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Dans moins de deux ans, le Sénégal accueillera les Jeux olympiques de la Jeunesse 2026, une première en Afrique. À Dakar, les chantiers s'accélèrent en vue de cet événement sportif planétaire, qui a également de grands enjeux économiques, en particulier touristiques. De notre correspondante à Dakar,Des milliers de visiteurs sont attendus au Sénégal pour les Jeux olympiques de la Jeunesse de 2026. Une opportunité unique pour faire rayonner la destination Sénégal et miser sur le tourisme comme moteur de développement économique. « Tous les projecteurs seront braqués sur Dakar, se réjouit Adama Ndiaye, le directeur de l'Agence sénégalaise pour la promotion du tourisme. C'est l'occasion de montrer ce que nous avons de meilleur, culturellement, sportivement… C'est une opportunité unique pour vendre notre cachet artistique à travers le sport, en particulier le sport traditionnel comme la lutte sénégalaise. »Lier hébergements et équipementsEn 2018, à Buenos Aires, plus d'un million de spectateurs ont assisté aux JOJ, dont plus de 200 000 rien que pour la cérémonie d'ouverture. Le Sénégal s'attend donc à une affluence historique. Pour accueillir cette vague, l'offre touristique se renforce, avec des dizaines d'hôtels en construction, des pôles de sport et de tourisme en plein essor, notamment à Diamniadio, autour de la nouvelle Arena multisports et du stade de football.« Un des constats majeurs a été l'importance de raisonner en consortiums pour que les projets aient un maximum d'impact, souligne Nelson Camara, le fondateur de Sport Impact, une agence qui utilise le sport comme un levier de développement. Quand vous construisez un grand centre de conférence ou un grand stade, comme le stade Abdoulaye-Wade, il faut des réceptifs hôteliers autour, sinon les évènements ne viennent pas et on ne pérennise pas les infrastructures sur une longue période. »À lire aussiLe Sénégal inaugure en grande pompe son nouveau stade national Abdoulaye-WadeBesoin de former les jeunesL'événement devrait aussi créer des emplois. « On va recevoir beaucoup de monde, souligne Cheikh Gaye, du syndicat des agences de voyage. Il va falloir penser à employer des jeunes parce que ces infrastructures en auront besoin. Donc, sur le plan socio-économique, c'est très important. » Le comité d'organisation des JOJ prévoit justement de former des jeunes à l'accueil des visiteurs, avec l'ambition de pérenniser ces emplois.Au-delà des JOJ, le Sénégal veut capitaliser sur le sport à long terme, à l'image de la Basketball Africa League, une compétition portée par la NBA qui attire des foules sur le continent, y compris à Dakar. « Il faut que l'Afrique montre qu'elle est capable d'organiser des grands évènements sportifs avec des standards internationaux, souligne Cheikh Gaye, du syndicat des agences de voyage. Je pense que ça a été le cas, on le voit à travers les différentes compétitions. On a des mondiaux de cyclisme qui arrivent très prochainement à Kigali. » Nelson Camara plaide désormais pour qu'une prochaine CAN ait lieu à Dakar.À écouter aussiDakar 2026 fait le pari de l'investissement privé pour ses JO de la Jeunesse
Fini le boulevard du Général-de-Gaulle à Dakar. Voici le boulevard Mamadou-Dia. Au Sénégal, les autorités débaptisent certaines rues portant des noms français. Pareil au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Mais comme le sujet est sensible, au Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko confie cette nouvelle nomination des rues à un Conseil national de la mémoire et de la gestion du patrimoine historique. Michel Ben Arrous est géographe et chercheur associé aux universités de Genève et de Saint-Louis du Sénégal. Au micro de Christophe Boisbouvier, il analyse la stratégie du pouvoir sénégalais. RFI : Le boulevard Charles de Gaulle qui devient le boulevard Mamadou Dia, c'est tout un symbole, non ? Michel Ben Arrous : C'est un symbole, c'est une boucle qui se referme. Mamadou Dia, pour mémoire, c'était le président du Conseil à l'époque de l'indépendance du Sénégal, dans un pouvoir bicéphale avec Senghor. Et Mamadou Dia était déjà opposé à De Gaulle.Au Niger, il y a quelques mois, le nouveau régime a rebaptisé le boulevard Charles de Gaulle, boulevard Djibo Bakary, du nom du Mamadou Dia du Niger, celui qui avait appelé à voter « non » à Niamey en 1958… Oui, tout à fait. Donc, tout cet effort-là est fait au Niger, comme d'ailleurs dans les autres États de l'AES, au Burkina et au Mali.Est-ce que derrière tous ces changements de noms au Sénégal et dans les autres pays du Sahel, on peut parler d'une réappropriation de leur histoire par les habitants ? Oui, certains vont même jusqu'à parler de « décolonisation symbolique ». Mais sur la réappropriation de l'histoire, c'est tout à fait vrai. D'autant plus que c'est l'histoire des sociétés colonisées qui avait été occultée par cette toponymie coloniale, par ces pratiques de nomination commémorative toujours à la gloire de l'entreprise coloniale française. Donc les histoires locales avaient disparu, étaient devenues invisibles. Effectivement, elles reviennent en avant. Maintenant pour parler de « décolonisation », c'est peut-être un petit peu plus compliqué dans la mesure où le principe même de nommer des rues est une importation totalement coloniale. Et le principe de nommer des rues avec des ambitions idéologiques, une toponymie commémorative, ça aussi, c'est une importation coloniale qui tranche totalement avec les pratiques, on va dire anciennes, mais qui existent encore, de nommer des grottes, des arbres, même à Dakar.En 2022, quand il était maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko a débaptisé cinq avenues qui portaient des noms français en disant « En France, vous ne verrez jamais une rue Hitler ». Que pensez-vous de cette comparaison ? Je pense qu'elle appelle deux séries de remarques. La première, c'est qu'il utilise la toponymie comme un instrument de politique internationale. Ces renominations, elles ne s'adressent pas seulement aux ziguinchorois, à ses administrés, elles s'adressent aussi au public international qui peut l'écouter. Et elles sont en particulier un outil dans ses relations avec la France. L'autre série de remarques, c'est le sort qui a été réservé à ces renominations. Au départ, à l'époque coloniale en tout cas, c'était très simple, les noms venaient d'en haut, c'était l'administration coloniale, le gouverneur et un conseil administratif qui donnaient les noms. Sous Senghor, c'était encore plus concentré, c'était par décret présidentiel que les noms changeaient. Progressivement sous Abdou Diouf, puis surtout sous Abdoulaye Wade et ensuite Macky Sall, cette capacité de renommer a été dévolue aux collectivités locales. Donc a priori, Ousmane Sonko était tout à fait fondé quand il était maire de Ziguinchor à proposer des changements de noms de rues. Mais le gouverneur de l'époque, qui n'avait a priori aucune capacité d'intervention dans ce dossier, a voulu contester les noms qui ont été invalidés par la Cour suprême. Donc ça montre que les collectivités locales n'ont jamais été jusqu'à présent épargnées par les sollicitations du pouvoir politique. Et ce qui change et ce qui peut être apaisera ou clarifiera les compétences de chacun, c'est le projet de rebaptisation qui a été annoncé par le président actuel Bassirou Diomaye Faye en Conseil des ministres, en décembre dernier, et qui prévoit de créer une commission à laquelle participerait le Premier ministre, donc l'ancien maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, à laquelle participeraient aussi le ministre des Collectivités locales, le ministre de la Culture et le secrétaire d'État chargé du patrimoine historique, en collaboration avec les collectivités locales. Donc, il y a un équilibrage à trouver, qui peut être clarifiera les choses, qui apaisera peut-être ces questions de renominations.À Saint-Louis du Sénégal, il y a une statue du Général Faidherbe, le colonisateur français du Sénégal, qui a failli être déboulonnée en 2020 lors de la tempête politique provoquée par l'assassinat de George Floyd aux États-Unis. Et puis finalement, elle a résisté, elle est toujours là. Comment l'expliquez-vous ? Oui, certains voudraient la conserver comme symbole historique, d'autres voudraient l'enlever. On se focalise parfois sur l'inscription de la statue sur son socle, qui est évidemment intenable, qui dit « Au gouverneur Faidherbe, le Sénégal reconnaissant », ça je ne pense pas que ça va durer très longtemps. Mais on se retrouve à nouveau dans une symbolique où, pour faire place nette, si j'ose dire, les collectivités locales réemploient finalement des techniques qui sont d'importation coloniale. De la même manière que la nomination des rues, les statues commémoratives, ce n'est pas quelque chose qui a une longue existence en Afrique. Changer une statue pour une autre, c'est réemployer des techniques, des pratiques qui finalement sont peut-être l'héritage colonial le plus profond.À écouter aussiSénégal: «Les populations n'utilisent pas les noms coloniaux des rues»
Political parties in Senegal are campaigning in a parliamentary race that will decide the extent to which the new President Bassirou Diomaye Faye will be able to implement his agenda. Campaigning officially kicked off on Sunday. President Faye's Pastef party is competing for a majority that would secure his mandate, but former ruling parties have formed a rival coalition, including the country's influential ex-presidents Macky Sall and Abdoulaye Wade. Khaita Sylla, an independent civil society actor, tells VOA's Douglas Mpuga, there has been some violence since the start of the campaign.
Senegal is undergoing a political re-alignment as the country prepares for an instant legislative election on November 17. The parties of former Presidents Macky Sall and Abdoulaye Wade announced Monday that they have formed a coalition. The two parties – the Alliance for the Republic party and the Senegalese Democratic Party (PDS) -- already have 106 of the 165 seats in the national parliament. Senegalese political analyst Ibrahima Kane tells VOA's James Butty, the re-alignment could pose a problem to President Bassirou Diomaye Faye's ruling Pastef party getting a majority in November
Au Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye a annoncé, hier, jeudi 12 septembre au soir, la dissolution de l'Assemblée nationale, dont la majorité lui était hostile. Après la présidentielle du 24 mars dernier, les Sénégalais retourneront donc aux urnes, le 17 novembre prochain, pour élire leurs députés. Le chef de l'État était-il vraiment obligé de dissoudre ? Et son parti, le Pastef, ne prend-il pas un risque en allant à ces législatives ? Mamadou Lamine Sarr est enseignant-chercheur à l'université numérique Cheikh Amidou Kane. En ligne de Dakar, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Mamadou Lamine Sarr, êtes-vous êtes surpris par l'annonce de cette dissolution ? Mamadou Lamine Sarr : Non, ce n'est pas une surprise en soi. On s'attendait à cette dissolution. La question qui se posait, c'était quand et comment il allait le faire. Mais on s'attendait bien évidemment à une dissolution parce que le président n'avait pas tous les moyens pour agir et mettre en place sa politique. Donc en soi, ce n'est pas une surprise.Mais le président a quand même eu des mots assez sévères contre la majorité parlementaire, qu'il a accusée de « ramer à contre-courant de la volonté du peuple » et d'être dans une culture de « blocage ».Oui, ce sont des mots qui peuvent sembler effectivement durs, notamment pour l'opposition. Mais je pense que cela illustre la polarisation encore forte, du fait que l'opposition et la majorité présidentielle n'ont jamais su trouver un point d'équilibre, qu'on peut appeler un point républicain, pour discuter des grands sujets. D'une part, l'opposition n'a peut-être pas encore admis totalement sa défaite à l'élection présidentielle. Et d'autre part, le camp présidentiel, le camp du président Diomaye Faye, peut-être pressé également de répondre aux attentes des Sénégalais, n'a pas également été peut-être assez à l'écoute de l'opposition. Donc, on a un « discours de sourds », une discussion de sourds malheureusement.Est-ce que les derniers votes à l'Assemblée nationale ont montré que la situation était bloquée ? Oui, tout à fait. Les derniers projets de lois qui ont été rejeté, notamment sur la dissolution de deux organes de l'État du Sénégal et le positionnement de l'opposition, ont illustré cela. Donc, inévitablement, je pense que s'il y avait eu une autre issue sur ce projet de loi-là, peut-être que des discussions et des échanges auraient été plus possibles et que peut être cela aurait permis au président de ne pas dissoudre tout de suite le Parlement en prenant cela comme gage de bonne foi de l'opposition. Mais dans son discours, il l'a dit, c'est vraiment peut-être ces deux dernières semaines qui ont fait que cette décision était inéluctable pour le président de la République.Et si le président n'avait pas dissous, l'Assemblée aurait-elle essayé de faire passer une motion de censure contre son gouvernement ?En tout cas, oui, c'est une menace qui a été brandie par l'opposition. Donc, à mon avis, autant on peut critiquer le comportement peut-être, ou certains discours du camp présidentiel, autant également on peut se plaindre en tout cas d'un certain type de discours. Voilà que le Premier ministre n'est pas encore là, n'a pas encore fait de déclaration de politique générale, et on parle déjà de motion de censure, et cetera. Donc on ne montre pas, à mon avis, en disant cela, à un pas vers des échanges qui seraient fructueux et qui seraient bénéfiques à la population sénégalaise.Alors, après trois mois de bras de fer avec l'Assemblée nationale, le Premier ministre Ousmane Sonko avait finalement accepté ces derniers jours de faire sa déclaration de politique générale devant la Chambre. Cette déclaration devait avoir lieu ce vendredi 13, mais après la dissolution annoncée hier soir par le président, est-ce que cette déclaration de politique générale tient toujours ? À mon avis, non. On pourrait avoir confirmation avec nos amis constitutionnalistes ou juristes. Mais non. Dès l'instant que le Parlement est dissous, je pense que les dés sont jetés.Alors, pour ces élections législatives annoncées le 17 novembre, le parti au pouvoir Pastef semble partir très confiant, notamment parce que son candidat, Bassirou Diomaye Faye, a obtenu 54 % des voix à la présidentielle de mars dernier. Mais est-ce que le Pastef ne risque pas quand même d'être victime d'usure du pouvoir ? A mon avis, il serait peut-être un peu trop tôt de parler d'usure du pouvoir. C'est là tout le défi d'ailleurs, c'est la teneur du discours que le Pastef va servir aux Sénégalais en leur disant : « vous nous avez élus avec une forte majorité au premier tour. Donc, si vous voulez qu'on mette en place nos réformes en faveur de l'emploi, on a besoin de cette majorité au Parlement ». C'est ce discours-là, à mon avis, qui sera servi aux Sénégalais. Donc, la forte coalition avec le Pastef, mais aussi avec d'autres partis qui ont porté le président Diomaye Faye au pouvoir, va se préparer. Même chose pour l'opposition, même si elle semble peut-être un peu plus divisée aujourd'hui. Mais c'est ça qui risque en tout cas de faire vivre la campagne jusqu'aux élections du 17 novembre.Donc vous ne pensez pas que les Sénégalais vont changer d'avis entre le mois de mars et le mois de novembre ? Si je devais parier, je dirais que les Sénégalais ont quand même l'habitude, après avoir élu un président, de lui donner la majorité qu'il souhaite. Généralement, c'est ça qui se fait. En termes d'élections politiques au Sénégal, il ne faut jamais dire jamais. Mais je pense que, si le parti au pouvoir arrive à faire passer son discours, il a de fortes chances effectivement d'avoir au moins une majorité. Ça a été le cas avec Abdou Diouf, ça a été le cas avec Abdoulaye Wade, ça a été le cas avec Macky Sall. Donc je ne pense pas que, entre-temps, le président Diomaye Faye ait pu faire de mauvais choix qui lui coûteraient en tout cas son positionnement auprès des Sénégalais. Historiquement, les présidents du Sénégal ont toujours eu quand même, à un moment, juste après leur élection, notamment, la possibilité d'avoir un Parlement qui puisse les aider à mettre en place leur politique.
En votant dimanche dernier dans son village natal, Bassirou Diomaye Faye a promis « la rupture ». Alors qu'est-ce qui va changer, maintenant qu'il vient d'être élu président du Sénégal ? Y aura-t-il une nouvelle monnaie ? Y aura-t-il des renversements d'alliance ? Mamadou Lamine Sarr enseigne les sciences politiques à l'université numérique Cheikh-Hamidou-Kane de Dakar. En ligne de la capitale sénégalaise, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Mamadou Lamine Sarr, êtes-vous surpris par cette victoire annoncée de Bassirou Diomaye Faye dès le premier tour ? Mamadou Lamine Sarr : Pas tout à fait. Les dernières tendances avant le scrutin nous laissaient un peu présager, n'est-ce pas, de cette victoire. On pouvait s'attendre peut-être à une victoire au second tour, mais cette victoire au premier tour n'est pas du tout surprenante au vu, justement, de la mobilisation générale de l'électorat. À cause du bilan de la majorité sortante ?Oui, c'est un facteur explicatif effectivement, un bilan qui n'est pas satisfaisant aux yeux de nombreux Sénégalais. Le premier point, on a une accentuation des inégalités économiques et sociales. C'est une société où, de plus en plus, on a de grandes difficultés et une société où les gens vivent au quotidien le fait que les choses ne sont pas réparties de manière égale dans la population. Et ces inégalités, qui se sont incluses ces dernières décennies, notamment sous la présidence Wade et sous la présidence de Macky également, ont participé à ça. Et les gens, ils continuent à avoir de grandes espérances en matière de lutte contre les inégalités. Ça, c'est le premier point. Le deuxième point est plutôt relatif à la sauvegarde de nos institutions. Les Sénégalais sont des gens qui sont très attachés à leur culture politique, à leurs institutions, et, depuis l'alternance de 2000, les gens ont cette habitude-là, cette culture-là, de patienter, d'être endurant, je dirais même, dans l'épreuve, en se disant que l'élection présidentielle va arriver, ce sera l'occasion pour nous de renouveler ou bien d'exprimer notre volonté de changement ou autre. Et donc, quand on touche aux institutions, quand la séparation des pouvoirs n'est plus claire, quand le président est omniprésent, quand le Parlement ne joue plus son rôle, quand la société civile a un espace un peu plus réduit, à un moment, le peuple sanctionne. Et ça, ce n'est pas par rapport à Macky Sall, ça, tout président aujourd'hui qui passe aura ces questions-là. Et ces questions vont se poser justement au nouveau président, monsieur Bassirou Diomaye Faye.Est-ce qu'on peut dire qu'après 40 ans de socialisme, avec Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, et 24 ans de libéralisme de droite, avec Abdoulaye Wade et Macky Sall, on revient à une période socialiste ?C'est difficile d'avoir cette lecture-là au Sénégal parce que je ne sais pas si Abdoulaye Wadeétait tout à fait libéral. Peut-être... Et je ne sais pas si Macky Sall l'était également. Donc, c'est difficile d'avoir cette lecture qu'on a en Occident, par exemple, entre libéraux, socialistex, sociaux-démocrates et cetera. La lecture qu'on peut par contre avoir, c'est qu'on a en face de nous un président et ses amis qui sont donc, en particulier, Ousmane Sonko et les autres de la grande coalition, qui, à mon avis, ont compris les attentes des jeunes en matière de panafricanisme, d'intégration régionale, d'intégration continentale, en matière de relation avec les plus anciennes puissances coloniales, notamment la France. Tous ces grands enjeux-là, les jeunes se l'approprient. Donc, je ne pense pas que cette lecture-là puisse se faire, mais ce qui est sûr, c'est que c'est une rupture, effectivement, entre Senghor et Abdou Diouf d'une part, Wadeet Macky Sall d'autre part, ça, c'est une évidence, oui.Sur le plan tactique, est-ce que les atermoiements de Macky Sall, ces dernières semaines, quand il a voulu reporter la présidentielle à la fin de l'année, ça a compté dans le vote des Sénégalais ?Oui, tout à fait. Fondamentalement, je pense que ça a été l'élément déclencheur. Autant quand, par exemple, Ousmane Sonko a été emprisonné, il y a eu quelques heurts, les gens se sont dits, on va attendre l'élection, mais autant, lorsque le président a pris la décision, le 3 février, de reporter les élections, là, pratiquement tous les acteurs, ça va de la société civile aux syndicats, aux universitaires que nous sommes, aux jeunes, l'ensemble pratiquement de la couche sociale et politique du pays s'est opposé à ce report-là. Et je pense que le président ne s'attendait pas, peut-être, à ça. Et les Sénégalais l'ont fait, mais ils l'ont fait toujours dans le respect de la culture démocratique. Ça a toujours été quelque chose de fondamental pour les Sénégalais de revendiquer cela dans la paix, pour ne pas envenimer la situation. Et, à un moment donné, même le camp du pouvoir, à mon avis, était perdu dans ce bouleversement politico-judiciaire.D'autant, peut-être, que Macky Sall a donné l'impression de vouloir changer de dauphin et peut-être de ne pas garder Amadou Ba comme dauphin de Benno Bokk Yakaar.Oui, moi, personnellement, j'ai toujours cru que la première erreur, c'est facile de dire ça maintenant mais moi je l'ai toujours perçu ainsi, la première erreur du camp présidentiel, c'est d'avoir confié le choix du dauphin au président. Je pense qu'il fallait organiser des primaires au sein du parti pour avoir la légitimité de la personne qui allait représenter le parti et faire un bloc derrière lui. Mais dès que le président a fait le choix d'Amadou Ba, on a eu tout de suite les premières divisions au sein même du bloc Benno Bokk Yakaar. Et on n'a pas senti, peut-être, dans les derniers jours de campagne, que le président ou bien que la mouvance présidentielle était tout à fait à 100% derrière le candidat Amadou Ba. Maintenant, est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Personnellement, je ne le pense pas, mais la réalité, elle est là, la base du groupe Benno Bokk Yakaar n'a pas su, à mon avis, apporter le soutien qu'il fallait à monsieur Amadou Ba.La consigne de vote du PDS de Karim Wade en faveur de Diomaye Faye, c'était vendredi 22 mars, ça a pesé dans le vote ou pas ?Pour répondre à cette question-là, moi je préférerais attendre un peu pour voir les zones où le Parti démocratique sénégalais fait historiquement des scores dans certaines zones urbaines comme à Dakar ou dans les grandes villes du pays, Thiès et cetera, dans quelques couches rurales également, mais je pense que, même si le PDS avait apporté son soutien à Amadou Ba ou s'était abstenu, et cetera, je pense que le camp Diomaye aurait quand même eu la victoire, peut-être pas dans les marges d'aujourd'hui, mais aurait quand même eu la victoire. Parce que, encore une fois, c'est un sentiment, c'est une volonté affichée vraiment de la population dans son ensemble, en particulier encore les jeunes, de vouloir bouleverser, de vouloir changer les choses. Je pense que le PDS a bien fait de s'aligner, en tout cas, pour monsieur Diomaye.Alors, les Sénégalais ont exprimé leur rejet de la politique de Macky Sall et de son Premier ministre. Mais il y avait 15 autres candidats de l'opposition et pas n'importe qui : Khalifa Sall, Idrissa Seck... Pourquoi ont-ils porté leur choix sur Diomaye Faye ?Parce que, par exemple, les deux que vous avez cités, les gens les perçoivent entre guillemets comme « les gens du système », comme des gens qui étaient là, qui ont toujours gravité autour du système étatique, qui ont été à des responsabilités, mais qui n'ont pas mené le pays là où la population espère que ce pays soit. Donc, vous avez comme ça des candidats, effectivement, malgré leur expérience, malgré leur connaissance peut-être de l'État, du fonctionnement de l'État, les jeunes n'ont pas fait de ces critères-là quelque chose de déterminant. Et ça, je pense que l'élite politique est en complet déphasage souvent avec la jeunesse. Ces questions d'expérience, et cetera, les jeunes n'ont pas fait de ça un point important. Pour eux, c'était un changement et ce changement-là devait être porté, voire même par quelqu'un qui n'a jamais été dans les arcanes du pouvoir. Et donc, les Khalifa Sall, Idrissa Seck, Thierno Alassane Sall et cetera ont perdu en tout cas l'élection, entre autres, à cause de ce point-là.Du côté de Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba a essayé de jouer sur la peur des Sénégalais face aux violences générées par les manifestations de 2021 et 2023. Il a traité Diomaye Faye et Ousmane Sonko d'aventuriers, de populistes. Pourquoi ça n'a pas marché ? Mais parce que ce discours-là, ça fait quelques moments que les Sénégalais l'entendent de la part des cadres du pouvoir et donc ce n'est pas tout à fait la vérité. Ça serait trop simpliste de dire qu'Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye sont des aventuriers, et cetera. Et il y a certains jeunes, quand on a l'occasion de discuter un peu avec nos étudiants, de participer à certaines manifestations, certains vous disent même qu'ils préfèrent cela. C'est-à-dire que c'est un rejet complet du système actuel qui fait que les jeunes vous disent « nous avons besoin de quelqu'un qui n'a jamais été au pouvoir, qui n'a jamais touché à tout ça, dont les droits ont été bafoués, qui nous ressemble, qui sait nous parler ». Et donc, tout cela a contribué justement à fortifier l'assise de ces deux-là. Il faut rajouter qu'eux aussi, ils ont mis en place une stratégie également électorale depuis maintenant quelques années, qui a fonctionné, qui a marché parce qu'ils savent les enjeux et donc, à mon avis, ça a contribué à la victoire du candidat Bassirou Diomaye Faye.Quel est, dans le programme de l'ancien parti Pastef, le point le plus fort qui a emporté l'adhésion des électeurs ?Fondamentalement, c'est la proposition de changer le mode de gouvernance. Ça, c'est quelque chose auquel l'électorat tient. C'est en changeant le mode de gouvernance, en apportant des modifications très importantes sur comment l'État est géré, qui gère l'État, qu'on va s'attaquer à de grands maux de la société sénégalaise, la corruption, les inégalités économiques et sociales, les fameuses transhumances politiques, et cetera. Donc, la manière dont les deniers publics sont gérés.Et peut-être aussi un meilleur partage des revenus à venir, du gaz et du pétrole…Oui, ça englobe cela. C'est-à-dire que dans cette gouvernance-là, c'est une répartition des ressources ou des fruits issus de ces ressources-là, que ce soit le pétrole ou le gaz, mais pas seulement. Dans le domaine agricole, dans le domaine foncier, on a eu de grands scandales également dans ces dimensions-là. Le foncier hors de Dakar, par exemple. Le domaine agricole, l'élevage, la question de la pêche, par exemple, avec les pêcheurs qui accusent l'État sénégalais d'avoir donné certaines autorisations, certains permis, à des groupes étrangers pour pouvoir pêcher dans les eaux sénégalaises. Toutes ces questions-là sont liées à justement cette gouvernance de l'État du Sénégal qui est le point d'ancrage à mon avis.La promesse de quitter le franc CFA, ça a joué ou pas ?Oui, ça contribue, mais fondamentalement les jeunes maintenant, qui sont nés lors des deux dernières décennies, par exemple, avec le discours anticolonial ou anti-néocolonial, avec le discours contre le franc CFA un peu partout en Afrique de l'Ouest, ce n'est pas seulement au Sénégal, adhèrent à cela. Mais les Sénégalais savent également qu'une sortie programmée du franc CFA ne se ferait pas du jour au lendemain, que ce serait quelque chose qui se ferait dans le temps, qui ne serait pas aussi facile que ça. Les Sénégalais sont assez conscients de ça, mais fondamentalement, la souveraineté monétaire est un élément extrêmement important pour l'électorat de monsieur Bassirou Diomaye Faye.Et qu'est-ce qui va changer à votre avis dans la relation du Sénégal avec la France ?Je pense que si le Pastef, en tout cas l'ex-Pastef, se tient à sa ligne, je pense que, dans les grandes lignes, il n'y aura peut-être pas de grands changements. On aura toujours des axes de coopération dans divers domaines. Ce qui va changer, c'est la relation parce qu'il y a d'autres acteurs qui sont présents, qui seront de plus en plus présents. Les puissances émergentes, les États-Unis d'Amérique, on peut citer d'autres États, et parce qu'également les Africains de l'Ouest en général sont demandeurs de cela.Et la Russie ? Pensez-vous possible un renversement d'alliance au détriment de la France et au profit de la Russie ?Je ne pense pas. Très sincèrement. Parce que ce n'est pas dans le programme du Pastef et il n'y a pas une grande alliance ou quelque chose qui a été manifesté par Bassirou Diomaye Fayeou bien par l'ex-Pastef ou par Ousmane Sonko de se rapprocher davantage de la Russie. Ce qui est revendiqué, c'est une plus grande diversification des partenaires économiques, politiques, diplomatiques du pays, ce qui est tout à fait légitime, on peut le comprendre, mais je ne pense pas qu'on puisse assister à un grand bouleversement, un remplacement, comme vous dites, de la France par la Russie, je ne pense pas à cela. Mais ce qui est sûr, c'est qu'une diversification, c'est une possibilité effectivement.Si le candidat avait été Ousmane Sonko, est-ce qu'il aurait fait le même score ?Très certainement. Je pense même plus, personnellement, parce que, quoi qu'on dise, il a une aura, il a une présence, il a une relation différente de Bassirou Diomaye Faye avec la population sénégalaise. Et je pense que, certainement, une partie de l'électorat serait beaucoup plus mobilisée, que des gens qui ont voté pour d'autres candidats allaient peut-être voter pour lui. Je pense qu'avec Ousmane Sonko, le score serait peut-être beaucoup plus élevé.Et justement, que va devenir Ousmane Sonko ?Ah ça, c'est la grande question ! Est-ce qu'il sera un Premier ministre, est-ce qu'il sera dans l'État, est-ce qu'il va se mettre de côté ? Mais vu la relation entre les deux, vu l'importance de l'un pour l'autre, ça ne serait pas surprenant de le voir à un poste assez stratégique, que ce soit dans le gouvernement, que ce soit en tant que conseiller, que ce soit si jamais par exemple l'Assemblée est renouvelée, est-ce que, si on va vers des élections anticipées pour le Parlement, est-ce que ce dernier étant élu sera président de l'Assemblée ? Tous les scénarios sont possibles, mais ce qui est certain, c'est qu'effectivement il y a de très, très fortes chances pour qu'Ousmane Sonko soit aux côtés de Bassirou Diomaye Faye, ce qui serait logique de toute façon. À lire aussiDiomaye Faye: «Le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture»
C'est aujourd'hui vendredi la fin d'une campagne menée au pas de course. Et l'heure est aux derniers ralliements. Notamment le ralliement d'Habib Sy, qui se retire au profit de Bassirou Diomaye Faye, annonce Sénéplus qui décrit Habib Sy, « devant une foule de militants venus l'acclamer, debout sur le toit ouvrant de sa voiture ». « Il s'agit du deuxième désistement en faveur du candidat de Diomaye Président, après celui de Cheikh Tidiane Dièye intervenu mercredi », précise Sénéplus qui a fait les comptes : « Il reste 17 candidats en lice pour l'élection présidentielle de dimanche ». Ce n'est toutefois pas une surprise, nous dit-on. « Le désistement de l'ancien ministre d'État était attendu. À chacune de ses apparitions publiques au cours de cette campagne électorale, Habib Sy a appelé à voter pour le candidat du parti dissout, PASTEF. »De son côté, Dakar Matin s'intéresse au « candidat Amadou Ba », le candidat de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar, qualifié de « dauphin problématique de Macky Sall ». Dakar Matin s'explique : « Lors de son premier meeting de campagne à Kaolack le 18 mars, Amadou Ba est apparu conquérant, haranguant une foule de milliers de partisans sous les acclamations. Pourtant, les semaines précédentes ont été éprouvantes pour le candidat du pouvoir. Plusieurs hauts responsables de Benno Bokk Yakaar, ont brillé par leur absence lors des meetings et entretenu le trouble sur le soutien réel du président. Certains médias évoquaient même l'hypothèse d'un changement de candidat en faveur de l'ex-Premier ministre Mahammed Dionne. » « C'est dans ce climat délétère, poursuit Dakar Matin, qu'Amadou Ba s'est entretenu dans la nuit du 12 au 13 mars avec Macky Sall au palais présidentiel. "Il semblait clair que la défiance des anti-Ba était, si ce n'est entretenue, du moins tolérée par le président", affirme un conseiller du chef de l'État, cité par le journal Le Monde. Le lendemain, Macky Sall a convoqué une centaine de cadres de l'Alliance Pour la République, afin de ramener de l'ordre. Depuis, les ténors de Benno Bokk Yakkar affichent publiquement leur soutien à Amadou Ba » explique Dakar Matin.Lettre ouverteAnta Babacar Ngom est la seule femme candidate à cette élection présidentielle, et elle s'adresse à Abdoulaye Wade, dans une lettre ouverte, publiée par Walfnet, assurant que « le parcours l'ancien président a préparé le terrain pour une nouvelle génération de leadership prête à relever les défis contemporains de la nation ». Anta Babacar Ngom ajoute « qu'elle s'engage à diriger le Sénégal vers une ère de prospérité, d'innovation et d'inclusion ». La candidate sollicite le soutien d'Abdoulaye Wade, « soutien » qui, dit-elle, « représenterait une force formidable pour notre ambition et un signal fort à la Nation ».Walfnet donne aussi la parole à Jean-Charles Biagui, enseignant chercheur en sciences politiques, qui déplore « la pauvreté des programmes des candidats à l'élection présidentielle en matière de politique étrangère ». « La plupart des candidats », dit-il, « semblent faire une nette distinction entre ce qui relève de la sphère interne et ce qui concerne la sphère internationale. Pourtant, cette séparation a de moins en moins un caractère objectif tellement nous sommes dans un monde où les dynamiques internes et externes sont fortement imbriquées. Dans le cas particulier du Sénégal, il est illusoire de penser que nous pouvons concevoir des politiques publiques sans tenir compte des dynamiques du système international » estime Jean-Charles Biagui. Il déplore ainsi que les programmes « montrent une faible compétence des candidats dans le domaine crucial des relations internationales ». « Le financement de nos politiques publiques et de notre développement dépend essentiellement de l'extérieur » poursuit l'enseignant chercheur. « Même si les candidats ne le disent pas forcément, l'essentiel de leurs programmes dépend du contexte international. »
C'est aujourd'hui vendredi la fin d'une campagne menée au pas de course. Et l'heure est aux derniers ralliements. Notamment le ralliement d'Habib Sy, qui se retire au profit de Bassirou Diomaye Faye, annonce Sénéplus qui décrit Habib Sy, « devant une foule de militants venus l'acclamer, debout sur le toit ouvrant de sa voiture ». « Il s'agit du deuxième désistement en faveur du candidat de Diomaye Président, après celui de Cheikh Tidiane Dièye intervenu mercredi », précise Sénéplus qui a fait les comptes : « Il reste 17 candidats en lice pour l'élection présidentielle de dimanche ». Ce n'est toutefois pas une surprise, nous dit-on. « Le désistement de l'ancien ministre d'État était attendu. À chacune de ses apparitions publiques au cours de cette campagne électorale, Habib Sy a appelé à voter pour le candidat du parti dissout, PASTEF. »De son côté, Dakar Matin s'intéresse au « candidat Amadou Ba », le candidat de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar, qualifié de « dauphin problématique de Macky Sall ». Dakar Matin s'explique : « Lors de son premier meeting de campagne à Kaolack le 18 mars, Amadou Ba est apparu conquérant, haranguant une foule de milliers de partisans sous les acclamations. Pourtant, les semaines précédentes ont été éprouvantes pour le candidat du pouvoir. Plusieurs hauts responsables de Benno Bokk Yakaar, ont brillé par leur absence lors des meetings et entretenu le trouble sur le soutien réel du président. Certains médias évoquaient même l'hypothèse d'un changement de candidat en faveur de l'ex-Premier ministre Mahammed Dionne. » « C'est dans ce climat délétère, poursuit Dakar Matin, qu'Amadou Ba s'est entretenu dans la nuit du 12 au 13 mars avec Macky Sall au palais présidentiel. "Il semblait clair que la défiance des anti-Ba était, si ce n'est entretenue, du moins tolérée par le président", affirme un conseiller du chef de l'État, cité par le journal Le Monde. Le lendemain, Macky Sall a convoqué une centaine de cadres de l'Alliance Pour la République, afin de ramener de l'ordre. Depuis, les ténors de Benno Bokk Yakkar affichent publiquement leur soutien à Amadou Ba » explique Dakar Matin.Lettre ouverteAnta Babacar Ngom est la seule femme candidate à cette élection présidentielle, et elle s'adresse à Abdoulaye Wade, dans une lettre ouverte, publiée par Walfnet, assurant que « le parcours l'ancien président a préparé le terrain pour une nouvelle génération de leadership prête à relever les défis contemporains de la nation ». Anta Babacar Ngom ajoute « qu'elle s'engage à diriger le Sénégal vers une ère de prospérité, d'innovation et d'inclusion ». La candidate sollicite le soutien d'Abdoulaye Wade, « soutien » qui, dit-elle, « représenterait une force formidable pour notre ambition et un signal fort à la Nation ».Walfnet donne aussi la parole à Jean-Charles Biagui, enseignant chercheur en sciences politiques, qui déplore « la pauvreté des programmes des candidats à l'élection présidentielle en matière de politique étrangère ». « La plupart des candidats », dit-il, « semblent faire une nette distinction entre ce qui relève de la sphère interne et ce qui concerne la sphère internationale. Pourtant, cette séparation a de moins en moins un caractère objectif tellement nous sommes dans un monde où les dynamiques internes et externes sont fortement imbriquées. Dans le cas particulier du Sénégal, il est illusoire de penser que nous pouvons concevoir des politiques publiques sans tenir compte des dynamiques du système international » estime Jean-Charles Biagui. Il déplore ainsi que les programmes « montrent une faible compétence des candidats dans le domaine crucial des relations internationales ». « Le financement de nos politiques publiques et de notre développement dépend essentiellement de l'extérieur » poursuit l'enseignant chercheur. « Même si les candidats ne le disent pas forcément, l'essentiel de leurs programmes dépend du contexte international. »
Au Sénégal, beaucoup attendent avec impatience la décision du Conseil constitutionnel saisi par plusieurs candidats d'opposition qui affirment que le report de l'élection présidentielle du 25 février est un « coup d'État constitutionnel ». Les sept « sages » du Conseil vont-ils trancher ou vont-ils tout simplement se déclarer incompétents ? Le chercheur français Étienne Smith est spécialiste de l'histoire politique sénégalaise. Il enseigne à Sciences Po Bordeaux et travaille au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM). RFI : Étienne Smith, quel est à votre avis la vraie raison pour laquelle Macky Sall a reporté les élections ?Étienne Smith : Alors, les indices convergent vers un constat que le président de la République ne voulait sans doute pas aller aux élections sans certitude pour le camp présidentiel de l'emporter. Et si possible au premier tour. Parce que le second tour est particulièrement dangereux pour le camp sortant dans les élections au Sénégal. Donc, on suppose une forme de volonté de contrôler sa succession, en tout cas d'être assuré que les élections donneraient un résultat favorable pour le camp présidentiel. Or, les sondages auraient montré que l'élection leur échappait en grande partie, ce qui expliquerait du coup cette volonté de report. Et l'autre élément, c'est la validation en fait de la candidature du candidat du Pastef, Bassirou Diomaye Faye, qui est une vraie épine dans le pied pour le camp sortant qui semblait ne pas l'avoir vu venir. Et donc, c'est un paradoxe, dans un pays où les sondages électoraux, sont interdits, que les élections auraient été annulées sur la base de mauvais sondages. C'est assez paradoxal finalement.Donc, vous pensez que Macky Sall veut changer de candidat. Est-ce qu'il envisage éventuellement un troisième mandat pour lui-même ?Ah ça, on ne peut pas savoir, personne n'est dans sa tête. Mais en tout cas, ce que l'on peut constater, c'est que toutes les prises de paroles présidentielles depuis juin sont assez curieuses, avec un candidat qui semble mal à l'aise sur cette question du troisième mandat. En juin dernier, il a annoncé bien sûr ne pas envisager de troisième mandat, mais depuis les phrases sibyllines se répètent, donc on sent quelque part que le candidat n'est pas tout à fait, en tout cas, il ne semble pas avoir complètement fait le deuil de cette possibilité de maintien au pouvoir.Et s'il change de candidat, vers qui pourrait-il se tourner ?Alors ça, c'est trop tôt pour le dire. À ce stade, est-ce que même l'option de changer de candidat est sur la table ? Comme le Pastef, lui-même, avait plusieurs plans, A, B, C, peut-être que le parti au pouvoir, l'APR, a lui-même, ces plans B ou C. Par exemple, il y avait le candidat Boun Abdallah Dionne, l'ancien Premier ministre, et cetera. Donc, il y a potentiellement, du côté du camp du pouvoir, la possibilité de permuter des candidats si le besoin s'en fait sentir.Alors, pour le report, il y a le parti au pouvoir APR de Macky Sall et le PDS de Karim Wade. Est-ce qu'on peut parler d'une reconstitution du camp libéral comme au temps d'Abdoulaye Wade, il y a 15 ans ?Il y a en tout cas un retournement spectaculaire d'alliance avec effectivement cette alliance APR-PDS, qui a des effets très concrets pour ces deux partis. C'est, d'une part, que le camp du pouvoir dispose maintenant d'une majorité des trois-cinquièmes à l'Assemblée, donc une majorité automatique des trois-cinquièmes, qui permet de retoucher la Constitution à loisir. Et aussi, dans une perspective plus électorale cette fois, [cela lui permet] de disposer de réserves de voix pour un éventuel second tour puisque, du coup, le PDS pourrait être une réserve de voix pour le parti au pouvoir en cas de difficulté pour le second tour. Mais il faut souligner que cette alliance de l'APR avec le PDS ne fait pas que des heureux, puisqu'au sein déjà de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, l'APR n'est pas seule, et les alliés de l'APR, eux, ne voient pas d'un bon œil forcément ce retour du PDS. Et même dans le camp de l'APR lui-même, dans le camp d'Amadou Ba, s'allier avec un parti, le PDS, qui a nommément accusé le Premier ministre de corruption, c'est assez étrange comme attelage, et ça en dit long sur le fait que cet attelage APR-PDS ne fait pas que des heureux.Un attelage qui pourrait faire face électoralement au candidat du Pastef d'Ousmane Sonko ?L'arithmétique électorale imposerait en tout cas ce genre d'alliance puisque, effectivement, le camp du pouvoir tout seul ne semblerait pas être capable de l'emporter face au Pastef.Le pouvoir affirme que le report est légal, alors que l'opposition affirme, au contraire, que le report est illégal. Qu'en est-il réellement ?Alors, il ne m'appartient pas de répondre sur cet aspect en tant que chercheur non constitutionnaliste et en plus en tant que chercheur étranger. C'est bien sûr au Conseil constitutionnel sénégalais de trancher et son avis est grandement attendu, peut-être dans cette semaine qui vient. Alors, effectivement, on peut constater qu'Ismaïla Madior Fall donc, le ministre des Affaires étrangères et ancien ministre de la Justice, a, lui-même, fait connaître son avis, et certains juristes l'ont appuyé, pour souligner que le Conseil constitutionnel devrait se déclarer incompétent. Mais ça reste, il me semble, un avis plutôt isolé parce que, de l'autre côté, tout ce que le Sénégal compte de spécialistes ou ténors du droit constitutionnel a montré aussi, donc à l'encontre de la position gouvernementale, que le Conseil constitutionnel avait toute légitimité et latitude à se prononcer pour éventuellement censurer cette loi de dérogation. En argumentant que la loi votée au Parlement viole plusieurs articles de la Constitution, notamment l'article 27 qui fixe la durée du mandat présidentiel à cinq ans et l'article 103 qui précise que le nombre et la durée des mandats ne peut pas faire l'objet de révision. Alors, les discussions porteront peut-être sur la question de savoir jusqu'où on peut aller dans la dérogation et la différence, peut-être, entre dérogation et révision, jusqu'où on peut déroger à la Constitution sans la violer. Mais bon, c'est en tout cas une question qui sera tranchée par le Conseil constitutionnel qui a une occasion quelque part d'exister historiquement, d'incarner son rôle de défenseur de la Constitution et de redonner une certaine sacralité au processus électoral. Donc, cette décision va être extrêmement attendue, elle va être un tournant dans l'histoire, on peut déjà le prédire, un tournant, quelles que soient les décisions, dans l'histoire politique du Sénégal.Dans le camp d'Ousmane Sonko, on dit notamment que, si on peut faire des dérogations sur la durée du mandat, on pourra faire demain des dérogations sur le nombre de mandats, voire sur la forme républicaine de l'État.Tout à fait. Est-ce que le Sénégal est prêt à ouvrir une forme de boîte de Pandore où, sur une simple majorité des trois-cinquièmes, un camp au pouvoir peut changer la Constitution de façon radicale sur la base de cette dérogation et des dispositions existantes ? C'est effectivement une porte ouverte à toutes sortes d'abus. Donc, il y aura vraiment cette question de la proportionnalité et le rapport entre l'objectif et les moyens. Est-ce que ce moyen constitutionnel n'est pas la porte ouverte à des objectifs qui seraient encore pire par la suite ? Donc, le nombre de mandats, pourquoi pas même imaginer que le Conseil constitutionnel soit lui-même quelque part démis par une réforme de la Constitution, et cetera ? Donc, tout est envisageable. Ce qu'il faut comprendre, c'est que le Conseil constitutionnel est lui-même potentiellement divisé et que les pressions et les chantages qui s'exercent sur lui sont énormes. Puisqu'il y a eu cette mise en accusation par l'Assemblée du Conseil constitutionnel, c'est déjà quelque chose qui ne lui permet pas forcément de s'exprimer en toute sérénité puisqu'il y a ces pressions, voire ce chantage, contre certains membres du Conseil constitutionnel. Après, les magistrats peuvent distinguer les choses et peuvent s'exprimer, par exemple, sur le refus de l'extension du mandat présidentiel, puisque la Constitution précise bien qu'il ne peut pas dépasser cinq ans. Donc, il pourrait par exemple dire que, au 2 avril, le président sortant devrait démissionner et, par contre, dissocier cette question-là de l'organisation du scrutin électoral qui, lui, pourrait s'organiser sous une forme de transition, par exemple avec le président de l'Assemblée nationale qui, dans les trois mois, doit organiser un scrutin en cas de démission du président de la République. Donc, le Conseil constitutionnel dispose de plusieurs pistes de sortie possibles de crise malgré tout dans ses textes.Il n'est pas obligé de se déclarer incompétent…Non, tout à fait. Il est attendu et, effectivement, beaucoup de juristes, une majorité de juristes d'ailleurs, ont plaidé pour le fait qu'il se déclare compétent.Selon la Constitution, le mandat de Macky Sall doit donc se terminer le 2 avril. Est-ce qu'il y a un risque de vide juridique au-delà de cette date ?Alors, tout va dépendre de la décision prise par le Conseil constitutionnel, donc on ne peut pas encore préjuger de ce que sera cette décision. Mais il y a des risques d'instabilité tout simplement. On entre dans un inconnu complet, un inconnu constitutionnel, politique, qui laisse à penser qu'ensuite ça peut être de purs rapports de force qui s'expriment si, justement, on s'affranchit du calendrier, ou en tout cas d'une forme de stabilité ou de prévisibilité juridique. Donc, effectivement, l'avenir est plutôt lourd de menaces après le 2 avril. Et il faut noter que le président lui-même, dans son interview à Associated Press, a été assez sibyllin, parlant du fait que nous ne sommes pas seuls sur la scène, et cetera. Ça a été interprété différemment dans le champ politique sénégalais comme menace ou chantage de coup d'État, et cetera. C'était assez curieux. Donc, les observateurs sont assez désemparés. Ce qu'il faut comprendre, c'est que, si on reste sur le calendrier prévu par cette proposition de loi, au 15 décembre 2024, ça suppose une année complète, une année préélectorale qui, on le sait, historiquement au Sénégal est souvent source de tensions. Donc, c'est quelque part le pire des scénarios qu'un report au mois de décembre, c'est une année complète garantie en termes d'instabilité, donc pour les acteurs économiques, pour les Sénégalais dans leur vie au quotidien, et cetera. Cette incertitude d'une année électorale complète, c'est assez problématique.Dans la Constitution sénégalaise, il existe un article 52 qui donne au président les pleins pouvoirs en cas de circonstances exceptionnelles. Est-ce que c'est un scénario envisageable ?Alors, il est trop tôt pour le dire. Ce qu'on peut noter toutefois, c'est que, dans les éléments de langage qui ont été diffusés au moment où la loi, la proposition de loi a été faite, des éléments de langage qui reprenaient texto les circonstances posées par l'article 52 pour une activation de celui-ci avaient été émis par les députés dans le texte de proposition de loi. Donc, c'est un signe quand même que c'est un scénario qui, me semble-t-il, a pu être envisagé ou qui reste pour l'avenir envisageable, qui reste en réserve quelque part comme une option pour le pouvoir. Donc, c'est là aussi quelque chose d'assez inquiétant.À lire aussiSénégal: les deux anciens présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade apportent leur soutien à Macky Sall
Nouveaux appels à manifester, campus universitaires bloqués, dialogue toujours impossible… La crise politico-sociale se poursuit au Sénégal.L'opposition a prévu une marche silencieuse ce mardi 13 février à Dakar : « Dakar retient son souffle », lance WalfQuotidien en première page. « Mardi à haut risque », prévient La Dépêche Républicaine.À l'origine de ce rassemblement, « le collectif de la société civile, "Aar Sunu élection" qui invite tous les Sénégalais, précise le quotidien 24 Heures, à se mobiliser pour manifester leur opposition au report de l'élection présidentielle ».Toutefois, cette marche n'aura sans doute pas lieu. Elle a été interdite par les autorités. C'est du moins ce qu'annoncent plusieurs sites d'information sénégalais ce mardi matin. C'est le préfet de Dakar qui a pris l'arrêté d'interdiction, relève Senego, au motif que cette marche est « susceptible de perturber gravement la libre circulation des personnes et de leurs biens en raison des problèmes actuels de mobilité dans la zone ».La contestation dans les universitésDans le même temps, le président « Macky Sall est interpellé par les universitaires et la mobilisation gagne les campus sénégalais, constate Jeune Afrique. Les membres du Collectif des universitaires pour la démocratie, un groupe né au lendemain de l'annonce du report du scrutin qui compte aujourd'hui plus de 200 membres, demande le respect du calendrier républicain et le départ du président Macky Sall à la tête du pays dès le 3 avril prochain comme le prévoit la Constitution ».Et puis, pointe encore Jeune Afrique, « les enseignants de l'université publique sénégalaise se mobilisent également sur le front syndical. Le Syndicat autonome des enseignants du supérieur a lancé un appel à la grève pour "exiger la lumière" sur le décès d'un étudiant de Saint-Louis, qui fait partie des trois jeunes tués depuis vendredi dernier lors des heurts entre forces de l'ordre et manifestants ».L'appel de Diouf et WadeAutre fait marquant, cet appel au dialogue lancé par les deux anciens présidents Diouf et Wade. Un « dialogue qui réunit et qui divise », estime La Dépêche. En effet, l'initiative des deux anciens chefs d'État est diversement appréciée. Certes, relève WalfQuotidien, « Abdou Diouf et Abdoulaye Wade appellent l'opposition à participer au dialogue voulu par Macky Sall »,mais« ils se disent bizarrement favorables au report du scrutin ».De toute manière, persifle le quotidien dakarois, « Abdou Diouf ne s'est plus intéressé au Sénégal depuis qu'il a perdu le pouvoir en 2000. Il n'a pas de maison ici et ne vote pas au Sénégal. Il a brillé par son silence lors des évènements de mars 2021 et juin 2023. Idem dans la mise à mort de Khalifa Sall avant 2019. Quant à Abdoulaye Wade, il n'a qu'un seul rêve : voir son fils, Karim, être Président du Sénégal. Le reste ne l'intéresse pas ».Discussions en coulissesEn tout cas, croit savoir Le Monde Afrique, « face à une conjoncture explosive, les médiateurs issus de la société civile s'activent en coulisses pour éviter l'embrasement. Ils tentent d'arracher au pouvoir des garanties fortes pour encourager les opposants à accepter le dialogue. Certains conciliateurs mettent sur la table la libération d'Ousmane Sonko et de son candidat Bassirou Diomaye Faye, tous deux poursuivis pour, entre autres charges, atteinte à la sûreté de l'État ».Le médiateur Alioune Tine, à la tête d'Afrikajom Center prévient, toujours dans les colonnes du Monde Afrique : « Si le président Sall veut prouver son intention de réconcilier les Sénégalais à travers un dialogue inclusif comme il l'a annoncé, il doit y associer ses principaux opposants, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Et libérer les militants emprisonnés. C'est une question de confiance d'autant que le précédent dialogue n'a finalement servi à rien. S'il maintient cette porte fermée, on risque la confrontation. »Toutefois, pointe encore Le Monde Afrique, « cette option ne convainc pas les cadres de l'ancien parti dissous : "si nous faisons de la libération d'Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye un préalable au dialogue, nous permettrons à Macky Sall de valider son chantage politique, affirment-ils. Nous ne sommes pas prêts à négocier leur sortie et celle des militants contre sa forfaiture" ».
Nouveaux appels à manifester, campus universitaires bloqués, dialogue toujours impossible… La crise politico-sociale se poursuit au Sénégal.L'opposition a prévu une marche silencieuse ce mardi 13 février à Dakar : « Dakar retient son souffle », lance WalfQuotidien en première page. « Mardi à haut risque », prévient La Dépêche Républicaine.À l'origine de ce rassemblement, « le collectif de la société civile, "Aar Sunu élection" qui invite tous les Sénégalais, précise le quotidien 24 Heures, à se mobiliser pour manifester leur opposition au report de l'élection présidentielle ».Toutefois, cette marche n'aura sans doute pas lieu. Elle a été interdite par les autorités. C'est du moins ce qu'annoncent plusieurs sites d'information sénégalais ce mardi matin. C'est le préfet de Dakar qui a pris l'arrêté d'interdiction, relève Senego, au motif que cette marche est « susceptible de perturber gravement la libre circulation des personnes et de leurs biens en raison des problèmes actuels de mobilité dans la zone ».La contestation dans les universitésDans le même temps, le président « Macky Sall est interpellé par les universitaires et la mobilisation gagne les campus sénégalais, constate Jeune Afrique. Les membres du Collectif des universitaires pour la démocratie, un groupe né au lendemain de l'annonce du report du scrutin qui compte aujourd'hui plus de 200 membres, demande le respect du calendrier républicain et le départ du président Macky Sall à la tête du pays dès le 3 avril prochain comme le prévoit la Constitution ».Et puis, pointe encore Jeune Afrique, « les enseignants de l'université publique sénégalaise se mobilisent également sur le front syndical. Le Syndicat autonome des enseignants du supérieur a lancé un appel à la grève pour "exiger la lumière" sur le décès d'un étudiant de Saint-Louis, qui fait partie des trois jeunes tués depuis vendredi dernier lors des heurts entre forces de l'ordre et manifestants ».L'appel de Diouf et WadeAutre fait marquant, cet appel au dialogue lancé par les deux anciens présidents Diouf et Wade. Un « dialogue qui réunit et qui divise », estime La Dépêche. En effet, l'initiative des deux anciens chefs d'État est diversement appréciée. Certes, relève WalfQuotidien, « Abdou Diouf et Abdoulaye Wade appellent l'opposition à participer au dialogue voulu par Macky Sall »,mais« ils se disent bizarrement favorables au report du scrutin ».De toute manière, persifle le quotidien dakarois, « Abdou Diouf ne s'est plus intéressé au Sénégal depuis qu'il a perdu le pouvoir en 2000. Il n'a pas de maison ici et ne vote pas au Sénégal. Il a brillé par son silence lors des évènements de mars 2021 et juin 2023. Idem dans la mise à mort de Khalifa Sall avant 2019. Quant à Abdoulaye Wade, il n'a qu'un seul rêve : voir son fils, Karim, être Président du Sénégal. Le reste ne l'intéresse pas ».Discussions en coulissesEn tout cas, croit savoir Le Monde Afrique, « face à une conjoncture explosive, les médiateurs issus de la société civile s'activent en coulisses pour éviter l'embrasement. Ils tentent d'arracher au pouvoir des garanties fortes pour encourager les opposants à accepter le dialogue. Certains conciliateurs mettent sur la table la libération d'Ousmane Sonko et de son candidat Bassirou Diomaye Faye, tous deux poursuivis pour, entre autres charges, atteinte à la sûreté de l'État ».Le médiateur Alioune Tine, à la tête d'Afrikajom Center prévient, toujours dans les colonnes du Monde Afrique : « Si le président Sall veut prouver son intention de réconcilier les Sénégalais à travers un dialogue inclusif comme il l'a annoncé, il doit y associer ses principaux opposants, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Et libérer les militants emprisonnés. C'est une question de confiance d'autant que le précédent dialogue n'a finalement servi à rien. S'il maintient cette porte fermée, on risque la confrontation. »Toutefois, pointe encore Le Monde Afrique, « cette option ne convainc pas les cadres de l'ancien parti dissous : "si nous faisons de la libération d'Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye un préalable au dialogue, nous permettrons à Macky Sall de valider son chantage politique, affirment-ils. Nous ne sommes pas prêts à négocier leur sortie et celle des militants contre sa forfaiture" ».
Au Sénégal, la situation est très inconfortable pour le Premier ministre Amadou Ba depuis le samedi 03 février. En effet, il était le candidat du pouvoir à la présidentielle du 25 février et il était contre tout report de l'élection. Aujourd'hui, après l'annonce du report, peut-il encore rester Premier ministre ? Jusqu'à samedi, l'ancien directeur de presse Mamoudou Ibra Kane faisait campagne pour lui à la tête du mouvement «Demain, c'est maintenant». Au micro de Christophe Boisbouvier, l'ancien directeur général du groupe Futur Media reconnait que les relations entre les deux têtes de l'exécutif sénégalais ne sont plus au beau fixe... RFI : À votre avis, quelle est la vraie raison pour laquelle Macky Sall reporte l'élection présidentielle ?Mamoudou Ibra Kane : La seule vraie raison, c'est que le président de la République est en train, en connaissance de cause, de violer la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Il avait dit qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat pour une question d'honneur. Aujourd'hui, il oublie tout cela. Le président Macky Sall est en train de se tailler un délai supplémentaire pour rester au pouvoir.On se souvient, l'année dernière, qu'il avait mis beaucoup de temps avant d'annoncer qu'il renonçait à un troisième mandat. Est-ce qu'avec cette prolongation, il est en train d'assouvir un désir secret ?Absolument. On se rend compte qu'au fond, le président Macky Sall avait renoncé sous la pression. Cela confirme que ce n'était pas une volonté, mais, tout simplement, il avait cédé à la pression et aujourd'hui, il révèle sa vraie nature qui consiste à s'accrocher au pouvoir.Beaucoup d'observateurs avancent une autre raison, ce serait que Macky Sall doute de la victoire du candidat Amadou Ba et qu'il a saisi l'opportunité de la colère des partisans de Karim Wade, et de leur demande de commission d'enquête parlementaire, pour tout reporter et pour changer de candidat…À la place du doute, c'est un complot qui est ourdi contre le Premier ministre Amadou Ba. On parle des sondages, première chose : depuis quand des sondages peuvent être utilisés pour reporter une élection présidentielle ? Deuxièmement, sondage pour sondage, le président Macky Sall, en 2012, savait très bien qu'il ne pouvait pas remporter l'élection présidentielle face à maître Abdoulaye Wade et aux autres candidats dès le premier tour, il s'est contenté de 26% qui le qualifiaient au deuxième tour. Et sur la base des sondages qui existent, qui sont avérés, le candidat Amadou Ba est très bien placé pour l'emporter, tout au moins pour se qualifier au second tour.Et ces sondages, ils sont autour de combien de pourcents pour le candidat Amadou Ba, en ce moment ?Je préfère ne pas entrer dans les détails, mais ces sondages indiquent clairement que le Premier ministre Amadou Ba est bien placé.Alors comment réagit Amadou Ba depuis samedi, depuis l'annonce du report par le président ?Il est serein. Il observe ce qu'il se passe. Je ne peux pas parler à sa place, il ne manquera pas l'occasion, probablement, d'édifier les Sénégalais. On ne peut pas parler à sa place.Mais est-ce qu'il ne se sent pas désavoué par le président ?Pourquoi il se sentirait désavoué ?Est-ce qu'il ne sent pas que la confiance entre le président et lui est très entamée maintenant ?Je fais remarquer qu'il est encore Premier ministre de la République du Sénégal, il est, jusqu'à plus informé, le candidat et le seul de la coalition Benno Bokk Yakaar et de l'APR,le parti au pouvoir.Beaucoup disent que les relations entre Macky Sall et Amadou Ba se sont dégradées ces derniers jours et que vendredi, à la veille de l'annonce du report, il y a eu une réunion houleuse entre les deux hommes ?Je ne peux pas la qualifier de houleuse. Il y a eu une rencontre et le Premier ministre Amadou Ba a clairement fait savoir qu'il était contre tout report de l'élection présidentielle, une position républicaine qu'il faut plutôt saluer.Mais il n'a pas été écouté ?C'est le président qui décide.Et du coup, est-ce qu'Amadou Ba ne doit pas en tirer les conséquences ?C'est à lui de le dire.Est-ce qu'après la décision de Macky Sall de reporter l'élection, il peut encore rester Premier ministre ?Dans les prochains jours, on sera édifié sur la décision qu'il pourra prendre ou de la décision que monsieur le président de la République va prendre.Alors plutôt que d'être limogé par le président, est-ce que le Premier ministre, Amadou Ba, n'a pas intérêt à démissionner de son poste ?Aucune option n'est écartée.
O Parlamento senegalês aprovou na noite de ontem um projecto de lei que valida o adiamento das presidenciais decidido no fim-de-semana pelo Presidente Macky Sall. Inicialmente previstas para 25 deste mês, as eleições foram marcadas para o 15 de Dezembro com os votos da quase totalidade dos deputados presentes, depois de vários parlamentares da oposição terem sido retirados à força pela polícia militar. A oposição que qualifica o sucedido de "golpe constitucional" já disse que vai recorrer desta decisão junto do Conselho Constitucional, uma entidade cuja independência tem sido questionada ultimamente, recorda Henri Labery, politólogo guineense radicado em Dakar, que vê no adiamento das eleições presidenciais uma manobra de Macky Sall para obter garantias relativamente ao seu futuro, num contexto em que -recorde-se- ele não é candidato à sua própria sucessão.RFI: A seu ver, qual é o objectivo de Macky Sall ao adiar as presidenciais?Henri Labery: Segundo a minha leitura, eu suponho que o Presidente, sabendo o que o espera depois das eleições que teriam tido lugar agora em Fevereiro, ele iria ter muitas dificuldades, o cenário que imagino é que, a partir de 2 de Abril, ele é um Presidente ilegítimo, termina o seu mandato e, para além do 2 de Abril, os deputados da oposição já prometeram fogo aqui se ele não se demitir. Mas a partir do momento em que ele se demite, vai o Presidente da Assembleia Nacional assumir o cargo de Presidente da República. Como este último é da família de Macky Sall, irá certamente fazer um decreto de amnistia geral para ele e toda a família, para se ver livre de qualquer contencioso depois da eleição de um outro candidato. Este é o cenário que eu imagino que ele irá pôr em prática. Senão, ele será responsável daquilo que acontecer. Ele fez muita coisa contra os seus inimigos políticos que não lhe vão perdoar aquilo que ele fez. Inclusivamente, o próprio Karim Wade que foi vítima da vingança dele, porque o pai, Abdoulaye Wade, como Presidente, destituiu Macky Sall (do cargo de Presidente da Assembleia Nacional em 2008). O filho não quis prestar contas de uma oferta do Rei da Arábia Saudita e quando Macky Sall -então Presidente da Assembleia Nacional- pediu contas ao Karim -então Ministro encarregue da gestão desse dinheiro- o pai ficou zangado e destituiu do cargo de Presidente da Assembleia Nacional. Há muita intriga entre essas pessoas da mesma família liberal.RFI: Mas Karim Wade -cuja candidatura foi chumbada pelo Conselho Constitucional- também apelou ao adiamento das presidenciais.Henri Labery: Este movimento todo imputam-lhe a ele, porque o pai não estando de acordo com o Conselho Constitucional pediu um inquérito de moralidade, acusando de corrupção alguns membros do Conselho Constitucional. Tudo isso vem daí, vem do caso do Karim Wade. O pai quer provar que Karim é inocente. Ele é simplesmente acusado de dupla nacionalidade, mas antes que o Conselho se pronunciasse, trouxe um decreto assinado por Emmanuel Macron confirmando que ele tinha desistido da sua nacionalidade francesa já há algum tempo. O Conselho, perante isto, devia deixar o Karim ser candidato, como qualquer outro que eles aceitaram. Todo o imbróglio, toda a confusão provem daí. Então, o ex-Presidente Wade aproveitou esta situação e o grupo parlamentar do partido dele introduziu um pedido para que houvesse uma comissão de inquérito aos actos de certos membros do Conselho Constitucional.RFI: Depois do voto ontem no parlamento, o último recurso para a oposição é o Conselho Constitucional. O que é que espera do Conselho Constitucional?Henri Labery: Exactamente, é o último recurso da oposição. Eles apresentando um recurso junto do Conselho Constitucional, não irá fazer o seu trabalho normalmente, visto que há membros que são indiciados como sendo corruptos. Juridicamente falando vai ser uma confusão, irá acabar simplesmente com o actual Presidente a acabar o seu trabalho e a esperar as eleições do mês de Dezembro, se daqui até lá não houver imprevistos. A política nunca foi uma ciência exacta. A gente só pode deduzir e imaginar o que virá a acontecer.RFI: Julga que nestas circunstâncias, o Conselho Constitucional está totalmente inoperante?Henri Labery: O Conselho Constitucional é totalmente inoperante. Está paralisado, não pode fazer nada, porque já se votou o inquérito para interrogar os juízes que estão "implicados" em questões de corrupção, a não ser que o Presidente nomeie mais juízes que venham substituir aqueles que estão colocados em acusação.RFI: Num contexto em que o actual Presidente disse no ano passado que não iria apresentar a sua candidatura, apesar de ele considerar que tinha totalmente o direito de o fazer, julga que ele poderia voltar atrás e ter a tentação de brigar um terceiro mandato?Henri Labery: Macky Sall é imprevisível. Ele é bem capaz disso mas não acredito que, mesmo no plano nacional como internacional, isto seja bem recebido. Esta hipótese, para mim, não acontecerá. Mas que ele queira tentar, não está excluído, dado medo que ele tem que depois das eleições, quem for eleito irá imperativamente pedir contas a Macky Sall, ao seu governo e a muitos membros que gravitam à volta dele.RFI: No seio da oposição, há uns quanto candidatos às presidenciais, entre os quais se destaca Bassirou Diomaye Faye que substitui Ousmane Sonko nas eleições. Até que ponto julga que ele tem possibilidade de chegar ao poder?Henri Labery: Ele tem grandes possibilidades, não algumas, mas grandes possibilidades. A juventude está toda com Usmane Sonko. Os eleitores entre 30 e 40 anos também. Os mais idosos, 40-60 anos, estão com o ponto de interrogação relativamente à eventualidade de Ousmane Sonko estar ao lado do Presidente do Mali, do Níger, do Burkina Faso. Isto é o grande receio dos ocidentais e nomeadamente da França, porque o Sonko declarou que se fosse eleito ia pôr tudo em cima da mesa, inclusive os contratos da exploração de petróleo. Diz-se que a França está atrás de tudo isto que está a acontecer em Dakar, com receio que Diomaye Faye ou outro qualquer do partido dissolvido do Sonko venha a ser eleito Presidente da República, o que é muito provável.RFI: Tanto a União Africana, como a CEDEAO, como a União Europeia e a França reiteraram a sua preocupação perante esta situação, tem havido apelos à organização rápida de eleições. Como é que avalia o desempenho da comunidade internacional e nomeadamente da CEDEAO?Henri Labery: A CEDEAO -desculpe a expressão- é um instrumento que não serve para nada. A União Africana também fez uma declaração de princípio, como a CEDEAO, como fez a França aliás. Só os Estados Unidos é que foram um pouco mais firmes pedindo que se declare imediatamente a data das próximas eleições. Já têm a resposta com o voto de ontem. Mas tudo isto é um "feu de paille", brilha uns instantes e depois apaga. A França não quer do Sonko no poder, nem dos seus aliados, Diomaye Faye e outros, porque Diomaye Faye continua preso. e de Macky Sall continuar ainda no poder, ele é capaz de deixar o homem apodrecer na prisão, como acontece com o Sonko. Aqui a situação está mesmo quente, quentíssima. Aquilo que eu vi que aconteceu ontem no hemiciclo do Parlamento, não sei, porque (deputados) foram até expulsos 'manu militari' pelas forças da ordem. Já só isso é uma agressão às instituições. No parlamento, não se faz uma coisa dessas.RFI: O Senegal era considerado até agora uma ilha de estabilidade, quais podem ser os efeitos desta crise para o Senegal, a seu ver?Henri Labery: A dado momento receámos que os militares entrassem em acção. Ontem, mesmo deputados da oposição pediram que os militares viessem pôr ordem no país, dissolver a Assembleia e por aí fora. Diz-se aqui que os deputados senegaleses são democratas, obedecem às ordens civis. Mas cântaro tantas vez vai à fonte que acabará por quebrar. No reino do Macky Sall, tem havido tanta coisa contra as regras normais, que ainda bem que os militares ficaram na caserna e não fizeram nada. Mas a imagem do Senegal, durante estes anos tem acontecido tanta coisa anormal, que não se vê já com a mesma consideração. A democracia senegalesa caiu ao nível de muitos outros países africanos em que se fala muito de democracia mas que são ditaduras, são regimes autoritários. Isto também é encorajado pelo ocidente que tem os seus interesses em África. Agora o Senegal com o petróleo, com o gás e tudo mais, já se pode imaginar que não vão deixar este país em mãos que podem considerar rígidas para com o ocidente.RFI: Julga que o Senegal pode resvalar para situações semelhantes àquelas que se vivem nos países de África do Oeste onde se registaram golpes, como nomeadamente o Mali ou o Burkina Faso?Henri Labery: Eu tenho a impressão que não pode ser a mesma coisa no Senegal. Se analisarmos a situação do Senegal, a situação política desde os tempos coloniais até hoje, o povo está muito habituado à democracia, à ida às urnas e decidir por conta própria, embora possa haver alguns elementos do género de "fantoches". Isso há sempre. Mas de vontade própria, o povo não vai deixar o Senegal ir em mãos de militares ou políticos que queiram impor uma ditadura ou uma autoridade que não se coaduna com o seu modo de ser. Já só a influência religiosa dos 'marabouts', isso faz a força e a fraqueza do Senegal por ter 97% da população muçulmana de várias obediências, mas que obedecem aos chefes religiosos quando há uma situação deplorável, intervêm e tudo entra na ordem.RFI: Que consequências é que isso pode ter, a seu ver, ao nível de uma região, a África do Oeste, que já tem sido bastante abalada por várias situações de instabilidade política?Henri Labery: O que poderá acontecer, é só a Costa de Marim dizer 'vamos ter cuidado também', porque se a situação do Senegal é igual à dos outros países, porque os outros países só vão esfregar as mãos de contentamento e dizerem 'olha, finalmente o Senegal entendeu que vão pôr tudo às costas do antigo poder colonial, e se isso acontecesse com o Senegal, o único bastião a obedecer ao ocidente vai ser a Costa de Marfim. Lá mais para baixo, o Gabão já está nas mãos dos militares. Ainda nas antigas colonias francesas, os Camarões de Paul Biya, ele pode também partir, está tudo a ferver em cima de brasas que a todo o momento pode desencadear incêndios e situações desagradáveis.RFI: Julga que há algo que pode eventualmente fazer reverter esta situação?Henri Labery: Não estou a ver de imediato. Porque se quisermos falar das antigas colónias francesas, a França podia ter alguma influência, mas ninguém quer ouvir falar da França, sobretudo a juventude aqui no Senegal. Na Costa de Marfim, a situação é mais ou menos idêntica na massa juvenil. Os Estados Unidos, a Rússia... A Rússia está vir com pés de lã aqui na costa ocidental. Já está no Mali, já está no Burkina e não sei se não está já a chegar ao Níger, embora a popularidade da Rússia não seja tão aceite no Senegal. Nem da Rússia, nem da China aliás. Os arabes estão também entrando aqui a pouco e pouco. Havia a Líbia, do tempo do Kadhafi, mas infelizmente, viu-se o que aconteceu com o Kadhafi e estamos aqui na expectativa para ver o que é tudo isto vai dar. Mas tudo isto por ambição desmedida dos Presidentes que quando chegam ao poder, não querem sair e inventam mil e uma facetas para poderem ficar no poder.
Le Sénégal est entré dans une nouvelle période de crise, depuis l'annonce par Macky Sall du report de l'élection présidentielle à une date indéterminée. Pour justifier ce report très contesté, le président a invoqué l'existence d'un conflit ouvert entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel. À quel point ce qui se passe aujourd'hui réveille le souvenir des mobilisations de la fin des années Wade ? Le chercheur Papa Fara Diallo est maître de conférences en sciences politiques à l'université Gaston-Berger de Saint-Louis. RFI : Papa Fara Diallo, des manifestations dispersées, une plénière de l'Assemblée nationale à haut risque, une proposition de loi constitutionnelle hautement polémique : est-ce que le Sénégal revit d'une certaine manière la contestation du 23 juin 2011, à la fin des années Abdoulaye Wade ?Papa Fara Diallo : Oui, le Sénégal est en train de vivre des moments sombres de son histoire politique. Ce qui s'est passé le 23 juin 2011 était très grave, mais ce qui se passe en ce moment est encore plus grave, parce que pour la première fois dans l'histoire politique du Sénégal, le président de la république décide de ne pas respecter le calendrier électoral, décide d'annuler tout bonnement et tout simplement l'élection présidentielle en abrogeant le décret qui convoquait le corps électoral.L'autre élément de comparaison qu'on peut avancer, c'est qu'en 2011, il n'y avait pas une restriction des libertés publiques comme on le connait aujourd'hui sous le régime de Macky Sall. En 2011, devant l'Assemblée nationale, le président Wade avait autorisé l'opposition, comme la majorité, à organiser des manifestations devant l'Assemblée. Et depuis 2012, quasiment aucune manifestation n'est tolérée devant l'Assemblée nationale et aux abords de Dakar-Plateau, ce qui témoigne d'une volonté de restriction des libertés.Au cœur de la crise actuelle, il y a donc l'annonce du report de l'élection présidentielle par le président Macky Sall. Le Parti Démocratique Sénégalais a été très engagé dans cette démarche de report… On comprend que le PDS fasse tout pour permettre à son candidat, Karim Wade, de se présenter à la présidentielle, mais comment expliquez-vous que la majorité présidentielle, Benno Bokk Yakaar, soit venue ainsi au secours de Karim Wade ?Cette initiative des députés du Parti Démocratique Sénégalais et de ses alliés a été fortement appuyée par la majorité au parlement, Benno Bokk Yakaar. Cela montre qu'il y a un accord entre Benno Bokk Yakaar et le parti démocratique sénégalais, pour qu'il y ait un report de l'élection présidentielle, pour permettre, dans le cadre d'un dialogue hypothétique que le chef de l'Etat a annoncé, de rebattre les cartes pour que Karim Wade puisse compétir, et deuxièmement, pour permettre au président de la république de se réorganiser. Si la majorité était sûre de remporter l'élection présidentielle, soyez sûr que le chef de l'Etat n'aurait pas songé à repousser l'élection présidentielle. Donc cette alliance contre-nature, à mon avis, qui se joue au sein du parlement pour mettre en place une commission d'enquête parlementaire, et proposer une loi constitutionnelle qui pourrait prolonger le mandat du chef de l'Etat pour six mois ou un an, c'est une combine politique entre deux formations politiques qui cherchent à gagner du temps. Je ne vois pas juridiquement comment on peut prolonger un mandat qui dure cinq ans et qui a été sanctuarisé avec une clause d'éternité dans la constitution.Que nous dit cette crise des tensions au sein de la majorité présidentielle ?On a voulu nous faire croire qu'il y a une crise institutionnelle au Sénégal. Il n'y a pas de crise institutionnelle, s'il y a une crise, c'est au sein de Benno Bokk Yakaar. Déjà, depuis que le président Macky Sall a annoncé qu'Amadou Ba serait le candidat de la majorité, il y a eu beaucoup de défections. Même après avoir choisi le candidat Amadou Ba, Premier ministre actuellement, il y a jusqu'à présent des ministres du gouvernement, des responsables de la coalition Benno Bokk Yakaar au pouvoir, qui ont ouvertement critiqué le choix du président de la république. Ils ont annoncé clairement qu'il n'allait pas le soutenir. Donc c'est tous ces problèmes-là combinés qui font que le président de la république a compris que son camp était dans une mauvaise posture pour aller à cette élection présidentielle, et qu'il lui fallait gagner du temps pour pouvoir réorganiser ses troupes au sein de la coalition Benno Bokk Yakaar et choisir probablement un nouveau candidat qui pourrait avoir des chances de gagner l'élection. Ce qui témoigne de cette crise manifeste au sein de la coalition Benno Bokk Yakaar, c'est que c'est le Premier ministre Amadou Ba, candidat de la majorité au pouvoir, qui est accusé, par le PDS, d'être le corrupteur de deux juges du conseil constitutionnel, et paradoxalement, la quasi-totalité des députés de la majorité Benno Bokk Yakkar ont soutenu cette initiative parlementaire du PDS pour enquêter sur ces accusations de corruption.A l'entame de cette interview, je vous interrogeais sur la contestation du 23 juin 2011, est-ce que Macky Sall peut reculer aujourd'hui comme Abdoulaye Wade avait reculé à l'époque ?On l'espère, mais le président Macky Sall nous a habitué à ne pas reculer. La répression brutale [de ce dimanche] avec beaucoup de leaders qui ont été arrêtés, cela montre que le président de la république n'est pas dans la logique de reculer, comme le président Wade l'avait fait en juin 2011, ce qui avait permis de calmer le jeu politique et d'aller vers une élection présidentielle qui a consacré la seconde alternance au Sénégal.On se dirige vers un bras de fer selon vous ?Oui, c'est clair, on se dirige vers un bras de fer. Il me semble que les opposants et beaucoup d'organisations de la société civile sont en train de s'organiser. Ce qui avait calmé les ardeurs en termes de contestation, c'était la déclaration du président Macky Sall de ne pas briguer une troisième candidature. Cette déclaration qui consiste à annuler le processus électoral va remettre en jeu l'ensemble des forces vives de la nation qui veulent redorer le blason de la démocratie, et reconquérir les libertés démocratiques.
O chefe de Estado senegalês adiou por seis meses as eleições presidenciais previstas para 25 de Fevereiro. Macky Sall justificou a medida com a polémica levantada em torno da lista final de candidatos, invocando o conflito que surgiu entre o Conselho Constitucional e a Assembleia Nacional após a validação definitiva pelo tribunal de 20 candidaturas. O analista guineense, Armando Lona, considera que a decisão demonstra que o Presidente senegalês está determinado em neutralizar a oposição. RFI: O chefe de Estado senegalês adiou por seis meses as eleições presidenciais que deveriam acontecer no dia 25 de Fevereiro. Macky Sall justificou a medida com a polémica levantada em torno da lista final de candidatos, invocando o conflito que surgiu entre o Conselho Constitucional e a Assembleia Nacional. Este adiamento era previsível?Armando Lona, analista político guineense: Sim, era previsível. [Macky Sall] nunca escondeu a preocupação de impedir uma candidatura da oposição. Trabalhou para neutralizar a oposição, Ousmane Sonko que está actualmente na cadeia.Entretanto, o partido de Ousmane Sonko avançou com um plano B, um candidato alternativo [Bassirou Diomaye Faye] que segundo as sondagens é o favorito para vencer estas eleições.Eu vejo o adiamento [das eleições] como uma manobra para evitar uma iminente vitória da oposição.Pode dizer-se que o candidato anti-sistema, Bassirou Diomaye Faye, preocupa aqueles que estão no poder?Sim, preocupa. O próprio regime encomendou várias sondagens e estas mostram, claramente, que Bassirou Diomaye Faye seria o potencial vencedor dessas eleições. Quem diz Bassirou Diomaye Faye diz Ousmane Sonko.Alguma imprensa fala da aproximação, nos últimos tempos, entre Macky Sall e Karim Wade. O Partido Democrático Senegalês, que teve um papel importante, neste adiamento, está a fazer tudo para permitir que o candidato concorra à presidência. Mas como se explica que a maioria presidencial tenha vindo para ajudar Karim Wade?Estamos perante um jogo de oportunismo do Presidente senegalês. Macky Sall não é candidato, ele escolheu um sucessor - Amadou Ba - embora não seja uma pessoa consensual. Há crispação no campo Presidencial.Eu acho que Karim Wade não faz parte da agenda de Macky Sall, penso que o actual chefe de Estado estará a preparar uma manobra para se manter no poder por mais tempo.Não acredito que as eleições se realizem no mês de Agosto. Toda a gente sabe que é o período das chuvas no Senegal.A decisão de Macky Sall motivou a renúncia do ministro secretário-geral do Governo actual, Abdoul Latif Coulibaly. Pode falar-se em tensões no seio da maioria presidencial?Sim. Vamos assistir a outras decisões similares nos próximos dias, nas próximas semanas. Até no círculo familiar, o irmão mais novo do Presidente Macky Sall já veio a público dizer que se opõe ao adiamento das eleições. Está a dizer claramente que vai aderir às manifestações. Existe uma tensão palpável e a renúncia de Abdoul Latif Coulibaly mostra essa frustração no seio do campo presidencial.Este fim-de-semana, o país foi palco de manifestações, a ex-primeira-ministra Aminata Touré foi detida. O Senegal está, de alguma forma, a reviver o protesto de 23 de Junho de 2011, no final dos anos Abdoulaye Wade?Acho que todas as condições estão reunidas para que a situação [política] piore no Senegal. Para a maioria dos senegaleses, a decisão do Presidente Macky Sall é um verdadeiro “golpe constitucional”. Adiar as eleições, no dia em que devia arrancar a campanha eleitoral, significa que se vai alterar a Constituição. Estamos perante um acto que é qualificado como “golpe constitucional”, levado a cabo por um Presidente cujo mandato está a chegar ao fim. [O mandato de Macky Sall termina no dia 02 de Abril].Os deputados reúnem-se nesta segunda-feira, 05 de Fevereiro, para examinar um projecto de lei para adiar as eleições presidenciais por seis meses. O texto deverá ser aprovado por 3/5 dos 165 deputados para ser validado. A aprovação será fácil?Não será muito fácil, mas penso que foi feito um trabalho para se conseguir a aprovação no Parlamento. Contudo, acredito que tudo se vai jogar nas ruas de Dakar – serão as relações de força – e isso poderá ter outras implicações. A oposição é obrigada a optar por uma posição muito mais robusta. A recusa da candidatura de Ousmane Sonko foi vista como um escândalo, tendo em conta tudo o que foi montado para o neutralizar.Como é que se pode dar, hoje, mais atenção à recusa da candidatura de Karim Wade do que à recusa de Ousmane Sonko? Aí está a grande questão que se coloca aos senegaleses, tendo em conta que o filho do ex-Presidente Wade foi julgado por crimes de corrupção e condenado a vários anos de prisão.Karim Wade foi acusado de desviar 138 mil milhões de francos CFA. São esses elementos que vão contribuir para tornar a situação muito mais tensa no Senegal.A União Africana apela ao diálogo. A Comunidade Económica dos Estados da África Ocidental (CEDEAO), a União Europeia e o Ministério dos Negócios Estrangeiros da França defenderam que o Senegal deve realizar eleições presidenciais o mais rápido possível. Macky Sall poderá voltar atrás na decisão?Essas declarações não são contundentes. Dizer que o país deve realizar eleições o mais rapidamente possível, significa que se está a admitir o adiamento, mas para uma data que não seja tão longa.Eu tenho as minhas reservas em relação a essas organizações. A CEDEAO que não se pronunciou quando ouve o relato de prisões arbitrárias, espancamentos dos opositores, mortes dos manifestantes no Senegal… Não me surpreende que a CEDEAO continue nessa timidez. A percepção do senegalês comum é que essas organizações estão a apoiar o regime de Macky Sall.A União Africana pronunciou-se “sob o capote da formalidade”. Quem devia ter uma postura mais interventiva, tendo em conta a gravidade, a violação dos direitos humanos e políticos no Senegal, deveria ser a CEDEAO.Mas essa CEDEAO, nós sabemos, vive com o dilema de dois pesos e duas medidas. Não vejo de que forma essas declarações poderão sanear a grave situação que se vive no Senegal. A meu ver, é no combate interno que tudo se vai decidir.
Le Conseil constitutionnel a publié le samedi 20 janvier 2024 la liste définitive des candidats à la présidentielle du 25 février. Deux des principaux opposants ne figurent pas dans la liste des candidats retenus: Ousmane Sonko, actuellement en prison, et Karim Wade, fils et ministre de l'ex-président Abdoulaye Wade. Eric Topona et ses invités en débattent sous l'Arbre à palabres.
Ils seront 20 à briguer les suffrages des électeurs sénégalais le 25 février prochain à l'élection présidentielle. La liste a été rendue publique samedi 20 janvier au soir par le Conseil constitutionnel. Quels seront les camps en présence, où se placent les lignes de division et quels seront les grands absents de ce scrutin ? Pour en parler, notre invité ce matin est Papa Fara Diallo, maître de conférences en science politique à l'université Gaston Berger de Saint-Louis. RFI : Ce chiffre de 20 candidats pour la prochaine élection présidentielle, c'est un record. Il n'y a jamais eu dans l'histoire du Sénégal autant de prétendants à la magistrature suprême. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour la démocratie sénégalaise ?Papa Fara Diallo : À mon avis, c'est une bonne nouvelle pour la démocratie. Cela témoigne d'une vitalité démocratique. Le président sortant n'est pas candidat. Donc probablement, certains se sont dit, « nous avons nos chances », puisqu'en général, l'histoire politique du Sénégal a montré, à deux exceptions près - notamment en 2000 et en 2012 -, que si le président sortant est candidat, il a de fortes chances de remporter l'élection présidentielle.Du côté de la majorité présidentielle, la coalition Benno Bokk Yakaar (« Unis par l'espoir », en wolof) a donc un candidat qui a été désigné pour succéder à Macky Sall - l'actuel Premier ministre Amadou Ba -, mais il y a également trois candidatures dissidentes, celles d'Aly Ngouille Ndiaye, de Mahammed Boun Abdallah Dionne et celle d'El Hadji Mamadou Diao. Est-ce que ces trois candidatures sont susceptibles de gêner celle du candidat de Benno Bokk Yakaar ?Oui, on peut l'analyser comme étant une contestation du leadership du candidat désigné par le président de la République. Ces candidats dissidents considèrent qu'ils sont plus légitimes que Monsieur Amadou Ba, qu'ils ont une base électorale, qu'ils maîtrisent leur fief, mais que lors des dernières élections, Monsieur Amadou Ba a perdu dans son fief aux Parcelles Assainies [nord-est de la capitale - NDLR].L'autre hypothèse, c'est que ce serait une stratégie qui consiste à éclater le leadership au sein de Benno Bokk Yakaar, faire en sorte que, dans les zones où Monsieur Amadou Ba n'a pas un ancrage en termes d'électorat, que ces candidats dissidents-là puissent faire le maximum de voix et empêcher l'opposition de grignoter dans cet électorat-là.Du côté de l'opposition, il y a donc un premier grand absent, Ousmane Sonko, dont la candidature a été invalidée à la suite de sa condamnation. Le plan B du parti, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, voit sa candidature validée, mais il est en prison. Est-ce qu'il pourra battre campagne ?J'espère qu'il pourra battre campagne. Ce cas de figure s'est produit en ce qui concerne l'ancien maire de Dakar, Monsieur Khalifa Sall, qui était candidat investi lors des élections législatives, mais il n'avait pas pu battre campagne, il était en prison. Donc on espère que, puisque cette fois-ci ce n'est pas un scrutin de liste, mais c'est un scrutin présidentiel uninominal, qu'on puisse permettre à ce candidat de pouvoir battre campagne. Laisser un candidat en prison durant la campagne électorale, ça serait une mauvaise image pour la démocratie sénégalaise, à mon avis.Des alliés d'Ousmane Sonko sont également dans la course, Habib Sy et Cheikh Tidiane Dieye. Certains les avaient même décrits à un moment donné, comme les plans C et D du parti. Est-ce qu'ils ont déjà dit l'un et l'autre ce qu'ils entendaient faire si jamais Ousmane Sonko appelait à voter pour Bassirou Diomaye Faye ?Non, ils n'ont pas fait de déclaration dans ce sens-là, que ça soit Monsieur Habib Sy ou Monsieur Cheikh Tidiane Dieye. Je pourrais même ajouter Monsieur Déthie Fall. Ils sont des alliés d'Ousmane Sonko. Dans tous les cas, tout dépendra du mot d'ordre que le leader de l'ex-parti Pastef va donner, Monsieur Ousmane Sonko.L'autre grand absent de la compétition, ce sera Karim Wade qui devait, à l'occasion de cette élection, porter les couleurs du Parti démocratique sénégalais (PDS), le parti fondé par son père, l'ancien président Abdoulaye Wade. Cela va donc laisser un nombre important d'électeurs sans candidat naturel.Oui, le PDS est un des grands partis politiques au Sénégal. C'est un parti qui a dirigé le pays pendant 12 ans. Mais les dernières élections ont montré, effectivement, que cet électorat s'est effrité. Pour le moment, on ne sait pas dans quel sens iront les consignes de vote de Karim Wade.Au-delà des profils de chacun, est-ce que vous discernez une ou deux lignes de partage entre ces 20 candidats ?Il y a au moins trois pôles qu'on peut clairement identifier. Il y a le pôle de la majorité. Ils ont les mêmes volontés de prolonger le « Plan Sénégal Emergent », qui est le référentiel des politiques publiques au Sénégal depuis 2012.L'autre pôle, c'est le pôle de l'opposition radicale, incarné par Yewwi Askan Wi (« Libérer le peuple », en wolof) et à la tête de ce pôle, il y a Monsieur Ousmane Sonko avec ses alliés.Il y a aussi un troisième pôle, que je qualifierais de non-aligné, composé des leaders qui sont issus du monde économique, du monde de la santé, mais aussi Monsieur Khalifa Sall, Idrissa Seck, etc., qui peuvent avoir un rôle extrêmement important à jouer durant cette élection présidentielle.À lire aussiSénégal: le Conseil constitutionnel valide 20 candidatures, écarte celles des opposants Karim Wade et Ousmane Sonko
Karim Wade, fils et ministre de l'ancien président Abdoulaye Wade, a renoncé à sa nationalité française, qui empêchait sa candidature à la présidentielle du 25 février, peut-on lire dans le Journal officiel daté de mercredi 17 janvier 2024. Sa double nationalité faisait débat, à quelques jours de la validation finale des candidatures pour la magistrature suprême, dont il est l'un des principaux concurrents. Les explications à Dakar de Sarah Sakho.
Pendant une grande partie du XXe siècle, le Sénégal a abrité la fabrique à élites de l'AOF, l'Afrique occidentale française. Un projet colonial français pour former ses cadres localement, mais qui a ensuite permis l'émergence d'une génération de leaders africains. Aujourd'hui, le site qui a abrité l'école le plus longtemps tombe en ruines, et les anciens rêvent de le réhabiliter. De notre correspondante à Dakar,Face au grand amphithéâtre en ruines, Mamadou Kandji, ancien doyen de la faculté de lettres de l'université Cheikh-Anta-Diop, a des étoiles plein les yeux. Il se souvient de ses années d'étudiant, au milieu des années 1960. « Ce bâtiment date de 1938. Il y avait une salle de conférences en haut, un laboratoire de recherche et d'expérimentation avec des microscopes en bas », décrit Mamadou Kandji.L'école William-Ponty est créée en 1903 par la France. C'est alors un instrument pour former ses cadres dans les colonies de l'AOF, l'Afrique occidentale française. « L'école était faite pour former des cadres moyens de l'administration coloniale, parce que la conception qui était faite au nom de la supériorité raciale, les Européens occupent tout ce qui est commandement et aux Africains, on laisse donc ce qu'on appelle les postes subalternes », indique Gana Fall, historien et spécialiste de l'administration.À écouter aussi«Les hussards noirs de la colonie»: les instituteurs avant les indépendancesUn « esprit de Ponty »L'école a vu passer beaucoup de futurs dirigeants africains à partir des années 1930, tels que Modibo Keïta pour le Mali, Abdoulaye Wade, ou encore Hamani Diori au Niger, puis les cadres et professeurs qui feront émerger les pays nouvellement indépendants.On parle d'un « esprit de Ponty » qui liait ces jeunes hommes, qui entraient à l'école vers 18 ans. « Le bâtiment détruit justement, ça a toute une histoire pour moi parce que j'ai logé dans ce dortoir-là, c'était la camaraderie et la bonne camaraderie. Mais sur fond de travail et de saine rivalité », souligne Mamadou Kandji.Aujourd'hui, difficile d'imaginer qu'une fabrique à élites était installée ici à Sébikotane, à une quarantaine de kilomètres de Dakar. L'amphithéâtre et les dortoirs sont détruits. Certains bâtiments ont disparu ou ont été transformés en prisons.Des promesses pour réhabiliter l'ancienne écoleL'amicale des anciens, créée en 1991, se bat pour la réhabilitation du site. Un projet qui avait failli se réaliser sous Abdoulaye Wade, l'un des illustres anciens élèves. « Je me souviens que, quand on a soumis le projet au président Wade, il s'en était émerveillé et il avait proposé qu'on en fasse une université du futur africain », se rappelle Modou Ndiaye, le président de l'Amicale.Financé par Taïwan, le projet d'université tombe à l'eau à la rupture diplomatique avec le pays. Désormais, les anciens Pontins rêvent d'un nouveau complexe ambitieux bâti sur le site de l'ancienne école. « Il y aura un musée qui va amener des indices sur l'histoire. On n'écarte pas des implantations de locaux fonctionnels d'éducation et de formation, d'animation culturelle et intellectuelle », imagine Issakha Gueye, trésorier de l'amicale.L'amicale a rencontré l'actuel ministre de la Culture qui leur a promis de plancher sur le sujet. Les anciens organisent aussi des conférences pour réfléchir sur les politiques éducatives au Sénégal.
« Grâce à notre travail, nous nous maintiendrons au pouvoir » : cette petite phrase de Macky Sall, en visite en France, cette petite phrase a mis le feu aux poudres dans la presse sénégalaise.Elle fait la Une du site d'information Seneweb. « Le chef de l'État, Macky Sall, a semblé lever un coin du voile sur ses intentions, en perspective de la présidentielle de février 2024, affirme Seneweb. En effet, face à ses militants établis en France, pays où il a entamé, hier mercredi une visite de travail, le patron de l'APR a promis à ces derniers de se maintenir au pouvoir, avec la volonté du peuple, vantant ses réalisations. Macky Sall a fait cette déclaration au moment où sa supposée candidature fait l'objet de discussions au sein du Dialogue politique. Les participants à ces concertations auraient décidé de laisser cette question à l'appréciation des Sept sages du Conseil constitutionnel. »Et Seneweb de rappeler que « le président de la République avait déclaré, le 20 mars dernier, que la question juridique concernant le troisième mandat avait été déjà réglée par ladite juridiction ».Une déclaration qui en dit longLe site Dakar Matin cite une autre phrase de Macky Sall qui semble aller dans le même sens : « Je m'adresserai au pays dans pas longtemps. Nous aurons beaucoup à faire après cette déclaration, pour aller vers la marche du progrès, vers la victoire de 2024. »Commentaire de Dakar Matin : « Cette déclaration en dit long. En effet, jusqu'ici le chef de file du parti au pouvoir avait maintenu le flou avec son "ni oui ni non" sur sa candidature à sa propre succession. Cet appel est-il une déclaration de candidature pour un 3e mandat ? L'avenir nous édifiera. »Bourde ?Pour WalfQuotidien, c'est on ne peut plus clair : Macky Sall va se présenter… « Macky Sall sera candidat à sa propre succession en 2024, affirme le journal. Il en a fait l'annonce, hier, à la résidence de l'ambassadeur du Sénégal, à Paris, au cours d'une audience accordée à ses militants. WalfQuotidien qui parle de « bourde » : « c'est la première fois qu'un président de la République déclare sa candidature à l'étranger. (…) L'idéal aurait voulu que Macky Sall, même contesté par bon nombre de Sénégalais, donne la primeur de sa candidature aux Sénégalais qui l'ont élu en 2012 et réélu en 2019. Avec cette annonce de candidature, Macky Sall risque de raviver les tensions. »Karim Wade et Khalifa Sall possibles candidats ? Et Ousmane Sonko ?Autre question, posée cette fois par Le Monde Afrique : « Les principaux rivaux du président Macky Sall recouvriront-ils les droits civiques dont ils ont été déchus suite à des condamnations ? Et pourront-ils se présenter à l'élection présidentielle ? C'était le point le plus attendu du dialogue national qui s'est ouvert le 31 mai à Dakar entre le pouvoir et certains partis d'opposition. Et la commission politique a répondu par l'affirmative, se disant favorable à une modification des articles L28 et L29 du code électoral, ce qui permettrait une réhabilitation des droits civiques et politiques des personnes qui ont bénéficié d'une grâce présidentielle et qui ont purgé leur peine. »Ainsi Karim Wade et Khalifa Sall pourraient participer à la présidentielle : « Karim Wade, fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, avait été condamné en 2015 à six ans de prison ferme pour enrichissement illicite, avant d'être gracié et de s'exiler au Qatar, rappelle Le Monde Afrique. Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, avait quant à lui été écarté de l'élection présidentielle de février 2019, ayant été condamné à cinq ans de prison ferme pour détournements de fonds publics, avant d'être gracié en septembre de la même année. »Alors, « si la modification du code électoral pourrait permettre à ces deux hommes politiques de se présenter en 2024, la question reste en suspens pour Ousmane Sonko, relève encore Le Monde Afrique. Le président du Pastef a été condamné à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse et à six mois avec sursis pour diffamation. Ces peines, qui ne sont pas encore définitives, menacent directement son éligibilité ».Une « drôle d'attente… »En tout cas, le Sénégal vit « une drôle d'attente », pointe le site d'information Seneplus : « Entre l'attente de la "notification" à Ousmane Sonko de son verdict et les dialogues nationaux de Macky Sall, le Sénégal vit toujours dans l'incertitude et la psychose. Cette drôle d'attente inquiète les citoyens, les partenaires financiers, les bailleurs, les investisseurs, les opérateurs économiques et les autres couches sociales. (…) Malgré les multiples médiations et dialogues, pouvoir et opposition semblent camper sur leurs positions. »
« Nous sommes une opposition responsable, qui ne veut en aucun cas interrompre la coopération avec la communauté internationale, nous voulons juste des partenariats gagnant-gagnant », affirme l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, ce 6 janvier 2023, dans une interview à RFI et France 24. Monsieur Sonko, vous soulevez un point qui fait débat et qui fera débat, à savoir la question du troisième mandat. Macky Sall n'a pas encore dit s'il comptait briguer ou pas un nouveau mandat, il estime toutefois qu'en raison de la nouvelle Constitution de 2016, il en a le droit. On entend certains de ses proches l'encourager à y aller. Alors, d'une part, en a-t-il le droit, d'après vous, et s'il y va, est-ce que vous seriez, peut-être, tenté par une stratégie de déstabilisation, si jamais il saute le pas ? Vous savez, le seul fait que ce débat se pose encore au Sénégal n'honore pas ce pays, n'honore pas le président Macky Sall. N'oubliez pas qu'en 2012, c'est le président Macky Sall qui était à la pointe de la contestation contre la troisième candidature du président Abdoulaye Wade, au point d'être dans les manifestations à la place de la Nation, muni d'un petit matelas, se disant prêt même à y passer les nuits s'il le faut. Pensez-vous que, moralement, un homme qui a eu cette position, cette posture et qui a mené ce combat-là, puisse se retrouver, douze ans plus tard, dans la même situation où c'est lui, aujourd'hui, qui veut forcer une troisième candidature ? C'est une honte pour le Sénégal, c'est une honte pour l'Afrique que ce genre de débat ne se pose que chez nous. Quand on a gouverné de la manière dont il a gouverné avec des scandales à la pelle, impliquant ses proches, ses beaux-frères, ses frères, ses parents, tous ces gens qui l'ont mené à sa gouvernance, quand on a gouverné par la brimade en instrumentalisant la justice, en libérant les forces de défense et de sécurité sur les gens, on a toujours peur des lendemains. Mais sur le plan juridique, tous les constitutionnalistes sénégalais - vous voyez que chaque jour ou chaque semaine, il y a des panels - je n'ai pas encore vu un constitutionnaliste qui dise le contraire et nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. Cette phrase qui figure dans l'article 27 de la Constitution, a résumé la question. Qu'est-ce qui va se faire ? Cela relèvera du peuple sénégalais. Vous savez, ce n'est pas une question de Ousmane Sonko ou de X ou de Y. La preuve, s'il y a une question qui fait consensus entre l'écrasante majorité du peuple sénégalais, la société civile sénégalaise, les acteurs politiques de l'opposition et même des acteurs politiques du pouvoir, parce que de plus en plus de voix s'élèvent dans le pouvoir - on a même des démissionnaires qui disent rendre leur tablier parce qu'ils ne peuvent pas admettre ce débat sur le troisième mandat - le moment venu, le peuple sénégalais qui est un grand peuple, qui a montré dans le passé son attachement à la démocratie, ce peuple-là aura son mot à dire. Monsieur Sonko, lors de votre candidature officielle - c'était au mois d'août dernier - vous avez accusé Macky Sall de « susciter des dossiers de terrorisme, de rébellion, de viols imaginaires, fabriqués avec le soutien de la France ». La France aurait donc participé à un complot contre vous ? C'est grave, ça, comme accusation… Ce que je veux dire, c'est qu'aujourd'hui, il y a un certain nombre d'actes que la France pose, ce qui nous fait penser, nous l'opposition, de manière générale, que la France prend fait et cause pour Macky Sall. Sur ces problématiques-là, nous voulons appeler la France à revoir sa position. On a été dépeints comme étant des antifrançais notoires. Nous n'avons rien contre la France, ni contre aucun autre pays. Nous avons un discours qui peut gêner parce que c'est un discours qui appelle à une rupture dans les relations. Il y a des traditions séculaires entre le Sénégal et la France mais ces traditions sont assises également sur des relations qui ne sont pas totalement roses pour le Sénégal. Nous sommes au XXIème siècle, le monde est en train de changer. Il ne s'agit plus de placer un président, de lui apporter un total soutien, tant qu'il accepte la coopération telle que vous la voulez ou telle que vous l'entendez. Nos pays aspirent à autre chose et nous voulons continuer des partenariats mais dans le sens d'un partenariat gagnant-gagnant et cela appelle à une révision d'un certain nombre d'axes, au niveau économique surtout, mais également sur beaucoup d'autres plans. Sur le plan international, il y a un fait inédit. Depuis quelque temps, nous nous rendons compte que la communauté internationale établie au Sénégal semble avoir même peur d'entrer en contact avec l'opposition et on nous dit que ce serait un veto du présent Macky Sall. Nous voulons dire à cette communauté internationale que l'opposition sénégalaise est une opposition responsable, ouverte sur le monde, qui connaît la tradition et l'histoire de la coopération au Sénégal qui, en aucun cas, ne peuvent être interrompues mais que nous voulons des discussions beaucoup plus sereines, beaucoup plus ouvertes et orientées vers des partenariats constructifs, gagnant-gagnant. Monsieur Sonko, vous dites que vous n'êtes pas contre la France. On a vu des manifestations anti-françaises et parfois pro-russes dans plusieurs capitales africaines. Quelle est votre appréciation de cette arrivée des Russes qui pourraient se substituer à la France ? Ce que je voudrais dire à nos amis africains, c'est qu'il n'est pas question de remplacer un partenariat qu'on considérait défavorable, par un autre qui peut l'être beaucoup plus. Remplacer un drapeau par un autre n'est pas en faveur du combat pour la souveraineté des pays africains. Nous devons être très prudents. L'ouverture, certes mais à l'endroit de la Russie également, ce qui est attendu n'est pas un partenariat de guerre, on n'attend pas que la guerre s'installe dans un pays pour débarquer, mais nous voulons des partenariats beaucoup plus constructifs, beaucoup plus larges qui englobent toutes les questions de développement et qui nous interpellent. À propos du dossier judiciaire concernant M. Ousmane Sonko, la Direction de RFI tient à préciser que ses journalistes, à Dakar comme à Paris, ont toujours veillé à couvrir cette affaire avec la plus grande rigueur et avec un souci permanent de l'équilibre.
« La traque d'un dictateur »... C'est le titre du livre que publie l'avocat américain Reed Brody, qui s'est rendu célèbre par ses 25 années de combat pour faire juger l'ancien président tchadien Hissène Habré. Pour l'instant, le livre -publié à New York par les éditions Columbia University Press - n'est paru qu'en anglais, sous le titre « To catch a dictator ». Il fourmille d'anecdotes sur les coulisses du combat sans merci qui a opposé l'ancien dictateur tchadien et les survivants de ses salles de torture. En ligne de la Haye, aux Pays-Bas, Reed Brody répond aux questions de RFI. Il vous a fallu 25 ans pour faire traduire Hissène Habré devant un tribunal international. Quel a été pour vous l'obstacle le plus difficile à franchir ? Reed Brody : C'était la volonté politique. On a déposé les premières plaintes en janvier 2000. Hissène Habré a été inculpé par le doyen des juges d'instruction au Sénégal en 2000. Mais, suite aux ingérences politiques au Sénégal, les plaintes ont été abandonnées. Et ce n'est qu'avec l'élection de Macky Sall [en 2012] et la venue d'Aminata Touré comme ministre de la Justice, que le Sénégal et l'Union africaine ont créé un tribunal spécial pour faire ce jugement. Et donc, tout cela, c'était grâce à la ténacité et l'obstination des victimes qui ont dû mobiliser, remobiliser les opinions jusqu'à ce que le Sénégal accepte de le juger. ►À lire aussi : Les Tchadiens et Habré : pour beaucoup, la mémoire d'années sombres Oui, mais, derrière la mauvaise volonté manifeste d'Abdoulaye Wade, est-ce qu'il n'y avait pas le scepticisme de tous les dirigeants politiques africains ? C'est d'ailleurs Abdoulaye Wade lui–même qui nous a dit une fois : « Vous savez, il y a quelque chose qui s'appelle le syndicat des chefs d'État. Il n'accepterait pas que je juge un des leurs ». Nous avons arpenté les couloirs de l'Union africaine durant 6 à 8 sommets et on mesurait la difficulté pour ces dirigeants d'accepter qu'un des leurs soit jugé. Est-ce que Paris, Washington ont bloqué ? C'est vrai que Hissène Habré a été porté au pouvoir par les États-Unis. Il a été soutenu de bout en bout par les États-Unis et presque jusqu'au bout par la France. Les États-Unis ne sont pas complexés. Que ce soit au Guatemala, en Argentine, les États-Unis acceptent de faire juger et de soutenir les jugements des gens qu'ils ont soutenus. Et Barack Obama a même fait le déplacement à Dakar et a ouvertement soutenu le procès et félicité Macky Sall. La France, c'est vrai, a beaucoup plus hésité. C'était Nicolas Sarkozy et Rama Yade qui ont changé la donne avec la France. Et finalement, les deux pays, je dois le dire, ont quand même fini par accepter le projet d'un procès. À l'ouverture du procès en juillet 2015 à Dakar, Hissène Habré et ses partisans vous ont traité de « juif américain » au service du lobby antimusulman. Vous étiez partout les années qui ont précédé en tant que chef d'équipe, on vous voyait dans toutes les réunions internationales, est-ce que, de fait, il ne s'est pas établi une hiérarchie postcoloniale dans l'équipe qui a traqué le dictateur Hissène Habré ? Comme on peut voir dans le livre, le comité international pour le jugement de Hissène Habré était dirigé par [l'avocate tchadienne] Jacqueline Moudeina. Moi, j'étais un soutien important, mais je pense qu'en premier lieu, c'étaient les Tchadiens. Et, comme vous dites, ça ne sert à rien que ce soit un soi-disant « chasseur de dictateurs ». C'est comme ça qu'on vous appelait, en effet… On m'appelait « chasseur de dictateurs » et, en fait, ce n'est pas grâce à moi qu'on a pu mobiliser les soutiens. D'ailleurs, il faut le dire, moi, en même temps, j'ai écrit quatre rapports sur le traitement des prisonniers par les États-Unis dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, j'ai écrit un livre Faut-il juger George Bush ?. Quand on m'a dit d'aller à Guantanamo, je suis allé à Guantanamo. J'essaie aussi de faire juger les crimes commis par les pays occidentaux. Le 20 octobre, une grande manifestation de l'opposition tchadienne a été très violemment réprimée par les forces de l'ordre, à Ndjamena et dans plusieurs grandes villes du sud du Tchad. Selon les sources, le bilan des victimes varie de 50 à 150 morts. Vous vous êtes toujours battu pour les droits de l'homme et de la démocratie, quelle est votre réaction ? Je suis effrayé de voir cela. Le gouvernement tchadien a promis qu'il y aurait une enquête internationale, mais je n'en vois pas la trace. Je ne vois rien qui promet que telle ou telle commission soit mise sur pied. Donc, je déplore farouchement. On ne peut pas tirer sur les manifestants. Je pense que, si le procès de Hissène Habré doit servir à quelque chose, c'est de montrer les limites que les dirigeants ne peuvent pas franchir. ►À lire aussi : Au Tchad, la mission de l'UA en charge de l'indemnisation des victimes d'Hissène Habré arrive à Ndjamena
Au Sénégal, c'est officialisé : Aminata Touré a envoyé une lettre au président de l'Assemblée nationale pour l'« informer » de sa décision d'être désormais députée non-inscrite. L'ancienne Première ministre, qui était tête de liste de la majorité Benno Bokk Yaakaar aux législatives de juillet, a rompu avec le président Macky Sall après avoir été écartée du perchoir. Débat sur une éventuelle troisième candidature du chef de l'État en 2024, possible amnistie des opposants Karim Wade et Khalifa Sall, ses perspectives pour l'avenir, Aminata Touré, surnommée « Mimi » Touré, est l'invitée de Charlotte Idrac. Vous êtes donc désormais députée non-inscrite à l'Assemblée, alors concrètement, quand il s'agira de voter des lois, est-ce que vous serez dans la majorité ou dans l'opposition ? C'est tout le sens d'être non-inscrit, c'est d'être député du peuple comme on dit, et tout dépendra de la nature de la loi, des remarques qu'on fera, est-ce qu'elles sont prises en compte… Voilà, c'est un geste de liberté. Avec cette décision, le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar perd sa courte majorité absolue de 83 députés. Donc la coalition que vous avez défendue pendant toute la campagne durant les législatives, se retrouve fragilisée. Est-ce que ce n'est pas une trahison comme le disent certains responsables du parti présidentiel ? Eh bien la trahison, elle serait plutôt de l'autre côté, parce que l'engagement militant à mon avis doit être prédominant sur la préférence familiale, ce qui a été le cas. Si les principes qui nous mettent ensemble, si tout ça est effacé, autant que chacun retrouve sa liberté. Ce poste à la présidence de l'Assemblée, il vous avait été promis, vous aviez un accord ferme avec le chef de l'État ? Bien sûr, je l'ai expliqué, c'est très clair. Et puis maintenant, on peut mieux comprendre en fait ce qui s'est passé à la lumière des projets d'amnistie de M. Karim Wade. Comme pour Khalifa Sall, le chef de l'État a ouvert la voie à cette possibilité… Oui, mais moi, c'est surtout celui de Karim Wade qui m'intéresse parce que j'étais ministre de la Justice à ce moment-là, et peut-être que c'était ça l'obstacle. Karim Wade avait été condamné pour enrichissement illicite. C'est ça. C'est clair que comme président de l'Assemblée nationale, une telle loi ne répondrait pas à mes critères éthiques, le droit a été dit, et puis visiblement, c'est plutôt une combinaison, pour ne pas dire un deal politique, qui mène à cette amnistie des faits. Et ces faits, ce sont des faits graves de détournement de deniers publics. Si cette loi passe à l'Assemblée, vous allez donc voter contre ? Je vais voter contre, c'est clair. Pour la présidentielle de 2024, le président reste flou sur ses intentions. Vous pensez vraiment qu'il a l'intention de présenter une troisième candidature ? Tout semble l'indiquer, parce que ce qui se joue en fait, ce sont les 500 000 voix qu'aurait le Parti Démocratique Sénégalais, incarné par M. Karim Wade. Alors que lui dit qu'il ne veut pas d'amnistie, il veut une révision du procès. Pour revenir sur le débat sur le troisième mandat, certains vous reprochent de ne pas avoir relancé ce débat pendant toute la campagne pour les législatives, avant d'être écartée du poste de président de l'Assemblée, que répondez-vous ? Alors, je peux vous demander de faire de la recherche documentaire, je n'ai pas cessé de dire que la question du troisième mandat était derrière moi. Et le président Macky Sall disait qu'il allait se prononcer juste après les élections d'ailleurs. Pour moi, c'était évident qu'il n'y ait aucune raison pour qu'il dise « je vais me présenter ». Aucune raison ! Il l'a dit sur toutes les télévisions, africaines, mondiales. Et puis ce n'est juste pas possible. Cela n'a pas été accepté il y a dix ans, lorsque le président Abdoulaye Wade a voulu faire un troisième mandat. Il est allé aux élections, il a eu 35% au premier tour, je crois que ce serait pire pour le président Macky Sall. Et puis, il y a des risques de stabilité sur le Sénégal. Il n'a pas le droit le président Macky Sall. Il a fait du très bon travail ceci dit en passant. Je ne me renierai jamais, par rapport à son bilan que j'ai défendu partout, mais bon, nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. Donc pour vous, il faut qu'il clarifie au plus vite sa position ? Absolument. Et c'est ce qui va rassurer aussi non seulement les populations, mais également les investisseurs nationaux, comme internationaux. Alors quant à vous Aminata Touré, est-ce que vous êtes déjà candidate pour cette présidentielle 2024 ? En tout cas, j'y pense fortement, très sérieusement. Tous les matins en attachant mon foulard devant la glace, c'est un journaliste qui me le disait, eh bien, je peux lui confirmer, je vais aller à la rencontre des Sénégalais, je vais m'organiser, je vais collecter des parrainages… Vous allez créer votre propre parti ? Un parti… On en parlera plus tard. Est-ce que le chef de l'État, quand il vous a écarté du perchoir, vous a proposé le poste de Premier ministre ? Non, je ne lui ai pas parlé depuis lors. On se reparlera quand il ne sera plus président de la République. Dans une lettre au chef de l'État datée du 15 septembre, vous aviez dénoncé des actions de neutralisation physique envisagées contre vous, « par des éléments proches de l'entourage du chef de l'État et de la Première dame », est-ce qu'il y a eu des suites ? Je l'ai informé, en tout cas le comité d'invectives et d'insultes est très actif. De l'APR (le parti présidentiel) ? Bien sûr, et à tous les niveaux. Mais c'est peine perdue, ça n'aura aucun effet sur ma volonté d'aller de l'avant, et de travailler pour ce pour quoi j'avais quitté les Nations unies pour accompagner le candidat Macky Sall en 2012. Le débat central, c'est le débat autour du troisième mandat. Bien sûr, certains se disent, « si le président Macky Sall n'est plus là, je n'aurai plus mon poste », mais c'est ainsi la vie, on n'est pas dans une monarchie. Et le président de la République qui est le président de l'Union africaine, doit donner le bon exemple en disant « je respecte la constitution, donc moi mon parcours en tant que président de la République s'arrêtera en février 2024 ».
Avec « Passion de liberté » aux éditions Présence africaine, c'est un livre de combat que publie l'homme politique sénégalais Abdoulaye Bathily. Dans cette autobiographie, l'ancien leader marxiste de la Ligue démocratique raconte ses cinquante années de lutte et révèle notamment les coulisses de la victoire d'Abdoulaye Wade à la présidentielle de l'an 2000. Pour l'historien et ancien ministre d'État Abdoulaye Bathily, cette alternance démocratique du 19 mars 2000 est un événement politique plus important que l'indépendance du 4 avril 1960. En ligne de Dakar, il explique pourquoi au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Comme dirigeant marxiste, vous créez à Dakar la Ligue démocratique en 1975. Arrive la présidentielle de mars 2000, le socialiste Abdou Diouf est au pouvoir depuis près de 20 ans, mais quelques mois plus tôt, avec Amath Dansoko et Landing Savané, vos partenaires du pôle de gauche, vous allez voir Abdoulaye Wade à Paris pour tenter de le convaincre de se présenter, mais il n'y croit pas ? Oui, il n'y croyait pas à l'époque parce que, vous voyez, pendant vingt ans, nous avons lutté ensemble avec Aboulaye Wade pour la démocratie, les réformes du code électoral. Ça a été un combat très rude, donc nous avons estimé qu'il fallait l'unité des forces politiques du pays pour arriver à déboulonner un pouvoir vieux de 40 ans. Nous voulions le faire de manière pacifique, sans verser de sang, nous pensions que le travail en profondeur que nous avions mené dans le pays avait amené un processus de maturation des consciences et une capacité des citoyens à aller affronter le pouvoir en place dans les urnes. Quand nous sommes allés chercher Adoulaye Wade, il n'y croyait pas, mais par la suite, il a été convaincu de nos arguments, il nous a suivi et nous sommes venus à bout du régime du parti socialiste, et ça a été, je crois, la première alternance politique pacifique dans cet espace de l'Afrique de l'Ouest. Et pour vous, cette victoire de l'alternance en l'an 2000 est un évènement politique encore plus important que l'indépendance de 1960 ? Oui, parce que l'indépendance, c'était dans le cadre de transferts de compétences entre le régime colonial et le parti au pouvoir de Léopold Sédar Senghor, il n'y a pas eu en réalité à cette époque-là de libération triomphante, mais l'acte de l'alternance du 19 mars 2000 a été un acte conscient par le bulletin de vote. Alors en septembre 1999, vous réussissez à convaincre Abdoulaye Wade de repartir en campagne pour mars 2000, mais il n'a pas un sou devant lui, et vous racontez cette scène incroyable : il est rentré au Sénégal, il est à côté de vous, il téléphone à son fils qui est trader à Londres : « Allo Karim, quoi de neuf à Londres ? Est-ce que tu as pu trouver quelque chose ? Ici, nous sommes fatigués, nous n'avons plus rien, je ne suis même pas sûr d'avoir assez de carburant pour arriver à Ziguinchor », et Karim de répondre : « Papa, c'est difficile ici aussi, je fais tout, mais jusqu'ici, je n'ai rien ». Oui, c'est pour montrer que, quand le peuple est mobilisé, conscient de son devoir et organisé, il peut arriver à la victoire, c'est ce qui s'est passé en 2000, personne ne donnait un sou pour une victoire d'Abdoulaye Wade, malgré tout, il a gagné, simplement parce qu'il y a eu une mobilisation populaire extraordinaire. J'étais là, avec lui, avec d'autres leadeurs, nous avons mobilisé le pays de fond en comble. Et puis arrive donc la victoire ce soir du 19 mars 2000, vous n'êtes pas sûr que les socialistes d'Abdou Diouf vont accepter leur défaite, donc avec Amath Dansoko, vous allez au domicile d'Abdoulaye Wade, vous tenez un meeting commun pour mobiliser tous les partisans, et vous avez ce mot : « Je pris la main d'Amath Dansoko, elle frissonnait, je levais la tête pour le regarder et je vis couler sur ce visage viril une larme, une seule, mais grosse, claire comme son cœur », est-ce que vous avez pleuré vous-même ? Oui, peut-être pas de manière visible, physique, mais nous étions tous dans l'émotion et le meeting que nous avons improvisé dans la nuit et qui a rassemblé des centaines de milliers de citoyens était vécu comme une délivrance. Alors les premières années de Wade au pouvoir, vous êtes ensemble, vous êtes son ministre de l'Energie, mais à partir de 2002 les choses se gâtent. Lors de l'une de vos dernières disputes avant la rupture, vous lui dites tout ce que vous pensez de son régime, et il vous répond : « Toi Abdoulaye, tu n'es qu'un intellectuel ». Oui, évidemment, ce sont ces intellectuels, avec la masse des militants qui se sont mobilisés, qui se sont sacrifiés pour qu'on en soit là. Mais que répondez-vous à la critique selon laquelle vous êtes trop intellectuel pour comprendre les réalités du pays ? Les réalités du pays, ce n'est pas la poursuite de la politique contre laquelle des millions de Sénégalais se sont élevés et ont voté consciemment. Nous sommes venus à l'opposition avant Abdoulaye Wade, il faut le rappeler, Abdoulaye Wade n'est venu à l'opposition qu'en 1974, nous, nous y étions deux décennies avant lui. D'autres combattants ont été dans les tranchées bien avant lui, donc il a été simplement un bénéficiaire de ce capital de lutte qui a été engagé par les Cheikh Anta Diop, par les Abdoulaye Ly, par les Mamadou Dia, qui n'étaient pas moins intellectuels, donc nous étions les interprètes de la réalité du pays, et nous nous sommes engagés. Moi, j'ai fait sept fois la prison et ce n'est pas pour des activités intellectuelles, c'est pour la liberté. D'autres camarades sont morts. Tous ces sacrifices consentis, c'était pour un idéal qui n'était pas simplement « intellectuel ».
Cette semaine nous recevons Fadel Barro, activiste et intellectuel sénégalais et ancien coordonnateur du mouvement Y'en A marre dont il est également co-fondateur. En effet, en 2011, frustré par les coupures d'électricité, Fadel crée aux côtés des rappeurs du groupe Keur Gui, Thiat et Kilifeu, ainsi que d'autres activistes, le mouvement Y'en A marre. L'année suivante en 2012, le mouvement arrive à mobiliser des milliers des sénégalais contre la candidature jugée inconstitutionnelle de Abdoulaye Wade, dans le cadre du collectif M23.Fadel est aussi un panafricain et pas seulement parce qu'il a, depuis plusieurs années, adopté le béret de Amilcar Cabral au point d'en faire un des symboles de son mouvement. Mais surtout parce que depuis longtemps, il s'est investi à créer des ponts entre différents mouvements citoyens, des balais citoyens de Burkina et de Guinée à Novax de Côte d'ivoire en passant par Lucha, Filimbi et bien d'autres. En 2015, il est arrêté à Kinshasa aux côtés des militants sénégalais, burkinabé et congolais. Il passe plus d'une semaine dans les geôles de l'Agence nationale de renseignement, le service congolais d'intelligence. Plus tard, il organise à Dakar des manifestations de soutiens aux activistes guinéens et héberge avec Y'en A marre, plusieurs activistes en exil. Fadel Barro est aussi cofondateur de Afrikki, le réseau panafricain des mouvements sociaux et est actuellement coordonnateur régional de la Plateforme panafricain de protection des lanceurs d'alerte (PPLAAF).Cette année, Fadel Barro était candidat aux élections législatives. Il était aussi candidat aux élections municipales pour la ville de Kaolack dont il est originaire. Dans ce podcast, nous parlons de ses ambitions politiques mais aussi et surtout de sa lutte et des utopies qu'il poursuit depuis plusieurs années maintenant. Ce podcast a été enregistré en avril de cette année, avant les élections législatives.
Stratégie gagnante pour l'alliance d'opposition au Sénégal. Le camp présidentiel « Benno Bokk Yakaar » n'obtient qu'une majorité relative aux élections législatives. Une fois encore, une mécanique d'alliance vient de faire la démonstration de son efficacité face au pouvoir… 82 sièges de députés pour la majorité sortante au Sénégal, c'est 43 de moins qu'il y a cinq ans. À l'inverse, les coalitions d'opposition « Yewwi Askan Wi », menée entre autres par Ousmane Sonko, et « Wallu Sénégal », de l'ancien président Abdoulaye Wade, remportent respectivement 56 et 24 sièges, soit 80 au total pour cette alliance. « Pour la première fois de son histoire, le parti au pouvoir n'obtient pas la majorité absolue », admet le quotidien EnQuête. Journal dakarois dans lequel un ancien ministre et proche collaborateur du président Macky Sall admet qu'il s'agit d'une « défaite ». Laquelle signe, dit-il, « la fin de l'illusion » d'un troisième mandat de Macky Sall. C'est « l'humiliation suprême ! », lance en Une le journal sénégalais 24 Heures. « L'ogre Benno Bokk Yaakaar est tombé de son Olympe », formule ce quotidien dakarois. Lequel souligne que Benno Bokk Yakaar « est minoritaire au niveau des suffrages valablement exprimés ». Selon 24 Heures, « le signal envoyé par le peuple sénégalais est clair (…) Malgré l'énorme armada de l'appareil d'État, les embuches parlementaires attendent Macky Sall et son gouvernement. (…) Ça ressemble fort à une fin de l'exercice solitaire et narcissique d'un pouvoir hypertrophié ». C'est une « percée fulgurante » de l'opposition, admet, au Burkina Faso, le quotidien Wakat Séra. Selon ce journal ouagalais, ces législatives sont « en réalité comme le premier tour de la présidentielle de 2024 » au Sénégal. « Les grandes manœuvres sont, sans doute, déjà enclenchées », estime Wakat Séra. Soutien fortement documenté du Rwanda au M23 En République démocratique du Congo, les experts des Nations unies confirment la présence de troupes rwandaises aux côtés des rebelles dans l'est de la RDC. « L'ONU enfonce le Rwanda », lance La Tempête des tropiques. Comme le souligne ce tabloïd congolais, les preuves du soutien du Rwanda au M23 sont « tangibles ». Pour le quotidien L'Avenir, pas de doute, les Nations unies ont « lâché le Rwanda », le journal La République estimant en écho que ce rapport de l'ONU vient « crucifier le président rwandais, Paul Kagamé », rapporte Radio Okapi. En France, le quotidien Libération consacre quatre pages à la publication d'un reportage très fouillé dans l'est de la RDC qui « replonge dans la guerre des collines ». Et Libé souligne que la rébellion du M23 est belle et bien « soutenue par le Rwanda ». De quoi, en tout cas, « apporter de l'eau au moulin des autorités de Kinshasa », admet le journal ouagalais Le Pays, en se demandant pourquoi la RDC fait « l'objet de tant d'agressions extérieures, notamment de la part de ses voisins ? ». Selon Le Pays, la RDC « a toujours fait l'objet de convoitises si bien que certains de ses dirigeants ont été victimes d'un complot international qui leur a couté la vie. Le cas le plus édifiant est celui de Patrice Lumumba », rappelle Le Pays. La fête de l'indépendance ivoirienne, avec ou sans Bédié et Gbagbo En Côte d'Ivoire, les festivités marquant le 62e anniversaire de l'accession du pays à l'indépendance, ce dimanche, vont bon train à Yamoussoukro, la capitale. Mais les ex-présidents Bédié et Gbagbo y seront-ils ? C'est toute la question. En attendant les parades militaires prévues ce jour-là, et dont les derniers réglages sont prévus aujourd'hui, le journal L'Intelligent d'Abidjan a constaté sur place que « tout est aux couleurs du drapeau national "Orange-Blanc-Vert" (…) Des pagnes et des polos pour célébrer l'indépendance s'arrachent comme de petits pains ». Mais, en effet, en marge de ces festivités, une partie de la presse ivoirienne se demande si le président Ouattara va ou non annoncer des mesures encourageant la réconciliation nationale. C'est le cas, par exemple, du quotidien Dernière Heure Monde, qui expose à ses lecteurs « les "bonnes nouvelles" qu'on attend de Ouattara ». Avec, à la clé, la présence – ou non – des ex-présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, dimanche, à Yamoussoukro.
Den 31 juli är det parlamentsval i Senegal. Landet har varit en relativt stabil demokrati under de 60 åren av självständighet men riskerar nu att halka in på en allt för bekant bana. Den populäre presidenten Macky Sall bröt med sin allt mer auktoritära företrädare tycks nu själv vara beredd att utmana och utnyttja rättsystemet för att komma åt sina motståndare. Mot honom står för första gången en enad opposition, ledd av den nya politiska stjärnan Ousmane Sonko och världens kanske mest långlivade politiker, 96-årige ex-presidenten Abdoulaye Wade. Hosted on Acast. See acast.com/privacy for more information.
La campagne électorale a officiellement commencé hier. Elle va durer 21 jours jusqu'au scrutin qui se tiendra le dimanche 31 juillet. Hier Macky Sall a pris la parole à la sortie de la grande mosquée de Dakar. « Le président sénégalais a assisté à la prière de la Tabaski » et il a ensuite pris la parole.... Le site d'informations Dakaractu rapporte les propos du chef de l'Etat, qui a appelé à « continuer à vivre dans l'harmonie, la diversité et l'unité ». Selon Dakaractu, le président Macky Sall a aussi rappelé « aux acteurs politiques l'impératif de faire une campagne en toute responsabilité. " La période électorale n'est pas une période de non droit. L'État restera vigilant pour que cette période de campagne soit stable et apaisée". » Huit listes sont dans la course « 165 sièges de députés sont en jeu » écrit Le Pays. « Ce scrutin, le dernier avant la présidentielle de 2024, verra la participation de huit listes politiques dont celles des principales coalitions de l'opposition. Les Sénégalais, peuvent donc pousser un ouf de soulagement », croit savoir le journal burkinabé. Car, la non-validation, par le Conseil constitutionnel, de la liste de titulaires de la coalition d'opposition Yewwi Askan Wi, conduite par Ousmane Sonko, avait laissé craindre la non-tenue du scrutin. Après avoir battu le pavé et organisé des concerts de casseroles pour protester contre la disqualification de leur champion, l'opposition a finalement décidé de prendre part au scrutin. » De nombreux enjeux Pour Le Pays, l'objectif est clair : « Yewwi Askan Wi veut contraindre Macky Sall à une cohabitation. Pour y arriver, la coalition d'Ousmane Sonko envisage une alliance avec la coalition Wallu Sénégal constituée autour du Parti démocratique sénégalais, le PDS, de l'ancien président Abdoulaye Wade. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'opposition mettra à profit la période de la campagne pour marteler des tirades sur une éventuelle troisième candidature que l'on prête à tort ou à raison à Macky Sall. La coalition au pouvoir (...) apportera probablement la réplique qu'il faut. Et c'est là, toute la beauté du débat démocratique.» Un éventuel troisième mandat... le sujet est aussi abordé par l'Observateur Paalga, qui assure que la CEDEAO est en train de revoir ses textes pour légiférer, sur ce 3e mandat, L'Observateur Paalga qui précise que Macky Sall a répondu récemment en disant : « je répondrai à cette question après les législatives. Il sera alors temps de fixer le cap sur 2024 ». « Une esquive qui ne rassure pas ses opposants. » Au Togo, la mort de 7 enfants interroge Sept enfants ont été tués et deux autres grièvement blessés dans la nuit de samedi à dimanche dans la région des savanes en proie ces dernières semaines à des attaques armées. Acte terroriste ou bavure ? Pour le moment on ne sait vraiment pas ce qui s'est passé. Pour Wakat Séra « Les images virales sur les réseaux sociaux qui montrent des corps gisant auprès de bicyclettes ou transportés par des hommes en tenue. Au-delà de la comptabilité macabre et surtout de l'âge des victimes, c'est l'origine même de cette tuerie qui fait débat, en attendant les sources officielles. S'il est certain que des détonations ou explosions ont été entendues par des témoins non loin du théâtre odieux, il n'en demeure pas moins que le flou artistique reste entier sur les armes qui ont été utilisées. »
Apres notre victoire a la CAN et l'inauguration du Abdoulaye Wade de Diamniadio, nous avons eu l'idee de faire un épisode sur le foot et la technologie. L'objectif est de pousser les communautés tech du senegal vers des reflexions sur des solutions concrete pour aider le football sénégalais. Invites : Seydina Issa AIDARA(Entraineur de foot et analyste vidéo ) LinkedIn twitter Amadou Korka SOW(Ingénieur informaticien ) LinkedIn Twitter Programme Q1 : Qui est Seydina Issa AIDARA et comment pouvez-vous nous expliquer votre travail d'analyste vidéo dans une équipe de foot ? Q2 : Qui est Amadou korka SOW, et entant que fan de foot commet est-ce que vous apprécier le football sénégalais et son environnement ? Q3 : Dabord pour bien comprendre le domaine, pouvez-vous nous expliquer d'une manière générale l'organisation du foot avec ses différentes entités (FIFA, CAF, fédération de foot, les clubs etc…) qu'est ce qui les lie ? Q4 : D'où vient l'argent dans le milieu du foot, Quel sont les industries derrière qui font que ce sport draine beaucoup de richesse ? Q5 : Alors selon vous pourquoi le foot a besoin des nouvelles technologies ? Q6 : De nos jours quels sont les technologies utilises dans le foot à travers le monde ? Q7 : Au Sénégal y'a t-il des startups ou entreprises qui travaillent dans ce domaine pour apporter des solutions au foot sénégalais. Sinon selon vous comment les Tech sénégalais peuvent entrer dans ce domaine et quels sont les domaines d'expertise que cela demande ? Q8 : En tant que coach quel pourrait être les besoins du foot sénégalais en ce qui concerne la Tech ? Comment ces deux équipes pourraient travailler ensemble pour améliorer le foot sénégalais a tous les niveaux. ? Q9 : Pensez-vous que l'intelligence artificielle avec des technologies comme la réalités augmentée etc… pourrait un jour remplacer les arbitres sur le terrain ? Q10 : J'usqu'où la technologie peut aller pour la modernisation du foot ? Quels sont les limites et les problèmes que peut causer trop de Tech dans le foot ? Q11 : Quel est le message que vous lancer à toute la communauté Tech sénégalaise et a tous les clubs de foot sénégalais mais aussi a la fédération sénégalaise de foot
Apres notre victoire a la CAN et l'inauguration du Abdoulaye Wade de Diamniadio, nous avons eu l'idee de faire un épisode sur le foot et la technologie. L'objectif est de pousser les communautés tech du senegal vers des reflexions sur des solutions concrete pour aider le football sénégalais.Invites : Seydina Issa AIDARA(Entraineur de foot et analyste vidéo ) LinkedIn twitter Amadou Korka SOW(Ingénieur informaticien ) LinkedIn Twitter ProgrammeQ1 : Qui est Seydina Issa AIDARA et comment pouvez-vous nous expliquer votre travail d'analyste vidéo dans une équipe de foot ?Q2 : Qui est Amadou korka SOW, et entant que fan de foot commet est-ce que vous apprécier le football sénégalais et son environnement ? Q3 : Dabord pour bien comprendre le domaine, pouvez-vous nous expliquer d'une manière générale l'organisation du foot avec ses différentes entités (FIFA, CAF, fédération de foot, les clubs etc…) qu'est ce qui les lie ? Q4 : D'où vient l'argent dans le milieu du foot, Quel sont les industries derrière qui font que ce sport draine beaucoup de richesse ?Q5 : Alors selon vous pourquoi le foot a besoin des nouvelles technologies ?Q6 : De nos jours quels sont les technologies utilises dans le foot à travers le monde ?Q7 : Au Sénégal y'a t-il des startups ou entreprises qui travaillent dans ce domaine pour apporter des solutions au foot sénégalais. Sinon selon vous comment les Tech sénégalais peuvent entrer dans ce domaine et quels sont les domaines d'expertise que cela demande ? Q8 : En tant que coach quel pourrait être les besoins du foot sénégalais en ce qui concerne la Tech ? Comment ces deux équipes pourraient travailler ensemble pour améliorer le foot sénégalais a tous les niveaux. ? Q9 : Pensez-vous que l'intelligence artificielle avec des technologies comme la réalités augmentée etc… pourrait un jour remplacer les arbitres sur le terrain ? Q10 : J'usqu'où la technologie peut aller pour la modernisation du foot ? Quels sont les limites et les problèmes que peut causer trop de Tech dans le foot ? Q11 : Quel est le message que vous lancer à toute la communauté Tech sénégalaise et a tous les clubs de foot sénégalais mais aussi a la fédération sénégalaise de foot Support the showChers auditeurs et auditrices, Vous appréciez le travail que nous faisons à travers le podcast et vous voulez nous voir évoluer et améliorer les émissions avec de nouvelles initiatives, alors vous pouvez soutenir le projet pour nous encourager davantage.Nous soutenir par ici
L'hebdomadaire Jeune Afrique a fait le calcul : « Les dirigeants africains ont en moyenne 40 ans de plus que leurs concitoyens… En cette fin 2021, le continent le plus jeune au monde compte dans ses palais les trois chefs d'État élus les plus anciens de la planète : Teodoro Obiang Nguema (au pouvoir depuis 1979), Paul Biya (1982) et Yoweri Museveni (1986). Parmi les plus âgés aussi, respectivement 79, 88 et 77 ans. Quand on sait que les plus de 70 ans représentent à peine 3 % de la population africaine globale, on mesure mieux, pointe le site panafricain, ce que ce grand écart implique en matière de représentativité et de gouvernance. Même si ce phénomène concerne aussi une partie du Maghreb (le président Tebboune a 75 ans, alors que l'âge médian des Algériens est de 29 ans), il est avant tout subsaharien et plus spécifiquement d'Afrique centrale. » La crainte de la « mort sociale » Alors pourquoi un tel décalage ? Eh bien, il y le poids des traditions, explique Jeune Afrique : « mourir au pouvoir, mourir ministre, mourir chef d'un parti d'opposition sont l'expression dans le champ politique de sociétés où le patriarcat, le droit d'aînesse et la séniorité écrasent les aspirations des cadets. Si les trois chefs d'État que l'on vient de citer n'ont manifestement aucune intention de dételer, il en va de même d'un Laurent Gbagbo, d'un Henri Konan Bédié, d'un John Fru Ndi ou même d'un Abdoulaye Wade. Dans des pays où le mot retraite est pour un homme politique synonyme de perte de reconnaissance, d'honneurs rendus et d'avantages perçus, bref d'enterrement vivant aux yeux de sa propre communauté, nul ne s'étonne de voir des sénateurs octogénaires et des ministres de la Jeunesse sexagénaires. Ce n'est pas tant l'argent ou le pouvoir qui motivent ces vétérans » mais la crainte d'une « petite mort sociale. », conclut Jeune Afrique. Sénégal : Khalifa Sall et Karim Wade réhabilités ? Le président sénégalais, Macky Sall, 60 ans dans quelques jours, fait figure, lui, de jouvenceau et il ne serait pas surprenant qu'il se représente en 2024. Déjà, les grandes manœuvres sont engagées en vue des élections locales de janvier. Et en début de semaine, Macky Sall a créé la surprise en annonçant vouloir engager des discussions sur le cas des leaders politiques ayant perdus leurs droits civiques et politiques. C'est le quotidien L'Observateur qui l'annonce : « le président Macky Sall n'exclut pas d'engager des discussions sur les cas des leaders comme Khalifa Sall et Karim Wade qui ont perdu leurs droits civiques et politiques après des condamnations par la Justice. Il s'est même dit ouvert à discuter sur un calendrier. » Dynamiter l'opposition ? Comment interpréter cette annonce ? Pour WalfQuotidien, c'est clair : cette « stratégie cache une volonté de dynamiter une opposition qui, de jour en jour, prend de la bouteille. En ce sens que cette annonce consacre la montée en gamme des deux anciens détenus qui, quoique graciés, continuent à vivre sous l'épée de Damoclès d'une condamnation. » En effet, précise WalfQuotidien, « s'ils retrouvent leurs droits civiques, Khalifa et Karim se remettent dans le jeu. Ce qui défavorise un Ousmane Sonko qui, bénéficiant du vide laissé par ces derniers, s'était imposé comme le seul opposant au pouvoir. Cette manière machiavélique d'installer la concurrence dans l'opposition permet à Macky Sall, chahuté depuis les événements de mars dernier, de faire d'une pierre, deux coups. D'abord, remettre en selle les deux "K", dont la mise hors du jeu politique est une vilaine balafre sur le visage de la démocratie sénégalaise. Ensuite, elle lui permet de créer des sosies (des concurrents) au leader de Pastef qui devra disputer l'arène aux deux réhabilités. » Le Covid-19 ne doit pas faire oublier le Sida Enfin, c'est aujourd'hui 1er décembre la Journée mondiale de lutte contre le Sida. « En Afrique, le Covid-19 ne doit pas faire oublier cette autre pandémie », soupire Aujourd'hui au Burkina. Le Sida a fait près de 700.000 morts l'année dernière sur le continent. « C'est pourquoi, en ce 1er décembre, il faut une piqûre de rappel sur l'existence du Sida, sur sa virulence et sur sa contagiosité. (…) Et les dépistages, l'utilisation du condom, l'accès des populations vulnérables aux médicaments, qui sont au Nord, sont autant de "gestes-barrières", pour emprunter le jargon Covid, pour circonscrire et faire reculer le Sida. »
« Le retour du monstre », s'exclame le quotidien Enquête en première page. « C'est reparti, soupire le journal. Ziguinchor a été, lundi, le théâtre de l'épisode 1 du feuilleton électoral dénommé 'Locales 2022'. (…) L'opposant Ousmane Sonko et ses militants ont été attaqués par des hommes armés 'de gourdins, de barres de fer et toutes sortes d'arme blanche', selon des témoins, occasionnant un affrontement dont de nombreuses personnes sont ressorties blessées. Si le camp du leader du Pastef et celui du responsable du parti au pouvoir cité dans cette affaire se rejettent la faute, cet incident vient rappeler que les tensions ayant exacerbé la crise de mars dernier sont loin d'être dissipées. Il rappelle surtout, par certains aspects, le contexte de fin de mandat du précédent président Abdoulaye Wade, quand crise sociale et économique se conjuguaient avec une volonté de changement dans la gestion du pays. » Les élections locales : scrutin test avant la présidentielle de 2023 « Ça sent déjà une campagne inflammable pour le 23 janvier », lance pour sa part le quotidien Aujourd'hui au Burkina Faso. « A Ziguinchor, c'est une petite répétition générale de ce que pourrait être le scrutin local du 23 janvier prochain. Le renouvellement général du mandat des conseillers départementaux et municipaux aura valeur de test pour la présidentielle prochaine, et surtout esquissera la carte électorale du Sénégal, avec l'irruption du Pastef, les remous au sein de Benoo Bok Yakaar, et le PDS des Wade en embuscade. Sans oublier le proscrit ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, qui rêve, ne serait-ce que, par procuration de prendre sa revanche sur le pouvoir actuel. Ces élections locales promettent (donc) des étincelles, insiste Aujourd'hui, dans un pays de la Téranga, où la démocratie se porte bien et où les partis politiques ont déjà fourbi leurs armes pour les joutes oratoires et le combat du suffrage universel. Et à l'évidence, l'opposant Ousmane Sonko croit peut-être au grand soir en 2023, et compte déjà marquer sa représentativité locale le 23 janvier prochain. En rappel, à la dernière présidentielle, Sonko avait obtenu 15,67% des voix. » À la Une également, le nouveau gouvernement tunisien « Près de deux mois et demi après le coup de force du 25 juillet, le président Kaïs Saïed n'est plus la seule et unique tête de l'exécutif en Tunisie, pointe Le Monde Afrique. Avant-hier, lundi, la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, elle-même récemment nommée, a annoncé la composition de son équipe : vingt-cinq ministres – dont un tiers de femmes – chargés de 'restaurer la confiance' et de 'lutter contre la corruption'. Alors que la Tunisie vit toujours sous un régime d'exception dans lequel Kaïs Saïed concentre les pouvoirs législatifs et exécutifs, sans recours possible, de quelle marge de manœuvre disposera le nouveau gouvernement ? », s'interroge Le Monde Afrique. Eh bien, elle sera mince… « Dans la configuration politique actuelle, +les profils des nouveaux ministres sont rassurants par leurs compétences+, estime le politiste Youssef Cherif, mais ils sont +inconnus du grand public et très éloignés de la politique+. La plupart sont des technocrates, issus du monde universitaire ou de l'administration, ou des proches de Kaïs Saïed (…). Malgré 'quelques signaux positifs', avec neuf femmes ministres, une première dans le pays, l'universitaire et spécialiste des médias Larbi Chouikha souligne que 'le nouveau gouvernement n'a pas de programme clair'. Et pourtant, « l'exécutif doit faire face à une situation économique calamiteuse, dans un pays sclérosé par les crises politiques et le manque de réformes. » Se nourrir et se soigner… C'est pourquoi, Najla Bouden doit parer au plus pressé et vite, estime le site Tunisie Numérique : « la cheffe du gouvernement Najla Bouden semble avoir exactement compris par où elle va aborder ses chantiers. Elle s'est, en effet, entretenue, hier, c'est-à-dire, le lendemain même de son investiture, avec le ministre de la Santé, le gouverneur de la banque centrale et le ministre de l'Economie. Car la priorité des priorités, pour elle, ce sont les besoins essentiels du citoyen, se nourrir et se soigner. Or, il faut reconnaitre que, sur ce plan, c'est très mal parti pour elle. Car les prix sont en train de s'emballer depuis quelques semaines, avec des aliments trop chers, et, parfois en quantité insuffisante sur le marché. De même pour les médicaments dont beaucoup sont en rupture de stock, notamment les médicaments pour les maladies chroniques. On comprend, dès lors, qu'elle va en avoir du pain sur la planche. »
L'opposition sénégalaise se transforme : une nouvelle coalition politique s'est constituée autour du parti Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), formation d'Ousmane Sonko, et de l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall. Le grand absent de cette entente reste le Parti démocratique sénégalais (PDS), formation d'opposition dirigée par l'ancien président Abdoulaye Wade.
Nella scultura dell'antica Grecia il concetto di bellezza era strettamente legato alle proporzioni: le statue, infatti, raramente superavano in altezza i cittadini che ci passavano davanti. Eppure ancora oggi il mondo è pieno di statue smisurate, perché l'arte non hai mai smesso di confrontarsi, nel bene e nel male, con la rappresentazione fuori scala del mondo. A volte per mettere alla berlina le nostre insicurezze, altre per nasconderle dietro uno sfoggio di potenza che è molto più ridicolo delle debolezze che vorrebbe celare. Costantino e Francesco, dopo aver rivelato delle scottanti pagine del loro passato, ci offrono un'esilarante panoramica dell'arte smisurata che riempie le piazze e i musei di mezzo mondo: dalle orrende statue nordcoreane che hanno invaso l'Africa agli stronzi volanti di Paul McCarthy.In questa puntata si parla di Ronald Reagan, Nancy Reagan, Frank Sinatra, Kevin Spacey, Charles Ray, Francois Pinault, Ron Mueck, Harald Szeemann, Abdoulaye Wade, lo studio artistico nordcoreano Masundae, Wole Soyinka, Katharina Fritsch, Maurizio Cattelan, Robert Therrien, Jeff Koons, Ilona Staller, Frank Gehry, Kerry Hill, Paul McCarthy, Paul Klee, Urs Fischer e Fabrizio Moretti.
« Le verdict est tombé enfin », écrit L'Infodrome. L'ancien premier ministre et ancien président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro ainsi que 18 de ses proches ont été « fixés définitivement sur leur sort ». Un seul acquitté ce mercredi par le tribunal criminel d'Abidjan, mais Guillaume Soro, lui, condamné en son absence à la prison à vie, « pour avoir été accusé de fomenter un coup d'État contre le pouvoir de Ouattara ». L'Infodrome égrène ensuite les autres condamnations et la dissolution également du mouvement de Guillaume Soro, le mouvement Générations et peuples solidaires (Gps). « Tous leurs biens ont été confisqués ainsi que les armes saisies », explique L'Infodrome. Les réactions déjà nombreuses La presse relaie naturellement les réactions, déjà nombreuses. News.Abidjan relaie celle de Charles Blé Goudé, hier, sur TV5 MONDE : « Ce que j'ai envie de dire, c'est que j'ai beaucoup de pincement au cœur pour Guillaume Soro que je connais bien. Mais j'ai confiance en son équipe de défense qui certainement va se battre pour le sortir de là ». L'Infodrome relaie aussi la réaction d'Henri Konan Bédié. Il réagit « en sa qualité d'ancien président », parle de « prisonniers politiques » et « appelle encore urgemment à un dialogue national inclusif afin de trouver le chemin du pardon et de la réconciliation vraie ». Et puis il y a la réaction de Guillaume Soro lui-même évidemment, à lire notamment dans les pages de L'Intelligent d'Abidjan. Guillaume Soro y rejette ce qu'il juge être des « verdicts iniques », prononcés toujours selon lui « uniquement par des considérations d'ordre politique ». Mais il l'assure : il ne « renoncera pas » à son combat. Au Sénégal, un même souvenir, mais une commémoration en ordre dispersé « 10 ans après les événements de juin 2011 : Bataille autour de la paternité du M23 », titre Le Soleil. Les Sénégalais ont en effet célébré ce mercredi le 10e anniversaire du M23, ce mouvement populaire qui avait mis à mal les projets constitutionnels du président d'alors, Abdoulaye Wade, mais hier c'était en quelque sorte deux salles deux ambiances. Quand la mouvance présidentielle, qui revendique l'héritage du M23, s'est donné rendez-vous Place de la Nation, à Dakar, nous explique Le Soleil, « de leur côté, les membres du Pastef [de l'opposant Ousmane Sonko] et ceux du récent mouvement M2D se sont donné rendez-vous » en même temps à Grand-Yoff. Ancienne contre nouvelle garde Le Quotidien se souvient d'abord : « Le 23 juin 2011, à travers le M23, la rue mettait la pression sur Wade et l'avait contraint à retirer son projet de ticket présidentiel, mais aussi pour dire non à un troisième mandat ». Or, cette dernière question est « aujourd'hui au centre des débats, 10 ans après ». Et Le Quotidien semble comprendre que le M2D se revendique aujourd'hui comme l'héritier du M23, car, lit-on, « les mêmes causes demeurent. 10 ans après, le spectre d'un 3ème mandat plane toujours sur la démocratie sénégalaise » et « une décennie plus tard, le mouvement de contestation a changé de visage. Normal, dit Le Quotidien, car les principaux animateurs du M23 sont aujourd'hui au pouvoir. Et pour Le Quotidien, au fil des années, le mouvement “dirigé à l'époque avec brio par Alioune Tine, a perdu de sa force”. D'ailleurs Alioune Tine, hier, n'a pas choisi de camp, le défenseur des droits de l'homme n'a participé à aucun rassemblement. Et il s'exprime aujourd'hui dans Walf Quotidien. Pour lui aussi, c'est clair : “plus que jamais la question de la limitation des mandats pour laquelle il y a eu beaucoup de sacrifices, est d'une brûlante actualité”. Et “10 ans après, si on continue de scander non au troisième mandat ça veut dire qu'on n'a pas avancé”, dit-il. En somme pour Alioune Tine non plus, le changement de régime n'a pas été véritablement synonyme de changement.
Now treated as a prescient representation of the 1968 generation that forever transformed left-wing politics, Jean-Luc Godard's 1967 film La Chinoise portrays a group of French students forming a Maoist collective and living together in a cosy Parisian apartment where fierce discussions over politics and revolutionary strategy happen with religious devotion. On the only occasion an outsider enters the secret enclave, it's to deliver a seminar on the “Prospects for the European Left.” The gentleman, introduced only as Omar, is also the film's only black character. In the seminar's Q&A, one of the French students asks if a non-socialist revolution can peacefully be changed into a socialist one. In answering the question (“Yes, but under specific conditions”), Omar claims it is based on a false, underlying notion, and asks back: “Where do just ideas arise? Where do just ideas come from?” Of course, we know that this man is the only true revolutionary in the film because Omar Blondin Diop was a revolutionary in real life. His appearance in the film counts as the only record of him speaking available, and part of a handful of visuals in general. Blondin Diop never had much of a chance to fully announce himself to the world—at 26 years old, he suspiciously died in Senegalese detention in May 1973, 14 months into a three-year sentence handed to him by Léopold Sedar Senghor's regime. Senghor is equally thought of as a revolutionary, and a significant intellectual for theorizing Négritude. But why would one revolutionary be an existential threat to another? Writing of the “Senghor myth,” https://africasacountry.com/2020/06/the-senghor-myth (AIAC contributor Florian Bobin notes that) “Once you've exhausted all the Negritude quotes, you have to confront the fact that Leopold Sedar Senghor ran Senegal as a repressive, one-party state.” Senghor was the quintessential philosopher-king, and as Bobin further observes, “Under the single-party rule of Senghor's Senegalese Progressive Union (UPS), authorities resorted to brutal methods; intimidating, arresting, imprisoning, torturing and http://roape.net/2018/07/19/senegals-street-fighting-years (killing dissidents).” A prime example was when Senghor accused Mamadou Dia, the president of Senegal's Council of Ministers, of attempting to stage a coup against him. Dia had long been advocating for decentralizing power and vesting it in the hands of peasant communities. Despite being a fighter, moving to wage a military campaign against Senghor's regime, Blondin Diop was thinking against him too. In his segment in La Chinoise, Blondin Diop (who at 21, was already a student-professor) answers the question he puts to the group by affirming democracy, political and economic. Just ideas come from social interaction, from the fight to produce, and scientific research, but above all, “From the class struggle. Some classes are victorious, others are defeated. That's history. The history of all civilizations.” Who is victorious in Senegal? In this AIAC Talk then, we want to investigate Senegal's post-colonial history, especially to grapple with it in the context of Senegal's ongoing civil unrest against incumbent president Macky Sall. This will not be the first time a popular uprising has emerged in Senegal's recent history to resist creeping authoritarianism. On June 23, 2011, the Senegalese people mobilized to challenge former president Abdoulaye Wade's attempt to change the constitution to permit him to run for a third term and to win elections by securing less of the vote. The moment produced the M23, a broad movement for democratization in Senegal, as well as groupings like “Y'En A Marre”; which means “Fed up” and is a collective of mostly rappers and youth disgruntled with Senegal's political and economic stagnation. What have become of these movements in the 10 years since their inception? How do we make sense of the fact that, this time round, dissident energy is rallied behind Ousmane
C’est le grand titre de WalfQuotidien ce matin à Dakar. « Ligne haute tension », donc, pour résumer l’ambiance électrique qui règne au Sénégal après les manifestations de ces derniers jours qui ont fait au moins 5 morts. Manifestations qui font suite à l’arrestation mercredi dernier de l’opposant Ousmane Sonko pour troubles à l’ordre public. Manifestations qui devraient se poursuivre ce lundi ainsi que demain et après-demain… En effet, pointe WalfQuotidien, « l’opposition et la société civile ont décrété trois jours de manifestation sur toute l’étendue du pays. (…) Cela risque encore de chauffer aujourd’hui et dans les jours qui suivent. » D’autant qu’Ousmane Sonko doit être entendu ce matin par le nouveau juge d’instruction en charge de l’affaire de viol dans laquelle il serait mêlé. Le gendarme en charge de l’enquête démissionne… À noter que le pouvoir sénégalais doit faire face à deux revers dans ce dossier, pointe encore WalfQuotidien : « Après le désistement vendredi du magistrat du 8e cabinet, Mamadou Seck, c’est au tour du capitaine Oumar Touré, enquêteur principal de l’affaire, de démissionner de la gendarmerie nationale. Quand le juge justifie son acte par convenance personnelle, l’homme en bleu, lui, motive sa décision par des accusations selon lesquelles il est l’auteur de la fuite du procès-verbal de l’enquête sur les réseaux sociaux. C’est pourquoi, dans une lettre adressée à la haute hiérarchie, ce gendarme qui a mené jusque-là les auditions, révèle être victime de menaces de part et d’autre. Selon lui, il est suivi par des éléments de la Direction nationale du renseignement sénégalais, sans connaître leurs réelles motivations. » Macky Sall va-t-il parler ? En tout cas, ce matin, avalanche de réactions dans la presse sénégalaise… « Les appels à la modération se multiplient, note le quotidien Enquête, notamment l’ancien président, Abdoulaye Wade qui appelle au calme et au respect de la présomption d’innocence. » Pour sa part, le président Macky Sall pourrait faire une déclaration prochainement, relève encore Enquête : « Les émissaires des khalifes généraux soutiennent que le président Macky Sall leur a promis de faire une déclaration pour l’apaisement de la situation du pays », rapporte le journal. Mais pas de confirmation pour l’instant de la part de la présidence. Avalanche de réactions… Dans le quotidien 24 Heures, les tribunes et opinions de personnalités diverses et variées s’enchainent… « Macky Sall active son compteur macabre sur la route vers 2024 », peut-on lire. « Halte à la tyrannie ! », s’exclame un autre commentateur. « Libérez Ousmane Sonko, et ses compagnons ; de grâce, prenez de la hauteur, ayez un esprit de dépassement », lance un autre. « Peuple du Sénégal, préservons la nation sénégalaise », affirme un quatrième. « Le Sénégal nous parle, sachons l’entendre », déclare aussi l’homme politique français Jean-Luc Mélenchon, toujours dans 24 Heures. « La mobilisation (des Sénégalais) n’est pas superficielle, écrit-il. Elle vient de loin. La contestation contre la dérive autoritaire du Président Macky Sall est profonde. (…) L’hybridation entre libéralisme économique et autoritarisme politique est la caractéristique la plus partagée par les différents régimes sur la planète. Ici, une fois de plus, poursuit Jean-Luc Mélenchon, tout a commencé à mal aller avec le tournant néo-libéral, il y a plusieurs décennies, comme presque partout ailleurs dans le monde. » Radicalisation ? Nombreuses réactions également dans la presse de la sous-région… « À l’allure où vont les choses, tout porte à croire que l’on va vers une radicalisation des positions qui pourrait être préjudiciable à la paix et à la cohésion sociale », affirme Le Pays au Burkina Faso. Enfin, commentaire de Ledjely au Guinée, « ce qui arrive au Sénégal est le fruit à la fois d’une certaine suffisance et d’une dose non négligeable de cupidité de la part d’une élite politique dans son ensemble. Mais il est rassurant de constater que de ce côté, le peuple veille encore au grain. »
C’est le grand titre de WalfQuotidien… Le journal dakarois s’intéresse de près ce matin à la fortune des dirigeants sénégalais. « Ils ne sont pas héritiers. Ils ne sont pas, non plus, des magnats de l’industrie ou de l’immobilier (…). Pourtant, même ‘nés pauvres’, ils sont ‘devenus riches’ (la formule, précise le journal, est de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, dans les années 2000 à Ziguinchor, lors d’un séminaire gouvernemental). Eux, ce sont les hommes politiques sénégalais. » Et justement, le même Idrissa Seck, qui a été nommé récemment à la tête du Conseil économique, social et environnemental, a dû effectuer une déclaration de patrimoine… qui a donc fuité dans la presse. Et « son patrimoine s’évaluerait en milliards de FCFA », affirme WalfQuotidien. Essentiellement des terrains et des biens immobiliers. « Avant Idrissa Seck, le président de la République, Macky Sall, au lendemain de son installation, en 2012, avait déposé au greffe du Conseil constitutionnel une déclaration de patrimoine qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive, rappelle le quotidien sénégalais, parce que s’évaluant, à dire d’expert, à quelque 8 milliards » : demeure personnelle, villas, appartement aux États-Unis. Largesses et… racket ? Alors d’où vient tout cet argent ? Réponse de WalfQuotidien : « si Macky Sall pointait la ‘générosité’ de son ancien mentor, Abdoulaye Wade, comme source de cette richesse, Idrissa Seck avait, lui, reconnu avoir bénéficié de fonds politiques. S’y ajoute qu’en 2000, l’alors tout puissant ministre d’État, directeur de cabinet du Président Wade avait fait payer – d’autres diraient racketter - la Sonatel pour l’utilisation d’un nom de domaine lié à l’entreprise leader et opérateur historique de télécom. » Bref, relève le journal, « l’un dans l’autre, se pose la problématique jamais résolue du rapport que les gouvernants, actuels comme passés, entretiennent avec le bien public. Souvent issus de la fonction publique, donc fonctionnaires n’ayant pas vocation à être riches comme Crésus, ceux qui nous dirigent se retrouvent subitement avec des fortunes qui s’évaluent en milliards. » Alors, conclut WalfQuotidien, « l’histoire racontera avec quels leviers de commande les gestionnaires actuels ont pu ouvrir et se servir dans la caverne d’Ali Baba issue de la seconde alternance. Ce que l’on sait, d’ores et déjà, c’est que beaucoup d’entre eux ont rechigné à dévoiler leur subite richesse, et ce en violation de la loi. » D’où vient la fuite ? « La transparence chahutée », titre pour sa part le quotidien Enquête. Il s’agit du même sujet. Le journal s’interroge sur l’origine des fuites concernant le patrimoine d’Idrissa Seck : « d’où provient la fuite ? Est-ce du camp d’Idrissa Seck qui a voulu jouer la carte de la transparence jusqu’au bout ? Est-ce de l’Ofnac, l’Office National de lutte contre la Fraude et Corruption, ou de ses membres qui ont laissé fuiter l’information ? Dans le premier cas, ce serait tout à fait légal. Par contre, si c’est l’inverse, ce serait une faute lourde, passible de sanctions. » En effet, précise Enquête, les déclarations de patrimoines des personnalités politiques sont confidentielles mais « sur ce point, ils sont nombreux, les observateurs, à demander la levée du verrou, au nom du droit à l’information et de la transparence. » Le patrimoine du chef de l’État censé être public… Pour ce qui concerne le président de la République, c’est autre chose, pointe encore Enquête. En effet, selon la constitution, « ‘le président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique’. Interprété par certains comme une avancée non-négligeable en matière de transparence dans la gouvernance des affaires publiques, ce texte est jugé ‘très laconique’ par plusieurs autres observateurs avertis. » Et c’est vrai, pointe Enquête, « le hic, c’est que depuis sa réélection, le patrimoine du président de la République, Macky Sall, n’a nullement été rendu à la connaissance du public. À ce jour, la seule déclaration qui a été rendue publique, c’est celle en date de 2012, qui avait suscité un tollé, à l’instar de la déclaration d’Idrissa Seck. »
Au Sénégal, sur l'île Gorée, au large de Dakar, la « place de l'Europe » devient désormais « la place de la Liberté et de la Dignité Humaine ». Une décision prise par le conseil municipal de ce site symbolique de la mémoire de l'esclavage et de la traite des Noirs. De son côté, le maire de la commune du Plateau, dans le centre-ville de Dakar, a proposé récemment de lancer une réflexion sur les noms des rues hérités de la colonisation. Michel Ben Arrous est géographe et chercheur. Il a co-écrit l’an dernier avec Liora Bigon une étude de l’IFAN, l’institut fondamental d’Afrique noire, « Les noms de rues à Dakar. Héritages (pré) coloniaux et temps présent ». RFI : Est-ce que vous êtes surpris par la relance de ce débat sur les noms de rue à Dakar dans le sillage du décès de George Floyd aux États-Unis ? Michel Ben Arrous : Pas vraiment, dans la mesure où c’est un débat qui ressurgit régulièrement dans la presse sénégalaise ou dans les médias sociaux. Ce qui est remarquable par contre, c’est justement le contexte et le télescopage de logiques assez différentes aux États-Unis, au Sénégal, en France ou ailleurs. Ce débat n’est pas nouveau, en quoi les noms des rues, cette toponymie coloniale est-elle symboliqu ? Les noms eux-mêmes, évidemment il y a un tas de noms coloniaux qui vont glorifier des administrateurs, des généraux, des militaires, tout ce qu’on veut… Mais l’ensemble de ces noms remplit quand même une fonction de prise de possession de Dakar. Ils sont concentrés dans une zone qui s’appelle « Le Plateau » qui reçoit une petite population française colonisatrice. Et on ne trouve ces noms-là qu’au Plateau qui représente à l’heure actuelle 3% de la population. La Médina qui a été créée dans le sillage de l’épidémie de peste de 1914 reçoit des numéros. Donc, les noms vont distinguer la ville coloniale de cette Médina qui, elle, est forcément mise à part dans la ville puisqu’elle n’est pas nommée. Et si l’on sort ensuite du Plateau, de la Médina et qu’on va vers la ville actuelle, la plupart des rues ne sont pas nommées du tout. L’objectif visé, c’est évidemment de faire œuvre idéologique : on va glorifier la France, on va glorifier ses serviteurs. Mais rien n’indique que cette visée idéologique fonctionne. Avant les colonisateurs , il y avait des villages qui ont été détruits, des villages lébous qui ont conservé leurs noms. Et les noms eux-mêmes se sont répartis dans la ville. Et on va retrouver ces noms-là , Soumbédioune, Kaye, Thann… à d’autres endroits de la ville. Ce sont ces noms-là que les populations continuent à utiliser. Ils n’utilisent pas les noms de rue coloniaux. À Dakar, certaines rues ont déjà changé de nom depuis l’indépendance. Comment est-ce que cela a évolué ? Quelles ont été les politiques des autorités successive ? Les premiers changements de nom ont eu lieu sous Senghor [Léopold Sédar Senghor, président de la République du Sénégal de 1960 à 1980]. La place Protet a été rebaptisée « place de l’Indépendance ». Gambetta a été rebaptisé « Lamine Gueye ». En même temps, il n’y a pas forcément volonté de rupture puisque [William] Ponty qui est un gouverneur colonial a été remplacé par [George] Pompidou, par ce même Senghor. Les premières renominations fortes ont été faites sous Abdou Diouf [président de 1981 à 2000] et se sont poursuivies sous [Abdoulaye] Wade [2000-2012] et à l’heure actuelle. Mais la chose la plus remarquable, ce n’est pas tellement le nom des rues qui changent, c’est qui a le pouvoir de nommer, qui a le pouvoir de changer ? Sous Senghor, tout se passer par décret présidentiel. Avec Diouf et avec Wade, on a une décentralisation qui commence et ce pouvoir de nommer ou de renommer est désormais dévolu aux communes. Et à l’heure actuelle, ce qu’on voit, c’est une revendication, je ne sais pas si on peut dire populaire parce qu’il faudrait voir dans quelles mesures elle est véritablement populaire, mais une revendication par le bas de pouvoir aussi intervenir dans cette question du nom des rues. Il y a une figure qui cristallise particulièrement, c’est celle de Faidherbe, ancien gouverneur de Saint-Louis. Il y a sa statue, un pont à son nom. Que pensez-vous de ces appels à déboulonner cette statue ? Faidherbe est d’abord un point de fixation dans un débat qui est beaucoup plus large. La question de fond, c’est le modèle commémoratif. On parle de Faidherbe, mais on pourrait parler de Jules Ferry. La rue Jules Ferry à Dakar, ce Jules Ferry qui était à la Chambre des députés parlait d’un « devoir de colonisation des races supérieures sur les races inférieure ». Ce nom de ferry est peut-être au moins significatif que celui de Faidherbe. On peut aller beaucoup plus loin. On a gardé les plaques bleues, les lettres blanches sur un fond bleu. C’est aussi une présence coloniale qui reste dans la ville. Ce qui est drôle à Dakar, c’est que l’une des rues qui ne pose absolument pas problème, c’est l’avenue de la République. On la conçoit tous comme la République sénégalaise alors que cette avenue de la République, c’était très clairement au moment de la nomination de la IIIe République française, qui était la République colonialiste par excellence. À titre de comparaison, comment cela a évolué dans d’autres pays du continent ? En sciences sociales, on a l’habitude de comparer Dakar à Nairobi, la capitale du Kenya étant le modèle absolu de décolonisation des noms de rue. Ce qu’on remarque, si on rentre dans le détail, c’est qu’effectivement tous les noms qui célébraient la colonisation britannique ont disparu, mais ils ont été remplacés à l’époque de [Jomo] Kenyatta [1894–1978] par des noms qui célébraient son propre parti politique, ses propres amis politiques et qui négligeaient totalement d’autres courants de la société kenyane. Dans un contexte différent, en Algérie, la plupart des noms de rue ont été remplacés dans un arabe très pur qui permettait aussi de passer sous silence la composante berbère de la population. Et ce que l’on remarque à l’heure actuelle, c’est que les jeunes générations sont celles qui utilisent le moins les noms officiels. Donc, il ne suffit pas de changer les noms si on reprend la même logique pour régler les problèmes. A côté de ça, au Maroc, on va trouver des plaques qui donnent des anciens noms et des plaques, juste en dessous ou au-dessus, qui donnent les nouveaux noms et qui coexistent sans que pratiquement personne ne les utilise d’ailleurs. À Dakar, quand je vais chez moi, je ne vais pas donner le numéro de la rue que personne ne connait. Je ne le sais même pas, c’est « AAB » quelque chose. Si je dis à un chauffeur de taxi de m’emmener là-bas il ne comprendra pas. Si je lui dis : amenez-moi à Amitié 2, c’est un nom de quartier. Et ça, c’est un point de repère qui est utilisé. Mais ces noms de rue curieusement polarisent un débat, fort, alors qu’ils sont relativement peu utilisés. Il y a ceux qui veulent déboulonner, il y a ceux qui veulent remplacer, il y a ceux qui veulent expliquer. Mais tout cela revient au fond à se poser la questio : à quoi veut-on que servent les noms de rue ? À quoi veut-on que servent les statues ?
Nous parlons aujourd’hui (10 juin 2020) du procès de Lamine Diack, ancien patron de l’athlétisme mondial. Jugé depuis le début de la semaine à Paris pour corruption.Il a pris la parole aujourd’hui devant les juges. Lamine Diack, accusé d’avoir mis en place tout un système de corruption, incluant notamment son fils qui est aussi accusé, mais ignore les convocations judiciaires depuis le Sénégal où il se trouve. En toile de fond, il y a le dopage à grande échelle en Russie. Nous verrons dans cette émission si on peut parler de dopage institutionnel. Bref, un dopage que Lamine Diack aurait aidé à couvrir en échange de grosses sommes d’argent. L’affaire a même des ramifications au Sénégal puisqu’une partie de cet argent aurait servi à financer la campagne électorale de l’opposition pour battre le président Abdoulaye Wade en 2012. Nos Invités :- Carole Gomez, directrice de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), spécialiste de la géopolitique du sport- Lukas Aubin, chercheur en géopolitique, spécialiste du sport et de la Russie.
// S'abonner à la lettre de ressources du podcast : http://afrotopiques.mystrikingly.com/ Dans cet épisode on rencontre Fadel Barro, co-fondateur et ex-coordinateur du mouvement Y EN A MARRE au Sénégal, qui a semé les graines de l’insurrection citoyenne en 2011. On revient sur la genèse du mouvement, le contexte de la mobilisation et les stratégies qui ont été mises en oeuvre pour donner forme à une puissante contestation populaire constructive. On découvre comment la jeunesse africaine conscientisée a refondé l’espace du politique, la créativité dont elle a fait preuve pour inventer de nouveaux outils d’éducation populaire adaptés au contexte ; c’est à dire ancrés dans la culture locale, en langue locale, enracinés dans des situations de vie réelle et concrète, et diffusés à travers une culture véritablement partagée. Y EN A MARRE est parvenu à politiser le social, à l’arracher au fatalisme religieux, et le réveil populaire qui s’en est suivi n’a pas dit son dernier mot : le processus de réappropriation du politique initié par le mouvement, est en cours de mutation. Fadel Barro nous raconte le pourquoi, le comment, et aussi ce qu’il reste à faire. La stratégie et la créativité yenamarriste a porté de beaux fruits - car Abdoulaye Wade a été contraint de quitter le pouvoir par la voie des urnes - mais le plus important est peut-être l’espace qui a été ouvert. Celui des possibles, en montrant que l’engagement politique peut passer par des voies alternatives aux partis. Y EN A MARRE s’est rapidement doté d’une philosophie d’action citoyenne au service de la transformation de la société : le Nouveau Type de Sénégalais (NTS) comme pratique de la recherche de solution aux problèmes identifiés…incarnation du changement que l’on souhaite voir advenir. C’est passionnant et vivant. L’aventure Y EN A MARRE n’est pas terminée, elle se transforme et la dynamique accompagne aujourd’hui d’autres initiatives comme l’Université Populaire des Mouvements Citoyens. On attend donc, selon le proverbe wolof, « le deuxième saut », celui qu’il reste à faire, ou encore peut-être la nouvelle manière de sauter qui est à inventer. La clé du nouveau saut est peut-être à chercher dans le « Qui? » saute, et on a hâte de voir ce qui se passe quand les intellectuels réarticulent et actualisent le discours émancipateur panafricain pour l’adapter aux besoins de ce que l’Afrique est devenue aujourd’hui. Bonne écoute //
Le dénouement inattendu dans le dossier Khalifa Sall et la main tendue du président Macky Sall à son prédécesseur Abdoulaye Wade sont le fruit immédiat d'une médiation dans laquelle les religieux ont joué un rôle de régulateur. Le Sénégal expérimente une laïcité adaptée à son histoire mais n'est pas à l'abri des rapports de force entre leaders religieux et acteurs politiques.
Etablir la bibliographie d'un homme comme Boubou Hama conduit à remonter l'histoire sociale et institutionnelle de l'Afrique Occidentale Française. Né à Fonéko, petit village songhaï à l'ouest du Niger, il étudie d'abord à l'Ecole préparatoire de Téra de 1916 à 1918, puis à l'Ecole primaire régionale de Dori, commune anciennement située en Haute-Volta et annexée à la Colonie du Niger, lors du partage de la Haute Volta entre la Côte d'Ivoire, le Soudan français (Mali) et le Niger. Puis, Boubou Hama est envoyé à l'Ecole élémentaire supérieure Ouagadougou, afin de préparer le concours d'entrée à la célèbre École normale William Ponty de Dakar à laquelle il est admis en 1926. Cette simple évocation nous oblige à nous arrêter sur cette école William Ponty. Créé en 1903, ce qui fut d'abord appelé Ecole Normale Fédérale ne devint École Normale William Ponty qu'en 1915. Elle doit son nom à William Amédée Merlaud-Ponty, gouverneur général de l'Afrique Occidentale Française, de 1903 à sa mort en 1915. C'est l'Ecole normale fédérale de l'Afrique-Occidentale française. Cet établissement a formé la plupart des instituteurs, médecins et cadres d'Afrique de l'Ouest, dont de nombreux ministres et chefs d'État ou de gouvernement, tels que Félix Houphouët-Boigny, Modibo Keïta, Hubert Maga, Mathias Sorgho, Hamani Diori, Mamadou Dia, Bernard Dadié, Emile Derlin Zinsou ou Abdoulaye Wade. Pour en revenir à Boubou Hama, en 1929, il devient le premier instituteur nigérien. Il est d'abord affecté à l'Ecole régionale de Niamey avant d'être affecté à l'Ecole élémentaire de Tillabéri en 1935. En 1938, il est muté à Niamey, avant d'être muté à l'Ecole régionale de Dori en 1945. En 1933, il rencontre à Tillabéri le Docteur Boulnois (Un médecin des troupes coloniales déjà auteur d'ouvrages sur les coutumes et croyances dravidiennes de l'Inde) avec lequel il publiera plus tard L'Empire de Gao en 1954. Une œuvre publiée par une maison d'édition scientifique qui propulse Boubou Hama dans le cercle des chercheurs d'envergure universitaire. Amorcée par la publication du livreL'Empire de Gao : histoire, coutumes et magie des Sonrai en 1954, l'écriture de Boubou Hama est surtout marquée par l'histoire et les recherches sur l'histoire des peuples, la défense des cultures africaines. Quelques titres pour comprendre.Histoire du Gobir et de Sokoto, en 1967 ; Kotia-Nima 1 : rencontre avec l'Europe, Paris, en 1968 ; Histoire traditionnelle d'un village songhay, Fonéko, en 1970 ; Contes et légendes du Niger, en 6 volumes de1972 à 1976 ; Écrits sur le Soudan, en 1983. Il laisse une œuvre considérable sur la culture africaine.C'est ce grand témoin de l'évolution historique et politique de l'Afrique Occidentale Française qui nous intéresse ici. Pour plus de clarté, il nous faut nous arrêter un instant sur l'histoire du Rassemblement Démocratique Africain. La Deuxième Guerre mondiale vient de s'achever. C'est une France vaincue et occupée dans les premières années de la guerre, qui s'est appuyée sur ses colonies pour remporter la victoire de 1945 aux côtés de ses alliés. Il est clair pour tous que le système colonial ne peut plus continuer avec le code de l'indigénat. La loi Lamine Guèye introduit des réformes en 1946 comme l'abolition du travail forcé, de l'indigénat ainsi que l'obtention de la citoyenneté française pour les habitants des territoires d'outre-mer. Mais, le compte n'y est pas. Autour du Général De Gaulle, le nouveau pouvoir propose une nouvelle Union française dans le cadre d'une nouvelle constitution. En face, il y a le Rassemblement démocratique africain (RDA), une fédération de partis nationaux largement autonomes, qui est mis sur pied, le 21 octobre, sous la présidence du syndicaliste ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Ce mouvement panafricain francophone rassemble des partis visant à l'émancipation de l'Afrique francophone du joug colonial, tout en conservant des liens avec l'Union française. On ne parle pas encore d'indépendance, en tout cas on hésite à prononcer le mot, mais l'idée fait son chemin. Signalons que cet engagement et cette action politique ont valu à Boubou Hama d'être Président de l'Assemblée nationale du Niger de 1958 à 1974.
Etablir la bibliographie d’un homme comme Boubou Hama conduit à remonter l’histoire sociale et institutionnelle de l’Afrique Occidentale Française. Né à Fonéko, petit village songhaï à l’ouest du Niger, il étudie d'abord à l'Ecole préparatoire de Téra de 1916 à 1918, puis à l'Ecole primaire régionale de Dori, commune anciennement située en Haute-Volta et annexée à la Colonie du Niger, lors du partage de la Haute Volta entre la Côte d'Ivoire, le Soudan français (Mali) et le Niger. Puis, Boubou Hama est envoyé à l'Ecole élémentaire supérieure Ouagadougou, afin de préparer le concours d'entrée à la célèbre École normale William Ponty de Dakar à laquelle il est admis en 1926. Cette simple évocation nous oblige à nous arrêter sur cette école William Ponty. Créé en 1903, ce qui fut d’abord appelé Ecole Normale Fédérale ne devint École Normale William Ponty qu’en 1915. Elle doit son nom à William Amédée Merlaud-Ponty, gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française, de 1903 à sa mort en 1915. C’est l'Ecole normale fédérale de l’Afrique-Occidentale française. Cet établissement a formé la plupart des instituteurs, médecins et cadres d’Afrique de l'Ouest, dont de nombreux ministres et chefs d’État ou de gouvernement, tels que Félix Houphouët-Boigny, Modibo Keïta, Hubert Maga, Mathias Sorgho, Hamani Diori, Mamadou Dia, Bernard Dadié, Emile Derlin Zinsou ou Abdoulaye Wade. Pour en revenir à Boubou Hama, en 1929, il devient le premier instituteur nigérien. Il est d'abord affecté à l'Ecole régionale de Niamey avant d'être affecté à l'Ecole élémentaire de Tillabéri en 1935. En 1938, il est muté à Niamey, avant d'être muté à l'Ecole régionale de Dori en 1945. En 1933, il rencontre à Tillabéri le Docteur Boulnois (Un médecin des troupes coloniales déjà auteur d'ouvrages sur les coutumes et croyances dravidiennes de l'Inde) avec lequel il publiera plus tard L'Empire de Gao en 1954. Une œuvre publiée par une maison d'édition scientifique qui propulse Boubou Hama dans le cercle des chercheurs d'envergure universitaire. Amorcée par la publication du livreL'Empire de Gao : histoire, coutumes et magie des Sonrai en 1954, l’écriture de Boubou Hama est surtout marquée par l’histoire et les recherches sur l’histoire des peuples, la défense des cultures africaines. Quelques titres pour comprendre.Histoire du Gobir et de Sokoto, en 1967 ; Kotia-Nima 1 : rencontre avec l'Europe, Paris, en 1968 ; Histoire traditionnelle d'un village songhay, Fonéko, en 1970 ; Contes et légendes du Niger, en 6 volumes de1972 à 1976 ; Écrits sur le Soudan, en 1983. Il laisse une œuvre considérable sur la culture africaine. C’est ce grand témoin de l’évolution historique et politique de l’Afrique Occidentale Française qui nous intéresse ici. Pour plus de clarté, il nous faut nous arrêter un instant sur l’histoire du Rassemblement Démocratique Africain. La Deuxième Guerre mondiale vient de s’achever. C’est une France vaincue et occupée dans les premières années de la guerre, qui s’est appuyée sur ses colonies pour remporter la victoire de 1945 aux côtés de ses alliés. Il est clair pour tous que le système colonial ne peut plus continuer avec le code de l’indigénat. La loi Lamine Guèye introduit des réformes en 1946 comme l’abolition du travail forcé, de l’indigénat ainsi que l’obtention de la citoyenneté française pour les habitants des territoires d’outre-mer. Mais, le compte n’y est pas. Autour du Général De Gaulle, le nouveau pouvoir propose une nouvelle Union française dans le cadre d’une nouvelle constitution. En face, il y a le Rassemblement démocratique africain (RDA), une fédération de partis nationaux largement autonomes, qui est mis sur pied, le 21 octobre, sous la présidence du syndicaliste ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Ce mouvement panafricain francophone rassemble des partis visant à l’émancipation de l’Afrique francophone du joug colonial, tout en conservant des liens avec l’Union française. On ne parle pas encore d’indépendance, en tout cas on hésite à prononcer le mot, mais l’idée fait son chemin. Signalons que cet engagement et cette action politique ont valu à Boubou Hama d’être Président de l'Assemblée nationale du Niger de 1958 à 1974.
Kosmo handlar om kändisar i politiken och politiker som iklär sig kändisrollen. Den 26 februari går Senegal till val. Ett val som har föregåtts av stora protester, bland annat på grund av att den sittande presidenten Abdoulaye Wade har beslutat för att ställa upp för en tredje mandatperiod, trots att lagen bara godkänner två. Det nya på den politiska scenen i Senegal är den sociala rörelsen som växt fram, som inspirerade av den arabiska våren utnyttjar sociala medier för att sprida sitt budskap och där journalister och rappare är ledfigurer. Youssou N’Dour som är Senegals enda superstjärna är själv uppvuxen i ett av stadens fattiga områden. I ett tiotal år har han likt George Soros investerat i demokrati, i internetcaféer, en dagstidning, radio och tv-stationer. I januari tog han steget fullt ut och utmanade makten som officiell presidentkandidat, en kanditatur som sedan har underkänts och som lett till nya protester. Men N’Dour har inte gett upp. Fekke maci boolé, mitt engagemang finns här, sjunger N’Dour i sin kampanjlåt. David Isaksson har varit i Senegals huvudstad Dakar och mött rappare som via sin musik sprider budskapet om ett nytt bättre Senegal. Kosmos Anneli Dufva har titta närmare på fenomenet kändisar i politiken och politiker som iklär sig kändisrollen. John Street är professor vid universitetet of East Anglia i Norwich och har skrivit mycket om kopplingen mellan populärkultur och politik i allmänhet och politik och musik i synnerhet. 2004 skrev han en vetenskaplig artikel med rubriken Celebrity politicians, vilken fick ett stort genomslag och är ett ämne han inte lämnat sedan dess. Hon har även mött medieforskaren Staffan Ericson som pratar TV:s betydelse för den nya politikerrollen. Holländaren Anton Corbijn är en av vår tids mest inflytelserika fotograferna,. Efter att ha slaget igenom i början av 80-talet med foton från den engelska undergroundrockscenen har han genom åren utvecklats till imageskapare åt en rad framgångsrika artister, men också flera kända poltiker som Al Gore och Nelson Mandela. Fredrik Wadström mötte Anton Corbijn och ställde frågan: vad är det som krävs för att förevigas av Corbijn? Programledare: Cecilia Blomberg Producent: Marie Liljedahl