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Avec un déficit de 2,4 milliards de FCFA, pour l'année 2024, l'instance traverse une zone de turbulence, à quelques mois des élections fédérales prévues en août 2025. Le football sénégalais est-il en danger ? Nous attendons vos réactions.
Ils sont les acteurs méconnus et pourtant indispensables du quai de pêche de Kayar. Les porteurs de caisses de poissons transportent plusieurs fois dans la journée des dizaines de kilos pour une paie dérisoire. De notre envoyée spéciale de retour de Kayar,Dans le tumulte du quai de pêche, pas pressants, ils font des allers et retours, des caisses remplies de poissons sur la tête. « Quand les pêcheurs reviennent de la mer, nous sommes chargés de sortir le poisson des pirogues pour les emmener soit dans les usines, soit dans les camions frigorifiques ou auprès du propriétaire de la pirogue », explique Modou Poye, tout en guettant l'arrivée d'une pirogue pour offrir ses services.« On se bouscule. Près de 200 personnes effectuent ce travail ici. Donc, il faut être prudent et être respectueux pour ne pas créer des problèmes. Quand on se rue et qu'une autre personne est choisie, je ne fais pas d'histoire, j'attends mon tour. Les caisses peuvent peser 40, 50 jusqu'à 60 kilos, c'est très lourd. »À écouter aussiSénégal : sur le quai de Kayar, des candidats à l'immigration prêts à toutTous ne sont pas patients comme Modou Poye. Il arrive que des bagarres éclatent entre porteurs, surtout quand la pêche n'a pas été fructueuse. Demba Ba erre également sur le quai, sa caisse sous le bras, en attendant de la remplir. « Quand il n'y a pas de poisson, il n'y a pas de travail pour nous et rien pour les dépenses quotidiennes. Chacun veut gagner quelque chose, donc il arrive qu'on se batte entre nous jusqu'à l'intervention des gendarmes. C'est pour ça qu'il faut qu'on soit mieux organisé », estime-t-il.Les porteurs sont payés 500 FCFA la course et pour gagner plus, il faut en faire une dizaine par jour. Le visage dégoulinant de sueur, Saliou Thiaw 52 ans, père de six enfants, vient de déposer une caisse. Il a quitté une autre région pour venir travailler sur ce quai de pêche : « Je fais ce travail depuis 30 ans, c'est très fatigant. Parfois, je gagne 3 000 FCFA, 4 000 ou 5 000 FCFA, ça dépend des jours. Quand on doit nourrir une famille, c'est compliqué. Tout ce que je gagne, c'est pour les besoins quotidiens de ma famille. Chez moi, personne d'autre ne fait ça, parce que c'est très dur. Mais c'est mieux que de voler ou de vendre de la drogue. »Ils aimeraient voir une augmentation du prix de la course, mais les propriétaires des pirogues et les autres acteurs de la pêche restent alignés sur le même montant. En plus de leur paie dérisoire, les porteurs de caisses sont aussi touchés par la diminution des quantités de poissons, car s'il n'y a pas de pêche, ils ne peuvent pas travailler.
Kayar fait partie des principaux quais de pêche artisanale au Sénégal. Il y a quelques années, c'était un des points de départ importants des embarcations pour l'immigration clandestine. Après plusieurs drames, les autorités ont lancé des campagnes de sensibilisation dans les lieux de culte et auprès des leaders communautaires pour dissuader les jeunes. La sécurité a aussi été renforcée avec un poste de contrôle de la gendarmerie. Des initiatives qui, si elles ont contribué à baisser les départs à partir de Kayar, ne dissuadent pas totalement les candidats à l'immigration. De notre envoyée spéciale de retour de Kayar,Seynabou Sarr, la cinquantaine, vendeuse de poissons depuis plus de 20 ans, seau à la main, vient de s'approvisionner auprès des pêcheurs. Elle ne cache pas son amertume : « Notre souhait est que nos enfants restent ici avec nous pour développer notre commune, mais ce n'est pas le cas. D'ailleurs, vous voyez, l'essentiel des jeunes qui travaillent sur ce quai ne sont même pas natifs de Kayar. Ils viennent d'autres régions. »Ces jeunes dont elle parle sont des saisonniers. La pêche en mer, parfois sur plusieurs jours d'affilée, constitue pour eux une sorte d'entraînement pour le grand voyage. Des rangées de pirogues peintes en jaune, rouge et bleu tapissent le long du quai, attendant les prochains à la recherche du poisson. Un peu à l'écart, un groupe d'adolescents discute dans l'une de ces embarcations. Bassirou Mballo, 17 ans, utilise la pirogue de son père. Même si le but affiché est la pêche, il ne perd pas de vue son objectif réel : quitter le Sénégal pour l'Europe. « On a laissé nos parents à la maison. J'ai prévenu que si j'arrête la pêche, je vais prendre la pirogue pour aller en Espagne. Je n'ai pas peur parce que depuis quatre ans, je pêche. Je vais partir en Espagne. », affirme-t-il.Ahmed Faye a déjà tenté l'aventure en 2007, en passant par la Gambie et le Maroc. Il avait même pu, selon ses dires, atteindre les côtes espagnoles avant d'être intercepté et refoulé par la police des mers. Même s'il a vu des camarades mourir, il est tenté par une nouvelle aventure : « Dès qu'une occasion se présentera, je repartirai sans réfléchir. Qui ne tente rien n'a rien. Mon travail ici est très pénible et j'espère avoir mieux de l'autre côté. »Des rêves d'ailleurs nourris par la précaritéNous retrouvons Seynabou Sarr. La vendeuse de poisson a vendu le contenu de son seau. Depuis des dizaines d'années qu'elle fréquente le quai de pêche, Seynabou Sarr a vu les quantités de poissons diminuer au fil du temps. Et pour elle, il n'y a pas de doute, cela fait partie des raisons qui poussent les jeunes à partir : « C'est vraiment désolant. Tout à l'heure, j'ai acheté ce seau de poissons à 6 000 FCFA, je l'ai revendu à 6 500 ; celui qui l'a porté pour moi, je l'ai payé 200 FCFA et il ne me reste que 300 FCFA comme bénéfice. Ce n'est rien du tout et c'est pénible. C'est ce qui fait que les jeunes partent ailleurs clandestinement, parce que nous n'avons plus rien ici. Ils n'ont pas le choix, et nous ne pouvons pas les retenir. »Comment les retenir quand ils voient pousser de terre de grosses villas appartenant à ceux qui ont pu arriver en Europe ? Ces maisons sont de plus en plus nombreuses, au point que la commune s'est agrandie avec un nouveau quartier appelé Kayar Extension.
Au Sénégal, les producteurs de Kayar, dans le nord-ouest, ont à eux seuls récolté plus de 21 000 tonnes de pommes de terre lors de la dernière récolte, mais ils font face à un problème de commercialisation. En cause : l'encombrement du marché par les multinationales et leur production intensive, mais aussi une politique gouvernementale qu'ils jugent peu anticipatrice. Assis à l'ombre d'un arbre dans son champ, le regard inquiet, Moussa Thioune se demande comment il va pouvoir vendre sa production. Il a entamé une deuxième culture de contre-saison, mais les tonnes de pommes de terre issues de sa première récolte sont toujours invendues. « J'ai utilisé plus de six tonnes de semences et produit plus de 50 tonnes de pommes de terre. J'ai récolté il y a deux mois, mais jusqu'à présent, je n'ai pas réussi à vendre un seul tubercule », se lamente-t-il.« Je n'ai pas vendu un seul tubercule »Autour de lui, des tas de pommes de terre recouverts d'herbes sèches sont disséminés dans le champ. Une protection de fortune contre le soleil… et les voleurs. Mais pour combien de temps encore ? Sans solution de commercialisation, le producteur envisage de vendre à perte, faute de mieux. « Mon souhait est de pouvoir vendre pour subvenir aux besoins de ma famille. Mais en ce moment, je ne peux rien faire. Je prie pour qu'un bon acheteur vienne. Le prix du kilo est de 140 FCFA sur le marché, alors que le coût de production s'élève à 200 FCFA. »Pour la campagne agricole 2024-2025, l'État sénégalais avait misé sur un soutien fort : semences subventionnées, engrais horticoles à prix réduits… De quoi motiver de nombreux maraîchers à se lancer ou à étendre leurs surfaces cultivées.Des mesures incitatives, mais mal coordonnéesMohamed Bachir Niang, producteur et membre du bureau de l'Association des producteurs maraîchers de Kayar, confirme l'engouement suscité par ces mesures. Lui a pu vendre une partie de sa récolte, mais n'a toujours pas récupéré l'argent.« Les années passées, on vendait au bout de 10 à 15 ours, un mois tout au plus. Mais cette année, cela fait plus de deux mois que ça dure. Le nouveau pouvoir a suscité beaucoup d'espoir dans la filière horticole. Même ceux qui ne cultivaient pas de pommes de terre s'y sont mis. Mais l'État n'a pas anticipé cette surproduction. »Ce paradoxe pourrait s'aggraver : d'ici trois mois, la pomme de terre pourrait venir à manquer sur les marchés. Les producteurs ne peuvent pas stocker indéfiniment, faute de structures de conservation suffisantes ou abordables.La plupart placent leurs derniers espoirs dans la fête de la Tabaski, qui approche. Cette période de forte consommation pourrait peut-être permettre d'écouler les stocks… avant qu'ils ne pourrissent complètement.
Établi en 1935, le port fluvial de Garoua, situé dans la capitale du Nord Cameroun, permet le transport de marchandises sur la Benoue vers le Nigeria notamment. Il pourrait également être une plateforme de commerce pour les pays sans façade maritime de la région. Cependant, l'ancienneté des infrastructures empêche le développement du trafic. Un projet de réhabilitation a été lancé par le président Paul Biya en 2021, mais depuis le chantier peine à avancer. De notre envoyée spéciale de retour de Garoua,Sur le quai, des manutentionnaires déchargent d'énormes sacs de graines de coton de plus de 60 kg et les empilent sur une pirogue à moteur. « C'est plus avantageux. Par voie fluviale, je peux transporter de plus grosses quantités et en matière de sécurité c'est mieux. Par la route, il y a beaucoup de tracasseries et ce n'est pas aussi fluide », explique Al Hadji Issa, le commerçant qui gère cette cargaison. Mais cet exportateur fait figure d'exception en cette saison sèche. « Aujourd'hui, il y a un semblant d'activité, il y a deux camions qui déchargent les grains de coton à destination de Garoua pour le Nigeria. Ce n'est pas tous les jours, surtout en saison sèche, souligne Abbassi Ben, le régisseur du port fluvial de Garoua. Cela fait pratiquement trois semaines qu'il n'y avait pas d'activité. En saison sèche, le port n'est quasiment pas pour dire mort, mais au ralenti. »Les infrastructures du port sont vétustes, aucune grue ou équipement pour le déchargement. Le régisseur espère beaucoup des projets qui entourent la réhabilitation du port : « C'est notre espoir. Si et seulement si ce projet de réhabilitation a lieu vraiment, ce sera un bienfait non seulement pour la ville de Garoua mais aussi pour la sous-région. Cela doit d'abord rebooster les recettes de la ville et de l'État camerounais grâce aux droits de douane, aux droits de quai. Cela doit faire en sorte que les activités de nos businessmen soient pluies fluides. Pas seulement ceux du Cameroun, mais aussi du Nigeria, du Tchad et de la Centrafrique. »En saison des pluies, le Nord Cameroun est majoritairement approvisionné grâce au Nigeria voisin. « Ce qui vient du Nigeria, ce sont beaucoup les denrées alimentaires, c'est-à-dire les cartons de biscuits, de jus et consorts et les produits des constructions comme les carreaux, le ciment, détaille-t-il. Sans le Nigeria, à dire vrai, le Nord Cameroun n'existerait pas. »La réhabilitation du port est également vivement souhaitée par la communauté urbaine officiellement en charge de sa gestion. « Il y a trop de sable, il faut draguer le port. Les études de faisabilité ont été faites, elles sont déjà bouclées, affirme Noivouna Hakassou, deuxième adjoint au maire de la ville de Garoua. Mais on attend le financement. On a l'expertise du directeur du port de Douala qui est venu. On attend maintenant les financements. » Le coût des travaux a été évalué en 2022 à 16 milliards de FCFA, soit plus de 24 millions d'euros.À lire aussiÀ Garoua, le yaourt produit localement, le pari gagnant de «Botte Kossam»
Garoua est l'une des plus grandes villes du Cameroun. Située dans le septentrion, à près de 1 000 km de la capitale Yaoundé, le chômage y est un réel défi. Certains se tournent vers l'entrepreneuriat. Ce qu'essaient de promouvoir les autorités à travers la politique d'import-substitution : produire localement plutôt que d'importer. Un pari qu'a fait Madame Kaltoumi dans sa petite coopérative qui s'est lancée dans la production de yaourts. Coup de projecteur sur cette entrepreneuse de Garoua. De notre envoyée spéciale à Garoua,« On est ici dans la salle de production. Là, on est en train de fabriquer le yaourt », présente madame Kaltoumi épouse Boubakari, transformatrice du lait. Elle nous invite à rentrer dans sa petite unité de production. À la manœuvre, Raphaël. Charlotte sur la tête et gants en latex, il remue le lait dans un bac en plastique. « Je suis en train de transformer le lait en yaourt. Il va nous falloir peut-être 4 h de temps maximum pour remplir les bouteilles puis on les chargera », détaille-t-il tout en continuant à touiller.Kaltoumi est une trentenaire, d'origine peule : « Le lait, c'est dans notre culture. Déjà petite, je savais comment faire de façon familiale. Je fermentais souvent le lait. Alors, je me suis dit pourquoi ne pas en faire un business qui peut, peut-être nous rapporter », se souvient-elle. Elle débute chez elle, produit à petite échelle, puis s'associe avec d'autres femmes en Groupe d'Initiative Commune. « J'avais commencé à la maison chez moi. Et après quelques années, on s'est constitué en GIC avec d'autres femmes parce que ça marchait. On n'a fait qu'augmenter [les quantités produites]. Le sachet de 500 francs et maintenant, c'est dans des bouteilles. Et on livre partout dans Garoua jusqu'à Maroua », explique-t-elle fièrement.De sens de l'entrepreneuriat, elle n'en manque pas. « Je me suis formée sur le net sur la fabrication du yaourt. Et il y a des formations que l'État a faites auxquelles j'ai participé. Dès qu'il y a une formation, je fais en sorte d'y participer », souligne l'entrepreneuse.Des freins au développementMais très vite la demande la dépasse. Dans le cadre de la Stratégie de développement du secteur rural du Cameroun, soutenu par le programme Acefa, de l'Agence française de développement, la productrice reçoit une aide financière de 6 millions de FCFA. Elle lui permet d'investir dans des frigos et d'avoir des locaux dédiés à la production. La façade du petit bâtiment affiche fièrement « Botte Kossam » – « le bienfait du lait ».Aujourd'hui, sa petite équipe de dix personnes produit 500 litres de yaourts par jour qui sont livrés dans les restaurants, les supermarchés ou des petites boutiques. Déjà, elle pense à la prochaine étape : investir dans des machines. « On est en train de voir puisque actuellement, on ne peut pas produire plus. C'est déjà le travail de toute une journée de 7h à 19h pour produire la quantité avec l'équipe que l'on a, décrit-elle. On est en train de penser à trouver certaines machines qui peuvent faciliter et qui va nous permettre d'augmenter la quantité produite parce qu'il y a quand même la demande. Avec la production de 500 litres, on n'arrive pas à satisfaire le marché. »Un développement qui ne va cependant pas de soi. Malgré des démarches auprès de plusieurs organismes de prêts, la petite coopérative ne parvient pas pour l'instant à obtenir les financements nécessaires.À lire aussiAu Cameroun, un engrais liquide bio cartonne et attire des centaines de planteurs
Depuis plusieurs années, une partie de l'opinion africaine exige la suppression du franc CFA et la création d'une nouvelle monnaie. C'est ainsi que le 21 décembre 2019, huit pays d'Afrique de l'Ouest et la France ont décidé de sa réforme. Cette monnaie, vestige de la colonisation, sera remplacée en principe en 2027 par l'Éco. Eric Topona en débat, sous l'Arbre à palabres, avec ses invités.
En Côte d'Ivoire, premier producteur mondial d'anacarde, les acteurs de cette filière tirent un bilan positif à mi-parcours de la campagne de commercialisation. Sur les 1,150 million de tonnes de noix brutes produites cette année, restent 250 000 tonnes à écouler sur les marchés. Priorité aux transformateurs locauxPremier signe positif : dès le début de la campagne en janvier, le prix bord champ de la noix brute de cajou a été rehaussé : il est passé de 275 à 425 FCFA/kg. De quoi valoriser les paysans qui, cette année, ont vu leur production augmenter de 20 %. Selon les projections du ministère de l'Agriculture de Côte d'Ivoire, la production devrait s'établir à un peu plus d'un million de tonnes de noix brute. 900 000 tonnes ont déjà été achetées auprès des producteurs.Par ailleurs, du 18 janvier au 15 mars, le marché a été ouvert en priorité aux transformateurs locaux. « Cela nous a permis d'avoir accès à une noix de bonne qualité et d'éviter la concurrence avec les exportateurs internationaux », commente un entrepreneur. En tout, 36 usines en activité ont pu être approvisionnées. Elles ont pu absorber près de 600 000 tonnes de noix brute.L'impact des tarifs douaniers américainsSeule ombre au tableau, les nouveaux tarifs douaniers imposés par les États-Unis, révisés à la hausse et que Washington a temporairement suspendu. « Les opérateurs au Vietnam [taxés à près de 47 %, NDLR] sont inquiets, cela a ralenti les choses », affirme Kobénan Kouassi Adjoumani, le ministre ivoirien de l'Agriculture. En clair, il y a moins d'engouement autour des ventes. Car une grosse partie de la production est achetée par le Vietnam, qui exporte ensuite l'amande de cajou vers les États-Unis. Face à la retenue des acheteurs, locaux, comme internationaux, les producteurs bradent leur noix brute. « La situation est bloquée », peste un producteur, qui regrette le non-respect des prix officiels, ces deux dernières semaines. « Des solutions vont bientôt être prises », assure le ministre ivoirien de l'Agriculture, qui demande aux paysans d'être patients. De son côté, pour faire respecter le prix plancher, le Conseil Coton Anacarde organise des ventes groupées dans les zones dans lesquelles les acheteurs se font rares. À lire aussiLa Côte d'Ivoire cherche à doper la transformation locale de noix de cajou
Au Sénégal, les comptes du pays sont dans le rouge après la révélation d'une dette cachée de 7 milliards de dollars laissée par le régime de Macky Sall. Le Trésor public sénégalais a lancé une levée de fonds de 150 milliards de FCFA auprès des populations sur le marché des titres de l'UEMOA fin mars, avec pour objectif trouver des sources de financements pour réaliser l'ambitieux programme du président. « Saisissez une opportunité d'investissement sécurisé avec l'État », pouvait-on lire sur les téléphones des clients de la Société générale au Sénégal ces dernières semaines. L'opération en question est une levée de fonds de 150 milliards de FCFA du Trésor sénégalais par appel public à l'épargne. Devant une banque du centre-ville, beaucoup de Dakarois sont séduits par l'idée de prêter de l'argent à l'État. « Si c'est pour aider, il n'y a pas de problème, c'est le patriotisme. Donc, je le ferai volontiers », assure Abdourahmane Sow, standardiste de profession.Cette levée de fonds intervient alors que la dette atteint plus de 100% du PIB, 25 points de plus que ce qui avait été avancé par le régime sortant. Pour Charles, chauffeur coursier, cela fait une raison de plus pour investir dans ces bons : « C'est l'ancien régime qui nous a mis dans cette situation. Mais pas le régime actuel. Nous savons tous que le Sénégal traverse des moments difficiles. Et c'est à nous, la population, de pouvoir soutenir ce nouveau pouvoir, pour qu'on aille de l'avant. »Les taux d'intérêt vont de 6,40 à 6,95% et les bons sont à 10 000 FCFA l'unité, mais Yela Ba qui travaille dans la logistique ne voit pas l'intérêt pour les particuliers. « Je me dis que peut-être, pour un million de FCFA, le rendu sur trois ans n'est pas vraiment intéressant pour moi, estime-t-il. Maintenant, je me dis que peut-être pour ceux qui ont un gros capital, ça peut les intéresser. Moi, je vais passer mon tour. »Trouver des ressources, faire des économiesL'État sénégalais a souvent recours à ce type d'emprunt, mais la situation est particulièrement tendue aujourd'hui. Après les révélations de la Cour des comptes, la note du Sénégal a été abaissée deux fois par l'agence de notation Moody's et le programme du FMI suspendu. Il faut donc diversifier les sources de financement. « C'est sûr que l'emprunt extérieur demanderait des taux de plus en plus élevés parce que les bailleurs de fonds, les investisseurs vont prendre en charge effectivement les situations risquées. Donc, en passant par les marchés de l'UEMOA, par les marchés des titres publics, l'État peut bénéficier de ressources longues », analyse Abdou Khadre Dieng, professeur d'économie à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar.Pour Elimane Haby Kane, du think tank Legs Africa, un emprunt obligataire ou même la négociation d'un nouveau prêt avec le FMI ne sont pas les stratégies les plus soutenables pour redonner des moyens à l'État. Des économies pourraient sans doute être faites « sur des lignes qui existaient déjà sur des types d'investissements qui n'étaient pas très efficients » pour l'État et ainsi lui permettre de « souffler un peu ». L'opération a été un succès. Une semaine avant la fin, plus de 400 milliards de FCFA avaient été collectés et la levée de fonds clôturée. La première phase du programme du président Bassirou Diomaye Faye pour la période 2025-2029 a été chiffrée à 18 000 milliards de FCFA, soit plus de 28 millions d'euros.
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Le paiement numérique est de plus en plus répandu sur le continent. Paiement sans contact, paiement en ligne, transferts d'argent : « Les entreprises et les consommateurs adoptent de plus en plus ces solutions, pointe le site d'information malien Malijet. L'économie des paiements numériques en Afrique est appelée à se développer de plus en plus, selon un rapport commandé par Mastercard, qui indique que ces paiements devraient atteindre 1,5 milliard de dollars d'ici à 2030. » Autre chiffre fourni par Malijet : « Selon la Banque mondiale, l'Afrique a effectué environ 100 milliards de dollars de transferts de fonds en 2023, ce qui représente environ 6 % du PIB du continent. »Les commerçants impactés par des taxesAlors certains États ont décidé de taxer ces mouvements de fonds, dont le Mali. En effet, note Sahel Tribune, autre site malien, « le gouvernement a récemment instauré plusieurs taxes qui affectent directement les consommateurs et les acteurs du commerce digital, créant ainsi un impact considérable sur l'économie numérique. Parmi les principales mesures, on note une taxe de 10 % sur les recharges téléphoniques, qui réduit directement le montant crédité aux utilisateurs. Par exemple, une recharge de 1 000 francs CFA ne crédite plus que 900 FCFA, ce qui pénalise les utilisateurs réguliers de services mobiles. De plus, une taxe de 1 % sur les retraits via mobile money a été introduite, rendant les transactions financières plus coûteuses pour les commerçants et les consommateurs. »Résultat, pointe encore Sahel Tribune, « depuis l'entrée en vigueur des nouvelles taxes sur les télécommunications au Mali, de nombreux commerçants en ligne peinent à joindre les deux bouts ».Les consommateurs pénalisés égalementLes consommateurs, également, sont pénalisés. « L'introduction récente de la taxe de 10 % sur les recharges et de 1 % sur les retraits suscite une vive controverse parmi les utilisateurs, relève Mali Actu. Si le gouvernement justifie ces mesures par la nécessité de renforcer les finances publiques pour investir dans des infrastructures, de nombreux Maliens y voient une charge supplémentaire pesant sur leur pouvoir d'achat, déjà fragilisé par le contexte économique. Le débat fait rage, pointe encore le site malien : ces taxes sont-elles un mal nécessaire pour le développement, ou risquent-elles de freiner l'essor du mobile money ? »Et attention, prévient encore Mali Actu, « cette hausse des coûts pourrait inciter certains consommateurs à se tourner à nouveau vers les paiements en espèces ou les circuits informels. Si cette réaction est compréhensible, elle n'est pas sans risque, exposant les utilisateurs à des fraudes et à un manque de recours en cas de litige. L'expérience d'autres pays africains ayant instauré des taxes similaires suggère un possible repli temporaire vers l'économie informelle. »À la hussarde ?Le National, toujours à Bamako, hausse le ton : ces « taxations ont été rendues effectives à la hussarde, pour ne pas dire à la force des baïonnettes, en l'espace d'un petit mois, avec des justifications déroutantes. Il a été d'abord prétendu que ces nouvelles taxes serviraient à régler, pour de bon, le problème énervant des coupures de courant. Puis des terminologies savantes sont venues au secours pour expliquer que les produits récoltés serviront à financer des infrastructures indispensables à la souveraineté. »En tout cas, « pour éviter un rejet massif du mobile money, les autorités maliennes ont un rôle clé à jouer, affirme Maliweb. Elles doivent renforcer la communication sur l'utilité de ces taxes et leurs bénéfices pour la population. En expliquant comment ces fonds seront utilisés – amélioration des services publics, digitalisation de l'économie, développement d'infrastructures – elles peuvent apaiser les craintes et encourager l'adhésion. »Priorité aux dépenses de défenseReste que « les militaires au pouvoir à Bamako ne s'attendaient sûrement pas à ce qu'une nouvelle taxe devienne un tel sujet de crispation », relève pour sa part Le Monde Afrique. « Le sujet est à la Une des journaux et dans la bouche des commentateurs, remettant en tête des préoccupations le sujet lancinant du coût de la vie. (…) Les partis politiques sont également mobilisés. » De leur côté, les militaires sont à la recherche de financements : « la défense continue de mobiliser le quart des dépenses publiques, note encore Le Monde Afrique. Et cette année, le budget de l'Agence nationale de la sécurité d'État, les services de renseignement, augmente encore ».
Le paiement numérique est de plus en plus répandu sur le continent. Paiement sans contact, paiement en ligne, transferts d'argent : « Les entreprises et les consommateurs adoptent de plus en plus ces solutions, pointe le site d'information malien Malijet. L'économie des paiements numériques en Afrique est appelée à se développer de plus en plus, selon un rapport commandé par Mastercard, qui indique que ces paiements devraient atteindre 1,5 milliard de dollars d'ici à 2030. » Autre chiffre fourni par Malijet : « Selon la Banque mondiale, l'Afrique a effectué environ 100 milliards de dollars de transferts de fonds en 2023, ce qui représente environ 6 % du PIB du continent. »Les commerçants impactés par des taxesAlors certains États ont décidé de taxer ces mouvements de fonds, dont le Mali. En effet, note Sahel Tribune, autre site malien, « le gouvernement a récemment instauré plusieurs taxes qui affectent directement les consommateurs et les acteurs du commerce digital, créant ainsi un impact considérable sur l'économie numérique. Parmi les principales mesures, on note une taxe de 10 % sur les recharges téléphoniques, qui réduit directement le montant crédité aux utilisateurs. Par exemple, une recharge de 1 000 francs CFA ne crédite plus que 900 FCFA, ce qui pénalise les utilisateurs réguliers de services mobiles. De plus, une taxe de 1 % sur les retraits via mobile money a été introduite, rendant les transactions financières plus coûteuses pour les commerçants et les consommateurs. »Résultat, pointe encore Sahel Tribune, « depuis l'entrée en vigueur des nouvelles taxes sur les télécommunications au Mali, de nombreux commerçants en ligne peinent à joindre les deux bouts ».Les consommateurs pénalisés égalementLes consommateurs, également, sont pénalisés. « L'introduction récente de la taxe de 10 % sur les recharges et de 1 % sur les retraits suscite une vive controverse parmi les utilisateurs, relève Mali Actu. Si le gouvernement justifie ces mesures par la nécessité de renforcer les finances publiques pour investir dans des infrastructures, de nombreux Maliens y voient une charge supplémentaire pesant sur leur pouvoir d'achat, déjà fragilisé par le contexte économique. Le débat fait rage, pointe encore le site malien : ces taxes sont-elles un mal nécessaire pour le développement, ou risquent-elles de freiner l'essor du mobile money ? »Et attention, prévient encore Mali Actu, « cette hausse des coûts pourrait inciter certains consommateurs à se tourner à nouveau vers les paiements en espèces ou les circuits informels. Si cette réaction est compréhensible, elle n'est pas sans risque, exposant les utilisateurs à des fraudes et à un manque de recours en cas de litige. L'expérience d'autres pays africains ayant instauré des taxes similaires suggère un possible repli temporaire vers l'économie informelle. »À la hussarde ?Le National, toujours à Bamako, hausse le ton : ces « taxations ont été rendues effectives à la hussarde, pour ne pas dire à la force des baïonnettes, en l'espace d'un petit mois, avec des justifications déroutantes. Il a été d'abord prétendu que ces nouvelles taxes serviraient à régler, pour de bon, le problème énervant des coupures de courant. Puis des terminologies savantes sont venues au secours pour expliquer que les produits récoltés serviront à financer des infrastructures indispensables à la souveraineté. »En tout cas, « pour éviter un rejet massif du mobile money, les autorités maliennes ont un rôle clé à jouer, affirme Maliweb. Elles doivent renforcer la communication sur l'utilité de ces taxes et leurs bénéfices pour la population. En expliquant comment ces fonds seront utilisés – amélioration des services publics, digitalisation de l'économie, développement d'infrastructures – elles peuvent apaiser les craintes et encourager l'adhésion. »Priorité aux dépenses de défenseReste que « les militaires au pouvoir à Bamako ne s'attendaient sûrement pas à ce qu'une nouvelle taxe devienne un tel sujet de crispation », relève pour sa part Le Monde Afrique. « Le sujet est à la Une des journaux et dans la bouche des commentateurs, remettant en tête des préoccupations le sujet lancinant du coût de la vie. (…) Les partis politiques sont également mobilisés. » De leur côté, les militaires sont à la recherche de financements : « la défense continue de mobiliser le quart des dépenses publiques, note encore Le Monde Afrique. Et cette année, le budget de l'Agence nationale de la sécurité d'État, les services de renseignement, augmente encore ».
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Au Sénégal, les activités minières du français Eramet sont accusées de détruire le désert de Lompoul et le tissu économique de la bande des Niayes. La société Grande Côte Opérations (GCO), détenue à 90 % par l'entreprise minière française Eramet et à 10 % par l'État sénégalais, exploite depuis 2014 le zircon le long de la côte atlantique au nord de Dakar. Mais depuis quelques mois, les maraîchers riverains de la mine mobile se plaignent de la perte de leurs ressources économiques et des compensations trop faibles pour laisser passer la mine. De notre envoyée spéciale de retour de Lompoul, Au loin, une gigantesque pompe de l'entreprise minière recrache du sable. À 150 mètres, la terre du champ que nous traversons est sèche, les aubergines et les oignons couverts d'une fine couche de sable, un vieux souvenir. Maïmouna, qui exploitait cette parcelle d'un hectare, est dépitée : « J'avais un grand champ et je gagnais beaucoup d'argent. L'année passée, j'ai récolté beaucoup d'oignons, mais depuis que la mine de zircon est passée, le sable a recouvert la pompe solaire, ma motopompe est cassée et je n'ai plus d'eau. »En cause, selon cette agricultrice qui gagnait jusqu'à 3,2 millions de FCFA par mois grâce à ses récoltes, l'arrivée de la mine mobile d'Eramet et de sa gigantesque drague au printemps dernier. Celle-ci filtre le sable sur 10 à 15 m de profondeur, pompant aussi l'eau sur son passage pour extraire le précieux zircon, devant le champ de Maïmouna.À quelques kilomètres de là, au milieu des dernières dunes du désert du Lompoul, c'est un campement touristique qui est cerné. Ici, la mine mobile filtre le sable jour et nuit à moins de 200 mètres de l'écolodge. C'est la dernière infrastructure touristique depuis que la mine a commencé à exploiter la zone il y a un an. Les six autres ont été indemnisées, mais Birame Mbaye Ndiaye, co-gérant de l'établissement, résiste, car les enjeux économiques sont importants. « Le tourisme, c'est une activité transversale. Il y a le vendeur de cacahouète, le vendeur de légumes, le vendeur de viande, tous ces gens et les employés qui gravitent autour », rappelle l'hôtelier. « Nous, on est une entreprise indépendante, reconnue par l'État, c'est comme s'ils achetaient notre entreprise, car on va fermer après. Nous, ce qu'on demande, c'est qu'on soit dédommagé à notre juste valeur », revendique Birame Mbaye Ndiaye.À lire aussiAu Sénégal, l'exploitation du zircon menace le désert de Lompoul« Le Sénégal n'y gagne rien »De son côté, le maire de Diokoul, l'une des localités par laquelle passe la mine, demande un moratoire et une enquête parlementaire. Car il en est convaincu, les gains économiques sont inférieurs aux dommages que provoque la mine. « Même en termes de productivité économique, par rapport au maraîchage et l'arboriculture qui est développée dans la zone des Niayes, je pense que la dégradation par la mine ne peut pas compenser en termes économiques ce qui est en train d'être détruit. Je pense que le Sénégal n'y gagne rien », affirme l'élu.Dans un rapport, le collectif de défense des Niayes, composé de membres de la société civile, a calculé que si l'on cumule sur les dix dernières années, l'entreprise minière a reversé moins de cinq milliards de FCFA à l'État par an. L'entreprise minière Grande côte opérations (GCO) dément ces affirmations. Elle dit être le cinquième contributeur minier au budget de l'État, employer 2 000 personnes et veiller à l'indemnisation des personnes expropriées.À lire aussiSénégal: la colère gronde contre une mine mobile de zircon franco-sénégalaise
En Côte d'Ivoire, le secteur de la noix de coco a officiellement été intégré au Conseil hévéa-palmier à huile, afin de bénéficier des mesures d'accompagnement de cette structure. L'objectif des autorités : relancer cette filière. De notre correspondante à Abidjan,La plupart des vergers de noix de coco se situent dans le sud de la Côte d'Ivoire, le ministère de l'Agriculture en recense près de 60 000. En intégrant le secteur de la noix de coco au Conseil hévéa-palmier à huile, les autorités cherchent à augmenter la production de noix de coco.À l'origine, les plantations étaient gérées par deux sociétés d'État. Mais en 1986, la chute des cours perturbe la filière et la production entame une baisse constante : la production est passée de 400 000 tonnes en 1986 à 125 656 tonnes en 2024. À cela s'ajoute une maladie, le « jaunissement mortel du cocotier », qui décime plusieurs plantations.La filière du coco est tournée essentiellement vers l'exportation. Et malgré la baisse de la production, elle procure des revenus conséquents. En 2023, l'exportation de la noix de coco a généré près de 9 milliards de FCFA de recettes.À lire aussiEn Côte d'Ivoire, la filière hévéa se met aux normes européennesLe rôle clé du Conseil hévéa-palmier à huileLes autorités misent aujourd'hui sur « la régulation, le développement, le contrôle et le suivi des activités » pour relancer la filière coco. Désormais, c'est donc le Conseil hévéa-palmier à huile qui aura pour charge de piloter ce domaine. Cet organe devra notamment élaborer et mettre en œuvre un programme de production agricole, veiller au respect des normes de qualité des noix de coco, élaborer un mécanisme de prix équitables pour chaque maillon de cette filière et promouvoir l'industrialisation de la filière coco.Au-delà de l'exportation, la noix de coco a de potentiels débouchés au niveau local. La Dr Muriel Okoma, du Centre national de recherche agronomique (CNRA), a notamment mis au point un sucre de table en poudre à partir de la sève des inflorescences du cocotier. Ce sucre pourrait être utile pour les personnes diabétiques, car d'après cette chercheuse, les analyses biochimiques montrent que ce sucre est très riche en minéraux et en vitamines, tout en ayant un indice glycémique faible.À lire aussiMieux connaitre les produits issus de la noix de coco: pulpe, eau et huile
La Société nationale de pétrole du Congo, la SNPC, a lancé fin décembre 2024 un emprunt obligataire pour mobiliser sur le marché financier de l'Afrique centrale 100 milliards de FCFA afin de financer ses projets de forages dans trois champs pétroliers. Le dernier délai pour y souscrire est le 29 février prochain. Les patrons de la SNPC sillonnent les pays de la CEMAC. Ils étaient, le 11 février, à Libreville pour inviter les Gabonais à souscrire. De notre correspondant à Libreville,PowerPoint à l'appui, Maixent Raoul Ominga, directeur général de la Société national des pétroles du Congo (SNPC), explique aux hommes d'affaires du Gabon pourquoi souscrire à cet emprunt obligataire : « L'emprunt obligataire va servir à financer un projet très structurant pour la SNPC, notamment booster notre croissance et augmenter la production et servir réellement notre économie. Le taux de rentabilité est de 6,5%. Je pense que les épargnants devraient mettre l'argent sans crainte. »Détenue à 100% par l'État congolais, la SNPC, créée en 2002 sur les cendres de l'ex-Hydro Congo, finançait ses opérations grâce aux emprunts sur le marché international. L'entreprise se tourne vers le marché régional suite à l'assèchement progressif des financements des énergies fossiles au niveau mondial. « Nous devons aussi regarder la réalité en face : les énergies fossiles sont encore nécessaires à nos économies », souligne Maixent Raoul Ominga. S'il affirme que le travail de la transition énergétique est en cours, il insiste : « On fait d'abord en sorte que nous puissions maîtriser les énergies qui sont disponibles et nous travaillons aussi sur les énergies d'avenir. »À lire aussiCongo-Brazzaville: Global Witness s'alarme de la dette de la SNPCUne exonération d'impôt aux souscripteursLa SNPC devient le premier producteur de pétrole d'Afrique centrale à solliciter l'épargne de ressortissants de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale). Une satisfaction pour Yannick Mefane, directeur général de Premium Capital Securities, la société de bourse co-arrangeur de l'opération. « L'important ici, c'est de montrer que nous sommes capables de financer notre propre économie et que nous ne sommes plus obligés d'aller chercher des fonds à l'international. Fonds qui sont très, très coûteux », détaille l'expert.À tous les souscripteurs, la SNPC a décidé d'exonérer de tout impôt leur rémunération. François Binet, expert financier de la sous-région, explique : « Sur toutes les opérations de type privé qui ont été faites sur le marché, l'investisseur a toujours supporté l'impôt. Or là, nous avons une société qui nous dit ''Venez investir votre argent, moi, j'assure derrière votre impôt''. C'est une opération très intéressante et très forte. »Après la première phase de 100 milliards de francs CFA (152,4 millions d'euros), la SNPC reviendra sur le marché pour solliciter 200 autres milliards de francs CFA (304,8 millions d'euros) à une date encore non communiquée.À lire aussiCongo-B: la compagnie pétrolière nationale lance un projet de reforestation
Bavon Kouété est un artisan-sculpteur qui vit de son métier depuis des décennies à Pointe-Noire, la deuxième ville du Congo. Il tente d'attirer les jeunes pour que ce métier se pérennise. De notre envoyé spécial de retour de Pointe-Noire,Chemise à carreaux, sandales en caoutchouc, Bavon Kouété, taille moyenne, 60 ans, a les bras croisés devant son point d'exposition et de vente de produits sculptés, devant le stade Franco Anselmi au centre-ville de Pointe-Noire. Au départ, il évoluait avec ses amis au Village des voiliers, à un jet de pierre de l'océan. Puis, il a gagné le centre de Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville. Bavon Kouété est né dans l'art. Son père l'a l'initié dès son plus jeune âge : « Quand je revenais des cours, je restais à côté de mon père, je l'assistais... Donc, il m'apprenait », témoigne-t-il. Dans son petit point de vente de quelques mètres carrés, il nous présente tout ce qu'il fabrique : « Nous avons des animaux tels des rhinocéros, des girafes. Nous avons des totems, des femmes congolaises habillées. De l'autre côté, nous avons des tapis en raphia, nous avons aussi des masques de différentes ethnies du Congo, de la RDC et du Gabon », énumère-t-il. L'artisan, qui passe son temps à sculpter, est aussi détenteur d'un bac+3. Il a suivi une formation en gestion.À lire aussi Congo-Brazzaville : la deuxième Foire internationale de l'artisanat bat son plein« Nos frères congolais commencent à aimer l'art »Hier, ses principaux clients étaient des expatriés basés dans la ville océane. Désormais, dit-il, les Congolais s'intéressent à acheter les œuvres des artisans. « Nos frères congolais commencent à aimer l'art : ils s'approchent petit à petit et ils achètent. Nous faisons des prix justes : je souhaite avoir 10 000 FCFA (par objet), mais si vous avez 5 000 FCFA, je ne peux pas vous laisser partir. Donc, nous conservons quand même les clients », analyse l'artisan.Le sexagénaire souligne que la relève pourrait manquer un jour. « Aujourd'hui, nous n'avons pas de jeunes gens qui s'adonnent [à cet art]. Ils s'éloignent de nous et veulent toujours [traîner dans] la rue. Nous souhaitons qu'ils viennent. C'est le temps d'apprendre. Nous n'avons pas de relève et nous la cherchons », lance-t-il.Père de sept enfants, dont quatre garçons qui préfèrent l'informatique, Bavon regrette que les jeunes ne s'intéressent pas à ce qu'il considère comme le meilleur métier du monde.À lire aussiÀ Brazzaville, ces jeunes contraints d'étudier sous les lampadaires mis en lumière dans une exposition
Au Gabon, après une très grande prise de participation dans le secteur pétrolier avec le rachat de la société Assala Energy, de la compagnie aérienne Fly Gabon, l'État a décidé de reprendre le contrôle de son secteur forestier. Libreville a récemment racheté la Société nationale des bois du Gabon (SNBG) vendu au franc symbolique par le régime d'Ali Bongo à GSEZ, membre du groupe singapourien Olam. Grâce à ce rachat, le Gabon réaffirme sa souveraineté nationale dans ce secteur vital de l'économie. La forêt est en effet le deuxième employeur du pays après la fonction publique. De notre correspondant à Libreville,Les autorités de la Transition ont été piquées au vif par les conclusions d'une enquête parlementaire. Le rapport des députés a conclu que la SNBG, qui faisait la fierté du Gabon dans le secteur forestier, avait été vendue à 1 million de FCFA seulement et les droits du personnel pas intégralement soldés. « La commission d'enquête parlementaire a conclu que le processus de privatisation n'a pas respecté le cadre légal, réglementaire établi », explique le député Ali Eyeghe.Ali Eyeghe a dirigé l'enquête parlementaire. Il poursuit : « La commission a recommandé au gouvernement de dénoncer l'accord de session et aussi de tout mettre en œuvre pour que l'État revienne dans la filière bois. Pour les députés, compte tenu de l'importance de la filière bois dans l'économie gabonaise, il était anormal que l'État en soit absent. Aujourd'hui, nous sommes heureux de constater que nos conclusions ont été suivies. »L'achat de la SNBG par GSEZ a permis de sauver l'entreprise de la faillite, se défend Igor Simard, administrateur délégué de GSEZ. « Quand GSEZ a racheté la SNBG, l'entreprise était en faillite avec des capitaux propres complètement détériorés, souligne-t-il. La dette totale s'élevait à plus de 30 milliards de FCFA et la valeur comptable de la SNBG était négative. GSEZ a donc restructuré l'entreprise et apuré plus de 25 milliards de FCFA de dettes. En 2024, après 16 années déficitaires, la SNBG a finalement retrouvé la voie de l'équilibre », assure Igor Simard.À lire aussiGabon: les partis se positionnent face à la présidentielle du 12 avril« Concilier la préservation de nos ressources naturelles et trouver les dividendes issus de cette préservation »La prise de contrôle de la SNBG ne vise pas à couper plus de bois, mais à mieux encadrer les politiques publiques en matière d'exploitation durable des forêts, soutient le général Maurice Ntossui, ministre des Eaux et Forêts. « Les attentes s'articulent autour de la restauration de la souveraineté économique de l'État gabonais. Et, à travers cette reprise, concilier la préservation de nos ressources naturelles et en même temps trouver les dividendes issus de cette préservation », défend-il.Le taux de déforestation au Gabon est de 0,5 % par an. L'exploitation forestière contribue au PIB à hauteur de 4 %. L'Asie est le principal marché du bois gabonais à côté de l'Europe, devenue très exigeante en matière de traçabilité et de certification forestière.À écouter dans Grand reportageForêts du Gabon: concilier économie et écologie
Au Cameroun, le marché des parfums, eaux de toilette et autres produits de beauté représente plus de 30 milliards de francs CFA. Face aux nombreuses importations, des entreprises locales se lancent dans la fabrication des parfums, pour essayer de gagner des parts de marché. De notre correspondant à Yaoundé,Dans sa petite unité de fabrication à Douala, Duplex Mbeleck parle de parfum avec passion. Pourtant, cet entrepreneur de 35 ans, qui a toujours détesté les mauvaises odeurs, arrive dans le domaine un peu par hasard. « J'ai lu que le Cameroun dépense plusieurs milliards pour importer les parfums et ça m'a révolté. Ça veut dire qu'il y a un très grand marché et on est en train de perdre de l'argent en important le parfum », explique-t-il.Les effluves agréables de mandarine, citron, cannelle, ou encore vanille embaument cette petite cuisine transformée en laboratoire, dans laquelle il crée ces senteurs.Poivre et jujubes en flaconSur l'évier, sont disposées des écorces de hiomi, un arbre cher au peuple bassa du Cameroun, et des épices de l'ouest du pays, comme le poivre et les jujubes. « On essaye d'extraire ces molécules pour avoir un parfum qui nous est familier, confie-t-il. J'ai acheté ces écorces sur les marchés locaux, mais il y a des produits que nous sommes parfois obligés d'importer, comme les huiles essentielles. Avec ça, j'ai fabriqué trois gammes de parfums pour les femmes et les hommes ».Aujourd'hui, son entreprise, basée au quartier Makepe, à Douala, qui emploie directement et indirectement près de 40 personnes, fait son chiffre d'affaires grâce à une collaboration avec une trentaine de distributeurs, comme Marianne, une étudiante de 20 ans qui distribue ces parfums pour financer ses études : « Je prends les produits ici à 8 000 et je les revends à 10 000 francs CFA. Ça me fait une marge assez conséquente ».À lire aussiCameroun: une fiscalité 2025 faite pour encourager le «zéro déforestation»« Avec 3 000 francs, j'ai un bon parfum »Grâce à des prix plus accessibles que les parfums importés, la marque camerounaise se fait progressivement un nom. Loïc Djob fait partie des fidèles de la maison : « On trouve tout type de senteurs, boisées, fruitées… Avec 3 000 francs CFA, j'ai un parfum qui est de bonne qualité, c'est un prix gérable pour le Camerounais moyen ».Après un an de présence sur le marché, la PME revendique un chiffre d'affaires de 10 millions de FCFA. Un chiffre qui devrait tripler, selon les prévisions de l'entreprise, qui annonce la création de 500 emplois indirects au cours de l'année 2025.À écouter dans 8 milliards de voisinsAux sources des parfums du monde
À Bossongo, un village situé à 50 km au sud-ouest de Bangui, la fabrication et la commercialisation de l'huile de palme est une source de revenus pour de nombreux habitants. Alors que la plupart en produit de façon artisanale et individuelle depuis plusieurs décennies. Une entreprise baptisée L'Or Rouge, créée il y a deux ans par un groupe de producteurs natifs de la localité, a décidé de se lancer dans de la production semi-industrielle. De notre envoyé spécial à Bossongo,Dans ce village traditionnellement réputé pour ses palmiers à huile, la récolte vient de commencer. À perte de vue, plusieurs milliers de palmiers avec des fruits mûrs se développent sur une superficie d'environ 100 m².Pour couper les régimes, les ouvriers sillonnent les couloirs bien aménagés. Chérubin Leondamon, 35 ans, est le coordonnateur de ce projet qui a été mis en place par une vingtaine de jeunes de la localité. « Notre chantier compte une centaine de palmiers. Nous avons cotisé pour acheter cette plantation et installer la petite usine. Un palmier produit généralement cinq régimes. Pour produire un fût d'huile de palme, il nous faut au moins 200 régimes. Chaque mois, nous produisons 50 fûts », détaille-t-il.Après récolte, les fruits sont acheminés dans l'usine semi-artisanale qui se trouve au centre de la plantation. Ils sont ensuite dépulpés, malaxés et pressés dans des machines artisanales pour avoir l'huile rouge. « On n'a pas les moyens d'acheter des machines sophistiquées, explique Noël Bissafio, le machiniste. Nous fabriquons nous-mêmes nos machines à l'aide de fûts, de bidons, de chaînes de motos et de morceaux de bois solides. Le mécanisme est simple : on verse les fruits dans le fût puis on ajoute de l'eau. On verse ensuite les fruits dans un autre fût. Il suffit de presser les fruits jusqu'à obtenir l'huile dans cette machine appelée malaxeur ».À écouter aussiCentrafrique: le savoir-faire ancestral et créatif des forgerons de Bossongo [1/3]Développer le commerce à l'étrangerL'huile obtenue est acheminée vers les marchés à l'aide de vélos, de pousse-pousse et des motos à trois roues. Le bidon de 25 litres est vendu 15 000 francs CFA et le litre 1 500 francs CFA. « Si on les achemine dans d'autres régions, on augmente le prix à 25 000 FCFA à cause des tracasseries routières. Certains de nos clients viennent des pays voisins à l'exemple du Nigeria et du Cameroun », poursuit Chérubin Leodamon.Des prix attractifs pour les consommateurs locaux face aux quelques litres d'huile de palme importés. La recette mensuelle est utilisée pour payer les salaires, entretenir la plantation et les machines. Mais dans cette activité, les difficultés ne manquent pas, selon Clarisse, l'une des productrices. « Maintenant, il nous faut avoir d'autres plantations et surtout des moyens roulants pour vendre nos produits partout en Centrafrique et au-delà de nos frontières », ambitionne la jeune femme.La production d'huile de palme reste la seule activité économique pour ces jeunes, qui souhaitent, avec le temps, passer d'une production semi-artisanale à une production industrielle.À lire aussiHuile d'olive: les prix exorbitants pourraient continuer jusqu'en 2025
Les suites du témoignage que vous avez pu entendre mercredi sur notre antenne : celui d'un ressortissant camerounais combattant malgré lui comme supplétif de l'armée russe dans l'Est de l'Ukraine. Il dit avoir été dupé après avoir pensé se rendre en Russie sur la promesse d'un emploi de concierge dans un camp militaire. C'est aussi ce qui est arrivé à un autre ressortissant camerounais, dont l'épouse est sans nouvelles depuis fin juillet 2024. Un homme parti pour la Russie dans la promesse de gagner la Pologne. Faute d'argent, il a signé un contrat pour une formation militaire, envoyé en mission après seulement quelques semaines, à son corps défendant. Aujourd'hui, Linda, un prénom d'emprunt, souhaite alerter sur cette situation et dénoncer des intermédiaires douteux. Elle raconte son histoire. RFI : Pourquoi votre mari a-t-il décidé de partir pour la Russie, quelles étaient ses intentions ? Linda : Déjà, il ne partait pas en Russie, il partait en Pologne. Mais le service d'immigration par lequel il avait fait la procédure lui a dit qu'il va d'abord s'arrêter en Russie, le temps pour eux de le relancer pour la Pologne. Bon, ils lui ont dit que quand il va arriver en Russie là-bas, il va travailler quelques mois. Ils ont dit qu'ils vont le loger, puis lui faire des papiers pour aller en Pologne. C'était une agence camerounaise. Il n'était pas trop entré dans les détails et ne m'avait pas tout expliqué. Il m'avait juste dit qu'il allait vivre chez un monsieur, le temps pour eux de lui trouver du travail là-bas en Russie. On lui a demandé d'avoir une somme d'argent : 1 million de FCFA. Qu'il lui fallait 1 million de FCFA, qu'ils vont convertir en roubles pour qu'il puisse s'en sortir les premiers temps là-bas en Russie. Bon, vu qu'il n'avait pas les 1 million, qu'il avait déjà payé le billet d'avion, ils lui ont proposé l'armée. La veille, ils lui ont fait miroiter le bon côté, les avantages de l'armée. [ils lui ont dit que ] c'est juste une formation, qu'il n'y avait aucun danger, et qu'il ne devrait pas avoir peur. Le 5 juin, il doit quitter Douala et le 4 juin, alors qu'il n'a pas le million qu'on lui demande pour son arrivée, on lui dit, tu viens quand même. Et si tu n'as pas les moyens c'est pas grave, tu peux aller faire une formation militaire pendant quelques mois, c'est ça qu'on lui a dit ? C'est ça en fait, c'est ça. Et à aucun moment on lui a dit qu'il irait combattre ? On ne lui a jamais dit ça. Il n'avait pas l'air inquiet ? Non, parce que le monsieur l'a mis en confiance. Bon, vu qu'il a compris qu'on va lui payer plus de 2 millions, je ne sais pas, ça lui a mis des étincelles dans ses yeux et il a fait le choix de l'armée. On est au mois de juin, il arrive à Moscou et donc il est envoyé dans un camp militaire. Qu'est-ce qu'il vous raconte ? Ils sont d'abord allés à Pskov. Ils étaient trois. Avec deux autres Camerounais Oui, deux autres Camerounais qu'il a rattrapé à l'aéroport. Là-bas, ils n'ont même pas fait 2 semaines. La situation était déplorable là-bas. Il me dit que vraiment c'est compliqué. Il n'y a pas moyen de dormir. Ce qu'on leur sert à manger n'est pas différent de la nourriture du chien. Bon, ils n'ont pas fait 2 semaines, ils sont ensuite allés à Donetsk. C'était quand même un peu mieux parce qu'ils avaient une chambre là-bas, ils avaient un lit et dans leur cuisine, ils avaient un frigo. Le frigo était rempli. Les conditions matérielles étaient meilleures. Le problème, c'est que Donetsk c'est juste à côté du front ? Voilà ! Moi, je ne savais pas. Lui-même ne savait pas, parce qu'il m'avait dit que d'après ses recherches, Donetsk est une des villes de l'Ukraine que la Russie a prises. Mais il me disait quand même qu'ils entendaient souvent les coups de feu. Et à quel moment il a compris qu'il allait devoir à son tour aller au combat ? Il m'avait appelé un soir, il m'avait dit que durant le rassemblement, les commandants, les supérieurs l'ont pointé du doigt et ils lui ont dit qu'ils vont bientôt aller en mission. Il avait fait 2 semaines de formation en tout et pour tout et on l'envoyait déjà ? On l'a envoyé déjà. Moi, j'avais tellement peur. Je lui ai dit que ça, c'est déjà de l'arnaque. Ce qu'il me disait, c'était de prier, parce qu'il me connaît comme une femme pieuse. Il a demandé de beaucoup prier pour lui. Donc, le 26 juillet à 17 h 00, il apprend qu'il part en mission ? Oui. Vers 20 h 30, vous discutez, il vous dit de prier pour lui, qu'il partait en mission pour 7 à 10 jours ?Oui. Et c'est votre dernier contact ? C'est notre dernière conversation jusqu'à ce jour. Tout cela, il l'a fait pour venir en aide à sa famille, à votre famille ?Ses parents sont tellement pauvres, c'était lui qui était le pilier de sa famille. Il est l'aîné d'une famille de 4 enfants. C'est lui qui payait la scolarité de ses petits frères, c'est lui qui envoyait l'argent à sa mère chaque semaine pour que sa mère puisse préparer à manger. Son père ne travaille plus parce qu'il a des soucis de santé. Il m'a laissé avec un bébé. À son départ, l'enfant avait à peine 2 mois. Qu'est-ce que vous demandez aux autorités de votre pays ? C'est de nous aider à le retrouver, même s'il est mort, et que si on le retrouve, même s'il est vivant, qu'on le rapatrie au pays. Ses parents souffrent vraiment depuis qu'il n'est plus là. Ses parents ne dorment pas. Sa mère m'appelle, chaque jour, elle pleure. Pareil pour son père. Tout le monde est dépassé, nous sommes tous inquiets. Vraiment, nous supplions l'autorité camerounaise à faire quelque chose pour nous. Parce que nous ne sommes pas les seuls. Il y a plusieurs familles aussi dans cette situation et que s'il y a moyen d'arrêter même les services d'immigration là, toutes ces personnes qui amènent leurs frères à la mort, si on peut même mettre la main sur ces gens pour les empêcher de continuer à faire du mal. À lire aussiUkraine: «Les Africains en première ligne, les Russes restent au camp», confie un Camerounais envoyé au front
Installés au bord des avenues, routes et ruelles, petits restaurants et maquis se développent dans tous les quartiers de Bangui et proposent des recettes locales pour le bonheur des consommateurs. Sauf qu'avec la saison sèche, certaines routes de la capitale étant en latérite, le passage des véhicules, motocyclettes et piétons entraîne des poussières sur les produits alimentaires, ce qui peut provoquer de nombreuses maladies. Pour la plupart des clients, se détourner de ces restaurants est impossible, car les prix sont très abordables. De notre correspondant à Bangui,Dans une ruelle en latérite au cœur du quartier de Malimaka dans le cinquième arrondissement de Bangui, les restaurants de fortune poussent comme des champignons. Installé entre un caniveau et une décharge publique, le restaurant de Pélagie est exposé à tout type de danger. « Pour pratiquer ce commerce, il faut être forte, affirme Pélagie. J'ai installé ces vieux rideaux ainsi que ces morceaux de pagnes pour couvrir le maquis. Ici, je vends des feuilles de manioc, du poulet rôti, du poisson fumé et du gnetum. Je suis consciente que c'est un endroit insalubre, mais on fait avec pour l'instant. »Dans ce maquis, les consommateurs s'installent sur des bancs, les uns à côté des autres. « Je n'ai pas les moyens d'aller dans les restaurants chics, confie Juliano, qui vient de passer sa commande. Chaque jour, je mange dans ce maquis. Comme vous voyez, il y a de la boue d'un côté, des ordures de l'autre, sans oublier les chiens qui passent entre nos jambes. Les nourritures ne sont pas protégées malgré les poussières. Ce qui m'intéresse, c'est d'être rassasié. Le prix des plats varie entre 350 et 500 FCFA. »À lire aussiCentrafrique: à Bangui, des consommateurs traumatisés par des ventes de produits alimentaires avariésDes conséquences graves pour la santéSi le prix de ces plats ne dépasse pas 1 euro, les conséquences sanitaires sont parfois dramatiques pour certains clients. « J'ai été hospitalisé pendant plusieurs semaines. La fièvre typhoïde a failli me tuer, témoigne Jonathan, tombé malade en 2023. Les véhicules qui passent soulèvent la poussière et dégagent des fumées toxiques. Même les assiettes utilisées pour servir les clients sont parfois mal nettoyées. Après ma guérison il y a deux ans, j'ai pris la résolution de ne plus manger dans les maquis malsains. » Jean-Christian Amédée Mandjeka, nutritionniste, confirme que le manque d'hygiène dans les restaurants publics peut être à l'origine d'une intoxication alimentaire : « Ces aliments-là peuvent être source de contamination pour le consommateur — la poussière qui se dépose sur les aliments quand ce n'est pas protégé, les personnes qui passent et qui toussent, la tuberculose, la transmission directe à travers la respiration, la salive, etc. Ces points noirs sont en fait des substances cancérigènes qui peuvent se poser dans les poumons, dans les voies respiratoires, etc., et ce sont des poisons pour les consommateurs lambda. » En attendant la mise en place de mesures sévères, la mairie de Bangui et le ministère centrafricain de la Santé continuent de sensibiliser les propriétaires de ces restaurants sur le respect des pratiques d'hygiène.À lire aussiCentrafrique: à la découverte de Bouar, la capitale du haricot
L'approvisionnement en cacao sera-t-il suffisant pour répondre à la demande ? Les opérateurs sont visiblement inquiets si on se fie aux prix qui ont entamé une remontée spectaculaire depuis début novembre. Ces craintes de manquer mettent le marché ivoirien sous pression. Chez le premier fournisseur mondial de fèves, on espère que cette saison sera meilleure que la précédente qui avait vu la récolte chuter d'un quart. Mais rien est acquis, alors les cours mondiaux s'envolent - vendredi 3 janvier la tonne pour une livraison en mars s'échangeait à plus de 11.081 dollars à la bourse de New York - et réveillent les appétits sur le terrain. Depuis plusieurs semaines, le cacao ivoirien a vu sa côte grimper en Guinée. Le kilo de fèves acheté au prix fixe de 1 800 FCFA le kilo au producteur se vendrait à 4 000 voire 5 000 FCFA à la frontière. Les chiffres qui circulent, ne sont pas confirmés officiellement, mais font état de 50 000 tonnes qui auraient été commercialisées illégalement, ces trois derniers mois.La pratique n'est pas nouvelle, mais aux prix actuels, les marges sont décuplées, explique un exportateur ivoirien qui assure que le « phénomène est plus inquiétant que l'année dernière ».Pression des intermédiaires pour ajuster les prix à la hausseSi, comme lui, les exportateurs se plaignent, c'est que chaque kilo, chaque tonne de cacao qui sort en fraude du pays, diminue les volumes disponibles à l'achat et alimente le sentiment de manque sur le marché en faisant grimper les prix. Au lieu de payer une prime de 100 FCFA à ses intermédiaires, cet exportateur se dit contraint de payer une prime deux ou trois plus élevées. Si la demande reste forte alors que la production va naturellement decrescendo en janvier février, sans parler même des aléas climatiques du moment, la pression sur les stocks de cacao pourrait s'accentuer et se traduire dans ces primes. Contraintes bancairesL'autre difficulté des exportateurs et des industriels, c'est que les banques ivoiriennes ne suivent pas leurs clients quand le marché monte. En un an, les prix du cacao payés au producteur ont quasiment doublé, mais « aucune banque locale n'a relevé du même niveau ses financements » assure le représentant d'une multinationale qui se finance en partie sur le marché ivoirien.Sans augmentation de leur fonds de roulement, les broyeurs et les exportateurs sont contraints parfois d'aller solliciter d'autres financeurs, et courent le risque de voir des volumes de cacao leur passer sous le nez.
Le Maroc écoule de nombreux produits vers le Sénégal et la sous-région — matériaux de construction ou encore agrumes —, les deux pays sont proches. Aujourd'hui, plus de 70 camions arrivent chaque jour au Sénégal par la route. La nouvelle voie maritime Dakar-Agadir permettra de réduire les temps de transport et les coûts. Cette ligne entre dans une stratégie d'intégration régionale du Maroc, mais pourrait également offrir des débouchés pour les produits sénégalais. De notre correspondante à Dakar, Naji Boujemaa remplit chaque semaine un camion de marchandises qui fait l'aller-retour entre le Sénégal et le Maroc. « Il y a trop de marchandises qui viennent du Maroc : les peintures, les câbles. Par contre, côté Sénégal, on amène juste les effets personnels. Il n'y a pas vraiment de marchandises », détaille-t-il.Il faut compter plus d'une semaine de trajet entre Casablanca et Dakar en comptant les jours d'attente aux frontières. Un trajet coûteux et lourd en démarches pour ce Marocain installé au Sénégal depuis 15 ans. « Par voie terrestre, il y a le gazole, ça coûte 1 800-2 000 aller-retour. Et il y a la frontière de la Mauritanie. Il faut payer l'escorte pour 500-600, ça dépend du volume de marchandises », se plaint-il. Et puis il y a les démarches aux frontières. « Il y a un peu de dérangement au niveau des frontières : l'étape de vérification des bagages, il y a des scanners… », poursuit-il.La société britannique Atlas Marine, qui lance la nouvelle ligne maritime Agadir-Dakar, promet d'effectuer ce trajet en deux jours et demi, et assure qu'elle proposera un tarif compétitif qu'elle ne souhaite pas encore communiquer. Un bateau d'une capacité de 110 camions avec les chauffeurs fera la liaison une fois par semaine à partir de fin janvier. Un deuxième devrait être mis en service au printemps.À lire aussi Maroc-Sénégal-Côte d'Ivoire-Guinée... le train-train du petit commerce transafricainRééquilibrer la balance commerciale« On aura maintenant des produits plus frais que d'habitude. C'est une excellente initiative », se réjouit Lahlou Sidi Mohamed, le président du Club des investisseurs marocains au Sénégal. Il attendait cette ligne depuis longtemps. La ligne renforce les bonnes relations entre le Sénégal et le Maroc, signataires d'une convention d'établissement depuis 1964 qui garantit les mêmes droits aux citoyens dans les deux pays. Elle entre aussi dans une stratégie plus large de développement marocain vers l'Afrique subsaharienne. « Cette ligne maritime pourra desservir avec les camions qu'elle pourra transporter les pays du Sahel, ces pays qui n'ont pas accès à la mer », souligne Lahlou Sidi Mohamed.Côté Sénégal, une liaison régulière avec Agadir permettrait de rééquilibrer la balance commerciale très déficitaire. Les importations en provenance du Maroc atteignaient 123 milliards de FCFA en 2023, contre 19 milliards pour les exportations. Les produits de la Casamance en particulier pourraient être écoulés plus facilement. « Nous avons pensé à un moment donné de pouvoir leur envoyer des mangues, des noix de cajou, des produits séchés et tout ça se trouve à Ziguinchor, note Abdoulaye Sow, président de la Chambre de commerce de Dakar. Donc si les camions viennent à Dakar, ils peuvent passer par Ziguinchor pour pouvoir amener des produits sénégalais. » Abdoulaye Sow souhaite donc que la ligne aille jusqu'à Ziguinchor. Lahlou Sidi Mohamed, lui, rêve qu'elle soit ouverte pour les passagers.À lire aussi Sénégal : reprise de la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor, un soulagement pour la Casamance
En Côte d'Ivoire, un programme tente de mettre l'accent sur la transformation de la filière mangue. Avec près de 150 000 tonnes, le pays est le 3ᵉ producteur ouest-africain après le Nigeria et la Guinée. La Côte d'Ivoire exporte près de 45 000 tonnes de mangues fraîches. Une partie est consommée au niveau local, mais une grande quantité pourrit dans les vergers. Les acteurs de la filière espèrent industrialiser le secteur. De notre correspondante à Abidjan,En Côte d'Ivoire, seulement 2% des mangues récoltées sont transformées. Pour réduire les pertes après les récoltes, une quinzaine d'unités de séchage rachètent les mangues fraîches auprès des producteurs, pour notamment les transformer en mangues séchées. L'essentiel de ces unités se trouve dans le nord du pays. Mais il en faudrait davantage pour absorber les quantités importantes produites chaque année.Un nouveau projet pour transformer la mangueDernier projet en date : la construction, d'ici au premier trimestre 2025, d'une usine à Ferkessédougou, pour produire du jus de mangue. Le Programme d'appui au développement des filières agricoles a récemment démarché le secteur privé pour financer cette usine, qui nécessite près de 22 millions de dollars d'investissements. Car le principal obstacle au développement de ces usines, c'est le financement.À lire aussiLe cacao dans l'industrie cosmétique: la Côte d'Ivoire à la conquête de la beautéUn financement des usines complexeD'abord, il y a la question de la fiscalité autour de l'importation du matériel. « Pour une machine qui coûte 25 millions de FCFA, il faudra payer près de 10 millions de FCFA de dédouanement », souligne René Yéo Mehoua, le vice-président de l'Inter-Mangue. Pour qu'une usine de séchage soit rentable, il lui faut 3 à 5 années, selon sa taille, poursuit-il, tout en sachant que ces usines fonctionnent de manière très courtes : uniquement pendant les 3 mois que dure la commercialisation de ce fruit.En parallèle, se pose la question de l'entretien du matériel : le coût de la maintenance s'avère élevé, puisqu'en cas de panne, il faut envoyer les pièces à l'étranger, explique Bazoumana Ouattara, le responsable d'une unité de transformation de mangues à Ferké.Pour lever ces obstacles, plusieurs usines diversifient leurs activités, en transformant d'autres fruits, comme l'ananas ou la noix de coco. Cela leur permet de prolonger l'activité de leur unité de production. La filière mangue essaie aussi d'obtenir une IGP, une indication géographique protégée, afin de mieux valoriser ses produits sur l'exportation.À lire aussiCôte d'Ivoire: une économie en bonne santé, mais vulnérable face au changement climatique
Au Tchad, la population trouve trop élevé le prix du sac de ciment, produit localement tout comme importé. Un sac de ciment de 50 kg se vend entre 8 500 et 11 500 francs CFA, soit 130 à 176 euros. Il est importé parfois du Maroc, du Nigeria ou du Cameroun, car l'usine de Baoré, au Tchad, n'arrive pas à produire comme il se devrait à cause de la crise économique. Avec ce prix élevé, beaucoup de Tchadiens n'arrivent pas à construire de maisons modernes. Avec notre correspondant à Ndjamena,À Sabangali, dans le 3ᵉ arrondissement de Ndjamena au Tchad, Chérif a arrêté son chantier de construction depuis bientôt un an. Pour cause, la cherté des matériaux de construction en général et le ciment en particulier. « J'ai commencé le chantier depuis 2020. Et le sac, dans notre quartier, ici, varie de 9 000 à 12 000 FCFA le sac de 50 kilos par exemple, donc on ne sait à quel saint se vouer », se plaint-il.Sur les réseaux sociaux ces derniers temps, les consommateurs ne cessent de critiquer le gouvernement tchadien. Ils demandent une réduction sur le prix du sac de ciment de 50 kg pour qu'il passe à 3 500 FCFA. Brahim Dadi, fonctionnaire tchadien, fait partie de ces requérants : « Ma demande a été plus insistante pour aider toute la population tchadienne à construire en dur. Aujourd'hui, le sac de ciment vendu à 8 600 FCFA à Ndjamena est vendu entre 15 000 et 22 000 FCFA en province. »À écouter dans 8 milliards de voisinsBéton, ton univers impitoyableLe ciment « made in Tchad » victime de la crise économiqueL'arrivée en 2011 dans le Mayo-Kebbi Ouest de l'usine de la société nationale de ciment de Baoré (Sonacim) devait normalement répondre à ces préoccupations, car elle était censée ravitailler 700 tonnes par jour, soit 200 000 tonnes par an. Malheureusement, cette usine est presque mourante, elle n'arrive pas à produire le ciment « made in Tchad » à cause de la crise économique depuis 2016. « L'usine fonctionnait à perte puisqu'elle avait cassé les prix de vente de ciment. De 5 250, on est arrivé à 4 850 pour le PC 32,5. Et le PC 42,5, au lieu de 6 250, on a réduit à 5 250 le sac. Pour le moment, on n'a pas de stock dans notre silo parce qu'on est en crise », explique Benoit Koye Ndaye, le directeur adjoint de l'usine.Les commerçants sont conscients de pratiquer des prix trop élevés. Cependant, ils pointent du doigt les tracasseries routières et les transports. « Si nous achetons cher et nous vendons moins cher, ça ne nous aide pas. Quand les grossistes nous amènent le sac à 8 300 FCFA, ils ont déjà mis dedans le [coût du] transport », détaille Abdel, vendeur dans le quartier Habbéna.De nombreux Tchadiens demandent aux autorités d'exonérer de taxe la production de ciment et de subventionner les produits liés au processus de production. Cela permettrait selon eux de proposer des couts acceptables, comme au Cameroun voisin où un sac de ciment de 50 kg s'achète entre 3 500 FCFA et 5 000 FCFA ou au Nigeria qui le commercialise entre 2 500 FCFA et 3 000 FCFA.À lire aussiAu Tchad, après les inondations, les tentatives de reconstruction
Malgré son riche sous-sol, les investissements dans l'industrie extractive en Afrique restent encore modestes : entre 2018 et 2022, moins de 14 % des investissements directs étrangers mondiaux dans le secteur minier étaient à destination du continent. Les PME ivoiriennes des industries extractives — mines et hydrocarbures — souffrent d'un accès difficile aux financements, alors que le pays ambitionne de devenir un « grand exportateur » de produits miniers et pétroliers d'ici à 2030. De notre correspondante à Abidjan, 10 000 milliards de FCFA : c'est la somme investie dans le secteur minier et pétrolier en Côte d'Ivoire ces 10 dernières années. Une manne à laquelle les petites et moyennes entreprises peinent à avoir accès, face à la frilosité des investisseurs traditionnels, comme les banques nationales. Une problématique sur laquelle se sont penchés des professionnels du secteur réunis au Salon international des ressources extractives et énergétiques (Sirexe), qui s'est tenu à Abidjan du 27 novembre au 2 décembre.« Le fait de mettre les financements dans un panel au Sirexe, c'est déjà reconnaître qu'il y a un problème sur les financements, et je pense que c'est déjà un très bon début, met en avant Kamel Koné, président du groupement des Entreprises de services pétroliers et gaziers de Côte d'Ivoire et directeur général de la société Hydrodrill. Il manque encore une grande collaboration entre les établissements financiers et les acteurs du secteur que nous sommes. Il y a encore un gros travail à faire, parce que l'accès au financement reste, pour nous, une limite et peut même mettre en difficulté le contenu local dans notre pays. » Il regrette que les banques ivoiriennes ne prennent pas suffisamment de risques.« Si je prends notre groupement, par exemple, qui a 20 entreprises, il n'y en a que deux qui ont pu avoir accès à un financement, donc vous pouvez faire le calcul, ce n'est pas beaucoup. Il y a une chose que les banques ne prennent pas en compte, c'est la durée. Pour avoir un financement, on peut mettre trois, quatre mois, alors que notre industrie demande d'être réactif », détaille Kamel Koné. Besoin d'être rassuréCertains ont donc recours aux banques internationales, plus enclines à prendre des risques, et plus aptes à débloquer rapidement des liquidités. Jessica Bleu-Lainé est responsable du secteur de l'industrie minière et énergétique à la Société Générale Côte d'Ivoire : « Très souvent, ce sont des premiers marchés, deuxièmes marchés. On cherche quand même aussi à avoir un historique de la compétence, de la technicité, parce que c'est quand même un secteur qui est très technique, donc ça peut être aussi un frein. Quand on fait un financement, on cherche à se couvrir par rapport à ce financement. Est-ce que le paiement final est sûr ? Qui est-ce qui va venir payer ? Donc pour ça, on va regarder l'historique de l'entreprise. » Jessica Bleu-Lainé souligne que dans le domaine, les montants sont énormes : « C'est ça aussi qui peut expliquer un peu la réticence des banques. Une entreprise qui n'a pas réalisé ce type de marché, ou qui n'a pas d'historique, pour un premier marché, peut se retrouver avec 500 millions. Donc une entreprise qui n'a pas trop d'historique sur le secteur, ou qui débute à peine, lui prêter 500 millions à vue… Bon. »Un fonds pour soutenir le contenu localLes opérateurs ivoiriens s'efforcent de diversifier leurs sources de financement, en se tournant par exemple vers les bailleurs internationaux ou les fonds de pension. Un fonds d'investissement minier a d'ailleurs été officiellement lancé en marge du Sirexe pour financer les sous-traitants et fournisseurs de services du secteur. Une première en Afrique de l'Ouest, qui ouvre des perspectives prometteuses, se réjouit Seydou Coulibaly, le directeur des mines de Côte d'Ivoire. « On a réfléchi avec toutes les parties prenantes, les employés, les sociétés minières, les sous-traitants. Pourquoi ne pas mettre un fonds en place ? Et ce fonds mis en place, c'est la contribution au niveau des salariés, c'est la contribution au niveau des sociétés, c'est la contribution de tous ceux qui sont employés », explique le directeur.« Ce fonds qui sera mis en place va permettre de soutenir surtout le contenu local. En amont, au niveau de l'exploration minière, vu les montants très élevés, il n'est pas aisé pour les petites compagnies d'aller dans l'exploitation minière. Mais ce fonds peut aider pour la sous-traitance minière, les services et, à long terme, si ça a bien fonctionné, on pourra faire une mise à jour pour faire des applications en vue de vendre des permis », espère Seydou Coulibaly. Ce fonds permettra aussi aux salariés du secteur minier de placer une partie de leur retraite complémentaire. Leur nombre est estimé entre 12 000 et 15 000 employés en Côte d'Ivoire.À lire aussiIndustries extractives en Côte d'Ivoire: le pays veut s'imposer dans la sous-région
Récolter deux fois plus de soja cette année, et le double d'ici deux ans, c'est l'ambition des agriculteurs béninois qui n'ont pourtant plus l'autorisation d'exporter du soja. La production servira une autre cause nationale, celle de la transformation du soja dans les usines locales. Il n'y a pas que le Togo qui se passionne pour le soja, il y a aussi son voisin le Bénin. Pour marquer la nouvelle ambition du pays, une interprofession a vu le jour, il y a à peine plus d'un mois, début octobre 2024. C'est elle qui a accompagné ces dernières semaines les discussions sur le prix payé au producteur pour la nouvelle campagne commerciale qui doit être lancée d'un jour à l'autre. Ce prix a été négocié avec les producteurs, mais aussi les transformateurs locaux, car ce sont eux qui vont absorber la totalité de la récolte : les exportations sont interdites depuis le mois d'avril 2024.Avant ces restrictions, 15% environ de la production était transformée dans des unités semi-industrielles et traditionnelles, pour faire du fromage de soja, de l'huile et des tourteaux pour l'alimentation bétail. Le reste était exporté, essentiellement vers la Chine. La dernière campagne de commercialisation a même vu presque doubler les volumes de soja béninois expédiés vers la Chine, selon le bulletin agricole N'kalo. Car les Chinois qui se fournissent principalement aux États-Unis et au Brésil, importent aussi du soja africain. Celui cultivé au Bénin serait, selon l'interprofession béninoise, prisé pour sa qualité et destiné à l'alimentation humaine essentiellement. À lire aussiAu Salon des importations à Shanghai, le Bénin veut accroître le succès de ses produits en ChineUne culture intéressante pour les agriculteursCette année, la totalité de la récolte sera traitée par les usines existantes et par les nouvelles installations de la zone industrielle aménagée (GDIZ) de Glo-Djigbé située à 45 km de Cotonou. Les producteurs tablent sur une production de 500 000 tonnes, soit le double de l'année dernière et dix fois plus qu'il y a cinq ans.L'engouement pour le soja n'est pas difficile à comprendre : « la culture est plus facile, elle nécessite moins d'intrant, et en bonne légumineuse, le soja enrichit le sol en azote » explique Armand Kingbo, analyste des marchés agricoles et correspondant soja du service N'Kalo. Les comptes sont vite faits pour les agriculteurs qui ont souffert ces deux dernières années d'une hausse du prix des engrais : le soja est plus rentable que bien d'autres cultures, même si son coût de production demeure élevé - entre 160 et 200 FCFA/kg selon l'expert.Les jeunes qui sortent des écoles agricoles aujourd'hui se dirigent très souvent vers le soja, explique un de nos interlocuteurs béninois. Résultat, les surfaces sont en augmentation. Les techniques s'améliorent également et c'est ce qui explique ce boom exceptionnel de la récolte. Les prochaines années pourraient être encore plus florissantes. Le programme national de développement de la filière prévoit une production d'un million de tonnes d'ici 2026.
Le Congo s'apprête à lancer les travaux de construction d'un nouveau barrage, celui de Sounda, dans le sud du pays. Le but est d'augmenter l'offre d'électricité dans un pays qui connaît d'importantes coupures et un faible taux d'industrialisation. De notre correspondant à Brazzaville,La rivière Sounda abritera ce nouveau barrage, dont le coup d'envoi des travaux de construction sera donné en janvier 2025. Il est situé dans le Kouilou, la région qui abrite Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. Les travaux s'étaleront sur cinq ans et seront réalisés par l'entreprise chinoise China Overseas Company Limited. La production attendue est entre 600 et 800 mégawatts. « C'est un barrage, un grand ouvrage de travaux publics et même de grands travaux, commente Thierry Moungalla, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Il a un coût élevé qui peut tourner autour de 1 300 milliards de FCFA [plus de 1,9 million d'euros]. Les mécanismes de financement sont huilés avec les grands partenaires que sont nos amis chinois », indique-t-il.Préfinancement chinoisEn cette période de restructuration des dettes africaines, le recours au préfinancement chinois a probablement eu la faveur des autorités congolaises, estime l'analyste économique Alphonse Ndongo. « Par ces temps d'assèchement financier au Congo, je ne vois pas où est-ce que le gouvernement peut trouver des fonds pour financer la construction de cet important barrage. C'est un préfinancement chinois et je pense qu'il doit s'asseoir sur le modèle qu'on appelle build-operate-transfer, qui veut simplement dire que vous construisez, vous exploitez et cela vous permet de vous faire rembourser selon une période de concession que l'État va certainement trouver entre lui et l'opérateur chinois ».À lire aussiLa Chine s'engage à allouer à l'Afrique 50 milliards de dollars en trois ansAttirer les investisseursOfficiellement, le Congo produit déjà 720 mégawatts, mais une bonne partie se perd dans le réseau de distribution, mal entretenu, selon les spécialistes. La production de Sounda s'ajoutera à cette puissance. « Cela va doper l'offre de fourniture d'énergie aux ménages, anticipe Alphonse Ndongo. Mais aussi, dans un contexte où l'on parle d'industrialisation, à l'orée de la Zlecaf [Zone de libre échange continentale africaine, Ndlr], c'est-à-dire le marché de libre échange, il faut bien que le Congo ait des propositions en matière d'industrie à faire ».« L'électricité est un facteur important, renchérit Mermans Babounga de l'Observatoire des droits des consommateurs. Et, si on veut attirer les investissements directs étrangers, il faut que l'offre d'électricité soit suffisante dans le pays. Donc, nous avons bon espoir qu'avec la construction du barrage de Sounda, le pays va attirer de gros industriels qui viendront investir dans le pays. Et, cela va participer à créer des emplois que les jeunes attendent ».Le Congo produit déjà plus d'électricité que ses besoins en consommation locale. Mais il en exporte une partie et son réseau électrique n'est pas suffisamment développé pour desservir l'ensemble de la population.À lire aussiClimat: la production d'hydroélectricité en crise «à cause du réchauffement climatique»
Un accord a été signé entre les autorités nigériennes et le fournisseur d'accès à internet par satellite, propriété du milliardaire américain Elon Musk, Starlink, qui est autorisé après avoir été longtemps interdit. Objectif : couvrir la quasi-totalité du territoire et améliorer la connectivité dans un pays où le taux de couverture internet est encore très faible. Que ce soit en 2G, 3G ou 4G la couverture internet ne dépasse pas le tiers du territoire au Niger. Après des années de refus, les autorités ont donc dit oui à Starlink. Avantage principal de l'offre : du haut débit à un tarif abordable avec 200 Mb/s pour environ 25 000 FCFA par mois. Un tournant pour les entreprises nigériennes, selon l'économiste Ibrahim Adamou Louché : « Ce qui va changer avec Starlink, c'est que le déploiement du haut débit sera très important pour le secteur de l'entrepreneuriat. Beaucoup de chefs d'entreprises se plaignent de la mauvaise qualité des offres existantes. Avec Starlink, cette crainte sera levée, les entreprises vont pouvoir développer leur business ».Nouvelle stratégie africaine de StarlinkLongtemps, les autorités nigériennes ont craint l'utilisation de ce réseau par les groupes terroristes, mais le rapport bénéfice-risque semble avoir changé. « Avec un acteur comme Starlink, le problème de la couverture est résolu », assure Antony Adopo, spécialiste du numérique en Afrique.Il explique que la stratégie de Starlink sur le continent a également évolué. Le fournisseur d'accès envoie désormais ses équipes négocier pour convaincre un à un les pays africains. « Starlink a contacté plusieurs États afin de rassurer sur les différentes craintes qu'ils peuvent avoir, comme le respect de leurs cadres réglementaires, explique Antony Adopo, il y a eu plusieurs étapes. La première, c'est quand les pays ont constaté que Starlink opérait sur leurs territoires sans y avoir été autorisé, donc il y a eu une levée de boucliers pour dire que c'est contraire à la loi. Ensuite, discussions entre les gouvernements et l'opérateur. Et une fois qu'ils se sont compris, troisième étape : acceptation de ce nouvel acteur ».À lire aussiMali: le fournisseur internet Starlink est à nouveau autorisé, mais il sera encadréQuelle souveraineté numérique ?Reste le défi de la souveraineté numérique. Comment seront contrôlées les données collectées et les communications qui transiteront par le réseau ? De nombreux pays comme le Cameroun, ou la République démocratique du Congo refusent encore d'autoriser Starlink. « Les pays, en réalité, n'interdisent pas Starlink, mais réfléchissent à comment faire venir cet acteur-là tout en préservant l'écosystème local, assure Antony Adopo, il y a des opérateurs locaux qui investissent depuis longtemps, qui ont besoin de beaucoup de budget pour pouvoir connecter tout le monde. C'est cette équation qui est en réflexion dans la plupart des pays africains ».Après le Libéria récemment, le Niger deviendra le 15ᵉ pays africain à autoriser Starlink sur son territoire. Au Kenya, ce lundi 4 novembre, l'opérateur américain a suspendu toute nouvelle souscription invoquant une surcharge de son réseau.À lire aussiEspace: les satellites Starlink et leurs fortes ondes brouillent les recherches des astrophysiciens
La Côte d'Ivoire dépend largement des importations de viande des pays du Sahel, zone agropastorale de référence. Seulement, la crise sécuritaire que traversent le Niger, le Burkina ou encore le Mali a un impact sur l'organisation de la filière dans le pays. Près de 55% de la viande consommée en Côte d'Ivoire est importée du Mali, du Burkina Faso et du Niger. La crise sécuritaire rend l'acheminement du bétail plus long et plus complexe. Les commerçants dépendent des escortes pour se déplacer. Ils passent notamment par le Bénin et le Togo, ce qui rallonge le temps de livraison des marchandises.Paradoxalement, cette situation ne se fait pas encore sentir sur les marchés. « Si les prix de la viande ont connu des soubresauts en 2021-2022, depuis, ils sont restés stables, car ils sont plafonnés », indique le docteur Ranie-Didice Bah-Koné, secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre la vie chère. Ce prix oscille entre 2 800 et 3 000 FCFA le kilo de viande de bœuf (4,20 et 4,60 euros). « Il n'y a pas eu de rupture d'approvisionnement », assure cette responsable.Cette situation pose tout de même la question du développement de la filière bétail dans le pays. Une filière elle-même impactée par la crise au Sahel.À lire aussiComment la sécheresse fragilise les éleveurs en Afrique de l'OuestFilière bétail en difficultéLes éleveurs se heurtent à des problèmes d'espace. « Au moment de la crise de 2002, des anacardiers ont été plantés sur les pistes qui correspondaient aux couloirs de transhumance », explique Moussa Bocoum, le président des éleveurs du Tchologo. Or, ces couloirs n'ont pas été redéfinis. Résultat : en saison des pluies, les conflits entre éleveurs et agriculteurs sont fréquents. Et « l'arrivée ces deux dernières années de réfugiés du Burkina Faso n'a fait qu'amplifier ce problème, puisque ces personnes viennent souvent avec leur troupeau », poursuit cet éleveur.Cela crée une certaine « tension sur l'accès aux ressources, notamment sur des points d'eau et la multiplication des vols de bétails », affirme le président des éleveurs du Tchologo, qui constate une nouvelle tendance : le départ de plusieurs éleveurs vers la Sierra Leone et le Ghana, à la quête d'espaces de pâturages.Le ministère des Ressources animales porte plusieurs programmes pour développer l'élevage de petits et de gros ruminants. À cela s'ajoutent des projets plus larges comme ces 10 000 hectares consacrés à la culture de semence fourragère à Badikaha.À lire aussiTranshumance au Ghana: la crainte du financement du terrorisme
En Centrafrique, la culture de sésame a repris à Kaga-Bandoro, une ville au centre du pays. Grâce à l'amélioration des conditions sécuritaires, les acteurs humanitaires se retirent progressivement de la région et orientent les habitants vers les activités de développement à l'exemple de l'agriculture. Les autorités locales notent une augmentation de la production de sésame de 50% chez les producteurs. La ville voit affluer non seulement des demandeurs nationaux, mais également étrangers. De notre envoyé spécial à Kaga-Bandoro,Le groupement «Ko Ba sè» – qui signifie « Travaillons pour gagner » en langue locale mandja – possède un champ de 10 hectares à proximité de Kaga-Bandoro. Ici, les paysans labourent avec une charrue dans l'optique de planter du sésame. David, le coordonnateur du groupement, prépare les graines de sésame dans un récipient pour le semis.« Comme vous pouvez le constater, le sol de la localité est favorable à la culture du sésame. C'est une plante qui se développe rapidement et qui est facile à cultiver », décrit-il. Cette céréale permet un bénéfice rapide. « Au bout de 3 à 4 mois, nous avons déjà la récolte, contrairement au manioc ou d'autres cultures que l'on récolte après un an », ajoute-t-il. Jusqu'à récemment, la ville était aux mains des groupes armés. Le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) soutiennent les groupements agricoles avec des semences de qualité et l'usage de bonnes pratiques.Le sésame suscite l'intérêt chez les producteurs et les acheteursÀ Kaga-Bandoro, le sésame rapporte plus que les autres produits alimentaires de base. Alors que la cuvette de sésame se vend à 6 000 francs CFA, le prix des cuvettes de manioc, de maïs et d'arachides varie entre 3 000 et 4 000 FCFA. « Chaque année, depuis deux ans, nous exportons entre deux et trois tonnes de sésame dans la sous-région. Le bénéfice annuel de toutes nos ventes nous rapporte environ 10 millions de FCFA, détaille David. Une partie de cet argent nous permet d'acheter d'autres parcelles et des bœufs pour augmenter la productivité. Le reste nous aide à payer le salaire mensuel de nos membres. Maintenant, nous souhaiterions avoir des machines. »Consommé localement, le sésame part également dans la sous-région. « Chez moi, les gens disent que l'huile de sésame est bien meilleure que l'huile d'arachide. Certains l'utilisent pour l'alimentation et d'autres pour la fabrication de savons », explique Hamza Youssouf. La jeune commerçante soudanaise a parcouru un millier de kilomètres pour se ravitailler à Kaga-Bandoro. « C'est ici que j'en trouve en quantité suffisante », assure-t-elle.À écouter dans 8 milliards de voisinsCoco, arachide, palme... Mets de l'huile !Après la ville de Kaga-Bandoro dans la Nana-Gribizi, les préfectures du Mbomou et de Lim Pendé se remettent progressivement à la culture du sésame. À défaut d'un organe qui puisse organiser la production et la commercialisation de cette céréale, chaque groupement ou agriculteur s'active pour écouler ses marchandises dans d'autres préfectures du pays ou dans la sous-région.
Au village Zawa, au nord-ouest de la République centrafricaine, 70 % des jeunes vivraient de l'exploitation minière artisanale. Dans cette localité d'environ 3 000 habitants, le travail minier a un impact social et économique non négligeable. Beaucoup d'artisans miniers qui exercent dans ces chantiers développent des activités économiques parallèles qui favorisent l'essor de la région. De notre envoyé spécial à Zawa,Au cœur d'un chantier minier de Zawa, il est difficile de voir le fond des puits. Les ouvriers descendent dans des galeries souterraines d'environ 20 mètres avant de passer sous des blocs de roches de plusieurs tonnes.Ici, le grincement des machines, pelles, houes et pioches ne s'arrête jamais. Une centaine d'artisans miniers y travaillent du matin au soir pour subvenir aux besoins de leurs familles. Zéphyrin est l'un d'eux, il témoigne : « On vend notre or aux collecteurs et aux coopératives locales, détaille-t-il. Certains acheteurs viennent de la capitale et d'autres des régions du pays. Ici, le prix du gramme d'or varie entre 30 000 et 35 000 FCFA. »Une fois l'or extrait en quantité suffisante, les exploitants miniers vendent ce qu'ils ont extrait aux bureaux d'achats installés dans la ville de Zawa. Le trajet fait 15 km, mais il faut une heure pour le parcourir à cause du piteux état des routes. « Ces dernières années, cette route n'a pas été réhabilitée à cause de l'insécurité. À Zawa, la plupart des édifices publics ont été pillés au temps fort de la crise. Maintenant, la paix est revenue, on veut reconstruire notre ville grâce aux activités aurifères », assure l'artisan minier.70 % des habitants vivent des activités minièresAujourd'hui, à Zawa, presque tous les édifices publics ont fait peau neuve et les lieux de commerce poussent comme des champignons. Assis sur une chaise à l'entrée de son motel, Patrice Evrard Yandobé, président des coopératives locales, est déterminé à changer les choses. « J'ai construit ce motel il y a un an grâce aux activités minières. J'ai une vingtaine d'employés qui gagnent de quoi s'occuper dignement de leurs familles », se réjouit-il. Patrice Evrard Yandobé est en train de construire un centre de santé, une école et une agence de voyage qui seront opérationnels très bientôt, affirme-t-il. Car selon lui, « on ne doit pas tout attendre du gouvernement. »À Zawa, ce sont les exploitants miniers qui font vivre la ville. « Le travail de l'or m'a donné plusieurs opportunités. J'ai trois boutiques spécialisées dans la vente de pièces détachées, des produits de première nécessité et la vente de panneaux solaires. Je possède également une compagnie de transport », témoigne Fernand. Le travail dans les mines est difficile, mais il est fier de pouvoir investir dans « le développement de [sa] communauté ».Selon les autorités locales, 70 % des habitants vivent des activités minières. Avec l'amélioration des conditions sécuritaires, le ministère des Mines facilite aujourd'hui la délivrance de permis d'exploitation aux coopératives locales.À lire sur l'enquête de Swissaid sur l'or artisanal en Afrique : Or artisanal en Afrique: 1 tonne quitte chaque jour en contrebande le continent [1/2] Rapport Swissaid: les voies du commerce de l'or de contrebande [2/2]
Au Gabon, depuis un mois, les Librevillois sont invités à ne sortir les ordures ménagères que trois fois par semaine et à les trier avant de les déposer dans les bacs à ordures. L'ordre est de la société Clean Africa, l'entreprise chargée de collecter les ordures dans la capitale. Objectif : rendre Libreville propre et réduire la facture de la collecte qui plafonne jusqu'à 7 milliards de FCFA par an. Beaucoup de Gabonais appliquent les nouvelles consignes, mais d'autres brillent encore par leur incivisme. De notre correspondant à Libreville,
Au Gabon, on en sait un peu plus, depuis le week-end dernier, sur la future Constitution qui sera soumise à référendum à la fin de l'année. À l'issue de la présidentielle de l'an prochain, à laquelle le chef de la transition, le général Brice Oligui Nguema, aura le droit de se présenter, il n'y aura plus de Premier ministre, et le pouvoir exécutif sera donc « monocéphale ». Va-t-on vers une concentration de tous les pouvoirs dans les mains d'un seul homme ? Laurence Ndong est la ministre gabonaise de la Communication et des Médias, également porte-parole du gouvernement. En ligne de Libreville, elle répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Que répondez-vous à l'ancien Premier ministre Bilie-By-Nze, qui affirme qu'il y a un an, le général Oligui Nguema a pris le pouvoir pour lui-même et n'avait pas de projet pour le Gabon ? Laurence Ndong : Ce sont eux qui se sont accaparé le pouvoir depuis 2009. Ils prétendaient avoir des projets, « l'avenir en confiance » en 2009, « l'égalité des chances » en 2016, ils avaient prédit un « Gabon émergent » en 2025. Quels sont les résultats de ces projets ? Si ce n'est le néant ? Ils ont servi aux Gabonais, pendant quatorze ans, l'outrecuidance, l'arrogance, le mépris, les détournements des deniers publics, la confusion, la corruption. Le général Brice Oligui Nguema arrive au pouvoir et, en un an, les réalisations sont concrètes : 193 kilomètres de routes en un an, près de 19 000 intégrations à la fonction publique, on voit bien la relance de l'économie, la dette colossale et abyssale qu'ils ont engrangée pour le pays, nous l'avons trouvée avec des arriérés d'impayés qui ont tous été régularisés en trois mois. Donc c'est pour dire dans quel état ils ont laissé le pays. Donc, ils veulent ramener le débat à un problème de personnes. Mais le problème ici, ce n'est pas la personne du général Brice Oligui Nguema, c'est l'état dans lequel était le pays et qui a fait que son arrivée au pouvoir a été plébiscitée par les Gabonais et elle est toujours plébiscitée encore aujourd'hui. Alors, en vue du référendum de la fin de l'année, le Comité constitutionnel national a élaboré un projet de constitution, qui a été remis ce samedi au Président de transition et dont on connaît maintenant les grandes lignes. Dans le nouveau régime, il n'y aura plus de Premier ministre. À l'issue de la présidentielle de l'an prochain, le futur chef de l'État incarnera « un exécutif monocéphale » et, du coup, certains Gabonais se demandent si ce futur élu ne deviendra pas un hyper président qui cumulera tous les pouvoirs dans ses mains ? La plus grande démocratie occidentale, les États-Unis d'Amérique, a un exécutif monocéphale. Personne ne dit qu'aux États-Unis le président de la République concentre tous les pouvoirs et pourtant, c'est bien un exécutif monocéphale. Donc ça, c'est un procès d'intention, puisque le législatif est renforcé, le judiciaire est renforcé et le président de la République sera assisté d'un vice-président de la République et d'un vice-président du gouvernement. Alors, vous parlez des États-Unis. À la différence de l'actuel président américain, le futur président gabonais aura le droit de dissoudre l'Assemblée, alors que celle-ci n'aura pas le droit de censurer le gouvernement, puisqu'il n'y aura plus de Premier ministre. Du coup, est-ce que l'équilibre entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif ne va pas être rompu au détriment du second, c'est-à-dire au détriment de l'Assemblée ? L'Assemblée nationale aura le droit de destituer le président quand même et la dissolution du Parlement est encadrée. Le président ne se lèvera pas un beau matin pour dissoudre le Parlement pour ses propres intérêts. Donc, ce que les Gabonais voient depuis que le Président Brice Oligui Nguema est là, c'est que tout le pays est en chantier. Et là, on voit bien qu'Ali Bongo et Monsieur Alain-Claude Bilie-By-Nze n'étaient pas des hommes d'État. Ils nous ont laissé une dette colossale, mais qu'aujourd'hui, nous sommes en train de rembourser. Le Président Brice Oligui Nguema, qui se trouve actuellement en Chine, par honneur, parce qu'il a décidé de rendre au Gabon et aux Gabonais leur dignité, avant de se rendre au Focac, il a remboursé des arriérés de la dette du Gabon à la Chine pour 13 milliards de FCFA et il va en Chine la tête haute. Alors, vous dites que, dans le nouveau régime, l'Assemblée aura, certes, le pouvoir de destituer le président de la République, mais ce ne sera que dans un cas très exceptionnel, celui de haute trahison, si, par exemple, le président veut se présenter pour un troisième mandat. Alors est-ce que, dans la vie courante, l'action du gouvernement ne va pas échapper à tout contrôle parlementaire ? Pourquoi l'action du gouvernement échapperait-elle au Parlement ? Vous n'avez pas encore lu cette Constitution, on vous a dit qu'il y aura un vice-président du gouvernement. Il y aura certainement des dispositions qui permettront à ce vice-président du gouvernement de répondre pour le compte du gouvernement devant le Parlement. Alors, ce vice-président du gouvernement, est-ce qu'il sera responsable devant l'Assemblée nationale et pourra éventuellement être censuré par les députés ? Vous savez, on attend de lire toute la mouture finale. Ce qui est important pour les Gabonais, ce n'est pas le pouvoir pour le pouvoir. Ce sur quoi nous sommes en train de pinailler, c'est le pouvoir pour le pouvoir, est-ce qu'on pourrait démettre le Premier ministre ? Est-ce qu'on pourrait faire ceci ou cela ? Ce qui intéresse les Gabonais aujourd'hui, c'est de sortir de l'extrême pauvreté dans laquelle les quatorze années d'Ali Bongo les ont plongés. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui encore, nous avons célébré le 30 août, il y a quelques jours, les Gabonais étaient tous dans la rue. Ils voient les bienfaits de ce coup de libération et ils s'en réjouissent. À lire aussiProjet de Constitution au Gabon: «Nous sommes en démocratie», clame Marc Ona Essangui
Afrik.com revient sur la situation au Tchad, « avec des dizaines de personnes ayant perdu la vie dans les inondations qui ont frappé la région du Tibesti » : « les pluies torrentielles, inhabituelles pour la région, ont rapidement saturé les sols, transformant les cours d'eau en torrents dévastateurs. Les infrastructures, souvent fragiles, n'ont pas résisté à la pression de l'eau ». Tchad Info rapporte qu'une « grosse pluie a causé des dégâts énormes dans plusieurs villages de la zone du sultanat sud, dans la sous-préfecture de Mao rurale, dans la nuit du vendredi 16 août » : « plusieurs familles sont déboussolées. Elles sont privées de toit et ne savent où mettre la tête ».Au Sénégal, à Touba, plusieurs quartiers sont inondés alors que la ville se prépare à accueillir une commémoration religieuse, le Grand Magal de Touba. La presse sénégalaise parle aussi des pluies qui ont touché Dakar samedi, et de la situation pour le moins difficile des habitants du quartier de Grand Yoff : des habitants « sous la hantise des inondations », titre Walf Quotidien. L'un d'entre eux a expliqué le danger que font courir « la mauvaise canalisation » et le « mauvais système d'évacuation » : « on s'est mobilisé pour construire une digue. L'année dernière, les eaux nous ont trouvé à l'intérieur des chambres à deux reprises ». Déjà, relève le journal, des eaux de ruissèlement rendent certaines routes presque impraticables, et des eaux usées nauséabondes s'échappent des fosses septiques.Senenews note de son côté que dans la capitale, après la pluie de samedi, le tracé du BRT, le Bus Rapid Transit, « un projet qui a coûté près de 400 milliards de francs CFA, est devenu complètement impraticable », ce qui « ravive le débat sur la gestion des inondations à Dakar et au Sénégal ». Le site d'information rappelle qu'en mai dernier, le Premier ministre Ousmane Sonko avait déclaré qu'un audit serait mis en place sur « les 717 milliards de FCFA investis par l'État dans la construction d'ouvrages de drainage, de stockage et de pompage des eaux pluviales, les réhabilitations des zones inondables et le relogement des sinistrés, sans résultats concluants ».Le Mali s'interroge sur « le plan de riposte du gouvernement face aux inondations »« Après l'insécurité, la vie chère, ce sont les inondations », écrit Maliweb, qui s'insurge : les dernières pluies ont causé 33 cas d'inondations dans neuf provinces du Mali et le district de Bamako, et fait huit morts et 91 blessés. Or « la météo avait mis en garde ». « Le gouvernement doit apprendre à anticiper sur les évènements au lieu de jouer les sapeurs-pompiers à chaque fois », s'exclame Maliweb.De son côté, la Tribune du Sahel, devant ces inondations qui en quelques semaines ont ravagé plusieurs pays, estime que « nous devons réapprendre à vivre avec l'eau », rappelant qu'« on raconte qu'il y a bien longtemps, (le Sahel) connaissait des saisons des pluies abondantes : les habitations étaient alors pensées pour résister aux crues, et les canaux étaient creusés pour diriger les excès d'eau vers les champs ».Le Mali, quatre ans après la chute du président Ibrahim Boubakar KeitaBamada.net revient sur les raisons de la chute d'IBK : grèves massives, crise sanitaire du Covid-19, accusations de mauvaise gouvernance, critiques d'un ancien président du Haut Conseil Islamique… Et parle de la transition actuelle comme d'un « une opportunité unique pour le Mali de se réinventer ». Mais cette transition est « loin d'être un chemin de roses : les autorités actuelles sont confrontées à des défis titanesques : la sécurité du territoire, la refondation de l'État et la réconciliation nationale ». « Même si les activités politiques sont de nouveau permises, tout part et revient au colonel Goïta, qui reste maître des horloges », noteAujourd8 au Burkina. « Quatre ans plus tard, le pays est toujours sous un régime militaire », confirme Afrik.com, qui estime que « la promesse de retour à un ordre démocratique s'éloigne de plus en plus », tout en précisant que « seul le temps révélera les véritables intentions des autorités en place ».Alain Delon dans la presse africaineL'acteur Alain Delon est mort ce dimanche, il avait 88 ans. Au-delà des passages obligés, que l'on retrouve en tête des articles d'Abidjan à Dakar en passant par Bamako : « un monstre sacré est mort », « un grand fauve est mort », « le cinéma français en deuil », dans Afrikipresse l'acteur franco ivoirien Sidiki Bakaba raconte combien Alain Delon a été une référence pour lui, « spécialement son exigence du métier ». Dans son éditorial, Aujourd8 estime que « vue d'Afrique, tous ceux qui sont nés entre 1960 et 1970, bref les ‘soixandisards' ont aimé le cinéma grâce aux films 'karaté' mais aussi du fait d'un acteur comme Alain Delon. Ses films mélanges de série B et de film d'actions, voire du tout genre a conquis cette génération d'Africains ».
Ce mardi était une journée sans presse au Sénégal. Un mouvement de protestation lancé par les patrons des médias pour tirer la sonnette d'alarme sur leur situation financière. Le nouveau gouvernement sénégalais leur réclame le paiement d'arriérés d'impôts. Problème: l'ex-président Macky Sall avait promis d'effacer une partie de cette dette fiscale qui s'élève à 40 milliards de FCFA. Mais la mesure n'a jamais été appliquée. Cette protestation ne fait pas l'unanimité chez certains journalistes.
Le train voyageur reliant Abidjan et Ouagadougou est à l'arrêt depuis maintenant quatre ans suite à la pandémie de Covid-19. En novembre dernier, la locomotive a repris du service, mais seulement côté burkinabè. Le voyage s'arrête à Bobo-Dioulasso. Seul le train de marchandises occupe les rails ivoiriens, une situation qui cause de nombreux désagréments. « On s'en sort bien dans le train. C'est comme notre champ. On a trouvé nos papas, nos grands-parents dans ce secteur ». À son arrivée en Côte d'Ivoire il y a près d'une vingtaine d'années, Agaly Adama a exercé en tant que contractuel à la gare de train de Treichville. Assister les voyageurs, emballer et peser leurs bagages était son quotidien. Une activité à laquelle il a consacré une bonne partie de sa vie et qui l'aidait à subvenir à ses besoins. « Par semaine, on peut avoir 20 000, 30 000 voir 35 000 FCFA. Ça dépend de l'intensité de nos activités. Si on a emballé beaucoup de colis, on gagne plus. Si on a emballé moins de colis, on gagne moins. Souvent, lorsqu'on aide un voyageur, il nous récompense. Cela n'a rien avoir avec ce que la société nous donne ».Perte d'emploiSuite à la suspension, il y a quatre ans, du « train voyageurs » entre Abidjan et Ouagadougou, Adama et plusieurs de ses camarades ont perdu leur emploi. C'est le cas pour Amidou Kassi qui, depuis lors, enchaîne les petits boulots. Aujourd'hui, il travaille dans une gare routière à Treichville. Mais il est loin d'atteindre ses revenus habituels. Amidou appelle de tous ses vœux à la reprise du train voyageur : « Il y a d'autres personnes qui sont là jusqu'à présent qui ne font rien. Mais nous, on a décidé de venir faire autre chose ici. Grâce à cela, on gagne notre vie. Ce n'est pas la même chose, mais ça va un peu quand même. Toute la famille travail lorsque le train est là. Nous souhaitons que le train soit en marche ».Aucune reprise annoncéeLes usagers sont aussi impactés par l'arrêt de la locomotive. Même si le coût du transport est légèrement supérieur à celui des autocars, Ibrahim Boubaz, préfère voyager en train. Mais depuis l'arrêt, ce commerçant a du mal à suivre l'acheminement de sa marchandise. « Le colis va d'un côté et toi de l'autre. Souvent, tu arrives à Ouaga et tu attends ton colis pendant un, voire deux mois avant que ça arrive, explique-t-il, il y a même des colis qui se perdent parfois. Ce qui n'était pas le cas avant. Quand tu voyages avec tes colis, dès que tu descends, tu passes à l'arrière pour les récupérer ».Aucune date n'est pour l'heure annoncée pour la reprise du train voyageur. Interrogé sur le sujet, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a annoncé que les discussions se poursuivent entre les parties ivoiriennes et burkinabé afin de trouver une solution.
En Centrafrique, la saison des pluies rime avec saison des mangues. Cette période qui va généralement de mars à juin, est une aubaine pour les Centrafricains qui possèdent cet arbre fruitier. Le commerce de ces fruits permet d'alimenter ménages et petits commerces. Dans ce champ de 20 hectares à proximité de Bangui, se trouvent sept manguiers. Des mangues mûres pendent à toutes les branches. En Centrafrique, pas de grandes plantations, mais quelques arbres ici et là. « Chaque ménage possède au moins un ou deux manguiers dans sa concession, explique Armand Koulayom, propriétaire et entrepreneur. Il profite du bénéfice de ses mangues en les revendant à un grossiste. Pendant la saison, les mangues sont abondantes et les prix sont abordables », détaille-t-il.À quelques pas de ce champ, au bord de la route, les mangues sont vendues dans des cuvettes, des bassines, des sacs ou étalées sur des tables pour attirer les clients. Les prix varient selon les variétés et leur grosseur. « Je vends un tas de cinq mangues à 50 francs CFA, affirme Juvenal qui vend sa production. Tous les jours, les revendeuses viennent acheter mes mangues dans des sacs et des cuvettes. Il y a plusieurs modèles de sacs et chez moi, les prix par sac varient de 5 000 à 7 000 FCFA. »À lire aussiSénégal: en Casamance, le défi de la transformation des manguesDe forts potentielsEn Centrafrique, la cueillette se fait de manière artisanale. Certains utilisent des bâtons en bambous, d'autres préfèrent grimper directement dans l'arbre. Julienne, une commerçante, profite de cette période pour développer d'autres affaires. « Chaque jour, je gagne entre 4 000 et 4 500 FCFA. En 12 jours, je m'en sors avec 50 000 ou 55 000 FCFA. Cet argent me permet de couvrir les besoins de ma famille sur tous les plans. Je fais aussi de l'épargne qui me permettra de me lancer dans un autre commerce durable après la saison des mangues », précise la vendeuse.Mais à Bangui, il se pose un problème de conditionnement. Il y a peu de chambres froides pour conserver les fruits et il n'existe pas d'entreprises de transformation. Armand Koulayom estime que ce secteur est plein de potentiels. « Pour booster ce secteur, il faut vraiment avoir une vision. C'est un secteur qui peut générer beaucoup d'argent. Si les entrepreneurs arrivent à créer des entreprises de transformation de mangues, ce serait très bénéfique et on pourrait même transformer les mangues en jus ou en confitures sur place, projette-t-il. Si les mangues sont transformées en grande quantité, on pourrait les exporter dans la sous-région pour développer notre économie et développer notre pays. »Ce secteur encore très informel et limité représente cependant aujourd'hui une source de revenus importante pour de nombreux ménages.À lire aussiLe marché mondial de la mangue dans la tourmente
Comment prévenir contre l'extrémisme violent et attirer les jeunes vers des projets viables ? Les autorités ivoiriennes ont mis en place, depuis deux ans, le programme de lutte contre la fragilité. Il s'adresse aux personnes âgées de 18 à 40 ans, vivant dans six régions des zones frontalières avec le Mali et le Burkina. Des régions touchées par le chômage dans lesquelles les populations deviennent de potentielles cibles du recrutement des groupes armés. Bakary Ouattara a 31 ans. Il a grandi et vit toujours à Kofiron, un village proche de la frontière malienne. Ce jeune a quitté les bancs en classe de troisième. Sans diplôme, mais avec les connaissances transmises par ses parents, Bakary a décidé de reprendre l'entreprise familiale : il vend du maïs et du riz. Dans son local, il peut stocker jusqu'à 100 sacs de céréales. Mais sans apport financier, difficile de tirer profit du potentiel de son local. « Je m'en sors très bien, dit-il, je parviens à être en activité 12 mois sur 12. À l'époque, je n'avais pas assez de fonds pour acheter des sacs de céréales auprès des femmes du village. J'ai bénéficié d'un prêt de million de FCFA. Cet argent m'a permis d'acheter de grandes quantités de céréales et de constituer un stock. Et je me suis mis à revendre. J'ai fait des bénéfices. »Commerce et agricultureBakary a remboursé son prêt en moins d'un an. Depuis, il a ouvert une autre boutique, pour mener des activités de téléphonie et de transfert d'argent. « Je parle de mes activités aux autres jeunes du village pour que, eux aussi, se motivent et montent des projets, poursuit-il, je leur explique comment je m'y suis pris. Je leur dis qu'on peut gagner de l'argent en s'impliquant dans de petits projets. »Madou a 33 ans. Il a abandonné l'école pour se consacrer à l'agriculture. Ce jeune de Toumokro cultive le maïs, le riz, le coton et le soja. Cet agriculteur a emprunté 800 000 FCFA à l'agence Emploi Jeunes pour acheter des bœufs, des engrais et des pesticides. Malgré ce coup de pouce, Madou doit encore s'accrocher pour sentir les bénéfices de son métier : « J'ai bénéficié d'un prêt l'an dernier. Mais, la pluviométrie a été mauvaise. Mes récoltes de maïs et de coton n'ont pas bien donné. C'est difficile. J'espère qu'on aura une meilleure pluviométrie cette année afin que je puisse rembourser mon prêt. »Cibles du recrutement des jihadistesCe programme vise à ancrer les jeunes dans des activités professionnelles. « Si ces jeunes qui sont à la frontière ne sont pas occupés, s'ils ne sont pas sensibilisés, ils deviennent une cible facile, un appât, pour ces jihadistes, explique Anselme Gauze, est le chef de l'Agence Emploi Jeunes de Korhogo, donc il faut les occuper. Lorsque nous sommes allés à Kafolo –Kafolo a été une zone prioritaire du projet, parce qu'il y a eu des attaques jihadistes dans ces zones-là – il y a des jeunes qui ont pu bénéficier de ces subventions, et il y en a qui ont pu bénéficier de formation en apprentissage : électricité, mécanique-auto et à la soudure. »Pour l'heure, dans cette zone frontalière, près de 52 000 jeunes ont bénéficié de ce programme d'aide.À lire aussiCôte d'Ivoire: le discours d'Alassane Ouattara à la Nation scruté par la classe politique sur fond de présidentielle
En 1944, Brazzaville, capitale de la France libre en pleine Seconde Guerre mondiale, abritait une conférence chargée de se pencher sur la transformation de l'Empire colonial français après les bouleversements de la guerre. Le rendez-vous a débouché sur des conclusions très conservatrices mais il a tout de même marqué une étape dans l'histoire de la décolonisation des anciennes colonies françaises d'Afrique. 80 ans après, le site où s'est tenue cette grand-messe n'est plus que l'ombre de lui-même. Des projets sont en cours pour le réhabiliter. De notre envoyé spécial à Brazzaville,En plein centre-ville de Brazzaville, juste derrière le Conseil économique et social, à un jet de pierre du palais présidentiel, se dresse cette vieille bâtisse de 1910 appelée à l'époque Cercle civil et militaire. En 1944, ce bâtiment a abrité la Conférence de Brazzaville. Une réunion qui a représenté une étape dans la décolonisation, même si ses conclusions sont restées très timides sur l'évolution politique des colonies africaines de la France. Stevio Ulrich Baralangui est chercheur et enseignant d'histoire contemporaine à l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville : « La conférence de Brazzaville a apporté des changements importants constatés à partir de 1946, avec la suppression du code de l'indigénat et du travail forcé. Mais la conférence de Brazzaville n'avait pas tenu toutes ses promesses parce que c'est le colonisateur qui a planché sur le devenir des anciennes colonies en l'absence des colonisés. »Une bâtisse en fricheAu pied de vieux manguiers, cette bâtisse, séparée du fleuve Congo par une route dominée par un pont à haubans, est devenue plusieurs années plus tard le siège de l'Alliance française et ensuite le Centre de formation et de recherche en art dramatique (CFRAD).Florent Sogni Zaou, journaliste et écrivain, y a présenté sa première pièce de théâtre intitulée Homme d'affaires, il y a 40 ans : « C'est une maison qui nous a vu grandir. C'est là-bas que j'ai assisté à la première exécution d'une pièce de théâtre. Et lorsque j'ai écrit moi-même, je suis allé vivre ce que je n'avais pas prévu de vivre », raconte-t-il.À lire aussiLe Congo-Brazzaville et la Chine célèbrent les 60 ans de leur coopérationEn effet, cette maison est à l'abandon : des herbes et des petits papayers poussent sauvagement par-ci par-là. « Nous avons vu cette maison mourir. Aujourd'hui, le CFRAD est méconnaissable. D'ailleurs, quand vous y arrivez, vous trouvez un gros cadenas et une grosse chaîne. Ça signifie que la porte principale ne s'ouvre plus. Pour y entrer, il faut passer par le derrière et par là, il y a des crevasses », déplore M. Sogni Zaou.Bientôt réhabilitéeL'heure est désormais à la réhabilitation. À la suite de la dernière visite du président français Emmanuel Macron à Brazzaville, une convention a été signée dans ce sens, à la grande satisfaction de Jean-Omer Ntadi, conservateur du patrimoine culturel. « Là, il y a toutes les démarches nécessaires qui vont déboucher sur l'inscription du CFRAD sur la liste du patrimoine national. Et, au lendemain de la liste nationale, on pourrait faire en sorte que ça rentre dans la liste du patrimoine mondial. »La France a offert une enveloppe de 4 millions d'euros (plus de 2,6 milliards de FCFA) pour la réhabilitation de cet endroit.À lire aussiL'histoire coloniale du Congo racontée et chantée par «Congo Jazz Band»
« Des élections reportées aux calendes sahéliennes… », constate Jeune Afrique en préambule à une longue enquête sur la situation politique des deux pays sous la coupe des militaires.« Cette année 2024 devait être l'année des scrutins présidentiels au Mali et au Burkina Faso. Mais ni la junte d'Assimi Goïta ni celle d'Ibrahim Traoré ne semblent vouloir mettre un terme à leurs régimes de transition, pointe le site panafricain. Après quelques circonvolutions calendaires consécutives au premier coup d'État du colonel Assimi Goïta, la prolongation de la transition malienne avait été fixée “à 24 mois, à compter du 26 mars 2022“. Au Burkina Faso, quelques semaines après la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, la charte de transition adoptée le 14 octobre 2022 fixait la fin de la transition au 1er juillet 2024. » Au final, constate Jeune Afrique, « la date malienne a été dépassée. Quant aux autorités burkinabè, qui se trouvent à deux mois de l'échéance, elles ont expliqué qu'organiser des élections n'était pas “une priorité“. »Et voici leur argument : « le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, a (récemment) dénoncé les “campagnes électorales coûteuses et ruineuses“ et les “discours alambiqués et procédures incompréhensibles pour le plus grand nombre“, pointe le site panafricain. Il semble y préférer “la démocratie“ dans laquelle vivaient les “sociétés traditionnelles“. Sans urnes. La transition prolongée pourrait donc s'achever par une “élection“ sans suffrage universel. Le Mali, lui, relève enfin Jeune Afrique, a démontré par son référendum constitutionnel de juin 2023 qu'il accordait encore du crédit aux scrutins déployés sur toute l'étendue du territoire. Mais jusqu'à quel point ? »Le FMI à la rescousseA ce blocage politique s'ajoutent de grandes difficultés sociales et économiques… Avant-hier, relève Sahel Tribune, « le Fonds monétaire international a annoncé avoir conclu un accord crucial avec le Mali, en vue d'octroyer une facilité de crédit rapide de 120 millions de dollars, soit plus de 70 milliards de FCFA. » Objectif : « aider à combattre les effets dévastateurs de chocs économiques externes, affirme le site malien, notamment l'inflation due aux conflits internationaux et aux blocus maritimes. »Des dirigeants trop gourmands ?Le Mali manque de moyens financier mais, apparemment, ça n'est pas le cas des dirigeants maliens…« La loi organique qui fait jaser », s'exclame Malijet. En effet, explique le site malien, « adoptée à huis clos, à l'abri des regards indiscrets, cette loi qui fixe les avantages, indemnités et autres traitements des membres du Conseil national de transition, l'organe législatif de la transition, fait polémique. » En effet, cette loi ne serait « pas suffisamment explicite sur les montants des indemnités et pourrait ainsi laisser latitude au CNT de cocher des cases. » Bref, de s'attribuer ce qui bon lui semble…Résultat, pointe Malijet, « une irrésistible vague d'indignation s'est ainsi saisie d'une opinion qui ne semble pas s'accommoder de ce qu'elle considère comme une extravagance par ces temps de disette pour le trésor public, de crise économique qui plombe les différents secteurs de l'économie avec sa cohorte de fermetures massives d'entreprises. »Malijet cite également ces propos de l'ancien Premier ministre Moussa Mara : il juge « affligeant de constater que le CNT, dans un contexte de difficultés économiques, énergétiques, sécuritaires, etc., semble plus préoccupé par la rémunération de ses membres que par le contrôle de l'action du gouvernement. »Un 1er-Mai sous tensionSituation économique et sociale difficile également au Burkina Faso… Là aussi, des problèmes de vie chère… Le quotidien Le Pays à Ouaga, invoque une conjoncture mondiale défavorable mais aussi « la grave crise sécuritaire et humanitaire sans précédent que traverse le Burkina Faso », ainsi que la « détérioration des relations entre le Burkina Faso et certains pays de la CEDEAO avec des répercussions inévitables sur la circulation des biens et des marchandises. »Hier, « la manifestation du 1er-Mai n'a pas été autorisée par les tenants du pouvoir en raison, sans doute, du contexte national caractérisé par la crise sécuritaire, relève Le Pays. Mais au-delà de cette raison officielle, l'on sait que les rapports entre le gouvernement de la transition et certaines organisations syndicales sont très tendus. »En effet, dans les colonnes de WakatSéra, le secrétaire général de l'Union syndicale des Travailleurs du Burkina, Abdoulaye Ernest Ouédraogo affirme que « le dialogue est rompu avec l'autorité du moment » et parle même de « tyrannie ».
Dans le sud-est du Gabon, la Compagnie minière de l'Ogooué (Comilog), filiale du groupe métallurgique français Eramet, et premier producteur mondial de manganèse, a réalisé d'importants investissements. La production de cette matière première, très demandée notamment pour la fabrication de l'acier, explose. De notre correspondant à Libreville,Plateau Okouma est la nouvelle carrière à ciel ouvert récemment mise en service par la Comilog pour extraire le manganèse. « Par jour, nous sortons en moyenne 12 000 tonnes de minerai de manganèse », explique Jean-Baptiste Nzeng Eyi, 36 ans, ingénieur gabonais formé à Nancy, en France. « On a du manganèse de type MMA, le plus riche, dont la teneur est de 48 à 50%. On a trois types de manganèse qui sortent de cette usine. »Premier producteur mondialLa multinationale gabonaise exploite le manganèse à Moanda depuis 1960. L'ouverture de ce nouveau site a permis à l'entreprise de consolider ses parts sur le marché mondial de manganèse. « La Comilog est une société qui se porte très bien, se targue Leod Paul Batolo, l'administrateur directeur général. Depuis 2020, nous sommes devenus le premier producteur mondial de manganèse. Nous avons une croissance qui est établie. Nous avons fini à 6,6 millions de tonnes en 2023. Notre projection pour 2024 est de 7,5 millions de tonnes produites, transportées, embarquées. » Et de se réjouir encore : « C'est une société qui se porte très bien pour laquelle les Gabonais peuvent être fiers. »Pour tenir ce rang, la Comilog a investi beaucoup d'argent entre 2020 et 2023. « Les actionnaires de la Comilog, donc l'État gabonais et le groupe Eramet, ont mis plus de 300 milliards de FCFA pour ouvrir le plateau Okouma et ça montre qu'ils sont confiants », détaille encore le directeur général.À lire aussiGabon: l'entreprise Eramet développe la production de la plus grande mine de manganèse au mondeDes investissements locauxLa prospérité de l'entreprise a longtemps contrasté avec le niveau de pauvreté dans la ville de Moanda situé sur le flanc de la montagne du manganèse. En 2020, Comilog et l'État gabonais ont décidé d'investir directement une partie des revenus du manganèse dans le développement local.Député de Moanda, Jean Valentin Leyama était depuis des décennies le leader de la contestation contre le géant minier. « Sur la base du cahier des charges établit entre Comilog et l'État, il y a plusieurs réalisations qui sont faites. Dans les quartiers, il y a des routes qui ont été pavées, sur le plan social, plusieurs infrastructures construites ou réhabilitées. L'eau potable disponible partout dans les quartiers », assure-t-il. « Il serait malhonnête de ne pas le reconnaître », concède le député. La contribution au budget de l'État a également augmenté. En 2022, elle s'est élevée à 437 milliards de Francs CFA, soit beaucoup plus qu'auparavant.À lire aussiGabon: la ville de Moanda prépare l'après-manganèse
Suite de notre série de reportages sur les Centrafricains de retour dans leur pays, alors que le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) veut faire revenir chez eux 300 000 réfugiés d'ici à 2028. Ils sont déjà plus de 36 000 à avoir emprunté le chemin du retour. Si certains sont heureux d'être revenus chez eux, d'autres sont inquiets parce qu'ils ont tout perdu. De notre envoyé spécial à Baoro,L'air égaré, Aïssatou Adamou est assise sur un amas de briques en argile. Autour d'elle, de hautes herbes et des pièces de charpentes éparpillées, en partie détruites par les termites. Cette femme d'une trentaine d'années ne reconnaît plus sa maison. « Mon père a survécu mais ma mère a été tuée. J'ai fui très loin avec mes petits frères et sœurs. Mon père est encore au Cameroun. Je suis revenue dans l'espoir de reconstruire une nouvelle vie, mais ce que je viens de découvrir ressemble à un coup de couteau en plein cœur. Ma famille a vraiment besoin d'aide », déplore-t-elle. Le temps est à l'urgence et la question de la reconstruction s'impose à tout le monde.Dans le même périmètre, Ibrahim Amino nous amène à proximité d'un cours d'eau. C'est ici qu'il élevait des animaux en 2015. Aujourd'hui, il ne lui reste plus rien. « Quand les rebelles avaient attaqué le village, j'ai fui comme tout le monde vers le Cameroun, laissant derrière moi une centaine de moutons, cabris et bœufs. Cela représente une fortune pour ma famille parce que notre richesse repose sur l'élevage. Hélas, les hommes armés ont tout volé. »Des formations proposées par le HCRPendant qu'il en parle, des larmes coulent le long de son visage. Pour aller de l'avant, Ibrahim Amino participe actuellement à une formation en informatique. « Cette formation gratuite a une durée de six mois, initiée par une ONG et le HCR. On nous apprend les basiques de l'informatique. À la fin, nous aurons chacun un certificat. J'espère pouvoir avoir les connaissances nécessaires pour mettre en place une entreprise multimédia qui pourrait m'aider dans l'avenir », espère-t-il.Et même si l'étape de reconstruction ne sera pas facile, certains se lancent dans l'élevage de poulets. Abdoulaye Mariam et ses amis ont créé l'année dernière le groupement Barco, qui signifie espoir. « Nous avons choisi ce domaine parce que c'est l'un des secteurs qui génère beaucoup d'argent à Baoro. On ne peut pas croiser les bras à tout attendre des ONG, explique-t-elle. Nous avons actuellement 433 poulets sur le marché. C'est ce qui nous aide à reconstruire notre vie sur le plan économique. Le prix des poulets varie de 3 500 à 4 000 FCFA. »Le HCR a lancé l'année dernière un vaste projet de retour et de réintégration des réfugiés centrafricains de l'étranger. Ce programme de cinq ans prévoit le rapatriement volontaire de 300 000 personnes dans les préfectures de la Nana Membéré, Membéré Kadeï et la Lobaye.À lire aussiRetour des réfugiés en Centrafrique [1/3]: le souvenir du départ, «j'ai vu une femme enterrer son bébé mort de faim»
Crise du Covid-19, guerre en Ukraine, changement climatique... Différents facteurs ont eu un impact sur la disponibilité et les prix des céréales ces dernières années. Pour limiter la dépendance aux importations alimentaires, le Cameroun a engagé un plan triennal d'import-substitution. Il s'agit de produire sur place ce qui peut l'être au lieu d'importer. Mais malgré un budget de plus de 114 milliards de FCFA (170 millions d'euros), la mise en œuvre de cette politique peine encore à décoller. Développer la production locale pour limiter les importations, l'entrepreneur Bertin Tchoffo est convaincu. « Quand le président de la République a fait son discours et a exprimé la volonté de soutenir l'import-substitution, tout de suite, on n'a pas hésité, se rappelle le patron. Le lendemain, je peux vous assurer, mes équipes et moi, nous avons fait le nécessaire pour démarrer les champs de manioc. »L'idée du directeur de Pafic : substituer une partie de la farine de blé utilisée dans la pâtisserie et la boulangerie camerounaise par de la farine de manioc. « Au fond de moi, je savais que c'était porteur comme tout ce qui est agro-alimentaire », détaille-t-il. Pour cela, il se lance dans un grand projet de 2 000 hectares de production de manioc. Il conçoit même des machines adaptées pour moudre les tubercules.Des initiatives privées encouragéesUne initiative privée, mais encouragée par les autorités, assure-t-il. « Je prendrai l'exemple du ministre du Commerce. Dès que les premiers sacs de farine sont sortis, deux jours après, il a convoqué une réunion avec tous les pâtissiers de la ville de Yaoundé, présente Bertin Tchoffo. On a présenté le produit et on leur a donné les produits pour aller faire les tests. Et il nous a donné une position stratégique au boulevard du 20 mai pour exposer ce pain de manioc. Le ministre du Commerce est en train de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire cette farine et pousser les boulangers à mettre cette farine dans le pain. »Malgré la volonté politique et la disponibilité de la farine, tout n'est pas encore gagné. « Effectivement, [les débuts] sont encore un peu timide mais on voit déjà les grands groupes de pâtissier passer des grandes commandes. En termes de tonnes, même pas en termes de sacs », se réjouit-il.Des réticences aux changementsDans le domaine des farines panifiables, les maillons de la filière et leurs intérêts sont grands, ce qui peut expliquer certaines réticences. « Pour les lectures que j'ai faites, j'ai bien compris qu'effectivement la filière elle-même, en particulier tout ce qui est minoteries, etc, n'a pas trop intérêt à ce que les choses changent, constate Thierry Leroy, chercheur au Cirad, directeur régional pour l'Afrique centrale basé au Cameroun. Enfin, si on leur dit, tu vas prendre de la farine de manioc que tu vas intégrer après au niveau des boulangers… Peut-être qu'il y a des équilibres à trouver, mais c'est certain et c'est logique que chacun défende son domaine. »La fixation du prix de la farine de manioc – comme ça l'est pour la farine de blé – est encore attendue. D'autres actions seraient possibles, selon le chercheur : « Favoriser déjà cette production et déjà voir avec la boulangerie, avec les opérateurs de la fabrication de pain, comment est-ce qu'on peut l'intégrer. Il faut une fois que l'expérimentation, on va dire en laboratoire ou en petite quantité, a été faite, c'est passer à l'échelle. »Les autorités sont conscientes des défis rencontrés. Le rapport d'exécution 2023 de la politique d'import-substitution pointe notamment la problématique d'enclavement des bassins de production. Autre constat : le faible décaissement des budgets alloués, à peine plus de la moitié des montants ont été dépensés l'an passé. À lire aussiCameroun: développer la filière lait gräce aux Montbéliardes
Dans la nuit du 25 au 26 mars, une nouvelle Constitution a été adoptée. Désormais, précise Jeune Afrique, « le président de la République ne sera plus élu au suffrage universel direct mais par les députés et sénateurs réunis en Congrès. Cette petite révolution en Afrique francophone a été présentée par ses initiateurs comme une mesure "moderne" visant à réduire la prépondérance du président de la République et à améliorer la collaboration entre les pouvoirs exécutif et législatif. […] Très vite, pointe Jeune Afrique, beaucoup d'opposants se sont indignés de cette révision constitutionnelle. Et pour cause : les élections législatives ne s'étant pas tenues avant le 31 décembre 2023 comme le calendrier électoral l'imposait, certains estiment que le mandat des députés actuels est terminé, et donc que ce changement de Constitution est illégitime. D'autres, au contraire, invoquent l'ancienne Constitution, qui dispose que les députés de la législature en fin de mandat restent en place jusqu'à la prise de fonction des nouveaux élus. »Une monarchisation du régime ?Quoi qu'il en soit, relève encore Jeune Afrique, « le basculement vers un régime parlementaire, qui retire aux Togolais le droit d'élire directement leur président de la République, fait craindre à certains une monarchisation du régime. L'opposition, qui espérait faire des prochaines élections législatives et régionales une étape vers l'alternance, voit ses ambitions s'évaporer ». Et « certains opposants redoutent que Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 après avoir succédé à son père Gnassingbé Eyadema, lui-même au pouvoir pendant plus de 37 ans, ne devienne président à vie ».D'autant que la constitution togolaise avait déjà été récemment modifiée… C'est ce que rappelle le site d'information Actu Niger : « Cette révision fait suite à celle intervenue en 2019 et qui avait eu comme objet, la limitation à deux des mandats présidentiels. Ce qui avait déjà permis de remettre les compteurs à zéro pour le président Faure Gnassingbé dont la candidature pour la prochaine élection présidentielle ne souffre d'aucun doute. (…) L'adoption de cette nouvelle révision de la Constitution a (donc) aussitôt suscité une levée de boucliers de l'opposition et des associations de la société civile », relève encore le site nigérien.L'opposition vent deboutHier mercredi à Lomé, précise le site Togo Breaking News, « des organisations de la société civile et 19 partis politiques regroupés au sein du Front "Ne touche pas à ma Constitution" ont appelé les togolais à se mobiliser contre le changement de la constitution. Mais la rencontre a été interrompue par les forces de l'ordre à coup de grenades lacrymogène »,au motif que celle-ci n'avait pas été autorisée.Pour ce front, le« changement de la constitution est "une trahison des élites dirigeantes du pays" et il appelle à la résistance les agents de la fonction publique, les membres des corps constitués, les membres du corps judiciaire, les professions libérales, les religieux, les chefs traditionnels, les syndicats, bref toute la population togolaise ».L'alternance au Sénégal : quelles premières mesures ?À la Une également, le Sénégal avec les attentes après l'alternance. Quelles vont être les premières mesures du président Bassirou Diomaye Faye ? Les dossiers brûlants sont nombreux, notamment la situation économique : « Quand le président Bassirou Diomaye Faye recevra les comptes de l'État après son installation, il pourrait sursauter, tellement la situation macro-économique est tendue », relève Walf Quotidien, qui pointe, entre autres, « le poids de la dette publique du pays qui atteint presque 13 000 milliards de FCFA ».Autre question : qui va faire partie du nouveau gouvernement et qui pour le diriger ? Il est trop tôt pour faire des pronostics mais d'ores et déjà le site d'information Seneplus prévient : il faut de nouvelles têtes. « L'élection de Diomaye Faye symbolise un désir profond de renouvellement au sein de la société sénégalaise. Les citoyens aspirent à une gouvernance débarrassée des pratiques obsolètes et corrompues qui ont longtemps entravé le développement du pays. Ils ont voté pour une rupture, non seulement avec les méthodes du passé, mais également avec les figures qui les incarnent. (…) Il en va de la crédibilité du nouveau régime, affirme encore Seneplus. En choisissant délibérément de se démarquer des figures et des comportements du passé, le président Faye resterait fidèle à un idéal défendu par un mouvement populaire qui l'a porté au sommet et à un mandat confié par un peuple avide de changements et de progrès. »
Le dimanche 11 février 2024, le chef de la junte militaire du Niger, le général Abdourahamane Tiani a annoncé la possibilité de création d'une monnaie commune au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Eric Topona en discute cette semaine sous l'Arbre à palabres avec ses invités.
Le PK5, ce quartier populaire, commercial et culturel, a été durement frappé pendant la crise militaro-politique de 2013. Considéré comme le poumon économique de la Centrafrique, c'est là que transitent tous les produits venant du Cameroun, du Tchad et du Soudan. Le coup d'État de 2013 de la coalition Séléka contre l'ancien président François Bozizé, a plongé ce quartier cosmopolite dans la violence. La paix est revenue, mais les habitants se souviennent de cette page sombre de l'histoire. De notre correspondant à Bangui,KM5. Nous marchons dans la rue Dido, autrefois appelée « Couloir de la mort ». Malgré l'ambiance qui y règne actuellement, l'endroit porte encore les stigmates de la crise.Quelques herbes ont poussé dans les allées bordées de magasins abandonnés, de maisons partiellement détruites, des impacts de balles sur des bâtiments et sur des poteaux électriques. Ousmane Dida, habitant du KM5, se remémore : « Les événements de 2013 étaient dramatiques. Il y avait le couvre-feu entre 20h et 5h du matin. Chaque soir, on entendait des coups de feu, on signalait des cas de braquages, d'assassinats, de viols et de pillages contre des musulmans, tout comme les chrétiens. Entre décembre 2013 et les mois de janvier, février et mars 2014, les milices Séléka et anti-Balaka semaient la désolation ».« Une prison à ciel ouvert »Au temps forts de la crise, les armes circulaient très facilement. Le KM5 échappait au contrôle des forces loyalistes. Certaines personnes le surnommaient « Poudrière » ou encore « Vatican », autrement dit un État dans l'État. Magalie est une habitante de PK5 : « J'ai perdu des parents, des amis et des proches. À cette époque, KM5 avait mauvaise réputation, presque toutes les écoles étaient fermées. Les commerçants et même les habitants étaient rançonnés par les groupes d'auto-défense. On vivait comme dans une prison à ciel ouvert, sans savoir de quoi demain serait fait ».Chapelet en main, grand boubou de couleur jaune, Aoudou Maïkano mâche la cola en sortant de la mosquée centrale. Même si aujourd'hui, il se promène librement, en 2014, il avait quitté le quartier pour se réfugier au Tchad : « KM5 était un quartier dangereux. Les gens étaient kidnappés, tués ou disparaissaient, tout simplement. Les commerces étaient fermés. À cause de l'insécurité, j'avais quitté le KM5 avec ma famille pour trouver refuge ailleurs. Mais aujourd'hui, je suis heureux de réintégrer ma communauté. Je ne souhaite plus revivre ce genre d'événements au KM5 ».Entre 2013 et 2015, plusieurs centaines de personnes avaient perdu la vie dans ce quartier. La crise avait aussi provoqué d'importants dégâts, estimés à plusieurs millions de FCFA. Plusieurs chefs de groupe d'auto-défense ont été tués, d'autres ont été condamnés, et d'autres encore ont fini à l'hôpital psychiatrique. À lire aussiCentrafrique: les habitants du PK5 se souviennent avec mélancolie de la belle époque de leur quartier [1/3]