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À l'occasion de la journée mondiale des MICI, nous parlons de ces maladies inflammatoires chroniques de l'intestin qui regroupent la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH). Causées par une dérégulation du système immunitaire intestinal, ces maladies se caractérisent par une inflammation de la paroi d'une partie du tube digestif. Douleurs abdominales, diarrhées parfois accompagnées de saignements, fissures ou abcès à l'anus… les symptômes sont d'intensité et de fréquence variables selon les individus. Comment les personnes touchées par les MICI sont-elles prises en charge ? Quels traitements existent aujourd'hui ? Où en est la recherche ? Pr Yoram Bouhnik, gastro-entérologue, président et cofondateur de l'Institut des MICI, situé au sein du Groupe Hospitalier Privé Ambroise-Paré Hartmann, à Neuilly-sur-Seine Dr Tahir Mahamat-Saleh, gastro-entérologue, enseignant à la Faculté des sciences de la Santé humaine de Ndjamena. Chef de service de gastro-entérologie au CHU la Renaissance de Ndjamena & vice-président de la Société Tchadienne des Maladies de l'Appareil Digestif. Un reportage de Thalie Mpouho. Programmation musicale :► White Corbeau - Libère ► Crayon, Ayra Starr – Ngozi.
À l'occasion de la journée mondiale des MICI, nous parlons de ces maladies inflammatoires chroniques de l'intestin qui regroupent la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH). Causées par une dérégulation du système immunitaire intestinal, ces maladies se caractérisent par une inflammation de la paroi d'une partie du tube digestif. Douleurs abdominales, diarrhées parfois accompagnées de saignements, fissures ou abcès à l'anus… les symptômes sont d'intensité et de fréquence variables selon les individus. Comment les personnes touchées par les MICI sont-elles prises en charge ? Quels traitements existent aujourd'hui ? Où en est la recherche ? Pr Yoram Bouhnik, gastro-entérologue, président et cofondateur de l'Institut des MICI, situé au sein du Groupe Hospitalier Privé Ambroise-Paré Hartmann, à Neuilly-sur-Seine Dr Tahir Mahamat-Saleh, gastro-entérologue, enseignant à la Faculté des sciences de la Santé humaine de Ndjamena. Chef de service de gastro-entérologie au CHU la Renaissance de Ndjamena & vice-président de la Société Tchadienne des Maladies de l'Appareil Digestif. Un reportage de Thalie Mpouho. Programmation musicale :► White Corbeau - Libère ► Crayon, Ayra Starr – Ngozi.
L'invité culture est l'artiste tchadien Doff, qui présente à Paris sa première exposition monographique à la Galerie Vallois. Depuis son atelier à Ndjamena, Doff construit une œuvre dont la violence est le sous-texte, à l'image de son pays qui, depuis son indépendance en 1960, a connu deux coups d'État et trois guerres civiles. À lire aussiDoff, plasticien tchadien à la galerie Art-Z à Paris
L'invité culture est l'artiste tchadien Doff, qui présente à Paris sa première exposition monographique à la Galerie Vallois. Depuis son atelier à Ndjamena, Doff construit une œuvre dont la violence est le sous-texte, à l'image de son pays qui, depuis son indépendance en 1960, a connu deux coups d'État et trois guerres civiles. À lire aussiDoff, plasticien tchadien à la galerie Art-Z à Paris
L'artiste tchadien Mawndoe présente le festival Au cœur de l'art qui aura lieu à Ndjamena du 14 au 24 avril 2025. Au programme : Mani Belle (Cameroun), Luci Ilado (Kenya), Alice (Tchad), Miss Tanya (Burkina Faso), Nash (Côte d'Ivoire), Imilo Le Chanceux (Burkina Faso), Cidson (Tchad), Johnel (Niger) et Lyguy (Tchad). Le festival vise à devenir un véritable tremplin en proposant des contenus économiques et artistiques au profit des populations défavorisées. Pour visionner les clips, cliquez sur les titres des chansons : Joé Dwèt Filé et Burna Boy - 4 Kampé IIElvis Future feat Britany - CouleurKerozen feat Sidiki Diabaté - Espoir (Djigui)Mawndoe - Reste digneFally Ipupa - MayangaNeg Marrons - Un peu de tempsHimra - Dagbachi Leïla Chicot - RenaissanceLemar feat Justine - Time to grow (J'ai plus de mots)Retrouvez notre playlist sur Deezer.
L'artiste tchadien Mawndoe présente le festival Au cœur de l'art qui aura lieu à Ndjamena du 14 au 24 avril 2025. Au programme : Mani Belle (Cameroun), Luci Ilado (Kenya), Alice (Tchad), Miss Tanya (Burkina Faso), Nash (Côte d'Ivoire), Imilo Le Chanceux (Burkina Faso), Cidson (Tchad), Johnel (Niger) et Lyguy (Tchad). Le festival vise à devenir un véritable tremplin en proposant des contenus économiques et artistiques au profit des populations défavorisées. Pour visionner les clips, cliquez sur les titres des chansons : Joé Dwèt Filé et Burna Boy - 4 Kampé IIElvis Future feat Britany - CouleurKerozen feat Sidiki Diabaté - Espoir (Djigui)Mawndoe - Reste digneFally Ipupa - MayangaNeg Marrons - Un peu de tempsHimra - Dagbachi Leïla Chicot - RenaissanceLemar feat Justine - Time to grow (J'ai plus de mots)Retrouvez notre playlist sur Deezer.
Il est l'un des meilleurs espoirs africains de la discipline : le Tchadien Casimir Betel a récemment remporté une médaille d'or à l'Open international de Slovénie, dans la catégorie des moins de 58 kilos, et combattra dans le cadre d'une compétition du même type en Belgique ce 15 mars. À 27 ans, le natif de Ndjamena se projette vers les Jeux olympiques de 2028, malgré des conditions de préparation loin d'être idéales. Casimir Betel se donne les meilleures chances d'accomplir son rêve : il vient de rejoindre le meilleur club de France de taekwondo, situé à Asnières, en banlieue parisienne. Alors qu'il se déchaîne sur le pao, ce bouclier utilisé à l'entraînement pour absorber les coups de pieds, ses cheveux mi-longs flottent dans les airs. « Comme vous venez de voir, c'était intense. C'est comme ça tous les jours ! », s'exclame le sportif.Sept jours sur sept, le Tchadien vient transpirer et terminer sa longue journée. Étudiant en management de la stratégie marketing, il travaille en intérim comme préparateur de commande pour gagner sa vie et s'inflige des heures de transport en partant de Corbeil-Essonnes, où il habite, de l'autre côté de Paris. « Je rentre très tard, je n'arrive pas à me reposer. Ce n'est pas facile tout ça, témoigne Casimir Betel. C'est aussi le parcours d'un athlète, donc j'essaie de tenir. Le plus important, c'est de faire un appel à l'État tchadien, aux responsables en charge du sport, de bien penser à moi parce que ça fait déjà deux ans que je suis en train de glaner des médailles pour mon pays. Je suis au top de mon niveau, mais j'ai besoin aussi de leur accompagnement. »Le top niveau, Casimir Betel l'a atteint en devenant l'an dernier numéro 1 mondial l'été dernier pendant plusieurs mois. Une belle façon de digérer sa non-qualification aux Jeux olympiques 2024.À lire aussiSport: le Tchadien Casimir Betel premier au classement mondial de taekwondo « Il a beaucoup de mérite »Pour tenter de se qualifier pour les prochains Jeux olympiques, le Tchadien peut compter sur un nouveau cadre solide puisqu'il vient d'intégrer le club des deux médaillés français des Jeux de Paris en taekwondo. Dont la toute première championne olympique Althéa Laurin.Un micro toujours relié à une enceinte pendant les entraînements qu'il dirige, Ekvara Kamkasoumphou est le fondateur du club d'Asnières. « Il a beaucoup de mérite. Il travaille loin, il habite loin. Moi, ça me rappelle Althéa Lorin, qui faisait 1 h 30, 2 h pour venir s'entraîner, estime le fondateur du club. J'apprends à le connaître encore, mais je vois quelqu'un qui a une belle éducation. Il a su s'intégrer très très vite dans le groupe. »« Il faut savoir que Casimir, c'est une très belle personne, en dehors de l'aspect sportif, dans son comportement, dans sa manière d'être, juge Leyna, l'une des filles d'Ekvara qui s'entraine dans le club, championne de France en titre dans sa catégorie à 19 ans. Il a aussi ses qualités physiques, il est souple, etc. Tous les efforts qu'il fait au quotidien pour se donner la chance d'atteindre son rêve, c'est très admirable. Je lui souhaite beaucoup de force en espérant qu'il atteigne ses objectifs. »« L'objectif maintenant, c'est de chercher à accumuler des points, confie Casimir Betel. Participer aussi au Grand Prix avant la qualification des Jeux olympiques, être le tout premier Tchadien à qualifier le Tchad dans le domaine de taekwondo. Je rêve grand. »Rêver grand, pour Casimir Betel, c'est rêver de remporter la toute première médaille du Tchad dans l'histoire des Jeux olympiques. À lire aussiHamidi, la championne de taekwondo qui sacrifie sa liberté pour combattre les talibans
Pendant l'été 2024, le Tchad a subi les pires inondations de son histoire. Elles ont fait près de 600 victimes et affecté environ 2 millions de personnes. Des pluies diluviennes, exacerbées par le réchauffement climatique, ont fait déborder les fleuves Logone et Chari et ravagé des quartiers entiers de la capitale. Un peu plus de six mois après, comment vivent les milliers de sinistrés tchadiens ? Et comment s'adapter à un phénomène qui devrait se reproduire et s'amplifier dans les années à venir ? De notre envoyé spécial de retour de Ndjamena,Devant le calme et la beauté des lieux le long du fleuve Logone, difficile d'imaginer l'ampleur des inondations de 2024 au Tchad. « Tout le village a été inondé. Même nos champs ont été inondés. Même l'école a été inondée, se souvient Mathieu Njilbé, le délégué du quartier de Kabé. Avant, il y avait déjà eu des inondations, mais pas comme cette année. Il y en avait un peu, mais celles de 2024 nous ont dépassés. »90% du quartier ravagé par les eaux, les habitants ont fui, au Cameroun, de l'autre côté du fleuve, ou à l'intérieur des terres. Et sans ressources, il est impossible aux sinistrés de reconstruire leur maison. « Jusqu'à aujourd'hui, à l'heure où je vous parle, certains ne peuvent pas rentrer chez eux, car ils n'ont pas d'abri pour poser la tête », déplore Mékunda Gargoulai, qui vit dans un hangar improvisé avec ses 12 enfants. À lire aussiTchad: la crue du fleuve Chari atteint un niveau inédit, Ndjamena toujours sous les eaux« Nous sommes tellement nombreux que les abris construits ne nous contiennent pas »Pour reloger les milliers de sinistrés, des camps ont été construits, comme celui où vit Nojimbadoum Nanidoum, mère de six enfants et veuve. Sur ce site, ce sont pas moins de 34 000 personnes qui sont accueillies dans des conditions précaires. « Nous sommes arrivés ici le 25 octobre. Mais nous sommes tellement nombreux que les abris construits ne nous contiennent pas, alerte-t-elle. Certains sont obligés d'habiter des abris de fortune. La vie ici est vraiment dure. Chacun se bat pour essayer de nourrir sa famille. »Manque de nourriture, absence de maternité et d'école, une fois encore, femmes et enfants demeurent les principales victimes. Une question se pose alors : comment continuer à vivre au bord du fleuve ? « Où peut-on aller ? Nous, nous n'avons pas les moyens d'acheter un terrain ailleurs, explique Mathieu Njildé. Donc, on va vivre ici, pour toujours. » « On a peur, renchérit cette sinistrée. On a l'inquiétude que, pendant l'année 2025 ou 2026, les inondations soient plus élevées encore ».S'adapter au changement climatiquePour Robert de l'ONG Caidel, le centre d'appui aux initiatives de développement locales qui vient en aide aux sinistrés, une seule solution : « Avec ce changement climatique, finalement, ils sont obligés maintenant de changer et de s'adapter à ce climat. »Construire des maisons plus solides, adapter les cultures, les défis sont nombreux et les besoins énormes. Alors le président des sinistrés de Kabé lance un appel : « Quand la population souffre d'une telle manière, il faut faire comment ? C'est la population de l'État. Il faut que le gouvernement tchadien pense aussi à cette population. » À lire aussiAu Tchad, après les inondations, les tentatives de reconstruction
L'armée française a rétrocédé jeudi sa dernière base militaire à l'armée tchadienne. Le départ du camp Kossei de Ndjamena, vient boucler une présence militaire française historique au Tchad. Cent cinquante ans d'une présence militaire continue.1885, c'est « la course aux clochers » selon la formule de l'époque, rappelle l'historien Christian Bouquet, trois colonnes militaires françaises s'élancent alors à travers l'Afrique, « Une qui partait du sud, une qui partait de l'ouest et du Sénégal et l'autre qui partait du nord, c'est-à-dire d'Algérie. Et c'est celle qui venait d'Algérie qui a rejoint les autres, d'abord au niveau du Lac Tchad et ensuite au niveau de la bourgade qui allait devenir Ndjamena, après s'être appelée Fort-Lamy. C'est cette dernière colonne en fait, qui avait été impressionnée par les fameux guerriers du désert. Alors à partir de là, il y a eu une certaine admiration pour ces gens qui se battaient et qui n'avaient pas peur de mourir ». Le préfet-méhariste Jean ChapelleDes décennies durant, Lieutenants et capitaines français, véritable colonne vertébrale d'une administration coloniale, vont façonner l'immense territoire tchadien et l'indépendance, dit Christian Bouquet, n'y changera rien, « Après l'indépendance de 1960 et pendant trois ans, toute l'immense région nord du Tchad, c'est-à-dire le Borkou-Ennedi-Tibesti, avait comme préfet un colonel français, le colonel méhariste Jean Chapelle. Et puis ensuite, assez rapidement, à la fin des années 60, l'instabilité était grande et on a fait revenir cette fameuse mission de réorganisation administrative en 1969. C'est le général De Gaulle qui a accédé à la demande de Tombalbaye (François Tombalbaye, dit Ngarta Tombalbaye, 1er président de la République du Tchad) et on a renvoyé des administrateurs coloniaux, souvent dans leurs anciens postes, pour essayer de rétablir l'ordre ». Le Tchad va servir de creuset à l'armée françaiseOpération Bison, Tacaud puis Manta contre la Libye du Colonel Kadhafi. Les opérations extérieures au Tchad se multiplient dans les années 70. De 1984 à 2013 l'opération Épervier, la plus longue, fut décidée pour protéger les régimes d'Hissène Habré et d'Idriss Déby face aux groupes rebelles. Le Tchad au centre du grand jeu, même l'opération Barkhane au Sahel avait son État-Major à Ndjamena. Tous les officiers français y sont passés se souvient le Colonel des troupes de Marine Peer de Jong : « Le Tchad, c'est une partie de ma jeunesse ! Mais aussi la jeunesse de tous les officiers français. La professionnalisation de l'armée française vient en partie des combats de 1969 au Tchad, parce qu'on avait la Légion étrangère, mais il y avait des besoins, donc il a fallu professionnaliser une partie de l'armée française, dont le 3e régiment d'infanterie de Marine. Et donc cette construction autour de Tchad a fait qu'évidemment l'histoire de l'armée française s'est inscrite dans l'histoire du Tchad. Il y a un vrai attachement, et puis c'est un pays magnifique. En plus, le nord, le sud, vous faites 100 km, vous avez un paysage différent ! En termes géostratégiques, on voit bien que le Tchad est déterminant, qui est au Tchad, peut rayonner dans l'ensemble de l'Afrique. On voit bien l'utilité pour l'armée française d'être présent au Tchad ». Une relation étroite entre les deux arméesEntre le Tchad et l'armée française, c'est une histoire intime relève l'historien Christian Bouquet, « C'est quelque chose qui relève de l'émotion. Il y a tellement eu d'opérations et d'interventions militaires françaises sur ce territoire, qui en plus est un territoire géographiquement très attachant avec cette zone sahélienne et toute cette zone saharienne. Depuis que le commandant Lamy était mort sur les bords du fleuve Chari, il y a toute une mythologie qui fait que les militaires français ont un petit coup au cœur ».L'armée tchadienne est la plus efficace de la région assurent les officiers français, prêts à ouvrir un nouveau chapitre de la relation militaire franco-tchadienne, qui pour la première fois se fera sans présence permanente.À lire aussiAu Tchad, une cérémonie clôt la présence militaire française, la Turquie y installe ses drones
Au Tchad, la compagnie artistique théâtrale Kadja Kossi est en résidence de création de 45 jours autour de la pièce de théâtre intitulé La marche du Tchad de la période coloniale à la cinquième République. Cette pièce raconte le parcours du pays au fil du temps. De notre correspondant à Ndjamena,C'est sous une tente dressée dans un domicile privé de Ndjamena, que l'on peut entendre les artistes, comédiens, balafonistes et tamtameurs répéter leurs mouvements.Avant la colonisation, le pouvoir était entre les mains de puissants guerriers, des détenteurs d'armes. En 1891, la France entre au Tchad et organise trois expéditions militaires contre l'esclavagiste Rabah. Samuel, un des acteurs principaux, parle du premier gouvernorat : « En 1938, le premier gouvernorat du Tchad est confié à un Français, Guyane. Deux ans plus tard, en 1940, suite à l'occupation de la France par le régime nazi, Félix Éboué devient le premier gouverneur français à répondre à l'appel lancé depuis Londres par le général de Gaulle pour la France libre. Et c'est du Tchad que partira la colonne Leclerc, remontant triomphalement jusqu'à Paris et Strasbourg pour la libération de la France ».À lire aussiChronologie du Tchad indépendantFaire découvrir l'histoire du Tchad à la jeune générationProclamé République le 28 novembre 1958 et devenu indépendant le 11 août 1960, le Tchad a été secoué par des mouvements de rébellion et a connu plusieurs coups d'État. Pour Mariam Mayoumbilla présidente de la compagnie et autrice de la pièce, le travail n'a pas toujours été facile : « Il a fallu mener de nombreuses recherches. Par exemple, l'accord de Kinshasa, je n'ai pas pu l'obtenir jusqu'à aujourd'hui. Peut-être que certaines informations manqueront, mais c'est le plus beau cadeau de ma vie et le bouquet final que je dépose à la fin de ma carrière artistique et culturelle ».La particularité de la mise en scène réside dans l'assemblage d'un texte, de musique et de chœurs. Oumarou Aboubacari Bétodji, le metteur en scène, est venu du Niger : « Déjà, il faut souligner que ce n'est pas une pièce de théâtre traditionnelle. L'autre particularité, c'est son aspect pluridisciplinaire. C'est un véritable défi, car je ne connais pas en profondeur l'histoire du Tchad, mais c'est toujours passionnant de découvrir l'inconnu ».À lire aussiTchad: une pièce de théâtre pour dénoncer le harcèlement sexuel à l'école
Au Tchad, après 65 ans de présence quasi continue, c'est au plus tard dans deux semaines, le 31 janvier 2025, que les troupes françaises doivent partir. Pourquoi le président tchadien Mahamat Idriss Déby a-t-il pris cette décision surprise le 28 novembre dernier ? La guerre civile au Soudan voisin est-elle l'une des causes de la brouille entre Ndjamena et Paris ? Hoinathy Remadji est chercheur principal et spécialiste du bassin du lac Tchad et de l'Afrique centrale pour l'Institut d'études de sécurité. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier, en s'exprimant d'abord sur les affrontements qui ont fait vingt morts le 8 janvier à Ndjamena. RFI : Une semaine après, est-ce qu'on en sait un peu plus sur l'attaque du palais présidentiel de Ndjamena le 8 janvier dernier ?Hoinathy Remadji : On n'en sait pas plus. Sauf que cette attaque a été menée par une vingtaine de jeunes. Une sorte de commando de fortune qui, contre toute attente, a pu pénétrer dans les prémices de la présidence avant d'être neutralisé.Est-ce que ce n'était pas suicidaire ?Évidemment, c'est très suicidaire pour un groupe de jeunes, pas très entrainés du tout et sans moyens militaires, de débarquer et d'essayer ainsi de prendre d'assaut la présidence. Totalement suicidaire.« Ces jeunes pieds nickelés venaient des quartiers pauvres du sud de Ndjamena », a précisé le porte-parole du gouvernement. Qu'est-ce que signifie cette petite phrase ?Le gouvernement va même plus loin en disant notamment, le ministre, « qu'il connaît leur ethnie d'origine mais qu'il ne voudrait pas en parler ». Mais dans le contexte tchadien, de telles allégations sont relativement problématiques parce que les quartiers de la ville de Ndjamena ont une géographie et une anthropologie propres. Donc indexer ainsi tout un quartier, il y a derrière en fait des risques de stigmatisation qui pourraient poser des problèmes.Est-ce qu'il y a eu des arrestations ?De source officielle, il n'y a pas encore eu d'arrestation. La rumeur enfle cependant autour de l'arrestation d'un général. Mais en l'absence de toute communication officielle, je pense qu'on en reste pour le moment à des conjectures.Alors, en toile de fond de tous ces événements, il y a un fait historique… C'est, d'ici la fin de ce mois de janvier, le départ de tous les militaires français du Tchad. Avec le recul, quelle est à votre avis, la raison principale pour laquelle le président Mahamat Idriss Déby a pris cette décision le 28 novembre dernier ?Le premier élément, c'est d'abord que le souverainisme actuellement comme argument politique est dans l'air du temps. Et le Tchad n'est pas le premier pays qui fait ce choix, il y en a beaucoup d'autres dans le Sahel notamment, c'est la première chose. Deuxièmement, il peut y avoir la question de l'engagement supposé ou faux du Tchad dans le conflit soudanais, dans un rôle qui ne siérait pas justement aux acteurs qui voudraient contribuer à la résolution de ce problème-là, notamment la France. Donc, il y a à voir certainement des différents éléments d'achoppement, peut-être déjà dans les relations entre le Tchad et la France, qui se seraient cristallisés avec des discussions lors du passage du ministre français des Affaires étrangères à Ndjamena.Alors, vous l'avez dit, l'une des causes des frictions entre Ndjamena et Paris, c'est le soupçon des Français que le Tchad laisse transiter sur son territoire l'aide militaire des Émirats arabes unis aux rebelles soudanais du général Hemetti. Est-ce que cet éventuel appui aux Forces de soutien rapide pourrait être un vrai choix stratégique de la part du Tchad dans le conflit soudanais ?Il est important de rappeler que ce soutien, donc supposé, est d'abord très fortement soupçonné par le pouvoir soudanais, qui dit aujourd'hui disposer des éléments de preuves de ce qui se passe à la frontière tchadienne. Et malgré les démentis du Tchad, le Soudan continue à insister. Et aujourd'hui que le Tchad se retrouve éventuellement à prendre parti dans ce conflit, je pense que stratégiquement, c'est un risque pour le Tchad, parce que, quelle que soit l'issue du conflit au Soudan, il y aura des impacts le long de la frontière et, dans une certaine manière, sur l'est du Tchad en matière humanitaire, de sécurité, mais aussi économique.Un risque qui serait encore plus important si demain les rebelles des Forces de soutien rapide (FSR) perdaient la bataille au Soudan ?Éventuellement, parce que si Hemetti venait à perdre la guerre face aux forces dirigées par le général al-Burhan, cela va d'abord aggraver l'instabilité de cette longue frontière par une dispersion des milices se battant contre les FSR, donc notamment les milices zaghawa, qui, parce que alliées à al-Burhan, verraient leurs positions renforcées.À l'occasion de la fête de l'indépendance du Soudan, le 1ᵉʳ janvier dernier, le président tchadien a félicité son homologue soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhan, malgré tous les reproches que celui-ci lui fait. Est-ce que c'est le signe que le Tchad cherche peut-être à rééquilibrer ses relations dans le conflit soudanais ?Pendant que justement le Soudan continue sa diatribe diplomatique contre le Tchad à l'international, l'acte de Mahamat Idriss Déby est à saluer, parce qu'il y a plus à gagner pour les deux pays si le Tchad se place dans une position d'apaisement, une position pour contribuer à résoudre le conflit plutôt qu'à être accusé d'attiser le feu. Donc c'est très important, ce début de retour en fait du Tchad à des sentiments meilleurs. Espérons donc que, du côté du Soudan aussi, cela soit reçu comme tel et que des possibilités de négociations s'ouvrent entre les deux pays pour que le Tchad reprenne sa position de contributeur de paix au Soudan, plutôt qu'à continuer d'endosser, à tort ou à raison, l'habit de quelqu'un qui attise plutôt le feu dans ce conflit-là, dans un pays frère et voisin.
Le Journal en français facile du jeudi 9 janvier 2025, 17 h 00 à Paris. Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/BJ26.A
Que s'est-il passé hier soir dans la capitale tchadienne ? « Une série de tirs nourris a retenti près de la présidence, rapporte le site TchadVision. Des hommes armés ont tenté d'infiltrer le complexe présidentiel. La réaction des forces de sécurité a été immédiate et efficace. Plusieurs assaillants ont été abattus, tandis que d'autres ont été capturés. » Il y aurait au total 19 morts : 18 assaillants et un garde présidentiel.Un compte-rendu succin, quasi-copie conforme des déclarations officielles des autorités tchadiennes.Un peu plus tard dans la soirée, rapporte Jeune Afrique, « le ministre tchadien des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement a assuré que la situation était “sous contrôle“ et a évoqué “un petit incident“. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et filmée dans l'enceinte de la présidence, Abderaman Koulamallah a affirmé, pistolet à la ceinture, qu'il n'y avait “aucune crainte et rien de grave“. »Interrogé ensuite par la télévision nationale, le même Abderaman Koulamallah a estimé que l'attaque n'était « probablement pas terroriste », alors que des rumeurs évoquaient une possible action des djihadistes de Boko Haram, et que cette attaque avait été menée par un « ramassis de pieds nickelés », drogués et alcoolisés venus d'un quartier pauvre du sud de la ville avec « des armes, des coupe-coupe et des couteaux. » Questions en série…Alors la presse de la sous-région s'interroge ce matin.« Comment ces individus ont-ils pu pénétrer dans un périmètre censé être hautement sécurisé ? Quel était leur nombre exact ? » se demande WalfQuotidien au Sénégal.Beaucoup de questions aussi pour WakatSéra au Burkina Faso : « que s'est-il passé, alors que la nuit tombait sur Ndjamena ? Une attaque menée par la nébuleuse Boko-Haram qui fait la loi au Nigeria voisin ? Une attaque de ces groupes rebelles qui rôdent constamment aux frontières du Tchad ? Une tentative de déstabilisation “éradiquée“ comme l'a dit le porte-parole du gouvernement ? (…) Toutes les hypothèses sont dans la balance, même si celles de tentative de coup d'État, d'attaque de rebelles ou de terroristes, ont été, pour l'instant, balayées par le porte-parole du gouvernement. »Ledjely en Guinée s'interroge en écho : « qui sont les membres de ce commando qui a eu l'audace de s'en prendre au site le plus protégé du Tchad ? Quels étaient leurs objectifs ? Surtout, comment expliquer la facilité avec laquelle ils ont atteint la présidence ? »En tout cas, poursuit Ledjely, « bien que très rapidement défaits, ces assaillants ont néanmoins mis en lumière une défaillance sécuritaire inquiétante de la part du Tchad. Que le commando ait réussi à approcher la menace si près de la présidence n'a rien de normal. C'est révélateur d'un problème majeur de renseignement. Un problème qui pourrait bien être lié, affirme le site guinéen, au vaste changement que le président tchadien a opéré en octobre dernier dans la hiérarchie des différents corps de l'armée et de la sécurité. Un coup de balai dont l'ampleur a surpris plus d'un tant il était inédit. »Choguel Maïga : « trop encombrant… »À lire également, cette fois dans Le Monde Afrique, cet article sur le parcours de Choguel Maïga, l'ex-Premier ministre malien, limogé en novembre dernier. Le Monde Afrique détaille le cheminement, parfois tortueux, de cette « figure politique qui a servi presque tous les pouvoirs depuis plus de vingt ans et qui est accusé maintenant par la junte de malversations financières. (…) Choguel Maïga était la principale figure civile du pouvoir que les militaires ont instauré mais sa liberté de ton a fini par le rendre trop encombrant. » Qui plus est, poursuit Le Monde Afrique, « depuis son renvoi, le volubile Maïga n'a pas choisi la discrétion, multipliant les consultations, dont certaines filmées à son domicile, dans lesquelles il souffle le chaud et le froid sur ses intentions politiques et son positionnement vis-à-vis du régime militaire. »Résultat, constate un opposant cité par le journal : « il va arriver à Choguel ce qui est arrivé aux autres hommes politiques que les autorités ont jugés trop gênantes : la mise sous mandat de dépôt. Ce ne sera qu'un procès politique de plus, jugé par une Cour suprême à la solde du pouvoir. »
Que s'est-il passé hier soir dans la capitale tchadienne ? « Une série de tirs nourris a retenti près de la présidence, rapporte le site TchadVision. Des hommes armés ont tenté d'infiltrer le complexe présidentiel. La réaction des forces de sécurité a été immédiate et efficace. Plusieurs assaillants ont été abattus, tandis que d'autres ont été capturés. » Il y aurait au total 19 morts : 18 assaillants et un garde présidentiel.Un compte-rendu succin, quasi-copie conforme des déclarations officielles des autorités tchadiennes.Un peu plus tard dans la soirée, rapporte Jeune Afrique, « le ministre tchadien des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement a assuré que la situation était “sous contrôle“ et a évoqué “un petit incident“. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et filmée dans l'enceinte de la présidence, Abderaman Koulamallah a affirmé, pistolet à la ceinture, qu'il n'y avait “aucune crainte et rien de grave“. »Interrogé ensuite par la télévision nationale, le même Abderaman Koulamallah a estimé que l'attaque n'était « probablement pas terroriste », alors que des rumeurs évoquaient une possible action des djihadistes de Boko Haram, et que cette attaque avait été menée par un « ramassis de pieds nickelés », drogués et alcoolisés venus d'un quartier pauvre du sud de la ville avec « des armes, des coupe-coupe et des couteaux. » Questions en série…Alors la presse de la sous-région s'interroge ce matin.« Comment ces individus ont-ils pu pénétrer dans un périmètre censé être hautement sécurisé ? Quel était leur nombre exact ? » se demande WalfQuotidien au Sénégal.Beaucoup de questions aussi pour WakatSéra au Burkina Faso : « que s'est-il passé, alors que la nuit tombait sur Ndjamena ? Une attaque menée par la nébuleuse Boko-Haram qui fait la loi au Nigeria voisin ? Une attaque de ces groupes rebelles qui rôdent constamment aux frontières du Tchad ? Une tentative de déstabilisation “éradiquée“ comme l'a dit le porte-parole du gouvernement ? (…) Toutes les hypothèses sont dans la balance, même si celles de tentative de coup d'État, d'attaque de rebelles ou de terroristes, ont été, pour l'instant, balayées par le porte-parole du gouvernement. »Ledjely en Guinée s'interroge en écho : « qui sont les membres de ce commando qui a eu l'audace de s'en prendre au site le plus protégé du Tchad ? Quels étaient leurs objectifs ? Surtout, comment expliquer la facilité avec laquelle ils ont atteint la présidence ? »En tout cas, poursuit Ledjely, « bien que très rapidement défaits, ces assaillants ont néanmoins mis en lumière une défaillance sécuritaire inquiétante de la part du Tchad. Que le commando ait réussi à approcher la menace si près de la présidence n'a rien de normal. C'est révélateur d'un problème majeur de renseignement. Un problème qui pourrait bien être lié, affirme le site guinéen, au vaste changement que le président tchadien a opéré en octobre dernier dans la hiérarchie des différents corps de l'armée et de la sécurité. Un coup de balai dont l'ampleur a surpris plus d'un tant il était inédit. »Choguel Maïga : « trop encombrant… »À lire également, cette fois dans Le Monde Afrique, cet article sur le parcours de Choguel Maïga, l'ex-Premier ministre malien, limogé en novembre dernier. Le Monde Afrique détaille le cheminement, parfois tortueux, de cette « figure politique qui a servi presque tous les pouvoirs depuis plus de vingt ans et qui est accusé maintenant par la junte de malversations financières. (…) Choguel Maïga était la principale figure civile du pouvoir que les militaires ont instauré mais sa liberté de ton a fini par le rendre trop encombrant. » Qui plus est, poursuit Le Monde Afrique, « depuis son renvoi, le volubile Maïga n'a pas choisi la discrétion, multipliant les consultations, dont certaines filmées à son domicile, dans lesquelles il souffle le chaud et le froid sur ses intentions politiques et son positionnement vis-à-vis du régime militaire. »Résultat, constate un opposant cité par le journal : « il va arriver à Choguel ce qui est arrivé aux autres hommes politiques que les autorités ont jugés trop gênantes : la mise sous mandat de dépôt. Ce ne sera qu'un procès politique de plus, jugé par une Cour suprême à la solde du pouvoir. »
Beaucoup de commentaires ce mardi matin dans la presse du continent après les propos tenus hier par le président français lors de la conférence des ambassadeurs. Des commentaires également sur l'ouverture du procès de Nicolas Sarkozy sur le financement supposé par la Libye de sa campagne présidentielle de 2007.On commence par Emmanuel Macron. « Le président français a déploré hier, rapporte WalfQuotidien à Dakar, l'attitude des pays africains qui ont rompu leur coopération militaire avec Paris en la qualifiant d'ingrate. “Je crois qu'on a oublié de nous dire merci“, a affirmé Emmanuel Macron. » Toujours selon lui, poursuit le quotidien sénégalais, « la présence militaire française sur le continent a permis de sécuriser les pays sahéliens et d'empêcher l'avancée du terrorisme dans la région. “Aucun d'entre eux ne serait souverain si l'armée française ne s'était pas déployée dans cette région“, a-t-il déclaré. »« Papa Macron »Réplique cinglante du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, rapporte le journal. Pour lui, c'est « la France qui est à l'origine de la déstabilisation de certains pays africains. » Ousmane Sonko cite la Libye : « Paris était au premier plan dans la chute du régime de Kadhafi, qui a conduit à la propagation des groupes djihadistes et de l'insécurité au Sahel. »Et puis, le Premier ministre sénégalais a eu également cette petite phrase : « si les soldats africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s'étaient pas déployés lors de la Seconde guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd'hui encore allemande. »Le site panafricaniste Afrik.com ne ménage pas non plus ses critiques envers le président français, avec ce titre, « Papa Macron sermonne une Afrique qui dit non » : Afrik.com estime que le président français a adopté hier « un ton paternaliste malvenu » et a fait preuve d'une « mauvaise foi qui a atteint son paroxysme lorsqu'il a affirmé que la France était partie “à cause des coups d'État“. Cette déclaration, estime Afril.com, occulte délibérément les échecs de la politique française dans la région l'inefficacité de la lutte anti-terroriste, et surtout, la volonté populaire de voir partir les troupes françaises. En qualifiant de “panafricanisme de bon aloi“ les revendications légitimes d'indépendance, Macron révèle son mépris pour les aspirations africaines à une véritable souveraineté. »Ce que la France a semé…Certes, reconnait pour sa part Le Pays au Burkina Faso, « n'est-ce pas la France qui, en 2013, avait été appelée à la rescousse lorsque les djihadistes déferlaient sur Bamako ? N'est-ce pas aussi la France qui avait volé au secours du régime de feu Idriss Deby Itno lorsque les rebelles étaient aux portes de Ndjamena ? Oui, on le sait, admet encore le journal, la France, indéniablement a répondu présente là où certains de ses alliés avaient besoin d'elle. C'est, somme toute compréhensible qu'elle se plaigne d'être récompensée en monnaie de singe. Sauf que, tempère Le Pays, faut-il le rappeler, elle n'est pas exempte de tout reproche. Car, pendant longtemps, elle a fait la pluie et le beau temps dans ses colonies, allant parfois, dans le meilleur des cas, jusqu'à dicter leur conduite à certains dirigeants africains, et dans le pire des cas, à fomenter des coups contre ceux qui n'obtempéraient pas. En un mot comme en mille, conclut le quotidien burkinabé, il n'est pas exagéré de dire que la France récolte ce qu'elle a semé. Elle est aujourd'hui victime de ses propres turpitudes. »Sarkozy et le fantôme de Kadhafi…A la Une également, Nicolas Sarkozy face aux juges, dans l'affaire du financement libyen présumé de sa campagne électorale de 2007…Pour Aujourd'hui à Ouagadougou, « la balance penche du côté de ceux qui croient que Sarkozy a trempé le doigt dans la confiture. Le film de sa relation avec Kadhafi depuis la place Beauvau, son déplacement en Libye, les allers-retours de l'intermédiaire Ziad Takieddine, le séjour de Kadhafi à Paris le 10 décembre 2007 à l'occasion d'un Kadhafi Tour… Tout cela milite en défaveur de Sarkozy. »« Le bal des valises : Sarkozy et la valse des millions libyens », titre ironiquement Le Journal du Niger à Niamey. « Cette nouvelle épopée judiciaire risque de résonner comme une cacophonie supplémentaire aux oreilles des Français, estime le quotidien nigérien, dont la confiance en la classe politique est déjà aussi fragile qu'une corde de violon usée. Chaque rebondissement de ce procès, prévu pour durer trois mois, est attendu avec une curiosité mêlée d'exaspération, dans un contexte dans lequel la transparence politique est un refrain souvent chanté, mais rarement entendu. »
Beaucoup de commentaires ce mardi matin dans la presse du continent après les propos tenus hier par le président français lors de la conférence des ambassadeurs. Des commentaires également sur l'ouverture du procès de Nicolas Sarkozy sur le financement supposé par la Libye de sa campagne présidentielle de 2007.On commence par Emmanuel Macron. « Le président français a déploré hier, rapporte WalfQuotidien à Dakar, l'attitude des pays africains qui ont rompu leur coopération militaire avec Paris en la qualifiant d'ingrate. “Je crois qu'on a oublié de nous dire merci“, a affirmé Emmanuel Macron. » Toujours selon lui, poursuit le quotidien sénégalais, « la présence militaire française sur le continent a permis de sécuriser les pays sahéliens et d'empêcher l'avancée du terrorisme dans la région. “Aucun d'entre eux ne serait souverain si l'armée française ne s'était pas déployée dans cette région“, a-t-il déclaré. »« Papa Macron »Réplique cinglante du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, rapporte le journal. Pour lui, c'est « la France qui est à l'origine de la déstabilisation de certains pays africains. » Ousmane Sonko cite la Libye : « Paris était au premier plan dans la chute du régime de Kadhafi, qui a conduit à la propagation des groupes djihadistes et de l'insécurité au Sahel. »Et puis, le Premier ministre sénégalais a eu également cette petite phrase : « si les soldats africains, quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s'étaient pas déployés lors de la Seconde guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait, peut être aujourd'hui encore allemande. »Le site panafricaniste Afrik.com ne ménage pas non plus ses critiques envers le président français, avec ce titre, « Papa Macron sermonne une Afrique qui dit non » : Afrik.com estime que le président français a adopté hier « un ton paternaliste malvenu » et a fait preuve d'une « mauvaise foi qui a atteint son paroxysme lorsqu'il a affirmé que la France était partie “à cause des coups d'État“. Cette déclaration, estime Afril.com, occulte délibérément les échecs de la politique française dans la région l'inefficacité de la lutte anti-terroriste, et surtout, la volonté populaire de voir partir les troupes françaises. En qualifiant de “panafricanisme de bon aloi“ les revendications légitimes d'indépendance, Macron révèle son mépris pour les aspirations africaines à une véritable souveraineté. »Ce que la France a semé…Certes, reconnait pour sa part Le Pays au Burkina Faso, « n'est-ce pas la France qui, en 2013, avait été appelée à la rescousse lorsque les djihadistes déferlaient sur Bamako ? N'est-ce pas aussi la France qui avait volé au secours du régime de feu Idriss Deby Itno lorsque les rebelles étaient aux portes de Ndjamena ? Oui, on le sait, admet encore le journal, la France, indéniablement a répondu présente là où certains de ses alliés avaient besoin d'elle. C'est, somme toute compréhensible qu'elle se plaigne d'être récompensée en monnaie de singe. Sauf que, tempère Le Pays, faut-il le rappeler, elle n'est pas exempte de tout reproche. Car, pendant longtemps, elle a fait la pluie et le beau temps dans ses colonies, allant parfois, dans le meilleur des cas, jusqu'à dicter leur conduite à certains dirigeants africains, et dans le pire des cas, à fomenter des coups contre ceux qui n'obtempéraient pas. En un mot comme en mille, conclut le quotidien burkinabé, il n'est pas exagéré de dire que la France récolte ce qu'elle a semé. Elle est aujourd'hui victime de ses propres turpitudes. »Sarkozy et le fantôme de Kadhafi…A la Une également, Nicolas Sarkozy face aux juges, dans l'affaire du financement libyen présumé de sa campagne électorale de 2007…Pour Aujourd'hui à Ouagadougou, « la balance penche du côté de ceux qui croient que Sarkozy a trempé le doigt dans la confiture. Le film de sa relation avec Kadhafi depuis la place Beauvau, son déplacement en Libye, les allers-retours de l'intermédiaire Ziad Takieddine, le séjour de Kadhafi à Paris le 10 décembre 2007 à l'occasion d'un Kadhafi Tour… Tout cela milite en défaveur de Sarkozy. »« Le bal des valises : Sarkozy et la valse des millions libyens », titre ironiquement Le Journal du Niger à Niamey. « Cette nouvelle épopée judiciaire risque de résonner comme une cacophonie supplémentaire aux oreilles des Français, estime le quotidien nigérien, dont la confiance en la classe politique est déjà aussi fragile qu'une corde de violon usée. Chaque rebondissement de ce procès, prévu pour durer trois mois, est attendu avec une curiosité mêlée d'exaspération, dans un contexte dans lequel la transparence politique est un refrain souvent chanté, mais rarement entendu. »
Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko prononcera ce vendredi 27 décembre 2024 devant les députés son discours de politique générale (DPG), qui fixera le cap pour les mois, les années à venir. « Une DPG sans risque pour Ousmane Sonko », titre Le Soleil, puisqu'il n'est pas tenu de demander ensuite la confiance des députés. Le Soleil détaille une première annonce, faite lors de ce discours à venir : le Premier ministre « va proposer un vote sans débat » pour faire adopter le LFI, « le projet de loi de finances initiale ». Sans débat, pour permettre une adoption rapide. Le vote aura lieu samedi 28 décembre 2024. « En parallèle » de ce vote, rappelle Senego, « les députés installeront officiellement la Haute Cour de justice, une juridiction d'exception destinée à juger les plus hautes autorités de l'État », dont le président, le Premier ministre et les ministres. « Les huit juges titulaires et huit suppléants, élus par l'Assemblée, prêteront serment avant de prendre leurs fonctions », détaille Senego.La polémique enfle toujours sur les tirailleurs de ThiaroyeLe conseiller ministre Cheikh Oumar Diagne est sous le feu des critiques après avoir traité les tirailleurs de Thiaroye de « traîtres, qui se sont battus contre leurs frères, dans leur pays, pour de l'argent ». Ces affirmations sont « une offense à la mémoire de ces tirailleurs », écrit Seneplus dans un édito « mais aussi à toutes les générations d'Africains qui se sont engagés dans la lutte contre l'oubli du massacre de Thiaroye ».Le Soleil reprend les propos du porte-parole du gouvernement, Moutsapha Ndiekk Sarré, qui « considère que monsieur Diagne s'est lourdement trompé » et qu'il s'agit d'une « sortie malheureuse ». Dakar Actu partage l'indignation du musée d'Histoire du Djolof, qui condamne aussi les propos de Cheikh Oumar Diagne. « Les tirailleurs sénégalais sont un patrimoine commun, représentant un symbole de résistance, de loyauté et de sacrifice non seulement pour le Sénégal, mais également pour l'Afrique entière », s'émeut ce musée d'Histoire. La presse burkinabé s'en mêle aussi : « Un ministre ne devrait pas dire ça ! », titre Aujourd8 au Burkina Faso. Le journal, dans un édito, estime qu'il « contredit l'acte majeur et mémoriel posé par son patron, [le président Diomaye Faye, et] souille la mémoire de ceux qui ont versé leur sang, le sang africain ». La Fédération des descendants de tirailleurs a décidé de déposer plainte contre Cheikh Oumar Diagne. Tchad : l'armée française se retire de la base de Faya-Largeau« L'armée française cède sa base à l'armée tchadienne », titre Tachad qui rappelle que ce transfert « s'inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques, après la suspension inattendue, il y a moins d'un mois, de l'accord militaire qui liait Paris à Ndjamena ». « La machine est lancée », écrit de son côté le burkinabè Le Pays. « Avec le départ de ses troupes du Tchad, poursuit l'édito, la France aura perdu totalement le contrôle du Sahel, où jadis, elle faisait la pluie et le beau temps ». Ce retrait dans le nord s'effectue juste avant les élections législatives, provinciales et communales au Tchad. Elles auront lieu le dimanche 29 décembre 2024. Tchadinfos précise d'ailleurs que la CNDH, « la Commission nationale des droits de l'homme, déploie ses observateurs dans 10 provinces ». « Le manque de moyens matériels et financiers a empêché la couverture des 23 provinces », pointe le média en ligne.Au Kenya, une vague d'enlèvements sans précédentUn groupe de défense des droits de l'Homme déplore au Kenya 82 disparitions forcées depuis le mois de juin 2024. Ce même groupe affirme qu'elles seraient perpétrées par des membres des forces de l'ordre. Des « enlèvements de jeunes par des hommes masqués, généralement à bord de véhicules banalisés, détaille Nation. La pression s'accentue sur le président William Ruto », poursuit le journal kényan. « Les personnes ciblées, explique The Standard, sont très actives sur les réseaux sociaux et critiquent le gouvernement kényan ». Le média donne l'exemple de Kavuli, « étudiant en journalisme », « arrêté dimanche soir dans une station-service par quatre hommes armés qui l'ont poussé dans un véhicule et pris la fuite ». Kavuli avait critiqué le pouvoir dans des commentaires postés sur X.L'IPOA, la police des polices, dans un communiqué publié cette semaine, a lancé une investigation, tandis que la police continue de nier toute implication.
Au Tchad, l'un des groupes musicaux mythiques du milieu des années 1970, African Melody, s'apprête à célébrer son cinquantenaire. Cette commémoration, visant à rendre hommage aux regrettés membres fondateurs et aux mélomanes de l'orchestre, aura lieu au premier trimestre de l'année 2025. De notre correspondant au TchadL'un des groupes musicaux mythiques du milieu des années 1970, African Melody, célèbre au début de cette année 2025 son cinquantenaire. Cinq décennies au cours desquelles le groupe tchadien a su bercer de nombreuses générations de mélomanes.Fin de journée ce jeudi dans le 6ᵉ arrondissement de Ndjamena, sous un hangar en secco. C'est ici que vit Hassan Biany, leader du groupe. À défaut de salle de répétition et d'instruments, les membres de l'orchestre répètent avec les moyens du bord, dont deux guitares.Le vécu des terroirs et les maux de la société en chansonToute chose a un début. Le groupe African Melody a été créé en 1974 par un groupe d'amis centrafricains, congolais et tchadiens, tous passionnés de musique. Le tout premier concert du groupe a eu lieu le 28 novembre 1974 à Ndjamena, nous explique Tchomba Tchadien, connu sur scène sous le nom de Hassan Biany.Malgré l'évolution de la musique, pour Hassan Biany, l'orchestre puise sa longévité dans des chansons qui racontent le vécu des terroirs et les maux qui minent la société : « On avait un répertoire garni. [....] On avait déjà une quinzaine de mélodies. À l'époque, quand on parle d'African Melody, on avait le respect de beaucoup de gens à travers le monde entier. »À lire aussiL'Histoire du Tchad racontée en musiquesAucun album après 50 ansL'œuvre d'African Melody est une école pour la jeune génération d'artistes tchadiens. Doumpa Ya Pécho, artiste, musicien et membre du groupe, en fait partie. « Quand il faisait des répétitions, moi, j'étais gamin [....]. C'est ça qui m'a donné la mission aujourd'hui, d'aimer vraiment tout ça. »Si rien n'est fait en faveur du groupe, on parlera bientôt de lui au passé, fait comprendre son leader, Hassan Biany : « Les moyens sont précaires. C'est quand on joue et qu'on trouve un peu d'argent, c'est ça qui nous permet de maintenir l'orchestre. Parce que quand on fait un concert, on est obligé de prendre la plupart de l'argent pour payer la location de matériel. »Du haut de ces 50 ans et plus de cinquante titres composés, African Melody ne compte à son actif aucun album, pas d'instruments et pas de structure professionnelle pour ses répétitions.À lire aussiKadeux, la révélation de la musique tchadienne
Au Tchad, la population trouve trop élevé le prix du sac de ciment, produit localement tout comme importé. Un sac de ciment de 50 kg se vend entre 8 500 et 11 500 francs CFA, soit 130 à 176 euros. Il est importé parfois du Maroc, du Nigeria ou du Cameroun, car l'usine de Baoré, au Tchad, n'arrive pas à produire comme il se devrait à cause de la crise économique. Avec ce prix élevé, beaucoup de Tchadiens n'arrivent pas à construire de maisons modernes. Avec notre correspondant à Ndjamena,À Sabangali, dans le 3ᵉ arrondissement de Ndjamena au Tchad, Chérif a arrêté son chantier de construction depuis bientôt un an. Pour cause, la cherté des matériaux de construction en général et le ciment en particulier. « J'ai commencé le chantier depuis 2020. Et le sac, dans notre quartier, ici, varie de 9 000 à 12 000 FCFA le sac de 50 kilos par exemple, donc on ne sait à quel saint se vouer », se plaint-il.Sur les réseaux sociaux ces derniers temps, les consommateurs ne cessent de critiquer le gouvernement tchadien. Ils demandent une réduction sur le prix du sac de ciment de 50 kg pour qu'il passe à 3 500 FCFA. Brahim Dadi, fonctionnaire tchadien, fait partie de ces requérants : « Ma demande a été plus insistante pour aider toute la population tchadienne à construire en dur. Aujourd'hui, le sac de ciment vendu à 8 600 FCFA à Ndjamena est vendu entre 15 000 et 22 000 FCFA en province. »À écouter dans 8 milliards de voisinsBéton, ton univers impitoyableLe ciment « made in Tchad » victime de la crise économiqueL'arrivée en 2011 dans le Mayo-Kebbi Ouest de l'usine de la société nationale de ciment de Baoré (Sonacim) devait normalement répondre à ces préoccupations, car elle était censée ravitailler 700 tonnes par jour, soit 200 000 tonnes par an. Malheureusement, cette usine est presque mourante, elle n'arrive pas à produire le ciment « made in Tchad » à cause de la crise économique depuis 2016. « L'usine fonctionnait à perte puisqu'elle avait cassé les prix de vente de ciment. De 5 250, on est arrivé à 4 850 pour le PC 32,5. Et le PC 42,5, au lieu de 6 250, on a réduit à 5 250 le sac. Pour le moment, on n'a pas de stock dans notre silo parce qu'on est en crise », explique Benoit Koye Ndaye, le directeur adjoint de l'usine.Les commerçants sont conscients de pratiquer des prix trop élevés. Cependant, ils pointent du doigt les tracasseries routières et les transports. « Si nous achetons cher et nous vendons moins cher, ça ne nous aide pas. Quand les grossistes nous amènent le sac à 8 300 FCFA, ils ont déjà mis dedans le [coût du] transport », détaille Abdel, vendeur dans le quartier Habbéna.De nombreux Tchadiens demandent aux autorités d'exonérer de taxe la production de ciment et de subventionner les produits liés au processus de production. Cela permettrait selon eux de proposer des couts acceptables, comme au Cameroun voisin où un sac de ciment de 50 kg s'achète entre 3 500 FCFA et 5 000 FCFA ou au Nigeria qui le commercialise entre 2 500 FCFA et 3 000 FCFA.À lire aussiAu Tchad, après les inondations, les tentatives de reconstruction
La Libye du maréchal Haftar sort-elle renforcée après la chute du régime Assad en Syrie ? C'est la question qui se pose, au vu du risque pour les Russes de perdre leurs bases militaires en Syrie. Y aura-t-il bientôt une base navale russe à Tobrouk ? Le grand spécialiste de la Libye Wolfram Lacher est chercheur à l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité. RFI lui a d'abord demandé si, après la perte de leur allié syrien, les Russes n'allaient pas se tourner encore plus vers le maréchal Haftar. RFI : Wolfram Lacher, si les Russes perdent leur point d'appui en Syrie, est-ce qu'ils ne vont pas se tourner encore davantage vers la Libye du maréchal Haftar ? Wolfram Lacher : Ils vont sans doute l'essayer, mais est-ce qu'ils vont le pouvoir ? Est-ce que Haftar permettra aux Russes de renforcer leur présence en Libye ? C'est une question, parce qu'on voit à travers les années dernières que Haftar a toujours cherché à jongler entre plusieurs partenaires étrangers et à ne jamais se rendre dépendant exclusivement d'un État.Dans le territoire libyen contrôlé par le maréchal Haftar, les Russes auraient des facilités sur quatre bases aériennes : al-Qadeer, al-Joufra, Ghardabiya et Brak ak-Shati. Mais est-ce que les avions gros porteurs russes peuvent atteindre la Libye sans faire escale sur la route pour faire le plein ? Cela dépend sans doute des espaces aériens qu'ils peuvent traverser. Or, on a constaté cette dernière année qu'ils peuvent traverser l'espace aérien turc, par exemple. Mais c'est très possible, si la Russie perdait la base aérienne en Syrie, que ça compliquerait la logistique, le ravitaillement pour la présence russe en Libye et plus au sud en Afrique.Du côté des navires de combat, si les Russes perdent leur base navale de Tartous en Syrie, est-ce qu'ils pourront replier leurs bateaux dans un port libyen ? Alors les Russes cherchent depuis plusieurs années déjà à établir une base navale à l'est de la Libye. Pour l'instant, Haftar et ses fils n'ont jamais accédé à cette requête parce qu'ils savent que cela pourrait rompre leurs relations avec les puissances occidentales. Or, la situation actuelle où et la Russie et les États-Unis et d'autres pays de la région - donc les Émirats arabes unis, les Égyptiens, tout le monde - essayent de maintenir des bonnes relations avec Haftar, c'est une situation très confortable pour Haftar et donc je pense que, pour Haftar, il n'y aurait aucune nécessité de maintenant offrir le territoire libyen aux Russes et de se rendre dépendant de manière exclusive du soutien russe et de couper ses relations avec les pays occidentaux.Apparemment, le maréchal Haftar et Vladimir Poutine s'entendent bien. Ils se sont vus à Moscou en septembre dernier. Mais est-ce que le maréchal libyen est un allié aussi fiable que l'était le dictateur syrien Bachar el-Assad ? Il n'est peut-être pas fiable dans le sens où il suit les directives qu'on essaierait de lui donner, mais Haftar a besoin de cette présence militaire russe parce que la fonction de protection contre d'éventuelles attaques, d'éventuelles offensives de la part des forces en Tripolitaine, cette fonction de protection qu'a la présence militaire russe, c'est difficile de voir une autre puissance étrangère la remplacer pour Haftar. Donc, c'est pour ça que la relation entre Haftar et la Russie est une relation qui est bénéfique mutuellement. Les deux ont besoin de maintenir cette relation.Depuis six mois, le maréchal Haftar, qui est âgé de 81 ans, prépare sa succession. Il met en avant l'un de ses fils, Saddam. En juin dernier, quand Saddam Haftar est allé à Ndjamena, le président tchadien lui a demandé de mettre sous cloche les rebelles tchadiens du Fact, dont la dernière offensive en 2021 avait coûté la vie à Idriss Déby. Est-ce que vous pensez que le clan Haftar a donné suite à la requête du régime tchadien ? Oui, effectivement. Depuis environ deux ans, il y a une coopération assez étroite. Il y a eu des arrestations de chefs rebelles, y compris au sein du Fact, qui ont été livrés au régime tchadien. Et à ma connaissance, le Fact n'a plus de présence en tant que force, en territoire libyen, en ce moment.Et le Fact aujourd'hui n'est plus en mesure de lancer une nouvelle offensive comme en avril 2021 ?Aujourd'hui, je crois qu'il n'y a pas de forces rebelles tchadiennes en territoire libyen qui soient en mesure de lancer une offensive semblable. Par contre, il faudra voir si, avec le fait que la France retire ses forces du Tchad, ce n'est pas un facteur qui pourrait conduire à une nouvelle mobilisation de rebelles tchadiens qui pourraient donc organiser de nouveaux groupes, que ce soit au Darfour ou ailleurs dans les pays avoisinants du Tchad.
Au Tchad, les inondations fluviales et pluviales de la saison humide ont notamment fait s'écrouler des milliers de maisons, selon les autorités tchadiennes et les organisations humanitaires. Certains sinistrés s'emploient à reconstruire leur maison, mais tous n'y parviennent pas. De notre correspondant à Ndjamena,Dans sa cour du quartier Boutalbagar dans le 7ᵉ arrondissement de Ndjamena, une tasse d'eau à la main, Gilbert Laoumbo, chômeur, tente de reconstruire sa maison qui s'est écroulée, mais les moyens lui manquent. « C'était le 14 juillet dernier exactement, se rappelle-t-il, c'était pendant la période de soudure et après, ça s'est enchaîné avec la période des inscriptions des enfants. Donc, c'était compliqué pour moi. Je tente de reconstruire parce que je veux que ma famille soit à l'abri. »Zara, également victime des inondations dans le 1ᵉʳ arrondissement, n'a, elle, pas le courage de reconstruire sa maison. « Vraiment, je suis dépassée par cette situation. Je voulais reconstruire ma maison écroulée, mais je n'y arrive pas, se désole-t-elle. S'il faut construire l'année prochaine, ça va encore recommencer. On est dépassés maintenant. Je ne sais pas ce qu'il faut faire. »À lire aussi Inondations au Tchad : au moins 487 décès et des moyens très insuffisants pour aider les sinistrésAvoir une habitation décentePour un haut cadre tchadien : « Il faut dormir dans des maisons modernes, nous sommes au 21ᵉ siècle ». Les reconstructions, c'est la raison de ses tracasseries quotidiennes, soutient-il. « Que la population tchadienne ait une habitation décente, c'est très important, parce que nous sommes au XXIᵉ siècle. Et dormir dans des taudis, ce n'est quand même pas moderne. Il faut qu'on ait une habitation moderne qui réponde aux désidératas de nos populations. Nous sommes au regret de le dire. »Mahamat Assileck Halata, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Habitat, estime qu'il faut prendre des dispositions pour éviter de vivre cette situation les prochaines années : « Partout ailleurs, ça ne se fait pas. Ce n'est pas simplement au Tchad qu'on va nous demander de faire cela, mais ce qui est sûr, c'est que le gouvernement va aider autant que peut à se réinstaller. » Et il affirme : « Mais la priorité des priorités, c'est de pouvoir tout faire avec les expériences acquises de 2022 et 2024 pour qu'une nouvelle saison comme celle-là ne puisse plus arriver. Il y a des populations qui, dans l'occupation anarchique des terres, sont allées s'installer dans les lits de fleuves et là, nous n'avons pas d'autres moyens que de les faire déguerpir et les installer ailleurs. » Selon le gouvernement tchadien et les organisations humanitaires, plus de 200 000 maisons se sont écroulées au Tchad durant les inondations de cette année 2024. Les victimes qui n'arrivent pas à reconstruire appellent à l'aide le gouvernement et les personnes de bonne volonté.À lire aussiTchad: la capitale Ndjamena n'est pas épargnée par les inondations
Après le Niger, le Mali et le Burkina Faso, le Tchad à son tour annonce mettre fin aux accords militaires qui le lient à Paris. Ndjamena dit vouloir «réorienter» ce partenariat sur «d'autres domaines». Au même moment, le Sénégal remet en question la présence de quelque 350 soldats français sur son territoire. Alors est-il possible de réinventer la coopération ? La France doit-elle à terme quitter toutes ses bases militaires en Afrique ? Nous attendons vos réactions.
Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur l'ex-président brésilien suspecté d'avoir participé à une tentative de coup d'État et les discussions de paix entre Kigali et Kinshasa. Tchad : pourquoi le pays rompt ses accords de défense avec la France ? Les autorités tchadiennes ont annoncé mettre fin aux accords de défense avec la France. Comment expliquer cette décision ? Que prévoyait l'accord de défense entre Ndjamena et Paris ? Cette annonce implique-t-elle le départ des militaires français déployés sur le sol tchadien ? Avec Franck Alexandre, journaliste spécialiste des questions de défense à RFI. Brésil : l'ex-président impliqué dans une tentative de coup d'État ? Au Brésil, un rapport de police a révélé que l'ex-président Jair Bolsonaro a participé activement à un projet de coup d'État en 2022. Quel rôle Bolsonaro aurait-il joué dans ce projet ? Que risque l'ancien président brésilien devant la justice ? Avec Lúcia Müzell, journaliste à la rédaction en langue brésilienne. RDC-Rwanda : Kinshasa et Kigali adoptent un document stratégique La République Démocratique du Congo et le Rwanda sont en passe de signer un document important pour la poursuite du processus de paix dans l'est de la RDC, le Conops (Concept des opérations). Que sait-on sur les modalités de ce document ? Avec Paulina Zidi, envoyée spéciale de RFI à Kinshasa.
Tous les ans, le 9ᵉ arrondissement de Ndjamena, l'un des plus pauvres de la capitale tchadienne, se retrouve inondé. Malgré la construction de la digue de Walia, après les inondations dévastatrices de 2022, les pluies et la montée des eaux des fleuves Chari et Logone continuent de recouvrir les habitations et les terres agricoles. De notre correspondante à Ndjamena,À Ndjamena, au Tchad, la digue Walia, conçue comme un dispositif de rétention des eaux, génère un nouvel écosystème : les habitants de la commune s'y retrouvent tous les jours pour pêcher. Une activité qui permet aux sinistrés des inondations de nourrir leur famille, mais aussi de vendre des poissons. La pêche devient alors une manière de dégager un salaire chaque jour en attendant que les eaux se retirent.Moïse fait partie des nombreux pêcheurs saisonniers qui s'installent tous les matins le long de la digue. Habituellement, il travaille sur les deux fleuves, le Logone et le Chari, mais après la saison des pluies et la montée des eaux, la pêche y devient quasiment impossible.« J'ai perdu toutes mes pirogues. La crue du grand fleuve les a emportées, témoigne Jeremy Pena, pêcheur sur le Chari depuis 50 ans. Alors depuis un mois, je pêche au filet au niveau du bras du canal. Mais bientôt, l'eau va se retirer de la digue et je ne sais pas comment je vais faire pour continuer à travailler. Je ne peux pas retourner au grand fleuve sans pirogue. »À lire aussiInondations au Tchad: Ndjamena en alerte, les quartiers périphériques sont sous les eauxÀ l'agriculture s'ajoute une nouvelle activité, la pêcheAvant d'être urbanisé, le quartier Kabé était un groupement de petits villages sur la plaine. Les habitants y étaient éleveurs ou cultivateurs de riz et de sorgho. Avec les inondations et la construction de la digue, une nouvelle activité s'ajoute : la pêche. Martin est étudiant, mais tous les jours, il sort pêcher avec la pirogue de son père : « Vers 11h, on part à l'école, vers 17h on revient et on va pêcher. » Les bons jours, Martin réussit à vendre suffisamment de poissons pour rapporter 2 000 francs CFA à sa famille.Depuis les inondations dévastatrices de 2022, l'association Agir vient en aide aux sinistrés. Pour sa trésorière, Zahra Idris, la digue ne sert pas suffisamment de rempart aux inondations : « La digue n'est pas à sa place, ce n'est pas là qu'on doit la construire. À cause de ça, ils sont exposés et se trouvent carrément inondés. »Dans quelques semaines la digue sera sèche, impossible d'y pêcher. Retour alors à l'agriculture, mais non sans difficultés. Car avec des terres abîmées par les pluies, les agriculteurs du 9ᵉ arrondissement craignent de maigres récoltes au printemps prochain.À écouter dans Grand reportageAu Tchad, les soldats de l'eau face au changement climatique
Le Tchad a annoncé jeudi soir, contre toute attente, qu'il mettait un terme à ses accords de défense avec la France. Dans un communiqué, le gouvernement tchadien a assuré que cette décision avait été prise après une analyse approfondie. « Il est temps pour le Tchad d'affirmer sa souveraineté pleine et entière », ajoutait le communiqué signé du ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah. Mais comment comprendre une telle décision ? D'autant que cette annonce intervient à l'issue d'un déplacement dans le pays du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot. Cela traduit-il un malaise entre Paris et Ndjamena ? Si oui, quelles sont les causes de ce malaise ? Elements de réponse avce Remadji Hoinaty, chercheur, spécialiste du bassin du lac Tchad et de l'Afrique centrale pour l'ISS, l'institut d'études de sécurité. À lire aussiLe Tchad annonce rompre ses accords de coopération de défense avec la France
C'est écrit en rouge et en majuscule à la Une de Sénéplus : « Paris avoue enfin le massacre de Thiaroye ». « Dans une lettre à Diomaye », poursuit Sénéplus, « Macron qualifie pour la première fois de « massacre » la tuerie perpétrée contre les tirailleurs africains en 1944 ». Le président sénégalais espère désormais « un engagement total » de la France « dans la recherche de la vérité ». L'annonce est saluée par le site d'information, « cette reconnaissance officielle marque », nous dit-on, « un tournant décisif dans l'histoire franco-sénégalaise, après des décennies de silence et de minimisation des faits ». De son côté, Sénégo retranscrit une partie de l'interview accordée hier soir à France 2 par Bassirou Diomaye Faye. À la question, « pensez-vous que 80 ans après, la France cache toujours délibérément une partie de la vérité ? » le président sénégalais répond : « on a régulièrement cherché à poser une chape de plomb sur cette histoire, et nous pensons que cette fois, l'engagement de la France sera total, qu'il sera franc, collaboratif et entier ». Le bilan du massacre de Thiaroye, notamment, reste à établir. Il est officiellement de 35 morts, rappelle Sénéplus qui cite toutefois l'historienne Armelle Mabon, qui elle estime à « 300 ou 400 », le nombre de victimes du massacre.Présence militaire françaiseLors de l'interview qu'il a accordé à France 2 hier soir, Bassirou Diomaye Faye a également fait part de ses intentions à l'égard des troupes françaises basées au Sénégal. « Départ des bases militaires françaises : la grosse annonce de Bassirou Diomaye Faye », titre Sénéweb, qui reprend la réponse du président sénégalais au journaliste qui l'interroge au sujet de la présence militaire française. Réponse en forme de question : « Est-ce qu'en tant que Français, vous envisageriez de nous voir dans votre pays avec des chars, des véhicules militaires, des militaires portant des tenues sénégalaises ? Car sur le plan historique, la France a pris des esclaves, a colonisé et est restée ». Bassirou Diomaye Faye qui ajoute : « si la France doit partir, ce sera annoncé aux autorités françaises. Elles auront la primeur de l'annonce et du calendrier établi ».Annonce inattendueComme en écho, le Tchad a annoncé hier soir la fin des accords de coopération et de sécurité avec la France. Tchadinfos précise que « la résiliation respecte les dispositions prévues par l'accord, notamment un délai de préavis, et que le Tchad s'engage à collaborer avec les autorités françaises, pour assurer une transition harmonieuse ». L'annonce a été faite quelques heures seulement après une visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à Ndjamena. Une annonce « inattendue », remarque Tchadvision, qui fait part de ses doutes. « Sans l'appui de la France », nous dit-il, « la capacité du Tchad à lutter de manière efficace contre le terrorisme dans le Sahel, pourrait être compromise. Les groupes jihadistes, déjà actifs dans la région, bénéficient souvent de l'instabilité politique et de la faiblesse des forces armées locales. La fin des accords avec la France pourrait rendre le Tchad plus vulnérable à de telles menaces ».PrièreTchadvision se pose, dans la foulée, la question des autres alliances que le Tchad pourrait contracter et souligne que « l'engagement croissant de pays comme la Russie, la Chine, et même certains états du Golfe pourrait offrir au Tchad des opportunités pour diversifier ses sources de soutien militaire et économique ». Néanmoins, le site d'information tchadien reste prudent, estimant que « bien que la fin de l'accord puisse être interprété comme un pas vers la souveraineté, il est crucial d'évaluer cette décision de manière critique. L'autonomie sans stratégie pourrait conduire à un isolement accru et à des conséquences désavantageuses pour la sécurité et la prospérité du Tchad ». Ajoute Tchadvision qui conclut, en forme de prière : « Que chaque acteur, tant national qu'international, prenne conscience de sa contribution à un avenir meilleur pour le Tchad et ses voisins ».
« C'est une visite d'État inédite, la première en 24 ans, relève Jeune Afrique : le président nigérian Bola Tinubu est en France depuis hier soir. Il est évidemment tentant de voir derrière cette volonté de Paris de diversifier ses partenariats sur le continent une tentative de construire une nouvelle politique africaine sur les ruines du fiasco sahélien qui a vu la France expulsée du Mali (en 2022), puis du Burkina Faso (en 2023) et du Niger (fin 2023). Et une volonté de détourner l'attention de l'incessant bras de fer avec Alger. Mais sans doute serait-ce trop réducteur », estime le site panafricain. « Ce serait aussi méconnaître la chronologie. Dès son élection en 2017, le président français a entrepris de voyager hors de la zone d'influence traditionnelle française, au Nigeria (en 2018), en Éthiopie (en 2019) ou en Afrique du Sud (2021) ».Et le partenariat économique entre la France et le Nigeria est ancien, poursuit Jeune Afrique, « basé essentiellement sur les hydrocarbures », mais pas que… Il y a aussi la finance, avec l'ouverture de succursales de banques nigérianes à Paris et l'agrobusiness.Le « tournant nigérian » ne date pas d'hier…« Le Nigeria est déjà le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne, précise Le Monde Afrique. Et près de 100 entreprises tricolores y sont implantées – elles n'étaient qu'une cinquantaine en 2010 –, employant un peu plus de 10 000 personnes. Les grands noms sont présents, pointe le journal : TotalEnergies, premier investisseur hexagonal avec des projets pétroliers et gaziers évalués à quelque 6 milliards de dollars pour les prochaines années, mais aussi l'armateur CMA CGM, le géant des cosmétiques L'Oréal, ou encore le groupe agroalimentaire Danone. (…) Le « tournant nigérian » a été esquissé très tôt par Emmanuel Macron, relève encore Le Monde Afrique. L'héritage, entre autres, d'une relation particulière que le président français entretient avec ce pays où il avait choisi d'effectuer son stage d'énarque, en 2002. Pour resserrer les liens, un conseil économique franco-nigérian a ainsi été lancé dès 2018, lors d'une visite du président français au Nigeria. Celui-ci compte les plus célèbres hommes d'affaires du pays, dont le magnat du ciment et des hydrocarbures Aliko Dangote (…) ».Jean-Noël Barrot au Tchad et en ÉthiopieÀ la Une également, une autre visite diplomatique, cette fois dans l'autre sens : la tournée sur le continent du ministre français des Affaires étrangères…« Jean-Noël Barrot entame une tournée clé (aujourd'hui) au Tchad et en Éthiopie, note le site Afrik.com. Cette visite aborde des enjeux majeurs : l'aide humanitaire, l'avenir militaire français en Afrique et la réforme des institutions internationales, notamment du Conseil de sécurité de l'ONU. (…) A Ndjamena, le ministre abordera un sujet épineux : l'avenir des bases militaires françaises au Tchad. (…) Paris souhaite réduire son empreinte militaire en Afrique tout en favorisant des partenariats plus équilibrés. Les discussions avec les autorités tchadiennes seront déterminantes pour établir une nouvelle feuille de route et répondre aux interrogations croissantes sur la pertinence de la présence française ».Et puis à Addis-Abeba, siège de l'Union africaine, relève Afrik.com, la visite de Jean-Noël Barrot mettra « en lumière une ambition majeure de la diplomatie française : promouvoir une réforme des institutions internationales, notamment du Conseil de sécurité de l'ONU. Paris soutient l'attribution de deux sièges permanents aux pays africains, une revendication de longue date de l'Union africaine ».Regagner le cœur des Africains…Commentaire du Pays au Burkina Faso : « pour avancer dans la défense de ses intérêts, la France doit changer son fusil d'épaule. Et c'est manifestement à cet exercice qu'elle s'essaie. Elle veut regagner le cœur des Africains en se faisant passer pour leur porte-voix mais aussi en réduisant son empreinte militaire permanente sur le continent. Il reste à savoir si cela suffira. (…) Cela dit, poursuit le quotidien ouagalais, l'Afrique se doit d'utiliser ce nouveau contexte pour exiger de l'ancienne puissance coloniale, à défaut qu'elle répare les erreurs commises, qu'elle s'engage dans un partenariat gagnant-gagnant. Car, ce dont le continent a véritablement besoin, estime Le Pays, ce n'est ni de compassion ni d'assistanat, mais d'une relation équilibrée où elle gagnerait toute sa place et pourrait disposer de ses richesses naturelles pour subvenir, de façon souveraine, à ses besoins ».
Cette semaine, les jeunes de Moundou au Tchad présentent leur nouveau Club et leur ville. Moundou est située à environ 470 km au sud de la capitale du pays, Ndjamena. Elle est jumelée avec la ville de Poitiers en France. Moundou tire son nom d'une paille utilisée pour la construction des toitures des cases traditionnelles. Avec la participation de : Josue Mbaigoto, Djibrine Abakar, Ngaryom Yannick, Mbairakoula Théophile et Mbaiwanodji Adrien.Cousin/invité : Mbaitou, entrepreneur tchadien.Musique du Club : Tar le kido (au nom de l'alcool) artiste : Bendi Pera.Merci à Madjilem Salem, Caroline Nodjilar, Madjidanoum Victoire, Sem Alim et Rokoulmbaye Kossam.Réalisation : Cécile Bonici.
Hommage à Paulo Albin, chanteur culte de la Perfecta. Paulo Albin est décédé mardi 19 novembre 2024 en Martinique. Pson Zubaboy, la nouvelle voix de la musique congolaise. Classik, son nouvel album, est sorti le 6 septembre 2024. Il sera en concert vendredi 22 novembre 2024 au Centre culturel Paris Anim'. Phoner : Valérie Sandrine Moussounda présente la 2ème édition Meet up Kira femme en action qui aura lieu du 5 au 7 décembre 2024 à Ndjamena, au Tchad. Pour visionner les clips, cliquez sur les titres des chansons :La Perfecta - La DivinitéPaulo Albin - VagabondPson Zubaboy - PrayPson Zubaboy - MantsangaKiss Beatz - Kachi kachiPson Zubaboy - ZazaPson Zubaboy - MasoloPson Zubaboy feat Kiss Beatz - FiestaPson Zubaboy - YéléRetrouvez notre playlist sur Deezer.
Hommage à Paulo Albin, chanteur culte de la Perfecta. Paulo Albin est décédé mardi 19 novembre 2024 en Martinique. Pson Zubaboy, la nouvelle voix de la musique congolaise. Classik, son nouvel album, est sorti le 6 septembre 2024. Il sera en concert vendredi 22 novembre 2024 au Centre culturel Paris Anim'. Phoner : Valérie Sandrine Moussounda présente la 2ème édition Meet up Kira femme en action qui aura lieu du 5 au 7 décembre 2024 à Ndjamena, au Tchad. Pour visionner les clips, cliquez sur les titres des chansons :La Perfecta - La DivinitéPaulo Albin - VagabondPson Zubaboy - PrayPson Zubaboy - MantsangaKiss Beatz - Kachi kachiPson Zubaboy - ZazaPson Zubaboy - MasoloPson Zubaboy feat Kiss Beatz - FiestaPson Zubaboy - YéléRetrouvez notre playlist sur Deezer.
Au Tchad, bien que les autorités aient interdit l'importation, la fabrication, la vente et surtout la consommation des alcools frelatés, certains jeunes s'adonnent à leur consommation et de manière abusive. Ce qui n'est pas sans conséquence sur leur santé. De notre correspondant à Ndjamena,Au maquis Doulbarid, à Moursal, dans le 6ᵉ arrondissement de Ndjamena, une dizaine de jeunes consomment de l'alcool en sachet. « C'est depuis ce matin qu'ils sont en train de consommer ces alcools, peut-être un carton déjà. Et pire encore, sans manger ! », lance un passant inquiet.Vendues sous différentes appellations, ces boissons affichent un taux d'alcool qui varie entre 43 à 45 degrés. Elles se vendent entre 50 à 100 francs CFA l'unité, soit 7 à 15 centimes d'euros. Mais leur consommation n'est pas sans conséquence sanitaire, explique le docteur Dillah Manassé. « Des cas de mort subite ont été enregistrés, relate-t-il. Les comportements à risque peuvent conduire à des maladies cardiovasculaires, gastro-intestinales, des troubles neuropsychologiques, voire l'accélération du processus de vieillissement, parce que c'est de l'alcool falsifié qui contient de l'éthanol industriel et d'autres agents de conservation qui ne sont pas alimentaires, explique le médecin. » Il ajoute : « La consommation diminue l'espérance de vie de plus d'une année. »« L'État doit agir vite »Sous couvert d'anonymat, un homme dit avoir perdu son cousin diplômé le mois dernier, en raison de la consommation abusive d'alcool frelaté. « Mon cousin, il exagérait, témoigne-t-il. Dès 6 h, il était soul. On n'accuse personne, on était fatigués de lui parler. »Pour la Croix-Bleue tchadienne, qui lutte contre la consommation d'alcool, beaucoup reste à faire du côté de l'État en termes de répression. « L'État a fait un effort pour prendre un décret, le décret 2835 en 2022. Vu les méfaits de cet alcool dans la jeunesse surtout, l'État doit agir vite, affirme Gonba Tao Anatole, le vice-président de l'organisation. Il faut que la police sanitaire soit opérationnalisée pour pouvoir, faire son travail. »Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'alcool frelaté serait responsable de la mort de plus de 100 000 personnes chaque année. Au Tchad, malgré les démarches, il est difficile d'avoir des statistiques sur cette consommation faute d'études dans le domaine.À écouter dans Priorité santé Défi de janvier : un mois sans alcool
« Non, le Tchad ne soutient aucun belligérant dans la guerre civile au Soudan ». C'est la réponse ce jeudi matin du ministre tchadien des Affaires étrangères au dirigeant soudanais Minni Arcou Minnawi, qui, hier matin à la même heure sur RFI, accusait le Tchad d'être une plateforme de transit pour les armes et les munitions expédiées par les Émirats arabes unis aux Forces de Soutien Rapide du général Hemedti. En ligne de Ndjamena, Abderaman Koulamallah, qui est à la fois le chef de la diplomatie et le porte-parole du gouvernement tchadien, répond aux questions de Christophe Boisbouvier. À lire aussiMinni Minnawi, gouverneur du Darfour: «Il n'y a pas de solution militaire à la crise au Soudan»À lire aussiGuerre au Soudan: les raisons du rendez-vous raté au Caire entre Khartoum et la médiation américaine
Le gouverneur du Darfour et chef du mouvement de libération du Soudan, faction Minni Arcou Minnawi (ALS-MM) était à Paris où il a échangé des points de vue sur la guerre au Soudan avec des responsables français. Son mouvement a rejoint en mars dernier le camp de l'armée soudanaise qui combat les Forces de soutien rapide (FSR)... RFI l'a rencontré à l'occasion de son passage à Paris. Il évoque au micro de Houda Ibrahim les derniers développements de 18 mois de guerre au Soudan. RFI : Lors de la visite que vous effectuez actuellement en France, vous avez rencontré des responsables au ministère français des Affaires étrangères qui s'occupent du dossier soudanais, quelle discussion avez-vous eue ?Minni Arcou Minnawi : La France, s'intéresse beaucoup, en réalité, aux conséquences de la guerre et aux questions humanitaires au Soudan. Durant nos rencontres nous avons évoqué ces points ainsi que celui des pays voisins du Soudan. Nous avons discuté ensemble des possibilités de mettre fin définitivement à la guerre et des possibilités de travailler ensemble pour faire parvenir les aides humanitaires à tous les Soudanais et surtout dans la ville d'al-Facher encerclée par les forces de soutien rapide. Il y a eu la proposition de larguer de l'aide humanitaire au-dessus de la ville…En réalité, nous avons demandé aux Français d'intervenir pour combler le fossé entre le gouvernement soudanais et le gouvernement tchadien, et surtout pour enrayer le rôle du gouvernement tchadien dans le transit à travers son territoire des aides non-humanitaires - des matériaux militaires - vers les zones sous contrôle des FSR au Soudan.Le pouvoir soudanais a à plusieurs reprises accusé le Tchad de faciliter le transfert d'armes aux FSR, ce que confirment les rapports des experts des Nations unies, mais que Ndjamena a toujours nié. Quelles sont vos informations sur cette question ?Il y a toujours, de très importantes quantités de matériels militaires qui traversent le Tchad vers le Soudan. Jusqu'à il y a cinq mois cela se faisait via l'aéroport d'Amdjarass. Actuellement, d'autres aéroports à l'intérieur du pays sont utilisés. Mais nous savons ce qui se passe et nous savons aussi que des armes sont également transportées à travers l'Atlantique vers le port de Douala, puis elles passent à travers la république du Cameroun pour arriver à Ndjamena avant d'emprunter le passage d'Adré, ce chemin que le gouvernement soudanais a rouvert pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire. Mais actuellement ils profitent de la situation et il y a davantage d'aide militaire que d'aide humanitaire acheminée par ce point de passage.Les Émirats arabes unis ont été accusé à de multiples reprises d'ingérence dans les affaires soudanaises, y-a-t-il un nouvel appel que vous souhaitez adresser à ce pays aujourd'hui en ce qui concerne son appui militaire et financier aux FSR ?Nous l'avons rappelé à plusieurs reprises et nous le referons maintenant. Nous appelons les Émirats arabes unis à cesser de soutenir une telle milice, cette machine de tuerie et de destruction, de génocide et d'épuration raciale… Cette milice raciste n'est pas le groupe qui pourrait bâtir l'État, elle peut, au contraire, détruire l'État, les infrastructures, elle peut piller et produire tout ce qu'une catastrophe naturelle pourrait produire. C'est comme un tremblement de terre ou un volcan destructeur… Elle ne construit pas. C'est pour cela que nous disons aux Émirats qu'il faut soutenir le peuple soudanais pour pouvoir reprendre les bonnes relations qui prévalaient entre les deux peuples.Les deux généraux qui s'opposent, al-Burhan et Hemedti ne semblent pas résolus à vouloir résoudre la crise pacifiquement, pourtant la communauté internationale ne cesse de rappeler qu'il n'y a pas une solution militaire possible à cette guerre, qu'en pensez-vous ?Nous sommes tous entièrement convaincus qu'il n'y a pas de solution militaire à la crise au Soudan y compris Hemedti lui-même, comme il l'a précisé dans son discours d'il y a une semaine où il a considéré que des pays étrangers ont mis le feu au Soudan. Mais il est lui-même, en ce moment, aux mains de ces forces étrangères. En arrachant les soudanais, aux mains des forces étrangères, ces agents qui sont payés, qui sont employés par ces forces étrangères, si on arrive à réaliser cela, à ce moment-là, la solution pacifique sera la meilleure sortie de crise.L'armée soudanaise est également accusée d'acquérir des armes et des drones auprès de l'Iran et de la Turquie…Il n'est pas possible de comparer l'armée soudanaise à un groupe dirigé par Hemedti, un groupe tribal qui a été créé sur une base raciale, qui a commis un génocide en 2003, puis qui a continué à commettre des crimes sous le nom de Janjawid, puis sous le nom de gardiens des frontières puis en tant que Forces de soutien rapide…Tous ces noms ne sont qu'une tentative de cacher les crimes de cette milice et de redorer son blason. Jusqu'à maintenant Hemedti ne fait que conduire une milice tribale et familiale. Son frère est son vice-président, leur autre frère est le responsable financier, leur troisième frère est le responsable médiatique et ainsi de suite… L'armée est une institution nationale, et c'est le ministère de la Défense qui conclue tout naturellement des contrats avec d'autres pays pour acheter des armes. C'est une institution nationale, le ministère, qui achète des armes. C'est officiel et ce ne sont pas des armes qui sont acheminées clandestinement pour une milice familiale soutenue par les Émirats.Quand est-ce que cette guerre pourrait s'arrêter alors ?Quand les interventions étrangères cesseront, et quand on cessera d'utiliser des Soudanais payés par des capitaux étrangers pour désintégrer le Soudan… et tuer les Soudanais avec de l'argent étranger comme le font actuellement certains pays. Quand les ingérences s'arrêteront, la guerre s'arrêtera.Pensez-vous que les avancées réalisées par l'armée ces dernières semaines permettront de revenir aux négociations pour un cessez-le-feu ? Est-ce qu'il y a actuellement des contacts dans les coulisses pour retourner à la table des discussions ?Bien sûr, mais les négociations seront différentes. La forme est dépassée par les développements qui ont eu lieu en mai 2023. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts… Il y a eu la résistance populaire, les forces communes… La population soudanaise s'est reconstruite pour défendre ses communautés, ses biens, son honneur et son argent… Les prochains pourparlers de paix seront donc un peu différents et nécessitent une grande préparation. Mais nous disons toujours que toutes les discussions sur le Soudan devraient être basées sur la déclaration de Djeddah.Minni Arko Minnawi, vous vous êtes pourtant vous-même rendu au Tchad, plus d'une fois avant de rallier l'armée soudanaise !A l'époque, nous cherchions la paix. Nous cherchions à garder une bonne relation entre le Tchad et le Soudan. La dernière visite date du juin 2023. J'y ai rencontré, par hasard, Abderrahim Daglo, le frère de Hemedti. Nous sommes restés à discuter durant trois jours. Il voulait mon accord pour séparer le Darfour du Soudan, et pour l'arracher aux mains de l'armée. J'avais posé des questions sur le pourquoi, sur le but d'une telle manœuvre. Je n'ai jamais réussi à obtenir de réponses claires.Le tchadien Ousman Dillo est au Soudan. Depuis la mort de son frère, l'opposant Yaya Dillo. Il est accusé par le pouvoir tchadien de vouloir s'opposer à lui depuis le Darfour, votre réaction ?Ousman est avec nous. Il est de la même tribu et du même groupe social. Quand il est arrivé pour protéger les gens du Darfour, son frère était encore vivant. Il a annoncé sa volonté de nous rejoindre depuis le Tchad. Tous les cercles du pouvoir tchadien savaient qu'il allait au Darfour pour soutenir ses gens, compte tenu qu'il s'agit de la même communauté qui s'étend au Tchad comme au Darfour. Après l'assassinat de son frère, ils ont commencé à l'accuser d'être un opposant. Comment peut-il être un opposant ? Ils ont tué son frère et il est jusqu'à maintenant avec nous sans qu'il soit un opposant. Il est avec moi. Il fait partie de mes hommes. Il n'est pas de l'opposition tchadienne mais c'est l'un de ces volontaires venus protéger les habitants du Darfour. Il est à al-Facher. Il est arrivé au Soudan cinq mois avant la mort de son frère. Et cela est connu par le président Mahamat Kaka et par la sécurité tchadienne. D'ailleurs, Ousman n'est pas le seul, ils sont nombreux les tchadiens avec nous, certains rentrent puis reviennent. C'est comme ça…. Maintenant, parce qu'ils ont tué son frère et parce qu'ils ont peur qu'il se venge, ils disent qu'il est opposant. Jusqu'à maintenant il ne s'oppose pas au gouvernement mais à ceux qui ont tué son frère.Justement, on dit qu'Ousman Dillo est en train de préparer des forces au Soudan pour se venger de ceux qui ont tué son frère ?Ousman n'est pas seul. Il n'est pas seul à avoir ce ressentiment actuellement. Il y a beaucoup de gens qui sont déçus de l'attitude officielle tchadienne qui soutient les Janjawid et qui tuent leurs familles. Actuellement, il y a beaucoup d'enfants de réfugiés soudanais qui travaillent au Tchad. Ils sont en bon nombre dans l'armée tchadienne et au palais présidentiel. Ils ont aussi une position.Que voulez-vous dire par cela ?Il y a beaucoup d'enfants de réfugiés soudanais qui sont entrés au Tchad en 2003, qui sont dans l'armée tchadienne et dans la garde républicaine. Ils sont des officiers de l'armée tchadienne. Il y a plus de 20 tribus communes qui s'étendent au Tchad comme au Soudan. La géographie ne t'empêche pas d'avoir de la compassion pour tes frères. La position officielle en ce qui concerne le Soudan est refusée par un grand nombre d'officiers tchadiens.
La capitale économique du Congo veut relever un immense défi pour atteindre les villes et zones enclavées d'Afrique centrale qui représente un marché potentiel de 180 millions d'habitants. Il manque encore des infrastructures permettant l'acheminement des produits et matières premières. Pour attirer des investisseurs, il faut les séduire avec de gros marchés potentiels. C'est la principale difficulté du port de Pointe-Noire. Il manque encore de routes fiables pour rallier la sous-région. Pour les investisseurs, l'immense marché à atteindre, c'est la République démocratique du Congo. « Le plus grand marché d'attirance pour le port de Pointe-Noire, c'est Kinshasa qui est une ville gigantesque mais enclavée, explique Étienne Giros, président du Cian (Conseil français des investisseurs en Afrique) qui regroupe les principales entreprises françaises présentes en Afrique. Pour arriver jusqu'à Kinshasa, les marchandises arrivent à Pointe-Noire, elles sont transbordées sur des bateaux plus petits jusqu'à Matadi et ensuite elles prennent le chemin de fer. C'est une trop grande accumulation de transport et de ralentissement. »Le retour du pont-route-rail Brazza-KinshasaLes solutions que tous les investisseurs appellent de leur vœu : la construction du pont-route-rail entre Brazzaville et Kinshasa – serpent de mer depuis 40 ans – et l'amélioration du CFCO, le chemin de fer entre Pointe-Noire et Brazzaville. Jugé trop lent, et trop souvent interrompu. « Le pont route-rail est plus que jamais d'actualité, assure le directeur du port congolais, Séraphin Balhat. Une réunion des bailleurs de fonds était récemment prévue pour faire démarrer le projet qui est attendu par les deux pays et pour toute la sous-région d'Afrique centrale. La route entre Pointe-Noire et Brazzaville est en bon état. Quant au chemin de fer, moyennant quelques travaux de maintenance et de réhabilitation de points singuliers, il peut recevoir du trafic. »Un corridor jusqu'à NdjamenaL'objectif est de rétablir le corridor 13. Près de 3 300 kilomètres pour une liaison directe entre Brazzaville-Bangui et Ndjamena. « Ce corridor, c'est l'histoire ! Quand nous étions enfants à Pointe-Noire, se remémore Séraphin Bahlat. On voyait du coton qui faisait la route de Ndjamena jusqu'à Bangui. Il prenait le fleuve jusqu'à Brazzaville, puis le chemin de fer et arrivait à Pointe-Noire pour embarquer sur les navires qui amenaient ce coton en Europe et vers d'autres continents ». Des travaux sont également en cours près de Ouesso au nord du Congo. Un pont de 616 mètres reliera les deux rives de la Sangha. Désenclaver pour développer les échanges avec la Centrafrique et pour, encore une fois, élargir les marchés. À lire aussiCongo-Brazzaville: le port de Pointe-Noire se voit en porte océane d'Afrique centrale [1/2]
Au Tchad, les Transformateurs de l'opposant Succès Masra ne boycotteront pas les prochaines législatives du 29 décembre, mais à certaines conditions. C'est ce qu'ils ont décidé lors de la convention de leur parti, samedi dernier à Ndjamena. Selon les chiffres officiels, Succès Masra est arrivé deuxième à la présidentielle du 6 mai dernier, loin derrière le président Mahamat Idriss Déby. Mais l'ancien Premier ministre continue de crier à la fraude et veut croire que les législatives à venir pourront être plus transparentes. Il s'en explique au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Lors de votre convention de samedi dernier, vous avez posé beaucoup de conditions à votre éventuelle participation aux législatives, quelle est pour vous la condition principale ? Succès Masra : Je dirais une condition duale, il faut différer les élections à 2025. Même la nature nous l'y oblige d'une certaine manière, parce que plus de 20 régions sur 23 sont sous l'eau [NDLR suite aux inondations]. Et puis, il faut dialoguer pour tirer les leçons de la présidentielle et améliorer ce qui doit être amélioré, afin de redonner confiance aux institutions chargées de ces élections.Alors, à la présidentielle du 6 mai dernier, quelle est, selon vous, l'institution qui a le plus failli et où les réformes sont les plus nécessaires ? Je pense qu'il y a un chapelet de responsabilités. Il y a d'abord l'Agence de gestion des élections, l'ANGE, qui a violé les lois. Ce qui est très grave, c'est quand les lois ont des dispositions et qu'elles sont violées. Ensuite, l'armée. Dans une partie de l'armée, il y a une attitude qui n'est pas républicaine, que les Tchadiens ont bien identifiée à travers les tirs de joie qui ont tué des dizaines de Tchadiens. L'ANGE a refusé aux citoyens d'assister par exemple au dépouillement. C'est prévu par la loi. Elle a refusé de remettre les fichiers des résultats, c'est prévu dans la loi. Elle a refusé de remettre les procès-verbaux. Moi, j'étais à la fois candidat et Premier ministre, j'avais droit donc au fichier des procès-verbaux de 26 900 bureaux de vote. À l'heure où je vous parle, je ne les ai jamais reçus. Donc, c'est autant de choses qui ont semé un doute dans le processus, et qui font qu'il faut changer ces choses-là, dans une sorte, un peu, de dialogue bipartisan, parce qu'il y a deux grandes forces politiques qui se dégagent dans le pays. Ceux qui sont là en face de nous, et puis nous-mêmes, avec la coalition Justice et Égalité autour de nous.Est-ce à dire que vous souhaitez rencontrer à nouveau le président de la République, dont vous avez été le Premier ministre au début de cette année ? Le consensus bipartisan, c'est pour amener le changement voulu par les Tchadiens. Nous voulons en quelque sorte transformer un mandat, contesté dans les faits, en un mandat utile aux Tchadiens. Et aujourd'hui, les deux forces principales politiques au Tchad ont l'obligation, dans une sorte un peu de responsabilité collective, doublée par les inondations qui amènent encore des souffrances additionnelles, de s'asseoir à la table et de s'entendre. Donc, les Transformateurs ne veulent pas boycotter les élections, mais ne souhaitent pas être un instrument de valorisation d'un processus électoral dont les résultats seraient déjà connus d'avance. Parce que c'est à ça qu'on va aboutir s'il n'y a pas de changement en amont. Et si cela devait être le cas, la Convention a décidé que les Transformateurs ne puissent pas participer à un jeu démocratique dont les résultats seraient biaisés à l'avance et qui installerait un apartheid. Et donc, je crois que tout le monde a intérêt à ce qu'on puisse s'asseoir et, ensuite, on dialogue pour améliorer ce qui doit être amélioré au niveau organisationnel, et même au niveau de la mise à jour du fichier électoral, ce qui permettra que les gens regagnent confiance dans le processus électoral, et que ça apaise le pays.Donc vous n'excluez pas une rencontre avec le chef de l'État ? Non seulement, je n'exclus pas une rencontre, parce que toutes les propositions que j'ai mises sur la table, elles lui ont été transmises, de manière à ce qu'il les lise, et qu'il puisse décider de l'attitude à avoir. Parce que, dès le premier jour, nous avons exprimé le fait que le pays veut le changement. Et ce changement n'est pas au rendez-vous. Et donc, en tant qu'acteurs politiques majeurs, lui et moi, nous avons le devoir de nous asseoir et de proposer des choses qui vont permettre que le changement devienne une réalité dans la vie des Tchadiens.Alors vous dites que vous êtes la principale force d'opposition. Mais, selon les chiffres officiels de la présidentielle, l'opposant Albert Pahimi Padacké a fait quasiment jeu égal avec vous. Un consensus bipartisan entre le pouvoir et votre parti, les Transformateurs, ça va exclure, de fait, le parti RNDT d'Albert Pahimi Padacké, l'UNDR de Saleh Kebzabo et bien d'autres grands partis tchadiens. Est-ce que vous ne craignez pas de vous mettre à dos ces forces politiques tchadiennes et leurs leaders ? Écoutez, il ne s'agit pas d'exclure qui que ce soit. Moi, je ne veux pas parler des résultats de ces élections. Chacun connaît le vrai poids politique des uns et des autres. Je parle de deux grands camps qui se sont dégagés et autour d'eux, de manière élargie, de tous les autres acteurs. Parce que la coalition Tchad Uni intègre le président Saleh Kebzabo que vous évoquez.La coalition au pouvoir.Absolument, et nous-mêmes, nous avons une coalition Justice et Égalité qui n'est pas restrictive.Oui, mais, Succès Masra, en excluant d'office le RNDT le Réveil d'Albert Pahimi Padacké de votre dialogue bipartisan, est-ce que vous n'allez pas renforcer un peu plus les divisions au sein de l'opposition ? Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, personne n'est exclu. Que les Transformateurs soient le principal acteur politique en face de la coalition Tchad Uni, cela n'empêche pas que les Transformateurs, la coalition Justice et Égalité et les autres puissent porter les mêmes revendications. L'important, c'est que ces revendications soient prises en compte.À lire aussi Tchad : le parti les Transformateurs demande un report des élections locales
Au Tchad, face au développement anarchique de Ndjamena, le gouvernement a mis en place une commission chargée de réfléchir à la création d'une nouvelle ville pour désengorger la capitale avec un véritable plan d'urbanisation. Ce projet vous semble-t-il prioritaire ? Qui financera cette nouvelle métropole ? Nous lançons le débat.
Au Tchad, les autorités démentent catégoriquement le rapport de Human Rights Watch, qui affirme qu'au moins onze Tchadiens sont morts de soif lors de leur transfert de Ndjamena à la prison de Koro Toro, juste après les manifestations du 20 octobre 2022. Avant-hier, vous avez pu entendre Lewis Mudge, de l'ONG Human Rights Watch. Voici ce matin la réponse du Tchad, par la voix d'Abderaman Koulamallah, qui est ministre d'État, ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement. Au micro de Christophe Boisbouvier, il annonce une contre-enquête et n'exclut pas de poursuivre l'ONG en justice. À lire aussiTchad: «lorsque les prisonniers de Koro Toro ont réclamé de l'eau, les gardiens ont ri»
Selon Human Rights Watch, les centaines d'opposants tchadiens transférés de Ndjamena au bagne de Koro Toro, après les manifestations du 20 octobre 2022, ont vécu « pire que l'enfer », certains subissant trois jours dans le désert sans boire. Dans un rapport publié mardi 6 août matin, l'ONG de défense des droits de l'homme dévoile l'identité de 11 Tchadiens, qui sont morts pendant le trajet ou juste après leur arrivée au bagne, qui est situé à 600 kilomètres de la capitale tchadienne. Lewis Mudge est le directeur de Human Rights Watch pour l'Afrique centrale. En ligne de Ndjamena, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Vous avez pu identifier au moins quatre Tchadiens qui sont morts en octobre 2022 sur les 600 kilomètres de routes désertiques entre Ndjamena et le bagne de Koro Toro, de quoi sont-ils morts ?Lewis Mudge : selon les témoignages, ils ont passé trois jours en camion, serrés comme des sardines avec les autres détenus et ils n'avaient rien à boire. Donc, imaginez-vous avec le soleil fort comme nous avons ici au Tchad, ce n'est pas étonnant qu'il y ait certaines personnes qui soient mortes.Certains ont été obligés de boire leur urine ou l'urine de leurs voisins, c'est cela ? Vraiment, ça fait 14 ans que je suis ici chez Human Rights Watch. J'ai vécu pas mal de choses. C'est la première fois de ma vie où j'ai récolté les témoignages de gens qui étaient obligés de boire leur propre urine, ou bien les urines de leurs amis. Et nous avons parlé avec plusieurs dizaines de détenus qui ont confirmé qu'ils ont été obligés de boire dans cette façon inhumaine.Quand les prisonniers réclamaient de l'eau à leurs gardiens, qu'est-ce que ceux-ci leur répondaient ?Pendant le voyage, lorsque les prisonniers ont réclamé de l'eau, les gardiens, ils ont rigolé. Ils ont dit tout simplement que l'eau n'est pas pour eux. Cette question de soif, c'est vraiment difficile pour moi à décrire, parce que chaque détenu avec qui j'ai parlé, tous les 72, ils ont parlé de la soif. Ils ont dit, « on était presque morts » à cause de la soif.Blaise Djikossi, Vincent Bakouboup, Ngaba Djmadoum, Maxime Rimtebaye, voilà quatre hommes que vous avez donc pu identifier et qui sont littéralement morts de soif et d'épuisement sur la route de Koro Toro. Et vous avez aussi retrouvé la trace d'une jeune fille de 13 ans qui était également sur ces camions de la mort et qui n'aurait pas survécu ? Malheureusement, on n'était pas capable d'établir tous les faits selon notre méthodologie à Human Rights Watch. Mais moi-même, j'ai parlé avec plusieurs anciens détenus qui ont confirmé qu'il y a aussi cette jeune fille de 12-13 ans qui est aussi morte à cause de la soif et son corps a été jeté du camion aussi.Et donc toutes les dépouilles de ces malheureux et de cette malheureuse sont aujourd'hui introuvables, leurs familles ne peuvent pas récupérer leur dépouille ?Leur famille ne peut pas les récupérer. Encore pire : jusqu'à aujourd'hui, l'État tchadien n'a même pas confirmé qu'il y a ces cas de morts sur le transit jusqu'à Koro Toro.Magloire Mbaiadjim, Joachin Weiyenbal, Hubert Mbaindiguem, Elias Rebessengar, Medard Rimbar, Toralbaye Mayadjim et Moutengar Igneigor, voilà les sept autres prisonniers que vous avez pu identifier et qui, eux, sont morts à leur arrivée au bagne de Koro Toro. De quoi sont-ils morts ?La plupart sont morts seulement quelques jours après leur arrivée à Koro Toro et on peut dire qu'ils sont morts suite à leur transfert jusqu'à Koro Toro. Ça vous donne une image de ce voyage terrible jusqu'à Koro Toro.Vous avez donc identifié formellement 11 Tchadiens qui sont morts sur la route ou à l'intérieur du bagne, mais pensez-vous qu'il y a eu d'autres morts ?C'est une question très importante et je veux être clair. Nous avons confirmé 11 Tchadiens qui sont morts suite au voyage ou bien à Koro Toro, selon la méthodologie de Human Rights Watch. Je suis à 100 % sûr que ce chiffre de 11, c'est à la base le minimum. Mais cela dépasse les 11, j'en suis sûr, parce que j'ai parlé avec beaucoup de monde qui a parlé de beaucoup d'autres cas. Donc maintenant, c'est vraiment à l'État tchadien d'établir qui est responsable.Et ce malgré la loi d'amnistie votée par le Parlement de transition en décembre dernier ?Écoutez, la loi d'amnistie, ça couvre les évènements du 20 octobre 2022 et le rapport que Human Rights Watch vient de publier aujourd'hui, c'est à la suite des événements du 20 octobre 2022. Donc selon nous, à Human Rights Watch, on est en train de parler d'autre chose, on parle du 23 octobre 2022. Et cela concerne tous ces mauvais traitements sur la route de Koro Toro et à Koro Toro même. Pour nous, ce n'est pas couvert par la loi d'amnistie.
C'est Mediapart qui avait levé le lièvre en décembre dernier. Le site d'information révélait alors ce qu'il nommait « les folles emplettes du président du Tchad à Paris » : lors de deux séjours dans la capitale française, en décembre 2021 et en mai 2023, Mahamat Idriss Déby Itno aurait « déboursé, selon Mediapart, près d'un million d'euros pour acheter des costumes chez un célèbre tailleur de la place de Paris. Pour atteindre cette somme astronomique (915.070 euros, très exactement), le chef d'État s'est offert des vêtements sur mesure par dizaines, précisait encore le site : 57 costumes d'une valeur unitaire allant de 9.000 à 13.000 euros, 100 chemises à 800 euros, huit abacosts à 8.000 euros, neuf sahariennes à 7.500 euros... une liste interminable à donner le tournis. Qui plus est quand l'on sait que le Tchad est l'un des pays les plus pauvres au monde. En 2023, 35 % de sa population vivait dans une situation d'“extrême pauvreté“ (avec moins de 2,15 dollars par jour), selon la Banque mondiale. »On l'a appris avant-hier, pointe Le Monde Afrique : « une enquête préliminaire a été ouverte à Paris par le PNF, le Parquet national financier, en janvier dernier pour détournement de fonds publics et recel. » Une enquête qui « pourrait être élargie au patrimoine immobilier que détient la famille Déby et son entourage en France, selon l'hebdomadaire économique Challenges. (…) Après Teodoro Obiang Nguema en Guinée équatoriale, les Bongo au Gabon et les Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville, pointe le journal, c'est (donc) désormais le président du Tchad, Mahamat Idriss Déby, qui est visé par une enquête ouverte à Paris sur des soupçons de biens mal acquis en France. »Une « manipulation politique » ?« À Ndjamena, on n'est pas du tout inquiété par cette affaire », relève pour sa part le site Afrik.com. « “Nous espérons que cette enquête établira la vérité et dissipera l'intention de nuire à la réputation du président de la République du Tchad, l'homme neuf de valeurs qui a dirigé une transition politiquement et historiquement réussie“, confie un conseiller à la communication du dirigeant tchadien. Dans son livre De Bédouin à Président, publié en mars dernier, Mahamat Idriss Déby était déjà personnellement revenu sur cette affaire qui, pour lui, n'est qu'“un symbole de la manipulation en politique“. Dénonçant un “tapage médiatique absurde“, le Président tchadien a insisté sur sa préférence prononcée pour les habits traditionnels de son pays au détriment des costumes dont il n'a jamais été un “adepte“. »Il est vrai que sur les photos officielles, telles qu'on peut les voir par exemple sur le site TchadVision, le président tchadien apparait quasiment toujours revêtu d'un boubou blanc.Quid des relations entre Paris et N'Djamena ?En tout cas, cette « affaire mettra-t-elle à mal les relations déjà fragiles avec Paris ? », s'interroge Jeune Afrique. « Les Français surveillent en effet la montée en puissance d'acteurs russophiles au sein de l'exécutif tchadien, dans un contexte de perte d'influence au Sahel. Plusieurs actions étaient (récemment) en cours pour convaincre Mahamat Idriss Déby Itno de ne pas céder aux sirènes de Moscou. L'envoyé spécial du président Emmanuel Macron pour le Sahel, Jean-Marie Bockel, avait prévu de se rendre de nouveau au Tchad, tandis que le Quai d'Orsay travaillait à une visite d'une délégation du patronat français à N'Djamena, repoussée depuis plusieurs mois. Une visite de Mahamat Idriss Déby Itno en France était également évoquée. »Alors, s'interroge encore Jeune Afrique, cette « affaire des costumes viendra-t-elle mettre un frein – ou un terme – à ces efforts, déjà mis à mal par l'incertitude politique en France, née de la dissolution de l'Assemblée nationale et d'une possible prise par l'extrême droite du poste de Premier ministre ? Au sein du palais présidentiel et de l'entourage de Mahamat Idriss Déby Itno, plusieurs conseillers de premier plan, habituellement favorables à un éloignement d'avec Paris, s'en sont déjà saisis. »« Quel impact sur les relations entre Paris et N'Djamena ? », s'interroge en écho Le Pays à Ouagadougou. « Le timing de la médiatisation de l'affaire qui intervient quelques semaines après la visite du ministre russe des Affaires étrangères au Tchad, ne manque pas d'interroger sur le pourquoi du maintenant, alors que l'enquête a été lancée depuis le mois de janvier dernier. (…) On peut (donc) se demander si cette affaire n'a pas des relents politiques dans un contexte où la France cherche à contrer l'influence grandissante de la Russie en Afrique. »
Les journalistes et experts de RFI répondent également aux questions des auditeurs sur la fermeture de médias privés en Guinée, des migrants abandonnés dans le désert et sur la reconnaissance de la Palestine comme État. Tchad : le profil du nouveau Premier ministreTout juste investi, le président Mahamat Déby Itno a nommé à la Primature Allamaye Halina, peu connu du grand public. Pourquoi avoir choisi cet homme ? Quelle va être la priorité du nouveau Premier ministre ? Avec Carol Valade, correspondant de RFI à Ndjamena.Guinée : six radios et télévisions privées réduites au silencePlusieurs chaînes de radio et de télévision privées, parmi les plus populaires du pays, comme Espace TV, ont été interdites de diffusion par la junte au pouvoir. Quelles sont les raisons invoquées pour expliquer ces fermetures ? De quels recours ces médias disposent-ils ? Avec Matthias Raynal, correspondant de RFI à Conakry.Maghreb : des milliers de migrants abandonnés en plein désert Selon une enquête du journal Le Monde, et du média à but non lucratif Lighthouse Reports, des dizaines de milliers de migrants en route vers l'Europe ont été arrêtés dans plusieurs pays du Maghreb avant d'être abandonnés dans le désert. Comment les journalistes ont-ils documenté ces arrestations ? Que deviennent ces personnes une fois lâchées dans ces zones désertiques aux frontières de la Tunisie, Mauritanie et Maroc ? Avec Tomas Statius, journaliste pour le média à but non lucratif Lighthouse Reports, co-auteur de l'enquête signée avec le journal Le Monde, Comment l'argent de l'UE permet aux pays du Maghreb d'expulser des migrants en plein désert. UE : vers la reconnaissance d'un État palestinien ? L'Espagne, l'Irlande et la Norvège vont reconnaître officiellement la Palestine comme un État. Quelles raisons ces pays invoquent-ils ? D'autres membres de l'UE pourraient-ils prendre la même décision ? Avec Alain Dieckhoff, directeur de recherche au CNRS, auteur de Israël-Palestine, une guerre sans fin ? publié en 2022 aux éditions Armand Colin.
Au Tchad, le président de transition Mahamat Idriss Déby est élu dès le premier tour, selon les résultats provisoires annoncés hier soir par la Commission électorale. Avec 61 % des voix, il arrive loin devant le Premier ministre Succès Masra, crédité de 18 %, et l'ancien Premier ministre Pahimi Padacké, qui frôle les 17 %. Que penser de ces résultats ? Et que prévoir après l'annonce par le Premier ministre qui affirme que c'est lui qui a gagné ? Thierry Vircoulon est chercheur associé à l'IFRI, l'Institut français des relations internationales. Il livre son analyse au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Êtes-vous surpris par l'annonce de la victoire du président de la transition dès le premier tour ? Thierry Vircoulon : Oui, on est surtout surpris que l'agence électorale Ange ait pu compiler les résultats des 26 000 bureaux de vote aussi vite, puisque elle-même disait qu'il lui faudrait quand même un certain nombre de jours pour faire cette tâche et qu'elle avait jusqu'au 21 mai pour l'accomplir. Donc 26 000 bureaux de vote compilés avec les résultats analysés et compilés aussi vite, c'est très très surprenant.Et pourquoi cette accélération, peut-être pour ne pas laisser enfler la polémique ?Oui, je crois que la raison, c'était de prendre de vitesse Succès Masra, d'éviter qu'il y ait en effet des annonces prématurées sur les résultats électoraux et que ça fasse monter en fait la température à Ndjamena et dans les grandes villes du pays. Et je pense que, en effet, cette soudaine accélération du travail de compilation de l'Agence électorale avait quand même des intentions politiques assez claires.À quel autre scrutin vous fait penser cette élection ?Cela fait penser au scrutin de 1996, qui était aussi l'élection de sortie de la première transition et qui a été remportée par le président Idriss Déby. Mais à ce moment-là, cette élection a été remportée au deuxième tour et pas au premier tour, et donc là, on voit quand même la différence. Mais c'est la deuxième transition tchadienne qui se termine avec une victoire électorale d'un membre de la famille Déby.L'autre fait marquant de la soirée d'hier, c'est que le Premier ministre Succès Masra, trois heures avant l'annonce des résultats officiels, a annoncé que c'est lui qui avait gagné et a appelé les Tchadiens à se mobiliser pour ne pas se laisser voler leur victoire. Qu'est-ce que cela vous inspire ?Ça fait penser que les jours qui viennent vont être extrêmement tendus puisqu'on a une situation assez classique, si je puis dire, dans les élections africaines, où la commission électorale proclame un vainqueur et puis son challenger conteste les résultats et dit que c'est lui le vainqueur. Ce qui est clair, c'est que, dès hier après-midi, l'armée tchadienne a été déployée à Ndjamena. Et donc les jours qui viennent vont être très militarisés parce que le pouvoir s'attend à une épreuve de force avec les partisans de Succès Masra, puisqu'il a appelé dans son message à ne pas se laisser voler la victoire. Et donc il y a un risque d'épreuve de force dans la rue.Depuis un mois, beaucoup de Tchadiens disaient que le duel entre le président Mahamat Idriss Déby et le Premier ministre Succès Masra était une mascarade et que les deux hommes avaient conclu, en fait, un accord secret. Est-ce que le scénario d'hier soir ne dément pas cette thèse de la collusion ?Il y a eu un accord, mais c'était un accord pour le retour de Succès Masra et le fait qu'il puisse être candidat aux élections... Est-ce qu'il y avait un accord sur l'après élection ? Là, en effet, on peut en douter, parce qu'on a vu que, ces dernières semaines, Succès Masra est vraiment entré dans le jeu électoral et a mené une vraie campagne électorale qui a provoqué un vrai engouement populaire autour de sa candidature. Et donc, s'il y a eu un accord, il est clair qu'aujourd'hui il ne tient plus. Mais peut-être n'y en a-t-il pas eu. Mais en tout cas, il s'est posé vraiment comme le challenger du président et maintenant il réclame la victoire, contrairement à ce que vient de dire l'Agence électorale.Et du coup, est-ce que la cohabitation entre le président et le Premier ministre peut tenir longtemps ?Non, il est évident qu'avec le discours qu'il vient de faire avant la proclamation des résultats, ce n'est plus possible. Mais il faut quand même rester prudent. Il peut toujours y avoir des arrangements de dernière minute, notamment peut-être pour éviter la confrontation dans la rue dont je parlais tout à l'heure.Selon les résultats provisoires annoncés hier, le Premier ministre Succès Masra est talonné par une autre personnalité du sud du pays, l'ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké. Quel est votre commentaire ?Le problème de cette élection, comme d'ailleurs trop souvent dans les élections africaines maintenant, c'est qu'il n'y a plus d'observateurs. Il n'y a pas d'observateurs internationaux véritablement. Et même pas les observateurs nationaux qui avaient été formés, leurs accréditations ayant été refusées par l'agence électorale. Donc maintenant on se retrouve avec des élections où personne n'est capable de contre vérifier les résultats annoncés par la commission électorale. Par conséquent, on peut dire 16%, 15%, 20%, on a un peu l'impression que, de toute façon, les chiffres n'importent plus puisqu'on ne peut pas connaître leur vérité. Et on ne peut pas connaître leur vérité parce que les organisateurs électoraux ont vraiment tout fait pour qu'il n'y ait pas d'observation impartiale possible.
Les choses n'ont pas traîné : une semaine après les élections législatives, le Togo a changé de régime politique. En effet, précise le site Togo Breaking News, « Faure Gnassingbé a promulgué la nouvelle Constitution du Togo. Le texte voté en deuxième lecture le 19 avril dernier fait basculer le Togo dans une Ve République avec un régime parlementaire. Cette promulgation a été faite par le président sortant conformément aux dispositions de l'article 67 de l'ancienne constitution qui prévoit que le président de la République promulgue les lois 15 jours après leur transmission par le bureau de l'Assemblée nationale ».Désormais, poursuit Togo Breaking News, « l'essentiel des pouvoirs de l'exécutif reviendra à un Président du Conseil des ministres. Ce dernier commandera l'armée et représentera le Togo à l'étranger. Il sera simplement le chef du parti politique qui détient la majorité des députés à l'Assemblée nationale. Et il sera nommé pour un mandat de six ans renouvelable autant de fois que son parti détiendra la majorité à l'hémicycle ».Six ans de plusLe parti présidentiel Unir ayant obtenu une écrasante majorité des voix, Faure Gnassingbé, aux affaires depuis 2005, devrait donc rester au pouvoir pour six ans minimum.Togo Breaking News note encore qu'une grande partie de « l'opposition togolaise et de la société civile est restée vent debout contre la réforme, dénonçant un coup d'État constitutionnel. Pas plus tard qu'avant-hier, le Front citoyen Togo Debout, dirigé par le Professeur David Dosseh a tenu un meeting à Lomé pour contester la nouvelle constitution. Plusieurs leaders de l'opposition ont pris part à cette manifestation, l'une des rares autorisées ces dernières années par le gouvernement ».Des fraudes ?L'opposition togolaise dénonce également des fraudes lors des législatives… C'est ce que pointe Le Monde Afrique. Ainsi, « Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais regrette que "les organisations internationales [aient] validé les élections frauduleuses" de lundi, déplorant qu'elles aient déployé "moins de soixante-dix observateurs" dans tout le pays. La Dynamique pour la majorité du peuple (regroupement de partis politiques de l'opposition et d'organisations de la société civile) affirme avoir constaté tout au long de la journée électorale "un nombre abusif de votes dans plusieurs centres", des "retards dans le démarrage du vote" et des listes électorales "pas affichées" ».Une nouvelle donne politique ?Alors, désormais, un nouveau jeu politique doit s'installer. C'est du moins ce que veut croire WakatSéra au Burkina. « L'opposition qui dénonce la longévité d'un homme ou d'une famille à la tête du Togo », devra se montrer « plus cohérente dans l'acte et la parole, en opérant des changements » avec du « sang neuf. (…) Le parti au pouvoir, lui, aura le devoir d'entretenir la vitalité démocratique, qui passe par l'existence de partis politiques crédibles. »Justement,Le Pays, toujours au Burkina, s'interroge : « Maintenant qu'il est parvenu à ses fins, que fera Faure de sa victoire ? Va-t-il ouvrir le jeu politique ? Ou bien va-t-il verrouiller davantage le système électoral ? De toute évidence, s'il veut disposer d'un mandat plus apaisé, il gagnerait à favoriser l'ouverture afin de permettre à l'opposition d'exister. »Le changement dans la continuité également au Tchad ?À la Une également, les élections au Tchad. Premier tour de la présidentielle hier lundi. Dix candidats étaient en lice, dont Mahamat Idriss Déby Itno et Succès Masra.« Le vote s'est globalement déroulé sans violences, malgré, déjà, des accusations de fraude », note Jeune Afrique qui nous propose un long reportage de son envoyé spécial à Ndjamena.La journée de vote s'est déroulée sous un soleil écrasant avec des températures avoisinant les 40 degrés. D'où une affluence plus importante en fin d'après-midi. « Alors que la journée de vote touche à sa fin, relate Jeune Afrique, la participation reste difficile à évaluer, mais les files s'allongent une nouvelle fois devant les bureaux de la capitale. Un électeur n'a “pas pu venir avant“, tandis qu'un autre a préféré éviter la chaleur de la journée et en profitera pour suivre le dépouillement. »Désormais, note encore l'envoyé spécial du site panafricain, « l'heure est à la compilation et au calcul. Les résultats officiels de l'Ange (la commission électorale tchadienne) devraient être connus dans deux semaines au maximum. Une éternité pour certains ». Et si second tour il y a, il aura lieu le 22 juin.
Le 6 mai prochain, les Tchadiens vont élire leur président pour cinq ans. Après les interviews sur RFI et France 24 du président-candidat Mahamat Idriss Déby et du Premier ministre-candidat Succès Masra, voici celle de l'opposant Albert Pahimi Padacké, qui est arrivé officiellement deuxième à la présidentielle d'avril 2021 et qui dirige le parti RNDT Le Réveil. Sa stratégie ? Essayer de se distinguer du président et du Premier ministre, qui, à ses yeux, ont conclu « un arrangement » et ne se livrent qu'un « match amical ». Il a accordé cette interview à Ndjamena à nos envoyés spéciaux Christophe Boisbouvier, de RFI, et Marc Perelman, de France 24. RFI/France24 : C'est donc votre quatrième candidature. Les fois précédentes, vous avez crié à la fraude. Cette élection est organisée par le régime du nouveau président de Transition. Pensez-vous que, cette fois, le scrutin sera bel et bien transparent ?Albert Pahimi Padacké : Il serait trop tôt de dire que nous croyons à la transparence de cette élection. Malheureusement, nous avons eu le référendum [constitutionnel du 17 décembre 2023] qui a montré que nous ne sommes pas sur la voie de la transparence électorale, puisque le peuple a boycotté. Les résultats ont été en décalage avec les résultats des bureaux de vote. Là, nous allons à une présidentielle avec une nouvelle constitution, quelles que fussent les conditions de son adoption. Avec l'Ange – l'administration électorale mise en place par le pouvoir – nous constatons qu'il y a monopole d'un camp, d'un parti : celui du candidat-président de la Transition. Les autres partis, avec lesquels nous sommes aujourd'hui en compétition, sont exclus de toute l'administration électorale. Donc, nous ne pouvons pas gager sur la transparence de cette élection, dans laquelle nous sommes engagés. Et dans son organisation, nous en sommes exclus.Pour cette élection du 6 mai, beaucoup annoncent un duel entre le président-candidat Mahamat Idriss Déby et le Premier ministre-candidat Succès Marsa, parce qu'ils disposent tous les deux des facilités et des réseaux qui sont liés à leurs fonctions. Alors, Albert Pahimi Padacké, ne craignez-vous pas de ne jouer qu'un rôle de figurant ?Il y a deux choses. Ceux qui pensent que ce serait un duel, je leur dirais plutôt que c'est un match amical entre le président et son Premier ministre, parce qu'aucun Tchadien ne croit que le Premier ministre est véritablement candidat face au président. C'est inimaginable. Pourquoi ? Nous savons que ce système fait que, si vous exprimez une opinion contraire à ce que veut le pouvoir, vous êtes pourchassé, vos collaborateurs chassés de l'administration publique et c'est le cas du RNDT-Le Réveil. Lorsque nous avions décidé de boycotter un référendum mal organisé, nos camarades, nos militants ont été chassés de l'administration du territoire, même en pleine campagne. Personne ne peut croire qu'un Premier ministre soit candidat face au président en exercice et qu'il reste en poste, même dans les grandes démocraties, chez vous.C'est dans le cadre de la cohabitation que Mitterrand et Chirac ont pu aller en compétition ensemble [en France, en 1988]. Mais sur ce cas de figure, c'est parce que le Premier ministre n'était pas le choix du président, il était imposé par l'Assemblée nationale. Ici, il ne peut pas y avoir un duel entre les deux. C'est un arrangement, un match amical. Et la deuxième chose, c'est que nous, nous ne jouons pas les figurants dans cette élection. Nous connaissons l'état d'esprit de notre peuple : la population tchadienne a besoin de changement. Elle vit aujourd'hui une vie de misère. Pour la première fois depuis des décennies, le Tchad ne produit que 30 mégawatts d'électricité et on vient de finir un ramadan sans électricité. Le peuple tchadien en a marre et donc nous sommes en harmonie avec les attentes de notre peuple.À écouter aussiMahamat Idriss Déby, président tchadien: «Le Tchad n'est pas dans le principe d'un esclave qui veut changer de maître»Vous venez d'évoquer, donc, ce qui semble être les contours d'un accord secret entre le président de Transition et son Premier ministre. En êtes-vous sûr et pensez-vous que cet accord signifie qu'une fois l'élection passée, cet attelage va rester en place ?Je ne peux pas vous parler avec certitude. J'ai des appréhensions, les appréhensions qui sont celles du peuple tchadien. Appréhensions portant sur les dessous de l'accord de Kinshasa [accord signé le 31 octobre 2023 entre le gouvernement tchadien et le parti Les Transformateurs]. Nous savons très bien d'où les choses sont parties. Des jeunes ont été massacrés [le 20 octobre 2022] au nombre de 300, aux dires même du président des Transformateurs. Aujourd'hui, on revient, on ne parle plus de ces enfants tués. On est nommé Premier ministre et on est candidat – sans démissionner – et le président et le Premier ministre sont d'accord pour continuer. Les appréhensions sont sérieuses, les suspicions sont fortes. Il y a une entente entre le président et son Premier ministre. L'un est candidat, certainement pour garder son poste de président, l'autre est candidat pour garder son poste de Premier ministre. C'est un match amical.Venons-en aux questions régionales. Le régime soudanais a accusé devant les Nations unies le Tchad d'avoir pris fait et cause pour le général Hemetti – chef des Forces de soutien rapide (FSR) – en les armant. Même si Ndjamena a nié, pensez-vous que c'est une erreur d'avoir choisi un des camps dans cette guerre civile qui dure depuis maintenant un an ?Si le gouvernement tchadien a pris fait et cause pour un des belligérants au Soudan, je considère cela comme une erreur grave. Nous n'avons pas besoin de nous mêler de ce qui se passe au Soudan, sauf si nous avons la possibilité d'aider ces frères à se mettre ensemble et se réconcilier. Mais nous n'avons pas intérêt, en tant que peuple tchadien, de prendre parti dans un conflit interne au Soudan.Le gouvernement a-t-il pris parti ?Je n'ai pas la confirmation, je dis simplement que le Tchad n'a pas intérêt à prendre parti dans cette guerre.En janvier dernier, le président Mahamat Idriss Déby est allé voir son homologue russe Vladimir Poutine à Moscou et a dit que le Tchad était un « pays frère » de la Russie. Le pensez-vous tenté par un changement d'alliance militaire au profit de la Russie ? Et si vous étiez élu, envisageriez-vous la même option ?Si nous sommes élus, nous travaillerons avec nos partenaires traditionnels, sans renier la possibilité de nous ouvrir à d'autres partenaires, dans l'intérêt de notre peuple. Nous avons besoin de développer notre pays et, pour le développer, nous avons besoin des ressources extérieures. Dans ce cadre-là, je pense qu'il faut nouer des relations avec tous les pays. Mais ces relations doivent se développer dans l'intérêt de notre peuple. Et parmi les intérêts de notre peuple, il y a la démocratie. Nous avons besoin des pays qui vont nous aider, également, dans la construction démocratique de notre pays, pour éviter de retomber dans ce cycle infernal de guerre que nous avons connu.De façon très concrète, il y a environ 1 000 soldats français et trois bases militaires françaises sur le sol tchadien. Est-ce que ça veut dire moins de soldats et moins de bases, si vous êtes élu ? Cette question, telle que les politiques la posent, que ce soit en Afrique comme en France, je pense que c'est en décalage total avec la réalité. Pour nous, la question des rapports avec la France n'est pas une question de base militaire. Ce n'est pas le sujet. Le sujet est que, depuis 60 ans, les populations africaines sont en décalage d'intérêt avec leurs gouvernants, lesquels gouvernants sont vus par les populations comme étant soutenus par l'Élysée. Ce qu'il faut donc faire, c'est de ramener la coopération entre la France et l'Afrique dans l'intérêt des populations. Il faut que les politiques français cessent de miser sur des personnes, mais sur le peuple.Albert Pahimi Padacké, vous avez bien connu Mahamat Idriss Déby à son arrivée au pouvoir il y a trois ans, puisque vous étiez son Premier ministre. À l'époque, il avait promis qu'il ne se présenterait pas et finalement, il a fait le contraire. Aujourd'hui, il promet la démocratie. Craignez-vous qu'il veuille mettre en place une nouvelle dynastie sur le continent ?Je ne sais pas. D'abord, je ne suis pas de ceux qui pensent, honnêtement, que c'est parce qu'il serait le fils du Maréchal [Idriss Déby Itno], qu'il porte le patronyme Déby qu'il ne devrait pas être candidat. Je ne raisonne pas comme ça. Pour moi, il peut être candidat, pourvu que les conditions d'élections soient les conditions les plus transparentes, mettant à égalité tous les candidats. Dans ces conditions, je me sens capable de le battre. Est-ce qu'il amènera la démocratie ? Je suis candidat, justement, pour restaurer la démocratie dans mon pays, parce que je considère aujourd'hui que le président-candidat Mahamat Idriss Déby est une menace pour la démocratie, au vu de la qualité du référendum que nous avons connu, au vu de l'organisation de l'actuelle présidentielle.C'est pour ça que j'annonce : un, dans mon programme, pour habituer le Tchad à la passation pacifique du pouvoir, je n'exercerai qu'un seul mandat pour organiser le retour au jeu démocratique réel. Deux, je remettrai en jeu la Constitution actuelle, qui est mal adoptée, et je soumettrai la question de la forme de l'État à un référendum, avec un projet sur la forme fédérale et un projet sur la forme unitaire, pour que le peuple puisse décider. Trois, je dissoudrai l'administration électorale actuelle – qui est inique, l'Ange – pour mettre en place une administration électorale équitable. Le Code électoral sera révisé totalement pour y remettre les conditions de transparence. En tout cas, toute l'architecture juridique et institutionnelle permettra d'organiser des élections transparentes, libres et inclusives dans notre pays et d'éviter le retour aux cycles de violences.À lire aussiTchad: le Premier ministre Succès Masra demande aux électeurs «cinq ans pour mettre fin à 60 ans d'obscurité»
Au Tchad, le président Mahamat Idriss Déby Itno et le Premier ministre Succès Masra sont tous deux candidats à la présidentielle du 6 mai. Après l'interview du chef de l'État, voici celle du Premier ministre, qui promet, s'il est élu, « un paquet minimum de dignité » intégrant éducation, santé et logement pour chaque Tchadien. Craint-il la fraude ? Que répond-il à ceux qui le considèrent comme un « traitre » ? Quel sort réservera-t-il, s'il est élu, aux bases militaires françaises ? Succès Masra répond aux questions de nos envoyés spéciaux à Ndjamena, Christophe Boisbouvier de RFI, et Marc Perelman de France 24. France 24 : Vous êtes candidat mais, depuis que vous êtes Premier ministre, on a quand même vu des développements inquiétants pour la population : la hausse du carburant de 40 %, on a vu des délestages, on a vu des grèves. Est-ce que tous ces mécontentements ne risquent pas de vous handicaper pour atteindre votre but, c'est-à-dire la présidence de la République ? Non, au contraire. Je suis arrivé à la tête du gouvernement, les enfants étaient en grève depuis trois mois. La première chose que nous avons faite, c'est de remettre les enfants à l'école, c'était le premier acte. Ensuite, nous arrivons à la tête du gouvernement dans un pays pratiquement en banqueroute, qui est dernier sur l'indice du développement humain et qui a des défis de développement cumulés depuis des décennies. Je suis arrivé à la tête du gouvernement, 90 % des Tchadiens n'ont jamais vu l'électricité depuis l'indépendance. Et donc, ce sont des citoyens matures et lucides, qui savent que je viens avec un projet de gouvernement, que tout le monde avait d'ailleurs approuvé. Leur seule inquiétude était de savoir si j'avais suffisamment de temps pour le mettre en œuvre. C'est l'occasion de demander le temps - cinq ans - aux Tchadiens, pour mettre fin à 60 ans d'obscurité. Ce n'est pas en 60 jours, et ça aussi, ils le savent. Mais nous avons besoin d'un peu de temps. C'est ça que nous allons leur demander et ils en sont conscients.RFI : Vous dites que vous veillerez à ce que la présidentielle du 6 mai soit transparente. Mais l'opposition dit que les organes qui vont arbitrer ce scrutin, à commencer par l'Agence nationale de gestion des élections (Ange) et le Conseil constitutionnel, sont contrôlés par la présidence qui en a nommé tous les membres. Est-ce que vous ne vous bercez pas d'illusions ?Non, au contraire. Dans les élections précédentes, un chef d'État pouvait nommer les membres d'un organe chargé des élections, puis les « virer » - si vous me permettez l'expression - à la veille de la proclamation des résultats. Aujourd'hui, nous avons des membres de ces organes qui sont nommés de manière inamovible, dont le mandat est plus long que celui du président de la Transition et donc, demain, celui du président de la République qui sera élu. Ces organes vont organiser deux élections [présidentielles, cette année et dans cinq ans, NDLR]. En réalité, nous avons des institutions meilleures que celles que nous avions jusqu'à présent. C'est valable pour ces organes, c'est valable pour la Constitution, qui nous donne aujourd'hui les droits et les devoirs qui nous permettent, là, d'être autour de la table. Donc, en réalité, nous sommes en meilleure condition aujourd'hui.Vous savez, en 2021, le président Idriss Déby Itno - paix à son âme - n'a pas osé m'affronter à une élection. Il a même introduit dans la Constitution une clause « anti-Masra » - c'est comme ça que les Tchadiens l'appellent - [instaurant un âge minimum] de 40 ans, parce qu'il ne voulait pas que je sois candidat, parce qu'il savait que je pouvais gagner et que j'avais beaucoup de chances de gagner. Aujourd'hui, je suis en meilleure condition de l'emporter, sans doute dès le premier tour. Et donc je ne me berce pas d'illusions. Je fais partie de ceux qui organisent pour que ça soit transparent pour tout le monde.France 24 : Pour beaucoup de Tchadiens, votre retour au pays, votre nomination comme Premier ministre, votre candidature maintenant, tout ça ferait partie d'un accord secret passé entre vous et le président de la Transition Mahamad Idriss Déby Itno. Les termes de l'accord seraient qu'il gagnerait l'élection présidentielle et qu'il vous reconduirait comme Premier ministre. Que répondez-vous à ceux qui pensent cela ?Vous savez, je suis là d'abord au nom de la réconciliation nationale. Ce n'est pas un mot, c'est une attitude, ce sont des actes.France 24 : Cela peut être un accord aussi.Mais je suis là aussi parce que je représente une force politique, que je considère même majoritaire dans ce pays, et donc nous sommes dans une cohabitation qui ne dit pas son nom. Voyez-vous, je suis là au nom d'une Constitution de la République dont je suis chef de gouvernement, qui me donne des droits et des devoirs, qui donne des droits et des devoirs aussi au président de Transition. C'est une première dans l'histoire de notre pays, peut-être même sur le continent africain. Un Premier ministre, mais nous sommes en transition, et un président de Transition peuvent présenter leur projet de société. Nos différences sont connues, tout comme nos complémentarités. Et nous allons devant le peuple parce que Vox populi, vox Dei (« la voix du peuple est la voix de Dieu » - NDLR).Vous savez, je connais le prix de la démocratie et je veux contribuer au difficile accouchement de la démocratie. Il m'a fallu quatre ans pour avoir le droit que le parti Les Transformateurs puisse exercer. Il m'a fallu cinq ans pour avoir le droit d'organiser des meetings. Vous avez vu par quoi nous sommes passés : le droit de marcher, ça s'est fait dans la douleur, même dans le sang, si vous le permettez. Donc, moi je suis là au nom de la démocratie. Je suis rentré dans l'avion de la transition pour m'assurer qu'il y ait un atterrissage à l'aéroport de la démocratie.Parce qu'à la fin de la transition, les Tchadiens vont choisir ceux qui vont - si vous me permettez l'expression - organiser le prochain décollage. Et je souhaite être le pilote principal de ce prochain décollage-là, pour conduire les Tchadiens à la destination « terre promise des opportunités pour chaque Tchadien, chaque Tchadienne ». Voilà l'enjeu. Donc, nous nous battons pour que la démocratie soit une règle dans ce pays. Et c'est au nom de cela que nous sommes là, en tout cas.France 24 : Vous n'avez pas répondu... Y'a-t-il eu un accord secret ? Vous êtes des grands journalistes. S'il y a un accord, présentez-le. Au début, on a dit que l'accord de Kinshasa [du 31 octobre 2023] n'était pas visible parce que ça comporterait des choses horribles. Lorsque l'accord de Kinshasa a été présenté, tous ceux qui avaient dit ça se sont rendu compte qu'en réalité, il n'y avait rien d'horrible. J'ai signé un accord qui garantit mes droits, mes devoirs, mes droits politiques, qui permet au Tchad de s'inscrire sur le chemin de la réconciliation nationale.Vous imaginez qu'on dise à Nelson Mandela, quand il serre la main à Frederik de Klerk, qu'il a abandonné sa lutte pour la justice et pour l'égalité ? Non, au contraire, il faut réconcilier. Et si l'on m'en donne l'onction, ceux qui gèrent aujourd'hui la transition à mes côtés auront leur place, y compris le président de Transition. Demain, moi président, il aura sa place à mes côtés pour m'aider, par exemple, à réformer l'armée de notre pays, qui en aura besoin. C'est un projet de société réconciliant, suffisamment grand, je pense, pour embarquer tout le monde, parce qu'il faut avancer avec l'ensemble des Tchadiens. Voilà l'esprit central de ce qui nous guide aujourd'hui.RFI : Alors, même s'il n'y a pas eu d'accord secret entre le président Mahamad Idriss Déby et vous-même, vous vous êtes « réconciliés » - comme vous dites - avec le chef d'État qui a présidé à la répression du 20 octobre 2022, qui a fait entre 73 et 300 morts, c'est considérable. Beaucoup de victimes étaient vos partisans, vos militants... Par conséquent, après la réconciliation, après l'amnistie générale et l'impunité pour les auteurs de cette répression, beaucoup de vos anciens amis, vous ont considéré comme traître. Ne craignez-vous pas, Monsieur le Premier ministre, que tous ces partisans déçus ne se tournent vers d'autres candidats à cette présidentielle, comme par exemple l'ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké ?Je crois dans la réconciliation, je crois dans la justice. La justice, ce n'est pas la vengeance. Êtes-vous en train de dire que j'ai fait beaucoup de concessions pour privilégier un Tchad réconcilié ? Oui, j'ai fait des concessions pour privilégier un Tchad réconcilié. Je vais donner un autre exemple, celui de mes amis qui sont arrivés au pouvoir au Sénégal. Au Sénégal, un pays qui a connu plusieurs alternances démocratiques, il y a eu des gens qui sont morts. Savez-vous ce qui a permis à Ousmane Sonko et à Bassirou Diomaye Faye de sortir ? Il y a eu une amnistie. Moi, je me suis préoccupé des vivants. Il y avait les morts dont la mémoire doit être honorée.Mais il y avait des jeunes de 25 ans, de 30 ans, qui étaient condamnés à vie et qui avaient une sorte d'épée de Damoclès sur leurs têtes. Pendant un an, ceux auxquels vous faites allusion, qu'ont-ils fait pour enlever ces fausses condamnations ? Moi, je me suis assuré que ces vivants-là, ces jeunes-là ne vivent pas la prison à vie. Et donc, ils ont eu leurs fausses condamnations, d'une certaine manière, enlevées. Est-ce que si c'était à refaire, je l'aurais refait ? Oui, je l'aurais refait. Parfois, c'est aussi ça être un homme d'État, voyez-vous ?RFI : Vous ne craignez pas de perdre des voix...Non, au contraire !... avec tous ceux qui estiment qu'ils sont trahis par vous ?J'en ai plutôt engrangé. La plupart de ceux qui disent ça ne peuvent même pas réunir cent personnes. Les Tchadiens savent que j'étais hors du pays avec un poste de responsabilité à la Banque africaine de développement. J'ai abandonné, je suis rentré. Je suis chef du gouvernement, mais je ne n'utilise pas le salaire de Premier ministre. Je donne ces exemples-là pour illustrer le fait que, dans le cœur de ce peuple, ils sont convaincus de mon engagement sincère pour faire en sorte que dans chaque foyer tchadien, il y ait un paquet minimum de dignité : électricité, éducation, santé, eau. Et puis un minimum de droits décents et de possibilités de sécurité. Ce sont des choses simples sur lesquelles les Tchadiens ont besoin de résultats. Pour les 22 000 villages où il y a 70 % de nos populations qui vivent, pour les milieux urbains où les 200 000 jeunes tchadiens qui rentrent sur le marché de l'emploi chaque année ont besoin d'emplois. Sur ces choses, nous avons un projet de société clair, co-construit avec ces Tchadiens et c'est ce projet-là qui est majoritaire.France 24 : Et d'après vous, le choix du peuple serait la victoire dès le premier tour ?Nous en sommes convaincus.Parlons de la France, des questions très concrètes. Si vous êtes élu, il y a plus de 1 000 soldats français stationnés au Tchad, il y a 3 bases militaires. Est-ce que vous dites « Continuons comme ça », sachant que dans d'autres pays du Sahel, l'armée française est partie ? Ou vous dites « Non, il faut revoir ça, nous n'avons pas besoin d'autant de soldats français, nous sommes en 2024 ». Est-ce que, de façon très concrète, vous réduisez la voilure ?Je voudrais aider la France elle-même à regagner sa dignité.France 24 : L'a-t-elle perdue ? Ça me fait de la peine que la France, les forces de défense et de sécurité françaises aient l'impression d'être devenue des SDF [sans domicile fixe - NDLR] sur le continent africain. On pourrait éviter à la France cette image, où on conseille à un chef des armées français : « Déménagez d'ici, allez dans ce pays, c'est sûr ». Et puis, deux mois plus tard, ce n'est plus sûr dans ce pays. Au minimum, cela veut dire que ce chef des armées français a été induit en erreur. Au pire, l'approche n'est pas la bonne.Je souhaite être à la tête d'un État du Tchad solide, partenaire sûr, avec lequel la France peut travailler. Et dans ce partenariat sûr que j'entends développer, il y a des choses qui relèvent des choses du siècle passé. Je crois que même l'approche française aujourd'hui est appelée à évoluer là-dessus. Est-ce que maintenir de manière durable ad vitam æternam des troupes étrangères sur un sol est quelque chose de défendable ? On peut être au même niveau d'efficacité, mais peut-être faire différemment : mutualiser les forces, avoir des écoles de guerre communes, partager les renseignements, avoir des approches de formation rapide, séquencées sur un temps court, mutualiser nos énergies. Cela, ce sont des pistes que nous n'avons pas suffisamment explorées.Donc, je ne suis pas un dogmatique, je vais être très pragmatique sur la question et, en regardant vraiment page par page l'ensemble de ces accords, nous sommes capables de dire quelle est la part de modernité qui manque à cela pour nous permettre d'avancer. Cela sera mon approche et cela va être au cas par cas. Avec la France, mais pas que : avec les autres partenaires aussi, de manière à ce que nous soyons capables de dépoussiérer les partenariats du XXe siècle des éléments qui ne les ont pas amenés à rentrer totalement dans le XXIe siècle.
Sa parole est rare. Pour la première fois depuis sa rencontre du 24 janvier dernier à Moscou avec son homologue russe Vladimir Poutine, le président de la transition tchadienne s'exprime, et c'est sur Radio France internationale et France 24. Veut-il chasser les militaires français de son pays et les remplacer par des militaires russes ? Veut-il fonder une dynastie au pouvoir ? Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier et de Marc Perelman. France 24 : L'élection présidentielle est prévue le 6 mai 2024, très bientôt. Pour beaucoup, cette élection est déjà jouée d'avance. Une certaine partie de l'opposition parle d'une mascarade, en affirmant que vous contrôlez tous les leviers : le Conseil constitutionnel, l'organe de supervision des élections ANGE. Est-ce que c'est une élection ou un simulacre d'élection qui va avoir lieu, ici, au Tchad ?Mahamat Idriss Déby : Je crois qu'on a fait un long chemin. Ce long chemin, on l'a fait avec l'ensemble de la classe politique et aussi une grande partie aussi des ex-politico-militaires [les ex-rebelles, NDLR]. Et toutes les institutions qui sont issues de la nouvelle Constitution sont des institutions indépendantes. Notamment l'institution qui est la plus importante, à laquelle vous faîtes référence, c'est l'Agence nationale de gestion des élections, ANGE. Pour la première fois dans l'histoire de notre pays, l'ANGE est créée par la loi fondamentale, donc, adoptée par le peuple tchadien. Et, aujourd'hui, l'ANGE est indépendante.Donc, je crois que ceux qui disent que c'est une mascarade ou bien que c'est une élection qui est déjà jouée d'avance, bon, je les comprends : c'est aussi ça, la politique, c'est de bonne guerre. Mais moi, je fais confiance à cette agence qui va jouer pleinement ce rôle de manière indépendante. Et vous allez voir que, le 6 mai prochain, les Tchadiens vont choisir, vont élire le président qui va diriger ce pays pendant les cinq prochaines années. Et le choix du peuple sera respecté.RFI : Le 28 février 2024, l'opposant Yaya Dillo a été tué dans un assaut de l'armée tchadienne contre le siège de son parti, à Ndjamena. « C'est une exécution à bout portant », affirme son parti. « Le corps de Yaya Dillo porte l'impact d'une seule balle dans la tempe », précise l'ONG Human Rights Watch. Que répondez-vous à ceux qui affirment que vous avez fait éliminer votre opposant le plus farouche ?Écoutez, je voudrais dire en quelques mots ce qu'il s'est passé. Monsieur Yaya Dillo et ses militants ont attaqué le siège des services de renseignement avec des armes de guerre. Est-ce qu'un parti politique a le droit des armes ? Est-ce que les militants d'un parti politique ont le droit d'avoir des armes ? C'est ça, la question. Donc, pendant cette attaque macabre, il y a eu des morts : des morts du côté des forces de défense et de sécurité, et aussi parmi les militants du PSF [Parti socialiste sans frontières, NDLR]. Donc, il était tout à fait normal pour un État que celui qui a conduit cette attaque doive être arrêté pour répondre de ce qu'il a fait, de ses actes. Et la police est intervenue pour l'arrêter. Il n'a pas voulu obtempérer. Au contraire, il a tiré sur les forces de l'ordre et les forces de l'ordre ont répliqué. Il y a eu des morts des deux côtés. Maintenant, l'affaire est entre les mains de la justice. Nous allons attendre la décision de la justice. Et nous avons dit très clairement que nous sommes aussi ouverts à une enquête indépendante, ce qui veut dire que nous n'avons rien à cacher sur cette histoire.RFI : Vous êtes ouvert à une enquête…Internationale.RFI : Dans combien de temps ?Dès le début, nous avons fait un communiqué pour expliquer à l'opinion nationale et internationale ce qu'il s'est passé. Et nous avons aussi demandé une enquête indépendante.France 24 : Cette campagne est un peu atypique parce que vous allez affronter plusieurs candidats, notamment votre Premier ministre, qui a longtemps été un farouche ennemi : Succès Masra. Est-ce qu'il y a un accord entre vous – beaucoup le pensent – pour que, par exemple si vous gagnez (comme beaucoup le pensent), vous le reconduisiez automatiquement comme Premier ministre ? Est-ce qu'il y a un deal avec Succès Masra ?Écoutez, dans la logique d'une transition apaisée, nous avons toujours tendu la main pendant ces trois ans de transition. Et Succès Masra est un Tchadien, chef de parti politique. Il a fait des erreurs et a reconnu ses erreurs. Il a voulu rentrer au Tchad. Donc, il est passé par des facilitateurs désignés [par la Communauté économique des États de l'Afrique centrale, NDLR], notamment le président de la RDC Félix Tshisekedi. Nous avons accepté la main tendue et nous avons signé un accord pour qu'il revienne au pays. Maintenant, il est candidat, je suis candidat. Il n'y a aucun accord entre nous.RFI : Au Soudan, pays voisin, cela fait un an que la guerre civile fait rage entre le camp du président Abdel Fattah al-Burhan et celui du général Hemedti. Ce 9 mars, aux Nations Unies, le représentant du président al-Burhan vous a accusé d'approvisionner en armes les troupes du général Hemedti – et je vois que ça vous fait sourire – de concert avec les Émirats arabes unis. Que répondez-vous à cette accusation ? Et, peut-être de façon plus globale, pourquoi ne condamnez-vous pas cette rébellion du général Hemedti qui s'appuie notamment sur les milices janjawids qui ont beaucoup fait souffrir les habitants du Darfour depuis 20 ans ?Ce qui me fait sourire, c'est que c'est archi-faux, ce que vous dîtes. Un peu d'histoire, revenons en arrière : je crois que le Tchad n'a jamais agressé le Soudan. Maintenant, par rapport à ce qu'il se passe au Soudan, dès les premières heures de la transition [à partir d'avril 2021, NDLR], nous avons tout fait pour éviter cette guerre. La preuve : nous avons invité le président al-Burhan, ici, à Ndjamena, et nous avons invité le vice-président Hemedti à Ndjamena, pour leur prodiguer des conseils, pour leur dire que la guerre n'est pas une solution. Maintenant, ce qui se passe au Soudan, c'est d'abord qui a créé les janjawids ? Qui est responsable des 300 000 morts [estimation du nombre de victimes civiles durant la guerre du Darfour, NDLR] ? C'est le régime soudanais qui les a créés. Qui a créé les FSR [Forces de soutien rapide, groupe paramilitaire soudanais dirigé par le général Hemedti, NDLR] ? C'est le régime soudanais qui a créé les FSR.Donc, le régime soudanais est en train de récolter en quelque sorte ce qu'il a semé. Ce qui se passe au Soudan, c'est une guerre soudano-soudanaise. Nous, ça ne nous regarde pas. Et malheureusement, jusqu'à présent, la guerre continue et je vais profiter de votre micro pour appeler les deux généraux à cesser immédiatement la guerre et privilégier le dialogue. Cette guerre, ceux qui en souffrent le plus, c'est d'abord le peuple soudanais. Ensuite, c'est le Tchad qui en souffre : depuis 2003, nous abritons sur notre sol plus de 600 000 réfugiés soudanais. Aujourd'hui, on compte plus de 2 millions de réfugiés. Donc, cela crée non seulement l'insécurité, des problèmes humanitaires et aussi des problèmes environnementaux. Donc, je crois que ce qui se passe au Soudan, c'est un problème soudano-soudanais et ça ne nous regarde pas du tout, ça ne regarde pas le Tchad.France 24 : Vous avez fait une visite très remarquée à Vladimir Poutine, fin-janvier 2024. Vous avez dit que la Russie est un « pays frère ». Est-ce que vous envisagez une coopération militaire avec Moscou du même type à celle que votre voisin, le Niger, vient d'engager ? Est-ce que Vladimir Poutine vous l'a proposé ?Nous avons eu des échanges très fructueux avec le président Poutine, dans le respect mutuel, et sur des sujets sur lesquels nous nous entendons. Sur des sujets qui nous concernent, entre deux États souverains.France 24 : Y compris sur la coopération sécuritaire ? Est-ce que c'est sur la table ?Il n'y a pas que la coopération militaire. Il y a d'autres coopérations. Pourquoi toujours parler de coopération militaire quand il s'agit de pays africains ? Il y a d'autres coopérations : il y a les coopérations économiques qui sont très importantes aujourd'hui pour nos pays. On a parlé de beaucoup de sujets : on a parlé de coopération militaire, de coopération économique, de coopération diplomatique. Il y a une panoplie de sujets sur lesquels, avec le président Poutine, nous avons discuté. Et je peux vous dire que je suis satisfait de cette visite.RFI : Est-ce que vous envisagez un changement d'alliance militaire ? Est-ce que vous envisagez de lâcher votre alliance avec la France pour nouer une alliance avec la Russie ? Ou est-ce que vous comptez conserver votre alliance militaire avec la France au vu de ce qu'a dit l'envoyé personnel du président français, Jean-Marie Bockel, à la sortie d'une audience que vous lui avez accordé il y a un mois (« Il faut rester au Tchad et, bien sûr, nous resterons ») ?Écoutez, le Tchad est un pays indépendant, libre et souverain. Nous ne sommes pas dans le principe d'un esclave qui veut changer de maître. Nous avons l'intention de travailler avec toutes les nations de monde, toutes les nations qui nous respectent et qui veulent travailler avec nous en se respectant mutuellement.RFI : Ce qui veut dire que, concrètement, le contingent français de plus de 1 000 hommes et les trois bases militaires françaises qui sont actuellement installées au Tchad vont être maintenues ? En ce qui concerne la France, comme vous l'avez dit tout à l'heure, Monsieur Bockel [l'envoyé personnel d'Emmanuel Macron pour l'Afrique, NDLR] a fait une visite au Tchad. Avec lui, nous avons eu des discussions sur le futur de nos coopérations. Nous avons eu des échanges, nous allons continuer nos échanges et ensemble, souverainement, nous allons décider de nos futures coopérations. Et ces coopérations ne doivent pas se limiter seulement à la défense. Il y a d'autres coopérations aussi, notamment la coopération économique. C'est la coopération économique qui nous tient le plus à cœur aujourd'hui, plus que la coopération de défense.France 24 : Il se pose une question à travers cette élection. Est-ce que vous vous engagez à vous présenter seulement pour un ou deux mandats ou est-ce que, comme craignent certains, une « dynastie Déby » est en train de s'installer ?[Rire] D'abord, il faut savoir que moi je suis un candidat et j'ai un programme qui est ambitieux, que je vais présenter au peuple tchadien. Maintenant, c'est au peuple tchadien de décider, même si je suis confiant. Je suis confiant dans mon programme par rapport à tous les actes que j'ai faits, par rapport au respect des engagements que j'ai pris pour la transition : notamment organiser le dialogue national inclusif, organiser le référendum constitutionnel. Les Tchadiens savent que je suis un homme d'action et un homme de parole.Si je suis élu, je vais faire mon mandat de cinq ans et à la fin de mon mandat, ce sera au peuple de me juger. Ce sera au peuple tchadien de me juger par rapport à ce que j'ai proposé. Quant à la dynastie à laquelle vous faites référence, notre Constitution est très claire. Un candidat ne peut pas faire plus de deux mandats successifs. Et je voudrais rassurer le peuple tchadien que je vais respecter et que tout le monde va respecter la Constitution qui a été adoptée et votée par le peuple tchadien.
Les journalistes et experts de RFI répondent également aux questions des auditeurs sur les candidats à l'élection présidentielle tchadienne et sur les joueurs français du Real Madrid privés de Jeux olympiques. Russie : le point sur l'attentat de Moscou 6 jours après Les autorités russes persistent à voir la main de l'Ukraine et de l'Occident derrière l'attentat contre le Crocus City Hall à Moscou malgré la revendication de l'Etat Islamique au Khorassan. Pourquoi l'organisation a-t-elle mené une telle attaque ? Quelles mesures les autorités ont-elles prises pour assurer la sécurité des Russes ? Avec Anissa El-Jabri, correspondante permanent de RFI à Moscou. Tchad : 10 candidats exclus de l'élection présidentielle Le Conseil constitutionnel a annoncé la liste définitive des candidats à l'élection présidentielle du 6 mai. Parmi les exclus, Djimet Clément Bagaou. Pourtant il avait déjà été candidat par le passé. Les conditions d'éligibilité ont-elles été modifiées ? De quels recours disposent les candidats écartés ? Avec Carol Valade, correspondant de RFI à Ndjamena. Real Madrid : les joueurs français privés de Jeux olympiques Le Real Madrid a informé qu'il ne souhaitait pas libérer ses joueurs français pour les Jeux Olympiques 2024. Pourquoi le club madrilène bloque-t-il les joueurs français alors qu'il libère les footballeurs espagnols ? Concernant Kylian Mbappé, pourra-t-il participer aux JO s'il n'a pas officiellement signé au Real ? Avec Baptiste Leduc, journaliste au service des sports de RFI.
Lors de l'élection présidentielle du 6 mai au Tchad, s'affronteront notamment le président de transition Mahamat Idriss Deby et l'ancien opposant et désormais Premier ministre Succès Masra. Le porte-parole de la plateforme de la société civile tchadienne Wakit Tama Soumaïne Adoum porte un regard sans concession sur le processus électoral et sur la présence militaire française dans son pays, après l'annonce du maintien des troupes françaises. Il est au micro de notre correspondant à Ndjamena, Carol Valade. Le scrutin du 6 mai est censé mettre un terme à la période de transition entamée en avril 2021 à la mort du président Idriss Deby et l'accession au pouvoir de son fils, Mahamat Idriss Deby porté par un groupe de généraux. Il intervient dans un contexte de tensions, marqué par la mort de l'opposant Yaya Dillo, tué lors d'un raid de l'armée au siège de son parti le 28 février dernier, mais aussi de crise sociale depuis la hausse brutale des prix du carburant.Ce contexte d'interrogation concerne également le plan diplomatique, après que l'envoyé spécial du président français pour l'Afrique, Jean-Marie Bockel, a déclaré à Ndjamena son « admiration » pour la transition en cours et le maintien des troupes françaises dans le pays.Soumaïne Adoum est le porte-parole de la plateforme de la société civile tchadienne Wakit Tama, il porte un regard sans concession sur le processus électoral et sur la présence militaire française dans son pays.RFI : Succès Masra, ancien opposant, aujourd'hui Premier ministre du Tchad, vient d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle. Quelles sont ses chances ? Soumaïne Adoum : Avant son accord de Kinshasa, Succès Masra s'est battu pour que les élections soient transparentes, crédibles, honnêtes, etc. Depuis qu'il est rentré, l'ensemble du processus pour mettre en place des élections crédibles ne le sont plus.L'Ange [Agence nationale de gestion des élections - NDLR] est dirigée par un membre du MPS [parti fondé par le défunt président Idriss Deby et qui a investi Mahamat Idriss Deby en tant que candidat - NDLR], le Conseil constitutionnel est dirigé par le porte-parole même du MPS. Alors que ces deux organes-là organisent les élections et le second arbitre les différends, quelle est l'assurance qu'il a déjà pour être candidat et, deuxièmement, pour croire qu'il peut gagner ?Avec un handicap supplémentaire du fait que, étant Premier ministre, c'est Succès Masra qui prend un peu tous les coups. On l'a vu avec l'augmentation des prix du carburant, c'est lui qui l'a annoncée.Et puis non seulement ça, maintenant, on annonce la gratuité de l'électricité, pour de l'électricité qui n'existe pas. C'est une moquerie et c'est une opération dans laquelle il gagne doublement : ils ne nous fournissent rien, ils rendent ça gratuit. Bon, pour ceux qui ne savent pas, ils applaudissent, ceux qui ont l'électricité à la maison, ils grognent. Mais oui, mais l'annonce a été faite que c'est gratuit, et ça compte pour la campagne.À vous entendre, le président de transition aurait un véritable boulevard devant lui ?Je ne vois pas qui va empêcher l'élection de monsieur « Kaka ». D'autant plus que la communauté internationale attend le résultat final pour dire « OK, c'est bon, l'important, c'est qu'on continue la coopération ». Et Jean-Marie Bockel qui dit qu'il est satisfait de la transition : je ne sais pas ce qu'il a appris de la transition, lui.Ces propos de Jean-Marie Bockel, qui ont été tenus donc à la présidence tchadienne, seulement quelques jours après la mort de Yaya Dillo, est-ce qu'ils vous ont choqués ?C'est plus que choquant. Déjà, la mort de Yaya Dillo est un choc. Qu'après, quelqu'un arrive et dise que la transition se passe bien, quand il y a à peine dix jours, on a assassiné un des opposants qui peut gêner pendant les élections, ça, quand même, c'est fort de café. Mais en plus Jean-Marie Bockel dit que...… que l'armée française reste présente, qu'elle doit rester au Tchad. Ça aussi, j'imagine que c'est quelque chose qui vous fait réagir ? Pour les Tchadiens, c'est une déclaration de guerre parce que cette affaire est claire : on a dit qu'on accepterait tout sauf la présence militaire. Ça fait 130 ans que l'armée française est présente sur ce territoire, ce n'est pas acceptable. Alors s'il arrive et que lui, il décrète que l'armée française doit rester, ce n'est pas l'opinion des Tchadiens. C'est l'opinion du président de la transition, oui, mais ça c'est entre eux deux. Les Tchadiens, c'est autre chose. Les Tchadiens veulent un départ définitif de la base militaire quelles que soient les conditions.Et selon vous, pourquoi est-ce que les Français cherchent à maintenir cette présence ?Déjà pendant la colonisation, le territoire tchadien était toujours appelé un « territoire militaire », puis la tradition a continué. Deuxièmement, le Tchad est un verrou au niveau continental, et donc, une des clés, un des piliers de la puissance militaire française. Mais ça, ce sont les intérêts français, ce ne sont pas les intérêts tchadiens.Et vous diriez donc qu'il y a un lien entre cette présence militaire et le ton qui est employé par la diplomatie occidentale à l'égard du Tchad ? Oui, et il faut interroger le fait que, est-ce que ce n'est pas à cause de la base militaire, que l'exception politique démocratique est ainsi accordée au régime qui a fait le putsch en 2021 ? Est-ce que bousculer la question politique équivaudrait à perdre l'avantage militaire au Tchad ? Je ne sais pas. Dans le dialogue qu'on a eu avec les pays membres de l'Union européenne, en Europe, les visites que nous avions faites sur place, le plus souvent, on nous a opposé le fait que si on pousse trop d'exigences vis-à-vis du pouvoir, alors on pousse le pouvoir entre les mains des Russes, des Chinois et enfin des Brics (groupe créé par le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du sud – NDLR).Mais qu'est-ce que vous offrez de mieux pour que les gens n'aillent pas voir les Russes ? Le Tchadien veut sortir de la pauvreté, le Tchadien veut de la démocratie, le Tchadien veut de la liberté, ne veut plus un soldat qui lui botte les fesses. La liste n'est pas longue. Vous voyez, dans ces conditions-là, la position du Tchadien n'est pas écoutée, elle n'est pas audible du côté du pouvoir je veux dire, parce que le pouvoir est soutenu de l'extérieur.
Au Tchad, six jours après la mort par balles de l'opposant Yaya Dillo. le Premier ministre Succès Masra promet sur RFI qu'il y aura « une enquête de type international ». Au moment de la fusillade à Ndjamena, le Premier ministre tchadien était en visite à Washington. Ce mardi, il est de passage à Paris, où il doit être reçu dans l'après-midi par son homologue français Gabriel Attal. Succès Masra sera-t-il candidat face au président Mahamat Idriss Déby lors de la présidentielle du 6 mai prochain ? Le Premier ministre, qui rentre demain mercredi au Tchad, répond aux questions de RFI.
Ce sera donc le 2 juin. Si la presse sénégalaise relaye cette date, annoncée hier jeudi par le président sénégalais, c'est plutôt celle du 2 avril, jour de la fin de son mandat qui préoccupe les journaux. « La date de mon départ reste absolument ferme », titre Sénégo qui cite Macky Sall.Et après, que peut-il se passer ? « Le brouillard plane sur l'avenir politique du Sénégal », nous dit Seneweb.Mais il n'y a pas pour autant 1 000 scénarios possibles. Rewmi cite le ministre de l'Intérieur : « Nous sommes dans une situation inédite, car la Constitution avait prévu trois cas de figure : l'empêchement, la démission et le décès. »Et ce sera au Conseil constitutionnel de trancher, poursuit Dakar actu : « Soit le conseil choisi que le président de la République ne peut pas partir, il reste en place pendant deux mois pour remettre la clé au président démocratiquement élu. Ou bien, le Conseil constitutionnel constate qu'il y a vacance de pouvoir et c'est le président de l'Assemblée nationale qui devient automatiquement président de la République. »Dans ce dernier cas, précise Dakar Matin : « Tout le processus électoral sera repris, il n'y a plus de droit acquis pour les 19 candidats, car le président de l'Assemblée national doit organiser de nouvelles élections. »Et puis il y a tout de même une dernière possibilité, relayée par l'avocat Abdoulaye Tine, membre de la coalition d'opposition F24 dans les colonnes de Dakar actu : « Si le président ne démissionne pas d'ici le 02 avril, l'opposition et les forces vives prendront leurs responsabilités car, elles ne comptent pas laisser le pouvoir sombrer. »Loi d'amnistie annoncée par Macky Sall lors du dialogue national« La loi d'amnistie ou le second assassinat des martyrs de 2021 à 2024 », titre Seneplus. Le site en ligne qui donne la parole au Collectif des universitaires pour la démocratie, groupe d'intellectuels sénégalais. Pour eux, « l'usage politicien de l'amnistie brouille toute perspective de réalisation d'un avenir collectif empreint de sérénité et d'apaisement ».Jeune Afrique constate que même au sein du camp présidentiel, l'idée ne fait pas l'unanimité. JA cite Samba Sy, ministre du Travail et secrétaire général du Parti de l'indépendance et du travail : « Je ne dis pas que nous ne devons pas nous réconcilier, mais n'oublions pas ce qu'il s'est passé pour que, demain, les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. »Et le Monde Afrique cite un habitué du palais présidentiel qui assure que « Samba Sy a dit tout haut ce que pensent beaucoup d'élus de la majorité ». Et le quotidien constate que du côté de l'opposition, on voit dans la loi d'amnistie une manœuvre du président sénégalais : « Macky Sall et son équipe sont en réalité hantés par la perspective de devoir répondre de leurs actes, car le peuple ne pardonnera jamais », confie Thierno Alassane Sall, opposant et candidat à la présidentielle. Des arguments soutenus également par des organisations de la société civile, ajoute le Monde Afrique.Mais Jeune Afriquea sorti la calculette et constate que « le texte devrait, sans surprise, être voté par l'Assemblée nationale, où la coalition Benno Bokk Yakaar conserve 81 députés sur 165. La majorité présidentielle pourra également compter sur l'apport de voix des 24 élus du Parti démocratique sénégalais (PDS, de Karim Wade), son nouvel allié de circonstance au sein de l'opposition ».Mort de l'opposant Yaya Dillo au TchadTrès factuelle, la presse tchadienne se fait l'écho de l'annonce par le procureur de la république de la mort de Yaya Dillo lors de « l'assaut au siège du Parti socialiste sans frontières » ce mercredi 28 février.Tchad Vision relaye le bilan :« Une dizaine de morts, de nombreux blessés et 26 interpellations. »Le pure player qui ajoute que « d'après la version officielle, les forces de l'ordre se sont déployées en riposte, à l'attaque des locaux des services de renseignements ».Jeune Afrique précise les circonstances et les raisons de cette attaque : « Des éléments du PSF sont arrivés à bord de onze véhicules afin de libérer Abakar Torabi, le secrétaire chargé des finances de leur parti. Ce dernier est suspecté d'avoir fomenté, le 19 février, une tentative d'assassinat contre le président de la Cour suprême. »JA constate que « le flou demeure à Ndjamena, ou les réseaux téléphonique et internet sont largement perturbés ». Tchad infos observe de son côté« une reprise timide des activités » dans la capitale.
Au Tchad, 24h après l'assaut contre le siège du Parti socialiste sans frontières qui a occasionné d'intenses détonations au centre de Ndjamena ce mercredi 28 février, les autorités ont confirmé, le lendemain, la mort de l'opposant Yaya Dillo, au cours de l'opération de l'armée. Selon le gouvernement, quatre militaires et trois membres du Parti socialiste sans frontières ont été tués en deux jours. Une autre issue était-elle possible ? Entretien avec le ministre de la Communication, Abderaman Koullamalah. RFI : Abderaman Koulamallah, l'opposant Yaya Dillo a été tué mercredi dans l'assaut du siège de son parti. Comment justifiez-vous ce déchaînement de violence ? Abderaman Koulamallah : Le déchaînement de violence n'est pas le fait du gouvernement ni des forces de l'ordre. Monsieur Yaya Dillo a choisi délibérément d'affronter les forces de l'ordre, de leur tirer dessus et les forces de l'ordre n'ont pas eu d'autre choix que de répliquer légitimement aux coups de feu importants avec des armes de guerre contre elles. Et, dans les échanges de tirs, Monsieur Yaya Dillo a été blessé et il a succombé à ses blessures.Pour vous, il est le seul responsable des événements ? Tout à fait. Qu'est-ce que Monsieur Yaya Dillo faisait au ministère de la Justice pour récupérer le véhicule de son secrétaire aux finances ? Qu'est-ce que Monsieur Yaya Dillo faisait à l'hôpital lorsque ce monsieur a été blessé ? Et qu'est-ce qu'il faisait à une heure du matin devant le siège de l'Agence nationale de sécurité, qui est un endroit sensible ? Même moi, en tant que ministre, je ne peux pas accéder à ce bâtiment sans rendez-vous. Pourquoi ils ont tiré sur l'Agence nationale de sécurité ? Si ce n'est pas ça une responsabilité, qu'est-ce qu'on va trouver d'autre comme responsabilité ? Et l'État a montré sa capacité de rétablir immédiatement cet État de droit.Est-ce qu'il n'y avait pas d'autres moyens à disposition de l'État pour éviter que cette situation dégénère ? Bien entendu, il y avait d'autres moyens. Monsieur Saleh Déby [oncle du président de la transition, Ndlr] a été arrêté parce qu'il n'a opposé aucune résistance. Et comme il n'a pas tiré sur les forces de l'ordre, il a été arrêté. Il est maintenant inculpé par le procureur de la République et sa vie n'est absolument pas en danger. Ceux qui ont choisi de s'opposer par les armes, ils ont pris la responsabilité de leur propre action.Pour beaucoup de Tchadiens, c'est une histoire familiale, un règlement de comptes clanique. Qu'est-ce que vous pensez de cette interprétation ? Moi, je ne rentre pas dans cette affaire. Tout ce que je sais, c'est qu'aucune ethnie, aucune tribu, aucune communauté n'est au-dessus des lois. Le chef de l'État l'a clairement dit : nous ne faisons pas de compromis sur l'État de droit et sur la réalité sécuritaire de notre pays. Il ne s'agit pas d'un problème ethnique, d'un problème familial, d'un problème communautaire. Il s'agit de la garantie de la paix et de la sécurité pour les citoyens tchadiens. Il n'est pas question que nous faisions des compromis par rapport à ça. Le problème de Yaya Dillo est un autre problème. Il est mort, c'est quelque chose de navrant, c'est quelque chose de pénible pour sa famille. Mais ce n'est pas le fait du gouvernement, ce n'est pas le fait des autorités.Ce décès, il fait beaucoup réagir, notamment sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens disent que les militaires avaient ordre de le tuer. Est-ce que les militaires sont allés l'attaquer avant cela ? Il exerce librement ses activités d'homme politique. On ne peut pas transformer les choses en disant qu'on avait ordre de le tuer. Quel intérêt de le tuer ? Pourquoi Monsieur Saleh Déby n'a pas été tué ? Parce qu'il s'est rendu et il est aujourd'hui aux mains de la justice. Si Monsieur Yaya Dillo avait fait la même chose, on n'en serait pas arrivé à cette extrémité.Tout de même, est-ce ce que vous ne craignez pas que cela crée plus de tension dans le pays ?Ça, ce n'est pas notre problème. Notre problème est d'assumer complètement nos responsabilités et les responsabilités que nous avons vis-à-vis de notre peuple. Est-ce qu'il serait compréhensible qu'un homme qui va attaquer les institutions de la République puisse se la couler douce, ce n'est pas possible. Il fallait l'arrêter. Il a refusé de se faire arrêter, il est advenu ce qui devait advenir.Est-ce que l'image du Tchad ne pâtit pas, quand même, de la mort d'un des opposants farouches à la transition ? Est-ce que nous devrions faire un compromis entre l'image du Tchad et l'État de droit ? Ce n'est pas de notre fait, ce sont des faits des gens qui veulent saboter la transition. Pour notre part, cela ne nous empêche pas du tout d'avancer vers le processus électoral en cours. Il n'y a pas d'autre solution que de mettre fin à cette transition le plus rapidement possible avec l'organisation des élections à venir. Pour nous, notre caravane est en marche et nous continuerons à aller vers l'aspiration des Tchadiens au retour d'un ordre constitutionnel. Parce que depuis toujours, les Tchadiens ne font que réclamer l'exercice réel de l'État de droit. Aujourd'hui, nous en avons pris la direction. À lire aussiMort de Yaya Dillo au Tchad: retour sur le parcours d'un cousin trop gênant