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Après neuf ans, sept mois et quatre jours de présence, les derniers soldats de l'opération française Barkhane ont donc quitté le Mali hier. Pour l'Inter de Bamako, bon débarras… « Les Maliennes et les Maliens ont compris qu'après neuf ans de lutte sans résultat contre le terrorisme dans notre pays par la force Barkhane, armée d'occupation française, la libération de leur pays incombe d'abord à eux-mêmes, affirme le quotidien bamakois. Ils ont aussi compris que personne ne viendra faire notre pays à notre place. Sans ce sursaut national, notre pays sera à la merci des envahisseurs et leurs parrains impérialistes qui ne jurent que par le pillage de nos richesses et la destruction de nos valeurs par l'imposition de leur culture. » Le Mali: hub régional de la stratégie russe Alors désormais, « l'option russe paraît de plus en plus évidente », pointe L'Alternance, toujours à Bamako. L'Alternance qui constate que « le Mali est en passe de devenir le hub régional ouest-africain de la stratégie russe », stratégie qui repose sur « un double objectif, estime le journal : gagner des voix africaines aux Nations unies pour modifier le multilatéralisme existant et bénéficier à moindre coût des richesses et potentialités du continent africain ». Et attention, prévient L'Alternance, « le Mali s'isole à un rythme effréné. Outre Barkhane, Takuba, et les missions européennes, c'est désormais la Minusma qui serait en ligne de mire. La paranoïa s'installe au sein de la masse populaire. Tout le monde serait contre le Mali et voudrait empêcher la marche du pays vers une réelle indépendance ». Isolement préjudiciable ? Constat similaire pour Le Pays au Burkina Faso : « À force de trop tirer sur la corde et dans tous les sens, on peut craindre un isolement progressif du Mali, dans un contexte où le doute est pourtant permis sur la capacité du seul partenaire russe de Wagner à aider le pays à relever le défi sécuritaire sur l'ensemble de son vaste territoire. Autant dire que ces tensions persistantes entre Bamako et ses partenaires internationaux pourraient avoir des effets contreproductifs avec un impact négatif sur la lutte contre le terrorisme. (…) En tout cas, le Mali, en tant qu'État souverain, a maintenant l'occasion de s'assumer pleinement, relève encore Le Pays. Assimi Goïta et ses compagnons d'armes doivent tout faire pour que les Maliens ne regrettent pas les Français que l'on traite de tous les noms d'oiseaux. Ils se doivent de s'assumer, d'autant qu'en dehors de Moscou, les relations entre le Mali et d'autres partenaires internationaux intervenant dans la lutte contre le terrorisme enregistrent des couacs et des malentendus persistants ». Les jihadistes progressent… Mais en attendant, constate le quotidien français Libération, « la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader. Le partenariat opérationnel noué entre l'armée malienne et les mercenaires du groupe russe Wagner – que Bamako dément obstinément – n'a pas, à ce stade, permis à l'État malien de reprendre pied dans les zones contrôlées par les insurgés. Fin juillet, les combattants du GSIM ont mené une série d'attaques sans précédent dans le centre et le sud du Mali, allant jusqu'à frapper Kati, la ville-garnison qui constitue le cœur du pouvoir militaire malien, dans la banlieue de Bamako. Le 7 août, l'autre grande organisation djihadiste implantée au Sahel, l'État islamique au Grand Sahara, a lancé un assaut sur une base de l'armée à Tessit, dans l'est du pays, faisant 42 morts parmi les soldats maliens. Depuis son coup d'État, jamais la junte n'avait essuyé de telles pertes militaires. À vol d'oiseau, 50 kilomètres séparent Tessit du poste-frontière de Ouattagouna. Là où le dernier soldat français de Barkhane a traversé la frontière hier lundi ». Kenya: Ruto élu de justesse… À la Une également, un nouveau président pour le Kenya : « William Ruto, président élu », s'exclame The Nation à Nairobi. Mais avec seulement 233 000 voix d'avance sur Raila Odinga. Aujourd'hui au Burkina s'inquiète : « Dans un pays où les deux précédentes présidentielles ont marqué négativement les esprits, la sérénité ne peut pas régner après ces résultats. D'autant que le vainqueur a en face Odinga et son parrain, le président sortant Uhuru Kenyatta, et une partie des Kikuyus. D'ailleurs, plus qu'une victoire de Ruto, c'est un échec d'Uhuru Kenyatta qui a tenté contre vents et marées d'imposer un ancien et vieil opposant, qui a passé tout son temps à dire tout le mal qu'il pensait des Kikuyus, l'ethnie majoritaire qui fait toujours peser la balance vers le vainqueur. Et maintenant, s'interroge Aujourd'hui, que peut-il se passer ? »
Après neuf ans, sept mois et quatre jours de présence, les derniers soldats de l'opération française Barkhane ont donc quitté le Mali hier. Pour l'Inter de Bamako, bon débarras… « Les Maliennes et les Maliens ont compris qu'après neuf ans de lutte sans résultat contre le terrorisme dans notre pays par la force Barkhane, armée d'occupation française, la libération de leur pays incombe d'abord à eux-mêmes, affirme le quotidien bamakois. Ils ont aussi compris que personne ne viendra faire notre pays à notre place. Sans ce sursaut national, notre pays sera à la merci des envahisseurs et leurs parrains impérialistes qui ne jurent que par le pillage de nos richesses et la destruction de nos valeurs par l'imposition de leur culture. » Le Mali: hub régional de la stratégie russe Alors désormais, « l'option russe paraît de plus en plus évidente », pointe L'Alternance, toujours à Bamako. L'Alternance qui constate que « le Mali est en passe de devenir le hub régional ouest-africain de la stratégie russe », stratégie qui repose sur « un double objectif, estime le journal : gagner des voix africaines aux Nations unies pour modifier le multilatéralisme existant et bénéficier à moindre coût des richesses et potentialités du continent africain ». Et attention, prévient L'Alternance, « le Mali s'isole à un rythme effréné. Outre Barkhane, Takuba, et les missions européennes, c'est désormais la Minusma qui serait en ligne de mire. La paranoïa s'installe au sein de la masse populaire. Tout le monde serait contre le Mali et voudrait empêcher la marche du pays vers une réelle indépendance ». Isolement préjudiciable ? Constat similaire pour Le Pays au Burkina Faso : « À force de trop tirer sur la corde et dans tous les sens, on peut craindre un isolement progressif du Mali, dans un contexte où le doute est pourtant permis sur la capacité du seul partenaire russe de Wagner à aider le pays à relever le défi sécuritaire sur l'ensemble de son vaste territoire. Autant dire que ces tensions persistantes entre Bamako et ses partenaires internationaux pourraient avoir des effets contreproductifs avec un impact négatif sur la lutte contre le terrorisme. (…) En tout cas, le Mali, en tant qu'État souverain, a maintenant l'occasion de s'assumer pleinement, relève encore Le Pays. Assimi Goïta et ses compagnons d'armes doivent tout faire pour que les Maliens ne regrettent pas les Français que l'on traite de tous les noms d'oiseaux. Ils se doivent de s'assumer, d'autant qu'en dehors de Moscou, les relations entre le Mali et d'autres partenaires internationaux intervenant dans la lutte contre le terrorisme enregistrent des couacs et des malentendus persistants ». Les jihadistes progressent… Mais en attendant, constate le quotidien français Libération, « la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader. Le partenariat opérationnel noué entre l'armée malienne et les mercenaires du groupe russe Wagner – que Bamako dément obstinément – n'a pas, à ce stade, permis à l'État malien de reprendre pied dans les zones contrôlées par les insurgés. Fin juillet, les combattants du GSIM ont mené une série d'attaques sans précédent dans le centre et le sud du Mali, allant jusqu'à frapper Kati, la ville-garnison qui constitue le cœur du pouvoir militaire malien, dans la banlieue de Bamako. Le 7 août, l'autre grande organisation djihadiste implantée au Sahel, l'État islamique au Grand Sahara, a lancé un assaut sur une base de l'armée à Tessit, dans l'est du pays, faisant 42 morts parmi les soldats maliens. Depuis son coup d'État, jamais la junte n'avait essuyé de telles pertes militaires. À vol d'oiseau, 50 kilomètres séparent Tessit du poste-frontière de Ouattagouna. Là où le dernier soldat français de Barkhane a traversé la frontière hier lundi ». Kenya: Ruto élu de justesse… À la Une également, un nouveau président pour le Kenya : « William Ruto, président élu », s'exclame The Nation à Nairobi. Mais avec seulement 233 000 voix d'avance sur Raila Odinga. Aujourd'hui au Burkina s'inquiète : « Dans un pays où les deux précédentes présidentielles ont marqué négativement les esprits, la sérénité ne peut pas régner après ces résultats. D'autant que le vainqueur a en face Odinga et son parrain, le président sortant Uhuru Kenyatta, et une partie des Kikuyus. D'ailleurs, plus qu'une victoire de Ruto, c'est un échec d'Uhuru Kenyatta qui a tenté contre vents et marées d'imposer un ancien et vieil opposant, qui a passé tout son temps à dire tout le mal qu'il pensait des Kikuyus, l'ethnie majoritaire qui fait toujours peser la balance vers le vainqueur. Et maintenant, s'interroge Aujourd'hui, que peut-il se passer ? »
C'est la suite de l'affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés au Mali et accusés d'être des mercenaires : la junte au pouvoir a ordonné mercredi l'expulsion du porte-parole de la mission de l'ONU dans le pays, Olivier Salgado. La junte lui reproche d'avoir publié des informations qu'elle juge « tendancieuses et inacceptables » sur le réseau social Twitter. À savoir, cette remarque : « les soldats interpellés (…) sont déployés depuis plusieurs années au Mali dans le cadre d'un appui logistique pour le compte d'un de nos contingents. » Une précision du porte-parole de la Minusma qui bat en brèche la version des autorités maliennes qui accusent ces soldats ivoiriens d'être des mercenaires. Maliweb à Bamako précise que « le gouvernement malien reproche à Olivier Salgado d'avoir été incapable d'apporter la preuve des affirmations contenues dans son tweet ». Provocation ? En fait, remarque Jeune Afrique, « la communication du porte-parole de la Minusma a été perçue comme une provocation par les autorités, alors que l'imbroglio administratif persiste autour de la présence de ces soldats ». Le bras de fer s'intensifie donc avec les casques bleus dont les rotations ont été suspendues jusqu'à nouvel ordre. « Cette expulsion n'est pas sans rappeler celle, en janvier dernier, de l'ambassadeur français Joël Meyer, remarque encore Jeune Afrique. En pleine crise diplomatique avec Paris, les autorités maliennes avaient donné soixante-douze heures au diplomate pour quitter le pays. » Et le site panafricain de conclure : « l'avenir de la mission onusienne, dont le mandat a été renouvelé fin juin, semble plus que jamais incertain ». Sur le départ ? « Olivier Salgado, persona non grata au Mali : la Minusma, énième souffre-douleur de la junte », s'exclame Aujourd'hui au Burkina Faso. « Avec cette opération, le Mali tape encore fort sur la Minusma, estime le quotidien ouagalais. (…) Attitude étonnante tout de même quand on sait que les sanctions de la Cédéao ont été levées, la Banque mondiale va recommencer ses décaissements. Alors, s'interroge Aujourd'hui, pourquoi, cette frilosité qui frise l'animosité pour souvent des questions qu'une diplomatie souterraine peut résoudre ? Que se passe-t-il donc ? Il faudra peut-être que le médiateur attitré de la Cédéao Faure Gnassingbé commence par ça, car à ce rythme, on a l'impression que peut-être après Barkhane et Takuba, le Mali pourrait demander le départ de la Minusma. » Force d'occupation ? Alors les militaires maliens au pouvoir veulent-ils se débarrasser des casques bleus ? Rien n'est encore officiel, pointe WakatSéra. « S'il est vrai que la junte malienne n'a jamais voulu du renouvellement du mandat pour un an de la structure onusienne intervenue le 30 juin, il faut dire que les autorités n'ont pas encore franchi le Rubicon en demandant officiellement son départ. Elles disent même leur disponibilité à coopérer avec tout le monde. Et elles laisseront sans aucun doute la sale besogne aux fameuses organisations de la société civile qu'elles manipulent à souhait, pointe WakatSéra, certaines d'entre elles étant purement et simplement leur création. Le Mouvement Yerewolo Debout sur les Remparts donne déjà le ton. À travers une lettre adressée au chef de la Minusma, Yerewolo accuse la mission onusienne d'être "devenue une force d'occupation qui ravive et entretient la peur, les clivages ethniques et la méfiance entre les communautés au Mali", et demande son "retrait pur et simple" du territoire malien "avant le 22 septembre". Encore un ultimatum ! », s'exclame WakatSéra qui conclut par cette interrogation aux allures d'affirmation : « le bras-de-fer est-il donc engagé entre la junte malienne et l'ONU, à travers la Minusma ? » Se ressaisir ? En tout cas, prévient Le Pays, toujours au Burkina, « au rythme où Bamako multiplie les actes de rupture, elle risque de se mettre à dos tout le monde et se retrouver finalement seule avec Wagner, face à l'ennemi [jihadiste] qui donne du fil à retordre aux FAMA, aux forces armées maliennes. Bien sûr, tant qu'elle continuera à délier les cordons de la bourse, elle aura toujours l'accompagnement des mercenaires russes. Mais la Russie, à elle seule, ne peut venir à bout du terrorisme au Mali sans l'appui d'autres partenaires. C'est dire si Bamako doit se ressaisir, estime encore Le Pays. Car, il ne sert à rien de vouloir jouer les Zorro alors qu'on n'a pas toujours les moyens de sa politique. »
L'arrivée record en 2015 de plus d'1 million de demandeurs d'asile à destination de l'Europe a fortement déstabilisé le continent. Divisés, les pays de l'Europe peinent depuis à coopérer en matière d'asile et d'immigration. Et le nouveau Pacte sur la migration adopté, il y a un peu plus d'un an, par la Commission européenne n'a pas changé la donne. Exemple avec la Grèce, ce pays considéré comme le principal accès au continent européen en 2015 cherche à se défaire de ce statut de porte d'entrée en verrouillant ses frontières. Depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs à l'été 2019, la politique migratoire grecque n'a donc cessé de se durcir. Pour les demandeurs d'asile et les migrants, la Grèce se transforme de plus en plus en impasse. Joël Bronner. Parmi les pistes explorées par certains pays européens, l'externalisation des demandes d'asile. C'est-à-dire sous-traiter à un autre pays l'accueil des demandeurs d'asile en attendant que leur requête soit examinée. Portée en général par l'extrême droite, au Danemark, et c'est une première, c'est un gouvernement social-démocrate qui a décidé de mettre cette idée en pratique. Les explications d'Anne-Françoise Hivert. Les chiffres plaident tous pour un partenariat rénové sur les migrations et la mobilité. Exemple : d'ici à 2050, l'Europe comptera 95 millions de travailleurs en moins, ce qui provoquera des carences dans de nombreux secteurs de l'économie. Dans la restauration, le bâtiment ou l'informatique, comme dans les technologies de l'information et des télécommunications, les besoins se font déjà sentir en Europe. Résultat, pour parer à ce manque de main-d'œuvre, la Lituanie a commencé à recruter sur le continent africain. Depuis deux ans, le petit pays de 3 millions d'habitants, au bord de la Baltique, a donc développé un programme pour recruter au Nigeria, 200 millions d'habitants et donc autant de potentiel de main-d'œuvre qualifiée. Le reportage de Marielle Vitureau. Un autre petit pays d'Europe du Nord, a bien compris le potentiel que représente le continent africain, l'Estonie, plus d'un million d'habitants, développe depuis plusieurs années des relations importantes avec l'Afrique. Outre la présence d'une centaine de militaires estoniens au sein de la force Takuba au Mali, les acteurs du secteur numérique sont présents dans de nombreux pays, au travers de projets gouvernementaux. Marielle Vitureau. En Irlande, le renouveau druidique avec un reportage de Laura Taouchanov.
« Pour protester contre l'attaque terroriste qui a fait plus de 130 morts ce week-end parmi les civils dans le cercle de Bankass au centre du Mali, les forces vives de Bandiagara, composées d'élus, de leaders communautaires et de la société civile, ont entamé, hier mardi, une action de "désobéissance civile". » C'est ce que rapporte notamment Le Soft à Bamako. « Les services étatiques et non étatiques sont fermés jusqu'à nouvel ordre. » Les forces vives de la région dénoncent « l'indifférence des autorités, poursuit Le Soft, malgré les différentes rencontres tenues et les missions effectuées pour demander la sécurisation des personnes et de leurs biens. Seuls les centres de santé, les commerces et les ambulances restent fonctionnels. De son côté, le gouvernement a assuré que toutes les dispositions seraient prises pour rechercher et traduire les auteurs de ces crimes devant la justice, affirmant du même coup que la protection des personnes et de leurs biens demeure "sa priorité absolue". Dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, rapporte encore Le Soft, on peut voir la colère et le mécontentement sur les visages des personnes qui s'expriment, réclamant de la part du gouvernement malien plus de sécurité afin que les habitants de ces localités puissent vaquer librement à leurs occupations sans craindre pour leur vie. » Le junte malienne en accusation « Pourquoi ce massacre ? », s'interroge Mourya La Voix du Niger, journal proche du pouvoir de Niamey. « La réponse sans équivoque indexe la responsabilité de la junte militaire, estime le journal nigérien. Un pouvoir kaki qui n'a pas su apporter la protection nécessaire à ses citoyens qui ont subi l'ignominie des forces du mal, le seul tort, selon leurs assassins, ayant été d'avoir coopéré avec l'armée malienne qui a mené des opérations anti-terroristes dans la zone. Les représailles ont donc été foudroyantes contre de pauvres hères alors que les zélateurs de la junte militaire veulent vainement faire croire à l'opinion que tous les problèmes du Mali sont le fruit des sanctions infligées au pays par la Cédéao. » Et Mourya de hausser le ton en direction de la junte malienne : « en s'acoquinant avec une société de sécurité privée russe, en l'occurrence Wagner, en lieu et place d'accords officiels d'État à État, les putschistes au pouvoir ignoraient-ils les risques qu'ils faisaient courir à leur pays ? En signant l'arrêt de mort du G5 Sahel, la force conjointe que le Mali formait avec le Burkina Faso, le Tchad, la Mauritanie et le Niger, le colonel Assimi Goïta et ses lieutenants ne savaient-ils pas qu'ils faisaient le jeu du terrorisme ? En faisant des forces française Barkhane et européenne Takuba des pestiférées à éloigner du Mali, les putschistes n'ont-ils pas élargi le boulevard pour les terroristes ? » France : 17 députés d'origine africaine A la Une également, ces nouveaux députés français d'origine africaine… Jeune Afrique nous brosse leur portrait. « À l'issue du scrutin des 12 et 19 juin qui a largement rebattu la composition de la représentation nationale française, de nouvelles figures originaires du continent font leur entrée au palais Bourbon, incarnant un peu plus la diversité de la société française », note le site panafricain. « Ils sont au total 17 députés : binationaux, nés en Afrique ou nés en France de parents Africains. Parmi eux, Rachel Keke (Nupes). Cette Franco-Ivoirienne de 49 ans, native d'Abobo en Côte d'Ivoire, femme de chambre, s'est fait connaître pour son combat contre le groupe hôtelier Accor. Karim Ben Cheïkh : également candidat de la Nupes, ce Franco-Tunisien de 45 ans, diplomate de carrière, est le seul candidat de la gauche à avoir remporté l'adhésion des Français expatriés. Il représente la 9e circonscription des Français de l'étranger, qui comprend le Maghreb et l'Afrique de l'Ouest. » « On peut encore citer, parmi ces nouveaux députés français d'origine africaine, Nadège Abomangoli, native du Congo Brazzaville, ancienne militante de SOS Racisme. Carlos Martens Bilongo, enseignant en économie, né en France de parents congolais et angolais. Ou encore Farida Amrani, née au Maroc en 1976, arrivée en France à l'âge de deux ans ».
Le communiqué établi par les autorités maliennes est largement repris ce matin par les médias du pays, notamment par Maliweb : « les paisibles citoyens des villages de Dialassagou, Dianweli et Dessagou et environs, dans le cercle de Bankass, ont fait l'objet d'attaques terroristes lâches et barbares dans la nuit de samedi à dimanche dernier. » Le dernier bilan fait état de 132 civils froidement tués Le communiqué annonce que plusieurs auteurs de « ces crimes ignobles » ont été formellement identifiés. À savoir : « les combattants de la Katiba Macina d'Amadou Kouffa. » Maliweb qui précise que « les images largement partagées sur les réseaux sociaux montrent des boutiques, des habitations, des engins à deux roues et des véhicules complètement calcinés. Le gouvernement a dépêché hier lundi plusieurs ministres sur les lieux des attaques pour témoigner la solidarité de la Nation aux victimes. » Dynamique sous-régionale ? « Terrorisme à Bankass : l'horreur ! », lance pour sa part le journal en ligne malien Malikilé. Malikilé qui dédouane l'armée malienne… « La montée incontestable en puissance de nos forces armées ne pourrait, à ce stade, empêcher la commission de tels crimes, affirme Malikilé, qui, au demeurant, attestent la faiblesse des terroristes qui ne peuvent ni affronter les forces de défense et de sécurité ni occuper un quelconque camp ou village. Les seuls moyens de destruction qui leur restent demeurent les attaques lâches perpétrées contre de paisibles civils ou la pose d'engins explosifs improvisés. Faut-il dans un tel contexte envisager la moindre négociation avec des individus capables de tels horreurs ? De personnages sans foi ni loi ? Sans écarter cette hypothèse, répond Malikilé, il faudrait avant tout continuer à les affaiblir dans chacun des pays où ces groupes armés terroristes opèrent et ce, dans une dynamique sous-régionale. Cette dynamique est-elle possible avec les sanctions de la CEDEAO contre des pays comme le Mali et le Burkina Faso ? À nos chefs d'État d'y réfléchir. » Plus d'excuses… Dans la presse de la sous-région, c'est la consternation : « après Seytenga au Burkina, le Mali frappé durement », titre le quotidien Aujourd'hui à Ouagadougou. « Voilà de nouveau le Burkina Faso et le Mali endeuillés, soupire le journal. Ces deux pays, dirigés par des hommes en treillis, sont tenus par l'obligation de résultats dans la lutte contre le terrorisme. Après avoir mis en avant l'incapacité des "pouvoirs précédents" à faire face à la menace terroriste, les militaires au pouvoir n'ont plus d'excuses, estime Aujourd'hui. Plus que jamais, ils sont dos au mur et doivent aller au charbon pour redonner de la quiétude aux populations qui n'exigent rien d'autre. » Et Wagner ? « Qui pour sauver le Mali ? », lance pour sa part Le Pays, toujours au Burkina Faso. « Car, ce carnage est la preuve que la montée en puissance des FAMa et leurs alliés russes ressemble plus à une opération de com. En tout cas, c'est un véritable pied de nez qui leur est ainsi fait à travers cette boucherie. On a comme l'impression que les terroristes sont dans une logique d'occuper au plus vite le vide laissé par la force française Barkhane. (…) Autant dire que l'armée malienne se doit de mettre un point d'honneur dans la sécurisation du nord et du centre du pays. » WakatSéra hausse encore le ton : « où étaient donc les Russes de Wagner ? (…) Ainsi donc, les tueries de masse ont toujours cours au Mali, malgré la présence des éléments de la société de sécurité privée russe qui sont portés aux nues par la junte militaire au pouvoir au Mali, après leur divorce avec les forces française Barkhane et européennes Takuba, qui elles ont été vouées aux gémonies, et déclarées non grata sur les berges du Djoliba. » Les excuses de la Belgique à la RDC À la Une également, les excuses de la Belgique en direction de la RDC… À l'occasion de la remise de la dent de Lumumba à la RDC hier, note le site Afrikarabia, « Le Premier ministre belge a présenté des "excuses" au peuple congolais, un mot que le roi Philippe n'avait pas prononcé lors de sa récente visite à Kinshasa, préférant le terme de "regrets". En ce sens, la cérémonie de restitution de Bruxelles aura enfin permis aux Congolais d'entendre ce mot qu'ils auraient tant souhaité voir prononcer par le roi Philippe, pointe Afrikarabia. Un mot sans doute trop difficile à dire par le roi des Belges en terre congolaise.» « Entre satisfaction, excuses et émotion », note pour sa part le site congolais Cas-Info. La dent de Lumumba, qui a été placée dans un cercueil, quittera le sol Belge ce soir pour la capitale de la RDC, Kinshasa.
Maliweb à Bamako, notamment, donne l'information : « alors qu'elles viennent de rétrocéder l'emprise de leur base militaire de Ménaka à l'armée malienne, les forces armées françaises de Barkhane ont annoncé, hier, avoir capturé un haut cadre du groupe État islamique qui préparait une attaque contre ses convois en direction du Niger ». Il s'agit d'Oumeya Ould Albakaye, le chef de l'EIGS pour le Gourma au Mali, et pour l'Oudalan au nord du Burkina Faso. « Il a organisé, précise Maliweb, plusieurs attaques contre différentes emprises militaires au Mali, dont celle de Gao. Certaines se sont soldées par la mort de nombreux civils et militaires. Albakaye était l'un des dirigeants des réseaux de mise en œuvre d'engins explosifs improvisés. » L'EIGS décapitée par les soldats français « Gros coup dur pour l'EIGS », s'exclame Mourya La Voix du Niger. « L'EIGS, qui depuis la neutralisation de son mentor Abou Walid Al-Sahraoui en août 2021 par Barkhane, continue à voir ses chefs tomber, du fait des soldats français. C'est un mélodrame, estime le site nigérien, car alors que le Mali pousse Barkhane dehors allant jusqu'à décréter des lois préventives contre ses soldats et ceux de Takuba, l'opération française poursuit son œuvre de sécurisation. » D'ailleurs, « comme d'autres chefs terroristes, Ould Albakaye sera remis aux autorités maliennes. Peut-on trouver meilleur gage de bonne collaboration que celui-là ? », s'exclame Mourya. « Mais n'en déplaise aux pseudo-panafricanistes qui se ruent sur les plateaux de télé et sur la toile, au Mali, sécuritairement rien n'est réglé, et ce constat vaut pour tout le Sahel, en particulier pour le Burkina et le Niger. (…) Force est de reconnaître que, même sur le départ, Barkhane continue à prouver sa force de frappe au Sahel. » Un cadeau gênant pour Assimi Goïta ? En effet, abonde Aujourd'hui au Burkina Faso, « la capture d'Ould Albakaye est l'un des derniers cadeaux d'adieu de la Force Barkhane… Barkhane en pleine ré-articulation au Sahel depuis la grosse brouille avec les nouvelles autorités de Bamako ayant entrainé son départ précipité ». L'Observateur Paalga renchérit : « cette capture d'Albakaye intervient alors que les soldats français sont en train de faire leur paquetage après avoir été déclarés persona non grata par les autorités de la transition malienne qui ont préféré quitter les ailes protectrices du coq gaulois pour se réfugier entre les grosses pattes de l'ours russe ». Et « on se demande, poursuit L'Observateur, si un tel cadeau de barkhane à Bamako n'est pas un peu gênant pour le colonel Assimi Goïta, venant d'une France qu'il accuse de tous les péchés et contre laquelle il instruit, depuis son arrivée aux affaires, un procès en incompétence pour n'avoir pas vaincu le terrorisme, malgré 10 ans de présence continue ». Ould Albakaye derrière le massacre de Seytenga ? En tout cas, une belle prise et même « une œuvre de salubrité publique », s'exclame pour sa part Le Pays, toujours à Ouagadougou. Car Ould Albakaye est sans doute mêlé de près ou de loin au massacre de Seytenga : « si pour l'heure, cette attaque, qui a fait près de 80 morts au pays des Hommes intègres, n'a pas encore été revendiquée, tout laisse croire qu'elle est l'œuvre de l'EIGS. C'est dire si la capture de ce lieutenant de cette organisation terroriste, constitue un ouf de soulagement pour les populations meurtries. Au-delà des centaines de veuves et orphelins qu'auront faits les nombreuses attaques conduites ou commanditées par Ould Albakaye, c'est tout le Sahel qui se voit débarrassé ainsi de l'un des plus sanguinaires chefs terroristes de l'EIGS. (…) Et c'est le signe qu'en dépit des nombreuses critiques formulées à l'encontre de la force Barkhane, elle peut toujours contribuer efficacement dans la lutte contre le terrorisme au Sahel ». Les déplacés de Seytenga en difficulté Enfin, à propos du massacre de Seytenga, le site d'information Sahel Tribune note que la « situation est difficile pour les rescapés » : au total, près de 3500 personnes ont fui la ville, à pied, à vélo, à moto, ou encore en charrette, pour se diriger vers Dori, à une cinquantaine de kilomètres. Mais là, la « situation est loin d'être rose pour ces rescapés, relève Sahel Tribune. Car « il n'y a pas d'eau dans la ville : les installations ont été sabotées il y a quelques jours. Toutefois, les autorités assurent que des actions fortes ont été mises en place pour la prise en charge de ces déplacés, avec notamment une assistance alimentaire ».
Le chancelier allemand a entamé dimanche une visite dans trois pays africains : le Sénégal, le Niger et l'Afrique du Sud. Au menu, des questions de coopération économique et de sécurité. Avec tout d'abord, la recherche pour Berlin de nouveaux approvisionnements en gaz. Et en toile de fond, la guerre en Ukraine. « En guise de mesure de rétorsion contre les pays de l'OTAN pour leur soutien à Kiev, Moscou n'en finit pas de faire de ses gazoducs une arme de destruction économique, relève L'Observateur Paalga à Ouagadougou. D'où cette course effrénée des alliés de l'Ukraine vers la diversification de leurs sources d'approvisionnement. (…) La recherche de nouvelles routes du gaz a donc conduit l'Aigle allemand à faire du Sénégal une solution de rechange au chantage de l'Ours russe. En effet, le pays de Léopold Sédar Senghor partage avec son voisin mauritanien un important champ gazier dont les réserves sont estimées à environ 1.400 milliards de m3 et dont les premières livraisons sont attendues, côté sénégalais, en 2023. Mieux, le président Macky Sall a assuré son hôte de l'engagement du Sénégal à approvisionner le marché européen. » Niger : un partenaire « compatible » Deuxième étape du chancelier allemand : le Niger… « Officiellement, on a parlé sécurité et dans une certaine mesure lutte contre l'immigration irrégulière, pointe Ledjely en Guinée. Mais il est de plus en plus admis que les pays occidentaux, préoccupés par la présence de Wagner au Mali, voudraient se servir du Niger pour freiner cette visée expansionniste du Kremlin. » Et le président Bazoum « passe pour un partenaire compatible pour les pays européens notamment. Dans un contexte de contestation de plus en plus généralisée de l'Occident au Sahel, le Niger devrait servir de laboratoire d'expérimentation de modèles de partenariats qui puissent mieux passer aux yeux des Africains. » L'opération Gazelle prolongée Pour Aujourd'hui à Ouaga, « ce séjour nigérien du chancelier allemand est la marque que ce pays est aligné sur la Communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme au Sahel que mène le Niger, en collaboration avec la France et d'autres pays africains. Barkhane et Takuba ont le feu vert de l'Allemagne et l'opération Gazelle, opération de formation spécifiquement allemande, basée à Tillia, laquelle est une réussite de l'avis des soldats nigériens, Gazelle, donc, va connaître une rallonge temporelle : elle se poursuivra au-delà de décembre prochain. (…) La coopération sécuritaire Allemagne-Niger se porte donc à merveille, insiste Aujourd'hui, et ce séjour met également en exergue le fait que Mohamed Bazoum n'a pas 'vendu' le Niger à la France, mais qu'il coopère sécuritairement avec les Etats-Unis, le Canada, la France, et tous ceux qui peuvent appuyer le pays à combattre le terrorisme au Sahel, tout en précisant qu'il ne s'agit pas de substituer les militaires étrangers à ceux du Niger, mais de les aider, par des formations comme Gazelle, ou par des couvertures aériennes. » La nécessité d'un front commun « Olaf Scholz renforce l'espoir au Niger dans la lutte contre le terrorisme », lance WakatSéra . « Une fois de plus, pointe le site d'information burkinabé, revient au goût du jour l'importance pour les nations de faire front commun contre un ennemi qui frappe sans répit dans une guerre totalement asymétrique qu'il impose à ses vis-à-vis. Aucun pays seul, quelle que soit la puissance de feu de son armée, ne sera en mesure de vaincre l'hydre terroriste. (…) Et c'est cette vision de coopération dans le développement et la lutte contre l'insécurité partagée par Olaf Scholz et son hôte nigérien Mohamed Bazoum qui fait recette aujourd'hui. En témoigne la contribution aérienne de la force française Barkhane et de l'armée nigérienne, qui a donné récemment un coup de pouce aux soldats burkinabè du détachement de Bourzanga dans le centre-nord, pour neutraliser plus de 40 terroristes (…). » Toutefois, tempère WakatSéra, « le seul bémol qui douche l'enthousiasme des acteurs de la lutte contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest, c'est bien le comportement cavalier et suicidaire de la junte militaire au pouvoir à Bamako, elle qui, tout en composant avec la société de sécurité privée russe Wagner, vient de retirer le Mali du G5 Sahel, pendant que les forces française Barkhane et européenne Takuba se voient obligées de quitter les berges du Djoliba. »
« Au moment où nous parlons, une deuxième évacuation est en cours, un deuxième convoi de l'ONU et du CICR s'adresse aux civils de la ville de Marioupol », annonce ce mercredi soir António Guterres, dans une interview exclusive à RFI. RFI : Ce mardi, lors de votre étape à Niamey, vous avez demandé à la communauté internationale d'investir à fond dans le renforcement des capacités de l'armée du Niger. Est-ce que vous pensez au renforcement de la Task Force européenne ou peut-être à l'arrivée d'autres forces internationales ? António Guterres : Non. Naturellement, ces forces sont bienvenues et elles sont importantes. Mais il faut renforcer la capacité du pays à se défendre lui-même. L'armée du Niger est une armée qui a démontré un courage exceptionnel. Alors, vraiment, c'est un effort gigantesque pour une armée qui est mal équipée et il faut qu'elle ait la capacité de mouvement, la capacité de renseignement, des drones, des voitures blindées et climatisées -parce qu'il y a des températures de 44°C, je les ai éprouvées moi-même- et d'autres instruments de vision nocturne, des équipements adéquats au combat contre des terroristes qui se mouvementent très rapidement dans des motos, et en même temps, renforcer l'entraînement et la capacité de ces forces. Naturellement, la présence de Barkhane ou Takuba est extrêmement importante mais mon expérience me dit que ce n'est pas possible de défendre un pays seulement avec des forces étrangères. Et quand on voit la situation au Burkina, quand on voit la situation au Mali, où il y a eu des coups d'État militaires, je crois qu'il faut vraiment transformer la frontière du Niger en une muraille. Une muraille qui ne permets plus au terrorisme de pénétrer, et pour ça, il faut que l'armée du Niger ait une capacité bien au-dessus de ce qui existe aujourd'hui. Justement, vous parlez du Mali, vous parlez du Burkina, lors de cette tournée, vous vous êtes adressé aux trois pays d'Afrique de l'Ouest qui ont connu un coup d'État. Vous les avez invités à rétablir l'ordre constitutionnel dans les plus brefs délais. Mais, regardez, au Mali, les militaires veulent rester au pouvoir pendant encore deux ans. Au Burkina Faso et en Guinée, ils veulent rester pendant trois ans… Est-ce que vous n'êtes pas en train de prêcher dans le désert ? Non, je crois que les situations sont différentes. La Guinée, c'est peut-être la situation où le dialogue est le plus difficile. En ce qui concerne le Mali, c'est vrai qu'il y a encore une proposition de deux ans mais c'est vrai qu'ils ont commencé par cinq et que le dialogue continue, alors espérons qu'il soit possible de trouver une solution. Et au Burkina, je crois que le caractère du coup d'État a été différent. Au Burkina, il y a une situation d'extrême fragilité et le dialogue continue et je m'attends à ce qu'il soit possible d'avoir une solution, au Burkina, qui soit acceptable en matière de délais de la transition. Au Mali, à la fin du mois de mars, plusieurs centaines de personnes ont été tuées à Moura dans le centre du pays à l'occasion d'une opération de l'armée malienne. Mais depuis cette date, l'équipe de la Minusma qui voulait enquêter sur cette tuerie n'a pas été autorisée à se rendre sur place. Est-ce que les 14 000 casques bleus de la Minusma servent encore à quelque chose et le mois prochain, devant le Conseil de sécurité, allez-vous plaider pour le renouvellement ou pour la fin de leur mandat ? Il faut regarder la situation réelle. La situation réelle, c'est que sans la Minusma, je crois que le risque d'écroulement du pays serait énorme. La situation réelle est aussi une situation de coopération très difficile entre la Minusma et les forces maliennes en ce qui concerne les questions de droits de l'homme. Pour nous, ces questions sont essentielles et nous n'allons pas oublier ce qu'il s'est passé et nous allons continuer à insister. Il faut une enquête internationale crédible sur ce qu'il s'est passé parce que, naturellement, la protection des civils est un aspect essentiel de la Minusma. Si vous me demandez si je suis confortable avec cette décision, je dois vous dire qu'en tant que Secrétaire général des Nations unies, je constate que l'année passée, on a eu des casques bleus tués au Mali en plus grand nombre que dans toutes les autres opérations de paix. C'est pour nous, vraiment, une situation très difficile et très dure, et je rends hommage au courage des éléments de la Minusma. Je ne vais pas proposer que l'on termine cette mission, parce que je crois que les conséquences seraient terribles. Mais elle se déroule dans des circonstances qui, vraiment, demanderaient non pas une force de maintien de la paix mais une force robuste d'imposition de la paix et de la lutte anti-terroriste. Et j'ai dit à tout moment qu'il fallait que cette force robuste soit une force africaine de l'Union africaine, mais, avec un mandat du Conseil de sécurité sous chapitre 7 et avec un financement obligatoire. Ce que l'on a fait avec le G5 sahel avec un mandat très faible sans une supervision efficace, parce que le mandat aussi ne le permettait pas, avec des contributions volontaires qui ont largement échouées, ce que l'on a fait avec le G5 Sahel, doit être, pour nous, une leçon très forte. Il nous faut combattre le terrorisme avec des forces anti terroristes robustes et je dirais que seuls les Africains auront la capacité de le faire, si le Conseil de sécurité accepte, une fois pour toutes, de garantir des fonds par des contributions obligatoires. Que pensez-vous de la suspension définitive de RFI et de France 24, le 27 avril dernier, par les autorités de Bamako ? C'est une violation d'un principe essentiel pour nous : le principe de la liberté de la presse. Nous vivons malheureusement dans un monde où se multiplient les situations où les chaînes sont coupées, où les journalistes sont arrêtés, quelques fois même, sont torturés ou tués. La liberté de la presse est une question essentielle. Sans liberté de la presse, il n'y a pas de liberté et il n'y a pas d'informations qui puissent combattre cette logique de propagande, de désinformation qui, aujourd'hui, on le voit un peu partout, créer cette méfiance généralisée des gens vis-à-vis des institutions.
Les militaires au pouvoir au Mali ont annoncé la rupture des accords de défense avec la France et ses partenaires européens, nouvelle manifestation de la dégradation des relations entre Bamako et ses anciens alliés dans le combat contre les jihadistes. Mettant à exécution une menace brandie depuis des mois, les autorités ont dénoncé les Accords de statut des forces fixant le cadre juridique de la présence des forces Barkhane et Takuba. La chercheuse Nyagale Bagayoko fait le point sur ce dossier.
La junte au pouvoir au Mali a mis à exécution la menace qu'elle agitait depuis plusieurs mois en dénonçant les accords de défense passés avec la France et ses partenaires européens. Ils fixaient notamment le cadre juridique de la présence dans le pays des forces françaises Barkhane et européennes Takuba. La décision malienne, qui s'appuie sur des "atteintes flagrantes" à la souveraineté nationale, est avant tout symbolique, le processus de désengagement de ces forces ayant déjà commencé.
Cikin shirin za a ji Yadda Yan bindiga a Najeriya suka mummunar barna, inda suka kai hari kan jirgin kasa dauke da dauruwan fasinjoji, dake safara tsakanin Kaduna da Abuja. A Nijar kuwa, Kwamandan rundunonin sojan Faransa nea ya kai ziyara jamhuriyar Nijar kan shirin tura dakarun rundunonin Barkhane da na Takuba don taimaka wa sojojin kasar yaki da suke da yan ta'adda. A Turai kuwa Rasha ta zargi Ukraine ta kai mata hari, matakin da ya haifar da nakasu ga tattaunawar sulhu kan yakin da suka shafe fiye da wata guda suna gwabzawa.
Bienvenue à tous ! Les militaires français de Barkhane et européens de Takuba vont quitter le Mali mais pourraient rester dans la région. Bamako assure qu'il ne sera pas seul dans la lutte contre le terrorisme.
Intéressons-nous aujourd'hui à la région du Sahel, située au sud du Sahara, région où des groupes djihadistes créent une insécurité chronique qui déstabilise les États. Le 17 et 18 février dernier s'est tenu un sommet Union Européenne / Afrique visant à refonder les relations entre les deux continents. Mais dans le même temps, c'est au Sahel que la force européenne Takuba est en échec, tandis que l'opération Barkhane française se retire du Mali. Les interventions extérieures comme l'action des autorités locales n'ont pas réussi à endiguer le terrorisme islamiste qui progresse, menaçant de déstabiliser de nouvelles zones frontalières et un nombre croissant d'États. Les démocraties y vacillent, des coups d'État ont porté en Guinée, au Mali et récemment au Burkina Faso des militaires au pouvoir. Je vous propose aujourd'hui d' éclairer la complexité de la région à partir de la situation très concrète d'un Etat, le Burkina Faso, pays jusqu'en 2015 épargné par la fièvre djihadiste, mais qui, depuis, semble sombrer sous ses attaques. Intéressons nous à ses acteurs, à son peuple d'abord, à ses militaires qui y ont pris le pouvoir, aux djihadistes qui s'y installent, à ses voisins africains, aux Français qui entretiennent des liens étroits avec le pays. Et d'abord que traduit le coup d'État militaire de janvier dernier ? La volonté surtout de combattre autrement l'insécurité ? Ou une malédiction africaine qui nous ramènerait dans le passé et à des pratiques coutumières en Afrique subsaharienne ? Est-ce le signe d'un épuisement démocratique, qui n'est pas propre à l'Afrique ? Est-ce la marque au contraire d'un sursaut citoyen ?
Avec le départ de Barkhane et de la force Takuba du Mali, le Niger pourrait jouer un rôle central dans le nouveau dispositif militaire anti-jihadiste au Sahel. Que vous inspire ce redéploiement de forces françaises et européennes ? Vos réactions nous intéressent. * Par téléphone : de France : 09 693 693 70 de l'étranger : 33 9 693 693 70 * Par WhatsApp : +33 6 89 28 53 64 N'OUBLIEZ PAS DE NOUS COMMUNIQUER VOTRE NUMÉRO DE TÉLÉPHONE (avec l'indicatif pays). Pour nous suivre : * Facebook : Rfi appels sur l'actualité * Twitter : @AppelsActu
En décidant de retirer la force française Barkhane et la task-force européenne Takuba du Mali, la France et ses partenaires annoncent vouloir se redéployer dans la région du Sahel. Mais d'après les experts, des changements de stratégie sont nécessaires pour éviter les erreurs commises en près d'une décennie de présence militaire et pour plus d'efficacité dans la lutte antiterroriste.
Malianos "aplaudem" a decisão francesa e dos aliados de retirar as suas tropas do Mali. Moçambique e Malawi preparam ajuda para refugiados moçambicanos. Festival Internacional de Cinema de Berlim projeta produções africanas. Bundesliga e Liga Europa são destaques no futebol.
Pháp cùng với các đối tác châu Âu, Canada, ngày 17/02/2022, thông báo rút các lực lượng Barkhane và Takuba chống thánh chiến, chấm dứt 8 năm hiện diện của Pháp ở Mali. Tuyên bố này được đưa ra trong bối cảnh quan hệ song phương giữa Bamako và Paris xuống cấp nghiêm trọng đến mức đầu tháng 2/2022, tập đoàn quân sự quyết định trục xuất đại sứ Pháp Joel Mayer khỏi Mali. Cùng lúc, giới tướng lĩnh ở Bamako đón tiếp một đồng minh mới : Những thành viên của tập đoàn lính đánh thuê Wagner của Nga. Trong vòng chưa đầy một năm, Mali – cựu thuộc địa của Pháp, và từng cầu viện Pháp đến hỗ trợ chống thánh chiến năm 2013 – có đến hai cuộc đảo chính : Tháng 8/2020 và tháng 5/2021. Bị Pháp và các nước láng giềng chỉ trích do quyết định hoãn tổ chức bầu cử, tập đoàn quân sự Mali tìm cách xích lại gần Nga. Một cơ hội cho Matxcơva tăng cường các mối quan hệ với Bamako, đặc biệt trong lĩnh vực an ninh, mà bằng chứng rõ nét là việc triển khai lực lượng lính đánh thuê Wagner của Nga và các cuộc đối đầu của nhóm này với các phe thánh chiến ở Mali. Xóa nợ, bán vũ khí : Đòn bẩy gây ảnh hưởng của Nga Jean-Baptiste Ronzon, cố vấn về chính sách công, trong một bản ghi chú đăng trên trang mạng của Quỹ Jean Jaurès, nhận định, chiến dịch can thiệp của Wagner minh chứng cho sự trở lại của Nga tại Mali và rộng hơn nữa là ở châu Phi. Sau một thời gian tạm ngưng khi Liên Xô sụp đổ, ảnh hưởng của Nga đối với châu Phi tăng mạnh trở lại từ cuối những năm 2000, chủ yếu là trong lĩnh vực hợp tác kỹ thuật – quân sự. Nga sử dụng chính sách xóa nợ và bán vũ khí như là những công cụ ngoại giao chính để gây ảnh hưởng, bắt đầu từ Algeri (2006), Libya (2008) rồi Ai Cập (2014)… Nhà nghiên cứu Thierry Vircoulon, Trung tâm châu Phi hạ Sahara, Viện Quan Hệ Quốc Tế Pháp (IFRI) trên đài France Culture ngày 04/06/2021 đưa ra nhận xét như sau : « Rõ ràng là có một mạng lưới gây ảnh hưởng được kích hoạt. Đây là một chiến lược rất quyết liệt của Nga không chỉ ở Mali mà trên toàn lục địa châu Phi cũng như là nhiều nước khác trên thế giới. Những gì mà chúng tôi nhận thấy chính là Nga do chỉ là một cường quốc quân sự, nên phần lớn các mạng lưới ảnh hưởng này ở châu Phi và cũng có thể ở những nơi khác, đều có liên quan đến giới sản xuất vũ khí và cung cấp vũ khí. Bởi vì Nga vẫn là nhà cung cấp vũ khí chính cho châu Phi và do vậy, thường xuyên thông qua những mạng lưới này mà ảnh hưởng của Nga được hiện rõ. » Quả thật, trong suốt giai đoạn 2014-2019, thị phần vũ khí Nga ở châu Phi chiếm đến 49%, bỏ xa các đối thủ cạnh tranh khác như Mỹ (14%), Trung Quốc (13%) và Pháp (6,1%), theo số liệu được công bố ngày 04/01/2022. Nga trở lại châu Phi không chỉ giới hạn ở việc hủy nợ và bán vũ khí. Ông Jean-Baptiste Ronzon nhắc lại, năm 2018, trao đổi mậu dịch giữa Nga và châu lục đen này đã đạt mức 20 tỷ đô la (tăng 17,2% so với năm 2017). Các khoản đầu tư của Nga là 5 tỷ đô la (đương nhiên vẫn còn quá ít so với mức 130 tỷ đô la mỗi năm từ Trung Quốc), tập trung chủ yếu trong các lĩnh vực hạt nhân, khai thác khoáng sản, dầu hỏa và khí đốt… Những mối liên hệ này càng được củng cố sau cuộc họp thượng đỉnh Nga – châu Phi đầu tiên ở Sotchi tháng 10/2019, với sự tham dự của khoảng 30 lãnh đạo nhà nước, hơn 90 thỏa thuận, hợp đồng được ký kết…, với tổng trị giá ước tính đến 1.400 tỷ rúp. Điều này đã đáp ứng được mục tiêu do Nga ấn định : Tăng gấp đôi lượng trao đổi mậu dịch với châu Phi từ đây đến năm 2024, biến Nga thành đối thủ cạnh tranh trực tiếp của Pháp. Nga – Mali : Một mối quan hệ đã có từ lâu Nhưng tại châu Phi, Nga đã có một mối quan hệ đặc biệt lâu đời và chặt chẽ với Mali khi chế độ thực dân chấm dứt, Mali giành được độc lập năm 1961. Việc tổng thống Mali lúc bấy giờ là Modibo Keïta chủ trương « không liên kết » mở đường cho Nga và Mali thắt chặt các mối quan hệ trong nhiều lĩnh vực kinh tế, văn hóa và quân sự. Trong chương trình phát thanh này 04/06/2021 của France Culture, chuyên gia Serge Michailof, Viện Quan Hệ Quốc Tế và Chiến Lược (IRIS) nhắc lại hợp tác quân sự giữa Nga và Mali còn mở rộng sang cả đào tạo và trang bị vũ khí. « Nên biết rằng trong quá khứ, Pháp bảo đảm việc đào tạo cho phần lớn sĩ quan châu Phi, nhưng rồi các chương trình này đã bị ngưng lại và bị thu hẹp lại trong những năm 1990. Tuy nhiên, một số người nhiều quyền lực như đại tá Camara từng được đại tá Goïta bổ nhiệm làm bộ trưởng Quốc Phòng được đào tạo hoàn toàn ở Nga. Tương tự, quyền tổng thống (năm 2021) Ba N'Daou cũng là phi công trực thăng Nga. Ở đây, người ta có cả một thế hệ sĩ quan Mali dường như đã được đào tạo ở Nga và đương nhiên là họ bị Nga thu hút. » Rồi Liên Xô sụp đổ, đặt dấu chấm hết cho chiến lược gây ảnh hưởng của Nga tại châu Phi, và nhất là ở Mali trong những năm 1990. Nga phải mất đến 10 năm để tái thiết lại các mối quan hệ với châu lục đen này một khi giai đoạn khôi phục chính trị và các định chế ở Nga hoàn thành. Với cái nhìn thực dụng, Matxcơva tận dụng những khoảng trống do Mỹ và Pháp để lại nhằm mở rộng dần không gian ảnh hưởng. Việc Nga không áp dụng những đòi hỏi về dân chủ, nhân quyền cũng như không phải chịu áp lực từ xã hội dân sự Nga trong hoạt động bán vũ khí cho phép Matxcơva mở rộng các quan hệ đối tác với châu Phi và phát triển ngành công nghiệp quốc phòng, cạnh tranh dễ dàng với nhiều đối tác khác tại châu lục. Wagner đến Mali : Chống khủng bố hay buôn vũ khí ? Trong cuộc tái chinh phục này, Nga có trong tay một lá chủ bài ngoại giao quân sự hiệu nghiệm : Tập đoàn quân sự tư nhân Wagner, được Nga « chào hàng » ở khắp châu lục như là một đội quân dày dạn kinh nghiệm chống khủng bố. Đây chính là một đội quân tiền trạm cho điện Kremlin, mở đường hành động cho ngành ngoại giao Nga tiếp theo. Chiến thuật « chào hàng » này được Nga áp dụng một cách bài bản tại Su-đăng, hay Mozambic, theo như quan sát của Thierry Vircoulon, viện IFRI. « Quả thật tại Mali, người ta thấy lính đánh thuê của Wagner đến trước tiên, sau đó mới là ngoại giao Nga. Nếu chúng ta nhìn những gì diễn ra ở Trung Phi, đúng là Wagner đã đặt chân đến đấy từ năm 2018, và bây giờ thì có hẳn một văn phòng quân sự trong đại sứ quán Nga ở Bangui, do các viên chức cao cấp Nga lãnh đạo, cho phép kích hoạt một sự năng động về hợp tác quân sự ở cấp nhà nước. Điều này chỉ có được sau hai năm Wagner hiện diện và làm việc với các lực lượng vũ trang của Trung Phi ». Tuy nhiên, ông Serge Michailof lưu ý, việc Nga có thể thay thế Pháp ở Mali chưa hẳn nhằm mục tiêu giúp Bamako bình ổn an ninh, và thực sự chống khủng bố như tuyên truyền của Nga. Tập đoàn quân sự Mali tiến hành 2 cuộc đảo chính và thắt chặt hợp tác với Wagner còn nhằm mục tiêu khác : Kiểm soát các thị trường vũ khí đặc biệt hấp dẫn. Chuyên gia Michailof giải thích thêm : « Tôi nghĩ rằng Nga có lẽ không có cùng một tham vọng như Pháp ở Mali. Họ không có tham vọng ổn định đến như thế. Tôi cho rằng Wagner chỉ bảo đảm an ninh cho các thành phố lớn, bảo đảm an toàn cho các mỏ vàng, bởi vì điều này mới thật sự có lợi hơn. Nhóm Wagner còn dùng bữa tối với Iyad Ag Ghali (kẻ thù số một của Pháp) ở phía bắc Mali và để cho người này thành lập một tiểu vương quốc nhỏ để kiểm soát người di cư, kiểm soát tuyến giao thông xuyên Sahara. Rồi Wagner có thể hạ gục hoặc dùng bữa với Amadou Koufa (một thủ lãnh thánh chiến, một nhánh Al-Qaida) ở miền trung Mali. Tôi nghĩ rằng Wagner có những thỏa thuận cho phép họ khai thác khoáng sản của Mali. Tiếp đến sự có mặt của quân đội Nga cũng có thể gây bất ổn cho sự hiện diện của quân đội Pháp ở Tây Phi. Ở mức độ biểu tượng, điều đó có ý nghĩa lớn nên tôi cho rằng quân đội Nga có thể can dự trong trường hợp cần thiết. » Tại châu Phi : Trung Quốc vung tiền, Nga tung binh sĩ Trong cuộc tái chinh phục châu Phi và nhất là ở Mali, người ta không thể nào không kể đến vai trò của truyền thông. Nga xây dựng hẳn một chiến lược gây ảnh hưởng thông tin đại chúng tại châu Phi thông qua hai kênh truyền thông chính là Russia Today (RT) và Sputnik. Nhà cố vấn Jean-Baptiste Ronzon cho biết có đến hơn 620 trang mạng thông tin ở châu Phi dùng các bài viết của RT hay Sputnik như là những « nguồn thông tin bình thường ». Hai hãng thông tin này thậm chí còn mở cả các cơ sở đào tạo cho các nhà báo châu Phi : RT School và SputnikPro. Ảnh hưởng về thông tin đặc biệt mạnh mẽ ở Mali. Quốc gia này đứng đầu bảng nhóm 10 nước châu Phi nói tiếng Pháp tham khảo các trang mạng RT và Sputnik nhiều nhất. Đương nhiên trong cuộc cạnh tranh giành ảnh hưởng ở châu Phi giờ còn phải tính đến yếu tố Trung Quốc. Với nguồn tài chính dồi dào, đầu tư của Bắc Kinh hầu như trải khắp châu lục đen, Matxcơva với nguồn lực tài chính hạn hẹp khó thể cạnh tranh với Trung Quốc trên bình diện kinh tế. Nhưng ông Serge Michailof cho rằng đây có thể còn là một giải pháp cho nhiều chính phủ, theo đó châu Phi có thể lao vào một « cuộc phiêu lưu cùng với sự dồi dào tài chính của Trung Quốc và những năng lực quân sự của Nga ». Thế nên, theo quan điểm của Thierry Vircoulon, cho dù có hàng chục quốc gia châu Phi ký kết các thỏa thuận hợp tác kinh tế với Nga tại Sotchi, cho đến lúc này, những thỏa thuận đó vẫn chỉ là trên giấy tờ. Mục tiêu quân sự mới thật sự là đích ngắm sau cùng của Nga tại châu Phi. « Có khả năng là các thỏa thuận quân sự vẫn còn trên giấy tờ nhưng Nga có một mục tiêu và đây sẽ là một thắng lợi có tính biểu tượng : Đó là mở một căn cứ quân sự tại châu Phi. Đây thật sự là mục tiêu mà Nga đang tìm cách đạt được. Bởi vì hồi năm 2020, chính quyền Matxcơva đã ký một thỏa thuận với Su-đăng tạo thuận lợi cho Hải Quân Nga sử dụng một cảng lớn nhìn ra biển Hồng Hải. Điều này rất quan trọng đối với Nga vì họ muốn có được lối đi vào Biển Đỏ. Nhưng Nga cũng hiện đang tìm cách mở một căn cứ quân sự trên đất liền tại châu Phi. » Từ toàn cảnh trên, chuyên gia cố vấn Jean-Baptiste Ronzon, Quỹ Jean Jaurès đưa ra một số kết luận : Sự can dự của Nga ngày nay tại Mali có lẽ nằm một chiến lược tái kích hoạt một mối liên hệ lịch sử đã có với các nước châu Phi, bị biến mất vào thời điểm Liên Xô tan rã. Nga trở lại trường địa chính trị châu Phi từ năm 2000, điều này nằm trong một lo-gic rộng hơn : Khẳng định sức mạnh của Nga trong những vùng địa lý gần (Gruzia, Ukraina, Kazakhstan) hay xa hơn tại những vùng được đánh giá là mang tính chiến lược (chủ yếu là ở Trung Đông và châu Phi).
TERRORISME : LA GUERRE PERDUE AU MALI ? – 17/02/22 Invités YVES THRÉARD Éditorialiste et directeur adjoint de la rédaction « Le Figaro » WASSIM NASR Journaliste spécialiste des mouvements djihadistes « France 24 » ÉLISE VINCENT Journaliste spécialiste des questions de défense « Le Monde » ALEXANDRA JOUSSET Journaliste - Réalisatrice du documentaire « Wagner : l'armée de l'ombre de Poutine » Quitter le Mali après neuf ans de lutte contre les terroristes. Emmanuel Macron a officialisé ce jeudi le retrait de leurs troupes françaises présentes dans le pays depuis 2013 dans le cadre des opérations « Serval » puis « Barkhane » menées par Paris. Non pas que la guerre contre les djihadistes soit gagnée dans la région mais parce que la junte militaire au pouvoir, après deux coups d'Etat en moins d'un an, les a poussés dehors. La relation entre Paris et Bamako après s'être fortement dégradée au fil des mois est désormais rompue. « Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d'autorités de fait dont nous ne partageons ni la stratégie ni les objectifs cachés », et qui ont recours à « des mercenaires de la société [russe] Wagner » aux « ambitions prédatrices » a fait valoir le président de la République. « La lutte contre le terrorisme ne peut pas tout justifier. Elle ne doit pas, sous prétexte d'être une priorité absolue, se transformer en exercice de conservation indéfinie du pouvoir », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse aux côtés des présidents sénégalais, ghanéen et du Conseil européen. Concrètement après Kidal, Tessalit et Tombouctou en 2021, les « emprises » françaises de Gossi, de Ménaka et de Gao vont donc fermer a expliqué le chef de l'Etat. La fermeture de ces bases devrait « prendre quatre à six mois ». Parallèlement dans les prochaines semaines et mois, un « appui » sera fourni « à chacun des pays de la région sur la base des besoins [qu'ils] auront exprimés ». Cet appui pourra être « de l'aide en matière d'entraînement, de la fourniture d'équipements, voire un appui à leurs opérations contre le terrorisme ». A la fin du retrait au Mali, le nombre de militaires français positionnés au Sahel sera de 2 500 à 3 000 hommes, contre 4 600 actuellement. Et ils ne seront pas les seuls à être redéployés. Les forces spéciales européennes de Takuba vont également quitter le territoire malien et être « repositionnés aux côtés des forces armées nigériennes dans la région frontalière du Mali » pour poursuivre la lutte contre les groupes terroristes qui se réorganisent constamment dans la région. « La situation sécuritaire dans le Sahel central est à ce point dégradée que la menace jihadiste déborde désormais sur la partie nord des pays côtiers d'Afrique de l'Ouest », indique l'Institut français des relations internationales (Ifri) dans une note publiée le 11 février. Pour autant le président « récuse complètement » l'idée d'un échec français au Mali, affirmant que cette présence a « évité le pire ». « Que ce serait-il passé en 2013 si la France n'avait pas fait le choix d'intervenir ? Vous auriez à coup sûr un effondrement de l'Etat malien », a-t-il fait valoir, avant de souligner « de nombreux succès » comme l'élimination de l'émir d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en juin 2020. Un point de vue que ne partage par la candidate du Rassemblement national. Pour Marine Le Pen, « c'est un échec. Le fait d'être obligés de partir, après avoir été humiliés à ce point par le gouvernement malien est un échec. On aurait probablement pu changer de stratégie depuis quatre ou cinq ans, ce qui n'a pas été le choix d'Emmanuel Macron. (...) Il faut organiser cette sortie, quoi qu'il en coûte ! », a estimé la candidate. Jean-Christophe Lagarde (UDI) a, lui, parlé d'un « jour sombre » et a estimé que « ce départ signe aussi hélas l'échec total des stratégies successives de M. Macron ». « Notre mission au Sahel de lutte contre l'islamisme n'est pas terminée », a déclaré de son côté la candidate LR. Valérie Pécresse a indiqué qu'elle souhaitait, comme l'a annoncé le chef de l'État que la « France reste au Sahel ». « Cette décision de réorganisation est une bonne décision, si c'est réorganiser », a-t-elle ajouté, estimant que, « si on abandonne ce terrain, alors nos soldats seront sans doute morts pour rien et ça je ne l'accepterai pas ». L'annonce de la fin de l'opération « Barkhane » au Mali, après neuf ans, suscite également des remous au sein de l'armée. Car si au sein de la grande muette, les possibilités pour les soldats de s'exprimer sont très limitées, elle n'en est pas moins vécue durement par certains militaires français et leurs proches, à commencer par les familles des 53 Français morts au combat. Alors quel bilan faire de l'opération « Barkhane » ? Comment le retrait des forces françaises du Mali va-t-il s'organiser ? Quel sera le nouveau dispositif français pour lutter contre le terrorisme au Sahel ? DIFFUSION : du lundi au samedi à 17h45 FORMAT : 65 minutes PRÉSENTATION : Caroline Roux - Axel de Tarlé REDIFFUSION : du lundi au vendredi vers 23h40 RÉALISATION : Nicolas Ferraro, Bruno Piney, Franck Broqua, Alexandre Langeard PRODUCTION : France Télévisions / Maximal Productions Retrouvez C DANS L'AIR sur internet & les réseaux : INTERNET : francetv.fr FACEBOOK : https://www.facebook.com/Cdanslairf5 TWITTER : https://twitter.com/cdanslair INSTAGRAM : https://www.instagram.com/cdanslair/
durée : 00:41:05 - Un jour dans le monde - par : Marie Claude PINSON, Fabienne Sintes - Entre l'Afrique et l'Europe : Demain se tiendra à Bruxelles le sommet entre l'Union Européenne et l'Union Africaine. Il sera précédé ce soir à Paris, d'un « mini » sommet pour acter la fin de l'opération Barkhane et de la force européenne Takuba. - invités : Bakary Sambe - Bakary Sambe : Enseignant-chercheur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis- UFR CRAC (Sénégal) - réalisé par : Tristan Gratalon
Siamo andati in Mali, dove la giunta militare al potere si avvicina sempre di più ai mercenari russi della Wagner, e poi abbiamo attraversato tutto il Sahel per capire il futuro della task force Takuba, schierata contro il terrorismo nell'area e della quale l'Italia è uno dei principali attori in campo: ne abbiamo parlato con Edoardo Baldaro(esperto del Sahel, ricercatore "Gerda Henkel" presso la Scuola Superiore Sant'Anna). Subito dopo siamo tornati sulla crisi Ucraina, per comprendere la posizione italiana, quella europea, e quanto sono concrete le operazioni di ritiro russe, sia sulla linea del fronte che nel cyberspazio: ne abbiamo parlato con Benedetto Della Vedova(sottosegretario agli Affari Esteri), Mauro Gilli (Senior Researcher in Military Technology and International Security al ETHZ, Politecnico di Zurigo) e con Stefano Mele(Avvocato, esperto di cybersecurity partner e responsabile della cybersecurity dello Studio Gianni&Origoni, presidente della Commissione Sicurezza Cibernetica del Comitato Atlantico Italiano).
durée : 00:41:05 - Un jour dans le monde - par : Marie Claude PINSON, Fabienne Sintes - Entre l'Afrique et l'Europe : Demain se tiendra à Bruxelles le sommet entre l'Union Européenne et l'Union Africaine. Il sera précédé ce soir à Paris, d'un « mini » sommet pour acter la fin de l'opération Barkhane et de la force européenne Takuba. - invités : Bakary Sambe - Bakary Sambe : Enseignant-chercheur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis- UFR CRAC (Sénégal) - réalisé par : Tristan Gratalon
durée : 00:15:45 - Journal de 8 h - La France s'apprête à quitter le Mali et, avec elle, toute la force européenne Takuba. L'annonce est attendue dans les jours qui viennent. Former une armée malienne était une "illusion", nous dit l'ancien directeur du renseignement de la DGSE.
Le Mali et le Burkina Faso sanctionnés par la Cedeao, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest. L'Ambassadeur de France au Mali expulsé. Le rapatriement des soldats danois, faute d'accord avec les autorités de Bamako en pleine brouille avec les Européens. L'envoi du contingent norvégien au sein de la force Takuba annulé. Comment s'organise la lutte contre le terrorisme dans ce nouveau climat de tension entre les alliés ? Doit-on craindre une montée en puissance des jihadistes ? Les soldats maliens et burkinabè sont-ils capables de faire face tout seuls à la menace terroriste ? Comment Paris, qui affirme vouloir continuer de lutter contre le terrorisme dans le Sahel, compte-t-elle s'organiser ? Avec la participation de : - Ibrahim Ikassa Maïga, ministre de la Refondation de l'État, chargé des relations avec les institutions - Pr Serge Théophile Balima, universitaire burkinabè, ancien ambassadeur du Burkina Faso en France et ancien ministre de l'Information et de la Communication - Georges Dougueli, journaliste à l'hebdomadaire Jeune Afrique.
Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.frUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 28 janvier 2022.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée Nationale.Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du quotidien La Croix.Lucile Schmid, membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.LE MACRONISME ET SES CONTRADICTIONS En 2017, dans son ouvrage « Révolution », Emmanuel Macron postulait que la division droite-gauche ne rendait plus compte de notre imaginaire politique. Le macronisme se disait vecteur de consensus parce qu'il prétendait dépasser ce clivage en prônant le « en même temps ». Tandis que le groupe parlementaire de la majorité La République En Marche a un centre de gravité qui penche plus à gauche, celui du gouvernement, est composé de grandes figures plutôt estampillées à droite. Cette dualité a pesé sur la gestion des questions de sécurité, d'immigration, ou du marché du travail.Le souci majeur de l'Europe affiché par le candidat puis par le président s'est traduit notamment par l'appui à l'adoption du plan de relance européen pour faire face à la pandémie de Covid-19. Aujourd'hui président du Conseil de l'Union européenne, Emmanuel Macron dit vouloir modifier les traités sur les règles budgétaires et « politiser » Schengen sur l'immigration. Une mesure de gauche, une mesure de droite.A l'intérieur, pour faire face à la crise du Covid, le gouvernement taxé initialement de libéral, a finalement engagé un plan de relance keynésien représentant près de 10 % du PIB. Un « quoiqu'il en coûte » qui a fait bondir le déficit budgétaire et la dette publique. Pour l'économiste Thomas Piketty, Emmanuel Macron a appliqué le programme économique de la droite : suppression de l'ISF, « flat tax » sur les dividendes, dérégulation du marché du travail, priorité accordée aux « premiers de cordée », avec les conséquences que l'on sait lors de la crise des « gilets jaunes ». Porté par un vote urbain, Emmanuel Macron s'est fait le chantre de la start-up nation. Toutefois, avec la crise des « gilets jaunes », il a dû parler à la France périphérique, en lançant un grand débat national qui l'a amené à sillonner l'hexagone à la rencontre des élus locaux. Cependant, pour le politologue Romain Pasquier, « Emmanuel Macron a beau avoir beaucoup dépensé pour les territoires sous la contrainte des gilets jaunes et du Covid, il reste un président néojacobin ». Le politologue observe que la ruralité a été plutôt mieux servie que la banlieue rappelant l'enterrement du rapport Borloo en 2018, et la mise en jachère du projet du Grand Paris.Au rang des chantiers inachevés, en Macronie on cite volontiers la réforme de l'Etat ou la transition écologique. Pour l'élection présidentielle, Emmanuel Macron veut reprendre le fil de son récit de 2017 sur le mouvement et la « transformation ». Un axe sur lequel se greffe désormais la promotion de l'Etat-providence, cœur de sa populaire politique du « quoi qu'il en coûte », qui conduit certains de ses amis à manier l'oxymore en qualifiant le président de la République de « libéral-étatiste ».***LE SAHEL EN PROIE AUX PUTSCHISTES Au Burkina Faso, lundi, des soldats ont annoncé la destitution du président Roch Marc Christian Kaboré. Le nouvel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, rejoint le club des jeunes putschistes qui sévissent en Afrique de l'Ouest depuis l'été 2020. La série a commencé au Mali, victime d'un premier coup d'Etat le 18 août, suivi d'un second, neuf mois plus tard, téléguidé par le même colonel de 39 ans Assimi Goïta, las de partager le pouvoir avec les civils. Entre-temps, au Tchad voisin, un officier de 38 ans, le général Mahamat Déby Itno a pris la succession de son père à la présidence, au mépris de la Constitution. Vint ensuite la Guinée, dirigée depuis septembre par un militaire, toujours, selon la formule consacrée, « dans l'intérêt supérieur de la Nation ». Au Burkina Faso, c'est l'incapacité du président Kaboré à gérer la menace terroriste comme le désarroi de son armée qui est en cause. Depuis 2015, les exactions des groupes jihadistes ont fait plus de 2.000 morts dans le pays (dont 400 soldats) et contraint plus de 1,4 million de personnes à fuir leurs foyers.Avec le coup d'État en cours à Ouagadougou, les fondements politiques de l'intervention française au Sahel risquent de se déliter un peu plus. L'opération Barkhane, qui engage la France contre les groupes djihadistes depuis 2013, pourrait être affectée par la nouvelle crise au Burkina Faso. La région des Trois Frontières (entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger), est la principale zone d'opération des militaires français et le commandement de la force Sabre - qui regroupe les forces spéciales françaises déployées en soutien à l'opération Barkhane au Sahel, et dont l'objectif est de traquer les terroristes - est installé à Ouagadougou, la capitale burkinabée. Ce coup d'état intervient alors qu'avec le Mali, naguère partenaire privilégié de la France, le divorce est consommé depuis le débarquement en décembre, à Bamako, des mercenaires russes de Wagner. Sur le terrain, la coopération est de plus en plus compliquée. Les autorités maliennes ont demandé à leurs homologues français une révision des accords de défense. La junte malienne s'en prend désormais à la force Takuba, qui regroupe les forces spéciales européennes de quatorze pays sous commandement français. Soucieuse d'éviter l'enlisement après neuf ans de lutte antidjihadiste au Sahel, la France a entrepris de faire passer ses effectifs de plus de 5.000 hommes à 2.500 ou 3.000 d'ici à 2023. Elle compte réorganiser son dispositif en s'appuyant sur des partenaires européens. Objectif : cesser les vastes opérations de contrôle de zone, menées en première ligne, pour privilégier la formation et l'appui au combat des armées locales.Alors qu'à Ouagadougou, une partie de la population burkinabée, excédée par l'insécurité, a applaudi le coup de force, les regards se tournent maintenant vers le dernier rescapé de l'épidémie de putschs : le Niger. Dans ce pays aussi, les groupes armés gagnent du terrain, l'armée semble impuissante et l'Etat a déserté des zones entières de son territoire. Les mêmes ingrédients qu'au Mali et au Burkina Faso.See Privacy Policy at https://art19.com/privacy and California Privacy Notice at https://art19.com/privacy#do-not-sell-my-info.
Les colonels de la junte malienne, après avoir exigé le départ des forces spéciales danoises de l'opération Takuba, tournent ostensiblement le dos à la France et à son opération Barkhane. À Bamako, les autorités de transition mettent en valeur leur nouvel allié, la Russie, comme ce fut le cas le 20 janvier dernier, jour de la fête de l'armée malienne. Reportage à Bamako.
LA FRANCE DOIT-ELLE RESTER AU MALI ? – 29/01/22 Invités PIERRE SERVENT Expert en stratégie militaire Auteur de « 50 nuances de guerre » LOUIS MAGLOIRE KEUMAYOU – Journaliste Président du Club de l'information africaine Auteur de « Togo - Une démocratie en construction » STÉPHANIE HARTMANN – Journaliste Spécialiste des questions de politique africaine NIAGALÉ BAGAYOKO – Politologue Spécialiste des politiques internationales de sécurité en Afrique de l'Ouest En Afrique de l'Ouest, les coups d'Etats de suivent et se ressemblent. Le dernier en date s'est déroulé le 24 janvier dernier au Burkina Faso. Le président Roch Marc Christian Kaboré a été renversé par les militaires. Ces derniers, apparus à la télévision nationale, et affirment avoir "mis fin au pouvoir" du président pour remettre le pays sur "le bon chemin". Ce dernier avait pourtant été élu une première fois en 2015 dans la foulée d'un soulèvement démocratique et populaire, avant d'être réélu en 2020. C'est la troisième fois en quelques mois qu'un président élu a été renversé par un putsch dans la région. La situation sécuritaire, dans une région durement frappée par le terrorisme jihadiste, est sans doute en cause. Les militaires burkinabè ne cachaient en effet pas leur désarroi et certains se montraient déjà menaçants depuis quelque temps, exigeant plus de moyens de la part de l'Etat. Ce coup d'Etat au Burkina Faso montre donc une nouvelle fois, après le Mali voisin et la Guinée, l'échec d'un gouvernement élu démocratiquement face aux jihadistes et la colère des populations. Aux yeux de ses dernières, le pouvoir civil apparait décrédibilisé. C'est dans cette zone du Sahel, et dans ce contexte d'instabilité liée à la poussée jihadiste que l'armée Française intervient, dans le cadre de la force Barkhane. Mais il est prévu que celle-ci soit prochainement remplacée par la montée en puissance d'une nouvelle force européenne, Takuba, sur laquelle compte Paris. Seulement les Européens se heurtent désormais à la junte malienne. Le dialogue entre ces pays se tend et la France perd de l'influence face à l'arrivée d'un nouvel acteur : la Russie, qui s'installe avec ses commando Wagner, force paramilitaire privée proche de Moscou. Depuis le débarquement à Noël de ces mercenaires russes, stipendiés par les colonels putschistes, la coalition européenne subit de sérieux coups et la situation se complique. De source française proche du dossier, les avis sont partagés entre les pays européens qui ne veulent pas travailler avec la junte et ceux qui refusent de laisser une carte blanche à la Russie et aux mercenaires du groupe Wagner. Quoiqu'il en soit, gênés dans leur action militaire par les colonels putschistes, la France et ses partenaires européens ne peuvent « pas rester en l'état» dans ce pays, a récemment prévenu Paris. Après neuf ans d'intervention militaire française au Sahel, le bilan est pour le moins mitigé. Les groupes jihadistes ont conservé un fort pouvoir de nuisance malgré l'élimination de nombreux chefs et l'État malien n'a jamais véritablement réussi à s'installer durablement dans les territoires délaissés. Les violences se sont propagées dans le centre du pays puis au Burkina Faso et au Niger voisins. Cette instabilité, associée aux fragiles économies des pays de la région, n'a pas permis de tarir les flux migratoires. Plus au nord, en mer Méditerranée, les conséquences sont toujours aussi dramatiques, entre sauvetage et naufrage de gens partis chercher l'eldorado dans une Europe qui leur ferme de plus en plus ses portes. Beaucoup s'embarquent depuis la Tunisie. Les côtes de ce pays voient les cadavres de beaucoup d'entre eux revenir s'y échouer. Au sud du pays, la ville côtière de Zarzis récupère les corps des migrants que la mer a renvoyé. Ce jeudi 27 janvier, 6 corps y ont été repêchés. Après le Mali et la Guinée, c'est au tour du Burkina Faso de vivre un coup d'État militaire. Comment comprendre un tel enchaînement ? Avec la fin de l'opération Barkhane, quelle sera la stratégie antiterroriste pour les forces françaises au Sahel ? Que faire face à ce drame humain en Méditerranée ? DIFFUSION : du lundi au samedi à 17h45 FORMAT : 65 minutes PRÉSENTATION : Caroline Roux - Axel de Tarlé REDIFFUSION : du lundi au vendredi vers 23h40 RÉALISATION : Nicolas Ferraro, Bruno Piney, Franck Broqua, Alexandre Langeard PRODUCTION : France Télévisions / Maximal Productions Retrouvez C DANS L'AIR sur internet & les réseaux : INTERNET : francetv.fr FACEBOOK : https://www.facebook.com/Cdanslairf5 TWITTER : https://twitter.com/cdanslair INSTAGRAM : https://www.instagram.com/cdanslair/
Le Danemark a déclaré qu'il commencerait à retirer ses troupes du Mali après que le gouvernement de transition de ce pays d'Afrique de l'Ouest a insisté cette semaine sur un retrait immédiat, un coup dur pour la France alors que ses opérations de sécurité dans la région du Sahel commencent à se dégrader. Cette décision est intervenue au milieu des tensions entre le Mali et ses partenaires impérialistes, y compris les organismes régionaux et l'Union européenne, qui ont sanctionné injustement le Mali après que l'administration Assimi Goïta n'a pas réussi à organiser des élections pour des raisons de sécurité après deux coups d'État. Le Danemark qui avait envoyé 105 militaires au Mali le 18 janvier 2022 sans l'accord des autorités malienne pour rejoindre une mission de forces spéciales européennes, connue sous le nom de Takuba, qui a été mise en place pour aider le Mali à lutter contre les groupes armés. Le Danemark a déclaré que ses troupes s'étaient déployées après une "invitation claire" du Mali, chose que le Mali réfute. Le gouvernement malien a déclaré cette semaine qu'il était très surpris par la présence danoise car une décision n'avait pas encore été prise sur une demande du Danemark en juin pour déployer des troupes sur le sol Malien. --- This episode is sponsored by · Anchor: The easiest way to make a podcast. https://anchor.fm/app --- Send in a voice message: https://anchor.fm/felicite-vincent/message
Roch Marc Christian Kaboré Roch, président du Burkina Faso, a été renversé cette semaine lors d'un coup d'État mené par une junte. Au Mali, les militaires au pouvoir ont exigé le départ des soldats danois engagés dans la force Takuba. Dans l'actualité également, les discussions diplomatiques se poursuivent pour éviter une invasion russe en Ukraine. Enfin, au Royaume-Uni, l'étau se resserre autour du Premier ministre visé par deux enquêtes sur des fêtes clandestines qui ont eu lieu au 10 Downing Street en plein confinement.
Aujourd'hui, Elliott prend le micro pour vous présenter les conséquences de la présence des mercenaires russe de Moscou, la force Wagner, sur l'opération militaire européenne Takuba. La force armée européenne vit en ce moment son premier stress politique, sera-t-elle capable de le surmonter ? Cet épisode est écrit, réalisé et monté par Chloé, assistée d'Elliott et d'Emma pour la production. Comme d'habitude, nous espérons qu'il vous plaira ! Si vous avez des questions, des commentaires, des idées de sujets ou alors vous souhaitez juste converser avec nous, n'hésitez pas ! Nous contacter (on ne mord pas) : --> par e-mail: contact.statuquopodcast@gmail.com --> sur notre site internet : www.statuquopodcast.com Bonne écoute ! La Team Statu Quo :)
Au Mali, un nouveau type de vidéos à visée propagandiste a fait son apparition, mélange de faits réels, d'infox et d'appels à la haine envers tous ceux qui émettent des critiques envers le régime de transition. Au-delà de l'apologie du colonel Assimi Goïta, ces publications partagent un même culte de la Russie et de ses soldats élevés au rang de héros libérateurs. Autre point commun, l'anonymat qui entoure ces productions. C'est l'apanage des réseaux sociaux et en particulier des groupes privés, la désinformation circule sans qu'il soit possible de remonter aux sources, de repérer les auteurs ou médias à l'origine de ces vidéos, véritables OVNI de la galaxie de la désinformation en ligne. Tout est fait pour brouiller les pistes. L'anonymat est le point commun de ce type de production qui inonde les réseaux et notamment WhatsApp en Afrique comme dans le reste du monde. La guerre informationnelle est asymétrique, d'un côté des médias parfaitement identifiés attaqués par un bataillon d'obscurs désinformateurs opérant sous camouflage. Un bref générique sans logo identifiable, l'apparition furtive d'une présentatrice, un peu floue prononçant ces mots « Bienvenu au journal flash information », c'est en réalité un deep fake, une image générée par l'intelligence artificielle, tout comme l'est la voix off qui débite ensuite sur un ton monocorde le commentaire associé au diaporama ou à la vidéo. Les modules sont de facture grossière, produits en quantité industrielle, ce qui permet de penser que l'activité rapporte. Recyclage d'images sorties de leur contexte En général, les images qui défilent ne correspondent pas à ce qui est raconté. Pour s'en rendre compte, il suffit de faire des captures d'écran à divers moments du diaporama ou de la vidéo et de procéder à une recherche d'image inversée. En rentrant ces fichiers dans les logiciels de recherche d'image, Google, Yandex ou Tin Eye, on obtient des informations sur leurs précédentes occurrences sur internet, ce qui permet de constater que l'on a à faire à une fabrication, une sorte de faux reportage visant uniquement à faire passer un message qui n'a qu'un lointain rapport avec la réalité. Un faux reportage publié dans un journal inexistant. Par exemple, l'une de ces vidéos récentes prétend dévoiler « une opération secrète russo-malienne » qui aurait permi de « neutraliser 107 terroristes » dans le nord du Mali, où l'on nous explique qu'en moins d'un mois grâce à la collaboration avec les Russes, on est sur le point de mettre fin à la guerre. Mais les photos censées illustrer ce propos montrent en fait des soldats de l'ONU dans la région de Mopti il y a trois ans. Quant aux soldats russes juchés sur un blindé, c'est une photo que l'on retrouve dans un rapport du Warsaw Institut, think tank polonais qui a publié une étude sur les « mercenaires russes au service du Kremlin ». Selon ce rapport, la scène se déroule en Libye, la photo est antérieure au mois d'août 2019, date de publication du rapport. Une autre photo montrant un blindé russe surmonté du drapeau de la Russie, est un cliché maintes fois utilisé comme illustration de l'implication des mercenaires de Wagner en Russie, dès 2015, photo recyclée également au sujet de leur présence en RCA, puis finalement au Mali. La recherche d'image inversée est un moyen imparable de comprendre qu'il y a manipulation. Au lieu de venir conforter le récit, l'image n'est qu'un outil servant à construire un narratif alternatif, en lui donnant un semblant de réalité. Eléments factuels altérés La vidéo affirme se référer au communiqué du 17 janvier 2022, signé par le Directeur de l'information et des relations publiques des Armées du Mali, le colonel Souleymane Dembele. Il est facile de retrouver ce communiqué, publié sur la page Facebook des Forces armées maliennes. Vérification faite, le communiqué relate des événements qui se sont déroulés en zone Sud et Centre, dans le cadre de l'opération « Keletigui », où les Forces armées maliennes ont remporté des succès, mais il n'est question ni du Nord Mali, ni d'une quelconque implication russe. Et le bilan global n'a rien à voir avec ce que prétend la vidéo. La désinformation au service d'un agenda politique Le message est clair, la voix off réclame le départ de Barkhane, des Européens de Takuba et de la Minusma. Un agenda qui se double de menaces à peine voilées contre un certain nombre d'opposants, taxés de traitres, criminels, et autres satans accusés de faire le jeu de la France contre le peuple malien, parce qu'ils plaident pour un retour des civils au pouvoir. Le vocabulaire employé, et le recours au registre de l'émotion ou de l'affectif est un autre point commun à ces vidéos. La voix off s'adresse directement à la personne visée en lui disant, « tu n'aimes pas ton pays » ou « tu n'aimes pas ton peuple ». Un opposant est qualifié de « drogué », un autre de pervers sexuel auquel on prête toute sorte d'aventures extra-conjugales, c'est la méthode bien connue du kompromat à laquelle recours la propagande russe pour compromettre des personnes jugées gênantes pour le pouvoir en place. Sans qu'il soit possible d'identifier les auteurs de ces campagnes de dénigrement, leur source d'inspiration converge vers la Russie de Poutine et certains de ses puissants oligarques, impliqués sur le terrain militaire et informationnel. En toile de fond du récit propagé à travers ces vidéos non siglées, on perçoit une tentative d'isoler le Mali du reste de la communauté internationale au profit des seuls intérêts d'acteurs russes, dont on le lien avec le Kremlin n'est même pas assumé.
Pour l'avenir du Mali, le sommet extraordinaire de la Cédéao, dimanche prochain à Accra, sera sans doute décisif. C'est pourquoi Goodluck Jonathan, l'envoyé spécial de la Cédéao, vient le préparer dès ce mercredi à Bamako. Les dirigeants de l'Afrique de l'Ouest vont-ils accepter une transition militaire de cinq ans au Mali ? À priori, non. Mais attention, avec les divisions au sein de la Cédéao, tout peut arriver, nous explique Niagalé Bagayoko, chercheuse au Réseau africain pour le secteur de la sécurité, basé à Accra. RFI : « La transition doit faire des réformes institutionnelles structurantes pour que les futures élections soient équitables », dit le rapport final des Assises nationales de Bamako. Qu'est-ce que vous en pensez ? Niagalé Bagayoko : C'est l'un des volets qui, d'un point de vue déclaratoire, pourrait être le plus crédible selon moi dans la mesure où l'on s'aperçoit que les cycles électoraux successifs suscitent de moins en moins l'adhésion des populations, que l'on est face à une sorte de désillusion démocratique, et que donc l'idée que la mise en œuvre de réformes doit primer sur l'organisation des scrutins peut s'entendre. Ce qui est le plus problématique en revanche, ce sont les délais prévus pour la mise en œuvre. Parce qu'un délai de cinq ans, en réalité six ans et quelques mois depuis l'arrivée au pouvoir de la junte, est véritablement problématique. Cela excède même la durée d'un mandat électif dans un grand nombre de démocraties. Et la presse malienne de souligner le fait également que le colonel Assimi Goïta devrait tirer la leçon de l'histoire qui montre que tous ses frères d'armes qui ont pris le pouvoir par la force en sont ressortis par la petite porte. Est-ce que c'est si vrai que cela ? Alors, c'est vrai dans une certaine mesure, mais ils sont quand même demeurés au pouvoir pendant de très longues années. Si l'on prend le cas de Moussa Traoré qui a effectivement quitté le pouvoir seulement au bout d'une vingtaine d'années. Moussa Traoré qui, d'ailleurs, est demeuré, paradoxalement ou non, jusqu'à son décès récent, une figure perçue comme très crédible et comme un recours éventuel en termes de conseil ou d'orientation politique. Le cas d'Amadou Toumani Touré est différent puisque lui-même avait choisi de laisser le pouvoir aux civils et il est revenu par le biais d'un scrutin démocratique. Et si l'on prend le cas d'Amadou Sanogo, il n'a effectivement pas pu prolonger son passage au pouvoir, mais il a bénéficié d'une amnistie. Donc, je ne partage pas totalement cette analyse. Et, est-ce que les 23 ans de régime du général Moussa Traoré peuvent être le modèle du colonel Assimi Goïta et du Premier ministre Choguel Maïga ? Je pense que c'est extrêmement difficile, mais que tout l'enjeu se situe là en réalité. Parce que ce qui est au cœur de la situation malienne aujourd'hui est de savoir ce qu'est réellement la démocratie, parce que bien entendu le contexte international n'est absolument pas le même que celui dans lequel a exercé ses fonctions Moussa Traoré, mais l'on s'aperçoit d'un durcissement sur la scène internationale plus généralement qui pourrait suggérer qu'en effet des pouvoirs plus autoritaires s'installeront. Cela dit, aujourd'hui, à l'heure des réseaux sociaux, à l'heure où un certain nombre d'organisations de la société civile ont acquis une certaine liberté de parole, si ce n'est d'influence, il pourra, à mon avis, être extrêmement difficile de s'inspirer de l'expérience de Moussa Traoré. Ces Assises nationales de Bamako ont été boycottées par de grandes coalitions de l'opposition, mais malgré tout, est-ce que la junte et son Premier ministre Choguel Maïga ne bénéficient pas tout de même d'une certaine base populaire ? Il semble que oui, indéniablement. Ce qui caractérise l'actuel régime au pouvoir au Mali est à la fois une grande habileté d'un point de vue diplomatique, sur la scène internationale, mais aussi la capacité à répondre à certaines des aspirations populaires qui ont provoquées les manifestations massives qui ont conduit à la destitution du président IBK. Je pense notamment à la mise en œuvre de cette politique en matière de lutte contre la corruption qui est extrêmement populaire, tout comme de l'intention manifeste d'élargir les partenariats stratégiques avec les différents acteurs internationaux. Mais il n'est cependant pas certain que la junte réponde à toutes les attentes, et notamment d'un point de vue sécuritaire parce qu'aujourd'hui c'est quand même l'enjeu majeur. Dimanche se tiendra un sommet extraordinaire de la Cédéao sur le Mali. Qu'est-ce que vous en attendez ? Je pense que ce sommet est absolument crucial. Non pas seulement pour le Mali, mais pour la Cédéao elle-même. Parce que l'on parle très souvent du sentiment qui se manifeste contre la France, contre la Minusma, contre les acteurs internationaux en général, derrière lesquels on voit une instrumentalisation, mais on parle beaucoup moins de ce rejet de plus en plus massif dont fait l'objet la Cédéao en raison des contradictions entre son mandat et les objectifs qu'elle s'est fixée et les décisions prises. De manière très concrète, la Cédéao, à travers la vision 2020 qui avait été adoptée en 2007, avait résolu de passer d'une Cédéao des États à une Cédéao des peuples. Et on s'aperçoit, à l'inverse, qu'il s'agit d'une organisation dont les décisions sont de plus en plus intergouvernementales et qui contribuent à asseoir, si ce n'est des coups d'États, en tout cas des manipulations ou des changements constitutionnels qui sont peu conformes notamment au protocole de 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance. Donc, il s'agira de voir dans quelle mesure ce sommet permettra à la Cédéao de jouer sur cette ligne de crête extrêmement étroite entre des sanctions crédibles et qui puissent être efficaces, parce que touchant au cœur du fonctionnement de l'État malien, sans se mettre à dos les populations maliennes ou plus largement celles de la sous-région. Donc vous êtes contre un éventuel blocus économique du Mali ? Toute la difficulté des sanctions économiques est précisément le fait qu'elles touchent avant tout les populations davantage que les dirigeants. La Cédéao a adopté récemment des mesures qui touchent un nombre limité de personnalités, quand je dis limité c'est un nombre qui est relativement large, et cela de manière inédite puisqu'il s'agit de 150 personnes, dont les biens et les avoirs et les possibilités de voyager ont été restreints. Mais on voit très bien que cela n'a absolument pas empêché les autorités actuelles de prendre des décisions qui vont à l'encontre des demandes de la Cédéao. Donc, effectivement, les mesures les plus efficaces sont celles qui touchent le plus grand nombre de Maliens, mais attention pace que le rôle des opinions publiques, le rôle de la colère et de l'exaspération populaire devient, à mon avis, le facteur central de l'évolution actuelle de la gestion de la crise malienne et plus largement de la crise sahélienne. Et quelle est l'alternative à un blocus économique ? Il y a, en réalité, extrêmement peu de solution. C'est là que l'on voit la problématique posée par tout le décalage entre l'arsenal institutionnel et juridique, qui a été construit depuis les années 2000 dans le cadre de la Cédéao et de sa mise en œuvre, si l'on regarde l'ensemble de ces textes, y compris le protocole dont je parlais, qui est additionnel au mécanisme de gestion des conflits lui-même adopté en 1999 et aux différents codes de conduite des forces armées et de sécurité. Tous les éléments existent d'un point de vue formel. Mais on s'aperçoit que leur mise en œuvre n'a finalement jamais, véritablement, été appliquée, donc on se retrouve face à une situation dans laquelle les possibilités d'action sont extrêmement restreintes. Aujourd'hui, je crois malheureusement que l'on s'achemine vers des régimes davantage autoritaires, sans doute beaucoup moins respectueux d'un certain nombre de pratiques démocratiques, mais dont il ne faut pas croire qu'ils pourront s'éterniser au pouvoir, puisqu'une fois de plus, je pense qu'il faut qu'ils répondent aussi aux attentes des populations dont l'exaspération pourrait aussi, très rapidement, les balayer. Donc en fait, vous prônez la clémence pour les dirigeants ouest-africains qui se réuniront dimanche prochain, c'est ça ? Non, absolument pas. Moi, je pense qu'il faut absolument appliquer les principes qui sont consignés dans les textes et être extrêmement ferme dans leur imposition. Mais je ne suis pas certaine qu'ils puissent être suivis d'effets étant donné l'ensemble des contradictions que l'on a vues dans la prise de position d'instances comme la Cédéao ou comme l'Union africaine au cours des dernières années. Oui, c'est-à-dire que vous pensez qu'il y a des divisions au sein de la Cédéao, avec des États inflexibles comme le Niger, et des États peut-être plus compréhensifs à l'égard de la junte malienne comme le Sénégal ? Absolument, comme le Sénégal, comme le Togo, que l'on peut citer également. On voit très bien que le camp le plus inflexible n'est pas forcément majoritaire à l'intérieur de l'organisation. Et c'est là que l'on en revient à la logique intergouvernementale dont je parlais, où le type d'accession au pouvoir des différents présidents actuellement en place ne peut que peser sur les décisions qu'ils sont amenés à prendre par la suite. Et si la Cédéao cède à la junte malienne sur cette transition de cinq ans, est-ce qu'elle ne devra pas céder aussi à la junte guinéenne ? Tout à fait, c'est à cela que je pensais. C'est pour cela, à mon avis, que l'enjeu de ce sommet est tout aussi important pour l'avenir de la Cédéao elle-même que pour celui du Mali. Aujourd'hui, il en va de la crédibilité de tout ce qui a été construit pendant une vingtaine d'années, qui est mis à l'épreuve des faits, et il est attendu, effectivement, de l'ensemble des acteurs de voir s'ils sont capables de mettre en application les principes qu'ils prônent pour leurs voisins de la sous-région, sans pour autant se les appliquer à eux-mêmes. Lors des travaux de conclusions des Assises nationales de la semaine dernière, les Russes ont été applaudis à Bamako. Les Occidentaux dénoncent publiquement l'arrivée du groupe Wagner au Mali, mais sans annoncer le retrait de la force Barkhane ou de la force Takuba. Est-ce à dire que la junte au pouvoir à Bamako est en train de réussir son pari de faire cohabiter soldats français et mercenaires russes ? C'est là que l'on voit tout le danger qu'il y a eu à fixer sans arrêt de nouvelles lignes rouges qui ont finalement toujours été franchies par les autorités maliennes, que ce soit lorsque la France a exigé que toute négociation avec des groupes jihadistes soit exclue ou lorsqu'elle a demandé à ce que le calendrier électoral soit respecté. Et de nouveau aujourd'hui, en ce qui concerne l'arrivée de ce groupe, en effet, la déclaration du 23 décembre qui a été adoptée par un grand nombre de pays européens, quinze, plus le Canada, est effectivement étonnante puisque, alors qu'il avait été répété notamment par la France qu'elle quitterait le Sahel ou enfin en tout cas qu'elle ne pourrait absolument pas cohabiter avec le groupe Wagner, cette déclaration affirme que la France, les partenaires européens, resteront dans le pays. Donc, oui, à mon avis, il s'agit d'une victoire diplomatique pour la junte malienne de ce point de vue-là. Mais est-ce que cela pourra tenir d'un point de vue opérationnel ? Là encore, on pourra se poser la question dans la mesure où l'on voit très bien que le grand nombre d'acteurs sécuritaires internationaux d'ores et déjà présents sur place a eu les plus grandes difficultés à coordonner ses actions les unes avec les autres. Et l'on peut douter que cela s'améliore avec l'arrivée de ce nouvel acteur.
Et si les Français acceptaient de cohabiter avec les Russes au Mali ? L'hypothèse n'est pas exclue, affirme le général Bruno Clément-Bollée. Cet officier français à la retraite a commandé l'opération Licorne en Côte d'Ivoire et la Coopération de sécurité et de défense au Quai d'Orsay. Aujourd'hui, il est consultant international en matière de sécurité en Afrique. Et il réagit au communiqué des quinze pays occidentaux qui, le 23 décembre 2021, ont dénoncé l'arrivée de mercenaires russes au Mali sans annoncer pour autant un retrait de ce pays. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : La France affirme que le groupe Wagner a entamé le déploiement de mercenaires russes à Bamako. Le Mali dément formellement, alors qui a raison ? Général Bruno Clément-Bollée : Qui a raison, qui a tort, je ne sais pas. On avait noté quand même des signes sur le terrain. Je crois que la seule certitude aujourd'hui, c'est que des Russes vont arriver. Qui sont-ils ? Des coopérants militaires à l'image un petit peu des nôtres, de ceux que nous avons un petit peu partout en Afrique. Ou est-ce que ce sont des mercenaires de Wagner ? Je crois qu'à ce stade, je ne sais pas qui peut affirmer la vérité. Certains auraient reconnu des cadres de Wagner présents à Bamako, je ne sais pas ce qu'il en est. En Centrafrique, suite au départ des Français de Sangaris il y a cinq ans, les Russes de Wagner sont arrivés. Et ce sont eux, qui, il y a un an, ont sauvé le régime du président élu Faustin Archange Touadéra contre les rebelles de François Bozizé. Ne jouent-ils pas quelquefois un rôle positif ? Alors, on pourrait parler de la situation politique et sécuritaire en Centrafrique. Si vous estimez que la situation y est stable, alors effectivement, tout est permis pour le Mali. Je crois qu'on en est très très loin. Je note surtout qu'en Centrafrique, il y a une mission européenne à l'image de Takuba au Mali, qui vise à former des contingents centrafricains. Et, depuis que ces contingents ont été utilisés par Wagner, l'EUTM a arrêté sa formation. Aujourd'hui, finalement, la Centrafrique est un peu livrée à elle-même, et livrée à Wagner et un peu isolée au plan international. J'ai peur que ce soit un petit peu la même chose qui arrive au Mali. Le Mali souverain cherche à élargir son partenariat de sécurité et de défense, mais j'ai peur que ce soit un calcul à très très court terme. Au lieu de l'élargir, cela va plutôt le réduire. Si les Français de Sangaris n'étaient pas partis de Centrafrique il y a cinq ans, les Russes de Wagner seraient-ils arrivés ? Je ne sais pas répondre à cette question. Je note tout comme vous que c'est le retrait de Sangaris, qui finalement semble avoir permis l'arrivée des Russes. On n'est pas du tout dans le même schéma au Mali, puisque nous sommes encore très présents, nous, la France, au sein d'une coalition internationale importante, si on y ajoute la Minusma, les dix pays européens de Takuba, la force G5, ce qui n'existe pas en Centrafrique. La comparaison trouve très vite ses limites entre la Centrafrique et le Mali. Les Russes arrivent au Sahel au moment où les Français y sont de plus en plus contestés, comme le montrent les dernières manifestations au Burkina et au Niger, au passage du dernier convoi de ravitaillement de Barkhane. Cela sonne-t-il le glas d'une présence militaire française au Sahel ? Je ne crois pas que ça sonne le glas d'une présence militaire française. Je crois que ça nous montre la sagesse de la décision qui est de ne plus se mettre en première ligne, mais d'être moins visible, d'agir dans une configuration internationale. D'autant qu'il faut aussi admettre que derrière ces contestations, cette image dégradée, il y a quand même de sournoises manœuvres, dont on sait qui a les manettes, qui visent à dégrader l'image. Pensez-vous les mercenaires et paramilitaires de Wagner capables de repousser la menace jihadiste au Nord Mali ? C'est, je crois, la question qu'il faut vraiment se poser. Ce n'est pas avec 1000 mercenaires qui vont être isolés … Quand la force Barkhane était avec ses 5000 soldats, elle agissait au sein d'une coalition internationale beaucoup plus importante, avec entre 35 et 40 000 hommes. Là, on parle de 1000 soldats russes ou 1000 mercenaires qui vont être isolés, qui vont travailler avec les forces armées maliennes, j'imagine. Mais tout ce beau monde sera livré à lui-même. En termes d'efficacité, ce sera extrêmement difficile pour eux de tenir le terrain, ce sera quasiment même impossible. Ensuite, en Centrafrique, la société Wagner a montré à quel type de règles d'engagement elle obéissait ; et cette force s'est quand même illustrée par des exactions qui ont été pointées. On parle de plus de 200 exactions dans l'année. Ça fait quand même beaucoup. N'y-a-t-il pas des risques d'exactions aussi au Mali, certainement. Il y a des risques de tensions exacerbées. On peut se demander quelles vont être les réactions des communautés du nord en cas d'exactions, quelles vont-être les réactions de la population. Tout cela ne va pas concourir à redorer le blason de l'image des forces armées maliennes, si en plus elles s'affichent avec une force de mercenaires qui se comporte de la sorte. La junte au pouvoir à Bamako fait-elle appel à Wagner pour lutter contre les jihadistes ou pour se protéger elle-même ? On voit bien que la junte cherche à s'affranchir des règles que veut lui imposer la communauté internationale. Elle cherche à se maintenir, et finalement, c'est plus facile avec un partenaire qui ne vous demande pas de comptes politiques, face à une communauté internationale beaucoup plus exigeante sur ce plan. Mais on peut rajouter, derrière tout cela, que ce ne sera pas cadeau. Il y a quand même un prix à payer. On parlait de 10 millions de dollars par mois et la présence de géologues russes, à la recherche de gisements aurifères, et là aussi, ça nous ramène à la Centrafrique pour pouvoir régler l'addition. Si c'est pareil au Mali, je ne pense pas que le Mali, vu l'état économique du pays, ait besoin de telles choses. Il y a un mois, les autorités françaises disaient que la présence de Wagner au Mali serait « incompatible » avec le maintien des Français au Mali. Mais aujourd'hui, concrètement, si Wagner débarque à Bamako, les Français vont-ils fermer leur base de Gao ? Je note que dans cette déclaration officielle de ces 15 pays, dont la France, on condamne, mais sans menacer de retrait. On n'en parle plus. On a l'impression qu'il y a une inflexion en effet dans le discours des Français ? En tout cas, on ne parle plus de retrait. Je crois que l'engagement français est toujours d'actualité, plus que jamais. Il cherche à s'adapter : on constate une présence moins visible, qui agit dans une configuration beaucoup plus internationale, donc moins en première ligne, en mettant plutôt en avant les contingents africains locaux. On sait bien aujourd'hui que la situation au Sahel ne pourra être réglée in fine que par les Sahéliens. Il faut une réponse sahélienne à une situation sahélienne, bien évidemment accompagnée par les alliés traditionnels. Donc, je crois que la présence française perdurera au Sahel, il n'y aura certainement pas de retrait. Finalement, les Français et les Russes ne vont-ils pas cohabiter au Mali ? N'est-ce pas l'espoir secret de la junte au pouvoir à Bamako ? C'est peut-être une possibilité. Si ce sont des coopérants militaires russes, après tout, le Mali est souverain, il a tout à fait le droit de faire appel aux partenaires qu'il souhaite. Dans ce cas-là, pourquoi n'imaginerait-on pas une cohabitation entre les militaires formateurs russes qui formeraient les contingents maliens, au même titre que la force Takuba continuerait son effort de formation vis-à-vis des contingents maliens et autres sahéliens ? Une cohabitation entre soldats français de Barkhane et mercenaires russes de Wagner est-elle possible ? Là, certainement pas. Je crois que, s'il y a confirmation de Wagner, on est au pied du mur. Il y aura une décision collective à prendre pour poursuivre ou non l'engagement. Les autorités maliennes le savent, et je pense que l'insistance avec laquelle les autorités maliennes démentent le fait que ce soit Wagner, mais affirment que c'est un contingent de coopérants militaires russes, prouve bien que les autorités maliennes cherchent quand même à ménager une présence internationale, dont le contingent français. ► À lire aussi : Wagner: l'annonce de quinze partenaires internationaux fait réagir
Quinze países ocidentais, incluindo a França, Portugal e o Canadá condenaram, numa declaração conjunta, o envio de forças paramilitares russas Wagner para o Mali, numa altura em que o país vive uma situação particularmente delicada a nível social, político e económico. Glória Silva, empresária portuguesa, radicada em Bamako, no sul do país, começou por comentar o facto de se aceitar aqui que a segurança de um estado possa ser garantida por mílicias estrangeiras, neste caso concreto, mercenários russos. "Não se pode aceitar, ainda mais depois de todo o esforço económico, que tanto a comunidade europeia e a França têm feito para fazer a formação militar ao exército do Mali. Não faz sentido. Temos várias entidades, temos uma força especial posicionada chamada Takuba, temos todas as formações que no final devem custar muito mais do que os 10 milhões de euros que se diz, na comunicação social, que estão a pagar pelas mílicias russas", começou por referir. Estes 15 países condenam a decisão de se usar fundos públicos para pagar mercenários estrangeiros, em vez de se apoiar as forças armadas e os serviços públicos do Mali. Glória Silva explicou qual foi a reacção das autoridades malianas relativamente ao documento publicado: "Eu ontem liguei a várias pessoas no Mali para ver como estava a pressão. As pessoas estão todas muito agitadas, a classe política está muito agitada porque diz que se o Estado do Mali vai contratar mercenários, quer dizer que já não existe estado. Quando um estado contrata mercenários não existe porque senão faz-se parcerias com outros Estados". A empresária salientou, por seu turno, a posição do povo: "O povo ainda não se apercebeu do que é que isto quer dizer. O cidadão do dia-a-dia ainda não se apercebeu. Acham que os russos chegaram e que vão libertar todo o Mali. Vão demorar a aperceber-se que não é isso". "Só quando se aperceberem é que vamos ter a reacção do povo, mas o povo, se a comunidade internacional, os políticos, a classe intelectual do Mali deixar isto avançar não tenho a menor dúvida de que estamos numa ditadura militar até o povo se aperceber", rematou, em entrevista à RFI.
Siamo andati nel Sahel, quella regione subsahariana tra Burkina Faso, Mali, Mauritania, Niger e Ciad, dove la missione internazionale Takuba - alla quale partecipa anche l'Italia - deve vedersela con continui gruppi terroristici affiliati sia ad Al Qaeda che allo Stato Islamico, trafficanti e con stati sempre più fragili: è questa la zona più pericolosa per la politica estera europea oggi? Ne abbiamo parlato con Francesca Di Mauro (a capo della Divisione Sahel della Commissione Europea), con Morin Yamongbe (direttore del quotidiano del Burkina Faso "Wakat Sera") e con Luca Raineri (ricercatore alla Scuola Sant'Anna di Pisa, esperto di Sahel
Le ton est toujours aussi vif dans la presse algérienne après les propos d'Emmanuel Macron tenus jeudi dernier lors de sa rencontre à l'Élysée avec des jeunes Français d'origine algérienne, binationaux, et des Algériens pour échanger sur la question mémorielle. La presse algérienne qui voit avant tout dans les déclarations du chef de l'État français des visées électoralistes. Ainsi, affirme El Watan, « Emmanuel Macron a opéré un virage à 180 degrés de sa pensée première sur l'histoire algéro-française. Il avait prôné l'apaisement mémorial et chargé l'historien Benjamin Stora d'un travail en ce sens, mais cela n'a pas résisté à l'ambition présidentielle. Pour contrer la perspective de ne pas se voir réélire pour un second mandat, il a sacrifié son honnêteté intellectuelle et son engagement politique envers l'Histoire, avec un grand H, et à l'égard de la nation algérienne vis-à-vis de laquelle la France a une dette : celle de reconnaître et demander pardon pour le génocide perpétré par les forces coloniales françaises contre les populations algériennes au fil de 132 années d'occupation, pour les millions d'Algériens massacrés ou tombés au combat, la généralisation et la banalisation de sévices physiques et moraux et pour le pillage à large échelle des ressources du pays ». « Tous les coups sont permis… » Liberté, autre quotidien algérien, va dans le même sens : « La politique française, surtout à l'approche d'élections primordiales, comme la présidentielle, utilise toutes les cartes possibles pour attirer un électorat divisé entre la droite et l'extrême droite. Et comme en France, en ce moment, tous les regards sont tournés vers cette échéance, tous les coups sont permis jusqu'à renier la qualité des relations avec un partenaire d'exception au sud de la Méditerranée, la porte sublime de l'Afrique, l'Algérie ». Toutefois, Liberté n'épargne pas non plus le pouvoir algérien… « Il revient à Alger de gérer ces jeunes qui migrent au quotidien par dizaines et qui affluent vers des pays avec lesquels nous avons une passerelle qui est cette Méditerranée. Pourquoi partent-ils avec femmes et enfants ? La question mérite d'être posée, s'exclame Liberté. Avec le contentieux mémoriel, c'est tout l'imbroglio d'une relation complexe et compliquée entre les deux pays. » « Comme si la guerre d'Algérie ne devait jamais s'achever… » Côté français, à noter le point de vue du Monde Afrique, qui approuve les propos d'Emmanuel Macron : « En constatant que "le système politico-militaire [algérien] s'est construit sur une rente mémorielle" et sur "une histoire officielle (…) totalement réécrite" qui "repose sur une haine de la France", Emmanuel Macron n'a fait qu'exprimer une évidence, affirme le Monde Afrique, d'ailleurs largement partagée au sein même de la société algérienne. La vigueur de la réaction d'Alger – rappel de son ambassadeur en France et interdiction de survol aux avions militaires français – suggère qu'il a visé juste. Les responsables de l'appareil politico-militaire qui contrôle l'Algérie n'ont pas l'intention de se priver d'une rhétorique patriotique et antifrançaise usée jusqu'à la corde, destinée à faire oublier l'impasse où ils ont conduit le pays. Comme si la guerre d'Algérie ne devait jamais s'achever pour qu'ils puissent se maintenir au pouvoir ». Et Le Monde Afrique de conclure : « Liés par l'histoire, par la géographie et par l'immigration, les deux pays ont besoin de réconcilier leurs mémoires. Cela suppose que la France reconnaisse sa responsabilité dans les tragédies du passé. Cela exige aussi que la guerre terrible qui a légitimement permis à l'Algérie de conquérir l'indépendance cesse d'être manipulée, soixante ans plus tard, pour légitimer un régime politique ». Approvisionnement retardé pour Barkhane En tout cas, « quelles vont être les conséquences de cette crise entre Alger et Paris pour les opérations au Sahel ? » Question posée par Jeune Afrique. Les avions français n'ont désormais plus le droit d'emprunter l'espace aérien algérien. « Cette interdiction n'a même pas été signifiée préalablement à l'armée française, pointe Jeune Afrique. Ce n'est qu'en vol que les pilotes de l'armée de l'air ont découvert la situation. Au moins quatre avions ont dû rebrousser chemin dimanche, jour de l'entrée en vigueur de l'interdiction. L'approvisionnement en flux tendu des troupes des dispositifs Barkhane et Takuba se verra retardé du fait du détour contraint par le Maroc et la Mauritanie. Les appareils de transport devront emporter sous leurs ailes plus de kérosène et, partant, moins de passagers et de matériel. » Qui plus est, affirme encore Jeune Afrique, « l'Algérie a mis un terme à son aide militaire au sol. Les convois de carburant et d'eau n'ont plus traversé la frontière depuis la décision de fermer l'espace aérien aux appareils militaires français. Plus du quart des besoins en kérosène et gasoil de l'armée française dans le Nord-Mali étaient assurés depuis huit ans par l'Algérie ».
« Un abandon en plein vol », c'est l'expression utilisée samedi 25 septembre par le Premier ministre malien Choguel Maïga à la tribune des Nations unies et également ce lundi matin sur notre antenne : « La nouvelle situation née de la fin de Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l'exposant à une espèce d'abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d'autres partenaires », a affirmé le Premier ministre malien. Commentaire de Maliweb à Bamako : « c'est quasiment un réquisitoire que Choguel Maïga vient de faire à la tribune des Nations unies. Il a, entre les lignes, dénoncé l'inefficacité des forces internationales dans la lutte antiterroriste au Mali. (…) Le chef du gouvernement n'a pas manqué, à demi-mot, de fustiger le chantage des autorités françaises portant sur le retrait de la force Barkhane en cas d'accord d'installation du groupe Wagner dans le pays. » Bref, pointe encore Maliweb, « Choguel Maïga a tenu un discours de vérité et à la dimension de l'ampleur de la crise multidimensionnelle qui prévaut au Mali depuis 2012. (…) Et certains de ses admirateurs vont jusqu'à entrevoir un accueil triomphal au chef du gouvernement dès ce lundi à Bamako. » Vassalité ? Plus largement, Sahel Tribune dénonce ce qu'il considère comme une forme de suzeraineté de la France vis-à-vis du Mali. « Après 61 ans d'indépendance, l'ingérence continuelle des partenaires internationaux dans les affaires du Mali prouve que la quête de la liberté et d'auto-administration, qui avait été exprimée et obtenue en principe par les peuples, n'a pas été acquise au sens propre du terme. Le débat et l'agitation des partenaires du Mali après l'annonce de pourparlers entre les autorités maliennes et une filiale du groupe Wagner montrent que le champ de manœuvre des autorités maliennes sur la gestion du pays n'est pas clairement défini dans le protocole d'accord passé entre ce pays et l'ancienne puissance colonisatrice. Mieux, affirme Sahel Tribune, ces réactions montrent que le Mali n'est pas une république souveraine, mais plutôt vassale aux yeux des autorités françaises, au regard des décisions et déclarations de ses officiels après chaque décision des autorités maliennes. La récente venue de la ministre française de la Défense au Mali et ses déclarations en sont la preuve. » Quel modus vivendi ? « A la vérité, chacun des deux pays a raison, estime pour sa part le quotidien Aujourd'hui au Burkina : la France, avec la mort du soldat Maxime Blasco ce week-end, portant le nombre de tués de soldats au Sahel à 52, avec les millions d'euros qu'elle a injectés, et le travail de sécurisation qu'elle a effectué depuis 2013, aux côtés des Maliens, la France a fait œuvre utile et a le droit d'émettre son avis quant aux conséquences de l'arrivée impromptue de paramilitaires russes, qui pourraient désaxer la configuration de la défense au Sahel. Elle a le droit de dire que Takuba sera incompatible avec Wagner. En retour, pointe encore Aujourd'hui, les Maliens également ont le loisir de réorienter leur partenariat dès lors que Barkhane plie bagage. Le Mali a le droit de nouer, en tant qu'État souverain, avec le partenaire de son choix, surtout que ça urge sur le plan sécuritaire. » Et finalement, conclut Aujourd'hui, « la sortie onusienne de Choguel ne fait que braquer les différentes positions, et entre Paris et Bamako, on ne sait plus quel modus vivendi trouver. » Les Français, les Européens, les Russes… et qui après ? Enfin, WakatSéra, toujours au Burkina Faso, s'interroge sur les intentions des militaires maliens au pouvoir : « Aujourd'hui, c'est Barkhane, la Minusma et Takuba qui font le boulot. Demain, ce pourrait être la société privée russe paramilitaire Wagner. Et après-demain, vers qui se tourneront les chefs militaires maliens pour faire le travail que leur peuple attend d'eux ? Les Chinois, les Américains, les Cubains…ou qui ? Nul ne le sait encore ! L'un dans l'autre, comme le dit le proverbe bien africain, "dormir sur la natte du voisin, c'est dormir par terre". » Et WakatSéra de s'interroger une nouvelle fois : « Quand est-ce que le Mali, et tous ces pays qui ont donné la responsabilité de leur sécurité et de leur défense à des forces étrangères, retrouveront-ils cette souveraineté perdue et "dormiront" enfin sur leur propre "natte" ? »
PEUT-ON PARLER AVEC LES TALIBANS ? – 30/08/21 Invités PASCAL BONIFACE Directeur de l'IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) ARMELLE CHARRIER Éditorialiste en politique internationale - « France 24 » SOLÈNE CHALVON-FIORITI - Grand reporter - Co-auteure du documentaire « Afghanistan : vivre en pays taliban » Général DOMINIQUE TRINQUAND Ancien chef de la mission militaire auprès de l'ONU L'aéroport de Kaboul à nouveau la cible d'une attaque. Des roquettes ont été tirées très tôt ce lundi matin au-dessus de la capitale afghane. Ces tirs ont été interceptés par le système de défense antimissile américain. C'est dans ce contexte de forte tension que les évacuations se poursuivent. A moins de 48 heures de la date butoir du retrait américain, il reste tout au plus 300 Américains à évacuer du pays, selon le secrétaire d'Etat des Etats-Unis Antony Blinken. "Nous travaillons sans relâche pour les sortir de là", a-t-il affirmé. A l'autre bout du monde, le sujet mobilise tout autant les esprits. Une réunion des membres permanents du Conseil de sécurité se tient aujourd'hui à l'ONU, à New York. La France et le Royaume-Uni vont y plaider la proposition du président français Emmanuel Macron de créer à Kaboul une "zone protégée" afin d'y mener des opérations humanitaires. Cette zone pourrait permettre à de nombreux Afghans toujours candidats au départ de quitter le pays. Si le Kremlin a accueilli favorablement cette proposition, elle a en revanche d'ores et déjà été rejetée par un porte-parole des talibans. Car les talibans, qui ont repris le pouvoir mi-août, après avoir déjà dirigé le pays entre 1996 et 2001, n'entendent pas se laisser dicter la marche à suivre en Afghanistan. Fondé en 1994, ce groupe islamiste fondamentaliste est issu d'école coraniques. Il s'agit à l'origine d'étudiants en théologie (talib signifiant « étudiant »), sunnites, qui ont combattu les Soviétiques en tant que moudjahidines (combattants pour le jihad) durant la guerre contre l'URSS, entre 1979 et 1989. Le mouvement est au départ essentiellement constitué de Pachtounes, l'ethnie majoritaire du pays. Férocement nationaliste, il a fait de la lutte contre l'envahisseur étranger l'une de ses principales sources de légitimité. Après avoir été longtemps dirigé par le tout puissant mollah Omar, mort aujourd'hui, le groupe est désormais structuré autour de plusieurs leaders. Parmi eux, le chef se nomme Haibatullah Akhundzada. Il a obtenu une promesse de loyauté de la part du le chef de l'organisation terroriste Al-Qaïda, ce qui lui apporte une grande légitimité. Mais il doit aussi compter avec Sirajuddin Haqqani, ou encore Abdul Ghani Baradar, cofondateur du mouvement aux côtés du mollah Omar. Au temps où ils régnaient sur le pays, les talibans ont imposé un islam très dur, avec une application rigoriste de la charia. Ils disent avoir changé. Mais difficile de les croire au regard, par exemple, de l'effacement des portraits de femmes dans les rues des villes. Emmanuel Macron était ce week-end en visite en Irak, où il s'est notamment rendu à Mossoul, au milieu des ruines de l'ancien bastion de l'organisation État islamique. Sur place, le chef de l'Etat a affiché sa volonté de maintenir une présence militaire française, si les Irakiens en exprimait le besoin. Et ce, y compris après le départ définitif des troupes américaines prévu le 31 décembre prochain. Il a promis que les forces spéciales resteraient pour lutter contre les terroristes. Au même moment, la France amorce le retrait partiel de ses forces au Sahel, alors que la force Takuba, coalition de forces spéciales européennes mise en place en juillet 2020, devrait prendre le relais. Comment se déroule les dernières opérations d'évacuation à l'aéroport de Kaboul ? Qui sont les talibans ? Ont-ils vraiment changé ? Qui sont leurs dirigeants ? Après le retrait américain, la présence française en Irak suffira-t-elle pour faire face à la menace terroriste dans le pays ? DIFFUSION : du lundi au samedi à 17h45 FORMAT : 65 minutes PRÉSENTATION : Caroline Roux - Axel de Tarlé REDIFFUSION : du lundi au vendredi vers 22h40 RÉALISATION : Nicolas Ferraro PRODUCTION : France Télévisions / Maximal Productions Retrouvez C DANS L'AIR sur internet & les réseaux : INTERNET : francetv.fr FACEBOOK : https://www.facebook.com/Cdanslairf5 TWITTER : https://twitter.com/cdanslair INSTAGRAM : https://www.instagram.com/cdanslair/
LES TALIBANS MENACENT DÉJÀ L'AMÉRIQUE – 23/08/21 Invités ARMELLE CHARRIER Éditorialiste en politique internationale - « France 24 » PIERRE HASKI Chroniqueur international - « France Inter » MARC HECKER Directeur de recherche - IFRI MELISSA BELL Correspondante à Paris – « CNN » Kaboul n'en finit pas de sombrer dans le chaos. Des milliers d'Afghans désespérés se massent toujours autour de l'aéroport de la capitale dans l'espoir d'embarquer dans un avion pour quitter le pays. Les scènes de confusions et de tensions s'y multiplient. Depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan le 15 août dernier, cette porte de sortie du pays est devenue le théâtre de scènes chaotiques, au cours desquelles sept personnes ont déjà trouvé la mort. Les très nombreux candidats à l'exil ne parviennent pas tous à être évacués. Ils sont parfois repoussés par les Américains, qui ont bien du mal à maîtriser la situation. A tel point que le président des Etats-Unis Joe Biden entrouvre la porte à la prolongation de la présence américaine au-delà du 31 août, date fixée par son gouvernement pour le retrait complet des troupes en Afghanistan. Il espère toutefois que les opérations d'évacuations à Kaboul pourront être terminées avant cette date. La préoccupation est grande partout en Occident face à ce qui est vécu comme une véritable débâcle. En Europe, les députés britanniques ont exprimé mercredi dernier leur colère à l'adresse du dirigeant américain, lors d'un débat à la Chambre des Communes, à Londres. Ils se sont montrés très durs contre la débandade des alliés occidentaux en Afghanistan, faisant un constat d'échec militaire et diplomatique sans appel. Si certains en Europe tapent donc du poing sur la table, au sein de l'Union Européenne, une question est sur toutes les lèvres : quelle réponse à apporter au flux migratoire qui pourrait résulter de la prise de pouvoir des talibans ? Aucun consensus ne semble pour l'heure se dessiner. La chancelière allemande Angela Merkel fait preuve de la plus grande prudence à six semaines des élections législatives dans son pays. Elle s'est dit ouverte à un accueil « contrôlé » de réfugiés « vulnérables ». En visite en Espagne dans le centre d'accueil pour les employés afghans de l'UE à Kaboul, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé, samedi, les pays européens à accueillir des réfugiés afghans. Elle a par ailleurs assuré les États membres de l'UE qui apporteront leur aide du soutien financier de l'Europe. Malgré ce discours, la Grèce craint d'être une fois encore abandonnée par ses partenaires face à une importante vague migratoire. Le ministre grec de la Protection des citoyens, Michalis Chrisochoidis, a ainsi annoncé que son pays mettait tout en place pour « empêcher la même scène d'il y a 6 ans, de se répéter » en faisant référence à l'afflux de migrants syriens en 2015. « Nos frontières resteront sécurisées et inviolables », a-t-il ajouté. En France, dans les collectivités locales, les avis sont partagés entre les tenants de l'accueil de réfugiés et ceux pour qui la priorité réside davantage dans le fait de se protéger d'une vague, qu'ils redoutent. Cette dernière opinion fait écho à l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron, le 16 août dernier, lors de laquelle le chef de l'Etat a avancé que « l'Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle. » Le président juge que « nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers. » Un afflux de migrants, tout comme une recrudescence des actes terroristes, c'est ce que souhaite éviter Xavier Bertrand. Or, le candidat (ex-LR) à l'élection présidentielle de 2022 craint qu'une situation similaire à celle en cours en Afghanistan ne puisse advenir au Sahel avec la fin de l'opération Barkhane et le départ programmé des troupes françaises du Mali, marquant une réduction progressive de la présence militaire hexagonale. « Protéger les Français, c'est agir en Afghanistan, c'est agir militairement au Mali, et c'est nous protéger sur le territoire national », a-t-il plaidé ce lundi au micro d'Europe 1, après s'être déjà exprimé sur le sujet dans le JDD. « Combattre les terroristes au Mali aujourd'hui, c'est éviter le terrorisme au coin de la rue demain ». Xavier Bertrand établit donc un parallèle entre le retrait de l'armée américaine d'Afghanistan et celui des Français du Sahel. Une différence notable existe cependant : la présence militaire française est, elle, censée être remplacée par la task force Takuba, composée de forces spéciales européennes. Les Américains peuvent-ils encore tenir les délais qu'ils s'étaient fixés ? Quelle réponse à apporter au flux migratoire qui pourrait résulter de la prise de pouvoir des talibans ? L'Union européenne se donne-t-elle vraiment les moyens d'accueillir les réfugiés afghans? La situation au Sahel peut-elle prendre le même tournant qu'en Afghanistan, avec le départ programmé des troupes françaises ? DIFFUSION : du lundi au samedi à 17h45 FORMAT : 65 minutes PRÉSENTATION : Caroline Roux - Axel de Tarlé REDIFFUSION : du lundi au vendredi vers 22h40 RÉALISATION : Nicolas Ferraro PRODUCTION : France Télévisions / Maximal Productions Retrouvez C DANS L'AIR sur internet & les réseaux : INTERNET : francetv.fr FACEBOOK : https://www.facebook.com/Cdanslairf5 TWITTER : https://twitter.com/cdanslair INSTAGRAM : https://www.instagram.com/cdanslair/
Mi-juillet, mettant fin à de nombreuses semaines de spéculations, le chef de l'État français Emmanuel Macron a donc tranché en annonçant les grandes lignes du retrait partiel des quelque 5 100 soldats français de l'opération Barkhane, déployés au Sahel depuis 2014. Un retrait logique, mais à hauts risque. S'agit-il de la fin des illusions pour Barkhane? Ce revirement qualifié « d'inéluctable et pragmatique » qui remet donc fondamentalement en cause l'engagement français au Sahel suscite en tout cas questions et incompréhension dans la région d'autant que les dernières attaques jihadistes le 4 août dernier dans la province de l'Oudalan sur les frontières entre Burkina Faso et Niger qui ont fait trente morts parmi les milices qui interviennent aux côtés de l'armée burkinabé, montre bien, s'il en était besoin, la volatilité de la situation sur le terrain. Quelques jours auparavant déjà, le 31 juillet, dans la zone dite des « trois frontières », entre Mali, Burkina Faso et Niger, une attaque avait fait quinze victimes et six disparus parmi les forces de sécurité nigériennes. La guerre conjointe contre le terrorisme est loin d'être gagnée et le rêve de la création d'un vaste califat au Sahel semble de nouveau à portée de fusils des groupes armés. Comment le retrait français va-t-il s'opérer ? Malvenu ou non, le calendrier de la refonte drastique de Barkhane a été précisé par Emmanuel Macron en juillet parce que « nous n'avons pas vocation à rester éternellement au Sahel », a-t-il justifié, et ce retrait va commencer par la fermeture des bases du Nord-Mali, à Kidal, Tessalit et Tombouctou entre la fin 2021 et le début de l'année 2022. Le changement de paradigme militaire français devrait « à terme » conduire à réduire les effectifs d'au moins 40 % pour les ramener à 2 500 hommes dès 2022. Il n'échappe à personne que cette stratégie du sauve-qui-peut est un pari risqué. Il consiste en l'abandon, ou presque, de toute une partie du Mali pour pouvoir se concentrer sur la progression des groupes armés au Sud notamment et, à terme, pour protéger les pays du golfe de Guinée - Côte d'Ivoire, Nigeria, Togo, par exemple - qui concentrent d'importants intérêts économiques. Bien plus important que le Mali. Quel avenir opérationnel sur le terrain après ce décrochage important ? Sur le terrain, à court terme, le relai va être remis entre les mains des Casques bleus de la Minusma dont les limites structurelle et juridique relèvent du secret de polichinelle à tel point qu'il est notoire qu'ils ne sortent que très rarement de leurs bases fortifiées. La transformation de la stratégie antiterroriste pensée dès 2013 pour empêcher que le Sahel ne devienne un vaste camp d'entraînement jihadiste va donc reposer sur les opérations de forces spéciales Sabre et le balbutiant projet européen Takuba appuyés en théorie par la force conjointe du G5 Sahel, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mali et Mauritanie. Si la stratégie des trois « D » « Diplomatie, Défense, Développement » a donc fait long feu au Sahel il était sans doute écrit que les 5 000 soldats français déployés sur un territoire de 5 millions de kilomètres carrés n'y pourraient cependant pas grand-chose.
Dans ce 18e épisode de Conseils de sécurité, Sarah-Myriam s'entretient avec Niagalé Bagayoko, chercheure et présidente de l'African Security Sector Network (ASSN). Spécialiste de la réforme des systèmes de sécurité en Afrique francophone, des politiques de sécurité internationales menées en Afrique subsaharienne, ainsi que des mécanismes africains de gestion des conflits, elle a dirigé le programme «maintien et consolidation de la paix» de l'Organisation internationale de la Francophonie après avoir a été chercheure à l'Institute of Development Studies de l'Université du Sussex (Royaume-Uni) et à l'Institut de recherche pour le développement (France), ainsi qu'enseignante en relations internationales à l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris. Madame Bagayoko nous parle de son parcours académique et professionnel. Elle présente le objectifs et priorités du African Sector Security Network qu'elle préside et de la Coalition citoyenne pour le Sahel dont son réseau fait partie. Niagalé Bagayoko dresse un tableau des principaux enjeux de sécurité au Sahel et discute de l'importance du concept d'hybridité des systèmes de sécurité en Afrique, pour mieux saisir les dynamiques de conflits au sein des pays du Sahel et dans la région. Niagalé Bagayoko présente les défis pour le G5 Sahel, les opérations Barkhane et Takuba ainsi que pour la MINUSMA.
« On n'est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé », comme le chantait Boris Vian. Eh bien qu'on se rassure ! Cette année, il sera possible de se faire engueuler. « Les Champs-Élysées renouent avec le défilé », affiche Le Figaro. Pas sûr en revanche que l'on se fasse piétiner comme le veut la suite de la chanson. En effet, « si le défilé militaire aura bien lieu, contrairement à l'année dernière où il avait été annulé, seules 10 000 personnes pourront y assister », souligne Le Monde. Avec « pass » sanitaire et obligation de porter un masque, « un dispositif similaire est mis en place pour le feu d'artifice ». Un défilé comme d'habitude porteur de symboles Le Figaro passe le menu à la loupe. Cinq mille hommes mobilisés, 73 avions ainsi que… Mc Fly et Carlito, les deux youtubeurs ! « Ils sont prêts à décoller », nous dit Le Parisien. Après avoir gagné un pari contre Emmanuel Macron et après avoir rencontré le président à l'Élysée, MacFly et Carlito « se préparent à participer au défilé aérien de la Patrouille de France », explique le journal. Rien que ça. Et pour être prêts, « l'armée de l'air les a accueillis la semaine dernière pour un vol d'entraînement », précise Le Figaro. « Tout s'est bien passé », affirme l'armée mais elle tente de « dédramatiser la gadgétisation des symboles », note le journal. Un mélange des genres qui peut déranger Or, tout le monde n'apprécie pas ce mélange des genres, à commencer par Le Figaro justement. « Le vocabulaire guerrier plaît aux communicants et autres conseillers qui nourrissent le verbe de nos dirigeants », déplore son édito. « Rien de tel que l'emploi des mots mobilisation, offensive ou stratégie pour donner de la force à un discours sur la relance économique, le maintien de l'ordre ou la politique sanitaire », estime l'auteur. « Reste que la guerre n'est pas seulement un mot puisé dans le sac à métaphores si cher aux plumes des politiques, non elle forme régulièrement le quotidien des dizaines de milliers de militaires », lit-on. « Hier la Libye, la République Centrafricaine, la Syrie, écrit Le Figaro, et aujourd'hui le Sahel, où depuis 2013, la France est engagée dans un conflit inextricable qui demande en effet une stratégie : non pas un quelconque plan de communication ». Et comme le défilé du 14 juillet est « toujours un reflet des engagements en cours », relève encore Le Figaro, c'est justement un détachement de Takuba qui descendra les champs en première ligne. 73 hommes issus de cette force spéciale européenne qui doit prendre le relais de l'opération Barkhane. Dernier défilé pour un militaire bien connu Et un militaire fera son dernier défilé aujourd'hui. Pas n'importe lequel, c'est le général François Lecointre, « le chef d'état-major des armées qui quitte ses fonctions », nous explique Le Parisien. Emmanuel Macron lui a « rendu hommage », ils inaugureront le défilé ensemble mercredi matin et il passera donc les troupes en revue pour la dernière fois. Le général Lecointre livre également sa dernière interview au Journal Le Monde. Il revient d'ailleurs sur la transformation de Barkhane récemment annoncée et, quant à la suite, pour lui, l'une des inconnues encore, c'est précisément « quelle sera la montée en puissance de Takuba » (qui compte aujourd'hui 600 hommes) mais dont on sait qu'elle peine à convaincre les partenaires européens. L'autre inconnue, c'est selon lui : « Quelles vont être les réponses des États du golfe de Guinée », sollicités pour aider leurs voisins. Et quand Le Monde demande « à quels types de missions les effectifs sortis de Barkhane vont être réaffectés ? ». Eh bien, « il y a une dégradation continue du monde, nous le constatons tous », répond le général Lecointre. « En Ukraine, en mer Noire, en Méditerranée orientale ». Il fait la liste. « En Irak, en Syrie, avec une résurgence de Daech ». En Iran, au Mozambique, au Liban, dans les Balkans. Tableau sombre dressé par le général François Lecointre, mais il est selon lui difficile de dire « ce qui sera considéré par nos responsables politiques comme justifiant un engagement militaire ». Le chef d'état-major français nous dit ici qu'il a « quelques idées » mais qu'il se « gardera bien de les donner pour n'influencer personne ». C'est une sage décision.
durée : 00:58:52 - Le journal de 13h - par : Bruno DUVIC - 5000 soldats, à pied, à cheval ou en avion défilent non masqués, car testés et vaccinés. Le public est obligé de présenter un passe sanitaire. La force Takuba était en tête de cortège après l'annonce du retrait prochain des troupes françaises au Sahel.
C'est à l'issue d'une réunion virtuelle du G5 Sahel que le président français a annoncé que les forces françaises situées dans le nord du Mali commenceront à se retirer d'ici la fin de l'année. Les bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou seront fermées d'ici le début de l'année 2022, le nombre de soldats maintenus au Sahel passera à terme à 2 500 ou 3 000 hommes. Quant à la base de Niamey, au Niger, elle sera « fortement musclée » et accueillera le commandement central de la force Takuba, qui sera fer de lance dans la guerre au djihadisme dans le Sahel. Comme le pointe Le Figaro, « pour l'après-Barkhane, Macron mise sur l'alliance avec le Niger », alors que le président français recevait à l'Élysée son homologue nigérien, Mohamed Bazoum. « Côte à côte lors d'une conférence de presse, les deux hommes ont multiplié les mots d'amitiés l'un pour l'autre », souligne ce journal. Emmanuel Macron a salué l'élection « exemplaire » de son homologue nigérien, qui a « réussi la première transition démocratique », a dit le chef de l'État. Dans une région en crise où sévissent les groupes terroristes, d'al-Qaïda à Daech en passant par Boko Haram, « le Niger est en passe de devenir le nouveau pivot de la France », prédit Le Figaro. Jeune Afrique n'écrit pas autre chose, en notant que « Macron mise sur Bazoum et fait du Niger le cœur du dispositif français au Sahel ». Niamey y occupera en effet une « place centrale », relève à son tout ce journal panafricain. Mais au-delà des considérations tactiques, le quotidien Le Parisien estime qu'à la veille de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron « entend aussi éviter de nouvelles morts de militaires français (plus de 50 déjà tombés) et la montée de critiques sur une opération coûteuse (1 milliard d'euros annuels), fragilisée par le retour des coups d'État (Mali, Tchad) et la montée du sentiment antifrançais en Afrique ». Allocution d'Emmanuel Macron lundi prochain De cela, et du coronavirus, il sera question lundi soir 12 juillet en France, lors de la prochaine allocution du président Macron. Allocution qui prendra sans doute des formes de « mobilisation générale » pour les Français qui partent en vacances, explique Le Parisien. Comme l'anticipe à son tour ce quotidien, « des sujets sensibles devraient être également abordés, comme l'extension du pass sanitaire et la vaccination obligatoire des soignants ». Justement, une première plainte a été déposée contre l'État, qui vient animer l'actuel débat sur l'obligation vaccinale ou non contre le coronavirus pour les personnels soignants. C'est l'histoire - que révèle Le Parisien - d'une préparatrice en pharmacie prénommée Johanna, dont le père est décédé du coronavirus en mai dernier après avoir été hospitalisé pour une simple fracture à la hanche. « Avec ses grands frères et sœurs, sa mère et ses oncles, elle saisit le Premier ministre d'une demande indemnitaire, signale ce quotidien. Il ne s'agit pas tant de réclamer de l'argent que de faire reconnaître la responsabilité de l'État qui n'a pas imposé la vaccination aux soignants ». Le dossier médical de ce père décédé « précise bien qu'il y était hospitalisé en chambre, seul, quand il a contracté la maladie », déclare l'avocat de la plaignante au Parisien. « On a tout fait pour le protéger, assure Johanna, elle-même professionnelle de santé. Si les soignants avaient été vaccinés, mon père serait encore vivant », tandis que son avocat dit ne pas comprendre « que la majorité présidentielle, pourtant favorable à l'obligation de vaccination des soignants, se lance dans la fabrique législative qui n'aboutira au mieux qu'en octobre (et) que l'Élysée ne légifère pas par ordonnances. Chaque jour qui passe, ce sont des contaminations supplémentaires », remarque-t-il dans Le Parisien.
Après un mois d'interruption après le second coup d'État au Mali, la France va donc reprendre ses opérations conjointes avec les forces armées maliennes. Pas de surprise pour le site d'information malien Maliweb : « Comment cela pouvait-il en être autrement avec les intérêts stratégiques que Paris a au Mali et dans le Sahel en général ? », s'exclame Maliweb. « Quid des gisements aurifères en passant par les exploitations d'hydrocarbures dans le septentrion malien, au Tchad, jusqu'aux mines d'uranium du Niger, la France n'est-elle pas attachée aux mamelles nourricières sahéliennes ? Comment alors la France pourrait-elle ne pas se résigner à collaborer avec un régime militaire, fût-il sans "légitimité démocratique" ? » Réalisme conjoint Pour Le Pays au Burkina, « Maliens et Français ont fait preuve de réalisme, et cela dans la défense de leurs intérêts respectifs. On sait que la France ne peut se passer durablement du Mali où, en plus des liens historiques nés de la colonisation, elle a d'importants intérêts économiques. Mieux, toute la région sahélienne constitue pour elle un important enjeu stratégique dans un contexte de rivalités avec des pays comme la Russie, la Chine ou les pays du Golfe qui convoitent la région. Et puis, on ne le dira jamais assez, pointe encore Le Pays : les portes de la sécurité de la France se trouvent au Sahel. La bouderie n'était donc qu'un coup de bluff destiné à mettre la pression sur les autorités maliennes. » C'est « une bonne nouvelle dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, renchérit WakatSéra, et singulièrement au Mali où quatre soldats viennent encore de tomber, pris pour cibles par les forces du mal. Aucune force ne sera de trop pour mettre hors d'état de nuire ces hommes sans foi ni loi qui endeuillent armées et populations civiles au quotidien. Surtout qu'ils sont en train d'étendre progressivement leur terrain de chasse à toute l'Afrique de l'Ouest. Dans le même temps, relève encore WakatSéra, il faudra aux États africains de se préparer au départ de la force française Barkhane, annoncé par Emmanuel Macron. C'est, sans aucun doute, l'occasion pour ces pays de réfléchir sur la prise en main de la défense de leur intégrité nationale, véritable domaine de souveraineté nationale. » Quoi après Barkhane ? Justement, Le Monde Afrique s'interroge sur la fin annoncée de Barkhane : « Comment convaincre aujourd'hui ses partenaires que la transformation profonde et "la fin de Barkhane en tant qu'opération extérieure" ne cache pas un sauve-qui-peut opérationnel ? "Le but de l'annonce est sans doute de soumettre les autorités maliennes à un électrochoc pour les pousser à accélérer les réformes de gouvernance et dans le secteur de la sécurité, mais la France doit expliquer aux Maliens et à ses partenaires quel dispositif elle maintiendra sur place", explique un diplomate européen en poste à Bamako. Une autre source européenne évoque le risque de "démobilisation". "La plupart des partenaires de la France sont à sa remorque", ajoute-t-elle. Or le désengagement français créera un vide, au mieux temporaire. Actuellement, estime encore Le Monde Afrique, ni Takuba – qui tarde à prendre son envol – ni les armées locales, ne peuvent prendre le relais des opérations françaises, alors que des sources au ministère des Armées évoquent la fermeture de plusieurs bases militaires dans le nord du Mali et une réduction de moitié du contingent de Barkhane à l'horizon 2023. » La Minusma renforcée ? C'est dans cette optique que Drissa Traoré, coordinateur national de l'Association malienne des droits de l'homme, appelle, dans Jeune Afrique, au renforcement de la présence de l'ONU au Mali. « Aujourd'hui, le contexte sécuritaire est toujours volatil en dépit de l'engagement des Casques bleus et d'autres forces internationales, nationales ou régionales. Et si certains réclament le départ des forces étrangères, il ne faut pas se leurrer, estime Drissa Traoré, l'armée malienne n'est pas encore prête à faire face, seule, aux défis sécuritaires. Nous avons besoin des casques bleus : même s'ils ne sont pas aussi efficaces qu'on pourrait l'espérer, ils constituent une force de dissuasion. Mais, conclut le coordinateur national de l'Association malienne des droits de l'homme, le mandat de la Minusma doit être renforcé, non seulement sur le plan militaire, mais aussi sur le plan civil et politique avec comme priorité la protection des populations civiles, car ce sont elles qui continuent à payer le lourd tribut de ces conflits ».
Alors que le mandat de la Minusma a été renouvelé mardi 29 juin à l'ONU, Christoph Heusgen, l'ambassadeur allemand aux Nations unies, qui prend sa retraite et quitte l'organisation ce mercredi 30 juin, revient sur l'engagement de l'Allemagne au Sahel et en Afrique. Il explique aussi à notre correspondante à New York, Carrie Nooten, où en sont les développements les plus récents de la réforme du Conseil de sécurité. RFI : Douze Casques bleus allemands ont été blessés juste au début du week-end dans la région de Goa. Après le départ des forces allemandes d'Afghanistan, le Mali sera le pays de la planète où l'Allemagne sera la plus engagée ? Christoph Heusgen : Nous sommes engagés au Mali, nous sommes engagés dans les opérations de la Minusma, de l'ONU. Nous avons près d'un millier de soldats à la Minusma, et une centaine d'hommes au sein des équipes européennes de formation. Tout cela dépend des mandats donnés par le Parlement allemand aux troupes allemandes avant qu'elles ne partent en mission. En ce qui concerne la force Takuba, on l'encourage, on la soutient politiquement, mais bien sûr, pour que nous y participions activement, il faudrait une décision politique, de la part de notre Parlement. Le Soudan est aussi devenu une zone d'importance pour l'Allemagne à l'ONU ? Absolument ! L'Allemagne est impliquée au Soudan, mais de manière générale, l'Allemagne est impliquée dans son voisinage et celui de l'Europe. Car la stabilité des régions aux alentours est importante pour la stabilité européenne. Nous avons maintenant Volker Perthes, qui est le représentant spécial de l'ONU à Khartoum, mais nous avions déjà levé des fonds pour ce pays, ce qui montre que nous étions déjà impliqués politiquement. En ce qui concerne la Libye, nous avons organisé l'an dernier la conférence qui a permis d'aboutir à un cessez-le-feu, d'engager un processus politique de sortie de crise, et de fixer des élections pour la fin de l'année. S'impliquer dans notre voisinage est vraiment dans l'intérêt de l'Europe ou de l'Allemagne. Enfin, vous êtes un fervent supporter d'une réforme du Conseil de sécurité ; les membres de l'Union africaine, eux, y seraient également favorables, et aimeraient voir deux sièges alloués au Continent africain. Où en est-on de cette réforme ? Nous croyons que cet organe de l'ONU a besoin de refléter la réalité du XXIe siècle. La dernière fois qu'il a été réformé, c'était dans les années 60. Depuis, le monde a changé. Sa légitimité dépend de sa composition et c'est pour cela que nous pensons que l'Afrique doit y être représentée par des membres permanents. Cette question a été à l'agenda de l'Assemblée générale depuis des décennies. Mais le processus actuel a démarré il y a 13 ans, et depuis, nous avons tourné en rond. Cette année, avec nos alliés et nos amis, nous avons dit que cela ne pouvait pas continuer ainsi. Nous voulons entamer de vraies négociations, nous voulons nous rapprocher d'une proposition écrite qui pourrait être mise au vote. Les progrès que nous pensions pouvoir réaliser cette année ne serons finalement pas possibles. Malheureusement, des forces qui sont très satisfaites de ce statu quo, en particulier la Chine et la Russie, essaient de bloquer nos progrès. Nos amis chinois - et même nos amis russes -, n'hésitent pas à intervenir auprès des capitales pour mettre la pression sur les pays. ► À lire aussi : Le Conseil de sécurité toujours divisé sur le Tigré, où la situation empire selon l'ONU Ce n'est pas la première fois que la Chine bloque toute velléité de discussion à propos d'un élargissement du Conseil. Il y a 7 ou 8 ans, Pékin avait fait pression sur la Jamaïque pour enterrer l'affaire à l'Assemblée générale. Cette année, il semble que la Chine ait fait passer le message via des pays africains ? Les Chinois font peser une énorme pression sur l'Afrique. Ce qu'on a vu se passer avec mon homologue jamaïcain que vous avez mentionné, on l'a vu se répéter avec notre collègue de Zambie, et cette année, avec celui de Sierra Leone. Un collègue africain m'a demandé : « Christoph, peux-tu m'aider à faire descendre le gorille de 500 kilos qui s'agrippe à mon dos ? ». La Chine pousse beaucoup et il faut surmonter cela. Mais on a vu aussi à l'Assemblée générale l'Afrique du Sud se lever et dire « nous avons besoin de négociations sur texte ! », ou le Nigeria qui a admis que l'harmonie ne serait peut-être pas possible, et qu'on n'avait pas forcément besoin d'un consensus. Donc il y a des voix qui s'affermissent et disent « Nous voulons y aller ! ». Au sein de l'Assemblée générale, on a vu deux années de suite de nombreux diplomates africains prendre position pour Pékin, à chaque session sur les droits de l'homme concernant le Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Ils ont tous lu des communiqués qui semblaient rédigés par la Chine-elle même. Et cette année, c'est vous, l'Allemagne, qui avez emmené le groupe des 39 pays se disant « inquiets » de la situation des droits de l'homme au Xinjiang et à Hong Kong. Est-ce inquiétant de voir autant de pays africains se faire dicter leur conduite à l'ONU ? Je suis totalement contre ce chantage ! Ils sont soumis à de fortes pressions venant de l'extérieur. Et je pense que nous devons regarder comment aider les pays africains à surmonter la pression, faire parler leurs ambitions, et refléter ce que les populations africaines veulent. Parce qu'elles veulent vraiment une meilleure représentation de l'Afrique au Conseil de sécurité. ► À lire aussi : Le Kenya entre au Conseil de sécurité de l'ONU pour deux ans
C'est le titre du site d'information burkinabé WakatSéra qui constate que la force française au Sahel « a encore été attaquée. C'était hier lundi, dans le nord du Mali, à 160 kilomètres de Gao. Des militaires français et des civils maliens ont été blessés dans une attaque attribuée à de présumés djihadistes, dans la localité de Gossi, à la frontière avec le Burkina Faso. Il y a des morts du côté des assaillants qui ont fait exploser leur pick-up bourré d'explosifs contre un véhicule des militaires de la Force Barkhane. La veille de cette énième attaque contre Barkhane, poursuit WakatSéra, ce sont cinq blessés qui ont été évacués par la Minusma. Les victimes, au total six morts, selon certaines sources, sont des habitants de Dinangourou, un village malien sous contrôle djihadiste. L'acte sanglant porterait la griffe de la katiba Macina, affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans de Iyad Ag Ghaly. La liste des assauts meurtriers des terroristes, djihadistes, comme des bandits et trafiquants de toutes sortes, est loin d'être exhaustive (…). Pourtant, pointe encore WakatSéra, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, ces quatre pays d'un Sahel africain, sanctuaire des terroristes, se préparent à faire le deuil de la force française, qui est en train de faire son paquetage. Et s'il est important pour les pays africains de prendre en main leur sécurité et leur défense, domaines éminemment dits de souveraineté, la question du timing du départ de Barkhane se pose, implacable. » Empêcher que les terroristes occupent le terrain En effet, complète Aujourd'hui, toujours à Ouaga, « le Mali, le Niger et le Burkina doivent se préparer, anticiper, et profiter du fait que la force Takuba (coalition de forces spéciales européennes) sera toujours présente pour passer à la vitesse supérieure en offensive. Car ce départ annoncé des 5.100 soldats français, la nature ayant horreur du vide, sera propice à l'occupation de l'espace par les terroristes et ses conséquences sanglantes. Solhan au Burkina avec ses 132 tués, le 4 juin dernier, est encore sanguinolent dans les esprits. Empêcher que les terroristes occupent le terrain est un impératif vital pour le Sahel, à l'orée du pliage de bagages de Barkhane. » Pas que dans la région des Trois frontières Et c'est ce qui est pourtant en train de se produire… Et pas seulement dans la zone des trois frontières. Exemple, « à Nioro du Sahel, non loin de la Mauritanie, la situation sécuritaire s'est dégradée à vitesse grand V, relèveLe Républicain à Bamako. Tous les signaux venants de cette région sont au rouge. Selon des sources locales, c'est toute la bande Nara-Ballé-Alahina-Biné Fissirou-Troungoumbé qui est aujourd'hui sous la menace des terroristes. Dans ces localités, des écoles ont été fermées par les terroristes et les enseignants se sont repliés dans la ville de Nioro du Sahel. À travers des prêches, les terroristes appellent les habitants à coopérer et à respecter la charia. » Tactique de la terre brûlée ? Qui plus est, relève le quotidien en ligne Malikilé, « les groupes djihadistes semblent adopter une stratégie de pression et de harcèlement, une tactique du genre "terre brûlée" en vue de précipiter le départ annoncé de Barkhane. À noter que le nouveau chef de l'Etat islamique appelait, il y a peu, ses combattants à multiplier et à accentuer les attaques contre Barkhane. Moins de 24 heures après, intervenait l'attaque à la voiture piégée que Barkhane vient de subir à Gao. Une attaque d'un genre très rare, pour ne pas dire une première, qui risque d'être le nouveau mode opératoire des terroristes pour harceler les troupes françaises. » « Un vide difficile à combler » Enfin, pour Marc-André Boisvert, chercheur au Centre FrancoPaix, interrogé par Jeune Afrique, « le vide laissé par la France sera difficile à combler : la présence française était très importante avec Barkhane, surtout sur le plan logistique. La France est le centre névralgique de la lutte contre le terrorisme dans le pays. Ce vide sera donc difficile à combler. Il y a de belles intentions sur le papier, mais, s'interroge le chercheur, qui, concrètement, va remplacer la puissance logistique et militaire française ? (…) Quelles que soient les options choisies, elles ne se réaliseront pas du jour au lendemain. D'autant qu'il y a une absence d'intérêt de la communauté internationale au sujet de la situation sécuritaire du Mali. »
BIDEN EN EUROPE : CHANGEMENT ET CONTINUITÉ« L'Amérique est de retour à la table », a déclaré le président américain le 13 juin, à l'issue du G7 organisé au Royaume-Uni. Le premier voyage à l'étranger de Joe Biden l'a conduit d'abord au sommet des pays industrialisés du G7 du 11 au 13 juin, en Cornouailles, puis à Bruxelles pour un sommet de l'OTAN, avant de rencontrer les dirigeants de l'Union européenne. Enfin, il a eu un tête à tête avec Vladimir Poutine à Genève, le 16 juin. Dans une tribune publiée le 6 juin par le Washington Post, le président Biden a expliqué qu'ilvenait en Europe pour « Rassembler les démocraties du monde autour de l'Amérique. » Toutefois, signe de l'intérêt tout relatif porté par l'administration Biden à l'Europe, les ambassadeurs américains auprès de l'Union européenne etde l'Otan, en France, au Royaume-Uni ou en Allemagne n'ont toujours pas été nommés. Les trois priorités affichées de Biden sont le climat, le Covid, et la Chine. Il a insisté sur la nécessité pour les États-Unis de travailler dans ces domaines avec des pays qui « partagent nos valeurs et notre vision de l'avenir - d'autres démocraties ». Critiqué pour son approche de la vaccination America first et pour son refus, pendant des mois, d'exporter le moindre flacon, Biden a annoncé en Cornouailles le don par les Etats-Unis de 500 millions de doses aux pays pauvres.A Bruxelles, le président américain a pris le contre-pied de Trump, en qualifiant l'Otan d'« Alliance la plus réussie de l'histoire du monde », et a affirmé « l'engagement inébranlable des États-Unis à l'égard de l'article 5 », cette disposition qui garantit que les alliés viendront en aide aux États membres en cas d'agression. Biden veut aussi étendre la vigilance de l'Otan à des menaces plus modernes, comme les cyberattaques contre les infrastructures, qui se multiplient ces dernières années. Washington a décidé de faire de l'attribution des cyberattaques un des piliers de sa politique d'endiguement envers la Russie et de la Chine. Ce choix se traduit par la désignation de plus en plus directe des auteurs présumés des attaques contre les intérêts des Etats-Unis, comme dans le cas de l'affaire SolarWinds, révélée fin 2020, que le président Biden a officiellement attribuée, mi-avril, à la Russie. Le communiqué final du sommet proclame que « les ambitions déclarées de la Chine et son comportement affirmé représentent des défis systémiques pour l'ordre international fondé sur des règles et dans des domaines revêtant de l'importance pour la sécurité de l'Alliance ». Après l'élection de Joe Biden, son administration avait fait passer au quartier général de l'OTAN un message selon lequel l'Alliance devrait mettre sur le même pied les menaces chinoise et russe.Avant de rencontrer Vladimir Poutine à Genève, Joe Biden a répété : « Nous ne cherchons pas le conflit avec la Russie. Nous voulons une relation stable et prévisible ». Les présidents américain et russe sont convenus de lancer des consultations sur la cybersécurité et la limitation des armements nucléaires, ainsi que du retour de leurs ambassadeurs respectifs à Moscou et à Washington.***LA FRANCE AU SAHEL : PARTIR REVENIRPlus de huit ans après l'intervention militaire française au Mali qui avait permis en 2012 de sauver sa capitale Bamako des groupes armés djihadistes et deux semaines après la survenue d'un nouveau coup d'État dans ce pays, le président Macron a annoncé, le 10 juin, « la fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure » et la transformation profonde de la présence française au Sahel. Sans s'engager sur un calendrier ou une réduction chiffrée des effectifs, le chef de l'État a décidé d'un retrait progressif des forces françaises. « Le rôle de la France n'est pas de se substituer à perpétuité aux États », du Sahel, a-t-il expliqué en refusant de voir l'armée française « sécuriser des zones » auparavant contrôlées par les terroristes sans réengagement des États, essentiellement du Mali. Toutefois, Emmanuel Macron n'a pas annoncé un départ définitif et complet du Sahel. Le plan de sortie se veut progressif. Aujourd'hui, Paris déploie quelque 5.100 soldats sur onze bases militaires dont six au Mali - les autres étant au Tchad, au Niger et au Burkina-Faso en soutien aux armées des États du Sahel qui peinent à les combattre seules les djihadistes du groupe État islamique et Al-Qaïda. Après le second coup d'État au Mali en mai, la France a gelé cette mission d'accompagnement et veut désormais se concentrer sur la lutte ciblée contre les djihadistes. La future présence française au Mali devrait s'organiser autour de deux axes. Un premier pilier poursuivra la coopération avec les partenaires locaux. La mission de formation de l'Union européenne au Mali en sera l'axe central. L'autre pilier se concentrera sur la lutte antiterroriste. Elle sera structurée autour de la force Takuba. Lancée en juillet 2020, elle compte 600 militaires des forces spéciales, dont 300 Français et 300 Européens. Ses missions consistent à former et accompagner au combat les armées locales. L'armée française demeurera « la colonne vertébrale » de Takuba, a assuré Emmanuel Macron en évoquant « plusieurs centaines de soldats ». Barkhane est l'opération française la plus longue et la plus coûteuse - environ 800 millions d'euros par an - depuis la Seconde Guerre mondiale.Le 13 juin, rejetant tout lien avec la décision de clore l'opération Barkhane, le chef d'état-major des armées depuis juillet 2017, le général François Lecointre a annoncé qu'il quitterait ses fonctions le 21 juillet. « Il n'est pas bon qu'un chef d'état-major des armées puisse être exactement aligné sur un mandat présidentiel, a-t-il insisté. Il faut à tout prix préserver les armées d'un risque de soupçon sur leur absolue neutralité politique. » Une décision qu'il dit avoir pris fin 2020, avant les tribunes de militaires dans Valeurs Actuelles et l'annonce de la fin de Barkhane. Le successeur de François Lecointre sera l'actuel chef d'état-major de l'armée de terre, le général d'armée Thierry Burkhard. À court terme, le nouveau chef d'état-major des armées va devoir gérer la fin de l'opération Barkhane et la transformation de l'intervention militaire française au Sahel.
durée : 00:11:18 - Les Enjeux internationaux - par : Julie Gacon - Après l'annonce jeudi dernier de la fin de l'opération Barkhane, la France compte sur Takuba pour répartir l'effort de guerre. Mais les partenaires européens sont réticents à s'engager davantage... Entretien avec le chercheur Léonard Colomba-Petteng. - réalisation : Vivien Demeyère - invités : Léonard Colomba-Petteng chercheur au CERI - SciencesPo/CNRS.
In questo numero:- Sahel: Macron chiude Barkhane, ma la lotta alla jihad continua anche con l'Italia. Nostra intervista all'ex viceministro degli esteri e docente di relazioni internazionali Mario Giro- In Nigeria prosegue il braccio di ferro tra governo e Twitter che rimane vietato ai cittadini dopo che il social ha sospeso l'account del presidente Buhari per incitamento all'odio e alla violenza. L'analisi di Alessio Iocchi, ricercatore associato Ispi- In Sudan i paramilitari non si associano all'esercito del governo di transizioni, ma restano comodi all'Europa nel progetto di esternalizzazione delle frontiere per bloccare i traffici di migranti verso la Libia. Di Michela Trevisan
In questo numero:- Sahel: contro i gruppi jihadisti nella regione si prova la strada del "fight and talk", ci spiega Mario Giro, già viceministro degli Esteri e docente di Relazioni internazionali all'Università di Perugia.- Sudafrica: il presidente Cyril Ramaphosa accelera con il "repulisti" contro la corruzione all'interno dell'African National Congress. Dal corrispondente Efrem Tresoldi- Etiopia al voto il prossimo 5 giugno, ma la Ue abbandona la scena per divergenze sul sistema di trasmissione dei dati elettorali. Di Michela Trevisan
Dans l'épisode d'aujourd'hui dans le viseur, l'ingénieur en chef Marco, du Service des infrastructures de la Défense (SID), raconte le fonctionnement du chantier d'une base militaire, autour de la construction d'une base au Mali en quelques mois pour accueillir la taskforce Takuba.
Om hur Sverige hamnat på frontlinjen i Frankrikes krig mot terrorismen i Västafrika, när man nu skickar ner en hemlig specialstyrka till den offensiva antiterrorstyrkan Task force Takuba. Medverkande: Anders Löfberg, chef Specialförbanden, Peter Hultqvist, försvarsminister (S), Frédéric Barbry, talesperson på franska försvarsmakten, Hamadoune Dicko, ordförande för en organisation som samlar personer från Fulani-folket, Jonathan Pedneault, Human Rights Watch, Andreas Holmgren, säkerhetsofficer inom FN:s civila säkerhetssektion i Mali, malisk lärare som flytt undan terroristernas hot och våld, Jean-Marie Bockel, tidigare fransk försvarsminister och pappa till en dödad soldat i Mali, Thierry Vircoulon på det franska utrikespolitiska institutet, Hanna Gunnarsson, Vänsterpartiet, Björn Söder, Sverigedemokraterna, Hans Wallmark, Moderaterna Tekniker: Elvira Björnfot och Elin Hagman Programledare: Robin Olin robin.olin@sverigesradio.se Producent: Anja Sahlberg anja.sahlberg@sverigesradio.se