aux Etats-Unis) et s'attaquer à la débureaucratisation de leur économie. S'ils veulent réussir, les Vingt-Sept devront aussi revoir leurs règles en matière de concurrence, qui empêchent parfois l'émergence de champions européens, et veiller à une plus grande cohérence entre leurs politiques commerciale, environnementale et climatique. Mais surtout, l'Union européenne doit investir massivement dans les technologies propres et le numérique, tout en réduisant ses dépendances, notamment à la Chine. A l'heure de la guerre en Ukraine, elle doit aussi se donner les moyens de financer une industrie de la défense à même de pallier le désengagement annoncé des Etats-Unis, que Donald Trump revienne à la Maison Blanche après les élections de novembre ou pas.Mario Draghi, n'est pas le premier à s'alarmer du déclin relatif de l'Europe. Au printemps, Enrico Letta, un autre ex-président du Conseil italien, avait établi le même diagnostic.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Bada : les questions du public (arrestation de Pavel Durov et nomination de Michel Barnier)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Sep 11, 2024 39:57


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 8 septembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Arrestation du patron de Telegram : machination, abus de pouvoir, ou début de régulation ? / Un Premier ministre longtemps attendu et attendu au tournant

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Sep 8, 2024 64:02


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 8 septembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.ARRESTATION DU PATRON DE TELEGRAM : MACHINATION, ABUS DE POUVOIR OU DÉBUT DE RÉGULATION ?Arrêté le 24 août au Bourget, le patron de la messagerie cryptée Telegram, Pavel Durov, a été mis en examen le 28 et a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec obligation de remettre une caution de 5 millions d'euros, de pointer au commissariat deux fois par semaine, et interdiction de quitter le territoire français. La section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris reproche à la plateforme de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels ou délictueux, ce que l'entreprise réfute. Une loi française adoptée cette année requiert la coopération des plateformes avec les autorités pour éliminer ce type de contenus. De même, le Digital Services Act européen permet de demander des comptes aux « très grandes plateformes » dépassant 45 millions d'utilisateurs actifs par mois. L'entreprise assure qu'elle supprime les contenus terroristes et pédocriminels, mais toutes les ONG travaillant sur le sujet de la pédopornographie constatent, depuis des années, que la plate-forme refuse toute forme de collaboration avec elles, comme avec les forces de l'ordre. Son propre site Web explique qu'elle n'applique pas les demandes basées sur des « lois locales » qu'elle considère comme une violation de la liberté d'expression.De façon inédite, le parquet a décidé d'enquêter sur le dirigeant de l'application et non pas seulement sur ses utilisateurs. La peine prévue pour un manquement aux obligations d'une plateforme numérique est d'un an de prison maximum. S'il est reconnu complice d'actes plus graves, il pourrait encourir les mêmes peines que pour des criminels en bande organisée, soit au moins cinq ans de détention. La police française a pu interpeller Pavel Durov sans difficulté, les faits reprochés ayant eu lieu en France et le patron de Telegram s'avérant être Français en plus de ses nationalités russe et émirati. La justice française envoie ainsi le signal que les patrons des plateformes ne sont pas à l'abri de la prison en cas de non-respect des règles quand leur laisser-aller en matière de modération peut faire les affaires de criminels.Avec près de 1 milliard d'utilisateurs, Telegram dont le siège social est à Dubaï, est devenu, avec WhatsApp, l'une des plus importantes messageries du monde. L'entrepreneur, qui revendique des idées libertariennes, l'a fondé en 2013 avec l'objectif de protéger l'identité et les données de ses usagers par rapport aux gouvernements. Son arrestation a créé une onde de choc, aussi bien en Russie, où Telegram est très populaire, qu'aux Etats-Unis, où des entrepreneurs comme Elon Musk ont dénoncé une « attaque contre la liberté d'expression ». Emmanuel Macron a assuré, dans un message publié sur X, que l'arrestation de Pavel Durov n'était « en rien une décision politique ».UN PREMIER MINISTRE LONGTEMPS ATTENDU ET ATTENDU AU TOURNANTAu soixantième jour après le second tour des législatives, le chef de l'Etat a nommé Michel Barnier au poste de Premier ministre. Âgé de 73 ans, il affiche un parcours qui fut longtemps un parcours obligé avant que la carrière politique ne favorise des circuits plus courts : conseiller général de la Savoie en 1973, puis président de l'assemblée départementale, député en 1978. Ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, chargé successivement de l'Environnement, des Affaires européennes, des Affaires étrangères, de l'Agriculture, député puis Commissaire européen, négociateur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Enfin, candidat malheureux à la primaire de LR pour la présidentielle de 2022.Il succède à Gabriel Attal dont le mandat de huit mois à Matignon aura été le plus court de la Ve République. Une autre étape démarre désormais, qui s'annonce tout aussi laborieuse que la précédente : l'élaboration d'un programme de gouvernement. Une fois bâti, Michel Barnier devra composer son gouvernement. Aux habituels critères de parité, de diversité ou de représentation territoriale, s'ajoute désormais celui des équilibres politiques nécessaires pour refléter le poids du camp présidentiel dans l'hémicycle, se concilier la droite, tenter de décrocher quelques voix à gauche et le tout, sans heurter le Rassemblement national. Restera enfin la dernière épreuve, celle pour laquelle Emmanuel Macron l'a choisi : faire face à la division de l'hémicycle en trois blocs, chacun minoritaire. Michel Barnier doit construire une coalition qui puisse au moins permettre l'adoption du budget 2025 d'ici au 13 septembre, sur fond de dérapage des comptes publics. Au Palais Bourbon, la situation s'annonce difficile : son groupe, Les Républicains, est le cinquième de l'Assemblée nationale avec seulement 47 députés. Si la gauche a fustigé le choix d'Emmanuel Macron - LFI et des mouvements de la jeunesse ont appelé hier à une marche « contre le coup de force d'Emmanuel Macron » - la droite s'est réjouie de la nomination d'un des siens, quand le Rassemblement national a décidé d'adopter, pour l'heure, une position neutre, tandis que les fidèles d'Emmanuel Macron ont fait part de leurs réticences.Au lendemain de sa nomination le nouveau chef du gouvernement a accordé son premier entretien au JT de « 20 heures » de TF1, vendredi soir. Interrogé sur la très controversée réforme des retraites adoptée l'an passé par 49.3, sur fond de forte mobilisation dans la rue, le nouveau Premier ministre a déclaré vouloir « ouvrir le débat » pour une « amélioration ». Michel Barnier n'a pas exclu d'introduire la proportionnelle, qui permettrait de voter pour des listes et non plus au scrutin uninominal à deux tours. Ses priorités seront l'immigration, le travail, la dette et les services publics.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
En France, la fin du présidentialisme

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Jul 14, 2024 64:39


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 12 juillet 2024. Avec cette semaine : Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique. Jean-Louis Bourlanges, essayiste. Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors. Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. EN FRANCE, LA FIN DU PRÉSIDENTIALISME ? Le Président de la République en dissolvant l'Assemblée nationale le 9 juin souhaitait « clarifier » la situation politique, or la dissolution a donné une assemblée sans majorité et divisée en trois blocs. Le Nouveau Front populaire a obtenu 182 sièges avec une majorité d'Insoumis (74), 59 Socialistes, 28 candidats d'EELV, 9 Communistes et 12 divers gauche. Le groupe du centre en totalise 168 avec 102 députés sous l'étiquette Renaissance, 33 MoDem, 25 Horizons et 8 divers droite. Le parti de Jordan Bardella remporte 143 sièges avec 126 RN et 17 LR-RN, alors que les sondages d'entre-deux-tours lui prédisaient une large victoire allant de la majorité relative à la majorité absolue (289 sièges). Bien que les espoirs du parti d'extrême droite se soient envolés à l'annonce desdits résultats, celui-ci réalise son meilleur score à des élections depuis sa création en 1972. En 2022, le RN comptait 89 sièges à l'Assemblée. Reste la droite avec 60 sièges dont 45 Républicains. Les députés sortants reconduits représentent 73 %, soit trois fois plus qu'en 2017. C'est un record depuis 1958. En tout, 155 circonscriptions ont changé de couleur politique. La participation enregistrée à ces élections est aussi haute au premier qu'au second tour : respectivement 66,6% et 66,7% des électeurs se sont rendus aux urnes. Si cela reste inférieur au second tour d'une élection présidentielle, cela représente 20 points de plus qu'aux législatives de 2022. La première séance de la 17e législature de la Ve République ouvrira le 18 juillet, soit « le deuxième jeudi qui suit son élection », comme le veut la Constitution. La nouvelle Assemblée nationale élira alors son président à bulletin secret. Dans la foulée, les déclarations politiques des groupes et leur composition seront remises au secrétariat général. Le lendemain, ce sera au tour du bureau de l'Assemblée d'être désigné : les postes seront répartis et les candidatures aux huit commissions permanentes, déposées. La coalition présidentielle a perdu bon nombre de députés, et ses principaux leaders se sont éloignés du Président. La nouvelle composition parlementaire impose au pouvoir exécutif de collaborer avec une Assemblée fragmentée. Dans une lettre adressée aux Français, publiée par plusieurs journaux régionaux ce mercredi, Emmanuel Macron a appellé les forces politiques républicaines à "un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays". "Ce que les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes" précise-t-il. "C'est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre" indique le Président. "D'ici là, le Gouvernement actuel continuera d'exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes" (...) "Vous avez appelé à l'invention d'une nouvelle culture politique française. En votre nom, j'en serai le garant", conclut Emmanuel Macron. Jamais, sous la Ve République, l'Assemblée nationale n'a été à la fois aussi divisée et aussi puissante. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Résultats du premier tour des législatives / Stratégies pour le second tour

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Play Episode Listen Later Jul 5, 2024 61:29


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 5 juillet 2024. Avec cette semaine : Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l'Intérieur. Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova. RÉSULTATS DU PREMIER TOUR DES LÉGISLATIVES Au premier tour de législatives anticipées, le Rassemblement national est arrivé dimanche en tête avec 33,15% des voix. Il devance de 5 points l'alliance des partis de gauche, sous l'étiquette de Nouveau front populaire (NFP) qui atteint 27,99% et laisses-en troisième position la majorité présidentielle, à 20,04%. Dans cette bataille, les trois blocs n'abandonnent que 10,23% des voix à la droite des Républicains-UDI et divers droite. Trois semaines après une dissolution surprise et au terme d'une campagne de premier tour hâtive, 66,7 %, des électeurs se sont exprimés soit près de 20 points de plus que lors des précédentes éditions de 2017 et 2022. Cette très forte participation semble avoir profité aux trois blocs. Ce premier tour de ces élections législatives dessine un entre-deux-tours inédit avec 76 élus dès le premier tour, et avant désistements, seulement 191 duels, 5 quadrangulaires et surtout 305 triangulaires. Un record, alors que seulement sept triangulaires avaient eu lieu en 2022 et une seule en 2017. La conséquence d'une tripartition de la vie politique française à l'œuvre depuis 2017. En nombre de voix, la progression du parti d'extrême droite passe de 4 millions d'électeurs au premier tour de 2022 à 12 millions deux ans plus tard, alors que le bloc de gauche, en nombre de voix, se maintient. Le RN aborde le second tour en tête dans 222 circonscriptions et les candidats LR soutenus par lui dans 38 autres. Alors que pendant des années, le vote frontiste s'est développé et amplifié dans l'arc méditerranéen et dans les territoires désindustrialisés, la conquête de l'extrême droite touche maintenant quasiment toutes les zones, sauf les grandes métropoles et les villes les plus importantes (un seul candidat qualifié à Paris, dans la quatorzième circonscription, sans aucune chance d'être élu). En miroir de cette diffusion de l'extrême droite, l'affaissement électoral du macronisme est l'autre fait majeur de ce premier tour, avec 20,15% au niveau national. Les représentants du président de la République n'arrivent à se qualifier que dans 321 circonscriptions avant les désistements dans certaines triangulaires (contre 419 en 2022 et 513 en 2017). Ils ne sont en tête que dans 68 circonscriptions (201 en 2022, 449 en 2017). Les zones de forces se situent dans les métropoles, les banlieues et des territoires plus ruraux, comme le Puy-de-Dôme. Arrivé deuxième au niveau national avec 27,99%, le bloc de gauche, hormis ses 31 élus du premier tour, aborde le deuxième tour en tête dans 128 circonscriptions, alors que 191 candidats émergeaient à la première position en 2022. STRATÉGIES DU SECOND TOUR DES LÉGISLATIVES La domination électorale du Rassemblement national et de ses alliés ciottistes au premier tour des législatives, a conduit l'alliance de la gauche et la coalition présidentielle à dicter un mot d'ordre commun pour la dernière ligne droite de la campagne : faire barrage à l'extrême droite. La gauche a demandé que dans toutes les circonscriptions où le Rassemblement national est arrivé en tête, et où un candidat du Nouveau Front populaire est troisième (ou quatrième), ce dernier se désiste. De même pour le cas où un candidat RN est arrivé en deuxième position mais qu'un maintien du candidat du NFP pourrait conduire à son élection. Du côté du camp présidentiel, quand certains appelaient à un retrait systématique dans les circonscriptions où un candidat de l'alliance de la gauche est en position favorable pour barrer la route du RN, d'autres parlaient plutôt de choix au cas par cas, excluant nombre de circonscriptions où le candidat en question a été investi par La France Insoumise. Résultats, selon des données officielles du ministère de l'Intérieur publiées mercredi, après les 224 désistements de candidats qualifiés, la physionomie du second tour a complètement changé. On assiste à une diminution massive du nombre de triangulaires, passées de 306 à 89. 127 candidats investis par le Nouveau Front populaire ou la gauche se sont désistés dans des circonscriptions où le RN aurait été en mesure de s'imposer face à plusieurs adversaires, selon l'AFP. 81 candidats d'Ensemble se sont également retirés, tout comme trois candidats de Les Républicains. Le RN compte encore 386 candidats et 37 députés ont été élus au premier tour ... Le NFP a encore 281 représentants pour 32 élus, soit 313 au total. Ensemble, le parti présidentiel compte 2 élus et 218 candidats en lice. Les LR tendance ciottiste ont encore 55 candidats pour 1 déjà élu. Le parti LR canal historique compte lui aussi 1 élu pour 52 encore candidats. Les autres nuances politiques représentent un total de 61 candidats. Selon le baromètre Toluna Harris Interactive pour RTL, M6 et Challenges, publié mercredi, le RN n'obtiendra pas la majorité absolue de 289 sièges à l'issue du second tour, mais, avec ses alliés, une fourchette de 190 à 220 sièges. Selon ce sondage, le Nouveau Front populaire pourrait obtenir 159 à 183 députés, Ensemble, 110 à 135 et Les Républicains 30 à 50. Face au risque d'une France ingouvernable, certains responsables du centre droit et de la gauche envisagent une vaste coalition pour échapper à la paralysie. Gabriel Attal a évoqué la possibilité de construire « une Assemblée plurielle » pour éviter un blocage institutionnel, si l'extrême droite n'obtenait pas la majorité absolue. La proposition de Gabriel Attal de former un gouvernement d'unité nationale après le second tour a déjà provoqué des clivages. La France Insoumise a immédiatement réagi, en affirmant qu'ils étaient là pour appliquer le programme du Nouveau Front populaire. Du côté des écologistes et une partie des socialistes, certains seraient prêts à réfléchir à cette proposition de former un front républicain.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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La prochaine fois …

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Play Episode Listen Later Jul 2, 2024 64:44


L'appel lancé en avril dernier a été entendu : nous poursuivrons nos conversations hebdomadaires et leurs suppléments culturels au long de notre huitième saison qui débutera le 8 septembre par une enregistrement en public à l'École alsacienne. A l'origine de notre peau de caste, il y a eu pendant presque 20 ans à l'antenne de la radio de service public une émission créée et animée par Philippe Meyer. En juillet 2017, Radio France annonçait que cette émission n'avait plus sa place à l'antenne et licenciait son créateur. De nombreux auditeurs ont alors souhaité que les conversations hebdomadaires dont ils étaient friands se poursuivent sur la toile. Avec l'accord des participants réguliers à ces conversations, Philippe, plutôt que d'entreprendre le tour du monde qu'il avait organisé, nous a trouvés une place au milieu des podcasts encore au début de leur développement. Sa passion de la radio l'a donc emporté sur son amour des voyages. Cette passion, il la raconte dans un livre paru il y a quelques semaines aux éditons des Arènes : « La Prochaine fois je vous l'écrirai ». En mai dernier, Nicolas Baverez a fait cette proposition à notre fondateur : Une idée déraisonnable m'est venue en lisant ton livre que je ne résiste pas à partager avec toi. Que dirais-tu d'une émission spéciale du Nouvel Esprit public dans laquelle tu serais l'invité pour parler de ton livre, de ton chemin de Compostelle et de ceux qui l'ont jalonné ? Jean-Louis te remplacerait aux commandes avec Roselyne et l'un ou l'une d'entre nous comme dernier comparse. Oublie ce message si tu penses que j'ai tenté une nouvelle fois d'habiller d'oripaux libéraux un coup d'État potentiel. Nous avons tous souscrit à cette proposition et c'est sa réalisation que nous vous proposons aujourd'hui, enregistrée avec Roselyne Bachelot, Nicolas Baverez, Jean-Louis Bourlanges et Béatrice Giblin.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Bada : les questions du public (décompositions et recompositions politiques)

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Play Episode Listen Later Jun 26, 2024 41:17


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 23 juin 2024. Avec cette semaine : Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Décompositions, recompositions

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Play Episode Listen Later Jun 23, 2024 62:29


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 23 juin 2024. Avec cette semaine : Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. DÉCOMPOSITIONS, RECOMPOSITIONS La dissolution a provoqué diverses ondes de choc. A droite, Les Républicains (LR) se trouvent écartelés entre les partisans d'une alliance avec le Rassemblement national (RN), les tenants de l'indépendance ou les défenseurs du ralliement au camp macroniste. A gauche, les principaux partis ont annoncé, le 13 juin, après plusieurs jours d'intenses négociations, un accord sur les candidatures et le programme commun d'un « nouveau front populaire ». Les macronistes tentent de s'accorder avec la droite modérée en nouant des accords localement, pour faire barrage ici au Rassemblement national, là au Nouveau Front populaire. Edouard Philippe, président d'Horizons, essaie d'avancer ses pions et de marquer sa différence en travaillant à la construction d'une « majorité parlementaire » dans la prochaine Assemblée, qui irait « de la droite conservatrice aux sociaux-démocrates ». Vendredi, il déclarait « c'est le président de la République qui a tué la majorité présidentielle » en décidant de dissoudre l'Assemblée nationale. Le contraste est très fort entre la condamnation quasi unanime de cette décision par la classe politique et les médias, et ce qu'en disent les Français. Dans un sondage réalisé par Opinionway les 17 et 18 juin, la moitié d'entre eux jugent la décision d'Emmanuel Macron justifiée. La gauche y est la plus opposée, bien qu'une proportion de 40% la juge tout de même justifiée. L'offre électorale proposée a beau avoir été simplifiée, avec la consécration de trois blocs aux visions du monde antagonistes, les nouvelles alliances électorales et les positionnements fluctuants noués lors de cette campagne de12 jours - la plus courte de la Ve République– rendent difficile la compréhension du jeu électoral. D'autant que le code électoral permet, pour les élections législatives, des triangulaires ou des quadrangulaires au second tour : tous les candidats dépassant 12,5 % des inscrits pouvant se maintenir au second tour. Dans ce paysage, les sondages donnent le RN est en position de force. Selon celui d'Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI et Sud Radio, publié jeudi, l'alliance entre le RN et la frange de LR partie avec Éric Ciotti récolterait 34 % des voix au premier tour le 30 juin, soit cinq points devant l'alliance de gauche, le Nouveau Front populaire, estimée à 29 %. Le camp macroniste est estimé à 22 %, soit une remontée par rapport à la plupart des études d'opinion publiées depuis la dissolution. Enfin, les Républicains - hors alliance avec le RN - stagnent à 6 % des voix, tandis que Reconquête ne récolterait que 2 % des scrutins. Selon cette étude, la participation au premier tour serait par ailleurs estimée à 64 %, contre 53,7 % en 2022. « Les lignes politiques ont plus bougé en sept jours qu'en sept ans », observe Raphaël Llorca, expert associé à la Fondation Jean Jaurès. Cette dissolution a pour effet principal de fragmenter un peu plus un système partisan dominé, selon l'expression du politiste Rémi Lefebvre, par les « partis personnels » depuis 2017 (Renaissance autour d'Emmanuel Macron, LFI et Jean-Luc Mélenchon, le RN et Marine Le Pen…). PROGRAMMES ÉCONOMIQUES Dans la perspective des législatives des 30 juin et 7 juillet, les partis en lice ont annoncé leurs programmes économiques. Parmi ses principales propositions, le Rassemblement national avait annoncé l'abaissement à 5,5% la TVA sur les produits énergétiques, la restauration, dans certains cas, de la retraite à 60 ans, l'exonération de l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans, le lancement d'un plan de 20 milliards d'euros pour la santé, la construction de 100.000 logements sociaux par an, l'exonération des cotisations patronales sur des hausses de salaires d'au moins 10 % jusqu'à trois SMIC.... Toutefois, Jordan Bardella a annoncé que ce déploiement de mesures ne serait ni automatique, ni immédiat, mais conditionné à un audit des finances publiques dont il n'a pas précisé ce qu'il aurait de différent du rapport public annuel de la Cour des Comptes, publié en mars dernier. L'application du programme 2022 de Marine Le Pen représenterait près de 100 milliards d'euros le déficit, selon le chiffrage de l'Institut Montaigne. La socialiste Valérie Rabault, ex-vice-présidente de l'Assemblée nationale et ex-rapporteure générale du Budget, a détaillé le programme du Front populaire qui représente selon son chiffrage 106 milliards d'euros de dépenses nouvelles sur la période 2024-2027. Les principaux postes sont constitués notamment par des mesures permettant de relancer la croissance par les salaires pour 23 milliards d'euros (hausse de 10 % du point d'indice des fonctionnaires, hausse de la rémunération des apprentis et des stagiaires, etc.), par la construction de 200.000 logements publics par an aux meilleurs critères environnementaux (10 milliards) et par la garantie autonomie qui complète les revenus des ménages en dessous du seuil de pauvreté pour 5 milliards. Gabriel Attal a présenté son programme reprenant plusieurs mesures déjà annoncées : suppression des frais de notaire à hauteur de 15 000 euros pour les primo-accédants lors d'un achat de moins de 250 000 euros, permettre aux entreprises d'augmenter « jusqu'à 10 000 euros par an sans charges ni impôts le montant de la prime de pouvoir d'achat qu'elles ont versée l'an passé à six millions de salariés », expérimentation de la semaine de travail en quatre jours, mesure qui devait débuter dans les ministères au printemps et dont le bilan devait être dressé à l'été 2025, mise en chantier de « quatorze nouveaux réacteurs nucléaires », et doublement du budget de l'armée d'ici à 2030. Le patron du Medef, Patrick Martin estimait dans Le Figaro que « Le RN et le Nouveau Front populaire sont dangereux pour l'économie ». La Commission européenne a ouvert la voie, mercredi, au lancement d'une procédure contre la France pour « déficit publics excessif ». Afin de repasser sous le cap des 3 % de déficit, alors qu'il atteignait 5,5 % du PIB fin 2023, Bruxelles exige 77 milliards d'euros d'économies. Les ministres des Finances de l'UE pourraient approuver formellement les analyses de l'exécutif européen lors de leur réunion du 16 juillet. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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L'Union européenne sort-elle indemne de l'épreuve ? / L'ascension du RN est-elle résistible ?

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Play Episode Listen Later Jun 16, 2024 60:39


Auditeurs de Google podcasts : Attention ! Le 23 juin, l'application va fermer, et vous ne pourrez plus nous écouter, ni retrouver nos épisodes précédents. Vous pouvez basculer sur une autre plateforme, toujours gratuite. Le choix est ici : https://audmns.com/uSiUSLT Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 14 juin 2024. Avec cette semaine : Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Michel Eltchaninoff, rédacteur en chef du mensuel Philosophie Magazine. Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors. Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova. L'UNION EUROPÉENNE SORT-ELLE INDEMNE DE L'ÉPREUVE ? Un Parlement européen solidement ancré à droite, avec, à l'extrême droite, des rangs plus nourris que dans la précédente législature, même s'ils sont pour l'instant répartis en groupes hétéroclites : tel est le tableau présenté par les élections qui se sont déroulées du 6 au 9 juin dans les vingt-sept pays de l'Union européenne. Le Parti populaire européen, qui rassemble les élus conservateurs et de centre droit, reste le groupe le plus puissant, tandis que les sociaux-démocrates perdent du terrain et que les partis verts et libéraux accusent un net recul, au profit de la droite radicale. Un examen géographique offre cependant une autre grille de lecture. La montée de l'extrême droite est spectaculaire en Europe de l'Ouest. Elle s'installe comme force politique dans les trois plus grands pays, tous trois membres fondateurs de l'Union : la France est le cas le plus frappant, avec des scores cumulés qui frisent 40 % des voix pour le Rassemblement national et les autres formations de droite radicale. Mais en Italie aussi, le parti Fratelli d'Italia est arrivé en tête, confortant la présidente du conseil, Giorgia Meloni. Beaucoup plus radicale, l'AfD fait une percée en Allemagne, en particulier dans les Länder de l'Est (40 % des voix en Saxe), même si elle n'arrive que derrière la CDU-CSU au niveau fédéral. En Autriche, le FPÖ est en tête. En Belgique, les nationalistes ont infligé une lourde défaite au gouvernement ; seul contraste, le parti d'extrême droite de Geert Wilders a été battu par la gauche aux Pays-Bas. En revanche, les partis d'extrême droite et leur version illibérale d'Europe centrale postcommuniste ont reculé en Scandinavie : en Suède, au Danemark et en Finlande et dans une zone géographique qui apparaissait comme leur berceau : en Pologne, en Slovaquie ou en Hongrie. Si mathématiquement, la droite radicale ne dispose pas d'une minorité de blocage dans la nouvelle assemblée, elle est en mesure de faire peser ses idées sur le climat, les migrations, l'élargissement de l'UE, le budget et l'État de droit Les contre-performances des écologistes dans les grands pays de l'UE qui envoient le plus grand nombre d'électeurs à Strasbourg - le groupe passerait de 71 à 53 voix - pèseront sur le « pacte vert » et la décarbonation de l'UE. Les prochaines étapes seront du 16 au 19 juillet : l'élection du président du Parlement européen ; à partir de septembre : l'élection de la présidence de la Commission européenne ; en octobre-novembre : l'élection des commissaires européens ; le 1er décembre : élection du président du Conseil européen. L'ASCENSION DU RN EST-ELLE RÉSISTIBLE ? Dimanche 9 juin, en France, la liste du Rassemblement national aux élections européennes (RN) a obtenu 31,7% des voix. Le RN engrange deux fois plus de voix (14,6%) que la majorité présidentielle. Jordan Bardella donne à son parti son meilleur score à des élections européennes, supérieur de 8 points à celui de 2019. Cette victoire constitue une étape supplémentaire vers la conquête de l'Elysée en 2027, espèrent les stratèges du parti que de nouvelles élections législatives pourraient à nouveau conforter dans les urnes. Depuis plusieurs mois, les dirigeants du RN assuraient se préparer à cette éventualité, auditionnant des candidats dans le cadre d'un « Plan Matignon » destiné à être activé en cas de dissolution. « Le vote Bardella est devenu multi-classes, multi-territoires, multi-générations », indique Vincent Tiberj, sociologue et professeur à Sciences Po Bordeaux. Renforçant ses bases, les votes des ouvriers et des employés, le parti lepéniste est « en progression chez les cadres, les retraités, les catholiques et les électeurs de droite classique », soit « des catégories qui refusaient, moralement, et en termes de compétences, de voter pour ce parti ». Autres progressions notables, selon une analyse de l'institut Ipsos : la liste Bardella gagne neuf points chez les moins de 25 ans, passant de 15 % en 2019 à 26 % des voix en 2024, et dix points dans l'électorat féminin (de 20 % des voix en 2019 à 30 % aujourd'hui). Les scores inhabituellement élevés du RN dans certaines régions, comme la Bretagne, illustrent ces différentes percées. Après s'être implanté, dans les années 2000, dans des territoires historiques de la gauche, au Nord, à l'Est et dans le Sud, le RN écrase désormais l'autre grande famille politique dans des zones fortes que sont le Sud-Est, le Grand-Est ou la Bourgogne. De ce score, le président de la République a déduit la nécessité de dissoudre l'Assemblée nationale. À gauche comme à droite, petites négociations et grandes manœuvres sont lancées pour définir, en urgence, une stratégie de campagne pour les législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet. La gauche propose un Front populairedont la constitution et le programme ont jusqu'à présent laissé sur la touche Raphaël Glucksmann bien que sa liste ait fait presque fait jeu égal avec celle de Renaissance. LFI, malgré un score plus faible de moitié, ne semble en pâtir ni dans la distribution des candidatures, ni dans l'élaboration du programme. Le patron de Les Républicains, Éric Ciotti a provoqué une tempête chez les siens en appelant, mardi, à rejoindre Marine Le Pen. La tête de liste LR, François-Xavier Bellamy, après s'être dressé contre Ciotti a déclaré qu'entre le RN et LFI, il choisirait le RN.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Israël/Palestine : que doit vouloir et que peut faire la France ? / Évolutions du texte sur la fin de vie

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Play Episode Listen Later Jun 2, 2024 61:38


Auditeurs de Google podcasts : Attention ! Le 23 juin, l'appli va fermer, et vous ne pourrez plus nous écouter, ni retrouver nos épisodes précédents. Vous pouvez basculer sur une autre plateforme, toujours gratuite. Le choix est ici : https://audmns.com/uSiUSLT Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 31 mai 2024. Avec cette semaine : Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l'Intérieur. Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova. ISRAËL/PALESTINE : QUE DOIT VOULOIR ET QUE PEUT FAIRE LA FRANCE ? En 1974, la France, pionnière sur la question israélo-palestinienne, s'est prononcée en faveur de l'admission de l'Organisation de libération de la Palestine à l'ONU en tant que membre observateur. En 1982, François Mitterrand a été le premier président à exprimer devant le parlement israélien, la Knesset, le projet de création d'un État palestinien. La France a par la suite voté en faveur du statut d'État observateur non-membre aux Nations unies en 2012, et en faveur du déploiement du drapeau palestinien à l'ONU en 2015. Comme on le lit sur le site du ministère des Affaires étrangères : Paris s'en remet aux résolutions adoptées au sein de l'ONU, et défend donc « une solution à deux États (résolution 181 de l'Assemblée générale des Nations unies), une solution juste pour les réfugiés (résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations unies), la fin de l'occupation israélienne (résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies) et la préservation du statut de Jérusalem (résolutions 476 et 478 du Conseil de sécurité des Nations unies) ». La page a été mise à jour pour la dernière fois en 2020. Le 18 octobre dernier, la France a été un des seuls pays occidentaux du Conseil de sécurité des Nations unies à voter le projet porté par le Brésil, d'une résolution condamnant l'attaque terroriste du Hamas, exigeant la libération des otages, mais aussi l'ouverture urgente d'un accès humanitaire et le rappel de la perspective de la création des deux États. La France a également voté les résolutions présentées par les Émirats arabes unis pour accorder de nouveaux droits à l'État « observateur » de Palestine au sein des Nations unies. Le 21 mai, la France a apporté son soutien à la demande du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d'un mandat d'arrêt contre le premier ministre de l'État hébreu, Benyamin Nétanyahou, et Yoav Gallant, son ministre de la Défense, ainsi que contre trois dirigeants du Hamas. Cependant, « ces demandes simultanées ne doivent pas créer d'équivalence entre le Hamas et Israël, a expliqué le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. D'un côté, vous avez un groupe terroriste qui s'est félicité des attaques du 7 octobre. Et de l'autre côté, vous avez un état démocratique qui doit respecter le droit international ». En revanche, à l'Assemblée nationale, l'initiative du député MoDem du Loiret Richard Ramos de transformer le groupe d'études à vocation internationale France-Palestine en groupe d'amitié a été rejeté le 15 mai. Et si, le 22 mai, la Norvège, l'Irlande et l'Espagne ont reconnu l'État palestinien, rejoignant les 139 pays qui ont déjà reconnu cet État (sur les 193 que compte l'ONU), la France a refusé de se joindre à ce mouvement. Le chef de la diplomatie française a estimé que la décision, quoique « non tabou », devait « intervenir au bon moment » et « permettre une avancée décisive sur le plan politique ». Dans un tweet, il a rappelé « les priorités de la France : libération immédiate des otages, cessez-le-feu, aide humanitaire massive et deux États vivant en paix et en sécurité ». EVOLUTIONS DU TEXTE SUR LA FIN DE VIE Le projet de loi relatif à « l'accompagnement des malades et de la fin de vie » a été présenté le 10 avril 2024 en Conseil des ministres. Il est articulé autour de trois grands axes : l'aide à mourir à proprement parler, les soins palliatifs et l'accompagnement, les droits des patients et de leurs aidants. Le 17 mai, au terme d'une intense semaine de débats, le texte a été approuvé à main levée par une commission spéciale. Débattu dans l'hémicycle depuis lundi, le texte comprend des critères d'accès à l'aide à mourir élargis à la faveur d'amendements portés en commission par la gauche, mais aussi par une partie des députés de la majorité présidentielle. La formulation du critère selon lequel, le patient devra être atteint d'une pathologie incurable qui menace ses jours « à court ou moyen terme » a fait l'objet de critiques de spécialistes de la fin de vie, car jugée trop floue. Elle a été réécrite par les députés de la commission spéciale qui ont préféré la notion d'affection « en phase avancée ou terminale ». Ce changement rend éligibles à l'aide à mourir des personnes atteintes d'affections incurables dont l'espérance de vie peut être de plusieurs années. C'est le cas de certaines maladies neurodégénératives. « Cela peut conduire à inclure de nombreuses pathologies non mortelles qui sortent de la philosophie du projet de loi. Le gouvernement proposera donc d'y revenir », a indiqué le Premier ministre Gabriel Attal, dans La Tribune dimanche. En revanche, les quatre autres critères encadrant le droit à l'aide à mourir demeurent inchangés. Il faut être majeur, résider en France ou être de nationalité française, être capable d'exprimer ses dernières volontés avec discernement et souffrir de douleurs insupportables ou réfractaires au traitement. Sur l'autre volet du projet de loi, qui prévoit le développement des soins palliatifs, le gouvernement s'est voulu rassurant. La ministre de la Santé, Catherine Vautrin a rappelé que 1,1 milliard d'euros supplémentaires sur dix ans seront consacrés au secteur financé à hauteur de 1,6 milliard d'euros. Plusieurs sondages décrivent des Français majoritairement favorables à la légalisation d'une forme d'aide à mourir. L'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité a salué l'avènement du projet de loi. La gauche également, ainsi que la majorité des députés macronistes. Le monde médical est divisé. Plusieurs associations de soignants se déclarent contre le texte et les opposants au projet les plus virulents demeurent les équipes de soins palliatifs. Les évêques français se sont prononcés contre le projet. Compte-tenu de la sensibilité du sujet, tous les groupes de l'Assemblée nationale laisseront à leurs membres la liberté de vote. Le Parti socialiste, les écologistes et les députés « insoumis » ont annoncé leur volonté de poursuivre l'assouplissement du texte au cours des débats, qui doivent durer quinze jours au Palais-Bourbon. La procédure d'urgence n'ayant pas été demandée, les allers-retours entre députés et sénateurs peuvent durer des mois.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Bada : Les questions du public (le modèle scolaire dans tous ses états)

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Play Episode Listen Later Apr 10, 2024 41:47


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 7 avril 2024.Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Pierre de Panafieu, directeur de l'École alsacienne. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Le modèle scolaire dans tous ses états / La Turquie après les élections perdues par Erdogan

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Play Episode Listen Later Apr 7, 2024 71:17


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 7 avril 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. LE MODÈLE SCOLAIRE DANS TOUS SES ÉTATS En décembre 2023, Gabriel Attal, ministre de l'Éducation, défendait son « choc des savoirs » comme réponse aux mauvais résultats du classement Pisa, qui évalue les élèves des pays de l'OCDE. Outre le renforcement du redoublement ou le brevet comme examen d'entrée au lycée, voire le port de l'uniforme, il avait promis des groupes à effectifs réduits en français et en mathématiques pour les élèves de sixième et de cinquième et la répartition des élèves en trois sections en fonction de leur niveau, et ce, durant toute l'année scolaire. L'actuelle ministre de l'Éducation, Nicole Belloubet préfère l'appellation de « groupes de besoins » et insiste davantage sur les « compétences » à acquérir que sur le « niveau » des élèves. Le ministère assure que 2.330 postes seront débloqués, dont 830 créations, pour la mise en place de cette réforme. Classes toujours plus surchargées, école inclusive sans moyens, manque de formation et de soutien, rémunérations à la traîne : l'enquête dénommé « J'alerte », menée depuis décembre 2023 auprès des professeurs du premier degré par le syndicat FSU-SNUipp montre une institution « au bord de l'effondrement ». Plus de 4.200 personnes ont répondu. « L'inclusion sans moyens » est dénoncée par près des trois quarts (71 %) des répondants. Les rémunérations et le temps de travail qui déborde préoccupent un sur deux, tandis que 46 % pointent la surcharge constante des classes. Les autres enseignements de l'enquête portent notamment sur la formation, jugée insuffisante et « subie plutôt que choisie ». Le 2 avril, après six mois de travail, Paul Vannier, député La France insoumise, et Christopher Weissberg, député Renaissance, ont présenté leur rapport d'information sur le financement de l'enseignement privé sous contrat devant la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale. Leurs conclusions dressent un constat sévère concernant un système peu transparent, mal contrôlé, et dans lequel les « contreparties exigées des établissements privés sont loin d'être à la hauteur des financements qu'ils perçoivent au titre de leur association au service public de l'éducation ». Quarante ans après l'abandon du projet de création d'un grand service public et laïque d'enseignement par le ministre de l'éducation Alain Savary, en 1984, les deux rapporteurs estiment que le cycle de l'évitement du débat par crainte de raviver une « guerre scolaire » touche à sa fin. Les députés déplorent l'opacité des fonds publics alloués chaque année par l'État et les collectivités territoriales aux 7.500 établissements privés sous contrat, à 96 % catholiques. Aucune administration n'a été en mesure de fournir un montant consolidé de cette dépense de plus de 10 milliards d'euros et, selon les corapporteurs, « sous-estimée ». Le rapport remet en cause le modèle français tel qu'il s'est construit depuis la loi Debré de 1959, caractérisé par un financement public important (75 % des ressources du privé sous contrat) associé à de faibles contreparties. LA TURQUIE APRÈS LES ÉLECTIONS PERDUES PAR ERDOGAN En Turquie, moins d'un an après sa défaite à la présidentielle de 2023, le parti kémaliste d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP) a remporté les plus grandes villes du pays lors des municipales du 31 mars. A Istanbul, le maire Ekrem Imamoglu, a été réélu avec 51,14 % des voix. A 52 ans, il fait désormais figure de solide présidentiable en 2028, mais demeure dans le viseur du pouvoir qui l'a fait condamner fin 2022 à deux ans et sept mois de prison pour « insulte » aux membres du Haut comité électoral turc. L'édile a fait appel mais cette peine continue de planer sur son avenir politique. Elle l'avait écarté de la course à la présidence en mai 2023. Ces élections municipales constituent le plus gros revers subi par Recep Tayyip Erdogan 74 ans et son parti l'AKPi (i pour islamiste) depuis son arrivée au pouvoir en 2002. À l'échelle nationale, l'AKPi est tombée à 35,2 % des voix contre 37,7 % pour le CHP, perdant ainsi son statut de premier parti du pays. Autre percée notable : celle d'un autre parti islamiste Yeniden Refah, qui présentait pour la première fois des candidats. Avec près de 9 % des voix et une soixantaine de municipalités, la nouvelle mouvance a attiré les déçus de l'AKP, qui lui reprochent de s'être écarté de l'islam et de maintenir des liens économiques avec Israël. De son côté, le parti pro-kurde DEM se maintient à Diyarbakir et dans le Sud-Est à majorité kurde. Si la personnalisation à outrance du pouvoir et sa posture sur la scène internationale ont fonctionné en faveur d'Erdogan lors de la présidentielle de 2023, elle a montré ses limites aux municipales où les enjeux locaux - services, transports, parcs - priment. La très mauvaise situation économique du pays et l'inflation, qui a atteint 80 % fin 2022 et se maintenait encore à 67 % en février expliquent en bonne partie le verdict des électeurs. L'état des finances publiques et la corruption locale ne permettant plus à l'AKP de distribuer autant ses largesses à ses électeurs, formés par les classes moyennes conservatrices, qui se sont largement détournées de ce scrutin. A cela est venue s'ajouter l'inévitable usure d'un pouvoir omniprésent depuis 22 ans. Ces facteurs ont sans doute incité les électeurs mécontents de l'AKP à rester chez eux, comme le laisse deviner la baisse de la participation : passé de 87% l'an dernier à 76% cette année. Au soir des résultats, Recep Tayyip Erdogan a concédé qu'ils constituaient un « tournant » pour son camp et promis de « respecter la décision de la Nation ». Bien qu'affecté par ces élections, il garde la main sur les principaux leviers du pays en vertu d'une Constitution taillée sur mesure et d'un pouvoir qui s'est renforcé depuis le putsch raté, sur fond de purges et de contrôle renforcé des médias. Alors que les Turcs sont allés presque chaque année aux urnes ces derniers temps, aucune élection n'est prévue désormais avant les présidentielles de 2028. Erdogan devrait d'ici là donner la priorité à l'amélioration de la situation économique. Son idée de réforme constitutionnelle, qui aurait pu lui ouvrir la voie à un troisième mandat, semble pour l'heure reportée.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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La fin de vie / Le triangle de Weimar peut-il relayer le couple franco-allemand ?

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Play Episode Listen Later Mar 24, 2024 58:21


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 22 mars 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l'Intérieur. Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique. LA FIN DE VIE Après que la convention citoyenne organisée par le Conseil économique, social et environnemental avait remis ses conclusions le 3 avril 2023, le chef de l'État avait promis de bâtir un « modèle français » de la fin de vie, en annonçant un projet de loi plusieurs fois reporté. Dans un entretien à « Libération » et à « la Croix », publié le 10 mars, le Président a annoncé pour avril un texte qui défend une démarche de « fraternité » et de « rassemblement ». Le projet prévoit la possibilité de demander une « aide à mourir » dans des conditions encadrées : cet accompagnement sera réservé aux personnes majeures, comme la Convention citoyenne l'avait recommandé. Les personnes devront être capables d'un discernement plein et entier, excluant les patients atteints de maladies psychiatriques ou de maladies neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme Alzheimer. Elles devront présenter une maladie incurable et un pronostic vital engagé à court ou à moyen terme. Le dernier critère est celui de souffrances - physiques ou psychologiques réfractaires, c'est-à-dire que l'on ne peut pas soulager. Le projet de loi indique que l'accord donné à l'« aide à mourir »relève d'un seul professionnel, celui auquel le malade adresse sa demande, qui peut être son médecin traitant, un spécialiste à l'hôpital, un praticien en ville ou en Ehpad. Ce médecin sollicite obligatoirement l'« avis » d'un autre « médecin, qui ne connaît pas la personne, spécialiste de la pathologie » et d'un « professionnel paramédical qui intervient auprès d'elle ». Il peut aussi se tourner vers un infirmier, aide-soignant, ou encore un psychologue, qui a l'habitude d'être au chevet du patient. In fine, c'est le médecin qui mène la procédure qui tranche. Il a quinze jours maximum après la demande pour se prononcer. En cas de refus du praticien d'autoriser l'« aide à mourir », le patient peut saisir le tribunal administratif. En cas de réponse favorable, la prescription est valable trois mois, période durant laquelle le patient pourra se rétracter à tout moment. Le projet de loi vise également à améliorer la qualité de vie des grands malades. Il s'agit, selon l'exposé de motifs, de forger « pour les dix années à venir, un modèle rénové et renforcé de prise en charge de la douleur chronique ou aiguë et de l'accompagnement de la fin de vie ». Le texte de loi devrait être transmis au conseil des ministres le 10 avril. Il sera dans la foulée soumis à une « commission spéciale » qui se réunira à l'Assemblée nationale. La première lecture en séance publique est prévue le 27 mai. Selon un sondage Ifop de juin 2023, 90% des Français estiment que la loi française devrait autoriser l'euthanasie. 85% approuvent l'autorisation du suicide assisté. Les représentants religieux, eux, font régulièrement savoir leur ferme opposition. « Rupture anthropologique » d'un côté, « avancée sociétale » de l'autre, le clivage ne s'éteindra pas aux portes de l'Assemblée nationale. LE TRIANGLE DE WEIMAR PEUT-IL RELAYER LE COUPLE FRANCO-ALLEMAND ? Régulièrement à la peine avant 2022 (malgré la signature en 2019 du Traité d'Aix-la-Chapelle, dont la mise en œuvre fut perturbée par la pandémie de Covid), le « moteur » franco-allemand semble aujourd'hui grippé. Le chancelier Scholz ne voit pas de salut de l'Europe hors de son ancrage avec les Etats-Unis, tandis que le président Macron prône la souveraineté européenne. Les deux dirigeants étaient du même côté, celui des sceptiques et de l'apaisement avec la Russie, au début de la guerre. Mais, depuis l'été 2023, la position d'Emmanuel Macron a radicalement changé pour se rapprocher de celle des pays de l'est de l'Europe et du Royaume-Uni. Les désaccords et l'inimitié entre les deux hommes ont augmenté après l'annonce du chef de l'État français de la possibilité d'envoyer des troupes en Ukraine. Afin de débloquer la situation, le chancelier allemand a réactivé à Berlin le 15 mars le Triangle de Weimar, cette entente cordiale entre la Pologne, l'Allemagne et la France créée en 1991 pour soutenir le pays, alors dirigé par Lech Walesa, dans son adhésion à l'Otan. Un canal qui a connu de nombreuses pauses, surtout ces huit dernières années, lorsque le parti souverainiste ultra-conservateur Droit et justice (PiS) se trouvait au pouvoir avec une position très atlantiste et en privilégiant une relation bilatérale avec les Etats-Unis. Depuis décembre 2023 et l'arrivée aux affaires de Donald Tusk, les Européens attendent beaucoup du nouveau gouvernement polonais en termes de réengagement. A l'issue de ce sommet, le chancelier Olaf Scholz, le président Emmanuel Macron, et le Premier ministre Donald Tusk ont promis de livrer davantage d'armes à Kyiv, notamment de l'artillerie de longue portée. Cette coalition « sur les frappes en profondeur » avait déjà été présentée le 26 février à l'Élysée lors de la conférence de soutien à l'Ukraine, mais cette fois, l'Allemagne l'endosse ouvertement. L'augmentation des livraisons d'équipements militaires sera effectuée via des achats sur le marché mondial ainsi que par la production d'armes sur le territoire de l'Ukraine, en coopération avec des partenaires. Le chancelier allemand a aussi indiqué que les pays européens allaient se servir des recettes générées par les actifs russes gelés pour financer des achats d'armes. Selon les estimations, l'Europe aurait gelé près de 300 milliards d'euros d'actifs de la banque centrale russe et plusieurs dizaines de milliards d'euros de biens divers appartenant à des personnes sanctionnées. Olaf Scholz s'est également félicité de la nouvelle aide militaire de 5 milliards d'euros annoncée la semaine dernière par l'Europe, à l'issue de plusieurs mois de négociations. Donald Tusk a souligné qu'il était important que Paris, Berlin et Varsovie parlent d'une même voix et a annoncé la tenue d'une réunion du Triangle de Weimar cet été. De retour de Washington, le Premier ministre polonais a rappelé que l'Europe devrait surtout penser à renforcer sa Défense dans la perspective d'une victoire électorale de Trump en novembre.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr