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Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche a entraîné une diminution du nombre de Canadiens se rendant en vacances en Floride. Les raisons sont nombreuses : l'opposition à ses valeurs, l'augmentation des droits de douane, mais également son hostilité manifeste envers le Canada. Donald Trump ayant argué que le Canada devrait devenir un État américain. De quoi toucher la Floride, qui voit d'habitude chaque année des Canadiens affluer à la saison hivernale pour échapper au froid et pour profiter du soleil, surnommés les « snowbirds » (les oiseaux migrateurs, en français). Le long du rivage, dans la ville balnéaire de Fort Lauderdale en Floride, les touristes se promènent et profitent de la plage. De l'autre côté de la rue, les hôtels de luxe sont alignés pour offrir une vue imprenable sur l'océan Atlantique. Des conditions de séjour a priori idéales et prisées par les voyageurs. Pourtant l'hôtel The Atlantic a vu récemment son taux d'occupation baisser de 4,9 %. Une chute directement imputée au marché canadien, selon la directrice des ventes, Amy Faulkner. « Même si une baisse de 4,9 % ne semble pas beaucoup, elle l'est pour notre hôtel. C'est d'autant plus important pour nous car, quand les Canadiens voyagent ici restent pour une longue durée. Ils peuvent rester jusqu'à six mois, donc cela touche réellement notre hôtel », déplore-t-elle. Cette diminution du tourisme s'ajoute à un contexte économique déjà difficile aux États-Unis, explique-t-elle. « Je le ressens un peu comme l'année du Covid. Pas aussi difficile que le covid, mais l'année a été très dure », soupire-t-elle. Les hôteliers font les comptes Son collègue Don Ciarlillo, courtier dans l'immobilier, affirme qu'il est néanmoins trop tôt pour connaître les conséquences dans le secteur immobilier, dans lequel les Canadiens investissaient également. « Je ne l'ai pas vu du côté de l'immobilier. Je préfère regarder comment va la saison. Je regarderai à la fin du mois d'avril, vers début mai. Quand la saison touristique de l'hiver se calmera, on aura les chiffres », temporise-t-il. À l'entrée du Motel de Richard, le néon indique qu'il reste des chambres disponibles, tandis qu'une fleur de lys souhaite la bienvenue aux touristes québécois. Le propriétaire Richard Clavet dit percevoir un changement depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pour un second mandat. « L'année passée, l'hiver avait bien commencé. Trump est arrivé au pouvoir en janvier et là les politiques se sont mises en place. Ce qui fait qu'en février, on a commencé à noter une baisse pour mars. Puis la baisse, elle était quand même forte pour mars et avril. Je peux pas dire de chiffres exacts, mais ça avait été assez important », détaille-t-il. Certains ont ouvertement justifié ces annulations à cause de la personnalité politique de Donald Trump. Tel ce client prêt à perdre 1 000 dollars déjà payés, se souvient Richard Clavet : « Il a tout simplement traité Trump de dictateur et a choisi de prendre ses vacances à Cuba plutôt qu'ici. Alors, moi je lui ai dit : "Tu salueras de notre part les dictateurs de Cuba." » À lire aussiL'économie mondiale retient son souffle : rétrospective de l'année 2025
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche a entraîné une diminution du nombre de Canadiens se rendant en vacances en Floride. Les raisons sont nombreuses : l'opposition à ses valeurs, l'augmentation des droits de douane, mais également son hostilité manifeste envers le Canada. Donald Trump ayant argué que le Canada devrait devenir un État américain. De quoi toucher la Floride, qui voit d'habitude chaque année des Canadiens affluer à la saison hivernale pour échapper au froid et pour profiter du soleil, surnommés les « snowbirds » (les oiseaux migrateurs, en français). Le long du rivage, dans la ville balnéaire de Fort Lauderdale en Floride, les touristes se promènent et profitent de la plage. De l'autre côté de la rue, les hôtels de luxe sont alignés pour offrir une vue imprenable sur l'océan Atlantique. Des conditions de séjour a priori idéales et prisées par les voyageurs. Pourtant l'hôtel The Atlantic a vu récemment son taux d'occupation baisser de 4,9 %. Une chute directement imputée au marché canadien, selon la directrice des ventes, Amy Faulkner. « Même si une baisse de 4,9 % ne semble pas beaucoup, elle l'est pour notre hôtel. C'est d'autant plus important pour nous car, quand les Canadiens voyagent ici restent pour une longue durée. Ils peuvent rester jusqu'à six mois, donc cela touche réellement notre hôtel », déplore-t-elle. Cette diminution du tourisme s'ajoute à un contexte économique déjà difficile aux États-Unis, explique-t-elle. « Je le ressens un peu comme l'année du Covid. Pas aussi difficile que le covid, mais l'année a été très dure », soupire-t-elle. Les hôteliers font les comptes Son collègue Don Ciarlillo, courtier dans l'immobilier, affirme qu'il est néanmoins trop tôt pour connaître les conséquences dans le secteur immobilier, dans lequel les Canadiens investissaient également. « Je ne l'ai pas vu du côté de l'immobilier. Je préfère regarder comment va la saison. Je regarderai à la fin du mois d'avril, vers début mai. Quand la saison touristique de l'hiver se calmera, on aura les chiffres », temporise-t-il. À l'entrée du Motel de Richard, le néon indique qu'il reste des chambres disponibles, tandis qu'une fleur de lys souhaite la bienvenue aux touristes québécois. Le propriétaire Richard Clavet dit percevoir un changement depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pour un second mandat. « L'année passée, l'hiver avait bien commencé. Trump est arrivé au pouvoir en janvier et là les politiques se sont mises en place. Ce qui fait qu'en février, on a commencé à noter une baisse pour mars. Puis la baisse, elle était quand même forte pour mars et avril. Je peux pas dire de chiffres exacts, mais ça avait été assez important », détaille-t-il. Certains ont ouvertement justifié ces annulations à cause de la personnalité politique de Donald Trump. Tel ce client prêt à perdre 1 000 dollars déjà payés, se souvient Richard Clavet : « Il a tout simplement traité Trump de dictateur et a choisi de prendre ses vacances à Cuba plutôt qu'ici. Alors, moi je lui ai dit : "Tu salueras de notre part les dictateurs de Cuba." » À lire aussiL'économie mondiale retient son souffle : rétrospective de l'année 2025
Objet du quotidien par excellence, le smartphone pourrait voir son avenir proche sérieusement contrarié. Selon une étude récente du cabinet Counterpoint Research, l'année 2026 pourrait être marquée par une baisse de la production mondiale de téléphones portables. En cause, une pénurie de puces mémoire largement alimentée par l'essor fulgurant de l'intelligence artificielle. Le smartphone est partout. Ou presque. Pourtant, derrière cet objet devenu indispensable se cache un marché qui n'est plus en forte croissance. Après des années d'expansion à grande vitesse, le secteur est entré dans une phase de maturité. Concrètement, les consommateurs renouvellent leurs appareils moins souvent. Les innovations sont jugées moins spectaculaires qu'auparavant, et les marges sont de plus en plus sous pression, en particulier sur les produits d'entrée et de milieu de gamme. Le constat est donc posé : le contexte est déjà tendu pour les fabricants, et les perspectives ne sont pas très rassurantes. Une pénurie de puces mémoire au cœur du problème Les prévisions pour 2026 ont récemment été revues à la baisse. Les livraisons mondiales de smartphones pourraient reculer jusqu'à 2%. La principale raison n'est pas un désintérêt des consommateurs, mais le manque de composants essentiels à la fabrication des appareils. Le secteur devrait en effet être confronté à une pénurie de puces mémoire, celles qui permettent à nos smartphones de disposer de mémoire vive. Ces composants sont indispensables. Ils permettent de lancer les applications rapidement, de passer d'une tâche à l'autre et d'assurer la fluidité globale du système. Depuis plusieurs années, les fabricants mettent en avant cette mémoire pour justifier des appareils toujours plus performants. Mais cette ressource est désormais convoitée par un autre acteur de poids : l'intelligence artificielle. Quand l'IA capte les ressources les plus rentables Le problème pour les géants du smartphone, c'est que l'intelligence artificielle est aujourd'hui bien plus rentable pour les producteurs de puces. Pour entraîner et faire fonctionner les modèles d'IA, il faut des infrastructures gigantesques. Les centres de données reposent sur des processeurs extrêmement gourmands en mémoire. OpenAI, Google, Meta ou encore Microsoft sont prêts à payer très cher pour sécuriser ces composants stratégiques. Face à cette demande explosive, les fabricants de puces mémoire font un choix rationnel d'un point de vue économique : ils réservent leur production aux plus offrants et privilégient les marchés liés à l'IA, bien plus rentables que l'électronique grand public. Produire davantage de puces serait possible, mais pas immédiatement. Trois entreprises seulement produisent plus de 90% des puces mémoire dans le monde. Construire de nouvelles usines ou augmenter les capacités existantes demande du temps, beaucoup d'argent et surtout une visibilité à long terme sur la demande, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. La conséquence est directe pour les fabricants de smartphones. À une demande forte et une offre limitée correspond une situation de rareté, et la rareté fait monter les prix. Résultat : une pénurie, mais aussi une explosion des coûts. Concrètement, les smartphones neufs devraient coûter plus cher, tout comme les ordinateurs. Certains produits pourraient également se révéler moins innovants que prévu. Bref, mieux vaut peut-être prendre soin de son smartphone actuel, avant que les prix ne flambent et que ces appareils ne se fassent plus rares. À lire aussiGoogle prend l'avantage dans la course à l'IA grâce à ses puces maison
En ce jour de Noël, les jeux de société seront probablement nombreux au pied du sapin. Qu'ils se pratiquent en famille ou entre amis, ils séduisent toujours plus d'amateurs, un engouement qui rassemble plusieurs générations de passionnés. En France, en 2024, 34 millions de boîtes de jeux de société ont été vendues, soit une toutes les secondes. Le pays occupe d'ailleurs la première place du marché européen, devant l'Allemagne et le Royaume-Uni. Preuve de la bonne santé de ce secteur, les bars à jeux se multiplient en France. RFI s'est rendu au Jovial, bar à jeux et boutique du nord-est de Paris. Alors que la partie de cartes est lancée, Rachel explique les règles à son camarade Ronan. Après une journée de travail, cette partie constitue un moment de détente pour les deux amis. « Le bar à jeux est l'occasion de découvrir des nouveaux jeux qu'on n'a pas à la maison. On boit un coup, on se relaxe », explique la jeune femme. « Je travaille avec un ordinateur toute la journée. Ici, on est loin des écrans. C'est vraiment ce que je kiffe », partage son ami. « Aujourd'hui, les jeux de société ont des univers travaillés. Il y a des choses que j'adore, par exemple ces petits dessins », détaille Rachel. Celle-ci dit préférer « les jeux coopératifs, où l'on joue ensemble. Pas de vainqueur ou de vaincu, il faut gagner ensemble. Je crois être un peu mauvaise joueuse, je n'aime pas trop perdre ». La passion du jeu a réuni Célia et Laurent, le couple à la tête de Jovial, un bar à jeux situé dans le 19e arrondissement de Paris. Les jeux sont rangés et classés sur des étagères et, comme un dé qui n'en finit pas de tourner, notre œil glisse sur plus de 400 références. « Il y a une vraie culture chez certains joueurs et joueuses qui aiment souvent jouer. Aujourd'hui, la culture du jeu, c'est aussi se renseigner sur ce qui sort et connaître les nouveautés. Il y a tellement de jeux que ça devient un écosystème intéressant », argumente Laurent. Célia, elle, évoque les jeux de son enfance : « La Bonne Paye, le Monopoly, le Scrabble, etc. Avec ma grand-mère, mes parents m'avaient acheté des petits chevaux en bois collector – qu'on a toujours d'ailleurs – que ma mère a ressortis pour qu'on les mette dans le bar à jeux. » Cliente de la boutique, Noémie n'est pas étonnée. « Certains jeux sont intemporels. Ce qui fait un bon jeu de société, c'est la faculté de rassembler plusieurs générations, jouer avec les grands-parents, les parents, les enfants. Cela crée des moments de convivialité et rapproche les gens. C'est magnifique », abonde-t-elle. Les jeux coopératifs et compétitifs Au moment de pousser la porte de la boutique, Agathe a en tête une commande bien précise : « Je cherche plusieurs jeux. Le premier, c'est Life, un petit jeu de société qui ressemble au jeu Destin, faire tourner la roue, auquel nous jouions quand nous étions petits. On y crée notre vie, on se marie, on divorce, etc. » Comme l'a expliqué Rachel, il existe deux grandes catégories de jeux : les coopératifs, où l'on s'entraide, et les compétitifs, où il y a un vainqueur. Selon Agathe, la compétition n'est pas sans risque : « Pas plus tard que ce week-end, on a joué au Loup-Garou. À la suite de quoi un couple a fait chambre à part parce qu'un loup-garou a été dénoncé dans un acte de traîtrise. » Quant à Célia, elle refuse tout bonnement de jouer avec Laurent. « Je ne peux plus jouer avec lui, car je perds tout le temps. Mieux vaut choisir un jeu coopératif avec Laurent, sinon c'est la défaite assurée. C'est l'enfer », s'amuse-t-elle. Interrogé sur la question des mauvais perdants, Laurent donne sa définition du mauvais joueur : « C'est quelqu'un qui n'aime pas perdre, qui joue surtout pour gagner. Cela reste une minorité. En général, on vient pour jouer. Quand on achète un jeu, c'est pour s'amuser. Dans notre partie bar à jeux, beaucoup s'excusent de rigoler alors qu'il ne faut pas. S'il y a un endroit où il faut rigoler, c'est en jouant. Cela génère aussi de l'adrénaline, comme dans le sport. On va se concentrer, on va essayer de gagner. Cela génère beaucoup d'émotions. » En cette période de fêtes, quels sont les jeux qui marchent et que les Français risquent de découvrir sous leur sapin cette année ? « Le jeu qui marche bien en ce moment, c'est un petit jeu de cartes qui s'appelle le Flip Seven. Un jeu dans lequel on va devoir cumuler 200 points, mais si on a deux cartes de la même valeur, on gagne zéro point pour la manche. C'est un jeu de "stop ou encore". Vais-je continuer au risque de tout perdre, ou m'arrêter pour sécuriser mes points ? C'est un jeu que l'on peut sortir avec tout le monde, à l'apéritif, en famille, entre amis. Que l'on aime jouer ou pas, on va s'amuser. C'est notre meilleure vente. Le Flip Seven, c'est quelque chose de sympa, drôle, accessible », recommande Célia. Depuis le premier confinement dû à la crise sanitaire, les Français se sont pris au jeu. À l'heure des fêtes de fin d'année, leur engouement pour les jeux de société ne faiblit pas. À lire aussiLa folie des cartes Pokémon connaît un nouveau souffle
Ennemi numéro un de la transition énergétique, le charbon reste toujours la source d'énergie la plus utilisée des grandes économies asiatiques, notamment en Chine, en Inde et en Indonésie. La Chine a beau être championne du solaire et des éoliennes, elle reste dépendante du charbon. Ses besoins en énergie ne cessent d'augmenter et les autorités privilégient la sécurité de l'approvisionnement et le coût le plus compétitif à court terme. Les raisons de l'augmentation de la demande tiennent à la fois à la croissance de la population, mais aussi à l'adoption de modes de vie plus énergivores et depuis quelques années à la multiplication des data centers avides en électricité. Le Parti communiste chinois parle du charbon comme d'une pierre de ballast, comme ces pierres mises dans les coques des bateaux pour leur apporter de la stabilité. Les nouvelles centrales à charbon sont là pour prendre le relais quand les énergies renouvelables ne sont pas au rendez-vous. Elles doivent aussi répondre aux besoins de l'industrie. Des coupures d'électricité marquante En Chine, on est encore marqué par les coupures d'électricité des années 2021 et 2022. Depuis, l'extraction et l'importation de charbon ont atteint des records. Selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie, la Chine consomme plus de la moitié du charbon mondial. Son importance dans le mix énergétique du pays va rester centrale. D'autant que la baisse entamée en 2022 du prix du charbon – aujourd'hui fixé autour de 95 dollars la tonne – devrait se poursuivre, selon le spécialiste des matières premières Argus Media. Cet engouement pour le charbon est d'ailleurs le même en Inde et en Indonésie. Pour ces pays aussi le charbon reste une valeur sûre. L'Inde et l'Indonésie sont, après la Chine, les deux plus importants consommateurs au monde de ce combustible. En Inde, on estime que la capacité totale des centrales à charbon pourrait augmenter de 90 % d'ici à 2047. On a totalement abandonné l'idée d'un pic de son utilisation en 2035. Même chose en Indonésie où le recours au charbon ne faiblit pas. Des bailleurs pas au rendez-vous Jakarta avait pourtant pris des engagements pour réduire son utilisation. Mais l'Indonésie vient de revenir début décembre sur la fermeture anticipée de la centrale à charbon de Cirebon 1. Elle devait servir de modèle pour l'arrêt d'autres centrales avant qu'elles n'arrivent en fin de vie. Parmi les explications, il y a les coûts importants pour financer les énergies renouvelables capables de remplacer Cirebon, mais également l'importance du montant à payer au propriétaire de la centrale pour compenser cet arrêt prématuré. Pour sortir du charbon, le pays aura besoin de soutiens financiers. Sur les 20 milliards de dollars promis par les bailleurs dans le cadre du programme Jetp (Just Energy Transition Partnership), le pays n'a pour le moment reçu que trois milliards. Jakarta manque aussi de moyens pour aider les industriels à faire le choix d'une énergie moins polluante. Une grande partie des usines indonésiennes ne sont pas raccordées au réseau et utilisent également du charbon pour produire l'électricité dont elles ont besoin. À écouter aussiAllons-nous réussir à nous passer des énergies fossiles ?
Longtemps cantonnée à son rôle d'opérateur ferroviaire national, la compagnie italienne Trenitalia a changé de dimension. Forte d'un plan d'investissement massif et déjà bien implantée en France, elle affiche désormais une ambition claire : devenir un acteur central du rail européen à grande vitesse. Si Trenitalia attire aujourd'hui l'attention, c'est d'abord par l'ampleur de ses moyens. La compagnie ferroviaire italienne prévoit un plan d'investissement de 100 milliards d'euros d'ici à 2030, un montant qui doit même doubler à l'horizon 2040. Une enveloppe spectaculaire, destinée en priorité à la modernisation du réseau italien, mais qui poursuit aussi un objectif plus large : préparer l'expansion européenne du groupe. Les dirigeants de Trenitalia ne s'en cachent d'ailleurs pas. Ils répètent régulièrement qu'ils considèrent désormais l'Europe comme leur marché intérieur. Derrière cette déclaration se dessine un projet ambitieux : la construction d'un « métro européen à grande vitesse », avec des trains rouges vifs ornés du drapeau italien, appelés à circuler à travers tout le continent. Plusieurs liaisons emblématiques ont déjà été annoncées comme Rome–Munich ou Milan–Munich. Mais le projet le plus symbolique reste celui d'un Paris–Londres, en concurrence directe avec Eurostar, envisagé à l'horizon 2030. À lire aussiTrain à grande vitesse: l'Europe met 500 milliards sur la table pour relier toutes ses capitales d'ici 2040 La France, vitrine et terrain d'essai grandeur nature de la stratégie Trenitalia Cette ambition européenne n'est pas théorique. Des trains italiens circulent déjà en France entre Paris, Lyon et Marseille depuis maintenant quatre ans. C'est même dans l'Hexagone que la stratégie européenne de Trenitalia est la plus visible. Son arrivée a eu des effets immédiats sur le marché : baisse des prix pouvant atteindre 30 %, augmentation des fréquences et pour l'opérateur historique SNCF, une obligation de réajuster son modèle, ses services et son offre sur ces axes très fréquentés. Pour autant, cette implantation a un coût. Trenitalia perd de l'argent en France avec près de 150 millions d'euros de pertes cumulées depuis son arrivée. La raison est simple : faire rouler des trains dans l'Hexagone est particulièrement cher, notamment en raison des péages ferroviaires payés à l'opérateur d'infrastructure. La direction assume pleinement cette situation. La rentabilité n'est pas attendue avant plusieurs années. L'objectif est clair : s'installer durablement sur le marché, quitte à accepter des pertes à court terme. La logique est celle d'un investissement de long terme. À lire aussiLa compagnie italienne Trenitalia lance son offre sur la ligne Paris-Marseille pour concurrencer la SNCF Frecciarossa, entre coopération, compétition et pari européen L'image de cet investissement, c'est le Frecciarossa, le TGV italien reconnaissable à sa livrée rouge, dont le nom signifie « flèche rouge ». Ce train de nouvelle génération a été conçu pour circuler sur plusieurs réseaux européens, un avantage stratégique majeur. Car en Europe, chaque pays dispose de ses propres normes techniques et systèmes de signalisation. Pouvoir franchir les frontières sans changer de train ni d'équipage permet de réduire les coûts, de simplifier l'exploitation et d'accélérer l'expansion internationale. Sur le papier, la stratégie est solide. Mais à l'échelle européenne, Trenitalia ne peut pas avancer seule. Faire circuler ses trains dans d'autres pays revient à concurrencer directement les opérateurs nationaux en place. La réponse tient en un mot : la « coopétition ». Ce mot-valise, contraction de coopération et compétition, résume la philosophie du groupe : coopérer avec les autres opérateurs pour harmoniser les normes et partager certaines infrastructures, tout en restant concurrents sur les prix et les services. Cette approche s'inscrit pleinement dans le grand projet de la Commission européenne, qui ambitionne de relier toutes les capitales du continent d'ici à 2040 grâce à un vaste réseau ferroviaire à grande vitesse. Un projet que Trenitalia semble avoir anticipé et sur lequel la compagnie italienne paraît déjà avoir un train d'avance. À lire aussiQuel avenir pour le train à grande vitesse en Afrique?
À l'approche des élections générales prévues le 28 décembre prochain, le pays se prépare à un rendez-vous politique majeur, qui coïncide avec les fêtes de fin d'année. Mais cette double actualité n'est pas sans conséquences sur le quotidien des populations. Depuis plusieurs semaines, les Centrafricains font face à une hausse significative des prix des produits de première nécessité. Une inflation alimentée notamment par le retour massif des Centrafricains de la diaspora et l'arrivée d'observateurs internationaux, exerçant une forte pression sur le logement, le transport et l'alimentation. De notre correspondant à Bangui, Au marché du PK5 de Bangui, la capitale de Centrafrique, les étals sont bien garnis et les clients nombreux. Pourtant, les visages se ferment au moment de payer. Ici, le sac de riz a pris plusieurs milliers de francs. L'huile, le sucre, les oignons, tout semble coûter plus cher. Une hausse des prix qui coïncide avec la période électorale et les fêtes de fin d'année selon Frédérica, une commerçante : « Le commerce ne fonctionne pas bien. Tout est devenu cher chez les grossistes. Beaucoup de clients pensent que nous augmentons les prix par plaisir, or ce n'est pas notre faute. Le transport devient plus cher à cause de la crise du carburant, parfois de l'insécurité ou des contrôles renforcés pendant les élections. On s'en sort difficilement. » Depuis une semaine, Bangui voit revenir de nombreux Centrafricains de la diaspora. Certains sont rentrés pour voter, d'autres pour observer ou accompagner le processus électoral. À eux s'ajoutent des délégations étrangères, observateurs internationaux, ONG et journalistes. « Pendant les fêtes de fin d'année, il y a des commerces qu'on appelle des commerces saisonniers. Les importateurs trouvent en cette circonstance un moment pour se faire de l'argent. Ils quittent leur segment traditionnel et ils se versent dans ces segments qui rapportent beaucoup d'argent en très peu de temps. Ce commerce saisonnier vient bouleverser le cycle de fonctionnement de notre pays, ce qui fait que nous connaissons les flambées des prix de première nécessité à chaque fête », explique l'économiste Lorenzo Ganazoui. « Je suis obligé de me contenter du strict minimum » Pour les commerçants, c'est une question d'équilibre. Pour les ménages locaux, en revanche, la situation devient préoccupante. Barnabé, père de famille, ne sait pas comment joindre les deux bouts : « Les prix des denrées alimentaires ont énormément augmenté sur tous les marchés. Je voudrais offrir un bon repas à mes enfants et des cadeaux pendant cette période de fête, mais c'est très compliqué. Je suis obligé de me contenter du strict minimum. » Cette inflation temporaire, liée aux dynamiques migratoires et au contexte politique, révèle une fragilité structurelle du pouvoir d'achat dans le pays, selon Lorenzo Ganazoui. Celui-ci propose des pistes de solutions : « Il va falloir travailler de manière que nous puissions commencer à produire, pour ne pas dire surproduire localement, de manière à palier à nos besoins d'abord localement, suggère-t-il. Ce sont les besoins qui auront manqué dans la production locale, qu'on pourra apporter ça de l'étranger. » À Bangui, chacun espère que cette flambée des prix ne durera pas. En attendant, faire ses courses est devenu un exercice de calcul et de résilience. À lire aussiCentrafrique: la campagne s'accélère et la pression monte à une semaine de la présidentielle
La France croule sous les déchets textiles, des vêtements usagés ou passés de mode. Les Français achètent deux fois plus de vêtements neufs par an qu'il y a 40 ans. Des vêtements de moins bonne qualité et plus difficiles à recycler. Sous la pression des acteurs de la filière de gestion de ces déchets – des associations pour la plupart –, le gouvernement a décidé d'agir. Début 2026, le cahier des charges de Refashion, l'éco-organisme chargé de faire appliquer le principe du pollueur-payeur, va évoluer. Il devra notamment soutenir le développement de la filière recyclage. À la friperie solidaire de Choisy-le-Roi, près de Paris, 25 personnes gèrent les dons de particuliers et en revendent une partie pour financer l'insertion professionnelle des salariés. Au premier étage du bâtiment, juste au-dessus de la boutique, une immense salle est remplie de vêtements. Des chariots qui débordent, des cartons et des piles. Au fond, un mur de sacs-poubelle. Un par un, les salariés de la friperie solidaire de Choisy-le-Roi, près de Paris, les ouvrent et les trient. Nantenin fait une première sélection, durant laquelle elle écarte les textiles troués, tachés, usés. « C'est un pull, mais trop peluché. C'est pas un super sac, énumère-t-elle en égrenant les vêtements usagés. Il y a de moins en moins d'affaires. Raison pour laquelle on garde tout ce qui est en bon état, été comme hiver. » La jeune femme a pour consigne d'être plus exigeante en revanche avec les vêtements pour femme. « On essaye d'avoir un tri plus drastique sur les matières pour l'été, parce que nous en avons une énorme quantité et de mauvaise qualité », justifie Fanny Bluteau, encadrante technique au tri des textiles. Elle n'a pas besoin de fouiller longtemps pour trouver un exemple à nous montrer, une jupe d'une marque de fast fashion, en l'occurrence : « Typiquement, celle-ci. Vous voyez la matière très fine qui est en polyester. On voit déjà que les lavages ont abîmé le vêtement. Il y a des fils tirés. Nous savons que s'il y a encore un ou deux lavages sur ce vêtement, il ne sera plus utilisable. Il y a une question éthique là-dedans, parce que nous ne voulons pas vendre de vêtements aux clients qui vont leur durer deux jours. » Plusieurs étapes de sélection Après plusieurs étapes de sélection, ce que l'on appelle la crème alimentera bientôt cinq boutiques à Paris et en proche banlieue. D'immenses cabas seront aussi distribués à des associations. Le reste – l'invendable et l'importable – est stocké au rez-de-chaussée du bâtiment. « Vous voyez cette quantité ? Nous n'avons jamais connu cela, s'exclame Ludovic Vasseur, directeur de la Friperie solidaire, en désignant des montagnes de sacs, une trentaine de mètres cubes environ. C'est tout ce qui va partir en déchetterie. Ou en recyclage, pour une part assez faible. Il y a 10 ans, notre taux de réemploi était autour de 50 à 55 %. Il descend aujourd'hui à 30 %, peut-être même en dessous à cause des achats neufs faits par les clients. Nos dons reflètent les habitudes de consommation. » Si les 70 % de textiles restants s'entassent ici depuis des mois, c'est que tout le reste de la filière est bouché : un système de collecte sous-financé, des capacités de recyclage insuffisantes et les marchés de la fripe africains et sud-américains saturés. La filière n'a pas d'autre choix que de se réinventer, les montagnes de vêtements risquant bientôt de s'écrouler. À lire aussiLa seconde vie des objets, pilier essentiel de l'économie circulaire
La campagne de karité se termine en Afrique de l'Ouest. On parle de ces fruits qui renferment une amande qui donne après transformation du beurre de karité et des substituts utilisés dans l'industrie agroalimentaire. Cette campagne a été marquée par la fermeture des frontières de cinq producteurs ( Mali, Burkina Faso, Nigeria, Côte d'Ivoire, Togo) qui ont interdit les exportations d'amandes brutes dans l'objectif de contenir les prix et d'alimenter les usines locales. Après le Mali, le Burkina Faso, le Nigeria, la Côte d'Ivoire et le Togo, le Ghana pourrait être le prochain sur la liste. Dès janvier 2026, le pays pourrait lui aussi interdire les exportations d'amandes brutes, ont laissé entendre les autorités. Une information qui, si elle se confirmait, rebattrait encore plus les cartes pour les industriels étrangers, tels que le danois AAK et l'indien Manorama. Faute de pouvoir se fournir chez les principaux producteurs, ils ont tous misé cette saison sur le Ghana. Cette pression a fait s'envoler les prix, les acheteurs étant prêts à payer plus de 700 Francs CFA le kilo d'amandes de karité, soit près du double de ce qui a été en moyenne pratiqué dans des pays voisins. « Ils ont paniqué et par peur de ne pas pouvoir honorer leurs contrats, ils ont tué le marché », commente un industriel installé dans la sous-région. À ce niveau de prix, il est difficile pour les transformateurs locaux de s'approvisionner, d'autant que les prix du beurre de karité en sortie d'usine ne sont pas suffisants pour réaliser une marge. La seule solution pour certains est de louer leur infrastructure à une major : c'est ce qu'on appelle le « tolling », pour ne pas fermer boutique. Ces prix ont eu une autre conséquence. Ils ont attiré d'importants volumes d'amandes de karité du Mali et du Burkina Faso, et ce, malgré l'interdiction décrétée par ces pays. Le Ghana ne produit que 30 à 40 000 tonnes sur son sol, mais pourrait afficher cette année un chiffre d'exportation trois à quatre fois plus élevés, assure l'un de nos interlocuteurs. Des prix contenus dans les pays qui ont cessé l'export Les interdictions d'exporter au Mali et au Burkina Faso sont perçues comme globalement efficaces dans le sens où elles ont permis de contenir les prix et ont facilité l'approvisionnement des usines locales. L'objectif de protéger le secteur a donc en partie fonctionné, mais pas totalement. L'interdiction d'exporter a été brutale et les transformateurs qui n'avaient pas le réseau de vente suffisant, ni les finances pour acheter les stocks d'amandes rendus tout d'un coup accessibles, n'en ont pas profité. En Côte d'Ivoire, l'interdiction prise en janvier, a empêché les gros industriels de se ruer vers le pays comme ils l'ont fait au Ghana, ce qui se serait fait au détriment des transformateurs locaux. « Si les exportations n'avaient pas été interdites, le secteur aurait été mis en faillite », résume un acteur local. Mesure essentielle, mais pas suffisante en Côte d'Ivoire La mesure n'a cependant pas suffi à approvisionner toutes les usines ivoiriennes, car la capacité de transformation a explosé ces dernières années dans le pays : les usines peuvent désormais transformer environ 300 000 tonnes, soit beaucoup plus que la production ivoirienne, inférieure à 20 000 tonnes selon plusieurs sources. Ce qui a permis aux usines de ne pas sombrer, c'est soit de transformer un autre oléagineux, tel que le soja, soit de profiter des volumes passés en fraude depuis Mali et le Burkina Faso. Un industriel assure qu'en moyenne, sur dix camions qu'il a réceptionnés ces derniers mois, sept transportaient des amandes de karité du Mali, un camion des amandes du Burkina et deux acheminaient réellement de la production ivoirienne. Pour lui, « les grands gagnants de cette mesure sont les douaniers maliens et burkinabés ». À lire aussiLe commerce d'amandes de karité de plus en plus restreint en Afrique de l'Ouest
En Côte d'Ivoire, alors que la récolte du gingembre démarre, les acteurs de cette filière planchent sur une meilleure organisation de la filière. Le pays produit environ 7 000 tonnes par an, mais il reste loin derrière le Nigeria, le Cameroun et le Mali. Près de 1 270 producteurs s'investissent dans ce domaine. Parmi eux, à peine 20 % sont regroupés en association. C'est une filière encore peu structurée… Mais les producteurs s'accrochent, car selon eux, cette filière est rentable. « Le kilogramme se vend actuellement à 1 000 francs CFA. Pour un tas de 50 kg, cela vous fait 50 000 francs CFA », affirme Kouamé Koffi, le président de la filière gingembre en Côte d'Ivoire. L'essentiel de la production locale est orienté vers les marchés internes. Transformation encore embryonnaire On trouve dans certains commerces des jus, des poudres et du gingembre séché. Mais ces marchandises sont peu développées, en raison du manque d'équipement des entreprises. « Les machines qui produisent en grande quantité se trouvent à l'étranger. Et quand on a la possibilité de les acquérir, on a un problème de maintenance », explique le Dr Opportune Kouadio, la présidente de l'association des transformateurs de gingembre. Autre difficulté : l'acquisition de la matière première, qui n'est pas toujours disponible en quantité et en qualité toute l'année. Filière impactée par les changements climatiques Les principales zones de production se concentrent autour de Koun-Fao, Bongouanou, de Tiassalé ou encore de Divo. Mais pour l'heure, la productivité est encore faible : elle est de 7 tonnes/ha, contre 28 t/ha en Indonésie. Ceci est lié aux méthodes de travail rudimentaires : « Les producteurs sèment le gingembre avec des dabas et utilisent des machettes, c'est une méthode très lente », explique le président de la filière gingembre. Par ailleurs, le changement climatique, et notamment, la variation de la pluviométrie a fortement contribué à la baisse de la production, poursuit cette source, qui estime qu'investir dans un système de goutte à goutte serait une solution à long terme. Appui de la recherche Les producteurs bénéficient de l'appui de la recherche. À l'image du Firca (Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricole) qui pourrait proposer, d'ici 2027, des variétés à haut rendement qui pourront avoisiner les 20 tonnes/ha. À lire aussiEn Côte d'Ivoire, la production de la filière avicole est en hausse
En Afrique du Sud, les fêtes de fin d'année se célèbrent sous le soleil, puisque pour la zone australe, la période correspond aux grandes vacances d'été. Mais des traditions de Noël ont quand même pris racine, comme celle des marchés, de plus en plus nombreux et populaires ces dernières années, mettant en avant l'artisanat local. De notre correspondante à Johannesburg, Les glaces remplacent le vin chaud et des débardeurs sont portés à la place des pulls de Noël. Mais l'effervescence pour trouver des cadeaux juste avant les fêtes est bien là. Terena ressort avec des sacs bien remplis : « On a acheté différents types d'objets vendus par les commerçants locaux. Par exemple, ces fabrications en bois, des décorations faites à la main. J'ai aussi pris ces petits sacs en crochet. J'en ai d'abord voulu un pour ma grand-mère, mais je les aime tellement que j'en ai aussi acheté un pour moi ! Je dépense pas mal quand je vais à des marchés de Noël, mais j'ai mis de côté pour être prête. Donc, quand arrive cette période, je ne compte pas trop. Et ça aide tous ces petits c ommerces et ces entrepreneurs pour le reste de l'année d'avoir leur production mise en avant ainsi », raconte cette cliente. Organisé sur une journée, ce marché Randpark est l'un des derniers à avoir vu le jour, et à proposer des cadeaux artisanaux pour Noël. Tout avait pourtant commencé à très petite échelle, comme s'en souvient son organisatrice, Tabitha Hoy : « Lors du confinement, il n'y avait plus rien. Donc c'est comme ça qu'on a commencé à faire des petits marchés éphémères, juste dans notre allée. De plus en plus de gens, au fil du temps, ont voulu participer. Et voilà comment on se retrouve, 5 ans plus tard, avec 46 vendeurs de Noël ! » À lire aussiAfrique du Sud: le gouvernement lance la révision de sa politique de justice économique Une queue s'est formée devant le stand de Vimbai Mhuta. « Ici, vous avez les sels de bains, et là on fait aussi des crèmes pour les mains, pour les pieds, des soins pour le corps et des gommages », présente-t-elle. La commerçante a vu, ces dernières années, ces marchés de Noël se développer : « Je pense que les gens comprennent de plus en plus l'intérêt d'aller à des marchés pour trouver des cadeaux et des produits uniques. Cette année, j'ai dû choisir quels marchés j'allais faire, car il y en a vraiment beaucoup ! », explique-t-elle. Cependant, dans un pays aux grandes inégalités, ces marchés de Noël n'attirent qu'une partie de la population, puisque tous n'ont pas forcément assez de revenus à dépenser en cadeaux, comme l'explique l'économiste Eliphas Ndou : « Les ménages aux revenus moyens et faibles, en ce moment, sont pour la plupart obligés de se restreindre, car ils doivent dépenser davantage en nourriture et en frais de logement et d'électricité. Ce sont les revenus plus élevés qui peuvent se permettre des produits non essentiels. Donc, il est important de comprendre la structure des revenus qui reflète les inégalités au sein de la population. » La confiance des consommateurs sud-africains s'est toutefois renforcée au quatrième trimestre selon une enquête locale, ce qui est une bonne nouvelle pour les commerçants en cette fin d'année. À lire aussiAvant le G20, un vent d'optimisme souffle sur l'Afrique du Sud
SOS Librairie en détresse. À l'approche des fêtes de Noël, les libraires indépendantes encouragent leurs clients à acheter leurs livres dans leurs commerces plutôt que de céder aux sirènes d'Amazon, géant de l'e-commerce, ou à celles des grands magasins. À Nanterre, en banlieue parisienne, les fondatrices de la librairie El Ghorba Mon Amour ont appelé les lecteurs à l'aide. Elles pourraient mettre la clef sous la porte, menacées par la concurrence des grosses structures. Un appel miraculeusement entendu. Dernière ligne droite avant Noël. Lucie, l'une des trois fondatrices de la librairie, a le sourire. Le SOS lancé sur les réseaux sociaux semble porter ses fruits. En novembre, les trois amies qui tiennent la boutique préviennent tous leurs clients : si les chiffres de fin d'année ne sont pas bons, ce mois de décembre pourrait être leur dernier. « On fait à Noël à peu près 25 % du chiffre d'affaires. C'était une manière de rappeler que l'on propose une librairie indépendante, que le prix du livre il va être pareil, commandé sur internet ou ici. Ici vous allez bénéficier d'écoute et de conseils en fonction de vos lectures », explique Lucie. Installé dans un quartier populaire de Nanterre, à distance du centre-ville, le petit commerce partait déjà avec une difficulté géographique. Pour Halima, qui fait aussi partie du trio, un retrait de subvention régionale inexpliquée et la petite santé du marché du livre n'ont rien arrangé. « Je pense qu'on le subit doublement. Nous, en périphérie, on a affaire à une clientèle beaucoup plus diversifiée, sociologiquement. Principalement impactée par l'inflation et, de fait, l'achat libre devient plus compliqué, particulièrement sur des territoires comme le nôtre », précise Halima. À lire aussiLibraire: «Ce métier exige un œil de sismographe pour comprendre son époque» « On a eu beaucoup de gens, beaucoup de maires qui sont venus récupérer des flyers pour venir les déposer dans des boîtes aux lettres de leurs immeubles, pour aller sur les marchés. Ça a énormément tourné dans les écoles. Le club de foot de Nanterre a relayé à ses 1 400 adhérents », raconte Lucie. La municipalité, sensible à leurs difficultés financières, a même voté en urgence une subvention de 10 000 euros, fléchés vers le loyer. Tout n'est pas gagné, mais Halima et Lucie retrouvent un peu d'oxygène « C'est rendu possible par la loi Darcos qui permet aux collectivités locales de pouvoir accompagner certains commerces, dont les librairies indépendantes », dit l'une. « D'autant plus, dans le contexte politique dans lequel on est, ça n'est pas rien qu'une municipalité soutienne un lieu de débat, de transmissions. C'est un soutien qui s'est fait dans le sillage du soutien des habitants », ajoute l'autre. Leur survie est aussi hautement symbolique. Il y a encore cinquante ans, là où les livres remplissent aujourd'hui les étagères, des milliers de familles algériennes, marocaines, portugaises ou italiennes vivaient entassées dans un bidonville. Le nom de la librairie - El Ghorba Mon Amour - résume bien son attachement pour les récits qui racontent l'exil, qui racontent l'histoire même des clients qui s'y aventurent. À lire aussiAu Bleuet, la plus grande librairie indépendante de France en zone rurale
La banane est un des fruits préférés des Russes. Mais son prix a explosé, car ce produit d'importation souffre de l'impact des sanctions. La Russie a commencé à lancer une production intérieure, sous serre, dans le sud du pays. En juillet 2024, Pavel Zarubin, le journaliste le plus proche du Kremlin, publiait une vidéo où, les deux pieds dans la serre de la résidence présidentielle au sud de Moscou -la datcha de Novo-Ougarevo-, il soulignait le succès de la culture « made in Russia » des bananes, montrant de larges feuilles vertes recouvrant de généreux régimes de bananes et s'émerveillant qu'elles aient poussé « dans les conditions climatiques de la Russie ». Ces 12 secondes d'images rendues publiques sur la chaîne Telegram personnelle du journaliste en marge de la visite en Russie du dirigeant indien Narendra Modi sont passées quasi inaperçues. Elles témoignaient pourtant d'un intérêt réel qui s'est récemment concrétisé. La banane, fruit populaire en Russie À l'origine, la passion russe pour le fruit, contrariée ces dernières années par des prix de plus en plus élevés. Selon le journal spécialisé Agro Trend, en 2024 sa consommation était supérieure de 0,8 à 0,9 kg à celle des pommes, atteignant 9,8 kg par habitant et par an. La comparaison n'est pas anodine : la pomme est un produit extrêmement populaire en Russie, qu'on partage avec ses proches en fin d'été quand la récolte à la datcha a été bonne. Reste que le succès de la banane est si stable et établi qu'au printemps 2024, toujours selon Agro Trend, il a été envisagé que le gouvernement l'inscrive sur sa liste des produits dits « socialement importants », au même titre que la viande et les œufs. C'est une décision qui a des implications très concrètes pour le consommateur. Pour tout produit qui figure actuellement sur cette liste – elle en compte actuellement 24 –, l'État peut décider d'intervenir en cas de fluctuation soudaine des étiquettes, selon ce mécanisme : si le prix augmente de plus de 10 % dans une région donnée sur une période de 60 jours, un plafonnement des prix de détail peut être imposé pour une durée maximale de 90 jours. Pour la banane, les autorités ont à ce stade choisi une autre stratégie pour limiter la flambée sur les étals, mais aussi la dépendance à l'importation. Importations contrariées d'Équateur Ces dernières années, les importations russes de bananes se sont maintenues entre 1,3 et 1,5 million de tonnes par an, selon le journal Les Izvestia. L'écrasante majorité d'entre elles en Russie proviennent d'Équateur. Depuis 2022, leur prix dans le pays a explosé : un peu plus de 97 roubles au kilo avant la guerre, un peu plus de 150 aujourd'hui. En cause, bien sûr, les difficultés de la chaîne logistique avec les sanctions, la chute du taux de change du rouble et une hausse des cours mondiaux. L'allongement des délais de transport complique aussi la distribution. Il semble également que les services de sécurité intérieurs aient ajouté un autre dossier qui a pesé dans la balance : les bananes serviraient de paravent au trafic de drogue. Ce n'est pas le seul fait divers sur ce sujet à avoir défrayé la chronique, mais celui-là est le plus frappant : en septembre dernier, la presse locale se faisait l'écho de la découverte de plus d'une tonne et demie de cocaïne dans le port de Saint-Pétersbourg. Elle avait été découverte par les agents du FSB et du service des douanes dans une cargaison de bananes à bord d'un navire en provenance d'Équateur. Sa valeur a été estimée à 20 milliards de roubles, soit la plus importante saisie de drogue jamais effectuée par les douanes. Une enquête criminelle a été ouverte. Production domestique soutenue par l'État La production domestique semble donc aux yeux des autorités russes, la solution la plus évidente. Sauf qu'au vu du climat, elle n'est à ce stade imaginable qu'en serre, et encore, dans le sud du pays. Certains experts du secteur n'ont pas caché douter du succès de l'initiative, avançant que les bananes de serre seraient forcément elles aussi très chères en raison des investissements importants nécessaires à la construction et à l'équipement d'une serre, ainsi que des coûts élevés du chauffage et de l'éclairage d'appoint. Tamara Reshetnikova, PDG de la société « Tekhnologii Rosta » (Technologies de croissance) estimait en juin dernier dans la revue spécialisée Agro Investor qu'un prix de 150 à 180 roubles le kilogramme (le prix actuel des bananes à Moscou) ne permettrait pas de rentabiliser les investissements dans la production, d'autant qu'ils ne pourraient pas être compensés par des volumes élevés, et cela, même avec un soutien gouvernemental. Sur la liste des produits agricoles russes Les autorités jugent le projet viable, d'autres entrepreneurs aussi. L'agence d'État Ria Novosti rapportait en octobre dernier que la ministre de l'Agriculture signalait lors d'un forum officiel les premières constructions de serres dédiées à la culture de la banane. Le gouverneur de Stavropol affirme que les premières récoltes dans sa localité seront prêtes à la dégustation en 2027. D'autres régions du sud ont déjà entamé les premières cultures, comme celle de Krasnodar. À Sotchi, selon l'agence Interfax citant la mairie de la ville, une exploitation agricole privée prévoit de récolter ses premières bananes cette année : entre ce mois de décembre et mars, l'exploitation mise sur une première récolte à titre expérimental de 500 kg. En juillet dernier, le gouvernement a inscrit la banane sur la liste des produits agricoles russes. Ce qui ouvre la voie à la possibilité de subventions nationales. À lire aussiRussie: l'économie est-elle asphyxiée?
Alors que la justice française doit se prononcer sur une possible suspension de Shein, le débat sur les marketplaces low-cost s'intensifie en Europe. Pendant ce temps, sur un autre continent, le e-commerce suit une trajectoire bien différente. En Afrique, un acteur s'impose comme le leader du secteur: Jumia, souvent qualifié d'« Amazon africain ». Contrairement aux marchés européens, déjà matures et fortement concurrentiels, le e-commerce africain demeure un secteur en phase de structuration. Dans de nombreux pays, acheter en ligne n'est pas encore un réflexe généralisé. Les obstacles sont concrets : absence d'adresses officielles dans certaines villes, infrastructures logistiques insuffisantes, réseaux de distribution fragmentés. Pourtant, le marché affiche une dynamique impressionnante. Le commerce en ligne en Afrique progresse à un rythme compris entre 12 % et 14 % par an, bien supérieur à celui observé en Europe ou en Amérique du Nord. En 2025, il devrait représenter près de 280 milliards de dollars. Cette croissance est portée par une population jeune, majoritairement urbaine, largement équipée en smartphones et de plus en plus connectée à Internet. Mais sur le terrain, le développement du e-commerce reste prudent, contraint par les réalités économiques et logistiques. Jumia, l'ambition d'un Amazon africain C'est dans ce contexte que Jumia a vu le jour en 2012. La plateforme s'est donné pour mission de révolutionner les habitudes de consommation de plus d'un milliard d'Africains, avec une ambition claire : créer un Amazon ou un Alibaba adapté au continent. Séduits par le slogan « 100 % Afrique, 100 % Internet », les investisseurs internationaux ont injecté près de 800 millions de dollars avant l'entrée en Bourse de l'entreprise à New York, en 2019. Mais l'euphorie est de courte durée. Dès son introduction en Bourse, le cours de l'action chute. Dans le même temps, Jumia poursuit une expansion rapide, s'implantant jusqu'à 14 pays. Une stratégie qui se révèle trop coûteuse. Les pertes s'accumulent, la logistique peine à suivre et le modèle montre ses limites. L'entreprise est alors contrainte de revoir en profondeur sa stratégie et son périmètre d'activité. Recentrage stratégique et concurrence accrue Aujourd'hui, Jumia existe toujours, mais sous une forme plus resserrée. La plateforme a réduit la voilure et concentre désormais ses activités dans neuf pays, qui représentent néanmoins près de 60 % du PIB africain. Pour s'adapter aux spécificités locales, elle a développé des solutions sur mesure : points de retrait dans les villages et les quartiers périphériques, recours au paiement à la livraison pour rassurer des consommateurs encore méfiants à l'égard du paiement en ligne, multiplication des partenariats régionaux et internationaux pour mieux gérer les stocks et limiter les ruptures. Ce repositionnement intervient dans un contexte de concurrence accrue. L'Américain Amazon et les plateformes chinoises Temu ou Shein s'intéressent elles aussi au marché africain. Mais ces acteurs avancent prudemment, confrontés à des réalités qu'ils maîtrisent encore imparfaitement. Amazon, par exemple, s'est implanté en Égypte puis en Afrique du Sud, deux des marchés les plus mûrs du continent. La force de Jumia réside aujourd'hui dans sa connaissance fine du terrain et dans la fidélité d'une clientèle locale. L'entreprise affiche un objectif clair : atteindre la rentabilité d'ici à 2027. Selon plusieurs cabinets spécialisés, ses chances d'y parvenir sont désormais estimées à 70 %, contre une probabilité quasi nulle il y a encore quelques années. D'autres plateformes, comme Konga au Nigeria ou Takealot en Afrique du Sud, tentent elles aussi de tirer leur épingle du jeu à plus petite échelle. En Afrique, le succès du e-commerce ne passe pas par le copier-coller des modèles occidentaux, mais par une adaptation constante aux réalités locales.
Longtemps considérée comme un passage obligé pour les entreprises internationales, la Chine fait aujourd'hui l'objet de nombreuses interrogations. Ralentissement économique, tensions géopolitiques et concurrence locale poussent les groupes occidentaux à repenser leur présence sur place, parfois en s'alliant à des partenaires chinois. On parle souvent de la Chine lorsqu'il s'agit d'économie mondiale. Mais ce qui retient l'attention aujourd'hui, c'est le changement de regard que les entreprises du monde entier portent sur le pays. Le quotidien économique britannique Financial Times pointe ce phénomène : alors qu'il y a encore quinze ans, être présent en Chine relevait presque de l'obligation, les entreprises s'interrogent désormais. Faut-il y rester, et surtout, à quel prix et sous quelle forme ? Cette remise en question s'explique par la situation économique du pays. La croissance chinoise ralentit durablement, le marché de l'immobilier – l'un des piliers historiques de l'économie – traverse une crise profonde et la consommation marque le pas. À cela s'ajoute la géopolitique. Les relations entre Pékin et Washington sont tendues et souvent imprévisibles. Résultat : pour les entreprises occidentales, faire des affaires en Chine devient plus risqué. Selon une enquête de la Chambre de commerce américaine à Shanghai, moins d'une entreprise sur deux se dit aujourd'hui optimiste quant à ses perspectives dans le pays. La concurrence locale bouscule les marques occidentales Même les entreprises qui continuent de faire des affaires en Chine doutent. D'autant plus que la concurrence locale s'est considérablement renforcée. Il y a encore dix ou quinze ans, les marques occidentales bénéficiaient d'un véritable effet prestige. Aujourd'hui, cet avantage a presque disparu. Le Financial Times prend l'exemple des cafés Starbucks. Symbole mondial de la consommation occidentale, l'enseigne est désormais dépassée par Luckin Coffee, une chaîne chinoise très digitale et agressive sur les prix. Luckin compte aujourd'hui trois fois plus de points de vente que Starbucks en Chine. Le phénomène ne se limite pas au secteur du café. Il touche également les supérettes, la restauration rapide ou encore le prêt-à-porter. Dès lors, tout l'enjeu pour les entreprises étrangères est clair : faut-il partir, ou rester au risque de perdre des parts de marché et donc de l'argent ? Partenariats locaux : un ajustement stratégique Pour répondre à cette question, il faut rappeler que la Chine reste, dans de nombreux secteurs, le premier ou le deuxième marché mondial. Le pays compte 1,4 milliard d'habitants et héberge une base industrielle et logistique quasiment irremplaçable. Abandonner la Chine, c'est souvent abandonner l'Asie dans son ensemble. C'est pourquoi de nombreuses entreprises occidentales choisissent une autre voie. Pour continuer d'exister en Chine, elles ont recours à des capitaux et à des investissements locaux. L'idée est de rester dans le pays sans tout piloter depuis Paris, New York ou Londres. Concrètement, ces groupes internationaux vendent une partie de leurs activités chinoises, s'associent à des fonds locaux ou transfèrent la gestion à des partenaires sur place. Cette gouvernance locale permet de prendre des décisions plus rapides et mieux adaptées au marché, sans attendre la validation d'un siège situé à plusieurs milliers de kilomètres et peu familier des habitudes de consommation chinoises. C'est le choix qu'a fait Starbucks. L'enseigne américaine a vendu 60% de ses activités chinoises à un fonds basé à Hong Kong, avec l'ambition d'ouvrir 20 000 magasins en Chine, contre 8 000 aujourd'hui. Au-delà de cet exemple, le signal est fort : les géants mondiaux acceptent désormais de partager le contrôle pour survivre et se développer. Un ajustement stratégique devenu incontournable.
Le déséquilibre commercial entre la Chine et l'Union européenne atteint des niveaux records. Alors que Pékin redirige massivement ses exportations vers le marché européen, Bruxelles durcit le ton et assume un tournant plus protectionniste, au nom de la défense de son industrie et de sa sécurité économique. Le constat est sans appel. Le déficit commercial de l'Union européenne vis-à-vis de la Chine s'est envolé, atteignant près de 300 milliards d'euros cette année. L'Europe importe aujourd'hui deux fois plus de produits chinois qu'elle n'en exporte vers Pékin. Une situation dénoncée ouvertement par Emmanuel Macron. Ces derniers jours, le président français a évoqué un déséquilibre « insupportable », estimant que le continent européen est désormais confronté à une menace directe pour son tissu industriel. Cette dynamique s'est nettement accélérée depuis le durcissement de la politique commerciale américaine. Les droits de douane massifs imposés par les États-Unis ont poussé la Chine à rediriger une partie de ses marchandises vers d'autres régions du monde. Et dans ce contexte, l'Europe se retrouve en première ligne. À Bruxelles, l'inquiétude est palpable. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, parle désormais d'un « point critique » dans la relation commerciale entre l'Union européenne et la Chine. À lire aussiVisite d'Emmanuel Macron à Pékin: pourquoi la France veut désormais apprendre de la Chine Un « nouveau choc chinois » pour l'industrie européenne Les effets de cette montée en puissance des exportations chinoises se font sentir dans presque tous les secteurs. De l'automobile au textile, en passant par les jouets ou l'électronique, toute la chaîne industrielle européenne est sous pression. La guerre commerciale entre Pékin et Washington joue ici un rôle déterminant. Si les États-Unis ont réussi à freiner certaines importations chinoises, l'Europe apparaît comme la victime collatérale de ce bras de fer. Certains observateurs évoquent déjà l'émergence d'un nouveau « choc chinois », rappelant celui des années 2000, mais avec cette fois des secteurs à plus forte valeur ajoutée en première ligne. À cela s'ajoute un phénomène plus récent et particulièrement massif : le commerce en ligne chinois. Les plateformes comme Shein ou Temu expédient chaque jour des millions de petits colis vers l'Union européenne, souvent à très bas prix et en grande partie hors des circuits douaniers classiques. Bruxelles durcit le ton, au risque de représailles Face à cette situation, la Commission européenne a décidé de réagir. Vendredi, l'exécutif européen a annoncé son intention d'imposer une taxe de 3 euros sur les petits colis chinois à partir de juillet 2026. Une mesure d'urgence, destinée à limiter la concurrence jugée déloyale de ces produits et à protéger les commerçants européens. Mais ce n'est qu'un volet d'un changement de philosophie plus large. Après des décennies d'ouverture et de libre-échange, le protectionnisme n'est plus un tabou à Bruxelles. Trois grandes familles de mesures sont actuellement à l'étude. D'abord, la création d'un pôle de sécurité économique, chargé d'identifier les risques et d'anticiper les tensions commerciales. Ensuite, un encadrement plus strict des investissements étrangers, notamment chinois, avec des conditions sur les transferts de technologie et la production sur le sol européen afin d'éviter des investissements jugés prédateurs. Enfin, de nouveaux outils de défense commerciale, comme la taxation de produits fortement subventionnés par Pékin. Un pari risqué. En régulant davantage son marché, l'Europe s'expose à d'éventuelles représailles chinoises. Cela pourrait se traduire par une hausse des prix à l'importation, un impact sur l'inflation, mais aussi par une fragilisation des exportateurs européens si l'accès au marché chinois devenait plus difficile. Bruxelles avance donc sur une ligne de crête : se protéger face à une concurrence jugée déloyale, tout en évitant d'entrer dans une spirale de guerre commerciale incontrôlée.
Le jeu français Clair Obscur: Expedition 33 a été sacré meilleur jeu vidéo de l'année lors des Game Awards à Los Angeles, raflant neuf trophées. Une victoire éclatante qui illustre la place centrale occupée par la France dans l'industrie mondiale du jeu vidéo, première industrie culturelle du pays, portée par des studios dynamiques, une formation d'excellence et un soutien public structurant. Les jeux vidéo ont eu droit cette nuit à leurs Oscars, les Game Awards, qui se déroulaient à Los Angeles. Et pour la France, la soirée s'est achevée en apothéose sur ce dénouement : « The game of the year is… Clair Obscur – Expedition 33 ! » Le jeu français Expedition 33 a ainsi été élu meilleur jeu vidéo de l'année. Il a remporté neuf trophées au total, un véritable triomphe. Une illustration éclatante du fait que la France reste un grand du jeu vidéo mondial. À lire aussiÉtats-Unis: le jeu vidéo français «Clair obscur: Expedition 33» rafle neuf prix aux Game Awards Car le secteur pèse lourd. Le jeu vidéo est la première industrie culturelle en France, devant le cinéma, la musique ou le livre, avec 5,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022. Près de sept Français sur dix jouent, faisant du jeu vidéo le premier loisir du pays. La demande est là, l'offre aussi. Le pays compte 1 300 studios, 20 000 emplois directs, dont une grande majorité en CDI. Un élément important dans une industrie internationale souvent marquée par la précarité. Résultat, la France se situe dans le top 10 mondial et occupe la troisième place européenne. Une identité forte et des studios qui rayonnent à l'international Dès les années 80 et 90, la France a vu naître des studios devenus aujourd'hui des mastodontes. Et les jeux qui y sont conçus ont une « patte », une identité forte, un soin particulier apporté à l'esthétique et au récit, avec des valeurs souvent européennes ou spécifiquement françaises. C'est ce qui plaît. Les studios tricolores exportent leurs jeux dans le monde entier et rencontrent un franc succès. Autre force majeure : la formation. Les écoles françaises forment certains des meilleurs talents au monde. Elles alimentent un vivier permanent qui irrigue non seulement les studios nationaux, mais aussi les géants internationaux, jusqu'à Nintendo. Ces écoles sont implantées dans toute la France. De véritables pôles d'excellence se sont constitués, notamment à Montpellier – où Clair Obscur a été développé –, mais aussi à Lille ou Lyon. Les régions comprennent que le jeu vidéo représente des emplois qualifiés, capables d'attirer les talents et de dynamiser tout un écosystème. Un soutien public déterminant et un modèle social qui favorise la création Les collectivités et l'État soutiennent également fortement la création. Un crédit d'impôt rembourse jusqu'à 30% des dépenses de production, tandis que le Centre national du cinéma dispose d'un fonds d'aide dédié pour accompagner les studios indépendants. Le plan France 2030 identifie même le jeu vidéo comme une industrie stratégique. Il y a aussi un pilier totalement inattendu mais déterminant : l'assurance chômage. Concevoir et développer un jeu vidéo indépendant demande des mois, voire des années de travail sans revenu avant la sortie. Ni les banques ni les investisseurs ne financent ce type de projet. Pour beaucoup de jeunes studios, s'appuyer sur ces aides sociales est donc la solution pour vivre et travailler. C'est un avantage comparatif très français, qui encourage l'expérimentation et la prise de risque créative. C'est donc la combinaison de tous ces éléments — studios dynamiques, formation de haut niveau, soutien public, modèle social — qui permet à la France de consolider sa place et de jouer pleinement dans la cour des grands.
Alors que la Chine s'impose comme championne mondial de la voiture électrique, un paradoxe bouscule le marché automobile : les véhicules thermiques délaissés par les consommateurs chinois sont massivement exportés vers le reste du monde. Une stratégie agressive qui séduit les pays émergents et inquiète les constructeurs occidentaux. Pékin est aujourd'hui le premier exportateur mondial d'automobiles. Portée par des marques comme BYD ou MG, la Chine inonde le marché international de véhicules électriques. Pourtant, cette ascension fulgurante ne s'accompagne pas d'un recul de la production thermique. Bien au contraire. Comme le révèle une enquête de Reuters, les voitures à essence dont les Chinois ne veulent plus sont envoyées massivement à l'étranger, où elles rencontrent un succès inattendu. Depuis cinq ans, la Chine a vu la voiture électrique exploser grâce à des subventions publiques importantes, une stratégie industrielle volontariste et l'arrivée de jeunes marques très agressives. Résultat : ces modèles représentent désormais la moitié des ventes nationales. Pendant ce temps, les constructeurs traditionnels — chinois comme étrangers — voient leurs voitures thermiques s'accumuler. Leurs usines tournent au ralenti, et les entrepôts débordent de dizaines de milliers de modèles invendus. La parade ? Exporter, et vite. Les marchés émergents, nouveaux terrains de jeu des constructeurs chinois Si l'Occident achète désormais surtout des véhicules électriques chinois, les pays du Sud, eux, restent largement dépendants du thermique. Une aubaine pour Pékin, qui vise clairement les marchés émergents : Amérique latine, Afrique, Moyen-Orient, Asie du Sud-Est, Europe de l'Est. Ces régions disposent de peu de bornes de recharge, de routes parfois difficiles et d'un pouvoir d'achat limité. Autant de raisons qui poussent les consommateurs vers des modèles robustes, en particulier les SUV. Et la stratégie porte ses fruits. En Afrique du Sud, les marques chinoises représentent déjà 16 % du marché. Au Chili, elles comptent pour un tiers des ventes. Les constructeurs chinois ne se contentent pas d'exporter. Ils ouvrent rapidement des réseaux de distribution, s'allient à des partenaires locaux et proposent une gamme complète de véhicules adaptés aux attentes locales. Des prix imbattables et une montée en gamme qui bousculent les Occidentaux Pourquoi ces voitures rencontrent-elles un tel succès ? Le prix, surtout : les modèles chinois sont souvent 20 à 40 % moins chers, parfois deux fois moins, que leurs équivalents occidentaux. Ajoutez à cela une nette montée en gamme : meilleurs systèmes de sécurité, écrans plus modernes, connectivité renforcée, intérieurs soignés. Les véhicules chinois offrent désormais un rapport qualité-prix difficilement égalable. Le tout accompagné d'une stratégie commerciale offensive : implantation rapide, distribution agile, gammes sur mesure pour chaque marché. Résultat : la Chine gagne du terrain partout, ce qui représente une menace frontale pour les constructeurs européens, japonais et américains. Car derrière ces succès se cache une double stratégie : inonder aujourd'hui le monde de véhicules thermiques, et imposer demain les modèles électriques. Les projections confirment cette dynamique. D'ici cinq ans, une voiture sur trois dans le monde pourrait être chinoise. Aujourd'hui l'économiePourquoi les constructeurs automobiles retombent amoureux de l'essence?
Le géant du streaming Netflix multiplie les efforts pour racheter Warner Bros Discovery, studio historique de Hollywood propriétaire de franchises majeures comme Harry Potter, DC Comics ou Game of Thrones. Une opération colossale qui suscite convoitises, inquiétudes réglementaires et interrogations sur l'avenir du divertissement. Vous connaissez forcément ce son : le célèbre « ta-dum » de Netflix. Si le groupe fait la Une de l'actualité, c'est parce que la plate-forme veut s'offrir Warner Bros Discovery, un des plus anciens et prestigieux studios au monde. Warner Bros Discovery, c'est Harry Potter, DC Comics, Game of Thrones, Looney Tunes et la plate-forme de streaming HBO. Mais malgré la puissance de ces franchises, le groupe traverse une période de forte turbulence financière. Au point d'ouvrir la porte à une vente partielle ou totale. Une vente aux enchères a même été lancée, avec l'objectif d'atteindre une valorisation comprise entre 70 et 75 milliards de dollars. Netflix en tête face à Paramount et Comcast Pour racheter le studio, Netflix adopte une stratégie très offensive. Mais deux concurrents solides sont également à l'affût : Paramount Skydance et Comcast, tous deux prêts à multiplier les offres. À ce stade, Netflix semble néanmoins tenir la corde. La raison est simple : la plate-forme possède déjà l'audience mondiale, mais pas autant de grandes franchises culturelles que Disney+ ou Paramount. Avec Warner, Netflix mettrait la main sur le catalogue HBO, l'univers de DC Comics, les classiques Warner, des décennies de séries et de films, et surtout, des studios capables de produire des blockbusters, un domaine où Netflix reste encore limité. Mais l'opération serait colossale. L'action de Warner Bros Discovery se négocie autour de 24 dollars quand le groupe en espère 30. Pour conclure, Netflix devrait s'endetter massivement. Pour le géant du streaming, la véritable valeur se trouve dans la propriété intellectuelle : des contenus exploitables en streaming, mais aussi en produits dérivés, jeux vidéo, spectacles ou parcs à thème. Un deal surveillé par la Maison Blanche Netflix avance un argument en direction du public : un rapprochement avec HBO permettrait de proposer une offre groupée, potentiellement moins chère que deux abonnements distincts. Mais cette promesse théorique ne convainc pas les autorités américaines. À la Maison Blanche, on s'inquiète d'un rachat susceptible de donner à Netflix un pouvoir excessif sur le marché du streaming. L'opération devra donc obtenir le feu vert des régulateurs. Pour Netflix, cela représente un sérieux point faible : ses concurrents Paramount et Comcast suscitent moins de craintes politiques. Rien n'est joué et la bataille reste ouverte. Quoi qu'il en soit, une chose est certaine. Hollywood traverse une phase de concentration sans précédent. Il y a dix ans encore, on évoquait cinq grands studios : Disney, Universal, Warner, Paramount, Sony. Aujourd'hui, les regroupements s'enchaînent, les plates-formes fusionnent et les géants s'affrontent pour dominer le streaming. Quel que soit le vainqueur, un nouveau champion mondial du divertissement s'imposera bientôt – avec les risques que cela implique pour la diversité culturelle et la concurrence.
La Pologne connaît l'une des plus fortes croissances de l'Union européenne, 3,7% du PIB au troisième trimestre. Ces derniers mois, l'économie polonaise s'est montrée résiliente face aux tensions douanières et à la guerre en Ukraine. Mais aujourd'hui, l'intelligence artificielle vient menacer ce miracle économique. L'économie polonaise a été portée ces dernières années par les investissements étrangers. Finance, ressources humaines, marketing et construction. Le pays est aussi devenu le champion de l'externalisation des processus métiers. Cela consiste, par exemple, à confier une partie des opérations commerciales d'une entreprise française à un prestataire de services, basé en Pologne. L'IA pourrait faire disparaître certains emplois Mais aujourd'hui, le coût de la main-d'œuvre a augmenté et un certain nombre de ces emplois dans le secteur des services, qui ont attiré les jeunes Polonais, pourraient disparaître. Ils risquent d'être remplacés par l'intelligence artificielle. Les multinationales implantées en Pologne suppriment des emplois. À lire aussiPologne : la difficile croissance des start-up de l'industrie d'armement C'est le cas à Cracovie qui était devenue une des villes les plus dynamiques du pays. Cela concerne les spécialistes du traitement des données, de l'hébergement web, de la comptabilité et même le conseil fiscal. Le brasseur Heineken, par exemple, transfère progressivement plusieurs centaines de postes en Inde. C'est aussi le cas de la banque HSBC, pour des opérations simples qui seront désormais effectuées en Asie. Effet domino Est-ce un risque pour l'économie du pays ? Pas encore, mais c'est ce que redoutent les Polonais. Le pays est le premier pays européen pour les services aux entreprises internationales, devant l'Inde et les États-Unis. Un secteur qui représente 6% du PIB polonais et qui emploie près d'un demi-million de personnes. Et l'IA dans ces entreprises aussi est en train d'automatiser certains processus. Avec, à la clé, un effet domino. Les suppressions d'emplois dans les entreprises de service et les multinationales fragilisent les autres secteurs. Celui de la restauration qui perd une partie de sa clientèle aisée. On peut aussi citer les sociétés de locations de bureaux dont les tours se vident parce qu'une partie des opérations a été transférée vers des pays à moindres coûts. Vers un nouveau modèle économique Dans ce contexte, la Pologne devra changer son modèle économique pour s'adapter. La mutation est en marche. La Pologne aussi veut prendre le train de l'IA. Une deuxième usine d'intelligence artificielle dotée de supercalculateur devrait bientôt être inaugurée à Cracovie, comme la première. Un projet ambitieux qui vise à faire de la Pologne un leader européen de l'IA. Attirer une nouvelle vague d'investissements et de talents pour in fine créer des emplois plus qualifiés. À lire aussiPologne: manifestation à Varsovie contre le pacte migratoire européen et l'afflux de migrants
En Suède, les forêts couvrent près de 70% du territoire. Un trésor national, pilier de l'économie et de la fierté écologique du pays. Mais derrière cette image de carte postale, l'Union européenne pointe du doigt une exploitation jugée trop intensive. La foresterie représente 10% des exploitations nationales et fait vivre directement ou indirectement plus de 100 000 personnes dans le pays. Et aujourd'hui, les grandes entreprises forestières, comme Sveaskog, sont sommées de concilier production et protection. Un reportage à retrouver dans son intégralité dans le podcast Accents d'Europe, sur le site de RFI. À lire aussiFaut-il fertiliser les forêts ?
La fin des restrictions indiennes sur les exportations de riz, il y a un an, n'en finit pas de faire chuter les prix mondiaux : ils ont dégringolé de 35% et ont atteint leur plus bas niveau de la décennie. Les prix du riz continuent de baisser car l'offre est toujours importante, et même excédentaire. Elle répond largement à la demande, surtout que celle-ci n'est globalement pas très dynamique en dehors de l'Afrique, qui reste le premier pôle d'importation mondial, et qui pourrait augmenter ses achats de 15% en 2025, selon la note de conjoncture Osiriz, éditée par Patricio Mendez del Villar, économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). La production est bonne car la météo a été favorable aux riziculteurs asiatiques pour la troisième année consécutive. Les pays du Mercosur, également, ont augmenté cette année leurs volumes de 16% par rapport à 2024. Concurrence féroce entre exportateurs Il y a du riz chez les exportateurs, mais aussi chez plusieurs importateurs : on peut citer l'Indonésie et les Philippines, des pays qui ont par conséquent réduit leurs achats sur le marché mondial. La réduction est même drastique aux Philippines, où des restrictions à l'importation imposées depuis début septembre ont été prolongées jusqu'à la fin de l'année. Cette abondance de riz entraine une concurrence féroce entre pays fournisseurs, comme le confirme le dernier rapport sur les prix du riz publié par la FAO, daté de novembre. Et elle tire les prix à la baisse. Forte baisse des prix pakistanais La baisse des prix n'est pas partout la même. Elle s'est faite à des rythmes différents selon les pays. Les prix du Pakistan figurent parmi les plus compétitifs du marché. En octobre, le riz brisé pakistanais a été 5 à 10% moins cher que ses concurrents asiatiques. Malgré cela, les exportations du pays pourraient être plus faibles que l'année dernière, en raison de la baisse de la demande mondiale. Les pays du Mercosur, ont aussi vu leurs prix s'effondrer cette année de 40%. En cause notamment, des stocks disponibles à l'exportation très élevés. Aucun indice de hausse des prix « À court terme, il n'y a aucun indice qui laisse penser que les prix pourraient augmenter », selon l'expert du Cirad. La chute devrait donc continuer au moins jusqu'au début de l'année 2026, jusqu'à l'arrivée des prochaines récoltes asiatiques sur le marché. Ce qui pèse, c'est la production, mais aussi les stocks mondiaux qui pourraient être de 215 millions de tonnes en 2026 selon les premières projections de la FAO, ce qui serait un record. Les stocks indiens sont particulièrement pléthoriques : ils pourraient augmenter de 12% fin 2025 et seront libérés sur le marché dans les mois qui viennent. La question qui se posait déjà avant l'été, et qui reste d'actualité, c'est de savoir jusqu'où les prix pourront baisser, sachant qu'à un certain stade, ils cesseront d'être rémunérateurs pour les producteurs. À lire aussiLes prix du riz continuent à chuter sous l'impulsion des volumes indiens
Malgré la baisse des cours du brut, les géants du pétrole continuent à enregistrer des bénéfices. La forte augmentation des quotas de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) et l'anticipation d'un excédent d'offre ont pesé sur les cours. Et pourtant, TotalEnergies a vu son bénéfice net bondir de plus de 60 % au troisième trimestre, à 3,7 milliards de dollars. Comment le groupe français y est parvenu ? En augmentant les volumes. La production d'hydrocarbures du géant français a augmenté de plus de 4 %. Mais aussi en améliorant les marges grâce au raffinage en Europe. TotalEnergies est présent sur toute la chaîne de valeur du pétrole et du gaz, de l'extraction aux activités de raffinage. Si les cours mondiaux de l'or noir ont reculé entre juillet et septembre, les marges européennes sur le raffinage des carburants, elles, ont bondi de plus de 300 %. Et pour cause : l'embargo de l'Union européenne sur les importations de carburants issus du pétrole russe avait restreint l'offre au moment où la demande de diesel augmentait pendant la saison des départs en vacances. Les raffineries ont tourné à plein régime. Les dividendes distribués aux actionnaires Les marges ainsi engrangées permettent à TotalEnergies de choyer ses actionnaires. Et ce via le rachat d'actions qui permet d'accroître le bénéfice par action et soutenir le cours de l'entreprise en bourse. Après 2,3 milliards de dollars de rachats d'actions réalisés au troisième trimestre, un nouveau programme de rachat de titres jusqu'à 1,5 milliard de dollars a été annoncé par le groupe français fin septembre. Son concurrent britannique Shell a, lui aussi, annoncé de généreuses distributions à ses actionnaires, d'un montant nettement supérieur au français. C'est la production record au large des côtes brésiliennes qui a permis au groupe britannique d'augmenter ses bénéfices à 5,32 milliards de dollars. Bénéfices supérieurs aux attentes Pour ExxonMobil et Chevron, deux géants du secteur pétrolier aux États-Unis, des bénéfices supérieurs aux attentes grâce, une fois de plus, à une production record. Dans ce contexte, les pétroliers mettent un frein à leurs investissements. Selon le cabinet Wood Mackenzie, les investissements globaux des majors devraient reculer de 4 % en 2025, à un peu plus de 340 milliards de dollars. Moins d'investissements dans les énergies vertes Ce qui n'est pas sans conséquence pour la transition énergétique. C'est l'effet pervers de la baisse des cours du pétrole. Les grands groupes cherchent à préserver la rentabilité et la confiance des investisseurs aux dépens de leurs engagements en faveur des énergies renouvelables. Le groupe britannique BP, notamment, confirme avoir réduit de moitié ses financements bas-carbone. Cela inquiète les défenseurs du climat à une semaine de la COP30 qui s'ouvre au Brésil le 10 novembre prochain. 2024 a été une année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début de l'ère industrielle.
Le président argentin sort renforcé des élections législatives de mi-mandat. Sa victoire, saluée par les marchés et soutenue par les États-Unis, redonne un souffle à son programme économique ultralibéral. Mais le pays reste plongé dans la récession. Avec plus de 40% des voix aux élections législatives de mi-mandat, le parti de Javier Milei, La Libertad Avanza, consolide sa position au Congrès argentin. Le mouvement présidentiel sécurise désormais environ un tiers des sièges dans les deux chambres, un seuil crucial pour préserver le droit de veto du chef de l'État et protéger ses décrets présidentiels. Concrètement, cette victoire offre à Milei les moyens de poursuivre son agenda : libéraliser le marché du travail, réformer la fiscalité et réduire le rôle de l'État dans l'économie. À lire aussiArgentine: à l'heure où la tronçonneuse de Javier Milei cale, Washington part à la rescousse Pour les investisseurs et les bailleurs internationaux, le message est clair, le risque de paralysie politique s'éloigne. Les marchés ont aussitôt réagi à cette clarification politique. Dès l'ouverture, la Bourse de Buenos Aires a bondi de plus de 20%, une hausse prolongée jusqu'à la clôture. Le peso argentin s'est envolé de près de 10% sur les plateformes d'échange quelques minutes après l'annonce des résultats. Même mouvement du côté des obligations souveraines, dont la valeur a augmenté. Autrement dit, ceux qui achètent la dette argentine ont regagné confiance. Avant le scrutin, la crainte dominante était celle d'une défaite de Milei ou d'un blocage institutionnel qui aurait remis en cause ses réformes. Le vote de dimanche a inversé la tendance. Pour la première fois depuis longtemps, l'Argentine redevient un pari crédible aux yeux des marchés. Le soutien décisif de Washington À cette dynamique interne s'ajoute un soutien international de taille, celui des États-Unis. Le président américain Donald Trump, allié politique et idéologique de Javier Milei, avait conditionné son appui financier à une victoire du camp présidentiel. C'est désormais chose faite. Washington a donc confirmé un plan d'aide exceptionnel de 40 milliards de dollars, dont la moitié prend la forme d'un échange de devises avec la Banque centrale argentine. Cette bouffée d'oxygène vient s'ajouter au programme du Fonds monétaire international (FMI), dont les décaissements dépendent du respect du plan d'austérité engagé par Buenos Aires. Autrement dit, les grands argentiers du monde maintiennent leur confiance. Pour eux, le chef de l'État argentin semble bien parti pour mener à bien sa politique économique tout en garantissant la stabilité budgétaire du pays. À lire aussiArgentine: un an après son arrivée au pouvoir, quel bilan économique pour Javier Milei Une économie encore en souffrance Mais ces soutiens, aussi massifs soient-ils, ne suffiront pas à eux seuls à redresser le pays. Si les comptes publics sont désormais à l'équilibre et l'inflation en net recul, l'Argentine reste plongée dans la récession. Les investissements sont à l'arrêt, la consommation intérieure s'effondre, et de plus en plus d'Argentins peinent à vivre dignement. Une part croissante de la population vit sous le seuil de pauvreté, conséquence directe de la rigueur budgétaire imposée par Milei. Pour le président, ces sacrifices sont nécessaires à la reconstruction du pays. Et les électeurs, en lui offrant une victoire nette à mi-mandat, semblent lui accorder encore du temps et du crédit. Le dilemme désormais est clair. Comment maintenir la discipline budgétaire sans étouffer la reprise économique ? C'est tout l'enjeu des prochains mois pour un président qui a fait de la rigueur son étendard et de la confiance des marchés sa condition de survie politique.
Le Maroc poursuit sa stratégie industrielle dans le secteur de l'aéronautique. L'entreprise Safran vient d'annoncer un nouvel accord d'investissement de 350 millions d'euros. L'entreprise, déjà présente depuis une vingtaine d'années sur le territoire marocain, va y ouvrir une nouvelle chaîne d'assemblage pour ces moteurs d'avion très demandés. Un choix stratégique pour l'entreprise, une nouvelle étape pour l'écosystème marocain. « C'est un investissement majeur et stratégique. Le Maroc entre aujourd'hui dans le club très fermé de l'assemblage de moteurs d'avions commerciaux », met en avant Ryad Mezzour, le ministre marocain de l'Industrie. Ce nouvel investissement vient logiquement compléter l'offre du complexe Midparc, « un complexe qui est dédié à l'aéronautique où il y a déjà une soixantaine d'opérateurs qui sont déjà installés, et notamment Airbus. C'est tout un écosystème qui a été mis en place », ajoute Ryad Mezzour. Le ministre détaille les facteurs qui ont décidé Safran à choisir le Maroc pour son nouvel investissement parmi d'autres : « La stabilité politique et économique dont jouit le pays, la disponibilité grâce à la vision royale d'un large réservoir de talents, et la disponibilité, d'énergies renouvelables, compétitives pour nos investisseurs. » Il s'agit pour Safran de produire le moteur qui équipe notamment les Boeing 737. L'un des plus vendus dans l'histoire de l'aéronautique. Onze mille six cents sont actuellement en commande. « C'est vraiment un pays où nous avons investi depuis de nombreuses années, explique Stéphane Cueille, le président de Safran Aircraft Engines. Nous avons une taille critique, nous connaissons les compétences, l'écosystème et nous savons que nous aurons le niveau de garantie de réussir dans ce pays. La proximité géographique est aussi importante. On veut aussi être suffisamment proche de nos clients principaux pour que les coûts de transport soient raisonnables. » « On cherche une robustesse de notre schéma » La création d'une nouvelle ligne de production au Maroc pour ce moteur qui jusqu'ici n'était produit qu'en France. « On investit en France et on continue à investir dans les usines que nous avons, qui sont des usines historiques, avec des milliers d'employés qui font de la production », veut rassurer le président de Safran Aircraft Engines. Il explique le choix de l'implantation hors de l'Hexagone : « On cherche une robustesse de notre schéma en étant dans un autre pays, mais à proximité. Le critère économique est là, mais ce n'est pas le critère déterminant. Le facteur déterminant, c'est que nous avons au Maroc un site en construction de maintenance de moteurs et nous allons pouvoir mettre en commun entre ce site et la ligne d'assemblage, un banc d'essai pour tester les moteurs avant de les livrer, qui est un équipement extrêmement coûteux. Si on avait dû faire une nouvelle ligne en France, il aurait fallu investir un banc en France qui n'aurait pas été rentabilisé par une seule ligne de production. » À la clé, la création de 2 000 emplois directs et indirects pour le Maroc dans un contexte de revendications sociales importantes. Le FMI notait qu'en 2024 « le chômage est resté élevé, à environ 13% ».
Donald Trump poursuit sa tournée asiatique, se rendant désormais au Japon, après avoir assisté au sommet de l'Association des États d'Asie du Sud-Est (Asean), organisé ce week-end en Malaisie. Le président américain veut imposer son influence dans une région devenue stratégique, alors que la rivalité économique avec la Chine s'intensifie. Depuis son retour à la Maison Blanche, l'Asie du Sud-Est est devenue un terrain clé de la stratégie mondiale de Donald Trump, non sans arrière-pensées. Le président américain fait prouver qu'il en reste le maître du jeu. Depuis plusieurs mois, il a imposé des droits de douane renforcés sur la plupart des produits asiatiques et beaucoup plus encore lorsque Washington soupçonne qu'ils viennent en réalité de Chine. Son objectif est clair : pousser les pays d'Asie du Sud-Est à choisir son camp, le camp américain. Les enjeux sont concrets. La Malaisie, qui a accueilli le sommet de l'Asean, a signé un accord commercial ce week-end. Dans les grandes lignes, on y trouve les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle ou encore l'énergie, autrement dit tous les secteurs. Car Washington veut renforcer son influence industrielle dans la région. Qu'il s'agisse du Vietnam, de l'Indonésie ou du Japon, Donald Trump propose des baisses ciblées de droits de douane, mais en échange, il exige des investissements massifs aux États-Unis ou l'achat de produits américains. C'est la diplomatie du deal, façon Trump. Mais face à cette offensive, la Chine n'est pas en reste. Pendant que Washington brandit la menace des surtaxes, Pékin joue la carte des investissements. Xi Jinping multiplie les visites officielles dans la région — Vietnam, Malaisie, Cambodge, entre autre. Les effets sont d'ores et déjà visible puisque cette année, les exportations chinoises vers l'Asean ont bondi de plus de 20 %. La Chine est désormais le premier partenaire commercial de la région, devant l'Europe et les États-Unis. À lire aussiLes pays d'Asie du Sud-Est en quête d'équilibre entre Donald Trump et la Chine Entre Washington et Pékin, l'Asie du Sud-Est cherche l'équilibre Donald Trump veut avant tout afficher sa fermeté face à la Chine et prouver à ses électeurs qu'il défend les travailleurs américains. Mais dans ce bras de fer entre Washington et Pékin, l'Asie du Sud-Est tente avant tout de préserver son équilibre. Des usines quittent la Chine, des chaînes d'assemblage se déplacent vers le Vietnam, l'Indonésie ou la Malaisie. Cette position, enviable sur le papier, fait aussi de l'Asean un champ de bataille économique. Il y a donc un double enjeu à cette visite du président américain dans la région. Le premier, que Washington y renforce sa place. Le second, que les pays de l'Asean — comme de tout l'Indo-Pacifique — profitent de la rivalité États-Unis-Chine, sans jamais devenir leur champ de bataille.
Au Tchad, cela fait un an que la province du Lac est privée de connexion internet. Décidée le 28 octobre 2024 au moment de l'opération militaire « Haskanite » déclenchée en réponse à une attaque meurtrière de Boko Haram sur une position de l'armée, la coupure visait à entraver les communications du groupe terroriste. Aujourd'hui, elle continue de grever l'économie de la zone, entravant l'activité des commerçants et accentuant chez les habitants le sentiment d'être « coupés du monde ». De notre envoyé spécial de retour de Baga Sola, Au marché de Baga Sola, Mahamat Abakar Aguidi, 27 ans, importe du matériel informatique en provenance du Nigeria. Mais depuis la coupure internet, impossible de contacter directement ses fournisseurs sur WhatsApp par exemple. « Actuellement, quand tu veux envoyer, il faut envoyer à N'Djamena. Les gens vont prendre les taxes, explique-t-il. Ça coûte plus cher. Quand tu appelles au Nigeria, ça peut prendre 5 000 à 10 000 FCFA. Nous avons besoin urgemment de la connexion parce que toutes nos affaires sont déjà ralenties. On est même en train de perdre tous nos chiffres d'affaires. » La déconnexion de la province affecte aussi les services et le travail des humanitaires, principaux pourvoyeurs d'emplois. Certains disposent d'une connexion par satellite que Lol Tahir, un jeune chômeur, tente parfois d'utiliser pour chercher du travail. « On va plaider au niveau des organisations internationales ici. Parfois, on trouve [la connexion]. Mais, si on se connecte même plus de dix minutes, ils changent le mot de passe et, directement, ils coupent [la connexion] », témoigne ce jeune. Selon lui, la coupure de la connexion Internet contribue au chômage des jeunes à Baga Sola. À écouter aussiSur les rives du lac Tchad, une guerre sans fin contre Boko Haram et la montée des eaux « Le sentiment, c'est d'être coupé du monde » Et lorsque Lol Tahir parvient enfin à envoyer sa candidature, l'offre d'emploi est souvent déjà expirée. La frustration s'accumule donc, au sein d'une jeunesse privée de réseaux sociaux et d'accès à l'information, nous dit Ahmat Ali Mouta, 28 ans. « Le sentiment, c'est d'être coupé du monde, justement, et c'est d'être aussi empêché de saisir certaines opportunités. Il y a des gens, ils suivent leur cours en ligne et du coup, il n'y a pas la connexion. Qu'est-ce qu'il faut faire ? », interroge-t-il. Difficile également de faire valoir son mécontentement. « On ne peut pas protester puisqu'il y a certaines choses que les gens craignent. Mais ça n'empêche. Moi, j'ai cette opportunité de me prononcer auprès de votre micro. Donc, je dis haut et fort [qu'il faut que] le gouvernement essaie de lever ces mesures pour nous permettre vraiment de saisir certaines opportunités qui se présentent en ligne, en fait », plaide le jeune homme. Interrogé fin juin sur la question, le ministre des Télécoms, Michel Boukar affirmait qu'une solution serait trouvée très bientôt. À lire aussiLes raisons qui ont poussé Mahamat Idriss Déby à prendre la direction de l'opération militaire «Haskanite»
Les Européens redoutent une nouvelle pénurie alors que Pékin s'apprête à restreindre ses exportations. Retour sur la stratégie méthodique qui a permis à la Chine de dominer un secteur vital pour l'économie mondiale. Les Vingt-Sept s'apprêtent à négocier avec la Chine sur la question des terres rares. L'Union européenne redoute une pénurie de ces métaux critiques, indispensables à la fabrication des smartphones, ordinateurs, voitures électriques ou encore équipements militaires. Et pour cause, Pékin, leader mondial incontesté du secteur, prévoit d'imposer de nouvelles restrictions à leurs exportations dans les prochaines semaines. Pour comprendre cette domination, il faut remonter trente ans en arrière. Au début des années 1990, ce sont les États-Unis qui exploitent la plus grande mine de terres rares du monde, à Mountain Pass, en Californie. La Chine, elle, dispose d'importantes réserves, mais son industrie est encore balbutiante. C'est à cette époque que le dirigeant chinois Deng Xiaoping prononce une phrase restée célèbre, « le Moyen-Orient a du pétrole, la Chine a des terres rares ». Dès lors, ces métaux sont classés parmi les ressources stratégiques du pays. Les entreprises étrangères se voient interdire l'exploitation des mines locales et les exportations sont strictement encadrées. À lire aussiL'industrie européenne bientôt confrontée à une pénurie de métaux stratégiques? Le virage du raffinage et la montée en puissance chinoise Mais Pékin ne s'est pas contentée d'extraire le minerai. Elle a compris très tôt que la clé de la puissance industrielle résidait dans la maîtrise du raffinage et du traitement chimique des terres rares — des étapes à forte valeur ajoutée que les pays occidentaux ont délaissée, jugées trop coûteuses et polluantes. Résultat, plus de trente ans plus tard, 90% du raffinage mondial des terres rares est désormais réalisé en Chine. La domination est quasi totale. Cette réussite ne doit rien au hasard. Le Parti communiste chinois a su utiliser les leviers du capitalisme d'État : soutien massif à la recherche et aux entreprises locales, consolidation du secteur en quelques géants publics et surtout, politique agressive de dumping. Chaque fois qu'un concurrent occidental tente d'ouvrir une mine, la Chine augmente sa production, fait chuter les cours et rend les projets étrangers non rentables. Une stratégie implacable qui a conduit les États-Unis et l'Europe à dépendre durablement de Pékin. Et quand certains pays occidentaux ont besoin de terres rares, la Chine peut littéralement « appuyer sur le frein ». À lire aussiFace à la Chine, les États-Unis à la recherche de métaux rares Une domination forte, mais pas sans limites Les terres rares sont au cœur de la puissance technologique mondiale. Elles entrent dans la composition des batteries, des écrans, des moteurs électriques, mais aussi des systèmes militaires. Un avion de chasse américain F-35, par exemple, nécessite plus de 400 kilos de terres rares pour sa fabrication. Détenir ces métaux est une chose, mais savoir les transformer en est une autre. C'est précisément ce savoir-faire que la Chine maîtrise mieux que quiconque. Mais cette suprématie a ses fragilités. En misant sur des prix très bas pour étouffer la concurrence, Pékin fragilise aussi ses propres entreprises. En parallèle, d'autres pays — l'Australie, le Canada, plusieurs nations africaines — disposent de gisements prometteurs et cherchent à s'organiser. Une coordination internationale, comme celle amorcée entre les États-Unis et l'Australie, pourrait à terme réduire la dépendance mondiale à la Chine. Mais cela prendra du temps. Et Pékin, elle, compte bien préserver sa longueur d'avance, fruit d'un pilotage centralisé, méthodique et calculé sur le long terme.
Face au ralentissement du marché de l'électrique, les grands constructeurs revoient leur stratégie. Aux États-Unis comme en Europe, le moteur thermique retrouve une place de choix. Entre pragmatisme économique et rivalité avec la Chine, l'industrie automobile réajuste ses priorités. L'industrie automobile connaît un tournant inattendu. Aux États-Unis, au Japon comme en Europe, les grands groupes revoient leur stratégie. Après avoir massivement investi dans la voiture électrique, ils redonnent désormais la priorité au moteur thermique. Dernier exemple en date, selon Les Échos, Renault envisage de remettre des motorisations thermiques ou hybrides sur certains de ses modèles aujourd'hui 100% électriques. Une réflexion encore à l'étude, mais qui illustre bien ce changement de cap. La dynamique est encore plus visible outre-Atlantique. Le directeur général de Ford a décidé de relancer la production de pick-up à essence, qu'il qualifie d'« opportunité de plusieurs milliards de dollars ». General Motors investit, lui, 900 millions de dollars dans un nouveau moteur thermique. À lire aussiStellantis, symbole d'une Europe automobile fragilisée par la Chine et la transition énergétique Le marché américain freiné par la politique de Donald Trump Pourquoi ce retour à l'essence ? Parce qu'aux États-Unis, le marché de l'électrique ralentit fortement. Les ventes plafonnent. Selon le cabinet AlixPartners, seules sept voitures sur 100 vendues cette année sont électriques – moins d'une sur dix. Et les prévisions sont décevantes. À l'horizon 2030, les véhicules électriques ne représenteraient qu'environ 18% des ventes américaines. Une situation étroitement liée à la politique menée par Donald Trump. Le président américain a supprimé les aides publiques qui soutenaient le marché de l'électrique. Sans subventions, les constructeurs doivent vendre plus cher, les acheteurs hésitent, et les ventes s'essoufflent. Un cercle vicieux, véritable serpent qui se mord la queue. Résultat : si les voitures électriques ne font plus tourner les chaînes de production, ce sont les modèles à essence – et leurs cousines hybrides – qui reprennent le dessus. À lire aussiPourquoi Donald Trump fait involontairement le jeu de la voiture électrique chinoise L'Europe temporise, la Chine accélère En Europe, la situation est plus nuancée. Le Vieux Continent reste en avance sur l'électrique : deux voitures sur dix vendues cette année sont à batterie. Mais la dynamique ralentit également. Bruxelles, qui a fixé à 2035 l'interdiction de vendre des voitures thermiques, discute désormais d'un possible assouplissement de cette échéance. Si cette mesure est validée, les véhicules à essence et hybrides pourraient voir leurs ventes repartir à la hausse. Autre constat : les voitures électriques vendues en Europe sont rarement européennes. Elles sont américaines, souvent chinoises, et produites en Chine – un pays qui fabrique à grande échelle, à moindre coût, tout en maîtrisant les matériaux critiques nécessaires à la production des batteries. Pour l'heure, le moteur thermique conserve donc la cote, mais à un coût environnemental élevé. Retarder la transition automobile, c'est aussi retarder la transition énergétique dans son ensemble. Les constructeurs occidentaux ne renoncent pas à l'électrique. Ils font preuve de prudence. Par pragmatisme, ils prolongent la vie du moteur à essence – un « mariage de convenance » face à un marché incertain. Sur le long terme, l'électrique reste pourtant la solution la plus prometteuse. Reste à savoir qui, des groupes qui misent sur l'innovation ou de ceux qui se rassurent avec le thermique, gagnera la course du futur automobile.
Un an seulement après s'être déclaré presque ruiné, le président américain a vu sa fortune exploser grâce aux cryptomonnaies. Une enquête du quotidien britannique Financial Times révèle comment Donald Trump a profité de la dérégulation qu'il a lui-même mise en place. Il y a encore un an, Donald Trump se présentait comme un homme en difficulté financière, empêtré dans plusieurs affaires judiciaires et menacé de faillite. Aujourd'hui, selon une enquête du Financial Times, les entreprises liées de près ou de loin au président américain auraient généré plus d'un milliard de dollars de revenus grâce aux cryptomonnaies. Un retournement spectaculaire, alors même que l'ancien président réélu se moquait autrefois ouvertement du bitcoin et des monnaies virtuelles. Mais tout a changé pendant sa campagne présidentielle, lorsqu'il s'est retrouvé exclu du système bancaire traditionnel. En quête de financement, il a trouvé une alternative dans la finance numérique. À lire aussiDonald Trump et les cryptomonnaies, un pari gagnant? Un empire bâti sur la blockchain Tout au long de sa campagne, Donald Trump a promis de mener une politique favorable à l'essor des cryptomonnaies. Une promesse qu'il a tenue une fois revenu à la Maison Blanche. Sa stratégie repose sur plusieurs entreprises clés, qui ont lancé divers jetons numériques. La maison mère de son réseau social Truth Media s'est, elle aussi, reconvertie dans la crypto, tandis que le couple présidentiel a créé des « meme coins » à son effigie, les fameux Melania Coin et Trump Coin. Ces jetons, vendus comme des produits de collection, ont rencontré un succès fulgurant. Selon le Financial Times, au moins 3,5 milliards de dollars de liquidités ont été levés, dont plus de la moitié pourrait revenir directement à Donald Trump. Cette réussite est étroitement liée à la politique menée par le président. Il a dérégulé massivement le secteur, gracié plusieurs acteurs de la crypto condamnés par la justice et fait voter une loi légalisant les stablecoins, ces cryptos adossées au dollar. Il a même autorisé les Américains à placer une partie de leur épargne dans ces monnaies numériques. Résultat : un marché dopé et des investisseurs étrangers de plus en plus nombreux à miser sur les projets estampillés Trump. À lire aussiDonald Trump et les cryptomonnaies: quand le business est aussi politique Entre pouvoir et conflits d'intérêts Mais cet enrichissement spectaculaire soulève de sérieuses interrogations. Les décisions politiques de Donald Trump peuvent directement influencer la valeur de ses propres investissements. De quoi alimenter les accusations de conflit d'intérêts. Au-delà des questions éthiques, les risques économiques sont réels, comme une dépendance accrue du système financier à la spéculation et une dérégulation qui pourrait fragiliser l'ensemble du marché. Reste que ce « Trump Empire 2.0 » marque une nouvelle étape dans l'histoire du capitalisme américain : la fusion entre pouvoir politique, marque personnelle et finance numérique. Jour après jour, les cryptomonnaies deviennent un instrument central du pouvoir économique et politique des États-Unis — un symbole fort de la nouvelle ère financière inaugurée par Donald Trump.
À partir du 14 décembre prochain, la France sera privée de ses dernières liaisons internationales en train de nuit. Les lignes Paris-Berlin et Paris-Vienne vont disparaître, faute de subventions. Un coup d'arrêt pour ce mode de transport pourtant plébiscité par les voyageurs et présenté comme une alternative écologique à l'avion. L'annonce est tombée cette semaine: ÖBB, la compagnie autrichienne, et ses partenaires – la SNCF et la Deutsche Bahn – mettent fin aux trains de nuit reliant Paris à Vienne et à Berlin. La raison est simple : la subvention de l'État français, comprise entre 5 et 10 millions d'euros par an, ne sera pas reconduite. Sans ce soutien, le déficit est trop lourd à absorber pour les opérateurs. Pourtant, la demande était bien là : 66 000 passagers en 2024 et un taux de remplissage de 70 %, un chiffre jugé très satisfaisant. Mais pas suffisant pour couvrir les coûts. Ces deux liaisons, relancées il y a seulement deux à quatre ans, devaient incarner une Europe ferroviaire plus verte et moins dépendante de l'avion. À écouter aussiGrand reportage: Le charme des trains de nuit Un modèle économique sous tension Sur le papier, le train de nuit coche toutes les cases. Il évite l'avion sur des trajets de plus de 1 000 km, permet de voyager en dormant et répond à la demande d'alternatives bas carbone. Mais l'équation économique est redoutable. Contrairement à un TGV qui peut effectuer plusieurs allers-retours quotidiens, un train de nuit ne circule qu'une fois par 24 heures. Une place y est vendue une seule fois, quand la même place en TGV peut être occupée par plusieurs passagers dans la journée. À cela s'ajoutent des coûts spécifiques : plus de personnel à bord, changement d'équipage et de locomotive aux frontières. Résultat, les charges explosent. Et face à un billet Paris-Berlin en avion à 60 euros, difficile de justifier une couchette à 130 euros et un trajet six fois plus long. Un avenir suspendu à la volonté politique Aujourd'hui, aucune ligne de nuit en Europe n'est rentable sans subvention. Certaines s'en sortent mieux que d'autres, comme l'Autriche avec son réseau Nightjet, mais partout, l'équilibre repose sur l'argent public. Le handicap du train face à l'avion est aussi fiscal. Les compagnies ferroviaires paient des péages d'infrastructure élevés, tandis que le kérosène reste exempt de taxes. Dès lors, l'avenir du train de nuit ne dépend pas seulement des voyageurs – qui répondent présents – mais bien de choix politiques. États et Union européenne sont à la manœuvre pour fixer les règles du jeu et décider si ce mode de transport doit rester une niche symbolique ou devenir une vraie alternative dans la transition écologique.
Sous l'effet de la guerre commerciale menée par Donald Trump, Pékin réoriente ses exportations. Si les flux vers les États-Unis s'effondrent, l'Europe, l'Asie et même l'Afrique deviennent des débouchés privilégiés. Les chiffres d'août 2025 confirment un tournant pour la deuxième économie mondiale. Si les exportations chinoises progressent encore par rapport à l'été 2024, leur croissance ralentit fortement. Surtout, les ventes vers les États-Unis se contractent brutalement : -12% en un mois, soit environ 5 milliards de dollars en moins. En cause, les surtaxes de 30% imposées par Washington sur l'ensemble des produits chinois. Mais Pékin ne se contente pas d'encaisser le choc. La Chine redéploie sa production vers d'autres marchés. L'Europe en première ligne du redéploiement Le continent européen s'impose comme la principale alternative pour les exportateurs chinois. Au premier semestre 2025, il a absorbé 16% des exportations chinoises, une proportion en hausse constante. Tous les secteurs sont concernés : électronique, chimie, textile, jouets, pharmaceutique, acier et surtout automobile électrique. Si certains y voient une opportunité — prix plus compétitifs et accès à des innovations technologiques — d'autres redoutent un « nouveau choc chinois » entraînant une désindustrialisation accélérée. L'Asie et l'Afrique, nouveaux relais de croissance La stratégie dite du « China+1 » illustre cette diversification. Pékin maintient sa base industrielle tout en s'appuyant sur ses voisins de l'Asean (+22% d'exportations vers la région) pour la production et la réexportation, du Vietnam à la Thaïlande. L'Asie centrale bénéficie également des Nouvelles Routes de la Soie, tandis que l'Inde et l'Afrique voient affluer des produits chinois. Pour accompagner ce basculement, la Chine a ouvert 117 nouvelles lignes de fret aérien au premier semestre. Derrière cette intensification logistique, une stratégie claire : compenser le recul du marché américain, renforcer son influence régionale et rappeler qu'elle reste un acteur incontournable du commerce mondial.
Les économistes sont formels : la Chine deviendra, d'ici à 2030, la première économie mondiale en termes de PIB. Mais le pays est déjà leader dans beaucoup de domaines, depuis les énergies renouvelables jusqu'à la recherche scientifique. Et elle se projette comme première puissance globale. Barthélémy Courmont, professeur d'histoire à l'université catholique de Lille, publie La Chine face au monde, aux éditions Eyrolles. Il nous explique comment la Chine prépare son ascension pour supplanter les États-Unis comme « leader du monde », avec comme première étape pour le démontrer, la conquête de Taïwan. À lire aussiGuerre commerciale: la Chine souffre mais garde le cap
Réunis à Roland-Garros pour la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF), les dirigeants d'entreprises ont partagé leurs inquiétudes : dette publique, compétitivité, innovation, transition écologique… Dans un contexte de rentrée sociale tendue, l'émission Eco d'ici Eco d'ailleurs donne la parole aux chefs d'entreprise et à deux économistes de premier plan.
Réunis à Roland-Garros pour la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF), les dirigeants d'entreprises ont partagé leurs inquiétudes : dette publique, compétitivité, innovation, transition écologique… Dans un contexte de rentrée sociale tendue, l'émission Eco d'ici Eco d'ailleurs donne la parole aux chefs d'entreprise et à deux économistes de premier plan.
Les patrons français sont réunis depuis ce mercredi à l'occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF). Un rendez-vous qui intervient alors que le management connait une crise. En France, mais également ailleurs dans le monde, le refus d'être chef progresse, comme le montre une récente enquête internationale de Cegos. Comment expliquer ce phénomène ? Quelles conséquences économiques ? Comment relancer les vocations ? Pour en débattre : Caroline Diard, professeure associée à TBS Education Christelle Delavaud, manager de l'offre et expertise Développement personnel chez Cegos Emmanuel Kahn, responsable du pôle études de l'APEC (Association pour l'emploi des cadres)
Donald Trump n'était jamais allé aussi loin dans ses attaques contre la Fed, la Réserve fédérale américaine. Lundi 25 août, il a annoncé le limogeage d'une des gouverneurs de l'institution, Lisa Cook, pour fraude présumée. « Un putsch » selon le Financial Times, qui « constitue l'un des plus graves défis lancés à la Fed depuis qu'elle est devenue indépendante », il y a plus de 70 ans. Dernier épisode du bras de fer qui oppose le président américain à l'institution qu'il souhaite contrôler. Avec notre invité Pierre Gervais, professeur de civilisation américaine à l'Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, auteur du livre Histoire des États-Unis de 1860 à nos jours. Éditions Hachette éducation.
Dans un contexte de vieillissement de la population dans de nombreux pays, l'emploi des seniors est devenu un enjeu crucial. Au niveau européen, le taux d'emploi des 55-64 ans s'élève à 63,9% avec des disparités selon les pays. La France affiche par exemple un taux d'emploi de 56,9% pour les seniors selon la Dares quand celui de la Suède approche les 77%. Preuve qu'il est possible de faire mieux, même si au-delà de 55 ans, les obstacles se multiplient pour se maintenir ou trouver un emploi, notamment avec les préjugés liés à l'âge ou le manque de formation tout au long de la carrière. Alors que la tendance est plutôt au recul de l'âge de la retraite, quels sont les défis et les opportunités liés à l'emploi des seniors ? Faut-il miser sur la formation continue, l'adaptation des conditions de travail, ou encore la lutte contre les discriminations ? Mélissa-Asli Petit, sociologue, spécialiste des seniors et fondatrice de Mixing Générations, cabinet d'études spécialisé sur la longévité et les seniors. Vincent Touzé, économiste au département des études de l'OFCE, Observatoire français des conjonctures économiques. Co-responsable du pôle Enjeux économiques du vieillissement démographique – ECONAGE. Co-auteur de l'article Maintien des seniors dans l'emploi en Europe : quel bilan face au défi posé par le recul de l'âge de la retraite ? paru dans la revue de l'OFCE en juillet 2024. Un entretien avec Otillia Ferrey, correspondante de RFI à Stockholm en Suède, où le taux d'emploi des seniors est le plus élevé d'Europe. En fin d'émission, un nouvel épisode de notre série Le succès des repats réalisé par Charlie Dupiot. Ils et elles sont originaires d'Afrique centrale et ont décidé de rentrer dans leur pays après des études à l'étranger... C'est le moment du « Succès des Repats » ! Notre reporter Charlie Dupiot a rencontré Malika Deaken à Libreville : cette repat gabonaise de 37 ans a lancé une entreprise dans le secteur de la logistique, elle propose de livrer des marchandises à des particuliers et des commerçants. Mais c'est dans les bureaux de « Bet241 », plateforme gabonaise de paris sportifs, qu'elle nous accueille. En 2023, cette adepte des doubles journées est devenue la directrice générale de cette entreprise qui compte 130 employés. Cette émission est une rediffusion du 10 mars 2025 Programmation musicale : ► Lantchou mi yobaï – Queen Rima ► Tous mélangés – Toma Sidibé
En 2018, un mouvement de boycott spontané lancé sur les réseaux sociaux cible trois marques perçues comme symboles de la vie chère au Maroc. Parmi elles, Centrale Danone, filiale du géant français de l'agroalimentaire, subit de plein fouet la colère des consommateurs. Chiffre d'affaires en chute libre, image écornée et retrait de la Bourse… Retour sur une crise qui a marqué les esprits. L'histoire commence discrètement, presque anonymement, sur Facebook. Quelques messages appellent les Marocains à boycotter trois marques accusées de pratiquer des prix excessifs : le carburant des stations Afriquia, l'eau minérale Sidi Ali, et les produits laitiers de Centrale Danone. L'un des slogans partagés sur les réseaux résume l'état d'esprit des initiateurs : « Le boycott est plus fort que la manifestation. Ce n'est pas un acte ponctuel, c'est une résistance quotidienne ». Très vite, le mouvement prend de l'ampleur. Selon plusieurs sondages relayés à l'époque, 57 % des Marocains informés du boycott affirment avoir cessé d'acheter au moins une des trois marques concernées. En tête de cette fronde pacifique, la classe moyenne, étranglée par la cherté de la vie et de plus en plus frustrée face à l'immobilisme des autorités. À ce moment-là, le Maroc représente 45 % du chiffre d'affaires africain du groupe Danone. Un marché stratégique. Mais pour l'économiste Abdelghani Youmni, cette réaction populaire est le symptôme d'un malaise plus profond : « La classe moyenne marocaine, qui a mis seize ans à se construire, est en train de s'effriter. Elle perd pied à cause du coût de la vie, du crédit, de l'éducation, du transport, de la santé… L'économie marocaine crée de la richesse, mais en dehors des Marocains ». Ventes en chute libre, emplois supprimés, image écornée En mai 2018, après un mois de silence, le directeur général de Centrale Danone au Maroc, Didier Lamblin, prend la parole sur Atlantic Radio, une station privée marocaine. Le ton est grave : « L'impact est significatif sur nos ventes, sur nos parts de marché. Nous sommes obligés de prendre des mesures regrettables : suspendre une partie des volumes collectés chez nos 120 000 éleveurs ». Les conséquences sont immédiates : des centaines de travailleurs licenciés, des coopératives de lait déstabilisées, et une colère qui monte encore d'un cran. Début juin, des employés de l'entreprise manifestent devant le Parlement à Rabat : « Le gouvernement est responsable. Ce n'est pas aux salariés de payer les conséquences de la hausse du coût de la vie », scande un manifestant. Face à la crise, Danone tente une opération reconquête. En septembre, la marque annonce qu'elle vend désormais le litre de lait à prix coûtant, une mesure sans précédent. Mais rien n'y fait : les ventes continuent de chuter. Au total, Danone accusera une perte de 178 millions d'euros de chiffre d'affaires par rapport à l'année précédente. Quelques mois plus tard, Emmanuel Faber, PDG du groupe, revient sur cet épisode marquant : « Nous vendions notre lait au même prix que nos concurrents. Mais Centrale Danone était perçue comme proche de la famille royale et de l'élite marocaine. Cela a facilité son boycott. » Danone lancera par la suite une gamme de produits « solidaires » à bas prix, puis se fera discret. En 2020, Centrale Danone se retire de la Bourse de Casablanca. Les résultats financiers de la filiale ne sont désormais plus publics.
Dans un contexte de vieillissement de la population dans de nombreux pays, l'emploi des seniors est devenu un enjeu crucial. Au niveau européen, le taux d'emploi des 55-64 ans s'élève à 63,9% avec des disparités selon les pays. La France affiche par exemple un taux d'emploi de 56,9% pour les seniors selon la Dares quand celui de la Suède approche les 77%. Preuve qu'il est possible de faire mieux, même si au-delà de 55 ans, les obstacles se multiplient pour se maintenir ou trouver un emploi, notamment avec les préjugés liés à l'âge ou le manque de formation tout au long de la carrière. Alors que la tendance est plutôt au recul de l'âge de la retraite, quels sont les défis et les opportunités liés à l'emploi des seniors ? Faut-il miser sur la formation continue, l'adaptation des conditions de travail, ou encore la lutte contre les discriminations ? Mélissa-Asli Petit, sociologue, spécialiste des seniors et fondatrice de Mixing Générations, cabinet d'études spécialisé sur la longévité et les seniors. Vincent Touzé, économiste au département des études de l'OFCE, Observatoire français des conjonctures économiques. Co-responsable du pôle Enjeux économiques du vieillissement démographique – ECONAGE. Co-auteur de l'article Maintien des seniors dans l'emploi en Europe : quel bilan face au défi posé par le recul de l'âge de la retraite ? paru dans la revue de l'OFCE en juillet 2024. Un entretien avec Otillia Ferrey, correspondante de RFI à Stockholm en Suède, où le taux d'emploi des seniors est le plus élevé d'Europe. En fin d'émission, un nouvel épisode de notre série Le succès des repats réalisé par Charlie Dupiot. Ils et elles sont originaires d'Afrique centrale et ont décidé de rentrer dans leur pays après des études à l'étranger... C'est le moment du « Succès des Repats » ! Notre reporter Charlie Dupiot a rencontré Malika Deaken à Libreville : cette repat gabonaise de 37 ans a lancé une entreprise dans le secteur de la logistique, elle propose de livrer des marchandises à des particuliers et des commerçants. Mais c'est dans les bureaux de « Bet241 », plateforme gabonaise de paris sportifs, qu'elle nous accueille. En 2023, cette adepte des doubles journées est devenue la directrice générale de cette entreprise qui compte 130 employés. Cette émission est une rediffusion du 10 mars 2025 Programmation musicale : ► Lantchou mi yobaï – Queen Rima ► Tous mélangés – Toma Sidibé
Fournie par des États donateurs ou des institutions multilatérales, l'aide publique au développement (APD) constitue un levier essentiel pour soutenir les pays africains dans leurs efforts de croissance économique et de réduction de la pauvreté. En Afrique comme ailleurs, l'APD contribue notamment au financement d'infrastructures, à l'amélioration des systèmes de santé et d'éducation, à faire face aux défis climatiques, à la sécurité alimentaire ou encore à la gouvernance. Cependant, malgré son importance, cette aide suscite de nombreux débats sur son efficacité. L'APD serait-elle un poison lent qui étouffe toute initiative locale ou au contraire un soutien vital qu'il faut réinventer ? Avec la participation de : Marie-Yemta Moussanang, consultante indépendante, enseignante à Sciences Po et réalisatrice du podcast Afrotropiques. Sandra Kassab, directrice du département Afrique de l'Agence française de développement (AFD). Paul-Simon Handy, chercheur camerounais, directeur Afrique de l'Est de l'Institut d'études de sécurité (ISS).
Suite de notre série d'été sur l'économie du jeu vidéo. Pour ce cinquième et dernier épisode, on vous présente Date Everything. Un simulateur de drague au concept un peu surprenant au premier abord. Mais surtout le premier jeu à avoir signé un accord avec le principal syndicat des acteurs aux États-Unis. Le scénario prétexte de ce jeu gentiment barré vous met dans la peau d'un ou d'une employé d'une entreprise fictive type Amazon qui au moment de se voir remplacé sur le marché du travail par une IA se retrouve avec entre les mains le dernier prototype de lunettes high-tech développé par la compagnie : à travers elle, les objets du quotidien prennent soudainement vie et apparence humaine. Comme son nom l'indique, Date Everything vous propose alors de draguer votre canapé, le grille-pain, le frigo, la paperasse qui traîne sur le bureau ou même, pourquoi pas les toilettes... Jean-Loo Pissoir dont on découvre la passion discutable pour le rap. Un des plus de 100 objets personnifiés que propose Date Everything, tous incarnés par des comédiens professionnels. Il faut dire que derrière ce jeu concept il y a Ray Chase un comédien de doublage qui après des années à incarner les personnages écrits par d'autres au cinéma, à la télévision ou dans le jeu vidéo a décidé de passer de l'autre côté de la barrière comme il l'explique ici dans le podcast spécialisé Triple Click. « Il n'y a pas de rôle principal dans notre jeu : tout le monde est sur un pied d'égalité ! Ce qui est une manière très stupide de faire un jeu vidéo, à chaque fois il a fallu dire "allez, on va enregistrer 800 à 1200 lignes de dialogues pour chacun de ces personnages en 4 heures d'enregistrement". C'était très difficile pour les comédiens mais ils se sont aussi beaucoup amusés ». Un jeu pensé pour défendre les droits des comédiens En tant que comédien Ray Chase a participé au mouvement de grève des comédiens de jeu vidéo en 2016 pour réclamer comme les acteurs d'Hollywood l'application d'un « droit résiduel », un revenu assuré aux comédiens lors des multiples rediffusions ou réexploitation des œuvres auxquelles ils ont contribué. C'est ce qui explique ce choix inédit de contrat avec les comédiens de Date Everything. « C'est un jeu sous convention collective syndicale : nous payons des droits résiduels aux comédiens, ce qui ne s'est jamais vu pour un jeu vidéo. Nous avons un accord avec le syndicat des acteurs et 10 % de nos profits vont aux comédiens de doublage. À nous d'incarner le changement que nous voulons voir dans l'industrie ». Date Everything sort aussi au moment après une nouvelle et longue grève des comédiens et comédiennes du jeu vidéo exigeant que l'utilisation de l'intelligence artificielle soit encadrée. Ray Chase a signé des deux mains, lui vivant, il n'y aura pas de recours à l'IA dans ses jeux.
Notre série d'été Pour une poignée de pixel sur l'économie du jeu vidéo revient sur le succès d'un des jeux les plus populaires du monde : Fortnite. Huit ans après sa sortie, le jeu du studio Epic Games, figure encore très régulièrement sur le podium des jeux vidéo réunissant le plus de joueurs. Surtout, Fortnite reste l'un des jeux les plus profitables au monde... alors qu'il est gratuit. Commençons par le commencement. À sa sortie en 2017, Fortnite est un banal jeu de tir multijoueur comme il en existe des centaines d'autres. Ces graphismes cartoon à la Pixar le rendent-ils plus sympathique aux yeux des parents ? Ils s'installent dans le paysage vidéoludique en s'emparant du concept de battle royale, très populaire à l'époque. Surtout, Epic Games multiplient habilement les partenariats avec les franchises à succès, à commencer par Marvel et ses super héros. De saison en saison, de nouveaux personnages du sport, de la pop culture font leur apparition dans Fortnite, assurant au jeu de rester au centre des conversations dans les cours de récréation. À partir de 2019, Fortnite va plus loin et propose à ses joueurs des concerts virtuels. À l'affiche, Marshmello, Ariana Grande, Sabrina Carpenter, Eminem, Metallica ou encore Aya Nakamura. Deux ans avant sa prestation remarquée en ouverture des JO 2024, la chanteuse franco-malienne se donne en concert sur Fortnite. À lire aussiDisney s'associe à Epic Games pour créer l'ultime Métaverse dans Fortnite Un jeu gratuit… mais pas tout à fait À ce stade, Fortnite est devenu un jeu vidéo tout-en-un. À son apogée, Epic Games revendique 350 millions de joueurs. Bien aidé par le fait que Fortnite soit accessible gratuitement sur presque tous les supports, des ordinateurs aux consoles en passant par les tablettes et les téléphones. Gratuit et pourtant, Fortnite a rapporté à sa maison mère, plusieurs dizaines de milliards de dollars depuis sa sortie. Comment ? D'abord parce que les marques, y compris de luxe, sont prêtes à payer — et payer cher – pour apparaître dans l'univers du jeu et toucher un public plus jeune. Et puis si l'accès au jeu est gratuit, dans Fortnite, tout le reste est payant. On paye pour habiller son avatar ou pour qu'il puisse effectuer les mêmes pas de danse qu'un youtubeur connu ou qu'Aya Nakamura. Par l'intermédiaire d'une agence de communication, l'entreprise précise que les « joueurs peuvent gagner des objets en relevant des défis dans le jeu » et que ces achats de cosmétiques sont « facultatifs ». Mais pour aller plus vite et accéder aux derniers items à la mode, les joueurs sont incités à mettre la main au portefeuille. Et dans Fortnite, on ne paye pas en dollars, en yuans ou en euros. On paye en V-Bucks. La monnaie virtuelle locale qui, elle, s'achète avec de l'argent bien réel. Mais cela permet de mettre une distance artificielle. Quand on dépense 500 V-Bucks pour acheter un chapeau rigolo à son alter ego virtuel, on n'a pas l'impression de dépenser de l'argent. Surtout quand on a douze ans, une notion de la valeur des choses encore très relative et qu'on dépense l'argent de papa et maman. Une politique qui a valu à l'entreprise une procédure menée en 2022 par la FTC, le gendarme de la concurrence aux États-Unis à la suite de laquelle Epic Games a accepté de payer une amende de 275 millions de dollars pour « violation des lois sur la confidentialité des données des enfants » et à rembourser 245 millions de dollars à des utilisateurs poussés à faire des achats non désirés. Depuis, l'entreprise précise avoir grandement renforcé sa politique de contrôle parental et de protection contre les achats non désirés. Chronique modifiée le 19 août 2025.
Depuis plus de dix ans, Candy Crush régale les joueurs et les investisseurs. Ce puzzle coloré, téléchargé plus de trois milliards de fois, continue de séduire des millions d'utilisateurs chaque mois. Derrière ses bonbons acidulés se cache un modèle économique redoutable qui a rapporté plus de 20 milliards de dollars depuis 2012. Lancé en 2012 sur Facebook, Candy Crush Saga a rapidement trouvé sa place sur smartphone. Le principe est simple : aligner trois bonbons identiques pour les faire disparaître et marquer des points. Animations joyeuses, couleurs vives et récompenses fréquentes ont permis au jeu de séduire un public de tous âges, jusqu'à atteindre 270 millions de joueurs mensuels. Le modèle freemium qui rapporte des milliards Candy Crush est gratuit à télécharger et à jouer. Mais pour avancer plus vite, débloquer des niveaux ou obtenir des bonus, il faut payer. Ce modèle freemium repose sur une minorité de joueurs – entre 3% et 5% – qui dépensent régulièrement. Résultat : plus de 20 milliards de dollars générés depuis sa sortie, dont 1,4 milliard rien qu'en 2024. Une machine à jouer… et à fidéliser Conçu pour être accessible, Candy Crush alterne niveaux faciles et défis plus complexes. Quand un joueur est bloqué, il peut attendre ou sortir sa carte bancaire. Chaque succès déclenche une petite dose de dopamine, renforçant l'envie de rejouer. Pour maintenir l'engagement, l'éditeur King ajoute de nouveaux niveaux chaque semaine – plus de 14 000 à ce jour – garantissant que l'aventure n'ait jamais de fin. À lire aussiCandy Crush tient la dragée haute
En plein pic estival, les compagnies aériennes déploient des stratégies inédites pour séduire les voyageurs. Entre montée des préoccupations environnementales et rude concurrence, elles misent sur la diversification de leur offre, l'expérience passager et l'optimisation des revenus. Tour d'horizon. Il fut un temps où voler signifiait choisir entre trois classes: économique, affaire ou première. Désormais, une quatrième option s'impose dans le ciel. La classe « premium economy », un compromis confortable entre l'économie classique et les classes supérieures. Proposée aujourd'hui aussi bien par les compagnies traditionnelles qu'à présent par certaines low-cost, cette classe intermédiaire promet plus d'espace, un embarquement prioritaire et un service amélioré. Pour les compagnies, c'est surtout un surcoût relativement faible. L'objectif est simple, maximiser les revenus en augmentant le prix du billet sans exploser les coûts. Chez Delta, par exemple, cette option offre des rendements supérieurs à ceux de la classe économique standard. À lire aussiLes turbulences du secteur aérien à l'heure de la présidence de Donald Trump Les compagnies deviennent aussi des agences de voyages Autre virage stratégique, la transformation en véritables tour-opérateurs. EasyJet en est l'exemple le plus abouti avec sa plateforme EasyJet Holidays. Lancée en 2019 et arrivée en France fin 2023, cette offre 100% en ligne propose vols, hébergements et restauration – le tout sans passer par une agence physique. Résultat: un succès économique. EasyJet Holidays a représenté un tiers du bénéfice avant impôt du groupe l'an passé. Une stratégie qui inspire désormais d'autres compagnies comme Air France, Transavia, Eurowings ou Ryanair, toutes prêtes à capter une part du marché touristique global. Le « stopover », ou comment transformer une escale en escapade Et si l'on profitait de son escale pour découvrir une nouvelle ville? C'est l'idée derrière le concept de « stopover », désormais mis en avant par des compagnies telles qu'Emirates, Finnair ou Japan Airlines. Finie l'attente interminable en zone de transit, les passagers se voient offrir des nuits d'hôtel, des transferts et des repas pour explorer la ville d'escale. Une offre « gratuite » intégrée dans le prix du billet, qui profite à tout le monde : le passager vit une expérience enrichie, la compagnie valorise son hub, et le tourisme local en sort gagnant. En diversifiant leurs offres et en repensant l'expérience voyage, les compagnies aériennes parviennent à booster leurs revenus dans un contexte toujours plus concurrentiel. Une manière aussi de reconstruire leur rentabilité après les années noires du Covid-19. À lire aussiGuerre Israël-Iran: les compagnies aériennes face à une envolée des coûts
Entrés en vigueur ce jeudi 7 août à minuit, les droits de douane voulus par Donald Trump marquent une nouvelle phase de son agenda protectionniste. Mais, alors qu'ils étaient initialement pensés comme temporaires, leur efficacité fiscale les rend de plus en plus incontournables. À tel point qu'il pourrait devenir politiquement et budgétairement impossible de les supprimer. Présentées comme un moyen de rééquilibrer les échanges commerciaux et de protéger les industries américaines, les mesures tarifaires américaines marquent une nouvelle étape du virage protectionniste des États-Unis. Mais contrairement aux promesses de campagne du président, revenir en arrière s'annonce désormais très compliqué. En cause : les recettes générées. En 2024, avant le retour de Trump à la Maison Blanche, les recettes douanières s'élevaient à 78 milliards de dollars. En seulement sept mois, elles ont déjà atteint 152 milliards. Une dynamique qui, selon les analystes, pourrait rapporter plus de 2 000 milliards de dollars en dix ans. Dans un contexte de déficit budgétaire chronique, cette rentrée d'argent est vitale. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent rappelle d'ailleurs que ces taxes représentent désormais 4,5% du budget fédéral. Avec une dette nationale colossale et des réductions d'impôts récemment votées par le Congrès, Washington a besoin de trouver des financements – et les droits de douane répondent parfaitement à cette nécessité. À lire aussiDroits de douane: Donald Trump gagne-t-il vraiment la guerre commerciale? Une dépendance budgétaire qui s'installe Cette nouvelle donne budgétaire complique la donne pour Donald Trump et ses successeurs. Car en renforçant leur poids dans le budget fédéral, les droits de douane deviennent presque incontournables. Difficile de les supprimer sans creuser davantage le déficit, ou sans devoir envisager des coupes budgétaires et des hausses d'impôts, politiquement explosives. Le cercle est vicieux : les futurs dirigeants, qu'ils soient démocrates ou républicains, auront peu de marge de manœuvre. D'autant plus que ces mesures sont devenues un pilier pour certains secteurs industriels américains, qui comptent désormais sur ce bouclier tarifaire pour maintenir leur compétitivité. Supprimer ces droits de douane, ce serait aussi bouleverser des chaînes d'approvisionnement entières, avec un coût économique non négligeable. Mais tout cela a un prix, et ce sont souvent les ménages les plus modestes qui le paient. Car des produits importés plus chers signifient des prix de vente plus élevés dans les rayons. Or, ce sont précisément ces foyers qui consacrent la plus grande part de leurs revenus aux biens de consommation concernés par les surtaxes. La question qui se pose désormais aux autorités américaines est claire : jusqu'à quand maintenir ces taxes ? Sont-elles viables à long terme ? Et surtout, sont-elles réellement aussi efficaces que le prétend Donald Trump ? Une chose est sûre, si elles rapportent gros au Trésor, leur coût social pourrait, lui aussi, s'alourdir dans les années à venir. À lire aussi«Les droits de douane ne permettent pas à eux seuls de réindustrialiser les États-Unis»
Le secteur du luxe traverse une période délicate. Ralentissement des ventes, chute des bénéfices, recul des achats touristiques : les géants comme Kering ou Prada sont touchés de plein fouet. Analyse d'un été difficile pour une industrie longtemps considérée comme à l'abri des crises. C'est un fait bien connu : le tourisme est vital pour le secteur du luxe. L'été représente une période stratégique, car les touristes étrangers, notamment les plus aisés, réalisent une grande partie de leurs achats à l'étranger. Que ce soit à Paris, Milan ou Tokyo, ils y recherchent à la fois une expérience authentique et un effet de change favorable pour éviter les taxes locales. En 2024, les ventes de produits de luxe avaient bondi grâce à un dollar fort – les Américains se ruant sur les boutiques européennes – tandis que les Chinois profitaient d'un yen historiquement faible pour faire leurs emplettes au Japon. Mais cette dynamique s'est inversée : le yen se redresse, le dollar faiblit. Résultat, le pouvoir d'achat touristique s'effondre, entraînant un net recul des ventes. À lire aussiL'industrie du luxe à un tournant de son histoire Les chiffres sont sans appel pour les grandes marques Le groupe Kering est l'exemple le plus marquant de cette tendance. Son bénéfice a plongé au premier semestre 2025, et ses ventes ont fortement reculé. Même constat chez Prada, dont les ventes ont chuté de 2 % sur la même période. Gucci, marque phare du groupe Kering, enregistre quant à elle une baisse de 26 % sur un an. Ce repli s'explique également par des causes plus structurelles. En dix ans, les prix ont considérablement augmenté, poussant même les consommateurs fortunés à se montrer plus regardants. Car oui, le client du luxe cherche aussi un bon rapport qualité-prix. Et sans avantage tarifaire à l'étranger, il n'y voit plus l'intérêt d'y faire ses achats. À lire aussiLe secteur du luxe, victime de la guerre commerciale de Donald Trump Des réponses face à une crise durable La conjoncture mondiale n'arrange rien. Instabilité économique, tensions géopolitiques, droits de douane américains sur les produits européens désormais portés à 15 %. Tout cela pèse lourdement sur les perspectives du secteur. L'imbroglio des négociations entre Bruxelles et Washington n'a fait que renforcer l'incertitude. Face à ces défis, les groupes réagissent. Chez Kering, un plan de relance est en cours avec notamment l'arrivée d'un nouveau directeur général – Luca de Meo, ancien patron de Renault – et un nouveau directeur artistique chez Gucci. Plus globalement, les maisons de luxe ont compris qu'elles ne pouvaient plus se reposer uniquement sur la puissance de leur logo ou les hausses de prix. L'heure est au renouveau : retravailler l'expérience client, réenchanter l'image de marque et surtout, recréer le désir d'achat afin que les clients sortent leurs cartes bancaires !
Face à l'essor fulgurant de l'intelligence artificielle, les géants de la tech se livrent une bataille acharnée pour attirer les meilleurs talents. Entre salaires mirobolants, pression intense et transformation du marché du travail, cette course effrénée à l'innovation soulève autant de promesses que de tensions. Depuis le début de l'année 2024, Apple, Google, Meta, OpenAI et Microsoft s'arrachent les plus brillants chercheurs en intelligence artificielle. Objectif : prendre une longueur d'avance dans la course technologique. Et les montants en jeu donnent le vertige. Salaires dépassant les 10 millions de dollars par an, primes allant jusqu'à 100 millions. L'IA est devenue le théâtre d'un véritable mercato, où les talents sont courtisés comme des stars du football. L'enjeu est simple. Disposer des meilleurs modèles d'IA générative pour imposer ses propres outils et écraser la concurrence. Celui qui rafle les cerveaux s'offre potentiellement une position de quasi-monopole sur le marché de demain. À lire aussiIntelligence artificielle: la concurrence entre les géants du web s'intensifie Meta en pointe avec une stratégie offensive Un exemple frappant, celui de Meta, la maison mère de Facebook. En juin dernier, Mark Zuckerberg a lancé une unité spéciale baptisée « SuperIntelligence Labs ». À sa tête, Alexandr Wang, 28 ans, fondateur d'une start-up innovante dans l'IA. Meta a acheté la moitié de cette entreprise et recruté Wang, entraînant avec lui ses équipes. Une manœuvre pour empêcher la concurrence de bénéficier de ce savoir-faire et pour accélérer la montée en puissance de Meta dans le domaine. Ce type de stratégie montre à quel point les grands groupes sont prêts à tout pour sécuriser leurs positions. À lire aussiIntelligence artificielle : les enjeux d'une compétition mondiale Pression, salaires en hausse et marché du travail bouleversé L'afflux d'argent dans ce secteur n'est pas sans conséquences. Pour les investisseurs, il s'agit de miser sur les entreprises les plus performantes. Résultat : une pression considérable s'exerce sur les équipes et les dirigeants pour produire rapidement des résultats. Cette guerre des talents provoque aussi une inflation salariale, les rémunérations dans l'IA dépassant largement celles des ingénieurs classiques. Ce déséquilibre modifie en profondeur le marché du travail. Pour les entreprises, la difficulté réside désormais dans l'équilibre fragile entre innovation, attractivité et santé financière. Une tension permanente qui illustre les risques d'un modèle basé sur l'excellence à tout prix.
Les fabricants d'éoliennes et de panneaux solaires qui veulent investir aux États-Unis dénoncent un revirement opéré par la Maison Blanche concernant leur secteur depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. Un changement politique qui met en péril leur filière, et ce, pour de nombreuses années à venir. À l'origine de cette situation, « la grande et belle loi budgétaire » du président américain adoptée au forceps le 4 juillet dernier. Ce texte met un tour de vis aux subventions fédérales pour les énergies propres. Trump a juré d'en finir avec « l'arnaque verte » de Joe Biden et de limiter l'envolée des déficits. Le nouveau budget supprime les crédits d'impôt pour les projets éoliens et solaires qui ne seront pas opérationnels d'ici au 31 décembre 2027. Les projets d'hydrogène bénéficient, eux, d'un sursis : à cette date, il faudra avoir commencé à construire l'usine pour bénéficier des aides. À lire aussiLutte contre le réchauffement climatique: Donald Trump en arrière toute L'essor des énergies vertes s'essouffle Pour les professionnels de l'éolien et du solaire, c'est la catastrophe. Selon eux, les projets d'installations risquent de baisser de 20% au cours de la prochaine décennie. Avec des dizaines de milliers d'emplois - ceux d'ingénieurs, d'installateurs, de techniciens ou encore de chefs de projet - qui finalement ne seront pas créés, et ce, alors que les coûts de l'électricité des ménages américains pourraient augmenter de 280 dollars par an d'ici à 2035, alertent les experts. Avec l'arrêt des subventions, financer de nouveaux projets devient très compliqué, voire impossible. Des projets d'investissements à l'arrêt C'est le cas du singapourien Bila Solar, fabricant de panneaux solaires, qui a suspendu le projet d'extension de son usine d'Indianapolis. Son concurrent canadien Heliene a lui remis aux calendes grecques l'installation d'une usine de cellules solaires dans le Minnesota. Enfin, deux projets de parcs éoliens offshore, prévu pour alimenter les États du Maryland et New England, pourraient ne jamais voir le jour. Selon la filière, c'est 373 milliards de dollars d'investissements qui pourraient disparaître. Mais les acteurs du marché disent encore avoir besoin de temps pour évaluer les effets de cette nouvelle législation et de la politique des droits de douane de Trump. Actuellement, le marché américain dépend fortement des importations de composants. Et c'est la Chine qui contrôle 80% de la production mondiale de panneaux solaires. À lire aussiLa politique énergétique de Donald Trump pèse sur l'économie américaine
Alors que le groupe culte Oasis poursuit sa tournée de retrouvailles au Royaume-Uni ce week-end à Manchester, les chiffres donnent le tournis. Plus d'un milliard de livres sterling injectées dans l'économie locale et nationale : le phénomène musical pourrait devenir un levier économique pour le pays. Décryptage. Ce week-end, Manchester s'apprête à vivre l'un des événements culturels les plus attendus de l'année : les concerts britanniques de la tournée Oasis Live 25. Liam et Noel Gallagher, enfants du pays, réunissent près de 500 000 spectateurs venus du monde entier. Ce n'est pas seulement un moment musical fort, c'est aussi une aubaine pour l'économie locale. Hôtels complets, chambres multipliées par cinq, bars pleins à craquer et boutiques éphémères prises d'assaut, la ville de Manchester surfe sur l'économie de l'expérience. Les visiteurs ne viennent pas juste pour le concert. Ils prolongent leur séjour, visitent les lieux de légende du groupe, consomment et participent à un tourisme musical florissant. Résultat, des millions de livres dépensées, et autant de recettes fiscales pour la ville. Une tournée à 1,06 milliard de livres Selon une étude de la banque Barclays, les fans d'Oasis ont dépensé en moyenne 766 £ chacun pour les 17 concerts britanniques, soit un total de 1,06 milliard de livres sterling injectées dans l'économie du Royaume-Uni. Et ces dépenses ne se limitent pas aux billets. Elles concernent l'hébergement, la restauration, les transports, les vêtements et les produits dérivés. Ce qui rend cette tournée particulièrement intéressante économiquement, c'est la redistribution locale de la dépense. Près de 58 % de l'argent dépensé reste dans les économies régionales, créant un effet d'entraînement pour l'ensemble du tissu économique, des hôtels aux taxis en passant par les petits commerçants. Le soft power Oasis, de Manchester à l'international Oasis ne se contente pas de ranimer la Britpop. Le groupe contribue à renforcer le soft power britannique. Dans les années 1990 déjà, les Gallagher étaient les visages de la « Cool Britannia », cette vague culturelle qui a redonné une image branchée et dynamique au Royaume-Uni. La tournée actuelle en est un prolongement. Alors que la croissance britannique stagne autour de 1 %, cet élan ponctuel de consommation fait figure de bol d'air économique, à l'image de l'impact de la tournée de Taylor Swift aux États-Unis, qui avait injecté cinq milliards de dollars dans l'économie américaine. Et ce n'est pas fini. Après Manchester, Oasis s'envole pour l'Amérique du Nord, l'Asie et l'Australie. L'impact économique global pourrait donc être encore plus impressionnant. Cette tournée Live 25 pourrait bien être le « Wonderwall » économique dont le Royaume-Uni avait besoin. À lire aussiOasis entame une tournée mondiale empreinte de nostalgie