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Alors que Paris accueille la REuse Economy Expo, unique salon européen dédié à la réutilisation, la question du réemploi des objets du quotidien s'impose comme un enjeu crucial. Créateur d'emplois et levier économique, ce modèle reste pourtant en retrait face au recyclage. Décryptage. Le réemploi et la réutilisation des objets connaissent un coup de projecteur à Paris, à l'occasion de la REuse Economy Expo, le seul événement en Europe entièrement consacré à cette thématique. Redonner une seconde vie à nos objets est un impératif à la fois écologique et économique. Pourtant, cette pratique reste marginale: ni les producteurs, ni les vendeurs, ni même les consommateurs ne l'ont pleinement adoptée.Résultat, il est difficile d'évaluer précisément le poids de cette économie. Ce qui est certain en revanche, c'est son potentiel en matière d'emploi. Rien que dans le secteur de la remise en état des emballages, 8 000 personnes sont actuellement employées en France. Et selon plusieurs experts, ce chiffre pourrait grimper à 40 000 d'ici 2040. Le réemploi se présente donc comme une véritable opportunité de développement économique.Réutiliser plutôt que recycler : un changement de paradigmePendant des années, c'est le recyclage qui a été érigé en norme. On démonte, on détruit, puis on reconstruit. Mais le réemploi reste à la traîne, alors même qu'il présente des avantages considérables. Pour les consommateurs, il signifie des prix plus accessibles. Pour les entreprises, selon l'ADEME (Agence française de la transition écologique), il permet de réduire significativement les coûts de production.L'exemple du secteur verrier illustre parfaitement ce tournant. Au printemps 2022, confrontés à une pénurie de calcin après le début de la guerre en Ukraine, les producteurs français ont choisi de laver et réutiliser les bouteilles existantes, plutôt que de les recycler dans des fours énergivores. Une solution plus rapide, plus économique, et bien plus écologique.À lire aussiLes industriels européens du plastique prennent le virage du recyclableConstruire une culture du réemploiLe véritable défi réside dans la conception même des produits, qui sont majoritairement pensés pour un usage unique. Or, l'essor du réemploi dépend en grande partie d'une évolution dans cette logique de production. En France, la réglementation évolue. D'ici 2027, 10 % des emballages devront être réutilisés. À l'échelle européenne, une nouvelle directive encore plus ambitieuse entrera en vigueur dès l'année prochaine. Mais il faut aussi convaincre les consommateurs. Entre une machine à laver bon marché, mais irréparable, et une plus coûteuse aux pièces robustes et remplaçables, le choix immédiat est souvent dicté par le prix. Pourtant, sur le long terme, c'est souvent la solution réparable qui s'avère la plus rentable. Penser les produits pour qu'ils aient plusieurs vies, dès leur conception, devient une piste incontournable. Les enseignes de seconde main fleurissent à travers l'Europe, et ces produits investissent désormais les rayons des grands magasins. Comme le rappelait justement Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » L'économie circulaire n'a peut-être jamais été aussi actuelle.
Le géant britannique Revolut annonce un investissement d'un milliard d'euros en France. Une occasion de faire le point sur ces banques 100 % digitales, qui séduisent de plus en plus d'usagers à travers le monde, en bouleversant les codes traditionnels du secteur. Décryptage. Les banques en ligne, aussi appelées néobanques, se distinguent par leur fonctionnement entièrement digital. Accessibles uniquement via une application mobile ou un site internet, elles n'ont ni agences physiques, ni guichets. Cette absence d'infrastructure leur permet de proposer des services bancaires à des tarifs très compétitifs, voire gratuits. L'ouverture d'un compte se fait en quelques clics, sans frais, sans rendez-vous, et sans paperasse. Les coûts de fonctionnement étant réduits au minimum, ces établissements misent sur l'automatisation pour assurer la gestion des opérations. On distingue deux grands types de banques en ligne : les indépendantes, comme l'Allemande N26 ou la Britannique Revolut, et celles adossées à des banques traditionnelles, comme HelloBank (BNP Paribas) ou Boursobank (Société Générale).Un marché en pleine explosionMême si elles ne rivalisent pas encore en taille avec les banques traditionnelles, les néobanques occupent une place de plus en plus importante. Selon Grand View Research, le marché mondial des banques en ligne, estimé à 67 milliards de dollars en 2022, pourrait dépasser 3400 milliards d'ici à 2030. Cette croissance est portée par la hausse rapide du nombre de clients dans le monde : il a triplé depuis 2020, atteignant aujourd'hui plus de 300 millions.Une solution d'inclusion financière, notamment en AfriqueLe succès des néobanques ne se limite pas à l'Europe ou aux pays occidentaux. Sur le continent africain, elles apparaissent comme de véritables leviers d'inclusion financière. Face à un taux de bancarisation encore faible, elles offrent des solutions simples, mobiles et accessibles à des millions de personnes exclues du système bancaire classique.Des acteurs comme TymeBank en Afrique du Sud, Kuda au Nigeria ou encore Djamo et Orange Bank en Afrique francophone participent à cette transformation. En combinant l'essor du smartphone, le développement du commerce en ligne et le désintérêt des banques traditionnelles pour les populations à faibles revenus, ces néobanques trouvent un terrain fertile. Reste néanmoins un défi de taille : atteindre une rentabilité durable malgré un modèle basé sur des frais réduits, tout en consolidant la confiance des usagers sans relation physique.À lire aussiLe Nigeria à la pointe dans la monnaie digitale de banque centrale
Le pétrole russe est encore dans le collimateur de l'Union européenne. Un 17e paquet de sanctions adopté à Bruxelles cible de nouveaux navires pétroliers « fantômes », ces bateaux qui sont utilisés pour contourner les sanctions sur les exportations de brut de Russie. Avec ces nouvelles mesures, près de 350 navires russes sont maintenant concernés. Le poids de la flotte fantôme est difficile à évaluer. Les chiffres varient selon les sources dans une fourchette comprise entre 400 et 600 navires. Le ministre estonien de la Défense estime ce chiffre à 500.Rien qu'au mois de mars, près de 160 pétroliers de la flotte fantôme ont quitté les ports russes pour livrer du pétrole brut et des produits dérivés du pétrole, selon la Kyiv School of Economics (KSE), un institut de recherche ukrainien. Des bateaux qui se rendent « invisibles »Ces navires ne sont généralement pas immatriculés ou opèrent sous des pavillons de complaisance. Une centaine d'entre eux auraient plus de 15 ans d'âge, 20 ans même pour certains. Au moins 200 de ces navires ne seraient plus en service aujourd'hui si la Russie n'avait pas eu besoin d'échapper aux sanctions.Beaucoup ne sont pas assurés ou du moins pas selon les standards internationaux. Selon plusieurs sources, ces navires multiplient les tactiques pour ne pas être géolocalisés et sont de plus en plus difficiles à suivre. Leur stratégie est d'échapper aux systèmes de positionnement automatisés, ou de brouiller les pistes en envoyant de fausses informations. L'objectif est en particulier de ne pas être détecté lors des transbordements de pétrole. À écouter aussiSécurité maritime : pourquoi la «flotte fantôme» russe échappe-t-elle à tout contrôle ?Efficacité relative des sanctionsLa Russie aurait gagné grâce à son pétrole 189 milliards de dollars en 2024. Un cinquième des navires pétroliers ciblés à la date du 20 avril étaient toujours en service et ont pu continuer à charger du pétrole même après avoir été mis sous sanction, selon KSE.Même si elles sont contournées, les sanctions introduisent leur lot de perturbation : par peur d'être immobilisés, des bateaux doivent se dérouter, d'autres livrent leur cargaison avec retard, comme l'explique Lloyd's List. Si les mesures de rétorsion ne sont pas plus efficaces, c'est qu'il y a toujours des acheteurs peu regardants : on peut citer l'Inde, le premier importateur de brut russe par voie maritime, la Chine et la Turquie, selon KSE. Même si les volumes sont beaucoup plus petits, plusieurs pays africains continuent, eux aussi, de profiter des prix cassés proposés par la Russie.
Depuis plusieurs mois, les cryptomonnaies sont au cœur de faits divers inquiétants : dirigeants de start-up enlevés, proches séquestrés, tentatives de racket... Autant d'affaires qui révèlent l'envers d'un secteur à la croissance fulgurante, mais qui attire aussi les convoitises les plus violentes. Décryptage. Un peu de pédagogie ne fait jamais de mal. Une cryptomonnaie, c'est est une monnaie 100% virtuelle. Elle n'existe pas sous forme de pièces ou de billets, mais sous forme de jetons numériques, protégés par un système de cryptographie. Pour y accéder, il faut un portefeuille numérique, sécurisé par une « clé privée », une sorte de mot de passe unique connu de son seul propriétaire. Ce modèle repose sur un principe simple : permettre des échanges fiables, transparents et sans passer par une banque ou une autorité centrale. C'est cette promesse de liberté, combinée à la valeur que peuvent atteindre ces actifs, qui attire les criminels.Valorisation record, accès rapide : un terrain favorable pour les malfratsSi ces cryptomonnaies attirent tant, c'est parce que leur valeur peut être colossale. Un seul Bitcoin vaut aujourd'hui près de 100 000 dollars. Et contrairement à un coffre-fort ou un compte bancaire, les fonds peuvent être transférés en quelques secondes, depuis un simple téléphone. Mais tout n'est pas si simple pour les cyber-délinquants. La plupart des transactions passent aujourd'hui par des plateformes d'échange régulées, notamment en France et en Europe. Ces plateformes imposent une vérification d'identité stricte, dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d'argent. Chaque transaction laisse une trace, comparable à un virement bancaire. Contrairement à un billet de banque dont on ignore l'historique, une cryptomonnaie est traçable de bout en bout. Chaque jeton possède une « carte d'identité » numérique : on peut savoir par quelles adresses il est passé, dans quel ordre, et parfois même à qui il appartenait. Cette transparence rend le blanchiment ou la revente illicite bien plus complexe.À lire aussiDonald Trump et les cryptomonnaies: quand le business est aussi politiqueUn système sécurisé, mais pas à l'abri des dérivesMais il existe une faille. Toutes les cryptomonnaies ne transitent pas par ces plateformes. Certains experts préfèrent gérer leurs fonds de manière autonome, via des portefeuilles hors ligne, sans intermédiaire. Ce sont souvent ces profils qui sont ciblés par les malfrats : ils détiennent parfois des fortunes numériques et sont en mesure d'effectuer des transactions discrètes. S'ils cèdent à la pression ou aux violences, que se passe-t-il ensuite? Les criminels se retrouvent avec des actifs certes volés, mais traçables. Ils doivent trouver des acheteurs ou des moyens de convertir ces cryptos en monnaie classique. Et c'est là que les choses se compliquent. Car sans plateforme, difficile de trouver preneur, et les plateformes sérieuses exigent de connaître l'origine des fonds. Cette traçabilité, si souvent critiquée par les puristes du « crypto-anonymat », devient donc une alliée précieuse pour les enquêteurs. Elle permet de suivre le fil des transactions, d'identifier des réseaux, voire de retrouver les auteurs d'un vol numérique.À lire aussi«Gain maximal, prise de risque minimale»: pourquoi les cryptomonnaies attirent les malfaiteurs?
Réélu avec une majorité renforcée à la tête du gouvernement australien, Anthony Albanese entame un second mandat sous le signe de la stabilité et de l'ambition. Porté par des indicateurs économiques rassurants, il se prépare à affronter les grands enjeux qui pourraient redéfinir l'avenir du pays. Décryptage. Quand c'est bien, il faut le dire. Car les perspectives économiques de l'Australie sont plutôt encourageantes. La croissance devrait atteindre 1,75 % en 2025, tandis que l'inflation est redescendue à 2,4 %, après avoir connu un pic à plus de 7 % en 2022. Cette maîtrise de l'inflation constitue une base essentielle pour Anthony Albanese, qui veut s'appuyer sur ces bons résultats pour financer ses réformes sociales et écologiques. Parmi les priorités du Premier ministre : la crise du logement. Le gouvernement a déjà lancé un fonds de 10 milliards de dollars pour construire 30 000 logements abordables et a élargi le programme « Help to Buy » pour faciliter l'accès à la propriété des primo-accédants. Mais ces politiques sociales ont un coût, et la gestion rigoureuse des finances publiques reste cruciale, alors que le déficit oscille entre 33 et 35 % du PIB. À lire aussiLégislatives en Australie: Anthony Albanese savoure sa victoire et promet un gouvernement «discipliné»Une transition énergétique ambitieuse Grand exportateur de charbon et de gaz, mais aussi l'un des plus gros pollueurs par habitant au monde, l'Australie veut opérer un virage vers les énergies renouvelables. Albanese vise une réduction de 43 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement prévoit des investissements massifs, des subventions, la création de milliers d'emplois verts et un accompagnement des collectivités et des entreprises dans cette transformation. Un modèle économique à rééquilibrer L'économie australienne reste encore très dépendante de ses exportations de matières premières, notamment vers la Chine. Le secteur du fer, qui représente environ 40 % de l'offre mondiale, en est un pilier. Mais la demande chinoise est en baisse pour la deuxième année consécutive, en partie à cause des tensions commerciales héritées de la présidence Trump. Les droits de douane américains sur les produits chinois pourraient à terme pénaliser les exportations australiennes, utilisées en amont de la chaîne de production chinoise. À lire aussiLégislatives en Australie: l'ombre de Donald Trump plane sur le voteFace à ces incertitudes, le gouvernement veut diversifier ses partenaires commerciaux, tout en menant des réformes structurelles pour assurer la souveraineté économique du pays. Le succès de ce second mandat dépendra donc de la capacité d'Albanese à conjuguer transition écologique, justice sociale et prudence budgétaire, sans compromettre la stabilité économique du pays.
Tesla traverse une période difficile et le conseil d'administration s'inquiète. Selon des informations du Wall Street Journal, le groupe aurait commencé à chercher un possible successeur à Elon Musk. Mais peut-on vraiment imaginer Tesla sans son emblématique dirigeant ? Décryptage. Depuis le début de l'année, Tesla accumule les déconvenues. Les ventes mondiales ont chuté de 13% au premier trimestre, entraînant une baisse du chiffre d'affaires et plongeant l'entreprise à son niveau le plus bas depuis trois ans. Face à cette situation, le Conseil d'administration aurait, selon le Wall Street Journal, discrètement sollicité des cabinets de recrutement dès le mois de mars pour identifier un potentiel successeur à Elon Musk, fondateur et emblème du groupe. Si la présidente du Conseil d'administration a rapidement démenti toute recherche active de remplaçant, ce simple mouvement trahit un malaise interne et une inquiétude réelle quant à la direction prise par Tesla.Elon Musk, entre ambitions politiques et désamour des actionnaires La situation financière de Tesla n'est pas la seule source de tension. Elon Musk, qui incarne la marque depuis 2008, s'est récemment engagé sur le terrain politique, notamment au sein du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) sous l'administration Trump. Ce double engagement suscite la défiance de nombreux actionnaires, inquiets de voir leur dirigeant s'éloigner des priorités de l'entreprise. Pire, l'image de Tesla s'en trouve écornée : baisse des ventes, appels au boycott, actes de vandalisme et manifestations devant plusieurs concessions témoignent d'un désamour croissant envers la marque et son patron. Face à ces critiques, le Conseil d'administration aurait demandé à Elon Musk de se recentrer sur Tesla, un premier avertissement qui souligne leur dépendance mutuelle. À lire aussiPourquoi Donald Trump pourrait faire du mal à la voiture américaineUn avenir incertain sans successeur naturel Si la personnalité d'Elon Musk façonne Tesla, la question de sa succession reste entière. Les analystes estiment que la valorisation boursière du constructeur repose en grande partie sur les promesses technologiques portées par Musk - « robotaxis », véhicules autonomes, humanoïdes - dont aucune n'a encore abouti. Un départ du dirigeant représenterait donc un risque majeur pour l'entreprise, tant sur le plan financier que stratégique. Reste à savoir qui pourrait prendre la relève : à ce jour, aucun candidat naturel ne se dessine, renforçant l'idée qu'Elon Musk demeure, pour le moment, indispensable à Tesla. À lire aussiPourquoi Donald Trump fait involontairement le jeu de la voiture électrique chinoise
Le vice-président américain JD Vance achève une visite en Inde où il y a rencontré le Premier ministre Narendra Modi, pendant laquelle les deux ont négocié au sujet des mesures tarifaires envisagées par Donald Trump. À l'ordre du jour notamment, les médicaments, car l'Inde est un géant de l'industrie pharmaceutique. C'est un euphémisme d'affirmer que les États-Unis sont extrêmement dépendants des médicaments produits en Inde : près d'un générique sur deux consommés y est fabriqué. On parle ici de traitements contre l'hypertension, les troubles de la santé mentale ou encore le diabète. Car il faut le rappeler, si l'Inde est le premier fournisseur de médicaments au monde, c'est aussi le premier fournisseur des États-Unis. L'an passé, ce sont près de 13 milliards de dollars de médicaments indiens qui ont été exportés sur le sol américain.Pourtant, avant la pause de Donald Trump et donc les négociations en cours, l'Inde était visée par les droits de douane américains, puisqu'il était question d'une surtaxe de 26%. Cela veut donc dire que tout produit fabriqué en Inde arrivant aux États-Unis pourrait être taxé à cette hauteur, y compris donc les médicaments.À lire aussiEn visite en Inde, J.D. Vance affiche son optimisme commercial et sa proximité idéologique avec Narendra ModiÉconomiquement avantageux, sanitairement dangereux Mais il ne s'agit pas de marchandises lambda : il est question de santé publique. La conséquence de l'application des mesures tarifaires de Donald Trump, c'est évidemment un risque sur la santé des Américains en raison d'une hausse des prix.Car les coûts de production en Inde sont trois à quatre fois moins élevés qu'aux États-Unis. Cela permet à Washington d'économiser des milliards de dollars en frais de santé. Rien qu'en 2022, d'après le cabinet de conseil IQVIA, les économies réalisées grâce aux génériques indiens se sont élevées à 219 milliards de dollars.Un pas vers Donald TrumpSi l'objectif de Donald Trump, c'est de relocaliser la production aux États-Unis, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Les Américains ne disposent pas forcément des principes actifs sur leur sol pour fabriquer les médicaments en tant que tels. D'autant que leur deuxième fournisseur, c'est la Chine, pays le plus touché par les mesures du président américain. Devant telle situation, plusieurs géants européens présents en Inde notamment ont annoncé des investissements massifs aux États-Unis, avec l'ambition d'anticiper les hausses des prix. Le laboratoire Roche prévoit 50 milliards de dollars pour renforcer ses capacités de production et de diagnostic sur le sol américain. Novartis de son côté parle de 23 milliards sur cinq ans. Donc pour le moment, si on ne s'en tient qu'aux annonces, le président américain obtient des résultats. Mais pour toutes les raisons que l'on vient de détailler, Washington et New Delhi n'ont pas d'autres choix que de discuter. Le bras de fer est diplomatique, mais aussi économique. On a pu le voir ces dernières heures avec la visite de JD Vance à New Delhi. Sauf que la particularité, c'est qu'à court terme, pour les Américains, il est impossible de remplacer l'approvisionnement indien. Ces produits sont vitaux, car l'Inde est un véritable pilier de la santé aux États-Unis. C'est en fait l'un des meilleurs exemples de produit à demande inélastique, à savoir des produits dont on ne peut pas se passer. La question maintenant, c'est jusqu'à quel prix ! À lire aussiComment l'Union européenne compte éviter les pénuries de médicaments?
Les Réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale commence ce lundi à Washington. Durant cet événement notamment, les acteurs de l'économie de tous les pays se réunissent pour parler de l'état de l'économie mondiale. Sans surprise, cette édition va être marquée par la politique commerciale de Donald Trump. Décryptage. Depuis son retour à la Maison Blanche il y a moins de 100 jours, c'était le 20 janvier, Donald Trump a relancé la guerre commerciale contre pratiquement tous les pays du globe. On le rappelle, tous les produits qui entrent aux États-Unis sont taxés à hauteur de 10%. Cela monte jusqu'à 145% sur certaines importations chinoises. Pékin ne s'est pas fait attendre pour répondre avec une taxation de 125% sur les produits américains. Bref, cette escalade entre les deux premières économies mondiales a des conséquences pour la planète toute entière, ce qui inquiète et le Fonds monétaire international, et la Banque mondiale. Croissance mondiale affectée La directrice générale du FMI l'explique elle-même mais elle reste modérée. Kristalina Georgieva estime aujourd'hui que l'incertitude sur les politiques commerciales mondiales est "hors norme”. Selon plusieurs études du FMI justement, le taux effectif moyen des droits de douane américains atteint désormais environ 20%. Et les conséquences sont très concrètes. Par exemple. le dollar s'affaiblit alors qu'il est perçu comme une valeur refuge. Et puis la croissance américaine en souffre. D'après le Peterson Institute, elle devrait tomber à 0,1% cette année. C'est loin de ce qui était envisagé il y a encore quelques semaines, à savoir 2,5%. Une tendance qui va irrémédiablement avoir un impact sur la croissance mondiale. À lire aussiLe coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondialeToujours d'après la directrice du FMI, il faut se préparer à revoir sa copie car l'institution financière prévoit désormais une révision à la baisse des perspectives économiques mondiales. Le rapport devrait justement être publié cette semaine. Si en janvier, avant l'investiture de Donald Trump, la croissance mondiale pour 2025-2026 était estimée à 3,3%, elle devrait diminuer. Ce chiffre semble aujourd'hui optimiste voire irréaliste car la croissance de la planète aurait dû être stimulée par celle des États-Unis. Or, on l'a dit, elle devrait être pratiquement atone. Un multilatéralisme mis à mal Ce n'est presque plus à prouver, Donald Trump a une vision assez personnelle du multilatéralisme. Le problème, c'est que les États-Unis sont les premiers actionnaires du FMI. Le pays est aussi essentiel dans le fonctionnement de la Banque mondiale puisqu'il y est représenté via 17% des capitaux de l'institution. Et lorsque l'administration Trump remet en cause son rôle dans l'activité de ces deux instances, c'est en effet tout un pan de l'économie mondiale qui est en sursis. À lire aussiSur la piste d'une machine à café pour comprendre les effets des taxes douanières de TrumpL'aide au développement est un secteur très affecté. D'après l'OCDE, elle a diminué de 7% l'an passé. Cette année, elle devrait encore baisser, entre -9 et -17%. Concrètement ce sont des dizaines de milliards d'euros en moins. Les patrons du FMI et de la Banque mondiale appellent ainsi à des réformes profondes de l'économie, plus équilibrée, plus résiliente, avec une priorité: continuer à dialoguer avec toutes les parties, même les États-Unis. Mais pour échanger, il faut être deux, et Donald Trump ne compte visiblement pas faire partie de la discussion.
La réunion du Réseau de prévention des crises alimentaires d'Afrique de l'Ouest et du Sahel s'est tenue les 15 et 16 avril à l'OCDE, à Paris. Plus de 30 millions de personnes font face à l'insécurité alimentaire dans la région, les prévisions tablent sur une augmentation même de ce nombre. La situation a été décortiquée et l'une des premières conclusions de la dernière campagne agropastorale, c'est que les récoltes sont en baisse. Malgré une bonne campagne de saison des pluies – ce qui est rare au Sahel, souligne le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel, le CILLS – les récoltes n'ont pas été au rendez-vous. En moyenne, selon les statistiques, la production céréalière a baissé de 5 % par habitant et l'insécurité alimentaire progresse. Différents facteurs expliquent cela, met en avant Abdoulaye Mohamadou, le secrétaire exécutif du CILSS. « Nous avons des facteurs aggravants comme l'insécurité civile qui fait que beaucoup de populations sont déplacées, donc ont perdu leur capital productif, souligne-t-il. Nous avons également la situation des marchés. Une forte inflation qui fait qu'il y a une tendance haussière depuis quelques années. Les prix ne redescendent pas. Traditionnellement, on est dans la période de récoltes, les prix baissent, mais là, on a une tendance sur la région extrêmement inquiétante. Il y a aussi la dépréciation des monnaies dans certaines régions. »Pour lui, il y a aussi une dimension politique évidente. Les accords de Malabo prévoyaient un engagement financier de 10 % des ressources des États dans l'agriculture, ce qui « n'a jamais été vraiment atteint », regrette le secrétaire exécutif du CILSS. « Aujourd'hui, avec le terrorisme et l'insécurité, les arbitrages budgétaires se font malheureusement en défaveur du secteur agricole au profit de tout ce qui défense et sécurité », constate-t-il encore.Nana Touré, la directrice du club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest au sein de l'OCDE, abonde dans ce sens : « Cette crise est récurrente, on ne peut plus la considérer comme conjoncturelle ou une question d'urgence. La question de planification est au cœur des décisions. Qui dit planification dit priorités. Dit aussi volonté politique de, non seulement reconnaître l'existence de cette récurrence, mais aussi la nécessité d'investir les budgets et les mécanismes nécessaires qu'il faut pour répondre à cette récurrence-là. » Cette dynamique doit se faire régionalement, selon Nana Touré. La création de l'AES et de la sortie de trois pays de la Cédéao n'ont pas freiné cette dynamique, assure-t-elle. « Je crois que l'espace communautaire existe encore, il y a des corridors qui existent encore entre les communautés et des corridors de commerces au niveau des différents espaces, affirme nana Touré. Je ne pense pas que la dimension politique interfère à ce niveau-là et que les systèmes sont en place et sont encore fonctionnels. » Les coupes drastiques de l'USAID (l'Agence américaine pour le développement international) et les baisses générales de l'aide publique au développement auront sans doute un impact lors de la prochaine campagne. Les évaluations sont en cours. À lire aussiSahel: le changement climatique est un facteur de vulnérabilité pour les jeunes femmes
En Côte d'Ivoire, premier producteur mondial d'anacarde, les acteurs de cette filière tirent un bilan positif à mi-parcours de la campagne de commercialisation. Sur les 1,150 million de tonnes de noix brutes produites cette année, restent 250 000 tonnes à écouler sur les marchés. Priorité aux transformateurs locauxPremier signe positif : dès le début de la campagne en janvier, le prix bord champ de la noix brute de cajou a été rehaussé : il est passé de 275 à 425 FCFA/kg. De quoi valoriser les paysans qui, cette année, ont vu leur production augmenter de 20 %. Selon les projections du ministère de l'Agriculture de Côte d'Ivoire, la production devrait s'établir à un peu plus d'un million de tonnes de noix brute. 900 000 tonnes ont déjà été achetées auprès des producteurs.Par ailleurs, du 18 janvier au 15 mars, le marché a été ouvert en priorité aux transformateurs locaux. « Cela nous a permis d'avoir accès à une noix de bonne qualité et d'éviter la concurrence avec les exportateurs internationaux », commente un entrepreneur. En tout, 36 usines en activité ont pu être approvisionnées. Elles ont pu absorber près de 600 000 tonnes de noix brute.L'impact des tarifs douaniers américainsSeule ombre au tableau, les nouveaux tarifs douaniers imposés par les États-Unis, révisés à la hausse et que Washington a temporairement suspendu. « Les opérateurs au Vietnam [taxés à près de 47 %, NDLR] sont inquiets, cela a ralenti les choses », affirme Kobénan Kouassi Adjoumani, le ministre ivoirien de l'Agriculture. En clair, il y a moins d'engouement autour des ventes. Car une grosse partie de la production est achetée par le Vietnam, qui exporte ensuite l'amande de cajou vers les États-Unis. Face à la retenue des acheteurs, locaux, comme internationaux, les producteurs bradent leur noix brute. « La situation est bloquée », peste un producteur, qui regrette le non-respect des prix officiels, ces deux dernières semaines. « Des solutions vont bientôt être prises », assure le ministre ivoirien de l'Agriculture, qui demande aux paysans d'être patients. De son côté, pour faire respecter le prix plancher, le Conseil Coton Anacarde organise des ventes groupées dans les zones dans lesquelles les acheteurs se font rares. À lire aussiLa Côte d'Ivoire cherche à doper la transformation locale de noix de cajou
Le dollar a souffert ces derniers jours, victime collatérale de la guerre commerciale de Donald Trump. En effet, la valeur du billet vert face à l'euro a sombré la semaine dernière à son niveau le plus bas en plus de trois ans. Cela alors que la monnaie des États-Unis ne sert pas que sur le sol américain, elle est de fait omniprésente sur la planète. De plus en plus concurrencée, certes, mais les conditions sont-elles seulement réunies pour remettre en cause son hégémonie ? Pour en débattre : Marc Schwartz, président-directeur général de la Monnaie de Paris, co-auteur avec Christian de Boissieu du livre La nouvelle guerre des monnaies (Odile Jacob, mars 2025) Rudy Bouguelli, maître de conférences en économie à l'Université Paris Cité David Le Bris, enseignant-chercheur en finance à Toulouse Business School.
Les États-Unis taxent désormais à hauteur de 145% tous les produits chinois importés sur leur sol, sauf les produits issus de la tech, exemptés mais pas complètement. Si l'on en croit l'administration américaine, ça devrait encore changer. Pour comprendre comment fonctionne ces droits de douane et les mécanismes qui s'appliquent, suivons le parcours d'une machine à café. La cafetière, à l'heure du petit-déjeuner, est un élément essentiel. Pratiquement tous les foyers américains en sont équipés. En 2024, il s'en est vendu entre 27 et 30 millions sur le sol des États-Unis, d'après l'Observatoire de la complexité économique. Et si on prend cet exemple, c'est parce que c'est un produit du quotidien, courant, qui est fabriqué intégralement ou en partie en Chine. À lire aussiLes petits producteurs chinois, grands perdants des mesures de Donald TrumpPour comprendre ce qui est en jeu, suivons le parcours de cette machine à café depuis le sol chinois où sa production est sous-traitée, dans des usines très loin des États-Unis donc. Un atelier va fabriquer le réservoir, un autre la carafe, et sans être exhaustif, un troisième va produire la plaque chauffante. Mais il y a une particularité : les fournisseurs ne sont pas tous nécessairement chinois, ils peuvent être d'autres pays asiatiques. Ensuite, toutes ces pièces détachées qui composent notre cafetière vont être regroupées ensemble sur un site d'assemblage en Chine. Coût de production et taxes De ce site chinois va donc sortir la machine à café intégralement construite. À partir de là, quand on additionne toutes ces étapes, on sait combien a coûté la fabrication du produit. On appelle ça son coût de production. Pour en avoir une estimation, regardons le site en ligne Ali Express. Le prix sec de cette cafetière y est de 30 dollars. Elle va maintenant prendre le bateau, direction un port américain. Ajoutons 4 dollars de frais de port. Prix total, 34 dollars. À lire aussiComment Apple tente d'esquiver les droits de douane de Donald TrumpEt c'est là qu'interviennent les mesures douanières américaines. Car pour quitter le port de Shanghai, arriver à Baltimore, et que la cafetière sorte du cargo, l'importateur doit s'acquitter des 145% de droits de douane. Et cela, même si les pièces viennent d'un peu partout : on le disait, le produit est chinois, étant donné qu'il a été assemblé en Chine. Un petit calcul nous permet à présent de déterminer le prix de cette machine à café. On l'a vu, sa valeur est de 34 dollars, avec une taxe à 145%. Son prix grimpe donc de 34 à 83 dollars ! À la fin, qui paie ? Ça ne s'arrête pas là. On peut ajouter les frais de logistique, de stockage, de transport, et la marge du vendeur. On atteint ainsi facilement plus de 100 / 120 dollars. On est loin de la cafetière assemblée pour 30 dollars dans une usine chinoise. L'impact est donc réel pour le consommateur américain. Car si techniquement, on l'a dit, c'est l'importateur qui paie les droits de douane, dans les faits, c'est le consommateur qui absorbe ce coût. Mais au-delà de l'exemple de la machine à café, ce mécanisme s'applique pour bon nombre de produits du quotidien consommés aux États-Unis. On peut penser à l'iPhone évidemment, aux jouets et jeux, mais aussi à tout un tas de matériel électroménager dont les Américains sont ultra-dépendants. Car les tarifs douaniers jouent un rôle clé dans la détermination du prix que l'on paie !
Donald Trump a mis sa menace à exécution en annonçant des droits de douane très lourds, en particulier contre l'Asie et l'Union européenne. Six des neuf pays d'Asie du Sud-Est cités par le président américain ont été frappés par des droits de douane beaucoup plus élevés que prévu, compris entre 32 % et 49 %. Toutes les capitales d'Asie sont sous le choc, le Japon, la Corée du Sud et la Chine veulent renforcer leur coopération pour offrir « un environnement prévisible » aux entreprises et « accélérer » leurs négociations en vue d'un accord de libre-échange. L'analyse de l'économiste Jean-François Di Meglio, président de l'institut de recherche Asia Centre.
C'est l'une des colonnes vertébrales de l'économie gabonaise: le train transgabonais traverse le pays depuis plus de 40 ans, coupe à travers les fleuves et la savane, et d'Owendo à Franceville, offre une ligne de vie à des milliers de personnes. Il transporte, aussi, le bois et le précieux manganèse. Cette ligne, lancée par Omar Bongo, vieillit cependant. Un nouveau programme de rénovation du rail a été lancé, mais il faudra encore d'importants investissements pour qu'il aboutisse. C'est donc l'un des grands projets d'infrastructures que devra reprendre le futur président, élu le 12 avril prochain. «Le train transgabonais, la difficile modernisation d'une ligne de vie», un Grand reportage de François Mazet.
Le mouvement est parti du Canada et se propage en Europe du Nord et dans le reste du vieux continent : les initiatives se multiplient en faveur d'un boycott des produits américains pour protester contre la politique du président Donald Trump. En Norvège, la première compagnie de carburants dans les ports a annoncé qu'elle cessait de ravitailler les navires de la marine américaine. Au Danemark, le leader de la distribution alimentaire met désormais en avant les produits européens dans ses rayons. Et en France, la page Facebook « Boycott USA : achetez français et européen » compte déjà 18 000 abonnés. Jusqu'où ces mouvements peuvent-ils aller ? Quelles conséquences ? Le boycott constitue-t-il la méthode la plus efficace pour répondre à la guerre commerciale lancée par les États-Unis ? Pour en débattre : Estefania Santacreu-Vasut, professeure d'économie à l'Essec. Autrice du livre grand public sur la globalisation et le retour au protectionnisme The Nature of Goods and the Goods of Nature: why anti-globalisation is not the anwers (La nature des biens et les biens de la nature : pourquoi l'anti-mondialisation n'est pas la solution). Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste de BDO France (cabinet de conseil économique) et professeur d'économie à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Edouard Roussey, administrateur de la page Facebook : Boycotter USA, déjà 18 000 abonnés, créée le jour de l'altercation de Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale. Il est agriculteur français et se mobilise en tant que citoyen et consommateur.
Le mouvement est parti du Canada et se propage en Europe du Nord et dans le reste du Vieux continent : les initiatives se multiplient en faveur d'un boycott des produits américains pour protester contre la politique du président Donald Trump. En Norvège, la première compagnie de carburants dans les ports a annoncé qu'elle cessait de ravitailler les navires de la marine américaine. Au Danemark, le leader de la distribution alimentaire met désormais en avant les produits européens dans ses rayons. Et en France, la page Facebook « Boycott USA : achetez français et européen » compte déjà 18 000 abonnés. Jusqu'où ces mouvements peuvent-ils aller ? Quelles conséquences ? Le boycott constitue-t-il la méthode la plus efficace pour répondre à la guerre commerciale lancée par les États-Unis ? Pour en débattre : Estefania Santacreu-Vasut, professeure d'économie à l'Essec. Autrice du livre grand public sur la globalisation et le retour au protectionnisme The Nature of Goods and the Goods of Nature: why anti-globalisation is not the anwers (La nature des biens et les biens de la nature : pourquoi l'anti-mondialisation n'est pas la solution). Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste de BDO France (cabinet de conseil économique) et professeur d'économie à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Edouard Roussey, administrateur de la page Facebook : Boycotter USA, déjà 18 000 abonnés, créée le jour de l'altercation de Donald Trump et Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale. Il est agriculteur français et se mobilise en tant que citoyen et consommateur.
Les family offices, connus en bon français comme gestionnaires de patrimoines familiaux sont de plus sollicitées. Comment fonctionnent ces structures ? Quel est leur rôle ? Pourquoi sont-elles critiquées ? Décryptage. Ne tournons pas autour du pot : le secteur est très secret. Les family offices, ces sociétés privées de gestion de patrimoine pour des personnes très fortunées, bref, les super riches, prennent de plus en plus de place. Leur mission est double : gérer l'argent des concernés tout en le faisant fructifier et donc évidemment, les rendre encore plus riches. Pour résumer, préserver le patrimoine et rechercher de la rentabilité. Si on en parle autant, c'est parce que ces structures sont très sollicitées et deviennent très importantes. Mais aussi et surtout parce qu'il y a de plus en plus de milliardaires. Au cours de la dernière décennie, d'après la banque UBS, le nombre d'ultras riches a grimpé de plus de moitié, ce qui implique davantage de demandes de services de family offices.À lire aussiLa richesse des milliardaires a augmenté trois fois plus vite en 2024 qu'en 2023, selon OxfamLe cabinet Deloitte recense aujourd'hui plus de 8 000 structures de ce type dans le monde gérant 3 100 milliards de dollars d'actifs. Dans cinq ans, en 2030, ce même cabinet estime à 11 000 family offices à travers la planète pour 5 400 milliards de dollars. Le secteur est en pleine expansion. Différents modèles Il existe deux types de family offices. Les « simple » qui gèrent une seule et unique famille. C'est avantageux car la gestion est ultra personnalisée avec peu ou pas de régulation. Et puis les « multi », qui gèrent plusieurs fortunes. Cela réduit les coûts et permet de peser en cas d'opération financière conjointe par exemple, mais à l'inverse, c'est moins confidentiel que les « simple » et la régulation y est plus importante. Alors, pourquoi ces fortunes ne s'offrent-elles pas les services de banquiers spécialisés ? Tout simplement parce que ces family offices sont beaucoup plus souples et bien moins régulés que les banques. Plus de régulation Si le milieu est secret, la structure juridique des family offices est complexe et encore plus floue. Ils ne sont pas soumis aux mêmes règlementations que les fonds d'investissement ou les banques et n'ont pas d'obligation de transparence sur leurs actifs. La critique est aussi récurrente concernant la concentration du pouvoir financier avec les multi offices, ce qui peut atteindre parfois plusieurs centaines de milliards de dollars et donc être un risque sur les marchés financiers. Par exemple en 2021 a éclaté l'affaire Archegos. Dans les grandes lignes, un family office a causé des milliards de dollars de pertes chez des banques comme Nomura, Goldman Sachs et le Crédit suisse. Mais le secteur fait l'objet de programmes de régulation. Une loi a été votée en ce sens aux États-Unis après l'affaire Archegos. Mais le texte n'est pour le moment pas entré en vigueur, et ça pourrait encore attendre puisque Donald Trump ne fait pas de la lutte contre la criminalité financière sa priorité. Par ailleurs, d'autres pays et régions comptent sur ces structures et les fortunes qu'elles gèrent pour faire tourner leur économie, comme Singapour, Dubaï, Hong-Kong et, dans une moindre mesure, la Suisse !
Ce samedi 8 mars, comme tous les ans, c'est la journée internationale des droits des femmes. Dans ce contexte, focus sur un sujet très important dans l'indépendance et l'émancipation des femmes, à savoir la détention d'un compte bancaire. Décryptage. C'est un enjeu essentiel. Rien qu'en France, cela fera 60 ans en juillet que les femmes ont obtenu le droit de détenir un compte en banque à leur nom. Dans d'autres pays, il faut parfois toujours l'autorisation du mari pour faire cette démarche. Bref, toutes les femmes de tous les pays ne sont pas logées à la même enseigne sur ce sujet. Car gérer son propre argent en toute autonomie, c'est un puissant levier d'émancipation.Pourtant, d'après le Fonds monétaire international, à l'échelle du globe, plus d'un milliard de femmes dans le monde n'ont toujours pas accès aux services financiers formels. Seulement deux tiers des femmes possèdent un compte bancaire, contre pratiquement quatre hommes sur cinq. Plusieurs régions sont plus concernées que d'autres, comme par exemple en Afrique subsaharienne où seulement 37% des femmes ont un compte en banque contre 48% des hommes. Une tendance qui reflète les obstacles sociaux, économiques, culturels et technologiques auxquels les femmes continuent de se heurter dans l'accès aux services financiers ! Des pistes pour changer les choses Cette situation a de multiples conséquences. La première d'entre elle, c'est la dépendance au conjoint ou aux parents. Sans compte personnel, impossible de tout simplement gérer son budget, ses revenus, sa consommation, son épargne et de contracter un crédit. Difficile aussi de se protéger financièrement en cas de séparation, de divorce ou de perte d'emploi. Il y a plusieurs explications à cette situation. D'abord, l'écart de rémunération entre femmes et hommes qui joue sur la capacité d'épargne et d'investissement. Concrètement, moins vous gagnez, moins vous avez de chance d'obtenir un prêt. Ensuite, des freins culturels existent dans certains pays pour l'accès aux services bancaires. À lire aussiLes inégalités entre les femmes et les hommes dans le travail toujours fortes dans le mondePour faire bouger les lignes, on peut par exemple penser à l'accès à l'éducation financière. Plusieurs structures et entreprises se mobilisent sur le sujet, comme le géant français L'Oréal qui a signé une charte l'été dernier pour que les femmes aient plus facilement accès à ce type de formations et d'apprentissage dès le plus jeune âge, mais aussi encourager l'entreprenariat féminin, avec des aides et des financements dédiés. On peut aussi noter la promotion de l'égalité salariale et donc lutter contre toute forme de discrimination. Bref, pour que les femmes reprennent, ou prennent, c'est selon, le pouvoir sur l'argent !
Les ministres des Finances du G20, à l'exception de celui des États-Unis, sont réunis jusqu'à demain jeudi (27 février 2025) au Cap. « L'érosion du multilatéralisme pose une menace à la croissance et à la stabilité mondiales », a d'emblée prévenu le président sud-africain Cyril Ramaphosa. En menaçant de droits de douane ses partenaires traditionnels, l'administration Trump bouleverse le commerce de la planète. Quelles sont les conséquences du protectionnisme XXL mené par le président américain ? Comment relancer les échanges tout en évitant les dérives ? Pour en débattre : - Sylvie Matelly, économiste et directrice de l'Institut Jacques Delors, autrice du livre Géopolitique de l'économie (Eyrolles, 2021) - Pauline Wibaux, économiste au CEPII au sein du programme analyse du commerce international - Nicolas Roux, membre du CA d'Attac, enseignant en commerce international à l'Université Jean Moulin Lyon 3.
Dans son discours d'adieu à la Maison Blanche, Joe Biden avait averti les Américains du danger qui menaçait de voir se former une « oligarchie » à la tête de l'État. Depuis son retour au pouvoir Donald Trump a confié les clés du gouvernement à une poignée de milliardaires. Qu'ont en commun Howard Lutnick, secrétaire d'État au commerce, Linda McMahon, ministre de l'Éducation, Scott Bessent, secrétaire d'État au Trésor ou encore Warren Stephens, probable futur ambassadeur américain au Royaume-Uni ? Tous sont milliardaires. Si l'on y inclut Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, à la tête d'un Département à l'efficacité gouvernementale créé de toute pièce pour lui, l'administration Trump (dont tous les membres n'ont pas encore été confirmés par le Congrès) devrait compter au moins treize milliardaires. Leur fortune cumulée dépasse 450 milliards de dollars, rivalisant avec le PIB de pays de taille moyenne. Le gouvernement Trump s'annonce comme le plus riche de toute l'Histoire.« Une oligarchie est en train de prendre forme aux États-Unis », avait prévenu Joe Biden dans un message d'adieu adressé à ses concitoyens. « Une concentration extrême des richesses et du pouvoir aux mains d'un petit groupe d'ultra riches qui menace notre démocratie tout entière ». Alors reprenons les bases, qu'est-ce qu'une oligarchie ? Le mot vient du grec « oligos » qui veut dire « petit nombre » et « archo » qui veut dire « diriger ». Il désigne une forme de gouvernement où le pouvoir est aux mains d'un petit groupe de personnes, par opposition par exemple à une monarchie où le pouvoir est aux mains d'un seul individu, comme un roi.Le règne des « broligarques »Voilà pour la définition du dictionnaire. Mais dans son acceptation moderne, le mot fait plutôt référence aux hommes d'affaires qui ont fait fortune après la chute de l'Union soviétique, quand l'État qui possédait tout s'est mis à brader son Empire. Un petit groupe d'hommes qui sans être directement aux commandes ont acquis assez de richesses et de pouvoir pour influer directement sur les prises de décision politiques et économiques du Kremlin. Trois décennies plus tard, le paysage russe a changé mais le mot est resté, désignant une nouvelle génération de riches hommes d'affaires proches de Vladimir Poutine. Au moment de l'invasion de l'Ukraine, ces oligarques ont été visés par les sanctions occidentales au même titre que les membres du gouvernement russe.Joe Biden ne faisait pas seulement allusion aux milliardaires ayant directement pris un rôle gouvernemental. Son avertissement pointait surtout les grands patrons de la tech : Jeff Bezos, le patron d'Amazon, Mark Zuckerberg à la tête de Meta, Sam Altman derrière la révolution ChatGPT avec OpenAI. Ceux que le public a commencé à surnommer les « broligarques » et qui se sont empressés de prêter allégeance à Donald Trump, en revenant sur leurs programmes internes de promotion de la diversité, par exemple, ou en contribuant généreusement à la cérémonie d'investiture du président américain. Bezos, Zuckerberg et Altman ont tous les trois versés un million de dollars à la fondation Trump à cette occasion.Plusieurs millions de dollars versés à Donald TrumpPour s'acheter les faveurs du président américain, Mark Zuckerberg est même allé beaucoup plus loin puisque Meta a accepté de verser 25 millions de dollars de dommages et intérêts à Donald Trump pour se faire pardonner de l'avoir banni de Facebook après l'attaque du capitole le 6 janvier 2021. Et il n'est pas le seul. Juste avant l'élection Donald Trump avait aussi porté plainte contre la chaîne CBS après une interview de Kamala Harris qui lui avait déplu. Trump réclamait un montant absurde 10 milliards de dollars.D'après le New York Times, les studios Paramount, propriétaires de la chaîne, ont décidé de ne pas aller jusqu'à un procès qu'ils étaient pourtant sûrs de gagner, préférant verser plusieurs millions de dollars à Donald Trump. Pourquoi ? Parce que Paramount vient de racheter SkyDance Media pour 8 milliards de dollars, un deal qui doit encore être approuvé par le régulateur américain.Le patron de SkyDance Media qui s'avère être le fils du multimilliardaire Larry Ellison, le patron d'Oracle et un proche de Trump. Voici donc un petit groupe d'hommes qui sans être directement aux commandes ont acquis assez de richesses et de pouvoir pour influer directement sur les prises de décision politiques et économiques de la Maison Blanche. Comme quoi il n'y a pas besoin de parler russe.
On s'intéresse ce matin à une thématique qui concerne la planète toute entière : la démographie, à savoir le nombre d'individus qui composent chaque pays, et donc à la fin, le nombre de personnes sur notre planète. Le cabinet de conseils McKinsey a publié un rapport sur cette thématique ces derniers jours car c'est un sujet qu'on pourrait croire de l'ancien monde, mais il ne l'est pas. Il est pris très au sérieux par les responsables politiques du monde entier... Décryptage. Un exemple tout récent : c'est en France, la ministre du Travail et de la Santé entend lancer un « plan démographique pour 2050 ». L'an passé, les naissances ont légèrement diminué. En 2050, il y aura deux fois plus de personnes âgées de plus 80 ans qu'il n'y en a aujourd'hui.Aucun continent n'est épargné par cette dynamique Oui, car les Terriens et les Terriennes font moins d'enfant. Alors qu'on soit clair, au niveau mondial, il y a un ralentissement du nombre de naissances mais le solde est toujours positif. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, le nombre de naissances par femme à l'échelle mondiale a progressivement diminué au cours des 75 dernières années. Il était de 5 en 1950. En 2050 il devrait atteindre 2,1. L'enjeu est de taille pour la croissance mondiale !Quel rapport entre démographie et économie ?Si l'on fait moins d'enfants et qu'en parallèle, la population vieillit, ce qui est le cas dans beaucoup de pays développés, cela va avoir des conséquences concrètes. Mécaniquement, ça va entrainer une baisse de la proportion de personnes en âge de travailler. Résultat : la production de richesse et les recettes fiscales vont diminuer. Et comme c'est un vase communicant, qui dit personnes âgées, dit coût lié au vieillissement en raison par exemple des retraites à payer ou des soins de santé à prodiguer. Un coût visible dans les comptes publics des États. D'après l'agence de notation S&P, les déficits budgétaires pourraient exploser d'ici 2060, passant d'une moyenne de 2,4% du PIB mondial aujourd'hui à 9,1%.À lire aussiVieillissement démographique en Europe: la population active pourrait chuter d'un cinquième d'ici 2050Quelles solutions à apporter à cette dynamique ?Le nombre de politiques pro-natalistes un peu partout dans le monde prouve qu'il n'y a pas de solution miracle. Juste un exemple, peu connu : en Finlande, la deuxième plus petite ville du pays offrait 1000 euros par mois à un foyer pendant 10 ans à chaque nouveau-né à condition de rester y vivre. C'est un échec, la population de la ville a diminué de 20%. En fait, faire des enfants, c'est une chose, mais il faut que le reste suive, à savoir les politiques de soutien à la famille, les services de garde d'enfants, d'éveil, d'enseignement... Le tout sans mettre une pression sociale aux couples, mais aussi et surtout aux femmes. Et si d'aventure la dynamique changeait aujourd'hui, on ne verrait ses effets que d'ici 20 ans.À écouter aussiBaisse de la natalité: le monde de demain se fera-t-il sans enfants?
Le secteur du luxe est à la peine. Le groupe LVMH, fleuron tricolore du secteur, a publié ses résultats de 2024 ce mardi et ils sont mauvais. Les bénéfices du géant du luxe ont nettement chuté : -17%. Illustration bien concrète d'un secteur en pleine métamorphose. Décryptage. Pour reprendre le vocabulaire du luxe, la tendance n'est plus au vert, mais plutôt au rouge ces dernières années ! L'an passé, la consommation de produits de luxe a clairement ralenti, à tel point qu'elle s'est contractée de 2%. D'après le cabinet Bain and Company, entre 2022 et 2024, ce sont 50 millions de consommateurs habitués aux articles de luxe qui ont renoncé à ce type d'achat. Baisse de la demande qui se ressent sur le marché, on le constate avec les résultats de LVMH, mais il y a tout de même du positif. Les ventes pour l'année dernière se sont stabilisées à environ 363 milliards de dollars. Des consommateurs absents... Plusieurs raisons pour expliquer cette situation d'un secteur qu'on pourrait imaginer intouchable. D'abord, la clientèle n'a pas répondu autant présente qu'avant, notamment la clientèle chinoise, puisque ce marché représentait l'année dernière 22% des ventes de produits de luxe. Le pays n'est donc plus le moteur de la croissance du secteur et ça se ressent. On notera aussi que le marché américain est suspendu aux décisions sur les droits de douane envisagés par Donald Trump qui, de jour en jour, deviennent de plus en plus concrets. Et puis les clients consomment différemment. Beaucoup préfèreront une croisière, un séjour dans un hôtel de luxe ou vivre une expérience plutôt qu'acheter un sac en cuir, une montre ou un tailleur haute couture. ... aux vendeurs qui font les mauvais choix De l'autre côté de la balance, les grands groupes ont continué à miser sur l'élasticité des prix. Parce qu'ils vendent de la rareté, certains se sont permis d'augmenter leurs prix, peut-être un peu trop : +54 % entre 2019 et 2024 d'après HSBC. Ce qui coûtait, imaginons, 10 000 euros en coûte aujourd'hui 15 400. Une hyperinflation qui est mal passée auprès des consommateurs, le secteur a ainsi atteint la limite d'un effet économique qui s'appelle l'« effet Veblen ». Concrètement, plus un produit est cher et plus il est demandé. Maintenant, il semblerait que ce ne soit plus le cas. À lire aussiLes milliardaires du luxe français ont connu des revers de fortune en 2024Différentes pistes pour le secteur Deux solutions s'offrent aux grands groupes. Soit, se recentrer sur l'ultra luxe avec certains produits iconiques, qui font office de référence, et continuer de s'adresser à une clientèle très fortunée. Soit, parler à une classe moyenne supérieure qui, à travers le monde, prend de plus en plus de place. D'après le cabinet Bain, ce sont plus de 300 millions de nouveaux clients potentiels de cette classe qui vont émerger d'ici à dix ans dans différentes régions du globe comme le Moyen-Orient, l'Inde, l'Asie du Sud-Est ou encore l'Afrique. Le tout évidemment en respectant des critères environnementaux et sociaux, car cet aspect devient un déclencheur d'achat important. Même si, pour le moment, la croissance sera lente, elle restera positive. Le cabinet McKinsey table sur une croissance annuelle estimée entre 1% et 3% jusqu'en 2027. Le temps pour les grands groupes d'ajuster leurs stratégies et de retrouver des couleurs !
À peine a-t-il été investi que Donald Trump a signé des décrets qualifiant d'urgence nationale l'immigration illégale à la frontière avec le Mexique. Il a aussi révoqué le droit du sol automatique pour les enfants de migrants clandestins. Pourtant, l'immigration est importante pour l'économie américaine. Décryptage. Pour Donald Trump, c'est l'un des maux de la société américaine : l'immigration. Mais qu'elle soit légale ou illégale, elle participe à la vitalité de l'économie du pays. Elle soutient la croissance tout court, mais aussi la croissance démographique. Peu de chiffres précis ont été publiés sur le nombre de personnes qui travaillent aux États-Unis sans y être nées, mais le bureau du budget au Congrès américain parle de plus de 32 millions d'immigrés actifs sur le marché du travail. Là encore, c'est important de le préciser, ce nombre englobe les travailleurs légaux et illégaux. En 2022, ils étaient un peu plus de 8 millions de migrants illégaux à travailler aux États-Unis. C'est cette catégorie de personnes que visent les mesures anti-immigration de Donald Trump. Ces femmes et ces hommes travaillent généralement dans les secteurs de l'agriculture, du bâtiment, dans l'industrie et le service à la personne, mais aussi dans l'hôtellerie. À lire aussi«Je déclarerai l'état d'urgence à notre frontière sud», a affirmé D. Trump lors de son investitureCréation de valeur Et puisque toutes ces personnes travaillent, elles produisent de la richesse, ce qui peut être synonyme de croissance. Et puis surtout, en travaillant sur le sol américain, toutes ces personnes dépensent leur salaire sur le sol américain. Elles payent des impôts à l'administration fiscale américaine. Pour certaines familles, elles font des enfants, ce qui implique également une source de consommation et sur le long terme, de la main-d'œuvre en devenir. Si Donald Trump s'en prend autant à l'immigration, c'est parce que pendant le mandat de Joe Biden, le marché de l'emploi était particulièrement tendu. L'économie américaine sortait des confinements et de la pandémie de Covid. Pour relancer la production, le pays manquait de main-d'œuvre, généralement d'emplois peu qualifiés. Ce sont ces personnes immigrées qui ont accepté d'occuper ces postes. Durant le mandat de Joe Biden, la population active née à l'étranger a augmenté de 15% ! À lire aussiLe Canada et le Mexique pris de court par les annonces chocs de Donald TrumpDes arguments aux conséquences néfastes Le nouveau président des États-Unis considère que cette main-d'œuvre prend la place des Américains qui sont nés aux États-Unis. Plus encore, qu'il y a une compétition entre migrants et non-migrants pour accéder aux emplois. Autre argument : parce que ce sont les migrants qui acceptent ces emplois non qualifiés, selon Donald Trump, ils contribueraient à la baisse des salaires. Et que par leur présence sur le sol américain, ils participeraient à l'inflation, car ils feraient augmenter la demande. Or, tout cela n'a jamais été vraiment prouvé. Difficile de dire avec précision et certitude ce qu'il se passerait si Donald Trump mettait son plan à exécution, mais déjà, ce serait très coûteux. D'après le groupe de réflexion pro-immigration National Immigration Forum, il coûterait 150 milliards de dollars. À cela, il faut ajouter 15 milliards de dollars par an pour maintenir la sécurité aux frontières. Et puis surtout, cela va frapper de plein de fouet des secteurs d'activité entiers. Cela n'est pas sans conséquences, puisque d'après les économistes de Bloomberg, le principal impact pourrait être la baisse du PIB, voire atteindre une croissance nulle sous le mandat de Donald Trump. Preuve que l'immigration aux États-Unis n'est pas un jeu à somme nulle et qu'elle a un poids très concret dans l'économie du pays !
Les exportations chinoises ont atteint un record en 2024, elles ont augmenté de 7,1% par rapport à 2023. Et si pour l'économie chinoise, c'est une bonne nouvelle, derrière cette tendance se cache en fait un grand danger pour la deuxième économie mondiale. Décryptage. C'est l'un des rares indicateurs au vert de la Chine en 2024 : ses exportations records, d'une valeur de 3 600 milliards de dollars. Concrètement, elles représentent aux alentours d'un cinquième de sa croissance. Cela veut donc dire que la part des exportations dans l'économie chinoise est importante pour ne pas dire essentielle. Si on regarde dans le détail, c'est notamment l'entreprise BYD qui dope les exportations, le constructeur chinois de voitures électriques est à l'avant-garde de cette tendance, avec des ventes à l'étranger qui ont tout simplement explosé l'an passé. Juste un chiffre pour l'illustrer : +72% !La Chine est vulnérable Mais cette importance des exportations dans l'économie chinoise est un problème. Cela signifie que la Chine est ultra dépendante des exportations, précisément. Et qui dit dépendance, dit vulnérabilité. Le principal risque évidemment, c'est la menace de Donald Trump d'augmenter les droits de douane de 60% sur toutes les importations de produits chinois quand il arrivera à la Maison Blanche. Cette politique pourrait porter un coup sévère à ce pilier de la croissance chinoise qui devra trouver réponse à cette question : que faire de la production chinoise qui ne pourra plus être livrée aux États-Unis ? Car c'est là que ça coince. Parce que le risque de guerre commerciale avec les États-Unis pourrait avoir des conséquences sur les relations entre Pékin et d'autres nations. Si les entreprises chinoises essaient d'inonder d'autres pays, ils pourraient être amenés à eux aussi prendre des mesures pour limiter le phénomène. L'Union européenne notamment a déjà mis en place des droits de douane allant jusqu'à 45% sur les véhicules électriques fabriqués en Chine. À lire aussiLa Chine se prépare à la politique économique de Donald TrumpCrise en interne Mais il y a un hic : toute cette production chinoise ne peut pas être distribuée en Chine. C'est tout le problème de son économie. La demande est faible, le pays est notamment frappé par une crise persistante du secteur de l'immobilier. Alors pour faire repartir la consommation, les autorités ont subventionné les grandes industries du pays. Elles ont aussi assoupli les restrictions sur l'achat de logements. Des mesures pour inciter la population à acheter, tout comme la création de remises pour l'échange de vieux appareils électroménagers contre l'achat de modèles plus récents, évidemment chinois.Tout cela a en tout cas eu une conséquence : la chute des prix. Résultat, beaucoup d'entreprises chinoises ont vu leurs marges réduire voire complètement disparaître. Des comptes dans le rouge qui ont poussé bon nombre de société à mettre la clé sous la porte. La situation inquiète les autorités. Elles devront d'ailleurs présenter de nouvelles mesures de soutien budgétaire lors de la réunion de l'Assemblée populaire nationale en mars 2025. Et puis cet autre rendez-vous, non négligeable dans les prochains jours : la publication des chiffres de la croissance. Puisque si Pékin tablait sur une croissance à 5% pour 2024, elle pourrait être en deçà des projections, entre 4 et 4,5% !
L'arrivée du fils du président élu Donald Trump au Groenland en visite privée ce mardi 7 janvier relance la polémique suscitée par les propos de son père, qui doit être investi le 20 janvier, et qui a remis sur la table son idée d'un rattachement de cette ancienne colonie danoise aux États-Unis devenu territoire autonome du Danemark. L'industrie minière y est quasi inexistante, mais le potentiel géologique est immense et suscite de nombreuses convoitises, à commencer par celles des Américains, mais pas seulement. Le rattachement du Groenland aux États-Unis bénéficierait à ses habitants, c'est comme cela que Donald Trump s'amuse à justifier son ambition d'acheter la plus grande île de la planète. Mais derrière ces visées expansionnistes, l'intérêt est évidemment aussi américain.Il s'agit d'un intérêt sécuritaire, rappelle régulièrement le futur occupant de la Maison Blanche, mais également industriel : uranium, sable, pétrole, gaz, plomb, fer, zinc, nickel, or, diamant, métaux rares, l'ancienne colonie danoise est une promesse géologique qui fait briller les yeux de toutes les puissances mondiales. Les projets actuels sont portés essentiellement par des groupes australiens, canadiens, américains et britanniques. À lire aussiDonald Trump veut-il sérieusement rattacher le Groenland aux États-Unis?L'Europe aussi s'intéresse au sous-sol du GroenlandOn trouve peu d'investissements européens directs pour l'instant, mais ce n'est pas l'ambition qui manque : le Groenland, qui ne fait pas partie de l'Union européenne, mais y est lié via le statut de « Pays et territoire d'Outre-mer », abrite un tiers environ des 34 matières premières considérées comme importantes d'un point de vue stratégique par l'UE.En 2023, un mémorandum d'entente a été signé sur les matières premières essentielles entre la Commission européenne et le gouvernement. Depuis, les missions européennes se sont succédé au Groenland. Mais le chemin s'annonce long pour faire du pays un eldorado minier : l'industrie minière y est largement sous-développée, rappelle le Think Tank Europa. Chaque nouveau projet entraîne des coûts importants de démarrage en raison du manque d'infrastructures et doit composer avec des conditions météorologiques difficiles, plusieurs projets sont par exemple situés dans des fjords isolés accessibles seulement pendant les périodes de fonte des glaces, note le Think Tank Europa.Investir sur du long termeUn des autres défis, c'est la main d'œuvre : avec moins de 60 000 habitants, les compétences ne sont pas suffisantes, et l'arrivée de travailleurs étrangers pourrait vite devenir une source de tension. Dans le pays, les défenseurs de l'environnement ont aussi un poids que les miniers ne peuvent pas ignorer. Les habitants ont d'ailleurs choisi en 2021 de voter pour un gouvernement qui a interdit l'extraction d'uranium et qui a mis fin au projet Kvanefjeld qui avait provoqué la colère des populations. La même année, plus de 140 ONG ont signé une pétition pour un moratoire sur l'exploitation minière au Groenland. Aujourd'hui, seules deux mines sont en activité sur ce territoire autonome depuis 1979. Les nouveaux projets approuvés concernent des gisements de titane, de terres rares, de zinc et de plomb.À ce rythme, les ressources du Groenland ne pourront être, quels que soient les appétits des États, qu'une réponse, à long terme, aux questions d'approvisionnement.À lire aussiLa France et le Canada s'unissent au nom de l'approvisionnement en minéraux critiques
Les grands patrons américains se pressent pour rencontrer Donald Trump dans sa résidence de Mar a Lago en Floride. Ce mercredi soir, c'est Jeff Bezos, le patron d'Amazon qui s'y est rendu. Tous ont le même objectif: courtiser le futur président américain. C'est un nouveau phénomène chez les patrons américains: la « Trumpmania ». Un grand nombre d'entre eux n'ont pas attendu son arrivée aux affaires le 20 janvier prochain pour rencontrer Donald Trump. Mark Zuckerberg, le patron de Meta, maison-mère de Facebook, celui de Google, Sundar Pichai ou encore Jeff Bezos la nuit dernière. Les PDG de Meta et d'Amazon qui vont donner un million de dollars au fonds d'investiture de Donald Trump ! À lire aussiÉtats-Unis: les milliardaires de la tech se mettent en rang pour s'attirer les bonnes grâces de TrumpPourtant, ces visages et leurs gigantesques groupes n'ont pas toujours été en bons termes avec Donald Trump. Durant son premier mandat, une grande partie du monde économique faisait front contre lui. Cela parce qu'historiquement, les grandes entreprises de la Silicon Valley sont plutôt des soutiens démocrates. Deux exemples significatifs : celui de Mark Zuckerberg, que Donald Trump considérait comme un ennemi du peuple, ne supportant pas d'avoir été banni de Facebook après l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Et puis Jeff Bezos. Lui, c'est parce qu'il est propriétaire du Washington Post, journal qui a publié plusieurs articles à charge à l'encontre de Donald Trump ! Être dans les bonnes grâces de Donald Trump Jeff Bezos est aussi le patron de Blue Origin, entreprise spécialisée dans le spatial. Puisque Blue Origin a plusieurs contrats avec le gouvernement, il s'agirait donc de continuer à faire des affaires avec la future administration Trump. Et puis il est important de bien s'entendre avec le futur président américain, car il agit très souvent seul, sans ses conseillers. On l'a constaté entre 2017 et 2021 : faire partie de son cercle est donc essentiel. Des patrons a minima pragmatiques Donald Trump entend mener son programme à bien. C'est exactement pour ça que les grands patrons le courtisent. Ce qui plait, c'est qu'il est très pro-business avec un programme basé sur la dérégulation massive et la baisse des taxes. Ils espèrent une présidence Trump 2.0.Ce qui plait moins, ce sont les hausses des droits de douane qu'il entend appliquer. Si on peut penser que ces mesures protectionnistes peuvent à court terme augmenter le profit des entreprises américaines, celles qui dépendent de fournisseurs étrangers vont être très pénalisées.L'idée est donc de le faire changer d'avis à ce sujet, tout comme en ce qui concerne l'immigration. Quelque 3,3 millions de migrants sont titulaires de permis de travail temporaires. S'ils devaient quitter le pays, ce serait dramatique pour les entreprises, petites comme grandes d'ailleurs. À lire aussiÉtats-Unis: Donald Trump détaille son programme radical sur l'immigrationDonc concrètement, tous les grands patrons, s'ils soutiennent à présent Donald Trump, c'est parce qu'ils y voient un intérêt, certainement par pragmatisme, sûrement par opportunisme, peut-être par arrivisme. Comme dit l'adage, « sois proche de tes amis, et encore plus proche de tes ennemis », ça, les patrons américains l'ont parfaitement compris !
McKinsey va payer une amende de plus de 122 millions de dollars pour mettre fin à une enquête sur un système de corruption de fonctionnaires en Afrique du Sud. L'occasion de nous pencher sur la présence de ce type de structures sur le continent. Décryptage. Avant d'entrer dans le vif du sujet, il convient d'expliquer ce qu'est un cabinet de conseil. Il s'agit d'entreprises qui mettent à disposition de leur client des consultants. Leur mission: faire un état des lieux d'une situation donnée. Une fois que c'est fait, ils délivrent leurs avis ou leurs recommandations. Ces clients, ça peut être n'importe qui, de grands groupes internationaux aux Etats en passant par des institutions. Le recours à ces structures a un coût et il évolue évidemment en fonction des moyens qu'on y met mais comptez plusieurs milliers d'euros par jour, cela pour un consultant ! Différents États clients Les États et gouvernements sont très friands de ce genre de structures. Elles leur permettent de mettre au point leur stratégie de développement. Des dizaines de structures de ce type conseillent les différents gouvernements, McKinsey, PWC, KPMG, Boston Consulting Group par exemple, qui sont des groupes internationaux, mais il y a aussi des cabinets locaux qui opèrent sur le continent africain. D'ailleurs, au niveau mondial, le secteur connait une croissance annuelle d'au moins 10 %. À écouter aussiLes cabinets de conseil gouvernent-ils la France?Ces entreprises sont très sollicitées. Illustration au Sénégal, avec le plan Sénégal émergent, dont le premier jet a été élaboré par le cabinet de conseil américain McKinsey qui dressait les axes de développement du pays. Il y a aussi l'Afrique du Sud. Entre 2012 et 2016, ce même cabinet McKinsey a obtenu des millions de dollars pour conseiller le développement de deux entreprises publiques: Eskom pour l'électricité et Transnet pour les transports ! De nombreuses dérives D'après la justice américaine, qui a travaillé en lien avec les autorités sud-africaines, McKinsey a soudoyé, via des intermédiaires, des responsables de ces deux entreprises, en échange d'informations confidentielles sur les procédures d'attribution de lucratifs contrats de conseil qui lui ont rapporté près de 85 millions de dollars. Sauf que ces deux entreprises ont pratiquement fait faillite en raison justement d'une corruption généralisée, dont la mise au jour est devenue un scandale d'État. Alors évidemment il ne s'agit pas de généraliser. Les cabinets de conseils et leurs consultants, s'ils sont souvent discrets voire invisibles, ne sont pas tous des acteurs de la corruption. Et après cet accord entre la Justice américaine et McKinsey de 122 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites judiciaires aux États-Unis et en Afrique du Sud, le cabinet a affirmé qu'il était aujourd'hui un groupe différent du moment où les faits se sont produits. Une amende pour solde de tout compte qui passe mal en Afrique du Sud où certains auraient voulu voir les coupables traduits devant une cour criminelle. Et face au tollé déclenché par cette affaire, le gouvernement sud-africain a d'ailleurs décidé de ne pas collaborer avec McKinsey pour la préparation du sommet du G20 qui se tiendra l'année prochaine à Johannesburg ! À lire aussiClimat: en Australie, McKinsey suspecté de conflit d'intérêts dans ses activités de conseil au gouvernement
C'est l'événement de cette fin d'année en France, la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, cinq ans après le terrible incendie qui l'a défigurée. Les cérémonies commencent le samedi 7 décembre et vont durer tout le week-end. Une reconstruction permise par des financements colossaux. Décryptage. En direct à la télévision, la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris s'effondre et les flammes étouffent le monument. Cette soirée du 15 avril 2019 a marqué les esprits partout dans le monde. Vague d'émotion planétaire, en premier lieu en France. Sur le parvis du monument, Emmanuel Macron promet une reconstruction en cinq ans. Le calendrier est fixé, ne manque que les financements. À écouter aussiNotre-Dame de Paris: une cathédrale en flammesIl n'a pas fallu attendre longtemps puisque dès le lendemain de l'incendie, des centaines de millions d'euros ont afflué du monde entier pour reconstruire Notre-Dame. Cinq ans plus tard, ce sont 846 millions d'euros qui ont été collectés par quatre organismes sélectionnés par l'État. Montants divers et variés offerts par 340 000 donateurs issus de 150 pays. Des dons par milliers Les gros donateurs sont des noms bien connus. Parmi eux, les grandes fortunes de France. 200 millions d'euros pour Bernard Arnault, le patron de LVMH. Même somme pour la famille Bettencourt, propriétaire de L'Oréal. Viennent ensuite le PDG du groupe de luxe Kering, François Pinault, et le géant pétrolier Total qui versent chacun 100 millions d'euros. D'autres grandes entreprises sortent aussi le chéquier, tout comme les collectivités locales et territoriales, qu'il s'agisse de Conseils régionaux ou de la mairie de Paris. Et puis cela peut paraître surprenant mais les Américains ont aussi participé au financement du chantier. Avec 62 millions d'euros au total, les particuliers américains qui sont les plus gros donateurs après les Français. Pourtant, cette générosité a très vite été critiquée. L'abondance de dons qui suscite une certaine réserve puisque la France sort à peine de la crise des « gilets jaunes », mouvement social dénonçant les bas salaires et la vie chère. Et puis cette générosité est d'autant plus critiquée qu'il existe une réduction d'impôts de 60% au titre de la niche fiscale pour le mécénat. Les grandes fortunes se voient très vite accusées de profiter de l'incendie pour faire des dons et donc payer moins d'impôts en France. Face à ce tollé, certains contributeurs ont donc décidé de renoncer à cette déduction fiscale avantageuse. L'économie parisienne à la fête Si ce 846 millions d'euros qui ont été récoltés, toute cette enveloppe n'a pas été utilisée. Seulement 700 millions ont été nécessaires à la reconstruction de Notre-Dame. Après ces cinq années de travaux, il reste encore donc 150 millions d'euros de disponibles. Cette somme va être utilisée pour d'autres opérations notamment pour la restauration des extérieurs de la cathédrale. À lire aussiNotre-Dame de Paris: le tour de force d'une «sacrée» rénovationMais au-delà de ces sommes colossales, il faut dire que l'enjeu est important. Avant son incendie en 2019, Notre-Dame était le deuxième site le plus visité en France avec 13 millions de visiteurs par an, juste après Disneyland. Sa réouverture sonne ainsi comme une aubaine pour le tourisme tricolore et parisien. Si l'entrée du monument est certes gratuite, c'est tout un environnement économique qui va reprendre vie. Qu'il s'agisse des cierges vendus dans la cathédrale, les offrandes, visites guidées, boutiques souvenirs, les cafés et les restaurants, les retombées économiques se compte en dizaines de millions d'euros.
Dans ce numéro du magazine IDÉES, Pierre-Édouard Deldique vous propose un rendez-vous avec Kako Nubukpo, économiste, homme politique, ancien doyen de la Faculté des Sciences économiques de Lomé, auteur de « L'Afrique et le reste du monde. De la dépendance à la souveraineté » chez Odile Jacob.
Dans ce numéro du magazine IDÉES, Pierre-Édouard Deldique vous propose un rendez-vous avec Kako Nubukpo, économiste, homme politique, ancien doyen de la Faculté des Sciences économiques de Lomé, auteur de « L'Afrique et le reste du monde. De la dépendance à la souveraineté » chez Odile Jacob.
Les grandes entreprises pétrolières et gazières sont au cœur du programme énergétique de Donald Trump. Le futur président américain entend beaucoup miser sur les énergies fossiles durant son mandat. Pourtant, elles affichent avec fierté leurs ambitions environnementales. Décryptage. On savait que Donald Trump n'était pas un fervent militant de la cause climatique. On en a une preuve supplémentaire puisque son équipe élabore un programme tourné vers le pétrole et le gaz. S'il est appliqué, des autorisations de nouveaux forages pétroliers seront notamment émises. Donald Trump compte aussi abroger certaines lois et règlementations sur l'énergie et le climat passées sous le mandat de Joe Biden. Ces projets qui font jubiler les entreprises du secteur. Pourtant, elles ont pris des engagements sur la sortie des énergies fossiles. Ca ne date pas d'hier, depuis 2021, l'Agence Internationale de l'Energie les presse d'arrêter tout nouveau projet d'exploration pétrolière avec l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050. Un secteur sous pression Certaines « majors pétrolières » investissent dans les énergies vertes, mais ce n'est qu'une part infime de leur activité. Elles n'abandonnent évidemment pas les énergies fossiles. Preuve en est : en 2022, les investissements dans les énergies renouvelables ont représenté moins de 5% de leurs dépenses. La marge de progression est donc importante. Pour mieux comprendre la situation d'aujourd'hui, il faut remonter quatre ans en arrière, à la sortie de la pandémie de Covid. La demande très faible a inquiété les investisseurs et les entreprises parce que le pétrole, tout comme le gaz, était à un niveau très bas. Les grands groupes ont donc misé un peu plus sur le renouvelable, estimant que ce marché constituerait une meilleure activité économique que le fossile. Par exemple, BP s'est engagé à réduire sa production de pétrole ou de gaz de 40% d'ici à 2030 ! À écouter aussiLes élections américaines ne renversent pas les marchésMachine-arrière toute ! Ces investissements n'ont pas payé. Illustration avec ces chiffres : Exxon Mobil, qui n'a pas pris ce chemin, préférant investir dans des domaines comme l'extraction d'hydrogène ou de lithium a vu son cours à Wall Street bondir depuis 2019... +70% ! Une augmentation qui contraste avec BP, qui a perdu 19% sur cette même période. Conséquence, BP fait machine arrière et va augmenter ses dépenses dans les énergies fossiles au détriment du renouvelable. Ce qu'il faut donc comprendre, c'est qu'aujourd'hui, les investisseurs récompensent les majors pétrolières qui n'ont pas adopté l'éolien ou le solaire. Concrètement, si le changement climatique est un risque pour la planète, la priorité des investisseurs est de faire du profit. Les compagnies pétrolières affichent du vert Le paradoxe, c'est que l'on voit beaucoup de grandes entreprises pétrolières se diversifier et investir dans le vert. Pourtant, d'après l'Agence Internationale de l'Énergie, les géants investissent deux fois plus dans le renouvelable que dans le fossile. Mais certaines associations dénoncent un double discours : celui d'invoquer cette excuse pour produire encore plus de pétrole. En tout cas, ce qu'on observe, c'est le pragmatisme des majors pétrolières qui, malgré les campagnes à grand coup de vert, d'éolien et de solaire, restent accros aux énergies fossiles. Et ce qu'il va falloir surtout regarder, c'est comment elles vont réagir si le prix du pétrole baisse à nouveau !À lire aussiUn traité plastique universel et contraignant est-il en vue à Busan?
L'industrie européenne est en panne. À l'échelle du continent, la production industrielle a baissé de 2% sur un an. Une zone rouge traversée par plusieurs grandes entreprises non sans mal. Décryptage. À chaque jour son annonce de plans sociaux, de suppressions de postes et de fermetures d'usines. La plus emblématique, c'est Volskwagen, fleuron allemand de l'automobile. Le groupe va fermer trois usines outre-Rhin et supprimer des dizaines de milliers d'emplois. Il s'agit là d'un plan d'économies sans précédent pour le premier constructeur automobile européen, premier employeur industriel en Allemagne. Le constructeur américain Ford a, lui, annoncé il y a quelques jours 4 000 nouvelles suppressions d'emplois en Europe d'ici fin 2027.À lire aussiAutomobile: le constructeur Volkswagen envisage de fermer trois sites en AllemagneLa France n'est pas en reste, elle fait face à une vague historique de plans sociaux. Michelin, Auchan, Arcelor Mittal ou encore le chimiste Vencorex, nombreuses sont les entreprises concernées. Sans égrainer cette longue liste de plans sociaux, ce qu'il faut comprendre, c'est que tous les secteurs sur tout le continent sont concernés. Et des exemples, il y en a des dizaines comme ça.Concurrence chinoise et américaine féroceLes difficultés de l'industrie européenne s'expliquent notamment par la force de ses concurrents : la Chine et les États-Unis.Dans un premier temps, la productivité européenne. Elle est basse par rapport à celle de ces deux pays, à cela s'ajoute une demande intérieure très faible. Les patrons de grands groupes dénoncent également une surrèglementation européenne qui ne leur permet pas d'être aussi réactifs que leurs homologues étrangers. Mais surtout, les prix de l'énergie sont trois à quatre fois plus élevés en Europe qu'en Chine ou aux États-Unis. Le résultat est là : le manque de compétitivité de l'industrie européenne face à ces deux mastodontes.D'autant que chaque économie protège son système de manière très agressive, avec des subventions industrielles massives accordées et par les États-Unis et par la Chine à leurs entreprises, ce qui représente une menace croissante pour l'économie de l'UE.À lire aussiLe marché de l'automobile contraint de se repenser face à la concurrence chinoisePlan d'attaque de l'UEÀ l'été 2022, les Américains ont dopé leur économie avec l'Inflation Reduction Act, un plan de réformes d'un montant de 369 milliards de dollars sur dix ans pour notamment financer la transition verte et faire baisser l'inflation. La Chine, elle, subventionne ses entreprises. Des aides massives pour les secteurs de l'acier, de l'aluminium, de panneaux photovoltaïques, des puces ou encore de l'automobile. La production est telle que les entrepôts chinois débordent, dépassant de trois fois les besoins du pays. Cela a une conséquence très concrète : les entreprises chinoises peuvent se permettre d'exporter à prix ultra-compétitifs et donc inonder le marché mondial.Pour que l'UE fasse face, cela va être difficile. C'est Mario Draghi qui le dit. L'ancien président de la Banque centrale européenne, dans un rapport publié à la rentrée est clair : pour éviter le décrochage des industries européennes et une lente agonie, ce sont ses mots, il faut investir. Plusieurs pistes sont ainsi sur la table.Au printemps la Commission européenne a présenté son plan d'attaque, le Net Zero Industry Act, règlement pour une industrie qui prend le tournant de la transition énergétique, ou encore le Chips Act, consacré, lui, aux puces et aux semi-conducteurs pour les technologies du continent afin de ne plus être dépendant de la Chine en la matière. Car en toile de fond de cette panne de l'industrie européenne, l'enjeu réel, c'est bel et bien la souveraineté du continent.
Le sommet du G20 qui s'ouvre ce lundi à Rio au Brésil. Il s'agit là d'un rendez-vous qui réunit les plus grandes économies de la planète avec cette ambition : organiser la coopération économique mondiale. Est-ce toujours le cas ? Décryptage. Le G20 représente 85% du PIB mondial et les trois quarts des échanges commerciaux internationaux. Pourtant, il fait face à de nombreuses crises et tensions. D'ailleurs, ce forum économique est né de crises. Sans entrer dans le détail, il voit le jour en 1999 avec la crise financière asiatique deux ans plus tôt mais ce n'est qu'en 2008 qu'on le connait tel qu'il est aujourd'hui après la crise des subprimes.Entre-temps, la donne mondiale a changé. Certains membres du G20 ont intégré un autre groupe, lui aussi très influent : Le groupe des Brics, devenu aujourd'hui les Brics + après avoir été élargi. Y figurent l'Afrique du Sud, la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie. La subtilité, c'est que ces puissances pèsent aujourd'hui très lourd dans la communauté du G20.Être membre des Brics et du G20Les États qui sont membres de ces deux groupes ont beaucoup à gagner. D'abord, faire partie d'un tel groupe, avec l'ensemble des économies occidentales, c'est faire entendre sa voix. Avec en filigrane cette ambition, faire preuve de solidarité entre toutes ces économies qui n'ont pas toutes les mêmes priorités, des États-Unis à la Chine en passant par la Russie.Pourtant, certaines revendications font leur chemin dans les agendas des puissances occidentales, avec un certain pragmatisme il faut tout de même le dire. Parce que les Occidentaux ne veulent pas voir le fossé se creuser avec les représentants du « Sud global », pays qui refusent la domination occidentale. La raison ? Le contexte de tensions, pour des raisons différentes, avec leurs têtes d'affiche : la Russie et la Chine.Deux enjeux essentiels pour ce sommet du G20Le président brésilien Lula, qui occupe la présidence tournante du G20 cette année l'affiche : il veut consacrer la force du groupe à la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la fiscalité internationale. Cela passe par une meilleure représentation des pays en développement membres du G20 dans les institutions internationales. Mais avec aussi la volonté de mieux utiliser les moyens des banques régionales pour augmenter le volume de prêt et le niveau d'action en faveur des pays les plus vulnérables. À lire aussiG20 au Brésil: la taxation des multinationales et des milliardaires au menu du sommetEt en ce qui concerne la fiscalité internationale, la taxation des grandes entreprises les plus rentables mais aussi sur les personnes est un gros dossier. Concrètement il s'agit là de taxer les plus riches de la planète, à hauteur de 2%, ce qui pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an.Deux ambitions qui ne sont pas si simples à expliquer, de par la diversité des pays et des économies membres du G20 qui n'ont pas la même priorité ni la même approche. Il y a aussi les conflits en Ukraine et au Proche-Orient qui vont peser dans les débats. Et puis dans tous les esprits aussi l'arrivée dans deux mois de Donald Trump à la Maison Blanche. Le futur président américain pourrait mettre un peu plus à mal un multilatéralisme qui risque d'afficher une nouvelle fois ses limites durant ce sommet de Rio.
Un nouveau sommet des Brics+ se tient du 22 au 24 octobre à Kazan, en Russie. Une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement du sud global sont attendus, y compris des dirigeants de pays candidats à l'adhésion à l'alliance, comme la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Côté politique, les Brics+ se positionnent comme alternative au bloc occidental. En revanche, côté économique, quel est l'intérêt concret de rejoindre ce club ? Il y a la théorie, et la pratique. En théorie, les Brics+ veulent contester l'ordre financier international et les institutions héritées des lendemains de la Seconde guerre mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), ou encore la Banque mondiale. L'alliance, qui a accueilli au début de l'année 2024 l'Éthiopie, l'Égypte ou encore l'Iran, pèse désormais près de 30% de la richesse mondiale et 45% de la population. Mais n'a que 20% des droits de vote au sein du FMI par exemple.Les Brics (au départ composés du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine puis de l'Afrique du Sud) ont donc créé leurs propres institutions alternatives, censées mieux représenter et mieux servir les pays du sud global.Pas encore d'alternative satisfaisante au FMI et à la Banque mondialeEn pratique, pour faire concurrence aux institutions financières internationales héritées des accords de Bretton Woods, les Brics ont notamment créé le CRA (Contingent Reserve Arrangement), comme alternative au FMI. Sauf que cette institution « est totalement conditionnée pour ses prêts de liquidités à un accord avec le FMI » explique Bruno Cabrillac, directeur général de la Ferdi (Fondation pour les études et recherches sur le développement international). Ce qui rend « extrêmement marginal » l'avantage pour des pays de participer à cette institution, poursuit-il. De son côté, la New Development Bank (en français, « Nouvelle banque de développement ») créée par les Brics dispose de beaucoup moins d'argent que la Banque mondiale. Son capital initial était de 50 milliards de dollars seulement. De plus, « elle n'offre pas des conditions plus favorables pour les pays emprunteurs, car elle emprunte sur les marchés internationaux (en dollars, d'ailleurs) à des taux d'intérêt plus élevés que ceux de la Banque mondiale et que ceux de la Banque asiatique de développement. Par contre, elle ne va pas appliquer la même conditionnalité : elle ne va pas demander aux pays emprunteurs de faire telle ou telle réforme » politique, économique ou de gouvernance, à la différence des institutions financières internationales traditionnelles, précise Bruno Cabrillac. À lire aussiBrics+: une identité et un fonctionnement au défi de l'élargissementUne diversification utile face aux sanctionsIl y a tout de même un intérêt commercial à adhérer à l'alliance. « Pour certains pays - et pour ceux qui souhaiteraient rejoindre les Brics- le bloc est une assurance pour la diversification économique, contre les risques géopolitiques liés aux sanctions par exemple. Mais c'est plus un intérêt économique défensif, pour se protéger en cas de problème », analyse encore Bruno Cabrillac.Enfin, cela peut permettre à des pays du sud global de mettre en concurrence le bloc occidental et les Brics, pour essayer d'obtenir les accords les plus favorables à leurs intérêts politiques et commerciaux.
Le prix Nobel d'économie a été décerné le 14 octobre à trois économistes : l'Américano-Turc Daron Acemoglu, et les Britanno-Américains Simon Johnson et James Robinson. Un trio internationalement reconnu pour son travail sur les inégalités. Trois noms inconnus pour le commun des mortels… Mais sur la planète économie, Acemoglu, Johnson et Robinson sont des stars. Pour en parler, certains professeurs ne donnent d'ailleurs que leurs initiales : «A-J-R». Daron Acemoglu et Simon Johnson sont professeurs au Massachusetts Institute of Technology, près de Boston. James Robinson enseigne lui à l'Université de Chicago. Deux articles écrits en collaboration au début des années 2000 ont fait leur renommée. Des papiers qui sont parmi les plus cités en économie. « Je pense même qu'ils ont la médaille d'or », raconte en souriant l'économiste français du développement Denis Cogneau. À lire aussiLe prix Nobel d'économie décerné à Daron Acemoglu, Simon Johnson et James RobinsonUne histoire coloniale déterminante Si le comité Nobel les a récompensés, c'est parce qu'ils ont répondu – au moins en partie – à une question fondamentale : pourquoi y a-t-il des pays riches, et des pays pauvres ? Selon eux, la réponse se trouve dans les institutions. Quand les régimes démocratiques et inclusifs favorisent la prospérité, ceux des pays autoritaires et moins ouverts aux échanges la freinent. Leurs travaux se basent sur l'étude de l'histoire coloniale. D'après leur analyse, les pays qui étaient des colonies de peuplement ont davantage prospéré que ceux qui étaient des colonies « d'extraction », exploitées par les Européens avant tout pour leurs richesses naturelles. Un pays qui se démocratise aurait une avance de 8 à 9 ans sur un État qui n'a pas engagé cette évolution. Avec ce prix, le comité Nobel rappelle qu'apporter une réponse à la question des inégalités est urgent. « C'est un choix qui arrive au bon moment, estimeErik Angner, économiste et professeur de philosophie à l'Université de Stockholm. Au moment où les institutions sont menacées de toutes parts, par le populisme, par les guerres… Ces lauréats ont un message pour nous, qui est que nos institutions démocratiques et politiques sont essentielles à la paix et la prospérité. » Un contre-exemple : la Chine Certains experts restent cependant critiques de cette théorie. Denis Cogneau reconnaît l'importance d'expliquer une partie des inégalités internationales par le passé colonial. « D'un autre côté, poursuit-il, l'idée que tout est déterminé depuis le départ, c'est éventuellement un peu trop simpliste, un peu trop caricatural. » Autre critique : si les institutions sont le premier facteur qui influence le développement d'un pays, c'est donc qu'il existe une bonne structure sociale, et que les autres sont mauvaises. « À travers la notion de "bonne institution", il est difficile de s'enlever de l'esprit que derrière ça, il n'y a pas une sorte de modèle américain », résume Denis Cogneau. Principal contre-exemple évoqué : la Chine. Le pays a connu une croissance fulgurante ces trente dernières années, tout en restant un régime autoritaire. Dans un entretien avec la presse lors de la remise du prix, Daron Acemoglu l'a reconnu lui-même : « la démocratie n'est pas une panacée ». Mais selon lui, elle reste un « gain substantiel » pour le développement d'un pays.
Le développement de l'intelligence artificielle générative nécessite la construction des data centers, ces centres de données qui abritent les serveurs. De plus en plus performants, ils consomment énormément d'énergie. Comment la « tech » s'apprête-t-elle à relever ce défi ? L'arrivée de ChatGPT fin 2022 a révolutionné le monde de la « tech » en démocratisant l'intelligence artificielle auprès du grand public. Désormais présente dans un grand nombre d'applications, l'IA oblige à utiliser des puces et des serveurs très performants, mais aussi terriblement énergivores. Un défi pour les acteurs du secteur, comme Microsoft, qui n'hésite pas à se tourner vers le nucléaire.Un redémarrage d'une centrale nucléaireLe géant de l'informatique a récemment annoncé la signature d'un contrat d'achat d'électricité de vingt ans avec l'énergéticien américain Constellation. Il est question de relancer une partie de la centrale nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie, dont Constellation est propriétaire. Il faudra encore attendre le feu vert des régulateurs nucléaires fédéraux et des investissements seront nécessaires pour faire redémarrer la centrale. Rebaptisée Crane Clean Energy Center, celle-ci pourrait être opérationnelle d'ici 2028. Et ce n'est que le début.Un fond de 30 milliards de dollarsLa consommation d'énergie de la « tech », déjà énorme, va exploser. C'est un changement majeur par rapport à l'ère internet. Une requête avec l'aide de l'IA consommerait dix fois plus d'électricité qu'une recherche classique avec un moteur de recherche, précise l'Agence internationale de l'énergie. La société OpenIA, créatrice de ChatGPT, qui vient de finaliser une levée de fonds de 6,6 milliards de dollars, a récemment plaidé auprès de la Maison Blanche pour une implantation sur le sol américain au total entre cinq et sept data centers d'une puissance de 5 gigawatts (GW), l'équivalent de cinq réacteurs, chacun. Pour financer leurs besoins en énergie, les géants du secteur s'appuient aussi sur l'appétit des fonds d'investissement. Microsoft et le fabricant de semi-conducteurs Nvidia se sont alliés au leader de la gestion d'actifs BlackRock et au fonds saoudien MGX pour réunir 30 milliards de dollars afin d'investir notamment dans la production d'électricité.Et les besoins en énergie de l'IA inquiètent au-delà du secteur de la « tech ». D'ailleurs, l'Agence internationale de l'énergie prévient : la demande d'électricité des data centers pourrait doubler d'ici à 2026.Des investissements dans les énergies renouvelablesEt ce d'autant que construire des centrales électriques prend du temps. Faudra-t-il un jour choisir entre alimenter un data center ou un hôpital, s'interrogent certains élus locaux. Les Pays-Bas et l'Allemagne ont ainsi encadré l'expansion des data centers. Des régulations existent en Europe, à Taïwan ou encore à Singapour. Autre problème, c'est l'empreinte carbone. Les géants de la « tech » investissent donc massivement dans les énergies renouvelables, l'éolien et le solaire. Ils proposent aussi de récupérer la chaleur produite par leurs équipements pour le chauffage urbain et limiter ainsi les émissions de gaz à effet de serre.Questions d'environnementL'IA est-elle une adversaire ou une alliée de la transition énergétique?
C'est dans les crises que l'Europe se révèle. On l'a vu ces dernières années avec la guerre en Ukraine et la pandémie de Covid-19, deux moments clés qui ont poussé l'Union à penser stratégie de défense et emprunt général. Ce tournant idéologique et historique annonce-t-il l'avènement d'une Union européenne devenue une véritable puissance publique et non le simple régulateur du grand marché économique et monétaire ? C'est la question que posent Antoine Vauchez et Eric Monnet dans L'Europe : du marché à la puissance publique ? Explications avec Antoine Vauchez, directeur de recherche au CNRS et directeur du centre européen de sociologie et science politique (EHESS - Université Paris 1).
LVMH, Alibaba, Samsung, Coca Cola… plus de 75 sponsors mondiaux et nationaux investissent dans Paris 2024 en contrepartie d'une exceptionnelle exposition de leurs marques. Des sponsors qui invoquent les valeurs positives du sport, et qui cherchent à surfer sur la vague Jeux olympiques. « Innovation », « inclusion », « passion » : des thèmes grand public pour rassembler autour de la marque Orange, partenaire Premium des JO et sponsor du Marathon pour tous qui se déroulera dans les rues de la capitale le 10 août. Une stratégie de la démocratisation du sport.« C'est la première fois dans l'histoire qu'une épreuve olympique va être ouverte au grand public, se réjouit Alexis Berger, coordinateur du partenariat Paris 2024 chez l'opérateur de téléphonie mobile, 40 000 coureurs vont pouvoir être athlète olympique d'un jour. Ils vont avoir cette médaille à vie. C'est au cœur de notre ADN, car on a toujours été là pour mettre la passion des fans au cœur de l'action et on ne peut pas être plus au cœur de l'action qu'en disant aux fans : “Mettez vos baskets, allez sur le bitume et courez comme les athlètes olympiques” ». L'expérience du partenariat sportifLe défi de ces jeux pour Orange est aussi technique. En tant que fournisseur officiel, l'opérateur est responsable de tous réseaux télécoms de l'évènement : 120 sites connectés, et le transfert des images aux télévisions du monde entier.« Il y a une raison pour laquelle on est fournisseur officiel. Paris 2024 est venu nous chercher parce qu'on a cette expérience, poursuit Alexis Berger, on vient de réaliser une super coupe du monde de rugby. On a fait les accompagnements : UEFA, FIFA, tournoi du Grand Chelem, on répond présent à tous ces événements. Donc, je dirais surtout que c'est notre expérience qui fait la différence ».L'expérience des jeux, Bridgestone peut se targuer de l'avoir. Le groupe japonais fabricant de pneumatiques joue également la « carte sportive » dans sa stratégie. Cela fait dix ans qu'il est partenaire des JO. À Paris 2024, la marque fournit les pneus des voitures officiels et soutient financièrement des athlètes.Des retombées économiques positivesDes investissements qui donnent à Bridgestone une visibilité médiatique inégalée et qui se traduisent en retombées économiques positives. « On sait qu'associer notre communication et notre image aux Jeux olympiques et paralympiques a un impact extrêmement positif sur notre image de marque, sur l'affinité à notre marque, c'est-à-dire l'association a des valeurs positives, mais aussi sur les intentions d'achat, donc on a des chiffres qui nous prouvent que c'est un partenariat très positif », explique Bénédicte Bohbot, directrice marketing chez Bridgestone Benelux.La confidentialité est de mise sur les retombées économiques concrètes. Autre secret bien gardé : celui du coût de ce partenariat JO pour les marques. Il peut dépasser les 100 millions d'euros pour les Premium, jusqu'à 25 % du montant pouvant être défiscalisé. Le sponsoring représente, en tout cas, la première source de financement du Comité d'organisation des JO de Paris.
L'économie circulaire vise à réduire les déchets et la consommation d'énergie en réutilisant les matières premières autant que possible et en recyclant. Objectif : éviter l'épuisement des ressources. Le Luxembourg, petit pays européen situé entre la France, l'Allemagne et la Belgique, a été l'un des premiers pays à adopter l'économie circulaire dans sa stratégie nationale il y a trois ans. Reportage dans un lycée récemment rénové en réutilisant des matériaux de construction. À une quinzaine de minutes du centre-ville de Luxembourg, le lycée international Michel Lucius est installé dans un quartier résidentiel entouré d'arbres. « Ici, il y avait un bâtiment avec des salles de classe », explique Sophie Maurer depuis une terrasse au milieu du campus. Le bâtiment n'étant plus aux normes, « nous l'avons déconstruit et installé cette terrasse », explique cette architecte de l'Administration des bâtiments publics qui a dirigé le projet de rénovation pour le compte de l'État luxembourgeois. De l'ancien bâtiment, il reste seulement le sous-sol, utilisé comme espace de stockage. La balustrade a été fabriquée à partir de plaques vertes réutilisées : avant, elles faisaient partie intégrante de la façade du bâtiment détruit.D'anciennes poutres transformées en pergolaLe projet de reconversion, terminé en 2021, a aussi permis de transformer une partie de la structure de l'ancien bâtiment en pergola. De beaux tissus colorés sont tendus entre les poutres rouges parfois un peu rouillées. « Nous avons pris la décision de garder ce qu'on pouvait et de ne pas apporter de nouvelles ressources, par exemple de la peinture dans ce cas précis. Car on n'en avait pas besoin », souligne Sophie Maurer. Ensuite, les éléments en béton ont été concassés et mélangés à du ciment neuf pour recouvrir le sol de la cour et construire des bancs et des jardinières. Les panneaux du plafond ont fini dans la nouvelle bibliothèque. « Nous avons pris la décision d'essayer de gagner autant de matériaux que possible. On s'est dit : "si nous avons tous ces matériaux disponibles, pourquoi ne pas les utiliser dans l'autre bâtiment, ici à côté ?" », se souvient l'architecte.79% de déchets en moinsLe projet n'a pas coûté moins cher à l'État mais a émis moins de CO2 et beaucoup moins de déchets. « Si nous avions construit un bâtiment neuf de cette même taille pour la bibliothèque, au lieu d'une rénovation et d'une reconversion, cela aurait généré 79% de déchets de plus que le projet que nous avons mené. C'est énorme », insiste Sophie Maurer, assise dans un canapé de la bibliothèque, confectionné à partir de tissus réutilisés.Au départ, le directeur adjoint du lycée, Robert Goedert, n'était pas vraiment convaincu. « Quand on nous a annoncé qu'on allait réutiliser l'ancien bâtiment et d'anciens matériaux, notre première réaction a été de se dire que nous aurions préféré du neuf, reconnait-il. Mais entretemps, nous nous sommes approprié le projet. »C'est même un levier d'apprentissage pour les élèves explique Georges Weisgerber, professeur de biologie. « On en parle dans les cours et c'est très important d'avoir un bâtiment à disposition pour illustrer l'utilité que le recyclage, le réemploi et le développement durable peuvent avoir pour eux maintenant et à l'avenir » explique l'enseignant, qui entretient un petit potager dans la nouvelle cour du lycée, avec ses élèves, et a mis en place un atelier d'aquaponie pour les étudiants.Le bâtiment : un secteur très polluantLe projet a reçu l'an dernier un prix d'architecture décerné par l'Union européenne. Le secteur du bâtiment et de la construction joue un rôle particulièrement important dans le réchauffement de la planète : il représente plus de 20% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
L'économie circulaire vise à réduire les déchets et la consommation d'énergie en réutilisant les matières premières autant que possible et en recyclant. Objectif : éviter l'épuisement des ressources. Le Japon s'enorgueillit d'être le champion du monde du tri sélectif et du recyclage des déchets plastiques : aucun autre pays ne ferait aussi bien en la matière.Une excellence contestée par les défenseurs de l'environnement. Reportage de Bruno Duval.
Didier Acouetey, président du cabinet AfricSearch, conseille un jeune entrepreneur et dialogue avec des patrons de PME du continent africain. Ils évoquent leur parcours, le contexte économique dans leur secteur et approfondissent une thématique. Cette semaine : comment renforcer les compétences des PME ? Comment faire revenir les talents des diasporas africaines ? Partie 1 : conseils à un jeune entrepreneur- Didier Acouetey, président du cabinet AfricSearch- Régis Facia, président du groupe Top Chrono (service postal privé) et premier vice-président du patronat du Bénin- Mamoudou Sow, co-créateur en février 2023 de Géo Sig Services, entreprise de traitement informatique des données géographiques ou géomatique à Saint-Louis au Sénégal. Partie 2 : les PME et la rentabilitéAu-delà d'un chiffre d'affaires qui augmente, de nombreuses PME disparaissent ou sont confrontées en permanence à des crises de croissance. Comment trouver son modèle de rentabilité pour assurer son développement ? Quels marchés, quels clients, quel positionnement, quelle échelle pour assurer sa rentabilité ? - Didier Acouetey, président du cabinet AfricSearch- Régis Facia, président du groupe Top Chrono (service postal privé) et premier vice-président du patronat du Bénin.- Lamine Koné, directeur général de l'entreprise MCT SA (Manutention, Climatisation et Technique) basée à Abidjan en Côte d'Ivoire. Vice-président du Groupement Ivoirien du Bâtiment et des Travaux publics (GIBTP). Programmation musicale : ► Holy man - One Da Banton & Bella Shmurda►Ça va pour nous - Harley, Made In Paris.
Didier Acouetey, président du cabinet AfricSearch, conseille un jeune entrepreneur et dialogue avec des patrons de PME du continent africain. Ils évoquent leur parcours, le contexte économique dans leur secteur et approfondissent une thématique. Cette semaine : comment renforcer les compétences des PME ? Comment faire revenir les talents des diasporas africaines ? Partie 1 : conseils à un jeune entrepreneur- Didier Acouetey, président du cabinet AfricSearch- Régis Facia, président du groupe Top Chrono (service postal privé) et premier vice-président du patronat du Bénin- Mamoudou Sow, co-créateur en février 2023 de Géo Sig Services, entreprise de traitement informatique des données géographiques ou géomatique à Saint-Louis au Sénégal. Partie 2 : les PME et la rentabilitéAu-delà d'un chiffre d'affaires qui augmente, de nombreuses PME disparaissent ou sont confrontées en permanence à des crises de croissance. Comment trouver son modèle de rentabilité pour assurer son développement ? Quels marchés, quels clients, quel positionnement, quelle échelle pour assurer sa rentabilité ? - Didier Acouetey, président du cabinet AfricSearch- Régis Facia, président du groupe Top Chrono (service postal privé) et premier vice-président du patronat du Bénin.- Lamine Koné, directeur général de l'entreprise MCT SA (Manutention, Climatisation et Technique) basée à Abidjan en Côte d'Ivoire. Vice-président du Groupement Ivoirien du Bâtiment et des Travaux publics (GIBTP). Programmation musicale : ► Holy man - One Da Banton & Bella Shmurda►Ça va pour nous - Harley, Made In Paris.
La Russie aurait découvert une importante quantité de pétrole, l'équivalent de 511 milliards de barils sur ce continent situé autour du pôle Sud. Une convention internationale protège toute exploitation de l'Antarctique, mais cette découverte pourrait la remettre en question. L'information a été dévoilée par le magazine américain Newsweek, qui affirme que cette découverte a été faite par un navire de prospection russe, dont l'activité a été documentée notamment lors de son passage en Afrique du Sud et dont les résultats de recherche ont été présentés au comité d'audit de l'environnement de la Chambre des Communes du Parlement britannique. Les forages auraient eu lieu en mer de Weddell, un territoire que les Britanniques revendiquent au même titre que le Chili et l'Argentine.Moscou, de son côté, se défend et explique que les études conduites par le navire Alexander Karpinsky seraient uniquement scientifiques. Le bateau a pourtant été affrété par Rosgeo, l'agence chargée d'identifier de nouvelles réserves géologiques à des fins commerciales. La Grande-Bretagne questionne donc sérieusement les ambitions de Moscou. Des députés britanniques ont même affirmé que « ces études pourraient être un préalable à l'introduction d'appareils de forage » pour exploiter cette région inhabitée et vierge de 1,7 million de km2. La Russie, on le sait, a besoin de revenus pour nourrir son économie de guerre.Activité minière interditeLe traité sur l'Antarctique de 1959 interdit strictement l'exploration et l'exploitation d'hydrocarbures dans cette région du monde. De plus, la convention de Madrid de 1991 et le consensus d'interdiction de toute activité minière de 1998 interdisent jusqu'en 2048 l'exploitation du sous-sol de l'Antarctique. Mais tout État peut retirer sa signature et ne plus être soumis aux engagements du traité. La Russie pourrait donc contourner ces interdictions. La Chine pourrait aussi vouloir réclamer sa part du gâteau : Pékin vient d'ouvrir sa cinquième station en Antarctique et cherche aussi à renforcer sa présence dans cette région, officiellement, là aussi, pour des raisons scientifiques. L'enjeu commercial est vertigineux : les réserves de pétrole annoncées par les Russes pourraient permettre de produire jusqu'à 511 milliards de barils de pétrole ; à titre de comparaison, le monde entier consomme environ 36 milliards de barils par an, selon l'Energy Institute Statistical Review of World Energy de 2023. Il y aurait donc de quoi assouvir la soif de pétrole et de gaz du monde entier pendant au moins quarante ans.Catastrophe écologiqueAujourd'hui, l'Antarctique est d'abord victime du réchauffement climatique : l'ouest de la péninsule est l'une des régions connaissant le réchauffement le plus rapide de la planète et la couche de glace de l'Antarctique représente environ 61% de la totalité de l'eau douce sur Terre. Si cette couche devait fondre intégralement, cela conduirait à une élévation de 58 mètres du niveau de la mer, une catastrophe écologique.Pour dire les choses plus simplement, c'est là une très mauvaise nouvelle à tous les points de vue. Une telle réserve de carburants fossiles va, en effet, rendre d'autant plus difficile l'arrêt de la dépendance au pétrole et au gaz dont la demande et toujours aussi importante. Or, à l'issue de la dernière COP, le texte final a mis en avant la nécessaire transition hors des énergies fossiles. Ce qui reste rassurant, c'est le fait qu'exploiter des hydrocarbures en Antarctique seraient très coûteux et probablement assez peu rentable, ce qui pourrait freiner les investissements sur place.À lire aussiQuelles ambitions chinoises dans l'Antarctique?
Une porte arrachée en plein vol, un pneu perdu au décollage, des fissures observées, des odeurs suspectes... Ces dernières années, les exemples ne manquent pas pour pointer les failles dans la construction des avions de Boeing. L'avionneur américain est sous le feu des critiques et est même visé par plusieurs enquêtes de la FAA, l'autorité de régulation de l'aviation aux États-Unis. Comme si cela ne suffisait pas, sa course à l'espace, aussi, est une nouvelle fois compromise, puisque le premier vol habité de son vaisseau Starliner a dû être reporté en début de semaine. Alors, que se passe-t-il chez Boeing exactement ? Comment expliquer cette série noire, quelles conséquences a-t-elle sur l'entreprise et sur l'aviation mondiale ? Avec nos invités : - Gérard Feldzer, consultant aéronautique et transport et président d'Aviation sans frontières. - Michel Polacco, journaliste, aviateur, spécialiste aviation et espace Chroniqueur sur aeromorning.com
Les Européens votent les 6 et 9 juin 2024 pour désigner leurs parlementaires à l'issue d'une campagne aux thématiques multiples : guerre en Ukraine, inflation, crise énergétique, agriculture et environnement, immigration, etc. L'économie est au cœur des débats après plusieurs années de chocs subis par le continent : Brexit, pandémie de Covid, conflits commerciaux, forte baisse de l'activité qui a mené dans de nombreux pays à une récession en 2023. Éco d'ici Éco d'ailleurs décrypte les enjeux en termes de croissance, d'investissements, de budget, de politique énergétique, de politique migratoire, de coopération internationale. Quel bilan tirer des grands plans d'investissement lancés ces dernières années : NextGenerationEU, RePowerEu, Green Deal, Global Gateway ? Quelles politiques migratoires pour faire face aux pénuries de main-d'œuvre et au vieillissement de la population européenne ? Comment éviter au final le décrochage économique vis-à-vis des autres grandes puissances ?Tous ces sujets sont au cœur du 12ème Printemps de l'économie organisé du 2 au 4 avril 2024 au Conseil économique social et environnemental à Paris. De très nombreux débats de haut niveau sous un thème général : « Quelle Europe dans un monde fragmenté ? ».Avec :- Dorothée Rouzet, cheffe économiste de la direction générale du Trésor- Pamina Koenig, professeur à l'École d'Économie de Paris, spécialiste du commerce international et des politiques commerciales- Ekrame Boubtane, chercheure associée à l'École d'Économie de Paris, spécialiste des questions liées aux migrations internationales.Avec la participation de Valentin Ledroit, journaliste au site internet Toute l'Europe.
Les États-Unis ont adopté cette semaine de nouvelles normes anti-pollution très strictes pour les véhicules dans le but affiché d'encourager la transition des moteurs thermiques aux moteurs électriques. Mais sous la pression de l'industrie, l'administration américaine accorde finalement beaucoup plus de temps aux constructeurs pour faire cette transition. En Europe aussi, le secteur automobile questionne les objectifs fixés par Bruxelles. Ne vous y trompez pas : la transition est bel et bien enclenchée, sous l'impulsion des gouvernements en Europe, en Chine, aux États-Unis et ailleurs qui ont fixé des objectifs et donc un cap à l'industrie automobile. L'administration Biden a, par exemple, annoncé cette semaine de nouvelles normes antipollution « les plus strictes pour les véhicules jamais prises dans l'histoire des États-Unis », s'est targué Michael Regan, à la tête de l'Agence américaine de protection de l'environnement. Dans les faits, ces normes qui s'appliqueront aux véhicules construits entre 2027 et 2032 pénaliseront beaucoup plus qu'aujourd'hui les véhicules à moteur thermique, mais cette annonce a été perçue comme une victoire majeure de l'industrie automobile.Pour le comprendre, il faut comparer le projet initial présenté par l'Agence américaine de protection de l'environnement au printemps 2023 et ce qui a été réellement annoncé cette semaine : l'an dernier, l'administration Biden disait vouloir fixer comme objectif que 60% des véhicules vendus aux États-Unis d'ici à 2030 soient des véhicules électriques. Un objectif qui a disparu dans la version finalement adoptée mercredi 20 mars au profit d'un objectif plus flou et plus général de réduction des émissions de CO2. En pratique, cela permettra aux constructeurs de respecter les objectifs fixés en proposant des véhicules hybrides plutôt qu'en devant à tout prix miser sur les véhicules 100% électriques. À lire aussiLes États-Unis durcissent les normes d'émissions des voitures pour stimuler l'électriqueLes véhicules électriques représentent 7% des ventes aux États-UnisSurtout, le gouvernement américain donne beaucoup plus de temps à l'industrie automobile pour faire cette transition. Le secteur a pesé de tout son poids pour obtenir ce délai, arguant que « les consommateurs ne sont pas prêts ». Les véhicules électriques n'ont représenté que 7% des ventes l'an dernier aux États-Unis. Après l'engouement initial, la progression de l'électrique ralentit : les consommateurs américains se disent toujours intéressés, mais déplorent le manque d'infrastructures adaptées et notamment de bornes de recharge. En pleine année électorale au pays de la voiture reine, l'administration Biden avait aussi à cœur de ne pas se mettre à dos une industrie qui compte aux États-Unis et qui emploie encore des centaines de milliers de personnes. Avant d'annoncer ces nouvelles normes, Michael Regan a pris soin de préciser devant un immense drapeau américain : « J'aime la voiture, j'ai toujours aimé la voiture et je l'aimerai toujours. »Une formule qui fait écho à celle du président français en septembre dernier : « On aime la bagnole, et moi, je l'adore. » Emmanuel Macron a fixé un cap à l'industrie automobile française : produire 2 millions de véhicules électriques d'ici à 2030. À l'échelle européenne, la vente de véhicules à moteur thermique sera de toute façon interdite à partir de 2035 (même si l'Allemagne a obtenu une concession sur les carburants synthétiques).Le groupe Renault ne renoncera pas complètement aux moteurs thermiquesUn objectif qui fait grincer des dents de ce côté de l'Atlantique. Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, déplore une décision qui impose à l'industrie une technologie plutôt qu'une autre. Auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat mercredi 20 mars, il a aussi pointé du doigt une décision prise avec une « analyse d'impact proche de pas grand-chose ». « J'en veux pour preuve qu'une fois la décision prise tout le monde a découvert ou fait mine de découvrir que nous avions un énorme sujet sur la question des ressources nécessaires pour alimenter les usines de batteries », a-t-il souligné. « Depuis vingt-cinq ans, la Chine a mis la main sur une quantité significative d'exploitations minières dans le monde, en Afrique et ailleurs. Elle domine 60% à 70% de l'accès aux mines et aux métaux nécessaires pour la production d'énergie électrique », insiste encore le patron de Renault.« En 2030, la totalité de la production de Renault sera électrique », précise Jean-Dominique Senard, mais pas question pour autant de renoncer à « l'immense connaissance technologique que le groupe a dans le moteur thermique ». Après tout, la réglementation européenne n'empêchera pas après 2035 les groupes automobiles d'exporter hors de l'UE des véhicules à moteur thermique. Des deux côtés de l'Atlantique, l'industrie veut bien contribuer à sauver la planète, mais elle préfère quand même ne pas insulter l'avenir.À lire aussiUE: les 27 décident de ne pas durcir les nouvelles normes d'émissions des moteurs thermiques
Les pays africains enfin de retour sur les marchés internationaux. Après la Côte d'Ivoire puis le Bénin, le Kenya vient d'émettre avec succès un eurobond, une obligation libellée en dollars. Peut-on parler d'une détente sur le marché de la dette africaine ? Ces opérations ont toutes été sur-souscrites au moins trois fois. Cela signifie qu'il y a un réel appétit pour la dette des États africains, même quand ils présentent des risques réels de défaut, comme c'est le cas pour le Kenya. C'est plutôt de bon augure. Avec la perspective d'une baisse des taux américains dans les prochains mois, le climat est devenu plus favorable.Une forme de « normalisation » se profile, explique un expert des marchés africains. Une fois les taux américains revenus dans la zone des 3 à 4%, les États du continent ont bon espoir de pouvoir s'endetter à 8%, un niveau soutenable pour « les bons élèves », estime notre interlocuteur. C'est déjà le cas de la Côte d'Ivoire qui a levé deux milliards 600 millions de dollars à 8,5% et du Bénin qui lève 750 millions d'euros à un peu plus de 8%.Un taux pas flatteur pour le KenyaEn revanche, pour le Kenya, le prix à payer dépasse les 10%. Un taux à deux chiffres, c'est très mauvais, critiquent les analystes kényans, cela renvoie une image désespérée de la situation financière du pays. Une situation qui n'est pas très brillante. Le Kenya consacre 60% de ses recettes fiscales au service de la dette. Si Nairobi a levé 1,5 milliard de dollars au prix fort, c'est parce que le temps presse, il doit rembourser deux milliards de dollars au mois de juin.Le Fonds monétaire international a bien voulu lui prêter assistance parce que son économie est dynamique, robuste, mais le fonds s'interdit de rembourser des créanciers privés. L'opération est ahurissante, estime notre interlocuteur mais le Kenya n'a pas tellement d'alternatives. Il n'est pas tiré d'affaires pour autant, la perspective du défaut est toujours omniprésente.D'autres pays africains tentés par les eurobondsD'autres pays africains pourraient revenir sur les marchés. La plupart les ont désertés depuis deux ans, le cocktail Covid - guerre en Ukraine - remontée des taux américains ayant fait flamber le loyer de l'argent. Cette parenthèse va se refermer. Selon Goldman Sachs, cinq milliards de dollars pourraient être levés par les pays d'Afrique sub-saharienne cette année ; cela correspond peu ou prou au montant des remboursements prévus cette année.Le Gabon, la Namibie, le Sénégal ou le Nigeria sont susceptibles d'émettre des eurobonds. Des pays bien vus par les marchés. La psychologie, le « story telling » sont déterminants pour emporter l'adhésion des investisseurs, souligne l'expert des marchés africains. Le ministre béninois des Finances Romuald Wadagni maitrise parfaitement ce savoir-faire, c'est littéralement une star dans la communauté des investisseurs. Mais le mur de la dette n'a pas disparu pour autant du paysage africain. Il est simplement plus oppressant dans certains pays que d'autres.À lire aussiMali-Niger-Burkina: une monnaie commune, à quel prix?
Les Indonésiens sont appelés à voter ce mercredi 14 février pour élire un nouveau président. Trois candidats sont en lice pour succéder à Joko Widodo, au pouvoir pendant dix ans. Un président encore très populaire, plébiscité pour son bilan économique. Aujourd'hui en Indonésie, l'immense majorité des 270 millions d'habitants bénéficie d'une couverture santé universelle. Cela fait partie des retombées directes de la fabuleuse croissance indonésienne. Avec la régularité d'un métronome, la croissance indonésienne est depuis dix ans de 5%, à l'exception de 2020, l'année la plus dramatique du Covid.En 2014, le PIB par habitant était de 3 200 dollars. Cette année, il dépasse la barre des 5 000 dollars. Le président Widodo a propulsé son pays du dizième au septième rang mondial en termes de PIB, juste derrière la Russie, que l'archipel du sud est asiatique pourrait dépasser dans les prochaines années.Les ingrédients du succèsLe président Widodo a privilégié les infrastructures et l'exploitation des richesses naturelles pour doper l'économie. Avec le lancement d'une myriade de chantiers dans l'ensemble du pays pour le doter de routes, de transports collectifs, de ports, de barrages, de toutes les infrastructures indispensables au développement.À lire aussiJoko Widodo, le président qui voulait voir l'Indonésie en grandEnsuite, Joko Widodo a su valoriser les réserves minières du pays en tenant la dragée haute aux compagnies étrangères. La transformation étant beaucoup plus rémunératrice que l'exportation à l'état brut, le président a imposé un embargo sur le minerai de nickel à tous ceux qui refusaient d'investir dans la transformation locale. Un message reçu cinq sur cinq par les Chinois, les Sud-coréens. Ils ont très vite répondu à ses exigences.L'essor express du nickelEntre 2013 et 2022, les revenus d'exportations du métal rouge ont bondi de 1 à 22 milliards de dollars. L'Indonésie a aussi bénéficié de l'envolée des cours du nickel, galvanisés par la transition énergétique. L'Indonésie, premier producteur mondial de nickel, veut aussi devenir un acteur du véhicule électrique. Ce protectionnisme décomplexé a été dénoncé par l'Organisation mondiale du commerce, sans vraiment gêner le président Widodo. Il applique la même recette à l'exploitation de la bauxite.Un modèle peu favorable à l'emploiAttention au retournement du marché. Comme celui que connait actuellement le nickel qui s'est littéralement effondré, contraignant l'Indonésie à réduire sa production. L'autre bémol, c'est la faiblesse des emplois dans cette croissance portée par les matières premières minières et agricoles comme l'huile de palme. Jusqu'à maintenant, les capitaux étrangers ont afflué, surtout pour arroser le secteur minier, peu pourvoyeur d'emplois. Et l'État n'a pas pris le relais.En privilégiant une gestion prudente des finances publiques, Joko Widodo s'est privé des moyens de doper les investissements et la consommation et donc de dépasser les 5% de croissance. Or, pour sortir l'archipel de la catégorie des pays à revenus intermédiaires et le hisser parmi les cinq premiers mondiaux - une ambition du président Widodo - il faudrait au moins 7% de croissance annuelle. Ce sera le défi que devra relever son successeur.À lire aussiÉlections en Indonésie: convaincre la jeunesse de voter pour le successeur du président Widodo
Pour sa dernière émission de 2023, Éco d'ici Éco d'ailleurs a décidé de se rendre dans un pays aux multiples facettes, où les inégalités sont criantes, mais qui veut se tourner vers l'avenir, vers le monde et notamment le reste du continent africain : le Maroc, pays agricole, veut tracer son chemin technologique. Parmi les axes de développement, l'Intelligence Artificielle qui a tant fait parler d'elle tout au long de l'année. Un centre de recherche a été mis en place au sein de l'Université Mohammed VI Polytechnique. Il regroupe des chercheurs et autres spécialistes avec la volonté de partager ses connaissances et ses ressources sur l'ensemble du continent africain. Notre invitée :- Amal El Fallah Seghrouchni, présidente exécutive d'Ai Movement, Centre International d'Intelligence Artificielle du Maroc.Dans la seconde partie de l'émission, nous avons rendez-vous à Bouskoura, dans la grande banlieue de Casablanca, capitale économique de ce Maroc en pleine transition, avec Ismaël Belkhayat, patron de Chari, startup spécialisée dans le e-commerce alimentaire à destination des entreprises (commerçants de détail). Il développe également ses activités dans l'inclusion financière. En avril 2023, il avait été un Grand Invité de l'économie RFI / Jeune Afrique. Nous avons donc décidé de lui rendre visite dans ses locaux. Retrouvez-nous sur : FacebookYoutube
13 janvier 2024 : c'est la date tant attendue par les fans de football en Afrique, l'ouverture de la Coupe d'Afrique des Nations organisée par la Côte d'Ivoire. Un événement sportif bien sûr mais avec un immense impact économique que nous analysons cette semaine dans Éco d'ici Éco d'ailleurs. La compétition génère de très importants revenus, mais coûte aussi beaucoup d'argent. Le Cocan, comité d'organisation, doit tenir un budget serré. La sécurité, l'accueil des supporteurs, l'hébergement mais aussi les infrastructures, la construction des stades : organiser une telle compétition nécessite de très forts investissements. Bineta Diagne, correspondante permanente de RFI en Côte d'Ivoire, fait le point sur les chantiers de la CAN et ce qu'ils ont coûté. L'un des grands enjeux de la CAN, c'est l'attribution des droits pour les chaînes de télévisions qui diffusent les matches. Des contrats confidentiels mais qui se chiffrent en dizaines de milliers de dollars. Parmi les heureux élus : il y a d'abord Canal+ Afrique, leader incontesté sur le marché des événements sportifs, qui a lancé une chaîne spéciale pour l'événement : Canal+ CAN. Et un nouveau venu : le groupe de télévision privé togolais New World TV au cœur de plusieurs polémiques.Nos invités :- David Mignot, directeur général de Canal+ Afrique - Louis Biyao, conseiller juridique de New World TV À l'occasion de la CAN en Côte d'Ivoire et comme dans beaucoup d'événements sportifs, chacun tente de prendre sa part du gâteau. Il y a la vente de maillots officiels des équipes nationales, très lucrative, et celle beaucoup moins officielle de faux maillots. Marine Jeannin, l'une de nos correspondantes est allée observer le phénomène dans les rues d'Abidjan. La Côte d'Ivoire prépare l'événement depuis plusieurs années. Les chantiers d'infrastructures se sont multipliés grâce notamment au dispositif des Partenariats public-privé (PPP). Entretien avec Moussa Kouyaté, président du Comité national de pilotage des PPP. À l'attaque ! En fin d'émission, nous vous proposons de plonger dans l'univers d'Astérix le Gaulois, bande dessinée créée en 1959 par Goscinny et Uderzo. Un immense succès d'édition qui a donné l'idée d'une exposition à la cité de l'économie à Paris : « L'économie selon Astérix ». Nous y voyons comment derrière ces aventures humoristiques, il y a une vraie réflexion sur la science économique. Pauline Gleize, journaliste au service économie de RFI, nous fait la visite. Retrouvez-nous sur : FacebookYoutube