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Le Nouvel Esprit Public
Macron : inventaire avant bilan / La désindustrialisation en France et en Europe

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later May 18, 2025 64:39


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 16 mai 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Antoine Foucher, spécialiste des questions sociales, auteur de Sortir du travail qui ne paie plus.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.MACRON : INVENTAIRE AVANT BILAN …Interrogé mardi sur TF1, le président de la République a croisé le fer avec plusieurs personnalités de la société civile sur toute une série de sujets : Ukraine, défense, politique sociale, sécurité, dépenses, santé mentale, fin de vie, salaires, Gaza ... Peu d'annonces concrètes lors de cette intervention de plus de trois heures. A deux ans de la fin de son deuxième quinquennat, Emmanuel Macron s'est surtout attaché à défendre sa présidence, et notamment sa ligne économique : travailler plus, produire plus, ne pas augmenter les impôts. Le chef de l'État refuse de nationaliser Arcelor Mittal, alors que le sidérurgiste vient d'annoncer la suppression de plus de 600 postes en France. Il a demandé au gouvernement de lancer dans les prochaines semaines une « conférence sociale » sur le financement de notre modèle social. Tout en prétendant ne pas « préempter » les termes du débat à venir, il a indiqué que l'une des principales options à explorer consisterait à réduire les cotisations pesant sur les salaires et à mettre davantage à contribution « d'autres facteurs, en particulier la consommation ». Il s'est défendu toutefois de plaider en faveur d'une « TVA sociale ». Rejetant l'idée d'une taxation nationale des grandes fortunes, il a plaidé pour une approche mondiale face à l'exil fiscal.Attendu sur une annonce de référendum, Emmanuel Macron a déclaré opter pour une « consultation multiple » dans le cadre de l'article 11 de la Constitution. C'est-à-dire viades référendums en bonne et due forme et non via un outil purement consultatif créé pour l'occasion. Ceux-ci devraient intervenir « dans les mois qui viennent » et pourraient porter sur de « grandes réformes économiques, éducatives ou sociales ». Un spectre très large, sur lequel il entend réfléchir avec le gouvernement. Il pourrait recourir à un référendum sur l'aide à mourir comme une arme de déblocage qu'il ne dégainera qu'en solution de dernier recours, en privilégiant d'abord la poursuite du débat parlementaire. Ouvert à ce que des « réformes » du premier ministre François Bayrou, sur le « plan économique et social » fassent l'objet d'une consultation, le président de la République ne « voit pas », en revanche, de référendum possible sur l'immigration, demandé par la droite, ni sur la réforme des retraites, comme le lui a suggéré la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.Le président de la République s'est dit favorable à l'interdiction des mariages de personne sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), et souhaite un accroissement du pouvoir des polices municipales. Il a confirmé vouloir que soit imposée aux adolescents une vérification de leur âge pour s'inscrire sur les réseaux sociaux, estimant qu'il y a « une jeunesse qui a été percutée » par ces plateformes.Interrogé pour finir sur un troisième mandat en 2032, Emmanuel Macron n'en a pas écarté l'idée en déclarant : « Quand j'aurai fini, je réfléchirai à la suite. »LA DÉSINDUSTRIALISATION EN FRANCE ET EN EUROPEDepuis quarante ans, la France a été confrontée à un important processus de désindustrialisation. Le poids de la valeur ajoutée du secteur manufacturier est passé de 22 à 15% de 1983 à 2023. Seuls 13% des actifs français étaient, employés dans l'industrie en 2023, contre près de 40% quarante ans auparavant. La désindustrialisation française est la conséquence d'une vague de faillites qui a frappé les secteurs du textile, de la machine-outil et de l'automobile, et du choix de certains grands groupes de délocaliser. La production industrielle française a souffert de son positionnement « gamme moyenne ». Elle a été concurrencée frontalement par celle des pays émergents quand l'Allemagne et les pays d'Europe du Nord ont opté pour le haut de gamme. Le manque de capitaux, d'ingénieurs, de techniciens, la faiblesse de la recherche et une préférence donnée aux services expliquent ce mauvais positionnement de l'industrie française qui est, en outre, confrontée à des impôts de production plus élevés que ses concurrentes. Le poids de l'industrie manufacturière représente aujourd'hui 10 % du PIB en France, contre 15 % en Italie et 16 % en Allemagne.La désindustrialisation touche l'ensemble de l'Europe. En 2000, la part de l'Europe dans la production mondiale de l'industrie était de 22,5%, contre 21% pour les Etats-Unis. Vingt ans plus tard, elle est tombée à 14,5% et celle des Etats-Unis à 16%. La part de la Chine est passée de 10 à 28%. Dans la sidérurgie, ArcelorMittal vient d'annoncer 600 suppressions de postes en France et son concurrent allemand, ThyssenKrupp, en supprimera 11.000 d'ici 2030. A côté de la baisse européenne de la production d'acier, les ventes de véhicules en Europe restent inférieures de 25% à leur niveau de 2019 et tous les analystes s'accordent sur le même étiage ces prochaines années. En Allemagne Volkswagen, prévoit 35.000 suppressions d'emplois d'ici à 2030. Chez Stellantis, les effectifs en Italie sont passés de 55.000 salariés en 2021 à 38.000 en 2025 et, en France, de 53.000 en 2017 à 42.000 aujourd'hui.Face à cette crise, la Commission européenne a présenté fin mars leplan acier de l'Europe. En plus d'une réduction immédiate de 15% du quota d'importations d'acier autorisées sur le sol européen, il prévoit une nouvelle clause de sauvegarde à partir de juin 2026, dispositif qui encadre les imports d'acier sur son territoire selon son origine. La Commission européenne a également annoncé 47 projets miniers pour couvrir une partie de ses besoins en minerais stratégiques. Ainsi, l'UE ambitionne d'ici 2030 d'avoir 10% de sa consommation annuelle extraites localement et 40% de sa consommation annuelle issue du raffinage local.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le Nouvel Esprit Public
La France et le contrôle de ses finances publiques / Bilan de l'action diplomatique du pape

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Apr 27, 2025 64:48


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 25 avril 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.LA FRANCE ET LE CONTRÔLE DE SES FINANCES PUBLIQUES Après une séquence de dérive des comptes publics « préoccupante », la Cour des comptes dans son rapport publié mi-février, chiffrait à 110 milliards d'euros l'effort à fournir pour ramener le déficit public à 3%. Les causes de ce déficit sont connues : des recettes fiscales inférieures de 40 milliards aux prévisions de la loi de finances et des dépenses plus élevées de 13 milliards, notamment du côté des collectivités locales. Selon le rapport de la Cour, la situation est due à des choix politiques. Tout d'abord, les experts reprochent au gouvernement des « hypothèses de croissance optimistes qu'il a fallu plusieurs fois réviser à la baisse ». Par ailleurs, ce dérapage est à mettre sur le compte de la mise en place, jusqu'en 2023, de baisses d'impôts « non financées » et de « l'absence d'économies structurelles sur le cœur de la dépense publique ». Ces facteurs combinés se sont traduits, selon le gendarme des comptes, par une « perte de contrôle de la dépense publique ». Face à ce constat, le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici menace : « Nous pourrions ne pas certifier les comptes 2025. »Fin mars, l'Insee a annoncé que l'écart entre les recettes et les dépenses publiques a atteint 5,8% du PIB en 2024. Il s'agit du déficit public le plus massif depuis la guerre en valeur absolue, à l'exception de celui de l'année 2020, au pic de la pandémie de Covid-19. En atteignant 3.305 milliards d'euros, l'endettement public est monté à 113% du PIB fin 2024, a annoncé l'Insee. La dette publique française avait passé le cap des 100 milliards d'euros en 1981, celui des 1.000 milliards en 2003, puis celui des 3.000 milliards en 2023.Dans son rapport sur le dérapage des finances publiques publié le 15 avril,la commission d'enquête de l'Assemblée nationale rappelle que pour 2024, la prévision initiale de déficit public du gouvernement Borne était de 4,4% du PIB, revue à 5,1% en avril dernier par le gouvernement Attal, puis à 6,1% par celui de Barnier. Au final, ce déficit public pour 2024 s'est établi à 5,8% du PIB. Les deux rapporteurs, le macroniste Mathieu Lefèvre et le président de l'Union des droites pour la République, allié du Rassemblement national, Éric Ciotti, ont des visions opposées sur ces chiffres. Le premier attribue ces erreurs aux services de Bercy, le deuxième les lie à des dissimulations politiques.Malgré les discours, et même si le déficit budgétaire s'atténue peu à peu, la dette ne va pas diminuer de sitôt. Dans le budget 2025, il est prévu qu'elle monte à 115,5% du PIB en fin d'année. Dans un scénario jugé réaliste par la Cour des comptes, le ratio d'endettement pourrait dépasser 125% du PIB en 2029 et s'approcher des 130% dès 2031. D'autres économistes évoquent des ratios de 160% voire 170%, si l'État choisit d'investir massivement, notamment dans la transition énergétique ou l'armement. « Il est plus que temps de freiner et de reprendre le contrôle de nos finances publiques. Faute de quoi, nous risquons la paralysie, puis l'accident », met en garde Pierre Moscovici.BILAN DE L'ACTION DIPLOMATIQUE DU PAPEPape « du bout du monde », contrairement à ses prédécesseurs européens, Jorge Mario Bergoglio a déplacé l'axe diplomatique du Vatican vers les pays du Sud. De la dénonciation du système économique mondial, à la défense des migrants en passant par ses plaidoyers pour l'écologie, la paix, le dialogue avec l'islam, ou la lutte contre l'arme nucléaire, le pape François a été porté par une vision, inspirée de celui dont il avait choisi le nom, François d'Assise. À l'échelle internationale, appuyé sur un solide réseau diplomatique, ce dont rêvait François, c'était, « le renforcement du multilatéralisme, expression d'une coresponsabilité mondiale renouvelée, d'une solidarité fondée sur la justice et sur la réalisation de la paix et de l'unité de la famille humaine, projet de Dieu sur le monde ». Lui-même issu d'une famille de migrants - ses parents ont quitté l'Italie pour l'Argentine - François, dès le début de son pontificat, a pointé avec vigueur les drames de la migration. Son premier déplacement a eu lieu en juillet 2013, à Lampedusa, où il s'est indigné de la « mondialisation de l'indifférence », un thème clef de ce pontificat. Ce qui lui valu de sérieuses tensions avec l'Occident et en particulier les États-Unis.Partisan de la paix à tout prix et de la politique de l'apaisement, le pape considérait que « toute guerre est une défaite ». Même les guerres de libération ou de légitime défense. Car « il n'existe pas de guerre juste ». Pas même en Ukraine où François n'a eu de cesse jusqu'en mai 2022, d'appeler à l'arrêt des combats, se refusant à reconnaître la responsabilité de Vladimir Poutine et de la Russie, avançant que la « colère » du Kremlin avait pu être « facilitée » par « les aboiements de l'OTAN à la porte de la Russie ». Au Moyen-Orient, depuis le massacre du 7 octobre 2023, les relations entre le Saint-Siège et Israël étaient devenues de plus en plus difficiles. Le pape s'est vu notamment reprocher d'avoir tardé à exprimer son horreur face au massacre perpétré par le Hamas.Dans le droit fil de la tradition jésuite, le pape François a porté une attention très particulière aux 12 millions de catholiques de la République populaire de Chine. Sous son autorité, un accord secret a été signé en 2018 avec Pékin sur la nomination des évêques. Un accord qui a fait débat. Au chapitre des avancées diplomatiques, François a œuvré au rapprochement historique entre les États-Unis et Cuba et joué un rôle dans la réconciliation en Colombie ainsi que dans la libération d'enfants ukrainiens capturés par les Russes, tandis que le dialogue interreligieux aura progressé, notamment avec l'université al-Azhar du Caire.En revanche, bousculant l'Europe, « grand-mère stérile » et égoïste à ses yeux, le pape n'a réalisé aucune visite officielle dans les grands pays européens de tradition catholique, comme la France, l'Espagne ou l'Allemagne.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Europe 1 - L'interview d'actualité
«La France ne produit que 36% de tous les biens industriels qu'elle consomme, elle dépend entièrement de la Chine et des États-Unis» rappelle Nicolas Baverez, historien

Europe 1 - L'interview d'actualité

Play Episode Listen Later Apr 14, 2025 27:01


Tous les soirs, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l'actualité. Ce soir, Nicolas Baverez, historien, essayiste et éditorialiste, auteur de Sursaut (Ed. de l'Observatoire, oct. 2024).Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

L'invité politique
«En Europe, il se passe beaucoup plus de choses positives que ce qu'il se dit», rappelle l'économiste Nicolas Baverez

L'invité politique

Play Episode Listen Later Apr 10, 2025 11:50


L'historien et économiste réagit à la suppression surprise des droits de douane annoncée par Donald Trump la veille, pour une durée de 90 jours Mention légales : Vos données de connexion, dont votre adresse IP, sont traités par Radio Classique, responsable de traitement, sur la base de son intérêt légitime, par l'intermédiaire de son sous-traitant Ausha, à des fins de réalisation de statistiques agréées et de lutte contre la fraude. Ces données sont supprimées en temps réel pour la finalité statistique et sous cinq mois à compter de la collecte à des fins de lutte contre la fraude. Pour plus d'informations sur les traitements réalisés par Radio Classique et exercer vos droits, consultez notre Politique de confidentialité.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le Nouvel Esprit Public
Bada : les questions du public (verdict condamnant Marine Le Pen)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Apr 9, 2025 43:51


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 6 avril 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le Nouvel Esprit Public
Tableau des forces politiques après la décision du Tribunal de Paris

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Apr 6, 2025 62:07


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 6 avril 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.TABLEAU DES FORCES POLITIQUES APRÈS LA DÉCISION DU TRIBUNAL DE PARISLundi, Marine Le Pen a été reconnue coupable de détournement de fonds publics dans l'affaire des assistants parlementaires européens du Front national (devenu Rassemblement national, RN). Elle a été condamnée à quatre ans d'emprisonnement, dont deux ferme avec bracelet électronique, et à une amende de 100.000 euros. Mais c'est la peine d'inéligibilité à cinq ans avec exécution provisoire qui fait débat. La députée du Pas-de-Calais a interjeté appel, mardi, de la décision du tribunal correctionnel de Paris. Quelques heures après, la cour d'appel de Paris a annoncé vouloir rendre sa décision à l'été 2026.Alors que la leader du RN s'insurge contre « la tyrannie des juges », le Président défend « l'indépendance de la justice ». En revanche, tout en considérant qu'il n'a « pas le droit », en tant que membre du gouvernement, de « critiquer une décision de justice », François Bayrou a jugé « en tant que citoyen », que la décision du tribunal correctionnel de Paris soulève « des interrogations ». Lui-même est sous la menace d'une condamnation dans l'affaire des assistants parlementaires du MoDem au Parlement européen, pour des faits comparables à ceux reprochés à Marine Le Pen. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a jugé que « la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple ». LFI pourrait bientôt devoir répondre devant la justice à des accusations semblables. Le président du Sénat, Gérard Larcher a estimé que « si la loi va trop loin, le législateur doit pouvoir la corriger », tandis que le président du groupe de l'Union des droites pour la République à l'Assemblée nationale, Éric Ciotti, allié de Marine Le Pen, a décidé de la « supprimer ».Écologistes, socialistes, communistes et anciens « insoumis » ont applaudi la décision des juges et fustigé au passage les propos de Jean-Luc Mélenchon. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, et le chef de file des députés macronistes, Gabriel Attal, se sont démarqués. « Je suis troublé par le trouble du Premier ministre », a dit Olivier Faure. « Je ne suis jamais troublé par la démocratie », a enchaîné Gabriel Attal. Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand s'est inquiété des « manifestations de soutien » de « l'internationale de l'extrême droite » à l'endroit de Marine Le Pen.Ce week-end, Le RN a organisé une mobilisation dans les rues afin de mettre la pression contre l'institution judiciaire – ou comme il le présente, « sauver la démocratie ». Ce dimanche, Gabriel Attal entend rassembler le bloc central dans un meeting au cours duquel, Edouard Philippe, qui n'est pas encore sorti de sa réserve, devrait s'exprimer. D'après un sondage Elabe pour BFMTV 57 % des Français estiment que la décision de justice est « normale au vu des faits reprochés ».Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le Nouvel Esprit Public
Bada : les questions du public (réarmement français et contre-pouvoirs américains)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Mar 19, 2025 49:40


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 16 mars 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Le Nouvel Esprit Public
Comment réarmer ? / Trump-Musk : quels contrepoids ?

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Mar 16, 2025 66:40


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 16 mars 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.COMMENT RÉARMER ?Après l'intervention télévisée du chef de l'État le 5 mars, la défense nationale est devenue la priorité du gouvernement. Fleurons de l'industrie de l'armement, PME et start-up innovantes, sous-traitants ... Tout un écosystème est mobilisé pour faire face à la menace russe amplifiée et au retrait de l'allié américain. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a évoqué une enveloppe de 100 milliards d'euros par an pour la défense à l'horizon 2030, contre 68 milliards inscrits dans la loi de programmation militaire, soit 1,5 point de PIB supplémentaire évoqué par le président de la République, pour passer de 2% à 3%-3,5% chaque année. Le ministre des Armées a esquissé quelques priorités : « Les munitions et la guerre électronique sont les urgences puis la dronisation et la robotisation des armées. » L'accélération des cadences est déjà visible sur certains segments comme les munitions, l'artillerie et les missiles. Il faut également rester performant dans le domaine de l'intelligence artificielle, et du spatial. Du côté des grands programmes, Sébastien Lecornu entend augmenter le nombre d'avions de combat et de frégates de premier rang.Les revues stratégiques successives qui évaluent régulièrement les menaces pesant sur le pays et prévoient les moyens d'y répondre, n'ont jamais écarté le risque d'un retour de la guerre de haute intensité. C'est pourquoi le modèle d'armée complet français a toujours été préservé au nom de la souveraineté nationale, afin de pouvoir agir sur tous les niveaux de conflictualité, même s'il a souvent été qualifié d'échantillonaire. La France s'inscrit également dans un cadre européen avec de nombreux programmes de coopération comme le système de combat aérien du futur avec l'Allemagne et l'Espagne ; l'hélicoptère du futur avec notamment l'Italie, l'Espagne, et l'Allemagne ou les missiles avec le Royaume-Uni.Interrogés par Ipsos-Ceci pour La Tribune Dimanche, les Français sont 68 % à considérer favorablement une augmentation du budget de la Défense quitte à augmenter encore les déficits pour 66 % d'entre eux et même sacrifier des budgets de l'Éducation ou de la Santé (51 %). La sécurité nationale passant ainsi devant la sécurité sociale. Avant d'en arriver là, le gouvernement veut toutefois explorer d'autres pistes de financement. Le ministre français de l'Économie, Éric Lombard, exclut d'activer la clause de sauvegarde prévue par Bruxelles pour financer les investissements dans la défense par de la dette. Parmi les outils envisagés à Bercy ou à Matignon, figurent notamment le recours au Livret A ou encore un grand emprunt. Vendredi, le président de la République, Emmanuel Macron a reçu les industriels de la défense pour leur fixer une nouvelle feuille de route visant à accélérer les cadences de livraison d'équipements. Face aux difficultés budgétaires et industrielles, Bercy doit organiser le 20 mars prochain une réunion rassemblant les banques et les assurances, mais aussi des acteurs de l'industrie de la défense.TRUMP-MUSK : QUELS CONTREPOIDS ?Les décisions et les méthodes de Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier, soulèvent des interrogations quant aux limites du pouvoir présidentiel aux États-Unis. Le système politique américain repose sur le principe des checks and balances, visant à ce que « le pouvoir arrête le pouvoir », comme l'avait théorisé Montesquieu au XVIIIème siècle. Chacune des trois branches du gouvernement – exécutif, législatif, judiciaire - dispose de moyens de contrôle sur les autres (checks) pour viser un certain équilibre (balance). Les Républicains contrôlent la présidence, la Chambre des représentants et le Sénat. Même si leur majorité à la Chambre est très étroite, la passivité des sénateurs conservateurs face aux nominations les plus controversées de Trump n'augure pas d'un rôle de frein à la présidence de la part du Congrès. Bien que les Républicains n'aient pas capturé l'ensemble du pouvoir judiciaire, ils disposent d'une nette majorité à la Cour suprême.Depuis deux mois, les recours en justice se multiplient dans les États fédérés à majorité Démocrate qui cherchent à mettre en place des contentieux stratégiques sur quasiment toutes les mesures : suspension des traitements médicaux pour les personnes transgenres, autorisations pour Elon Musk d'accéder aux informations du fisc et de la Sécurité sociale, licenciements massifs de fonctionnaires publics ou intimidations à leur encontre, suppression du droit du sol pour les personnes nées de parents irrégulièrement ou temporairement immigrés, élimination de plusieurs autorités administratives …Même les Églises se tournent vers la justice pour protéger les lieux de culte du décret y autorisant les raids de la police de l'immigration. Mais une bonne partie des dossiers risquent soit d'être enterrés, soit portés devant une Cour Suprême qui a proclamé, avant l'élection de 2024, que Donald Trump, poursuivi dans de multiples affaires, bénéficiait d'une présomption d'immunité en raison du principe de séparation des pouvoirs. Et, le vice-président, J.D. Vance, diplômé de la faculté de droit Yale, a déclaré que « les juges n'ont pas le droit de contrôler le pouvoir légitime de l'exécutif. » En outre, si l'administration Trump décidait de désobéir à une décision des juges, la Cour ne dispose pas de moyens de coercition.Face à une opposition étonnamment passive et encore sonnée, les contrepouvoirs paraissent bien faibles. Sauf un, que Montesquieu ne connaissait pas : Wall Street. Les entreprises américaines, surtout les grandes entreprises cotées en Bourse, dépendantes du marché mondial et de la chaîne de valeur globale paraissent être les seules à pouvoir refreiner les ardeurs autocratiques du clan au pouvoir à la Maison Blanche. Wall Street, qui avait soutenu l'élection de Donald Trump, semble déjà déchanter.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Ecorama
Nicolas Baverez : "Non seulement on abandonne l'Ukraine, mais on lui demande de payer pour l'abandon !"

Ecorama

Play Episode Listen Later Feb 17, 2025 26:32


Quelle réponse des Européens face à l'activisme américain ? Peut-on éviter le déclassement ? Décryptage de l'actualité économique et géopolitique avec Nicolas Baverez, économiste et essayiste, était l'invité de l'émission Ecorama du 17 février 2025 présentée par Aude Kersulec sur Boursorama.com. Hébergé par Audion. Visitez https://www.audion.fm/fr/privacy-policy pour plus d'informations.

C politique
Grands patrons, grandes fortunes et grande colère ?

C politique

Play Episode Listen Later Feb 3, 2025 61:46


C Politique du 2 février 2025. Débat : Les milliardaires ont-ils pris le contrôle ? avec - Nicolas BAVEREZ, Historien, essayiste, éditorialiste au Point et au Figaro, auteur de « Sursaut » aux éditions de l'Observatoire (23.10.24)- Denis OLIVENNES, Chef d'entreprise, essayiste, auteur de « La France doit travailler plus… » aux éditions Albin Michel (15.01.25)-Arnaud ORAIN, Économiste, historien, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, auteur de « Le Monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (XVIᵉ - XXIᵉ siècle) » aux éditions Flammarion (22.01.25)-Alexandra ROULET, Professeur à l'INSEAD, lauréate du Prix du meilleur jeune économiste 2024-Julia CAGÉ, Économiste, professeure d'économie à Sciences Po Paris.

Le Nouvel Esprit Public
Élections allemandes / Sommet de l'IA : rêves européens, monopole américain

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Feb 2, 2025 62:19


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 31 janvier 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.ÉLECTIONS ALLEMANDESÀ quelques semaines des élections législatives allemandes, le 23 février, le dernier baromètre de la chaîne de télévision ARD, indique que 37 % des Allemands considèrent l'immigration ou l'asile comme l'un des deux problèmes politiques auxquels les politiques doivent s'attaquer en priorité, juste devant l'économie (34 %) et très loin devant la guerre et la paix (14 %), l'environnement et le climat (13 %) et l'injustice sociale (11 %).La succession des attaques au couteau de la part d'étrangers est de nature à populariser le discours antimigrants du parti d'extrême-droite, Alternative pour l'Allemagne (AfD). Partisan de l'avènement d'une politique européenne plus résolue à Berlin, la tête de liste chrétienne-démocrate (CDU) Friedrich Merz, a fait sauter mercredi, le « cordon sanitaire » avec l'extrême droite en proposant un texte plaidant pour un durcissement de la législation en matière d'immigration, qui a obtenu une courte majorité au Bundestag grâce aux voix de l'AfD. Un vote dénoncé par l'ancienne chancelière CDU Angela Merkel. Sur le volet économique, conformément aux prévisions des experts, le produit intérieur brut allemand s'est contracté de 0,2 % en 2024, marquant une deuxième année de récession, après une baisse de l'activité économique de 0,3 % en 2023. Les indicateurs de janvier sont si faibles qu'une troisième année de récession n'est pas exclue. Eclipsée par l'immigration et l'économie, le sujet de la guerre en Ukraine a refait surface à l'approche du scrutin, rappelant la profondeur des clivages qu'il suscite, y compris au sein du gouvernement. Une querelle persistante oppose le chancelier social-démocrate Olaf Scholz (SPD) à ses ministres de la défense, Boris Pistorius, et des affaires étrangères, AnnalenaBaerbock (Verts), au sujet d'une rallonge budgétaire de 3 milliards d'euros destinée à l'Ukraine. Réclamée par les deux ministres, cette enveloppe est bloquée par la chancellerie. Le pays est lui-même divisé sur le sujet : les enquêtes d'opinion montrent qu'une majorité d'Allemands soutient l'aide à l'Ukraine, mais pas la livraison de missiles de croisières Taurus, qui permettrait à Kyiv de frapper le territoire russe en profondeur, et à laquelle Olaf Scholz s'est jusqu'ici toujours opposé.Dans les sondages, l'AfD pointe en deuxième position, gagnant du terrain selon une étude parue le 11 janvier qui crédite la formation de 22 % des suffrages, derrière les conservateurs du camp CDU/CSU autour de 30 % mais devant les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz autour de 16 %. La formation à la rhétorique anti-migrants et qui prône un rapprochement avec la Russie a reçu le soutien appuyé d'Elon Musk, allié et appui financier de Donald Trump avec lequel Alice Weidel, investie par l'AfD pour conquérir la chancellerie allemande, a dialogué plus d'une heure lors d'un échange public le 9 janvier sur le réseau social X du milliardaire.SOMMET DE L'IA : RÊVES EUROPÉENS, MONOPOLE AMÉRICAINAprès les sommets de Bletchley Park (au Royaume-Uni) en novembre 2023 et de Séoul au printemps dernier, le sommet de Paris sur l'intelligence artificielle réunira les 10 et 11 février le « Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle », un événement de portée mondiale réunissant chefs d'État et de gouvernement, dirigeants d'entreprise, universitaires, chercheurs, organisations non gouvernementales, artistes et autres membres de la société civile. L'événement a pour ambition de mettre la France et l'Europe sur la carte mondiale de l'IA, mais aussi de rendre compréhensibles pour le grand public les enjeux liés à cette technologie. Les discussions s'orienteront autour de trois objectifs prioritaires, : le développement d'une IA plus durable - cette technologie étant particulièrement énergivore - plus ouverte et au service de l'intérêt général, et la mise en place d'une gouvernance mondiale plus inclusive. Alors que les précédents sommets se concentraient surtout sur les risques, celui de Paris mettra en avant les opportunités qu'offre cette technologie.Deux régulations très différentes s'opposent : alors que les Européens veulent réguler a priori l'IA, les Américains ont opté pour de grands principes certes ambitieux mais non contraignants. La présence d'Elon Musk dans la nouvelle administration américaine, alors que le milliardaire vient de lever 6 milliards de dollars pour son entreprise d'IA, « xIA », risque d'accélérer ce découplage entre les Etats-Unis et l'UE. Dans la lignée du rapport Draghi sur la compétitivité de l'Europe, le Sommet de Paris doit surtout renforcer la place de l'innovation dans l'approche européenne de l'IA, approche que soutient Paris au sein des 28. Il s'agit de limiter drastiquement une approche qui serait principalement centrée sur les risques, encadrant les entreprises innovantes, et qui ne permettrait pas au continent européen de prendre le tournant de cette nouvelle révolution technologique.L'IA est devenue un véritable enjeu de souveraineté pour les États. Donald Trump a annoncé mardi le projet « Stargate », comprenant des investissements « d'au moins 500 milliards de dollars » pour construire des centres d'hébergement et de traitement des données, les fameux « datacenters », indispensables pour faire fonctionner les intelligences artificielles. Selon Bloomberg, les grandes entreprises de la tech américaine vont dépenser 274 milliards de dollars en investissements en capital dans l'IA en 2025. C'est presque deux fois plus qu'en 2023. Avec ses 20 Mds d'euros d'investissement par an, dont 4 Mds en France, l'Europe reste largement distancée par les États-Unis.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
Bada : les questions du public (héritage de J-M Le Pen et couple Trump/Musk)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Jan 15, 2025 36:13


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 12 janvier 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Ecorama
Nicolas Baverez : "Une élection présidentielle anticipée sera un saut dans l'inconnu encore plus risqué que la dissolution !"

Ecorama

Play Episode Listen Later Jan 15, 2025 22:10


À l'occasion de la déclaration de politique générale de François Bayrou ce mardi devant l'Assemblée nationale, Nicolas Baverez, économiste et essayiste, était l'invité de l'émission Ecorama du 14 janvier 2025, présentée par David Jacquot sur Boursorama.com. Il a notamment donné son point de vue sur l'instabilité politique en France et le projet de budget 2025. Hébergé par Audion. Visitez https://www.audion.fm/fr/privacy-policy pour plus d'informations.

Le Nouvel Esprit Public
L'héritage de Le Pen / Trump + Musk = ?

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Jan 12, 2025 70:30


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 12 janvier 2025.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.L'HÉRITAGE DE LE PENJean-Marie Le Pen décédé mardi à l'âge de 96 ans, restera celui autour de qui l'extrême droite est sortie de la marginalité électorale où elle était confinée depuis la Seconde Guerre mondiale. En 1984, aux élections européennes, la liste Front national qu'il conduit réalise un score frôlant les 11 %. En 2002, il parvient au second tour de l'élection présidentielle. Le succès de sa rhétorique anti-immigrés va croissant tandis que la crise économique s'amplifie. On parle de « lepénisation des esprits ». Si aujourd'hui la domination de Marine Le Pen au sein des catégories populaires est avérée, c'est Jean-Marie Le Pen qui a siphonné le premier l'électorat ouvrier. Dès la présidentielle de 1988 l'universitaire Pascal Perrineau a identifié ce qu'il a appelé le « gaucho-lepénisme ». En 2011, Jean-Marie Le Pen transmet à sa fille cadette Marine, la présidence d'un parti encore encombré d'une image raciste et antisémite. De cet ascendant biologique et politique, Marine Le Pen tente de s'affranchir. La « dédiabolisation » sera son grand projet, au vif désappointement du vieux chef quelle finit par exclure en 2015. Le Pen perd alors les tréteaux sur lesquels il joue le rôle de sa vie, la profanation.Au moment de sa disparition, l'héritage politique de Jean-Marie Le Pen est double. D'un côté, il reste toujours présent au Front national – devenu Rassemblement national – à travers le nom de famille Le Pen. Il laisse derrière lui deux héritières. Marine qui préside le groupe Rassemblement national, devenu le premier groupe de l'Assemblée nationale depuis la dissolution avec 121 députés, et Marion Maréchal ex – Le Pen, élue au Parlement européen à la tête de son parti Identités-Libertés. Les thématiques chères à leur père et grand-père, comme les dangers de la mondialisation et de l'immigration, ainsi que la préférence nationale, rebaptisée priorité nationale, restent les clefs de voûte du Rassemblement national. D'un autre côté, ses provocations et son exaltation se prolongent davantage depuis la présidentielle de 2022 à travers Éric Zemmour, nouveau représentant électoral et médiatique de l'extrême droite la plus dure. Nicolas Lebourg, historien spécialiste des mouvements liés à cette idéologie distingue deux legs importants : « L'un culturel, car le RN reste un parti profondément national-populiste, en gardant un discours autour d'une France menacée de décadence par des élites faillies. L'autre patrimonial, car aucun des députés frontistes ne pourrait être à cette place aujourd'hui si Jean-Marie Le Pen n'avait pas œuvré pendant des décennies pour sortir l'extrême-droite du désert. » Virginie Martin, politologue, enseignante-chercheuse à Kedge Business School observe que si « Jean-Marie Le Pen n'était pas un grand théoricien du politique, pas plus qu'il n'était un grand idéologue politique […] il a gagné la bataille culturelle sur la question de l'immigration comme sur celle de la sécurité ». À moins qu'il n'ait été que le visage et la grande gueule d'une évolution des opinions à l'œuvre dans toute l'Europe.TRUMP + MUSK = ?Avant même son investiture le 20 janvier prochain Donald Trump déclenche les polémiques, en affirmant que le Canada est un possible « 51ème État », en n'excluant pas l'usage de la force pour annexer le Groenland - un territoire semi-autonome qui appartient au Danemark -, en souhaitant renommer le Golfe du Mexique « Golfe de l'Amérique », ou en envisageant que « le canal de Panama soit restitué aux États-Unis ». Tensions en interne également : les États-Unis ont échappé in extremis au risque d'un shutdown – un arrêt temporaire des activités gouvernementales non essentielles -, faute de financement de l'État fédéral, en défiant les souhaits de Donald Trump et d'Elon Musk, nouveau perturbateur de la vie politique américaine. Au lieu de voter des législations séparées comme le préféraient les élus républicains, Trump aurait l'intention de faire voter une « méga-loi » MAGA (« Make America Great Again ») comprenant ses mesures prioritaires : réforme de la fiscalité, de l'immigration et de la politique énergétique. Le passage de cette loi devrait dominer les premiers mois de son mandat. La question des visas H-1B, destinés aux travailleurs hautement qualifiés a également déclenché des crispations entre les représentants historiques du mouvement MAGA, souvent nativistes et hostiles à l'immigration, y compris légale, et les « néo-MAGA », libéraux et soucieux avant tout d'efficacité. Elon Musk, lui-même né en Afrique du Sud et bénéficiaire de ce visa, a pris fait et cause pour ces visas qui attirent aux États-Unis les ingénieurs les plus talentueux venus du monde entier. Ces tensions se sont calmées après que Trump a choisi son camp en se rangeant auprès de Musk.L'homme le plus riche du monde ne quitte plus Donald Trump depuis la campagne électorale, qu'il a contribué à financer à hauteur d'un quart de milliard de dollars. Son installation à la direction du « DOGE » (Département de l'Efficacité gouvernementale), en tandem avec l'entrepreneur anti-woke, climatosceptique et ultra-conservateur Vivek Ramaswamy promet, elle aussi, d'être fracassante. L'inspiration doctrinale est moins celle des libertariens, réclamant toujours moins d'État pour restaurer la liberté, que celle de la « révolution » néo-conservatrice reaganienne. L'objectif affiché est de privatiser l'État fédéral, de le dépecer et in fine de le transformer en entreprise. Parmi les chantiers du quasi-ministre Musk, des plans de suppression d'emplois massifs, une dérégulation tous azimuts et une coupe dans les dépenses publiques de 2.000 milliards. Ces sabrages concerneraient l'éducation, les retraites, l'audiovisuel, le planning familial, etc. L'implication du milliardaire américain dans la politique européenne se fait toujours plus nette, comme son soutien aux droites radicales. Fin décembre, Elon Musk a ainsi apporté un soutien clair et sans ambiguïté à Alternative für Deutschland (AfD), le parti d'extrême-droite allemand, après avoir traité Olaf Scholz d'« idiot incapable ». Au Royaume-Uni, il réclame de nouvelles élections et offre de financer le parti populiste de Nigel Farage, grand rival des conservateurs.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Chronique Economique
2025 : commerce mondial, droit international ou diplomatie, le retour de la loi de la jungle

Chronique Economique

Play Episode Listen Later Jan 7, 2025 3:42


L'année 2025 sera l'année de la loi du plus fort. Que ce doit dans le commerce mondial, dans le droit international ou diplomatie. Il faut oublier les règles du jeu, c'est le retour de la loi de la jungle. 2025 commence sous le signe d'un monde où seule la force compte. Le mois de janvier, ce moment magique où chacun y va de son pronostic pour l'année à venir. Et le 20 janvier prochain, la plupart des médias titreront que Donald Trump investit officiellement à la Maison-Blanche. Il sera ou est déjà l'homme à suivre en 2025. Eh bien moi, je parie sur un autre nom : Elon Musk. Alors pas parce qu'il pourrait un jour devenir président des États-Unis, ça, c'est hors de question. Elon Musk ne se contente plus d'être l'homme le plus riche du monde, il est désormais l'homme le plus puissant et la puissance, vous le savez bien, elle fait peur. Musk fait ce qu'il veut, quand il veut et ça, ça dérange. Nicolas Baverez, économiste bien connu, annonce la couleur : 2025 sera celle de la loi du plus fort commerce mondial. Droit international, Diplomatie. Oubliez les règles du jeu, la jungle est là. Et pendant ce temps ? Et bien pendant ce temps, l'Europe, elle décroche. Mots-Clés : Constitution américaine, ambition, sol américain, Afrique du Sud, réalité, chefs d'États européens, photos, usine Tesla, trophée, cauchemar, X, Tweeter, arme, soutien, parti d'extrême droite, allemand, chancelier, Olaf Scholz, menaces, Premier ministre britannique, Emmanuel Macron, jongler, ego, internationaux, discours d, ambassadeurs, résumé, inimaginable, propriétaire, réseaux sociaux, monde, international, réactionnaire, élections, Allemagne, citation, cerise sur le gâteau, payer, reconstruction, Ukraine, contrats, entreprises américaines, Emmanuel Todd, intellectuel, mépris, servilité, arrogance, scandale, Italie, Giorgia Meloni, génie, négocie, SpaceX, sécuriser, télécommunications, gouvernement, désunion, serviles. --- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30. Merci pour votre écoute Pour écouter Classic 21 à tout moment i: https://www.rtbf.be/radio/liveradio/classic21 ou sur l'app Radioplayer Belgique Retrouvez tous les épisodes de La chronique économique sur notre plateforme Auvio.be :https://auvio.rtbf.be/emission/802 Et si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à nous donner des étoiles ou des commentaires, cela nous aide à le faire connaître plus largement. Découvrez nos autres podcasts : Le journal du Rock : https://audmns.com/VCRYfsPComic Street (BD) https://audmns.com/oIcpwibLa chronique économique : https://audmns.com/NXWNCrAHey Teacher : https://audmns.com/CIeSInQHistoires sombres du rock : https://audmns.com/ebcGgvkCollection 21 : https://audmns.com/AUdgDqHMystères et Rock'n Roll : https://audmns.com/pCrZihuLa mauvaise oreille de Freddy Tougaux : https://audmns.com/PlXQOEJRock&Sciences : https://audmns.com/lQLdKWRCook as You Are: https://audmns.com/MrmqALPNobody Knows : https://audmns.com/pnuJUlDPlein Ecran : https://audmns.com/gEmXiKzRadio Caroline : https://audmns.com/WccemSkAinsi que nos séries :Rock Icons : https://audmns.com/pcmKXZHRock'n Roll Heroes: https://audmns.com/bXtHJucFever (Erotique) : https://audmns.com/MEWEOLpEt découvrez nos animateurs dans cette série Close to You : https://audmns.com/QfFankx

Le Nouvel Esprit Public
Censure : à quoi ont joué gouvernement et partis ? / La Syrie sous pression

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Dec 8, 2024 60:28


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 6 décembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.CENSURE : À QUOI ONT JOUÉ GOUVERNEMENT ET PARTIS ?L'Assemblée nationale a adopté mercredi soir une motion de censure par 331 voix, la majorité absolue étant de 289 voix, en réponse au déclenchement de l'article 49.3. Le gouvernement Barnier, le plus éphémère de la Ve République est tombé, moins de trois mois après sa nomination. Une première depuis 1962. « Le Premier ministre a remis jeudi la démission de son gouvernement au président de la République qui en a pris acte », a fait savoir l'Élysée.Au préalable, le Premier ministre avait assumé d'engager une phase de négociation avec les formations qui acceptaient d'entrer dans le jeu. Il était difficile de satisfaire les différents partis compte tenu de leurs différentes lignes rouges : tandis que le Rassemblement national (RN) ne voulait pas que le prochain budget lèse les classes populaires, Les Républicains refusaient d'augmenter les impôts, le Nouveau Front populaire (NFP) réclamait des impôts supplémentaires pour les plus riches et pas de nouvelle loi immigration, les macronistes exigeaient que les allégements de charges accordés aux entreprises ne soient pas remis en cause. Plus Michel Barnier lâchait de concessions pour dissuader les parlementaires de faire tomber son gouvernement, plus ils en rajoutaient. Pour s'acheter la grâce de Marine Le Pen, il s'est résigné à réduire les prix de l'électricité et à raboter l'aide médicale proposée aux sans-papiers. Mais elle a exigé ensuite que les médicaments soient mieux remboursés et que les pensions de retraite soient encore plus revalorisées. Sous la pression, le gouvernement est allé jusqu'à revenir sur la baisse du taux de remboursement des médicaments en 2025, l'une des dernières demandes de Marine Le Pen. Insuffisant, tant les exigences du RN semblaient s'échelonner à mesure que l'exécutif se montrait prêt à des concessions.La cheffe de file des députés RN espère s'être adressée en priorité à son électorat favorable à la chute de l'exécutif, mais elle prend le risque d'abandonner sa posture de parti de gouvernement dans sa conquête de nouveaux électeurs. En censurant, l'extrême droite a pris le risque d'affaiblir sa posture dans une partie de l'opinion, notamment chez les retraités et les catégories supérieures diplômées, inquiets d'une forme d'instabilité.Selon un sondage de l'Ifop publié le 28 novembre, 53 % des électeurs souhaitaient que la censure soit votée contre le gouvernement. La France est désormais sans budget, sans gouvernement, sans majorité à l'Assemblée nationale et dirigée par un président impopulaire.Jeudi soir, Emmanuel Macron a annoncé la nomination prochaine d'un nouveau Premier ministre à la tête d'un gouvernement d'intérêt général excluant le RN et LFI, et il a assuré qu'il exercerait son mandat jusqu'à son terme constitutionnel.LA SYRIE SOUS PRESSIONEn quelques jours, les rebelles islamistes syriens se sont emparés de plus de territoire dans le nord-ouest de la Syrie qu'en treize ans de guerre civile. Depuis le 27 novembre, le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham et les factions rebelles alliées, a mis la main sur Alep, la deuxième ville la plus importante de Syrie. Il a ensuite pris Hama avec, en ligne de mire, la capitale, Damas. Même si elles ne sont pas majoritaires, certaines formations de rebelles proches d'Ankara participent à l'offensive d'Alep. Parmi elles, l'Armée nationale syrienne, un groupement d'une dizaine de factions, sans réelle unité idéologique mais partageant des sentiments très antikurdes et réunies par la Turquie depuis 2017. Alors que l'armée syrienne s'est débandée, le président Bachar el-Assad a promis d'utiliser la « force » pour éradiquer le « terrorisme ».Jusqu'à présent, le régime syrien n'a tenu qu'en raison de l'aide de ses trois alliés : l'Iran, le Hezbollah et la Russie. Les djihadistes ont saisi le moment où le camp pro-iranien est affaibli par les coups que lui a portés Israël à Gaza, au Liban, et en Syrie. Israël, inquiet de voir le mouvement armé libanais développer avec l'appui logistique de l'Iran une plate-forme pour faire passer du matériel militaire et des hommes vers ses bastions au Liban, frappe librement ses ennemis en Syrie. Toutefois, le gouvernement israélien ne cherche pas à faire tomber le régime de Bachar : il lui suffit de pouvoir frapper à sa guise les installations du Hezbollah et de ses alliés en Syrie. La Russie, elle, occupée par sa guerre en Ukraine, n'a plus les mêmes ressources financières et humaines qu'au milieu des années 2010 à consacrer au soutien de Bachar el-Assad. Compliquant la donne géopolitique, la rébellion, et ses factions à la solde d'Ankara, s'est emparé de Tall, une localité sous contrôle kurde, près de la frontière turque.La fulgurante offensive rebelle sur Alep met en lumière l'isolement et les faiblesses du régime de Damas avec lequel Recep Tayyip Erdogan et son gouvernement cherchent depuis deux ans, en vain, à négocier une normalisation diplomatique. Le président syrien a exigé à chaque étape des discussions le retrait des troupes turques dans le nord du pays et l'arrêt de la collaboration avec l'opposition syrienne. Deux termes qui ont toujours été non négociables côté turc. Avec le redéploiement de troupes russes sur le front ukrainien, le pouvoir turc espère lancer, comme il l'a annoncé à plusieurs reprises, une nouvelle offensive militaire dans le nord de la Syrie contre les forces kurdes. L'un des objectifs d'Ankara est également d'organiser le retour des quelque trois millions de réfugiés syriens que le pays accueille sur son territoire. En élargissant la zone contrôlée par les rebelles, Ankara espère augmenter ses chances d'accélérer le mouvement.Dans un communiqué conjoint, les Etats-Unis, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont appelé à la « désescalade » en Syrie.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
Le PS peut-il s'affranchir ? / La situation en Ukraine

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Play Episode Listen Later Dec 1, 2024 66:43


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 29 novembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.LE PS PEUT-IL S'AFFRANCHIR ? Le prochain congrès du PS devrait avoir lieu au printemps 2025. Elu depuis 2018, Olivier Faure remettra son mandat de premier secrétaire en jeu. Sa gouvernance est contestée par ceux qui lui reprochent de coller au pas et aux humeurs de Jean-Luc Mélenchon et d'avoir réduit le PS à une annexe de La France insoumise au lieu de profiter de la force acquise lors des européennes et même des législatives pour être en mesure de faire émerger un candidat socialiste présidentiable. Les partisans du député de Seine et Marne plaident pour la survie, à tout prix, de l'union de la gauche, tout en menant à l'Assemblée une bataille larvée contre LFI pour obtenir le leadership de la gauche. Un combat rendu possible par le retour en force des socialistes à l'Assemblée : les troupes du patron du groupe socialiste à l'Assemblée, Boris Vallaud, comptent 66 parlementaires, contre 71 mélenchonistes.Cette crise entre le PS et LFI a éclaté au grand jour après la proposition de pacte de « non-censure » évoqué dimanche dernier sur France Inter par Boris Vallaud qui a proposé à « tous les présidents de groupes du Sénat et de l'Assemblée de l'arc républicain de poser la question des conditions d'une non-censure ». Il a, en outre, dit vouloir « reprendre le fil » de ce que « les groupes du Nouveau Front populaire » à l'Assemblée et au Sénat avaient « commencé à faire à la mi-août en disant "nous sommes prêts à des compromis texte par texte, nous sommes prêts à discuter des priorités de politique budgétaire" ». « Le PS cherche des alliés. Mais ça sera sans LFI », a assuré Jean-Luc Mélenchon, accusant le PS de « tendre la main » au-delà de la gauche.La mésentente affichée entre LFI et le PS est également apparue à propos d'une proposition de loi déposée le 19 novembre, à l'initiative du député « insoumis » du Nord Ugo Bernalicis, qui vise à « abroger le délit d'apologie du terrorisme du code pénal ». Ce délit, créé par une loi de 2014, consiste à « présenter ou commenter favorablement soit le terrorisme en général, soit des actes terroristes déjà commis ». Bernard Cazeneuve avait défendu ce texte comme « nécessaire » face à « la stratégie médiatique » des groupes djihadistes et au fait qu'« Internet offre aux thèses les plus extrêmes une caisse de résonance démultipliée ». L'objectif consiste selon la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, à cantonner à nouveau l'apologie du terrorisme au droit de la presse afin de garantir « la liberté d'expression ». La proposition a suscité une vague de critiques. A gauche le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a jugé qu'il suffisait en la matière d'affiner « la définition » du délit « pour en éviter les dérives ». Plus clairement, le patron des députés PS, Boris Vallaud, a affirmé ne pas soutenir « la proposition de LFI ».LA SITUATION EN UKRAINE Après des mois de refus, le 17 novembre, les Etats-Unis ont donné aux Ukrainiens le feu vert pour frapper la Russie en profondeur avec leurs missiles balistiques sol-sol d'une portée allant jusqu'à 300 kilomètres. Washington a justifié cette autorisation par le récent déploiement de soldats nord-coréens dans la région frontalière russe de Koursk. Alors que le conflit passait le cap des 1.000 jours, le 19 novembre, Kyiv a frappé un poste de commandement russe dans la région de Koursk. En réponse, le président russe a annoncé l'adoption d'une nouvelle doctrine nucléaire qui élargit la possibilité d'un recours à l'arme atomique en cas d'attaque « massive » par un pays non nucléaire mais soutenu par une puissance nucléaire. Une référence claire à l'Ukraine et aux États-Unis. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Union européenne ont dénoncé « une rhétorique irresponsable » de la part de la Russie.Alors que la Russie pousse son avantage sur la ligne de front, en s'emparant de territoires, dans l'est du pays, à une rapidité inédite, les Etats-Unis ont annoncé, le 20 novembre, que pour aider l'Ukraine à freiner l'avancée des Russes, ils allaient fournir à Kyiv des « mines antipersonnel non-persistantes », c'est-à-dire équipées d'un dispositif d'autodestruction ou d'autodésactivation. Une mesure dénoncée non seulement par la Russie, et jugée « désastreuse » par la Campagne internationale pour interdire les mines, une organisation qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1997. L'Ukraine est aujourd'hui le pays le plus miné au monde, avec 23 % de son territoire pollué par des mines terrestres et des munitions non explosées, indiquait dans un rapport en octobre, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).Le 21 novembre Vladimir Poutine a déclaré que Moscou « avait lancé un nouveau missile balistique de portée intermédiaire sur l'Ukraine, en réponse à l'utilisation récente par ce pays d'armes américaines et britanniques pour frapper plus en profondeur » le territoire russe. Il a précisé que l'engin était un nouveau type de missile balistique hypersonique baptisé « Orechnik » - « noisetier », en russe -, dans sa « configuration dénucléarisée ». Le tir a visé un « site du complexe militaro-industriel ukrainien » dans la ville de Dnipro, a-t-il ajouté. C'est une première dans l'histoire du nucléaire militaire. Il n'était pas chargé – d'où l'absence d'explosion au sol –, mais, avec un tel tir, les Russes ont franchi un pas dans l'escalade avec les Occidentaux. Face aux risques importants de méprise, donc de riposte et d'escalade nucléaire, la Russie a indiqué avoir prévenu les Etats-Unis de son tir. Une annonce confirmée par Washington.Face aux nouvelles menaces du président russe, qui prévient qu'il pourrait désormais les frapper directement, les Occidentaux hésitent, vis-à-vis de l'Ukraine, entre un soutien réitéré mais assorti de limites (Joe Biden), des promesses verbales (Otan, France, Royaume-Uni et Suède), et la « prudence » (Allemagne).Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
La question agricole et le Mercosur / Bakou : naufrage des accords de Paris ?

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Nov 24, 2024 61:41


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 22 novembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.LA QUESTION AGRICOLE ET LE MERCOSURL'Union européenne et le Mercosur - le Marché commun du Sud, regroupant l'Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay - discutent depuis 1999 d'un traité de libre-échange. « La négociation agricole a été finalisée en 2019 », précise-t-on à la Commission européenne. Pour les secteurs les plus sensibles, des quotas tarifaires ont été fixés : chaque année, 99 000 tonnes de bœuf, 180 000 tonnes de sucre de canne et 180 000 tonnes de volaille pourront accoster en Europe sans payer de droits de douane, ou alors minimes. Au-delà, les taxes habituelles s'appliqueront. Le quota de bœuf brésilien représente moins de 1 % de la consommation annuelle européenne et 1,2 % pour celle de sucre. Les discussions entre l'UE et le Mercosur ont repris en mars 2023 et ne portent désormais que sur quelques questions précises, faisant l'objet d'un « protocole additionnel ». En l'absence d'entente rapide, le Mercosur pourrait se rapprocher de la Chine, craint l'exécutif européen. Onze pays ont signé une lettre pour dire leur soutien à l'accord. Parmi eux, l'Allemagne, premier exportateur européen et troisième exportateur mondial, dont l'économie est à la peine. Mais la France qui s'oppose depuis 2019 à l'accord, s'est lancée dans une course contre la montre, en vue de faire pencher les pays indécis.Les agriculteurs français s'inquiètent de la menace d'un débarquement de denrées alimentaires sud-américaines à bas prix, en concurrence déloyale car issues d'un modèle productiviste soumis à des normes sociales, sanitaires et environnementales bien moins exigeantes. Ils se sentent sacrifiés quand l'Allemagne, première puissance industrielle d'Europe, va pouvoir mieux vendre ses voitures alors que la France, première puissance agricole d'Europe, subira les importations de viande sud-américaine. La FNSEA et les Jeunes Agriculteursont ont lancé un mouvement de protestation, lundi, alors que la Coordination rurale a appelé, mardi, à des actions plus radicales, comme le blocage du fret alimentaire. Leur mobilisation intervient alors qu'en janvier se profilent les élections professionnelles pour le contrôle des chambres d'agriculture. Au soutien de la colère paysanne, les décideurs politiques font front uni. L'opposition au Mercosur s'élargit. Après une première tribune signée par 200 députés dans Le Figaro le 5 novembre, 600 parlementaires en ont signé une autre le 12 dans Le Monde, adressée à la présidente de la Commission européenne. Emmanuel Macron, qui a déjà fait bloquer l'accord en 2019, répète qu'« en l'état, le traité n'est pas acceptable ». Michel Barnier a fait l'aller-retour à Bruxelles le 13 novembre pour avertir que « l'impact serait désastreux » et qu'il ne faudrait « pas passer outre la position d'un pays comme la France ». Le gouvernement va proposer un débat au Parlement le 10 décembre suivi d'un vote sur l'accord commercial.BAKOU : NAUFRAGE DES ACCORDS DE PARIS ? La 29e conférence mondiale sur le climat (COP29) s'est déroulée du 11 au 22 novembre à Bakou en Azerbaïdjan en l'absence de nombreux membres du G20 (qui représente près de 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre) : ni les Etats-Unis, ni la Chine, ni l'Inde, ni le Canada, ni le Japon n'ont envoyé de représentants. Les acteurs importants de la diplomatie climatique : le président français, le chancelier allemand et la présidente de l'Union européenne étaient également absents. La COP29 avait pour principal objectif d'augmenter l'aide financière annuelle des pays riches. En ces temps de morosité économique, de guerres en Ukraine, à Gaza et au Liban, alors que le climato-sceptique Trump a été élu aux Etats-Unis et que l'intensification des impacts climatiques se fait sentir comme récemment en Espagne, les fossés entre les différents blocs de pays ne sont pas résorbés. Face aux demandes multiples d'aides financières (le groupe Afrique évoque 1.300 milliards de dollars, les ONG du Climate Action Network « au moins »1.000 milliards), l'Union européenne refuse de dévoiler son jeu.Les pays de l'Union européenne ne souhaitent pas faire de trop grandes promesses quant au montant des aides à apporter aux pays en développement, tout en redoutant d'apparaître comme la partie responsable du blocage. Mercredi, le commissaire européen à l'action pour le climat Wopke Hoekstra a estimé nécessaire de définir d'abord ce qu'englobe le chiffrage des pays en développement. Une façon de ne pas focaliser les débats sur les chiffres et de continuer à discuter de l'élargissement de la liste des contributeurs ou, au moins, de comptabiliser les aides des pays émergents, de l'intégration des investissements du privé, et du fait que les aides soient orientées vers les pays les plus vulnérables. La Chine refuse d'être incluse dans la liste des pays contributeurs, ce qui remettrait en cause son statut de pays en développement. Jeudi, la présidence de la COP a dévoilé un texte évoquant au moins « 1.000 milliards de dollars », mais sans préciser de chiffrage. Une proposition jugée inacceptable par M. Hoekstra tandis que les pays en développement ont proposé un compromis à 500 milliards par an.Avant l'Accord de Paris de 2015, les émissions de gaz à effet de serre augmentaient de 16 % par an. Selon les estimations de l'ONU, les politiques mises en œuvre depuis 2015 ont permis de diminuer cette augmentation qui s'établirait à 3 % en 2030. Loin des 30 à 45 % de diminution nécessaires pour atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle. Selon l'Observatoire international climat et opinions publiques, un baromètre annuel publié par Ipsos et EDF, partout dans le monde, la priorité environnementale recule et le changement climatique inquiète de moins en moins. En France, la proportion de personnes très préoccupées par le sujet a baissé de 35 %.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Idées
Nicolas Baverez, historien, économiste, avocat, auteur de : « Sursaut »

Idées

Play Episode Listen Later Nov 24, 2024 48:30


Dans ce numéro du magazine IDÉES, Pierre-Édouard Deldique vous propose sous le thème du déclin un rendez-vous avec Nicolas Baverez, historien, économiste et avocat. Vingt ans après avoir écrit « la France qui tombe », il publie « Sursaut » dans lequel il explique que la France affronte une heure de vérité. « Comme en 1945, elle doit choisir entre la modernisation et le déclassement », écrit-il.

Idées
Nicolas Baverez, historien, économiste, avocat, auteur de : « Sursaut »

Idées

Play Episode Listen Later Nov 24, 2024 48:30


Dans ce numéro du magazine IDÉES, Pierre-Édouard Deldique vous propose sous le thème du déclin un rendez-vous avec Nicolas Baverez, historien, économiste et avocat. Vingt ans après avoir écrit « la France qui tombe », il publie « Sursaut » dans lequel il explique que la France affronte une heure de vérité. « Comme en 1945, elle doit choisir entre la modernisation et le déclassement », écrit-il.

Deux heures d'info avec Nikos Aliagas
Dimitri Pavlenko avec Nicolas Baverez et Anne Genetet

Deux heures d'info avec Nikos Aliagas

Play Episode Listen Later Nov 19, 2024 99:51


Deux heures de direct à l'écoute de celles et ceux qui font le monde : le raconter, le décrypter et l'analyser pour donner des clés de lecture et de compréhension aux auditeurs.

Le Nouvel Esprit Public
L'élection et la situation aux Etats-Unis / Conséquences pour l'Europe et la France

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Nov 10, 2024 64:43


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 8 novembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.L'ÉLECTION ET LA SITUATION DES ÉTATS-UNISAux Etats-Unis, trois ans après avoir quitté le bureau ovale, Donald Trump a été élu 47ème président des 244 millions de citoyens américains. Pour la première fois depuis 2004, les Républicains ont remporté le vote populaire en plus d'une nette majorité de grands électeurs. Selon les dernières projections, 64,5% des Américains ont voté soit la deuxième plus forte participation depuis 1908, juste derrière 2020. Donald Trump a remporté la totalité des États pivots, tandis que son parti a décroché dans le même temps la majorité au Sénat. C'est la première fois qu'un candidat républicain remporte le vote populaire depuis George W. Bush en 2004, et la seconde fois qu'un président est réélu pour un second mandat non consécutif depuis Grover Cleveland en 1892. L'ampleur de cette victoire « haut la main » provoque la surprise, les sondages ayant longtemps été favorables à Kamala Harris, puis les deux candidats ayant été annoncés « au coude-à-coude » au cours des dernières semaines de la campagne.Élu une première fois en 2016, battu de justesse en 2020 par Joe Biden lors d'un scrutin dont il n'a jamais reconnu les résultats, Donald Trump a revendiqué une « victoire politique jamais vue » dans le pays, et promis un nouvel « âge d'or » aux Américains. Sa victoire, le candidat républicain la doit à une stratégie électorale risquée : miser d'abord sur l'Amérique rurale. Il a rassemblé 55% des voix chez les blancs non diplômés et 60% dans les campagnes. Un socle ultra solide qui s'est aussi élargi : Trump fait mieux qu'en 2020 dans « quasiment tous les groupes démographiques » dont certains piliers de l'électorat démocrate : les femmes (+ 2 points qu'en 2020), les Hispaniques (+6) les Afro-américains (+7) et surtout les jeunes hommes (le "bro vote", +15). A l'inverse, Kamala Harris ne progresse que chez les femmes diplômées et échoue à mobiliser sur l'avortement et la défense de la démocratie : elle réalise 80% des votes chez ceux plaçant ces deux thèmes comme priorité mais cela est compensé intégralement par les 80% de votes contraires chez ceux favorisant l'immigration ou l'économie. Au lendemain du scrutin, Kamala Harris a reconnu sa défaite. Après avoir appelé son adversaire pour le féliciter, la candidate démocrate a appelé ses soutiens à accepter les résultats.Au lendemain de la victoire de Donald Trump, la bourse américaine s'est envolée, le dollar a connu sa plus forte hausse depuis huit ans, le bitcoin - soutenu par Trump - a dépassé pour la première fois les 75.000 dollars.CONSÉQUENCES POUR L'EUROPE ET LA FRANCELe triomphe de Donald Trump impactera l'économie mondiale. Le candidat républicain souhaite augmenter les droits de douane de 10 ou 20% sur tous les produits importés aux Etats-Unis. Une surtaxe conséquente, au regard des 3,3% de droits de douane moyens pratiqués aujourd'hui. En 2023, l'Union européenne a importé 344 milliards d'euros de biens d'outre-Atlantique et lui en a exporté pour 502 milliards d'euros. Un déficit commercial de 158 milliards de dollars insupportable aux yeux de Donald Trump. Il compte aussi surtaxer de 60 % ceux qui proviennent de Chine, faisant peser sur l'Union européenne la menace de voir les industriels chinois réorienter leurs exportations vers le Vieux Continent.Parmi les Vingt Sept réunis jeudi et vendredi à Budapest, une petite minorité souhaitait la victoire de Donald Trump. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, dont le pays occupe jusqu'à fin décembre la présidence du Conseil de l'UE et qui reçoit ses homologues à ce titre, le Slovaque Robert Fico, tandis que l'Italienne, Giorgia Meloni reste ambiguë. Les Vingt-Sept sont tiraillés par des intérêts divergents. Paris, chantre de l'autonomie stratégique de l'Union, prône l'instauration d'un rapport de force musclé avec Washington, si cela se révélait nécessaire. Mais plusieurs États membres sont pour la prudence, redoutant les mesures de rétorsion. A commencer par l'Allemagne, dont la coalition est secouée par le limogeage du ministre des finances libéral, et qui, en plus de son tropisme transatlantique et de son attachement au parapluie militaire américain, a un besoin impérieux d'exporter ses voitures et ses machines-outils de l'autre côté de l'Atlantique. Comme l'Italie, pour qui le marché américain est également un débouché essentiel. L'impact de cette élection concernera aussi les secteurs secteurs énergétique, technologique, militaire et géopolitique, avec, en ligne de mire, l'avenir de la guerre russo-ukrainienne et le spectre d'une déstabilisation des pays frontaliers en cas d'affaiblissement, de l'OTAN : la Pologne et les pays baltes, notamment, ont pour obsession de conserver les garanties de sécurité américaines offertes par l'OTAN. Que ce soit parce qu'il est vital pour leurs industriels de continuer à exporter outre-Atlantique ou pour s'assurer que Washington continuera à les protéger d'éventuelles agressions extérieures, une majorité des Vingt-Sept ne semble pas spontanément disposée à engager un bras de fer avec l'allié américain.Les rapports de force que Donald Trump devrait engager avec l'Europe porteront également sur la propagation des ressorts idéologiques et stratégiques qui ont « fait » sa victoire et pourraient consolider la doxa des extrêmes droites dans des démocraties déstabilisées et sous tension.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

L'info en intégrale - Europe 1
Nicolas Baverez, avocat et éditorialiste

L'info en intégrale - Europe 1

Play Episode Listen Later Oct 28, 2024 20:43


Frédéric Taddeï reçoit Nicolas Baverez, l'auteur du livre "Sursaut", pour une discussion approfondie sur la situation critique que traverse la France.Près de deux décennies après la parution de "La France qui tombe", Baverez dresse un constat alarmant : le pays est au bord de la rupture, confronté à une crise économique, sociale, diplomatique et politique sans précédent. L'invité explique comment la France s'est enlisée dans un "cycle infernal" de déclin, avec une baisse de la productivité, un chômage élevé, un déficit commercial abyssal et des finances publiques incontrôlables. Pire encore, la France a perdu toute influence sur la scène internationale, marginalisée face à ses partenaires européens.Cependant, Nicolas Baverez n'est pas résigné. Il croit encore en la possibilité d'un sursaut national, à condition de remettre en question en profondeur le modèle économique et social français. Selon lui, la priorité doit être la relance de la production, du travail et de l'innovation, au-delà des faux-semblants et des boucs émissaires.Le défi est de taille, mais l'auteur estime que la France dispose encore d'atouts formidables pour se redresser, à l'image du redressement réussi par le Général de Gaulle dans les années 60. Reste à savoir si la classe politique saura saisir cette "heure de vérité" pour engager les réformes nécessaires et redonner aux Français la fierté et la confiance en l'avenir.Notre équipe a utilisé un outil d'Intelligence artificielle via les technologies d'Audiomeans© pour accompagner la création de ce contenu écrit.

C'est arrivé demain
Nicolas Baverez, avocat et éditorialiste

C'est arrivé demain

Play Episode Listen Later Oct 28, 2024 20:43


Frédéric Taddeï reçoit Nicolas Baverez, l'auteur du livre "Sursaut", pour une discussion approfondie sur la situation critique que traverse la France.Près de deux décennies après la parution de "La France qui tombe", Baverez dresse un constat alarmant : le pays est au bord de la rupture, confronté à une crise économique, sociale, diplomatique et politique sans précédent. L'invité explique comment la France s'est enlisée dans un "cycle infernal" de déclin, avec une baisse de la productivité, un chômage élevé, un déficit commercial abyssal et des finances publiques incontrôlables. Pire encore, la France a perdu toute influence sur la scène internationale, marginalisée face à ses partenaires européens.Cependant, Nicolas Baverez n'est pas résigné. Il croit encore en la possibilité d'un sursaut national, à condition de remettre en question en profondeur le modèle économique et social français. Selon lui, la priorité doit être la relance de la production, du travail et de l'innovation, au-delà des faux-semblants et des boucs émissaires.Le défi est de taille, mais l'auteur estime que la France dispose encore d'atouts formidables pour se redresser, à l'image du redressement réussi par le Général de Gaulle dans les années 60. Reste à savoir si la classe politique saura saisir cette "heure de vérité" pour engager les réformes nécessaires et redonner aux Français la fierté et la confiance en l'avenir.Notre équipe a utilisé un outil d'Intelligence artificielle via les technologies d'Audiomeans© pour accompagner la création de ce contenu écrit.

Le Nouvel Esprit Public
La santé mentale « grande cause nationale » / La Corée du Nord et l'Iran avec la Russie contre l'Ukraine

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Oct 27, 2024 64:36


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 25 octobre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.LA SANTÉ MENTALE « GRANDE CAUSE NATIONALE »Le Premier ministre a annoncé fin septembre qu'il souhaitait faire de la santé mentale la grande cause nationale en 2025. Crée en 1977, le label « grande cause nationale » est décerné à un thème de société porté par des organismes à but non lucratif ou des associations. Il permet notamment une visibilité accrue, via des messages sur les radios et télévisions publiques. Affirmant qu'il s'agit pour lui d'une cause presque familiale à l'origine du fait de l'engagement de sa mère sur le sujet, Michel Barnier a évoqué sa volonté de décentraliser la prise en charge des patients. Devant les députés, lors de son discours de politique générale, le 1er octobre, il a rappelé que « les crises successives, dont le Covid, ont eu un effet important et aggravant » sur le bien-être psychique des Français, notamment celui des plus jeunes et précisé qu'«un Français sur cinq connaît des problèmes de santé mentale à un moment donné de sa vie », soit 13 millions de personnes. Une récente étude réalisée par Indeed et OpinionWay atteste aussi d'un mal-être grandissant dans le milieu professionnel : près d'un salarié sur deux (48%) craint pour sa santé mentale tandis qu'un tiers a déjà été concerné par un burn-out. Ces troubles représentent le premier poste de dépenses du régime général de l'assurance maladie, avant les cancers et les maladies cardio-vasculaires, pour un montant de 25 milliards d'euros. En intégrant les coûts indirects - liés notamment aux arrêts de travail longs dont elle est la première cause - la dépense annuelle en santé mentale atteindrait les 163 milliards d'euros en 2018 contre 109 milliards d'euros en 2007, soit 4% du PIB.Un coup de projecteur réclamé depuis un an par un collectif de plus de 3.000 organisations. Depuis 2010, 310 postes de psychiatre n'ont pas été pourvus à l'internat, dont 65 % entre 2019 et 2023. En 2023, 67 postes, sur 547 ouverts, sont restés vacants. La capacité d'accueil des hôpitaux est passée de 100.000 lits à 80.000 lits entre 1997 et 2021. La répartition géographique des psychiatres est très inégale. La pédopsychiatrie est un domaine sinistré avec un nombre de praticiens divisé par deux. Une dizaine de départements n'a même plus un seul praticien. le Premier ministre a annoncé un doublement du nombre de maisons des adolescents et la généralisation de la formation aux premiers secours en santé, propositions reprises du rapport du Haut-commissaire au plan François Bayrou. Michel Barnier propose également de consolider la prévention des maladies mentales. Il souhaite que la recherche en la matière soit encouragée. Il insiste aussi sur la nécessité de favoriser les rapprochements entre structures pour améliorer l'efficacité de l'accompagnement. Le tout pour un montant envisagé de 600 millions d'euros.LA CORÉE DU NORD ET L'IRAN AVEC LA RUSSIE CONTRE L'UKRAINE Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, Pyongyang et Moscou n'ont cessé de se rapprocher. La Corée du Nord a fourni des armes et des munitions à l'armée russe, dont au moins 3 millions d'obus d'artillerie et des dizaines de missiles balistiques. En retour, selon un rapport du renseignement américain paru en mai, la Russie aide activement Pyongyang à contourner les sanctions et à développer des systèmes d'armement. En juin, les deux pays ont conclu un « partenariat stratégique global », qui comprend une assistance militaire mutuelle. Pour la Corée du Nord les revenus générés par les ventes d'armes qui s'ajoutent au blocage russe de nouvelles sanctions au Conseil de sécurité, contribuent à stabiliser l'économie nationale, qui a souffert de plusieurs années d'isolement. La guerre en Ukraine fournit également de précieux enseignements à Pyongyang sur l'utilisation de ses armes sur le champ de bataille ukrainien. Enfin, la Corée du Nord cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine, puissance protectrice de longue date, avec laquelle les relations se sont récemment dégradées.Le 18 octobre, le service national de renseignement sud-coréen a annoncé que Pyongyang avait décidé d'envoyer des « troupes importantes » pour combattre aux côtés de la Russie en Ukraine. Au total, 12.000 soldats nord-coréens devraient être déployés. Déjà 1.500 soldats seraient arrivés en Russie répartis dans les bases militaires de l'Extrême-Orient, et devraient rejoindre les lignes de front à l'issue de leur formation. Des Nord-Coréens seraient déjà présents dans la partie occupée de l'Ukraine, le Donbass. Selon les médias ukrainiens, six d'entre eux auraient été tués dans une attaque de missiles ukrainiens près de Donetsk, début octobre. L'OTAN et les Etats-Unis disent avoir des « preuves » de l'envoi des 12.000 soldats nord-coréens en Russie.Ces derniers mois, Moscou n'a pas seulement renforcé sa coopération avec Pyongyang, mais aussi avec la Chine et l'Iran. Les Occidentaux ont acquis la certitude que l'Iran a livré récemment plus de deux cents missiles balistiques Fath-360 à la Russie. Américains et Britanniques craignent que Moscou, en échange de ces armes d'une portée maximale de 120 kilomètres et dotées d'une ogive de 150 kilogrammes, ait « partagé des secrets nucléaires avec l'Iran », comme le soulignait le mois dernier le quotidien britannique The Guardian.Le sommet des Brics, qui s'est tenu à Kazan, en Russie centrale, du 22 au 24 octobre, intervient alors que Moscou qui gagne militairement du terrain en Ukraine, a forgé des alliances étroites avec les plus grands adversaires des Etats-Unis, notamment, la Chine, l'Iran et la Corée du Nord présentes à ce sommet.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

L'info en intégrale - Europe 1
Frédéric Taddeï avec Nicolas Baverez et Alain Bauer

L'info en intégrale - Europe 1

Play Episode Listen Later Oct 26, 2024 40:47


Intellectuels, chefs d'entreprises, artistes, hommes et femmes politiques... Frédéric Taddeï reçoit des personnalités de tous les horizons pour éclairer différemment et prendre du recul sur l'actualité de la semaine écoulée le samedi. Même recette le dimanche pour anticiper la semaine à venir. Un rendez-vous emblématique pour mieux comprendre l'air du temps et la complexité de notre monde.

C'est arrivé demain
Frédéric Taddeï avec Nicolas Baverez et Alain Bauer

C'est arrivé demain

Play Episode Listen Later Oct 26, 2024 40:47


Intellectuels, chefs d'entreprises, artistes, hommes et femmes politiques... Frédéric Taddeï reçoit des personnalités de tous les horizons pour éclairer différemment et prendre du recul sur l'actualité de la semaine écoulée le samedi. Même recette le dimanche pour anticiper la semaine à venir. Un rendez-vous emblématique pour mieux comprendre l'air du temps et la complexité de notre monde.

Le Nouvel Esprit Public
Michel Barnier : la stratégie de la tiédeur / À quoi peut encore servir l'ONU ?

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Oct 6, 2024 62:48


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 4 octobre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.MICHEL BARNIER : LA STRATÉGIE DE LA TIÉDEUR Lors de son discours de politique générale sans vote de confiance, le Premier ministre a promis une « double exigence » : la réduction de la dette publique et celle de la dette écologique. Michel Barnier s'est engagé à une méthode faite d'écoute, de respect, et de dialogue et il a dégagé cinq chantiers prioritaires : le pouvoir d'achat, les services publics, la sécurité, l'immigration, et la fraternité. Confirmant son intention de briser le tabou macroniste de la hausse des impôts : le chef de gouvernement a appelé les « grandes et très grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et « les Français les plus fortunés » à « un effort ciblé, limité dans le temps », sans livrer davantage de détails. Parmi ses autres annonces, figurent la revalorisation de 2 % du smic dès le 1er novembre en anticipation de la date du 1er janvier, la correction des « limites » de la réforme des retraites, une réflexion et une action « sans idéologie sur le scrutin proportionnel », la « limitation des possibilités de réduction de peine », et la maitrise de manière « plus satisfaisante » de la politique migratoire, la reprise « immédiate » des travaux de planification écologique, suspendus depuis la dissolution, sans évoquer toutefois de nouvelles mesures ni de nouveaux moyens. Peu de repères temporels ont été donnés. En 2025 : le retour du déficit public à 5 % (puis à 3% en 2029), la lutte pour la santé mentale, le report des élections en Nouvelle-Calédonie, un comité interministériel des Outre-mer, le développement des soins palliatifs …Le Premier mininstre a assuré qu'il avait ses « propres lignes rouges », à savoir : « Aucune tolérance » à l'égard du racisme et de l'antisémitisme, des violences faites aux femmes, du communautarisme, « aucun accommodement » sur la défense de la laïcité, et encore « aucune remise en cause des libertés conquises au fil des ans », dont la loi Veil sur l'IVG, la loi sur le mariage pour tous et les dispositions législatives sur la PMA.Michel Barnier a pris ses oppositions à contrepied, adoptant le ton et les manières d'un super papy, pas davantage dupe des feintes colères surjouées sur les bancs LFIstes que des rodomontades des élus du RN, sans se priver du plaisir de quelques taquineries à l'égard de ses prédécesseurs et soutiens malgré eux.Parmi les réactions des présidents de groupe à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, pour le Rassemblement national, a dit "entendre des constats, mais bien peu de solutions" ; Gabriel Attal pour Ensemble pour la République, a prévenu que son groupe "veillera sur les acquis de ces sept dernières années", quant à Mathilde Panot, pour La France Insoumise, elle a affirmé que le Premier ministre n'a « aucune légitimité démocratique pour gouverner ».À QUOI PEUT ENCORE SERVIR L'ONU ? Alors que le « machin » comme le qualifiait le général de Gaulle, réunissait pour son Assemblée la quasi-totalité des pays du globe (193 États), beaucoup s'interrogent sur son utilité. L'impuissance du Secrétaire général de l'ONU à faire entendre sa voix, tant dans le conflit russo-ukrainien qu'à Gaza, est là pour témoigner d'une érosion. La crise du multilatéralisme n'est pas nouvelle. Elle s'est installée progressivement et a connu un palier supplémentaire avec le Président Trump, très hostile à l'ONU, qui avait retiré son pays de l'accord sur le climat de Paris et de l'accord sur le nucléaire iranien. Une crédibilité minée également par plusieurs pays qui ont pris la tête d'une confrontation ouverte avec l'Occident, visant à redistribuer la puissance au détriment des États-Unis et de l'Europe : la Chine, la Russie, l'Iran et la Corée du Nord, désireux de « corriger l'histoire », manifestent leur mépris de la charte des Nations unies, des références universelles, des systèmes basés sur les droits de l'homme et la démocratie.Lors de l'Assemblée générale, de nombreux orateurs ont fait part de leur colère face à la flambée de violences au Moyen-Orient, que l'ONU, percluse de divisions sur le conflit israélo-palestinien comme sur la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine, semble être incapable de juguler. Le roi Abdallah II de Jordanie a pointé « la crise de légitimité » des Nations unies dénonçant implicitement le « deux poids, deux mesures» critiqué par tant de pays du Sud, qui réclament que Gaza bénéficie, de la part des Occidentaux, du même soutien que l'Ukraine depuis l'invasion russe. Les différentes agences de l'ONU ne se portent guère mieux. La principale organisation d'aide aux Palestiniens, l'UNRWA, est dans le collimateur d'Israël depuis que plusieurs de ses employés ont été accusés d'implication dans les pogroms perpétrés le 7 octobre par le Hamas. La Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale sont elles aussi considérées comme partiales par les Américains et les Israéliens pour leurs actions menées contre Israël, à la suite des atrocités perpétrées ces derniers mois par des militaires contre des civils à Gaza. Lors de son discours en septembre devant l'Assemblée générale des Nations unies, Benyamin Netanyahou a qualifié l'organisation de « farce méprisante. » Mercredi, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres a été déclaré persona non grata en Israël.Au Liban, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), basée depuis 1978 dans le sud du pays, chargée de surveiller l'application de la résolution 1701 adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité après la guerre de juillet 2006 entre Israël et le Hezbollah, est également impuissante. La résolution stipule que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus doivent être déployés dans le sud du Liban. Elle n'a jamais été appliquée, le sud-Liban demeurant le fief du Hezbollah.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
Démission de Thierry Breton : un gâchis et une gifle / Le « voyage d'étude » de Keir Starmer en Italie à propos de l'immigration

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Sep 22, 2024 64:58


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 20 septembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.DÉMISSION DE THIERRY BRETON, UN GÂCHIS ET UNE GIFLELundi, Thierry Breton, le commissaire européen français sortant, chargé du Marché intérieur, de la Politique industrielle, du Tourisme, du Numérique, de l'Audiovisuel, de la Défense et de l'Espace, a présenté sa démission avec « effet immédiat » à la présidente de l'exécutif européen, Ursula von der Leyen, lui écrivant « Vous avez demandé à la France de retirer mon nom — pour des raisons personnelles qu'en aucun cas vous n'avez discutées directement avec moi — et avez offert, en guise de compromis politique, un portefeuille prétendument plus influent pour la France dans le futur collège ». Emmanuel Macron l'avait désigné le 25 juillet pour effectuer un nouveau mandat de cinq ans, L'éviction de Thierry Breton avait été demandée à plusieurs reprises par Ursula von der Leyen. Durant son mandat, Thierry Breton s'était mis plusieurs fois en travers de la route de la présidente de l'exécutif européen, en s'opposant avec d'autres commissaires à la nomination d'une cheffe économiste américaine à la concurrence, ou à la nomination d'un proche d'Ursula von der Leyen comme délégué aux PME).Pendant les cinq ans de son mandat, Thierry Breton a notamment défendu de grands textes de régulation numérique, et assumé de contrer les intérêts des géants américains de la tech. Il n'a eu de cesse d'afficher l'ambition de réguler par tous les moyens le « Far West numérique » qui prévalait en Europe, dominé par les grandes plateformes technologiques étrangères, auxquelles il semblait jusque-là bien difficile d'imposer des lois. Sous son impulsion, l'Europe s'est doté d'instruments juridiques majeurs comme le Digital Services Act, le Digital Markets Act, ou l'AI Act. Très impliqué dans leur mise en œuvre, il avait rappelé à l'ordre en août dernier Elon Musk, le patron du réseau social X, sur son devoir de respecter les règles européennes en matière de modération des contenus. Son bilan s'étend également de l'industrie - le Chips Act - au spatial, en passant par la défense. Il a permis à l'Europe d'obtenir les vaccins contre le Covid en mettant la pression sur les groupes pharmaceutiques et sur leurs fournisseurs, stimulé les industries de défense, lancé la constellation satellitaire Iris 2, défendu bec et ongles l'énergie nucléaire, etc.Ursula von der Leyen a accepté mardi la candidature présentée par Emmanuel Macron de Stéphane Séjourné et l'a nommé « vice-président exécutif » de la Commission, chargé de la « prospérité et de la compétitivité ». Un portefeuille quasi jivarisé pour le Français, puisque désormais la défense, le numérique, le tourisme, l'audiovisuel et l'espace seront distribués à d'autres commissaires. Par ailleurs, la nouvelle commission de Mme von der Leyen n'est pas une bonne nouvelle pour les tenants du nucléaire et un sujet d'interrogation pour les soutiens de l'Ukraine en guerre.LE « VOYAGE D'ÉTUDE » DE KEIR STARMER EN ITALIE À PROPOS DE L'IMMIGRATIONAu lendemain d'un nouveau naufrage meurtrier de migrants dans la Manche, le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est entretenu lundi à Rome avec son homologue italienne Giorgia Meloni de la lutte contre l'immigration illégale, sujet à l'origine de violentes émeutes cet été au Royaume-Uni. Accompagné de son nouveau commandant de la sécurité des frontières du Royaume-Uni, Martin Hewitt chargé de lutter contre les traversées de la Manche et les passeurs, Keir Starmer, qui a rejeté le plan du précédent gouvernement conservateur britannique d'expulser des migrants au Rwanda, se dit « intéressé » par la méthode de Mme Meloni. « Il y a eu ici une réduction assez spectaculaire des entrées de migrants clandestins et je veux comprendre comment cela s'est produit » a expliqué le Premier ministre britannique en visitant le Centre national de coordination sur la migration à Rome.L'agence Frontex indique que l'Italie a réduit de 64 % en un an les traversées irrégulières de bateaux vers les côtes italiennes. Selon les chiffres du ministère italien de l'Intérieur, les arrivées de migrants par la mer ont considérablement baissé depuis le début de l'année : 44.675 entre le 1er janvier et le 13 septembre, contre 125.806 lors de la même période de 2023. Au cours des douze derniers mois, les traversées en provenance de Tunisie ont chuté de 80 % et celles depuis la Libye de 27 %. Une baisse due notamment à des accords de plusieurs millions d'euros, passés en novembre 2023 dans le cadre du « processus de Rome », visant à renforcer les patrouilles sur les côtes nord-africaines et à faciliter les retours. L'UE a accordé des fonds à la Tunisie pour renforcer la sécurité des frontières, tandis que l'Italie a fourni des navires de patrouille et finance son gouvernement. Keir Starmer a tenu à préciser qu'il s'intéressait davantage à ces mécanismes qu'à l'accord de Rome avec Tirana sur les migrants pour l'ouverture de deux centres d'enregistrement des demandes d'asile. Ces deux sites, financés et gérés par l'Italie, doivent pouvoir héberger jusqu'à 3.000 migrants. On y examinera les demandes d'asile et on y décidera qui est admis et qui est renvoyé. Les dossiers de 36.000 migrants pourraient être ainsi traités chaque année. Le premier centre, situé dans le port de Shengjin (au nord de l'Albanie) devait ouvrir prochainement.L'Organisation internationale des migrations et les ONG de secours des migrants en Méditerranée font valoir qu'une partie des candidats à l'entrée dans l'UE ont tout simplement changé d'itinéraire. Sur les huit premiers mois de l'année, les « détections » de migrants clandestins franchissant les frontières de l'UE ont diminué de 39%, selon l'agence Frontex. Mais si les routes migratoiresdes Balkans et de Méditerranée centrale ont vu les flux nettement baisser (-77% et -64%), celle d'Afrique de l'Ouest et la frontière terrestre orientale ont enregistré de fortes hausses (+123% et +193% respectivement).Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Bada : les questions du public (arrestation de Pavel Durov et nomination de Michel Barnier)

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Play Episode Listen Later Sep 11, 2024 39:57


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 8 septembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Arrestation du patron de Telegram : machination, abus de pouvoir, ou début de régulation ? / Un Premier ministre longtemps attendu et attendu au tournant

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Play Episode Listen Later Sep 8, 2024 64:02


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 8 septembre 2024.Avec cette semaine :Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.ARRESTATION DU PATRON DE TELEGRAM : MACHINATION, ABUS DE POUVOIR OU DÉBUT DE RÉGULATION ?Arrêté le 24 août au Bourget, le patron de la messagerie cryptée Telegram, Pavel Durov, a été mis en examen le 28 et a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec obligation de remettre une caution de 5 millions d'euros, de pointer au commissariat deux fois par semaine, et interdiction de quitter le territoire français. La section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris reproche à la plateforme de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels ou délictueux, ce que l'entreprise réfute. Une loi française adoptée cette année requiert la coopération des plateformes avec les autorités pour éliminer ce type de contenus. De même, le Digital Services Act européen permet de demander des comptes aux « très grandes plateformes » dépassant 45 millions d'utilisateurs actifs par mois. L'entreprise assure qu'elle supprime les contenus terroristes et pédocriminels, mais toutes les ONG travaillant sur le sujet de la pédopornographie constatent, depuis des années, que la plate-forme refuse toute forme de collaboration avec elles, comme avec les forces de l'ordre. Son propre site Web explique qu'elle n'applique pas les demandes basées sur des « lois locales » qu'elle considère comme une violation de la liberté d'expression.De façon inédite, le parquet a décidé d'enquêter sur le dirigeant de l'application et non pas seulement sur ses utilisateurs. La peine prévue pour un manquement aux obligations d'une plateforme numérique est d'un an de prison maximum. S'il est reconnu complice d'actes plus graves, il pourrait encourir les mêmes peines que pour des criminels en bande organisée, soit au moins cinq ans de détention. La police française a pu interpeller Pavel Durov sans difficulté, les faits reprochés ayant eu lieu en France et le patron de Telegram s'avérant être Français en plus de ses nationalités russe et émirati. La justice française envoie ainsi le signal que les patrons des plateformes ne sont pas à l'abri de la prison en cas de non-respect des règles quand leur laisser-aller en matière de modération peut faire les affaires de criminels.Avec près de 1 milliard d'utilisateurs, Telegram dont le siège social est à Dubaï, est devenu, avec WhatsApp, l'une des plus importantes messageries du monde. L'entrepreneur, qui revendique des idées libertariennes, l'a fondé en 2013 avec l'objectif de protéger l'identité et les données de ses usagers par rapport aux gouvernements. Son arrestation a créé une onde de choc, aussi bien en Russie, où Telegram est très populaire, qu'aux Etats-Unis, où des entrepreneurs comme Elon Musk ont dénoncé une « attaque contre la liberté d'expression ». Emmanuel Macron a assuré, dans un message publié sur X, que l'arrestation de Pavel Durov n'était « en rien une décision politique ».UN PREMIER MINISTRE LONGTEMPS ATTENDU ET ATTENDU AU TOURNANTAu soixantième jour après le second tour des législatives, le chef de l'Etat a nommé Michel Barnier au poste de Premier ministre. Âgé de 73 ans, il affiche un parcours qui fut longtemps un parcours obligé avant que la carrière politique ne favorise des circuits plus courts : conseiller général de la Savoie en 1973, puis président de l'assemblée départementale, député en 1978. Ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, chargé successivement de l'Environnement, des Affaires européennes, des Affaires étrangères, de l'Agriculture, député puis Commissaire européen, négociateur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Enfin, candidat malheureux à la primaire de LR pour la présidentielle de 2022.Il succède à Gabriel Attal dont le mandat de huit mois à Matignon aura été le plus court de la Ve République. Une autre étape démarre désormais, qui s'annonce tout aussi laborieuse que la précédente : l'élaboration d'un programme de gouvernement. Une fois bâti, Michel Barnier devra composer son gouvernement. Aux habituels critères de parité, de diversité ou de représentation territoriale, s'ajoute désormais celui des équilibres politiques nécessaires pour refléter le poids du camp présidentiel dans l'hémicycle, se concilier la droite, tenter de décrocher quelques voix à gauche et le tout, sans heurter le Rassemblement national. Restera enfin la dernière épreuve, celle pour laquelle Emmanuel Macron l'a choisi : faire face à la division de l'hémicycle en trois blocs, chacun minoritaire. Michel Barnier doit construire une coalition qui puisse au moins permettre l'adoption du budget 2025 d'ici au 13 septembre, sur fond de dérapage des comptes publics. Au Palais Bourbon, la situation s'annonce difficile : son groupe, Les Républicains, est le cinquième de l'Assemblée nationale avec seulement 47 députés. Si la gauche a fustigé le choix d'Emmanuel Macron - LFI et des mouvements de la jeunesse ont appelé hier à une marche « contre le coup de force d'Emmanuel Macron » - la droite s'est réjouie de la nomination d'un des siens, quand le Rassemblement national a décidé d'adopter, pour l'heure, une position neutre, tandis que les fidèles d'Emmanuel Macron ont fait part de leurs réticences.Au lendemain de sa nomination le nouveau chef du gouvernement a accordé son premier entretien au JT de « 20 heures » de TF1, vendredi soir. Interrogé sur la très controversée réforme des retraites adoptée l'an passé par 49.3, sur fond de forte mobilisation dans la rue, le nouveau Premier ministre a déclaré vouloir « ouvrir le débat » pour une « amélioration ». Michel Barnier n'a pas exclu d'introduire la proportionnelle, qui permettrait de voter pour des listes et non plus au scrutin uninominal à deux tours. Ses priorités seront l'immigration, le travail, la dette et les services publics.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Thématique : Jean-François Revel

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Play Episode Listen Later Jul 28, 2024 60:40


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 19 avril 2024. Avec cette semaine : Henri Astier, journaliste. Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Lætitia Strauch-Bonart, journaliste et essayiste. AVERTISSEMENT, par Philippe Meyer : L'émission qui suit, consacrée à Jean-François Revel à l'occasion du centenaire de sa naissance, a été enregistrée avant que Libération ne publie six articles mettant en cause plusieurs personnes, dont Jean-François Revel, dans une affaire d'agression sexuelle sur une mineure, Inès Chatin. Au lendemain de la publication, les trois enfants de Jean-François Revel ont publié ce communiqué : « Le récit d'Inès Chatin faisant état de la participation présumée de notre père, Jean-François Revel, à des actes d'agression sexuelle sur mineur constitue pour nous un choc immense. Face à la gravité des accusations portées, nous souhaitons que la justice qui a été saisie puisse établir ce qui s'est réellement passé, quand bien même ces faits remonteraient à plus de quarante ans et impliqueraient de nombreuses personnes pour beaucoup disparues. C'est l'attente de la victime qui a déposé plainte et dont nous ne doutons d'aucune manière de la sincérité et de la douleur. C'est aussi notre attente car ces accusations nous plongent dans une incrédulité d'autant plus profonde, qu'elles concernent un homme, notre père, dont tout ce que nous savons de sa personnalité comme de son comportement tout au long de sa vie, se situe aux antipodes des actes monstrueux qui lui sont prêtés. » Je fais mienne cette déclaration, en ajoutant que, depuis les articles de Libération, une réfutation de leurs accusations rédigée par deux des auteurs de L'Abécédaire de Jean-François Revel, Henri Astier et Pierre Boncenne a été mise en ligne sur la toile et sera publiée à la rentrée par la revue Commentaire. Le lien avec cette réfutation figurera dans le compendium de notre conversation qui sera publié mardi prochain. Je rappelle que, sur notre site, vous pouvez vous abonner gratuitement à ce compendium. JEAN-FRANÇOIS REVEL Le 19 janvier 2024, Jean-François Revel aurait eu 100 ans. C'est à l'occasion de ce centenaire qu'il m'a paru pertinent de réunir, le temps d'une conversation qui est selon Revel « l'un des plus vifs plaisirs de l'esprit », d'autres admirateurs de celui qui fut pour beaucoup un maître et pour certains un ami. Laetitia Strauch-Bonart, vous êtes essayiste et journaliste. Rédactrice en chef du service Idées et débats à L'Express où vous travaillez depuis 2022, vous étiez auparavant journaliste au Point. Henri Astier, vous avez été journaliste pour la BBC pendant 30 ans ainsi que pour d'autres quotidiens tels que The Economist ou Le Point et vous avez publié l'Abécédaire Jean-François Revel chez Allary avec Pierre Boncenne et Jacques Faule. Journaliste, résistant, gastronome, essayiste, écrivain, académicien, souvent éclatant d'intelligence et jamais dépourvu d'intérêt, il est peu de domaines que Revel ait touché sans en extraire la substantifique moelle. Jeune résistant à Lyon puis à Paris, il publie pendant cette période de guerre ses premiers textes dans Confluences. Revel enseigne ensuite la philosophie en Algérie puis au Mexique où il crée le premier ciné-club, mais aussi l'histoire en Italie. Les multiples faces de cette figure gargantuesque nous donnent d'autant plus de raisons de s'intéresser à l'homme ainsi qu'à sa pensée. Revel journaliste bien sûr ; celui qui a pris la direction de L'Express en 1978 dont il a fait un succès, notamment grâce aux révélations sur les finances du Parti Communiste. Fondamentalement antitotalitaire, Revel réussit à traduire cet engagement profond dans sa façon d'aborder le journalisme. Revel politique ; non seulement en critiquant De Gaulle qui ne le séduit pas, mais aussi avec son essai Ni Marx ni Jésus, dans lequel il présente les États-Unis comme le terreau d'une révolution mondiale. Omnivore, son appétit débordant ne s'arrête pas à la métaphore : nous aimons le Revel gastronome. Non seulement parce qu'il aime lui-même la table mais aussi parce que, comme l'avait dit Michel Rocard après un déjeuner avec Revel, on sort d'une discussion avec lui en ayant l'impression de mieux savoir ce que l'on pense soi-même. Nous pourrions, pour parler de ses écrits, lui retourner un de ses propres mots : « Ce qui fait un grand essai : La coïncidence d'une intuition, d'une démonstration et d'un style. » Comment êtes-vous entré en relation, d'abord intellectuelle puis humaine, avec Jean-François Revel ?Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Quels principes de réalité vont s'imposer à l'action gouvernementale ? / Les Etats-Unis rattrapés par leurs démons ?

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Play Episode Listen Later Jul 21, 2024 64:43


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 19 juillet 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. David Djaïz, entrepreneur, essayiste et ancien secrétaire général du Conseil National de la Refondation. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova. QUELS PRINCIPES DE RÉALITÉ VONT S'IMPOSER À L'ACTION GOUVERNEMENTALE ? Le président de la République a accepté, mardi, la démission de son Premier ministre, Gabriel Attal. Resté de plein exercice malgré la défaite du camp présidentiel le 7 juillet dernier, le gouvernement est désormais un « gouvernement en affaires courantes. Jusqu'à la nomination d'une nouvelle équipe gouvernementale, l'exécutif se bornera à accomplir le strict nécessaire pour assurer la continuité de l'Etat. Et ce, pendant « quelques semaines », vraisemblablement jusqu'à la fin des Jeux olympiques au moins, ont affirmé des participants au Conseil des ministres mardi. La dissolution et son résultat électoral laissent un paysage politique fragmenté tant sur le plan des groupes politiques que des idées. Les alliances qui vont structurer les prochains mois et les prochaines années sont incertaines, entre coalitions introuvables, gouvernements minoritaires et divergences béantes sur de grands enjeux, des retraites à la politique salariale en passant par la sécurité. L'ancien secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger pointe les grands chantiers urgents susceptibles de faire consensus dans une coalition républicaine responsable : « réduire les fractures qui ont lézardé la société, apaiser et réconcilier ; endiguer tout risque de crise de régime totale ; définir un cap économique et social à la fois performant et inclusif ; définir une stratégie environnementale à même d'entrainer massivement au sein de la population ; rendre à la société du « pouvoir d'« agir » ». « Je le dis à toutes les forces politiques, à chacun ses remèdes, mais il faut arriver à un consensus pour réduire la dette », enjoint le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici qui rappelle que « nous avons deux dettes, une dette financière et une dette climatique, auxquelles nous devons faire face simultanément. » Selon lui, « réduire la dette n'est ni de gauche ni de droite, c'est d'intérêt général », car « un pays endetté est un pays paralysé ». Pour la France, quelle que soit l'option retenue à l'issue de la phase de décantation qui s'ouvre dans un Parlement divisé, la nécessité d'améliorer la situation de nos finances publiques s'imposera à tous, conclut-il. LES ETATS-UNIS RATTRAPÉS PAR LEURS DÉMONS ? Le meeting de Donald Trump à Butler, en Pennsylvanie, le 13 juillet, a frôlé la tragédie avec la tentative d'assassinat contre le candidat républicain, Donald Trump. Bien que l'assaillant présumé, Thomas Matthew Crooks, âgé de 20 ans, ait été identifié par le FBI comme étant un électeur républicain, cela n'a pas empêché les partisans de Donald Trump de se déchaîner contre le camp Biden, l'accusant d'avoir ouvert la voie à l'agression en multipliant, selon eux, les appels à la haine contre leur candidat. Dans l'histoire américaine, quatre présidents en exercice ont été assassinés. Trois républicains - Abraham Lincoln en 1865, James Garfield en 1881, William McKinley en 1901 - et un démocrate, John F. Kennedy tué à Dallas en novembre 1963. Six autres présidents ont été la cible de tentatives d'assassinat : Andrew Jackson en 1835, Theodore Roosevelt en 1912, Franklin D. Roosevelt en 1933, Harry S. Truman en 1950, Gerald Ford en 1975, et Ronald Reagan en 1981. On ne compte plus les attentats ayant eu pour effet de supprimer des leaders politiques, comme le pasteur Martin Luther King, héraut de la lutte pour les droits civiques, ou encore le sénateur démocrate Robert Kennedy, tous deux tués en 1968. Selon un sondage publié le 24 juin par l'équipe du professeur Robert Pape, spécialiste de la violence politique à l'université de Chicago, environ 10 % des adultes américains, soit l'équivalent de 26 millions de personnes soutiennent l'utilisation de la force pour empêcher Donald Trump de devenir président ; tandis que 7 % des adultes américains, soit l'équivalent de 18 millions de personnes, soutiennent l'utilisation de la force pour rétablir Donald Trump à la présidence. Le camp MAGA (Make America Great Again) de Donald Trump est largement réfractaire à toute forme de contrôle sur les armes semi-automatiques comme le AR-15 — le fusil le plus populaire des États-Unis, celui utilisé par Matthew Crooks. Les menaces contre les membres du Congrès ont été multipliées par cinq à partir de la première année de l'administration Trump, en 2017 par rapport à la période 2001-2016. Un Américain court six fois plus de risque de mourir par arme à feu qu'un Français. Dans certains États, un citoyen peut légalement abattre toute personne qui est perçue comme « menaçante ». Les Américains détiennent à eux seuls le quart des armes de petit calibre dans le monde : près de 400 000 millions. Au cours de la convention du parti Républicain qui s'est ouverte lundi à Milwaukee dans le Wisconsin, James David Vance a été choisi comme colistier par Donald Trump. Vance s'est fait le porte-voix de l'Amérique déclassée, notamment dans son ouvrage : « Hillbilly élégie », ou « Elégie pour les ploucs » publié en 2017. Mercredi, Joe Biden, atteint de Covid, déclarait qu'il ne se retirerait de la course à la Maison Blanche que « si un médecin lui déclarait un problème ».Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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La prochaine fois …

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Play Episode Listen Later Jul 2, 2024 64:44


L'appel lancé en avril dernier a été entendu : nous poursuivrons nos conversations hebdomadaires et leurs suppléments culturels au long de notre huitième saison qui débutera le 8 septembre par une enregistrement en public à l'École alsacienne. A l'origine de notre peau de caste, il y a eu pendant presque 20 ans à l'antenne de la radio de service public une émission créée et animée par Philippe Meyer. En juillet 2017, Radio France annonçait que cette émission n'avait plus sa place à l'antenne et licenciait son créateur. De nombreux auditeurs ont alors souhaité que les conversations hebdomadaires dont ils étaient friands se poursuivent sur la toile. Avec l'accord des participants réguliers à ces conversations, Philippe, plutôt que d'entreprendre le tour du monde qu'il avait organisé, nous a trouvés une place au milieu des podcasts encore au début de leur développement. Sa passion de la radio l'a donc emporté sur son amour des voyages. Cette passion, il la raconte dans un livre paru il y a quelques semaines aux éditons des Arènes : « La Prochaine fois je vous l'écrirai ». En mai dernier, Nicolas Baverez a fait cette proposition à notre fondateur : Une idée déraisonnable m'est venue en lisant ton livre que je ne résiste pas à partager avec toi. Que dirais-tu d'une émission spéciale du Nouvel Esprit public dans laquelle tu serais l'invité pour parler de ton livre, de ton chemin de Compostelle et de ceux qui l'ont jalonné ? Jean-Louis te remplacerait aux commandes avec Roselyne et l'un ou l'une d'entre nous comme dernier comparse. Oublie ce message si tu penses que j'ai tenté une nouvelle fois d'habiller d'oripaux libéraux un coup d'État potentiel. Nous avons tous souscrit à cette proposition et c'est sa réalisation que nous vous proposons aujourd'hui, enregistrée avec Roselyne Bachelot, Nicolas Baverez, Jean-Louis Bourlanges et Béatrice Giblin.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Enjeux des élections britanniques / Au Daghestan, Poutine face au terrorisme islamique

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Play Episode Listen Later Jun 30, 2024 54:45


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 28 juin 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique. Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du quotidien La Croix. ENJEUX DES ÉLECTIONS BRITANNIQUES Les Britanniques se rendront aux urnes le 4 juillet pour des élections législatives anticipées, qui pourraient voir les travaillistes revenir à Downing Street après 14 années de Premiers ministres conservateurs. Rishi Sunak, l'actuel chef du gouvernent tory qui a réussi à ramener de la stabilité après les années Boris Johnson, met en avant le recul de l'inflation à 2,3% sur un an en avril, après un pic à 11% en 2022. Mais l'activité du secteur privé a ralenti en juin et la dette publique s'est encore creusée en mai : elle flirte depuis plusieurs mois avec les 100% du PIB (99,8% en mai). Parmi ses priorités listées en début de mandat, Rishi Sunak n'est pas parvenu à réduire les listes d'attente dans le service de santé public NHS, ou à mettre fin aux traversées de migrants entre la France et l'Angleterre : l'immigration nette s'est élevée à 685 000 personnes supplémentaires en 2023, soit le deuxième niveau le plus élevé après le record de l'année précédente (764 000 personnes). Sunak veut en envoyer des milliers au Rwanda. Selon une étude YouGov publiée début juin, le Parti travailliste pourrait remporter le 4 juillet la plus grande victoire de son histoire, bien plus large que celle de Tony Blair en 1997. Les socio-démocrates sont crédités d'environ 20 points d'avance. Depuis son arrivée à la tête des travaillistes en 2020, Keir Starmer, 61 ans, a recentré le parti après les années Jeremy Corbyn, beaucoup plus à gauche, et s'est montré ferme face à l'antisémitisme. Avec un slogan tenant en un mot : « Change », « changement » – et une priorité – le retour à la stabilité politique et économique – Keir Starmer déclare vouloir se débarrasser des éléments les plus choquants de l'héritage du gouvernement conservateur, comme la politique d'expulsion des demandeurs d'asile vers le Rwanda. Toutefois, il assure qu'il fera baisser les chiffres de l'immigration, mordant ainsi sur le cheval de bataille des tories. Sur le plan économique, il promet de ne pas augmenter la TVA ou l'impôt sur le revenu, insistant sur la nécessaire discipline budgétaire et limitant ses promesses d'investissement dans les services publics à celles qui peuvent être financées sans augmenter la dette publique. Le triomphe à venir du Labour, observe The Guardian, s'explique au moins en partie par la percée de Reform UK, le parti anti-immigration de Nigel Farage, donné devant les conservateurs dans certains sondages (20 % contre 19 %). Concrètement, le mode de scrutin uninominal à un tour, qui couronne la personne arrivée en tête dans chaque circonscription, punit sévèrement la dispersion des voix. La présence de deux forces politiques concurrentes à droite laisse donc le champ libre aux candidats travaillistes dans des centaines de circonscriptions. La confiance des Britanniques dans leurs politiques est historiquement basse, selon une étude du National Centre for Social Research parue le 12 juin. Selon ce sondage, 45 % des personnes interrogées ne font « presque jamais » confiance aux gouvernements pour mettre l'intérêt supérieur du pays avant leurs calculs partisans. AU DAGHESTAN POUTINE FACE AU TERRORISME ISLAMIQUE Au Daghestan, république russe du Caucase, le 23 juin, au moins 20 personnes ont été tuées et 26 autres blessées, dont des policiers et des civils, dans des attaques coordonnées menées contre des édifices religieux, à Makhatchkala et Derbent. Trois mois après l'attaque sanglante contre le Crocus City Hall – 145 morts dans une salle de concert moscovite le 22 mars –, plusieurs églises et synagogues ont cette fois été visées. La branche russe de l'Etat Islamique au Khorassan a publié un communiqué affirmant que l'attentat avait été perpétré par des membres de l'Etat islamique dans le Caucase. Le Daghestan qui compte environ 3 millions d'habitants, à majorité musulmane, a été le théâtre ces derniers mois de campagnes antijuives. Le 29 octobre, une foule avait pris d'assaut l'aéroport de Makhatchkala en réponse à des appels antisémites sur les réseaux sociaux encourageant la population à bloquer un avion de passagers en provenance d'Israël. Plus de 20 personnes avaient été blessées. Même si le phénomène n'est guère mis en avant par les autorités russes, le pays est régulièrement la cible du terrorisme islamiste. À chaque fois, on a soupçonné l'État islamique au Caucase, la filiale russe de la nébuleuse. Dans le nord Caucase, des rebelles islamistes armés affrontent régulièrement la police. Si entre 2010 et 2014, les groupes salafistes et wahhabites ont été pourchassés notamment au Daghestan, le pouvoir, pour acheter la paix sociale, a laissé se développer dans la société des tendances fondamentalistes et rigoristes. Dans les milieux politiques et religieux de Russie, dont la grande crainte, conjoncturelle, mais aussi séculaire, dans ce pays multiethnique et pluriconfessionnel, est celle des conflits intercommunautaires, les tensions dans le Caucase du Nord sont un sujet particulièrement sensible. Le Kremlin ne cesse de vanter la solidité de son modèle multiethnique. La Russie compte entre 15 et 20 millions de musulmans sur une population de 140 millions. Tout en s'affichant régulièrement au côté du patriarche orthodoxe, Vladimir Poutine s'adresse régulièrement à eux. Il souligne qu'ils sont une composante de la nation, tandis que les terroristes islamistes sont toujours présentés comme des « étrangers ». Quatre religions sont considérées en Russie comme « traditionnelles » : la loi sur la liberté de conscience de 1997 reconnaît en effet « le rôle spécial de l'orthodoxie dans l'histoire de la Russie » mais affirme sans plus de précisions qu'elle respecte « le christianisme, l'islam, le bouddhisme, le judaïsme et d'autres religions qui constituent une partie intégrante des peuples de la Russie ». Les religions « traditionnelles » ont des avantages (en matière d'enseignement religieux à l'école ou encore de soutien juridique et financier), tandis que les autres demeurent suspectes (surtout si elles ont des relations déclarées avec l'étranger). Le Patriarcat de Moscou a toujours veillé à mener un dialogue avec les principales composantes religieuses du pays, et notamment avec l'islam. La ligne officielle consiste à dire que, en Russie, il n'y a aucun problème entre les différentes religions, que tous s'entendent bien.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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L'Ukraine à la peine / Nouvelle-Calédonie : la tourmente

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Play Episode Listen Later May 26, 2024 58:49


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 24 mai 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova. L'UKRAINE À LA PEINE La Russie a lancé le 10 mai une offensive surprise contre Kharkiv, deuxième ville du pays, emportant de l'aveu de l'état-major ukrainien des « succès tactiques ». L'Ukraine a été prise de court, ses forces étant affaiblies par le manque d'armements et d'hommes, du fait notamment de la lenteur de l'aide européenne et de l'arrêt quasi-total pendant des mois de celle venant des États-Unis. En visite à Kyiv, le 15 mai, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken a, pour la première fois, laissé entendre que les forces ukrainiennes pourraient frapper le territoire russe avec des armes fournies par les Etats-Unis. Depuis le début du conflit, les alliés de l'Ukraine étaient inflexibles : interdiction d'utiliser leurs missiles, drones ou obus pour bombarder des cibles situées hors du territoire souverain du pays. Seul le sol ukrainien – comprendre la Crimée et la partie du Donbass occupées par les Russes – pouvait être visé. Imposée par peur d'une escalade avec Moscou, cette restriction était respectée par Kyiv, qui dépendait trop des livraisons occidentales pour enfreindre la règle fixée par ses alliés. L'offensive lancée le 10 mai par Moscou dans la région de Kharkiv a changé la donne. Antony Blinken a également annoncé une aide militaire de 2 milliards de dollars pour renforcer les capacités de défense de l'Ukraine. Elle provient de l'enveloppe de 60 Mds de dollars en faveur de l'Ukraine, récemment approuvée par le Congrès américain après des mois de blocage. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rappelé que la défense aérienne constituait « le plus gros problème » de l'Ukraine, et son « plus grand déficit ». Selon lui, l'Ukraine aurait besoin de deux systèmes Patriot supplémentaires pour défendre Kharkiv. Les États-Unis ne sont pas les seuls à se mobiliser en faveur de l'Ukraine : le 13 mai, le chancelier allemand Olaf Scholz et ses homologues des pays nordiques ont appelé à renforcer d'urgence l'aide à l'Ukraine, alors que la France a annoncé la livraison à venir d'un nouveau lot de missiles Aster sol-air à Kyiv. Mardi, l'Union européenne a validé l'utilisation des revenus issus des avoirs russes gelés, soit 3Mds€ cette année dont 90% devraient aller aux forces armées ukrainiennes. Réunis depuis jeudi à Stresa en Italie, les ministres des finances du G7 discutent d'un plan américain visant à accorder à l'Ukraine jusqu'à 50 Mds de dollars de prêt garanti par les futurs bénéfices générés par les actifs russes immobilisés. Selon le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Christopher Cavoli, la Russie n'aurait pas les forces suffisantes pour aboutir à une percée majeure dans son offensive en cours en Ukraine. Dimanche, l'état-major ukrainien affirmait que les attaques russes dans la région de Kharkiv avaient été « légèrement ralenties ». Toutefois l'Organisation mondiale de la santé a indiqué mardi que plus de 14.000 personnes ont été déplacées en raison des combats. NOUVELLE-CALÉDONIE : LA TOURMENTE Pillages, incendies, échanges de tirs... La Nouvelle-Calédonie est secouée depuis le 13 mai par des émeutes qui ont déjà fait six victimes et de considérables dégâts qui pèsent sur la vie quotidienne des populations. Elles vont avoir de lourdes conséquences pour l'économie locale déjà traversée par une grave crise du nickel, qui représente plus de 25% des emplois du « Caillou », et près de 20% de son PIB et qui a connu en 2023 une baisse de prix de 45%. Afin de rétablir l'ordre, le président de la République a annoncé l'état d'urgence, entré en vigueur le 15 mai à Nouméa. Il consiste en un couvre-feu nocturne, l'interdiction des rassemblements, du transport d'armes et de la vente d'alcool ainsi que l'interdiction de l'application TikTok. La Nouvelle-Calédonie est devenue un Territoire d'outre-mer en 1946 et les Kanak ont obtenu la nationalité française, puis le droit de vote. Les violences qui ont opposé indépendantistes kanaks et loyalistes caldoches dans les années 1980, ont trouvé un apaisement en 1988 à travers les accords de Matignon négociés par Michel Rocard, accords qui organisaient un rééquilibrage économique et un partage du pouvoir politique. En 1998 l'accord de Nouméa a doté l'archipel d'un statut unique dans la République française reposant sur une autonomie progressive et sur trois référendums. Le premier, en 2018, voit le non à l'indépendance l'emporter à 56,7%, ce que confirme le deuxième, en 2020 (53,26% de non). En 2021 le non l'emporte à 96,5%, mais les indépendantistes contestent la validité du scrutin, marqué par une forte abstention (56,1 %) en pleine épidémie de Covid-19. Jusqu'à présent seuls les électeurs inscrits sur listes avant 1998 et leurs descendants étaient reconnus par le code électoral de Nouvelle-Calédonie pour les élections régionales. En votant un projet d'élargissement du corps électoral aux résidents depuis au moins dix ans, l'Assemblée nationale et le Sénat ont ouvert la voie à une réforme constitutionnelle qui devrait être approuvée par le Congrès. Les indépendantistes la rejettent, estimant qu'elle lèse le poids électoral du peuple autochtone Kanak. Quelque 271.400 habitants, selon le dernier recensement de 2019, vivent dans l'archipel. Parmi eux, 29% de la population est issue de la communauté européenne, dont les Caldoches, descendants des colons blancs. Les Kanak, premiers habitants du pays, sont progressivement devenus minoritaires sur l'archipel avec 41% de la population aujourd'hui, tandis que l'on compte 30 % d'habitants originaires d'îles du Pacifique ou répondant à la catégorie « autres ». Jeudi à Nouméa, le chef de l'État, à défaut de retirer le projet de réforme du corps électoral, s'est engagé à ne pas le « passer en force ». En cas d'accord politique global, il souhaite que le projet soit soumis au vote des Néocalédoniens. Conditionnant la fin de l'état d'urgence à la levée des barrages, il a aussi annoncé la mise en place d'une « mission de médiation et de travail » pour remettre tous les acteurs politiques autour de la table, avec la promesse d'un État « impartial ».Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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La relation des Français à l'Union européenne / Le déblocage des milliards américains pour l'Ukraine

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Play Episode Listen Later Apr 28, 2024 59:11


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 25 avril 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France. Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors. Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. LA RELATION DES FRANÇAIS À L'UNION EUROPÉENNE Les sondages effectués par la Commission ou le Parlement européen auprès des citoyens européens montrent un intérêt réel des Français pour l'Europe conforté par une participation en nette hausse des Français aux dernières élections européennes de 2019 (50,12%), contre 40,6% en 2009 et 42,4% en 2014. D'après l'Eurobaromètre de la Commission européenne réalisé en février-mars 2021, 57% des Français se déclarent attachés à l'Union européenne, soit une hausse de 4 points par rapport à l'été 2020. De plus, selon l'Eurobaromètre du Parlement européen du printemps 2021 la grande majorité des Français estiment que la voix de la France compte dans l'UE (75%). L'étude de la Fondation Jean Jaurès et du Cevipof en partenariat avec Ipsos et Le Monde, baptisée « Fractures françaises », publiée en octobre 2022, montre néanmoins, que le niveau de confiance en l'institution européenne varie en fonction de l'affiliation politique de la personne interrogée et de sa catégorie socioprofessionnelle. Sans surprise, les sympathisants des partis ayant un discours et un programme pro-européens sont les plus enclins à se dire confiants en l'UE : ceux du Parti socialiste (68%), d'Europe Ecologie-Les Verts (73%) et de La République en marche (devenu Renaissance, 87%) figurent en tête. De surcroît, l'étude met en exergue une différence de perception en fonction de la catégorie socioprofessionnelle d'appartenance. Les ouvriers se disent beaucoup moins confiants en l'UE (36%) que les cadres (63%), et les professions intermédiaires, les employés et les retraités se situent à un niveau comparable à celui de la population générale. En mars 2023, 71% des Français se sont déclarés en faveur de l'euro (71% dans l'ensemble de l'Union), 69% en faveur d'une politique de défense et de sécurité commune (77% dans l'ensemble de l'Union), 64% déclarent être satisfaits de la réponse apportée par l'Union européenne en soutien à l'Ukraine (69% dans l'ensemble de l'Union) et 64% pensent que les actions de l'Union européenne ont un impact sur leur vie quotidienne (71% dans l'ensemble de l'Union). En revanche, 54% des Français ne sont pas satisfaits de la manière dont l'Union a géré les enjeux de migration et d'asile (50% dans l'ensemble de l'Union), 50% ne sont pas satisfaits du « Green Deal » de l'Union européenne (43% dans l'ensemble de l'Union). Pour l'instant, l'intérêt déclaré des citoyens pour les élections européennes est faible en France : 40% sont intéressés contre 56% dans l'ensemble de l'Union. Un niveau équivalent à celui de la Bulgarie (41%) très éloigné de celui de l'Allemagne (65%). Selon la dernière enquête Eurobaromètre publiée le 17 avril, 52% des Français interrogés se disent pessimistes sur l'avenir de cette Union que leur pays a œuvré à forger. Jeudi, à un mois et demi des élections européennes, Emmanuel Macron a prononcé à Paris un nouveau discours sur l'Europe. LE DÉBLOCAGE DES MILLIARDS AMÉRICAINS POUR L'UKRAINE Après de longues et difficiles tractations, le 20 avril, la Chambre américaine des représentants dans un vote bipartisan a adopté par 310 voix pour - dont 101 républicaines - contre 112, un grand plan d'aide à l' Ukraine, Israël et Taïwan. L'enveloppe de 95 milliards de dollars, dont 61 milliards pour l'Ukraine, était réclamée depuis des mois par le président Joe Biden. Quelques minutes après le vote, le président ukrainien a estimé que l'aide américaine « sauvera des milliers et des milliers de vies ». Le président Joe Biden a salué l'« aide cruciale » à Israël et l'Ukraine, comme étant au « rendez-vous de l'Histoire ». Le Kremlin a dénoncé l'aide américaine qui « tuera encore plus d'Ukrainiens à cause du régime de Kyiv ». Le Congrès américain n'avait pas adopté de grande enveloppe pour son allié depuis décembre 2022, principalement en raison de querelles partisanes. Le plan d'aide à l'Ukraine inclut 14 milliards de dollars pour les systèmes de défense américains, 13 milliards de dollars pour reconstituer aux États-Unis les stocks d'armes déjà données à l'Ukraine, 7 milliards de dollars pour les opérations militaires américaines dans la région et 9,5 milliards de dollars d'aide économique. Il autorise le président Biden à confisquer et à vendre des actifs russes, pour qu'ils servent à financer la reconstruction de l'Ukraine - une idée qui fait également son chemin auprès d'autres pays du G7. Après des mois de tergiversations, le chef républicain de la Chambre, Mike Johnson, a fini par apporter son soutien, sous les huées d'élus trumpistes, hostiles à une telle aide. « Pour le dire franchement : je préfère envoyer des munitions à l'Ukraine qu'envoyer nos garçons se battre », a-t-il plaidé. Deux jours avant le vote, le directeur de la CIA, Bill Burns avait déclaré « sans aide supplémentaire, le risque est réel que les Ukrainiens perdent sur le champ de bataille d'ici à la fin de 2024 ». Depuis le début de l'année et le tarissement des crédits américains, l'armée ukrainienne s'est retrouvée de plus en plus en difficulté. Les forces russes grignotaient mois après mois du terrain. L'Europe ne parvenait pas à compenser les obus et les missiles manquant à l'Ukraine. Le 7 avril, le président Zelensky a, pour la première fois, affirmé que son pays « perdra[it] la guerre » si l'aide promise par les Etats-Unis restait bloquée au Congrès, expliquant que ses troupes pouvaient tirer un obus quand les Russes en envoyaient dix. Même tardif, le vote américain a été salué en Europe. La ministre des affaires étrangères allemande Annalena Baerbock a évoqué « un jour d'optimisme », son homologue italien parle d'un « tournant décisif ». Le président du Conseil européen, Charles Michel, s'est quant à lui réjoui de ce « message clair envoyé au Kremlin ». « Mieux vaut tard que trop tard », a commenté le premier ministre polonais Donald Tusk. Le retard de Washington pour débloquer cette aide a permis à la Russie de reprendre l'initiative sur le terrain. Mardi, le projet de loi a été adopté par le Sénat américain par 79 voix pour et 18 contre. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Bada : Les questions du public (le modèle scolaire dans tous ses états)

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Play Episode Listen Later Apr 10, 2024 41:47


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 7 avril 2024.Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Pierre de Panafieu, directeur de l'École alsacienne. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Le modèle scolaire dans tous ses états / La Turquie après les élections perdues par Erdogan

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Play Episode Listen Later Apr 7, 2024 71:17


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 7 avril 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick. LE MODÈLE SCOLAIRE DANS TOUS SES ÉTATS En décembre 2023, Gabriel Attal, ministre de l'Éducation, défendait son « choc des savoirs » comme réponse aux mauvais résultats du classement Pisa, qui évalue les élèves des pays de l'OCDE. Outre le renforcement du redoublement ou le brevet comme examen d'entrée au lycée, voire le port de l'uniforme, il avait promis des groupes à effectifs réduits en français et en mathématiques pour les élèves de sixième et de cinquième et la répartition des élèves en trois sections en fonction de leur niveau, et ce, durant toute l'année scolaire. L'actuelle ministre de l'Éducation, Nicole Belloubet préfère l'appellation de « groupes de besoins » et insiste davantage sur les « compétences » à acquérir que sur le « niveau » des élèves. Le ministère assure que 2.330 postes seront débloqués, dont 830 créations, pour la mise en place de cette réforme. Classes toujours plus surchargées, école inclusive sans moyens, manque de formation et de soutien, rémunérations à la traîne : l'enquête dénommé « J'alerte », menée depuis décembre 2023 auprès des professeurs du premier degré par le syndicat FSU-SNUipp montre une institution « au bord de l'effondrement ». Plus de 4.200 personnes ont répondu. « L'inclusion sans moyens » est dénoncée par près des trois quarts (71 %) des répondants. Les rémunérations et le temps de travail qui déborde préoccupent un sur deux, tandis que 46 % pointent la surcharge constante des classes. Les autres enseignements de l'enquête portent notamment sur la formation, jugée insuffisante et « subie plutôt que choisie ». Le 2 avril, après six mois de travail, Paul Vannier, député La France insoumise, et Christopher Weissberg, député Renaissance, ont présenté leur rapport d'information sur le financement de l'enseignement privé sous contrat devant la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale. Leurs conclusions dressent un constat sévère concernant un système peu transparent, mal contrôlé, et dans lequel les « contreparties exigées des établissements privés sont loin d'être à la hauteur des financements qu'ils perçoivent au titre de leur association au service public de l'éducation ». Quarante ans après l'abandon du projet de création d'un grand service public et laïque d'enseignement par le ministre de l'éducation Alain Savary, en 1984, les deux rapporteurs estiment que le cycle de l'évitement du débat par crainte de raviver une « guerre scolaire » touche à sa fin. Les députés déplorent l'opacité des fonds publics alloués chaque année par l'État et les collectivités territoriales aux 7.500 établissements privés sous contrat, à 96 % catholiques. Aucune administration n'a été en mesure de fournir un montant consolidé de cette dépense de plus de 10 milliards d'euros et, selon les corapporteurs, « sous-estimée ». Le rapport remet en cause le modèle français tel qu'il s'est construit depuis la loi Debré de 1959, caractérisé par un financement public important (75 % des ressources du privé sous contrat) associé à de faibles contreparties. LA TURQUIE APRÈS LES ÉLECTIONS PERDUES PAR ERDOGAN En Turquie, moins d'un an après sa défaite à la présidentielle de 2023, le parti kémaliste d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP) a remporté les plus grandes villes du pays lors des municipales du 31 mars. A Istanbul, le maire Ekrem Imamoglu, a été réélu avec 51,14 % des voix. A 52 ans, il fait désormais figure de solide présidentiable en 2028, mais demeure dans le viseur du pouvoir qui l'a fait condamner fin 2022 à deux ans et sept mois de prison pour « insulte » aux membres du Haut comité électoral turc. L'édile a fait appel mais cette peine continue de planer sur son avenir politique. Elle l'avait écarté de la course à la présidence en mai 2023. Ces élections municipales constituent le plus gros revers subi par Recep Tayyip Erdogan 74 ans et son parti l'AKPi (i pour islamiste) depuis son arrivée au pouvoir en 2002. À l'échelle nationale, l'AKPi est tombée à 35,2 % des voix contre 37,7 % pour le CHP, perdant ainsi son statut de premier parti du pays. Autre percée notable : celle d'un autre parti islamiste Yeniden Refah, qui présentait pour la première fois des candidats. Avec près de 9 % des voix et une soixantaine de municipalités, la nouvelle mouvance a attiré les déçus de l'AKP, qui lui reprochent de s'être écarté de l'islam et de maintenir des liens économiques avec Israël. De son côté, le parti pro-kurde DEM se maintient à Diyarbakir et dans le Sud-Est à majorité kurde. Si la personnalisation à outrance du pouvoir et sa posture sur la scène internationale ont fonctionné en faveur d'Erdogan lors de la présidentielle de 2023, elle a montré ses limites aux municipales où les enjeux locaux - services, transports, parcs - priment. La très mauvaise situation économique du pays et l'inflation, qui a atteint 80 % fin 2022 et se maintenait encore à 67 % en février expliquent en bonne partie le verdict des électeurs. L'état des finances publiques et la corruption locale ne permettant plus à l'AKP de distribuer autant ses largesses à ses électeurs, formés par les classes moyennes conservatrices, qui se sont largement détournées de ce scrutin. A cela est venue s'ajouter l'inévitable usure d'un pouvoir omniprésent depuis 22 ans. Ces facteurs ont sans doute incité les électeurs mécontents de l'AKP à rester chez eux, comme le laisse deviner la baisse de la participation : passé de 87% l'an dernier à 76% cette année. Au soir des résultats, Recep Tayyip Erdogan a concédé qu'ils constituaient un « tournant » pour son camp et promis de « respecter la décision de la Nation ». Bien qu'affecté par ces élections, il garde la main sur les principaux leviers du pays en vertu d'une Constitution taillée sur mesure et d'un pouvoir qui s'est renforcé depuis le putsch raté, sur fond de purges et de contrôle renforcé des médias. Alors que les Turcs sont allés presque chaque année aux urnes ces derniers temps, aucune élection n'est prévue désormais avant les présidentielles de 2028. Erdogan devrait d'ici là donner la priorité à l'amélioration de la situation économique. Son idée de réforme constitutionnelle, qui aurait pu lui ouvrir la voie à un troisième mandat, semble pour l'heure reportée.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Thématique : Ego-Histoire, avec Michel Winock

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Play Episode Listen Later Mar 31, 2024 65:25


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le Avec cette semaine : Michel Winock, historien et écrivain. Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique. MICHEL WINOCK, EGO-HISTOIRE Michel Winock, vous êtes historien. Spécialiste de l'histoire de la République française ainsi que des mouvements intellectuels et politiques, vous avez publié, entre autres, Siècle des intellectuels en 1997 pour lequel vous avez obtenu le Prix Médicis ou encore, en 2010, Madame de Staël, récompensé par le par le Prix Goncourt de la biographie. Vous avez été membre de la revue « Esprit », directeur littéraire au Seuil et vous avez fondé, avec Michel Chodkievicz, la revue « L'Histoire ». Nous vous devons bon nombre d'ouvrages biographiques, de Flaubert à De Gaulle. Vous publiez aujourd'hui aux éditions Bouquins Ego-histoire. Qui s'inscrit dans la lignée du genre théorisé par Pierre Nora en 1987 dans ses Essais d'ego-histoire qu'il présente comme un « exercice (qui ) consiste à éclairer sa propre histoire comme on ferait l'histoire d'un autre. (À)expliciter, en historien, le lien entre l'histoire qu'on a faite et l'histoire qui vous a fait. » Cinq livres sont ici rassemblés. Tout d'abord, Jeanne et les siens et Jours anciens, deux livres sur votre enfance. La république se meurt évoque la période de votre adolescence progressivement habitée par l'engagement politique et intellectuel.Chronique des années soixante rassemble les 40 articles que vous aviez écrits pour Le Monde sur ce sujet durant l'été 1986. Enfin, Parlez-moi de la France est, dites-vous, « un ouvrage né d'une question qui me fut posée au début des années 1990 par mes étudiants russes à Moscou et à Saint-Pétersbourg : « Pouvez-vous nous résumer la France ? »Loin de reprendre la formule de Lavisse répondant à l'Impératrice Eugénie qui lui posait la même question « Madame, ça ne s'est jamais très bien passé », vous vous appliquez à décrire ce qu'est et ce que n'est pas notre pays. Pour l'historien Henri Marrou « l'histoire est inséparable de l'historien ». Votre livre en est l'illustration : on ne pourrait séparer le fait du témoin. Ces récits sont d'autant plus précieux que votre plume est autant celle d'un écrivain que celle d'un historien. Dans les deux livres qui ouvrent Ego-histoire, Jeanne et les siens et Jours anciens., nous sommes replongés dans une époque qui parait aujourd'hui plus que lointaine : celle à laquelle, lors de sa communion solennelle, l'école accordait un congé pour faire sa retraite. L'usage voulait que l'on offre des images à ses professeurs ; tout cela dans l'école laïque. Puisqu'un des rôles majeurs de la connaissance historique est d'éclairer le présent et éventuellement le futur, quelles leçons en tirez-vous ?Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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La fin de vie / Le triangle de Weimar peut-il relayer le couple franco-allemand ?

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Play Episode Listen Later Mar 24, 2024 58:21


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 22 mars 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l'Intérieur. Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique. LA FIN DE VIE Après que la convention citoyenne organisée par le Conseil économique, social et environnemental avait remis ses conclusions le 3 avril 2023, le chef de l'État avait promis de bâtir un « modèle français » de la fin de vie, en annonçant un projet de loi plusieurs fois reporté. Dans un entretien à « Libération » et à « la Croix », publié le 10 mars, le Président a annoncé pour avril un texte qui défend une démarche de « fraternité » et de « rassemblement ». Le projet prévoit la possibilité de demander une « aide à mourir » dans des conditions encadrées : cet accompagnement sera réservé aux personnes majeures, comme la Convention citoyenne l'avait recommandé. Les personnes devront être capables d'un discernement plein et entier, excluant les patients atteints de maladies psychiatriques ou de maladies neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme Alzheimer. Elles devront présenter une maladie incurable et un pronostic vital engagé à court ou à moyen terme. Le dernier critère est celui de souffrances - physiques ou psychologiques réfractaires, c'est-à-dire que l'on ne peut pas soulager. Le projet de loi indique que l'accord donné à l'« aide à mourir »relève d'un seul professionnel, celui auquel le malade adresse sa demande, qui peut être son médecin traitant, un spécialiste à l'hôpital, un praticien en ville ou en Ehpad. Ce médecin sollicite obligatoirement l'« avis » d'un autre « médecin, qui ne connaît pas la personne, spécialiste de la pathologie » et d'un « professionnel paramédical qui intervient auprès d'elle ». Il peut aussi se tourner vers un infirmier, aide-soignant, ou encore un psychologue, qui a l'habitude d'être au chevet du patient. In fine, c'est le médecin qui mène la procédure qui tranche. Il a quinze jours maximum après la demande pour se prononcer. En cas de refus du praticien d'autoriser l'« aide à mourir », le patient peut saisir le tribunal administratif. En cas de réponse favorable, la prescription est valable trois mois, période durant laquelle le patient pourra se rétracter à tout moment. Le projet de loi vise également à améliorer la qualité de vie des grands malades. Il s'agit, selon l'exposé de motifs, de forger « pour les dix années à venir, un modèle rénové et renforcé de prise en charge de la douleur chronique ou aiguë et de l'accompagnement de la fin de vie ». Le texte de loi devrait être transmis au conseil des ministres le 10 avril. Il sera dans la foulée soumis à une « commission spéciale » qui se réunira à l'Assemblée nationale. La première lecture en séance publique est prévue le 27 mai. Selon un sondage Ifop de juin 2023, 90% des Français estiment que la loi française devrait autoriser l'euthanasie. 85% approuvent l'autorisation du suicide assisté. Les représentants religieux, eux, font régulièrement savoir leur ferme opposition. « Rupture anthropologique » d'un côté, « avancée sociétale » de l'autre, le clivage ne s'éteindra pas aux portes de l'Assemblée nationale. LE TRIANGLE DE WEIMAR PEUT-IL RELAYER LE COUPLE FRANCO-ALLEMAND ? Régulièrement à la peine avant 2022 (malgré la signature en 2019 du Traité d'Aix-la-Chapelle, dont la mise en œuvre fut perturbée par la pandémie de Covid), le « moteur » franco-allemand semble aujourd'hui grippé. Le chancelier Scholz ne voit pas de salut de l'Europe hors de son ancrage avec les Etats-Unis, tandis que le président Macron prône la souveraineté européenne. Les deux dirigeants étaient du même côté, celui des sceptiques et de l'apaisement avec la Russie, au début de la guerre. Mais, depuis l'été 2023, la position d'Emmanuel Macron a radicalement changé pour se rapprocher de celle des pays de l'est de l'Europe et du Royaume-Uni. Les désaccords et l'inimitié entre les deux hommes ont augmenté après l'annonce du chef de l'État français de la possibilité d'envoyer des troupes en Ukraine. Afin de débloquer la situation, le chancelier allemand a réactivé à Berlin le 15 mars le Triangle de Weimar, cette entente cordiale entre la Pologne, l'Allemagne et la France créée en 1991 pour soutenir le pays, alors dirigé par Lech Walesa, dans son adhésion à l'Otan. Un canal qui a connu de nombreuses pauses, surtout ces huit dernières années, lorsque le parti souverainiste ultra-conservateur Droit et justice (PiS) se trouvait au pouvoir avec une position très atlantiste et en privilégiant une relation bilatérale avec les Etats-Unis. Depuis décembre 2023 et l'arrivée aux affaires de Donald Tusk, les Européens attendent beaucoup du nouveau gouvernement polonais en termes de réengagement. A l'issue de ce sommet, le chancelier Olaf Scholz, le président Emmanuel Macron, et le Premier ministre Donald Tusk ont promis de livrer davantage d'armes à Kyiv, notamment de l'artillerie de longue portée. Cette coalition « sur les frappes en profondeur » avait déjà été présentée le 26 février à l'Élysée lors de la conférence de soutien à l'Ukraine, mais cette fois, l'Allemagne l'endosse ouvertement. L'augmentation des livraisons d'équipements militaires sera effectuée via des achats sur le marché mondial ainsi que par la production d'armes sur le territoire de l'Ukraine, en coopération avec des partenaires. Le chancelier allemand a aussi indiqué que les pays européens allaient se servir des recettes générées par les actifs russes gelés pour financer des achats d'armes. Selon les estimations, l'Europe aurait gelé près de 300 milliards d'euros d'actifs de la banque centrale russe et plusieurs dizaines de milliards d'euros de biens divers appartenant à des personnes sanctionnées. Olaf Scholz s'est également félicité de la nouvelle aide militaire de 5 milliards d'euros annoncée la semaine dernière par l'Europe, à l'issue de plusieurs mois de négociations. Donald Tusk a souligné qu'il était important que Paris, Berlin et Varsovie parlent d'une même voix et a annoncé la tenue d'une réunion du Triangle de Weimar cet été. De retour de Washington, le Premier ministre polonais a rappelé que l'Europe devrait surtout penser à renforcer sa Défense dans la perspective d'une victoire électorale de Trump en novembre.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Revue de presse française
À la Une: élections européennes: l'extrême droite aux avant-postes

Revue de presse française

Play Episode Listen Later Mar 10, 2024 5:33


En France, c'est le Rassemblement national (RN) qui fait la course en tête dans les sondages, dont celui de la Tribune Dimanche, qui donne le candidat du RN, Jordan Bardella, largement vainqueur avec près de 30% des voix, loin devant la liste de la majorité présidentielle créditée de 17% des suffrages. « Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le Rassemblement national aborde une élection majeure en situation de grand favori », remarque le Point, qui fait sa Une sur Jordan Bardella, « charismatique et populaire », et dont « la base électorale est solide et mobilisée », nous dit l'économiste et éditorialiste Nicolas Baverez, qui accuse ni plus ni moins Emmanuel Macron d'être « le fossoyeur de la démocratie », pour avoir « détruit les forces modérées », et créé « le vide politique dans lequel s'engouffre et prospère l'extrême droite ».Le Point s'attarde aussi sur l'image de Jordan Bardella, image « lisse », le jeune homme est « poli », mais il a un gros défaut, il brille par son absence au Parlement européen. Il ne « s'est jamais impliqué dans le fonctionnement de son groupe », nous dit-on. Mais son statut de député européen lui offre « un bon salaire, 7 300 euros plus 4 950 euros de frais sans justificatif ». « L'Union européenne est bonne fille », conclut le Point. À lire aussiEuropéennes: aux côtés de Marine Le Pen, Jordan Bardella lance la campagne du RN à MarseilleHéritage et RSA« Rassemblement national, l'imposture sociale », titre, de son côté, Marianne. Pour l'hebdomadaire, « le parti de Marine Le Pen bénéficie depuis des années d'une image de représentant des intérêts des classes populaires largement exagérée au regard du contenu de son programme ». Marianne en veut pour preuve « les projets favorables aux plus riches, qui écornent l'image d'un "RN social", comme cette promesse d'une baisse des droits de succession en ligne directe, qui a tout de la démagogie », s'indigne l'hebdomadaire. « Ultra impopulaire, cet impôt sur l'héritage des parents n'est en réalité payé que par les 10 à 15% de Français les plus nantis ».Autre exemple, les aides sociales. Il y a un an, les députés du Rassemblement national se sont opposés à l'extension, aux moins de 25 ans, du RSA (le revenu de solidarité active), une mesure proposée par la gauche. Selon un député RN, cette aide constituerait même « le summum de l'assistanat ». Et ce n'est pas tout, poursuit Marianne. « Très volontariste sur le plan social en 2017, le RN a depuis lâché beaucoup de lest. Outre la sortie de l'euro et de l'Union européenne, Marine Le Pen a également abandonné la retraite à 60 ans et la remise en cause de la loi Travail ».Femme, vie, liberté« Un an et demi après la mort de Mahsa Amini, la République islamique a fini par juguler l'immense vague de manifestations lancée par les iraniennes », constate l'Obs, qui se veut toutefois optimiste, estimant « qu'une bonne partie de la population veut désormais se débarrasser du régime ». L'Obs a choisi de donner la parole à « sept iraniennes en quête de liberté ». « La plupart ont connu la prison, plusieurs ont été contraintes à l'exil », précise l'hebdomadaire, qui livre tout d'abord le témoignage de Narges Mohammadi, prix Nobel de la Paix 2023, détenue dans la prison d'Evin, à Téhéran. Selon elle, « l'heure est venue de criminaliser l'apartheid de genre ». Et elle énumère, en une vingtaine de points, ce que veut dire cet « apartheid de genre » en Iran. Par exemple, « le témoignage d'un homme devant un tribunal vaut celui de deux femmes », ou encore « les hommes ont le droit de divorcer si leur épouse souffre d'un handicap. Les femmes ne jouissent pas de ce droit ».Et puis, il y a bien sûr la question du voile. « Le non-port du hijab islamique est passible de 74 coups de fouets ». Et ce n'est pas seulement de la théorie. L'Obs publie le témoignage d'une « activiste kurde de 34 ans, Roya Heshmati », qui a reçu 74 coups de fouet pour avoir publié, sur les réseaux sociaux, une photo d'elle sans voile. « Je n'ai pas compté les coups, raconte la jeune femme, je chantais tout bas : "Au nom de la femme, de la vie, le voile de la soumission sera arraché, notre nuit se transformera en aube" ».À écouter aussiIran: que reste-t-il du mouvement «Femme, vie, liberté»?Une famille originaleC'est M, le supplément du Monde, qui nous présente cette famille. Elle a la particularité de compter 27 demi-frères et sœurs, ils sont français et sont tous nés par PMA (procréation médicalement assistée) après un don de sperme anonyme. Anonyme, certes, mais cela ne les a pas empêchés de se retrouver, en faisant des tests ADN en ligne. Plusieurs d'entre eux « se sont rencontrés » et « certains ont même l'impression d'avoir trouvé une nouvelle famille », précise M. Ils sont toutefois taraudés par une question. « Ils s'interrogent sur une énigme », l'identité de leur père biologique. « Certains veulent absolument la découvrir ». « Moi, je l'ai surnommé Spermator », dit Maude, l'une des « demies ». « Parce qu'on a des origines espagnoles ».Une certitude révélée par les tests ADN, qui toutefois ne dissipent pas le mystère sur le donneur anonyme et particulièrement généreux. Une scientifique avance l'hypothèse « d'un donneur itinérant, qui se serait lancé le défi de donner dans le plus d'endroits possibles », à une époque (les années 80 et 90), où les principes éthiques étaient non « contraignants ». Certains parlent d'un « serial-donneur » qui pourrait bien être le père de dizaines d'autres enfants.

Le Nouvel Esprit Public
Dette : comment faire des économies ? / À quoi ressemble la Russie de Poutine ?

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Feb 25, 2024 59:34


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 23 février 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l'Intérieur. Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du quotidien La Croix. Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors. DETTE : COMMENT FAIRE DES ÉCONOMIES ? Depuis plusieurs mois plus aucun expert ne croyait à l'hypothèse de croissance de la France, fixée à 1,4 % pour 2024. La Commission européenne et la Banque de France n'attendent que 0,9 %, l'OCDE 0,6 %. Finalement, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire a annoncé dimanche qu'il l'abaissait à 1 %, avec à la clef, des recettes fiscales en moins pour l'État et l'obligation d'annoncer un plan d'économies en urgence de 10 milliards d'euros pour tenir l'objectif d'un déficit public ramené de 4,9 % à 4,4 % du PIB. Des économies visant à maîtriser la trajectoire de notre dette, qui atteint désormais 3.088 milliards d'euros et 111,9 % du PIB. Les 10 milliards d'euros seront économisés « exclusivement sur le budget de l'État », a précisé Bruno Le Maire, qui dit emprunter là « la voie du courage » plutôt que celle de la « facilité » consistant à augmenter les impôts. Des économies d'autant plus urgentes selon Bercy que les dépenses se sont multipliées depuis janvier, comme les 400 millions d'euros dégagés pour les agriculteurs, les primes pouvant aller jusqu'à 1.900 euros pour les policiers et gendarmes à l'occasion des Jeux olympiques, ou les 3 milliards d'euros promis à l'Ukraine. Les collectivités locales et la sphère sociale (retraites, chômage, assurance maladie, prestations sociales, etc.) sont à ce stade épargnées. Toutefois un nouveau tour de vis sur l'assurance chômage interviendra dès cette année, et un doublement des franchises médicales sera instauré. La moitié des 10 milliards d'euros annoncés proviendront d'annulations de crédits dans les budgets des ministères sur la gestion de leur immobilier, leurs recrutements, leurs dépenses énergétiques ou leurs achats. Sept cents millions d'euros seront gagnés sur les dépenses de personnel et 750 millions sur les achats. Les 5 autres milliards seront prélevés sur différentes politiques publiques, à commencer par le budget des opérateurs de l'État, ces agences spécialisées dont les crédits seront réduits d'un milliard d'euros. Bruno Le Maire a notamment cité France compétences (chargée de la formation professionnelle et de l'apprentissage), le Centre national d'études spatiales, l'agence nationale de la cohésion des territoires, ou encore Business France, qui aide les entreprises françaises à s'internationaliser. Un milliard d'euros seront retranchés du budget de l'aide à la rénovation énergétique MaPrimeRénov', qui sera ramenée de 5 à 4 milliards d'euros cette année, tout en continuant à augmenter par rapport à l'année précédente. Enfin, 800 millions d'euros seront ponctionnés dans les crédits de l'aide publique au développement, avec notamment une contribution réduite à l'ONU. Si l'économie se dégradait davantage, un budget rectificatif pourrait s'imposer, a prévenu le ministre. Mais le contexte politique rend l'exercice très périlleux en l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale. Le prochain projet de loi de finances attendu à l'automne doit dégager 12 milliards d'euros supplémentaires. Des revues de dépenses sont engagées et seront l'occasion de regarder du côté de la Sécurité sociale, en particulier les affections longue durée telles que le diabète ou les cancers, actuellement prises en charge à 100 % par l'assurance maladie. A QUOI RESSEMBLE LA RUSSIE DE POUTINE ? En dépit des sanctions occidentales, l'économie russe connait une croissance 2,6% meilleure que celle de la zone euro, selon les estimations du Fonds monétaire international publiées fin janvier. L'activité économique du pays est désormais largement tirée par un secteur, devenu prioritaire : la Défense. Moscou a acté une envolée de près de 70% des dépenses militaires en 2024, soit 6% du PIB. Moscou parie aussi sur ses revenus pétroliers et les échanges commerciaux avec son voisin chinois, pour soutenir son économie. Toutefois, la Russie doit faire face à une inflation de 7,4% et un taux de chômage à 3%, qui traduit des pénuries de main d'œuvre persistantes. À long terme, l'exode à l'étranger de 800.000 à un million de Russes, selon les estimations, à la suite du lancement de l'offensive en Ukraine et après la mobilisation partielle de septembre 2022, va continuer à peser sur de nombreux secteurs (banques, énergie, télécommunications...), amputés des travailleurs qualifiés dont ils ont besoin. Récemment, la Douma s'était alarmée du fait qu'en 2046, la Russie aura perdu 7,5% de ses habitants, selon les prévisions officielles. Elle a aussi rappelé que le taux de natalité était évalué à 1,42 enfant par femme fin 2022. Ce chiffre était de 1,5 en 2020, la moyenne dans l'Union européenne. Selon l'agence statistique Rosstat, la Russie comptait, au 1er janvier dernier, 146.447.424 habitants (Crimée annexée comprise). Soit moins qu'en 1999. Des jeunes parmi les mieux formés, et donc armés pour travailler à l'étranger, ont quitté le pays pour ne pas être mobilisés. Selon le renseignement américain 120.000 soldats russes auraient été tués depuis le début de la guerre en Ukraine pour un total hors de combat d'environ 320.000 blessés. Soit deux fois plus que les pertes ukrainiennes, mais avec une population quatre fois plus élevée. La conquête le 16 février dernier par les soldats russes de la ville d'Avdiïvka, dans la région de Donetsk et le retrait des forces ukrainiennes, constitue une victoire symbolique pour Moscou. Avdiivka est la première conquête substantielle russe depuis la prise de Bakhmout, en mai 2023. À l'approche de l'élection présidentielle en Russie, Moscou n'a pas manqué d'exprimer son autosatisfaction : Vladimir Poutine a salué une « importante victoire ». Elle aurait coûté 47.178 hommes à l'armée russe d'après l'état-major ukrainien. Avdiivka tombée, la Russie devrait mettre à l'épreuve la seconde ligne de fortifications établie par l'armée ukrainienne ces derniers mois. En politique intérieure, la mort en détention de l'opposant Alexeï Navalny, annoncée le 16 février, signale selon Renaud Girard dans le Figaro : « un retour de la Russie aux pratiques staliniennes. Sous Brejnev, on enfermait les dissidents, mais on ne les tuait pas », remarque-t-il. Le scrutin présidentiel des 15-17 mars prochains, où même le plus modéré des opposants, Boris Nadejdine, n'a pas été autorisé à se présenter, ne devrait pas représenter une compétition politique significative.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
Thématique : le procès Pétain, avec Julian Jackson

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Feb 4, 2024 59:52


Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnement Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 2 février 2024. Avec cette semaine : Julian Jackson, historien britannique, spécialiste de l'histoire de France du XXème siècle. Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Michel Winock, historien et écrivain. LE PROCÈS PÉTAIN Julian Jackson vous êtes historien, spécialiste du XXe siècle de l'histoire de France. Après un ouvrage sur l'occupation et une biographie de Charles de Gaulle que nous avions saluée ici même, vous publiez France on Trial : The Case of Marshal Pétain,publié au Seuil fin janvier dans une traduction titrée Le Procès Pétain et sous-titrée Vichy face à ses juges. « On peut revisiter le procès de Pétain sans vouloir le refaire, écrivez-vous dans votre introduction. L'exercice permet d'observer les Français de 1945 en train de débattre à chaud de leur histoire. » Comme le suggère le sous-titre de votre livre, ce n'est pas seulement le Maréchal qui est jugé. « Nous serions des hypocrites, écrit Mauriac, si, avant de mêler nos voix à toutes celles qui l'accusent, chacun de nous ne se demandait : qu'ai-je dit, qu'ai-je écrit ou pensé au moment de Munich ? De quel cœur ai-je accueilli l'armistice ? [...] Ne reculons pas devant cette pensée qu'une part de nous‐même fut peut‐être complice, à certaines heures, du vieillard foudroyé. » C'est, au fond, ce qui rend ce procès unique : les Français jugeaient le héros de la Grande Guerre qu'ils avaient presque accueilli avec soulagement (le « lâche soulagement » qu'éprouvait Blum au moment de Munich ?) : « Si un référendum s'était tenu en juin 1940 pour confirmer l'arrivée de Pétain à la présidence du Conseil, je pense que 95 % des Français auraient voté en sa faveur », écrivez-vous. Lorsqu'elle se réunit dans une certaine précipitation la Haute Cour de justice, composée de trois magistrats professionnels et de 24 jurés (12 résistants et 12 parlementaires), se réunit pour juger de la conduite du chef de Vichy, elle peine à déterminer de quoi Pétain doit répondre. Pour de Gaulle, le crime était l'armistice ; Raymond Aron ne condamnait Pétain qu'à partir de novembre 1942, lorsqu'il était resté en France alors que les Allemands bafouaient l'armistice et franchissaient la ligne de démarcation ; Simone Weil, quant à elle, considérait l'armistice comme un acte de lâcheté collective qui ne pouvait être imputé à Pétain seul. Les débats qui se déroulent pendant les trois semaines du procès ne règlent pas cette question. Vous décrivez toutes les étapes du procès, de l'interrogation du prisonnier jusqu'au délibéré qui condamne Pétain à mort, à l'indignité nationale, et à la confiscation de ses biens, condamnation tempérée par une demande de non-exécution pour « tenir compte du grand âge de l'accusé ». Le général de Gaulle, exaucera ce vœu. La Haute cour savait qu'il ne pouvait en aller autrement. Au lendemain du procès, Mauriac écrit : « Un procès comme celui‐là n'est jamais clos et ne finira jamais d'être plaidé. » Dans la troisième partie de votre livre intitulée « ce passé qui ne passe vraiment pas », vous montrez qu'il avait raison, et vous concluez : « Si le dossier Pétain est clos, le pétainisme n'est pas mort. » Il me semble que c'est en constatant cette permanence du pétainisme, sa présence dans le débat public en 2022 plus de soixante dis-ans après la mort du Maréchal et plus de quatre-vingts ans après son accession au pouvoir que vous avez en quelque sorte remonté le courant à la recherche des raisons et du contenu de cette permanence jusqu'à en arriver à ce procès ni fait ni à faire. Est-ce bien votre démarche ?Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
Bada : les questions du public (Jacques Delors et Brexit)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Jan 10, 2024 27:50


Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.fr Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'Ecole alsacienne le 7 janvier 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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L'héritage européen de Jacques Delors à l'heure de l'impérialisme russe / Le naufrage du Brexit

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Jan 7, 2024 64:33


Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.fr Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'Ecole alsacienne le 7 janvier 2024. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. L'HÉRITAGE EUROPÉEN DE JACQUES DELORS À L'HEURE DE L'IMPÉRIALISME RUSSE Jacques Delors l'ancien président de la Commission européenne s'est éteint, le 27 décembre, à 98 ans. Entré en fonction à Bruxelles en janvier 1985, l'ancien ministre des Finances français prévient « L'Europe n'a d'autre choix qu'entre la survie et le déclin. Il occupera son bureau bruxellois durant dix années consécutives, et marquera la construction européenne de son empreinte, au point que la presse américaine le baptise le « tsar de Bruxelles ». Son impulsion est décisive dans l'adoption de l'Acte unique, qui donne naissance au marché unique européen. Dans ses Mémoires, Jacques Delors donne à ce marché une triple fonction : organiser « la compétition qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit. » Suivront le traité de Maastricht, la monnaie commune, la création des fonds de cohésion pour soutenir l'élargissement de l'Union à des entrants moins bien lotis économiquement que les membres fondateurs, ou encore le programme d'échanges universitaires Erasmus. Jacques Delors était devenu le partenaire de nombreux chefs d'État et de gouvernement engagés comme lui en faveur de la construction européenne : le Chancelier allemand Helmut Kohl, le Premier ministre belge Jean-Claude Dehaene, le chef du gouvernement espagnol Felipe Gonzalez et François Mitterrand. En 2015, il a été nommé « citoyen d'honneur de l'Europe » troisième personnalité à être ainsi distingué, après Jean Monnet en 1976 et Helmut Kohl en 1998. Si Jacques Delors quitte Bruxelles, en janvier 1995, avec la satisfaction d'avoir rempli sa mission, il s'en va aussi avec le regret de constater, comme bien d'autres mais en l'ayant vécu de l'intérieur, à quel point l'Europe reste un nain politique. Il reste donc un long chemin à parcourir. Il va s'y employer, dans la mesure de ses moyens, avec sa fondation, Notre Europe. En 2021, il finira par porter sur l'Union européenne un regard critique, dans son interview testamentaire au Point constatant qu'« À vingt-sept, on s'éloigne des projets qui étaient ceux de Jean Monnet ou Robert Schuman. Du moins, on les rend beaucoup plus difficiles. Rien que le fonctionnement d'une Commission européenne à vingt-sept, déjà... » Pascal Lamy, son ancien directeur de cabinet, confie que Jacques Delors avait conscience de la difficulté de la situation actuelle, dans laquelle un seul des 27 peut jouer contre les 26 autres, voire, comme l'a fait récemment Viktor Orban monnayer son vote sur l'adhésion de l'Ukraine. Au moment où Jacques Delors disparait, deux questions se posent : face aux régimes illibéraux « la compétition qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit » va-t-elle passer du marché aux marchandages ? Face à l'impérialisme russe l'Europe est-elle toujours un nain politique ? *** LE NAUFRAGE DU BREXIT Le 1er janvier 2021 la Grande Bretagne est sortie de l'Union européenne. Sept ans après le référendum qui a vu les partisans du divorce l'emporter, un sondage de l'institut Opinium publié par « The Guardian » note que les Britanniques ne sont désormais plus que 22 % à juger que la séparation a été une bonne chose pour le Royaume-Uni. L'institut a demandé à 2.000 électeurs de juger si la sortie de l'UE avait eu un effet positif ou négatif dans différents domaines. Résultat : les avis positifs ne l'emportent pour aucune question. Seul un sondé sur dix estime que la sortie de l'UE a amélioré sa situation financière personnelle ou optimisé les salaires, quand 63 % la rendent responsable d'une partie de l'inflation. « Une nette majorité de l'opinion publique estime désormais que le Brexit a été néfaste pour l'économie britannique, a fait monter les prix dans les magasins et a entravé les tentatives du gouvernement de contrôler l'immigration », résume le quotidien. En 2023, 29.437 migrants ont fait la traversée, contre 45.774 en 2022 qui avait été une année record, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur publiés le 1er janvier. Une autre enquête, menée auprès des entreprises, montre que les sociétés travaillant avec l'UE se plaignent des nouvelles règles douanières. Christopher Hayward, le président du conseil d'administration de la City of London Corporation, l'organisation qui gère le quartier financier de Londres, estime que « Le Brexit a été un long et douloureux divorce. La confiance a été anéantie. » Selon un sondage de la British Chambers of Commerce de décembre, 2023, 60 % des exportateurs vers l'UE estiment que les échanges commerciaux sont plus difficiles qu'il y a un an. Or, toutes les obligations liées au Brexit ne sont pas encore en place. Les contrôles sanitaires sur les importations n'entreront en vigueur que cette année. Pour le gouvernement de Rishi Sunak, 2024 s'ouvre dans l'appréhension d'une défaite électorale, sur fond de prédictions économiques moroses et d'un retournement d'opinion sur le Brexit Quelques sondages mesurent même un « Bregret », le regret du Brexit… Après quatorze ans au pouvoir, cinq premiers ministres, un Brexit et divers scandales, les tories sont devancés d'au moins quinze points par le Labour dans toutes les enquêtes d'opinion. Toutefois, contrairement aux précédentes le Brexit ne devrait pas s'imposer comme un thème central des élections législatives qui auront lieu cette année.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

Le Nouvel Esprit Public
Thématique : Les Juifs en France 1940-1945, avec Jacques Semelin (rediffusion)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Dec 24, 2023 60:50


Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.fr Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 18 février 2022. Avec cette semaine : Jacques Semelin, historien, politologue, directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste des processus de résistance civile au sein des dictatures ainsi que de l'analyse des massacres et génocides. Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du quotidien La Croix. Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova. « Comment se fait-il que tant de Juifs ont pu survivre en France malgré le gouvernement de Vichy et les nazis ? », demandait Simone Veil en 2008 à l'historien spécialiste des crimes de masse et de la Shoah, Jacques Semelin. Dans « Une énigme française, Pourquoi les trois quarts des Juifs en France n'ont pas été déportés », l'historien explique cette exception française. Si Serge Klarsfeld a établi que trois quarts des Juifs en France ont échappé à la mort (chiffre exceptionnel en Europe), ce n'est pas l'action des quelque 4 000 Justes français qui pouvait à elle seule l'expliquer. Pas davantage une imaginaire mansuétude de Vichy : vous démontrez que ce n'est pas grâce, mais en dépit de Vichy que la très grande majorité des Juifs en France ont pu survivre. Transformant cette abstraction des 75% en nombre, vous rapportez qu'au moins 200 000 juifs sont toujours en vie en France à la fin de l'occupation, à l'automne 1944. Beaucoup se sont dispersés à la campagne, tandis qu'au moins 40 000 sont restés à Paris. Des filières de sauvetage (juives et non juives) ont contribué à sauver environ 10 000 vies, notamment celles d'enfants. Mais l'engagement de ces organisations de résistance ne peut rendre compte de la survie d'au moins 200 000 personnes, soit 65% des Juifs étrangers et 90% des Juifs français. D'autres explications doivent donc être trouvées.Sans jamais minimiser l'horreur du crime, vous écrivez votre enquête dans la mémoire des Juifs non déportés, votre analyse des circonstances de l'époque. Vous dégagez plusieurs facteurs d'explication : la chronologie de la persécution, les statuts politiques et militaires des territoires, les géographies et cultures des régions, de l'évolution de la guerre et de la situation internationale. L'histoire culturelle et politique de la société française : l'intégration des Israélites à la nation, le rôle de l'école et de la culture républicaine, l'ouverture ou le rejet des étrangers en lien avec les besoins économiques et démographiques du pays, la propagation des idées xénophobes et antisémites, l'influence du christianisme (antijudaïsme, charité). La structure des rapports occupants-occupés, les capacités de réactivité à la persécution des individus stigmatisés comme Juifs en fonction de leur nationalité (française ou non), leur âge et situation familiale, leurs ressources linguistiques, financières et sociales. La réactivité sociale des populations non juives vis-à-vis des Juifs sur les bases de l'intérêt (économique et financier) ou des ressorts de la compassion. La formation d'une opinion hostile aux opérations les plus brutales de la persécution (arrestations et déportations des juifs apatrides), ayant provoqué une dissension publique au sein des élites catholiques, par ailleurs favorables à l'Etat collaborateur. L'influence de cette prise de parole publique sur la politique de collaboration des dirigeants français. La capacité des Juifs et non Juifs à s'organiser collectivement pour créer des réseaux clandestins de résistance civile visant au sauvetage des victimes désignées, en premier lieu des enfants. Le développement d'une « société parallèle » qui, imbriquée à la « société officielle », contribue à la protection des pourchassés et persécutés du régime. De toute cette période et sur toutes ces questions, quelle vous semble être la réalité la plus difficile à faire reconnaître par l'opinion ?Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Bada : les questions du public (Hamas et populismes en Europe)

Le Nouvel Esprit Public

Play Episode Listen Later Dec 6, 2023 41:24


Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.fr Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 3 décembre 2023. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors. Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova. Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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Le Hamas, mort certaine ou victoire historique ? / Les populismes auront-ils l'Europe à l'usure ?

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Play Episode Listen Later Dec 3, 2023 67:25


Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.fr Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l'École alsacienne le 3 décembre 2023. Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors. Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova. LE HAMAS, MORT CERTAINE OU VICTOIRE HISTORIQUE ? Après les massacres du 7 octobre et la débâcle sécuritaire pour le pays, la feuille de route que s'est fixée le gouvernement israélien est « de parvenir à la destruction des capacités militaires et administratives du Hamas et du Jihad islamique de manière à les empêcher de menacer et d'attaquer les citoyens d'Israël pendant de nombreuses années ». Un objectif très proche de celui déjà formulé en 2008, au lendemain de la prise de contrôle par le Hamas de la bande de Gaza. Ce qui interroge sur sa faisabilité. Car le Hamas n'est pas seulement une organisation, elle est aussi une idéologie qui, elle, ne va pas mourir. Pour le chroniqueur du Monde, Alain Frachon « on peut même parier que le pilonnage aérien systématique, les destructions d'habitations, l'exil intérieur et les privations imposées à une population gazaouie martyrisée vont susciter la prochaine génération de djihadistes. » En poursuivant cette offensive coûteuse en vies humaines palestiniennes, l'armée israélienne se retrouve de fait sur le terrain choisi par le Hamas. Comme lors des incursions précédentes, nul doute que ses infrastructures et ses miliciens sont déjà durement touchés et le seront plus encore, mais l'éradication promise par les autorités israéliennes supposerait une campagne de plusieurs mois, étendue à la totalité de Gaza. Or, l'armée israélienne ne dispose pas d'une maîtrise totale du temps et la mondialisation du conflit ainsi que la sensibilité des opinions, que l'on peut déjà constater, jouent contre elle. Sa stratégie offensive pèse lourdement sur l'image d'Israël. Le décompte quotidien des pertes civiles à Gaza donné par le Hamas ne peut pas être vérifié, mais les images et les témoignages qui parviennent de l'enclave attestent qu'il y a de très nombreuses victimes, parmi lesquelles 60 journalistes, et de très nombreux enfants. Wassim Nasr journaliste à France 24 et membre du Soufan Center, créé par l'une des figures incontournables de l'anti-terrorisme, estime dans La Vie qu'« en libérant des femmes, des enfants et des personnes âgées, le Hamas renforce son image vis-à-vis d'un public déjà acquis à sa cause dans le monde ». Ainsi, la scénarisation des remises d'otages, pour faire un récit « positif » adapté aux réseaux sociaux, a été immédiate. Le Hamas est donc, pour l'instant, gagnant dans cette grande bataille des perceptions : il dure face à une puissance militaire non négligeable, tandis ajoute le journaliste qu'« une éventuelle victoire militaire d'Israël sera toujours relativisée à cause des milliers de civils tués pour l'obtenir ». *** LES POPULISMES AURONT-ILS L'EUROPE À L'USURE ? Partout en Europe, les partis nationalistes ou d'extrême droite ont le vent en poupe. En Allemagne, Alternative für Deutschland (AfD) a progressé jusqu'à devenir le deuxième parti le plus populaire du pays. Son succès polarise la politique locale, et il pourrait remporter les élections en Thuringe l'an prochain. Le 22 novembre, aux Pays-Bas, le leader du Parti pour la liberté Geert Wilders a enlevé 37 des 150 sièges de la Chambre basse. Une avancée qui renforce le camp des pays menés par l'extrême droite, après celle de Roberto Fico en Slovaquie le 1er octobre. L'année prochaine, l'extrême droite pourrait encore accroître son influence à l'occasion des élections européennes de juin. Les sondages d'opinons n'excluent pas que Marine Le Pen remporte l'élection présidentielle en 2027. Si la plupart de ces partis sont toujours hostiles aux étrangers, l'expérience britannique a tempéré l'hostilité de certains envers l'UE et ils sont moins nombreux à vouloir abandonner la monnaie unique. Tous expriment de nouvelles inquiétudes, rejetant ostensiblement les politiques de lutte contre le changement climatique, qui, affirment-ils, serait une invention des élites. Ensuite, le soutien dont ils bénéficient a évolué. Selon les calculs de The Economist dans 15 des 27 États membres de l'UE existent aujourd'hui des partis d'extrême droite qui obtiennent 20 % ou plus dans les sondages, y compris dans tous les grands pays, sauf l'Espagne, où les nationalistes de Vox ont essuyé une défaite aux élections de juillet. Près des quatre cinquièmes de la population de l'UE vivent désormais dans des pays où l'extrême droite séduit au moins un cinquième de l'électorat. Toutefois, ces partis ont tendance à modérer leurs opinions quand ils sont endossent des responsabilités gouvernementales, comme le prouve Georgia Meloni, la première chef de gouvernement d'extrême droite dans un pays d'Europe occidentale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui n'a pas cherché querelle à l'Europe. Dans les pays nordiques, on constate une tendance similaire. Le Parti des Finlandais et les Démocrates de Suède, deux formations nationalistes, se montrent plus pragmatiques depuis qu'ils ont soit intégré, soit accepté d'épauler une coalition au pouvoir.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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L'Argentine entre deux populismes / L'Europe et la sécurité

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Play Episode Listen Later Oct 29, 2023 65:58


Connaissez-vous notre site ? www.lenouvelespritpublic.fr Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le Avec cette semaine : Nicolas Baverez, essayiste et avocat. Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique. Michel Eltchaninoff, rédacteur en chef du mensuel Philosophie Magazine. Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit. L'ARGENTINE ENTRE DEUX POPULISMES En Argentine, alors que tous les sondages donnaient le libertarien Javier Milei vainqueur il a obtenu 30, 2% des voix au premier tour de la présidentielle contre 36,3% à son rival, Sergio Massa, ministre de l'Économie et candidat de la coalition péroniste de gauche sortante Unión por la patria. Alors que voter est obligatoire en Argentine, le scrutin a été marqué par une abstention record : 74 % de participation, en recul de 9 points par rapport à 2019. Pour le deuxième tour, le 19 novembre, les deux hommes se disputeront notamment les voix de la droite traditionnelle, éliminée avec Patricia Bullrich et ses 23,8 %,. L'actuel ministre de l'Économie a pourtant été incapable de juguler une inflation de 140 %, dans un pays où 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où le dollar atteint 1.000 pesos au marché noir et où le PIB perd 3,3 % par an. Pour effectuer sa « remontada » par rapport aux élections primaires d'août qui le donnait deuxième, ( il est passé de 5,3 millions à 9,6 millions de voix), Sergio Massa a annoncé une série de mesures destinées à protéger le pouvoir d'achat des électeurs. Il a mis en place un remboursement de la TVA sur les produits de première nécessité pour les salaires inférieurs à 700.000 pesos par mois (soit six fois le salaire minimum). Il a supprimé l'impôt sur le revenu pour l'immense majorité des travailleurs. Il veut « reconstruire la patrie » grâce à un large programme pour faciliter l'accès à la terre et au logement. Il veut renforcer les entreprises publiques, prône une politique d'adaptation volontariste au réchauffement climatique, et promet une « révolution éducative » dont le contenu reste vague. Sergio Massa se fixe quatre objectifs macroéconomiques : l'ordre fiscal, l'augmentation de l'excédent de la balance commerciale, qui devrait permettre de renflouer la Banque centrale, le développement dans l'inclusion sociale. Enfin, il veut rembourser au plus vite la dette que le pays a contractée auprès du F. M.I. Javier Milei, quant à lui, est un polémiste surgi en 2021 des plateaux TV sur la scène politique, souvent comparé à Donald Trump. Il a depuis suivi un fil rouge « dégagiste » contre la « caste parasite », visant les péronistes (centre-gauche) et les libéraux qui alternent au pouvoir depuis vingt ans. Anti-étatiste, son « plan tronçonneuse » vise à diminuer les dépenses publiques en supprimant plusieurs ministères (Éducation, Santé, Travaux publics et Développement social, Femmes), à libéraliser le port d'armes pour les civils et le commerce d'organes Il entend remplacer la monnaie nationale par le dollar, comme l'ont déjà fait le Panama ou l'Équateur. Mais dans un texte publié début septembre, 170 économistes qualifiaient cette dollarisation de « mirage », en raison du manque de dollars en circulation dans le pays et dans les coffres de la banque centrale. Il est opposé à l'avortement, doute de l'origine humaine du changement climatique, considère l'homosexualité comme un handicap et célèbre Viktor Orbán, Giorgia Meloni et Marine Le Pen. Lundi matin à l'ouverture des marchés, le risque pays, tel que mesuré par JP Morgan, a augmenté de plus de 10 %. *** L'EUROPE ET LA SÉCURITÉ Deux citoyens suédois ont été tués et un autre grièvement blessé à Bruxelles, le 16 octobre, par un homme qui s'est présenté ensuite, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, comme un membre de l'organisation Etat Islamique. L'auteur des faits, Abdesalem Lassoued, un Tunisien de 45 ans sans papiers, a été tué par la police. Le royaume, qui a connu deux attentats meurtriers faisant trente-cinq morts en 2016, compterait aujourd'hui quelque 600 « fichés S » dont la surveillance serait difficilement assurée. L'auteur de l'attentat ne figurait toutefois pas sur les listes de l'Office central d'analyse de la menace, a assuré le ministre de la Justice qui a démissionné. La Sûreté de l'Etat – le service de renseignement intérieur – a appelé récemment à un renforcement de ses moyens dans la lutte contre le terrorisme. Après l'assassinat dans un lycée à Arras du professeur Dominique Bernard et le meurtre des deux touristes suédois à Bruxelles, des aéroports ont été évacués en catastrophe en France, des frontières intérieures se sont fermées... L'Europe fait face à un risque terroriste bien plus important depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier. Le 19 octobre, à Luxembourg, les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne ont discuté de l'importation du conflit israélo-palestinien et de leurs corollaires, qu'il s'agisse d'antisémitisme ou d'islamophobie. Plusieurs ministres ont appelé à des politiques migratoires plus strictes consistant à mieux filtrer les entrées dans l'Union européenne et à pouvoir renvoyer plus rapidement les demandeurs d'asile qui présentent un risque pour la sécurité. Gérald Darmanin a dénoncé « un peu de naïveté dans les institutions de certains pays ou de l'Union européenne » face à ce qu'il appelle le « djihadisme d'atmosphère ». L'UE dispose désormais d'outils bien plus coercitifs que lorsque la France et la Belgique avaient été frappées en 2015 et en 2016. D'abord le règlement de l'UE adopté en 2021 et mis en œuvre depuis juin 2022 qui oblige les plateformes à supprimer en une heure les contenus terroristes, sur injonction des autorités compétentes des États membres. Mais également, le Digital Service Act, cette loi récente portée par le commissaire français Thierry Breton et qui vise à la modération des contenus diffusés sur internet. La guerre entre le Hamas et Israël, la polarisation croissante observée dans nombre d'États membres et le risque terroriste, conjugués aux importantes arrivées irrégulières dans l'UE, font monter la pression autour du pacte migration et asile, cet ensemble de textes présentés en septembre 2020 et toujours en discussion. Réunis en conseil à Bruxelles, jeudi et vendredi, les Vingt-Sept ont fait le point sur la sécurisation des frontières extérieures de l'UE. Certains États membres ont d'ores et déjà choisi de ne pas attendre davantage. Comme l'Autriche, l'Italie a décidé de réintroduire des contrôles à la frontière avec la Slovénie. Les gouvernements européens craignent une poussée des tensions communautaires à mesure qu'augmentera le nombre de victimes civiles dans la guerre d'Israël contre le Hamas. Dans plusieurs pays, dont la France, les actes antisémites, et, dans une moindre mesure, islamophobes, ont augmenté.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr