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Les économistes sont formels : la Chine deviendra, d'ici à 2030, la première économie mondiale en termes de PIB. Mais le pays est déjà leader dans beaucoup de domaines, depuis les énergies renouvelables jusqu'à la recherche scientifique. Et elle se projette comme première puissance globale. Barthélémy Courmont, professeur d'histoire à l'université catholique de Lille, publie La Chine face au monde, aux éditions Eyrolles. Il nous explique comment la Chine prépare son ascension pour supplanter les États-Unis comme « leader du monde », avec comme première étape pour le démontrer, la conquête de Taïwan. À lire aussiGuerre commerciale: la Chine souffre mais garde le cap
Les économistes sont formels : la Chine deviendra, d'ici à 2030, la première économie mondiale en termes de PIB. Mais le pays est déjà leader dans beaucoup de domaines, depuis les énergies renouvelables jusqu'à la recherche scientifique. Et elle se projette comme première puissance globale. Barthélémy Courmont, professeur d'histoire à l'université catholique de Lille, publie La Chine face au monde, aux éditions Eyrolles. Il nous explique comment la Chine prépare son ascension pour supplanter les États-Unis comme « leader du monde », avec comme première étape pour le démontrer, la conquête de Taïwan. À lire aussiGuerre commerciale: la Chine souffre mais garde le cap
Réunis à Roland-Garros pour la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF), les dirigeants d'entreprises ont partagé leurs inquiétudes : dette publique, compétitivité, innovation, transition écologique… Dans un contexte de rentrée sociale tendue, l'émission Eco d'ici Eco d'ailleurs donne la parole aux chefs d'entreprise et à deux économistes de premier plan.
Réunis à Roland-Garros pour la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF), les dirigeants d'entreprises ont partagé leurs inquiétudes : dette publique, compétitivité, innovation, transition écologique… Dans un contexte de rentrée sociale tendue, l'émission Eco d'ici Eco d'ailleurs donne la parole aux chefs d'entreprise et à deux économistes de premier plan.
En Tunisie, les maisons d'hôtes se multiplient avec une progression de 10 % cette année, mais elles manquent encore d'un cahier des charges adapté. Sur les 2 000 maisons d'hôtes que compte le pays, seules 300 seraient aux normes. Un nouveau cahier des charges est en passe d'être voté au Parlement. Les professionnels du tourisme attendent ce nouveau cadre législatif depuis des années, les anciens textes étant peu adaptés à la nouvelle demande et à la diversification du secteur. Avec notre envoyée spéciale à Sidi Bouali, Dans cette maison d'hôtes de Dar Zitouna, dans la zone sahélienne de Sidi Bouali, à une vingtaine de kilomètres de Sousse, dans le Sahel tunisien, le concept est simple : une journée piscine à une vingtaine de dinars, des menus peu chers, une ferme pédagogique et des chambres minimalistes. « On a misé sur tout ce qui est verdure et le patrimoine local, explique Safouen Farouk, expert-comptable, qui a bâti cet « écolodge ». On a essayé de garder les oliviers parce qu'on a des arbres millénaires. On a essayé de faire des maisons écologiques à base de bois. » Lenteurs administratives Depuis une dizaine d'années, les maisons d'hôtes se multiplient en Tunisie, mais c'est souvent le parcours du combattant pour l'ouverture. « Au départ, c'était un peu difficile, surtout au niveau administratif, témoigne-t-il. Depuis 2012, j'ai déposé beaucoup de demandes pour avoir les autorisations. Heureusement, en 2018, il y a eu un changement radical dans le concept et dans les autorisations. Donc, on est passé du changement de vocation de terre agricole à un simple accord du ministère de l'Agriculture. Ce qui a facilité beaucoup l'autorisation et l'inauguration était en 2020. » Safouen Farouk espère que la nouvelle législation lui permettra d'augmenter sa capacité d'accueil et de servir de l'alcool, autant de demandes appuyées par la Fédération interprofessionnelle du tourisme. « Pour l'alcool, c'est tout à fait normal, estime Houssem Ben Azzouz, président de cette organisation sectorielle. Si on s'appelle hébergement alternatif touristique, on s'adresse à une clientèle nationale et internationale. C'est normal qu'il y ait des boissons alcooliques. Ce qu'on a demandé aussi, c'est peut-être augmenter un peu les capacités pour les maisons d'hôtes, au lieu d'uniquement cinq chambres, peut-être aller vers huit ou dix chambres. » Élargir l'offre touristique Cette nouvelle législation vient assouplir des dispositions anciennes compliquées votées en 2013 et 2017. Il y aura désormais quatre cahiers des charges, détaille ce responsable de la profession : « Un pour les maisons d'hôtes, qu'on appelle également chambres d'hôtes ici, un autre pour les gîtes ruraux, un cahier de charges pour les campings touristiques et un quatrième pour les relais touristiques, sortes de motels sur les grandes routes. » L'objectif est d'élargir l'offre touristique pour toutes les clientèles, notamment les Tunisiens de la classe moyenne, qui ne peuvent plus se permettre un séjour à l'hôtel. À lire aussiLa Tunisie et le Maroc connaissent une année touristique 2025 en demi-teinte
Les patrons français sont réunis depuis ce mercredi à l'occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF). Un rendez-vous qui intervient alors que le management connait une crise. En France, mais également ailleurs dans le monde, le refus d'être chef progresse, comme le montre une récente enquête internationale de Cegos. Comment expliquer ce phénomène ? Quelles conséquences économiques ? Comment relancer les vocations ? Pour en débattre : Caroline Diard, professeure associée à TBS Education Christelle Delavaud, manager de l'offre et expertise Développement personnel chez Cegos Emmanuel Kahn, responsable du pôle études de l'APEC (Association pour l'emploi des cadres)
Donald Trump n'était jamais allé aussi loin dans ses attaques contre la Fed, la Réserve fédérale américaine. Lundi 25 août, il a annoncé le limogeage d'une des gouverneurs de l'institution, Lisa Cook, pour fraude présumée. « Un putsch » selon le Financial Times, qui « constitue l'un des plus graves défis lancés à la Fed depuis qu'elle est devenue indépendante », il y a plus de 70 ans. Dernier épisode du bras de fer qui oppose le président américain à l'institution qu'il souhaite contrôler. Avec notre invité Pierre Gervais, professeur de civilisation américaine à l'Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, auteur du livre Histoire des États-Unis de 1860 à nos jours. Éditions Hachette éducation.
Au Congo-Brazzaville, le secteur du bois pèse moins de 6% dans le produit intérieur brut du pays, très loin derrière le pétrole. Les autorités de Brazzaville espèrent valoriser l'économie forestière par la transformation locale. De leur côté, les ONG demandent que le secteur devienne plus transparent. Acteur de la société civile, membre de la coalition Publiez ce que vous payez, Brice Mackosso surveille l'évolution de l'activité forestière en République du Congo. Selon lui les autorités de Brazzaville devraient renforcer la transparence du secteur du bois : « Il serait intéressant, par exemple, que le ministère de l'Économie forestière divulgue les critères techniques et financiers pour l'attribution des concessions forestières. Qu'il divulgue aussi les propriétaires réels des concessions forestières. Nous avons prévu aussi, dans notre secteur forestier, la mise en œuvre des cahiers des charges dont les communautés riveraines sont bénéficiaires. Il faudrait que le ministère travaille pour que ces cahiers des charges soient exécutés par les entreprises. » 300 essences exploitables La priorité du gouvernement est que les entreprises valorisent davantage le potentiel ligneux du pays. « [Il est] constitué de plus de 300 essences exploitables, capables de fournir annuellement 8,7 millions de m², souligne la ministre de l'Économie forestière Rosalie Matondo. Cependant, à ce jour, seuls 1,7 million de m² sont valorisés par nos sociétés forestières et nos artisans. Le travail qui nous attend est immense. » Transformation locale Analyste économique et financier, Alphonse Ndongo estime lui aussi que la place du bois pourrait grandir dans l'économie congolaise, qui reste une économie de rente : « Lorsqu'on regarde le tableau économique du Congo, le bois représente 5,6% du produit intérieur brut. Ce qui est quand même, à mon avis, assez faible, au regard de ce que ce secteur devrait occuper comme place de choix après le pétrole. C'est quelque chose qui doit contribuer, surtout dans le cadre de la diversification de l'économie. Ça devrait être, pour moi, plus important que ça. » Pour mieux valoriser le bois localement et créer des emplois, les autorités de Brazzaville ont décidé, début 2023, de ne plus exporter de bois en grumes. Pour l'heure, l'entreprise Likouala Timber affirme qu'elle transforme toute sa production localement, à savoir 150 000 m² l'an dernier sur son site de Bétou, dans le nord du Congo. À lire aussiCongo-Brazzaville: des défis et solutions pour préserver les forêts du pays
La surtaxe des États-Unis sur les produits indiens importés, fixée à 25% depuis le début du mois, est passée à 50% mercredi 27 août. Selon Donald Trump, c'est un moyen de sanctionner les achats de pétrole russe par l'Inde, second importateur d'or noir de Moscou. Les pressions commerciales exercées par l'administration Trump rapprochent l'Inde de la Chine. Les deux pays, souvent qualifiés de rivaux interdépendants, affichent leur entente soudaine. Ils entretenaient des relations particulièrement tendues depuis 2020. L'analyse de l'économiste Jean-Joseph Boillot, chercheur associé à l'Iris, spécialiste de l'Inde et des pays émergents.
En Éthiopie, le secteur du bâtiment est en plein boum et les autorités doivent répondre à un défi de taille : comment inclure les communautés dans la construction d'infrastructures ? À Addis-Abeba, le corridor suscite la controverse. Ce projet de développement urbain, qui a pour but de remplacer les habitations et commerces informels par des bâtiments et des avenues flambant neufs, a forcé des milliers de personnes à quitter leurs foyers du centre-ville. Dans la salle de conférences d'un salon dédié aux infrastructures en Afrique de l'Est, experts et professionnels du bâtiment débattent de l'inclusion des communautés dans les projets immobiliers. Consultante en développement urbain, Samrawit Yohannes Yoseph explique comment elle procède avant chaque nouveau chantier : « La première chose, c'est d'aller à la rencontre des communautés, aller là où ils vivent. Il faut expliquer le projet. Il faut identifier les choses dont elles manquent, et comment le projet peut leur être bénéfique. Si c'est un très gros chantier et que les résultats ne seront visibles que dans 10 ou 15 ans, il faut réfléchir à ce que vous pouvez faire aujourd'hui. » Population relogée dans des condominium D'après Samrawit Yohannes Yoseph, certaines infrastructures n'ont pas pu voir le jour en Éthiopie en raison de désaccords entre les promoteurs et les populations. Une décision rare, à l'échelle des milliers de personnes expropriées ces dernières années pour faire place au corridor dans la capitale. Bezawit Eshetu Gizaw, représentante de l'Éthiopie pour le réseau African Circular Economy Network, défend la construction des condominiums, ces grands ensembles érigés à l'extérieur d'Addis-Abeba pour reloger les personnes expulsées. « C'est vrai que la plupart des gens n'y vont pas par choix. Avant, il y avait des terrains et les gens pouvaient construire leur propre maison et faire ce qu'ils voulaient. Mais aujourd'hui, à cause de la pression démographique, la ville grandit vite. La réalité du terrain, c'est que vous devez trouver un endroit communautaire où partager des services. Les condominiums permettent cela », estime Bezawit Eshetu Gizaw. Communautés expulsées en 72 heures Sara Kimani, du bureau d'Amnesty International en Afrique de l'Est, dénonce de son côté l'attitude des autorités à l'égard de la population. « Les communautés n'ont pas été consultées de manière adéquate. À la place, on leur a donné 72 heures pour quitter leur maison. Il est crucial de s'assurer que le projet inclut les communautés. Notre enquête montre que les enfants ont été expulsés de leurs écoles, les familles ont été plongées dans la grande pauvreté, laissées sans espoir. Il y a un devoir clair issu de la Convention de Kampala à ne pas créer de personnes déplacées, sous couvert de développement, rappelle-t-elle. Rien de tout ça n'a été respecté pour le corridor. » D'après Amnesty International, pour le seul mois de novembre 2024, au moins 872 personnes ont été expulsées de leur logement par la municipalité d'Addis-Abeba. À lire aussiEn Afrique de l'Ouest, un déficit de logements difficile à combler
François Bayrou sollicite la confiance des députés le 8 septembre face à la situation économique en France. Le pari est très risqué pour le Premier ministre : de LFI au RN, tous les partis d'opposition ont annoncé qu'ils voteraient contre lui. Le scénario le plus probable est donc que le gouvernement tombe à la rentrée. Si c'est le cas, la deuxième économie de l'Union européenne va connaître le retour de l'instabilité politique qui préoccupe ses partenaires européens. L'analyse du politologue Olivier Costa, directeur de recherche CNRS au Cevipof, spécialiste des institutions européennes.
Dans un contexte de vieillissement de la population dans de nombreux pays, l'emploi des seniors est devenu un enjeu crucial. Au niveau européen, le taux d'emploi des 55-64 ans s'élève à 63,9% avec des disparités selon les pays. La France affiche par exemple un taux d'emploi de 56,9% pour les seniors selon la Dares quand celui de la Suède approche les 77%. Preuve qu'il est possible de faire mieux, même si au-delà de 55 ans, les obstacles se multiplient pour se maintenir ou trouver un emploi, notamment avec les préjugés liés à l'âge ou le manque de formation tout au long de la carrière. Alors que la tendance est plutôt au recul de l'âge de la retraite, quels sont les défis et les opportunités liés à l'emploi des seniors ? Faut-il miser sur la formation continue, l'adaptation des conditions de travail, ou encore la lutte contre les discriminations ? Mélissa-Asli Petit, sociologue, spécialiste des seniors et fondatrice de Mixing Générations, cabinet d'études spécialisé sur la longévité et les seniors. Vincent Touzé, économiste au département des études de l'OFCE, Observatoire français des conjonctures économiques. Co-responsable du pôle Enjeux économiques du vieillissement démographique – ECONAGE. Co-auteur de l'article Maintien des seniors dans l'emploi en Europe : quel bilan face au défi posé par le recul de l'âge de la retraite ? paru dans la revue de l'OFCE en juillet 2024. Un entretien avec Otillia Ferrey, correspondante de RFI à Stockholm en Suède, où le taux d'emploi des seniors est le plus élevé d'Europe. En fin d'émission, un nouvel épisode de notre série Le succès des repats réalisé par Charlie Dupiot. Ils et elles sont originaires d'Afrique centrale et ont décidé de rentrer dans leur pays après des études à l'étranger... C'est le moment du « Succès des Repats » ! Notre reporter Charlie Dupiot a rencontré Malika Deaken à Libreville : cette repat gabonaise de 37 ans a lancé une entreprise dans le secteur de la logistique, elle propose de livrer des marchandises à des particuliers et des commerçants. Mais c'est dans les bureaux de « Bet241 », plateforme gabonaise de paris sportifs, qu'elle nous accueille. En 2023, cette adepte des doubles journées est devenue la directrice générale de cette entreprise qui compte 130 employés. Cette émission est une rediffusion du 10 mars 2025 Programmation musicale : ► Lantchou mi yobaï – Queen Rima ► Tous mélangés – Toma Sidibé
En 2018, un mouvement de boycott spontané lancé sur les réseaux sociaux cible trois marques perçues comme symboles de la vie chère au Maroc. Parmi elles, Centrale Danone, filiale du géant français de l'agroalimentaire, subit de plein fouet la colère des consommateurs. Chiffre d'affaires en chute libre, image écornée et retrait de la Bourse… Retour sur une crise qui a marqué les esprits. L'histoire commence discrètement, presque anonymement, sur Facebook. Quelques messages appellent les Marocains à boycotter trois marques accusées de pratiquer des prix excessifs : le carburant des stations Afriquia, l'eau minérale Sidi Ali, et les produits laitiers de Centrale Danone. L'un des slogans partagés sur les réseaux résume l'état d'esprit des initiateurs : « Le boycott est plus fort que la manifestation. Ce n'est pas un acte ponctuel, c'est une résistance quotidienne ». Très vite, le mouvement prend de l'ampleur. Selon plusieurs sondages relayés à l'époque, 57 % des Marocains informés du boycott affirment avoir cessé d'acheter au moins une des trois marques concernées. En tête de cette fronde pacifique, la classe moyenne, étranglée par la cherté de la vie et de plus en plus frustrée face à l'immobilisme des autorités. À ce moment-là, le Maroc représente 45 % du chiffre d'affaires africain du groupe Danone. Un marché stratégique. Mais pour l'économiste Abdelghani Youmni, cette réaction populaire est le symptôme d'un malaise plus profond : « La classe moyenne marocaine, qui a mis seize ans à se construire, est en train de s'effriter. Elle perd pied à cause du coût de la vie, du crédit, de l'éducation, du transport, de la santé… L'économie marocaine crée de la richesse, mais en dehors des Marocains ». Ventes en chute libre, emplois supprimés, image écornée En mai 2018, après un mois de silence, le directeur général de Centrale Danone au Maroc, Didier Lamblin, prend la parole sur Atlantic Radio, une station privée marocaine. Le ton est grave : « L'impact est significatif sur nos ventes, sur nos parts de marché. Nous sommes obligés de prendre des mesures regrettables : suspendre une partie des volumes collectés chez nos 120 000 éleveurs ». Les conséquences sont immédiates : des centaines de travailleurs licenciés, des coopératives de lait déstabilisées, et une colère qui monte encore d'un cran. Début juin, des employés de l'entreprise manifestent devant le Parlement à Rabat : « Le gouvernement est responsable. Ce n'est pas aux salariés de payer les conséquences de la hausse du coût de la vie », scande un manifestant. Face à la crise, Danone tente une opération reconquête. En septembre, la marque annonce qu'elle vend désormais le litre de lait à prix coûtant, une mesure sans précédent. Mais rien n'y fait : les ventes continuent de chuter. Au total, Danone accusera une perte de 178 millions d'euros de chiffre d'affaires par rapport à l'année précédente. Quelques mois plus tard, Emmanuel Faber, PDG du groupe, revient sur cet épisode marquant : « Nous vendions notre lait au même prix que nos concurrents. Mais Centrale Danone était perçue comme proche de la famille royale et de l'élite marocaine. Cela a facilité son boycott. » Danone lancera par la suite une gamme de produits « solidaires » à bas prix, puis se fera discret. En 2020, Centrale Danone se retire de la Bourse de Casablanca. Les résultats financiers de la filiale ne sont désormais plus publics.
Dans un contexte de vieillissement de la population dans de nombreux pays, l'emploi des seniors est devenu un enjeu crucial. Au niveau européen, le taux d'emploi des 55-64 ans s'élève à 63,9% avec des disparités selon les pays. La France affiche par exemple un taux d'emploi de 56,9% pour les seniors selon la Dares quand celui de la Suède approche les 77%. Preuve qu'il est possible de faire mieux, même si au-delà de 55 ans, les obstacles se multiplient pour se maintenir ou trouver un emploi, notamment avec les préjugés liés à l'âge ou le manque de formation tout au long de la carrière. Alors que la tendance est plutôt au recul de l'âge de la retraite, quels sont les défis et les opportunités liés à l'emploi des seniors ? Faut-il miser sur la formation continue, l'adaptation des conditions de travail, ou encore la lutte contre les discriminations ? Mélissa-Asli Petit, sociologue, spécialiste des seniors et fondatrice de Mixing Générations, cabinet d'études spécialisé sur la longévité et les seniors. Vincent Touzé, économiste au département des études de l'OFCE, Observatoire français des conjonctures économiques. Co-responsable du pôle Enjeux économiques du vieillissement démographique – ECONAGE. Co-auteur de l'article Maintien des seniors dans l'emploi en Europe : quel bilan face au défi posé par le recul de l'âge de la retraite ? paru dans la revue de l'OFCE en juillet 2024. Un entretien avec Otillia Ferrey, correspondante de RFI à Stockholm en Suède, où le taux d'emploi des seniors est le plus élevé d'Europe. En fin d'émission, un nouvel épisode de notre série Le succès des repats réalisé par Charlie Dupiot. Ils et elles sont originaires d'Afrique centrale et ont décidé de rentrer dans leur pays après des études à l'étranger... C'est le moment du « Succès des Repats » ! Notre reporter Charlie Dupiot a rencontré Malika Deaken à Libreville : cette repat gabonaise de 37 ans a lancé une entreprise dans le secteur de la logistique, elle propose de livrer des marchandises à des particuliers et des commerçants. Mais c'est dans les bureaux de « Bet241 », plateforme gabonaise de paris sportifs, qu'elle nous accueille. En 2023, cette adepte des doubles journées est devenue la directrice générale de cette entreprise qui compte 130 employés. Cette émission est une rediffusion du 10 mars 2025 Programmation musicale : ► Lantchou mi yobaï – Queen Rima ► Tous mélangés – Toma Sidibé
Kantamanto est l'un des plus grands marchés de vêtements de seconde main du monde. En grande partie ravagé par un incendie en janvier, ce véritable poumon économique de la capitale du Ghana, Accra, a commencé à reprendre vie après une reconstruction express. Ce mardi 26 août, une cérémonie célèbre sa résurrection, mais les quelque 30 000 commerçants, eux, ont repris le travail il y a déjà plusieurs mois. Pour trouver la boutique de Bismarck Oppong, il faut déambuler quelques minutes dans la myriade d'allées que compte le marché de Kantamanto, réparties sur quatre hectares de marché de plein air à Accra, la capitale du Ghana. Voilà 14 ans que le commerçant s'est spécialisé dans la vente de jeans de seconde main. Une affaire littéralement partie en fumée il y a huit mois, lors de l'incendie de janvier 2025. « Quand le drame est survenu, nous n'avons rien pu faire. Mais après le désastre, on a pu rassembler quelques ressources, histoire de ne pas repartir de zéro. Maintenant, on espère juste pouvoir améliorer notre situation », se souvient Bismarck Oppong. Plus de place mais moins de clients Plus de trois millions de dollars : c'est qu'a donné la fondation Or, une ONG qui travaille avec les commerçants de Kantamanto pour reconstruire le marché. Un travail titanesque réalisé en l'espace de deux à trois mois pour les échoppes. Les travaux sont toujours en cours pour l'électricité. De retour dans sa boutique, Bismarck Oppong est particulièrement satisfait du réaménagement des allées. « Je préfère largement l'agencement de ce marché comparé à l'ancien : les démarcations, par exemple. Avant, on n'avait pas beaucoup d'espace. Mais maintenant, on a beaucoup plus de place. Les tentures aussi, avant, elles étaient plus basses, mais on les a relevées », se réjouit-il. Un marché plus agréable et accessible mais qui attire cependant moins de clients. « Il y a moins de clients, parce qu'après qu'il a brûlé, ils ne savent pas que l'on a rouvert », constate Judith Djoka. Arrivée du Togo il y a sept ans pour travailler comme vendeuse de vestes et de vêtements professionnels, elle n'a jamais connu une affluence aussi faible. « C'est un peu compliqué, déplore-t-elle. On achète des produits, mais les clients n'achètent pas. On ne gagne pas comme avant. » La reconstruction en bois « n'est pas idéale » Pour la vendeuse, il faut impérativement faire de la publicité pour attirer, à nouveau, les clients à l'intérieur du marché – et ainsi pouvoir y écouler les 15 millions de vêtements d'occasion qui y arrivent chaque semaine. Une tâche qui incombe à la Kantamanto Obroniwawu Business Association (Koba), la nouvelle association des vendeurs de vêtements de seconde main de Kantamanto. Un autre enjeu demeure : celui de l'amélioration de la sécurité incendie. Si certains commerçants ont bel et bien reçu une formation ainsi que des extincteurs, les 5 000 boutiques du marché ont été reconstruites en bois. « C'est vrai que ce n'est pas l'idéal, reconnaît Manu Adutwum Atta, le secrétaire général de la Koba. C'est une mesure temporaire. Mais il s'agit du gagne-pain des gens ici. Si on avait attendu de construire des infrastructures permanentes, ils n'auraient pas pu survivre. Mais c'est quelque chose que nous avons en tête pour le futur. » L'association des commerçants se donne cinq ans pour réfléchir à une reconstruction du marché qui serait, elle, plus pérenne. À lire aussiLe Ghana devient le premier pays africain à garantir la traçabilité du bois exporté vers l'UE
Plus grand salon du jeu vidéo au monde, la Gamescom de Cologne, en Allemagne, a attiré près de 300 000 personnes en cinq jours (20-24 août 2025). Ce fut l'occasion pour les professionnels, en particulier les rares studios africains, de rencontrer leur public mais aussi de trouver des financements, des éditeurs et de renforcer leurs réseaux. La Gamescom a accueilli cette année près de 1 500 professionnels du jeu vidéo. À côté des stands immenses occupés par les géants du secteur, il y avait aussi de nombreux petits studios indépendants venus du monde entier, mais seulement quatre du continent africain. « C'est la deuxième fois que nous venons à la Gamescom, témoigne Eyram Tawia, co-fondateur et PDG du studio ghanéen Leti Games. Cette année, nous voulons vraiment montrer à la communauté ce que l'Afrique a à offrir. Tous nos jeux mobiles se passent dans l'univers des légendes africaines, avec des super héros réels et fantastiques de tout le continent : Chaka Zoulou, des héros de la culture Masaï, du Ghana, de partout. » Jeu de lutte sénégalaise Les frères Kandji Mame Mor et Abdoulaye ont aussi fait le déplacement jusqu'en Allemagne. Eux viennent du Sénégal. Leur studio Amanirenas propose des expériences typiquement africaines comme Door Dan, un jeu vidéo sur la lutte sénégalaise. « C'est notre sport national, quand il y a un match, c'est comme si c'était la coupe du monde ! », s'enthousiasme Mame Mor Kandji, également président de la toute jeune Association des créateurs de jeux vidéo de la Teranga. Ils ne sont encore qu'une poignée de studios au Sénégal, mais les success stories existent. « Les jeunes commencent à s'intéresser au jeu vidéo, observe-t-il. Il y a un studio qui a sorti un jeu et il y a eu plus de 20 000 téléchargements en une semaine, alors que c'est studio composé d'une fille et d'un dessinateur ! Donc il y a vraiment de l'engouement. » À côté de sa carrière dans le jeu vidéo, Mame Mor Kandji est enseignant. Mais s'ils sont venus à Cologne, c'est pour trouver des partenaires. « Pour l'instant, au Sénégal, le jeu vidéo ne nourrit pas son homme, reconnaît-il. Mais comme le savoir-faire est là, nous nous sommes dit "pourquoi ne pas s'ouvrir ?" Nous sommes venus à la Gamescom pour échanger, voir comment bâtir un véritable écosystème. » Recherche investisseurs Même son de cloche du côté d'Eyram Tawia, convaincu lui aussi que l'avenir du jeu vidéo s'écrira aussi sur le continent. « Nous avons eu d'excellents retour sur nos jeux : avec les bons financements, on pourrait rivaliser avec les studios européens. Si un investisseur ou un studio étranger mettait de l'argent dans n'importe laquelle de nos licences, je suis sûr que ça marcherait. Et avec les revenus, on pourrait faire venir de nouveaux talents et combler notre déficit de compétences. » Pionniers dans le jeu sur mobile Face au manque d'infrastructures, d'ordinateurs et de consoles de jeu sur le continent, les studios misent principalement sur le mobile. Un marché en pleine croissance sur lequel les développeurs africains ont de l'avance. « Nous avons un coup à jouer parce que l'Afrique est très développée au niveau des technologies mobile, du mobile money..., souligne Abdoulaye Kandji. Par exemple, dans le jeu Door Dan, nous avons développé un véritable modèle économique avec les technologies autour du mobile money. Je pense que là-dessus, nous avons de l'avance. Il y a vraiment une mine d'or autour du jeu mobile avec toutes ses possibilités en termes de monétisation. » Ne reste plus qu'à convaincre institutions et investisseurs, localement ou à l'étranger. À lire aussiLa Gamescom: des participants africains au plus grand salon du jeu vidéo d'Europe
Fournie par des États donateurs ou des institutions multilatérales, l'aide publique au développement (APD) constitue un levier essentiel pour soutenir les pays africains dans leurs efforts de croissance économique et de réduction de la pauvreté. En Afrique comme ailleurs, l'APD contribue notamment au financement d'infrastructures, à l'amélioration des systèmes de santé et d'éducation, à faire face aux défis climatiques, à la sécurité alimentaire ou encore à la gouvernance. Cependant, malgré son importance, cette aide suscite de nombreux débats sur son efficacité. L'APD serait-elle un poison lent qui étouffe toute initiative locale ou au contraire un soutien vital qu'il faut réinventer ? Avec la participation de : Marie-Yemta Moussanang, consultante indépendante, enseignante à Sciences Po et réalisatrice du podcast Afrotropiques. Sandra Kassab, directrice du département Afrique de l'Agence française de développement (AFD). Paul-Simon Handy, chercheur camerounais, directeur Afrique de l'Est de l'Institut d'études de sécurité (ISS).
Entreprendre en Afrique quand on vit en Europe peut vite tourner au parcours d'obstacles. Pour éviter l'échec, de plus en plus de membres de la diaspora s'appuient sur des structures d'accompagnement comme des incubateurs. Un soutien devenu crucial. Zéphirin Jiogo a l'enthousiasme communicatif. « Voilà, j'ai 42 ans, je suis basé en région parisienne, employé dans une multinationale en charge de la transformation financière et investisseur à Douala et Yaoundé au Cameroun. » Il ne compte plus les allers-retours entre la France et son pays d'origine pour concrétiser ses ambitions entrepreneuriales. « C'est vraiment l'envie d'impacter. » C'est cette volonté qui l'a poussé à créer une application de mise en relation entre chauffeurs-livreurs et acteurs de l'e-commerce. Il va jusqu'à fournir des motos aux livreurs. Mais démarrer n'a pas été simple, comme il le raconte. « Beaucoup d'entrepreneurs vont vous parler de ressources, du manque de ressources. Moi, dans mon cas, je dirais, il y a d'abord un manque de cadre d'accompagnement. Il n'y a pas toujours les relais gouvernementaux qu'on va attendre. Il n'y a pas toujours la compétence. Aujourd'hui, c'est un pays qui est en train de se vider de ses talents qui vont au Canada, qui vont ailleurs. Moi, j'ai eu deux gérants très compétents qui ont dû quitter le pays du jour au lendemain pour des raisons personnelles. Ils sont là les premiers problèmes qu'on a avant le financement. Le financement reste un réel souci, mais avant ça, il y a d'autres problèmes qui sont encore plus importants. » L'accompagnement, levier de réussite Face à ces difficultés, il a décidé de se tourner vers un incubateur, une fois son projet mieux structuré. Une décision qui a tout changé, affirme-t-il. « Je vais être très clair, sans incubateur, tout ça aurait été impossible. On a pu lever des fonds assez conséquents qui nous permettent de financer l'activité et d'aller davantage plus loin. On a signé des partenariats stratégiques avec Spirou, qui est le géant indien de la moto électrique en Afrique. Le projet aujourd'hui a atteint un niveau de maturité qu'on n'aurait jamais atteint si on n'avait pas été accompagnés. » La diaspora africaine est aujourd'hui une cible de plus en plus stratégique pour les incubateurs et les bailleurs de fonds. Une évolution récente, selon Olivier Bossa, président du SIAD, une association de solidarité internationale qui accompagne les porteurs de projets via son incubateur Résonance Nord/Sud. « Je ne vais pas dire "maltraitée", mais elle était toujours considérée comme une statistique. Le plus souvent, on disait oui. L'envoi de la diaspora dépassait pratiquement l'aide au développement. Mais en fait, je pense que c'était une méconnaissance de cette cible. Et je pense que beaucoup d'États commencent par prendre conscience du potentiel de cette diaspora, qui n'est pas juste des investisseurs dans l'immobilier ou qui font juste des transferts d'argent, mais plutôt des entrepreneurs. Ce sont avant tout aussi des patriotes. Même s'ils ont vécu beaucoup plus de temps à l'extérieur, ils ont quand même envie de contribuer au développement de leur pays. Et c'est cette prise de conscience qu'il faut avoir pour mieux les accompagner. » Cette dynamique se reflète aussi dans les financements : la Banque africaine de développement consacre désormais 5 millions de dollars à un programme de soutien aux PME locales au Mali, au Togo et à Madagascar. À lire aussiAu Mali, les entrepreneurs de la diaspora face à l'incertitude [3/5]
Avec l'été, les Tunisiens de l'étranger rentrent au pays. Leurs transferts représentent 6,5 % du PIB. Plus de la moitié d'entre eux investissent en Tunisie. Mais sur place, les obstacles à l'investissement et au retour restent nombreux. En Tunisie, la diaspora est au centre des discussions avec l'été et le retour des « TRE », les Tunisiens résidant à l'étranger pour les vacances. Sur les collines d'El Monchar, près de Hammamet, Sofien Grira, 40 ans, Tuniso-Français, a fait le choix du retour. « On est originaire du sud de la France et d'Antibes, c'est pour ça que la lavande et le terrain de pétanque, c'est important pour nous », explique-t-il en montrant son domaine. Installé depuis cinq ans, Sofien a transformé la villa de son frère en une demeure de luxe destinée à une clientèle haut de gamme. « Ce n'est pas assez mis en valeur. Je pense qu'on a réussi à créer quelque chose parce qu'il y a un petit engouement autour de notre villa Apolonya au niveau d'Instagram, des revues Google, d'Airbnb », décrit-il. Un exemple rare d'investissement productif dans le tourisme Ancien développeur informatique, spécialiste du marketing digital et de la finance, Sofien vivait à Dubaï avant de revenir investir en Tunisie. « Quand je vois que le Maroc avance, que la diaspora marocaine commence à investir et à faire des projets comme Apolonya là-bas… Quand je vois qu'en Grèce, ils sont sortis du tourisme de masse pour faire ça et que ça a cartonné, je me dis : si on ne montre pas l'exemple, il n'y a personne qui suivra. Donc, pourquoi ne pas le faire ? Pourquoi ne pas avancer ? Malgré les difficultés et les contraintes », affirme-t-il. Alpagas, poneys et paons peuplent aujourd'hui ce petit coin de paradis. Mais ce genre de projet reste l'exception. Nombreux sont les membres de la diaspora qui hésitent encore à investir. C'est ce que confirme le professeur Mustapha Kaanichee, expert en migration, lors du Tunisia Global Forum, le forum annuel sur la diaspora. « La plupart des investissements de la diaspora en Tunisie, je dirais que ce sont des investissements non productifs dans le secteur immobilier, dans la construction ou l'achat de maisons, et aussi dans l'agriculture. Et même dans l'agriculture, c'est l'achat de terrains agricoles plutôt que de projets agricoles », explique-t-il. Pour l'universitaire, les freins sont bien identifiés : « Quels sont les obstacles à l'investissement en Tunisie ? Il y a des obstacles essentiellement administratifs, la complexité administrative, l'environnement d'affaires qui n'est pas vraiment très favorable », souligne-t-il. Une réforme du Code des changes, l'instauration d'avantages pour favoriser une migration circulaire : ce sont, selon lui, des leviers nécessaires pour encourager les investissements et le retour des Tunisiens de l'étranger. Mais la réalité est encore loin des discours. Selon une étude présentée lors du forum, seulement 20% des TRE souhaitent rentrer au pays. Près de 60 % excluent cette possibilité.
Très structurée, la diaspora malienne continue d'investir au pays malgré un climat politique et économique dégradé. Depuis les coups d'État de 2020 et 2021, de nombreux projets stagnent ou perdent en rentabilité. Rencontre avec deux entrepreneurs maliens de France qui tentent de garder le cap, entre lucidité et espoir. Djibril Maiga, entrepreneur malien basé en France, a longtemps cru dans le potentiel de l'immobilier haut de gamme à Bamako. Il y a investi dans plusieurs appartements de luxe qu'il considère aujourd'hui comme un capital mort : « Malheureusement, avec le départ des ONG et des expatriés de la Minusma, entre autres, on est obligés de fermer les appartements, de libérer le personnel » explique-t-il. « Financièrement, je regrette d'avoir investi au Mali. J'aurais plutôt visé d'autres capitales de la sous-région où il y a un certain dynamisme économique. » Dans un tout autre secteur, Raky Keita tient encore bon. À Bamako, elle gère un magasin de puériculture et un SPA capillaire. Ses activités tournent au ralenti, mais elles tiennent. « Les affaires ne vont pas au même rythme qu'avant, mais ça continue de fonctionner », assure-t-elle. Secrétaire générale du Club des entrepreneurs maliens de France, elle observe toutefois une dégradation nette de l'environnement économique : « Clairement, c'est très difficile. Beaucoup de connaissances et d'entrepreneurs qui avaient des salaires confortables se retrouvent au chômage. Certains ont quitté le pays, notamment ceux qui ont la double nationalité - France, États-Unis, Canada – ne serait-ce que pour assurer les frais de scolarité de leurs enfants. » Malgré tout, elle refuse de sombrer dans le pessimisme : « Il est bon pour tout entrepreneur, pour tout patriote, de garder espoir. De se dire que c'est une phase. Et d'ici là, on doit continuer à se positionner comme entrepreneurs. » De l'informel au formel : un pari sur la stabilité Au-delà de la crise politique et de l'insécurité, l'absence de cap économique clair complique la tâche des investisseurs : « On navigue à vue, sans aucune visibilité », résume Raky Keita. Pourtant, elle distingue une évolution positive dans le paysage entrepreneurial malien : la progression de la formalisation des entreprises. « De plus en plus d'entrepreneurs maliens quittent l'informel pour passer au formel. Une fois qu'on a créé sa société à Bamako, on est légitime, on peut exercer dans d'autres pays de la sous-région. » Et d'ajouter : « Cette légitimité est grandissante, et pour moi, c'est un vrai salut. » Un point crucial dans un pays où l'économie informelle représente encore 30 à 40 % du PIB, et où près de trois quarts des actifs évoluent hors du secteur formel, selon l'Organisation internationale du travail. À lire aussiMali: la diaspora face à la vie chère au pays
Une rencontre entre les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et russe Vladimir Poutine pourrait se profiler, après les discussions lundi 18 août, à Washington, entre Ukrainiens, Américains et plusieurs dirigeants européens. Des discussions qui se sont déroulées dans une ambiance plus cordiale que lors de la précédente visite du président ukrainien à Washington, fin février. Et si ces progrès étaient en partie liés à des négociations économiques avec un président businessman tel que Donald Trump ? L'analyse de Sylvie Matelly, économiste et directrice de l'Institut Jacques Delors, autrice du livre Géopolitique de l'économie, éditions Eyrolles.
Les membres de la diaspora camerounaise sont parmi les plus motivés à investir au pays. Pour les orienter au Cameroun et leur permettre d'éviter les pièges, des entreprises et des plateformes de conseil ont vu le jour. Son stand est très visité au salon de la diaspora camerounaise, près de Paris. Frank Kengné a investi dans le solaire au Cameroun. Il a aussi créé une plateforme de conseil, Diaspora Impact Business, et rédigé un guide, 55 idées de business. Il conseille à la diaspora camerounaise d'aller au-delà de ses investissements habituels. « Ou ils font de l'immobilier, ou ils sont dans l'agriculture ou les projets avicoles, constate l'entrepreneur. Pourtant, il y a beaucoup d'autres secteurs où il y a beaucoup de besoins, mais où il y a moins de monde. Par exemple, dans le traitement des déchets. L'énergie, je pense que si vous faites le tour, je suis le seul qui en parle. L'eau, il n'y a presque personne. Donc sur les besoins primaires, en fait, il y a beaucoup d'investisseurs qui ne s'y intéressent pas. » Tiers de confiance L'entrepreneur aide aussi les investisseurs dans le délicat suivi à distance. « On a tissé un réseau de partenaires, explique Frank Kengné, que ce soient des comptables, des notaires, des avocats. J'ai mes propres équipes sur place aussi, qui montent des projets, qui les suivent. On a essayé justement de tisser un réseau de tiers de confiance. » Des bureaux pour atterrir Fidéliser des équipes reste difficile, confie l'investisseur, et l'administratif au Cameroun est un défi pour les entrepreneurs de la diaspora. Pour leur faciliter la tâche, la société accélératrice d'entreprises Brain Booster leur réserve un espace dans ses locaux de Yaoundé. « C'est un service spécial qui permet justement à quelqu'un de la diaspora d'arriver au Cameroun avec sa valise, d'avoir un bureau, une interconnexion internet, l'électricité 24 heures sur 24, et aussi d'avoir toutes les informations nécessaires pour pouvoir ouvrir son entreprise, explique la co-fondatrice, Christelle Mekuate. Par exemple, que demande le guichet unique de création d'entreprise ? Si par exemple, j'ai un problème comptable, comment est-ce que je dois faire ? Quelles sont les aides de l'État à disposition pour la diaspora pour leur faciliter les importations ? » Un frein majeur Le principal frein aux investissements de la diaspora demeure cependant la non-reconnaissance par le Cameroun de la double nationalité, juge Rebecca Enongchong, qui a patiemment bâti le succès de sa société Appstech : « ll y a des personnes qui veulent investir au Cameroun et ils sont dans la loi comme des étrangers. Ils payent le visa pour aller investir. Ils n'ont pas le droit d'avoir du foncier, ils ne peuvent pas acheter un terrain à leur nom. Et donc, il y a encore ces freins institutionnels qui existent. Cette double nationalité, elle est vraiment importante si on veut que la diaspora revienne, si on veut qu'elle investisse. » Malgré son enthousiasme, la diaspora ne participe qu'à hauteur de 1,5% à la richesse du Cameroun, alors qu'au Sénégal, sa contribution est de 10%. À lire aussiLa diaspora investit: au Burkina Faso, Raïssa et Stéphane explorent la filière du beurre de karité
Ils font partie de cette nouvelle génération d'entrepreneurs issus de la diaspora qui veulent investir sur le continent africain. Raïssa, Franco-Camerounaise, et Stéphane, Franco-Burkinabè, mûrissent un projet autour du beurre de karité, produit emblématique du Burkina Faso. Portrait d'un couple à la croisée des mondes, entre prudence, convictions et ambition. La première rencontre avec Raïssa et Stéphane Ky, la trentaine, remonte à l'événement Back to Africa organisé en octobre 2024 par l'entrepreneur camerounais Philippe Simo, figure montante des diasporas africaines engagées dans l'investissement sur le continent. Dix mois plus tard, leur projet a pris forme : « Étant originaire du Burkina, on s'est naturellement tournés vers le beurre de karité, un produit local avec un vrai potentiel, explique Stéphane. On est encore dans la phase de cadrage. On explore, on teste à petite échelle, mais on avance. » Le couple vise un double ancrage : le Burkina Faso dans un premier temps, et à plus long terme la Côte d'Ivoire, pays voisin au marché dynamique. Mais pas question de se précipiter. « Il va falloir qu'on se forme. Moi, j'ai une formation en finance, Stéphane est ingénieur en informatique, donc l'agriculture, ce n'est pas encore notre domaine », précise Raïssa. « Aujourd'hui, au Burkina, il y a une vraie dynamique autour de la transformation locale, observe Stéphane. Donner de la valeur ajoutée aux produits agricoles sur place, c'est à la fois bénéfique pour l'économie locale et intéressant financièrement. » Investir, une question de timing Comme beaucoup d'investisseurs issus de la diaspora, Raïssa et Stéphane sont conscients du contexte politique et économique instable. En 2023, les investissements directs étrangers (IDE) au Burkina Faso ont chuté de 87%, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Mais ils ne s'estiment pas découragés pour autant. « J'ai la double nationalité, ce qui peut être un avantage, souligne Stéphane. Un profil comme le nôtre est peut-être plus agile qu'un investisseur étranger classique. » Raïssa, elle, insiste sur l'importance du timing : « Ce n'est pas en pleine période électorale qu'il faut se lancer. Il faut parfois attendre, laisser les choses se stabiliser, et ensuite saisir le bon moment. » Et ce bon moment pour eux ? Ce sera pour bientôt, mais pas tout de suite. « On attend l'arrivée de notre deuxième bébé », confie Raïssa, le sourire aux lèvres, une main posée sur son ventre. Le projet karité attendra encore quelques mois, mais la conviction est là : l'avenir, c'est en Afrique qu'ils veulent l'écrire. À lire aussiBack to Africa: la diaspora africaine qui veut investir sur le continent
Suite de notre série d'été sur l'économie du jeu vidéo. Pour ce cinquième et dernier épisode, on vous présente Date Everything. Un simulateur de drague au concept un peu surprenant au premier abord. Mais surtout le premier jeu à avoir signé un accord avec le principal syndicat des acteurs aux États-Unis. Le scénario prétexte de ce jeu gentiment barré vous met dans la peau d'un ou d'une employé d'une entreprise fictive type Amazon qui au moment de se voir remplacé sur le marché du travail par une IA se retrouve avec entre les mains le dernier prototype de lunettes high-tech développé par la compagnie : à travers elle, les objets du quotidien prennent soudainement vie et apparence humaine. Comme son nom l'indique, Date Everything vous propose alors de draguer votre canapé, le grille-pain, le frigo, la paperasse qui traîne sur le bureau ou même, pourquoi pas les toilettes... Jean-Loo Pissoir dont on découvre la passion discutable pour le rap. Un des plus de 100 objets personnifiés que propose Date Everything, tous incarnés par des comédiens professionnels. Il faut dire que derrière ce jeu concept il y a Ray Chase un comédien de doublage qui après des années à incarner les personnages écrits par d'autres au cinéma, à la télévision ou dans le jeu vidéo a décidé de passer de l'autre côté de la barrière comme il l'explique ici dans le podcast spécialisé Triple Click. « Il n'y a pas de rôle principal dans notre jeu : tout le monde est sur un pied d'égalité ! Ce qui est une manière très stupide de faire un jeu vidéo, à chaque fois il a fallu dire "allez, on va enregistrer 800 à 1200 lignes de dialogues pour chacun de ces personnages en 4 heures d'enregistrement". C'était très difficile pour les comédiens mais ils se sont aussi beaucoup amusés ». Un jeu pensé pour défendre les droits des comédiens En tant que comédien Ray Chase a participé au mouvement de grève des comédiens de jeu vidéo en 2016 pour réclamer comme les acteurs d'Hollywood l'application d'un « droit résiduel », un revenu assuré aux comédiens lors des multiples rediffusions ou réexploitation des œuvres auxquelles ils ont contribué. C'est ce qui explique ce choix inédit de contrat avec les comédiens de Date Everything. « C'est un jeu sous convention collective syndicale : nous payons des droits résiduels aux comédiens, ce qui ne s'est jamais vu pour un jeu vidéo. Nous avons un accord avec le syndicat des acteurs et 10 % de nos profits vont aux comédiens de doublage. À nous d'incarner le changement que nous voulons voir dans l'industrie ». Date Everything sort aussi au moment après une nouvelle et longue grève des comédiens et comédiennes du jeu vidéo exigeant que l'utilisation de l'intelligence artificielle soit encadrée. Ray Chase a signé des deux mains, lui vivant, il n'y aura pas de recours à l'IA dans ses jeux.
Le port de Ziguinchor, au Sénégal, est toujours à la peine après avoir vécu un arrêt complet durant plusieurs mois en raison des troubles politiques de 2023. L'infrastructure est un point clé pour l'exportation des produits agricoles comme l'anacarde. Trois navires ont repris leurs rotations côté embarcadère, mais le port commercial, lui, est toujours à l'arrêt. Les ferrys Aline-Sitoé-Diatta et Aguene ont repris du service sur la ligne Dakar-Ziguinchor. Le transport de passagers bat son plein. Quelques fruits et légumes locaux sont aussi transportés, mais les conteneurs sont limités. Les gros navires de fret sont toujours bloqués, et cela fait maintenant plus de deux ans. Moctar Dabo, président des dockers du port de Ziguinchor au Sénégal, s'impatiente : « Jusqu'à nos jours, ça ne marche pas. Il n'y a pas de bateaux au port commercial là-bas. Ce sont spécialement les gros produits, par exemple l'anacarde ou même les autres. Pour le ciment, le fer, le port ne marche pas. Et puis nous, en tant que dockers, on ne compte que sur ces produits. Malheureusement ces produits ne viennent pas ici. » Le cargo Djilor, qui appartient au Cosama, le consortium sénégalais d'activité maritime, transportait des milliers de tonnes d'anacardes, production centrale dans l'économie de la région. Les exportations se font aujourd'hui par la route. Galaye M'baye est opérateur économique à Ziguinchor, exportateur de noix de cajou. « Il faut que le port soit compétitif, parce que comparé aux camions, ces derniers sont beaucoup moins chers que le port. La seule solution, c'est de trouver d'autres navires », estime l'opérateur. « Par exemple, si on avait quatre à cinq navires qui ont la capacité de prendre 200 à 250 conteneurs par voyage, ça nous arrangerait un peu plus. Cela nous permettrait d'évacuer nos conteneurs le plus rapidement possible », explique-t-il. Car aujourd'hui, détaille-t-il encore, il ne peut pas signer un contrat en juin et exporter en août. À lire aussiSénégal: reprise de la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor, un soulagement pour la Casamance Les espoirs sont de nouveau permis depuis que le gouvernement a réautorisé en juin l'accostage des navires étrangers au port de Ziguinchor. Il s'agit principalement de navires de pêche. De quoi permettre au port de revivre, selon certains. Le président de la Chambre de commerce de Ziguinchor, Jean Pascal Ehemba, espère de nouveaux investissements. « Il faut que nous trouvions des navires pour le transport de ces produits-là, et nous voulions quand même essayer de demander à l'État de nous aider pour retenir les jeunes chez nous. On a quand même une terre assez riche et prometteuse en Casamance, mais une fois qu'on a fini de travailler ces terres, il faut évidemment vendre. Il faut des moyens de transport », plaide-t-il. Le pourrissement des fruits est un problème récurrent en Casamance. La transformation agricole et le stockage de la production font partie des grands chantiers annoncés du gouvernement d'Ousmane Sonko, ancien maire de Ziguinchor. À lire aussiSud du Sénégal: ce que l'on sait du plan de relance de la Casamance annoncé par le Premier ministre À lire aussiSénégal: le port de Ziguinchor toujours à l'arrêt, de lourdes conséquences économiques
Le transport fluvial reste limité à moins de 1 % des usages de transport de passagers à Lagos, alors que la capitale économique nigériane est asphyxiée par les embouteillages terrestres et qu'elle est à plus de 20 % constituée d'eau. Limité jusqu'à présent dans ses dessertes, pas assez sûr, le transport par bateau pourrait cependant changer d'échelle à Lagos grâce à un projet de modernisation de 410 millions d'euros. La convention de financement est signée. D'ici cinq ans, 25 jetées devraient être aménagées dans la lagune de Lagos, équipées d'embarcadères modernes. À terme, explique Xavier Muron, directeur de l'antenne nigériane de l'Agence française de développement, co-financeur du projet, il s'agit de raccorder le réseau fluvial aux autres modes de transport collectif jusqu'au dernier kilomètre, pour dissuader les usagers de prendre la voiture. « L'idée, c'est d'amener un transport fluvial plus conséquent dans une ville qui est recouverte à 22 % d'eau, c'est quelque part de rapprocher les voies d'eau des voies des bus pour permettre aux gens de pouvoir passer d'un point A à un point B sans avoir à marcher », détaille-t-il. 80 ferries électriques Pour des raisons écologiques, le choix s'est porté sur les bateaux électriques, ce qui augmentera l'investissement de départ, soutenu par une subvention européenne. Mais cela diminuera les coûts de fonctionnement, à savoir les achats de carburant. Chacune des 80 embarcations pourra transporter quelque 400 passagers, précise Xavier Muron : « Ce sont de véritables petits ferries avec toutes les commodités, les toilettes, la possibilité de climatisation, un éclairage évidemment de nuit, pour que les gens se sentent rassurés lorsqu'ils monteront sur ces bateaux ». « D'Ikoyi à Apapa, ça ne prend que 20 minutes ! » La sécurité fluviale, qui laissait à désirer pendant la saison des pluies, s'est déjà améliorée. L'autorité de régulation, Lagos State Waterways Authority, sera encore renforcée à travers ce projet. Selon l'économiste nigérian Adamu Garba, il s'agit maintenant pour les autorités de faire la promotion de ce mode de transport. « Traverser Lagos, c'est plus rapide, moins cher et plus simple sur l'eau que par voie terrestre. D'Ikoyi à Apapa, ça ne prend que 20 minutes ! Il faut donc faire campagne pour le transport fluvial, ce qui n'a pas encore été fait. Il faut le promouvoir pour que les gens changent d'avis et choisissent les voies navigables pour se déplacer », assure l'économiste. Avec 100 000 passagers dans un premier temps, ce nouveau projet vise à faire passer le transport fluvial de moins de 1 % à plus de 10 % des usages de transport dans l'État de Lagos, avant une probable accélération de la fréquence des bateaux. Reste à organiser la passation des marchés, avant un début des travaux prévu fin 2025 ou début 2026. À lire aussiLe Nigeria révise son PIB à la hausse de 30% en 2024 après l'intégration de nouveaux secteurs
Notre série d'été Pour une poignée de pixel sur l'économie du jeu vidéo revient sur le succès d'un des jeux les plus populaires du monde : Fortnite. Huit ans après sa sortie, le jeu du studio Epic Games, figure encore très régulièrement sur le podium des jeux vidéo réunissant le plus de joueurs. Surtout, Fortnite reste l'un des jeux les plus profitables au monde... alors qu'il est gratuit. Commençons par le commencement. À sa sortie en 2017, Fortnite est un banal jeu de tir multijoueur comme il en existe des centaines d'autres. Ces graphismes cartoon à la Pixar le rendent-ils plus sympathique aux yeux des parents ? Ils s'installent dans le paysage vidéoludique en s'emparant du concept de battle royale, très populaire à l'époque. Surtout, Epic Games multiplient habilement les partenariats avec les franchises à succès, à commencer par Marvel et ses super héros. De saison en saison, de nouveaux personnages du sport, de la pop culture font leur apparition dans Fortnite, assurant au jeu de rester au centre des conversations dans les cours de récréation. À partir de 2019, Fortnite va plus loin et propose à ses joueurs des concerts virtuels. À l'affiche, Marshmello, Ariana Grande, Sabrina Carpenter, Eminem, Metallica ou encore Aya Nakamura. Deux ans avant sa prestation remarquée en ouverture des JO 2024, la chanteuse franco-malienne se donne en concert sur Fortnite. À lire aussiDisney s'associe à Epic Games pour créer l'ultime Métaverse dans Fortnite Un jeu gratuit… mais pas tout à fait À ce stade, Fortnite est devenu un jeu vidéo tout-en-un. À son apogée, Epic Games revendique 350 millions de joueurs. Bien aidé par le fait que Fortnite soit accessible gratuitement sur presque tous les supports, des ordinateurs aux consoles en passant par les tablettes et les téléphones. Gratuit et pourtant, Fortnite a rapporté à sa maison mère, plusieurs dizaines de milliards de dollars depuis sa sortie. Comment ? D'abord parce que les marques, y compris de luxe, sont prêtes à payer — et payer cher – pour apparaître dans l'univers du jeu et toucher un public plus jeune. Et puis si l'accès au jeu est gratuit, dans Fortnite, tout le reste est payant. On paye pour habiller son avatar ou pour qu'il puisse effectuer les mêmes pas de danse qu'un youtubeur connu ou qu'Aya Nakamura. Par l'intermédiaire d'une agence de communication, l'entreprise précise que les « joueurs peuvent gagner des objets en relevant des défis dans le jeu » et que ces achats de cosmétiques sont « facultatifs ». Mais pour aller plus vite et accéder aux derniers items à la mode, les joueurs sont incités à mettre la main au portefeuille. Et dans Fortnite, on ne paye pas en dollars, en yuans ou en euros. On paye en V-Bucks. La monnaie virtuelle locale qui, elle, s'achète avec de l'argent bien réel. Mais cela permet de mettre une distance artificielle. Quand on dépense 500 V-Bucks pour acheter un chapeau rigolo à son alter ego virtuel, on n'a pas l'impression de dépenser de l'argent. Surtout quand on a douze ans, une notion de la valeur des choses encore très relative et qu'on dépense l'argent de papa et maman. Une politique qui a valu à l'entreprise une procédure menée en 2022 par la FTC, le gendarme de la concurrence aux États-Unis à la suite de laquelle Epic Games a accepté de payer une amende de 275 millions de dollars pour « violation des lois sur la confidentialité des données des enfants » et à rembourser 245 millions de dollars à des utilisateurs poussés à faire des achats non désirés. Depuis, l'entreprise précise avoir grandement renforcé sa politique de contrôle parental et de protection contre les achats non désirés. Chronique modifiée le 19 août 2025.
Établi en 1935, le port fluvial de Garoua, situé dans la capitale du Nord Cameroun, permet le transport de marchandises sur la Bénoué vers le Nigeria notamment. Il pourrait également être une plateforme de commerce pour les pays sans façade maritime de la région. Cependant, l'ancienneté des infrastructures empêche le développement du trafic. Un projet de réhabilitation a été lancé par le président Paul Biya en 2021, mais depuis le chantier peine à avancer. (Rediffusion) Sur le quai, des manutentionnaires déchargent d'énormes sacs de graines de coton de plus de 60 kg et les empilent sur une pirogue à moteur. « C'est plus avantageux. Par voie fluviale, je peux transporter de plus grosses quantités et en matière de sécurité c'est mieux. Par la route, il y a beaucoup de tracasseries et ce n'est pas aussi fluide », explique Al Hadji Issa, le commerçant qui gère cette cargaison. Mais cet exportateur fait figure d'exception en cette saison sèche. « Aujourd'hui, il y a un semblant d'activité, il y a deux camions qui déchargent les grains de coton à destination de Garoua pour le Nigeria. Ce n'est pas tous les jours, surtout en saison sèche, souligne Abbassi Ben, le régisseur du port fluvial de Garoua. Cela fait pratiquement trois semaines qu'il n'y avait pas d'activité. En saison sèche, le port n'est quasiment pas, pour dire mort, mais au ralenti ». Les infrastructures du port sont vétustes, aucune grue ou équipement pour le déchargement. Le régisseur espère beaucoup des projets qui entourent la réhabilitation du port : « C'est notre espoir. Si et seulement si ce projet de réhabilitation a lieu vraiment, ce sera un bienfait non seulement pour la ville de Garoua mais aussi pour la sous-région. Cela doit d'abord rebooster les recettes de la ville et de l'État camerounais grâce aux droits de douane, aux droits de quai. Cela doit faire en sorte que les activités de nos businessmen soient plus fluides. Pas seulement ceux du Cameroun, mais aussi du Nigeria, du Tchad et de la Centrafrique ». À lire aussiAvoir 25 ans à Garoua, le coton comme horizon En saison des pluies, le Nord Cameroun est majoritairement approvisionné grâce au Nigeria voisin. « Ce qui vient du Nigeria, ce sont beaucoup les denrées alimentaires, c'est-à-dire les cartons de biscuits, de jus et consorts et les produits des constructions comme les carreaux, le ciment, détaille-t-il. Sans le Nigeria, à dire vrai, le Nord Cameroun n'existerait pas ». La réhabilitation du port est également vivement souhaitée par la communauté urbaine officiellement en charge de sa gestion. « Il y a trop de sable, il faut draguer le port. Les études de faisabilité ont été faites, elles sont déjà bouclées, affirme Noivouna Hakassou, deuxième adjoint au maire de la ville de Garoua. Mais on attend le financement. On a l'expertise du directeur du port de Douala qui est venu. On attend maintenant les financements ». Le coût des travaux a été évalué en 2022 à 16 milliards de Francs CFA, soit plus de 24 millions d'euros. À lire aussiÀ Garoua, le yaourt produit localement, le pari gagnant de «Botte Kossam»
Depuis plus de dix ans, Candy Crush régale les joueurs et les investisseurs. Ce puzzle coloré, téléchargé plus de trois milliards de fois, continue de séduire des millions d'utilisateurs chaque mois. Derrière ses bonbons acidulés se cache un modèle économique redoutable qui a rapporté plus de 20 milliards de dollars depuis 2012. Lancé en 2012 sur Facebook, Candy Crush Saga a rapidement trouvé sa place sur smartphone. Le principe est simple : aligner trois bonbons identiques pour les faire disparaître et marquer des points. Animations joyeuses, couleurs vives et récompenses fréquentes ont permis au jeu de séduire un public de tous âges, jusqu'à atteindre 270 millions de joueurs mensuels. Le modèle freemium qui rapporte des milliards Candy Crush est gratuit à télécharger et à jouer. Mais pour avancer plus vite, débloquer des niveaux ou obtenir des bonus, il faut payer. Ce modèle freemium repose sur une minorité de joueurs – entre 3% et 5% – qui dépensent régulièrement. Résultat : plus de 20 milliards de dollars générés depuis sa sortie, dont 1,4 milliard rien qu'en 2024. Une machine à jouer… et à fidéliser Conçu pour être accessible, Candy Crush alterne niveaux faciles et défis plus complexes. Quand un joueur est bloqué, il peut attendre ou sortir sa carte bancaire. Chaque succès déclenche une petite dose de dopamine, renforçant l'envie de rejouer. Pour maintenir l'engagement, l'éditeur King ajoute de nouveaux niveaux chaque semaine – plus de 14 000 à ce jour – garantissant que l'aventure n'ait jamais de fin. À lire aussiCandy Crush tient la dragée haute
En Centrafrique, l'axe fluvial Bangui-Brazzaville est jugé économiquement vital par de nombreux Centrafricains, notamment les commerçants. Pays enclavé au cœur de l'Afrique, la République centrafricaine n'a pas d'ouverture sur la mer. Elle dépend en grande partie des pays limitrophes. Aujourd'hui, la navigation sur l'Oubangui compense les réseaux routiers peu denses dont la plupart sont dégradés. Les ports de Bangui reçoivent chaque semaine des embarcations et le commerce bat son plein entre les deux pays. De notre correspondant à Bangui, Ici, au port de Ngou État, une dizaine de bateaux et baleinières sont amarrés. Commerçants et voyageurs occupent tout le quai et la berge. Le navire blanc et bleu - Bangui n'est pas loin - d'environ 40 mètres de long transporte près de 10 000 tonnes de marchandises et une cinquantaine de personnes à destination de Brazzaville. « Pour aller là-bas, tu peux acheter des bidons de miel, des cabris, les fûts d'huile de palme, des sacs de maïs ou encore d'arachides. Souvent, j'achète également des poissons que je mets dans des paniers. Par exemple, ici, tu peux acheter le bidon d'huile de palme à 9 000 FCFA, mais une fois là-bas, tu peux revendre à 30 000 FCFA », explique Fiston Ngbassoumbi, un commerçant centrafricain. 30 000 FCFA, l'équivalent de 45 euros, soit 100% de bénéfice. En bateau, le trajet coûte 25 000 FCFA par personne et varie entre 5 000 et 10 000 FCFA pour les baleinières. Les marchandises sont taxées en fonction des kilogrammes. Après avoir écoulé leurs articles au Congo, les mêmes commerçants importent les produits congolais en Centrafrique. « Pour le chemin du retour, tu vas acheter des boîtes de sardines et des balles de vêtements de friperie pour les garçons. Ici ça coûte cher. Mais là-bas, c'est moins cher », témoigne encore Fiston Ngbassoumbi. Chaussures pour femmes, ou encore appareils électriques sont moins chers à Brazzaville. « Si tu paies un appareil là-bas à 200 000 FCFA, quand tu arrives ici, tu peux le revendre à 500 000 FCFA. Ça dépend de la qualité des appareils », met-il en avant. À lire aussiRCA/RDC: Bangui et Zongo et les échanges commerciaux de ces villes jumelles [3/3] Des trajets ponctués d'épreuves Tout près de la terre ferme, trois grandes baleinières en prévenance du Congo viennent d'accoster. Le voyage a duré une semaine, compte tenu de l'état de navigabilité de la rivière et des embarcations. Maurice fait la navette entre le Congo-Brazzaville, le Congo-Kinshasa et la RCA depuis plus de dix ans. « Pour être libre de tout mouvement, il faut avoir une carte d'identité et remplir toutes les formalités. Moi, j'exporte du bois de chauffe, du manioc, des cabris, des moutons et des poulets. En retour, j'achète des produits pour revendre ici. Il s'agit d'huile raffinée, de savon, de cubes magie ou encore des cartons de sucre », détaille le commerçant. Mais la navigation sur la rivière Oubangui est loin d'être un long fleuve tranquille. En saison sèche, des tronçons sont difficilement praticables pour les gros chargements. Maurice évoque les principales difficultés qu'il rencontre. « Les difficultés n'en finissent jamais. Dans les baleinières, on côtoie des animaux et des marchandises au mépris des règles d'hygiène et de sécurité. Les embarcations font des surcharges sans gilets et bouées de sauvetage. C'est vraiment la souffrance », se plaint-il. Les travaux du corridor 13 reliant notamment le Congo-Brazzaville à la Centrafrique, financés par la Banque africaine de développement, se poursuivent. Le transport fluvial demeure pour l'instant le moyen de transport le plus usité entre ces deux pays. À lire aussiQuand la rivière Oubangui charrie le commerce informel [2/5]
Au Soudan du Sud, la ville de Bor est située au seuil de la plaine inondable du Nil, là où le fleuve se répand en centaines de canaux pour former les marais du Sudd, la plus vaste zone humide d'Afrique. Les inondations historiques qui ont frappé la région depuis 2020 ont eu des effets dévastateurs. Mais ce « trop d'eau » a permis le développement de la pêche et le commerce du poisson sud-soudanais. Un boom économique dont le port de Bor est devenu un véritable hub commercial et logistique. Avec notre envoyée spéciale à Bor, Au port de Bor, des dizaines de barges collées les unes aux autres sont amarrées au quai en terre. Dans l'eau jusqu'aux genoux, des hommes déchargent leur cargaison : du poisson séché en provenance des îles situées au cœur des marécages. William Nyadiar Kuch, de l'association des conducteurs de bateaux de Bor, constate que de nombreux éleveurs ruinés par les inondations se sont tournés vers cette activité. Ils naviguent sur le Nil pour acheter du poisson et le revendre ici. « Notre rôle est de faire en sorte que le trafic des bateaux soit bien organisé, et que ceux qui vont très loin partent assez tôt le matin afin d'atteindre leur destination avant la nuit. Vous voyez comme tout le monde ici est très occupé avec le poisson. Depuis les inondations, c'est devenu notre principale source de subsistance », explique William Nyadiar Kuch. Des nouveaux marchés L'espace du port est en effet saturé de poisson séché disposé en énormes tas ou en piles de forme cubique. Abraham Agot Paruar, qui dirige le syndicat des bateaux du Jonglei, explique que depuis 2021, avec l'augmentation du volume de poisson pêché, la méthode de préservation traditionnelle a dû être améliorée. « Ce que nous faisons depuis des siècles, c'est préserver le poisson en le faisant sécher au soleil. Mais récemment, des entrepreneurs ont introduit une nouvelle méthode à base de sel », détaille le syndicaliste. Une méthode adoptée qui « permet à notre poisson de rester bon à la consommation jusqu'à trois mois », et peut ainsi être exporté vers l'Ouganda et le Congo. « Cela nous a ouvert de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités : l'exportation du poisson, mais aussi l'importation et la vente de sel en énormes quantités ! », se réjouit-il. Les femmes, par centaines, s'impliquent dans le commerce de poisson sur le port de Bor. Certaines ont même réussi à se constituer un capital. C'est le cas de Rachel Achol Bol, 30 ans, enceinte de son sixième enfant, qui s'est lancée il y a trois ans. Elle s'apprête à exporter deux énormes lots de tilapia vers l'Ouganda et le Congo. « Nous voyageons par la route jusqu'à Juba, où nous passons une nuit, puis nous continuons jusqu'à l'Ouganda, et même jusqu'à la frontière congolaise. Ce travail, c'est tout ce que j'ai pour que mes enfants puissent aller à l'école », témoigne-t-elle. Elle couvre sa marchandise de bâches en plastique pour la protéger de la pluie. Selon les autorités, la construction d'un port moderne est pour bientôt à Bor, un projet soutenu par la Banque mondiale. À lire aussiSoudan du Sud: à Bor, des victimes des inondations s'adaptent avec le commerce du poisson
En plein pic estival, les compagnies aériennes déploient des stratégies inédites pour séduire les voyageurs. Entre montée des préoccupations environnementales et rude concurrence, elles misent sur la diversification de leur offre, l'expérience passager et l'optimisation des revenus. Tour d'horizon. Il fut un temps où voler signifiait choisir entre trois classes: économique, affaire ou première. Désormais, une quatrième option s'impose dans le ciel. La classe « premium economy », un compromis confortable entre l'économie classique et les classes supérieures. Proposée aujourd'hui aussi bien par les compagnies traditionnelles qu'à présent par certaines low-cost, cette classe intermédiaire promet plus d'espace, un embarquement prioritaire et un service amélioré. Pour les compagnies, c'est surtout un surcoût relativement faible. L'objectif est simple, maximiser les revenus en augmentant le prix du billet sans exploser les coûts. Chez Delta, par exemple, cette option offre des rendements supérieurs à ceux de la classe économique standard. À lire aussiLes turbulences du secteur aérien à l'heure de la présidence de Donald Trump Les compagnies deviennent aussi des agences de voyages Autre virage stratégique, la transformation en véritables tour-opérateurs. EasyJet en est l'exemple le plus abouti avec sa plateforme EasyJet Holidays. Lancée en 2019 et arrivée en France fin 2023, cette offre 100% en ligne propose vols, hébergements et restauration – le tout sans passer par une agence physique. Résultat: un succès économique. EasyJet Holidays a représenté un tiers du bénéfice avant impôt du groupe l'an passé. Une stratégie qui inspire désormais d'autres compagnies comme Air France, Transavia, Eurowings ou Ryanair, toutes prêtes à capter une part du marché touristique global. Le « stopover », ou comment transformer une escale en escapade Et si l'on profitait de son escale pour découvrir une nouvelle ville? C'est l'idée derrière le concept de « stopover », désormais mis en avant par des compagnies telles qu'Emirates, Finnair ou Japan Airlines. Finie l'attente interminable en zone de transit, les passagers se voient offrir des nuits d'hôtel, des transferts et des repas pour explorer la ville d'escale. Une offre « gratuite » intégrée dans le prix du billet, qui profite à tout le monde : le passager vit une expérience enrichie, la compagnie valorise son hub, et le tourisme local en sort gagnant. En diversifiant leurs offres et en repensant l'expérience voyage, les compagnies aériennes parviennent à booster leurs revenus dans un contexte toujours plus concurrentiel. Une manière aussi de reconstruire leur rentabilité après les années noires du Covid-19. À lire aussiGuerre Israël-Iran: les compagnies aériennes face à une envolée des coûts
Entrés en vigueur ce jeudi 7 août à minuit, les droits de douane voulus par Donald Trump marquent une nouvelle phase de son agenda protectionniste. Mais, alors qu'ils étaient initialement pensés comme temporaires, leur efficacité fiscale les rend de plus en plus incontournables. À tel point qu'il pourrait devenir politiquement et budgétairement impossible de les supprimer. Présentées comme un moyen de rééquilibrer les échanges commerciaux et de protéger les industries américaines, les mesures tarifaires américaines marquent une nouvelle étape du virage protectionniste des États-Unis. Mais contrairement aux promesses de campagne du président, revenir en arrière s'annonce désormais très compliqué. En cause : les recettes générées. En 2024, avant le retour de Trump à la Maison Blanche, les recettes douanières s'élevaient à 78 milliards de dollars. En seulement sept mois, elles ont déjà atteint 152 milliards. Une dynamique qui, selon les analystes, pourrait rapporter plus de 2 000 milliards de dollars en dix ans. Dans un contexte de déficit budgétaire chronique, cette rentrée d'argent est vitale. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent rappelle d'ailleurs que ces taxes représentent désormais 4,5% du budget fédéral. Avec une dette nationale colossale et des réductions d'impôts récemment votées par le Congrès, Washington a besoin de trouver des financements – et les droits de douane répondent parfaitement à cette nécessité. À lire aussiDroits de douane: Donald Trump gagne-t-il vraiment la guerre commerciale? Une dépendance budgétaire qui s'installe Cette nouvelle donne budgétaire complique la donne pour Donald Trump et ses successeurs. Car en renforçant leur poids dans le budget fédéral, les droits de douane deviennent presque incontournables. Difficile de les supprimer sans creuser davantage le déficit, ou sans devoir envisager des coupes budgétaires et des hausses d'impôts, politiquement explosives. Le cercle est vicieux : les futurs dirigeants, qu'ils soient démocrates ou républicains, auront peu de marge de manœuvre. D'autant plus que ces mesures sont devenues un pilier pour certains secteurs industriels américains, qui comptent désormais sur ce bouclier tarifaire pour maintenir leur compétitivité. Supprimer ces droits de douane, ce serait aussi bouleverser des chaînes d'approvisionnement entières, avec un coût économique non négligeable. Mais tout cela a un prix, et ce sont souvent les ménages les plus modestes qui le paient. Car des produits importés plus chers signifient des prix de vente plus élevés dans les rayons. Or, ce sont précisément ces foyers qui consacrent la plus grande part de leurs revenus aux biens de consommation concernés par les surtaxes. La question qui se pose désormais aux autorités américaines est claire : jusqu'à quand maintenir ces taxes ? Sont-elles viables à long terme ? Et surtout, sont-elles réellement aussi efficaces que le prétend Donald Trump ? Une chose est sûre, si elles rapportent gros au Trésor, leur coût social pourrait, lui aussi, s'alourdir dans les années à venir. À lire aussi«Les droits de douane ne permettent pas à eux seuls de réindustrialiser les États-Unis»
Le secteur du luxe traverse une période délicate. Ralentissement des ventes, chute des bénéfices, recul des achats touristiques : les géants comme Kering ou Prada sont touchés de plein fouet. Analyse d'un été difficile pour une industrie longtemps considérée comme à l'abri des crises. C'est un fait bien connu : le tourisme est vital pour le secteur du luxe. L'été représente une période stratégique, car les touristes étrangers, notamment les plus aisés, réalisent une grande partie de leurs achats à l'étranger. Que ce soit à Paris, Milan ou Tokyo, ils y recherchent à la fois une expérience authentique et un effet de change favorable pour éviter les taxes locales. En 2024, les ventes de produits de luxe avaient bondi grâce à un dollar fort – les Américains se ruant sur les boutiques européennes – tandis que les Chinois profitaient d'un yen historiquement faible pour faire leurs emplettes au Japon. Mais cette dynamique s'est inversée : le yen se redresse, le dollar faiblit. Résultat, le pouvoir d'achat touristique s'effondre, entraînant un net recul des ventes. À lire aussiL'industrie du luxe à un tournant de son histoire Les chiffres sont sans appel pour les grandes marques Le groupe Kering est l'exemple le plus marquant de cette tendance. Son bénéfice a plongé au premier semestre 2025, et ses ventes ont fortement reculé. Même constat chez Prada, dont les ventes ont chuté de 2 % sur la même période. Gucci, marque phare du groupe Kering, enregistre quant à elle une baisse de 26 % sur un an. Ce repli s'explique également par des causes plus structurelles. En dix ans, les prix ont considérablement augmenté, poussant même les consommateurs fortunés à se montrer plus regardants. Car oui, le client du luxe cherche aussi un bon rapport qualité-prix. Et sans avantage tarifaire à l'étranger, il n'y voit plus l'intérêt d'y faire ses achats. À lire aussiLe secteur du luxe, victime de la guerre commerciale de Donald Trump Des réponses face à une crise durable La conjoncture mondiale n'arrange rien. Instabilité économique, tensions géopolitiques, droits de douane américains sur les produits européens désormais portés à 15 %. Tout cela pèse lourdement sur les perspectives du secteur. L'imbroglio des négociations entre Bruxelles et Washington n'a fait que renforcer l'incertitude. Face à ces défis, les groupes réagissent. Chez Kering, un plan de relance est en cours avec notamment l'arrivée d'un nouveau directeur général – Luca de Meo, ancien patron de Renault – et un nouveau directeur artistique chez Gucci. Plus globalement, les maisons de luxe ont compris qu'elles ne pouvaient plus se reposer uniquement sur la puissance de leur logo ou les hausses de prix. L'heure est au renouveau : retravailler l'expérience client, réenchanter l'image de marque et surtout, recréer le désir d'achat afin que les clients sortent leurs cartes bancaires !
Face à l'essor fulgurant de l'intelligence artificielle, les géants de la tech se livrent une bataille acharnée pour attirer les meilleurs talents. Entre salaires mirobolants, pression intense et transformation du marché du travail, cette course effrénée à l'innovation soulève autant de promesses que de tensions. Depuis le début de l'année 2024, Apple, Google, Meta, OpenAI et Microsoft s'arrachent les plus brillants chercheurs en intelligence artificielle. Objectif : prendre une longueur d'avance dans la course technologique. Et les montants en jeu donnent le vertige. Salaires dépassant les 10 millions de dollars par an, primes allant jusqu'à 100 millions. L'IA est devenue le théâtre d'un véritable mercato, où les talents sont courtisés comme des stars du football. L'enjeu est simple. Disposer des meilleurs modèles d'IA générative pour imposer ses propres outils et écraser la concurrence. Celui qui rafle les cerveaux s'offre potentiellement une position de quasi-monopole sur le marché de demain. À lire aussiIntelligence artificielle: la concurrence entre les géants du web s'intensifie Meta en pointe avec une stratégie offensive Un exemple frappant, celui de Meta, la maison mère de Facebook. En juin dernier, Mark Zuckerberg a lancé une unité spéciale baptisée « SuperIntelligence Labs ». À sa tête, Alexandr Wang, 28 ans, fondateur d'une start-up innovante dans l'IA. Meta a acheté la moitié de cette entreprise et recruté Wang, entraînant avec lui ses équipes. Une manœuvre pour empêcher la concurrence de bénéficier de ce savoir-faire et pour accélérer la montée en puissance de Meta dans le domaine. Ce type de stratégie montre à quel point les grands groupes sont prêts à tout pour sécuriser leurs positions. À lire aussiIntelligence artificielle : les enjeux d'une compétition mondiale Pression, salaires en hausse et marché du travail bouleversé L'afflux d'argent dans ce secteur n'est pas sans conséquences. Pour les investisseurs, il s'agit de miser sur les entreprises les plus performantes. Résultat : une pression considérable s'exerce sur les équipes et les dirigeants pour produire rapidement des résultats. Cette guerre des talents provoque aussi une inflation salariale, les rémunérations dans l'IA dépassant largement celles des ingénieurs classiques. Ce déséquilibre modifie en profondeur le marché du travail. Pour les entreprises, la difficulté réside désormais dans l'équilibre fragile entre innovation, attractivité et santé financière. Une tension permanente qui illustre les risques d'un modèle basé sur l'excellence à tout prix.
Les fabricants d'éoliennes et de panneaux solaires qui veulent investir aux États-Unis dénoncent un revirement opéré par la Maison Blanche concernant leur secteur depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. Un changement politique qui met en péril leur filière, et ce, pour de nombreuses années à venir. À l'origine de cette situation, « la grande et belle loi budgétaire » du président américain adoptée au forceps le 4 juillet dernier. Ce texte met un tour de vis aux subventions fédérales pour les énergies propres. Trump a juré d'en finir avec « l'arnaque verte » de Joe Biden et de limiter l'envolée des déficits. Le nouveau budget supprime les crédits d'impôt pour les projets éoliens et solaires qui ne seront pas opérationnels d'ici au 31 décembre 2027. Les projets d'hydrogène bénéficient, eux, d'un sursis : à cette date, il faudra avoir commencé à construire l'usine pour bénéficier des aides. À lire aussiLutte contre le réchauffement climatique: Donald Trump en arrière toute L'essor des énergies vertes s'essouffle Pour les professionnels de l'éolien et du solaire, c'est la catastrophe. Selon eux, les projets d'installations risquent de baisser de 20% au cours de la prochaine décennie. Avec des dizaines de milliers d'emplois - ceux d'ingénieurs, d'installateurs, de techniciens ou encore de chefs de projet - qui finalement ne seront pas créés, et ce, alors que les coûts de l'électricité des ménages américains pourraient augmenter de 280 dollars par an d'ici à 2035, alertent les experts. Avec l'arrêt des subventions, financer de nouveaux projets devient très compliqué, voire impossible. Des projets d'investissements à l'arrêt C'est le cas du singapourien Bila Solar, fabricant de panneaux solaires, qui a suspendu le projet d'extension de son usine d'Indianapolis. Son concurrent canadien Heliene a lui remis aux calendes grecques l'installation d'une usine de cellules solaires dans le Minnesota. Enfin, deux projets de parcs éoliens offshore, prévu pour alimenter les États du Maryland et New England, pourraient ne jamais voir le jour. Selon la filière, c'est 373 milliards de dollars d'investissements qui pourraient disparaître. Mais les acteurs du marché disent encore avoir besoin de temps pour évaluer les effets de cette nouvelle législation et de la politique des droits de douane de Trump. Actuellement, le marché américain dépend fortement des importations de composants. Et c'est la Chine qui contrôle 80% de la production mondiale de panneaux solaires. À lire aussiLa politique énergétique de Donald Trump pèse sur l'économie américaine
Alors que le groupe culte Oasis poursuit sa tournée de retrouvailles au Royaume-Uni ce week-end à Manchester, les chiffres donnent le tournis. Plus d'un milliard de livres sterling injectées dans l'économie locale et nationale : le phénomène musical pourrait devenir un levier économique pour le pays. Décryptage. Ce week-end, Manchester s'apprête à vivre l'un des événements culturels les plus attendus de l'année : les concerts britanniques de la tournée Oasis Live 25. Liam et Noel Gallagher, enfants du pays, réunissent près de 500 000 spectateurs venus du monde entier. Ce n'est pas seulement un moment musical fort, c'est aussi une aubaine pour l'économie locale. Hôtels complets, chambres multipliées par cinq, bars pleins à craquer et boutiques éphémères prises d'assaut, la ville de Manchester surfe sur l'économie de l'expérience. Les visiteurs ne viennent pas juste pour le concert. Ils prolongent leur séjour, visitent les lieux de légende du groupe, consomment et participent à un tourisme musical florissant. Résultat, des millions de livres dépensées, et autant de recettes fiscales pour la ville. Une tournée à 1,06 milliard de livres Selon une étude de la banque Barclays, les fans d'Oasis ont dépensé en moyenne 766 £ chacun pour les 17 concerts britanniques, soit un total de 1,06 milliard de livres sterling injectées dans l'économie du Royaume-Uni. Et ces dépenses ne se limitent pas aux billets. Elles concernent l'hébergement, la restauration, les transports, les vêtements et les produits dérivés. Ce qui rend cette tournée particulièrement intéressante économiquement, c'est la redistribution locale de la dépense. Près de 58 % de l'argent dépensé reste dans les économies régionales, créant un effet d'entraînement pour l'ensemble du tissu économique, des hôtels aux taxis en passant par les petits commerçants. Le soft power Oasis, de Manchester à l'international Oasis ne se contente pas de ranimer la Britpop. Le groupe contribue à renforcer le soft power britannique. Dans les années 1990 déjà, les Gallagher étaient les visages de la « Cool Britannia », cette vague culturelle qui a redonné une image branchée et dynamique au Royaume-Uni. La tournée actuelle en est un prolongement. Alors que la croissance britannique stagne autour de 1 %, cet élan ponctuel de consommation fait figure de bol d'air économique, à l'image de l'impact de la tournée de Taylor Swift aux États-Unis, qui avait injecté cinq milliards de dollars dans l'économie américaine. Et ce n'est pas fini. Après Manchester, Oasis s'envole pour l'Amérique du Nord, l'Asie et l'Australie. L'impact économique global pourrait donc être encore plus impressionnant. Cette tournée Live 25 pourrait bien être le « Wonderwall » économique dont le Royaume-Uni avait besoin. À lire aussiOasis entame une tournée mondiale empreinte de nostalgie
Depuis janvier, le dollar américain a chuté de plus de 10 % face aux principales devises mondiales. En cause, l'instabilité de la politique commerciale de Donald Trump et la pression qu'il exerce sur la Réserve fédérale. Cette dépréciation, inédite depuis plus d'un demi-siècle, pourrait bouleverser l'équilibre monétaire mondial. Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump sème le flou sur sa stratégie économique. Les annonces contradictoires se sont succédé jusqu'à l'annonce de surtaxes à venir pour les pays sans accord avec Washington à partir du 1er août. Cette incertitude permanente, couplée à une escalade tarifaire, a fortement inquiété les marchés financiers. À cela s'ajoute une pression croissante du président américain sur la Réserve fédérale (FED). Donald Trump critique ouvertement les décisions de son président, Jerome Powell, ébranlant la confiance dans l'indépendance de l'institution. Or, la FED est traditionnellement perçue comme un pilier de la stabilité économique. Sa remise en cause a poussé certains investisseurs à retirer leurs capitaux, fragilisant encore davantage le dollar. À lire aussiDroits de douane: Trump met la pression en frappant la Corée du Sud et le Japon L'euro en force, les exportateurs européens en difficulté La perte de valeur du dollar profite directement à d'autres devises, notamment à l'euro. Désormais, un euro vaut environ 85 centimes de dollar, signe d'une monnaie européenne renforcée. Mais cette appréciation a un revers. Les exportateurs européens perdent en compétitivité, leurs produits devenant mécaniquement plus chers à l'international face aux biens américains vendus en dollars. En revanche, cette faiblesse du billet vert est une aubaine pour l'économie américaine. Elle permet aux entreprises locales d'exporter à moindre coût, stimulant potentiellement la croissance et l'emploi industriel. Mais les touristes européens peuvent s'en réjouir, voyager aux États-Unis coûte désormais moins cher. Reste que l'euro, malgré ses gains récents, ne dispose pas encore du statut de monnaie de réserve mondiale. Vers une guerre des monnaies et une dédollarisation mondiale ? Au-delà des effets conjoncturels, cette chute du dollar soulève des inquiétudes structurelles. De nombreux économistes redoutent une « guerre des monnaies », qui pourrait fragmenter davantage le système monétaire international et accroître les risques de crise financière mondiale. Parallèlement, un mouvement de dédollarisation est en marche. Les pays émergents, notamment les Brics, multiplient les accords bilatéraux pour contourner la monnaie américaine. Le sommet de ce week-end en a été une nouvelle illustration. Dans ce contexte de turbulences monétaires, une valeur refuge retrouve sa place : l'or. Quand les monnaies vacillent, les métaux précieux restent l'ultime ancrage de confiance. À lire aussiLe sommet des Brics sous tension après les menaces douanières de Donald Trump
Le Tour de France, ce n'est pas seulement du sport… C'est aussi un immense enjeu économique et marketing. À l'occasion du Grand Départ 2025 à Lille, capitale des Flandres et terre de cyclisme, Eco d'ici Eco d'ailleurs pose ses micros au cœur de l'événement pour décrypter les stratégies des sponsors et les mutations économiques du cyclisme mondial. Présentation : Bruno Faure.
Le Tour de France, ce n'est pas seulement du sport… C'est aussi un immense enjeu économique et marketing. À l'occasion du Grand Départ 2025 à Lille, capitale des Flandres et terre de cyclisme, Eco d'ici Eco d'ailleurs pose ses micros au cœur de l'événement pour décrypter les stratégies des sponsors et les mutations économiques du cyclisme mondial. Présentation : Bruno Faure.
Créateur de contenu, ce nouveau métier permet aujourd'hui à de jeunes Camerounais de générer des revenus conséquents et de gravir les échelons dans la société. Leurs contenus sur les réseaux sociaux, Facebook, YouTube, TikTok influencent leur entourage. Les marques les sollicitent et grâce à des contrats de plus en plus juteux, certains réussissent à créer des entreprises. « Bonjour… vous avez fini avec les photos ? ». Depuis avril dernier, la créatrice de contenu Frida Choco Bronze passe ses journées ici au quartier Ndogbong de Douala, dans un appartement de trois pièces transformé en maison de production. « Nous sommes installés ici depuis trois mois. On fait des photos… La création de contenus a changé ma vie. » Monique production, en hommage à sa maman décédée, est l'aboutissement d'un rêve pour Frida. Après six ans passés sur les réseaux sociaux, elle cumule plus d'un million d'abonnés. Une popularité qu'elle a capitalisée. Désormais, elle est à la tête de sa propre société. « Aujourd'hui, nous gagnons entre 800 et un million [de francs CFA] par mois », estime son collègue Matip, qui gère l'entreprise. Les créateurs de contenus camerounais s'exportent Plusieurs créateurs de contenus sont ciblés par les marques qui en font des ambassadeurs. « Le créateur de contenus doit avant tout travailler sa crédibilité, souligne Leroufa Ndam, qui possède un catalogue riche d'une dizaine de créateurs. Le plus gros contrat que j'ai négocié est de plus 15 millions [de francs CFA]. » Aujourd'hui, les créateurs de contenus camerounais exportent leurs talents. Ils nouent des collaborations avec des Ivoiriens, Gabonais ou encore Congolais. Une démarche internationale qui fait grimper leur valeur. À lire aussiTunisie: les créateurs de contenu sur les réseaux sociaux en quête de statut
Si le ralentissement de la hausse des prix soulage les consommateurs, il inquiète les gouvernements. Derrière une apparente bonne nouvelle, se cache une menace pour les finances publiques. Décryptage. L'inflation, c'est la hausse générale des prix. Et même si elle reste dans toutes les têtes depuis plusieurs mois, elle est aujourd'hui en baisse en Europe. Concrètement, les prix continuent d'augmenter, mais moins vite. Une tendance a priori favorable pour le pouvoir d'achat. Pourtant, cette évolution inquiète paradoxalement les gouvernements. Cela parce qu'une inflation trop basse n'est pas forcément synonyme de bonne santé économique. Une inflation modérée – autour de 2 % par an – permet aux économies de fonctionner de manière fluide. Si l'inflation chute brutalement, cela peut traduire un essoufflement de l'activité économique. Des recettes fiscales directement liées à l'inflation Mais l'impact va plus loin : il touche directement les finances publiques. De nombreuses recettes de l'État, comme la TVA, dépendent des prix. Si les prix stagnent, les recettes fiscales aussi. Un exemple simple : un produit vendu 100 euros génère 20 euros de TVA. Si, avec l'inflation, ce produit passe à 102 euros, la TVA grimpe aussi. Multipliez ce mécanisme à l'échelle de millions d'achats, et chaque dixième de point d'inflation représente des milliards d'euros pour les caisses publiques. Même logique pour les cotisations sociales, qui suivent les salaires, eux-mêmes influencés par l'inflation. Idem pour l'impôt sur le revenu. Lorsque l'inflation ralentit, les hausses de salaires se tassent, et les rentrées fiscales avec. Le piège de l'effet de ciseaux Pendant ce temps, les dépenses publiques, elles, sont souvent indexées sur l'inflation passée. Résultat : les États doivent aujourd'hui dépenser davantage, en se basant sur les hausses de prix de l'année précédente, alors même que leurs recettes progressent moins vite. C'est ce qu'on appelle l'effet de ciseaux : les recettes ralentissent, les dépenses continuent d'augmenter par inertie. Le déficit se creuse, la dette enfle, et la situation devient d'autant plus difficile à gérer que la dette ne se « dilue » plus naturellement dans l'inflation. Les banques centrales tentent d'intervenir via les taux d'intérêt, mais leurs marges de manœuvre sont limitées. Car si une faible inflation peut donner un coup de pouce aux ménages, elle affaiblit, à long terme, les finances des États.
Alors que Paris accueille la REuse Economy Expo, unique salon européen dédié à la réutilisation, la question du réemploi des objets du quotidien s'impose comme un enjeu crucial. Créateur d'emplois et levier économique, ce modèle reste pourtant en retrait face au recyclage. Décryptage. Le réemploi et la réutilisation des objets connaissent un coup de projecteur à Paris, à l'occasion de la REuse Economy Expo, le seul événement en Europe entièrement consacré à cette thématique. Redonner une seconde vie à nos objets est un impératif à la fois écologique et économique. Pourtant, cette pratique reste marginale: ni les producteurs, ni les vendeurs, ni même les consommateurs ne l'ont pleinement adoptée.Résultat, il est difficile d'évaluer précisément le poids de cette économie. Ce qui est certain en revanche, c'est son potentiel en matière d'emploi. Rien que dans le secteur de la remise en état des emballages, 8 000 personnes sont actuellement employées en France. Et selon plusieurs experts, ce chiffre pourrait grimper à 40 000 d'ici 2040. Le réemploi se présente donc comme une véritable opportunité de développement économique.Réutiliser plutôt que recycler : un changement de paradigmePendant des années, c'est le recyclage qui a été érigé en norme. On démonte, on détruit, puis on reconstruit. Mais le réemploi reste à la traîne, alors même qu'il présente des avantages considérables. Pour les consommateurs, il signifie des prix plus accessibles. Pour les entreprises, selon l'ADEME (Agence française de la transition écologique), il permet de réduire significativement les coûts de production.L'exemple du secteur verrier illustre parfaitement ce tournant. Au printemps 2022, confrontés à une pénurie de calcin après le début de la guerre en Ukraine, les producteurs français ont choisi de laver et réutiliser les bouteilles existantes, plutôt que de les recycler dans des fours énergivores. Une solution plus rapide, plus économique, et bien plus écologique.À lire aussiLes industriels européens du plastique prennent le virage du recyclableConstruire une culture du réemploiLe véritable défi réside dans la conception même des produits, qui sont majoritairement pensés pour un usage unique. Or, l'essor du réemploi dépend en grande partie d'une évolution dans cette logique de production. En France, la réglementation évolue. D'ici 2027, 10 % des emballages devront être réutilisés. À l'échelle européenne, une nouvelle directive encore plus ambitieuse entrera en vigueur dès l'année prochaine. Mais il faut aussi convaincre les consommateurs. Entre une machine à laver bon marché, mais irréparable, et une plus coûteuse aux pièces robustes et remplaçables, le choix immédiat est souvent dicté par le prix. Pourtant, sur le long terme, c'est souvent la solution réparable qui s'avère la plus rentable. Penser les produits pour qu'ils aient plusieurs vies, dès leur conception, devient une piste incontournable. Les enseignes de seconde main fleurissent à travers l'Europe, et ces produits investissent désormais les rayons des grands magasins. Comme le rappelait justement Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » L'économie circulaire n'a peut-être jamais été aussi actuelle.
Le géant britannique Revolut annonce un investissement d'un milliard d'euros en France. Une occasion de faire le point sur ces banques 100 % digitales, qui séduisent de plus en plus d'usagers à travers le monde, en bouleversant les codes traditionnels du secteur. Décryptage. Les banques en ligne, aussi appelées néobanques, se distinguent par leur fonctionnement entièrement digital. Accessibles uniquement via une application mobile ou un site internet, elles n'ont ni agences physiques, ni guichets. Cette absence d'infrastructure leur permet de proposer des services bancaires à des tarifs très compétitifs, voire gratuits. L'ouverture d'un compte se fait en quelques clics, sans frais, sans rendez-vous, et sans paperasse. Les coûts de fonctionnement étant réduits au minimum, ces établissements misent sur l'automatisation pour assurer la gestion des opérations. On distingue deux grands types de banques en ligne : les indépendantes, comme l'Allemande N26 ou la Britannique Revolut, et celles adossées à des banques traditionnelles, comme HelloBank (BNP Paribas) ou Boursobank (Société Générale).Un marché en pleine explosionMême si elles ne rivalisent pas encore en taille avec les banques traditionnelles, les néobanques occupent une place de plus en plus importante. Selon Grand View Research, le marché mondial des banques en ligne, estimé à 67 milliards de dollars en 2022, pourrait dépasser 3400 milliards d'ici à 2030. Cette croissance est portée par la hausse rapide du nombre de clients dans le monde : il a triplé depuis 2020, atteignant aujourd'hui plus de 300 millions.Une solution d'inclusion financière, notamment en AfriqueLe succès des néobanques ne se limite pas à l'Europe ou aux pays occidentaux. Sur le continent africain, elles apparaissent comme de véritables leviers d'inclusion financière. Face à un taux de bancarisation encore faible, elles offrent des solutions simples, mobiles et accessibles à des millions de personnes exclues du système bancaire classique.Des acteurs comme TymeBank en Afrique du Sud, Kuda au Nigeria ou encore Djamo et Orange Bank en Afrique francophone participent à cette transformation. En combinant l'essor du smartphone, le développement du commerce en ligne et le désintérêt des banques traditionnelles pour les populations à faibles revenus, ces néobanques trouvent un terrain fertile. Reste néanmoins un défi de taille : atteindre une rentabilité durable malgré un modèle basé sur des frais réduits, tout en consolidant la confiance des usagers sans relation physique.À lire aussiLe Nigeria à la pointe dans la monnaie digitale de banque centrale
Depuis plusieurs mois, les cryptomonnaies sont au cœur de faits divers inquiétants : dirigeants de start-up enlevés, proches séquestrés, tentatives de racket... Autant d'affaires qui révèlent l'envers d'un secteur à la croissance fulgurante, mais qui attire aussi les convoitises les plus violentes. Décryptage. Un peu de pédagogie ne fait jamais de mal. Une cryptomonnaie, c'est est une monnaie 100% virtuelle. Elle n'existe pas sous forme de pièces ou de billets, mais sous forme de jetons numériques, protégés par un système de cryptographie. Pour y accéder, il faut un portefeuille numérique, sécurisé par une « clé privée », une sorte de mot de passe unique connu de son seul propriétaire. Ce modèle repose sur un principe simple : permettre des échanges fiables, transparents et sans passer par une banque ou une autorité centrale. C'est cette promesse de liberté, combinée à la valeur que peuvent atteindre ces actifs, qui attire les criminels.Valorisation record, accès rapide : un terrain favorable pour les malfratsSi ces cryptomonnaies attirent tant, c'est parce que leur valeur peut être colossale. Un seul Bitcoin vaut aujourd'hui près de 100 000 dollars. Et contrairement à un coffre-fort ou un compte bancaire, les fonds peuvent être transférés en quelques secondes, depuis un simple téléphone. Mais tout n'est pas si simple pour les cyber-délinquants. La plupart des transactions passent aujourd'hui par des plateformes d'échange régulées, notamment en France et en Europe. Ces plateformes imposent une vérification d'identité stricte, dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d'argent. Chaque transaction laisse une trace, comparable à un virement bancaire. Contrairement à un billet de banque dont on ignore l'historique, une cryptomonnaie est traçable de bout en bout. Chaque jeton possède une « carte d'identité » numérique : on peut savoir par quelles adresses il est passé, dans quel ordre, et parfois même à qui il appartenait. Cette transparence rend le blanchiment ou la revente illicite bien plus complexe.À lire aussiDonald Trump et les cryptomonnaies: quand le business est aussi politiqueUn système sécurisé, mais pas à l'abri des dérivesMais il existe une faille. Toutes les cryptomonnaies ne transitent pas par ces plateformes. Certains experts préfèrent gérer leurs fonds de manière autonome, via des portefeuilles hors ligne, sans intermédiaire. Ce sont souvent ces profils qui sont ciblés par les malfrats : ils détiennent parfois des fortunes numériques et sont en mesure d'effectuer des transactions discrètes. S'ils cèdent à la pression ou aux violences, que se passe-t-il ensuite? Les criminels se retrouvent avec des actifs certes volés, mais traçables. Ils doivent trouver des acheteurs ou des moyens de convertir ces cryptos en monnaie classique. Et c'est là que les choses se compliquent. Car sans plateforme, difficile de trouver preneur, et les plateformes sérieuses exigent de connaître l'origine des fonds. Cette traçabilité, si souvent critiquée par les puristes du « crypto-anonymat », devient donc une alliée précieuse pour les enquêteurs. Elle permet de suivre le fil des transactions, d'identifier des réseaux, voire de retrouver les auteurs d'un vol numérique.À lire aussi«Gain maximal, prise de risque minimale»: pourquoi les cryptomonnaies attirent les malfaiteurs?
Réélu avec une majorité renforcée à la tête du gouvernement australien, Anthony Albanese entame un second mandat sous le signe de la stabilité et de l'ambition. Porté par des indicateurs économiques rassurants, il se prépare à affronter les grands enjeux qui pourraient redéfinir l'avenir du pays. Décryptage. Quand c'est bien, il faut le dire. Car les perspectives économiques de l'Australie sont plutôt encourageantes. La croissance devrait atteindre 1,75 % en 2025, tandis que l'inflation est redescendue à 2,4 %, après avoir connu un pic à plus de 7 % en 2022. Cette maîtrise de l'inflation constitue une base essentielle pour Anthony Albanese, qui veut s'appuyer sur ces bons résultats pour financer ses réformes sociales et écologiques. Parmi les priorités du Premier ministre : la crise du logement. Le gouvernement a déjà lancé un fonds de 10 milliards de dollars pour construire 30 000 logements abordables et a élargi le programme « Help to Buy » pour faciliter l'accès à la propriété des primo-accédants. Mais ces politiques sociales ont un coût, et la gestion rigoureuse des finances publiques reste cruciale, alors que le déficit oscille entre 33 et 35 % du PIB. À lire aussiLégislatives en Australie: Anthony Albanese savoure sa victoire et promet un gouvernement «discipliné»Une transition énergétique ambitieuse Grand exportateur de charbon et de gaz, mais aussi l'un des plus gros pollueurs par habitant au monde, l'Australie veut opérer un virage vers les énergies renouvelables. Albanese vise une réduction de 43 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement prévoit des investissements massifs, des subventions, la création de milliers d'emplois verts et un accompagnement des collectivités et des entreprises dans cette transformation. Un modèle économique à rééquilibrer L'économie australienne reste encore très dépendante de ses exportations de matières premières, notamment vers la Chine. Le secteur du fer, qui représente environ 40 % de l'offre mondiale, en est un pilier. Mais la demande chinoise est en baisse pour la deuxième année consécutive, en partie à cause des tensions commerciales héritées de la présidence Trump. Les droits de douane américains sur les produits chinois pourraient à terme pénaliser les exportations australiennes, utilisées en amont de la chaîne de production chinoise. À lire aussiLégislatives en Australie: l'ombre de Donald Trump plane sur le voteFace à ces incertitudes, le gouvernement veut diversifier ses partenaires commerciaux, tout en menant des réformes structurelles pour assurer la souveraineté économique du pays. Le succès de ce second mandat dépendra donc de la capacité d'Albanese à conjuguer transition écologique, justice sociale et prudence budgétaire, sans compromettre la stabilité économique du pays.
Tesla traverse une période difficile et le conseil d'administration s'inquiète. Selon des informations du Wall Street Journal, le groupe aurait commencé à chercher un possible successeur à Elon Musk. Mais peut-on vraiment imaginer Tesla sans son emblématique dirigeant ? Décryptage. Depuis le début de l'année, Tesla accumule les déconvenues. Les ventes mondiales ont chuté de 13% au premier trimestre, entraînant une baisse du chiffre d'affaires et plongeant l'entreprise à son niveau le plus bas depuis trois ans. Face à cette situation, le Conseil d'administration aurait, selon le Wall Street Journal, discrètement sollicité des cabinets de recrutement dès le mois de mars pour identifier un potentiel successeur à Elon Musk, fondateur et emblème du groupe. Si la présidente du Conseil d'administration a rapidement démenti toute recherche active de remplaçant, ce simple mouvement trahit un malaise interne et une inquiétude réelle quant à la direction prise par Tesla.Elon Musk, entre ambitions politiques et désamour des actionnaires La situation financière de Tesla n'est pas la seule source de tension. Elon Musk, qui incarne la marque depuis 2008, s'est récemment engagé sur le terrain politique, notamment au sein du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) sous l'administration Trump. Ce double engagement suscite la défiance de nombreux actionnaires, inquiets de voir leur dirigeant s'éloigner des priorités de l'entreprise. Pire, l'image de Tesla s'en trouve écornée : baisse des ventes, appels au boycott, actes de vandalisme et manifestations devant plusieurs concessions témoignent d'un désamour croissant envers la marque et son patron. Face à ces critiques, le Conseil d'administration aurait demandé à Elon Musk de se recentrer sur Tesla, un premier avertissement qui souligne leur dépendance mutuelle. À lire aussiPourquoi Donald Trump pourrait faire du mal à la voiture américaineUn avenir incertain sans successeur naturel Si la personnalité d'Elon Musk façonne Tesla, la question de sa succession reste entière. Les analystes estiment que la valorisation boursière du constructeur repose en grande partie sur les promesses technologiques portées par Musk - « robotaxis », véhicules autonomes, humanoïdes - dont aucune n'a encore abouti. Un départ du dirigeant représenterait donc un risque majeur pour l'entreprise, tant sur le plan financier que stratégique. Reste à savoir qui pourrait prendre la relève : à ce jour, aucun candidat naturel ne se dessine, renforçant l'idée qu'Elon Musk demeure, pour le moment, indispensable à Tesla. À lire aussiPourquoi Donald Trump fait involontairement le jeu de la voiture électrique chinoise
Le vice-président américain JD Vance achève une visite en Inde où il y a rencontré le Premier ministre Narendra Modi, pendant laquelle les deux ont négocié au sujet des mesures tarifaires envisagées par Donald Trump. À l'ordre du jour notamment, les médicaments, car l'Inde est un géant de l'industrie pharmaceutique. C'est un euphémisme d'affirmer que les États-Unis sont extrêmement dépendants des médicaments produits en Inde : près d'un générique sur deux consommés y est fabriqué. On parle ici de traitements contre l'hypertension, les troubles de la santé mentale ou encore le diabète. Car il faut le rappeler, si l'Inde est le premier fournisseur de médicaments au monde, c'est aussi le premier fournisseur des États-Unis. L'an passé, ce sont près de 13 milliards de dollars de médicaments indiens qui ont été exportés sur le sol américain.Pourtant, avant la pause de Donald Trump et donc les négociations en cours, l'Inde était visée par les droits de douane américains, puisqu'il était question d'une surtaxe de 26%. Cela veut donc dire que tout produit fabriqué en Inde arrivant aux États-Unis pourrait être taxé à cette hauteur, y compris donc les médicaments.À lire aussiEn visite en Inde, J.D. Vance affiche son optimisme commercial et sa proximité idéologique avec Narendra ModiÉconomiquement avantageux, sanitairement dangereux Mais il ne s'agit pas de marchandises lambda : il est question de santé publique. La conséquence de l'application des mesures tarifaires de Donald Trump, c'est évidemment un risque sur la santé des Américains en raison d'une hausse des prix.Car les coûts de production en Inde sont trois à quatre fois moins élevés qu'aux États-Unis. Cela permet à Washington d'économiser des milliards de dollars en frais de santé. Rien qu'en 2022, d'après le cabinet de conseil IQVIA, les économies réalisées grâce aux génériques indiens se sont élevées à 219 milliards de dollars.Un pas vers Donald TrumpSi l'objectif de Donald Trump, c'est de relocaliser la production aux États-Unis, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Les Américains ne disposent pas forcément des principes actifs sur leur sol pour fabriquer les médicaments en tant que tels. D'autant que leur deuxième fournisseur, c'est la Chine, pays le plus touché par les mesures du président américain. Devant telle situation, plusieurs géants européens présents en Inde notamment ont annoncé des investissements massifs aux États-Unis, avec l'ambition d'anticiper les hausses des prix. Le laboratoire Roche prévoit 50 milliards de dollars pour renforcer ses capacités de production et de diagnostic sur le sol américain. Novartis de son côté parle de 23 milliards sur cinq ans. Donc pour le moment, si on ne s'en tient qu'aux annonces, le président américain obtient des résultats. Mais pour toutes les raisons que l'on vient de détailler, Washington et New Delhi n'ont pas d'autres choix que de discuter. Le bras de fer est diplomatique, mais aussi économique. On a pu le voir ces dernières heures avec la visite de JD Vance à New Delhi. Sauf que la particularité, c'est qu'à court terme, pour les Américains, il est impossible de remplacer l'approvisionnement indien. Ces produits sont vitaux, car l'Inde est un véritable pilier de la santé aux États-Unis. C'est en fait l'un des meilleurs exemples de produit à demande inélastique, à savoir des produits dont on ne peut pas se passer. La question maintenant, c'est jusqu'à quel prix ! À lire aussiComment l'Union européenne compte éviter les pénuries de médicaments?
Les Réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale commence ce lundi à Washington. Durant cet événement notamment, les acteurs de l'économie de tous les pays se réunissent pour parler de l'état de l'économie mondiale. Sans surprise, cette édition va être marquée par la politique commerciale de Donald Trump. Décryptage. Depuis son retour à la Maison Blanche il y a moins de 100 jours, c'était le 20 janvier, Donald Trump a relancé la guerre commerciale contre pratiquement tous les pays du globe. On le rappelle, tous les produits qui entrent aux États-Unis sont taxés à hauteur de 10%. Cela monte jusqu'à 145% sur certaines importations chinoises. Pékin ne s'est pas fait attendre pour répondre avec une taxation de 125% sur les produits américains. Bref, cette escalade entre les deux premières économies mondiales a des conséquences pour la planète toute entière, ce qui inquiète et le Fonds monétaire international, et la Banque mondiale. Croissance mondiale affectée La directrice générale du FMI l'explique elle-même mais elle reste modérée. Kristalina Georgieva estime aujourd'hui que l'incertitude sur les politiques commerciales mondiales est "hors norme”. Selon plusieurs études du FMI justement, le taux effectif moyen des droits de douane américains atteint désormais environ 20%. Et les conséquences sont très concrètes. Par exemple. le dollar s'affaiblit alors qu'il est perçu comme une valeur refuge. Et puis la croissance américaine en souffre. D'après le Peterson Institute, elle devrait tomber à 0,1% cette année. C'est loin de ce qui était envisagé il y a encore quelques semaines, à savoir 2,5%. Une tendance qui va irrémédiablement avoir un impact sur la croissance mondiale. À lire aussiLe coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondialeToujours d'après la directrice du FMI, il faut se préparer à revoir sa copie car l'institution financière prévoit désormais une révision à la baisse des perspectives économiques mondiales. Le rapport devrait justement être publié cette semaine. Si en janvier, avant l'investiture de Donald Trump, la croissance mondiale pour 2025-2026 était estimée à 3,3%, elle devrait diminuer. Ce chiffre semble aujourd'hui optimiste voire irréaliste car la croissance de la planète aurait dû être stimulée par celle des États-Unis. Or, on l'a dit, elle devrait être pratiquement atone. Un multilatéralisme mis à mal Ce n'est presque plus à prouver, Donald Trump a une vision assez personnelle du multilatéralisme. Le problème, c'est que les États-Unis sont les premiers actionnaires du FMI. Le pays est aussi essentiel dans le fonctionnement de la Banque mondiale puisqu'il y est représenté via 17% des capitaux de l'institution. Et lorsque l'administration Trump remet en cause son rôle dans l'activité de ces deux instances, c'est en effet tout un pan de l'économie mondiale qui est en sursis. À lire aussiSur la piste d'une machine à café pour comprendre les effets des taxes douanières de TrumpL'aide au développement est un secteur très affecté. D'après l'OCDE, elle a diminué de 7% l'an passé. Cette année, elle devrait encore baisser, entre -9 et -17%. Concrètement ce sont des dizaines de milliards d'euros en moins. Les patrons du FMI et de la Banque mondiale appellent ainsi à des réformes profondes de l'économie, plus équilibrée, plus résiliente, avec une priorité: continuer à dialoguer avec toutes les parties, même les États-Unis. Mais pour échanger, il faut être deux, et Donald Trump ne compte visiblement pas faire partie de la discussion.
Le dollar a souffert ces derniers jours, victime collatérale de la guerre commerciale de Donald Trump. En effet, la valeur du billet vert face à l'euro a sombré la semaine dernière à son niveau le plus bas en plus de trois ans. Cela alors que la monnaie des États-Unis ne sert pas que sur le sol américain, elle est de fait omniprésente sur la planète. De plus en plus concurrencée, certes, mais les conditions sont-elles seulement réunies pour remettre en cause son hégémonie ? Pour en débattre : Marc Schwartz, président-directeur général de la Monnaie de Paris, co-auteur avec Christian de Boissieu du livre La nouvelle guerre des monnaies (Odile Jacob, mars 2025) Rudy Bouguelli, maître de conférences en économie à l'Université Paris Cité David Le Bris, enseignant-chercheur en finance à Toulouse Business School.