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Il est dit de Tabriz, à Téhéran à Chiraz, qu'à Norouz, les maisons sont transformées en jardins de blé et de lentilles germé. Norouz, célèbre l'équinoxe du printemps, le premier jour de l'année selon le calendrier persan. Cette fête pré-islamique est célébrée en Iran, et dans les tous les anciens pays de l'Empire perse, par la diaspora également. Les Iraniens y sont très attachés, elle incarne la liberté, la résistance, le partage, la victoire de la lumière sur l'ombre et les ténèbres. Nous célébrons cette nouvelle année à la table d'une famille iranienne installée en France depuis 30 ans. Mirta et deux de ses filles, Mahsa, et Minou l'aînée qui a fait de la cuisine son métier et son moyen d'expression. Pega la troisième se joint à nous pour le repas, dont les herbes fraîches sont les stars, et le poisson blanc aux herbes, le fameux « sabzi polo mahi » et les fameux 7 ingrédients composant le haft sîn, dans le parfum des jacinthes et au son des vers du poète Hafez.Avec Mitra, Mahsa, et Minou Sabahi, mère et filles, toutes cuisinières, seule Minou en a fait son métier, elle est cheffe itinérante, et vit à Marseille. Pour la suivre, sur instagram.Minou a décidé de documenter la cuisine iranienne, en sillonnant le pays, ses marchés, ses racines.Sous les platanes et les pins, elle partagera Norouz à Marseille, le dimanche 23 mars 2025, à la villa Medjé en cuisinant, les photos de Tina Masoumi seront exposées et un concert du groupe iranien Rokh Quartet est prévu à 18h. Toutes les informations à retrouver ici. En imagesPour aller plus loin : Sur les conseils de Mahsa, pour comprendre l'Iran, lisez ou allez voir la pièce « 4211 km » de Aïla Navidi.Au fil de l'émission, nous parlons de Samanou, de Saft sîn, de jujube et d'épines-vinettes, de riz grillé, de cerises, ou d'aubergines farcies aux herbes. Pour cuisiner, en attendant le livre de Minou, vous pouvez lire :- Cuisine familiale d'Iran, les carnets de cuisine d'une famille perse, de Rochane et Fereydoun Garajedagui, éditions Solar- Festins perses, à la table d'une famille iranienne, de Leila Heller avec Lila Charif, Laya Khadavi, et Bahar Tavakolian, éditions Phaïdon- Easy Iran, de Golan Nasseri, éditions Mango- Petits plats comme en Iran, de Sargol Hasani, éditions Marabout- Hâfez, le livre d'or du divan, éditions Seghers- Les livres du poête Rûmi. Programmation musicale :- Meu Lugar de Gabrielle Lima- Et quelques notes de Bahar Bahar de Hayedeh.
Il est dit de Tabriz, à Téhéran à Chiraz, qu'à Norouz, les maisons sont transformées en jardins de blé et de lentilles germé. Norouz, célèbre l'équinoxe du printemps, le premier jour de l'année selon le calendrier persan. Cette fête pré-islamique est célébrée en Iran, et dans les tous les anciens pays de l'Empire perse, par la diaspora également. Les Iraniens y sont très attachés, elle incarne la liberté, la résistance, le partage, la victoire de la lumière sur l'ombre et les ténèbres. Nous célébrons cette nouvelle année à la table d'une famille iranienne installée en France depuis 30 ans. Mirta et deux de ses filles, Mahsa, et Minou l'aînée qui a fait de la cuisine son métier et son moyen d'expression. Pega la troisième se joint à nous pour le repas, dont les herbes fraîches sont les stars, et le poisson blanc aux herbes, le fameux « sabzi polo mahi » et les fameux 7 ingrédients composant le haft sîn, dans le parfum des jacinthes et au son des vers du poète Hafez.Avec Mitra, Mahsa, et Minou Sabahi, mère et filles, toutes cuisinières, seule Minou en a fait son métier, elle est cheffe itinérante, et vit à Marseille. Pour la suivre, sur instagram.Minou a décidé de documenter la cuisine iranienne, en sillonnant le pays, ses marchés, ses racines.Sous les platanes et les pins, elle partagera Norouz à Marseille, le dimanche 23 mars 2025, à la villa Medjé en cuisinant, les photos de Tina Masoumi seront exposées et un concert du groupe iranien Rokh Quartet est prévu à 18h. Toutes les informations à retrouver ici. En imagesPour aller plus loin : Sur les conseils de Mahsa, pour comprendre l'Iran, lisez ou allez voir la pièce « 4211 km » de Aïla Navidi.Au fil de l'émission, nous parlons de Samanou, de Saft sîn, de jujube et d'épines-vinettes, de riz grillé, de cerises, ou d'aubergines farcies aux herbes. Pour cuisiner, en attendant le livre de Minou, vous pouvez lire :- Cuisine familiale d'Iran, les carnets de cuisine d'une famille perse, de Rochane et Fereydoun Garajedagui, éditions Solar- Festins perses, à la table d'une famille iranienne, de Leila Heller avec Lila Charif, Laya Khadavi, et Bahar Tavakolian, éditions Phaïdon- Easy Iran, de Golan Nasseri, éditions Mango- Petits plats comme en Iran, de Sargol Hasani, éditions Marabout- Hâfez, le livre d'or du divan, éditions Seghers- Les livres du poête Rûmi. Programmation musicale :- Meu Lugar de Gabrielle Lima- Et quelques notes de Bahar Bahar de Hayedeh.
Vincent Hervouët analyse la situation complexe en Syrie après la chute du régime de Bachar al-Assad. L'effondrement du « vieux diable Assad » bouleverse les équilibres régionaux, avec Israël bombardant des arsenaux stratégiques pour contrer les acteurs radicaux. L'Iran perd son influence, le Hezbollah est affaibli, et la question de l'arme nucléaire iranienne refait surface. Avec l'uranium enrichi à 60%, l'Iran pourrait rapidement obtenir la bombe, bouleversant les dynamiques du Moyen-Orient.Notre équipe a utilisé un outil d'Intelligence artificielle via les technologies d'Audiomeans© pour accompagner la création de ce contenu écrit.
Le chef du Hamas, au Liban, Fatah Charif Abou al-Amine, a été tué par des frappes israéliennes, menées dans le sud du pays, la nuit de dimanche à lundi. Israël a éliminé, ce week-end, Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah. Après avoir éliminé les autres grands décisionnaires du groupe terroriste, depuis une semaine, à travers des frappes ou encore les bippers. Cela signifie-t-il la fin du Hezbollah et la fin des frappes sur le Liban?"C'est la fin d'une époque pour le Hezbollah, il perd un responsable historique et charismatique mais il ne perd pas sa force de nuisance. Il garde un arsenal militaire très important qui est supérieur à celui de l'armée libanaise. Il y a une relève qui se prépare pour succéder à Nasrallah donc le risque est toujours là. Israël est convaincu qu'il faut continuer les frappes et réduire toute la capacité militaire. Il y a un débat autour d'une incursion terrestre mais un consensus pour créer une zone tampon".Qu'en est-il de l'Iran?"L'Iran a deux objectifs: sécuriser son programme nucléaire et la survie du régime. Des objectifs exigent de ne pas s'aventurer militairement dans la région au risque d'avoir une riposte d'Israël et des occidentaux. Les Iraniens souhaitent l'arrivée de Kamala Harris et ainsi sécuriser son programme nucléaire"
Cela fait plus d'une semaine désormais, qu'Israël et ses alliés vivent dans la crainte (ou l'attente) de représailles iraniennes, après la mort de deux responsables du Hamas et du Hezbollah, tués à Beyrouth et à Téhéran. Mais il semble que la tension baisse un peu. « Les ennemis d'Israël cherchent à se venger, mais pas au point de déclencher une guerre totale », titre Haaretz. Le quotidien israélien précise toutefois que « l'opinion publique israélienne prend au sérieux les menaces de l'Iran et du Hezbollah de lancer une attaque de missiles et de drones sur le front intérieur ». « Mais une riposte trop agressive, et en particulier une riposte qui causerait de nombreuses victimes civiles, entraînerait une réponse dure de la part d'Israël et plongerait le Moyen-Orient dans une situation très proche de la guerre totale », estime Haaretz. Or, poursuit le journal, « on estime qu'actuellement, que ce n'est pas l'objectif des Iraniens ou du Hezbollah, même s'ils l'affirment presque explicitement dans leurs discours publics. Khamenei, Nasrallah et d'autres disent clairement qu'ils ne craignent pas une confrontation générale, mais en même temps ils font clairement savoir qu'ils n'en veulent pas ».À lire aussiIsraël en état d'alerte maximale dans l'attente d'une potentielle riposte de l'Iran et du HezbollahPas de guerre totaleUne analyse que partage le Wall Street Journal. « L'Iran veut riposter à Israël, mais ne peut pas se permettre une guerre plus large », titre le quotidien américain, selon lequel « l'Iran et et ses alliés réfléchissent à la manière de riposter avec force aux deux meurtres attribués à Israël, à Beyrouth et à Téhéran, sans déclencher une guerre totale dont aucun d'entre eux ne veut (...) Les Iraniens ont encore des souvenirs douloureux du dernier conflit prolongé du pays, une guerre de huit ans avec l'Irak qui a décimé une génération, et depuis des décennies, Téhéran préfère harceler ses rivaux dans la région par le biais d'un réseau de milices étrangères ». Le Wall Street Journal a interrogé Ali Fadlallah, un « politologue indépendant basé à Beyrouth », selon lequel « Ni le Hezbollah ni l'Iran ne veulent une guerre totale maintenant. Mais en même temps, ils ne veulent pas que les Israéliens concluent que leur refus d'entrer en guerre leur permet de franchir les lignes rouges ». Un point de vue que nuance l'Orient le Jour. Pour le quotidien francophone libanais, « l'Iran pourrait modérer sa riposte, mais pas le Hezbollah ». « D'après nos informations », ajoute le journal, « la réponse du Hezbollah devrait être distincte de celle de l'Iran ». « La riposte est inévitable et sera sévère. Elle interviendra bientôt », dit une source proche du parti chiite qui ajoute : « Nous avons besoin de cette réponse pour rétablir l'équilibre de la dissuasion et protéger les habitants de la banlieue sud de Beyrouth ».Elle aimait la vieEn France, les Jeux olympiques n'éclipsent pas totalement le reste de l'actualité. C'est en tout cas le choix de l'Humanité. Le journal, proche du Parti Communiste, a décidé de faire sa Une sur « les naufragés et les chasseurs de migrants », alors que, nous dit-on, une marche blanche était organisée mercredi à Calais, en mémoire des « neuf migrants, morts depuis le début de l'été, en tentant de traverser la Manche ». « En tête de cortège », précise l'Humanité, « les familles de Dina al Shamari, 21 ans, et de Mohamed 11 mois, deux exilés décédés ces derniers jours à la frontière ». La mère de la jeune fille a pris la parole lors de cette marche blanche. « C'est important pour nous de savoir dans quelle condition Dina est décédée, a-t-elle dit. Ma fille était quelqu'un de joyeux, elle aimait la vie, elle recherchait juste un endroit où vivre en sécurité ». Une situation pesante à Calais, d'autant que « la circonscription a basculé Rassemblement National lors des législatives », ajoute l'Humanité qui assure qu'après « les émeutes racistes » en Angleterre, « les milieux identitaires » britanniques « ciblent » désormais Calais. Un « militant d'extrême droite », aurait même appelé, le 1er août, « à ce que trois voitures pleines de patriotes, mènent une expédition punitive dans les camps d'exilés ».
Nous commencerons la première partie de l'émission avec une discussion sur les résultats surprenants des élections législatives en France. Puis, nous poursuivrons sur le thème des élections en commentant l'élection présidentielle iranienne. L'article sur la science et la technologie de cette semaine portera ensuite sur la capacité des fourmis à pratiquer des amputations pour sauver la vie de leurs congénères blessées. Enfin, nous reviendrons sur notre sujet culturel et sportif préféré : le concours de mangeurs de hot-dogs de 2024 ! Nous parlerons tout d'abord d'une récente controverse sur les repas qui seront proposés aux athlètes et aux spectateurs lors des Jeux olympiques de Paris 2024 malgré les objectifs ambitieux que s'étaient fixés les organisateurs. Et pour finir, nous nous intéresserons au cabaret du Moulin Rouge, qui retrouve ses ailes tombées brusquement au mois d'avril, pour le plus grand plaisir des Parisiens et des touristes, et juste à temps pour les Jeux olympiques. - Les électeurs français rejettent l'extrême droite - Les Iraniens élisent le premier président réformateur depuis 20 ans - Les fourmis charpentières de Floride pratiquent des amputations pour sauver la vie de leurs congénères blessées - Concours de mangeurs de hot-dogs de 2024 : un mélange de triomphe et de légère indigestion - Va-t-il y avoir du foie gras aux Jeux olympiques de Paris 2024 ? - Le Moulin Rouge retrouve ses ailes
durée : 00:10:22 - Journal de 18h - En Iran, le second tour de la présidentielle se jouera le 5 juillet prochain entre un réformateur, Masoud Pezeshkian, et l'ultraconservateur Saïd Jalili. Mais que promettent ces candidats aux Iraniens ? Notre envoyé spécial Christian Chesnot est allé à la rencontre des électeurs à Téhéran.
durée : 00:10:22 - Journal de 18h - En Iran, le second tour de la présidentielle se jouera le 5 juillet prochain entre un réformateur, Masoud Pezeshkian, et l'ultraconservateur Saïd Jalili. Mais que promettent ces candidats aux Iraniens ? Notre envoyé spécial Christian Chesnot est allé à la rencontre des électeurs à Téhéran.
Les Iraniens sont appelés aux urnes le 28 juin pour élire le successeur d'Ebrahim Raïssi, disparu dans un accident d'hélicoptère, le 19 mai dernier. Tous les prétendants à la présidence ont été passés au filtre du conseil des gardiens de la Constitution. Deux candidats ultra-conservateurs se sont retirés de la course ce vendredi. Ils ne sont plus que quatre à s'afficher sur les bulletins de vote. Entre la République islamique et le peuple iranien, la rupture semble totale. Ébranlé par des soulèvements qu'il a réprimés dans le sang et par une crise économique sévère, le régime espère cependant qu'une participation importante au scrutin lui apportera un vernis de façade.Avec notre invité : Ahmad Salamatian, analyste de la situation iranienne, ancien secrétaire d'État aux Affaires étrangères et auteur de «L'Amérique en otage. 444 jours de diplomatie secrète en Iran», éditions Riveneuve.
UN LIVRE, UN LECTEUR – Florence Berthout Une émission conçue et présentée par Florence Berthout, Maire du 5ᵉ reçoit, elle reçoit Philippe Langénieux Villard, qui parlera de « L'usure d'un autre monde » de François-Henri Désérable aux éditions Gallimard. À propos du livre : « L'usure d'un autre monde » paru aux éditions Gallimard "La peur était pour le peuple iranien une compagne de chaque instant, la moitié fidèle d'une vie. Les Iraniens vivaient avec dans la bouche le goût sablonneux de la peur. Seulement, depuis la mort de Mahsa Amini, la peur était mise en sourdine : elle s'effaçait au profit du courage." Fin 2022, au plus fort de la répression contre les manifestations qui suivent la mort de Mahsa Amini, François-Henri Désérable passe quarante jours en Iran, qu'il traverse de part en part, de Téhéran aux confins du Baloutchistan. Arrêté par les Gardiens de la révolution, sommé de quitter le pays, il en revient avec ce récit dans lequel il raconte l'usure d'un monde : celui d'une République islamique aux abois, qui réprime dans le sang les aspirations de son peuple.
durée : 00:36:28 - Le 18/20 · Un jour dans le monde - Les Iraniens sont appelés aux urnes ce vendredi 1er mars pour les élections législatives. C'est le premier scrutin national depuis que la mort de Marsa Amini a déclenché une révolte portée par les femmes dans tout le pays, réclamant la fin de la République islamique aux cris de “Femme, vie, liberté”
durée : 00:36:28 - Le 18/20 · Un jour dans le monde - Les Iraniens sont appelés aux urnes ce vendredi 1er mars pour les élections législatives. C'est le premier scrutin national depuis que la mort de Marsa Amini a déclenché une révolte portée par les femmes dans tout le pays, réclamant la fin de la République islamique aux cris de “Femme, vie, liberté”
Ces dernières années, de plus en plus d'Iraniens exilés en Turquie sont rendus à leur pays, où certains risquent la prison. D'autres sont pourchassés sur le territoire turc par le régime de Téhéran. Les réfugiés politiques sont particulièrement menacés, dans un contexte de coopération accrue entre l'Iran et la Turquie. De notre correspondante à Istanbul, Ne plus être en Iran, pour Bardya Mousavi, ce n'est pas encore être à l'abri. Ce militant des droits humains, arrêté neuf fois en trois mois après les manifestations de novembre 2019, s'est enfui en Turquie en février 2020. Depuis, il ne pense qu'à en partir. « Le régime iranien me considère comme un espion et en Turquie, je ne suis pas en sécurité », résume cet homme de 44 ans, fondateur d'un réseau de médecins qui a publié des rapports sur les morts et blessés de la répression de 2019.Dans cet exil forcé, aucune étape n'a été simple, sauf le passage de la frontière. Les Iraniens peuvent voyager en Turquie sans visa jusqu'à 90 jours. Plus de 2 millions d'entre eux l'ont fait en 2022. Parmi eux, des réfugiés politiques qui ne rentrent pas en Iran, comme Bardya et des agents de Téhéran chargés de les traquer, les menacer, et parfois pire.Ces dernières années, la justice turque a accusé des citoyens iraniens et turcs d'avoir participé à l'assassinat ou à l'enlèvement d'opposants iraniens en Turquie. Deux cas ont marqué les esprits : celui du citoyen suédo-iranien Habib Chaab, kidnappé à Istanbul en octobre 2020, exécuté à Téhéran en mai 2023 et celui de Masoud Molavi Vardanjani, tué par balles en novembre 2019 dans la mégapole turque.À lire aussiEn Iran, face à la mobilisation des citoyens, la répression continue« On risque notre vie, c'est devenu la routine »Bardya Mousavi redoute de subir le même sort. Il montre sur son téléphone les menaces de mort qu'il reçoit. Ici, une photo de l'exécution de Majidreza Rahnavard, pendu en public en Iran en décembre 2022. Là, un message sur le réseau social X (ancien Twitter) promettant « 20 millions de récompenses pour toute information » le concernant. Bardya a aussi été attaqué plusieurs fois à Istanbul. En novembre 2022, des agresseurs lui ont cassé six dents. « Ils parlaient persan. Ça s'est passé devant chez moi. Ils sont arrivés à moto, ils m'ont frappé au visage et ils sont partis », raconte-t-il.Bardya Mousavi, qui réside en Turquie avec un permis de séjour, essaye d'obtenir un visa pour la France ou l'Allemagne. Il explique – en précisant qu'il ne souhaite pas entrer dans les détails – que les autorités turques lui ont demandé de partir « pour sa sécurité ». « On risque notre vie, c'est devenu la routine », soupire-t-il.L'autre crainte de Bardya, comme tous les opposants iraniens en Turquie, est d'être livré à Téhéran, de manière officielle ou non. « Cela fait 20 ans que je travaille sur ces questions. Ces dernières années, je constate que de très nombreux réfugiés iraniens ont été expulsés de Turquie de manière non conforme au droit », dénonce Salih Efe, avocat à Ankara. « Cela arrivait aussi autrefois, mais certainement pas dans ces proportions. Les réfugiés politiques, les journalistes, auteurs, poètes… réclamés par le régime de Téhéran sont particulièrement concernés. »Salih Efe parle d'opposants expulsés avant d'avoir eu le temps de déposer une demande d'asile, ou dont la demande était en cours. Il alerte également contre des expulsions « secrètes et totalement illégales », comme celle de Mohammad Bagher Moradi. Cet ancien journaliste vivait en Turquie depuis 2014 quand il a été livré à l'Iran, après cinq mois de détention dans un lieu tenu secret. En décembre 2022, Mohammad Bagher Moradi a pu contacter sa famille depuis la prison d'Evin, de sinistre réputation.« Mohammad Bagher Moradi a raconté qu'il avait été arrêté par des agents du renseignement turc, interrogé et torturé incommunicado pendant une dizaine de jours, puis poussé à travailler pour les renseignements turcs », rapporte Salih Efe, qui assure sa défense. « Comme il a refusé, il a continué d'être détenu au secret pendant des mois, avant d'être expulsé secrètement vers l'Iran. Il n'y a aucune trace officielle de son expulsion », avance son avocat, qui précise que la Turquie avait accordé à Mohammad Bagher Moradi le statut de réfugié moins de deux mois avant son arrestation. « La menace, conclut Salih Efe, vient donc à la fois des agents iraniens et de certains Turcs qui collaborent avec eux. »Les réfugiés politiques, « des instruments dans un marchandage d'intérêts entre la Turquie et l'Iran »Pour les opposants iraniens, la Turquie est parfois un piège et presque toujours une impasse. Depuis 2018, ce n'est plus le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) qui examine les demandes d'asile des réfugiés présents sur le territoire turc, mais la Présidence de la gestion des migrations, une institution turque. Ceux dont la demande est acceptée attendent ensuite plusieurs années d'être « réinstallés » dans un pays tiers.« Ce changement a eu un effet négatif énorme pour tous les réfugiés », déplore Salih Efe. « Autrefois, le HCR acceptait 65% des dossiers déposés par des demandeurs d'asile iraniens. Depuis 2018, le taux d'acception par les autorités turques ne dépasse jamais 10%, toutes nationalités confondues. » Cet avocat y voit une nouvelle « politique d'État » en réaction à l'arrivée de millions de Syriens. « La Turquie ne veut plus de réfugiés et veut le faire savoir à ceux qui tentent de venir, mais aussi à l'opinion turque », très hostile à leur présence.À lire aussiEn Turquie, des réfugiés syriens dans la crainte de l'expulsion Dans le cas des Iraniens, surtout lorsqu'il s'agit de réfugiés politiques, la « politique d'État » se double d'enjeux liés aux relations entre Ankara et Téhéran. « Ces dernières années, les relations turco-iraniennes sont passées de la rivalité à la coopération », soutient Peyman Aref. Maintes fois détenu en Iran, ce journaliste a fui en Turquie en 2015, avant d'être expulsé vers le Liban fin 2016 pour ses critiques acerbes contre le président Recep Tayyip Erdogan. « Je ne dis pas qu'il n'y a plus de rivalités ou de divergences, mais globalement, nous avons affaire à deux régimes autoritaires qui ont des relations très étroites, en particulier au niveau des services de renseignement », assure Peyman Aref, désormais installé à Londres. Selon lui, les réfugiés politiques « sont utilisés comme des instruments dans un marchandage d'intérêts entre la Turquie et l'Iran. Il n'est absolument pas question de droits de l'homme. »Le journaliste souligne aussi la hausse du nombre d'extraditions vers l'Iran dans le cadre d'un accord de coopération judiciaire signé en 2010 : « En plus de cet accord, lors d'une visite à Ankara de Hassan Rohani [à l'époque président iranien] en décembre 2018, les deux pays ont signé un accord de coopération dans le domaine de la sécurité et des renseignements dont nous ne connaissons pas le contenu. Après cet accord, les expulsions vers l'Iran se sont multipliées »Chaque visite d'un haut responsable du régime de Téhéran attise les inquiétudes des Iraniens exilés en Turquie. Le président Ebrahim Raïssi était attendu à Ankara fin novembre. Sa visite a été reportée.À lire aussiRapprochement turco-iranien sur fond de guerre à Gaza
Ces dernières années, de plus en plus d'Iraniens exilés en Turquie sont rendus à leur pays, où certains risquent la prison. D'autres sont pourchassés sur le territoire turc par le régime de Téhéran. Les réfugiés politiques sont particulièrement menacés, dans un contexte de coopération accrue entre l'Iran et la Turquie. De notre correspondante à Istanbul, Ne plus être en Iran, pour Bardya Mousavi, ce n'est pas encore être à l'abri. Ce militant des droits humains, arrêté neuf fois en trois mois après les manifestations de novembre 2019, s'est enfui en Turquie en février 2020. Depuis, il ne pense qu'à en partir. « Le régime iranien me considère comme un espion et en Turquie, je ne suis pas en sécurité », résume cet homme de 44 ans, fondateur d'un réseau de médecins qui a publié des rapports sur les morts et blessés de la répression de 2019.Dans cet exil forcé, aucune étape n'a été simple, sauf le passage de la frontière. Les Iraniens peuvent voyager en Turquie sans visa jusqu'à 90 jours. Plus de 2 millions d'entre eux l'ont fait en 2022. Parmi eux, des réfugiés politiques qui ne rentrent pas en Iran, comme Bardya et des agents de Téhéran chargés de les traquer, les menacer, et parfois pire.Ces dernières années, la justice turque a accusé des citoyens iraniens et turcs d'avoir participé à l'assassinat ou à l'enlèvement d'opposants iraniens en Turquie. Deux cas ont marqué les esprits : celui du citoyen suédo-iranien Habib Chaab, kidnappé à Istanbul en octobre 2020, exécuté à Téhéran en mai 2023 et celui de Masoud Molavi Vardanjani, tué par balles en novembre 2019 dans la mégapole turque.À lire aussiEn Iran, face à la mobilisation des citoyens, la répression continue« On risque notre vie, c'est devenu la routine »Bardya Mousavi redoute de subir le même sort. Il montre sur son téléphone les menaces de mort qu'il reçoit. Ici, une photo de l'exécution de Majidreza Rahnavard, pendu en public en Iran en décembre 2022. Là, un message sur le réseau social X (ancien Twitter) promettant « 20 millions de récompenses pour toute information » le concernant. Bardya a aussi été attaqué plusieurs fois à Istanbul. En novembre 2022, des agresseurs lui ont cassé six dents. « Ils parlaient persan. Ça s'est passé devant chez moi. Ils sont arrivés à moto, ils m'ont frappé au visage et ils sont partis », raconte-t-il.Bardya Mousavi, qui réside en Turquie avec un permis de séjour, essaye d'obtenir un visa pour la France ou l'Allemagne. Il explique – en précisant qu'il ne souhaite pas entrer dans les détails – que les autorités turques lui ont demandé de partir « pour sa sécurité ». « On risque notre vie, c'est devenu la routine », soupire-t-il.L'autre crainte de Bardya, comme tous les opposants iraniens en Turquie, est d'être livré à Téhéran, de manière officielle ou non. « Cela fait 20 ans que je travaille sur ces questions. Ces dernières années, je constate que de très nombreux réfugiés iraniens ont été expulsés de Turquie de manière non conforme au droit », dénonce Salih Efe, avocat à Ankara. « Cela arrivait aussi autrefois, mais certainement pas dans ces proportions. Les réfugiés politiques, les journalistes, auteurs, poètes… réclamés par le régime de Téhéran sont particulièrement concernés. »Salih Efe parle d'opposants expulsés avant d'avoir eu le temps de déposer une demande d'asile, ou dont la demande était en cours. Il alerte également contre des expulsions « secrètes et totalement illégales », comme celle de Mohammad Bagher Moradi. Cet ancien journaliste vivait en Turquie depuis 2014 quand il a été livré à l'Iran, après cinq mois de détention dans un lieu tenu secret. En décembre 2022, Mohammad Bagher Moradi a pu contacter sa famille depuis la prison d'Evin, de sinistre réputation.« Mohammad Bagher Moradi a raconté qu'il avait été arrêté par des agents du renseignement turc, interrogé et torturé incommunicado pendant une dizaine de jours, puis poussé à travailler pour les renseignements turcs », rapporte Salih Efe, qui assure sa défense. « Comme il a refusé, il a continué d'être détenu au secret pendant des mois, avant d'être expulsé secrètement vers l'Iran. Il n'y a aucune trace officielle de son expulsion », avance son avocat, qui précise que la Turquie avait accordé à Mohammad Bagher Moradi le statut de réfugié moins de deux mois avant son arrestation. « La menace, conclut Salih Efe, vient donc à la fois des agents iraniens et de certains Turcs qui collaborent avec eux. »Les réfugiés politiques, « des instruments dans un marchandage d'intérêts entre la Turquie et l'Iran »Pour les opposants iraniens, la Turquie est parfois un piège et presque toujours une impasse. Depuis 2018, ce n'est plus le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) qui examine les demandes d'asile des réfugiés présents sur le territoire turc, mais la Présidence de la gestion des migrations, une institution turque. Ceux dont la demande est acceptée attendent ensuite plusieurs années d'être « réinstallés » dans un pays tiers.« Ce changement a eu un effet négatif énorme pour tous les réfugiés », déplore Salih Efe. « Autrefois, le HCR acceptait 65% des dossiers déposés par des demandeurs d'asile iraniens. Depuis 2018, le taux d'acception par les autorités turques ne dépasse jamais 10%, toutes nationalités confondues. » Cet avocat y voit une nouvelle « politique d'État » en réaction à l'arrivée de millions de Syriens. « La Turquie ne veut plus de réfugiés et veut le faire savoir à ceux qui tentent de venir, mais aussi à l'opinion turque », très hostile à leur présence.À lire aussiEn Turquie, des réfugiés syriens dans la crainte de l'expulsion Dans le cas des Iraniens, surtout lorsqu'il s'agit de réfugiés politiques, la « politique d'État » se double d'enjeux liés aux relations entre Ankara et Téhéran. « Ces dernières années, les relations turco-iraniennes sont passées de la rivalité à la coopération », soutient Peyman Aref. Maintes fois détenu en Iran, ce journaliste a fui en Turquie en 2015, avant d'être expulsé vers le Liban fin 2016 pour ses critiques acerbes contre le président Recep Tayyip Erdogan. « Je ne dis pas qu'il n'y a plus de rivalités ou de divergences, mais globalement, nous avons affaire à deux régimes autoritaires qui ont des relations très étroites, en particulier au niveau des services de renseignement », assure Peyman Aref, désormais installé à Londres. Selon lui, les réfugiés politiques « sont utilisés comme des instruments dans un marchandage d'intérêts entre la Turquie et l'Iran. Il n'est absolument pas question de droits de l'homme. »Le journaliste souligne aussi la hausse du nombre d'extraditions vers l'Iran dans le cadre d'un accord de coopération judiciaire signé en 2010 : « En plus de cet accord, lors d'une visite à Ankara de Hassan Rohani [à l'époque président iranien] en décembre 2018, les deux pays ont signé un accord de coopération dans le domaine de la sécurité et des renseignements dont nous ne connaissons pas le contenu. Après cet accord, les expulsions vers l'Iran se sont multipliées »Chaque visite d'un haut responsable du régime de Téhéran attise les inquiétudes des Iraniens exilés en Turquie. Le président Ebrahim Raïssi était attendu à Ankara fin novembre. Sa visite a été reportée.À lire aussiRapprochement turco-iranien sur fond de guerre à Gaza
Père et fils, Christian Pahlavi et Pierre Pahlavi sont membres de l'ancienne famille impériale de l'Iran. Ils sont aussi historiens et c'est en historiens qu'ils retracent, dans Le Pont de la victoire : l'Iran dans la Seconde Guerre mondiale, l'humiliation méconnue de leur pays pendant la guerre. Un récit qui se déploie sur quelque 400 pages, récit aussi passionnant que rare. RFI : Vous venez de publier, aux éditions Perrin, Le Pont de la victoire : l'Iran dans la Seconde Guerre mondiale. Qu'est-ce que la formule « Le Pont de la victoire », qui sert de titre à votre ouvrage, désigne réellement ? C'est la position géopolitique de l'Iran ou métaphore pour désigner le pays dans son ensemble ?Pierre Pahlavi : Je pense que, souvent, la paternité de l'appellation « Pont de la victoire » a été attribuée au Premier ministre britannique Winston Churchill. Il y a, derrière, la volonté d'utiliser l'Iran comme un aqueduc, comme une passerelle pour acheminer l'aide des alliés en faveur de Staline dans le cadre de la lutte contre l'Allemagne nazie. Il y a aussi une volonté d'oblitérer l'identité iranienne. Churchill utilisait la notion de « pont de la victoire » – « bridge to victory » –, mais il utilisait aussi la notion de « couloir perse » dans une volonté à peine déguisée de ne pas utiliser le mot « Iran ». Car, comme vous le savez, Reza Shah, qui était le souverain d'Iran à l'époque, avait décidé de renommer son pays « Iran », comme cela avait été le cas depuis l'Antiquité, et les Britanniques insistaient pour utiliser la notion de « couloir perse » pour dire c'est notre couloir, notre route stratégique.Christian Pahlavi : Alors, je crois que s'il s'agit d'une formule britannique pour dorer la pilule d'une expérience assez amère, celle pour les Iraniens de voir leur pays occupé et en renversant la situation et en leur disant que voilà, cette effraction n'est pas une effraction, c'est un cadeau qu'on est venu offrir. Je pense que l'expression a été reprise en persan. Les Iraniens connaissent sous le terme en persan Pol-é Pirouzi, ce qui, mot à mot, veut dire « Pont de la victoire ». Et sans ressentiment particulier. J'ai observé en Iran même cette attitude et en dehors d'Iran par la suite.La date fatidique de la remise de ce cadeau empoisonné est le 25 août 1941. Que s'est-il exactement passé le 25 août 1941 ?Pierre Pahlavi : Alors, à titre personnel, puisque c'était mon arrière-grand-père, Mohammed Saed Maraghei, qui était engagé à ce moment-là, aux toutes petites heures du matin du 25 août 1941, journée fatidique. Cet arrière-grand-père, qui est alors ambassadeur d'Iran à Moscou, est sommé de se présenter au Kremlin où Molotov le met en demeure et lui annonce que son pays va être envahi. L'explication est la suivante : selon les Soviétiques et les Britanniques, il y a une communauté de techniciens allemands qui sont actifs à Téhéran et on les accuse d'être une cinquième colonne au service de l'Allemagne nazie. Mais bien entendu, ce n'est qu'un prétexte pour justifier l'invasion et l'utilisation du territoire iranien à des fins stratégiques. Il fallait légitimer l'opération et c'est ce jour-là que ça se joue ce 25 août. Après plusieurs mois d'ultimatum et à la fin de l'été, les autorités iraniennes avaient accédé aux demandes des Alliés. Mais ce n'était pas suffisant, parce que de toute façon, la décision avait été prise. C'était là la chronique d'une invasion annoncée.Les Britanniques arrivent par le sud et les Russes par le nord…Pierre Pahlavi : Oui, c'est un conflit finalement extrêmement court. On parle parfois de la guerre des 33 jours du mois d'août 2006 entre Tsahal et le Hezbollah. On parle de la guerre des 40 jours récemment entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Là, on a une appellation encore plus courte : c'est la guerre des quatre-vingts heures, la guerre des trois jours.L'occupation de l'Iran a lieu malgré la neutralité proclamée de ce pays dont les responsables n'ont eu de cesse de rappeler qu'ils ne souhaitaient pas prendre position dans cette guerre. Ni Churchill ni Staline ne tiennent compte de cette neutralité et lancent l'intervention pour, disaient-ils, punir l'Iran pour sa proximité historique avec l'Allemagne. Prétexte tout trouvé, au moment de l'invasion, les Alliés parlent de la présence sur le sol iranien de 3 000 Allemands, techniciens et espions confondus. Quelle était la réalité de cette présence ?Christian Pahlavi : Il est évident qu'il y avait, en tant que pays presque colonisé par l'Empire britannique, une certaine rancœur anglophobe et par voie de conséquence, immédiatement, il y avait une germanophilie qui était répandue au niveau du gouvernement, mais dans le peuple aussi. Et quant à la présence des espions allemands, ils étaient certainement beaucoup moins nombreux que ce qu'on a pu dire, mais il y avait partout en Asie des agents du Reich, aussi bien en Turquie qu'en Afghanistan ou même en Inde et dans les pays arabes, etc. Mais les intérêts en perspective pour les Alliés étaient tels que cela valait le coup de les monter en épingle et d'en faire un casus belli en fait, finalement.Dans votre essai, vous parlez toutefois de germanophilie viscérale des Iraniens basée d'une part sur la fascination partagée pour l'héritage aryen des Persans et une coopération technologique intense entre l'Allemagne et l'Iran. Expliquez-nous.Pierre Pahlavi : Il y avait effectivement des liens communs, des liens culturels entre l'Iran et l'Allemagne, qui prédatent d'ailleurs l'avènement du régime nazi. Reza Shah était germanophile même durant la République de Weimar et bien avant. Les Iraniens n'ont pas attendu le 30 janvier 1933 pour développer un amour pour l'Allemagne. Et puis j'ajouterai que comme partout à travers l'Eurasie, il y a des éléments qui tiennent à l'aryanité. En Inde, il y a des croix gammées. Ça ne fait pas de l'Inde un pays pro-nazi. Mais les Britanniques ont eu beau jeu d'instrumentaliser cette proximité pour suggérer une connivence, alors que cette connivence n'existait pas. Reza Shah n'était absolument pas, ne tombait absolument pas dans les fantasmes racistes du IIIe Reich.Christian Pahlavi : Non, il n'y a aucune, si vous permettez, collusion entre l'Iran de Reza Shah et le IIIe Reich. Il n'y a eu ni traité politique, ni échange de médailles, ni voyages, ni échanges de voyages, ni rencontres entre Reza Shah et Hitler.Pendant la guerre, c'est par l'Iran que transite le ravitaillement massif de Staline en armes par les Anglo-Américains. Vous écrivez qu'entre l'invasion de l'Iran en 1941 et la fin de la guerre, cinq millions de tonnes de matériel militaire et d'approvisionnement ont transité par ce fameux « Persian corridor ». D'une certaine façon, sans l'occupation de l'Iran, la victoire des Alliés aurait sans doute été retardée, voire compromise, non ?Pierre Pahlavi : Absolument. Il suffit de regarder une carte du monde pour se rendre compte que la voie la plus rapide pour contourner l'Allemagne nazie et apporter cette aide logistique, militaire, économique, mais aussi ce soutien psychologique, c'est l'Iran, c'est l'isthme iranien, à travers le territoire iranien et le Caucase. C'est la route la plus rapide de la Caspienne pour apporter cette aide. Et donc l'Iran a aussi payé le prix de sa situation géographique.Christian Pahlavi : Je pense que dans le plan de cette occupation, qui est capitale dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, il y a du sang russe, il y a du matériel américain et il y a de l'intelligence britannique, il faut mettre « l'intelligence » entre guillemets. Et il y a le territoire iranien. Or, c'est le seul élément qui n'est pas librement consenti, les autres l'étaient. Les Russes donnent leur sang avec générosité. Les Anglais donnent leur intelligence avec et sans parcimonie. Les Américains fournissent tout le matériel qu'on leur demande. Mais l'Iran n'a rien demandé et a beaucoup servi.Dans votre récit, c'est le souverain iranien de l'époque, Reza Shah, fondateur de la dynastie Pahlavi, qui émerge comme la principale victime de cet épisode de conflit mondial, alors qu'il avait été mis en place par les Anglais en 1921 et qu'il sera destitué par les mêmes Anglais vingt ans plus tard. Il partira en exil et ne reverra plus son pays. C'est un destin quasi-shakespearien ?Pierre Pahlavi : En fait, je dirais que Reza Shah a payé le prix d'être un patriote et d'être jaloux de l'indépendance de l'Iran et il l'a payé cher.Christian Pahlavi : Voilà un homme qui est tout de même chassé de chez lui. Il monte sur un petit bateau qui fait du cabotage et il cherche avec ce petit bateau à débarquer à Calcutta, mais les Anglais arraisonnent son bateau, l'arrêtent et le font monter dans un bateau britannique, parce que, disent-ils, Reza Shah menace de rencontrer le Mahatma Gandhi et que le tiers-monde va se révolter. On le conduit à l'île Maurice comme un prisonnier. On lui montre sur la carte : « Voilà, Maurice est là ! » Il dit les Anglais veulent me conduire parmi les lions et les crocodiles.Pierre Pahlavi : Quand Roosevelt et Churchill se rencontrent, je pense que c'est à la conférence de Québec, avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, Roosevelt demande à Churchill : « Alors, qu'est-il advenu de ce roitelet que nous avons mis en place ? » Et Churchill lui répond : « Empire donné, empire repris ». Enfin, si vous me permettez, je pense qu'il y a une dernière victime dans cette opération, l'opération « Countenance » codirigée et menée par les forces soviétiques et britanniques, c'est l'indépendance nationale de l'Iran. Et il y a véritablement une humiliation de la nation iranienne qui est à la source de ce qui se passe depuis maintenant plus d'un demi-siècle. Je pense que l'épisode que nous relatons dans notre livre est aux origines de la révolution iranienne, de la rancœur des Iraniens à l'égard de la communauté internationale, un manque de confiance, une certaine forme de paranoïa. Mais comme le disait Charles Dickens, les grands paranoïaques sont de grands lucides. Et c'est un scandale d'autant plus grand que le piétinement de la neutralité iranienne, le piétinement de l'indépendance nationale et de la souveraineté de l'Iran a lieu quelques semaines à peine après que Churchill et Roosevelt se soient rencontrés pour jeter les bases de la Charte des Nations unies, qui était précisément censée garantir la souveraineté, les frontières nationales. Alors, si ceux-là même qui établissent les bases du droit international les transgressent, on peut se demander quelle est la force de leurs mots et la réalité de leurs intentions.Que reste-t-il de cette guerre, de cette occupation humiliante dans la mémoire collective iranienne ?Christian Pahlavi : Je pense qu'il ne reste pas énormément de choses. Les Iraniens sont des gens pratiques et pragmatiques et lorsqu'ils ont compris qu'ils étaient envahis, occupés... Vous savez, si on pense au Japon de l'ère Meiji, ils ont pensé qu'il fallait tirer le maximum de positif de la situation, qu'ils avaient été battus, qu'ils étaient les plus faibles, leurs occupants leur tendaient la main et qu'il allait falloir collaborer. Je pense qu'il y a la révolte que nous ressentons, nous, je ne sais pas. Elle est peut-être celle de l'historien ou il y a peut-être l'âme de Reza Shah qui nous survole. On ne sait pas pourquoi. Mais le livre permettra de mesurer sans doute ce qu'il y a au fond des cœurs et des reins.Pierre Pahlavi : Oui, je dirais que l'épisode a été très largement oublié par les Iraniens, mais aussi du fait de la volonté d'oublier cet épisode qui n'est pas à l'honneur de la communauté internationale. Et j'ajouterai que Reza Shah reste, jusqu'à ce jour, un petit peu le symbole de la nation iranienne. Vous savez, dans le contexte des manifestations récentes sur la guerre du tchador, plusieurs fois son nom a été scandé. Ce n'est pas tellement en raison d'une nostalgie pour la dynastie Pahlavi, mais c'est vraiment en référence à un enfant du pays qui a essayé de faire triompher l'indépendance et la souveraineté nationale. Son nom est souvent cité dans les rues.Est-ce que dans le monde anglophone, il y a aujourd'hui une mémoire plus précise de l'occupation alliée de l'Iran ?Pierre Pahlavi : Quand on regarde la bibliographie qui est consacrée à cette question, il y a pour le moment très peu de livres qui ont été et qui ont eu pour sujet l'opération « Countenance ». Et quand c'est le cas, c'est précisément d'un point de vue très anglo-centrique, pour décrire le déroulement des opérations, la manière dont l'état-major qui était basé en Inde, à Simla, dans les Indes britanniques, coordonne les actions pour montrer que c'était bien organisé, bien planifié, avec peu de morts et que, finalement, ça a permis d'accélérer la défaite de l'Allemagne nazie. Mais il y a très peu de souci de représenter le point de vue iranien.Le Pont de la Victoire. L'Iran dans la Seconde Guerre mondiale, paru aux éditions Perrin, en février 2023.
Père et fils, Christian Pahlavi et Pierre Pahlavi sont membres de l'ancienne famille impériale de l'Iran. Ils sont aussi historiens et c'est en historiens qu'ils retracent, dans Le Pont de la victoire : l'Iran dans la Seconde Guerre mondiale, l'humiliation méconnue de leur pays pendant la guerre. Un récit qui se déploie sur quelque 400 pages, récit aussi passionnant que rare. RFI : Vous venez de publier, aux éditions Perrin, Le Pont de la victoire : l'Iran dans la Seconde Guerre mondiale. Qu'est-ce que la formule « Le Pont de la victoire », qui sert de titre à votre ouvrage, désigne réellement ? C'est la position géopolitique de l'Iran ou métaphore pour désigner le pays dans son ensemble ?Pierre Pahlavi : Je pense que, souvent, la paternité de l'appellation « Pont de la victoire » a été attribuée au Premier ministre britannique Winston Churchill. Il y a, derrière, la volonté d'utiliser l'Iran comme un aqueduc, comme une passerelle pour acheminer l'aide des alliés en faveur de Staline dans le cadre de la lutte contre l'Allemagne nazie. Il y a aussi une volonté d'oblitérer l'identité iranienne. Churchill utilisait la notion de « pont de la victoire » – « bridge to victory » –, mais il utilisait aussi la notion de « couloir perse » dans une volonté à peine déguisée de ne pas utiliser le mot « Iran ». Car, comme vous le savez, Reza Shah, qui était le souverain d'Iran à l'époque, avait décidé de renommer son pays « Iran », comme cela avait été le cas depuis l'Antiquité, et les Britanniques insistaient pour utiliser la notion de « couloir perse » pour dire c'est notre couloir, notre route stratégique.Christian Pahlavi : Alors, je crois que s'il s'agit d'une formule britannique pour dorer la pilule d'une expérience assez amère, celle pour les Iraniens de voir leur pays occupé et en renversant la situation et en leur disant que voilà, cette effraction n'est pas une effraction, c'est un cadeau qu'on est venu offrir. Je pense que l'expression a été reprise en persan. Les Iraniens connaissent sous le terme en persan Pol-é Pirouzi, ce qui, mot à mot, veut dire « Pont de la victoire ». Et sans ressentiment particulier. J'ai observé en Iran même cette attitude et en dehors d'Iran par la suite.La date fatidique de la remise de ce cadeau empoisonné est le 25 août 1941. Que s'est-il exactement passé le 25 août 1941 ?Pierre Pahlavi : Alors, à titre personnel, puisque c'était mon arrière-grand-père, Mohammed Saed Maraghei, qui était engagé à ce moment-là, aux toutes petites heures du matin du 25 août 1941, journée fatidique. Cet arrière-grand-père, qui est alors ambassadeur d'Iran à Moscou, est sommé de se présenter au Kremlin où Molotov le met en demeure et lui annonce que son pays va être envahi. L'explication est la suivante : selon les Soviétiques et les Britanniques, il y a une communauté de techniciens allemands qui sont actifs à Téhéran et on les accuse d'être une cinquième colonne au service de l'Allemagne nazie. Mais bien entendu, ce n'est qu'un prétexte pour justifier l'invasion et l'utilisation du territoire iranien à des fins stratégiques. Il fallait légitimer l'opération et c'est ce jour-là que ça se joue ce 25 août. Après plusieurs mois d'ultimatum et à la fin de l'été, les autorités iraniennes avaient accédé aux demandes des Alliés. Mais ce n'était pas suffisant, parce que de toute façon, la décision avait été prise. C'était là la chronique d'une invasion annoncée.Les Britanniques arrivent par le sud et les Russes par le nord…Pierre Pahlavi : Oui, c'est un conflit finalement extrêmement court. On parle parfois de la guerre des 33 jours du mois d'août 2006 entre Tsahal et le Hezbollah. On parle de la guerre des 40 jours récemment entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Là, on a une appellation encore plus courte : c'est la guerre des quatre-vingts heures, la guerre des trois jours.L'occupation de l'Iran a lieu malgré la neutralité proclamée de ce pays dont les responsables n'ont eu de cesse de rappeler qu'ils ne souhaitaient pas prendre position dans cette guerre. Ni Churchill ni Staline ne tiennent compte de cette neutralité et lancent l'intervention pour, disaient-ils, punir l'Iran pour sa proximité historique avec l'Allemagne. Prétexte tout trouvé, au moment de l'invasion, les Alliés parlent de la présence sur le sol iranien de 3 000 Allemands, techniciens et espions confondus. Quelle était la réalité de cette présence ?Christian Pahlavi : Il est évident qu'il y avait, en tant que pays presque colonisé par l'Empire britannique, une certaine rancœur anglophobe et par voie de conséquence, immédiatement, il y avait une germanophilie qui était répandue au niveau du gouvernement, mais dans le peuple aussi. Et quant à la présence des espions allemands, ils étaient certainement beaucoup moins nombreux que ce qu'on a pu dire, mais il y avait partout en Asie des agents du Reich, aussi bien en Turquie qu'en Afghanistan ou même en Inde et dans les pays arabes, etc. Mais les intérêts en perspective pour les Alliés étaient tels que cela valait le coup de les monter en épingle et d'en faire un casus belli en fait, finalement.Dans votre essai, vous parlez toutefois de germanophilie viscérale des Iraniens basée d'une part sur la fascination partagée pour l'héritage aryen des Persans et une coopération technologique intense entre l'Allemagne et l'Iran. Expliquez-nous.Pierre Pahlavi : Il y avait effectivement des liens communs, des liens culturels entre l'Iran et l'Allemagne, qui prédatent d'ailleurs l'avènement du régime nazi. Reza Shah était germanophile même durant la République de Weimar et bien avant. Les Iraniens n'ont pas attendu le 30 janvier 1933 pour développer un amour pour l'Allemagne. Et puis j'ajouterai que comme partout à travers l'Eurasie, il y a des éléments qui tiennent à l'aryanité. En Inde, il y a des croix gammées. Ça ne fait pas de l'Inde un pays pro-nazi. Mais les Britanniques ont eu beau jeu d'instrumentaliser cette proximité pour suggérer une connivence, alors que cette connivence n'existait pas. Reza Shah n'était absolument pas, ne tombait absolument pas dans les fantasmes racistes du IIIe Reich.Christian Pahlavi : Non, il n'y a aucune, si vous permettez, collusion entre l'Iran de Reza Shah et le IIIe Reich. Il n'y a eu ni traité politique, ni échange de médailles, ni voyages, ni échanges de voyages, ni rencontres entre Reza Shah et Hitler.Pendant la guerre, c'est par l'Iran que transite le ravitaillement massif de Staline en armes par les Anglo-Américains. Vous écrivez qu'entre l'invasion de l'Iran en 1941 et la fin de la guerre, cinq millions de tonnes de matériel militaire et d'approvisionnement ont transité par ce fameux « Persian corridor ». D'une certaine façon, sans l'occupation de l'Iran, la victoire des Alliés aurait sans doute été retardée, voire compromise, non ?Pierre Pahlavi : Absolument. Il suffit de regarder une carte du monde pour se rendre compte que la voie la plus rapide pour contourner l'Allemagne nazie et apporter cette aide logistique, militaire, économique, mais aussi ce soutien psychologique, c'est l'Iran, c'est l'isthme iranien, à travers le territoire iranien et le Caucase. C'est la route la plus rapide de la Caspienne pour apporter cette aide. Et donc l'Iran a aussi payé le prix de sa situation géographique.Christian Pahlavi : Je pense que dans le plan de cette occupation, qui est capitale dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, il y a du sang russe, il y a du matériel américain et il y a de l'intelligence britannique, il faut mettre « l'intelligence » entre guillemets. Et il y a le territoire iranien. Or, c'est le seul élément qui n'est pas librement consenti, les autres l'étaient. Les Russes donnent leur sang avec générosité. Les Anglais donnent leur intelligence avec et sans parcimonie. Les Américains fournissent tout le matériel qu'on leur demande. Mais l'Iran n'a rien demandé et a beaucoup servi.Dans votre récit, c'est le souverain iranien de l'époque, Reza Shah, fondateur de la dynastie Pahlavi, qui émerge comme la principale victime de cet épisode de conflit mondial, alors qu'il avait été mis en place par les Anglais en 1921 et qu'il sera destitué par les mêmes Anglais vingt ans plus tard. Il partira en exil et ne reverra plus son pays. C'est un destin quasi-shakespearien ?Pierre Pahlavi : En fait, je dirais que Reza Shah a payé le prix d'être un patriote et d'être jaloux de l'indépendance de l'Iran et il l'a payé cher.Christian Pahlavi : Voilà un homme qui est tout de même chassé de chez lui. Il monte sur un petit bateau qui fait du cabotage et il cherche avec ce petit bateau à débarquer à Calcutta, mais les Anglais arraisonnent son bateau, l'arrêtent et le font monter dans un bateau britannique, parce que, disent-ils, Reza Shah menace de rencontrer le Mahatma Gandhi et que le tiers-monde va se révolter. On le conduit à l'île Maurice comme un prisonnier. On lui montre sur la carte : « Voilà, Maurice est là ! » Il dit les Anglais veulent me conduire parmi les lions et les crocodiles.Pierre Pahlavi : Quand Roosevelt et Churchill se rencontrent, je pense que c'est à la conférence de Québec, avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, Roosevelt demande à Churchill : « Alors, qu'est-il advenu de ce roitelet que nous avons mis en place ? » Et Churchill lui répond : « Empire donné, empire repris ». Enfin, si vous me permettez, je pense qu'il y a une dernière victime dans cette opération, l'opération « Countenance » codirigée et menée par les forces soviétiques et britanniques, c'est l'indépendance nationale de l'Iran. Et il y a véritablement une humiliation de la nation iranienne qui est à la source de ce qui se passe depuis maintenant plus d'un demi-siècle. Je pense que l'épisode que nous relatons dans notre livre est aux origines de la révolution iranienne, de la rancœur des Iraniens à l'égard de la communauté internationale, un manque de confiance, une certaine forme de paranoïa. Mais comme le disait Charles Dickens, les grands paranoïaques sont de grands lucides. Et c'est un scandale d'autant plus grand que le piétinement de la neutralité iranienne, le piétinement de l'indépendance nationale et de la souveraineté de l'Iran a lieu quelques semaines à peine après que Churchill et Roosevelt se soient rencontrés pour jeter les bases de la Charte des Nations unies, qui était précisément censée garantir la souveraineté, les frontières nationales. Alors, si ceux-là même qui établissent les bases du droit international les transgressent, on peut se demander quelle est la force de leurs mots et la réalité de leurs intentions.Que reste-t-il de cette guerre, de cette occupation humiliante dans la mémoire collective iranienne ?Christian Pahlavi : Je pense qu'il ne reste pas énormément de choses. Les Iraniens sont des gens pratiques et pragmatiques et lorsqu'ils ont compris qu'ils étaient envahis, occupés... Vous savez, si on pense au Japon de l'ère Meiji, ils ont pensé qu'il fallait tirer le maximum de positif de la situation, qu'ils avaient été battus, qu'ils étaient les plus faibles, leurs occupants leur tendaient la main et qu'il allait falloir collaborer. Je pense qu'il y a la révolte que nous ressentons, nous, je ne sais pas. Elle est peut-être celle de l'historien ou il y a peut-être l'âme de Reza Shah qui nous survole. On ne sait pas pourquoi. Mais le livre permettra de mesurer sans doute ce qu'il y a au fond des cœurs et des reins.Pierre Pahlavi : Oui, je dirais que l'épisode a été très largement oublié par les Iraniens, mais aussi du fait de la volonté d'oublier cet épisode qui n'est pas à l'honneur de la communauté internationale. Et j'ajouterai que Reza Shah reste, jusqu'à ce jour, un petit peu le symbole de la nation iranienne. Vous savez, dans le contexte des manifestations récentes sur la guerre du tchador, plusieurs fois son nom a été scandé. Ce n'est pas tellement en raison d'une nostalgie pour la dynastie Pahlavi, mais c'est vraiment en référence à un enfant du pays qui a essayé de faire triompher l'indépendance et la souveraineté nationale. Son nom est souvent cité dans les rues.Est-ce que dans le monde anglophone, il y a aujourd'hui une mémoire plus précise de l'occupation alliée de l'Iran ?Pierre Pahlavi : Quand on regarde la bibliographie qui est consacrée à cette question, il y a pour le moment très peu de livres qui ont été et qui ont eu pour sujet l'opération « Countenance ». Et quand c'est le cas, c'est précisément d'un point de vue très anglo-centrique, pour décrire le déroulement des opérations, la manière dont l'état-major qui était basé en Inde, à Simla, dans les Indes britanniques, coordonne les actions pour montrer que c'était bien organisé, bien planifié, avec peu de morts et que, finalement, ça a permis d'accélérer la défaite de l'Allemagne nazie. Mais il y a très peu de souci de représenter le point de vue iranien.Le Pont de la Victoire. L'Iran dans la Seconde Guerre mondiale, paru aux éditions Perrin, en février 2023.
L'émission 28 Minutes du 20/12/2022 Au programme de l'émission du 20 décembre 2022 ⬇ De l'ado boutonneux à l'apprenti détective, le parcours sans faute de Vincent Lacoste Révélé dans le film “Les Beaux Gosses” de Riad Sattouf, Vincent Lacoste entre dans le monde du cinéma dès l'âge de quatorze ans : “Je me sentais déjà si épanoui dans ce monde d'adultes, alors que je ne me sentais pas très à ma place à l'école, dans mon âge ». Pour ce premier rôle, il obtient le prix Lumières 2010 du meilleur espoir masculin et est nommé dans la même catégorie pour la 35e cérémonie des César. Si l'acteur enchaîne les long-métrages et les nominations aux César, derrière le succès se cache un jeune homme anxieux et névrosé : “C'était une époque avec beaucoup d'angoisses, beaucoup de questionnements, beaucoup de boisson, beaucoup de sorties”. Aujourd'hui, Vincent Lacoste va mieux et est à l'affiche du nouveau film de Nicolas Pariser, "Le Parfum vert", une comédie d'espionnage burlesque, en salles le 21 décembre. Il est notre invité. Face à la terreur du régime, que peuvent encore espérer les Iraniens ? En Iran, les interpellations arbitraires et les exécutions se multiplient. D'après un dernier bilan de l'ONG “Iran Human Rights”, près de 500 civils ont été tués depuis le soulèvement de la population, il y a déjà quatre mois. Parmi eux, Mohsen Shekari, 23 ans, pendu dans la prison de Gohardacht près de Téhéran, Majidreza Rahnavard, exécuté en public dans l'est du pays et onze autres personnes seraient encore dans le couloir de la mort. Si la répression du régime iranien n'épargne pas les hommes, les célébrités n'y échappent pas non plus comme le prouve l'incarcération de la comédienne Taraneh Alidoosti, après avoir soutenu les manifestants sur les réseaux sociaux. Alors que la suppression de la police des mœurs, annoncée samedi 3 décembre, semblait marquer une victoire importante de la jeunesse iranienne, la répression des mollahs est-elle en train d'avoir raison du mouvement ? Face à ces arrestations arbitraires, la communauté internationale doit-elle durcir le ton ? On en débat avec nos invités. Enfin, retrouvez également les chroniques de Xavier Mauduit et de Paola Puerari ! 28 Minutes est le magazine d'actualité d'ARTE, présenté par Elisabeth Quin du lundi au vendredi à 20h05. Renaud Dély est aux commandes de l'émission le samedi. Ce podcast est coproduit par KM et ARTE Radio. Enregistrement : 19 décembre 2022 - Présentation : Jean-Mathieu Pernin - Production : KM, ARTE Radio
durée : 00:15:36 - Journal de 8 h - Est-ce une duperie ou une vraie victoire ? Les Iraniens sont divisés sur l'abolition - annoncée - de la police des mœurs dans leur pays. Pour poursuivre le mouvement de contestation, une grève générale est annoncée ce lundi.
durée : 00:15:36 - Journal de 8 h - Est-ce une duperie ou une vraie victoire ? Les Iraniens sont divisés sur l'abolition - annoncée - de la police des mœurs dans leur pays. Pour poursuivre le mouvement de contestation, une grève générale est annoncée ce lundi.
S'il y a un match géopolitique lors cette coupe du monde, c'est bien celui du match Iran - États-Unis. La dernière fois que ces deux équipes se sont affrontées, c'était en France en 1998. Les deux équipes, iranienne et américaine, ensemble à l'époque en train de se faire photographier avait créé un moment historique. Les Iraniens s'étaient imposés 2 à 1, leur première victoire dans un mondial. Vingt-quatre ans après, les tensions sont au plus haut. La répression des manifestants par le régime depuis la mort de Mahsa Amini rend impossible toute nouvelle négociation avec Washington.
Interrogée par le quotidien « 20 minutes » pour savoir si la situation en Iran allait s'arranger, la comédienne iranienne Golshiteh Farahani a répondu qu'elle pensait que « oui ». Cela ne signifiait pas qu'elle espérait que les choses se calment. Bien au contraire. Pendant 39 ans (son âge), elle avouait avoir toujours répondu « non ». Mais là, c'était oui, un « grand oui ». « J'ai l'impression que le gouvernement islamique est devenu une fourmi ridicule et blessée qui a perdu toute crédibilité, un monstre qui saigne. Et même si c'est une question de temps, même s'il saigne longtemps, il va finalement mourir parce que cette génération de la jeunesse a arraché sa colonne vertébrale. Il ne peut plus marcher » ajoutait-elle avant de conclure : « Il va ramper un moment puis s'écrouler. Les Iraniens ne le laisseront pas se relever ». Il était temps que Blast se saisisse de la révolution iranienne. Dans ce zoom arrière sentant le soufre, la sueur et le sang, Denis Robert reçoit Marie Ladier-Fouladi, directrice de recherche au CNRS et démographe spécialiste de l'Iran et l'avocat franco-iranien Sahand Saber. Ensemble ils vont chercher à y voir un peu plus clair dans ce que vit le plus grand pays du Moyen Orient depuis la mort, le 16 septembre dernier pour une mèche de cheveux mal cachée, de Masha Amini assassinée par la police de l'Ayatollah Khamenei. Depuis six semaines, pas un jour où une manifestation n'est pas réprimée, une femme, un homme, un enfant ou un adolescent tués par les milices des mollahs qui tiennent encore le pays. D'un fil, si on en croit les témoignages d'opposants. Difficile de chiffrer les morts : 416 morts répertoriés et plus de 15000 arrestations sans compter les disparitions. Tout peut arriver là-bas, y compris le pire, une répression encore plus sanglante. Le régime peut-il encore tenir ? Les femmes sont-elles les seules à tenir le flambeau de la révolte ? Comment les pays étrangers peuvent il aider le peuple iranien ? Vers quoi peut basculer cet Etat religieux ? Une opposition est-elle en train de s'organiser ? Pourquoi les familles des hauts dignitaires de Téhéran quittent-elles le pays ? sont quelques-unes des questions auxquelles vont répondre nos invités.
Les onze joueurs iraniens se sont abstenus de chanter leur hymne national avant le coup d'envoi de leur premier match de la Coupe du monde 2022 contre l'Angleterre, lundi 21 novembre à Doha. Durant la semaine, leur capitaine Alireza Jahanbakhsh avait expliqué que les joueurs décideraient "collectivement" de chanter ou non l'hymne national en signe de soutien aux victimes des manifestations durement réprimées dans leur pays.
Le mouvement de protestation en Iran est entré dans son troisième mois et les manifestations se sont intensifiées ces derniers jours. Cette recrudescence des manifestations survient après un appel à la mobilisation pour commémorer le mouvement de novembre 2019 au cours duquel 300 personnes avaient été tuées. L'une des nuits les plus violentes depuis le début de la contestation « L'Iran a connu une nuit violente avec des manifestations dans tout le pays et deux fusillades qui ont fait au moins douze morts » rapporte El País qui précise que « des hommes armés à moto ont ouvert le feu sur des passants et des policiers dans le marché central de la ville d'Ize dans le sud du pays. Une autre attaque similaire a eu lieu à Ispahan. » Le journal fait aussi état de grèves dans de nombreuses villes du pays mais reconnait « il est difficile d'en connaître l'ampleur compte tenu des limites d'internet et du manque d'informations officielles. » À Londres, le Guardian évoque un bilan de quinze morts, dont un enfant de neuf ans et annonce « le pays a connu l'une des nuits de protestations les plus graves et les plus étendues de ces neuf dernières semaines. » Au sujet des deux attaques menées par ces hommes à moto, le quotidien britannique précise : « selon les agences de presse gouvernementales, ces meurtres pourraient être le signe que les manifestations se transforment en une insurrection armée. Il est probable qu'une vaste bataille de propagande s'engage, dans laquelle le gouvernement affirmera que les manifestations sont le terreau de la "syrianisation" de l'Iran et d'un effondrement de l'ordre public. » En Allemagne, le Süddeutsche Zeitung titre pour sa part sur les trois nouvelles condamnations à morts prononcées par le régime contre des manifestants, ce qui porte à cinq le nombre de condamnations à la peine capitale prononcées depuis dimanche contre des contestataires. Un baiser symbole de la révolution En Italie, La Repubblica publie la photo d'un baiser échangé entre deux manifestants dans les rues de Shiraz.« La photo symbole d'une révolution » titre le quotidien. Le cliché a été pris mardi soir le long d'une avenue où défilaient des protestataires. Il met en scène un garçon et une fille en train de s'embrasser au beau milieu de la circulation. « Cette photo partagée par des dizaines de milliers d'internautes est un manifeste politique, l'image du slogan emblématique du mouvement : femme, vie, liberté » estime La Repubblica qui explique « les garçons et les filles d'Iran défient la répression au risque de mourir, pour bénéficier des droits dont jouissent leurs pairs dans l'occident laïc mais aussi dans de nombreux pays à majorité musulmane. Parmi ceux-ci, il y a la liberté de pouvoir s'embrasser en public. » Les adolescents paient le prix fort de la répression En Suisse, le journal Le Temps annonce une session spéciale du Conseil des droits de l'homme consacrée à l'Iran. Elle se tiendra le 24 novembre à Genève et a été obtenue par l'Allemagne et l'Islande avec l'appui de 44 pays. La résolution qui sera débattue dénonce les arrestations arbitraires de mineurs et leur incarcération dans des centres psychiatriques. « La répression est d'une rare violence et les adolescents en paient le prix fort » explique le journal qui détaille « entre cinq cents et mille mineurs sont en détention. Plus de cinquante d'entre eux ont été tués. Certains jeunes incarcérés subissent des thérapies pour les forcer à changer de comportement. S'ils résistent on leur administre des médicaments pour les neutraliser ». Et le quotidien suisse commente « de mémoire d'Iranien, le régime n'a jamais agi avec une telle brutalité au cours des dernières décennies. » Les Iraniens de l'étranger visés par des menaces Selon le Washington Post, le régime essaye d'étendre la répression au-delà des frontières du pays. « Les services de renseignement iraniens ciblent de plus en plus les Iraniens à l'étranger et multiplient les menaces à l'encontre des journalistes et des dissidents » constate le quotidien américain. À l'appui, ces déclarations mercredi du chef des services secrets britanniques citées par le Washington Post : « Les services de renseignement iraniens sont prêts à prendre des mesures téméraires pour attaquer des opposants dans les pays occidentaux ou pour tenter de les attirer en Iran ». Selon une spécialiste de l'Iran citée par le journal, « le régime de Téhéran estime que les iraniens de l'étranger attisent le mouvement de protestation. Les autorités veulent réduire la diaspora au silence. » En Grande-Bretagne, complète le Washington Post, au moins dix menaces crédibles d'enlèvement ou de meurtres visant des personnalités perçues par le régime comme ennemies de l'Iran ont été recensées. Des composants occidentaux dans les drones iraniens Une enquête du Wall Street Journal aux Etats-Unis prouve les limites des sanctions imposées contre le pays. « De nouveaux renseignements recueillis à partir de drones iraniens abattus en Ukraine montrent que la majorité des pièces de ces appareils sont fabriquées par des entreprises aux États-Unis, en Europe et dans d'autres pays alliés » révèle le quotidien américain qui a eu accès aux analyses de ces débris. « Les composants de fabrication occidentale qui semblent guider, alimenter et diriger les drones posent un problème épineux aux dirigeants mondiaux qui tentent de contenir le développement et la prolifération des armes iraniennes » commente le journal qui précise qu'une enquête a été ouverte par l'agence fédérale américaine chargée de faire respecter les contrôles à l'exportation. Selon le Wall Street Journal, ces composants peuvent facilement être achetés sur internet et expédiés en Iran via d'autres pays. « Des pratiques qui constituent une violation de la loi, mais qui peuvent être difficiles à empêcher » conclut le quotidien.
En Iran, la colère ne faiblit pas un mois après la mort de la jeune Mahsa Amini, arrêtée pour un voile mal ajusté par la police des mœurs. Si ce mouvement s'amplifie de jour en jour, c'est aussi parce qu'il est porté par une classe moyenne confrontée à une grave crise économique. Cette révolte de la rue iranienne, comme avant elle celles de 2017 et 2019, revêt une forte dimension économique. Et pour cause, le pays ne parvient pas à se remettre d'un triple choc qui a mis à genou son économie déjà chancelante. Notamment avec la réintroduction en 2018 des sanctions économiques par l'administration Trump qui a dénoncé l'accord sur le nucléaire, la crise du Covid qui a suivi et qui n'a épargné aucun pays. Et surtout la chute des cours du pétrole due à la récession mondiale. Or, le pays tire l'essentiel de ses recettes en devises du brut qu'il parvient encore à exporter en dépit les sanctions américaines. Malgré la reprise et la hausse des prix de l'or noir, l'Iran a du mal à boucler son budget avec un déficit record de 6,3 %, selon les derniers chiffres de la Banque mondiale pour l'exercice fiscal 2021-2022. Une situation qui a notamment obligé le régime à suspendre ses subventions aux produits de première nécessité et provoqué les manifestations de mai dernier contre la vie chère. Les Iraniens doivent faire face à une inflation record L'effondrement du rial qui a perdu 82% de sa valeur a considérablement renchéri le prix des produits de consommation. Les Iraniens se débattent avec une inflation qui a officiellement atteint 54% en juin. Dans la réalité, bien plus. Malgré les nombreuses grèves ces derniers mois, notamment dans la fonction publique, les salaires n'ont pas suivi. Aucune revalorisation non plus des pensions de retraites. Ce sont désormais près de la moitié des 83 millions d'habitants qui vivrait sous le seuil de pauvreté, contre 20% en 2015. Sur le front de l'emploi, le chômage fait des ravages chez les moins de 25 ans. Un jeune sur quatre n'a pas de travail, dans certaines régions, 1 sur 2. De quoi alimenter la colère. ► À lire aussi : Iran: un mois de contestation et de répression meurtrière Une situation sociale explosive particulièrement exacerbée dans la classe moyenne Depuis la révolution qui a porté au pouvoir le régime des mollahs en 1979, l'Iran doit sa stabilité à sa classe moyenne. Elle est aujourd'hui la grande victime de la crise actuelle. C'est en effet cette classe moyenne qui a été le moteur économique du pays. Malgré une guerre dévastatrice de 8 ans avec son voisin irakien et des centaines de milliers de morts, et des décennies de sanctions économiques pour son programme nucléaire et son soutien à divers groupes terroristes, l'Iran a prouvé sa résilience. Grâce à un système éducatif performant, qui a formé des médecins, des ingénieurs et des avocats, les classes rurales pauvres ont pu considérablement améliorer leur niveau de vie. Cette classe moyenne n'a cessé de se développer jusqu'à représenter 60% de la population. En 2015, l'indice du programme des nations unies pour le développement (PNUD), plaçait l'Iran devant des pays aujourd'hui émergents comme le Mexique, le Brésil ou la Turquie. Or aujourd'hui, cette classe moyenne iranienne, qui a su résister aux sanctions et à plusieurs chocs pétroliers, s'est effondrée et ne représente plus que moins de la moitié de la population. La classe moyenne porte en grande partie le mouvement de contestation C'est effectivement cette classe moyenne urbaine qui donne aujourd'hui une autre dimension au mouvement qui secoue depuis maintenant un mois la rue iranienne. Si pendant des décennies, la possibilité qui lui a été donnée d'entreprendre, de s'enrichir, d'accéder à des catégories socio-professionnelles supérieures a mis en sourdine les attentes pour plus de liberté, de justice, de démocratie, l'absence d'alternative, l'impossibilité de se projeter, a désormais libéré les colères. Et sans perspective d'amélioration de la situation socio-économique, sans espoir de réformes politiques - les dernières élections ont enregistré des taux d'abstentions record -, avec pour seul horizon la répression, on voit mal comment les choses pourraient s'apaiser à court terme. Reste à savoir si ce mouvement de protestation qui semble s'installer dans la durée saura résister à la politique de répression violente dont le régime est coutumier. ► À lire aussi : En Iran comme ailleurs, la mobilisation des femmes change le monde
Chronique de Loïc Tassé, spécialiste en politique internationale : l'avancée des troupes ukrainiennes se poursuit. On parle de la situation en Iran. Trump ira devant la Cour suprême! L'Arabie Saoudite s'éloigne des États-Unis et s'organise pour hausser les prix du pétrole.Pour de l'information concernant l'utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
Avec cette semaine :David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Nicole Gnesotto, titulaire de la chaire « Union Européenne » au CNAM.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.L'ÉNIGME MARSEILLEDu 1er au 3 septembre, Emmanuel Macron était à Marseille, deuxième ville du pays avec ses 875 000 habitants, où il a annoncé son plan « Marseille en grand » : 1,5 milliard de financements nouveaux principalement pour les transports, la culture, la sécurité, les écoles. Voilà des décennies que cette cité se délite. Quartiers abandonnés aux trafiquants, pression migratoire continue, intégration délaissée, violences banalisées, dette abyssale (1,5 milliards d'euros), écoles déclassées, obsession victimaire, boulevards congestionnés... Dans son livre « Marseille, ville du monde » Nicolas Maisetti, docteur en science politique rappelle qu'« historiquement depuis Defferre, il y a un découplage politique des quartiers Nord par rapport à la ville centre : sauf sous Vigouroux, ces quartiers ont toujours été d'une couleur politique qui n'était pas celle de la mairie centrale. C'est ce qui explique leur mise à l'écart en termes de transports et plus généralement de services publics. Pour Defferre, c'était des nids de communistes, du temps de Gaudin, ce n'était pas sa clientèle électorale, et c'est un peu la même chose pour le Printemps marseillais. » La faute à un « Etat trop distant, qui revient de temps en temps en force ». En 2016, la métropole Aix-Marseille-Provence avait été créée pour donner de l'élan au territoire. François Hollande, qui avait déjà lancé en 2012 un plan de sauvetage de la ville de 2 milliards d'euros, misait alors sur cette nouvelle structure à fiscalité unique pour exercer des compétences stratégiques dans les domaines de l'aménagement, du développement économique, des transports ou des logements. Cinq ans plus tard, personne ne semble en mesure d'en percevoir la plus-value.Le politologue Patrick Le Lidec, chercheur en sciences politiques au CNRS explique que pour se protéger des villes ouvrières communistes, Gaston Defferre, a pratiqué l'isolationnisme de 1953 à 1986. Progressivement cette ville d'accueil des populations pauvres - notamment après la décolonisation -, privée d'activité économique et de recettes fiscales, est devenue le parent pauvre du département. Aux dernières élections municipales, après vingt-cinq ans de règne de Jean-Claude Gaudin (LR), Marseille a basculé à gauche, avec la victoire de l'écologiste Michèle Rubirola à laquelle a rapidement succédé Benoît Payan (PS). La ville possède toutefois des atouts. Malgré la drogue et les règlements de comptes, Marseille a attiré cet été 3 millions de visiteurs sur son littoral et dans ses calanques. Elle séduit de nouveaux habitants, ce qui entraîne la flambée des prix de l'immobilier. Entre 2015 et 2019, selon l'Insee, la ville a accueilli chaque année, en moyenne, 10 500 jeunes âgés de 20 à 34 ans extérieurs au territoire de la métropole. On y observe des phénomènes de gentrification, alors que le taux de chômage n'y est qu'à 9,9 %, contre 8% sur l'ensemble du territoire. Réalités qui coexistent avec les effondrements de la rue d'Aubagne, l'affaire Guérini, les grèves des poubelles et les règlements de comptes.***APRÈS LE 11 SEPTEMBRELa chute de Kaboul, le 15 août dernier, a mis fin à la « guerre contre la terreur » lancée par les Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 Septembre qui firent près de 3 000 morts. Les troupes américaines qui occupèrent alors l'Afghanistan, y sont restées jusqu'à maintenant, malgré l'exécution d'Oussama ben Laden, le 2 mai 2011 au Pakistan. Bilan, vingt ans après : le département américain de la défense a dépensé 837 Mds$ pour la conduite de la guerre, au cours de laquelle 2 443 soldats américains et 1 144 militaires de la coalition internationale ont été tués. L'armée afghane a perdu 66 000 hommes. Les Etats-Unis ont déboursé 145 Mds$ pour la « reconstruction » de l'Afghanistan, dont la plus grande partie a servi à former et équiper les forces de sécurité afghanes. Une guerre dupliquée en 2003 en Irak, qui a coûté la mort de 4 500 soldats américains supplémentaires, avec un coût estimé à plus de 2 000 Mds$ selon le groupe Cost of Wars, du Watson Institute. L'image des États-Unis, déjà ternie par les méthodes antiterroristes employées à Guantanamo à Cuba, dans la prison d'Abou Ghraib en Irak, ou dans les centres de détention secrets de la CIA a été sévèrement atteinte par un départ de Kaboul en forme de déroute. « La chute de Kaboul affaiblira considérablement la main de l'Amérique dans le monde prédit Renaud Girard dans Le Figaro. Les Iraniens, les Turcs, les Russes et les Chinois la verront comme un géant aux pieds d'argile, incapable de constance stratégique. » Traumatisée par les attentats du 11 septembre 2001, l'Amérique a vécu pendant des années dans l'angoisse du terrorisme djihadiste sur son sol. Cette obsession nationale s'est estompée au fil des ans.A la suite du 11 septembre, les alliés occidentaux de l'Amérique se sont engagés à leurs côtés dans les deux plus longues guerres de l'histoire des États-Unis. Désormais, après leur échec, il est exclu de croire qu'on peut « exporter » la démocratie et qu'on peut « construire » des nations. A Kaboul, les talibans parlent de l'application de la charia au sens le plus littéral du terme. Une évolution qui inquiète les grands voisins de l'Afghanistan. L'Inde bien sûr, qui se demande si un tel discours ne peut constituer un encouragement pour les plus fondamentalistes des musulmans indiens, mais aussi le Pakistan pour les mêmes raisons.« De toutes les innombrables séquelles du terrorisme, la plus importante et celle qui est la moins prise en compte estime le journaliste américain Spencer Ackerman, c'est ce que la lutte contre le terrorisme a coûté à notre démocratie ». A toutes nos démocraties, tandis que le Moyen-Orient est durablement déstabilisé.See Privacy Policy at https://art19.com/privacy and California Privacy Notice at https://art19.com/privacy#do-not-sell-my-info.
durée : 00:04:42 - Le Reportage de la rédaction - Ebrahim Raïssi a été officiellement élu président de la République islamique d'Iran. La priorité numéro un de cet ultraconservateur : redresser l'économie, éreintée par les sanctions américaines depuis le retrait de Washington, décidé par Donald Trump en 2018, de l'accord sur le nucléaire. - réalisation : Fabien Gosset
durée : 00:17:23 - Journal de 8 h - Les Iraniens élisent ce vendredi leur président, mais il est déjà adoubé par le Guide Suprême. Il y a donc peu d'enthousiasme mais surtout aucun enjeu électoral. En revanche, il y a un enjeu sociétal pour le futur élu car le pays traverse une énorme crise économique et sanitaire. - réalisation : Martin Desclozeaux
durée : 00:17:23 - Journal de 8 h - Les Iraniens élisent ce vendredi leur président, mais il est déjà adoubé par le Guide Suprême. Il y a donc peu d'enthousiasme mais surtout aucun enjeu électoral. En revanche, il y a un enjeu sociétal pour le futur élu car le pays traverse une énorme crise économique et sanitaire. - réalisation : Martin Desclozeaux
durée : 00:04:34 - Le Zoom de la rédaction - Les Iraniens sont appelés aux urnes pour élire leur président le 18 juin.Le grand favori est l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi. Après huit ans de présidence Rohani, une partie des Iraniens sont désabusés et pourraient privilégier l'abstention
Les Iraniens célèbrent ce samedi leur Nouvel An, Norouz. Une fête gâchée par le Covid-19, mais aussi par la situation économique désastreuse. La monnaie a fortement chuté par rapport aux devises étrangères. L’inflation a explosé, la population a donc dû réduire ses achats les plus élémentaires pour les fêtes et la colère gronde. De notre envoyée spéciale à Téhéran, Une file immense s’est formée à l’extérieur du marché Qezel Qaleh en plein centre de Téhéran. Ici on fait la queue devant un camion frigorifique pour acheter du poulet congelé. Leila, coiffée d’un voile coloré, a du mal à garder son calme. « Pour un mauvais poulet congelé à 17 000 tomans le kilo, on attend depuis une heure ! Vous croyez que ça me fait plaisir d’avoir laissé mon travail et ma vie pour faire la queue juste avant le Nouvel An ? » Pour ce Nouvel An, pas de poisson traditionnel sur les tables iraniennes. Avec l’explosion des prix, la population peut tout juste acheter du poulet, à moins d’un euro le kilo. Et s’il y a du monde sur ce marché, c’est que les prix sont deux fois moins chers qu’ailleurs, ils sont subventionnés par l’État. « L'économie est en ruine » Une dispute éclate dans la file d’attente. Qui est responsable de la flambée des prix en Iran ? Pour Keramat Saidi, fervent défenseur du régime, c’est tout vu. Ce sont les Occidentaux. « C’est à cause des grandes puissances, la République islamique n’y est pour rien. Ça fait 40 ans qu’on subit des sanctions », soutient-il. Mais la plupart les autres clients ne sont pas d’accord. Ils accusent les dirigeants iraniens de mauvaise gestion comme Shanaz, 60 ans. « Les sanctions américaines n’ont rien à voir avec du poulet qui est produit ici ! Les loyers sont en hausse, il y a des problèmes financiers, l’économie est en ruine. Ce sont les mollahs pourris qui nous gâchent la vie ! », s'exclame-t-elle. L'espoir d'un changement qui s'est envolé Sepideh, une institutrice à la retraite, s’est déplacée difficilement, pour acheter du poulet, elle trouve la situation humiliante. « C’est la misère. Pour les personnes âgées est-ce que c’est décent de venir faire la queue ? Pour notre malheur, ici, nous ne vivons pas bien, et on ne peut pas partir à l’étranger », déplore Sepideh. Ces Iraniens ne croient pas à un quelconque changement. Des élections présidentielles ont lieu dans trois mois en Iran, mais à quoi bon voter s’interroge Shanaz. « Ça nous apporterait quoi de voter ? Ahmadinejad qu’est-ce qu’il a fait ? Et Rohani ? Qu’est-ce qu’ils ont fait pour nous ? Ça a toujours été comme ça. Nous sommes tous dans une situation difficile, et en colère. Quand pourrons-nous protester ? Jusqu’à quand doit-on subir ça ? 42 ans, ce n’est pas assez ?! », s'emporte Shanaz. Quarante-deux ans après la révolution islamique, ces Iraniens dénoncent une situation catastrophique dans le pays. Le passage à la nouvelle année n’est pas vraiment porteur d’espoir.
Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mardi, il revient sur l'assassinat de Mohsen. Selon lui, ça va piéger les Iraniens et les Américains.
Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce vendredi, l'Iran a libéré la chercheuse australo-britannique Kylie Moore-Gilbert, certainement de trois Iraniens détenus en Thaïlande. Elle avait été arrêtée à Téhéran et condamnée par la suite à dix ans de prison pour "espionnage".
C'est à l'occasion d'une question d'abonné québécois que nous nous posâmes la question suivante : une personne vivant au québec est-elle nécessairement québécoise ? Ne pourrait-elle être iranienne ? Se qualifiant elle-même de personne âgée (cette affirmation peut-elle d'aileurs être réelle dans la perspective d'un slogan que nous avons nous même conçu au 7è degré ? Qui sait ?), nous en avons conclu que nous avions peut être affaire à un iranien du Québec, d'un âge certain. Toujours est-il que cette personne avait besoin d'informations sur la synchronisation de ses machines avec un setup tout ce qu'il y a de plus classique chez un home studiste - et les questions qui vont avec bien sûr ! L'occasion de débattre d'un certain nombre de sujets techniques tout aussi passionnants que le tour à bois de Blast (sujet qui vous intéresse finalement assez peu dans le contexte de cette émission, nous sommes d'accord !) Cette emission, c'est aussi le moment de revenir sur le nouveau Zoom H8, dont le design ne vous laissera certainement pas indifférent. Là encore, discussions endiablées, sur les succès et les échecs de cette nouvelle mouture. Enfin, n'oubliez pas que cette semaine, c'est le dernier batch d'envoi de casquettes avant la rentrée, car plus possible d'envoyer après jeudi 09/07 pour cause de vacances ! Si vous en voulez une pour l'été, il vous faudra donc la commander au plus tard avant le mercredi 08/07/2020 à Minuit ! C'est par là : https://boutique.lessondiers.com
durée : 00:02:44 - Un monde d'avance - Un étrange accident s'est produit dimanche dans l'après-midi : les militaires iraniens ont tiré sur l'un de leurs propres navires.
Tous les musulmans ne sont pas arabes et inversément tous les Arabes ne sont pas musulmans. C'est précisément en application de cette vérité que les iraniens ne sont pas arabes... See acast.com/privacy for privacy and opt-out information.
durée : 00:03:00 - Géopolitique - par : Pierre Haski - Le taux de participation sera le principal facteur à suivre dans les législatives de vendredi en Iran, dans un climat de totale désillusion avec le retour des sanctions américaines et le mensonge entourant l’affaire de l’avion ukrainien abattu le mois dernier.
durée : 00:25:39 - Journal de 12h30 - Les Iraniens votent depuis ce matin pour élire un nouveau Parlement, dans un scrutin où les conservateurs partent favoris, portés notamment par un ressentiment populaire contre le président modéré Hassan Rohani. - invités : Yves Marignac expert non institutionnel sur le nucléaire et l’énergie,directeur de l’agence Wise-Paris, porte-parole de négaWatt et membre des groupes permanents d’experts de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN)
durée : 00:04:55 - Le reportage de la rédaction - Les Iraniens éliront ce vendredi leurs députés. Le rétablissement de sanctions américaines draconiennes, après le retrait en 2018 des Etats Unis de l’accord sur le nucléaire, a plongé l'Iran dans une grave récession. Le camp conservateur est donné favori de ces élections législatives.
Des veillées à la mémoire des victimes de l'écrasement d'avion en Iran hier ont eu lieu dans plusieurs villes. Donald Trump demande à l'OTAN d'en faire plus. Et « les Courageuses » veulent porter leur cause en Cour suprême. | Maxime Coutié (journaliste-présentateur)
Les Iraniens pleurent la mort du général Qassem Soleimani, considéré comme un héros national. C'est le début du procès du producteur hollywoodien déchu Harvey Weinstein. Netflix est boudé à la cérémonie des Golden Globes. | Bruno Larose (journaliste-présentateur)
Le procès de la journaliste Hajar Raissouni ravive les discussions sur l'IVG au Maroc.// Les Iraniens endoctrinés dès l'école contre les Américains.
Les enjeux de l'élection avec la sociopolitologue Azadeh Kian, professeur à l'université Paris Diderot. Elle est l'invitée de Florence Gault.
C'est à l'occasion d'une question d'abonné québécois que nous nous posâmes la question suivante : une personne vivant au québec est-elle nécessairement québécoise ? Ne pourrait-elle être iranienne ? Se qualifiant elle-même de personne âgée (cette affirmation peut-elle d'aileurs être réelle dans la perspective d'un slogan que nous avons nous même conçu au 7è degré ? Qui sait ?), nous en avons conclu que nous avions peut être affaire à un iranien du Québec, d'un âge certain. Toujours est-il que cette personne avait besoin d'informations sur la synchronisation de ses machines avec un setup tout ce qu'il y a de plus classique chez un home studiste - et les questions qui vont avec bien sûr ! L'occasion de débattre d'un certain nombre de sujets techniques tout aussi passionnants que le tour à bois de Blast (sujet qui vous intéresse finalement assez peu dans le contexte de cette émission, nous sommes d'accord !) Cette emission, c'est aussi le moment de revenir sur le nouveau Zoom H8, dont le design ne vous laissera certainement pas indifférent. Là encore, discussions endiablées, sur les succès et les échecs de cette nouvelle mouture. Enfin, n'oubliez pas que cette semaine, c'est le dernier batch d'envoi de casquettes avant la rentrée, car plus possible d'envoyer après jeudi 09/07 pour cause de vacances ! Si vous en voulez une pour l'été, il vous faudra donc la commander au plus tard avant le mercredi 08/07/2020 à Minuit ! C'est par là : https://boutique.lessondiers.com